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BIOGRAPHIE
UNIVERSELLE.
BESANÇON.— IMPRIMERIE d'OUTHENIN CHALANDRE FUS.
BIOGRAPHIE
UNIVERSELLE,
ou
DICTIONNAIRE HISTORIQUE,
Par F.-X. DE F ELLE R.
NOUVELLE ÉDITION ,
AUGMENTÉE DE PLUS DE 3000 ARTICLES, RÉDIGÉS
PAR M. PÉRENNÈS,
PROFESSEUR DE LITTERATURE FRANÇAISE A l'aCADKMIE DR B1ÎSANÇOX.
TOME DEUXIÈME.
BESANÇON. — OUTH. CHALANRRE FILS.
PARIS,
J. LEROUX, JOUBY et C<", LIBRAIRES, I G AUME FRÈRES, LIBRAIBES
rue des Grands-Auguslins , 9. rue Casselte . k.
M DCCC XLVIII.
fi/ r
TOIVEB.SELLE.
BA/V
B
AADER ( Joseph - François de
PAULE),néàRatisbonne, le 15 septembre
1755 , et mort en 1794 , se fit recevoir doc-
teur en médecine en 1757. La ville d'Am-
berg le choisit pour son physicien , et il
devint ensuite médecin du duc Clément,
puis de l'électeur Maximilien- Joseph
III. On lui doit : | Dissertatio de nalurâ
corporis humant viventis ., Ingolstadt ,
1757 , in-4° , | Ankuendigung eine balsa-
mischen Seifensyrups , etc. Augsbourg,
4785, in-8°; | Purgirender Mandelsyrup
fuer Kinder, Munich, 1788, in-8°. L'au-
teur a traduit lui-même ces deux ouvra-
ges en français.
BAAN ( Jean de ), peintre , né à Har-
lem en 1065, se distingua par ses portraits
faits dans le goût de ceux de Van-Dick.
Il mourut à la Haye en 1702, âgé de 69 ans.
— Jacques BAAN , son fils , mort, en 1700,
à l'âge de 27 ans, suivit avec succès la
même carrière.
BAARDT ( Pierre ), poète latin et fla-
mand du 17e siècle, est auteur d'un poème
estimé qui a pour titre Agriculture pra-
tique de Frise. Il y décrit ce que la Frise
offre de plus agréable et de plus riant.
Ce sont des Géorgiques flamandes. Les
gens de son pays l'ont comparé à Virgile ;
mais les étrangers , sans mépriser Baardt,
l'ont mis un peu au-dessous. On a encore
de lui un poème intitulé le Triton de
Frise J ou la description de la prise de la
ville d'Olinde au Brésil. Il était aussi mé-
decin. Nous ignorons l'année de sa mort.
BAASA, fils d'Abias, usurpa la cou-
ronne d'Israël après avoir tué Nadab , fils
rie Jéroboam son roi , et exterminé toute
la race de ce prince. Baasa déclara ensuite
la guerre à Aza, roi de Juda, et se livra
» toutes sortes de déréglemens. Dieu lui
envoya le prophète Jéhu pour le menacer
de ses châtimens s'il ne se corrigeait pas ;
mais ce roi ne répondit aux reproches du
prophète qu'en lui donnant la mort. Il
mourut lui-même peu de temps après,
2.
BAB
et Dieu exécuta ses menaces contre la
postérité de cet impie , par le ministère
de Zambri , qui en détraisit toute la race.
Ela son fils lui succéda l'an 950 avant J.-C.
*BAAÏ ( Catherine) , suédoise, a tracé
et peint les Tables généalogiques de la
noblesse de son pays, et rectifié les er-
reurs du traité de Messénius sur le même
sujet.
* BABA ( Ali ) , sectaire turc , parut
dans la ville d'Amasie , l'an 658 de l'hé-
gyre (1240 de J.-C), exigeant de ceux qui
croyaient en lui celte profession de foi :
« Il n'y a qu'un Dieu, et Baba est l'envoyé
» de Dieu. » A la tête de ses nombreux
partisans , il ravagea une grande partie
de la Natolie; mais les Mahométans aidés
par les Francs le combattirent avec vi-
gueur, et parvinrent à anéantir sa secte.
* BABAKOUSCHI ( Abdel - RHAMON-
Mustapha ) , docteur musulman du 14e
siècle , né en Crimée , fit un ouvrage in-
titulé l'Ami et le favori des princes. Il
passe pour être aussi l'auteur du Jardin
des anémones > attribué à un autre Baba-
kouschi , comme lui désigné par la qua-
lité de Muphti de Caffa et mort dans le
16e siècle. La date de l'un ou de l'autre
des manuscrits pourrait être fautive.
* BABEK ( Khorremy ou Harramy ) ,
célèbre imposteur , parut en Perse vers la
fin du 2me siècle de l'hégyre , et fut le chef
d'une secte dont l'histoire et les dogmes
nous sont peu connus. Le surnom de
Khorremy donné à Babek désigne un
homme livré aux plaisirs des sens ; le mot
Harramy signifie en arabe voleur, crimi-
nel. Il parait donc que la secte dont cet
homme fut le fondateur avait pour base
le libertinage et l'impiété , et sa religion
portait en effet le nom de Khorrem-dyn,
religion de plaisir. Babek la soutint et
la propagea les armes à la main et com-
battit les califes durant 20 années ; enfin il
fut vaincu par celui de Bagdad , l'an 222
de l'hégyre ( 857 de J.-C. ) , et conduit à
1
BAB
Bagdad avec un de ses frères, ses 17
enfans et 5500 prosélytes. Motassem , qui
régnait dans cette ville , lui fit couper les
bras et les jambes, et son cadavre ainsi
mutilé , resta exposé plusieurs jours sur
la place publique. Après la mort de Ba-
bek , ses partisans se dispersèrent dans
différens pays et se confondirent avec les
diverses sectes nées de l'islamisme.
■* BABEUF (François-Noel), né à Saint-
Quentin, en 1764, de parens pauvres,
entra, en 1777, comme domestique , chez
un homme bienfaisant , domicilié près de
Roye. Celui-ci lui trouvant de l'esprit na-
turel , lui fit apprendre à lire , à écrire ,
et l'art de l'arpentage. Babeuf fut ingrat
envers son bienfaiteur, contre lequel il
osa plaider. Devenu commissaire à ter-
rier, il ne tarda pas à se livrer à son im-
moralité naturelle , qui lui faisait regar-
der toutes les actions de la vie comme
indifférentes en elles-mêmes. Il commit
un faux , fut poursuivi par la justice , et
renfermé à la citadelle d'Arras , d'où il
s'échappa à l'époque de la révolution.
Babeuf voulant fixer sur lui les regards
du peuple , porta jusqu'à la folie les prin-
cipes démagogiques. Il se surnomma Grac-
chus, et dans un journal qu'il publia, il
prit, à l'imitation de son patron , le titre
de tribun du peuple. Là il répandit ses
pernicieuses maximes , prêcha le partage
des biens, établit des principes sur le
vol, le brigandage et l'homicide. A la
chute de Robespierre, il fut regardé
comme son successeur; en effet, Babeuf
se mit à la tête des conspirateurs qui de-
vaient détruire en France tout gouver-
nement modéré et fondé sur des lois po-
sitives. Dénoncé par plusieurs de ses
complices , qui l'accusèrent de tramer un
complot contre le gouvernement directo-
rial , il fut jugé et condamné à mort en
1797 ; il était âgé de 54 ans. U plaida lui-
même sa cause avec une fermeté et une
audace étonnantes, avoua que son projet
était de détruire le gouvernement et de
faire égorger le même jour toutes les au-
torités constituées, et ne voulut jamais
nommer ses complices. Les débats de ce
procès célèbre forment 6 vol. in-8°. Outre
le journal le Tribun du peuple, on a en-
core de lui Système de dépopulation,
ou la vie et les crimes de Carrier, 1 vol.
in-8° ; ouvrage qu'il publia dans un mo-
ment où il avait été exclu du club des
jacobins. L'ouvrage publié en 1790 , sous
le titre de Cadastre perpétuel , in-8°, est
de Audifred et Babeuf.
BAB
*BABEY ( Athanase-Marie), avocat du
roi à Orgelet en Franche-Comté , en 1789,
adopta les idées révolutionnaires , et fut
député par le tiers-état du bailliage d'A-
val aux états généraux. Nommé à la
Convention, en 1792, il se prononça
pour la réclusion et le bannissement de
Louis XVI , avec la clause expresse de la
convocation des assemblées primaires.
Babey, ayant protesté contre les journées
du 51 mai, 1er et 2 juin 1795 , fut décrété
d'arrestation et incarcéré avec 72 de ses
collègues. Il rentra dans la Convention
après le 9 thermidor, fut du nombre des
membres de cette assemblée qui entrèrent
en 1795, au conseil des Cinq-cents, en
sortit en floréal an 7, et mourut en 1815..
BABI1\ ( François ), né Angers , d'un
avocat , en 1851 , chanoine, grand-vicaire
et doyen de la faculté de théologie de cette
ville, mort le 19 décembre 1754 , à 85 ans,
enseigna avec célébrité la théologie pen-
dant 20 ans , se distingua par ses grandes
lujnières et ses vertus. Il fut le rédacteur
des 18 premiers vol. de l'édition en gros
caractère des Conférences du diocèse
d'Angers, fort estimée et fort répandue-
La suite n'est point de lui. Le style de
Babin est tel qu'il le faut pour ces sortes
d'ouvrages, net, clair, méthodique, et
ne sentant point la barbarie de l'école.
Ses continuateurs ne l'ont pas égalé ; ils
n'ont ni sa netteté , ni sa précision. Les
Conférences d'Angers, renfermaient 28
vol. in-12> que l'on a réduits à 14 , petit
caractère , et auxquels on a ajouté depuis
5 vol. La dernière édition, en 24 vol. in-
12, 1785, est la plus estimée et la seule
recherchée. Babin publia en 1679 une
Relation de ce qui s'était passé dans l'uni-
versité d'Angers au sujet du jansénisme.
* BABINGTON ( Gervais ), évêque an-
glais du 16e siècle. Après avoir étudié à
Cambridge , il entra dans les ordres , et
fut successivement chapelain de Henri ,
comte de Pembroke , évêque de Landaff,
en 1591 , puis évêque d'Exeter et de Wor-
cester. Ses œuvres , publiées en 1615 , in-
4°. , et réimprimées en 1657 , in-fol. con-
tiennent | des Remarques sur le Pentateu-
que; | une Exposition du Symbole , des
Commandements de Dieu et de l'Oraison
dominicale; | une Conférence entre la fai-
blesse humaine et la religion, et | trois
Sermons. Ces ouvrages, écrits dans le
style pédantesque du temps, sont peu
estimés sous le rapport littéraire. Babing-
ton mourut le 17 mai 1610.
BABINOT ( Albert ), l'un des premiers
BAB
disciples de Calvin, était né en Poitou;
il habitait Poitiers et y professait le droit
dans l'université. Calvin étant venu dans
cette ville , en 1556 , y sema ses erreurs.
Babinotles embrassa. Calvin séduisit aussi
quelques autres docteurs de l'université ,
et plusieurs officiers du présidial , et Ba-
binot fit la folie de quitter sa chaire , le
seul moyen qu'il eût de subsister, pour
aller prêcher , de ville en ville , la doc-
trine de son maître. Il se faisait appeler
le Bon homme. On le nomma depuis le
Ministre , parce que la salle dans laquelle
il faisait , à Poitiers , ses leçons de droit ,
s'appelait la Ministrcrie , et « de là est
venu, ditMaimbourg, le nom deminislre
qu'on donne aux pasteurs protestans ;
étymologie néanmoins qu'on peut con-
tester.» Babinot, voué à cette vie errante
mourut dans la misère. Pendant long-
temps il fut, dit-on, obligé de vendre des
caques de harengs pour subsister. Il est
auteur d'un ouvrage intitulé ta Christiade,
recueil d'odes , sonnets et cantiques chré-
tiens, Poitiers, 1560; le tout infecté du
poison des opinions nouvelles.
* BABO ( Joseph-Marie), auteur dra-
matique , né à Munich , où il est mort le
5 février 1822. Il était membre de l'aca-
démie de cette ville, et il a donné plusieurs
tragédies , parmi lesquelles on cite Othon
JVitesbach ; elle a été plusieurs fois réim-
primée. Babo était en 1804 un des rédac-
teurs du journal intitulé XAurora.
BABOLENUS ( saint ) , ou BABOLEIN,
moine de saint Colomban, fut le premier
abbé de Saint-Maur-les-Fossés, monastère
fondé en 638 , par Blidégisile , archidiacre
de Paris , à deux lieues de celle ville ,
dans une péninsule formée par la Marne.
Saint Babolein y fit régner toutes les ver-
tus religieuses qui le rendirent fort cé-
lèbre. S'étant joint à saint Fursi de Lagny,
il rendit de grands services à tout le dio-
cèse de Paris ;en quoi il fut merveilleuse-
ment secondé par l'évoque Audebert cl
par saint Landri, son successeur. Il fonda
plusieurs églises et plusieurs hôpitaux.
Dans sa vieillesse il quitta le gouverne-
ment de son monastère, pour passer le
reste de ses jours dans la retraite. Il mou-
rut dans le 7e siècle. On l'honore à Paris,
le 26 juin.
* BABOUR , BABR ou BABUR ( Mo-
hammed) , arrière petit-fils de Tamerlan,
naquit en 1183 , et fut proclamé souve-
rain de l'empire mogol , dans la Tartarie
occidentale et dans le Khoraçan . en 1494.
Il s'empara du Gandahar, du Kaboulistan
BAC
et de l'Indostan , et mourut en 1550, de
poison , selon quelques-uns , et suivant
d'autres , de l'excès de ses fatigues. On a
de lui la Relation de ses conquêtes et
l'histoire de sa vie, en langue mogole.
Sa dynastie a régné plus de 250 ans après
lui. — Un autre BABOUR petit-fils de Ta-
merlan , disputa l'empire à son frère aîné
Eddaulah , et obtint par un traité la pos-
session d'une province. Il mourut l'an
861 de l'hégyre ( 1450 de J.-C. )
BABYLAS ( saint), évèque d'Antioche,
fut mis dans les chaînes pour la foi de
J.-C, sous l'empereur Dèce. Il mourut
dans sa prison, et voulut être enterré avec
ses fers. C'était un prélat plein de zèle.
On dit qu'il défendit l'entrée de l'église à
l'empereur Philippe , qui était monté sur
le trône par le meurtre de Gordien , son
bienfaiteur et son pupille. Quelques cri-
tiques prétendent que l'empereur, auquel
saint Babylas défendit l'entrée de l'église,
était Dèce ; mais cela ne paraît guère
vraisemblable. Il mourut l'an 251 de J.-C.
Gallus César fit transporter les reliques
de ce saint à Daphné , faubourg d'Antio-
che, afin de mettre par ce dépôt sacré un
frein aux superstitions et au libertinage
des Grecs. La chose arriva comme Gallus
César l'avait désiré. L'idole d'Apollon ,
fameuse par les* oracles qu'elle rendait,
cessa tout-à-coup d'y donner des réponses.
Julien l'Apostat ordonna dans la suite de
reporter les reliques de Babylas dans la
ville , afin que la langue de cet oracle se
déliât. Il y réussit , mais ce ne fut que
pour lui apprendre la vraie cause de ce
silence , et immédiatement après , le feu
du ciel écrasa cette idole et réduisit le
temple en cendres. C'est saint Jean Chry-
sostôme qui nous apprend ce fait dans son
discours contre les Gentils , et dans la 4e
homélie sur l'éloge de saint Paul. Il dit en
avoir été témoin oculaire. Tous les an-
ciens historiens chrétiens en font men-
tion. Ammien Marcellin , quoique païen,
n'ose pas en disconvenir ( 1. 22 ). Il y a
seulement dans sa relation quelque diffé-
rence, qui marque plutôt son embarras
que l'inexactitude des autres. Libanius,
ce sophiste fameux et zélé païen, se plai-
gnait, au rapport de saint Jean Chryso-
slôme , du silence d'Apollon à Daphné :
mais il ajoutait que Julien l'avait délivré
du voisinage d'un mort , qui l'incommo-
dait. Voyez BALTUS.
BACCALAR-Y-SANNA (don Vincent)
marquis de Saint-Philippe , né dans l'île
de Sardaigne , d'une ancienne famille
BAC
originaire d'Espagne, s'est fait un nom
dans la littérature par son érudition , et
dans le monde par les emplois importans
dont Charles II et Philippe V le chargè-
rent en Sardaigne. Après la mort de
Charles II , don Vincent servit utilement
le duc d'Anjou , son successeur. Lorsque
la Sardaigne se déclara contre ce prince,
il se comporta en sujet fidèle et en homme
habile. Philippe V le récompensa , en le
taisant marquis de Saint-Philippe. Il mou-
rut à Madrid en 1726, estimé et aimé du
prince et des sujets. Ses principaux ou-
vrages sont : | une Histoire de la monar-
chie des Hébreux , traduite en fiançais ,
en 2 vol. in-4°, et en 4 vol. in-12. « Cet
» ouvrage, dit un critique, sagement et
» profondément écrit , a eu d'abord le
plus grand succès ; mais l'esprit du siè-
cle s'étant tourné vers des objets tout
» différens , et l'histoire sainte ayant
» perdu sa consFdération sous le règne du
» philosophisme , ce succès n'a pas été
» durable. » | Mémoires pour servir à
l'histoire de Philippe V* depuis 1609 jus-
qu'en 172S , 4 vol. in-12, aussi traduits en
français. On y trouve plusieurs particu-
larités curieuses, que le marquis de Saint-
Philippe raconte avec beaucoup de vérité
et d'exactitude.
BACCA.RELLES ( Gilles ) , d'Anvers ,
célèbre paysagiste , ainsi que Guillaume
son frère , vivait au commencement du
17e siècle. Leur famille a produit plu-
sieurs bons peintres.
BACCEÏ1 ( Nicolas ) , né à Florence,
entra dans l'ordre de Saint-Bernard , de-
vint abbé de Sainte-Luce, et mourut en
1647, âgé de près de 80 ans. Nous avons
de lui : | Ilisloriœ Septimianœ , lib. VII,
cum notis Malachiœ d'Inguimbert, Rome
4724, in-fol. C'est l'histoire d'un célèbre
monastère de Toscane , de l'ordre de Cî-
teaux; | Dissertatio de jure historico.
BACCH1A1UUS , philosophe chrétien,
florissait au 5e siècle. On a de lui une
lettre écrite à l'évèque Januarius, tou-
chant l'incontinence d'un moine ; cette
lettre est très bien écrite, et se trouve
dans la Bibliothèque des Pères : on y
voit autant de prudence que de zèle,
autant de sévérité que de charité. Il y a
plusieurs applications heureuses des cé-
rémonies et histoires de l'ancien Testa-
ment. On a encore de lui une apologie
dans les Anecdota de Muralori. Gennade
rapporte que Bacchiarius changeait sou-
vent de demeure, pour être plus à Dieu
et avoir moins d'attache pour ce monde,
h BAC
en réalisant sans cesse la sentence de
saint Paul : Non enim habemus hic ma-
nentem civilatem. Eph. 13.
BACCHIDES , général des troupes de
Démétrius Soter, et gouverneur de la
Mésopotamie , fut d'abord envoyé en Ju-
dée pour établir Alcime grand sacrifica-
teur., que l'Ecriture appelle Y Impie. Il
revint quelque temps après en Judée
avec l'élite de ses troupes , pour com-
battre Judas Machabée qui venait de rem-
porter une grande victoire sur Nicanor.
Judas , abandonné de la plupart des siens
l'attaqua avec les huit cents hommes qui
lui restaient; mais en poursuivant l'aile
droite qu'il avait rompue, il fut enveloppé
et tué par l'ennemi, après avoir fait des
prodiges de valeur. Jonathas fut élu gé-
néral des Juifs à la place de son frère Ju-
das, et s'opposa généreusement à Bacchi-
des , qui essaya plusieurs fois de le faire
saisir et tuer en trahison. Bacchides ayant
été obligé de lever le siège de Bethbessen
se retira à Antioche , après la mort d'Al-
cime, et laissa la Judée paisible.
BACCHILLE, évèque de Corinthe, sur
la fin du 2.e siècle , écrivit un traité tou-
chant la célébration de la fête de Pâques,
ensuite de la question qui s'émut de son
temps sur ce sujet ; ce fut sous le ponti-
ficat de saint Victor. Sa lettre était écrite
au nom des évêques d'Achaïe : ce qui a
fait croire qu'il assembla un synode, pour
l'éclaircissement de cetle controverse.
BACCIILM ( don Benoit ) , religieux
du Mont-Cassin, né à San-Donino, dans le
Parmesan, en 1651 , se distingua par l'é-
tendue de ses connaissances dans la théo-
logie, l'histoire ecclésiastique et la litté-
rature- Il s'adonna aussi à la prédication,
et y eut des succès; mais sa santé déli-
cate l'obligea d'y renoncer. Il apprit le
grec et l'hébreu , pour s'en aider dans le
dessein qu'il avait de se livrer à des re-
cherches scientifiques. Ses principaux
ouvrages sont : | Giornale de' letlerali, 9
vol. in-4°; | De sistrorum figuris ac dif-
ferentîa... ob sistri romani effigiem corn*
municalam dissertatio, Bologne, 1691, in-
4° ; et dans les Antiquités romaines da
Graevius , tom. 6 ; | Anonijmidialogi très:
De constantia, de dignitate tuenda, de
amore erga rempublicam , Modène, 1691,
in-12; j Dell' istoria delmonastero di San
Benedetto di Polirone, nello statode Man-
tova, libri cinque, Modène, 1696, in-4°;
| De ecclesiasticœ hierarchiœ originibus
dissertatio, Modène, 1705, in-4°, ouvrage
plein d'érudition, etc. Le marquis Sci-
BAC 5
pion Maffei se glorifiait d'être disciple de
Bacchini ; mais il surpassa son maître.
BACCHYLIDE , poète lyrique de l'île
de Céos, ilorissait l'an 452 avant J.-C. Il
était neveu de Simonidc, et Horace le
propose comme un modèle à suivre. Il ne
nous reste de ses poésies que très peu de
chose. Elles étaient remplies de morale.
Une de ses maximes était que la chasteté
est le plus grand ornement d'une belle
vie. Julien l'Apostat, qui, à l'exemple de
tous les anciens philosophes, aimait les
apophthcgmes , faisait un cas particulier
des sentences morales de te poète. On dit
que Hyéron , roi de Sicile , préférait les
poésies de Bacchylide à celles de Pindare,
quoique celui-ci passât pour le chef des
lyriques. Horace imita Bacchylide et lui
dut l'idée de sa belle ode qui commence
Pastor cum traheret.
BACCIO délia Porta, peintre connu
sous le nom de frère Barlhélemi de Saint-
Marc, né dans la terre de Savignano, près
de Florence, en 1469, fut disciple de Léo-
nard de Vinci et de Raphaël. Son dessin
est correct , ses figures gracieuses, son
coloris doux et agréable. A la fin d'un ser-
mon qu'il entendit sur l'importance et la
dignité des mœurs chrétiennes , il se dé-
termina à faire jeter publiquement dans
le feu tous les livres qui traitaient de l'a-
mour profane, avec les sculptures, les
peintures et les dessins, tant de lui que
ceux qu'il possédait des grands maîtres ,
où il y avait des nudités. Il entra dans
l'ordre des dominicains à Prato, en 1500,
résolu de ne plus s'occuper que de son
salut; mais ses supérieurs l'obligèrent à
continuer l'exercice de ses talens et de son
art. Il ne voulut pas être fait prêtre , par
un sentiment d'humilité , et se contenta
d'être diacre. Il mourut le 8 octobre 1517,
âgé de 48 ans.
BACGI ou BACCIUS ( André ) , né à
Sant-Elpidio dans la Marche d'Ancône ,
professeur de médecine à Rome , et pre-
mier médecin du pape Sixte V, se rendit
célèbre par ses talens. On a de lui : | De
Thermis libri septem ^in-îol., Venise, 1571-
1588, etPadoue 1711, in-folio; | De con-
viviis antiquorum,; \ De naturali vinorum
historia* Rome, 159G, in-folio, livre très
rare; | De venenis et antidotis J Rome,
1586, in-i°; | De gemmis ac lapidibus
pretiosis, in Sac. Script. relalisJ Rome
1587, in-8°; | Tabula simplicium medica-
menlorum* Rome, 1577, in-4°; | Notizie
dell antica città Cluna, Macerala, 1716,
in-4°. Ces ouvrages lui firent une grande
BAC
réputation : on y trouve beaucoup de
recherches, et une physique bien supé-
rieure à celle que les savans de notre
siècle ont coutume de supposer à celui de
Baccius. Il mourut dans les premières an-
nées du 17e siècle. — Il ne faut pas le
confondre avec Henri BACCIUS , qui a
donné une Description du royaume de
Naples en italien, Naples 1629, in-8°; ni
avec Jacques BACCIUS , qui a donné la
Vie de saint Philippe de Néri en latin .
Rome, 1645, in-4°.
BACCIOCHI ( Marie-Anne-Elisa BO-
NAPARTE. ) Voyez BONAPARTE.
* BACII ( Jean-Sébastien), né àEise-
nach, le 21 mai 1685, mort en 1754, fit
ses études à Lunebourg, fut successive-
ment musicien du duc de Weimar, orga-
niste à Mulhausen, et maître de chapelle
du prince d'Anhalt-Cœthen , jusqu'en
1757, où il obtint àLeipsick le titre de com-
positeur de la cour de l'électeur de Saxe,
roi de Pologne. Comme organiste et cla-
veciniste, Sébastien Bach n'avait de son
temps aucun rival. Il a laissé plusieurs
morceaux de musique d'église , et beau-
coup de musique de piano. Il eut onze
fils, tous distingués dans leur art, mais
dont quatre surtout s'y sont acquis un
grand nom. — 1°. Guillaume Friede-
manx, l'aîné, né en 1710, à Weimar,
maître de chapelle titulaire du duc de
Hesse-Darmstadt , mort à Berlin le 1er
juillet J784, passait pour un des harmo-
nistes les plus savans, et des organistes
les plus habiles de l'Allemagne; il pu-
blia, en 1778, six Fugues pour le pia-
no : c'était aussi un bon mathématicien.
— 2° Char les- Philippe Emmanuel, né
en 1714, entra, en 1738 , dans la musique
du prince royal de Prusse, depuis Frédé-
ric II, et fut appelé à Hambourg, en 1767,
pour y remplir la place de directeur d'or-
chestre , vacante par la mort de Tele-
mann : il s'en acquitta avec succès jus-
qu'à sa mort, arrivée le 14 décembre
1788. Ses compositions, pleines d'origi-
nalité et de science , sont fort goûtées par
les Allemands; il exécutait sur le piano
avec un rare talent, et ce qu'ila écrit sur
ce sujet est fort estimé : Essai sur la vé-
ritable manière de jouer du piano* avec
des exemples et six sonates* deux parties
in-4°, 1755-61 et 87. II a composé un grand
nombre de morceaux de musique , entre
autres des Airs pour les cantiques sacrés
de Gellert* Berlin, 1759; 5e édition, Leip-
sick, 1784. — 5° Jean-Christophe-Fké-
déric, né en 1732, maître de cha-
BAC I
pelle de Guillaume , comte de la Lippe-
Schaumbourg, passa sa vie entière à
Buckebourg, où il mourut le 26 février
1795, après avoir joui de toute la faveur
de ce prince. Une simplicité noble et fer-
me est le caractère des compositions de
Jean-Christophe-Frédéric Bach : il l'a dé-
ployée surtout dans sa musique d'église,
où un sentiment profond et énergique
brille sans charlatanerie, et qui renferme
une grande richesse de motifs originaux ;
il avait sur le piano un doigter excellent.
Parmi ceux de ses ouvrages qui ont été
publiés, on remarque : | Cantiques sa-
crés de Monter, deux collections , Leip-
sick, 1773-74, in-4°; | six Sonates pour
clavecin , violon et basse , Biga, 1777;
| trois grands Concertos pour le clavecin,
Francfort-sur-le-Mein , in-folio, etc. —
4° Jean-Chkistiaw , surnommé \ An-
glais, né àLeipsick, en 1755, fit ses études
en musique à Berlin, auprès de son frère
Charles-Philippe-Emmanuel. Il s'y fit re-
marquer de bonne heure par plusieurs
compositions pleines de grâce , et alla en
d754, à Milan, où il ne tarda pas à obte-
nir une place d'organiste dans une
église. En 1759, il se rendit à Londres, où
il fut nommé maître de chapelle de la
reine , avec un traitement de 1800 écus,
fonction qu'il remplit avec succès jusqu'à
sa mort, arrivée en 1782 : il avait été
comblé des bienfaits de la cour. Il a com-
posé plusieurs opéras, Caton, Orion, Or-
phée, Thémistocle, etc. et un grand nom-
bre de morceaux de musique qui ont été
gravés , soit à Berlin , soit à Amsterdam,
soit à Paris, entre autres, quinze Sym-
phonies pour huit voix, dix-huit Concertos
pour le piano, avec accompagnement,
trente sonates, etc.
* BACH, médecin de Paris, électeur du
département de la Seine à Paris , en 1798,
fut un des démagogues les plus outrés de
cette époque. Un écrit satirique publié
contre le Directoire le fit traduire devant
un juri d'accusation qui l'acquitta. Bach
recommença presque aussitôt ses décla-
mations révolutionnaires, et après avoir
prononcé un jour à la tribune des ja-
cobins, rue du Bac, un discours virulent,
il proposa un projet de constitution telle-
ment anarchique que les jacobins les plus
exaltés le rejetèrent à l'instant. Après la
journée du 18 brumaire , ce fanatique se
donna la mort au pied de la statue de la
liberté élevée sur la place de la Bévo-
lution.
* BACH ( Jean-Auguste ) , célèbre iu-
BAC
risconsulle allemand, naquit à Hohen-
dorp, en Misnie, le 17 mai 1721. Il suivit
les leçons de Gesner , Bitter , etc. , et pendant
plusieurs années, donna à Leipsick, où il
avait fait ses études, des cours particuliers
d'histoire , d'éloquence , d'antiquité et de
droit. Nommé en 1750 professeur extra-
ordinaire de jurisprudence ancienne dans
celle même université , il joignit à cette
place, en 1753 , celle d'assesseur du con-
sistoire ecclésiastique. A la plus vaste
érudition, il réunissait des mœurs sim-
ples et pures. Il a publié plusieurs ex-
cellens ouvrages , tels que : | De myste-
riis Eleusinis , Leipsick , 1745 , in-4°. Ce
traité , avec onze autres dissertations sur
des sujets de jurisprudence, ont été pu-
bliés par Klot70 sous le litre de Opuscula
ad hisloriam et jurisprudentiam spec-
lantia, Halle, 17G7, in-8°; | Comment.de
divo Trajano, sive de legibus Trajani,
Leipsick, 1747, in-8°; | Historia jurispru-
dentiœ romanœ, livre devenu classique,
lequel a eu plusieurs éditions, dont la
meilleure est celle qui est enrichie des
observations de M. Stockmann, Leipsick,
1806, in-8°; | Critique impartiale des ou-
vrages de droit ( en allemand ), 6 vol. in-
8°, etc. Bach a donné encore une bonne
édition de l'Economique, de l'Apologie,
de l ' Agèsilas, de V Hier on, et du Banquet
de Xénophon, avec des notes savantes,
Leipsick 1749. Ce savant jurisconsulte
mourut le 6 décembre 1759, à l'âge de
38 ans.
BACHAUMONT ( François LE COI-
GNEUXde), né à Paris en 1624, d'un pré-
sident à mortier au parlement , fut con-
seiller-clerc de la même compagnie. Il
cabala comme plusieurs autres durant
les troubles de la Fronde , et le cardinal
de Betz s'en servit plusieurs fois utile-
ment. Bachaurnonl quitta le rôle d'intri-
gant, pour se livrer à une oisiveté volup-
tueuse, égayée par les vers , l'amour et
le vin. Le fameux Chapelle tint le pre-
mier rang dans son cœur. C'est avec cei
ami qu'il lit ce voyage célèbre par la re-
lation heureuse et facile qu'ils nous en
ont laissée en vers et en prose, in-12.
Bachaumont eut beaucoup de part aux
plus jolies tirades de cette description. Il
ne nous reste de lui que cet ouvrage. Il
avait fait bien des chansons et de petits
vers de société , que nous n'avons plus.
Il mourut en 1702, âgé de 78 ans , dans
des dispositions très chrétiennes. Sa vieil-
lesse était aussi réglée que sa jeunesse
avait été dissipée.
BAC
* BACnAUMOîVT (Louis PETIT de) ,
naquit à Paris vers la fin du 17e siècle. Ce
fut un de ces hommes du monde beau-
coup plus occupés de leurs plaisirs que
des lettres et de leurs affaires , et qui ne
consacrent à l'étude que ces rapides mo-
mens que n'enlève pas la frivolité : aussi
ne nous reste-t-il de cet aimable pares-
seux que quelques bons mots, quelques
épigrammes, etc., dont la malignité du
puMic a soutenu long-temps le succès.
Elles sont insérées dans les Mémoires se-
crets pour servir à l'histoire de la répu-
blique des lettres. Bachaumont en rédi-
gea les quatre premiers volumes et la
moitié du cinquième. L'ouvrage a depuis
été continué par Pidansat de Mairobert,
Mouffle , d'Augerville et autres ; il a été
imprimé plusieurs fois en 56 vol. in- 12.
Voici quelle fut l'origine de celte com-
pilation. Bachaumont vivait depuis long-
temps chez Mme Doublet, qui réunissait
dans sa maison une compagnie nom-
breuse de beaux esprits. On y faisait un
journal de tout ce qui se disait dans le
monde. La politique, les belles-lettres,
les arts, les aventures de société, tout
était de son ressort. Aussi l'ouvrage de
Bachaumont et de ses continuateurs ren-
ferme-t-il ( depuis le 1er janvier 1767 jus-
qu'au 1er janvier 1788 ) les analyses de
toutes les pièces de théâtre , les relations
des assemblées littéraires , les notices des
livres nouveaux, clandestins ou prohibés;
les anecdotes et bons mots , les éloges des
savans, etc. « Mais souvent, dit La Harpe,
» c'est un amas d'absurdités ramassées
» dans les ruisseaux, où les plus hon-
» nêtes gens et les hommes les plus célè-
» bres en tout genre sont outragés et ca-
» lomniés avec l'impudence et la gros-
^ sièreté des beaux esprits d'anticham-
» bre. » Outre les Mémoires, on a en-
core de Bachaumont quelques autres
écrits, comme des Critiques sur le Lou-
vre, sur l'Opéra, sur la Place Louis XV,
un Essai sur la peinture, la scutyture et
l'architecture , 1751, in-8°, et la Vie de
Fabbé Gédoyn, son parent. Bachaumont
est mort en 1771.
* BACHE, neveu de Franklin, mort
victime de la maladie épidémique qui dé-
sola , en 1798 , les Etats-Unis , est connu
comme fondateur et rédacteur d'un jour-
nal intitule : l'Aurore. Il a en outre pu-
blié les manuscrits les plus importans de
son oncle dont il avait hérité.
' BACHELIER (J.-J.) , peintre fran-
çais, né en 1724, mort en 1803, est au-
7 BAC
teur d'un Mémoire historique de l'origine
et des progrès de la manufacture natio-
nale de porcelaines de France , in-12 ,
1799.
BACHELIER (Nicolas ), né dans le sei-
zième siècle à Toulouse, d'une famille
originaire de Lucques , étudia à Rome ,
sous Michel-Ange, la sculpture et l'ar-
chitecture. De retour dans sa patrie , il y
fit régner le bon goût, et en bannit la
manière gothique qui y avait été en usage
jusqu'alors. Ses ouvrages de sculpture ,
qui subsistent encore dans plusieurs égli-
ses de celte ville , se font toujours admi-
rer , quoiqu'on les ait présentement do-
rés pour la plupart ; ce qui leur a ôté cette
grâce et cette délicatesse , que cet habile
homme leur avait données. Il n'en reste
que quelques débris. Il travaillait encore
en loo5.
* BACHER (Georges-Frédéric), mé-
decin et docteur de l'université de Besan-
çon, né en 1709 à Blotsheim, dans !a
Haute-Alsace, et mort vers la fin du
18e siècle , pratiqua son art avec succès ,
et se fit un nom dans le traitement des
hydropisies. Il est l'inventeur des pilules
qui portent son nom, il a publié le moyen
de les employer dans un ouvrage intitulé :
| Précis de la méthode d'administrer les
pilules toniques dans les hydropisies , 2e
édition , Paris, 1771 , in-12 , avec des aug-
mentations. On a encore de lui | deux au-
tres Traités sur le traitement des hydro-
pisies, Paris, 1765 et 1769, in-12; et | des
Recherches sur les maladies chroniques,
Paris, 1776 , in-8°. Il a eu part à la rédac-
tion du journal de Médecine , et paraît
l'avoir rédigé seul depuis 1791 jusqu'en
1795.
* BACHER ( Alexandre-André-Puil.-
Frédéric ) , né , vers 1750 , à Thann ,
aujourd'hui dans le département du Haut-
Rhin, était fils du précédent. Héritier du
secret de son père , il se fit lui-même un
nom dans le traitement des hydropisies ,
et écrivit dans le Journal de médecine
de M. Demangin , des articles qui accru-
rent sa réputation. Il embrassa avec en-
thousiasme les principes de la révolution ,
et il prétendit refaire le corps social avec
des abstractions moins intelligibles que
celles des Th. Moore, des Ilobbes , et de
tant d'autres philosophes. Bâcher déposa
ses rêveries dans un ouvrage intitulé :
| Les opinioris écartées par l'évidence ,
1796 ; il a donné en outre : | Institut re-
ligieux, ou Cours de droit public, 1798 ,
in-8°; 2e édition, 1800, augmentée du
BAC
Répertoire politique et moral. Enfin en
1803 parurent 2 vol. de son Cours de droit
public qui devait en avoir cinq. Bâcher
est mort en octobre 1807.
BACIIERIUS ou BAKER (Pierre), né
à Gand en 1517, entra chez les domini-
cains en 1538 , étudia sous Solo, fut reçu
docteur en théologie en 1548 , se distin-
gua comme professeur et comme prédi-
cateur, et mourut en 1601 , âgé de 84 ans.
Il est auteur d'un ouvrage singulier inti-
tulé : | Jurgium conjugale contra rcforma-
torum gentem, 1383 , in-4°. On a de lui
en outre , | In missœ osores , Gand, 1506 ;
J de Chrislianœ mililiœ disciplina _, Lou-
vain , 1562 , réimprimé sous le litre de
Spéculum militiœ christ ianœ j Cologne,
1572 ; | des Homélies ., etc.
BACIIET. Voyez MEZIRIAC.
* BACIIIEÏXE (Guillaume-Albert),
né à Léerdam, en 1712 , ministre et pro-
fesseur d'astronomie et de géographie à
Maëstricht , où il est mort en 1783, a pu-
blié en hollandais plusieurs ouvrages :
j une Description de la Palestine assez
exacte, en 9 cahiers, avec 12 cartes,
1765 ; | une Géographie ecclésiastique en
5 cahiers, avec des cartes, 1778, moins
estimée que l'ouvrage précédent; | une
Topographie de la Hollande en plu-
sieurs volumes , pour faire suite à la géo-
graphie de Busching ; | une nouvelle édi-
tion de la Géographie de Hubner J 1769 ,
6 vol.
* BACHMANN ( Jacques- Jos .-Antoine-
Léger ) , né dans le canton de Glaris en
Suisse , vint servir en France , et y de-
vint major -général des gardes-suisses.
Dans la journée du 10 août, il avait fait
les dispositions nécessaires pour la défense
de Louis XVI ; la détermination que prit
le roi d'abandonner le château en empê-
cha l'exécution. Bachmann ne tarda pas à
être traduit devant le tribunal, institué
le 17 août , pour connaître de ce qu'on
appelait les crimes du 10 août; en vain
l'accusé voulut en décliner la juridiction,
et faire valoir son titre d'étranger; la
peine de mort fut prononcée contre
Bachmann qui la subit avec courage ; il
était âgé de 59 ans.
BACIIOVIUS ou BACHOV ( Reinier ) ,
né à Cologne en 1544, unit le négoce à
l'étude des lettres , se fit luthérien et se
retira à Leipsick. Il s'appliqua aux lan-
gues, a la jurisprudence et à la théolo-
gie , et composa quelques écrits dans ces
deux derniers genres. Il fut obligé de
quitter Leipsick pour avoir abandonné le
8 BAC
luthéranisme et embrassé le calvinisme.
Bachovius se retira à Heidelberg , où il
exerça divers emplois. Il mourut en cette
ville en 1614 — Son fils , professeur de
jurisprudence dans l'académie de cette
ville , jusqu'à l'époque où le duc Maxi-
milien de Bavière cassa cette université
en 1622 , fut ensuite long-temps sans em-
ploi ; mais s'étant fait catholique par con<
viclion en 1629, le duc, qui avait réta-
bli l'université , lui rendit sa place de
professeur endroit. On a de lui : | Exer~>
citationes de erroribus interpretum et de
inlerpretibus juris , 1624 , in-fol. ; | De
Pignoribus et Hypothecis „ 1627; J Com-
mentaire sur la lre partie des Pandectes ,
1629 , en latin ; | Observationes ad Papo-
nis Arresta, Francfort, 1620, in-fol.;
| Commenlarii in lïbros lnslitutionum *
Francfort , 1665 , in-4°.
* BACHSTROM ( Jean- Frédéric) , sa
vant dont la vie a été singulièrement er-
rante et agitée : il était né en Silésie, à
la fin du 17e siècle , d'un père perru-
quier, et qui voulait que son fils le fût
aussi. A l'âge de vingt ans , Bachstrom ,
sur la foi d'un songe , se rendit à Halle ,
pour étudier la théologie ; il y fit de ra-
pides progrès ; mais de retour en Silésie ,
son piétisme l'empêcha d'obtenir une place
de prédicateur à Œls. En 1717, on le trouve
professeur extraordinaire au gymnase de
Thorn, d'où il fut banni peu après , pour
un sermon hétérodoxe. De 1720 à 1728, il
fut aumônier d'un régiment saxon à Varso-
vie. Il fit des études de médecine , et fut
reçu membre de la société royale des
sciences de Londres. En 1729 , il fonda
une imprimerie à Constantinople, fit cir-
culer chez les Turcs des livres de piété ,
et entreprit une traduction de la Bible
en turc. Les intrigues des copistes ma-
hométans le forcèrent d'abandonner tous
ses projets. Or n'a sur le reste de sa vie
que des renseignemens peu authenti-
ques. Voici les titres de quelques-uns de
ses écrits : | De plicâ Polo?iicâJ Copen-
hague, 1725; | Nova œstûs marini tluo-
ria, etc., Leyde, 1754, in-8°; | Art de
nager J ou Invention à l'aide de laquelle
on peut toujours se sauver du naufrage *
Amsterdam , 1741 , in-8° , etc. On lui a
attribué le Democritus redivivus^ mais il
n'a jamais voulu l'avouer.
BA.CHTJISEN. Voyez BAKHUISEN.
BACIIUSIITS ou BACHUISEN ( Guil-
laume), long-temps lié, ainsi que Van-
Espen, avec le parti d'Arnauld et de Ques-
nel, et revenu ensuite à la docilité que
BAC 9
l'on doit aux décisions 'de l'Eglise , a laissé
un traité intéressant sur Van-Espen,
Quesnel et Erkel, intitulé : De Zegero
Bernardo Van-Espen, etc. On voit dans
ce traité tout le mal que la nouvelle secte
a fait dans la mission de Hollande. Bachu-
sius est mort chanoine de Bruges en 1779.
BACICCI ( Jeax-Baptiste GAULI, sur-
nommé le) , peintre , né à Gênes en 1659 ,
passa à Rome dès l'âge de 14 ans. Il se
mit chez un marchand de tableaux , où il
eut occasion de voir le Bernin , de qui il
reçut des conseils pour son art et des se-
cours pour sa fortune. Ses premiers coups
d'essai furent des coups de maître. Bacicci
fut dès-lors employé à de très grands ou-
vrages, entre autres à la coupole du Jésus,
à Rome , grande machine , qu'on ne peut
se lasser d'admirer. Le Bacicci excellait
dans le portrait. Il fit celui d'un homme
mort depuis 20 ans. Il crayonna d'abord
une tête d'imagination; puis réformant
peu à peu son ouvrage , suivant les avis de
ceux qui avaient vula personne vivante, il
parvint à en faire un portrait des plus res-
Bemblans. Bacicci peignait avec une si
grande facilité , que sa main suivait en
quelque sorte l'impétuosité de son génie.
U avait des idées grandes et hardies, quel-
quefois bizarres ; ses figures ont un relief
étonnant. Il était bon coloriste, et excellait
à rendre les raccourcis. Ses dessins sont
pleins de feu , d'une louche légère et spi-
rituelle, mais souvent incorrects ; il man-
que quelquefois de goût dans ses drape-
ries ; mais ses ouvrages en général sont
très estimés. Le Bacicci était fort spirituel
et enjoué dans la conversation ; mais son
caractère vif et emporté causa le malheur
de sa vie. Ayant un jour donné un souf-
flet à son fils en présence de ses camara-
des, le jeune homme, outré de cet affront,
alla se précipiter dans le Tibre. Celte
perte rendit le père inconsolable, et lui
fit négliger , pendant quelque temps ,
l'exercice de son art. Il mourut en 1709.
BACKER (Jacques), né à Harlingen
en JKrise , en 1608 ou 1609 , cultiva la
peinture à Amsterdam , et excella surtout
dans les portraits. Il mourut dans cette
ville en 1641. Il y a eu plusieurs autres
peintres de ce nom.
* BACLER D'ALBE ( Louis-Albert
GHISLAIN, baron), né àSaint-Pol, dé-
partement du Pas-de-Calais , le 22 octobre
1762, d'un directeur de la poste aux let-
tres d'Amiens, s'adonna d'abord à l'étude
de la peinture et de l'histoire naturelle;
et pour s'y livrer avec plus de liberté, il
BAC
entreprit , à 20 ans , le voyage d'Italie , et
se fixa à Salanches, au pied du Mont-
Blanc , où. il composa plusieurs tableaux
qui lui firent une réputation, et sont très
recherchés en Suisse et en Allemagne.
Bientôt les principes de la révolution
ayant pénétré dans le pays qu'il habitait,
il les adopta ; et animé du désir d'acqué-
rir de la gloire, il quitta ses 'pinceaux
pour entrer dans un bataillon des chas-
seurs de l'Arriége. Son avancement fut
rapide. Ses services aux sièges de Lyon
et de Toulon lui valurent le grade.de ca-
pitaine d'artillerie, et peu après celui d'ad-
joint à l'état-major de la même arme. Il
prit part à toutes les actions de la cam-
pagne de 1796 , et se signala particuliè-
rement à la bataille d'Arcole. Bonaparte
l'ayant remarqué, l'attacha à son état-
major avec le titre de directeur du bu-
reau topographique. Après le traité de
Campo-Formio, il le chargea de dresser la
carte militaire de l'Italie, et le nomma
directeur du dépôt de la guerre de la ré-
publique cisalpine. Lorsque les événe-
mens l'obligèrent de quitter l'Italie , il se
rendit à Paris , où il devint chef des ingé-
nieurs-géographes. Il accompagna depuis
Bonaparte dans toutes ses campagnes ,
fut nommé adjudant-commandant en 1807,
général de brigade en 1815, puis direc-
teur du dépôt de la guerre à Paris, sa santé
délabrée ne lui permettant plus de sui-
vre l'armée active. La restauration de 1815
lui enleva cette place; alors il retourna
à l'objet de ses premières études , et il
exposa aux salons du musée deux grands
tableaux qui ne sont pas sans mérite,
la Bataille d'Arcole et la Veille d'Aus-
lerlitz. Il s'adonna aussi à la gouache , et
il a pris rang parmi nos premiers paysa-
gistes. Il est mort à Sèvres le 12 septem-
bre 1824. On lui doit : | une belle Carie
du théâtre de la guerre en Italie , en 54
feuilles , considérée comme la meilleure
qu'on ait sur cette contrée ; | Mènalei
pittoresques et historiques des paysagis-
tes; collection de gravures au trait et à
l'aqua-tinta , d'après les meilleurs ouvra»
ges connus ou inédits des peintres , x>aiJ~
sagisles de toutes les écoles, accompa-
gnées de îiotes historiques et critiques sur
la vie des peintres , le mérite de leurs ou-
vrages et les principes de l'art, Paris
1805, in-4° , de 56 planches; j Promena-
des pittoresques dans Paris et ses envi-
rons, un vol. in-fol. , avec 48 planches
lithographiées ; | Souvenirs pittoresques .
ou Vues lithographiées de la Suisse, du
BAC 10
Valais, etc. , Paris, 1818, in -foi: ; | Vues
pittoresques du Haut-Faucigny , gravu-
res coloriées ; \ Souvenirs pittoresques
contenant la campagne d'Espagne, suite
d'estampes lithographiées , Paris , 1824 ,
in-folio; | Macédoine lithographique , ou
Suite de souvenirs pittoresques d'Europe,
Paris , 1824 , in-folio. On a encore de lui
d'excellens Mémoires sur la gravure des
cartes , dont on peut lire lès extraits dans
le Mémorial lopographique. Bâcler d'Albe
était officier de la Légion-d'honneur, che-
valier des ordres de Saint-Louis, de la
couronne de fer et de Saint-Henri de
Saxe.
* BACMEISTER ( Hartmax-Louis-
Christiax), chevalier de l'ordre de St-
Wladimir , et membre de l'académie de
Pétersbourg , était né à Hei hbourg , en
4756 , et fit ses études dans les universités
d'Allemagne. Ainsi que plusieurs autres
savans de son pays, il se rendit à Péters-
bourg , et contribua au progrès des let-
tres et des sciences en Russie. Il dirigea
long-temps le collège allemand de cette
ville , et seconda le développement de
plusieurs autres institutions utiles. Ses ou-
vrages, tous écrits en allemand, servent
à faire connaître la Russie sous plusieurs
rapports intéressans , et ceux qui ont
écrit sur ce pays les citent souvent. On
lui doit : | un Abrégé de Géographie de
V empire russe, Pétersbourg, 1773; | un
Recueil de mémoires et de pièces authen-
tiques sur l'histoire de Pierre Ier, Riga,
1785; | une Bibliothèque russe, en 11
volumes , 1777 à 1788. Ce savant mourut
à Pétersbourg, en 1806.
BACOjY (Roger), franciscain anglais ,
naquit en 1214 , à Ilchesler, dans la pro-
vince de Sommerset. Il fut appelé le Doc-
teur admirable, à raison des grands pro-
grès qu'il fit dans l'astronomie , la chimie
et les mathématiques. Son général crai-
gnant qu'il ne fit un mauvais usage de
ses talens , lui défendit d'écrire et le fit
enfermer quelque temps après. Mais Ba-
con dissipa cette inquiétude prématurée,
et convainquit ses supérieurs de sa pru-
dence comme de son orthodoxie. Il pro-
posa, en 1267, la correction du calendrier
au pape Clément IV ; mais la difficulté de
l'ouvrage , qui ne réussit qu'avec beau-
coup de peine plusieurs siècles après,
empêcha le pape d'acquiescer à ce projet.
Bacon fit de grands progrès dans la mé-
canique. On vit sortir de ses mains des
miroirs ardens. Il proposa des idées qui
mettaient sur la voie de la découverte
BAC
des lunettes, des télescopes et des micro-
scopes; mais il ne paraît pas qu'il ait connu
ces instrumens tels que nous les avons au-
jourd'hui. Quelques écrivains ont voulu
lui faire honneur de l'invention de la
poudre à canon. Il est constant que cette
funeste découverte ne tarda pas à se faire,
mais on doute qu'il faille attribuer à Ba-
con ce nouveau fléau du genre humain.
Il connaissait les effets du salpêtre, mais
le salpêtre seul ne compose pas la poudre.
( V. SCHWARTZ Bekthold. ) Quoi qu'il
en soit , Bacon méritait le titre d'Admi-
rable , et son nom peut être mis à côté de
ceux de Newton et de Leibnitz , surtout
si l'on considère le temps où il a vécu , et
les grands avantages que les savans plus
modernes et plus bruyans ont eus sur lui.
Avec un très beau génie , il ne put se
mettre au-dessus de quelques puérilités
de son siècle , car tous les siècles ont les
leurs. Il s'occupa de la pierre philoso-
phai , de l'astrologie judiciaire , de la ba-
guette divinatoire, et d'autres grands se-
crets de cette espèce, comme nous nous
passionnons pour le magnétisme animal,
l'inoculation , les aérostats , etc. Quelques
auteurs ont écrit que Bacon avait fait une
très belle tête d'airain qui répondait aux
questions qu'on lui faisait : ce qui à un
certain point peut être vrai. ( Voyez AL-
BERT LE GRAND. ) On a de lui : | Spé-
cula Mathematica et Perspectiva. Il tâ-
che d'y résoudre divers problèmes sur les
foyers des verres et des miroirs sphéri-
ques. On y trouve des réflexions sur la
réfraction de la lumière des astres , et sur
la grandeur apparente des objets , etc. Ces
réflexions ne contribuèrent pas peu au
progrès de l'optique; les savans posté-
rieurs , Newton surtout , en ont fait
grand usage; | Spéculum alcimiœ; \ De
mirabili pote stale artis et naturœ; \ Epi
stolœ cum nolis; \ Opus majus , in-folio, à
Londres, 1755. Cet ouvrage renferme
toutes les vues de Bacon sur les sciences,
et l'on y trouve des idées très heureuses.
Il mourut à Oxford en 1294. Naudé a pris
la peine inutile de le justifier de l'accusa-
tion de magie , qui avait été intentée con-
tre lui par ses confrères, sans doute à
raison de son alcliimie et de son astrolo-
gie judiciaire , et de quelques autres idées
qui sortaient des règles de ia bonne phy-
sique.
BACOX ou BACONTHROP (Jeaw),
provincial des carmes, docteur de Sor-
bonne , naquit à Baconthrop dans la pro-
vince de Norfolk r en Angleterre , et mou-
BAC
II
BAC
rut à Londres vers l'an 13/tC On a de lui
des Commentaires sur le Maître des sen-
tences s Milan, 1611 , in-folio, et un Traité
de la règle des carmes. On l'appela le Doc-
teur résolu J à raison de la facilité et de
la solidité avec lesquelles il décidait les
questions proposées. C'était l'usage dans
ces siècles de distinguer les docteurs cé-
lèbres par des noms de caractère. De là
le docteur subtil ^ le docteur profond J etc.
BACON (Nicolas), né en Angleterre
d'une famille illustre , fournit avec succès
la carrière des sciences , et celle des af-
faires d'état. La reine Elisabeth le fit se-
crétaire d'état, et ensuite chancelier d'An-
gleterre. Un jour que cette princesse alla
dans sa maison d'IIertford , elle lui dit en
riant : Voilà une maison bien petite pour
un homme comme vous. — Madame , ré-
pondit le chancelier , c'est la faute de
Votre Majesté .. qui m'a fait trop grand
pour ma maison. Bacon mourut en 1579 ,
à l'âge de 69 ans.
BACON ( François), baron de Verulam,
fils du précédent , naquit à Londres en
1561. Il annonça de bonne heure ce qu'il
devait être. A un génie actif, étendu et
pénétrant, il joignit l'application etl'étude,
et la fréquentation de tous les gens de let-
tres de son siècle. Son père le fit voyager
au sortir du collège. Il était à Paris en
1577, et il s'y fit aimer et admirer. Pawlet,
ambassadeur d'Angleterre à la cour de
France, en conçut une idée si avanta-
geuse, qu'il le chargea, auprès de la reine
Elizabeth, d'une commission importante.
Bacon, qui n'avait pas alors 18 ans, la
remplit comme un homme de 60, consom-
mé dans les affaires. La reine le nomma
son avocat extraordinaire. Bacon , pour
faire sa cour à sa bienfaitrice , justifia la
condamnation du comte d'Essex, qu'il
avait flatté pendant sa vie, et dont il avait
reçu toutes sortes de bienfaits. Cette in-
gratitude fil autant abhorrer son caractère
par le public , que les gens éclairés esti-
maient ses talens ; il manqua plusieurs
fois d'être assassiné. Dès que Jacques Ier
eut la couronne d'Angleterre, le philo-
sophe Bacon fut un de ses flatteurs , et il
reçut pour prix de ses adulations, le titre
de chancelier, après avoir exercé la charge
de procureur-général. Il n'y a point de
bassesses qu'il ne fit pour parvenir à cette
place. Il caressa le duc de Buckingharn,
il encensa les auires ministres , il dénigra
ses concurrens. C'est par ces indignes
manœuvres qu'il réunit les titres de chan-
celier et de garde-des-sceaux en 1617, et
ceux de baron de Verulam et de comte de
Saint-Alban , quelques années après. Ba-
con , esclave du roi et de son ministre ,
scella des édits qui ordonnaient des exac-
tions exorbitantes. Le peuple cria contre
des impôts si injustes et si réitérés. « Ac-
» cusé, dit l'auteur de sa Vie J par le par-
» lement , de vénalité et de corruption , il
» se vit obligé de faire une réponse parti-
» culière à tous les chefs de l'accusation
» intentée contre lui : ce qu'il fit le 1er mai
» 1621 , en confessant dans les termes les
» moins équivoques , le crime de corrup-
» tion dont il était chargé , en vingt-huit
» articles différens, en s'abandonnant en-
» tièrement à la merci des juges. Il fut
» condamné à une amende de quarante
» mille livres sterling ; à être enfermé dans
» la tour , pour y rester à la volonté du
» roi; déclaré en outre, pour toujours ,
» incapable de posséder aucune charge ni
» aucun emploi dans la république , avec
t> défense de siéger jamais au parlement ,
» et de reparaître de sa vie dans le ressort
» de sa cour. Ainsi , il perdit le grand pri-
» vilége de la pairie ; sévérité qu'on n'é-
» prouve jamais que dans le cas de trahi-
» son ou de corruption. » Après un court
emprisonnement dans la tour, il obtint
du roi Jacques sa liberté, et fut déchargé
de l'amende à laquelle le parlement l'avait
condamné. Le roi même lui accorda tout
ce qu'il est au pouvoir d'un souverain d'ac-
corder , la révocation entière de sa sen-
tence. Betiré dans une de ses terres, mais
point dénué de tous les biens de la for-
tune , comme on l'a dit , il se livra en en-
tier à l'étude , et mourut en 1626 , âgé de
66 ans ; il mit dans son testament , « qu'il
» laissait son nom et sa mémoire aux na-
» lions étrangères : » Car mes concitoyens,
ajouta-t-il , ne me connaîtront que dans
quelque temps. Cette proposition insérée
dans une pièce où l'on s'occupe naturel-
lement de la mort et d'objets graves , a
paru une vanité déplacée et peu digne de
la vraie philosophie. On a donné une ma-
gnifique édition de ses ouvrages , tant la-
tins qu'anglais, à Londres, 1740, h vol.
in-fol. Les principaux sont : | De augmen-
te scientiarum : ouvrage supérieur, dans
lequel on trouve des observations nou-
velles et profondes , ornées des agrémens
de l'imagination. C'est le plan d'une En-
cyclopédie raisonnée , liée et dépendante
dans toutes ses parties , dont l'exécution
serait bien différente de la compilation
alphabétique qu'on nous a donnée sous ce
nom, espèce de gouffre , comme l'exprime
BAC
M. Diderot lui-même , chef et directeur
de cette entreprise , où des chiffonniers
jetèrent pêle-mêle une infinité de choses
mal vues,, mal digérées; bonnes, mau-
vaises, détestables; vraies, fausses, in-
certaines; et toujours inconséquentes et
disparates. \ Son Novum organum scien-
tiarum, qui peut être regardé comme une
suite du premier ouvrage. Ce livre l'a fait
appeler le Père de la physique expéri-
mentale. C'est un recueil d'idées neuves
et justes , sur tout ce qui peut perfection-
ner la physique. | Ses Essais de morale et
de politique traduits en français , 1734,
in-12 , offrent des maximes propres à tous
les états , depuis le prince jusqu'au parti-
culier. | La Vie de Henri VU, roi d'An-
gleterre. Cette histoire, très estimée d'ail-
leurs , n'est souvent qu'un panégyrique.
Bacon n'a pas toujours la simplicité du
style historique, et il n'est pas exempt des
défauts que l'on reproche aux beaux es-
prits de son siècle, l'enflure et le phébus.
| Collection des actes et des faits arrivés
au parlement d'Angleterre, sous le règne
d'Elizabeth , 2 vol. in-fol. , en anglais,
j Un petit traité De justitiâ universali,
Paris, 1752, chez Vincent, in-16; et plu-
sieurs autres ouvrages. M. Deleyre a
donné Y Analyse de la philosophie de
Bacon, en 2 vol. in-12. Cet abrégé suffit
pour donner une idée des qualités et des
défauts de Bacon dans sa manière d'écrire.
Hume , en comparant Bacon avec Galilée,
a attribué la supériorité à celui-ci ; mais
il faut avoir étrangement le goût des com-
paraisons pour comparer Bacon avec un
astronome, et chercher des rapports entre
deux hommes, pour avoir le plaisir de
dire qu'il n'y en a pas. On a aussi d'Emery
le Christianisme de Bacon, an 7 (1799 ),
2 vol. in-12. Bertin a donné sa Vie, tra-
duite de l'anglais, Paris, 1788, in-12. Quel-
que éloge qu'on y donne à Bacon , on n'y
tait point ses vices; et il n'y a guère de
lecture plus propre à prouver combien la
philosophie est faible contre un caractère
lâche et corrompu. A la fin de cette Vie
on trouve un recueil des maximes de
Bacon. La plus remarquable est « qu'une
» philosophie superficielle peut engendrer
» l'athéisme, mais qu'une philosophie pro-
» fonde conduit à la religion. » Levés gus-
tus inphilosophia movereposse adatheis-
mum, sed pleniores haustus ad religio-
nem reducere. De Augm. scient. , liv. 1.
J Bacon a publié plus de 20 ouvrages sur
presque toutes les matières. Ses OEuvres
complètes ont été platement traduites par
12 UAO
Antoine Lasalle , avec des notes critiques
et littéraires, Dijon, 1799-1802, 15 vol.
in-8°.
* BACON ( Nathanael), fils de Nicolas
Bacon et frère de François , se distingua
dans la peinture, et particulièrement dans
le paysage. Quoique son talent se soit
formé en Italie, son style se rapproche de
l'école flamande.
* BACON (John), sculpteur anglais,
naquit à Southwark , bourg qu'on a de-
puis réuni à Londres ; il fut d'abord
peintre en porcelaine , puis s'essaya dans
la sculpture et y fit des progrès très ra-
pides. L'académie royale de Londres ,
instituée au mois de décembre 1768 , lui
donna le premier prix qu'elle ait décerné,
et peu après le reçut dans son sein. Une
statue de Mars armé mit le comble à la
réputation de Bacon. Il exécuta depuis, à
"Westminster, les monumens de lord Cha-
tam , de lord Halifax , du major Pearson.
Ses meilleurs ouvrages sont des figures
isolées, et surtout celles de la Grande
Bretagne lançant la foudre, d'un Orphelin
demandant un asile , et celle de la Paix.
Deux inventions le recommandent au
souvenir des artistes ; les statues de mar-
bre artificiel, et l'instrument destiné à
transporter sur le marbre les formes du
modèle, ou suivant l'expression des ar-
tistes, à faire les points. Bacon a aussi fait
des fables et des épitaphes , qui ne sont
pas sans quelque mérite. Il mourut en
1799, à l'âge de 59 ans.
BACOUE ou BACOVE (Léon), né en
1608 , à Castelgeloux en Gascogne , ayant
reconnu les erreurs de la religion protes-
tante, entra dans l'ordre deSt-François, et
en fut tiré pour être placé sur le siège de
Glande ve, et ensuite sur celui de Pamiers,
où il mourut en 1694, âgé de 94 ans. Son
poème sur l'éducation d'un prince, 1671 ,
in-4°, lui a fait un nom parmi les poètes
latins. Il y a de très beaux morceaux. Il
le publia, en 1670, à Toulouse*, sous ce
titre : Delphinus, seu de prima principis
institutione , lib. VI, in-4°, réimprimé à
Paris en 1685,in-8°, avec des notes, et on
y joignit quelques odes du même auteur.
On a encore de lui : Carmen panegyri-
cum, Toulouse, 1637, in-4°, dédié au pape
Clément IX. En 1655 , il avait donné une
traduction in-fol. de la Somme de théolo-
gie du P. Villalobo , franciscain.
BACQUERRE (Benoit de ). On a de ce
médecin , dont on ne sait rien d'ailleurs ,
un ouvrage estimé , intitulé : Senum Me-
dicus, imprimé à Cologne en 1673.
BAD
13
BAD
BACQTJET ( Jean), avocat du roi en la
chambre du Trésor , à Paris, savant dans
le droit français et dans les lois romaines,
est auteur de plusieurs Traités commentés
par Ferrière , dont la dernière édition a
paru à Lyon en 1744, 2 volumes in-fol. Sa
mort , arrivée en 1597, fut causée par le
chagrin qu'il eut d'avoir vu rompre en
place de Grève son gendre Charpentier ,
lecteur et médecin en l'université de Pa-
ris, fameux ligueur.
* BACUET ( Paul ) , professait la phi-
losophie à Genève en 1632. Il publia, à
cette époque, différentes dissertations , fut
nommé en 1641 pasteur de l'église pro-
testante , et envoyé en 1654 , à Grenoble ,
pour y remplir les devoirs de son mi-
nistère. Ce fut dans le dessein de don-
ner une publicité plus grande aux re-
mèdes dont son expérience lui avait fait
reconnaître l'efficacité qu'il fît impiimer
en 1670, un vol. in-8°, intitulé : Hoséas,
ou l'Apothicaire charitable. On a encore
de lui : | Disputatio logica de cousis, Ge-
nevae , 1634 , in-4° ; | Disputatio physica
de materiâ; \ Disputatio physica de mun-
do, inédits.
• BADCOCK (Samuel), savant critique
et théologien anglais , était fils d'un bou-
cher, et naquit à South-Molton , dans le
comté de Devon, en 1747. Ses parens,
qui étaient dissenters , le destinèrent à
l'état ecclésiastique. Dans l'école où il fit
ses premières études , il se lia avec quel-
ques condisciples imbus des principes du
méthodisme , et il les partagea avec eux;
mais il revint par la suite à des idées
plus justes et moins violentes sur le culte
qu'on doit à Dieu. La lecture de quelques
écrits du docteur Priestley opéra ce chan-
gement ; Badcock parut ensuite adopter la
doctrine des unitaires, et s'approcher du
socinianisme. Il est auteur de quelques
morceaux de critique, qui se trouvent dans
différens ouvrages périodiques anglais ,
notamment dans le Monthly Revietv. Un
des principaux est la critique d'un ouvrage
qui a fait beaucoup de bruit , sous le titre
de Thelyphlhora * publié par un ministre
nommé Madan. Il a publié aussi un exa-
men de l'authenticité des poèmes de
Bowley, et celui de quelques ouvrages du
docteur Priestley. On reconnaît, dans tous
les ouvrages de Badcock, beaucoup d'é-
rudition , et un esprit juste et étendu. Il
mourut à Londres, en 1788.— BADCOCK
(Richard) a observé au microscope la
structure des anthères , leur développe-
ment , et l'émission du pollen dans plu-
sieurs espèces de plantes. En 1746, il a
donné à la société royale de Londres :
Observations microscopiques , sur les
fleurs du houx et de la grenadille. ( Tran-
sact. philosopha vol. XLIV, N° 479 ) , et,
Lettre à M. Barker, sur la poussière fé-
condante de l'If, ( ibid. , vol. XLIV, N°.
480).
* BADE (Herman Ier de ), fils de Ber-
thold Ier, duc de Zaehringen et de Ca-
rinthie , épousa Judith , fille d'Adelbert ,
comte de Calw , ou Calb , qui lui apporta
en dot les biens du comté d'Uffgau, pays
qui forme le territoire de Bade. On le
trouve mentionné dans les chartes d'Al-
lemagne , en 1052 , sous le titre de mar-
quis. Il se retira, à la fin de sa vie , dans
l'abbaye de Cluny, et y mourut le 25 avril
1074. — Son fils, Herman h, prit , pour
la première fois , le titre de margrave ,
ou marquis de Bade , à la diète de Bàle ,
tenue au mois de février 1130. C'est de
cette époque que datent ce titre et le nom
illustre de la maison de Bade. Herman II
mourut en 1130.
* BADE-BADE ( Louis-Guillaume Ier,
margrave de), arrière petit-fils d'E-
douard Ier, dit le Fortuné, naquit à Paris
le 8 avril 1655. Il fut reçu sur les fonts
baptismaux par Louis XIV. A l'âge de trois
mois, il en fut emmené par son père et son
aïeul , pour être élevé au milieu des peu-
ples qu'il devait gouverner. Il parcou-
rut l'Europe afin de perfectionner son
éducation, et fit ses premières armes sous
Montécueulli et contre Turenne , dans la
campagne d'Alsace , où ce dernier fut tué.
Il força les Français dans leur retraite
jusqu'au moment où le grand* Condé vint
en prendre le commandement. Le duc de
Lorraine s'étant mis à la tête de l'armée ,
à la place de Montécueulli, qui avait donné
sa démissionne prince de Bade servit sous
ses ordres jusqu'à la paix de Nimègue ,
en 1678. Lors delà guerre des Turcs contre
l'Autriche , il contribua à délivrer la ville
de Vienne , qui était assiégée, et se fit re-
marquer honorablement à Barckan, à
Vicegrade et à Bude. Il se lia , dans ces
campagnes , avec le jeune prince Eugène
de Savoie, dont le mérite et la valeur
naissante lui inspirèrent de l'intérêt; il
remporta seul sur les Turcs, en 1689 , la
victoire de Nissa, et le 19 août 1691, celle
de Salenckemen-: en 1693 il fut appelé en
Souabe , pour s'opposer aux Français qui
y faisaient des progrès rapides. Le grand
dauphin et le duc de Lorges ne purent
forcer son camp ; il reprit ensuite Heidel-
BAD
U
BAD
berg, puis se rendit en Angleterre pour
concerter avec le roi Guillaume les opé-
rations de la guerre contre la France. Le
prince Louis ouvrit la campagne par une
irruption sur l'Alsace, où il déconcerta les
mesures du duc de Lorges. Il se mit, mais
en vain , sur les rangs pour la couronne
de Pologne , laissée vacante par la mort
de Sobieski. La guerre de la succession
d'Espagne vint lui offrir encore de nou-
velles palmes à cueillir. Il parut à la tête
de l'armée impériale , prit Landau , mais
fut battu à Friedlingen. Ce fut lui qui fit
construire , en 1705 , les fameuses lignes
de Stollhofen , qui s'étendaient depuis la
Forêt-Noire jusqu'à Stollhofen et au Rhin,
et qui tirent admirer son talent pour les
fortifications et les retranchemens. Il
mourut à Rastadt , le h janvier 1707 , à
l'âge de 82 ans. Il avait fait vingt-six cam-
pagnes , commandé à vingt-cinq sièges et
livré treize batailles. Aussi habile que
courageux , son nom demeurera célèbre
dans les fastes de l'histoire, à côté de tous
les grands généraux français et étran-
gers qui illustrèrent le beau siècle de
Louis XIV.
BADÊME ( saint) , persan issu d'une fa-
mille noble et riche , fut arrêté durant la
persécution de Sapor, et emprisonné avec
Nersan, prince d'Arie. Le courage de
celui-ci s'élant démenti, on lui accorda la
vie , à condition qu'il percerait Baderne
d'un coup d'épée , ce qu'il exécuta ; mais
il ne tarda pas à ressentir les effets de la
vengeance divine. fl fut disgracié au bout
de quelque temps, et perdit la vie par une
mort violente, accablé de malédictions.
Le corps de saint Baderne fut traîné hors
de la ville par les infidèles : mais les chré-
tiens l'ayant enlevé secrètement, lui ren-
dirent les honneurs de la sépulture. Quatre
ans après, le roi Sapor étant mort, ses
disciples furent mis en liberté. Saint Ba-
derne souffrit le martyre le 9 avril, l'an
de J.-C. 57G, et le 67e du règne de Sapor.
Les Grecs font sa fête le 10 avril. Ses
actes, écrits en syriaque par saint Ma-
thuras, ont été publiés par Assémani,
Henscbenius et Ruinait.
• BADEN-ZOEHRINGEN ( Charles-
Louis-Frédéric ) , grand-duc de Bade ,
naquit le 8 juillet 1786 et mourut en 1818,
à l'âge de 52 ans. Il épousa, en 1806, Sté-
phanie-Louise -Adrienne Tascher de la
Pagerie, fille adoptive de Napoléon, et
cousine de l'impératrice Joséphine. Il
suivit l'empereur dans les campagnes de
Prusse et de Pologne , se battit à Iéna et
se trouva au siège de Dantzick. Après la
paix de Tilsitl, le prince de Bade vint à
Paris. Son aïeul , le grand duc Cbarles
Frédéric, qui l'avait nommé général d'in-
fanterie et chancelier de l'ordre du mérite
militaire , lui laissa bientôt par sa mort le
grand duché de Bade. Le nouveau duc se
retira dans ses états, laissant les troupes
badoisessous le commandement du comte
de Hochberg, son oncle. Après la retraite
de Moscou, le grand-duc fit connaître,
dans une proclamation, la nécessité où il
se trouvait d'abandonner Napoléon. Il se
rendit bientôt au congrès de Vienne , qui,
en lui confirmant la possession de ses
états , y ajouta de nouveaux districts sur
le Rhin , avec les droits de souveraineté
sur Mayence. Le grand-duc de Bade fit de
son côté quelques cessions au Wurtem-
berg et à la Bavière. Au retour de Napo-
léon de l'île d'Elbe, il se réunit aux autres
puissances contre ce prince, fit entrer ses
troupes en France , et donna au vain-
queur de Waterloo le grand-cordon de
l'ordre de la fidélité avec son portrait
enrichi de diamans. Deux ans avant sa
mort , le duc de Bade avait accordé à ses
sujets une constitution analogue à celle
du Wurtemberg.
* BADEN ( Jacques ) , célèbre littéra-
teur danois , né en 1755 , à Vordingborg ,
dans l'Ile de Sjœllands, et mort en 1804 à
Copenhague, appartenait à une famille
peu riche , et obtint une bourse à l'uni-
versité de Copenhague. Il voyagea en
Allemagne, et resta plusieurs années à
Gœttingue avec le célèbre Heyne dont il
s'était concilié l'amitié. A son retour , il
ouvrit dans la capitale du Danemarck
un cours de belles -lettres, entra à l'a-
cadémie, et obtint en 1780 la place de
professeur d'éloquence qu'il conserva jus-
qu'à sa mort. On a de lui : | Journal
critique, 1768-1779 , qui se distingue par
une critique impartiale et décente, et
qui imprima une sage direction à la lit-
térature danoise encore naissante ; | Jour-
nal de l'université, 1795-99; | Annales de
Tacite , traduites en danois , 2 vol. 1775-
1778 ; | les Institutions de Quintilien, éga-
lement traduites en danois ( 11e et 12? li-
vres ) ; | une Traduction médiocre des
OEuvres d'Horace, avec un bon commen-
taire. | Baden a fait encore des grammaires
grecque, latine, danoise et allemande ,
avec des chrestomathies ou Extraits choi-
sis, l'un Dictionnaire latin-danois et da-
nois-latin; | enfin' des Opuscula latina$
et quelques ouvrages classiques.
BAD 1
* BADIA (Charles-François), célèbre
prédicateur italien , né à Ancône , le 20
juin 1G75 , fut élevé chez son oncle ma-
ternel , ecclésiastique attaché à la cour
de Parme. Il se destina d'abord au bar-
reau ; mais l'éloquence de la chaire ayant
plus d'attraits pour lui , il se fit prêtre ,
et prêcha dans toute l'Italie , avec le plus
grand éclat, pendant 58 ans. Ses succès
ne furent pas moins heureux à Vienne ,
où on l'appela. Apostolo Zeno en parle
avec admiration, dans une de ses lettres ,
vol. 2, page 214. L'évêque de Parme,
voulant l'attacher à son diocèse , lui con-
féra un bénéfice et le nomma ensuite
abbé de Saint-Nicolas. Victor-Amédée, roi
de Sardaigne lui donna, en 1727, la riche
abbaye de la Novalèse. Il prononça , l'an-
née suivante, l'oraison funèbre de la reine
Anne à Turin , et il s'y fixa. Cette ville
lui avait donné, en 1727, le droit de cité ,
et Ancône l'inscrivit, en 1742, sur l'état
de sa noblesse ; cinq ans plus tard , Fos-
sombrone lui accorda le même honneur.
Badia mourut à Turin le 8 mai 1731. On
a imprimé de lui deux traductions d'ou-
vrages français , quelques traités ascéti-
ques et ses sermons : j Prediche Quare-
simali ., Turin, in-4°, 1789, réimprimé à
Venise , la même année , dans le même
format; | Panegyrici, ragionamenti ed
orazioni diverse * in-4°, Venise, 1750 ; plus
un assez grand nombre d'autres sermons
et discours en manuscrits.
♦ BADIA- Y-LEBLICH (Domingo), es-
pagnol qui se fit appeler Ali-Bey et Cas-
tillo j naquit en 1766 et fit d'excellentes
études à Valence. Ayant acquis une con-
naissance profonde de la langue arabe et
des usages musulmans, il reçut du prince
Godoy une mission politique pour l'Orient.
Il se fit circoncire à Londres, et ayant re-
vêtu l'habit musulman, il se rendit en 1803
en Afrique, sous le nom d'Ali-bey, prince
abassyde, nom qui lui valut des honneurs
et des distinctions partout où il passa. Il
revenait en Europe, en passant par Con-
stantinoplc, lorsqu'il apprit l'abdication
de son prince , Charles IV. Il offrit alors
ses services à Bonaparte , et lui proposa,
dit-on , de lui soumettre les états barba-
resques avec 20,000 hommes. En 1809 et
4810 , il fut nommé par le roi Joseph à
l'intendance de Ségovie et à la préfecture
de Cordoue , et revint à Paris à l'époque
de l'évacuation de l'Espagne par l'armée
française. Il mourut en 1819 , à Alep en
Syrie , où il s'était rendu de nouveau , et
comme sa fin fut subite , on pensa qu'il
o BAD
avait été reconnu et empoisonné. On a de
lui : Voyage d'Alibey en Asie et en
Afrique J pendant les années 1804 et 1807,
3 vol. in-8°, 1814, avec un atlas de vues,
plans et cartes géographiques.
BADILLAC. Voyez COSME.
BADIUS (Josse) , surnommé Ascen-
sius , parce qu'il était né à Assche , gros
bourg entre Bruxelles et Alost , en 1462 ,
étudia en Flandre et en Italie, et alla en-
suite professer le grec à Lyon. Jean Tres-
chel, imprimeur de cette ville , le fit cor-
recteur de son imprimerie , et lui donna
sa fille en mariage. Robert Gaguin, dont il
avait imprimé Y Histoire de France àLyon,
l'attira à Paris. C'est de sa presse que
l'on a tant parlé, sous le nom de Prœlum
Ascensianum. Il publia plusieurs auteurs
classiques qu'il commentait lui-même ,
entre autres Horace, Virgile, Lucain, Ju-
vénal , Salluste, Quintilien. Il mourut à
Paris, en 1555, âgé de 73 ans, après avoir
composé plusieurs ouvrages , outre ses
Commentaires, tels sont : | Sylva moralis
contra vitia; \ Psalterium B '. Mariœ Vir~
ginis; \ Epigrammata ; \ Vita Thomce a
Kempis; \ De grammaticâ; \ De conscri-
bendis epistolis; \ Navicula stultarum mu-
lierum, 1502, in-4°.
BADIUS (Conrad), fils du précédent,
se fit calviniste, et se retira à Genève, où
il se distingua comme imprimeur et comme
auteur. Robert Etienne , son beau-frère ,
protestant comme lui , le suivit trois ans
après. Ils y publièrent de concert plu-
sieurs éditions fort recherchées. Il mou-
rut vers l'an 1570. Badius traduisit en
français le 1er vol. de VAlcoran des Cor-
deliers J l'augmenta d'un 2e , et l'accom-
pagna de notes, 1560, in-12, Amsterdam,
1754 , 2 vol. in-12 , avec figures de Ber-
nard Picard. Ces notes sont courtes , mais
fort vives, souvent outrées , au jugement
même de Prosper Marchand, qui n'es*
pas lui-même un auteur fort modéré.
Voyez ALBERT (Erasme) et ALBIZI.
* BADOLET (Jean) , reçu ministre de
l'Eglise réformée, et citoyen de Genève,
en 1655 , professa pendant plusieurs an-
nées les humanités au collège de cette
ville. Il a publié quelques ouvrages , qui
prouvent qu'il avait des connaissances
dans plus d'un genre. Sénébier, dans son
Histoire littéraire de Genève, cite : | la
Harangue de Frédéric Spanheim ( Gè-
ne va restitula), traduite en français, 1655,
in-4° ; | Conscientiœ humanœ analomia,
Genevae , 1659 , in-4° ; | l'Excellence de
l'horlogerie ., in-12; | Secrets curieux sur
BAE
16
BAE
diverses choses de la nature et de l'art,
in-8°.
BADUILLA. Voyez TOTILA.
BAECK (Abraham), né en Suède en
1715, et mort en 1795. Des connaissances
profondes en médecine et une conduite
toujours dirigée par la prudence et le
désir d'être utile , lui firent obtenir une
grande considération. Il devint premier
médecin du roi , président du conseil de
médecine, chevalier de l'étoile polaire, et
•membre de l'académie des sciences de
Stockholm. Cette société le chargea de
faire les éloges d'Hasselquist , d'Olaiïs-
Celsius, et de Linnée , avec lequel il avait
eu des relations étroites , et qui lui avait
dédié un genre de plantes , sous le nom
de Bœchea. Baeck a laissé , sur divers
sujets d'histoire naturelle , plusieurs mé-
moires insérés dans les Mém. de l'Acad.
de Suède,
BAEAGIUS (Pierre), né à Helsing-
borg en Suède , Tan 1633 , enseigna la
théologie à Abo, devint ensuite évêque
de Wybourg , où il mourut en 1696. On
a de ce prélat luthérien, | un Commentaire
sur l'épîlre de saint Paul aux Hébreux ,
Abo, 1671, in-4°; | Vie de saint Anschaire;
| Historiœ Sueco-Gothicœ ecclesiaslicœ ,
| une Chronologie sacrée; | des ouvrages
polémiques. Ils sont tous écrits en latin,
mais remplis de préjugés de secte. On
dirait que l'auteur a voulu faire la paro-
die de tout ce qui a été dit sur ces matières
par les catholiques.
* BAER (Frédéric-Charxes), profes-
seur de théologie , né à Strasbourg en
1719, mort dans la même ville en 1797 ,
était associé correspondant de l'académie
des sciences et a laissé un grand nombre
d'ouvrages, les uns en français, les autres
en allemand. Les principaux sont | Y Orai-
son funèbre du maréchal de Saxe, pro-
noncée à Paris en 1751; |celle de Louis XV
en 1774 ; | un Sermon sur les devoirs des
sujets envers leur souverain, en allemand,
qu'il a traduit lui-même en français ;
| une Dissertation sur le vœu de Jephté, à
laquelle le savant Rondet a répondu dans
le Journal de Trévoux et dans la Bible
d'Avignon , 2e édition ; | un Essai sur les
Atlantides , Paris 1762 , où il cherche à
prouver que les Atlantides de Platon et
les Juifs de Moïse ne sont qu'un même
peuple ; | une traduction de la Disserta-
tion du professeur Meyer sur les Spec-
tres, etc.
* BAEREBISTE, roi des Daces , con-
temporain de Sylla, de César et d'Auguste,
releva le courage de sa nation affaiblie
par plusieurs défaites, arrêta sur les bords
du Borysthène la marche desSarmates,
vainqueurs des Scythes , qui avaient déjà
passé le Tanaïs, défit les Boïens, soumit la
Thrace, la Macédoine et l'Illyrie, et se
rendit si puissant qu'il fit trembler Rome
elle-même. Il se disposait à marcher con-
tre elle, lorsqu'il périt victime d'une con-
spiration. Il donna plusieurs lois sages ,
et se soumit le premier aux lois qu'il avait
établies. Baerebiste , voulant prévenir
chez ses sujets les abus du vin, fit a?ra-
cher les vignes, et punir avec sévérité
tous les excès auxquels peut entraîner
l'intempérance.
BAERLE. Voyez BARLjEUS.
BAERT (François), jésuite, né à Ypres
en 1651, fut envoyé à Anvers, en 1681,
pour travailler aux Acta Sanctorum. Il
donna les actes de plusieurs saints de
Bretagne qui étaient difficiles à débrouil-
ler. Le commentaire qu'il donna sur la
Vie de saint Basile le Grand, fait con-
naître son érudition. Il parcourut les bi-
bliothèques d'Allemagne , et en rapporta
des monumens utiles. Il mourut le 27
octobre 1719.
* BAERT ( Alexandre - Balthazar-
François de) , était originaire de Saint-
Oiner : il entreprit en 1787 et en 1788 un
voyage en Angleterre pour y étudier les
mœurs et les coutumes des habitans. Dfl
là il passa en Espagne : il se trouvait à
Gibraltar en 1789. Revenu dans sa patrie,
il s'occupait de littérature , lorsque sur-
vint la révolution; il en embrassa la cause,
et fut élu député du Pas-de-Calais à l'as-
semblée législative en 1791. Il y vota avec
la saine minorité , et rédigea même à
cette époque un journal intitulé l'Indica-
teur, qui combattait les idées exagérées
qui prévalaient en ce moment. Après
le 10 août il se retira de l'assemblée, et
revint dans son pays natal , d'où il passa
aux Etats-Unis d'Amérique. En 1818 il a
été nommé à la chambre des députés
par le département du Loiret : il y vota
avec la minorité. Il est mort à Paris le 23
mars 1825. On lui doit : | Tableau de la
Grande-Bretagne, de l'Irlande et des
possessions anglaises dans les quatre
parties du monde, Paris, 1800, h vol. in-8°,
cartes et fig. ; ouvrage estimé , et le plui
complet que nous ayons en notre langue ;
| Y Extrait d'un voyage entrepris en 1784
dans la partie de la Russie qui avoisme
le Caucase, inséré dans les Mémoires his-
toriques et géographiques sur les pays
BAG
17
BAG
situés entre la mer Noire et la mer Cas-
pienne J Paris, 1799 , in-4°.
* B AFFIIV ( William ), astronome et
pilote anglais, né en 1584 , et tué au siège
d'Ormus en 1622 , accompagna Hudson ,
Thomas Button , Robert Bilch, et le capi-
taine Gibbins , etc., dans leurs voyages
pour découvrir , par le nord de l'Améri-
que, un passage dans les mers de Tartarie
et de Chine. Il consigna ses découvertes
et ses observations sur des Cartes qui
furent malheureusement perdues. Les géo-
graphes ont donné son nom à une vaste
baie du nord-est de l'Amérique septen-
trionale, dont l'existence n'est pas cer-
taine. Purchas nous a conservé quelques-
uns de ses Journaux, qui contiennent des
remarques utiles , surtout celles relatives
à la déclinaison de l'aiguille aimantée, et
une de ses lettres à Jobn Wosthenbolme,
dans laquelle il prétend qu'il n'y a pas de
passage au nord du détroit de Davis , ni
espoir d'en trouver un.
* BAFFO(la sultane) , était une jeune
chrétienne d'une rare beauté, de la famille
des Baffo de Venise. En se rendant à Cor-
fou, dont son père était gouverneur elle
fut prise par les Turcs , et devint sultane
favorite d'Amurath III, qui en eut Maho-
met III. Elle conserva son ascendant du-
rant le règne de ces deux princes , et ne
le perdit que sous celui d'Achmet, qui la
relégua dans le vieux sérail.
* BAGARATO, jurisconsulte bolonais
du 13e siècle dont on trouve dans le Trac-
tatus univer salis juris, 1584, t. 3, deux
traités sur le reproche des témoins et les
déclinatoires.
•BAGARD (Charles); docteur de la
faculté de Montpellier en 1715, mort à
Nancy en 1772, a publié | une Histoire de la
thériaque, 1725 , in-4°; | une Analyse des
eaux minérales de Nancy et Contrexe-
Qille , 1760-65 ; | des Dissertations médi-
cales; | tr. de méd. et un Dispensaire
pharmaceutique , 1771, in fol.
•BAGGESEN ( Jens-Emmanuel), l'un
des poètes les plus célèbres et les plus
spirituels du Danemarck , né à Corsoer ,
petite ville de la Zélande, le 15 février
1764, d'une famille bourgeoise sans fortu-
ne , reçut la première instruction dans
une école publique , et fut admis en 1784
au nombre des étudians de l'université de
Copenhague. Dès 1786 il débuta par un
volume de Contes en vers , qui fut suivi
en 1791 d'un Recueil de poésies, en 2 vol.
sous le titre d'Ouvrages de ma jeunesse,
qui obtint un succès prodigieux. Depuis
il négligea sa langue maternelle pour pu-
blier divers ouvrage^ en allemand, qui
ont obtenu également un grand succès :
| Mélanges poétiques , Hambourg , 1803 ,
2 vol. [Parthénatos ou Voyage aux Alpes*
idylle , Hambourg , 1806, 2e édition; Am-
sterdam , 1807 ; traduit en français par
M. Fauriel, Paris, 1810, in-12; 1 Fleurs de
Bruyères, Amsterdam, 1808.
BAGLIVI (Georges), né à Lecce dans
le royaume de Naples , en 1668 , docteur
en médecine de Padoue , professeur de
chirurgie et d'anatomie à Rome, membre
de la société royale de Londres, s'était
fait une grande réputation dans le monde
savant, lorsque la mort l'enleva en 1706,
à l'âge de 38 ans. On a de lui plusieurs
ouvrages de médecine estimés, dont les
meilleures éditions sont celles de Paris ,
en 1711 , in-4° , et de Lyon , 1765 , in-4°.
Baglivi avait voyagé dans toute l'Italie.
Il avait fréquenté les hôpitaux et les aca-
démies. Les spéculations de la théorie
sont appuyées chez lui sur les expériences
de la pratique.
* BAGNATI , jésuite , né à Naples en
1651 , mort en odeur de sainteté dans la
même ville en 1727. Il s'était consacré
spécialement à la prédication , et a laissé
des Sermons, des Panégyriques , X Art de
bien penser, Y Ame dans la solitude, et
quelques autres ouvrages.
BAGAI (Jean-François), d'une famille
distinguée de Florence, naquit en 1565.
Les papes Clément VITT, Grégoire XV et
Urbain VIII, l'employèrent dans plusieurs
affaires importantes. Il fut fait cardinal,
et mourut en 1641 , regretté de tous les
gens de lettres dont il avait été le pro-
tecteur. Naudé fut son bibliothécaire.
BAGNOLI (Jules-César), né àBagna-
Cavallo dans le Ferrarais , se distingua
parmi les poètes italiens. Michel Peretti,
prince de Venafre , neveu de Sixte V , le
combla de bienfaits. Il mourut vers 1600.
La Tragédie des Aragonais , et le Juge-
ment de Paris , ont encore quelques lec-
teurs en Italie. Le travail se fait trop sentir
dans ces ouvrages.
BAGOAS , eunuque égyptien , général
et favori du roi de Perse Artaxerxes Ochus,
empoisonna son maître, pour venger la
mort du bœuf Apis, dieu d'Egypte, que ce
prince avait fait apprêter par son cuisi-
nier. Après avoir fait périr Ochus par le
poison, il donna son corps à manger à
des chats , et fit faire de ses os des man-
ches de couteaux et des poignées d'épées.
Il plaça sur le trône Arsès, le plus jeune
BAG
18
BAH
des fils du roi mort , qui ne voulant pas
se laisser gouverner^ar son eunuque fut
assassiné comme son père. Il mit ensuite
a couronne sur la tête de Darius Codo-
man, dont il voulut encore se défaire : mais
ce roi le prévint en le faisant mourir ,
vers l'an 336 avant J.-C.
BAGOT (Jean), jésuite, né à Rennes
en 1590, enseigna successivement la phi-
losophie et la théologie , fut censeur des
livres à Rome, ensuite supérieur de la
maison professe à Paris , où il mourut le
22 août 1664. On a de lui : | un ouvrage
intitulé Apologeticus fidei , 2 vol. in-fol.,
Paris , 1643 ; livre savant , mais diffus ;
| Defensiojuris episcopalis , Paris , 1655 ,
in-8°; Rome, 1659, in-8° ; traduit en fran-
çais, 1655, in-8°. Ce livre fut déféré à l'as-
semblée du clergé de 1655, pour quelques
propositions qui blessaient les principes
admis en France sur la hiérarchie et l'ad-
ministration du sacrement de pénitence.
L'assemblée dressa des articles sur ces
propositions ; mais la publication en fut
arrêtée. L'auteur avait donné des expli-
cations qui parurent suffisantes.
* BAGRATION (le prince ), sénateur et
conseiller de l'empereur de Russie, se dis-
tingua successivement dans les campagnes
de Pologne , en 1792 et 1794, et dans celle
d'Italie, en 1799, sous le fameux Suwarow.
Il disputa long-temps la victoire aux Fran-
çais à Austerlitz ; nommé ensuite au com-
mandement en chei de l'armée de Mol-
davie, il continua de se couvrir de gloire
jusqu'en 1812 , où il fut blessé à mort à la
bataille de la Moscowa , après s'être si-
ijnalé par des prodiges de valeur.
* BAGSHAW (Christophe), né dans
la province de Derby, fit ses études à l'u-
niversité d'Oxford,etfutenl579, principal
du collège de Glocester-Hall. En 1582 , il
quitta ses bénéfices et ses places pour se
faire catholique. Etant passé sur le con-
tinent , il fit un court séjour en France ,
se rendit à Rome, où il étudia la théologie
dans le collège anglais , prit le bonnet de
docteur dans une université d'Italie , et
revint en Angleterre , en qualité de mis-
sionnaire. Il fut arrêté et enfermé au
château de Wishich , avec plusieurs au-
tres qui y étaient détenus pour la même
cause. Ayant été mis en liberté, il fut
chargé, par le clergé, d'aller suivre à Rome
l'affaire de l'établissement d'un archi-
prètre , qui divisait toute l'Eglise catholi-
que d'Angleterre {Voyez BLACK-WELL).
Il se retira, quelque temps après, à Paris,
où il passa le reste de ses jours, et mou-
rut, vers 1626. Bagshaw savait parfaite-
ment le grec , et était habile controver-
siste. Dans la dispute entre les réguliers et
les séculiers , au sujet de l'archiprêtre, il
prit parti pour les derniers , comme on
peut en juger par les ouvrages suivants :
| Relatio compendiosa turbarum quas je~
suilœ angli, unà cum G. Black-wello ar-
chipresbytero , etc., concivére, Rouen,
1601 , in-4°, sous le nom de Jean Mush;
Véritable relation de la faction qui a
commence à Wishich, par le P. Edmond*
jésuite , en 1595, etc., Rome, 1601; | Ré-
ponse à certains points d'un libelle 3 ap-
pelé une apologie de la subordination en
Angleterre . Paris, 1603, in-8°.
BAHIER ( Jean) , prêtre de l'Oratoire ,
natif de Châtillon, mort secrétaire de sa
congrégation en 1707 , eut un nom parmi
les poètes latins. On peut voir un de ses
morceaux dans les Poésies diverses * re-
cueillies par Loménie de Brienne. Son
poème Fuquetius in vinculis, composé
lorsque le surintendant Fouquet fut ar-
rêté, eut du cours dans son temps.
* BAHRDR (Charles-Frédéric) , théo-
logien et professeur, naquit à Bischoffs-
werda, dans la Haute-Saxe, en 1741, d'un
ministre prolestant. Il fit ses premières
études dans la maison paternelle , et les
acheva dans l'université de Leipsick, où
son père était devenu professeur ; il y prit
en 1761, le degré de maître-ès-arts. Se des-
tinant aussi au ministère, on lui confia
d'abord l'emploi de catéchiste. De là il
passa à celui de suppléant de son père, et
de professeur de philologie sacrée. Il ne
manquait ni de la science , ni du talent
nécessaire pour remplir ces places. Dans
ses premiers écrits, notamment dans celui
qu'il publia en 1763, à l'âge de 22 ans, sous
ce titre : Le vrai Chrétien dans la soli-
tude, il manifesta une tournure d'esprit
qui le portait aux nouveautés et aux
opinions singulières. Il remplit ce livre
d'idées qui ne s'accordaient pas avec les
principes des théologiens de sa commu-
nion, et qui le firent accuser d'hétéro-
doxie. A ces torts, il joignit celui de don-
ner prise sur ses mœurs, et une aventure
scandaleuse qui fit de l'éclat l'obligea de
quitter Leipsick. Il passa à Erfurt , où il
fut nommé professeur d'antiquités bibli-
ques , et continua à y écrire avec aussi
peu de retenue. C'est là qu'il fit un Essai
d'un système dogmatique biblique, et les
Vœux du patriote muet. Il imagina qu'un
titre scientifique donnerait du poids à sa
doctrine ; il alla prendre le bonnet de doc-
BAH
19
BAI
leur à Erlangen : ce qui n'empêcha pas
qu'un cri général ne s'élevât contre ses
principes, et l'université de Wittemberg,
qui en prit connaissance , les condamna
comme hérétiques. Il fut même obligé de
sortir d'Erfurt. Il passa à Giessen, dans
le pays de Hesse, où il ne fut ni plus sage,
ni plus prudent , ni mieux accueilli. Heu-
reusement pour lui , on lui proposa à
Marschlin chezles Grisons, une place dans
un établissement d'éducation , nommé
Philanthropinon; mais son caractère ne
s'accordant pas avec celui du directeur, il
n'y demeura qu'une année. Il passa de
là à Durkeim , dans les terres du prince
de Lidange-Dachsbourg. L'offre d'une
place de surintendant-général , et du litre
de prédicateur de la cour paraissait devoir
l'y fixer; son esprit inquiet et variable
ne lui permit pas d'apprécier ces avan-
tages; il forma le projet d'une école sem-
blable au Philanthropinon,, et obtint pour
l'établir le vieux château d'Heidesheim ,
près de Worms : mais il fallait trouver
des élèves. Il fit , pour s'en procurer, le
voyage de Hollande et d'Angleterre avec
peu de succès. Ils'étaitfait recevoir franc-
maçon dans ce dernier pays II avouait, au
reste, avoir perdu entièrement, dans la
société des incrédules , les principes reli-
gieux dont il avait été imbu. Pendant son
absence, on avait sollicité et obtenu contre
lui un décret impérial qui le suspendait
de toutes fonctions ecclésiastiques jusqu'à
ce qu'il eût rétracté publiquement ses er-
reurs. Il aima mieux se retirer en Prusse,
et alla s'établir à Halle. Devenu encore
plus hardi, il y ouvrit une école d'athéis-
me. Soit qu'il fût encore poursuivi par
son inconstance, soit que son école lui of
frît de trop modiques moyens de subsis-
tance , il imagina d'établir une auberge
dans une campagne à portée de la ville.
Elle fut bientôt fréquentée par de nom-
breux disciples qu'attiraient la curiosité
et l'attrait d'une doctrine qui favorisait
les passions ; mais bientôt il se fit de nou-
velles affaires. Il eut l'imprudence de
ridiculiser Yédit de religion du roi de
Prusse dans une comédie , et publia un
plan d'association qui était assez sembla-
ble à celle des illuminés , et dont le but
était le même. Le gouvernement crut de-
voir en prendre connaissance ; il fut dé-
féré aux magistrats , et condamné à deux
années de prison que le roi réduisit à une;
il revint ensuite dans son auberge de Halle,
où une conduite scandaleuse acheva de
lui ôter toute considération. Il y mourut
le 24 août 1792. Né avec d'heureuses dis-
positions , qu'il avait perfectionnées par
l'étude, et qui, sans l'abus qu'il en fit, au-
raient pu faire de lui un homme distin-
gué, écrivant avec facilité et élégance,
parlant d'une manière séduisante , décla-
mant avec grâce, et prêchant, dit-on, avec
beaucoup d'art , il aurait pu obtenir une
grande considération et se faire un sort
heureux; mais il ternit toutes ses belles
qualités par de mauvaises mœurs, et une
étrange bizarrerie d'esprit , que ses mal-
heurs et ses disgrâces ne purent corriger.
Ses principaux ouvrages sont | Recueil de
sermons sur les vérités fondamentales de
la religion. Leipsick , 1764, in-8°; | Essai
dun système de dogmatique biblique, 2 vol .
in-8° , Gotha et Erfurt, 1769-1770 ; | Idées
pour servir à l'explication et à la défense
de la doctrine de notre église., Riga, 1771,
in-8°; j Appendice à cet ouvrage* 1775 ,
in-8°; | Considérations sur la religion,
pour les lecteurs pensons, Halle , in-8°,
2e édition sous le titre de Considérations
libres sur la religion de Jésus * 1785, in-8°;
| Les nouvelles révélations de Dieu* en
lettres et en récits* 4 vol. in-8°, Riga, 1773-
1774 , 3e édition sous le titre de Nouveau
Testament* Rerlin, 1783, in-8° ; | Profes-
sion d£ foi* occasionée par un arrêt de
la cour impériale* 1779 , in-8°; | Traduc-
tion de Tacite* Halle , 1781 , 2 vol. in-8°;
| Les Satires de Juvénal* traduites en
vers,Dessau, 1781, in-8°; | Apologie de la
raison* appuyée sur les principes de l'E
criture* Zullichau , 1781. in-8°; | Jnstittt-
tiones logicœ* Halle, 1782, in-8° {Rhéto-
rique à l'usage des prédicateurs * Halle ,
1783-92, in-8°; | Inslilutiones metaphy-
sicœ , Halle , 1782 , in-8°; | Exjjosé complet
des dogmes de la religion * fondé sur la
doctrine pure et sans mélange de Jésus *
Rerlin, 1787, in-8°; | De la liberté de la
presse et de ses limites* Zullichau , 1787,
in-8°; | Histoire de sa Vie* de ses opi-
nions et de ses destinées * écrite par lui-
même à Magdebourg , pendan t sa détention
4 vol. in-8°, Berlin, 1791; | Catéchisme de
la religion naturelle* etc., Goerlilz, 1793,
in-8°; | Bibliothèque de théologie univer-
selle*M.ittau, 1774-1773, 4 vol. in-8°, etc.
Le but de ces nombreux écrits est de sa-
per tous les fondemens de la révélation ,
et d'établir un déisme pur , où les mira-
cles sont rejetés, et qui n'a pour appui que
la seule raison .
BAIARD. Voyez BAYARD.
* BAIER (Jean-Guillaume), ecclésias-
tique luthérien, né à Nuremberg, en 1647,
BAI
20
BAI
Il fut membre de plusieurs académies de
l'Allemagne, recteur et professeur de
théologie à l'université de Halle en Saxe ,
où il est mort en 1694. Il a composé un
Compendium theologicum, et quelques au-
tres ouvrages, entre autres, | De aquâ lus-
trali ponlificiorum , 1692 , in-4° ; \ Collalio
doctrinœ quaker orum et proteslanlium ,
1694 , in-4°. — Un autre BAIER ( Jean-
Guillaume ) , professeur de physique et
ensuite de théologie à Altorf , né en 1673,
mort en 1729 , est auteur d'un petit ou-
vrage intitulé : Oleum faciem exhilarans,
Altdorfii, 1706 , in-4°. Il a présidé à deux
dissertations ou thèses inaugurales ; l'une
sur deux grands animaux doul parle l'E-
criture sainte , dans le livre de Job : Dis-
sertatio de Behemolh et de Leviathan,
Elephas et Balœna è Job XL, XLI. Res-
pond. G. Steph. Stieber, Altdorfii, 1708,
in-4° ; l'autre, sur les fossiles qu'il regarde
comme des monumens du déluge univer-
sel : Disserlatio de fossilibus diluvii uni-
versalis monumenlis. Resp. G. Christoph.
Eichler* Altdorfii, 1722 , in-4°. Il a aussi
donné un Compendium de théologie.
BAIF ( Lazare de ), abbé de Char-
roux et de Grénetière , conseiller au par-
lement de Paris , maître des requêtes, na-
quit dans la terre de Pins , proche de la
Flèche, d'une famille noble, et mourut
en 1547. François Ier l'envoya ambassa-
deur à Venise l'an 1530 , et l'employa en
diverses autres occasions. On a de lui :
De re vestiaria, et De re navali, impri-
més à Bàle , en 1541 , in-4° ; sa vans écrits,
mais sans ordre et sans choix.
BAIF ( Jean- Antoine de ) , fils natu-
rel de l'abbé de Grénetière , né à Venise
en 1550 pendant l'ambassade de son père,
fit ses études avec Ronsard. Ils s'adonnè-
rent l'un et l'autre à la poésie française,
mais ils la défigurèrent tous les deux par
un mélange barbare de mots tirés du
grec et du latin. Baïf voulut introduire
dans les vers français , la cadence et la
mesure des vers grecs et latins ; mais ses
efforts furent inutiles. Ce rimeur était un
fort bon homme , suivant le cardinal du
Perron, mais un fort mauvais poète ; sa
versification est. dure , incorrecte et ram-
pante. C'est le premier qui établit à Paris
une espèce d'académie de musique : Char-
les IX et Henri III s'y trouvaient très
souvent. Baïf mourut en 1592. Il y a de
tout dans ses ouvrages, qui parurent à
Paris, en 1752, 2 vol. in-8°, du sérieux, du
comique, du sacré, du profane, plus d'a-
bondance et de variété que de jugement.
BAIL ( Louis ) , docteur de Sorbonne ,
et sous-pénitencicr de Paris , né à Abbe-
ville, et auteur de plusieurs ouvrages
dont quelques-uns sont estimés : | Y Exa-
men des Confesseurs , livre inexact , 5
vol. in-12 ; | une Bibliothèque des Prédi-
cateurs , en latin , sous ce titre : Sapien-
tia foris prœdicans, où il donne en abrégé
la vie des plus célèbres prédicateurs , et
montre dans quel genre ils ont excellé;
| Summa Conciliorum, Paris, 1672, 2 vol.
in-fol.; | De beneficio crucis ..Paris , 1653,
in-8°, où il combat victorieusement les
erreurs de Jansénius ; | Philosophie affec-
tive* 1657, in-12. Il mourut à Paris en
1669.
* BAIL ( Charles-Joseph ) , né à Bé-
thune le 29 janvier 1777 , fit ses études h
Douai , et entra comme volontaire , à 13
ans , dans le corps des chasseurs francs de
Hainaut , qui marchait au secours de Lille
bombardée par les Autrichiens. Il fit en
la même qualité la campagne de Belgique,
passa dans l'artillerie , et enfin dans l'ad-
ministration de l'armée. En 1807 il fut
nommé directeur des bureaux de la ré-
gence de Westphalie, et c'est par ses soins
que l'on a publié à Gœtlingue, en 1809,
la Statistique de ce royaume. Après avoir
concouru à l'organisation administrative
de ce nouvel état , sous les ordres du comte
Beugnot, il devint secrétaire-général des
finances , puis inspecteur aux revues , et
remplit ensuite avec beaucoup d'habileté
plusieurs missions délicates. Fait prison-
nier de guerre , lors de l'entrée des alliés
en 1813 , il perdit le fruit de ses écono-
mies ; mais il reprit son grade au service
de France, en 1814 , et fut employé vers
la fin de juillet 1815 à l'armée qui se retira
sur les bords de la Loire. Il concourut au
licenciement des troupes, et fut admis au
traitement de réforme pour cinq ans. Il
revint ensuite à Paris , où ses opinions lui
attirèrent quelques désagrémens ; enfin ,
il alla se fixer, en 1818, dans la vallée de
Montmorency , où il se livra tout entier à
son goût pour les lettres , et où il mourut
le 20 février 1824. 11 a publié un grand
nombre d'ouvrages où l'on trouve beau-
coup de facilité , mais peu de profondeur
Les principaux sont : | des Juifs du 19e
siècle, Paris, 1816, 2e édition, 1817. Cet
ouvrage donna lieu à plusieurs discus-
sions. | Essais historiques et critiques sur
l'organisation des armées, 1817 , in-8° ;
| de V Arbitraire dans ses rapports avec
nos institutions, 1819, in-8°; | Histoire
politique et morale des révolutions de
BAI
France, Paris, 1821, 2 vol. in-8°; | Etat
des Juifs en France* en Espagne et en
Italie * 1823, in-8°; | Etudes littéraires
des classiques français à l'usage de la
jeunesse, 1824 , 2 vol. in-12 , ouvrage pos-
thume. Il a publié aussi plusieurs articles
dans la Revue encyclopédique , parmi les-
quels on distingue une Notice sur le com-
merce des anciens et des modernes.
BAILE , voyez BAYLE.
BAILEY ( Louis ) , prédicateur du roi
Jacques Stuart, est connu parmi les pro-
testans d'Angleterre par un livre intitulé
Pratique de la piété, ouvrage sec et assez
peu lu.
BAILLET ( Adrien ) , né en 1649 , à la
Neuville , village près de Beau vais , d'une
famille obscure, fit ses premières étu-
des dans un couvent de cordeliers voisin
de sa patrie. Il étudia ensuite au collège
de Beauvais, et y régenta les humanités.
Quelque temps après il fut fait prêtre et
curé, mais il quitta sa cure pour se livrer
tout entier à l'étude. Lamoignon, à qui
il fut recommandé par Hermant , le fit
son bibliothécaire. Il mourut chez ce ma-
gistrat en 1706 , à l'âge de 57 ans. Toute
sa vie fut remplie par la lecture ou par la
composition. On a de lui plusieurs écrits
dont les principaux sont : | Jugemens
des savans sur les principaux ouvrages
des auteurs , qui parut en 9 vol. in-12 ,
en 1685 et 1686. Il y a de très bonnes rè-
gles de critique dans le premier volume :
mais l'auteur ne les suit pas toujours. Les
3 volumes suivans roulent, sur les impri-
meurs , les auteurs des dictionnaires , les
traducteurs français et latins. Il publia
ensuite 5 vol. sur les poètes. Ménage, qu'il
avait critiqué assez vivement , lui opposa
X Anti-Baillet en 2 vol. in-12, à la Haie. Si
l'on en croit l'auteur des Trois Siècles, le
tort n'était pas du côté de Baillet. « Cette
» compilation , dit ce critique , lui attira
» beaucoup d'ennemis , comme s'il n'était
» pas permis d'apprécier les productions
» des auteurs , quand ils les soumettent
» au jugement du public par la voie de
» l'impression. Ménage surtout fut offensé
j» de la liberté , ou , pour mieux dire , de
» la justice avec laquelle il s'était expliqué
» à son sujet ; mais les lecteurs furent du
» parti de Baillet, et seront toujours de ce-
» lui de quiconque , sans humeur et sans
» partialité , fera connaître les défauts de
» chaque écrivain , sans lui rien dérober
• de la gloire qu'il mérite pour ce qu'il a
» composé de bon. » Baillet répliqua à Mé-
nage par les Amti ou les Satires person-
21 BAI
nelles. Les Auteurs déguisés , les En fans
devenus célèbres, furent publiés à peu
près dans le même temps. La Monnoie a
rassemblé tous ces différens morceaux
dans son édition des Jugemens, Paris,
1722, 7 vol. in-4°; Amsterdam, 1725 , 17
vol. in-12. L'éditeur a revu , corrigé et
augmenté cet ouvrage, inexact dans beau-
coup d'endroits, quoique plein partout
d'une érudition profonde. Les critiques
que Baillet essuya , l'empêchèrent de con-
tinuer ses Jugemens. Nous n'en avons
que la première partie , et le premier ar-
ticle de la seconde. Il en avait promis six,
qu'il laissa en manuscrit. | De la Dévo-
tion à la sainte Vierge, et du culte qui
lui est dû, in-12. Ce livre excita quelque
rumeur dans sa naissance : il y désap-
prouve bien des pratiques que l'Eglise
semble autoriser ou du moins tolérer ;
mais comme il peut y avoir dans cette
matière, comme dans toute autre, des
abus et des excès , l'ouvrage de Baillet
était, à bien des égards, propre à les cor-
riger ou les prévenir. On l'a peut-être
jugé un peu trop sévèrement , sans doute
par la crainte que d'une extrémité il n'en-
traînât dans une autre. | La Vie de Des-
cartes , in-4° , pleine de recherches minu-
tieuses. Il en publia un abrégé, in-12,
où il y avait moins de ces bagatelles sa-
vantes , qu'il avait entassées dans le grand
ouvrage. | Les Vies des Saints, en 4 vol.
in-folio, 10 vol. in-4°, ou 17 vol. in-8°,
un pour chaque mois , deux pour les fêtes
mobiles , un pour la chronologie des saints ,
un pour la topographie , un pour les saints
de l'ancien Testament. Ce livre écrit d'un
style inégal, diffus et peu correct, mé-
contenta les dévots , et déplut à quelques
égards à plusieurs savans , qui trouvèrent
que Baillet avait poussé trop loin la guerre
qu'il faisait aux Légendes. Les Bollan-
disles l'appellent un critique outré ( hy~
percriticus ) ; et l'on ne peut disconvenir
que plusieurs de ses observations n'aient
un air de raffinement qui lient de la chi-
cane. | Les Vies de Richer, de Godefroy
Hermant, de saint Etienne de Gram-
mont, chacune in-12. | 1? Histoire des dé'
mêlés du pape Boni face VIII, avec Phi'
lippe le Bel , roi de France , in-12 , sa-
vante et curieuse. | Le Catalogue, en 52
vol. in-fol. de la bibliothèque confiée à
ses soins : il n'a jamais été imprimé. | Re-
lation curieuse et nouvelle de Moscovie ,
in-12, Paris , 1698. | Histoire de Hollande,
depuis la trêve de 1609 , où finit Grotius ,
jusqu'à la paix de Nimègue , sous le nom
BAI
22
BAI
de la Neuville , en h vol. in-12, 1693. | De
la conduite des âmes J 1695
* BAILLEUL (Jean ) , rci d'Ecosse vers
la fin du 15e siècle. Alexandre III étail
mort en 1289 , laissant pour unique héri-
tière sa petite fille, Marguerite de Nor-
vvège. Edouard Ier , roi d'Angleterre , la
demanda en mariage pour son fils aîné.
Les six régens nommés par les états d'E-
cosse l'accordèrent, sous la condition que le
consentement de la princesse serait néces-
saire et qu'ils gouverneraient le royaume
jusqu'à sa majorité. Marguerite mourut,
et Edouard, choisi par les prétendans à la
couronne d'Ecosse pour juger leurs droits,
commença par prendre possession des
places fortes et des châteaux, et écarla en-
suite neuf des douze concurrens , de sorte
qu'il ne restait*plus que Bailleul, Bruce
et Hastings , issus tous les trois d'autant
de filles de David , comte de Huntington,
mort avant son père , le roi David Ier.
Edouard jugea en faveur de Bailleul , qui
fut proclamé roi d'Ecosse, l'an 1292. Après
avoir montré quelque temps une obsé-
quieuse soumission aux volontés d'E-
douard, le nouveau monarque voulut de-
venir indépendant. Le prince anglais lui
déclara une guerre qui dura soixante-dix
ans. Bailleul obtint d'abord quelques suc-
cès. Edouard s'étant emparé enfin de Ber-
wick , ses soldats y firent une boucherie
telle que des historiens écossais , pour en
exprimer l'atrocité, ont écrit que « des
» moulins auxquels l'eau manquait, avaient
» été mis en mouvement par les ruisseaux
» du sang répandu. » Le monarque écossais
ayant été vaincu à la bataille de Dumbar
où il perdit 25,000 hommes, et voyant
Edimbourg au pouvoir de son ennemi, se
rendit au vainqueur qui le fit conduire à
la Tour de Londres. Bientôt après Edouard
mit en liberté son captif, qui se fixa quel-
que temps à Oxford , où ce roi détrôné
fonda un collège de son nom encore exis-
tant , puis vint avec son fils en Norman-
die , où il possédait une seigneurie , pour
y passer le reste de ses jours.
BAILLEUL (Nicolas), marquis de Chà-
teau-Gontier , successivement conseiller
au parlement, ambassadeur, président
au grand conseil, lieutenant civil, pré-
vôt des marchands , président à mortier ,
chancelier de la reine, et enfin surin-
tendant des finances, qu'il connaissait
bien moins que la jurisprudence, depuis
1613 jusqu'en 1648. Il eut sous lui pour
contrôleur- général, Emery, connu par
ses déprédations. Bailleul mourut en 1632.
BAILLI (Rocn) , connu sous le nom de
la Rivière , premier médecin de Henri IV,
naquit à Falaise , et mourut à Paris en
1603. On a de lui un traité intitulé De-
monsterion, sive 300 Aphorismi conti-
nentes summam doctrines Paracelsicœ t
et un Traité de la Peste en 1580. Ces ou-
vrages sont peu connus, même par les
gens de l'art. Son Demonsterion , conte-
nant la doctrine du visionnaire et empi-
rique Paracelse , fut traduit en français et
imprimé à Rennes en 1578, in-4°. Cette
traduction est rare.
BAILLI ou BAILLY ( Philibert -Al-
beht), provincial des barnabites, et as-
sistant du général , nommé ensuite à l'é-
vèché d'Aoste , avait occupé avant de
quitter le inonde , la place de secrétaire
d'état du duc de Savoie , Victor Amédée
Ier. Il se distingua par ses talens pour la
chaire et pour la controverse. On a de lui
des ouvrages dans ces deux genres , et un
recueil de vers pieux , sérieux et burles-
ques , qu'il intitula le Poète mêlé. Les gens
de goût n'ont guère été satisfaits de ce
mélange. Il mourut en 1691.
* BAILLIE (William), né en Angle-
terre , vers 1736 , capitaine de cavalerie ,
dessinateur et graveur, a donné des gra-
vures d'après Rembrandt qui sont très
recherchées. Sa copie du Peseur d'or est
souvent prise pour l'original. Il est mort
au commencement du 19e siècle.
* BAILLIE (Matthieu), était fils d'un
ecclésiastique et neveu par sa mère des
célèbres anatomistes W. et John Hunter.
Après avoir fait ses études à l'université
de Glascow , il prit le bonnet de docteur
en médecine à celle d'Oxford. En 1780 il
vint à Londres, et après la mort de ses on-
cles , il soutint dignement leur réputation.
Le cabinet de préparations analomiques
qu'il forma, composé d'environ onze cents
pièces , ne contribua pas peu à accroître
encore sa célébrité. Pendant trente an-
nées il exerça les fonctions de médecin
de l'hôpital de Saint-Georges, à Londres;
et successivement plusieurs commissions'
publiques , relatives à sa profession , jus-
qu'à l'époque où il étendit sa clientelle
parmi les classes les-plus élevées de la so-
ciété anglaise. Ce ne fut pas seulement par
ses travaux personnels et par ses écrits ,
que le docteur Baillie sut bien mériter de
son art et de l'humanité. Au mois de dé-
cembre 1818 , il fit don au collège royal de
médecine de Londres de sa superbe col-
lection de préparations anatomiques, avec
une dotation de six cents livres sterling
BAI
23
«AI
pour servir à son entrelien. Par son testa-
ment il légua encore : 1° au collège des
médecins de Londres 300 livres sterling,
ges livres de médecine , de chirurgie , etc.,
et tous les cuivres de son ouvrage sur l'A-
natomic des maladies ; 2° à la société de
secours pour les veuves et orphelins de
médecins , 500 livres sterling. Il a laissé :
| The morbid Anatomy , Anatomie des
maladies des principales parties dû corps
humain , 1795 , quatrième édition , et sup-
plément à la première édition , 1807, in-
8°, traduit en allemand, sur la première
édition, par Soëmmcring, avec des addi-
tions; | A Séries ofcngravings to ilhis-
trate the morbid Anatomy, collection de
gravures , accompagnées d'explications ,
pour servir à l'intelligence de V Anatomie
des maladies du corps humain , 1799-1802,
in-4°, seconde édition, 1812, in-4°; | An
anatomical Description ofthe gravid uté-
rus , Description anatomique de l'utérus
d'une femme enceinte , in-4°. On lui doit
encore un grand nombre de mémoires pu-
bliés dans les Philosophical Transactions,
1788-1789 ; dans les Transactions de la so-
ciété pour l'avancement des sciences mé-
dicales et chirurgicales , et dans le Médi-
cal transactions.
* BAILLON (Emmanuel), naturaliste
français , mort à Abbeville , en 1802 , est
connu par ses recherches savantes sur les
oiseaux de mer, et a donné un Mémoire
sur les moyens de remédier au dépérisse-
ment des bois, et un autre sur ceux à op-
poser à l'invasion des sables mouvans des
côtes du Pas-de-Calais. Ce savant entrete-
nait une correspondance avec Buffon , et
lui donna des renseignemens sur l'oiseau
nommé Barnache, oiseau dont il a lui-
même donné plus tard la description.
* BAILLOT (Etienne-Catherine ), avo-
cat au bailliage de Troyes , né à Evry-sur-
Aube en 1758 ; et mort dans la même ville ,
en 1825 , fut élu député de sa province aux
états-généraux de 1789 , et siégea au côté
gauche. Après la session , il entra au tri-
bunal de cassation, où il resta jusqu'en
1796. On lui doit, une Traduction des sa-
tires de Juvénal, Paris, 1823, in-8°. Il a
laissé en manuscrit des Recherches sur
l'histoire de Champagne , où il s'est oc-
cupé particulièrement des généalogies
des familles de ce pays.
BAILLOU (Guillaume de), médecin de
Paris, né au Perche, vers 1558, et mort
en 1616. Henri IV lui donna le titre de
premier médecin du dauphin son fils. Il
argumentait avec tant de force, qu'on l'ap-
pelait le Fléau des Bacheliers. La méde-
cine lui eut de grandes obligations. C'est
un des premiers qui l'aient réduite à ce
qu'elle a d'utile. Nous avons de lui Con-
siliorum Medicinalium libri très , à Paris ,
1635 , in-4°. Ce recueil renferme un traité
De calculo, que l'on consulte encore. Se»
œuvres ont été réimprimées à Genève en
1762, h vol. in-4°. Baillou était un vrai
philosophe , et il préféra toujours les dou-
ceurs de la vie privée aux honneurs dan-
gereux de la cour.
* BAILLU (Pierre de) , graveur, né à
Anvers, où il florissait vers 1640. On es-
time ses estampes d'après Rubens , le
Guide , Annibal Carrache et autres maî-
tres. Ses portraits d'après Van-Dyck, et
celui do saint Athanasc , d'après Rem-
brandt , sont surtout recherchés.
BAILLY (Jean-Sylvain), académicien
de Paris , débuta dans le monde littéraire
par son Histoire de V Astronomie an-
cienne , Paris, 1776, in-4° ; mauvais roman
de physique , imaginé pour donner au
monde une antiquité contraire à tous les
monumens sacrés et profanes , à la nature
et à l'aspect du globe. Il place la Sibérie
sous la zone torride pendant je ne sais
combien de siècles , et croit y trouver les
restes d'un peuple nommé Tschuden,
père de tous les arts. Il ne raisonne pas
mieux dans ses Lettres sur l'origine des
Sciences, 1777, in-8°, et dans ses Lettres
sur l'Atlantide, 1779 , in-8° ; et il se ren-
dit plus ridicule par son Histoire de l'As-
tronomie Indienne, 1786, in-4°. Ses creuses
imaginations , qu'on appelait les Féeries
de M. Bailly, firent l'objet des divertisse-
mens et des plaisanteries des gens sensés :
peu d'écrivains les jugèrent dignes d'être
réfutées (î). Observons néanmoins que
l'astronomie lui doit d'excellentes obser-
vations sur la lune , un calcul exact de
l'orbite de la comète de 1759, et un grand
travail sur les satellites de Jupiter. Quant
à ses succès en littérature , ils ne comp-
tent pas : qu'est-ce que des Eloges , même
couronnés par des sociétés savantes ? PeÙH-
(i) J'ai cru devoir faire une exception à ce méprit,
raisonnable si l'on veut , et certainement commode:
il est des gêna crédules qui lisent machinalement, et
pour lesquels tout est bon ; c'est pourquoi j'ai , dans
l'occasion , relevé' des erreurs dont les conséquence?
ne m'ont pas paru indifférentes. Journal historique et
littéraire, i juin 1776, p. 171. — ;à juin 1777, p. a6o.
— i5 avril 1779, p. 56a. — i5 mai 1780, p. ia5. —
i5 septembre 1787, p. g5. Examen impartial des
époques, n. 67, 164, 178, 186 ! tout l'ouvrage ren-
verse le fondement de sa physiqut romancière
BAI
2/j.
BAI
être, renfermé dans la sphère où l'a-
vaient placé ses paisibles études, fût-il
mort estimé et regretté. Mais , en 1789 ,
Bailly, qui était lié avec tous les novateurs
et les esprits forts du siècle, se trouva
transporté sur un théâtre où il perdit son
repos , sa fortune et sa vie Choisi le pre-
mier par les électeurs de Paris*pour la
députation aux états-généraux , le premier
appelé à présider l'assemblée , continué
dans la présidence après que les commu-
nes se furent constituées en assemblée na-
tionale , les présidant au jeu de paume ,
en opposition à la défense expresse du roi ,
il fut nommé maire de Paris le 16 juillet
i789, le même jour que les assassinats
avaient commencé dans la personne de
Flesselles.Onnepeutguèreabsoudred'am-
bilion celui que ces massacres n'ont pas
fait reculer. Il lui fallut fermer les yeux
sur les scènes atroces de Versailles , et par
conséquent en partager la complicité. Il
prit nécessairement part aux mesures qui
firent arrêter le roi à Varennes. Ce n'est
guère qu'après ce malheureux retour, le
17 juillet 1791 , quand il n'était plus pos-
sible de remédier au mal , que Bailly es-
saya d'en imposer aux factieux en allant
au Champ-de-Mars proclamer la loi mar-
tiale. Le peu de succès de cette démarche
lui ouvrit les yeux ; il donna sa démission.
Le 19 septembre , il alla chercher un asile
dans les environs de Nantes. Ne s'y croyant
pas en sûreté , il se rendait dans une re-
traite que M. de Laplace lui avait offerte ,
lorsqu'il fut arrêté en entrant à Melon ,
et conduit à Paris , où , après avoir été
abreuvé d'ignominies de la part de ce
même peuple dont il s'était vu l'idole , il
fut exécuté le 12 novembre de la même
année. Il était né le 15 septembre 1736.
Quelques biographes ont prétendu que
Bailly s'était enrichi pendant son adminis-
tration ; cette opinion est démentie par la
situation de sa veuve , restée après sa
mort dans une profonde indigence. Outre
V Histoire de l'astronomie* et ses Lettres
sur l'origine des sciences et sur l'Atlan-
tide ..Bailly a laissé beaucoup d'ouvrages ,
et notamment des Rapports sur le mes-
mérisme et sur le projet d'un nouvel Hô-
tel-Dieu. MM. Berville et Barrière ont
publié un Mémoire de Bailly, avec une
notice sur sa vie. On peut lire dans l'His-
toire de la révolution de France par
Montjoie le jugement sévère que porte cet
auteur sur le caractère politique et privé
de Bailly.
' BAILLY DE JUILLY ( Edme-Locis-
Bartuèlemy), né vers 1760, était orato-
rien et professeur au collège de Juilly
lorsque la révolution éclata. Il en adopta
les principes , et fut nommé député à la
convention nationale, en 1792. Il y mon-
tra beaucoup de modération , et dans le
procès de Louis XVI il y vota pour la dé-
tention et l'appel au peuple. Après le 9
thermidor il fut envoyé à Strasbourg, et
il éloigna des fonctions publiques les plus
violens démagogues. Au mois d'août il s'é-
leva avec force contre Dubois de Crancé
qui voulait effrayer la Convention des pro-
grès du royalisme ; et en se tournant du
côté des Jacobins, il s'écria : Messieurs
de la ci-devant montagne * vous n'êtes
pas encore les maîtres. Le 5 septembre
même année , il s'opposa à l'arrestation
de tous les prêtres réfractaires , et insista
pour qu'il ne fût pris aucune mesure gé-
nérale à ce sujet. Après la session il passa
au conseil des Cinq-cents , dont il fut élu
secrétaire le 18 juillet 1797. Les liaisons
qu'il avait avec ce qu'on appelait le parti
clichien ou royaliste, le firent compren-
dre dans la liste de déportation du 18
fructidor ; mais Malès l'en fit rayer en as-
surant qu'il était prêtre assermenté et ma-
rié , quoiqu'il n'eût jamais reçu les ordres.
Il fut réélu de nouveau en 1798 par son
département , et après la révolution du 18
brumaire on lui donna la préfecture du
Lot qu'il conserva jusqu'en décembre 1815
Depuis cette époque il vécut dans lav re-
traite , et s'occupa de l'éducation de ses
enfans. L'imprudence d'un postillon lui
fit éprouver un accident qui nécessita
l'amputation des deux bras , et peu de
temps après causa sa mort. Bailly, à la
création de la légion d'honneur, en fut
nommé chevalier, et en devint officier
quelques années après.
* BAILLY ( Louis ) , bachelier de Sor-
bonne, chanoine de la cathédrale de Di-
jon, et professeur de théologie dans la
même ville, pendant près de 25 ans , na-
quit en 1750, à Bligny près de Beaune. Il
fut appelé à Dijon en 1763 , pour remplir
une des chaires de théologie occupées au-
paravant parles jésuites, et s'acquitta de
cet emploi avec beaucoup de zèle et de
succès. Ses vertus et ses lumières lui ac-
quirent une grande considération , et M.
d Apchon, alors évêque de Dijon, l'honora
du titre de promoteur général du diocèse,
en même temps qu'il lui confia la direc-
tion du collège. A l'époque de la révo-
lution, l'abbé Bailly refusa le serment et
se retira en Suisse ; il habita cette terre
BAI 2
hospitalière jusqu'au concordat , époque
à laquelle il rentra dans sa patrie. Il fixa
son séjour à Beaune , et préférant l'hum-
ble et modeste titre d'aumônier d'un hos-
pice à une place de grand- vicaire , qui
plus d'une fois lui fut offerte , il se con-
sacra tout entier au service des pauvres.
C'est dans cet honorable et pénible mi-
nistère qu'en 1808 il termina sa vie avec
de grands sentimens de religion et de
piété. Il est auteur, | d'un Traclatus de
vera religionc 2 vol. in-12, qu'il dédia à
l'illustre prélat qui l'avait honoré de ses
faveurs et de son estime ; | Tractatus de
ecclesia, 2 vol. in-12. Ces deux traités,
généralement estimés, ne sont cependant
remarquables sous aucun rapport, et lais-
sent beaucoup à désirer pour le fond et
pourlaforme. Cesontde ces ouvragesoù,
si l'on ne trouve pas à reprendre , l'on ne
trouve pas non plus à louer. Les preuves
sont sans force, et rarement présentées
d'une manière à convaincre et à faire
impression. On y désirerait surtout plus
d'ordre et de méthode, principalement
dans le Traité de la religion , qui est bien
inférieur au Traité de l'Eglise. | Theolo-
gia dogmatica et moralis* 8 vol. in-12,
1789, première édition. La sixième est de
Lyon, 1820. Celte théologie est un livre
élémentaire adopté dans un grand nom-
bre de séminaires. L'auteur en donna une
édition en 1804, adaptée aux circonstances
et aux usages introduits par le nouveau
Code et le concordat. On trouve en géné-
ral dans cet ouvrage toutes les questions
importantes , mais traitées superficielle-
ment, et présupposant toujours les expli-
cations et les développemens du profes-
seur Il y a d'assez bons traités, mais pres-
que tous manquent de méthode. Ce se-
rait un service bien important à rendre
aux jeunes élèves du sanctuaire , que de
remplacer un ouvrage aussi imparfait, et
dont tous les jours on sent l'insuffisance,
par une bonne théologie élémentaire.
| Les Principes de la foi catholique J pu-
bliés en Suisse, et dont l'édition fut épui-
sée en peu de temps. On lui doit encore
| un Traité de l'immortalité de l'âme, ou
Essai sur l'excellence de V homme , Dijon,
1781, in-12.
BAIN ES ( Roldophe ), évêque de Con-
venir i et de Lichtfield en Angleterre, du
temps de la reine Marie , après avoir été
professeur de langue hébraïque à Paris.
La reine Elisabeth le déposséda de son
évêché au commencement de son règne,
et il mourut bientôt après en 1560. On a
2.
o BAI
de lui | Commentaires sur les ProverbeSj
1555, in-fol. ; | Grammaire hébraïque*
Paris, 1550, in-4°.
BAIUS ou BAY ( Michel de ) , naquit
à Melin dans le territoire d'Ath, en 1513.
L'empereur Charles-Quint le choisit pour
professer l'Ecriture sainte dans l'univer-
sité de Louvain en 1551. Il fut ensuite
chancelier de ce corps , conservateur de
ses privilèges , et inquisiteur-général.
L'université fit choix de lui , de concert
avec le roi d'Espagne, pour le députer au
concile de Trente , avec Jean Hessels ,
avec lequel il avait lié une étroite amitié
cimentée par l'analogie de leur manière
de penser. Une partie de ses opuscules
avait déjà été publiée. Dès 1552, Ruard
Tapper, Josse Ravestein , Richtou , Cun-
ner et d'autres docteurs de Louvain , s'é-
levèrent contre Baïus et Hessels , qui ré-
pandaient les premières semences de
leurs opinions. En 1560, deux gardiens
des cordeliers de France en déférèrent
dix-huit articles à la faculté de théologie
de Paris, qui les condamna par la cen-
sure du 27 juin de la même année. En
1567, parut la bulle de Pie V, du 1er octo-
bre , portant "condamnation de soixante-
seize propositions qu'elle censurait inglo-
ôcmais sans nommer Baïus. Le cardi-
nal de Granvelle, chargé de l'exécution
de ce décret, l'envoya à Morillon, son vi-
caire-général, qui le présenta à l'univer-
sité de Louvain, le 29 décembre 1567. La
bulle fut reçue avec respect, et Baïus pa-
rut d'abord s'y soumettre; mais ensuite,
il écrivit une longue apologie de sa doc-
trine, qu'il adressa au pape , avec une
lettre du 8 janvier 1569. Pie V, après un
mûr examen, confirma, le 13 mai sui-
vant, son premier jugement , et écrivit
un bref à Baïus , pour l'engager à se sou-
mettre sans tergiversation. Baïus, à
l'exemple de tous les novateurs , hésita
quelque temps, et se soumit enfin, en
donnant à Morillon une révocation des
propositions condamnées. Ses principales
erreurs étaient : « Que depuis la chute
» d'Adam, toutes les œuvres des hommes
» faites sans la grâce , sont des- péchés :
» que la liberté , selon l'Ecriture sainte ,
» est la délivrance du péché ; qu'elle est
» compatible avec la nécessité; que les
» mouvemens de cupidité , quoique in-
» volontaires, sont défendus par le pré-
» cepte, et qu'ils sont un péché dans les
» baptisés, quand ils sont retombés en
» état de péché ; que le péché mortel n'est
» point remis par une contrition parfaite
BAI
26
BAJ
» qui renferme le vœu de recevoir le bap-
» tême ou l'absolution, si l'on ne les re-
» çoit réellement : qu'on peut mériter la
» vie éternelle avant d'être justifié, etc.»
Après la mort de Josse Ravestein , ar-
rivée en 1570, Baïus et ses disciples re-
muèrent de nouveau. Grégoire XIII,
pour mettre fin à ces troubles, donna une
bulle le 29 janvier 1579 , en confirmation
de celle de Pie V, son prédécesseur, et
choisit, pour la faire accepter par l'univer-
sité de Louvain, François To-let, jésuite,
et depuis cardinal. Alors Baïus rétracta
ses propositions , et de vive voix , et par
un écrit signé de sa main, daté du 24
mars 1580. Dans les huit années suivan-
tes, jusqu'à la mort de Baïus , les contes-
tations se réveillèrent, et ne furent assou-
pies que par un corps de doctrine dressé
par les théologiens de Louvain et adopté
par ceux de> Douai. Jacques Janson, pro-
fesseur de théologie à Louvain, voulut
ressusciter les opinions de Baïus , et en
chargea le fameux Cornélius Jansénius,
son élève, qui dans son ouvrage intitulé
Augustinus, a renouvelé les principes et
la plupart des erreurs de Baïus. Quesnel
a répété ensuite mot pour mot , dans les
Réflexions morales, un grand nombre
de propositions condamnées par Pie V et
Grégoire XIII. Baïus aimait les opinions
singulières ; car dans son Traité sur le
péché originel ,'\\ s'efforce de prouver que
si entre les hommes , les uns ont des pas-
sions plus fortes que les autres, c'est
qu'en naissant ils ont participé davantage
au péché originel : et l'on peut dire que
tout l'ensemble de son système prouve la
singularité de son esprit et son goût poul-
ies paradoxes. « Car ce système , comme
» le remarque solidement un théologien
» célèbre , est un composé bizarre de pé-
» lagianisme, quant à ce qui regarde 1*6-
» tat de nature innocente; de luthéranis-
» me et de calvinisme , pour ce qui con-
» cerne l'état de la nature tombée. Quant
.-> à l'état de nature réparée, les sentimens
» de Baïus sur la justification, l'efficacité
» des sacremens et le mérite des bonnes
» œuvres, sont directement opposés à la
» doctrine du concile de Trente ; ils ne
» pouvaient éviter les différentes censures
» qu'ils ont essuyées. » Baïus mourut le 19
septembre 1509. Il fonda un collège par son
testament ; c'est là son meilleur ouvrage.
On a recueilli ses œuvres en 1696 , in-4°,
à Cologne, c'est-à-dire, en Hollande.
Quesnel et le P. Gerberon en furent les
Rome, le 8 mai 1697. — Son neveu ( Jac-
ques BAIUS ) aussi docteur de Louvain,
et président du collège de. Savoie , mort
en 1614, a laissé un Traité de l'Eucha-
ristie, imprimé en cette ville, in-8°, 1605,
dédié à saint François de Sales ; et un
Catéchisme , in-fol. , Cologne, 1620. Ha
fait aussi l'éloge funèbre de son oncle, où
il assure que le défunt lui a apparu dans
un état de gloire. Voyez X 'Histoire du
baïanisme , par le P. du Chesne.
BAIZE ( Noel-Philippe ), prêtre de la
doctrine chrétienne , naquit à Paris en
1672, et mourut en 1747, dans la maison
de Saint-Charles , dont il était bibliothé-
caire. Les savans, et en particulier l'abbé
Bignon, ont beaucoup loué l'ordre et
l'exactitude du catalogue do la bibliothè-
que confiée à ses soins. On a de lui quel-
ques autres petits écrits.
BAJAZET Ier, empereur des Turcs,
fils et successeur d'Amurath Ier en 1389,
fut appelé Y Eclair, à cause de la rapidité
de ses conquêtes. Prévoyant que ses
grands desseins l'obligeraient de s'éloi-
gner de sa capitale , et ne voulant point
que ses sujets profitassent de son absence
pour donner l'empire à un autre, il fit
étrangler Jacob son frère aine; traite-
ment qui, suivant Chalcondyle, était déjà
en usage parmi les princes de sa nation.
Il enleva d'abord aux chrétiens , en 1391-
92 et 93, la Bulgarie, la Macédoine, la
Thessalie; subjugua presque toutes les
provinces des princes asiatiques, et as-
siégea Constantinople qu'il ne put em-
porter. Sigismond , roi de Hongrie, à qui
l'empereur Manuel Paléologue avait fait
demander du secours , proposa une croi-
sade contre Bajazet. La France se joignit
à lui, et envoya Jean, comte de Nevers,
cousin-germain du roi., avec 2000 gentils-
hommes. Mais cette armée chrétienne fut
entièrement défaite l'an 1596, près de Ni-
copolis en Bulgarie. La plupart furent
pris, tués ou noyés. Le comte de Nevers
fut mené à Pruse chargé de fers. L'em-
pereur turc , enflé de ses avantages , alla
s'opposer aux progrès du fameux Tamer-
lan. Ce héros lui envoya une ambassade,
que le turc reçut avec fierté. Tamerlan
marcha contre lui et le défit près d'An-
goury ou Ancyre , l'an 1402. Mustapha,
aîné de Bajazet, fut tué en combattant;
Bajazet lui-même fut fait prisonnier. Son
vainqueur lui demanda ce qu'il aurait
fait de lui, supposé qu'il eût été vaincu :
Je t'aurais enfermé, lui dit le Turc, dans
éditeurs. Ce recueil fut condamné à | une cage de fer. — Je suis donc en droit.
BAJ
27
BAK
reprit le Tartare , de t'y mettre aussi ; et
tout de suite il l'y fit enfermer. Bajazet,
aussi fier dans sa cage qu'à la tête de ses
armées, comptait toujours que ses fils
viendraient le délivrer; mais ses espé-
rances étant frustrées , il se cassa la tête
contre les barreaux de sa cage , en 1403.
Petit de la Croix, fondé sur quelques au-
teurs arabes et persans, le fait mourir
d'apoplexie , dans le camp de Tamerlan,
en 1397. Outre que ce récit renferme un
anachronisme , il est contraire à tous les
historiens grecs et latins. Voltaire s'est
aussi élevé contre la narration de la
cage de fer, pour des raisons que la saine
critique regardera toujours comme des
frivolités. Voyez TAMERLAN.
BAJAZET II, fils de Mahomet II , ou
Fatile, succéda à son père en 1481. Zizim,
son frère cadet, favorisé par la plupart
des seigneurs , lui disputait la couronne,
mais il le chassa de l'Asie, l'obligea de se
réfugier en Occident , où il mourut ( dit-
on ) de poison en 1495. Bajazet enleva
quelques terres aux Vénitiens; mais il
fut moins heureux en Egypte. Les janis-
saires, gagnés par son filsSélim, l'obli-
gèrent de lui céder le trône. Ce fils déna-
turé , pour s'assurer encore mieux de la
couronne, fit empoisonner son père en
1512, par son médecin, qui était un juif.
Il avait alors 60 ans. La réparation des
murs de Constantinople , et des édifices
superbes, sont des monumens de sa ma-
gnificence. La lecture des livres d'Aver-
roès le détourna des affaires, sans lui
inspirer un caractère plus doux et plus
numain : il est vrai qu'elle n'était guère
propre à produire cet effet.
BAJAZET, fils d'Achmet I et de la sul-
tane Kiosens, était l'un des frères d'Amu-
rath IV. Celui-ci n'avait pas d'enfans;
mais il détestait le jeune Bajazet sur le-
quel se fixaient toutes les espérances de
la nation , et plusieurs fois il avait songé
à s'en défaire : il en donna l'ordre, par le
messager qui vint à Constantinople an-
noncer la prise de Revan sur les Persans.
Cette catastrophe a fourni à Racine le su-
jet d'une de ses belles tragédies. Bajazet
fut étranglé l'an 1635.
BAJAZET, sultan, fils de Soliman I et
de Roxelane, était resté, après la catastro-
phe de Mustapha et de Géangir ( 1553 ),
le seul prince du sang ottoman, avec Sé-
lim son aîné , qui fut depuis Sélim II.
Deux partis se formèrent pour la succes-
sion au trône; Soliman s'était déclaré
pour Sélim, Roxelane pour Bajazet. Tant
que vécut Roxelane , celui-ci contraria
impunément le gouvernement de son
père ; mais après sa mort , il se jeta , au-
tant pour l'intérêt de son ambition que
pour celui de sa sûreté propre, dans
toutes les voies du crime; il chercha à
empoisonner Sélim ; puis il lui déclara
la guerre : mais il fut vaincu près d'I-
conium (1558), se réfugia en Perse, où
la vengeance de son père le suivit, reçut
par des ambassadeurs le fatal cordon, et
sur ce sol étranger il obéit aux ordres su-
prêmes de Soliman ( 1559 ).
BAJER ou BAIER ( Jean-Jacques ) ,
célèbre médecin , né à Iéna en 1677, pra-
tiqua son art dans différentes villes d'Al-
lemagne , entre autres dans Nuremberg,
Ratisbonne et Altorf. Il fut professeur
dans cette dernière ville , membre de l'a-
cadémie des Curieux de la nature, en
1720. Il en devint président l'an 1730 , et
mourut à Allorf le 14 juillet 1735. Il a
donné | Thésaurus gemmarum affabrc
sculptarum , collectus à J. M. ab Eber-
mayer, Nuremb. , 1720 , in-fol.; | Horti
medici Acad. Altorf. Historia , Altorf. .
1727, in-4° ; | Quantité de dissertations ou
thèses sur des plantes particulières, in-
4°, depuis 1710 jusqu'en 1721
BAKAREEL. Voyez BACCARELLES.
* BAKER ( David ), bénédictin an-
glais , né dans la religion protestante en
1575, à Abergavenni, dans la province de
Montmouth. Après avoir fait ses pre-
mières études à Oxford, il vint à Londres,
où il étudia en droit au collège du Tem-
ple. Ayant embrassé la religion catholi-
que, il alla en Italie et entra dans l'insti-
tut de Saint-Benoît. Ses supérieurs le
renvoyèrent à Londres en qualité de mis-
sionnaire sous Charles I. Il y mourut en
1641. Il publia une Explicationd'vn livre
de Walter Hilton, intitulé Y Echelle de
perfection; ouvrage de spiritualité, et quj
prouve les progrès que David Baker avait
faits dans la science de la vie intérieure.
Il était d'ailleurs très érudit, et a laissé
d'immenses recueils. — BAKER ( Augus-
tin ) , autre bénédictin anglais , aussî
employé dans les missions d'Angleterre,
vivait vers l'an 1620. Il avait enseigné au
collège du Temple. Il fut aussi professeur
dans sa congrégation, et y forma de zélés
et illustres disciples, du nombre desquels
était don Philippe Douvel, mis à mort en
1645, pour avoir travaillé à ramener des
Anglais à la religion catholique.
BAKER ( Thomas ), antiquaire anglais
en 1656, et auteur de la Clef géométrique,
BAft i
était né à Ilton dans le comté de Sommer-
set. Il menait une vie studieuse et reti-
rée, mourut l'an ,1740, âgé de 80 ans.
Outre cet ouvrage, on a de lui d'autres
livres qui ont rendu son nom respectable
parmi les physiciens et les géomètres les
plus éclairés. Son ouvrage le plus remar-
quable a pour titre Réflexions sur la
science j oit l'on démontre son insuffisance
dans toutes ses branches,, et l'utilité et la
nécessité d'une révélation ., 1699-1738, 4
vol. in-8°, traduit en français par Berger,
avec le titre de Traité de l'incertitude des
sciences, 1714, in-12.
BAKER ( RicnARD ) , né dans le comté
d'Oxford, dont il fut grand schérif en
1621, est auteur de Y Histoire d'Angle-
terre j Londres, 1641 , in-fol., en anglais.
Elle s'étend jusqu'à la mort de Charles Ier.
Elle a été continuée ensuite jusqu'au
règne de Georges Ier, Londres, 1730. Baker
a aussi donné une Explication de l'Orai-
son dominicale, estimée en Angleterre.
* BAKER ( Henri), naturaliste anglais,
né au commencement du 18e siècle et
mort en 1774 , fut membre de la Société
royale et de celle des antiquaires. On lui
décerna, en 1744, une médaille d'or pour
ses découvertes microscopiques. Son Mi-
croscope mis à la portée de tout le monde
traduit en français par le P. Pezenas ,
17S4 , in-8°, et un second écrit intitulé :
Usage du microscope, sont estimés. Baker
a fait sur les polypes d'eau douce et sur
d'autres petits insectes , des expériences
très curieuses dont il a consigné les ré-
sultats dans les deux ouvrages que nous
venons de citer.
* BAKEWEL ( Robert ) , fermier an-
glais, né en 1726 àDishley, dans le Lei-
çestershire , et mort en 1795 , contribua
beaucoup par ses observations à l'amélio-
ration des bestiaux; il possédait un des
})lus beaux troupeaux de l'Angleterre. Ses
Remarques ont été insérées dans le Do-
meslical encyclopéd. Londres , 1802, t. 1er.
BAKIIUISEIV ( Ludolf ), peintre et
graveur, né en 1631 , dans la ville d'Emb-
den, au cercle de Westphalie , mourut
en 1709. Un goût naturel le guida dans
ses premiers essais. Ses productions
étaient dès lors recherchées , quoiqu'il
n'eût pas encore appris les élémens de
son art. Il cultiva ses talcns , et d'habiles
maîtres le dirigèrent dans ses études. Cet
excellent artiste consultait beaucoup la
nature , et la rendait avec précision dans
ses ouvrages. lia représenté des marines,
surtout des tempêtes. Son coloris est
S BAL
suave et harmonieux , son dessin correct,
ses compositions pleines de feu. On fait
un cas infini de ses dessins ; ils sont d'un
effet piquant , et admirables par la pro-
preté du lavis. Il a gravé , à l'eau forte .
quelques vues maritimes.
* BARRER ( Pjerre-Huysinga ) , poète
hollandais , né en 1715 à Amsterdam , et
mort en 1801 dans la même ville , a laissé
un poème estimé sur l'inondation de 1740,
et des satires contre les Anglais , 1 volume
in-4°. On a encore de lui une savante dis-
sertation sur la versification hollandaise
ancienne et moderne.
BALAouBALAS. Voyez ALEXANDRE
BALAS.
BALAAM, prophète, mais prévarica-
teur et infidèle : selon d'autres , faux pro-
phète , jongleur et magicien , fils de Beor
ou Bosor , était , selon la plus commune
opinion , de Pethor ou Pathura sur l'Eu-
phrate ; il suivit les ambassadeurs de Ba-
lac , roi des Moabites , qui l'avait envoyé
chercher pour maudire le peuple d'Israël.
Un ange l'arrêta au milieu du chemin ,
tenant uneépéenue. L'ânessesur laquelle
il était monté ne voulut plus avancer,
parla miraculeusement pour condamner
la cruauté de son maitre qui l'assommait,
et l'ange ordonna à Balaam de ne dire
que ce que Dieu lui mettrait dans la bou-
che. Les incrédules ont fait des railleries
insipides sur le langage de cette brute,
qui n'est cependant pas bien difficile à
expliquer. Celui qui donne le mouve-
ment à toute la nature , l'imprima pour
un instant à l'organe d'un animal, comme
il eût pu l'imprimer à quelque être ina-
nimé. On ne voit pas pourquoi il serait
plus indigne de Dieu de faire parler un
animal, que de faire entendre une voix
en l'air ou de se servir d'un autre signe
pour intimer ses volontés. « Je ne sais ,
» dit un auteur , si ceux qui ont plaisanté
» 3ur ce langage d'un animal, ont réfléchi
» que nous faisons parler tous les jours
» les pies et les merles : ils croient sans
» doute la divine puissance moins efficace
» que nos leçons. » L'apôtre saint Pierre
remarque que Dieu choisit ce moyen d'a-
vertir Balaam , comme le plus propre à
faire rentrer en lui-même ce prophète
aveugle et insensé, confondu par l'organe
d'une brute. Correptionem habuit suœ
vesaniœ ; subjugale mutum animal, ho~
minis voce loquens 3 prohibuit prophètes
insipientiam. 2. Pet. 2. Si ce furieux n'en
parut point effrayé, c'est que sa colère lui
ôta l'usage de la réflexion. Ceux qui le
BAL 2
font magicien, disent qu'apprivoisé avec
les opérations de l'art qu'il professait , il
regarda d'abord cet événement comme
l'effet de quelque puissance maligne évo-
quée par ses adversaires. Quoi qu'il en
soit , Balaam étant arrivé chez Balac , ne
prononça sur les Hébreux que des béné-
dictions, au lieu des malédiclions que
celui-ci avait demandées. Il prédit qu'il
sortirait une étoile de Jacob et un rejeton
d'Israël, etc. Le roi, trompé dans son
attente , renvoyait le devin sans présens ,
lorsque cet homme avare lui conseilla
d'engager les Israélites dans l'idolâtrie et
l'impudicité , l'assurant qu'alors abandon-
nés des secours de Dieu ils deviendraient
la proie de leurs ennemis. Ce conseil ne
fut que'trop suivi. Les filles moabites in-
vitèrent les Hébreux aux fêles de Beel-
phcgor, où livrés à tous les crimes, ils
abandonnèrent Dieu et en furent aban-
donnés. Dieu ordonna à Moïse d'en tirer
vengeance : les Israélites prévaricateurs
furent mis à mort par leurs propres frères
qui étaient demeurés fidèles, et Balaam
fut enveloppé dans le carnage que l'on fit
des Madianites , qui avaient été plus ar-
dens que les Moabites à corrompre les
Hébreux. Les savans ont pris occasion de
l'histoire de Balaam , de traiter une ques-
tion , qui est de savoir si Dieu peut se
servir de personnages vicieux, même des
infidèles et des idolâtres, pour prédire
l'avenir. Plusieurs exemples allégués dans
l'Ecriture sainte , prouvent que Dieu l'a
fait par d'autres que pai Balaam. Le pro-
phète Michée ( c. 3. ) accuse quelques-uns
de ses confrères de prophétiser pour de
l'argent; il ne dit pas néanmoins que
c'étaient de faux prophètes. Dans le livre
de Daniel ( c. 2. ), nous voyons que Dieu
envoie un songe prophétique à Nabucho-
donosor , prince idolâtre , quoiqu'il con-
nût le vrai Dieu. Jésus-Christ ( Matt. 7. )
dit qu'au jour du jugement il réprouvera
des hommes qui se vanteront d'avoir pro-
phétisé et fait des miracles en son nom.
Saint Jean ( c. 11 ) nous apprend que
Caïphe , en qualité de pontife, prophétisa
que Jésus-Christ mourrait non-seulement
pour sa nation , mais pour rassembler
les enfans de Dieu, prédiction qu'il fit
probablement sans le vouloir, et sans en
comprendre le sens.
BALAC , le même dont on a parlé dans
l'article précédent , fut tué par les Israé-
lites l'an 1461 avant Jésus-Christ.
BALACE , préfet de l'empereur Con-
stance , persécuta cruellement les catho-
) BAL
liques qui s'opposèrent à Grégoire le Cap-
padocien , usurpateur du siège d'Alexan-
drie, lors de l'expulsion de saint Athanase.
On flagella les prélats qui eurent le cou-
rage de résister à l'hérésie et au schisme
et on les chargea de chaînes. Le saint
évêque Potamon, qui avait perdu un oeil
pour la foi , sous la tyrannie des païens ,
fut si rudement frappé sur la tête , qu'il
consomma son martyre peu de temps
après. Les mêmes violences s'exercèrent
dans les monastères de la Thébaïde;
vierges et solitaires , tout fut traité sans
humanité, comme sans pudeur. L'hor-
reur du crime et l'esprit de Dieu saisirent
saint Antoine ; il écrivit à Balace d'un ton
de prophète, qu'il voyait la vengeance
divine prête à s'appesantir sur sa tête
sacrilège, s'il ne cessait de persécuter les
serviteurs de Jésus-Christ. L'impie fit un
grand éclat de rire en lisant cette lettre,
la jeta par terre , et cracha dessus , sans
nul égard à la dignité de son propre rang.
Puis s'adressant au porteur , il le chargea
de dire au. saint , que , puisqu'il prenait
tant d'intérêt aux monastères , il allait le
visiter lui-même. Cinq jours n'étaient
pas écoulés, que la vengeance divine
éclata ; Balace se trouvait à cheval, à côté
du vicaire d'Egypte; les deux chevaux
commencèrent à jouer ensemble , et les
maîtres s'en amusaient, loin d'en prendre
aucune inquiétude. Tout à coup le cheval
du vicaire se jeta sur Balace, le mordit
à la cuisse , et la lui déchira avec achar-
nement. On l'enleva enfin à l'animal fu-
rieux, et on le reporta chez lui où il
mourut le troisième jour.
BALADANouBALAD ouMERODACH-
BALADAN, roi ou gouverneur de Baby-
lone , est selon Usserius et quelques au-
tres critiques, le même que Bélésis ou
Nabonassar , dont il est parlé dans l'Ecri-
ture. Mais cette opinion, et toutes les
autres qu'on forme sur ce prince ne sont
fondées que sur des conjectures. Voyez
BELESIS et NABONASSAR.
BALAGNI. Voy. MONTLUC (Jean de).
BALAMI ( Ferdinand ) , Sicilien , fut
médecin du pape Léon X , de qui il reçut
de grandes marques d'estime. Il n'était
pas moins instruit dans les belles-lettres
que dans la médecine, et il cultivait la
poésie et l'érudition grecque avec beau-
coup de succès. Il florissait à Rome vers
l'an 1555. Il a traduit du grec en latin
plusieurs Opuscules de Galien., qui ont
été imprimés séparément, et que l'on a
réunis dans l'édition des Œuvres de cet
BAL
30
BAL
ancien médecin, faite à Venise, en 1586,
in-folio.
♦ BALARD ( Mad. ), née Albi, cultiva
dès sa jeunesse les muses avec succès , et
remporta plusieurs prix aux Jeux-Flo-
raux. Elle est décédée le 8 avril 1821 à
Castres , où son mari exerçait la profes-
sion d'avocat. On lui doit Y Amour ma-
ternel, poème en h chants, Paris, 1813,
qu'elle a publié sans nom d'auteur , et que
plusieurs journaux n'ont pas regardé
comme inférieur à celui de Millevoie sur le
môme sujet. Elle a publié en 1814 une ode
sur la Restauration du trône de Francej
et a laissé en manuscrit un poème lyrique
intitulé Velléda, qui est une imitation
des Martyrs de M. de Chateaubriand.
BAL AS. Voyez ALEXANDRE BAL AS.
* BALBATRE ( Claude ) , habile orga-
niste , né à Dijon en 1729. Il était élève de
Rameau, et se fit en peu de temps une si
grande réputation qu'il obtint l'orgue de
Saint-Roch, le meilleur de la capitale.
Il eut ensuite celui de Notre-Dame. On
admirait surtout ses Noëls, et il attirait
un si grand concours de monde que l'ar-
chevêque de Paris crut devoir lui défendre
de toucher l'orgue pendant les grandes
fêtes de l'année. Ce fut lui qui le premier
substitua le piano-forté au clavecin pour
lequel il a composé plusieurs excellens
morceaux. Il est mort à Paris le 9 avril
1799.
BALBI ou DE BALBIS (Jean) , connu
aussi sous le nom de De Janua , parce
qu'il était de Gènes, dominicain , composa
dans le 15e siècle, des commentaires et
quelques autres ouvrages. Il mourut en
1298. Son Catholicon, seu Summa gram-
maticalis , fut imprimé à Mayence en
1617, par Furst et Schœffer. Cette espèce
d'Encyclopédie classique , contenant une
grammaire , une rhétorique et un dic-
tionnaire, compilés çà et là, est un des
premiers livres sur lequel on ait fait les
essais de l'art de l'imprimerie. Il est très
cher et très rare.
BALBIN (Decimtjs Coelis BALBINUS),
était d'une famille illustre. Le sénat l'é-
lut empereur en 237, après avoir été deux
fois consul et avoir gouverné plusieurs
provinces. Les soldats n'ayant point eu
de part à cette élection, se soulevèrent ,
et le massacrèrent un an après. Balbin
était bon et populaire , et réussissait dans
la poésie et dans l'éloquence. Il avait 60
ans lorsqu'il obtint la couronne impériale,
et possédait de grandes richesses , dont il
ue fit pas toujours le meilleur usage pos-
sible. Son mérite lui avait procuré les
gouvernemens de l'Asie, de l'Afrique et
de quelques autres provinces , où il se fit
aimer par sa douceur , son équité et son
attention à ne pas laisser accabler le peu-
ple d'impôts.
BALBIN ( Aloysius Boleslacs) , jé-
suite de Bohème, né à Kœnigsratz en 1614 ,
écrivain très laborieux et bon littérateur,
mort en l'année 1689 , a donné | Epitome
historica rerum bohemicarum , Prague,
1677, in-fol. | Y Histoire de ce royaume,
en latin, en 10 vol. in-folio, 1679-1687.
Dans le 1er , il traite de l'histoire natu-
relle; dans le 2e J de ses habitans; dans
le 5e , de ses limites ; dans le 4e, des vies
des saints de Bohème ; dans le 5e, des pa-
roisses; dans le 6e, des archevêques de
Prague ; dans le 7e, des rois et des ducs
de Bohème ; dans le 8e, il donne des do-
cumens; enfin, les 9e et 10e contiennent
les généalogies de ce royaume. « Tout ce
» que Balbin , dit Drouet , a fait sur le
» royaume de Bohème est très exact et
» très recherché. Il peut suffire lui seul
» pour étudier l'histoire de cette monar-
» chie. » On a encore de lui quelques ou-
vrages de poésie.
BALBO ( Jérôme ) , évéque de Goritz,
mort à Venise en 1555 , est auteur des
ouvrages suivans : | De rébus Turcicis,
Rome, 1526, in-4° ; | De civili et bellica
fortitudine, 1526, in-4°; | De futuris Ca-
roli V successibus , Bologne, 1529, in-4° ;
Carmina dans Deliciœ poetarum italo-
rum ; | De coronatione principum.
BALBOA ( Vasco Ncgnès de ), Castil-
lan, se fit connaître de bonne heure par
ses expéditions maritimes. Il fut si heu-
reux dans ses premières guerres contre
les Indiens , qu'il ne leur donna jamais la
paix qu'au prix de l'or. Il avait amassé
une si grande quantité de ce métal pré-
cieux j qu'il en envoya 300 marcs au roi
d'Espagne pour son quint. De nouvelles
découvertes et de nouvelles conquêtes
mirent son nom à côté de ceux de Fer-
nandCortez et d'Améric Vespuce. Il s'em-
barqua en 1513 dans l'espérance de dé-
couvrir la mer du Sud , et un mois après
son départ il était en possession de cette
mer. Il donna le nom de Saint-Michel au
golfe où il débarqua. Il s'y plongea jus-
qu'à la ceinture , son épée d'une main et
son boucher de l'autre , disant aux Cas-
tillans et aux Indiens qui bordaient le
rivage : « Vous m'êtes témoins que je
» prends possession de cette mer pour la
» couronne de Castille , et cette épée lui
BAL
31
BAL
» en conservera le domaine.» L'année d'a-
près il retourna à Sainte-Marie , chargé
d'or et de perles. Un gouverneur espagnol,
arrivé dans cette ville , fut bien surpris
d'y trouver Balboa avec une simple cami-
sole de coton sur sa chemise , un caleçon
et des souliers de corde , faisant couvrir
de feuilles une assez méchante case qui
lui servait de demeure ordinaire. Ce gou-
verneur, jaloux du crédit qu'il avait dans
la colonie , fit revivre un procès terminé
depuis long-temps , accusa Vasco de fé-
lonie, et, quoiqu'il ne pût le lui prouver,
lui fit couper la tête , en 1517 , à l'âge de
42 ans. Ainsi périt , par le dernier sup-
plice , un des plus grands capitaines de
l'Espagne , bien digne d'un meilleur sort.
Voyez le P. Charlevoix , Hist. de Saint-
Domingue.
BALBUENA ( Bernard de ) , né dans
le diocèse de Tolède, docteur de Salaman-
que , et évêque de Porto-Rico en Améri-
que , mourut en 1627. Les Hollandais pil-
lèrent sa ville épiscopale en 1625 , et en-
levèrent sa bibliothèque , double sujet de
chagrin pour un pasteur et pour un
homme de lettres. Il laissa plusieurs pièces
de poésies, Madrid, 1604 et années suivan-
tes. Elles sont pleines d'imagination, de
feu, d'esprit et de grâce.
BALBUS ( Lucrus Lc-cilius ), juriscon-
sulte romain , disciple de Mucius Scœvola,
un siècle avant Jésus-Christ , se distingua
par ses talens dans la jurisprudence.
L'histoire romaine fournit plusieurs au-
tres personnages du nom de Balbus ; ils
ne méritent pas un article séparé.
BALBUS ( Octavius ) , ayant été con-
damné à la mort par les triumvirs, se
déroba des mains des meurtriers qui le
cherchaient dans sa maison, en sortant
secrètement par une porte qui leur était
inconnue. A peine fut-il dehors, qu'ayant
appris par un murmure confus de ses
voisins , que l'on assassinait son fils à
cause de lui, la tendresse paternelle le
rappelle aussitôt à sa maison pour dé-
fendre ce fils qu'il aimait. Ce bruit était
faux ; mais les assassins se saisirent de ce
père infortuné, et lui ôtèrent la vie.
BALBUS ou plutôt BALBO (Pierre),
d'une des meilleures familles de Venise ,
évêque de Tropéa, mourut à Rome en
1479. Il s'est fait un nom en traduisant
plusieurs ouvrages des Pères grecs en
latin.
BALDE DE UBALDIS ( Pierre ) , de
Pérouse, disciple et rival de Barthole,
professa le droit à Pérouse , à Padoue et
à Pavie. Arrivé dans cette dernière ville,
on fut surpris de voir qu'un homme si
célèbre eût un extérieur qui l'annonçait
si peu. On s'écria , la première fois qu'il
parut en public : Minuit prœsentia fa-
mam. Mais Balde répondit spirituellement,
quoique peu modestement : Augebit cas-
fera virtus; et l'on oublia sa figure pour
ne faire attention qu'à ses talens. Il mou-
rut de la morsure d'une chatte enragée,
vers 1400 , après avoir recommandé qu'on
l'enterrât en habit de cordelier. On voit
son tombeau dans l'église de ces religieux
à Pavie. On a beaucoup d'ouvrages de ce
jurisconsulte, 6 tom. en 3 vol. in-fol. Ses
deux fils , dont Zénobius , l'ainé , fut évê-
que de Tiferme , excellèrent aussi dans
la connaissance du droit.
BALDE, ou plutôt BALDI (Bernardin) ,
naquit à Urbin en 1353. Il fut abbé de
Guastalla en 1586, sans avoir demandé cette
abbaye. Il avait d'abord travaillé sur les
mécaniques d'Aristote, sur l'histoire. Il
avait fait des vers, mais dès qu'il fut abbé,
il ne pensa plus qu'au droit canon , aux
Pères , aux conciles et aux langues orien-
tales. Il mourut en 1617. C'était un homme
fort laborieux, qui possédait seize langues,
et qui s'était surtout appliqué aux orien-
tales. On a de lui un grand nombre de
Traités sur les Mécaniques, dont quel-
ques-uns dans le Kitruve d'Amsterdam ,
1649, in-fol. | Versie prose, Venise, 1590,
in-4°. Crescimbeni a mis ses Fables en
vers italiens , Rome , 1702, in-12. | De tor-
mentis bellicis, 1582. | Novœ Gnomonices ,
1595. | Horographium universale. Para-
doxa mathematica. Templi Ezechielis
description etc. Il avait commencé une
Description historique et géographique
du monde dans toutes ses parties. Il n'eut
pas le temps de finir ce grand ouvrage.
Morhof , dans son Polyhist. tom. 1 , 1. 4 ,
rapporte son éloge en ces termes : Ber~
nardinus Baldus, vir doctissimus fuit,
multarum linguarum, multarum scien*
tiarum. Scripsit et lalina poemata omnis
generis, in singulis, prœcipuos imitatus.
Ediditquoque varia mathematica et theo-
logica , omnium regionum historiam ae
descriptionem aggressus, absolvere non
potuit.
BALDE (Jacques), jésuite, né dans la
haute Alsace en 1605 , enseigna pendant
six ans les humanités et la rhétorique ,
et se livra ensuite à la prédication. La
cour de Bavière applaudit à ses Sermons,
et l'Allemagne à ses Poésies. On l'appela
XHorace de son pays. Il mourut à Ncu-
BAL 32 BAL
bourg en 1668. Les sénateurs se disputé- 1 ouvrages , parmi lesquels on distingue :
rent à qui serait l'héritier de sa plume ; et M InphysiognomicaAristotelis commenta"
celui auquel échut ce bijou , le fit mettre
dans un étui d'argent. Ses Œuvres furent
imprimées à Cologne, in-4° et in-12, 1645
et 1660 , en 4 vol. Il y a de tout dans ce
recueil, des pièces de théâtre, des traités
de morale , des odes , des panégyriques ,
des poèmes héroï-comiques. Balde était
né avec le feu et le génie des bons poètes ;
il possédait toutes les richesses de la lan-
gue romaine, et les employait avec autant
de facilité que de choix. Il a l'élévation
de Pindare , et en même temps tout le
désordre de l'enthousiasme lyrique. L' Ci-
rante victorieuse s ou le Combat de l'âme
contre les cinq sens , lui valut une mé-
daille d'or de la part d'Alexandre VII. La
Batrachomyomachie d'Homère, enton-
née avec la trompette romaine, poème
héroï-comique en 6 chants , et le Temple
d'honneur, bâti par les Romains, ouvert
par la vertu et le courage de Ferdinand
III, furent fort applaudis ; mais , depuis
que les langues anciennes sont tombées
en discrédit , ces poèmes ne sont plus lus
que par quelques savans. Une édition
nouvelle des Poésies choisies de Balde a
été publiée à Turin en 1805 , in-8°.
BALDENSEL (Guillaume), comman-
deur de l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusa-
lem, écrivit en 1336 une relation d'un
Voyage de la Terre-Sainte , sous le titre
de Hodœporicon ad Terram Sanctam,
insérée dans le 5e tom. d'Jlut. Lect. de
Canisius.
BALDERIC ou BAUDRY, évêque de
Noyon, auteur de la Chronique des évé-
ques d'Jrras et de Cambrai que quel-
ques-uns attribuent à Balderic, chanoine
et chantre de l'église de Térouane , mou-
rut en 1112. — Un autre BALDERIC, évê-
que de Dol , dans le même siècle , écrivit
une Histoire des Croisades, qu'on trouve
dans le Gesta Dei per Francos , de Bou-
gars, 1161, in-fol. On a aussi de lui la rie
de Robert d'Arbrissel, 1641, in-8°. Elle a
été traduite en français , 1647 , in-8°. On
croit qu'il mourut n 1181.
BALDI. Voyez BALDE (Bernardin).
* BALDI (Camille), célèbre professeur
de philosophie dans l'université de Bolo-
gne , vivait vers la fin du 16e siècle , et au
commencement du 17e. Son père avait été
pendant 26 ans professeur de philosophie
dans la même université : son fils marcha
dignement sur ses traces, et mourut à
l'âge de 87 ans, en 1634, dans sa patrie d'où
il n'était jamais sorti. On a de lui divers
rii, etc. , Bologne, 1621, in-fol. ; | Trattalo
corne da una lettera missiva si conoscano
la natura e qualilà dello scrittore Xarpi,
1622, in-4°; et traduit en latin, Bologne,
1664 , in-4° ; | Délie mentite e offese di
parole corne si possano accomodare, etc. ,
Bologne, 1623, in-8°. Cet ouvrage a été
réimprimé avec beaucoup d'additions et
de corrections, après la mort de l'auteur,
Venise, sans date ; celle de l'épître dédi-
catoire porte 1633; | Trattato délie im-
prese annesso ail' introduzione alla virtù
morale, etc. , Bologne , 1624 , in-8° ; | De
humanarum propensionum ex tempera-
mento prœnotionibus tractatus , Bologne ,
1629 et 1644 , in-4° ; | De nalurali ex un-
guium inspectione prœsagio commenta-
rius , Bologne , 1629 et 1664, in-4°; | / con-
gressi civili, ouvrage posthume , qui ne
fut imprimé qu'en 1681 et 1698, in-4°.
* BALDIIVGER ( Ernest-Godefroy ) ,
médecin allemand , né près d'Erfurt le 13
mai 1758, mort à Marbourg, en 1804, pre-
mier médecin du landgrave de Hesse-
Cassel. On a de Baldinger quatre-vingt-
quatre ouvrages, y compris ses program-
mes académiques; les principaux sont :
| Magasin pour les médecins, in-12 , Clè-
ves ; | Nouveau Magasin,^ vol. ,Leipsick,
1779-99, in- 8°; | Sylloge opusculorum
selectorum, etc., 1 vol. in-4°, Gœttingue,
1776-82, in- 8°; | Litteratura universœ
maleriœ medicœ, etc. , Marbourg, 1795,
in-8° ; | Historia mercurii et mercuria-
liummedica, Gœttingue, 2 vol. in-8',
1783 et 1785 ; | Traité des maladies qui
régnent dans les armées, Langensalz,
1774, in-8°. Versé dans l'étude de la bo-
tanique , il a aussi publié divers ouvrages
sur cette science , et notamment : | Cata-
logus dissertalionum quœ medicamento-
rum historiam , fata et vires exponunt ,
Altemburgi , 1768 , in-4° ; | sur l'Etude de
la Botanique et de la manière de l'ap-
prendre , Iéna, 1770, in-4° (en allemand).
Le professeur Creutzer a prononcé son
oraison funèbre.
* BALDINI (Baccio ) , orfèvre et gra-
veur à Florence, vivait dans le 15e. siècle.
Contemporain de Maso Finiguerra, au-
quel les Italiens attribuent l'invention de
la gravure , ou pour mieux dire celle de
l'imprimerie en taille-douce, Baldini s'em-
para promptement de cette précieuse dé-
couverte ; et aidé deSandroBotticelli , qui
lui composait des sujets , il eut bientôt
surpassé l'inventeur. On trouve, dans une
BAL
édition des ouvrages du Dante , impri-
mée à Florence en 1481 , par Nicolo di
Lorcnzo délia Magna, devenue très-rare,
deux vignettes de la composition de Bot-
ticelli, qu'on présume avoir été gravées
par Baldini.
* BALDINI ( Bernardin ) , médecin ,
philosophe , mathématicien et poète ita-
lien, naquit dans un bourg près du lac
Majeur vers l'an 1515, et mourut vers
l'an 1600. Ses principaux ouvrages sont :
J De slellis iisque qui in stellas et numina
conversi dicunlur homines * Venise, 1579,
in-4°; | De diis fabulosis antiquarum gen-
Uum, Milan, 1588, in-k°;\La Traduction
en vers latins de l'Art poétique J de la
Physique et des Economiques d'Aristote,
ibid, 1576-1600, in-4°.
* BALDINI ( Jean-François ) , savant
littérateur de la congrégation somasque ,
naquit à Brescia le 4 février 1577, et mou-
rut à Tivoli en 1665 , après avoir passé
par toutes les dignités de son ordre. On a
de lui des Lettres et Dissertations sur
plusieurs points de physique et d'anti-
quité ; et il a beaucoup augmenté les Nu-
tnismata imper ii Romani* de Le Tail-
lant, 5 vol. in-4°, Borne, 1743.
BALDINUCCI ( Philippe ), était de Flo-
rence. Ayant acquis de grandes connais-
sances dans la peinture et la sculpture,
et fait beaucoup de découvertes en étu-
diant les ouvrages des meilleurs maîtres ,
il se trouva en état de satisfaire le cardi-
nal Léopold de Toscane, qui souhaita
d'avoir une Histoire complète des Pein-
tres. Baldinucci la fit remonter jusqu'à
Cimabué, le restaurateur de la peinture;
et il avait dessein de la poursuivre jus-
qu'aux peintres qui vivaient à la fin du
dernier siècle. Son projet ne fut exécuté
qu'en partie. Il donna 5 volumes de son
vivant ; et le reste qui n'était presque qu'é-
bauché, et où il se trouve de grands vides,
n'a été publié qu'après sa mort, en 1702
et en 1728, à Florence. On a encore de
lui un Traité de la gravure sur cuivre ,
avec la Vie des principaux graveurs J en
italien, Florence, 1686, in-4°, ouvrage es-
timé. Ce qu'il a écrit est d'un style pur ;
et il y a de l'exactitude dans les faits qui
regardent les peintres de son pays. Il était
de l'académie de la Crusca , qui le perdit
en 1696, à l'âge de 72 ans.
* BALDOCK (Ralph de), prélat anglais
des 13e et 14e' siècles, étudia à Oxford,
fut élu évêque de Londres en 1304 ; mais
son élection ayant éprouvé quelques ob-
stacles en Angleterre, il eut retours au
35 BAL
saint Siège , et fut sacré à Lyon en 1306.
Deux ans après, le pape le nomma un de
ses commissaires pour l'examen des ac-
cusations portées contre les templiers. Il
fut quelque temps grand-chancelier d'An-
gleterre sous le règne d'Edouard Ier. On
lui doit plusieurs fondations ecclésiasti-
liques dans son diocèse. Il avait composé
en latin une Histoire des affaires d'An-
gleterre jusqu'à son temps , et que Léland
dit avoir vue à Londres; mais cet ouvrage
a été perdu. Il a laissé aussi le Recueil des
statuts et conslitutio?is de l'église de Saint-
Phulj que l'on conserve dans la biblio-
thèque de cette cathédrale. Il est mort à
Stepney en 1313.
BALDREDE ( saint), vulgairement ap-
pelé saint Baudré, succéda immédiate-
ment à saint Mungo , sur le siège épisco-
pal de Glascow. Il fonda plusieurs monas-
tères en Ecosse, et mourut vers l'an 608,
dans la province de Laudon. Ses reliques
étaient anciennement vénérées avec beau-
coup de dévotion dans un grand nombre
d'églises d'Ecosse.
* BALDUCCI ( François J , poète ita-
lien, né à Palerme , et mort en 1642 à
l'hôpital de Saint- Jean de Latran à Rome,
est, selon Crescembeni, l'inventeur des
oratorios et des cantates. On a aussi de
.lui des poésies lyriques. La dernière édi-
tion est de Venise, 1665, in-12.
BALDUIN ou BAUDOIN (Frédéric),
né à Dresde en 1575, luthérien, profes-
seur de théologie à Wittemberg, com-
menta les Epîtres de saint Paul et plu-
sieurs autres livres de la Bible, et mourut
dans cette ville en 1627.
BALDUIN RITHOVIUS ( Martin ) ,
natif du village de Rithove , dans le terri-
toire de Bois-le-Duc, premier évêque
d'Ypres , assista au concile de Trente en
1562, et présida à celui de Malines en
1570, en l'absence du cardinal de Gran-
velle. Il tint un synode à Ypres , en 1577,
dont il publiâtes ordonnances, et mourut
de la peste à Saint-Omer , le 9 octobre
1585. Nous avons de lui un Manuale Pas-
lorum. On regrette son Commentaire sur
le Maître des sentences * qui n'a pas été
imprimé.
BALD WIN, surnommé Devonius, moine
de Citeaux, archevêque de Cantorbéry,
suivit le roi Richard Ier dans son expédi-
tion de la Terre-Sainte , et y mourut vers
1191. On a de lui : De corpore et san-
guine Domini... De Sacrame?ito allar-
ris, etc. Traités imprimés dans la Liblio
thèque de Citeaux du P. Tifiier,
BAL
54
BAL
BALECHOU ( J.-J. ), né à Arles , d'un
marchand boutonnier, en 1715, mort subi-
tement à Avignon, dans le mois d'août
1763, s'est rendu célèbre par ses gravures
en taille-douce, qui lui méritèrent une
place dans l'académie de peinture de
Paris. Il s'était fait une manière parti-
culière de graver, qui unissait beaucoup
de moelleux à une finesse de burin sin-
gulière. Quoiqu'on ait prétendu qu'il
chargeait trop de tailles , on voit par ses
ouvrages qu'il savait joindre , quand il
voulait, au fini précieux d'Edelinck et de
Nanteuil, les grands traits de Melan. Ses
principales pièces sont : 1° Les belles ma-
rines qu'il a gradées d'après M. Vernet,
parmi lesquelles on doit distinguer la
Tempête. 2° Le portrait de Frédéric- Au-
guste, électeur de Saxe et roi de Pologne.
Ce portrait, chef-d'œuvre de gravure , fut
la cause de tous ses malheurs , de son ex-
clusion de l'académie, et de sa retraite
forcée à Avignon. Accusé d'avoir vendu à
son profit plusieurs des premières épreu-
ves, Baléchoune put se laver de ce soup-
çon. Aussi les gens de goût , après avoir
admiré à la tête du Recueil de la galerie
de Dresde , ce morceau inimitable , ap-
prennent avec peine, dans la préface de
cette collection , que la probité de ce cé-
lèbre artiste n'était pas égale à ses talens.
5° La sainte Geneviève. Le talent de Ba-
léchou n'était pas borné à la gravure.
Il avait du goût et quelque talent pour
la chimie , qu'il avait étudiée jusqu'à un
certain point. Il est même assez vrai-
semblable qu'un remède chimique , qu'il
prit en trop forte dose ou à contre-temps,
ne contribua pas peu à sa mort subite et
prématurée.
BALÉE ( Jean ) , prêtre anglais , dis-
ciple de Wïclef, prêcha les erreurs de son
maître, et y en ajouta de nouvelles. Il
excitait à la sédition, en citant l'Evangile.
Il comparait les magistrats et la noblesse
à l'ivraie , qu'il fallait arracher, de peur
qu'elle n'étouffât le bon grain : enseignant
ainsi au peuple de commencer cette bonne
œuvre par les plus considérables d'en-
tr'eux. Ses sectateurs, suivant trop fidèle-
ment les leçons de leur chef, massacrè-
rent le chancelier, le grand-trésorier, et
réduisirent le roi à leur proposer une am-
nistie. Balée, leur apôtre, fut enfin pris et
exécuté en 1381.
BALEE ( Robert ), carme anglais, mort
en 1505, a donné les Annales de son ordre
et la vie de saint Simon Stock.
BALÉE ( Jean ) , Baleus, né en 1495,
à Covie en Angleterre , quitta l'ordre des
carmes et la religion catholique , pour la
secte des calvinistes et afin de se marier.
Edouard IV le nomma évèque d'Osseri ou
Kilkenni en Irlande ; mais sous le règno
de Marie, il fut obligé de prendre la fuite.
Il revint sous Elizabeth , et il fut pourvu
d'une prébende dans la cathédrale de
Cantorbéry. Il y mourut en 1563. C'était
un génie turbulent et frivole. On a de lui
| 13 Centuries des hommes illustres de la
Grande-Bretagne, Bàle, 1557, in-folio,
copiées du livre de Jean Leland sur cette
même matière ; | un Traité sur les vies des
papes,Leyde, 1615, in-8° ; un autre, inti-
tulé : | Acta Romanorum Pontificum; et
plusieurs comédies, dans lesquelles il
jouait les religieux, les catholiques et les
saints. Tous ces ouvrages sont marqués
au coin du dernier emportement. Il dé-
chire les papes, les évêques et les prêtres,
d'une manière si odieuse , qu'elle dut dé-
plaire aux gens sensés, même de sa com-
munion. Cependant Elizabeth, si prisée
par les sages de nos jours, fut sa pro-
tectrice.
BALE1V ( Mathias ), né à Dordrecht en
1611 , a fait sa principale étude des anti-
quités et de l'histoire de sa patrie. Le
fruit de ses recherches et de son travail
a paru sous ce titre dans la langue de son
pays : Description de la ville de Dor-
drecht, son origine, ses accroissemens et
son état présent, etc. 1677, in-4° fort épais.
Il est très peu d'ouvrages de cette nature
qui soient faits avec autant de soin. On
ignore la date de sa mort.
* BALEN (Henri van ) , peintre d'his-
toire, est au premier rang des peintres
flamands; natif d'Anvers, et disciple d'A-
dam van Oort, il fut le premier maitre de
van Dyck. Il alla étudier en Italie, où son
assiduité à copier et à peindre d'après
l'antique, fut couronnée d'un brillant suc-
cès. Ses ouvrages furent recherchés à
cause de leur touche agréable , et se trou-
vent dans les cabinets les plus distingués.
Il ne revint dans sa patrie qu'après une
très-longue absence ; mais il y revinl en-
richi par le fruit de ses talens : il mourut
à Anvers, en 1632. Son dessin était correct,
et sa couleur fort bonne. Ses principaux
tableaux sont : | un Festin des Dieux;
| un Jugement de Paris; | un S. Jean
dans le désert; | une Annonciation, \ et une
Sainte Famille dans le désert.
* BALES (Pierre), célèbre maitre d'é-
criture de Londres , né en 1547 , regardé
comme un des premiers inventeurs de
BAL 55
l'art d'écrire par abréviations, art extrê-
mement employé en Angleterre , possé-
dait un talent remarquable pour écrire
en petit caractère; il présenta, en 1575, à
la reine Elizabeth, une bague dont le
chaton, de la grandeur d'un demi-sou
anglais, contenait le Pater, le Credo , les
dix Commandemens de Dieu, deux cour-
tes prières latines, son nom , une devise,
le jour du mois, Tannée de J -C, et celle
du règne d'Elizabeth, écrits d'une manière
très-lisible : il n'était pas moins habile à
imiter les diverses écritures , et pouvait
ajouter, à une lettre écrite par une autre
main, un post-scriptum qui ne se distin-
guait pas du reste de la lettre. Le secré-
taire d'état Walsingham se servit utile-
ment de ce talent dans différentes manœu-
vres politiques , notamment pour décou-
vrir quelques conspirations en faveur de
la malheureuse reine d'Ecosse. P. Baies
est un des premiers maîtres anglais qui
aient fait graver des modèles de leur écri-
ture. Il avait inventé un chiffre extrême-
ment simple , connu sous le nom d'Al-
phabet linéal, où toutes les lettres étaient
représentées par de simples lignes ou
traits dirigés en différens sens; il pu-
blia, en 1590, un recueil intitulé le Maître
d'écriture , contenant trois livres en un*
dont le premier enseigne à écrire vite; le
deuxième:, à écrire correctement; le troi-
sième , à bien écrire , Londres , in-4°,
réimprimé en 1597, avec un grand nom-
bre de pièces de vers, composées à sa
louange par des littérateurs distingués de
son temps. Il est mort en 1610.
' BALESDENS (Jean) membre de l'a-
cadémie française, naquit à Paris vers la
fin du 16e siècle. Il était avocat au parlement
et au conseil, protonotaire apostolique et
titulaire du prieuré de Saint-Germain-
d'Allaye. Il joignait à ces titres une
charge d'aumônier du roi. Sa qualité de
secrétaire du chancelier Séguier, protec-
teur de l'académie française , fit que cette
compagnie , crut devoir au premier ma-
gistrat de lui demander lequel des deux
candidats lui serait le plus agréable , de
Corneille ou Balesdens, qui se présen-
taient pour la place vacante à la mort de
Mainard ; Balesdens eut le bon esprit d'é-
crire pour prier l'Académie de faire atten-
tion à la différence du mérite, et à l'émi-
nente supériorité de son compétiteur. La
délicatesse de Balesdens fut applaudie, et
Corneille nommé. Deux ans après , Bales-
dens succéda à M. de Malle ville. Il mou-
rut le 27 octobre 1675 , dans un âge avan-
BAL
ce. Il a publié divers ouvrages, les uns de
lui, les autres dont il était seulement l'é-
diteur. On compte parmi les premiers :
| lé Miroir des pénitens , traduit de l'ita-
lien, 1614, in-12; | Fables d'Esope, tra-
duites en français, avec des maximes mo-
rales et politiques pour l'instruction du
roi, 1644,in-8°; | Exercice spirituel, 1645,
in-12. Les ouvrages dont Balesdens a
donné l'édition , sont : | Chartiludium lo-
gicœ ( jeu de cartes logique ) , seu logica
memorativa, R. patris Thomce Murner,
cum notis, etc. | Rudimenta cognitionis
Dei et suî, Pétri Seguierii prœsidis infu-
lati; | Elogia clarorum virorum Papiri
Massonis, etc. 1658, 2 vol. in-8°; | Grego-
rii Turonensis opéra pia, cum vitis PP.
suitemporis, 2 vol.; | Jetés du transport
du Dauphiné à la couronne de France;
| Lettres de sainte Catherine de Sienne,
avec sa Vie, 1644; | Traité de l'eau-de-vie,
parM. JeanBrouault, médecin duroi, etc.
* BALESTRA ( Antoine ) , peintre vé-
ronais, naquit l'an 1666. A l'âge de 21 ans,
il s'adonna à la peinture, et travailla à
Venise sous Beîluci ; il passa de là à Bo-
rne, et fut élève de Carie Maratte. Son
dessin est pur, son pinceau a de la faci-
lité, ses conceptions sont gaies et pleines
de charmes. Il fit des élèves distingués,
parmi lesquels on compte J.-B. Mariotti,
Joseph Nogari, Charles Salis, et Baronia
Cavalcabo. Comme tous les élèves de Ma-
ratte, il aimait sur ses tableaux une sorte
de brouillard qu'on ne peut bien définir:
quelquefois ce brouillard produit un ef-
fet désagréable; d'autres fois il jette sur
ses tableaux un charme et une harmonie
qui disposent à une douce mélancolie.
On a comparé Balestra à Catulle , comme
l'on compare l'Albane à Anacréon. On
cite de lui la Défaite des géans, une An-
nonciade à Crémone , une Cène à Venise.
On n'est pas d'accord sur l'époque de sa
mort, arrivée selon les uns en 1754, selon
d'autres en 1740.
* BALGUERIE-STULLEMBERG ( Pier-
re ), né à Bordeaux, en 1779, d'un ancien
négociant qui avait perdu la plus grande
partie de sa fortune par les malheurs de
la révolution , débuta jeune dans la car-
rière commerciale, et y acquit bientôt
des richesses considérables et la plus
haute considération. Il employa l'une et
l'autre à former des associations appli-
quées à l'industrie, et il parvint à achever
en peu de temps les ponts de Bordeaux et
de Libourne , que l'administration publi-
que n'aurait pu terminer qu'à l'aide des
BAL
56
BAL
impôts et après une longue suite d'an-
nées. La ville de Bordeaux lui doit encore
la construction d'un magnifique entrepôt,
la fondation de la banque, des fonderies,
des établissemens de bateaux à vapeur,
des bains publics, et des réparations pré-
cieuses sur les quais, et les débarcadours
de la ville. Il s'occupa aussi de jeter dans
les départemens voisins des ponts sur les
rivières, d'y ouvrir des canaux, de creu-
ser des mines, et de tout ce qui pouvait
contribuer à la prospérité de sa ville
natale. Son nom se retrouve dans toutes
/es entreprises de son temps qui furent
utiles à la France, et plus particulière-
ment dans toutes celles qui furent utiles
à sa province. Il s'occupait depuis plu-
sieurs années de l'ouverture d'une com-
munication entre Bordeaux et Bocbefort,
de l'ensemencement des dunes du golfe
de Gascogne, et d'un canal dans les Lan-
des pour unir, à l'abri de la mer, Bor-
deaux avec Bayonne, lorsque la mort l'en-
leva le 19 août 1825. La chambre de com-
merce, dont il était président, a fait exé-
cuter son buste pour le placer dans la
salle de ses séances. On a publié à Bor-
deaux son Eloge funèbre , 4825, in-12.
* BALGUY ( Jean ) , savant théologien
anglais , né en 1686 à Scheffield , dans le
comté d'Yorck, où son père tenait une
école de grammaire, embrassa la carrière
ecclésiastique, et passa pour un des meil-
leurs prédicateurs de son temps. Ses prin-
cipaux ouvrages sont : | Lettre à un déiste
sur la beauté et l'excellence des vertus
morales, et l'appui qu'elles trouvent dans
la révélation chrétienne ; \ Fondement de
la bonté morale, ou recherche approfon-
die de nos idées sur la vertu; \ Recherches
sur les perfections morales de Dieu, par-
ticulièrement en ce qui est relatif à la
création et à la providence; | et des Ser-
mons. Balguy mourut en 1748.
* BALIN ( Jean ), né à Vesoul en Fran-
che-Comté vers 1570, parait s'être destiné
d'abord à la médecine dont il quitta les
écoles pour celles de théologie. Ses cours
finis, il prit les ordres. Il y a lieu de pré-
sumer qu'il professa au collège de Nar-
bonne à Paris. Il est sûr du moins qu'il
y prononça un discours à l'ouverture des
classes. Il suivit en Flandre Claude de
Rye, en qualité d'aumônier, et y fut té-
moin des événemens de la guerre entre
l'Espagne et les Etats-généraux , laquelle
se termina par la paix ou plutôt par la
trêve conclue en 1608. Il en écrivit l'his-
toire, et la publia en 1609, sous ce titre :
De bello belgico, auspiciis Âmbrosii Spi-
nolœ, Bruxelles, 1609, in-8°. Outre cet
ouvrage, on a de lui , | De divœ Magda-
lenœ geslis, ubi et ejus navigatio in Pro-
vinciam etpœnitenliœ locus describuntur,
Paris, in-8°. Il en lit une traduction fran-
çaise , sous le titre de Poème de la Ma-
deleine , qu'il donna la même année.
| De pace belgica, sive Janus bifrons
belgicus. Cette pièce se trouve à la suite
de l'Histoire de la guerre de Flandre,
mentionnée ci-dessus. Balin, dans ses
écrits, est correct et pur. Il mourut à
Wesel : on ne dit point en quelle année.
- BALIVET ( J. ), député à la Conven»
tion nationale, naquit en 1755 à Gray , où
il exerça la profession d'avocat jusqu'au
commencement de la révolution , dont il
embrassa les principes. Appelé alors à di-
vers emplois publics , il s'y conduisit cepen-
dant avec assez de modération, et en sep-
tembre 1792 , il fut élu député par le dépar-
tement de la Haute-Saône. N'ayant pas des
talens oratoires, il s'y fit peu remarquer.
Il ne se rangea pas du parti des ennemis
acharnés de Louis XVI, et forcé d'émettre
son vote dans le procès de ce monarque,
il se borna à demander sa réclusion et
son bannissement jusqu'à la paix. A la
clôture de la session, il passa au conseil
des Anciens, et y fut nommé secrétaire en
septembre 1798. Il quitta cette place pour
aller remplir celle de commissaire du Di-
rectoire dans l'administration centrale
de son département. Après la révolution
du 18 brumaire , il se retira à la campa-
gne, et mourut en avril 1813. Balivet
avait de l'instruction et passait pour hon-
nête homme.
* BALL ( Jean ) , théologien puritain
de Cassington, dans le comté d'Oxford, en
1585, fit ses études à l'université d'Oxford,
et prit les ordres, puis fut pourvu d'une
cure dans le Stasffordshire où il dirigeait
en même temps une petite école. On a
de lui plusieurs ouvrages, savoir: | Traité
concernant les fondemens principaux de
la religion chrétienne , livre estimé , qui
eut 14 éditions avant 1632 et fut traduit
en turc; | Traité sur la foi, 1631 et 1637,
in-4°; | Traité de la méditation théologi-
que, 1660, in-12. Jean Bail était mort dès
1640, à l'âge de 55 ans.
' BALLENDE.\ ou BELLENDEL ( sir
John ), théologien écossais du 16e siècle,
très attaché à Jacques V, entreprit, par
l'ordre de ce roi, la traduction du latin de
la Chronique d'Ecosse par Hector Boe-
thius, Edimbourg, 1536,in-fol. Il essaya,
BvYL 5
mais sans succès , de rétablir la religion
catholique, et se retira à Rome où il mou-
rut en 1550. Ballenden a aussi laissé des
poésies lyriques où il y a de la verve et
de la facilité.
BALLERIM ( Pierre et Jérôme ),
frères, nés à Vérone , le premier en 1698,
le second en 1702, étaient tous deux prê-
tres et très savans, surtout dans l'his-
toire ecclésiastique. Unis par un goût
commun pour les mêmes études , autant
que par les liens du sang , ils étudiaient
le plus souvent en société, et se parta-
geaient le travail suivant leur talent par-
ticulier. Les matières purement théologi-
ques et canoniques étaient du ressort de
Pierre ; les points d'histoire et de critique
étaient la tâche de Jérôme. Pierre mou-
rut en 1764; Jérôme lui survécut plu-
sieurs années. Outre quelques bons ou-
vrages, on doit à leurs soins des éditions
estimées de la Somme théologique de
saint Antonin, et de celle de saint Rai-
mond de Pegnafort ; des Œuvres de saint
Léon le Grand; de celles de Gilbert , évo-
que de Vérone ; une édition complète de
tous les ouvrages du cardinal Noris, avec
des notes, des dissertations, etc. impri-
més à Vérone en 1732, 4 vol. in-fol.; | un
petit traité intitulé : Méthode d'étudier,
tirée des ouvrages de saint Augustin,,
traduite de l'italien par l'abbé Nicolle de
la Croix, Paris, 1760, in-12; | une Vie du
cardinal Noris.
BALLESTER ( Louis ) , jésuite , né à
Valence, enseigna dans sa société la
théologie et l'hébreu avec distinction, et
mourut dans sa patrie l'an 1614, après
avoir publié deux ouvrages savans qui
sont : I Onomatographia J seu descriptio
nominum varii et peregriniidiomatisJ quœ
in vulgala editione Bibliorum occurrunt,
Lyon, 1617; | Hierologia, seu de sacro
sermone, lib. IV* 1617.
* BALLET ( François ) , ecclésiastique
français , né à Paris , en 1702 , mourut à
la fin du 18e siècle , après avoir été curé
de Gifr et prédicateur de la reine. On a im-
primé en 12 volumes in-12, ses prônes et
divers ouvrages de piété, tels que | Histoire
des temples ; \ De la dédicace des églises;
| Instructions sur la pénitence du carême;
\ Vie de la sœur Boni, etc.
BALLI ( Joseph ) , né à Palerme en Si-
cile , mort à Padoue en 1640 , chanoine
de Bari dans le royaume de Naples , tient
un rang parmi les théologiens scolasti-
ques. On a de lui : De fecundiiate Dei,
et De morte corporum naturalium*
2.
< BAL
BALLIN ( Claude ) , né à Paris en £618,-
d'un père orfèvre, devint orfèvre lui-
même. Il commença à fleurir du temps
du cardinal de Richelieu, qui acheta de
lui quatre grands bassins d'argent, sur
lesquels Ballin , âgé à peine de 19 ans ,
avait représenté admirablement les âges
du monde. Le cardinal, ne pouvant se
lasser d'admirer ces chefs-d'œuvre de ci-
selure , lui fit faire quatre vases à l'anti-
que , pour assortir les bassins. Ballin porta
son art au plus haut point. Il exécuta pour
Louis XIV des tables d'argent , des guéri-
dons , des canapés , des candélabres , des
vases , etc. Mais ce prince se priva de tous
ces ouvrages , pour fournir aux dépenses
de la guerre qui finit par la paix de Ris-
wick. Il reste encore plusieurs morceaux
de ce grand artiste à Paris , à Saint-Denis ,
à Pontoise , d'une beauté et d'une délica-
tesse uniques. Lorsqu'après la mort de
Warin, il eut la direction du balancier
des médailles et des jetons, il montra
dans ces petits ouvrages le même goût
qu'il avait fait paraître dans les grands ,
et sut réunir aux grâces modernes la sé-
vérité de l'antique. Il mourut en 1678 , à
l'âge de 63 ans.
* BALLO ( Joseph ) , docteur sicilien ,
naquit à Palerme , le 29 juillet 1S67. Son
père , qui était d'une grande naissance ,
et baron de Calattuvi , et sa mère , fille du
prince de Villa-Franca , voulaient qu'il
prît le parti des armes ; il préféra l'état
ecclésiastique, renonça à la baronie, et
se livra entièrement à l'étude des sciences
ecclésiastiques , des mathématiques et de
l'astronomie. Il fit un voyage en Espagne,
et y fut reçu docteur en théologie. De
retour dans sa patrie , où il fit quelque
séjour , il repassa ensuite à Bari , dans le
royaume de Naples, et fut chanoine do
cette cathédrale. Il se rendit à Padoue,
en 1635 , y fit imprimer plusieurs ouvra-
ges , et , dans un second voyage qu'il y
fit, à l'âge de soixante-douze ans , mourut
dans cette ville, le 2 novembre 1640. Ses
principaux ouvrages sont : | De fecundi-
tale Dei circa productiones ad extra * Pa-
doue, 1655,in-4°; | Demonstratio de molu
corporum naturali* Padoue , 1635 , in-4°.
Dans son dernier voyage à Padoue , il y
fit aussi imprimer un ouvrage théologi-
que, qu'il avait médité pendant trente
ans, et sur lequel il avait soutenu des
controverses avec des théologiens ro-
mains et siciliens. Il est intitulé : | Reso-
lulio de modo evidenter possibili trans-
substantiations panis et vinij in sacro-
4
BAL l
sanctum Domini Jesu corpus et sangui-
nem, etc. , Padoue , 1640 , in-4°.
* BALLOIS ( Louis-Josepii-Philippe ) ,
né à Périgueux en 1778, mourut à Paris
le h décembre 1803. La fougue de l'âge et
l'enthousiasme de la liberté lui firent en-
treprendre à Bordeaux la rédaction d'un
journal dont la violence nuisit à la cause
qu'il voulait défendre. Choisi, en 1798,
par le conventionnel Lamarque, pour
l'accompagner dans son ambassade en
Suède, en qualité de secrétaire, il n'ob-
tint pas l'assentiment du Directoire. Le
chagrin que lui causa cette disgrâce fut
tel qu'il chercha à se suicider ; il s'ajusta
d'une main tremblante , et se fit une dan-
gereuse blessure. Il continua son jour-
nal , qui fut supprimé sous le gouverne-
ment consulaire. Ballois se livra ensuite
aux sciences exactes , fonda les Annales
statistiques , Paris, 1802-1804, 8 vol. in-8°,
et fut ainsi le premier propagateur d'une
science nouvelle. Il contribua à former à
Bordeaux une société de statistique, et
en fut nommé secrétaire ; il devint ensuite
membre de l'académie de cette ville.
* BALME ( Cl. B. ) , docteur en mé-
decine au Puy, et correspondant de la
société de médecine de Paris, mort en
1808. Il a publié : | Recherches diététi-
ques du médecin patriote sur la santé et
sur les maladies observées dans les sémi-
naires , les pensionnats et chez les ou-
vriers en dentelles , suivies d'un mémoire
sur le régime des convalescens et des
valétudinaires, au Puy, 1791, in-12 ; | Mé-
moires de médecine pratique * ou Recher-
ches sur les effort? , considérés comme
principes de plusieurs maladies, 1792,
in-8° ; | Considérations cliniques sur les
rechutes dans les maladies : | Répertoire
de médecine, 1815 , in-8° ; | Réclamations
importantes sur les médecins accusés
d'irréligion , et sur les nourrices merce-
naires, 1804, in-8° , et plusieurs Mémoires,
dans le recueil de la société de médecine
de Paris.
* BALLYET (Emmanuel), religieux
carme déchaussé, évêque et consul de
France à Babylone ( Baghdâd ) , naquit
en 1700 , à Marnay , bourg de Franche-
Comté. Il rendit compte à Benoît XIV de
sa mission à Babylone, par une lettre
imprimée en latin et en français , à Rome,
en 1754. Cette lettre contient des détails
curieux sur les mœurs et les coutumes
des peuples du Levant. Il avait parcouru
une partie de l'Asie , en observateur. Le
journal de ses voyages se trouvait dans la
8 BAL
bibliothèque du duc d'Orléans, et d' An-
ville en a extrait la Description d'un mo-
nument de sculpture , découvert dans une
montagne. Ballyet avait formé un mé-
dailler précieux dont un de ses neveux a
fait imprimer le catalogue. Il mourut de
la peste à Baghdâd, en 1775. Le P. Sym-
phorien Ballyet, son père, est mort su-
périeur-général de son ordre.
*BALMONT ( Alberte-Barbe d'ERNE-
COURT , connue sous le nom de madame
de SAINT-) , naquit le 14 mai 1607 , à Neu-
ville en Verdunois , d'une famille aussi
ancienne qu'illustre. Elle avait reçu de
la nature les dispositions' les plus heu-
reuses pour le métier de la guerre , un
corps robuste et propre à tous les exer-
cices militaires, un courage intrépide,
une imagination féconde en stratagèmes ,
une prudence singulière , etc. Elle fit du
lieu de sa naissance, qui n'était d'abord
qu'un médiocre village , une place d'ar-
mes , où elle reçut et protégea contre les
Cravates , espèce de maraudeurs , qui ra-
vageaient alors la Lorraine et la Cham-
pagne , une foule de laboureurs et d'arti-
sans. Ces troupes indisciplinées , amenées
du fond de la Hongrie , commettaient des
excès atroces et inouïs, même dans les
Pays-Bas Autrichiens , soumis à l'allié de
leur maître ; la province de Luxembourg
en fut presque entièrement dépeuplée.
La Vie de cette femme célèbre , en qui
la piété relevait l'éclat des vertus guer-
rières , et qu'une maladie cruelle enleva
le 22 mai 1660, fut d'abord publiée a
Paris en 1678 , sous le litre de X Amazone
chrétienne, par le P. Jean-Marie, reli-
gieux du tiers ordre de Saint-François.
Le P. Desbillons en a donné, en 1775,
une histoire mieux rédigée , mais tirée ,
quant aux principaux faits, de la pre-
mière. Pour donner une idée de la bra-
voure de l'héroïne, nous rapporterons
l'exploit suivant : « Le 1er jour de mai
» de l'année 1636 , temps où madame
» de Saint -Balmont n'était pas encore
» bien connue des troupes françaises
» ( elle montra toujours pour elles une
» prédilection particulière ) , 100 cava-
» liers de la compagnie de Brissac et
» de celle du baron de Guitaut , vinrent
» enlever son troupeau de vaches. Aussi-
» tôt elle en est avertie par une senti-
» nelle , postée au haut du clocher de la
» paroisse ; et la voilà en campagne , à la
» tête de quelques gentilshommes et de
» ceux de ses paysans qui composaient
» son infanterie. Les ennemis se présen-
BAL 5
t. lent au nombre de 60 , tandis que les
» autres emmènent le troupeau. Elle vole
» à ces derniers , après avoir commandé
» à son infanterie de faire face aux 60 ;
» mais celte infanterie , qui n'était pas
» encore dressée, se resserre au lieu de
» s'étendre , et se laisse envelopper. L'a-
» mazone s'en aperçoit, et revole pour la
» dégager. Elle ordonne à son beau-frère,
» le chevalier d'Araucourt, et à un autre
» officier , de percer la cavalerie enne-
» mie ; mais ils sont faits tous deux pri-
■> sonniers. Alors sa vigueur et son cou-
;> rage redoublent ; et , malgré cinq coups
,i de feu , dont un lui enleva son chapeau
t> (l'auteur remarque ailleurs qu'en temps
» de paix même , elle avait , sous un habit
» de femme , un pourpoint , un baudrier
» et des bottes ), et les quatre autres por-
» tèrent de façon qu'elle s'en ressentait
» encore long-temps après , elle pénètre
» jusqu'à ses pauvres fantassins , qui
» étaient prêts à mettre bas les armes.
» Courage, leur crie-t-elle, ne craignez
» rien; nous sommes plus forts que nos
r> ennemis s ils n'ont que des pistolets. Ses
» soldats ranimés , elle les met en ordre ,
» les range le long d'une haie , qui les
» couvre parfaitement , après qu'elle leur
» a fait mettre un genou en terre ; et dans
» cette posture , elle leur défend de tirer,
» à moins que l'ennemi ne s'avance assez
n près pour qu'aucun coup ne soit perdu.
» En un moment la scène cbange, et les
» 60 cavaliers effrayés de la bonne con-
» tenance de ces paysans , se débandent ,
o laissent leurs deux prisonniers , et pren-
nent la fuite. Pendant ce temps-là,
» Manheuse ( habile et brave officier , qui
» avait été long-temps capitaine dans le
>■> régiment du mari de madame de Saint-
» Balmont ) , secondé seulement de 15 fan-
i> tassins , tenait en respect les 40 autres
i> cavaliers, chargés du soin d'emmener
i' les vaches : l'amazone parait : les vaches
» restent et l'on ne voit plus d'ennemis.
» Personne ne périt dans cette occasion ,
j» et il n'y eut de blessés que notre hé-
» roïne, et un de ses officiers; mais les
i» blessures n'étaient pas dangereuses. »
BALOUFEAU ( Jacques ) , fils d'un
avocat de Bordeaux , parut dans le monde
sous le nom du Baron de Saini-Angel.
Ses créanciers ayant contraint le baron
gascon de prendre le bonnet vert , il se fit
délateur en crime d'usure. Il courut en-
suite différons pays , et épousa dans cha-
cun une femme. Arrêté après son qua-
trième mariage , il s'évada de la prison de
9 BAL
Dijon, vint à Paris, reçut 200 écus do
récompense pour avoir dénoncé un Gé-
nois qui n'existait pas, comme auteur
d'une conspiration contre le roi ; passa
en Angleterre pour suivre le prétendu
criminel, escamota 2000 livres au roi de
la Grande-Bretagne, revint en France,
fut reconnu pour un fourbe , et pendu
en 1626.
BALSAC DE FRIMY, conseiller au
parlement de Toulouse , né à Senergue ,
département de l'Aveyron , se prononça
hautement contre les innovations intro-
duites par l'Assemblée constituante de
1789 , et signa en 1790 les protestations de
son corps contre les opérations de l'As-
semblée nationale. Dénoncé en 1793 com-
me royaliste, il fut arrêté, conduit à
Paris , et condamné à mort par le tribu-
nal révolutionnaire en 1794 . peu de jours
avant la chute de Robespierre.
BALSAMON ( Théodore ), diacre,
garde des chartes de l'église de Constan-
tinople , et ensuite patriarche d'Antioche
pour les Grecs , commenta le Nomoca-
non de Photius, Oxford, 1672, in-folio,
avec des notes de Beveridge. Il fit un Re-
cueil d'ordonnances ecclésiastiques,, Paris,
1661 , in-folio, et Réponses à plusieurs
questions du droit canon ., dans lesquelles
le patriarche grec s'emporte beaucoup
contre l'église latine. Il mourut vers 1214.
La Bibliothèque du droit canonique , de
Justel, renferme les deux premiers ou-
vrages; et le droit grec et romain de
Leunclavius ( Francfort , 1596 ) contient
le dernier.
* BALTE1V ( Pierre) , peintre d'histoire
et de paysage, né et mort à Anvers, vi-
vait dans le 16e siècle. Il était habile à
représenter ensemble un grand nombre
de petites figures : ce qui fait tout le mé-
rite de son tableau de saint Jean pré-
chant dans le désert* qu'il composa pour
l'empereur Rodolphe II.
* BALTIIASAR ( Augustin de ) , doc-
teur en droit , était né à Greifswald dans
la Poméranie suédoise, en 1701. Il fit ses
études dans l'université d'Iéna, sous les
yeux de son père, qui en était un des
professeurs. Après avoir fini ses cours et
pris ses degrés , il alla s'établir à Wismar,
et s'y agrégea à l'université de droit;
bienlôl après il y fut pourvu d'une chaire.
Le roi de Suède le choisit pour un des
ministres du grand tribunal d'appel, et
son mérite lui valut d'autres emplois
également honorables. Il mourut à Wis-
mar en 1779. Parmi ses ouvrages, on cite
BAL 40 BAL
particulièrement : | Apparatus diploma- j Suisse était conforme ; avançant même
tico-historicus , Greifswald, 1730-1735,
in-fol. C'est le tableau historique de toutes
les lois qui sont ou ont été en usage dans
la Poméranie et dans l'Ile de Rugen.
| Tableau historique des tribunaux du
duché de la Poméranie suédoise , ibid. ,
1733-37 , 2 vol. in-fol. ; | De origine et statu
nominum propriorum in Pomerania,
ibid. , 1735-1749 ; | Discours sur les avan-
tages du temps présent , sous le rapport
du perfectionnement des sciences, spécia-
lement de l'étude de l'histoire et du
droit, ibid. , 1742 , in-4° ; | Jus ecclesias-
ticum pastorales 1760-1763 , 2 vol. in-fol. ;
Des Dissertations relatives à l'adminis-
tration civile et religieuse de la Poméra-
nie. — On a d'un autre BALTHASAR
( Jacques-Henri de) , professeur en théo-
logie et surintendant des églises de la
roméranie suédoise , contemporain du
précédent : | Recueil de faits relatifs à
l'histoire ecclésiastique de la Poméranie,
1723-1725, 1 vol. in -4°; | Val ab Eick-
stœdt epilome annalium Pomeraniœ,
ibid. , 1726 , in-4° , et quelques écrits théo-
logiques de peu d'importance.
* BALTHASAR Joseph - Antoine-
Félix de ) , jurisconsulte et historien ,
naquit à Lucerne en 1737. Après avoir
fait ses premières études dans son pays ,
il alla les achever à Lyon. Il se destinait
à la magistrature , et il occupa divers em-
plois honorables. Il était trésorier de l'état,
lorsque la révolution éclata en Suisse. La
présidence de l'administration municipale
de Lucerne lui ayant été déférée, son
premier soin fut de chercher à calmer les
esprits. Il eut le bonheur d'y parvenir
et d'épargner à son pays les maux qui ac-
compagnent ordinairement les mouve-
mens populaires. Il faisait de l'histoire de
sa patrie son étude favorite , et l'une de
ses principales occupations. Il avait re-
cueilli, pour servir à cette histoire , une
grande quantité de matériaux précieux ,
et il enrichit la Bibliothèque suisse de
Haller de nombreuses notices. Son prin-
cipal ouvrage a pour titre : De Helvetio-
rum juribus circa sacra , traduit en fran-
çais par Viend , professeur à Lausanne ,
sous le titre de Libertés de l'église Hel-
vétique , Lausanne , 1770 , in-12. Le nonce
du pape à Lucerne déféra ce livre à sa
cour, et il fut mis à l'index. L'évêque de
Constance en demanda la suppression.
Balthasar y réclamait pour la Suisse les
libertés de l'église gallicane , auxquelles
il prétendait que l'usage observé en
que les quatre articles du clergé de France
y avaient été adoptés , et y étaient recon-
nus. On a en outre de Joseph-Antoine-
Félix de Balthasar : j Histoire de la non-
ciature en Suisse , restée manuscrite;
| Défense de Guillaume Tell, 1760, in-8°.
Il y soutient la vérité de l'histoire de
Guillaume Tell , contre ceux qui ont cher-
ché à jeter des doutes sur elle. | Musceum
virorum Lucemalum fama et meritis
illustrium , Lucerne , 1777 , in-4°. Baltha-
sar mourut à Lucerne en 1810.
* BALTHASAR ( l'abbé ) , mort à Char-
tres en 1801 , est auteur de X Année chré-
tienne, ou Précis de la vie des saints,
Paris, 1789, in-12, et de Ylsle des philo-
sophes et plusieurs autres nouvellement
découvertes et remarquables dans leurs
rapports avec la France actuelle, Char-
tres , 1790 , in-12.
BALTHAZAR , dernier roi des Babylo-
niens , fils d'Evilmérodach , et petit-fils de
Nabuchodonosor , selon la plus commune
et la plus vraisemblable des opinions,
quoiqu'il soit nommé par Daniel fils de
Nabuchodonosor , car on sait que l'usage
de l'Ecriture est souvent de donner le
nom de fils aux petits -fils. S'étant servi
pour boire , lui et ses convives , des vases
d'or et d'argent que son aïeul avait enle-
vés du temple de Jérusalem, dans un
festin qu'il donnait à ses femmes, à ses
concubines , et aux seigneurs de sa cour,
il vit une main qui traçait sur les mu-
railles de la salle ces trois mots : Mané,
Thécel, Pharez. Balthazar, à cet aspect,
fut saisi d'un grand trouble , et fit venir
tous les devins et les sages de Babylone
pour lui expliquer ce qui venait d'être
écrit sur la muraille ; mais les mages
n'ayant pu le lui expliquer, le roi eut
recours à Daniel, et lui promit la troi-
sième place dans son royaume; Daniel
refusa les présens , et promit néanmoins
d'expliquer ces énigmes. Il dit au prince
qu'elles signifiaient que ses jours étaient
écoulés; que ses actions venaient d'être
pesées; et que son royaume serait divisé
et deviendrait la proie des Mèdes et des
Perses. Balthazar fut tué la même nuit,
et Darius le Mède mis sur son trône,
l'an 558 avant J.-C.
BALTHAZAR ( Christophe ) , avocat
du roi au présidial d'Auxerre, se fit cal-
viniste à Charenton , et mourut vers 1670.
Nous avons de lui le Panégyrique de
Fouquet en latin , 1655 , in-4" , et d'autres
ouvrages. Son style est élégant et pur. Il
BAL 41 BAL
avait composé plusieurs dissertations con- j Scipion , MÉ AD , SPÉ. Faits remarquables
Ire Baronius ; mais on ne sait ce qu'elles
sont devenues.
IJALTIIAZYR CORDERIUS. Voyez
CORDER.
BALTIIAZAR. Voyez MAGES.
BALTIïYZARINI, surnommé Beau-
joyeux , célèbre musicien italien , vivait
sous le règne de Henri III , roi de France,
règne de la frivolité et de la mollesse. Le
maréchal de Brissac envoya ce musicien
au roi, avec toute la bande, de violons
dont il était le chef. La reine lui donna
la charge de son valet-de -chambre, et
Henri, à son exemple, lui accorda le
même emploi dans sa maison. Balthaza-
rini fit les délices d'une cour dissipée et
corrompue , tant par son habileté à jouer
du violon , que par ses inventions de
ballet , de musique , de festins et de re-
présentations. Ce fut lui qui composa, en
1581, le ballet des noces du duc de
Joyeuse avec M1Je de Waudemont, sœur
de la reine ; ballet qui fut représenté avec
une pompe extraordinaire. On l'a impri-
mé sous le litre de Ballet comique de la
reine, fait aux noces de M. le duc de
Joyeuse et de Mlle de Vaudemont.
BALTUS ( Jean-François ) , né à Metz
en 1667, entra chez les jésuites. Cette
société l'estima et l'employa. Il mourut
bibliothécaire de Rheims en 1743. On a
de lui plusieurs ouvrages : | La réponse
à l'Histoire des Oracles de Fontenelle,
Strasbourg, 1707 et 1708, in-8°. Il parait
que le jésuite a profité de la réfutation de
Van-Dale par Maebius ; mais sa Réponse
n'en est pas moins victorieuse. Fonte-
nelle prit le parti du silence, regardant
son ouvrage comme une production de
sa jeunesse, qu'il convenait d'oublier, et
que le P. Baltus avait foudroyée ; il dit
même assez plaisamment que le diable
avait gagné sa cause ( Voyez FONTE-
NELLE).Du reste, il est constant que cette
querelle n'intéresse point le christianis-
me , mais bien la vérité de l'histoire ; on
peut même dire en général que le fonde-
ment de toutes les histoires se trouve
ébranlé, si les preuves de fait, les témoi-
gnages multipliés des auteurs contempo-
rains, sages, instruits, judicieux, et à
tous égards respectables, pouvaient être
anéantis par les spéculations modernes.
Le P. Baltus a donné une suite à cette
Réponse, où il donne à ses preuves plus
de développement et de force. Quant à la
possibilité de ces oracles, Voyez DELRIO,
Thomas BROWN, DE HAEN, MAFFEI
a Part, saint BABYLAS. | Défense des
SS. PP. accusés de platonisme, 1711,
in-4"; livre savant. La Religion chré-
tienne prouvée par l'accomplissement des
prophéties, 1728, in-4°; traité moins par-
lait que celui de M. de Pompignan, ar-
chevêque de Vienne, sur la même ma-
tière , mais qui est plus original , et qu'on
peut regarder comme la matière et la
préparation de l'autre, etc. | Défense
des prophéties de la religion chrétienne,
1737 J 3 vol. in-12. Les deux premiers sont
contre Hugues Grotius , le 3e contre Ri-
chard Simon. | Jugement des saints Pères
sur la morale de la philosophie païenne,
Strasbourg, 1719, in-8°. J Les Actes de
saint Barlaam , traduits du grec en fran-
çais avec des remarques.
BALUE ( Jean la ) , était d'une famille
très obscure. Son père était tailleur, sui-
vant les uns, cordonnier, selon d'autres.
La plus commune opinion le fait naitre
au bourg d'Angle , en Poitou, dans l'année
1421. C'était un homme qui, à un es-
prit délié et artjficieux , joignait la har-
diesse et l'effronterie qu'il faut pour l'in-
trigue. Il fut attaché d'abord à Jean Ju-
vénal des Ursins, évêque de Poitiers; il
devint ensuite grand-vicaire de l'évêque
d'Angers. Jean de Melun , favori de Louis
XI , le présenta au roi , qui lui donna la
place d'aumônier , la charge d'intendant
des finances, et ensuite l'évêché d'E-
vreux en 1465. Deux ans api es, il fut trans-
féré au siège d'Angers, après avoir fait
déposer Jean de Beauveau, son bien-
faiteur. Le pape Paul II , qui ne connais-
sait pas encore ses mauvaises qualités ,
l'honora de la pourpre la même année ,
pour le récompenser de ce qu'il avait fait
abolir la Pragmatique-Sanction, que les
parlemens et les universités conspiraient
à conserver. Le crédit qu'il avait sur l'es-
prit de Louis XI, était extrême. Balue se
mêlait de tout ; des affaires de l'église ,
de l'état, de la guerre , excepté de celles
de son diocèse. On le voyait, en camaii
et en rochet, à la tète des troupes, les
faire défiler devant lui. C'est dans une
de ces occasions que le comte de Dam-
martin dit à Louis XI de lui permettre
d'aller à Evreux faire l'examen des ec-
clésiastiques, et leur donner les ordres :
Car voilà, ajouta-t-il, l'évêque qui pas-
satit en revue les gens de guerre , semble
m' autoriser à aller faire des prêtres.
Quoique ce bon mot couvrit de ridicule
le prélat , il ne diminua point la faveur
BAL
42
BAL
qu'il avait auprès de son maître. Balue
n'en fut pas plus reconnaissant : cet
homme, né dans la boue, concerta di-
verses intrigues avec les ducs de Bourgo-
gne et de Berri , contre le prince qui l'en
avait tiré. Quelques-unes de ses lettres
furent interceptées , et il fut mis en pri-
son. Louis XI dépêcha deux avocats à
Rome , pour demander des commissaires
qui lui fissent son procès en France ; mais
le pape répondit, qu'un cardinal ne pou-
vait être jugé qu'en plein consistoire. La
justice de Louis XI était devenue plus
que suspecte à toute l'Europe. Après
onze ans de prison , Balue obtint sa liberté
en 1480 , à la sollicitation du cardinal de
la Rovère , légat du pape. Il alla intriguer
à Rome, et acquit des honneurs et des
biens qu'il ne méritait pas. Sixte IV l'en-
voya légat à latere en France , l'an 1484 ;
et Balue y fut mieux reçu qu'on ne l'eût
cru ; il paraît que le gros de la nation , et
même le roi Charles VIII , ne le croyaient
pas fort coupable. Ce légat , de retour à
Rome , fut fait évêque d'Albano , puis de
Paleslrine , par le pape Innocent VIII. Il
mourut à Ancône en 1491.
BALUZE ( Etienne ) , né à Tulle en
1631 , fit imprimer , à l'âge de 22 ans , une
Critique de la Gaïlia Purpurata de Fri-
zon. Il fut invité en 1565 de venir à Paris,
par de Marca , archevêque de Toulouse ,
digne d'être le protecteur de ce savant.
Après la mort de cet illustre prélat , Col-
bert le fit son bibliothécaire. C'est à ses
soins que la bibliothèque de ce ministre
dut une partie de ses richesses. En 1670 ,
le roi érigea , en sa faveur , une chaire de
droit canon au collège royal. Il fut ensuite
inspecteur du même collège, et obtint
une pension. L'histoire généalogique de
la maison d'Auvergne* faite à la prière
du cardinal de Bouillon , l'enveloppa dans
la disgrâce de ce prélat, et lui fit perdre
ses place \ et ses pensions. Il fut exilé suc-
cessivement à Rouen , à Tours et à Or-
léans; et il ne put obtenir son rappel,
qu'après la paix d'Utrecht. Il mourut à
Paris en 1718, à 87 ans. Les gens de lettres
regrettèrent en lui un savant profond, et
ses amis un homme doux et bienfaisant.
Il ne ressemblait point à ces érudits
avares de leurs lumières : il communi-
quait volontiers les siennes , et aidait ceux
qui s'adressaient à lui , de ses conseils et
de sa plume. Il était né avec la facilité
d'esprit et la mémoire qu'il fallait pour
«on travail. Peu de savans ont eu une
connaissance plus étendue des manuscrits
et des livres. Nous avons de lui un grand
nombre d'éditions. Les plus importantes
sont celles | du livre de son bienfai-
teur de Marca , De concordia Sacerdolii
et Imperii, 1704 , in-folio, avec la vie do
l'auteur, un supplément et des notes, où
l'on retrouve toute l'érudition de ce pré-
lat ; mais on lui reproche avec raison de
n'avoir pas eu égard aux volontés de
celui-ci , qui en mourant lui avait recom-
mandé divers changemens à faire dans
son ouvrage ( V. MARCA ). | Des Capi-
tulaires des Rois de France* rangés dans
leur ordre , qu'il a augmentés des Collec-
tions d'Ansegise et de Benoît, diacre,
avec de savantes notes , 2 vol. in-folio , à
Paris, en 1677. | Des Lettres du pape
Innocent III* en 2 vol. in-folio, 1682.
| De l'ouvrage de Marca intitulé : Marca
Hispanica; c'est-à-dire , la Marche ou les
limites de l'Espagne, 1688, in -fol. | Des
Vies des Papes d'Avignon* depuis 1305
jusqu'en 1376 , 2 vol. in-4° , 1693 , mises à
Y Index par un décret du 22 décembre
1700. Cette censure n'empêche pas que
Baluze ne soit en général fort respectueux
envers le saint Siège. | Des Vies de Sal-
vien* de Vincent de Lérins* de Loup de
Ferrière *d 'Agobard * d'Amolon* de Lei-
drade, d'un Traité de Flore diacre; de
quatorze Homélies de saint Césaire d'Ar-
les ; des Conciles de la Gaule Narbonaise
de Reginon ; de la Correction de Gratien*
par Antoine Agostino ; de Marias Mer-
cator* etc. ; | sept vol. in-8° de Mélanges*
1678 à 1710 ; | un Supplément aux Conciles
du père Labbe , etc. , 1683 , in - fol. ;
| Historia Tutelensis, 1717, 2 vol. in-
4°. Le latin des notes et des préfaces qui
accompagnent ces ouvrages est assez pur ;
on y reconnaît partout un homme qui
possède l'histoire ecclésiastique et pro-
fane , le droit canon ancien et moderne ,
et les Pères de tous les siècles.
BALZAC ( Jean-Louis GUEZ, seigneur
de ) , naquit à Angoulème en 1594 , d'un
gentilhomme languedocien. Il s'attacha
d'abord au duc d'Epernon , et ensuite au
cardinal de la Valette, qui le fit son agent
à Rome, où il resta pendant près de 2
ans. A son retour en France, son protec-
teur le produisit à la cour. L'évêque de
Luçon , depuis cardinal de Richelieu, le
goûta beaucoup. Dès qu'il fut ministre,
il lui donna une pension de 2000 liv. et
le brevet de conseiller d'état et d'historio-
graphe du roi , que Balzac , ami de l'anti-
thèse, app lait de magnifiques bagatelles.
En 1624 , on vit paraître le premier re-
BAL
43
BAN
nueil de ses lettres. Le public , qui dans
ce temps-là avait peu de bons livres , fît
un accueil extraordinaire à cette produc-
tion. Balzac était mis au-dessus de tous
les écrivains anciens et modernes pour
l'éloquence. Il eut une foule d'admira-
teurs , et s'il parut des critiques , ce ne
fut qu'après que le premier enthousias-
me fut passé. Un jeune feuillant , appelé
don André de Saint -Denys, compara,
dans une brochure contre Balzac , l'élo-
quence de cet écrivain à celle des auteurs
du temps passé et du temps présent , et
le mit au-dessous des uns et des autres.
L'abbé Ogier défendit Balzac contre le
jeune critique. Le général des feuillans,
nommé Goulu , plaida pour son confrère
contre Ogier et contre Balzac , dans deux
gros volumes de lettres écrites sous le
nom de Philarque. De la critique du style,
on passa à celle des mœurs , et Balzac ,
pour des lettres qui n'avaient d'autre vice
que l'enflure et l'inutilité, fut attaqué
comme si ses livres avaient été une école
de libertinage. Le général Goulu, en cri-
tiquant les écrits , ne ménagea pas assez
la personne ( Voyez GOULU ). Balzac,
lassé d'essuyer des censures à Paris , se
retira en province. 11 se fixa à sa terre de
Balzac , sur les bords de la Charente , aux
environs d'Angoulème , et y mourut en
1655, dans l'exercice des vertus chré-
tiennes. Il voulut être enterré parmi les
pauvres de l'hôpital d'Angoulème , auquel
il avait laissé 12 , 000 liv. Il fonda par son
testament un prix à l'académie française,
dont il était membre. C'est cette médaille
d'or qu'on distribue tous les ans; elle
représente d'un côté saint Louis, et de
l'autre une couronne de laurier , avec ce
mot , à l'immortalité , qui est la devise de
l'académie. On fit en 1665 un recueil de
tous les ouvrages dje Balzac, en 2 vol.
in-fol. , avec une savante préface de l'abbé
de Cassagne , son admirateur et son ami.
On trouve dans te recueil: | ses Lettres:
Balzac se donnait beaucoup de peine pour
écrire des riens ( Voyez VOITURE ) : il
composait ses lettres comme on compose
un discours d'apparat. On peut, en imi-
tant un bon mot de leur auteur , les ap-
peler de pompeuses bagatelles ; \ Le
Prince ; \ Le Socrate chrétien ; | L' ' A-
ristippej ouvrage de morale et de poli-
tique, écrit assez purement ; | Trois
livres de vers latins, qui valent mieux
que ses ouvrages français. Son Christ vic-
torieux et son Amynte sont encore lus
par ceux qui aiment la bonne poésie. Le
style de Balzac est en général plein , non>
breux , arrondi ; il y a même des pensées
heureuses : mais on y trouve encore plus
souvent des hyperboles , des pointes , et
tout ce que l'on appelle l'écume du bel
esprit. « Balzac , dit un critique , a enri-
» chi la langue , il l'a ennoblie , il l'a sub-
» juguée ; mais la recherche déplacée de
» son style le rend boursoufflé ; la magni-
» licence de l'expression le rend forcé et
» gigantesque ; la délicatesse des tours le
» rend affecté ; l'usage immodéré des fi-
» gures le rend ridicule ; enfin son af fec-
» tation continue d'élégance , et de no-
» blesse , dans les choses qui en exigent le
» moins , le rend souvent absurde et pé-
» nible à la lecture. Ce défaut de goût l'a
» fait tomber dans une espèce de mépris,
» qu'on a poussé toutefois un peu trop
» loin. On doit lire avec plaisir quelques-
» unes de ses lettres , plusieurs de ses
» traités, et surtout son Aristippe. Les
» réflexions excellentes répandues dans
» ce dernier ouvrage , les sages préceptes
» de morale et de politique , les exemples
» bien choisis y peuvent faire oublier les
» fautes du style , et fournir des instruc-
» tions à ceux qui voudront instruire les
» autres. » M. Campenon a donné en 1806
un Choix des lettres de Balzac , de Voi-
ture, de Boursault, en 2 vol. in- 12.
M. Marsan a publié en 1807 les Pensées
de Balzac en 1 vol. in-12 , devenu rare ,
avec des observations critiques sur cet
écrivain.
BALZAC d'Entragues. Voy. VERNEUIL
BALZAMON. Voyez BALSAMON.
* BALZE , avocat et homme de lettres ,
né à Avignon en 1755 , et mort dans celte
ville en 1792 , est auteur d'un recueil de
Contes., d'Odes et d'une tragédie de Co~
riolanj Avignon, 1775, in-8°, où l'on trouve
des pensées brillantes et un grand en-
thousiasme poétique , mais trop de mau-
vais goût et d'enflure de style. Il se dis-
posait à donner une édition de ses œuvres
lorsque la mort le surprit.
BAMBA , ou plutôt WAMBA , roi des
Visigoths, en Espagne, l'an 672. C'est le
premier, dit-on, qui ait été sacré dans ce
royaume. Il joignit une grande valeur à
beaucoup de modestie , et à un grand at-
tachement à la foi catholique. Affaibli par
un poison lent qu'on lui avait donné, il
abdiqua la couronne , désigna Ervige pour
son successeur , et mourut en 685 , dans
un monastère où il s'était relire.
BAMBOCHE. Voyez LAEB.
BANAYAS, capitaine des gardes de
BAN
A4
BAN
David , et l'un des plus braves de son ar-
mée, tua plusieurs lions, et combattit,
n'ayant qu'un bâton, un Egyptien dune
stature prodigieuse , et bien armé ; il lui
arracha sa hache , et en fit l'instrument
de sa mort. Il fut un de ceux qui mirent
Salomon en possession du royaume d'Is-
raël. Il tua Adonias, et coupa la tête à
Joab par ordre de ce prince , vers l'an
1014 avant Jésus-Christ.
* BANCAL DES ISSARTS (Henri),
député à la Convention nationale, notaire
à Clermont-Ferrand , puis à Paris , em-
brassa la cause de la révolution avec en-
thousiasme , fut revêtu de diverses fonc-
tions publiques, et enfin nommé député par
son département en 1792. Le 10 janvier
1793 , il eut le courage de chercher à dé-
tourner la Convention du projet de juger
Louis XVI, en exposant les malheurs
dans lesquels cette mesure allait entraîner
la France. N'ayant pu y réussir, il vota
pour l'appel au peuple , la détention et le
bannissement jusqu'à la paix , en disant :
« Louis Capet est un otage dont la con-
» servation jusqu'à la fin de la guerre
» tend à épargner le sang français ; je
n vote sa détention comme otage , sous la
» condition de répondre sur sa tête de
» l'invasion du territoire français par
» l'ennemi. » Dans le mois de février sui-
vant , il demanda l'expulsion de Marat de
l'assemblée, en alléguant qu'il était en
état de démence, et proposant de le faire
enfermer dans une maison de santé jus-
qu'à ce que son état mental fût amélioré.
Peu après il combattit la mesure impoli-
tique de choisir les ministres parmi les
membres de l'assemblée, et il s'opposa de
toutes ses forces à la création du comité
de salut public , demandant au moins que
ses attributions se bornassent à surveiller
les opérations du conseil exécutif, et que
ses membres fussent changés tous les
quinze jours. Une opposition si généreuse
aux empiélemens de l'autorité tyrannique
qui commençait à peser sur la France
aurait infailliblement perdu Bancal , s'il
n'eût été compris au nombre des commis-
saires envoyés à l'armée avec le ministre
de la guerre Beurnonville, pour notifier
à Dumouriez l'ordre de venir rendre
compte de sa conduite à la barre de l'as-
semblée. On sait que ce général le fit ar-
rêter et conduire en Autriche avec ses
collègues. Ils y restèrent prisonniers jus-
qu'en décembre 1795, époque oùils furent
échangés contre la tille de Louis XVI, au-
jourd'hui madame la dauphine. Alors
Bancal entra au conseil des Cinq-cents ,
et peu de temps après il en fut élu secré-
taire. Le rapport qu'il fit de sa captivité
fut imprimé et traduit dans toutes les
langues par ordre de l'assemblée. Son
entrée dans cette assemblée ( 1796 ) avait
été un triomphe. Il parut rarement à la
tribune dans cette nouvelle session ; ce-
pendant , le 10 janvier 1797 , il sollicita
l'abolition de la loi qui autorisait le di-
vorce pour cause d'incompatibilité d'hu-
meur, et deux ans après il demanda,
mais sans succès, une loi contre les théâ-
tres et les maisons de jeu et de débauche.
Toutes les fois qu'il monta à la tribune ,
ce fut pour plaider avec enthousiasme la
cause des idées religieuses, qui étaient
devenues l'objet exclusif de ses médita-
tions. Il sortit du corps législatif dans le
mois de mai , et il se retira à Clermont
pour y consacrer le reste de ses jours à
l'étude des lettres. Il publia un ouvrage
intitulé : Du nouvel ordre social fondé
sur la religion * dont il fit hommage aux
deux conseils. Il est mort en juin 1826 dans
de grands sentimens de piété.
BANCHI ( Séraphin ) , dominicain de
Florence , et docteur en théologie , vint
en France, d'abord pour faire ses études ;
il y revint ensuite pour instruire Ferdi-
nand Ier, grand duc de Toscane , de tous
les troubles funestes qui désolaient alors
la France. Banchi étant à Lyon en 1595,
Pierre Barrière, jeune homme de 27 ans,
fanatique et. imbécile, lui communiqua le
dessein qu'il avait d'assassiner Henri IV.
Ce dominicain en donna avis à Branca-
léon, gentilhomme de la reine douairière,
qui ayant été trouver le roi à Melun,
rencontra Barrière, prêt à commettre son
parricide. Le roi récompensa le zèle du
dominicain, en le nommant à l'évêché
d'Angoulème : mais iljs'en démit en 1608,
pour vivre en simple religieux dans le
couvent de Saint-Jacques de Paris , où il
mourut en 1622. On a de lui quelques
ouvrages , dans lesquels il ,se justifie d'a-
voir abusé de la confession de Pierre
Barrière, qui ne s'était pas confessé.
| Histoire prodigieuse du parricide de
Barrière, 1594 , in-8° , 40 pag. ; | Apologie
contre les jugemens téméraires de ceux
qui ont pensé conserver la religion ca-
tholique , en faisant assassiner les très
chrétiens rois de France , Paris , 1596 , in-
8°; | Le Rosaire spirituel de la sacrée
Vierge Marie, etc. Paris, 1610, in-12.
BWCK ou BUNCKINS ( Laurent ) ,
protestant suédois , professeur de droit à
BAW
45
BATV
Norkoping, sa patrie, mourut en 1662. Il
a laissé plusieurs ouvrages de jurispru-
dence. Le plus connu est | Taxa cancella-
riœ romanœ, Franeker, 1652 , in-8°. On
a aussi de lui | un Traité de la Tyrannie
dupape, 1669, ouvrage dicté par un esprit
nourri de préjugés. On a encore de lui :
| Commentant de Privilegiis militarium,
jurisconsultorum , mercatorum , mulie-
rum, etc. , 1649-1651 ; | de Duellis, 1658;
( en italien ) | Bizarreries politiques.
BA.ND YRR A. (Gonzalès), pauvre save-
tier portugais , joua dans son pays le rôle
que Nostradamus et maître Adam avaient
joué en France. Il prophétisa, il versifia.
Le saint Office, peu favorable à cette dou-
ble manie , qui faisait dire quelquefois à
Bandarra des choses fort étranges, le fit
paraître dans un auto-da-fê, avec un san-
benito, en 1541, et le renvoya libre. Il
mourut en 1556 , quelques-uns disent en
1560. On ne parlait plus de Bandarra en
1640 , lorsque le duc de Bragance monta
sur le trône ; mais les politiques s'étant
imaginé que cette révolution avait été
annoncée dans ses prophéties , les firent
revivre. On les a imprimées à Nantes., en
1644, sous le titre de Trovas do Ban-
darra. Bandarra vécut sous les règnes
d'Emmanuel III, Jean III et Sébastien.
Quand les Espagnols occupèrent le Por-
tugal , il s'y forma une espèce de secte
appelée des Sébastianides , dont le livre
sacré était le recueil de chansons de Ban-
darra. Ils prétendirent y trouver à la fois
la prophétie de l'occupation des Espagnols
et celle du rétablissement de la maison
de Bragance.
BANDELLO ou BANDELLI (Vincent),
général de l'ordre de Saint-Dominique en
1501, mourut en 1506, âgé de 70 ans,
après avoir composé quelques ouvrages ,
entre autres : | De conceptione Jesu-
Christi; Bologne, 1481 , in-4°, fort rare,
réimprimé depuis, in-12; | De veritate
conceptionis beatœ Maria; , Milan, 1475,
in-4°. Dans l'un et dans l'autre , Bandello
attaque la Conception immaculée de la
sainte Vierge.
BANDELLO (Matthieu ) , dominicain,
neveu du précédent, est auteur d'un
Recueil de nouvelles > qui montrent qu'il
n'avait point l'esprit de son état, ni le
goût des mœurs chrétiennes. Il naquit à
Castelnovo , dans le Milanais , vers la fin
du 15e siècle. Lorsqu'après la bataille de
Pavie , en 1525 , les Espagnols se ren-
dirent maures de Milan , les biens de sa
famille , dévouée à la France , furent
conLsqués , et sa maison paternelle brû-
lée. Contraint de prendre la fuite sous un
habit déguisé, il erra quelque temps de
ville en ville. Il s'attacha enfin à César
Frégose , qu'il suivit en France , et qui
lui donna un asile dans une terre qu'il
avait près d'Agen. L'évèché de cette ville
étant venu à vaquer en 1555 , il y fut
nommé par Henri II , en considération
des services de la famille Frégose. Ban-
dello, nourri des fruits peu substantiels
des poètes anciens et modernes , s'appli-
qua beaucoup plus à faire d'inutiles écrits
qu'au gouvernement de son diocèse. On
ignore la date précise de sa mort ; mais
il est certain qu'il occupa le siège d'Agen
pendant plusieurs années, et non pendant
quelques mois , comme Ta écrit Joseph
Scaliger. La meilleure édition des Nou-
velles de Bandello est celle de Lucques ,
1554 , en 5 vol. in-4°, auxquelles il faut
joindre un 4e tome , imprimé à Lyon en
1573 , in-8°. Boisteau et Belleforest en ont
traduit une partie en français, Lyon , 1616
et suiv. 7 vol. in-16. Quelques-uns ont
prétendu que ces Nouvelles n'étaient
point de lui. On voudrait bien adopter
cette opinion, pour sauver l'honneur
d'un religieux et d'un évêque ; mais elle
n'est guère vraisemblable. On a encore
de lui un recueil de poésies intitulé :
Canii XI conposti dal Bandello, délie
lodi délia Signora Lucrezia Gonzaga*
etc. imprimé à Agen en 1515 , in-8°, qui
est excessivement rare.
* BANDIERA ( Alexandre ) , d'abord
jésuite et ensuite frère servite, né a
Sienne en 1699, se livra à la carrière de
l'enseignement public, et publia plusieurs
Traductions italiennes d'auteurs latins
avec des notes grammaticales très utiles
à la jeunesse italienne pour l'étude de sa
propre langue et celle du latin ; Corné-
lius Nepos, le Traité des offices et les
Epîtres de Cicér on , etc. ; des Dialogues
sur l'Histoire sainte, dans la forme du
Décaméron de Boccace, dont il donna
également une édition purgée de tout ce
qui est contraire aux bonnes mœurs, etc.
— Son frère François, jurisconsulte,
composa sur le droit un ouvrage enrichi
de notes historiques et critiques. — Son
autre frère , Jean-Nicolas , oratorien ,
écrivit j de Augustino Dato libri% Rome,
1733, in-4°; | Trattato degli studj délie
Donne, où il prétend prouver que les
femmes peuvent devenir savantes dans
toutes les parties des connaissances hu-
maines.
BAN
46
BAN
BANDINLiLLI ( le chcv. Baccio ), né à
Florence , en 1487 , y mourut en 1559. Il
sedistingua dans la sculpture, dans la pein-
ture et dans le dessin. Ses tableaux man-
quaient de coloris, quoique les dessins
fussent presque dignes de Michel-Ange.
Son ciseau valait mieux que son pinceau.
On admire surtout sa copie du fameux
Laocoon , qu'on voit dans le jardin de
Médicis à Florence.
* BANDINI ( Ange-Marie ) , antiquaire
et philologue, naquit à Florence en 1726 ,
et mourut en 1800 dans la même ville.
Il fit ses études chez les jésuites, et guidé
par le célèbre antiquaire Jean Lami , il
abandonna la poésie dans laquelle il s'était
exercé jusque-là , pour se livrer exclusi-
vement à l'histoire littéraire. Bandini,
nommé secrétaire del'évêquede Volterra,
le suivit à Vienne, où il obtint de l'em-
pereur l'autorisation de lui dédier son
Spécimen litteraturœ Florentines seculi
XV, qui s'imprimait à Florence. De re-
tour en Italie , il se rendit à Borne et y
embrassa l'état ecclésiastique. Il put alors
plus que jamais se livrer à ses études
chéries; Bandini devint garde de la su-
perbe bibliothèque léguée au public par
François et Alexandre Marucelli , et suc-
céda , en 1756 , au savant Biscioni dans la
place de bibliothécaire en chef de la bi-
bliothèque Mediceo-Laurentienne de Flo-
rence, qu'il conserva jusqu'à sa mort.
Outre l'histoire de la littérature Floren-
tine , il a encore publié soit en latin soit
en italien les éloges (VAméric Vespuce ,
de Philippe Strozzi, et de Nicolas Prato;
des Catalogues estimés et des Disserta-
tions parmi lesquelles on distingue celle
qui a pour titre : De obelisco Augusti
Cœsaris, è Campi Marlii ruderibus nu-
pereruto, 1750, in-fol. ; cet ouvrage fut
composé par ordre de Benoit XIV , à l'oc-
casion de la découverte récemment faite
dans les ruines du Champ-de-Mars , de
l'obélisque d'Auguste , qui servait autre-
fois de gnomon pour les opérations astro-
nomiques. L'auteur a joint à cette Disser-
tation les opinions des plus savans astro-
nomes de l'Europe sur la manière dont
les Bomains en faisaient usage.
BANDINUS , un des plus anciens théo-
logiens scolastiques. Ses ouvrages ont été
imprimés à Vienne en 1519, in-fol. ; àLou-
vain, en 1555 et 1557, in-8°. La confor-
mité de Bandinus avec Pierre Lombard
a fait agiter la question : Si Lombard était
plagiaire de Bandinus, ou si celui-ci avait
copié l'autre; un manuscrit du 15e siècle,
conservé dans l'abbaye d'Ober-Allaich , a
résolu cette question en faveur de tous
les deux. Bandinus n'a prétendu qu'abré-
ger l'ouvrage de Lombard , et ne doit pas
être considéré comme plagiaire. Il porte
en titre : Abbrevialio magistri Bandini
de libro Sacramentprum magistri Pétri
Parisiensis episcopi 3 fideliter acta. Il se
trouve cependant encore des critiques
persuadés que Bandinus est antérieur à
Pierre Lombard.
BANDURI ( D. Anselme ) , bénédictin
de la congrégation de Méléda , naquit à
Raguse en Dalmatie , l'an 1670. Il vint en
France en 1702 , pour y puiser le goût de
la bonne critique. Le grand duc de Tos-
cane , qui avait dessein de le mettre à la
tête de l'université de Pise , lui fournit
tout ce qui lui était nécessaire. L'acadé-
mie des inscriptions l'agrégea en 1715 , et
le duc d'Orléans le choisit en 1724 pour
son bibliothécaire. Il quitta pour lors
l'abbaye de Saint-Germain-des-Près , où
il avait logé depuis son arrivée en France
Il mourut en 1745 , âgé de 72 ans. On a
de lui : | Imperium Orientale, sive An-
liquitales Constantinopolitanœ , 1711, 2
vol. in-folio, avec fig. : ouvrage savant
et vainement attaqué par l'apostat Casimir
Oudin. Banduri lui a répondu d'une ma-
nière à le couvrir de confusion , dans la
préface de l'ouvrage suivant : | Numismata
Imperatorum Romanorum, à Trajano
Decio ad Paleologos Augustos. Cette col-
lection , imprimée en 1718, in-fol., 2 vol.
et enrichie d'une bibliothèque numisma-
tique, reparut à Hambourg en 1719 , in-4°
par les soins de Jean Albert Fabricius ,
avec des dissertations de plusieurs savans
sur les médailles. Banduri mérite d'être
distingué de la foule des compilateurs.
Voyez BARRE ( Louis-François ).
* BANGIUS, ou BANG (Pierre), théo-
logien suédois , né à Helsinburg , en 1635,
d'abord professeur de théologie à l'univer
site d'Abo , et ensuite évéque de Wiborg,
mort en 1696. Pendant qu'il professait la
théologie, il fit soutenir des thèses qui
l'engagèrent dans une querelle très ani-
mée avec Millopœus., professeur de phi-
losophie, et qui occasionèrent un schisme
dans l'université d'Abo. On a de Bangius
plusieurs ouvrages en latin , parmi les-
quels on doit observer son Commentaire
sur l'Epître aux Hébreux, et son Histoire
ecclésiastique. Ce dernier ouvrage, qui
parut en 1675 , contient plusieurs idées
singulières. On y lit entre autres, qu'A-
dam demeura quelque temps en Suède ,
BA1V
47
BAN
it le premier évêque de ce pays. — Il
y a eu en Danemarck quelques sa vans du
nom de BANG, qui ont écrit sur les langues
et sur la théologie.
BANIER. Voyez BANNIER.
BAMER ( Antoine ) , né à Dalet près
de Clermont en Auvergne , l'an 1607 , de
parens honnêtes , vint à Paris de bonne
heure. Il se chargea d'une éducation.
Ses talens lui procurèrent des ressources
honorables. L'abbé Banier mourut à Paris
en 1741 , âgé de 69 ans. Constant dans le
travail, et fidèle aux devoirs de l'amitié,
il mérita l'estime des savans et des gens
de bien. On a de lui plusieurs ouvrages ;
| l 'Explication historique des Fables ,
2 vol. in-12, qui lui méritèrent en 1714
une place à l'académie des inscriptions.
Il refondit cet ouvrage et le donna sous
ce titre : la Mythologie et les Fables ,
expliquées par l'Histoire , 5 vol. in-4° ,
1740 , et 8 vol. in-12. Il y a peu de livres ,
sur cette matière , qui offrent autant d'é-
rudition, de recherches, d'idées neuves
et ingénieuses. | La Traduction des Mé-
tamorphoses d'Ovide, 3 vol. in-12 assez
exacte, mais froide et sèche, avec des
remarques et des explications historiques,
dans lesquelles on trouve le même fonds
d'érudition que dans l'ouvrage précédent.
Il y en a une magnifique édition en latin
et en français , 1752 , in-fol. avec les figu-
res de Picart. Elle a été effacée par celle
de Paris , 1767 , en 4 vol. in-4°, figures.
| Plusieurs dissertations dans les Mémoi-
res de l'académie des inscriptions. | Une
nouvelle édition des Mélanges d'histoire
et de littérature de V igneul-Mar ville ,
augmentés du tiers. | Il a eu part à la
nouvelle édition de l'Histoire générale
des cérémonies des peuples du monde ,
1741 , en 7 vol. in-fol. etc. Voyez PI-
CARD.
* BANISTER ( Jean ) , missionnaire
de l'église anglicane et botaniste voya-
geur , qui a vécu sur la fin du 17e siècle ,
séjourna quelque temps aux Indes orien-
tales ; de là il passa dans la Virginie , d'où
il envoya , en 1680 , un catalogue de plan-
tes à Rai, qui les fit connaître. Il fit aussi
passer plusieurs Lettres et Mémoires au
docteur Lister, à Petiver, à la société
royale de Londres , et elles furent insé-
rées dans les Transactions philosophi-
ques,\o\. 17, N°. 198, et vol. 22, N. 270.
Petiver a publié le catalogue des plantes
de l'herbier de la Virginie , de Banister.
Ce sont les seuls ouvrages qu'il ait laissés.
Ayant voulu gravir un rocher pour y
cueillir une plante , il tomba, et fut brisé
dans sa chute. Son herbier passa dans la
collection d'Hans-Sloane. Houson, autre
botaniste voyageur , et qui ne fut pas
plus heureux que Banister , lui a dédié ,
sous le nom de Banisteria , un genre de
la famille des malpighiacées. Linnée , qui
aimait que le nom d'une plante fit allu-
sion aux habitudes ou au caractère de ce-
lui dont elle porte le nom , a donné à une
espèce celui de scandens ou grimpante ,
pour mieux rappeler les inclinations de
ce botaniste et la catastrophe qui le fit
périr , parce que , comme lui , elle aime
à grimper sur les rochers.
* BANKERT ( Jos. van Troppen ) , né
à Flessingue au 17e siècle, parvint du rang
de simple matelot au grade de vice-ami-
ral. Il se distingua dans un grand nombre
de combats , dont les plus remarquables
sont ceux de Dunkerque, où il soutint
glorieusement avec 4 vaisseaux un com-
bat contre 15 vaisseaux français sortis de
cette ville. Il eut beaucoup de part aux
succès de l'amiral Tromp , et mourut
d'une attaque d'apoplexie en 1645 , au re-
tour de son expédition dans les Indes oc-
cidentales. — BANKERT ( Adrien ) , né à
Flessingue , courut la même carrière que
Joseph avec non moins de distinction,
et devint vice-amiral en 1667; il joignit
avec 5 vaisseaux la flotte de l'amiral Ruy-
ter dans son entreprise de Chatam , se si-
gnala dans trois actions contre les flottes
combinées d'Angleterre et de France , et
mourut en 1684.
* BATVRES ( John ) , né en 1589 à Kes-
wich , dans le Cumberland , fut successi-
vement avocat , procureur général , pré-
sident de la chambre des plaids communs,
et ensuite conseiller privé de Charles Ier.
Il mourut en 1644 à Oxford , laissant la
réputation d'un sujet fidèle et d'un ha-
bile magistrat. On a de lui plusieurs trai-
tés de jurisprudence qui n'ont point été
imprimés.
* BANKS ( John ) , écrivain anglais ,
mort en 1751 , fut successivement tisse'
rand , libraire et relieur , et abandonna
ces professions pour se livrer à la littéra-
ture. Il publia une vie de Jésus-Christ , et
un Examen critique de la vie d'Olivier
Cromwel , qui eut du succès.
* BANKS ( John ) , auteur dramatique
anglais du 17e siècle , donna au théâtre
plusieurs tragédies , entr'autres la Des-
truction de Troie, la Mort de Marie-
Stuarl, les Rois rivaux _, Cyrus le Grand,
le comte d'Essex , etc. de 1677 à 1696.
BAN
48
BATV
• BANKS ( Thomas ), sculpteur anglais,
a mieux réussi dans la correction du dessin
et les figures isolées que dans les grandes
compositions. Ses meilleurs morceaux
sont un Caractacus et une statue de l'A-
mour que Catherine II, impératrice de
Russie acheta en 1781. Banks , très supé-
rieur à Bacon pour les figures isolées, n'a
pas été plus heureux que lui dans ses
grandes compositions.
* BANKS ( sir Joseph ) , président de
la société royale de Londres et correspon-
dant de l'institut de France , né en 1740 ,
à Reresby-Abbey , dans le Lincolnshire ,
s'appliqua de bonne heure à l'étude de
l'histoire naturelle, suivit avec le doc-
teur Solander le célèbre capitaine Cook
dans son premier voyage autour du monde
en 1769 ,70 et 71 , et contribua au succès
de cette grande entreprise. Il fit ensuite
à ses frais un voyage en Islande et aux
Hébrides. L'Angleterre récompensa les
services que ce savant ne cessait de ren-
dre par ses importantes observations et le
sacrifice de sa fortune et de son repos , en
le comblant d'honneurs et de dignités. Il
s'en montra constamment digne par son
noble caractère , ses continuelles décou-
vertes et les précieuses collections dont
il enrichit la science jusqu'à sa mort , ar-
rivée en 1820. On lui doit les dessins et
gravures de la belle édition du premier
voyage de Cook, Londres, 1773. Il mérite
surtout la reconnaissance des naturalistes
et des bibliographes pour son importante
collection de livres d'histoire naturelle,
la plus complète qui existe en Europe, et
dont le catalogue latin a été imprimé à
Londres, de 1796 à 1800, S vol. in-8°. Ses
Mémoires sont insérés dans les Transac-
tions philosophiques et Y Archéologie. On
a aussi de Banks un Essai sur la grotte de
Staffa. Ce fut lui qui restitua à la France
les papiers relatifs aux voyages de La Pey-
rouse et d' Entrecasteaux , tombés entre
les mains des Anglais.
BANNES (Dominique), jacobin espa-
gnol, professeur de théologie à Alcala, à
Valladolid et à Salamanque , mourut à Mé-
dina del Campo en 1604, âgé de 77 ans.
Il fut le confesseur de sainte Thérèse. On
a de lui un long Commentaire en 6 gros
vol. in- fol., sur la Somme de saint Tho-
mas, dont il défendit la doctrine avec
chaleur. Il a aussi commenté Aristote. Il
n'avait pas l'art d'écrire avec précision et
avec goût. C'était un homme très pieux.
On le regarde comme le père de la fa-
meuse Prédétermination physique, sy-
stème fort accrédité chez les dominicains,
pour allier la liberté de l'homme avec la
grâce et la prescience de Dieu.
BANNIER ( Jean-Gustafsoiv ) , capi-
taine suédois, eut le commandement de
l'infanterie sous le roi Gustave. Il fut dé-
fait deux fois par le général Papenheim ;
mais devenu généralissime des armées
suédoises après la mort de son maître , il
vainquit deux fois les Saxons , battit les
Impériaux, et mourut le 10 mai 1641 , âgé
de 40 ans , après avoir fait plusieurs con-
quêtes. Bannier fut le plus illustre des
élèves de Gustave- Adolphe , et celui qui
soutint le mieux après lui la gloire des ar-
mes suédoises en Allemagne. Beauregard,
ministre de France auprès de ce général,
en a recueilli quelques maximes qui peu-
vent être utiles. Bannier parlait souvent,
mais modestement, de ses faits de guerre.
Il aimait surtout à répéter , qu'il n'avait
jamais rien hasardé, ni même formé une
entreprise, sans y être obligé par une
raison évidente. Les volontaires de qua-
lité ne lui étaient point agréables dans ses
armées : « Us veulent trop d'égards et de
» ménagemens. Les exemptions des de-
» voirs de la discipline, qu'ils usurpent ou
» qu'on ne peut se dispenser de leur ac-
» corder, sont d'un pernicieux exemple et
» gâtent tous les autres. » Il avait secoué
toute dépendance de sa cour pour les opé-
rations militaires , et aurait abandonné le
commandement, plutôt que d'en attendre
les ordres. Pourquoi croyez-vous, disait-
il à ses confidens , que Galas et Piccolo-
mini n'ont jamais pu rien faire contre
moi ? C'est qu'ils n'osaient rien entrepren-
dre sans le consentement des ministres
de l'empereur.... C'était un de ses prin-
cipes, que les officiers subalternes de-
vaient succéder à ceux qui les précé-
daient , à moins qu'ils ne s'en fussent ren-
dus tout-à-fait indignes. Outre , disait-il,
que rien n'anime plus à bien faire , les
habitudes que les officiers se font dans
leurs corps , les rendent capables d'y ser-
vir plus utilement que de nouveaux offi-
ciers plus habiles... Jamais il ne souffrait
que ses soldats s'enrichissent. Ils se dé-
banderaient incontinent , disait-il, et je
n'aurais plus que de la canaille. Leur
accorder le pillage des villes, c'est vou-
loir les perdre. C'est pour cette raison
qu'il ne voulut point prendre la capitale
de la Bohême. Son système était le même
avec les officiers , qu'il croyait suffisam-
ment récompensés par les grades et les
distinctions.... Peu de généraux ont été
bah
ay
BAR
plus avares du sang de leurs troupes. Il
blâmait hautement ceux qui les sacri-
fiaient à' leur réputation. Aussi ne s'atta-
chait-il pas volontiers aux sièges, et il les
levait sans répugnance , quand il y trou-
vait de trop grandes difficultés. Sans cette
conduite, sa patrie aurait été bientôt épui-
sée d'hommes... Il estimait beaucoup les
Allemands formés sous sa discipline , et
les croyait les meilleurs soldats du mon-
de... Bannier fut fidèle à ses principes
jusqu'à la mort de sa femme. Elle le sui-
vait dans toutes ses expéditions, et avait
le talent de modérer ses passions , natu-
rellement violentes. Son désespoir fut ex-
trême lorsqu'il la perdit. Cependant , en
conduisant à Erfurt les cendres d'une per-
sonne si chérie , il prit une passion vio-
lente et désordonnée pour une jeune prin-
cesse de Bade , qu'il vit par hasard. Dès
cet instant , la guerre, la gloire, la patrie ,
tout ce qui avait été l'objet de ses vœux ,
lui fut indifférent. Il ne pensa qu'à sa
maîtresse ; il exposa témérairement sa per-
sonne pour aller au château d'Arolt , où
elle était. De retour au camp , il ne fit
autre chose que tenir table pour boire à
la santé de la belle dont il était épris. Le
jour qu'il reçut le consentement du mar-
quis de Bade, son futur beau-père, il
donna une fête magnifique, et fit tirer
200 coups de canon , dont le bruit se fit
entendre jusqu'à Cassel. On y crut si cer-
tainement les armées aux mains , que le
peuple et les ministres coururent à l'é-
glise 6e mettre en prière. Le mariage se
fit. Bannier ne fut plus occupé que de ses
nouvelles amours , et laissa à ses lieute-
nans le soin de conduire les opérations
militaires. Il ne survécut que quelques
mois à des liens trop vifs pour son métier
et son âge.
BAPTISTIN ( Jean-Baptiste STUCK,
dit), musicien, né à Florence, mort vers
4740, a donné trois opéras , savoir : Mé-
léagre* Manto la Fée, Polydore. Sa répu-
tation est principalement fondée sur les
cantates. Celle de Démocrite et Heraclite
est admirable , par sa musique toute pit-
toresque. C'est lui qui le premier a fait
connaître en France le violoncelle, ins-
trument dont il jouait supérieurement.
BARAC, 4e juge des Hébreux, gou-
verna ce peuple avec le secours de Débo-
ra, vainquit Sisara vers l'an 1286 avant
Jésus-Christ, et délivra par là Israël de la
servitude de Jabin, roi des Chananéens.
BARADAT (saint), solitaire du diocèse
de Cyr, dont Théodorct fait mention, vi-
vait dans une espèce de cage, ouverte de
toutes parts, de sorte qu'il était exposé à
toutes les intempéries de l'air : ses vête-
mens étaient faits de peaux de bêtes sau-
vages. La singularité de cette pénitence le
fit soupçonner d'ostentation et d'orgueil ;
mais la promptitude avec laquelle il obéit
au patriarche d'Antioche, qui lui ordon-
nait de quitter sa demeure , prouve qu'il
n'y tenait pas par des motifs humains.
Voyez saint PATRICE , saint SIMÉON
Stylite, saint DOMINIQUE Loricat.
* BARAGUEY D'IIILLIERS (Louis),
général français, né à Paris en 1764, d'une
famille noble, entra au service de bonne
heure , et se trouvait lieutenant au régi-
ment d'Alsace lorsque la révolution éclata.
Il s'en déclara le partisan, et devint capi-
taine en 1792. Il fut successivement aide-
de-camp des généraux Crillon, La Bour-
donnaye et Custine. Ce dernier, qui avait
conçu pour lui la plus haute estime, lui
procura un avancement rapide. Baraguey
fit sous lui la campagne du Palalinat avec le
titre de sous-chef d'état-major-général de
l'armée et de chef de brigade , et il mon-
tra de si grands talens en administration,
qu'il fut proposé pour le ministère de la
guerre. Tout porte à croire qu'il l' aurait
obtenu lorsque le général Custine fut ap-
pelé à Paris pour y rendre compte de sa
conduite. Baraguey d'Hilliers accompa-
gna son protecteur, et le défendit avec
courage , mais il ne put le sauver. Il fut
lui-même arrêté, et ne recouvra sa liberté
qu'après la chute de Robespierre. Il fut
alors employé à l'armée de l'intérieur,
d'où il passa à celle d'Italie avec le grade
de commandant civU et militaire de la
Lombardie. Il s'empara par une ruse de
guerre de Bergame, et fit quatre mille
prisonniers à la seconde bataille de Ri-
voli , avec une seule demi-brigade ; et le
lendemain il se rendit maître , avec cinq
cents hommes du même corps , des batte-
ries de Puisona, le seul point où les Au-
trichiens opposaient encore quelque résis-
tance. Peu de temps après il obtint le
grade de général de division , et ensuite
le titre de colonel-,, énéral des dragons. Il
rendit encore d'importans services dans
la guerre d'Allemagne en 1805 , et plus
tard en Espagne , où il enleva près de Fi-
guières un convoi de 1,200 voitures ; en-
fin il fit la malheureuse campagne de
Russie , et parvint à échapper au désas-
tre de l'armée ; mais il mourut , à son re-
tour , à Berlin , en 1812.
♦ BARAILLO.\ ( Je yx-François ), mé-
5
BAR
50
BAR
decin et juge de paix au Chambon, fut
député à la Convention nationale en J792,
et un des premiers qui accusèrent Robes-
pierre de vouloir dominer l'assemblée.
Dans le procès de Louis XVI , il vota la
détention , non comme juge , mais comme
homme d'état et par mesure de sûreté gé-
nérale. Après le 9 thermidor , Baraillon
s'éleva fortement contre ceux qui avaient
abusé des principes de la liberté, et il
proposa de faire arrêter tous les dilapi-
dateurs des deniers publics. Il réclama
ensuite une amnistie en faveur des prêtres
détenus v et en même temps il présenta
un plan de fête pour célébrer l'anniver-
saire du supplice de Louis XVI. Quelque
temps après il proposa pour sceau de l'é-
tat le bonnet et le niveau. Ayant passé au
conseil des Cinq-cents , et se trouvant ab-
sent à l'époque du 18 fructidor , il écrivit
pour engager ses collègues à frapper les
prêtres fanatiques J les ci-devant nobles
et les agens de Louis XVIII. Le 27 dé-
cembre suivant , il accusa Grégoire de fa-
natiser la France par ses nombreuses cor-
respondances comme évêque. En 1799 ,
Baraillon entra au conseil des Anciens ,
et il parut se détacher de ses premières
idées d'indépendance, surtout lorsqu'il
vit les nouvelles tentatives des jacobins
du Manège. Après la révolution du 18
brumaire à laquelle il prit une part fort
active, ildevintmembre du nouveau corps
législatif, dont il fut nommé président
en 1801 , et il en fit partie jusqu'en 1806.
Lors du retour de Bonaparte en 181a , il
fut chargé de présider le collège électo-
toral du département de la Creuse ; ce-
pendant il ne fit pas partie de la cham-
bre des représentans. Il est auteur de
Recherches sur plusieurs monumens cel-
tiques et romains du centre de la France,
Paris, 1806, in-8°, et d'un Mémoire sur
les ruines et les monumens d'une ancienne
ville appelée aujourd'hui Toull, située
dans le département de la Creuse. Ce mé-
moire se trouve dans le tome 5 du Re-
cueil de l'institut, section de la littérature
et des beaux arts.
BARAHOiXA. Voyez VALDIVIESO.
♦BARANOWSKI, ou BARANOVIUS
( Albert ) , né en Pologne , dans le 16e
siècle , fut nommé évêque de Przemisl par
Sigismond II, auprès duquel il était en
grande faveur , et qu'il accompagna dans
un voyage à Revel. Au retour de ce
voyage , il devint évêque de Wladislas ;
et enfin , dans un âge avancé , il obtint
l'archevêché de Gnêne. Il mourut en 161$,
laissant plusieurs ouvrages, dont les prin-
cipaux sont : | Constitutions sijnodi diœ-
cesanm Uladislaviensis an. 1607 célébra-
fcC Crac. , 1607; | Concilium provinciale
regni Poloniœ an. 1607 celebratum, Crac,
1611; | Synodus diœcesana Gnesnensis
habita, an. 1612, Crac. , 1612. — BARA-
NOWSKI ( Stanislas à Rzeplin ) , gentil-
homme polonais , qui a vécu dans le 17e
siècle, a continué en langue polonaise,
les Insignia, facinoraque prœclara no-
bilitalisPolonicœdeBa.rlh.Papro7..}\xsq\i'k
l'année 1635 ; cette continuation n'existe
qu'en manuscrit.
BARANZANO (Redemptus), religieux
barnabite, né aux environs de Verceil
dans le Piémont, en 1590 , professeur de
philosophie et de mathématiques à An-
neci , vint à Paris où il se distingua comme
philosophe et comme prédicateur. C'est un
des premiers qui eut le courage d'aban-
donner Aristote. Il mourut à Montargis
en 1622. Nous avons de lui : | Campus
philosophicus , in-8° ; | Uranoscopia , seu
universa doctrina de cœlo , 1617, in-foL;
| De novis opinionibus physicis, in-8°.
* BARATIER ( Jean-Philippe ) , enfant
célèbre et génie précoce , né dans le mar-
graviat d'Anspach en 1721 , mort à Halle
en 1740. Dès l'âge de h ans il parlait, dit-
on , le latin , le français et l'allemand ; à 6
ans il possédait le grec , et à 9 l'hébreu ,
dont il donna deux ans après un Diction-
naire des mots les plus difficiles. Il avait
appris les mathématiques et l'astronomie
en moins de 5 mois, et au bout de 15
mois il avait soutenu une thèse sur le
droit public. Ses études ne se bornèrent
pas là; il avait embrassé en même temps
l'architecture , la littérature ancienne et
moderne , les médailles , les inscriptions ,
le déchiffrement des hiéroglyphes, les an-
tiquités grecques , romaines et orientales.
Il donna en 1736 la Notice exacte de la
grande Rible rabbinique * h vol. in-fol.,
et traduisit de l'hébreu l'Itinéraire de
Benjamin de Tulède, 1734, 2 vol. in-8".
En 1758 il envoya son travail sur les lon-
gitudes et ses Tables astronomiques à l'a-
cadémie des sciences de Paris. On a de lui
encore plusieurs autres ouvrages.
♦ BARATTIERI (Charles), cadet d'une
famille illustre, naquit à Plaisance vers
1758, et y mourut vers 1806. Il possédait
les langues anciennes et les principales
langues modernes de l'Europe, et voyagea
ensuite dans l'Allemagne , la Prusse , la
France et l'Angleterre. Les honneurs ren-
dus au grand Newton, après sa mort, lui
BAR SI
donnèrent le goût des sciences physiques ,
auxquelles il se livra avec ardeur. Barat-
tieri donna plusieurs dissertations savan-
tes. Mais séduit par les sophismes des ad-
versaires de Newton, il combattit son sys-
tème sur la lumière, et publia à ce sujet
un écrit intitulé : Conghietura sulla su-
perfiuita délia muteria colorala, o de'
colori nella luce , e del supposto intrin-
seco suo splendore. Suivant lui , les cou-
leurs et l'éclat ne seraient point inhéren-
tes à la lumière , et il n'existerait aucune
couleur primitive; toutes seraient com-
posées. Ce système n'a pas survécu à son
auteur.
BARAZE ( Cyprien ) , jésuite , célèbre
missionnaire des Moxes , peuples alors
presque inconnus de l'Amérique méridio-
nale , vers le 15e degré de latitude. Ce zélé
religieux se faisant tout à tous, rendit
toutes sortes de services à ces sauvages
pour les gagner à J.-C; il commença par
les rassembler en société, leur apprit à
faire de la toile , et à exercer les arts les
plus nécessaires à la vie ; et pour pour-
voir à leur subsistance , il entreprit le
voyage de Sainte-Croix de la Sierra, d'où
il amena , aidé de quelques Indiens , deux
cents vaches et taureaux. Il bâtit une église,
et en civilisant cette nation , il lui ensei-
gna la science du salut. Ses travaux apo-
stoliques ne se bornèrent pas à ces peu-
ples , il en chercha d'autres inconnus ; il
en trouva de si barbares qu'ils poursui-
vaient les hommes , comme on poursuit
les bêtes fauves à la chasse : il parvint à
les adoucir et à les soumettre au joug de
J.-C. Avançant dans les terres par des
travaux et des fatigues incroyables, en
faisant toujours quelques conquêtes pour
la religion, il trouva des sauvages qui se
jetèrent sur lui , le percèrent de coups et
lui fendirent la tète , le 16 septembre 1702,
après plus de 27 ans de travaux apostoli-
ques , et dans la 61e année de son âge : il
avait baptisé lui seul plus de 40,000 ido-
lâtres. Voyez la relation de la vie et de la
mort de ce missionnaire dans les Lettres
édifiantes tom. 8, nouv. édit., et tom. 10,
anc. édit.
* BARBA ( Alvarès-Alohtzo ) , curé de
Saint- Bernard du Potosi, au commence-
ment du 17e siècle , est auteur d'un livre
fort rare , intitulé Arte de los metalles t
Madrid, 1640, in -4°. Il a été réimprimé
en 1729 , in-4° , et l'on a joint à cette édi-
tion le traité $ Alonzo-Carillo Lasso, sui-
tes anciennes mines d'Espagne , imprimé
auparavant à Cordouc, en 1624, in-4°. Il
BAR
y a un Abrégé de Barba en français , 1
vol. in-12,1730, auquel on a joint un
recueil d'ouvrages sur la même matière,
aussi in-12 , qui le font rechercher. Larv-
glet Dufresnoy en a donné une nouvelle
édition sous le titre de Métallurgie t ou
l'art de tirer et de purifier les métaux*
Paris, 1751 ,2 vol. in-12. — * Un médecin
espagnol du même nom a recommandé
un des premiers, l'usage du quinquina
fébrifuge , dans un ouvrage intitulé ,
Vcra praxis de curatione terlianœ stabi-
litur, falsa impugnalur, liberantur his-
pani medici à calumniis, Se ville, 1642,
in-4°.
BARBADILLO (Alphonse-Jérôme da
S AL AS), né à Madrid, mort vers 1650, com-
posa plusieurs comédies très applaudies
en Espagne. Son style pur et élégant con-
tribua beaucoup à perfectionner la langue
espagnole : il avait quelque chose de l'ur-
banité romaine. Ses pièces de théâtre sont
pleines de morale et de gaîté. On a encore
de lui : Avanturas de D. Diego deNochr.
1624 , in-8°.
* BARBANÇOIS ( Charles - Hélio\ ,
marquis de) né au château deVillegongis
en Berri, le 17 août 1760, s'est fait remar-
quer par son goût pour l'agriculture, dont
il a encouragé les méthodes modernes.
Lui-même a trouvé des assolemens nou-
veaux et utiles à la culture ; il est un des
premiers qui aient introduit en France
des moutons à laine fine d'Espagne. En
1809, la société d'agriculture de Paris
lui décerna un prix pour les irrigations
qu'il avait faites avec succès dans ses
terres. Il est mort en 1822 Ses principaux
ouvrages sont : | Mémoire sur les moyens
d'améliorer les laines et d'augmenter le
produit des bêtes à laine dans le dépar-
tementde l'Indre ,1804, in-8°; | Petit traité
sur les parties les plus importantes de
l'agriculture en France, Paris, 1812;
| Mémoire relatif aux avantages qui ré-
sultent du mode de culture et de l'emploi
des charrues de M. le marquis de Bar-
bançois, et aux moyens d'en propager
l'usage; \ Bapport sur un moyen pratiqua
d'empêcher la coulure de la vigne , et de
hâter la maturité du raisin. Ces deux
ouvrages et l'abrégé du premier, se trou-
vent dans les Ephémérides de la Société
d'Agriculture du département de V Indre.
que Barbançois a enrichies d'un grand
nombre d'autres extraits et mémoires.
* BARBANÈGRE (le Baron), général
de brigade, né le 22 août 1762, àPontacq,
petite ville du Béarn , servit d'abord dans
BAR 92
la marine , entra en 1793 dans la ligne ,
et obtint après le 18 brumaire le grade de
chef de bataillon dans la garde des con-
suls Barbanègre , devenu colonel du 48e
régiment d'infanterie de ligne, se signala
aux batailles d'Austerlitz, d'Iéna et d'Ey-
lau. En 1809 , il se battit , avec la même
valeur, à celles d'Eckmiilh , de Ratisbonne
et de Wagram. L'année suivante, il chassa
les Anglais de l'île deNeuwerck, située à
l'embouchure de l'Elbe, et se fortifia dans
cette position. Il fut successivement char-
gé , durant la campagne de Russie , du
commandement de Borisson et de celui
de Smolensky , et contribua au salut des
débris de l'armée à Krasnoë et au passage
du Borysthène. Blessé grièvement dans
celte affaire, il gagna avec peine Stettin,
place qu'il défendit honorablement pen-
dant toute la campagne de 1815, mais qu'il
dut remettre aux Prussiens , après l'abdi-
cation de Napoléon. Rentré en France
après la conclusion de la paix, il reçut de
Louis XVIII le titre de chevalier de Saint-
Louis. Barbanègre fut chargé dans les
cent jours, de la défense d'Huningue, et
malgré les efforts qu'il fit pour conserver
cette place , il fut obligé de capituler. Un
conseil d'enquête nommé en 1815 à Stras-
bourg, pour examiner la conduite de Bar-
banègre, le déclara exempt de tout re-
proche. Ce général vécut depuis cette
époque sans emploi et mourut en no-
vembre 1830.
* BARBANT ANE-PUGET (Paul-Fran-
çois-HiLAnïON-BiEiVVE!\iU , marquis de ) ,
né à Paris, le 20 mars 1754, d'une famille
noble, originaire de la Provence, était
maréchal de camp en 1790, et se prononça
en faveur des principes de la révolution.
Cette même année, 1790, Barbantane ne
s'étant pas assez fortement opposé à des
troubles survenus dans la ville d'Aix , fut
destitué , puis traduit devant un conseil
de guerre qui l'acquitta. Il organisa le
comtat d'Avignon, et son succès dans
cette mission lui valut le grade de lieu-
tenant-général. On lui confia peu de
temps après le commandement d'une di-
vision dans l'armée des Pyrénées-Orien-
tales. Nommé par intérim au commande-
ment en chef , il protégea le midi de la
France contre les troupes espagnoles , et
battit l'ennemi à la journée de Peirestorte.
Mais suspect comme noble, Barbantane
fut destitué en 1792 , et remplacé par le
général Turreau. Il fut même incarcéré
à Toulouse et conduit à Paris, où il ne re-
couvra la liberté qu'au 9 thermidor. A
BAR
l'époque du 18 fructidor ( septembre
1797 ) , on lui donna le commandement
successif des 2e, 9e et 8e divisions mili-
taires. Il se retira bientôt des affaires et
alla demeurer dans le midi. Les événe-
mens de 1815 lui ayant inspiré des craintes,
il revint se fixer à Paris où il a passé le
reste de ses jours.
4 BARBARO ( Josaphat), naquit à Ve-
nise , d'une famille noble et ancienne. La
plupart des grands de cette république se
livraient alors au commerce. Barbaro
suivit cette carrière, et fit , en 1456, un
voyage à la Tana ( aujourd'hui Asof ) ,
alors l'entrepôt principal des marchan-
dises de la Chine et des Indes, et qui por-
tait ce nom , parce qu'elle est à l'embou-
chure du Don, qu'on appelait alors le
Tanaïs , et en italien la Tana. Barbaro
resta seize ans en Tartarie , et s'y trouva
lorsque les Mahométans , qui vivaient sur
les bords du Ledil ou Wolga , soumirent
toute cette contrée, et y firent adopter leur
religion. Le consul vénitien l'envoya en
ambassade vers le général mahométan ,
qui l'accueillit avec distinction , et lui ac-
corda la protection qu'il sollicitait. Bar-
baro, de retour dans sa patrie, fut chargé
d'une autre mission. En 1473, on l'envoya
en Perse pour diriger Ussum-Cassan dans
la guerre qu'il soutenait contre les Turcs.
Après une absence de cinq ans , il revint
à Venise jouir de la considération que lui
méritait sa vie laborieuse et utile. Il mou-
rut en 1494, dans un âge très avancé.
Barbaro termine en quelque sorte celte
longue suite de voyageurs , qui , depuis
le 15e siècle jusqu'à la fin du 15e , par-
coururent l'intérieur de l'Asie, qu'ils
firent connaître aux Européens. Les rela-
tions de ses voyages donnent sur la Perse
et la Géorgie des renseignemens qu'on
chercherait vainement ailleurs. Tout ce
qu'il dit du Khanat de Kaptchak est du
plus grand intérêt pour le tableau géogra-
phique de la Tartarie , au 15e siècle. Presr-
que toutes ses observations sur les mœurs
et les usages de ces contrées , ont été con-
firmées par les voyageurs russes et alle-
mands. La relation des voyages de Bar-
baro fut imprimée, pour la première fois,
chez les fils d'Alde-Manuce , dans une
petite collection, assez rare aujourd'hui,
et qui a pour titre : Viaggi fatti da Ve-
neziaalla Tana in Persia , India , e in
Constantinopoli , con la Descrizione délie
cil ta, luoghi, siti, costumi, e delta Porta
del Gran . Turco , etc. Venezia , per Fi-
gliuoli d'Aldo, 1543 et 1545, in-8°. Ramu-
BAR
53
BAR
sio a inséré les Voyages de Barbaro dans
sa collection.
BARBARO ( François ) , noble Véni-
tien, né à Venise vers 1598 , ne se distin-
gua pas moins par son goût pour les bel-
les-lettres , .que par ses talens pour la
politique et les négociations. Il fut em-
ployé plusieurs fois dans les affaires pu-
bliques de sa patrie , à laquelle il rendit
des services signalés. Etant gouverneur
de Brescia, en 1438, lorsque cette ville fut
assiégée par les troupes du duc de Milan ,
il la défendit avec tant de courage , qu'a-
près un long siège les ennemis furent
obligés de se retirer. Il fut fait procurateur
de Saint-Marc en 1452, et mourut en 1454.
Il possédait fort bien les langues grecque
et latine ; il avait été disciple , pour la
première , du célèbre Guarino Véronèsc ,
et non de Chrysoloras, comme l'a dit
Fabricius. On a de cet homme illustre
plusieurs ouvrages en latin , dont le plus
connu est un traité De re uxoria* Ams-
terdam , 1659 , in-16 , traduit en français
sous le titre : De l'état du mariage , par
Claude Joly, Paris, 1667, in-12. C'est un
écrit moral , qui renferme de très bons
avis. Il traite à la fin de l'éducation des
enfans. On peut compter encore au nom-
bre de ses ouvrages , l'Histoire du siège
de Brescia, dont on vient de parler, la-
quelle, quoique sous un autre nom, passe
assez généralement pour avoir été écrite
par lui-même. Elle fut imprimée pour la
première fois à Brescia, en 1728, in-4°,
sous ce titre : Evangelistœ Manelmi Vi-
centini Commeniariolum de obsidione
Brixiœ j anni 1438. Le cardinal Quirini a
publié ses Lettres et sa Vie sous le titre
de Gesta et Epistolœ Francisci Barbari.
BARBARO (Hermolaus), petit-fils du
précédent, naquit à Venise l'année de la
mort de son grand-père. Il fut auteur
dans un âge où l'on est encore au collège,
à 18 ans. Les Vénitiens lui donnèrent des
commissions importantes auprès de l'em-
pereur Frédéric et de Maximilien son fils.
Il fut ensuite ambassadeur à Rome. Inno-
cent VIII le nomma au patriarcat d'Aqui-
lée; mais le sénat, irrité de ce qu'Her-
molaiis avait accepté cette dignité, contre
la défense expresse faite à tous les minis-
tres de la république de recevoir aucun
bénéfice , lui défendit de profiter de cette
nomination , sous peine de voir ses biens
confisqués. Hermolaus, qui ne voulait pas
renoncer à son patriarcat, mourut à Rome
dans une espèce d'exil en 1495. On a de
lui | des Paraphrases sur Aristote; | une
Traduction de Dioscoride,&\ ce des notes ;
|et des Exercitationes sur Pomponius Mêla
et sur Pline le naturaliste ..dans lesquelles
il corrigea, pour le premier, 500 passages,
et près de 5000 pour le deuxième; mais
en voulant trop corriger, il en corrompit
plusieurs , dont il avait mal saisi le sens.
Cet ouvrage est en 2 parties , Rome , 1492
et 1493, in-fol.
BARBARO (Daniel), neveu d'Her-
molaiis , et coadjuteur du patriarcat d'A-
quilée , né en 1515 , se distingua par son
savoir et par sa capacité dans les affaires
publiques, qui le fit choisir , en 1548, par
le sénat de Venise, pour être ambassadeur
de la république en Angleterre, où il resta
jusqu'en 1551. Il mourut en 1570, et laissa
plusieurs ouvrages estimés, dont les prin-
cipaux sont : | Traité de l'éloquence J en
forme de dialogue , imprimé à Venise en
1557, in-4°; | Pralica délia perspectiva ,
Venise, 1568, in-fol.; | une Traduction
italienne de Vitruve > avec des commen-
taires, Venise, 1556, in-fol. avec des figures
en bois, très belle édition ; | une édition de
Vitruve ., avec des commentaires en latin,
Venise, 1567, in-fol. avec figures , préfé-
rable à toutes les éditions italiennes.
Bayle , et plusieurs autres lexicographes
qui l'ont suivi, se sont trompés lourde-
ment sur les époques de la naissance et
de la mort de cet homme illustre , ainsi
que sur ses ouvrages.
* BARBAROUX (Charles), né à Mar-
seille, en 1767, se rendit à Paris avec les
Marseillais qui figurèrent dans la journée
du 10 août 1792. Ayant été député à la
Convention par sa ville natale , il accusa
la commune de Paris et la société des
Jacobins. Il insistait dans le même temps
pour que le roi et la famille royale fus-
sent mis en jugement. Lorsque les Giron-
dins, au nombre desquels était Barbaroux,
se furent ouvertement prononcés contre
les anarchistes , il accusa successivement
Marat , Robespierre et le parti d'Orléans.
Les Girondins ayant succombé le 31 mai
1795 , Barbaroux refusa de donner sa dé-
mission , et entendit tranquillement dé-
créter son arrestation. Il s'évada avec
plusieurs de ses collègues , et s'embarqua
à Quimper pour passer à Bordeaux ; mais
il fut arrêté , à son arrivée dans cette
ville, et périt sur l'échafaud, le 25 juin
1793. Barbaroux est auteur de plusieurs
rapports administratifs , entre autres des
deux suivans : | De l'influence de la guerre
maritime sur le commerce , et de l'orga-
nisation des travaux publics. | Observa-
5.
BAR I
lions de la commune de Marseille , sur
l'état du département des Bouches-du-
Rhône. Il a aussi laissé quelques poésies ,
notamment une Ode sur les volcans. Dans
ses Mémoires publiés par son fils en 1822,
on ne trouve que la seconde partie de son
ouvrage , le manuscrit de la première ne
s'étant pas retrouvé.
* BARBATO ( saint ) , premier évêque
de Bénévent, prêcha l'évangile aux Lom-
bards sous le pontificat de Vitalien.
* BARBAULT, peintre et graveur fran-
çais, mort en 1766. On a de lui deux re-
cueils in-folio des antiquités de Rome. On
estime surtout son martyre de saint Pierre
d'après P. Subbeyras. •
* BARBAULT ( Antoine -François ) ,
médecin et chirurgien , né à Paris , y fut
démonstrateur de l'art des accouchemens
pendant vingt-cinq ans , et mourut le 14
mars 1784, dans un âge avancé, après
avoir donné : | Splanchnologie , suivie de
V Angiologie et de la Nécrologie J 1739,
in-12 ; | Principes de la chirurgie,, in-12 ;
| Cours d accouchemens , en faveur des
étudions , des sages-femmes et des aspi-
rans à cet art, 1776, 2 vol. in-12.
* BARBAULT ( Anne-L^etiti a AIKIN ),
née le 20 juin 1765 , à Kilworth dans le
comté de Leiccster, morte le 9 mars 1825,
était fille du révérend J. Aikiner, veuvo
du révérend Rochemont Barbault. Mis-
triss Barbault a laissé un nom honorable
dans la littérature anglaise. Elle a publié,
en 1812, un poème , dans le genre de lord
Byron , intitulé : | Mil huit cent onze, où
l'originalité est alliée à la profondeur.
Parmi ses ouvrages sur la religion, les
sciences, etc., on remarque | les Dialogues
sur l'histoire naturelle, | les Pensées ex-
traites de Job, | et les Hymnes en prose
pour les enfans. Elle a présidé en outre à
plusieurs éditions recherchées d'Aken-
side , de Collins , etc. , et à un recueil
intitulé English Novellists , où sont réu-
nies les productions des Smolett, des
Johnson, des Fielding, etc. et précédé
d'un Essai sur les romans. Anne-Laetitia
Barbault a donné encore , | le Choix des
feuilles d'Jddison, Johnson, etc., | la
Correspondance , la vie et l'examen des
ouvrages de Samuel Richardson. Enfin
un des plus singuliers ouvrages de mis-
triss Barbault est intitulé : | Les péchés du
gouvernement sont les péchés du peuple ,
ouvrage dont le but est de prouver que
les mesures arbitraires des gouvernans et
l'oppression sont une juste punition de la
faiblesse et de la lâcheté des peuples.
\ BAR
BARBAZAN (Arnauld-Guïllaume de),
chambellan du roi Charles VII, et général
de ses armées , honoré par son maître du
beau titre de Chevalier sans reproche *
vainquit le chevalier d'Escale dans un
combat singulier, donné en 1404, à la tête
des armées de France et d'Angleterre.
Charles VII lui fit présent d'un sabre après
sa victoire, avec celte divise : Ut casu
graviore ruant. Ce héros trop peu connu
défendit Melun contre les Anglais. Il mou-
rut en 1432 , des blessures qu'il avait re-
çues à la bataille de Belleville , près de
Nanci. On l'enterra à Saint-Denis, auprès
de nos rois, comme le connétable Dugues-
clin, dont il avait eu la valeur. Charles
VII lui permit de porter les trois fleurs-
de-lis de France sans brisure , et lui don-
na, dans des lettres patentes , le titre de
Restaurateur du royaume et de la cou-
ronne de France.
BARBAZAN ( Etienne ) , né à Saint-
Fargeau, en Puisaye, diocèse d'Auxerre,
en 1696 , passa toute sa vie à lire les an-
ciens auteurs français, et mourut en 1770,
après avoir publié : | Contes et Fabliaux
des anciens poètes français du 12e et du
13e siècle, 1766, 3 vol. in-12. Ce recueil
est précédé d'une dissertation sur les
poètes, dont il présente les ouvrages, et
suivi d'un vocabulaire. | Ordre de che-
valerie; c'est un recueil de plusieurs an-
ciens contes, avec une dissertation sur la
langue française, et un petit glossaire.
| Le Castoyement ou instruction d'un père
à son fils, 1760 , in-8°, précédé d'une dis-
sertation sur la langue celtique. | Obser-
vations sur les étymologies , avec un vo-
cabulaire à la fin. Il a été éditeur, avec
l'abbé de la Porte et Graville, du Recueil
alphabétique, depuis la lettre C jusqu'à
la fin de l'alphabet. Cet ouvrage, trop
long de la moitié, avait été commencé par
l'abbé Pérau ; il est en 24 vol. in-12 , 1745
et années suivantes. Il y a des pièces qu'on
trouverait difficilement ailleurs.
BARBE (sainte), vierge célèbre par la
fermeté de sa foi , était fille de Dioscor ,
un des plus furieux sectateurs du paga-
nisme. Ce père barbare n'ayant pu, ni
par caresses , ni par menaces , lui faire
abandonner la foi de Jésus-Christ, lui
trancha lui-même la tête; Métaphraste croit
que ce fut à Héliopolis , mais il y a appa-
rence que ce fut à Nicomédie. Quelques
auteurs ont cru que cette sainte avait
souffert sous l'empereur Maximien , d'au
très sous Maximin,qui succéda à Alexan-
dre-Sévère , vers l'an 240. En général les
BAR
5S
BAR
circonstances de ce martyre ne sont pas
bien constatées , mais il est lui-même in-
contestable ; le culte que l'Eglise rend à
cette s;iinte en est un monument subsis-
tant. Voyez sainte CATHERINE.
* BARBE, prêtre de la Doctrine chré-
tienne, a donné | six livres de Fables
nouvelles , Y7fâ, in-12; | des Fables et
contes philosophiques j 1770, in-12. II pé-
rit victime des massacres de septembre
1792.
* BARBÉ (J.-B.), graveur flamand,
prit le genre de Van-Dyck; sa Sainte
Famille , d'après Rubens , passe pour son
chef-d'œuvre.
* BARBEAU de la BRUYÈRE (Jean-
Louis) , né à Paris en 1710 , mort en 1781,
écrivit une Vie du diacre Paris * et tra-
vailla pendant plusieurs années avec Bua-
che le géographe. On lui doit une Mappe-
monde historique ^qui présente d*un coup
d'oeil toutes les révolutions de chaque
état. Il donna des éditions nouvelles des
Tablettes chronologiques de Lenglel-Du-
fresnoy; de la Méthode pour étudier la
géographie _, 10 vol. in-12, par le même,
et de la Géographie moderne de Lacroix.
* BARBEAU DUBARRAN, député à la
Convention en 1792, vota la mort de
Louis XVI sans appel, devint président
de la société des jacobins , et fut con-
stamment le champi n de l'anarchie. Ce
fameux démagogue eut part, néanmoins,
au renversement de Robespierre. Il fut
ensuite impliqué dans la révolte du 20
mai 1795 , et ne dut son salut qu'à l'am-
nistie du 16 octobre. Rentré depuis dans
l'obscurité , il n'en sortit qu'en 1816. L'or-
donnance contre les régicides l'ayant forcé
de quitter la France , il mourut en Suisse
en 1817.
BARBERI (Philippe), dominicain de
Syracuse , inquisiteur en Sicile et dans les
iles de Malte et de Gozo , est auteur d'un
Recueil d'observations sur les endroits
de l'Ecriture sainte , que saint Augus-
tin et saint Jérôme ont expliqués diffé-
remment; et de quelques autres ouvra-
ges , dont le plus intéressant est De ani-
morum immortalitate. Tous ses ouvrages
ont été imprimés en 1500. Il vivait après
le milieu du 15e siècle.
BARBERINO ( François ) , naquit à
Barberino en Toscane , l'an 1264. C'est
de lui que ont descendus les Barberins ,
maison illustre d'Italie. François alla s'é-
tablir à Florence , où il acquit beaucoup
de gloire par ses talens pour la jurispru-
dence et pour la poésie. Il mourut en
1348. Nous avons de lui un poème italien,
intitulé Documenti d'amore 3 imprimé à
Rome , avec de belles figures , en 1640 ,
in-4°. C'est un ouvrage moral, qui res-
semble par le titre à V Art d'aimer d'O-
vide, mais qui respire la sagesse et les
bonnes mœurs. — Les hommes les plus
illustres de cette famille sont : 1° François
BARBERINO , cardinal et neveu du pape
Urbain VIII , légat en France et en Es-
pagne, père des pauvres et protecteur
des sa vans , mort en 1679 ; 2° Antoine, son
frère cardinal et camerlingue de l'église
romaine , généralissime de l'armée pa-
pale contre les princes ligués , grand au-
mônier de France , où il s'était réfugié
après l'élection d'Innocent X , ennemi des
Barberins, mort archevêque de Reims
en 1671. Voyez URBAIN VIII
BARBEROUSSE Ier (àruch) surnommé
Barberousse de la couleur de sa barbe ,
originaire de Mitylène , ville de l'île de
Lesbos, sicilien selon d'autres, se rendit
maître d Alger et se plaça sur le trône. II
déclara ensuite la guerre au roi de Tre-
mecen, le vainquit en différentes occa-
sions ; mais il fut tué dans une embuscade.
Poursuivi par les Espagnols , il employa ,
pour favoriser sa fuite, le même expé-
dient dont se servit autrefois Mithridate ,
roi de Pont. Il fit semer sur le chemin
son or, son argent, sa vaisselle, pour
amuser les chrétiens , et avoir le temps
de se sauver. Mais les Espagnols , mépri-
sant ses perfides richesses , le joignirent
de près : il fut obligé de faire face ; et
après avoir combattu avec furie , il fut
tué l'an 1518 , à l'âge de 44 ans. Barbe-
rousse exerça bien des brigandages sur
mer et sur terre , et se fit redouter par-
tout.
BARBEROUSSE II (Chérédijv), succes-
seur du précédent dans le royaume d'Al-
ger , général des armées navales de Soli-
man II , s'empara do Tunis en 1535 ; mais
il en fut chassé par Charles-Quint, qui
rétablit Mulei-Hassen ; il dévasta la Sicile,
et se joignit à la flotte de France, pour
assiéger Nice en 1545 , et mourut à Con-
stantinople en 1547 , âgé de 80 ans. On a
publié sa Vie , Paris , 1781 , in-12. Selon
l'auteur, Barberousse serait né en France
de la famille d'Authon , établie dans la
Saintonge , aurait changé de nom et de
religion , pour s'associer à des corsaires ,
et serait ainsi parvenu chez les Turcs au
poste d'amiral. Quoi qu'il en soit , Barbe-
rousse montra de grands talens pour la
guerre : ses actions demanderaient qu'on
BAR 56
le mît a» nombre des hommes illustres ;
mais les crimes que son caractère natu-
rellement féroce lui fit commettre, révol-
tent la nature et rendent sa mémoire
odieuse. Il faisait périr ses victimes sans
répugnance et sans remords ; il traitait ses
esclaves avec la dernière dureté. Avec
cela, il était jusque dans l'extrême vieil-
lesse le plus luxurieux des hommes. Une-
multitude de femmes ne pouvait lui suf-
fire , nouvelle preuve des rapports inti-
mes de cette passion avec la cruauté.
Elles se sont presque toujours réunies
dans les monstres qui ont désolé l'huma-
nité. La luxure conduit naturellement
l'homme à ne regarder ses semblables que
comme de vils instrumens de ses bruta-
les jouissances , et éteint dans son âme
corrompue tout germe de sensibilité. ( V.
NÉRON.)
BARBEROUSSE. Voyez FRÉDÉRIC.
* BARBÉSIEUX (Louis-François-Ma-
rie Le TELLIER , marquis de ), secrétaire
d'état de la guerre sous Louis XIV , na-
quit à Paris en 1668 , du marquis de Lou-
vois , dont il était le troisième fils. Il n'a-
vait encore que 23 ans lorsqu'il fut ap-
pelé à remplacer son père au ministère
de la guerre. Quoiqu'il eût à diriger une
administration où Louvois avait épuisé
toutes les ressources , il pourvut à l'en-
tretien des armées d'Allemagne , de Flan-
dre et de Piémont, et mit sur pied une
armée de 100,000 hommes, à la tête de la-
quelle Louis XIV assiégea et prit Namur
le 26 juin 1692. Mais depuis la paix de
Riswick le zèle du jeune ministre "ne se
soutint pas; l'amour des plaisirs lui fit
négliger les affaires les plus importantes,
au point que le roi, qui s'en aperçut,
écrivit à son oncle, l'archevêque de Reims :
« Votre neveu a des talens , mais il n'en
fait pas usage ; il donne trop souvent à
souper aux princes , au lieu de travailler.
Il néglige les affaires pour ses plaisirs. Il
fait attendre trop long-temps les officiers
dans son antichambre; il leur parle avec
hauteur, et quelquefois avec dureté.» Le
roi allait le disgracier lorsqu'il mourut
presque subitement à sa 53e année, le 5
janvier 1701. L'archevêque de Reims , en
parcourant ses papiers , trouva cette note
ccrite de la main de son neveu : « J'au-
rai, à ma 55e année , une maladie dont je
n'échapperai pas. » Barbésieux, héritier
de la crédulité de son père pour l'astro-
logie, consultait souvent le père Alexis,
cordelier , qui , connaissant sa conduite ,
avait là-dessus hasardé cette prédiction.
BAR
• BARBEU-DUBOURG (Jacques), mé-
decin et botaniste , né à Mayenne en 1709,
et mort à Paris en 1779 , a publié plusieurs
ouvrages dont les titres sont : Système de
Botanique _, 2 vol. in-12 ; | Aphorismes de
médecine , 1780 , in-12 ; | Chronographie ,
avec une carte des révolutions des empi-
res , in-12 ; | Code de la raison humaine ,
ïllk , in-8° ; | Eloge du médecin Charles
Gillet, in-8° ; | Petit calendrier de Phila-
delphie. Barbeu-Dubourg publia aussi
une Gazette de médecine > dont les pre-
mières feuilles parurent en 1661. Il était
lié avec Bolingbroke et Francklin, dont il
traduisit les ouvrages en français , en so-
ciété avec M. l'Ecuy. Il nous est resté quel-
ques lettres de sa correspondance avec
Francklin.
BARBEYRAC (Charles ), naquit en
1629 à Céreste en Provence, et mourut a
Montpellier l'an 1699. Il était établi dans
cette ville depuis sa jeunesse. Il y avait
pris le bonnet de docteur en médecine
dès 1649, et s'était fait un nom dans le
royaume et dans les pays étrangers. Quoi-
qu'il professât la secte de Calvin, le car-
dinal de Bouillon lui donna le brevet de
son médecin ordinaire , avec une pension
de mille livres. Il n'employait que peu de
remèdes , et n'en guérissait que plus de
malades. Le philosophe Locke, ami de
Sydenham et de Barbeyrac, qu'il avait
connu à Montpellier , disait qu'il n'avait
jamais vu deux hommes dont les manières
et la doctrine se ressemblassent davan-
tage.
BARBEYRAC (Jean), neveu du pré-
cédent et fils d'un ministre calviniste de
Béziers , né dans cette ville en 1674 , fut
nommé à la chaire de droit et d'histoire
de Lausanne en 1710, et ensuite à celle du
droit public et privé à Groningue en 1717.
Il traduisit et commenta | le traité du Droit
de la nature et des gens; | celui des De-
voirs de l'homme et du citoyen , par
Puffendorf; \ et l'ouvrage de Grotius sur
les Droits de la guerre et de la paix. Les
notes dont il a enrichi ces traités seraient
aussi estimées que la traduction , si l'on y
remarquait moins de prévention contre
la religion caiholique. On ne fait pas
moins de cas de | la version du Traité latin
de Cumberland sur les lois naturelles ,
avec des notes, 1744, in-4°; ouvrage ex-
cellent, mais qui demande d'être médité.
Il a aussi traduit plusieurs sermons de
Tillotson , et a donné au public différens
ouvrages de son propre fonds. Les prin-
cipaux sont : | l'Histoire des anciens Trai-
BAR
87
BAR
tés qui sont répandus dans les auteurs
grecs et latins jusqu'à Charlemagne , in-
fol. , 2 part., 1739 ; | le Traité du jeu, en
5 vol. in-8° ; | le Traité de la morale des
Pères, in-4°, 1728, contre don Cellier,
qui avait réfuté ce que Barbeyrac en avait
dit dans sa préface sur Puffendorf. Il
s'élevait dans cette préface, avec trop
peu de ménagement , contre les allégo-
ries que saint Augustin et d'autres Pères
ont trouvées dans l'Ecriture. ( Voy. saint
GRÉGOIRE le Grand). Il n'est pas plus
circonspect dans la défense qu'il en entre-
prit. Il y laisse paraître un si grand mé-
pris pour les docteurs de l'Eglise ; il parle
avec tant de dédain de leur éloquence et
de leur dialectique , que tout critique
sensé en est révolté : don Cellier le ré-
futa pleinement dans son Histoire géné-
rale des auteurs sacrés. Il a encore été
réfuté postérieurement par le protestant
anglais William Réeves. Il mourut vers
l'année 1747. Son style manque de grâce
et de pureté, sa critique de justesse et d'é-
quité. Son antipathie contre les Pères ve-
nait de ce qu'il les trouvait partout op-
posés aux dogmes des nouvelles sectes.
Daillé , également embarrassé de cette op-
position , a tâché aussi d'affaiblir leur au-
torité ; mais il y a mis plus de modéra-
tion et de décence. La manière dont Bar-
beyrac a parlé d'Abraham, et d'autres
hommes illustres, célébrés dans l'Ecri-
ture sainte pour leurs vertus et leur foi ,
montre qu'il était plutôt déiste que pro-
testant, et autant ennemi de toute reli-
gion que de la religion catholique.
♦BARBIE DU BOCAGE (Jean Denis),
géographe , né à Paris le 28 avril 1760.
Elève de d'Anville , il fut d'abord attaché
au ministère des affaires étrangères, puis
à la bibliothèque du roi, où il eut occasion
de nouer des rapports intimes avec le cé-
lèbre, abbé Barthélémy , qui lui confia la
rédaction de l'atlas du Voyage d ' Anachar-
sis, travail qui lui fit beaucoup d'honneur
et décida en quelque sorte de sa carrière
scientifique. En 1793, il fut incarcéré avec
plusieurs chefs de la bibliothèque du roi.
Il obtint bientôt sa liberté, mais il perdit
son emploi. Cependant en 1797 il fut
nommé géographe du ministère de l'inté-
rieur , et en 1803 , de celui des relations
extérieures. Le 7 novembre 1807, il rem-
plaça Anquelil à l'institut, et le 6 mai 1809
il devint professeur à la faculté des lettres
de Paris et doyen de ladite faculté en
1815. II est mort d'une attaque d'apo-
plexie , le 28 décembre 182o. Il a publié,
outre son atlas d'Anacharsis, | plusieurs
cartes et notices pour le Voyage pittores-
que de la Grèce de M. le comte de Choi-
seul-Gouffier ; | des cartes et notes pour
plusieurs ouvrages de M. de Sainte-Croix;
| Notices sur les îles Canaries et sur les
îles des Navigateurs; | des cartes et notes
pour l'expédition des Grecs et la retraite
des dix mille; \ une Notice sur le voyage
de Chardin, avec une carte de sa route;
| quatre cartes et Notices de l'Angleterre,
de l'Ecosse, de l'Irlande, de l'Inde, et un
plan de Gibraltar pour le Tableau de la
Grande-Bretagne de Baërt ; | une Notice
sur la vie et les ouvrages de d'Anville,
avec les changemens qu'il y a faits ; | une
carte de l'Europe , d'après les ordres du
ministre de l'intérieur ; | une Traduction
des voyages dans l'Asie mineure et en
Grèce, du docteur Chandler, 5 vol. in-8°,
qu'il fit de concert avec l'abbé Servois ;
| un Précis de géographie ancienne pour
X Abrégé de la géographie de Pinkerton
et fValckenaè'r, 2 vol. in-8°; | plusieurs
plans pour le Voyage pittoresque de Con-
stantinople et des rives du Bosphore , et
un grand nombre de cartes, de notices,
de plans pour divers ouvrages , et beau-
coup d'articles dans le Magasin encyclo-
pédique , le Mémorial topographique , le
Moniteur et les Mémoires de l'institut, et
plusieurs manuscrits et notes inédites.
BARBIER (Louis) , plus connu sous le
nom à' Abbé de la Rivière, naquit à Mont-
fort-1'Amaury , près de Paris , et y mou-
rut en 1670. De professeur au collège du
Plessis , il parvint à la place d'aumônier
de Gaston , duc d'Orléans , et ensuite à
l'évêché de Langres. Le cardinal Mazarin
l'en gratifia , pour le récompenser de ce
qu'il lui découvrait les secrets de son
maître. Barbier avait obtenu une nomi-
nation au cardinalat : mais elle fut révo-
quée. On dit que c'est le premier ecclé-
siastique qui osa porter la perruque ; il
laissa, par son testament, cent écus à celui
qui ferait son épitaphe. La Monnaie lui
fit celle-ci :
Ci-gît un très grand personnage,
Qui fut d'un illustre lignage,
Qui posséda mille vertus ,
Qui ne trompa jamais , qui fut toujours fort sage.
Je n'en dirai pas davantage ,
C'est trop meDtir pour cent écus.
BARBIER D'AUCOUR (Jean), avocat
au parlement de Paris , né à Langres vers
1641 , de parens pauvres , se tira de l'obs-
curité par ses talens. Il fut d'abord répé-
titeur au collège de Lisieux. Il s'adonna
BAR
58
BAR
ensuite au barreau; mais la mémoire lui
ayant manqué dès le commencement de
son premier plaidoyer, il promit de ne
plus plaider, quoiqu'il eût pu le faire
avec succès. Colbert le chargea de l'édu-
cation d'un de ses fils. Il fut reçu de l'a-
cadémie française en 1683 , et il mourut
d'une inflammation de poitrine en 1694
à 53 ans, regardé comme un des meil-
leurs critiques de son siècle. Il n'était
point ami des jésuites , et la plupart de
ses ouvrages sont contre cette société, ou
contre les écrivains de la société. Celui
qui lui a fait le plus d'honneur , est inti-
tulé : Sentimens de Cléanthe sur les entre-
tiens d'Ariste et d'Eugène, par le P.
Bouhours , jésuite , in-12. Ce livre a été
souvent cité , et avec raison , comme un
modèle de la critique la plus juste et la
plus ingénieuse. D'Aucour y sème les
bons mots et l'érudition, sans pousser
trop loin la raillerie et les citations. Le jé-
suite Bouhours, quoique d'ailleurs homme
d'esprit et bon écrivain , ne put se rele-
ver du coup que lui porta son adversaire.
L'abbé Granet a donné , en 1750 , une édi-
tion de cet ouvrage à laquelle il a joint
deux FaclumSj qui prouvent que Bar-
bier aurait été aussi bon avocat que bon
critique. Les autres écrits d'Aucour ne
sont qu'un recueil de turlupinades : les
Gaudinettes, Y Onguent pour la brûlure .,
contre les jésuites , Apollon vendeur de
Mithridate j contre Racine, deux Satires
en mauvais vers. On ne comprend point
comment il a pu railler si finement Bou-
hours , et si grossièrement les autres. On
dit que sa haine contre les jésuites venait
de ce que se trouvant un jour dans leur
église , où l'on avait exposé des tableaux
énigmatiques , pour être expliqués par
les assistans, et donnant une explication
qui paraissait trop libre, un de ces pères lui
dit de se souvenir que locus esset sacer.
D'Aucour répondit tout de suite : Si lo-
cus est sacrus , quare exponitis 1 Cette
épithète de Sacrus courut à l'instant de
bouche en bouche. Les régens la répétè-
rent, les écoliers la citèrent, et le nom
d'avocat Sacrus lui resta.
BARBIER ( Marie- Anne), née à Or-
léans , cultiva la littérature et la poésie ,
et vint se fixer à Paris , où elle publia
plusieurs tragédies et quelques opéras,
en un vol. in-12. On a dit qu'elle n'était
que le prête-nom de l'abbé Pellegrin ;
mais on s'est trompé. Mllc Barbier avait
des talens et des lumières, et l'abbé Pelle-
censeur. Elle mourut en 1742. Sa poésie
est faible.
* BARBIER ( Antoine- Alexandre ),
savant bibliographe, né à Coulommiers en
Brie, le 11 janvier 1763, fut bibliothécaire
du conseil d'état et de Bonaparte, puis
administrateur des bibliothèques parti-
culières du roi. Après avoir terminé ses étu-
des au séminaire de Saint-Firmin, il em-
brassa l'état ecclésiastique, et fut placé
d'abord en qualité de vicaire à Acy, puis
à Dammartin. Il prêta le serment exigé
par l'Assemblée constituante en 1791 , et
fut nommé curé à la Ferté-sous-Jouare.
Lorsque la terreur l'obligea de renoncer
à son état, il vint à Paris comme élève de
l'école normale , et peu de temps après il
fut choisi pour faire partie de la commis-
sion temporaire des arts, qui fut chargée
de recueillir dans les couvens et les éta-
blissemens publics supprimés , les livres
et autres objets d'art , pour les placer
dans les bibliothèques publiques. C'est
ainsi qu'il contribua beaucoup à l'accrois-
sement des bibliothèques Mazarine, de
Sainte-Geneviève, du corps législatif, de
l'école de médecine, etc., et à la conserva-
tion d'un grand nombre d'ouvrages qui
sans lui n'auraient point échappé aux
vandales de cette époque. Ayant renoncé
entièrement à son état il se maria , et l'on
assure qu'après le concordat de 1801 , il
sollicita et obtint du pape une bulle qui le
rendit à l'état séculier et lui permit de se
marier en face de l'Eglise ; ce qu'il se hâta
de faire. Dès-lors il professa, jusqu'à la
fin de sa vie , des principes religieux qui
ne se démentirent pas un seul instant. Sa
femme mourut peu de mois avant lui dans
les plus grands sentimens de piété. Dès
1798 , M. François de Neuchâteau , alors
ministre de l'intérieur, l'avait nommé
conservateur du dépôt provisoire de la
bibliothèque du Directoire exécutif, qui
fut ensuite donnée au conseil d'état , et
dont M. Barbier resta le bibliothécaire. Il
le devint aussi de la bibliothèque particu-
lière de l'empereur, et il conserva sa place
à la restauration jusqu'en 1822, qu'il fut
mis à la retraite. Celte disgrâce , d'autant
plus inattendue , qu'il avait reçu la croix
d'honneur l'année précédente , l'affligea
vivement , et depuis il fut presque con-
stamment malade. Il mourut d'unanévris-
me le 3 décembre 1825. L'étendue et la va-
riété de ses connaissances, jointes à une ex-
trême obligeance, le firent rechercher des
savans étrangers et nationaux avec qui il
grin ne fut jamais que son conseil et son entretint d'utiles correspondances. On a de
BAR
59
BAR
lui : i Catalogue des livres qui doivent
composer la bibliothèque d'un lycée, ré-
digé à la demande de M. Fourcroy, 2e
édit. , in-12 , 1804 , revue et augmentée;
I Catalogue de la bibliothèque du conseil
d'état, 2 tomes en un vol. in-folio ; | Dic-
tionnaire des ouvrages anonymes et pseu-
donymes, Paris, 1806, 4 vol. in-8°, 2e édit.
1822-27, 4 vol. in-8°. Cet ouvrage a dû
lui coûter beaucoup de recherches, et
pourrait être très utile ; mais on regrette
qu'il ne soit pas rédigé dans un meilleur
esprit; | Nouvelle bibliothèque d'un homme
de goût, entièrement refondue, Paris,
1808-10, 5 vol. in-8°; quoiqu'elle porte
aussi le nom de Desessarls , tout le tra-
vail a été fait par M. Barbier ; | Disserta-
tion sur 60 traductions françaises de l'I-
mitation de Jésus-Christ, suivie de Consi-
dérations sur laïUeur de l'Imitation,
Paris, 1812, in-12 , où l'on trouve des dé-
tails curieux ; | Examen critique et com-
plément des dictionnaires historiques les
plus répandus , Paris , 1820 , tome 1 ; il a
laissé en manuscrit la plus grande partie
du tome 2. Cet ouvrage renferme quelques
articles neufs et intéressans , mais on y
trouve beaucoup de minuties et d'inexac-
titudes. L'auteur d'ailleurs y paraît plein
d'indulgence pour les révolutionnaires et
les novateurs, et d'une sévérité extrême
pour les hommes les plus estimables et
les plus zélés. Il a revu , pour la partie
biographique , les deux premières livrai-
sons du Dictionnaire historique ou Bio-
graphie universelle, par le général Beau-
vais , et il a travaillé successivement au
Mercure de France, au. Magasin, aux An-
nales et à la Revue encyclopédique. Il a
aussi refait ou retouché les notices des prin-
cipales éditions et traductions de la collec-
tion des Classiques latins de Lemaire. On
a encore de lui plusieurs Catalogues et
autres ouvrages. 11 est éditeur du | Voyage
de Paris à Saint- Cloud, 2 vol. in-18;
| des Ecrivains de l'histoire d' Auguste ,
trad. par Moulines, 3 vol. in-12 ; | du Mé-
moire sur le comte de Bonneval, par le
prince de Ligne , in-8°; | du Voyaye au-
tour de ma chambre, suivi du Lépreux
de la vallée d'Aoste, par le comte Xavier
de Maistre; | d'un nouveau Supplément
au cours de littérature de La Harpe , in-
8°; | de la Correspondance inédite de
Galiani avec madame d'Epinay , 2 vol.
in-8^, etc. On doit à Barbier d'avoir re-
trouvé dans des dépôts ignorés, ou pos-
sédés par des hommes qui n'en soupçon-
naient pas la valeur, beaucoup de lettres
manuscrites de Huet, évêque d'Avranches.
Il inséra dans la Revue encyclopédique
de novembre 1825 , un mémoire inédit
remis par Louis XIV à l'archevêque de
Beims (Charles-Maurice le Tellier) sur l'in-
conduite du marquis de Barbésieux , son
neveu, secrétaire d'état de la guerre , en
1695. Il recueillit et mit en ordre la collec-
tion complète des manuscrits du grand
Fénélon , dont quelques-uns ont été pu-
bliés, et les autres sont restés inédits. H n'y
avait trouvé ni la traduction de l'Odyssée,
ni celle de l'Enéide, attribuées à cet il-
lustre prélat. C'est encore à lui qu'est due
la conservation en la maison du roi, d'un
manuscrit unique , sous le titre de : \ La
Profession d? foi des commandeurs de
l'ordre du Saint-Esprit , contenant les si-
gnatures autographes de Henri III , fon-
dateur de cet ordre , et celles de tous les
commandeurs, depuis la fondation jus-
qu'en 1789.
BARBIERI. Voyez GUERCHIN, Fbak-
çois BARBIERI du GENTO.
* BARBO (Paul), théologien et philo-
sophe aristotélicien du 15e siècle, était né
à Soncino , dans le Crémonais. Il entra
fort jeune dans l'ordre des dominicains ,
et s'y distingua par ses bonnes mœurs et
par ses talens. Il professa pendant plu-
sieurs années la philosophie à Milan, à
Ferrare, à Sienne et à Bologne. Elu prieur
des dominicains de Crémone , il y mou-
rut en 1494. On a publié de lui : j Ele-
ganlissima expositio in artem veterem
Arislotelis , cum quœstionibus , V énise ,
1499; | Quœstiones metaphysicœ super
divinâ sapientiâ Aristotelis,Venise, 1505,
in-fol., réimprimé plusieurs fois à Venise,
à Lyon et ailleurs; plusieurs autres ou-
vrages ou éditions d'ouvrages à peu près
sur les mêmes matières , et entre autres
une très bonne édition des Opuscules de
S. Thomas, Milan, 1488 , in-fol. — Il y
eut dans le même siècle un autre BARBO
(Paul), noble vénitien, orateur latin, né
vers l'an 1415, et frère de Pierre Rarbo,
qui devint pape, sous le nom de Paul II.
Il remplit honorablement plusieurs des
premiers emplois de sa république; ce
fut lui qui conclut la paix à Lodi , entre
Venise et le duc de Milan, en 1454. II fut
envoyé ambassadeur en 1461 , avec Ber-
nard Giusliniano , pour complimenter
Louis XI sur son avènement au trône. 11
harangua à Tours le nouveau roi. Son
discours latin a été inséré dans un recueil
intitulé : Orationes aliquot patriciorum
Venelorum , imprimé à la suite du petit
BAR
60
BAR
Traité du cardinal Augustin Valiero De
cautione adhibendâ in edendis UbriSj,
Padoue, Joseph Comino, 1719, in-4°. Paul
Barbo mourut à Venise, en 1461 , peu de
jours après l'élection de son frère à la
papauté.
BARBOSA ( Arius ) , natif d'Aveiro en
Portugal , passa en Italie , où Ange Poli-
tien lui donna des leçons de grec. Il l'en-
seigna ensuite vingt ans à Salamanque
avec succès. Le roi de Portugal le nomma
précepteur des princes Alfonse et Henri.
Nous avons de lui | des poésies latines ,
petit in-8°; | un Commentaire surAratorJ
et d'autres ouvrages. Il mourut dans un
âge avancé , en 1540 , après avoir été un
des premiers restaurateurs des lettres en
Espagne.
BARBOSA (Pierre), né dans le diocèse
deBrague en Portugal, premier professeur
de droit dans l'université de Coïmbre,
mérita par son intégrité la dignité de grand
chancelier du royaume. Il mourut vers
1596, après avoir publié un Commentaire
sur le titre des digestes : Soluto matrimo-
nio, dos quemadmodum petatur, et autres
traités de droit , en 3 vol. in-fol.
BARBOSA (Emmanuel ) , avocat du roi
de Portugal , mort en 1G38 , à 90 ans , est
auteur du traité De potestate episcopi * et
de quelques autres livres.
BABBOSA (Augustin), fils du précé-
dent, égala son père dans la connaissance
du droit civil et canonique. Philippe IV
lui donna l'évêché d'Ugento , dans la
terre d'Otrante , en 1648. Il mourut l'an-
née d'après. Nous avons de lui : | De of-
ficio episcopi. On croit que Barbosa ne fit
que corriger ce livre. On ajoute , que son
domestique lui apporta du poisson dans
une feuille de papier manuscrit; que Bar-
bosa courut tout de suite au marché pour
acheter les cahiers d'où on avait tiré cette
feuille , et que ce manuscrit contenait le
livre De officio episcopi; | le Répertoire
du droit civil et canonique ; \ Remissio-
ns doctorum super varia loca concilii
Tridentinij, etc. L'inquisition de Rome a
trouvé dans ces deux ouvrages des en-
droits qui les ont fait mettre à l'Index.
Ses ouvrages sont très nombreux ; ils ont
été souvent imprimés en France , en Ita-
lie, en Espagne , dans les Pays-Bas , et re-
r.ueillis à Lyon, sous le titre de Opéra
omnia J 1716 et années suivantes , seize
tomes in-folio.
* BARBOSA ( don Joseph ) , religieux
portugais de l'ordre des théatins, membre
de l'académie royale de l'histoire portu-
gaise , et historiographe de la maison de
Bragance , né à Lisbonne l'an 1674 , et
mort en 1750, dans la même ville, laissa
un grand nombre d'ouvrages , parmi les-
quels on distingue : | Histoire des reines
de Portugal, Lisbonne, 1727, un vol. in-4°;
| Archialhenœum lusitanum, Lisbonne,
1733, 1 vol. in-4°. On imprima après sa
mort son Histoire des ducs de Bragance ,
et on allait la publier , lorsque l'incendie
qui suivit le grand tremblement de terre
du 1er novembre 1755, en consuma toute
l'édition. — * BARBOSA (don Vincent),
autre théatin portugais, mort en 1711,
est auteur d'un ouvrage curieux intitulé :
Relation de la nouvelle mission de Bor-
néo, Lisbonne, 1692, in-4°.
* BARBOSA-MACHADO (Diego), éru-
dit portugais, membre de l'académie d'his-
toire de Lisbonne , né dans cette ville en
1682, publia une édition des Mémoires
du roi Sébastien _, 4 vol. in-4°, et de la
Bibliothèque des auteurs portugais, 1741-
1752, 4 vol. in-fol.
* BARBOT (Jean), voyageur français,
mort en Angleterre vers l'an 1720, est
connu par une Description très complète
des côtes occidentales d'Afrique et des
contrées adjacentes , qu'il écrivit d'abord
en français , et qu'il traduisit ensuite en
anglais. On la trouve dans la Colleetion
des voyages et navigations de Churchill ,
Londres, 1752, 7 vol. in-fol.
BARBOU (Hugues), fils de JeanBarbou,
quitta la ville de Lyon, où son père était
imprimeur, pour se retirer à Limoges, où
l'an 1580 , il imprima , en très beaux ca-
ractères italiques , les Epitres de Cicéron
à AtticuS; avec les corrections et les notes
de Siméon Dubois , lieutenant-général de
Limoges. Cette édition est estimée de
l'abbé d'Olivet. L'emblème deBarbou était
une main tenant une plume et un épi
d'orge surmonté d'un croissant : sa de-
vise était : Meta laboris honor. Ses des-
cendans ont continué l'art de l'impri-
merie avec beaucoup de succès à Limoges
el à Paris. Le dernier des Barbou est mort
à Paris en 1808, et son fond a été vendu à
M. Aug. Delalain.
* BARBOU ( le chevalier Gabriel ) ,
lieutenant-général , né à Abbeville, le 21
novembre 1761, entra au service en 1779,
et , trois ans après , obtint par son mérite
le grade d'officier. En 1797, il se trouvait
déjà général de brigade dans l'armée de
Sambre-et-Meuse , et il se distingua par-
ticulièrement à l'affaire d'Hettersdorf , où
il eut un cheval tué sous lui. Sa campagne
BAR
te plus glorieuse fut celle de 1799 , dans
la Nord-Hollande, sous le général Brune,
à la suite de laquelle il fut nommé général
de division. En 1801 , Barbou fut envoyé
en Franconie sous les ordres du maréchal
Augereau , et plus tard il remplaça en
Suisse le maréchal Ney. Il commanda en
1804 une division du camp de Boulogne,
etl'année suivante il succéda à Bernadot le
dans le commandement de l'armée du
Hanovre. N'ayant pas de forces suffisantes
à opposer à l'ennemi , il se retira dans
la place de Hameln, où il se maintint jus-
qu'à la paix de Presbourg. Alors il fut
nommé commissaire auprès du gouverne-
ment hanovrien, et en 1810, il fut pourvu
du gouvernement d'Ancône. La croix de
Saint-Louis lui fut donnée à l'époque de la
restauration, et peu de temps après, celle
de grand-Officier de la Légion d'honneur.
Le commandement de la 15e division
( Bretagne ) devint la récompense de ses
talens militaires. Il est mort le 8 décem-
bre 1827. Barbou appartenait à la famille
de ce nom qui s'est acquis dans l'art de
la typographie une si juste célébrité.
* BARBOUR ( Jean ), théologien et
poète écossais, naquit en 1520, et devint
le chapelain de David Bruce qui l'employa
dans plusieurs ambassades. Il a écrit en
vers la vie et les actions de ce prince ; cet
ouvrage a été imprimé à Glascow en 1672 ;
Pinkerton en a fait une édition en 5 vol.
en 1790. Barbour mourut à Aberdéen en
1378. Sir Walter-S'colt le cite souvent dans
son roman de V Antiquaire.
BARCÉE. Voyez MAGON.
BAR€EPIIA. V. MOYSE BARCEPHA.
* BARCHAM , ou BARKHAM (Jean) ,
savant théologien et antiquaire anglais,
né à Exeter, vers l'année 1572, et mort en
1642 , à Bocking , dans le comté d'Essex ,
où il était* ministre d'une paroisse, a laissé
une riche collection de médailles et de
monnaies, qui se trouve aujourd'hui dans
une des salles de l'université d'Oxford. Il
a écrit les règnes des rois Jean et Henri II,
dans | l'Histoire de la Grande-Bretagne ,
publiée par Jean Speed ; | Y Explication du
Blason, imprimée , pour la première fois
à Londres, en 1610, in-fol. , sous le nom
de Jean Guillim, J et un Traité inédit sur
les médailles.
BARCIIAUSEiV (Jean-Conrad), né à
Home dans le comté de la Lippe en 1666,
s'appliqua à la chimie et à la pharmacie;
parcourut une partie de l'Europe pour
étendre ses connaissances , et fut nommé
çn 1703, professeur de chimie à Utrecht,
2.
61 BAR
emploi qu'il remplit avec distinction, jus-
qu'à sa mort arrivée en 1723, après avoir
légué à la bibliothèque publique de cette
ville un choix de livres sur la botanique
et sur différentes parties de l'iiistoire na-
turelle. Ses écrits sont une preuve vivante
de ses connaissances : ce sont | Synopsis
pharmaceutica^trecht, 1696, in-8°; | Ele-
menta chymiœ, Utrecht, 1703, in-8°; | De
medicinœ origine etprogressuATîR, in-4°;
| Collecta medicinœ practicœ, 1715.
* BARCIA (André-Gonzalez de), de
l'académie espagnole, auditeur du conseil
suprême de la guerre , et un des hommes
les plus sa vans de son temps , naquit à
Burgos en mai 1689. Il est auteur de plu-
sieurs ouvrages historiques très estimés,
parmi lesquels le plus remarquable est :
Ensayo cronologico, ou essai chronologi-
que pour l'histoire générale de la Floride
depuis l'an 1512, quelle fut découverte
par Jean Ponce de Léon, jusqu'en 1722 ,
Madrid, 1723, in-fol. Barcia comprend sous
le nom de Floride tout le conlinenl et les
îles adjacentes de l'Amérique septentrio-
nale depuis la rivière de Panuco à l'orient
du Mexique. L'exactitude des faits , l'im-
partialité , un style élégant et correct sont
les qualités qui distinguent cet ouvrage.
Barcia est mort à Madrid en 1742.
BARCLAY (Guillaume) naquit à Aber-
déen en Ecosse. N'ayant pu s'avancer à la
cour, il vint en France, et alla étudier à
Bourges sous Cujas. Le Père Edmond
Hay, jésuite, le fit nommer professeur en
droit dans l'université de Pont-à-Mousson.
Le duc de Lorraine lui donna une charge
de conseiller d'étal et de maître des re-
quêtes ; mais ayant été desservi auprès de
ce prince par les jésuites , à ce que dit
Bayle , il repassa en Angleterre. Le roi
Jacques I lui fit des offres considérables,
à condition qu'il embrasserait la reli-
gion anglicane. Barclay préféra revenir
en France l'an 1604. Il eut une chaire de
professeur de droit dans l'université d'An-
gers , et y mourut l'année d'après. Son
traité De potestate papœ, Rome, 1610,
in-8° , Iraduit en français , 1688 , in-12;
et celui De regno et regali potestate,
Paris, 1600, in-4°, dédié à Henri IV, firent
beaucoup de bruit dans le temps.
BARCLAY ( Jean ) , fils de Guillaume
et d'une demoiselle de la maison de Malle-
ville , naquit à Pont-à-Mousson en 1582.
Les jésuites, chez lesquels il fit ses études,
voulurent l'agréger à leur société; mais il
aima mieux suivre son père en Angle-
terre. Un poème latin, intitulé Euphor-
6
BAR
62
BAR
mion, qu'il publia sur le couronnement
du roi Jacques I, le mit en faveur auprès
de ce prince. Guillaume son père , crai-
gnant que le séjour d'Angleterre n'ébran-
lât la religion de son fils , le ramena en
France. Le jeune Barclay l'ayant perdu
quelque temps après , repassa à Londres ,
où Jacques I lui donna des emplois consi-
dérables. Il y fit imprimer la suite de son
Euphormion , satire latine en 2 livres,
dans laquelle l'auteur déploie l'érudition
et la morale. Les meilleures éditions de
ce livre sont celles d'Elzevir, 1627, in-12,
et de Leyde , 1674 , in-8° , cum notis va-
riorum. Il a été traduit en français par
l'abbé Drouet de Maupertuis , Anvers,
1711 , 3 vol. in-12. Il publia vers le même
temps le traité de son père, De potestale
papee. Comme cet ouvrage, ainsi que
celui sur la Puissance des rois , par le
même auteur , attaquait les sentimens de
plusieurs théologiens, Bellarmin y ré-
pondit. Barclay lui répliqua, dans un écrit
intitulé Pietas, in-4°. Jean Eudemon ,
jésuite, répondit pour Bellarmin, mais
avec peu de succès. Il accusa Barclay
d'hérésie ; mais celui-ci prouva qu'il avait
toujours été bon catholique, dans la cour
d'Angleterre même. Ennuyé de demeurer
en Angleterre , il repassa en France , et
de là il alla à Borne , sous le pontificat de
Paul V. Ily mourut dans l'aisance en 1621,
la même année que son adversaire Bellar-
min. Barclay était d'une mélancolie qui
le rendait singulier : passant tout le matin
dans son cabinet , sans voir personne , et
le soir cultivant son jardin. On a de lui,
outre les ouvrages dont nous venons de
parler , | Parœnesis ad Sectarios _, Borne,
1617: Barclay, qui n'était pas théologien,
n'y réussit pas trop bien; | Argenis ,
Leyde, 1630, in-12, et cum nolisvariorum,
1664 et 1669 , 2 vol. in-8° : roman mêlé de
prose et de vers , traduit par l'abbé Josse,
chanoine de Chartres , 1752 , 5 vol. in-12,
et beaucoup mieux par M. Savin , Paris ,
1776 , 2 vol. in-8°. Cet ouvrage offre de
l'étendue dans le plan , de la noblesse et
de la variété dans les caractères , de la
vivacité dans les images ; il est plus digne
d'être lu que son Euphormion. Le style
lient de celui de Pétrone, de Lucain et
d'Apulée. C'est un tableau des vices et
des révolutions des cours. La générosité
franche , héroïque et sans détours , y est
en contraste avec la fourberie habile et
la marche artificieuse. | Trois livres de
poésies , in-4° , inférieures à sa prose ; on
y trouve de l'enflure et duphébus. | Icon
animorum, Londres , 1612 , in-8°, ouvrage
qui réussit , quoiqu'U n'y ait pas assez do
profondeur.
B VUCL \Y ( Robert ), né à Edimbourg
en 1648, d'une famille illustre, fut élevé
à Paris , sous les yeux d'un de ses oncles,
président du collège écossais de celte ville.
Il retourna en Ecosse avec son père , qu'il
perdit peu de temps après , en 1664. Les
quakers avaient répandu leurs erreurs
dans ce royaume ( voyez FOX, Georges):
Barclay se laissa séduire par ces fanati-
ques, et publia plusieurs ouvrages pour
leur défense. Non content de les servir
par ses écrits , il passa en Hollande et en
Allemagne , pour y faire des prosélytes.
Après avoir essuyé bien des fatigues , il
revint l'an 1690 mourir en Ecosse, dans
sa 42e année. Les historiens de sa secte
le peignent comme un homme de bien ,
supportant le travail et la peine avec plai-
sir , d'une humeur gaie et d'un caractère
constant. Ce qu'il y a de certain , c'est
que ses mœurs étaient régulières, et qu'il
joignait à beaucoup d'érudition, un esprit
méthodique , des vues sages , et autant de
modération que peut en avoir un enthou-
siaste. On a de lui plusieurs ouvrages ,
dans lesquels il réduit le quakérisme en
système. Les principaux sont : | Cote-'
chisme ou Confession de foi dressée et
approuvée dans l'assemblée générale des
patriarches et des apôtres, sous la puis-
sance de Jésus-Christ lui-même. Il serait
trop long d'analyser les principaux dogmes
exposés dans ce livre. Nous nous borne-
rons aux points les pluj importans de la
morale des quakers. Il n'est pas permis ,
suivant eux, à un chrétien 1° de donner
aux hommes des titres flatteurs , comme
votre Sainteté, votre Eminence , votre
Excellence * votre -Grandeur, votre Sei-
gneurie _, etc.; ni de se servir de ces dis-
cours flatteurs, appelés communémenl
complimens : 2° de se mettre à genoux, ou
de se prosterner eux-mêmes devant au-
cun homme, ou de courber le corps, ou
de découvrir la tête devant eux : 5°d'user
de superfluités dans ses vêtemens, comme
de gance au chapeau et de boulons aux
manebes : 4° de se servir de jeux, de passe-
temps, de divertissemens, ou de comédie»
sous prétexte d'amusemens nécessaires :
5° de jurer, non-seulement dans les dis-
cours ordinaires, mais même en juge-
ment devant le magistrat : 6° de résister au
mal, ou de faire la guerre, ou de com-
battre dans aucun cas. | Theologiœ verœ
christianœ opologia, Amsterdam ., 1676,
BAR
63
BAR
in-4°. Basnage de Beauval et le P. Niceron
disent qu'avant Gérard Croese , personne
n'a donné un détail des dogmes des qua-
kers. Ils se trompent, puisque cet ouvrage
singulier, fait par un membre de cette
secte , les fait connaître parfaitement. Il
a été traduit en plusieurs langues, et par-
ticulièrement en français , Londres , 1702,
In-8°. L'épitre dédicatoire à Charles II
contient, non des complimens merce-
naires et de basses adulations , mais des
vérités hardies et des conseils justes. « Tu
» as goûté ( dit-il à Charles , à la fin de
» cette épitre) de la douceur et de l'amer-
»tume, de la prospérité et des plus grands
» malheurs. Tu as été chassé du pays où
» tu règnes ; tu as senti le poids de l'op-
» pression , et tu dois savoir combien
» l'oppresseur est détestable devant Dieu
» et devant les hommes. Que si, après
» tant d'épreuves et de bénédictions, ton
» cœur s'endurcissait , et oubliait le Dieu
» qui s'est souvenu de toi dans tes dis-
» grâces , ton crime en serait plus grand
» et ta condamnation plus terrible. Au
» lieu donc d'écouler les flatteurs de ta
» cour , écoute la voix de ta conscience ,
» qui ne te flattera jamais. Je suis ton
» fidèle ami et sujet. » | Epistola ad legatos
Noviomagi congressos ., 1678 , in-4°.
* BARCLAY-DE-TOLLY, feld-maréchal
des armées russes , ministre de la guerre,
était fils d'un pasteur de Livonie, et ne
dut son élévation qu'à son mérite. Il em-
brassa dès l'âge de 14 ans la carrière mi-
litaire, se distingua, en 1807, au combat
de Gurka, et acquit aux affaires de Pul-
tusk et de Prussick-Eylau une réputation
qu'il soutint glorieusement dans la cam-
pagne de Finlande , en 1808 , où ses bril-
lantes actions et les ta'.ens dont il fit preuve
lui valurent le grade de général d'infan-
terie en 1809, et le ministère de la guerre
en 1810. L'année suivante, il fut décoré de
la croix de Saint-Wladimir de première
classe. Au commencement de 1815, le gé-
néral Barclay-de-Tolly fut chargé du com-
mandement en chef dos armées combinées
de la Russie et de la Prusse, et par la vic-
toire de Leipsick décida du sort de la cam-
pagne. L'empereur Alexandre lui conféra
alorsle titre de comte.Ce général fui ensuite-
chargé de diriger les opérations de l'ar-
mée russe pendant l'invasion en France.
Il fit une proclamation à son armée , par
laquelle il lui recommandait la discipline
la plus sévère, en menaçant de punition
ceux qui s'en écarteraient. Après les af-
faires de Châlons, de Langres, de Brienne,
de Sésanne , le comte Barclay-de-Tolly
fit son entrée à Paris le 51 mars 1814 , et
fut créé par son souverain feld-maréchal.
En 1815, à la nouvelle du débarquement
de Napoléon , ce général qui avait établi
son quartier général à Varsovie , dirigea
ses troupes vers le Rhin. Il entra en France
après la journée de Waterloo, avec une
partie de son armée , et reçut de l'empe-
reur de Russie le titre de prince. Barclay-
de-Tolly vint à Paris , et Louis XVIII le
décora de la croix de commandeur de
l'ordre de Saint-Louis. La modération du
feld-maréchal durant les deux invasions
est digne d'éloge. Il mourut le 25 mai 1818
à Interbourg , en se rendant aux eaux de
Carlsbad en Bohème.
* BARCO CEINTENERA (Martin del),
poète espagnol, naquit à Badajoz, en 1555.
Il fut pendant quelques années profes-
seur de belles lettres à l'université de Sala-
manque. Une dispute assez violente inter-
venue entre lui et un autre professeur le
détermina à s'expatrier. Il passa en Amé-
rique, et après avoir visité le Pérou, il
s'arrêta au Paraguay , où il composa un
ouvrage en vers, intitulé : Argenlina ou
Histoire de la rivière de la Plata _, de-
puis sa découverte jusqu'en 1581. Dans
cette composition , qu'on ne saurait ap-
peler un poème , l'auteur se livre à son
imagination, et entasse des fables aussi
peu amusantes qu'étrangères au sujet.
On y remarque cependant de belles des-
criptions , des inspirations heureuses, et
plusieurs faits essentiels omis par les his-
toriens de l'Amérique. V Argenlina fut
imprimé à Lisbonne , en 1002 , et inséré
ensuite dans le lom. 5 du Recueil de
Barco , Madrid, 1749. Barco Centenera
avait embrassé l'état ecclésiastique ; il
mourut à Badajoz, , en 1096. — BARCO
(Alexis), peintre espagnol, né vers 1610,
eut beaucoup de talent pour peindre les
paysages; plusieurs de ses tableaux se
trouvent dans les palais du roi d'Espagne
et dans ceux de différens seigneurs de
Madrid. Il mourut fort pauvre , en 1665.
BAÏICOCIIEBAS (c'est-à-dire, fils de
l'Etoile ) , brigand fanatique , se disait
l'étoile prédite par Balaam, application
que le docteur Akiba ne fit point difficulté
de ratifier ( Voyez AKIBA ). Les Juifs ,
toujours prêts à cabaler , et qui, selon la
parole de J.-C, devaient être les dupes de
plusieurs faux messies ( Voyez ANDRÉ ),
le crurent la lumière céleste, le vrai Mes-
sie, et se soulevèrent , dans l'espérance
que ce scélérat serait leur libérateur. Le
BAR 64
nouveau prophète prit plusieurs forte-
resses, et massacra beaucoup de Romains
et de chrétiens. L'empereur Adrien en-
voya, contre ces furieux, Julius Sévérus
gouverneur de la Grande-Bretagne. Ce
général les ayant resserrés dans la ville
de Bitter , s'en rendit maître , après 5 ans
de siège. Celte guerre finit par la mort de
Barcochebas et de ses sectateurs, et par le
massacre de 580 mille Juifs , sans comp-
ter ceux qui périrent de faim ou de ma-
ladie, l'an 134 de J.-C. Bossue t dans son
Explication de V Apocalypse , prouve ,
par les rapprochemens les plus satisfai-
sans et un groupe de traits historiques
saisis avec justesse, que Barcochebas est
V Etoile dont il est parlé clans le chap. 8 de
cette sublime prophétie de saint Jean,
et qui attira l'entière ruine des Juifs.
« Celte étoile ., dit-il, est le faux messie
» Barcochebas, la seule cause du malheur
» que saint Jean vient do décrire. Le
y nom y convient , puisque le mot de
» Cochebas signifie Etoile; mais la chose
» y convient encore mieux , comme il pa-
» raît par l'histoire. Barcochebas se van-
» tait d'être un astre descendu du ciel pour
» le secours de sa nation. »
BARCOS (Martin de) , né à Bayonne,
était neveu par sa mère du fameux abbé
de Sainl-Cyran, qui lui donna pour maître
Janiénius, évêque d'Ypres, alors profes-
seur de théologie à Louvain. Il le lira
ensuite de cette université, pour lui con-
fier l'éducation du fils d'Arnauld d'An-
dilly. Le secrétaire de l'abbé de Saint-
Cyran étant mort, son neveu alla prendre
sa place auprèsdeson oncle. Après sa mort,
la reine-mère donna en 1644 son abbaye
de Sainl-Cyran à Barcos, qui la rétablit
et la réforma. Le roi, informé que le nou-
vel abbé dogmatisait, lui envoya un ordre
qui l'exilait à Boulogne. L'abbé de Barcos
aima mieux se cacher, que de se rendre à
l'endroit de son exil. Il revint ensuite dans
son abbaye, et y mourut en 1678, âgé de
78 ans. Ses liaisons avec Saint-Cyran et
avec le docteur Antoine Arnauld, lui firent
jouer un rôle dans les disputes du jansé-
nisme. Il enfanta plusieurs ouvrages, qui
ne lui ont guères survécu. Les principaux
sont : | la Grandeur de l'église romaine,,
établie sur l'autorité de saint Pierre et de
saint Paul, in-4° ; | Traité de l'autorité
de saint Pierre et de saint Paul , qui ré-
side dans le pape, successeur de ces deux
apôtres, 1645 , in-4° ; | E clair cissemens de
quelques objections que l'on a formées
contre la grandeur de l'Eglise romaine ,
BAR
1646 , in-4°. Ces 5 gros vol. furent com-
posés par l'abbé de Barcos, pour défendre
cette proposition , insérée par lui dans la
préface de la Fréquente communion, et
censurée par la Sorbonne : saint Pierre
et saint Paul sont deux chefs de l'église
romaine, qui n'en font qu'un; proposition
qui , prise même grammaticalement, est
d'une lausseté évidente; où trouvera-t-on
que deux chefs n'en font qu'un? et qui
tend d'ailleurs à détruire la primauté de
saint Pierre , le grand fondement de l'u-
nion catholique , contre lequel toutes les
sectes viennent échouer. L'abbé de Barcos
avait assez de courage pour se soumetli e
aux règles de la plus austère pénitence ,
niais non assez de docilité pour rétracter
une erreur. | Une Censure du Prœdesli-
nalianismus du P. Sirmond; | De la Foi,
de l'Espérance et de la Charité, 2 vol.
in-12; | Exposition de la foi de l'église
romaine touchant la grâce et la prédes^-
tination, in-8° ou in-12. Il avait travaillé
au Petrus Aurelius avec son oncle. Voyez
SAINT-CYRAN.
BARDAIVES, surnommé le Turc, gé-
néral des troupes d'Irène , voulant mon.-
ter sur le trône , se fit proclamer empe-
reur par l'armée qu'il commandait. Ni-
céphore , intendant des finances , s'étant
fait couronner en même temps , et la ville
de Constant inople refusant d'entrer dans
la révolte de Bardanes , il écrivit à son
concurrent, qu'il mettait bas les armes,
et qu'il allait se faire moine. Il obtint so»
pardon ; mais quelque temps après , en
803, Nicéphore lui fit crever les yeux.
BARDAS , frère de l'impératrice Théo^
dora , rétablit les sciences dans l'empire,
où elles étaient comme anéanties , depuis
que le barbare Léon Tlsaurien avait fait
brûler la bibliothèque de Constantinople.
Bardas , nommé César , et voulant acqué-
rir plus d'autorité, massacra, en 856,
Théoctiste , général des troupes de l'em-
pereur Michel, et fut mis à sa place. Il
fit ensuite cloîtrer l'impératrice sa sœur,
répudia sa femme, pour vivre avec sa
belle-fille , et fil chasser saint Ignace du
siège patriarchal , qu'il donna à l'eunuque
Photius, son neveu, en 858. Il eut plu-
sieurs démêlés avec Basile le Macédonien,
depuis empereur. Photius engagea Basile
et l'empereur Michel à se réconcilier
avec Bardas, et leur fil sceller par le sang
de Jésus-Christ la promesse de ne pas lui
nuire. Mais Basile ayant conçu des soup-
çons contre les desseins de Bardas , l'as-
sassina en 866.
BAR 6
* BARDAS SCLERUS, général d'armée
6ous l'empereur Jean Zimiscès, se ré-
volta après la mort de ce prince contre
Basile II et Constantin-le-Jeune , et se fit
proclamer empereur en 975. Vaincu par
Bardas Phocas , il se joignit ensuite à ce
dernier qui avait pris la pourpre , et par-
tagea l'empire avec lui ; mais , à sa mort
il alla se soumettre à Basile , qui lui con-
serva sa charge de grand-maitre du pa-
lais.
* BARDE (Jean de la), marquis de
Marolles- sur -Seine, diplomate et écri-
vain mort à Paris en 1692, successive-
ment premier commis des affaires étran-
gères , ambassadeur en Suisse , et député
au congrès d'Osnabruck par le cardinal
Mazarin, écrivit en latin Y Histoire de
son temps de 1643 à 1655 , imprimée à
Paris en 1671, in-4°. Son frère Denis de
la BARDE, évêque de Saint-Brieuc , fut
secrétaire de l'assemblée du clergé de
France , et prononça , en 1645 , l'oraison
funèbre de d'Henri d'Escoubleau , arche-
vêque de Bordeaux.
BARDESANES, hérétique du 2e siècle,
sectateur de Valentin , se dégoûta ensuite
d'une partie des erreurs de son maître ,
et écrivit même pour les réfuter ; mais il
en garda toujours quelques-unes. Il niait
la résurrection des morts , et avait ré-
pandu ses erreurs à Edesse, par le moyen
de certains vers que le peuple avait appris
à chanter. Saint-Ephrem , pour remédier
au mal , fit apprendre aux habitans de la
ville et de la campagne d'autres vers qu'il
avait composés , et qui contenaient la
doctrine catholique. Si l'on en croit saint
Augustin, Bardesanes défendait le fata-
lisme; mais il paraît par Eusèbe qu'au
contraire il combattait cette erreur : peut-
être la défendit-il d'abord et la réfuta-t-il
ensuite. Ses disciples portèrent le nom de
Bardés iai listes.
BARDET ( Pierre ) , né à Montaguet
en Bourbonnais, l'an 1591, mourut à Mou-
lins en 1685 , à 94 ans , avec la réputation
d'un bon avocat. On a de lui un Recueil
d'arrêts, en deux vol. in-fol. Paris , 1690,
et Avignon, 1775, publiés par Berroyer
son compatriote, qui l'accompagna de
notes et de dissertations.
* BARDI ( Jérôme), prêtre et médecin
italien, au 17e siècle, était de Rapallo,
mais d'origine génoise. Il entra, en 1619,
dans la compagnie de Jésus, d'où sa mau-
vaise santé l'obligea de sortir cinq ans
après. Il alla ensuite à Gènes , où il reprit
ses éludes , et fut reçu docteur en théo-
5 BAR
logie et en médecine. La chaire de philo-
sophie de l'université de Pise, où l'on
expliquait Aristote et Platon , étant de-
venue vacante , l'archevêque de Pise ,
Julien de Médicis , la fit donner à Bardi,
qui y professa avec beaucoup d'éclat. 11
continuait cependant d'étudier l'anato-
mie, la médecine, et trouvait encore des
momens à donner à la poésie. Après la
mort de son père , il se rendit à Rome ,
où il resta depuis 1651 jusqu'en 16G7; et .
quoique prêtre , il obtint du pape Alexan-
dre VII, la permission d'exercer la mé-
decine. Les principaux ouvrages qu'on
a de lui , sont : j Prolusio philosophioa
habita in Pisarum celeberrimo Athe-
nœo , XI mensis novemb. 1635, etc Pise,
1634, in-4°. C'est le discours d'ouverture
de ses cours de philosophie dans cette
université. | Medicus politicocatholicus,
etc. , Gênes , 1645 , in-8°. ; | Theatrum
nalurœ iatrochymicœ rationalis , etc ,
Rome , 1654 , in-4° ; | Xaverius Peregri-
nus,pedepari et impari de scriptus, Rome
1659 , in-4°. Ce poème valut à l'auteur, de
la part d'Alexandre VII, une pension de
cinquante écus romains. Parmi les ou-
vrages de Jérôme Bardi , qui n'ont point
été imprimés , on en remarque un , dont
le titre singulier fait croire qu'il cultivait
aussi la musique ; ce titre est : Musica
medica , magica, moralis, consona, dis-
sona, curativa, catholica, rationalis.
BARDIN (Pierre), né àRouen, en 1590,
membre de l'académie française, se noya
en 1637, en voulant sauver M. d'Humières,
dont il avait été gouverneur. Chapelain,
dans une épitaphe faite par ordre de l'a-
cadémie, dit que les vertus se noyèrent
avec lui. Bardin laissa quelques ouvrages,
écrits d'un style lâche et incorrect. Les
principaux sont : | le grand Chambellan
de Fiance* 1625, in-fol. ; | Pensées mora-
les sur V Ecclésiasle * 1629, in-S°; | le Ly-
cée,ou De l'honnête homme, 2 vol. in-8°.
BARDON ( François DANDRE), pein-
tre célèbre , né à Aix en Provence , en
1700, et mort à Paris en 1785. Destiné à
fréquenter le barreau , il fut envoyé par
ses parens à Paris pour étudier le droit
et s'y faire recevoir avocat. La peste qui
désolait alors sa patrie l'y retint plus
long-temps qu'il ne l'avait prévu, de sorte
qu'il se trouva sans occupation. Doué
d'un génie bouillant et plein de feu , il se
sentit du goût pour le dessin. J. B. Van-
loo , son compatriote , lui en donna les
premières leçons ; il entra ensuite chez
de Troy, le fils , et y apprit à peindra.
6.-
BAR
CC
BAR
l'habitude qu'il contracta de jeter sur le
papier tout ce que son imagination lui
suggérait , le rendit bientôt compositeur
aussi fécond que facile. Après avoir
donné en Provence des preuves éclatan-
tes de ses talens , il vint à Paris , et ne
tarda pas à y être avantageusement connu.
La mort de Lépicier ayant fait vaquer la
place de professeur d'histoire dans l'école
des élèves, Bardon l'obtint aisément. Dès
ce moment il se consacra tout entier à
l'instruction de ses élèves ; il abandonna
le pinceau et ne quitta plus la plume. Ce
qu'il crut leur être plus utile fut un cours
complet des usages et coutumes des diffé-
rens peuples , dont la connaissance est si
nécessaire à ceux qui cultivent les beaux
arts. Il voulut aussi leur apprendre à trai-
ter convenablement chaque trait d'his-
toire , et l'ouvrage qu'il se proposait de
faire à ce sujet devait avoir nombre de
volumes. Il n'en a publié que trois , sous
ce titre : Histoire universelle traitée rela-
tivement aux arts de peindre et de scul-
pter, 1769 , 2 vol. in-12. Il avait donné
auparavant un Traité de peinture., suivi
d'un Essai sur la sculpture , pour servir
d'introduction à une Histoire universelle
relative à ces arts. Ces deux ouvrages au-
raient eu plus de succès , si l'auteur eût
été moins prolixe, moins amoureux de
ses propres idées, si son style eût été plus
naturel et mieux préservé de la corrup-
tion générale, qui dans ce siècle de sub-
version ne fait pas plus de quartier au
langage qu'aux choses. En 1770, après une
attaque d'apoplexie, suivie d'une paraly-
sie, il ne fit que végéter. On voit plusieurs
de ses tableaux aux Capucins du Marais,
aux Missions étrangères et aux Filles de
Saint-Thomas-de-Villeneuve. Le plus re-
marquable est celui d' Auguste qui fait
précipiter dans le Tibre les personnes ac-
cusées depéculat.
* BARDOSSY ( Jean de ), mort le 18
mars 1819 , âgé de 81 ans , à Pesth, ou il
passa dans la retraite les dernières an-
nées de sa vie, est avantageusement
connu dans la littérature hongroise , par
1 a continuation des Analecla Scepusii de
Charles Wagner, et par plusieurs autres
écrits sur l'histoire de Hongrie. Ses di-
vers ouvrages sont : | Animadversiones
hislorico-critico-diplomaticœ in opus de
insurrectione nobilium, auclore Josepho
Kereszturio, Vindobonas, 1790, vulgatum,
cum recensione apocrisium de Banderiis
Hungaricis , Viennae, anonymo auctore ,
i78o, editarum, conscriptae Budae, 1792»
vol. de" 229 pag. in-8°; | Observationes in
Gregorii Berzeviczii libellum de com-
mercio ci industriâ Hungariœ, Leulscho-
vice, 1797, vol. de 78 pag. in-8°. Mais son
principal ouvrage est : | Moldavensis vel
Szepsiensis decimee indagatio est proxi-
ma terrœ Scepusiensis et huic innexarum
saero-profanarum jwisdictionum evolu-
tio , Posonii, 1803; vol. de 192 p. in-4°.
BARDOU ( J. ), curé, né à Poret, près
de Sedan, en 1729, mort à Rilly-aux-Oyes,
en 1813, a publié : | Y Esprit des apologis-
tes de la religion chrétienne, Bouillon,
1776, 3 vol. in-12; | Histoire de Laurent
Marcel, ou l'Observateur sans préjugés,
Lille, 1770-81 , h vol. in-12 ; | Amusement
d'un philosophe solitaire, Bouillon, 1785,
3 vol. in-8°.
* BARDOU DUIIAMEL, jésuite, et de-
puis leur suppression, avocat à Metz. On
ignore l'époque de sa mort. Il a publié un
Traité de la manière de lire les auteurs
avec utilité, Paris, 1747 et 1751 , 5 vol.
in-12.
* BARDYLIS, charbonnier, puis chef de
voleurs, devint roi de l'IUyrie. Il délit Per-
diccas, roi de Macédoine, qui fut tué dans
le combat, et s'empara d'une partie de ses
états; mais il fut bientôt lui-même vaincu
par Philippe, frère et successeur de Per-
diccas , qui lui reprit toutes ses conquê-
tes, l'an 559 avant J.-C. Peu d'années
après , Bardylis se souleva de nouveau ,
de concert avec le roi des Thraces et
celui des Paeoniens; Philippe les ayant
prévenus , les défit et les rendit tributai-
res de la Macédoine. Bardylis, quoiqu'âgé
de quatre-vingt-dix ans , combattit à che-
val avec beaucoup de valeur; il ne fut ce-
pendant pas tué , comme le dit Olivier,
dans son Histoire de Philippe; mais il est
probable qu'il ne poussa pas sa carrière
bien loin. Clitus son fils se révolta contre
Alexandre, qui venait de monter sur le
trône; ce prince le défit, le dépouilla de
ses états , et le força de se réfugier chez
Glaucias , roi des Taulantiens. Il rentra
sans doute dans son royaume après le
départ d'Alexandre pour l'Asie ; car on
trouve au nombre des femmes de Pyr-
rhus , une Bircenna, fille de Bardylis, roi
des Illyriens , qui devait être petit-fils de
celui-ci.
* BARDZUVSKI ( Jeax-Alanus ) , re-
ligieux polonais de l'ordre des domini-
cains , vécut dans le 17e siècle. Il a tra-
duit en vers polonais la Pharsale de Lu-
cain, Oliva, 1691; les tragédies de Sénèque,
l Thorn, 1696. On a aussi de lui une traduc-
BAR 67
tion, partie en prose , partie en vers, de
la Consolation philosophique de Boè'ce,
Thorn, 1694. Les Polonais s'occupèrent,
dès le 16e siècle, à traduire dans leur
langue les auteurs grecs et latins. Pen-
dant le 17e et le 18e, cette branche de
leur littérature s'est encore enrichie da-
vantage, et s'est étendue aux écrivains de
la France et de l'Italie. Virgile, Ovide,
Pétrarque, le Tasse, Racine, Fénélon,
Voltaire ont été traduits par des littéra-
teurs d'un talent distingué , et que nous
aurons occasion de faire connaître dans
la suite de ce Dictionnaire.
♦BARENT ou BARENTSEN (Thierry),
peintre , né à Amsterdam en 1534 , mort
dans cette ville en 1592 , traita les sujets
d'histoire avec succès. Sa Judith est re-
gardée comme son chef-d'œuvre ; il s'a-
donna particulièrement au portrait, qu'il
composait dans le goût du Titien, sous le-
quel il avait étudié plusieurs années et
dont il a fait le portrait.
* BAREVTIÎV ( Charles-Louis-Fran-
çois de Paule de ) , né en 1758 d'une
famille ancienne et distinguée, fut d'abord
avocat-général au parlement, puis prési-
dent de la cour-des-aides. La réputation
qu'il se fit dans ses fonctions le fit nommer
garde-des-sceaux , le 19 septembre 1788 ,
en remplacement de M. de Lamoignon.
Les premiers troubles de la révolution
rendirent son nouvel emploi difficile , et
plusieurs l'ont dépeint comme un homme
faible et au-dessous de sa place, parce
que son caractère et ses opinions ne lui
permirent pas d'adopter les Innovations
qu'on voulait introduire , et dont il sen-
tait toutes les conséquences. Il ouvrit
néanmoins la seconde assemblée des no-
tables et les états-généraux par un discours
plein de modération , et fit d'inutiles ef-
forts pour rapprocher les trois ordres.
La réponse qu'il fut chargé de faite au
nom du roi à l'Assemblée nationale qui
demandait l'éloignement des troupes, in-
disposa encore les esprits contre lui , et
Mirabeau l'accusa de donner au roi des
conseils contre l'assemblée ; mais il pré-
vint ses ennemis en donnant sa démis-
sion, et fut remplacé par l'archevêque de
Bordeaux. Dénoncé de nouveau le 18 no-
vembre 1789 , comme ayant participé à
une conspiration dont le but était de for-
mer un rassemblement de troupes dans
les environs de la capitale pour l'oppri-
mer, il fut acquitté par le Chàtelet. Peu
de temps après il sortit de France , où il
ne pouvait plus rester sans danger, et il
BAR
passa les temps les plus orageux de la ré-
volution en Piémont, en Allemagne et en
Angleterre, auprès du roi et des princes-
A la restauration , son âge ne lui peimet-
tant pas de reprendre les sceaux, il fut
nommé chancelier honoraire, et M.
d'Ambray , son gendre , fut garde-des-
sceaux et chancelier titulaire. Dans le
même temps il reçut le titre de grand-
officier commandeur du Saint-Esprit. Il
est mort à Paris à 80 ans, le 30 mai 1819.
•B\REi\TIi\-DE-MO]\TCIIAL (Le vi-
comte de ) , lieutenant-général et grand'-
croix de Saint-Louis, né en 1757, était de
la même famille que le précédent, mais
d'une autre branche. Il fit la guerre de 7
ans comme capitaine de cavalerie. Nom-
mé ensuite officier supérieur dans la
compagnie écossaise des gardes-du-corps
de Louis XV et de Louis XVI , il émigra
avec les princes, servit dans leur armée ,
puis dans celle de Condé ; enfin il com-
manda à Mittau le détachement qui ser-
vait de garde à Louis XVIII. Lors de son
retour en France, malgré son grand âge,
il reprit son rang dans la première com-
pagnie des gardes-du-corps, et il fit son
service jusqu'en 1816 , qu'il fut obligé de
prendre sa retraite. Il était aussi distin-
gué pour sa piété que pour son dévoue-
ment, et il est mort dans le mois de mars
1824. On a de lui : | Voyage dans les Etats
Unis, fait en 1784, traduit de l'anglais, de
J.-S.-D. Smith, Paris, 1791, 2 vol. in-8°;
| Rapport fait à sa majesté Louis XVIII
sur la monarchie française, contre le ta-
bleau de l'Europe de M. de Colonne, 1797,
in-8"; | Géographie ancienne et historique
composée d'après les cartes de d'Anville-
Paris, 1807, 2 vol. in-8°; | Traité sur les
haras, extrait de l'ouvrage italien, de J.
Brugnone, traduit et rédigé à l'usage des
haras de France et de toutes les jyerson-
nés qui élèvent des chevaux , 1807, in-8°.
— Son épouse a publié une Histoire abré-
gée de l'ancien et du nouveau Testament,
semée de courtes ré flexions , pour tous les
en fans et les adolesccns , Paris , 1804 , 2
vol. in-12.
* B VRET ( Jeax), professeur à l'école
centrale de Nantes, et membre de la so-
ciété académique de la même ville , y est
mort en 1814, après avoir professé pen-
dant un grand nombre d'années, avec la
plus grande distinction, les mathémati-
ques et l'hydrographie. On a de lui : | un
Mémoire lu à la société académique de
Nantes , sur le calcul des longitudes en
mer , imprimé par cette société; I un
BAR
68
BAB
Mémoire sur les deux trigonométrie s , 1
vol. in-8° ; | Nouvelles résolutions des
problèmes de l'astronomie nautique, Nan-
tes, 1792, 1 vol. in-8°.
* BARET (N. ), né auprès de Boulo-
gne-sur-mer , après s'être fait connaître
par quelques écrits , entre autres des vers
à la louange de l'archevêque de Malines ,
publia en 1785, le Courrier de V Escaut,
feuille périodique qui existe encore au-
jourd'hui , sous le titre de Courrier Belge.
Il écrivit contre le célèbre Linguet et fut
un des collaborateurs des Ephémèrides
de l'humanité et des Annales de la mo-
narchie; rédigées dans un esprit opposé à
la révolution. Mais l'armée de Dumouriez
ayant pénétré dans la Belgique, il fit
partie du club des jacobins à Bruxelles.
Baret devint plus tard membre du comité
de sûreté générale dans cette ville , puis
accusateur public près le tribunal révolu-
tionnaire d'Anvers , et passa bientôt, avec
le même titre au tribunal criminel de la
Lys. Député, en l'an 8, au conseil des An-
ciens, Baret se prononça pour les fêtes
décadaires, et la prohibition des mar-
chandises anglaises. Il venait d'être nommé
tribun, après le 18 frimaire, et revenait
à Paris , lorsqu'il mourut à Valenciennes
en 1799.
* BARETTI (Joseph), littérateur et
poète , né à Turin en 1716 , quitta sa pa-
trie , lorsque les armées combinées de
France et d'Espagne vinrent mettre le
siège devant cette ville; il se rendit à Lon-
dres, où il ouvrit une école italienne, 'et
y mourut en 1789. On a de lui : | Disser-
tation sur la Poésie italienne in-8° , 1753 ;
| Introduction à la langue italienne, in-8°,
1755; | Bibliothèque italienne ,in-8° , 1757;
\Dictionnaire anglais et italien, 1760, 2
vol. in-4° ; | Exposition des mœurs et des
coutumes d'Italie; \ Voyage de Londres
à Gênes par l'Angleterre, le Portugal,
X Espagne et la France, 1770 , h vol. in-
8° ; | Choix de passages d'auteurs célè-
bres de France , d'Espagne , d'Italie et
d'Angleterre, 1772, in-8°; | Phraséologie
italienne et anglaise, 1776, in-8° ; | Dis-
cours sur Shakespeare et Voltaire, 1777,
in-8°, etc. Le Voyage de Londres à Gènes,
et les Mœurs et coutumes d'Italie ont été
traduits en français, le premier de ces
deux ouvrages, en 1778, par H. Bieu, et
le second par Fréville , en 1773.
* BARGETON , célèbre avocat du par-
lement de Paris, né à Uzès vers 1675, fut
impliqué dans la conspiration de Cella-
mare, et enfermé à la Bastille. Mais il
parvint à se justifier et en sortit le 14 mai
1719. Le contrôleur général des finances
Machaull le chargea de dresser un mé-
moire sur le projet d'assujétir les biens
du clergé à l'impôt du 20e. Bargeton écri-
vit à cette occasion les lettres connues
sous le nom de Ne repugnate, parce
qu'elles avaient pour épigraphe ce passage
de Sénèque : Ne repugnate vestro bono.
Le projet ayant échoué , un arrêt du con-
seil du 1er juin 1750 ordonna la suppres-
sion de ces lettres. Imprimées d'abordsoui
le nom supposé de Londres, elles le fu-
rent de nouveau à Amsterdam. M. de
Gaulet , évêque de Grenoble , et M. Du-
ranthon , docteur de Sorbonnc , y répon-
dirent. Bargeton ne put leur répliquer;
la mort l'avait frappé avant l'impression
de son ouvrage, en 1750, à l'âge de 75 ans.
* BARILLON ( Jean-Joseph-François-
Alexandre) né vers 1756, à Serres, au-
jourd'hui dans le département des Hautes-
Alpes , dans l'espoir de faire fortune , se
rendit à Saint-Domingue, avec cinq mille
livres en assignats , presque sans valeur ,
et revint de cette lie avec des richesses
immenses qu'il accrut encore en spécu-
lant sur les biens nationaux. Il ouvrit en-
suite une maison de banque. Lorsque le
Directoire eut formé, en 1797, le projet
d'une descente en Angleterre, Barillon
fut chargé par le commerce de Paris ,
d'annoncer au gouvernement l'ouver-
ture d'un emprunt pour subvenir aux
frais de la guerre. Le luxe effréné qu'il
déploya commença cependant à ébranler
sa fortune que des spéculations vastes et
malheureuses achevèrent de renverser, et
Barillon se déclara en 1805 en état de fail-
lite. Il rentra alors dans l'obscurité , et ne
reparut qu'en 1815 , époque à laquelle
il commanda une compagnie de grena-
diers clans la garde nationale parisienne.
Barillon fit partie de la chambre des re-
présentans de 1815 et mourut en 1819.
BARIIVG (Daniel-Evrard) , naquit,
en 1690, à Oberg, dans l'IIeldesheim. Il
était fils d'un ecclésiastique, et étudia d'a-
bord la théologie. Il entreprit ensuite l'é-
tude de la médecine, qu'il quitta égale-
ment pour se livrer à celle de l'histoire
littéraire, où il fit des progrès rapides.
Baring devint un des plus savans biblio-
graphes de l'Allemagne, et ce talent lui
mérita , en 1719 , la place de sous-biblio-
thécaire royal à Hanovre. Il s'appliquo
alors plus particulièrement à l'histoire de
la diplomatie , sur laquelle il publia un
ouvrage très-estimé , qui a pour titre :
BAR
69
BAR
Clavis diplomatica, specimina veterum
scripturarum tradens, Hanovre, 1737,
in-4". La seconde édition, 1754, 2 vol.
in-4° , est enrichie d'une bibliothèque des
auteurs qui ont écrit sur la diplomatique.
On cite également avec éloge son Essai
sur l'histoire ecclésiastique du Hanovre *
ibid., 1748. Il mourut en 1753.
BARISON , roi de Sardaigne , héritier
de la célèbre maison Sardi de Pise , l'une
de celles qxii avaient concouru à enlever la
Sardaigne sur les Sarrasins , était , en
1164 , seigneur d'Arborea , lorsqu'il entre-
prit de reconquérir ses droits. Il offrit à
Frédéric Barberousse un tribut de 4,000
marcs d'argent pour l'aider à reprendre
ses états. Frédéric le seconda de tout son
pouvoir ; les Génois , espérant ainsi sous-
traire cette île aux Pisans , leurs rivaux,
favorisèrent les projets de Barison, firent
l'avance du tribut , et armèrent une flotte.
Ils le promenèrent le long des côtes de
Sardaigne , attendant toujours une révo-
lution du peuple en sa faveur. Leur es-
pérance fut vaine ; ils ramenèrent avec
eux le roi , qu'ils gardèrent en gage des
sommes qu'ils avaient payées pour lui.
Barison mourut en prison à Gènes , sans
avoir pu entrer dans ses états.
* BARJAUD ( J.-B.), né àMontluc vers
1784 , fit ses études à Paris. Après avoir
donné à l'Odéon quelques comédies qui
eurent du succès , il se préparait à en lire
une en cinq actes et en vers au théâtre-
français, et se livrait avec ardeur à l'a-
chèvement d'un poème de Charlemagne*
commencé depuis plusieurs années, lors-
qu'en 1812 il perdit l'emploi qui assurait
son existence. Dès lors Barjaud résolut,
avant de terminer et de revoir ce dernier
ouvrage , de suivre la carrière des armes,
et d'aller sur les champs de bataille , afin,
disait-il , d'y trouver des idées , d'y con-
templer des tableaux , et de les peindre
d'après nature. Il fut nommé sous-lieute-
nant dans le 57e régiment d'infanterie lé-
gère , faisant partie du corps d'armée des-
tiné à rejoindre le prince Eugène , qui se
repliait sur Magdebourg. Peu fait aux fa-
tigues de la guerre , aux marches forcées
et aux privations qui en sont la suite, Bar-
jaud , épuisé de lassitude , faillit plusieurs
fois rester en route; mais son courage
ne l'abandonna pas , et le désir de se si-
gnaler lui donna de nouvelles forces. Il
arriva enfin, et les jeunes soldats qu'il
commandait se tirent remarquer par leur
intrépidité. A la bataille de Bautzen , en
mai 1813, il continua de se distinguer.
Après l'armistice de Neumark, l'armée
prit des cantonnemens , et Barjaud pro-
fita.de ce temps de repos pour composer
plusieurs odes qu'il vint présenter au
chef des armées françaises, lors d'une
grande revue qui fut passée à Dresde. Ce
chef, qui probablement avait entendu
parler des ouvrages de Barjaud, dit au
poète guerrier , qu'il lui accordait une dé-
coration. « Laquelle? demanda Barjaud;
est-ce celle de la légion-d'honneur ou
celle de la réunion? — Celle que tu choi-
siras, répondit Bonaparte. » Barjaud choi-
sit celle de la réunion. Pendant l'armis-
tice , il vint à Dresde , et assista le 28
août aux combats de Hollendorf, de
Kulm; il était le 16 octobre à la bataille
de Wachau , et le 18 à celle de Leipsick.
C'est là qu'après avoir fait des prodiges de
valeur , il fut. blessé mortellement. Outre
le poème de Charlemagne > divisé en seize
chants dont le dernier n'est point termi-
née, et dans lequel l'auteur, ainsi qu'il le
disait lui-même , avait pris Homère et le
Tasse pour modèles, et outre les comé-
dies dont il a été parlé, ouvrages inédits,
Barjaud a composé et fait imprimer :
| Homère ou l'origine de l'Iliade et de
l'Odyssée ., poème d'environ mille vers,
suivi de quelques fragmens de celui de
Charlemagne et autres poésies , in-12 ,
Paris, 1811; | deux recueils d'Odes na-
tionales* à la suite desquelles on trouve
des fragmens de traductions en vers fran-
çais de Juvénal, de Claudien , etc. in-8° ,
Paris, 1812; | une Ode à M. Lemaire,
sur la mort inopinée de son fils , in-8°.
Ses ouvrages ont obtenu le plus grand
succès.
* BARKOK, premier sultan de la dynas-
tie des Mamelouks circassiens en Egypte,
mort en 1399 , s'éleva de l'état d'esclave
aux premières dignités de la milice des
Mamelouks , et chassa du trône le sultan
Hadjy , de la dynastie des Mamelouks ba-
harites. Il eut à combattre plusieurs in-
surrections suscitées par les principaux
émirs égyptiens; mais il en triompha, et
finit par régner avec quelque tranquillité.
Il rétablit l'ordre dans l'état, et, quoiqu'il
eût aboli beaucoup d'impôts , il laissa
400,000 pièces d'or dans son épargne. Son
fils Farady lui succéda.
BAR-JESU, est le même qu'Elymas.
Voyez ce nom.
BARLAAM (saint), né dans un village
près d'Antioche, fut occupé dans son en-
fance aux travaux de la vie champêtre;
mais iL les sanctifiait par la pratique des
BAR
70
BAR
vertus les plus héroïques , et se prépa-
rait ainsi à recevoir la couronne du mar-
tyre. Il n'avait d'autres connaissances que
celles des maximes de l'évangile , ce qui
ne l'empêcha pas de confondre l'orgueil
et la cruauté des maîtres du monde. Le
zèle avec lequel il confessait le nom de
Jésus-Christ , le fit arrêter par les païens.
Il fut renfermé dans les prisons d'Antio-
che , où il resta long-temps. Ayant été con-
duit devant le juge, celui-ci le railla sur
son extérieur et son langage rustique :
mais il fut étonné de sa grandeur d'âme et
de son inébranlable constance. Après di-
vers tourmens, Barlaam fut tiré de la pri-
son, et placé devant un autel , où étaient
des charbons allumés pour brûler l'encens
destiné au sacrifice. On lui étendit la main
sur le feu, après l'avoir couverte d'en-
cens et de charbons embrasés ; on imagi-
nait que la douleur lui ferait secouer la
main , et que l'encens venant à tomber
dans le feu qui était sur l'autel , on pour-
rait dire qu'il avait sacrifié. Le généreux
chrétien , qui craignait de donner le moin-
dre scandale, se laissa brûler la main
sans vouloir la remuer. A la vue d'un tel
courage , les railleries des païens se chan-
gèrent en admiration. Barlaam mourut
peu de temps après cette victoire : on
croit que ce fut sous Dioclétien. Voyez
les panégyriques de saint Barlaam, par
saint Basile, t. 2, p. 138, et par saint
Chrysostôme , t. 2 , p. 681 ; les Actes grecs
du saint donnés par Lambécius , t. 8 , p.
277, et dont le P. Baltus a publié une
traduction latine à Dijon en 1720 , in-12.
Voyez aussi une homélie de Sévère, pa-
triarche d'Antioche , qui se trouve dans
un manuscrit chaldaïque , et qui est citée
par M. Joseph Assémani , Bibliothèque
orientale , tome 4, page 571.
BARLAAM, ermite indien, dont l'his-
toire , conjointement avec celle de Josa-
phat, fils d'un roi des Indes , a été écrite
par saint Jean Damascène; au moins
porte-t-elle son nom, quoique les manu-
scrits l'attribuent à différons auteurs. On
ne croit pas que cette histoire soit vraie
dans sa totalité , quoiqu'on ne puisse dire
qu'elle soit absolument fausse. Voici le
jugement qu'en porte M. Huet : « C'est
» un roman , mais spirituel ; il traite de
» l'amour; mais c'est de l'amour divin :
» l'on y voit beaucoup de sang répandu ,
» mais c'est du sang des martyrs.... Non
» que je veuille soutenir que tout en soit
» supposé : il y aurait de la témérité à dés-
» avouer qu'il y ait jamais eu de Bar-
» laam , ni de Josaphat. Le témoignage
» du Martyrologe romain , qui les met au
» nombre des saints , ne permet pas d'en
» douter. Cet ouvrage , soit pour la ma-
» nière dont il est écrit , soit pour l'agré-
» ment de son invention, soit pour la
» piété , a été si fort goûté des chrétiens
» d'Egypte, qu'il a été traduit en langue
» cophte , et qu'il est aujourd'hui assez
» commun dans leurs bibliothèques. » De
l'origine des romans _, p. 87, Paris, 1685.
BARLAAM , moine grec de l'ordre de
saint Basile , né à Seminara dans la Cala-
bre, se distingua au 14e siècle par son sa-
voir dans la théologie , la philosophie , le3
mathématiques et l'astronomie. Etant
passé eh Orient pour y apprendre la lan-
gue grecque , il s'acquit les bonnes grâces
d'Andronic le Jeune , empereur de Con-
stantinople, qui le fit abbé de Saint-Sau-
veur. Ce prince, en 1539, l'envoya en
Occident pour proposer la réunion de l'é-
glise grecque avec la latine, et surtout
pour implorer le secours des princes chré-
tiens contre les Mahométans. Ses Lettres
à ce sujet sont imprimées àlngolstadt,
1604, in-4". Barlaam , de retour en Orient ,
eut de vives disputes avec Palamas, moine
célèbre du mont Athos : c'était le chef
d'une secte de quiétistes , qui en appuyant
leur barbe sur la poitrine, et fixant leurs
regards vers le nombril, croyaient voir
la lumière éclatante qui parut aux apôtres
sur leThabor. Ces visionnaires soutenaient
qu'elle était incréée. Barlaam s'éleva con-
tre eux de vive voix et par écrit : mais
ayant été condamné par les sectateurs de
ces contemplatifs , il abandonna l'Orient
pour repasser en Occident. Etant à Con<
stantinople, il avait écrit contre les latins
mais il reconnut sa faute , et écrivit for
tement contre le schisme : ce qui a donn
lieu à quelques auteurs de distingue!
deux Barlaam. On trouve, dans Canisius
les Traités de Barlaam pour prouver U
procession du Saint-Esprit et la primauté
de l'église de Rome. Il obtint févèché de
Géraci, transféré aujourd'hui à Locri , par
le crédit de Pétrarque, à qui, dans le
temps de son ambassade à Avignon , M
avait montré un peu de grec Barlaam
mourut dans cet éveché, vers 1548.
BARL/EUS ou BAERLE ( Gaspard ) ,
d'Anvers, d'abord ministre en Jiollande,
défendit Arminius et fut privé de ses em-
plois par les gomarisles. Il professa en-
suite la philosophie à Amsterdam , où il
mourut en 1648. « Par un effet de ses
» études excessives, dit M. Tissot ( De la
BAR
71
BAR
»* santé des gens de lettres ) , son cerveau
j» «'affaiblit, et il avait le délire de se
v croire de beurre , ce qui lui faisait fuir
» le feu. Lassé de ces terreurs continuel-
» les, Use précipita dans un puits. « On
a de lui un volume de harangues estimées
pour le style , mais où il n'y a rien à ap-
prendre. Ses Poésies ont été imprimées à
Leyde , en 1628 et 1651 , in-8°. On y trouve
plus de génie que d'art, et plus de feu
que de correction. On a encore de lui des
Lettres,, Amsterdam, 16G7.2 vol. in-12;
et une Histoire du Brésil J Amsterdam,
4647, in-folio.
BARLyEUS ( Lambert ) , professeur de
grec dans l'académie de Leyde , était frère
du précédent. Il parlait, dit-on, le grec,
comme l'idiome maternel ; ce qui lui mé-
rita de la part des états de Hollande, la
commission de traduire en cette langue ,
avec Jacques Revius, la Confession des
églises réformées. Il mourut en 1655. On
a de lui le Timon de Lucien , avec des
notes utiles, et un bon Commentaire sur
la Théogonie d'Hésiode.
BARLAND ( Adrien ) , né dans l'île de
Sud-Reveland , en 1448, professa l'élo-
quence à Louvain , et mourut vers 1542 ,
après avoir publié plusieurs ouvrages.
Les principaux sont : | des Notes sur Té-
rence , sur Virgile , sur Pline le Jeune ,
sur Ménandre ; | un Abrégé de l'histoire
universelle _, depuis J.-C. jusqu'en 1552,
in-8°, 1605 ; | la Chronique des ducs de
Brabant, traduite en français, avec des
figures, 1605, in-fol.; | De litteratis urbis
Romœ Principibus, in -4°; de Ducibus
venetis; \ de Comitibus Hollandiœ; \ de
Episcopis idtrajectinis , etc.
BARLET ou BARLETTA ( Gabriel ) ,
religieux dominicain du 15e siècle, se fit
un si grand nom par ses sermons , qu'on
disait , par manière de proverbe : Nescit
prœdicare, qui nescit Barletare. Cepen-
dant ses sermons, tels qu'ils ont été don-
nés au public , sont si ridicules et si bur-
lesques, le sacré est si indignement mêlé
avec le profane , la bigarrure enfin dans
tous les sens est si révoltante , que les sa-
vans doutent avec raison si le prédicateur
dominicain a pu débiter en chaire tant
de sottises : et il est apparent , comme l'a
écrit Léandre Alberti, qu'un mauvais ha-
rangueur aura publié ses sermons sous
le nom de Barletta pour leur donner de
la vogue. On en a fait plus de vingt édi-
tions , avec des remarques par D. Nicolas
Hugues Menard. Les protestans, qui, au
défaut de bonnes raisons, croient bien
défendre leur cause , en racontant quel-
ques sottises des catholiques, n'ont pas
manqué d'appeler à leur secours les ser-
mons de Bailet. Henri-Etienne, surtout,
a cru que cette découverte était un trésor
pour son parti. Ce dominicain mourut
vers l'an 1470. Les uns disent que le nom
de Barletta lui est venu de Barletta , ville
du royaume de Naples où. il était né :
d'autres disent que c'était le nom de sa
famille , et qu'il est né à Aquino.
* BARLETTI DE SAINT-PAUL (Fran-
çois-Paul ) , originaire de Naples , naquit
à Paris le 8 février 1754. Il eut pour maî-
tres, dans sa jeunesse, l'abbé Pluche, le
père Yinot de l'Oratoire et Dumarsais.
Sous de pareils professeurs , ses talens se
développèrent de la manière la plus heu-
reuse. A peine sorti de ses éludes, il mé-
dita sur l'enseignement une sorte d'En-
cyclopédie, ou suite de traités sur les
sciences* les arts et les langues mortes. Il
fut choisi en 1756 , à l'âge de 22 ans , pour
être sous-instituteur des enfans de France .
M. de Sartine ayant nommé une commis-
sion pour examiner le livre de Barletti
sur l'éducation , que celui-ci se promet-
tait de mettre au jour", le rapport fut dé-
favorable. L'auteur, piqué au vif, fit im-
primer à Bruxelles une brochure où ce
magistrat était maltraité. Le résultat de
cette attaque, au moins imprudente, fut
la suppression de la brochure et l'envoi
de l'auteur à la Bastille. Il en sortit peu
de temps après , par le crédit du cardinal
de Rohan, et alla en 1770 à Madrid, puis
à Ségovie , où il fut nommé professeur de
belles-lettres au collège des Cadets , place
dont il se démit 5 ans après. De retour en
France, il communiqua une invention
qui diminuait de beaucoup les frais d'im-
pression, et obtint pour cela une gratifi-
cation de 20,000 fr. Barletti remplit pen-
dant la révolution quelques charges pu-
bliques , et mourut en 1809, à l'âge de 74
ans, sans avoir pu exécuter son vaste plan
d'éducation , dont M. l'abbé Sicard avait
rendu , en 1802 , un compte favorable. Ses
ouvrages sont : | les volumes contenant
la collection de son Traité des sciences et
des arts 3 etc., déjà au nombre de 24,
qui sont restés inédits, à l'exception du
volume , qui paraît être celui cité ci-
dessus ; | Essai sur une introduction gé-
nérale et raisonnée à l'élude des langues,
et particulièrement des langues française
et italienne, 1 vol. in-12, dédié à Mgr le
Dauphin , fils de Louis XY ; | Nouveau,
système typographique > ou moyen de di-
BAR
72
BAR
minuer le travail et les frais de composi-
tion * de correction et de distribution, dé-
couvert en 1774 par madame de... ( par
Barlelli lui-même ), Paris, 1774, \n-k° ;
j quelques autres Opuscules sur l'éduca-
tion , qu'il serait trop long de détailler.
* BARLOW ( Thomas ) , théologien an-
glais , né à Langhill dans le Westmore-
land en 1607, étudia à Oxford au collège
de la Reine, où on l'agrégea en 1657, et
dont il devint ensuite président. Il fut
nommé en 1652 conservateur de la biblio-
thèque bodléienne , prit le bonnet de doc-
teur en 1660 , et obtint presque aussitôt
une chaire de théologie ; à ces places il
joignit l'archidiaconat d'Oxford, et enfin
fut pourvu de l'évêché de Lincoln. Il vi-
vait dans un temps de révelution , et fit
de son mieux pour la faire tourner à son
profit. A cet effet il caressa successive-
ment tous les partis, servit Cromwel
quand il fut à la tête du gouvernement,
s'attacha à Charles II à la restauration,
fut bien avec Jacques II lorsque ce prince
succéda à son frère , et reconnut Guillau-
me III lorsqu'il eut détrôné son beau-
père. Il n'est pas trop aisé de concilier
ces variations avec le calvinisme rigide
dont Barlow faisait profession. C'était un
grand défenseur de la doctrine d'Aristote.
Il passait pour savant et casuiste très ha-
bile. Il mourut en 1691 à l'âge de 85 ans.
On a de lui : | De la tolérance en matière
de religion* 1660 ; | Origine des siné-
cures * 1676; | Principes et doctrine de
la cour de Rome sur l'excommunication
et la déposition des rois ; ce traité fut tra-
duit en français par de Rosemond, 1679,
in-8° ; | Cas de conscience résolus par
Barlow* et publiés après sa mort* 1691,
in - 8° ; | Exercilaliones aliquot meta-
■physicœ de Deo * publiées à Oxford à la
suite de la méthaphysique de Scheibler,
et réimprimées en 1658. Il parait que ce
sont les leçons publiques que Barlow fai-
sait à l'université. — BARLOW (Edouard),
prêtre catholique anglais , dont le vé-
ritable nom était Boolh * faisait dans sa
patrie les fonctions de missionnaire au
péril de sa vie. C'est ce qui l'avait engagé
à changer de nom. On recherchait alors
soigneusement les prêtres catholiques , et
quand ils étaient découverts, on ne les
épargnait pas. Il fut assez heureux pour
échapper à 1* persécution. Il est connu
par un Traité de l'Eucharistie* 3 vol.
in-4°. Il mourut vers la fin de l'année 1716.
* BARLOW ( Joël ) , auteur américain
et ministre presbytérien, né à Reading,
petite ville de l'état de Connecticut, en
1756, et mort en 1812, traduisit en vers
les Psaumes chantés dans les églises
de la Nouvelle-Angleterre , avant de se
faire déiste. Envoyé en 1811 comme mi-
nistre plénipotentiaire à la cour de Na-
poléon , alors en guerre avec la Russie , il
fut forcé par des motifs de la plus haute
importance , de suivre ce prince à Wilna.
La mort le surprit à son retour, à Zarno-
vitz , près de Cracovie , à l'âge de 57
ans. On a de cet écrivain | la Vision de
Colomb* poème qu'il augmenta dans la
suite, et publia sous le titre de Colom-
biade ; \ Jvis aux ordres privilégiés;
| Conspiration des rois; \ Lettres à la
Convention nationale ; \ Réminiscence
royale; \ Lettres aux Piémontais. Il tra-
duisit aussi en anglais les Ruines des em-
pires* de Volney.
* BARLOWE ( William ) , religieux
augustin, vivait sous Henri VIII, et était
né dans le comté d'Essex. Le couvent
auquel il appartenait était situé dans la
ville de Saint-David. Ses supérieurs l'en-
voyèrent étudier dans l'université d'Ox-
ford , où il se fit recevoir docteur en théo-
logie. Il paraît qu'il jouissait d'une assez
bonne réputation dans son ordre, puis-
qu'il fut nommé prieur d'une commu-
nauté ; et qu'il était doué de talens distin-
gués , puisqu'il fut chargé d'une ambas-
sade en Ecosse. Tout ceci se passait avant
que Henri VIII supprimât les monastères.
Cette mesure ne déplut point à Barlowe :
il fut même un des premiers à sortir du
sien, et conseilla aux autres de suivre
son exemple. Cette conduite lui valut la
faveur de Henri VIII, qui, pour le ré-
compenser , le nomma aux évêchés de
Saint-Asaph , de Saint-David , de Bath et
de Wells, unis. Il embrassa au même
temps le protestantisme ; mais , soit qu'il
craignît d'avoir déplu au roi , qui , en se
séparant de l'église romaine, en avait
retenu les dogmes, soit qu'il éprouvât
des remords , il existe de lui des lettres à
Henri VIII , dans lesquelles il se déclare
bon catholique. Le peu de durée de ce
retour peut faire douter de sa sincérité.
Barlowe redevint protestant sous Edouard
VI. Il fut dépouillé de son évêché, et
emprisonné sous la reine Marie. Ayant pu
s'échapper, il se retira en Allemagne, et
revint sous Elizabeth, qui le nomma à
l'évêché de Chichester. Il s'était marié , et
il mourut en 1568, dans son évéché,
père de onze enfans, dont cinq filles, qui
toutes épousèrent des évêques. Ses ouvra-
BAR 7
ges sont : | Enterrement de la messe;
J Homélies chrétiennes ; \ Traité de cos-
mographie; | Réponses à certaines ques-
tions concernant les abus de la messe :
elles ont été imprimées dans l'Histoire
de la réformation , par l'évèque Burnet ;
J ascension des moines et religieux, re-
présentée avec des figures. Il a eu part à
un livre intitulé Divine et pieuse institu-
tion d'un chrétien , connu en Angleterre
sous le nom de Livre de l'évêque, Lon-
dres, 1537.
' BARLOWE ( William ) , fils du pré-
cédent , né dans le comté de Pembroke ,
fit ses études à l'université d'Oxford.
Lorsqu'il les eut achevées, il prit les
ordres sacrés , obtint une prébende à
Winchester en 1575, et fut archidiacre de
Salisbury en 1614. Il s'occupa plus de
physique que de théologie , ayant fait
de l'aimant l'objet de ses recherches , car
on lui doit sur cette substance de cu-
rieuses et utiles découvertes. Il est le pre-
mier auteur qui ait écrit sur ses pro-
priétés. On a de lui : | Y Aide du naviga-
teur (the Navigator's supply) , Londres,
1597 , in-4° ; | Avertissement magnétique ,
ou Observations et expériences concer-
nant la nature et les propriétés de l'ai-
mant, Londres , 1616 , in-4° ; | Court exa-
men des frivoles critiques du docteur
Ridley sur l'avertissement magnétique ,
Londres, 1618, in-/*0. Il est mort en 1625.
* BARLOWE ( François ) , peintre an-
glais né en 1646, dans la province de
Lincolnshire, et mort en 1702 , s'appliqua
particulièrement à peindre les oiseaux,
les poissons et les autres animaux. Ses
tableaux se font remarquer par la correc-
tion du dessin ; mais ils manquent de
coloris , Haller a beaucoup gravé d'après
lui.— Un autre BARLOWE, horloger an-
glais , inventa en 1676 les pendules et les
montres à répétition.
BARNABE ( saint ), de la tribu de
Lévi, naquit dans l'île de Chypre. Ayant
goûté la doctrine de Jésus-Christ , il ven-
dit une terre , et en donna le prix aux
apôtres. Il fut envoyé à Antioche, pour
affermir les nouveaux disciples. Il alla en-
suite à Tarse en Cilicie, pour amener
saint Paul à Antioche , où ils furent dé-
clarés tous deux Apôtres des Gentils. Ils
annoncèrent l'évangile ensemble en di-
vers lieux, jusqu'à ce qu'il alia en Chypre,
avec saint Marc, où les Juifs de Salamine
le lapidèrent , suivant la plus commune
opinion. Nous avons une lettre sous Je
nom de cet apôtre, publiée en 1645 , in-4'
2.
3 BAR
par don Luc d'Achery. Tillemont ne
croit pas que cette Lettre soit de saint
Barnabe, mais ses raisons ne paraissent
pas convaincantes. Le savant Lardner est
d'un avis contraire , et soutient qu'elle est
de lui. Saint Clément d'Alexandrie, Ori-
gène, Eusèbe, saint Jérôme l'ont citée
sous le nom de saint Barnabe. M. Bergier
( Encyclop méthod. ) répond aux raisons
qu'on oppose à son authenticité. Cette
lettre se trouve encore, en grec et en
latin , dans le Recueil des Pères aposlolir
ques de Cotelier, réimprimé à Amster-
dam, en 1724, par les soins de Le Clerc.
* BARNAUD ( Nicolas ), médecin pro-
testant , naquit en Dauphiné dans la pe-
tite ville de Crest , dans le 16e siècle. II
s'occupa beaucoup, selon la manie du
temps, d'alchimie, et, par suite, de la
recherche de la pierre philosophale ; il
voyagea beaucoup, soit par goût, soit
pour se soustraire aux persécutions quo
lui attirait de toute part sa hardiesse à
manifester ses opinions religieuses. On a
de lui un très grand nombre d'ouvrages ,
dont on trouve la liste dans le Diction-
naire de Prosper Marchand , et qui ont
été réunis dans un seul volume , qui est
le oc du Theatrum chimicum , publié à
Strasbourg en 1659. Barnaud était l'ami
de Socin, et traduisit un de ses ouvrages
intitulé : De l'autorité de la sainte Ecri-
ture , 1592. Retiré à Genève après la Saint-
Barthélémy, il mit au jour, sous le nom
d'Eusèbe Philadelphe , le Réveil-matin
des Français et de leurs voisins, Edim-
bourg, 1574, in -8°. Cet ouvrage incen-
diaire porte des caractères si marquans
du fanatisme outré dont l'auteur était
animé , que les protestans eux-mêmes le
désapprouvèrent , et qu'un gentilhomme
nommé Lafin, rencontrant Barnaud dans
une rue de Bàle , lui donna un soufflet
pour lui exprimer son mécontentement
particulier , lui reprochant en même
temps le tort qu'un pareil ouvrage ferait
à la secte. Cet ouvrage était en deux dia-
logues : le premier avait paru en latin
dès 1573; il était dirigé contre ceux aux-
quels il attribuait le massacre des protes-
tans. Un autre ouvrage fort rare dont le
titre est : Le Miroir des Français, in-8c,
contenant l'état et maniement des affaires
de France , tant de la justice que de la
police, mis en dialogue et publié en 1582
sous le nom de Nicolas Montant , a été
attribué à Barnaud par des autorités res-
pectables , qui ne donnent point les rai-
sons sur lesquelles elles fondent leur
BAR
74
BAR
opinion. Ce qui est certain , c'est que l'au-
teur, quel qu'il soit , s'est rencontré avec
les révolutionnaires de 93. Parmi les
moyens qu'il indique pour la réforme du
royaume , on en remarque plusieurs qui
ont été récemment mis en usage , tels que
la vente des biens du clergé, la déporta-
tion des prêtres , leur mariage, la fonte des
cloches, le maximum, etc. On atlribue au
même auteur, un autre ouvrage animé du
même esprit, et intitulé: Le Cabinet duroi
de France dans lequel il y a trois perles
d'inestimable valeur, 1581, ou 1582, in-8°.
* BARNAVE (Antoine-Pierre-Jose pu-
Marie ), fds d'un avocat consultant de
Grenoble, qui professait le protestantisme,
naquit dans cette ville en 1761. Il reçut une
brillante éducation et débuta très jeune au
barreau. En 1783 , le jeune Barnave pro-
nonça au parlement de Grenoble un dis-
cours sur la nécessité de la division des
pouvoirs dans le corps politique, qui lit
une très grande sensation Lorsque la ré-
volution éclata, il en adopta les principes
avec chaleur, et fut député aux états-gé-
néraux par l'assemblée des trois ordres
de sa province. Déjà, en 1788, il avait pu-
blié une brochure intitulée : L'esprit des
édits enregistrés , où les nouvelles idées
étaient vivement soutenues; son éloquence
ne tarda pas à lui acquérir une immense
popularité. Cazalès et Maury trouvèrent
en lui un vigoureux adversaire, et il sut
tenir tète à Mirabeau. Dès les premières
séances des états-généraux , il manifesta
une vive opposition aux prétentions des
deux ordres privilégiés, appuya la pro-
position de Mounier qui tendait à substi-
tuer le nom de commune à celui de tiers-
état, et voulut, avec Sieyès que l'assem-
blée nationale se constituât définitive-
ment. Dans les séances qui suivirent, Bar-
nave se fit remarquer par l'emportement
avec lequel il défendait la cause qu'il
croyait celle de la liberté , appuya la dé-
claration des droits de l'homme dans la
séance du 1er août , demanda la création
des gardes nationales , s'éleva avec force
(2 septembre 1789), contre le veto abso-
lu, vota ( 13 octobre ) la réunion des biens
du clergé aux domaines nationaux, fit ad-
mettre les juifs aux droits de citoyens, et
se prononça pour l'abolition des oidres
religieux. Cet orateur voulut encore (jan-
vier 1790 ) que le serment civique ne
comprit pas la promesse de fidélité au roi,
parce que la personne du monarque , di-
sait-il , se trouvait comprise dans la con-
stitution. Après le meurtre de Foulon et
de Berthier, il s'oublia jusqu'à s'écrier :
Le sang qui coule est-il donc si pur....J
Cette exclamation lui fut plusieurs fois
reprochée pendant lotit le cours de l'as-
semblée constituante, et lui-même s'en
repentit amèrement. On lui attribue en-
core ce mot qu'il aurait prononcé lors-
qu'il était membre du comité des colo-
nies : Périssent les colonies plutôt qu'un
principe! Lorsqu'on mit en discussion la
question de savoir à qui appartiendrait
le droit de paix et de guerre, Barnave qui
voulait le faire résider dans le corps lé-
gislatif seul , lutta de toute la puissance
de son talent contre Mirabeau qui voulut
qu'il fût conféré au roi conjointement avec
la législature. L'opinion de Barnave pré-
valut , et, son célèbre adversaire dit de lui
à celte occasion : c'est un arbre qui mon-
tera haut si on le laisse croître. En jan-
vier 1791, Barnave plaida en faveur du
club des jacobins, connu sous le nom do
la société des amis de la constitution,
contre le club monarchique , qu'il qualifia
de rainas de factieux. Cependant à celte
époque il commençait à s'effrayer de la
marche que prenaient les événemens , et
sa popularité diminua du jour qu'il re-
vint à des principes plus modérés, comme
il put s'en convaincre lorsqu'il demanda,
dans la séance du 11 mai 1791, qu'on n'in-
troduisit aucune innovation dans l'orga-
nisation des colonies, sans avoir pris préa-
lablement l'avis des colons. Nommé avec
Lalour-Maubourg et Pétion pour assurer
le retour du roi arrêté à Varennes , il té-
moigna les égards les plus respectueux
à l'auguste captif. De îetour à l'assem-
blée, il parla avec force en faveur de l'in-
violabilité royale; les tribunes accueilli-
rent son éloquent discours par des huées;
mais ses conclusions furent admises. Bar-
nave combattit avec la même énergie un
projet du comité militaire qui avait pour
objet de permettre aux soldats de dénon-
cer leurs chefs, défendit les prêtres réfrac-
taires contre les violentes mesures qu'on
voulait établir contre eux, exprima son
indignation contre les libellistes qui re-
jetaient toute forme de gouvernement,
et proposa l'ordre du jour sur la motion
de conserver au corps législatif le droit
de déclarer que les ministres avaient
perdu la confiance de la nation. Dès lors
Barnave fut regardé comme un déser-
teur de la cause du peuple. Les liaisons
qu'il conserva avec la cour, où il donnait
de généreux conseils, le rendant plus
suspect encore, il se retira, après la ses-
BAR
sion , dans sa ville natale pour y vivre
inconnu. Après la journée du 10 août
1792 , il fut arrêté par suite de l'ouverture
de l'armoire de fer, aux Tuileries, qui
renfermait sa correspondance avec la cour.
Après 15 mois de détention à Grenoble ,
il fut conduit à Paris, et enfermé à l'Ab-
baye , puis à la conciergerie , d'où on le
traduisit bientôt devant le tribunal révolu-
tionnaire. Ce fut en vain qu'il se défendit
avec celte éloquence qui brilla tant de
fois. Barnave, condamné à mort, enten-
dit avec le plus grand courage la sentence
prononcée contre lui. Monté sur l'écha-
faud, il s'écria en élevant ses yeux vers
le ciel : « Voilà donc le prix de tout ce
» que j'ai fait pour la liberté ! » Cet ora-
teur livra sa tête au bourreau le 29 oc-
tobre 1793, à l'âge de 32 ans.
* B\RNES (Robert), chapelain du roi
d'Angleterre Henri VIII, fut envoyé en
Allemagne par ce monarque, en 1535,
pour conférer avec les théologiens protes-
tans de Witlemberg, relativement à l'af-
faire de son divorce. Il parvint à entraî-
ner en partie les opinions de ces théolo-
giens, et prit sur lui de supprimer celles
de leurs conclusions qui n'étaient pas fa-
vorables aux vues du roi. Cette conduite
lui concilia la faveur de son maître,
qui le chargea de négocier son mariage
avec Anne de Clèves; mais le roi s'étant
ensuite repenti de cette union , con-
serva un ressentiment profond contre ce-
lui qui en avait été l'instrument. En 1540,
l'évêque Gardiner s'étant élevé en chaire
contre les opinions de Luther, Barnes
s'empressa de le réfuter dans un sermon
composé sur le même texte , où il n'épar-
gnait ni les personnalités, ni les invecti-
ves les plus triviales, jusqu'à plaisanter
sur le nom de Gardiner,, qui , en anglais ,
signifie jardinier. Il lui fut enjoint de se
rétracter; il obéit, mais d'une manière si
ambiguë que cela ne lit qu'aigrir davan-
tage ses ennemis. Il fut conduit à la tour
de Londres , par ordre du roi , et, bientôt
après , condamné à périr dans les flam-
mes. Il subit son supplice le 50 juillet 1540,
argumentant, jusqu'au dernier soupir, en
faveur de sa doctrine. On a de Robert
Barnes deux ouvrages : | un Traité con-
tenant sa profession de foi, en dix-neuf
thèses , publié d'abord en latin , avec une
préface de Poméranus , réimprimé en al-
lemand, à Nuremberg, en 1531; | l'itœ
Romanorum ponti/îcutn J ouvrage publié,
à Wittemberg, en 1556, avec une préface
de Luther; réimprimé plusieurs fois.
73 BAH
BARIVES ( Jean ), né en Angleterre,
se fil bénédictin à Douai, se relira ensuite
à Paris , vers l'an 1624 , pour éviter les
poursuites de l'inquisition : mais ayant
écrit avec peu de ménagement sur des
matières délicates, il fut mené à Rome
en 1626, cl mis dans la prison de ce tri-
bunal. Il y mourut 50 ans après. On a de
lui un Traité contre les équivoques J en
latin , imprimé en 1625 , in-8° , traduit la
même année en français; et un autre in-
titulé Catholico- Romanus pacificus , qui
fut cause de ses disgrâces : on le trouve
dans le Fascisculus rerum expetenda-
rum et fugiendarum d'Ortwinus Gratius;
| Examen tropœorum congregationis prœ-
tensœ anglicane? , ordinis Sancli-Bene-
dicti, Reims , 1622 , in-8° ; | une Traduc-
tion , de l'espagnol , du Combat spirituel.
BARNES ( Josué ) , professeur de grec
à Cambridge, né à Londres en 1654, donna
en 1710 une édition d'Homère. Il avait
une connaissance parfaite de la langue
grecque , qu'il écrivait et parlait avec fa-
cilité; mais il ne put faire passer dans sa
traduction les beautés et le sublime du
poète qu'il publiait. On a de lui : | Y His-
toire d'Esther, en vers grecs, avec la
version latine, Londres, 1679, in-8°;
| Anacreon chrislianus, Cambridge 1705,
in-12 ; | La Création du monde et le Can-
tique des cantiques, en vers anglais, in-
8°. Barnes mourut en 1712.
BARNEVELDT ( Jean d'OLDEN ), avo-
cat-général des étals de Hollande , acquit
l'estime de la république et des puissances
étrangères , dans ses négociations et dans
ses ambassades. On peut ie compter par-
mi les fondateurs de la république. Hen-
ri IV et la reine Elizabeth faisaient beau-
coup de cas de cet habile négociateur.
Barneveldt, ayant voulu restreindre l'au-
torité de Ma.irice d'Orange, opposa les
arminiens aux gomaristes, partisans de
ce prince. Maurice, pour se venger, fit
assembler un synode à Dordrecht , com-
posé des députés de toutes les églises cal-
vinistes de lEurope, excepté de celle do
France, en 1618 et 1619. Cette assemblée
condamna les arminiens avec autant de
sévérité que s'ils n'avaient pas été de la
même communion, et comme si les réfor-
més n'avaient point ôté à l'église le droit
de décider les controverses. Barneveldt,
jugé par 26 commissaires, eut la tèle tran-
chée en 1619, sous prétexte d'avoir voulu
livrer sa pairie à la monarchie espagnole,
lui qui avait travaillé avec tant d'ardeur
pour soustraire son pays à cette puissan-
BAR
'6
BAR
ce. On prétend qu'il fut accusé d'avoir
reçu 12,000 écus pour conclure la trêve
de 12 ans; mais cette trêve était aussi
avantageuse à la Hollande qu'à l'Espagne,
et il n'a jamais été prouvé que Barneveldt
eùl reçu cet argent. On iui envoya le mi-
nistre Walacus, pour le préparer à la
mort : Barneveldt s'entretint avec lui sur
quelques matières de religion, et ne cessa
de protester de son innocence. Il renou-
vela sa protestation sur l'échafaud, dé-
clarant qu'il ne mourait point pour avoir
été traître , mais pour avoir défendu les
droits et la liberté du pays. La France
avait inutilement sollicité d'abord pour sa
liberté , ensuite pour sa vie. — Ses deux
lils , René et Guillaume , ayant formé le
dessein de venger la mort de leur père,
entrèrent dans une conspiration qui fut
découverte. Guillaume prit la fuite ; Re-
né fut pris et condamné à mort. Son il-
lustre mère demanda sa grâce au prince
Maurice , qui lui répondit : Il me parait
étrange que vous fassiez pour votre fils ,
ce que vous avez refusé de faire pour vo-
tre mari! La dame, digne épouse et bonne
mère , lui répartit avec indignation. Je
n'ai pas demandé grâce pour mon mari,
parce qu'il était innocent; mais je la de-
mande pour mon fils, parce qu'il est cou-
pable.
BARO ( Bai tu.vzar ) , de l'académie
française , né à Valence , mourut en 1649.
Il acheva XAslrée de d'Urfé. On a de lui
quelques pièces de théâtre. Sa Parlhénie
est le moins faible de ses ouvrages.
BAROCCI ou BAROZZI ( François ),
patricien de Venise et célèbre mathéma-
ticien , vivait dans le 16e siècle. On a de
lui des ouvrages de mathématiques et des
traductions d'ouvrages grecs sur ce même
sujet. Tels sont : | Heronis liber de ma-
chinis bellicis* Venise, 1572 , in-4°, avec
des scolies et lig. ; J Procli in primum
elementorum Euclidis libre quatuor, Pa-
doue , 1560 , avec des scolies; | un Com-
mentaire sur Platon De numéro geome-
trico, Boulogne, 1556, in-4° ; | une Cos-
mographie * Venise , 1585 , in-4°.
BAROCHE ou BAROCCI ( Frédéric ) ,
peintre , né à Urbin en 1528, mort dans
la même ville en 1612 , trouva dans sa
famille les secours qu'il pouvait désirer
pour son art. Son père, sculpteur, lui
montra à modeler; et il apprit de son
oncle , qui était architecte, la géométrie,
l'architecture et la perspective. Il repré-
sentait sasœur pour les têtes des Vierges,
et son neveu pour les Jésus. Le cardinal
de la Rovère prit sous sa protection ce
célèbre artiste , qui n'avait pour lors que
20 ans , et l'occupa dans son palais. Ce
peintre fut empoisonné dans un repas, par
un de ses envieux. Les remèdes qu'il prit
aussitôt lui sauvèrent la vie; mais il ne
recouvra point entièrement sa santé qu'il
traîna languissante jusqu'àl'âge de 84 ans.
Il ne pouvait travailler que deux heures
par jour. Ses infirmités lui firent refuser
plusieurs places honorables quc4ui présen-
tèrent le grand duc de Florence,l'empereur
Rodolphe II, et Philippe II roi d'Espagne.
On rapporte qu'à Florence , le duc Fran-
çoisl, voulant savoir le jugement que
Baroche porterait des tableaux qui or-
naient son palais , le conduisit sous l'ha-
billement de son concierge , l'interrogeant
et jouissant du plaisir de pouvoir , par un
dehors simple, mettre le peintre à son
aise, et s'entretenir librement avec lui.
Baroche a fait beaucoup de portraits et do
tableaux d'histoire ; mais il a surtout réussi
dans les sujets de dévotion. Son usage
était de modeler d'abord en cire les figu-
res qu'il voulait peindre , ou bien il fai-
sait mettre ses élèves dans les attitudes
propres à son sujet. Il a beaucoup appro-
ché de la douceur et des grâces du Corré-
ge ; il l'a même surpassé pour la correc-
tion du dessin. Son coloris est frais ; il a
parfaitement entendu l'effet des lumières ;
ses airs de tète sont d'un goût riant et
gracieux. Il montrait beaucoup de juge-
ment dans ses compositions. Il serait à
souhaiter qu'il n'eût pas outré les attitudes
de ses figures , et qu'il n'eût point trop
prononcé les parties du corps. On a des
dessins de Baroche au pastel , à la plume,
à la pierre noire et à la sanguine. L'on a
gravé d'après ce grand mailre, et lui-
même a fait plusieurs morceaux à l'eau-
forte. Ses tableaux les plus estimés sont
le Pardon , la Déposition de la croix , une
Annonciation et l'Extase de sainte Mi-
cheline sur le mont Calvaire.
BAROA ( Emjinard ) , né à Saint-Pol-
de-Léon, professa le droit à Bourges
avec François Duaren son émule. Il mou-
rut en 1550, âgé de 55 ans, et laissa quel-
ques ouvrages, Paris, 1562, in-fol.
BARO.\ ( Vincent ), dominicain du
diocèse de Rieux, est auteur d'une Théo-
logis Morale, en latin, 5 vol. in-8°, à
Paris, 1666. Il mourut en 1674, à l'âge de
70 ans, après avoir occupé la place de pro-
vincial , et celle de déliniteur-général au
chapitre de 1656. Sa Théologie n'a guère
eu de cours que parmi ses confrères.
r vu :
BYROX ( Fr.AX<;ois ), ne à Marseille en
1620, consul de France à Alep , rétablit
le commerce du Levant , presque entière-
ment ruiné. Le grand Colbert, instruit
des grands avantages qu'il avait procurés
à Alep et dans toutes ses dépendances,
voulant également favoriser le commerce
des Indes orientales , l'envoya à Surate
en 1671 ; et pendant 12 ans d'administra-
tion, il fit fleurir le commerce de France,
et le fit respecter des étrangers. Il y mou-
lut en 1683, dans de grands sentimens de
religion, honoré comme un modèle de
droiture et de bienfaisance , par les gen-
tils même et les mahométans , qui prient
sur son tombeau. C'est de lui que Nicole
tenait toutes les pièces justificatives de la
doctrine des églises syriennes sur l'eu-
charistie , dont il a enrichi la Perpétuité
de la Foi.
BARON ( Michel BOYRON, dit ), né à
Paris en 1653, fils d'un marchand d'Issou-
dun, qui se fit comédien, entra d'abord
dans la troupe de la Raisin , et quelque
temps après dans celle de Molière. Baron
quitta le tbéàtre en 1691 , par dégoût ou
par religion , avec une pension de milie
écus que le roi lui faisait. Il y remonta
en 1720 , âgé de 68 ans , et il fut aussi
applaudi , malgré son grand âge, que dans
sa première jeunesse. On l'appela, d'une
commune voix , le Roscius de son siècle.
Il disait lui-même dans un enthousiasme
de vanité, digne d'un comédien, que tous
les cent ans on voyait un César; mais
qu'il en fallait deux mille pour produire
un Baron. Il était si enivré de l'excellence
de sa condition, qu'il ne craignait pas de
dire qu'il fallait qu'un acteur fût élevé sur
les genoux des reines. « Extravagance , dit
» un autour bien sensé, que ses confrères
» ne répètent point , mais que la sottise
« publique semble autoriser par la ma-
» nière dont elle les idolâtre. » ( Voyez
GARRICK, ROSCIUS. ) Un jour son co-
cher et son laquais furent battus par ceux
du marquis de Biran , avec lequel Baron
vivait dans cette familiarité quede jeunes
seigneurs permettent trop aisément aux
comédiens. M. le marquis , lui dit-il, vos
cens ont maltraité les miens; je vous en
demande justice. Il revint plusieurs fois
à la charge, se servant toujours du même
terme de vos gens et des miens. M. de
Biran , choqué du parallèle , lui répondit :
Mon pauvre Baron, que veux-tu que je te
dise? pourquoi as-tu des gens...? Preuve
non équivoque du mépris qu'ont pour le
comédiens et leur profession ceux même
7 BVR
qui s'en amusent le plus. Il mourut en
1729, âgé de 77 ans. On a imprimé, en
1760, 3 vol. in-12 de pièces de théâtre,
sous le nom de ce comédien ; mais on ne
croit pas qu'elles soient toutes de lui.
BARON ( Hyacinthe-Théodore ), an-
cien professeur et doyen de la faculté de
médecine de Paris, sa patrie, mourut le
29 juillet 1758, âgé d'environ 72 ans. IL
a eu beaucoup de part à la Pharmacopée
de Paris de l'année 1732 , in-4° ; et a don-
né, en 1759, une dissertation académique
en latin, sur le chocolat : An senibus cho-
colala potus? Elle a été imprimée plu-
sieurs fois.
BARON ( Théodore ) , fils du précé-
dent , docteur-régent de la faculté de mé-
decine de Paris , membre de l'académie
des sciences, marcha sur les traces de son
père. Il naquit à Paris le 27 juin 1715, et
mourut le 10 mars 1768. On a de lui : | une
édition du Cours de Chimie de Lémery,
augmentée ; | Pharmacopea Thomas Ful-
Icrij editio casligatior. Il connaissait la
théorie et la pratique de la science qu'il
professait.
* BARON ou BARO ( Pierre ) , théolo-
gien protestant, était né à Etampes dans
le courant du 16e siècle. Obligé de sortir
de France, pour cause de religion, il
passa en Angleterre, où il fut accueilli par
lord Burleigh. L'université de Cambridge
l'admit parmi ses membres, et le nomma
à une chaire de théologie. On professait
à la rigueur dans cette université les
principes dé Calvin sur la justification.
Baron ayant paru s'en écarter , et tendre
au pélagianisme, fut privé de sa chaire.
Il était savant, d'un caractère sociable, et
irrépréhensible dans sa conduite. Si on
croit Bayle , il repassa en France. Selon
Watkins, il mourut à Londres au com-
mencement du 17e siècle, et fut enterré
à Sainl-Olave dans Harl-Street. On a de'
lui : | Prœlectiones 59 in Jonam , Lon-
dres , 1579 ; | Summa trium sentenliarttm
de prœdestinatione; \ De prœstanlia et
dignitale divinœ iegis.
* BARON ( Bo\\vE\TUiiE ), franciscain
irlandais, naquit à Cloumell, dans le comté
de Tippeiary, au commencement du 17e
siècle; son vrai nom était Fitz-Gerald.
Neveu du fameux P. Luc Wadding, anna-
liste et historien de son ordre, il reçut de
lui sa première éducation. Ce savant re-
ligieux, lorsque Baron fut assez avancé
dans ses études, l'envoya à Rome s'y
perfectionner, et s'appliquer aux sciences
divines et humaines. Baron y fit de re-
1,
BAR
78
BAR
pides progrès. A l'exemple de son oncle ,
il entra dans l'ordre de Saint-François ,
et contribua comme lui à son illustration.
Il a publié divers ouvrages latins, en prose
et en vers. Les principaux sont : | Metra
miscellanea, Rome, 1645,in-24; | Opus-
cula varia jWurUbourg , 1666, 4 vol. in-
fol. dont le 4e a paru à Lyon, 1688; | Theo-
loçiaJ6 vol., Paris, 1676. Il mourut à
Rome en 1696, dans un âge fort avancé.
11 était devenu aveugle.
BAROMUS ( César ) , naquit en 1538
à Sora , ville épiscopale du royaume de
Naples. Les troubles de ce pays l'obligè-
rent de suivre son père à Rome, en 1557.
Saint rinlippe de Néri , fondateur de
l'Oratoire d'Italie , l'agrégea à sa congré-
gation ; et s'étant démis de la charge de
supérieur-général , il la lui fit donner. Il
fut ensuite confesseur de Clément VIII,
qui le fit cardinal en 1596, et bibliothé-
caire du Vatican. Dans le conclave où
Léon XI fut élu , Baronius eut plus de
trente voix pour lui. Son mérite aurait
dû les réunir toutes , mais les Espagnols
lui donnèrent l'exclusion. Il mourut en
4607. Ses Annales Ecclesiastici , depuis
Jésus-Christ jusqu'en 1698, sont une
grande preuve de sa capacité et de son
amour pour le travail. Elles parurent en
12 vol. in-fol. , 1593 et années suivantes.
Son but dans cet ouvrage, commencé dès
l'âge de 50 ans , fui d'opposer à la com-
pilation indigesie des eenturiateurs de
Magdebourg, un livre de même nature,
dans lequel l'Eglise catholique serait ven-
gée des imputations dont la chargeaient
ces hérétiques. L'exécution, quoique en
général heureuse, ne répond pas toujours
au zèle de l'auteur. Baronius ne savait
qu'imparfaitement le grec , et sa critique
n'était pas toujours assez, sévère. De là
ses méprises dans l'histoire des Grecs , et
les faits apocryphes qu'il adopte. Il y a de
la clarté et de l'ordre dans son slyle , mais
ni pureté , ni élégance. Le P. Pagi , cor-
delier, Isaac Casaubon, le cardinal Noris,
Tillemont, etc., ont relevé bien des fautes
de cet annaliste. On a réuni la plupart des
remarques de ces savans, dans une édition
donnée à Luctmes en 1753 et années sui-
vantes, formant 28 vol. in-fol. On ne peut
nier , en la parcourant , que Baronius ne
se soit souvent trompé ; mais quand on
entre le premier dans une carrière im-
mense et très épineuse, il est pardonnable
de faire des faux pas. On a encore de ce
savant cardinal des Noies sur le Martyro-
loge romain, pleines d'érudition et d'une
critique fort au-dessus de son temps. On
joint ordinairement à ses Annales , la
Continuation , par Rainaldi , Rome , 1646
et suiv. 10 vol. in-fol. ; l'abrégé du même
Rome , 1667 , in-fol. ; | la Continuation de
Laderchis, Rome, 1728, 3 vol. in-folio;
la Critique de Pagi , 4 vol. in-fol. 1705 ; et
Apparatus , Lucqucs, 1740, in-fol. La
Continuation de Sponde , 3 vol. in-fol.
n'est pas estimée , ni celle de Bzovius en
9 vol. On a traduit en français Y Abrégée
Baronius qu'a donné Sponde , 2 vol. in-
fol. et la Continuation de Sponde, en 3
vol. in-fol.
BARROZZL Voyez BAROCCI.
BARROZZIO. Voyez VIGNOLE.
BARRADAS ( Sébastien ) , jésuite de
Lisbonne, né en 1542, prêcha avec tant
de succès, qu'on lui donna le titre d'A-
pôtre du Portugal. Il mourut en odeur
de sainteté , l'an 1615. Ses ouvrages, im-
primés à Anvers, 1617, et à Cologne en
1628, sont en 4 vol. in-fol., parmi lesquels
on dislingue son Ilinerarium filiorum
Israël ex AEgypto in Terram repromis-
sionis, imprimé séparément à Paris, 1620
in-fol. Sa Concordance des Evangiles est
aussi très estimée; elle est méthodique ,
claire , solide , pleine d'onction et bien
écrite en latin; l'explication du sens litté-
ral y est suivie d'excellentes réflexions
morales.
* BARRAIRON ( FnvxçoiS - Marie-
Loi: is ), né en 1746 à Gourdon , ( aujour-
d'hui dans le département du Lot. ) était
un des dix-sept directeurs de correspon-
dance à l'administration des domaines ,
lorsque la révolution éclata , et fut nom-
mé en décembre 1790 , commissaire ad-
ministrateur. Changeant de principes ,
comme la France changeait de gouverne-
ment , il conserva son poste sous le Di-
rectoire et sous l'empire. En 1804, le dé-
partement du Lot le nomma candidat au
corps-législatif, et celui d'Indre-et-Loire,
en 1812 , candidat au sénat conservateur
mais on ne le vit à aucune de ces deux
chambres. Napoléon lui donna le titre de
baron. A la première rentrée du roi , Bar-
rairon fut maintenu dans son poste, et après
la seconde, il remplaça le comte Duchàtel
dans la direction générale de l'enregistre-
ment et des domaines. En 1816 , le roi lui
conféra le titre de conseiller d'étal hono-
raire. Il fut député à la chambre la même
année par le département du Lot. Elevé
en 1820 , au rang de comte , Barrairon
fut désigné pour présider des élections
dans son département et élu par l'arron-
BAR
79
BAR
àissement de Gourdon. Mais il mourut le
5 décembre 1820 à Château-Renault.
BARRAL ( l'abbé Pierre ) , né à Gre-
noble , alla de bonne heure à Paris , où il
se chargea de quelques éducations, et
mourut le 21 juillet 1772. « Pour tenir à
» quelque chose ( dit dom Chaudon ) , il
» s'était fait janséniste, et il était un de
» ceux qui parlaient et qui écrivaient avec
» le plus de violence contre les ennemis
» de Port-Royal. Il développa ses senti-
» mens dans son Dictionnaire historique,
* littéraire et critique des hommes célè-
» bres , 1759, 6 vol. in-8°. L'enthousiasme
» et l'animosité , ces deux passions si ri-
» dicules dans un homme de lettres , si
» dangereuses dans un historien , ont cli-
» rigé l'auteur et l'ont égaré. Les éloges
» les plus outrés et les injures les plus
» atroces se présentent tour-à-tour sous
r sa plume. Dans les articles des ennemis
» de la bulle , il emploie toutes les hyper-
» boles des oraisons funèbres. On a dit ,
a avec quelque raison, que ce livre était
» le Martyrologe du jansénisme fait par
» un convulsionnaire. » On peut voir une
critique détaillée de ce Dictionnaire, dans
l'avertissement du Dictionnaire histori-
que de l'abbé Ladvocat, édition de Paris,
176k. A cette critique , où règne l'honnê-
teté et la modération, l'abbé Ladvocat a
joint une liste des fautes ou bévues de
toute espèce , dont fourmille le Diction-
naire de l'abbé Barrai. Cette liste est sui-
vie d'une autre qui indique les articles
des hommes illustres omis dans cet ou-
vrage. On a encore de lui | Sœvigniana,
1750, in-12. C'est un recueil dépensées
tirées des Lettres de Mme de Sévigné , avec
des lettres calomnieuses. | Dictionnaire
iwrtatif de la Bible , Paris , 1779, 2 vol.
in-12; compilation superficielle, pleine de
fautes de tous les genres, qui ne don-
nera certainement lias une idée juste des
livres saints. On dirait que l'auteur s'est
attaché de préférence aux traits qui,
dans un état isolé, sans nuance et sans en-
semble , peuvent alimenter l'esprit de
dérision et de satire. Un théologien ap-
pelle ce Dictionnaire , le Persifflage de
l'histoire- sainte. « Gémissons , ajoute-t-il,
» de ce que des ouvrages de cette nature,
» dont l'objet présente tant d'attraits à la
» piété et au zèle , sortent si souvent des
» mains de gens de parti , qui ne peuvent
» que disserter ou narrer d'une manière
ié froide et aride. , pour lesquels l'onction ,
» le langage de conviction et de senti-
» ment sont des choses étrangères et igno-
» rées , et qui n'ont d'ardeur et d'industrie
» que pour les marottes de secte. » | Dic-
tionnaire des antiquités romaines, 1766,
5 vol. in-8°. C'est un abrégé du Diction-
naire de Pitiscus , qui est estimé.
* B ARRAL (Louis-Mathias, comte de),
archevêque de Tours, docteur de la maison
de Navarre, naquit à Grenoble, le 20
avril 1746, et se destina de bonne heure à
l'état ecclésiastique. Il fit ses éludes de
théologie à St.-Sulpice, et suivit les cours
de la Sorbonne. Le cardinal de Luynes se
l'attacha ensuite d'une manière particu-
lière, l'emmena à Rome à l'époque du
conclave qui s'ouvrit après la mort de
Clément XIII , et à son retour en France
le nomma grand archidiacre de son dio-
cèse. En 1782, l'abbé Barrai fut fait abbé
du Mas-d' Asile, au diocèse de Rieux, et la
province de Sens le créa , en 1785 , agent
général du clergé. Ce fut pour lui une
occasion de déployer des connaissances
étendues et un talent très rare. En 1789,
son oncle , évêque de Troyes , le fit nom-
mer son coadjuteur, et l'année suivante il
se démit en sa faveur de son évèché. Le
nouvel évêque, ayant refusé le serment en
1791 à la constitution civile du clergé, se
retira en Suisse, auprès de M. de Belloy,
depuis archevêque de Paris. De là il se ren-
dit en Angleterre d'où il revint en France
en 1801 , et donna le serment qu'exigeait
le premier consul, en recommandant aux-
prêtres de son diocèse la même docilité.
Il se démit même de son évéché, pour
rendre plus facile l'accomplissement du
concordat , et acheva ainsi de se concilier
la bienveillance du premier consul qui le
chargea du soin de gagner à la nouvelle
constitution les piètres du diocèse de
Poitiers. M. de Barrai fut ensuite nommé
à révèché de Meaux , et devint, à la créa-
tion de l'empire, aumônier de la princesse
Caroline, puis de l'impératrice Joséphine.
Le cardinal de Boisgelin, archevêque de
Tours, étant mort au mois d'août 1804,
M. de Barrai lut nommé pour le rempla-
cer , et préconisé dans le consistoire tenu
le 1er février 1805 , durant le séjour du
pape à Paris. Lorsque des divisions écla-
tèrent entre la cour de Rome et le gou-
vernement impérial, outre la lettre com-
mune écrite au souverain-pontife par 19
évéques réunis à Paris pour lui exprimer
leurs inquiétudes et lui adresser leurs
vœux, quelques prélats lui en adressèrent
de particulières, et M. de Barrai lui en
écrivit deux, sous les dates du 18 septem-
bre 1808, et du 4 août 1809. Mais avant que
BAR 80
ia dernière cùl pu parvenir , le^ élais ro-
mains furent envahis et le pape fut trans-
féré à Savone , et de là à Fontainebleau.
L'archevêque de Tours fut chargé de
toutes les négociations d« l'empereur avec
le saint Père , et Napoléon , pour récom-
pense de ses services, le nomma sénateur,
puis comte de l'empire , et enfin, en 1813,
grand'eroix de l'ordre de la Réunion. Na-
poléon avait été renversé du trône , lors-
que M. de Barrai prononça le 2 juin 1814,
l'oraison funèbre de l'impératrice José-
phine. Louis XVHI l'appela peu de jours
après à la chambre des pairs. Durant les
cent-jours l'archevêque lit encore partie
de cette même chambre, et officia, le 2
juin 1815 , à la messe qui fut célébrée au
C!iamp-de-Mai. Il refusa néanmoins de
signer l'acte additionnel. Après la seconde
rentrée du roi, une ordonnance royale du
24 juillet 1813 le déclara démissionnaire.
M. de Barrai , après avoir publié un mé-
moire justificatif de sa conduite, s'occupait
exclusivement de l'administration de son
diocèse, lorsque le 7 juillet de l'année sui-
vante, il fut emporté par une attaque d'a-
poplexie. On a de cet archevêque : j Lellre
à M. C. Butter, dans laquelle il déclare
qu'on peut prêter le serment de liberté et
d'égalité ; | Sentiment de M. l'évêque de
Troyes, résidant à Londres, sur la légi-
timité et la fidélité, en réponse à un écrit
intitulé : Véritable état de la question de
la promesse de fidélité à la constitution
demandée aux prêtres .Paris, 1800; | Frag-
mens relatifs à l'Histoire ecclésiastique
du 19e siècle, Paris, 1814, in-8°; cet ou-
vrage renferme des mémoires sur ses né-
gociations avec le pape en 1810 et 1812, et
quelques autres écrits du même genre;
| Discours prononcé par l archevêque de
Tours aux obsèques de sa majesté l'im-
pératrice Joséphine ; | Défense des libertés
de l'église gallicane et de l'assemblée du
clergé de France en 1782 , ou Réfutation
de plusieurs ouvrages publiés en Angle-
terre sur l'infaillibilité du pape , 1 vol.
in-4°.
* BARR YLIER ( Hoxoré-Fr.wçois) ,
jeune littérateur et helléniste , né à Mar-
seille, le 10 avril 1803 était fils d'un avo-
cat distingué, et avait de si heureuses dis-
positions pour l'étude, qu'à l'âge de 13 ans
il avait déjà fini son cours de philosophie,
possédait le latin , savait le grec et plu-
sieurs .langues modernes. Barralier avait
onssi beaucoup de talent pour les vers,
et plusieurs de SC3 poésies furent cou-
ronnées par une société littéraire de sa
BAR
ville natale, dont il était secrétaire. A seize
ans, il composa le Discours sur l'immor-
talité de l'âme , que son père a publié en
1822, in-8°. Ayant voulu se baigner en
sortantde table, il mourut en peudejours,
le 24 juillet 1821, n'étant âgé que de seize
ans et quatre mois. Il a laissé en manus-
crit diverses poésies, et un Traité sur les
mœurs des anciens , comparées à celles
des modernes, sous le point de vue de la
morale.
* BARRAS ( Paul-Jean-François-Ni-
colas , comte de ) , l'un des personnages
les plus fameux de la révolution française ,
membre de la Convention et du Direc-
toire, naquit le 30 juin 175S, à Fox en
Provence (aujourd'hui dans le départe-
ment du Var), d'une famille dont on dit
proverbialement dans le pays : Noble
comme les Barras aussi anciens que nos
rochers. Il se dévoua de bonne heure à la
carrière militaire, fut fait sous-lieutenant
au régiment de Languedoc, et s'embarqua
en 1773, pour l'île de France, dont le gou-
verneur lui était allié. Il passa dans l'Inde
avec le grade de capitaine dans le régi-
ment de Pondichéry, et arriva dans cette
ville, après avoir fait naufrage sur les
Maldives. Pondichéry fut attaqué, sans dé-
claration de guerre, par 20 mille Anglais,
et le général Bellecombe, gouverneur de
cette place , après une courageuse résis-
tance fut obligé de capituler. Barras assista
encore au combat de la Proya sur l'esca-
dre de M. de Suffren, et retourna ensuite
en France , où il eut bientôt dissipé un
patrimoine médiocre. La révolution de
1789 lui ouvrit une nouvelle carrière. Il
figura dans les assemblées du tiers-état,
coopéra le 14 juillet, avec le général La-
poype , à la prise de la Bastille , se fil af-
filier un des premiers à la société des
jacobins, paya de sa personne dans la
journée du 10 août 1792 , et favorisa con-
stamment les progrès de la révolution.
Successivement administrateur du dépar-
tement du Var , haut - juré à la cour
d'Orléans, commissaire près de l'armée
d'Italie, etadminislrateur général du comté
de Nice, il fut député à la Convention, et
vola la mort de Louis XVI sans sursis et
sans appel. Au 31 mai 1793, il participa
au mesures prises contre les girondins. Il
se trouvait à l'armée d'Italie, lorsqu'on
l'informa que les deux représentais Bayle
et Beauvais qui lui avaient été adjoints
dans sa mission, avaient été arrêtés à
Toulon dont les Anglais s'étaient emparés,
et que sa tête y éluil mise à prix. Il se hâta
BAR
de rassembler des troupes à Nice, et forma
le blocus de Toulon. Le général Dugom-
mier dirigeait les opérations du siège ,
Barras commandait la division de gauche,
et l'artillerie avait à sa tête Bonaparte ,
alors simple capitaine. Les républicains
ayant repris Toulon y exercèrent une
vengeance terrible , et Barras écrivait à
cette occasion à la Convention « que les
» seuls honnêtes gens qu'ils eussent trou-
i* vés dans la ville étaient les galériens. »
Malgré les actes de cruauté commis dans
le midi par la commission des représen-
tai dont Barras faisait partie , il s'acquit
une popularité qui fit ombrage à Bobes-
pierre, et à son retour à Paris, il fut mal
accueilli des comités. Le règne de la terreur
avait alors son cours , et les ennemis de
Barras voulaient le frapper , à coup sûr,
en l'enveloppant dans une proscription
générale. Celui-ci les prévint , en con-
tribuant à la journée du 9 thermidor ( 27
juillet 1794) qui anéantit le pouvoir de
Bobespierre. Cet homme de sang ayant
été délivré par la commune , et Henriot
marchant sur la Convention à la tête de la
garde nationale, l'assemblée chargea Bar-
ras de la défendre. Il dispersa les troupes
d'Henriot , s'empara de Bobespierre et
l'envoya à l'échafaud. Barras se rendit
aussi au Temple et fit donner quelques
secours à Louis XVII, qu'il trouva malade,
ainsi qu'à Madame. Le lendemain il se dé-
mit de son pouvoir et se vit assailli de dé-
nonciations. Il accusa lui-même ses collè-
gues envoyés, avec lui dans le midi, Moïse
Bayle et Granet, d'être les auteurs des
troubles et des massa res de cette contrée
et de plus les ennemis de Marat. Accusé
à son tour de dilapidation, un décret ap-
prouva sa conduite. Après avoir été se-
crétaire et président de la Convention, en
novembre 1794, et membre du comité de
sûreté générale, il se rangea parmi les
réactionnaires contre les Montagnards.
En 1795, il provoqua néanmoins la célé-
bration de l'anniversaire de la mort de
Louis XVI; mais l'énergie avec laquelle
il poursuivit au 1er prairial (20 mars 1793),
les restes du parti de la Montagne, lui
rendit la confiance de la majorité de la
Convention , et ranima les espérances de
quelques royalistes, espérances qui ne
furent point de longue durée. Dans la
journée du 13 vendémiaire (5 octobre
1795), Barras fut chargé une seconde tois
de défendre la Convention, et prit Bona-
parte pour son aide-camp. Il le fit ensuite
nommer général de l'armée de l'inté-
BAR
rieur, et plus lard, par le Directoire, do
l'armée d'Italie. Ce fut encore lui qui fit
épouser à son protégé la veuve du général
Beauharnais. Barras investi, pour la troi-
sième fois, d'une sorte de dictature au 18
fructidor , sortit encore vainqueur de la
lutte ; il donna au Luxembourg les fêtes
les plus brillantes , et l\m ne parlait que
de la cour de Barras , qui pendant deux
ans conserva sur ses collègues un ascen-
dant marqué. Après les événemens du 50
prairial an 7 , où le Directoire fut ren-
versé, Barras resta , avec Sieyès, chef do
l'autorité executive, et reçut alors des of-
fres du ministre anglais Pitt, qui l'enga-
geait à s'emparer de la souveraine puis-
sance. Il noua aussi des relations avec
Louis XVIII, et envoya en Allemagne
David Mounier muni d'instructions se-
crètes pour traiter avec ce prince. Il s'en-
gageait à rétablir la monarchie si le roi
lui accordait sûreté et oubli* et de plus
une indemnité de douze millions. Il avait
pris ses mesures pour le rétablissement
de la dynastie des Bourbons, lorsque Bo-
naparte qui avait été instruit par Lucien
de l'état de la France revint d'Egypte.
Barras lui confia ses projets ; mais le jeune
général, secondé par Sieyès, opéra la ré-
volution du 18 brumaire , qui l'élèva au
consulat, et fit rentrer Barras dans la vie
privée. Dans sa retraite à Grosbois , ce
dernier se vit accuser à la fois d'avoir
voulu favoriser les jacobins , servir les
Bourbons et usurper l'autorité suprême.
Bonaparte lui fit proposer diverses fonc-
tions élevées, mais il n'en voulut accepter
aucune et irrita ainsi le premier consul ,
qui lui fit appliquer la loi qui obligeait les
militaires destitués à se retirer à 40 lieues
de la capitale. Barras se rendit à Bruxelles,
d'où il obtint en 1805, pour cause de
santé , l'autorisation de se retirer à Mar-
seille. Désigné comme conspirateur, en
1813, par le préfet Thibaudeau, il fut exilé
à Borne, et lorsque Murât y fut entré
avec son armée, en 1814, il reçut l'ordro
de gagner Montpellier. Bevenu à Paris
après le relourduroi, il y vécut tranquille
et ignoré pendant les ceni-jours Depuis
il se fixa à Chaillot , où il est mort le 29
janvier 1829. Barras était doué d'une âme
énergique et ambitieuse; il écoutait diffi-
cilement les conseils , et l'on se souvient
qu'en 1795 il fit cruellement fustiger dans
les appartemens du Luxembourg M. Pou-
celin, rédacteur de la Gazette de France,
qui l'avait attaqué avec l'arme du ridi-
cule.
BAR 82
BARRE (Pierre la). Voyez BAR-
RIÈRE ( Pierre ).
BARRE ( Fn/uvçois POULAIN de la) ,
naquit à Paris en 1647. Il s'adonna à la phi-
losophie, aux belles-lettres et à la théolo-
gie. Il joignit à ces éludes celle de l'Ecri-
ture sainte et de la tradition; mais il
n'en profita guèjre pour sa conduite, et
perdit, par le dérèglement de ses mœurs,
l'esprit de son état, et même la vraie foi,
qu'il abjura pour se marier à Genève,
après avoir quitté la cure de la Flamin-
grie dans le diocèse de Laon, à laquelle il
avait été nommé. Réduit à la misère, il
enseigna la langue française aux jeunes
étrangers, jusqu'à ce qu'il eût une classe
dans le collège de Genève. Il y mourut
en 1723. On a de lui | un traité De l'éga-
lité des deux sexes, in-12, 1073. Il publia
ensuite | un traité De l'excellence des
hommes, contre l'égalité des sexes, in-
12. Ce sont des espèces de plaidoyers où
il y a quelquefois des réflexions qui dé-
génèrent en turlupinades, et d'ailleurs
peu de choses solides à recueillir. Il a
donné encore | un Traité de l'éducation
des dames, 1679, et le Rapport de la lan-
gue latine avec la française , 1672 , in-12.
BARRE (Louis-François-Joseph de la),
de l'académie des inscriptions, naquit à
Tournai en 1688 , et mourut à Paris en
1738, après avoir publié plusieurs ouvra-
ges : | Imperium orientale , en 2 vol. in-
fol. conjointement avec don Banduri
qu'il avait pris pour son second ; | un Re-
cueil de médailles des empereurs, depuis
Dèce jusqu'au dernier Paléologue , autre
ouvrage auquel don Banduri eut beau-
coup de part ; | une nouvelle édition du
Spicilége de dom d'Jcheri, 1723,3 vol.
in-fol. : le 1er renferme les traités dogmati-
ques, moraux et polémiques; le 2e les mor-
ceaux qui appartiennent à l'histoire ec-
clésiastique, et le 5e ceux qui regardent
l'histoire profane. On doit cet ordre à l'é-
diteur, de même que la correction de bien
des fautes et beaucoup de nouvelles piè-
ces. 1 Une édition du Dictionnaire de Mo-
Terh de 1725 ; | un volume in-4° de Mé-
moires pour servir à l'Histoire de France
et à celle de Bourgogne, connu sous le
nom de Journal de Charles VI, 1730.
Ces Mémoires ont été recueillis par don des
Salles, bénédictin, et publiés par de la
Barre. | Une édition du Secrétaire de la
cour, et du Secrétaire du cabinet, 2 vol.
in-12 , qui prouvent que la Barre avait
plus d'érudition que de goût. Le discer-
nement qu'il avait acquis pour les vieux
BAR
manuscrits, ne lui servait pas pour les
ouvrages modernes.
RARRE ( Jean-FrawçoW FÊVRE de
la), jeune gentilhomme d'Abbeville , s'é-
tant gâté l'esprit et le cœur par la lecture
de divers ouvrages, écrits par des philo-
sophes modernes, et lié avec quelques
amis infectés des mêmes erreurs, se porta
avec eux aux excès les plus révoltans
contre la religion de Jésus-Christ. Il fut
condamné par arrêt du parlement de
Paris du 4 juin 1766, à avoir la tète tran-
chée, après avoir fait amende honorable,
portant cet écrileau : impie, blasphéma-
teur, et sacrilège abominable et exécrable.
Le parlement ordonna que le Diction-
naire Philosophique de Voltaire , source
principale de l'infortune de ce jeune
homme , fût jeté dans le même bûcher
qui consuma le corps de ce malheureux.
En 1775, le philosophe entreprit de jus-
tifier son disciple dans un mémoire inti-
tulé le Cri du sang innocent; mais les
faits étaient trop récens et trop généra-
lement connus, pour que le public n'a-
perçût pas les faussetés , et ne s'indignât
pas contre les imputations odieuses dont
cet écrit était rempli.
BVRRE (Joseph ), chanoine régulier
de Sainte-Geneviève, et chancelier de l'u-
niversité de Paris, mort dans celte ville,
le 23 juin 1764, âgé de 72 ans. Il entra jeune
dans la congrégation , et y fit de grands
progrès dans la piété, ainsi que dans les
sciences ecclésiastiques et profanes. Plu-
sieurs ouvrages, sortis de sa plume , ont
rempli le cours de sa vie laborieuse. Les
principaux sont : ( Vindictes Librorum
Deutero-Canonicorum veteris Testamen-
ti, 1730, in-12 : livre qui offre beaucoup
d'érudition ; | Histoire générale d' Alle-
magne, 17 '48, en 11 vol. in-4°. Cette his-
toire, pleine de recherches, est cependant
très inexacte , rarement élégante , et de
plus, d'une partialité qui doit la rendre
odieuse aux étrangers , surtout aux peu-
ples qui ont eu quelque démêlé avec la
France : elle prouve plus d'effort de mé-
moire que de génie , et cet effort même
n'est pas toujours heureux, c'est l'effort
d'une mémoire infidèle. « Il ne suffit pas,
» dit un critique, pour composer une bonne
» histoire d'Allemagne , de compiler ce
» qui se trouve dans les auteurs moder-
» nés, et de le mettre bout à bout, en y
» faisant quelques liaisons ; il faut consul-
» ter les auteurs originaux , que les Al-
» lemands ont recueillis avec soin. Mais
» cela est encore à faire. Aussi n'avons-
BAR
» nous pas de bonne histoire de ce pays :
■ car celle de Heiss ne mérite guère ce
■ nom; et celle de l'abbé Schrnidt, tra-
» duite de l'allemand en français , est
» moins l'histoire des Allemands, qu'un
» cadre où l'auteur a cherché à placer ses
» systèmes. » | Vie du maréchal de Fa-
bert, 1752, 2 vol. in-12. Cette histoire est
curieuse ; mais la diction n'en est pas as-
sez, pure , et les faits n'en sont pas tou-
jours bien choisis. | Histoire des lois et
des tribunaux de justice , 1755, in-4°;
c'est son meilleur ouvrage. | Le P. Bar-
re a orné de notes l'édition des OEuvres
de Bernard Van-Espen, donnée en 1755,
U vol. in-fol. et faite avec l'abbé de Bel-
lcgarde.
BARRE DE BEAUMARCHAIS. Voyez
BEAUMARCHAIS.
BARRÉ (Nicolas), religieux minime,
né à Amiens en 1621, entreprit de créer
des espèces de séminaires pour former
des maîtres et des maîtresses d'école. Un
premier établissement eut lieu à Rouen
en 1066, et un second à Paris, dans la pa-
roisse de Saint-Jean-en-Grève, d'où il fut
transporté sur la paroisse de Saint-Sul-
pice. Il fut le fondateur des écoles chré-
tiennes et charitables du saint Enfant Jé-
sus, et c'est de lui que la congrégation
des dames de Saint-Maur tire son origine.
On a de lui des Lettres spirituelles,
Rouen, 1697, in-12, à la tête desquelles on
trouve un abrégé de sa vie.
BARREAUX (Jacques Vallée, sei-
gneur des ) naquit à Paris en 1602, d'une
famille de robe. Les liaisons qu'il eut
avec Théophile Viaud, le jetèrent dans
l'irréligion et le libertinage. On trouva
parmi les papiers de ce poète , des lettres
latines de des Barreaux, dans lesquelles
l'impiété se montrait sans masque. Sa
jeunesse lui épargna un châtiment exem-
plaire. Les plaisirs sensuels étaient sa
seule occupation. Il quitta une charge de
conseiller au parlement de Paris, pour
goûter plus aisément les délices d'une
vie voluptueuse : on raconte qu'étant
chargé de rapporter un procès, et les par-
ties pressant le jugement, il donna la
somme contestée, plutôt que de se gêner
en remplissant son devoir. Ses vers, ses
chansons le faisaient rechercher dans
toutes les compagnies, dont la licence
n'était point bannie. Il porta le rafline-
ment du plaisir jusqu'à changer de cli-
mat, suivant les saisons. En hiver, il al-
lait jouir du beau soleil de Provence ; en
été, il retournait à Paris. Il devint plus
83 BAR
sage sur la fin de ses jours, et il mourut
en chrétien à Chàlons-sur-Saône , le meil-
leur air de la France, à ce qu'il disait , en
1675. On ne connaît de ce fameux épicu-
rien, que le sonnet qu'il fit clans une ma-
ladie : Grand Dieu, tes jwjemens, etc.
Voltaire prétend que ce sonnet, qu'il
trouve fort médiocre , n'est pas de des
Barreaux, mais de l'abbé de Laveau. Il
paraît incontestable que des Barreaux en
est le véritable auteur, et les gens de let-
tres y ont toujours trouvé beaucoup d'é-
lévation et d'énergie. C'est une expres-
sion vive et rapide de ce sentiment pro-
fond que l'idée de Dieu, de sa justice et
de sa miséricorde , fait nailre dans le
cœur de l'homme, sentiment que toute la
fougue des passions, toute l'ivresse du li-
bertinage, toutes les illusions d'une fausse
philosophie ne sauraient anéantir, et qui
ne manque pas de renaître dans les mo-
mens d'une raison calme.
BARREIROS ( Gaspard ) , né à Viseu
en Portugal, était neveu de l'historien
Barros ; il vécut pendant quelques an-
nées à Rome , où il s'acquit l'estime des
cardinaux Pierre Bembo et Jacques Sado-
let. Il devint ensuite inquisiteur et cha-
noine d'Evora, où il mourut, en 1610.
avec la réputation d'un savant judicieux.
Il a donné en portugais des examens cri-
tiques sur les fragmens des Origines do
Caton; sur les livres attribués à Mané-
thon , sur le livre de Q. Fabius Piclor :
De aureo sœculo et origine urbis Romœ.
Un traité en latin sur le pays d'Ophir
dont il est parlé dans l'Ecriture, Anvers,
1600, in-8°, et au tom. 8 des grands criti-
ques d'Angleterre. Il a donné ce traité
sous le nom de Varrerius, de même que
la critique des livres attribués à Bérose,
qui se trouve dans l'édition de ces livres
donnée à Anvers en 1599.
BARRELIER ( Jacques ) , dominicain,
botaniste estimé. Après avoir fait de bon-
nes études, et pris le degré de licencié en
médecine, il entra dans l'ordre des frères
prêcheurs en 1655. Ses talens et sa pru-
dence le firent élire, en 1646, assistant du
général, avec lequel il parcourut la Fran-
ce, l'Espagne et l'Italie. Au milieu des oc-
cupations de cet emploi, et sans négliger
ses devoirs, il trouva le moyen de s'appli-
quer àlabotanique, pour laquelle il avait
un goût naturel. U recueillit un grand
nombre de coquillages et de plantes, et en
dessina beaucoup qui n'étaient point con-
nues, ou ne l'étaient qu'imparfaitement.
Il avait entrepris une histoire générale
BAR
84
BAR
des plantes, qu'il devait intituler Ilorlus
tnundi,on Orbis Botanicus. Jl y travail-
lait fortement , lorsqu'il fut étouffé d'un
asthme en 1673 , à l'âge de 67 ans. Ce
qu'on a pu recueillir de cet ouvrage, a été
publié par Antoine de Jussieu, sous ce
litre : Ptantœ per Galliam, Hispaniam et
Italiam observalœ, et iconibus œneis ex-
hibila, Paris, 1714, in-folio.
BARRÈME ( François ) , mort à Paris
en 1703, s'est acquis quelque célébrité,
par des livres d'un usage journalier. Tels
sont son Arithmétique, in-12, ses Comptes
faits, ses Changes étrangers .,2 volumes
in-8°, etc. Son nom est devenu prover-
bial.
BARRÈRE ( Pierre ), médecin de Per-
pignan, mort en 1755, était bon pour la
théorie et la pratique : il passait pour
un observateur exact. On a de lui : | Re-
lation et essai sur l'histoire naturelle de
la France équinoxiale, 1748, in-12; | Dis-
sertation sur la couleur des Nègres, 17kl.
in-4°( Voyez PECHLIN); | Observations
sur l'origine des pierres figurées, 1746,
in-8°.
* BARRETT( Guillaume ), chirurgien
anglais , natif du comté de Sommerset,
mort en 1789, était membre de la société
des antiquaires de Londres. Quoiqu'il eût
beaucoup de talent comme chirurgien, il
est plus particulièrement connu comme
auteur d'un livre intitulé Histoire et an-
tiquités de la ville de Bristol, etc. avec
des planches, 1788, 1 vol. in-4°, ouvrage
mal écrit, mais plein de recherches utiles
et faites avec une grande exactitude. —
Un peintre de paysage du même nom a
acquis quelque célébrité à Londres , dans
le 18e siècle , et a été membre de l'acadé-
mie de peinture, dont il était un des fon-
dateurs.
* BARRETT ( Jeax-Jacques de ), né à
Condom, le 12 novembre 1717, était iils
de Jacques de Barrett, qui avait suivi le
roi Jacques en France. Après avoir uni
ses études, Jean-Jacques vint à Paris, se
lia avec quelques littérateurs distingués,
et se livra entièrement à l'élude de la lit-
térature ancienne. En 1762, il fut nom-
mé professeur de langue latine à l'école
militaire, et, trois ans après, inspecteur-
général des éludes dans cette école. Après
plusieurs années d'exercice , il donna sa
démission, et, dans la retraite , continua
de traduire des auteurs latins : il est mort
le 19 août 1792. Il a traduit | Traité du
V Amitié, f de la Vieille s se, \es Paradoxes,
le Songe de Scipion et la Lettre politique
àQuintus, 1760, in-12; 4e édition, 1776, ïn-
12 ; | les Offices de Cicéron, 1759, in-12; 3e
édition, 1776, in-12 ; | Histoire des deux
règnes de Nerva et de Trajan; | les Méta-
morphoses d'Ovide, 1778. 1796, 2 vol. in-
12; | OEuvres de Virgile ( il n'a fait que
revoir la traduction' de Catrou ) , 1782,
1787, 2 vol. in-12; | Histoire de Florence,
de Machiavel, 1784, 1789, 2 vol. in-12;
| Eloge d-, la Folie, par Erasme , 1789 ,
in-12; | Histoires et Maximes morales, etc.
1781, 1803, in-12 : c'est une traduction du
Selectœ è Profanis; | la Loi naturelle s
1790, in-12; J Nouvelle traduction de Ta-
cite, ouvrage posthume, Paris , A. Dela-
lain, 1811, 3 vol. in-12.
BARRI ou BARRY (Paul de), provin-
cial dès-jésuites de la province de Lyon,
mort à Avignon en 1661, à l'âge de 74 ans,
étant né en 1 587, publia plusieurs ouvrages
de piété, où il y a plus de bonne morale
que de bon goût ; mais c'était le goût de son
temps. La plupart furent traduits en latin,
en italien et en allemand; c'était l'usage
alors de donner aux livres des titres sin-
guliers, et le Père Barri l'a scrupuleuse-
ment suivi. Ses divers ouvrages sont in-
tulés; Les saints accords de Philagie avec
le fils de Dieu... La riche alliance de
Philagie avec les saints du paradis... La
Pédagogie céleste... L'instruction de Phi-
lagie pour vivre à la mode des saints...
Les cent illustres de lamaison de Dieu.:.
Les deux illustres amans de la mère de
Dieu... L'heureux trépas des cent servi-
teurs de la mère de Dieu . Le paradis
ouvert à Philagie par cent dévotions à la
mère de Dieu, aisées à pratiquer aux
jours de ses fêtes et octaves... Le Pensez-
y bien ? Ce dernier et quelques autres ont
été réimprimés avec les corrections né-
cessaires faites au style suranné. Peut-
être qu'on eût bien fait d'y changer aussi
quelques expressions outrées, et quelques
passages que des théologiens judicieux
ont trouvés n'être pas trop d'accord avec
une dévotion solide.
* BARRIÈRE (donJEA\ delà), né en
1544 , à Saint-Céré, petite ville du Querci,
fut pourvu en commande dès l'âge de 18
ans , de l'abbaye de Feuillant dans le dio-
cèse de Rieux, dont il prit possession en
1505. Arnauld d'Ossat , depuis cardinal,
l'ayant conduit à Paris pour y achever ses
éludes , Barrière y forma le projet de s'at-
tacher , par des vœux, à l'ordre dont il
possédait un bénéfice , et les prononça en
1573. Voulant faire revivre dans son ab-
baye l'esprit de l'ordre de Citeaux , il eut
BAR 8
à vaincre l'opposition ae ses propres re-
ligieux, effrayés d'austérités auxquelles
ils ne s'étaient pas engagés. Il parvint ce-
pendant à triompher des obstacles qu'on
lui opposait, et plusieurs maisons embras-
sèrent sa réforme. Sixte V confirma son
institut en 1385 ; Henri III l'appela à Pa-
ris et lui donna, près du palais des Tui-
leries un monastère qui a subsisté jusqu'à
ces derniers temps. Cependant un grand
nombre de religieux de Barrière se dé-
clarèrent pour la ligue, et, se soulevant
contre leur abbé , ils le firent suspendre
par Sixte-Quint de l'administration de
son abbaye ; ce pape lut interdit même de
dire la messe, et lui donna la ville de
Rome pour prison. Mais son innocence
fut bientôt reconnue, et Clément VIII,
instruit par le cardinal Bellarmin du mé-
rite de Barrière, s'empressade l'absoudre.
Ce pontife voulut le retenir à Rome où il
mourut en odeur de sainteté, Fan 1600,
entre les Iras de son ami le cardinal
d'Ossat. ,
BARRIERE (Pierre), dit la Barre,
natif d'Orléans, de matelot devenu sol-
dat , conçut l'abominable dessein de tuer
Henri IV. Barrière fut arrêté , tenaillé et
rompu vif, le 26 août 1593 ( Voyez BAN-
CHI). Varade, recteur des jésuites de
Paris , que l'on accusa ensuite d'avoir
conseillé cet horrible attentat à Barrière ,
était à Paris lorsque le procès fut fait à ce
scélérat; il y resta môme après qu'Henri
IV se fut rendu maître de la capitale ; il
en partit quelque temps après avec la
permission du roi pour aller à Rome avec
le légat. Ce ne fut qu'en 1595 , deux ans
après l'exécution de Barrière , que le par-
lement s'avisa de faire le procès à Varade.
Pasquier est le premier qui ait fait Va-
rade complice de Barrière, sans citer
d'autres preuves que je l'ai appris d'un
mien ami qui est un autre moi-même.
Tous les historiens qui inculpent le Père
Varade, n'apportent point d'autre garant
que le Catéchisme de Pasquier ( 2 par-
tie, pag. 52). Harlay, dans ses remon-
trances à Henri IV , rappela la même ac-
cusation. Mais Henri IV répondit qu'il
n'y avait eu aucune charge à V encontre
de Varade , et si aucune était , ajouta ce
monarque judicieux , pourquoi l'auriez-
vous épargné? Quant à Barrière, tant
s'en faut qu'un jésuite l'ait confessé,
comme vous dites, que je fus averti par
un jésuite de son entreprise, et un autre
lui dit qu'il serait damné s'il osait l'en-
treprendre. Henri IV devait être certai-
2.
î> BAR
nement mieux instruit de ce qui le re-
gardait personnellement , que Pasquier et
Harlay, puisqu'il s'agissait de la vie même
de ce monarque. On peut consulter le
Mercure français de 1604, Matthieu, his-
toriographe et confident de Henri IV, les
Mémoires de Villeroi, ministre d'état, Du-
pleix , auteur contemporain et historio-
graphe de France, le Plaidoyer de Mon-
tholon, l'Histoire de l'université de Paris,
tom. 4 , pag. 884
'BARRIN (Jeaaj), grand-chantre de
la cathédrale de Nantes, et l'un des vi-
caires-généraux du diocèse, était de la
famille des Barrin de la Gallissonnière ,
qui a fourni des officiers distingués à la
marine française. Barrin a traduit en vers
les Epîtres et Elégies d'Ovide, Paris,
1676; la Haye, 1692 et 1701, in-12. Afin
d'effacer auprès des gens d'église cette
erreur de sa jeunesse , il composa la Vie
de la bienheureuse Françoise d'AmboiseM
femme du duc de Bretagne, Pierre II;
Rennes, 1704, in-12.
* BARRINGTOX (John-Siuite), né à
Londres en 1678 , et mort à Berks en 1754,
fils d'un marchand anglais , se fit connaî-
tre par divers écrits politiques et religieux,
dont plusieurs en faveur des prolestans
séparés de l'église d'Angleterre , et fut
chargé , par la reine Anne , de négocia-
tions dont le but était la réunion de l'E-
cosse à l'Angleterre. Un de ses parens
l'ayant institué son héritier, il prit son
nom et ses armes , et fut créé pair d'Ir-
lande , en 1722. Ses principaux ouvrages
sont : | Miscellanea sacra, réimpr. en 1770,
5 vol. in-8° ; | Les droits des protestons
non conformistes , 1705 , in-4° ; | Essai
sur l'intérêt de l'Angleterre relativement
aux protestons non-conformistes , 1705,
in-4°; | Essai sur les diverses dispensa-
lions de Dieu sur le genre humain. Bar-
rington eut neuf enfans dont un devint
évêque de Durham.
* BARRL\GTO\ ( Daines ) , 4e fils
du précédent , s'appliqua à l'étude des
lois , et occupa différentes places dans la
judicature et dans le gouvernement. Il est
aussi connu comme antiquaire et comme
naturaliste. La société royale de Londres
l'admit au nombre de ses membres, et
celle des antiquaires le choisit pour son
vice-président. Il résigna ses diverses pla-
ces vers la fin de sa vie , et mourut dans
la retraite le 14 mars 1800. On a de lui
différens ouvrages , dont les principaux
sont : | Observations sur les statuts, spé-
cialement les plus anciens, etc., 1766,
8
BAR
86
BAR
in-V, réimprimé la même année. Cet
ouvrage, qui a eu depuis cinq éditions,
notamment en 1769 et 1775 , jouit encore
d'une grande réputation, et il est très-sou-
vent cité comme autorité par les meilleurs
historiens et jurisconsultes anglais. | Le
Calendrier du Naturaliste , 1767 , in-4° ,
I une édition d'Orosius avec la traduction
anglo-saxonne, d'Alfred le Grand, et
une traduction anglaise accompagnée de
notes , par Daines Barringlon , 1773 , in-
8°; ces notes ont été vivement critiquées ;
| Traité sur la probabilité d'atteindre au
pôle septentrional, 1775, in-4°; | Expé-
riences sur le chant des oiseaux et essai
sur leur langage; \ Voyage d'Olhar, ou
E clair cissemcns sur la géographie du IXe
siècle; \ Mélanges sur divers sujets , 1780,
in-4°; | enfin un grand nombre de dis-
sertations insérées dans les Mémoires de
la société royale de Londres , et dans
ceux de la société des antiquaires de la
même ville.
* BARRINGTON (Samuex), son frère,
parvint , très jeune encore, au grade de
contre-amiral, se signala à la prise de
Sainte-Lucie, en 1800, contribua à ravi-
tailler Gibraltar , en 1782 , et mourut aussi
en 1800.
BARROIS (Jacques-Marie), libraire
de Paris, a poussé la connaissance des li-
vres plus loin qu'aucun de ses confrères :
il en connaissait non seulement les édi-
tions et les prix, il s'appliquait encore à
en saisir le mérite et à s'instruire dans les
matières qui y étaient traitées. Il a rédigé
habilement les catalogues de nombre de
bibliothèques de son temps. Il est mort
en 1769.
* BARRIS (le baron Pierre-Joseph
Paul) , né le 50 juin 1739, à Monlesquiou,
aujourd'bui dans le département du Gers,
lit son droit à Toulouse. Il fut bientôt
nommé commissaire du roi près le tri-
bunal de Mirande. Envoyé par le dépar-
tement du Gers à l'assemblée législative ,
en 1791 , il ne parut point à la tribune et
se contenta de travailler dans les comités.
M. Barris fut, après la session , nommé
juge à la cour de cassation , puis baron ,
puis officier de la légion-d'honneur, et
enfin président de la même cour. Il est
mort le 51 juillet 1824 , âgé de 65 ans.
BARROS (Jean de), né à Viseu en
1496 , fut élevé à la cour d'Emmanuel ,
roi de Portugal, auprès des infans. Il lit
des progrès rapides dans les lettres grec-
ques et latines. L'infant Jean, auquel il
8'était attaché et dont il était précepteur,
ayant succédé au roi son père en 1521 , de
Barros eut une charge dans la maison de
ce prince. Il devint en 1522 gouverneur
deSai'it-Georges-de-la-Mine,sur les côtes-
de Guinée, en Afrique. Trois ans après,
le roi l'ayant appelé à la cour, le fit tré-
sorier des Indes : cette charge lui inspira
la pensée d'en écrire Y Histoire; pour l'a-
chever , il se relira à Pombal, où il mou-
rut en 1570, avec la réputation d'un sa-
vant estimable et d'un bon citoyen. De
Barros a divisé son Histoire de l'Asie et
des Indes en 4 décades. Il publia la V
en 1552 , la 2e en 1553 , la 5e en 1563 ; la hr
ne vit le jour qu'en 1615, par les ordres
du roi Philippe III, qui fit acheter le ma-
nuscrit des héritiers de Jean de Barros.
Cette Histoire est en portugais. Possevin
et le président de Thou en font de grands
éloges. La Boulaye-le-Goux , dont le suf-
frage est peu de chose en romparaison
des deux autres, dit que c'est plutôt du
papier barbouillé qu'un ouvrage digne
d'être lu. Barros a ramassé bien des faits
qu'on chercherait vainement ailleurs , et
mérite une place parmi les bons histo-
riens. Divers auteurs ont continué son
ouvrage, et l'ont poussé jusqu'à la 15e dé-
cade. Il y en a une nouvelle édition à
Lisbonne, 1736, 5 vol. in-fol. , puis une
autre en 1774, 11 vol. in-8°. Alphonse
Ulloa l'a traduit en espagnol. Barros a en-
core composé plusieurs autres écrits , en-
tr'autres | une Grammaire de la langue
portugaise; \ un traité de la Mauvaise
honte; | un Dialogue moral , etc.
BARROW (Isaac), naquit à Londres
en 1650. Il fit plusieurs voyages en France,
en Italie , à Constantinople. Il professa
ensuite le grec à Cambridge , et quelques
temps après la géométrie. Tillolson a
donné une édition de ses œuvres en 1
vol. in-folio, 1683 et 1687. On y trouve
des sermons, des ouvrages de mathéma-
tiques et des traités de théologie. Il mou-
rut en 1677. Barrow avait beaucoup de
génie pour les mathématiques; il fut le
maître de Newton , et il ébaucha le cal-
cul des infiniment petits. Il trouva en
1666 une méthode de mener les tangentes,
qui donna bientôt lieu à ce calcul. Mal-
gré ses succès , il quitta l'élude aride de
la géométrie*, pour s'attacher à celle de
la religion ; mais y ayant porté les préju-
gés de sa communion, il n'y trouva pas
les ressources qu'elle promet à ceux qui
cherchent sincèrement la pureté de la foi.
Ses ouvrages en ce genre n'eurent que
peu de succès, et ne font pas toujours
BAR
87
BAR
honneur au jugement du théologien. Il
est encore auteur | de X Abrégé chrono-
logique , ou Histoire des découvertes fai-
tes par les Européens dans les deux In-
des, traduit de l'anglais par R. Targe, 12
vol. in-12 , Paris , 17G ) ; | de Y Histoire
nouvelle et impartiale d'Angleterre , tra-
duite de l'anglais, Paris, 1771, 15 vol.
in-12.
* BARRIJEL ( Augustin , l'abbé ) , né
le 2 octobre 1741 , à Villeneuve de Berg
en Vivarais dans les Cévennes , d'une fa-
nu le ancienne et considérée , lit ses étu-
des chez les jésuites , et entra dans leur
société. Lorsqu'elle fut supprimée en
France, il aima mieux s'expatrier que de
renoncer à la carrière où il était entré, et
il passa dans les états de la maison d'Au-
triche. Il habita successivement la Bo-
hème, la Moravie et ensuite Vienne, où
il fut appelé au collège Thérésien. Après
la suppression de son ordre, il visita Rome
et l'Italie avec un jeune seigneur dont
l'éducation lui avait été confiée, et rentra
en France vers l'année 1777. Content d'une
fortune médiocre, mais qui suffisait à la
modération de ses désirs, il ne rechercha
ni les places ni les bénéfices , et se livra
entièrement à l'élude. Le premier de ses
ouvrages , qui commença sa réputation,
est les Helviennes, ou Lettres provinciales
philosophiques , 1784 et 88 , 5 vol. in-12,
plusieurs fois réimprimées , qu'il écrivit
pour montrer la bizarrerie des systèmes
des philosophes du jour, l'incohérence de
leurs idées et les contradictions de leurs
doctrines. Pour rendre son ouvrage plus
piquant , l'auteur emploie l'arme de la
plaisanterie , et il la manie assez bien. Il
travailla au Journal ecclésiastique de-
puis 1788 jusqu'en 1792, et il paraît qu'il
en fut presque le seul rédacteur. Il jugea
bien la révolution dès l'origine, et il en
signala l'esprit et la tendance dans des
articles écrits avec chaleur et talent. Inac-
cessible à la crainte, il se riait des insultes
et des menaces des écrivains révolution-
naires , et soutint avec fermeté les droits
de l'Eglise. Désigné par la haine des fac-
tieux, il fut obligé de se cacher après les
événemens du mois d'août et de changer
plusieurs fois d'asile; enfin il trouva le
moyen de s'échapper et de s'embarquer
pour l'Angleterre. Il y publia son Histoire
du clergé pendant la révolution, Londres ,
1794, 2 vol. in-12, qu'il écrivit de mé-
moire; aussi on lui reproche des anec-
dotes hasardées, des méprises de noms et
de dates , qui ont nui au succès de cet ou-
vrage. Il donna ensuite ses Mémoires pour
servir à l'histoire du jacobinisme, Lon-
dres, 1796, 4 vol. in-8'\ où il essaie de
prouver qu'il avait existé une triple con-
spiration qui avait préparé la révolution ;
savoir : une conspiration des incrédules ,
qui avaient travaillé depuis le milieu du
dernier siècle à renverser le christia-
nisme; une conspiration de partisans de
l'indépendance , du républicanisme et de
la franc-maçonnerie , qui voulaient ren-
verser les trônes ; et enfin, une conspira-
tion d'illuminés qui , s'appuyant sur les
deux premières, avaient résolu le renver-
sement de toute religion et de toute auto-
rité. On reproche à son ouvrage un peu
de diffusion ; il le sentit et il crut devoir
lui-même abréger son travail , qu'il pu-
blia sous le titre à.' Abrégé des mémoires
sur le jacobinisme, 2 vol. in-12. Il rentra
en France en 1802 , et reçut le titre de
chanoine honoraire de Paris. Il publia di-
vers écrits en réponse à ceux dans les-
quels on l'attaquait , et notamment à un
livre intitulé Etat politique et religieux
de la France, par l'abbé Blanchard, Lon-
dres, 1806, in-8°. L'abbé Barruelfut arrêté
en 1811 par ordre du gouvernement im-
périal, à l'occasion du bref adressé par le
pape au cardinal Maury; mais il fut promp-
tement rendu à la liberté. En 1815, il se
retira dans le Vivarais , où il se réunit à
quelques anciens confrères. Il est mort
le 5 octobre 1825, dans sa 80e année, lais-
sant à ses amis des souvenirs précieux.
Prêtre attaché à ses devoirs , il n'a cessé
de faire la guerre à l'esprit d'irréligion et
de nouveauté, et plus d'une fois il contri-
bua à ramener à la foi des hommes pré-
venus ou égarés. Outre les ouvrages que
nous avons cités, il a publié | les Eclipses*
poème en 6 chants, traduit du latin, 1779,
in-4; | la Physique réduite en tableauxrai-
sonnés, 1779, in-4°; | Du pape et de. ses
droits religieux à l'occasion du concordat,
1803, 2 vol. in-8°; | plusieurs écrits sur les
affaires de l'Eglise, etc. Il a donné quelques
articles ou lettres aux Annales littéraires
et morales , qui se publiaient à Paris , au
commencement de ce siècle, et à l'Ami de
la Religion et du Roi. Les rédacteurs de
ce recueil lui ont consacré une notice
étendue (toin. XXV, pag. 401-411). On
trouve encore dans le même journal di-
vers articles sur les ouvrages de Barruel,
parmi lesquels il faut distinguer une ana-
lyse très détaillée de soti Journal ecclésias-
tique (tom. XXVI, pag. 81-88 et 129-157.)
L'auteur de la notice déclare positivement
BAR
88
BAR
que c'est à tort qu'on l'a cru auteur de la
Collection ecclésiastique , 1791 et 1792,
14 vol. in-8° : « Il n'a fait que prêter son
nom à cette collection qui était rédigée -par
un jeune ecclésiastique , M. l'abbé Guil-
lon. » On a encore de lui une Ode sur le
glorieux avènement de Louis\- Auguste
{Louis XVI) au trône, Yllk , in-8° ; | le
Patriote véridique , ou discours sur les
vraies causes de la révolution, 17 '89, in-8°.
* B ARRUEL - BEAU VERT ( Antoine-
Joseph comte de), né en 1756, au château
de Beauvert , près de Versailles , mort en
1817, commanda une compagnie du régi-
ment de Belsunce, passa dans la milice de
Bretagne, puis dans la garde nationale de
Bagnols, en 1790. Après le voyage de Va-
rennes, il s'offrit pour otage de Louis XVI,
et reçut la croix de St-Louis pour sa con-
duite au 20 juin 1792. Il était, en 1795 ,
rédacteur d'un journal intitulé : les Actes
des Apôtres, et fut compris comme tel
dans la déportation du 18 fructidor , à la-
quelle il échappa. Mis en surveillance sous
le gouvernement consulaire , le comte de
Barruel acquit plus tard la protection de
l'impératrice Joséphine, qui le fit nommer
inspecteur du système métrique du Jura
et autres départemens voisins. Les plus
connus de ses ouvrages sont : | Vie de
J.-J. Rousseau, 1789/ | Caricatures poli-
tiques : | Histoire de la prétendue prin-
cesse de Bourbon-Conti , Besançon, 1811;
| Lettres sur quelques particularités de
l'histoire, pendant l'interrègne des Bour-
bons , ib. , 1815 , 5 vol. in-8°, et autres
écrits et adresses royalistes, publiés en
4816.
* BARRY (René), historiographe du
roi, auteur d'une Vie de Louis XIII , en
latin, traduite en français par Jean Nicolaï,
qui se trouve dans l'ouvrage intitulé : le
Triomphe de Louis le Juste, poème latin,
de Charles Beys , Paris , 1619 , in-fol. Il
avait composé divers ouvrages sur l'art
oratoire , entre autres une Rhétorique
française , Paris , 1655 , in-4° , qui eut
plusieurs éditions ; sur la Logique, la Mo-
rale, la Physigue et la Métaphysique , où
ceux qui sont venus après lui ont puisé
de bonnes choses. On a encore de lui des
Conversations , Paris , 1675 , in-4°, 2 vol.
* BARRY (Jacques ), peintre d'histoire ,
naquit , en 1741 , à Cork en Irlande, d'un
père qui exerçait l'état de maçon. Il cul-
tiva d'abord l'étude du grec et du latin;
mais son attrait le portait vers la pein-
ture, et il s'y livra tout entier. Un tableau
qu'il composa à l'âge de 19 ans attira sur
lui l'attention publique , et la faveur de
plusieurs personnages distingués, entre
autres, d'Edmont Burke son compatriote,
qui lui fournit des secours pour aller per-
fectionner son talent d'abord à Londres,
ensuite en France, et puis enfin en Italie.
De retour en Angleterre , vers 1772 , il
composa un tableau de Vénus, dont Green
a donné la gravure , et un autre de Ju-
piter et de Junon , dont la conception ori-
ginale fut justement admirée , quoique le
coloris en fût médiocre. Edmond Burke
tenait à avoir son portrait dessiné par la
main de son protégé, il le pria de le faire,
mais Barry refusa, sous prétexte qu'un tel
genre était au-dessous de lui. Tant d'or-
gueil et d'ingratitude révoltèrent Edmond,
qui le traita depuis très froidement. En
1775, il composa un ouvrage intitulé :
Recherches sur les obstacles réels ou ima-
ginaires qui s'opposent aux progrès des
arts en Angleterre , dans lequel il réfute
les opinions de Montesquieu et de Dubos
sur l'influence du climat. Ce qui lui a ac-
quis en Angleterre le plus de réputation,
ce sont six tableaux de 42 pieds de lon-
gueur chacun, où il a représenté les pro-
grès de la société et de la civilisation. Eu
1786 , il fut nommé membre de l'acadé-
mie royale de peinture et professeur ; mais
en 1799, le roi le raya lui-même de cette
liste, à cause de ses procédés peu délicats
envers ses confrères, de ses bizarreries,
et de ses opinions trop prononcées en fa-
veur de la révolution française. Cet artiste
dévoré de l'orgueil le plus ridicule , des
jalousies les plus extraordinaires , s'ima-
ginait que rien n'était au-dessus de son
talent, et croyait que les offices en musi-
que, célébrés à Westminster , n'avaient
été faits que pour empêcher le public de
courir à l'exposition de ses tableaux.
Brûlé par la soif de la gloire, il y courait
par les voies les plus singulières; c'était
pour être remarqué qu'il vivait dans uno
malpropreté telle qu'on ne l'appelait dans
son quartier que le sale Barry. Il mourut
à Londres en 1806, et fut enterré dans
l'église de Saint-Paul. On a publié, enl80i),
les Œuvres de J. Barry, peintre d'histoire,
avec une notice sur sa vie et ses écrits ,
Londres, 2 vol. in-4°.
* BARRY (Marie-Jeanne GO?dART de
Vaubernier, comtesse du) naquit à Vau-
couleurs en 1744. Elle était fille d'un
commis aux barrières. Douée de tous les
agrémens qu'il faut pour plaire, environ-
née de tous ces charmes si funestes, lors-
qu'ils ne sont point alliés à la religion et
BAR {
à l'éducation, elle souilla sa première jeu-
nesse par ces désordres honteux qui flé-
trissent à jamais la mémoire d'une femme,
et par une de ces professions que n'excu-
sent jamais ni le malheur ni la nécessité.
Elle était connue chez la fameuse Gour-
gan sous le nom de mademoiselle Lange.
Le comte Jean du Barry , le roué * en fit
d'abord sa maltresse ; mais comme il nour-
rissait dans son cœur , avec les inclina-
tions les plus dépravées, une ambition
toujours active, il vit dans celte beauté
lie quoi captiver les regards du roi, et
bâtit sur l'opprobre de son souverain et
le scandale de la France , l'espoir de sa
nouvelle fortune. Lebel, valet de chambre
du roi, est chargé de la présenter. Louis
XV , accoutumé à céder à l'attrait des
plaisirs, se laissa fasciner les yeux. Trompé
peut-être sur le premier état de sa nou-
velle maîtresse , il ne put sentir combien
il était indigne d'un souverain de placer si
bas ses affections. Pour l'empêcher de faire
des recherches dont le résultat lui aurait
déplu certainement, on maria cette jeune
ûlle : Guillaume du Barry, frère du comte
Jean, s'offrit, et bientôt la comtesse du
Barry parut publiquement à la cour. En
17G9 , elle fut présentée au roi par une
femme de qualité , dont le nom sera sans
doute inconnu de la postérité. Madame
du Barry prit sur le cœur du roi un ascen-
dant qu'elle dut autant aux instructions
des auteurs de sa fortune qu'à sa beauté,
et servit d'instrument à toutes les intrigues
et à toutes les haines des courtisans qui
purent capter ses faveurs. Le duc de Choi-
seul , ministre tout puissant alors, crut
indigne de lui de s'humilier devant la fa-
vorite ; il osa même tenter de faire rou-
gir le roi de son choix honteux ; mais sa
disgrâce fut le fruit de sa généreuse har-
diesse. Louis XV lui-même sentait quel-
que fois toute l'ignominie de sa passion :
«Je sais bien, dit-il un jour au duc de
» Noailles , que je succède à Sainte-Foy.
» — Sire, répondit le duc , comme votre
» majesté succède à Pharamond. » Madame
du Barry contribua de tout son pouvoir
à faire réussir les projets du chancelier
Maupeou. Celui-ci lui fit présent d'un
tableau de Charles I, par Van-Dyck, qui
représentait ce prince fuyant ses persécu-
teurs dans une forêt; tableau que l'on
voit aujourdhui au Muséum. Ce tableau
fut placé dans le boudoir de la comtesse ,
vis-à-vis l'endroit où Louis XV avait cou-
tume de s'asseoir , lorsqu'il venait s'ou-
blier auprès d'elle; et quand le roi arrê-
^ baK
tait ses regards sur ce tableau : « Eh bien !
» la France, disait-elle, tu vois ce tableau?
» si tu laisses faire ton parlement , il te
» fera couper la tête comme celui d'An-
» glerre l'a fait couper à Charles... » Elle
abusait de la faiblesse et de l'aveuglement
du monarque pour puiser à son gré dans
le trésor public. On fit d'énormes dépen-
ses pour elle; on bâtit et on meubla à
grands frais le pavillon de Luciennes ,
pour lui servir de maison de plaisance.
Après la mort du roi, elle fut reléguée
dans l'abbaye de Pont-aux-Dames , où
elle vécut, dit-on, avec beaucoup de dé-
cence, témoignant un grand respect pour
la religion. Sa conduite adoucit bientôt
pour elle cette espèce d'exil ; le pavillon
de Luciennes lui fut rendu avec une pen-
sion pour subsister. Elle ne parut plus à
la cour, contente d'embellir sa retraite,
où elle demeura jusqu'à ce que la révo-
lution vînt l'en arracher. L'attachement
qu'elle avait conservé pour la cause royale,
lui fit porter ses diamans à Londres, pour
les vendre et en consacrer le prix à secou-
rir les débris dispersés de la monarchie.
Ce dévouement lui mérita la mort; elle
fut accusée par le tribunal révolution-
naire comme conspiratrice , et comme
ayant porté à Londres le deuil du tyran.
Elle fut menée à l'échafaud, le 6 décembre
1793, et laissa éclater à cet instant su-
prême une faiblesse presque impardon-
nable à *une femme , et peu digne de la
cause pour laquelle elle mourait. Elle
poussait des cris perçans, implorait la
pitié du peuple , et s'écria à l'instant fa-
tal : Monsieur le bourreau, encore un
moment. Ce fut la seule des femmes exé-
cutées alors qui montra tant de pusillani-
mité. On a publié sur la comtesse du Bar-
ry : | Lettres de madame du Barry, 1779,
in-8°; | Anecdotes de madame la comtesse
du Barry , 1777 ', 2 parties in-12.
* BARRY ( Georges ) , né au Berwik-
shire, en 1747 , fit ses études à l'univer-
sité d'Edimbourg, et fut successivement
instituteur chez un noble des Orcades,
puis second prédicateur à la cathédrale
de Kirkwall, cl enfin ministre dans l'île
de Shapinsay , où il mourut vers la fin
de 1804» Le premier ouvrage de Tarry ,
celui qui le fit d'abord connaître, fut une
Description statistique des deux diocèses
qu'il avait présidés. Cet ouvrage a été pu-
blié par John Sinclair , dans son recueil
intitulé : A stalical account of Scolland
draivn up from the communications of
the ministers of the différent parishes*
BAR
90
BAR
Edimbourg, 1792, 1799, in-S°. Barry, en-
voyé dans les Orcades , se livra avec zèle
aux fonctions de son état, et donna des
soin9 assidus à l'instruction publique ,
qu'il organisa sur un meilleur pied. Ce
service fut apprécié par la société établie
en Ecosse pour hâter les progrès du chris-
tianisme ; elle admit Barry au nombre de
ses membres, et le nomma inspecteur-
général des écoles dans les Orcades. Son
goût pour la statistique prit une nouvelle
force dans son séjour de Shapinsbay; il
examina les Orcades sous leurs rapports
physique, moral et politique , et le résultat
de ses travaux fut l'excellente Histoire de
ces îles, qui parut à Edimbourg, en 1803,
un vol. in-4°, cartes et fig., sous ce titre :
The hislory ofthe Orkney Islancls , etc.
Jllustratedwilh map ofthe ivhole Islands
and tvith plates ofsome of the most in-
teresling objecls they contain. Bythercv.
Georges Barry, minister of Shapinshay ,
Edimbourg and London , 1805 , in-4°. Cet
ouvrage, comme toutes les topographies
minutieuses , contient plusieurs choses
qui n'ont d'intérêt que pour les habilans
des Orcades ; mais il en renferme aussi
beaucoup d'autres d'un intérêt plus gé-
néral. C'est la première description lidèle
de cet archipel , sur lequel les Torfœus ,
les Wallace, les Buchanan n'avaient donné
que des aperçus historiques.
BARSABAS, surnommé le juste ,un des
premiers disciples de Jésus-Christ, après
l'ascension du Sauveur, fut présenté avec
Mathias pour être mis à la place de Juda.
On ne sait rien de particulier de sa vie ni
de sa mort. — Barsabas est aussi le sur-
nom de Jude , autre disciple dont il est
parlé dans les Actes, qui fut envoyé avec
quelques autres à Antioche, pour y porter
la lettre où les apôtres rendaient compte
de ce qui avait été décidé dans le concile
de Jérusalem.
BARTAS (Guillaume de SALLUSTE
du) naquit à Monfort, en 1544, d'un tré-
sorier de France, et non pas dans la terre
de Bartas en Armagnac. Henri IV , qu'il
servit de son épée et qu'il ebanta dans ses
vers, l'envoya en Angleterre, en Dane-
marck et en Ecosse. 11 eut le commande-
ment d'une compagnie, de cavalerie en
Gascogne , sous le maréchal de Mati-
gnon. 11 était calviniste, et mourut en 1590,
à 46 ans. L'ouvrage qui a le plus contri-
bué à rendre son nom célèbre est le poème
intitulé Semaine de la création du monde,
en sept livres , qui a été suivi de la Se-
conde Semaine 3 ou l'Enfance du monde.
Pierre de l'Oslal dit (dans un mauvais
sonnet adressé à du Gai-tas, que ce sei-
gneur a mis à la tète de son poème) que
ce livre est plus grand que tout l'univers.
On prétendit aussi que Ronsard lui avait
fait présent d'une plume d'or, en lui di-
sant qu'il avait plus fait en une semaine
que lui, tout Ronsard qu'il est, en toute sa
vie ; mais l'impérieux Ronsard réfuta ce
bruit en s'adressant à Dorât son ami et
son ancien maitre :
ont menu ,
Que Ronsard , dont ta plume a contenté le» ro'i ,
Soit moins que du Bartas , et qu'il ait , par sa /oïx ,
lien. lu ce témoignage ennemi de sa lyre , etc.
Le style de du Barias est bas, lâche, incor-
rect et impropre ; il emploie des images
grotesques et des dénominations ridicu-
les, comme lorsqu'il appelle le soleil , le
duc des chandelles; les vents , les postil-
lons d'Eole; le tonnerre , le tambour des
dieux. Quoiqu'on rie aujourd'hui de ces
expressions, on en trouve dans plusieurs
écrivains à prétentions qui leur ressem-
blent beaucoup ; et si la dégénération do
l'éloquence et la corruption du goût con-
tinuent d'aller en croissant , la Semaine
de la création du monde pourra servir de
modèle à nos jeunes poètes et même à
nos orateurs. {Voyez le Journal historique
et littéraire , 15 novembre 1785 , pag. 499.)
On a du seigneur du Bartas plusieurs au-
tres ouvrages. Le plus singulier est un
petit poème dressé pour l'accueil de la
reine de Navarre, faisant son entrée à
Nérac. Ce sont trois nymphes qui se dis-
putent l'honneur de saluer sa majesté. La
première débite ses complimens en vers
latins, la deuxième en vers français, et la
troisième en vers gascons. Du Bartas,
quoique assez mauvais poêle, était homme
de bien. Son livre de la Semaine eut
la fortune des meilleurs ouvrages. On en
(il, dans cinq ou six ans , plus de trente
éditions. Il s'éleva de tous côtés des tra-
ducteurs , des commentateurs, des abré-
\ia!eurs, des imitateurs et des adversai-
res. Il faut avouer que , malgré le style
guindé de du Bartas, ses hyperboles et
ses métaphores ridicules, il se trouve çà
et là des tirades de vers naturels et cou-
lans; tels sont les sui vans, ou il rejette
le système du mouvement de la terre ,
qui alors n'avait pas la vo^uj qu'il a eue
depuis
Il se trouve entre nous des esprits frénétique! ,
Qui se perdent toujours dans des sentiers oblique* ,
Qui , sans cesse créant des systèmes nouveaux,
Prouvent que la raison git loin de leurs cerveaux.
Tel» «on!, comme je crois , ces r'crivains qui pensent
Qwe ce ne sont les cieux ni les astres qui dansent
A l'cntour de la lerre ; et que la terre fait
Chaque, jour sur son axe un tour vraiment parfait ;
Que nous sein liions ceux là qui, pour courir fortune,
Tentent le dos flottant de l'azuré Neptune ,
Et nouveaux cuident voir, quand ils quittent le port,
La nef demeurer ferme , et reculer le bord.
Ses œuvres furent recueillies, en 161 1, in-
folio, à Paris, par Rigaud.
BARTEXSTEIN (Laurevt-Adayi) , né
à Helsbourg, le 28 aoïil 1717, devint pro-
fesseur allemand et recteur au collège de
Cobourg en 1743. Il est mort le 28 février
1790. Il fut chargé de diriger l'éducation
des deux comtes d'Anesberg, et il a publié :
| lleligionis christiatue excellentia ex in-
signiter comrnendato unions studio adle-
renela, Cobourg, 1757, in 4° ; | Rudimens
simplifiés de la langue grecque , 1778,
in-8° ; | Cur Virgilius moriens sEneida
comburi jusserit 1 1772. — Il y a un autre
personnage du même nom (Jean-Chris-
tophe), mort en I7G6, qui était vice-chan-
celier d'Autriche et de Bohème, et qui
s'est fait connaître par plusieurs Mani-
festes pour la maison d'Autriche, et par
un Droit de la nature et des gens, Vien-
ne, 1790, in-8°, qu'il composa pour l'in-
struction du prince Joseph II , devenu
depuis empereur.
BART11 ('Jea;*), né a Dunkerque,
d'un simple pécheur, est plus connu que
s'il avait dû le jour à un monarque. Dès
1075 il était célèbre par plusieurs actions
aussi singulières que hardies. Il serait
trop long de les détailler toutes. Sa bra-
voure ayant éclaié en différentes occa-
sions , il eut le commandement en 1692 de
sept frégates et d'un brûlot. Trente-deux
vaisseaux de guerre, anglais et hollan-
dais, bloquaient le port de Dunkerque. Il
trouva le moyen de passer, et le lende-
main il enleva quatre vaisseaux anglais
richement chargés qui allaient en Mosco-
vie. Il alla brûler quatre-vingt-six faâti-
mens, tant navires qu'autres vaisseaux
marchands. Il fit ensuite une descente
vers Newcasllo , y brûla environ 200 mai-
sons, et emmena à Dunkerque pour 500
mille écus de prises. Sur la lin de la même
année 1692, ayant été croiser au nord
avec trois vaisseaux du roi , il rencontra
une flotte hollandaise, chargée de blé.
Elle était escortée par trois navires de
guerre. Barth les attaqua, en prit un,
après avoir mis les autres en fuite, et se
rendit maître de seize vaisseaux de cette
flotte. En 1693 il eut le commandement
du vaisseau le Glorieux , de 66 canons,
BAR
pour servir dans l'armée navale, com-
mandée par Tourville, qui surprit la
Hotte de Smyrne. Barth s'étant trouvé
séparé de l'armée, rencontra proche de
Faro six navires hollandais , tous riche-
ment chargés; il les fit échouer et brûler.
Le héros marin, actif, infatigable, partit
quelques mois après avec six vaisseaux
de guerre . pour amener en France , du
port de Ylékeren, une flotte chargée de
blé. Il la conduisit heureusement à Dun-
kerque, quoique les Anglais et les Hol-
landais eussent envoyé de grosses fré-
gates pour l'empêcher. Au commence-
ment de l'été de 1694, il se mil en mer
avec les mêmes vaisseaux pour aller cher-
cher une flotte chargée de blé pour le
compte du roi , qui était resiée dans dif-
férens ports du nord. Celle flolle était
déjà partie au nombre de plus de cent
voiles, sous l'escorte de deux vaisseaux
danois et un suédois. Elle fut rencontrée
entre le Texel et le Mie par le contre-
amiral de Frise, nommé Ilides de Vries,
qui commandait une escadre composée
de huit vaisseaux de guerre , et n'eut
point de peine à s'emparer de la flotte.
Mais le lendemain, Barth le rencontra à
la hauteur du Texel , et quoique inférieur
en nombre et en artillerie, lui enleva sa
conquête, prit le contre -amiral et deux
autres vaisseaux. Celle grande action lui
valut des lettres de noblesse. Deux ans
après, en 1696, Jean Barth causa encore
une perte considérable aux Hollandais ,
en se rendant maître d'une partie de leur
flotte, qu'il rencontra à six lieues de Vlio
ou Ylieland, île voisine du Texel. Son
escadre était composée de huit vaisseaux
de guerre et de quelques armateurs, et
la flolle hollandaise de 106 vaisseaux mar-
chands, escortée de quelques frégates :
Barth l'attaqua avec vigueur, et aborda
lui-même le commandant, prit 30 vais-
seaux marchands, et 4 du convoi, sans
avoir souffert que très peu de perte. 11 ne
put néanmoins profiter de sa conquête.
Ayant rencontré presque aussitôt 12 vais-
seaux de guerre hollandais, convoyant
une flotte qui allait au Nord, il fut con-
traint démettre le feu à sa prise, pour
l'empêcher de retomber entre les mains
des ennemis II ne se sauva lui-même
qu'à force de voiles, de la poursuite de
quelques autres vaisseaux. Ce célèbre
marin mourut en 1702, à 51 ans, avec
une grande réputation. Sans protecteurs
et sans autre appui que lui-même, il de-
vint chef d'escadre , aptes avoir passé par
BAR
tous les degrés de la marine. Il était do
haute taille, robuste, bien fait de corps,
quoique d'un air grossier. Il ne savait ni
lire ni écrire, ayant seulement appris à
mettre son nom. Il parlait peu et mal,
ignorant les bienséances, s'exprimant et
se conduisant partout en matelot. Le roi
lui ayant dit : Jean Barth , je viens de
vous nommer chef d'escadre , il lui ré-
pondit fièrement : Vous avez bien fait ,
Sire. Lorsque le chevalier de Forbin l'a-
mena à la cour, en 1691, les plaisans de
Versailles se disaient: sillons voir le che-
valier de Forbin qui mène l'ours. Il se
présenta, dit-on, avec une culotte de
drap d'or, doublée de drap d'argent ; et
la gêne que cette doublure produisait , lui
donnait une attitude assez plaisante. Jean
Barth n'était bon que sur son navire. Il
était très propre pour une action hardie ,
mais incapable d'un projet un peu étendu.
On a donné sa Vie, en 1782, in-12.
* BARTHE ( Nicolas-Thomas ), de l'a-
cadémie de Marseille, né en celte ville
en 1754, d'une famille honnête, et mort
à Paris, le 17 juin 1785, victime de son
amour pour les plaisirs. Il se fit connaître
avantageusement par sa petite pièce des
Fausses infidélités. On y trouve de la
gaieté, de l'esprit dans les détails, de la
facilité dans le dialogue, quelques scènes
d'un bon comique de situation , et au ju-
gement de La Harpe elle vaut mieux que
toutes les pièces jouées depuis Dufresnoy.
Cette pièce est restée au répertoire du
Théâtre-Français. Barthe fut moins heu-
reux dans la Mère jalouse , et l'Homme
personnel ou V Egoïste. Ces pièces , au-
dessus de ses forces, furent recueil de
son génie. La première manque de naturel;
le rôle principal est froid et sans effet : la
seconde , écrite avec élégance et pureté ,
pèche du côté des caractères , qui ne sont
pas peints avec assez de force : l'intrigue
en outre en est froide et embrouillée. Ses
Poésies fugitives offrentdes traits d'esprit,
un langage assez correct ; mais on y
trouve rarement cette douceur, ce natu-
rel, cet agrément qui doivent être le ca-
ractère de ces sortes de productions. Un
choix en a été publié par M. René Perrin,
1810. Ses œuvres n'ont point été recueil-
lies. M. Fayole a donné à Paris en 1811
ses œuvres choisies , in-12 el in-18.
BARTHE. Voyez THERMES.
* BARTH EL ( Jean-Gaspard ), célèbre
professeur de droit canon et supérieur du
séminaire de Vurlzbourg, naquit en 1697,
de parens obscurs , à Kilzingen. Ses gran-
92 BAR
des connaissances en droit lui méritèrent
successivement les plus hautes dignités
dont puisse être revêtu un ecclésiastique
séculier. Il devint vice chancelier de l'u-
niversité, el mourut en 1771. Il avait été
élevé chez les jésuites, et montra, suivant
les bibliographes modernes, toujours le
plus profond respect pour le saint Siège,
et une haine bien prononcée contre le
protestanlisme. Cependant les mémoires
du temps l'accusent d'avoir enseigné les
mêmes principes qu'Oberhausen et Zall-
wein, el d'avoir préludé aux réformes
qu'on établit peu après en Allemagne. Ses
principaux écrits sont : | Ifistoria pacifi-
cation uni imper ii circa religionem consis-
te ns, Wurtzbourg, 1736, in-4°; | De jure
reformandi antiquo et novo , Ibid. 1744,
in-4° ; | De restitula canonicarum in Ger-
mania electionum politia , in~k°. \ Trac-
talus de eoquodeirca liber tatem exercitii
rcl'igionis ex lege divina , et ex lege im-
periijuslum est , in*-/i.0.
BARTHÉLEMI di San-Marco. Voyez
BACCIO.
BARTHELEMY ( saint ) , un des douze
apôtres, pénétra jusqu'à l'extrémité des
Indes, au rapport d'Eusèbe et de plusieurs
autres anciens écrivains. Par les Indes,
ces auteurs entendent quelquefois, non
seulement l'Arabie et la Perse , mais en-
core l'Inde proprement dite: en effet,
ils parlent des Brachmanes de ces pays ,
fameux dans l'univers pour leur pré-
tendue connaissance de la philosophie
et pour leurs mystères superstitieux. On
lit dans Eusèbe, que saint Pantène ayant
été dans les Indes, au commencement du
5e siècle , pour réfuter les Brachmanes ,
y trouva des traces de christianisme , et
qu'on lui montra une copie de l'Evangile
de saint Matthieu en hébreu, qu'on lui
assura avoir été apportée dans ce pays par
saint Barthélémy, quand il y avait planlé
la foi. Le saint apôtre revint dans les pays
situés au nord-ouest de l'Asie , et ren-
contra saint Philippe à Hiérapolis en Phry-
gie. De là il se rendit dans la Lycaonie ,
où saint Chrysostôme assure qu'il instrui-
sit les peuples dans la religion chrétienne.
Mais on ignore les noms de la plupart
des contrées dans lesquelles il annonça la
foi; et en général les détails de sa vie et
de ses saintes conquêtes, ainsi que les
circonstances de sa mort, ne sont pas
connus d'une manière authentique (Fby<?z
la réflexion qui se trouve à la fin de l'ar-
ticle saint JACQUES le Majeur ). Les
historiens grecs modernes disent qu'il fut
BAR
93
BAR
condamné à cire crucifié par le gouver-
neur d'Albanopolis. D'autres prétendent
qu'il fut écorché vif , ce qui n'exclut pas
le crucifiement. La réunion de ce double
supplice était en usage, non seulement
en Egypte, mais encore chez les Perses;
et les Arméniens pouvaient avoir em-
prunté de ces derniers peuples, leurs
voisins , un tel genre de barbarie. Il n'a
rien laissé par écrit. Le faux évangile
que quelques hérétiques avaient forgé
sous son nom , fut déclaré apocryphe par
le pape Gélase. Théodore Lecteur rap-
porte que l'empereur Anastase ayant fait
bâtir, en 508 , la ville de Duras en Méso-
potamie , il l'enrichit des reliques de saint
Bartbélemy. Saint Grégoire de Tours
assure qu'on les porta dans file de Lipari
près de Sicile , avant la lin du 10e siècle.
On lit dans Anastase le Bibliothécaire,
qu'en 801) elles furent transférées de Li-
pari à Bénévent, et elles le furent de Bé-
névenl à Rome , en 983, selon le cardinal
Baronius. Depuis ce temps-là elles sont
restées dans un monument de porphyre ,
placé sous le grand autel de la célèbre
église qui porte à Rome le nom du saint,
et qui est dans l'île du Tibre. Un évèque
de Bénévent envoya un bras du saint
apôtre à saint Edouard le Confesseur, qui
en lit présent à la cathédrale de Cantor-
béry. Il est vraisemblable que saint Bar-
thélémy est le même que NATHANAEL.
Voyez ce nom.
BARTHÉLÉMY DE PISE. Voyez AL-
BIZI ou DE ALBIZ1S.
BARTHELEMY DES MARTYRS , do-
minicain, ainsi appelé de l'église de Notre-
Dame-des-Martyrs , où il reçut le bap-
tême en 1314. Il enseigna la théologie à
don Antonio, neveu de Jean III , roi de
Portugal , que l'on destinait à l'église. La
reine Catherine lui donna l'archevêché
deBrague, en Ijjol), par le conseil de
Louis de Grenade , son confesseur. II
parut avec éclat au concile de Trente. Il
combattit ceux qui , par un respect mal
entendu, ne voulaient point qu'on fit des
règlemens pour la réformation des cardi-
naux, et représenta fortement que plus
une dignité ecclésiastique est éminente ,
pius il importe de mettre ceux qui en sont
revêtus , dans une sainte nécessité de me-
ner une vie régulière. C'est dans cette
occasion qu'il dit les paroles si connues :
Illustrissimi cardinales egent illuslrissi-
mareformatione. Il soutint avec la même
force , que la résidence dans les pasteurs
est de droit divin , et conséquemment in-
dispensable. « Où en sommes-nous rc-
» duits, disait-il , si ceux auxquels Dieu a
» coniié le soin de son église mettent en
» problème l'obligation qu'ils ont de dc-
» ineurer avec elle? Souffrirait- on un
» serviteur , qui , étant chargé des enfans
» de son maître, disputerait; s'il est tenu
» d'être auprès d'eux? Que dirions-nous
» d'une mère qui abandonnerait l'enfant
» qu'elle allaite, ou d'un berger qui lais-
» serait son troupeau dans les champs, à
» la merci des loups ? Quoi ! nous doute-
» rons que nous soyons tenus personnel-
» lement de veiller sur ceux pour lesquels
» nous sommes tenus de sacrilier nos vies
» quand leur salut l'exige! Nous leur de-
» vons plus nos vies pour leurs besoins
» spirituels , que nous ne nous les devons
» à nous-mêmes pour quelque avantage
«temporel que ce soit, etc. » Il y avait
long-temps qu'il avait fait connaître ses
sentimens sur les devoirs des pasteurs.
Faisant la visite de son diocèse , il vit un
jour dans les champs un jeune berger qui
ne quittait point son troupeau au milieu
d'un violent orage ; il eût pu se mettre à
l'abri dans une caverne voisine : mais il
ne voulut point s'éloigner, de peur que
le loup ou les autres bêtes ne profilassent
de son absence. Barthélémy des Martyrs
fut singulièrement touché de ce qu'il
voyait. « Quelle leçon, dit-il, pour un
» pasteur des âmes ! Avec quel soin no
» doit-on pas veiller pour les garantir des
» pièges du démon 1 » Saint Charles Bor-
romée voyait dans ce prélat un second
lui-même, et lia une amitié très étroite
avec lui. L'Eglise perdil Barthélémy en
1500, dans le couvent du Viane, où il
s'était retiré huit ans avant sa mort , après
s'être démis de son archevêché. Il y fit
beaucoup de bien, et dans tous les genres.
Il disait que sa vie n'était pas à lui , mais
à son troupeau. Je suis , ajoutait-il, le
premier médecin de 1,400 hôpitaux, qui
sont les paroisses de mon diocèse. On a
de ce saint archevêque un livre intitulé :
Stimulus pastorum* et plusieurs autres
ouvrages de piété , recueillis à Rome . en
2 vol. in-fol. ilkh , par D. Malachie d'In-
guimberti, depuis évèque de Carpentras.
On y trouve d'excellentes règles pour la
vie des pasteurs et des simples lidèles.
Dans la partie historique de ses ouvrages,
on voit un auteur quelquefois plus pieux
qu'éclaii é ; mais on en est dédommagé par
la solidité des réflexions et une onction
rare. La crédulité d'ailleurs est un dé-
faut si peu considérable en comparaison
BAU 94
de ceux des écrivains de noire siècle,
qu'on serait presque tenté de la regarder
comme une vertu. Ajoutons que la cri-
tique était encore faible , et n'avait pas
éclairciunc infinité de choses mieux con-
nues depuis. Louis de Grenade a donné
une Relation abrégée de ses vertus et de
ses principales actions. Sa vie a été écrite
par trois auteurs graves qui étaient tous
contemporains. C'est d'après leur récit,
joint à quelques autres mémoires , qu'a
été composée la "Nie française du saint
archevêque de Brague,qui a été imprimée
in-8° et in-4°. Quelques auteurs ont attri-
bué cet ouvrage aux dominicains : niais
ils se sont trompés, et l'on ne doute point
qu'il ne soit d'isaac le Maistre, plus connu
sous le nom de Sacy. Au reste cette "Nie
de D. Barthélémy des Martyrs est très
estimée et mérite de l'être.
BARTHÉLÉMY ( Nicolas ), bénédictin
du 15e siècle , né à Loches . a fait des poé-
sies latines, difficiles à trouver: | Epigram-
mata3 Momiœ, Enneœ , imprimées chez
Badius, 1514, 3 vol, in-8°; les deux pre-
miers sans date; le troisième, de 1531,
contient des pièces qui roulent sur des
sujets de dévotion: | De vila activa et con-
lemplaliva, 1523, in-8°, en prose; | Chiis-
tus xilonicus , tragédie en quatre actes ,
1531 , in-S".
* BARTHELEMY ( Jean -Jacques ),
abbé , de l'académie française et de celle
des inscriptions , était né à Cassis près
Aubagne, le 20 janvier 1716. Après avoir
fait ses premières éludes sous le père
Reynaud de l'Oratoire , il les continua
chez les jésuites , et il se livra entière-
ment à l'étude des langues savantes. En
1744 il se rendit à Paris. Gros de Boze,
alors garde du cabinet des médailles ,
l'accueillit avec intérêt , et se chargea de
le diriger.dans la science numismatique,
pour laquelle il montrait les plus heureu-
ses dispositions. Il y fit de si grands pro-
grès que Louis XV le désigna pour suc-
céder à ce savant , mort en 1753. L'abbé
Barthélémy se livra- alors avec une nou-
velle ardeur à ses recherches , et il entre-
prit à cet effet un voyage en Ilalie. Le
cabinet des antiques renfermait 20,000
médailles; à force de constance etde soins,
il parvint à doubler ce nombre, et à
mettre dans cette collection un ordre que
les savans venaient admirer de toutes les
parties de l'Europe. Infatigable au travail,
il entreprit son Voyage d sJnacharsis ,
recueil des plus intéressans sur l'histoire,
la religion, le gouvernement, les mœurs
BAR
et les arts des Grecs. Le slyle en est
agréable et élégant; c'est une des meil-
leures productions du 18e siècle : elle n'est
cependant pas exemple de diffusion, et
renferme peut-être trop d'éloges et pas
assez de critique. Il travailla à cet ouvrage
pendant 50 ans. « Dans cette composition,
» dit un bibliographe , on ne sait ce qu'on
» doit admirer le plus ou de l'immense
» étendue des connaissances qu'elle exi-
geait et qu'elle renferme, ou de l'art
» singulier des rapprochemens et des tran-
» sillons par lesquels l'auteur a su lier
» imperceptiblement tant d'objets dispa-
» rates, el unir tant de contrastes; ou de
» l'élégance continue el de l'agrément in-
» fini de toutes les narrations , de toutes
» les discussions , qu'au premier coup
» d'oeil on serait tenté de prendre pour
» les jeux d'une belle imagination.!) Comme
toutes les productions de ce siècle, celle-
ci renferme encore quelques symptômes
de la philosophie du jour ; mais c'est un
des ouvrages modernes où elle se montre
avec le plus de retenue et de décence. II
y a même bien des réflexions dont les
coryphées de la philosophie n'ont pas dû
être contens. Barthélémy portait le titre
et le costume d'abbé , mais il n'entra ja-
mais dans les ordres. Quoiqu'il fût l'hom-
me de lettres le plus riche de son temps ,
il vécut toujours dans la plus grande sim-
plicité de mœurs, et employa une partie
de sa fortune à avancer sa famille. Un de
ses amis lui demandait un jour pourquoi
il n'avait pas un équipage. a J'aurais pris,
» répondit-il , une voiture , si je n'avais
» pas craint de rougir en trouvant sur
» mon chemin des gens de lettres à pied
» qui valaient mieux que moi. » La grande
considération dont il jouissait ne le mit
point à l'abri des coups de la révolution :
il y avait perdu une grande partie de sa
fortune; sur une simple dénonciation de
suspect, il fut arrêté et conduit à la prison
des Madelonuettes. Mais son entrée fut
pour lui un triomphe; les prisonniers,
apprenant son arrivée , descendirent l'es-
calier et l'accueillirent avec les témoigna-
ges d'une vénération profonde et d'un
attendrissement sincère. Les révolution-
naires eux-mêmes, sensibles pour la pre-
mière fois à la vertu et au talent , lui ren-
dirent la liberté le jour suivant , et le mi-
nistre de l'intérieur, comme pour le dé-
dommager de l'affront qui lui avait été
fait , vint lui offrir la place de bibliothé-
caire. L'abbé Barthélémy la refusa sous
prétexte de son grand âge; mais le dégoût
BAR
fie la vie fut, tlil-on, le principal motif
de ce refus En effet , depuis ce moment,
il se lit en lui un changement remarquable.
« Désenivré de la gloire, dit Sainte-Croix,
* son amour pour elle s'affaiblit chaque.
» jour ; bientôt il ne s'embarrassa plus de
» l'avenir pour lequel il avait tant vécu. »
Il disait que la révolution était mal nom-
mée, qu'il fallait l'appeler une révélation,
faisant allusion à la terrible expérience
qu'elle donnait aux hommes. Il mourut le
50 avril 1795. Outre son Voyage d'Ana-
charsis, ci-devant cité , dont il y a eu un
très grand nombre d'éditions de tous les
formats, et qui a été traduit dans presque
toutes les langues de l'Europe, on a de lui
un grand nombre d'ouvrages , principa-
lement sur les antiquités et les médailles,
plusieurs mémoires et dissertations sa-
vantes dans les Mémoires de l'académie
des inscriptions. Ses OEuvres diverses
ont été publiées par Sainte-Croix , en 2
vol. in-8 ', Paris , 1798. V introduction de
son Voyage d'Anacharsis a été imprimée
en 1 vol, in-12 , sous le titre d' Abrégé de
l'histoire grecque. Les meilleures éditions
de ce voyage sont celles de 1789 et 1799,
7 vol. in-4°, ou in-8°, avec atlas. On doit
encore distinguer l'édition stéréotype,
Paris, 1809, 7 vol. in-18, où se trouvent
comme dans celle de 1799 , trois mémoi-
res de l'abbé Bartbélemy , sur sa vie , sur
le cabinet des médailles, et sur les Voya-
ges d'Ànacbarsis. Il y a plusieurs abrégés
de cette excellente production , en 2 vol.
in-12. M. Serieys a publié en 1802, sur
les lettres originales de l'auteur, le Voyage
en Italie, in-8° et in-18, traduit en alle-
mand la même année.
* \\ 1RTHÉLEMY ( François , marquis
de), pair de France, neveu de l'auteur du
voyage d'Anacharsis , mort à l'âge de 80
ans, le 5 avril 1830 , entra de bonne heure
dans la carrière de la diplomatie, et sui-
vit le baron de Breteuil en Suisse et en
Suède. Il devint à Stockholm et peu après
a Londres secrétaire de légation , et étant
resté dans celte dernière ville , en qualilé
de chargé d'affaires, pendant l'absence de
l'ambassadeur qui fut rappelé en 1791 , ce
fut lui qui annonça au gouvernement an-
glais l'acceptation de la constitution par
Louis XVI. Barthélémy fut envoyé à la lin
de la même année ministre plénipoten-
tiaire en Suisse, et sut éluder les ordres
qu'il avait reçus du comité du salut public
concernant les mesures à prendre contre
les prêtres et les émigrés réfugiés dans les
cantons. Il réussit dans ses négociations
95 BAR
pour la paix avec la Prusse , avec l'Espa-
gne, et ensuite avec l'électeur de liesse;
mais il fut moins heureux dans celles qu'il
entreprit dans le même but avec l'Angle-
terre. Elu membre du Directoire le 7 prai-
rial an 5 ( 4797 ) , sous l'influence du
parti royaliste, il fut enveloppé dans la
proscription, et déporté après le 18 fruc-
tidor à la Guyane, d'où il s'évada avec
quelques compagnons d'infortune. 11 re-
vint en France après la révolution du 18
brumaire an 8 ( 9 octobre 1799 ) , en pas-
sant par les Etats-Unis et l'Angleterre, et
devint successivement sénateur en 1800,
commandant de la légion d'honneur, vice-
président du sénat et comte de l'empire.
Barthélémy présidait en 1814 les séances
du sénat, où les Bourbons furent rappe-
lés. Louis XVIII le nomma pair et vice-
président honoraire de la chambre, et
après sa seconde rentrée, ministre d'état
et marquis. En 1819, il proposa, contre
le vœu du ministère , de modifier la loi
d'élection; cette proposition ayant été ad-
mise à une grande majorité, Louis XVIII
lit. une nombreuse promotion de pairs
pour reformer la majorité. Barthélémy
fut constamment sage et modéré ; on l'a
seulement accusé de transiger, suivant
l'occurrence, avec ses principes politi-
ques.
B YRTI1EZ DE MARMORIERES (Atv-
toise ) , frère du célèbre médecin de ce
nom, naquit à Saint-Gall en Suisse, et de-
vint, en 1765, secrétaire d'ambassade de
l'envoyé français en Suisse ( M. de Beau-
lc ville). Il fut successivement colonel au
régiment suisse de Bachman , secrétaire
du comte d'Artois , et l'un de ses agens
les plus actifs dans l'intérieur de la France.
En 1800 il rentra dans la diplomatie, et
fut envoyé à Berne dans le bureau des
affaires étrangères; plus tard il écrivit une
lettre à Bonaparte pour lui faire hom-
mage de 4 vol. de Y Homère d'Hernesil ,
chargé de notes manuscrites par son frère,
et demander la croix d'honneur. Barthez
mourut à 74 ans, le 5 août 1811 , dans le
village de Condé-Saiut-Libiaire , arron-
dissement de Meaux. Ses principaux ou-
vrages sont : | la Mort de Louis XVI, tra-
gédie, Neuchàtel, 1793 , in-8°; | Elnalhan,
ou les Ages de l'homme, traduction pré-
tendue du chaldéen, Paris , 1801 , 5 vol.
in-8°, qui n'a pas eu de succès. Il a été
l'éditeur de la Théorie du beau dans
la nature et les arts, Paris , 1807 , in-8° ,
ouvrage posthume du célèbre médecin
Paul- Joseph Barthez , son frère.
BAR 06
• B YRTIIEZ ( Paul-Joseph ) , médecin
célèbre, membre de l'Institut, de la société
royale de médecine et de plusieurs aca-
démies étrangères , né à Montpellier le 11
décembre 1754, obtint en 1759 au concours
une ebaire à l'université de cette ville ,
et y enseigna avec beaucoup de succès.
Il contribua beaucoup à faire revivre la
médecine d'Hippocrate. En 1780, il fut
appelé à Paris comme médecin ordinaire
du roi. Il mourut le 15 octobre 180G. Ses
principaux ouvrages sont : | Nouveaux
élémens de la science de l'homme, Mont-
pellier, 1778, in-8°, et Paris, 1806, 2 vol.
in-8"; | Nouvelle mécanique des mou-
vcmens de l'homme et des animaux ;
| Traités des maladies goutteuses , 2 vol.
in-8° ; | Consultations de médecine , 2 vol.
in-8° , publiés en 1810 par M. Lordat, bé-
rilier des manuscrits de l'auteur. Il avait
une très grande érudition, mais on peut
lui reprocher d'avoir été trop peu sévère
dans l'admission des faits. Ses ouvrages
décèlent un esprit plus porté aux abstrac-
tions qu'à l'observation proprement dite;
aussi nul écrivain n'exige plus d'efforts
pour être compris. On lui reproche aussi
d'avoir contribué à accréditer les déso-
lantes opinions du matérialisme. Il est
mort dans les plus cruelles souffrances et
dans les angoisses du désespoir.
BARTHIUS ( Gaspard ) , né à Cuslrin
en 1587, mourut à Leipsick en 1658. Il
mérite une place parmi les enfans préco-
ces. A 12 ans il traduisit les Psaumes de
David en vers latins; à 16, il fit impri-
mer une Dissertation sur la manière de
lire les auteurs latins, depuis Ennius jus-
qu'aux critiques de son temps. On a en-
core de lui : | ses Adversaria , gros vo-
lume in-fol. divisé en 60 livres , imprimé
à Francfort en 1624 et 1648. C'est un re-
cueil de notes sur différens écrivains
sacrés et profanes, avec des éclaircisse-
mens sur les coutumes et les lois. | Un
Commentaire in-4°, surStace, 1660; et un
autre sur Claudien, Francfort, 1650, en
un vol. in-4°. L'érudition n'y est pas dis-
pensée avec discernement. Tous ces sa-
vans prématurés ont plus de mémoire
que de jugement, et l'on ne doit pas être,
surpris de ce que leurs ouvrages ne leur
survivent pas. On peut juger du goût de
Barlhius, par la peine qu'il a prise de
traduire une partie des ouvrages de l'A-
re lin.
* BARTHOLDY ( Jacob-Salomoa* ), di-
plomate prussien, né à Berlin, de parens
Israélites, jouissant d'une grande fortune ,
BAR
se fit baptiser à Dresde par le célèbre
Reinhard, et embrassa la religion protes-
tante, non par persuasion, mais parce
qu'il la regardait, disait-il , comme plus
favorable aux progrès de la civilisation.
Peu après, la guerre de 1807 éclata. Tou-
ché des malheurs de sa patrie, il parcou-
rut l'Allemagne pour susciter des enne-
mis à Napoléon , et il s'arrêta à Vienne,
où il prit du service comme officier dans
un bataillon de la landwer viennoise. Il
se distingua dans cette campagne, surtout
à la bataille d'Egersberg . C'est alors qu'il
publia un écrit intitulé: Guerre du Ty-
roi, où il cherchait à montrer aux Alle-
mands que le chemin du salut était dans
une guerre populaire. Au commence-
ment de 1815 il fut attaché à la chancel-
lerie du prince de Ilardenberg, et il rédi-
gea l'édit sur le Landsturm , qui pro-
duisit beaucoup d'effet, quoiqu'il ne put
pas être misàexéculion. En 1814 il accom-
pagna les armées alliées à Paris; de là il
se rendit à Londres , puis à Rome comme
consul général prussien pour toute l'Italie.
Après le congrès d'Aix-la-Chapelle il fut
nommé chargé d'affaires à la cour de Tos-
cane, et il essaya de combattre la révolu-
tion napolitaine dans un ouvrage sur la
Charbonnerie. C'est à son intervention
que le petit état de Saint-Marin dut le
terme de ses longues discussions avec le
saint Siège. A cette occasion, il fut nom-
mé citoyen honoraire et patricien de celte
petite république. Il est mort en 1826. Le
sculpteur Wolf a moulé son masque im-
médiatement après sa mort pour exécu-
ter son buste. Bartholdy était très versé
dans les langues grecque et latine ; il par-
lait et écrivait avec facilité l'allemand, le
français, l'anglais, l'italien, et n'était point
étranger aux langues orientales. Il aimait
aussi les arts et il s'en occupait avec acti-
vité. Après avoir vendu au feld-maréchal
de Ko! 1er une belle collection de verres
colorés antiques, et une autre de terres
cuites, il en entreprit de nouvelles, for-
mées de vases étrusques, de bronzes , d'i-
voires , etc. Outre les écrits dont nous
avons parlé, il a publié : | une Comédie en
vers qui a peu de mérite; | un Voyage en
Grèce dans les années 1803 et 1804, pro-
duction de sa jeunesse , et qu'il regardait
lui-même comme peu mûrie. Il a cepen-
dant été traduit eu français , Paris, 1807,
2 vol. in-8°, et mentionné favorablement
par l'institut , surtout pour la géographie
ancienne. | Une Vie du cardinal Gon-
salvi, Colla, 1824. in-8° Il a aussi fourni
BAR
97
BAR
plusieurs articles à la Gazette univer-
selle de Leipsick, dont il fut un des col-
laborateurs avant sa mission à Florence.
Il a encore laissé un Traité sur les verres
colorés des anciens, rédigé en français et
accompagné de gravures.
BARTHOLE, jurisconsulte célèbre , né
à Sasso-Ferrato , dans la Marche d'Ancô-
ne, en 1315 , fut professeur de droit dans
plusieurs universités d'Italie. Il mourut à
Pérouse en 1556 , et laissa plusieurs ou-
vrages, Lyon, 1545, 10 vol. in-fol., écrits
du style de son temps , mais qui renfer-
ment des choses qu'on ne trouverait pas
ailleurs. La santé de ce jurisconsulte était
très délicate, sa taille petite ; mais il avait
été dédommagé des défauts du corps par
les avantages de l'esprit et du caractère ;
le sien était plein de candeur. Il savait ce-
pendant dans l'occasion flatter les rois., et
ajuster la jurisprudence à la puissance;
comme lorsqu'il se décida si plaisamment
pour la monarchie universelle des empe-
reurs d'Allemagne. Voyez FRÉDÉRIC I.
BARTHOLIN ( Gaspard ) , médecin et
anatomiste, natif deMalmoë, mortàSora,
en 1629., à 45 ans , a donné : | une Ana-
tomiej, Leyde, 1675, in -8°; | De lapide ne-
phriticoj de unicornu, de pygmϕs, de
studio medico, Copenhagne , 1663; | En-
chiridion physicum, 1625; | Manuductio
ad veram physiologiamex sacris lilteris.
BARTHOLIN ( Tuomas ), médecin, fils
du précédent, non moins savant que lui,
mourut en 168O, à 64 ans. Il avait des
idées singulières , et croyait , par exem-
ple, que les chrétiens devaient s'abstenir
de la chair des animaux. Mais cela n'em-
pêche pas qu'il n'ait été un très habile mé-
decin et un très savant homme. Il a fait
des découvertes intéressantes sur les vei-
nes lactées et sur les vaisseaux lymphati-
ques. On a de lui : | un ouvrage publié
en 1661 , sur l'usage de la neige; \ De
morbis biblicis, Francfort , 1672 , in-8°;
j Paralytici N. Testament^ Copenhague,
1655 , in-8° ; | Dissertatio de Passione
Chrisii, Amsterdam, 1670; | Epislolœ mé-
dicinales, et De insolitis partûs viiSj La
Haye , 1740, 5 vol. in-8°, et autres ou-
vrages.
BARTHOLIN ( Thomas ), fils du pré-
cédent, étudia la jurisprudence dans plu-
sieurs universités de l'Europe. De retour
à Copenhague, sa patrie, il fut professeur
en histoire et en droit, assesseur du con-
sistoire , secrétaire , antiquaire et archi-
viste du roi. Il mourut en 1690. Nous
avons de lui : | De Holgero Dano > 1677,
3.
in-8° ; | De Longobardis, 1667, in-4°; | Du
origine equestris ordinis Daneborgici ,
in-folio; | Antiquitates Danicœ , 1689,
in-4°.
BARTHOLIN ( Erasme ), oncle du pré-
cédent, et fils de Gaspard , natif de Ros-
child , après avoir professé la médecine
et la géométrie à Copenhague, fut élevé à
la dignité de conseiller d'état , et mourut
en 1698, à 75 ans. On a de lui : | Expéri-
menta crystalli islandici, Copenhague,
1670, in-4°, ouvrage recherché des physi-
ciens, où l'on trouve des observations in-
téressantes sur les phénomènes que pré-
sentent la glace , le givre ej la neige;
| De aère Hafniensi, Francfort, 1679, in-
8°; | Principia matheseos universalisa seu
introduclio in geometriam Cartesii; \ He-
liodori Larissœi opticorum, lib. 2 gr. et
latin. * et d'autres ouvrages utiles et
curieux.
BARTHOLOMÉ. Voyez BRÉENBERG.
BARTHOLET. Voyez BERTHOLET
Flémaxe.
BARTIMÉE, c'est-à-dire fils de Ti-
mée, aveugle de la ville de Jéricho, étant
assis sur le chemin qui conduit de là à
Jérusalem , pour demander l'aumône ,
entendit que Jésus-Christ passait, suivi
de ses disciples et d'une grande foule de
peuple , et se mit à crier : Jésus, fils de
David j ayez pitié de moi. Ceux qui
étaient présens lui imposaient silence;
mais il redoubla ses cris. Alors Jésus s'ar-
rêta et le fit venir. Bartimée accourut, et
Jésus lui dit : Que voulez-vous que je
vous fasse ? L'aveugle lui répondit : Que
je voie la lumière. Jésus lui dit : Allez*
votre foi vous a sauvé; et aussitôt il vit et
se mil à la suite du Sauveur. Marc. 10.
V. 46.
BARTOLI ( Damei ) , savant et labo-
rieux jésuite, né àFerrare en 1608. Après
avoir professé la rhétorique , et ensuite
exercé long-temps avec applaudissement
le ministère de la prédication , ses supé-
rieurs le fixèrent à Rome en 1650. Depuis
cette époque jusqu'à sa mort, il publia un
grand nombre d'ouvrages, tant histori-
ques que de divers genres , tous écrits en
langue italienne. Le plus connu et le plus
considérable est une histoire de sa com>
pagnie, imprimée à Rome depuis 1650
jusqu'en 1673, en 6 vol. in-fol. traduite en
latin par le P. Giannini , et imprimée à
Lyon, en 1666 et années suivantes , et à
Rome : a Mais , dit un critique, que l'on
» ne soupçonnera pas d'être trop favora-
»ble aux jésuites, quelque bonne que soit
9
BAR
98
BAR
» une traduction , elle n'approche jamais
» d'un original aussi bequ que l'ouvrage
n du P. Bartoli. » Tous ses autres ouvra-
ges, ceux d'histoire exceptés, ont été ras-
semblés et publiés à Venise, en 1717, 3
vol. in-4°. Les uns et les autres sont esti-
més , tant pour le fond que pour la pu-
reté, la précision et l'élévation du style;
et ce jésuite est regardé par ses compa-
triotes comme un des premiers écrivains
de la langue italienne. Il mourut à Rome,
en 1685, après s'être rendu aussi recom-
mandable par ses vertus que par ses
talens.
* BARTOLI { Cosme ) , célèbre poète
italien du 16e siècle, naquit à Florence.
Ses succès dans la poésie le firent nom-
mer, en 1540, membre de l'académie de-
gli UmidL si célèbre depuis sous le nom
d'académie florentine; c'est lui qui fut
chargé, avec son frère Georges , d'en ré-
diger les règlemens. Le grand duc le
nomma, en 1568 , son résident à Yenise.
Trois ans après, Bartoli retourna dans sa
patrie, où il fut fait prieur de la grande
église de Saint- Jean-Baptiste. Ses princi-
paux ouvrages sont : | Marcilio Ficino
sopra l'amore, owero Convito diPlatone,
traslatato da lui dalla greca lingua nella
lalina, e appresso volgarizzalo nella tos-
cana, Florence , 1544,in-8°; | l'Architel-
tura di Léon Battista Alberto tradotla
in lingua fiorenlina colV agiunta de di-
segni, etc. Florence, 1550, in-fol. | Man-
lio Severino BoezioJ délia consolazione
délia filosofia , tradotto in volgare, Flo-
rence, 1551, in-8°; | Vila di Frederigo
Barbarossa,imperatorromano,Florence,
4556, in-8°; | Discorsi istorici universali
( au nombre de 40 ) , Venise , 1569 , in-4°.
On ignore l'époque de la mort de Bartoli.
* BARTOLI (Minerve ), née à Urbin,
en 1562, cultivait la poésie et faisait agréa-
blement des vers. Riccinoli et Scajoli les
ont insérés, le premier dans son Recueil
d'églogues, le second dans son Parnasse
poétique, Parme, 1611. On les trouve aussi
dans les Componimenti ou Poésies des
dames-auteurs les plus renommées de
tous les siècles, recueillies par la comtesse
Louise Bergalli.
* BARTOLI ( JoSEPn ) , antiquaire du
roi de Sardaigne, correspondant de l'aca-
démie des inscriptions de Paris, naquit à
Padoue en février 1717. Il s'adonna d'a-
bord à la poésie, ensuite à la philosophie
et quoiqu'il se fût fait recevoir docteur-
és-lois , le dégoût que lui inspira le bar-
reau le détermina à ouvrir une école de
belles-lettres, qu'il abandonna bientôt pour
remplir à Padoue une chaire de physique
expérimentale. En 1745, il fut nommé
professeur à l'université de Turin , puis
antiquaire royal , et mourut , en 1789 ,
dans cette dernière ville. On a de lui :
| Deux dissertations, in-4°, sur le musée
de Vérone , et une inscription grecque
conservée dans ce musée; \ Lellere apo-
logeliche sopra alcuni novellièri et gior-
nalisti, etc. in-4°; | Ilvero disegno délie
due tavolete d'avorio chiamate ditlico
Quiriniano,etc. in-4°; | Eponine, tragédie,
Turin, 1768 , in-8°; | Réflexions sur les
progrès des sciences et des arts au 18e
siècle * en Europe,, 1780, in-8°, etc.
BARTOLOCCI ( Jules ) , religieux de
Citeaux, né à Celano, dans le royaume de
Naples, en 1613 , professeur de langue hé-
braïque au collège des Néophytes et
Transmarins à Rome, mourut en 1687.
On a de lui une Bibliothèque rabbiniques
en 4 vol. in-fol. , 1675. Le feuillant Imbo-
nati, son disciple, ajouta un 5e vol. à cet
ouvrage aussi curieux que savant. En
voici le titre : Bartolocci de Celano ( D.
Juîii) Congregatio Sancti Bemardi Ref,
Ord. Cisterciensis j Bibliotheca magna
rabbinica de scriptoribus et scriptis He-
braïcis* ordine alphdbelico hebraïce et la-
tine digestis, in-fol. 4 vol. Rome, 1675.
Wolf en a profité pour sa Bibliothèque
hébraïque.
* BARTOLOMMEI ( Jérôme ), poète
florentin né vers 1584, et mort en 1662,
était membre de l'académie de la Crusca
et de Florence. On a de lui : | X America,
poème héroïque à la gloire d'Améric Ves-
puce, dédié à Louis XIV, Rome, 1640 , in-
fol. ; | Drami musicali, e morali,Floren-
ce, 1656; | Dialoghi sacri, etc. ibid. 1657;
| Didascalia, 1658. — Son fils , Mathias-
ftîarie, mort à Milan en 1675 , est auteur
de six Comédies publiées à Florence, Bo-
logne et Venise, 1668-97.
* BARTOLOMMEO ( André de ), Sici-
lien, surnommé Barbazza à cause de sa
longue barbe , mourut en 1476. Il reste
de lui beaucoup d'ouvrages sur le droit
canon, imprimés de 1517 à 1545 , entre
autres : | Conciliorum vol. IV, 1517 et 1518;
| de Cardinalium prœstantia ; | de Cardi-
nalibus legatis a latere, 1518.
♦BARTOLOZZI (François) , habile gra-
veur au burin, né à Florence en 1725. Il
quitta sa ville natale pour se rendre à Veni-
se, et il s'y livra entièrement à la gravure.
Il y fit en peu de temps d rapides pro-
grès, et il y produisit ainsi qu'à Milan
BAR
99
BAH
beaucoup d'estampes qui commencèrent
sa réputation. En 1704, il passa en An-
gleterre et il se fixa à Brompton, près
Londres, où il exécuta un grand nombre
de gravures qui étendirent sa réputation
dans toute l'Europe. Un dessin savant, un
faire agréable et un goût fin , caractéri-
sèrent ses productions. Les plus estimées
sont le Massacre des Jnnocens, d'après
le Guide; une Sainte Famille, d'après
Ben. Lutti; Camille délivrant Rome, d'a-
près Seb. Ricci ; la Mort de Chatam, d'a-
près Copley ; la Femme adultère, un Saint
Jean, le Silence, Clytie changée en tour-
nesol, d'après les Carraches. Cette der-
nière estampe passe pour son chef-d'œu-
vre. Il a aussi gravé , tant d'après ses des-
sins que d'après ceux de Cipriani et au-
tres, un grand nombre de vignettes et
d'ouvrages de librairie qui sont fort re-
cherchés des amateurs.
BARTON (Elizabeth ), fille tourmen-
tée par des convulsions, devenue célèbre
sous le règne de Henri VIII , roi d'Angle-
terre , est considérée par quelques-uns
comme une visionnaire, et par d'autres
comme une personne pieuse qui eut le
don de prédire quelquefois l'avenir. San-
derus la représente sous ce dernier point
de vue, et assure qu'entre autres choses
elle prédit que Marie régnerait avant
Elizabeth. D'autres prétendent qu'elle
prédit à Henri VIII des malheurs qui ne
lui arrivèrent pas. Ce qu'il y a de sûr,
c'est que ce prince, irrité de ses discours
contre son mariage avec Anne de Boulen,
la fit mourir. Le célèbre Moruset le ver-
tueux Fischer, évêque de Rochester, fu-
rent enveloppés dans son malheur ; et le
sort de ces grands hommes nt» donne
point une idée favorable du tribunal qui
condamna Elizabeth Barton.
* BARTON (Benjamix-Smitii ) , né en
1766 , était fils d'un ministre de l'église
épiscopale de la ville de Lancastre, en
Pensylvanie ; sa mère était soeur du célè-
bre astronome Rittenhouse. Se destinant
à la profession de médecin, il alla étudier
à Edimbourg , où une dissertation qu'il
publia sur les propriétés de la Jusquiame
noire ( hyosciamus niger, L. ) lui valut
un prix d'encouragement. Il crut avoir à
se plaindre de la manière dont il fut reçu
par deux des professeurs auxquels il avait
été recommandé; et comme il était na-
turellement fier, il ne put se décider à
solliciter un diplôme de cette univer-
sité ; mais il en prit un à celle de Got-
lingue , et retourna à Philadelphie , où il
exerça sa profession. En 1789 , il fut re-
çu membre de la société philosophique
de Philadelphie, et nommé professeur
d'histoire naturelle et de botanique au
collège de cette ville, bien qu'il n'eût alors
que 24 ans. Ce fut lui qui, le premier, en-
seigna publiquement cette partie des
sciences. Six ans après, il fut appelé à pro-
fesser la matière médicale, et attaché, en
1799, comme médecin à l'hôpital de Pen-
sylvanie. Il succéda depuis au docteur
Rush, en qualité de professeur des insti-
tuts de la médecine, et en 1809 , la prési-
dence delà société médicale de cette ville
lui fut donnée. Ayant éprouvé, dans sa
jeunesse , des attaques de goutte , et ses
infirmités augmentant avec son âge ,
il crut qu'un voyage sur mer et le chan-
gement de climat seraient favorables à
sa santé : il s'embarqua donc pour l'Eu-
rope, parcourut la Franc î et l'Angleterre,
mais sans en éprouver le moindre sou-
lagement. Il mourut , er 1816 , peu après
son retour à Philadelphie, dans la S0e
année de son âge. Outre un grand nom-
bre de dissertations sur différens sujets
d'histoire naturelle, il a publié les ouvra-
ges ouivans : | Collet tions pour un essai
sur la matière tnJdimle des Etats-Unis,
in-3°, i798, dont 11 p&iut une troisième
édition en 1810 ; | cîe3 ^ragmens de l'his-
toire naturelle de la Pensylvanie , in-fol.
1799; | Nouveaux aperças sur l'origine
des tribus et des nations de l'Amérique ,
in-8°, 1798; | Elémens de botanique, ou es-
quisses de l'histoire naturelle des végé-
taux, ornés de 30 fig., 2 vol. in-8°, 1803 :
le premier volume de la deuxième édi-
tion a été publié en 1812 , et le deuxième
en 1814; J la première partie d'une Flora
virginica. Le docteur Barton encouragea
de tous ses efforts les recherches botani-
ques, dans un temps où cette étude était
si peu considérée aux Etats-Unis , qu'il se
voyait forcé de cacher ses plantes en re-
venant à la ville, de crainte de perdre ses
cliens. Il eut la satisfaction de voir, avant
sa mort, son cours suivi par plusieurs
centaines d'élèves qui s'adonnaient à cette
étude. Ce fut lui qui engagea les botanistes
MM. Pursh et Nuttall à visiter les mon-
tagnes de la Virginie et de la Caroline,
et les parties de la contrée située à l'ouest
des monts Alleghany.
* BARTRAM ( William ) , savant bota-
niste et voyageur anglais. Il fit en 1773 un
long voyage dans le nord du Canada; et
après avoir pénétré dans la Floride , la
Caroline, la Géorgie, il se fixa à Delaware,
BAS
100
BAS
où il cultivait les plantes les plus rares
et les plus utiles de l'Amérique pour les
répandre dans le commerce. Il a publié
la relation de 'son voyage à Philadel-
phie, 1791, in-8°, traduite en français par
P. V. Benoît, sous ce titre : Voyage dans
les parties du sud de l'Amérique septen-
trionale, Paris, 1799, 2 vol. in-8°. Il est
mort en 1800. — Son père, Jean Bar-
tram, né en Pensylvanie en 1701, voyagea
aussi long-temps dans l'Amérique septen-
trionale. Ses observations sur la botani-
que et l'histoire naturelle de cette partie
du monde, ont été publiées à Londres en
47ol, in-8°, sous le titre de Voyage de la
Pensylvanie à Onondago, au lac Onta-
rio, etc.
BARUCH, prophète, d'une famille no-
ble des Juifs , suivit Jérémie , son maî-
tre , en Egypte. Après la mort de ce saint
homme, il alla à Babylone faire part à ses
frères captifs , des prophéties qu'il avait
lui-même composées. On ne sait rien
de bien certain sur le reste de la vie de
Baruch. Son style a de la noblesse et de
l'élévation , et ressemble assez à celui de
Jérémie, dont il était le disciple et le se-
crétaire. Ses prophéties sont contenues
en six chapitres; nous ne les avons plus
en hébreu , mais on ne peut pas douter
qu'il n'ait écrit en celle langue : les fré-
quens hébraïsmes que l'on y trouve le font
assez connaître. On en a deux versions
syriaques, mais le texte grec paraît plus
ancien. Comme les Juifs n'ont voulu re-
connaître pour livres sacrés que ceux
qu'ils avaient en hébreu, ils n'ont point
compris dans leur canon la prophétie de
Baruch; par la même raison elle ne se
trouve point dans les catalogues des livres
sacrés donnés par Origène, par Mélilon,
par saint Hilaire , par saint Grégoire de
Nazianze, par saint Jérôme, par Rufin;
mais il est à présumer que la plupart l'ont
comprise sous le nom de Jérémie, comme
ont fait les Pères latins. Le concile de
Laodicée, saint Cyrille de Jérusalem, saint
Athanase et saint Epiphane nomment
dans leurs catalogues Jérémie et Baruch.
Saint Augustin et plusieurs autres Pères
citent les prophéties de Baruch sous le
nom de Jérémie : et dans l'église latine,
ce qu'on lisait de Baruch dans l'office di-
vin était lu sous le nom de Jérémie. C'est
donc mal à propos que les protestans se
prévalent de l'opinion des juifs et du si-
lence de quelques Pères.
* BAS ( Jacques-Philippe Le ) , célèbre
graveur, né à Paris en 1707, y mourut
le 14 avril 1783. Il grava d'après les plus
grands maîtres, en conservant dans ses
estampes le style et le caractère particu-
lier de chacun , et exécuta dans le goût
des Audrans.
* BASAN ( Pierre-François), graveur,
né à Paris le 23 octobre 1723. Il s'occupa
plus particulièrement du commerce d'es-
tampes, et on lui doit diverses collec-
tions, et un Dictionnaire des graveurs
anciens et modernes , le meilleur qui ait
paru jusqu'à ce jour, imprimé à Paris
1770-1809, 2 vol. in-8°, avec une Notice
historique sur l'Art de la gravure. Basan
mourut en 1797. Il publia avec Lemire
la collection des gravures pour l'édition
des Métamorphoses d'Ovide.
BASCHI ( Matthieu ) , naquit dans le
duché d'Urbin en Italie , et prit l'habit de
frère mineur au couvent de Montefalconi.
Une voix qu'il crut entendre , et qui l'a-
vertit d'observer la règle de saint Fran-
çois à la lettre , l'engagea à se revêtir d'un
habit semblable à celui du spectre qui lui ■
était apparu. II partit peu de temps après
pour Rome, parut ainsi vêtu devant Clé-
ment VIII , et dit à ce pape : « Saint Père ,
» je suis un frère mineur , enfant de saint
» François : je veux observer la règle de
» mon séraphique père, comme il l'ob-
» servait lui-même. Ce saint ne portait
■> qu'un habit simple et grossier , tel que
» celui que vous me voyez. » Le pontife ,
après quelques difficultés, approuva sa
réforme. Matthieu Baschi se fit des com-
pagnons et des ennemis. Les frères mi-
neurs le firent mettre en prison; mais
ayant eu sa liberté , il fut élu général du
nouvel ordre. Il se démit de cette dignité
deux mois après, et ne pouvant obéir
après avoir commandé, il sortit de son
couvent et continua de prêcher en divers
endroits. Il mourut à Venise en 1552 ( Voy.
OCHIN). L'ordre des capucins , dont il est
le fondateur, est un des plus nombreux et
des plus laborieux de l'Eglise. Urbain VIII
donna une bulle en 1627 , par laquelle le
titre de vrais enfans de saint François
leur est assuré , titre qui leur était disputé
par les cordeliers. Il y avait eu un sembla-
ble procès du temps de Paul V , qui décida,
en 1608 , que les capucins étaient vérita-
blement frères mineurs, quoiqu'ils n'aient
point été établis du temps de Saint-Fran-
çois. Ces dernières paroles rallumèrent la
querelle. Les adversaires des capucins en
concluaient qu'ils ne venaient pas en
droite ligne de ce saint fondateur. Urbain
VIII la termina en décidant « qu'il faut
BAS
101
BAS
p prendre le commencement xle leur
» institution de celui de la règle séraphi-
» que, qu'ils ont observée sans disconti-
» nuation. »
* BASEDOW ( Jean- Bernard ) , pro-
fesseur luthérien, né à Hambourg en
1723, de parens obscurs. Après avoir fait
ses études avec succès , il entra d'abord ,
en qualité de précepteur, chez M. de
Quaalen, conseiller intime de Holstein;
il fut ensuite nommé professeur de mo-
rale et de belles-lettres à l'académie de
Soroè* en Danemarck, où il publia sa
Philosophie pratique pour toutes les con-
ditions, 2 vol. in-8°, 1758 et 1777. On y
trouve de bonnes choses sur l'éducation
en général , et particulièrement sur celle
des filles ; mais des propositions peu con-
formes à l'orthodoxie luthérienne lui
firent perdre sa place, et il fut envoyé
au gymnase d'Altona , où il continua de
s'adonner à la théologie. Il travailla alors
à sa Philaléthée ou nouvelles considéra-
tions sur les vérités de la religion et de la
raison, qu'il publia en 1764, et qui lui
attira de nouvelles persécutions : il fut
privé de sa place, retranché de la com-
munion; le peuple même voulait le lapi-
der. Basedow écrivit pour se justifier , et
se donna de nouveaux torts, en avançant
de nouvelles propositions condamnables,
dont il aurait été la victime , s'il n'eût été
fortement protégé. Enfin il abandonna la
théologie pour s'occuper de l'éducation ,
et il conçut le projet de la réformer en-
tièrement. Il publia à cet égard plusieurs
ouvrages qui eurent quelques succès , et
l'engagèrent à former un nouvel établis-
sement à Dessau , sous le nom de Philan-
thropinon. Il s'associa au célèbre Campe
pour cette entreprise , et ne tarda pas à
se brouiller avec lui. Son inconduite le
força de renoncer à son entreprise. Il
était sujet à s'enivrer , et n'avait nul ordre
dans ses affaires. Enfin , après avoir erré
dans différentes villes, il inventa une
nouvelle méthode d'apprendre à lire,
qu'il publia à Hambourg en 1785 , et il
ouvrit une école à Magdebourg , où il la
mit en pratique. Il mourut dans cette
ville en 1790. Outre les ouvrages que
nous avons cités, il en a publié un grand
nombre d'autres qui annoncent un talent
réel et en même temps un esprit inquiet,
turbulent , qui fit le malheur de sa vie et
l'empêcha d'obtenir l'estime qui était due
à son savoir et à ses travaux.
BASILE ( saint ) , surnommé te Grand,
naquit sur la fin de 529 à Césarée en Cap-
padoce , de Basile , homme généralement1
estimé pour ses vertus et pour son élo-
quence , et d'Emilie , appelée par Gré-
goire de Nazianze la nourrice des pau-
vres , laquelle eut dix enfans,dont trois
furent élevés à l'épiscopat, savoir : saint
Basile, saint Grégoire de Nisse et saint
Pierre de Sébaste. Saint Basile ayant reçu
de son père les premiers élémens de la
grammaire, alla continuer ses études à
Césarée et à Constantinople , et de là vint
à Athènes où il se lia d'une étroite amitié
avec saint Grégoire de Nazianze. Il revint
ensuite à Césarée, et y plaida quelques
causes avec succès. Dégoûté du barreau
et du monde , il alla s'ensevelir dans un
désert de la province du Pont, où sa sœur
Macrine et sa mère Emilie s'étaient déjà
retirées. Cette sainte société mettait sa
gloire à être inconnue , ses plaisirs à souf-
frir , et ses richesses à mépriser tous les
biens. Saint Grégoire de Nazianze et plu-
sieurs autres vinrent se former à la vertu
dans cette solitude. Basile leur écrivit en
divers temps plusieurs avis que la plupart
des moines ont pris pour leur règle , et
où les fondateurs des monastères occi-
dentaux ont puisé bien des points de leurs
constitutions. Après la mort de Févêque
de Césarée , en 369 , Basile fut choisi et
élu contre sa volonté pour lui succéder.
L'empereur Valens , partisan fanatiqxie
des ariens, voulut l'engager dans cette
secte. Il lui envoya Modeste , préfet d'O-
rient, pour le gagner par des promesses
ou par des menaces ; mais rien ne pux
l'ébranler. Le préfet , surpris et irrité , lui
dit qu'il devait craindre qu'on ne lui
ravît ses biens, sa liberté, sa vie même.
« Tout cela ne me regarde point , lui ré-
» pondit Basile , car celui qui n'a rien est
» à couvert de la confiscation ; pour ce
» qui est de l'exil, je n'en connais point
» pour moi , toute la terre est un exil , et
» le ciel seul est ma patrie; quant aux
» tourmens, quel empire pourront -ils
» avoir sur moi , puisque je n'ai point de
» corps, pour ainsi ci ire, pour les souf-
» frir ? Il n'y aura que le premier coup
» qui trouve prise ; pour ce qui est de la
» mort, je la regarde comme une grâce,
» puisqu'elle me mènera plus tôt à Dieu,
» pour qui seul je vis. » Modeste, encore
plus étonné, s'écria que personne n'avait
jamais osé lui parler si hardiment. Peut-
être aussi, lui répliqua Basile , n'avez-
vous jamais rencontré d'évêque. Béponse
pleine d'énergie, digne du caractère épis-
copal, que les pasteurs ne devraient ja-
BAS
i02
BAS
mais perdre de vue , el qui , si elle leur
avait toujours servi de règle dans des
temps pénibles et difficiles , aurait pré-
servé l'Eglise de tous les maux que la fai-
blesse, la pusillanimité, le respect hu-
main, ont laissé accumuler sans résis-
tance sur cette sainte épouse de Jésus-
Christ. Les incrédules modernes lui ont
fait un crime de cette résistance aux or-
dres de l'empereur ; s'il y avait obéi , ces
mêmes censeurs l'accuseraient de lâcheté.
( Voyez saint AMBROISE. ) La magnani-
mité de Basile désarma pour quelque
temps Valens. Les ariens voulurent le
faire exiler ; ce prince faible y consentit.
Quand il fallut signer l'ordre, la plume
se rompit entre ses mains ; il en prit une
seconde avec laquelle il ne put former
une lettre ; il en essaya une troisième qui
se rompit de même. Alors la main lui
trembla , et saisi de frayeur il déchira le
papier, révoqua l'ordre et laissa saint
Basile en paix. Le saint évêque travailla
ensuite à apaiser les différends qui divi-
saient les églises d'Orient et d'Occident,
au sujet de Mélèce et de Paulin, tous
deux évêques d'Antioche. Il mourut en
579. Il était fort grand et sec ; et par ses
jeûnes il avait réduit son corps, surtout
dans les dernières années de sa vie , à
l'état d'un squelette. Il avait un air pensif
et parlait très lentement. Son zèle était
conduit par la prudence. Quelques cen-
seurs emportés le traitèrent quelquefois
de faiblesse ; mais les exemples que nous
avons cités, ne sont pas des preuves
équivoques de sa fermeté. Don Garnier
et don Prudent ont donné une très belle
édition de ses OEuvres, en 3 vol. in- fol. ,
avec une traduction latine , 1721 et années
suivantes. On y trouve des homélies, des
lettres J traduites en français par l'abbé
de Bellegarde, Paris, 1695, in -8°; des
commentaires * des traités de morale.
L'abbé Auger a publié en 1788 une tra-
duction de VHexameron, des homélies et
des lettres choisies. L'ffexameron, ou Re-
cueil de discours sur l'ouvrage des six
jours de la création , regardé comme le
chef -d'oeuvre de saint Basile, est plein
d'érudition et de variété. Ses lettres, écri-
tes avec noblesse et pureté , sont un des
ouvrages les plus curieux et les plus sa-
vans de l'antiquité. Le style de tous ses
ouvrages est élevé et majestueux ; ses
raîsonnemens profonds, son érudition
vaste. Ses écrits étaient lus de tout le
monde, même des païens. On le com-
tiquité , et on peut l'égaler aux Pères de
l'église les plus éloquens. L'ordre de saint
Basile, le plus ancien des ordres reli-
gieux , tire , selon la plus commune opi-
nion, son nom de ce saint docteur. M.
Hermant a écrit sa Vie J vol. in-4°, 1674.
BASILE ( saini ) , prêtre de l'église
d'Ancyre, métropole de la Galatie, se si-
gnala par son attachement à la foi de Ni-
cée. Les ariens , qui le regardaient comme
le plus dangereux ennemi de leur secte ,
lui défendirent en 360 de tenir des assem-
blées; mais il n'eut aucun égard à cette
injuste défense, et continua toujours à
combattre l'erreur , même en présence de
l'empereur Constance. Pendant que Ju-
lien l'Apostat travaillait à rétablir l'ido-
lâtrie sur les ruines du christianisme,
Basile courait par toute la ville, pour
exhorter les fidèles à combattre coura-
geusement pour la cause de Dieu , et à ne
point se souiller par les cérémonies abo-
minables des païens. Saturnin et Fru-
mentin, officiers de Julien, lui firent
souffrir des tourmens inouïs. L'Apostat
ordonna lui-même qu'on levât chaque
jour sept morceaux de sa peau, jusqu'à
ce qu'il n'en restât plus. Telle était la
doucereuse philosophie de ce prince si
admiré par les apostats modernes. Basile
ne perdit rien de sa fermeté : « Julien ,
» dit-il à Frumentin , a renversé les autels
» sous lesquels il trouva la vie , lorsque
» Constance le cherchait pour le mettre à
» mort ; mais Dieu m'a découvert que la
» tyrannie sera bientôt éteinte avec son
» auteur. » N'étant pas mort des incisions
qu'on lui avait faites , on lui enfonça dans
le dos des pointes de fer toutes rouges. Il
consomma son martyre par ce supplice ,
le 29 juin l'an 362 ( Voyez les Actes pu-
bliés par Henschenius et D. Ruinait ).
BASILE, pieux et savant évêque de
Séleucie en Isaurie , fut déposé , l'an 451 ,
dans le concile général de Chalcédoine ,
pour avoir eu la faiblesse de souscrire le
faux concile d'Ephèse, en faveur d'Eu-
tychès; mais ayant bientôt reconnu sa
faute , il fut rétabli et reçu à la commu-
nion des catholiques. On a de lui 40 ho-
mélies , imprimées avec les ouvrages de
saint Grégoire Thaumaturge, en 1626,
in-folio, et dans la Bibliothèque des
Pères.
BASILE Ier, le Macédonien , empereur
d'Orient, né à Andrinople de parens très
pauvres, porta les armes en qualité de
simple soldat , et fut fait prisonnier par
parait aux plus célèbres orateurs de l'an- j le? Bulgares. Echappé de sa prison , il
BAS
103
BAS
vînt à l'âge de 25 ans à Conslantinople ,
n'ayant qu'une besace et un bâton. L'em-
pereur Michel le fit son écuyer , puis son
grand chambellan , et l'associa à l'empire.
Basile, de mendiant devenu empereur,
voulut retirer Michel de ses désordres.
Ce prince, ennuyé d'avoir un censeur
dans un homme à qui il avait donné la
pourpre , résolut de le faire mourir. Basile
le prévint, et jouit tout seul de l'empire
en 867. Il donna ses premiers soins à fer-
mer les plaies de l'église et celles de l'état.
Il remit sur le trône patriarcal Ignace , et
en chassa Photius , génie inquiet et tor-
• tueux , qu'il rétablit un an après. Il se fit
craindre des Sarrasins d'Orient , s'empara
de Césarée, vainquit ceux qui osèrent lui
résister, et força les autres à lui deman-
der la paix. Il avait déjà réduit les mani-
chéens. Il mourut en 886 , d'une blessure
qu'un cerf lui fit à la chasse. « Ce fut un
» malheur pour ce prince , dit l'auteur de
» Y Histoire du Bas- Empire , d'être né
» dans ces temps d'atrocité et de barbarie.
» Ses grandes qualités, propres à faire
» un héros , furent altérées par la rouille
» de son siècle. On peut cependant con-
» jecturer que , s'il eût eu des successeurs
» semblables à lui, l'empire eût réparé
» ses pertes. Il n'eut que la gloire d'en
» avoir retardé la chute. Aussi laborieux
» que vigilant , il fut toujours à la tête du
» gouvernement ou de ses armées. Il ai-
» mait la vérité, et n'espérant guère la
» trouver dans la bouche de ses courti-
» sans , il la cherchait dans l'histoire. Il
» prenait conseil des exemples qu'elle lui
» présentait. A ses yeux la haute vertu
» tenait lieu de la plus éminente dignité ;
» il l'admettait dans sa familiarité , il ou-
» bliait même la majesté impériale, pour
» aller visiter ceux qui portaient ce noble
» caractère. Plein de tendresse pour ses
» sujets , il apportait la plus grande pré-
» caution à ne leur donner que des gou-
» verneurs et des magistrats qui fussent
d les défenseurs de ceux dont il était le
» père. » Photius le séduisit en lui dres-
sant une généalogie, par laquelle il le
faisait descendre deparens illustres. C'est
sous ce prince qu'on entendit les pre-
mières cloches à Constantinople ; c'était
un présent que les Vénitiens lui avaient
fait en 872. Le christianisme a fait sous le
même règne de grands progrès en Bussie ;
Basile fit accepter à ce peuple un évêque
ordonné par le patriarche Ignace. On a
de lui quelques Lettres dans la Biblio-
thèque des Pères; et des Avis à son fils
Léon, dans Ylmperium orientale du P.
Banduri. M. l'abbé Cavoleau en a donné
une traduction libre , Nantes , 1782 , in-12.
Il y a de très bonnes maximes , telles que
la suivante : « Croyez sincèrement à la
» religion , et qu'elle soit en tout temps la
» règle de votre vie. La foi est le premier
» de tous les biens ; c'est elle qui épure
» nos actions , et qui donne à la vertu le
» dernier degré de perfection. »
BASILE II, successeur de Zimiscès,
l'an 987 , dans l'empire d'Orient , était fils
de l'empereur Bomain le Jeune. Il naquit
en 956. Il avait de la valeur, de l'équité,
de la vertu; mais il se livrait souvent aux
attraits d'une gloire mal entendue , et lui
sacrifiait des intérêts solides. Il défit les
Sarrasins, repoussa les Bulgares, en tua
5,000 dans une bataille en 1014, et en
fit 15 ,000 prisonniers , qu'il traita avec
une inhumanité singulière. Les ayant par-
tagés par bandes de cent , il fit crever les
yeux à 99 de chacune, et n'en laissa qu'un
au centième , pour conduire les autres à
leur roi , qui ne survécut que 2 jours à ce
cruel spectacle. Basile mourut en 1025, à
70 ans; il en avoit régné 50. Il révoqua la
loi de Nicéphore qui, pour borner les
acquisitions du clergé , défendait de bâtir
de nouveaux monastères et de léguer des
fonds aux églises.
BASILIDE , hérésiarque d'Alexandrie ,
mort sous Adrien vers l'an 130 , eut pour
maitre Simon le Magicien. On croit que
c'est lui qui apporta de Perse le mani-
chéisme dans l'église chrétienne.
BASILISQUE , frère de Vérine , femme
de Léon I, empereur d'Orient, devint
général d'armée, consul et patrice. Il
usurpa l'empire sous Zenon l'Isaurien , à
la fin de 475 , et fut bien accueilli par le
peuple inconstant de Constantinople. Mais
au lieu de répondre à l'idée qu'on avait
de lui , il gouverna en tyran , favorisant
les ariens , protégeant les eutychiens ,
et persécutant les orthodoxes. Zenon,
qui avait été obligé de prendre la fuite ,
revint à Constantinople avec une armée,
et donna bataille , en août 477 , à Basilis-
que , qui fut vaincu , et n'eut d'autre asile
qu'une église des catholiques qu'il avait
persécutés. Zenon se fit livrer l'usurpa-
teur , avec sa femme et ses enfans , et les
fit renfermer dans une tour d'un château
de Cappadoce , où la faim et le froid les
firent périr l'hiver suivant ; ils expirèrent
en s'embrassant les uns les autres. Pen-
dant sa courte administration, Basilisque
ne fit usage de sa puissance , que pour
BAS
iO/t
BAS
piller les peuples et les accabler d'impôts.
Il avait pour principe cette maxime si pro-
pre à encourager la tyrannie et à effacer
la honte des tyrans , qu'un roi qui veut
gouverner avec autorité, doit dévorer la
haine que ses injustices inspirent. Il fut
assez infâme pour souffrir qu'Hermate,
son neveu, entretînt un commerce cri-
minel avec Zénonide , sa femme. De son
temps une partie de Constantinople fut
réduite en cendres , et l'on eut à regretter
surtout la bibliothèque publique, qui
renfermait , dit-on , plus de 120 mille vo-
lumes.
BASILOWITZ (Jean), affranchit sa
nation de la domination des Tartares , et
jeta les fondemens du puissant empire de
Russie. Il fut le premier qui prit le titre
de czar, et régna depuis 1450 jusqu'en
4505. Il eut pour successeur Basile Iwa-
nowita.
* BASIN (Thomas), originaire de Ca-
lais , né à Rouen , fut évêque de Lisieux ,
sous Charles VII. Accusé , sous le règne
de Louis XI , de favoriser les Anglais et
les Bourguignons, il reçut d'abord dé-
fense de paraître à la cour , puis fut exilé,
et ensuite dépouillé de ses biens et de son
évêché. Il se retira alors à Louvain, où il
professa le droit , et alla depuis à Utrecht.
Sixte IV le nomma vicaire de David le
Bourguignon, évêque d'Ulrechl, et lui
donna le titre d'archevêque de Césarée.
Il mourut à Utrecht, le 50 décembre
149 1. Il a fait : | un Traité contre Paul
de Middelbourg * imprimé dans le tome
4 du Spicilége de d'Achéry ; \ une His-
toire de son temps * dont Mathaeus a pu-
blié un extrait, dans le tome 2 de ses Ana-
lecles. Moréri, après avoir parlé de ces
deux ouvrages, cite de Thomas Basin
un manuscrit De puellâ Aurelianensi.
— BASIN (Nicolas) son frère , aussi re-
tiré à Utrecht, y mourut au mois de juin
4495. — BASIN (Simon) , né à Paris, le
42 mars 1608, après avoir fait ses études,
entra chez les dominicains. Ses parens
l'en firent sortir par autorité ; mais , re-
connaissant par la suite sa vocation , con-
sentirent qu'il s'engageât dans l'état ec-
clésiastique. Simon Basin devint chapelain
d'Anne d'Autriche , femme de Louis XIII ;
mais la cour ayant peu d'attraits pour lui,
il rentra chez les dominicains en 1632,
prit le nom de Thomas* s'adonna à la
prédication , et mourut à Paris , le 18
juillet 1671. Il a fait, en français, des
Sermons et des Odes. Moréri, qui rap-
porte les titres de plusieurs de ses ouvra-
ges , dit que la plupart n'ont pas été im-
primés. — BASIN (Bernard), espagnol,
docteur de Paris et chanoine de Saragosse,
sur la fin du 15e , siècle , a laissé , entr'au-
tres ouvrages , un traité De Artibus ma-
gicis et magorum maleficiis* Paris, 1506,
in-8°.
BASINE, femme de Basin , roi de Thu-
ringe, quitta son mari pour venir en
France épouser le roi Childéric I. Si j'a-
vais cru* dit-elle à ce prince , trouver au-
delà des mers un héros plus brave et plus
galant que vous * j'aurais été l'y cher-
cher. Cette histoire paraît avoir été fabri-
quée à plaisir, ainsi que presque toutes
les aventures de Childérie. Le seul fait
authentique , c'est que de cette union na-
quit Clovis I, l'an 465.
*BASIRE ( Isaac), théologien anglican ,
né dans Pile de Jersey , en 1607. Après
avoir été quelque temps maître d'école à
Guernesey , il obtint plusieurs bénéfices ,
et fut nommé , vers l'année 1640 , chape-
lain de Charles Ier. Les troubles qui agi-
tèrent ce règne arrêtèrent son avance-
ment. Vivement poursuivi par les rebelles,
il se réfugia à Oxford , où il prêcha avec
succès devant le roi. Lorsque la garnison
de celte ville se fut rendue au parlement ,
Basire forma le projet d'aller propager
dans l'orient la doctrine de l'église angli-
cane. Il partit en 1646 , parcourut la Mo-
rée , la Palestine , la Mésopotamie. Après
un assez long séjour à Alep , il fit à pied le
voyage de Constantinople avec une ving-
taine de Turcs , auprès desquels il sut se
rendre recommandable par ses connais-
sances en médecine. Il alla jusque dans
la Transylvanie , où Georges Ragotzi II ,
prince de cette contrée , l'accueillit favo-
rablement, et le nomma professeur en
théologie de l'université de Weissembourg,
nouvellement fondée. Après un séjour de
sept ans dans ce pays , la nouvelle restau-
ration le rappela en Angleterre. Il fut
réintégré dans ses bénéfices, et nommé
chapelain de Charles IL II mourut en
1676 , âgé de 69 ans. On a de lui , entre
autres ouvrages : | Deo et Ecclesiœ sa-
crum* ou le Sacrilège jugé et condamné
par S. Paul {Epitre aux Romains* II,
22 ) ; | Diatriba de anliquâ Ecclesiœ bri-
tannicœ libertate , Bruges , 1636 , in-8° ;
| Lettre à sir Richard Brown * contenant
la relation de ses voyages, imprimée à la
suite d'une traduction anglaise de l'ou-
vrage ci-dessus, Londres, 1661, in-8°;
| Histoire du presbytérianisme anglais et
écossais , Londres , 1659 et 1660 , in-8° .
BAS
105
BAS
* BASIRE (Claude), né à Dijon, en
1764, d'une famille considérée dans le
commerce, fit d'excellentes études chez
les pères de l'Oratoire. Il entra ensuite ,
en qualité de commis, aux états de Bour-
gogne , fut nommé , en 1790 , membre du
directoire du district de Dijon , et en 1791,
député à l'assemblée nationale. Enthou-
siaste de la révolution , il fit plusieurs dé-
nonciations violentes contre la cour ,
proposa le licenciement de la garde du
roi et des officiers de l'armée , et plus tard
demanda la sécularisation des ordres reli-
gieux. Ce fut lui qui sauva les Suisses ,
faits prisonniers au 10 août, en faisant
décréter qu'ils étaient sous la sauve-garde
de la loi. Membre de la Convention, il
vota l'abolissemént de la royauté et la
peine de mort contre quiconque provo-
querait la création d'une puissance indi-
viduelle et héréditaire , et demanda une
loi qui ordonnât le tutoiement. Il appuya
le décret qui prohibait les clubs de femmes,
.et, s'écartant de plus en plus de la voie
suivie par les démagogues, il dénonça,
avec une généreuse hardiesse , le système
de la terreur, dont il demanda la fin en
ajoutant ces mots : « Quand donc finira
» cette boucherie de députés ? ce que je
» dis me vaudra sans doute des haines et
» des vengeances, mais j'ai appris à bra-
» ver la mort. » En effet , Basire fut bien-
tôt traduit devant le tribunal révolution-
naire qui l'envoya à l'échafaud. Il fut
exécuté le 13 avril 1794, à l'âge de 50 ans.
BASKER VILLE (Jean), célèbre im-
primeur anglais , mort en 1773 à Birmin-
gham , dans la province de Warwick.
Personne avant lui n'avait porté si loin la
perfection de son art. Les éditions sorties
de ses presses sont d'une rare beauté,
celle surtout de son Virgile in-4° , qui est
un chef-d'œuvre de typographie. On dit
que cet imprimeur gravait et fondait lui-
même ses caractères. Il a été aussi l'in-
venteur d'une nouvelle manière de fabri-
quer le papier , dont il n'a jamais voulu
communiquer le secret : on l'a fort van-
tée , et peut-être trop.
* BAS»! AD J Y (Ibrahim), Hongrois,
embrassa le mahométisme , et travailla ,
de concert avec Séid-Effendi , à l'intro-
duction de l'imprimerie en Turquie. Le
sultan Achmet III en signale privilège;
seulement il fut défendu de jamais impri-
mer le Coran , les lois orales du prophète,
leurs commentaires , les livres canoniques
et ceux de jurisprudence. Tous les ou-
vrages qui traitent de la philosophie , de
la médecine , de l'astronomie , de la géo-
graphie , de l'histoire , furent abandonnés
aux presses naissantes. Basmadjy ne put
mettre au jour que 16 ouvrages. Il mou-
rut en 1746 , comblé des bienfaits du sul-
tan.
BASMAISON (Jean) , avocat , de Vic-
ie-Comte , mort vers 1600 , a composé une
bonne Paraphrase sur la coutume d'Au-
vergne et un Traité sur les fiefs et arrière-
fiefs.
BASNAGE (Benjamin) , ministre pro-
testant à Carentan , sa patrie , ne en 1380,
fut considéré et employé dans sa commu-
nion. On a de lui un Traité de l'église ,
estimé par ceux de son parti. Il mourut
en 1652 , âgé de 72 ans.
BASNAGE (Antoine ) , fils aîné du pré-
cédent, ministre à Bayeux, puis à Zut-
phen en Hollande, où il se retira après
la révocation de l'édit de Nantes , mourut
en 1691 , âgé de 81 ans. — Son fils , Sa-
muel BASNAGE de Flotteman ville , fut
également ministre à Bayeux et à Zut-
phen. Il a laissé des Annales ecclésiasti-
ques en latin, 1706, 3 vol. in-fol. , beau-
coup moins estimées que Y Histoire de l'é-
glise, de son cousin, dont nous allons
parler, et une Critique des annales de
Baronius , in-4° , pour servir de supplé-
ment à celle de Casaubon. Ce savant , né
à Bayeux , mourut en 1721.
BASNAGE du FRAQUENAI (Henri),
fils puîné de Benjamin , naquit à Sainte-
Mère-Eglise , au-dessus de Carentan, le 16
octobre 1613. Ayant embrassé le parti du
barreau , il s'établit à Rouen, et y acquit
la réputation d'un des meilleurs avocats
de son siècle. Il n'en acquit pas moins par
son intelligence dans les commissions im-
portantes où il fut employé. Il mourut le
20 octobre 1695 , à Rouen , âgé de 80 ans.
Il est auteur d'un Traité des hypothèques,
et d'un excellent Commentaire sur la
coutume de Normandie , imprimés plu-
sieurs fois.
BASNAGE de BEAUVAL (Henri) , né
à Rouen, l'an 1657, était fils du précé-
dent. Il fut avocat au parlement de Nor-
mandie , comme son père. Réfugié en
Hollande, après la révocation de l'édit de
Nantes , il s'y était annoncé par un Traité
de la tolérance, 1684, in-12. Il mourut à
La Haye, en 1710 , à 53 ans. Bayle ayant
discontinué ses Nouvelles de la républi-
que des lettres , Basnage leur fit succéder
l'Histoire des ouvrages des savons. Ce
journal , en 24 vol. in-12 , fut commencé
en septembre 1687, et finit au mois de
BAS 106
juin 1709. n y a de très bons extraits ; mais
le style en est souvent recherche. Cn a
encore de lui une édition de Furetière, en
5 vol. in-fol. , 1701.
BASA AGE de BEAU VAL (Jacques) ,
fils de Henri du Fraquenay , et frère du
précédent, naquit en 1633. Il exerça le
ministère à Rouen , sa patrie , et ensuite
en Hollande , où il s'était retiré pour le
même sujet que son frère. Basnage , quoi-
que réfugié dans les pays étrangers , fut
toujours attaché à sa patrie. Lorsque
l'abbé Dubois, depuis cardinal, vint à La
Haye , en 1716 , le duc d'Orléans lui con-
seilla de se conduire en tout par les avis
de Basnage. Les services qu'il rendit alors,
lui valurent la restitution de tous les
biens qu'il avait laissés en France. On a
de lui divers ouvrages : | une Histoire de
l'église, en français , 2 vol. in-folio , à Ro-
terdam , 1699 , qui est peut-être la meil-
leure de toutes celles qu'on a faites pour
les protestans : elle est moins défigurée
par les déclamations et les attributions
odieuses , dont l'esprit de parti a coutume
de remplir ces sortes d'ouvrages , quoi-
qu'on y reconnaisse toujours le ministre
de secte. | TJ Histoire des églises réformées,
qui se treuve dans ce livre , a été donnée
séparément, 172S , 2 vol. in-4°. | L His-
toire des Juifs, depuis Jésus-Christ jus-
qu'à présent , seconde édition , à La Haye,
1716 , 15 vol. in-12. Ce livre , plein d'éru-
dition , fut si applaudi dans sa naissance,
que l'abbé Dupin ne fit pas difficulté de
le faire imprimer à Paris , après y avoir
fait quelques corrections. Les sa vans qui
veulent s'instruire des dogmes , des céré-
monies et de l'histoire de la nation juive,
le lisent encore avec plaisir et avec fruit.
| La République des Hébreux , à Amster-
dam , 1705 , 5 v. in-8° ; | les Antiquités
judaïques , 1713, 2 vol. in-8°; | Disserta-
tion sur les duels et la chevalerie , 1720,
in-8° , imprimée aussi dans l'Histoire des
ordres de chevalerie , 1716 , k vol. in-8° ;
| les Annales des Provinces-Unies , depuis
la paix de Munster, en 2 vol. in-fol. , à
La Haye , 1719 et 1726 , assez bonnes, prin-
cipalement pour la partie qui regarde les
derniers temps de la république. C'est là
apparemment l'ouvrage qui a donné oc-
casion à cette antithèse d'un écrivain cé-
lèbre : que Basnage était plus propre à
être ministre d'état que d'une paroisse.
| Un Traité de la conscience, 2 vol. in-8° ,
j des Sermons, moins lus que ses ouvrages
historiques. Il mourut en 1723. On a en-
core de lui Y Histoire de l'ancien et du
BAS
nouveau Testament, avec des figures,
par Romain de Hogues, à Amsterdam,
1705 , in-folio. Son style manque de légè-
reté et d'élégance.
*B/YSS (Georges), chirurgien au port
Jackson , mort vers la fin du 18e siècle.
Il était ami du célèbre navigateur Flin-
den , et prit part à plusieurs de ses dé-
couvertes. En 1798, il partit avec six
hommes sur une chaloupe , pour l'aider à
continuer ses recherches. C'est lui qui a
découvert un passage entre la terre de
Van-Diémen et la Nouvelle-Hollande, qui
depuis est connue sous le nom de détroit
de Bass. On trouve le récit de ses décou-
vertes et de ses travaux nautiques dan9
le Tableau de la colonie anglaise de la
nouvelle Galles méridionale , par le colo-
nel Colin , et dans une Relation du capi-
taine Baudin, publiée par le capitaine
Freycinet.
* BASSAL ( Jean ) , ancien membre de
la congrégation de la mission, devint en
1790 , curé constitutionnel de la paroisse
Saint-Louis, à Versailles, puis vice-pré-
sident du district de cette ville. Député
par le département de Seine-et-Oise à l'As-
semblée nationale , il y montra un répu-
blicanisme exagéré , et appuya , en mars
1792 , la proposition d'une amnistie pour
les meurtres commis à Avignon. Bassal
vota aussi la mort de Louis XVI sans ap-
pel ni sursis. A son retour d'une mission
dont il avait été chargé dans le Jura, les
jacobins l'accusèrent de ne l'avoir pas
remplie avec assez de rigueur. Il se jus-
tifia en rappelant qu'il avait donné asile
à Marat poursuivi par Lafayetle. Devenu
président de la société des jacobins , il se
rendit en Suisse pour faire les approvi-
sionnemens de l'armée d'Italie, et sur-
veiller l'ambassadeur Barthélémy, puis
suivit comme secrétaire le général Cham-
pionnet à la conquête de Naples. Traduit
devant un conseil de guerre , comme pré-
venu de dilapidation , la chute des direc-
teurs Merlin , Treilhard et Laréveillère-
Lepeaux le sauva. Bassal rejoignit, de
nouveau le général qu'il ne quitta plus
jusqu'à sa mort. Alors il vint à Paris , où
il mourut en 1802.
BASS AN ( Jacques du PONT , ou le )
naquit, en 1510, àBassano, ville des états
de Venise. Il peignit des paysages et des
animaux , avec beaucoup de vérité. Il pei-
gnait également bien le portrait. Son pin-
ceau n'est pas si vrai et si noble dans les
sujets historiques , parce qu'il connaissait
très peu les beautés de l'antiquité. On voit
BAS
107
plusieurs de ses tableaux dans le cabinet
du roi de France, au Palais-Royal et à
l'hôtel de Toulouse. Il mourut l'an 1592 ,
laissant quatre fils tous peintres. François
et Léandre furent ceux qui approchèrent
le plus de leur père ; mais ils héritèrent
aussi de la folie dont leur mère était at-
teinte. Léandre s'imaginait toujours qu'on
voulait l'empoisonner ; il mourut à Ve-
nise, en 1623. François, s'étant persuadé
qu'on ne cessait de le poursuivre, crut
un jour qu'on enfonçait sa porte pour le
saisir, se jeta par la fenêtre, et mourut
en 1594. Les deux autres s'occupèrent
presque uniquement à copier les tableaux
de leur père , et parvinrent si bien à sai-
sir sa manière aisée et naturelle, que leurs
copies sont souvent prises pour les origi-
naux.
* BASSANI (Jacques-Antoine), jésuite
et prédicateur italien , né à Venise , l'an
i686. Il fut professeur de belles-lettres, et
devint un des plus célèbres prédicateurs
de son temps ; il prêcha dans presque tou-
tes les villes d'Italie. Son séjour habituel
était à Padoue. Il y mourut le 21 mai
1747. Quelques-uns de ses sermons ont
été imprimés à Venise , 1753 , en un vol.
in-4°. L'obscurité qui y règne générale-
ment n'a pas permis de les publier tous.
On a encore de lui des Poésies latines et
italiennes , qui ont été recueillies après sa
mort, en un vol. in-4°.
• BASSARABA ( Constantin Branco-
van ) , prince de Valachie , a été connu ,
en Europe , sous les noms de Cantacu-
zène, de Brancovan et de Bassaraba; il
prétendait qu'ils appartenaient tous les
trois à sa famille. La vérité est qu'ayant
obtenu la main d'Hélène , fille de Con-
stantin Cantacuzène,Bianco van parvint à
la principauté de Valachie , par le crédit
de ses beaux-frères, et il crut se parer d'un
nouveau lustre, en prenant le nom de
Cantacuzène. Il fut forcé de le quitter, et
pour n'avoir pas la honte de reprendre
celui de Brancovan J il s'avisa de se faire
nommer Bassaraba _, nom d'une très an-
cienne famille de Valachie, qui avait
donné plusieurs souverains à cette pro-
vince , et qui était éteinte depuis long-
temps. En 1710 , la guerre étant à la veille
d'éclater entre les Russes et les Turcs , la
Porte voulut s'assurer de la fidélité des
hospodars de Moldavie et de Valachie , et
elle jeta les yeux sur le célèbre Démétrius
Cantemir , pour gouverner cette dernière
province. Constantin Brancovan n'épar-
gna rien pour échapper à la disgrâce
BAS
il représenta son rival
qui le menaçait;
comme un ennemi secret des osmanlis ,
et il obtint du grand-visir le bannisse-
ment de Cantemir dans l'île de Chio. Dé-
métrius , prévenu de ce qui se tramait
contre lui, s'était réfugié à l'hôtel de
France. Le visir l'envoya réclamer. « Je
» n'ai point Cantemir chez moi , répondit
» l'ambassadeur ( M. de Ferriol ) ; et ,
» quand il y serait , je ne le rendrais pas ;
» car je ne pourrais me résoudre à ternir
» l'honneur de mon souverain, par une
» lâcheté. » Tandis que Brancovan des-
cendait aux moyens les plus odieux pour
perdre Cantemir, lui-même était accusé
par Mazeppa, cet hetman des Cosaques
qui avait embrassé le parti de Charles
XII, d'entretenir une correspondance se-
crète avec le czar. Il était difficile d'arrê-
ter Brancovan , dont le pouvoir était con-
sidérable. La Porte résolut de lui faire
dresser un piège par le prince de Mol-
davie. Nicolas Maurocordato , qui était
alors pourvu de cette dignité, n'ayant
pas été jugé propre à remplir une com-
mission si délicate , on choisit pour le
remplacer ce même Démétrius Cantemir,
que Brancovan avait voulu perdre , et qui
d'ailleurs avait donné, dans plusieurs cir-
constances, des preuves de son habileté.
Démétrius fut nommé, en novembre 1710,
prince de Moldavie , avec ordre de se sai-
sir de la personne de Brancovan, sous quel-
que prétexte que ce fût , et de l'envoyer à
Constantinople , mort ou vif; mais Cante-
mir avait résolu de s'attacher à la fortune
du czar , et son traité avec ce prince fut
bientôt conclu. De son côté , le prince de
Valachie promit aux Russes des vivres et
des renforts; mais, soit qu'il reconnût
l'impossibilité de remplir ses promesses ,
soit plutôt que la considération dont jouis-
sait Cantemir auprès de Pierre le Grand,
excitât sa jalousie , il rentra dans les in-
térêts de la Porte, et feignant toujours
d'être dans ceux du czar, il lui proposa la
paix , afin d'arrêter sa marche , et de don-
ner aux Turcs le temps de se réunir. Les
détails de la fameuse campagne du Pruth
sont connus de tout le monde. Pierre,
forcé de consentir à une paix désavanta-
geuse , reprit la route de ses états. Il fut
suivi par Démétrius Cantemir, qu'il avait
refusé de livrer, et qu'il combla de riches-
ses et d'honneurs. La destinée de Bran-
covan fut bien différente. Quoique ce
prince , dans la guerre de 1699 , eût dé-
couvert aux Turcs un sentier par lequel
ils pénétrèrent dans la Transilvanie , et
BAS
108
BAS
surprirent une division autrichienne , et
qu'il eût dépensé de grosses sommes pour
obtenir de la Porte une patente qui le dé-
clarait exempt de punition capitale , il fut
accusé d'avoir favorisé les Russes, et con-
damné à être étranglé , ainsi que ses qua-
tre fils , Constantin , Etienne , Raducanut
et Mathieu. Cette malheureuse famille fut
exécutée dans l'intérieur des Sept-Tours ,
en 1714.
BASSELIN (Olivier) , de Vire en Nor-
mandie , fit beaucoup de chansons à boire,
modèles de celtes qu'on a faites depuis,
et auxquelles on a donné, par corrup-
tion , le nom de Vaudevilles. Comme le
chansonnier normand chantait ses vers
au pied d'un coteau appelé les Vaux 3 sur
la rivière de Vire, on les nomma Vaux-
de-Vire. Ces chansons , composées dans
le 15e siècle , tenaient de la barbarie du
style du temps, et de la grossièreté de
l'auteur. Jean le Houx les corrigea le siè-
cle d'après , et les mit dans l'étai où nous
les avons à présent. M. Dubois, en a
donné une nouvelle édition sous le nom
de Vaux-de- Vire d'OYi\ier Basselin. Caen,
in-8° , 1821.
* BASSEPORTE ( Madeleine -Fran-
çoise ) , née à Paris en 1701 , avait un ta-
lent particulier pour peindre les plantes
et les objets concernant l'histoire natu-
relle. En 1743 , elle remplaça son maitre
Aubriet , peintre du jardin du roi , et en-
seigna à peindre les fleurs aux princesses,
filles de Louis XV. Ce monarque se plai-
sait tellement à sa conversation , qu'il la
dispensa de toute étiquette. Madeleine ob-
tint du roi plusieurs grâces pour ses amis ,
et pour les malheureux , qui réclamaient
sa médiation; mais elle ne demanda ja-
mais rien pour elle-même. On compte
parmi ses ouvrages les plus remarqua-
bles , la continuation de la superbe collec-
tion de plantes , peintes sur vélin , com-
mencée par Gaston , duc d'Orléans , frère
de Louis XIII , et qu'on voit au muséum
d'histoire naturelle. Les dessins de ma-
demoiselle Basseporte ont, en général,
de l'élégance et de la grâce. Elle est morte
au jardin du roi , au mois d'octobre 1780.
* BASSET ( C. A. ), avant la révolu-
tion , bénédictin de l'abbaye de Sorèze ,
en Languedoc, professaitla littérature dans
ce collège. A la suppression de cet éta-
blissement en 1791 , il émigra et ne ren-
tra en France qu'en 1801. Il fut long-
temps sans emploi; mais en 1808, il fut
nommé préfet des études de l'école nor-
male, et en 1815 , censeur au collège Char-
lemagne. Il est mort en 1828, laissant :
| Essai sur l'éducation et sur l'organisa-
tion de quelques parties de l'instruction
publique, ouvrage qui a eu deux éditions ;
| Explication de Playfair sur la théorie
de la terre M par Hullon , et examen com-
paratif des systèmes géologiques fondés
sur le feu et sur l'eau 3 par M. Murray ,
en réponse à l'explication de Playfair,
traduits de l'anglais , et accompagnés de
notes et de planches , in-8° , 1815. Basset
s'occupa de l'instruction primaire , à l'a-
mélioration de laquelle il a beaucoup
contribué.
* BASSEVILLE (Nicolas-Jean-Hcgox
de ) , révolutionnaire exalté , vint à Paris
vers l'an 1775. Il n'avait qu'une fortune
très médiocre , et fut forcé , pour vivre ,
de faire plusieurs éducations particuliè-
res; il ne manquait pas d'instruction, et
composa pour ses élèves ses Elémens de
Mythologie, qui ont été adoptés par plu-
sieurs maisons d'éducation. Lorsque la
révolution éclata, il s'y attacha avec toute
la chaleur d'un homme ambitieux , qui a
tout à attendre d'un changement , et qui
se sent des talens suffisans pour se faire
remarquer au milieu du désordre univer-
sel. Il fut , avec Carra , Masclet et autres ,
un des rédacteurs du Mercure national,
ou Journal d'état et du citoyen , qui pa-
rut depuis les 31 décembre 1789 jusqu'au
29 mai 1791. Ce fut par les écrits incen-
diaires qu'il inséra dans cette feuille dé-
magogique, qu'il s'attira la connaissance
et la protection d'un homme puissant ,
auprès duquel l'irréligion et la haine des
rois étaient un titre de recommandation.
En 1792 , il fut envoyé à Naples en qua-
lité de secrétaire d'ambassade, et passa
de là à Rome , avec le titre d'envoyé de
la république. Basseville se conduisit à
Rome comme un véritable envoyé du gou-
vernement impie qui le députait ; il cher-
cha , par tous les moyens , à corrompre
l'esprit des Romains, afin de rendre moins
difficiles les projets affreux de la républi-
que contre le saint Siège. Dans une so-
ciété de femmes suspectes, on le vil boire
à la santé d'Ange Braschi, premier ci-
toyen de Rome : ce propos annonçait aux
Romains ce qu'ils avaient à espérer des
projets et des intrigues de Basseville ; il
fut connu dans toute la ville , et le peu-
ple , dès le lendemain , arrêta la voi-
ture de l'ambassadeur qui sortait, poussa
des cris de rage et de vengeance , et cher-
cha à s'emparer de lui. Basseville se sauve,
avec beaucoup de peine , dans son hôtel ,
BAS
109
BAS
et en fait fermer les portes , qui sont bien-
tôt enfoncées ; on pénètre dans les appar-
tenons , et on le trouve au moment où il
se cachait sous son lit. Un Romain , per-
ruquier de profession , tire un rasoir de
sa poche, et lui fait , dans le bas ventre ,
une blessure dont il mourut trente-qua-
tre heures après (i). Pie VI , apprenant
le trouble, envoie des troupes au secours
de l'ambassadeur français ; mais il n'était
plus temps. Tout leur zèle parvint seule-
ment à sauver la vie à l'épouse et aux en-
fans , que le pape prit sous sa protection ,
et combla de toute sorte de bontés. Quel-
ques personnes, aigries par cet événe-
ment, et jalouses de trouver un motif
pour rendre Pie VI coupable , l'accusè-
rent d'avoir lui-même excité cette émeute.
Cette calomnie a été même répétée dans
un pamphlet de M. Dorat-Cubières , inti-
tulé : Mort de Basseville , ou la Conspi-
ration de Pie VI dévoilée; mais toutes
ces accusations , dont tout le fond et les
motifs se trouvent dans la haine enveni-
mée des factieux de ce temps-là, sont
sans aucun fondement : ce n'est point
ainsi que se vengent les successeurs de
saint Pierre , surtout celui qui a retracé
si visiblement les vertus et la résignation
du premier des pasteurs. M. Salvi a pu-
blié , à Milan , 1798 , un poème dont Bas-
seville est le héros. Le professeur Monti
a établi la véritable réputation de l'am-
bassadeur républicain, en faisant paraî-
tre son Basseviliana, Milan, 1790, in-8°.
Ce poème a été depuis peu traduit en
français , sous le titre de II Dante ingen-
tilitOsVâris , 1817, in-8°. Basseville a lais-
sé, outre l'ouvrage déjà cité, les produc-
tions suivantes : j Mémoires historiques .,
critiques et politiques sur la révolution de
France * 2 vol. in-8°; | Précis historique
sur la vie du Génevais Le fort* premier
ministre de Pierre le Grand* in-8°, 178S;
J Mémoires sur la cour de Berlin, in-fol.
BASSI. Voyez POLITIEN.
* BASSI ou BASSO ( Simon ) patricien
et chanoine de Bénévent ( ce sont les ti-
tres qu'il prend à la tète du recueil de ses
poésies ), était né à Bénévent, vers la fin
du 16e siècle, et florissait, ou du moins
écrivait au commencement du 17e. Il pa-
rait qu'il fit quelque séjour en Espagne ,
où l'on va voir qu'il publia son Recueil ,
et c'est sans doute ce qui lui fit écrire en
(i) Ba.teville te rétracta et te convertit à la mort.
(Voytr let Martyrs de la foi % art. Pie VI, pag- 289
et mirante*. )
%
prose un ouvrage intitulé : Àpologia per
la monarchia di Spagna contro Trajano
Boccalini. Il a laissé en vers : | Rime To&-
cani di Simone Bassi* patrizio e canonico
Beneventano, Madrid, 1610, in-4° ;| Fram-
menti dell' epica poesia di Simone Bassi,
Venise , 1615 , in-4°.
BASSI ( Laure -Marie -Catherine ),
naquit à Boulogne le 31 octobre 1711,
Toutes les connaissances qui, d'après nos
usages , semblent interdites au sexe , fu-
rent l'objet assidu des études de Laure.
A l'âge de 21 ans , elle soutint publique-
ment une thèse de philosophie , à laquelle
assistèrent les célèbres cardinaux Lam-
bertini et Grimaldi. Tous les assistans
furent invités à argumenter ; sept profes-
seurs répondirent à l'invitation , mais ce
ne fut que pour faire briller à tous les
yeux les connaissances et la facilité de
cette nouvelle répondante. Tout le monde
admira l'élégance et la pureté avec les-
quelles elle parlait latin. Les poètes du
temps s'essayèrent à chanter cette nou-
velle merveille ; on publia à Bologne deux
recueils in-4° de vers faits à cette occa-
sion , le premier sous le titre de Rime per
la conclusione filosofica nello studio pub-
blico di Bologna , ienata dall' illustrissi-
ma signora ed eccellentissima Laura-
Maria-Calerina Bassi 3 etc. : le second ,
Rime per la famosa laureazione et acclu-
matissima aggregazione al collegio filo-
sofico, délia illustrissima ed eccellentis-
sima signora , etc. Le sénat de Bologne
lui donna une chaire de philosophie avec
la liberté de donner les leçons qui lui con-
viendraient le mieux. On frappa pour elle
une médaille où l'on voyait d'un côté son
portrait , et de l'autre une Minerve tenant
à sa main une lampe pour se laisser voir
à une jeune fille, avec cette légende :
Soli cui fas vidisse Minervam. Plusieurs
académies , entre autres celle degli Arca-
di et l'institut de Bologne, s'empressèrent
de lui ouvrir leurs portes. Jamais tant
d'honneurs n'avaient été accordes à une
femme , mais on n'en avait point vu de-
puis long-temps se distinguer ainsi , non
seulement dans le latin et le grec , la logi-
que et la métaphysique, mais encore dans
la géométrie , l'algèbre , la physique , e!
la poésie italienne. En 1738 , elle épousa
Jean-Joseph Vératti , docteur en méde-
cine , et eut de lui plusieurs enfans. Cette
femme extraordinaire mourut le 20 fé-
vrier 1778. Elle avait composé , dit-on, un
poème épique sur les dernières guerres
d'Italie , mais il n'a point été imprimé.
BAS
110
BAS
• BASSINET ( Alexan due- Joseph de),
chanoine et grand-vicaire de Verdun , na-
quit en 1734- Il avait cultivé les lettres ,
et eut des succès dans la chaire. Il prêcha
devant le. roi , et à l'académie française ,
et travailla à la rédaction de plusieurs
ouvrages périodiques où l'on trouve di-
vers morceaux de littérature et de politi-
que de sa main. Il eut quelques démêlés
avec le gouvernement de Bonaparte , et
fut soupçonné de correspondance avec
l'Angleterre ; comme on ne trouva point
de preuves , on le laissa tranquille. Ré-
duit aune condition malaisée, il se retira
dans les derniers temps de sa vie, àChail-
lot, dans la maison de Sainle-Perrine ; il
y était en surveillance» et y mourut le
16 novembre 1813 , âgé de 79 ans. On a
de lui : | Une édition des Sermons et Pa-
négyriques de Ciceri de l'académie fran-
çaise, 1761 , 6 vol. in-12. Il y a joint une
courte Notice sur ce célèbre prédicateur.
| Histoire sacrée de l'ancien et nouveau
Testament, représentée par figures ac-
compagnées d'un texte historique. Paris ,
Desray , 8 vol. grand in-8°, avec 600 es-
tampes. Le 8e vol. contenant les Actes des
Apôtres et Y Apocalypse est de M. L'E-
cuy, ancien abbé de Prémontré. L'abbé
Bassinet a donné l'édition complète des
Œuvres de Luneau de Bois-jermain, et
était un des rédacteurs du Magasin ency-
clopédique. Lorsqu'il mourut , il y avait
4 ou S ans qu'il s'occupait d'un ouvrage
intitulé : Considérations sur la Russie.
BASSOMPIERRE ( François de ) , co-
lonel-général des Suisses et maréchal de
France en 1622 , naquit en Lorraine l'an
1579 j, d'une famille distinguée. Le cardi-
nal de Richelieu, qui avait à se plaindre
de lui, et qui craignait tous ceux qui pou-
vaient l'obscurcir , le fit mettre à la Bas-
tille en 1631. Il passa le temps de sa prison
à lire et à écrire. Il y fit ses Mémoires ,
imprimés à Cologne en 1665 , 3 vol. Il y a.,
comme dans la plupart des livres de ce
genre , quelques anecdotes singulières ,
et beaucoup de minuties. Ils commencent
en 1598, et finissent en 1631. Sa détention
fut de 12 ans. Il n'eut sa liberté qu'après
la mort de Richelieu. On a encore de lui
une Relation de ses ambassades, estimée,
1668, 2 vol. in-12, et des Remarques sur
l'histoire de Louis XIII, par DupleixJ
in-12; ouvrage un peu trop satirique
mais curieux. Bassompierre vécut jus-
qu'en 1646; on le trouva mort dans son
lit. C'était un homme à bons mots , ou
plutôt à mauvais mots. Le cardinal de Ri-
chelieu redoutait sa langue caustique.
Quand il sortit de la Bastille , il était de-
venu extrêmement gros, faute d'exercice^
La reine lui demanda : Quand il accou-
cherait ? — Quand j'aurai trouvé une sage-
femme, répondit-il. Quoiqu'il eût été
employé pour des ambassades , la négo-
ciation n'était pas son principal talent;
mais il avait d'autres qualités qui le ren-
daient très propre à la représentation»
C'était un fort bel homme, d'un esprit
présent , léger, vif et agréable, d'une poli-
tesse noble et d'une générosité rare. II
parlait toutes les langues de l'Europe aussi
facilement que celle de son pays. Le jeu
et les femmes étaient ses deux passions
dominantes. Averti secrètement qu'il
allait être arrêté , il se leva avant le jour,
et brûla plus de 6,000 lettres qu'il avait
reçues des dames de la ville et de 1»
cour.
BASSUEL( Pierre), né à Paris en 1706,
fut élevé dans les lettres. Il fréquenta de
bonne heure les écoles de chirurgie. Les-
hôpitaux sont le champ de bataille du
chirurgien; le jeune Bassuel s'y exerça
avec succès. L'académie des sciences et
celle de chirurgie eurent le plaisir d'en-
tendre la lecture de plusieurs de ses Mé-
moires, et quelques-uns ont été insérés
dans les leurs. Il mourut en 1757, à 51 ans.
Il n'avait pas l'art de se prôner ; son mé-
rite faisait toute sa recommandation. Plein,
de franchise et de droiture , sa conversa-
tion était assez conlentieuse , mais sans
sortir des bornes de la politesse et de la
modération.
BASSUS ( Césius ) , poète latin sous
Néron, dont on a des fragmens dans le
Corpus poelarum. C'est le même auquel
Perse adresse sa 6e satire.
BASSUS. Voyez VENTIDIUS.
* BAST (Martin-Jean de), né à Gandr
en 1753, et mort le 11 avril 1825, cha-
noine de Saint-Bavon, membre des aca-
démies de Rome et de Bruxelles, de l'in-
stitut royal des Pays-Bas , etc. Littéra-
teur et antiquaire , il s'est fait connaître
avantageusement par plusieurs ouvrages
où règne une vaste érudition, éclairée par
une saine critique. On a de lui | Recueil
d'antiquités romaines et gauloises trou-
vées dans la Flandre proprement dite , avec,
désignation des lieux ou on les a décou-
vertes, Gand, 1801, grand in-8°; 1 56 Mé-
ditatien op den lyvenden en slervendea
Jésus, c'est-à-dire., Méditations sur la vie
et la mort de Jésus-Christ , 2 vol. grand
in-8°, 1805 . [ Recueil d'antiquités romaine &i
BAS ili
nouvelle édition , augmentée des deux
tiers par l'auteur avec trois cents gravures,
et enrichie de remarques historiques et
critiques sur plusieurs points de la pé-
riode romaine et du moyen âge, 4808,
gros in-4° ; | Premier supplément au re-
cueil d'antiquité s romaines etgauloises,çxi
réponse à l'ouvrage intitulé : la Topogra-
phie de l'ancienne ville de Gand, par Ch.
L. Dieriex, 1809, grand in-4°. | Second sup-
plément au recueil d'antiquités romaines
et gauloises, contenant la description de
l 'ancienne ville de Bavai, et de Fa-
mars , suivi de remarques historiques et
critiques sur les prétendus forestiers de
Flandre , sur les missi dominici, sur nos
premiers comtes , sur quelques nouvelles
■découvertes d'anciens monumens de la
période romaine , faites dans la Flandre
proprement dite , et sur plusieurs points
intéressans du moyen âge , avec figures ,
1815, grand in-4°; | Recherches historiques
et littéraires sur la langue celtique , gau-
loise et tudesque, 2 vol. grand in-8°, 1815.
J Dilucidatio principiorum quibus prœ-
cipuè nititur resoluiio capitxdi ecclesiœ
cathedralis Gandavensis, S. Bavonis,
22 julii 1815 , 2 vol. in-8°; | L'institution
des communes dans la Belgique pendant
les 12e et 15e siècles, suivie d'un traité sur
l'existence chimérique de tios forestiers
de Flandre, Gand, 1819, in-4°. En 1816 ,
il avait été décoré de l'ordre du Lion bel-
gique. Bast avait réuni une fort belle col-
lection de médailles et d'antiquités, que le
roi des Pays-Bas a achetée , et dont il a
fait présent au Muséum de l'université
de Gand.
BASTA ( Georges ) , originaire d'E-
pire , naquit à la Rocca , près de Tarente.
Le duc de Parme, sous lequel il servit,
fut très content du succès de toutes les
affaires qu'il lui coniia. En 1S96 , il fit en-
trer des vivres dans la Fère, dont Henri
IV faisait le siège. Cette entreprise fut
exécutée avec un secret et une célérité
<rui lui firent beaucoup d'honneur. L'em-
pereur l'eut ensuite à son service. Il se
signala en Hongrie et en Transilvanie ,
vainquit les rebelles et les réduisit. Il
mourut vers 1607, et laissa deux Traités
sur la discipline militaire , qui sont esti-
més ; l'un intitulé : Le maître de camp
général , Venise , 1606. L'autre roule sur
la manière de conduire la Cavalerie lé-
gère, Bruxelles, 1624, in-4°. Ces deux
ouvrages sont en italien.
*BASTARD (Thomas ) , ecclésiastique
et poète anglais des 16e et 17e siècles,
BAS
naquit à Blandford, dans le comté de
Dorset. Après avoir étudié quelque temps
au collège de Westminster , il entra à
l'université d'Oxford, où il fut nommé,
en 1588, membre perpétuel du collège
Neuf ; il prit le degré de maitre-ès-arts
deux ans après ; mais quelques satires ,
qu'il composa contre plusieurs personnes
éminentes , le firent expulser de l'univer-
sité. Il entra ensuite dans les ordres , et
obtint plusieurs bénéfices; il devint fou
vers la fin de sa vie , et mourut, en 1618,
dans une prison où il avait été renfermé
comme débiteur insolvable. Il jouissait
d'une grande réputation comme poêle et
comme prédicateur, et il était très recher-
ché pour les agrémens de son esprit et
de sa conversation. On a de lui des épi-
grammes ingénieuses, un poème latin,
en trois chants , intitulé : Magna Britan-
nia, Londres, 1605, in~4°, et deux vol.
de Sermons, publiés à Londres , en 1615.
* BASTIANI ( N. ) occupe une place
parmi les hommes dont la destinée pré-
sente des traits romanesques et singuliers.
Sorti, on ne sait comment, de l'Italie sa
patrie , il fut long-temps dans la plus
grande misère , au point de prendre la
parti d'essayer de manger de l'herbe.
Après diverses aventures, et une con-
duite qui ne fut pas constamment sage ,
il s'engagea à Francfort-sur-Mein à des
enrôlemens prussiens. On le mena à Bres-
law ; heureusement pour lui , le général
qui devait examiner les nouvelles recrues,
était à dîner chez l'évêque , lorsqu'elles
arrivèrent. Le général sortit de table pour
voir les recrues. Il ne savait ni l'italien ,
ni le français, et Bastiani ne savait pas
l'allemand. Le général, croyant qu'il par-
lait latin, pria l'évêque de lui servir
d'interprète. Celui-ci, ayant appris ses
aventures, fut charmé de son esprit,
pria le général de le lui céder pour deux
hommes qu'il lui donnerait à sa place. Le
général y consentit. Bastiani devint se-
crétaire de l'évêque. Un jour le roi reçut
de l'évêque un mémoire mieux fait que
ne les faisait ordinairement le prélat. Il
s'informa de l'auteur , il lui parla souvent
et pria l'évêque de l'avancer. Il fut fait
chanoine de Breslaw. Quelque temps
après, le roi ayant besoin d'envoyer quel-
qu'un au pape pour traiter quelques af-
faires, jeta les yeux sur Bastiani. Il s'ac-
quitta de sa négociation en homme d'es-
prit, et revint comblé de la faveur et de
la recommandation du saint Père. C'est
ainsi qu'il est parvenu , par degrés, à être
BAS 112
du petit nombre de ceux que Frédéric
voyait tous les jours , et avec lesquels il
passait ordinairement les soirées. Il mou-
rut à Postdam en 1787. Le vieux Frédéric
lui fit faire des obsèques magnifiques dans
l'église catholique de cette ville , et y as-
sista en personne. L'abbé Bastiani avait
autant d'esprit que de modestie. Il n'eut
jamais d'ennemis dans une place sipropre
à en faire.
* BASTIDE ( Ferdinand ) entra chez
les jésuites àSalamanque, l'an 1588, et
défendit la cause de son ordre dans les
congrégations de auxiliis. Il a même laissé
sur ces matières quatre gros volumes
manuscrits. Il quitta les jésuites, et se
retira à Valladolid , où il fut professeur
en théologie, chancelier de l'université
et chanoine de la cathédrale. — BASTIDE
( Louis ) , florissait à la fin du 17e siècle
et au commencement du 18e. Flechier lui
adressa quelques lettres qui sont impri-
mées ; ce prélat faisait cas des Panégyri-
ques de Bastide , qui a aussi publié plu-
sieurs ouvrages estimés sur la religioa.
Le plus connu est sa réponse au livre de
Jurieu, De l'accomplissement des pro-
phéties. Cette réponse parut en 1706 , en
2 vol.; le premier a pour titre, Y Incrédu-
lité des déistes confondue par J.-C. ; le
second, Y Accomplissement des prophéties
que M. Jurieu ne croit pas encore accom-
plies , et l'apologie de l'Eglise romaine
contre les écrits de cet hérétique. — BAS-
TIDE ( Jean-Baptiste ) , fils de réfugiés
français , ancien magistrat de Berlin , de
l'académie de cette ville , est mort à Paris
le 1er avril 1810 , âgé d'environ 65 ans.
Il s'était adonné à l'étude du vieux lan-
gage français et des étymologies, et avait
travaillé pendant quarante ans à une édi-
tion de Montaigne ; il a légué ses manus-
crits et toute sa fortune à la Bibliothèque
impériale.
* BASTIDE ( don Philippe ) , bénédic-
tin de la congrégation de Saint-Maur, né à
Saint-Benoît du Sault, diocèse de Bourges,
vers 1620 , fit ses vœux dans l'abbaye de
la Sainte-Trinité de Vendôme , en 1643 , à
l'âge de 23 ans. Estimé dans sa congréga-
tion pour sa science et son amour de la
régularité , il fut appelé aux premières
dignités de son ordre , et devint successi-
vement prieur de Saint-Nicaise de Reims,
de Corbie et d'autres grands monastères.
Il renonça à toutes ces charges , et aima
mieux aller finir ses jours dans la retraite,
uniquement occupé de saintes études et
de son salut. On lui permit de se retirer
BAS
à l'abbaye de Saint-Denis, près Paris,
où il mourut le 23 octobre 1690 , âgé de
71 ans. Extrêmement attaché à son ordre,
il ne souffrait pas qu'on lui enlevât quel-
ques-uns des saints ou des personnages
illustres portés dans ses catalogues. Il eut
à ce sujet plusieurs disputes assez vives
avec le père Le Cointe, de l'Oratoire,
parce que celui-ci reculait jusqu'au 8e
siècle l'époque où la règle de Saint-Benoît
fut observée en France. Il n'épargna pas
même son confrère, le savant don Ma-
billon. Il le dénonça au chapitre général
de 1677, pour avoir mis au rang des dou-
teux quelques saints personnages, regar-
dés auparavant comme bénédictins. Les
ouvrages de don Philippe Bastide sont :
| trois Dissertations latines , dont la lre
est intitulée : De aniiqua ordinis Sancti
Benedicli intra Gallias propagalione ,
in-4°; la 2e a à peu près le même titre,
et la 3e traite de la souscription des an-
ciens privilèges et diplômes de l'ordre, de
plusieurs desquels le père Le Cointe ré-
voquait en doute l'authenticité ; | De de-
cimis etearum origine apud Judœos, gen-
tiles et christianos : \ De organis e mo-
nachorum monasteriis eliminandis; \ De
laude perenni in monasteriis ; \ De jure
et poteslate monachorum in conferen-
dis beneficiis; \ De causa disciplinœ secu-
laris inclinationis apud benedictinos ,
| une Défense de la congrégation de Saint-
Maur. A l'exception des trois disserta-
tions , ces divers ouvrages sont restés ma-
nuscrits.— Il y eut un autre BASTIDE
( Marc ), aussi bénédictin de la congré-
gation de Saint-Maur, né , comme le pré-
cédent, à Saint-Benoit-du-Sault, en Berry,
qui avait fait profession à Saint-Augustin
de Limoges en 1616. Il passa par toutes
les charges de son ordre. Il est auteur de
plusieurs ouvrages, tous dans le genre
de la spiritualité , comme des Directions
pour les novices , des Méditations ; Traité
de l'esprit de la congrégation de Saint-
Maur; le Carême bénédictin, etc. Il mou-
rut à Saint-Denis le 7 mai 1668 , dans do
grands senlimens de piété.
*BASTIEN (Jean-François), homme
de lettres et libraire , né à Paris le 14
juin 1747, mort en 1824. Il a publié plu-
sieurs ouvrages sur l'agriculture , qui
n'ont eu que très peu de succès : | Année
du jardinage, ouvrage extrait de tous les
meilleurs auteurs tant anciens que mo-
dernes t Paris , 1799 , 2 vol. in-8° ; | Dic-
tionnaire botanique, j)harmaceutique ,
Paris, 1802, 2 vol. in-8°; | Nouveau Ma-
BAS
nttel du jardinier, Paris , 1807 , 2 vol.
in-12; | Calendrier du jardinier, ou. Jour-
nal de son travail, distribué par chaque
mois de l'année, in-8°, réimprimé en
1812; | la Nouvelle maison rustique, dont
les premières éditions étaient de Liger,
augmentée depuis par la Bretonnerie,
qui l'a entièrement refondue, Paris, 1798
et 1804 , 3 vol. in-4° , fig. ; | une nouvelle
édition du Dictionnaire géographique de
Vosgien, augmentée de plus de 5,000
noms de villes , bourgs ou villages omis
dans les précédentes éditions , et de la
division départementale de la France. Il
a donné des éditions estimées pour la
correction.
* BASTIOU ( Yves ) , né à Pontrieux
diocèse de Tréguier, le 19 mai 1751. Il
occupa d'abord les places de principal du
collège de ce* te ville , et de grand-vicaire
du diocèse ; il entra ensuite chez les cha-
noines de Ste-Gcnevièveoù il fit ses vœux
en 1788. Il en devint sous-prieur, puis
maître des novices. Enfin on lui donna
le prieuré de Dammartin, dont il ne jouit
pas long-temps; la révolution vint l'en
priver. Alors 'il se livra à l'exercice de
son ministère , et il en remplit les fonc-
tions avec beaucoup de zèle dans les temps
les plus difficiles. Après le concordat de
1801 il fut nommé aumônier du collège
de Louis le Grand, appelé alors Prytanée.
Il est mort le 8 mai 1814 , d'une maladie
qu'il avait contractée dans les hôpitaux
militaires. On lui doit : | Association aux
saints Anges , proposée à tous les fidèles
zélés pour la gloire de Dieu, Paris, 1780,
in-12 ; | Exposition des principes de la
langue française, Paris, 1798, in-12, pu-
bliée sous le nom du citoyen Yves; | Elê-
mens de logique pour servir d'introduc-
tion à l'étude de la grammaire et de l'é-
loquence, Paris, 1804., in-12 ; | Extrait des
quatre évangélisles , Paris, 1809, in-18 ,
réimprimé depuis dans le Manuel chré-
tien des jeunes demoiselles ; \ Grammaire
de V adolescence , augmentée de 220 ques-
tions grammaticales et de 65 questions
faciles sur la logique , 4e édition , 1810,
in-12 ; | Grammaire de l'enfance , par
demandes et par réponses , 4e édition ,
Paris, 1813 , in-12 ; | Manuel chrétien des
jeunes demoiselles, contenant des règles
de conduite, des prières , des exercices
pendant la messe, pour la confession et
la communion, les vêpres avec 103 extraits
des quatre évangélistes , en français,
Paris, 1824 , in-18 ; | Manuel chrétien des
éludions , livre d'office et de prières à
113 BAS
l'usage de toutes les maisons d'éducation,
5e édition augmentée par M. Guillon.,
professeur d'éloquence, Paris, 1825, in-18.
* B ASTON ( Bobert ) , poète anglais
du 14e siècle, issu d'une famille noble,
naquit aux environs deNottingham, dans
le comté d'Yorck. Il fut prieur d'un cou-
vent de Carmes à Scarborough, poète
lauréat et orateur public à Oxford. Edouard
Ier, en parlant pour l'expédition d'Ecosse
en 1304, l'emmena avec lui, et le chargea
du soin de chanter ses exploits; mais le
poète ayant été fait prisonnier par les
troupes écossaises ,. fut contraint, à force
de tourmens , de prendre Bobert Bruce
pour le sujet de ses chants ; ce qu'il fait
entendre dans les deux premiers vers du
poème qu'il écrivit en l'honneur du prince :
« Je composerai mon chant de rimes
» lugubres , car ce n'est qu'en pleurant
» que je m'exerce sur un tel sujet. » C'était
un poète passable pour le temps où il
écrivait. Il mourut vers l'année 1310.
* BASTON ( Guillaume- André-Béxé ) ,
né à Bouen le 29 novembre 1741 , com-
mença ses études à Pont-Audemer, et les
termina à Bouen chez les jésuites. II en-
tra ensuite dans la communauté des Ro-
berlins, établissement presque gratuit, di-
rigé par MM. de Saint-Sulpice , qui, après
qu'il eut terminé son quinquennium j
l'envoyèrent professer la philosophie dans
leur petit séminaire d'Angers. Il y fut or-
donné prêtre le 24 mars 1766. Ses deux
ans expirés , il revint a Paris , entra en
licence avec l'abbé de La Luzerne , l'abbé
Duvoisin , etc. , et fut reçu licencié le 7
février 1770. Quelques jours après il fut
choisi pour prononcer le discours dit des
paranymphes , qui fit quelque bruit ; et
quoique approuvé, dit-on, par le doc-
teur Bigallier et l'abbé Legrand , fut atta-
qué dans un autre discours latin par le
Père Griffon , religieux auguslin. L'abbé
Baston ayant été appelé à Bouen pour y
professer la théologie ne soutint point lo
dernier acte , la vespérie, qui était néces-
saire pour arriver au doctorat. Aussi son
nom ne se porta point dans la liste des
docteurs reçus, et rigoureusement par-
lant il ne pouvait en prendre le titre. Une
thèse qu'il fit soutenir dans le mois de
juillet 1778 , sur le traité de l'église, le fît
accuser par les Nouvelles ecclésiastiques,
d'être moliniste et ultramontain , et cette
accusation fut renouvelée avec plus de
force lorsqu'il fit paraître de 1779 à 1784
ses Traités de théologie dogmatique j
avec d'autres rédigés par l'abbé Tuvas-
10.
BAS
114
BAS
che, qui forment un cours de théologie,
imprimé à Rouen sous le titre de Leclio-
nes theologicce , approuvé par le cardinal
de La Rochefoucauld pour être enseigné
dans son diocèse, et réimprime en 1818
en 10 vol. in-12. Les traités de l'aime Ras-
ton sont les suivans : de Deo et divinis
Mtributis; de Ecclesiâ; de Gratta; de
SS. Trinitale ; de Incarnatione ; de Ma-
trimonio ; de Angelis; de Saci'amentis
in génère. En récompense de ses services
il obtint le canonicat et la préhende de
Bayolet, le 13 décembre 1780 , et l'année
suivante il fut nommé vice-promoteur de
l'officialité. En même temps il se livrait
au ministère, et il trouva néanmoins en-
core assez de loisir pour prendre part à
plusieurs controverses. Lorsque la révo-
lution éclata, il combattit par de nom-
breux écrits la constitution civile du
clergé ; et quoiqu'il n'y eût pas mis son
nom , comme il était difficile de n'en pas
reconnaître l'auteur , il se trouva désigné
à l'animadvcrsion des révolutionnaires.
Ne remplissant aucune fonction publique,
il ne pouvait pas être assujetti au serment;
toutefois la municipalité de Rouen , pour
le punir de son zèle , l'inscrivit un des
premiers sur les listes de déportation , et
peu s'en fallut que pendant le trajet il
ne fût victime de la fureur d'une troupe
qui s'était portée sur son passage pour le
massacrer , ainsi que ses compagnons
d'infortune. Il ne dut son salut qu'à la
fermeté du capitaine de navire , homme
humain qui prit tous les moyens afin de
sauver les prêtres mis sur son bord pour
être transportés à l'étranger. L'abbé Bas-
ton se rendit à Londres où il retrouva
son protecteur et son ami l'abbé de Saint-
Gervais. L'air de l'Angleterre ne conve-
nant pas à ce dernier , ils s'embarquèrent
en 1793 pour les Pays-Bas ; mais l'arrivée
des troupes républicaines les obligea de
reculer jusqu'à Coesfelcl, ville de l'évêché
de Munster, où ils passèrent le temps de
leur exil , et où les prêtres et les émigrés
furent très favorablement accueillis. Mal-
gré l'éloignement , l'abbé Baston continua
de prendre part aux affaires du diocèse de
Rouen, et entretint une correspondance
avec le cardinal de la R ochefoucauld qui
résidait à Munster, et qui lui avait donné
tous ses pouvoirs. Après la mort de cet
archevêque, arrivée le 23 septembre 1800,
on ignore la part qu'il prit à l'adminis-
tration pendant la vacance du siège. Il
rentra en France après le concordat de
1801, et se rendit d'abord auprès de sa
sœur qui demeurait près de Pont-Aude-
mer. M. Cambacérès , alors archevêque
de Rouen , le nomma chanoine , grand-
vicaire , officiai , théologal, et enfin doyen
du chapitre. L'abbé Raston , se partageait
entre l'exercice du ministère et l'admi-
nistration du diocèse. Il prêchait , diri-
geait les consciences et donnait ses soins
à plusieurs communautés. L'Académie de
Rouen l'admit dans son sein, et il y lut
plusieurs Mémoires ou Dissertations sur
différens sujets de littérature , d'histoire
ou de critique. Le cardinal Cambacérès ,
qui l'estimait beaucoup, et qui déjà l'avait
amené à Paris à la cérémonie du sacre en
1804, voulut encore l'avoir auprès de lui,
lorsqu'il vint dans cette ville, en i8H,
pour assister au concile. Ce voyage devint
une époque fâcheuse dans sa vie. Bona-
parte le désigna pour l'évêché de Séez, et
il alla prêter, en mai 1813, le serment
d'usage entre les mains de l'impératrice
régente , en l'absence de l'empereur alors
en Allemagne. Le pape qui avait été arra-
ché de son siège et se trouvait en butte
à des persécutions , refusait des bulles
aux évéques nommés. On avait cherché
à y suppléer en faisant donner par les
chapitres des pouvoirs d'administrateurs
capitulaires ,' et l'abbé Baston avait été
adjoint aux deux vicaires-généraux déjà
nommés. Le malheur qu'il eut d'accepter
l'épiscopat dans un temps aussi critique
le jeta dans une suite de démarches que
rien ne peut justifier. Bientôt il voulut
exercer tout seul la juridiction. En vain
le chapitre voulut lui faire des représen-
tations; il n'en tint nul compte , et suivit
la même ligne de conduite. Alors un ec-
clésiastique du diocèse fut député à Fon-
tainebleau pour consulter le pape, qui
répondit que le chapitre n'avait pu don-
ner des pouvoirs à l'abbé Baston , et que
tous les actes de juridiction exercés par
lui étaient nuls. Il accorda même de
pouvoirs extraordinaires à l'abbé Leva--
vasseur , grand-vicaire du diocèse, auquel
on avait recours pour les actes de juri-
diction. Cette réponse propagée dans lo
diocèse , engagea beaucoup de prêtres qui
balançaient encore à ne plus communi-
quer avec M. Baston qui continuait à vou-
loir administrer, et qui aliénait de plus
en plus les esprits contre lui par toutes
ses démarches. Enfin , instruit qu'il se
faisait secrètement des prières pour la
paix de l'Eglise et de l'état, il les défendit
par un mandement. Il fit plusieurs autres
actes arbitraires ; et dans ses discours il
BAS
Ho
BAS
parlait fort librement du pape, assurant
que l'Eglise de France était en droit de
pourvoir elle-même à ses besoins , et
donnant raison à Bonaparte dans les dif-
férends qu'il eut avec le saint pontife. Ce-
pendant le chapitre hésitait encore à s'op-
poser à ses prétentions , parce qu'il était
appuyé par le préfet , dont il était l'ami ;
mais s'étant permis de faire fermer le sé-
minaire qui lui était opposé, et qui était
un sujet d'édification comme d'espérance
pour le diocèse , ce coup d'autorité excita
contre lui l'indignation; et le chapitre,
après avoir encore balancé , révoqua à la
majorité de cinq voix contre trois, les
pouvoirs qui lui avaient été conférés par
une délibération en date du 11 juin 1814 ,
qui lui fut notifiée et envoyée à tous les
curés du diocèse. Alors l'abbé Baston se
retira dans sa famille , à St-Laurent , où
il continua d'écrire , son esprit actif ayant
besoin de s'exercer pour se dédommager
de son inaction forcée. Il paraît qu'il s'é-
tait flatté long-temps de retourner à Séez ;
mais lorsque le roi eut nommé à tous les
sièges , il quitta sa retraite , et vint re-
prendre son rang parmi les chanoines ho-
noraires de Bouen.M. de Bernis qui avait
succédé au cardinal Cambacérès, le nomma
grand-vicaire, mais ce choix ne fut point
agréé à la cour. Après la mort de ce prélat,
il redevint étranger à l'administration du
diocèse , et mourut avec résignation le 26
septembre 1823, chez son beau-frère, près
Pont-Audemer. Il conserva jusqu'à la fin
toutes ses facultés , et sa mémoire surtout
qui avait quelque chose de prodigieux.
On trouvera de plus amples détails sur
l'abbé Baston dans l'Ami de la religion et
duroi,n.° 1276, 1281 et 1285. Ses princi-
paux ouvrages sont : | Lettres de Philétès,
curé catholique dans le diocèse de R... en
Angleterre , à MM. les curés du diocèse
de Lisieux en France , 'prolestant contre
les mandemens et instructions pastorales
de leur évêque , etc., Londres, 1775, in-4°.
Ces lettres, au nombre de dix-huit, of-
frent à la fois des raisons solides et de
bonnes plaisanteries ; | les Confessions de
M. l'abbé D"* , auteur des Lettres de
Philétès, pour servir de supplément , de
rétractation et d'antidote à son ou-
vrage, à MM. les curés protestans du
diocèse de Lisieux, Louvain, 1776, in-8°;
I Les entrevues dupape Gang anelli servant
de suite aux lettres du même auteur, ou-
vrage traduit de l'italien, Anvers , 1777 ,
in-12, qui essuya quelques critiques ;
| foliainmeros, ou première journée de
M. de V.... dans l'autre monde ..Bruxelles ,
1779, 2 part, in-12; | Narrations d'O-
mai , insulaire de la mer du Sud, ami
et compagnon de voyage du capitaine
Cook, 4 vol. in-8°; il y a dans cet ou-
vrage beaucoup d'esprit et d'imagination»
| Réclamation pour l'église de France
et pour la vérité , en réponse à l'ouvrage
de M. de Maistre, intitulé : du Pape,
Paris, 1821-1824, 2 vol. in-8°. Cet écrit
qui renferme quelquefois des reproches
fondés, mais qui sont d'autres fois trop
sévères , porterait à croire que M. Baston
a pris trop à la rigueur certaines propo-
sitions de M. de Maistre , et qu'il leur a
donné un sens bien éloigné des inten-
tions de l'auteur. En lisant cet ouvrage, il
est à propos de consulter la réponse qui
y fut faite sous ce titre : Quelques ré-
flexions sur les réclamations de l'abbé
Baston , contre l'ouvrage de M. de Mais-
tre, in-8°, Paris, 1822. | Antidote contre
les erreurs et la réputation de l'essai sur
l'indifférence en matière de religion , in-
8°, 1825, 2e édition, Besançon, 1825;
| Jean Bockelson , ou Le Roi de Mwis-
ter , fragment historique , Besançon et
Paris, 1824; | Précis sur l'usure attribuée
au prêt de commerce, 1825, in-8°. | On
lui attribue encore plusieurs articles de
la France catholique , et il a laissé en
manuscrit des Sermons , Panégyriques et
Conférences ; des Mémoires particuliers
que l'on conserve dans sa famille , et qui
forment 4 vol. in-4°; | Le Banian, ou
défense des animaux contre l'homme , 2
vol. in-8° , et plusieurs autres ouvrages.
* BASUEL (Fbançois) , né à Durnes,
village de Franche-Comté, et curé de
Grandvillers , dans la même province , a
publié un recueil de sermons, intitulé :
Sermons familiers et très chrétiens sur
les Evangiles des dimanches et fêtes ,
nouvellement imprimés en l'an 1561 :
c'est un volume in-8° , divisé en deux par-
lies. L'impression en fut retardée par
l'ordre d'Antoine Lulle, vicaire-général
du diocèse , qui exigea de l'auteur le re-
tranchement de plusieurs passages sus-
pects : elle ne fut terminée que le 4 dé-
cembre 1561. On apprend, par la sous-
cription de la seconde partie, que l'auteur
avait fait imprimer cet ouvrage à ses frais,
et qu'il se vendait en la ville de Grandvil-
lers , par Pierre Quessote. Duverdier dit
qu'il a été imprimé à Besançon , et tous
les bibliographes l'ont copié sans examen ;
mais nous observerons qu'il n'a point
existé d'imprimerie en cette ville dans
BAS
116
BAS
le 16e siècle , avant 1588. On peut consul-
ter la Dissertation rare et curieuse du
V. Laire , sur l'Histoire de l'imprimerie
en Franche-Comté , dans le 15e siècle.
L'auteur de cet article a composé un sup-
plément à cette Dissertation. Fr. Basuel
était ami de Gilbert Cousin, et on trouve
quelques vers latins de sa façon dans le
recueil des œuvres de Cousin.
BATES ( Guillaume ), docteur en théo-
logie et prédicateur célèbre parmi les
presbytériens anglais, naquit en 4625. Il
était pasteur àDustans dans la partie mé-
ridionale d'Angleterre , lorsqu'il fut des-
titué de son emploi par l'acte de confor-
mité en 1699. Il se retira à Hackney, où il
mourut la même année. Son style est net
et coulant. Quoique attaché aux sentimens
de Calvin, il était modéré dans la dispute,
et il l'est dans ses ouvrages. Les princi-
paux sont : | Réflexions sur l'existence
de Dieu, et sur l'immortalité de l'âme y
avec un discours sur la divinité de Jésus-
Christ; | L'Harmonie des attributs divins
dans la rédemption des hommes par Jé-
sus-Christ; | Le souverain bonheur* etc.,
recueilli .en un vol. in-fol. , à Londres;
| Vilœ selectœ eruditorum virorum* Lon-
dres, 1681, in-4°.
* BATES ( Joun), compositeur et orga-
niste anglais, mort à Londres en 1799. Il
touchait l'orgue avec beaucoup de talent,
et a publié un Traité de l'harmonie * qui
a été traduit en plusieurs langues; un
opéra de Pharnace qui a obtenu peu de
succès , et des Sonates pour le clavecin
assez estimées.
BATHECOMBE (Guillaume), anglais,
vivait vers 1420, sous le règne de Henri V,
et fut un des plus habiles mathématiciens
de son siècle comme ses ouvrages l'attes-
tent. | De operatione astrolabi ; \ De
sphœra concava; De sphœrœ fabrica et
usu, etc.
BATHELIEB. Voyez AVIRON.
BATHILDE (sainte) , épouse de Clo-
vis II , eut trois fils , qui portèrent suc-
cessivement la couronne, Clotaire III,
Childéric II, et Thierri III. La mort lui
ayant enlevé le roi , son époux , en 655 ,
elle demeura chargée de la régence du
royaume et de la tutelle de ses fils, dont
l'aîné n'avait encore que cinq ans. Elle
soutint ce double poids avec une capacité
qui donna de l'admiration aux plus expé-
rimentés d'entre les ministres. Sa rare
prudence lui fit trouver le moyen de
maintenir la paix dans l'état. Elle abolit
l'usage des esclaves, qui subsistait encore,
travailla, ae concert avec saint Oucn»
saint Eloi et plusieurs autres saints évè-
ques , à bannir la simonie de l'église de
France, multiplia les hôpitaux, releva
plusieurs monastères , entre autres ceux
de Saint-Martin, de Saint Denis et de
Saint -Médard; fonda deux célèbres ab-
bayes, l'une d'hommes à Corbie , et l'autre
de femmes à Chelles. Elle mourut dans
celle-ci en 680. Voyez sa Vie traduite par
Arnauld d'Andilly dans les Vies de plu-
sieurs saints illustres de divers siècles* 2.
vol. in-8°.
BATHILLE , pantomime d'Alexandrie ,
qui parut à Rome sous Auguste , fut af-
franchi de Mécène. Il s'était associé avec
un certain Pylade. Ils inventèrent une
nouvelle manière de danse, où l'on repré-
sentait par des postures et par des gestes,
le tragique et le comique. Pylade réussis-
sait dans le premier genre , Bathille dans
le second.
BATISTE, l'un des plus célèbres joueurs
de violon qui aient paru en France, par-
courut dans sa jeunesse l'Allemagne, la
Pologne , l'Italie , et mourut vers l'an
1770.
* BATONI ( Pompeo ) , peintre renom-
mé , naquit à Lucques en 1708. Ayant ap-
pris les principes de son art dans sa pa-
trie, il passa à Rome où , sans suivre au-
cune école, il se borna à étudier l'antique,
et les chefs-d'œuvre de Raphaël. On peut
dire qu'il se forma lui-même , et qu'il ne
dut qu'à lui seul la réputation dont il
jouit. Il traita, avec un égal talent, les su-
jets graves et les sujets champêtres. Dans
les premiers on admire un pinceau vigou-
reux,'et on remarque dans les seconds
toutes les grâces de la nature. Plusieurs
de ses tableaux existent dans différentes
églises d'Italie. On voit dans celle des oli-
vetains de Lucques, un martyre de saint
Barthélémy et ;une sainte Catherine de
Sienne. Les chartreux de Rome possèdent
une chute de Simon le magicien. Parmi
les ouvrages que Batoni a laissés à Rome,
Mengs préférait un saint Celso* qui est
dans l'église de ce nom. Ce peintre est
mort dans cette dernière ville en 1787.
* BATSCH (Auguste -Jean -Georges-
Charles), naturaliste, né à Ié'na, le 28
octobre 1761 , professeur de philosophie
dans la même ville, où il fonda la société
pour l'avancement des sciences naturelles.
On a de lui plusieurs ouvrages, dont nous
citerons les suivans : | Essai d'une intro-
duction à la connaissance et à l'histoire
des plantes; \ Essai d'une introduction à
BAS
H7
BAS
l'histoire des animaux et des minéraux ;
\ Remarques sur la botanique, h vol. in-4°.
| Botanique pour les dames et les ama-
teurs des plantes , Weimar, 1795 , 1805 ,
in-8° ; | Mémoires pour l'histoire pragma-
tique des trois règnes de la nature, Wei-
mar, 1800, in-4°, avec trois belles planches
coloriées. Balsch mourut le 29 septembre
1802.
BATTAGLIIW (Marc) , né en 1645 ,
dans une petite ville du diocèse deRimini,
évêque de Nocera, et ensuite de Césane,
mourut en 1717 , à 71 ans. Il est auteur
d'une Histoire universelle des Conciles ,
1686, in-fol. ; et des Annales du sacerdoce
•et de l'empire du 17e siècle, 1701 à 1711 ,
4 vol. in-fol. On a encore de lui des In-
structions aux curés et des Exercices spi-
rituels.
* B ATT ARA (Je an- Antoine), curé à
Rimini, mort en 1789. Il avait de grandes
connaissances en médecine et en botani-
que. On lui doit : | une Histoire des cham-
pignons en latin , sous ce titre : De fun-
gorumagri Ariminensis historia, Faenza,
1759, avec 200 planches, estimée; | Prac-
tica agraria distributa in varios dialogos,
Rome, 1778, in-12; | Epislola selecta de
re naturali observationes complectens,
Rimini, 1774, in-4°.
BATTEUX (Charles le), natif du dio-
cèse de Rheims, membre de l'académie
française , et de celle des inscriptions et
belles-lettres, est mort à Paris, le 14 sep-
tembre 1780 , laissant plusieurs ouvrages
estimés, tels que les Beaux-Arts réduits
à un même principe , un vol. ; un Cours
de belles-lettres , ou Principes de littéra-
ture, 5 vol. Le premier est sans contredit
le meilleur qui' soit sorti de la plume
correcte , élégante , de l'abbé Balleux ; et
l'on peut, même dire que c'est ce que l'on
a de mieux sur cette matière. Le second
n'en est que le développement. L'un et
l'autre peuvent infiniment servir à for-
mer le goût des jeunes gens, et à les mettre
en garde contre les maximes modernes du
faux bel-esprit. On lui doit encore : | les
quatre Poétiques , d'Aristote, d'Horace,
de Vida et de Boileau , avec la traduc-
tion des trois premières et des remarques
très estimées ; | l'Histoire des causes pre-
mières, ou Exposition sommaire des pen-
sées des philosophes sur les principes
des êtres, 2 vol. in-8° , 1769 ; | une traduc-
tion d' Horace, un peu froide mais exacte,
avec de courtes notes, 2 vol.-, | la Morale
d'Epicure tirée de ses propres écrits,
1 vol. in-8° , 1758 ; | une Dissertatio de
gustu veterum in studiis lillerarum rett-
nendo; \ les Traductions du grec en fran-
çais d'Ocellus Lucanus, et de Timée de
Locres, préférables à celles du marquis
d'Argens ; | un Discours sur la naissance
de monseigneur le duc de Bourgogne ; \ In
cwitatem Rhemensem, ode traduite en
vers français par M. de Saulx, 1759. Tous
ces ouvrages respirent l'érudition, le bon
goût et les bons principes. Cet acadé-
micien joignit à des mœurs graves , mais
sans rudesse , à un caractère ferme , à
une conversation solide et instructive, les
lumières d'un homme vieilli dans la lec-
ture des auteurs grecs et latins. Il don-
nait quelquefois, mais bien rarement,
dans des idées singulières , comme lors-
qu'il se déclara pour les inscriptions en
langue française, sans songer qu'indépen-
damment du génie de la languelatine, son
universalité et son immutabilité étaient
des raisons qui la rendaient exclusive
ment propre à cet usage.
* BATTHIAN (le comte Ignace de),
évêque de Transilvanie , mort en 1799 ,
s'est fait une réputation par la protection
qu'il accorda aux sciences et aux arts. Il
avait réuni à grands frais une collection
d'instrumens astronomiques , qui était ,
ainsi que sa bibliothèque, à la disposition
des savans. On a de lui quelques ouvrages
peu importans , écrits en latin , sur les
lois ecclésiastiques de Hongrie.
BATTORI (Etienne), d'une illustre
famille de Transilvanie, fut élu, en 1575,
prince de cet état. Il gouverna ses sujets
avec autant de sagesse que de bonté. Lors-
que Henri III quitta le trône de Pologne,
la réputation d'Etienne lui fit donner le
sceptre. Il soutint la guerre contre res
Moscovites, sur lesquels il eut divers
succès. Il aurait voulu donner une nou-
velle face à la Pologne ; mais il se plai-
gnit vainement du gouvernement de sou
royaume , où il trouvait un grand nom-
bre de défauts. Il vécut trop peu pour les
corriger, et mourut en 1586. La famille de
Battori, qui a donné d'autres princes à la
Transilvanie , s'éteignit en 1615 , par la
mort de Gabriel Battori; et ses biens pas-
sèrent à la maison de Ragotzki. Voyez
BETLEM-GABOR.
* BATZ (Pierre-Louis , baron de), né
en 1755 d'une famille distinguée du Béarn,
dont l'histoire se trouve parmi celles des
grands f eudataires de la France , é tait grand
sénéchal du pays d'Albret , lorsque la no-
blesse de ce duché le députa aux états-
généraux. Il contribua à la rédaction des
BAS H8
cahiers de son ordre, et prononça dans
cette circonstance, plusieurs discours qui
ont été imprimés. M. de Batz se plaça au
côté droit de l'Assemblée constituante et
s'y occupa principalement de finances.
Dans un rapport qu'il fit, en juillet 1790 ,
sur la dette publique , il proposa de ne
reconnaître comme dettes de l'état , que
celles qui seraient admises par l'Assem-
blée, et vola au mois de septembre suivant
contre l'émission des assignats. Il fit partie
des comités , devint président de la sec-
tion du comité de liquidation, chargé du
contentieux, et s'associa aux protestations
des 12 et 15 septembre 1791 contre les
actes de l'Assemblée auxquels pourtant il
avait pris une part assez active. Le baron
de Batz quitta la France après la session,
et ne tarda point à y rentrer pour servir
la cause de la monarchie. Il sortit de nou-
veau de la France à la suite du 10 août.
Il était encore à Paris en janvier 1793 ,
et aidé du concours d'environ deux mille
jeunes gens , il conçut le projet de délivrer
l'infortuné monarque, pendant qu'il mar-
cherait à l'échafaud. Mais le gouverne-
ment de la Convention avait pris toutes
les mesures propres à faire échouer les
tentatives qui pourraient être faites dans
ce but. Plus tard M. de Batz essaya de
délivrer la famille royale du Temple. Il
avait fait ses dispositions , et tout lui pré-
sageait un heureux dénouement , lorsque
l'arrivée inattendue de Simon parmi les
conjurés, qui étaient parvenus à se faire
donner les postes de l'intérieur de la pri-
son , la nuit où leur dessein devait s'ac-
complir, rendit leur dévouement inutile.
Son projet de faire évader la reine de la
conciergerie ne fut pas plus heureux. On
ne connaît pas bien les détails de cette
entreprise. On sait seulement que le baron
de Batz, ayant eu des relations aves les
conventionnels Fabre d'Eglantine , Cha-
bot, Basire, etc., qu'on accusait de spécu-
lations illicites sur les fonds publics, opé-
rations qui s'étaient faites dans sa maison
de campagne près de Paris , fut impliqué
avec eux dans la conspiration dite de YE-
lrangerJ au sujet de laquelle Elie Lacoste
s'exprimait ainsi à la Convention dans son
rapport du 26 prairial an 2 (14 juin 1794) ;
« Un vaste plan était tracé par les puis-
» sances coalisées et par les émigrés ; les
» conjurés étaient disséminés sur tous les
» points de la France , et les objets prin-
» cipaux de ce plan étaient l'enlèvement
» de la Veuve Capet, la dissolution de la
» Convention et la restauration de la mo-
B1S
» narchie. Tous les leviers destinés à ren-
» verser la république étaient mus par un
» seul homme , que faisaient agir tous les
» tyrans coalisés, e baron de Batz, ci;
» Catilina moderne, tenait, pour l'exécu-
» tion de l'entreprise, ses conférences se-
» crêtes dans un lieu de plaisance, appelé
« X Ermitage de Charonne , aux portes de
» Paris, etc. etc. » ( Voy. le Moniteur du
27 prairial an 2). De tous ces royalistes
ou révolutionnaires que le machiavélisme
des tyrans de l'époque avait réunis, Batz
seul parvint à se sauver, quoiqu'il soit con-
stant que , durant le règne de la terreur,
il ne s'éloigna point de Paris. Plus tard il
fit paraître un écrit où les odieuses incri-
minations du rapporteur de la Convention
étaient réduites à leur juste valeur. A la
suite des événemens du 15 vendémiaire
an 4 (5 octobre 1795), son nom fut en-
core mêlé à de nouvelles intrigues , et le
baron de Batz fut enfermé dans la prison
du Plessis. Tallien le dénonça au conseil
des Cinq-cents com ::e un des chefs de la
police, assertion que le ministre, placé à
la tète de cette administration, démentit
le lendemain, en déclarant que loin d'a-
voir jamais employé M. de Batz , il avait
ordonné les recherches les plus actives
pour le trouver et l'expulser de Paris. Le
baron s'échappa de sa prison et se retira
chez l'étranger. Rentré en France sous le
gouvernement consulaire , il fut ^encore
l'objet d'une surveillance sévère, ayant
été signalé comme agent des royalistes. Il
vécut soit à Paris, soit en Picardie, tantôt
se cachant, tantôt se montrant entouré du
faste de l'opulence. On dit que Fouchéavec
qui il avait eu une entrevue, lui avait pro-
mis de ne pas l'inquiéter. Après la restau-
ration, M. de Batz fut nommé maréchal-
de-camp et chevalier de St.-Louis, et plus
tard commandant du département du Can-
tal. Il mourut dans sa terre de Chadieu, près
de Clermont (Puy-de-Dôme) , d'une atta-
que d'apoplexie, le 10 janvier 1822. C'était
un homme extrêmement actif, ingénieux,
souple, fécond en ressources. Mais son
activité prenait habituellement le carac-
tère de l'intrigue, et son influence ne s'est
jamais exercée au-dessus d'une région
assez médiocre. On a de lui : La Conjiir
ration de Batz , ou la Journée des So'-
xanteJ 1795, in-8°, de cent pages, tirée à
un très petit nombre d'exemplaires , sans
nom de ville ni d'imprimeur. Mais nous
croyons que M. Beuchot s'est trompé en
attribuant ce livre à M. de Batz ( Biblio-
graphie de la France, 1822 , page 03 ) , d'à-
BAS
119
BAS
près des renseignemens dus ù M. Eckard ;
car ce dernier , danî les Mémoires sur
Louis XVII, page 413 , fait entendre qu'il
existe deux écrits, l'un imprimé, et Tau-
Ire (celui de M. de Batz) inédit. Il parait
que celui-ci avait pour titre : De la Jour-
née appelée des Sections de Paris, ou des
12 et 13 vendémiaire an 4 (1795). | His-
toire de la maison de France et de son
origine; du royaume et de la principauté
de Neustrie, Paris, 1815, in-8° de 800
pages , y compris l'Epitre dédicatoire ,
tiré seulement à douze exemplaires en
grand papier vélin. Ce n'est qu'une in-
troduction, et l'auteur annonce que l'ou-
vrage entièrement composé a besqjn d'être
revu avantd'être livré au public. | Cahiers
de l'ordre de la noblesse des pays et du-
ché d'Mbret dans les sénéchaussées de
Casteljaloux , Caslelmoron , Nérac et
Tartas, en 1789, Paris, 1820, in-8'' de 46
pages.
BAUD (Pierre Le), aumônier de la
reine Anne de Bretagne, cl doyen de
Saint-Tugal de Laval, travailla kY Histoire
de Bretagne, et la reine Anne lui fit expé-
dier des lettres pour avoir communica-
tion des archives des chapitres et abbayes
du pays. Cetouvragene parut qu'en 1638,
in-fol., à Paris, par les soins de Pierre
d'Hozier ; il s'étend jusqu'à l'an 1458. Le
Père Lobinaux , qui a donné une bonne
histoire de Bretagne, loue beaucoup celle
de Le Baud ; d'autres disent que cet au-
teur n'est qu'un copiste servile, qui a ra-
massé sans discernement toutes les fables
qu'il a trouvées dans Geoffroy de Mont-
mouth .
* BAUDEAU ( Nicolas ) , économiste
du 18e siècle , chanoine régulier de Chan-
celade , et prieur de Sainl-Lô , né à Am-
boise, le 25 avril 1730. Il publia un
grand nombre d'ouvrages sur les finan-
ces , le commerce et. l'agriculture. Il fut
quelque temps attaché au dernier duc
d'Orléans, et il mourut vers 1792 dans la
démence la plus complète. Ses princi-
paux ouvrages sont : | Idées d'un citoyen
sur l'administration des finances du roi,
4763, 3 vol. in-8°; | Les Ephémerides du
citoyen ou Chronique de l'esprit national
et bibliothèque raisonnée des sciences, etc. ,
depuis 1765 jusqu'en mai 1769, avec le
marquis de Mirabeau, continuées depuis,
jusques et compris le mois de mars 1772,
par Dupont de Nemours, Paris, 1765 et
années suivantes , environ 40 vol. in-12 ;
] Avis au peuple sur son premier besoin,
ou petits lYaités économiques, Paris,
1768 , in-12; 2e édition, 1774; | Avis aux
honnêtes gens qui veulent bien faire,
Paris, 1768, in-12, et Toulouse, 1769, in-8°;
| Première introduction à la philosophie
économique, 1771 , in-8° ; | Nouvelles Ephé-
merides économiques, 1774-1776 , 19 vol.
in-12 ; | Principes économiques de Louis
XII et du cardinal d'Amboise, 1785,
in-8°. Il avait annoncé une nouvelle édi-
tion en 12 vol. in-8° des Economies roya-
les de Sirfly, avec des notes et remarques
de quelques économistes , mais il n'en a
paru que deux volumes.
BAUDÈLE ou BAUDILE ( saint), mar-
tyr célèbre , qu'on croit avoir souffert au
5e ou 4e siècle , mais dont on ne sait rien
de précis. Son nom se trouve dans les
plus anciens martyrologes, qui rendent
témoignage à sa foi et à sa constance dans
les tourmens. Grégoire de Tours dit que ,
de son temps, il s'opérait plusieurs mi-
racles au tombeau de saint Baudèle , qui
était à Nimes. Son corps n'y est plus de-
puis long-temps , et plusieurs églises pré-
tendent le posséder, sans qu'on puisse
déterminer au juste le lieu où il se garde
présentement. On croit qu'il y a une par-
tie de son chef à Paris , dans l'abbaye de
Sainte-Geneviève. Il y a en France et en
Espagne un ^rand nombre d'églises dé-
diées sous l'invocation de ce saint martyr.
Voyez les Acla sanctorum, Tillemont et
Baille t.
*BAUDELOCQUE (Jean-Louis), cé-
lèbre accoucheur, né en Picardie en 1746,
et mort en 1810, s'appliqua de bonneheure
à la chirurgie , à Tanatomie , et surtout à
la partie des accouchemens , et devint
chirurgien en chef de l'hospice de la Ma-
ternité, et professeur d'accouchemens de
l'école de médecine. Ses écrits, devenus
classiques dans cette partie, sont : | IVtrt-
cipes des accouchemens , Paris, 1775, 1787
et 1806, in-8°. | L'art des accouchemens
qui a eu plusieurs éditions , et un grand
nombre de Mémoires , insérés dans le re-
cueil de l'académie et les journaux de
médecine.
BAUDELOT DE DAIBVAL (Charles-
César ), né à Paris en 1648, fut reçu avo-
cat auparlement.il plaida quelque temps
avec succès. Un procès l'ayant obligé
d'aller à Dijon, il parcourut, dans ses
momens de relâche, les bibliothèques et
les cabinets des savans. Ce fut l'origine
du Traité de l'Utilité des voyages, 1727,
2 vol. in-12 , dans lequel il montre une
grande connaissance des monumens de
l'antiquité. 11 fut nommé . en 1705 , à une
BAS
120
BAS
place de l'académie des belles-leltres. On
a de lui plusieurs dissertations dans les
Mémoires de cette compagnie. Il mourut
en 1722. C'était un homme doux, modeste,
bienfaisant.
RAUDERON. Voyez SÉNEÇAI.
* BAUDET ( Etienne ) , graveur né à
Blois , en 1643, mort à Paris, en 1716, a
gravé différentes estampes , d'après les
Carraches , l'Albane , le Dominiquin ,
Bourdon , Piètre de Cortone , et autres ;
V Adoration du Veau d'or , et le Frappe-
ment du rocher * d'après le Poussin , sont
ses meilleurs ouvrages; en général, sa
gravure est dure , et ses hachures, tou-
jours carrées , ne présentent aucune va-
riété.
BAUDIER (Michel), Languedocien,
historiographe de France sous Louis XIII,
était une des plus fécondes plumes de son
siècle. Il laissa beaucoup d'ouvrages sans
ordre et sans goût, mais dans lesquels on
trouve des particularités qu'on cherche-
rait vainement ailleurs. Les principaux
sont : | Histoire générale de la religion
des Turcs, avec la vie de leur prophète
Mahomet et des quatre premiers califes,
le livre et la théologie de Mahomet., 1636,
in-8° : ouvrage traduit de l'arabe , copié
par ceux qui l'ont suivi, quoiqu'ils n'aient
pas daigné le citer ; | Histoire du cardinal
d'Amboise, Paris, 1631, in-8°. Sirmond,
de l'académie française , un des flatteurs
du cardinal de Richelieu, s'était proposé
d'élever ce ministre aux dépens de ceux
des siècles passés : il attaqua d'abord
d'Amboise et ne manqua pas de le mettre
au-dessous de Richelieu. Baudier, nulle-
ment courtisan , vengea sa mémoire , et
obscurcit l'ouvrage de son détracteur.
| Histoire du maréchal de Thoiras, 1644,
in-fol. , 1666> 2 vol. in-12, curieuse et né-
cessaire, quand on veut connaître à fond
les règnes de Louis XIII et de Louis XIV.
« Ceux qui aiment le style précis etagréa-
»ble, dit un critique équitable et judi-
» cieux, doivent bien se garder de lira ses
» ouvrages ; ceux qui savent démêler les
» traits d'érudition au milieu du verbiage
» et de l'ennui des dissertations, pourront
» y trouver de quoi étendre leurs connais-
» sances. »
♦BAUDIN (P.-Ch.-Louis), né à Sedan,
mort, dit-on , de joie en 1799 , en appre-
nant le retour de Napoléon de la campa-
gne d'Egypte , était maire de sa ville na-
tale en 1790. Membre de l'Assemblée lé-
gislative et de la Convention , il siégea
comme président dans cette dernière as-
semblée, vota pour l'appel au peuple lors
du procès de Louis XVI, et fit partie de la
commission des onze qui prépara la con-
stitution directoriale. On a de lui : | Anec-
dotes et réflexions générales sur la con-
stitution, Paris, an 3 (1794); | Eclaircis-
sement sur l'article 353 de la constitution
et la liberté de la presse , 1793, in-8°. Il
était membre de l'Institut, et un des col-
laborateurs du Journal des Savans.
* BAUDIN ( Nicolas ), capitaine de
vaisseau dans la marine française, né
clans File de Rhé vers le milieu du 18e siè-
cle, fut chargé en 1803 , par le gouverne-
ment directorial, de la reconnaissance des
côtes de laNouvelle-Hollande. Il avait déjà
reconnu la plus grande partie des cotes
nord-ouest , lorsqu'il fut attaqué d'une
maladie qui l'obligea de relâcher à l'île de
France, où il mourut eu septembre de la
même année.
BAUDIUS ( Dominique ) , professeur
d'éloquence à Leyde , mourut dans cette
ville en 1613; il était né à Lille en 1561 ,
et avait été reçu avocat à La Haye en 1587,
après avoir fait quelque séjour à Genève,
pour y professer avec plus de liberté le
calvinisme, que ses parens avaient em-
brassé. Il se distingua comme juriscon-
sulte et comme littérateur. Parmi les ou-
vrages latins en vers et en prose qu'il
laissa, on distingue ses poésies, et surtout
ses vers iambes, 1608, in-8°. Il y a du feu
et de la noblesse. Daniel Heinsius lui dit
dans une épitre :
Baudi, quem proprio genius donavit iambo.
On a encore de lui des Harangues et des
Epitres,Leydc, 1650, inr12, où il montre
beaucoup d'esprit et de vanité. L'amour
du plaisir et du vin ternit sa réputation.
BAUDORI (Joseph du), né à Vannes
en 1710 , d'une famille distinguée , entra
chez, les jésuites en 1724 , et mourut à
Paris en 1749. Il fut nommé, à l'âge de
31 ans , pour occuper la place du père Po-
rée , et il eut le mérite de la remplir. On
a de lui des œuvres diverses, dont la der-
nière édition est de Paris, 1772, in-12. On
trouve dans ce recueil quatre discours
latins et quatre plaidoyers français. Les
sujets des discours sont intéressans , les
divisions nettes et simples. Sa latinité,
quelquefois un peu dure, est en général
très bonne. On peut lui reprocher quel-
ques pointes, quelques jeux de mots, qui
gâtent presque toujours notre latinité mo-
derne et qui ont régné si long-temps dans
le collège de Louis le Grand; mais l'on
BAU
doit avouer qu'il en a moins que ses pré-
décesseurs. Ses plaidoyers sont aussi in-
génieux que bien choisis.
BAUDOT de JUILLI (Nicolas), né à
Vendôme, en 1678, d'un receveur des
tailles , s'établit à Sarlat , où il fut sUbdé-
légué de l'intendant. Les devoirs de son
emploi et les charmes de la littérature
remplirent le cours de sa vie. Il termina
sa longue carrière en 1759, à 81 ans. On
a de lui quelques ouvrages historiques ,
écrits avec art et méthode: | Histoire de
Catherine de France, reine d'Angleterre,
qu'il publia en 1696. L'auteur lui-même
estimait peu cet ouvrage, qui dans le fond
n'est qu'un roman, imaginé d'après quel-
ques événemens vrais. Ces productions
éphémères sont recherchées un jour ou
deux, pour tomber ensuite dans un oubli
d'où elles ne sortent plus ; | Germain de
Foix , nouvelle historique qui parut en
1701 ; | l'Histoire secrète du connétable de
Bourbon, imprimée en 1706 ; | Id Relation
historique et galante de l'invasion d'Es-
pagne par les Maures, imprimée en 1722,
h vol. in-12. Ces trois ouvrages sont du
même genre que le premier , et ne. sont
propres qu'à amuser des esprits frivoles.
Mais il y en a d'autres de lui plus solides,
comme : | Y Histoire de la conquête d'An-
gleterre par Guillaume, duc de Norman-
die, 1701, in-12; | Y Histoire de Philippe-
Auguste, 1702, 2 vol. in-12, et celle de
Charles VII, 1697 , 2 vol. in-12. L'ordre
en fait le principal mérite : l'auteur n'a-
vait consulté que les livres imprimés. On
a encore de lui : | Y Histoire des hommes
illustres , tirée de Brantôme; \Y Histoire
de la vie et du règne de Charles VI , en
9 vol. in-12 , 1753 ; | Y Histoire du règne de
Louis XI, 6 vol. in-12, 1756; \Y Histoire
des révolutions de Naples , h vol. in-12,
1757. Ces trois ouvrages ont paru sous le
nom de M1U de Lussan. Le style en est un
peu négligé, et il manque souvent de pré-
cision. Voyez LUSSAN (Marguerite).
BAUDOUIN 1er, comte de Flandres,
s 'étant croisé pour aller à la Terre-Sainte ,
fut élu empereur de Constanlinople, après
la prise de cette ville par les Français et
les Vénitiens réunis, en 1204. On ne pou-
vait faire un meilleur «hoix. Baudouin
était pieux, chaste, humain, prudent dans
ses entreprises , courageux dans l'exécu-
tion, et possédait tous les talens militaires.
Le nouvel empereur marcha vers Andri-
nople pour en faire le siège ; mais l'ayant
levé pour aller à la rencontre des Bulgares
qui venaient la secourir , il fut vaincu et
a.
m BAU
fait prisonnier ; Joannice , roi de ces bar-
bares , le fil mourir cruellement en 1206.
On lui coupa les bras et les jambes, et on
le jeta dans une fosse où il vécut encore
trois jours. Son cadavre fut abandonné
aux bêtes féroces cl aux oiseaux de proie :
une femme pieuse en recueillit les restes
et leur donna la sépulture. Nous suivons
ici le récit le plus probable, car les histo-
riens ne sont pas d'accord sur toutes ces
circonstances. Ils s'accordent plutôt à at-
tribuer la défaite des Latins aux excès, et
surtout aux sacrilèges commis à la prise
de Constantinople , où l'on n'épargna ni
les monastères ni les églises. Le molif de
sa cruelle mort , tel que l'auteur de l'his-
toire du Bas-Empire le rapporte, présente
un grand et rare exemple de vertu. « Bau-
» douin, dit-il , fut renfermé dans un ca-
»chot, mourant presque de faim, et
•n n'ayant d'autre consolation que les vi-
» sites de la reine , plus importunes à ce
«prince affligé, qu'une entière solitude.
•* Cette princesse, tartare de nation, mais
» adroite et artificieuse , avait obtenu
» de son mari, dont elle était trop aimée,
» la permission daller , sous prétexte de
» charité , porter quelque consolation au
» malheureux prince. Baudouin était
t> beau , et la reine portée à l'amour : elle
» devint passionnée pour son prisonnier ;
» et s'entrclenant avec lui, Vous pouvez ,
» lui dit-elle , sans rançon , délivrer deux
» captifs. Et qui sont-ils? dit Baudouin :
» Vous, répondit-elle , et moi que vous
» tirerez de, la servitude où je gémis sous
» la tyrannie d'un mari barbare. Si vous
» me prenez pour épouse , nous serons
» libres tous deux. Laissons à Joannice
» ce misérable empire de Constantinople,
» qui ne lient plus subsister, et retournez
» avec moi dans vos états. Je vous en
» procurerai les moyens. Baudouin frémit
» à cette déclaration tartare , et veut lui
» faire entendre qu'un pareil mariage se-
» rait un adultère criminel. Elle sort fu-
» rieuse , le menaçant de la mort ; elle
» revient le lendemain , et redouble ses
» menaces. Baudouin ne lui rend que des
» remontrances. Désespérée, elle va trou-
» ver Joannice ; elle accuse Baudouin du
» crime dont elle était coupable. Joannice,
» naturellementcruel, devenu encore plus
» féroce par la jalousie , invite ses courli-
» sans à un festin ; il y fait amener Bau-
» douin et le livre à leurs insultes, etc. »
BAUDOUIN II, dernier empereur latin
de Constanlinople, de la maison de Cour-
tenay , fut élu en 1228. Assiégé par l'em-
li
BAU
122
BAU
pereur Paléo'îogue dans sa ville impériale,
il l'abandonna à son concurrent , et s'en-
fuit en Occident. Il céda ses droits à Charles
d'Anjou , et aux rois de Sicile, ses succes-
seurs. Il mourut en 1275. Il avait de l'es-
prit et de la valeur, mais il manquait de
la vigilance et de l'activité nécessaires
dans les circonstances difficiles où il se
trouvait.
BAUDOUIN I, roi de Jérusalem, suivit
Godefroy de Bouillon , son frère, dans la
Palestine , où il posséda la principauté
d'Edesse. Il fut mis sur le trône après son
frère , l'an 1100. Il prit la ville d'Acre ,
l'an 1104 , après un siège de vingt mois;
mais il fut lui-même assiégé peu après
dans Bama, qui fut emportée, et il eut
bien de la peine à s'échapper. Il mourut
l'an 1118.
* BAUDOUIN II , cousin et successeur
du précédent au comté d'Edesse , et en-
suite au royaume de Jérusalem. Il avait
partagé les travaux de la première croi-
sade; au dernier assaut de Jérusalem , il
fut un des premiers qui, avec Godefroi de
Bouillon , se jetèrent dans la ville. Il s'é-
tait fait chérir de ses compagnons par son
courage et sa piété désintéressée. Dès le
commencement de son règne, il fut obligé
d'aller au secours d'Antioche, menacée
par les Turcs. Il les battit en plusieurs
rencontres , et revint triomphant dans sa
capitale, où il apprit que Josselin de
Courtenai, comte d'Edesse, avait été fait
prisonnier par les infidèles ; aussitôt il
assembla une armée et se remit en cam-
pagne. Après avoir passé le Jourdain , il
rencontra les ennemis ; ayant voulu re-
connaître lui-même le camp des infidèles,
il se trouva tout à coup enveloppé , et
éprouva le même sort que le prince d'E-
desse qu'il allait secourir. La captivité de
Baudouin plongea le royaume de Jérusa-
lem dans la consternation. Les chrétiens,
privés de leurs chefs , eurent à la fois à
combattre les Turcs de la Syrie et les Sar-
rasins d'Egypte. Cependant, aidés parles
Vénitiens arrivés de l'Occident , ils s'em-
parèrent de Tyr, et repoussèrent leurs
ennemis. D'un autre côté, Josselin de
Courtenai parvint à s'échapper de sa pri-
son, rassembla des troupes , battit les in-
fidèles, et fit rendre la liberté à Baudouin.
Bevenu dans ses états, celui-ci eat bientôt
de nouvelles guerres à soutenir avec les
émirs de la Syrie, qu'il battit souvent
sans pouvoir les détruire. Après un règne
de douze ans, il laissa, en 1131, son royau-
me à Foulques, comte d'Anjou , qui avait
épousé Métissante , sa fille aînée : il fut
vivement regretté des chrétiens. Ce fut
sous le règne de Baudouin II que les or-
dres militaires de Sl.-Jean et du Temple
furent approuvés par le pape, et com-
mencèrent à jeter un grand éclat.
* BAUDOUIN III succéda, en 1142, à
Foulques, roi de Jérusalem, son père-
Sous le règne de ce prince , les chrétiens
d'Orient perdirent la principauté d'E-
desse , qui fut envahie par Zenghi , sultan
d'Alep. La nouvelle de ce revers jeta la
consternation parmi les chrétiens d'Occi-
dent, et réveilla en Europe l'ardeur des
croisades. Louis VII, roi de France, Con-
rad III , empereur d'Allemagne , prirent
la croix ; les peuples obéirent à la voix de
saint Bernard, et se précipitèrent une se-
conde fois sur l'Asie. L'arméo des Alle-
mands périt presque tout entière dans
l'Asie mineure , où elle fut trahie, dit-on,
par les Grecs , et surprise par les Turcs.
L'armée desFrançais, après avoir éprouvé
plusieurs échecs , et remporté plusieurs
avantages sur les Sarrasins qui s'oppo-
saient à sa marche , arriva à Jérusalem ,
où Louis VII et Conrad furent reçus avec
de grandes démonstrations de joie et de
respect. Baudouin accompagna les deux
monarques au siège de Damas. Les croisés
lassés , soit de la résistance opiniâtre des
étrangers, soit des trahisons continuelles
dont ils étaient les victimes, partirent
pour l'Europe, et laissèrent Baudouin aux
prises avec des ennemis formidables. Ce-
pendant il ne se laissa point abattre, et,
après une guerre mêlée de succès et de
revers, il s'empara d'Ascalon qui avait
résisté aux efforts de ses prédécesseurs.
Il mourut empoisonné, le 23 février 1165,
à l'âge de trente-trois ans , après vingt ans
de règne sans laisser d'enfans. Après de
longs débats , Amaury fut reconnu pour
successeur de Baudouin III.
* BAUDOUIN IV, fils d' Amaury, suc-
céda à son père en 1174. Baymond III,
comte de Tripoli , fut nommé régent du
royaume de Jérusalem pendant la mino-
rité du jeune Baudouin. La guerre civile
se ralluma bientôt dans ses états , tandis
que Saladin ayant quitté l'Egypte, s'a-
vançait vers la Palestine , à la tête d'une
armée formidable. Baudouin, devenu ma-
jeur, marcha à sa rencontre, le battit près
d'Ascalon, et le força de se retirer sur les
bords du Nil. Saladin recommença bientôt
la guerre , et défit l'armée chrétienne ,
près du Jourdain , dans un lieu appelé
Gué de Jacob. Mais, contraint par la fa-
BAU
t%%
BAU
mine qtù assiégeait son armée, il accorda
à Baudouin une trêve qu'il lui fit payer au
poids de l'or , et qu'il viola bientôt. Bau-
douin donna le commandement de ses
troupes à Guy de Lusignan son beau-frère
qui fut battu. Le prince chrétien obtint une
nouvelle trêve; mais elle lui fut inutile.
Il mourut dans cette triste conjoncture ,
en 1186, laissant son royaume déchiré par
les factions et menacé par les Sarrasins.
Baudouin V, fils de Sibylfe , sa sœur , et
du marquis de Monlferrat, qu'il avait dé-
signé pour lui succéder , mourut au bout
de sept mois. Un an après , Soliman se
rendit maître de Jérusalem.
BAUDOUIN (Benoit), théologien d'A-
miens où il était né, se fit un nom parmi
les érudits par son traité De la chaussure
des anciens, publié en 1615 , in-8°, sous
le titre de calceus antiquus et mysticus.
Cet ouvrage fit faussement imaginer qu'il
était fils d'un cordonnier , qu'il l'avait été
lui-même , et qu'il voulait faire honneur
à son premier métier. Il mourut à Troyes,
en 1652.
BAUDOUIN (François), naquit à Ar-
ras, l'an 1520. Il fut professeur de droit à
Bourges, à Angers, à Paris, à Strasbourg,
à Heidclberg. Antoine de Bourbon, roi de
Navarre, qui lui avait confié l'éducation
d'un de ses fils naturels, l'envoya au con-
cile de Trente , pour être son orateur.
Henri III le fit conseiller d'état. Il mourut
bon catholique, le 24 octobre 1573. Le
P. Maldonat, jésuite , l'assista à la mort.
Baudouin avait été assez lié avec Calvin,
et quelques-uns de ses écrits se ressentent
de celte liaison; mais la lecture de Geor-
ges Cassander le dégoûta de la nouvelle
secte. Il était versé dans les belles-lettres,
dans la jurisprudence , qu'il a , l'un des
premiers , traitée avec noblesse , et dans
l'histoire ecclésiastique ; il est l'éditeur de
deux excellons ouvrages : S. Optali libri
de schismate donati star unifie. ; Fictoris
Uticensis de persecutione vandalica ,
Paris, 1569. Il y démontre, dans une pré-
face très estimée, la conformité du schisme
des calvinistes avec celui des donalistes.
Les notes de Baudouin sur saint Optât
ont passé , avec celles du savant Gabriel
de l'Aubespine, dans l'édition des œuvres
de ce Père , publiée par Charles Paulin ,
jésuite, Paris, 1651, in-fol. Joseph de
Buininek, conseiller de l'électeur palatin,
a publié la préface de Baudouin , retou-
chée et augmentée, Dusseldorf, 1763.
BAUDOUIN ou BAUDOIN ( Jean ), na-
quit à Pradelle en Yivarais. Il fut lec-
teur de la reine Marguerite , et eut une
place à l'académie française. On a de lui
de mauvaises versions de Tacite, de Sué-
tone, de Lucien, de Salluste, de Dion Cas-
sius, du Tasse, de Bacon, de Davila, et de
beaucoup d'autres auteurs. Ces versions
ne lui coûtaient guère. Lorsqu'il était pres-
sé, il ne faisait que retoucher celles qu'on
avait faites avant lui, sans se donner la
peine de recourir à l'original. Il écrivit
aussi une Histoire de Malte, 1659 , 2 vol.
in-fol. et publia quelques romans. Tous
ses ouvrages furent dictés par la faim, et
sont par conséquent très peu estimables.
Le seul qui ne soit pas entièrement dé-
daigné, est son Recueil d'emblèmes, avec
des discours moraux qui servent d'expli-
cation, Paris, 1638 , 3 vol. in-8°, ornés de
figures gravées par Briot. On recherche
aussi son Iconologie, Paris , 1636, in-fol..
et 1645, in-4°. Il mourut à Paris en 1650,
à 66 ans.
BAUDOUIN. Voyez BALDUIN f Mar-
tin ).
BAUDRAND (Michel- Antoine), prieur
de Rouvres et de Neuf-Marché , naquit à
Paris, en 1653, et y mourut en 1700. Le
P. Briet, professeur de rhétorique au col-
lège de Clermont , sous lequel il étudia,
lui ayant fait corriger lss épreuves de sa
Géographie ancienne et nouvelle . le dis-
ciple prit le goût du maître. On lui doit
l'édition du Dictionnaire géographique*
en 9 vol. in-fol. par le P. Philippe Fer-
rari, imprimé d'abord en latin, 1682, et
en français, 1705. Guillaume Sanson, un
des premiers géographes de France , re-
procha bien des méprises à l'abbé Bau-
drand, dans une critique qu'il fit de lapre-
mière édition. Ces fautes ne disparurent
point à la seconde, et on n'estime guère
ni l'une ni l'autre. Le Dictionnaire géo-
graphique de Maty, 1712, in-4°, a été
puisé en partie dans celui de l'abbé Bau-
drand, mais il est beaucoup plus exact.
* BAUDRAND (Barthélémy ), jésuite,
né à Vienne en Dauphiné, mort le 3 juillet
1787. Après avoir vu la suppression de son
ordre, dans lequel il était entré fort jeune,
il se retira à Lyon, où il composa un grand
nombre d'ouvrages estimés des ecclésias-
tiques et des personnes pieuses : on ne
saurait trop en conseiller la lecture. L'au-
teur n'y mit point son nom. Ces ouvrages
sont : | Histoires édifiantes et curieuses,
tirées des meilleurs auteurs, in-12; | l'aime
contemplant les grandeurs de Dieu, avec
Y Ame se préparant à l'éternité, in-12 ;
I Y Ame élevée à Dieu par les réflexions
BAU
124
BAXJ
et les senlimens, pour chaque jour du
mois, en 1 et 2 vol. in-12; | XAme éclairée
par les oracles de la sagesse clans l?s pa-
raboles et béatitudes évangéliques, in- 12 ;
j Y Ame affermie dans la foi, ou Preuves
abrégées de la religion, à la portée de
tous les esprits et de tous les états, in-12;
| Y Ame intérieure, ou Conduite spirituelle
dans les voies de Dieu, in-12; | Y Ame sur
le Calvaire, considérant les souffrances
de Jésus-Christ et trouvant au pied de la
croix la consolation dans ses peines, in-
12 ; | Y Ame embrasée de l'amour de Dieu
par son union aux sacrés cœurs de Jésus
et de Marie, suivie de la neuvaine , in-12;
| Y Ame fidèle animée de l'esprit de Jésus-
Christ, in-12; | Y Ame sanctifiée, ou la Re-
ligion pratiquée par la perfection de
toutes les actions de la vie, in-12 ; | Y Ame
religieuse élevée à la perfection par les
exercices de la vie intérieure, in-12 ; | Y Ame
pénitente, ou le nouveau Pensez-y bien,
in-24; | Gémissemens d'une âme pénitente,
in-12; | Réflexions, sentimens et pratiques
de piété, sur les sujets les plus intéres-
sans de la morale chrétienne , in-12. La
première édition complète de cette collec-
tion , en caractères et format uniformes ,
16 vol. in-12 et in-18, a paru à Besançon
en 1829.
BAUDRI, chantre de l'église de Térouane
dans le 11e siècle , né à Cambrai , vivait
encore en 109a. Il avait été secrétaire sous
plusieurs évêques de Cambrai, et passait
pour un homme érudit : ce qui nous
reste de ses éerils justifie cette réputa-
tion. On a de lui | une Vie de saint
Gaucher ou saint Gery, évêque de Cam-
brai. On la trouve dans les Acta Sancto-
rum du mois d'août. | Une Chronique de
l'église de Cambrai estimée. Elle a été
publiée par Couventer, docteur en théo-
logie de Douai, f61o. On l'a souvent con-
fondu avec BAUDRY, savant ei pieux
évêque de Noyon et de Tournai, deux
évêchés long-temps unis, mais qui furent
séparés après sa mort, à l'occasion de l'in-
terdit qu'il avait jeté sur celui de Tour-
nai. Le chapitre cathédral de celte ville
envoya des députés à Rome pour obtenir
Tin évêque particulier, ce que le pape
Pascal II accorda; mais Baudry mourut
avant le retour des députés. On a de ce
prélat quatre Lettres dans le 5e tome des
Miscellanea de Baluze, et plusieurs char-
tres en faveur des églises et des monas-
tères dont il fut le bienfaiteur.
BAUDRY. Voyez BALDERIC.
B AUDRICOURT ( Jean de ), maréchal
de France, gouverneur de Bourgogne, se
signala à la bataille de Saint- Aubin-de-
Cormier, en 1488, et aida Charles VIII à
conquérir le royaume de Naples, en 1495.
Il mourut quelques années après. — Son
père Robert de BAUDRICOURT avait
servi avec distinction : c'est lui qui en-
voya la Pucelle d'Orléans à Charles VII.
* BAUDUEU (Arnaud-Gilles), né à
Peyrusse-Mâssas, diocèse d'Auch, au mois
de mars 1744. Après avoir fait ses études
avec éclat, il fut directeur du séminaire
d'Auch, où il occupa la chaire de théolo-
gie. On le nomma ensuite curé dans sa
ville natale. Ce pieux ecclésiastique mou-
rut au mois de mars 1787 , à l'âge de 43
ans. On a de lui : | Une nouvelle version
des Psaumes de David, en français, faite
sur le texte hébreu; il y a joint celui de
la Vulgate et la traduction de Sacy, Paris,
1785, 2 vol. in-12. j La version de l'Ec-
clésiaste sur le même texte, avec des ré-
flexions morales et chrétiennes. | Un traité
sur la question de savoir si l'Eglise pour-
rait aujourd'hui, sans inconvénient, faire
l'office divin en langue vulgaire; | Un
plan raisonné d'une collection desmoniv-
mens ecclésiastiques, rédigé selon l'ordre
du temps, où l'on se propose de montrer,
1° quel a été l'enseignement de l'Eglise
depuis les temps apostoliques jusqu'au
concile de Constance; 2° quelle a été la
discipline ecclésiastique et quelles ont été
les mœurs des temps jusqu'à cette épo-
que.
* BAUDUIîV ( Dominique ) , prêtre de
l'Oratoire, né à Liégele 14 novembre 1742,
et mort en 1809, fut pendant long-temps
professeur d'histoire à Maestricht. Il a
publié : | des Considérations surlesguer-
res de commerce, in-8"; | Essai sur l'im-
mortalité de l'âme, Dijon, 1781, in-12;
réimprimé en 1805 sous ce titre De Vim-
mortalité de l'homme, ou Essai sur l'ex-
cellence de sa nature; \ La religion chré-
tienne justifiée au tribunal de la raison
et de la philosophie , Liège, 1788 et 1797 ;
| Discours sur l'importance du ministère
pastoral, in-8°.
* BAUDUS ( Hugues- Josepu-Guil-
laume ), l'une des victimes de la révolu-
tion, lieutenant particulier du sénéchal
de Cahors, né dans cette ville en 1725,
d'une famille distinguée autant par ses
vertus que par sa naissance, soutint et
continua la réputation de sa famille dans
la charge de sénéchal qu'il remplit avec
l'intégrité, la prudence et le désintéresse-
ment d'un magistrat éclairé. Il fut chargé
BAU i25
en outre de la surveillance des cinq pri-
sons de Cahors, place qu'il remplit en
bomme éminemment chrétien. Dénoncé
aux ennemis de l'autel cl du trône, il fut
traduit au tribunal révolutionnaire le 15
juin 1794. La principale accusation por-
tée contre lui était d'avoir mis à la fin
d'une lettre : Priez pour le roi , attendu
qu'il court un grand danger. Un de ses
parens qui siégeait dans la Convention ,
malgré la diversité d'opinion qui régnait
entre eux , fit ses efforts pour le sauver ;
mais il aurait fallu que Baudus déclarât
que la lettre n'était pas de lui; il ne vou-
lut jamais y consentir , et il reconnut
qu'elle était de son- écriture. En vain ce
parent voulut-il faire entendre que la
frayeur avait dérangé sa tête. Plût à Dieu J
répliqua-t-il vivement, que vous l'eus-
siez aussi tranquille que moi ! Ainsi ce
digne magistrat, martyr de la vérité, de
la foi et de la royauté, fut condamné à
mort, et exécuté le 4 juillet 1794.
* BAUER (Charles-Louis ), recteur à
Hirschberg , en Silésio , né à Leipsick, le
18 juillet 1750 , se forma sous le célèbre
Ernesti, dont il fut un des meilleurs élè-
ves. Il commença, en 1753 , à donner des
leçons sur les classiques anciens, et fut
appelé, en 1799, à Hirschberg, où il mou-
rut en 1799. L'étude approfondie qu'il
avait faite des langues anciennes, lui avait
fait négliger sa propre langue ; il écrivait
mieux en latin qu'en allemand. Il a for-
mé plusieurs des bons philologues de
l'Allemagne. On a de lui : | Glossarium
Theodoreteum , dans le 5e volume de l'é-
dition de Théodoret, donnée par M.
Schulze, Halle, 1769-74, in-8°; | Excer fi-
la Liviana, éd. nouv., 1801,, in-8°; | Dic-
tionnaire allemand-latin; la 5e édition
est de 1805 , iu-8°. C'est un ouvrage esti-
mé. | Magasin d'exercices pour appren-
dre à écrire en latin, 1787-92 , in-8°, et
un grand nombre de Dissertations. II a
continué l'édition de Thucydide, com-
mencée par Golleber.
* BAUER ( Jeax-Godefroi ). juriscon-
sulte , né à Leipsick, le i!0 février 1695 ,
mort le 2 mars 1763. On a de lui un grand
nombre de Dissertalionsinléressantessur
des questions d'hisloir;: et de droit; entre
autres : De indole et naltirà investiturœ
feudalis , Leipsick , 1746 , in-4° ; j De du-
cibus et comitibus Germaniœ stib Mero-
vingis et Carlovingis , ibid. 1747, in-4°;
| De plebeiis quà ratione feuda equeslria
comparare possint, ibid. 1748; in-4°, etc
BATT
ancienne et illustre famille de Bourgo-
gne dont les principaux membres sont :
NICOLAS, baron de Scnescey, fut fait
grand prévôt de France sous Charles IX:
il s'arma contre les protestans à la journée
de la Saint-Barthélémy, etlivra au peuple
Laplace, premier président delà cour des
aides, qu'il avait fait sortir de chez lui,
sous prétexte que le roi l'appelait et l'a-
vait excepté de la proscription. 11 combat-
tit à Jarnac et à Mon (contour, fut blessé
dans ces deux batailles, et assista aux étals
de Blois ( 1570, ) , où il harangua Henri
III au nom de la noblesse; son discours
fut remarquable par sa tolérance. Nico-
las est connu aussi comme savant : de
Thou vante sa science. On a de lui une
traduction du Traité de la Providence .
de Salvien. Lyon, 1575, in-8° ; Harangue
pour la noblesse 3 1561; Proposition pour
toute lano/'lesse de France, 1577 '. Il mou-
rut au château de Scnescey, le 20 février
1582. — CLAUDE son fils , gouverneur
d'Auxonne, fut député de la noblesse aux
états de Blois, en 1588 : sa conduite etses
discours y furent conformes à la sagesse.
Comme son père, il était partisan de la
ligue. — HENRI, fils de Claude,, présida
la noblesse aux états généraux de 1614 :
il demanda l'abolition de la vénalité des
charges, s'opposa à la publication du cojï-
cile de Trente; il fut aussi gouverneur
d'Auxonne. Il avait été envoyé en ambas-
sade en Espagne en 1617 et 1618. Il mou-
rut à Lyon, le 22 octobre 1622. Son éloge
a été fait par le Père Durosier, minime ,
sous le titre de l'immortalité du Phénix,
tirée de là glorieuse fin de mess-ire Henri
de Bauffremonl , Lyon , 1624 , in-8°. —
CLAUDE-CIIARLES-ROGER, frère du
précédent, fut évéque de Troyes pendant
21 ans : il succédait à Antoine Caiaccioli,
qui se fil protestant, en 1562 : il mourut à
l'âge de 64 ans, â Scey-sur-Saône en Fran-
che-Comté. — CLAUDE-PAUL prit les
armes, et fit plusieurs assemblées de no-
blesse et de gens de guerre dans la pro-
vince , sous prétexte de vexation. Lu
chambre de justice de Besançon le pour-
suivit, et il se retira en France , d'où il
revint à l'époque de la seconde conquête
de la Franche-Comté en 1674.
BAUGÉ ( Etienne de ) , dit d'Aulun,
parce qu'il fut fait évéque de cette vilie
ea li 13, renonça dans un âge avancé à
son évèché, pour se faire religieux dans
l'abbaye deCluny, où il mourut sainte-
ment entre les bras de Pierre le Véné) a-
* B YUFFREMONT ( de ) , nom d'une | ble, abbé de ce monastère. Il s'est fait con-
BAU
naître bien avantageusement par un
Traité sur les ordres ecclésiastiques, les
cérémonies de la messe et la réalité du
Saint-Sacrement, qui se trouve dans la
Bibliothèque des Pères. Jean-Monteléon,
chantre d'Autun, le publia l'an 1517, sous
ce titre : Tractatus de sacramento alta-
ris3 et Us quee ad illud, variosque eccle-
sice ministros pertinent.
* BAUGIER ( Ed.he ), seigneur deBreu-
vry, doyen du présidial de Chàlons-sur-
Marne, Eté vers l'an 1680, est connu par
un ouvrage estimé , intitulé : Mémoires
historiques de la province de Champa-
gne,Châlons, 1721, 2 vol. in-8°. Ces mé-
moires , calqués sur ceux que M. Larcher,
intendant de Champagne, avait dressés
en 1608, sont inléressans et ce qu'il y a
eu de mieux jusqu'ici sur l'ancienne pro-
vince de Champagne. Baugier avait en-
core fait une Histoire particulière de la
ville de Châlons, qu'il se proposait de
donner au public. On ignore ce qu'elle est
devenue, ainsi que l'époque delà mort de
l'auteur. Feut-être était-il fils d'Edme
Baugier, médecin et conseiller au prési-
dial de Châlons, dont on a un mauvais
Traité sur les eaux minérales d'Altan-
court, etc. Châlons, 169C , in-8°.
BAUHIN ( Jean ), originaire d'Amiens,
exerça la médecine à Bâle sa patrie, avec
réputation. Le duc de Wirtemberg-Mont-
béliard le nomma, en 1570 , son méde-
cin. Il mourut à Montbéliard, en 1613, à
75 ans. On a de lui divers ouvrages de
médecine et de botanique. Le plus connu
est son Historia planlarum unwersalis,
réimprimée en 1650, in-fol. à Embrun,
avec différentes additions. Chabrée en a
publié un abrégé sous le titre de Sciagra-
2)hia qui réunit toutes les figures en un
seul volume recherché, parce qu'il donne
tout ce qu'il y a d'important sur la no-
menclature et le nombre des espèces qui
sont dans l'ouvrage original. Son père
Jean BAUHIN s'était retiré àBàl"e, pour y
professer plus librement le calvinisme.
BAUHIN ( Gaspaud ), frère du précé-
dent, né en 1560, fut premier médecin du
duc de Wirtemberg. Il professa la méde-
cine et la botanique à Bâle où il mourut,
en 162/*, âgé de 65 ans. Celait un homme
savant, mais vain et présomptueux. On
a de lui : | Inslilutiones anato?nicœ,Bà.le,
1604, in-8"; | Theatrum botanicum, Bâle,
1663, in-fol. | Traité des hermaphrodites,
enlalin, 161/t, in-8°, peu commun: \Pinax
ihealri bolanici, Francfort , 1671 , in-4°;
J et d'autres ouvrages en latin , justement
126 BAU
estimés de leur temps et qui méritent
encore de l'être aujourd'hui. On l'appelle
dans son épitaphe , le Phénix de son
siècle, pour l'analomie et la botanique.
Gaspard laissa un fils nommé Jean-Gas-
pard , qui marcha sur ses traces ; il pro-
fessa à Bâle , fut consulté d'une partie de
l'Europe, et publia le premier volume du
Theatrum botanicum de son père.
BAULDRI ( Paul ) , professeur d'his-
toire sacrée à Utrecht, né à Rouen l'an
1639, était gendre de Henri Basnage, père
du célèbre Jacques Basnage. Il a donné
au public : | une édition du traité de Lac-
tance : De morte persecutorum , avec des
notes savantes, Utrecht, 1692. Il y justifie
plus d'une fois Laclance contre les vaines
critiques de Jacques Tollius; il admet
l'arrivée de saint Pierre à Rome, attes-
tée ici par Lactance, et contestée si
peu judicieusement par la plupart des
protestans. Tout ce que renferme l'édi-
tion de Bauldri a passé dans le 2S volume
de celle que Langlet du Fresnoy a don-
née à Paris en 17/»8, 2 vol. in-4°. | Une
nouvelle édition d'un petit ouvrage de
Furetière, intitulé : Histoire des derniers
troubles arrivés au royaume d'éloquence*
Utrecht, 1703 , in-12; | Syntagma kalen-
dariorum, etc., Utrecht, 1706, in-folio :
tout ce qui concerne les différens calen-
driers est ici rédigé en tables , par les-
quelles on trouve facilement à quels
jours sont arrivés les événemens dont il
est parlé dans l'histoire; | plusieurs dis-
sertations répandues dans différens jour-
naux. Il mourut en 1706.
* BAULME ( Jea\ de la ), ST.-AMOUR,
seigneur de Martorey, né en Franche-
Comté, en 1559, doit être mis au nombre
des enfans célèbres. Il apprit le grec et le
latin, de Gilbert Cousin, qui lui fit faire
de grands progrès dans ces deux langues.
Il s'appliqua aussi à la poésie latine , et,
en 1551, il fit imprimer ses premiers es-
sais en ce genre, sous le titre suivant :
| Primitiœ quœdam generosissimi ae verâ
nobilitate prœslanlissimi adolesc. Joan-
nis à Bal ma , œtatis suœ duodecimo. En
1553, il publia un petit vol. in-8° intitulé :
[ Miscellanèes; | un Dialogue en vers fran-
çais , sur le trépas de dame Antoine de
Monlmarlin, et quelques autres petites
pièces. M. Grappin ( Histoire abrégée dit
comté de Bourg. ), lui attribue un autre
ouvrage intitulé : Epicedia , imprimé en
1559. Suivant Duverdier, il avait traduit
en français Y Histoire naturelle de Solin,
et la Vie de l'empereur Charles-Quint,
BAU
écrite en italien , par Louis Dolce. Ces
deux derniers ouvrages n'ont point été
imprimés. On ignore l'époque de sa mort;
mais il est certain qu'il mourut jeune,
puisqu'il ne vivait plus en 1579.
BAULOT ouBAULIEU (Jacques ou
frère Jacques ), célèbre lithotomiste, na-
quit en 1651 à TEtendonnc, hameau de la
paroisse deBeaufort,aubailliage de Lons-
le-Saunier en Franche-Comté , de parens
fort pauvres. Illes quitta de bonne heure,
pour prendre parti dans un régiment de
cavalerie. Il servit quelques années , et
lit connaissance avec un certain Pauloni ,
chirurgien empirique, très connu pour
tailler les malades attaqués de la pierre.
Après avoir pris cinq ou six années des
leçons sous ce charlatan , il se rendit en
Provence. Ce fut là qu'il commença à por-
ter une espèce d'habit monacal, qui ne
ressemblait à aucun vêtement religieux ;
et il ne fut plus connu depuis, que sous le
nom de frère Jacques. De Provence il
passa en Languedoc, ensuite dans le Rous-
sillon, et de là dans les différentes pro-
vinces de la France. Enfin il se rendit à
Paris, qu'il quitta bientôt pour continuer
ses courses. Il parut à Genève, à Aix-la-
Chapelle, à Amsterdam, et opéra partout.
Ses succès furent assez variés ; non seule-
ment sa méthode n'était pas uniforme,
mais l'anatomie était inconnue à cet in-
ciseur téméraire. Il ne voulait prendre
aucun soin des malades après l'opération,
disant : J'ai tiré la pierre _, Dieu guérira
la plaie. L'expérience lui ayant appris
depuis que les pansemens et le régime
étaient nécessaires, ses traitemens furent
constamment plus heureux. A peine frère
Jacques avait quitté la Hollande , que sa
méthode passa en Angleterre, et fut adop-
tée par Cheselden, qui la porta à sa der-
nière perfection : de là vient qu'elle fut
appelée Y Opération anglaise, quoiqu'elle
appartienne incontestablement aux Fran-
çais. En reconnaissance des cures nom-
breuses que cet opérateur avait faites à
Amsterdam, les magistrats de la ville
firent graver son portrait, et frapper une
médaille, sur la face de laquelle était son
buste. Enfin, après avoir paru à la cour de
Vienne et à celle de Rome, il choisit une
retraite auprès de Besançon, pour ne plus
s'occuper que de la religion , et des véri-
tés saintes dont il avait toujours été pé-
nétré. Il y mourut le 7 décembre 1714,
dans les sentimens d'un homme de bien,
dont la vie avait été consacrée au soula-
gement de l'humanité. L'histoire de cet
427 BAU
hermite a été écrite par M. Vacher, chi-
rurgien-major des armées du roi, et im-
primée à Besançon en 1756, in-12.
" BAUMCHEN, sculpteur allemand,
qui vivant dans l'opulence chez l'étranger,
préféra la pauvreté dans son pays. Né à
Dusscldorf , il était allé en Russie, où ses
talens furent employés par l'empereur
Paul I , qui reconnut en lui un artiste dis-
tingué : Baumchen fit des statues qui em-
bellissent encore les palais du czar ; et
amassa des richesses. Mais à la vue de
son compatriote le P. Mayer, jésuite et as-
tronome, l'amour de la patrie se réveilla
dans l'âme de Baumchen , qui vint à Man-
heim , d'où sa famille était originaire : il
y obtint une modique place , qui put à
peine suffire à son existence : plus tard ,
il fut obligé de faire des cadres pour des
tableaux; il mourut en juillet 1789.
BAUME (Pierre de la) , évèque de Ge-
nève en 1523, se vit chassé de son siège
par les calvinistes en 1535. Cet évèché fut
transféré à Annecy par Paul III , qui
nomma la Baume cardinal et ensuite
archevêque de Besançon : il mourut en
1544.
BAUME (Claude de la) , neveu et suc-
cesseur du précédent dans l'archevêché
de Besançon , préserva son troupeau des
erreurs de Calvin. Grégoire XIII le fit
cardinal en 1578. Il mourut à Arbois en
1584. Les gens de lettres perdirent en lui
un zélé protecteur.
BAUME (Nicolas -Auguste de la),
marquis de Montrevel , maréchal de Fran-
ce en 1703, était de la famille des deux
précédens. Il fut envoyé contre les Cami-
sards , qu'il battit en plusieurs occasions ,
sans pouvoir les réduire. 11 mourut à Pa-
ris, en 1716. Celte maison , une des plus
illustres du royaume , est originaire de
Bresse. Elle a produit plusieurs hommes
illustres.
BAUME ( Jacques-Fraxçois de la), cha-
noine de la collégiale de Saint-Agricole
d'Avignon , naquit à Carpentras dans le
Comtat-vcnaissin, en 1704. Son goût décidé
pour les belles-lettres l'entraîna à Paris.
Après y avoir fait quelque séjour, il lit
paraître une petite brochure intitulée :
Eloge de la paix J dédié à l'académie fran-
çaise. C'est l'ouvrage d'un plat rhéteur. Il
a la forme de sermon, d'ode et d'épopée ,
et n'a le mérite d'aucun de ces genres.
Son peu de succès n'empêcha point cet
écrivain de méditer un ouvrage de plus
longue haleine. Il porta jusque dans sa
province l'idée de son dessein, et c'est ls
BAU
128
BAU
qu'il l'acheva. La Christiade, dont nous
voulons parler, occasiona à son auteur
un second voyage à Paris. Il y retourna,
pour faire imprimer ce poème en prose ,
en 6 vol. in-12, 1755. L'ouvrage, bien
exécuté quant à la partie typographique ,
est écrit d'un style pompeux et figuré ,
qui , loin d'échauffer le lecteur, le refroi-
dit. Il y a d'ailleurs de très grandes indé-
cences , et l'Ecrituro sainte y est étrange-
ment travestie : on y voit Jésus-Christ
lente par la Madeleine. Cette bizarre pro-
duction fut flétrie par arrêt du parlement
de Paris , et l'auteur condamné à une
amende. Il mourut peu de temps après ,
en 1756, dans cette même ville. Il a fait
quelques autres opuscules , comme les
Saturnales françaises , 1756 , 2 vol. in-12,
et il a travaillé pendant plus de dix ans au
Courrier d'Avignon.
BAUME. Voyez VALLIÈRE.
* BAUME (Antoine-Gilbert GRIFFET
de la). Voyez GRIFFET.
* BAUME (Antoine) , célèbre pharma-
cien de Paris, et professeur de chimie ,
de l'académie des sciences , était fils d'un
aubergiste et naquit à Senlis en 1728. Les
arts lui doivent plusieurs découvertes uti-
les, lia rédigé des mémoires très intéres-
sans sur la cristallisation des sels, sur les
phénomènes de la congélation, sur ceux
de la fermentation , sur les combinaisons
et les préparations du soufre , de l'opium ,
du mercure , de l'acide boracique , du pla-
tine et duquinquina ; il a publié des recher-
ches sur les oxides métalliques , les acéta-
tes alkalins , l'émétique , les fécules et
les extraits. Baume écrivît aussi dans le
Dictionnaire des arts et métiers plus de
428 articles. Déjà on lui devait une mé-
thode pour teindre les draps de deux cou-
leurs , un moyen de dorer les pièces d'hor-
logerie , un autre pour éteindre les iiii*en-
dies et un autre pour conserver le blé ,
des observations sur la fabrication des sa-
vons , etc. Il avait fait avec Macquer plus
de mille expériences pour rendre notre
porcelaine égale à celle du Japon. Il éleva ,
le premier en France , un* manufacture
de sel ammoniac , et le premier, il blan-
chit, par un procédé de son invention,
les soies jaunes sans les écruer, affran-
chissant , par ces deux arts , son pays des
tributs qu'il payait à l'Egypte et à l'Inde.
Baume perfectionna encore la teinture
écarlate des Gobelins , et donna un pro-
cédé économique pour la purification du
Salpêtre. La révolution détruisit l'aisance
que ses nombreux travaux lui avaient ac-
quise , et Baume rentra alors dans la car-
rière commerciale. Il mourut le 15 octobre
1804 âgé de 76 ans.La plupart de ses travaux
sont consignés dans les Mémoires de l'aca-
démie. Il a laissé : | Dissertation sur l'éther,
Paris, 1757, in-12; | Plan d'un cours de
chimie expérimentale , en société avec
Macquer, Paris, 1757, in-12; | Manuel de
chimie , Paris , 1766 , in-12 ; | Mémoire sur
les Argiles , Paris , 1770 , in-8° ; | Mémoire
sur la meilleure manière de construire les
alambics pour la distillation des vins 3 Pa-
ris , 1778 , in-8° ; | Opuscules de chimie,
Paris, an VI (1798), in-8°; | Elémens de
pharmacie théorique et pratique , 1 vol.
in-8°, imprimé en 1762 , et réimprimé plu-
sieurs fois. La 8e édition a paru en l'an V
(1797) en 2 vol. in-8°, avec un appendice.
On en a fait des contrefaçons. | Chimie ex-
périmentale et raisonnée , 5 vol. in-8°,
Paris , 1775 , ouvrage très utile à consulter
pour la pratique des opérations, mais qui
n'est pasà la hauteur de nos connaissances
théoriques. Les élémens de pharmacie of-
frent encore un excellent dispensaire ,
écrit avec ordre, précision et simplicité.
BAUMELLE. Voyez BEAUMELLE.
* BAUMER (Jean -Guillaume) , d'a-
bord ecclésiastique puis médecin, né à
Rheweiler en Franconic, en 1719. Il pro-
fessa long-temps son art à Erfurt puis à
Giessen : il mourut en 1788. Ses princi-
paux ouvrages sont : | Une histoire natu-
relle du règne minéral, avec des obser-
vations particulières sur la Thuringe , 2
vol. in-8°, en allemand , Gotha , 1763, avec
20 planches ; | Une histoire naturelle des
pierres précieuses , ainsi que des terres
et des pierres en usage dans la médecine ,
Francfort, 1771, in-8°, en latin; | Fun-
damenta geographiœ et hydrographiœ
subterrancœ , Giessen, 1779, in-8°, avec
cinq planches; | Une histoire naturelle du
règne minéral , aussi en latin , Francfort ,
1780, in-8°, avec 5 planches; ouvrage sa-
vant, mais peu élémentaire.
* BAUMES ( Jj: vx -Baptiste -Théo-
dore ) , médecin et professeur à la faculté
de médecine de Montpellier, mort en 1815.
Il a publié un grand nombre d'ouvrages :
| Des convulsions des en fans, leurs causes
et leur traitement ,1789 , in-8°; une nouvelle
édition augmentée a paru en 1805 , 2 voL
in-8°; | Traité de la phthisie pulmonaire ,
2': édition, revueetaugmentée, Paris, 1805,
2 vol. in-8° ; | Essai d'un système chimi-
que de la science de l'homme , 1798, in-8";
| Fondemens de la science méthodique des
maladies t pour servir de suite à l'essai
BAU 129
d'un système chimique de la science de
l'homme, Montpellier, 1801 , 4 vol. in-8°,
reproduit en 1816 sous le titre de Traité
élémentaire de pathologie. L'auteur a
voulu établir dans cet ouvrage une théorie
pathologique, fondée sur la chimie, mais
son système a trouvé peu de partisans.
| Topographie de la ville de Nimes et de
sa banlieue , Nîmes , 1802 , in-4° : Traité
sur le vice scrofuleux , et sur les mala-
dies qui en proviennent , 2e édition, 1805,
in -8° : | des Notices nécrologiques , Mont-
pellier, 1813, in-8°; | Timoléon, tragédie
en cinq actes et en vers ; ] Histoire et mé-
moires delà société de médecine-pratique
de Montpellier,, année 1816 , Montpellier,
1817, 4 vol. in-8°; | Traité des fièvres ré-
mittentes et des indications qu'elles four-
nissent pour l'usage du quinquina , Mont-
pellier, 1821 , in-S° ; | une édition des ou-
vrages de Siden/usrn à laquelle il a ajouté
un grand nombre de notes. On a encore
de lui des éloges parmi lesquels on dis-
tingue celui de Barthez , plusieurs mé-
moires qui ont été couronnés par la fa-
culté de médecine de Paris , et quelques
autres ouvrages. Il a aussi donné de nom-
breux articles au Journal de la société de
médecine de Montpellier* dont il a été le
fondateur et le rédacteur principal.
* BAUMGARTEN ( Jacques - Sigis-
mond) , théologien luthérien, né près de
Magdehourg en 1706 , professa la théologie
à Hall, et mourut dans celte ville en 1757;
ses principaux ouvrages sont : | Théologie
morale, in-8°; | Abrégé de l'histoire ec-
clésiastique depuis /.-C.,Hall, 1745, 5
vol. in^8°; | des traductions de l'Histoire
générale, publiée en Angleterre par une
société de gens de lettres, Hall, 1744 à
1756, 16 vol. in-8°; | de l'Histoire d'An-
gleterre de Rapin-Thoiras , 1757 ; de l'His-
toire d'Espagne , de Ferreras, avec les
additions de la traduction française , ibid.,
in-4°, etc. — Son frère Alexandre-Théo-
phile , professeur de logique , de mathéma-
tiques et de droit naturel à Hall , ne à Ber-
Jin en 1714, et mort en 1762, se montra
partisan des principes dé Woif. Ses prin-
cipales productions sont : Dispulationes
de nonnullis ad poemapertinenlibus , Hall,
1735 , in-4° ; | Metaphysica , ibid. 1763 ;
| FAhica philos., ibid., 1762, etc.
BAU NE (Jacques de la) , naquit à Pa-
ris en 1649. Il entra chez les jésuites, où
il professa les humanités avec succès. Il
mourut en 1725. On a de lui des poésies
et des harangues en latin , un recueil des
opuscules du Père Sirmond, 5 vol. in-fol.,
BAU
Paris, 1696, Venise, 1729, qu'il enrichit
de la vie de l'auteur; Panegyrici veleres
adusum Dclphini, Paris, 1676, in-4°, et
d'autres écrits.
BAUR (Jean-Guillauhe), peintre et
graveur de Strasbourg , mourut à Vienne
en 1640 , âgé de 50 ans. Il a excellé dans
les paysages et dans les tableaux d'archi-
tecture. Ses sujets sont des vues, des pro-
cessions, des marchés, des places. On a
de lui : | un recueil d'estampes sous le ti-
tre & Iconographie , Augsbourg, 1632;
| des Batailles , 1635; [ des Jardins, 1636;
j des Métamorphoses , Vienne, 1641, in-
fol. On trouve dans ses ouvrages du feu ,
de la force , de la vérité ; mais ses figures
sont courtes.
* BAUSSET (Louis-François de), an-
cien évêque d'Alais , et cardinal, né le 14
décembre 1748, àPondichéri , où son père,
le marquis de Bausset, était placé à la tête
de l'administration avec le titre de grand-
voyer. On le fit passer en France à l'âge
de 12 ans, et son oncle l'évêque de Bé-
ziers , auquel il était adressé , le plaça d'a-
bord chez les jésuites du collège de la Flè-
che, ensuite au séminaire de Saint-Sul-
pice où il fit ses cours de philosophie et
de théologie. A peine fut-il ordonné prê-
tre, que M. de Boisgelin , archevêque
d'Aix, le nomma son grand-vicaire, et
M. de Bausset conserva toujours pour lui
la plus tendre reconnaissance. 11 regardait
comme un bonheur d'avoir passé plusieurs
années à l'école de cet illustre prélat, et
il a rendu compte lui-même , dans un
écrit qu'il consacra à sa mémoire , des
soins qu'il prit pour former sa jeunesse ,
lui inspirer le goût de l'étude et lui ap-
prendre à écrire avec pureté et avec mé-
thode. En 1778 il fut envoyé comme ad-
ministrateur dans le diocèse de Digne sous
le titre de vicaire-général, et il parvint à
rétablir la paix dans ce diocèse qui était li-
vré aux plus grands troubles ; enfin il fut
sacré évêque d'Alais le 12 juillet 1784. Il
siégea en cette qualité aux états du Lan-
guedoc, et fut un des députés ebargés de
porter au pied du trône les cahiers des
états. Il eut l'honneur de haranguer le roi
et toute la famille royale. Ces discours
étaient d'ordinaire aussitôt oubliés que
prononcés : ceux de Bausset , au nombre
de sept, furent remarqués, particulière-
ment celui qu'il adressa à Mmc Eli/.abeth ,
sœur de Louis XVI , qui fut cité comme
un modèle de goût et de délicatesse ; on
le trouve dans le Conservateur de 1787 ,
lome 2, page 275. 11 assista aux deux ai-
BAH iôO BAU
semblées des notables de 1787 el 1788, I mandé qu'elles fussent modestes. Soncorps
mais il ne fut point appelé aux états gêné- a été porté dans l'église des Carmélites de
raux. Cette assemblée ayant décrété lasup
pression de l'évêché d'Alais , le prélat crut
devoir déclarer par une lettre du 12 juil-
let 1790 , que ce décret ne pouvait briser
les liens qui l'attachaient à son église. La
même année, il envoya son adhésion à
l'exposition des princi}ies sur la constitu-
tion civile du clergé par les évêques dé-
putés à l'Assemblée nationale et rédigée
par M. de Boisgclin. Il publia même divers
actes analogues dans lesquels il s'unissait
aux principes et aux déterminations adop-
tés par la majorité de ses collègues. Vers
la fin de 1791 il émigra en Suisse , mais il
se détermina à revenir à Paris le mois de
septembre suivant. Il y fut arrêté et ren-
fermé au couvent de Port-Royal, trans-
formé en prison ; il eut cependant le bon-
heur d'échapper au tribunal révolution-
naire , et il recouvra sa liberté après le 9
thermidor. Alors il se retira dans une
maison de campagne de Mme de Bassom-
pierre située à Villemoisson , près de
Longjumeau , où il passait la plus grande
partie de l'année , ne faisant à Paris que
quelques voyages rares et courts pour
visiter ses amis , et particulièrement
M. Ernery qu'il avait choisi pour guide de
sa conscience , et avec lequel il conserva
toujours des rapports intimes. Lorsque
Pie VII demanda aux évêques de France
leur démission , l'évêque d'Alais s'em-
pressa d'envoyer la sienne. Le 12 avril
1806 il fut nommé chanoine de Saint-De-
nis, puis conseiller titulaire de l'univer-
sité. Après le retour du roi , deux com-
missions d'évêques furent formées suc-
cessivement pour s'occuper des affaires
de l'église, et de Bausset en fut membre.
Il s'y distingua par sa sagesse et sa modé-
ration ; mais ces deux commissions eurent
peu de résultat. Le roi lui donna, le 17 fé-
vrier 1815 , la présidence du conseil royal
de l'instruction publique ; par décret du
50 mars , Napoléon le nomma de nouveau
conseiller titulaire de l'université ; Baussei
fut nommé pair de France au mois d'août
1815. En 1816 il fut admis à l'académie
française. Enfin il obtint le chapeau de
cardinal dans le consistoire du 28 juillet
1817 , et le roi attacha le titre de duc à la
pairie du prélat. Il fut encore nommé com-
mandeur de l'ordre du Saint-Esprit et mi-
nistre d'état , après la mort du cardinal
de la Luzerne. La mort l'enleva le 21 juin
1824 , et ses obsèques furent célébrées avec
beaucoup de pompe , quoiqu'il eût de-
la rue de Vaugirard , pour être placé à
côté de celui du cardinal de la Luzerne
et du vertueux abbé Legris-Duval. Son
éloge , lu à la chambre des pairs , a été
imprimé dans le Moniteur et par ordre de
la chambre. Il y a aussi plusieurs notices
sur sa personne , parmi lesquelles on dis-
lingue celle qui fut imprimée à Paris chea
Ad. Lcclerc, 1824, in-8°, qui avait déjà été
insérée dans L'Ami de la religion et du
roiJ tome 40 , page 273 et 369 , et celle que
l'on a imprimée à Marseille , in-8° , de 72
pages, que l'on peut trouver à la même
adresse , intéressante particulièrement par
les lettres du cardinal à l'auteur, qui s'y
trouvent imprimées en grand nombre.
On a de lui : | une Lettre à M. le curé
de... 1790, in-8°, par laquelle il adoptait
l'instruction pastorale de M. l'évêque de
Boulogne, du 24 octobre, sur l'autorité
de l'Eglise, où il ajoute quelques réflexions
également solides et mesurées sur les nou-
veaux décrets , et dans laquelle il prend
des mesures pour l'administration de son
diocèse pendant le schisme ; | Réflexions
sur la déclaration exigée des ministres
du culte par la loi du 7 vendémiaire an
IF; | Exposé des principes sur le ser~
ment de liberté et d'égalité J et sur la dé-
claration exigée des ministres du culte
par la loi du 7 vendémiaire an IV^ pu-
blié avec un avertissement de M. Emery,
Paris , 1796 , in-8°; | Notice historique sur
Son Eminence monseigneur le cardinal
Boisgelin, archevêque de Tours ^ynr un
de ses anciens grands-vicaires, publiée
par M. de Grouzeilles, évoque de Quim-
per, Paris, 1804, in-12. Cette notice a été
placée en tête des oeuvres du cardinal de
Boisgelin. | Histoire de Fénélon, compo-
sée sur les manuscrits originaux , Ver-
sailles , 1808 , 5 vol. in-8° ; 3e édition , Pa-
ris, 182 J , 4 vol. in-12; 4e édition, 1823,
4 vol. in-12, et Besançon, 1830, 4 vol.
in-8°ou in-12. Cet ouvrage fut désigné en
1810 par l'institut comme méritant le se-
cond grand prix décennal de seconde
classe , pour le meilleur livre de biogra-
phie. « L'ouvrage, disait le jury, est écrit
» partout avec le ton de noblesse et de di-
» gnité qui est propre à l'histoire ; on y
» désirerait seulement un peu plus de cette
» onction douce et pénétrante qui con-
» vient à l'histoire de Fénélon. Le style
» en est en général pur, correct et élégant ,
» quoiqu'on y puisse remarquer quelques
» taches. La narration manque quelque-
BAU 1
» fols de rapidité , mais jamais de clarté ,
» et rarement d'intérêt; attachante par le
» ton de sincérité qui y règne , elle est se-
p tuée de réflexions toujours justes, ja-
» mais ambitieuses, qui servent à relever
» les détails e*.à jeterdu jour sur les faits. »
| Histoire de J.-B. Bossiœt , évêque de
jfeaux , composée sur les manuscrits ori-
ginaux, Paris, 1814, k vol. in-8°; 2e édi-
tion, revue et corrigée, 1819, k vol. in-8°
ou in-12; Besançon, 1831, 4 vol. in-8° ou
in-12. Ce second ouvrage eut peut-être
un succès moins brillant que le premier.
Peut-être aussi est-il un peu moins tra-
vaillé et offre-t-il plus de longueurs ; mais
il n'en est pas moins un beau monument
élevé à la gloire d'un grand évoque , et il
honore la sagesse et le talent de son au-
teur. | Notice sur la vie de l'abbé Legris-
Duval , prédicateur ordinaire du roi, en
tète de ses sermons, Paris, 1820, 2 vol.
in-12 ; | Notice histoiHque sur Son Emi-
nence monseigneur A. A. de Talleyrand ,
cardinal de Périgord, archevêque de Fa-
ris , 1821 , in-8° ; | Notice sur M. le duc de
Richelieu, qui fut lue par M. de Pastoret
dans la séance de la chambre des pairs du
8 juin 1822, Paris, in-8°. Il se proposait
de donner une histoire du cardinal de
Fleury, et il avait à cet effet réuni beau-
coup de matériaux ; mais les accès de sa
goutte devenant plus frequens et le met-
tant souvent dans l'impossibilité de faire
usage de ses mains , le forcèrent de renon-
cer à ce travail.
* BAUSSET ( Pierre- François -Ga-
briel-Raymond -Igxace-Ferduvam> de
BAUSSET ROQUEFORT comte de) , cou-
sin du précédent, naquit à Béziers le 51
décembre 1757. Lorsque la révolution
éclata, il était grand-vicaire d'Orléans. Il
alla en Angleterre , d'où il se rendit bien-
tôt en Italie, auprès de son oncle, M. de
Bausset - Roquefort, évèque de Fréjus.
Il revint en France après la terreur, et fut
nommé chanoine à Aix. M. de Pancemont
évêque de Vannes étant mort , M. de Baus-
set fut désigné en 1808, pour le remplacer.
Il envoya sa démission à M. Amelot , évè-
que de Vannes, qui n'avait point donné
sa démission après le concordat de 1801.
Mais M. Amelot la refusa. M. de Baus-
set établit les jésuites à Sainte- Anne-d' Au-
rai, dans son diocèse, et, lorsqu'il eut
pris possession en 1819 de l'archevêché
d'Aix , il les appela dans son petit-sémi-
naire. Ce prélat mourut à Aix le 29 jan-
vier 1829. Il faisait partie de la chambre
des pairs.
31 BAU
BAUTIÏ. Voyez BOTII.
B VUTRU (Guillaume) , comte de Ser-
rant , bel esprit du 17e siècle , et l'un des
premiers membres de l'académie fran-
çaise , naquit à Paris , l'an 1588 , et y mou-
rut en 16G5. Il fut, dil-on, les délices des
ministres, des favoris, et généralement
de tous les grands du royaume , et jamais
leur flatteur. A en juger néanmoins par
les différens traits qu'on rapporte de lui ,
c'était une espèce de Gorgibus, un plai-
sant de profession. On cite plusieurs de
ses bons mots, dont quelques-uns sont
très mauvais. Bautru étant en Espagne ,
alla visiter la fameuse bibliothèque de
l'Escurial, où il trouva un bibliothécaire
fort ignorant. Le roi d'Espagne l'interro-
gea sur ce qu'il arait remarqué. Votre bi-
bliothèque est très belle, lui dit Bautru;
mais Votre Majesté devrait donner à celui
qui en a le soin, l'administration de ses
finances. — Et pourquoi"! — C'est , repar-
tit Bautru , qu'il ne touche point au dépôt
qui lui est confié. Il disait d'un certain
seigneur de la cour qui n'entretenait les
gens que de contes bas , qu'il était le Plu-
tarque des laquais.
BYUVES ( Jacques de ) , avocat au
parlement de Paris , dans le 17e siècle ,
composa, avec le célèbre Antoine Des-
peisses, un Traité des successions. Ces
deux amis se proposèrent d'écrire sur
toutes les matières de droit; maisBauves,
morl sur ces entrefaites, laissa à son con-
frère le soin d'exécuter cet utile projet.
Voyez DESPEISSES.
* BAUYN ( Boxavexture ), docteur
de Sorbonne, chancelier de l'université
de Paris, évêque d'Uzès, né à Dijon, le
25 novembre 1699 , d'une famille consi-
dérée dans la magistrature , et qui avait
donné à l'étal des négociateurs habiles et
des militaires distingués , jouit très jeuno
encore d'une sorte de célébrité, par ses
progrès extraordinaires dans les études et
par les dispositions précoces de son esprit.
On citait particulièrement son poème en
vers latins sur la paix, Pax , carmen3
1714 , qui respire en effet le goût le plus
pur, et fait regretter que l'auteur n'ait
pas cru pouvoir, dans un âge plus mûr,
concilier les devoirs de l'épiscopat avec la
culture de la poésie. Il lit du moins tou-
jours ses délices des ouvrages des anciens,
et il avait la mémoire et l'esprit si remplis
des beautés de Virgile , que , dans sa vieil-
lesse même, il était encore en état de
réciter de suite, et de commenter avec
autant d'érudition que de goût , quelque
BAV
132
BAV
morceau que ce pût être de X Enéide et
des Géorgiques. Bauyn fut un évêque
digne de la primitive Eglise par la pureté
de ses mœurs , par la simplicité de son
caractère et par son active charité. Il
mourut dans son évêché, le 1G octobre
1779 , à quatre-vingts ans.
* BAVE11EL (.Tea-v-Pierre), prêtre,
mort à Besançon le 18 septembre 1822
à l'âge de 78 ans. On a de lui : | Réflexions
d'un vigneron de Besançon, sur un ou-
vrage qui a pour titre : Dissertation qui a
remporté le prix de l'académie de Besan-
çon , en 1777, sur les causes d'une maladie
qui attaque plusieurs vignobles de la Fran-
che-Comté; par le Père Prudent , capucin ,
de l'imprimerie de Barbizier ( Vesoul ,
Poirson), 1778, in-8°, de 52 pages. Les
confrères du Père Prudent dénoncèrent
cette brochure au parlement de Besançon ,
qui ne donna pas de suite à la dénoncia-
tion ; | Observations sur l'ouvrage du
Père Prudent, touchant les maladies des
vignes de Franche- Comté, Besançon,
1779, in-8°, de 39 pages; | (avec l'abbé
Clerget , curé d'Oxans , député à l'Assem-
blée constituante) Coup-d'œil philosophi-
que et politique sur la main-morte •, avec
cette épigraphe : for the reason and
freedom ofpeoples oppressed, Londres ,
Besançon), 1785, in-8°; | (avec Malpé,
capitaine d'artillerie , tué à l'armée en
1812) Notices sur les graveurs qui nous
ont laissé des estampes marquées de mo-
nogrammes, chiffres, rébus, lettres initia-
les, etc. Besançon, 1820, 2 vol. in-8°. Il y a
des exemplaires avec de nouveaux titres,
Paris et Dijon, Dentu, 1817. J. P. Bave-
rel a laissé des Notices sur les graveurs
français; des recherches sur les livres
ornés d'estampes; et des dissertations sur
l'histoire ancienne et moderne du comté
de Bourgogne, son parlement, ses fa-
milles nobles , ses chapitres , abbayes ,
prieurés, etc. La bibliothèque publique
de Besançon a acquis ces manuscrits.
♦ BAVIÈRE ( ARNOUL , dit le Mauvais,
duc de ) , était fils de Luitpold , qui fut
tué eu 908 , dans une bataille contre les
Hongrois. Arnoul, élu par les Bavarois
lui succéda en Bavière, précisément à
l'époque où la race carlovingienne finis-
sait en Allemagne , dans la personne de
Louis IV, dit l'Enfant. Il eut d'abord
l'espérance de se rendre indépendant de
l'empire , et même de devenir empereur ;
mais le choix des électeurs étant tombé
sur Conrad de Franconie , Arnoul en fut
si irrité qu'il s'allia aussitôt avec Henri de
Saxe, et. Gilbert de Lorraine, pour faire
la guerre à Conrad. Cette coalition réussit
mal ; Arnoul fut battu et forcé de s'enfuir
en Hongrie , selon les uns; dans l'évêché
de Salzbourg,, selon les autres. Il ne re-
parut qu'après la mort de Conrad pour
former de nouvelles prétentions sur la
couronne impériale; elles échouèrent en-
core : Henri de Saxe fut élu. Arnoul de-
vint son ennemi; comme ils allaient en
venir à une action, Henri fit des proposi-
tions de paix à Arnoul qui les accepta,
et se contenta du duché de Bavière,
avec le droit de souveraineté sur le clergé.
Il en usa si despotiquement , qu'on le
surnomma le Mauvais. Il périt, en 937,
dans une campagne qu'il avait entreprise
en Italie , contre le roi Hugues ; d'autres
disent qu'il était déjà de retour en Ba-
vière lorsqu'il mourut. Aucun de ses
trois fils n'hérita du duché de Bavière;
l'empereur Othon le donna à Berthold,
frère d' Arnoul ; l'aîné des enfans de celui-
ci, Eberhard, après avoir inutilement
tenté de conserver ses états , fut exilé en
Souabe ; le second , nommé aussi Arnoul,
fait comte de Scheyren, et palatin du
Rhin devint la tige d'une famille qui , en
1180, rentra en possession du duché de
Bavière, dans la personne d'Othon de
Wiltelsbach. On ignore la destinée du troi-
sième , nommé Iferman.
* BAVIÈRE ( HENRI Ier, duc de ),
frère de l'empereur Othon Ier, avait
épousé Judith , fille d' Arnoul le Mauvais,
et succéda en Bavière à Berthold : il dut
son élévation aux sollicitations de sa mère
Mathilde, qui avait pour lui une ten-
dresse particulière , et à la générosité de
son frère , qui lui pardonna une conspira-
tion encore récente. Henri se montra
reconnaissant; il servit Othon dans plu-
sieurs rencontres , fit une campagne glo-
rieuse en Italie, et fut, en revanche,
protégé par l'empereur , contre son neveu
Ludolphe, propre fils d'Othon , qui, après
s'être ouvertement prononcé contre son
père, s'était emparé de Ratisbonne, et
dévastait la Bavière. Les Hongrois, de
leur côté, firent une invasion dans les
états de Henri , qui , aidé des troupes de
l'empire, les battit et les repoussa. Il
mourut vers le milieu du 10e siècle, lais-
sant la Bavière à son fils Henri II.
* BAVIÈRE ( HENRI II , dit le Querel-
leur, duc de ), fils du précédent, était,
dans sa jeunesse, en grande réputation
de piété ; il faisait dix milles tous les jours
pour aller entendre matines dans l'abbaye
B.VV 13
de St.-Emmeran , et l'on prétend que la
pierre où il s'asseyait quelquefois, en
attendant que le portier lui ouvrît , existe
encore : on ajoute même que, lorsque le
portier se faisait attendre , un ange ve-
nait ouvrir la porte à Henri. Ce prince,
devenu duc, voulut conquérir la cou-
ronne impériale , après la mort d'Othon
Ier; Othon II l'emporta, et Henri, chassé
de la Bavière , n'y put rentrer qu'après la
mort de ce prince. En y rentrant , il re-
prit ses projets ambitieux, et , feignant de
la modération, il ne voulut d'abord être
que le tuteur d'Othon III ; son ambition
se vit encore déjouée, et, revenant alors
à son devoir, il retrouva son ancienne
piété , et mourut à Gandersheim , laissant
pour héritier son fils Henri le Saint , qui ,
devenu empereur, donna la Bavière à
Henri de Luxembourg , frère de l'impé-
ratrice Cunégonde.
* BAVIÈRE ( OTHON DE NORD-
THEIM , duc de ) , issu d'une ancienne
famille saxonne, fut créé duc de Bavière
en 1061, par l'impératrice-régente Agnès,
mère de l'empereur Henri IV. L'adminis-
tration de cette princesse ayant déplu aux
grands de l'empire , ils formèrent conti e
elle une conspiration à laquelle Othon
prit part. Les conjurés réussirent , et ils
s'emparèrent du jeune empereur ; Agnès
se retira dans un cloitre, et Othon exerça
quelque temps une grande influence.
Henri IV, devenu majeur, n'oublia pas
l'insulte qu'il avait partagée avec sa mère.
En 4071 , Othon fut accusé d'avoir voulu
attenter à la vie de l'empereur, et con-
damné par la diète de Mayence à prouver
son innocence dans un combat judiciaire.
Il y consentit, mais demanda un sauf-con-
duit pour se rendre à Goslar : sur le
refus de Henri , il ne comparut point ; ses
pairs , les grands de Saxe , le déclarèrent
coupable de lèse-majesté, et l'empereur
le dépouilla de son duché de Bavière
pour le donner à Welf , ou Guelfe Ier, dit
le Grand. Othon prit les armes pour dé-
fendre ses états ; mais condamné de nou-
veau par la diète de Halberstadt à laquelle
il s'était soumis , il fut mis aux arrêts , et
en sortit au bout d'un an pour entrer
dans la ligue qui se proposait de placer
sur le trône impérial Rodolphe , duc de
Souabe , au lieu de Henri. Cette coalition
ne tarda pas à se dissoudre; Rodolphe
lui-même passa du côté de l'empereur.
Othon et les Saxons de son parti furent
hattus près de Langensalza en Thuringe.
Une diète de pacification, tenue à Gos-
3 BAV
lar, en 1073, suspendit ces démêlés;
Othon se réconcilia avec Henri, qui le
nomma son lieutenant -général dans la
Saxe ; mais bientôt Henri IV fut déposé
dans une assemblée , tenue tumultuaire-
ment à Forchein , et Rodolphe de Souabe
fut couronné à Mayence. Othon, qui avait
été l'un des principaux moteurs de cette
nouvelle rébellion , fit des prodiges de
valeur à la bataille de Wolkshcim, près
de Géra en Thuringe; mais sor parti fut
encore défait; Rodolphe reçut dans l'ac-
tion une blessure mortelle , et Othon mou-
rut, en 1083, sans que sa mort terminât
les discussions qu'il avait contribué à
exciter.
" BAVIÈRE (GUELFE, ou WELF Ier,
dit le Grand* duc de ), était fils d'Azon
d'Est et de Cunégonde , dernier rejeton
de l'illustre maison des Guelfes , ou Welfs
d'Altdorf , et fut la tige de la nouvelle
maison des Guelfes, nom si célèbre dans
l'histoire d'Allemagne et d'Italie. Après la
disgrâce d'Othon, en 1071, Henri IV
donna le duché de Bavière à Guelfe , qui
répudia la fille de son malheureux pré-
décesseur, qu'il avait épousée dans le
temps de la haute fortune de son père.
Lorsqu'Othon se fut réconcilié avec l'em-
pereur, Guelfe, contraint de lui rendre
une partie de son duché, entra dans la
ligue formée pour mettre Rodolphe de
Souabe à la place de ce prince. Othon de
Saxe ne tarda pas à s'y joindre; en 1084,
il entreprit de disputer à l'empereur, qui
revenait d'Italie, le passage du Ledit, et
n'y renonça que lorsqu'il se vit abandonné
par plusieurs de ses alliés. En 1086, il
assiégea et prit Ratisbonne , Salzbourg et
Wurlzbourg, battit Henri devant cette
dernière place, fit soulever la Souabe,
pilla Augsbourg, et s'unit ensuite avec
l'empereur, en 1097, contre le pape Ur-
bain II : la Souabe et la Franconie suivi-
rent ses conseils, et rentraient sous la
domination de Henri. Guelfe eût pu finir
sa vie au sein du repos ; mais les croisades
commençaient; il partit, après avoir
réuni ses troupes à celles de Guillaume
de Poitiers , traversa l'empire grec , es-
suya une défaite dans l'Asie mineure,
arriva , déguisé à Antioche , et de là à Jé-
rusalem, où Baudouin venait de succé-
der à Godefroi de Bouillon. On ignore si
Guelfe se trouva à la bataille que ce mo-
narque perdit, en 1103, contre les infi-
dèles. Quoi qu'il en soit, il quitta la Pa-
lestine pour retourner en Bavière, aborda
à l'ile de Chypre, où -il mourut d'une
12
BAV 13
fièvre maligne. II fut enterré à Paphos;
son fils Guelfe II, qui lui succéda en
Bavière, fit exhumer son corps, et on le
transporta à Altdorf, où il fut enseveli
avec honneur. Il est la souche de la mai-
son de Brunswick, et par conséquent de
celle d'vVngleterre.
•BAVIÈRE (GUELFE II, duc de ),
fils du précédent, épousa la comtesse
Mathilde, fille de Boniface d'Esté, et
veuve de Godefroi le Bossu, qui possé-
dait de grands hiens en Italie ; mais il s'en
sépara par un divorce, en 1097. Il avait
servi sous son père, contre l'empereur
Henri IV, et se réconcilia, comme lui, avec
cet empereur , dont il ahandonna de nou-
veau la cause, en 1105, pour emhrasser
celle d'Henri V. En 1100, il força le gou-
verneur de Trente à relâcher les députés
que ce prince envoyait à Rome pour ob-
tenir la ratification de ce qui s'était fait
dans l'assemblée de Mayence, et se rendit
lui-même à Rome, en qualité d'ambassa-
deur, après la mort de Henri IV, et l'a-
vènement de Henri V à l'Empire. De
retour en vYllemagne, il mourut vers l'an
4120, laissant le duché de Bavière à son
frère Henri le Noir, qui le transmit,
en 1126 , à son fils Henri le Superbe.
* BAVIÈRE (HENRI LE SUPERBE,
duc de ) , devint un des princes les plus
puissans de l'Allemagne, par la faveur
de l'empereur Lothaire II , qui sut le ga-
gner en lui donnant la main de Gertrude,
sa fille unique , et le duché de Saxe , de
sorte que Henri réunit deux duchés; ce
qui ne s'était vu qu'une seule fois en Al-
lemagne, dans la personne d'Othon , duc
de Souabe, à qui son oncle, l'empereur
Othon II, avait donné le duché de Bavière.
Il servit fidèlement son protecteur, en l'ai-
dant à abaisser la maison de Hohenstau-
fen , et en l'accompagnant dans toutes ses
entreprises. Il ne fut occupé, pendant
quelque temps , que des troubles de la Ba-
vière et de ses démêlés avec Frédéric de
Souabe ; mais Robert , duc de Capoue , et
le pape Innocent II, ayant imploré le se-
cours de Lothaire contre Roger, roi de
Sicile , et son protégé l'antipape Anaclet ,
l'empereur chargea Henri d'accompagner
le pape avec trois mille hommes, et de lui
soumettre la Campanie, tandis qu'il por-
terait lui-même ses armes à l'orient des
Apennins. Le duc de Bavière exécuta ha-
bilement sa mission : Capoue et Béné-
vent se soumirent ; la Campanie et la
Touille furent conquises. A la mort de
l'empereur, survenue en 1157, le duc de
4 BAV
Bavière se crut certain de lui succéder;
n'ayant fait aucune démarche pour gagner
les suffrages, il indisposa ainsi la plupart.
des électeurs, déjà irrités par son orgue;!.'
Conrad de Hohenstaufen fut élu. Henri et
les princes de Saxe ses alliés soutinrent
que celte élection était illégale; mais la
douceur de Conrad et la déclaration du
pape, en sa faveur, lui gagnèrent les es-
prits : il convoqua une diète à Bamberg,
et les Saxons s'y rendirent pour lui prêter
serinent de fidélité. Henri refusa de se
soumettre, et la diète de Wurl/.bourg le
mit au ban de l'empire. Celle de Goslar
le dépouilla de ses duchés ; Conrad donna
celui de Bavière à Léopold , margrave
d'Autriche, et celui de Saxe, à Albert
l'Ours, margrave de Brandebourg. La
Bavière se soumit presque sans résis-
tance, mais la Saxe embrassa avec cha-
leur le parti de Henri, qui en chassa
bientôt Albert, dont les états héréditaires
même eurent à souffrir des incursions de
son rival. L'empereur marcha au secours
de son protégé ; Henri alla à *a rencontre,
et l'arrêta près de Creul/.bourg , dans !a
Tlmringe; une trêve fut signée, et elle
amena la paix, qui Pendit à Henri le
duché de Saxe; mai-; il \otdait recon-
quérir la Bavière, et, comme il s'y ren-
dait à cette intention . il mourut à Qued-
linbourg, en 413!), laissant un fils de
quatre ans , nommé depuis Henri le
Lion, sous la tutelle de son oncle Wci-
fon , ou Guelfe.
'BAVIÈRE (WELFON,ou GUELFE
de), frère de Henri le Superbe, et tu-
teur de Henri le Lion, s'efforça de recon-
quérir la Bavière que Conrad avait donnée
à Léopold d'Autriche. Secouru par le roi
de Sicile, Roger, qui cherchait à susciter
en Allemagne des embarras à l'empereur,
pour l'empêcher de faire valoir ses droits
sur la Bouille, Guelfe eut d'abord des
succès, et repoussa Léopold jusqu'en Au-
triche ; mais la diète de Worms , tenue en
1140, le mil au ban de l'empire, et Con-
rad marcha en personne contre lui. Guelfe
vola au secours de son château de Wcins-
berg , assiégé par l'empereur : la bataille
qu'il perdit sous les murs de cette place
donna naissance aux mots de Guelfes et
de Gibelins, employés comme noms de
deux partis. Guelfe avait donné son pro-
pre nom pour cri de guerre, et les Impé-
riaux avaient adopté celui de Wtribliti-
gen , petite ville du duché de Wurtem-
berg, qui appartenait alors à Frédéric de
Hohenstaufen, frère de l'empereur : le
BAV 1
nom tic Jfaihlingiens devint, en Italie,
(relui de Gibelins. Guelfe , battu à Weins-
berg, ne perdit point courage ; il continua
la guerre, refusa d'adhérer au traité conclu
en 1142, entre les seigneurs saxons de
son parti et l'empereur, et ne se récon-
cilia que plus tard avec ce monarque,
qu'il accompagna en Palestine, lors de la
seconde croisade. A son retour, Guelfe
chercha encore à faire rendre la Bavière
à son neveu, qui la reçut enfin de Fré-
déric Ier, dit Barberoussc , qui avait suc-
cédé à Conrad. Guelfe satisfait , servit
fidèlement le nouvel empereur, qu'il ac-
compagna deux fois en Italie; il mourut
■vers 1145.
* BAVIÈRE ( HENRI , dit le Lion, duc
de), fils de Henri le Superbe, se trouva,
à la mort de son père , dépouillé des du-
chés de Saxe et de Bavière, dont il devait
hériter. Tandis que son oncle, Guelfe,
faisait les plus grande efforts pour le ré-
tablir en Bavière, et que les Saxons lui
gardaient leur foi, l'empereur Conrad,
dans une diète tenue à Francfort, en 1142,
l'engagea à abandonner ses prétentions
sur la Bavière, en lui donnant l'investi-
ture du duché de Saxe. Gerlrude, mère
du jeune Henri , exhorta son lils à cette
renonciation, et épousa Henri d'Autriche,
à qui la Bavière fut ainsi cédée ; mais
Henri, devenu homme et puissant, re-
fusa d'approuver une concession qu'il
avait faite étant enfant et faible. Au mo-
ment où Conrad se disposait à partir pour
la Terre-Sainte, il se présenta devant
la diète de Francfort, et redemanda la
Bavière. Conrad proposa à la diète de
renvoyer cette alla re au retour de Pales-
laie et l'obtint. Lorsqu'il fut de retour,
Henri le Lion renouvela sa demande.
Mais les Saxons au lieu de l'appuyer,
conspirèrent contre lui, et appelèrent
l'empereur en Saxe : Henri d'Autriche
re<;ul l'ordre d'enfermer Henri le Lion en
Souabe, afin de l'empêcher de revenir
sur-le-champ en Saxe; mais celui-ci
s'élanl échappé reparut dans Brunswick,
et força l'empereur à abandonner son
projet. Conrad étant mort en 1152, Henri
l : ou va dans Frédéric Ier, son successeur,
un souverain plus favorable : Henri d'Au-
triche fut dépouillé de son duché, que
l'on rendit à Henri le Lion, et obtint, en
dédommagement, l'érection du margra-
viat d'Autriche en duché héréditaire. Le
nouveau duc de Bavière fil bâtir des
villes, surveiller les routes, soumit ei
convertit les Slaves ses voisins, réprima
ô:> jîav
plusieurs séditions, qui s'élevèrent au
sein de la Saxe, et se rendit dans la
Terre-Sainte. De retour en Bavière, il fit
bâtir la ville de Munich. Sur ces entre-
faites, l'empereur Frédéric, pour rétablir
les affaires en Italie, demanda du se-
cours aux princes d'Allemagne, et en
particulier à Henri le Lion, le plus puis-
sant de tous. L'orgueilleux duc refusa
son assistance à l'empereur qui fut battu
à Legnano ; l'année suivante Henri cité
devant les diètes deWornis, de Magde-
bourg, de Goslar, de Wurtzbourg, et re-
fusant d"y paraître, perdit ses états de
Saxe et de Bavière. Il obtint ensuite à
force de supplications de n'être condamné
qu'à un exil de trois ans, après lequel il
devait se contenter des seuls biens allo-
diaux de sa maison, qui consistaient dans
les terres de Brunswick et de Lunebourg.
Il se relira auprès du roi d'Angleterre
son beau-père, et après la mort de Fré-
déric P'r, survenue en 1190, revint en
Allemagne, cspéranl profiter de la jeu-
nesse de Henri VI pour recouvrer ses
états; mais les princes d'Allemagne lui
déclarèrent la guerre. Il était vieux, il
demanda la paix, et mourut à Bruns-
wick en 1193.
* BAVIERE (OTHON DE WITTELS-
BACH, dit le Grand s duc de ), né à
Kelheim, descendait d'Arnoul le Mau-
vais, et appartenait ainsi à l'ancienne
maison de Bavière, qu'en 948 Olhon P'
avait dépouillée de ce duché pour le don-
ner à Berthold : il en fut remis en pos-
session en H80, lorsque Frédéric Bar-
berousse en dépouilla Henri le Lion , et
c'est de lui que descendent la maison pa-
latine et la maison de Bavière, aujour-
d'hui régnantes. Avant de rentrer dans
ce duché, Olhon était comte palatin do
Bavière, et s'était déjà fort distingué par
sa bravoure. Frédéric l'employa dans
plusieurs négociations importantes ; et
quoiqu'en lui donnant le duché de Ba-
vière, il en détachât Ratisbonne pour en
faire une ville libre, et le Tyrol, Othon
ne se montra pas dans la suite moins
titlèle à son souverain. Il mourut le II
juillet U8j, laissant deux filles et un lils
en bas âge, nommé Louis* qui fut son
héritier.
'BAVIERE ( LOUIS, dit le Sévère,
comte palatin, et duc de), né en 122*»,
était fils d'Othon-l'IUustre , succéda à son
père en 1253, et remit à son frère Henri
la Basse-Bavière. Dans l'interrègne agité
qui s'écoula de la mort de Conrad H a
BAV
l'élection de Rodolphe de Habsbourg, les
deux frères possédèrent en commun la
dignité électorale, et donnèrent leur suf-
frage à Richard de Cornouailles ; mais
lors de léleetion de Rodolphe, comme ils
se disposaient à voter tous deux , le roi de
Bohème, Ottocare, s'y opposa, disant
que le septem viral des électeurs était
ainsi violé ; Louis fit observer que le par-
tage de la Bavière ne pouvait les avoir-
frustrés ni l'un ni l'autre du droit d'élec-
teur, quoique dans le collège électoral ils
ne comptassent que pour un individu.
Les électeurs se rendirent à ses raisons ,
et le chargèrent même d'élire pour eux
cette fois : il élut Rodolphe , et conserva
toujours à ce monarque une fidélité in-
violable. Aussi en obtint -il de grandes
faveurs : Rodolphe reconnut et confirma
les droits des comtes palatins à avoir,
pendant les vacances de la couronne im-
périale, la gardienneté de toutes les
terres et principautés du S t. -Empire. Il
couronna Louis , son vicaire -général, et
lieutenant de l'empire dans les duchés
d'Autriche et de Styrie ; enfin, il ne l'em-
pêcha point de s'agrandir par l'héritage
de l'infortuné Conradin de Souabe, de
qui Louis avait acheté plusieurs villes,
entre autres Donawerth , et qui , en mou-
rant , lui légua une partie du reste de ses
états héréditaires. A la mort de Rodolphe,
Louis de Bavière ne vécut pas en si
bonne intelligence avec Albert son fils :
celui-ci voulait être tuteur du jeune
Olhon, neveu de Louis et duc de la Basse-
Bavière, pour s'emparer ensuite de ses
possessions. Louis s'y opposa avec force ,
et se rangea du parti d'Adolphe de Nas-
sau, compétiteur d'Albert. Un accident
fâcheux rompit pour un temps cette nou-
velle alliance. Adolphe , traversant le
Rhin en bateau , fut attaqué à coups de
flèche , et des gens de sa suite furent
atteints. On accusa Louis de cette per-
fidie; Adolphe déclara Louis coupable de
lèse-majesté, et livra le Palatinat aux
princes voisins : mais Louis parvint enfin
à se justifier et à rentrer en faveur , il
mourut à Heidelberg, en 12%, regretté
de ses sujets, malgré son titre de Sévère,
qu'il devait à un acte de violence et
de barbarie commis par jalousie sur sa
femme , dont l'innocence fut ensuite
reconnue. Le pape Alexandre IV lui
accorda l'absolution , en lui ordonnant de
faire bâtir une maison pour douze reli-
gieux de saint Bruno. Gomme il n'y avait
point en Bavière de religieux de cet or-
136 BAV
dre , le bâtiment fut donné à des moines
de Citeaux , et c'est aujourd'hui l'abbaye
de Furstenfeld. Louis épousa en secondes
noces Mathilde, fille de Rodolphe de
Habsbourg ; il partagea , en mourant , ses
états entre ses deux fils : Rodolphe, dit
le Bègue, eut le Palatinat, et fut la sou-
che de la maison palatine , dite branche
Rodolphine. Louis, depuis empereur, sous
le nom de Louis V , fut duc de Bavière,
et sa postérité y a régné jusqu'à l'électeur
Maximilicn-Joseph Ier.
BAVIERE ( Maximilien , dit le Grand),
( Maximilien- Emmanuel ), ( Maximilien
Joseph ). Voyez les articles MAXIMI-
LIEN.
BAVIÈRE. Voyez ALBERT II , ISA-
BELLE-MARIE, CHRISTINE ET RO-
BERT.
B AVON ( saint ) , nommé aussi Allo-
win , issu d'une famille noble , dans celte
partie du Brabant connue sous le nom de
Ilasban (aujourd'hui Hasbaye , partie du
pays de Liège ) , mena dans ses premières
années une vie fort déréglée ; mais ayant
perdu son épouse , il réfléchit profondé-
ment sur la conduite des choses humai-
nes , et fut épris des sentimens de la plus
vive pénitence. Il se retira dans le tronc
d'un arbre creux. Il se fit ensuite une
cellule dans la forêt de Malmedun près
de Gand, et il ne s'y nourrissait que
d'eau et d'herbes sauvages. Au bout de
quelque temps , il revint dans le monas-
tère de Saint-Pierre de Gand. Saint Flori-
bert, qui en était abbé, lui permit de se
construire une nouvelle cellule dans un
bois du voisinage. Bavon y vécut en re-
clus, uniquement occupé des biens invi-
sibles. Il mourut le 1er octobre , vers le
milieu du 7e siècle. Saint Amand , saint
Floribert accompagné de ses moines , et
Domlin, prêtre de Turholt, assistèrent à
sa mort. Soixante gentilshommes , touchés
de son exemple , se consacrèrent aux aus-
térités de la pénitence. Ils firent bâtir à
Gand l'église de son nom, laquelle fut
d'abord desservie par des chanoines , puis
par des religieux de Saint-benoît. Le pape
Paul III sécularisa le monastère en 1537,
à la prière de l'empereur Cbarlcs-Quint.
Ce prince ayant fail construire une cita-
delle en cet endroit , transféra le chapi-
tre , trois ans après , dans l'église de
Saint -Jean, qui depuis ce temps-là pos-
sède les reliques et porte le nom de saint
Bavon. Cette église devint cathédrale,
lorsqu'en 1559, Paul IV érigea un évèché
à Gand, sur la demande que lui en lit
BAY iô
Philippe II, roi d'Espagne. Saint Bavon
est patron de cette ville. Voyez sa Vie,
écrite dans le 8* siècle, Jp. Mdbil. sec. 2.
Ben. Surius a donné une autre Vie , qui
n'a pas la même autorité. Elle est de
Thierri , abbé de Saint-Trond , qui floris-
sait dans le douzième siècle. Nous avons
aussi une histoire en trois livres , des mi-
racles opérés par l'intercession du saint.
Voijez parmi les modernes , Le Cointe ,
ad an. 649; l'agi , Gril, in Baron, ad an.
631, n. 13; la Batavia sacra , p. 27; San-
derus , Ber. Gandav. c. k, p. 241 ,eil.b,
p. 580 , où l'on trouve l'histoire de l'église
de Saint-Bavon, aujourd'hui cathédrale.
Voyez aussi le P. Périer , l'un des conti-
nuateurs de Bollandus, tom. 1 , oclob. à p.
498 ad p. 503.
BAXTER (Richard), né en 1613, à
Bowton , dans le comté de Shrop , théo-
logien anglais, non conformiste, chape-
lain du roi Charles II , refusa l'évèché
d'Héréfort que ce prince lui offrait. Il
mourut en 1691. Il a laissé des Sermons,
une Paraphrase sur le nouveau Testa-
ment, et d'autres livres pleins de chaleur.
Burnet l'estimait beaucoup, mais l'on
sait que l'enthousiasme de secte était un
grand mérite près de ce savant, qui en
avait lui-même beaucoup.
BAXTER ( Guillaume ) , né en 1630 ne-
veu du précédent , est auteur d'un Glos-
saire d'antiquités britanniques , en latin ,
Londres, 1733, in-8°; et d'un autre d'An-
tiquités romaines , 1726 , in-8°. Il mourut
en 1723.
* BAYANIVE ( Alphonse -Hubert de
LATIER, comte de ), cardinal diacre de
l'église romaine , né à Valence en Dau-
phiné en 1739 , mort à Paris le 20 juillet
1818. Nommé auditeur de Ilote à home,
pour la France, il exerça cette charge
jusqu'en 1801 , que le pape le nomma
cardinal. En 1808 il avait été chargé par
le pape d'une mission en France. Depuis
il resta constamment à Paris, et vivait
dans la retraite , étant affligé d'une sur-
dité très foi^e. Il fut nommé sénateur en
1813 : il vota la création d'un gouverne-
ment provisoire, ainsi que la déchéance de
Bonaparte et de sa famille. Louis XVIII le
fit pair de France en 1814. Le P juin 1813
il assista l'évêque Barrai à la messe qui
fut célébrée au champ de mai par ordre
de Bonaparte. Il fut cependant conservé
au retour des Bourbons sur la liste des
pairs où il siégea jusqu'à sa mort. Lors du
procès du maréchal Ney (novembre 1813),
il se récusa comme pair ecclésiastique.
7 nvv
BAYARD ( Piep.re dit ÏEKRAlt de ),
né en Dauphiné , d'une famille noble, fut
d'abord page du gouverneur de cette pro-
vince. Le roi Charles VIII , appelé en Ita-
lie par Alexandre VI, mena le jeune
guerrier en 1498 à la conquête du royau-
me de Naples. Il s'y distingua partout,
mais principalement à la bataille de For-
noue. Charles VIII étant mort, Bayard
ne fut pas moins utile à Louis XII. Il con-
tribua beaucoup à la conquête de Milan.
Dans une bataille qui se donna en 1301
dans le royaume de Naples, il soutint seul,
comme Coclès, sur un pont étroit, l'effort
de 200 chevaliers qui l'attaquaient. A la
prise de la ville de Bresse , il reçut une
blessure dangereuse, et fit un acte de
vertu héroïque. Son hôte lui ayant fait
remettre 2,000 pistoles,en reconnaissance
de ce qu'il l'avait garanti du pillage, il
donna cette somme à ses deux filles qui
la lui apportaient. Le trait suivant est
encore-plus remarquable. La rare beauté
d'une jeune personne du sexe ayant fait
sur lui une vive impression , il fit des
propositions à la mère qui était pauvre
et qui les accepta. Conduise ehea le che-
valier, la fille se jette à ses pieds , les ar-
rose de ses larmes et lui dit : Monsei-
gneur, vous ne déshonorerez pan une
malheureuse victime de la misère, dont.
votre vertu devrait vous rendre l ■ pro-
tecteur. — Levez-vous ma fille , lui ré-
pond Bayard, touché jusqu'au fond du
cœur; vous sortirez de ma maison aussi
sage et plus heureuse que vous n'y êtes
entrée. 11 la dota et la maria. C'est ainsi .
dit un historien, que le bon chevalier
changea de vice à vertu. En 1314 , il eut
lalieutenance-générale du Dauphiné» A la
bataille de Marignan contre les Suisses, il
combattit à côté de François 1er. C'est à
cette occasion que ce roi voulut être fait
chevalier de la main du héros , suivant les
usages de l'ancienne chevalerie. Bayant
défendit ensuite pendant six semaines
Mézières , place mal fortifiée , contre une
armée de 40,000 hommes et de 4,000 che-
vaux. Le conseil du roi avait résolu de
brûler cette place, qui ne paraissait pas
être en état de soutenir un siège. IJjyjnl
s'y opposa en disant à François i'r. Il n'y
a point de places faibles , là où il y a des
gens de cœur pour les défendre. L"au irai
de Bonivcls'étanl rendu en îlalie , le che-
valier Bayard le suivit en 132-jj L'année
d'après il reçut, à la retraite de lleb.'c,
un coup de ui<)u-(|ULt qui lui cassa lignine
du dos. Ce héros blessé à mort dans cette
12.
BAY 138
déroute, ordonna, après avoir fait quel-
ques prières et recommandé son âme à
Dieu , qu'on le mit sous un arbre , le vi-
sage tourne vers l'ennemi , Parce que ,
dit-il, n'ayant jamais tourné le dos,, il
?ie voulait pas commencer dans ses der-
niers momens. Il pria ensuite d'Alègre
d'aller dire au roi, que le seul regret
qu'il avait en quittant la vie , était de
ne pouvoir pas le servir plus long-temps.
Le connétable Charles de Bourbon , qui
l'estimait , l'ayant trouvé dans cet état ,
comme il poursuivait les Français , lui
témoigna combien il le plaignait. Bayard
lui répondit : Ce n'est pas moi qu'il faut
plaindre * mais vous , qui portez les ar-
mes contre votre roi, votre patrie et
votre serment. Il expira peu de temps
après , âgé de 48 ans. Nous avons la Vie
de cet homme illustre par Symphorien
Champier, Paris, 1525, in-4°; par un de
ses secrétaires , 1619 , in-4° , avec des no-
tes de Thomas Godefroy; par Lazare Boc-
quillot , prieur de Lonval , 1702 , in-12 ;
et par Guyart de Berville, 1760, in-12.
Le style des deux premiers a vieilli , et
celui des deux autres manque un peu d'é-
légance. Quoique Bayard n'eût jamais
commandé en chef, les troupes le re-
grettèrent comme si elles avaient perdu
le meilleur des généraux. Plusieurs offi-
ciers et plusieurs soldats allèrent se ren-
dre aux ennemis , pour avoir la consola-
lion de voir encore une fois le chevalier.
L'ennemi, aussi généreux qu'eux, ne vou-
lut pas qu'ils fussent prisonniers. On re-
mit son corps, après l'avoir embaumé,
pour être porté à Grenoble , sa patrie. Le
duc de Savoie lui fit rendre les honneurs
qu'onrendaux souverains, et le fit accom-
pagner par la noblesse jusque sur la fron-
tière. On avait donné à ce grand homme
le nom de Chevalier sans peur et sans
reproche , et il le méritait bien. Il avait
cette vertu naïve , et cet héroïsme plein
de franchise, dont un siècle raffiné ne
fournit plus d'exemples. Il savait que la
valeur sans religion n'était qu'une espèce
de fureur, dénuée des lumières qui doi-
vent la rendre humaine et utile ; il don-
nait en toute occasion des preuves pu-
bliques de son attachement à la foi chré-
tienne. Dès qu'il eut été blessé , son pre-
mier mouvement fut de baiser la croix
de son épée , n'ayant pas d'autre figure
propre à retracer le signe de notre ré-
demption.
* BAYARD (Jeax-Baptîste-Fraivçois),
avocat et jurisconsulte, né à Paris en
BAY
1750 , et mort en 1800 , fut reçu avocat en
1776 , et s'occupa avec Camus à rectifier la
collection de jurisprud nce de Denisart
dont ils publièrent 9 vol. iri-4°. ( On en a
depuis ajouté quatre autres. ) Il remplit
successivement pendant six ans les fonc-
tions d'accusateur public, de juge et de
commissaire du pouvoir exécutif près le
tribunal de Cassation. Les cahiers de l'Hô-
tel-de-Ville de 1789 à 1791 , intitulés An-
nales de ta Révolution sont aussi de lui:
* BAYE\ ( Pierre ) , pharmacien et
chimiste, né à Chàlons-sur- Marne , en
1725 , vint en 1749 à Paris , et fut succes-
sivement l'élève de Gharas , de Bouelle et
deChamousset.Ses succès furent si grands,
que le gouvernement le chargea d'analy-
ser avec Venel toutes les eaux minérales
de la France. Ce travail important fut sus-
pendu par l'ordre qu'il reçut, en 1755 , de
suivre comme pharmacien en chef l'expé-
dition de l'île de Minorque, pendant la-
quelle il trouva pour l'armée, qui buvait de
l'eau saumât re , une source abondan le d'eau
douce , et en un jour , retira de la poudre
à canon assez de salpêtre pour faire des
mèches de bombes , dont la privation al-
lait contraindre d'interrompre le siège.
Après la campagne , Bayen passa avec le
même titre à l'armée d'Allemagne pen-
dant la guerre de sept ans. A la paix , il
reprit ses travaux sur les eaux minérales,
et fit de nouvelles recherches qui le con-
duisirent à d'utiles découvertes. Il fut
reçu à l'institut à l'époque de sa réfor-
mation et mourut en 1801. Ses principaux
ouvrages sont : | Analyse des eaux de Ba-
gnères et de Luchon, i76S; \ Moyen d'ana-
lyser les serpentines, porphyres, ophites ,
granits , jaspes, schistes , jades et félos
pallie j, 1778 ; | Recherches chimiques sur
l'élain, 1781. Ce dernier ouvrage fut fair
en commun avec Charlard. C'est Bayen
qui découvrit la propriété fulminante du
mercure dans certaines combinaisons.
BAYER ( TuÉopniLE-SiGKFRÔi ) , petit-
fils de Jean Bayer, habile mathémati-
cien, naquit en 1694. Son goût pour l'é-
tude des langues anciennes et modernes
le porta à apprendre même le chinois. Il
alla à Dantzick , à Berlin, à Halle , à Leip-
sick, et en plusieurs autres villes d'Alle-
magne , et fit partout des connaissances
utiles. De retour à Kœnigsberg, en 1717.
il en fut fait bibliothécaire. Il fut appelé
en 1726 à Pétersbourg , où on le nomma
professeur des antiquités grecques et ro-
maines. Il était sur le point de retour
ner à Kœnigsberg lorsqu'il mourut à Saint-
BAY èi
rétcrsfeourg en 1738. On a de lui un
grand nombre de Dissertations savantes;
principalement sur des monnaies an-
ciennes et des inscriptions curieuses. Son
Muséum sinicum, imprimé en 1750 , 2
vol. in-8°, ouvrage d'une, érudition sin-
gulière , montre dans son auteur beau-
coup de sagacité. Son Historia congrega-
tionis cardinalium de propaganda fide ,
1721, in-4°, décèle contre l'Eglise catho-
lique une haine poussée si loin , que les
protestans mêmes en furent indignés. —
Jean BAYER, son aïeul, né à Augsbourg,
était un astronome habile. En 1605 , il
publia, sous le titre d' [franometria , une
description des constellations, dans la-
quelle il indique chaque étoile par une
lettre grecque ou latine; méthode qui a
été suivie depuis. Ce catalogue des étoiles
a été successivement perfectionné , sans
qu'on ait pu cependant savoir encore le
nombre précis de ces flambeaux célestes.
Voyez FLAMSTÉED.
* BAYER ( Fraivçois-Perez ) , anti-
quaire et érudit espagnol , né à Valence
en 1711. Après avoir enseigné l'hébreu
dans sa patrie , il fut nommé chanoine
trésorier de la cathédrale de Barcelone ,
et ensuite de Tolède. Le roi Charles III le
nomma précepteur des infans , et il s'ac-
quitta de cette fonction à la satisfaction
générale. Il mourut le 26 janvier 1794.
Le roi, pour récompenser ses services .
lui avait accordé le litre de conseiller de
la chambre. Ses ouvrages imprimés sonl
peu nombreux. Le premier, qu'il publia
en 1753, est une | Dissertation su?- les rois
de l'île de Tarse. En 1756 il lit imprimer
une dissertation intitulée : Damasus et
Laurentius llispanis adserii et vindicali;
enfin il publia en 1781 une dissertation
sous ce titre : | De nummis hebrœo-sama-
ritanis, in-4°. Il avait employé une partie
de sa vie à des recherches sur les anti-
quités, pour lesquelles il fit plusieurs
voyages, et à la composition du Cata-
logue des manuscrits de l'Escurial ci de
Tolède ; qui forme plusieurs vol. in-fol.
lia laissé plusieurs autres manuscrits, et
enrichi de notes une nouvelle édition de
la Bibliothèque espagnole d'Antonio.
BAYEUX ( Georges ) , avocat , né à
Caenvers 1752, se distingua dans plusieurs
causes importantes, fut nommé premier
commis des finances sous Necker , puis
commissaire du roi et procureur-général-
fiyndic du département du Calvados. Ac-
cusé d'entretenir une correspondance
avec les ministres Montmorin et de Les-
9 BAY
sart , qui étaient détenus à Orléans , il fut
mis en prison et massacré par le peuple,
le 6 septembre 1792. Il a laissé plusieurs
ouvrages, parmi- lesquels on distingue une
traduction des Fastes d'Ovide, 1783-89,
4 vol. in-8°, écrite avec assez d'élégance,
mais estimée particulièrement pour le
discours préliminaire et les notes qui
l'accompagnent, remplies de recherches,
de critique , d'histoire et de philosophie ;
Réflexions sur le règne de Trajan > 1787,*
Essais académiques , 1785, etc.
BAYLE ( Pierre ) , naquit au Cariât ,
petite ville du comté de Foix en 1647. Son
père lui servit de maître jusqu'à l'âge de
19 ans, et l'éleva dans le calvinisme. Il
l'envoya ensuite à Puylaurens, où était
une académie de sa secte.Lc curé de cette
ville, aidé de quelques livres de contro-
verse que le jeune philosophe avait lus,
lui fit abjurer le protestantisme. Dix-sept
mois après il retourna à son ancienne
communion. Un édit du roi, peu favora-
ble aux relaps , l'obligea de sortir de sa
patrie. Il se réfugia àCopet, petite ville de
Suisse, près de Genève, où il se chargea
d'une éducation, et d'où il sortit quelque
temps après. La chaire de philosophie de
Sedan s'étant trouvée vacante en 1675,
Bayle alla la disputer, et l'emporta sur
ses concurrens. Ses succès dans ce poste
ne furent point équivoques; mais l'aca-
démie de Sedan ayant été supprimée en
1681 , Bayle se vit obligé de se retirer à
Roterdam. On érigea en sa faveur une
chaire de professeur de philosoplùe et
d'histoire. Il en fut destitué en 1696, par
les efforts de Jurieu , ministre protestant
assez connu par ses prophéties et son
fanatisme. Cet enthousiaste avait quelques
sujets de ressentiment contre le philoso-
phe , et celui-ci avait eu l'imprudence de
lui donner les moyens de se venger; car
il n'était pas difficile de faire comprendre
aux réformés que Bayle était un ennemi
de toutes les communions; ses écrits en
fournissaient des preuves multipliées. On
prétend cependant que, sans un motif
politique qui intéressait l'étal, Jurieu
n'aurait point réussi. Halwin , bourg-
mestre de Dordrecht, était entré dans
une csj èce de négociation avec Amelot,
ambassadeur de France en Suisse, pour
faire la paix avec celle couronne à l'insu
de l'état. 11 fut arrêté pour ce sujet par
l'ordre du roi d'Angleterre, qui ne vou-
lait que la guerre, et condamné à une
prison perpétuelle et à la confiscation de
tous ses biens. Bayle fut soupçonné d'avoir
BAY
140
IIVY
par ses écrits, fait entrer bien des per-
sonnes dans les vues du bourgmestre , et
les magistrats de Roterdam curent ordre
de lui ôler sa charge de professeur et sa
pension : ils obéirent en cela au roi Guil-
laume, dont ils étaient les créatures. II
s'éleva contre Bàyle une nouvelle lem-
péte, lorsque son Dictionnaire parut en
1097. Jùrieu dénonça au consistoire de
l'église wallonc ce qu'il y avait de répré-
lu lisible dans cet ouvrage; c'vn était une
partie très considérable. Baylc fut obligé
de promettre qu'il corrigerait les fautes
qu'on lui reprochait. Les preuves d'im-
piété (pie ce livre fournissait contre lui,
lui causèrent beaucoup d'inquiétude. On
dit qu'il devait passer en France avec une
pension de 6,000 livres lorsqu'il mourut
à Roterdam, d'une maladie de poitrine ,
âgé de 39 ans , en 170G ; mais il n'y a pas
d'apparence que Louis XIV fût disposé à
récompenser un écrivain, dont l'irréligion
était manifeste. 11 en convenait lui-même
sans détour; on sait la réponse qu'il lit à
l'abbé de Polignac, depuis cardinal : .-/
laquelle des sectes qui régnent en Hollan-
de éles-vous le plus attaché , lui deman-
dait cet abbé ? — Je suis protestant , ré-
pondit Rayle? — Mais ce mot est bien
vague-, répondit Polignac? — Etes-voiis
luthérien . calviniste , anglican ? — Non
répliqua Rayle : je suis protestant , parce
que je proteste contre tout ce qui se
dit et ce qui se fait. ( Eloge du cardinal
de Polignac , par M. de Roz.e. ) Les ouvra-
ges sortis de sa plume sont : | Pensées
diverses sur la comète qui parut en 1080,
k vol. in-12. Il avait commencé cet ou-
vrage à Sedan, et le finit en Hollande. Il
y soutient, parmi d'autres paradoxes ,
qu'il est moins dangereux de n'avoir point
de religion, que d'en avoir une mauvaise.
On jugea dès lors que Rayle était un so-
phiste et un pyrrhonien. Après avoir
sapé les fondemensde toutes les religions
dans ce livre, il veut anéantir la religion
chrétienne. Il ose avancer que de vérita-
bles chrétiens ne formeraient pas un état
qui pût subsister. On a cru qu'en soute-
nant ce paradoxe, il méconnaissait l'esprit
de la religion : il ne le méconnaissait pas,
mais il feignait de le méconnaître. Rayle
se formait des fantômes pour les com-
battre : on ne le voit que trop dans cet
ouvrage , à travers les digression, les
hors-d'œuvre et les passages dont il est
parsemé. Il dessille les yeux sur l'influence
des comètes; mais il mêle à cette vérité
une infinité d'erreurs. Un de ses artifices
est d'attaquer les vérités les plus capitales
en tout genre, par les erreurs que l'igno-
rance y a mêlées. En montrant qu'on les
a mal soutenues , il croit les avoir renver-
sées. Les chutes des savans font à ses y eu*,
chanceler toutes les sciences : les mépri-
ses des uns sont des raisons d'où il con-
clut l'incertitude des autres. SuF ce vain
sophisme, il appuie les fomlemens pour
établir l'édifice de son pyrrhonisme. Son
style, qui plaît d'abord par sa clarté et par
le naturel qui le caractérise, tiéj>laît à la
fin, par une langueur, une mollesse et
une négligence poussées un peu trop
loin : il en convenait lui-même. Mon style,
disait-il, est assez négligé, il n'est pas
exempt de termes impropres et qui vieil-
lissent, ni peut-être même de barbarismes.
Je l'avoue : je suis là-dessus presque sans
scrupule. Il rendait une exacte justice à
ses ouvrages. Il dit dans une de ses let-
tres : « On m'écrit que M. Despréaux goûte
» mon Voyage. J'en suis surpris et flatté.
» Mon Dictionnaire me parait à son égard
» un vrai ouvrage de caravane, où l'on
» fait 20 ou 50 lieues sans trouver un
» arbre fruitier on una fontaine. » Rayle
écrivait aussi au P. de Touruemine : Je
ne suis que Jupiter Assemble-Nues. Mon
talent est de former des doutes; mais ce
ne sont, poiw moi qw: des doutes... Il s'est
peint lui-même à l'article Arcésilas , où
il fait le portrait de ce philosophe. A l'ar-
ticle Euclile , il se donne d'excellentes
leçons dont il ne sait point faire usage.
Subtilisant sans cesse, il condamne les
auteurs qui subtilisent. Pouvait-il ignorer
qu'Isocrale, dans le panégyrique d'Hélène,
appelle ce talent, un talent petit, médio-
cre, et qui suppose peu. de génie? \ Les
Nouvelles de la république des lettres ,
depuis le mois de mars J 68\ , jusqu'au
même mois 1087. Ce journal eut un cours
prodigieux. La critique en est saine dans
bien des endroits, les réflexion, justes, l'é-
rudition variée. On est fâché d'y trouver
quelquefois des plaisanteries déplacées, et
des obscénités qui le sont encore plus. Ce
philosophe tenait souvent des discours
très libres , et dans des assemblées où le
plus petit reste de décence eût dû le dé-
contenancer ; il parlait des matières les
plus cachées de l'anatotnie dans un cercle
de femmes , connu;: les chirurgiens dans
leurs écoles; L:s femmes baissaient les
yeux, ou détournaient la tête : il faisait
semblant d'en être surpris, et demandait
tranquillement s'il était tombé dans quel-
que indécence...? \ Commeidairc philo-
BAY
ni
BAY
sophiquc sur ces paroles de l'Evangile
CONTRAINS-LES D'ENTRER, 2 vol. in-
42. C'est une espèce de traité de la tolé-
rance, qui intéressa vivement tous ceux
qui en avaient besoin. Il y a beaucoup de
dialectique , mais de celle qui fait des ef-
forts pour confondre le faux avec le vrai,
et pour obscurcir un bon principe par
des conséquences mal tirées. | Réponses
eux questions d'un provincial, S vol. in-
42. Ce sont des mélanges de littérature ,
d'histoire et de philosophie. | Critique
générale de l'histoire du calvinisme , du
P. Maimbourg. | Des Lettres, en S vol.
| Dictionnaire historique et critique, en
h. vol. in-fol. Roterdam, 1720. Bayle l'au-
rait réduit , de son- propre aveu , à un
seul , s'il n'avait eu plus en vue son li-
braire que la postérité. Ce livre , d'un
goût nouveau, est accompagné de grandes
notes , dans lesquelles le compilateur a
mélangé, avec plus de profusion que
de choix, tout ce qu'il avait pu recueillir
de bon et de mauvais. De là mie foule d'a-
necdotes hasardées , de citations fausses,
de jugemens peu justes, de sophismes
évidens, d'ordures révoltantes. Bayle
traite le pour et le contre de toutes les
opinions. Il expose les raisons qui les
soutiennent, et celles qui les détruisent;
mais il appuie plus sur les raisonnemens
qui peuvent accréditer une erreur, que
sur ceux dont on étaie une vérité. Un
écrivain fameux, grand admirateur de
Bayle , a dit : Qu'il était V avocat-général
des philosophes, mais qu'il ne donn * point
ses conclusions. Il les donne quelquefois.
Cet avocat-général est souvent juge et
partie, et lorsqu'il conclut, c'est ordi-
nairement pour la mauvaise cause. C'est
presque toujours le doute qu'il s'efforce
d'établir. Il est presque incroyable à quel
point il avait porté le scepticisme , au
moins apparent, car on ne peut croire
que dans le fond de son âme il fût aussi
peu affirmatif. Le Clerc nous apprend que
dans ses vieux jours il voulait même er-
goter contre les démonstrations géomé-
triques. On sait qu'à La Haye , dans une
compagnie nombreuse , il soutint que les
Français n'avaient point perdu la célèbre
bataille de Hochstet , quoique toutes les
gazettes l'eussent annoncé, que les suites
de cette bataille fussent visibles, et qu'il
se trouvât là même présens deux officiers
qui y avaient été faits prisonniers. Après
cela faut-il s'étonner si les mystères de la
religion lui ont paru des problèmes ? M.
Dubois de Launay , dans une excellente
Analyse de Bayle, Paris, 1782, 2 vol.
in-12 , montre par les paroles mêmes de
Bayle que si ce sceptique parle pour toutes
les erreurs , il rend également hommage à
toutes les vérités. Les meilleures éditions
de sonDictionnaire historique, sont celles
de 1720 et 1740. Ses OEuvres diverses ont
été recueillies en h autres vol. in-fol. Des
Maiseaux a publié sa vie en 2 vol. in-12,
ouvrage qu'on aurait pu réduire à la
moitié d'un , si l'historien s'était borné à
l'utile. Ses principales erreurs ont été
solidement réfutées par les auteurs de la
Religion vengée, dans les six premiers
volumes de cet ouvrage ; et par le Père
Le Fèvre dans son Examen critique de
Bayle. Ceux qui veulent rassembler les
portraits qu'on a faits de ce fameux pyr-
rhonien , peuvent consulter Ramsay , Le
Clerc , Crusaz , Saurin , le Père Porée ,
etc. ; nous nous contenterons de rapporter
celui qu'en a tracé un célèbre orateur de
nos jours. « D'où viennent, et comment
» se sont formés parmi nous ces progrès
» si rapides du libertinage et de l'athéis-
» me ? Il s'est trouvé un homme d'un génie
» supérieur et dominant , à qui , de tous
» les talens qui font les grands hommes ,
» il n'a manqué que le talent de n'en
» pas abuser ; esprit vaste et étendu ,
» qui n'ignora presque rien de ce qu'on
«peut savoir, qui ne voulut apprendre
» que pour rendre douteux el incertain
» tout ce qu'on sait ; esprit habile à tour-
» nerla vérité en problème, à étonner,
» à confondre la raison par le raisonne-
» ment , à répandre du jour et des grâces
» sur les matières les plus sombres et les
» plus abstraites, à couvrir de nuages et
» de ténèbres les principes les plus purs
» et les plus simples ; esprit uniquement
» appliqué à se jouer de l'esprit humain ;
» tantôt occupé à tirer de l'oubli et à ra-
» jeunir les anciennes erreurs , comme
» pour forcer le monde chrétien à repren-
» dre les songes et les superstitions du
» monde idolâtre ; tantôt heureux à sa-
» per les fondemens des erreurs récentes,
» par une égale facilité à soutenir et à
» renverser, il ne laisse rien de vrai, parce
» qu'il donne à tout les mêmes couleurs
» de la vérité : toujours ennemi de la re-
ligion, soit qu'il l'attaque, soit qu'il
«paraisse la défendre, il ne développe
» que pour embrouiller , il ne réfute que
» pour obscurcir , il ne vante la foi que
» pour dégrader la raison , il ne vante la
» raison/ que pour combattre la foi : ainsi
» par des routes différentes , il nous mène
BAY
Uil
BAZ
» imperceptiblement au même terme, à
j. ne rien croire et à ne rien savoir, à
» mépriser l'autorité , et à méconnaître
» la vérilé , à ne consulter que la raison
» et à ne point l'écouter. » Que resle-t-il
dans l'esprit après qu'on a lu ses ouvra-
ges, dit un célèbre critique? « des objec-
.> lions en réponse à des objections, des
»■ doutes pour combattre d'autres dou-
» tes; derineerlihule. voilàle fruit de son
» savoir, et l'unique présent qu'il fait à
>i son lecteur. Quelle gloire, ajoute-t-il,
» pourrait donc tirer l'incrédulité d'un
» corypbée qu'on nous prone sans cesse,
» et qui s'ésl décrédité lui-même par des
» incertitudes continuelles ? Ce ne sont
» pas des hommes de cette trempe que la
» religion nous présente dans ses maîtres
» et dans ses défenseurs. Les Chrysostô-
» me, les Augustin, les Cyrille, les Atha-
»nase,les Huet, les Abbadie , les Bos-
» suet , les Fénélon , les Bourdaloue . les
» Massillon , et un millier d'autres s'en
» tenaient à quelque chose de fixe, et Jeur
» manière de raisonner supposait la vérité
* dans leur esprit, comme elle en rom-
» mimique la conviction à leur lecteur.
» A quoi en serait réduit l'esprit humain1.
» s'il n'avait pour se conduire que ces
» lumières incertaines qui l'abusent et le
» fatiguent sans le fixer? Les écrivains du
» christianisme . en répandant la clarté
» dans l'esprit, font sentir en même temps
» une chaleur qui échauffe et remplit le
» cœur; dans Bayîe c'est une lueur froide
» qui éblouit un instant les yeux , et vous
» laisse ensuite dans l'obscurité. »
RAYEE ( Fra\çois ), né au diocèse
d'Auch, professeur de médecine en l'u-
niversité de Toulouse , mourut dans cette
ville, en 1709, à 87 ans, avec la fermeté
d'un philosophe chrétien. C'était un
homme modeste, qui fermait les yeux sur
son mérita , et qui n'en voyait que mieux
celui des autres. Nous avons de lui des
institutions de Ph'/sique.en latin, publiées
en 1700, 5 vol. in-4°, et quelques traités
de médecine.
* BAYLE (G. L. ), médecin français
était membre de plusieurs sociétés savan-
tes. Après une longue suite d'observa-
tions et de soins assidus , Bayle publia ses
Recherches sur la phthisie pulmonaire ,
et fixa l'opinion des gens de l'art sur cette
terrible et lente maladie. On lui doit en-
core de bonnes descriptions des squirres,
des indurations , des corps fibreux , des
squirres accidentelles, toutes affections qui
appartiennent à l'anutoinie pathologique.
Bayle coopéra au Dictionnaire des sciences
médicales , et on lui attribue les articles :
Cancer, avec M. Cayol ; Désorganisation ,
Corps fibreux d°, la matrice , OEdème de
laglotle. Depuis long-temps il travaillait
à un plus grand ouvrage sur les maladies
cancéreuses , lorsque la mort l'enleva
en 1817.
* il VYEEY ( Axsei.me ) , théologien pro-
testant , né en 1720 et mort en 179k , a pu-
blié un assez, grand nombre d'ouvrages,
la plupart oubliés aujourd'hui, cl dont les
principaux sont : | Une grammaire an-
glaise; | l'union de la musique et de la
poésie; \ grammaire hébraïque sans points
et avec des points ; | l'Ancien Testament,
en anglais et en hébreu , avec des remar-
ques . h vol. in-8°.
* B\YLY (Louis), prélat anglais, né à
Caermarthen . fut chapelain de Jacques I,
et évéque de Bangor, en 1616 , et mourut
en 1G12. Il jouissait d'une grande répu-
tation comme prédicateur , et a publié la
Pratique de piété , in-8" , ouvrage qui a
obtenu un succès prodigieux; on le ré-
imprima pour la cinquanle-neuvième fois
en 1734 : il en existe une traduction fran-
çaise, I(>35, in-8°. On a cru reconnaître
quelques principes de puritanisme, ce
qui serait assez singulier de la part d'un
évéque, les puritains étant opposés aux
épiscopaux.
BAZIN. Voyez BEZOVIS.
* BAZ1RE. Voyez BASIRE.
* B-VZIUS ( Jeax) , évéque de Weixioe
en Suède, né en 1581 , mort en 1649, com-
posa , par ordre du gouvernement, une
Histoire ecclésiastique de Suède, sous le
titre suivant : Inventariam ecêleskt Sueco-
Gothicorum , continents intégrant Ilisto-
riam ecclesiœ Sueeofmn , libris VIII
descriptam usque ad annuni tô&£ , Lin-
copiae', 1645, in-4". L'évèque Bazius eut
trois iils , Jean, Eric et Benoit, qui se
distinguèrent par leur mérite et leurs ta-
lens. — JEAN devint archevêque d'Up-
sal.et publia quelques ouvrages théolo-
giques. — ERIC courut la carrière mili-
taire, cl fut anobli sous le nom de Lcion-
hielm. — BENOIT fui pi éeepteui du prince
Charles-Gustave , depuis roi de Suède,
sous le nom de Charles X , composa des
dissertations sur divers sujets de morale
et d'histoire, et fut anobli sous le nom
d'EUehielm.
BAZAl AN et COBAD. C'est le nom de
deux hommes fameux par un combat sin-
gulier , qui décida du sort des Turcs et
des Persans. Bazinan était Turc et sujet
BEA i
d'Afraciutl . roi du Turquestan , qui avait
passé ie Gihon avec une armée terrible
pour envahir la Perse, Cobad était Per-
san, el combattit pour Naucmar, un des
derniers rois de la première dynastie de
l'erse. Il fut stipulé avant le combat que
celui îles deux qui vaincrait son ennemi
donnerait la victoire à son prince et à sa
nation. Ltf foi fut ; aidée par les deux par-
tis : C.obad ayant terrassé et tué lîa/.man,
le roi du Turquestan repassa le Gibon , et
laissa en paix celui de l'er-e.
P.É (Guillaume Le):, graveur et fon-
deur en caractères d'imprimerie, naquit
à Troyes , en 1525 , de Guillaume Le Bé,
noble bourgeois, et de Madeleine de Saint-
Aubin. Elevé à Paris dans la maison de
Robert Etienne, que son père fournissait
de papier, il avait eu pari à la composi-
tion des caractères de sa célèbre impri-
merie. En ISio il passa à Venise, et y
grava pour Marc-Antoine Justiniani , qui
avait levé une imprimerie hébraïque, des
assortimens de caractères hébraïques. De
retour «à Paris, il y exerça cet ait jus-
qu'en !5!!8, époque de sa mort. Casaubon
parle de lui avec éloge dans sa préface, à
1 i tète des Opuscules de Spaliger. — Hexri
Le BE . sou fils , fut imprimeur à Paris.
où i! donna en !58t une édition iu-4° des
ïn&tiliiliones Clenardi in linguam grœ-
cani. Ce livre, quia été très utile aux au-
teurs de la Méthode grecque de Port-
Boyal, est un chef-d'œuvre d'impression.
Ses iils et ses petits-lils se signalèrent
dans le même art. Le dernier mourut en
4085.
• BÉATHIE ou plutôt BEATTIE (Ja-
mes), célèbre poète et littérateur écos-
sais, né à Laurencekirk dans le comté de
K'mcardine, le 5 novembre 1755, d'un
simple fermier qui cultivait la poésie. Il
eut le malbeur de perdre son père dans
le bas âge ; mais son frère aîné , recon-
naissant en lui de grandes dispositions, le
conduisit à Aberdéen , où il obtint une
bourse , et il y fil toutes ses études. Après
les avoir achevées , il fut nommé profes-
seur de grammaire latine, et ensuite de
philosophie au collège Mareschal. Il pu-
blia successivement plusieurs ouvrages.
Les principaux sont : | un Recueil de
Poésies s composé d'odes, d'élégies, de
stances, et d'une traduction des églogues
de "Virgile; ( Essai sur la poésie el la
musique, ouvrage estimé et traduit en
français; | Essai sur la nature et l'im-
mutabilité de la vérité; \ Ménestrel, ou
les progrès du génie , poème qui lui fit
H$ BEA
ww- grande réputation; | un Traité du
langage. , un de ses meilleurs ouvrages;
j un Traité de l'évidence du christianis-
me ; | Elérncns de la science morale , ou-
vrage très estimé, qui est un résumé de
ses leçons à l'université d' Aberdéen. On
remarque dans ses écrits une grande pé-
nétration , el plus de subtilité que de pro-
fondeur. Son style plein de chaleur et de
mouvement contribua beaucoup à les ré-
pandre. Il mourut en 1805 , des suites de
la douleur qu'il éprouva d'avoir perdu
ses deux fils qui donnaient les plus belles
espérances.
* 15E VTILLO ( > lïTOiiVF. ) , jésuite, né à
Naples en 1570, y mourut le 7 janvier
1042. On a de lui la Storia délia citta di
Barij Naples , 1G57 , in-4° , el di san Sa-
bino vescovo canusino , protettore délia
cilla di liari ^ in 8°, avec une liste des ar-
chevêques de Ba>ri., utile pour l'histoire
ecclésiastique de ce pays. Il avait écrit en
italien plusieurs vies de saints qui sont
restées en grande partie manuscrites.
BE\TOl'.\, cardinal, archevêque de
Saint-André en Ecosse, né en 1492 , fut
assassiné en 15/10, par les satellites de la
prétendue réformât ion , durant les trou-
bles que les hérésies du Kl0 siècle causè-
rent en Ecosse. Le fanatique Knox ne
rougit pas de rapporter cet assassinat
sous le litre de Joyeuse narration. Voyez
le Dictionnaire universel de John Wal-
kius.
* liEATOLIV (Jacques), neveu du pré-
cédent, ué en 1508 , fut archevêque de
Glascow à l'âge de 25 ans. Lorsque la ré-
formation commença en 1560 , il passa en
France, emportant les vases sacrés et les
archives de son église. Il mourut en 1604.
Il est auteur d'une Histoire d'Ecosse ma-
nuscrite.
lîÉATIUX (sainte) signala sa charité
dans les temps des persécutions; elle re-
tira du Tibre les corps de saint Simplico
et de saint Faustin, ses frères , qui avaient
été décapités à Rome en 505, et resta en-
suite cachée pendant sept mois chez une
femme vertueuse , nommé Lucile , avec
laquelle elle employait la nuit et le jour
à la prière et à la pratique de toutes sor-
tes de bonnes œuvres. A la fin on la dé-
couvrit et on l'arrêta. Son accusateur fut
un païen de ses parens , qui voulait s'ap-
proprier ses biens. Elle protesta géné-
reusement devant le juge qu'elle n'ado-
rerait jamais des dieux de bois et.de pierre.
Sa confession fut suivie d'une sentence
de mort; on l'étrangla dans sa prison.
BEA
144
BE.V
Lucile l'enterra auprès de ses frères, du
côté du grand chemin de Porto , dans le
cimetière appelé ad ursum pileatum. Le
pape Léon transporta les reliques de ces
saints dans une église qu'il avait fait bâ-
tir à Rome sous leur invocation ; elles
sont aujourd'hui dans celle de Sainte-Ma-
rie-Majeure.
BÉATRIX , femme de Frédéric I , et
fille de Renaud, comte de Bourgogne , fut
mariée à cet empereur en 1156. Elle eut
la curiosité d'aller à Milan, pour voir cette
ville. A peine y fut-elle arrivée, que la
douleur que le peuple avait de se voir
privé de son ancienne liberté , éclata con-
tre sa personne d'une manière indigne.
On savait d'ailleurs que Frédéric l'avait
épousée contre les règles , en répudiant
son épouse légitime Les mutins ayant
pris cette princesse, la mirent sur une
ànesse, le visage tourné du côté de la
queue , qu'ils lui donnèrent en main au
lieu de bride , et la promenèrent en cet
état par toute la ville. Une action si inso-
lente ne demeura pas long-temps impu-
nie. L'empereur les ayant assiégés, en
1162, prit et rasa leur ville jusqu'aux fon-
demens , à la réserve des églises. Il la fit
ensuite labourer comme un champ de
terre, et, par indignation', il y fit semer
du sel au lieu de blé. Il y a même des au-
teurs qui ont écrit que ceux qui furent
pris ne purent sauver leur vie qu'à une
condition honteuse : c'était de tirer avec
les dents une figue placée sous la queue
de l'ânesse , sur laquelle l'impératrice
avait été menée. Il y en eut , dit-on , qui
aimèrent mieux souffrir la mort qu'une
telle ignominie. On croit que c'est de là
qu'est venue cette sorte d'injure , qui est
en usage encore aujourd'hui parmi les
Italiens, lorsqu'en se mettant un doigt
entre deux autres , ils disent par moque-
rie : Voilà la figue.
BEATTIE. Voyez BÉATHIE.
BEAU (Jean-Baptiste Le) , né dans le
Comtat-Venaissin , en 1602 , se fit jésuite,
se distingua par son érudition, et mourut
à Montpellier , le 26 juillet 1670. On a de
lui : | plusieurs dissertations savantes,
qui ont trouvé place dans les Antiquités
romaines de Grsevius ; | De velerum et
recentium Gallorum stralagematibus *
Francfort , 1661 ; | Vie de François ci "Es-
tain j évéque de Rodez , publiée en fran-
çais et en latin; | Vie de don Barthé-
lémy des Martyrs , en latin ; | le Modèle
des évéque s dans la vie d'Alfonse-Torri-
biuSj archevêque de Lima* en lalin. J
BEAU ( Jean-Louis Le) , professeur do
rhétorique au collège des Grassins , de
l'académie des inscriptions , naquit à Pa-
ris le 8 mars 1721 , et mourut le 12 mars
1766. Il remplit avec distinction les fonc-
tions d'académicien et de professeur. Il
est auteur d'un discours dans lequel ,
après avoir fait voir combien la pauvreté
est nuisible aux gens de lettres, et quels
sont les dangers qu'ils ont à redouter des
richesses , il conclut que l'état d'une heu-
reuse médiocrité est à peu près celui qui
leur convient. Il a donné une édition
d'Homère, grecque et latine , en 2 vol ,
1746; et les Oraisons de Cicéron , en 3
vol. , 1750. Il les a enrichies de notes.
BEAU (Charles Le) , frère du précé-
dent , d'abord professeur de rhétorique
au collège des Grassins , et ensuite pro-
fesseur au collège royal , secrétaire per-
pétuel et pensionnaire de l'académie des
inscriptions, mourut à Paris le 13 mars
1778 , à 78 ans. Cet académicien , aussi
honnête que laborieux , est auteur d'une
Histoire du Bas-Empire J en 27 vol. in-
12 , qu'on peut regarder comme une suite
de Y Histoire ancienne de Rollin. Il y rè-
gne une critique judicieuse et un style
soigné. Le rhéteur s'y fait quelquefois un
peu trop sentir; mais en général on la lit
avec plaisir et avec fruit. La manière de
M. Le Beau n'a pas à la vérité autant
d'intérêt que. celle du célèbre recteur de
l'université ; mais elle est en général plus
correcte ; elle ne manque que d'un peu
de chaleur et de précision. Cet important
ouvrage a été terminé par M. Ameilhon ,
et forme 29 vol. in-12. Les Mémoires de
l'académie des belles-lettres sont enrichis
de plusieurs dissertations savantes de
M. Le Beau , et de divers éloges histori-
ques, où le caractère' des académiciens
est saisi avec, justesse et peint avec vérité.
La sagesse des principes , la douceur des
mœurs et la sûreté du commerce de cet
écrivain ont inspiré de vifs regrets à ses
amis et à ses élèves. La science n'avait
égaré ni son esprit ni son cœur. Il res-
pectait la religion et en pratiquait les de-
voirs avec l'exactitude la plus scrupu-
leuse. On a donné quatre vol in-8° de
pièces latines de M. Le Beau , Paris, 1782
et 1785. On n'y trouve point en général
de grandes images, de pensées ferles, ni
rien de ce qui annonce le sublime : mais
l'auteur excelle dans le gracieux. Ses
vers sont doux , faciles , élégans , barmo*
nieux , et d'une latinité pure.
BKAUCAIRE de PEGUILLON (Fkan-
BEA U
çcis), né dans le Bourbonnais, en 1514,
d'une famille ancienne , fut précepteur
du cardinal Charles de Lorraine, qu'il
accompagna à Rome, et qui lui céda l'é-
vêché de Metz- Il ie suivit encore au con-
cile de Trente , et s'y distingua par son
zèle et son éloquence. Peguillon se retira
dans le château de Creste en Bourbon-
nais, après s'être démis de son évêché.
C'est là qu'il composa ses Rerum Galli-
carum cornrnentaria , ab anno 1561 ad
annum 1562 , Lyon 1625 , in-fol. On a en-
core de lui un Traité ds en fans morts
dans le sein de leur mère, 1567, in-8°. Il
mourut en 1591 , avec la réputation d'un
prélat savant el vertueux. Son Histoire
de France ne parut qu'après sa mort ,
comme il l'avait désiré. Elle est bien
écrite , et elle renferme les événemens
principaux. Il y défend avec chaleur les
intérêts des Guise ; mais d'ailleurs il est
assez exact.
BEAUCHAMP (Richakd), comte de
Warwick, né en 1581 , et mort à Rouen
l'an 1439, assista au concile de Constance,
et remporta plusieurs victoires sur les
Français. Après sa mort , son corps fut
transporté en Angleterre , el enterré dans
la collégiale de Warwick , en 1767.
* BEAUCHAMP ( Joseph), astronome,
né à Vesoul le 20 juin 1752 , entra dans
l'ordre des bernardins , et se rendit , en
1781 , à Bagdad , auprès de M. Miroudot,
son oncle , évoque et consul de France ,
pour y remplir les fonctions de grand-
vicaire. Pendant ce voyage, il lit plusieurs
observations importantes en astronomie,
qui ont été insérées dans le Journal des sa-
vons. Il fournit à Lalande des observations
importantes ; il lui envoya une carte du
cours du Tigre et de l'Euphrate, pendant
une longueur de 500 lieues. Il en traça
une de la Babylonie, et donna à l'abbé
Barthélémy des dessins de monumens ,
d'inscriptions et de médailles de l'ancienne
Babylone , ainsi que des monumens ara-
bes. Il revint en France en 1790. En 1795
il fut nommé consul à Mascate en Ara-
bie. Il partit pour cette destination en
1796, s'arrêta quelque temps à Constan-
tinople , et visita les côtes de la mer Noire.
Appelé en Egypte par le général Bona-
parte, Beauchamp fit dans cette contrée
des remarques qui sont consignées dans
les Mémoires de l'institut du Caire. En
revenant à Constantinople , il fut pris par
les Anglais et livré aux Turcs , qui le re-
tinrent captif pendant 3 ans. Il mourut à
Nice, le 19 novembre 1801. La plupart de
2.
BEA
ses ouviages ont été imprimés dans le
Journal des savons , et dans les Mémoi-
res de l'académie des sciences. Les prin-
cipaux sont : | Voyage de Bagdad à Bas-
sora le long de l'Euphrate; \ Relation
d'un voyage en Perse fait en 1787; | Mé-
moires sur les antiquités babyloniennes
qui se trouvent aux environs de Bagdad;
| des Réflexions sur les mœurs des Ara-
bes.
* BEAUCII AMP ( Alphonse de) , homme
de lettres , né en 1767 , à Monaco , place
dont son père , chevalier de Saint-Louis ,
était major, entra à 17 ans au service de
Sardaigne; mais à l'époque de la révolu-
tion française il se démit du grade qu'il
occupait. Devenu suspect au gouverne-
ment sarde , il fut arrêté et renfermé au
fort de la Brunette, ensuite à celui da
Céva. Après une longue détention, il
rentra en France. Une place lui fut don-
née dans les bureaux ministériels , notam-
ment dans ceux de la police , où M. Fou-
ché laissa à sa disposition des matériaux
nombreux , dont il se servit pour compo-
ser son Histoire de la Vendée et des
chouans , qui , malgré ses inexactitudes a
eu quatre éditions. Le gouvernement im-
périal , mécontent de ce que Beauchamp
avait rendu publics les documens qu'on
lui avait confiés, le destitua. Cet auteur
obtint , peu de temps après, une nouvelle
place qu'il perdit en 1814. Alors il se li-
vra entièrement à la littérature et à la
politique. Il fut décoré de la légion d'hon-
neur en 1814 , et obtint une pension en
1820. Alphonse de Beauchamp a long-
temps travaillé à la Gazette ^ à la Biogra-
phie des hommes vivons et à la Biogra-
phie universelle. C'est lui qui a conçu l'i-
dée de la Table alphabétique et analyti-
que du Moniteur , qu'il a exécutée en so-
ciété. On lui doit : | Biographie des jeunes
gens , 5e édition , toute refondue , 1823 , 4
vol. in-12 ; | Catastrophe de Murât, ou
Récit de la dernière révolution de Naples,
1815., in-8°; | Critique historique, avec
des observations littéraires sur l'ouvrage
du comte de Ségur, intitulé : Histoire de
Napoléon , etc. accompagnée d'éclaircis-
semens et de notes, 1825 , in-8°; | La du-
chesse d' Angouléme à Bordeaux, ou Re-
lation circonstanciée des événemens poli-
tiques en mars 1815 , 1815 , in-8° ; | Le
faux dauphin actuellement en France,
1805 , 2 vol. in-12 ; | Histoire de la cam-
pagne de 1814, 1815, 2 vol. in-8°; j His-
toire de la campagne du maréchal de
S uwarow, prince Jtaliki , en Italie , Pa-
13
BEA.
ik6
BEA
ris , 1800 , in-12 et in-8° ; | Histoire de la
conquête et des révolutions du Pérou, 1808,
2 vol. in-12; | Histoire de la guerre de la
Vendée , depuis 1792 jusqu'en 1815 , 4e
édition, 1811), 4 vol. in-8°, avec cartes et
portraits; cet ouvrage a donné lieu à plu-
sieurs réclamations; ] Histoire de la ré-
volution du Piémont , et de ses rapports
avec les autres parties de l'Italie et de la
France , première partie, 1821 , in-8°; T
partie, 1823; | Histoire des campagnes
de 1814 et de 1815, 1817, & vol. in-8°;
| Histoire des deux faux dauphins, 1818,
2 vol. in-8° ; | Histoire des malheurs et
de la captivité de Pie VII , sous Bona-
parte , 1818, in-12, ouvrage rédigé dans
un assez bon esprit, mais où l'on trouve
beaucoup d'erreurs ; | Histoire du Brésil,
depuis sa découverte en 1500 , jusqu'en
1810, 1815, 5 vol. in-8°; | Mémoire du
comte Fortuné- Guy on de Roche colle ,
commandant en cbef les royalistes du
Maine, du Perche , et du pays Chartrain,
en 1795, 96 , 97 et 98, 1818, in-8°; | Ré-
futation de l'écrit intitulé : Coup-d'œil
sur l'état politique du Brésil, au 12 no-
vembre 1823, etc. publié à Londres en
mars 1824, Paris, 1824, in-8°; | De la
révolution d'Espagne et de son 10 août,
2e édition, 1822, in-8°; | Vie d'Ali-Pa-
cha , visir de Janina , 2e édition , 1822 ,
in-8" ; | Vie de Jules-César _, suivie du ta-
bleau de ses campagnes , avec des obser-
vations critiques, 1823, in-8°; | Vie de
Louis XVII 1 , 5,; édition, 1825, 2 vol.
in-8"; | Vie jwlitique , militaire et privée
du général Moreau , 1824 , in-8°. On lui
attribue encore les mémoires de Foucbé.
Beauchamp est mort en 1832.
* BEAI .'CHAMPS ( Pierre- François
GODARD de), né à Paris, mort dans cette
ville en 1761 , à 72 ans. On a de lui : | les
Amours d' Ismène et Isménias , 1743, in-8°.
C'est un roman traduit, ou plutôt imité
du grec d'Eustalbe, auteur qu'il ne faut
pas confondre avec l'évoque de Thessa-
lonique du même nom, qui a laissé un
commentaire estimé sur Homère; | les
Amours de Dorante et Dosiclès , autre
ouvrage grec de Théodore Prodrome, tra-
duit en français, 1746, in-12; \ Recherches
sur les théâtres de France , 1755, in-4°.
Il y a plusieurs anecdotes qui peuvent
paraître importantes à ceux qui s'intéres-
sent aux affaires des lustrions , quoique
dans le fond très indifférentes aux pro-
grès des sciences utiles, et même étran-
gères à l'histoire dont la dignité ne com-
porte pas ces sortes de récits ; | Lettres
d'Hcloïse cl d'Abeilard, en vers français,
un peu prosaïques, 1737, in-8°; | plusieurs
pièces de théâtre.
* BEAUCHÊNE ( Edme-Pierre CHAN-
VOT de) , né en 1748, aux Acharlis , près
de "Villeneuve-le-Roi , entra d'abord au
service , qu'il abandonna bientôt pour
étudier la médecine. Il fut reçu docteur
à Montpellier, et se trouvait médecin de
Monsieur, depuis Louis XVIII, lorsque la
révolution éclata. Il en adopta les prin-
cipes, et fut élu membre de la commune
en 1789, et peu après député vers les
princes français à Coblentz , pour les en-
gager à'rentrer en France. Il paraît que
ce voyage changea un peu ses idées ; car,
dès 1792, il se relira dans une terre qu'il
possédait près de Sens, et y passa les
jours les plus orageux de la révolution.
Il parut cependant à la société populaire,
mais il eut le courage de s'opposer à un
projet d'adresse au sujet de la mort de
Louis XVI. Après la restauration , il fut
nommé successivement médecin en chef
de l'hôpital militaire du Gros-Caillou, du
corps législatif, de l'école normale, et
enfin médecin consultant du roi et mem-
bre de l'académie royale de médecine eî
de la légion d'honneur. Il est mort , avec
beaucoup de résignation , le 24 décembre
1824, après avoir demandé et reçu les
sacremens de l'église. On a de lui : | De
l'influence des affections de l'âme sur les
maladies nerveuses des femmes, avec le
traitement qui convient à ces maladies ,
1781, in-8°; troisième édition, 1798; | Ob-
servations sur une maladie nerveuse ,
avec complication d'un sommeil tantôt
léthargique, tantôt convulsif 1786, in-8°;
| Maximes, Réflexions, Pensées diverses,
1817, in-18 ; quatrième édition , corrigée
et augmentée, 1821, in-12. Il a aussi fourni
des articles à plusieurs journaux, et prin-
cipalement à la Quotidienne.
BE ACCHATEAU (François-Matthieu
CHATELET de) naquit à Paris , d'un co-
médien, en 1645. Il fut mis, dès l'âge de
8 ans, au rang des poètes. La reine , mère
de Louis XIV, le cardinal Mazarin , le
chancelier Séguier , et les premières per-
sonnes de la cour, se faisaient un plaisir
de converser avec cet enfant, et de mettre
son esprit en exercice. 11 n'avait que 12
ans lorsqu'il publia un recueil de ses poé-
sies, in-4°, sous le titre de : La lyre du
jeune Apollon , ou la muse naissante du
petit de Beauchâteau, avec les portraits
en taille douce des personnes qu'il y a
célébrées. C'est très peu de chose; l'âge
BEA i
de l'auteur peut seul lui donner une es-
pèce de mérite. Environ 2 ans après, il
passa en Angleterre avec un ecclésiastique
apostat. Cromwel , et les personnes les
plus distinguées de cette île admirèrent le
jeune poète. Ou dit que l'apostat , son
compagnon, le mena ensuite en Perse, et
que depuis ce temps, on n'a pu découvrir
ce qu'il était devenu.
* BEAUCLAIR (P. L. de), né h nie-
de-France devint conseiller du landgrave,
à Darmstadt, et directeur d'un institut
d'éducation. On a de lui : | Anti-contrat
social, ou Réfutation du contrat social,
in-8°; | Histoire de mademoiselle de Gri-
soles , écrite par elle-même , in -8°; | His-
toire de Pierre III, empereur de Russie,
avec plusieurs anecdotes singulières ,
in-8° ; | Cours de gallicismes ', Francfort,
1794, 5 vol. in-8°. Beauclair mourut le 11
mai 1804.
* BE YUCOUSIX ( Cuuistopiie - Je vx-
Fraxçois), savant bibliographe, né à
Noyon en 1751 , devint avocat à Paris , et
s'y occupa plus d'histoire littéraire que
de procès. Cependant il n'a laissé aucun
ouvrage important. On trouve le catalo-
gue de ses manuscrits dans la nouvelle
édition de la Bibliothèque historique delà
France. Beaucousin allait publier la col-
lection de ses ouvrages, lorsque la révo-
lution survint. Il mourut en 1798 , au
moment où il allait être nommé bibliothé-
caire du Directoire exécutif. On a de lui
les vies de plusieurs hommes remarqua-
bles du Noyonnais, que l'auteur destinait
à faire entrer dans une Histoire de Noyon
et du Nogonnais. Cet ouvrage n'a point
été imprimé.
BEAUFILS (Guillaume), jésuite, né
àSaint-Flour en Auvergne, en 1074, mort
à Toulouse, le 30 décembre 1757, âgé de
83 ans. Il a publié | quelques Oraisons fu-
nèbres; \ la Vie de madame de l'Estonac,
fondatrice de. l'ordre des religieuses de
Notre-Dame; \ relie de madame de Chan-
tai, première supérieure des religieuses
de la Visitation ; | c t des Lettres sur la
manière de gouverner les maisons reli-
gieuses.
BEAUFOBT (Hexki). frère de Henri
IV, roi d'Angleterre , fut. l'ail évèque de
Lincoln, ensuite die- Winchester, chance-
lier d'Angleterre, ambassadeur en France,
cardinal en 1420, et légat en Allemagne.
En 1431 , le cardinal i e Winchester cou-
ronna le jeune Henri VI, roi d'Angleterre,
comme roi de France , dans l'église de
Notre-Dame de Paris. Il mourut à Win-
47 BE.\
chesler, en 1447. après y avoir fondé un
hôpital.
BEAUFOBT ( la duchesse de). Vogcz
ESTREF.S (Garrielle d' ).
* BEAUFOBT ( Marguerite), fdle de
Jean Beaufort, duc de Sommerset, naquit
en 1441 , à Bletshoe , dans le comté de
Bedford. Recherchée en mariage par plu-
sieurs personnages d'un rang illustre, elle
épousa , à l'âge de quinze ans , Edmond ,
comte de Richcmond, beau-frère du roi
Henri VI. Elle eut de cette première union
un fils qui monta ensuite sur le trône d'An-
gleterre, sous le nom de Henri VII, par
la cession que lui fit sa mère de ses droits
à la couronne; Marguerite mourut en 1509,
trois mois après la mort de son fils Henri
VII. et immédiatement après l'avéne-
ment au trône de son petit-fils HenriVIIf
Sa vie cl sa fortune furent consacrées à
des œuvres de charité et à des fondations
utiles. C'est à elle, principalement, que
l'université de Cambridge doit ses collèges
du Christ et de St. -Jean et une partie de
l'éclat dont elle jouit. Non moins recom-
mandable par son humanité, elle avait re-
cueilli dans sa maison douze pauvres
vieillards qu'elle nourrissait et qu'elle
soignait dans leurs maladies. On lui attri-
bue quelques ouvrages, entre autres le
Miroir de l'âme pécheresse , traduit sur
une traduction française du Spéculum
aureum peccalornm , publié par R. Pyn-
son, en l vol. in-4", cl la traduction du
4e livre de Ylini'alion de la Vie de N. S.
J.-C, imprimée à la suite de la traduction
des trois premiers livres de cet ouvrage,
par le docteur Alkinso.
BEAUFOBT ( Fraxçois de VENDOME ,
duc de ), fils de César, duc de Vendôme,
naquit à Paris au mois de janvier 1016. Il
se distingua de bonne heure par son cou-
rage , et se trouva à la balaille d'Avein .
en 105:; ; aux sièges de Corbie , en 1656 ,
de Hesdin, en 1639. et d'Arras, en 1640. Il
voulut jouer un rôle au commencement
de la régence d'Anne d'Autriche. Ou l'ac-
cusa d'avoir attenté à la vie du cardinal
Mazarin : il fut mis à Vinccnnes en 1045,
et se sauva cinq ans après. C'était dans le
temps de la Fronde ; il en fut le héros et
le jouet. Les frondeurs se servirent de lui
pour soulever la populace dont il était
adoré, et dont il parlait le langage; aussi
fut-il appelé le roi des halles. Il était
grand, bien fait, adroit aux exercices,
infatigable, rempli d'audace. Il paraissait
plein de franchise , parce qu'il affectait
des manières grossières; mais il était arli-
BEA
148
BEA
ficieux, et aussi lin que le peut être un
homme d'un esprit borné. Le duc de Beau-
fort servit beaucoup le prince durant cette
guerre civile, et se signala en diverses
occasions. Lorsque les mécontens firent
leur paix, il lit la sienne, et obtint la sur-
vivance de la charge d'amiral de France,
que son père avait. Il passa ensuite en
Afrique, où l'entreprise de Gigeri ne lui
réussit pas; mais l'année d'après, 1665,
il défit les vaisseaux des Turcs , près de
Tunis et d'Alger. Ces infidèles ayant as-
siégé Candie , en 1C69 , le duc de Beau-
fort, nommé généralissime des troupes
envoyées pour la défense de cette place,
en retarda la prise de plus de trois mois.
Il périt dans une sortie, le 25 juin, et on
ne put retrouver son corps, dont les Turcs
avaient coupé la tète. La Grange-Chaneel
prétend, dans une lettre à l'auteur de
Vannée littéraire, que le duc de Beaufort
ne fut point tué au siège de Candie , qu'il
fut transféré aux îles deLérins, et que
c'est ce prisonnier si illustre et si ignoré ,
connu sous le nom de Y homme au masque
de fer. Ses preuves ne sont rien moins
que démonstratives : il ne s'appuie que
sur un ouï-dire de M. de la Motle-Guc-
rin, commandant de Sainte-Marguerite.
Il se peut que cet officier ait fait des con-
jectures, comme tous les autres ; mais, de
l'aveu de tous ceux qui l'ont connu, il n'a
jamais rien assuré; et comment aurait-il
pu affirmer quelque chose sur un fait qu'il
ne savait ni ne pouvait savoir? La déten-
tion de cette victime de la politique était
un secret d'état : pourquoi l'aurai t-on dé-
couvert a un homme qui ne l'avait pas
eu sous sa garde? Cet illustre infortuné
fut conduit, on ne sait en quelle année,
à Pignerol , où M. de Cinq-Mars était
commandant. Lorsqu'il fut nommé à la
lieulenance de roi de Sainte-Marguerite,
il emmena avec lui son captif, qui y resta
jusqu'au temps où il fut fait gouverneur
de la Bastille. On disait alors que ce pri-
sonnier inconnu était un homme d'envi-
ron 50 ans. C'est du moins ce que nous a
assuré M. Audri , qui , de simple cadet
était devenu commandant des lies de Lé-
lins, et qui l'était encore en 1743. Il n'a-
vait que 15 ans lorsque le Masque de fer
fut conduit à Sainte-Marguerite, et il
avait souvent fait sentinelle à sa porte.
Ce prisonnier n'avait que 50 ans clans ce
temps-là : ce ne pouvait donc pas êlre le
duc de Beaufort qui en aurait eu plus de
80. {Voyez MASQUE DE FEB )
# BEAUFORT DE THORIGNY (Ji;a\-
Baptiste) , lieutenant-général, né à Paris,
le 18 octobre 1761, entra au service dès l'âge
de 14 ans, dans le régiment de Languedoc,
d'où il passa dans celui d'Orléans-Dragons,
Sa valeur et sa bonne conduite lui avaient
mérité, avant la révolution, le grade d'ad-
judant sous-officier. Depuis cette époque
son avancement fut rapide. S'étant en-
rôlé dans la 51e division de gendarmerie
à pied, il en devint adjudant-major, et fit,
en cette qualité, sous le général Dumou-
riez, la première campagne de l'armée du
Nord. Le 18 mars 1795, il fut nommé co-
lonel après la bataille de Nerwinde, et
général de division le 4 décembre de la
même année. Il passa ensuite à l'armée
des côtes de Cherbourg, qu'il commanda
en chef par intérim, et il contribua puis-
samment à là défaite des Vendéens sous
Granville. Il combattit aussi avec succès
les insurgés de la Bretagne; et, contre
l'usage de ceux qui l'avaient précédé, il
montra en plusieurs occasions de l'huma-
nité : à Mortain, il délivra quatre Ven-
déens, parmi lesquels se trouvait l'in-
tendant de l'armée royale : un féroce
proconsul voulait faire incendier le châ-
teau de Thorigny, où se trouvaient in-
carcérés six cents habilans de Saint-Lo,
accusés de royalisme; il s'y opposa, el
leur rendit la liberté : à Fougères , il
chercha à sauver les jours du prince de
Talmont, mais il ne put que les prolon-
ger. C'est lui qui commença à organiser
le système de cantonnement que Hoche a
depuis employé avec tant de succès. Ap-
pelé à Paris, il s'y trouvait le 9 thermi-
dor, et on lui confia le commandement
des troupes chargées de mettre à exécu-
tion le décret d'arrestation de Robes-
pierre, des membres de la commune et
des comités. Au moment où on traînait
le premier au supplice , un homme du
peuple se précipite, le sabre à la main,
sur le général Beaufort; mais celui-ci
pare le coup, arrête ce furieux, et le fait
mettre au corps-de garde : c'était un père
de famille; il empêcha qu'il ne fût mis à
mort. Envoyé à l'armée des Pyrénées-
Orientales, il s'y signala en plusieurs oc-
casions. Il pénétra l'un des premiers dans
la redoute du fameux Laurent de la
Mouge, et fit mettre bas les armes à 1,200
Espagnols, parmi lesquels se trouvait,
le duc de Crillon-Mahon. Un décret de
mort menaçait ces prisonniers; ils durent
la conservation de leur vie aux prières
du général Beaufort , qui sollicita leur
grâce. Peu de temps après , il enleva la
BEA ih
formidable redoute, dite del Roure , sur-
nommée le Tombeau des Français , et
qui devint celui du comte de la Union.
Lorsqu'il se vit obligé d'ordonner la re-
traite, il déploya, devant Figuières et sous
les murs de Roses , les mêmes lalens, et
il battit en plusieurs occasions le général
espagnol Urultio qui s'opposait à son pas-
sage. De retour à Paris, le 13 vendémiaire,
il reçut l'ordre d'attaquer les sections, et
il fit tout ce qui dépendait de lui pour ne
pas venir à des voies de rigueur ; il par-
vint à rétablir l'ordre en épargnant le
sang de ses concitoyens. Il partit ensuite
pour l'armée du Nord, et il revint encore
aux approches du 18 fructidor, par les
ordres du Directoire, qu'il servit dans
cette journée. Ayant obtenu le comman-
dement d'une division de l'armée diri-
gée contre les Anglais, il les battit au port
d'Ostende, et plus tard il déjoua les ten-
tatives qu'ils firent pour s'emparer des
lies d'Aix, d'Oléron et de Ré, et il les con-
traignit à une fuite bonteuse. En cette
occasion, il sauva la vie à quatre émigrés
qui avaient été pris dans les rangs de l'en-
nemi. On dit qu'en traversant la Vendée
les babitans lui offrirent, comme un gage
de leur reconnaissance, douz.e métairies,
et qu'il les refusa. Lorsque Bonaparte
devint premier consul , il le mil à la re-
traite sans aucun égard pour ses anciens
services II le fit même descendre d'un
grade, et l'excepta de lalégion d'honneur,
s'étant rappelé qu'il lui avait infligé une
punition militaire à la suite de la jour-
née du 13 vendémiaire. Le général Beau-
fort se retira alors dans une petite mai-
son de campagne près de Versailles , et
quelque temps après il se vit obligé, pour
soutenir sa famille .d'accepter une place
d'inspecteur des droits réunis, au fond
du déparlement du Cantal. H perdit son
emploi en 1814, et revint à Paris, où il se
montra favorable à la restauration. En
1815, il entra dans les rangs des volontai-
res royaux , pour s'opposer au retour de
Bonaparte. Toutefois il ne fut pas remis
en activité de service, et il mourut à
Corbeil le 1er février 1825. Il avait pris
le nom de Thorigny , qui était celui du
lieu où il avait sauvé la vie à G00 per-
sonnes, parce qu'il regardait cette action
comme son plus beau titre de gloire ; ef-
fectivement à cette époque il y avait du
danger à paraître humain et à ne pas
exécuter les ordres des proconsuls qui
parcouraient les armées. On a publié une
Notice historique sur le lieutenant-gènè-
9 IVE*
rai Beau fort de Thorigny . Paris, 1809,
in-8°, extraite des Fastes de la gloire, t. 2.
*BE\UFORT (Louis de), de la so-
ciété royale de Londres , mort à Maas-
tricht en 1795. Il fut pendant quelque
temps gouverneur du prince de Hesse-
Hombourg. On lui doit : | Histoire de Ger-
manicus, 1741, in-4°; | Dissertation sur
l'incertitude des cinq premiers siècles de
l'histoire romaine,, 1758 et 1750; | la Ré-
publique romaine, ou Plan de l'ancien
gouvernement de Rome , 1 7G6 , 2 vol. in-
4°, et 17G7, 6 vol. in-12. On trouve dans
cet ouvrage des recherches intéressantes,
une critique sage, des rapprochemens ju-
dicieux; le style en est noble, soutenu;
mais les citations que l'auteur a multi-
pliées fatiguent. L'ouvrage d'Adrien Te-
xier Du gouvernement de la république
romaine _, Hambourg , 1796, 5 vol. in-8°,
n'a pas fait oublier celui deBeaufort.
* BEAIÎFORT (lÏKNiu-Envi-sr, cheva-
lier GROUT de), voyageur, né le 25 fé-
vrier 1798, à Aubevoie, près du bourg de
Gaillon , département de l'Eure, entra , en
1812, à l'école de la marine à Toulon, et
fit , trois ans plus tard , la campagne de
l'Archipel. Ce fut sur le sol de l'ancienne
Grèce que se développèrent ses goûts pour
la géologie et la géographie, et il acquit
dans le premier voyage qu'il fit en 1819 ,
au Sénégal , en qualité d'enseigne de vais-
seau, l'habitude de fixer par des calculs
astronomiques la position des lieux. Ses
calculs relativement à la situation de
Bakel, furent conformes à ceux qu'obtint
de son coté M. Patarrine, habitant du Sé-
négal, et rapprochèrent de 1" Atlantique ce
poste qui avait été placé sur les cartes
deux degrés trop à l'est. Après deux an-
nées de séjour en Afrique, il revint à Pa-
ris, et s'y livra, jusqu'en 1825, à l'étude
de la physique , de la minéralogie , de la
langue arabe , de la zoologie , etc. Il pro-
posa aux ministres de cette époque un
plan d'exploration dans l'intérieur de l'A-
frique qui fut jugé trop vaste et trop dis-
pendieux. Mais il reçut tous les encourage-
mens désirables pour un voyage dans
celte contrée presque entièrement incon-
nue. Beaufort partit de Rochefort, fc k no-
vembre 1823, après s'être muni d'iuslru-
mens, de provisions et même de marchan-
dises; après avoir reçu le meilleur ac-
cueil du gouverneur du Sénégal, il se
dirigea vers la Gambie, à la fin de jan-
vier 1824. Il s'avança jusqu'à Banankou ,
près de la Falémé qui se jette dans le Sé-
négal, et jusqu'à Koukongo, 120 lieues
13.
BEA 1
au-dessus de l'embouchure de la Gambie ,
examinant partout la nature et le gisement
des roches , prenant la hauteur barométri-
que des lieux, et décrivant toutes les cu-
riosités naturelles qu'il rencontrait. De
retour à Bakel le 26 mai suivant, il vou-
lut dans un second voyage descendre jus-
qu'à Tomboctou , en prenant la route d'E-
limané , capitale du pays de Kaarla , à
Ségo sur le Djoli-ba. Mais il fut pillé sur
cette route et forcé de rétrograder jusqu'à
Bakel. Beaufort après une dernière excur-
sion avait recueilli un très grand nombre
de matériaux, et il s'occupait à les mettre
en ordre à Bakel, durant la saison que les
étrangers y redoutent le plus , lorsqu'il
mourut le 3 septembre 1825 , après cinq
jours d'une fièvre ataxique cérébrale ,
survenue à la suite d'un rhume.
* BEAUGEXDRE ( Antoine ) , ori-
ginaire de Caudebec , naquit à Paris, au
mois de septembre 1628, et fit, à l'âge de
dix-neuf ans , profession dans l'ordre de
St.-Benoît. Après avoir prêché avec quel-
que succès, et avoir été prieur de plu-
sieurs monastères de son ordre, il se re-
tira dans l'abbaye de St.-Germain-des-
Prés , dont il fut doyen et bibliothécaire.
Il mourut le 16 août 1708. Il a fait impri-
mer : | Vie de messire Bénigne Jolg,
prêtre , chanoine et instituteur des reli-
gieuses hospitalières de Dijon, 1700 , in-
8D ; | Venerabilis Hildeberti primo Ceno-
manensis episcopi, deinde Turonensis ar-
chiepiscopi opéra... accesserunt Marbodi
JXhedonensis episcopi , ipsius Hildeberti
supparis opuscula, 1708, in-fol. Beaugen-
dre avait quatre-vingt-un ans quand il
publia ce volume. Les notes ont été re-
mues et retouchées par D. René Massuet.
Beaugendre avait traduit en français les
Lettres d'Hildebert ; mais sa mort a em-
pêché la publication de ce travail.
♦BEAUHARNAIS (Fanxy, comtesse
de ), née à Paris en 1738 , et morte dans la
même ville le 2 juillet 1813 , était fille
d'un receveur-général des finances, qui
lui donna une brillante éducation , et lui
fit épouser le comte de Beauharnais , on-
cle de François et d'Alexandre. Mais la
jeune comtesse fut bientôt obligée de se
séparer de son mari, et se retira chez les
religieuses de la Visitation. Son amour
pour les arts la porta à faire un voyage
en Italie en 1788. De retour à Paris, elle
réunit chez elle les hommes de lettres et
les sa vans les plus distingués, au nombre
desquels étailBuffon.qui ne l'appelait que
sa chère fille. Mais on lui reproche d'à-
voir admis dans sa société les Dorât , les
Rétif de la Bretonne, etc. Elle a laissé
plusieurs ouvrages pour la plupart ou-
bliés, et dont les principaux sont : | Poésies
fugitives, et prose sans conséquence . 1772,
2 vol. in-S°; | L'Ile de la Félicité , ou
Anaxis et Théone . poème philosophique
en trois chants ; | Epitre aux femmes, etc.
Tout le monde connaît l'épigramme faite
contre elle par le poèle Lehrun :
Eglé, belle et poèle , a deux petits travers,
Elle fait son visage , et ne fait pas ses vers.
* BEAUHARNAIS (François, mar-
quis de), naquit à la Rochelle le 12 août
1756. Nortimé, en 1789, député suppléant
aux Etats-généraux, il n'y siégea que lors-
qu'ils furent conslilués en assemblée na-
tionale , vota constamment avec le côté
droit et combattit avec force la proposi-
tion que le vicomte de Beauharnais , son
frère, qui siégeait au côté gauche, lit pour
ôter le commandement des armées au
roi. Quelques députés ayant voulu pro-
poser des amendemens, il s'écria qu'il n'y
avait point d'amendement avec l'hoiv-
neur; ce qui le fit surnommer le féal
Beauharnais sans amendement. A la lin
de la session, il protesta contre toutes les
innovations qui avaient été décrétées et
publia un compte rendu à ses commet-
tans. En 1792, M. de Beauharnais dirigea
un nouveau projet d'évasion pour la fa-
mille royale avec MM. d'Hervilly, de Bri-
ges et de Vioménil. Cette tentative ayant
échoué, il se rendit à l'armée de Coudé,
où il devint major-général. Lorsque la
Convention eut décrété la mise en accu-
sation de Louis XVI, il écrivit au président
de cette assemblée une lettre devenue
publique, dans laquelle il démont tait l'il-
légalité de la procédure qu'elle allait en-
treprendre, et demanda à être un des dé-
fenseurs du roi, en s'offrant même pour un
de ses otages. Après le 18 brumaire an 8,
il chargea sa belle-sœur Joséphine , que
Bonaparte avait épousée, de remettre à ce
dernier un écrit par lequel il l'engageait,
« au nom de la seule gloire qu'il lui restât
» à acquérir, de rendre le sceptre aux
» Bombons. » Cette lettre retarda long-
temps sa rentrée en France , et il n'y fut
rappelé qu'à l'époque du mariage de sa
fille avec M. de Lavalelte, sous l'empire.
Bonaparte l'envoya, en 1805, comme am-
bassadeur en Et ru rie et ensuite en Espa-
gne. Mais le marquis de Beauharnais ayant
pris les intérêts du prince des AsturieS ,
contre le prince de la Paix don Manuel
BEA tli
Godoï, contrairement aux intcnlions de
Napoléon, il fut rappelé et exilé dans la
Sologne , où il possédait un domaine. Il
revint à Paris après la restauration et fut
nommé pair de France. Il est mort il y
a quelques années.
• BEAI HARNAIS (Alexandre, vi-
comte de ) , frère puîné du précédent, né
à la Martinique , en 1700, fut d'abord ma-
jor en second d'un régiment d'infanterie,
et épousa Mllc de la Pagerie, d'une des
premières familles de cette île. En 1789,
il fut nommé député de la noblesse du
bailliage de Blois aux états-généraux , et
lit, au nom du comité militaire, plusieurs
rapports. Lors de la fuite de Louis XVI ,
au 21 juin 1791, il était président de l'as-
semblée nationale. Il partit, après la ses-
sion, pour l'armée du Nord, avec le grade
d'adjudant-général. En mai 1792 , il fut
nommé général en cbef de l'armée du
Rhin; et peu de temps après il refusa le
ministère de la guerre. Ayant donné sa
démission, par suite des décrets qui écar-
taient les nobles des armées , il se retira
à la Ferté-Beauharnais , département de
Loir-el-Cher, château érigé en marquisat
pour son père. Il y fut arrêté, comme sus-
pect , conduit à Paris, et traduit au tribu-
nal révolutionnaire, qui le condamna à
mort, le 25 juillet 1794, à l'âge de trente-
quatre ans. La veille de son jugement, il
écrivit à sa femme , pour lui recomman-
der ses enfans, et l'engager à faire réhabi-
liter sa mémoire.
* BEAU HARNAIS ( Joséphixe-Rose
TASCHER"de la PAGERIE, vicomtesse
de ). Vouez JOSÉPHINE.
* BEAUHARNAIS (Eugène), prince
d'Eichstat, duc de Leucblemberg , etc.,
îils d'Alexandre Beauharnais et de José-
phine, naquit en Bretagne en 1780, et
fut élevé à Saint-Germain-en-Laye. Il
suivit comme aide-de-camp en Italie et
en Egypte Bonaparte devenu son beau-
père. Il fut ensuite nommé chef d'esca-
dron des chasseurs de la garde, et en 180 k,
iJ en obtint le commandement. Après son
couronnement , Bonaparte lui donna le
titre de prince français, le nomma, en
1805, archi-chancelier d'étal, et peu après
le créa vice-roi de l'Italie septentrionale,
qu'il avait érigée en royaume , et divisée
en quatorze déparlemens. Le 12 janvier
1806, Napoléon , qui avait antérieurement
déclaré au sénat qu'il adoptait le prince
Eugène, et qu'à défaut de descendant
direct, il entendait placer la couronne
d'Italie sur la tète de son fils adoptif , le
1 BEA
maria avec la princesse Auguste-Amélie,
lille du roi de Bavière. L'année suivante,
Eugène fut créé prince de Venise, dont les
provinces avaient été réunies au royaume
d'Italie. Lors de la reprise des hostili-
tés en 1809, il marcha contre les Autri-
chiens, les battit en plusieurs rencontres
elles força de rétrograder. Macdonald,ua
de ses généraux, s'empara de Trieste, de
Laybach et de Gralz ; les ennemis furent
encore défaits à la bataille de Raab , où
Eugène commandait en personne. De là
ce prince se dirigea sur Vienne, obtint de
nouveaux succès à Saint-Daniel, à Mal-
borghetlo et àLéoben, où il détruisit un
corps d'Autrichiens commandé par le
général Jaliachich , et opéra sa jonction
avec la grande armée. A la bataille de
Wagram, livrée le 6 juillet 1809, il dé-
ploya des lalens et un courage qui ajou-
tèrent encore à sa réputation. Napoléon
ayant résolu à celte époque de rompre
son mariage avec Joséphine, Eugène vint
à Paris, et fut chargé de notifier au sénat
la déchéance de sa mère. Il s'acquitta de
celte mission sans laisser apercevoir les
sentimens pénibles qui devaient l'agiter
intérieurement. Le ô mars 1810, le prince
Primat ayant été déclaré grand-duc de
Francfort, Eugène fut désigné pour lui
succéder, et reçut un mois après, la grand-
croix de l'ordre de Saint-Etienne de Hon-
grie. La campagne de Russie fut pour lui
une nouvelle source de gloire. Il prit le
commandement du 14e corps de la grande-
armée, et contribua aux succès d'Oslrow-
no, de Mohilow, ainsi qu'à la célèbre ba-
taille de la Moskowa. Secondé par le gé-
néral Compans , il battit le général Ku-
tusow, el se signala encore pendant la
retraite, aux combats de Yîazma el de
Krasnoë. Il prit à Posen, après le départ
de Napoléon et de Murât, le commande-
ment en chef de l'armée, qu'il ramena
dans le meilleur ordre possible jusqu'à
Magdebourg, et s'arrêta dans cette ville
pour rassembler les débris des différens
corps, avec lesquels il hasarda un combat
où il fut défait. Il commanda l'aile gauche à
la bataille de Lulzcn.Napoléon pressentant
la défection des Autrichiens, envoya Eu-
gène en Italie , pour organiser des moyens
de défense. Il y remporta encore quelques
succès, mais la défection de Murât le con-
traignit de conclure un armistice avec le
général ennemi, comte de Bellegarde. Eu-
gène se retira alors à Munich, auprès du
rot de Bavière son beau-père , qui lui
donna le duché de Lcucbteuberg et le
BEA lli
rang de prince de sa maison. Il se rendit
de là à Paris pour revoir sa mère et sa
sœur dont il était séparé depuis la cam-
pagne de Russie, et alla faire sa cour à
Louis XVIII qui le reçut avec distinction.
Après la mort de Joséphine, il retourna
auprès du roi de Bavière et vécut dans une
situation honorable et tranquille. Une at-
taque d'apoplexie l'enleva le !21 février
1824, dans sa 44* année. Le prince Eugène
était parvenu à se rendre agréable au
peuple dans les premières aimées de sa
vice-royauté; mais plus tard sa popularité
s'affaiblit, et lorsqu'il abandonna l'Italie en
•1814, il s'élail tout-à-fait aliéné les esprits
par des conscriptions et des réquisitions
forcées , et par le reproche de lâcheté
qu'il ne craignit pas d'adresser aux sol-
dats italiens. Sa vie toute militaire ne lui
avait permis de donner que peu de soins
à l'administration intérieure qu'il confia
souvent à des ministres inhabiles , dont
les actes n'étaient pas toujours dirigés
par la justice. Il jugea prudent de quitter
secrètement l'armée, et de revêtir l'uni-
forme autrichien pour traverser le Ty-
rol , parce qu'en ayant fait fusiller quel-
ques habitons notables comme espions,
il redoutait la vengeance des Tyroliens.
On lui a reproché plusieurs abus de pou-
voir. Il obligea, dit-on , plusieurs proprié-
taires de Monza de lui vendre un terrain
pour agrandir le parc de sa maison de
plaisance, et il contraignit par un décret
les fabriciens d'une église de lui vendre
un superbe tableau qu'il y avait remarqué.
(Quoiqu'il soit resté lidèle en apparence à
son père adoptif , on a assuré qu'il avait
vntretenu des intelligences suivies avec
îles agens autrichiens et anglais , et qu'il
s'était engagé à faire cause commune avec
Mural contre Napoléon, si les puissances
alliées consentaient à lui conserver" son
royaume d'Italie, dont les frontières se
seraient étendues jusqu'aux Apennins.
Des diflicultés élevées à ce sujet, et sur-
tout la marche rapide des événemens
empêchèrent seules le prince Eugène de
se prononcer ouvertement contre l'em-
pereur. Il est positif qu'en 1813, Bona-
parte lui donna ordre de franchir les Alpes
avec toutes ses troupes, de laisser garnison
dans les seules villes de Manloue et d'A-
lexandrie, et de venir se joindre à l'armée
commandée par le maréchal Augereau.
Cependant Eugène retint ses troupes dans
la Lombardie, se flattant, dit ou, d'être
reconnu roi d'Italie, d'après des promesses
que les circonstances firent éluder. On
2 BEA
cite l'ordre du jour , dans lequel le vice-
roi engageait les Italiens à se prononcer
pour la défense de leur propre cause, et
invitait les troupes françaises à retourner
dans leur pays. Disons avant de terminer
que l'Italie retira plusieurs avantages de
son règne. La ville de Milan lui doit des
promenades et des édifices; il favorisa
l'établissement de plusieurs manufactu-
res; le commerce intérieur fut vivifié par
des canaux et des routes ; des refuges fu-
rent ouverts à l'infirmité; la mendicité
disparut dans les principales villes; les
formes de la justice devinrent plus im-
posantes et plus solennelles, et un nouveau
système judiciaire, établi dans le royaume
offrit une égale garantie à tous les ci-
toyens.
BEAIT JEU. Voyez QUIQUERAN.
* BE AUJEU ( Humbeut IV, sire de ),
connétable de France et baron de Beau-
jolais , servit utilement les rois Philippe-
Auguste et Louis VIII dans la guerre con-
tre les albigeois, et se distingua dans plu-
sieurs campagnes. La paix conclue , il ac-
compagna l'empereur Baudouin II , qui
était son cousin, à Constantinople , avec
plusieurs grands seigneurs, et il assista à
son couronnement, qui eut lieu à Sainte-
Sophie. De retour en France, il partit
avec saint Louis pour la Terre-Sainte, et
il mourut dans cette expédition vers l'an
12/t8, après s'être illustré par sa sagesse
et par sa valeur. Mais une ancienne chro-
nique manuscrite place sa mort : « L'an
» de grâce 1250, le 21 mai, après que la cité
» d'Ainvernerbat fut prise par les Fran-
» çais. » — Son fils Guichard V lui succéda
dans la charge de connétable et mourut
le 9 mai 1268.
BEAUJEU ( Pierre II de BOURBON ,
sire de), pendant la vie de son frère Jean,
connétable en France, qui mourut en
1488} et auquel il succéda dans tous les
biens de la branche aînée de Bourbon,
qui finit en lui, fut régent sous Charles VIII;
mais, dans le vrai, c'était son épouse
Anne , fille de Louis XI , qui avait l'auto-
rité. Pierre mourut en 1508, et Anne en
1S22. Louis XII, n'étant que duc d'Orléans,
eut beaucoup à souffrir d'elle, n'ayant pas
voulu, dit-on, répondre à son amour.
* BEAUJEU ( Guichard VI de), baron
de Beaujolais, prince de Dombes , sei-
gneur, chambellan et grand-gouverneur
des rois Philippe le Bel, Louis Hutin, Phi-
lippe le Long, Charles le Bel et Philippe
de Valois , succéda à son père Louis en
1290. Il se distingua dans les armées et
BEA
mérita le nom de grand. Il prît parti , en
1325, en faveur d'Edouard, comte de Sa-
voie, contre Guignes VIII, dauphin du
Viennois , et fut fait prisonnier. Le dau-
phin ne lui accorda sa liberté qu'à condi-
tion qu'il céderait une partie des terres
de la principauté de Dombes , et de celles
qu'il possédait dans le Val-Romei et en
Dauphiné. Le sire de Beaujeu promit tout
puis oublia ses promesses ; ce qui entre-
tint de longues divisions entre les deux
familles. Il ne voulut pas recevoir en dé-
dommagement du comte de Savoie des
terres , avec la condition qu'il lui en fe-
rait hommage, sa fierté l'empêchant de
devenir le vassal d'un de ses égaux. En
1328 , il commanda la 5e bataille française
ou le 5e corps d'armée à la bataille de
Cassel , gagnée par Philippe de Valois sur
les Flamands révoltés. Guichard de Beau-
jeu mourut, le 24 septembre 1331.
* BEAUJEU ( Eoouaud, sire de ), fils
du précédent , maréchal de France , na-
quit en I51G. Lorsque les Anglais eurent
passé la Somme en 1346 , ayant à leur
tête leur roi Edouard , Philippe de Valois
envoya le sire de Beaujeu pour recon-
naître leur armée. Après la bataille de
Créci, qui fut si funeste aux Français,
Beaujeu accompagna dans sa fuite le roi
Philippe, et. était à ses côtés lorsque ce
prince, frappant de nuit aux portes du
petit château de Broyé , cria au châtelain :
« Ouvrez , c'est la fortune de la France : »
L'année suivante , Beaujeu fut fait maré-
chal de France après la démission du ma-
réchal de Montmorency , son beau-frère.
Après la mort de Philippe de Valois , le
maréchal de Beaujeu servit Jean II avec
la même fidélité , et battit les Anglais en
1351 au combat d'Ardres , où il fut tué.
* BEAUJEU (Christophe de) , baron de
Beaujeu et seigneur de Jeaulges , était de
l'ancienne famille de ce nom, dans le Beau-
jolais. Il suivit d'abord le parti des armes,
et se distingua dans les guerres de Henri
III , contre l'Espagne. Ayant été disgra-
cié, il se retira en Suisse, où il demeura
pendant plusieurs années. Il chercha alors
quelques consolations dans le commerce
des Muses, et voyagea en Italie. Son exil
dura dix ans. Au bout de ce temps , il
revint à Paris , rentra en faveur , et fut
même nommé commandant des troupes
que les Suisses envoyèrent à Henri IV ,
en 1 589. Il fit ensuite imprimer le recueil
de ses œuvres, sous le titre des amours,
ensemble le premier livre de la Suisse ,
Paris, 1589 , in-4°» On y trouve des odes,
153 BEA
des sonnets , des élégies. Toutes ces pièces
sont au-dessous du médiocre. Il avait
composé un poème sur la Suisse, en
douze chants, à l'imitation de la Fran-
ciade, de Ronsard, et il voulait essayer
le goût du public en faisant imprimer le
premier. Les suivans n'ont jamais paru,
et on ne doit pas en avoir de regret.
* BEAUJOLAIS ( le comte de ) , 5e fils
de Louis-Philippe-Joseph, duc d'Orléans,
naquit à Paris , le 7 octobre 1779, et avait
à peine 13 ans lorsqu'on l'enferma avec sa
famille à l'Abbaye , d'où il fut conduit
avec son père au fort Saint-Jean de Mar-
seille. Après trois ans et demi de déten-
tion , il fut embarqué pour les Etats-Unis
par ordre du Directoire. Réuni à ses frères
dans cette contrée, il voyagea plusieurs
années avec eux , visita la Havane et vint
enfin , comme les autres princes français,
chercher un asile en Angleterre. Une ma-
ladie de poitrine lui rendant nécessaire
un voyage dans la Méditerranée pour y
chercher un climat plus doux , le comte
de Beaujolais se rendit dans File de Malle
et y mourut en 1808. On voit son tom-
beau dans l'église cathédrale de Saint-
Jean de celte île.
* BEAUJO\r (Nicolas) , né à Bordeaux,
en 1718, d'une famille commerçante, et
dont le frère était avocat-général de la
cour des aides de celle ville, fut succes-
sivement banquier de la cour, receveur-
général des finances de la généralité de
Bouen . trésorier et commandeur de l'or-
dre de Saint-Louis , et conseiller d'état à
brevet. Beaujon joignait à une fortune
déjà considérable, une grande intelligence
dans les affaires. Il fut chargé, dans un
moment de diselle , de procurer du blé à
la ville de Bordeaux. Cette opération, re-
lardée par quelques obstacles, le rendit
suspect au parlement. Il fut obligé de
s'enfuir, et vint à Paris, où le gouver-
nement le chargea de diverses opérations
financières , qui rélevèrent à un degré
d'opulence extraordinaire. L'hospice qui
porte son nom , situé à Paris , dans le
faubourg du Boule , fut établi et dolé par
lui avec magnificence en 17S4. Cet éta-
blissement était destiné d'abord à l'éduca-
tion gratuite de vingt-quatre enfans de
l'un et de l'autre sexe , nés dans la com-
mune du Roule autrefois séparée de Pa-
ris. Le gouvernement en a fait depuis un
hôpital pour les malades. Beaujon avait
donné à son hospice les terrains, les bàti-
mens , la chapelle , les vases sacrés et
2î>,000 livres de rente pour l'entretien des
REA i
desscrvans et des Instituteurs. Il mourut
à Paris, le 26 décembre 178G.
BEAU.TOYEUX. Voyez BALTIIAZA-
BINI.
* BEAULATO\, né à Montargis, et
mort en 1782 , a publié une traduction en
vers français du Paradis perdu de Mil-
ton , en 2 vol. in-8°, 1778, qui n'a ob-
tenu aucun succès. « Celte traduction,
» dit M. de La Harpe, a beaucoup de rap-
» port avec la Pbarsale de Brébenf ; c'esl-
» à-dire qu'on y trouve quelques mor-
» ceaux bien faits , noyés dans un déluge
»> de vers bon rsouf fiés et baroques. »
BEAULIEU (Louis LE BLANC, seigneur
de ) , professeur de théologie à Sedan , fit
soutenir plusieurs thèses de théologie dans
l'académie des proteslans , qui furent pu-
bliées sous ce titre : Thèses sedanenses,
1683, in-fol. Il examine dans ces llièses
les points controversés entre les catholi-
ques et les calvinistes, et il conclut tou-
jours que les uns et les autres ne sont op-
posés que de nom. Si cela est, il faut que
l'esprit de secte soit un fléau bien terri-
ble, puisque sans aucun fondement réel
de division, et précisément pour une op-
position de mots, il a inondé de sang non
seulement la France, mais tous les royau-
mes de l'Europe, si l'on en excepte le
Portugal , l'Italie et l'Espagne , que l'in-
quisition , dont on dit tant de mal , a pré-
servés de ses ravages. Beaulieu était né
en 1611 au Plessis-Marli, et il mourut
en 1673.
BEAULIEU (Sébastien PONTAULT de)
ingénieur et maréchal-de-camp , mort en
1674, dessina et fit graver à grands frais
les sièges, les batailles, et toutes les expé-
ditions militaires du règne de Louis XIV,
avec des discours très instructifs, en 2
vol. in-fol.
BEAULIEU (Jean-Baptiste ALLAIS de)
l'un des plus célèbres maîtres écrivains
de Paris, fit d'excellens (lèves. Il publia
Wirt d'écrire* gravé par Senault , impri-
mé à Paris , en 1681 et 1688, in-fol.
* BEAULIEU (Jean-Claude LEBLANC
de), évèque de Soissons, né à Paris le 29
mai 1733 entra jeune encore dans la con-
grégation des chanoines réguliers de Ste.-
Geneviève, et parut d'abord adopter les
principes de la révolution. Ayant prêté le
serinent prescrit, il fut nommé, en 1791,
curé de Saint-Sévérin à Paris; sa conduite
fut toujours pleine de modération , et
lorsque Gobel , évèque constitutionnel de
Paris , eut installé dans une cure un prêtre
assermenté et marié , il rédigea une ré-
H BEA
clamation énergique, et protesta avec trois
autres curés constitutionnels. Cette dé-
marche lui valut une détention de plu-
sieurs mois. Le 18 janvier 1800, Beaulieu
fut sacré évèque conslitutionnelde Rouen.
Il tint dans cette ville, le 27 mai, un sy-
node dont il fit imprimer les actes, ainsi
que plusieurs écrits adressés à son clergé,
dont la plus grande partie refusait de le
reconnaître. Il se fit peu remarquer au
concile de Paris qui eut lieu l'année sui-
vante. Après la signature du concordat,
il donna sa démission qui lui avait été de-
mandée. En 1802, Beaulieu fut nommé évè-
que de Soissons et refusa, dit-on, la rétrac-
tation que le légal du pape demandait aux
évêques constitutionnels. Mais des ecclé-
siastiques lui ayant fait connaître tous les
brefs du pape dont il ignorait l'authenti-
cité, n'ayant jamais lu que les écrits des
constitutionnels, il écrivit à Pie VII, pour
prolester de sa soumission et témoigner
ses regrets du passé, et ce pontife lui
adressa un bref satisfaisant. Beaulieu com-
posa un mémoire , pour faire part dé sa
démarche à ses amis, ainsi que des raisons
qui l'y avaient décidé, et il eut la satisfac-
tion de ramener un ecclésiastique qu'il
affectionnait beaucoup. Invité, en 1815,
à se rendre au Champ-de-Mai , il déclara
dans une lettre au ministre de l'empereur
qu'il ne reconnaissait d'autre souverain
légitime que Louis XVIII. Il passa ensuite
en Angleterre, et revint en France après
le retour du roi. En 1817, il fut nommé
à l'archevêché d'Arles. Mais l'érection de
cet archevêché n'ayant pas eu lieu, Beau-
lieu continua de se livrer aux soins de son
diocèse jusqu'en 1820, et donna à cette
époque sa démission , à cause de ses in-
firmités. Le roi le nomma membre du
chapitre de Saint-Denis. Il est mort le 13
juillet 1823, après une courte maladie,
dans le séminaire des missions étran-
gères.
* BEAULIEU ( Claude-François ), né
à Biom en 1734, se rendit à Paris vers
1782, et travailla à plusieurs journaux,
notamment aux Nouvelles de Versailles
et au Postillon de la guerre. Il fut arrêté
après la journée du 10 août 1792, pour
avoir embrassé la cause de Louis XV [ , et
enfermé pendant environ un an à la Con-
ciergerie et au Luxembourg. Après le 9
thermidor, il fut le principal rédacteur
du Miroir. Compris pour cette raison dans
la proscription du 18 fructidor, il parvint
cependant à se soustraire à la déporta-
tion. Il s'attacha ensuite au préfet de l'Oise
BEA 1
qui lui donna le soin des archives de sa
préfecture et lui confia la rédaction du
journal de son département. Après la res-
tauration . Bcaulieu vint à Paris et s'oc-
cupa exclusivement de travaux littéraires.
Il est mort à Marly en 1827. On a de lui :
| Essais historiques sur les causes et les
effets de la révolution en France * Paris,
1801-1803, G vol. in-8°, où l'on trouve des
renseignemens curieux sur la révolution
française. L'auteur en préparait une nou-
velle édition, lorsque la mort l'a enlevé.
| Réflexions sur les réflexions de M. Ber-
çasse sur l'acte constitutionnel du sénat J
Paris , 1814 , in-8° ; \ le Temps présent,
Paris, 1816, in-8°; | la Révolution fran-
çaise considérée dans ses effets sur (a
civilisation des peuples,, Paris , 1820, in-
8°. | Il a fourni aussi quelques articles à
la Biographie universelle.
* BEAULIEU (le baron de), général au-
trichien , né en 1725 dans le Brabanl,
après avoir servi avec distinction dans la
guerre de sept ans , s'était retiré au sein
de sa famille avec le grade de lieutenant-
colonel : la révolte des Brabançons , en
1789 , vint le rappeler au combat. Il ac-
cepta le commandement d'un corps de
troupes, marcha contre eux et mit bien-
tôt fin à celte guerre. Il combattit ensuite
les Français dans les Pays-Bas , remporta
quelques avantages contre le général Bi-
j'on , gagna la bataille d'Arlon , et s'em-
para de plusieurs villes. Appelé au com-
mandement général de l'armée autri-
chienne d'Italie en 1790, il fut moins heu-
reux : battu à Montenotte, Millesimo,
Mondovi, etc. , il se vil obligé de se reti-
rer jusque dans les montagnes du Tyrol,
où le général Wurmser prit le commande-
ment de son armée. Il mourut au mois de
mars 1820 , âgé de 94 ans , dans la ville de
Lintz, où il s'était relire. C'était un bon
général, plein d'activité et d'intrépidité,
mais plus propre à commander une petite
ermée qu'une grande.
BEAULIEU. V ou. B AULOT (Jacques ).
REAUMAXOIR ( Philippe de ), écrivit
vers 1283 les Coutumes de Bcauvoisis ,
dont La Thaumassière a donné une bonne
édition, Bourges, 1690 , in-fol.
* BE YUMAAOIR ( le baron de ) , che-
valier de Saint-Louis , ancien mousque-
taire , a publié des Mémoires de sa jeu-
nesse , ouvrage qui n'est pas dépourvu
d'intérêt , et qui offre un but assez moral;
deux Tragédies, des Comédies et un
Opéra , une Traduction de l'Iliade d'Ho-
mère . en vers français , où il a fait des
!ÔU BEA
retranehemens peu judicieux. Il avait une
traduction de l'Odyssée dans le même
genre, qui n'a point été publiée. Beau-
manoir a donné encore la justification
d'Enguerrand île Marigny; c'est sa meil-
leure production. Une foule de recherches
curieuses rendent cet ouvrage fort in-
téressant.
BEAUMAAOIR ( Jeax de ) , connu
sous le nom de Maréchal de Lavardin>
était d'une ancienne famille du Maine.
Henri IV , auprès duquel il fut élevé , ré-
compensa sa valeur et ses services par
le gouvernement du Maine, en 1595 , le
collier de ses ordres et le bâton de maré-
chal de France. En 1602 , Lavardin com-
manda l'armée en Bourgogne , et fut am-
bassadeur extraordinaire en Angleterre,
l'an 1612. Il mourut à Paris , en 1614.
— Il y a eu dans celte famille d'autres
hommes célèbres , entre autres , Jean de
BEAUMANOIR , ami et compagnon d'ar-
mes du célèbre Duguesclin , et qui se
signala dans la guerre civile qui désola la
Bretagne au 14e siècle.
* BEAUMARCHAIS ( Pieuue-Aiicus-
tin CARON de ), né à Paris le 24 janvier
1732 , était fils d'un horloger qui le desti-
nait à sa profession, et ses premières étu-
des lui donnèrent en mécanique des
connaissances assez étendues. L'horloge-
rie lui doil la découverte d'une nou-
velle espèce d'échappement. Cette in-
vention ayant été réclamée par un horlo-
ger célèbre, le différend fut porté de-
vant l'académie des sciences qui donna
gain de cause à Beaumarchais. Malgré ce
succès, il quitta l'état de son père, et se
livra passionnément à l'élude de la musi-
que. Des compositions gracieuses , et un
talent supérieur sur la harpe et la guitare
le firent remarquer ; mesdemoiselles
Adélaïde, Sophie et Victoire, filles de
Louis XV, devinrent ses écolières. Il se
lia avec Pàris-Duverney, banquier de la
cour, prit une part dans ses intérêts
de finances et acquit promptement une
fortune considérable. Jaloux d'obtenir
aussi des succès littéraires , il débuta, en
1767, dans la carrière théâtrale par le
drame à'Euç/énie; en 1770, il fit repré-
senter Les deux amis qui n'eurent point
de succès. Pàris-Duverney étant venu à
mourir , le comte de la Blache , son lé-
gataire universel , refusa à Beaumarchais
le paiement d'une somme assez considé-
rable que ce dernier déclarait lui être
due, et prétendit même qu'il redevail à
la succession 50,000 écus. Il s'ensuivit
ItEA 15'
on procès que Beaumarchais perdit d'a-
bord, mais qu'il gagna devant le parle-
ment d'Aix, où les parties avaient été ren-
voyées après la cassation du premier arrêt.
Il couvrit de ridicule ses premiers juges
et son adversaire, dans des Mémoires,
chefs-d'œuvre de plaisanterie, où la sa-
tire la plus amère s'unit à la dialectique
la plus pressante, et qui valurent à l'au-
teur une grande popularité. Il ne fut pas
aussi heureux dans l'affaire du banquier
Kornmann ; le ton plaisant des Nouveaux
Mémoires de Beaumarchais parut déplacé.
Au milieu de ces tracasseries , il n'avait
point abandonné le théâtre. Le Barbier de
Séville qui parut en 1775" et tomba à la
première représentation, obtint ensuite
un grand succès, et est resté au répertoire.
Ensuite vint le Mariage de Figaro (1784),
à la représentation duquel l'autorité
s'opposa long-temps. Cette pièce , où se
trouvent mêlés des mots spirituels et
d'indécentes plaisanteries, obtint une
vogue extraordinaire, qui prenait sa
source dans des allusions continuelles et
dans le cynisme effronté des situations»
Le drame de la Mère coupable ,dont le but
avoué était de diffamer, sous le nom de
Begearss, l'avocat Bergasse contre lequel
il avait lutté dans le procès Kornmann ,
n'eut et ne méritait aucun succès. Enfin
l'opéra de Tarare* composition immo-
rale et de mauvais goût , donnée en 1792,
termine la carrière dramatique de cet
auteur. Beaumarchais fut employé dans
quelques missions politiques par MM. de
Maurepas et de Vergennes. Lorsque les
Etats-Unis secouèrent le joug de l'Angle-
terre, il entreprit de les approvisionner, et
quoique plusieurs de ses vaisseaux fussent
tombés au pouvoir des Anglais, il fit ce-
pendant un gain immense. Il contribua
ensuite à l'établissement d'une caisse d'es-
compte formée à l'instar de la banque
d'Angleterre, fit construire la pompe à
feu qui a tant fait d'honneur aux frères
Perrier, et contribua à l'entreprise des
eaux de Paris. Ayant voulu à la mort de
Voltaire donner une édition des œuvres
de cet écrivain , cette entreprise lui fit
perdre près d'un million. Lorsque la ré-
volution éclata, il en embrassa les intérêts
et fut long-temps de la première com-
mune provisoire de Paris. Cependant on
l'accusa d'avoir voulu armer la contre-
révolution , et il fut enfermé à l'Abbaye.
Manuel le fit mettre en liberté , et Beau-
marchais en profita pour se rendre en An-
gleterre. Pendant son séjour à Londres,
6 IÎEA
il adressa au député Lecointre , qui l'avait
fait décréter d'accusation, un mémoire
explicatif de sa conduite pendant la révo-
lution, intitulé : Mes six Epoques, produc-
tion remarquable par l'intérêt qui s'attache
au récit des dangers que l'auteur a courus.
Il revint en France après le 9 thermidor,
et après avoir rassemblé quelques débris
de son ancienne fortune , que la révo-
lution lui avait fait perdre , il mourut
subitement le 19 mai 1799, laissant une
fille unique. Il avait fait construire , à
l'extrémité du faubourg Saint-Antoine ,
une belle maison qui a été démolie , il y a
quelques années, pour l'exécution du
canal def Ourcq. Cet écrivain eut de nom-
breux ennemis , et il s'en trouva qui lui
reprochèrent son origine. Un jeune sei-
gneur voulut un jour le mortifier en lui
disant : « M. Caron, vous qui devez vous y
» connaître, dites-moi pourquoi ma mon-
» tre s'est dérangée. » Il prit aussitôt le
bijou , le considéra un instant , puis le
le laissa tomber sur le parquet où il vola
en éclats. « Votre seigneurie excusera ma
» maladresse , répondit le malicieux Ca-
» ron ; il y a si long-temps que je n'ai
» louché de montre ! » Celte vengeance
ingénieuse fit sourire le roi , devant qui
cette scène se passait. Ses OEuvres com-
plètes ont été publiées en 1809, par M.
Gudin de la Brunellerie , en 7 vol. in-8°.
Une nouvelle édition en 6 vol. in-8°, en
a paru en 1821. Un auteur moderne a ap-
précié en ces termes l'influence que Beau-
marchais exerça sur son époque : « Com-
» bien ne frémii-on pas davantage lors-
» qu'on songe que ce grand débat du peuple
« contre les rois, que cet éternel plaidoyer
» en faveur de la démocratie , qui s'était
» réfugié dans les conversations et dans
» les livres , va se trouver transporté
n tout à coup en plein théâtre , au milieu
» d'une fable licencieuse et environnée
» de tout l'esprit de Beaumarchais. Beau-
» marchais , homme de peu , comme di-
» sait le duc Saint-Simon , avait peut-être
» autant d'esprit que Voltaire , non pas de
» cet esprit fin et délicat que Voltaire avait
» le plus souvent , mais de ce gros espriJ
» sans retenue, qui ne recule devant
» aucune personnalité , qui ne se refuse à
■ aucune injure , et dont l'effet est d'au-
» tant plus certain sur l'esprit de la mul-
» titude , qu'elle le comprend plus faci-
» ment. Aussi dès qu'après tant de fameux
» procès et d'excellens mémoires , Beau-
» marchais s'imagina d'envahir le théâtre
» au profit de la philosophie moderne,
BEA iô
» il plaça sur le même plan l'intérieur de
» toute une famille , depuis la grande
«dame jusqu'à son page, depuis son
» excellence le comte Almaviva jusqu'à
» la petite Suzanne , et il jeta dans le dra-
» me toutes les passions d'une société
» corrompue , l'amour et l'ivrognerie, la
» délation et l'adultère , la calomnie et la
» séduction. Il représenta la justice sous
* les traits d'un vieillard imbécile; le
» pouvoir sous les habits d'un grand sei-
» gneur toujours dupe, quoi qu'il fasse,
» toujours trompé, et assez raisonnable-
» ment méprisable et méprisé. Au con-
» traire , le peuple eut le beau côté , sous
» la veste brillante et bigarrée de Figaro
» on le vit arriver, vif, léger, piquant,
» remplaçant une conjuration par une
* autre , un bon mot par un autre bon
» mot , inépuisable en expédiens , se
» jeuant de tout et de tous , sortant vain-
» queur et triomphant de mille épreuves
» dont il ne s'est pas inquiété une fois :
» du reste sentencieux, moraliste, prê-
» chant la vertu et le désintéressement ,
» le seul homme de la pièce qui eût quel-
» ques notions du juste et de l'injuste ;
« voilà le peuple comme on le faisait alors;
* depuis il a bien prouvé ce qu'il était, ,
» digne d'excuse sans doute, mais surtout
» digne de pitié. Car, si l'on considère
» combien il fut flatté , combien on ré-
» pétait chaque jour qu'à lui seul était
» le pouvoir, à lui seul la justice, à lui
» seul le bien-être, à lui seul la vertu,
» qu'il était le commencement et la fin de
» toute monarchie en Europe , on conce-
» vra facilement à quels excès il devait
» se porter après un enseignement aussi
» funeste , aussi acharne. «
* BEAUMARCHAIS ( Antoine de la
BARRE de ), né à Cambrai, entra d'abord
dans l'ordre régulier de la maison de
Saint-Victor à Paris , qu'il abandonna en-
suite pour se retirer en Hollande, où il
se maria, et se mit aux gages des libraires
pour subsister. Devenu veuf, il rentra,
dit-on , dans le sein de l'Eglise, et mourut
vers 1750 Ses principaux ouvrages sont:
l Histoire de Pologne sous le roi Auguste
II , 1733 , k vol. in-12 , publiée sous le
nom de l'abbé de Parthenay ; | la Monar-
chie des Hébreux, trad. de l'espagnol du
marquis de Saint-Philippe , J727 , 4 vol.
in-12; | le Hollandais ou Lettres sur la
Hollande ancienne et moderne, 3 parties,
in-8° ; | Lettres sérieuses et badines sur
les ouvrages des savans , 12 vol. in-S°.
HEAUMES. Voyez BAUME.
7 BEA
BEAUMELLE ( Laurent ÀNGLIVIEL
de la), né àVallerauques, dans le diocèse
d'Alais, en 1727 , mort à Paris, en no-
vembre 1773, fut de bonne heure au rang
des écrivains distingués. Appelé en Da-
nemarck pour être professeur de belles-
lettres françaises , il ouvrit ce cours de
littérature par un Discours qui fut impri-
mé en 1731 , et bien accueilli. Mais son
inconstance ne lui permit pas de s'atta-
cher à cet emploi. Il quitta le Danemarck
avec le titre de conseiller et une pension.
S'étant arrêté à Berlin , il y vit "Voltaire ,
et ayant osé loucher à ses lauriers , il se
brouilla irréconciliablcment avec lui.
L'histoire de ce démêlé , qui occasiona
tant de personnalités et d'injures, se trou-
ve, malheureusement pour l'honneur des
lettres, dans trop de livres. On sait qu'un
passage dans une brochure de La Beau-
melle, intitulée Mes pensées, en fut la
première origine. Voici ce passage :« Qu'on
» parcoure l'histoire ancienne et moderne,
» on ne trouvera point d'exemple de prin-
» ce qui ait donné sept mille ccus de pen-
» sion à un homme de lettres à titre
» d'homme de lettres ; il y a eu de plus
» grands poètes que Voltaire , il n'y en
» eut jamais de si bien récompensés, par-
» ce que le goût ne met jamais de bornes
» à ses récompenses ; le roi de Prusse
» comble de bienfaits les hommes à taiens,
» précisément par les mêmes raisons qui
» engagent un petit prince d'Allemagne à
» combler de bienfaits un bouffon ou un
» nain. » Cet ouvrage , fortement pensé ,
mais écrit avec trop de hardiesse , et rem-
pli de choses répréhensibies , arma l'auto-
rité contre lui; et en arrivant à Paris, en
1753, il fut enfermé à la Bastille. 11 n'en
sortit que pour publier ses Mémoires de
madame de Maintenon, qui lui attirèrent
xine nouvelle détention dans celle prison
royale. La Beaumelle ayant obtenu sa li-
berté , se relira en province , où il épousa
la tille de M. Lavaysse , célèbre avocat de
Toulouse. Une dame de la cour l'appela à
Paris vers l'an 1772, et voulut l'y fixer en
lui procurant une place à la bibliothèque
du roi; mais il n'en jouit pas long-temps :
une fluxion de poitrine l'enleva à sa fa-
mille et à la littérature. Il a laissé un fils
et une fille. Ses ouvrages sont : | une Dé-
fense de l'Esprit des Loix , contre l'au-
teur des Nouvelles ecclésiastiques , qui ne
vaut point celle que le président de Mon-
tesquieu publia lui-même; ni l'une ni
l'autre ne peuvent satisfaire sur tous !es
points; l nies Pensées, ou le Qu'en dira-
14
BEA
158
BEA
t-on? in-12, livre dont la réputation ne
s'est pas soutenue, quoiqu'il y ail beaucoup
d'esprit; sans doute parce qu'elle était
principalement fondée sur les maximes té-
méraires et pernicieuses qu'il renfermait,
et que ces sortes de réputations n'ont
qu'un temps; I Les mémoires de Madame
de Maintenons vol. in-12, qui furent
suivis de 9 vol. de Lettres. ( Voyez MAIN-
TENON. ) On y hasarde plusieurs faits :
on en défigure d'autres; on attribue à
cette clame des propos parfaitement con-
tradictoires à la manière de penser qu'elle
a le plus constamment manifestée; le style
n'a ni la iécenee, ni la dignité qui con-
viennent à l'histoire. | Lettres à M. de
Voltaire, in-12, pleines de sel et d'esprit.
L'auteur avait publié le Siècle de Louis
XIV&scc des notes, en 5 vol. in-12.
"Voltaire avait combattu ces remarques
dans une brochure intitulée : Supplément
au Siècle de Louis XIV. La Beaumelle
donna en 1754 une Réponse à ce Supplé-
ment . qu'il reproduisit en 1761 , sous le
titre de Lettres. \ Pensées de Sénèque ,
en latin et en français , in-12 , dans ie goût
des Pensées de Cicéron, de l'abbé d'Olivet,
qu'il a plutôt imité qu'égalé. | Commen-
taires sur la Ilenriacle , Paris , 1775 , 2
vol. in-8°. Il y a de la justesse , du goût,
mais trop de minuties. | Une traduction
manuscrite des Odes d'Horace; | des Mé-
langes aussi manuscrits, parmi lesquels
on trouve des choses piquantes. L'au-
teur était naturellement porté à la satire.
Son caractère était franc, mais ardent et
inquiet. Sa religion était si peu décidée
que quelques-uns le font protestant, et
d'autres, catholique. S'il fut un violent
adversaire de Voltaire, ce n'est pas qu'il
eût des principes fort différens de ceux
de ce poète. On a entendu dire à La Beau-
nielle : Personne ri 'écrit mieux que Vol-
taire... D'où vient donc^ui dit quelqu'un,
que vous le déchirez...? C'est , répondit-
il , que mes ouvrages s'en vendent mieux
et qu'il ne m'épargne dans aucun des
siens. Réponse qui exprime admirable-
ment les deux grands mobiles de toutes
les démarches de nos bruyans écrivains,
l'intérêt et l'orgueil.
*BEAUMETZ (Briois de), premier pré-
sident au conseil d'Artois , fut nommé en
1789 député de la noblesse aux états-gé-
néraux , et se rangea du côté gauche , te-
nant néanmoins à la partie qui semblait
la moins exagérée. Elu président au mois
de mai 1790, il se déclara en faveur du
veto suspensif. Il appuya ensuite l'éta-
blissement des jurés, et défendit le sys-
tème des assignats. L'année suivante, il
accusa les ministres , à l'exception de
Monlmoriu, et prétendit que le corps lé-
gislatif avait le droit de demander leur
renvui, et les citoyens celui de les accu-
ser criminellement après leur sortie du
ministère. Enfin, il prit part à toutes les
questions importantes qui s'agitèrent dans
l'Assemblée constituante. Lorsqu'elle fut
dissoute, il fut nommé membre du conseil
du département de la Seine, et en cette
qualité il signa la pétition adressée à Louis
XVI pour réclamer le traitement qu'on
voulait refuser aux prêtres non asser-
mentés. Il émigra en 1792, et ne rentra
en France qu'en 1800. Il mourut en 1802.
Il avait des talens , mais beaucoup d'am-
bition , et on prétend qu'il n'avait paru
favorable à la révolution que par haine
pour M. de Galonné qui lui avait toujours
barré le chemin du ministère.
BEAUMOAT des ADRETS. Voyez
ADRETS.
BEAUMONT de PÉRÉFIXE. Voyez
PÉRÉFIXE.
BEAUMOM' (Geoffroi de ) , natif et
chanoine deBayeux, légat du saint Siège
enLombardie , suivit , en qualité de chan-
celier, Charles d'Anjou, frère de saint
Louis , au royaume de Naplcs. Nommé à
son retour évèque de Laon , il fit les fonc-
tions de pair l'an 1272, au couronnement
de Philippe le Hardi , et mourut l'année
d'après. C'était un prélat vertueux et d'un
grand mérite.
IîEYUMO.\T (François), né dans le
comté de Leicester en 1585, mourut à la
fleur de son âge en 1(515, et fit plusieurs
tragédies et comédies pour le théâtre an-
glais; elles furent applaudies. Fletcher,
son ami, l'aidait dans la composition de
ses pièces. Ces deux hommes furent ri-
vaux . sans être jaloux. On a réuni leurs
ouvrages dans une belle édition publiée
en 1711 , en 7 volumes in-8°.
BEAUMO\T ( Guillaume-Robert-Phi-
lippe-Joseph-Jeaiv de) , curé de Saint-
Nicolas de Rouen , sa patrie , mort au mois
de septembre 1761 , fut regretté de ses
ouailles, qu'il édifiait et qu'il instruisait.
On a de lui quelques ouvrages de piété ,
qui manquent quelquefois d'élévation ,
mais qui ne peuvent produire que des
fruits de vertu. | De l'imitation de la
sainte Vierge , in- 18; | Pratique de la dé-
votion au divin cœur de Jésus, in- 18;
| Exercice du parfait Chrétien, 1757 ,
in-2k; | Vie des Saints, en 2 vol.; | Mé-
BK.-V io
dilations pour tous les jours de l'année t
etc.
UEAUMOVr (Christophe de), né au
châlcau de la Roque, dans le diocèse de
Sarlat, en 170ô , d'une famille ancienne ,
contracta dès son enfance , par les soins
desamère , l'amour de l'ordre, une grande
sévérité de mœurs, et un respect profond
pour tout ce qui tient à la religion. Ayant
embrassé l'état ecclésiastique , il devint
chanoine et comte de Lyon , évèque de
Rayonne en 17U , et passa à l'archevêché
de Vienne en 4743. Louis XIV l'ayant
nommé en 17MJ au siège de Paris , lui écri-
vit deux fois vainement pour le faire ac-
quiescer à cette nomination , et le prélat
n'obéit qu'à des ordres précis, qu'il re-
garda comme l'expression de la volonté de
Dieu. Tout le momie sait de quelle ma-
nière il se conduisit dans ce poste délicat;
par quel mélange de douceur et de fer-
meté sorf/.èle s'opposa tantôt aux progrès
alarmons de l'impiété, tantôt aux artiiices
d'une secte d'autant plus redoutable au
repos de l'Eglise, qu'elle s'opiuiàtre à res-
ter en apparence dans son sein pour le dé-
chirer d'une manière plus sûre. Les prin-
cipes qui dirigèrent invariablement la con-
duite de Reaumont dans ces temps péni-
bles, lui conservèrent l'estime de ceux
mêmes auxquels il croyait devoir oppo-
ser toute la résistance du ministère chré-
tien. Il acheva de la gagner par la tran-
quillité et l'égalité d'âme avec lesquelles il
supporta les divers exils qui furent la
suite de son zèle et de son courage. Louis
XV eut constamment pour lui un attache-
ment tendre et vif; les Anglais, malgré
les préjugés du schisme et de l'hérésie,
furent ses admirateurs; le roi de Prusse
lit de sa fermeté les plus grands éloges.
Après diverses tempêtes , rendu à son dio-
cèse, il s'occupa à maintenir la discipline
ecclésiastique , avec d'autant plus de vi-
gueur que le relâchement devenait plus
général ; à veiller san.-> cesse sur ses ouailles
chéries, à les instruire, à les défendre
contre ceux qui se parent si mal à propos
du nom de philosophes; à combattre sans
ménagement l'erreur, et à la foudroyer
par les instructions les plus lumineuses et
les censures les plus vigoureuses. On vil
à sa mort, arrivée le iâ décembre 1781,
un spectacle bien touchant, celui de trois
mille pauvres assiégeant les portes de l'ar-
chevêché, demandant un père, et dont
les cris et les gémissemens annonçaient la
grande perte que la capitale avait faite.
On trouva plus de mille ecclésiastiques,
9 BEA
et plusdeoOOpcrsonnesqui ne subsistaient
que des bienfaits de ce digne prélat. C'est
surtout à l'égard des vierges qu'un souffle
contagieux pouvait flétrir, qu'il prodiguait
des soins charitables pour mettre leur
vertu en sûreté; à l'égard des jeunes gens,
pour leur procurer une éducation chré-
tienne. Sa charité était si riche en res-
sources , que des gens qui le connaissaient
peu ont prétendu qu'il ne soulageait tant
d'infortunés qu'aux dépens de son exac-
titude à satisfaire ses propres créanciers;
et l'on a vu un citoyen riche et vertueux,
offrir la plus grande partie de sa fortune,
pour payer, disait-il , les dettes de son ar-
chevêque expirant, et pour préserver sa
mémoire d'une tache qui aurait pu re-
jaillir sur la religion; mais il ne tarda pas
à être détrompé. Le bon ordre qui régnait
dans les affaires domestiques du prélat ,
son économie , sa frugalité , ses privations
personnelles , tout cela empêcha que le
trésor où il puisait sans cessene fût épuisé.
M. d'Aguin de Chàteau-Lion a tracé son
portrait dans ces quatre vers :
Austère dans ses mœurs, vrai dans tous ses discours,
Plein de l'esprit de Dieu , qui l'anime et l'embraie ,
Ou libre ou dans les fers , il sul joindre toujours
La fermeté d'Air.broisc à la foi d'Atlianase.
On a de lui un grand nombre d'Instruc-
tions jmstorales , pleines d'onction et de
force; on estime surtout celles où le pré-
lat attaque les erreurs dominantes, et s'é-
lève contre 3. J. Rousseau {voyez ce
mot), contre Voltaire , contre le Bélisaire
de Marmonlol, elc. On adonné le recueil
de ses Mauilcnicns et instructions pasto-
rales, en un gros vol. in-4"; recueil pré-
cieux, très propre à maintenir les bons
principes, l'autorité de l'Eglise, l'ortho-
doxie, et à démasquer les nouvelles er-
reurs. Il est malheureux qu'on ail retran-
ché une des instructions les plus essen-
tielles, où les droits de l'Eglise sont supé-
rieurement établis. M. Feriet a fait sou
Eloye funèbre , Paris, 1784.
* BE/UJMOXT (Ji:a\-E.yptiste-J.\<>
ques-Eue de) . né àC.arenlan, en Nor-
mandie , en 1732 , mort à Paris le 10 jan-
vier 1786. Reçu avocat en 17u2 , il plaida
d'abord quelques causes avec peu de suc-
cès. La nature , qui l'avait doué de presque
toutes les qualités de l'orateur, lui avait
refusé l'organe qui les fait valoir. Son dé-
faut de voix le lit renoncer à l'audience
pour se renfermer dans son cabinet. Là, il
pariait aux magistrats avec l'empire de la
plus forte éloquence. Son Mémoire pour
les Calas, Paris, 17G2, in -4°, produisit le
BEA
160
BEA
plus grand effet, et contribua beaucoup
à faire réhabiliter cette famille. Cet ou-
vrage fut suivi d'un grand nombre de
Mémoires , où l'on connaît un homme
profond et mailre de son sujet. Son style ,
plein d'intérêt , de chaleur et de clarté ,
l'a fait placer au rang des premiers écri-
vains de son siècle. Cet homme, si ingé-
nieux dans son cabinet, portait dans la
société une bonhomie qui le rendait pres-
que méconnaissable. De là les différens ju-
gernens qu'on a portés sur son compte.
Il était seigneur de Canon en Normandie ;
c'est là qu'il forma cette fête intéressante ,
connue sous le nom de Fête des bonnes
gens. — Sa femme , Anne-Louise MORIN
DUMÉNIL , née en 1729 à Caen , et morte
en 1783, est auteur des Lettres du mar-
quis de Rosalie, 1704, 2 vol. in-12 , et de
la 5e partie des Anecdotes de la cour et
du règne d'Edouard II, roi d'Angle-
terre , 1776 , in-12 , ouvrage dont les deux
premières parties sont de madame de
Tencin.
* BEAUMOAT (Antoixe-Fratvçois vi-
comte de), chef de division des armées
navales , né au château de la Roque en Pé-
rigord , le 5 mai 1735 , et neveu de
M. Christophe de Beaumont , archevêque
de Paris, servit de bonne heure dans la
marine, et se rendit bientôt célèbre dans
un combat long et opiniâtre qu'iL soutint
dans le sud-ouest d'Ouessant, le 11 sep-
tembre 1781, contre la frégate comman-
dée par le capitaine Vindsor, et qui fut
entièrement rasée. Le roi fit peindre ce
combat pour perpétuer le souvenir des
belles actions de la marine française, et
il donna une copie du tableau au vicomte
de Beaumont. Député par la noblesse aux
états-généraux , il défendit avec énergie
les intérêts de son ordre. « Pénétrez-vous,
» Messieurs, disait-il dans celte assem-
» blée, de cette terrible vérité; la confu-
» sion des ordres doit en amener Vanéan-
» tissement, et par conséquent celui de
» la monarchie. » Lorsque l'Assemblée
constituante décréta l'abolition de la no-
blesse , il protesta contre ce décret au
nom des gentilshommes de sa province.
Cette protestation fut insérée dans plu-
sieurs journaux , et il l'avoua hautement
aux autorités constituées, qui lui écrivi-
rent pour savoir si elle était réellement de
lui. « On a ruiné ma fortune, écrivait-il ,
» et je n'ai fait entendre aucune plainte.
» On veut me dépouiller du caractère de
» chevalier français ; mais qui peut m'em-
» pécher de croire que la noblesse , une
» fois acquise par les vertus, ne peut se
» perdre que par le crime, etc. » M. de
Beaumont émigra quelque temps après ,
et rentra en France vers 1800. Il est mor!
en 1805 , à Toulouse.
BEAUMONT (madame LE PRINCE de),
née à Rouen le 26 avril 1711 , morte à Pa-
ris en 1780 , est très avantageusement con-
nue par un grand nombre d'ouvrages des-
tinés à l'éducation et à l'instruction de la
jeunesse, tels que [ le Magasin des enfans,
| h>.3Iagasi?ides adolescentes , | le Magasin
des jeunes dames, | le Magasin des pau-
vres , | Lettres de madame Dumontier;
| Education complète ou Abrégé de l'his-
toire ancienne; | le Mentor moderne; | les
Américaines , ou la Preuve de la reiigioit
chrétienne par les lumières naturelles, ete.
Ce dernier ouvrage (6 vol in-12), con-
tient des vues plus relevées et des obser-
vations plus sérieuses que les précédens ;
l'auteur s'y laisse quelquefois aller à des
spéculations de systèmes, et semble se dé-
placer : mais en général ses vues sont sai-
nes, sages et utiles. Il y a dans la Dévotion
éclairée , ou Magasin des dévoles , cer-
taines choses qui peuvent prêter à la cri-
tique , et qu'un peu plus de circonspection
aurait fait éviter.
* BEAUMONT DE CARRIERE (le ba-
ron), général français, mort en 1813, fut
d'abord aide-de-camp de Murât qu'il sui-
vit en Italie et en Egypte. Nommé ensuite
colonel du 10e régiment de chasseurs , il
se distingua dans ia campagne d'Autriche
en 1805, notamment au combat de Wer-
tingen où il fit prisonnier au milieu des
rangs ennemis un capitaine de cuirassiers
autrichiens. Après la bataille d'Austerlit/. ,
il devint général de brigade et continua
de servir avec distinction en Allemagne
et en Espagne , où il se fil remarquer dans
toutes les affaires par plusieurs actions
brillantes, et particulièrement dans celle
d'AIcaron. Il avait été nommé général de
division à la grande armée peu de temps
avant sa mort.
* BEYCMO.Vr (Jrw Ki.axcois-ALBA-
NIS) , membre de la société royale de Lon-
dres , et des académies de Genève et de
Turin, naquit à Chambéry vers 1750. Il
étudia les mathématiques à l'école du gé-
nie de Mé'/.ières, et fut nomme, en 1775,
ingénieur en second par Victor-Amé-
dée III. Choisi par leduc deGlocester pour
diriger l'éducation de ses enfans , il .s'oc-
cupa , durant son séjour à Londres, à dé-
crire l'immense chaîne granitique qui s'é-
tend depuis les bouches du Var jusqu en
BEA
161
BEA
Carinthie. Bcaumont rc\ int , en 179G, clans
son pays, et y partagea son temps entre
l'éducation d'un troupeau de mérinos, et
l'étude des antiquités et de la statistique
de la Savoie, jusqu'à sa mort arrivée en
1812. On a de lui : | Foyaye historique et
pittoresque de la ville et du comté de Nice,
Genève, 1787; | Description des glaciers
de Framigmj , 1793 ; | Description des
Alpes grecques et colliennes , ou tableau
historique et statistique de la Savoie, Pa-
ris, 1802., 2 vol. in-/i°, avec iig., et un at-
las in-folio; | Seconde partie du même
ouvrage, Paris, 1806, 2 vol. in-4°; | des
Mémoires sur la manière de défendre les
camps, publiés à Turin; | des Mémoires
sur l'histoire naturelle, sur l'art de fon-
der solidement dans la mer, et sur la pos-
sibilité d'établir une roule du Chablais en
Valais, par Miller ie , inséré au Moniteur
de 1800 , etc.
* IîE\UMO\T-MUVAZ\C (le comte
de) , né aux environs de Toulouse , était ,
avant la révolution, chef d'escadron du
régiment de cavalerie de la reine, et che-
valier de Saint-Louis. Il se retira à Lon-
dres , où il étudia à fond les affaires colo-
niales , sur lesquelles il a publié un
ouvrage remarquable intitulé : X Europe,
et ses colonies, en décembre 1819 , Paris,
1820 , 2 vol. in-8° , 2e édition , 1822. On y
trouve des détails précieux sur les états
nouvellement indépendans de l'Amérique
du sud. M. de Beaumont est mort à Paris,
le 5 août 1821.
I5E YU1\E (Jacques de), baron deSam-
blançai, surintendant des finances sous
François 1er, les administra à la satisfac-
tion de ce prince, jusqu'à ce que Lautrec
eut laissé perdre le duché de Milan , faute
d'avoir touché les sommes qui lui avaient
été destinées. Le roi lui en faisant de vifs
reproches, il s'excusa, en disant que le
même jour que les fonds pour le Milanais
avaient été préparés , la reine-mère avait
été elle-même à l'épargne pour lui de-
mander tout ce qui lui était dû de ses pen-
sions, et des revenus du Valois, de la
Touraine et de l'Anjou , dont elle était
douairière, l'assurant qu'elle avait assez
de crédit pour le sauver, s'il la conten-
tail ; et pour le perdre , s'il la désobli-
geait. Le roi ayant fait appeler sa mère ,
elle avoua qu'elle avait reçu de l'argent ;
mais elle nia qu'on lui eût dit que c'était
celui qui devait passera Milan. Samblan-
çai fut la victime de son mensonge. La
reine-mère poursuivit sa mort avec tant
d'ardeur, qu'il fut pendu en 1527 au gibet
de Monlfaucon , pour trime de pécufat. fl
fut long-temps à L'échelle avant d'être exé-
cuté, attendant toujours sa grâce; -mais il
l'espéra en vain. Sa mémoire fut justifiée
quelque temps après. L'abbé Gervaise»
dans la Vie de saint Martin de Tours , re-
marque que ce fut Samblançai (qu'il ap-
pelle Fournier au lieu de Beaune) qui
conseilla à François d'enlever le treillis
qui fermait le tombeau de saint Martin,
et ajoute: « Cinq ans après, le même
» jour que le treillis avait été enlevé, sur
» une fausse accusât ion, il fut condamné
» à être pendu, et le fut en effet quel-
» ques jours après à Mont faucon , dans
» le fief du prieuré de saint Martin-des-
» Champs. »
BEAUNE (Renaud de), naquit à Tours
en 1527. Il prit d'abord le parti delà robe ;
mais étant entré ensuite dans l'état ecclé-
siastique , il fut nommé à l'évêché de
Mende , à l'archevêché de Bourges , et en-
suite à celui de Sens, en 1590. Clément
VIII, irrité de ce que ce prélat avait ab-
sous Henri IV, sans la participation du
chef de l'Eglise, etde ce qu'il avait proposé
de faire un patriarche en France , lui re-
fusa ses bulles, et les lui accorda ensuite
six ans après. De Beaune se distingua aux
assemblées du clergé , aux états de Blois ,
où il présida en 1588, et surtout à la con-
férence de Surennes. Il joignait à une mé-
moire prodigieuse, beaucoup de pénétra-
tion dans l'esprit, et de fermeté dans le
caractère. Le marquis de Pauliny d'Ar-
genson [Mélanges tirés d'une grande bi-
bliothèque , lettre T.) rapporte une sin-
gularité de?a vie de ce prélat digne d'être
recueillie. « Il avait , dit-il , l'appélit le
» plus extraordinaire , était obligé de faire
» six repas par jour, de quatre heures ère
» quatre heures, et avait été forcé de pren-
» dre des dispenses pour dire la messe
» moins à jeun que le commun des prè-
» très. Loin que cette quantité d'alimens
» appesantit son esprit, il ne se trouvait
» jamais la tête pesante que quand il avait
» besoin de manger. Il craignait de faire
» des exercices de corps, parce qu'ils aug-
» mentaient son appétit, mais il se livrait
» au travail de cabinet le plus assidu en
» sortant de table. » Il mourut en 1606,
grand aumônier de France, et comman-
deur des ordres du roi , à 79 ans. On a de
lui le Psautier traduit en français ^ Paris,
1586 , in-4°.
BEAUiVE (Flohimond de), conseiller
au présidial de Blois, de la même famille
que les précédera, fut fort lié ave Des»
14.
BEA
162
lîli.V
cartes. Il inventa les insl rumens d'astro-
nomie , et mourut en 1652.
* BEAUXOiU ( Alexaxdrk-Louis-Bkr-
trasd), quitta fort jeune la maison pater-
nelle, et sous le nom de Beaunoir, ana-
gramme île Bobineau, se mit à faire des
vers et des pièces de tliéàlre pour les pe-
tits spectacles. Cependant un de ses amis
l'ayant fait entrer à la bibliothèque du
roi, il prit le petit collet, qu'il quitta sur
l'ordre de l'archevêque de Paris , lorsqu'il
eut donné l'Jmour quêteur. Beaunoir fut
depuis directeur des spectacles à Bor-
deaux; mais ayant mal fait ses affaires, ii
sortit de France, le 15 juillet 1789. A cette
époque, il était orateur delà loge du Con-
trat social , il s'arrêta d'abord en Belgi-
que. Après l'expulsion des Autrichiens, la
manifestation trop franche de ses opinions,
en faveur de Joseph II , le rendit suspect
au gouvernement aristo-théocratique qui
régnait dans Bruxelles ; il essuya des vexa-
lions dont il conserva un vif ressenti-
ment. 11 publia ensuite un journal in-
titulé le Vengeur* dirigé contre les prin-
cipes de la révolution française : cet écrit
périodique, rédigé avec quelque talent .
n'eut qu'une courte existence. Beaunoir,
en quittant Bruxelles , parcourut la Flan-
dre , la Hollande , l'Allemagne , la Bussie ,
et fut directeur à Saint-Pétersbourg, de
trois spectacles de la Cour." Obligé d'aban-
donner précipitamment ce pays en 1801 ,
il revint à Paris, où il fut correspondant
littéraire d'étrangers de distinction, entre
autres de Jérôme Bonaparte, alors roi de
Westphalie. Depuis la restauration, Beau-
noir était employé à une division littéraire
du ministère de la police. Ses principaux
ouvragés sont : | Voyage sur le Rliin, de
puis Mayence jusqu'à Dusseldorf, Neu-
wied, 1791 ; | Annales de l'empire fran-
çais {avec Dampmarlin) , 1805, in-8°;
j L'arc-en-ciel, scènes allégoriques à l'oc-
casion de la naissance du due de Bordeaux ,
Paris , 1820 , in-8" ; | Diverses brochures
politiques. Beaunoir a donné quelques-uns
de ses ouvrages sous le nom de sa femme
( Louise-Céline Cheval , femme Beau-
noir), morte le 19 janvier 1821, âgée de
55 ans.
* BKAIÏPLAX (Guillaume LE VAS-
SEUB, sieur de), ingénieur géographe,
né en Normandie, au commencement du
47* siècle, s'attacha au service de Sigis-
mond III et de Ladislas IV, rois de Polo-
gne, qui lui donnèrent le grade de capi-
taine d'artillerie. Il lit, en cette qualité,
toutes les campagnes de l'Ukraine sous le
général Koniespulski , et lut principale-
ment employé à lever la carte de cette
nouvelle province, où il fonda un grand
nombre de villages. Privé, parla mort du
roi Ladislas, de la récompense qu'il avait
droit d'attendre , et négligé par son suc-
cesseur, il se retira dans sa patrie, et pu-
blia , en 1750, sa Description de l'Ukraine,
réimprimée en 17G0, et qui fut traduite en
anglais et en allemand. On y trouve des
détails curieux et intéressans. Dubois en
a donné un extrait fort étendu dans son
Histoire littéraire de Pologne. On a en-
core de Beauplan une Carte de l'Ukraine ,
en* feuilles, devenue fort rare, et une
Carte de Normandie , qui parut d'abord
en S feuilles, et ensuite en 12. On en a
donné une réduction en 2 feuilles. Il a\ ait
l'ait une Carte générale de la Pologne ,
avec les ligures des hommes, animaux,
plantes et autres choses raies que l'on
v oit en ces pays; mais son graveur étant
mort , sa veuve en envoya toutes les plan-
ches au roi de Pologne qui les avait fait
demander, et l'auteur n'en eut plus de-
nouvelles.
* BEAUPUY (Nicolas), membre de
l'Assemblée législative , du conseil des
Cinq-cents, et du sénat conservateur, na-
quit en 1750 àMussidan (aujourd'hui dans
le déparlement de la Dordogne), d'une
famille noble. Il entra au service mili-
taire en 17(37, comme sous-lieutenant, et
servit 22 ans avant d'arriver au grade de
major. A l'époque de la révolution, ii fut
nommé lieutenant-colonel dans le régi-
ment de mestre-de-camp. Beaupuy adopta
les nouvelles idées, et fut nommé par ses
concitoyens commandant de la guide na-
tionale , maire de sa commune , membre
du directoire du département de la Dor-
dogne. Lu 1791 , il renonça à la carrière
militaire , fut admis à l'Assemblée législa-
tive, et quelque temps après, nommé
membre du comité militaire. Après le 10
août, on l'envoya en miss ion- au- camp de
Chàlons. 11 retourna ensuite à Mussidan,
et devint président du comité révolution-
naire de son département. La Convention
le punit de l'humanité de sa conduite en
le destituant. Il passa ensuite au corps lé-
gislatif, lit partie de la commission des
inspecteurs , et après le 18 brumaire , coo-
péra à la rédaction de l'acte constitution-
nel. Beaupuy fut encore nommé au sénat
conservateur ; s'étant rendu vers celte
époque dans sa ville natale, il y mourut
quelques jours après son arrivée.
' BEAI' PU Y (Michel), général de di-
BEA
i63
«EA
uondes années françaises, frère du pré-
>nt , naquit à Mussidan. Choisi au
unencementdelarévolulionpourcom-
indant d'un bataillon de volontaires de
Dordogue , il mérita par plusieurs ac-
tions d'éclat d'être nommé général de divi-
sion avant la fin de la campagne. 11 se si-
gnala particulièrement dans le bourg de
Costhcn , où se trouvant seul au milieu
des Prussiens, il désarma leur comman-
dant qui se disposait à le percer de son
épée; sa troupe arriva fort à propos pour
le dégager. Il n'était que colonel ; cette ac-
tion lui valut quelques jours après le grade
de chef de brigade. Beaupuy fut ensuite
envoyé dans la Vendée , où il se distingua
également autant par sa bravoure que par
son humanité. Il eut beaucoup de part à
la première pacification , et passa à
l'armée du Rhin où il se lit admirer par sa
belle retraite de Franckenthal. Un boulet
de canon l'enleva au combat d'Emandin-
ghen , lorsqu'il donnait les plus belles es-
pérances. Il joignait l'instruction à la plus
haute valeur. Le général Desaix lit trans-
porter sa dépouille mortelle à Brissac, et
lui fit élever un monument. Peu de géné-
raux ont été blessés aussi souvent que lui ,
parce qu'il payait toujours de sa personne,
et qu'aucun obstacle ne pouvait ralentir
son ardeur. Deux de ses frères (Louis-Ga-
briel et Pierre-Armand), ont servi avec
distinction , et ont été tués également sur
le champ de bataille.
BEAURAIN ( Ji:.vv de ), né le 17 jan-
vier 1696, à Aix-en-Issart , dans le comté
d'Artois, tirait son origine des anciens
châtelains de Beaurain, qui n'en est éloi-
gné que de trois quarts de lieue. Dès l'âge
de 19 ans il vint à Paris, et s'appliqua à
la géographie sous le célèbre Pierre Mou-
lart San son , géographe du roi. Ses pro-
grès furent si rapides , qu'à l'âge de 25
ans, il fut décoré du même titre. Un ca-
lendrier perpétuel qu'il inventa, et dont
Louis XV s'est amusé pendant une ving-
taine d'années, lui procura l'honneur d'ê-
tre connu de sa Majesté, pour qui il fit
nombre de plans et de cartes, dont l'énu-
mération serait ici superflue. Mais ce qui
mit le sceauà sa réputation, fut la Descrip-
tion topographique et militaire des cam-
pagnes de Luxembourg , depuis 1690 jus-
qu'en 1694. Paris, 1756, 5 vol. iu-foï. L'hon-
neur qu'il eut de contribuer à l'éducation
de M. le dauphin, lui procura une pension
en 175(3. Indépendamment de ses talens
dans la géographie, il en avait pour les
négociations. Le cardinal de Fleury et
Amclot eurent plus d'une fois lieu de s'ap-
plaudir de l'avoir choisi dans des occa-
sions délicates. Attaqué d'une rétention
d'urine, en 1764, à Versailles, il fut si
heureusement secouru par les médecins
et chirurgiens du roi, que ce monarque
lui envoya, que cette première attaque no
lui fut pas funeste; mais la cause du mal
n'était pas détruite. Il en mourut à Paris
le 11 février 1771. C'est à son fils que l'on
doit les Cartes pour l'histoire de la cam-
pagne du grand Coudé de 1674, et celleh
de l'histoire des quatre dernières campa*
gnes de Turenne, de 1672 à 1675, dont
M. de Grimoard a fait le texte. Cet écri-
vain tâche vainement , dans ce dernier
ouvrage , de faire regarder comme des
fables les horreurs exercées dans le Pala-
linat. ( Voyez le Journal historique et lit-
téraire, 15 mars 1785, page 409. )
BEAUREGARD. Voyez BEIUGARD.
* BEAUREGARD ( l'abbé ) , prédica-
teur jésuite, né à Pont-à-Mousson en 1751,
se fit une grande réputation dans les pro-
vinces et dans la capitale par son élo-
quence impétueuse, son ton apostolique
et des traits de génie qui l'auraient fait
placer au rang des premiers orateurs,
s'ils n'eussent été trop souvent déparés
par une diction peu soignée, quelquefois
déclamatoire et souvent mêlée de trivia-
lités choquantes. Sa haute vertu com-
mandait le respect et ajoutait aux fruits
de ses prédications : aussi éloigné de bri-
guer les applaudissement qu'il était au-
dessus des atteintes de l'ambition, il ne
songea qu'à obtenir la plus solide des ré-
compenses, celle du bien qu'il faisait, et
il en lit beaucoup; il ne prêchait jamais
son sermon sur les uiauvai. livres, qu'il
ne vît plusieurs de ses auditeurs venir
déposer à ses pieds quelques-uns de ces
instrumens de corruption. Appelé à la
cour en 1789, pour y prêcher le carême,
il y fit la plus grande sensation. On re-
marqua surtout ces paroles prophétiques
qu'il prononça dans un moment d'inspira-
tion. « Gui , vos temples, Seigneur, seront
» dépouillés et détruits, vos fêtes abolies ,
» votre nom blasphé né, vo tô culte pro-
» scril. Mais, qu'enlends-je?grand Dieu!
» que vois-je? Aux saints cantiques qui
» faisaient retentir les voûtes sacrées en
» votre honneur, succèdent des chants
«lubriques et profanes! et toi! divinité
» infâme du paganisme, impudique Vé-
d nus! tu viens ici même prendre auda-
» cieusementla place du Dieu vivant, t'as-
» seoir sur le trône du saint des saints, et
BEA
164
BEA
» recevoir l'encens coupable de tes nou-
» veaux adorateurs. » Dans ce discours
improvisé avec chaleur, on eût dit qu'il
voyait les malheurs qui menaçaient alors
la France et qui ne tardèrent pas à écla-
ter. La liberté avec laquelle il tonnait
contre les vices, et quelques applications
que se firent des hommes puissant , le
tirent dénoncer connue un séditieux et
un fanatique. Il se retira à Londres , où
son z.èle ne fut pas mieux accueilli. Lutin
il se rendit à Maestricht, puis à Cologne
et de là en •Souabc, auprès de la princesse
Sophie de Hoheulohc, qui sut apprécier
ses talens et son mérite. Il termina ses
jours près d'elle, dans le château de Gro-
ning, en 1804, âgé de 75 ans. Ses sermons,
qu'il légua aux jésuites de Russie , n'ont
point été imprimés. On en a publié un
Abrégé en 1 vol. in-12, Paris, 1820, qui
donnera une idée de sa manière. Ceux
qui n'ont pas eu l'avantage de l'entendre,
verront dans ces discours, quoique mu-
tilés et* privés de la vie qu'il leur donnait,
la hauteur el l'étendue de son génie, de-
vineront ses pensées sublimes, et pour-
ront s'en figurer les effets. Les jeunes
ecclésiastiques qui se destinent à la chai-
re, trouveront dans cet ouvrage des mo-
dèles de discours , des règles de bon goût,
et des leçons de sagesse el de vertu; ils y
trouvèrent surtout beaucoup dépensées
qui n'appartiennent qu'à lui, et qu'ils
pourront employer avec succès.
* BEAUREPAIRE , chef vendéen. Il
était seigneur de Beaurepaire, dans le
district de Monlaigu, el joignit les insur-
gés depuis le mois d'avril 171)3. Depuis il
forma une division qui se joignait tantôt
à l'armée du centre, tantôt à celle de Les-
cure. 11 se distingua en plusieurs combats
et commandait l'infanterie vendéenne à
la seconde bataille deChàtillon, où il fut
blessé grièvement, et dut à rattachement
de ses soldats de ne pas être laissé parmi
les morts. Lors du passage de la Loire, on
le transporta à Fougères, où il mourut
peu de temps après des suites de ses bles-
sures.
• BEAUREPAIRE ( de ) commandait
îa place de Verdun lorsque l'armée prus-
sienne vint en faire le siège en 1792. Le
conseil de guerre ayant décidé qu'il fallait
se rendre, Beaurepaire se brûla la cer-
velle. La Convention lui décerna les
honneurs du Panthéon , et accorda une
pension à sa veuve.
•BEAURIEC (Gaspard GUILLARD de),
né à Saint-Pol, dans l'Artois, le 9 juillet
1728, après avoir fait de bonnes éludes,
se livra à la culture des lettres, et devint
admirateur de Locke, de J. J. Rousseau,
de Mably. Sa conversation était agréable
el spirituelle ; mais une ligure assez sem-
blable à celle qu'on donne à Esope , et un
costume grotesque, lui donnoienl un air
d'originalité que ne démentoient ni ses
idées, ni sa manière de vivre, ni son
caractère. Quand on lui reprochait son
indifférence pour la fortune : « J'ai trop
» aimé l'honneur et le bonheur, répondait-
» il , pour avoir jamais pu aimer la ri-
« chesse. » Il aimait beaucoup les enfans,
et il s'occupa constamment de leur édu-
cation. C'est ce qui le porta, à G7ans, à se
faire élève de l'école normale. Son projet
favori était l'établissement d'une pépi-
nière d'instituteurs , qui s'occuperaient
du soin de propager les idées philoso-
phiques jusque dans la classe la plus
pauvre* 11 a publié plusieurs ouvrages:
| l'IFcureux citoyen , 1759, in-12; | Couru
d'histoire sacrée et profane, 1765, 2 vol.
in-12, nouvelle édit., 1770; | le Portefeuille
amusant, 1763, in-12; | le faux Philoso-
phe, Discours à J. J. Rousseau, 17G5, in-
12; | Abrégé de l'histoire des insectes, dé-
dié aux jeunes personnes, 1764, 2 vol. in-
12; | le Portefeuille français , ou Choix
nouveau de différentes pièces de prose et
de jjocsie, Taris, 1765, in-12; | l'Heureux
vieillard , drame pastoral, 1769, in-8°;
| Cours d'histoire naturelle , 1770, 7 vol.
in-12 ; | Variétés littéraires, galantes et
amusantes, Amsterdam, 1773, in-12; | de
V Allaitement et de la première éduca-
tion des enfans, Genève, 1782, in-12; j l'E-
lève delanature, dont il publia la première
édition sous le nom de J. J. Rousseau, ce
qui contribua beaucoup au succès du
livre, qui depuis a été réimprimé souvent
en 3 vol. in-12, et à Genève , 1790, 2 vol.
in-8°. Cette édition diffère des autres en
ce qu'on y a retranché le 5e vol. pour y
substituer d'autres détails plus liés au
corps de l'ouvrage; | X Accord parfait, ou
X Equilibre physique et moral , 1795, in-
18; | une Lettre anonyme sur la littéra-
ture et le bonheur.
BEAUSOBRE ( Isaac de ), né à Niort
en 1659 , d'une famille originaire de Pro-
vence, se réfugia en Hollande , pour évi-
ter les poursuites qu'on faisait contre lui,
en exécution d'une sentence qui le con-
damnait à faire amende honorable. Son
crime était d'avoir brisé les sceaux du roi,
apposés à la porte d'un temple , après la
défense de professer publiquement la re-
BEY 16
ligion prétendue réformée. Il passa à
Berlin en 1(594. îl fui fait chapelain du roi
de Prusse, et conseiller du consistoire
royal. Il mourut en 1758, après avoir pu-
blié plusieurs ouvrages : | Défense de la
doctrine des réformés ; \ une traduction
du Nouveau Testament* accompagnée de
notes en français , faites avec Lenfant, à
Amsterdam, 1718, et réimprimée eu 1741,
2 vol. in-4" ; elle est estimée dans son
parti; | Dissertation sur les Adamites de
Bohème. Il y montre qu'il connaissait
peu cette secte, et fait de vains efforts
pour la justifier des abominations que
des gens mieux instruits lui ont repro-
chées. ( Voij. PICARD et ZINZENDORF. )
| Histoire critique de Manichée ( Manès )
et du manichéisme, en 2 vol. in-4°, 1734
et 173(J. 11 y a des recherches et de l'éru-
dition , mais en même temps des vues
fausses , des réflexions déplacées qui dé-
rogent autant à l'exactitude du jugement
qu'à la sagesse des principes qui doivent
diriger un historien , et enfin un esprit
de système qui veut tout ramener à cer-
taines idées. L'auteur trouve le manichéis-
me et les deux principes dans les écrits
de ceux mêmes qui n'y ont jamais songé.
Il y a des reproches encore plus graves à
lui faire. « Beausobrc, dit un critique cé-
» lèbre, marque un grand mépris pour
» les Pères grecs, et parait ne vouloir pas
» recevoir leur témoignage. Il ne mé-
» nage pas plus saint Augustin. Mais com-
» ment persuadera-t-il qu'un docteur si
» éclairé , qui a vécu huit ans parmi les
» manichéens , n'a point entendu leur
» doctrine , et qu'il leur attribue des er-
» reurs qui n'étaient qu'à lui? L'historien
» du manichéisme ne peut assurément
» manquer di plaire à ses lecteurs; mais
» il faut le lire avec précaution, et les es-
» prits désintéressés conviendront qu'il se
» serait fait plus d'honneur, s'il eût été
» plus modéré dans sa critique, et s'il eût
» traité les Pères avec plus de décence.
» L'ardeur de son imagination lui a fait
• commettre des fautes et adopter des ca-
» lomnies qu'on no lui reprocherait pas,
» si, comme il le pouvait et le devait , il
» eût pris soin de se mieux instruire. » |
Des Sermons, h vol. in-8", où l'on trouve
peu de profondeur, et une éloquence
assez négligée. | Plusieurs dissertations
dans lu Bibliothèque germanique , à la-
quelle il a travaillé jusqu'à sa mort. Il a
continué avec Roques les Discours his-
toriques et critiques sur les évènemens
les plus remarquables de l'Ancien et du
'S BEA
Nouveau Testament, G vol. in-fol. P.cau-
sobre écrivait avec chaleur, prêchait de
môme. Son cœur était généreux, hu-
main, compatissant: mats par un défaut
de prudence , il se livrait à des vivacités
et des emportemens qui troublaient son
repos et celui des autres. Les philoso-
phes l'ont regardé comme agrégé à leur
secte; mais quoiqu'il ail bien dit des cho-
ses qui semblent le prouver, il en a dit
beaucoup d'autres qui peuvent être con-
sidérées comme une rétractation des pre-
mières. L' Eloge funèbre du prince d'An-
hallA)cssaucsl rempli de vues chrétien-
nes, et de maximes très opposées à l'in-
crédulité.
BE YTJSOP.RE ( Louis de ) , conseiller
intime du roi de Prusse, directeur de la
maison de charité à Berlin , membre de
l'académie royale des sciences delà même
ville, mort le 5 décembre 1783, à la suite
d'une attaque d'apoplexie, dans la cin-
quante-troisième année de son âge. Il
était né à Berlin en 1730, et s'était l'ait un
nom par divers ouvrages où il y a des
vues bonnes et mauvaises , des maximes
fausses et vraies, conformément au ca-
ractère d'inconstance que le génie du siè-
cle a imprimé à presque tous les esprits.
| Ses Dissertations philosophiques sur la
nature du feu, 1753, in-12, présentent des
observations justes, et des idées systéma-
tiques hasardées; | le Pijrrhonisme dit
sage, 1734 , in-12; | Dissérlatio de non-
nullis ad jus hierarchicum perlinentibus,
1750. Il y a de l'érudition ; mais il ne faut
pas s'attendre à y trouver la justesse et
l'exactitude d'une critique orthodoxe. |
Songes d'Epicurc, 1756, in-8°; | Introduc-
tion générale à l'étude de la politique Jde&
finances et du commerce . Amsterdam,
J7G5, 2 vol. in-8', Berlin, 1771 , 5 vol. in-
12, pleine de bonnes observations , de ca-
culs asse?. exacts, de spéculations fausses
et de préjugés.
RI- AUSOLEIL ( Jeax du CHATELET,
baron de), Allemand . astrologue et phi-
losophe hermétique du 17e siècle, épousa
Martine Berlhereui, attaquée de la même
folie que lui. Ils furent les premiers qui
tirent métier de trouver de l'eau avec des
baguettes. Ils passèrent de Hongrie en
France, cherchant des mines, et annon-
çant des instrumens merveilleux pour
connaître tout ce qu'il y a dans la terre ,
le grand compas, la boussole à 7 angles,
l'astrolabe minéral, le râteau métallique,
les sept verges métalliques et hydrauli-
ques, etc., etc. Martine Berthereau ne
BEA
160
lîEY
gagna, avec tous ces beaux secrets* que
l'accusation de sortilège. En Bretagne ou
fit ouvrir ses coffres, et enlever des gri-
moires et diverses baguettes préparées
avec soin sous les constellations requi-
ses. Le baron finit par être enfermé à la
Bastille, et la baronne à Yincennes, vers
* REAUTEVILLE ( Jew-Louis du
BUISSON de), né à Beauteville, en 1708,
d'une ancienne famille de Rouergue , fut
chanoine et grand-vicaire de Mirepoix, et
député du second ordre à rassemblée du
clergé de 1753, où ilse rangea du côté du
cardinal de la Rochefoucauld , devenu
ministre de la feuille des bénéiiees, cequi
lui valut, dit-on, l'évêché d'Alais. Le 1G
avril 1764 , il donna un mandement au
sujet des Extraits des assertions, qui ex-
cita le plus grand mécontentent parmi ses
collègues. M. de Brancas, archevêque
d'Aix, lui écrivit à ce sujet; mais il ne
put en obtenir aucune satisfaction. Clé-
ment XIII lui adressa aussi un bref pour
blâmer sa conduite, et ce bref fut con-
damné au feu par le parlement d'Aix; ce
qui indisposa encore davantage les évo-
ques contre lui. Enfin son mandement
fut déféré à l'assemblée du clergé, dont il
refusa de reconnoitre la compétence, et
il protesta. Il ne put cependant faire
prévaloir son sentiment parmi son cler-
gé. Plusieurs de ses prêtres se déclarè-
rent contre lui. Après sa mort, qui eut
lieu le 25 mars 1776, la signature du
formulaire fut rétablie par les grands-
vicaires du chapitre , et quelques sujets de
son conseil, que l'on regardait comme
dangereux, furent éloignés. La. Biographie
universelle dit . ou ne sait trop sur quel
fondement, qu'il avait été en correspon-
dance avec Clément XIV, sur les moyens
de terminer les divisions qui déchiraient
l'église de France. Elle fait aussi le plus
grand éloge de ses vertus, que nous som-
mes loin de vouloir contredire; mais il
nous semble que son peu de déférence
pour les avis du souverain pontife, et sa
dissidence d'avec la très grande majorité
des évéques de Fiance, méritent quelque
1 dame. On attribue à un abbé Lanot, ami
de Gourlin , le mandement qu'il a donné
sur les Assertions* ainsi que les écrits
qu'il a publiés pour le défendre.
HEAUTIUJ Voy. BAUTRU.
* BEAU VAIS ( frère Rémi de), capu-
cin, vivant dans le 17e siècle. En entrant
dans l'ordre des capucins, il prit le nom
de lîeauvais. Il est auteur d'un poème
intitulé : l,i Madeleine . imprimé à Tour-
nai, en IGI7, in-8°, aux frais et par les
soins de Marie de Longue val, l'une des
pénitentes de l'auteur.
155: AU VAIS (Guillaume ), membre
de l'académie deCortone,né à Dunker-
que en 1698 , mort à Orléans le 29 sep-
tembre 1773 , s'appliqua toute sa vie à la
science numismatique. On a de lui .
j Dissertation sur la marque et contre-
marque des médailles des empereurs
romains , in-k";[3fanière de discerner les
médailles antiques , 1739 , in-4" ; | Histoire
abrégée des empereurs romains , par les
médailles , 1707, 3 vol. in-12. On recher-
che cet ouvrage pour les détails que l'au-
teur donne sur les médailles de chaque
empereur, dont il fait connaître la rareté
et le prix. | Plusieurs Dissertations sur
les médailles, dans les journaux.
BEAU VAIS ( Vixcext de). Vo$. VIN-
CENT.
♦ BEAUV AIS ( Nicolas-D vunux ) , né
à Paris , en 1687, mort en 1763. Ses heureu-
ses dispositions pour la gravure se déve-
loppèrent dans l'école de Girard Audran.
Il a gravé plusieurs morceaux pour le
sacre de Louis XV, pour le recueil de
Crozat et pour la galerie de Dresde. Son
burin est harmonieux, correct, varié avec
intelligence, et sa manière expressive
rend toujours le caractère des ouvrages
des grands peintres qu'il a copiés. On esti-
me surtout ce qu'il a gravé d'Après le
Corrége, Benedetlo Lutti, le Poussin,
Lebrun, Vau— Diek, etc. — Un de ses iils
(Philippe DE BEAUV AÏS), mort à ta
Heur de l'âge, en 1781, s'est distingué
dans la sculpture.
iîEAUVAIS(JKvx-B\i'r!STE-C!i\ui.KS-
ftÏAHiE de ), né à Cherbourg en 1731 , dé-
ploya de bonne heure les fruits d'une
éducation chrétienne, de solides études
et de ses talens pour l'éloquence. Elevé à
l'épiscopat et placé sur le siège de Senex,
il fut le père de son peuple, et se dis-
tingua dans toutes les occasions où la
cause de l'Eglise eut besoin de son intelli-
gence et de sa fermeté. Les plus connus
de ses discours sont le Panégyrique de
saint Louis qu'il prononça devant l'aca-
démie française, celui de suint Augustin,
des Eloges funèbres, parmi lesquels on
distingue celui de l'infant don Philippe,
duc de Parme, celui du maréchal du
Muy , et celui de Louis XV. Ce dernier,
objet de la censure des courtisans, eut
l'approbation de tous les hommes qui dé-
sirent dans les ministres de l'Evangile le
BEA
167
BEA
langage de la franchise el de la fermelé.
L'orateur y célèbre les vertus du monar-
que sans manquer à la vérité, et déplore
ses malheurs sans manquer à sa mé-
moire. « Vicns-je, dit-il, ne faire retentir
» ici que des louanges? Vicns-je renom e-
» 1er dans ce temple du Dieu de la vérité,
» ces anciennes apothéoses où Rome ido-
i» làtre élevait sans distinction tous ses
» princes au rang des dieux , sitôt qu'ils
» avaient cessé d'être hommes ? Loin d'ici
i> une profane adulation ! N 'est- ce donc
» pas assez que la flatterie ait assiégé les
«princes pendant la vie, sans qu'elle
» vienne encore se traîner à la suite de
» leurs funérailles et ramper autour de
• leur tombeau? Louons les hommes illus-
» très, célébrons la gloire des héros el
» des rois ; mais osons déplorer aussi
» leurs malheurs pour l'honneur de la
» vérité et pour l'instruction des généra-
» lions qui leur survivent. » Toute la
pièce est conçue sur ce ton : composition
simple el fière, tableaux vrais el lou-
chans, diction noble et facile, qui dédai-
gne ce luxe de métaphores, et ces tours
apprêtés qui ne séduisent que les esprits
sans goût. C Voyez le Journal liislorique
et littéraire, 1er octobre 1774, page 383;
i5 octobre , page kk5. ) Nous citerons en-
core de ce discours ce passage remarqua-
ble par l'extrême ressemblance avec les
événemens funestes dont nous avons été
les témoins. « Siècle dix-huitième, s'é-
» criait-il, siècle si lier de vos lumières,
» et qui vous glorifiez entre tous les au-
» 1res du titre de siècle philosophe, quelle
» époque fatale vous allez faire dans l'his-
» loire de l'esprit et des mœurs des na-
» lions! Nous ne vous contesterons point
» le progrès de vos connaissances ; mais
» la faible et superbe raison des hommes
» ne pouvait -elle donc s'arrêter à son
» point de maturité ? Après avoir réformé
» quelques anciennes erreurs, fallait-il
» par un remède destructeur attaquer la
» vérité même, il n'y aura donc plus de
» superstition , parce qu'il n'y aura plus
» de religion ; plus de faux héroïsme,
» parce qu'il n'y aura plus (f honneur;
» plus de préjuges, parce qu'il n'y aura
• plus de principes; plus d'hypocrisie,
» parce qu'il n'y aura plus de vertus ?
• Esprits téméraires, voyez., voyez les
» ravages de vos systèmes, et frémissez
i> de vos succès. Piévolulion plus funeste
» encore que les hérésies qui ont changé
» autour de nous la face de plusieurs
» états ! Elles y ont du moins laissé un
» culte et des mœurs, et nos neveux mal-
» heureux n'auraient plus un jour ni
• culte, ni mœurs, ni Dieu! O sainte
» église gallicane ! ô royaume très chré-
» tien ! Dieu de nos pères, ayez pitié de
» la postérité ! » Les Sermons de M. de
Beau vais, sans être de la même force
que ses oraisons funèbres, n'en méri-
tent pas moins de figurer avec distine-
lion parmi ceux qui honorent la chaire
française. Sa manière est plutôt d'atta-
cher par les peintures que par le raison-
nement, et l'on sent que l'élévation et le
courage des pensées , la noblesse et l'é-
nergie des expressions, la vigueur et la
vérité des tableaux, sont très capables
d'y suppléer. Il prêcha devant le roi l'A-
vent de i7C8, et le Carême de 1775. Etant
évêque de Sencz, il fut chargé de prê-
cher à Versailles le sermon de la Cène , et
il sut profiter de l'autorité que lui don-
nait sa dignité nouvelle pour laire con-
traster les scandales de la cour avec la
misère des peuples. On remarqua surtout
ce passage : « Sire, mon devoir de minis-
» tre d'un Dieu de vérité m'ordonne de
» vous dire que vos peuples sont malheu-
» rcux, que vous en êtes la cause, et
» qu'on vous le laisse ignorer. » Il avait
choisi pour texte de sou sermon ces pa-
roles de Jonas : « Dans quarante jours
» Ninive sera détruite, « et, chose fort re-
marquable , Louis XV , qui jouissait d'une
très bonne santé, mourut quarante jours
après dans des senlimens très chrétiens.
On lui a reproché de prodiguer l'apo-
strophe et l'exclamation ; mais le retour
fréquent de ces figures est chez lui un
effet de celle heureuse liberté qui con-
serve aux traits de l'imagination toute
leur rapidité, et fait disparaître celle em-
preinte du travail, si contraire au pathé-
tique. Cet illustre prélat se démit de son
évèché en 1783 et s'attacha à M. de Jui-
gné, alors archevêque de Paris. Elu aux
états- généraux en 1789, il n'eut pas le
temps d'y faire remarquer ses lalens ; son
àme peu faite pour supporter des agita-
tions violentes, ne put résister aux orages
qui en signalèrent le début. Il ne fit que
languir depuis la scène que l'archevêque
de Paris avait éprouvée à Versailles, et
les autres symptômes qui annonçaient le
prochain triomphe du philosophisme. Il
mourut le 5 avril 1790. Ses Sermons ont
été imprimés à Paris en 1806, en k vol.
\n-Vl, par les soins de M. l'abbé de Gal-
lard. Ils sont précédés d'une notice inté-
ressante sur sa personne et ses discours,
BEA
168
BEA
par M. l'abbé de Boulogne. On regrette
de n'y point trouver le panégyrique de
saint Augustin et le sermon sur la cène,
qui avaient produit un si grand effet lors-
qu'ils furent prononcés. M. de Beauvais
a publié les Oraisons funèbres de M. Lé-
ger, curé de Saint-André-des-Arcs; de
M. de Broglie, évéque de Noyon, et de
Louis XV. Toutes ces pièces ont été im-
primées à part.
• : BEAUVAIS ( Gilles-François), jé-
suite, né en Bretagne, en 1095, mourut
vers 1770. On lui doit : | une édition de la
Retraite pour les religieuses, du P. Bé-
lingam, 1746, in-12; | une édition des
JSpilres et Evangiles , avec des réflexions
qui sont de lui, 1752, 2 volumes in-12;
| Considérations et élévations affectives de
Notre-Seigneur Jésus-Christ autres saint
Sacrement de l'autel, Paris, 1753 , in-12 ;
| Lettres de m™"** à sa fille, sur les motifs
et les moyens de mener une vieplus chré-
tienne , Paris , 1755 , in-12 ; réimprimées
sous le voile de l'anonyme , sous le titre
de Lettres morales et chrétiennes d'une
dame à sa fille , sur les moyens de se
conduire avec sagesse dans le monde,
Paris , 1758, in-12 ; | Education d'un grand
roi, poème latin, 1759, in-12 : | La France
ecclésiastique , ou Etat présent, séculier
et régulier des ordres religieux, mili-
taires , et des universités de France, Paris,
1764-08, 4 vol. in-12 ; | les Vies du père
Acevedo , du père de Brito et de M. de
Bretigny. Le plus important des ouvrages
du P. Beauvais est l'ylrt de bien parler et
de bien écrire en français , in-12 , pu-
blié trois ans après la mort de l'auteur.
* BEAUVAIS DE PREAU (Charles-
Nicolas), médecin, né à Orléans, en
1745, mort à Montpellier, en 1794. Il fut
d'abord juge-de-paix à Paris , puis député
à l'Assemblée législative, et enfin à la
Convention nationale, où il montra des
idées exagérées et vota la mort du roi. Il
était en mission à Toulon lorsque celle
ville tomba au pouvoir des Anglais, qui
le jetèrent dans un cacbot où il resta jus-
qu'au moment où cette ville fut reprise
par les troupes françaises. On a de lui :
f Description topographique du mont
01 ivel,i7 SU, in-S°; | une Dissertation sur
la parole, traduite du latin d'Amman,
qui se trouve à la suite du Cours d'édu-
cation des sourds et muets, par Des-
champs, 1779, in-12; | une nouvelle
édition des Essais historiques sur Or-
léans , 1778, in -8°; | Quœstio médira an
a recta pulsuum criticorum doctrina et
observations medicina certior , Paris ,
\11h, in -4°; | Mémoire sur les maladies
épizootiques des bêtes à cornes des îles
de France et de Bourbon , 1783, in -8";
| des Lettres pour servir de supplé-
ment au Dictionnaire des artistes, de
l'abbé Fonlenay, insérées dans le Jour-
nal encyclopédique.
* BEAUVAIS (Bertrand POIRIER), fit
la première guerre de la Vendée, en
qualité d'officier d'artillerie dans l'arméo
royale et catholique ; il mérita par sa
bravoure et ses lalens les éloges de Bon-
champ et de Charette , et se distingua sur-
tout en 1794, au siège de Granville, tan-
dis que son père périssait à Paris sur l'é-
chafaud. Après les catastrophes du Mans
et de Savenay, il se réfugia en Angle-
terre. Cet officier vendéen resta sans
emploi après la restauration. Il mourut
près de Chinon en 1820. On a de lui :
Aperçu sur la guerre de la Vendée,
Londres , 1798, in-12; | Postscriplum à
V Histoire de la Vendée , suivi d'observa-
tions politiques, etc. Londres, 1799, in-8°-
BEAUVAU ( Jeav ) , évéque d'An-
gers, administrateur de l'archevêché d'Ar-
les , et chancelier de René , roi de Sicile ,
était de l'illustre maison de Beauvau.
D'abord protonotaire apostolique , abbé
commandataire de Monte- Majour , au
diocèse d'Arles , et de Fontaine-Daniel en
Anjou, il fut élevé sur le siège d'Angers
en 1447. Ayant fait arrêter et mettre en
prison un chapelain de sa cathédrale , le
chapitre, qui prétendait n'être point sou-
mis à sa juridiction, prit fait et cause
pour le prisonnier, et traduisit l'évêque
devant l'archevêque de Tours , son mé-
tropolitain, qui l'excommunia elle sus-
pendit de ses fonctions. D'un autre côté,
le cardinal Jean Balue, autrefois son grand
vicaire et son obligé , le desserv it dans
l'esprit de Louis XI ( Voyez BALUE ) ;
enfin on le calomnia près de Paul II ,
et en 1465 ce pape le déposa. Il fut cepen-
dant réhabilité en 1479, et rétabli sur son
siège. Il mourut au château d'Evendigné,
près d'Angers, le 23 avril 1479.
* BEAUVAU < Garriel ), évéque de
Nantes , de la même maison et de la bran-
che de Rivaiennes , fut nommé à cet
évèché en 1636. Il établit des conférences
dans son diocèse, donna à son séminaire
un bon règlement, qui fut imprimé en
1658, et laissa divers statuts synodaux.
Il mourut à Beauniunl-lès-Tours , vers
1667.
* BEAUVAU (Gilles-Jean François),
BEA.
169
BEA
aussi évèquo de Nantes , en 1677 , fit des
statuts tirés en grande partie de ceux de
M. de la Baume , son prédécesseur, ap-
prouva un excellent catéchisme composé
parM.de la Noé Ménard, directeur de
son séminaire , et ordonna qu'on s'en
servît dans tout son diocèse. Il tint deux
synodes , dont le dernier en 1700. ( Voy.
MÉNARD (de lui NOÉ.)
* BE YUV AU ( Rêvé , baron de ) , l'un
des plus vaillans chevaliers du 13e siècle,
descendait de Raoul, que les Archives
de St -Aubin d'Angers nous représentent
à l'année 1025 , rendant hommage pour
son château de Beauvau au comte d'An-
jou, « debout, l'épée au côté et la bar-
» retle en tète, à cause de la parenté, »
tandis que les autres seigneurs s'acquit-
taient de ce devoir à genoux , désarmés et
découverts. Charles d'Anjou, frère du roi
S. Louis, voulut avoir René pour compa-
gnon d'armes , lorsqu'il partit pour son
expédition de Naples, en 1265. René s'y
distingua par de nouveaux prodiges de
bravoure , surtout à la bataille de Eéné-
vent, où fut tué, en 1266, Mainfroi, l'u-
surpateur des Deux-Siciles. Pour récom-
pense Beauvau en fut nommé connétable.
Malbeureusement il mourut, dans la
même année, de suite de ses blessures.
* BEAUVAU ( Louis, seigneur de),
marcha sur les traces de son quadrisaïeul
René. Formé par les leçons et les exem-
ples de son père qui avait été à la fois
gouverneur d'Anjou et du Blaine, séné-
chal de Provence et d'Anjou, exécuteur
testamentaire de Louis II , et ambassadeur
de Louis III , roi de Sicile, Louis de Beau-
vau réunit en lui les divers mérites du
guerrier, du magistrat et du négociateur.
On le vit aimer et protéger les lettres dans
un siècle encore à demi barbare. Il fut
gouverneur et capitaine de la Tour de
Marseille, grand-sénéchal de Provence,
premier chambellan de ce bon roi René
qui l'emmena partout avec lui , à travers
les vicissitudes de sa fortune. René , fon-
dant l'ordre du Croissant en 1448 , inscri-
vit, pour premier chevalier, Louis de
Beauvau; et le fondateur, aussi modeste
que bon et valeureux, n'écrivit le roi René
qu'à la cinquième place. Louis de Beauvau
mourut en 1472 à Rome , où il avait été
chargé de plusieurs ambassades délicates,
notamment auprès du pape Pie II. Il avait
eu trois femmes , et en 1454, avait marié
sa fille unique du premier lit , Isabeau de
Beauvau, avec Jean de Bourbon, comte
de Vendôme, et trisaïeul du roi Henri IV. ,
Moréri a remarqué que , par cctle alliance
toutes les tètes couronnées de l'Europe,
descendaient de la maison de Beauvau.
* BEAUVAU ( Henri, baron de ), des-
cendant au 5e degré du précédent, aima
la guerre , les négociations , les cours , les
voyages , les sciences. Il alla faire ses pre.
mières armes en Hongrie, sous l'empe-
reur Rodolphe II. Voyant la Hongrie en-
vahie par les Twcs , il leva un corps de
mille chevaux et de deux mille hommes
de pied , les conduisit à l'armée du prince
de Mansfeld, et concourut à la victoire et
à la reprise de Strigonie sur les infidèles ,
en 1595. Rappelé en Lorraine, il fut en-
voyé, en 1599, ambassadeur du duc Henri,
à la cour de Rome, relativement au ma-
riage de Catherine de Bourbon, sœur de
Henri IV, dont il était cousin. Bientôt il
suivit le duc de Mercœur à son expédition
de Hongrie , lorsqu'en 1601 ce prince eut
été prié par l'empereur Rodolphe de
prendre le commandement de son année.
Les Turcs défaits, et les affaires de l'em-
pereur rétablies , Henri de Beauvau par-
courut l'Europe , l'Asie et l'Afrique. De
retour en Lorraine, il écrivit une relation
de ses campagnes et de ses voyages ( dont
l'édition la plus complète est de Nancy,
1619, in-4°, iig-), et cultiva les lettres et
l'éducation de son fils unique.
* BEAUVAU ( Henri , marquis de ) ,
fils du précédent , est auteur desMémoircs
imprimés sous son nom à Cologne , en
1690 , et fut le gouverneur de Charles V,
que la France réduisit plus tard à n'être
que duc titulaire de Lorraine.
BEx\UVAU (Marc), prince de Craon ,
petit-fils du marquis Henri, né en 1679,
fut gouverneur du duc François de Lor-
raine ( depuis empereur d'Allemagne),
et administrateur général du duché de
Toscane, sous le titre de ministre plénir
potentiairc, chef et président du conseil
de régence. L'empereur Charles VI le
nomma prince de Craon , en 1722 , et
Philippe V le fit grand d'Espagne en 1727.
Il mourut en 1754, en Toscane, à l'âge de
75 ans.
* BEAUVAU ( Ciiarles-Jl'st), maré-
chal de ) fils du prince de Craon dont nous
venons de parler, né à Lunéville le 10
septembre 1720 , entra au service de
France, et se distingua dès l'âge de 13 ans.
Il en avait à peine 21 lorsqu'il obtint la
croix de Saint-Louis, et de grade en grade
il parvint bientôt à celui de lieutenant-»
général des armées. La loyauté et la bonté
de son caractère ne le firent pas moins
15
BEA
170
BEA
distinguer. En 1777 il fut nommé com-
mandant d'une des premières divisions
militaires , gouverneur de la Provence
en 1782 , et maréchal de France en 1783.
Dans ces diverses fonctions il donna des
preuves non équivoques de son zèle pour
l'honneur de l'armée, et de son intégrité
dans l'administration civile. La Provence
lui dut le rétablissement de ses états et la
conservation de son académie, le perfec-
tionnement de sa navigation, le bien-être
de ses matelots et plusieurs monuinens
utiles. Le maréchal de Beauvau, non
moins dévoué à son prince qu'à sa patrie,
accompagna Louis XVI, en volontaire,
dans sa marche pénible de Versailles à
Paris le 1G juillet 1780, prêt à le couvrir
de son corps au moindre danger. Le roi
qui connaissait son zèle et ses lumières ,
l'appela dans son conseil. 11 y siégea pen-
dant cinq mois, et l'on a répété plusieurs
fois que » si ses avis avaient été suivis ,
» beaucoup de malhems auraient étéévi-
» tés. » Il est mort le 21 mai 1793. Il était
de l'académie de laCrusca etde l'académie
française. On a de lui, outre son discours
de réception , une Lettre à l'abbé Des-
fonlain-s sur une phrase de 180 mots
d'un discours de l'abbé Hardion , à la
réception de 'tfaïran à l'académie fran-
çaise.
•BEAUVAU (René -François de ),
issu, en 166r», d'une branche cadette de la
n:aison de ce nom, élahlie dans le Poitou,
reçu docteur de Sorbonne à Paris en 1G94,
fut porté par son mérite , plulôt que par
sa naissance, à l'évèché deBayonnc, et en-
suile à celui de ïournay, où, à l'exemple
de l'illustre archevêque de Camhrai, il
fit de son palais un hôpital pour les bles-
sés et les malades , pendant le siège que
cette ville eut à soutenir contre le prince
Eugène. Après avoir vendu toute sa vais-
selle et autres ohjets précieux, il emprunta
800,000 francs pour faire subsister la gar-
nison cl nourrir les pauvres habitans. La
ville ayant été obligée de capituler, il re-
fusaau vainqueur déchanter le Te Deumcl
rejeta toutes les offres qui lui furent faites
pour t'y engager. Le roi le nomma en-
suite à L'àrchcvcché de Toulouse, puis à
celui de Narbonne. Il mourut le k août
4739. Président des états de Languedoc
pendant 20 ans, il avait porté dans son
administration politique la même sagesse
et bienfaisance que dans son administra-
tion pastorale. C'est à ses encouragemens
que l'on doit Y Histoire du Languedoc ,
îi vol. in-fol. publiée par les religieux de
Saint-Maur, et la Description géogra-
phique et l'histoire nat. de celle province
par la société de Montpellier, dont il était
membre honoraire.
BEAUVILLIERS ( François de ), duc
de Saint- Agnan, de l'académie française,
né en 1(107, remporta le prix fondé à Caen
pour l'immaculée Conception. On a de
lui quelques pièces de poésies détachées.
Il mourut en 1087. — Son fils aîné, Paul,
duc de Beauviiliers, fut gouverneur de
monseigneur le duc de Bourgogne, et
mourut en 171'*. Il inspira à son élève
ses sentimens de probité et de justice,
et un grand zèle pour le bien public. A la
cour, il fut vrai ; il parla toujours en fa-
veur des peuples : ses vertus avaient
leur principal fondement dans la reli-
gion, qui eiq.it chez lui solide et sincère.
♦ BE YUVILLIEIIS( François Honorât
de), évêque de Beauvais, était fds de
François de Beauvilliers , duc de Saint-
Agnan, de l'académie française, et frère
du duc de Beauvilliers , gouverneur du
duc de Bourgogne , petit-iils de Louis
XIV. Après ses premières études, il entra
au séminaire de Saint-Sulpice , et suivit
les cours de Sorbonne. Il se distingua
dans sa licence. Ayant été nommé à l'é-
vèché de Beauvais, Clément XI refusa de
lui accorder des bulles , parce que , dans
une de ses thèses , il avait soutenu les
quatre articles du clergé. Le roi , étonné
de ce refus, en écrivit au cardinal de la
Trémouille , chargé de ses affaires à
Rome, et après quelques explications,
les bulles furent accordées. Daiis la suite,
l'évèque de Beauvais se trouva dans des
circonstances difficiles, qui le déterminè-
rent à se démettre de son évêché. 11 se
retira à l'abbaye de Prémonlré , et passa
le reste de sa vie entièrement livré à l'é-
tude et aux exercices de piété ; il y mou-
rut en 1751 , et fut enterré dans le chœur.
Il est auteur d'un Commentaire sur la
Bible, in-8°, et de quelques ouvrages de
piété.
BEAUX VLMIS ( Thomas ), carme de
Paris, docteur de Sorbonne, mourut en
1589. On ne sait où Ainelot de la Hous-
saye a pris (pie ce carme avait eu la cure
de Saint-Paul, et qu'il l'avait perdue
pour n'avoir pas voulu que les mignons
de Henri lit fussent inhumés dans son
église. On a de lui des Commentaires sur
l harmonie évangélique, Paris, IGuO, 3
vol. in-fol. ; et d'autres ouvrages.
BEYUZEE ( Nicolas ), de l'académie
française cl de celle délia Crusca, de
IÎEV
171
BEC
Rouen, de Met/- et d'Arras, etc.. secré-
lairé iulerprèlo de Mgr.le comte d'Artois.
né à Verdun le 9 mai 1717 , et mort à
Paris eu janvier 178'.). Les ouvrages aux-
quels il a consacré ses longs et constans
travaux , lui l'ont autant d'honneur par le
choix du sujet (pie par la manière dont ils
sont exécutés. Sa Grammaire générale ,
ou Exposition raisonnêe des élément né-
cessaires du langage , est le fruit d'un
esprit également profond et méthodique.
Sa traduction des Histoires de Salluste
aurait eu l'approbation de Ions les gens
de goût , sans des innovations en fait d'or-
thographe, qui en rendent la lecture
extrêmement désagréable. Ce petit moyen
de se faire remarquer élail au-dessous de
M. Beauzée, et l'on ne conçoit pas com-
ment il a pu se résoudre à l'employer. La
traduction de Y Optique de Neivlon , pu-
bliée en 1786, a réuni tous les suffrages.
Quoiqu'il paroisse qu'il n'en soit que l'é-
diteur, on ne peut guère douter qu'il n'ait
eu grande part à cette traduction : tout le
monde convient qu'elle est fort au-dessus
de l'original. Les libertés que le traduc-
teur s'est données, étaient convenables et
nécessaires. Il donna une Histoire d'A-
lexandre le Grand, trad. de Quintc-Curce,
en 1782, 2 vol. in-12, plusieurs fois réim-
primée. La juste indignation que Beauzée
conçut contre un abbé Valart , qui avait
défiguré et corrompu le précieux livre De
Imilationc Chrisli , l'engagea à rétablir
le texte primitif, et à en donner une très
belle et correcte édition en 1787, à Paris.
chez. Barbou. Son dernier ouvrage fut
une nouvelle édition du Dictionnaire des
synonymes français du P. de Livoy. Il
avait donné dès 1770 une édition des Sy-
nonymes français, de l'abbé Girard. On
a encore de lui : Exposition abrégée tics
preuves historiques de la religion chré-
tienne, et plusieurs articles de gram-
maire dans l'Encyclopédie.
' BEAVER ( j'eax ) , appelé aussi RE-
VER, et en latin Fiber, Fiberius, Castor
et Castorius , moine bénédictin de l'ab-
baye de Westminster, vivait vers le com-
mencement du 14* siècle. C'était un
homme plein d'esprit et d'activité. Il est
auteurd'une Chronique des affaires d'An-
gleterre . depuis l'invasion de Brutus
msqu'à son temps, et d'un livre intitulé :
De rébus cœnobii Tf^estmonastericnsis.
Ces deux ouvrages, qui n'ont pas été im-
primés, ont été cités avec éloge par dif-
férens écrivains anglais. — Un autre au-
teur du même i.om, moine de St.-Alban,
a composé quoique* Traités peu estimés,
et qui sont aussi demeurés manuscrits.
BEBELou BÉBÉL1US ( IIkxiu ), naquit
à Justinnreu en Souabe , d'un laboureur.
Il fut fait professeur d'éloquence dans
l'université de Tubingen, où il répandit
le goût de la bonne latinité. L'empereur
iUaximilien 1er l'honora de la couronne de
poète en 1501. Nous avons de lui des poé-
sies sous le titre d'Opuscula Bebeliana,
à Strasbourg, 1512 , in-4°. Ses vers parais-
sent le fruit d'une imagination lieu rie. On
a encore de lui un traité De animarum
statu post sofutionem à cor pore, dans le
recueil latin sur celte matière, Francfort .
1692 , 2 vol. ; et un autre De magislrati-
bus Romanorum, où il y a de l'érudition
et des recherches. — Il ne faut pas le con-
fondre avec Baltuas vn BEBIiL, qui adon-
né : | Dissertaiiones IV de theologia gen-
tili ex nummis illustrata, Wittemberg ,
1CS8, in-/».0 ; | Ecclesia anlediluviana ver a
et falsa,ex antiquitalibusmosaïcis eruta,
Strasbourg, 1706 , in-4°; | Anliquilas If
sœculorurh evangelicorum , Strasbourg,
1669, 5 vol. ia-4 ; | Antiquitates Gcrma-
nias pri/nœ , et in hac Argentoratensis
Ecclesia! evangelicœ , Strasbourg, 1669,
in-4°.
BECAN ( Maiitix ) , professeur de phi-
losophie et de théologie chez les jésuites,
confesseur de Ferdinand II, naquit eu
1550, à Hahilwarenbeck , dans le Brabant,
et mourut à Vienne en 1624 On a de lui
une Somme de théologie in-fol. des Trai-
tés de controverses; une solide réfutation
de l'ouvrage du schismatique de Dominis,
et plusieurs autres écrits. Celui qui est la
plus généralement utile, est Y Analogie»
veteris et novi Testamenli , 1 vol. in-8",
ouvrage où l'on montre les rapports de
l'Evangile avec l'ancienne loi , et cet en-
chaînement admirable, qui réunit toutes
les vérités révélées dans un seul corps de
doctrine, parfaiiemenl d'accord et consé-
quent dans toutes ses parties. On a donné
une collection de ses Opuscules à Paris ,
165." , in-folio.
BIX V\ ( Jeax ). Voyez GOROPIUS.
BECAN ( Guillaume ), jésuite , né b
Ypres en 1608 , et mort à Louvaio le 12
décembre 1685. On a de lui des poésies
estimées, entre autres une Descriptio/i
de l'entrée du prince Ferdinand , in faut
d'Espagne, en Flandre, ornée d'estampes
magniliqucs, dessinées par Rubens et
exécutées par Corneille Galle , Anvers,
1656 ; des Idylles où l'on trouve celle naï-
veté ingénieuse qui fait le vrai caractère
BEC
du poème pastoral, Anvers, J6S3 : on les
a imprimées souvent avec les poésies de
Sidronius Hoschius.
BECCADELLI ( Louis ) naquit à Bo-
logne, en 1502, d'une famille noble. Après
avoir fait ses éludes à Padoue , il se tour-
na du côté des affaires , sans cependant
abandonner les lettres. Il s'attacha au car-
dinal Polus, qu'il suivit dans sa légation
d'Espagne. Bientôt il fut envoyé lui-même
en qualité de légat à Venise et àAugsbourg,
après avoir assisté au concile de Trente.
L'archevêché de Raguse fut la récompense
de ses travaux. Cosme 1", grand-duc de
Toscane, l'ayant chargé en 1563 de l'édu-
cation du prince Ferdinand son fils, il
renonça à cet archevêché, sur l'espérance
qui lui fut donnée d'obtenir celui de Pise;
niais son attente ayant été trompée , il fut
obligé de se contenter de la prévôté de la
collégiale de Prato , où il finit ses jours
en 1572. Ses principaux ouvrages sont :
la Vie, en latin , du Cardinal Polus , que
Maucroix a traduite en français ( Voyez
POLUS et PHILIPS ) ; et celle de Pétrar-
que , en italien, plus exacte que toutes
celles qui avaient paru jusqu'alors. Ce
prélat était en relation avec presque tous
les sa vans de son temps, Sadolet , Bembo,
les Manuces , Varchi , etc.
BECCAFUMI (Dominique), nommé au-
paravant Mecherino , de Sienne, s'amu-
sait, en gardant les moutons de son père,
à tracer des ligures sur le sable. Un bour-
geois de Sienne, qui s'appelait Beccafumi
le tira de la bergerie , pour lui faire ap-
prendre le dessin. Ce peintre reconnais-
sant quitta son nom de famiile pour
prendre celui de son bienfaiteur, qu'il
porta depuis. Il mourut en 1549 à Gênes,
âgé de 65 ans. Son Saint-Sébastien est un
des plus beaux tableaux qui se voient dans
le palais Borghèse.
BECCARI (Augustin) , né à Ferrare ,
est le premier poète d'Italie qui ait iwit
des pastorales. Baillet s'est trompé , en
disant que le Tasse est l'inventeur de ce
genre de poésie. VAmynte du Tasse n'est
que de 1573, et la pastorale de Beccari,
Il sacrificio , favola pastorale , parut en
4555, in- 12. Ce poète mourut en 1590.
BECCARI V (Jea\-Baitiste), reli-
gieux des Ecoles-Pies, né à Mondovi en
4716, et mort à Turin le 22 mai 1781, pro-
fessa d'abord à Païenne . puis à Rome , la
philosophie et les mathématiques, et par-
vint par ses expériences et ses découvertes
à jeter un grand jour sur la science na-
turelle, et surtout sur celle de l'électricité.
i72 BEC
Il fut ensuite appelé à Turin , pour y être
professeur de physique expérimentale.
Devenu l'instituteur des princes Benoit ,
duc de Chablais, et Victor-Amédée de
Carignan, le séjour de la cour ni l'attrait
des plaisirs ne le détournèrent point de
l'étude , à laquelle il donnait tout son
temps. Comblé d'honneurs et de bien-
faits, il n'épargnait rien pour augmenter
sa bibliothèque et se procurer les instru-
mens nécessaires à son travail. 11 est au-
teur de plusieurs Dissertations sur l'é-
lectricité, qui auraient été plus utiles s il
se fût moins follement attaché à quelques
systèmes particuliers , et surtout à celui
de M. Franklin. On a encore de lui un
Essai sur la cause des orages et des tem-
pêtes , où l'on ne voit rien de plus satis-
faisant que ce qui a paru dans d'autres
ouvrages sur cette matière ; quelques
Ecrits sur le méridien de Turin, et d'au-
tres objets astronomiques et physiques.
Le P. Beccaria était aussi recommanda-
ble par ses vertus que par ses connais-
sances. Dans les contestations qu'il eut
avec messieurs Cassini , Nollet , Wilson
et autres, on reconnaît sans peine l'homme
religieux et modeste, qu'une vaine science
n'a point enflé, et qui est intimement
persuadé que le dépit et la morgue , ces
grands moyens des sa vans modernes, sont
une ressource bien humiliante pour des
gens de lettres.
* BECCARIA (Césaii-Bonesaxa mar-
quis de) , né à Milan en 1735 , et mort, en
1793, dans la même ville , d'une attaque
d'apoplexie, entreprit avet quelques amis
un ouvrage périodique, intitulé Le Café,
dans lequel étaient traités divers sujets
de philosophie, de morale et de politique.
Ce recueil où l'on trouve beaucoup de
principes peu favorables à la religion,
fut publié pendant les années 1764 cl 1765.
Beccaria le fil suivre du Traité des délits
et des peines, qui a été traduit dans toutes
les langues et dont les éditions se succédè-
rent rapidement. A de hautes vérités se
trouvent mêlées dans ce livre de graves
erreurs. Non content de dénoncer les vices
de la législation moderne et d'en indiquer
les remèdes, Beccaria en a voul u découvrir
les causes, et il s'est souvent égaré. Il
avance que l'esprit de famille est néces-
sairement en contradiction avec l'esprit
public, ce qui tendrait à dégrader les
vertus de famille qui, chez différent peu-
ples et dans différentes circonstances ,
ont contribué à sauver l'état. L'auguste
puissance des pères et la religieuse sou-
BEC
173
BEC
mission des enfans prennent dans cet ou-
vrage la teinle d'une tyrannie injuste et
«l'une servitude craintive. En parlant du
droit de propriété, l'auteur s'exprime
ainsi; « Le droit de propriété, droit
» terrible et qui n'est peut-être pas né-
» cessaire. » Il émet encore plusieurs au-
tres opinions favorables à la philosophie
du jour. Elles lui attirèrent quelques dés-
agrémens , que le comte Firminiani , un
des chefs du gouvernement, fit cesser, en
déclaram qu'il prenait sous sa protection
et le livre et l'auteur. Il créa même pour
lui en 1708 une chaire d'économie publi-
que. Boccaria, qui aimait le repos , re-
nonça à écrire, et se borna à ) rofesser.
Ses Leçons ont été publiées en 1804, en
2 volumes in-8°, sous le titre d' 'Elément
d'économie publique, et font partie de-
là collection des Economistes Italiens
publiés à Milan. Il donna, en 1770, la
première partie de ses Recherches sur la
nature du style , Milan, in-8", traduites
en français , 1772 , in-12, par Morellet, qui
traduisit aussi en 1706, le Traité des dé-
lits et des peines , en faisant dans l'ordre
des matières quelques changemens qui
furent adoptés par l'auteur.
BECCIIEK ( JEAX-JoAcnni ), né en
1645 , à Spire , fut d'abord professeur en
médecine, ensuite premier médecin de
l'électeur de Mayence, puis de celui de
Bavière. Il passa à Londres, où sa répu-
tation l'avait précédé, et y mourut en
1685. On a de lui beaucoup d'ouvrages .
parmi lesquels on distingue les suivans :
j Physica sublerranea, Francfort, 1669.
in-8° , réimprimée à Leipsick, 1705, et
en 1759, in-8°; | Experimentum chymi-
cuin novum, Francfort, 1671, in-8°; | Cha-
racterpro notitia lingiiarum universali. Il
prétendait y fournir une langue univer-
selle, par le moyen de laquelle toutes les
nations s'entendraient facilement; | I/ts-
tituliones chijmicœ , seu Manuductio ad
• philosophiam hermelicam , Mayence ,
1662 , in-4° ; | Inslilutiones chymicœ pro-
dromes, Francfort, 1664, et Amsterdam,
1665, in-12; | Experimentum novum ac
curiosum de minera arenia perpétua ,
Francfort, 1680, in-8°; | Epistolœ chymi-
cœ, Amsterdam, 1075, in-8°. Beccher étail
ur. homme d'un caractère vif, ardent et
entêté, qui le jeta dans les rêveries de
l'alchimie, et dans quelques autres spécu-
lations creuses : ce qui ne l'empêcha pas
d'être un excellent chimiste. Ses ouvrages
sont recherchés et consultés par ceux qui
s'adonnent à cette scienec.-
BECCIIETI ( Phii.ippé-Àivge ), évéqtfé
de Ciltadella Pieve, dans le Pérugin, né
en 1745, mort en 1814, avait fait profes-
sion dans l'ordre de Saiut-DominiqUe , et
fut un des premiers cvèques nommés par
le pape, en 1800. Il a publié une Conti-
nuation de Y Histoire ecclésiastique d'Or-
sis,29 vol. in-4°; elle va jusqu'à 1587.
* BÉCEBBA ( Gaspard ) , célèbre sculp-
teur espagnol élève de Michel-Ange , né
vers 1520 , à Bacza, dans l'Andalousie , et
mort à Madrid en 1570. Son chef-d'œuvre
est une statue de la Vierge , qui fut faite
par ordre de la reine Isabelle de Valois,
(pii obtint en Espagne une grande célé-
brité. On la voit à Madrid , et on ne peut
s'empêcher d'admirer la beauté, la dou-
leur, la tendresse, la constance et la ré-
signation exprimées dans cette figure.
BÉCIIET ( AxroiXE ), chanoine d'Usez,
est auteur de V Histoire du cardinal Mar~
tinnsius s publiée à Taris, in-12, 1715,
ouvrage plein d'inexactitudes : souvent
il ne fait que copier Fleury, qui lui-
même a copié de Thou, et ce dernier a
écrit sur de mauvais mémoires presque
tout ce qu'il rapporte de ce cardinal.
( Voyez MARTINUSIUS. ) On a encore du
Béchet une traduction des Lettres du ba-
ron de Busbec. M mourut en 1722 , à 73
ans. Il était de Germon! en Auvergne.
* BÉCIIET (Jean-Baptiste) , né à Cer-
nans, près de Salins, en 1759 , s'occupa
de littérature et de sciences. En 1790 , il
fut nommé administrateur, puis secré-
taire-général du département du Jura. Il
exerça le ministère public près du tribu-
nal de Poligny, sous le Directoire. Rappelé
après le 18 brumaire à ses anciennes
fonctions de secrétaire-général du Jura,
Béchet s'en démit en 1816. Il passa ses der-
nières années à Besançon , où il est mort
le 7 janvier 1850. On a de Béchet quelques
Poésies insérées dans les journaux de la
capitale; Notions faciles cl indispensa-
bles sur les nouveaux poids et mesures ,
sur le calcul décimal , avec des tables de
comparaison, Lons-le-Saunier , 1801. in-
8°; un grand nombre d'articles d'archéo-
logie, (ï Histoire, de Biographie, de Lit-
térature, dans les Annuaires du Jura
de 1805 à 1811 eî dans le Journal de la
préfecture du même département, 1811
et années suivantes ; plusieurs Mémoires,
dont un sur ï Origine des Bourguignons M
et des Eloges académiques insérés dans
les Mémoires de l'académie île Besançon.
Il préparait un grand ouvrage intitulé :
Jura ancien, mou en et moderne, ou Choix
15v
BEC 174
de monumens les plus intéressans pour
l'histoire générale de France. Mais il n*a
publié que des Recherches historiques sur
ta ville de Salins, Besançon, 1828, 2 vol.
in-I2.
BECK (Jf.w, baron de), gouverneur
du duché de Luxembourg, lieutenant-gé-
néral du roi d'Espagne , se distingua à la
bataille de Thionville , où Piccoloinini
défit les Français en 1640; il prit ensuite
la ville d'Aire , se trouva en 1642 à la ba-
taille de Haunecourt , et en 10/i8 à celle
de Lens ; il mourut d'une blessure qu'il y
reçut, et que par un- dépit guerrier il ne
voulut pas laisser panser, lîeck, avant
d'embrasser le parti des armes , avait été
postillon; sa valeur et la sagesse de sa con-
duite relevèrent à une fortune qu'il mé-
ritait d'autant mieux qu'il n'en abusa
point et ne se méconnut jamais. Son épi-
taphe , qu'on voit dans l'église des Récol-
lets à Luxembourg , atteste que le fameux
Walslein, ayant conjuré contre l'empe-
reur Ferdinand II, lit tout au monde pour
s'attacher le baron de Beck, mais que tous
ses moyens échouèrent contre la vertu de
ce général.
* BECK ( Dominique ), bénédictin du
cloître d'Ochsenhausen , professeur de
mathématiques et d'histoire naturelle à
Sal7.bourg, et membre d'un grand nom-
bre de sociétés savantes, naquit en 1732
dans un village près d'Ulm. La ville de
Salzhourg doit beaucoup à ses lumières,
à ses talens pour l'enseignement et à
son zèle pour tous les élablissemens uti-
les. Il était en correspondance avec les
savans de tous les pays , et profilait de ses
vacances annuelles pour étendre ses con-
naissances par des voyages. Il ne bornait
pas ses leçons à des cours académiques;
il instruisait aussi des artistes et de sim-
ples ouvriers. Sa place d'inspecteur du
musée physico-mathématique de Salz-
bôurg lui fournissait les moyens de join-
dre l'expérience à la théorie. Il contribua
beaucoup à enrichir ce musée, en inspirant
au prince du zèle pour les progrès de la
science. Il mourut universellement re-
gretté le 22 février 1791. Ses principaux
écrits sont : | Dilucidatio doetrinie de
œquationibus , Salzbôurg, 17 C8, in- 8".;
| Prcelecliones mathematicœ , partes II,
ibid., 17G8, 1770; | Theoria sinuum, tarir
(jentium , et resolutiones triangulorum .
ibid., 1771; | Institutionesphijsicœ,\ws I
et II, ibid. 1776 et 1779; | Inslitutiones ma-
thematicœ, in-8° ibid. . 1781 ; | Essaiabrégè
BEC
Salzhourg, 1787, in -8"; | Fphemcrides
phijsico-astronomicœ , Salzhourg. in-4°.
BECKER ( D vxiei, ) , natif de Kœnigs-
berg, premier médecin de l'électeur de
Brandebourg, mourut à Kœnlgsberg, en
1670, à 43 ans. Ii a publié | Commenta'
rius de ihrriaca ; \ A/edicus microscomust
Lond. , 1660 , in-8" ; | De cullrivoro Prus-
siaco, Leydc, 1638, in-8".
BKCKER. Voyez BKKKER.
* BECKMWIV ( Jea» ) , célèbre pro-
fesseur allemand , né en 1739, à lîoya,
dans l'électoral de Hanovre , et mort à
Gœltingue, le 3 février 1811. Son père
qui était percepteur des contribulions et
maître de postes lui fit donner une édu-
cation soignée. Jean Beckmann devint en
1762 professeur de physique ol d'histoire
naturelle au gymnase luthérien de Saint-
Pétersbourg. S'étant démis de celle place, -
il se rendit en Suède, auprès de Linnée ,
qui était son ami. Il passa ensuite dans
l'université de Gœltingue où- ses leçons fu-
rent suivies par les personnages les plus
distingués. Il enseigna dix ans dans cette
ville. Les notices qu'il a publiées à dif-
férentes époques, et qui ont été recueillies
en S vol. in-8°, sous le lilrc de Fragments-
d'une histoire des découvertes dans les
arts et dans lessciences . sont du plus grand
intérêt pour celui qui veut étudier l'ori-
gine et les progrès des arts. Ses autres ou-
vrages principaux sont : | De hisloriâ
naturali velcrum libellas primus , 1766,-
in-8°; | Elémens d'économie rurale ^ 1790,
in-8f', 4e édit. | Bibliothèque physico-éco-
nomique , 20 vol. in-8°; | Opuscules rela-
tifs à l'économie publique et domestique*
12 vol. in-8°. Tous ces ouvrages , à l'ex-
ception du premier, sont écrits en alle-
mand. Beckmann avait élé reçu de pres-
que toutes les sociétés savantes de l'Alle-
magne et du Nord.
* BECLARD (Pierv.e- Augustin), né à
Angers le 12 octobre 1785, et mort à Paria
d'une fièvre cérébrale, le 16 mars 1825,
Après avoir fait ses humanités à l'école
centrale de sa ville natale, il prit ses pre-
mières inscriptions à l'école secondaire de
médecine du même lieu. Reçu bientôt
interne à l'hôpital, il se livra spéciale-
ment à l'anatomie. En 1808. il se rendit a
Paris, et fut nommé, au concours , élève
de l'école-pratique et des hôpitaux. En 1809
et 1810, Béclard obtint successivement
à l'école de médecine et à l'école-pratique
les premiers prix. Déjà interne, il fut
choisi par M. Roux , chirurgien en second
d'une théorie de l'électricité, avec fig., { de l'hôpital de la Charité, pour répéli-
BEC
*7S
BED
teur de son cours. En 1811 , il fut nommé
au concours prosecteur à la faculté ,
et bientôt après chef des travaux anato-
nùques. En 1813 il présenta pour sa thèse
une série de propositions sur la physio-
logie, la chirurgie et la thérapeutique,
qui sont autant de découvertes. A trente
ans il devint chirurgien en second de l'hô-
pital de la Pitié. En 1818 il obtint la chaire
d'anatomie à la faculté de médecine , qu'il
occupa jusqu'à sa mort, et il fut chargé
en 1819 , de présider les jurys de médecine
dans les départemens. Dans ses leçons et
ses écrits , Béclard savait allier l'élégance
et la clarté à l'érudition la plus profonde.
On a de lui : | Traité des hernies de La-
wrence, qu'il a traduit avec Jules Clo-
que t, 1 vol. in- 8°, Paris, 1818 ; | Addi-
tions à l'anatomie générale de Xavier
Bichal, 1821, in-8°; | Elémens d'anatomie
générale, ou Description de tous les
genres d'organes qui composent le corps
humain, 1823, in-8° ; | A natomie patholo-
gique , dernier cours de X. Bichat, d'a-
près un manuscrit autographe de P. A.
Béclard. 182o , in-8°. Il a encore donné
| des Mémoires sur i embryologie, sur les
Blessures des artères, insérés dans le
Recueil de la société médicale d'émula-
tion (8e année) ; | sur Y ostéose, Journal de
médecine , chirurgie , pharmacie , dont il
était un des rédacteurs; travail important,
qui a fait connaître avec exactitude le dé-
veloppement des os du squelette. Il a
commencé, avec Jules Gloquet, la publi-
cation des Fascicules et planches anato-
jniques qui sont si exactes et si précieu-
ses. Tous les articles à! A natomie du Dic-
tionnaire de médecine, jusqu'au 11e vol.,
sont de ce célèbre médecin.
BECQUET ou BFXKET. Voyez THO-
MAS DE CANTOR. ÉRY (saint).
BECQUET ( Axtoixe ), céleslin biblio-
thécaire de la maison de Paris, mort en
4730 à 76 ans , publia V Histoire de la con-
grégation des célestins de France, avec
les éloges historiques «les hommes illus-
tres de son ordre, en latin, in-4°, 1721.
Il savait beaucoup d'anecdotes littéraires,
et il les communiquait avec plaisir.
BECTOZ (Claudix* de), fille d'un
gentilhomme du Dauphiné, née vers 1480,
devint abbesse de Sainl-Honoré de Ta-
rascon, et lit do grands progrès dans la
langue latine et les sciences-, sous Denis
Faucher moine de Lérins et aumônier de
son monastère. François Ier était si charmé
des lettres de cette abbesse . qu'il les por-
fcil, dit-on, avec lui,- et les montrait
aux dames de sa cour comme des modè-
les. 11 passa d'Avignon à Tarascon avec
la reine Marguerite de Navarre , pour
converser avec cette savante. Elle mou-
rut en 1547 , après avoir publié plusieurs
ouvrages, français et latins, en vers et en
prose.
BEDA (Noël), principal du collège de
Montaigu et syndic de la faculté de théo-
logie de Paris , naquit en Picardie. Il
publia une critique des Paraphrases d'E-
rasme, 1526, in-fol. Ce savant lui fit une
réponse aussi emportée que la critique,
et lui reprocha d'avoir avancé 181 men-
songes, 210 calomnies et 47 blasphèmes.
Béda fil ensuite des extraits des ouvrages
d'Erasme , les dénonça à la faculté , et
vint à bout de les faire censurer. Ce fut
lui qui empêcha la Sorboime d'opiner en
faveur du divorce de Henri A'III, roi
d'Angleterre. Son opinion était la meil-
leure , mais il y mit trop de véhémence;
et comme il lui échappa des expressions
injurieuses au gouvernement, le parle-
ment de Paris le condamna à faire amende
honorable devant l'église de Notre-Dame,
pour avoir parlé contre le roi et conlre
la vérité. Il fut ensuite exilé à l'abbaye
du Mont-Saint-Michel, où il mourut en
1536. Béda a écrit | un traité, De iinica
Magdalena , Paris, 1519, in-4°, assez bon
ouvrage, où il soutient l'opinion la plus
vraisemblable sur ce point de critique ,
contre l'écrit de Le Fèvre d'Etaplcs , et de
Josse Clicthouc {Voyez MADELEINE.)
| Douze livres contre le Commentaire du
premier, et plusieurs autres ouvrages,
qui sont marqués au coin de la barbarie ;
on y remarque du zèle et de bonnes in-
tentions, mais trop d'aigreur. Son latin
n'est ni pur ni correct.
* BEDDOES (Thomas), médecin an-
glais, né à Shifnal, dans le Shropshire ,
en 1754, d'un tanneur, fit ses études à
l'université d'Oxford. En 1781, il voyagea
en Ecosse, y suivit les cours des plus fa-
meux professeurs de médecine, et se lia
d'amitié avec le célèbre Brown. Beddoes
étudia aussi la chimie , et fut premier pro-
fesseur de cette science , en 1786, à l 'uni-
versité d'Oxford. En 1787, il vint en
France, et forma à Paris la connaissance
de Lavoisier, avec lequel il entretint un
commerce de lettres à sort retour en An-
gleterre. Il s'établit à Brislol en 17D2,
après avoir résigné sa chaire de chimie ,
et s'acquit la réputation d'un habile mé-
decin. La politique occupa aussi quelques-
uns de ses loisirs , et il fut , en 17'.» J , à
BED
176
BED
Bristol , membre d'une assemblée de né-
gociais qui projetaient de faire des re-
présentations sur les bills de M. Pitt. Il
mourut en 1808, dune hydropisie. Ses
principaux ouvrages, écrits en anglais,
sont : | Essai sur les ta le n s de M. Pitt,
comme homme d'état, 17%; | Essai sui-
tes causes, tes premiers signes et les pré-
servatifs de la consomption , 17W, in 8°,
ouvrage destiné aux pères de famille et
aux instituteurs ; | Hygieia, ou Essais de
morale et de médecine sur les causes qui
influent sur l'état des personnes de la
classe moyenne et de la classe des riches,
Eristol, 1802 , 3 vol. in-8°; | Histoire d'I-
saac Jenkins ; \ Avis aux personnes de
tout état sur leur santé et sur celle de
leurs en fans; \ Manuel de santé; | Re-
cherches sur la Fièvre; \ Vie de Jean
Brotvn , en tête de la traduction anglaise
de ses Elémens de médecine.
BEDE ( le vénérable ), naquit en 673 dans
le territoire du monastère de Warmouth ,
aux confins de l'Ecosse , où il fut élevé dès
l'âge de 7 ans. Il s'adonna aux sciences et
aux belles-lettres. Il apprit le grec , la ver-
sification latine, l'arithmétique, etc. Il
fut ordonné prêtre à l'âge de 50 ans, et
ce fut depuis qu'il s'appliqua à écrire,
principalement sur l'Ecriture sainte. Il
mourut étendu sur le pavé de sa cellule,
en 735 , âgé de C3 ans. On a imprimé ses
ouvrages à Bàle et à Cologne, en 8 vol.
in-fol., qui se relient ordinairement en 4.
Ils sont rédigés avec un choix et une
netteté, qu'on doit regarder comme un
prodige pour son temps. Le plus connu
est V Histoire ecclésiastique des Anglais ,
depuis l'entrée de Jules-César dans la
Grande-Bretagne jusqu'à l'an 751 , im-
primée séparément à Cambridge , 1644 ,
in-fol. Elle manque de critique et d'exac-
titude, et on ne peut guère la consulter
que pour ce qui s'est passé sous ses yeux.
Ses autres ouvrages sont des Commen-
taires sur l'Ecriture sainte, qui le plus
souvent ne sont que des passages des
Pères, mais recueillis avec goût et beau?
coupde méthode ; Martyrologium heroico
carminé, dans le tome X du Spicilége de
D. Dacheri, et avec les additions de Flo-
rus , dans le 2e tome du mois de mars des
Acta saficiorum. Son livre des Six âges
du monde lui suscita des tracasseries,
parce qu'il avançait que Notre-Seigncur
n'était pas venu au monde dans le 6e âge.
Bède daigna faire son apologie , et soutint
que l'opinion qui bornait la durée du
monde au 6e millénaire, n'était pas fon-
dée. Le P. Petau, dans ses Notes sur saint
Epiphane, a relevé plusieurs fautes chro-
nologiques de Bède, et le jésuite Purulich,
dans une dissertation imprimée à Tyrnau
en Hongrie , a réfuté solidement son opi-
nion touchant le jour de la mort de Jé-
sus-Christ qu'il plaçait au 15 de la lune,
un vendredi selon lui, et le lendemain de
la Pâque, au lieu que le vendredi tom-
bait cette année au 14 , jour de la Pâque.
Le style de Bède est peu éloquent et sans
élévation, mais il est très estimable pour
le temps où il vécut. « On chercherait en
» vain dans ses livres , dit un auteur , les
» ornemens de la rhétorique; on y trouve
» en récompense beaucoup de précision
» et de clarté ; il y règne une aimable
» simplicité, avec un ton de franchise , de
» piété et de zèle qui intéressent le lec-
» leur. La candeur et l'amour de la vé-
» rite caractérisent ses livres historiques ;
» et si l'on dit qu'il a porté quelquefois la
» crédulité trop loin, on doit au moins
» convenir qu'aucune personne judicieuse
» ne révoquera jamais en doute sa sin-
» cérité. Dans ses Commentaires, il s'est
o souvent contenté d'abréger ou de ran-
» ger dans un ordre méthodique ceux de
» saint Augustin , de saint Ambroise , de
» saint Jérôme , de saint Basile , etc. II
» n'en a point agi de la sorte pour éviter
» le travail, ni par défaut de génie,
» comme l'ont prétendu quelques moder-
» nés. Son but était de s'attacher plus
» étroitement à la tradition , en interpré-
» tant les livres saints. Dans ce que les
» Pères avaient laissé à faire , il suit tou-
» jours leurs principes , de peur de s'é-
» carier de la tradition dans la moindre
» chose^ Les meilleurs juges avouent que
» dans les morceaux qui sont entièrement
» de lui , il ne le cède point en solidité et
» enjugementaux plus habiles d'entre les
» Pères. » Les Commentaires qu'il a faits
sur les prophètes sont perdus. On lui at-
tribue des ouvrages qui ne sont pas de lui ;
tels que Colleclanea, Flores, les vies des
saints Arnould, Colomban et Patrice. — Il
ne faut pas le confondre avec un autre
BËDE plus ancien , qui était moine de
Lindisfarne.
* BEDELL (Guillaume) , théologien et
savant évèque anglican, né en 1570 à
Blacknotley dans la province d'Essex ,
suivit en 1604, en qualité de chapelain ,
sir Henri Volton , envoyé en ambassade
près de la république de Venise. Il s'y lia
d'amitié avec le célèbre Fra-Paolo qui lui
fit présent de ses manuscrits de X Histoire
BEI)
177
BED
du concile de Trente, de Y Histoire de
l'interdit el do celle de l'inquisition. En
1629, il obtint les évêchés réunis de Kil-
more et d'Ardagh, et réforma de nombreux
abus qui s'étaient introduits dans ces deux
diocèses. Il forma aussi le projet de rap-
proeber les luthériens des calvinistes , et
réussit à réunir à la religion dominante
plusieurs autres communions. Son nom
était si vénéré en Irlande , que dans les
troubles qui eurent lieu dans ces contrées,
et où le peuple se porta à toutes sortes
d'excès contre les Anglais, sa maison fut
la seule respectée, el servit long-temps
d'asile à une foule de malheureux. Invité
à les éloigner de sa demeure , il s'y refusa
en disant qu'il partagerait leur sort. On
se saisit alors de sa personne ; mais il fut
échangé trois semaines après. Il ne put
survivre au spectacle des malheurs qu'il
avait sous les yeux , et qu'il ne pouvait
plus adoucir. Il mourut le 7 février 1042.
Les rebelles irlandais lui rendirent de
grands honneurs. La plupart de ses ma-
nuscrits ont été perdus dans les troubles
d'Irlande. On a publié à Cambridge, en
1626 , sa traduction latine de l' Histoire de
l'interdit de Venise. Ce prélat est surtout
connu par un Traité de l'inquisition, en
latin , traduit de l'italien de Fra-Paolo
( Sarpi ) , et une Traduction de la Bible
qu'il lit faire en irlandais, 1685, In-4°,
pour l'ancien Testament , et 1690 , pour
toute la Bible.
* BEDE1UC (Henri), moine «anglais,
de l'ordre de Saint-Augustin , surnommé
aussi de Bury, parce qu'il était né à Saint-
Edmunds-Bury, dans le comté de Suffolk,
vivait vers l'an 1580 , et fut reçu docteur
de Sorbonne dans l'université de Paris.
De retour en Angleterre , il y fil admirer
ses talens pour la prédication, et devint
provincial-général de tous les couvens de
son ordre. Il a laissé quelques ouvrages ,
entre autres des Leçons sur le Maître des
sentences en 4 livres.
'BEDFORD (Kii.riaii), fils d'un quaker
établi à Londres, naquit dans cette ville
ea 1665. Il entra dans les ordres , et ob-
tint, dans le comté de Lincoln , une cure
qu'il perdit à l'époque de la révolution,
pour n'avoir pas voulu se soumettre au
serment. Cité en 171/*- devant la cour du
banc du roi, il fut condamné a une
amende de mille marcs et à trois années
d'emprisonnement , comme auteur d'un
livre intitulé : j le Droit héréditaire à la
couronne d' Angleterre , maintenu et
prouvé, 1715 , in-fol. Ce livre n'était ce-
pendant pas de lui. Bedford mourut fcn
1724. On a de lui | la traduction d'une Ré-
ponse à l'histoire des Oracles de Fonte-
nelle , | et la Vie du docteur Barwick, tra-
duite du latin en anglais. — Son fils , Tho-
mas BEDFORD, ecclésiastique non-con-
formiste , a publié : | Simeonis monachi
Dunlielmensis libellus , de exordio atque
procursu Dunlielmensis ecclesiœ , 1752 ,
in-8° ; | Catéchisme historique, 17&2. Il
mourut à Compton, en 1775.
BEDFORD ou BETFORT (Jean , duc
de), 5e fils de Henri VI, commanda en
1422 l'armée des Anglais contre Char-
les VIL II fut nommé régent de France,
la même année pour son pupille, qu'il fit
proclamer roi de France à Paris et à
Londres. Il défit la flotte française près de
Southampton, se rendit maître de Crotoy,
entra dans Paris avec ses troupes, battit
le duc d'Alençon, et jeta l'épouvante dans
tout le royaume. Il mourut à Rouen , l'an
1453. On dit que quelques gentilshommes,
de la suite de Charles VIII , lui ayant con-
seillé de démolir son tombeau , ce roi
leur répondit : Laissons en paix un mort
qui pendant sa vie faisait trembler tous
les Français.
BEDFÔRT (lord RUSSELL , duc de).
Voyez RUSSELL.
BEDMAR. Voyez CUEVA.
* BEDOS DE CELEES (don François),
bénédictin de Saint-Maur , correspondant
de l'académie des sciences , né à Caux
dans le diocèse de Béz.iers , en 1706 , mort
le 2o novembre 1779 , a publié | une Gno-
monique , ou Art de tracer les cadrans
solaires , 1760, édition augmentée , 1774,
in-8". C'est le meilleur traité que nous
ayons sur cette matière. On a encore de
lui | X Art du relieur el l'Art du facteur
d'orgues . qui font partie de la collection
des arts et métiers.
'BEDOUIN (Samson), était religieux
de l'abbaye de la Coulure , près du Mans,
et il y mourut, en 1565 ou environ. Il
composait des Tragédies, Comédies , Mo-
ralités , Coqs-à-l 'Ane , et autres sembla-
bles satires, et il les faisait représenter
par des jeunes gens , dans les rues et sur
les places publiques de la ville du Mans.
Lacroix du Maine lui attribue des Canti-
ques et des Noé'ls imprimés plusieurs
fois, des Chansons, et entre autres, la
Réplique à celles des Nuciens, ou Nu-
lois , qui autrement sont ceux de Nuz ,
au bas pays du Maine. Bédouin est en-
core auteur d'un petit livre intitulé : | les
Ordonnances et Statuts de M. de La/lac*
BED i
et du Jeu de Trois . au Mans, Hier. Oli-
vier ; et ] d'un Catalogue des Paroisses de
la province du Maine* Ce dernier ouvrée,
quoique imprimé, n'est point cité dans la
Bibliothèque historique de France.
* BÉDOYÈUE ( MaROUERITE-HL'C.UES-
Cjiarles-Map.ie IIUCHET de la; , avocat
au parlement de Paris , né à Renues , en
1709 , et mort dans la même ville en 1786,
épousa la fdlc d'un comédien du théâtre
des Italiens, malgré sa famille qui le dés-
hérita , et fit annuler son mariage. Il pu-
blia à ce sujet, en 1745, in-12, des Mé-
moires remplis de chaleur et d'intérêt,
qui ont eu une grande publicité. Il a aussi
travaillé pour le théâtre , et a donné aux
Italiens Y Indolente , comédie en trois ac-
tes et en vers , 1745. Sa vie fut une suite
de longues traverses; il ne parvint qu'à
rentrer dans une faible portion de son
héritage. Son fils, à son exemple , se ma-
ria sans son aveu, et il lit à son tour cas-
ser ce mariage, quoiqu'il eût combattu
avec force , dans ses Mémoires , les abus
de l'autorité paternelle.
* BEDOYEUE (Chaules -Angélique-
François IIUCHET, comte de la) né à
Paris en 1786, de la famille du précédent,
entra comme simple soldat au service mi-
litaire , devint officier des gendarmes
d'ordonnance créés par Napoléon, en»
4806 , et plus tard aide-de-camp du prince
Eugène Beauharnais. Il était colonel d'un
régiment d'infanterie au moment où les
troupes étrangères pénétrèrent sur le ter-
ritoire français , après la déroute de Mos-
cou. Il adhéra comme tous les chefs de
l'armée au rétablissement des princes de
la maison de Bourbon, fut rétabli dans son
grade par Louis XVIII , après être resté
quelques mois sans emploi. Il se trouvait
dans le Dauphiné, lorsque Bonaparte, dé-
barqué à Cannes , pénétra jusqu'à Greno-
ble sans aucune résistance. Las autorités
refusèrent d'ouvrir les portes ; mais la Bé-
doyère, qui avait excité ses soldats à la
révolte , les fit ouvrir de vive force, et
donna le premier exemple de défection ,
qui fut bientôt suivi par tous les chefs
de l'armée, il avait préparé, dit-on, le
retour de l'usurpateur, et il reçut pour
récompense le grade de maréchal -de-
camp et le titre de pair de France. Il l'ac-
compagna à Fleurus et à Waterloo , et
après sa défaite il revint à Paris , où il
s'énonça avec beaucoup de véhémence
dans la chambre des pairs pour faire re-
connaître Napoléon H. Après la capitula-
tion de Paris , le colonel la Bédoyère sui-
78 BCF
vit l'armée au-delà de la Loire. Après le
licenciement , il avait reçu des passe-
ports pour se rendre en Amérique; ayant
eu l'imprudence de venir à Paris, pour
faire un dernier adieu à sa jeune femme
et à son enfant, il fut arrêté presque aus-
sitôt, traduit devant un conseil de guerre,
et condamné, comme traître au roi et à la
pairie , à être fusillé. Il subit sa peine , le
19 août 1815, avec courage et fermeté,
après avoir reçu les consolations de la re-
ligion , à l'âge de 29 ans.
BEEK. Voyez BEK.
* BEERBHMU (Isaie) , est le remue que
BING (Jean-Baptiste ). t'oyez ce mot.
Cette différence des noms vient de ce
que Bonaparte , lorsqu'il convoqua le
Sanhédrin, obligea ceux qui devaient en
faire partie de changer de nom.
* BEETHOVEN (Louis van), célèbre
compositeur allemand, qui passait pour
le lils naturel de Guillaume H , roi de
Prusse, né à Bonn en 1772, et mort en
1827. On a de lui une foule de composi-
tions gracieuses , parmi lesquelles les ama-
teurs ont distingué ses quinielti. Il de-
vint aveugle dans ses dernières années.
Ses mœurs étaient loin d'être austères ,
et la vanité qui le possédait lui faisait dire
à ses amis en mourant, ces paroles d'un
célèbre empereur : « IKaudile, amici, co-
« mœdia finila est. »
* BEFFBOY DE BEAUVOIR ( Louis-
e-tienne ) , né à Laon, en il'jk, fut élève
du génie militaire, passa dans un régi-
ment de cavalerie, et devint, à 22 ans,
capilaine-aide-inajor de la Compagnie des
cadets gentilshommes que Louis XV en-
voyait au roi de Pologne. 11 revint en
France avant la révolution et il était, en
1789, officier des grenadiers royaux de
Champagne. Bcffroy fut député par la ville
de Laon à la première assemblée du bail-
liage de cette ville; il fut nommé succes-
sivement procureur de la commune ,
membre du directoire du département de
l'Aisne, suppléant à l'assemblée législa-
tive, substitut du procureur-général syn-
dic, puis envoyé à la Convention , où i]
vota la mort de Louis XVI avec sursis.
Beffroy fut aussi membre du conseil des
Cinq-cents, il y ht partie de divers comités
d'agriculture et de finances, matières
sur lesquelles il avait déjà écrit, et fut
chargé de plusieurs rapports sur les sub-
sistances, et de diverses missions aux ar-
mées. Envoyé à celle d'Italie en 1794,
avec Poultier, il parut changer de sys-
tème, fit rouvrir les églises à Nice et fer-
BEG il
mer les clubs. On l'accusa d'avoir fail ar-
rêter Bonaparte; et avant son retour à
Paris, il fut encore dénoncé comme fa-
natique, aristocrate et ami du roi de Sar-
daigne. Il se justifia de ces inculpations,
et continua de s'occuper d'économie po-
litique. Accusé, en 1802, par ses ennemis
d'avoir falsifié des pièces de liquidation,
il fut acquitté, et devint administrateur
de l'hôpital militaire de Bruxelles. Apres
la restauration, il habitai, la ville deLaon;
mais il fut contraint comme régicide de
quitter la France, et il se retira à Liège
où il exerça la profession d'avocat. Bef-
froy de Beauvoir est mort à Liège en
1824 daus des sentiments religieux. On a de
lui | Etrennes à mes compatriotes , par
un Laonnais, Paris, 1789, in-8°; | Avan-
tages du dessèchement des marais, et ma-
nière de profiler des terrains desséchés,
Paris , 1793 , in-8°.
* BEFFROY-DE-REIGNY ( Louis -
Abei. ), frère du précédent , et connu sous
Je nom de cousin Jacques , né à Laon en
1757 , se fit connaître par un grand nom-
bre de productions légères et bizarres qui
obtinrent des succès de circonstance. En
voici les titres qui se font remarquer par
leur singularité : | Le Testament d'un
électeur, 1795 , in-8° ; | les lunes du cou-
sin Jacques, lU. vol. petit in-12; | Le Cour-
rier des Planètes , ou correspondance du
cousin Jacques avec le firmament , 1788-
92, 10 vol. in-12; | La constitution de la
Lune , 1793, in -8°. En 1799, parut son
| Dictionnaire néologique des hommes et
îles choses * la cahiers formant 3 vol. in-
8°, ouvrage qui valut à l'auteur d'être
surveillé de la police. Il fit aussi plusieurs
vaudevilles parmi lesquels on remarque
Nicodème dans la lune , joué en 1791 , et
le Club des bonnes gens , en 2 actes et en
vers, pièce qui dut sa vogue aux allusions
politiques dont elle est remplie. Beffroy
de Reigny a encore laissé des chansons. Il
est mort à Charenton le 19 décembre 1811.
* BBGA ( Cohakille ), peintre et gra-
veur hollandais, ué à Harlem en 1600,
mort de la peste en 1664. Elève de Yan-
Oslade , il a travaillé d'après sa manière.
Ses tableaux, qui ne représentent que des
sujets bas et des tavernes, sont estimés
des curieux. On y remarque de la facilité,
de l'agrément et une touche moelleuse. Il
a beaucoup gravé à l'eau forte ; ses es-
tampes forment un œuvre considérable.
♦ BEGARELLI ( Axtoixe ), célèbre
sculpteur, né à Modène vers 1498 , mort
dans la même ville en 1565. Il se lit un
9 BEG
grand nom par ses ouvrages de sculpture
en terre cuite. On dit que Michel-Ange
en les voyant pour la première fois , s'é-
cria : « Si cette terre devenait marbre , je
» craindrais pour les statues antiques. »
BEGAT ( Jeaiv ) , avocat , conseiller et
ensuite président au parlement de Dijcn,
né dans cette ville en 1523, y mourut en
1372. Outre le droit , dans lequel il avait
des connaissances étendues , il était versé
dans les langues et la littérature. On a de
lui des Remontrances à Charles IX sur
ledit de 1560 , qui accordait aux proles-
tans le libre exercice de leur religion ; et
des Mémoires sur l'Histoire de Bourgo-
gne, fort inexacts , etc. Ils ont été im-
primés au-devant de la coutume de Bour-
gogne , 1665 , in-4#.
BÉGER ( Laurent ), naquit en 1653,
d'un tanneur d'Heidelberg, et fut biblio-
thécaire de Frédéric-Guillaume, électeur
de Brandebourg. Il se fit estimer des sa-
vans de son pays par plusieurs ouvrages.
Les principaux sont : | Thésaurus ex The-
sauro Palalino seleclus,seu Gemmœ, in-
fol. 1685; | Spicilegium antiquitatis , in-
fol., 1692; | Thésaurus sive Gemmas Nu-
mismata, etc. 3 vol. in-fol. , 1696 et 1701 ;
| Regum et imperalorum romanorum
Numismata , à Rubenio édita , 1700 , in-
fol. ; | De nummis Cretensium serpenti-
feris , 1702, in-fol. ; | Lucernœ sepulchra*
les J. P. Bellorii, 1702 , in-fol.; | Numis-
mata pontificum romanorum, 1703, in-
fol. ; | Excidium Trojanum, Berlin, 1699,
in-4°, etc., etc. Il mourut à Berlin en
1705 , membre de l'académie de cette
ville. Béger avait fait un ouvrage pour
autoriser la polygamie, à la prière de
Charles-Louis, électeur palatin, qui vou-
lait épouser sa maîtresse du vivant de
sa première femme : mais il le réfuta
après la mort de ce prince. Cette réfuta-
tion n'a pas paru. Le livre qui y avait
donné occasion , était intitulé : Considé-
ration sur le mariage , par Daphnœus
Arcuarius , en allemand , in-4°.
BEGOi\ ( Michel ) , naquit à Blois en
1638, d'une famille distinguée. Le mar-
quis de Seignelai, son parent , l'ayant fait
entrer dans la marine, il remplit successi-
vement les intendances des îles françaises
d'Amérique, des galères, du Havre, du
Canada, et réunit celles de Bochefort et de
la Rochelle, jusqu'en 1710, année de sa
mort. Le peuple l'aimait comme un inten-
dant des plus désintéressés, et les citoyens,
comme un des plus zélés et des plus at-
tentifs. Les savans ne lui donnèrent pas
BEG
180
BEI!
moins d'éloges. Il les protégeait , les ai-
mait, s'intéressait à leurs succès, leur
ouvrait sa bibliothèque. Le goût avait
présidé au choix de ses livres. Il avait un
riche cabinet de médailles, d'antiques,
d'estampes, de coquillages, et d'autres cu-
riosités , rassemblés des quatre coins de
l'univers. La plupart de ses livres por-
taient sur le frontispice, Michaëlis liegon
et amicorum. Son bibliothécaire lui ayant
représenté qu'en les communiquant à tout
le monde, il s'en perdrait plusieurs :
J'aime beaucoup mieux , répondit - il ,
perdre mes livres , que de paraître me
défier d'un honnête homme. Il fit graver
les portraits de plusieurs personnes célè-
bres du 17e siècle. Il rassembla des Mé-
moires sur leurs vies; et c'est sur ces
matériaux que Perrault fit Y Histoire des
hommes illustres de France.
BÈGUE. Voyez LAMBERT.
* BÈGUE ( le ) célèbre organiste de l'é-
glise Saint-Merri à Paris , et de la cha-
pelle du roi , mort en 1700. Son jeu fa-
cile et noble attirait une foule d'amateurs.
Il a laissé trois livres de Pièces d'orgue et
des Vêpres à deux chœurs.
* BÈGUE DE PRESLE ( Achille-Guil-
laume le ) né à Pithiviers , près Orléans
en 179G , se fit recevoir docteur en méde-
cine à la faculté de Paris, et mourut dans
cette ville en 1807. Ses principaux ouvra-
ges sont : | Manuel du naturaliste pour
Paris et ses environs, 1766, in-8°; | Mé-
decine d'armée , traduit de l'anglais de
Monro, avec beaucoup d'augmentations,
1768, 2 vol. in-8°; | Connaissance des
médicamens , trad. de l'anglais de Lewis,
avec des additions, 1771, 2 vol. in-8° ;
| Economie rurale et civile, 1789, 2 vol.
in-8°. Il a aussi coopéré à la bibliothèque
physico- économique de 1786 à 1792, 14
vol. in-12. Sa Notice sur les derniers ino-
mens de J. J. Rousseau est en contradic-
tion avec l'opinion généralement répan-
due sur la mort de ce philosophe.
* BEGUILLET (Edme ), avocat au par-
lement de Dijon, mort en 1786, s'adonna
particulièrement à l'élude de l'économie
domestique et à l'agriculture. Ses ouvra-
ges en ce genre ne sont pas sans mérite.
Les principaux sont : | Traité de la con-
naissance générale des grains, 1775, 5
vol. in-8° , réimprimé en 1780 en 2 vol.
j Manuel du meunier et du charpentier de
moulins, in-8°, 1775, réimprimé en 1785;
| Traité général des subsistances et des
grains qui servent à la nourriture de
l'homme, 1782 , 6" vol. in-8°. On y trouve
des notions satisfaisantes sur la connais-
sance, la culture, les qualités, les usages
des grains, leurs maladies , leur conserva-
tion, leur achat, leur commerce , ainsi
que sur la construction des greniers et
des moulins , sur la mouture par écono-
mie ; | une Histoire des guerres des deux
Bourgognes sous Louis XIII et Louis
XIV, 2 vol. in-12. Il a fourni plusieurs
articles à Y Encyclopédie sur l'économie
rurale, et travaillé avec M. Poncclin à
Y Histoire de Paris et de ses monumens.
Paris, 1780, 3 vol. in-8".
BEflAIAI ( Martin ), né d'une famille
noble deNuremberg, s'élant appliqué à la
cosmographie cl à la navigation , conçut
la première idée de la découverte de l'A-
mérique. Il partit de Flandre vers l'an
1460, et son voyage répondit à son attente;
il découvrit l'ile de Fayal , le Brésil , cl
poussa jusqu'au détroit de Magellan. Le
roi de Portugal Jean II le créa chevalier
en 1485. Ce récit a été traité de fable par
des historiens mal instruits. Les décou-
vertes de Behaim furent négligées , et le
peu d'usage qu'on en fit ne prouve pas
plus leur fausseté que celle des premiers
rapports de Colomb, auxquels bien des
personnes refusèrent d'ajouter foi. En
1492, Behaim retourna dans sa patrie , et
y construisit un globe de 20 pouces de
diamètre, sur lequel il dessina ses nou-
velles découvertes : on le conserve à Nu-
remberg , de même que plusieurs de ses
manuscrits. Doppelmayer a réduit ce
globe en une mappemonde, qui se trouve
à la fin de sa Relation historique des
mathématiciens et des artistes de Nurem-
berg. Le célèbre Riccioli assure que Chris-
tophe Colomb fit usage des caries ma-
rines de Martin Behaim; Doppelmayer
ajoute qu'elles ont servi à Magellan pour
la découverte du détroit qui porte son
nom. Enfin , plusieurs auteurs assurent
qu'il est le premier qui ait fait usage de
la boussole dans la navigation. Il mourut
à Lisbonne le 29 juillet 1506. On peut
consulter Riccioli, Geogr. reform., lib. 5;
Freher, Rerum germanicarum scripto-
res ; Cellarius , Notitia orbis , page 215 ,
etc. Il est certain que ce fait est mieux
appuyé que tout ce que raconte M. Mal-
let du Pan, dans une Dissertation insé-
rée en 1785, dans le Mercure de France
(voyez le Journal historique et littéraire,,
1er mai 1788 , pag. 20 ). — Le Père de Be-
haim s'appelait également Martin , était
sénateur de Nuremberg , et mourut en
1474. Sa mère était Agnès Schopper.
BEI
181
BEI
BEHN (Arii.vnA ou A.strea ), dame an-
glaise, naquit à Canlorbéry sous Charles Ier.
Son père Johnson , nommé lieutenant-
général dans les Indes, mena avec lui sa
famille, et mourut dans le trajet. Sa fille,
de retour à Londres, après un séjour de
quelque temps en Amérique , épousa M.
Behn, riche marchand, originaire de Hol-
lande. Charles II, qui connaissait l'esprit
et le mérite de madame Behn, lui confia
une négociation, au sujet de la guerre
qu'il voulait faire aux Hollandais. Elle s'en
acquitta à la satisfaction du roi. La jalou-
sie qu'excitait son crédit auprès de ce
monarque , l'obligea de préférer les dou-
ceurs de la vie privée, au tumulte et aux
écueils de la cour. Elle mourut en 1689,
et fut enterrée dans le cloître de West-
minster, parmi les tombeaux des rois. Le
temps qu'elle n'employa pas aux plaisirs
de la société, fut consacré à la composi-
tion de plusieurs ouvrages écrits quel-
quefois avec plus de liberté qu'il ne con-
vient à son sexe. On a d'elle 4 vol. in-8°
de pièces de théâtre, des Nouvelles his-
toriques 3 des Poésies diverses, une traduc-
tion de la Pluralité des mondes. Son ou-
vrage le plus connu est son Oronokoj
qu'elle lut à Charles II , et qui a été tra-
duit en français, par M. de la Place, in-12,
1756. Ce roman historique a fourni le su-
jet d'une tragédie à un poète anglais;
Oronoko, le héros de celle production,
était fils d'un roi africain, vendu aux An-
glais de Surinam. Ce prince nègre, de-
venu captif, et ne pouvantsupporter cette
humiliation, lit révolter ses compagnons
d'esclavage , et fut mis à mort. Madame
Behn, témoin de ses infortunes , les écri-
vit, dès qu'elle fut de retour en Angle-
terre.
* BEÏÏR ( Geokges-Hexri ) , médecin
distingué, né à Strasbourg le 16 octobre
i708, mort en la même ville le 9 mai
1761. On a delui : | Physiologia medica,
Strasbourg, 1736, in-i°; | Lexicon physi-
co-chymico-medicum reale 1 1738, in-4°;
| Fundamenta medicina anatomico-phy-
siologica, in-&°; | Medicina consultatoria,
Augsbourg, 1731 , in-4°; | un grand nom-
bre de Dissertations en latin , imprimées
à Strasbourg, dans le format in-4°, et plu-
sieurs autres ouvrages tant de médecine,
qu • d histoire et de politique , écrits en
allemand , dont on trouve la liste dans la
Biographie médicale. Il a aussi donné
beaucoup d'observations dans les Actes
de l'académie des curieux de la nature,
dont il était membre.
* BEICII ( Joaciïiji-François ), peintre
et graveur, né en Souabe en 1665, mort à
Munich en 1748. Il a peint toutes les ba-
tailles de l'électeur Maximilien- Emma-
nuel, en Hongrie , avec la situation des
lieux. Son coloris est un peu rembruni,,
mais ses paysages sont pittoresques et at-
taohans. Il a aussi gravé le paysage à
l'eau forte, dans le genre deSalvalor Rosa.
BEIER , plus connu sous le nom de
Harlmannus Beyerus ., né à Francfort-
sur-le-Mein en 1506 , étudia à Wirtem-
berg, où il fut élevé dans les sentimens
de Luther qu'il connut particulièrement.
On le choisit pour être ministre dans son
pays, où il mourut le 11 août 1577. C'était
un homme simple, mais qui ne manquait
pas d'érudition. Il laissa, entre autres ou-
vrages, des Commentaires sur la Bible,
et Qaœstiones Sphœtïcœ.
* BEIRACTAR ( Mustapha ) , grand
visirenl809, voulut faire participer la
nation turque aux bienfaits de la civilisa-
tion européenne, et périt victime de sa
généreuse entreprise. Jugeant qu'il de-
vait commencer par établir un nouveau
système militaire, il appela à son aide les
sciences exactes, et chargea d'habiles offi-
ciers français et allemands d'enseigner les
manœuvres à un corps de jeunes soldats
musulmans. Une école d'artillerie fut fon-
dée, et les mathématiques devinrent un
objet d'éludé chez les sectateurs du Coran.
Le peuple s'irrita de ces innovations qu'il
regardait comme un crime; des murmures
s'élevèrent, et Mustapha, doué de la plus
grande énergie, fit punir les mécon-
tens. Ses rigueurs achevèrent d'exaspérer
les esprits, Les janissaires indignés d'o-
béir à des infidèles se soulevèrent, et,
secondés par la populace, attaquèrent le
sérail. Les troupes nouvelles, les bostangis,
et les autres corps chargés de la défense du
palais soutinrent l'attaque avec vigueur,
et ils auraient triomphé, si une flotte,
qui se trouvait dans le canal, n'eût pris
parli pour les insurgés , et n'eût foudroyé
le sérail. Alors le grand-visir pour éviter
de tomber vivant entre les mains de ses
ennemis, se fil sauter avec la partie du
palais qu'il habitait. Constantinople fut
livrée pendant trois jours au pillage et à
l'incendie , qui ne s'arrêtèrent que lors-
qu'on supposa que tous les partisans du
nouveau système avaient été massacrés
ou avaient pris la fuite.
* BEISSOIV (Etienxe), graveur, ne à
Aix en Provence en 1759, mort à Paris,
le 28 février 1820. Il est particulièrement
BEK
*82
BEL
connu par sa gravure des jeunes Athé-
niens tirant au sort, d'après Pcyron, et
par sa Vierge au donataire et sa Sainte
Cène d'après Raphaël. Cef'o dernière gra-
vure figure au cabinet des estampes de la
Bibliothèque du roi.
BEK, ou plutôt BEEK (David), deDelft,
peintre du roi d'Angleterre, disciple du
chevalier Anloine Van-Dyck , égala son
maître. Plusieurs souverains l'appelèrent
pour faire leurs portraits. Il peignait avec
tant de célérité que Charles Ier lui dit un
jour : Je crois que vous peindriez un che-
val qui courrait la poste. Ce prince lui
avait accordé ses bonnes grâces. 11 mourut
à La Haye en 1656 , à l'âge de 53 ans.
BEK.V (Jean), chanoine de l'église
d'Utrecht , mort l'an 1546 , est auteur
d'une Cb ionique de cette église , depuis
saint Willibrod, son premier évèque ,
jusqu'à l'an 1545, continuée par Suffridus
Pétri , jusqu'à l'an 1574 , publiée par Ber-
nard Funner, Utrecht, 1612, in-4°; Franc-
fort , 1620, in- fol.; et ensuite par Arnold
Buchelius , Utrecht , 1643 , in-fol.
BEKKER (Balthasar) , né à Warthui-
scn , dans, la province de Groningue , en
1C34, fut ministre dans différentes églises,
et mourut à Amsterdam en 1698. Son
Monde enchanté, traduit du flamand en
français, 4 vol. in-12, 1694, le fil dépouiller
de la place de ministre dans cette ville.
Ce livre , diffus et ennuyeux, est fait pour
prouver qu'il n'y a jamais eu ni possédé ,
ni sorcier, et que les diables ne se mêlent
pas des affaires des hommes , et ne peu-
vent rien sur leurs personnes. Benjamin
Binet réfuta solidement cet ouvrage dans
son Traité des dieux du paganisme, in-12,
que l'on joint souvent à l'ouvrage de
Bekker. On a encore de lui : | des Re-
cherches sur les Comètes ,'m-8° ; \ la sainte
Théologie; | une Explication de la pro-
phétie de Daniel, etc.
* BEKKER (Elisabeth WOLF, née),
née à Flessingue le 25 juillet 1755 , se livra
de bonne heure à la poésie. Devenue
veuve en 1776, elle alla demeurer avec
madame Agathe Deken , femme également
distinguée par les qualités du cœur et de
l'esprit. Elisabeth publia, en 1769, | JVal-
cherin, poème en 4 chants; en 1775, | Ja-
cobs klagt by het lyk van Jlachel (plainte
de Jacob sur le tombeau de Rachcl ) , et
j Brie f van Jacoba van Beyeren, an Fans
van Borselen (héroïde de Jacqueline de
Bavière, à Françoise van Borselen). Elle
fil paraître , avec son amie , plusieurs ou
vrages qui assurent la réputation de toutes
deux : | un Recueil de chansons popiè>
laires, 1781, 5 vol. in-8°; | Histoire de van
IVillelm Levend (histoire de Guillaume
Le vend) , 1785 , 8 vol. in-8°; | Brieven van
Abraham Blankaarla , an Cornelia ïVi-
loschut (lettres d'Abraham Blankaart, à
Cornélie Wiloschut ) , 1789, 3 vol. in-8°;
| Histoire de Sara Burgerhat, 1790 , 2 vol.
in-8°; | le Voyage en Bourgogne Ma-
dame Bekker et Agathe Deken traduisi-
rent aussi quelques romans anglais, par
exemple , le don Quichotte ecclésiastique
de Smoltet, 1778, 3 vol. in-8°; Henri*
1800 , 4 vol. in-8°. Madame Bekker mou-
rut le 5 novembre 1804, ne devançant
que de neuf jours son amie. La société des
arts et des sciences d'Amsterdam fit célé-
brer leur mémoire par une fête funéraire :
leur éloge y fut prononcé par le profes-
seur Koninenburg , et l'avocat Van Hall y
lut une pièce de vers en leur honneur.
BEL ( Je an- Jacques ) , conseiller au par-
lement de Bordeaux, sa patrie, et mem-
bre de l'académie de cette ville , y naquit
en 1693, et mourut à Paris en 1738, d'un
excès de travail , à l'âge de 45 ans. Il avait
une très belle bibliotlièque , qu'il voulait
rendre publique avec des fonds pour l'en-
tretien de deux bibliothécaires. On a de
lui le Dictionnaire néologique , considé-
rablement augmenté depuis par l'abbé
des Fontaines. On y reprend , avec raison,
beaucoup d'expressions nouvelles, des
phrases alambiquées , des tours précieux :
mais on a tort , en condamnant les termes
inusités, d'en proscrire d'autres, accrédi-
tés par l'usage , ou dont l'indigence de la
langue française autorise l'admission. Une
telle délicatesse est bien réfutée par la
raisonnable et commode règle d'Horace :
Ego, cur aequirere pauea
Si possum, invidror ? cum Jingua Catonis et Enni
Sermonera patrium ditaverit , et nova rcrum
Nomina protuleril ? Licuit , lemperque licebit
Signatum présente nota procudere nomen.
On a encore de Bel des Lettres critiques
sur la Mariamne de Voltaire. Son Apo-
logie de Houdart de la Motte , en quatre
lettres , est une satire sous le masque de
l'ironie.
BEL (Le) , ministre de l'ordre de la Tri.
nité , du couvent de Fontainebleau , pu-
blia une Relation du meurtre de Monal~
deschi, poignardé par ordre de Christine,
reine de Suède, princesse qui se disait
philosophe. Cet écrit , imprimé avec plu-
sieurs autres pièces curieuses, parut à
Cologne en 1664 , in-12. Le Bel assista ce
malheureux dans ses derniers momena-
IÎEL
183
BEL
BELAIR. Voyez SAINT-HYACINTHE
(Thkmiseuil).
• BELDERBUSCII ( Ciiarles-Léopold ,
comte de), né en 1749, dans le duché de
Limbourg , était président de régence de
l'électoral de Cologne. Il fut envoyé comme
chargé d'affaires à la cour de France, et
il y passa plusieurs années comme simple
particulier; ayant quitté Paris au com-
mencement de la révolution , il fut porté
sur la liste des émigrés , et dépouillé d'une
grande partie de sa fortune. Après la réu-
nion de la Belgique à la France , il fil par-
tie de la députalion des nouveaux dépar-
tement , et peu d'années après , il fut nom-
mé préfet du département de l'Oise. Il se
distingua dans cet emploi par des lumières
très étendues . et se fit chérir de ses admi-
nistrés. Belderhusch zélateur de l'édu-
cation religieuse , il favorisa l'établisse-
ment des jésuites, sous le nom de Pères
de la Foi. Le 5 février 1810, il fut admis
au sénat conservateur. En 1814, il vota la
déchéance de Bonaparte, et plus tard il
obtint du gouvernement royal des lettres
de grande naturalisation. Rentré dans ses
biens , il fit un noble usage de sa fortune,
et mourut le 22 janvier 1826. Il a publié
quelques écrits politiques, | Sur le s affaire s
du temps , Cologne , 1793 , in-8° ; | Modifi-
cation du statu quo* 1795 ; | Lettres sur la
paix* 1707 ; j la Paix du contincii comme
acheminement à la paix générale* 1797 ;
| le Cri public* brochure sans date ni nom
d'imprimeur, publiée quelques jours avant
la dernière entrée des alliés à Paris.
BELLLLI. Voyez BELLELLI.
BÉLÉSIS, chaldéen, le même, selon
quelques auteurs , que Nabonassar et Ba-
Iadan, fut le principal instrument de l'é-
lévation d'Arbaces , roi des Mèdes , qui lui
donna le gouvernement de Babylone, l'an
770 avant Jésus-Christ. Cet homme adroit,
après que Sardanapale, roi d'Assyrie, se
fut brûlé dans son palais avec son or et
son argent , obtint la permission d'en em-
porter les cendres , el enleva par ce moyen
les trésors de ce malheureux prince. Mais
tous ces détails appartiennent peut-être
avec plus de droit à la fable qu'à l'histoire.
* BELESTAT-DE-GARDOUCH ( le mar-
quis de), d'une ancienne famille du Lan-
guedoc, naquit à Toulouse, en 1725, et
suivit avec distinction la carrière des ar-
mes que la faiblesse de sa vue le contrai-
gnit d'abandonner vers l'âge de 50 ans. Il
s'occupa alors de littérature et composa
un Eloge de Clémence Isaure. Lié avec
plusieurs écrivains célèbres et principale-
ment avec Voltaire, il se brouilla avec ce
dernier, en publiant sous ses propres ini-
tiales Y Examen critique de l'histoire de
Henri IV* par la Beaumelle , qui renferme
une vive critique de l'auteur de la Hen-
riade. L'ouvrage fut saisi par ordre du
gouvernement. Mais Voltaire le fit réim-
primer avec des notes dans Y Evangile du
jour. Belestat était membre de l'académie
des jeux floraux, et mourut aveugle en
1807.
* BELGRADO (Jacques), savant jé-
suite italien, né à Udine en 1704, devint
confesseur du duc et de la duchesse de
Parme , fut nommé mathématicien de cette
cour, et contribua à la fondation de la co-
lonie arcadienne de Parme. II était de la
plupart des académies d'Italie, et fut reçu,
en I7G2, associé correspondant de l'aca-
démie des sciences de Paris. La destruc-
tion de son ordre lui ayant fait perdre ses
emplois à la cour, il se retira dans le sein
de sa famille, où il s'adonna entièrement
aux sciences. On a de lui un grand nom-
bre d'ouvrages et d'opuscules scientifiques,
en latin et en italien dent les principaux
sont : | De phialis vilreis ex minimi silicis
casu dissilienlibus acroasis* etc., Padoue,
1745, in-4°; | De alliludine atmosphœrœ
œstimanda crilica disquisitio * Parme,
1745, in-4°; | Fenomeni eleclrici* con i co~
Tollari det !or d/'d^m, <^ic. , ibid. . 1749.
in-4°; | plusieurs dissertations swvY Exis-
tence de Dieu* | les Vapeurs de la mer*
| les Talens et leur usage* | un Monument
de Ravenne* etc. A Page de 81 ans, il fit
paraître une dissertation remplie d'érudi-
tion et de vues nouvelles sur l'architec-
ture égyptienne. Il mourut le 7 avril 1789.
BEL1IOJIME (don Humbekt ) , bénédic-
tin de la congrégation de Saint- Vannes cf
de Saint-Hidulphe, professeur de philoso-
phie et de théologie, ensuite abbé de
Moyen-Moûtier, naquit à Bar-le-Duc en
1055 , et mourut en 1727. Il fit rebâtir son
abbaye , l'orna d'une bibliothèque choisie
avec goût, et en écrivit Y Histoire en la-
tin, un vol. in-4°.
BÉLIDOR ( Beimjaud FOBEST DE),
des académies des sciences de Paris et de
Berlin , se fil connaître de bonne heure
par son talent pour les mathématiques.
Nommé professeur royal aux écoles d'ar-
tillerie de LaFère, il forma des élèves
dignes de lui. Son zèle lui valut la place
de commissaire provincial d'artillerie ;
mais trop d'empressement pour s'avancer
lui enleva à la fois ces deux postes. Il fit
quelques expériences sur la charge des
BEL
JSA
«EL
canons, et découvrit, ou crut avoir dé-
couvert qu'au lieu de douze livres de pou-
dre qu'on employait ordinairement pour
chaque coup , on pouvait n'en mettre que
huit, sans diminuer l'effet. Comme le roi
gagnait à cette diminution, Bélidor vou-
lut faire sa cour au cardinal de Flcury
qui était premier ministre , en lui com-
muniquant secrètement sa découverte.
Le cardinal accueillait favorablement tous
les projets d'économie ; il reçut donc bien
celui de Bélidor; il en parla même au
prince de Dombes, grand-maitre d'artil-
lerie. Ce prince fut surpris d'apprendre
qu'un mathématicien qui travaillait sous
ses ordres, et qu'il comblait journelle-
ment de ses bienfaits, ne se fût point
adressé à lui dans cette occasion. Il lui fit
connaître dans l'instant son mécontente-
ment, en le dépouillant de ses places, et
l'obligea de quitter La Fère. M. de Val-
lière, lieutenant-général d'artillerie, jus-
tifia la conduite du prince de Dombes,
par un mémoire qui fut imprimé à l'im-
primerie royale , dans lequel il attaqua
le procédé et les expériences de Bélidor.
Ce professeur, né sans fortune , se trouva
ainsi dépourvu de tout. Le prince de
Conli, qui connaissait son mérite, l'em-
mena avec lui en Italie, et ce voyage lui
-valut la croix de Saint-Louis. Cette faveur
iui procura quelque considération à la
cour. Le maréchal de Belle-Isle se l'atta-
cha, et lorsqu'il fut ministre de la guerre,
il le nomma inspecteur de l'artillerie et
lui donna un beau logement à l'arsenal de
Paris , où il mourut en 1761 , âgé de près
de 70 ans. C'était un homme extrême-
ment laborieux , et qui a beaucoup écrit.
On lui doit : | Sommaire d'un cours d'ar-
chileclure militaire* civile et hydrau-
lique * 1720, in-12 ; | Nouveau cours de
mathématiques, à l'usage de l'artillerie ,
4757., in-8°; | la Science des ingénieurs ,
47/i9, in- 4°; \ le Bombardier français ,
175/<., in-4°; | y/rchiteclure hydraulique,
4737, 4 vol. in-4°; | Dictionnaire portatif
de l'ingénieur, 1708, in-8°; | Traité des
fortifications , 2 vol. in-4°. La plupart de
ces ouvrages remplissent leur objet, quoi-
que l'auteur ne fût pas un mathématicien
du premier ordre. Son style est clair,
mais diffus.
BELIN ( François ) , né à Marseille , en
1672, vint de bonne heure à Paris, et
devint bibliothécaire de la duchesse de
Bouillon. Il a composé plusieurs tragédies,
dont une seule mérite d'être citée , Mus-
tapha et Zéangir, tragédie en 5 actes re- j
présentée et imprimée en 1705. e Cette
» pièce, dit La Harpe, est faiblement
» écrite ; mais on y trouve des traits de
» ce naturel heureux qu'alors on étudiait
i> dans Bacine. » Champfort a depuis
traité le même sujet. Belin mourut vers
l'an 1732.
* BELIÎV (don Albert), religieux béné-
dictin, né à Besançon, vers 1010, d'une
famille distinguée dans la robe. Il visita
successivement les principales maisons
de son ordre , et s'étant fait remarquer
par son talent pour la prédication, ses
supérieurs l'envoyèrent à Paris. Sa répu-
tation lui donnant quelque influence sur
l'esprit dé ses frères, il s'en servit pour
faire élire prieur delà Charité , un des
fils deColbert.Ce ministre par reconnais-
sance le fit nommer à l'évêché de Belley,
qui vint à vaquer en 1666. Il mourut dans
son diocèse en 1677. On lui doit plusieurs
ouvrages: | les Emblèmes eucharistiques,
Paris, 1647, in-8°; | les Solides pensées
de l'âme , Paris , 1648 , in-12 ; | les Aven-
tures du Philosophe inconnu en la re-
cherche et invention de la pierre philoso-
phai, Paris, 1664 et 1674, in-12, ouvrage
curieux , dirigé contre les alchimistes ;
| Preuves convainquantes des vérités du
christianisme, Paris, 1666, in-4°. L'auteur
s'attache à prouver que les principes de
ia foi s'accordent parfaitement avec les
lumières de la raison ; | Traité des talis-
mans ou figures astrales, Paris, 1671,
in-12.
*BELL\ DE BALLU ( Jacques -Nico-
las ) , littérateur et helléniste distingué ,
né à Paris, le 28 février 1753. Il était
membre associéde l'académie des Inscrip-
tions et belles -lettres, et après avoir
professé quelque temps la langue grecque,
il fut placé à la tête du prytanée de Saint-
Cyr : mais autant il avait montré d'apti-
tude pour l'enseignement , autant il mon-
tra d'incapacité pour l'administration ; ce
qui l'obligea de se démettre de son em-
ploi. Alors il passa en Bussie , où il obtint
une place honorable dans l'instruction
publique, et mourut à Moscou en 1815.
On lui doit : | une Traduction d'JIécube.
tragédie d'Euripide, avec des remarques
curieuses , 1778 , in-8° ; | une Traduction
des OEuvres complètes de Lucien, avec
des notes historiques et littéraires* et des
remarques critiques sur le texte de cet
auteur, 1788, 6 vol. in-8°et in-4°; | Les ca-
ractères de Théophraste et de Labrutjère ,
avec des notes sur la'traduclion de deux
nouveaux caractères de Théophraste*
BEL 18
trouvés dans la bibliothèque du Vatican,
et publiés pour la première fois à l'ai nie,
en 178G, Paris, 1790, 5 vol. in-8°; | Op-
piani poemala de venaiione et piscaiione,
en grec et en latin , avec une traduction
française du Poème de la chasse , Stras-
bourg , 1787, in-8°, 1er vol. | Hermès helle-
vicus J grammaire grecque et française ,
avec des tableaux synoptiques,, in -8°;
| Histoire véritable de LuciusJ traduite du
grec, formant le 12e volume de la biblio-
thèque des romans grecs ; | une Traduc-
tion du tableau de Cébès , imprimée à la
suite du Manuel d'Epictète, par Dacier,
1790; | Histoire de la dame invisible J
ou mémoire pour servir à l'histoire du
cœur humain, Paris, 1803, 2 vol. in-12;
| Histoire critique de l'éloquence chez
les Grecs, Paris, 1813, 2 vol. in-8°. Il a
donné encore : | Mémoires et voyages d'un
émigré , publiés par J. N. Belin de Ballu ,
5 vol. in-12 , Paris , an 9 , et a laissé | un
Dictionnaire grec- français.
BÉLISAIRE, général des armées de
l'empereur Justinien , termina heureuse-
ment la guerre contre Cabades, roi des
Perses , par un traité de paix conclu en
531. L'année d'après il conduit l'armée
navale destinée à conquérir l'Afrique,
emporte Carthage , marche contre Gili-
mer, usurpateur du trône des Vandales,
prend possession de son royaume de Car-
thage, et se fait servir par les officiers de
ce prince. Les Maures le reconnurent ; et
peu de temps après, il délit le reste des
Vandales, prit Gilimer, et l'emmena à
Conslanlinople. Ce malheureux prince fut
un des ornemens de son triomphe. C'est
en lui que finit la monarchie des Van-
dales ariens. Bélisaire ayant détruit ce
royaume en Afrique, fut envoyé par
Justinien pour détruire celui des Goths
en Italie. Arrivé sur les côtes de Sicile
avec sa flotte , il s'empara de Catane , de
Syracuse, de Païenne et de plusieurs
autres villes, par force ou par composi-
tion. Il courut ensuite à Naples, et prit
cette ville; de là il marcha vers Rome et
en envoya les clés à l'empereur. Théo-
dat. roi des Gollis, ayant été assassiné,
Vitigès son successeur , vint assiéger
Rome. Bélisaire le vainquit, l'obligea de
se renfermer dans Ravenne, le prit et le
mena à Conslanlinople, après avoir re-
fusé la couronne que les vaincus offraient
à leur vainqueur. Tout le peuple de Con-
stantinople avait son nom dans la bouche,
et ses grandes actions dans la mémoire.
On le regardait comme le libérateur de
o «EL
l'empire. Il fut bientôt obligé de quitter
cette capitale, pour aller combattre Chos-
roès I, roi de l'erse. Après l'avoir mis en
fuite , il retourna en Italie contre Totila,
élu roi des Goths, l'empêcha de détruire
entièrement Rome, rentra dans la ville
et la répara. Il reprit encore les armes
dans sa vieillesse contre les Huns , qui
avaient fait une irruption dans l'empire
en 558. Il les chassa et les fit rentrer dans
leur pays. Les grands , jaloux de sa gloire,
l'accusèrent en 561 auprès de Justinien,
d'avoir voulu s'emparer du trône. L'em-
pereur , ombrageux comme tous les vieil-
lards , lui ôta la dignité de patrice , lui
retrancha ses gardes, et l'accabla de
mauvais traitemens , qui le conduisirent
peu après au tombeau. Cet homme digne
d'un meilleur sort , après avoir été long-
temps à la tète des affaires et des armées,
et rendu des services signalés à sa patrie,
fut obligé , suivant les historiens latins ,
de mendier son pain dans les rues de
Constant inople. L'auteur de Y Histoire mé-
langée écrit que l'année suivante il fut
rétabli dans ses dignités; et Cédrène af-
firme qu'il mourut en paix dans Constan-
tinople. Alciat est de ce sentiment, contre
Crinitus , Voiaterran , Pontanus , et quel-
ques autres. Quoi qu'il en soit, on montre
encore à Constantinople une prison , que
l'on appelle la Tour de Bélisaire. Cette
prison est sur le bord de la mer, en allant
du château des Sept-Tours au sérail de
Constantinople. Les gens du pays disent
qu'il pendait un petit sac attaché au bout
d'une corde , comme font les prisonniers,
pour demander sa vie aux passans, en
leur criant : Date obolum Belisario quem
forluna evexil, invidia oculis privavit.
« Donnez, une obole à Bélisaire , que la
» fortune éleva si haut, et que la ja-
» lousie a privé des yeux. » Ce triste sort
fut , selon quelques auteurs , la juste pu-
nition de sa complaisance sacrilège pour
l'impératrice Théodora qui l'engagea à
chasser le pape saint Silvère, pour élever
Vigile en sa place. On croit que Bélisaire
mourut en 505. On voit encore des mé-
dailles de Justinien , recevant Bélisaire
triomphant de la guerre contre les Goths :
de l'autre coté de la médaille , se trouve
l'image de Bélisaire , avec ces mots : BE-
LISARIUS, GLORIA ROM.1NOIWM.
Bélisaire, l'honneur du nom romain.
M. Marmonlel a donné le nom de ce cé-
lèbre général à un très froid roman phi-
losophique, digne de servir de pendant
aux Zncas, et dans lequel il y «n d'ailleurs
16.
BEL 18C
des principes d'indifférenlisme qui con-
duisent au mépris de loule religion. Cet
ouvrage fut condamné par la Sorbonne.
BELIUS ( Matiiias ), né à Olsova dans
la haute Hongrie, en 1684, fit de bonnes
études à Hall, et y apprit les langues sa-
vantes. De retour dans sa patrie il fit
fleurir les belles -lettres dans plusieurs
collèges des proteslans , et s'appliqua avec
succès à l'bistoire de Hongrie. Nicolas
Pelli, vice-roi de ce pays, facilita ses re-
cherches en lui faisant ouvrir diverses
archives. Il employa la plus grande partie
de sa vie à celle étude, et mourut l'an
17/4.9. Ses principaux ouvrages sont ; | De
velere litteralura Hunno-Scylhica Excr-
ciialio , Leipsick, 1718, in-4°, ouvrage sa-
vant; J Ihutgariœ anliquœ et nova1. Pro-
dromus , Nuremberg, 1723, in- fol. Il y
donne le plan d'un grand ouvrage qu'il
préméditait, et qu'il n'eut pas le loisir
de publier. | De peregrinatione linguœ
Ilungaricœ in Europam ; | Apparalus
ad Ilisloriam Hungarùe, sive collcciio
miscella monumenlorum inedilorum par-
tim, parlim editonan, sed fugienlium ,
Presbourg, en plusieurs vol. in-fol. 1755-
4746. Celte collection d'histoire de Hon-
grie est ornée de préfaces savantes et bien
écrites. | Am/,lissi»i(e historico- criticœ
prœfationes in Scriplores reruin Hunga-
ricarum veleres ac genuinos ,0 vol. in-
fol. | Notilia Hangariœ Novœ Historico-
geographica , Vienne 3 1745, et années
suivantes, 4 vol. in-fol., avec des cartes
géographiques; ouvrage vaste et d'une
grande exactitude.
* BELKXAP ( Jérémie ), théologien et
prédicateur américain, pasteur de l'église
presbytérienne de Boston, né dans cette
ville le 4 juin 1744, et mort en juin 1798, a
laissé : | Histoire de Newhampshirc, 5 vol.
d784 à 1792 ; | Biographie américaine, t. 1er,
d794; t.- 2e, 1798, demeurée incomplète;
J le Garde-forêt, conte, in-12 ; | plusieurs
Sermons imprimés séparément; | des Es-
sais sur le commerce des Américains et
sur la liberté civile et religieuse.
* BELL ( John ), médecin cl auteur an-
glais, mor! en 1780. Il accompagna en
1715, 16, 17 et 18, l'ambassade de Pierre
le Grand en Perse et dans la Chine, et il en
a publié la Relation en 2 vol. in-4°,Glas-
cow, 1762, réimpiirnée depuis en 2 vol.
in-12. Cette narration se fait remarquer
par un caractère de naïveté et de simpli-
cité qui inspire de la confiance. Aidous
en a donné une traduction française dont
le style est fort négligé.
BEL
*BELL (Joiix), chirurgien, né à Edim-
bourg, où il exerça long-temps sa profes-
sion avec succès. Il est mort à Rome, le
15 avril 1820, après avoir publié en- an-
glais plusieurs ouvrages estimés : | l'A-
nalomie du corps humain, 1795-1802,3
vol. in-8°, 3e édition, 1811, à laquelle il
faut joindre Système de dissection , pour
servir à l'explication de l'Anatomie du
corps humain de John Bell, 1800, in-
fol., par Charles Bell, autre chirurgien
d'Edimbourg, qui a gravé et publié lui-
même les planches. Ce dernier ouvrage a
été traduit en français, Londres, 1809,
in-12 ; | Discours sur la nature et le trai-
tement des plaies , 5e édition, 1812, tra-
duits en français, sous le titre de Traité
des plaies , ou Considérations théoriques
et pratiques sur les maladies, Paris et
Montpellier, 1825, in -8°; | Principes
de chirurgie , 1801-1808, 5 vol. in-4°;
| Lettre sur le caractère propre à la
profession de chirurgien , ou l'éducation
du chirurgien, et les devoirs et qualités
du médecin, 1811, in-8°.
* BELLA ( Jérôme ) , né à Carru en
Piémont, prieur de St. -André de Mon-
dovi, archi -prêtre de Coni, docteur en
théologie et en droit civil et canonique,
vicaire-général de l'évêquc de Saluces ,
vivait en 1660 , et a laissé | il Genio re-
gale appagalo , dramma pastorale , etc.
( pièce allégorique pour l'entrée de l'é-
vêque de Mondovi ) , Mondovi et Coni ,
1646; | il Sole benefico, pastoi-ale, ibid.
1647 ; | YAurora opporluna, dramma
pastorale , Coni , 1655 ; | le Palme del
Giacinto, autre drame pastoral adressé à
Hyacinthe Solari, évêque de Mondovi;
| quelques Panégyriques en prose.
* BELLAMY (Jacques ) naquit à Fles-
singue le 12 novembre 1757, de parens
obscurs qui lui firent embrasser l'état de
boulanger. Mais bientôt il se sentit inspiré
et fit des vers. Un homme de lettres dé-
mêla dans ces essais quelque talent poé-
tique , et le recommanda à des personnes
riches qui pourvurent aux frais de ses
études. Les succès de Bellamy, alors âgé
de 25 ans, furent rapides. Il publia sous le
titre de Vaderlandse Gezingendes chants
patriotiques qui le placent parmi les pre-
miers poètes hollandais. Cet auteur ne
jouit pas long- temps de ses succès; il
mourut avant sa vingt-neuvième année.
* BELLAMY (Jacques), docteur en
théologie, ministre né à New-Cheshiro
( Connecticut ) , en 1719 , fut nommé pas-
teur de Bethléem en 1740, et publia, en
BEL
187
BEL
I7jO une Esquisse de la vraie religion.
Il mourut le 6 mars 1790, laissant un
grand nombre de sermons.
BELLARMIN ( Bobeut ), né à Monte-
Puleiano en 1542, se lit jésuite à l'âge de
18 ans. Sa société le chargea d'enseigner la
théologie à Louvain. On dit qu'il prêchait
aussi dans CL'lle ville avec tant de succès,
que les proleslans venaient d'Angleterre et
de Hollande pour l'entendre. Après sept
ans de séjour dans les Pays-Bas, il re-
tourna en Italie. Grégoire XIII le choisit
pour faire des leçons de controverse
dans le collège qu'il venait de fonder.
Sixte V le donna ensuite, en qualité de
théologien, au légat qu'il envoya en
France l'an lùOO. Clément VIII le fit car-
dinal neuf ans après , et archevêque de
Capoue le 21 avril 1602. Paul V, ayant
voulu le retenir auprès de lui, Bellarmin
se démit de son archevêché, et se dévoua
aux affaires de la cour de Rome jusqu'en
iGïl. Il mourut la même année, au no-
viciat des jésuites, où il s'était retiré dès
le commencement de sa maladie. Gré-
goire XV alla visiter le cardinal mourant,
qui lui adressa ces paroles . Domine,
von sum clignas ut inires, etc., paroles
qui marquent jusqu'à quel point le cardi-
nal Bellarmin portait son respect pour le
Vkaire de Jésus-Christ. Il n'y a point
d'auteur qui ait défendu plus vivement
la cause de l'Eglise, et les prérogatives de
la cour de Rome. Cependant il n'avait
pas sur le domaine temporel le sentiment
ordinaire des ultramontains de son temps ;
il rejetait absolument le domaine direct,
niais il soutenait l'indirect , avec un zèle
qui lui faisait envisager comme héréti-
ques ceux qui ne l'admettaient pas. Ce
savant cardinal a enrichi l'Eglise de plu-
sieurs ouvrages. Le plus répandu est son
Corps de controverses. C'est l'arsenal où
les théologiens catholiques ont puisé leurs
armes contre les hérétiques. De tous les
controversistes, il n'en est point qui ait
fait autant de peine aux protestans. La
plupart des théologiens de cette commu-
nion lui ont répondu. Presque tous ont
avoué qu'il proposait leurs difficultés
dans leur force , et quelques-uns , qu'il les
détruisait mieux qu'aucun autre écrivain
catholique. Son style n'est ni pur ni élé-
gant ; mais il est serré , clair , précis , sans
cette sécheresse barbare qui défigure la
plupart des scolastiques. S'il était venu
de notre temps, sa critique eût été plus
sure; il n'aurait point cité d'auteurs apo-
cryphes, et aurait un peu mieux distin-
gué ce qui est véritablement dogme,
d'avec ce qui peut être rangé parmi les
opinions. La meilleure édition de ses
Controverses était celle de Paris, qu'on
appelle des Triadelphes , en h vol. in-fol.
avant qu'on eût celle de Prague, 1721,
qui est aussi en h vol. in-folio. Ses autres
ouvrages ont été publiés à Cologne, en
1G19, en 5 vol. in-fol. On y trouve | son
Commentaire sur les Psaumes ; \ ses Ser-
mons ; j un Traité des écrivains ecclèsias~
tiques, imprimé séparément en 1663,
in-40; | un autre sur X Autorité temporelle
du pape, contre Barclay, à Rome, en
1610, in-8°; | trois livres du Gémissement
de la colombe, pleins de l'onction d'une
morale persuasive et attendrissante; | De
ascensu mentis in Deum, fruit d'une
philosophie solide et profonde : les écri-
vains les plus illustres de ce siècle, entre
autres Buffon, en ont cité des passages
inléressans ; j un écrit sur les Obligations
des évéques, dans lequel il les fait trem-
bler pour leur salut, d'après des passages
de saint Chrysostôme et de saint Augus-
tin : | et une Grammaire hébraïque. Il est
aussi auteur de quelques hymnes , parmi
lesquelles on dislingue celle que l'Eglise
a adoptée pour la fête de sainte Made-
leine, Pater super ni luminis, etc. On a
un recueil de ses Lettres, in~8°. Nous
avons sa Vie traduite en français, de l'i-
talien de Jacques Fuligati, 162u, in-8°, et
une en français, Nancy, 1708, iti-k° , par
le Père Nicolas Frizon, jésuite, un peu
diffuse, mais écrite d'une manière inté-
ressante.
* BELLART (IVicolas-Fuaxçois) , che-
valier de la légion d'honneur , et procu-
reur général près la cour royale , naquit
à Paris le 20 septembre 1761. Il entra,
vers 1786 , dans la carrière du barreau,
et ses talens le rendirent célèbre dès son
début. En 1792-, Bellart défendit M. La-
coste, ministre de la marine, et parvint
à faire absoudre son client. Sa haute sa-
gesse et ses lumières le firent proposer
par M. Tronchct, pour être un des dé-
fenseurs de Louis XVI. La jeunesse seule
de M. Bellart lui fit préférer M. Desèze.
Durant le règne de la terreur, il s'éloigna
du barreau , et il n'y reparut qu'après la
chute de Robespierre. Il se distingua de
nouveau dans la cause de l'abbé Salomon,
ancien conseiller au parlement , échappé
aux massacres de septembre et prévenu
de conspiration contre le Directoire ; dans
celle du tuteur do MUc de Balainvilliers,
et particulièrement dans celle de MUe de
BEL
188
BEL
f.icé, accusée d'avoir recelé les auteurs
de la machine infernale. Le plaidoyer
qu'il prononça dans cette occasion est re-
garde comme le chef-d'œuvre de la dé-
fense en matière criminelle. On peut le
lire dans le Choix de plaidoyers , mémoi-
res et discours de M. Bellart, 1823 , in-
8°. Il écrivit aussi un mémoire en faveur
du général Moreau , qui a été inséré dans
l'ouvrage intitulé : Proscription de Mo-
reau, Paris , 1814 , in-8°. A cette époque ,
llellart renonça à la plaidoicrie et se ren-
ferma dans les travaux du cahinet à cause
de la faiblesse de sa poitrine , qui ne lui
permettait pas de parler long-temps en
public. Le comte Frochot le fil bientôt
nommer membre du conseil général du
département de la Seine et ensuite prési-
dent habituel. En 1814 , Bellart employa
toute son influence pour faire reconnaître
les Bourbons, et rédigea le 1er avril une
proclamation véhémente dirigée contre
Bonaparte et qui entraîna les magistrats
et le peuple de Paris. Louis XVIII lui en-
voya , ainsi qu'aux autres signataires de
cette pièce, des lettres de noblesse et la
croix de la légion d'honneur. Bonaparte
après sa rentrée en France, en 1815, le fit
mettre en jugement. Mais M. Bellart se
réfugia en Angleterre. Il en revint après
la seconde restauration et fut nommé pro-
cureur général à la cour royale de Paris.
Porté à la chambre des députés, il en fut
bientôt nommé premier vice -président.
Il remplit les fonctions du ministère pu-
blic dans le procès du maréchal Ney, de-
vant la chambre des pairs , et 11 se signala
encore dans le procès de Lavallelte, et
''ans la conspiration dite de la Rochelle.
Ses fameux réquisitoires du 21 août 1825
contre les journaux le Courrier français
et le Constitutionnel _, accusés de ten-
dance irréligieuse , soulevèrent contre
lui beaucoup de haines qui ne l'effrayè-
rent pas. Il montra la même inflexibilité
contre les auteurs de mauvais livres. Quoi-
que atteint depuis long-temps par une
maladie grave, M. Bellart n'en continuait
jias moins ses fonctions; cependant les
progrès du mal ne lui laissant aucun es-
poir de guérîson , il alla porter lui-même
sa démission au roi. Pour ne laisser au-
cune incertitude sur les sentimens qui l'a-
vaient constamment animé durant sa vie,
il voulut , avant de recevoir ses derniers
sacrerr.ens, faire à haute voix sa profession
de foi. Il mourut le 7 juin 1826. On a re-
cueilli ses OEuvrcs, précédées d'une notice
fur la vie de l'auteur par M. Billecoq,
Paris, 1826, 6 vol. in-8°, avec un por.
trait. Outre les réquisitoires dont nous
avons parlé , elles renferment un Essai
sur la légitimité , que l'auteur écrivit à
Londres, dans son exil durant les cent
jours.
* BELLATI, (A\toi\e-Fua\çois), jé-
suite et célèbre prédicateur italien , né à
Ferrare, en 166d, se livra à la prédica-
tion, et obtint les plus brillans succès
dans les principales chaires d'Italie. La
faiblesse de sa santé l'obligea d'y renon-
cer de bonne heure II se retira à Plai-
sance, où il fut élu, en 1712, recteur du
collège. Il, mourut le premier mars 1742.
On a recueilli ses ouvrages en 4 vol. in-
4°. On y trouve des Sermons , des Traités
de morale, des Exhortations domestiques,
des Lettres, etc. Le père Bellati est dans
son genre un des meilleurs écrivains ita-
liens du 18'' siècle.
* BELLAVÈNE ( Jacques - Nicolas ) ,
lieutenant-général , né à Verdun le 20 oc-
tobre 1770. Il enlra en 1791 au service
comme simple soldat , et parcourut rapi-
dement tous les grades militaires jusqu'à
celui de général de brigade. Chargé en
1796 de reconnaître les bords du Rhin
aux environs de Strasbourg, afin de dé-
terminer les points d'attaque pour le pas-
sage de ce fleuve, il s'acquitta de cette
commission avec beaucoup d'habileté , et
se distingua particulièrement à Kinslig,
au passage de Kehl et à la bataille de Ras-
tadt , où il eut une jambe emportée par
un boulet; ce qui l'obligea de prendre sa
retraite. Il fut chargé de présenter au gou-
vernement les drapeaux pris sur l'ennemi
dans celle campagne, et obtint d'abord
une place au bureau topographique. Il
devint ensuite inspecteur aux revues ,
commandant extraordinaire de la 4e di-
vision militaire près le congrès de Luné-
ville, administrateur général des postes,
et enfin directeur général des écoles mi-
litaires. Chargé spécialement du gouver-
nement de celle de Sainl-Cyr, il montra
beaucoup de fermeté et de présence d'es-
prit dans une occasion fort périlleuse. Dans
les premiers jours de juillet 1815, un of-
ficier et six soldats prussiens qui se trou-
vaient isolés de l'armée avaient cherché
à Sainl-Cyr un asile que l'àme généreuse
du général crut devoir leur accorder. Une
troupe nombreuse de fédérés qui était dans
le voisinage en fut instruite et se présenta
devant l'école, en demandant «à grands
cris les malheureux Prussiens, et cher-
chant à engager les élèves à prendre les
BEL
189
BEL
armes et à sortir avec eux; mais Bella-
vène, au premier bruit, avait mis les
Prussiens en lieu de sûreté et fait fermer
plusieurs portes sur les élèves. Il se pré-
senta seul devant cette troupe de furieux,
et leur déclara « qu'il devait compte des
» armes au ministre, des élèves à leur
» parens , de ses hôtes à lui-même et à
» l'honneur. » Sa fermeté parvint avec
peine à les calmer. Mais enfin , le voyant
inébranlable , ils se retirèrent. Le général
Bellavène devint général de division en
4807, chevalier de Saint-Louis en 4814,
et fut mis à la réforme , par suite de la
suppression de Saint-Cyr. Alors il se re-
tira au sein de sa famille , où il consacra
tous ses momens à l'éducation de ses en-
fans , et mourut en février, 4826, à Milly,
petite ville du Gàtinais.
BELLAY ( Guillaume du ), seigneur
de Langey , d'une famille très illustre , fut
envoyé par François Ier, en Piémont, en
qualité de gouverneur. Il avait déjà donné
plusieurs preuves de son courage et de
sa prudence. C'était le premier homme
de son temps pour découvrir ce qui se
passait dans les cours étrangères. Il mou-
rut à Saint-Symphorien , entre Lyon et
Boanne, en 1543. Il a écrit des Mémoires
4753 , 7 vol. in-12 , qui sont une apologie
continuelle de François VT , et une satire
de l'empereur Charles-Quint. On a encore
de du Bellay, un Epitome de l'histoire
des Gaules , imprimé avec ses opuscules,
4556, in-&°. C'est un des premiers qui
révoqua en doute le merveilleux de l'his-
toire de Jeanne d'Arc. On lui fit cette
épilaphe :
Ci-gît T.angey, qui , de plume et d'épe'c ,
A surmonté Cicéron et l'ompte.
Ses frères Jean et Martin du Bellay lui
firent élever un beau mausolée dans l'é-
glise cathédrale de Saint-Julien du Mans.
BELLAY (Jean du), cardinal, frère
du précédent, fut successivement évéque
de plusieurs églises, ensuite de celle de
Paris en 1532. L'année d'après, Henri
VIII , roi d'Angleterre , faisant craindre
un schisme, du Bellay, qui lui fut envoyé,
obtint de lui qu'il ne romprait pas encore
avec Borne , pourvu qu'on lui donnât le
temps de se défendre par procureur. Du
Bellay partit sur-le-champ , pour deman-
der un délai au pape Clément VII. II l'ob-
tint sans peine, et envoya un courrier au
roi d'Angleterre pour avoir sa procura-
tion. Mais ce courrier ne revenant pas ,
Clément VII fulmina l'excommunication
contre Henri VIII, et l'interdit sur ses
états. Ceux qui ont accusé le pape de pré-
cipitation, ne sont guère instruits des cir-
constances de cette affaire ( Voyez CLÉ-
MENT VII ). Du Bellay fut fait cardinal
en 1535, par Paul III, successeur de Clé-
ment VII. Il remplit ensuite les sièges de
Limoges , de Bordeaux et du Mans. Après
la mort de François Ier, du Bellay, persé-
cuté par les Guise , se retira à Borne, et y
mourut évéque d'Ostie en 4560. Les let-
tres lui durent beaucoup. Il se joignit à
Budé, son ami, pour engager François Ier
à fonder le collège royal. Babelais avait
été son médecin. On a de lui quelques
Harangues , une Apologie pour Fran-
çois Ier, des Elégies,, des Epigrammcs, des
Odes, recueillies , in-8° , chez Robert
Etienne, en 4546. Brantôme dit « que le
» cardinal du Bellay fut un des plus sa vans,
» éloquens , sages et avisés de son temps;
«qu'il était pour tout, et un des plus
» grands personnages en tout et de lettres
» et d'armes qui fût. »
BELLAY ( Martin du ), frère de Guil-
laume et de Jean , fut comme ses frères ,
un bon négociateur , un grand capitaine
et un protecteur des lettres. François Ie'
l'employa. Il nous reste de lui des Mémoi-
res historiques ( depuis 4513 jusqu'à l'an
1543 ), qui sont réunis à ceux de Guil-
laume son frère. Quelque plaisir que les
curieux trouvent à la lecture de ces Mé-
moires, ils se plaignent de la longueur
des descriptions que l'auteur fait des ba-
tailles et des sièges où il s'était trouvé.
Cet homme aussi sage qu'habile , mourut
au Perche en 1559. Il était prince d'Yve-
tot, par son mariage avec Elizabeth Chenu,
propriétaire de cette principauté.
BELLAY ( JoACniM du ). né vers 1524,
à Lire , bourg à 8 lieues d'Angers , ac-
compagna à Borne le cardinal du Bellay,
son parent, qui voulait, dit-on, se dé-
mettre en sa faveur de l'archevêché de
Bordeaux. De retour à Paris , du Bellay
fut fait chanoine delà cathédrale. Il mou-
rut en janvier 1559 ou 1560. Ses poésies
Françaises, imprimées à Paris en 15G1,
in-4°,* et 1597, in-12 , lui firent une répu-
tation. Elles sont ingénieuses et naturel-
les. Il aurait été à souhaiter que l'auteur
eût eu plus d'égard à la décence et aux
convenances de son état, et qu'il eût imité
les anciens dans ce qu'ils ont de bon et de
sensé , et non dans les libertés qu'ils ont
prises. Ses poésies latines , publiées à
Paris , 45G9 , en 2 parties in-4°, sont très
inférieures à ses vers français. Il y célèbre
BEL 190
sa maîtresse Viole sous le nom d'Olive ,
qui est l'anagramme de Viole.
* BELLAY ( François-Philippe ) , mé-
decin , né le 20 août 1762 , à Lent , petite
ville près de Bourg en Bresse , d'une fa-
mille honnête , mais peu riche, étudia la
médecine avec succès, et fut reçu docteur
par acclamation, le 28 octobre 1790. Il
s'établit d'abord à Chalamont auprès d'un
oncle qui avait fait les frais de son édu-
cation , et ensuite à Lyon , où il fut of-
ficier municipal pendant le siège. Obligé
de fuir, il ne trouva un asile sûr qu'aux
armées , et bientôt ses lalens reconnus le
firent admettre comme médecin militaire
dans les armées des Alpes et d'Italie.
Lorsque le retour de l'ordre lui permit de
rentrer en France , il revint exercer la
médecine à Lyon, et il mérita l'estime et
l'affection de ses compatriotes. Il est mort
à Màcon le 28 septembre 1824, en reve-
nant d'accompagner un de ses fils à Paris.
Il avait été un des propagateurs les plus
zélés de la vaccine. Son éloge a été pro-
noncé à la société de médecine de Lyon ,
dont il fut successivement secrétaire-gé-
néral et président. On. le trouve dans les
Archives historiques et Statistiques du
département du Rhône, 1825, tome 1. Il
a publié avec le docteur Brion un excel-
lent journal intitulé le Conservateur de
la santé , journal d'hygiène et de pro-
phylactique, Lyon, 1799-1804, 5 vol. in-
8°, et depuis la cessation de ce journal
jusqu'en 1813, diverses observations sous
le litre de | Météorologie médicale. On a
encore de lui | la Galalée des médecins ,
traduite de l'italien de Pasta ; | une histoire
raisonnée des maladies observées à Na-
plcs, aussi traduite de l'italien de Sar-
conne, 1803-1805, 2 vol. in-8°; | et un Ta-
bleau historique de la vaccine depuis le
3 avril 1801 jusqu'au 51 décembre 1809,
qu'il a puhlié de concert avec M. Brion
en 1810.
BELLE ( Etiexxe de la ) , dessinateur
et graveur, naquit à Florence en 1610.
Les estampes de Cahot , sur lesquelles il
se forma, firent connaître son talent. Sa
gravure est moins fine , son dessin moins
précis : mais sa pointe est légère et déli-
cate. Il mourut à Florence , en 1064 ,
comblé d'honneurs par le grand-duc.
* BELLE (Clément-Louis-Marie-Anne),
peintre d'histoire , né à Paris en 1722 ,
mort le 29 septembre 1806. En 1755 il fut
nommé inspecteur de la manufacture des
Gobelins pour la partie des arts, et en
1761 membre d<» l'académie de peinture
BEL
dont il devint recteur ; malgré ses grandes
occupations il n'a pas laissé de produire
plusieurs tableaux de mérite, entre autres :
la réparation des saintes hosties ; Ulysse
reconnu par sa nourrice , et un Christ
destiné à l'une des salles du parlement de
Dijon , etc. Le calque exécuté sur papier
transparent des fresques de Raphaël, que
l'on voit au Vatican , est regardé par les
artistes comme un chef-d'œuvre de fidé-
lité et de pureté.
BELLE VU ( Rémi ) , naquit à Nogent-
le-Rotrou , dans le Perche , en 1528. Le
marquis d'Elbeuf , général des galères de
France , le chargea de veiller à l'éduca-
tion de son fils. Il mourut à Paris en 1577.
Ses pastorales furent estimées par ses con-
temporains. Ronsard l'appelait le Peintre
de la nature. Il fut un des sept poètes de
la Pléiade Française. Son poème De la
Nature et de la diversité des pierres pré-
cieuses ..qui passait alors pour un bon ou-
vrage , fit dire de lui , à quelqu'un qui
aimait apparemment les mauvaises poin-
tes : Que ce poète s'était bâti un tombeau
de pierres précieuses. Sa traduction d'A-
nacréon est bien loin de l'original. Ses
œuvres poétiques furent recueillies à
Rouen, en 1604, 2 vol. in-12.
* BELLECIZE ( Hugues- François-Ré-
gis de)* éveque de Saint-Brieuc , refusa
de prêter le serment à la Constilulio?i ci-
vile du clergé. Enfermé dans la même
prison que Laharpe, il eut la gloire da
ramener cet écrivain à la religion. La ré-
volution du 9 thermidor lui rendit la li-
berté. Bellecize mourut à Paris, le 20
septembre 1796 , à 64 ans.
BELLEFOREST ( François de ), né au
village de Sarzan , près de Samaten en
Guienne, l'an 1530 , mourut à Paris en
1583. Cet écrivain était si fécond , qu'on
disait qu'il avait des moules à faire des
livres; mais on ne disait pas qu'il en eût
à en faire de bons. Sa plume lui donna du
pain. On a de lui une mullitude d'ouvra-
ges , dont plusieurs sont in-fol. | L'His-
toire des neuf rois de France qui ont eu
te nom de Charles* in-fol. ; | les Histoires
tragiques, 1616 et suiv., en 7 vol. in-16;
| les Histoires prodigieuses, à Lyon, 1598,
7 vol. in-16; | les Annales ou l'Histoire
générale de France, Paris, 1600, 2 vol.
in-fol. Il y a des choses curieuses : mais
le style en est embrouillé , et il faut avoir
beaucoup de courage pour chercher une
paillette d'or dans ce las de sable. Belle-
forest a poussé son Histoire jusqu'en
1574 et Gabriel Chapuis l'a continuée ju»
BEL
191
BEL
qu'en 1590. Celle suite se trouve dans l'é-
dition que nous avons indiquée.
BELLEGARDE ( Roger de Saint-Lary
seigneur de ), fut d'abord destiné à l'état
ecclésiastique. On l'envoya étudier à Avi-
gnon , où il tua un de ses compagnons
d'étude. Le maréchal de Termes , son
grand-oncle maternel , le reçut auprès de
lui, et l'employa. Il se distingua dans
plusieurs batailles. Henri III le fit maré-
chal de France en 1574 , lui donna le mar-
quisat de Saluées , et plus de 50 mille
livres de rente, en biens d'églises ou en
pensions, et l'élevaaux honneurs qui pou-
vaient flatter un courtisan. Brantôme dit
qu'on ne l'appelait à la cour que le Tor-
rent de la faveur. Ce fut par le conseil de
ce maréchal, vendu au duc de Savoie,
que Henri III lui restitua Fignerol , Sa-
villan et la Pérouse. Bellegarde ayant
perdu sa faveur, se relira en Piémont dans
son gouvernement en 1579 , avec le projet
de s'y rendre indépendant : ce qu'il exé-
cuta en effet, sans que le roi , occupé pour
lors d'affaires plus essentielles, plongé
d'ailleurs dans la mollesse et les plaisirs,
essayât de l'en empêcher. 11 était secrète-
ment soutenu du roi d'Espagne et du duc
de Savoie, quilui fournissaient de l'argent.
Il ne jouit pas long-temps de sa nouvelle
souveraineté , étant mort à la lin de cette
même année ; non sans qu'on soupçonnât
Catherine de Médicis de l'avoir fait em-
poisonner. Belie«arde avait épousé la
veuve du maréchal de Termes, son oncle.
* BELLEGARDE (Gabriel du P^VC de),
ancien chanoine comte de Lyon, né le 17
octobre 1717, au château de Bellegarde,
près de Narbonne , mort à Utrecht le 15
décembre 1789. Lié de bonne heure avec
Boursier et d'Etémarè, il en adopta les
principes, et lit plusieurs voyages en Hol-
lande pour travailler plus à son aise à la
propagation de sa doctrine. Dans les mêmes
vues il se démit, eu 1765, de son canoni-
cat de Lyon , dont il avait été pourvu en
1761. Son zèle et .son activité étaient extrê-
mes. Il assista à l'assemblée d'Utrecht en
1765, et ce fut lui qui en publia les actes
et décrets, que Clément XIII condamna.
Il lit de fréquens voyages en France en
1774 et 1775 , pour y soutenir le courage
de ceux de son opinion , et parcourut l'Al-
lemagne et l'Italie, pour y faire de nou-
veaux prosélytes. Il avait aussi des rela-
tions en Espagne et en Portugal. Son zèle
se déploya surtout en faveur de l'église
d'Utrecht pour laquelle il avait une pré-
dilection particulière. On a de lui ; } Mé-
moires pour se?vir à l'histoire de la bulle
dans les Pays-Bas, 4 vol. in-12. | Une
seconde édition du Journal de Dorsanne
auquel il ajouta un sixième volume, écrit
dans le même esprit. | L 'Histoire de l'é-
glise d'Utrecht. | Un Recueil de témoi-
gnages rendus à l'église d'Utrecht. \ Un
Supplément aux œuvres de Van-Espen,
qu'il fit précéder de la vie de l'auteur , et
qui forma le tome 5 de l'édition imprimée
à Lyon en 1778, 4 vol. in-folio. | Une tra-
duction française des Actes du synode de
Pistoie,^ vol. in-folio. | Une édition des
Œuvres d'Antoine Arnaud, qu'il fit im-
primer à Lausanne en 45 vol. in-4°, y com-
pris les 5 vol. de la Perpétuité de la foi.
Les soins de cette édition furent confiés
à l'abbé Hautesage, l'un des rédacteurs
des nouvelles ecclésiastiques. L'abbé de
Bellegarde fournit à Lanière les Mé-
moires avec lesquels celui-ci composa la
vie d'Arnaud , qui accompagne cette édi-
tion.
'BELLEGARDE (Octave de SAINT-
LARY de ) , archevêque de Sens , hls pos-
thume de César de Saint-Lary , naquit au
mois de février 1587. Quoiqu'il n'existât
qu'une promesse de mariage enlre sa mère
et César de Saint-Lary, il fut déclaré lé-
gitime, par arrêt du parlement de Bor-
deaux ; mais Boger de Bellegarde, cousin
de son père , recueillit sa succession et
destina, dès l'enfance, son jeune parent
à l'église. Il lit ses premières études à
Bordeaux et à Brouage , et ses cours de
philosophie et de théologie à Toulouse.
Il n'était encore que jeune clerc , lorsque,
par la faveur de Henri IV , il fut pourvu
de plusieurs riches abbayes, notamment
de celle de Saint-Germain d'Auxerrc, et
de la domerie d'Aubrac. Les bulles de la
première ne lui ayant élé accordées qu'a-
vec la clause cum voto profite ndi _, il prit
l'habit de bénédictin; mais ayant été
nommé à l'évêché de Couscrans , il fut
dispensé de prononcer des vœux. Le siège
archiépiscopal de Sens ayant vaqué en
1621 , par la mort de Jean du Perron ,
frère du cardinal , Bellegarde y fut nom-
mé. Il en prit possession en 1625 , après
qu'on eut soustrait à la juridiction métro-
politaine de Sens l'église de Paris , pour
l'ériger en archevêché. Le diocèse de Cou-
serans lui avait dû, pendant le peu de
temps qu'il avait été évèque, la fondation
d'un couvent de capucins ; celui de Sens
lui eut l'obligation d'un collège de jésui-
tes, et de plusieurs communautés reli-
gieuses *le l'un et de l'autre sexe , utiles à
BEL
192
BEL
l'instruction de la jeunesse , à la direc-
tion des âmes, et à l'édification publique,
ïl avait assisté , à Paris , à l'assemblée du
clergé de 1625 ; il présida celle de 1627 , à
Fontenay le Comte, et celle de 1641 à Man-
ies. Il y soutint avec courage les immunités
du clergé et les droits de l'épiscopat; un
exil fut le prix de sa fermeté. Il avait, en
4639, souscrit avec plusieurs autres évo-
ques la condamnation de deux ouvrages
intitulés l'un, Traité des droits et libertés
de l'église gallicane; et l'autre, Preuve des
mêmes libertés; il partagea les sentimens
du docteur Arnauld, et approuva son livre
intitulé De la fréquente Communion ;ilen
écrivit même à Urbain VIII. Il était versé
dans la théologie , et savant dans les anti-
quités. Il fit imprimer un ouvrage dont le
titre est Sdnctus Augustinus per se ij>sum
docens catholicos et vincens pelagianos.
Dans une lettre pastorale qu'il y joignit ,
il en recommanda la lecture aux fidèles
de son diocèse, et principalement aux
ecclésiastiques. On a cru, pendant quel-
que temps, qu'il en était l'auteur. Depuis,
on a su que ce livre était du Père du Juan-
net , oratorien. Bellegarde mourut le 24
juillet 1646, au village de Montreuil près
Paris. Son corps fut transporté à Sens , et
inhumé dans la cathédrale. Il légua ses
biens pour les trois quarts à l'église de
Sens, et Vautre quart aux pauvres.
BELLEGARDE ( Jean-Baptiste MOU-
VAN de ) , né en 1648, à Piriac , arrondis-
sement de Savenay, dans le diocèse de
Nantes, se fit jésuite, et le fut pendant
16 ou 17 ans. On prétend que son attache-
ment pour le cartésianisme , dans un
temps où il n'était pas encore à la mode,
l'obligea de sortir delà société. Depuis ,
il ne cessa d'enfanter volume sur volume.
Il employait le produit de ses ouvrages à
son entretien et à des aumônes. Il mourut
dans la communauté des prêtres de Saint-
François de Sales , en 1734. On a de lui
plusieurs traductions de Pères , de saint
Jean Chrysostôme, de saint Basile, de
saint Grégoire de Nazianze , etc. Elles ne
sont point en général assez fidèles. Ses
Versions des auteurs profanes , d'Ovide
et d'autres, sont peu estimées. On a de lui
encore divers ouvrages de morale : | Ré-
flexions sur ce qui peut plaire et déplaire
dans le monde ; \ Réflexions sur le ridi-
cule ; | Modèles de Conversations, et d'au-
tres écrits moraux, qui forment 14 petits
volumes. Ils se sentent de la précipitation
avec laquelle l'auteur les composait ; ce-
pendant l'abbé de Bellegarde avait de la
facilité dans le style , et quelquefois de
l'élégance.
BELLE-ISLE. Voyez FOUCQUET.
*BELLELLI ( Fulgenck ) , pieux et sa-
vant théologien de l'ordre des Augus-
tins, que son mérite éleva au généralat
de son ordre , était né dans le diocèse de
Conza , au royaume de Naples , et mou-
rut à Rome en 1742. Il avait publié , en
1713 , un ouvrage intitulé : Mens Augus-
tinide statu creaturœ rationalis ante pec-
calum , in-4°, qui fut dénoncé l'année
suivante à l'inquisition de Rome; mais,
on n'y trouva rien qui fût susceptible de
censure. Il avait donné en même temps :
Mens Augustùii de modo reparationis
creaturœ post lapsum adversùs Baianam
et Jansenianam hœresim, etc., dont le
but est de concilier la bulle Unigenilus
avec la doctrine de saint Augustin.
BELLENGER ( François ), docteur de
Sorbonne, naquit en 1688 dans le diocèse
de Lisieux , et mourut à 'Paris , en 1749 ,
à 61 ans. Il possédait plusieurs langues
mortes et vivantes. On a de lui : | une tra-
duction exacte de Denys d'Ilalicarnasse,
1723 , 2 vol. in-4°, réimprimée en 6 vol.
in-8°; | une traduction de la Suite des
Vies de Plutarque , par Rowe ; [ un Essai
de critique des ouvrages de Rollin , des
traducteurs d'Hérodote, et du Diction-
naire de la Martinière, in-8°, avec une
suite. Cet ouvrage , quoique écrit pesam-
ment, est estimé. Il résulte de la première
partie , que Rollin n'entendait que faible-
ment le grec, et qu'il s'appropriait sou-
vent les auteurs français , sans les citer.
Les deux autres parties sur les traduc-
teurs d'Hérodote et sur la Martinière , ne
sont ni moins justes , ni moins savantes.
Il a laissé en manuscrit une Version fran-
çaise d'Hérodote, avec des notes pleines
d'érudition.
* BELLEPIERRE DE AEUVE-EGLISE
(Louis- Joseph) , garde-du-corps du roi
et lieutenant de cavalerie, né à Saint-
Omer le 24 août 1727. On ignore l'époque
de sa mort. Il a publié : | le Patriote ar-
tésien , ou Projet de l'établissement d'une
académie d'agriculture , de commerce et
des arts en la province d'Artois , Paris ,
1761, in-8°; | Les vues d'un patriote, ou
la pratique de l'impôt, Avignon, 1761,
in-12 ; | l'Agronomie , ou les principes de
l'agriculture réduits en pratique , 1761,
in-8°; | Cours complet d'agriculture, du
commerce et des arts et métiers de France,
3 vol. in-8° ; | Boussole agronomique , ou
le guide des laboureurs, Yvetot et Paris,
BEL
17G2-17G5, 4 parties in-£
195
BEL
| Catalogue
hebdomadaire des livres nouveaux qui se
publient en France et chez les étrangers
1763 et années suivantes, in-8°; | Dis-
cours entre un seigneur et son fermier
sur différentes cultures des plantes utiles
aux manufactures, traduit du danois,
Paris, 1705, in-12; | la Maladie des blés
en herbe , traduite de l'italien, 17GG, in-
12 ; | l'Art de conserver les grains, par
Inticri , traduit de l'italien, 176G, in-12 ;
| la Fièvre de chaume , maladie pério-
dique chez les Danois lots de la récolle,
Paris, 1766, in-12; | l'Art de battre,
écraser, piler, moudre et monder les
grains avec de nouvelles machines, ou-
vrage traduit en grande partie du danois
et de l'italien , 17G9 , in-folio , avec trois
planches. Cet art se joint, ordinairement
aux Descriptions des arts et métiers.
* BELLET (Charles), prêtre du dio-
cèse de Cahors, bénéficier de la cathé-
drale de Montauban et. membre de l'aca-
démie de cette ville , né dans le Querci en
1702 , et mort à Paris en 1771 , avait dé-
buté par le ministère de la prédication,
où il obtint des succès; mais ayant été in-
terdit en 1734, à cause de certains prin-
cipes relatifs aux affaires de ce temps ,
il se livra à la composition de divers ou-
vrages. Il a remporté plusieurs prix aux
académies de Bordeaux , de Pau , de
Rouen , de Marseille et de Soissons. Ou-
tre ses discours académiques, on a de lui :
| Y Adoration chrétienne dans la dévotion
du rosaire , in-12 ; | Des droits de la re-
ligion chrétienne et catholique sur le
cœur de l'homme, 2 vol. in-12. On fait
l'éloge de la modération et de la clarté
qui règne dans ce dernier ouvrage. — On
connaît deux autres EELLET; l'un cha-
noine de Cadillac et membre de l'académie
de Bordeaux , a laissé des Lettres sur les
monnaies de Philippe Auguste et de saint
Louis, de bonnes Observations sur l'his-
toire profane, etc. ; le second, BELLET-
VERDIER, est auteur d'un Mémoire con-
cernant la justice, la police et la puis-
sance de la France , 1715 et 1714 , in-8".
* BELLETESTE (B. ) , savant orienta-
liste , né à Orléans , en 1778 , lit partie de
l'expédition d'Egypte en qualité d'inter-
prète , et rendit de grands services par la
correction des cartes géographiques de
cette contrée, et par la composition de
mémoires importans. De retour en Fran-
ce , il fut attaché au ministère des rela-
tions extérieures comme secrétaire inter-
prète jusqu'à sa mort, arrivée le 17 raai
2.
18 OS. On a de lui : Bulletins de la grande
armée, 1805, 1806 et 1807, traduits en
turc, avec M. Kieffe , imprimerie royale,
5 vol. in-4°, et les quarante T'isirs , re-
cueil de morale et de politique, traduit
du turc en français , in-4°. Il n'en a paru
que les premières feuilles sous le titre de
Contes turcs. Sa mort prématurée l'ayant
empêché de continuer celle traduction, il
a laissé en manuscrit le traité des pierres
précieuses traduit de l'arabe de Teifachy.
* BELLE VAL ( Pierre RICHER de),
médecin et célèbre botaniste, né àChâlons-
sur-Marne en 1558, mort à Montpellier
en 1623 , doit être regardé comme un des
fondateurs de la botanique en France. Il
est le premier qui l'enseigna spécialement
comme une science distincte de la méde-
cine. L'édit de création de cette nouvelle
ebaire est de 1593; mais il ne fut installé
comme professeur qu'en 1596. C'est lui
qui fut chargé d'établir le jardin de Mont-
pellier , et l'on peut regarder la forme
qu'il lui donna et ses distributions comme
un modèle en ce genre. On a de lui : | Re-
cherches des plantes du Languedoc .,
1603, in-4°, avec une suite sans indica-
tion d'année ; | Dessein louchant la re-
cherche des plantes du Languedoc , 1605,
in-8°; | Onomatologia, in-8° , réimprimé
par les soins de Broussonet, sous ce litre :
Opuscules de P. R. de Belleval , Paris,
1785, in-8°.
* BELLEVAL (Cîiari.es-Fraxçois DU
MA1SNIEL de), né à Àbbeville en 1753 ,
et mort dans la même ville en 1790 , se li-
vra de bonne heure à l'étude de la na-
ture , et fournit à l'Encyclopédie quelques
articles sur l'histoire naturelle. On lui doit
des observations intéressantes sur la bota-
nique, sur les auteurs célèbres qui ont
écrit dans celte partie, et enfin des notes
sur les coquilles et sur les lilhophytes.
* BELLE VILLE (le baron N. REDON
de), né à Thouars (Deux-Sèvres), en
1748 , fut envoyé à Paris pour étudier la
médecine , qu'il abandonna pour le droit
Il devint un des secrétaires de Turgot,
étudia sous ce ministre habile la science
des économistes , et obtint de Necker un
emploi dans les domaines , qu'il conserva
jusqu'en 1783. Il quitta la France à celte
époque pour se soustraire à la vengeance
d'un ennemi puissant, et fut accueilli par
le grand duc de Toscane , à qui il fit adop-
ter ses projets de finance et d'agriculture.
Pressé du désir de revoir sa patrie , Bel-
le ville s'embarqua en 1790, fit naufrage ,
et, ayant perdu tout ce qu'il possédait,
BEL 194.
accepta à Gènes un emploi dans l'opu-
lente maison des Cambiaso, qui ensuite
lui confia l'administration des domaines
qu'elle venait d'acquérir en Normandie.
Il resta dans l'obscurité jusqu'en 1793,
époque à laquelle il s'embarqua avec le
contre-amiral Latouche , et se chargea de
signifier au roi de Naples les volontés du
jouvernement français. On le débarqua
seul, sous le simple uniforme de grena-
iier de la garde nationale parisienne;
parvenu au palais à travers la multitude
çmi se pressait sur ses pas , il refusa de
communiquer avec les ministres, remit
ses dépècbes au monarque, et termina
heureusement sa mission. Il en vint ren-
dre compte lui-même à la Convention, et
fut nommé , en 1797 , ministre français
près de la république de Gènes. On lui
confia en même temps une mission, qui
n'eut aucun succès , près du sénat de Ve-
nise et du saint siège. A son retour à
Paris, il trouva la plupart de ses amis vic-
times des excès révolutionnaires. Pour
s'y dérober lui-même il monta des ateliers
d'armes dans le midi, et fit prospérer
celui d'Avignon. Il y fut néanmoins ar-
rêté comme suspect, et conduit dans les
prisons de Valence. Rendu à la liberté
sous le Directoire, il fut successivement
consul à Livourne et à Gènes, concourut
à l'expédition d'Egypte , et remplaça ,
comme chargé d'affaires, l'ambassadeur
français aux états génois. Après le 18
brumaire, il revint en France, fit partie
du corps-législatif, et fut envoyé à Li-
vourne et à Madrid , avec le litre de
commissaire-général des relations com-
merciales. En 1804 , Redon d<>. Belle ville
devint préfet de la Loire-Inférieure, et
fut créé, peu temps après, commandant
de la légion-d'honneur et baron. Nommé
intendant-général du Hanovre, après la
bataille d'Iéna (1807), il passa avec le
même titre dans les provinces illyrien-
nes, en 1810. Il demanda son rappel et
devint inspecteur des dépôts de mendi-
cité , puis administrateur des postes jus-
qu'en 1816. H rentra alors dans la vie
privée et mourut à Bailly , près de Ver-
sailles , le 10 août 1820, à l'âge de soixante-
douze ans.
* BELLEVUE (Jacques), célèbre juris-
consulte du 14e siècle , professait le droit
à Pérouse en 1514, et a laissé : | De usu
Feudorum; \ In novellas Justin., alias-
que legum partes, commenlaria; \ De
excommunicatione ; \ Praclica juris in
sexto; j De foro competenti curies roma-
BEL
nœ; \ Praxis judiciaria in criminalibus.
Cologne , 1580.
BELLEVUE (Armand de), religieux
dominicain , né dans la Provence , fut
attaché au pape Jean XXII , qui lui donna
l'emploi de lecteur du sacré palais. On a
de Bellcvuc : | un Dictionnaire des mots
les plus difficiles de la philosophie et de
la théologie, plusieurs fois imprimé ; | Ser-
mones per lotum fere annum declamabi-
les , Lyon, 1515, in-8"; | des Conférences
sur les psaumes , Taris , 1519 ; | des Priè-
res et des méditations sur la vie de Jé-
sus-Christ, Maycnce, 1503.
* BELLEY (l'abbé AUGUSTIN), né à
Sainte-Foy-de-Montgommery le 19 décem-
bre 1697 , dans le diocèse de Lisieux, mort
le 26 novembre 1771. Il n'a fait impri-
mer aucun ouvrage séparément , mais il
a composé plus de cinquante Disserta-
tions, observations et Mémoires , qui
ont été insérés dans le Recueil de l'aca-
démie des Inscriptions et belles-lettres ,
dont il était membre. Il a aussi fourni
des articles au Journal des savons de
1749 à 1755.
* BELLI (Cuérubi\), théologien cano-
nistc et poète sicilien , adonné : | le La-
grime di Maria Vcrgine nel Calvario en
langue sicilienne , Païenne , 1635 ; | des
Idtjlles, des Pastorales, et des Tragédies
sacrées.
* BELLI , religieux des frères hospita-
liers de Sicile au 17e siècle, se distingua
par son talent dans la chaire et ses écrits,
dont il ne reste que deux volumes do
Panégyriques , Rome, 1669 et 1672.
* BELLI .(Paul) , né à Messine, en
1588, entra, en 1603, chez les jésuites,
remplit divers emplois dans cette com-
pagnie, et fut en faveur auprès du pape
Innocent X, dont il était parent. 11 mou-
rut à Messine, le 15 janvier 1658. 11 a
laissé en latin quelques ouvrages de piété,
tels que Y Histoire de la Passion, Urée
des quatre évangélistes , un recueil de
mille éloges ou de mille traits à la louange
de la Vierge Marie, en 2 vol. in-fol., etc.,
et en italien : il Sacrifizio d Abraamo ,
rappresentazione tragicomica , Rome ,
1648 , sous le nom de Lelio Palombo. Si
ce nom est anagrammatique , comme on
l'a dit , c'est une raison de croire qu'il ne
s'appelait pas Paolo Belli , mais Ombelli,
comme l'ont voulu quelques auteurs.
* BELLLVRD (Augustin-Daniel, com-
te), lieutenant-général, grand-cordon de
l'ordre de la légion-d'honueur , né à Fou-
lenai-le-Comtc , le 25 mai , 1769 , entra
BEL i
comme capitaine dans le premier batail-
lon de la Vendée , fut employé , dans l'ar-
mée du Nord , par Dumouriez, en qualité
d'officier d'élat-major , et se distingua
aux affaires de Grandpré , de Sainte-Me-
nehould et de Jemmapes. Après les jour-
nées de Liège et de Nervvinde , il fut
fait adjudant-général. Le ministre de la
guerre , Bouchotte , l'ayant destitué après
la défection de Dumouriez , Belliard en-
tra comme soldat, plutôt que de quitter
le service , dans le troisième régiment de
chasseurs à cheval, et fut rendu peu de
temps après , à ses fonctions d'adjudant-
général sous les ordres du général Ho-
che. Il passa, en 1791), à l'armée d'Italie,
se distingua à Castiglione , à Vérone et à
Caldiero, eut deux chevaux tués sous lui
à Arcole , fut blessé et nommé général de
brigade sur le champ de bataille. Au pas-
sage du Lavis , il délogea les Autrichiens
des cîmes où ils s'étaient retranchés , ou-
vrit à Jaubert la vallée de l'Adige, bat-
tit le général Laudon, à qui il enleva deux
mille prisonniers et quatre pièces de ca-
non , et opéra sa jonction avec son chef à
Neumarck. En 1798, Belliard après s'être
emparé de Civila-Vecchia , fut chargé
de comprimer une violente insurrection
qui venait d'éclater parmi nos troupes à
Rome , et il y réussit. Compris dans l'ex-
pédition d'Egypte , il contribua au débar-
quement des troupes dans l'île de Malte ,
se signala au combat d'Alexandrie , prit
part à l'affaire de Chebreis , reçut la pre-
mière charge de Mamelucks à la bataille
des Pyramides et combattit à Sédiman et
à Sienne. Il rejeta les beys au-delà des
Cataractes, occupa Philé, et prit Cosseir,
d'où il redescendit à Farehal. Apprenant
alors qu'une nuée d'Arabes accourus de
toutes les parties de l'Yémcn , s'est em-
parée de notre flottille, il marche à eux,
ies bat, reprend les pièces avec lesquel-
les ils nous foudroient, et délivre le
Saïd de ces bandes redoutables. Appelé à
défendre la llasse-Ejjypte , il tint l'ex-
trême droite à la bat .ille d'Héliopolis, et
contribua au succès de la journée. Il re-
prit Damiette et le fort de Lesbé , fut
blessé au siège de Boulak, et fut chargé
plus tard du commandement du Caire.
Après la capitulation de cette place , il re-
vint en France et fut nommé en 1801
commandant de la vingt-quatrième di-
vision militaire. Belliard , devenu en 1805
chef d'ctat-major-général de la cavalerie
sous les ordres de Murât , contribua aux
succès de Virlingen, de Nércshcim et de
9 a BEL
Langucnau. Quelques jours après la ba-
taille d'Austerlilz , Napoléon le nomma
grand-officier de la légion-d'honneur. En
1807 et 1808, il fit les campagnes de Prusse
et de Pologne , sous Murât , assista à la
bataille d'Iéna , au combat de Prentzlow,
fit la sommation au général prussien pour
qu'il se rendit avec ses seize mille hommes
d'infanterie, six régimens de cavalerie,
quarante-cinq drapeaux et soixante-quatre
pièces d'artillerie, et parut à Stettin,à
Lubeck , à Golymin, à Hoff , à Heilsberg ,
à Eylau, à Friedland, à Tilsit. Il se rendit
en 1808 en Espagne , contribua à la red-
dition de Madrid , dont il fut nommé gou-
verneur, et reçut la croix de comman-
deur de la couronne de fer. Belliard se
signala encore dans les différentes jour-
nées qui marquèrent la campagne de
Russie , et surtout à la bataille de la Mos-
kowa, où par l'établissement d'une bat-
terie de vingt pièces de canon , il força a
la retraite les masses énormes de la garde
russe. Blessé dangereusement à Mojaïsk,
après avoir eu encore deux chevaux tués,
il suivit l'armée dans sa retraite , fut
nommé colonel-général des cuirassiers à
Smorgoni, et réorganisa toute la cavalerie
française, après son entrée dans la Prusse.
Il remplit à la bataille de Dresde, en 1813,
les importantes fonctions d'aide-major-
général de l'armée ; un boulet de canon
lui cassa le bras à la journée de Leipsick,
où pour la troisième fois deux chevaux
furent tués sous lui. Il succéda, en arri-
vant à Mayence , au majorrgénéral Ber-
thier, qui suivait l'empereur à Paris. En
1814 , Belliard fit la campagne de France,
en qualité d'aide-major-général jusqu'à la
bataille de Craonnc. Après cette bataille ,
il prit le commandement en chef de la ca-
valerie de l'armée et de celle de la garde
impériale, assista à plusieurs affaires,
reçut le grand-cordon de la légion-d'hon-
neur , et après l'abdication de Napoléon,
la croix de Saint-Louis de la main du roi,
qui le nomma pair de France et major-
général sous les ordres du duc de Berri.
Le 8 mars 181a , il suivit la famille royale
jusqu'à Beauvais, et sur l'invitation qu'il
reçut d'elle, revint de là à Paris. L'em-
pereur le nomma ministre plénipoten-
tiaire auprès de Joachim Murât, dont il
vit les derniers revers. A son retour en
France , il fut investi du commandement
des troisième et quatrième divisions mi-
litaires, fut arrêté après la seconde abdi-
cation , et conduit à l'abbaye, puis à Chail-
lot. Remis en liberté, il fut réintégré,
BEL
196
BEL
le 5 juin 1816, sur la liste des pairs, et
le 5 mars 1819 , dans le cadre de l'état-
major-général de l'armée. Après la révo-
lution de juillet, lorsque la Belgique se
fut séparée de la Hollande, le général
Belliard fut envoyé comme ambassadeur
à Bruxelles. Il est mort dans cette ville ,
en 1852 , âgé de 65 ans.
* BELLICARD (Jérome-Ciiarles), ar-
chitecte . né à Taris en 1726. Après avoir
remporté le grand prix, il alla en Italie,
et à son retour il fut nommé professeur
de l'académie d'architecture et contrôleur
des bâlimens du roi. 11 avait de grandes
connaissances dans son art , et il aurait
pu acquérir une existence honorable, mais
la passion du jeu détruisit sa fortune. Il
mourut dans la misère vers l'an 1786. Il
a publié avec Cochin fds : Observations
sur les antiquités de la ville d'JIercula-
num, avec quelques réflexions sur lapein-
ture et la sculpture des anciens , et une
courte description des environs de Naples,
4754, in-12, avec trente-trois planches
gravées par lui-même.
BELLIÈVRE, famille originaire de
Lyon, a produit : 1° Un chancelier de
France , sous Henri IV, qui avait servi
sous cinq rois , et mort en 1607. 2° Un pre-
mier président au parlement de Paris ,
sous Louis XIV, mort en 1657 , sans pos-
térité. On lui doit l'établissement de l'hô-
pital-général de Paris. 5° Deux prélats qui
aimaient les lettres et les cultivaient, et
qui furent archevêques de Lyon.
BELLIN (Gentile ) , peintre de Venise,
fut demandé par Mahomet II à la répu-
blique. Bellin fit plusieurs tableaux pour
cet empereur. On a parlé surtout de ce-
lui de la Décollation de St. Jean-Baptiste.
On a raconté à ce sujet une anecdote
qu'on trouve dans presque toutes les his-
toires des peintres, mais qu'un auteur cé-
lèbre a mise , je ne sais sur quelle preuve,
au rang des contes improbables, car cer-
tainement le fait ne sort pas du caractère
de Mahomet. Ce sultan trouva, dit-on,
6on ouvrage fort beau; il lui parut seule-
ment que les muscles et la peau du cou,
séparés de la tète, n'étaient point suivant
l'effet de la nature. Il appela tout de suite
un esclave auquel il fit couper la tète, pour
donner une leçon au peintre. D'autres
disent que Bellin empêcha cette barbarie,
et qu'il dit au sultan : Seigneur, dispensez-
moi d'imilcr la nature en outrageant l'hu-
manité. On ajoute que Bellin demanda son
congé , de peur que sa tète ne servit de
leçon un jour à quelque meilleur peintre
que lui. Mahomet , que la cruauté n'em-
pêchait pas d'aimer les arts , lui fit pré-
sent d'une couronne d'or de 3000 ducats,
et le renvoya avec des lettres de recom-
mandation pour sa république, qui lui
donna une pension , et le fit chevalier de
Sl.-Marc. Il mourut à Venise en 1501, à
80 ans.
BELLIN (Jean), frère du précédent,
avait un pinceau plus doux et plus cor-
rect que Gentile. Ils travaillaient de con-
cert à ces magnifiques tableaux qui sont
dans la salle du conseil à Venise. Jean fut
un des premiers qui peignit à l'huile.
Il publia ce secret, qu'il avait surpris à
Antoine de Messine, qui le tenait du célè-
bre Van-Dick. Il mourut en 1512, à 90 ans.
BELLIIV ( Jacques-Nicolas ) , ingé-
nieur-géographe de la marine , membre
de la société royale de Londres, né à
Paris en 1703, et mort en 1772. Personne
n'a mieux rempli les fonctions de son
état. Il a fait un grand nombre de cartes
marines qui forment plusieurs recueils :
le premier sous le nom de Neptune fran-
çais, comprend les côtes de France; le
second , sous celui de Hydrographie fran-
çaise comprend toutes les côtes connues
de notre globe. On a encore de lui : | Es-
sais géographiques sur les îles Britan-
niques, in-4°; | Description géographique
des îles Antilles , in-4° ; | de la Guyane ,
in-4° ; | de Denise et de la Morée , in-4a ;
| Le petit Allas maritime , 5 vol. \\\-k°.
C'était un auteur très laborieux.
BELLING (Richard), Irlandais, fut
pendant les troubles qui agitèrent sa pa-
trie , sous le règne de Charles Ier, un des
officiers les plus distingués des catholi-
ques et se dévoua au service de son sou-
verain. Il fut envoyé à Rome par le con-
seil des confédérés catholiques , établi à
Kilkenni; il y obtint des secours d'argent
et revint dans son pays, accompagnant
le nonce Rinuccini, archevêque de Fer-
me Mais la division s'étant mise parmi
les confédérés , et voyant que Cromwel
mettait tout à feu el à sang, Belling fut
obligé de se retirer en France, où il vé-
cut jusqu'au rétablissement de Cbarles II,
qui le fit rentrer dans la possession de
ses terres. Il mourut à Dublin en 1677.
Durant son séjour en France il écrivit
sous le nom supposé de Philopator Tre-
nœus , Vindiciarum Calholicorum lliber-
niœ , lib. 2. C'est l'histoire des affaires
d'Irlande depuis 1641 jusqu'en 1649. Cet
ouvrage ayant été critiqué, il en fit l' A-
pologie , Paris, 1G54, in- 8°.
IIEL 19
* BELMXG ( Guillaume- Sébastien ),
lieutenant- général prussien. Né d'une fa-
mille noble , il entra cornette dans le ré-
giment de hussards de Werner en Silésie,
et servit avec distinction dans les armées
de Frédéric II , qui le regardait comme
un de ses meilleurs officiers. Son avance-
ment fut rapide , et il se couvrit de gloire
En plusieurs occasions, particulièrement
contre l'armée suédoise. Avec quelques
bataillons de recrues et dix escadrons de
cavalerie, il sut la tenir en observation,
empêcher ses mouvemens et la harceler
avec succès. Comme il était de petite taille
et qu'il montait toujours le même che-
val, il était facile à reconnaître, et les
ennemis tiraient toujours sur lui; mais
on ne put jamais le déterminer à changer
de cheval. Il mourut à Slolpen en 1799.
BELLIIVI ( Laurent ) , né à Florence ,
en 1643, mourut dans cette ville en 1705,
âgé de 60 ans. Il professa la médecine
avec beaucoup de succès. Ses ouvrages
ont été imprimés en 2 vol. in-/t°, à Ve-
nise, 1732. On a encore de lui | Exercita-
tiones anatomtcœ , Leyde, 1726, in-/*0 ;
| Opuscula de molli cordis , etc., ibid.
1757, in-4°, figures.
* BELLOG ( l'abbé ) , né dans le canton
de Saint-Afrique , en 1737 , embrassa Tétai
ecclésiastique et se lit aimer dès sa jeu-
nesse par son heureux caractère et sa
piété douce. N'étant encore que vicaire,
il donna des preuves de cette charité in-
dustrieuse, qui devait signaler tous les
instans de sa vie. Pendant les années de
disette , occasionée par des menées bien
coupables, il eut recours à un emprunt
pour former un grenier public dans sa
paroisse, et il rendit ensuite les fonds
qu'on lui avait confiés , après avoir nourri
gratuitement les pauvres. En 1790, il fut
nommé curé à Brusque, paroisse dans
une situation peu agréable, et où ré-
gnaient quelques troubles. Il parvint , en
peu de temps , à y rétablir le calme , et y
gagna tous les cœurs, au point d'être
nommé président du canton et électeur.
Obligé de se réfugier en Italie pendant la
terreur, il y fut également estimé et ap-
précié; et lorsque des temps moins ora-
geux lui permirent de rentrer en France,
il voulut retourner dans sa petite cure,
où il continua de faire le bien avec celte
simplicité modeste qui craint le bruit et
l'éclat. Peu de temps après cependant , il
fut nommé à la cure de Saint -Afrique,
une des plus importantes du diocèse ; et
il y gagna également l'affection des habi-
7 REL
tans; mais, au bout de quelques années,
l'humble et pieux pasteur demanda à re-
tourner clans sa première paroisse, qui se
trouvait sans curé, et il prodigua à ses
ouailles non-seulement les instructions et
les aumônes, mais des soins de toute es-
pèce et des conseils sur leurs intérêts
personnels. Il leur ouvrit même une nou-
velle branche de commerce , en décou-
vrant quelques mines de charbon qu'il fit
fouiller à ses frais , et pour faciliter le
transport, il fil terminer une roule nou-
velle. Pour se rendre plus utile à ses pa-
roissiens , il s'était étudié à acquérir des
connaissances en médecine, et il avait
établi dans sa maison une pbarmacie pour
les pauvres. L'archevêque d'Albi, infor-
mé de son mérite , lui proposa des lettres
de grand-vicaire, mais il ne put le déter-
miner à quitter un lieu qui réunissait
toutes ses affections. Il y mourut en 1827.
et l'unanimité des regrets qu'il laissa dans
sa paroisse et dans les lieux circonvoisins,
prouva combien il était aimé et chéri.
Les habitans prirent le deuil, et se plai-
saient à raconter ses vertus et ses ser-
vices. M. Belloc était réellement instruit.
Il avait étudié les mathématiques , l'his-
toire naturelle , et il savait assez de droit
pour concilier les différends de ses parois-
siens; aussi plus d'une fois le tribunal de
Saint-Afrique engagea les plaideurs à le
choisir pour arbitre.
* BELLOC ( Jean -Louis ) , né en 1750 ,
à Saint-Martin , près d'Agen , mort dans
cette ville en 1807, élève des écoles de
Montpellier et de Paris , acquit dans sa
province une assez grande réputation
comme médecin. Ses ouvrages sont : | plu-
sieurs mémoires, insérés dans la collec-
tion de l'académie royale de chirurgie ;
deux furent couronnés en 1762 et 1771;
| un Cours de médecine légale J suivi des
lois d'exemption du service militaire,
1819 j. in-8° , 5e édit. ; j La Topogpaphie
physique , philosophique et médicale du
déparlement de Lot-et-Garonne , cou-
ronnée en 1806 par la société de médecine
de Paris ; | enfin un Mémoire manuscrit
sur les hydropisies.
* BELLOCQ ( Pierre ), né à Paris, va-
let-de -chambre de Louis XIV, plaisait
par .son esprit, par ses saillies, par sa
physionomie. Il était ami de Molière et de
Bacine. Il écrivit contre la Satire dis
femmes de Despréaux , mais il se récon-
cilia ensuite avec lui. Ses Satires des Pe-
tits-Maîtres et les Nouvellistes eurent
quelque succès, de même que son Poème
BEL
J9S
BEL
sur l'IIôlel des Invalides. Il mourut en
1704 âgé de 59 ans.
BELLOl ( Pierre ) , avocat-général au
parlement de Toulouse, naquit à Mon-
tauban, d'une famdle catholique. Son
attachement au parti royaliste, dans le
temps de la ligue , le lit accuser d'être un
hérétique et un brouillon. Henri III, dont
il soutenait la cause dans son Apologie
catholique contre les libelles publiés par
les ligués, le lit mettre en prison, l'an
1587 Henri IV , plus juste , le lira du pré-
sidial,où il n'était que conseiller, pour
lui donner la charge d'avocat-général du
parlement. Il laissa plusieurs ouvrages,
peu connus aujourd'hui.
BELLOl. Voyez BELLOY.
BELLO\. Voy. BELON.
* BELLOXI ( Jea»), chanoine de Pa-
doue , mort en 1623. On a de lui : Disser-
tations sur l'antre des Naïades.
* BELLOXI ( Jérôme ) , banquier de
Rome , jouissait d'un grand crédit sous le
pontificat de Benoit XIV, qui l'anoblit
en 1750, en reconnaissance du service
qu'il rendit à sa patrie par sa Disserta-
tion sur le commerce , dédiée au saint
Père. Cet opuscule fut traduit en fran-
çais , La Haye 1755 , in-12.
BELLORI ( Jean-Pierre) , né à Rome,
en 1615 , et mort en 1696 , à 80 ans , tourna
ses éludes du côté des antiquités et de la
peinture. Ses principaux ouvrages sont :
| r 'Explication des médaillons les plus
rares du cabinet du cardinal Carpcgna ,
auquel Bellori était attaché, Rome, 161)7,
in-4°, en italien; | les Vies des peintres,
architectes et sculpteurs modernes, à
Rome, 1672, in-4", en italien. Cet ou-
vrage, que l'auteur n'acheva pas, est
estimé, quoiqu'il ne soit pas toujours
exact, et il est devenu rare. | Descrip-
tion des tableaux j)eints par Raphaël au
Vatican , à Rome , 1695 , in - fol , en ita-
lien : livre curieux et recherché des pein-
tres. | Antiche Lucertie sepolcrali, avec
figures , en italien , 1694 , in-fol. | Gli An-
tichi Sepolcri , 1699 , in-fol., ou Leyde,
4718, in-fol. Ducker a traduit ces deux
ouvrages en latin, Leyde, 1702. in-fol.
) Veteres Arcus Augustorum , Leyde ,
1690, in-fol. | Admiranda Romœ anti-
quee vesligia, Rome, 1693, in-fol.; | Se-
conde édition del1 Hisloria Augusla d'An-
geloni , Rome, 1685, in-fol. | Fragmenta
vestigii veleris Romœ , 1673, in-fol. | La
Colonna Antoniniana, in-fol. | Pillure del
Sepolcro de Nasoni, 1680 , in-fol., traduit
en latin, Rome, 1738, in-fol. Tous ces
ouvrages sont recherchés des antiquaires.
La reine Christine lui confia la garde de
sa bibliothèque et de son cabinet.
* BELLOSTE ( Augustin ) , célèbre chi-
rurgien , né à Paris en 1654 , mort à Tu-
rin le 15 juillet 1730. Il fut chirurgien de
la duchesse douairière de Savoie II se-
consacra au service des armées , et prati-
qua son art avec succès. On a de lui le
Chirurgien d'hôpital ou manière de gué-
rir promptement les plaies , in-8° , plu-
sieurs fois réimprimé et traduit en di-
verses langues. Belloste est particulière-
ment connu par les pillules mercuriellcs
qui portent son nom , quoiqu'il n'en soit
pas l'inventeur. On en trouve la formule
dans la Pharmacopée de Renou , dit Re-
naudol; mais c'est lui qui en répandit
l'usage.
* BELLOVÈSE, premier chef gaulois
qui franchit les Alpes par la gorge de
Turin, vers l'an 590 avant J. C. Il défit
les Toscans sur les bords du Tésin , rem-
porta plusieurs victoires sur différens
peuples, et alla fonder la ville de Milan
( Mediolanum ) , dans un marais appelé
le Champ des Insubriens , vers l'an 550
avant J.-C, sous le règne de Tarquin
l'Ancien. Les nombreux soldats qui l'a-
vaient suivi se répandirent dans le pays
des Libuens, où sont maintenant les villes
de Brescia et de Vérone. De nouvelles
émigrations de Gaulois accourus au
bruit des exploits de Bellovèse s'établirent
successivement dans l'Etrurie, dans la
Ligurie , et jusqu'au pied des Apennins.
Bellovèse régna long-temps sur ces fer-
tiles contrées, qui prirent le nom de
Gaule cisalpine.
* BELLOY (Pierre-Laurent-Buvrette
du ) , de l'académie française, né à Saint-
Flour, en Auvergne, le 17 novembre 1727,
mort en 1775 , s'est distingué dans la car-
rière dramatique. Le Siège de Calais r
tragédie qui offre un des événemens les
plus frappans de l'histoire de France,
produisit une sensation très vive sur les
bons citoyens , et mérita des récompenses
à l'auteur. Le roi lui lit donner une mé-
daille d'or du poids de 25 louis , et une
gratification considérable. Les magistrats
de Calais lui envoyèrent des lettres de ci-
toyen dans une boite d'or; et son portrait
fut placé à l'hôtel-de-ville parmi ceux de
leurs bienfaiteurs. Sa versification est
dure et incorrecte , et l'auteur de la Dé-
cadence des lettres et des mœurs en a
porté un jugement sévère. « Les vers de
» Chapelain et de Pradon , dit-il , ne sent
BEL
199
BEL
» rien auprès de ceux de du BiHoy; ce
» pendant le malin vieillard de Ferney
» lui écrivait au sujet de Zelmire : Trous
» aimez le style de Racine , et vous avez
» vos raisons pour cela... vous joignez à
» la beauté des vers le mérite de faction
» théâtrale. La beauté des vers de du
» Belloy ! Oh \ comme il se moquait ! Je
i> suis sûr que ce bon vieillard pouffait de
>> rire , en écrivant sa lettre. Du Belloy la
* rapporte avec confiance , tant l'a mou r-
» propre est aveugle ! comme un titre qui
» l'égale à Racine. Pour moi je ne reviens
» point de la beauté des vers de du
* Belloy. » Ses autres tragédies, Titus,
Zelmire , Gabrielle de Vergy , Gaston et
Hagard, Pierre le Cruel, réussirent moins
que le Siège de Calais , parce qu'avec les
mêmes défauts, elles sont moins animées
par l'enthousiasme patriotique qui fit va-
loir celle-ci. Elles ont d'ailleurs, Ga-
brielle de Vergy surtout ( V. F AIEL ) , une
teinte noire qui n'est pas du bon tragi-
que , et qui a fait dire à l'auteur que nous
venons de citer : « A quoi la scène fran-
» çaise est-elle en effet réduite aujour-
> d'hui ? La terreur et la pitié en sont
» bannies ; mais la sombre horreur y rè-
» gne. Il semble que les poètes prennent
» à tàcbe de dénaturer le genre tragique.
» Comme ils ignorent l'art de remuer les
«passions, de toucher, d'attendrir el
» d'intéresser , ils se contentent de flétrir
» le cœur, de noircir- l'imagination, de
» forcer les spectateurs à détourner les
» yeux des objets atroces qu'ils offrent à
» leurs regards. On dirait que les poètes,
» à l'envi, se disputent entre eux à qui
» noircira le plus la scène. Incapables
» d'atteindre à la charmante et sublime
» simplicité de Racine, ils n'ont que la
i misérable ressource de franchir toutes
» les règles , de multiplier les coups de
» théâtre , d'augmenter la pompe du spec-
» tacle, de frapper les yeux, de laisser
» l'esprit vide et le cœur dans une an-
» goisse insupportable. On n'a pas senti
» qu'en admettant ce genre barbare, on
>» allait changer les mœurs de la nation.
» Comment les femmes , dont la douceur
»• est le partage , qui tressaillent à toute
* émotion , dont les sensations sont si
» vives et les nerfs si délicats, ont-elles
» pu s'accoutumer à toutes ces horreurs
» tragiques qui ne sont rachetées ni par
» la beauté des vers , ni par le charme du
» style et la richesse de' l'expression , ni
». par la noblesse et l'élévation des pen-
»sées? Quelques froides sentences, des
» maximes audacieuses et hardies en font
» le seul mérite. » M. Gaillard, de l'aca-
démie française , a donné une édition des
OEuvres de Du Belloy, en 6 vol. in-8°.
* BELLOY ( Jratj -Baptiste de ; , car-
dinal, archevêque de Paris , né en 1709 à
Morangles dans le diocèse de Beau vais ,
d'une famille très ancienne, qui avait
fourni à l'état des'militaires d'un mérite
distingué, embrassa jeune encore l'état
ecclésiastique. Dès son début, le cardi-
nal de Gesvres, son évêque , se l'attacha
en le nommant officiai el archidiacre de
son église. En 1751, il fut sacré évêque
de Glande ve. Belloy assista à la fameuse
assemblée du clergé de 17;k> , et s'y rangea
du côté des prélats modérés, désignés
sous le nom de Feuillans , parce qu'ils
avaient à leur tète le cardinal de la Rc-
chefoucault, qui tenoilla feuille des béné-
fices , et qui étaient opposés au parti des
Théalins, ainsi nommés parce qu'ils sui-
vaient les principes de l'ancien évêque
de Mircpoix, qui avait été de cet ordre.
A la mort de M. de Belsunce, évêque de
Marseille, M. de Belloy fut désigné pour
le remplacer, comme le prélat le plus
propre par sa prudence et sa modération
à ramener la paix qui avait été troublée
dans ce diocèse par les querelles de la
bulle Unigenilus. Il sut si bien en effet
gagner la confiance des deux partis , sans
rien abandonner de ce qui tenait aux
principes, que tous les germes de dis-
corde furent étouffés. Obligé de quitter
son diocèse, pendant les orages de la ré-
volution, ce prélat se retira àChambly,
pelite ville voisine du lieu de sa nais-
sance , et il y passa les momens les plus
critiques sans éprouver aucun danger
imminent. A l'époque du concordat, il se
démit le premier de sa dignité d'évèque
pour en faciliter la conclusion. En 1802 ,
il fut nommé à l'archevêché de Paris, et
reçut, l'année suivante, le chapeau de
cardinal. Malgré son extrême vieillesse,
il gouverna son nouveau diocèse avec la
même sagesse qu'il avait montrée dans
celui de Marseille. Un rhume calharral
l'enleva le 10 juin 1808 , à l'âge de 99 ans.
ÏI fut enterré dans le caveau de ses pré-
décesseurs. Napoléon ordonna qu'il lui
fût élevé un monument. Jean-Baptiste de
Belloy avait deux frères dont l'un , Jac-
ques-Tranquille , entra jeune encore dans
l'ordre de Prémontré et fut nommé par
le roi à l'abbaye régulière de Corneux ,
du même ordre, près de Gray. Il fit re-
bâtir son église qui tombait de vétusté,
BEL
200
BEL
constiuirc un pont et ouvrir des che-
mins. Il mourut à Corneux en 1773.
— L'autre, proies comme le précédent
de l'abbaye de Bcllozane , devint succes-
sivement prieur de cette maison, de l'ab-
baye d'Abbecourt dans le diocèse de
Chartres, et prieur-curé de la cure d'An-
girey , dépendante de Corneux. Il mourut
avant la révolution. On a de lui un Eloge
funèbre du dauphin, père de Louis XVI,
Taris, 1740, in-4°.
* JBELLUCCI ( Antoine ) , célèbre pein-
tre italien, né dans le ïrévisan en 1654 ,
et mort en 1726. Joseph Ier l'appela à
Vienne, et l'y retint par de grandes ré-
compenses. Il excellait surtout à peindre
les petites figures dans les paysages, et
il passe pour être l'auteur de celles des
plus beaux tableaux du célèbre Tem-
pesta. L'église du Saint-Esprit à Venise
possède un tableau de cet artiste.
* BELLUCCI ( Thomas ) , botaniste ita-
lien , né à Pistoie , était directeur du jar-
din de l'université de Pise, et professeur
de botanique, vers le milieu du 17e siècle.
Il a publié le catalogue des plantes qui y
étaient cultivées à cette époque, sous ce
titre : Plantarum index horti Pisani,
cum appendice Angeli Donninii Floren-
lini, Florence, 1662, in-16 de 64 pages.
* BELLUGA ( Louis- Antoine de Mon-
cade de ), issu d'une famille ancienne du
royaume de Grenade , en 1662 , et sacré
évéque de Carlhagène en 1705, se fit re-
marquer par son assiduité à remplir les
fonctions de son ministère , et par sa cha-
rité pour les pauvres. L'Espagne lui doit
plusieurs maisons de refuge, des collèges,
des séminaires, et la fondation de la con-
grégation de Saint-Philippe de Néri. Clé-
ment XI , instruit de son mérite et de son
zèle pour les intérêts de l'Eglise, lui
donna de son propre mouvement, en
1719, le chapeau de cardinal, qu'il n'ac-
cepta que sur des ordres réitérés. En
1724 , il se démit de son évêché et se re-
lira à Rome, où il ne fut pas moins con-
sidéré qu'en Espagne. 11 y mourut le 2
février 1743. Il avait composé, sur les
affaires ecclésiastiques, différens mé-
moires et opuscules qui sont restés ma-
nuscrits.
* BELLUTI ( Bonaventure ) , né à
Catane en Sicile, et de l'ordre des frères
mineurs conventuels, naquit vers l'an
1599. Il se fit une grande réputation dans
son temps, comme théologien et comme
philosophe. Il passa une grande partie de
sa vie en voyages, et occupa des châtres
de philosophie et de théologie successive-
ment en Italie, en Allemagne et en Polo-
gne. De retour dans sa patrie, il y mou-
rut le 18 mai 1676. Ses œuvres philoso-
phiques, écrites en latin, d'abord pu-'
bliées séparément, ont été réimprimées
en deux vol. in -fol. , sous ce titre : Phi-
losophiœ ad menlem Scoti cursus irUeger,
Venise, 1678, et ibid., 1727. Ce sont prin-
cipalement une Logique ( Logica parva)
qui avait eu plusieurs éditions, et des
Commentaires ou Argumentations ( Dis-
putaliones ) sur plusieurs traités d'Aris-
tote , in octo libros phxjsicorum t in orga-
num, in libros de gêner alione et corrujh-
tione, in libros de cœlo et mundo et me-
teoris , in libros de anima. C'est particu-
lièrement dans ses Dispulaliones in orga-
num qu'il se montre philosophe scoliste ,
comme l'annonce le titre du recueil; il y
défend la logique de Scot contre tous les
traits, tant anciens que nouveaux, dont
elle avait été l'objet, quibus ab adversan-
tibus tum velerum tum recenliorum ja-
culis Scoti logica vindicatur. Il laissa des
opuscules de morale qui furent imprimés
après sa mort : Moralium opusculorum
miscellanea apparatu digestorum alque
resolutiomim liber posthumus, Catane,
1679 , in-fol.
* BE LMOATï ( Pierre ) , chevalier de
St. -Georges, né à Rimini, en 1537, est
connu comme écrivain moraliste et com-
me poète. Il composa l'ouvrage de morale
qu'on a de lui, à l'occasion du mariage de
sa fille; il est intitulé : Insiiluzione délia
sposa, et ne fut publié que plusieurs
années après , par son fiLs Trajan , Rome,
1587, in-4°. Ses poésies sont éparses dans
différens recueils du temps.
BELOA (Pierre), docteur en méde-
cine de la faculté de Paris . naquit vers
1517, dans le Maine. Il voyagea en Judée,
en Grèce, en Egypte, en Arabie, et pu-
blia, en 1553, in-4°, une relation -de ce
qu'il avait remarqué de plus considérable
dans ces pays, que Charles l'Ecluse a
traduite en bon latin , Anvers , 1589. C'est
un itinéraire fort curieux : l'auteur n'y
décrit rien qu'il n'ait observé de ses yeux.
A la description des lieux , des monu-
mens et des mœurs des peuples , il a
ajouté la description des plantes et des
animaux. Il composa plusieurs autres
ouvrages peu communs, cl qui furent
recherchés, dans le temps, pour leur
exactitude et pour l'érudition dont ils
sont remplis. Les principaux en latin
son' : [ De arboribus. canif 'ris , Paris,
BEL
201
BEL
1553, in-4°, figures. | De admiranda ve-
lerum fàbricarum structura; \ De Me-
dicalo Funere; en français; | Histoire
des oiseaux, 1553, in-fol.; | Portraits
d'oiseaux, 1557, in-4°; | Histoire des pois-
sons , 1551 , in-4°, figures. | De la nature
et diversité des p>oisso?is , 1555 , in-8°. Le
même en latin, 1553, in-8°, etc. Il pré-
parait de nouveaux livres , lorsqu'un de
Bes ennemis l'assassina près de Paris . en
4564. Henri II et Charles IX lui avaient
accordé leur estime , et le cardinal de
Tournonson amitié.
* BELOSELSKI (prince de), né à Pé-
tersbourg en 1757, fut envoyé dans sa
première jeunesse en qualité d'ambassa-
deur de Catherine II à la cour de Turin.
On assure qu'il fut rappelé parce qu'il
écrivait ses dépêches avec une élégance
un peu recherchée , et qu'il s'occupait de
composer divers ouvrages, entre autres
les éloges historiques des grands hommes
que la Russie a produits. 11 se consola en
consacrant une grande fortune et ses loi-
sirs à l'avancement des sciences, et à se-
courir le malheur. Sa maison fut constam-
ment ouverte dans un temps d'exil et
d'orage à tous les Français qui étaient ve-
nus se réfugier à Pétershourg. Il mourut
vers la fin de 1809. Il a laissé quelques
productions où l'on trouve de l'esprit , des
connaissances variées et le talent de la
poésie française, autant que les étrangers
peuvent l'avoir. Marmontel a publié , en
4789 , ses poésies sous ce titre | Poésies
françaises d'un prince étranger, 1789 , in-
8°. On a encore de lui : | Dianéologie , ou
tableau de l'entendement , in-8°, rare.
J De la musique en Italie, 1778 , in-8°.
* BELOT (Jean), curé de Mil-Monts ,
né à la fin du 16e siècle , s'adonna à l'é-
tude des sciences occultes. La lecture des
ouvrages de Raymond Lulle et <de Cor-
neille Agrippa lui remplirent la tète d'i-
dées chimériques. Il les développa dans
un livre intitulé : l'OEuvre des OEuvres,
ou le Plus Parfait des sciences stégano-
graphiques , poulines , armadelles et lui-
listes, Paris, 1623, Rouen, 1640, in-8°. Il
dit sérieusement dans ce livre , qu'ayant
atteint la perfection dans les sciences di-
vines et humaines, il se croirait coupable
de tenir cachés les secrets admirables qu'il
avait découverts. Celui qu'il indique pour
acquérir de la mémoire , ou pour la for-
tifier, a beaucoup de rapport avec la mé-
thode enseignée publiquement à Paris , il
y a quelques années, et qui trouva des
admirateurs, même parmi des hommes
justement célèbres. Iielot publia encore,
à la sollicitation , dit-il , de ses amis et de
ses élèves , des Instructions pour appren-
dre les sciences de chiromancie et phy-
sionomie. Ses différens ouvrages furent
recueillis en 1 vol. in-8°, à Rouen, 1647,
1669, et Lyon, 1654.
BELOT (Jean), de Blois , avocat an
conseil privé de Louis XIV, composa une
Apologie de la langue latine , Paris, 1657,
in-8°, dans laquelle il voulait prouver
qu'on ne devait pas se servir de la fran-
çaise dans les ouvrages sa vans. Cet écrit,
de 80 pages , est dédié à M. Séguier, chan-
celier de France. Le sentiment de Bclot
n'est pas à beaucoup près aussi ridicule
que Ménage l'a prétendu. L'universalité et
l'immutabilité de la langue lafine suffisent
pour le justifier : d'ailleurs , les anciens
ouvrages sur les sciences ne sont pas écrits
en français, et il est évident que la mul-
titude des modèles donne la facilité , la ri-
chesse, la variété et l'exactitude des ex-
pressions. Enfin, les ouvrages sa vans n'é-
tant pas pour le peuple , il est déraisonna-
ble de les écrire dans les langues popu-
laires, surtout dans des langues mobiles et
inconstantes , que le caprice change tous
les jours, et qui d'un siècle à l'autre ne
sont plus intelligibles.
* BELOT (Octavie, née GUICHARD),
veuve d'un avocat au parlement , épousa
ensuite le président Durey de Meynières,
et mourut à Chaillot en 1805 , dans un
âge très avancé. Elle a traduit de l'anglais
plusieurs romans, et l'histoire de la mai-
son de Tudor, et celle de Hume Plantage-
net : mais l'ouvrage qui fait le plus d'hon-
neur à sa plume , est les Réflexions d'une
provinciale sur le discours de J. J. Rous-
seau touchant l'inégalité des conditions ,
1756 , in-8°.
* BELPUSÏ (Thomas), gentilhomme
napolitain , embrassa les principes de la
révolution française , et joua un rôle dans
celle de Naples en 1798. Chargé de la dé-
fense de cette ville contre les Calabrois , il
fut excepté de la capitulation accordée aux
Français qui s'y trouvaient, jeté dans un
cachot, et condamné à mort la même an-
née 1798.
BELSUXCE DE CASTEL - MORON
(Heivri-Fraxçois-Xaviek de), né au châ-
teau de la Force , en Périgord , le 4 dé-
cembre 1671 , d'abord jésuite , ensuite
évêque de Marseille, en 1709, signala son
zèle et sa charité durant la peste qui dé-
sola cette ville, en 1720 et 1721. Il courait
de rue en rue, pour porter les secours
BEL 202
Icmporcls et spirituels à ses ouailles. Ce
nouveau Borromée sauva les tristes restes
de ses diocésains par celte générosité hé-
roïque. Il fit alors l'admiration de toute
l'Europe : Pope l'a célébré dans son Essai
sur l'homme :
Lorsqu'aux champ» de Marseille un air contagieux
Portait l'affreuse mort surscs rapides ailes ,
Pourquoi , toujours en butte à ses flèches mortelles ,
lin prélat , s'exposant pour sauver son troupeau ,
Marche-t-il sur les morts sans descendre au tombeau ?
Le roi l'ayant nommé, en 1723, à l'évê-
ché de Laon (duché-pairie) , il refusa
une église si honorable , pour ne pas
abandonner celle que le sacrifice de sa
vie et de ses biens lui avait rendue chère.
Il fut dédommagé de cette dignité par le
privilège de porter en première instance
à la grand-chambre du parlement de
Paris, toutes les causes qui regardaient
les bénéfices de son diocèse. Le pape l'ho-
nora du pallium. Il mourut saintement le
4 juin 1755, après avoir fondé à Mar-
seille le collège qui porte son nom. On a
de lui V Antiquité de l'église de Marseille ,
et la succession des évoques , Marseille ,
1747-1751 , 5 vol. in-4° ; des Instructions
pastorales et des ouvrages de piété. Mais
rien ne le peint mieux que la lettre écrite
à l'évêquede Toulouse, le 22 octobre 1720,
au plus fort de la peste. Cette lettre con-
tient d'ailleurs des détails curieux sur la
morale, les rigoristes, les appelans, l'es-
prit de la foi et de la charité ; elle est sur-
tout propre à démasquer une secte dont
l'hypocrisie a fait tant de mal à l'Eglise.
Voyez cette lettre dans le Journal histo-
rique et littéraire , 1er août 1789, page 501.
* BELSUNCE (le comte de), de la même
famille que le précédent, était, en 1790,
inajor en second au régiment de Bourbon,
infanterie , en garnison à Caen , où il avait
contribué à maintenir la tranquillité, lors-
que des soldats de son corps ameutèrent
le peuple contre lui. Son logement étant
entouré , il se réfugia à l'hôlel-de-ville ;
mais les magistrats ne lui accordèrent
point le secours sur lequel il devait comp-
ter. La populace furieuse le massacra, et
porta en triomphe son cœur sanglant. On
•a dit que Charlotte Corday était sa mai-
tresse , et qu'elle conçut alors contre Ma-
rat , dont les déclamations fougueuses
avaient allumé la rage populaire , la haine
qui dans la suite la porta à donner la mort
à ce monstre ; mais cette assertion est sans
fondement.
BELUS, roi d'Assyrie, chassa les Ara-
bes de Babylone , et y fixa le siège de son
BEL
empire , l'an 1322 avant Jésus-Christ. Ni-
nus, son fils et son successeur, fit rendre
à son père les honneurs divins. Saint Cy-
rille prétend que Bélus lui-même s'était
fait bâtir des temples, dresser des autels,
offrir des sacrifices. Quelques auteurs
croient que c'est le Bel ou Baal, dont il
est parlé dans l'Ecriture {Voyez BAAL).
D'autres ont pris Bélus pour Nemrod ,
mais il parait que celui-ci est fort anté-
rieur.
* BELZAIS-COURMEML ( Nicolas-
Bernard -Joachim- Jean), né à Eeouché
(Orne), en 1747, embrassa la profession
d'avocat , dont il étudia les devoirs auprès
de Colas, son beau-frère, et Goupil de
Préfeln , qui devint son beau-père , et qui
se fit remarquer à l'Assemblée consti-
tuante. Le jeune Belzais fut d'abord pro-
cureur du roi, puis procureur-syndic du
bureau intermédiaire d'Argentan , et fut
élu député aux états-généraux en 1789.
C'est lui qui proposa de div iser l'écu tour-
nois en parties décimales , et qui fit depuis
changer l'empreinte des monnaies. Après
la session , il fut nommé maire, de la com-
mune d'Argentan, entra au conseil des
Cinq-cents en l'an 6, y fit d'excellens rap-
ports sur l'administration des hospices ,
présida le corps législatif après le 18 bru-
maire, et passa à la préfecture du dépar-
tement de l'Aisne , où il mourut le 8 fruc-
tidor, an 12 (1804) , à l'âge de 55 ans.
* BELZOM (Jean-Baptiste), célèbre
voyageur, né en 1778 à Padoue, d'un pau-
vre barbier, travailla d'abord dans la bou-
tique de son père; mais il s'en dégoûta
promplement et céda à l'envie de courir le
monde. Il alla d'abord à Rome où il étu-
dia , dit-on , l'art hydraulique. A l'exemple
de beaucoup d'autres , il se fit moine pour
vivre, mais la révolution, et des goûts
bien opposés à ceux de la retraite l'enga-
gèrent à en quitter l'habit. Il se rendit
d'abord à Paris, revint à Padoue, passa
de là en Hollande, puis il s'embarqua pour
l'Angleterre où il arriva en 1805. Il s'y
maria , et pour trouver des moyens d'exis-
tence, il résolut de parcourir la Grande-
Bretagne en faisant des tours d'hydrauli-
que et des tours de force. Il était d'une
taille colossale et très musculeux. On le
vit attacher à son corps une vingtaine
d'hommes qu'il portait ou traînait avec
lui; niais cette pauvre ressource ne pou-
vait le mener loin. Il imagina que des ma-
chines hydrauliques seraient d'un grand
secours en Egypte, et il se décida à s'y
rendre pour en construire. Il en exécuta
BEM
205
BEM
une avec succès dans le jardin du pacha,
malgré tous les obstacles que la jalousie
lui susci ta ; mais une crainte superstitieuse
occasionée par un accident arrivé à une
des personnes chargées de faire mouvoir
la machine , détermina Méhémet-Ali à
n'en pas l'aire usage. Trompé dans son es-
poir, Belzoni se livra à la recherche des
antiquités, et sa première opération fut
de faire transporter de Thèbes à Alexan-
diie , et de l'embarquer pour l'Angleterre
le buste colossal connu sous le nom du
jeune Memnon, entreprise que l'on avait
crue inexécutable, et dont il vint à bout
à force d'adresse et de patience. Ce pre-
mier succès lui ayant assuré la protection
du consul anglais , il consacra dès ce mo-
ment à l'Angleterre tous les produits de
ses excursions. Sa bravoure , son ardeur,
et surtout sa persévérance étaient à toute
épreuve. Sa sagacité était si rare , qu'il
semblait qu'un instinct particulier lui ré-
vélât les lieux qui recelaient les monu-
mens les plus curieux. C'est à lui que sont
dues les découvertes du magnifique tem
pie d'Ysamboul, du superbe tombeau en
albâtre de Psammétique et de l'intérieur
d'une des pyramides. 11 avait entrepris un
nouveau voyage dans l'intérieur de l'A-
frique, mais à peine arrivé à Gaslo, près
de Bénin , il fut attaqué d'une dyssenterie
incurable qui mit fin à sa vie le 5 décem-
bre 1825. lia publié en anglais la relation
de son voyage en Egypte, qui a été tra-
duite en français par Depping sous ce ti-
tre : Voyage en Egypte et en Nubie „ suivi
d'un voyage sur la côte de la mer Rouge
et à l'Oasis de Jupiter- A mmon , Paris
1821, 2 vol. in-8°. On y joint quelques
fois l'atlas de l'édition originale de Lon-
dres , où l'on n'a fait qu'imprimer le fron-
tispice en français. Mahul a donné une
notice très étendue sur Belzoni dans la
première partie de son annuaire de
182G.
BEMBO (Pierre), noble Vénitien, na-
quit à Venise en 1470 , de Bernard Bembo ,
gouverneur de Bavenne. Son père ayant
été nommé ambassadeur à Florence , fit
venir auprès de lui le jeune Bembo , qui
y acquit ce style élégant et pur qui carac-
térise ses ouvrages. Il alla ensuite en Sicile
étudier la langue grecque, snus Augustin
Lascaris. 11 fit son cours de philosophie à
Ferrare, sous Nicolas Leoniceno. Ce fut
alors que ses poésies commencèrent à se
répandre. On admira la douceur de ses
vers; mais on le blâma d'y avoir mis la
trois fils et une fille , d'une femme qui
était alors sa maîtresse. Dès que Léon X
fut pape, il le tira de son cabinet pour le
faire son secrétaire. Honoré de cette di-
gnité, on le vit bientôt se livrer au tu-
multe des affaires , qu'il avait fui jusqu'a-
lors avec tant de soin , et ce genre d'occu-
palion eut de bons effets sur ses mœurs*
Après la mort de ce pontife, Bembo se
retira à Venise , où il se partagea entre ses
livres et les gens de lettres. Paul III l'éleva
au cardinalat en 1558; Bembo qui ne s'at-
tendait point à cet honneur, ne l'eût point
accepté, si, lorsqu'étant entré dans l'é-
glise pour y faire ses dévolions et recom-
mander cette affaire à Dieu, il n'eût pris
garde qu'au moment où il s'approchait de
l'autel, le prêtre y lisait ces paroles de
Jésus-Christ : Pierre , suivez-moi; il crut
que le Fils de Dieu lui parlait à lui-même .
et ne s'opposa plus au dessein du pape.
Il n'était pas encore lié aux ordres sacrés;
car écrivant à un de ses parens, le 24 dé-
cembre 1539, je serai sacré , dit-il, à ce*
fêles de Noël * et prendrai l'ordre de prê-
trise. Admirez le changement que Dieu
a eu la bonté de faire en moi. Le pape lui
donna l'évcché d'Eugubio, puis celui de
Bergame. Il se conduisit en digne pasteur.
Il mourut à Borne en 1547 , à 76 ans , et
fut enterre à Sainte-Marie de la Minerve.
Jérôme Quirini son ami , fils de Smerio
(Ismérius) Quirini , lui fit élever un beau
monument à Padoue , dans la célèbre
église de Saint-Antoine sur lequel on Ut
ces paroles :
Pctri cardinal!» Bembo effigitm
Hieronymus Ismcrii filins
In publlco poni curavit,
Utcujus ingenii monument»
7E[< i na simt ,
Ejus quoque corporis tnemoria
Ne à posteritate desideretur.
Nous avons de lui un grand nombre d'ou-
vrages en italien et en latin , en prose et
en vers. | Seize livres de Lettres , écrites
pour Léon X. La manie qu'avait le secré-
taire de ne parler qu'en phrases de Cicé-
ron, lui fit mettre dans la bouche du père
des chrétiens , des expressions qui n'au-
raient convenu que dans celle d'un prêtre
de Borne idolâtre. Par un pédantisme pué-
ril, il faisait dire au pape, annonçant sa
promotion aux rois et aux princes : Qu'il
avait été créé pontife par les décrets des
dieux immortels. Il appelait Jésus-Christ
un Héros, et la sainte Vierge une déesse
(DEA LAUBETANA). Ce défaut se fait
licence qui déshonorait sa conduite. Il eut ^sentir dans tous ses ouvrages ; et c'est sans
BEN
204
BEN
doute ce singulier attachement, aux locu-
tions de l'ancienne Rome , qui a fait ima-
giner que Bembo n'avait que du mépris
pour les Epitres de saint Paul ( Voyez
saint PAUL); imputation que Bayle lui-
même a traitée de conte. | "L'Histoire de
Venise* en 12 livres, Venise, 1551, in-
fol., écrite purement en latin. Bembo la
commença où Sabellicus l'avait finie, et la
termina à la mort du pape Jules II , c'est-
à-dire , depuis l'an 1480 jusqu'à l'an 1513.
Paruta la continua jusqu'en 1552. | Un
-poème sur la mort de Charles son frère *
plein de sentiment, de douceur et de dé-
licatesse. | Des Harangues , où l'on trouve
de l'élégance sans élévation. | De Guidono
Ubaldo Feretrio , deque Elizabelha Gon-
zaga, Urbini ducibus , Rome 1548 , in-4°.
On a recueilli toutes ses œuvres , tant la-
tines qu'italiennes, à Venise, 1729, en 4
vol. in-fol.
* BEM5IELE\(ABRAn.vn van), un des
professeurs de l'établissement de Reus-
woude , mourut à la Haye , le 1G août 1822,
à l'âge de 59 ans. Il a écrit en Hollandais
| les Elémens de physique expérimentale ',
4 vol. in-8°; | une Introduction à l'archi-
tecture hydraulique ; \ des leçons d'Algè-
bre.
* BEXABE\T (L.-G.-J.-M.), né à Tou-
louse, fit ses études dans cette ville et de-
vint professeur de rhétorique, de philo-
sophie et de mathématiques à Foix , à
Angers et à Pontivy. A l'époque de la res-
tauration , il se rendit dans la capitale, et
fut un des fondateurs de la Minerve. M. de
Villèle , à son avènement au ministère ,
lui confia la direction de quelques jour-
naux , avec des pensions sur le trésor et
sur la cassette du roi. Bénaben fut un des
premiers à signer le Mémoire au roi,, qui
parut en 1830. Il ne survécut pas long-
temps à la révolution de juillet, et mourut
d'apoplexie en 1831 , à Paris ; il ne s'était
pas marié. Il laissa sa fortune à un lils
adoptif qu'il avait élevé à Pontivy. On a
de lui : | Lettres de PhalarisJ tyran d'A-
grigenle , Angers , 1804 ; | Satires Tou-
lousaines , 1804 ; | Progrès ds l'Oligar-
chie contre la monarchie , 1817; | Ques-
tions à l'ordre du jour, brochure , 1827 ,
etc. et quelques manuscrits. Bénaben était
membre de la îégion-d'honneur.
BEXADAD Ier, roi de Syrie , appelé
Adadpar Josèphe, était lils de Tabremon
et petit-fils d'Hésion. Il envoya du secours
à Asa, roi de Juda, contre Baasa, roi
d'Israël , au prix des richesses du temple,
et contraignit ce dernier à se retirer dans
son royaume, vers l'an 958 avant J.-C.
5 Reg. 15.
BÈWDAD II , roi de Syrie , fils du pré-
cédent, régnait l'an 945 avant J.-C. Il fut
redouté par les princes voisins. Il tua
Achab dans une bataille. Après quelques
autres expéditions, le roi de Syrie étant
tombé malade , et sachant qu'Elisée était
à Damas, lui envoya demander par Ha-
zaé'I , s'il relèverait de sa maladie? Le pro-
phète prédit à ce dernier qu'il serait roi,
et qu'il ferait de grands maux aux Israéli-
tes. Hazael de retour, assura Benadad qu'il
guérirait de sa maladie ; mais le lende-
main il Fètrangla , et se fit déclarer sou-
verain.
BE.\ADAD III succéda à Hazaël son
père, l'an 836 avant J.-C. Il fut vaincu
trois fois par Joas. Les Syriens de Damas
rendirent des honneurs divins à ce roi et
à Hazaël son père, parce qu'ils avaient
orné leur ville de temples magnifiques.
* BEXARD ( don Laurent ), bénédic-
tin , né à Nevers en 1573 , devint prieur
du collège de Cluny, et montra beaucoup
de zèle pour la réforme de son ordre, qui
fut arrêtée définilivement en 1018, dans
le chapitre général de la congrégation tenu
à Saint-Mansui-lès-Toul. Il fut du nombre
des commissaires chargés de l'exécution
de ce projet , et mourut au collège de
Cluny le 21 avril 1620 , après avoir eu la
satisfaction de voir confirmer la réforme
par lettres-patentes du roi Louis XIII. La
première maison de celle nouveUe con-
grégation s'établit dans le monastère des
Blancs-Manteaux , d'où elle s'étendit dans
toutes les provinces du royaume, sous le
nom de saint Maur, célèbre disciple de
saint Benoit. Don Benard a publié : | Pen-
sées chrétiennes , ou sermons très utiles
à toutes personnes, tant laïques, ecclé-
siastiques que régulières , Paris 1616; | De
l'esprit des ordres religieux , et spécia-
lement de l'esprit de l'ordre de saint
Benoit, Paris, 1616, in-8°; | Police régu-
lière tirée de la règle de saint Benoit,
1619. On trouve dano ces ouvrages de bon-
nes choses; mais le style qui en a vieilli,
en rend la lecture pénible.
* BEA-ASCHEK et BE\-\EPHTALI,
savans rabbins juifs de Tibériade , vécu-
rent dans le 9e siècle, et inventèrent dans
la langue hébraïque , privée de voyelles ,
les points qui en tiennent lieu. Ceux-ci ,
au nombre de treize , rendent la pronon-
ciation longue, brève ou très rapide. Ils
servent à fixer la prononciation des con-
sonnes, et souvent même à déterminer
BEJV
la signification du mot. Buxtorf a prétendu
que l'invention des points-voyelles était
antérieure; mais il a été victorieusement
réfuté par Louis Capel , Génébrard , Bel-
larmin , Scaliger et Villalpande.
* BEN AT ( Fraxçois-Gérard de) , lit-
térateur, né dans le 18e siècle à Marseille.
On a de lui : | Fragmens choisis d'élo-
quence , 1755, 2 vol. in-12, réimprimés
sous ce titre : Y Art oratoire réduit en
exemples , ou Choix de morceaux d'élo-
quence tirés des plus célèbres orateurs
du siècle de Louis XIV et de Louis XV,
4760, 4 vol. in-12. On ignore la date de sa
mort.
* BEN AVEN ( Jean-Michel), négociant
de Lyon , a donné le Caissier italien, ou
Y art de connaître toutes les monnaies ac-
tuelles d'Italie, ainsi que celles de tous
les états et princes de l'Europe qui y ont
cours , avec le détail des productions de
l'Italie, les usages pour les lettres de
change, la manière de faire les paye-
tnens, les poids, mesures, et autres objets
relatifs au commerce ., 1782, 2 vol. in-
folio, fig.
♦BEN A VIDES (Vincent de), né en
Afrique , de parens espagnols , en 1610 ,
mort en 1706 à Madrid , où il était venu
se fixer. Il peignait bien à la détrempe et
à fresque , et réussissait particulièrement
dans la perspective et l'architecture. Il a
peint à fresque une chapelle de l'église
de la Victoire à Madrid.
BENAVIDIO ou BENAVIDIUS (Mar-
ces Maivtua) , professeur de jurispru-
dence à Padoue, sa patrie. Il fut fait trois
fois chevalier en 1545 par l'empereur
Charles V, en 1561 par Ferdinand I, et en
1564 par Pie IV. Ce jurisconsulte cheva-
lier mourut le 28 mars 1582 , à 93 ans. On
a de lui : | Collectanea super jus cœsa-
reum , Venise , 1584 , in-folio. | Vitœ Vi-
rorum illustrium , Paris , 1565 , in-4°, et
d'autres ouvrages qui prouvent beaucoup
d'érudition.
BENCE ( Jea:v) , un des premiers prê-
tres de la congrégation de l'Oratoire de
France , de la maison et la société de Sor-
bonne, naquit à Rouen, et mourut à Lyon
en 1642, à 74 ans. On a de lui : | Un Ma-
nuel sur le Nouveau-Testament , en latin,
à Lyon, 1699, en 4 vol. in-12. | Un ouvrage
semblable sur les E pitres de saint Paul,
et les Epitres canoniques, en latin. L'au-
teur avait de la piété et du savoir.
BENCI ( François ) , jésuite italien ,
disciple de Muret, orateur et poêle , na-
quit à Acquapendente en 1542 et mourut
2.
203 BE1V
à Rome en 1594 , âgé de 52 ans. On a de
lui beaucoup d'ouvrages en vers et en
prose. Sa latinité est pure et riche.
* BENCIVENNI (Joseph), né en Tos-
cane , fut directeur de l'académie de Flo-
rence, et mourut dans celte ville en 1808.
On a de lui : | Une Vie du Dante , estimée ;
| Nouveaux dialogues des morts ; \ Eloges
des hommes illustres de la Toscane; \ Des-
cription de la galerie de Florence; \ Epo-
ques de l'histoire florentine jusqu'en 1792 ;
| des Dissertations académiques, et quel-
ques autres ouvrages qui n'ont point paru
sous son nom.
* BENDA ( Georges ) , célèbre compo-
siteur , né en 1721 , à Altbenatka , dans la
Bohème, et mort le 6 novembre 1795. An-
cien maître de chapelle du roi de Prusse,
et ensuite de celle du duc de Saxe-Gotha,
il se rendit à Rome pour fortifier son ta-
lent, et donna à son retour l'opéra de Ciro
riconosciuto, suivi en 1766, de l'intermède
il Buon Marilo. En 1774, parut son opéra
(Y Ariane àNaxos, qui obtint un grand
succès. Le caractère indépendant de Benda
lui avait fait quitter la direction de la cha-
pelle du prince en 1780 ; et en 1791, il re-
nonça même entièrement à son art. Il ne
put, malgré ses talens distingués se pro-
curer une existence heureuse, parce qu'il
manquait de prévoyance et d'esprit de
conduite. On a de lui six sonates pour le
clavecin, | Médée , duo -drame, 1778;
| Roméo et Juliette, opéra, 1778; | der
Holzbaner ( le Bûcheron ) , opéra , 1778 ;
Pygmalion , monodrame , 1780 ; | Lucas
et Barbe, opéra, 1786; | Orphée, opéra,
1787 ; | enfin les Plaintes de Benda, 1791 ,
qui furent son dernier ouvrage. Benda
s'est placé au rang des Haydn et des
Mozart par ses concerts et ses sympho-
nies.
* BENDER , ( Blaise-Colomrau , baron
de) général autrichien, né en 1713 dans
une petite ville du Brisgaw , où son père
était arlisan. Il entra fort jeune au service
en qualité de cadet , et fit les campagnes
de 1741 à 1756 contre les Prussiens. Sa
bravoure lui mérita le grade de capitaine
d'infanterie ; mais ce qui contribua par-
ticulièrement à l'avancer est la connais-
sance qu'il fit d'une demoiselle de la mai-
son souveraine d'Isembourg, qu'il épousa
secrètement en 1763. Le comte d'Isem-
bourg tenta inutilement de faire rompre
ce mariage ; Marie-Thérèse déclara qu'elle
s'y intéressait, et pour rapprocher un peu
les conditions, elle créa Bender baron du
saint Empire, et lui envoya le brevet de
18
BEjV
206
BEN
major. En 1789 il était parvenu au grade
de général-major , et il exerçait les fonc-
tions de commandant d'armes dans la
forteresse de Luxembourg lorsqu'il en
fut nommé gouverneur. La mésintelli-
gence qui régnait entre les généraux de
l'empire lui fit donner le commandement
en chef de l'armée, et quoiqu'il ne se fût
trouvé à aucune action, il reçut en 1790
le bâton de feld-maréchal et le grand cor-
don de l'ordre de Marie-Thérèse. Son âge
et ses infirmités ne lui ayant pas permis
de prendre une part active à la guerre
contre la France , il retourna dans son
gouvernement du Luxembourg où il fut
attaqué en 1794, et obligé de capituler
après un blocus de 13 mois. Il se retira à
Vienne , où François II le nomma gou-
verneur général de la Bohème. Il mourut
à Prague le 20 novembre 1798.
BENDLO WES ( Edouard ) , gentil-
homme anglais fort riche, né en 1613 , se
ruina tellement par ses libéralités indis-
crètes envers des flatteurs et des poètes
qui lui dédiaient leurs ouvrages, qu'il fut
mis en prison pour dettes , d'où il sortit,
et mourut le la décembre 1676, à 75 ans.
On a de lui : | Théophile, ou le sacrifice
de l'amour, en anglais, Londres, 1652,
in-fol. ; | Sphinx theologica , seu Musica
templi, ubidiscordia concors, Cambridge,
1626, in-8° ; | beaucoup de pièces de poé-
sie.
BENEDETTE (le) ou BENOIT CASTI-
GLIONE , peintre né à Gênes en 1616 , et
mort à Mantoue en 1670. Il passa succes-
sivement dans les écoles de Pagi, de Fer-
rari et de Van-Dyck. Le disciple égala ses
maîtres. Borne, Naples, Florence, Parme
et Venise possédèrent tour à tour cet ar-
tiste. Le duc de Mantoue le fixa auprès de
lui par une forte pension, et lui entrete-
nait un carrosse. Benedette réussissait éga-
lement bien dans l'histoire , le portrait et
les paysages ; mais son talent particulier
et son goût étaient de représenter des
pastorales, des marchés, des animaux. Sa
touche est délicate , son dessin élégant ,
son coloris pétillant. Peu de peintres ont
mieux entendu que lui le clair-obscur.
Gênes possède ses principaux tableaux.
Le Benedette gravait aussi : on a de lui
plusieurs pièces à l'eau forte, pleines d'es-
prit et de goût.
* BEIVEDETTI (Antoine), jésuite ita-
lien, né le 9 mars 1715, d'une famille
noble de Fermo , entra dans l'ordre en
1735, et fit ses vœux en 1749. Il professa,
pendant plusieurs années, la rhétorique
dans le collège romain. Le désir de faire
entrer les meilleures comédies de Plauto
dans l'éducation de la jeunesse, l'engagea
à en vouloir publier quatre , purgées do
ce qui pouvait les rendre dangereuses
pour les mœurs, et accompagnées de notes
explicatives ; la première des quatre pa-
rut sous ce titre : Marci PlauliAulularia
emendatiùs édita et commentariis Mus-
trata, etc. , Borne, 1754, in-8°. Mais soit
que cet essai n'eût point réussi , soit pour
tout autre motif, il ne publia point les
trois autres. Après la suppression des
jésuites, Benedetti se retira dans sa patrie.
Il possédait un cabinet très riche d'anti-
quités et de médailles ; il choisit les plus
belles médailles grecques encore inédites,
y en ajouta plusieurs tirées des cabinets
de quelques-uns de ses amis, les expliqua
par de savantes notes , y joignit celles de
l'abbé Oderic , noble génois qui avait ,
comme lui, été jésuite, et donna au public
un volume estimé des antiquaires , inti-
tulé : Numismala grœca non antè vulga-
ta, quœ Antonius Benedictus è suo maxi-
me et ex amicorum museis selegit, etc.,
Borne, 1777. Il mourut à Fermo, en 1788,
âgé de soixante-treize ans.
* BEXEDETTO , musicien célèbre , né
à Venise en 1686, mort à Brescia en 1759,
a mis en musique les 59 premiers Psaumes,
où l'on trouve une véritable idée de cette
noble simplicité qui était le caractère de
la musique ancienne. Dans le 50e psaume
surtout , il semble avoir réuni toutes les
ressources de son vaste génie ; il y a pro-
digué les traits les plus grands , les plus
beaux et les plus pathétiques : dans les
cantates de Timothée et de Cassandre , il
a rendu toutes les passions de l'âme , il a
peint les sentimens les plus délicats du
cœur, il est même venu à bout de repré-
senter à l'imagination des êtres inanimés ;
enfin il a su réunir à la sévérité de la mu-
sique ancienne les beautés de la moderne;
mais ce sont des beautés fières , majes-
tueuses , imposantes, dignes seulement
de charmer les âmes capables de les sentir.
*BE\EDICTIS (Jean-Baptiste de ),
jésuite italien, né à Ostuni en 1622, se
fit beaucoup d'ennemis en soutenant la
philosophie péripatéticienne contre les
partisans de la philosophie naissante de
Descartes. Il enseigna quelque temps la
philosophie et la théologie à Lupia , en-
suite à Naples ; mais des querelles très
vives l'obligèrent de se retirer à Borne ,
où il continua de combattre pour défen-
dre sa cause jusqu'au moment de sa mort.
IJE1V
207
BEN
arrivée subitement le 15 mai 4706. On a
de lui : | Analecta poelica * Naples , 1686,
2 vol. in-12. | Philosophia peripatelica ,
1687, 4 vol. in-8°, et Venise, 1723 , in-12.
] Lettere apologetiche in difensa délia
theologia scolaslica e délia filosofia peri-
patelica di Benedetto Aletino * Naples,
1694, in-12, qui ont fait beaucoup de bruit,
et excitèrent contre lui de violens orages.
| Une traduction italienne des Entretiens
de Cléanthe et d'Eudoxe* par le Père
Daniel , sur les Lettres provinciales , Na-
ples, 1793. | Une autre traduction italienne
du Monde de Descartes.
♦BENETON de MORANGE de PEY-
RINS (Etienne-Claude), mort à Paris
en 1752 , après avoir été gendarme de la
garde du roi, a laissé : | Dissertations sur
les tentes ou pavillons de guerre* 1735,
in-12 ; | Commentaires sur les enseignes
de guerre * 1742, in-8°; | Traité des mar-
ques nationales* 1739, in-12 ; | Histoire
de la guerre* 1741 , in-12 ; | Eloge histo-
rique de la chasse* 1735, in-12.
*BENETTI (Jean), avocat et poète
italien, né à Naples vers 1798 , a laissé un
recueil de poésies , intitulé : Mélodies
Hébraïques ; ce sont quelques paraphrases
des psaumes , au milieu d'autres poésies
dont les sujets ne répondent en aucune
manière au titre de l'ouvrage. On en cite
surtout celle qui est la traduction du ma-
gnifique psaume Super flumina Babylo-
nis* tant de fois traduit et paraphrasé.
On dit qu'il la récita à ses amis quelques
jours avant sa mort , et. que l'auditoire et
le poète interrompirent souvent cette
lecture par leurs larmes. Bénetti fut en-
levé par une mort prématurée, le 23 jan-
vier 1825
'BENEZECH (Pierre), né à Mont-
pellier tn 1745 , de païens aisés , était
propriétaire des petites affiches de Paris
au commencement de la révolution. Il
fut d'abord administrateur du départe-
ment de Seine-et-Oise , ensuite chef de la
commission des armes, ministre de lin-
térieur; enfin il accompagna en 1797 , en
qualité de préfet-colonial , le général Le-
clerc à Saint-Domingue, où il mourut
en 1802. Quoiqu'il eût occupé des places
lucratives, il ne laissa qu'une fortune mé-
diocre. Le gouvernement accorda une
pension à ses deux filles.
BENEZET (saint), berger d'Avilat dans
le Vivarais, né en 1165 , se dit inspiré de
Dieu à l'âge de 12 ans, pour bâtir le pont
d'Avignon, dont l'usage devait être de la
plus grande utilité à tout le pays qui est
sur les deux rives du Rhône, et prévenir
la mort d'une multitude de personnes qui
périssaient en voulant le passer : ouvrage
d'une difficulté presque surhumaine , vu
la rapidité de ce grand fleuve , et qui pa-
rut si inexécutable aux Romains , qu'ils
prirent le parti de passer le Rhône à Ta-
rascon, par le moyen d'un souterrain
creusé sous son lit. Le pont fut achevé
dans onze années. Il mourut en 1184 , et
fut enseveli dans une chapelle pratiquée
sur un des éperons du pont qu'il avait
construit. Une grande partie de ce pont
étant tombée en 1669, on l'en retira; il
fut trouvé sans aucune marque de cor-
ruption par le vicaire-général, qui en fit
la visite l'année suivante , durant la va-
cance du siège. Les entrailles étaient par-
faitement saines, et la prunelle des yeux
avait encore sa couleur, quoique les
barres de fer qui entouraient le cercueil,
fussent rongées par l'humidité. En 1074,
le corps du saint s'étant trouvé dans le
même état, l'archevêque d'Avignon le
transporta solennellement dans l'église
des Célestins. Il fut accompagné dans cette
cérémonie par l'évêque d'Orange, et par
la plus grande partie de la noblesse du
pays. ( Voyez dans les Bollandistes l'his-
toire de la translation des reliques du
saint; elles remarques duPèrePapebroch
sur sa Vie). De dix-neuf arches qu'avait
ce fameux pont, il n'en subsiste plus que
quatre entières. Magnus Agiïcola a écrit
sa Vie* Aix, 1768.
* BENEZET (Antoine), célèbre quaker,
né en 1713 à St.-Quentin en Picardie , de
parens protestans que la révocation de
redit de Nantes chassa de leur patrie. Son
père se retira à Londres en 1715 , et se
fixa ensuite à Philadelphie. Antoine Be-
nezet y accompagna son père et adopta
les principes des quakers, et leur enthou-
siasme pour l'affranchissement des Noirs.
Il a publié à ce sujet plusieurs Mémoires
adresses à la Grande-Bretagne, intitulés :
Avertissement à la Grande-Bretagne et
à ses colonies* ou tableau abrégé de l'état
misérable des Nègres esclaves dans les
dominations anglaises* 1767, in-8° ; | Re-
lation historique de la Guinée * avec des
recherches sur l'origine et les progrès de
la traite des Nègres* etc., 4e édition,
in-8°, 1788 ; la première édition est de 1762.
Sa bienfaisance lui attira une grande po-
pularité. Il mourut en 1784 , et laissa le
reste de sa fortune à une école qu'il avait
instituée à Philadelphie pour l'instruction
des Noirs.
BEN
208
BEN
'BENGEL ( Jean-Albert ), théologien
luthérien, né dans le Wurtemberg en 1687,
fut pasteur et professeur à Denkendorf ,
et s'occupa particulièrement de l'étude
des Pères de l'Eglise et du nouveau Tes-
tament. Il est le premier théologien de sa
tommunion qui ait fait en totalité la cri-
tique des livres du nouveau Testament.
«Dn a de lui : | Novum Testamentum grœ-
itum, 1734, in-4°, réimprimé en 1790,in-8°.
^Harmonie exacte des quatre évangélis-
teSs in-8°. Son travail est assez bien fait,
mais ses réflexions et ses explications ne
sont jias exemptes d'erreurs. Son esprit
naturellement porté à l'enthousiasme l'é-
garé quelquefois. | Explication des révéla-
tions de saint Jean. On y trouve des idées
singulières sur la fin du monde. | Ordo
temporum à principio per periodos œco-
nomiœdivinœ.\Cyclus sive de annomagno
solis, etc. ad incremenlum doctrinœ pro-
pheticœ* in-8°.Bengel mourut en 1752.
BENGORION. (Ployez JOSEPH BEN
GORION. )
BENI (Paul) , né dans l'île de Candie
vers 1552 , et élevé à Gubio , dans le du-
ché d'Urbin, fut choisi par la république
de Venise, en 1599, pour professer les
belles-lettres dans l'université de Padoue.
Il mourut en 1625. Il était sorti des jé-
suites , parce que ses supérieurs lui refu-
sèrent de faire imprimer un Commentaire
licencieux sur le Festin de Platon. On a
de lui : | Une critique du Dictionnaire de
l'académie de la Crusca de Florence, sous
le titre d' 'Anli-Crusca _, pleine d'imperti-
nences et de verbiage : c'est un vol. in-4°.
j Des Commentaires sur la Poétique d'A-
>-islote * sur sa Rhétorique , 1625 , in-fol.
j Des notes sur les six premiers livres de
l'Enéide. | Sur Salluste. | Deux ouvrages
critiques sur l'Arioste et le Tasse, contre
l'académie de la Crusca. Il met le pre-
mier à côté d'Homère, et le second à côté
de Virgile. | Une Théologie tirée des
écrits de Platon et d'Aristote, Paris, 1624 ,
in-fol. | De Historiâ , lib. 4, Venise, 1607
et 1611, in-4°, et dans la Collection de ses
ouvrages, Venise, 1622, 5 vol. in-fol. Cet
ouvrage n'est peut-être pas aussi mépri-
sable que l'a prétendu Naudé. L'auteur,
quoique bilieux et bizarre , est cependant
quelquefois judicieux. Les deux premiers
livres traitent de la .manière d'écrire
l'histoire; le 5e de la manière de la lire,
et il donne un détail des auteurs qu'il faut
examiner pour l'histoire grecque et ro-
maine ; le 4e traite de l'usage de l'histoire
pour les autres sciences.
BENIGNE (saint ), apôtre de Bourgo-
gne, fut, dit-on, disciple de saint Poly-
carpe. Il vint en France sous le règne de
Marc-Aurèle , et reçut la couronne du
martyre à Dijon , par une mort des plus
cruelles. Les Martyrologes portent qu'on
lui scella les pieds avec du plomb fondu
dans une pierre , qu'on voyait encore du
temps de saint Grégoire de Tours , qu'en
cet état on l'enferma avec des chiens fu-
rieux, qu'on le battit sur le cou avec des
barres de fer ; et qu'enfin on le perça
d'un coup de lance.
* BEMOWSKI ou plutôt BENYOWSKl
(Maurice-Auguste comte de), né en
Hongrie en 1741 , entra de bonne heurt
au service de l'empire, qu'il quitta pour
se rendre en Pologne , auprès de l'un de
ses oncles , Slaroste , en Lithuanie. Peu
après il revint en Hongrie pour chasser
ses beaux-frères, qui avaient envahi son
patrimoine; mais la chancellerie de Vienne
l'ayant considéré comme un sujet rebelle,
il fut obligé de se retirer , et parcourut
successivement l'Allemagne, la Hollande,
l'Angleterre , pour s'instruire dans l'art
de la navigation. Enfin il revint en Polo-
gne, et devint un des chefs de la confédé-
ration formée vers 1768 , fut fait prison-
nier par les Russes et exilé au Kamts-
chatka en 1770, pour y être employé avec
les malfaiteurs à faire du charbon de
terre. D'une audace peu commune, il
forma une conjuration, et, avec cent cin-
quante exilés qu'il avait réunis, il escalada
la forteresse russe, s'en empara, et fit
prêter serment par les habitans à la con-
fédération de Pologne. Malgré ce succès ,
voyant l'impossibilité de se maintenir
dans une province russe , il s'embarqua
sur une corvette avec sa troupe. Il aborda
au Japon, à l'île Formose, à la Chine , et
parvint aux établissemens français dans
l'Inde , d'où il fut ramené en Europe su*
un vaisseau français, et bien accueilli par
le cabinet de Versailles , auquel il remit
les archives du Kamtschatka , qu'il avait
emportées. Le caractère entreprenant de
Benyowski ne lui permettant pas de vivre
paisible , il partit du port de Lorient avec
quatre ou cinq cents aventuriers pour
former un établissement à Madagascar.
Il y débarqua , en 1774 ; mais il en fut
chassé par les insulaires, revint en Eu-
rope, embrassa les intérêts de l'Angle-
terre , et revint une seconde fois à Mada-
gascar pour s'emparer de l'établissement
que la France avait dans cette île, et pour
le livrer aux Anglais; mais l'arrivée im-
BEN
209
BEN
prévue d'une frégate française l'empêcha
de mettre ce projet à exécution. Attaqué
lui-même Tannée suivante par des troupes
réglées , il fut tué le 23 mai 178G , dans
une redoute où il s'était retranché , et
qu'il défendit avec beaucoup de courage.
Les Voyages et mémoires du comte de
Benyowski sur la Pologne ont été rédigés
par J. H. de Magellan, et publiés par
Noël, Paris, 1791, 2 vol. in-8°.
BENIVIENI (Jérôme ) , gentilhomme,
poète florentin , mort en 1542 , à 89 ans ,
fut un des premiers à abandonner ce goût
bas et trivial qui s'était emparé de la poé-
sie italienne dans le 15e siècle, et qui ca-
ractérise entre autres le Morgante de
Louis Pulci, et le Ciriffo Calvaneode Luc
Pulci son frère , pour se rapprocher du
style et de la manière du Dante et de Pé-
trarque. La plupart de ses poésies traitent
de l'amour divin. On fait beaucoup de cas
de sa Canzone dell' Amor céleste e di-
vino* où Ton trouve les idées les plus
sublimes de la philosophie de Platon sur
l'amour. Cet ouvra je fut imprimé à Flo-
rence, 1519, in-8°, avec d'autres poésies
du même auteur. Il y avait déjà eu une
édition de ses Œuvres, Florence, in-fol.,
4500 , qui est très rare. On a de lui un
autre ouvrage intitulé Commenta di Hie-
ronymo Benivieni J Cittadino Florentino,
sopra a piu sue Canzone et Sonetlide lo
Amore * et de la Bêliez a divina_, etc. im-
primé à Florence en 1500, in-fol., édition
recherchéedes curieux. Benivieni, homme
aussi estimable par la pureté de ses mœurs
que par ses talens, fut intimement lié avec
le célèbre Jean Pic de la Mirandole, et
voulut être inhumé dans le même tom-
beau que ce savant.
BENIZZI. Voyez Saint PHILIPPE BE-
NIZZI.
BENJAMIN , douzième et dernier fils
de Jacob, naquit auprès de Bethléem,
vers l'an 1758 avant J.-C. Lorsque Joseph
devenu ministre de Pharaon, vit ses frè-
res en Egypte, il leur ordonna de lui
amener Benjamin. Il fut attendri en le
■voyant, et lui donna une portion 5 l'ois
plus grande qu'à ses autres frères. Ben-
jamin fut chef de la tribu de son nom , qui
fut presque entièrement exterminée par
les autres pour venger la violence faite à
la femme d'un Lévite, dans la ville de
Gabaa. Saint 1 aul était de cette tribu, et
c'est à lui personnellement que saint Au-
gustin applique ces paroles de la béné-
diction et de la prophétie de Jacob mou-
rant, en faisant allusion à la conversion
de ce grand homme , et aux fruits de Son
apostolat : Benjamin lupus rapax mane
comedet prœdam , et vespere dividet spo-
lia ( Gen. 49 ).
BENJAMIN ( saint), diacre, fut arrêté
par les ordres de Vavarane , fils et suc-
cesseur d'Isdegerde, roi de Perse, un des
plus cruels persécuteurs des chrétiens.
Un an après sa détention , l'ambassadeur
des Romains qui vint en Perse , demanda
son élargissement : il lui fut accordé , à
condition que Benjamin n'instruirait au-
cun mage dans la religion chrétienne.
L'ambassadeur promit au roi que sa vo-
lonté serait exécutée , dans la persuasion
où il était que le diacre ne le dédirait pas.
Il se trompa. Benjamin, qui se regardait
comme un ministre de l'Evangile, déclara
qu'il ne retiendrait jamais la vérité cap-
tive, et qu'il ne s'attirerait point la con-
damnation de ce lâche serviteur qui avait
enfoui son talent. Il continua donc de
répandre de toutes parts la lumière de la
foi. Le roi en ayant été informé, le fit
saisir, et entreprit de l'effrayer par des
menaces; mais Benjamin fut inébranla-
ble, et déconcerta le prince par une ques-
tion dont l'application était sensible.
« Quelle idée , dit-il , auriez vous d'un de
» vos sujets , qui , renonçant à la fidélité
» qu'il vous doit , se rangerait du côté de
» vos ennemis? » Le tyran transporté de
fureur, après lui avoir fait souffrir des
tourmens atroces , le condamna ensuite à
être empalé , l'an 424. Le Martyrologe ro-
main le nomme le 51 mars.
BENJAMIN , rabbin , naquit à Tudela
dans la Navarre, et mourut en 1173. H
parcourut toutes les synagogues du monde
pour connaître les mœurs et les cérémo-
nies de chacune. Il donna une Relation
de ses voyages en hébreu , imprimée à
Constantinople en 1543 , in-8°. Renaudot
regarde celte édition comme la moins fau-
tive , et prétend que les relations de ce
rabbin sont véritables : mais il se trompe
grossièrement. La Relation de Benjamin
est d'autant plus suspecte, qu'elle four-
mille de fautes géographiques, de contes
visiblement fabuleux, et de bévues ab-
surdes sur les objets les mieux connus.
Ces peuplades de juifs indépendans, qu'il
place dans des contrées très éloignées pour
en éviter la vérification, sont autant de
fictions qui tendent à donner le démenti
aux prophéties relatives au Messie et à
l'état futur des juifs. Nous avons des
Voyages de Benjamin les versions latines
d'Arias-Montanus, Anvers, 1575; et de
18.
BEi\ 210
Constantin l'Empereur, Leyde , 1633 , in-
24. Jean-Philippe Baratier en a publié en
1754 une traduction française , en 2 vol.
in-8°.
BEIVJAMIX COXSTAIVT [Voyez CON-
STANT DE REBECQUE ).
* BENKENDORF ( Erjvest-Louis de ),
général de cavalerie au service de Saxe ,
né à Anspach en 1711 , entra sous-lieute-
nant dans les gardes du corps de l'électeur
roi de Pologne , et ne cessa de combattre
contre Frédéric II, roi de Prusse , jusqu'à
la paix de Hubertsbourg. Il contribua par
sa bravoure au gain de la plupart des ba-
tailles de cette guerre, et notamment à
celle de Kollin. Il mourut le 5 mai 1801.
BEAIVET ( Henri ), comte d'Arlinghton
secrétaire d'état, chevalier, pair du
royaume d'Angleterre, et grand-cham-
bellan du roi Charles II , joignit la valeur
à la connaissance des affaires. Il se dis-
tingua sous Charles I , Charles II et Jac-
ques II. Ses Lettres à Guillaume Temple
ont été traduites en français , Utrecht ,
•1701 , in-12. Il mourut en 1685 , âgé de
67 ans.
* BEIMVET (Christophe), savant mé-
decin anglais , né dans le comté de Som-
merset, vers l'année 1617, étudia à Oxford,
où il prit ses degrés ; il exerça avec suc-
cès la médecine à Londres , et fut membre
du collège des médecins de cette ville.
Il y mourut , le 1er mai 1655 , de con-
somption , maladie dont il s'était princi-
palement occupé, et qui fait l'objet de son
meilleur ouvrage. On a de lui : | Thealri
tabidorum vestibulum, etc. Londres 1654.,
in-8°; | Exercitationes diagnosiicœ , cum
historiis demonslrativis , quibus alimen-
torum et sanguinis vilia detegunlur in
plerisque morbis. Il a aussi corrigé et
augmenté un Traité du docteur Moufet ,
intitulé : l'Art d'améliorer la santé, etc.
Londres , 1655 , in-4°.
BENNET ( Thomas ), né à Salisbury en
1673 , et mort à Londres en 1728 , passe
pour un bon théologien et un savant in-
terprète de l'Ecriture sainte , dans la com-
munion anglicane; mais les sa vans des
autres pays n'en jugent pas de même. On
a de lui beaucoup d'écrits de controverse
contre les non-conformistes , les quakers
et les catholiques. Les principaux sont
| Un Traité du Schisme, 1702 , in-8°, et
les écrits faits pour la défense de ce traité;
[Réfutation du quakérisme , 1705, in-8° ;
j Histoire abrégée de l'usage public des
Formulaires de prières , 1708 , in-8° ;
1 Discours sur les Prières publiques ou
BEIV
cojnmunes , imprimé la même année ;
| Les Droits du Clergé, de l'Eglise chré-
tienne, Londres, 1711, in-8° ; \ Essai sur
les 59 Articles arrêtés en 1565, et revus en
1571, Londres, 1715; | Grammaire hé'
braïque. 1726 , in-8°. On lui attribue en-
core plusieurs autres ouvrages.
* BE\ÏVL\GSEN ( le comte BANTELN-
LE VIN Auguste-Théophile de ), général
en chef des armées russes, né en 1745
dans le pays de Hanovre, entra de bonne
heure au service de Russie, et fut suc-
cessivement brigadier des armées , com-
mandant du régiment de cavalerie légère
d'Isuni, général de cavalerie elgouverneur
de la Lithuanie. Il se distingua dans plu-
sieurs actions contre les Polonais pendant
l'été de 1794 , et reçut au mois d'octobre
l'ordre de St.-Georges de troisième classe.
Toutefois il fut congédié par Paul I, et il
se disposait à quitter Saint-Pétersbourg ,
lorsque la mort de ce souverain le décida
à reprendre du service : il fut nommé
gou verneur de laLithuanie par l'empereur
Alexandre. Dans la guerre de 1805 contre
les Français , il commanda un corps d'ar-
mée ; mais arrivé trop tard pour prendre
part à la bataille d'Austerlitz , il retourna
en Russie. Employé de nouveau en 1806,
il fut obligé, après avoir fait d'inutiles
efforts pour couvrir Varsovie , d'abandon-
ner celte ville. Le général Kamenski ayant
été rappelé, il commanda en chef l'armée :
il se couvrit de gloire aux brillantes af-
faires de Pultusk et d'Eylau ; alors il fut
décoré de l'ordre de Saint-Georges de
deuxième classe. Après la bataille de
Friedland où il commanda également en
chef , et la paix de Tilsitt , il se retira du
service ; mais il reparut sur le théâtre de
la guerre à la fin de 1813, et commanda
l'armée russe dite de Pologne. Enfin, dans
la guerre des puissances alliées réunies
contre la France , Benningsen fut chargé
de diriger la droite de l'armée, destinée
à manœuvrer vers les bouches de l'Elbe
et du Weser : il forma le blocus de Ham-
bourg dont il s'empara par capitulation ,
après la chute de Bonaparte en 1814. L'em-
pereur Alexandre lui envoya à cette oc-
casion l'ordre de Saint-Georges de pre-
mière classe : cette faveur était d'autant
plus flatteuse, que dans tout l'empire
russe , il n'y a qu'un seul chevalier de
cette classe. Il le nomma ensuite général
en chef d'une armée de 120 mille hommes
sur les frontières de la Turquie. En 1816
il reçut aussi du roi de France la grand1
croix de la ltgion-d'uonneur. Le généra)
BEIV
211
BEN
Bcnningsen donna en 1818 la démission de
tous ses emplois à cause de son grand âge,
et se retira dans son pays natal. Il est mort
en 1826. Il a publié en allemand des Pen-
sées sur quelques connaissances indis-
pensables à un officier de cavalerie légère,
"2e édition , Wilnà et Leipsick , 1805 , in-8°,
avec 8 planches.
* BENNON, écrivain allemand du 11e
siècle, nommé cardinal par l'anti-pape
Guibert, publia contre les papes Sylvestre
II , Grégoire VI et Grégoire VII , des Sa-
bras., dictées par l'animosité , et qui lui
valurent depuis les éloges des proteslans.
* BENNON ( saint ) , archevêque de
Meissen, en Allemagne, mort en 1107,
fut canonisé en 1523 ; ce qui donna lieu
à Luther d'exercer sa bile dans un écrit
intitulé : la Nouvelle idole de Meissen,
réfuté par J. Emser.
BENNON, originaire de Souabe et pa-
rent de Raoul , roi de Bourgogne , était ,
suivant l'expression du continuateur de
Réginon , du nombre des ordinaires de
l'église de Strasbourg , c'est-à-dire , du
nombre des chanoines de la cathédrale.
Dégoûté du monde , il quitta son canoni-
cat vers l'an 906 , et se retira dans la soli-
tude d'Ensiedlen en Suisse. Henri , roi de
Germanie, l'en fit sortir, et le plaça sur
le siège épiscopal de Metz, mais il n'y
resta que deux ans. Des scélérats s'étant
saisis de lui en 927 , lui crevèrent les yeux
et le mutilèrent cruellement. Le concile
de Duisbourg excommunia les auteurs de
l'attentat. Bennon se retira de nouveau à
Ensiedlen, où il mourut le 3 août 940.
Eberhard l'enterra près de l'oratoire de la
Sainte-Vierge, construit par saint Mein-
rad. Bennon est honoré dans quelques
églises avec le titre de Bienheureux : quel-
ques auteurs lui donnent même la qualité
de Saint ; mais tous s'accordent à lui dé-
férer le titre de Vénérable.
BENOIT ou BENOIST ( saint ) , naquit
en 480 au territoire de Nursie , dans le
duché de Spolette. Il fut élevé à Rome dès
sa plus tendre jeunesse , et s'y distingua
par son esprit et sa vertu. A l'âge de 16
ans , il se retira du monde où sa naissance
lui promettait de grands avantages. Une
caverne affreuse dans le désert de Sublac,
à 40 milles de Rome , fut sa première de-
meure : il y resta caché pendant trois ans.
Ses austérités et ses vertus l'ayant rendu
célèbre , une foule de gens de tout âge
se rendit auprès de lui. Il bâtit jusqu'à 12
monastères. Ses succès excitèrent l'envie.
Il quitta cette retraite et vint à Cassin. pe-
tite ville sur le penchant d'une haute mon-
tagne. Les paysans de ce lieu étaient ido-
lâtres : à la voix de Benoit , ils devinrent
chrétiens. Leur temple consacré à Apol-
lon, fut changé en église. On y vit bien-
tôt s'élever un monastère, devenu le ber-
ceau de l'ordre bénédictin. Son nom se
répandit dans toute l'Europe. Totila , roi
des Goths, passant dans la Campanie,
voulut le voir ; et pour éprouver s'il avait
le don de prophétie , comme on le disait
il lui envoya un de ses officiers , nommé
Riggon, qu'il avait fait revêtir de ses ha-
bits royaux, et auquel il avait donné pour
l'accompagner trois des principaux sei-
gneurs de sa cour avec un nombreux cor-
tège. Le saint, qui était pour lors assis,
ne l'eut pas plus tôt aperçu qu'il lui cria ;
Quittez, mon fils, l'habit que vous portez ;
iln'estpas à vous. Riggon, saisi de crainte,
et confus d'avoir voulu jouer ce grand
homme , se jeta à ses pieds , avec tous
ceux qui l'accompagnaient. Lorsqu'il fut
de retour , il raconta au roi ce qui lui était
arrivé. Totila vint alors visiter lui-même
le serviteur de Dieu. Dès qu'il le vit, il
se prosterna par terre et y resta jusqu'à
ce que Benoit l'eût relevé. Il fut bien plus
étonné quand le saint lui parla de la
sorte : « Vous faites beaucoup de mal , et
» je prévois que vous en ferez encore da-
» vantage. Vous prendrez Rome ; vous
» passerez la mer , et régnerez neuf ans :
» mais vous mourrez dans la dixième
» année, et serez cité au tribunal du juste
» Juge, pour lui rendre compte de toutes
» vos œuvres. » Toutes les parties de
cette prédiction furent vérifiées par l'é-
vénement. Totila qui en avait été effrayé
se recommanda aux prières du saint , et
fut moins cruel. Ayant pris peu de temps
après la ville de Naples, il traita les pri-
sonniers avec une humanité qu'on ne
devait pas attendre d'un barbare. Benoit
mourut l'année suivante , en 543 , suivant
le père Mabillon , et quelques années plus
tard, suivant d'autres. Sa règle a été
adoptée presque par tous les cénobites
d'Occident. Sa vie a été écrite par saint
Grégoire le Grand dans le second livre de
ses Dialogues. Paul Diacre, moine du
Mont-Cassin en a parlé aussi fort ample-
ment dans X Histoire des Lombards. Son
ordre a été , sans contredit , un des plus
étendus , des plus illustres , des plus ri-
ches. Il fut long-temps, dit un écrivain
célèbre, un asile ouvert à tous ceux qui
voulaient fuir les oppressions du gouver-
nement golh et vandale. Le peu de non-
BEN
212
BEff
naissances qui restaient chez les barbares
fut perpétué dans les cloîtres. Les béné-
dictins transcrivirent beaucoup d'auteurs
sacrés et profanes. Nous leur devons en
partie les plus précieux restes de l'anti-
quité, ainsi que beaucoup d'inventions
modernes. On a reproché à cet ordre cé-
lèbre ses grandes richesses ; mais on ne
fait pas attention que c'est en défrichant
avec beaucoup de peina des forêts incul-
tes et des terres ingrates, qu'ils se les sont
procurées. Telle ville qui est aujourd'hui
florissante , n'était autrefois qu'un rocher
nu, ou un terrain en friche devenu fertile
sous des mains saintes et laborieuses.
« De quoi , dit un critique judicieux et
» équitable , auraient vécu des troupes de
» solitaires , s'ils n'avaient pas été très la-
* borieux? On ne leur donnait ni des terres
» cultivées ni des colons pour les faire
» valoir, puisqu'ils se plaçaient tous dans
» des déserts. Mais les censeurs de la vie
» monastique demandent, pourquoi re-
» noncer aux affaires de 1a société , pour
» aller passer sa vie dans la solitude...?
■b Pourquoi...? Pour se soustraire au bri-
» gandage des tyrans et des guerriers qui
» ravageaient tout, qui cependant respec-
» taient encore les moines , dont la vie les
» étonnait et dont les vertus leur en im-
» posaient. » Quant aux richesses qu'ils
possédaient , et qui étaient le fruit de leur
travail et de leur sage et judicieuse éco-
nomie, quel usage en faisaient-ils? On
peut bien dire qu'ils ne les avaient que
pour les répandre ; que sobres et économes
pour ce qui les regardait, ils n'étaient ma-
gnifiques que lorsqu'il s'agissait d'orner
la maison de Dieu, d'enrichir des biblio-
thèques, de concourir à desélablisseniens
utiles, de porter des secours aux pauvres
et aux affligés. Cette observation pouvait
s'étendre à tous les religieux qui avaient
conservé l'esprit de leur état. L'ordre de
Saint-Benoit a produit une multitude de
grands hommes dans tous les genres, sans
que pour cela il soit vrai de dire qu'il a
tu dans son sein 40 papes, 200 cardinaux,
50 patriarches, 1,600 archevêques, 4,600
évêques, 4 empereurs, 12 impératrices ,
A reines , et 3,600 saints canonisés. Ce dé-
tail , puisé dans la chronique de l'ordre de
saint Benoit , ne peut partir que d'un zèle
outré et maladroit. C'est ne savoir pas
louer, que d'avoir recours à l'exagération.
Dom Bastide , bénédictin de Saint-Maur,
fâché de ce que Mabillon , son confrère ,
avait retranché quelques saints dans le
Grand Recueil des Actes des Saints de l'or-
dre de saint Benoit, présenta contre lui
une requête au chapitre général de 1677;
mais ceux qui composaient cette assem-
blée , n'y eurent aucun égard. Voyez C A-
JETAN (Constantin). Depuis l'an 900,
l'ordre de saint Benoit s'est divisé en
plusieurs branches. C'est de là que sont
sortis les camaldules , les cisterciens , les
gilbertins , les sylvestrins , les moines
de Fontevrault. Toutes ces observances
ne sont que des réformes de l'ordre de
Saint-Benoît, qui ont ajouté quelques
constitutions particulières à la règle pri-
mitive. On compte parmi les bénédictins
plusieurs congrégations , telles que celles
deCluny, de Sainte- Justine, de Savigny,
de Tiron , de Bursfeld, de Saint-Maur, etc.
La règle de saint Benoît a été imprimée
plusieurs fois , et notamment en 1734 , en
2 vol. in-4°, avec les commentaires de
don Calmet; don Mège a écrit sa vie en 1
vol. in-4".
BENOIT ( saint ) , abbé d'Aniane , dans
le diocèse de Montpellier, était fils d'Ai-
gulfe , comte de Maguelone. Après avoir
servi avec distinction dans la maison et
dans les armées de Pépin et de Charle-
magne , il s'enferma dans un monastère ,
dont il devint abbé ; il se retira ensuite
dans une terre de son patrimoine , où il
fonda l'abbaye d'Aniane. Ses réformes et
son zèle lui firent un nom dans la France.
Louis le Débonnaire l'établit chef et su-
périeur général de tous les monastères de
son empire. Benoît mourut l'an 821. Il
fut , en France et en Allemagne , ce que
saint Benoît avait été en Italie : donnant
des leçons et des exemples , labourant et
moissonnant avec ses frères. On a de lui
Codex Regularum, avec une Concorde
des Règles, qui montre ce que la règle
de saint Benoît a de commun avec celles
des autres fondateurs. Sa Vie * écrite par
Ardon Smaragdus, se trouve à la tête do
la Concorde des règles du même saint
Benoit , que don Hugues Menard fit im-
primer avec des notes en 1658 , in-4°.
BENOIT BISCOP ( saint), né dans le
Northurnberland en Angleterre , l'an 628,
d'une famille distinguée , après avoir porté
les armes, entra dans l'ordre de Saint-Be-
noît, et fit son noviciat dans le célèbre
monastère de Lérins en Provence. De re-
tour dans sa pairie , il travailla avec zèle
au progrès de la religion : il y établit le
chant grégorien et toutes les cérémonies
romaines, persuadé que la mère église
devait servir de règle el de modèle à
toutes les autres. Il mourut en 703, après
JBE1V 213
avoir fait quatre fois le voyage de Rome.
Le vénérable Bède a écrit sa vie et une
homélie pour le jour de sa fête.
BENOIT Ier, surnommé Bonose, suc-
cesseur de Jean III dans la chaire de saint
Pierre en 574, consola Rome , affligée par
deux fléaux , la famine et les Lombards ,
qui venaient d'envahir l'Italie. Il mourut
|e 30 juillet 578 , après avoir tenu le saint
Siège pendant 4 ans et deux mois. Péîage
H lui succéda.
BENOIT II ( saint ) , prêtre de l'église
de Rome, pape en 684, après Léon II.
Constantin Pogonat respecta tant sa vertu,
qu'il permit au clergé d'élire les papes ,
sans l'intervention de l'exarque ou de
l'empereur. Il mourut en 685, n'ayant oc-
cupé la chaire ponliiicale que dix mois et
d2 jours.
BENOIT III , Romain , pape malgré lui
en 855 , après Léon IV, endura sans mur-
murer les mauvais traitemens de l'anti-
pape Anastase. Il mourut en 858. On a de
lui deux Lettres , une à Hincmar , arche-
vêque de Reims ; et l'autre aux évêques
du royaume de Charles le Chauve, contre
Hubert , diacre , accusé de grands crimes.
Tous les auteurs du temps en parlent
comme d'un homme simple , humble et
animé d'une véritable piété. Nicolas I lui
succéda. C'est entre Léon IV et Benoit
III que d'anciens chroniqueurs et quel-
ques protestans modernes placent la pré-
tendue papesse Jeanne, sous le nom de
Jean VIII ( Voyez ce dernier mot et
LÉON IV). C'était, à les en croire, une fille
déguisée en garçon, qui étant par venue
à la tiare , s'avisa d'accoucher en habits
pontificaux , dans une procession au Co-
tisée de Rome. Cette fable, racontée comme
une vérité par 70 auteurs orthodoxes, en-
tre lesquels il y a plusieurs religieux et
des saints canonisés, n'est plus aujour-
d'hui adoptée de personne. Les calvi-
nistes l'ont opposée long-temps aux catho-
liques ; mais à présent ils rougissent de la
citer. Bayle et Blondel leur ont ôté tous
les moyens de la maintenir. Il est dé-
montré que Benoît III succéda immédia-
tement à Léon IV, et que le siège ne fut
vacant que quatre jours. Il est certain en-
core que du temps de Hugues de Fleury
qui florissait sous le règne de Louis VI,
surnommé le Gros , mort l'an 1137 , la fa-
ble de la papesse n'était pas encore in-
ventée ; car voici ce qu'il dit des papes
qui ont siégé immédiatement après la
mort de Louis le Débonnaire , à laquelle
finit sa Chronique, imprimée à Munster
BEN
en 16b8, in-4° : in Romana vero Cathe-
dra mcmoralo papee Gregorio IV , Ser-
gius II successit, et Sergio Léo IV* et
Leoni Benedictus III J et Benedicto Ni-
colaus I. Il est vrai que quelques manu-
scrits des Vies des Papes d' Anastase le bi-
bliothécaire, qui vivait avant et après cette
époque, et par conséquent plus ancien
d'environ 250 ans que Hugues, rapportent
cette prétendue histoire ; mais si l'on y fait
attention , l'interpolation est manifeste :
car Anastase, parlant de l'élection de Be-
noit III, dit expressément qu'elle se fit d'a-
bord après la mort de Léon : Léo quidem
ubi hac hece subtractus Prœsul occubuit;
mox omnis clerus istius Romanœ pro-
tectœ sedisJ universique proceres J cunc-
tusque senatus ac populus congregati
sunt... Divinilus igitur œthereo tune lu-
mine inflammali J uno consensu, unoque
cum conamine Benedictum 3 pro tantis
quibus pollebat sacris operibus , pontifia
cem promulgaverunt eligere. Et dans la
Vie de Nicolas I : Leone scilicet papa
defunclOs Benedictus , mirœ beatitudinis
vir et sacratissimus ponlifex , superno
protectus auxilio > Romanœ prœponilur
sedi ( Anast. Biblioth., Hist. de Vilis
Rom. Pont. édit. du Louvre 1649, in-fo-
lio, p. 200 et 208 ). Martin le Polonais,
qui vivait plus de 4 siècles après lui , est
regardé par la plupart des auteurs, comme
le premier qui ait accrédité cette fable;
mais on peut assurer qu'elle est encore
plus récente que la Chronique de Martin.
Nous avons sous les yeux un beau ma-
nuscrit en parchemin de cet auteur, écrit
de son temps , dans lequel ce passage est
ajouté en marge par une main beaucoup
plus récente. Fabricius , quoique protes-
tant, insinue ( Bibl. med. infim. lalinit.
T. 5. p. 42 ) qu'il manque dans les ma-
nuscrits les plus anciens.
BENOIT IV, Romain , élevé au ponti-
ficat après Jean IX , au mois de décem-
bre 900 , sage dans un temps de corrup-
tion, et père des pauvres, mourut au
commencement d'octobre 905, après avoir
siégé 3 ans et environ 2 mois. Il avait
couronné empereur à Rome Louis III,
dit V Aveugle ..que le cruel Bérenger traita
si indignement dans la suite.
BENOIT V, souverain pontife après
la mort de Jean XII, en 964 , durant le
schisme de Léon VIII. Les Romains qui
l'avaient élu et qui avaient promis de le
défendre contre l'antipape et l'empereur,
furent contraints de l'abandonner à Olhon
qui le conduisit à Hambourg en Alterna*
BE1V
214
BEN
gne, où il mourut en 9G5. Son corps fut
ramené à Rome. C'était un pontife sa-
vant et vertueux , d'une douceur et d'une
patience égales à ses malheurs.
BENOIT VI , Romain , fut élevé sur la
chaire de saint Pierre en 972 , après Jean
XIII. Boniface , surnommé Francon > car-
dinal-diacre , le fit étrangler l'an 974 dans
la prison où il avait été enfermé par Cres-
ccntius , et se mit en sa place sur le siège
pontifical.
BENOIT VII, successeur de Domnus II,
en 975. Il mourut le 10 juillet 983, après
avoir donné l'exemple de toutes les vertus
pastorales, et gouverné sagement l'Eglise
dans des temps malheureux.
BENOIT VIII , évêque de Porto, suc-
céda à Sergius IV en 1012. La tyrannie de
l'antipape Grégoire l'obligea d'aller en Al-
lemagne, pour implorer le secours de
l'empereur Henri II. Ce prince le fil ren-
trer à Rome , et vint s'y faire couronner
avec Cunegonde son épouse. Le moine
Glaber rapporte que Benoit donna à Henri
une pomme d'or enrichie de deux cercles
de pierreries croisés , et surmontés d'une
croix d'or. La pomme représentait le
monde ; la croix , la religion ; et les pier-
reries, les vertus. En 1016, les Sarrasins
venus par mer en Italie , menacèrent les
domaines du pape. Benoit , à la tête des
troupes animées par sa présence et par
le désir de défendre l'Eglise , les attaqua
et les mit en fuite. Il battit aussi les Grecs
qui étaient venus ravager la Pouiîle. Ce
pontife politique et guerrier mourut en
4024 , après avoir gouverné l'Eglise en-
viron douze ans. Il tint un concile à Pa-
vie , où il publia 8 décrets. Il a écrit di-
verses Epitres qui nous sont presque toutes
inconnues , si nous exceptons celles qu'il
écrivit en faveur du monastère du Mont-
Cassin.
BENOIT IX, successeur de Jean XIX,
monta sur le trône pontifical , à l'âge de
42 ans , en 1033. Son père Albéric , comte
de Tusculum , le lui avait procuré à prix
d'or. Le peuple romain , lassé de ses in-
famies, le chassa de Rome. Il y rentra
quelque temps après. Désespérant d<î s'y
maintenir , il vendit le pontifical comme
il l'avait acheté. Il reprit la tiare pour la
5e fois; mais au bout de quelques mois
il y renonça pour toujours. Il mourut
dans le monastère de la Grotte-Ferrée ,
en 1034 , où il s'était retiré pour pleurer
ses débauches et ses crimes. Durant ce
pontificat scandaleux l'Eglise jouit de la
paix , et le respect que l'univers chrétien
portail au siège de Pierre ne souffrit au-
cune atteinte. « Il est remarquable, dit un
» historien , que sous quelques pontifes
» vicieux ou ineptes , il n'y ait eu ni trou-
» blés ni hérésies , et que l'Eglise ait joui
» d'une tranquillité qu'elle n'eut point sous
» les pontifes les plus sages. Dieu veillait
» alors particulièrement sur son ouvrage,
» et suppléait en quelque sorte aux soins
» et aux qualités de celui auxquel il
» était confié. » Voyez ALEXANDRE IV,
JEAN XII.
BENOIT X , nommé Jean, fils de Gui
Mincius , et évêque de Velitri , mis sur le
siège de Rome, le 30 mars 1038, par une
faction puissante , fut chassé quelques mois
après par les Romains qui élurent Nico-
las H. Il mourut le 18 janvier 1049. Quoi-
que communément considéré comme an-
tipape , son nom figure dans la liste des
pontifes. Nicolas II resta après la mort de
Benoit dans la paisible et légale posses-
sion du siège ; rien n'empêche qu'on ne
les regarde tous les deux pour vrais papes.
BENOIT XI ( Nicolas-Bocasiw ) , gé-
néral de l'ordre des frères prêcheurs , fils
d'un berger , ou selon d'autres , d'un gref-
fier de Trévise, fut fait pape en 1303,
après Boniface VIII. Il annula les bulles
de son prédécesseur contre Philippe le
Bel, et rétablit les Colonne. Il fut empoi-
sonné en 1304 par quelques cardinaux mé-
contens, si l'on en croit les bruits qui
coururent alors. Benoît XI était sage et
modéré. On raconte que sa mère étant
venue le voir avec des habits superbes ,
il ne voulut jamais la recevoir qu'elle
n'eût repris les habits de son premier
état. Il a commenté quelques livres de
l'Ecriture sainte, et a été béatifié en 1753.
BENOIT XII, appelé Jacques de Nou-
veau, sur nommé Fou/viier.. peut-être parce
que, dit-on, son père était boulanger ( ce
qui paraît néanmoins très incertain), na-
quit à Saverdun, au comté de Foix. Il était
docteur de Paris, cardinal-prêtre du titre
deSaint-Prisque. On l'appelait le Cardinal
Blanc ^ parce qu'il avait été religieux de
Citeaux , et qu'il en portait l'habit. Il fut
élu unanimement l'an 1334 , après Jean
XXII. Comme sa naissance n'était pas
bien illustre, les cardinaux furent tous
surpris de ce choix unanime , et le nou-
veau pape lui-même autant que les au-
tres : Vous avez choisi un âne , leur dit-
il. Il était profond dans la théologie et la
jurisprudence. Il laissa subsister les ana-
thèmes de son prédécesseur contre Louis
de Bavière, et excommunia les FratricellL
BE1V
2iS
BEN
Il publia une bulle pour la réforme de
l'ordre de Cîtcaux , \oulant que les abbés
ne fussent habillés que de brun et de
blanc , et n'eussent point avec eux des
damoiseaux * c'est-à-dire , de jeunes gen-
tilshommes qu'ils avaient à leur suite
comme les autres seigneurs. Il révoqua
toutes les commandes données par ses
prédécesseurs , excepté celles des cardi-
naux et des patriarches , et toutes les ex-
pectatives dont Jean XXII avait surchargé
les collateurs des bénéfices. S'il remédia
aux maux que l'avidité de Jean XXII avait
causés dans l'Eglise, il ne négligeapas non
plus de réparer le scandale qu'a-.ait occa-
Bioné son opinion sur la vision béalifi-
que. Il définit, que les âmes des bien-
heureux sont dans le Paradis J avant la
réunion à leurs corps et le jugement gé-
néral, et qu'elles voient Dieu face à face.
Ce saint pape mourut en 1342 à Avignon,
où il jeta les fondemens d'un palais qui
subsiste encore. Il pensait que les papes
devaient être comme Melchisédech _, sans
connaitre leurs parens. On a de lui quel-
ques ouvrages.
BENOIT XIII , né à Rome en 1649 de
la famille illustre des Ursins , prit en 16o7
l'habit de Saint-Dominique à Venise , fui
cardinal en 1672 , archevêque de Manfré-
donia , puis de Césène , ensuite de Béné-
vent , enfin pape en 1724 , le 29 mai. Il
assembla un concile à Rome l'année d'a-
près , pour confirmer la bulle Unigenitus.
On lit dans le Dictionnaire de Ladvocat ,
quï/ approuva la doctrine des thomistes
sur la grâce et la prédestination ; mais
le bref ne dit autre chose , sinon que l'é-
cole des thomistes se glorifie avec une ar-
deur louable ( laudabili studio gloriatur),
d'enseigner une doctrine transmise par
saint Augustin et saint Thomas, conforme
à la parole de Dieu, aux conciles, etc., {se
suam doclrinam ab Augustino et Thomâ
accepisse , eam verbo Dei , summorum
ponti/icum et conciliorum decrelis et pa-
trum diclis consonam esse ). Benoit mou-
rut le 21 février 1750. Sa mémoire est
en bénédiction à Rome , qu'il édifia par
ses exemples, et qu'il soulagea par ses
bienfaits. Sa bonté pour le peuple parut
en toute occasion , et il ne perdit aucun
moyen de diminuer le poids des subsides.
Sortant un jour de Rome, il aperçut qu'un
paysan payait avec chagrin un droit d'en-
trée; il voulut savoir quel était ce droit,
et non content d'en exempter le paysan,
il le supprima tout-à-fait, en avouant
qu'on n'avait pas tort de s'en plaindre.
Tous ses décrets ne respirent que la re-
ligion, la piété et le bon ordre. Sa Vie a
été écrite par Alexandre Borgia, arche-
vêque de Fermo, en latin, Rome, 1741,
in-4°.
BENOIT, antipape, appelé Pierre de
Lune , s'adonna d'abord à la jurispru-
dence civile et canonique. Il quitta cette
étude pour porter les armes, la reprit en-
suite , et enseigna le droit dans l'univer-
sité de Montpellier. Grégoire XI le fit car-
dinal, et Clément VII, légat en Espagne,
sa patrie. Après la mort de ce pontife les
cardinaux d'Avignon élurent Pierre de
Lune pour lui succéder, en 1594. Il prit
le nom de Benoit XIII. Le cardinal avant
son élection avait promis de se démettre ,
si on l'exigeait, pour mettre fin au schis-
me , mais le pape oublia sa promesse. Il
amusa pendant quelque temps Charles
VI , le clergé de France , l'université de
Paris, et divers princes de l'Europe, et
finit par déclarer qu'il n'en voulait rien
faire. Les rois , dont il s'était joué , réso-
lurent de l'obliger par force à céder la
tiare. Charles VI le fit enfermer dans Avi-
gnon. Benoît trouva le moyen de s'échap-
per, et se retira à Château-Renard. Cet
inflexible aragonais fut déclaré schisma-
lique aux conciles de Pise et de Con-
stance , et comme tel déposé de la pa-
pauté. C'est de lui que Gerson dit , dans
le style de son temps , qu"«7 n'y avait que
l'éclipsé de cette lune fatale qui pût don-
ner la p>aix à l'Eglise.... Benoit, anathé-
matisé par les Pères des deux conciles,
les anathématisa à son tour. Il se retira
dans une petite ville du royaume de Va-
lence, nommée Peniscola, et de ce trou
il lançait ses foudres sur toute la terre. Il
mourut en 1424, dans son obstination, à
l'âge de 90 ans. Il obligea deux cardinaux
qui lui restaient , à élire Gilles Mugnos ,
aragonais , chanoine de Barcelone , qui se
dit pape sous le nom de Clément VIII.
BENOIT XIV, naquit à Bologne en
1675 , de l'illustre famille de Lambertini.
Après s'être distingué dans ses études, il
fut fait successivement chanoine de la
basilique de Saint- Pierre, consul leur du
saint Office, volant de la signature de
grâce , promoteur de la foi , avocat con-
sistorial , secrétaire de la congrégation du
concile , canoniste de la sacrée pénitence-
rie , archevêque titulaire de Théodosie en
1724, enfin cardinal en 1728. Clément
XII le nomma à l'archevêché de Bologne
en 1731. Après la mort de ce pontife en
1746, Lambertini eut 44 voix pour lui, et
BEN
216
BEIV
fut élu pape sous le nom de Benoîl XIV.
Chaque année de son pontificat a été mar-
quée* par quelque bulle pour réformer
des abus , ou pour introduire des usages
utiles. Il avait cultivé les lettres avant de
monter sur le trône pontifical ; il les pro-
tégea dès qu'il y fut monté. Il fonda des
académies à Rome ; il envoya des gratifi-
cations à celle de Bologne , orna Rome de
plusieurs monumens ; honora de ses let-
tres divers sa vans, les encouragea, les
récompensa; abolit divers impôts, sup-
prima le papier timbré , remit le tabac
dans le commerce, et se distingua par
un grand désintéressement. En 1748, il
fit déterrer le fameux obélisque Horaire ,
dont parle Pline ( Hisl. nat. , ch. 9 , 10
et 11 ) , qui servait de méridienne pour
marquer les ombres du soleil à midi , en
divers temps de l'année, et par consé-
quent les différentes longueurs des jours
qui dépendent de la longueur des om-
bres. Le mauvais état où se trouvait cet
obélisque , ne permit pas de l'élever dans
sa hauteur qui était de 67 pieds. Il était
rompu en neuf endroits. Ces morceaux
précieux furent placés dans une cour qui
est derrière Saint-Lorenzo in Lucina; et
sur le lieu où l'obélisque avait été dé-
couvert on mit une inscription qui con-
sacre la mémoire de cette opération inté-
ressante. On y lit entre autres choses :
Obeliscum hieroglyphicis notis eleganler
inscriplum ., ex strato lapide regulisque
ex œre incisis ad deprehendendas solis
timbras, dierumque ac noctium magni-
tudinem > in Campo Martio erectum > ac
Soli dicalum, temporis et barbarorum
injuria confraclum jacenlemque terra ,
ac œdificiis obrutumJ magna impensa ac
artificio eruit , publicoque rei lilterariœ
bono, propinquum in hortum traixslulit.
Il mourut en 1758 , et eut pour successeur
Clément XIII. Les ouvrages de Benoit
XIV sont en 16 vol. in-fol. Les 5 premiers
ne traitent que de béatification et cano-
nisation des saints. La matière y est
épuisée, et on en a donné un abrégé en
français l'an 1759, in- 12. Le 6e contient
les actes des saints qu'il a canonisés. Les
deux tomes suivans renferment des sup-
plémens et des remarques sur les volu-
mes précédens. Le 9e est un traité du sa-
crifice de la messe. Le 10e traite des fêles
instituées en l'honneur de J. C. et de la
sainte Vierge. Le 11e renferme les instruc-
tions et les mandemens qu'il avait donnés
avant d'être pape. Le 12e est un traité sur
le synode; c'est le plus répandu des ou-
vrages de ce pontife , et un des meilleurs
livres qu'on ait sur la discipline de l'E-
glise , et surtout une excellente réfuta-
tion des nouveautés entreprises dans ces
derniers temps par quelques prélats in-
quiets ou courtisans. Les 4 derniers sont
un recueil de ses brefs et de ses bulles.
L'on remarque dans tous ses écrits une
vaste érudition , et une profonde connais-
sance du droit civil et canonique, de
l'histoire sacrée et profane. On a encore
de lui une édition du Martyrologe de
Grégoire XIII et quelques autres ouvra-
ges. A son intronisation , il eut un projet
qui ne réussit point : c'était de faire si-
gner un corps de doctrine, où, sans
parler de Baïus , de Jansénius et de Ques-
nel , telle vérité serait prescrite , et telle
erreur condamnée. Il croyait que par ce
moyen le jansénisme s'anéantirait sans
résistance : mais il est plus qu'apparent
que la secte, voyant ses erreurs réprou-
vées, n'aurait pas été plus docile pour
voir épargner les noms de ses fonda-
teurs. Benoit ne tarda pas à en être con-
vaincu par les nouveaux troubles qu'elle
excita en France ; et dans un bref aux
évêques de ce royaume, il décida qu'il
fallait refuser les sacre mens à quiconque
serait reconnu opposant à la constitution
Unigenilus. La modération , l'équité , l'es-
prit de paix ont été l'âme de son gouver-
nement. Son pontificat fut heureux et
généralement respecté. On a cru néan-
moins que son humeur accommodante
avait quelquefois trop accordé à la com-
plaisance ou à des considérations passa-
gères , et que la facilité de son caractère
l'avait empêché de se roidir contre des
systèmes naissans , dont ses successeurs
ont vu mûrir les fruits amers. M. de Ca-
raccioli a donné sa Vie , Paris, 1783, 1
vol. in-12; elle est intéressante, mais
mal digérée, et contient quelques faits
hasardés.
BEIVOIT ( Jean - Baptiste ) , célèbre
mathématicien, natif de Florence, vivait
vers 1490. C'est lui, selon de Thou, qui
a rétabli la gnomonique en Europe.
BENOIT ( Guillaume ) , professeur en
droit à Cahors , conseiller au parlement
de Bordeaux , ensuite à celui de Toulouse,
a laissé un traité sur les TestamenSj, 1582,
in-fol. Il mourut en 1520.
BENOIT ( Jean ) , né à Verneuil en
1483 , docteur en théologie de la maison
de Navarre , mourut curé des Saints-In-
nocens en 1573 ; il a fait des notes mar-
ginales en latin sur la Bible. Paris, 1541,
BEIV 217
■ fol. On appelle celle Bible de Benc-
dicti; elle a été souvent réimprimée. Il a
fini les Scolies de Jean de Gagny sur les
Evangiles et les Actes des Apôtres, 1563,
in-8u.
BENOIT ( René ) , Angevin , doyen de
la faculté de théologie de Paris , curé de
Saint - Eustache , confesseur de Marie,
reine d'Ecosse, et ensuite professeur de
théologie au collège de Navarre, fut
choisi pour confesseur de Henri le Grand,
à la conversion duquel il avait beaucoup
contribué. Il fut nommé à l'évèché de
Troyes; mais sa traduction delà Bible,
publiée en 1566, in -fol. et 1568, 2 vol.
in-4°, lui fit refuser les bulles par le pape.
Cette version fut supprimée par la Sor-
bonne en 1567, et condamnée par Gré-
goire XIII en 1575. Elle avait bien de la
ressemblance avec celle de Genève, sur-
tout dans les notes. Le docteur refusa
quelque temps d'acquiescer à sa condam-
nation. Il y souscrivit enfin en 1598. Sa
mort arriva 10 ans après, à Paris, le 10
mars 1608. On a de lui plusieurs autres
ouvrages; des sermons, des catéchismes,
des livres de piété, etc.
* BENOIT ( Le P. ) , dominicain du
17e siècle, est auteur d'une Histoire des
Albigeois et des Vaudois , Paris , 1691 ,
in-iJ.
BENOIT ( Elie ) , ministre réformé , né
à Paris l'an 1640, et réfugié en Hollande
après la révocation de l'édit de Nantes.
Il fut pasteur de l'église de Delft, et
mourut en 1728. On a de lui plusieurs
écrits estimés des protestans : | Histoire
et Apologie de la retraite des Pasteurs ,
1688 , in-12. | Histoire de ledit de Nantes,
en 5 vol. in-4° , Delft , 1693 , pleine d'exa-
gérations , de calomnies , et de ces fausses
tournures que l'esprit de parti ne man-
que pas de donner aux relations qu'il
inspire. | Mélanges de remarques criti-
ques, historiques, etc., sur deux Disser-
tations de Toland,1712, in- 8°. Benoît,
obligé de quitter sa patrie, ne fut pas
[dus heureux en Hollande. Comme il ac-
cordait son amitié sans jugement et sans
choix , il eut de prétendus amis qui abu-
sèrent de sa facilité. Sa femme lui donna
aussi beaucoup d'occupation, suivant ce
qu'il en dit dans ses Mémoires manu-
scrits : faillis omnibus, quœ conjugi pacem
amanti gravia esse jwssunt , implicila :
uvara, piocax , jurgiosa, inconstans et
varia; indc fessa conlradicendi libidine ,
perannos quadraginta sejrtem miserum
conjugem omnibus diris affecit.
KEIV
BENOIT ( PiEititE ) , savant maronite ,
naquit à Gusla, ville de Phénicie, en
1665, d'une famille noble. Dès l'âge de 9
ans il fut envoyé à Rome dans le collège
des maronites, où, pendant 13 années
consécutives, il s'appliqua avec les plus
grands succès aux belles-lettres, aux lan-
gues orientales et à la théologie. Il re-
tourna ensu:te dans son pays , d'où il fut
envoyé à Rome par les maronites d'An-
tioche, en qualité de député de leur
église. Cosme III , grand duc de Toscane,
l'appela à Florence, le combla de ses
grâces , et lui donna la place de profes-
seur d'hébreu à Pise. A 1 âge de 44 ans ,
Benoît se fit jésuite. Au sortir du novi-
ciat, Clément XI le mit au nombre de
ceux à qui il avait confié le soin de cor-
riger les livres sacrés écrits en grec. II
mourut en 1742, âgé de près de 80 ans,
regretté par les sa vans, par ses confrères
et par ses amis. On a de lui les 2 pre-
miers vol. de l'édition de saint Ephrem,
continuée et achevée par le savant Asse-
mani. Le cardinal Quirini qui lui devait
la connaissance des langues orientales , et
une partie de son érudition , l'avait en-
gagé à entreprendre cet ouvrage.
BENOIT GENTIEN, bénédictin de
Saint-Denis, parut avec éclat au concile
de Constance, et passe pour être l'auteur
d'une Histoire anonyme de Charles VI ,
roi de France, dite du moine de St.
Denis.
BENOIT DE TOUL. Voyez PICARD
BENOIT.
BENOIT ( Michel ) , jésuite français do
la mission de Pékin, né à Autun le 8
octobre 1715, fit son cours de théologio
au séminaire de Saint-Sulpice de Paris,
et entra au noviciat des jésuites de Nancy
le 18 mars 1757. Il montra d'heureuses
dispositions pour les sciences, et elles
furent cultivées avec soin. Après avoir
étudié à fond les mathématiques, l'astro-
nomie et quelques parties de la physique,
il sollicita et obtint la permission d'entrer
dans les missions de la Chine. Ses supé-
rieurs l'envoyèrent à Paris perfection-
ner ses connaissances astronomiques, et
il arriva à Macao en 1744. L'année sui-
vante on l'appela à Pékin où il fut obligé
d'établir sa résidence, quoiqu'il eût pré-
féré l'emploi de missionnaire obscur dans
les provinces. A peine lut-il arrivé, que
l'empereur Keën-Longqui avait vu la re-
présentation d'un jet -d'eau dans une
peinture, en demanda l'explication, et
voulut que les missionnaires résidant à
19
BEIV 2
rékin exécutassent une semblable pièce
d'hydraulique. Nul d'entre eux n'en con-
naissait la mécanique ; fort embarrassés ils
jetèrent les yeux sur le père Benoit à qui
les procédés de cet ouvrage n'étaient pas
plus familiers; cependant il consentit à
s'en charger, et son essai fut couronné
du succès. L'eau jaillissante dont l'art
n'était pas encore connu à la Chine excita
les applaudissemens du monarque et de
sa cour. Quelque temps après ce prince
lit bâtir dans l'enceinte de ses jardins
quelques palais à l'européenne, et dési-
rant qu'on y prodiguât les constructions
hydrauliques, il chargea le père Benoît
de leur direction. Ces travaux l'occupè-
rent pendant plusieurs années, et il dé-
ploya dans l'exécution les plus rares ta-
lens. Malgré ses grandes occupations, il
trouva encore le temps de s'occuper d'as-
troncinie, de physique et de géographie,
et il fit connaître à l'empereur Keën-
Long les usages du télescope à réflexion,
et ceux de la machine pneumatique. Pour
satisfaire aux questions qn'il lui faisait
souvent sur la géographie , il entreprit de
lui dessiner une grande mappemonde,
où il marqua tous les pays récemment
découverts, et où il rétablit la véritable
position de beaucoup de lieux d'après les
nouvelles observations. Il accompagna ce
dessin d'un mémoire dans lequel il donna
les explications nécessaires sur les globes
terrestre et céleste, et où il exposa les
systèmes modernes sur le mouvement de
la terre et sur ceux des planètes. L'em-
pereur satisfait de son travail, voulut lui
faire graver sur cuivre, quoique ce genre
de gravure ne fût pas connu à la.Chine ,
uns nouvelle carte générale de l'empire
qu'il venait de faire dresser. En vain le
missionnaire lui représenta qu'il n'avait
aucune connaissance de cet art, il fallut
obéir, et il se vit réduit, comme il l'a-
voue lui-même, de recourir aux livres
d'Europe pour y étudier la manière de
graver au burin et à l'eau forte. Il lui fal-
lut ensuite former des graveurs, et ima-
giner des presses propres à la taille-
douce , et accoutumer les imprimeurs en
bois â en faire usage. L'ouvrage était irn-
niense ; cctle carte se composait de 104
feuilles. Le travail fut suivi sans inter-
ruption, et terminé plus promptement
que le missionnaire ne s'y était attendu.
On parvint aussi à exécuter l'impression,
et la carte fut présentée à l'empereur qui
donna l'ordre d'en tirer 100 exemplaires.
A peine cette tâche fut-elle achevée, que
18 BEN
le père Benoit se vil chargé d'un autre
tirage d'une bien plus difficile exécution ;
je veux parler des batailles de l'empereur
Keën-Long qui avaient été gravées et
tirées en France aux frais de Louis XV,
et envoyées à la cour de Pékin en 1772.
L'empereur, qui avait admiré la perfec-
tion de ces gravures , voulut que ses ou-
vriers en tirassent de nouveaux exem-
plaires, toujours sous la direction du père
Benoit ; mais le travail fini de ces plan-
ches exigeant bien d'autres précautions
que le simple trait, il fallut inventer une
nouvelle presse et combiner des procédés
nouveaux pour perfectionner l'impres-
sion : mais les soins, l'activité, l'esprit
fécond en ressources du père Benoit suf-
firent à tout. Ce tirage fut exécuté avec
succès; et sans être aussi beau que celui
de Paris, il mérita encore l'approbation
de l'empereur. Ce premier essai de l'im-
pression en taille-dbuee fut le dernier des
travaux du missionnaire, un coup de
sang l'enleva subitement le 23 octobre
1774. Nous n'avons parlé jusqu'ici que de
ses travaux scientifiques ; ils ne l'empê-
chèrent poinl de se livrer avec ardeur â
lous les exercices de son ministère. Il fut
pleuré par tous les chrétiens de la capi-
tale et vivement regretté de l'empereur
Keën-Long qui l'avait constamment ho-
noré de la plus indulgente familiarité.
* BENOIT ( Françoise-Albine , PUS IN
DE LA MABTINIÈRE , femme ) , née â
Lyon en 1724, morte selon les uns, à la
fin du 18e siècle, et suivant d'autres, au
commencement du 19e, a publié | Jour-
nal en forme de lettres , mêlé de criti-
que» et anecdotes, 1757 , in -12; | Mes
Principes, ou la vertu raisonnèe , 1759,
in-12; | Lettre du colonel Talberl, 170G ,
4 parties in-12 ; c'est celui de ses ouvra-
ges qui a eu le plus de succès ; | So-
phronie , ou leçons d'une mère à sa fille ,
1709, in-12, et plusieurs autres Romans,
et Comédies non représentées.
BENOZZO GOZZOLI , célèbre peintre
italien, ne en 1400, mort vers l'an 1478.
Il excellait particulièrement à représenter
des édifices , des paysages et des animaux.
Ses principaux ouvrages se trouvent à
Florence , à Rome , et surtout à Pisc , où
il s'était fixé. On cite particulièrement
son beau tableau de la Dispute des doc-
teurs , et les immenses peintures à fres-
que qu'il exécuta au Campo Sanlo, dans
l'espace de deux ans , et qui représentent
la création du monde jour par jour. Ces
peintures, admirées de son temps, ont
EEX
219
iu:n
été depuis l'objet des éludes des plus
célèbres artistes, même de Raphaël.
BENSERADE ( Is.vvc de ), naquit en
1612, à Lions-la -Forêt , petite ville de la
haute Normandie. 11 n'avait que 8 ans
lorsque l'évèque qui lui donnait la con-
lirmalion, lui demanda s'il ne voulait pas
changer son nom hébreu d'Isaac, pour
un nom chrétien? — De tout mon cœur,,
répondit cet enfant, pourvu que je ne
perde rien au change. Le prélat charmé
de cette saillie, dit : II. faut le lui laisser,
il le rctidra illustre. Le ^cardinal de Ri-
chelieu, dont il se disait parent, lui
donna une pension de C00 liv. au sortir
de ses éludes, qu'il perdit après la mort du
minis I r e , par u n mau vais bon mot. Le car-
dinal Mazarin lui en fit une de 2000 livres,
et lui donna ensuite plusieurs autres pen-
sions sur des bénéfices. On croit qu'elles
montaient à plus de 12,000 liv. , revenu
qui certainement ne fut jamais destiné à
payer des vers galans. Benserade plaisait
beaucoup à la cour par sa conversation ,
assaisonnée d'une plaisanterie fine , et qui
flattait ceux mêmes sur lesquels il l'exer-
çait. Il excella surtout dans les vers des
ballets qu'il fit pour la cour, avan! que
l'opéra fût à la mode. Il avait un talent
particulier pour ces pièces galantes. Il
faisait entrer dans le rôle des personna-
ges de l'antiquité, ou de la fable, des
peintures vives et piquantes du caractère,
des inclinations et des aventures de ceux
qui les représentaient. Toute la cour fut
partagée, en 1651, sur le sonnet de Job,
par Benserade, et sur celui d'Uranie,
par Voiture. Il y eut deux partis , les Jo~
belins et les [Iraniens. Le prince de Conli
fut à. la tèle du premier; et sa sœur MUk
de Longueville, pour l'autre. Ces deux
sonnets firent beaucoup de bruit alors,
et sans cela on n'en parlerait pas à pré-
sent. Au commencement de l'inclination
de Louis XIV pour la Vallière, celte de-
moiselle chargea Benserade d'écrire pour
elle à son amant. Il mit aussi en ron-
deaux les Métamorphoses d'Ovide, travail
qui ne lui fit honneur que parce qu'il fut
entrepris par ordre du roi cl pour l'usage
de M. le Dauphin. Les ordres des princes
peuvent inspirer du zèle , mais ne don-
nent pas les talcns. Cet ouvrage en est la
preuve. Rien ne fut négligé pour le dé-
corer de tout le luxe typographique. U
lut imprimé au Louvre sur le plus beau
papier , et orné de figures magnifiques.
Tant de soins ne purent le garantir de
rcpigramine. Chapelle répondit à l'auteur
qui lui a\ait envoyé un exemplaire, par
le rondeau suivant :
A la Fontaine où t'enivre Boile.m ,
Le grand Corneille el le sacré troupeau
De ces auteurs que l'on ne trouve guère ,
Un bon rimeur duit Loire à pleine aiguière
S'il veut donner un bon tour au rondeau.
Quoique j'en boive aussi peu qr'un moineau,
Cher Benserade, il faut te satisfaire ,
T'en écrire un. Hé ! c'est porter de l'eau
A la Fontaine.
De tes refrains un livre tout nouveau
A bien des gens n'a pas eu l'heur de plaire:
Mais quant à moi , j'en trouve tout fort beau
Papier, dorure, image, caractère ,
Hormis les vers qu'il fallait laisser faire
A la Fontaine.
Benserade passa les dernières années de
sa vie dans des exercices de piété : son
seul amusement était d'orner et de cul-
tiver son jardin. Il mourut d'une saignée,
en 1691 , âgé de 78 ans, parce que le chi-
rurgien lui piqua l'artère. Il étail de l'a-
cadémie française depuis 167/t. Boileau
disait à ses anus, que son goût pour les
pointes ne l'abandonna pas même dans
ses derniers momens. Quelques heu tes
avant sa mort , son médecin lui ayant or-
donné une poule bouillie : Pourquoi dit
bouilli, répondit- il, puisque je suis frit ?
« Ce poète, dit un critique moderne.
» pour avoir eu pendant sa vie une ré-
» putatîon au-dessus de son mérite, est
» aujourd'hui beaucoup moins estimé
» qu'il ne vaut. La postérité devient tou-
» jours sévère à l'égard des auteurs dont
» les contemporains ont été trop légère-
» me/it enthousiastes. On ne peut refuser
» à Benserade une facilité singulière pour
» composer des vers sur toutes sortes de
» sujets. » Ses poésies ont été recueillies
en 2 vol. in-12 , 1697.
* BE\SI ( Beunaîii) ) , jésuite, né à Ve-
nise en 1688, d'une famille originaire du
Piémont, professa long-temps la théologie
morale , et publia quelques ouvrages , où
l'on remarque des principes extrêmement
relâchés, que le père Concina , domini-
cain , attaqua vivement dans deux lettres
qui ont été traduites en français. Ces ou-
vrages sont : | Praxis Iribunalis conscien-
tiœ , Bologne , 474S ; | Disserlalio de casi-
bus rese/vatis , Venise, 17't3. Ils ont été
mis à l'index à Rome le 16 avril I7hk , et
lé 2-2 mai de l'année suivante. L'auleur
fut obligé de se rétracter. Sv\s supérieurs
l'envoyèrent à Padoue, où il mourut en
1760, après avoir composé d'aulres ou-
vrages.
* BE.\SI (Jules), architecte et peintre,
BEN 220
né à Gènes, mort dans la même ville en
i668. Il fit des études profondes de la pers-
pective , fabriqua divers instrumens pour
réduire les tableaux, et fil des modèles
d'édifices et de macbines. Il s'appliqua
également à la peinture avec succès , et
composa beaucoup de tableaux pour l'Al-
lemagne.
BEiXSOX ( Georges ) , docteur presby-
térien , né à Great-Salkeld , dans la pro-
vince de Cumberland , en 1699, mourut
en 1763, après avoir beaucoup écrit contre
les philosopbistes. On a de lui en anglais:
| Des Commentaires sur les Epîlres de saint
Paul ; | des Sermons ; | la Vie de Jésus-
Christ; | la Religion chrétienne conforme
à la raison, 2 vol. in-8°; | l'Etablisse-
ment du Christianisme, i75S, 2 vol. in-4°.
* BEXT ( Jean Van der ) , peintre, né
à Amsterdam en 1650 , excellait dans le
paysage. Il avait été élève de Von Wer-
mans et de Van den Velde. Bcnt était très
laborieux, et mourut en 1690, de douleur,
dit-on , de ce qu'on lui avait volé une
somme considérable.
* BEXTABOLLE ( Pierre), avocat, em-
brassa avec ardeur les principes de la ré-
volution, et fut d'abord procureur-général
du département du Bas-Rhin, ensuite dé-
puté du même département à la Conven-
tion nationale. Il y vola pour toutes les
mesures violentes, et fut un des antago-
nistes les plus ardens des Girondins. Il se
déclara ensuite contre Robespierre au 9
thermidor ( 6 juillet 1794), et passa suc-
cessivement dans tous les partis. Il parait
que son but principal était de se faire re-
marquer; mais ce désir ne l'empêcha pas
de composer jusqu'à un certain point avec
les circonstances. Bentabolle devint mem-
bre du conseil des Cinq-cents et s'opposa
souvent aux actes du Directoire. Il mou-
rut à Paris le 22 avril 1798.
* BENTHAM ( Jacques ), théologien
et antiquaire anglais , né à Ely en 1708 ,
mort en 1794. On lui doit l'Histoire et les
antiquités de l'église cathédrale d'Ely ,
depuis sa fondation en 675 jusqu'en 1751 ,
Cambridge, avec des planches, 1771, in-4°,
estimée des Anglais, précédée d'une in-
troduction qui renferme des vues neuves
et ingénieuses sur les architeclures saxon-
ne, normande et gothique. Son frère
Edouard, professeur de théologie, a laissé
des Sermons et quelques ouvrages de
théologie.
* BEXTIIYM ( Jérémie), jurisconsulte
anglais , né à Londres vers 1755 , et mort
eu 1852, se consacra à la jurisprudence.
BEN
et publia plusieurs ouvrages qui lui ac-
quirent une grande célébrité. Les travaux
silencieux du cabinet l'occupèrent tout
entier, et il ne parla jamais en public.
Son premier ouvrage, publié en 1776 sans
nom d'auteur, sous le titre de | Fragmens
sur le gouvernement , était la critique du
fameux Blackstone. En 1790 , il donna :
I Une esquisse d'un plan nouveau pour
l'organisation de la justice en France,
et écrivit en 1793 une Lettre à la Conven-
tion nationale sur la nécessité de recon-
naître l'indépendance des colonies, lettre
qui n'était qu'une pâle imitation et une
réfutation embarrassée des Réflexions de
Burke sur la révolution. On lui doit en
outre : | Théorie des peines et des récom-
penses , que Dumont de Genève a publiée
par extrait 2 vol. in-8° ; | Tactique des
assemblées législatives jSuivied 'un Traité
des sophismes politiques, 2 vol. Ce livre
qui renferme une satire très amère des
assemblées délibérantes, est un des meil-
leurs ouvrages de Benlham; | Esquisse
d'un ouvrage en faveur des pauvres, tra-
duit de l'anglais , par Ad. Duquesnoy ,
in-8°, 1802; | Essai sur la nomenclature
et la classification des principales bran-
ches d'arts et de sciences , ouvrage ex-
trait de la chrestomathie de Jérémie Bei>-
tham par G. Bentham, in-8°, 1823 ; | Essai
sur la situation physique de l'Espagne _,
sur la constitution et le nouveau code
espagnol , sur la constitution du Portu-
gal, etc. trad. de l'anglais, précédé d'ob-
servations sur la révolution de la pénin-
sule et sur l'histoire du gouvernement
représentatif en Europe , et suivi d'une
traduction nouvelle de la constitution des
corlès , in-8°, 1823 ; | Traité de la législa-
tion civile et pénale, extrait des manus-
crits de l'auteur , par Et. Dumont , 3 vol.
in-8°; | Traité des preuves judiciaires ,
extrait des manuscrits de l'auteur , par
Et. Dumont, 2 vol. in-8°. | Bentham a
aussi traduit en anglais le Taureau blanc
de Voltaire ; mais ce n'est point là un de
ses titres de gloire. Ce jurisconsulte fut
un des hommes les plus remarquables de
l'Angleterre et dans ces derniers temps
nul législateur n'a exercé plus d'influence
que lui dans ce pays. Tous ses ouvrages
ont été traduits en français , et plusieurs
l'ont été en espagnol.
BEXTIVOGLIO ( Awibax ) , se rendit
maître de Bologne, où il commanda jus-
que vers l'an 1445 , qu'il fut assassiné dans
l'église de Saint -Jean par les Canedoli
et les Ghisilieri, qui l'avaient nommé
Il EN 22i
parrain d'une fille de leur maison , après
une feinte réconciliation. — Jean BEN-
TIVOGLIO son fils, lui succéda et se main-
tint par une cruelle politique. Il fit mou-
rir plusieurs des Malvezzi , et chassa les
Marescotli , parce que les uns et les autres
lâchaient de lui ravir le gouvernement.
A cela près , il fut un des plus grands
hommes de son temps , bon soldat , sage
capitaine , intrépide dans le péril, et l'ami
du monde le plus fidèle. Il fit une ligue
avec le pape Sixte IV, et avec Hercule ,
duc de Ferrare, contre les Vénitiens; bat-
tit Jérôme Riaro , et ensuite s'opposa gé-
néreusement à César Borgia , duc de Va-
lentinois, fils du pape Alexandre VI. Vers
l'année 1506, le pape Jules II étant venu
à Bologne, en chassa Jean Bentivoglio,
et toute sa famille. On y massacra quel-
ques-uns de sesenfans, on pillases biens,
sa maison même fut démolie par le peu-
ple , et tout cela s'exécuta barbarement,
contre la parole qu'on lui avait donnée.
Il se retira à Milan , d'autres disent à Bus-
setto, dans le Parmesan, où il mourut en
1508, âgé de près de 70 ans.
BENTIVOGLIO ( Heucule ) , né vers
1507 à Bologne , de la même famille que
le précédent, et neveu par sa mère d'Al-
phonse I , duc de Ferrare , occupa non-
seulement un des premiers rangs parmi
les poètes italiens du 16e siècle , mais fut
un des cavaliers les plus accomplis de son
temps. Il excellait dans tous les exercices
du corps, la musique et les instrumens.
Le duc de Ferrare l'employa en plusieurs
négociations importantes, dans lesquelles
ses talens ne brillèrent pas moins que dans
la poésie. Il mourut à Venise en 1573,
âgé d'environ 6G ans. Ses poésies , impri-
mées plusieurs fois , furent recueillies à
Paris, en 1719, in-12. On y trouve des
satires , des sonnets , des comédies , etc.
Deux de ses comédies , il Geloso et il
Fantasmi , ont été traduites en français
par Jean Fabre , Oxford, 1731 , in-8°.
BENTIVOGLIO (Gui), né à Ferrare en
1579, de la même famille que le précédent,
nonce en Flandre et en France , fut fait
cardinal par Paul V en 1621. De retour à
Rome, Louis XIII le chargea de veiller
aux intérêts de sa couronne , sous le titre
de protecteur des affaires de France au-
près du saint Siège. Sa probité , sa dou-
ceur, sa vertu l'auraient l'ail nommer
pape après Urbain VII, son ami, s'il
n'était mort pendant la tenue du conclave,
le 7 septembre 1644. On a de lui : | His-
toire des Guerres de Flandre , en italien.
BEI*
3 vol. in-12. Cologne, 1635-35-40, et à
Paris, de l'imprimerie royale. Les protes-
tans sont d'accord avec les catholiques ,
que cette histoire est une des meilleures
qu'on ait écrites sur cet objet. M. l'abbé
Loiseau , chanoine d'Orléans , en a donné
une traduction avec des changemens et
des notes, où l'esprit national le fait dé-
roger quelquefois à l'impartialité de l'au-
teur italien, k vol. in-12 , Paris , 1770. | Ses
Mémoires^ traduits par l'abbé de Vayrac ,
Paris , 1713 et 1722, 2 vol. in-12. Ils con-
tiennent les principaux événemens arrivés
pendant sa nonciature aux Pays-Bas et en
France. | Lettres traduites par Vénéroni ,
in-12 , Paris , 1672 et 1751 ; elles sont esti-
mées. | Relatione de gli Ugonoti di Fran-
cia, qui se trouve dans la collection de
ses Œuvres , Paris , 1645 , in-fol. Peu de
modernes ont mieux mérité d'être compa-
rés aux historiens de l'antiquité que Ben-
tivoglio. Son style est aisé , naturel et pur.
Ses réflexions marquent une connaissance
profonde de la politique et du cœur hu-
main. Il peint avec vérité et avec feu.
« Bentivoglio , dit son traducteur, a fait
» éclater les talens de l'homme de lettres
» et de l'homme d'état. C'est à ces deux
» titres qu'il a illustré son siècle. Ils sont
» d'autant plus incontestables , que l'un et
» l'autre sont évidemment consignés dans
» ses écrits. On peut prendre une juste
» idée de l'étude qu'il avait faite , et des
» connaissances qu'il avait acquises des
» règles de l'histoire et des meilleurs his-
» toriens de l'antiquité , sur les traces des-
» quels il a marché avec tant de gloire, par
» le jugement qu'il porte de l'Histoire du
«jésuite Srada, son contemporain et son
» ami. » M. Biagoli a fait paraître en 1807
une nouvelle édition de ses lettres ou
recueil de lettres écrites pendant qu'il
était nonce en France et en Flandre ,
Didot aîné, in-12.
* BENTIVOGLIO (Cokxelio }, cardinal
et poète, né à Ferrare en 1668, fut d'abord
envoyé à Paris en qualité de nonce. Il y
montra beaucoup de zèle dans l'affaire de
la bulle Unigenitus , et fut nommé car-
dinal en 1719. Alors il retourna à Rome
avec le titre de ministre d'Espagne et
mourut dans cette ville le 30 décembre
1732. On a de lui quelques ouvrages en
littérature , entre autres une traduction
en vers sciolti de la Thébaide de Stace ,
Rome, 1729, grand in-4°, réimprimée à
Milan , 1731 , 2 vol. in-4°. — Sa sœur Ma-
•rniLDE , morte à Rome en 1711, cultivait
aussi la poésie, et fut de l'académie des
19.
BEX
222
Arcadiens de Rome , où elle se fil sou-
vent applaudir en récitant ses vers.
BEXTLEY ( Richard ), né dans le
comté d'Yorck en 16G2, fui bibliothécaire
du roi en 1G93, après le savant Jutel, et
en 1700, directeur du collège de la Tri-
nité à Cambridge. Il mourul en 1742, après
avoir public plusieurs ouvrages. Les prin-
cipaux sont : | des Sentions contre les in-
crédules , traduits en plusieurs langues.
Bentley fut le premier qui eut les 50 liv.
sterling , que Boyle légua par son testa-
ment au théologien qui, dans huit sermons
prononcés dans le cours d'une année , dé-
fendrait la religion naturelle et révélée.
| Une excellente Réfutation, sous le nom
supposé de Philéleuthcre de Leipsick, du
trop fameux Discours de Collins sur la
liberté de penser. On a traduit ce bon ou-
vrage sous le titre peu convenable de Fri-
ponnerie laïque, 1738, in-8°. | Plusieurs
savantes éditions d'auteurs grecs el latins,
qu'il a enrichies de notes.
BEM'ZERADT ( Ciiarles-Hexri ), né
à Editer nacht, dans le Luxembourg, se fil
cistercien à l'abbaye d'Orval, à l'âge de
21 ans. Il en fut abbé pendant 59 ans, et
signala le temps de son gouvernement par
le rétablissement de l'austère régularité
que don Bernard de Montgaillard, appelé
communément le Petit Feuillant , y avait
introduite. Il mourut le 12 juin , en 1707.
* BEXVEMjTI ( Charles), jésuile ila-
licn, physicien et mathématicien, né à
Livourne le 8 février 1710. Il remplaça
le Père Boscovich dans la chaire de ma-
thématiques à Rome , mais après la sup-
pression de son ordre il quitta celte ville
pour se rendre en Pologne, où il fut bien
accueilli par le roi Stanislas Poniatovvski.
On a de lui | une Traduction italienne
de la géométrie de Clairaul , Rome , 1751,
in-8°. \ Synopsis physicœ gênerai is, 1754,
in-4°, thèse soutenue d'après les princi-
pes de Newton, j De lamine disserlatio
physica, 1754, autre thèse dans les mêmes
principes. | Irriflessioni sul Gesuilismo ,
1772. C'est cet ouvrage qu'il fil en réponse
d'un écrit contre son ordre qui l'obligea
«le quitter Rome. Il mourut à Varsovie
en septembre 1789.
BEXYOWSKl. Voyez BENIOWSKl.
BENZELRS ( Eric ), docteur en théo-
logie, archevêque luthérien d'Upsal, el
sous-chancelier de l'université, morl en
1743 àf>7 ans, né d'une famille forl obscure,
dul sa fortune à ses talens et à son mérite.
On a de lui plusieurs ouvrages sur l'Ecri-
ture sainte, l'histoire ecclésiastique el la
reo
le plus considérable
j théologie : le plus considérable est une
traduction suédoise de la Bible, 1701 .
in-fol. Trois de ses fils devinrent arche-
vêques d'Upsal; l'ainé , versé dans la
théologie, les langues, les antiquités et
l'histoire, a laissé plusieurs écrits sur ces
divers objets qui prouvent autant d'éru-
dition que de critique. On estime surtout
ses Monamcnla sueco-golhica et son lil-
philas ifluslralus. Il mourut en 1743. Ja-
cob qui lui succéda est connu par un
Abrégé de. théologie, une description de
la Palestine, et quelques autres ouvrages,
lous écrits en latin.
•BEXZELIUS ( Hexri), archevêque
d'Upsal, frère du précédent. Il était né à
Slrengnes et» 1089, et fit ses études à Up-
sal. Les voyages qu'il entreprit le condui-
sirent à Bender, où était alors Charles XII.
Ce prince, qui avait plus de goût pour
les sciences el les ails qu'on ne croit d'or-
dinaire , s'occupait du projet de faire
voyager des sa vans dans les contrées île
l'Orient. Benzelius fut du nombre de ceux
que le roi désigna, et il commença son
voyage en 1714. Après avoir parcouru
l'Archipel, la Syrie , la Palestine et l'E-
gypte, il retourna en Suède par l'Italie,
l'Allemagne et la Hollande. Le journal
qu'il avait rédigé est conservé à Upsal en
manuscrit. Une grande partie des obser-
vations du voyageur se trouve cependant
insérée dans un recueil de dissertations
latines qu'il fil paraître sous le titre de
Syntagma dissertalionum in academiâ
Lundensi habitaram , Leipsick, 1745, in-
4". Henri Benzclius , après son retour en
Suède , devint successivement professeur
en théologie, évèque de Lund et arche-
vêque d'Upsal, où il mourut en 1758. Il
avait remplacé , dans l'archevêché , son
frère Jacob Benzelius, mort en 1747.
BEOLCO (A\(;e), surnommé Ruzzante
(le badin, le folâtre), naquit à Padoue ,
et mourut en 1542. Il étudia de bonne
heure l'air , le geste , et le langage des
villageois, et en prit tout ce qu'il y avait
de naif, de plaisant el de grotesque. C'é-
tait le Vadé des italiens. Ses Farces rus-
lir/ucs, quoiqu'écrites d'un style bas et
populaire, plaisent aux gens d'esprit , par
la vérité avec laquelle les campagnards y
sont représentés, el par les bons mots
piquans dont elles sont assaisonnées. Il
aima mieux être le premier dans ce genre,
que le second dans un genre plus élevé.
Ses principales pièces sont la l'accaria ,
YAnconitana, la Moschelta, la Piovana ,
etc. Elles furent imprimées avec d'aulres
BEIl
223
BER
poésies du même genre en 15S4, iti-12,
•ous le litre : Tulle le Opère del fanwsis-
simo Ruzzaute.
• BÊUAKD ( Frédéric- )i professeur
d'hygiène à la faculté de médecine de
Montpellier , associé de l'académie royale
de Paris , né à Montpellier en 1780 , mort
dans la même ville le 16 avril 1828. Il prit
pour thèse inaugurale : Plan d'une mé-
decine naturelle , ou la nature considérée
comme médecin, et le médecin considéré
comme imitateur de la nature. Il fut
associé à la rédaction du Dictionnaire des
sciences médicales * dans lequel il donna
les articles Cranioscopie , où il critique
vigoureusement le système deGall; | Elé-
mens où il donne le tableau de la doctrine
analytique que Parthez et Dumas avaient
fondée à Montpellier ; | Extase > fond mus-
culaire, etc. Il revint ensuite à Montpel-
lier et s'y voua à l'enseignement particu-
lier de la médecine. On a de lui j un ou-
vrage sur la Différence de la variole et
de la petite vérole* i vol. in-8°. Bérard,
de retour à Paris , publia avec le doc-
teur Rouzel l'ouvrage de Dumas sur les
Maladies chroniques à et lit paraître en-
suite ] la Doctrine des rapports du physi-
que cl du moral , et une lettre inédile de
Cabanis sur les causes premières. Peu de
temps avant sa mort Bérard fut nommé
pur l'université à la faculté de médecine
de Monipcllier.il se montra constamment
dans la Revue médicale , un des adversai-
res de B toussais.
"BÉRARDIER (Denis), prêtre, doc-
leur et syndic de la faculté de théologie de
Paris, néàQuimper, en 1718, était en même
temps grand-maître du collège de Louis
le Grand. Quelque soin qu'il prit pour y
maintenir la discipline et les bons princi-
pes, les doctrines philosophiques du jour
avaient pénétré dans cet asile. L'abbé Bé-
rardicr fut élu membre des étals-géné-
raux. Il y vota avec le côté droit , et il si-
gna, dans l'assemblée de l'université, la
protestation du 12 septembre 1791. 11 dut
être douloureux pour lui de voir, dés les
premiers troubles, Camille Desmoulins,
Sainl-Just et Robespierre, ses élèves, y
prendre la pat! la plus active. Camille
Desmoulius avait célébré son ancien
grand-maître dans une pièce de vers inti-
tulée Mes adieux au collège. On prétend
qu'ayant voulu se marier, il s'adressa à
lui pour recevoir de sa main la bénédic-
tion nuptiale (i), quoique déjà le serment
(0 M. liarbier conteste ce fait , Examen crit t.
eût été exigé des ecclésiastiques, el que
Bérardier l'eût refusé. On doit dire à
la louange du même Camille Desmoulins
qu'il préserva Bérardier des massacres de
septembre : assez d'autres traits accusent
sa mémoire. Bérardier mourut en 1792 ,
âgé de 74 ans. Il a publié | Principes de
la foi sur le gouvernement de l'Eglise en
opposition avec le clergé, ou Réfutation
du développement de l'opinion de M. Ca-
mus, Paris, 1791, in-8° de 184 pages;
| Les vrais principes de la constitution du
clergé , en réponse à l'ouvrage de M. Ca-
mus intitulé Justification de mes princi-
pes , etc., 1791 , in-8°. Suivant l'auteur de
l art. Bérardier dans la Biographie uni-
verselle, ce dernier ouvrage serait le
même que le premier , réimprimé sous
un autre titre, après avoir eu quatorze
éditions. L'auteur du Dictionnaire des
anonymes , après l'avoir annoncé , sous
le n° 70a j , comme OEuvre de Bérardier ,
ne le donne plus tome 4 , page 97 , que
comme douteux , et renvoie à la table des
pseudonymes , sous le titre de Un doc-
teur de Sorbonne.
" BERARDIER DE BATAUD (Frax-
çois-Joseimi) , professeur de l'université
de Paris, au collège Duplessis, licencié
en théologie et prieur coinmendataire de
N.-D. de Serqueul. On a de lui | Précis
d'histoire universelle, avec des réflexions,
1766, in-12, réimprimé en 1776 avec des
augmentations , même format ; livre es-
timé, également propre à initier dans
l'histoire ceux qui commencent, et à en
rappeler les principaux traits à ceux qui
l'ont étudiée; | Essai sur le récit, ou la
manière de raconter, 1771 , in-12. Cet ou-
vrage est diffus , peu correct et moins
estimé que le précédent, quoique pourtant
il s'y trouve de très bonnes choses , no-
tamment d'excellens préceptes sur l'apo-
logue, le conte , la poème épique; | Tra-
duction de l'Anti-Lucrèce en vers fran-
çais , 1786, 2 vol. in-12, ouvrage très mé-
diocre. 11 était né à Paris en 1720, et mou-
rut dans la même ville vers 1794.
BERAUD (Laurent), jésuite, né à
Lyon le 5 mars 1703, mort dans la même
ville le 26 juin 1777, professeur de ma-
thématiques à Avignon, est auteur de di-
verses dissertations estimées , | Disserta-
tion sur la cause de l'augmentation des
poids que certaines matières acquièrent
dans leur calcination, 1747 , 1 vol. in-4° ;
| — Sur le rapport qui se trouve entre la
cause des effets de l'aimant cl celles des
phénomènes de l'électricité , 1748, l vol.
BER
224
BKR
in-4°. | Sur celle question : Les animaux
et les métaux ne deviennent-ils électri-
ques que par communication? pièce qui a
remporté le prix à Angers, 1749. Le Père
Beraud réunissait aux talens les plus va-
riés, à la science la plus i)rofonde, au
mérite rare de développer et d'exprimer
avec clarté les idées les plus abstraites,
la simplicité du cœur et la modestie de
l'esprit.
* BERAITDIERE ( Fkaxçois de la),
évêque de Périgueux, né vers la fin du
16e siècle . à Poitiers , de l'ancienne fa-
mille de Rouet , fut , de 1587 à 1605 , con-
seiller au parlement de Paris. Après la
mort de sa femme, il embrassa l'état ec-
clésiastique; il devint, en 1612, grand doyen
de Poitiers , abbé de Novaillé , où il in-
troduisit la réforme de S. Maur, et évêque
de Périgueux en 1614. Il gouverna ce
diocèse avec autant de zèle que d'édifica-
tion, rétablit plusieurs églises qui avaient
été dégradées ou détruites dans les guer-
res civiles , ramena un grand nombre
d'hérétiques à la foi, fil plusieurs fonda-
tions utiles, entre autres celle d'un sé-
minaire, et mourut saintement dans son
diocèse, en 1646. Quoique ses opuscules
soient tous en français, il les intitula
Otium episcopale, Périgueux, 1635, in-4°.
Ce sont des pièces de vers qui n'annon-
cent guère en lui le talent de la poésie ,
des discours où l'on trouve le mauvais
goût du temps , et des ouvrages de con-
troverse. Il fut bon magistral, excellent
évêque, et médiocre écrivain.
BERAULD (Nicolas), Beraldus , na-
tif d'Orléans, se distingua dans les pre-
mières années du 16e siècle, en l'univer-
sité de Paris, par sa connaissance des
belles-lettres et des mathématiques. Il fut
précepteur de l'amiral de Coligni et de
ses deux frères. Il ne vécut pas beaucoup
au-delà de 1559. Il ne pouvait donc être
en 1571 principal du collège de Montar-
gis , comme l'ont dit quelques lexicogra-
phes : cette place était alors occupée par
François Béiauld son fils , qui se fit cal-
\ inisle. On a de Nicolas Berauld une
édition des OEuvres de Guillaume , évê-
que de Paris . 1516 , in-fol. ; une de Y his-
toire naturelle de Pline , et d'autres ou-
vrages. Sa vertu et ses talens lui conci-
lièrent l'amitié et l'estime d'Erasme, et
do plusieurs autres personnages illus-
tres.
IJER A17LT (Josias), avocat au parle-
ment de Rouen, se distingua par son sa-
voir, sous le règne de Hecri III. On a de
lui un Commentaire fort estimé sur la
coutume de Normandie. La be édition en
1650 , et la 6e donnée en 1660 , in-fol. ,
sont les meilleures. Les libraires de Rouen
ont réuni , en 1684, les Commentaires dû
Berault, de Godefroi et d'Aviron, en 2
vol. in-fol.
* BERAULT-BERCASTEL (Antoixe-
Henai) , poète et historien né dans l'évè-
ché de Metz au commencement du 18'-
siècle , fut d'abord jésuite , puis curé d'O-
merville, au diocèse de Rouen, enfin
chanoine de Noyon. Il est mort pendant
la révolution, vers 1794, et a publié une
Histoire de l'Eglise en 24 vol. in-12 ,
1778, el années suivantes, qui lui donne
de justes droits à l'estime publique , par
l'art avec lequel il a su réunir ce qu'il y a
de plus inléressant et de plus instructif
dans les annales chrétiennes , en évitant
la fatigante prolixité de quelques-uns de
ses prédécesseurs , el la sécheresse de
quelques autres. Cette histoire , qui va
jusqu'au commencement du 18e siècle,
est écrite avec ordre, méthode et préci-
sion, à l'exception des derniers volumes
qui sont infiniment moins soignés. On di-
rait que l'auleur était pressé de terminer
son travail ou que ces volumes ne sont
pas de la même main. Cependant cet
ouvrage a eu du succès à cause des prin-
cipes et du bon esprit dans lequel il est
composé. Il a été réimprimé plusieurs
fois. L'auteur en avait fait , dil-on , un
abrégé en 5 vol. in-8°, qui n'a pas été
publié. L'abbé Bérault avait donné aupa-
ravant un poème en 12 chants sur la
Terre-Promise , et quelques autres poé-
sies très médiocres qui eurent peu de
succès et qui sont aujourd'hui entière-
ment oubliées.
BERCQEM. roi/ez BERGHEM.
BERCnOIRE ou BERCHEUR ou BER-
THEUR (PiEnuc), Jierchorius ou Ber-
thorius , bénédictin de Saint-Pierre-du-
Chemin, village à 5 lieues de Poitiers,
fut prieur de Saint-Eloi à Paris , et mou-
rut en 1562. C'est lui qui fit , par ordre du
roi Jean , la traduction française de Tite-
live, Paris , 1486, in-fol. , dont il y a un
beau manuscrit en Sorbonne. Il est en-
core auteur du Réducloire moral; du Ré-
pertoire , ou Dictionnaire moral de la Bi-
ble , De venter , 1477 , in-fol. et Cologne ,
1650 : ouvrages assez, mal exécutés. Il a
composé le Répertoire dans une tour où
il avait été mis à cause de ses sentimens
peu orthodoxes. On dit que cette rigueur
le corrigea.
BER
Symphorien-de-Lay en I7G5 , et mort en
1852 , lit de bonnes études et devint juge-
de-paix dans sa ville natale. Il s'était déjà
fait remarquer par quelques poésies lé-
gères , lorsqu'il publia, en 1801, son
poème de la Gastronomie , auquel il ne
mit son nom qu'après la 5e édition. Ce
poème a été traduit en anglais. Quelques
années après, Berchoux lit paraître les
Dieux de l'opéra, poème en six chants ,
fort au-dessous de celui de la Gastrono-
mie. Son roman intitulé le Philosophe de
Charenion , qui parut en 180/». , offre des
preuves trop nombreuses du mauvais
goût de l'auteur. En 1814, il donna Vol-
taire, ou le Triomphe de la philosophie
•moderne, 1 vol. in-8°, qui n'est guère
connu. En 1814 et en 1815, Berchoux four-
nit quelques articles à la Gazelle de
France et à la Quotidienne sous les noms
de V habitant de Mûcon et de M. Jllusard;
il a laissé en outre : L'enfant prodige ou
les Lumières vivantes , 1 vol. in-18 ,
1817 , et l'Art politique , poème en 4
chants, suivi de pièces fugitives et œu-
vres diverses, 1 vol. in-18, Paris, 1819.
BÉRE3GER I, fils d'Ebérard, duc de
Frioul, et de Gisèle, fdle de l'empereur
Louis , dit le Débonnaire , qui vivait dans
le 9e siècle, était un prince ambitieux,
cruel et emporté. Vers l'an 895 il se fit
déclarer roi d'Italie. Il eut pour concurrent
Gui, duc de Spolette, qui le défit dans deux
batailles rangées. Bérenger implora le
secours de l'empereur Arnould qui passa
en Italie, où il soumit plusieurs villes
en 894 et 896. En 898, les Italiens se
soulevèrent contre Bérenger , que son
orgueil et sa cruauté rendaient insuppor-
table. Ils rappelèrent Louis Bo/.on, roi
d'Arles et de Bourgogne , qui s'étant en-
gagé témérairement dans le pays en-
nemi , se vit surpris par Bérenger auquel
il demanda par grâce de lui permettre de
retourner en son pays. L'année suivante,
Boxon repassa les Alpes , à la tète d'une
puissante armée, à laquelle tout céda; il
s'avança jusques à Borne, où il se lit cou-
ronner empereur , et régna quatre ou cinq
uns avec assez de bonheur : mais Béren-
ger le surprit à Vérone , et lui lit crever
les yeux l'an 904 : après quoi Bérenger
se lit couronner empereur par le pape
Jean IX la même année, et par le pape
Jean X en 915. L'année d'après, il joignit
ses troupes à celles de ce pape et des au-
tres princes , et délit les Sarrazins qui
faisaient de grands ravages en Italie. Mais
22S
BER
aveuglé par ses succès , il irrita contre
lui les grands, qui appelèrent Bodolphc II,
roi de la Bourgogne transjurane. Béren-
ger , quoique surpris , ne négligea pas le
soin de sa défense, et lit venir à son se-
cours les Hongrois qui désolaient alors l'Al-
lemagne , et qui l'avaient remplie de car-
nage et d'incendies ; ils ne commirent pas
moins d'excès en Italie , et Bérenger qui
les y avait attirés y devint plus odieux
que ces barbares mêmes. Tout le monde
s'y ligua contre lui ; il perdit une bataille
le 28 juin de l'an 922 , près de Plaisance ,
contre Bodolphe. Il ne lui resta plus que
Vérone où il s'enferma , et où il fut assas-
siné l'an 924 , par la trahison de Flam-
ber. Il ne laissa qu'une fille unique , Gi-
sèle ou Gisletle, mère de Bérenger II , dit
le Jeune.
BÉREXGER II, dit le Jeune, fils d'Al-
bert , marquis d'Ivrée , et de Gisèle , fille
de Bérenger I , se souleva vers l'an 959
contre Hugues, roi d'Italie et d'Arles;
mais il fut obligé de se sauver en Alle-
magne, vers l'empereur Othon , auquel
il alla demander du secours. Depuis,
étant revenu dans le temps que les Ita-
liens avaient abandonné Hugues en 945 ,
il se rendit maître d'une partielle l'Italie,
et prit le titre de roi en 950 , après la
mort de Lothaire , fils du même Hugues.
Le dessein de se maintenir lui avait fait
envoyer l'historien Luitprand à Constan-
tin VIII, empereur des Grecs; mais ce
fut inutilement. Il exerça une tyrannie si
violente sur ses sujets, qu'ils furent con-
traints d'appeler Othon à leur secours.
Adélaïde, veuve de Lothaire, que Bé-
renger voulait obliger d'épouser son fils
Adelbcrg, fut encore un motif du voyage
de l'empereur Othon en Italie. Il y prit
l'an 964 Bérenger, qu'il envoya en Alle-
magne; et ce prince y mourut deux ans
après à Bamberg , ville de Franconie.
BEltENGER, archidiacre d'Angers,
trésorier et écolàtrc de Saint-Martin de
Tours, sa patrie, renouvela les erreurs
de Jean Scot, surnommé Erigène, et sou-
tenues ensuite , plusieurs siècles après ,
parles sacramentaircs, quoiqu'avec moins
d'égarement que plusieurs d'entre eux,
et en s'éloignant moins de la doctrine de
l'Église. « Il enseigna , dit l'abbé Pluquet
( Dit t. des Hérésies, art. Bérenger) que
» le pain et le vin ne se changeaient
» point au corps et au sang de Jésus-
» Christ; mais il n'attaqua point la pré-
» sence réelle. Il reconnaissait que l'Ecri-
» ture cl la Tradition ne permettaient pas
BER
22G
liEU
» tle douler que l'Eucharistie ne contint
» vraiment et réellement le corps et le
» sang de J.-C., et qu'elle ne fût même son
» vrai corps. Mais il croyait que le Verbe
» s'unissait au pain et au vin , et que c'é-
» lait par cette union qu'ils devenaient
* le corps et le sang de J.-C. , sans chan-
» ger leur nature ou leur essence physi-
» que, et sans cesser d'être du pain et du
y vin.» Celle hérésie avait déjà bien des
fauteurs, parmi lesquels on comptait
Brunon , évêque d'Angers. Henri I, roi
de France , se joignit au pape , et lit con-
damner l'hérésiarque dans un concile ,
tenu à Paris en 1050 , où ce prince assista
lui-même , avec les plus considérables
du clergé et de la noblesse. Le roi , eu
qualité d'abbé de Sainl-Marlin dé Tours ,
donna ordre de ne point payer à Béren-
ger les revenus du canonicat qu'il possé-
dait dans cette église. Bérenger se rétracta
au concile de Tours en 1054 ; mais après
le concile, il dogmatisa comme aupara-
vant. Nicolas II assembla à Borne, en
1059, un concile de 113 évêques; Béren-
ger y souscrivit une nouvelle abjuration,
et une profession de foi dressée par le
cardinal Humbert, clans laquelle il recon-
naissait que le pain et le vin, après la
consécration, étaient te vrai corps et
le vrai sang de J.-C. Il brûla ses écrits,
elle livre de Jean Scot; mais à peine
fut-il hors du concile, qu'il écrivit contre
sa formule de foi , et accabla d'injures le
cardinal qui l'avait rédigée. Il ne laissa
pas de condamner encore ses erreurs au
concile de Bouen , en 1065; et plus tard,
à celui de Poitiers , où il manqua d'être
tué. Grégoire VII le cita à Borne en 1078,
à un concile qu'il célébrait alors : il y
prononça encore sa rétractation. Deux ans
après, il renonya de nouveau à ses er-
reurs dans un concile célébré à Bordeaux.
Il mourut en 1088 repentant, suivant la
plus commune opinion. Nous avons de
lui plusieurs ouvrages relatifs à ces dis-
putes. Tels sont une Lettre à Ascclin, une
autre à Bichard , trois professions de foi
et une partie de son Traité contre la se-
conde profession de foi qu'on l'avait
obligé de faire, dans le Thésaurus anec-
dotorum de Martenne, et dans les Œu-
vres de Lanfranc. Bérenger parlait avec
peu de respect des Pères, parce qu'il les
trouvait contraires à sa doctrine et qu'ils
avaient établi clairement et unanime-
ment ce qu'il lui prenait la fantaisie de
nier. La manière dont Mosheim ( Histoire
ecclésiastique du dirilme &icde) a-' parlé
de Bérenger, montre à quel point un
homme, d'ailleurs instruit, peut porter
raveuglemenl systématique. Il dit que
Bérenger était renommé pour son savoir
et p< ur la sainteté exemplaire de ses
mœuis; il n'a pas cru pouvoir se dispen-
ser de donner quelques grains d'encens à
un hérétique. Mais le savoir de Bérenger
est fort mal prouvé par ce qui reste de
ses écrits, et sa sainteté encore plus mal
par trois parjures consécutifs.
BÉUÊNGER (Pieure), Poitevin, dis-
ciple d'Abailard , publia une Apologie
violente pour son maître, contre saint
Bernard qui l'avait fait condamner. Elle
se trouve avec les Œuvres d'Abailard;
l'on y remarque le zèle inconsidéré d'un
disciple séduit, plutôt que le langage de
la vérité et de la raison.
* BÉREIVGER (Jacques ), célèbre mé-
decin et anatomiste , né à Carpi , dans le
duché de Modène , ce qui lui a fait don-
ner le nom de Carpi par plusieurs bio-
graphes, et mort à Eerrarc en 1550.11
contribua beaucoup aux progrès que l'a-
natomie lit en ce siècle. On lui doit la dé-
couverte de l'appendice du cœcum, des
cartilages aryténoïdes du larinx , des
détails précieux sur la structure des
reins, de la moelfe-épinière, etc. Il opérait
aussi avec la plus grande dextérité, et
a publié , sous ce rapport , De cranii
fractura tra< talus , ih-4°, et autres ou-
vrages sur l'analomie , qui , aujourd'hui
ne peuvent avoir d'intérêt que pour l'his-
toire de l'art.
* BÉUE.XGER ( Jeatv-Pierre ) , né à
Genève en 1740 , de parens étrangers à
cette ville , qui l'avaient destiné à une
profession mécanique, qu'il abandonna
bientôt pour se livrer à l'élude des lettres.
Ayant pris part aux troubles de Genève,
il fut exilé en 1770, e» se relira à Lau-
sanne , où il publia plusieurs ouvrages:
| Histoire de Genève, depuis son origine
jusqu'à nos jours ( 1761 ), 6 vol. in-lï>.
Il y donne les plus grands détails sur le3
dissensions politiques du 18J siècle, et
n'y ménage pas le gouvernement de Ge-
nève; aussi son ouvrage fut-il brûlé pu-
bliquement dans cette ville. | Géographie
de Busching , abrégée dans les objets les
moins intéressons , augmentée dans ceux
qui ont paru l'être , retouché' jmrlout
et ornée d'un précis de l'histoire de cha-
que état ,1776, 12 vol. in-8" ; | Collection
de tous les voyages faits autour du
monde, 1788, 9 vol. in-8°, réimprimée
! en 17U5 ; | Histoire des trois voyages au-
r>î:u
227
BER
tour du monde par Cook , mise à la portée
de tout le monde , 1793 , 3 vol. in-8ù.
| Une édition des OEuvres d'Jbauzit et
autres ouvrages moins importans. Il est
mort à Genève en juin 1807.
* BÉRENGER ( Laurent-Pierre), né à
Riez en Provence , le 28 novembre 1749 ,
membre des académies de Lyon, Marseille
et Rouen, était , avant la révolution, pro-
fesseur de rhétorique au collège d'Orléans
et censeur royal. Ayant fait paraître une
satire intitulée : Les Boulevards de pro-
vince _, qui excita contre lui de vives ré-
clamations, ainsi qu'une fable et le conte
de la Poule j quelques personnes en crédit
firent supprimer la feuille périodique où
il avait inséré ces pièces, et contraignirent
l'auteur de donner sa démission , en
échange de laquelle il obtint une pension
et le titre de professeur émérite II se dé-
mit de son titrede censeur royal, en 1789,
et offrit un don patriotique à l'assemblée
nationale. Sous l'empire, il fut nommé
chef de l'instruction publique et inspec-
teur de l'académie de Lyon , place qu'il
conserva jusqu'en 1816. On a de Bérenger
un grand nombre d'ouvrages dont voici
les principaux : | Le nouveau règne , 1774,
in- 8°; poème présenté à Monsieur;
| Le tribut de l'amitié , ou Epitre à feu
M. de la Sèvre, 1778; | L'hiver , épitre à
mes livres, 1781 ; | Portefeuille d'un trou-
badour, 1782; j Eloge de Reyrac , 1783,
m-8° ; | OEuvres , 1783 ; | Les soirées pro-
vençales , 1786 ; | Recueil amusaid de
voyages en vers et en prose , 1783 à 1787,
publié avec Louis Couret; | Le peuple
instruit par ses propres vertus , ( instruc-
tions et anecdotes ) 1787, 2 volumes in-12,
réimprimés en 1803 ; | Ecole historique
et morale du soldat et de l'officier ,17 '88,
3 vol. in-12; | L,e Mentor vertueux , mo-
raliste et bienfaisant , 1788, in-12; | ^"5-
prit de Mably , 1789 ; | Esprit de Condil-
lac, 1789; | Anacharsis , ou Lettres d'un
troubadour sur cet ouvrage , 1789 , in-8" ;
| IVmtv-cUe s pièces intéressantes , servant
de supplément à tout ce qu'on a publié
sur les états-généraux et sur l'éducation
des princes destinés à. régner, 1790, 2 vol.
iu-8" ; j La Morale en action, in-12 ; \ La
Morale en exemples , 1801 , 5 vol. in-12 ;
| Fablier de la jeunesse et de l'âge mûr ,
1801, 2 vol. in-12; | Nouveau magasin des
petits enfans, 1802, 2 vol. in-12 ; | Fablier
en vers, 1802, in-12 ; | Recueil de prières
faisant suite au Psautier de La Harpe ,
et contenant toutes celles qui se trouvent
dans la Bible, 1803, in-12; | A labbé De-
mie, épitre en vers, pour l'engager à
rentrer dans sa patrie, 1802 ; | L'arrivée
de Bonaparte à Lyon , cantatille , 1802 ;
| Aux Anglais , vaticination (stances),
1811 ; 1 La terreur et les terroristes, 1814.
Bérenger a aussi publié des poésies fugi-
tives dans divers almanachs , principa-
lement dans celui des Muses. Il est mort
à Lyon le 26 septembre 1822 , à l'âge de
73 ans.
* BÉRENGER C, fille de Baymond IV ,
comte de Barcelone, fut célèbre par son
esprit et par sa beauté. Becherchée par
plusieurs souverains, et notamment par
Alphonse VIII, roi de Castille, elle épousa
ce prince à Saldana, en 1128, avec beau-
coup de pompe, fit l'ornement de sa cour,
et donna plusieurs fois des preuves d'un
mérite rare et d'une fermeté au-dessus
de son sexe. S'élant renfermée dans To-
lède , en 1139, pour défendre cette ville
contre les Maures, elle parut sur les rem-
parts, et traita de lâches des hommes qui
venaient ainsi assiéger une femme, tandis
que la gloire les appelait sous les murs
d'Oreja, dont le roi de Castille, en per-
sonne , faisait le siège. Les chevaliers
maures, par un esprit de galanterie qui
donne une idée des mœurs de ce temps-
là, ordonnèrent la retraite, et l'armée
musulmane défila devant la reine, en cé-
lébrant ses vertus et sa beauté. Les Cas-
tillans ayant ensuite décapité, par repré-
sailles , deux généraux mahométans , et
placé leurs tètes sur le sommet du palais
des rois à Tolède , la reine ne put souffrir
ces odieux trophées; après les avoir fait
enlever et déposer sur deux chars funè-
bres, elle les fit porter aux veuves des
deux généraux maures. Cette princesse ,
aimée de ses sujets , estimée des ennemis
même, mourut le 3 février 1149, laissant
deux fils , Sanche et Ferdinand , et une
iille qui épousa le roi de Navarre.
BEIIÉMCE. royez CALLIPATIRA,
femme célèbre d'Atbènes.
BÉltÉMCE, fille de Ptolémée Phila-
dclphe , et d'Arsinoé , épousa son frère
VioUnnéa Evergètes , 246 ans avant Jésus-
Clirist. La même an-née, ce roi étant sur
le point de faire la guerre à Sélcucus roi
de Syrie, Bérénice, pour obtenir que son
mari retournât bientôt victorieux , voua
sa chevelure à Vénus. A son retour , elle
coupa ses cheveux , et les offrit dans un
temple , mais comme on ne l s y trouva
pas le lendemain , un mathématicien ,
nommé Conon, assura qu'ils avaient été
enlevés au ciel, et mis entre les astres.
BER 228
Effectivement, ils occupent encore au-
jourd'hui une place dans le ciel astrono-
mique, sous le nom de Coma Bérénices.
Catulle les a célébrés par un poème.
BÉRÉNICE, autre fdle de Ptoléméc
Philadelphe s fut mariée par son père à
Antiochus le Dieu, roi de Syrie, 257 ans
avant J. C. Ce dernier avait alors une
autre femme nommée Laodice , et il en
avait eu Séleucus , dit Callinicus , et An-
tiochus qu'on surnomma YEpervier.Sept
ou huit ans après , l'an 246 avant J.-C,
Antiochus rappela Laodice , laquelle crai-
gnant l'esprit volage de ce prince l'em-
poisonna, et fit assiéger Bérénice qui s'é-
tait retirée avec son fils , dans l'asile de
Daphné , au faubourg d'Antioche. Plolé-
mée Evergètes, son frère, se mit en cam-
pagne pour la secourir : mais avant son
arrivée , le fils de Bérénice tomba entre
les mains de Cénée, émissaire de Laodice,
et fut massacré. Sa mère monta sur un
chariot, poursuivit l'assassin, le tua d'un
coup de pierre , et se renferma dans An-
tioche, où elle fut prise et étranglée.
BÉRÉNICE, fille de Ptolémée Aulètes,
fit étrangler son mari Séleucus , pour
épouser Archélaiis , qui fut tué dans un
combat. Ptolémée rétabli sur son trône,
d'où ses sujets l'avaient chassé , la punit
de mort l'an 55 avant Jésus-Christ.
BÉRÉNICE de Chio, l'une des femmes
de Mithridate Eupator. Ce prince, vaincu
par Lucullus, craignant que le vainqueur
ne prit un château où ses femmes étaient
retirées, et ne les violât, leur envoya un
eunuque pour les faire mourir. Bérénice
donna à sa mère une partie du poison que
l'eunuque lui offrait, et en ayant pris trop
peu pour mourir assez tôt, ce barbare l'é-
trangla l'an 71 avant J. C. « Celte horrible
► action de Mithridate , dit un historien,
► passerait encore aujourd'hui , chez les
► Orientaux, pour un trait héroïque;
» chez nous, ce n'est qu'une abomina-
» tion , le fruit horrible de trois passions
» réunies, la lubricité , la jalousie et la
» cruauté. »
BÉRÉNICE , fille de Coslobare et de
Salomé, sœur d'Iiérode le Grand, épousa
Aristobule, fils de ce prince. Elle vécut
mal avec lui , et contribua à sa mort par
ses plaintes et par ses intrigues. Elle se
maria à Theudion oncle d'Antipater ,
fils d'Hérode , après la mort duquel elle
alla à Rome. Antonia, femme de Drusus.
lui témoigna beaucoup d'amitié. Bérénice
mourut quelque temps après. Son fils du
premier lit, Agrippa, fit un voyage à
IÎEH
Rome, l'an 50 de J. C. , où il reçut de
grands services d' Antonia.
BÉRÉNICE, fille d' Agrippa l'Ancien ,
et sœur aînée d' Agrippa le Jeune, roi des
Juifs , fut mariée à Hérodc son oncle, à
qui Claude donna le royaume de Chal-
cide : c'est elle dont il est parlé au cha-
pitre 25 des Actes des Apôtres, qui vit
Paul dans les fers et entendit la défense
de ce grand homme. Elle demeura quel-
que temps veuve après la mort d'Hérode;
mais pour étouffer le bruit très bien fondé
qu'elle avait un commerce incestueux
avec son frère , elle épousa Polémon , rot
de Cilicie, après l'avoir engagé à se faire
circoncire. Elle le quitta ensuite pour son
ancien amant. C'est elle qui conseilla aux
Juifs de se soumettre aux Romains; mais
n'ayant pu rien gagner sur ce peuple in-
docile, elle se rangea du côté de Titus , et
s'en fit aimer. On assure que cet empereur
qui , malgré tout le bien qu'on en dit,
avait les passions très violentes, voulut
l'épouser, et la faire déclarer impératrice ;
mais que la crainte des murmures du
peuple Romain l'obligea de la renvoyer ,
malgré lui et malgré elle, dès les premiers
jours de son empire. Cette séparation de
deux amans passionnés a été mise sur le
théâtre français, par Corneille et Racine.
BEREN1CIUS, homme inconnu, qui
parut en Hollande l'an 1670. On crut que
c'était quelque religieux apostat. Il ga-
gnait sa vie à ramoner des cheminées et
à aiguiser des couteaux. Il mourut dans
un marais , étouffé par un excès de vin.
Ses talens, si l'on en croit quelques his-
toriens, étaient extraordinaires. Il ver-
sifiait avec une telle facilité, qu'il récitait
soudain en assez bons vers ce qu'on lui
disait en prose. On l'a vu traduire du fla-
mand, en vers grecs ou latins, les gazettes,
en se tenant debout sur un pied. C'était
une espèce d'improvisateur. Et d'après
tout ce que l'on en raconte, on est porté
à croire qu'il y a autant de charlatanisme
d'un côté que d'exagération et de crédu-
lité de l'autre. On lui attribue la satire ou
poème héroïco-burlesque, intitulé Geor-
garchoniomachia.
RÉRÉTIN (Pierre), né à Cortonadans
la Toscane, en 1596, montra d'abord peu
de talent pour la peinture; mais ses dis-
positions s'étant développées tout à coup,
il étonna ceux de ses compagnons qui s'é-
taient moqués de lui. Rome , Florence le
possédèrent successivement. Alexandre
VII le créa chevalier de l'éperon d'or. Le
grand duc Ferdinand lï lui donna aussi
BER
229
BER
plusieurs marques de son estime. Un jour
ce prince admirant un enfant qu'il avait
peint pleurant, il ne fit que donner un
coup de pinceau, et il parut rire; puis
avec une autre touche, il le remit dans
son premier état : Prince, lui dilBérétin,
vous voyez avec quelle facilité les enfans
fleurent et rient. Il mourut de la goutte
en 1669. Son commerce était aimable, ses
mœurs pures, son naturel doux, son cœur
sensible à l'amitié. Son génie était vaste,
et demandait de grands sujets à traiter.
Il mettait une grâce singulière dans ses
airs de tête, du brillant et de la fraîcheur
dans son coloris , de la noblesse dans ses
idées ; mais son dessin était peu correct ,
ses draperies peu régulières, et ses figures
quelquefois lourdes. Bérétin, connu aussi
sous le nom de Pierre de Corlone , ne
réussit pas moins dans l'architecture.
* BERG (Jean-Pierre), philologue,
théologien et orientaliste, professa la
théologie dans l'université de Duisbourg,
où il mourut en 1800. Son principal ou-
vrage est : Spécimen animadversionum
philologicarum ad selecla Vêler is Testa-
menti loca, Leyde, 1761, in-8°. Il a eu
beaucoup de part au Symbola litteraria
Duisburgs, La Haye et Duisbourg , 1786.
* BEUGALLI (Chaules), mineur con-
ventuel, mort en 1679, professa la théolo-
gie à Palerme , sa patrie , et se distingua
dans la prédication. On a de lui des Mé-
langes de poésies et des OEuvrcs de phi-
lo sophie , Pérouse, 1649.
* BEUGALLI (Charles), moine italien
de l'ordre des mineurs conventuels, était
né à Palermc , et avait de la réputation
comme prédicateur en 1650. Il prêcha
celte année-là le carême à Bologne. Il fut
professeur de philosophie et de théologie
dans les couvens de son ordre, provincial
en Sicile, et gardien du grand couvent à
Païenne , où il mourut le 17 novembre
1679. Il publia un ouvrage de philosophie,
sous ce titre : De objecta j)hilosophiœ ;
Pérouse, 1649, in-4°. On assure qu'il avait
écrit : | un poème épique italien intitulé
Davidiade ;>| des mélanges de poésie la-
tine, Poësis miscellanea ; | un livre élé-
mentaire de médecine , Tyrocinium me-
dicœ facullalis ; mais ces ouvrages n'ont
jamais été imprimés.
* BEUGALLI (Louise), femme célèbre
par ses talens dans la littérature et les
arts, née à Venise le 15 avril 1703. Elle
étudia le dessin et la peinture sous le cé-
lèbre Rosalba , et se senla t un goût dé-
cidé pour la poésie dramatique , elle prit
des leçons d'Apostolo Zeno, poète alors
attaché à la cour de Vienne. Ses princi-
paux ouvrages sont Agide re di Sparta,
drame en musique, Venise, 1725; | YEle-
nia, drame en musique, 1750; | Le aven-
ture del poêla, comédie; | Elettra, tra-
gédie, 1743. | La Bradamante, drame en
musique, 1747; | La Theba, tragédie , 1 758 ;
| Le covimedie di Terenzio tradolte in
versi sciolti, in-8°; | Des traductions en
prose italienne des tragédies de Racine ,
du Jonathas et de YAbsalon de Duché ,
des Machabées de la Mothe. On lui doit
encore un recueil intéressant sous ce titre :
[ Componimenti poetice délie pià illustri
rimatricid'ogni secolo, raccolli da Luiza
Bergalli, etc. Venise , 1726 , in-12 , et
beaucoup de Canzoni , et autres poésies
insérées dans plusieurs recueils de son
temps.
* BEBGAMASCO ( Jean- Baptiste ) ,
peintre, ainsi nommé de la ville de Ber-
game sa patrie. Il passa en Espagne sous
le règne de Charles-Quint , et fut un de
ceux qui contribuèrent le plus à natura-
liser dans cette contrée le goût lier et mâle
de Michel-Ange , dont il avait reçu des
leçons en Italie. Il peignit pour Charles-
Quint de grandes compositions à fresque
clans le palais royal de Madrid que l'on
construisait alors. Il mourut en 1570 à
Madrid , dans un âge fort avancé. Ses deux
fils Granelo et Fabrice excellèrent dans le
genre grotesque.
BERGAME. Voyez FORESTI.
* BERÇASSE ( Nicolas), célèbre avo-
cat né à Lyon, en 1750, d'une famille ori-
ginaire de Tarascon ( Arriègc ) , et mort
à Paris le 29 mai 1852 , à 82 ans , fit d'ex-
cellentes éludes au collège de l'Oratoire
de Lyon, et fut député en 1789, aux états-
généraux par le tiers-état de cette ville.
Il publia à cette époque une brochure in-
titulée : Cahier du tiers-état à l'assemblée
des états-généraux. Bergasse sortit de
cette assemblée , dès le mois d'octobre de
la même année , et exposa les motifs qui
l'avaient porté à cette démarche dans un
écrit où il présentait le résultat de ses ré-
flexions sur la constitution de 1791. Il écri-
vit contre les assignats, et prit part à la
rédaction des Actes des apôtres que Pel-
tier rédigea de 1789 à 1791. Arrêté àTar-
bes , en Î793 , comme suspect , il fu* con-
duit à Paris, et il aurait été mis en juge-
ment sans la révolution du 9 thermidor
qui lui rendit la liberté. Depuis il vécut
toujours dans la retraite. A l'époque de la
seconde invasion des armées alliées en
20
BER
250
BER
France, il se trouvait à Paris, où l'empe-
reur Alexandre, qui lui témoignait une
considération particulière, l'honora d'une
visite, et voulut même se rattacher. Mais
Eergasse se refusa aux offres les plus
brillantes. On a de lui : | Discours pronon-
cé à l'hôtel-de-ville de Lyon sur cette
question : Quelles sont les causes générales
des progrès de l'industrie et du commer-
ce, etc, 177/t, in-8° : | Théorie du monde
et des choses animées suivant les prin-
cipes de Mesmer, in-fol., 1784; tiré à cent
exemplaires et réimprimé la même an-
née à La Haye, sous le titre de Considé-
rations sur le magnétisme animal, in-8°;
| Lettres sur les états-généraux , in-8°,
1784 ; j Discours sur les crimes et les tri-
bunaux de haute trahison, 1789, in-8°;
| De la liberté du commerce ; \ Protesta-
tion contre les assignats monnaies, 1789,
in-8° ; | Lettres à ses commeltans au su-
jet de sa protestation , 1790, in-8° ; | Ré-
flexions sur le projet de constitution ,
4791, in-8°; | Réponse au mémoire de
Monte squiou sur les assignats, 1791, in-8°;
| Mémoire contre Beaumarchais dans
l'affaire Kornmann ..etc. En 1821, M. Ber-
çasse publia | X Essai sur la propriété, ou
considérations morales et politiques sur la
question de savoir s'il faut restituer aux
émigrés les héritages dont ils ont été dé-
pouillés durant le cours de la révolution;
l'auteur fut poursuivi pour cette produc-
tion devant le jury qui l'acquitta sur la
proposition même du ministère public.
Enfin on lui doit encore | Essais de philo-
sophie religieuse. Dans ses dernières an-
nées, cet écrivain tourna toutes ses pen-
sées vers la religion, et ne pensait qu'avec
regret à quelques-uns de ses anciens écrits.
BEUGASSE ( Alexandre), frère du
précédent, naquit à Lyon en 1747, et s'a-
donna d'abord au commerce , qu'il quitta
bientôt pour s'occuper , avec plus de li-
berté, de l'œuvre des convulsions. Il était
intimement lié avec Desfours de Gene-
lière , et il le seconda de tout son zèle
pour propager ses erreurs. Il fut du nom-
bre de ceux qui ne voulurent point re-
connaître le concordat de 1801. Il est
mort à Lyon le 19 février 1820. Il a com-
posé et fait imprimer un livre intitulé
Réfutation des faux principes et des ca-
lomnies avancées par les jacobins pour
décrier l'administration de nos rois , et
justifier les usurpateurs de l'autorité
royale et du trône * par un vieux Fran-
çais, Lyon , 1816 , in-8°. La vente de cet
ouvrage, particulièrement dirigé contre
la Charte , fut défendue ; et M. Bergasse
consentit à sa suppression, pour éviter les
poursuites des tribunaux , de sorte qu'il
est très difficile d'en trouver des exem-
plaires.
* BERGEX ( Thierry Van ) , célèbre
peintre de paysages , né à Harlem , morl
en 1089. Ses tableaux sont recherchés. Il
en existe plusieurs au Musée. Ils sont bien
composés, d'une assez bonne couleur,
mais la touche en est un peu molle. — Il
y a un autre peintre du même nom, né à
Bréda vers 1G70 , qui donnait les plus
grandes espérances, mais qui mourut fort
jeune. Oh cite de lui une sainte famille,
dans le genre de Rembrandt, qu'on ne
distinguait des ouvrages de ce maître, que
parce qu'elle était d'un meilleur goût de
dessin.
* BERGER (Charles-Auguste de),
anatomisle et botaniste allemand, né le 11
août 1704, à Francfort-sur-1'Oder, mort
en 1760, fut l'élève de Boerhaave : il fut
reçu médecin dans sa patrie, et y professa
ensuite avec succès l'anatomie et la bota-
nique. On lui doit | Flora franco-fur tana*
in-8°, d'après la méthode de Tournefort,
qu'il publia en 1750, estimée particulière-
ment pour les préceptes élémentaires qui
la précèdent, et qui sont remarquables
par leur précision et leur vérité ; | Classes
conchyliorum , 1760, in-4°. | Icon nova
ventriculorum cerebri, 1734, et plusieurs
autres ouvrages d'analomie : Programma
de pia maire ; programma de nervis; me-
thodus cranii ossa dissuendi , etc. On a
encore de lui un grand nombre de dis-
sertations savantes , insérées dans la col-
lection des thèses anatomiques, recueillies
par Haller et dans les Mémoires des Sa-
vans.
* BERGER (Théodore) , professeur de
droit et d'histoire à Cobourg, né en 1683
à Unterlaulern , mort en 1773, est connu
par son Histoire universelle synchronis-
tique des principaux étals de l'Europe,
depuis la création du monde jusqu'à nos
jours, 1729, in-fol. ( en allemand ). Cette
histoire, qui est estimée , a obtenu cinq
éditions, et a été continuée par Wolf-
gany Jceger, professeur à Altdorf, Co-
bourg, 1781, in-fol.
BERGER (Jeax-Godefroi-Ehmanuel),
théologien luthérien, né en Lusace en
1773, mort le 20 mai 1803. On a de lui :
| Histoire de la philosophie des religions,
ou tableau historique des opinions et de
la doctrine des philosophes les plus cé-
lèbres sur Dieu et la religion, 1800>
BER
231
BER
Berlin , in-8°; | Introduction pratique au
nouveau Testament , Leipsick, 17'.)8, 2
vol. in-S°. | Essai d'une introduction mo-
rale au nouveau Testament, 171)7, in-8".
Tous ces ouvrages sont écrits en allemand,
il parait (pie Berger était libre dans ses
opinions.
BERGERAC. Voyez CYRANO.
BERGERE! ( Jean-Pierre ) , médecin
et botaniste distingué, né à Lasseube,
pvèsOléron, le 25 novembre 1751 , mort
à Paris le 28 mars 1815 , a publié Phyto-
nomotechnie universelle , c'est-à-dire l'art
de donner aux plantes des noms tirés de
leurs caractères, Paris, Didot , 1785 et
années suivantes , 27 livraisons , formant
5 vol. in-folio avec 528 planches. L'ou-
vrage n'est pas achevé , et la 21e liv. n'a
jamais paru. — Il ne faut pas le confon-
dre avec un autre médecin et professeur
d'histoire naturelle du même nom , mort
en 1814. Ce dernier était né à Morlaas,
dans les Basses-Pyrénées, dont il a pu-
blié une Flore, Pau, -1805, 2 vol. in-8",
(pii n'est pas terminée.
BERGIIEIH ( Nicolas ) , peintre , ex-
cellent paysagiste, né à Amsterdam en
1624 , montra dès son enfance les plus
grandes dispositions pour la peinture. Le
château de Bentbem, où il demeura long-
temps, lui offrait des vues agréables et
variées , qu'il dessina d'après natwre. Ses
tableaux sont remarquables par la richesse
et la variété de ses dessins , par un co-
loris plein de grâces et de vérité. Le roi
de France en possède deux. Ce peintre
mourut en 1685. La douceur et la timidité
formaient son caractère, et l'avarice celui
lie sa femme. C'était à la fois une harpie
et une mégère. Elle s'emparait de son
argent, et le laissait à peine respirer :
elle était dans une chambre au-dessous de
sou atelier , pour frapper au plancher
toutes les fois qu'elle s'imaginait <pie son
mari allait s'endormir. Le seul plaisir de
Berghem était de peindre. Il disait en ba-
dinant que l'argent est inutile à qui sait
s'occuper.
BERGIER ( Nicolas ) , naquit à Rheims
eu 1557. Il fut professeur dans l'univer-
sité de cette ville. Il s'adonna ensuite au
barreau , et s'y lit un nom. Les habitans
de Rheims l'envoyèrent souvent à Paris ,
eu qualité de député, pour les affaires de
leur ville. Le président de Bellièvre lui
procura une pension de 200 écus , et un
breveld'historiogiaphe. Il mourut en 1625.
On a de lui | les Antiquités de Rheims ,
1655 , in-A°; j Y Histoire des grands che-
mins de l'empire Romain, traduite en
plusieurs langues , et réimprimée à Bru-
xelles , en 2 vol. in-4° , 1729. Elle réunit
tout ce qu'on pouvait dire de plus curieux
sur cette matière. Les savans l'estiment
beaucoup et avec raison. On trouve cet
ouvrage en latin dans le 10e vol. des An-
tiquités romaines de Graevius.
BERGIER. Voyez GLOFFROI (Etiewe-
Fraxçois ).
BERGIER ( Nicolas-Silvestre ), doc-
teur en théologie , curé de Flanchebou-
che , diocèse de Besançon , chanoine de la
métropole de Paris, né à Darnay en Lor-
raine , le 51 décembre 1718 , s'est fait con-
naître par un grand nombre d'écrits utiles
et savans. Après avoir préludé dans la
carrière des lettres par quelques ouvrages
légers, et remporté deux fois le prix d'é-
loquence à l'académie de Besançon , il s'é-
lança dans un champ plus vaste, et fit bien-
tôt servir sa plume â un objet plus noble et
plus glorieux, celui de défendre la religion
chrétienne contre les attaques multipliées
des incrédules, qui , plus acharnés que ja-
mais à sa destruction, se flattaient déjà d'as-
seoir l'impiété sur ses ruines. | Le déisme
réfuté par lui-même, imprimé en 1755 ,
2 vol. in-12 , fut le premier ouvrage que
Bergier publia en sa faveur. Il y attaque
particulièrement J. J. Rousseau; il le
combat avec ses propres armes et ne lui
oppose pour l'ordinaire que ses propres
sentimens établis dans quelques autres en-
droits de ses ouvrages. C'est là qu'il ma-
nie heureusement la comparaison de l'a-
veugle-né , pour expliquer le rapport de
notre raison avec la nature et les ouvrages
de Dieu; qu'il prouve la nécessité et l'exis-
tence de la révélation, la voie dont Dieu
veut se servir pour nous la faire connaî-
tre ; qu'il combat la tolérance , et justifie
pleinement la religion des maux qu'on
lui attribue; qu'il démontre l'inutilité
et les faux principes du nouveau plan
d'éducation tracé dans l'Emile , allie le
christianisme avec la politique, réfute
eniin d'une manière victorieuse l'Apolo-
gie de Rousseau contre le Mandement de
l'archevêque de Paris, etc. Cet ouvrage
fut bientôt suivi d'un autre. | La Certitude
des preuves du Christianisme parut en
1767, in-12. L'auteur l'opposa à Y Exa-
men critique des apologistes de la Reli^
gion chrétienne, ouvrage insidieux, long-
temps connu en manuscrit , et qui avait
fourni les matériaux à un grand nombre
de livres impies , avant que Fréret le mît
au jour. L'abbé Bergier dévoile la passion
BER
252
JBER
et la mauvaise foi de cet incrédule , que
le masque de la modération pouvait dé-
guiser , et sans s'étonner de ce groupe
énorme de raisonnemens spécieux , il les
attaque en détail , fait voir l'illusion de
chacun en particulier , et renverse ainsi
l'édifice entier. Il donna en 1769 son | Apo-
logie de la. Religion chrétienne , ouvrage
plus étendu que les deux précédens -, mais
où l'on trouve la même précision, la
même clarté , la même modération. L'au-
teur y combat Boulanger, auteur du Des-
potisme oriental , de X Antiquité dévoilée,
et du Christianisme dévoilé. | La Suite de
cette ApoCogie ou Réfutation des princi-
paux articles du Dictionnaire philoso-
phique présente une précision , une éner-
gie, un laconisme admirables. L'abbé Ber-
gier en revenant plusieurs fois aux mêmes
objets où ses adversaires , qui se répètent
sans cesse, le rappellent, paraît toujours
armé de nouvelles raisons et de nou-
velles autorités; et quoiqu'il satisfasse
toujours , il ne s'épuise jamais , et oppose
à la monotonie des philosophes une fé-
condité et une variété qui forment un
contraste peu avantageux à la cause de
ces messieurs. Le Système de la Nature
faisait beaucoup de ravages. Bergier lui
opposa en 1771 son | Examen du Maté-
rialisme, 2 vol. in-12. C'est dans cet ou-
vrage que le célèbre apologiste de la re-
ligion fait l'anatomie de la monstrueuse
production qu'il réfute , avec une exacti-
tude qui tient du scrupule , mais qui le
met à l'abri du reproche que quelques
philosophes avaient osé faire à d'autres ,
d'avoir passé sous silence des objections
essentielles. Dans le premier volume il
détruit le matérialisme , et dans le se-
cond il justifie la religion, et traite de
la Divinité , des preuves de son existence,
de ses attributs, de la manière dont elle
influe sur le bonheur des hommes , etc.
Dans sa | Réponse aux Conseils raisonna-
bles qu'il donna en 1772 , il réfute les so-
phismes et les sarcasmes de Voltaire. En
1780 parut son | Traité historique et dog-
matique de la vraie religion, avec la ré-
futation des erreurs qui lui ont été oppo-
sées dans les différais siècles, Paris,
1780, 12 vol. in-12 : ouvrage plein de
choses , riche en observations de tous les
genres ; histoire , physique , géographie ,
politique , morale , philosophie , érudi-
tion sacrée , tout se réunit sous la plume
du savant, éloquent et judicieux auteur ,
pour faire un tableau simple par son ob-
jet principal, quoique infiniment composé
par la diversité de ses rapports et la mul-
titude des parties qui concourent à for-
mer ce précieux ensemble. En 1788 et
années suivantes, il publia son | Dic'ion-
naire thêologique , 5 vol. m-liP , faisant
partie'tle V Encyclopédie méthodique. On
y retrouve en général la vaste érudition ,
la logique rigoureuse, le style coulant,
rapide, aisé de ses autres productions;
mais ça et là, ainsi que dans l'ouvrage
précédent, un peu trop d'indulgence ou
de complaisance envers les gens d'une
secte qui ne dédaignait point ses talens,
une espèce d'égards pour des erreurs
accréditées , et de composition avec quel-
ques préjugés dominans. « Je crois quel-
» quefois, a dit un critique , entendre la
» religion qu'il a si savamment défendue,
» lui dire aveenm ton de tendresse et de
» plainte : Tu quoque. Brute1. » Des hom-
mes respectables ont témoigné leurs re-
grets sur son association à une tourbe
d'écrivailleurs , que le chef lui-même ap-
pelait une race détestable de travailleurs,
qui ne sachant rien, et se piquant de sa-
voir tout, cherchèrent à se distinguer par
une universalité désespérante , se jetèrent
sur tout, brouillèrent tout, gâtèrent tout,
mettant leur énorme faucille dans la mois-
sondes autres (i). Il est certain que celte
(i) On voit que Feller adresse ici an pieux et savant
auteur du Dictionnaire thêologique deux reproches
assez graves : le premier, d'y ménager dans quelques
endroits des erreurs ou des préjugés accrédités ; le
second, de s'être associé aux encyclopédistes et d'a-
voir fait beaucoup de mal, en accollant une doctrine
pure et sainte à Unis doctrines licencieuses et impies.
Sur le premier reproche qui ne précise rien , des
théologiens très-orthodoxes, après avoir beaucoup lu
M. lîergier, demandent quelles sont ces erreurs qu'il
a ménagées, et dans quels articles de son Dictionnaire
on peut le? saisir. Sans doute , l'on n'a à reprocher à
ce grand homme que d'avoir, dans des matières lais
sées à la discussion des scholastiques , embrassé des
sentiment qu'on ne partage pas avec lui ; mais cela
n'est certainement pas ménager l'erreur et composer
avec elle.
Quant à son association aux encyclopédistes , il est
certain , disent ses censeurs , que l'aversion des hom-
mes tes plus sages pour VEncycloyeUle a cessé et qu'ils
l'ont achetée sans aucune défiance, dès qu'ils l'ont
vue décorée du nom de M. Bergier. Ainsi , à les en-
tendre, parce qu'il avait fourni ta partie thêologique,
les plus sages ont bonnement cru que les autres parties
étaient excellentes, quoique travaillées par des im-
pies ; que le cynisme révoltant de leurs pre'cédentes
productions ne se retrouvait pas dans celle-ci, et qu'ils
y faisaient au contraire amende honorable de leurs
blasphèmes ; en un mot , que le nom et le concours de
M. lîergier purifiant tout, ils pouvaient acheter ce
pernicieux ouvrage. Ceci n'est pas une simple conjec-
ture : il est certain, on l'a tranchément prononcé, que
les plus sages , au nom seul de M. lîergier, ont été
BEU 25
association a infiniment contribué à ré-
]);inclreun ouvrage pernicieux, vaste ma-
gasin d'erreurs de tous les genres, dont
les lecteurs chrétiens avaient la plus grande
aversion , et qui depuis qu'il fut décoré
du nom d'un auteur si sage et si religieux,
trouva place dans les bibliothèques les
plus scrupuleusement composées. Mais
celte démarche imprudente où son zèle
peut lui avoir fait illusion , n'empêchera
pas qu'il ne soit considéré à juste titre ,
fascinés jusqu'à juger et à agir ainsi , c'est-à-dire , jus-
qu'à juger sans ombre de sagesse ni de jugement. Si
l'on réussit , au moyen de semblables assertion; et en
choquant toutes les vraisemblances, à fle'trir un nom
si glorieux , quelle réputation restera entière ?
Au reste , l'on doit être loin de supposer aucuns mé-
clianceté à ceux qui sont si révoltés d'une associatio»
qui probablement révolta M. Bergier lui-même, et
pour laquelle il eut à vaincre une forte répugnance.
Elle n'a pas eu la funeste influence qu'on lui prête , et
voici ce qui peut le persuader. D'abord , il était indu-
bitable que {'Encyclopédie serait publiée, quelque
parti qu'il prît ; seulement la théologie , s'il avait re-
fusé de la traiter, l'aurait été par d'autres et peut-être
de la manière la plus perfide. Son association n'a donc
rien fait pour la publicati
l'ouvrage , et il serait
injuste de la lui imputer. Mais n'est-il pas vrai au
moins qu'elle lui a donné crédit et beaucoup contri-
bué à le répandre ? On peut répondre que VEncych-
pe'die fut, au commencement comme aujourd'hui,
achetée par des hommes sans principes et décidément
impies j tnsuite par ceux qui ne font profession ni
d'impiété ni de christianisme. Les premiers voulaient
cet ouvrage précisément parce qu'il était mauvais, et
les seconds quoiqu'il le fût ; tous par un goût de curio-
sité et de dépravation , sans aucun égard au travail de
M. Bergier, et ne se proposant pas de le lire. Mais ses
nombreux collaborateurs étaient trop connus; la plu-
part s'étaient fait, par de hideux écrits, uns célé-
brité trop odieuse , pour ne pas inspirer la plus forte
défiance aux hommes sages, et aucun d'entre eux n'a
dû faire les frais de cette immense et coûteuse collec-
tion encyclopédique. L'association de M. Bergier n'a
donc eu et ne devait avoir aucun mauvais effet.
On peut ajouter encore , qu'en surmontant sa répu-
gnance pour cette association , il a probablement em-
pêché que l'arche sainte de la nouvelle alliance ne fût
profanée ; que la science de Dieu , renfermée dans les
écritures et les traditions saintes , ne fût indignement
exposée ; en un mot , qu'on ne fit servir au scandale et
à la perte de plusieurs la religion que le ciel a donnée
à la terre pour l'édification et le salut de tous. S'il n'a
pu empêcher la publication de ce répertoire mon-
strueux où l'art le plus infernal a partout adroitement
mêlé le mensonge, l'impiété et le vice , avec l'histoire,
les sciences et les arts , il a du moins placé le remède
a côté du poison j et la doctrine saine et lumineuse de
«on Dictionnaire en a peut-être guéii plusieurs que
es mauvaises doctrines des autres parties de l'ency-
clopédie avaient déjà mortellement blessés. Ainsi ,
tout judicieusement pesé , son association aux ency-
clopédistes avait des motifs plausibles , et nous ne ré-
pugnons pas à croire ( ce qui nous a été certifié ) qu'il
y avait été encouragé par les hommes les plus reli-
gieux , et en particulier par monseigneur l'archevêque
de Païu.
3 BEIl
pour un des plus zélés apologistes mo-
dernes du christianisme. Ce qui distingua
particulièrement l'abbé Bergier, ce qui
fait le caractère exclusif de ses ouvrages
parmi les apologies de la religion, c'est
une logique d'une précision et d'une vi-
gueur étonnantes , qui se montrant danS
une seule et même matière sous des for-*
mes absolument différentes, attaque le
sophisme en tant de manières à la fois . le
frappe si rudement sur les endroits où sa
résistance paraissait le mieux assurée, que
la victoire se décide toujours par cette
lumière pleine et brillante qui ne laisse
subsister aucun nuage de l'erreur. Je ne
sais s'il est possible d'avoir plus de cou-
naissances en tant de genres divers, mais
particulièrement dans l'histoire , la théo-
logie , la critique , et surtout dans cette
immensité de brochures et de compila-
tions de toutes les espèces , que les En-
celades de ce siècle ont entassées comme
des monts , pour abattre, si ce triste ex-
ploit pouvait être l'ouvrage des mortels,
le trône de l'Eternel. Personne ne con-
naît et ne confond mieux les ruses et les
détours de ces esprits faux et tortueux,
ces petits artifices que le mensonge em-
ploie avec un art qui lui est honteusement
propre , ces fruits odieux de la mauvaise
foi , ces tours de malice noire , celte im-
piété maligne , comme parle l'Ecriture ,
qui dirige les attaques de l'ennemi contre
le lieu saint ( Quanta malignatus est ini-
micus in Sancto! Psal. 73 ). Tout cela
s'évanouit comme une fumée devant les
regards de l'éternelle et invincible vérité,
présentée avec ses traits naturels par cet
homme de zèle et de génie ( Ad nihilum
deductus est in conspectu ejus malignus.
Ps. 14 ). C'est, surtout dans ce genre d'ar-
gument qu'on appelle rétorsion, que Ber-
gier excelle ; c'est par lui ordinairement
qu'il consomme son triomphe. A peirte
a-t-il repoussé les attaques des adversaires
du christianisme, qu'il les attaque lui-
même avec leurs propres armes, tournées
contre eux avec une célérité et une adresse
qui étonne le lecteur; et quemettant, pour
ainsi dire, la religion hors de l'arène, il
y place le philosophisine et l'accable de
mille traits. Nous ne parlerons pas de son
| Traité sur l'Origine des dieux du paga-
nisme, ouvrage où l'on ne trouve ni sa
logique, ni la marche judicieuse de sa
vaste érudition : il le répudia en quelque-
sorte lui-même par l'éloge qu'il a fait plu-
sieurs fois de Y Histoire des Temps fabtir
leux jdonl le résultat lui était tout-à-i'uit
20-
BER
23A
BEB
contraire. «Il était, dit l'abbé Barruel, du
» petit nombre de ceux qui pouvaient le
» juger; mais je puis assurer que je n'ai
» point vu d'admirateur plus sincère et
» plus éclairé de celte estimable produc-
» tior. de M. du Rocbcr , que l'abbé Ber-
» gier lui-même : il la louait , la préco-
» nisail partout, et disait hautement que
» le systeme de la fable expliquée par
» l'histoire , était mieux prouvé que le
*sien et méritait la préférence à tout
» égard (i). » Bcrgier mourut à Paris le 9
avril 1790.
* BERGICS (Pierre-Jonas), médecin
et professeur d'histoire naturelle à Stock-
holm, membre de l'académie des scien-
ces de cette ville , mort en 1791 , est connu
par plusieurs bons écrits. Ayant reçu de
Grubb, directeur dn la compagnie des
Indes de Suède, un herbier considérable
de plantes du cap de Bonne-Espérance , il
donna la description de ces plantes, sous
le titre de : j Dëscripliones plantarum ex
Capile Borue Spei^ Stockholm , 17G7, in-8°.
Cet ouvrage est plus souvent cité sous le
titre de : Flora Capensis. Bergius fit con-
naître beaucoup de végétaux de cette co-
lonie , qui avaient échappé jusqu'alors aux
recherches des botanistes. Il publia un
grand nombre de mémoires sur les plantes,
insérés parmi ceux des différentes sociétés
dont il était membre , telles que l'acadé-
mie des sciences de Stockblom, la société
royale de Londres , etc. Sans sortir de
Suède, il trouva le moyen de faire con-
naître un assez grand nombre de plantes
exotiques, et mérita ainsi que Linnée lui
consacrât un nouveau genre de plantes,
sous le nom de Bergia. Il est aussi l'au-
teur d'une matière médicale du règne
végétal, contenant les simples officinales ,
et celles qui sont alimentaires: | Malaria
medica è regno vegetabili , sistens sùnpli-
cia officinalia pariter alque culinaria J
Stockholm, 1778, in-8°; 1782, 2 vol. in-8°;
| d'un traité en suédois, sur les arbres
fruitiers, Stockholm, 1780; | et d'un ou-
vrage plein de recherches sur l'état de
(0 Quel témoignage et quelle nouvelle preuve en
faveur de l'immortelle et unique Histoire des temps
fabuleux! Cela n'empêcha pas que M Court fie Ge-
fctlin ne fut enthousiasme' de l'ouvrage de lîergier, et
ne regardât en toute pitié celui de M. Guerin du
Rocher, parce que l'empirique docteur, mort au ban-
quet de Mesmer, était aveugle' par nu creux système
de ion invention , qu'il croyait pouvoir étayer de
quelques idées de lîergier ; tandis que lîergier, ne
cherchant que la vérité', était aussi charme de la
trouver chez un autre que chez lui-même.
la ville de Stockholm, dans le 15" et le IfF
siècle. — BERGIUS (Bexc.ts ou Benoit),
son frère, qui demeurait avec lui, prit
part à ses travaux. Les deux frères Ber-
gius avaient, aux portes de Stockholm ,
un grand jardin où ils élevaient des plan-
tes rares, et qu'ils ont légué à l'académie
de Stockholm, avec un capital considéra-
ble, pour établir une chaire de jardinage
ou d'agriculture. Benoît étail commissaire
à la banque de Stockholm , et membre de
l'académie; né en 1723, il est mort en
1784. Ii est l'auteur de plusieurs mémoires
sur divers sujets d'histoire naturelle et
d'économie , qui sont insérés parmi ceux
de l'académie.
* BEUGKLIXT (Olaus), ministre sué-
dois du 18e siècle, cultivait l'histoire, la
philosophie et la poésie. On a de lui quel-
ques ouvrages de morale et de littérature
à l'usage de la jeunesse , et des poésies en-
tre lesquelles il faut distinguer VOde sur
le revers > que la plupart des Suédois sa-
vent par cœur.
BEUGLER (Etienne), savant du 18e
siècle, mena une vie assez, errante à Leip-
sick, à Amsterdam, à Hambourg, et fut
presque toujours aux gages des libraires.
Une traduction qu'il fit du Traité des Offi-
ces du célèbre Maurocordato , despote de
Moldavie et de Valachie, lui concilia la
bienveillance, de ce prince. Il quitta Lcip-
sick pour se rendre à sa cour; mais ayant
trouvé le despote mort , il passa en Tur-
quie, où il vécut et mourut misérable-
ment, après avoir abjuré la religion chré-
tienne. C'était un homme versé dans les
langues grecque et latine; mais d'un ca-
ractère dur, peu sociable et inquiet. Il
fournit plusieurs articles aux journaux de
Leipsick , mais il est principalement connu
par des Versions et par des Commentaires,
dont les uns ont été publiés sous son nom,
et les autres sont anonymes. Nous ne pos-
sédons que ses Notes sur Aristophane ,
i t isé rées dans l' Aristophanis Comœàiœ un-
decim , grœce et latine J in-/i.0, à Leyde,
17(J0. C'est à M. Burmann qu'on doit cette
édition.
BERGMAN (Torrern), chevalier dc
l'ordre royal de Vasa, professeur de chi-
mie à Upsal, membre de l'académie des
sciences de la même ville , associé à celles
dc Paris, de Londres, de Berlin, de Stock-
holm, etc., né en 175o à Catharineberg
en "Westrogothie , se distingua d'abord
comme physicien et naturaliste , cl fut dis-
ciple de Linnée. La chaire de chimie et de
minéralogie que remplissait Wallérius, se
BER 2ô
Irou vant vacante par sa retraite , Bergman
se mit au nombre des concurrens , et sans
avoir jusqu'alors annoncé aucun travail
en chimie, il publia un Mémoire sur la
-préparation de l'Alun* qui fut vivement
attaqué clans les journaux , et que W'allé-
'rius lui-même cri tiqua. Le prince Gustave ,
depuis roi de Suède , sou prolecteur, par-
vint à le faire approuver par un comité
de l'université d'Upsal. Ce Mémoire fut
suivi d'un grand nombre d'autres, où
l'auteur traite souvent de matières utiles,
mais où il s'abandonne aussi à des hypo-
thèses et des plans de créations , dans les-
quels il n'est pas plus heureux que les
conûans spéculateurs qui ont couru dans
la même carrière. Le principal de ses ou-
vrages est sa Sciagraphia mineraUs J qui
a été traduite en français , in-8°. Il mou-
rut à Upsal en 1776. L'université a rendu
à sa mémoire les honneurs les plus distin-
gués , et l'académie de Stockholm lui a
consacré une médaille.
* JtERGOING (François), médecin,
député de la Gironde à la Convention .
vola dans le procès de Louis XVI, pour
l'appel au peuple , la détention elle sursis.
Nommé, en mars 1793 , membre de la
commission des douze, chargée de recher-
cher les auteurs de complots, et d'exami-
ner les arrêtés de la commune de Paris ,
Eergoing et ses collègues déployèrent une
fermeté qui attira sur eux la haine des
anarchistes. Eergoing fut mis hors la loi
par décret du 3 octobre , mais il parvint à
se soustraire à la mort, el rentra après le
9 thermidor à la Convention, où il con-
tinua de lutter contre les montagnards ,
notamment dans la journée du 1er prairial
an 3 (20 mai 1798). Il devint membre du
comité de sûreté générale, entra ensuite
au conseil des Cinq-cents , prit part à la
journée du 18 fructidor an 5 (4 septembre
1797 ) , donna sa démission après le 18
brumaire an 8 (9 novembre 1299), et ne
reparut plus dans la carrière législative.
Après la nomination de Joseph Bonaparte
au trône de Naples , il fut employé dans
ses étals, et y resta jusqu'en 1815. Il est
mort en France il y a quelques an-
nées. Eergoing avait été très lié avec Ear-
ras.
* BERGON (le comte), grand officier
de la légion-d'honneur, membre du con-
seil d'étal impérial, directeur-général des
eaux et forêts, etc., fut élu, le 10 janvier
1812 , président du collège électoral de
l'Aveyron. Le 17 avril 181/t, il adressa
un discours à Monsieur * comte d'Artois,
> «EU
lieutenant-général du royaume, au nom
du conseil d'état impérial ; le roi le con-
serva dans son poste de directeur général
des eaux et forêts, ainsi que sur la liste
des conseillers. Destitué par Napoléon ,
en 1813, il reprit ses fonctions , après la
seconde rentrée de Louis XVIII. On lui
doit quelques ouvrages parmi lesquels on
remarque les Eloges du maréchal d'Es-
trées . de Clair aul el de Restout. Le comte
Iîergon mourut d'une allaquc d'apoplexie,
aux Thermes, près Paris, le 6 octobre
4824 , à l'âge de près de 84 ans.
BÉUIGARD (Claude), né à Moulins
en 1378, enseigna la philosophie avec ré-
putation à Pise et à Padoue , où il mourut
en 10(33, à 83 ans. On a de lui | Circulas
PisanuSj imprimé en 1641 à Florence ,
in-4° : ouvrage qui l'a fait accuser de
pyrrhonisme et de matérialisme avec as-
sez de fondement, | Dubi/aiiones in Dia-
loguai Galilœi pro terne immobililaie *
1032 , in-4". Le vrai nom de ce philo-
sophe est Claude Guillemet de Eeaure-
gard.
BERING (Vires), professeur en poésie
à Copenhague , et historiographe du roi de
Danemarck, vers le milieu du 17e siècle,
a laissé an grand nombre de poésies lati-
nes dans tous les genres. On a recueilli
plusieurs de ses pièces dans le tome 2
des Délices des poêles danois, Loyde,
1093.
* BERIXG ou BEEïlîNG (Virus), navi-
gateur danois du 18e siècle, né dans le
Jullaml, acquit dans sa patrie la réputa-
tion d'excellent marin, ce qui le fit re-
chercher par Pierre le Grand qui venait
de créer alors une marine, il se distingua
dans toutes les expéditions contre la Suède,
et mérita l'honneur d'être choisi pour
commander l'expédition de découvertes
que la Russie envoya dans les mers du
Kamtschalka.Dans ce voyage, terminé en
4628 . il reconnut la plus grande partie
des côtes septentrionales de cette grande
presqu'île, et il s'assura de la séparation
des deux continens d'Asie et d'Afrique ; il
restait à savoir si les terres, à l'opposé de
la côte de Kamtschalka, faisaient partie
de l'Amérique, ou si elles n'étaient que
des îles intermédiaires entre les ùcux con-
tinens. Il fut chargé de décider c<"lte
question, el partit le 4 juin 1741 avec deux
vaisseaux. Il parvint heureusement à la
côte nord-ouest de l'Amérique ; mais les
tempêtes el le scorbut qui s'était mis dans
son équipage, l'empêchèrent de poursui-
vre ses découvertes. Jeté dans une île dé-
RER 2
seite, il y périt misérablement le 8 dé-
cembre 1741. Cette île porte aujourd'hui
son nom, ainsi que le détroit qui sépare
les deux continens , et dont Cook a achevé
la reconnaissance. On trouve dans le tome
3 de la collection historien-géographique
de Muller, un extrait des Voyages de Be-
ring. Cet ouvrage a été traduit en français
sous le titre de Voyages et découvertes
faites par les Russes , Amsterdam , 1760 ,
2 vol. in-12.
* BEIUÎVGTÔ\ (Josevii). prêtre calho-
lique anglais, né dans le Shropshirc, fut
envoyé «à l'âge de 1 i ans à Saint-Omer, pour
y faire ses études qu'il acheva à Douai. Il
reçut les ordres dans cette dernière ville ,
et, après avoir rempli vingt ans les fonc-
tions sacerdotales en France, il retourna
dans sa patrie, et y remplit les fondions
de son ministère ecclésiastique. En 1814,
il fut nommé curé à Buckland , près
d'Oxford. Ses ouvrages, qui sont assez
nombreux, renferment des opinions sur
lesquelles ses supérieurs se sont pronon-
cés, en déclarant qu'elles sont peu or-
thodoxes. En voici les principaux : | De
l'étal et de la conduite des catholiques
anglais depuis la réforme * 1792 ; l'auteur
démontre dans cet écrit que les catholiques
anglais se sont toujours distingués par
leur soumission aux lois et leur amour de
la paix. On y trouve une statistique du
catholicisme en Angleterre. | Vie d'A-
bailard et d'Héloïse^in-k", 1784 ; l'auteur
entreprend dans cet ouvrage de justifier la
conduite et la doctrine d'Abailard, quoi-
qu'elles aient été condamnées par deux
conciles, et y mêle d'odieuses insinua-
lions contre saint Bernard ; il blâme de
plus la croyance aux miracles. | Réflexions
adressées au révérend Père Jean Hariv-
feins, 1785, ouvrage encore plus hardi
que le précédent, où sont blâmés le culte
des images, le célibat du clergé, etc., et
qui se termine par une exposition das
vrais principes catholiques que Berington
prétend avoir découverts dans l'ancien
traité des controverses. | Histoire du règne
de Henri II et de ses fi/s , 1790, in-.V ;
l'auteur en y parlant de l'affaire de saint
Thomas de Canlorbéry, se met en oppo-
sition avec toutes les traditions , et dirige
encore sa critique sur le culte des images,
sur les églises et les monastères, qui ne
sont à ses yeux que le fruit de la supersti-
tion. En 1789, il y eut à Londres et dans
toute l'Angleterre catholique de grands
débals entre les vicaires apostoliques et
un comité formé à Londres: Berington y
36 RER
prit part. II fut censuré par les évêques
dans leur synode du 24 août 1792. | Mé-
moire de Grégoire Pauzani , traduit de
l'italien, 1793. Le père Ploden y répondit
victorieusement. | Examendes événement
appelés miraculeux tels qu'ils sont rap-
portés dans les lettres d'Italie , 1703. 11 y
conteste les miracles dont il reproche à
Pie VI d'être l'inventeur, et parle surtout
avec dérision de ceux du B. Joseph Labre.
Milner lui répondit. | Histoire littéraire
du moyen âge, 1814, in-4", traduite en
français par M. Boulard. L'autorité ec-
clésiastique ne sévit point contre Bering-
ton , qui mourut le 1er décembre 1827,
dans sa cure de Buckland. — Son frère
Charles Berington , né en I 7/j S , reçu doc-
teur en 1776 , à Paris, fut évèque d'IIiéro-
Césarée , en 1786 , puis coadjuteur de
Thomas Talbot, vicaire apostolique du
district du Milieu. Il prit part aux disputes
de 1789, et mourut le 8 juin 1798.
BERKELEY ou BERKLEY ( Georges),
né à Londres en 1735, et mort en 1795,
était fils du célèbre évèque de Cloync, et
devint chanoine de Canlorbéry. Il se fit
un nom comme prédicateur, et l'on cite
particulièrement le sermon qu'il prononça
pour l'anniversaire delà mort de Charles
Ier en 1785, dont le sujet était Les dangers
des innovations violentes dans l'état j,
que f (pic spécieux qu'en soit le prétexte ,
démontrés par l'exemple des règnes des
deux premiers Sluarts. Il fut imprimé
pour la sixième fois en 1794.
BERKEN ou BEHQUEM (Louis), natif
de Bruges , était encore jeune lorsqu'il
trouva l'art de tailler les diamans vers
l'an 1476. S'étant aperçu que le diamant
frotté contre un autre l'entamait, il
trouva moyen d'en réduire en poudre , et
avec cette poudre il parvint â polir les
autres ; mais cet art est bien perfectionné
depuis.
BERKEXIIEAD (.Team), anglais, est
auteur du Cabinet de la cour, qui com-
mença en janvier 1642, lorsque la cour
était retirée à Oxford pendant les Irou-
hles. Ce journal , assaisonné de plaisante-
ries et de beaucoup d'esprit, occasiona
des désagrémens à son auteur; quand le
parti des parlemens l'eul emporté, il fut
mis en prison, d'où il sortit lorsque la
tranquillité fut rétahlie, pour être député
au parlement. Il mourut le 4 décemhre
1679.
♦ BEKKEMIOUT (Joux), médecin,
savant et littérateur anglais , né en 1750
à Lccds , dans le Yorkshire, où il lit ses
BER
237
BER
premières études , fut d'abord destiné au
commerce par sou pi re qui était négo-
ciant lui-même. Dans ce Lut il se rendit
en Allemagne pour y étudier les langues
étrangères , parcourut ensuite une grande
partie de l'Europe , et se fixa à Berlin ,
auprès de son parent le baron de Biel-
fedt, académicien. Renonçant bientôt au
commerce pour prendre la carrière des
armes, il devint capitaine d'infanterie
prussienne, et passa avec le même titre
au service de l'Angleterre, en 1756. Après
la paix de 1773, Berkenbout alla étudier
la médecine à Edimbourg. Il y publia
l'ouvrage intitulé Clavis anglica linguœ
botanicœ Linnei, qui est le premier vo-
cabulaire botanique qui ait paru en An-
gleterre. Il séjourna ensuite plusieurs
années à Leyde , où il fut reçu docteur
en 17Go. Revenu dans sa patrie, il se
fixa à Islewortz dans le comté de Mid-
dlesex, et publia la Pharmacopœa medïd,
qui eut un grand succès. En 1778, il fut
chargé d'une mission diplomatique au-
près du congrès des Etats-Unis. Il y fut
arrêté sur le soupçon d'intrigues politi-
ques, mais bientôt il obtint sa liberté et
revint à Londres où il reçut une pension
du gouvernement. Outre les ouvrages
que nous avons indiqués , il composa
| Esquisses de l'histoire naturelle de la
Grande Bretagne et de l'Irlande, 1 709
ou 1770, 5 vol. in-12, plusieurs fois réim-
primées; | Essais sur la morsure des
chiens enragés, 1773; | Symplomato-
logie ou Traité des Symptômes des ma-
ladies;} Biographie Littéraire , etc. Ber-
kenliout qui à tant de connaissances va-
riées joignait encore le goût des beaux
arts et de la poésie, mourut à l'âge de Gl
ans en 1791.
'BEKK.EY ou BERCKHEY (Js-vx le
FRANCQ van), savant naturaliste, né
à Leyde le 23 janvier 1729. Il n'apprit la
langue grecque et la latine qu'à 24 ans;
cependant il fut reçu docteur en médecine
en 1761. Son discours de réception qui a
pour titre Expositio de structura florum
qui dicuntur composili , a été imprimé à
Leyde, in-4°, 1761. En 1773 il fut nommé
professeur d'histoire naturelle à l'univer-
sité de Leyde. Il mourut dans cette ville,
le 13 mars 1812 , dans un tel dénùment
que sa famille fut obligée de pourvoir à
ses derniers besoins. Son cabinet d'ana-
toinie comparée était le plus célèbre de
la Hollande. Ses principaux ouvrages ,
écrits en hollandais , ont été recueillis en
6 vol. in-8°. On a encore de lui un grand
nombre de Mémoires, insérés dans le re-
cueil de l'académie de Flcssingue et de
Harlem.
BERKLEI ou BEBKLAY ( Georges),
né à Kiberin, en Irlande, le 12 mars 1084,
fut doyen de Derry, et ensuite évèque de
Cloyne ou Méath en 1733. Il commença à
être connu en France, par le livre intitulé
Alciphron ., ou le petit Philosophe , en 7
Dialogues , contenant une apologie de la
religion chrétienne contre ceux qu'on
nomme esprits-forts. Cet écrit parut en
français l'an 1734, à Paris, 2 vol. in-12.
On y trouve , comme dans tous les autres
ouvrages de l'auteur, des opinions sin-
gulières. Les objections contre les véri-
tés fondamentales' de la religion y sont
poussées avec une force capable de faire
illusion; et l'on a besoin de méditer les
réponses pour en sentir la solidité. La
Théorie de la vision, qui termine l'ou-
vrage , est fort estimée. | Ses Dialogues
entre //y las et Philonoùs , traduits en
français par l'abbé de Gua, 1731. in-12,
firent du bruit. Il y soutint qu'il n'y a que
des esprits et point de corps, et appuyait
ce paradoxe particulièrement sur ce so-
phisme. « Le même objet vu par un
» verre, me paraît quatre fois plus grand
» qu'à l'œil , et quatre fois plus petit par
» un autre verre. Or , un objet ne peut
» avoir 16, 4 et un pied. Ma vue ne m'ap-
» prend donc rien de l'étendue de cet
» objet , et je puis croire qu'il n'a pas
n d'étendue. » Voltaire a entrepris la ré-
futation de ce sophisme d'une manière à
faire triompher Berklei. M. Bergier a été
plus heureux. ( Voyez, la suite de VApol.
de la Bel. art, Corps). On a encore de lui
[ un Traité sur Peau de goudron, qu'on lit
avec plaisir, malgré la sécheresse du
sujet, et qui vaut mieux que toutes ses
spéculations métaphysiques. Cantwcl en
a donné \um bonne traduction en fran-
çais, in-12. Le style de Berklei est mé-
Jbodique, élégant et clair. Cet écrivain
est mort le 14 janvier 1733.
* SERUCHINGEN (Gor.rz ou Gode-
FROide), guerrier allemand , surnommé
Main-de-Fcr, se rendit redoutable par sa
bravoure dans les guerres intestines de
l'Allemagne, et mourut en 1362. Il a écrit
sa Vie, imprimée pour la deuxième fois,
avec des notes, à Nuremberg, 1773, in-8°.
Le poète Goethe en a fait le sujet d'un
drame qui a obtenu du succès.
BERLIN ( Jeax-Daxiel) , habile or-
ganiste, né à Memel en 1710. mort en
1773. Il fu» l'inventeur du mouoehordo
ttER 238
moderne , et a publié | Elémens de musi-
que à l'usage (les commençans , ilkk;
| Instruction pour la tonomélrie avec des
détails sur le monochorde inventé et
exécuté e/tl752, Leipsick, d767 ; | Sonates
pour le clavecin, Augsbourg , 1751.
BEIIMUDE I, ou VÉRÉMOND, sur-
nommé le Diacre, frère d'Aurélio, roi
des Asturies, fut tiré du cloître et placé
sur le trône après la mort de Mauregat
qui avait usurpé la royauté sur Alphonse,
iils de Froila. Son élection ne peut être
soupçonnée d'intrigue, car à peine fut-
il monté sur le trône qu'il invita Alphonse
avenir auprès de lui, l'introduisit dans
Je conseil, et lui confia le commande-
ment de l'armée, lorsqu'il s'aperçut que
le peuple, qui d'abord avait paru le re-
douter , avait inoins d'éloignement pour
lui. L'ambition des Maures les ayant
portés de nouveau à envahir le territoire
des chrétiens, Bermude, accompagné
d'Alphonse , marcha contre les Infidèles ,
et les battit complètement dans une action
qui eut lieu à Burgos. Alphonse y fit des
prodiges de valeur, et fut reçu aux ac-
clamations de tout le peuple. Le généreux
Bermude saisit ce moment d'enthou-
siasme pour abdiquer la couronne en sa
faveur, l'an 791. Alphonse, autant par
affection que parreconnaissance ne vou-
lut pas souffrir que Bermude retournât
dans sa retraite ; il lui donna un appar-
tement dans le palais, et lui témoigna
jusqu'au moment de sa mort, arrivée
vers l'an 800 , les mêmes marques de
respect que s'il eût encore été roi.
BERMUDE II , fils d'Ordogno III , roi
de Léon et des Asturies , avait été pro-
clamé par les grands , vers 982 , au préju-
dice de Ramire III, qui avait succédé à don
Sanche. Ce dernier marcha contre lui pour
soutenir ses droits. On combattit de part et
d'autre avec un acharnement incroyable ;
Ramire se retira, et mourut peu de temps
après. Bermude alors reconnu unanime-
ment , essaya de rétablir l'ordre dans ses
états épuisés ; mais l'invasion des Maures,
commandés par Alman/.or, le contrai-
gnit à ne plus songer qu'à la guerre.
Ayant été défait il fut obligé de se retirer
dans les Asturies , où , secouru par les
rois de Navarre et de Castille , il remporta
une victoire complète sur Alman/.or , l'an
'.•98 , dans les plaines d'Osma. Sa consti-
tution naturellement faible ne lui permit
pas d'achever la délivrance de son pays ; il
mourut de maladie environ un an après,
ayant régné dix-sept ans.
BER
111, fils d'Alphonse V
* BERMUDE
roi de Léon et des Asturies, succéda à son
père, en 1027. Son règne est remarquable
par une révolution qui sa fit alors en Es-
pagne, et qui dut son origine à l'ambition
de Sanche III, surnommé le Grand, roi
de Navarre. Il avait déjà réuni à ses étals
plusieurs provinces considérables , sous
le prétexte de venger le meurtre de don
Garcie, comte de Castille, qui avait été
indignement assassiné; il entra dans celte
contrée avec une armée nombreuse , fit
saisir et exécuter les assassins et s'appro-
pria les domaines de l'infortuné don Gar-
cie. Bermude , qui voyait avec peine cet
accroissement de puissance, se déclara
ouvertement contre les prétentions de
Sanche à la cité de Valence sur les fron-
tières de l'Asturie. De là une guerre entre
les monarques rivaux : tous deux pleins
d'ardeur et d'ambition brûlaient de dé-
cider leur différend par la force des
armes. Bermude avait déjà fait des pertes
considérables, et il était parvenu à réu-
nir une nouvelle armée pour s'opposer
au vainqueur, lorsque les évéques de
Navarre et de Léon , afin d'épargner le
sang des chrétiens prêt à couler , enga-
gèrent les deux princes à mettre fin à
leur querelle , et y réussirent. Bermude
qui n'avait point d'enfant consentit à
céder ce qu'il avait déjà perdu de ses
états (une partie des Asturies) à condi-
tion que sa sœur épouserait Ferdinand,
fils de Sanche , en faveur duquel on éri-
geait la Castille en royaume. Cette récon-
ciliation , opérée par la nécessité , ne dura
que jusqu'à la mort de Sanche , qui par-
tagea ses états entre ses enfans. Le roi
de Léon jugeant le moment favorable de
recouvrer ce que la nécessité l'avait forcé
décéder , assembla des troupes ; les jeunes
princes instruits de ses projets s'avan-
cèrent avec une armée considérable, et
lui livrèrent bataille. Bermude emporté
par une valeur téméraire poussa son che-
val dans les rangs ennemis pour y décou-
vrir ses rivaux, et fut tué d'un coup de
lance en 1057. En lui finit la race mascu-
line de Pelage et du grand Recarèdc, roi
des Goths. Celte dynastie avait régné
Irois siècles. Les couronnes de Léon et
de Castille furent réunies sur la tète de
Ferdinand qui posséda ainsi toute l'Es-
pagne chrétienne.
BERMUDEZ (Jean), patriarche d'E-
thiopie, né en Portugal , passa en Abys-
sinie avec la qualité de médecin, et trouva
moyen de s'insinuer dans la faveur d'Em-
BER
239
«EU
manuel roi des Abyssins qui l'envoya en
Portugal et à Rome pour y demander des
secours contre les Maures. Pour y réussir
plus facilement, il lut avait conféré les
titres d'ambassadeur et de patriarche
d'Ethiopie. Bermudez , qui n'était que
séculier, se fit ordonner prêtre, et fut
bien accueilli par le pape Paul III qui le
sacra patriarebe en 1538. Il fut également
ment bien reçu par Jean III , roi de Por-
tugal, qui ordonna au vice-roi des Indes
d'envoyer des secours au roid'Aljyssinie.
De retour dans cette contrée, le roi étant
mort, et le parti des Maures ayant pré-
valu, il fut arrêté, et ne parvint qu'avec
peine à s'échapper. De là il revint à Lis-
bonne , où il mourut vers 1575. Il a
laissé sur l'Abyssinie une Relation écrite
d'un style simple et digne de foi , qu'il
dédia à Sébastien, roi de Portugal.
* BERMUDEZ (Jérôme), de l'ordre
de Saint-Dominique, professeur de théo-
logie en l'université de Salamanque , né
vers l'an 1550, se distingua comme théo-
logien et comme poète. On a de lui :
| La Esperodia * poème dont le duc
d'Albe est le héros , qu'il composa d'a-
bord en vers latins, puis en vers blancs
espagnols, à la suite duquel on trouve
différentes pièces de poésies , dont on
estime l'élégance et le naturel ; | Deux
Tragédies „ dont la louchante tragédie
d'Inès de Castro lui a fourni le sujet ,
et qu'il publia sous le nom d'Antonia de
Silva, se faisant un scrupule de les pu-
blier sous son nom. Ces deux pièces qui
ont pris le titre de premières Tragédies
espagnoles , ont élé recueillies avec un
examen critique dans la collection inti-
tulée Parnasse espagnol.
* BERA ABEU ( don Antoixe ) , archi-
diacre de Murviédro , dignité dépendante
de l'église métropolitaine de Valence,
avait été deux fois député aux cortès , et
fut ensuite enfermé dans Un couvent de
capucins, pour s'être montré trop favo-
rable à l'insurrection : il en sortit et se
retira en Angleterre , et sort archevêque ,
don Simon Lopez , le déclara excommu-
nié dans une lettre qu'il écrivit au doc-
teur Poynler , vicaire catholique de Lon-
dres. Bernabeu mourut dans cette ville ,
le 8 novembre 1825 , après avoir reçu ses
derniers sacremens avec une. vive piété,
et suivant son désir , il fut enterré avec
une Bible sur la poitrine , dans le cime-
tière catholique de Saint-Pancrace. Ber-
nabeu a traduit et publié en espagnol
l'ouvrage de M. Lecoz , archevêque de
Besançon , pour démontrer la divinité de
Jésus-Christ; il a composé et imprimé un
autre ouvrage sur la régénération de
l'Espagne, pour lu destruction de l'inqui-
sition, etc.
BERNARD, roi dllalie. Voyez LOUIS
LE DEBONNAIRE.
BERNARD DE MENTHON (saint),
né dans un château de ce nom en Gene-
vois près d'Annecy, au mois de juin 923,
d'une des plus illustres maisons de Sa-
voie , montra dès son enfance beaucoup
de goût pour les lettres et la vertu. Il se
consacra , malgré ses parens , à l'état ec-
clésiastique. Pour se dérober à leurs sol-
licitations , il se relira à Aoste en Pié-
mont, et y reçut les ordres sacrés. Nom-
mé archidiacre de cette église , il fit des
missions dans les montages voisines. Les
habitans de ces déserts sauvages, atta-
chés à d'anciennes superstitions , conser-
vaient encore des monumens du paga-
nisme. Bernard , animé d'un saint zèle ,
les renversa. Son cœur, non moins com-
patissant que son esprit était éclairé , fut
vivement touché des maux que les pèle-
rins allemands et français avaient à souf-
frir, en allant à Rome pour rendre leur
pieux hommage aux tombeaux des saints
Apôtres. Il fonda pour eux deux hôpi-
taux , tous deux dans les Alpes ; l'un sur
le Mont-Joïen , nommé aussi Mont-Jou
( Mons-Jovis ) ; montagne ainsi appelée
parce qu'il y avait un temple de Jupiter
qu'il fit abattre ; l'autre sur la colonne
Joïenne , ou Columna Jovis * ainsi nom-
mée à cause d'une colonne de Jupiter
qui fut pareillement renversée. Ces deux
hôpitaux , dits de son nom le grand et le
petit saint Bernard, furent desservis
avec autant d'exactitude que de géné-
rosité par des chanoines réguliers de saint
Augustin. Bernard fut leur premier pré-
vôt , c'est le nom qu'ils donnaient à leur
supérieur. Le saint fondateur ayant as-
suré des secours aux pèlerins , alla porter
la lumière de la foi aux peuples de Lom-
bardie qui sont au levant du Mont-Joïen.
Il en convertit un grand nombre , et après
les avoir arrachés aux ténèbres de l'ido-
lâtrie , il passa à Rome , où il obtint la
confirmation de son institut. Les privi-
lèges que le pape lui accorda ont été re-
nouvelés par Jean XXII, Martin V,
Jean XXIII , Eugène IV , etc. Saint Ber-
nard de retour en Lombardie, cultiva les
fruits du christianisme qu'il y avait fait
naître, et mourut à Novarre le 28 mai
1008 , âge de 85 ans.^es vertus éminentes
BER 240
et ses miracles le firent canoniser l'an-
née suivante. Les sectaires et les philo-
sophes du jour s'accordent à faire reloge
de cet homme zélé et charitable , ainsi
que de ses disciples, qui ont conservé
l'esprit primitif de leur institut, et exer-
cent encore envers les voyageurs une
charité aussi constante que désintéres-
sée. « Quelques-uns de ces sublimes so-
» litaires , dit un voyageur témoin de leurs
» travaux, gravissaient les pyramides
» de granit qui bordent le chemin , pour
» découvrir un convoi dans la détresse,
» et pour répondre au cri de secours;
» d'autres frayaient le sentier enseveli
> sous la neige fraîchement tombée , au
» risque de se perdre eux-mêmes dans
» les précipices, tous bravant le froid,
» les avalanches , le danger de s'égarer ,
» presqu'aveuglés par les tourbillons de
» neige , et prêtant une oreille attentive
» au moindre bruit qui leur rappelait la
» voix humaine. Leur intrépidité égale
» leur vigilance. Aucun malheureux ne
» les appelle inutilement ; ils le raniment
» agonisant de froid et de terreur ; ils le
» transportent sur leurs bras , tandis que
» leurs pieds glissent sur la glace ou s'en-
» foncent dans les neiges : la nuit et le
» jour voilà leur ministère ; leur sollici-
» tude veille sur l'humanité dans ces
» lieux maudits de la nature, où ils pré-
» sentent le spectacle habituel d'un hé-
» roïsme qui ne sera jamais chanté par
» nos flatteurs. De grands chiens sont
» les compagnons intelligens des courses
» de leurs maîtres ; ces dogues bienfai-
» sans vont à la piste des malheureux;
» ils devancent les guides , et le sont eux-
» mêmes : à la voix de ces auxiliaires , le
» voyageur transi reprend de l'espérance;
» il suit leurs vestiges toujours sûrs ;
» lorsque les chutes de neige aussi promp-
» tes que l'éclair, engloutissent un pas-
»sager,les dogues de saint Bernard le
» découvrent sous l'abîme ; ils y condui-
» sent les religieux qui retirent le cada-
» vre, ou portent, s'il en est encore, temps,
» des secours à ce malheureux. » Cet es-
timable institut avait autrefois plusieurs
maisons, et des biens considérables en
différentes provinces, et surtout en Sa-
voie. En conséquence d'une difficulté
survenue entre les Suisses et les ducs de
Savoie, pour la nomination du prévôt,
le pape Benoit XII donna en 1752 une
bulle , qui accordait aux religieux la li-
berté de se choisir un prévôt; mais ils
furent en même temps dépouillés de tous
BER
les biens qu'ils possédaient en Savoie , et
qui furent transférés à l'ordre hospitalier
de Saint-Maurice et de Saint-Lazare.
BERNARD de Thuringc, annonça vers
la fin du dixième siècle que la lin du
monde était prochaine. Il portait un ha-
bit d'ermite , et menait une vie austère.
Il jeta l'alarme dans tous les esprits; et
une éclipse du soleil étant arrivée dans
ce temps-là, beaucoup de monde alla se
cacher dans des creux de rocher , dans
des antres et des cavernes. Le retour de
la lumière ne calma pas les esprits. Il
fallut que Gerbergc , femme de Louis
d'Outremer, engageât les théologiens à
éclair cir cette matière. Us décidèrent que
rien ne prouvait la fin prochaine du
monde , et que , selon toute apparence, le
temps de l'antechrist était encore éloigné ;
le inonde subsista, et les rêveries de l'er-
mite Bernard se dissipèrent.
BERNARD (saint), né en 1091, dans
le village de Fontaine en Bourgogne,
d'une famille noble , se fil moine à l'âge
de 22 ans à Cileaux , avec 50 de ses com-
pagnons. Son éloquence énergique et tou-
chante leur avait persuadé de renoncer
au monde. Clairvaux ayant été fondé en
1115, Bernard, quoiqu'à peine sorti du
noviciat, en fut nommé le premier abbé
Cette maison si opulente à présent par une
suite du travail de ses premiers religieux,
était si pauvre alors , que les moines fai-
saient souvent leur potage de feuilles de
hêtre, et mêlaient dans leur pain de
l'orge, du millet et de la vesce. Le nom
de Bernard se répandit bientôt partout.
Il eut jusqu'à 700 novices. Le pape Eu-
gène III, des cardinaux, une foule d'é-
vèques, furent tirés de son monastère.
On s'adressait à lui de toute l'Europe. En
1128, on le chargea de dresser une règle
pour les templiers, comme le seul homme
capable de la leur donner. En 1150, un
concile assemblé à la réquisition de Louis
le Gros , s'en rapporta à lui pour exami-
ner lequel d'Innocent II ou d'Anaclet,
élus tous les deux papes , était le pontife
légitime, Bernard se déclara pour Inno-
cent, et toute l'assemblée y souscrivit.
Quelques temps après il fut envoyé à Mi-
lan avec deux cardinaux , pour réconci-
lier cette église qui s'était jetée dans le
parti de l'antipape Anaclet. La foule fut si
grande à sa porte tout le temps qu'il resta
dans celte ville, que son tempérament
délicat ne pouvant résister aux empres-
semens du peuple, il fut obligé de ne se
montrer plus qu'aux fenêtres, et de don-
RER
2/iI
RER
lier de là 6a bénédiction aux Milanais.
On voulut en vain l'engager à accepter
cet archevêché ; il aima mieux retourner
en France. Il assista au concile de Sens
en 1 l/iO, et y fit condamner plusieurs pro-
positions d'Abailard , théologien bel-es-
prit , qui se flattait d'être son rival. Eu-
gène III , son disciple, lui donna bfentôt
une commission plus importante. Il écri-
vit à son maître de prêcher la croisade.
Cet homme zélé et éloquent persuada d'a-
bord Louis le Jeune, roi de France. Il
l'engagea d'aller combattre en Asie des
barbares qui menaçaient l'Europe, de
leur enlever les belles provinces qu'ils
avaient envahies , et de secourir des chré-
tiens qui gémissaient sous un joug aussi
cruel qu'injuste. Ce projet dune sage po-
litique , fruit naturel de la religion et de
la charité , fut combattu un moment par
l'abbé Suger, à raison des circonstances
qui semblaient s'opposer au départ du roi ;
car ce ministre , qui a formé aussi le plan
d'une croisade , ne désapprouvait point
l'expédition en elle-même {Voyez SU-
GER). Le sentiment de saint Bernard
prévalut. Ses conseils étaient des oracles
pour les princes et pour le peuple. On
dressa un échafaud en pleine campagne ,
à Vézelai en Bourgogne, sur lequel l'hum-
ble cénobite parut avec le roi. Il prêcha
avec tant de succès que tout, le monde
voulut être croisé. Quoiqu'il eût fait une
grande provision de croix , il fut obligé
de mettre son habit en pièces , pour sup-
pléer à l'étoffe qui manquait. L'enthou-
siasme que son éloquence inspira , fut si
véhément , que. Bernard écrivit au pape
Eugène : Vous avez ordonné ., j'ai obéi :
e,t votre autorité a rendu mon obéissance
fructueuse. Les villes et les châteaux de-
viennent déserts, et l'on voit partout des
veuves dont les maris sont vivons. On
voulut charger le prédicateur de la croi-
sade d'en être le chef; mais soit humilité,
6oit horreur du tumulte des armes , il re-
fusa une dignité dangereuse et pénible
que l'ermite Pierre n'avait pas craint
d'accepter. De France il passa en Alle-
magne, détermina l'empereur Conrad III
à prendre la croix , et promit , de la part
•de Dieu , les plus grands succès. On mar-
che de tous les côtés de l'Europe vers
l'Asie , et on envoie une quenouille et un
fuseau à tous les princes qui refusaient
de s'engager dans cette entreprise. Saint
Bernard resté en Occident , tandis que
tant de guerriers allaient chercher la vic-
toire ou la mort en Orient , s'occupa à ré-
2.
futer les cireurs de Pierre de Bruys, du
moine Raoul qui exhortaient les peuples,
au nom de Dieu, d'aller massacrer tous
les Juifs : à confondre Gilbert de la Po-
rée , Eon de l'Etoile , et les sectateurs
d'Arnauld de Brescia. Quelque temps
avant sa mort , il publia son Jpologie
pour la Croisade qu'il avait prèchée ; car
il se trouva des esprits peu justes qui vou-
laient le rendre responsable du mauvais
succès qu'elle avait eu. Saint Bernard re-
jeta ce malheur sur les déréglcmens des
soldats et des généraux qui la compo-
saient. Fleury observe que la première
croisade avait eu plus de succès , quoique
les croisés eussent été aussi peu réglés ;
saint Bernard ne s'apercevait pas, ajoute-
t-il , qu'une preuve qui n'est pas toujours
concluante, ne l'est jamais. Mais cette ré-
flexion est bien peu digne de ce judicieux
historien. De ce que Dieu ne punit pa3
toujours, s'ensuit-il qu'il ne punit jamais?
s'il punissait toujours , il aurait bientôt
détruit le genre humain; s'il ne punis-
sait jamais, la marche de sa providence
s'obscurcirait trop à notre égard. Fleury
ne pouvait ignorer que les Israélites
avaient été quelquefois heureux, dans
les temps où ils étaient plus coupables
que lorsque Dieu les punissait. Son argu-
ment est d'ailleurs celui que Fabius Maxi-
mus appelait evenlus stuUorummagisler.
Quoi qu'il en soit, saint Bernard appuyait
son Apologie de l'exemple de Moïse , qui
après avoir tiré d'Egypte les Israélites,
ne fit point entrer ces incrédules et ces
rebelles dans la terre qu'il leur avait pro-
mise. Il parle ensuite avec beaucoup de
modestie des miracles qui avaient auto-
risé ses prédications et ses promesses. On
voit par les relations de ces voyages que
les armées des croisés étaient non-seule-
ment comme les autres armées, mais en-
core pires; et que toutes sortes de vices
y régnaient , tant ceux qu'ils avaient ap-
portés de leurs pays , que ceux qu'ils
avaient pris dans les pays étrangers.
Grand nombre d'ecclésiastiques et de moi-
nes se croisaient ; quelques-uns poussés
d'un véritable zèle , d'autres par l'aiïlour
de l'indépendance ; tous se croyaient au-
torisés à porter les armes contre les infi-
dèles. Ces grandes entreprises ne furent
ni bien concertées, ni bien conduites.
L'indulgence plénière et les grands privi-
lèges que l'on accordait aux croisés atti-
raient une infinité de personnes. Us étaient
sous la protection de l'Eglise à couvert
des poursuites de leurs créanciers qui ne
BER
242
BER
pouvaient rien leur demander jusqu'à
leur retour. Ils étaient déchargés des usu-
res ou intérêts des sommes qu'ils de-
vaient. Il y avait excommunication de
plein droit, contre quiconque les atta-
quait en leurs personnes et en leurs biens.
Mais comment faire observer une disci-
pline exacte à tous ces croisés, rassem-
blés de différentes nations, et conduits
par des chefs indépendans les uns des
autres , sans qu'aucun eût le commande-
ment général? Il est vrai que le pape y
envoyait un légat. Mais un ecclésiastique
était-il capable de contenir de telles trou-
pes? Ce fut cependant ce défaut de disci-
pline qui aliéna totalement les Grecs, et les
rendit les plus dangereux ennemis des
croisés. On était d'ailleurs si mal instruit
de l'état des pays qu'on allait attaquer ,
que les croisés étaient obligés de prendre
des guides sur les lieux , c'est-à-dire , de
se mettre à la merci de leurs ennemis,
qui souvent les égaraient exprès eî les
faisaient périr sans combat , comme il ar-
riva à la seconde croisade. {Voyez GO-
DEFROI DE BOUILLON, PIERRE l'er-
mite, et Y Histoire littéraire de saint Ber-
nard, Paris, 1773, pages 57 et suiv. ) Saint
Bernard mourut en 1153 , après avoir
fondé ou agrégé à son ordre 72 monas-
tères , en France , en Espagne , dans les
Pays-Bas , en Angleterre , en Irlande, en
Savoie, en Italie, en Allemagne , en Suède,
en Hongrie , en Danemarck , etc. ; et s'il
faut y comprendre les fondations faites
de son temps par les abbayes dépendan-
tes de Clair vaux , on doit en compter ICO
et plus. « Il avait été donné à cet homme
• extraordinaire, dit un auteur célèbre,
» de dominer les esprits. On le voyait,
» d'un moment à l'autre, passer du fond
» de son désert au milieu des cours , ja-
» mais déplacé , sans titre , sans caractère,
p jouissant de cette considération person-
» nclle qui est au-dessus de l'autorité;
» simple moine de Clairvaux, plus puis-
» sant que l'abbé Suger premier ministre
» de France; et conservant sur le pape
» Eugène III qui avait été son disciple , un
^ ascendant qui les honorait également
» l'un et l'autre. » Le grand reproche que
l'on fait à saint Bernard est de s'être ex-
primé trop durement au sujet d'Abailard ,
dans les lettres qu'il écrivit à Rome et aux
évêques de France à ce sujet ; mais ce ne
fut qu'après le refus que lit Abailard de
s'expliquer et de se rétracter. Cette con-
duite dut persuader au saint abbé que ce
novateur était un hérétique obstiné. Mos-
heim et Brucker disent que saint Bernard
n'entendait rien aux subtilités de la dia-
lectique de son adversaire : mais celui-ci
s'entendait-il lui-même? On voit par les
ouvrages du premier , qu'il était meilleur
théologien que son antagoniste , et qu'A-
baila^d aurait pu le prendre pour maître
ou pour juge , sans se dégrader. Toujours
est-il vrai que les soi-disant philosophes
qui reprochent à l'abbé de Clairvaux la
haine, la jalousie, la violence , l'injustice
contre l'innocence persécutée, se rendent
eux-mêmes coupables de tous ces vices.
Lorsque Pierre le Vénérable, abbé de
Cluny , eut donné à Abailard une retraite,
et l'eut converti , saint Bernard se récon-
cilia de bonne foi avec lui , et ne chercha
point à troubler son repos ; il n'avait donc
point de haine contre lui. Mais aux yeux
des incrédules , les hérétiques ont tou-
jours raison , les Pères de l'Eglise ont
toujours eu tort. De toutes les éditions
que nous avons des ouvrages de saint
Bernard, la seule qui soit consultée par
les savans, est celle de don Mabillon,
1690, en 2 vol. in-fol. réimprimée en
1719. Cette seconde édition est moins es-
timée que la première. L'une et l'autre
sont enrichies de préfaces et de notes.
Le der volume renferme tous les ouvrages
qui appartiennent véritablement à saint
Bernard. Il est divisé en 4 parties : la ire
pour les Lettres; la 2e pour les Trai-
tés; la 5e pour les Sermons sur différentes
matières ; la 4e pour les Sermons sur le
Cantique des cantiques. Le 2e volume con-
tient les ouvrages attribués à saint Ber-
nard , et plusieurs pièces curieuses sur
sa vie et ses miracles. Il y a une autre
édition du Louvre en 1642, 6 vol. in fol.
Don Ant. de St. Gabriel, feuillant, a tra-
duit tout saint Bernard en français, Paris,
1678, 13 vol. in-8°. Ses Lettres* au nom-
bre de plus de 400 , ont été traduites de-
puis par Villefore , 1734 , in-8°, 2 vol. ; et
ses Sermons choisis , par le même , 1737,
in-8°. La vivacité, la noblesse, l'énergie
et la douceur caractérisent le style de
saint Bernard. Il est plein de force, d'onc-
tion et d'agrément. Son imagination fé-
conde lui fournissait sans effort les allé-
gories et les antithèses dont ses ouvrages
sont semés. Quoique né dans le siècle des
scolastiques , il n'en prit ni la méthode
ni la sécheresse. Erasme, bon juge en
matière de style , admirait l'éloquence el
les agrémens de celui de saint Bernard,
autant que sa vaste et modeste érudition.
Bernardm etchrislianè doctus,et sanctè
BER
245
BER
facunduSjel piè festivus. (Erasm. in cap.
i Rom. ) Très postérieur aux siècles des
Pères , il est néanmoins considéré comme
tenant une place parmi eux ( Voyez le
Journal hist. et lilt. 1er août 1806 , page
478 ). Les protestans , quoique opposés à
6a doctrine, lui ont cependant rendu plus
de justice que plusieurs des écrivains ca-
tholiques de notre siècle. Luther dit, par
une espèce d'exagération , qu'il l'emporte
sur tous les docteurs de l'Eglise ; Bucer
le nomme un homme de Dieu ; Œcolam-
pade le loue comme un théologien , dont
le jugement était plus exact que celui de
tous les écrivains de son temps ; Calvin
l'appelle un pieux et saint écrivain , par
la houche duquel la vérité elle-même
semhle parler, « Au milieu des ténèbres,
» dit Morton , Bernard brille tout à la fois
» par la lumière de ses exemples et de sa
» science. » Plût à Dieu, dit Cari e ton ,
parmi beaucoup d'invectives contre le
saint , « que nous en vissions aujourd'hui
» plusieurs , et même un , tel qu'il est
» certain qu'a été Bernard. » Le beau et
touchant cantique Ave, maris Stella, est
de sa composition. Nous avons sa Vie par
le Maître, Paris , 1649, in-8°, et par Ville-
fore, 1704, in-4°. Celle-ci est la meilleure.
Elle est précédée de son portrait , gravé
d'après un ancien tableau qui le repré-
sente , et qui fut fait un an avant sa mort.
BERNARD (Ptolomée, saint), institu-
teur des olivétains , d'une des premières
maisons de Sienne, naquit en 1272. Il
remplit avec tout le zèle et l'intégrité pos-
sible les premières places de sa patrie ;
mais le danger des honneurs lui fit aban-
donner les dignités. Il vendit ses biens ,
en distribua le prix aux pauvres, se re-
tira dans un désert à dix milles de Sienne,
et y pratiqua des austérités incroyables.
Quelques personnes s'étant jointes à lui ,
le pape lui conseilla de choisir le genre
de vie de quelque ordre religieux approuvé
dans l'Eglise. Il adopta la règle de saint
Benoit et l'habit blanc. Gui , évcque d'A-
rczzo, dans le diocèse duquel il était,
confirma son choix , ainsi que ses consti-
tutions, Pn £319; et son ordre connu sous
le titre de Congrégation de la Vierge
Marie du Monl-Olivet, fut successivement
approuvé par plusieurs papes. Le saint
fondateur avait l'esprit de piété dans un
degré éminent. Il mourut le 20 août 1348.
La congrégation des olivétains est nom-
breuse en Italie ; leur principale maison
est celle de Sainte-Françoise à Rome. Il y
a aussi des religieuses du même ordre.
* BERNARD de la BARTHE , archevê-
que d'Auch et troubadour du 15e siècle ,
dont il existe une Sirvenle sur les bien-
faits d'une paix qu'il croyait prochaine.
Il fut déposé durant la guerre des albi-
geois.
* BERNARD, abbé du Mont-Cassin
vers 1340, est auteur de | Spéculum
monachorum; \ Règle de saint Benoit;
| de Prœceptis regularibus.
BERNARD (le bienheureux), margrave
de Bade , fils de Jacques de Bade , qu'JE-
néas Sylvius , depuis pape sous le nom
de Pie II, assure avoir été un des plus
sages princes de son temps , naquit vers
1438 , et ne larda pas à donner l'exemple
de toutes les vertus chrétiennes. Il avait
été fiancé , du vivant de son père , à Ma-
delone , fille de Charles VII , roi de
France ; mais son amour pour la retraite
et la chasteté lui fit refuser cette alliance
honorable; il céda même à Charles son
frère en 1455 la partie du margraviat qui
lui était échue. Il parcourut ensuite les
différentes cours des princes de l'Europe,
pour les engager à entreprendre une nou-
velle croisade contre les Turcs qui ve-
naient de s'emparer de l'empire d'Orient
L'empereur Frédéric IV qui avait donné
en mariage Catherine d'Autriche sa sœur
à Charles de Bade , frère de Bernard , mit
ce dernier à la tête de l'entreprise. Bernard
se rendit d'abord à la cour de Charles VII,
roi de France , puis à celle de Louis , duc
de Savoie. Il fut très bien reçu par ces
deux princes. Il partit de Turin au com-
mencement de juillet de l'année 1458 ,
pour aller à Rome trouver le pape Cal-
lixte IL II tomba malade en route à Mon-
tiscalier , ville située sur le Pô , près de
Turin. On le transporta dans le couvent
des franciscains , où il mourut en odeur
de sainteté le 25 de juillet , et il fut en-
terré dans la collégiale de Sainte-Mario
de cette ville. Le pape Sixte IV nomma
le 23 de décembre de la même année des
commissaires pour informer sur la vie de
Bernard et les choses merveilleuses qu'on
en rapportait. Il choisit de nouveau , le 4
août 1479 , les évêques de Turin et de
Carpentras pour continuer la procédure.
Enfin le même pape publia en 1481 le dé-
cret de la béatification du serviteur de
Dieu, laquelle fut célébrée du vivant de
la mère de Bernard et d'une partie de ses
frères. Christophe , margrave de Bade ,
fils de Charles , fit frapper dans les années
1501, 1512, 1513 et 1519, différentes mé-
dailles d'or et d'argent , où le bienheu-
BER 2
reux Bernard est représenté en casque et
en cuirasse, !a tête environnée d'une au-
réole, tenant d'une main l'étendard de
Bade, et de l'autre l'écu de sa maison,
avec cette inscription : Beatus Bernar-
dus Marchio. Clément XIV confirma la
bulle de béatification de Sixte IV, et dé-
clara le bienheureux Bernard patron du
margraviat.
* BERNARD, prêtre d'Ulrecht, au 12e
siècle; on lui attribue un Commentaire
sur le Theoduli Ecloga , qui se trouve
en manuscrit dans la bibliothèque du roi ,
dans celle de Leyde , etc.
* BERNARD ( Jacques ), cordelier, prit
une grande part à la réforme de Genève,
où il fut pasteur en 1555.
* BERNARD (Salomon), connu sous
le nom de PETIT BERNARD , peintre et
graveur sur bois du 16e siècle, fut élève
de Jean Cousin; ses figures de la Bible
et des Métamorphoses d'Ovide sont assez
estimées.
BERNARD DE BRUXELLES est connu
par ses Chasses J où il peignit d'après
nature l'empereur Charles V , son protec-
teur, et les principaux seigneurs de sa
cour. On a encore de lui, à Anvers, un
tableau du Jugement dernier, dont il
dora le champ avant d'y mettre les cou-
leurs , afin que l'éclat de l'or rendit l'em-
brasement du ciel plus au naturel. On ne
sait ni le temps de sa naissance , ni celui
de sa mort.
BERNARD (don), de Montgarllard,
voyez MONTGAILLARD.
BERNARD ( Etiexxe ) , né à Dijon en
1555, avocat en 1574, fut député de sa
province pour le tiers -état de Blois en
1588, et y brilla par son éloquence. Il
fut fait conseiller au parlement de Dijon
en 1594. Il suivit le parti de la Ligue, et
fut très utile au due de Mayenne; mais
il s'attacba ensuite à Henri IV, qui le
choisit pour négocier la réduction de
Marseille à son obéissance. Le roi, salis-
fait de sa négociation , le lit en 1590 lieu-
tenant-général du bailliage de Chàlons-
Bur-Saône , où il mourut en 1609.
BERNARD ( Claude ) , appelé commu-
nément le pauvre Prêtre ou le Père Ber-
nard, naquit à Dijon d'une famille noble,
en 1588. Pierre le Camus , évêque de Bel-
lai, voulut lui persuader d'entrer dans
l'état ecclésiastique. Bernard lui répon-
dit : « Je suis un cadet qui n'ai rien ; il
» n'y a presque point de bénéfices en
» cette province qui soient à la nomi-
» nation du roi : pauvre pour pauvre ,
Mi BER
» j'aime mieux cire pauvre gentilhomme,
» que pauvre prêtre. » Il ne laissa pour-
tant pas de suivre le conseil de l'évèque
de Bellai. Il vécut quelque temps en ec-
clésiastique mondain ; mais Dieu l'ayant
louché , il renonça au monde , résigna le
seul bénéfice qu'il eût, et se consacra à
la pauvreté et au service dès pauvres. Il
se dépouilla pour eux d'un héritage de
près de 400 mille livres qui lui échut
sans qu'il s'y attendit. Le cardinal de Ri-
chelieu l'ayant nommé à une abbaye du
diocèse de Soissons, il ne voulut pas l'ac-
cepler. Quelle apparence , écrivit- il à ce
cardinal, que j'àte le pain de la bouche
des pauvres de Soissons , pour le donner
à ceux de Paris ? Le cardinal le pressant
de lui demander une grâce quelconque :
« Monseigneur, ditBernard, je prie votre
» Eminence d'ordonner que Ton mette de
» meilleures planches au tombereau dans
» lequel je conduis les criminels au lieu
» du supplice, afin que la crainte de
» tomber dans la rue ne les empêche pas
» de se recommander à Dieu avec atten-
» tion. » Il prêchait souvent plusieurs fois
la semaine ; et ses discours produisaient
des fruits admirables, quoiqu'il parlât
sans préparation. Il mourut en odeur de
sainteté, le 23 mars 1641, et fut enterré
dans l'église de l'hôpital de la Charité. La
cour et le clergé de France ont souvent
sollicité sa béatification. C'est le Père Ber-
nard qui a établi le séminaire des Trente-
Trois à Paris. Sa vie a été écrite par
M. Gauffre, par le Père Giry, minime,
et par le Père Lempereur , jésuite.
* BERNARD ( Charles ), conseiller du
roi, historiographe de France sous Louis
XIII, né à Paris en 1571, mort en 1040.
Ses principaux ouvrages sont : | Carte
généalogique de la royale maison de
Bourbon, Paris, 1634, in-fol. | Histoire
de Louis XIII jusqu'à la guerre déclarée
contre les Espagnols , Paris, 1646 , in-fol
Ceite histoire renferme un sommaire de
colle des hérétiques de France, appelés
calvinistes , depuis François Ier jusqu'à
Louis XIV. On y trouve des détails cu-
rieux et des recherches précieuses ; mais
on reproche à fauteur de s'écarter sou-
vent de son sujet, de ramasser avec trop
de soin des bagatelles et de donner beau-
coup trop de louanges. Voyez l.a Mémoi-
res de Nicéron , tom. 28 , où sj trouve la
liste de ses autres ouvrages.
BERNARD ( Jacques ) naquit à Nions
en Dauphiné , l'an 1 5>, d'un ministre
protestant. Il exerça tuccessivement le
inistère en France, à Genève, à Lau-
mne, à Tcrgow et à Leyde , où il pro-
fessa la philosophie. Il prêchait et parlait
avec force, mais sans pureté de style , et
se servait souvent des expressions les plus
basses. Devenu journaliste en 1699, il con-
tinuais Nouvelles de la République des
Lettres, par Bayle, depuis 1693 jusqu'en
1710 , et depuis 1716 jusqu'en 1718 , année
de sa mort. On a encore de lui | une partie
du 20e et la suite jusqu'au 2oe volume de
la Bibliothèque universelle de le Clerc.
| Un Supplément au Morêri, Amsterdam,
1716, 2 vol. in-fol. C'est une augmentation
du supplément imprimé à Paris en 1714.
Cet ouvrage de Bernard n'est qu'un recueil
de bévues énormes ; et c'est avec raison
qu'on a dit dans le tome 15e de X Histoire
critique de la République des Lettres,
que « la littérature , l'antiquité , Férudi-
» tion , la critique , étaient pour Bernard
» un pays inconnu , et qu'il n'avait pas
» même de goût pour les belles-lettres. »
M. de Saas a prouvé ces assertions par
des exemples multipliés , tirés de la seule
lettre A. | 1,'ExceUence de la Religion
chrétienne, 2 vol. in -8°, 1714, remplie
d'injures contre les catholiques , de même
que son Traité de la Tolérance, Goude,
1689, où il exhorte les souverains de per-
mettre à tous les sectaires , déistes , ido-
lâtres, mahométans, so:iniens, etc., de
s'établir dans leurs états ; et les avertit en
même temps de ne point accorder la
même liberté à une société d'athées, ni
à une église de papistes. | Le. Traité de la
Repentance tardive, 1712 , in-8°. | Un Re-
cueil de Traités de Paix, La Haye,
1700, 4 vol. in-fol. , etc. Tout ce qu'a fait
Bernard est mal écrit, son style ne vaut
pas mieux que sa logique, et son juge-
ment est aussi faible que son érudition
est bornée.
BERNARD ( Edouard ) , né à Towces-
ter en Norlhampton-Shire , le 2 mai 1658,
professeur d'astronomie à Oxford en 1673,
était un homme profond dans les matué-
matiques, la chronologie et la littérature
ancienne. Il publia quelques ouvrages sur
les sciences qu'il enseignait et sur la cri-
tique : | De Mensuris et Ponderibus ,
à Oxford, 1688 , in- 8° ; | Lilteratura à cha-
ractere Samaritano deducta ; | des Notes
sur Josèphc, insérées dans l'édition qu'il
adonnée en latin et en grec à Oxford.
1687 et 1700, in-fol. | Quelques livres
d'astronomie, qui sont estimés. Il mou-
rut le 12 janvier 1696, après 6 ans de ma-
riage. Smith a écrit sa Vie, à la fin de
laquelle on voîi le catalogue de ses ou-
vrages.
BERNARD (Samuel), mort à Paris,
sa patrie,, en 1687, âgé de 72 ans, pro-
fesseur de l'académie royale de peinture ,
à Paris, s'est distingué principalement
par ses ouvrages en miniature , et dans la
manière que les Italiens nomment a
guazze. On a de son pinceau grand nom-
bre de tableaux d'histoire et de paysages
qu'il copiait avec goût et exactitude d'a-
près ceux des grands maîtres. Il a gravé
l'histoire d'Attila, peinte au Vatican par
Raphaël, et quelques autres pièces qui ne
lui font pas moins d'honneur que ses
peintures. Cet artiste était père de Sa-
muel BERNARD, comte de Coubert, qu'on
pourrait appeler le Lucullus de son siècle
pour ses richesses immenses : il brilla
dans les finances sous Louis XIV, et
mourut à 88 ans en 1759.
BERNARD ( Pierre- Joseph ), secré-
taire-général des dragons, et bibliothé-
caire du cabinet du roi de France au châ-
teau de Choisi, naquit l'an 1708 d'un sculp-
teur, à Grenoble en Daupliiné. On l'envoya
au collège des jésuites à Lyon, et il y fit des
progrès rapides. Attiré à Paris par l'envie
de paraître , et de faire briller son talent
pour la poésie , il fut obligé de tenir la
plume pendant deux ans chez un notaire
en qualité de clerc. Les poésies légères
qu'il donna par intervalle , le dégoûtèrent
de la pratique. Il assista en 1754 à la
campagne d'Italie. Bernard se trouva aux
batailles de Parme et de Guastalla, et
quoique poète, il s'en tira mieux qu'Ho-
race. Ce fut là l'époque de sa fortune.
Présenté au maréchal de Coigni qui y
commandait , il sut lui plaire par son es-
prit et son caractère agréable. Ce guer-
rier le prit pour son secrétaire , l'admit
dans sa plus grande familiarité, et lui
procura, quelque temps après, la place do
secrétaire-général des dragons. La recon-
naissance l'attacha à son Mécène, jus-
qu'en 1739, que la mort le lui ravit. En
1771, sa mémoire, en s'aliénant tout à
coup , mit fin à son bonheur. Il traîna
depuis, dans la démence, une ombre de
vie pire que la mort , et mourut dans cet
état en 1776. Bernard aima les femmes
avec excès , et quoique volage et peu libé-
ral , il s'en fit aimer par ce vernis volup-
tueux , cet épicurisme séduisant que res-
piraient ses vers et ses chansons, qui le
fit appeler le gentil Bernard. Ses poésies
ont été rassemblées en 1776, en 1vol.
in- 8°. On y reconnaît un talent décidé
21,
BER
246
BER
pour la poésie légère ; mais il est fâcheux
que l'usage qu'il en fit s'accorde si peu
avec les mœurs et la décence.
BERNARD ( Catheuine ) , de l'acadé-
mie des Ricovrati de Padoue , naquit à
Rouen, et mourut à Paris en 1712. L'aca-
démie française et celle des jeux floraux
la couronnèrent plusieurs fois. Le théâtre
français représenta deux de ses tragédies,
Léodamie, en 1689, et Brutus, en 1690,
in-12. On croit qu'elle composa ces pièces
conjointement avec Fontenelle, son ami et
son compatriote. On a d'elle quelques autres
ouvrages en vers, où il y a de la légèreté ,
et quelquefois de la délicatesse. On dis-
tingue son Placel à Louis XIV, pour de-
mander les 200 écus dont ce prince la
gratifiait annuellement; il se trouve dans
le recueil de Vers choisis du Père Bou-
hours. Elle cessa de travailler pour le théâ-
tre , à la sollicitation de madame la chan-
celière de Pont-Chartrain , qui lui faisait
une pension. Elle supprima même plu-
sieurs petites pièces qui auraient pu don-
ner de mauvaises impressions sur ses
mœurs et sur sa religion. On connaît en-
core de Catherine Bernard deux romans ,
Le Comte d'Amboise , in-12., et Inès de
Cordoue , in-12. Quelques littérateurs ont
attribué à mademoiselle Bernard la Rela-
tion de Vile de Bornéo ; mais on convient
aujourd'hui qu'elle est de Fontenelle, et il
parait que c'est sans raison que l'abbé
Trublet a voulu en douter. Cet écrit est
d'ailleurs dans le genre de Fontenelle , et
répond parfaitement à d'autres ouvrages
de la môme espèce, dont on ne trouve ni
modèle ni pendant dans ceux de made-
moiselle Bernard. On trouve son Eloge
dans l'Histoire du théâtre français.
BERNARD , d'Arras, religieux capucin,
a laissé les ouvrages suivans : | Le grand
Commandement de la loi ou le Devoir
principal de l'homme envers le prochain;
1754 , in-12 ; | L'ordre de l'Eglise , ou la
primauté et la subordination ecclésiastique
selon S. Thomas, 1735 , in-12 , supprimé
par arrêt du 28 juillet 1736 , à cause des
disputes alors agitées à ce sujet; | le Minis-
tère de l'absolution, Taris, 1740, in-12;
j le Code des paroissesJ 1742, 2 vol. in-12 ;
j les Ecarts des théologiens d'Auxerre sur
la Pénitence et l'Eucharistie , 1748, in-4°;
J le Ministère primitif de la pénitence ,
enseigné dans toute l'Eglise gallicane ,
1752, in-12. Il paraît que, dans les der-
nières années de sa vie, Fontenelle voyait
beaucoup ce religieux et se préparait dans
son entretien à ses derniers momens.
BERNARD ( Jean-Frédéric), savant
et laborieux libraire d'Amsterdam, mort
vers 1752. Il est auteur ou éditeur de
plusieurs ouvrages où l'on trouve plus de
profondeur que d'élégance, et écrits en
général dans un mauvais esprit. Les prin-
cipaux sont | Recueil de voyages au nord,
contenant divers mémoires très utiles au
commerce et à la navigation, Amsterdam,
1715-38, 10 vol. in-12. Bernard est auteur
du discours préliminaire , de deux dis-
sertations sur les moyens de voyager uti-
lement, et de la relation de la grande
Tartarie, | Mémoires du comte de Brienne,
ministre d'état sous Louis XIV, avec des
notes, 1719, 50 vol. in-12; | Cérémonies
et coutumes religieuses de tous les peu-
ples du monde, avec figures par B. Pi-
cart, 11 vol. in-folio. Il a rédigé cet ou-
vrage avec un autre Bernard, ministre,
et Bruzen de la Martinière. {Voyez Pi-
cart. ) | Dialogues critiques et philoso-
phiques, par don Charte Livy, Amster-
dam, 1730, in-12; | Réflexions morales,
satiriques et comiques, Liège, 1735, in-
12. Quelques bibliographes l'ont Attribué
à don Durand , mais Desfontaines assure
qu'il est de Bernard.
BERNARD (lé P. J. B. ) , chanoine ré-
gulier de Sainte-Geneviève , né à Paris
en 1710, mort le 23 avril 1772. On lui
doit : | Discours sur l'obligation de prier
pour les rois, Paris, 1779 , in-8° ; | les Orai-
sons funèbres du duc d'Orléans, de
Henri de Bourbon, prince de Condé ; | un
Panégyrique de Saint-Louis, et quelques
pièces de poésies.
* BEBNARD ( Jean-Etienne ) médecin
et philologue distingué , naquit en 1718
à Berlin et mourut en 1795. Ses travaux
consistaient principalement dans des édi-
tions avec des notes ou des leçons nou-
velles d'ouvrages grecs souvent inédits,
sur la médecine. Ce sont : | Le Traité de
Démétrius Pépagoménus de Podagrâ ,
Leyde , 1745 ; j la Nomenclature des 2>ar-
ties du corps d'IIypatus, et Y Introduction
anatomique d'un anonyme, 1749 ; | Palla-
àiusde Febribus, avec un Glossaire chi-
mique et des Extraits inédits de différens
poètes chimistes, 1745 ; | Psellus de La-
pidum virtulibus, 1743; | Synésius de
Febribus, 1749, traité jusqu'alors inédit;
| les Variantes d'un manuscrit des lexi-
ques d'Erotien et de Galien, insérées dans
les Miscellancœ observaiiones novœ, de
Dorville, tom. 9; | Un fragment grec de
Hydrophobiâ , Arnheim , 1791 ; | Theo-
ihrasti Nonnii de Curatione Morborum;
BER
247
BEB
cette édition, à laquelle il avait long-temps
travaillé, ne parut que quelques mois
après sa mort. Bernard avait étudié la
médecine en Hollande, et avait résidé
successivement à Leyde , Amsterdam , et
Arnheim. On a encore de cet écrivain des
lettres et des fragmens critiques insérés
dans les Acla litleraria de la société des
sciences d'Utrccht, les Mémoires de
Reiske J etc.
'BERNARD (Jean-Baptiste), né à
Marseille en 1747, vint s'établir libraire
à Paris et y mourut le 16 octobre 1808. Il
est auteur de l'histoire de la Grèce , de-
puis son origine jusqu'à sa réduction en
province romaine, avec tableaux et cartes
géographiques , 1799 , 2 vol. in-8°. Quel-
ques-uns l'attribuent à Chazot. Il a été
l'éditeur des œuvres posthumes de Montes-
quieu , Paris , 1798, in-12 , avec des notes.
* BERNARD , correspondant de l'insti-
tut royal, section d'astronomie j naquit à
Trans , en Provence , vers 1748 , et mou-
rut en 1816 à l'âge de 68 ans. Doué d'une
grande facilité pour l'intelligence des
sciences, il en puisa les premiers élémens
dans l'Oratoire où il les professa ensuite
avec succès. L'étendue de ses connais-
sances en astronomie lui valut la place
d'adjoint à l'observatoire royal de Mar-
seille; la survivance du directeur titu-
laire lui fut même assurée. Dans cette
nouvelle carrière , Bernard ne borna pas
ses travaux à observer le cours des astres.
L'académie de Marseille , dans la vue
d'améliorer la culture des arbres aux-
quels la Provence doit sa principale ri-
chesse, proposa pour sujet d'un prix
l'histoire naturelle du figuier. Bernard ,
dans une dissertation écrite avec netteté et
précision, exposa la méthode la plus avan-
tageuse de le cultiver : il indiqua les causes
de son dépérissement et le meilleur moyen
d'y remédier : ce mémoire fut couronné
par l'académie. Bernard publia quelque
temps après un ouvrage beaucoup plus
important et par l'étendue et les dévelop-
pemens qu'il lui donna , et par le grand
intérêt dont il était pour l'agriculture de
la Provence, {Mémoire sur l'histoire na-
turelle de l'olivier). On y trouve la des-
cription physique de l'olivier; la no-
tice des principales variétés qu'on cul-
tive dans la Provence ; sa culture , et l'his-
toire des insectes qui se nourrissent de
son fruit et en absorbent les sucs. Ber-
nard entreprit ensuite de réunir sous le
titre de Mémoires pour servir à l'histoire
naturelle delà Provence, des dissertations
sur les principales productions qui luî
sont propres, sur sa minéralogie, la des-
cription des volcans éteints , celle des
minus de charbon; l'ouvrage devait être
terminé par un essai sur les mœurs , le
caractère et les usages des Provençaux :
des collaborateurs instruits se joignirent
à lui. Les trois premiers volumes ont
paru chez Didot jeune , en 1787 ; ils ren-
ferment, indépendamment des deux écrits
que l'on vient de citer, un mémoire sur
l'éducation des abeilles, et un autre sur
la culture du câprier, par Béraud, pro-
fesseur de physique au collège de Mar-
seille, et des recherches sur la folle
avoine par Gérard , auteur de la Flore
provençale et correspondant de l'institut.
Mais cet ouvrage , fut interrompu à l'é-
poque de la révolution. Bernard fut alors
aggrégé à l'académie royale des sciences en
qualité de correspondant. Le système om-
brageux des niveleurs lui faisant sentir le
danger d'être en évidence, il se relira dans
ses foyers ; mais ses loisirs ne furent pas
perdus; voulant surtout s'aider de l'obser-
vation, il parcourut le département du
Var à pied, il y étudia chaque qualité de
sol, les minéraux qu'il renferme et
leur application aux arts; il est à regret-
ter qu'il n'ait pas continué l'ouvrage des-
tiné à faire connaître le résultat de ses
observations dans les diverses branches
de l'histoire naturelle ; il serait à désirer
qu'une main habile entreprît d'achever
le plan que cet ouvrage avait en vue. On
attribue encore à Bernard : | Principes
(nouv.) hydrauliques J appliqués à tous les
objets d'utilité * et particulièrement aux
rivières i précédés d'un cours historique
et critique sur les principaux ouvrages
qui ont été publiés sur le même sujets Pa-
ris , 1787 , in-4°. — Mémoire sur les avan-
tages de l'emploi de la houille ., Paris,
1797, in-8°. — Le tome second du jour-
nal des mines renferme des détails sur les
houillères de Marseille , qui sont de lui.
* BERNARD (Thomas), avocat anglais,
né à Lincoln en 1750. Il entra au barreau
en 1780, et fut nomme en 1793, trésorier
de l'hospice des enfans trouvés ; il en
augmenta beaucoup les revenus par une
administration sage et éclairée, et l'année
suivante il fonda une société pour le sou-
lagement des pauvres. On lui est redeva-
ble de plusieurs autres établissemens de
même nature. En 1809, il devint docteur
en droit, chancelier de Burham, et mou-
rut en 1818. Il a publié | Observations sur
la conduite des véritables amis de la H-
berlé de la presse ; \ Moyens d'améliorer
le sort des pauvres; \ La nouvelle Ecole ;
| Spurina ou les Consolations de la vieil-
lesse ; | Les méditations du solitaire;
| Dialogue entre M. , français , et John ,
anglais.
* BERNARD ( Adrien- Antoine ) , pré-
sident du tribunal de Saintes, fut nommé
par le département de la Charente in-
férieure, député à l'Assemblée législative,
où il ne parla point ; il fit aussi partie de
la Convention et vola la mort de Louis
XVI , sans l'appel au peuple. Après
avoir rempli une mission dans les dépar-
temens de la Côte-d'or et de la Charente-
Inférieure, il fut choisi pour secrétaire
à la Convention. Devenu président de
cette assemblée , il répondit aux jaco-
bins , qui se plaignaient qu'on incarcérât
les patriotes , et qu'on élargît, les aristo-
crates et les suspects : « La Convention,
d qui a vaincu toutes les factions , ne sera
» point arrêtée par les clameurs des aris-
» tocrates impudens ; elle saura main-
» tenir le gouvernement révolutionnaire ;
» elle reçoit avec plaisir les réclamations
» des patriotes opprimés. » Les événemens
de prairial an 5 ayant entraîné la chute de
son parti, il fut décrété d'arrestation avec
plusieurs membres du comité, et n'obtint
sa liberté que par l'amnistie du k bru-
maire an h. Sous l'empire , il fut nommé
juge, et, en 1815, le département de la
Charente l'envoya à la chambre des re-
présentai. Forcé ensuite de sortir de
France , comme régicide , il se retira en
Belgique, où il publia un journal intitulé
le Surveillant , et un ouvrage sur l'in-
struction publique. Bernard reçut ordre
de quitter le royaume , et s'embarqua
pour les Etats-Unis. Il y arriva, après avoir
fait naufrage sur les côtes de Madère , et
ne survécut que deux ans à son exil.
* BERN ARDI (Jean), graveur, né à Cas-
tcl-Bolognèse , mourut à Faënza en 1555.
Cet artiste travailla beaucoup à de grands
sujets , sur des cristaux , qu'on enchâs-
sait ensuite dans des ouvrages d'orfèvre-
rie. On a comparé ses productions à ce
que les anciens ont fait de mieux. Plu-
sieurs princes , et en particulier le car-
dinal Alexandre Farnèse, le protégèrent.
Il excella aussi dans l'architecture.
BERNARDI ( Josf.ph-Elzeau-Domini-
C>ue) , né à Montjeu en Provence, le 16
mars 1751, était avant la révolution
lieutenant-général au siège du comté de
Sault , et ne se montra pas favorable à la
révolution. Il refusa les places impor-
BEft
tantes qu'on voulait lui confier dans lés
nouvelles administrations , et se borna a
une place de juge dans un tribunal de
district. Arrêté dans le mois de mars 1795,
il aurait infailliblement péri sans l'insur-
rection des fédéralistes de Marseille qui
le sauva. Il émigra aussitôt , et ne rentra
en France qu'un an après le 9 thermidor.
A cette époque, les royalistes ayant re-
conquis de l'influence en Provence, il fut
élu député du département de Vaucluse
au conseil des Cinq-cents Dans cette as-
semblée , il prit la défense des émigrés de
Toulon, et obtint l'abrogation des lois
portées contre eux. Sa nomination fut
annulée par suite de la révolution du 18
fructidor. A l'avènement de Napoléon ,
il obtint une place au ministère de la jus-
tice , et il y devint chef de division ; mais
il fut mis à la retraite en 1819 , et il se re-
tira dans un petit village de Provence. 11
est mort le 25 octobre 1824 , après avoir
demandé et reçu tous les sacremens de
l'Eglise. Il avait été admis à l'académie
des Inscriptions en 1816 et avait reçu,
après la restauration, en 1814, la croix de
la légion-d'honneur. Ses principaux ou-
vrages sont | Eloge de Cujas, 1770 ; | Dis-
cours sur la justice criminelle, 1780, in-8°,
couronné par l'académie de Châlons-sur-
Marne avec celui de Brissot ; | Essai sur
les révolutions du droit français, pour
servir d'introduction à l'étude de ce droit,
1782, in-8° ; | Principes des lois criminel-
les, 1788, in-8° ; \ De la république, ou du
meilleur gouvernement, traduit de Cicé-
ron, 1798, in-8°, 2e édition, Paris, 1807,
2 vol. in-12. Dans le rapport fait par la
classe de littérature ancienne de l'Insti-
tut, le jury mentionna honorablement
cet ouvrage , et loua l'auteur d'avoir res-
titué le texte latin de Cicéron. et rempli
les lacunes de cet excellent traité , avec
autant de goût que de savoir ; mais cette
production a beaucoup perdu de son in-
térêt depuis la découverte du texte véri-
table de Cicéron par l'abbé Majo, biblio-
thécaire du Vatican , qui en a publié une
édition avec un commentaire et une tra-
duction française , accompagnée d'un
discours préliminaire et de dissertations
historiques, par M. Villemain, Paris ,
1823,2 vol. in-8°; | Institution du droit
français, 2e édition, 1800, in-8°; | De
l'influence de la philosophie sur les for-
faits de la révolution ., par un officier de
cavalerie. Paris, 1800, in-8°; | Nou-
velle théorie des lois civiles , 1802 , in -8° ;
Cours complet de droit civil, 1803-1805 }
BER
2/1-9
BER
& vol. in-S°; | Essai sur la vie et les écrits
de Michel de l'Hôpital; \ De l'origine et
des progrès de la législation française _,
ou histoire du droit public et privé de la
France depuis la fondation de la monar-
chie . jusques et 'compris la révolution ,
Paris, 1816, in-8° ; où l'on trouve des
passages 1res répréhensibles , particuliè-
rement contre l'autorité des papes ; mais
cela n'est pas étonnant , l'auteur avoit été
nourri des maximes des parlemens. Ber-
nardi a fourni des articles au Diction-
naire de la Provence et du comtat Ve-
naissin, au Magasin encyclopédique, aux
Archives littéraires , au Bulletin de l'a-
cadémie de législation et à la Biographie
universelle. Enfin il a donné une nouvelle
édition des OEuvres de Pothier, mise en
rapport avec le code civil.
BERNARDIN ( saint), naquit en 1380
à Massa- Carrara , d'une famille distin-
guée. Après ses études de philosophie, il
entra dans une confrérie de l'hôpital de
la Seala , à Sienne. Son courage et sa cha-
rité éclatèrent pendant la contagion de
1400. Deux ans après il prit l'habit de
Saint-François, réforma l'étroite obser-
vance, et fonda près de 500 monastères.
Son humilité lui fit refuser les évêchés
de Sienne, de Ferrare et d'Urbin. Il fut
envoyé pour être gardien du couvent de
Bethléem. Les besoins de l'Europe le
rappelèrent bientôt. Les dissensions des
Guelphes et des Gibelins ne trouvèrent
pas de pacificateur plus ingénieux ni plus
heureux. L'empereur Sigismond eut pour
lui le plus grand respect , et voulut qu'il
assistât à son sacre. Après une vie rem-
plie de travaux et de vertus , il mourut à
Aquila, en 1444. Nicolas V le mit au
nombre des saints en 1450, c'est-à-dire,
6 ans après. Son corps , renfermé dans
une double châsse, dont l'une est d'argent
et l'autre de cristal , se garde chez les
franciscains d'Aquila. Le Père Jean de la
Haye donna en 1636 une édition de ses
ouvrages en 2 vol. in-fol. On y trouve des
Sermons ( que quelques critiques préten-
dent n'être pas de lui ), des Traités de
spiritualité, des Commentaires sur l'A-
pocalypse , la Vie du saint et les divers
éloges qu'il a mérités. On en a donné une
nouvelle édition à Venise en 1745.
BERNARDIN ( le bienheureux ), de
Feltri, de l'ordre des frères mineurs,
persuada aux habitans de Padoue d'éta-
blir un mont-de-piété, pour s'affranchir
des usures que les juifs exerçaient, en
prêtant à vingt pour cent par année.
Cet établissement est de l'année 1491.
Les règlemens de ce mont-de-piété furent
réformés et perfectionnés en 1520. Le
fondateur était un homme également il-
lustre par sa science et par sa piété. Une
simplicité aimable lui gagnait les cœurs.
Il prêchait avec applaudissement , et diri-
geait de même. On a long-temps disputé
si les monts-de-piété n'étaient pas sujets
au reproche d'usure , à cause de l'espèce
d'intérêt qu'on y paie : mais il est évident
que ce n'est qu'une taxe légère, néces-
saire au maintien de l'établissement , qui
bien administré, ne peut être que de la
plus grande utilité. Un des plus beaux
d'Italie est celui de Ferrare, fondé en 1761,
dont l'inscription exprime parfaitement
la destination et le but charitable :
Panperibus sublevancfij ,
Scrvandisque depositis.
BERNARDIN de PEQUIGNY (Bernai
dinus a Piconio ) capucin , né à Péquigny
en 1653, mort à Paris en 1709 , a donné
un bon Commentaire sur les Evangiles*
in-fol. en latin, et une Triple explication
aussi en latin , des Epilres de saint Paul,
qui mérita les éloges du pape Clément XI,
Paris, 1703, in-folio. La traduction fran-
çaise, 1714, 4 vol. in-12, n'est pas re-
clic reliée
BERNARDIN de CARPENTRAS ( le
Pèue ) capucin , naquit dans cette ville
d'une famille distinguée, sous le nom
A' André. Sa piété et son érudition lui
firent un nom dans son ordre. Il mourut
à Orange en 1714. Novis avons de lui un
ouvrage de philosophie , intitulé Antiqua
priscorum hominum jjhilosophia * impri-
mé à Lyon en 1694. L'auteur assure dans
sa préface , qu'il a secoué le joug de l'é-
cole , pour ne jurer sur la parole d'aucun
maître. Sa physique est assez bonne pour
le temps et il y est, à certains égards,
inventeur.
BERNARDIN de SAINT PIERRE. Voy.
SAINT-PIERRE.
BERNAZZANO, de Milan, excellent
paysagiste , réussissait à peindre les ani-
maux , mais comme il ne pouvait jamais
venir à bout de dessiner la figure , il s'as-
socia un dessinateur qui pût le seconder
dans son travail. Ayant peint à fresque
des fraises sur une muraille, des paons
vinrent si souvent les becqueter, qu'ils
en rompirent l'enduit. Il vivait dans le
16e siècle.
* BERNDER ( Pierre-Bexhard ), lieu-
tenant de vaisseau dans la marine sué-
BER 21
dfoise , savant chimiste , né en 1750 dans
la province d'Uplande , en Suède , fit ses
études à l'université d'Upsal, et s'engagea
comme volontaire du génie, où il obtint
des succès rapides. En 1783 , il devint lieu-
tenant à la marine , et fut chargé pendant
la guerre qui éclata , en 1788, entre la
Suède et la Russie, de la direction des
munitiqns et de l'épreuve des canons pour
la marine et l'artillerie de terre. Nommé
lieutenant de vaisseau en 1790 , il donna
l'année suivante sa démission , à cause de
l'affaiblissement de sa vue; mais bientôt
il put reprendre ses travaux. En 1794 , il
fit un voyage en Angleterre pour prendre
connaissance des machines à vapeur dont
l'invention était toute récente , et qu'on
devait appliquer à la construction des
bassins à Carlscrona. Bernder avait été
nommé en 1792 membre correspondant de
la société du Nord à Londres , et il était de
plusieurs autres académies, notamment de
l'académie des sciences de Stockholm. Il
mourut en 1826 , âgé de 76 ans. On a de
lui : | un mémoire sur la question sui-
vante proposée par l'académie des sciences
de Stockholm : Lequel des deux systèmes
serait le plus favorable au militaire et
le plus économique pour le pays, ou d'une
armée perpétuelle payée par les proprié-
taires J ou d'une armée renouvelée en partie
annuellement par la conscription ? | Un
projet d'épreuves sur le salpêtre J et des
traités et mémoires insérés dans les re-
cueils de sociétés savantes.
*BER^ERO-\ (François, chevalier de),
entra comme officier dans l'ancienne gen-
darmerie appelée alors maréchaussée, et
servit ensuite , avec le grade de capitaine ,
dans le régiment de l'Ile de France , qui
passa aux Indes en 1784. Il s'acquitta ayee
7.èle et intelligence de plusieurs missions
dont il fut chargé auprès de Tippo-Saeb
et du pacha des Marattes. A son retour en
France, en 1770, Berneron fut nommé ad-
judant commandant, et fit la campagne
de 1791 sous le maréchal Luckner. En 1792
et 1793 , il fut attaché à l'état major de Du-
mouriez , qu'il accompagna dans sa fuite.
Il se réfugia à Bruxelles , où quelques pro-
pos le firent arrêter. Remis en liberté après
dix-huit mois de prison , il alla rejoindre
Duinouriez à Londres, et mourut dans
cette ville quelque temps après.
BERNIIOLD (Jean-Michel), médecin à
Uffenheim, né en 1736, mort en 1797,
avait la réputation d'un excellent prati-
cien, et s'est fait connaître dans le monde
savant par les éditions suivantes : 1 Dio-
0 BER
nysii Catonis Dislichorum de moribus
ad filium lib. IV , recensuit, varias lec-
tiones , alla opuscula, indicemque adjecit3
1784 , in-8° ; | Scribonii Largi compost'-
tiones medicamentorum , 1786, in-8°;
| une édition de l'ouvrage d'Apicius : De
arte coquinariâ { Voyez APICIUS );
| Theodori Prisciani archiatriquœextant*
tome I , Nuremberg , 1791 , in-8°.
BERM ou BERNIA ( François ), cha-
noine de Florence , né à Lamporecchio
en Toscane , d'une famille noble , mais
pauvre , originaire de Florence , mourut
dans cette ville en 1543. Il a donné son
nom à une espèce de burlesque , qu'on
appelle Berniesque en Italie. Il excellait
dans ce genre : c'était le Scarron des Ita-
liens. Il avoit encore le dangereux talent
de la satire. Quelques auteurs l'ont mis à
la tête des poètes burlesques italiens. En
1548, on recueillit ses poésies italiennes,
avec celles du Varchi , du Mauro , du
Dolce , etc. in-8° , 2 vol. réimprimés à
Londres, 1721 et 1724, sur l'édition de
Venise. Ce recueil est recherché. Son
Orlando inamerato rifalto , poème fort
estimé des Italiens pour la pureté et la
richesse de la langue, est l'ouvrage du
Boïardo, refait ou travesti en vers bur-
lesques. La meilleure édition est celle de
Venise, 1545, in-4°. On en a une autre
1res jolie, Paris , 1768, 4 vol. in-12. On
a recueilli ses poésies latines avec celles
du Segni, du Varchi, etc. à Florence,
1562, in-8°.
DERNIER ( François ), natif d'Angers,
médecin du grand Mogol pendant 12 ans,
revint en France en 1670 , passa en An-
gleterre en 1685 , et mourut à Paris en
1688. Saint-Evreinont disait qu'il n'avait
point connu de plus joli philosophe. Joli
philosophe y ajoutait-il , ne se dit guère}
mais sa figure , sa taille, sa conversa-
tion 3 l'ont rendu digne de cette épi-
thète. On à de lui | Ses Voyages , en 2
vol. in-12 , Amsterdam , 1699 , qui ont un
rang distingué parmi les relations des
voyageurs , par plusieurs particularités
curieuses ; mais il ne faut pas croire tout
ce qu'il y raconte ; il aime trop à parler
de lui-même , pour qu'il puisse dire con-
stamment la vérité. | Un Abrégé de la
philosophie de Gassendi, son maître , en
7 vol. La prédilection qu'il avait pour le
système des atomes , ne l'empêchait pas
d'être bon métaphysicien , de raisonner
juste sur l'âme, et de détruire les creuses
spéculations des matérialistes. « Quelque
» effort que nous puissions faire sur notre
BER 2
» esprit, dit-il, en écrivant à son ami
» Chapelle , nous ne saurions jamais con-
» cevoir comme quoi des corpuscules in-
» sensibles ( dénués de sensibilité ) , il en
i» puisse jamais rien résulter de sensible
» (doué de sensibilité ), et qu'avec tous
* leurs atomes , quelque petits et quelque
» mobiles qu'ils les fassent , en quelque
» mouvement et quelque ordre, mélange
» et disposition qu'ils nous les puissent
» faire voir, et même quelque industrieuse
» main qui les conduise , ils ne sauraient
» jamais nous faire imaginer comment il
» en puisse résulter un composé , je ne
» dis pas qui soit raisonnable comme
v l'homme , mais qui soit seulement sen-
v sitif comme le pourrait être le plus vil
a et le plus imparfait vermisseau de terre
» qui se trouve. » | Traité du libre et du
volontaire, Amsterdam , 1685 , in-12. Il a
eu aussi quelque part à Y Arrêt de Boi-
leau , donné pour le maintien de la doc-
trine d'Aristole.
BERMER ( Jean ), médecin à Blois ,
sa patrie, et ensuite à Paris, eut le titre
de médecin de Madame. Nous avons de
lui | Histoire de Blois, Paris, 1682 , in-4°.
| Essais de médecine, 1689, in-12. | Anli-
menagiana, in-12. | Jugement sur les
OEuvres de Rabelais, Paris , 1697, in-12.
Sa qualité de médecin de Madame ne le
tira pas de la pauvreté. Sa mauvaise for-
tune lui inspira une humeur chagrine qui
perce dans tous ses ouvrages. Son érudi-
tion était fort superficielle, et Ménage
l'appelle vir levis armaturœ. Il mourut
en 1678 , dans un âge très avancé.
BERMER ( Nicolas ) , mailre de mu-
sique de la Sainte-Chapelle , et ensuite de
la chapelle du roi , naquit à Mantes sur
Seine en 1664. Le duc d'Orléans, régent
du royaume, estimait ses ouvrages et
protégeait l'auteur. Bernier mourut à
Paris en 1734. Ses 5 livr-es de Cantates , à
une et deux voix, dont les paroles sont
en partie de Rousseau et de Fuselier lui
acquirent une grande réputation. On a
aussi de lui les Nuits de Sceaux et beau-
coup de motets qu'on exécute encore.
* BERMER ( Pierre-François ), né à
la Rochelle , en 1779 , annonça de bonne
heure des dispositions pour les sciences ,
et vint en 1800 étudier l'astronomie à
Paris. La même année il fut nommé , avec
Bissy, astronome de l'expédition que com-
mandait le capitaine Baudin. Bernier re-
cueillit , pendant tout le cours du voyage
d'importantes remarques nautiques, qui
furent transmises à l'institut. Il mourut
U BER
en 1803 , à la fleur de l'âge , sur un bâti-
ment de l'expédition qui se trouvait alors
près de Timor.
* BERNIER (Etienne- Alexandre-Jean-
Baptiste-Marie ) , évêque d'Orléans , né
àDaon en Anjou le 31 décembre 1764, était
curé de Saint-Laud d'Angers au commen-
cement de la révolution, et refusa de prêter
le serment exigé par la constitution civile
du clergé. Il parvint néanmoins à éviter
la déportation, et dès que la guerre de la
Vendée eut éclaté au mois de mars 1793 ,
il se rendit à l'armée d'Anjou, où il exerça
les fonctions de son ministère et fut un
des membres les plus marquans du con-
seil supérieur des armées catholiques et
royales. Apres les déroutes du Mans et de
Savenay , il traversa la Loire , et après
avoir erré quelque temps, passa dans
l'armée d'Anjou que commandait Stoflef
en 1794. Il contribua beaucoup à réorga-
niser le parti royaliste. Stoflet ne fai-
sait rien , dit-on , sans le consulter ; c'était
lui qui rédigeait les proclamations , qui
correspondait avec les émigrés et les
puissances étrangères ; ce fut lui aussi qui
négocia la paix. Il conserva encore de
l'influence sous d'Autichamp ; mais en
1799 , lorsque les Vendéens reprirent les
armes , il ne joua pas un rôle aussi mar-
quant ; il contribua cependant à la paci-
fication opérée par le général Hédou ville,
et eut de fréquentes conférences avec le
premier consul, auprès duquel il était
comme l'ambassadeur de la Vendée. Il fut
encore du nombre des plénipotentiaires
chargés de traiter du Concordat , et après
sa signature il fut élevé au siège d'Or-
léans et sacré évêque par le cardinal Ca-
prara ,au commencement d'avril 1802. Il
mourut dans son diocèse le 1er octobre
1806.
* BERMERES-LOU VIGNY (Jean de),
trésorier de franco à Caen, né dans cette
ville en 1602, d'une famille ancienne 3
mort subitement le 3 mai 1659. Il avait
établi et dirigeait une espèce de commu-
nauté composée d'ecclésiastiques et de
laïques pieux qui vivaient ensemble ,
unis par les liens de la ferveur et de l'o-
raison ; c'est ce qu'on appelait Y Ermitage.
Il contribua aussi à l'établissement d'hô-
pitaux , de séminaires , de couvens , et à
la fondation de l'église du Canada. On lui
doit | L'intérieur chrétien, petit in-12;
| le Chrétien intérieur ou la conformité
intérieure que doivent avoir tous les chré-
tiens avec Jésus-Christ, 1660, 2 v. in-
12 ; nouvelle édition , Pamiers , 1781 , 2
BER 2a
vol. in-12 ; | QEuyr.es spirituelles , 1670 ,
in-8°, en 2 parties, aussi réimprimées. Elles
ont été mises à l'index avec le Chrétien
intérieur pour quelques expressions qui
semblaient favoriser le quiétisme. | Pen-
sées de M- Dernières Louvigny t ou Sen-
timens d'un chrétien intérieur sur les
principaux mystères de la foi pour les
plus grandes fêles de V année J Paris , 1676.
* BERNINI ( Joseph-Mauie ) , capucin
missionnaire , né à Carignan , ville du
Piémont, voyagea dans l'Indostan, et sur-
tout dans la province de Ne'ïpal, où il
mourut , en 1753 , sur la route de Palnà.
On a de lui : | une Description de la pro-
vince de Néipal, traduite en anglais , et
insérée dans le lom. II des Asiatick re-
searches. Celte description existe beau-
coup plus ample et plus correcte parmi
les manuscrits de la Propagande, à Rome
sous le titre de : Nolizie laconiche cli al-
cuni usi , sacrifizi ed idoli nel regno di
Népal „raccolle nel anno il kl; j Des Dia-
logues, en langue indienne, qui font partie
des manuscrits de la Propagande. Enfin ,
le P. Bernini , selon quelques bibliogra-
phes, a traduit plusieurs ouvrages con-
cernant la religion des Brahmes , entre
autres , le livre intitulé : Adhiâtma-Rà-
mâyama , qui contient une ample histoire
de Râmâ, et le Djanâ-Sagâra , mer de
science , où se trouvent les principes de
Cabir , fameux tisserand , fondateur de la
nouvelle secte , appelé Cabir-prand. Les
Mémoires historiques de ce religieux ont
été publiés à Vérone , en 1767 , in-8°.
BEhNITXI ou BERNIN ( Jean-Lau-
rent ), appelé vulgairement le chevalier
Bernin, peintre , sculpteur et architecte,
excella également dans ces trois genres.
Il naquit à Naples en 1598. Ses premiers
ouvrages parurent sous Paul V, qui pré-
dit ce qu'il serait un jour..Grégoire XV
l'honora du titre de chevalier. Urbain
VIII , Alexandre VII et Clément IX, lui
donnèrent des marques de leur estime.
La reine Christine lui rendit quelques
visites. Louis XIV l'appela de Rome à
Paris en 1665 , pour travailler au dessin
du Louvre. Ce prince magnifique lui fit
fournir des équipages pour son voyage ,
et lui donna outre cinq louis par jour
pendant huit mois qu'il y resta , un pré-
sent de 50 mille écus , avec une pension
de 2000 écus , et une de 500 pour son fils.
Ses dessins ne furent pas exécutés.On pré-
féra ceux de Claude Perrault, si injuste-
ment et si vainement ridiculisé par Des-
préaux. On assure que Bernin voyant les
2 BEtt
ouvrages de cet habile architecte , eut
la modestie de dire , que quand on avait
de tels hommes chez soi, il n'en fallait
pas aller chercher ailleurs. L'auteur des
Essais historiques sur Paris ne convient
pas de celte anecdote. Selon lui, le che-
valier Bernin, plus plein d'amour propre
qu'un autre , loin d'admirer les dessina
de Perrault, marqua le plus grand em-
pressement pour faire exécuter le sien
par préférence. Il ajoute qu'on lui promit
5000 louis par an , sil voulait rester;
ce qu'il refusa, aimant mieux aller mou-
rir dans sa patrie : que la veille de son
départ on lui apporta celte somme , avec
un brevet de 12,000 livres de pension, et
qu'il reçut le tout assez froidement. Quoi
qu'il en soit de ces rapports, dont on
croit pouvoir douter ( comme de beau-
coup d'autres choses rapportées par cet
auteur ), le roi voulut avoir son portrait
de la main de ce célèbre artiste , et lui en
fit présent d'un , enricln de diamans. Il
mourut à Rome en 1680. Ses mœurs
étaient austères, et son caractère brusque.
Rome compte parmi ses chefs-d'œuvre les
ouvrages de ce grand maitre. Les princi-
paux sont : la Fontaine de la place Na-
vonne ; l'Extase de sainte Thérèse, ouvi a-
ge supérieur pour l'expression ; la Statua
équestre de Constantin ; le Maitre- Autel *
le Tabernacle , la Chaire de saint Pierre ,
et la colonnade qui environne la plaça
de cette église. On lui a reproché d'avoir
affaibli la coupole, en pratiquant des esca-
liers dans les quatre gros massifs qui la
soutiennent; mais l'abbé May l'a bien jus-
tifié , et M. Patte encore mieux ( Voyez
MADERNO). Versailles admirera toujours
le buste de Louis XIV , où le caractère de
ce grand prince est aussi bien marqué que
les traits de son visage: et la statue éques-
tre de Marcus Curlius , qui mérite d'être
comparée aux plus beaux ouvrages de
l'antiquité, etc., etc. Cette statue était des-
tinée à représenter Louis XIV ; mais
comme elle était peu ressemblante , on lui
donna le nom de Marcus Curtius. C'était
un monument que la reconnaissance de
Bernin destinait à ce prince; il y travailla
pendant 15 ans.
* BERN1S ( François -Joachim de
PIERRES de), comte de Lyon, cardinal
et archevêque d'Albi, de l'académie fran-
çaise, né le 22 mai 1715 à Saint-Marcel-
de-1'Ardèche , d'une famille noble et an-
cienne , mais peu douée des biens de la
fortune. Il fut destiné dès son enfance h
l'état ecclésiastique, et fut d'abord nom-
BEI\ 23
mé chanoine de Brioude : ensuite cha-
noine comte de Lyon. En 1735 il se rendit
à Paris. Une figure heureuse , des ma-
nières pleines de grâce et de politesse, un
caractère aimable et enjoué , le talent de
faire des vers faciles et agréables, le firent
rechercher des meilleures sociétés. Ce-
pendant il resta plusieurs années sans rien
obtenir. Le cardinal de Fleury, auquel sa
conduite dissipée avait déplu, lui déclara
qu'il n'obtiendrait de son vivant aucun
bénéfice. On prétend qu'il lui répondit
en faisant une profonde révérence , Mon-
seigneur J j'attendrai; d'autres disent que
celte réponse fut faite à l'évêque de Mi-
repoix , Boyer , qui avait alors la feuille
des bénéfices. Quoi qu'il en soit , il ne se
présenta à la cour qu'après la mort du
cardinal , et il obtint par la protection de
Mme de Pampadour l'ambassade de Ve-
nise, où il se fit aimer et estimer. De re-
tour à Versailles, il fut reçu à la cour
avec les marques de la plus grande con-
sidération. Louis XV le nomma membre
du conseil , et le chargea de l'importante
négociation qui avait pour but de former
une alliance entre la France et l'Autriche.
Quoique ce ne fût point son avis , il en-
treprit cette négociation, et il eut la gloire
de proposer et de faire admettre le seul
plan qui pouvait convenir dans cette cir-
constance. Les plus grandes faveurs fu-
rent la récompense de cette opération :
l'abbé de Bernis fut nommé au ministère
des affaires étrangères, et le roi demanda
pour lui le chapeau de cardinal. Cepen-
dant les suites funestes de l'alliance avec
l'Autriche se firent bientôt sentir, et mal-
gré la répugnance qu'il avait montrée à
conclure ce traité, on lui en imputa tous
les désastres, et il fut exilé à Soissons en
1758 , parce que , dit-on , il voulait con-
clure la paix contre l'opinion de Mme de
Pompadour qui voulait la continuation
de la guerre. Sa disgrâce , qui prouve
qu'il était plus attaché à son pays qu'à la
faveur, dura jusqu'en 17G/t ; il fut rappelé
et nommé archevêque d'Albi. L'habileté
qu'il déploya dans le conclave de 17C9 , le
fit nommer ambassadeur de France au-
près de la cour de Rome, pour travailler,
contre son opinion particulière , à l'ex-
tinction des jésuites. Après le conclave, il
joignit à son titre d'ambassadeur celui de
protecteur des églises de France. En 1791,
les tantes de Louis XVI ayant quitté la
France, il les reçut chez lui avec tous les
honneurs dûs à leur rang. Ayant refusé
le serment, il fut dépouillé de son arche-
2.
3 JtEU
véché et de ses abbayes, et perdit 400,000
francs de rente. Se trouvant presque dans
le uénùinent, le chevalier d'Azara sollicita
pour lui et obtint une pension de G0 mille
livres de la cour d'Espagne. Trois ans
après, il mourut à Rome le 2 novembre
1794, à l'âge de 79 ans, généralement chéri
et regretté des Romains et des étrangers,
qui admiraient sa douceur, sa générosité,
et sa politesse noble et facile. l)es poésies
légères qu'il avait faites dans sa jeunesse,
avaient commencé sa réputation , et lui
avaient mérité, on ne sait trop pourquoi .
l'honneur d'être admis à l'académie fran-
çaise; car elles sont assez médiocres; lui-
même n'aimait pas qu'on lui en parlât ;
elles flattaient peu son amour-propre
comme poète , et ne lui paraissaient pas»
exemptes de reproche , comme évèque
et prince de l'Eglise. Ces poésies consis-
tent dans quelques Epîtres, moitié sé-
rieuses, moitié badines , mêlées d'affecta-
tion, de négligences et de quelques jolis
vers. On vanta beaucoup autrefois \'E~
pître aux dieux Pénates ; elle est cepen-
dant aussi incorrecte qu'inégale , et rem-
plie de mauvais vers. La versification est
un peu meilleure dans les Quatre parties
du jour, qu'il ne fallait pas appeler un
poème ; ce sont quatre morceaux qui n'ont
entre eux aucune liaison , et qui offrent
des tableaux plus ou moins agréables pour
le fond , mais plutôt enluminés que colo-
riés. Son petit, poème, intitulé les Quatre
saisons, est encore une suite de lieux
communs de poésie descriptive , qui ne
sont pas sans quelque mérite d'expression ;
mais il y a dans les images plus d'abon-
dance que de choix , et plus de luxe que
de richesse. Il prodigue trop les fleurs ,
et ne les varie pas assez ; c'est pour cela
que Voltaire l'appelait Bàbet la bouque-
tière. Après sa mort on a publié un poème
plus analogue à son état , intitulé La Re-
ligion vengée , très belle édition, Parme ,
Bodoni , 1095 , in-8°, in-4° et in-folio. Le
style n'est pas sans noblesse; on y remar-
que quelques beaux vers, et de belles
pensées; mais il est pauvre de poésie,
monotome , négligé, et le raisonnement y
est porté jusqu'à l'argumentation méta-
physique. Il ne peut qu'édifier les amis
de la religion : mais il n'alarmera jamais
ses ennemis. Il est bien inférieur à celui
de Racine le fils sur le même sujet. Ses
Œuvres complètes ont été publiées par
Didot l'aîné, 1797, in-8°.On a imprimé en
1790 sa Correspondance avec M. Paris du
Verney , et en 1799 celle avec Voltaire ,
22
BEIl 2
depuis 17G1 jusqu'en 1777. Cette corres-
pondance fait honneur à son esprit; mais
on est étonné qu'il ait conservé une liai-
son épistolaire aussi suivie avec un homme
dont l'esprit était aussi opposé à son ca-
ractère.
BEBIVON , noble bourguignon , fut le
premier abhé de Cluny, et le réformateur
de plusieurs autres monastères. Saint-
Hugues, moine de Saint-Martin d'Autun,
maison alors très régulière, travailla avec
lui à rétablir la discipline monastique.
Bernon donna sa démission en 926 , et
partagea les abbayes qu'il gouvernait,
entre Vidon son parent, et Odon son dis-
ciple. Ce dernier a été proprement le pre-
mier fondateur de l'ordre de Cluny. Il
mourut en 927, après avoir fait un testa-
ment que nous avons encore.
* BERIVOU (Le P. ), missionnaire fran-
çais , mort à Nîmes au commencement
du 18e siècle, est auteur de | la Conduite
à l'Eternel; \ Manuel de l'écolier chré-
tien; | Jeux historiques sur l'Ancien Tes-
tament; | Cantiques des familles chré-
tiennes; | Paraboles de l'Evangile mises
en vers français, avec un Abrégé de la
vie de Jésus-Christ.
BERAOULLI (Jacques), né à Bàle en
1654, fut d'abord destiné à être ministre ;
mais la nature l'avait fait mathématicien.
Son père s'opposait fortement à son goût ;
mais ses progrès furent si rapides , quoi-
que secrets, qu'il passa bientôt de la géo-
métrie à l'astronomie. Pour célébrer cette
espèce de triomphe , il fit un médaillon ,
dans lequel il représenta Phaéton condui-
sant le char du soleil, avec cette légende :
Je suis2*armi les astres malgré mon père.
Le symbole n'était pas judicieusement
choisi, puisqu'il annonçait une chute que
Bernoulli eût été bien fâché de voir ar-
river. Mais on sait que chez les géomètres
le jugement est souvent en raison inverse
de la science des calculs. ( Voyez WOLF.)
Dès l'âge de dix-huit ans , il résolut un
problème chronologique qui aurait em-
barrassé un vieux savant. A 22 , étant à
Genève, il apprit à écrire par un moyen
nouveau , à une fille qui avait perdu la
vue 2 mois après sa naissance. Il publia
en 1G82 j un nouveau Système des Co-
mètes, | et une excellente Dissertation sur
la pesanteur de l'air. Ce fut environ vers
le même temps, que Leibnitz fit paraître,
dans les Journaux de Leipsick, quelques
issais du nouveau calcul différentiel, ou
des infiniment petits , dont il cachait la
méthode. Jacques Bernoulli et Jean son
5 4 BER
frère, aussi grand géomètre que lui , de-
vinèrent son secret. Cette méthode fut
tellement perfectionnée sous leurs mains,
que l'inventeur, assez grand homme pour
être modeste, avoua qu'elle leur apparte-
nait autant qu'à lui. Sa patrie voulant
s'attacher un citoyen qui l'illustrait, le
nomma professeur de mathématiques.
L'académie des sciences de Paris se l'a-
grégea en 1699, et celle de Berlin en 1701.
Il mourut en 1705, à 51 ans. Son tempéra-
ment était bilieux et mélancolique ; sa
marche dans les sciences, lente, mais sûre.
Il ne donna rien au public , qu'après l'a-
voir revu et examiné plusieurs fois. Son
traité | De Arte conjectandi, ouvrage pos-
thume . imprimé dans le recueil de ceux
de son frère, et séparément en 1713, in-4°,
et | celui des infinis , répandirent son
nom dans toute l'Europe. Bernoulli vou-
lut que l'on mit sur son tombeau une
spirale logarithmique, avec ces mots Ea~
dem mutata resurgo , et exprima ainsi
dans le langage de sa science favorite , la
foi de la résurrection. Bernoulli joignit
l'amour de la poésie à celui des mathé-
matiques ; il s'exerça à faire des vers alle-
mands, latins et français, mais il y réussit
fort mal. Les mathématiques ne sont
point , pour l'ordinaire , le champ d'où
s'élancent les grands poètes ( Voy. LEIB-
NITZ ). Ses OEuvres , en y comprenant
le Traité de l'art de conjecturer, forment
3 vol. in-4°.
BERNOULLI (Jean ) , frère du précé-
dent, professeur de mathématiques à Bàle,
et membre des académies des sciences de
Paris, de Londres, de Berlin et de Péters-
bourg, naquit à Bàle l'an 1667, et y mou-
rut en 1748. Il courut la même carrière
que son frère et ne s'y distingua pas
moins. On a publié, en 1742, à Lausanne,
le recueil de tous les ouvrages de Ber-
noulli, en 4 volumes in-4°. M. d'Alembert
avoue qu'il leur doit presqu'entièrement
les progrès qu'il a faits dans la géométrie.
A l'âge de 18 ans, il imagina le calcul dif-
férentiel, ou des infiniment petits, d'après
des idées vagues que Leibnitz avait don-
nées de ce calcul, et trouva les premiers
principes du calcul intégral ( voyez l'ar-
ticle précédent ). Cette découverte le mit
en élat de résoudre les problèmes les
plus difficiles, et de faire les plus grandes
choses. En 1690 , cet habile homme vint
à Paris, pour y voir les sa vans. Il fit con-
naissance avec Mallebranche, Cassini, la
Hire, Varignon , et le marquis de l'Hôpi-
tal. Ce seigneur fut si chai mé de l'entendre
BER
2o5
BER
muer sur la géométrie , qu'il voulut
posséder tout seul. Il l'emmena dans sa
terre, et résolut avec lui les problèmes les
plus difficiles de la géométrie. C'est dans
cette solitude, que Bernoulli inventa le
calcul exponentiel. De retour , il proposa
différons problèmes aux mathématiciens,
et décerna les couronnes à Newton, à
Leibnitz , et au marquis de l'Hôpital ,
c'est-à-dire, aux plus grands géomètres du
siècle. Son frère concourut à ces prix , et
lui demanda à son tour des solutions.
C'était une espèce de défi, qui fit naître
une querelle fort vive entre ces deux il-
lustres savans. Elle ne fut terminée que
par la mort de Jacques Bernoulli. Jean
soutint aussi avec Hartsoeker , physicien
célèbre, une guerre sur le baromètre , et
vengea Leibnitz de l'espèce d'insulte que
quelques Anglais , provoqués par Kheil ,
lui firent au sujet du calcul différentiel.
Bernoulli écrivit sur la manœuvre des
vaisseaux, et sur toutes les parties des ma-
thématiques, et il les enrichit de grandes
vues et de nouvelles découvertes. Son
sentiment sur les forces vives, adopté
aujourd'hui par une partie des géomètres,
eut beaucoup de contradictions à essuyer.
Ce mathématicien faisait quelquefois ,
comme son frère, des vers latins, peut-
être aussi mal, dit un homme d'esprit,
qu'un homme né à Pékin ferait des vers
français. Il avait soutenu à l'âge de 18 ans
une thèse en vers grecs sur cette ques-
tion : Que le prince est pour les sujets ;
matière plus in téressante pour les peuples ,
que toutes les spéculations de géométrie.
Bernoulli laissa des enfans dignes d'un
tel père. —Nicolas BERNOULLI, appelé
par le czar Pierre, pour remplir une chaire
de professeur en mathématiques dans l'a-
cadémie naissante de Pétersbourg , mou-
rut 8 mois après d'une fièvre lente , en
1726 ; la czariue Catherine fit les frais de
son enterrement. D.vmel et Jean , deux
autres de ses fils, n'ont pas moins honoré
leur patrie. Daniel , mort en 1782 , après
avoir composé des dissertations savantes
sur la construction des clepsydres, sur
l'inclinaison mutuelle, des orbites des pla-
nètes , sur la construction des ancres , de
la boussole , sur le flux et reflux de la
mer, etc. , s'est encore fait connaître par
son Hydrodynamique ou Commentaire
sur la force et le mouvement des fluides,
Strasbourg, 1738. Il remporta plusieurs
prix à l'académie des sciences de Paris.
Jean , mort en 1790, concourut aussi pour
les prix de l'académie. Ses mémoires sur
le cabestan, sur la propagation de la lui
mièrê ont été couronnés.
BERNOULLI (Jean ), fils de Jean
Bernoulli, né à Bàle en 1744, mort à Ber-
lin en 1807, où il avait été appelé, en
1763 , comme astronome. Quelques an-
nées après il obtint la permission de
voyager, et visita successivement l'Alle-
magne , l'Angleterre , la France , l'Italie ,
la Suisse , la Russie et la Pologne. En 1779
il fut nommé directeur de la classe des
mathématiques de l'académie de Berlin.
Ses principaux ouvrages sont | Recueil
pour les astronomes, 3 vol. in-8°. ] Lettres
sur différens sujets écrites pendant le
cours d'un voyage par l'Allemagne, la
Suisse , la France et l'Italie , en 1774 et
1775, 5 volumes in-8°. | Description d'un
voyage en Prusse , en Russie et en Polo-
gne, en 1777 et 1778, 6 vol. en allemand;
idem, trad. en français. | Recueil de
voyages, 16 vol. en allemand. | Archives
pour l'histoire et la géographie , 8 vol.
en allemand. | E lé mens d'algèbre d'Eu-
1er, trad. de l'allemand, Lyon, 1785, 2 vol.
in-8°. — Jacques, son frère , né en 1759 ,
après avoir beaucoup voyagé , se fixa à
Saint-Pétersbourg , et y périt d'un coup
d'apoplexie en se baignant dans la Neva ,
le 3 juillet 1789. On trouve plusieurs Mé-
moires de lui dans les Nova acta academ.
Pelropol., ainsi que son éloge, suivi de la
liste de ses écrits.
BERÏVSTO.RF (Jean Hartyvig -Er-
nest, comte de), ministre d'état en Da-
nemarck, né à Hanovre en 1712, se mon-
tra digne de cette place par l'étendue de
ses vues et de son zèle pour le bonheur
des Danois. Après avoir fixé l'attention
du gouvernement danois, il fut employé
dans diverses ambassades et fut mis par
Frédéric V à la tète des affaires étrangè-
res. Pendant la guerre de sept ans, il sui-
vit un système de neutralité qui favorisa
le commerce et la prospérité intérieure
des états du Danemarck. Il fit aussi plu-
sieurs traités ou échanges avantageux
avec la Russie, et termina les longues dis-
cussions qui avaient eu lieu au sujet du
droit de suzeraineté de la maison de Hol-
stein sur la ville de Hambourg. Bernstorf
encourageait en même temps les manu-
factures , le commerce , l'agriculture , les
sciences et les arts ; enfin il fit affranchir
les paysans de ses domaines qui étaient
assujettis à la glèbe comme la plupart de
ceux du Danemarck. Une colonne, élevée
à son honneur près de Copenhague , at-
teste la reconnaissance publique. Il ter-
BER
2S6
BER
mina sa carrière en 1772. André Pierre
Bernstorf, son neveu, parvenu au minis-
tère , se distingua comme lui par les me-
sures sages qu'il proposa pour l'adminis-
tration du pays; ce fut lui qui fit accéder
le Danemarck, en 1778, à la neutralité
armée. Il ne cessa de s'occuper des inté-
rêts de l'état jusqu'à ses derniers mornens,
et mourut en 1797.
BÉROALD ou BEROALDE (Matthieu),
mort en 1584, se fit connaître par un ou-
vrage intitulé : Chronicon Sacrée Scrip-
turce auctoritate constitulum, Genève,
1575 , in-fol. Il embrassa la réformation
avec Jules Scaliger et d'autres savans,
fut arrêté à Coutances, à cause de ses opi-
nions , et condamné à être brûlé. Il fut
assez heureux pour échapper au supplice.
En 1574 , il se retira à Genève, y fut mi-
nistre , et y occupa une chaire de philo-
sophie.
BÉROALD DE VERVILLE (François),
fils du précédent, de protestant devenu
catholique , et chanoine de St.-Gratien de
Tours, chercha la pierre philosophale , et
déposa ses folies dans ses appréhensions
spirituelles, Poèmes et autres OEuvres
philosophiques , avec les Recherches de
la pierre philosophale , 1584, in-12. L'au-
teur y parait aussi mauvais poète que
mauvais philosophe. Il est plus connu par
son Moyen de parvenir , dans lequel il
s'efforce de tourner en ridicule tout le
genre humain. C'est un recueil d'inutili-
tés, de puérilités et d'ordures, mêlées de
quelques traits naïfs. Un savant oisif et
de mauvais goût a bien voulu prendre la
peine de donner une édition de cet ou-
vrage pitoyable, en 1732, 2 volumes in-16,
réimprimé en 1754 avec des tables alpha-
bétiques et des notes marginales. Ce livre
a été aussi imprimé avec ce titre Le sal-
migondis , Liège, 1698, in-12 ; Le coupe-cu
de la mélancolie , Parme , 1698 , in-12 :
c'est la même édition sous deux titres. Il
y en a une autre in-24 de 459 pages, sans
date, que le Père Nicéron croit être d'El-
zévir. Quelques-uns prétendent que cet
ouvrage n'est pas deBéroald, et que celui-
ci ayant fait un livre de morale , intitulé
De la sagesse et du moyen de parvenir j
on libertin en prit occasion de faire un
recueil de contes libres et obscènes, sous
ce titre Moyen de parvenir, qu'il mit
sur le compte de Béroald ; c'est le senti-
ment de M. le marquis de Paulmy dans
ses Mélanges tirés d'une grande biblio-
thèque. Béroald né à Paris en 1558, mou-
rut vers l'an 1612. C'était un vrai original.
Il affectait d'être instruit des secrets les
plus cachés de la nature , comme de la
pierre philosophale , du mouvement per-
pétuel , de la quadrature du cercle, des
effets de la sympathie, etc., etc.
BEROALDE ( Philippe ) , né à Bologne
d'une famille noble en 1453, mort en
1505, professa les belles- lettres dans sa
patrie , et fut un homme très érudit pour
son temps, et l'un de ceux qui contri-
buèrent le plus à purger la langue latine
de la rouille et de la barbarie des siècles
d'ignorance, quoique sa latinité cepen-
dant ne soit pas un modèle. Il composa
plusieurs ouvrages en prose, de divers
genres , et quelques-uns en vers ; mais il
s'appliqua principalement à publier d'an-
ciens auteurs grecs et latins avec des
commentaires. On a de lui | Des Com-
mentaires sur Apulée 3 Venise, 1501,
in-fol. et sur d'autres écrivains. | Le re-
cueil de ses OEuvres, 1507 et 1513 , 2 vol.
in-4°. Sa Vie a été donnée en latin par
Jean Pins, Bologne, 1504,in-4°. Bian-
chini en a donné une autre à la tète du
Suétone de Béroalde, à Lyon, 1548, in-
fol. ,
BÉROALDE ( Philippe ), neveu du
précédent, mort en 1518, fut bibliothé-
caire du Vatican , sous Léon X. Il publia
plusieurs pièces de vers très estimées
dans les Deliciœ Poelarum Italorum.
* BEROLDUVGEN ( François de ) ,
minéralogiste distingué, né à St.-Gall,
en Suisse , le 11 octobre 1740 , mort le 8
mars 1798, chanoine d'Hildesheim et
d'Osnabruck, fut membre de plusieurs
sociétés savantes, et parcourut diverses
contrées pour observer la nature du sol, la
structure des montagnes et leurs produits
minéraux : il acquit ainsi une grande
masse de connaissances, qui donnent
beaucoup de prix à ses ouvrages , malgré
la disposition aux hypothèses, et les pré-
ventions qui s'y font souvent remarquer.
Les principaux sont : | Observations,
Doutes et Questions sur la minéralogie
en général, et sur un système naturel des
minéraux en particulier. Le 1er volume
parut , sans nom d'auteur , à Hanovre ,
1778, in-8°, et fort augmenté, sous son
nom, à Hanovre et à Osnabruck, 1792,
in-8° ; 2e vol., ibid., 1793. Il voulait par-
courir ainsi tout le règne minéral , et in-
diquer les rapports qui lient entre eux les
minéraux. | Observations faites pendant
un voyage dans les mines de vif- argent
duPalatinat et du duché de Deux-Ponts^
avec une carte pétrographique , Berlin,
BER
257
BER
1788 , in-8° ; | les Volcans des temps an-
ciens et des temps modernes considérés
physiquement et miner alogiquement ,
Manheim, 1791, in-8° ; | Nouvelle Théorie
sur le basalte, dans les Supplémens de
Oeil aux Annales de la chimie , t. IV ;
| Description de la fontaine de Dribourg,
Hildesheim, 1782, in- 8°, etc. Tous ces
ouvrages sont en allemand.
• BÉRONIE ( Nicolas ) , jésuite et pro-
fesseur au collège de Tulle , né dans cette
ville en 1742 , mort dans les derniers
Jours de 1820 , a laissé un Dictionnaire
du patois du Bas-Limousin, et plus par-
ticulièrement des environs de Tulle , qui
a été mis en ordre, augmenté et publié
après sa mort par M. Y ialle , avocat ;
Tulle, in-4°, sans date. On trouve un
article sur ce dictionnaire dans le Jour-
nal des savons, février 1824.
BÉROSE, prêtre du temple de Bélus
àBabylone, auleur d'une Histoire de Chal-
dée, citée par les anciens, et dont on
trouve quelques fragmens dans Josèphe.
Annius de Viterbe a publié sous le nom
de cet historien, un roman rempli de
contes, auxquels Bérose n'a pas songé.
On ne sait si la perte de l'histoire de
Bérose est un grand malheur. En com-
posant cet ouvrage, il n'avait pas oublié
qu'il était babylonien. ( .'était alors la folie
de tous les peuples, comme ce l'est en-
core aujourd'hui des Chinois et des In-
dous, de vouloir être regardés comme
les plus anciens de la terre. Il fabriqua
des Antiquités merveilleuses pour sa pa-
trie, et étaya ses impostures comme il
put. D'un autre côté , on trouve dans ce
qui nous reste de son Histoire , des pas-
sages admirablement conformes à l'Ecri-
ture sainte. C'est ainsi qu'il parle en ter-
mes exprès de l'arche qui s'arrêta vers
la fin du déluge , sur une montagne de
l'Arménie. Bérose était astrologue. Ses
prédictions enchantèrent les Athéniens,
au point qu'ils lui firent élever, dans leur
gymnase, une statue avec une langue
dorée. Sa fille, prophétesse comme lui,
fut sibylle à Cumes. Il était contempo-
rain d'Alexandre le Grand. On a imprimé
sous son nom 5 livres d'Antiquités, à
Anvers, 1545, in-8°. Bareiros, savant
Portugais, en a fait une critique qui se
trouve à la lin de l'édition qu'on en a
donnée à Anvers en 1599.
BERQUEM. Voyez BERKEN.
BERQUIN (Louis), gentilhomme arté-
sien du 16e siècle , fut accusé de donner
tles opinions de Luther , qui se ré-
pandaient alors , et dénoncé au parlement
de Paris. Ce tribunal ordonna que di-
verses propositions extraites de ses écrits
seraient communiquées à la faculté de
théologie pour avoir son avis. Celle-ci les
censura en 1523. On saisit sa bibliothè-
que : on y trouva le livre De abroganda
missa, divers écrits de Luther et de Mé-
lanchthon. Le parlement fit jeter au feu
les ouvrages de Berquin, et le condamna
à une abjuration publique; le. coupable
ne voulant point obéir, fut condamné à
garder la prison de l'officialilé. François
Ier, qui aimait beaucoup Berquin , le fit
sortir de sa prison ; mais ce fanatique
persistant toujours dans son erreur, ses
juges le condamnèrent au feu. La sen-
tence fut exécutée en place de Grève,
le 12 avril 1529. Il avait traduit plusieurs
ouvrages d'Erasme, dans lesquels il avait
glissé ses erreurs.
BERQUIN ( Arivauld ) , né à Bordeaux
vers 1749, mort à Paris le 21 décembre
1791, s'est fait connaître par divers ouvra-
ges , parmi lesquels on distingue | Idylles,
Paris, 1774,2 vol. in -8°. Elles sont au
nombre de douze , dont six sont imitées
de Gessner ; une d'un autre poète alle-
mand; une d'un auteur italien; quatre
sont de son invention. Il y en a qu'on lit
avec plaisir : c'est le vrai ton des pasto-
rales ; le simple , le naturel , le tendre ,
le délicat caractérisent la plume du Théo-
crite français ; s'il avait été partout égale-
ment sage , et qu'il n'eût pas mêlé aux
plaisirs innocens de la vie champêtre des
images alarmantes pour les mœurs , on
aurait la satisfaction de pouvoir l'ad-
mirer sans réserve. Il a donné en 1775 un
second recueil d' Idylles, dont on doit
porter le même jugement. La plupart
sont prises de Wieland , Gessner et Mé-
tastase : l'imitateur outre quelquefois les
traits de ses modèles, et ce n'est pas en
faveur de la vertu. | Choix de tableaux .,
tirés de diverses galeries Anglaises,
Paris, 1775 ,1 vol. in -8°. Ces tableaux
n'existent que dans le cerveau de Ber-
quin : s'il s'est persuadé qu'ils pouvaient
paraître tirés des galeries Anglaises*
c'est qu'il a cru l'imagination des Anglais
plus déréglée que celle des autres peu-
ples. Les contes qu'il lui a plu d'appeler
Tableaux , sont froids, puérils, indécens
et vraiment dignes de pitié. | VAmi des
enfans , Paris , 1782; ouvrage écrit avec
un naturel et une naïveté qui en rendent
la lecture agréable aux enfans. L'auteur
leur présente toutes sortes de leçons sous
BER 258
la forme de contes , et cette manière d'en-
seigner fait toujours sur le premier âge
les impressions les plus sûres. Cependant
parmi ces contes , il en est qui ne sont
pas également bien choisis : il s'en trouve
même quelques-uns dont la morale n'est
pas exacte , d'autres où les leçons sont un
peu verbiageuses et noyées dans des dé-
tails inutiles ; d'autres enfin qui sem-
blent manquer de justesse et dont la con-
clusion ne se présente pas d'une manière
assez sensible. | Lectures pou?' les enfans,
ou choix de petits contes et drames éga-
lement propres à les amuser et leur in-
spirer le goût de la vertu, 1784. | L'Ami
de l'adolescence , suite de Y Ami des en-
fans, 1784. | Sandfort et Merton, 1786.
/ Introducton familière à la connaissance
de la nature, 1787. | Le petit Grandisson,
4788. | Le livre de famille, ou journal des
enfans, 1791. Tous ces ouvrages, qu'il
composa pour l'éducation de la jeunesse ,
ont obtenu un grand nombre d'éditions ,
in-12 et in-8°, ornées de figures. Les meil-
leures sont celles de Paris , 4796 , 28 vol.
in-18; 1803 , 20 vol. in-18, et 17 vol. in-12 ;
4802, 22 vol. in-18; 4807, 40 vol. in-12; le
choix de tableaux anglais ne se trouve
dans aucune de ces éditions.
* BERll de TURRIQUE ( Isaac ) , juif
de Nancy, plaida au commencement de la
révolution en faveur de ses coreligion-
naires ; il parut à la barre de l'Assemblée
constituante, pour y prononcer un dis-
cours à ce sujet, et publia plusieurs écrits
sur l'organisation du culte israélite. Berr
se retira ensuite dans sa propriété de
Turrique , près de Nancy , dont une or-
donnance de Louis XVIII lui permit d'a-
jouter le nom au sien; il y mourut en
novembre 1828 , à l'âge de 85 ans.
BERRÉTIM. fby<?sBÉRETTN (Pierre).
BERRI ( duc de ). Voyez CHARLES-
FERDINAND , duc de Berri.
* BERRIER ( Louis) , prieur de Perray
en Bourgogne. Il était fils d'un conseiller
d'état, et lui-même était déjà conseiller
au parlement de Paris, lorsque, touché du
désir d'une plus grande perfection, il
renonça aux places et aux honneurs po.,r
se retirer dans son prieuré, où il fonda
la réforme. Il avait auparavant conféré de
son projet avec l'abbé de Rancé, et il
prit l'habit religieux en 1698. Sa commu-
nauté devint, en peu de temps, très
nombreuse. Voyez le tome 6 de l'histoire
des ordres monastiques d'Hélyot. On
ignore l'époque de sa mort, mais il vivait
encore en 4734,
BER
BERROYER (Claude ) , avocat an par-
lement de Paris, mort en 1735, a donné
| les Arrêts de Bardot , Paris , 2 vol. in-
fol. | La Coutume de Paris, de Duplessis,
Paris , 1709 , in-fol. | La Bibliothèque des
Coutumes avec Laurière, Paris, 1699, in-4°.
Ce recueil est curieux. On y trouve , en-
tr'autres choses , un catalogue historique
des Coutumiers généraux, et une liste
alphabétique des textes et commentaires
des Coutumes. Le rédacteur , homme sa-
vant, fut fort employé à la consultation,
et obtint la confiance du public et l'estime
des magistrats.
* BERRUGUETE ( Aloivzo ) , peintre,
sculpteur et architecte espagnol né à Pa-
redes de Nava, près Valladolid, mort à
Madrid en 1545 , fut un des premiers qui
détruisit en Espagne le goût barbare qui
régnait dans les beaux-arts. Il avait pris
des leçons de Michel- Ange à Florence.
Charles-Quint le nomma son peintre. On
voit à Valladolid une statue qui passe
pour son chef-d'oeuvre.
BERRUYER ( Philippe ) , archevêque
de Bourges , depuis l'an 1236 jusqu'à l'an
1260 qu'il mourut en odeur de sainteté.
De Nangis lui attribue plusieurs mira-
cles. On trouve le détail de ses éminentes
vertus dans les auteurs du Gallia Chris-
tiana nova, tom. 2, p. 67. Don Martène
a publié sa Vie, écrite par un auleui
contemporain, Anecd. tome 3 , page 1927.
BERRUYER ( Joseph- Isaac ) , né en
4681 , d'une famille noble de Rouen , prit
l'habit de jésuite et l'honora par ses ta-
lens. Après avoir professé long-temps les
humanités, il se retira à la maison pro-
fesse de Paris, et y mourut en 1758. Il
était connu depuis 1728 par son Histoire
du peuple de Dieu , Urée dis seuls livres
saints, réimprimée avec des corrections
en 4735, en 8 vol. in-4°, et en 10 vol.
in-12. Cette Histoire fit beaucoup de bruit
dès le moment de sa naissance. Le texte
sacré y est revêtu de toutes les couleurs
des romans modernes. Berruyer se pro-
mettait que ton Histoire paraîtrait un
ouvrage neuf. Elle le parut effective-
ment, par les fleurs d'une imagination
qui veut briller partout, dans les en-
droits même où les livres saints ont le
plus de simplicité. Le rhéteur fait parler
Moïse aux Hébreux dans les déserts de
l'Arabie , comme parleraient de raffinés
politiques dans le 18e siècle. La prolixité
du style fatigue autant que les vains or-
ncmens dont il est chargé. Cependant son
Histoire, mêlée de traits singuliers et
BER
259
BER
brillons, écrile avec chaleur cl avec élé-
gance, tissue avec art, semée de réflexions
très judicieuses, est une preuve non équi-
voque qu'il était néavec beaucoup d'esprit,
et un esprit facile. Rome le censura en
4734 et en 1757. La seconde partie parut
long-temps après la première, en 1753, 4 v.
in-4°, et 8 v. in-12. Elle lui ressemble pour
le plan ; mais elle lui est à quelques égards
inférieure pour les grâces , l'élégance et
la chaleur du style. Benoit XIV la con-
damna par un bref du 17 février 1758,
et Clément XIII par un autre bref du 2
décembre suivant. Ce bref condamne en
même temps la Troisième partie de l'His-
toire du Peuple de Dieu , ou Paraphrase
littérale des Epitres des Apôtres, en 2
vol. in-4°, et 5 vol. in-12. Celle dernière
partie est remplie , comme les autres ,
d'idées singulières et condamnables. L'au-
teur les avait puisées à l'école de son con-
frère Hardouin , homme très érudit , mais
d'un jugement faible, écrivain parado-
xal, s'il en fut jamais. « La principale de
» ses erreurs , dit un théologien profond ,
» est d'avoir séparé l'humanité de J.-C.
» de sa divinité ; en considérant cette
» humanité du Sauveur directement et
»en elle-même, in se directe, in recto;
» en prétendant qu'en elle-même et di-
» rectement elle devait être adorée : ce
» qui est expressément contraire au con-
»cile d'Ephèse, anath. 8; contraire au
» fameux discours par où Théodote , ar-
» chevêque d'Ancyre , prouva dans ce
» même concile qu'on ne peut pas divi-
» ser , même par la pensée , l'humanité
» du Christ de la divinité, pour en faire
» un objet de notre adoration : contraire
» au cinquième concile général , qui est
• le second de Constantinople, coll. 8,
» can. 9; contraire enfin aux paroles de
» saint Jean, qui déciare que la division
• de J.-C. est réservée à l'antechrist : Et
» omnis spiritus qui solvit Jesum ex
» Deo non est , et hic est anlichristus.
» 1 Joan. 4, 3. «Les jésuites désavouèrent
publiquement le livre de leur confrère, et
obtinrent de lui un acte de soumission ,
lu en Sorbonne en 1754. Le savant Père
Tournemine , son confrère , est un de
ceux qui combattirent ses paradoxes avec
le plus de zèle ( Voyez son article ). Le
parlement de Paris , 2 ans après , manda
Berruyer pour être entendu sur plusieurs
propositions de son histoire. Mais l'au-
teur s'élant trouvé malade , la cour en-
voya un commissaire, à qui l'historien
remit une déclaration en forme de ré-
tractation, qui fut déposée au greffe. Ber-
ruyer fit imprimer différentes Apologies,
où sans cesser de respecter sa condamna-
tion, il justifiait ses intentions, et dé-
fendait surtout son attachement à la doc-
trine de l'Eglise catholique ; elles ont ce-
pendant été mises à Xindex. L'abbé Jan-
son, connu par plusieurs ouvrages où la
piété et l'exacte orthodoxie sont unies à l'é-
rudition, a proposé en 1789 une espèce de
triage des ouvrages de Berruyer.aQuoiqu'à
» beaucoup d'égards condamnable, dit-il,
» et très justement condamné, l'ouvrage
» n'est pas répréhensible dans tous ses
» points. Aussi ce que nous y avons trouve
» en accord avec les sages règles , soit au
» sujet de l'ordre et de la distribution des
» parties dont il est composé, soit au regard
» de l'explication du texte, soit par rap-
» port à la diction , nous nous sommes
» fait un devoir de le conserver. Mais
» aussi tout ce qui nous a paru opposé à
» la tradition , à la doctrine des saints
» Pères, au sentiment des interprètes les
» plus suivis, à l'ordre des temps, à la
» simplicité et à la décence des expres-
» sions, nous nous sommes appliqués , au-
» tant qu'il a été en nous, à le rectifier. »
Voyez le Journal histor. et littér. , 15
juin 1789, pag. 259. — L'ancien Testa-
ment a été traduit en allemand par le
Père Weimer, à Luxembourg, en 1753,
avec une approbation du fameux Fébro-
nius , où on lit ces paroles : Pater Ber-
ruyer, S. J. sacerdos , acceptissima al-
que hactenus intentata methodo sacra-
rum litterarum textum non solum per-
pétua hacce paraphrasi, gallico idiomate
conerpta, intelleclu facilem , ledit vero
pergratum reddidit ; alii etiam ejusdem
societalis presbyteri ulilissimum hoe
opus pro plurium commodilate çerma-
nico idiomate donaverunt ; hinc non pos~
sumus non egregiam ulrorumque ope-
ram, ab aliis jam probatam , iterum
laudare , et presbyteris In» fus archidia>
ce sis sedulo legendam commendare. —
Une nouvelle édition de XHistoire du
peuple de Dieu a paru à Besançon chez
Gauthier frères, 1828 , 10 vol. in-8°. Elle
est bien préférable aux précédentes , à
cause des heureuses corrections qui y ont
été faites par deux directeurs du sémi-
naire de Besançon.
* BERRUYER ( Jean-Fraxçois), gé-
néral français né à Lyon le 6 janvier 1737,
entra dans la carrière militaire comme
simple soldat, en 1753, et se trouva au
siège de Mahon. Pendant la guerre de
BER
260
BER
sept ans, il obtint le grade d'officier,
après avoir arrêté avec 60 hommes une
colonne dans un défilé , et reçu plusieurs
coups de sabre et un coup de feu. Une
autre action d'éclat lui valut peu après le
grade de capitaine. Il fit ensuite les
campagnes de l'île de Corse, et après
avoir passé successivement par tous les
grades , il fut fait lieutenant-général , et
commanda, en 1793, les troupes rassem-
blées auprès de Paris pour l'armée de
l'Ouest. Envoyé dans la Vendée, il y
éprouva quelques échecs , et fut suspendu
de ses fonctions. Le Directoire le nomma
gouverneur des Invalides en 1796. Il
mourut le 27 avril 1804. Il avait fait dix-
sept campagnes depuis 1756 jusqu'en 1793,
et reçu trois blessures graves.
BERRYAT ( Jean), médecin ordinaire
du roi, intendant des eaux minérales de
France , correspondant de l'académie des
sciences , et membre de l'académie d'Au-
xerre , mort en 1754 , a publié | Les deux
premiers volumes de la Collection Aca-
démique, Dijon , 1754 , in-4° : compilation
avantageusement connue; | des Observa-
tions physiques et médicinales sur les
eaux minérales d'Epoigny , aux environs
d'Auxerre , 4752 , in-12.
BERSABÉE. Voy. BETHSABÊE.
BERSMAN ( Georges ) , allemand , na-
quit en 1538 à Annaberg , petite ville de
Misnie , près de la rivière de Schop , et
du côté de la Bohème. On l'éleva avec
soin et il fit de grands progrès dans les
sciences. Il cultiva la médecine , la physi-
que, les belles -lettres et les langues sa-
vantes. Il entendait très bien les langues
latine et grecque. Il voyagea en France et
en Italie, pour y connaître ceux qui avaient
le plus de réputation parmi les gens de
lettres. De retour dans son pays, il y
enseigna en divers endroits jusqu'à sa
mort, arrivée le 5 octobre de l'an 1611,
qui était la 73e de son âge. Bersman mil
les psaumes de David en vers , et il fit des
notes sur Virgile , Ovide, Horace , Lucain,
Cicéron , et sur d'autres auteurs anciens.
Il eut 14 fils et 6 filles de son mariage
avec une fille de Pierre Helleborn.
* BERT (Fieriie-Claude-François) ,
né dans le département de la Nièvre , et
mort à Paris , le 12 septembre 1824 , âgé
d'environ 56 ans. On a de lui : | D'une
alliance entre la France et l'Angleterre ,
1790 , in-8° ; | Des prêtres salariés par la
nation, considérés dans leurs rapports
avec le gouvernement républicain J 1793 J
in-8°, brochure où l'on proclame l'indé-
pendance de l'église et de l'état , opinion
que l'on a plusieurs fois soutenue depuis.
* BERTAIRE (saint), abbé du Monl-
Cassin , né au commencement du9e siècle,
était issu des rois de France. Sa naissance
pouvait lui procurer de grands avantages,
mais il préféra travailler à sa sanctifica-
tion. Il choisit pour sa retraite le Mont-
Cassin et en fut nommé abbé l'an 8-56 après
la mort de Basce. Il gouverna cette maison
avec beaucoup de sagesse jusqu'au 22 oc-
tobre 884 qu'il fut assassiné par les Sar-
rasins qui désolaient alors l'Italie par
leurs courses; ils brûlèrent le couvent et
tuèrent saint Bertaire sur les marches de
l'autel Saint-Martin où il faisait sa prière.
Il a laissé des Sermons , des Homélies et
quelques autres ouvrages.
* BERTAIRE, ou BERC AIRE, élevé dans
l'école de l'église de Verdun, y fut ordonné
prêtre. Témoin d'un incendie qui en con-
suma les archives , et réduisit en cendres
les chartes, papiers, registres et autres
monumens qui y étaient conservés , Ber-
taire qui les avait eus en sa garde , et en
avait pris connaissance , résolut de répa-
rer, autant qu'il était en lui , cette perte.
Il rédigea une sorte d'Histoire abrégée
des faits que lui rappelait sa mémoire ,
soit qu'ils fussent le fruit de ses lectures ,
ou qu'il les eût appris par tradition. Il y
donna la suite de trente évêques de Ver-
dun , jusqu'à Dadon exclusivement , pré-
lat dont il était chapelain , et à qui il dédia
son ouvrage. Il y rapporte les principaux
événemens de leur vie. Don Senocq, bé-
nédictin de la congrégation de Saint-Maur ,
qui découvrit le manuscrit de Bertaire ,
l'envoya à don Luc d'Achery, qui l'inséra
dans son Spicilége. Bertaire mourut sous
l'épiscopat de Dadon , qui lui-même , se-
lon don Calmel, finit do vivre vers 925.
On ne sait rien de plus précis sur la date
de la mort de Bertaire.
* BERTALDO (Jacob), jurisconsulte
vénitien , fut notaire et chancelier de la
cour ducale et évoque de Veglia. On lui
doit une Compilation des coutumes de
Venise.
BERTAJNO (Jean-Baptiste), architecte
du duc de Mantoue Guillaume III , dans
le 16e siècle, eut la direction des édifices
publics sous ce prince. On admire encore
la construction de l'église de Sainte-Barbe
et de son haut clocher, décoré de 4 ordres
d'architecture. Il a publié : Gli oscuri e
difficili passi dell 'opéra lonica di T'itra-
vio alla chiara inlelligenza tradolti, Man-
toue, 1558,in-fol.
BERTAUD (Jean) premier aumônier
de la reine Catherine de Médicis , secré-
taire de cabinet et lecteur de Henri III ,
conseiller d'état, abbé d'Aulnai, et enfin
évoque de Séez , naquit , non à Condé-sur-
Noireau, mais à Caen, suivant M. Huet,
l'an 1522 , et mourut en 1611. Il eut beau-
coup de part à la conversion de Henri IV.
Berlaud, ami et contemporain de Ronsard
et de Desportes , cultiva comme eux la
poésie, et sut éviter leurs défauts. Quel-
ques-unes de ses stances ont de la facilité
et de l'élégance. On a de lui des Poésies
chrétiennes et profanes, des Cantiques,
des Chansons , des Sonnets, des Psaumes.
Elles offrent quelques réflexions heu-
reuses, mais que gâte par fois trop de re-
cherche : il avait pris le goût des pointes
dans Sénèque. Ses mœurs parurent très
réglées , dès qu'il fui élevé à l'épiscopat;
et l'évêque rougit des productions du
courtisan. Ses OEuvres poétiques ont été
imprimées en 1620 , in-8°. Il a laissé aussi
une traduction de quelques livres de saint
Ambroise , des traités imparfaits de con-
troverse , des Sermons sur les principales
fêtes de l'année , et une Oraison funèbre
de Henri IV. C'était l'oncle de madame
de Motteville. Voyez ce mot.
* BERTAUX (Duplessis), graveur, a
orné beaucoup d'ouvrages célèbres des
productions de son burin. Elles se font
surtout remarquer dans les voyages de
Grèce et d'Italie par M. de Choiseul , et
dans celui d'Egypte. Il a composé un grand
nombre de petits sujets à la manière de
Calot. On assure qu'à l'âge de 12 ans , il
imita si parfaitement à la plume, la tenta-
tion de S. Antoine de Calot, que les artistes
mêmes pouvaient à peine distinguer l'ori-
ginal de la copie. Il est mort vers 1815.
* BERTAZOLLI (François), né le 1er
mai 1734 , à Lugo , dans la Romagne , fit
ses études dans l'université de Bologne ,
et devint chanoine de la collégiale de Lu-
go. Il fut employé par Pie VII, alors évo-
que d'Ismola , dans le gouvernement de
ce diocèse. Ce pape le nomma depuis ar-
chevêque d'Ephèse , chanoine de Sainte-
Marie-Majeure et son aumônier secret.
Après l'invasion de Rome en 1806 par les
Français , ce prélat fut conduit en France
où il partagea la captivité du souverain
pontife. Il reçut la pourpre dans le con-
sistoire du 10 mars 1823. Léon XII le char-
gea de plusieurs hautes fonctions. En
1828 , Bertazolli fut fait évêque de Pales-
trine. Il est mort subitement le mercredi
saint , 7 avril 1832.
* BERTELE (Georges-Augustin), né
à Ingolstadt, le 27 août 1767, mort à
Landshut , le 19 juillet 1818. 11 était pro-
fesseur de chimie , minéralogie , botani-
que, matière médicale , diététique, toxi-
cologie , pharmacologie, et art de formuler
à l'université de Landshut. On a de lui :
| Oralio additialis de inflexu chimiœ in
physicam et mcdicinam , Ingolstadt , 1794,
in-4°; | Uc'ber salpeterplanlagen ..Munich,
1794 , in-8° ; | Versuch einer Lebenserhal-
twigskunde, Landshut, 1803, in-8°; | Hand-
buch der minerographie , Landshut , 1 804,
in-8°, etc.
* BERTELOT (Pierre), premier pi-
lote et cosmographe de Portugal aux In-
des Orientales , né à Honfleur en 1600 ,
entra dans l'ordre des Carmes, où il prit
le nom de père Denis de la Nativité , sans
discontinuer son service de cosmographe.
Ayant été envoyé comme interprète de
l'ambassade portugaise , près du roi d'A-
chem dans l'île de Sumatra , il y perdit la
vie par la trahison de ce prince , qui vou-
lut forcer les Portugais à se faire maho-
métans.
BERTELS (Jean), religieux bénédic-
tin , né à Louvain en 1339 , et mort en
1607, fut d'abord abbé de Munster, à
Luxembourg , ensuite d'Echternach. Il
eut le malheur de voir piller son abbaye
d'Echternach par les Hollandais l'an 1396,
et lui-même fut mené prisonnier en Hol-
lande , d'où il ne retourna qu'après avoir
payé 16,000 écus de rançon pour lui et ses
religieux. Il est connu par sa petite His-
toire du duché du Luxembourg. Le Pèrs
Bertholet dit que cette Histoire n'est qu'un
tissu de fables _, jugement outré et peu
équitable. Le style de Bertels est diffus et
incorrect.
BERTERA (Barthélémy), italien , éta-
bli à Paris où il avait le titre d'interprète
du roi , mourut en 1782 , après avoir pu-
blié | Méthode pour apprendre la langue
Italienne, in-12 ; | l'Espagnole* in-12 ; | la
Française * 1773.
BERÏHAULT (Pierre) , né vers 1600,
à Sens , prêtre de l'Oratoire , et professeur
de rhétorique dans sa congrégation , au-
teur du Florus Gallicus , in-12 , et du
Florus Franciscus, in-12, qui ne valent
point le Florus Romanus, mourut en 1681,
chanoine et archidiacre de Chartres. Son
traité de Ara, imprimé à Nantes en 1681,
est savant ei recherché.
* BERTIIAULT (Louis) , architecte du
roi , membre de la légion-d'honneur, né
en 1783 , se distingua comme architecte et
BER
2G2
BER
surtout comme dessinateur de jardins.
Les jardins de Compiègne , de la Malmai-
son , de Ponl-Chartrain, de Saint-Leu, de
Baville, deBondy, etc., tous tracés sur des
plans différens , ont été créés par lui. Il a
déployé autant de goût que de génie dans
les restaurations qu'il a faites à divers
hôtels de la capitale , et a embelli les en-
virons de Paris d'un grand nombre d'ha-
bitations charmantes , telles que celles de
Clichy, de la Jonchère , etc. Il conçut l'i-
dée hardie de mettre en harmonie les con-
structions antiques et modernes de Rome ,
et il en a laissé le plan. Berthault se ren-
dait aux eaux de Cauterets pour rétablir
6a santé altérée par un travail opiniâtre ,
lorsqu'en passant à Tours, il y mourut
âgé de 40 ans , en août 1823.
BERTHE. Voyez ETHELBERT.
• BERTHE ou BERTRADE , fille de
Charibert, comte de Laon, fut surnom-
mée Berthe au grand pied* parce qu'elle
était née avec un pied plus grand que.l'au-
tre. Elle épousa Pépin le Bref, roi de
France , qui , contre l'usage reçu jusque
alors , la fit asseoir avec ses deux fils sur
le trône , lorsqu'il fut couronné à Sois-
sons , en 751 , pour inspirer, dit-on , plus
de respect pour la princesse et pour les
enfans qu'il en avait eus avant d'être roi.
Berthe, douée d'un caractère au-dessus de
son sexe, accompagna le roi dans ses
voyages et ses expéditions, et lui servit
souvent de conseil. Elle savait en même
temps attirer les grands à la cour et les at-
tacher à ce gouvernement qui était nou-
veau. Cependant on reproche à Pépin d'a-
voir voulu la répudier, mais il fut détourné
de ce projet par les remontrances du pape
Etienne III. Après la mort de Pépin, en
769, Berthe conserva une grande influence
sur ses deux fils , Carloman qui avait reçu
en partage l'Austrasie, et Charles à qui
était échue la Neustrie. Son adresse et
l'attachement qu'ils lui portaient empê-
chèrent leur mésintelligence d'éclater;
mais la reine n'employa pas toujours des
moyens légitimes. Elle engagea Charles à
répudier sa femme Hémiltrude pour lui
faire épouser la fille de Didier, roi de
Lombardie , pensant que cette union ser-
virait à entretenir la paix entre ses en-
fans. Berthe mourut à Choisy dans un
âge avancé , et fut enterrée à Saint-Denis
auprès de <wm époux. — Il y a plusieurs
autres princesses du même nom, entre
autres une marquise de Toscane , fille
de Lothaire , roi de Lorraine , qui fut
célèbre pa: sa beauté, ses galanteries et
son habileté dans les affaires. Cependant ,
quoique sa cour fût très brillante , elle vi-
vait dans son intérieur, dans une grande
simplicité , travaillant avec ses femmes
comme une mère de famille. C'est en fai-
sant allusion à cette manière de vivre
qu'est venu le proverbe Al tempo che
Berla filava (du temps que Berthe filait),
pour exprimer la simplicité , la franchise
et les bonnes mœurs de ces bons vieux
temps. Cette princesse mourut à Lucques
en 925.
* BERTHELEMI (Jean-Simon), pein-
tre d'histoire , né à Laon en 1743 , rem-
porta le grand prix de peinture. Il se per-
fectionna à Rome et réussissait surtout
dans les plafonds : il en a exécuté plusieurs
à Fontainebleau , au muséum et au Luxem
bourg. Il avait été reçu à l'académie de
peinture en 1780 , et mourut à Paris , le
1er mars 1811, étant professeur de l'école
spéciale de dessin.
BERTHELET (Grégoire), bénédictin,
né à Berain dans le duché de Bar-le-Duc
en 1680 , mort l'an 1754 , était versé dans
les antiquités ecclésiastiques. Il a donné
un Traité historique et moral de l'absti-
nence, 1731 , in-4°, et plusieurs autres ou-
vrages sur les rits ., etc. Voyez don Cal-
met , Bibliothèque de Lorraine.
BERTHELIN (Pierre-Charles), né à
Paris au commencement du 18e siècle ,
fut d'abord ecclésiastique , puis avocat au
parlement, et ensuite professeur à l'école
royale militaire et associé de l'académie
d'Angers. On a de lui une Ode latine
sur le siège de Berg-op-Zoom, Paris,
1747, in-4°; | Becueil d'énigmes, etc.,
ibid., in-12 ; | Becueil de pensées ingé-
nieuses tirées des poètes latins , avec la
traduction ou l'imitation en vers français,
Paris , 1752 , in-12 ; | Supplément au dic-
tionnaire de Trévoux, ibid. in-fol., 1752;
| Abrégé du même dictionnaire , 1763 , 3
vol. in-4°. Berthelin a aussi donné une
édition du dictionnaire des rimes du père
Richelet, 1751.
* RERTHELOT (Jean-François), né
à Paris en 1749, entra dans la carrière du
barreau , et fut nommé professeur de
droit en 1779. Lorsque les écoles de droit
eurent été supprimées par l'Assemblée
constituante, il se livra, pendant quelque
temps , à la plaidoierie , en qualité de dé-
fenseur officieux près des tribunaux de
Paris et de cassation. Après l'établissement
des écoles centrales , Berthelot fut choisi ,
pour remplir à Nîmes , une chaire de lé-
gislation, qu'il a occupée jusqu'à la réor-
uni
265
EER
ganisation de la nouvelle école de droit
de Paris, où il fut nommé professeur du
droit romain. 11 remplit cette chaire jus-
qu'à sa mort arrivée le 13 février 1814,
On a de lui : | un Traité des évictions et
de la garantie formelle , 2 vol. in-12 ,
1781 ; | Réponse à quelques propositions
îuzsardées par M. Garât contre le droit
romain, dans le Mercure de France J
1785 , in-12 ; | Réflexions sur la loi de
qUjESTionibus , relative à la question dans
l'empire romain , à son origine en France,
et à ses différens états jusqu'à nos jours ,
1785, in-8°; | Les 6 derniers livres du Di-
este* complétant la traduction de Hulot ,
1803-1811 ; | Elémens du droit civil romain
selon l'ordre des initiales de Justinien ,
arrangés suivant une méthode plus utile
aux étudians , traduis en français , 4 vol.
in-12. Il avait, dit-on, en portefeuille un
grand ouvrage sur le droit ; mais il s'est
perdu.
BERTIIEREAU (don Georges -Fran-
çois) , né à Belesme le 29 mai 1732 , entra
fort jeune (en 1748) dans la congrégation
de St.-Maur, devint d'abord professeur
de grec et d'hébreu à l'abbaye de St.-Lu-
cien-de-Beauvais, puis à celle de St.-Denis.
Il fut ensuite associé aux travaux des re-
ligieux de sa congrégation , et chargé de
concourir au recueil des historiens de
France dans la partie des croisades. Pour
y travailler avec plus de succès , il se livra
avec ardeur à l'étude de l'arabe , s'attacha
à un syrien pour mieux connaître cette
langue , et dès qu'il en eut une connais-
sance suffisante , il se mit à feuilleter les
manuscrits de la bibliothèque du roi et de
celle de Saint-Germain-des-Près , et il en
fit de nombreux extraits , qu'il traduisit ,
les uns en latin , les autres en français.
La révolution l'ayant empêché de termi-
ner son travail , ses manuscrits qui for-
maient 2 vol. in-folio sont restés en la
possession de sa famille. Le gouvernement
refusa do les imprimer sous prétexte que
la dépense serait trop considérable , et
que d'ailleurs il n'y avait pas de caractères
arabes ; ce qui était faux. Obligé de renon-
cer à la vie paisible du cloître et aux tra-
vaux qu'il affectionnait , il se trouva sans
ressources et dans un état voisin de l'in-
digence; enfin il succomba à ses peines le
26 mai 1794. M. Sylvestre de Sacy a donné ,
dans le tome 8 du Magasin encyclopédi-
que* une notice curieuse et très étendue
sur la vie et les écrits de ce savant reli-
gieux.
* BERTIIEREAU (Thomas), né en
1733, était de la famille du précédent. Il
était procureur au Chàtelet avant la révo-
lution, et fut nommé député du tiers-état
de la vicomte de Paris , aux états-géné-
raux. A l'époque du 18 brumaire , il fut
un des juges du tribunal criminel de Pa-
ris , et devint ensuite président du tribu-
nal de première instance; il en exerça les
fonctions pendant dix ans. En 1810, Ber-
thereau les quitta avec le titre de prési-
dent honoraire, et fut un des commissaires
chargé de rédiger le code judiciaire.
BERTHET (Jean), né à Tarascon en
Provence , l'an 1622, mort en 1692, se ren
dit célèbre par la connaissance des lan-
gues anciennes et modernes. Il entra dans
la compagnie de Jésus , où il professa
quelque temps les humanités. Ensuite il
enseigna les sciences abstraites, rassem-
blant , à l'aide d'une mémoire immense ,
et d'un génie souple et actif , plusieurs
connaissances. On a de lui des Disserta-
tion savantes sur différens sujets ; des
Odes , des Sonnets français , italiens , es-
pagnols ; des Chansons provençales ; des
Vers libres , des Epigrammes, Madrigaux ,
et autres petites pièces en plusieurs lan-
gues.
* BERTHIER (Jean), sculpteur du 16*
siècle , auquel on doit les plans en relief
des fortifications des principales places de
l'Europe; on les voit aujourd'hui aux In-
valides.
BERTHIER ( Guillaume- François) ,
né à Issoudun en Berry, le 7 avril 1704 ,
entra dans la société des jésuites en 1722,
et s'y distingua par ses vertus et sa science.
En 1745, on lui confia la rédaction du
Journal de Trévoux ..qu'il dirigea jusqu'à
la dissolution de sa Compagnie en France,
à la satisfaction du public et des véritables
gens de lettres. « Jamais , dit l'auteur des
» Trois Siècles 3 ce journal n'a été plus
» intéressant et plus utile que quand le
» Père Berthier y a travaillé. Sa pénétra-
» tion à démêler les pièges de l'incrédu-
» lité, son courage à les mettre au grand
» jour, son habileté à en parer les coups f
» lui ont attiré les sarcasmes de ces es-
» prits forts contre tout, excepté ce qui
» blesse leur amour-propre ; mais il a fait
» voir par ses lumières , autant que par sa
» modération , combien il est facile d'être
» supérieur à leurs manèges, à leurs atta-
» ques et à leurs insultes. » Sur la fin de
1762 , il fut nommé garde de la bibliothè-
que royale , et adjoint à l'éducation de
Louis XVI et de Monsieur ; deux ans après
il se consacra à la retraite , et ne s'occupa
BER
264
BER
plus que de l'élude et des exercices de la
religion. Il mourut à Bourges le 15 dé-
cembre 1782. Le chapitre de la métropole
rendit un hommage public à ses vertus et
à ses talens , en lui donnant une sépul-
ture distinguée dans son église. Le clergé
de France venait de le gratifier d'une pen-
sion à son insu ; sans doute pour le ré-
compenser de sa Continuation de X His-
toire de l'église gallicane , commencée
par le Père Longueval. On lui doit les six
derniers volumes de cet ouvrage , écrits
avec une critique , une modération , une
netteté de style et une élégance peu com-
munes. Tout y est déduit et discuté avec
une noble aisance qui , en faisant dispa-
raître la gêne du travail , annonce les con-
naissances les plus étendues et la plume
la mieux exercée. L'abbé de Voisenon lui
a rendu ce témoignage , lorsque"la Société
fut proscrite dans le ressort du parlement
de Paris : « L'auteur était savant, modeste,
» point intrigant, bon prêtre et honnête
» homme. Le Journal de Trévoux perdit
» en lui un bon littérateur, et Paris un
» homme de bien. Il n'y a que les ency-
» clopédistes qui gagnent à son expulsion
» un puissant adversaire de moins. » Après
sa mort on a publié les Psaumes et Isaïe
traduits en français avec des Réflexions
et des notes : le premier en 8 vol. in-12,
Paris , 1785 , réimprimé en 1788 en 5 vol.
sans notes ; le second, Paris, 1788, 5 vol.
in-12 : les Réflexions regardent surtout la
morale; elles sont pleines d'onction et
pénètrent un cœur droit. Les Notes ex-
pliquent le sens littéral du texte : l'auteur
y étale une érudition peu commune , et se
montre l'égal des plus habiles commenta-
teurs. Comme il possédait parfaitement
l'hébreu , il entre dans de savantes discus-
sions, et il aplanit beaucoup de difficul-
tés , de manière qu'il fait très bien enten-
dre le sens du texte. Le Père Berthier est
clair et surtout précis, ce qui est la preuve
d'un bon esprit. Le seul reproche qu'on
puisse lui faire, c'est celui d'imiter un peu
trop le père Houbigant, et d'avoir dans les
idées de cet hébraïsant une confiance
qu'elles ne méritent pas toujours. Peut-
être jugera-t-on aussi qu'il s'arrête quel-
quefois trop à des discussions où le doute
et l'ignorance valent mieux qu'une déci-
sion. On a encoie de lui des Réflexions
Spirituelles en 5 vol. in-12, 1790, réim-
primées en 1811 avec de nombreuses cor-
rections. M. Montjoie a publié en 1817,
l'éloge du Père Berthier, in-8°.
BERTIJIEU ; Axexandre), maréchal de
l'empire , prince de Neuchâtel et de Wa-
gram , né à Versailles le 20 novembre
1753, fut destiné dès l'enfance à l'état mi-
litaire par son père qui était adjoint du
gouverneur de l'hôtel de la guerre. Il en-
tra d'abord en qualité d'oflicier dans le
corps royal du génie, devint capitaine de
dragons dans le régiment de Lorraine ,
passa en Amérique sous les ordres de M. de
Lafayette , et en revint avec le grade de
colonel. S'étant montré partisan de la ré-
volution , il fut nommé major-général de
la garde de Versailles. En 1791 il se rendit
à Metz avec le titre d'adjudant-général. Il
servit dans l'armée de Luckner comme
chef d'état-major, passa ensuite dans la
Vendée , et fut envoyé en 1796 à l'année
d'Italie , où il contribua beaucoup au suc-
cès de cette campagne , et se lia de la ma-
nière la plus intime avec Bonaparte , qui
le chargea d'apporter en 1797 le traité de
Campo - Forinio. Nommé pendant l'ab-
sence de ce dernier au commandement en
chef de l'armée , il marcha contre Rome ,
et y entra le 14 janvier. Il y organisa un
gouvernement consulaire, et se rendit en
France pour passer en Egypte en qualité
de chef d'état-major, emploi pour lequel
il avait un véritable talent. Il se distingua
en Egypte comme il avait fait en Italie , et
revint avec Bonaparte en France , où il
eut une part assez, active à la révolution
du 18 brumaire. Il fut bientôt après nom-
mé au ministère de la guerre. On lui con-
fia ensuite le commandement en chef de
l'armée de réserve. Enfin il se rendit de
nouveau en Italie en 1800 , et il y organisa
le gouvernement provisoire du Piémont.
Deux ans après il passa en Espagne pour
y préparer les voies à l'usurpation qui
ne tarda pas à s'effectuer. A son retour à
Paris , il reprit le portefeuille de la
guerre , et lorsque Bonaparte eut été pro-
clamé empereur, il fut élevé à la dignité
de maréchal d'empire , et créé prince de
Neuchâtel. Il suivit depuis l'empereur
dans toutes ses campagnes , et il lui fut de
la plus grande utilité. Il avait toute sa
confiance , et c'est le seul général qui soit
parvenu à le faire adhérer quelquefois à
ses conseils. En 1814 il souscrivit, comme
le plus grand nombre des généraux , aux
décrets du sénat , qui rappelait en France
la dynastie légitime , et il se rendit à Com-
piègne à la tète des maréchaux pour y
prêter le serment de fidélité à Louis XVIII
et l'assurer de son dévouement pour les
Bourbons. Il fut créé pair le k juin , et en-
suite capitaine d'une des compagnies des
BER
26S
BER
gardes du corps. Lorsque Bonaparte re-
vint en France en 1815 il suivit le roi à
Gand; mais il le quitta bientôt pour se
rendre dans la Bavière. Son départ pré-
cipité donna lieu à plusieurs conjectures,
et l'on apprit quelques mois après qu'il
avait péri en se jetant le premier juin
4815, à la suite , dit-on , d'une fièvre chau-
de , d'une fenêtre du palais de Bambcrg ,
où il s'était retiré auprès de son beau-
père , avec sa femme la princesse de Ba-
vière et ses trois enfans. Il regardait , en
ce moment funeste , défiler devant son
château les troupes qui se disposaient à
rentrer en France. On doit à Berthier la
Relation des campagnes de Bonaparte en
Egypte et en Syrie , in-8°, 1800.
* BERTHIER (César) , lieutenant-gé-
néral, fut long-temps employé près de son
fière Alexandre. Il fut successivement
nommé adjudant-commandant , le 16 no-
vembre 1796 , inspecteur aux revues , en
4799 , général de brigade , le 4 septembre
1802 , et plus tard employé comme chef
d'état-major de la première division mili-
taire. En 1805 , il eut le commandement
d'une armée d'observation formée sur les
côtes de la Hollande , et fut promu , en
1811 , au grade dégénérai de division. Peu
après , il devint comte de l'empire , et gou-
verneur de Tabago , puis de la Corse.
Berthier reçut en 1814 la croix de Saint-
Louis et mourut d'apoplexie à Grosbois le
17 août 1819.
* BERTHIER (Victor-Léopold), frère
des précédens , général de division , com-
mandant de la légion-d'honneur et grand'-
croix de l'ordre de Bavière , né à Versailles
en 1770 , entra fort jeune dans les gardes
de la Porte , et passa en 1785 en qualité de
sous-lieutenant au régiment de la Fère.
En 1794 il devint chef de bataillon , en-
suite ingénieur géographe et adjudant-
général en 1795. Il fit en 1796 , 97 et 98 ,
toutes les campagnes d'Italie contre les
Autrichiens et les Russes. Il servit comme
général de brigade et chef de l'état-major
de l'armée de Naples en 1799, et se distin-
gua à la bataille de la Trébia. Employé en
1804 à l'armée de Hanovre , il en fut le
chef d'état-major avec le grade de géné-
ral de division , fit en cette qualité les cam-
pagnes de 1805 et de 1806 , et se signala
par sa valeur à Austerlitz , à Hall et à la
prisedeLuzeck.il mourut le 21 mars 1807.
* BERTHIER DE SAUVIGNY (N.),
conseiller d'état et intendant de Paris ,
avant la révolution , perdit ces piaces sous
le ministère de Necker, et y fut réintégré ,
2.
lorsque Louis XVI remplaça le ministère
de Necker par un autre ministère dont
Foulon , beau -père de Berthier faisait par-
tie. Durant la disette qui se fit sentir à
Paris en 1789 , le peuple accusa Berthier
d'en être l'auteur, et celui-ci , après la
prise de la Bastille , prévoyant le sort qui
l'attendait , prit la fuite , et se dirigea vers
la Flandre. Des gardes nationales l'ayant
poursuivi , l'atteignirent à Compiègne et
le ramenèrent à Paris. Une multitude en
fureur, déjà souillée du sang de Foulon ,
se porta sur son passage ; on présenta à
Berthier la tête de son beau-père qu'il sa-
lua avec respect, et il fut amené à l'Hôtel-
de-ville au milieu de cet effrayant cortège.
Ses défenseurs crurent calmer l'efferves-
cence populaire , en ordonnant de le con-
duire en prison , et en promettant à la
multitude forcenée justice et vengeance;
mais Berthier fut arraché des mains de
son escorte ; il s'empara du fusil d'un sol-
dat, et voulut, mais inutilement se dé-
fendre. Il fut désarmé , saisi et entraîné
sous un réverbère , auquel il fut bientôt
suspendu. On promena ensuite sa tête
dans Paris ; un dragon lui arracha le
cœur, et le porta d'un air triomphant
dans l'assemblée des électeurs. Voilà les
excès qui se commettaient alors dans la
capitale de la civilisation.
* BERTHOD (Claude), bénédictin,
membre des académies de Besançon , de
Bruxelles, et de la société littéraire de
Dunkerque , naquit à Rupt , village de
Franche-Comté , le 21 février 1733. Chargé
par le gouvernement français de faire le
dépouillement des archives de Bruxelles,
et d'en extraire les pièces qui pouvaient
servir à répandre plus de jour sur les
points contestés de l'histoire de France ,
il s'acquitta de cette commission avec
beaucoup de zèle et de succès; mais il
n'eut pas le loisir de donner au public le
résultat de son travail. Après la suppres-
sion de l'ordre des jésuites dans les états
autrichiens , une réunion de savants fut
autorisée par l'empereur à continuer le
recueil des Acta sanctorum ., commencé
par Bollandus. Don Berthod leur fut as-
socié en 1784, et il eut part à la pu-
blication du 51e volume de cette impor-
tante collection. Il mourut à Bruxelles , le
19 mars 1788, âgé seulement de cinquante-
cinq ans. D. Berthod avait remporté des
prix à l'académie de Besançon , sur des
questions concernant l'histoire de Fran-
che-Comté , et il avait formé le projet de
publier une Histoire générale de cette
23
BER
266
BER
province. Ces ouvrages, restés manu-
scrits , sont conservés dans les registres
de l'académie de Besançon. On en trouve
les titres dans l'éloge historique de ce sa-
vant religieux , par M. Grappin , son
confrère , imprimé dans le 26 vol. des
Mémoires de la société littéraire de Ve-
soul.
' BERTHOIS(N. de), colonel du génie,
dirigeait en 1792 , les fortifications de Lille.
On avait aigri le peuple contre lui par des
insinuations calomnieuses. La défaite des
français entre Lille et Tournai lui fut at-
tribuée , et on l'accusa d'avoir le premier
crié : Sauve qui peut! Ses soldats irrités
courent à sa maison , l'en arrachent et le
pendentà un réverbère : l'Assemblée lé-
gislative rétablit sa mémoire et accorda
une pension de 1,500 francs à sa veuve.
BERTHOLDEleNOIR. V. SCHWARTS.
BERTIIOLDE, BERNOLDE ou BER-
NALD, prêtre de Constance dans le 11e
siècle , continua la Chronique d'Herma-
nus Contractes* moine de Reichenau, de-
puis l'an 1054 jusqu'en 1064. Il y ajouta
l'histoire de son temps jusqu'à l'année
4066 , qu'on croit être celle de sa mort.
Cette chronique se trouve avec les addi-
tions, dans le premier tome des Anciennes
Leçons de Canisius. Il nous reste encore
de Berlholde des Opuscules en faveur de
Grégoire VII , dont il était le grand par-
tisan , et la vie d'ffermannus Contractes
en manuscrit , dans l'abbaye de Mûri en
Suisse.
BERTHOLET-FLEMAEL (Barthé-
lémy) , né à Liège en 1614 , peignit avec
succès. On lui donna une place d'acadé-
micien et de professeur à Paris : les
grands-augustins de cette ville ont de lui
une Adoration des Mages ; mais la plu-
part de ses tableaux sont à Liège : on ad-
mire surtout la Conversion de saint Paul
qui est dans la collégiale de ce nom, dont
Eertholet était chanoine : une Assomption
de la Vierge dans l'église des dominicains ;
une Résurrection de Lazare à la cathé-
drale, etc. Il mourut à Liège en 1675.
Voyez DAMERY.
BERTHOLET ( Jea\ ) , jésuite , né à
Salm dans le duché de Luxembourg,
mort à Liège en 1755, est auteur d'une
Histoire de l'institution de la Fête-Dieu ,
Liège, 1746, 1 vol. in-4°, où l'on désire-
i oil un peu plus de critique ; et d'une
Histoire ecclésiastique et civile du duché
de Luxembourg et comté de Chiny , en
8 vol. in-4°, ouvrage prolixe, écrit sans
beaucoup de méthode; mais ou l'on
trouve de l'érudition et des choses inté-
ressantes qu'on chercherait en vain ail-
leurs. Cette Histoire est aujourd'hui beau-
coup plus recherchée qu'elle ne l'était
au temps de l'impression , 1742.
* BERTHOLIO ( Antouve-Reivé-Coîv-
stance , l'abbé ) , un des acteurs les plus
ardens de la révolution. Il entretenait
des relations très multipliées avec tous
ceux qui partageaient ses principes , et
notamment avec les membies du côté
gauche de la garde nationale. En 1789 il
présenta aux etats-généraux un rameau
d'olivier au nom des électeurs de Paris.
Il rendit compte des efforts de ses collè-
gues pour pacifier les premiers mouve-
mens insurrectionnels qui se manifes-
tèrent avant le 14 juillet, à l'occasion de
deux gardes françaises délivrés par le
peuple. En 1790 il combattit les principes
religieux et politiques de l'évêque de
Nancy. Pendant le règne de la terreur,
il fut étranger aux affaires publiques,
mais à l'époque du congrès de Rastadt, il
fut secrétaire de la légation française. Il
alla à Rome en l'an 7 , en qualité de com-
missaire du Directoire , et lors de la ré-
volution du 18 brumaire , il devint grand
juge de la Guadeloupe. Après avoir sé-
journé pendant quelque temps dans cette
île , il revint en France occuper la place
de juge à la cour d'appel d'Amiens , où
il mourut le 2 juin 1812.
* BERTHOLLET (Claude-Louis, comte
de ) , né à Talloire , près d'Annecy en
Savoie , le 19 décembre 1748 , docteur en
médecine , membre de l'académie royale
des sciences en 1780 , fut nommé, en 1794,
professeur de chimie à l'école normale ,
membre de l'institut national et de la
société royale de Londres, et en 1795 ,
membre de la commission chargée du
choix et du transport d'objets d'arts con-
quis en Italie ; il fit partie , en 1796 , do
l'expédition d'Egypte, d'où il revint en
1799. Après le 18 brumaire , il fut succes-
sivement sénateur , comte de l'empire et
grand-officier de la légion-d'honneur,
titulaire , en 1804 , de la riche sénatore-
rie de Montpellier, président, en 1806,
du collège électoral des Pyrénées orien-
tales, et grand-cordon de là réunion en
1815. Il vota, en 1814, la déchéance de
Napoléon, et fut appelé, le 4 juin de la
même année, par Louis XVIII, à la cham-
bre des pairs. Il mourut au village d'Ar-
cueil, près Paris, le 6 novembre 1822, à
74 ans. Berlhollet, à qui la chimie doit
de nombreuses découvertes, après avoir
BER
267
BER
achevé ses études à Turin, s'était fuit na-
turaliser français à Paris. Dans les der-
nières années de sa longue et laborieuse
carrière , ce savant vivait retiré à sa
maison de campagne d'Arcueil , où des
hommes célèbres de la France et de l'é-
tranger allaient le visiter. Là s'était formée
cette réunion de chimistes et de physiciens
célèbres qui prit le nom de Société d'Ar-
cueil et qui publia trois volumes de mé-
moires fort estimés sur les recherches et
les découvertes importantes faites sous
les yeux et dans le laboratoire du véné-
rable vieillard. Bertbollet a obtenu de ses
travaux d'imporlans résultats , dont nous
citerons quelques-uns ; il fit connaître le
muriate suroxigéné de potasse et la dé-
flagration vive et forte de ce sel sur les
charbons et par la percussion. Ses belles
expériences sur le gaz hydrogène sulfuré
lui firent conclure que ce corps jouissait
des propriétés des acides. Le premier il
démontra qu'on pouvait obtenir des acides
sans oxigène; ainsi la brillante décou-
verte des hydracides est encore due à
son génie. Ce fut lui qui eut l'idée bien
précieuse aux gens de mer , de la carbo-
nisation des parois des tonneaux pour la
conservation de l'eau douce. On lui doit
d'immenses travaux sur la teinture , et
l'heureuse application de l'acide muriati-
que oxigéné ( chlore ) au blanchiment des
substances végétales. Outre un très grand
nombre de mémoires insérés dans les re-
cueils scientifiques , les ouvrages qu'il a
publiés séparément sont : | Observations
sur l'air, 1776; \ Précis d'une théorie sur
la nature de l'acier, sur ses préparations,
etc. , 1787 ; | Elémens de l'art de la tein-
ture, 1791 , 1 vol. in-8° , et 1804, 2 vol. ;
| Description du blanchiment des toiles ,
1795 ; | Recherches sur les lois d'affinité,
1801; | Essai de statique chimique , 1805,
2 vol. in-8°. Son Cours de chimie des sub-
stances animales a été imprimé dans le
journal de l'école polytechnique. La tra-
duction de l'essai sur le phlogistique de
Kirvan parut accompagnée de notes,
dans laquelle il combattit, de concert
avec Lavoisier, Guyton de Morveau et
autres, la plupart des principes du chi-
miste anglais. Enfin il enrichit de notes
curieuses et d'un discours préliminaire la
traduction française du système de chi-
mie de Thompson.
• BERTHOLO\ (Nicolas), né à Lyon,
où il mourut en 1799. Il entra jeune dans
la maison de St.-Lazare , et en sortit pour
remplir à Montpellier la chaire de pro-
fesseur de physique, et ensuite celle de
professeur d'histoire à Lyon. Ami de
Franklin, il prolita de ses découvertes
pour garantir les bàtimens de la foudre ,
et lit construire à Paris et à Lyon un
grand nombre de paratonnerres. Chaque
année il remportait deux ou trois prix
aux concours académiques. Ses princi-
paux ouvrages sont | Moyen de détermi-
ner le moment ou le vin en fermentation
a acquis toute sa force, 1781, in-4°;
| De l'électricité du corps humain dans
l'étal de santé et de maladie, 1781 , in-8°;
| De l 'électricité des végétaux, 1783,
in-8°; | Preuves de l'efficacité des para-
tonnerres, 1783, in-4°; | De l'électricité
des météores , 1787, 2 vol. in-8°. On es-
time sa théorie des incendies et des
moyens de les prévenir , 1787, in-4°.
* BEUTIIOME (Hyacinthe), domi-
nicain, mort en 1774, a laissé | Exposé
de l'étal, du régime, de la législation et
des obligations des frères prêcheurs ,
1707 , in-4° et in-12 ; | OEuvrcs pour la
défense de la religion chrétienne contre
les incrédules et contre les Juifs , 1777 ,
5 vol. in-12; | des Sermons.
'BEUTIIOUD (Fekdix.wd), célèbre
horloger-mécanicien de la marine pour
la construction et l'inspection des hor-
loges à longitude , né en 1727 à Plance-
mont, dans le comté de Neuchâtel, mou-
rut en sa maison de Groslay , près Paris ,
en 1807. Il fut membre de l'institut, de
la société royale de Londres et de la lé-
gion d'honneur. Ses ouvrages sont | Y Art
de conduire et de régler les pendules et
les montres, 1760 , in-12, souvent réim-
primé ; | Essai sur l'horlogerie , 1763 et
1786, 2 vol. in-4°; | Traité des horloges
marines , 1773 , in-4° ; \ De la mesure du
temps , ou supplément au traité des hor-
loges marines , 1787, in-4°; | Les longi-
tudes par la mesure du temps, 1775,
in-4° ; la mesure du temps appliquée à la
navigation , ou principes des horloges à
longitude, 1782, in-4° ; | Histoire de la
mesure du temps par les horloges,,
1802, 2 vol. in -4°, et quelques autres
opuscules.
* BERTIIOUD (Louis) , neveu et digne
élève du célèbre horloger- mécanicien
Ferdinand Berthoud, a continué avec
succès les travaux de son oncle , et rem-
porté le prix propose pour le perfection-
nement des horloges marines. C'est lui
qui a inventé leschâssis.de compensation,
au moyen desquels on obtient l'heure
vraie à une ou deux secondes près par
BER
268
BER
année , dans les voyages les plus longs et
les plus orageux. On lui doit aussi un
grand nombre de montres marines et
plusieurs autres montres très compli-
quées qu'il exécuta dans sa retraite d'Ar-
gcnteuil, où il mourut, jeune encore,
le 17 septembre 1813.
BERTI ( Jean-Laurent ) , né le 28
mai 1696 à Serravezza , village de la Tos-
cane , dans le capitanat de Pietra Sancta ,
entra dans l'ordre des augustins. 11 fut
envoyé à Rome , et devint assistant géné-
ral d'Italie. Il y fit imprimer son Cours
complet de Théologie en 8 vol. in-A°, qu'il
dédia au pape Renoit XIV. Comme il y
soutint l'impossibilité de l'état de pure
nature, quelques évêques de Fiance,
entre lesquels M. Languet, archevêque
de Sens , condamnèrent sa doctrine ;
mais Benoît XIV l'absolva d'hérésie ,, et
avec raison ( Voyez BELELLI ). Berti fit
l'apologie de sa doctrine en 2 vol. in-4°.
L'empereur François Ier , grand-duc de
Toscane , lui donna une chaire de profes-
seur dans l'université de Pise , avec une
pension considérable. Ce fut dans cette
ville que le Père Rerti mourut le 26 mai
d766 , après avoir publié | Histoire ecclé-
siastique , 7 vol. in-/i°; | un Abrégé de la
même Histoire , deux tomes en un vol.
in-8°. Pauvre compilation , sans ordre ,
sans choix, remplie de minuties, de
faussetés, de partialité. Dans les pre-
mières éditions , entre autres dans celle
de 1748 , on trouve dans la Préface de
la 2e partie, une espèce de rétractation
de ce qu'il avait dit dans la irc, touchant
le jansénisme. L'auteur essaie -de réparer
ses prétendus torts par un verbiage indi-
gne d'un esprit solide et conséquent. Il
exalte jusqu'au ciel les chefs et les pro-
moteurs du parti , et ravale dans la boue
ceux qui l'ont combattu. H a cru que par
ce moyen il tirerait son livre de la foule ,
et qu'il serait préconisé par tous les
adeptes de la secte , en quoi il ne s'est
pas trompé. Cherchez-vous de la répu-
tation ? dit un orateur célèbre ; attachez-
vous à quelque faction , et après cela ne
vous inquiétez de rien ; | des Disserta-
tionsj des Dialogues, des Réponses, des
Discours académiques, etc. Tous ces
ouvrages ont été recueillis dans une édi-
tion in-fol. à Venise.
BERT1ER (Joseph-Etienne), né en 1710
à Aix en Provence, entra dans la congré-
gation de l'Oratoire, professa la philoso-
phie avec distinction, et se retira accablé
d'infirmités dans la maison de son ordre,
rue Saint-Honoré à Paris , où il mourut
le 15 novembre 1783. Grand partisan du
système de Descartes, il se faisait une
règle de ne pas s'en écarter. Ses ouvrages
sont | Dissertation, où l'on examine si
l'air passe dans le sang , 1739 ; | Physi-
que des Comètes, 1760, in-12; | Physique
des Corps animés, 1755, in-12.
BERTIN ( saint ), né dans le territoire
de Constance sur le Haut-Rhin , était ne-
veu de saint Orner, évêque de Térouane.
Il aida son oncle à défricher les terres de
cet évêché, qui étaient des déserts. Un
gentilhomme de ce pays, nommé Adroal-
de, s'étânt converti, donna sa terre de
Sithieu pour y fonder un monastère.
Bientôt il fut peuplé d'un nombre infini
de religieux qui, sous la conduite de saint
Bertin, menaient une vie angélique. Il
fut leur abbé et leur modèle. Quelque
temps avant sa mort, arrivée en 706, il
se retira dans un petit ermitage , où il
finit sa vie sainte dans de grands senti-
mens de piété, âgé de plus de cent ans.
Si ceux qui envient aux monastères les
terres qu'ils possèdent, avaient eu la
charge de les défricher de leurs propres
mains, comme les religieux de saint Ber-
tin, nos plus belles campagnes seraient
encore des bruyères. L'abbaye et l'église
de nie de Sithieu, qui sont un des beaux
ornemens de la ville de Saint-Omer, ont
porté pendant plus de 400 ans le nom du
prince des apôtres; mais il y en a plus do
500 qu'elles portent celui de saint Ber-
tin, à cause des reliques de ce saint, que
l'on vient visiter de toutes parts. L'é-
glise est un des plus beaux édifices dans
le goût gothique qu'il y ait en France.
Le trésor qui est fort riche, est dû à la
libéralité de Charlemagne , des autres
empereurs , et d'un grand nombre de
princes et de prélats célèbres.
BERTIN ( Nicolas ), peintre et disci-
ple de Jouvenet et de Boullogne l'aîné ,
naquit à Paris en 1667. Son père était
sculpteur. L'académie de peinture lui ad-
jugea le premier prix à l'âge de 18 ans, et
se l'associa ensuite. Le séjour de Rome
perfectionna ses talens. De retour en
France, il fut nommé directeur de l'école
romaine ; mais une aventure galante, qui
aurait eu des suites s'il fût retourné à
Rome, l'empêcha d'accepter cette place.
Louis XIV, l'électeur de Mayence , celui
de Bavière , l'employèrent successive-
mens à divers ouvrages. Ce dernier vou-
lut se l'attacher par de fortes pensions ;
mais Bertin ne put jamais consentir à
BEIl
209
BER
quitter sa patrie. Il mourut à Paris en
1736, clans de grands sentimens de reli-
gion. Sa manière était pleine de force et
de grâce ; il excellait dans les petits ta-
bleaux. On a de lui plusieurs ouvrages à
Paris dans l'église de Saint-Leu, à l'ab-
baye de Saint-Germain-des-Prés , et dans
les salles de l'académie.
BERTIN ( Antoine ) , chevalier de
Saint-Louis, capitaine de cavalerie , né
à l'Ile-Bourbon le 10 octobre 1752. Il avait
été amené en France dès l'âge de 9 ans,
et il avait fait de brillantes éludes. Lié
de l'amitié la plus intime avec le cheva-
lier de Parny, il s'adonna comme lui à la
poésie erotique , talent bien funeste et
bien frivole , qui corrompt ordinaire-
ment le goût , et pervertit presque tou-
jours le cœur, en le séduisant par des
images et des peintures dangereuses. On
ne. voit pas de poètes erotiques s'élever à
un genre plus sérieux et plus noble; mais
malheureusement on voit souvent des
poètes distingués s'abaisser à ce genre ,
où presque tous ceux qui s'y sont livrés
ont obtenu des succès qui prouvent ou
la facilité de ces sortes de productions,
ou la perversité du siècle où ils ont écrit.
A la fin de 1789 , il passa à l'ile Saint-Do-
mingue pour épouser une jeune créole
qu'il avait connue à Paris ; mais le jour
même où la cérémonie nuptiale fut cé-
lébrée, il fut saisi d'une fièvre violente
dont il mourut au bout de 17 jours. Ses
œuvres ont été recueillies en 2 vol. in-18,
et plusieurs fois réimprimées. Outre ses
poésies, qui sont inférieures à celles de
Parny, on y trouve un voyage en Bour-
gogne en prose et en vers, dans le genre
de celui de Chapelle et Bachaumont. La-
harpe, quoique son ami, n'a pas jugé con-
venable de parler de ce poète, dans son
Cours de littérature.
BERTIN ( Charles-Jeax ) , né à Péri-
gueux en 1712, fut sacré évèque de Van-
nes en 1746. D'accord avec la presque
totalité des évèques de France , sur les
mesures à prendre pour faire respecter
les décisions de l'Eglise par ceux qui
étaient en opposition à la bulle Unige-
nitus, il eut dans l'affaire du refus des
sacremens sa part des persécutions par-
lementaires. Il fut condamné en 1754 par
la cour de Rennes à 6,000 fr. d'amende,
et , quelque temps après , on saisit son
temporel; mais rien ne put l'ébranler, et
il continua de faire ce qu'il croyait être
son devoir. Il assista en 1749 aux confé-
rences sur l'instruction pastorale d j l'ar-
chevêque de Tours, et à celles de 1751,
au sujet du livre du Père Berruyer. Ce
prélat mourut en 1774.
* BERTIN ( Exupére-Josepii ) , méde-
cin, né en 1712, à Tremblai, diocèse de
Rennes, se distingua dans sa profession à
Rennes et à Paris. Il fut appelé en Yala-
chie, pour y être médecin de l'hospodar.
Ce despote l'y força d'assister à un sup-
plice sanglant , ce qui le fit déserter de
cette cour ; il revint en France; mais il
en avait été tellement affecté , que ses
facultés intellectuelles se dérangèrent. Il
guérit, et se retira à Rennes , où il mou-
rut en 1781. Il a composé un Cours com-
plet d'Anatomie, dont il a publié YOstéo-
logie, 1755, 4 vol. in-12.
* BERTIN ( Théodore-Pierre ), con-
courut comme sténographe, pendant le
cours de la révolution , à la rédaction de
plusieurs journaux pour les séances du
Corps législatif et des tribunaux, et pu-
blia, en 1800, la description d'une Lampe
docimastique dont il est l'inventeur, et
qui paraissait offrir plusieurs avantages.
Il a voulu aussi établir une reliure en
vernis sur carton , mais son entreprise
n'a pas eu de succès. Il est mort en 1819 ,
dans un âge assez avancé. Il s'était livré
presque exclusivement à la traduction
d'ouvrages anglais, ou du moins préten-
dus tels, dans le choix desquels il n'a pas
toujours été heureux , et qu'il a traduits,
dit un biographe, plus vite que bien. Les
principaux sont: | La vie de Bacon, 1788,
in-12; | Des différentes formes de gouver-
nements, et de leurs avantages et dés-
avantages respectifs; de la constitution
anglaise, et de la liberté civile , trad .
sur la 4e édition , 1789, in-8°; | Système
universel et complet de sténographie *
inventé par Taijlor et adapté à la langue
française , 1792 , in-8° ; 4e édition , 1803 ;
| Guide des mères, 1799, in-12; 2e édition,
1807, in-12 ; | Le nouvel ami des enfans t
ou le Berquin anglais, 1802, 4 vol. in-
18; | Le passe-temps de la jeunesse, 1805,
2 vol. in 18; | Le Newton de la jeunesse*
1804, 6 vol. in-18 ; 2e édition augmentée,
6 vol. in-18; | Les matinées de l'enfance,
1810 , 4 vol. in-18 ; | Les loisirs de l'en-
fance, 1811, 4 vol. in-18; | Les jeux de
l'enfance, 1811 et 1816, 2 vol. in-18; | Les
soirées de l'enfance, 1811 , 4 vol. in-18 ;
| Le miroir de l'enfance, 1812, in-18;
| Les leçons de la sagesse, 1812 et 1816,
in-8°; | 'L'Ecole de l'enfance, 1812, 2 vol*
in-12; | Contes à mon fils, 1813, 2 vol.
in-12; | Ecole des arts et métiers, 1813,
25.
BER
270
BEU
S vol. ih-18 ; j Les petits moralistes, 1815.
in-18; | Conseils à mon fils , 1813 , 2 vol.
in-12; j Contes d'une marraine , 1814 , 2
voL in-18; | La lanterne magique, 1815,
2 vol. in-18 ; | Le présent maternel, ou
la semaine amusante et instructive, 1816,
2 vol. in-18; | et plusieurs Romans tra-
duits de l'anglais. Il a eu part à la tra-
duction des Mémoires sur les établisse-
mens d'humanité, traduits de l'anglais et
de l'allemand et publiés par ordre du
ministre de l'intérieur, an 7, 18 parties
in-8°. Il a aussi publié la 4e édition de
la grammaire française et anglaise de
Dulieff , qu'il a revue et corrigée , 1817,
2 vol. in-8°.
BERTIN ( Antoine ) , curé de Saint-
Remi à Reims , né en 1761 , à Droupt-
sur-Basle , en Champagne , fit ses études
à Troyes, et fut envoyé en qualité de vi-
caire à Barbonne, diocèse de Meaux.
Ayant prêté serment à la constitution ci-
vile du clergé, il fut nommé professeur
de théologie dans le nouveau séminaire,,
ensuite supérieur de la maison , grand-
vicaire de l'évêque constitutionnel , et
enfin curé de la cathédrale de Reims. Un
de ses premiers soins fut de restaurer
cette antique église qui se trouvait dans
l'état le plus déplorable. Elle avait été
dépavée : le tombeau de saint Rémi avait
été renversé; il s'occupa d'abord de le
rétablir sur un plan nouveau , et il fait
aujourd'hui le principal ornement de
l'église. Il parvint aussi à faire réparer
en partie le pavé par le moyen de sou-
scriptions volontaires. Il fit encore pein-
dre treize tableaux pour le chemin de la
Croix , et c'est à cette occasion qu'ayant
écrit à Rome vers 1817 pour obtenir l'é-
rection d'une confrérie , il déclara qu'il
était pleinement soumis aux rescrits du
saint Siège sur la constitution civile du
clergé. Plus tard , le 8 octobre 1822 , il fit
la rétractation la plus ample , la plus pré-
cise et la plus forte. Son vicaire et un
autre prêtre de sa paroissse l'imitèrent
dans cette démarche , à laquelle il sur-
vécut peu. Il mourut le 30 juillet de l'an-
née suivante. Ses paroissiens lui ont
élevé un monument par souscription. Il
a publié plusieurs ouvrages en faveur de
la jeunesse : | Le jeune Cosmographe,
ou description de la terre et des eaux,
dédié aux jeunes gens des deux sexes ,
1790, in-12 ; | Esquisse d'un tableau du
genre humain, ou Introduction à la géo-
graphie, in-12 ; | Elémens d'histoire na-
turelle extraits de Buffon, Valmonl de
Bomare, Pluche, etc. dédiés à la jeunesse,
1801 et 1809, in-12; | Elémens de géogra-
phie extraits de Lacroix, Vosgien, Men-
telle, Gutherie, etc. 1802, in-12, 2eédition-r
| Discours prononcé le Sjuin 1814 au ser-
vice solennel de Louis XVI, Louis XV IL,
Marie-Antoinette , etc. \ Instruction sur
les devoirs des sujets envers leurs souve-
rains, préchée le 8 octobre 1815 ; | Ins-
truction sur la nécessité de craindre
Dieu et d'honorer le roi, préchée le 6
août 1816; | Mémoire sur le sacre, 1819.
* BERTIIV D'ANTILLY (N. ) , littéra-
teur français , est auteur de plusieurs*
pièces de théâtre oubliées aujourd'hui.
Il rédigeait, en 1797, le journal intitulé
Le Thé, lorsqu'un mandat d'arrêt fut
lancé contre lui. Il se retira ensuite à Ham-
bourg, où il publia une autre feuille inti-
tulée le Censeur, et un poème à la louange
de l'empereur de Russie Paul Ier. Il se
rendit de là à Saint-Pétersbourg, où il
mourut en 1804.
BERTIUS ( Pierre ), né à Béveren,
petit village de Flandre, en 1565 , profes-
seur de philosophie à Leyde , fut dépouillé
de son emploi , pour avoir pris le parti
des arminiens. Il se rendit à Paris , où il
abjura le protestantisme en 1620, et fut
revêtu de la charge de cosmographe du
roi, de la place de professeur royal sur-
numéraire en mathématiques, et du titre
d'historiographe de France. Il mourut en
1629, à 64 ans. Ses ouvrages de géogra-
phie sont plus estimés que tout ce qu'il
a publié sur les gomaristes et les armi-
niens. On a de lui | Commentariorum re-
rum gcrmanicarum libri très , in-12 ,
Amsterdam, 1555. II y a dans cet abrégé
une assez bonne description de l'Allema-
gne , et une carte de l'empire de Charle-
magne. | Theatrum Geographiœ veterist
Amsterdam, 1618 — 1619, 2 vol. in-fol.
Ce recueil qui renferme presque tous les
anciens géographes , éclaircis par de sa-
vantes notes, est rare et recherché. Il en
a donné un abrégé , Paris , 1630, in-4°.
| Orbis terrarum ex mente Pomponii
Melœdelinealus, Paris, in-fol. | Tabula-
rum geographicarum contractarum, lib.
7, Amsterdam, 1618, in-4°. | Veteris
geographiœ tabulœ , Paris, 1628, in-fol.
| Notitiu Episcopatuum Galliœ , Paris ,
1625 , in-fol. | De Aggeribus et Ponlibus,
Paris, 1629, in-8° : traité fait à l'occasion
de la digue de la Rochelle. | Introductio
in universam Geographiam, in-12. Tous-
ses ouvrages sont consultés par ceux qui
cultivent la géographie, et qui écrivent
BËR
271
BER
sur cette science. Il est auteur de la Pré-
face qui se trouve à la tète de quelques
éditions du livre de Bocce. De consola-
tione philosophiœ, Leyde., 1633, in-24.
* BERTOLA (l'abbé AURELIA de Gior-
gi), poète italien, naquit à Rimini en 1753
et mourut au mois de janvier 1792. Il
voyagea en France, en Suisse , et à son
passage à Zurich, il se lia avec le célèbre
Gessner. Il a prononcé l'éloge de ce poète
qui est estimé comme morceau d'élo-
quence. Le recueil des poésies de Bertola
a obtenu plusieurs éditions. On remarque
particulièrement ses fables qui sont su-
périeures à celles de Pignotti pour la
grâce et la naïveté; mais celui-ci l'em-
porte pour l'harmonie des vers et le co-
loris. Bertola possédait au plus haut degré
le talent de l'improvisation poétique. Ses
principaux ouvrages écrits en italien, sont:
| les Nuits clémentines, poème, Areauto, in*
8°; | Choix d'idylles de Gessner, traduit
de l'allemand, Naples, 1777, in-8°; | Les
Œuvres d'Horace, trad., Sienne, 1778,
2 vol. in-8° ; | Essai sur la poésie alle-
mande, Naples, 1779, in-8°; [ Essai sur la
littérature allemande , Lucques, 1784, in-
8°; | Cent Fables, Bassano, 1783 , in-8°;
[ OEuvres diverses en prose et en vers ,
Bassano, 1789 , 3 vol. in-8° ; | Remarques
sur Métastase, ib. 1789, in-8°; | Eloge de
Gessner, Pavie, 1789, in-8°; | De la philo-
sophie de l'Histoire, Pavie, 1789, in-8°;
| Essai sur la Fable, Pavie, 1788, in-8°;
j Voyage sur les bords du Rhin, Rimini,
1795, etc.
BERTOD , premier général carme
Voyez ALBERT.
* BERTOLI ( J. -Dominique), anti-
quaire italien du 18e siècle , chanoine
d'Aquilée, consacra ses revenus à recueil-
lir les médailles, les inscriptions et les
monumens des environs de cette ville , et
publia le Anlichità di Aquileja profane
e sacre, Venise, 1739, in-fol.
* BERTO.\ ( Jeax-Baptiste), maréchal
de-camp, né en 1774, à Franche val, près
Sedan, d'une famille bourgeoise, entra à
l'âge de 17 ans à l'école militaire de Brien-
ne, et fut nommé en 1792 sous-lieutenant
dans la légion des Ardennes. Il fit avec
ce corps les campagnes des armées de
Sambre-et-Meuse , et obtint le grade de
capitaine. Il se signala en plusieurs oc-
casions, notamment à labataille de Fried-
land où il rendit d'importans services. Il
passa ensuite en Espagne, et après la ba-
taille de Spinosa , le marécbal Victor le
présenta, à la revue de Burgos , à Bona-
parte comme le premier chef d'escadron
de l'armée pour la valeur et les talens.
Peu après il fut nommé chef d'état-ma-
jor, et enfin maréchal-de-camp. C'est en
cette qualité qu'il commanda une brigade
avec beaucoup de distinction à la bataille
de Toulouse le 10 avril 1814. Après la
restauration le général Berton fut mis en
demi-solde , mais il reprît de l'activité
pendant les cent jours , et il commanda
une brigade à la bataille de Waterloo. S'é-
tant rendu à Paris après le retour du roi,
il fut arrêté et détenu cinq mois à l'Ab-
baye; cependant il fut mis en liberté sans
avoir subi de jugement. On le vit alors se
ranger dans le parti de l'opposition et pu-
blier successivement plusieurs écrits qui
le firent rayer des contrôles de l'armée.
Il ne tarda pas à s'engager dans un com-
plot contre le gouvernement; et le 24 mars
1822 il leva à Thouars l'étendard de la
révolte, proclama un gouvernement pro-
visoire, et se mit en route pour Sauinur
avec une centaine d'hommes à pied et
vingt-cinq cavaliers qui furent joints en
route par quelques personnes des villages
environnans. L'avis en fut donné aux au-
torités de Saumur qui firent aussitôt des
préparatifs de défense. Berton n'espérant
plus pouvoir s'emparer du chàleau-fort
qui la domine, se décida à la retraite, et
voulut se replier sur Thouars , mais déjà
on avait pris des mesures pour y empê-
cher son retour. Alors plusieurs des chefs
prirent la fuite, et Berton erra plusieurs
jours dans les département des Deux-Sè-
vres et de la Charente-Inférieure. Enfin
il disparut ; on crut qu'il était passé en
Espagne, lorsqu'on apprit qu'il avait été
arrêté à Laleu , commune de St-Florent,
dans la maison de campagne de M. Dela-
lande, notaire à Si-Florent, par le sous-
officier de carabiniers Wolfel qui avait
feint d'entrer dans ses projets pour pou-
voir mieux le surprendre. Berton fut
conduit à Saumur, et de là à Poitiers où
il fut condamné à mort par la cour d'as-
sises avec cinq de ses coaccusés , dont
deux contumaces; trente-deux furent con-
damnés à l'emprisonnement. Berton se
pourvut en cassation, mais l'arrêt fut
confirmé et exécuté le 5 octobre 1822.
Outre les brochures qui ont amené sa
disgrâce, il a travaillé à la Minerve fran-
çaise , aux Annales des faits et sciences
militaires , et à l'ouvrage intitulé : Vic-
toires et Conquêtes des Français.
BERTOUD ( Guillaume ) , ancien jé-
suite, naquit àArrasle 14 novembre 1723.
BEK
272
BEK
Il était entré jeune dans la société, et y
avait enseigné les belles-lettres. Il y resta
jusqu'à la suppression de son institut en
France. Il s'attacha dès lors à M. de Ro-
quelaure, évêque de Senlis , et premier
aumônier du roi. Ce prélat sut apprécier
le mérite de Bertoud , et lui donna toute
sa confiance : il le fit chanoine de sa cathé-
drale, puis son grand-vicaire , et le pour-
vut du prieuré simple de Saint-Christo-
phe, qui était à sa nomination. L'abbé
Bertoud continua de plus en plus à mé-
riter l'estime et même l'amitié de son gé-
néreux bienfaiteur. La révolution étant
survenue , l'abbé Bertoud, qui avait des
relations à Arias , sa patrie, crut que
M. de Roquelaure serait en sûreté dans
cette ville et il l'engagea à' s'y retirer. Le
choix n'était pas heureux : le trop fameux
Lebon, qui y fut envoyé, abreuva cet
évêque d'outrages , et le fit mettre en pri-
son , en attendant, disait-il, qu'il t'en-
voyât au supplice. Il s'en tînt néanmoins
aux menaces. M. de Roquelaure ayant
recouvré sa liberté se retira à Crespy en
Valois , ville de son diocèse. L'abbé Ber-
toud l'y suivit ainsi qu'à Malinès , quand
M. de Roquelaure en fut nommé arche-
vêque. Enfin ils revinrent ensemble à Pa-
ris. L'abbé Bertoud y étant tombé malade,
crut que le changement d'air pouvait lui
être favorable. Il avait été supérieur des
religieuses établies à Clermont en Beau-
voisis. Elles l'invitèrent à venir se réta-
blir chez elles. Il y mourut dans les der-
niers mois dé 1810 ( Voyez ROQUE-
LAURE). L'abbé Bertoud , qui avait con-
tinué de cultiver la littérature, a laissé
les ouvrages suivans : | Histoire des poè-
tes français, 1787 , in-12 ; elle a eu qua-
tre éditions; | Anecdotes françaises de-
puis l 'établissement de ta monarchie jus-
qu'au règne de Louis XV ', Paris , 1767,
in-8°; elles sont curieuses et offrent des
renseignemens pleins d'intérêt' sur les
mœurs, les usages des différentes épo-
ques , etc. ; | Anecdotes espagnoles et
portugaises, Paris, 1772, 2 vol. in-8°,
traitées sur le même plan que l'ouvrage
précédent.
BERTRADE, fille de Simon, comte de
Montfort , épousa d'abord Foulques d'An-
jou, vieillard avare, fantasque et cruel.
Elle se fit enlever en 1092 par Philippe I,
roi de France. Yves de Chartres se ré-
cria fortement contre ce désordre : mais
il ne put arrêter ni l'ambition de cette
femme , ni la passion du roi. Quelques
prélats oublièrent leur devoir jusmj'à les
marier, en 1093. Le pape Urbain II en fut
si irrité , qu'il lança enfin l'excommuni-
cation qu'il avait suspendue jusques-là.
Bertrade devint reine après la mort de
Berthe , et' finit par se retirer dans le
couvent de Haute-Bruyère qu'elle fonda
et ou elle mourut vers l'an 1117. Sa tombe
ornée d'inscriptions gothiques à demi ef-
facées existait encore avant la révolution
dans cette abbaye.
BKRTRAM(Coriveille-Bonaventure),
ministre et professeur d'hébreu à Genève
et à Lausanne , naquit à Thouars en Poi-
tou , l'an 1531 , et mourut à Lausanne en
1594. Il avait fait une étude particulière
des langues orientales, et y était très
versé. Nous avons de lui , | Respublica
Hebrœorum, à Genève, 1580, puis à
Leyde , 1621 , in-12 , avec des Commen-
taires dé Constantin empereur, et dans
les Critici sacri de Londres, tom. 8;
| une Révision de là Bible française de
Genève, faite sur le texte hébreu, Ge-
nève , 15881 II corrigea cette version en
bien des endroits , mais dans d'autres il
a trop suivi l'autorité des rabbins , et pas
assez celle des anciens interprètes ; | Une
nouvelle édition du Trésor de la langue
sainte de Pagnin, etc.
BERTRAME. Voyez BATRAMNE.
BERTRAND (saint) , fils d'Atton Ray-
mond, comte de l'Ile , renonça aux espé-
rances que le monde lui offrait, et se
consacra à Dieu dans l'état ecclésiastique.
Otger , évêque de Comminges , étant mort
en 1075 , il fut élu pour lui succéder. Son
zèle fit bientôt changer de face à son dio-
cèse ; ses discours et ses exemples corri-
gèrent les abus , et ramenèrent la vertu
et la piété. Non content d'avoir rétabli
son église , il répara aussi la ville et l'a-
grandit, en sorte qu'il en fut regardé
comme le second fondateur. Il fit faire un
cloître pour les clercs, et les assujettit à
la vie commune. Il mourut le 15 ou le 16
octobre, vers l'an 1123, après avoir passé
cinquante ans dans l'épiscopat. Il fut ca-
nonisé surtout à la sollicitation de Guil-
laume, archevêque d'Auch, son neveu.
Sa Vie , sur les instances du cardinal Hya-
cinthe , et de Guillaume , archevêque
d'Auch, a été écrite par Vital, protono-
taire d'Alexandre III , qui était du même
pays, et qui vivait à peu près dans le
même temps. On peut voir aussi Baillet,
sous le 15 octobre . et le Gallia chris-
tiana, tom. 1 . pag. 1094.
BERTRAAD (Pierre), né en Viva-
rais , professeur de jurisprudence à Avi-
BER
gnon , à Montpellier , à Orléans et à Pa-
ris , ensuite évèque de Ne vers, puis d'Au-
tun , enfin cardinal en 1331 , plaida si
bien pour le clergé contre Pierre de Cu-
gnières, que le roi Philippe de Valois pro-
nonça en sa faveur en 15^9. Il était ques-
tion d'établir jusqu'où devait s'étendre
l'autorité du roi sur les choses spirituel-
les , et celle du clergé sur les choses tem-
porelles. Son ouvrage fut imprimé à Pa-
ris en 1495 , in-4° , et dans les Libertés
de l'église gallicane , Lyon , 1770 , 5 vol.
in-4°. Il mourut à Avignon le 24 juin
1549. On trouve dans la Bibliothèque des
Pères un traité de ce cardinal.: De ori-
gine et usu Jurisdictionum; il a été im-
primé séparément à Venise en 1584, in-
fol. Il fonda à Paris le collège d'Autun.
BERTRAND ( Jean ), sieur de Calourze,
premier président au parlement de Tou-
louse, s'est fait un nom par son livre
Bionomicon sive de vitis jurisperitorum -,
que son fils François Bertrand donna au
public en 1618 , in-4°, avec la Vie du pré-
sident son père. Il mourut le premier no-
vembre 1594. — Il ne faut pas le confon-
dre avec Nicolas BERTRAND, de la même
famille , avocat au parlement de Toulouse,
mort en 1527 , qui a donné au public De
Tolosanorum gestis ab urbe conditâ ,
Toulouse, 1515, in-folio, et ensuite en
français sous le litre de Gestes des Tou-
lousains, Toulouse , 1517, in-4°. Il y
montre très peu de critique, et on s'aper-
çoit facilement qu'il a profité des recher-
ches de Guillaume de Puy-Laurens , et de
Bernard de la Guionie, évèque de Lo-
dève.
* BERTRAND (Thomas-Bernard), né
à Paris le 22 octobre 1682 , et mort le 19
avril 1751, fut un médecin célèbre. Reçu
docteur en 1710 , il fut successivement
professeur de chirurgie , de pharmacie et
de matière médicale. Elu doyen en 1740 ,
il le demeura jusqu'à sa mort. On a de
lui plusieurs ouvrages intéressans pu-
bliés après sa mort , entre autres : | Vies
d'hommes illustres et Catalogue raisonné
de tous les autres docleur.i ; | Vie de
Celse. en latin , et un Index : \ Vie de
Gui fatin ; \ Remarques sur la patholo^
qie de Lomnius; \ une Pharmacie, et une
Chimie avec un Index des maladies et
remèdes; \ Remarques fugitives sur l'a-
natomie , la chimie, la botanique; \ an-
nales Facultatis , ouvrage qui n'a pas
été imprimé, et pour lequel il avait
compulsé les 22 vol. in-fol. que six siè-
Rs avaient accumulés, et où reposent
273 DER
les Mémoires de la faculté ; | une foule
de Thèses intéressai! les sur divers sujets
de médecine. — BERTRAND (Bernard-
Nicolas ) , son fils , né à Paris en 1715 , a
composé des Elèmens de physiologie et
d'oryctologie. Il est mort le 29 novembre
1780.
BERTRAND(Philippe), sculpteur, né à
Paris en 1664 , mourut dans cette même
ville, en 1724. Ses principaux ouvrages
sont: ] la figure du Christ dans le bâti-
ment de la Samaritaine , autrefois sur le
Pont-Neuf; | celles de la Justice et de la
Force, au-dessus des arcades du chœur de
Notre-Dame ; | la statue de Y Air à Tria-
non ; | celle de saint Satyre , aux Invali-
des ; | les Bas-reliefs de l'arc de triom-
phe de Montpellier, érigé en l'honneur
de Louis XIV. Cet artiste fut habile, mais
il ne mérite point une place aux premiers
rangs. On remarque dans ses ouvrages de
l'ensemble et de l'expression.
BERTRAND ( Jean-Baptiste ), méde-
cin et de l'académie de Marseille, né à
Marligues le 12 juillet 1670 , ^mourut le
10 septembre 1752. Il était bon praticien,
et ne négligeait point la théorie. Sa Rela-
tion historique de la peste de Marseille ,
in-12, 1721, n'est pas le seul ouvrage de
ce savant médecin. On a encore de lui
des Lettres à M. Deidier sur le mouve-
ment des muscles, 1752, in-12; et des
Dissertations sur l'air maritime, 1724,
in-4°,oùl'on trouve de bonnes observa-
tions.
BERTRAND ( François-Séraphique) ,
avocat , né à Nantes en 1702 , mourut
dans celte ville en 1752. On a de lui des
poésies diverses, imprimées à Nantes en
1749, sou- le titre de Leyde. Il y a d'as-
sez jolis vers dans ce recueil, l'auteur
imite a^sez heureusement plusieurs Odes
d'Horace. Il a rédigé aussi le Ruris deli-
ciœ , 1756, in-12, collection de vers latins
et français qui sont d'un mérite fort iné-
gal.
BERTRAND ( Elie ) , pasteur et théo-
logien, né à Orbe, en Suisse, en 1712,
mort en 1785, se distingua par ses prédi-
cations , et cultiva avec zèle et succès les
sciences naturelles. Il fut conseiller privé
du roi de Pologne , et membre des aca-
démies de Berlin, Florence , Lyon, etc.
11 a publié un grand nombre d'ouvrages.
Les principaux sont | Mémoire sur la
structure ultérieure de la Terre , 1752 ,
in-8°. | Essais sur les usages des monta-
gnes , avec une lettre sur le Nil,\7ok,
in-4°. | Dictionnaire universel des fos-
BER
274
sites propres et des fossiles accidentels,
1763, 2 vol. in-8°. | Morale de l'Evangile,
1775 , 7 vol. in-8°. Voyez le Thérinon ou
les journées de la montagne , 1777 , in-12,
4780, 2 vol. in-8°.
* BERTRAND ( l'abbé ) , membre de
l'académie de Dijon, professeur de phy-
sique et d'astronomie dans cette ville , est
auteur de plusieurs mémoires et disser-
tations sur les sciences naturelles. Il de-
manda à faire partie de l'expédition" en-
voyée à la recherche de La Peyrouse. Mais
11 mourut du scorbut , avant d'avoir pu
rendre son voyage utile à la science. Il
avait été lié avec Buffon, Daubvnlon et
les plus célèbres naturalistes de son temps.
* BERTRAND ( Antoine-Marie ) , né-
gociant de Lyon , fut porté à la place de
maire en 1793, au moment des premiers
troubles qui éclatèrent en cette ville , et
déclara aux députés de sections qui s'é-
taient déclarés en permanence pour ré-
sister au parti de Chàlier : « Qu'il ferait
» sauter leur permanence à coups de ca-
» non. » ¥n bataillon ayant fefusé de mar-
cher, il lit faire une décharge d'arlille-
rie , qui blessa plusieurs personnes. Après
l'exécution de Chàlier, il se rendit à Paris,
où il devint un des membres les plus ar-
dens du parti des Cordeliers. Il fut com-
promis, dans l'affaire de Babeuf, et" figura
dans l'attaque du camp de Grenelle. Ar-
rêté après cet événement, il fut condamné
à mort par une commission militaire , cl
exécuté le 9 octobre 1796.
* BERTRAND ( Edme-Victor ) , maré-
chal-de-camp , officier de la légion d'hon-
neur , né en 1769, àGérédot , aujourd'hui
dans le département de l'Aube, fut nommé
capitaine au 3e bataillon de ce département
et fit les campagnes de 1792 et 1793 aux
armées du Nord. Après son- retour de
Saint-Domingue où il s'était rendu avec le
grade de chef de bataillon , il assista au
6iégede Dantzick, où sa bravoure lui va-
lut la croix de la légion d'honneur. En
1813 , il fut nommé colonel , et il com-
mandait le 139e aux batailles de Lutzen et
de Baulzen. Il s'empara lui-même , à la
première affaire , quoique blessé de qua-
tre coups de feu, d'une aigle ennemie, et
enleva trois fois à la tète de son régiment
une position défendue par une formida-
ble artillerie. Le 16 août 1815, Bertrand fut
nommé officier de la légion-d'honneur,
puis élevé le 50 du même mois au grade
de général de brigade. A la bataille de
Leipsick, il reçut une blessure, des suites
de laquelle il mourut à Vermandovilliers,
BER
1814, au milieu de sa fa-
le 15 janvier
mille.
♦ BERTRAND DE MOLLEVILLE ( An-
toine-François , marquis de ) , né à Tou-
louse , en 1744 , fut d'abord maître des re-
quêtes et intendant de la Bretagne ; chargé ,
en 1778 , comme commissaire du roi , de
dissoudre le parlement de Rennes , il fail-
lit perdre la vie dans une émeute où des
jeunes gens s'armèrent pour défendre leurs
magistrats. Bertrand fut appelé, le 4 oc-
tobre 1791 , au ministère de la marine.
Les députés du Finistère l'accusèrent d'a-
voir trompé le corps législatif dans les
états de revue des officiers de la marine
de Brest, et d'avoir employé des ennemis
de la patrie dans l'expédition de Saint-
Domingue. Cette dénonciation n'eut pas
de suite ; cependant les adversaires de
Bertrand revinrent à la charge, et le
mirent dans la nécessité d'offrir sa dé-
mission à Louis XVI, qui lui confia alors
la direction d'une police secrète destinée
à surveiller les jacobins. Peu après , il
présenta au roi un plan , à la faveur du-
quel il espérait arrêter le cours de la ré-
volution, mais qui n'eut aucun succès,
non plus que les moyens qu'il soumit au
monarque pour tenter une nouvelle éva-
sion, le 20 juin 1792. Décrété d'arresta-
tion le 15 août suivant, Bertrand se sauva
en Angleterre, où il resta jusqu'en 1814 ,
s'occupant exclusivement de travaux lit-
téraires. On lui doit : | Histoire de la
révolution de France, 10 vol. in-8°, 1801
et 1803; | Costumes des étals héréditaires
de la maison d' Autriche , consistant en
50 gravures coloriées, anglais -français,
(traduction anglaise de M. Dallas), Londres,
1804; | Histoire d'Angleterre, depuis l'in-
vasion des Romains jusqu'à la paix de
1763 , avec des tables généalogiques et po-
litique >, Paris , 1815, 6 vol. in-8° ; | Mé-
moires particuliers pour servir à la fin du
règne de Louis XTI , 2 vol. in-8°, 1816.
Bertrand de Molleville mourut en 1817.
* BERTRA\D-DE-LA-IIOSDL\TERE
(Ciiaules-Ambroise ) , était procureur du
roi, avant la révolution-, nommé àla Con-
vention, il vota la mort de Louis XVI , pro-
voqua ensuite le décret qui ordonnait le
partage des biens communaux, lit partie
de la commission des douze qui prépara
les événemens du 51 mai 1793, et donna
sa démission avant cette journée. Mem-
bre du conseil des Cinq- cents, il fit créer
une commission chargée de découvrir
les émigrés cachés sous de faux noms , et
contribua à la chute de Merlin, Treilhard
BER
275
BER
cl Larévcillère-Lépeaux. Il voulut s'oppo-
ser à la révolution du 18 brumaire , et
fut exclu du conseil après cette époque.
Après la restauration , Bertrand se retira
à Bruxelles où il mourut en 1819.
BERTRAND DU GUESCLIN. Voyez
GUESCLIN (du).
* BERTRANDI ( Jean-Ambroise-Ma-
rie ) , célèbre anatomiste , né à Turin , le
18 octobre 1723 , d'un pauvre barbier qui
le destinait à l'état ecclésiastique; mais un
professeur de chirurgie l'en détourna en
le nommant élève du collège dit des Pro-
vinces. Après trois années d'un travail
assidu, on le fit répétiteur d'anatomie, et
en 1747 il fut agrégé au collège de chirur-
gie. Le roi Charles-Emmanuel l'envoya à
Paris fréquenter les hôpitaux, et il joi-
gnit bientôt aux connaissances qu'il avait
déjà dans l'anatomie , la pratique la plus
complète dans l'art de la chirurgie. De
retour à Turin, le roi créa pour lui une
chaire extraordinaire de chirurgie, et fit
construire à sa sollicitation un amphi-
théâtre dans l'hôpital Saint- Jean. Peu de
temps après il fut nommé premier chirur-
gien du roi , et professeur de chirurgie
pratique à. l'université. Il est mort à la
fleur de l'âge, en 1765. Son principal ou-
vrage est Tratlalo délie operazione - di
chirurgia, Nice , 1763 , 2 vol. in-8°. Tous
les TYaités qu'il dicta à l'université de
Turin ont été recueillis et livrés à l'im-
pression , apr.ès sa mort , sous le titre
d'OEuvres posthumes, et forment 13 vol.
in-8°. Quelques-uns de ces traités étaient
restés incomplets ; mais ils ont été com-
plétés par des supplémens , et forment ,
avec son Traltato délie operazione, un
cours presque complet de cbirurgie.
* liERTUCCIO (François ), minime
sicilien du 16e siècle , dont on a un Traité
sur les Etres surnaturels et sur la Con-
ception.
'" BERTUCH ( Frédéric-Justin ), géo-
graphe et compilateur saxon , né à Wei-
mar le 29 septembre 1746. Il étudia d'a-
bord la théologie ; mais ne se sentant pas
de goût pour l'état ecclésiastique, il entra
chez le duc de Saxe-Weimar en qualité de
secrétaire de cabinet , et il devint en 1785
conseiller de légation. Il se rétira des af-
faires en 1796 pour se livrer exclusive-
ment aux lettres , et il fut un des fonda-
teurs d'un maison de librairie connue sous
le nom de comptoir d'industrie, d'où sont
sortis un grand nombre d'ouvrages pé-
riodiques estimés, et de bonnes cartes
géographiques exécutées sans luxe pour
un prix modique. Il est mort le 3 août
1822. Ses principaux ouvrages sont | une
traduction en allemand du don Quichotte
de Cervantes, Leipsick, 1780, 6 vol. in-
8°; | Une traduction du théâtre espagnol
et portugais. Leipsick , 1780, 3 vol. in-8°;
| La bibliothèque bleue , recueil de contes
traduits du français, Gotha, 1790-1797, 11
vol. in-12 ; | Portefeuille des enfans , mé-
lange intéressant d'animaux, plantes t
fruits , minéraux , costumes , antiquités M
avec d'S explications en français , en al-
lemand, en anglais et en italien, W ei-
mar, 1790 à 1815, 160 cahiers, in-4°, fig.
noires ou coloriées : il en existe une tra-
duction latine sous ce titre : Novus orbis
pictus juventuti inslituendœ et obleclan-
dœ, complectens animalium , planlarum ,
florum., é?rc, Vienne, 1810-1815, 12 vol.
in-4°, avec 600 planches coloriées; | Es-
sai sur les hiéroglyphes , ou nouvelles
lettres à ce sujet, Weimar, 1804 , in-4°;
| Tables d'histoire naturelle , Weimar ,
1806 , in-4°. Il a publié avec M. S. Vater,
Archives pour l'etnographie et la linguis-
tique, dont le premier numéro a paru en
1808, et continué avec A. C. Gaspari les
Ephémérides géographiques commencées
en 1798 par le major de Zach. Il a encore
coopéré à plusieurs autres journaux litté-
raires.
BÉRULLE ( Pierre ) , né en 1575, au
château de Serilly , près de Troyes en
Champagne , se distingua dans la fa-
meuse conférence de Fontainebleau, où
du Perron combattit du Plessis-Mornay,
qu'on nommait le pape des huguenots. Il
fut envoyé par Henri IV , dont il était au-
mônier , en Espagne , pour amener quel-
ques carmélites à Paris. Ce fut par ses
soins que cet ordre fleurit en France.
Quelque temps après il fonda la congré-
gation de l'Oratoire de France, dont il
fut le premier général. Cet institut, quoi-
que semblable pour le fond à celui de saint
Philippe de Néri, en est néanmoins dis-
tingué par des différences qui en font une
congrégation particulière. Elle fut ap-
prouvée par une bulle de Paul V en 1615,
et produisit un grand nombre d'hommes
illustres par la science et la vertu. Durant
les disputes qu'un parti puissant suscita
dans le monde chrétien , plusieurs de ses
membres ne surent pas assez se défendre
contre la nouveauté; mais la généralité de
la congrégation resta toujours attachée à
la doctrine de l'Eglise , et aux décrets de
ses pontifes. Urbain VIII récompensa le
mérite de Bérulle d'un chapeau de car-
BER
276
DES
dinal. Henri IV et Louis XIII avaient voulu
inutilement lui faire accepter des évê-
chés considérables. L'autorité qu'il avait
dans l'Eglise et l'état ne lui fit point aban-
donner son premier plan de vie. La sim-
plicité, la modestie, la pauvreté, la tem-
pérance furent toujours ses vertus favo-
rites. Il ne passait aucun jour sans offrir
le saint sacrifice. Il mourut d'apoplexie à
l'autel , justement avant la consécration ,
le 2 octobre 1629 , à l'âge de 55 ans. Saint
François de Sales , César de Bus , le car-
dinal Bentivoglio, etc., avaient été ses
amis et les admirateurs de ses vertus. On
a une édition de ses Œuvres , publiée en
1644 , in-fol. réimprimée en 1657 , par les
Pères Bourgoing et Gibieuf. On y trouve
le zèle et l'onction , l'esprit de renonce-
ment cl d'humilité, et une tendre dévo-
lion. M. Habert de Cerisi a écrit sa Vie ,
Paris , 1646 , in-4°. M. Tabaraud en a pu-
blié une plus récente , sous le titre & His-
toire de Pierre de Bérulle, 1818, 2 vol. in-
8°. On y trouve un grand nombre de faits
intéressans et des détails peu connus, mais
elle se ressent malheureusement de l'es-
prit de parti qui domine l'auteur. Elle ren-
ferme en outre beaucoup trop de minu-
ties et de détails , de querelles peu dignes
de la dignité de l'histoire, et d'ailleurs dé-
placés dans une vie aussi édifiante.
BERVIC (Charles-Clément BALVAY),
habile graveur, né à Paris en 1756. Il fut
nommé membre de l'Institut lors de la
création de la section de la gravure , et ,
quelques années après , il obtint la croix
de l'ordre de la réunion. Il est mort le
23 mars 1822. La faiblesse de sa vue a
privé les amateurs d'un plus grand nom-
bre de ses productions , estimées pour la
pureté et la délicatesse de son burin.
L'Enlèvement de Déjanire , d'après le
Guide , et le groupe de Laocoon , sont re-
gardés comme ses chefs-d'œuvre.
BERVILLE. Voyez GUYARD de BER-
TILLE.
BÉRYLLE , évêque de Bostres en Ara-
bie vers 240, après avoir gouverné quel-
que temps son église avec beaucoup de
réputation , tomba dans l'erreur. Il crut
que Jésus-Christ n'avait point existé avant
l'incarnation, et qu'il n'avait été Dieu,
que parce que le Père demeurait; en lui ,
comme dans les prophètes. Plusieurs cvê-
ques zélés s'assemblèrent en concile , afin
de prévenir les suites d'un pareil scan-
dale. Ils disputèrent contre Bérylle, et ne
purent le réduire. On appela Origène qui
ne réfuta pas seulement les erreurs de
l'évêque arabe , mais accompagna ses rai*
sonnemens d'une douceur et d'une cha-
rité si admirable, qu'il lui fit reconnaître
la vérité , et professer avec un éclat nou-
veau la foi pure qu'il avait abandonnée.
* BERZÉLIUS (J. Jacob), chimiste sué-
dois , né vers 1784 , et mort en 1832, s'est
rendu célèbre par un grand nombre de
travaux , qui tous prouvent de vastes con-
naissances en minéralogie , et une heu-
reuse application du calcul à la chimie. Il
vint en 1819 à Paris, où il se lia avec divers
savans français. Outre un grand nombre
de mémoires insérés dans les Annales de
chimie , bu dans les journaux étrangers ,
on a de lui : | Essai sur la théorie des pro-
portions chimiques, et sur l'influence chi-
mique de l'électricité , 1 vol. in-8°; | Nou-
veau système de minéralogie, 1 vol. in-8°,
ouvrage qui a été traduit du suédois, ainsi
que le précédent , sous les yeux de l'au-
teur, et publié par lui-même, Paris, 1819;
| De l'emploi du chalumeau dans l'ana-
lyse chimique, traduit par Fresnel , 1 vol.
in-8°; | Elémens de chimie, 8 vol. in-8°,
avec planches, aussi traduits et publiés à
Paris.
BERZÉVICZI ( Grégoire de ), écri-
vain protestant hongrois, mort en février
1822. On a de lui : | de Indole et con-
ditione rusticorum , in Hungariâ, in-8°,
sans date ; | De commercio et industria
Hungariœ, Lutschau, 1797, in-8° ; | une
notice, en allemand, sur l'état des Evan-
gélistes protestans, Leipsick, 1822; ou-
vrage posthume où il se plaint des vexa-
tions que le culte réformé éprouve de la
part de l'administration et des états de
ce royaume. On le dit aussi auteur de
deux ouvrages écrits en allemand sur le
commerce de l'Europe.
*BÉS\RD (Jean-Baptiste), né à Be-
sançon , vers 1576, étudia la jurisprudence
et la médecine avec un succès égal. Obligé
de voyager dans presque toutes les parties
de l'Europe , il se vit forcé d'abandonner
l'étude du droit. Ses amis lui en firent des
reproches, auxquels il répondit dans la
préface de son ouvrage intitulé : Anlrum
philosophicum , in quo pleraque physica
quœ ad vulgariores humani corporis af-
feclus atlinent, sine mullo verborum ap-
paratu, etc., Augsbourg, Franeker, 1617,
in-4°. Il prouve , dans sa préface , que les
voyages ne lui ont pas fait perdre son
temps, puisqu'il avait déjà publié un
traité de musique intitulé : Thésaurus
harmonicus, et un autre ouvrage, qu'il
désigne aussi peu exactement par le
IÎES
277
£ES
litre de Epilome hisloriarum. Il est pro-
bable que cet abrégé historique n'est au-
tre chose que le Mercurius Gallo-Belgi-
cus J dont Bésard avait effectivement pu-
blié quelques volumes. Le 5e porte son
nom au frontispice, et est dédié à Antoine
de la Baulme , abbé de Luxeuil : ce vo-
lume a été imprimé en 1604 , in-8°, à
Cologne , et il est probable que Bésard ha-
bitait cette ville , où il exerçait la méde-
cine. C'est à Cologne aussi que le Thésau-
rus harmonicus a été imprimé, suivant
quelques bibliographes , 1615 , in-fol. On
ignore l'époque de sa mort. — Un autre
BÉSABD ( Baimond ) , né à Vesoul , vers
la fin du 16e siècle , est auteur d'un ou-
vrage qui a pour titre : Discours de la
peste ^où sontmontrês en bref les remèdes
tant préservatifs que curatifs de celle ma-
ladie, et la manière d'aérer les maisons ,
Dole , 1630 , in-8°.
BÉSÉLÉEL, fils d'Uri ou de Hur, et de
Marie , sœur de Moïse , avait reçu de
Dieu un talent extraordinaire pour tra-
vailler toutes sortes de métaux : il fut
employé par le législateur hébreu aux
travaux du tabernacle avec Ooliab.
* BESEIVVAL ( Pierre-Victor , baron
de ), lieutenant-général au service de
France, grand'eroix de l'ordre de Saiftl-
Louis , inspecteur-général des Suisses et
Grisons, né à Soleure en 1722, d'un lieu-
tenant-général , colonel du régiment des
gardes suisses, entra dans ce corps à l'âge
de 9 ans , et fit à 13 sa première cam-
pagne. En 1748 il suivit le maréchal de
Broglie en qualité d'aide-de-camp dans la
campagne de Bohême. Il parvint rapide-
ment aux premiers honneurs militaires
que son nom , sa valeur , une taille im-
posante , sa belle figure et son esprit , lui
valurent plus sûrement peut-être que des
lalens supérieurs, dont il ne donna jamais
de fortes preuves. 11 fut fait maréchal-de-
camp en 1757 , et se trouva aux combats
d'Hasleinbech , de Filinghausen et de
Clbstercamp. Use rendit après la paix de
1762 à la cour, où il joua avec succès le
rôle d'un adroit courtisan. Si comme on
l'assure, il avait la plus grande influence
dans l'intérieur de la famille royale , on
doit lui reprocher de n'avoir pas employé
ses talens et son esprit à donner des avis
salutaires. On le vit se mêler de toutes les
affaires , diriger quelquefois l'opinion de
la cour, s'occuper des opérations du cabi-
net, du renvoi des ministres, comme d'in-
trigues légères , fronder et censurer con-
stamment sans rien proposer de mieux,
et cependant paraître si nécessaire qu'on
le crut capable de prendre des mesures
propres à sauver l'état. On lui confia le
commandement des troupes réunies au-
tour de Paris ; et dès lors, cet homme au-
paravant si actif et si accoutumé à donner
des conseils vigoureux , ne montra plus
qu'une honteuse faiblesse . ne prit que
des mesures timides et vagues , et finit
par s'enfuir avec des passeports , lorsque
peut-être un acte de vigueur eût pu sau-
ver la France. Arrêté , conduit à la tour
de Brie-Comte-Bobert , et transféré en-
suite devant le tribunal du Châtelet, il
fut déclaré innocent , remis en liberté, et
vécut ignoré dans Paris. Il parait qu'il ne
prit aucune part aux événemens de la
révolution , puisqu'il n'en reçut aucune
atteinte; il mourut paisiblement le 27
juin 1794. L'homme qui, comblé des bien-
faits et des faveurs de son roi, élevé par
lui à des dignités éminentes , et investi
de sa confiance , nelepaya que de pusil-
lanimité , et finit par l'abandonner lors-
qu'il fallait agir , ne dut sans doute pas
être bien sensible aux maux de son pays
qu'il avait causés en partie , ou qu'il n'a-
vait pas su arrêter. Il n'est pas douteux
que sa fuite contribua à enhardir les mo-
teurs des désordres. Il a paru sous le nom
du baron de Besenval des Mémoires, 180o-
1807 , 4 vol. in-8° , publiés par le vicomte
de Ségur son héritier. Ces mémoires, dés-
avoués par la famille du baron de Be-
senval, ne sont qu'un recueil d'anecdotes
scandaleuses, vraies ou fausses.
* BESIEUS ( MicnEL ) , chanoine du St-
Sépulcre à Caen , des, académies de Caen
et de Cherbourg , né à Saint-Malo , mort
à Caen en décembre 1782 , a publié les
ouvrages suivans : | Chronologie histo-
rique des baillis et des gouverneurs de
Caen , 1769 , in-12 ; | Histoire sommaire
de la ville de Bayeux , 1773, in-12;
| Mémoires historiques sur l'origine et le
fondateur de la collégiale du Saint-Sé-
pulcre à Caen , avec le catalogue de ses
doyens; | plusieurs Dissertations dans les
journaux, dans le Dictionnaire de la
France, d'Expilly , dans celui de la no-
blesse , etc.
BESLER ( Basile ), apothicaire de Nu-
remberg, né en 1561 , a donné au publie
| IJortus Eisteltensis, d615, in-fol. avec
figures : la réimpression de 1640 est moins
belle; celle de 1750 encore pire. Ii y a
566 planches. | Ico)tes florum et herbarum
1616 , in-4° ; et la continuation , 1622 , in-
fol. Le Gazophylacium rerurn natura-
24
BES
278
BES
Hum, Nuremberg, 164.2, in-fol., est de
Michel -Rupert Besler, fils de Basile,
mort docteur en médecine l'an 1661. Ce
livre a été réimprimé en 1716; mais celte
édition est moins estimée que la précé-
dente. Loclmer a donné la Description du
Cabinet de Basile et de M. R. Besler,
-1716, qui est recherchée.
BESLY ( Ji:.v\ ), avocat du roi à Fon-
tenay-le-Comte en Poitou, né à Coulonges-
les-Royaux, mourut en 16 44, à 72 ans. On
a de lui | Histoire du Poitou, Paris , 1647,
in-fol. estimée; [ Les évêques de Poitiers
d647, in-4"; | Ad Pétri Theudebodi his-
ioriam Prœfalio. C'était un homme versé
dans les antiquités de France; écrivain
incorrect , mais historien exact et pro-
fond.
BESOGNE ou BESOIGNE ( JérÔue ) ,
docteur de Sorbonne , mort en 1763 , à 77
ans, se distingua par son savoir, et essuya
plusieurs lettres de cachet pour son oppo-
sition à la bulle. Il était un des dépositai-
res des fonds assignés pour le soutien de
son parti. On a de lui | Histoire de Port-
Royal , 1752,6 vol. in-12 , remplie de
détails très peu intéressans pour quicon-
que n'a d'autre parti , comme s'exprime
M. de Rancé, que celui de J.-C. \ Vies des
quatre évêques engagés dans la cause de
Port-Royal , 1756 , 2 vol. in-12, faisant
suite à l'histoire ci-dessus. | Principes de
la perfection chrétienne , 1748, in-12, ou-
vrage fort sec comme tous ses livres de
piété. lia eu cependant plusieurs éditions.
] Principes de la pénitence et de la con-
version, ou Vie des pénitens , 17f>2, in-
12. | Principes de la justice chrétienne ,
pu Vies des Justes, 1762, in-12. | Concorde
des Livres de laSarjesse, 1737, in-12;
bon livre , et qui se ressent peu des pré-
ventions sur lesquelles l'auteur réglait sa
manière d'écrire. | Plusieurs ouvrages
sur les affaires du temps , dans lesquelles
il était entré avec ardeur.
BESOLD ( CuniSToruE ), né à Tuhingen
en 1577, y fut professeur de droit. Il ab-
jura la religion protestante en 1635 , et
mourut en 1658. Sa femme abjura aussi
après sa mort. On a de lui | Dissertaliones
■philologicœ , 1642, in-4°. | Documenta
Monasteriorum ducatâs ÏVirtembergœ ,
4636 , in-4°. | Virginum sacrarum monu-
menta* Wirtemberg, 1636, in-4°. | Synoj)-
sis rerum ab orbe condito geslarum ,
Franeker, 1698 , in-8°. | Historia Conslan-
tinopolitano-Turcica , post avulsum à
Carolo magno occidentem , ad hoc usque
tzvum deducta , Strasbourg , 1634 , 2 vol.
in-8°. Quoique ces ouvrages soient sa-
vans , ils ne sont guère répandus au-delà
de l'Allemagne.
BESOMBES DE SAFVT-GEMÉS ,
( PiEiutE-Lo'Jis de) conseiller de la cour
des aides de Mautauban , mort à Cahors
en odeur de sainteté , le 20 octobre 1783,
dans sa soixante -cinquième année, fut
pendant quelque temps égaré par la philo-
sophie anli -chrétienne; mais son cœur
n'était pas fait pour en goûter la doctrine
et la morale. Il ouvrit les yeux à la vérité,
et consigna sa conversion dans un ou-
vrage plein d'onction et de lumières, in-
titulé : Transitus anima: revertentis ad
jugum sanclum Christi Jesu , traduit en
français par l'abbé de Cassagne Peyronene,
sous le titre de Scntimens d'une âme pé-
nitente , revenue des erreurs de la philo-
sopihie moderne au joug de la religion ,
Paris , 1787 , in-12. M. de Saint-Geniés se
délassait des travaux de son état en étu-
diant la Bible ; aussi chaque ligne de cette
production annonce qu'il en était pénétré.
Le traducteur compare cet ouvrage à celui
de l'Imitation de Jésus-Christ , et essaie
même de lui donner la préférence ; mais
certainement le pieux auteur en portait
un jugement plus modeste et plus vrai.
L'Imitation peut être toujours le premier
livre de piété , sans que l'ouvrage de M.
de Saint-Geniés en soit moins estimable.
Outre que le second rang serait encore
beau à occuper, les rangs ne sont rien en
un pareil sujet. Il ne faut pas confondre
ce livre avec un autre qui a pour titre
'Sentimcns d'une âme pénitente , sur le
Psaume Miserere meî , Deus ; et le retour
d'une âme à Dieu , sur le Psaume Bene-
dic , anima mea. Ce dernier est l'ouvrage
d'une dame illustre , connue par sa piété
et sa longue pénitence. Voyez VAL-
LIÈRE.
* BESPLAS ( Joseph -Marie -Av\e
GROS de), grand-vicaire de Besançon, né
le 13 octobre 1734 , à Castelnaudary, d'une
famille honorable de cette ville , mort à
Paris le 26 août 1783, montra de très bonne
heure un grand zèle pour les devoirs de
son état. Dès qu'il fut ordonné prêtre, il
s'attacha à la communauté de Saint-Sul-
pice. Son ministère le mettant souvent
dans le cas d'assister au lit de la mort des
gens peu soumis au joug de la foi , il com-
posa un livre intitulé : | Rituel des esprits
forts, pour prouver que les incrédules
démentaient ordinairement dans ce der-
nier moment la hardiesse des sentirnens
irréligieux qu'ils avaient témoignés du-
BES 27
tant leur vie. Ce premiet ouvrage fut
sui\ i, en 4765, | d'un Discours sur l'utilité
des voyages. | Son Traité des causes du
bonheur public, 1708, in-8°, réimprimé en
1774, 2 vol. in-12 , a beaucoup de rapport
avec celui du bonheur public de Mura-
tori ; mais il considère son sujet un peu
différemment dans les détails : il y met
plus de sensibilité, plus de chaleur , plus
d'éclat , plus d'énergie , plus d'imagina-
tion. Il ne manque à cet ouvrage que
d'être rédigé avec plus de méthode et écrit
avec plus de simplicité. Chargé d'assister
les criminels au lieu de leur supplice, il
s'était dévoué à cette pénible fonction avec
toule la sensibilité d'une âme belle et
remplie de charité. Cette sensibilité, vive-
ment affectée de l'horreur des cachots
où les condamnés étaient détenus , ne
put retenir ses élans dans un sermon de
la Cène qu'il prêcha devant Louis XY ;
le tableau qu'il en lit émut toute la cour,
et il en résulta un ordre de faire combler
ces cachots , pour leur en substituer de
plus sains et de moins incommodes :
c'est de cette époque que date l'établisse-
ment de la maison de la Force. Besplas
avait donné dans sa jeunesse | un Essai
sur l'éloquence de la chaire; cette pro-
duction , qui annonçait du talent , avait
besoin d'être retouchée; c'est ce que l'au-
teur lit dans la seconde édition qui parut
en 1778.
BESSARIOA ( Jean ), patriarche titu-
laire de Constantinople, et archevêque de
Nicée , naquit à Trébisonde , vers l'an
1595. Il souhaita, avec beaucoup d'ardeur,
la réunion de l'église grecque avec la la-
tine, et engagea l'empereur Jean Paléo-
logue à travailler à la consommation de
cet ouvrage. Il passa en Italie , parut au
concile de Ferrare , depuis transféré à
Florence , harangua les Pères , et s'en lit
admirer autant par ses talens que par sa
modestie. Les Grecs schismatiques con-
çurent une si grande aversion pour lui,
qu'il fut obligé de rester en Italie, où
Eugène IY l'honora de la pourpre en 1439.
Il fixa son séjour à Rome. Son mérite
l'aurait placé sur le siège pontifical , si
le cardinal Alain, Breton, ne se fût op-
posé à l'élection de l'illustre Grec , comme
injurieuse à l'Eglise latine. Il fut employé
dans différentes légations ; mais celle de
France lui fut désagréable. On dit que le
légat ayant écrit sur l'objet de sa légation
au duc de Bourgogne , avant que de faire
sa visite à Louis XI , ce roi ombrageux et
\iok-nl l'accueillit très mal et lui dit, en
9 êes
lui mettant la main sur sa grande barbe :
Barbara grœca genus retinent quod lta~
bere solebant. Cet affront causa , dit-on ,
tant de chagrin à ce cardinal, qu'il en
mourut à son retour, en passant par Ra-
venue en 1442 , à 77 ans. Ce récit est de.
Pierre Matthieu ; mais d'autres historiens
Croient que Bessarion avait déplu au roi ,
par la demande qu'il lui avait faite de là
grâce du cardinal Balue. Il est difficile
de croire que ce grand cardinal eut la fai-
blesse de mourir de chagrin, pour avoir
essuyé l'humeur d'un prince tel que Louis
XI. Son corps fut porté à Rome . et en-
terré dans une chapelle de l'église de Saint-
Pierre, où il avait préparé son tombeau,
sur lequel on voit cette épitaphe:
lîc-ssarion episcopus Tusculanus,
S. R. Eccltisia; caidinalis,
Palriaicha ConsMnlinopolitanus ,
Nobili Oraecia oilcs oriundusque
Sibi vivent jiosuil.
Bessarion aimait les gens de lettres , et
les protégeait. Argyrophile , Théodore de
Gaza, le Pogge , Laurent Valla , Platine,
etc. formaient dans sa maison une espèce
d'académie. Sa bibliothèque était nom-
breuse et choisie. Le sénat de Venise,
auquel il en fit présent , la conserve en-
core aujourd'hui avec soin. Ce cardinal
a laissé plusieurs ouvrages, qui tiennent
un rang parmi ceux que produisit la re-
naissance des lettres. Les principaux sont
| Défense de (a doctrine de Platon , dont
l'édition sans date, mais de 1470, in- fol .
est rare; | des Lettres,, imprimées en
Sorbonne , in-4°; | Oralione contra il
Turco_,\klï , in-4°, et d'autres ouvrages
dans la bibliothèque des Pères.
* BESSE ( Pieiïue de ), docteur de Sor-
bonne, principal du collège de Pompa-
dour, à Paris, chanoine-chantre de Saint-
Euslache, prédicateur du roi Louis XIII ,
naquit au bourg de Rosiers, en Limousin.
au milieu du 10e siècle, et mourut à Pa-
ris en 1659. Ses sermons , très applaudis
dans le temps , ne trouvent plus guère»
de lecteurs. Outre ses sermons , imprimés
sous le litre de Conceptions théologiques,
de Carême , (S.' Avenir etc. Besse a laissa
divers autres ouvrages : | Des qualités et
des bonnes moeurs des prêtres ; \ Triom-
phe des saintes cl dévotes confrairies ;
| la Royale prêtrise ;\ le Démocrite chré-
tien; | le Bon Pasteur ; \ YUéracUle chré-
tien; | Concordanlice Bibliorum J Paris,
-1611, in-fol.
* BESSEL ( Godefroi de ) , savant abbé,
du couvent des bénédictins de Gottwichi
BES 280 BES
ic le 5 septembre 1672 à de Wagram, et, dans cette affaire, il fut
renversé de son cheval par un boulet. Les
braves qu'il commandait, le croyant tué,
versèrent des larmes , et l'empereur lu
complimenta à ce sujet. En 1811, il re-
tourna en Espagne où il avait déjà com-
battu, et y devint gouverneur de la vieille
Caslille et du royaume de Léon. Bessières
fit, en 1813, la campagne de Saxe à la tête
de toute la cavalerie de l'armée ; la veille
de la bataille de Lutzen ( 1er mai ) , il di-
rigeait l'attaque du défilé de Rippach, et
fut frappé à mort, dans la poitrine, par un
boulet , au moment où ce passage était
emporté. Sa perte fut vivement déplorée
par toute l'armée, à qui l'on n'apprit ce
triste événement que le lendemain. Le
roi de Saxe a fait élever un monument à
l'endroit même où le maréchal tomba. Ce
guerrier unissait à la bravoure un noble
désintéressement et une grande généro-
sité. Une ordonnance de Louis XVIII, du
17 août 1815, appela son fils à la chambre
des pairs.
* BESSIÈRES (Georges), né dans les
environs de Montpellier, d'une famille
obscure, quitta la France pour échapper
à la conscription et passa en Espagne, où
il ne tarda pas à se trouver dans la dé-
tresse. Il entra , en 1808 , dans l'armée
française, puis déserta à l'ennemi et s'en-
rôla dans la légion espagnole de Bourbon,
où il parvint au grade de capitaine avec
le rang de lieutenant-colonel ; il quitla le
service, à la paix de 1814; en 1820 il fut
arrêté, comme ayant conspiré à rétablis-
sement d'une république et condamné à
la peine de mort que le gouvernement
commua en un bannissement. Bessières se
rendit à Perpignan. Peu de temps après,
la régence d'Urgel l'admit au nombre de
ses défenseurs, et le fit colonel. Ferdinand
le combla d'honneurs et venait de l'élever
au premier commandement militaire de
son royaume, lorsque Bessières résolut de
renverser ce monarque du trône , et d'y
placer son frère l'infant don Carlos. Déjà
il s'était fait des partisans , et il marchait
ouvertement à l'exécution de ses projets,
lorsque, le 25 août 1825, il fut arrêté avec
sept des siens à une lieue de Molina d'A-
ragon, et fusillé dès le lendemain. Ferdi-
nand fit une pension à sa veuve, etaccorda
sa protection à ses enfans.
BESSIiAI ( don Guillaume) , bénédiclin
de la congrégation de Saint-Maur, naquit
à Glos-la-Ferté au diocèse d'Evreux en
1654, et mourut à Rouen en 1720. On a de
lui une édition des Conciles de JS'ormaa-
cn Autriche , né le 5 septembre 1G72 à
Buchheim dans l'électoral de Mayence,
mort le 20 janvier 1749. Il fut employé
par l'électeur Lothaire-François , dans
plusieurs ambassades, puis admis dans
son conseil privé. En 1715 il était recteur
de l'université de Vienne. On a de lui quel-
ques écrits , où l'on remarque une criti-
que sage et exercée. | Un Traité adressé
au prince Ulric de Brunswick , qu'il en-
gagea à rentrer dans la religion romaine,
Mayence , 1 vol. in-8°. | Deux Lettres de
saint Augustin , adressées à Optât de Mi-
le ve : De pœnis parvulorum qui sine bap-
tismale décédant , qui jusqu'alors étaient
inconnues et que l'abbé Bessel découvrit
et publia avec une préface, Arienne, 1755,
i vol. in-fol. | Chronicon gottwicense ,
vars prima et secanda, Tegernsée, 1732,
in-fol. ouvrage que d'autres attribuent à
François de flahn , qui fut évêque de
Bamberg.
BESSET (Henri de ) , sieur de la Cha-
pelle-Milon , inspecteur des beaux arts
sous le marquis de VUlacerf et contrôleur
des bàlimens, lorsque le grand Colbert
fut nommé en 1083 surintendant des bà-
timens. Il joignit à celte place celle de
secrétaire de l'académie des inscriptions
et des médailles. On a de lui une Relation
des Campagnes de lïocroi et de Friboarg,
en 1044 et et 1045 , in-12 , écrite avec une
simplicité élégante : c'est, un modèle en
ce genre. H mourut eu 16(.)3.
* BESSIÈRES ( Jean-Baptiste) , ma-
réchal d'empire , duc d'Istrie , grand-
aigle de la légion d'honneur, commandeur
de la couronne de Fer , grand-croix des
ordres du Christ de Portugal , de Saint-
Henri de Saxe , de l'aigle d'or de Wur-
temberg , etc. , né , en 1709 , à Preissac ,
dans le département du Lot, était, en 1792,
capitaine d'infanterie, et fixa sur lui l'at-
tention de Bonaparte qui lui confia, dans
la campagne d'Italie, le commandement
de ses guides , et le chargea ensuite de
porter à Paris les drapeaux conquis sur
les Autrichiens. Bessières fit aussi la cam-
pagne d'Egypte, y fut nommé général de
brigade, revint en France avec Bonaparte,
et après le 18 brumaire, reçut le grade de
général de division. En 180*, Napoléon le
créa maréchal de l'empire; il partit en
1803 pour l'armée d'AMemagne, et se dis-
tingua aux batailles d'Austerlitz , d'Iéna,
d'Eylau, deFriedland. Après la campagne
de Prusse, il fut fait duc d'Istrie, et en-
voyé en ambassade à la cour de Wurtem-
berg. Il contribua, en 1809, à la victoire
BES
281
BES
die, 1717, in-fol. il a eu part à la nouvelle
édition des Œuvres de saint Grégoire le
Grand, donnée par les Pères de Sainte-
Marthe.
BESSON (Jacques) , ingénieur et ma-
thématicien, natif du D&upbiné dans le
16e siècle, est l'inventeur de plusieurs
machines dont Bascalis a publié la des-
cription sous le titre de Thcatrum ma-
cliinaram, Lyon, 1582, in-fol. Bes6on avait
publié lui-même j De ratione extrahendi
oleael aquas e medicamentis simplicibus,
Zurich, 1559, in-8°. | Le Cosmolabe , Paris,
1557, in-4°. j Usage du compas d'Euclide,
Paris, 1571, in-4°.
* BESSON (JosEPn), jésuite né à Car-
pentras en 1607, entra dans la société en
1023, et y professa les humanités et la
philosophie. Il se livra ensuite à la prédi-
cation, et fut recteur du collège de Nîmes.
Depuis plusieurs années il sollicitait la
permission d'aller prêcher l'Evangile aux
infidèles; il l'obtint enlin , et se rendit
dans les missions de Syrie , où il résida
plusieurs années et mourut à Alep le 17
mars 1C91. Il est auteur de plusieurs
écrits, dont le plus curieux est intitulé la
Syrie sainte, ou les Missions des pères de
la compagnie de Jésus en Syrie, Paris ,
1690, in-8°.
* BESTIA(Lucius-Calpurxius), tribun
du peuple, vers l'an 122 avant J.-C. , si-
gnala sa magistrature par un acte de jus-
tice , en faisant rappeler P. Popilius , que
Caïus Gracchus était parvenu à faire exi-
ler, parce qu'il avait fait punir pendant
son consulat les complices de Tibérius
Gracchus. Déclaré consul, Beslia fut chargé
de la guerre de Numidie , se laissa cor-
rompre par Jugurtha, et conclut avec lui
un traité honteux pour la république.
C. Memmius se déclara son accusateur,
et le lit condamner à un exil perpétuel.
* BESTUCHEFF-R1UMIN (Alexis,
comte de), chancelier et sénateur de Rus-
sie , né à Moscou en 1693, d'un simple
ofiieier écossais, entra de bonne heure
dans la carrière diplomatique et accom-
pagna au congrès d'Utrecht les ambassa-
deurs de Pierre I. Il passa ensuite en An-
gleterre, où il fut employé par Georges I.
De retour dans sa patrie en 1717, son ac-
tivité et ses talcns le firent charger de
diverses négociations dont il s'acquitta
avec succès. En 1740 il fut nommé con-
seiller-privé et ministre d'état. Après la
mort de l'impératrice Anne, il contribua
à faire donner la régence au féroce Biren,
dont il partagea-ensuite la disgrâce. Rap-
pelé par Eli/.abeth , qui ïe combla d'hon-
neurs, il obtint l'importante place de
chancelier de l'empire. Son influence dans
le système politique de son pays se ma-
nifesta dans la guerre d'Allemagne et les
traités qui la suivirent. Il eut même l'am-
bition de vouloir changer l'ordre de suc-
cession, et pour parvenir à son but, il fit
rétrograder l'armée russe qui venait de
remporter debrillans succès sur les Prus-
siens. Celte retraite qui étonna d'abord,
mais donl le vrai motif fut découvert,
lui mérita une disgrâce complète; il fut
exilé : mais Catherine II le rappela dans
la suite, et lui rendit ses titres avec une
pension de 20,000 roubles. Il mourut le
21 avril 1766. Bestucheff avait reçu de la
nature une âme forte , un génie vaste et
actif, mais trop peu de délicatesse dans
le choix de ses moyens pour parvenir ;
un luxe excessif soutenu aux dépens de
l'état , et une morale fort équivoque le
tirent toujours regarder comme un homme
dangereux. Pendant son exil il avait fait
un recueil de passages de la Bible et de
prières qui firent sa consolation, et qu'il
l'A imprimer à son retour.
* BESTUCHEFF -RIUMIN ( Michel ,
comte de) , frère du précédent , se livra
comme lui à la carrière diplomatique. II
était ambassadeur en Suède, peu de temps
après la mort de Charles XII. Aidé de la
faction des bonnets , opposée à celle des
chapeaux, et portée dès son origine pour
les intérêts de la Russie, il fit, en 1754 ,
renouveler l'alliance peu favorable à la
Suède, qui avait été conclue en 1725, et
que le parti des chapeaux avait voulu
remplacer par une étroite liaison avec la
France. Ses principaux moyens pour
réussir en politique étaient ceux de son
frère, c'est-à-dire la ruse et la corruption.
Tant qu'il habita la Suède, il connut tous
les secrets du cabinet de Stockholm , et
obtint des copies de tous ses mémoires et
de toutes ses dépêches, ayant gagné à prix
d'oi un des premiers employés du minis-
tère des affaires étrangères. De retour en
Russie, enl74l,époqueoù la guerre éclata
entre cette puissance et la Suède , il fut
successivement envoyé en Pologne, eu
Prusse , en Autriche et en France , où il
resta depuis 1756 jusqu'en 1760. Il mourut
dans le cours de cette dernière année, âgé
de soixante-quatorze ans. Il avait épousé
la veuve d'un seigneur russe très riche et
très puissant, pour qui l'intrigue avait
aussi des attraits. Impliquée dans un*
conspiration contre l'impératrice E'i.'.u-
24.
BET
282
BET
beth, celle veuve, après avoir reçu le
knout, el avoir eu la langue coupée, alla
iinir ses jours en Sibérie.
BET FORD. Voyez BEDFORT.
BETIIEIVCOURT (Jean de), gentil-
homme normand , découvrit le premier
les îles Canaries, l'an 1402; il en conquit
cinq avec le secours de Henri III, roi de
Castille, qui lui en confirma la souverai-
neté avec le litre de roi , sous la condi-
tion d'hommage envers la couronne de
Castille. Pierre de Belhencourt, un de ses
descendans , mort l'an 1667 , fonda dans
les Indes occidentales une congrégation
de religieux hospitaliers , sous le nom de
Béthléémiles.
* BÉTIIISY (Henri-Benoit-Juees de),
évêque d'Uzès, né au château de Mézières,
diocèse d'Amiens, le 28 juillet 1744, em-
brassa l'état ecclésiastique ; et aussitôt
qu'il fut ordonné prêtre , M. de Talley-
rand , archevêque de Reims , l'appela au
nombre de ses vicaires-généraux. Louis
XVI le nomma à l'évêché d'Uzès, et il fut
sacré le 16 janvier 1780. Député par le
clergé de sa province aux états-généraux
en 1789, il s'opposa, avec beaucoup de
force , aux innovations qu'on voulait in-
troduire dans l'église gallicane. En 1792
il se retira à Bruxelles , et de là en Alle-
magne , et enfin en Angleterre , où il fut
chargé , après la mort de l'évêque de
Saint-Pol-de-Léon , de la distribution des
secours aux ecclésiastiques français qui
s'étaient réfugiés dans ce royaume. Il
n'avait point accédé à la demande des
démissions faite par le pape en 1801 , et
il signa les réclamations de 1803. Après
la restauration il revint en France , mais
il retourna peu après à Londres : il s'y
trouvait encore au commencement de
1816, lorsque le roi lui fit écrire, ainsi
qu'aux autres évêques qui se trouvaient
en Angleterre , pour leur demander la
démission de leurs sièges. Il la donna,
dit-on , avec quelques restrictions , et il
mourut en 1817.
* BÉTIIISY (le comte de), lieutenant-
général, gouverneur du château des Tui-
leries , né en janvier 1759, et mort le 14
juin 1823. Allié à tout ce qu'il y a de plus
distingué en France , et aux maisons de
Lorraine, et de Hohenzollern el deSavoie-
Carignan, il descendait lui-même d'une
très-ancienne famille de Valois. Le chef
connu de cette maison était noble de nom
et d'armes en 1060. Entré au service à l'âge
de onze ans, le comte de Béthisy reçut sa
première blessure à Minorque, en mon-
tant à l'assaut au fort de la reine; il en
reçut depuis six autres. Il lit toutes les
campagnes de la guerre de sept ans, se
distingua dans toutes, et contribua puis-
samment au gain de la bataille de Gehan-
neberg. Commandant à Toulon lorsque la
révolution éclata, il y comprima, par sa
fermeté, l'esprit de révolte qui commen-
çait à gagner les troupes , et fit rentrer
dans le devoir deux régimens qu'on avait
fait insurger. Mais bientôt il fallut céder
au torrent. Le comte de Béthisy se rendit
dans l'armée de Condé ; il n'est aucune
action de celte armée où il ne se soit si-
gnalé. On le vit à Bodenlhal à la tête de
500 hommes seulement, emporter à la
baïonnette une montagne défendue par
5,000 hommes. Après la guerre, il se re-
tira à Vienne, où l'empereur d'Autriche
le combla de bonté. Bonaparte lui fil faire
inutilement les offres les plus avanta-
geuses ; fidèle à ses sermens , il les refusa
toutes, et ne rentra en France qu'avec le
roi. Il y avait laissé une grande fortune ,
et il n'y retrouva pas un arpent de terre.
Le comte de Béthisy était le cinquième
lieutenant général de père en fils , et le
plus ancien grand -croix de France.
Il avait soixante-treize ans de service,
et soixante -trois ans de croix de Saint-
Louis. La religion , pour laquelle il avait
toujours professé le plus profond respect,
le consola dans ses derniers momens.
BETHLEN ( Wolfgaxg , comle de ) ,
chancelier de Transilvanie, né en 1648 ,
mort en 1679, est principalement connu
par son Historiarum Pannonico-Dacica-
rmn libri X, in-fol. , depuis 1426 jusqu'à
1601, écrite en latin, qui fut réimprimée
en 1796 , avec une continuation et des
noies. Cette histoire est précieuse en ce
qu'elle renferme beaucoup de faits d'après
des monumens authentiques qui ne sont
cités que par cet auteur. Le comte de Be-
thlen faisait imprimer cet ouvrage , lors-
que les Tartares vinrent fondre sur son
château de Kreusk en Transilvanie, qu'ils
détruisirent, et le firent lui-même pri-
sonnier. Mais il avait eu la précaution de
jeter son ouvrage dans un caveau qu'il
avait fait murer. Plus tard, un de ses des-
cendans ayant voulu faire rebâtir le châ-
teau, en retrouva les fragmens épars, les
recueillit, et en forma des exemplaires
dont l'un fut déposé dans la bibliothèque
du comte de Schalïgotsch , à Hermsdorff,
et l'autre dans celle de Breslau.
BETflSABÊE, femme d'Urie, fut une
occasion de péché pour David qui, après
BET
283
iîET
)ir fait périr son mari, l'épousa, et en
Salomon.
BETIIUNE. Voyez SULLY.
BETIIUNE ( Philippe de ) , comte de
Selles, lieutenant-général de Bretagne et
gouverneur de Rennes, mort en 1649 à
88 ans, acquit beaucoup de gloire et de
réputation par ses ambassades dans les
cours d'Ecosse, de Rome, de Savoie et
d'Allemagne. Il était frère puîné du cé-
lèbre Maximilien de Bétbune, duc de
Sully. Son Ambassade en Allemagne a
été imprimée à Paris, 1007, in-fol. , par
les soins de son petit-fils Henri, comte de
Bétbune.
BÉTIS, gouverneur de Gaza pour Da-
rius, défendit cette place avec valeur
contre Alexandre le Grand. Ce prince
ayant été blessé au premier assaut, fit
mourir cruellement Bélis après la prise
de la ville, vers l'an 532 avant J.-C. Plus
de dix mille bommes furent passés au fil
de l'épée , et l'on punit lâchement un
courage digne des plus grands éloges. Bé-
tis fut attaché par les talons au char du
héros Macédonien, et périt misérable-
ment.
BETLEM-GABOR, c'est-à-dire, Gabriel
Bellern , prince de Transilvanie, d'une
maison aussi ancienne que pauvre, gagna
les bonnes grâces de Gabriel Battori,
prince de Transilvanie. Ayant quitté cette
cour pour passer à celle de Constantino-
ple, il profita du crédit qu'il s'acquit chez
les Turcs, pour faire déclarer la guerre à
son ancien bienfaiteur. Battori , aban-
donné de ses sujets et de l'empereur , fut
vaincu en 1615. Bctlem-Gabor prit plu-
sieurs places en Hongrie, se fit investir de
la Transilvanie par un pacha, et déclarer
roi de Hongrie. L'empereur fit marcher
des troupes contre lui en 1620. Le comte
Bucquoi , un de ses généraux, fut tué.
Gabor, vainqueur, demanda la paix, et
l'obtint à condition qu'il renoncerait' au
titre de roi de Hongrie , et qu'il se bor-
nerait à celui de prince de l'empire. Fer-
dinand assura cette paix, en le reconnais-
sant souverain de îa Transilvanie , et en
lui cédant sept comtés qui contenaient
environ bO lieues. Cet homme inquiet
ayant voulu faire revivre ses droits sur
ia Hongrie, Walstein le vainquit , et celte
guerre finit par un traité qui assurait la
Transilvanie et les terreins adjacens à la
maison d'Autriche , après la mort de Ga-
bor : elle arriva en 1629. Il y a encore en
Transilvanie plusieurs comtes de Betlcm,
qui se disent de cette famille.
BÉTON (David), évéquo de Mirepoix,
puis archevêque de Saint-André en Ecosse,
est nommé par les Ecossais BEATOUM
( Voy. ce mot ).
* BETTA ( François dal Toldo ) , célèbre
jurisconsulte, né à Rovérédo en 1526, rem-
plit les emplois les plus importans auprès
du cardinal Christophe Madi u/.z,i, et d'Oc-
tave Farnèse , duc de Panne , puis obtint
en 1561 du pape Pie IV, le titre de comte
palatin, et mourut en 1599 à Parme, où il
avait été nommé président du sénat au
conseil suprême de justice. Son pays lui
est redevable de nombreuses réformes;
on a de lui quatre volumes manuscrits de
Consultations.
*BETTl\ELLI (Xavier), célèbre litté-
rateur italien, né à Mantoue le 17 juillet
1718, fit ses études chez les jésuites et
entra dans leur société en 1736. Il vint h
Brescia en 1739 , et professa les belles-let-
tres dans cette ville pendant 5 ans, et s'y
fit connaître avantageusement par quel-
ques poésies composées pour les exercices
scolastiques. Ce fut à Bologne qu'il établit
sa réputation de poète. Envoyé dans cette
ville pour y étudier la théologie, il cul-
tiva en même temps son talent poétique,
et se lia avec plusieurs savans distingués
qui illustraient alors cette ville. Il dirigea
ensuite le collège des nobles à Parme, et
entreprit pour les affaires de sa compa-
gnie, ou pour sa santé, plusieurs voyages
à Venise , en Allemagne et en France.
C'est dans ce dernier voyage qu'il écrivit
les fameuses Lettres de Virgile , impri-
mées à Venise avec ses Sciolli , qui firent
beaucoup de bruit et qu'il adressa à Vol-
taire. En passant à Genève il voulut vi-
siter ce personnage fameux pour lequel
il avait conçu une vive admiration, mais
dont il était loin de partager les principes.
Après la destruction de son ordre , il se
retira dans sa patrie, où il mourut en
philosophe chrétien le 12 septembre 1808.
Parmi ses nombreux ouvrages on re-
marque | Ragionamenli filosofici, con an-
notazioni, dont il ne publia que deux vo-
lumes. Ce sont des discours sur divers
sujets de morale. | Del entusiasma délie
belle arti , 2 vol. , ouvrage froid quoiqu'il
traite de l'enthousiasme , mais qui se fait
remarquer par la pureté du style, la finesse
des aperçus et l'élégance des expressions.
| Dialoghi d'amore, 2 volumes. L'auteur
cherche dans ces dialogues l'influence
que l'imagination, la vanité, l'amitié,
l'honneur, etc. , ont sur cette passion, et
l'empire qùil exerce sur les productions
BET
des arts et de l'esprit. | Risorgimento
negli studi , nelle arli e ne costumïdopo
il. mille , 5 volumes, ouvrage superficiel.
| Lettere dieci di Virgilio agli Arcadi ,
i vol. Ces lettres ont immortalisé Belti-
nelli; mais les défauts qu'il signala dans
les grands poètes d'Italie lui suscitèrent
un grand nombre d'ennemis parmi les
partisans du Dante et de Pétrarque. Elles
ont été trad. en franc. 1778, in-8°. | Lettres
italiennes d'une dame à son amie sur les
beaux-arts * 5 vol. ; | Poésies, 4 volumes,
précédées d'un discours estimé sur la
poésie italienne. | Tragédies, 2 volumes,
j Lettere a Lisbia Cidonia sopra gli épi-
qrammi, 2 vol. En général on trouve
dans ses ouvrages plus d'esprit et de ta-
lent, que de chaleur et de génie. Ses opi-
nions littéraires ne sont pas toujours bien
fondées; mais son style est pur, élégant
et d'une rare précision.
* BETTIM ( Mario ) , jésuite italien, né
à Bologne en 1582 , y mourut en 1057. Il
se distingua dans son ordre par la variété
et l'étendue de ses connaissances, et se fit
particulièrement remarquer i>ar ses poé-
sies latines. II a laissé | Rubenus, hilaro-
tragœdia satira pastoralis J Parme, 1614,
pièce singulière qui plut par sa nouveau-
té , et fut traduite en plusieurs langues.
| Clodoveus , sive Lodovicus, tragicum
sylviludium , Parme, 1622, in-16, et 1624,*
in-12. | Lycœum morale , politicum et
poelicum, Venise, 1626 , in-4°, deux par-
ties , l'une en prose , l'autre en vers.
| Apiaria universœ philosophiœ ., malhe-
maticœ , in-fol., 3 vol. A la lin de cet ou-
vrage, on trouve une explication d'Eu-
clide. | j£rariu?n philosojmice malhema-
ticœ , in-8°.
* BETTIM (Ax-rorxK), évêque de Foli-
gno, né à Sienne, en 1599, entra en 1459
chez les jésuites de saint Jérôme, et fut
nommé , en 1461 , à l'évèché de Foligno,
dont il se démit lorsqu'il fut parvenu à un
âge avancé , pour se retirer dans le cou-
vent de Sienne où il mourut en 1487. La
bibliothèque Ghisi possède un manuscrit
contenant les écrits théologiques de ce
prélat, dont plusieurs ont été imprimés,
entre autres l'Exposition de l'oraison do-
minicale en italien , Bi escia , 1586 , Gènes ,
1686; | II monte santo di Dio. Florence,
1477, in-4°; 1491, in-folio. C'est le premier
livre qui ail été orné degravures en taille
douce.
*BETTINI(Sébastie\-Bastia\i), pein-
tre italien, né en 1707. On cite de lui un
saint François de Paule , un plafond du
28/j. BEU
palais Salviati à Florence , où il a peint
l'Aurore précédant le char du soleil , et
une Vie du prophète LlieJ dans le cloître
des carmes de Florence.
BET III. EÈ (Sixte), grammairien, poêle
et philosophe , naquit à Memmingen en
1500. Son vrai nom était Birck. Il ensei-
gna les belles-lettres et la philosophie
avec réputation, et devint principal du
collège d'Augsbourg, où il mourut en 1554.
On a de lui divers ouvrages en vers et en
prose. Ses pièces dramatiques de Susarnw,
de Judith et de Joseph ont été assez osti-
mées autrefois , quoiqu'elles soient bien
éloignées de la perfection. On les trouve
dans Dramala sacra, à Bàle, 1547, 2 vol.
in-8".
BEUCKELTS ou BEUKELINS (Guil-
laume ) , fameux pêcheur hollandais,
trouva vers l'an 1416 , la méthode de sa-
ler les harengs et de les encaquer pour
les rendre transportâmes. 11 est mort à
Biervliet en 1447. Les Hollandais élevè-
rent un monument sur son tombeau, que
Charle.s-Quint, étant venu à Biervliet,
eut la curiosité d'aller voir. Quelques au-
teurs néanmoins prétendent que cette
méthode était connue antérieurement, et
que deux Dieppois la mirent en pratique
des le 14e siècle. Il est bien vrai que la
manière de saler les harengs était connue
avant Beuckelts, mais sa méthode l'em-
porta sur toutes les autres, et fut géné-
ralement adoptée. Voyez, Y histoire du
commerce par Anderson , traduite de
l'anglais, lom. 2, p. 256-532-426-555.
BEUF. Voyez BŒUF.
♦BEURNONVILIE ( Pieure-Biel ,
comte de), pair et maréchal de France,
né à Champignole en Bourgogne, le 10
mai 1752 , fut d'abord destiné par ses pa-
rens à l'état ecclésiastique. Mais son goût
l'entraînant vers la profession des armes,
il se lit inscrire dans les grenadiers de la
reine. Il s'engagea ensuite avec le grade
de sergent dans l'expédition destinée à
faire voile pour les Indes et dirigée par
le célèbre Bailli de Suffren, qui, recon-
naissant son mérite, le nomma major de
la milice de l'Ile de Bourbon. Beurnon-
ville y épousa une riche créole. Destitué
par le commandant de l'ile , il revint en
France, et reçut en 1789, la croix de
Saint-Louis. Il acheta une charge d'offi-
cier dans la garde suisse du comte de
Provence, depuis Louis XVII I, et fut
nommé maréchal-de-camp, en 1792, par
Louis XVI, puis lieutenant-général. Du-
mouriez sous les ordres duquel il servit à
BEU
283
REU
l'armée du Nord, dans la première guerre
de la révolution, lui donna le surnom
d' Jjax français. Il obtint à celle époque
le commandement d'un corps d'armée, et
eut avec les Autrichiens plusieurs enga-
gemens dans lesquels il eut quelquefois le
dessous. Dans le rapport qu'il lit du combat
de Grew-Machern , on remarquait la
phrase suivante : « Après trois heures
» d'une action terrible , et dans laquelle
» les ennemis ont éprouvé une perte de
» dix mille hommes , celle des Français
» s'est réduite au petit doigt d'un ebas-
» seur. «Les mauvais plaisans s'amusèrent
de cette assertion et firent observer que
le petit doigt ne disait pas tout. En 1793,
Beurnonville fut nommé ministre de la
guerre, mais se croyant plus propre à
6ervir la patrie de son épée que de sa
plume, il donna bientôt sa démission qui
fut acceptée avec peine. Rappelé au mi-
nistère peu de temps après par les Giron-
dins, qui comptaient sur sa fermeté pour
le rétablissement de l'ordre , il faillit de-
venir la victime de quelques assassins, qui
pénétrèrent dans ses appartemens , et au
fer desquels il ne se déroba qu'en escala-
dant les murs de son jardin. Dumouriez
lui ayant fait part de ses projets contre la
Convention , Beurnonville donna lecture
de la lettre qu'il avait reçue , à ce sujet ,
au comité de défense générale , qui l'en-
voyaà l'armée avec les commissaires Ban-
cal , Quinette , Camus et Lamarque -, pour
s'emparer de ce général. Mais Dumouriez
les fit arrêter eux-mêmes et les livra aux
Autrichiens. Beurnonville renfermé d'a-
bord dans la citadelle d'Egra, en Bohème,
fut transféré de là dans les prisons d'Ol-
mutz , en Moravie, et y resta jusqu'au 5
novembre 1795, époque à laquelle s'opéra
l'échange des commissaires contre la fille
de Louis XVI. Après son retour en France,
on lui confia le commandement de l'armée
deSambre-et-Meuse ; il dirigea avec succès
plusieurs opérations sur le Rbin, et, après
le 18 fructidor (4 septembre 1797), il fut
chargé du commandement en chef de
l'armée française en Hollande , fondions
dont il se démit au bout de deux mois ,
à cause de quelques contrariétés qu'on
lui avait suscitées. Nommé inspecteur-
général en 1798, il passa, après le 18 bru-
maire an 8 , à l'ambassade de Berlin et à
celle de Madrid. Il avait été créé grand-
officier de la légion-d'honneur à la fon-
dation de l'ordre, et fut appelé au sénat
le cinq février 1805. A cette époque, il
épousa en secondes noces M,le de Durforl.
Il reçut, en 1808, le litre de comte de
l'empire, fut nommé titulaire de la séna-
torerie de Limoges, obtint, en 1809, celle
de Florence , et en 1813, la grand'eroix de
la réunion. Envoyé, en qualité de com-
missaire de l'empereur à Mézières, il pu-
blia des proclamations analogues aux cir-
constances; mais les progrès de l'armée
ennemie le forcèrent de revenir à Paris.
Après avoir voté dans le sénat la dé-
chéance de Bonaparte , Beurnonville û
partie des cinq membres du gouverne-
ment provisoire , sous l'influence de fil.
de Talleyrand, et se déclara au 5 avril
1814, en faveur du rétablissement de la
dynastie des Bourbons. Appelé au conseil
d'état , le 26 du même mois , par le comle
d'Artois, lieutenant-général du royaume,
il fut fait ensuite par Louis XVIII , mi-
nistre d'état, pair de France et grand-
cordon de la légion-d'honneur. Bona-
parte, revenu de l'ile d'Elbe, l'excepta
de son amnistie. Beurnonville se rendit à
Gand, et revint avec Louis XVIII, qui le
nomma membre du conseil privé par or
donnance du 19 septembre 1815. Il fit
partie de la commission chargée d'exa-
miner les titres des anciens officiers , fut
nommé président du collège électoral de
la IVloselle, en 1815, commandeur de l'or-
dre royal de Saint-Louis en mai 1816,
maréchal de France le 3 juillet de la
môme année, et enfin décoré du cordon
bleu, à la promotion qui eut lieu en oc-
tobre 1820 , à l'ocs asion de la naissance
du duc de Bordeaux. Le comte de Beur-
nonville mourut à Paris le 23 avril 1821,
d'une violente attaque de goutte , sans
laisser d'enfans. Une ordonnance royale
transféra sa pairie, classée parmi les
titres de marquis, à son neveu , le mare-
cbal-de-camp Beurnonville , colonel du
5»»e régiment de lancienne garde royale.
♦BEURRIER ( VixcKXT-ToussAiXT ) ,
prêtre d la congrégation des eudistes ,
né à Vannes le 1er novembre 1715, mort
à Blois le 2 septembre 1782. C'était un
bomme instruit, plein de zèle et de piété.
Il demeura quelque temps à la tète du
grand séminaire de Rennes, et lit ensuite
avec succès des missions dans la Breta-
gne, la Normandie et dans les diocèses
de Chartres , de Paris , etc. On lui
doit | des Remarques théologiques sur
l'administration des sacremens; \ des
Conférences ecclésiastiques sur le sacer-
doce, les fêtes et les mystères, 1779, in-
8" , qui furent bien accueillies et qui fu-
1 rent suivies de 17 autres dirigées contre les
BEV
286
rï:v
ennemis de la religion , ouvrage utile à
tous les curés. On a encore d'. lui | des
Sermons sur les dimanches et fêles de
Vannée et sur plusieurs points de mo-
rale.
BEURRIER (Louis), né à Chartres,
entra chez les céleslins de Taris en 1G13 ,
et mourut le 8 avril 1645 , après avoir
consacré ses loisirs aux études analogues
à son étal. On lui doit | une bonne His-
toire du monastère des célestins de Pa-
ris, 1634 , in-4°; | Fies des fondateurs et
réformateurs des ordres religieux, Pa-
ris , 1655 , in-4° , ouvrage médiocre , qui
ne brille guères du côté de la critique ;
| Plusieurs livres de piété.
BEUVE. Voyez SAINTE-BEUVE.
BEUVELET (Matthieu), né à Marie,
dans le diocèse de Laon, en 1620, prêtre du
séminaire de St.-Nicolas-du-Chardonnet ,
y fit fleurir la science et la piété. Il est
connu particulièrement | Par des médi-
tations, in-4°, sur les principales vérités
chrétiennes et ecclésiastiques , pour les
dimanches, fêtes, et autres jours de l'an-
née , et réimprimées en 1819 , en S vol.
in-12 , avec des corrections , principale-
ment pour en faire disparaître les expres-
sions surannées qui en rendaient la lec-
ture difficile ; | par un Manuel pour les
ecclésiastiques. Il laissa un autre ouvra-
ge , donné au public après sa mort : c'est
| le Symbole des Apôtres , expliqué et di-
visé en Prônes , Paris, Georges Josse ,
1668, in-8°; il est écrit d'un style simple,
familier , mais bas et incorrect.
* BÉVER ( Thomas) , savant juriscon-
sulte anglais , né à Mortimer , dans le
comté de Berk, en 1725, et mort en 1791,
étudia à Oxford et s'y fit recevoir doc-
teur. Après avoir été docteur en droit des
cinq communes, il fut juge des cinq ports
puis chancelier de Lincoln et de Banger.
On a de lui : | Discours sur l'élude de ta
jurisprudence et des lois civiles; | His-
toire de la police judiciaire de l'empire
romain, et de l'origine, des progrès et de
la situation des lois romaines.
BÉVÊlUDGE (Guillaume), lievere-
çius , évèque de Saint-Asaph en Angle-
terre, mort en 1708, à 71 ans, mérite
l'estime des savans de sa patrie et des
pays étrangers. Bossuet était en commer-
ce de lettres avec lui. Ses principaux ou-
vrages sont | Pandectœ Canonum Jpo-
stolorum et Conciliorum, 1672 , 2 vol. in-
fol. Ce livre qui n'est pas commun , est
enrichi de remarques fort estimées. | Co-
dex canonum Ecclcsict primilwœ vuidi-
dicalus, Londres, 1678, in-4°. | réflexions
sur la Religion , Amsterdam, 1751 , in-12:
| Des Institutions chronologiques ,en latin,
Londres, 1669 et 1705, in-4°. Ces ouvra-
ges sont pleins d'érudition; le style en esl
noble, et l'auteur y fait paraître beau-
coup de modestie. Il est à regretter qu'a-
vec tant de lumières l'auteur n'ait pas eu
celle de la vraie foi qui les affermit tou-
tes ; et que ce défaut Tait entraîné dans
des inconséquences et des préventions
contre les catholiques.
* BEVEBIM (Barthélemi) , un de3
plus savans littérateurs du I7S siècle , na-
quit à Lucques, le 5 mai 1629 et mourut
le 24 octobre I68G. Dès l'âge de 15 ans, il
avait fait, sur les principaux poètes du
siècle d'Auguste , des commentaires et des
notes qui lui obtinrent les suffrages des
savans. A seize ans, il se rendit à Rome,
entradans la congrégation des clercs régu-
liers , dite de la Mère de Dieu , et y lit ses
vœux en 1647. Il y professa pendant qua-
tre ans la théologie, puis la rhétorique â
Lucques, et lit honorablement subsister
de ses appointemens son vieux père et sa
famille. Il était en correspondance avec
différens personnages illustres, et Chris-
tine , reine de Suède , lui demandait sou-
vent des vers de sa composition. On a
de lui un grand nombre d'ouvrages ,
tant en latin qu'en italien, dont les prin-
cipaux sont : | Sœculum niveum, Roma
virginea et Vies niveus , trois petits re-
cueils latins sur le même sujet : | De nivi-
bus exquiliniis , sive de sacris nivibus »
publiés à Rome, 1650 , 1651 , et 1052 , cou-
tenant chacun deux discours ou haran-
gues, une idylle latine et une italienne;
| Rime (poésies), Lucques, 1654, in-12,
2' édition augmentée et dédiée à la reine
Christine, 1666, in-12; | Discorsi sacri,
Lucques, 1658, in-12, 2e édition augmen-
tée, Venise, 1682 ; | Enéide di Virgilio *
trasportala in otlavarima , Lucques, 1680,
in-12, plusieurs fois réimprimée. Cette
traduction fut achevée en treize mois;
mais l'auteur la reloucha depuis. | Syntag*
ma de ponde ribus et mensuris, etc., Luc-
ques, 1711, in-8°, ouvrage rempli d'éru-
dition , et suivi d'un Traité des comices
des Romains; \ Plusieurs manuscrits con-
servés à Lucques, entre autres les anna-
les de celte ville , écrites en latin ; Anna-
lium ab origine Lucensis urbis libriXV,
dont plusieurs auteurs ont parle avec
éloge.
RÉVERLWD (Adiues), disciple de
Vôssius, et docteur en droit, naquit à
BEX
287
REX
Middclbourg en Zélande , et mourut dans
un état de démence l'an 1712. Il s'annonça
dans l'Europe littéraire par des infamies.
II lit paraître en 1080 son traité De stolatœ
yirginitath jure , à Leyde , in-8°. Il tra-
vaillait en même temps à un ouvrage
encore plus licencieux, intitulé : De
prostibulis vcterum. Il aurait eu le front
de le publier, sans les conseils de ses
amis, qui l'empêchèrent de le faire. Vos-
sius, son ami, en fit entrer une partie
dans ses noies sur Catulle. Le traité de
Béverland De peccalo originati philolo-
gicè elucubrato, 1678 , in-12 , 1679 , in-8°,
traduit en français , 1714 , in-12 , dans le-
quel il renouvelait l'opinion d' Agrippa,
lui mérita la prison ( Voyez AGRIPPA,
Corneille RYSSEN. ) Ayant acheté chère-
ment sa liberté, il se déchaîna contre les
magistrats et les professeurs de Leyde ,
dans un mauvais libelle , et passa ensuite
en Angleterre , où il employait tout son
argent à des peintures obscènes. On dit
qu'il revint de ses égaremens ; du moins
son livre De fornicatione cavenda t à
Londres , 1697 , in-8° , dans lequel il y a
pourtant encore bien des traits lubri-
ques, l'a fait penser. Il mourut en enfan-
ce, après avoir vécu en fou et en liber-
lin. Sa folie était de croire qu'il était
poursuivi par deux cents hommes qui
avaient conjuré sa perle.
BÉVEllYVYCIv (Jean de), Bevcrovi-
cius, né à Dordrecht le 17 septembre
1594 d'une famille noble. Elevé dès son
enfance sous les yeux de Gérard Jean Yos-
sius,il parcourut différentes universités
pour se perfectionner dans l'étude de la
médecine, et se fil recevoir docteur à
Padoue. Il exerça cette profession dans
sa patrie, où il remplit aussi plusieurs
emplois avec distinction. Il mourut le 19
janvier 1647 , dans la 55e année de son
âge. Ses principaux ouvrages sont | Epi-
stolica quœstio de vitœ lermino, fatali an
tnobili, cum doctoruvi responsis , Dor-
drecht, 16 34, in-8°, et Leyde, 1656, 1659,
4651, in-4°; | De excellcntia sexûsfeminei,
Dordrecht, 1636, 1659, in-12; | De calculo,
Leyde, 1658-1641 , in-8°; | Idea medicinœ
veterum, Leyde, 1657 ; iu-8°; | Traité du
scorbut, en flamand, Dordrecht, 1642,
in-12.
BEXON (Scipiox ou mieux Gabiuel-
LÉopoLD-CnAULEs-AnÉ ) , né à Remire*
mont en mars 1748, embrassa l'état ecclé-
siastique, et se fit connaître par deux
ouvrages, l'un intitulé le Système delà
fermentation, Nancy, 1773; l'autre. Caté-
chisme d'agriculture , Paris, 1777. M. de
Buffon qui le regardait assez gratuite-
ment pour un habile naturaliste , l'associa
à ses travaux. Il est aussi auteur d'une
Histoire de Lorraine, dont il n'a paru
que le premier volume, Paris, 1777, in-8".
Il l'avait dédiée à la reine , qui en recon-
naissance lui procura la place de grand-
chantre à la Sainte-Chapelle à Paris , où
il mourut le 15 février 1784. Si l'on en
croit l'auteur d'une lettre insérée dans les
Aff. et Ami. n° 20, 1784, M. l'abbé Bexon
a bien fait de ne pas achever cet Abrégé
de l'histoire de Lorraine. « II affecle , dit
» ce critique , de prendre partout un ton
» tranchant, décidé, ridiculement Iriom-
» pliant et pédantesque. Si l'on voulait le
» croire, avant lui il n'avait encore paru
» rien de bon sur l'histoire de Lorraine,
» et il lui était réservé d'en donner une
» qui renfermât tout ce qu'on peut dési-
» rer sur cet objet. On aurait été enchanté
» qu'il eût tenu parole. Mais qu'est-il ar-
» rivé? que sa production est tombée dès
» le moment qu'elle a paru , et qu'on a
» proscrit son auteur pour avoir abusé
» de la facilité de mal faire un ouvrage
» qu'il est si difficile de bien faire. «Celte
critique a paru un peu sévère; l'ouvrage
est jugé avec plus d'indulgence dans le
Journal historique et littéraire, 15 mai
1777, pag. 81. On a encore du même,
Oraiso?i funèbre de la princesse Char-
lotte de Lorraine, abbesse de Remiremont.
Le nom de Scipion est celui sous lequel
il a fait paraître son histoire de Lorrai-
ne, quoique ce ne fût pas le sien.
* B£X0\ ( Scipion-Jerome ) , frère de
l'abbé de ce nom, et un des collabora-
teurs de Buffon, naquit à Remiremont
vers 1753 , et se fit recevoir avocat. En
1787, il devint conseiller intime de la
princesse Louise-Adélaïde de Bourbon ,
abbesse du chapitre royal de Remire-
mont. Au commencement de la révolu-
tion, il fut successivement procureur de
la commune , accusateur militaire , accu-
sateur public, président du comité de bien-
faisance à Cacn , et enfin électeur de Pa-
ris. De 1796 à 1799, il présida le tribunal
criminel de la Seine , et , en 1800 , il de-
vint vice-président du tribunal de pre-
mière instance. Son esprit d'indépendance
et son amour pour la liberté, qui l'avait
mis en opposition avec le gouvernement
impérial, le firent révoquer en mars
1808, par suite d'un décret qui ordon-
nait l'épuration des tribunaux : alors il
reprit sa profession d'avocat , et s'occupa
KEY
288
BEZ
fen môme temps de la composition d'ou-
vrages de jurisprudence , où l'on trouve
une connaissance approfondie de la théo-
rie des lois , et où il règne beaucoup
d'ordre et de méthode. Il est mort à
Chaillot, près Paris, le 17 novembre 1825.
il a publié | Journal de justice civile, cri-
minelle, commerciale et militaire, Pa-
ris, 1796, in-8°; | Mémoire adressé au
gouvernement français, sur la forme de
la procédure par jurés , et sur l'utilité
d'un tribunal de correction paternelle,
1 799 , in-8° ; | Parallèle du code jiénal
d'Angleterre avec les lois pénales fran-
çaises, et Considérations sur les moyens
de les rendre plus utiles, 1800, in-8°;
[Développement de la théorie des lois cri-
minelles par la comparaison de plusieurs
législations anciennes et modernes , Pa-
ris, 1802, 2 vol. in-8°. Cet ouvrage, offert
par l'auteur au corps législatif , lui mé-
rita les suffrages les plus flatteurs , et
lui valut la médaille d'or de l'académie
de Berlin. | Application de la théorie de
la législation pénale , ou Code de la sû-
reté publique et pai-ticulicre , fondée sur
les règles de la morale universelle et sur
le droit des gens , 1807 , in-folio. Le grand
juge d'Italie lui écrivit, à l'occasion de
cet ouvrage, une lettre très flatteuse,
comme la Bavière venait de le faire pour
réclamer la communication de ses idées
et de ses plans pour la rédaction d'un
code criminel. | Du pouvoir judiciaire
en France cl de son inamovibilité , 1814,
in-8° ; | de la liberté de la presse et des
moyens d'en prévenir et d'en réprimer
les abus , 181/*. Il a aussi donné un Cours
de législation dans les Annales de juris-
prudence.
BK Y ERLOK (Laurent ), archidiacre
d'Anvers, sa patrie, et directeur du sé-
minaire , mourut le 7 juin 1627 , à 49 ans.
11 publia une nouvelle édition du Mag-
num Thealrum vitœ humanœ de Zwid-
ghez., avec des augmentations considéra-
bles , en 7 vol. in-fol. On a encore de lui
Biblia sacra variarum translalionum,
5 vol. in-fol., à Anvers, et d'autres ou-
vrages.
♦ BEYER (N. ), mort en janvier 1819,
n'est connue que par un ouvrage intitulé :
Aux amateurs de physique, sur l'utilité
des paratonnerres, 1806, in-8"avec une
planche.
BEYER US. Voyez BEIER.
BEYS ( Gilles ) , imprimeur de Paris
au 16e siècle , employa le premier les con-
sonnes j et v , que Ramus avait distin-
guées , dans sa grammaire , de 17 et de
Vu voyelles. Il mourut en 159"). Il avait
épousé une fille du célèbre imprimeur
Plantin.
BEYS (Chaules de), poète français
né à Paris vers 1610 , était contemporain
et ami de Scarron qui le comparait à
Malherbe. Il y a aussi loin de l'un à l'au-
tre que du Virgile travesti à l'Enéide.
On a de lui plusieurs pièces de théâtre ,
dont aucune n'est restée sur la scène. Il
mourut en 1659. Ses OEuvres poétiques
parurent en 1651 , in-4°.
* BEZ.VBD (P.) , curé dans le diocèse de
Dijon, mort vers 1822, a traduit de l'al-
lemand l'ouvrage intitulé : Entretien
d'un père avec ses enfans , sur la doc-
trine du bonheur, ou la religion de la
raison, Dijon, 1825, 1 vol. in-12.
* BEZBOBODKO (Alexandre, prince ),
né en 1742 , dans la petite Russie, après
avoir achevé ses études à l'université de
Kiew , fit ses premières armes dans la
guerre contre les Turcs , sous les ordres
du maréchal Romantzof, dont il devint
secrétaire. Après la conclusion de la
paix, en 1775, l'impératrice Catherine II
le nomma colonel, secrétaire-d'élat , et
plus lard conseiller privé, maître de la
cour, membre du collège des affaires
étrangères, et enfin ministre de l'inté-
rieur. Durant son ad minist ration, les
beaux-arts , les sciences et les lettres fu-
rent protégés; en 1791 , après la mort du
prince de Potemkin , il dressa le nouveau
traité de paix entre la Russie et la Tur-
quie, et eut la gloire de le faire signer à
Jassy.oùil s'était rendu avec le titre de
grand-plénipotentiaire : la croix de Saint-
André lui fut conférée à son retour. Paul
Ier, successeur de Catherine II , le nomma
à son couronnement prince, avec le titre
d'altesse, grand-chancelier, etc. Bezbo-
rodko avait formé une belle collection
de tableaux, dont un grand nombre étaient
l'ouvrage du peintre français Yernet dont
il faisait le plus grand cas. Ses connais-
sances étaient très-étendues, et l'on cite
encore comme modèles , ses dépèches et
ses manifestes, à cause de l'élégance et
de la pureté avec lesquelles il les écri-
vait. Sa facilité au travail était extrême.
Appelé un jour devant Catherine pour
lui lire un ukase qu'elle l'avait chargé de
rédiger, et qu'il avait complètement ou-
blié, il tira sans se déconcerter un papier
blanc de sa poche , et lut à haute voix un
édil de la rédaction duquel l'impératrice
fut tellement satisfaite qu'elle voulut y
BEZ
289
HEZ
mcllre sur-le-champ sa signature. Elle
ne fut pas peu étonnée lorsqu'il lui avoua
son stratagème qu'elle lui pardonna en
faveur d't;n talent si rare. Ce fut même
peu de temps après quelle le créa mi-
nistre. Ce prince mourut célibataire, à
Saint-Pétersbourg , en 1799, laissant toute
8a fortune à son frère.
BÈZE (Théodore de), naquit à Vé-
zelai en Bourgogne, le 24 juin 1519. II
fit ses premières études à Paris auprès
d'un de ses oncles conseiller au parle-
ment. On l'envoya ensuite à Orléans,
puis à Bourges , où Melchior Wolmarlui
donna des leçons de grec et de latin , et
lui communiqua son goût pour les nou-
velles erreurs. De retour à Paris , il s'y
lit rechercher par les agrémens de sa fi-
gure et de son esprit , et par ses talens
pour la poésie. Ses épigrammes et ses
pièces latines lui firent un nom parmi
les jeunes libertins. Il chanta la volupté
avec la licence de Pétrone. Ses poésies
étaient l'image de ses mœurs. S'étant dé-
fait de son prieuré de Long-Jumeau,
qu'il posséda quelque temps malgré ses
liaisons publiques avec une femme, il
se retira à Genève et ensuite à Lau-
sanne, pour y professer le grec. Neuf
ans après, Calvin son maître le rappela
à Genève, et l'employa dans le minis-
tère. En 1561 , il se trouva, à la tête de
13 ministres de la réforme , au colloque
de Poissi. Ce fut lui qui porta la parole
dans celte assemblée où Charles IX , la
reine-mère et les princes du sang se
trouvaient : mais ayant avancé « que
»J.-C. était aussi éloigné de l'eucharistie,
» que le ciel l'est de la terre , » ces paroles
scandalisèrent l'auditoire et irritèrent la
cour. Bèxe eut honte de son peu de rete-
nue , et adoucit ses expressions dans une
lettre qu'il adressa à la reine. La guerre
civile n'ayant pas été éteinte par ce col-
loque , Bèze s'arrêta auprès du prince de
Coudé, et se trouva avec lui à la bataille
de Dreux en 1502. L'année d'après il se
retira à Genève, et fut le chef de cette
église , après la mort de Calvin , dont il
avait été le coadjuteur le plus zélé et le
disciple le plus fidèle. La qualité de chef
de parti enfla son orgueil et aigrit son
caractère. Il traita les rois, comme il trai-
tait les controversistes : Antoine de Bour-
bon , roi de Navarre, était un Julien;
Marie Stuart , une Médée , etc. Il fut la
trompette delà discorde durant les guer-
res civiles. De Genève , il animait tous
ses disciples répandus dans l'Europe. On
2.
l'accusa d'avoir suscité la Benaudie, pour
former la conspiration d'Amboise , en
1560, d'avoir sollicité Poltrot à tuer le
duc de Guise , en 1563 , etc. Il tâcha de se
défendre de ces accusations , mais ses rai-
sons ne purent le justifier. En 1569 , il
vint en France pour pervertir une de ses
sœurs qui était religieuse; mais elle lui
reprocha ses impiétés, et refusa de l'é-
couler. Il avait travaillé aussi inutile-
ment auprès de son père, auquel il avait
envoyé sa confession de foi en français.
Il fut appelé plusieurs fois , pour assister
à des conférences , à Berne et ailleurs.
En 1571 , il présida un synode tenu à la
Rochelle. Il mourut à Genève en 1605 ,
à l'âge de 86 ans, regardé comme un poète
licencieux et un théologien emporté. Il
épousa dans sa vieillesse une jeune fille ,
et se trouva dans une telle pauvreté, qu'il
ne subsistait que des libéralités qu'on lui
faisait en secret. Il a achevé la traduction
des Psaumes , que Marot avait entreprise ;
mais le continuateur est moins heureux
dans le tour et dans l'expression. Ses
poésies latines furent publiées sous le li-
tre de Juvenilia Besœ , 1548, in-4°, il ont
Barbou a donné une nouvelle édition,
in-12 , 1757, avec les poésies de Muret et
de Jean Second. Dans un âge plus avancé,
il en supprima plusieurs endroits licen-
cieux , et publia ses Poésies sous le titre
de Poemala varia,, dont la meilleure,
édition est de Henri Etienne , 1597, in-4°
Ce trait peut faire penser que ses mœurs
ne furent pas toujours dépravées , ou du
moins qu'il cessa de vouloir dépraver
celles des autres. Ses principaux ouvrages
en prose sont | Une traduction latine du
Nouveau Testament , avec des notes;
| Un Traité du droit que les magistrats
ont de punir les hérétiques , traduit en
français par Cclladon , Genève, 1560,
in-8°. Ce livre, fait au sujet du supplice
de Servet , est plus rare en français qu'en
latin; | Confessio chrislianœ fidei , 1560,
in-8°; | La Mappemonde papislique ,
1567 , in-4° ; | Histoire des églises ré-
formées > 1580, 5 vol. in-8°; | Le Réveil
matin des Français, 1574, in-8°. | Icô-
nes virorum illuslrium, 1580, in-4°;
| Vie de Calvin, Genève, 1563, année
de la mort de cet hérésiarque. On a de
lui en vers français , très inférieurs à
ses poésies latines , la comédie du Pape
malade, la tragédie du Sacrifice d'.l
braham, Calon le Censeur , etc.
BÈZE ( le Père de , ) jésuite français ,
employé dans les missions des Indes sur
iîi:z
290
BIA
ia fin du 17e siècle , y lit de curieuses et
utiles observations de physique et de ma-
thématiques qui furent envoyées à l'aca-
démie des sciences, de 1666 à 1699. On
a aussi de lui Description de quelques
arbres et de quelques plantes deMalaque,
avec des annotations du Père Gouge ,
jésuite. Un autre de BÈZE , chanoine de
Saint-Opportune , a donné un poème in-
titulé L'erreur confondue, 1768 , in-12.
BEZENVAL. Voyez BESENVAL.
* BEZIERS ( Michel ) , chanoine du
Saint-Sépulcre , et membre des académies
de Cherbourg et de Caen , né à Saint-
Malo , mort à Caen en 1782 , a donné :
| Chronologie historique des baillis et des
gouverneurs de Caen* 1769, in-12; | His-
toire sommaire de la ville de Bayeux ,
1775, in-12 ; | des Dissertations dans les
Journaux , et articles dans les Diction-
naires de Moréri , d'Expilly, de la No-
blesse, etc.
r.EZOXS ( Jacques BAZIN, comte de ) ,
maréchal de France, fils d'un conseiller
d'état, commença à servir en Portugal,
sous le comte de Schomberg , en 1667. Il
se signala ensuite dans grand nombre de
sièges et de combats, jusqu'à l'an 1709,
qu'il obtint le bâton de maréchal de
France. Il prit Landau en 1713, et fut
conseiller au conseil de régence, après
la mort de Louis XIV. Le maréchal de
Bezons mourut en 1733 , à 88 ans , re-
gardé comme un homme également pro-
pre à paraître à la cour et à la tète des
armées.
BEZOrVS (Armand BAZIN de), frère
du précédent, docteur de la maison et so-
ciclé de Sorbonne, s'éleva par son mé-
rite, et surtout par le crédit de son frère
à différentes places. Il fut agent-général
du clergé de France , puis évèque d'Aire,
ensuite archevêque de Bordeaux, de
Rouen, membre du conseil de la régence,
et chargé de la direction des économats
après la mort de Louis XIV. Il mourut à
Gaillon en 1721 , à 66 ans.
* BEZOUT ( Etienne ), né à Nemours,
le 31 mars 1730. Obligé , par son peu de
fortune, de donner des leçons particu-
lières de mathématiques, il en cultiva
les parties élevées avec persévérance et
succès. 11 se fit connaître de bonne heure
de l'académie des sciences par plusieurs
mémoires ; elle l'admit dans son sein en
1758, et il fut placé en 1763, par M. de
tihoiseul , à la tête de l'instruction de la
marine royale , comme examinateur des
gardes du pavillon et de la marine. Il
composa pour ces jeunes officiers nn
cours complet de mathématiques qui fit
époque dans ce genre d'ouvrage , soit
par sa clarté , soit par le degré d'éléva-
tion où la science s'y trouvait portée.
Dans un grand nombre de notes, distin-
guées du corps de l'ouvrage par un ca
ractère plus petit, l'auteur ahorde les
questions les plus difficiles. On lui a re-
proché, avec raison, d'avoir commis
quelques fautes contre l'exactitude , et
et d'avoir souvent négligé la rigueur des
démonstrations. En 1768, Bezout obtint
la place d'examinateur de l'artillerie, va-
cante par la mort, de Camus ; et bientôt
il prépara pour les élèves de ce corps une
édition de son cours , dans laquelle il sub-
stitua des applications tirées du service
de l'artillerie à celles qui concernaient la
marine. Bezout mourut à Paris, le 27
septembre 1783. Ses ouvrages sont :
| Cours de mathématiques à l'usage des
gardes du pavillon et de la marine, Paris,
6 vol. in-8°, y compris un Traité de na-
vigation. La première édition est de 1764-
69; la dernière , faite du vivant de l'au-
teur, est de 1781 et 82. | Cours de mathé-
matiques à l'usage du corps royal de l'ar-
tillerie, Paris, in-80., k vol. La première
édition fut faite à l'imprimerie royale
dans les années 1770-1772. On a réimpri-
mé ces cours un grand nombre de fois.
Quelques parties ont été accompagnées
de notes parmi lesquelles nous citerons
celles de M. Garnier et celles de M. Bey-
naud. M. Peyrard a réuni, dans une
même édition, les applications particu-
lières au Cours à l'usage de l'artillerie,
avec le Cours à l'usage de la marine.
| Théorie générale des équations algé-
briques , Paris , 1779 , in-4°, 1 vol.
* BIAG1 (J.-Marie de), savant gram-
mairien et professeur d'éloquence à Ro-
veredp, sa patrie, mort en 1777, com-
posa : | la Préface d'une édition de saint
Jean Chrysostôme , Boveredo , 1755 ;
| quelques livres de piété; | et un petit
traité de Situ Juslrice subjectarumque
regionum , 1772.
• BIAGI ( Clément ) , né à Crémone
dans l'état de Venise. Son nom est la tra-
duction de celui de Blasius , dont nous
faisons Biaise, en fiançais. Il entra dans
l'ordre des bénédictins, et fut nommé
professeur de théologie à l'école de la Pro-
pagande. L'ouvrage qui lui a concilié le
plus d'estime dans le monde savant, est
intitulé : Tractatus de decrelis Athénien-
sium, Rome, 1785, in-/»0. Ce volume , d'une
BIV
291
BIA
très belle exécution, lui lire a deux cent
cinquante exemplaires seulement. Craig
avait essayé de tracer les premières lignes
sur ce sujet difficile et trop peu connu ;
mais son ouvrage est d'une grande fai-
blesse Biagi , au contraire , a répandu
la plus vive clarté sur cette matière. Il
a fait preuve , dans son traité , d'une sa-
gacité peu commune, et d'une grande con-
naissance de tout ce qui concerne la légis-
lation et l'administration dans les répu-
bliques de la Grèce, et particulièrement
dans celle d'Athènes. Il entre mieux que
Petit dans l'esprit de la législation de Solon,
él il corrige ou complète en plusieurs en-
droits les Fastes attiques de Corsini. Quoi-
qu'érudit et archéologue , on peut repro-
cher à Biagi une grande négligence dans
sa manière d'écrire le latin. On a encore
du même auteur les deux ouvrages sui-
vans : | Ragionamento sopra un aniica
statua singularissima, scoperta ncll'agro
romano, Roma, 1772, in-8°; | Monumenta
grœca et lalina ex musœo Jac. Nanti,
descripta à Cl. Biagi. Roma, 1787, in-4°,
fig. Biagi a traduit en italien le diction-
naire de théologie de l'abbé Bergier , et
y a ajouté des notes. Il n'a pas été pos-
sible de constater l'époque de la mort
de cet écrivain.
* BIADIOM'I ( Joseph-Louis ), pro-
fesseur d'éloquence, membre honoraire
de l'institut impérial et royal de Milan,
né vers 1750 , à Vintimiglia , ville épisco-
pale du duché de Gênes, entra de bonne
heure dans les ordres sacrés , et dirigea
l'éducation de quelques jeunes gens de
famille noble. Le prince de Kewen-
Huller confia plus tard la direction de sa
bibliothèque à l'abbé Biamonti, qui devint
successivement professeur d'éloquence à
l'université de Bologne , et de littérature
italienne à celle de Turin. Outre quelques
discours prononcés dans diverses occa-
sions solennelles, on a de lui : | Une
Grammaire italienne ; \ un Traité sur
l'art oratoire; \ quelques pièces de vers ,
| deux Tragédies : Iphigénie en Tauride,
dont les hellénistes font beaucoup de cas,
et Sophonisbe ; \ Des traductions en prose
italienne de Sophocle, et de quelques
morceaux d'Eschyle, de l'Iliade, des
Olympiques de Pindarc et de la Poétique
d'Aristote. L'abbé Biamonti qui connais-
sait bien l'hébreu ainsi que ses dialectes
syriaque et chaldaïque , a laissé ina-
chevée une traduction du livre de Job.
Il est mort à Milan , le 13 octobre 1824 ,
dans un âge avancé.
* BIANCANI ( Joseph), jésuite, ma-
thématicien et astronome italien , mort à
Parme en 1624, était en outre versé dans
l'histoire, la philosophie et les belles-
lettres. Ses ouvrages les plus importans
sont : | Arislotelis loca mathemalica ex
omnibus ejus operibus collecta, Bologne,
1615 ; | Brevis introduclio ad Geogra-
phiam; \ Sphœra mundi, seu Cosmogra-
phia demonstrativa , ibid. , 1620.
BLANCHI ( Pierre ), naquit à Rome
en 1694. Ce peintre réussit également
dans l'histoire , les paysages , les portraits,
les marines et les animaux. Ses ouvrages
sont à Rome où il mourut le 12 mars
1740. Il se distingua par la correction de
son dessin , et par la vigueur dé son co-
loris. Il perfectionna beaucoup lés figures
d'anatomie en cire coloriée.
* RI A M; II I ( Jean Antoine ) , religieux
observan!in, né à Lucques, le 2 octobre
1686 , mort à Rome en 1758 , professeur
de théologie , examinateur du clergé ro-
main et consulteur de l'inquisition. Son
principal ouvrage est une réfutation de
l'histoire de Naples des Giannone, intitu-
lée De la puissance et de la discipline de
l'Eglise, en deux traités, 5 vol. in-4°. Il
l'écrivit, dit -on, par l'ordre du pape
Clément XII. Il composa aussi diverses
tragédies et un livre en faveur des théâ-
tres , qui lui fit peu d'honneur.
* BIANCIII ( Marc- Antoine), juris-
consulte italien, naquit à Padoue, en
1498. Il se distingua au bareau par son
éloquence, et dans les consultations, par
beaucoup de savoir , de justesse d'esprit
et de probité. Il fut nommé, en 1525.
dans l'université de Padoue, troisième
professeur de droit impérial ; en 1552 ,
deuxième professeur des décrétales; et
enfin, en 1544, professeur en chef du
droit criminel, place qu'il remplit jus-
qu'à sa mort, arrivée le 8 octobre 1548.
Bianchi n'a laissé que des ouvrages de sa
profession , qui sont tous écrits en latin :
| Tractatus de indiciis homicidii ex pro-
posito commissi, etc., Venise, 1545, in-
fo!.; 1549, in-8° ; | Praclica criminalis
aurea, Venise, 1547, in -8°; | Cautela?
singulares ad reorum defensam, ordi-
nairement imprimé à la suite de sa Prac-
tica criminalis ; \ Tractatus de compro-
missis faciendis inter conjunctos, et de
exceptionibus impedientibus litis ingres-
sum, Venise, 1547, in -8", réimprimé
plusieurs fois.
* BIANCHI ( François FERRARI , dit
IL FRARI ) , peintre et sculpteur mode-
BIA
292
BIA
nois , fut , suivant quelques écrivains ,
le maître du Corrège. On ne sait pas la
date de sa naissance. Vedriani , dans ses
Vite de Pittori, Scultori, ed Archilctti
modenesi, Modène, 1662, in -k° , ne
donne pas de détails à cet égard , en nous
apprenant que le Corrège étudia sous
Bianchi. On connaît un de ses tableaux ,
qui est à St.- François à Modène. Bianchi
mourut en 1510 , sans avoir pu pressentir
a quel haut rang se placerait son élève ,
qui ne commença à se faire connaître
qu'en 1512.
BIANCHI ( Jean -Baptiste ), célèbre
anatomiste italien né à Turin le 12 sep-
tembre 1681. Docteur à l'âge de 17 ans, il
enseigna son art à Turin où le roi de
Sardaigne fit bâtir pour lui en 1715 un am-
phithéâtre commode. En 1718 il professa
aussi la pharmacie, la chimie et la pra-
tique médicale ; il fut nommé membre de
l'académie des curieux de l'analomie de
la nature. Il mourut le 20 janvier 1761.
Ses principaux ouvrages sont : | Duclus
lacrymales novi, eorum anatome, usus,
morbi, curaliones , Turin , 1715, in-k°,
Leyde, 1723. | De lacteorum vasorum
])ositionibus el fabrica, Turin, 1743, in-
A° ; | Storia delmortro di due corpi ,
Turin, 1749, in-8°. \Letlera sull' insensi-
bilita, Turin, 1755, in -8°. C'est une ré-
futation de Halley ; | Hisloria hepalica ,
seu de hepatis structura, usibus et mor-
dis, Turin , 1710 , in-4° , 1716 , in-4° ; Ge-
nève , 1725 , 2 vol. in-4°. Bianchi a écrit
des dissertations curieuses dont quelques-
unes sont insérées dans le Théâtre analo-
gique de Manget.
* BIANCHI ( Antoine ) , vénitien , et
simple garçon gondolier à Venise au mi-
lieu du 18e siècle , composa deux poèmes
où il y a de l'imagination , de la verve ,
en un mot de la poésie ; ce sont : | Il
Davide, re d'israele, poertia - eroico-
sagro , di Antonio Bianchi, servitor di
gondola Veneziano , canti XII , Venise,
1751 , in-fol. , reimprimé la même année
avec un oratorio dramatique intitulé :
Elia sut Carmelo , ibid. , in-8°. | Il Tem-
pio, owero il Salomone , canti X, Venise,
1753, in-4°. Il publia aussi un ouvrage de
critique, intitulé : | Osservazioni conlro-
critiche di Antonio Bianchi, sovra uti
tralato délia commedia ilaliana , etc. ,
Venise , 1752 , in-8°. Joseph-Antoine Cos-
tantini , auteur de ce traité sur la comédie
italienne, répondit aux Observations, et
dans sa réponse, avança qu'elles n'étaient
pas du gondolier Bianchi, et que le
poème de David n'en était pas non plus
Bianchi se fâcha , et déclara dans la pré-
face de son second poème, qu'il était prêt
à prouver, de la manière qu'on l'exige-
rait , que le David et les Observations
étaient de lui.
151 \\GHI.\I ( Fraxçojs ) , né à Vérone
le 13 décembre 1662, d'une famille dis-
tinguée, s'illustra dès sa jeunesse par l'é-
tablissement de l'académie des AletofiU ,
c'est-à-dire, des amateurs de la vérité.
Cette compagnie , spécialement consacrée
aux matières de mathématiques et de
physique , recevait des lumières de son
fondateur. Le cardinal Ottoboni, depuis
pape sous le nom d'Alexandre VIII, le fit
son bibliothécaire. Il eut ensuite un cano-
nicat dans l'église de Ste-Marie de la Bo-
tonde, et puis dans celle de Saint-Lau-
rent in Damaso. Il fut secrétaire des
conférences sur la réforme du calendrier.
Clément XI , qui connaissait tout son mé-
rite, le nomma à cette place. Innocent
XIII et Benoit XIII lui donnèrent des
marques publiques de leur estime. En
1705 , le sénat l'agrégea à la noblesse ro-
maine , honneur qu'il étendit à tous ceux
de sa famille , et à leurs descendans. Ce
savant mourut en 1729 , membre de plu-
sieurs académies. Il y avait 8 ans qu'il
s'occupait à faire des observations qui
pussent le conduire à tracer une méri-
dienne pour l'Italie. Les citoyens de Vé-
rone lui firent ériger après sa mort un
buste dans la cathédrale, distinction
qu'ils avaient déjà rendue à la mémoire
du cardinal Noris. On a de Bianchini
| Palazzo di Cesari, Vérone, 1738, in-
fol. figures. | Incrizioni Sepolcrali délia
casa di Augusto, Borne, 1727, in-fol.
Ces deux ouvrages prouvent qu'il con-
naissait bien les antiquités. | Une édition
d'Anastase le Bibliothécaire De vitis Ro-
manorum Pontificum , 1718-1723, en
k volumes in-fol. , avec des notes , des
dissertations , des préfaces , des prolégo-
mènes et des variantes. L'érudition y
est répandue avec profusion, mais le
livre est plein de fautes typographiques.
| Des pièces de poésie et d'éloquence.
| Histoire universelle, en italien, impri-
mée à Borne , in-V, 1697 , avec figures.
Quoiqu'elle contienne quelques sentimens
particuliers, elle est recherchée, parce
que l'auteur s'appuie sur les monumens
de l'antiquité. | De Calendario et cyclo
Cœsaris , ac de Paschali canone sanctt
Hippolyti martyris , disserlationes duœ ,
Rome, 1703, in-fol., ouvrage savant et
BIA 29
généralement estimé. | De tribus generi-
fnis inslrumentorum musicce veterum or-
ganiat , Rome, 1743. C'était un savant
universel. — Il ne faut pas le confondre
avec Josepii BIANCHINI , aussi véronois,
son neveu, oratorien de Rome , qui a écrit
contre le Bellum Papale de Thomas Ja-
mes ( voyez ce mot et BUKENTOP ). Sa
réponse se trouve dans le recueil intitulé
/Induite canonicarum Scripturarum
Vulgdtœ edit. Rome, 1740, in- fol. lia
aussi publié un Recueil de Discours qui
retracent Ce que la maison de Médicis a
fait en faveur des sciences et des arts.
Venise , 1741 , in-fol. , en italien, orné de
figures.
B1AIVCO ou RIANCHO ( André ) , géo-
graphe de Venise , né vers l'an 1450 , a
laissé un recueil de cartes hydrographi-
ques , restées long-temps en oubli dans la
bibliothèque de Saint-Marc. Vincent For-
maleoni, à qui l'abbé Morelli les fit con-
naître, en copia trois qui furent insérées
dans l'ouvrage intitulé Saggio sulla nau-
tica anlicadc Veneziani , Venise, 1783.
Les cartes de Rianco nous font connaître
l'étendue de la navigation des Vénitiens
avant la découverte du Nouveau-Monde,
et" celle du cap de Bonne -Espérance, les
côtes de la Méditerranée et de la mer
Noire y sont représentées avec exacti-
tude.
♦ BIYTVCOLINI (Je an -Baptiste -Jo-
seph) , littérateur, né à Vérone, mort en
1780, travailla toute sa vie, malgré ses
occupations commerciales, à l'élude de
l'histoire et à la recherche des manuscrits
de sa patrie. On lui doit : | une édition
augmentée de la Chronique de la ville de
Vérone , par Pierre Zagata , très estimée ,
Vérone, 1745-49, 2 vol. in-4°; | Notice his-
torique des églises, des évéques et des
gouverneurs de Vérone , 1757. Il travailla
également à la Collection des traductions
des historiens grecs.
•BIANCOM ( Jean-Louis ), célèbre
médecin et littérateur italien , né à Bolo-
gne le 30 septembre 1717 , fut reçu doc-
teur en 1742 , et s'acquit en peu de temps
une réputation due à son savoir et à la
régularité de ses mœurs. Appelé à la cour
du landgrave de Hesse , il y demeura six
ans : en 1750 il se rendit à Dresde , muni
d'une lettre de recommandation du pape
lienoit XIV pour le roi de Pologne Au-
guste III. Ce monarque le nomma son
conseiller aulique , l'admit dans son inti-
mité et lui fit faire un brillant mariage.
La cour lui confia plusieurs affaires im-
5 BIA
portantes qu'il remplit avec habileté et
bonheur. Enfin il fut nommé en 1764 mi-
nistre résident en cour de Rome. Bian-
coni mourut subitement à Pérouse le 1er
janvier 1781. Il fut universellement re-
gretté. On a de lui | Une bonne traduc-
tion de VAnatomie de Winslow, Pologne,
1745 , 6 vol. in-8°. | Une Dissertation sur
l'électricité , écrite en français, adressée
au comte Algarotti, et publiée en Hol-
lande en 1748, in-8° ; | Letteresopra alcune
particolarila délia Baviera e di altri
paesi délia Germania, Lucques, 1763;
| Lellere sopra Cornelio Celso , Rome,
1779, pleines d'érudition et de goût,
| Une Dissertation sur le cirque de Ca-
racalla, écrite en italien et en français,
superbe édition, ornée de 19 belles gra-
vures, Rome, 1790. Il fut un des créa-
teurs des Ephémèrides littéraires de
Rome, auxquelles il fournit plusieurs
morceaux inléressans, entre autres l'é-
loge du docteur Mengs , qui fut réimpri-
mé séparément en 1780.
BIARD ( Pierre ) , célèbre sculpteur ,
né en 1559, mort à Paris, sa patrie, en
1609 , âgé de 50 ans. Il avait fait le voyage
de Rome, pour s'instruire dans son art
d'après les grands modèles qu'offre cette
ville fameuse; il revint à Paris avec de
riches connaissances. Le chef-d'œuvre de
cet artiste était la statue équestre de
Henri IV, qu'on voyait en bas-relief sur
la grande porte qui est au milieu de la
façade de l'Hôtel- de -ville. En 1562 des
séditieux l'endommagèrent. La figure de
ce roi était si bien placée , son visage était
si ressemblant et si majestueux, que, selon
bien des connaisseurs, c'était le meilleur
portrait que l'on en eût. Il fut détruit
pendant la révolution.
1HARD ( Paul ) , jésuite , né à Greno-
ble , entra de fort bonne heure dans la
société et fut un des premiers mission-
naires envoyés au Canada. Il eut beau-
coup à souffrir des peuples barbares aux-
quels il portait la lumière de l'Evangile,
et il commençait à les adoucir, lorsqu'une
expédition anglaise le renvoya en France,
après l'avoir fort maltraité en haine du
catholicisme et des jésuites. Il professa 9
ans la théologie à Lyon, et mourut à Avi-
gnon en 1622. On a de lui une Relation
de la nouvelle France, et du voyage que
les jésuites y oint fait, Lyon, 1606, in-12,
insérée dans les lettres édifiantes ; et
quelques autres ouvrages sur lesquels on
peut consulter la bibliothèque du Dau-
phiné. g5t
BIB
294
BIB
BIAS, iils de Teutamus, natif de
Priène , ville de Carie , l'un des sept Sages
de la Grèce , et suivant quelques anciens,
le plus sage , ce qui cependant n'est pas
beaucoup dire, naquit vers l'an 570 avant
J.-C. et florissait vers l'an G08. Il com-
mença à se faire connaître par le rachat
de quelques fdles capthes. On lui attribue
plusieurs bons mots. Quelqu'un lui ayant
demandé ce qu'il y avait de plus difficile
à faire , il dit que c'était de supporter un
revers de fortune... S'étant trouvé au
milieu d'une tempête furieuse, il enten-
dit des impies qui priaient les dieux :
Taisez-vous , leur dit- il, de peur qu'ils
ne s'aperçoivent que vous êtes sur ce
vaisseau... Il avait coutume de dire qu'un
homme qui ne pouvait supporter l'infor-
tune, était véritablement malheureux..»
Une autre de ses sentences était celle-ci :
Puisque le monde est plein de méchan-
ceté j il faut aimer les hommes comme si
l'on devait les haïr un jour... On rap-
porte que durant le siège de sa patrie , il
répondit à quelqu'un qui lui demandait
pourquoi il était le seul qui se retirait de
la ville sans rien emporter , Je porte tout
avec moi... Diogène Laè'rce assure qu'il
composa plus de deux mille vers sur
l'Ionie , et qu'il expira entre les bras d'un
iils de sa fille , en plaidant pour un de
ses amis. Ses concitoyens , que ses leçons
n'avaient pas rendus sages , eurent l'ex-
travagance de lui consacrer un temple.
* BIBAUC ou BIBAUT ou Bibaucius ,
(Guillaume), général des chartreux, né
à Tielt en Flandre, était professeur à
Gand , où son éloquence et son érudition
le faisaient regarder comme un prodige.
' Un jour le tonnerre tomba au milieu de
sa classe et blessa plusieurs de ses audi-
teurs. Cet accident le frappa tellement,
qu'il fit le vœu de se faire chartreux, et
il l'exécuta l'an 1500. Après avoir passé
par les principaux emplois de son ordre ,
il en devint général enl521 ; il gouverna
avec sagesse , et mourut le 24 juillet 1555.
On a de lui des discours prononcés dans
les chapitres de l'ordre, intitulés Oratio-
nes et conciones capitulares , publiés par
Josse Hess , prieur de la chartreuse d'Er-
furt, et deux petits poèmes sur saint Joa-
chim, imprimés à la fin de la vie de
J. C. de Ludolphe. Paris, 1534, in -fol.
( Voyez LUDOLPHE de SAXE }. Levin
Ammon, chartreux de Gand, a publié la
vie de Bibauc.
BIBIANE ( sainte), vierge romaine.,
illustre par sa foi et ses vertus, souffrit,
à ce que l'on croit, sous Julien l'Apostat
Ammien-Marcellin nous apprend que ce!
empereur établit Apronien gouverneur
de Rome, en 563, et qu'Apronien étant
en roule pour venir dans cette ville, eut
le malheur de perdre un œil. Cet officier
aussi superstitieux que son maître , attri-
bua cet accident au pouvoir de la magie-,
et dans cette folle persuasion, il résolut
d'exterminer les magiciens, nom sous
lequel on entendait les chrétiens ( nou-
velle preuve que les païens ne méconnais-
saient pas les prodiges qu'ils opéraient ).
On compte sainte Bibiane parmi les mar-
tyrs qui souffrirent alors. Les chrétiens
exigèrent une chapelle sur son tombeau ,
lorsqu'ils eurent la liberté de professer
leur religion. En 465 , le pape Simplice y
fit construire une belle église , laquelle
fut appelée Olympina, du nom d'une
dame pieuse qui avait payé les frais de la
construction. Honorius III la fit depuis
réparer. Comme elle tombait en ruines,
dans la suite des temps, on l'unit à Sainte-
Marie-Majeure. Urbain VIII la fit rebâtir
en 1628 , et y plaça les reliques des
saintes Bibiane, Démétrie et Dafrose.
Elles avaient été découvertes dans le lieu
qu'on a quelquefois appelé Cimetière de
sainte Bibiane.
BIBIENA ou BIBBIENA ( Bernard DO-
VIZI ou DO VISIO da), cardinal, mort à
Rome en 1520, est compté parmi les
restaurateurs du théâtre ; ce qui à tous
égards fait très peu d'honneui à un hom-
me de son état. Sa comédie , intitulée
Calandra , imprimée à. Rome en 1524,
in-12, est la première qui ait été faite en
prose italienne. L'auteur la composa pour
amuser dans le carnaval Isabelle d'Est ,
marquise de Mantoue, dont la cour était
le séjour des plaisirs, qu'un cardinal eût
pu se dispenser de nourrir ou de partager.
BIBIENA ou BIBBIENA ( Ferdinand
GALLI) peintre, architecte, naquit à Bo-
logne en 1657. Il étudia les principes de
son art sous Cignani, artiste distingué.
Le maître produisit son disciple dans le
monde. Ses talens pour l'architecture,
pour les décorations de théâtre et pour la
perspective, l'y firent bien recevoir. Le
duc de Parme et l'empereur lui don-
nèrent le titre de leur premier peintre, et
le comblèrent de bienfaits. On éleva , sur
ses dessins, plusieurs édifices magnifi-
ques. Ses morceaux de perspective sont
pleins de goût. Il mourut aveugle en 1745,
laissant des fils dignes de lui. Il est au-
teur de 2 livres d'architecture-
«in
295
me
BIBIl.N Y ou BIBBIENA ( François
GALLI), frère du précédent, né à Bolo-
gne en 1659 , mort en 1739 , fut comme lui
peintre et architecte. Il dirigea, conjoin-
tement avec le marquis Maffei, la con-
struction du théâtre de Vérone, qui est
plus beau que celui qu'il construisit de-
puis à Borne. Il enseigna à Bologne les
règles de l'architecture.
BIBLl ANDER ( Théodore ) , né à Bis-
chops-Zell, professeur de théologie à
Zurich , y mourut de la peste en 1564 ,
âgé d'environ 65 ans, après avoir publié
plusieurs ouvrages. Les principaux sont
J Apologia pro editione Alcorani, édita à
J. Fabricio, Rostoch, 1638, in-4° ; | Un
Recueil d'anciens écrits sur le mahomê-
tisme 3 in -fol. Ce recueil est curieux, et
renferme beaucoup de pièces sur la doc-
trine de l'imposteur de la Mecque. Il est
devenu rare. | Une édition de la Bible de
Léon deJuda, Zurich , 1545 , in-fol. | Des
Commentaires sur plusieurs livres de l'E-
criture sainte , etc. | De ratione communi
linguarum et litterarum omnium, Zu-
rich, 1548, in -4°, où il fait des efforts
pour montrer qu'il y a de l'analogie entre
toutes les langues et toutes les lettres en
usage dans le monde. Il était habile dans
les langues orientales.
* BIBULUS ( Marcus-Calpcrnius ), fut
créé consul sous le premier triumvirat,
l'an de Rome 693. Il avait dans Jules-
César un redoutable collègue , et il passa
tout le temps de sa magistrature à lutter
contre lui. César proposa une loi agraire,
dont l'effet était la distribution de terres
de la Campanie à vingt mille pauvres ci-
toyens. Bibulus et tout le sénat s'y oppo-
sèrent avec force comme à une mesure
dangereuse. La querelle , à ce sujet , fut
si vive , que Bibulus fut chassé de l'as-
semblée, ses faisceaux furent brisés, ses
licteurs et trois tribuns blessés. La loi
passa ensuite sans opposition. Le lende-
main de cette scène , Bibulus en rendit
compte au sénat : mais trouvant tout ce
corps intimidé , et voyant que personne
ne prenait la parole , il s'enferma dans sa
maison, et y passa les huit mois qui res-
taient encore à expirer de son consulat sans
agir autrement que par des édits. Cette
inertie donnait de l'odieux à son collègue,
mais lui laissait le champ libre : elle n'é-
tait cependant pas sans force. Bibulus,
par des édits multipliés qui avaient la
faveur du peuple , contraria César , au
point que ce dernier ameuta la populace
pour assiéger la maison de son collègue,
et l'en tirer par la violence ; ce fut sans
succès. Bibulus n'était pas grand homme
de guerre. Pendant qu'il était proconsul
en Syrie , il eut à se défendre contre les
Parthes, qui vinrent assiéger Antioche.
Au lieu de les repousser par des sorties ,
et de troubler les travaux du siège , il se
tint enfermé dans la place, avec toutes
ses forces, sans agir, et sans demander
des secours , ni à Cicéron , qui était en
Cilicie,ni à d'autres commandans voisins.
Il est vrai qu'il se tira lui-même d'embar-
ras , en engageant un seigneur parthe ,
qui avait des sujets de mécontentement
à exciter une révolte contre Orode,son
roi; ce qui obligea celui-ci à rappeler
l'armée qui faisait le siège d'Antioche.
Bibulus, dans la guerre entre César et
Pompée , eut le commandement général
des flottes de ce dernier. Il mourut , sur
mer , de maladie , dans le cours de cette
guerre, l'an de Rome 704. Il avait épousé
Porcie, fille de Caton.
* BICHAT (Marie-François-Xavier),
célèbre médecin , né à Thoirette, dans
le département du Jura , le 11 novembre
1771 , fit ses humanités au collège de Nan-
tua , et sa rhétorique et sa philosophie au
séminaire de Lyon. Fils d'un médecin, il
eut l'avantage de cette éducation d'exem-
ples qui fait recueillir sans effort des
connaissances de faits et de mots dont l'ac-
quisition indispensable consume plus tard
un temps précieux. Bichat commença ses
éludes médicales à Lyon , et se livra d'a-
bord à l'anatomie et à la chirurgie sous
Marc-Antoine Petit, chirurgien de l'Hôtel-
Dieu de cette ville, qui l'associa, quoique
à peine âgé de 20 ans , à ses succès et à
ses travaux. Après le siège de Lyon , en
1793 , il vint à Paris et grossit la foule des
élèves de Dessault. Ce professeur avait
coutume ue commencer chaque leçon par
une répétition analytique des documens
présentés la veille : un jour il avait disserté
sur la rupture de la clavicule, maladie qui
rappelle un de ses plus beaux triomphes
en chirurgie; l'élève qui devait faire la
récapitulation se trouva absent, et Bichat
se chargea de le remplacer ; par l'exacti-
tude de son analyse , l'ordre qu'il y établit
et la finesse et la solidité de certaines vues
qui, présentées sous l'apparence modeste
de doutes et de questions , tendaient à
améliorer le procédé qui avait été proposé
et démontraient que le plan en avait été
entièrement saisi, il annonça à son maître
tout ce qu'il pouvait attendre d'un tel
élève. Dessault le fixa dès ce moment dana
BIG
296
BIC
sa maison , et s'en fit aider dans toutes
ses recherches jusqu'en 1795, époque à
laquelle une douloureuse maladie l'enleva
à son protégé. Bichat devint à son tour
l'appui de la veuve et du fils de celui qui
l'avait traité en père , et termina le 4e
volume du Journal de chirurgie dans
lequel ce chirurgien répandait en Eu-
rope les fruits de son expérience ; et il y
ajouta une notice historique, où il payait
à sa mémoire un juste tribut d'hommage.
En 1797, il réunit les divers principes de
chirurgie épars dans ce journal ainsi que
dans plusieurs écrits périodiques, et en
forma 2 vol. in-8°, qui parurent sous ce
titre : Œuvres chirurgicales de Dessault ,
ou Tableau de sa doctrine et de sa pra-
tique dans le traitement des maladies
externes, Paris.. 1797. Dans l'hiver de
cette même année, Bichat fit son premier
cours d'anatomie ; l'année suivante il en
fit un second. Après son service à l'Hôtel-
Dieu , il guidait dans les dissections plus
de 80 élèves ; il faisait sur les animaux
un grand nombre d'expériences physiolo-
giques, et proposait des mémoires pour
la société médicale d'émulation , dont il
était un des fondateurs. Il avait déjà fait
paraître en 1796 , dans le Recueil de celte
société des mémoires concernant une
correction heureuse qu'il avait apportée
à l'instrument du trépan, un nouveau
procédé pour la ligature des polypes , et
la distinction des cas où la fracture de la
clavicule reclame ou rejette comme inu-
tiles les secours de l'art. En 1800 , Bichat
publia son Traité des membranes , qu'il
refondit plus tard dans YAnalomie géné-
rale* et dont il dut l'idée au professeur
Pinel , qui , le premier en médecine, avait
compris qu'une maladie ne peut être
qu'une altération de tissus ou d'organes.
La description et la distinction que ce
dernier avait faites des membranes mu-
queuses et séreuses , et surtout sa classi-
fication de leurs maladies avait frappé Bi-
chat qui s'empara de cette idée première
et étendit ses recherches à toutes les
membranes du corps. Les Recherches
physiologiques sur la vie et la mort sui vi-
rent de près ses premiers travaux sur l'a-
natomic. On trouve dans cet ouvrage de
belles expériences , des faits nouveaux ,
des traits hardis et profonds à côté de
plusieurs écarts d'imagination qu'il aurait
corrigés si la mort n'y eût mis obstacle.
En 1801, parut son Anatomie générale *
qui fut traduite dans presque toutes les
langues de l'Europe. C'est là le grand titre
de gloire de Bichat , ce qui en a fait un des
plus grands physiologistes de notre âge, et
où l'on pressent tout ce qu'il aurait fait
pour les autres parties del'art, si une mort
prématurée ne l'eût pas enlevé. L'anato-
mie pathologique, la matière médicale , la
médecine elle-même lui auraient dû de
nouvelles lumières , à juger par les tra-
vaux qu'il avait entrepris. Quoiqu'à peine
âgé de28ans,il avait été nommé, en 1800,
médecin de l'Hôtel-Dieu. Ce fut moins
dans les livres, comme il le dit lui-même,
qu'auprès des malades , qu'il alla cher-
cher l'historique des maladies ; dans un
seul hiver, il ouvrit plus de six cents ca-
davres. Bichat s'occupait de réunir en un
corps de doctrine les fragmens d'anato-
mie pathologique disséminés dans tous
ses ouvrages, et il aurait élevé à la science
un monument digne d'elle; mais il suc-
comba pendant l'impression de son Traité
d'anatomie descriptive , dont il publia en
1801 et 1802 , les deux premiers vokimes,
et dont il laissa le troisième imparfait ;
cet ouvrage fut achevé par ses amis ,
MM. Buisson et Roux. Ce fut dans ce mo-
ment où son zèle infatigable embrassait
en même temps les cinq branches fonda-
mentales de l'art de guérir, anatomie ,
physiologie , médecine , anatomie patho-
logique et matière médicale, qu'une chute
faite sur l'escalier de l'Hôtel-Dieu lui
causa une fièvre putride-maligne, dont
il puisait d'ailleurs continuellement le
germe dans les amphithéâtres d'anatomie,
au milieu des recherches cadavériques ,
et à laquelle il succomba le 22 juillet 1802,
entre les bras de la veuve de son ancien
maître dont il ne s'était jamais séparé.
Sur la demande de Corvisart , le gouver-
nement impérial fit élever un monument
en l'honneur de Bichat et de Dessault à
l'Hôtel-Dieu , où tous les deux avaient
professé. Voici la liste des ouvrages de
Bichat : | Notice sur Dessault, Paris,
1795 , dans le 4e volume du Journal de
chirurgie de Dessault. | Description d'un
nouveau trépan; j Mémoire sur la frac-
ture de l'extrémité scapulaire de la cla-
vicule ; | Description d'un procédé nou-
veau pour la ligature des polypes ; | Mé-
moire sur la membrane synoviale des
articulations ; \ Dissertation sur les mem-
branes et sur leurs rapports généraux
d'organisation; \ Mémoires sur les rap-
ports qui existent entre les organes à forme
symétrique et sur ceux à forme régulière.
Tous ces mémoires ont été insérés dans
les Mémoires de la société médicale d'é-
BID
297
BIE
mulation. | Traité des membranes en gé-
néral * el des diverses membranes en
particulier , Taris , 1800 , in-8° , réimpri-
mé en 1806 et en 181G. | Recherches phy-
siologiques sur la vie et la mort , Paris ,
1800 , in-8° , 3e édition en 1805; | Analo-
mie générale appliquée à la physiologie
el à la médecine , Paris , 1801 , 2 vol. in-
8°; 1812, 4 vol. in-8°; 1819 , 2 vol. in-8°;
\ A natomie descriptive; ('Voyez plus haut);
j Dissertation sur les émétiques , etc. Pa-
ris, 1805 , in-8°; | Dissertation sur lac-
lion des purgatifs , Paris , 1803 , in-8°.
BICLARE ( Jean ). Voyez VICTOR de
Tunones.
BIDA.L D'ASFELD. Voyez ASFELD.
BIDELL ou BIDDLE ( Jean ) , fameux
antitrinitaire anglais , né à Wotton en
1615 , dans le comté de Glocester , maître
d'école en cette ville , fut mis en prison à
cause de ses écrits impies. Cromwell l'en
tira : mais Charles II voyant qu'il conti-
nuait à répandre les mêmes erreurs , l'y
lit remettre , et il mourut en 1662. Il niait
la divinité de J.-C.et soutenait que le
Saint-Esprit n'était que le premier des
anges.
* BIDEBMANN (J.-Godefroi) , curé du
diocèse de Bamberg au 18e siècle , a don-
né : | Généalogie des comtes de Fran-
conie , Erlangen , 1746 ; | de la Noblesse
du Voigtland , Culmbach , 1752 , in-fol ;
j Tables généalogiques , etc.
* BIDERM \.\\ ( Jacques ) , jésuite ,
auteur d'un recueil de poésies assez es-
timé , intitulé : Heroum epistolœ et Syl-
vulœ hendecasyllabarum , lin. 5 , Lyon ,
1636 , in-12.
BIDLOO ( Godefroy ) , poète et méde-
cin, professeur d'anatomie à La Haye, et
médecin de Guillaume III , roi d'Angle-
terre, naquit à Amsterdam le 12 mars
1669, et mourut à Leyde en avril 1713. Il
occupait dans cette ville la chaire d'ana-
tomie et de chirurgie. Ses Poésies hol-
landaises ont été publiées à Leyde en 1719.
Parmi ses ouvrages, le plus estimé est son
Analomia humani corporis , in-fol. avec
de très belles figures de Lairesse , Ams-
terdam, 1635. Ce livre est d'une exécu-
lion admirable ; mais il faut donner la
préférence à la première édition : celles
de 1759 et 1750 ne sont pas si belles , quoi-
que plus complètes.
BIDOU ( Charles-François ) , institu-
teur , a publié le Guide d'une mère pour
l'éducation de ses enfans , in-8°, 1803,
réimprimé en 1803. Il e t mort à Chaillot
le 15 février 1824.
* BIE ( Adrien de ), peintre flamand ,
né en 1594 , se perfectionna à Rome , et
exécuta , sur des plaques d'or et d'argent
et sur des pierres précieuses, un grand
nombre de sujets en petit. Il lit pour l'é-
glise de Sainl-Gomer à Lière, sa patrie,
un Saint Eloi , qui passe pour le meilleur
de ses tableaux.
BIEL (Gabriel), un des grand scolasti-
ques de son siècle, est né , selon les uns,
en Suisse , selon les autres , à Spire ou a
Tûbingen. Il enseigna long-temps la phi-
losophie el la théologie à Tûbingen, où il
mourut vers l'an 1495. On a de lui des
Commentaires sur les Livres des Sen-
tences, une Exposition du Canon de la
Messe j, etc. Haguenau, 1519. — Il ne faut
pas le confondre avec Louis de RIEL,
professeur de philosophie à Vienne , dont
on a Utilitales rei nummariœ. Vienne ,
1635, 1 vol. in-8°, avec fig.
BIELFELD ( Jacques-Frédéric, baron
de ), né à Hambourg, le 31 mars 1717,
accompagna en qualité de secrétaire de
légation , le comte de Truchsès , ambassa-
deur du roi de Prusse à la cour de Lon-
dres. En 1745 , le roi de Prusse le nomma
précepteur de prince Auguste-Ferdinand
son frère, curateur des universités en
1747 , et l'année d'après baron et conseil-
ler-privé. Il se relira ensuite dans une de
ses terres dans le pays d'Altembourg , où
il passa le reste de ses jours , partageant
son temps entre l'étude et les soins de sa
famille. Durant sa dernière maladie il se
fit transporter à Altembourg,où il mourut
le 5 avril 1770. Nous avons de lui plusieurs
ouvrages. | Institutions politiques, Liège,
1759-62, 5 vol. in-4°, 1762, h vol. in-12 ,
1774, 5 vol.in-8°. etc. « S'il n'en est pas le
«créateur ( dit l'auteur de son éloge), il
» n'en est pas aussi le simple compilateur.»
On y trouve une description géographi-
que de l'Europe , mêlée de réflexions po-
litiques : il est facile de voir en lisant les
articles qui concernent l'Espagne , le Por-
tugal , l'Italie, etc. qu'il écrit en bon pro-
testant. On y lit des choses d'une fausseté
évidente, que la passion seule lui a dic-
tées. Par exemple , tom. 5, p. i6 , il dit
que les juifs de Portugal , que l'on y dé-
couvre, sont brûlés, et que leurs biens
confisqués passent à Rome. Sa haine con-
tre le clergé catholique va jusqu'à exclure
les évêques , ces pasteurs des peuples, des
assemblées nationales : opinion solide-
ment réfutée par M. Necker , dans son
traité de l'administration des Finances.
« Dans les nations européennes , dit ce
BIE
298
BIE
« ministre , le t lergé que les donations
i» des souverains et des peuples ont rendu
» propriétaire de grands biens , et qui
» par-là forme un corps de citoyens opu-
» lens et puissans , semble dès lors avoir
* un droit acquis de parler ou de se faire
» représenter dans les assemblées natio-
» nales. D'ailleurs , la confiance des peu-
» pies les met à portée de voir de près
» leurs besoins et de reconnaître leurs
» vœux. «Bielfeld convient cependant que
Luther et surtout Calvin ont porté de
trop fortes atteintes aux revenus et aux
honneurs du clergé. On remarque aussi
dans cet ouvrage des maximes qui flat-
tent le despotisme, et qui ne peuvent
que tendre à l'asservissement des nations.
| Progrès des Allemands dans les Belles-
Lettres , 1752, réimprimé en 1768, 12
vol. in-8° : mauvaise compilation , où le
fanatisme protestant tient souvent lieu de
critique. Si Ton devait juger des progrès
des Allemands par la manière dont son
livre est rédigé , il n'y aurait point de na-
tion en Europe moins avancée. | Amu-
setnens dramatiques, qui n'amusèrent
que lui. | Lettres familières qui furent un
enfant de son loisir , mais un enfant gâté
et beaucoup trop familier. | Erudition
universelle ; ce ne sont que des traits ,
l'ensemble manque. | Une feuille pério-
dique en allemand, intitulée Y Ermite,
ouvrage qui s'est soutenu pendant 3 ans.
C'est beaucoup pour ce genre d'ouvrage
qui n'a pas la vie longue quand il est fai-
ble. Un de ses intimes amis a lu son éloge
dans une assemblée publique de l'acadé-
mie de Berlin , en 1770 : on comprend
bien que l'auteur et ses ouvrages n'y sont
pas sévèrement jugés.
•BIELKE (Nicolas, comte de) , séna-
teur suédois , fut placé en 1782 à la tète
du département des mines : il introduisit
dans celte branche de l'industrie publi-
que , des réformes utiles. Il donna nais-
sance à une société qui exploita dès lors
les riches et vastes carrières de porphyre,
qui se trouvent dans le district d'Elfdal en
Dalécarlie. Il se relira des affaires pen-
dant la diète orageuse de 1789 ; il mourut
à la fin du siècle dernier. On a de lui un
Discours sur Gustave I et sur son règne J
prononcé à l'académie de Stockholm, dont
il était membre.
* BIELKE (le baron de) , issu d'une des
plus anciennes familles de la Suède , qui
a donné des reines à ce pays , et allié à la
maison royale de Wasa , s'est acquis par
sa fin tragique une funeste célébrité. Le j
17 mars 1792 , ayant appris, dès le matin ,
l'issue de l'horrible attentat d'Ankarstroem
(voyez ce nom), il prit une forle dose
d'arsenic , qui lui fit éprouver durant
toute la journée les douleurs les plus ai-
guës. Il expira à six heures du soir , en-
touré des agens de la police qui cher-
chaient , mais inutilement, à lui arracher
des aveux. Un prêtre , son ami de collège,
essaya de le réconcilier avec le ciel, et
lui offrit les consolations de la religion ;
mais il les repoussa constamment. Bielke
était plus que sexagénaire. Son cadavre
fut traîné sur la claie jusqu'au lieu du
supplice des criminels.
"BIELSRI ( Martin ) , historien polo-
nais du 16e siècle, a composé : Chronicon
rerum Polonicarum ab origine genlis ad
annum 1587 , cum iconibus regum. —
* Son fils , Joachim BIELSKI > a écrit les
Annales de Pologne , en polonais , et des
Epigrammes , en latin.
BIEi\I\É(Jeaiv), célèbre imprimeur de
Paris , fut l'émule des Morel et des Tur-
nèbe , qu'il égala par la beauté de ses ca-
ractères, la correction de ses livres et la
bonté des ouvrages qui sont sortis de sa
presse. Maittaire ne l'a point oublié dans
ses Vies des plus célèbres imprimeurs de
Paris; il prétend que ses impressions
grecques et latines ne le cèdent point à
celles d'aucun des meilleurs typographes.
Voyez dans cet auteur le catalogue des
impressions les plus renommées de Jean
Bienné. Cet imprimeur mourut à Paris
en 1588.
♦BIEBKANDER (Claude), pasteur à
Grefback , en Westrogothie , né en 1735 ,
mort en 1793 , a publié dans les Mémoires
de l'Académie de Stockholm, dont il était
membre , un grand nombre d'observa-
tions sur les insectes , dont il avait fait
une étude particulière; il en a donné
aussi plusieurs sur les végétaux , écrites
en suédois : | Sur la transpiration des
plantes, année 1773, transpiration qu'il
constata le premier ; | Sur l'ustilago ( ou
la brûlure des végétaux), 1775 ; | Sur les
stations des plantes, 1776; | De l'action
et de l'effet du froid sur les végétaux >
1778; | Sur la germination , 1782; | Sur
l'horloge et sur l'hygromètre de Flore ,
ibid. , 1782.
BIET (Béîvé ) , chanoine régulier , abbé
de Saint-Léger de Soissons , né vers 1700,
mort le 29 octobre 1767, a publié un Eloge
du maréchal d'Estrées in-8" , écrit faible
et sans couleur , et une savante Disser-
tation sur l'établissement des Francs
BIE
299
BÏG
devis les Gaules, 1736, in-12. L'auteur
prétend, contre l'opinion du Père Daniel ,
que les Francs s'établirent dans les Gau-
les long-temps avant Clovis, et fixe l'é-
poque de cet établissement à l'an 531 de
J.-C. Cet ouvrage qui a remporté le prix
de l'académie de Soissons est suivi de deux
autres dissertations sur le même sujet.
•BIÈVRE (MARÉCHAL, marquis de), né
en 1747 , petit-fils de Georges Maréchal ,
premier chirurgien de Louis XIV , servit
dans les mousquetaires et se fit un nom
par ses réparties et ses calembourgs. En
4783 , il donna le Séducteur , comédie en
5 actes et en vers, qui réussit et est res-
tée au répertoire. Cette pièce a été aussi
attribuée àDorat. La tragédie des Brames,
de La Harpe, représentée quelque temps
après , échoua , sur quoi Bièvre disait :
a quand le Séducteur réussit, les Brames
» (bras me) tombent. » Le Séducteur est
cependant fort loin d'être une bonne
pièce. Les Réputations, autre comédie de
Bièvre , en cinq actes et en vers , jouée le
23 janvier 1788, n'eurent qu'une repré-
sentation , et n'ont pas été imprimées.
« Rien , dit La Harpe , n'est plus confus ,
» plus embrouillé , plus décousu , plus
» vide que cette prétendue comédie ,
» qu'on avait annoncée avec beaucoup de
» prétention, et qui a été outrageusement
p sifflée d'un bout à l'autre. » Bièvre alla,
en 4789, aux eaux de Spa, pour y réta-
blir sa santé. Il y mourut en conservant,
à ce que l'on prétend , le goût des calem-
bourgs jusqu'au dernier instant. « Mes
» amis , disait-il , je m'en vais de ce pas
» (de Spa). » On a encore de Bièvre :
| Lettre écrite à madame la comtesse Ta-
tion, par le S. de Bois flotté , étudiant en
droit fil (Paris), 1770, in-8°; ouvrage
burlesque, où l'on peut compter deux ou
trois calembourgs par phrase; | Lettre
sur cette question : Quel est le moment
où Orosmane est le plus malheureux ?
Est-ce celui où il se croit trahi par sa
maîtresse? Est-ce celui où, après V avoir
poignardée, il apprend quelle est inno-
cente? réimprimée dans le Lycée de La-
harpe, à la suite de l'analyse de Zaïre;
| Vercingenlorix , tragédie en un acte,
1770 , in-8°. En voici deux vers :
Il plut à çtrse aux dieux de m'enlever ces biens ;
Hélas ! sans eux brouilles que peuvent les humains !
Toute la pièce est sur ce ton. | Les Amours
de l'Ange Lure et de la Fée Lure , 1772,
in-32 , très rare ; | Almanach des Calem-
bourgs , 1771 , in-18. Le marquis de Biè-
vre ayant sollicité une place vacante à
l'académie, on lui dit que l'abbé Maury
l'avait prévenu ; il s'en consola par ce ca-
lembourg :
Omnia vine.it araor, et nos cedamua amori.
M. Deville a recueilli, en 1800 , tous ses
calembourgs, sous le titre de Bievriana ,
dans un petit volume in-18 , qui a eu trois
éditions.
BIEZ (OUDARD de), marécbal de
France , d'une illustre maison , originaire
d'Artois. Après avoir servi avec distinc-
tion en Italie et ailleurs, il obtint en 1542
le bâton de maréchal de Fiance. Mais
ayant en 4544 rendu la ville de Boulogne
aux Anglais qui l'assiégeaient , on lui lit
son procès , et il fut condamné avec son
gendre Jacques de Coucy-Vcrvins à per-
dre la tête : ce qui fut exécuté à l'égard
de son gendre; et quant à lui, le roi
Henri II lui ayant fait grâce de la vie , il
fut enfermé dans le château de Loches.
Quelques années après il obtint sa liberté
et revint à Paris , où il mourut accablé
de chagrins en 4351. Sa mémoire, ainsi
que celle de Jacques de Coucy , fut réha-
bilitée en 1575.
* BIFFI (Jean), abbé, né au bourg
de Mezago dans le Milanais en 1464 , mort
vers 4515, cultiva avec succès la poésie
latine. Ses principaux ouvrages sont | Mi~
raculorum vulgarium beatissimœ Virgi-
nis Mariœ, in carmen heroïeum traduc-
tio, Rome, 4484, in-4°; | Carmina m
laudem Annuntiationis bealœ Virginis
Mariœ, Milan, 4493, in-4°; — Un autre
BIFFI, ( Jean-Ambroise), né à Milan, flo-
rissait à la fin du 46e siècle , et a laissé :
7/ dolore del peccatore penilento , Milan,
1605, in-12; et La risorgente Roma,
poème en 8 chants, Milan, 1610, in-12,
réimprimé en 1614, avec 4 nouveaux
chants. Ver si ibid. 4646, in-42. Il mourut
à Louvain en 1618.
•BIGEX (François-Marie) , né le 24
septembre 1751 à Balme de Thuy , en Sa-
voie , fit ses études aux collèges d'Evian
et de Thonon, et passa ensuite au sémi-
naire d'Annecy, puis à celui de Saint-
Sulpice à Paris. En 1782 , il fut reçu doc-
teur de la maison de Navarre , et plusieurs
évêques français essayèrent de le rete-
nir; mais M. de Biord, évêque de Ge-
nève , ne voulant pas priver son diocèse
d'un sujet si distingué , le fit membre de
son chapitre, et à la mort de ce prélat il
fut nommé un des vicaires capitulaires.
Lorsque les Français pénétrèrent dans la
BIG
500
MG
Savoie en 1792 , il se retira à Lausanne ,
et il rendit des services importans, non-
seulement à son propre diocèse, mais à
celui deChambéry et aux catholiques des
pays voisins ; enfin , le roi le nomma , en
1818 , à l'évèché de Pignerol qu'on avait
rétabli, et où tout restait à faire après les
événemens qui avaient détruit ce siège
comme plusieurs autres. Il y déploya tout
son zèle , et adressa à son troupeau une
lettre pastorale remplie d'instructions so-
lides pour les catholiques , et contenant
une invitation pressante aux Vaudois
pour rentrer dans le sein de l'Eglise. Elle
a été imprimée en France. M. Bigex passa
à l'archevêché de Chambéry , lorsque
M. Dessoles donna sa démission, et il
mourut le 19 février 1827. On lui doit
plusieurs ouvrages écrits d'un style sim-
ple et à la portée du peuple , qui furent
très utiles dans un temps où la religion
était proscrite et les prêtres errans et fu-
gitifs. On estime surtout | ses Elrennes
catholiques qu'il publia pendant 12 ans ,
(lui servirent à consoler , à instruire les
tidèles, et qui furent supprimées en 1810 ,
Bonaparte ne voulant permettre aucun
écrit qui pût être favorable au chef de
l'Eglise qui était alors prisonnier. Son li-
vre intitulé | le Missionnaire catholique ,
ou Instructions familières sur la reli-
gion , 1796, in-8°; 3e édition, 1800, tra-
duit en italien à Venise 1801 , obtint aussi
un grand succès , et M. de Boulogne en fit
l'éloge dans les Annales catholiques. On
a encore de lui : | Oraisons funèbres de
M. de Biord, évêque de Genève , Annecy
1785 , in-8° ; J Instructions à l'usage des
fidèles du diocèse de Genève , Lausanne,
1793, in -8°; | De la Sanctification des
fêtes et dimanches, 1799 , in-8°.
BIGNE (Gage de la) et non dé la Vi-
gne comme l'appellent presque tous les
bibliographes , né vers 1328 d'une famille
noble du diocèse de Bayeux , fut chape-
lain de la chapelle de Philippe de Valois
et du roi Jean , et suivit ce prince en
Angleterre , après la malheureuse jour-
née de Poitiers. Etant à Bochefort en 1359,
il commença un poème de la chasse inti-
tulé le Romant des Oyseaulx , qu'il finit
à son retour en France. Le roi le fit faire
pour l'instruction de Philippe son fils.,
duc de Bourgogne. L'abbé Goujet attribue
ce poème à Phœbus Gaston de Foix ,
parce qu'il est imprimé à la fin du Mi-
roir de la chasse par ce prince , mais
bien différent des manuscrits. On croit
que Gace vécut au moins jusqu'en 1374.
BIGNE (Marguerin de la), issu de la
même famille que le précédent , docteur
de Sorbonne, et grand-doyen de l'église
du Mans, naquit en 15/iG à Bayeux, ou se-
lon d'autres à Bernières-le-Patri en Nor-
mandie, et vivait encore en 1591. Il pu-
blia , de 1575 à 1578 une Bibliothèque des
Pères , en 8 vol. , in-fol. qu'il fit réimpri-
mer l'an 1589 en 9 vol. C'est le premier
qui ait entrepris un ouvrage de ce genre.
La plus ample édition que nous en ayons
est en 27 vol. in-folio, à Lyon, 1677. Il
y en a une en 16 vol. in-fol. de 1641 , qui
est estimée, parce qu'elle renferme les
petits Pères grecs. On en mit au jour une
autre à Cologne en 1694. Le père Phi-
lippe de Saint-Jacques a donné un abrégé
de cette collection en 2 vol. in-folio , 1719.
On joint ordinairement à la bibliothèque
des Pères Index locorum Scripturce Sa-
crée, Gènes, 1707, in-folio, et l'Apparat
de Nourry, Paris, 1703 et 1715, 2 vol.
in-fol. Telle est l'édition la plus complète.
La Bigne se distingua aussi par ses Ha-
rangues et par ses Sermons. Il donna un
Recueil de statuts synodaux, en 1578,
in-8°, et une édition d'Isidore de Séville
en 1580 , in-folio.
• BIGMCOURT (Simon de ) , ancien
conseiller au parlement de Reims , sa pa-
trie, né en 1709, mort à Paris en 1775.
On a de lui | un Recueil de poésies lati-
nes et françaises , 1754-1767, in-12, au-
jourd'hui oubliées , quoique les journa-
listes du temps aient comparé ses poésies
latines à celles de Catulle; | Nouvelles
pensées détachées, réimprimées sous le
titre de Pensées et réflexions philosophi-
ques , 1755, in-12. On y trouve des ré-
flexions fines , justes, et quelquefois pro-
fondes. Il en a publié avant sa mort une
3e édition, considérablement augmentée,
intitulée X Homme du monde et l'homme
de lettres, Orléans, 1774.
BIGNOIV (Jérôme), naquit à Paris le
24 août 1589, d'une famille féconde en
hommes illustres. Son père fut son maître.
Ses progrès furent rapides ; dès l'âge de
dix ans , il était auprès du jeune prince
de Condé , pour lui donner de l'émula-
tion , et publia une assez bonne | Descrip-
tion ou Chorographie de la Terre Sainte j
Paris, 1600, in-12. Trois ans après, c'est-
à-dire , à 13 ans , il composa pour le jeune
duc de Vendôme, auprès duquel Henri IV
l'avait placé , | un Traité des antiquités ro-
maines, 1604; et à 14, son livre | De l'é-
lection des Papes , 1605 , in-8° : matière
neuve qu'il traita avec une érudition qui
BIG
501
BIG
surprit les savans de son temps. Scaliger,
Casaubon , Grotius , Pithou , de Thou , du
Perron , Sirmond , etc. témoignèrent de
l'estime pour ce jeune auteur. Henri IV,
qui avait goûté sa conversation , le plaça
en qualité d'enfant d'honneur auprès du
dauphin depuis Louis XIII. Il allia dans
cette place les manières aisées d'un courti-
san à l'étude des sciences nécessaires à un
bon citoyen. Un auteur espagnol ayant
établi , dans un gros in-fol. , la préséance
des rois d'Espagne sur les autres souve-
rains , il le réfuta dans son traité | de
l'Excellence des rois et du royaume de
France, dédié à Henri IV , 1610 , in-8°. Il
n'était alors que dans sa 19e année. Après
la mort funeste de ce prince , il quitta la
cour, et entreprit ensuite le voyage d'I-
talie. Paul V lui donna les marques les
plus distinguées de son estime. Le fa-
meux Fra-Paolo , enchanté de sa conver-
sation et de ses ouvrages , le retint quel-
que temps à Venise. Bignon , de retour
en France, devint avocat-général du
grand conseil en 1620, conseiller d'état
et avocat-général du parlement de Paris
en 1626 , bibliothécaire du roi en 1642 :
ses descendans ont occupé cette dernière
place avec autant d'honneur que d'intel-
ligence. Il avait cédé sa charge d'avocat-
général, peu de temps auparavant, à
Etienne Briquet son gendre ; mais celui-
ci étant mort en 1645, il la reprit, et
l'exerça avec la même intégrité et le
même zèle. La reine Anne d'Autriche l'ap-
pela pendant sa régence aux conseils les
plus importans. Il mourut en 1656 , dans
de grands sentimens de religion. Outre
les ouvrages .dont nous avons parlé , il a
fait encore | De la grandeur et de la sou-
veraine puissance, 1615 , in-8° ; il a donné
| une édition des Formules de Marculphe,
avec des notes pleines d'érudition, 1615,
in-8°; 1655 , in-4° , réimp. par les soins
de son fils , 1666 , in-4°. Il a aussi rédigé
avec soin | les Voyages de François Py-
rard de Laval eux Indes orientales, aux
Moluques, Paris, 1619, 2 vol. in-8°. Nous
avons une Vie de ce grand magistrat,
in-12 , en 1757 , par l'abbé Pérau.
BIGNON ( Jean -Paul), petit-fils du
précédent, abbé de St.-Quentin, biblio-
thécaire du roi , l'un des 40 de l'acadé-
mie française , et honoraire de celles des
sciences, des inscriptions et belles-let-
tres , mort à l'Ile-Belle sous Meulan en
4743, à 81 ans , embrassa tous les genres
de connaissances , et protégea tous les
gens de lettres. On a de lui j Vie du Père
François Levé que , prêtre de l'Oratoire ,
Paris , 1684 , in-12; | tes Aventures $Ab-
dala,fils d'JIanif, roman qu'il n'acheva
pas , et qui néanmoins fut publié en un
volume.
BIGIVON ( Aiuiand- Jérôme), neveu de
Jean-Paul Bignon, intendant de Soissons,
né en 1711 , et mort en 1772, fut biblio-
thécaire du roi , après la mort de son
oncle ; il se démit de cette place en faveur
de son fils Jean-Frédéric, qui mourut en
1782, membre de l'académie des inscrip-
tions et belles-lettres.
BIGOT ( Guillaume ) , né à Laval en
1502, cultiva avec le même succès la poé-
sie latine et la poésie française, et passait
pour un des hommes les plus savans de
son siècle. Il n'a publié qu'un seul poème
français, imprimé à Lyon en 1540, avec
les poésies de Charles de Ste. -Marthe. On
a de lui deux poèmes latins, | Catoptron,
ou le Miroir, qu'il fit imprimer à Bàle ,
en 1556, avec quelques autres pièces, dont
il donna une seconde édition avec des cor-
rections, sous ce titre Guillelmi Bigottii,
Lavallensis, christianœ philosophiœ prœ-
ludium ; opus tum aliorum, tum hominis
substantiam luculentis expromens ratio-
nibus, Tolosœ, 1539, in-4°. | Somnium in
quo imperat. Caroli describitur ab regno
Galliœ expulsio; explanatrix somnii epi-
slola, Paris, 1537.
BIGOT (Emery ), né à Bouen l'an 1626,
d'une famille de robe, ne s'occupa que de
recherches d'érudition. Il mourut en 1689
à 64 ans , avec la réputation d'un des plus
savans hommes de son siècle , quoiqu'il
n'ait publié que la Vie de saint Chryso-
sfôm^parPallade, 1680, in-4°, en grec et
en latin. Ses mœurs étaient celles d'un
homme entièrement consacré à l'étude.
Il avait amassé une riche bibliothèque ,
vendue en 1706, et dont le Catalogue, im-
primé cette même année , in-12 , est re-
cherché. L'abbé de Louvois en acheta les
manuscrits pour la bibliothèque du roi.
•BIGOT de MOBOGUES (Sébastieiv-
François , vicomte ) , lieutenant-général
des armées navales, correspondant de
l'académie des sciences, et membre hono-
raire de celle de la marine, académie
dont il fut le principal restaurateur , na-
quit à Brest en 1705 , et mourut à Ville-
fayer, près Orléans, en 1781. On a de lui :
| Essai de l'application des forces cen-
trales aux effets de la poudre à canon ,
Paris , 1737 , in-4° ; | Tactique navale ou
Traité des évolutions et des signaux,
Paris, 1763, û>4°, avec figures, ouvrage
26
BIG
502
«IL
qui est encore estimé des marins, quoique
M. Bourde de Villehuet en ait publié un
excellent sur le même sujet. | Plusieurs
Mémoires insérés dans le Recueil des sa-
vons étrangers de l'académie des Sciences,
parmi lesquels on remarque le Mémoire
sur la corruption de l'air dans les vais-
seaux , qui se trouve dans le tome 1er. On
doit encore à Bigot de Morogues plusieurs
manuscrits relatifs à l'arrimage et à l'ar-
mement des navires.
BIGOT DE PRÉAMENEU ( le comte
Félix-Julien-Jean), né en Bretagne vers
4750, était avocat au parlement de Paris
avant la révolution. Il en embrassa les
principes avec modération, et fut élu,
en 1790, juge au 4e arrondissement de
cette ville. Dans le mois de septembre de
l'année suivante , il fut député à la légis-
lature, et le 7 janvier 1792, il prononça,
malgré les huées des tribunes, un discours
pour prouver à l'assemblée qu'elle ne
représentait pas seule le peuple, et que le
roi avait aussi des droits à cette représen-
tation. Le 22 mars il obtint que la loi qui
ordonnait le séquestre des biens des émi-
grés accordât un mois de délai à ceux qui,
entraînés par la crainte , ou égarés par le
préjugé, voudraient rentrer dans leur pa-
trie; et, le 25 avril suivant, il s x>posa à
la loi proposée par Thuriot contre les
prêtres insermentés. Le 10 août le fit dis-
paraître de la scène politique, et il échap-
pa , on ne sait trop comment , aux pro-
scriptions de 1793 et 1794. Il ne reparut
qu'après le 18 brumaire , el devint com-
missaire dugouv ernemenl près le tribunal
de cassation. A la fin d'avril 1800 , Bigot
de Préameneu passa au conseil-d'état , et,
en cette qualité , il fit plusieurs rapports
sur le code civil. La même année , il fut
nommé membre de l'institut , et en mai
1804 il fut élu candidat au sénat conserva-
teur ; plus tard il reçut la croix de grand-
officier de la Légion-d'Honneur el le titre
de comte ; enfin , il parvint au ministère
des cultes après la mort de Portalis en jan-
vier 1808, et il en exerça les fonctions jus-
qu'àla chute de Bonaparte. Quelques jours
avant l'occupation de Paris parles troupes
étrangères , il s'était retiré en Bretagne ,
et il resta sans emploi au retour du roi.
Pendant les cent jours , sa place lui fut
rendue sous le titre de direction générale
des cultes. Il fut aussi appelé à la chambre
des pairs. Après la seconde rentrée du
roi, il fut définitivement écarté des af-
faires ; mais il fut maintenu au nombre
des académiciens par l'ordonnance royale
qui réorganisa l'académie française en
1816. Bigot de Préameneu est mort le 31
juillet 1823, laissant : Discours prononcé
dans la séance publique, tenue par l'aca»
demie française pour la réception de l'é-
véque d'Hermopolis , le 8 novembre 1822.
BILDERBEK ( Christophe-Laurent) ,
jurisconsulte hanovrien , et conseiller à
Zell , traduisit en allemand l'excellent
Traité de la vérité de la religion chré-
tienne, par Abbadie , avec des additions
considérables. L'ouvrage d' Abbadie, juste-
ment estimé pour la force du raisonne-
ment, a été accueilli en Allemagne comme
dans le reste de l'Europe. Bilderbek mou-
rut en 1749. On a aussi de lui des ouvrages
de jurisprudence.
♦BILDERDYK (Guillaume), un des
poètes les plus féconds de l'Allemagne,
né à Amsterdam, et mort en 1832 à Leyde,
à l'âge de 82 ans , se fit recevoir docteur
en droit dans cette dernière ville, et rem-
porta à son début littéraire , en 1776 , le
prix de poésie que la société de Leyde
avait proposé sous le titre de Y Influence
de la poésie sur l'art de gouverner un
état. En 1777, son poème intitulé : Le véri-
table amour de la patrie , et une Ode sur
le même sujet furent encore couronnés.
Bilderdyk fit paraître en 1779, une excel-
lente traduction de l'Œdipe de Sophocle,
et un recueil de pièces fugitives, intilulé :
Mes Loisirs. La société de Leyde décer-
na , en 1780 , le premier prix à son Mé-
moire sur les rapports de la poésie el de
l'éloquence avec la philosophie , etc. On
doit à cet auteur un grand nombre de
productions qui ne sont pas toutes égale-
ment estimées. Outre les traductions de
quelques tragédies de Sophocle et le Re-
cueil de poésies diverses , qu'il donna en
1799 , nous citerons : | une Traduction du
Fingal d'Ossian, 1803 ; | une Imitation de
l'homme des champs de Delille, et quatre
volumes de Poésies fugitives, 1804 ; | Ma-
ladies des savans, 1806, poème didac-
tique ; | Les feuilles d'automne , 2 vol. ,
1807 ; | trois volumes de Tragédies , 1807 ;
| un Poème sur le désastre de Leyde;
| une traduction des Hymnes de Calli-
maque; \ L'arrivée du roi au trône A vol.
in-8°; | Les fleurs d'hiver 3 poésies parmi
lesquelles on distingue ses adieux , 2 vol.
1811 ; | Traité de géologie; | La délivrance
de la Hollande, poème fait en société, en
1814, avec son épouse Guillaume-Wilhel-
mine qui rivalisait de talent poétique avec
lui. | Une ode au sujet du retour de Na-
poléon , intitulée : Appel aux armes,
BIL
mars 1815, qui trouva de l'écho dans les
âmes hollandaises. | Un recueil de poésies
nationales* 1815; | Traité sur la botani-
que * dont nous devons une traduction à
M. Mirbel , membre de l'institut. Bilder-
dyk n« fut pas toujours à l'abri du mal-
heur : lors des troubles politiques de la
Hollande, en 1795, son attachement pour
la maison d'Orange l'obligea de qtiitter
sa patrie ; il se retira en Allemagne, puis
en Angleterre, où il donna des leçons de
poésie en langue française, et revint dans
sa patrie en 1799. Il ne fut guère plus
heureux comme père, et la mort de onze
enfans qu'il chérissait disposa son carac-
tère à la mélancolie et tourna ses pensées
vers la religion.
BILFINGER (Georges-Bernard), théo-
logien luthérien, né à Canstadt dans le
Wurtemberg , en 1693 , professa la philo-
sophie à Pétersbourg et la théologie à Tu-
bingen , où il mourut en 1750. On dit que
toutes les personnes de sa famille nais-
saient avec 12 doigts et 12 orteils. Ce n'est
pas ce qui distingua le plus Billinger. Ses
écrits lui firent un nom en Allemagne. Le
plus recherché est celui qui a pour titre :
Dilucidationes philosophicœ de Deo* ani-
mahumanaJmundo etgeneralibus rerum
affectionibus. Il était partisan de Leibnitz
et de Wolf. Les académies de Pétersbourg
et de Berlin se l'associèrent.
* BILGUER (Jean-Ulric de) , chirur-
gien suisse, né à Coire le 1er mai 1720, et
mort le G avril 1796, termina à Paris ses
études médicales qu'il avait commencées
à Strasbourg, et alla se fixer en Prusse,
où il fut nommé chirurgien en chef des
armées. Il mérita l'estime de Frédéric II
par son zèle, son humanité et les nouvelles
lumières qu'il apporta dans cet emploi.
Joseph II l'honora aussi de son amitié et
lui envoya des lettres de noblesse , dont à
la vérité il n'a pas fait usage. Il se fit une
grande réputation par un écrit intitulé :
j Disserlatio inauguralis medico-chirur-
gica de membrorum amputatione raris-
sime administrandâ aut quasi abrogan-
dâ* Berlin, 1761, in-4°, et qui a été traduit
dans presque toutes les langues de l'Eu-
rope, notamment en françai; par Tissot
et Goulin. On a encore de lui : | Instruc-
tions sur les hôpitaux militaires* en alle-
mand , 4763 , in-8° ; | Avis au public sur
l'hypocondrie* et plusieurs Mémoires sur
les fièvres malignes, sur les blessures à la
tête, etc., aussi en allemand. Bilguer était
de plusieurs sociétés savantes.
* BILLARD ( Claude ), sieur de Cour-
503 BIL
genay, né à Sauvigny , petite \ ille de la
province de Bourbonnais, vers 1550 , fut
élevé dans la maison de la duchesse de
Retz. Il prit d'abord le parti des armes ,
et, si on l'en croit, il se distingua dans
plusieurs affaires; il obtint ensuite la
place de conseiller et celle de secrétaire
des commandemens de la reine Margue-
rite de Valois. Il a composé plusieurs
tragédies , qui n'ont eu aucun succès , et
qui n'en méritaient point. Il dédiait ses
pièces aux seigneurs et aux dames de la
cour les plus illustres ; mais il n'eut pas
à se louer de leur générosité. La retraite
de la reine Marguerite lui fit perdre sa
place , et son attachement pour cette
princesse fut cause qu'il resta sans em-
ploi. Il mourut vers 1618 , âgé d'environ
soixante-sept ans. On a de cet auteur les
tragédies suivantes : | Polyxène* Gaston de
Foix * Mérovée * Panthée * Saiïl* Albouin
et Genèvre; elles ont été recueillies et
imprimées à Paris , 1610 , in-8°. | Henri le
Grand* tragédie avec des chœurs* Paris ,
1612, in-8°, réimprimée en 1808, in-8°, à
l'occasion de la tragédie de M. Legouvé
sur le même sujet. Billard est un des pre-
miers poètes qui mirent sur la scène des
événemens pris dans l'histoire nationale.
Il dédia cette dernière pièce à Marie de
Médicis; il a composé aussi : j l'Eglise
triomphante * poème héroïque en treize
chants, Lyon, 1618, in-8". On lui attribue
encore : Car mina grœca et lalina in obi-
tum ducis Joyosiœ (le duc de Joyeuse) ,
Paris, 1587, in-8°.
* BILLARD (Pierre ), né à Ernée dan3
le Maine en 1653, mort en 1726, à Cha-
renton , chez son neveu qui en était sei-
gneur, est auteur de la. Bête à sept têtes,
1673, in-12 , ouvrage dirigé contre les jé-
suites, et pour lequel l'auteur fut conduit
à la Bastille , de la à Saint-Lazare , et en-
suite à Saint-Victor. Il fut mis en liberté
en 1699. Il avait aussi fait imprimer, avant
sa détention, le chrétien philosophe * qui
ne parut qu'en 1701. Billard était entré en
1671 dans la congrégation de l'Oratoire.
* BILLARD ( Jean-Pierre), né en 1726,
et mort à Vesoul , en 1790, membre de
l'académie d'Arras et de la société royale
de médecine , a publié en latin plusieurs
ouvrages fort estimés : | Histoire* analyse
et propriétés des eaux minérales de Ré*
pes*prèsde Vesoul; \ Plusieurs disser-
tations* principalement sur une fausse
grossesse extraordinaire et sur un dégât
aux ovaires ; \_Traité des différentes es-
pèces de fièvre; \ Sur les maladies du bas-
BIL
504
BIL
ventre; \ Sur les maladies de la poitrine;
J Sur les maladies des en fans et des vieil-
lards j pratiques médicales; \ Disserta-
tions sur la nature, les propriétés et le
choix des médicamens antiseptiques;
J Commentaire sur le soixante-quatrième
aphorisme d'Hippocrate ( 5e section ) ,
relatif aux propriétés du lait employé
dans les différentes maladies. La publi-
cation de la plupart de ses ouvrages est
due aux soins de son fils , qui marche
avec le plus grand succès sur les traces
de son père.
* BILLAUD-VARENNES ( François),
né à La Rochelle, en 1762, et fils d'un avo-
cat de cette ville , avait été destiné à l'état
ecclésiastique. Il entra dans la congréga-
tion de l'Oratoire, et professa quelque
temps au collège de Juilly, mais son goût
pour le théâtre lui lit perdre sa place. En
1785, il quitta l'habit d'oratorien et vint
à Paris où il épousa une fille naturelle de
M. de Verdun , fermier-général. Son ca-
ractère ardent , son esprit ambitieux lui-
firent embrasser avec ardeur en 1789 les
nouvelles idées. Il débuta dans la carrière
révolutionnaire par quelques brochures
qui annonçaient déjà la férocité de son
caractère, mais qui le laissèrent néan-
moins dans l'obscurité jusqu'au 10 août
1792 , où il fut du nombre de ceux qui
envahirent de force la municipalité, et se
déclarèrent de leur propre autorité ma-
gistrats du peuple. Il fut aussi un des
principaux moteurs des massacres de sep-
tembre, et on le vit , revêtu de l'écharpe
municipale, se mêler aux assassins, et leur
adresser du haut d'un monceau de cada-
vres des harangues dont l'atrocité empê-
che d'apercevoir le ridicule. Nommé dé-
puté de Paris à la Convention nationale ,
dès le mois de décembre il provoqua plu-
sieurs fois le jugement de Louis XVI ;
enfin, trouvant que la discussion traînait
trop en longueur, il fit une sortie viru-
lente contre ceux qu'il appelait les amis
du tyran ^ et proposa de briser la statue de
Brutus placée dans la salle des séances, en
disant : « Cet illustre Romain n'a pas ba-
il lancé à détruire un tyran, et la Conven-
» tion ajourne la justice du peuple contre
» un roi ! » Il se prononça fortement contre
l'appel au peuple, et vola la mort dans les
vingt-quatre heures. A la nouvelle de la
défection de Dumouriez en 1793 , il sou-
tint qu'on ne devait rien cacher au peu-
ple. « C'est, dit-il, à la nouvelle de la prise
» de Verdun, qu'il s'est levé et qu'il a
» sauvé la patrie! » On se rappelle en
effet que la nouvelle de la prise de Ver-
dun était arrivée à Paris le 2 septembre.
Billaud eut une grande part à l'insurrec-
tion du 10 mars 1793 et à la création du
tribunal révolutionnaire. Envoyé en mis-
sion dans le département d'Ille- et -Vi-
laine, il écrivit à là Convention pour lui
rendre compte de la position où se trou-
vait cette contrée, et lui demander de
nouvelles troupes. Ces forces n'ayant pas
été envoyées aussitôt, il accusa le conseil
exécutif de pusillanimité et de trahison,
et se hâta de retourner à la Convention
pour lui rendre , disait-il, son énergie ré-
publicaine. A son arrivée dans l'assem-
blée , il tourna tous ses efforts contre les
Girondins, et dénonça les généraux Cus-
tine , Houchard , etc., ainsi que la plupart
des magistrats communaux avec lesquels
il avait été en rapport dans sa mission.
Ces accusations n'eurent point alors d'ef-
fet. Après la révolution du 31 mai, diri-
gée contre les Girondins , la commission
des douze , organisée pour veiller sur les
anarchistes, ayant fait arrêter Hébert, Bil-
laud se joignit aux complices de ce scélé-
rat pour obtenir sa liberté. Il se prononça
avec fureur contre les députés que la
commune de Paris voulait proscrire, et
demanda que le décret d'accusation fût
porté contre eux séance tenante. La Con-
vention fut décimée , et depuis celte épo-
que , Billaud-Varennes ne cessa plus de
faire partie des comités, où presque tous"
ses rapports furent des actes d'accusa-
tion. Le 5 septembre , il appuya la de-
mande faite parles sections de Paris d'une
armée révolutionnaire, et le même jour
il fit entendre ces paroles , contre les ex-
ministres Clavières et Lebrun, a II faut
» que le tribunal révolutionnaire s'occupe,
» toute affaire cessante , de les juger, et
» qu'ils périssent avant huit jours ! » Ce
fut sur sa motion que Marie-Antoinette
fut envoyée à l'échafaud. Billaud fut
chargé de faire adopter par la Convention
le projet d'organisation du gouvernement
révolutionnaire, et dès lors il ne songea
plus qu'à accroître la puissance du re-
doutable comité dont il était un des me-
neurs. Il s'appliqua à détruire le pouvoir
de la commune, en même temps qu'à
renverser les factions d'Hébert, de Cha-
bot , de Fabre d'Eglantine , qui disparu-
rent tour-à-tour. Danton lui-même fut
abattu; le comité triomphait, mais des
clcmens de discorde fermentaient déjà
dans son sein. Robespierre s'irritait d'être
obligé de partager la puissance, et la fête
50
de l'Etre suprême, votée sur sa de-
mande , la loi du 22 prairial , présentée
sans l'aveu du comité, annoncèrent
cette direction nouvelle de l'ambition des
tyrans. Il se forma dès lors deux partis
dans le sein du comité de salut public ;
l'un, où figuraient Robespierre, Coutbon
<t Saint-Just, commença l'attaque; et
l'autre composé de Billaud-Varennes et
deCollol-d'Herbob, appuyés par presque
tous les membres du comité de sûreté
générale, se tint sur la défensive. Bientôt
arriva la journée du 9 thermidor (27 juil-
let) où Robespierre fut vaincu. Billaud ,
Collot-d'Herbois et Barrère qui s'était ral-
lié à eux . avaient espéré conserver le
pouvoir. Il n'en fut point ainsi; le cri
plus de Terreur retentit dans toute la
France, et les membres du comité de salut
public ne furent point réélus dans les
fonctions qu'ils occupaient depuis qua-
torze mois. Fouquier-Tinville, leur agent,
porta sa tête sur l'échafaud , et les mem-
bres eux-mêmes , dénoncés de toutes
parts, furent enfin mis en jugement de-
vant la Convention, qui, sortie victorieuse
d'une nouvelle attaque des anarchistes
qui essayèrent de les délivrer, condamna
les prévenus à la déportation. Billaud-
Varennes et Collot-d'Herbois furent en
conséquence envoyés à Cayenne , où on
les sépara. Le premier , envoyé dans les
déserts de Sinnamari, y retrouva, deux
ans plus tard, les victimes du 18 fructidor
qui lui témoignèrent une insurmontable
horreur. Après un séjour de vingt ans
dans les déserts de la Guyane , il parvint
à s'enfuir en 1816, et se réfugia à New-
Yorck , où il ne rencontra qu'horreur et
mépris de sa personne. Il se rendit au
bout ue quelques mois à Saint-Domin-
gue . où le président Péthion lui lit une
pension dont il ne jouit que pendant un
an, la mort l'ayant frappé au Port-au-
Prince, vers la fin de 1819. Outre les rap-
ports et les discours prononcés à la Con-
vention , Billaud-Varennes a laissé quel-
ques écrits dont les principaux sont :
| Plus de minisires ou point de grâce,
avertissement donné aux patriotes fran-
çais , etc. , 1790 , in-8° ; ] Despotisme des
ministres de France , 1790 , 5 vol. in-8°;
| V Acëphalocralie , ou le gouvernement
fédératif , émonlré le meilleur de tous ,
1791, in-8° ; | Question du droit des gens :
les Haïtiens ])ossèdent-ils les conditions
requises pour obtenir la ratification de
leur indépendance .in-40, Port-au-Prince,
1818. On a publié ous son nom à Paris,
o Bit
en 2 vol. in-8°, 1821, des Mémoires qui né
sont pas de lui.
* BILLAUDEL ( Jeax-Baptiste ), né le
25 janvier 1754, à Servon près deSainte-
Menehould, fut un des prêtres les plus ac-
tifs et les plus zélés pour les intérêts de
la religion. 11 reçut les ordres en 1779 ,
fut employé dans diverses places avant la
révolution, quitta alors la France et voya-
gea dans les Pays-Bas et la Westphalie :
mais, animé d'une ardeur qui ne lui per-
mettait pas de songer aux périls dont il
allait être menacé, il revint en 1795 dans
son pays, et exerça en secret son ministère
dans les diocèses de Cambrai, d'Arras, de
Noyon et de Laon. Il se livra ensuite au
travail des missions ; plusieurs fois il fail-
lit être arrêté : la Providence veillait sur
des jours aussi précieux. En 1797, il for-
ma le séminaire de Menneville , qui fut
dirigé par l'abbé Labrusse ; il créa à Laon
un pensionnat qu'il dirigea quelque temps
lui-même ; il s'occupa beaucoup de l'éta-
blissement des écoles ecclésiastiques. De-
venu curé de Liesse , il ne discontinua
point l'œuvre si difficile, mais si utile des
missions : il établit encore des maisons de.
piété et d'éducation chrétienne ; sa vie fut
très active et entièrement consacrée au
service de la religion. Il mourut le 22
novembre 1827. Ces détails sont extraits
d'une notice qui a été faite à Soissons , et
qui renferme l'histoire de quelques au-
tres pieux ecclésiastiques.
BILLAUT ( Adam ), connu sous le nom,
de Maître Adam, menuisier de Ne vers,
sous la fin du règne de Louis XIII , et au
commencement de celui de Louis XIV ,
fut appelé par les poètes de son temps le
Virgile au rabot. Il versifia au milieu de
ses outils et de ses bouteilles. Le cardinal
de Richelieu et le duc d'Orléans lui firent
des pensions. Ses Chevilles „ in-4°, son Vil-
lebrequiiij, son Rabot, in-12, etc. eurent
beaucoup de cours. On y trouve , parmi
un grand nombre de platitudes , quel-
ques vers heureux. Il mourut en 1662 à
Nevers , qu'il n'avait pas voulu quitter
pour le séjour de Versailles : il pensait
sainement sur les grandeurs.
* BILLECOCQ ( Jeax-Baptiste-Louis-
Josepu ), né à Paris le 31 janvier 1765 , et
mort en 1829, était avocat au moment où
la révolution éclata en France, et fit
preuve plusieurs fois d'une grande sa-
gesse et d'un talent distingué qui brilla
surtout dans la défense du marquis do
Rivière, accusé, lors du célèbre procès
de Georges Cadoudal, d'avoir voulu atten-
20,
BIL 5
ter aux jours du premier consul. Sous
l'empire, Billecocq fut nommé suppléant
au corps législatif; mais il n'y siégea ja-
mais. Il composa un grand nombre d'ou-
vrages qui lui assignent dans la littérature
un rang aussi distingué qu'au barreau.
Les principaux sont : | Voyage au Thiisl
par le père Andrada, et par Boy le, Tur-
ner et Poronguir, traduit de l'anglais,
1796, in-8°. | Voyages chez différentes
fiations sauvages de l'Amérique septen-
trionale par J. Lelong , traduction avec
des notes, 1704, in-8°; | Voyage de la
Chine à la côte nord-ouest d'Amérique
par le capitaine Meares, traduit de l'angl.
1793, 5 vol. in-8° et atlas in-4°; [ Conjura-
tion de Catilina, par Salluste , nouvelle
traduction , 1795 , in-16 ; | Voyage du
lieutenant H. chez les sauvages, habitans
du nord de l'Amérique , 1797 , in-18 ;
J Voyage de Néarque des bouches de V In-
dus jusquà l 'Euphrate , traduit de l'an-
glais ; | De la Religion chrétienne * relati-
vement à l'état, aux familles et aux indi-
vidus, in-8°, 3e édit. 1824; cet ouvrage est
rédigé dans un très bon esprit. | Enfin di-
verses brochures sur des sujets de cir-
constance , telles que celle sur la guerre
d'Espagne de 1825, etc.
* BILLEREY ( Claude-Nicolas ) , né
vers 1667, à Besançon, professeur en
médecine à l'université de cette ville, est
auteur d'un Traité sur la maladie pesti-
lentielle qui dépeuplait la Franche-
Comté en 1707, Besançon, 1721 , in-12 ; et
d'un Traité du Régime, 1748, in-12. Il
a laissé plusieurs autres ouvrages manu-
scrits : on en conserve un à la bibliotbè-
que publique de Besançon, intitulé : Trac-
taius medicamentorum simplicium ex
regno animali, vegetabili* et minerali,
depromptorum, quorum nomma, descrip-
tiones , virlutes , prœparationes et usus
in medicina descripta sunt et pic ta, à Cl.
Nie. Billerey, 2 volumes in-4°. L'auteur
de Y Histoire abrégée du comté de Bour-
gogne dit que Billerey était savant dans
les mathématiques et l'astronomie, qu'il
possédait plusieurs talens agréables , et
qu'il parlait avec facilité le grec, le latin,
l'italien, l'espagnol, l'allemand et l'anglais.
11 est mort en 1759, âgé d'environ quatre-
vingt-douze ans.
BILLI ( Jacques de ) , né à Guise en
1534, dont son père était gouverneur,
mourut à Paris, chez Génébrard son ami
en 1581 , à 47 ans. Il possédait deux ab-
bayes. On a de lui plusieurs écrits en vers
et en prose, et surtout des traductions des
0G BIL
Pères grecs en latin. Les plus estimées
sont celles de saint Grégoire de Nazianze,
de saint Isidore de Péluse et de saint Jean-
Damascène. Peu de savans ont mieux
possédé la langue grecque. Il se distingua
dans d'autres genres. Il composa quelques
poésies françaises, 1576, in-8°, et donna
de savantes Observaliones sacrai* 1585,
in-fol. Sa vie a été écrite en latin par
Chatard, Paris, 1582, in-4°. On la trouve
aussi à la fin des Œuvres de saint Gré-
goire de Nazianze, de l'édition de 1583.
BILLI ( Jacques de), jésuite, né à Con>
piègne eh 1602, mort à Dijon en 1679, à
77 ans , a publié un grand nombre d'ou-
vrages de mathématiques, dont YOpus
astronomicum, Paris, 1661 , in-4°, est le
plus connu.
BILLICK. ( Everard ), né au village de
ce nom, dans l'évêché de Munster, vers
la fin du 15e siècle , entra dans l'ordre des
carmes , fut professeur en théologie à Co-
logne, et provincial dans son ordre. Il
résista avec courage aux efforts que fit
l'archevêque Herman de Weyden , pour
introduire le luthéranisme dans son dio-
cèse. Il réfuta le livre De la réformation
de Mélanchthon, etc. Il fut député à l'em-
pereur au nom du clergé et de l'univer-
sité de Cologne pour représenter les dés-
ordres qui régnaient dans cette ville ; il
parla avec tant de force , que l'empereur
déclara l'archevêque apostat déchu de la
dignité électorale. Ce même prince l'em-
ploya en différentes conférences tenues
à Worms , à Augsbourg et à Ratisbonne.
Le nouvel archevêque de Cologne , Adol-
phe de Schauwenburg , allant au concile
de Trente en 1551, le prit pour son théo-
logien; il y parut avec distinction. De re-
tour dans son pays, il employa son crédit
auprès de la régence de Cologne pour y
faire admettre les jésuites , qui y vinrent
à propos pour s'opposer aux progrès do
l'hérésie. Le nouvel archevêque le fil son
vicaire-général et son suffragant. Il mou-
rut avant de prendre possession de cette
dignité en 1557. On a de lui quelques ou-
vrages de controverse, et une oraison sur
la circoncision de Notre-Seigneur, qu'il
prononça au concile de Trente , et qui se
trouve dans les conciles du Père Labbe,
tome 14e. Il avait fait une Histoire du
concile de Trente, qui est restée manu-
scrite chez les Pères carmes à Cologne. Ce
sont des mémoires de ce qui s'était passé
sous ses yeux au concile : ils méritent de
voir le jour.
I51LLO.V ( François de ) vivait à Rome
BIL
507
BIjV
dans le 17e siècle, avec la qualité de secré-
taire du cardinal Jean du Bellay-Lan-
gey. On écrivait beaucoup de son temps
pour et contre le beau sexe. Billon prit
sa défense dans un ouvrage allégorique,
intitulé : La forteresse inexpugnable de
l honneur et vertu des Dames, divisée en
quatre bastions, Paris, 1555, in-4°, réim-
primé en 1564 sous un nouveau titre. Il
s'est fait plusieurs éditions de celte pro-
duction originale, l'une des plus extrava-
gantes q;i*ait enfantées l'esprit humain, et
qui , par cela même , a valu à son auteur
une espèce de célébrité que personne
fans doute ne sera jaloux de lui ravir.
BILLOT ( Jean ), prêtre du diocèse de
Besançon, né à Dole en Franche-Comté,
l'an 1709, est connu par des Prônes qu'il
composa pour les dimanches et fêles prin-
cipales de l'année, souvent réimprimés,
et dont la meilleure édition est celle de
Lyon, 1785. 5 vol. in-12 : ils ont été tra-
duits en allemand , Augsbourg , 1774 , 4
vol. in-8°. Il est mort à Macherans , dio-
cèse de Besançon , en 1767.
BILLUART ( Chaules-René ) , théolo-
gien , né le 8 janvier 1685 , à Revin , pe-
tite ville sur la Meuse , à trois lieues de
Rocroi, entra dans l'ordre des dominicains
où il enseigna avec réputation la théolo-
gie, et fut trois fois provincial. Il mourut
à Revin le 20 janvier 1757. On a de lui
un Cours de Théologie , Liège, 17/» 6-
1751 , 19 vol. in-8° ; il a été réimprimé à
Venise et Wurtzbourg en 5 vol. in-fol. Le
Père Billuart s'attache plus à la morale
qu'à la théologie scolastique et à la théo-
logie dogmatique ; il y défend avec viva-
cité les différens senlimens de son ordre.
Sa théologie aurait été plus généralement
utile, s'il avait suivi le conseil d'un de ses
plus savans confrères, de Melchior Ca-
nus {De Locis Theol. lib. 8. cap* 5 ).
Pro fide* etiam cum vitas discrimine J pu-
qna sit : pro his quœ fidei non sunl, sit
pugna si ila placet, sed incruenta sit
iamen. Cette Théologie est devenue ex-
cessivement volumineuse par les thèses
sur l'Ecriture sainte et l'histoire ecclé-
siastique, qu'il y a insérées, et qu'il a em-
pruntées en grand nombre de son cou-
frère le Père Alexandre. Ces thèses sont
omises dans Y Abrégé qu'il a donné de
son Cours de théologie* Liège „ 1754, 6
vol. in-8°. Le Père Billuart a encore donné
différentes dissertations , la plupart rela-
tives aux opinions scolastiques.
Ï" BILLY ( Nicolas-Antoine de), abbé,
à Vesoul en 1755, mort à Besançon , en
1825, était grand-vicaire de l'évêché dô
Langres, lorsque la révolution le força
d'émigrer. En 1808, il fut nommé profes-
seur d'histoire de la faculté des lettres de
l'académie de Besançon. Il a laissé une
Histoire de l'université du comté de Bour-
gogne * Besançon , 1814 , 2 vol. in-4° ; et
des Sermons.
* BILO\' ( Hippolyte ), médecin et pro-
fesseur des hôpitaux civils el militaires, et
de la faculté des sciences de Grenoble,
né en 1780 dans cette ville, se fit recevoir
docteur à Paris en 1805 , et revint à Gre-
noble où il professa la physiologie, et en-
suite la physique à la faculté des sciences,
jusqu'à sa mort arrivée le 19 octobre 1824.
On a de lui | sa thèse inaugurale sur la
douleur * | celle qu'il soutint à Montpel-
lier sur l'ensemble de la médecine, | plu-
sieurs articles du Dictionnaire des scien-
ces médicales; \ un éloge historique de
Bichat, et plusieurs ouvrages manuscrits.
* BILOTTA (Octave), a publié une
| fie de Barthélémy Camérarius ; et | une
Dissertation historique sur la patrie de
saint Janvier * Naples , 1636 , in-fol.
*BILOTTA (Vincent), secrétaire et
camérier intime de Paul V, mort à Béné-
vent au 17e siècle , a laissé des Odes ou
Canzoni* et une Tragi-comédie * Naples ,
1658.
BILSOX ( Tiiomas ) , évêque de Wor-
cester, l'un des écrivains les plus clairs ,
et les plus élégans de son temps , fut char-
gé conjointement avec Miles Smith de la
révision de la traduction de la Bible en
anglais faite sous le règne de Jacques Ier.
Il fut un des plus ardens champions de
l'église anglicane, et mourut en 1616. Il
a laissé quelques ouvrages. Le plus célè-
bre de tous est celui qu'il publia en 1604,
sur la descente de J.-C. aux enfers* ou
Tableau des souffrances de J.-C. pour la
rédemption du genre humain.
BliNER ( Joseph ), jésuite allemand,
mort vers l'an 1778 , a donné un ouvrage
excellent, intitulé Apparatus eruditionis
ad jurisprudenliam prœsertim ecclesias-
ticam, parles XIII. La cinquième édi-
tion en a été faite à Augsbourg, 1766-1767,
en 7 vol. in-4°. Ce sont des annales plei-
nes de recherches , et de faits qu'on ne
trouve pas ailleurs, au moins rassemblés
comme dans cet ouvrage.
BINET ( Etienne ). jésuite , né à Dijon
en 1569 , mort à Paris en 1659 , publia des
Vies des Saints, et d'autres ouvrages
écrits d'un style diffus et incorrect. Son
Essai sur les merveilles de la nature/
BI1V
;o8
miv
in- V, publié sous le nom de René-Fran-
çois, est le plus estimé.
BINET (François), disciple de saint
François de Paule, mort à Rome en 1520,
imita les vertus de son maître.
* BIIVET ( Claude), né à Beauvais,
dans le 16e siècle , fit ses études à Paris,
où il fut reçu avocat au parlement. Ad-
mirateur de Ronsard, il devint son ami :
la confiance la plus entière régnait entre
eux, et ce fut Binet que Ronsard choisit
pour donner une édition complète de ses
œuvres ; il en retrancha les satires que
Ronsard avait composées contre les vices
de la cour de Charles IX. Dès 1573 , il
avait publié diverses poésies à la suite des
OE livres de Jean de la Pèruse , Paris,
in-16. On trouve aussi quelques pièces de
sa façon dans le Recueil sur la Puce de
Mlle, des Roches, et dans celui sur la
Main de Pasquier. On trouvera, dans
les Bibliothèques de Lacroix-du-Maine et
Duverdier, la liste des autres petites piè-
ces qu'il avait composées en différentes
circonstances. Son Discours de la Vie
de Pierre Ronsard, Paris, 1586, in-4°,
contient beaucoup de particularités cu-
rieuses. Binet a traduit en vers français,
du latin de Jean Dorât, les Oracles des
douze Sibylles extraits d'un livre anti-
que, avec les figures des Sibylles, por-
traicts au vif par Jean Rabel, Paris,
1586,in-fol. —Jean BINET, son oncle,
mort avant 1573 , passait pour habile ju-
risconsulte , et faisait des vers latins et
français. — Pierre BINET, son frère , cul-
tivail aussi la poésie. On conjecture qu'il
mourut vers 1584, dans un âge peu avancé.
On a de celui-ci : | trois sonnels ; | un
poème de la Truite, adressé à Ronsard ;
j le Vœu du Pêcheur à Neptune, et quel-
ques autres pièces françaises et latines ,
dans l'ouvrage de son frère , intitulé : les
Plaisirs de la vie rustique, Paris, 1585.
* BI\"ET ( René ) , ancien recteur de
l'université de Paris, né le 25 janvier
1752, à Noire-Dame du Thill, diocèse de
Beauvais , fit ses études avec succès au
collège de Sainte-Barbe, et fut nommé
professeur, d'abord à l'Ecole militaire,
ensuite au collège Duplessis, où il en-
seigna là rhétorique jusqu'en 1795, épo-
que de la suppression des collèges. Il
perdit en même temps la place de rec-
teur de l'université. Dévoué à l'instruc-
tion publique , il accepta alors une mo-
deste chaire de grammaire à l'école cen-
trale du Panthéon; enfin il fut nommé
proviseur du lycée Bourbon à Paris , où
il est mort le 31 octobre 1812, On lui doit :
| une bonne traduction des OEuvres d'Ho-
race, avec le texte en regard, 1783, 2 vol.
in-12; 4e. édition revue par Jannet, Paris
1786, 2 vol. in-12 ; Valère Maxime, tra-
duit du latin en français, 1796, 2 vol. in-8°;
| une traduction des OEuvres de Virgile,
avec le texte en regard, 1805, 4 v. in-12 :
c'est la meilleure traduction que nou9
ayons de ce poète; | Histoire de la déca-
dence des mœurs chez les Romains, tra-
duite de l'allemand de Meiners, 1793, in-12.
* BING ( Jean ), amiral anglais , célè-
bre par ses malheurs, était fils de l'ami-
ral Bing, mort en 1733, à 70 ans, dont on
a imprimé Y Expédition en Sicile , dans
les années 1718 , 19 et 20 , petit vol. in-12.
Il se montra digne de son père dans plu-
sieurs courses maritimes. Parvenu aux
premiers grades de la marine militaire, il
fut envoyé en 1756 contre l'escadre de
France, commandée par la Galissonnière,
pour empêcher la prise de Mahon. Il y
eut un combat le 20 mai. Le chef de la
flotte anglaise fut obligé de se retirer, et
dès qu'il fut arrivé à Londres, on de-
manda sa tète au conseil de guerre , qui
le condamna unanimement à être arque-
buse. La sentence confirmée par le con-
seil du roi, fut exécutée le 14 mars 1757.
On lui reprochait d'avoir relâché en Por-
tugal pour vendre différentes marchan-
dises d'Angleterre, dont ses vaisseaux
étaient chargés ; de n'avoir canonné que
de loin, et de ne s'être pas assez approché
du vaisseau amiral de France.
* BING( Jean-Baptiste ), ( i ) israélite,
naquit à Metz en 1759. Après avoir fait de
bonnes études dans la langue hébraïque
juive , il traduisit le Phédon qu'il publia
à Berlin; sa traduction allemande fit une
sensation assez grande. Les juifs de Metz
ayant été attaqués par M. Aubert-Du-
bayet , Bing y répondit dans une Lettre
de Jean-Baptiste, juif de Metz, à l'auteur
anonyme d'un écrit intitulé : le Cri d'un
citoyen contre les Juifs, Metz, 1788, in-8°;
son livre a été cité par Mirabeau , dans sa
Monarchie Prussienne, et par l'abbé Gré-
goire, dans son discours sur celte ques-
lion proposée par l'académie de Metz ;
Déterminer les moyens d'opérer la régé-
nération sociale et politique des Juifs,
discours qui remporta le prix. Bing a aussi
donné une traduction de l'hébreu en fran-
çais d'une Elégie de Juda Levi sur les
ruines de Sion. Il mourut en 1805.
(i) EjI le ratine que Beht lUng.
BIX
309
BIO
. BINGHAM (Joseph ) , savant anglais,
dont nous avons un ouvrage sous ce titre :
O'igines ecclésiastiques, en anglais , Lon-
dres, 1708-22 , .S vol. in-8° : ibid. 1726 , 2
vol. in-fo'. Il a élé traduit en latin , Hall ,
1724, et années suivantes , 11 tomes en 6
vol. in-4°. Cet ouvrage est plein de re-
cherches, mais aussi plein d .■. préjugés
et de mauvaise cri.ique contre les dog-
mes, la liturgie et la discipline de l'Eglise
catholique. Comme on avait déjà répondu
à la plupart de ses critiques , et qu'elles
sont d'ailleurs de la plus mince considé-
ration , il est difficile de na pas soupçon-
ner l'auteur de quelque mauvaise foi. 11
mourut le 17 août 1723. On a encore de lui
quelques autres ouvrages en anglais. | apo-
logie des Réformes de France, in-S°; \ Pra-
tique de l'Eglise dans le Sacrement de
Baptême , 1712 ; j Sermons sur la miséri-
corde de Dieu envers les pénitens.
* BIXGnAH ( Georges ) , théologien
anglican, né d'une famille noble en 1715,
à Melcomb-Bingham, dans le comté de
Dorset, et mort en 1800, à Pimpern,dout
il était recteur. Son fils , Peregrine Bing-
ham, a publié , en 1804, en 2 vol. in-S":
Dissertations,, Essais et Sermons de G.
Bingham, etc. précédés d'une Notice sur
sa Vie. Les principaux écrits dont se
compose ce recueil, sont : | Traité sur le
Millenium , ou l'Opinion des millénai-
res, 177-2 , sans nom d'auteur; | Défense
de la doctrine et de la liturgie d' Angle-
terre, à l'occasion de l'apologie de Théo-
phile Lindsay ,171 '4; | Dissertationes apo-
calyplicœ. Bingham y prétend que ce
livre est l'ouvrage de St. Jean l'Evangé-
liste ; que ce n'est point le pape, mais
Mahomet qui eet l'Ante-Christ; que Con-
slantinople, et non Rome, est la Babylone
des prophéties; que le Millenium n'est
pas encore commencé , mais qu'il doit
s'accomplir. C'était un théologien aussi
zélé que savant , et qui joignait à beau-
coup de candeur quelque disposition à
l'enthousiasme.
BIIVI ( Séverin ), Binius, chanoine de
Cologne, mort le 14 février 1641 , donna
en 9 vol. une édition des conciles en. 4
vol. in-folio; puis en- 1018, une autre en
9 vol. et une 5e en 1658, 10 vol. EILj a été
effacée entièrement par celles qui ont
paru après. Voyez LAEBE.
* BINOS ( l'abbé de ) , né à Saint-Ber-
trand de Comminges, était avant la révo-
lution , chanoine de Saint-Bertrand. Il
mourut en 1803 âgé de 74 ans. On a de
lui un Voyage par l'Italie en Egypte, au
mont Liban, en Palestine ou Terre-
Sainte, 1787, 2 vol. in-12, traduits en al-
lemand, Breslau, 1788, in-8°.
BLXSFELD ( Pierre ) , chanoine, évo-
que titulaire d'Azot et suffragant de Trê-
ves, après avoir édifié l'Eglise par la ré-
gularité de ses mœurs, par son zèle et ses
travaux, mourut à Trêves en 1606. Il a
composé | Enchiridion Theologiœ pasto-
ralis, Douai, 1667 ; ouvrage peu recher-
ché aujourd'hui , parce qu'il en a paru
de meilleurs depuis sur celle matière.
| Commenlarius de Simonia , Trêves ,
1605, in-12 , estimé. | Tractatus de con-
fessionibus maleficorum et sagarum, Co-
logne , 1623 : ouvrage entrepris dans un
temps où l'on parlait beaucoup de sor-
ciers; il n'y manque point de critique
pour un siècle où l'on était trop crédule
sur les maléfices ; mais il n'en aurait pas
assez aujourd'hui que l'on est peut-être
trop incrédule sur cette matière. ( Voyez
BRUN ( le), HAEN, SPE, etc. ) | Un Traité
De Tenlationibus, plein d'avis sages, uti-
les et consolans , fruit de l'expérience et
de l'étude des cœurs.
BIOERASTAHL ( Jacob-Jonas ) , né
àRotarbo en Sudermanie, en 1751 , lutta
contre l'indigence pour faire ses études ,
s'appliqua particulièrement aux langues
orientales , et se fit connaître en 1765 par
la première partie de son Dialogus he-
bràicus ex arabica dialecto illustratus.
Il entra ensuite en qualité de précepteur
chez le baron de Rudbeck , maréchal de
la cour de Suède , parcourut une partie
de l'Europe avec ses élèves , et à son re-
tour fut nommé professeur adjoint des
langues orientales à Upsal , professeur de
philosophie en 1776, et professeur des
langues orientales et grecque en 1779, à
Lunden. Ayant entrepris par ordre du
roi un voyage en Turquie , il mourut à
Salonique le 12 juillet 1779. On a de lui
des Lettres écrites durant le cours de ses
voyages, en suédois , traduites en alle-
mand par M. Groskurd , Leipsick, 1779,
3 vol. in-8°; et Suite de ces Lettres, 1781,
in-8°. Les premières présentent des choses
intéressantes et des jugernens impartiaux.
On y trouve des anecdotes curieuses tou-
chant Voltaire , qu'il avait vu à Ferney :
la Suite, publiée après sa mort, mérite
peu d'être lue : soit que les éditeurs aient
altéré ces écrits Posthumes , comme il
n'arrive que trop souvent; soit que le
voyageur s.e soit lassé d'être sage et équi-
table : ses dernières relations sont rem-
plies de jugernens faux, satiriques, ca-r
BIO 5
îbmnieux , dictés surtout par l'esprit de
secte, et de préventions aussi ridicules
qu'injustes contre les catholiques. Rien
n'égale la légèreté avec laquelle le rapide
voyageur ( car il ne fait qu'arriver, re-
garder tout et partir ) prononce pour ou
contre un livre , pour ou contre un ou-
vrage de l'art. On peut en juger par la
surprise qu'il témoigna de voir à Colo-
gne , dans l'église de Saint-Pierre, le
Christ peint la tête en bas , chef-d'œuvre
de Rubens. Il faut être bien superficiel
ou bien étourdi pour ignorer que c'est
saint Pierre qui est peint dans cette atti-
tude, et que c'est ainsi que son martyre
est toujours représenté.
BION , de Smyrne , poète bucolique
grec , sous Plolémée Philadelphe , floris-
sait l'an 288 avant J.-C. Moschus . son dis-
ciple, dit qu'il mourut de poison. Ses Idyl-
les offrent des images champêtres, rendues
avec beaucoup de délicatesse , une poésie
douce et facile, un style pur et élégant.
Elles ont été traduites en vers , par Lon-
gepierre, en 1686 , in-12, peu commun.
La traduction est à peina lisible, mais
elle contient d'excellentes remarques :
l'édition de Commelin , 1604,in-4°, est
estimée. Bion a aussi été traduit en vers
par Poinsinet de Sivry , à la suite de son
Anacréon , et en prose , par M. Monlon-
net de Clairfons , avec sa traduction d'A-
nacréon, et par M. Gail, 1795, in-18.
BION , philosophe grec de Borysthène ,
disciple de Cratès , puis cynique, s'adonna
à la poésie , à la musique , et prononça
un grand nombre de sentences, les unes
ingénieuses, les autres vides de sens,
comme tous ces moralistes de fantaisie,
qui prêchent sans sanction et sans prin-
cipes bien affermis. Quelqu'un lui ayant
demandé quel était de tous les hommes
le plus inquiet , — Celui qui veut être le
plus heureux et le plus tranquille... Il
disait en parlant du mariage • Qu'une
femme laide était un supplice pour son
mari, et que si une belle était un sujet
de plaisir, c'était moins pour lui que pour
ses voisins... Un envieux lui paraissant
avoir l'air triste et rêveur, il lui demanda
si sa tristesse venait de ses propres mal-
heurs ou du bonheur des autres ? « L'im-
» piété était, selon lui, une mauvaise
» compagne de la sécurité , parce qu'elle
» la trahissait presque toujours. » C'est
peut-être la plus sensée de ses maximes ;
il la vérifia, dit-on, à sa mork Etant sur
mer avec des pirates qui disaient qu'ils
étaient perdus si on les reconnaissait :
() BIR
— Et moi aussi, leur répondit-il , si on
ne me connaît pas. Il n'y a presque pas
une seule sentence de ces anciens sages
où il n'y ait quelque trait de vanité et
d'orgueil... Une maxime utile et pratique,
mais que la philosophie profane ne réa-
lisera jamais, était celle qu'il donnait à
ses disciples : Quand vous écouterez avec
fa même indifférence les injures et les
complimens , vous pourrez croire que
vous avez fait des progrès dans la vertu...
Il trouvait quelque chose de contradic-
toire dans les funérailles : On brûle les
gens, disait-iL comme s'ils étaient insen-
sibles, et on les pleure comme s'ils étaient
sensibles. Sophisme ou calembourg peu
digne d*un sage... Il quitta le manteau et
la besace de cynique, pour suivre les
leçons de Théodore, surnommé Y Athée ,
et enfin de Théophraste : métamorphoses
qui n'ont rien d'étonnant pour qui con-
naît la capricieuse mobilité de ces pré-
tendus sages. On dit qu'à la mort il re-
connut ses impiétés , et en demanda par-
don à Dieu. Il recherchait les applaudis-
semens par les plus puériles extravagant-
ces. On rapporte qu'étant à Rhodes, il fit
habiller des matelots en écoliers, et se
donna en spectacle avec cette brillante
suite. Bion florissait l'an 276 avant J.-C.
— Il ne faut pas le confondre avec un
autre BION , de la secte de Démocrite ,
et mathématicien d'Abdèrc. Celui-ci est
le premier qui conjectura qu'il existait
certaines régions où les jours et les nuits
duraient six mois.
BION ( Nicolas ) , mécanicien et ingé-
nieur pour la construction des instru-
mens de mathématiques et des globes ,
mourut à Paris en 1731 , à 81 ans. On a
de lui | De la construction et des usages
des Instrumens de Mathématiques , Pa-
ris, 1752 , in-/i°. | De l'usage des globes
et des sphères , Paris , 1751 , in-8° ; | deux
bons traités publiés par son fils.
BIONDO. Voyez BLONDUS.
BIRAGUE (Clément), graveur en
pierres Unes , passe pour le premier qui
ait trouvé le moyen de graver sur le dia-
mant. Cet artiste était Milanais. Il vécut
long-temps à la cour de Philippe II , roi
d'Espagne.
BIRAGUE (Rexé de ) , né à Milan
d'une maison noble et ancienne , se re-
lira en France , où François Ier le fit con-
seiller au parlement de Paris , puis surin-
tendant de la justice. Charles IX lui donna
la charge de garde-des-sceaux en 1570,
et celle de chancelier de France en 1573.
BIR 5
Grégoire XIII honora Birague du chapeau
de cardinal , à la prière de Henri III, qui
le déchargea des sceaux. Il avait été ma-
rié avant sonentrét: dans l'état ecclésias-
tique. Il disait ordinairement qu'il était
cardinal sans titre , prêtre sans bénéfice,
et chancelier sans sceaux; mais en cela
il n'y avait qu'un jeu de mots ; car il n'é-
tait point prêtre sans bénéiiee, puisqu'il
était évêque de Lavaur , abbé de Flavi-
gni , de St. -Pierre de Sens. Ce cardinal
mourut en 1583.
BIRCH ( Thomas ) , né à Londres le
23 novembre 1705 , de parens quakers ,
docteur en théologie à Aberdéen en 1753 ,
pasteur deDebden dans la province d'Es-
sex , mourut le 9 janvier 1766. Il est par-
ticulièrement connu par son Dictionnaire
historique et critique, en anglais , 10 vol.
in-fol. , 1754 à 1741 , traduit en grande
partie de Bayle. On peut dire de celte
compilation, comme de tous les ouvrages
de ce genre : sunt b ona , sunt quœdam
mediocria , sunt mala plura. On a en-
core de lui | Vie de Bayle , 1744 , in-8° ;
J Portraits des personnes illustres de la
Grande-Bretagne , gravés par Houbra-
ken , avec leurs Vies , 1747-1752 , 2 vol.
in-fol.; | Mémoires sur le règne de la
reine Elizabelh, 1754 , 2 vol. in-4°;
| Histoire de la Société royale de Lon-
dres, dont il avait été secrétaire, 1756,
k vol. in-4°.
BIRCK. Voyez BÉTULÉE.
* BIREN (Jean-Ernest de ) , duc de
Courlande et de Semigalle, naquit en
1687, et était, dit-on, petit-fils d'un pal-
frenier du duc de Courlande, Jacques
III, et fils d'un paysan de ce duché,
nommé Buhren. Malgré la bassesse de son
origine, il forma des projets extraordi-
naires d'élévation , et s'éleva en effet au
comble des honneurs et de la puissance.
Après quelques premières tentatives de
fortune assez infructueuses , il s'insinua
à la cour d'Anne Ivanowna , duchesse
de Courlande. Son esprit et son exté-
rieur agréable lui acquirent toutes les
faveurs de cette princesse ; il ne put
néanmoins se faire admettre parmi la
noblesse qui le rejeta avec dédain. Lors-
qu'Anne monta sur le trône de Russie ,
en 1730, on lui imposa la condition de
ne point appeler son favori auprès d'elle ;
mais malgré sa promesse , elle ne tarda
point à mander Biren , qui parut triom-
phant à 4a cour et se promit bien de se
venger des grands , auxquels il avait fait
ombrage. Cependant .pour ne pas trop
il BIR
aigrir les esprits, il feignit d'abord de ne
se mêler de rien ; mais peu à peu , il s'in-
sinua dans les affaires, et au bout de
deux ans il gouverna l'état et sa souve-
raine elle-même. Il obtint les litres et les
places les plus honorables , et devint en-
fin duc de Courlande en 1737 : il fut re-
connu en cette qualité par cette même
noblesse qui l'avait dédaigné , et gou-
verna ce pays sans quitter la cour de
l'impératrice. Si Biren eût voilé son ori-
gine par quelques vertus , ou eût pu ne
pas murmurer d'une si grande puissance :
il avoit mis en vigueur toutes les parties
de l'administration, et prouvé des ta-
lents; mais sa cruauté ternira toujours sa
mémoire. Le nombre des victimes sacri-
fiées à sa vengeance est innombrable :
la famille des Dolgoroucki , une des plus
illustres de Russie , fut presque tout
entière immolée à sa jalousie ; les princes
Vasili et Ivan , qui avoient eu le plus de
crédit, furent roués vifs; deux autres
furent écartelés; trois eurent la tête
tranchée. Le nombre des infortunés qu'il
fit exiler en Sibérie s'élève, dit-on, à
plus de vingt mille. L'impératrice elle-
même ne pouvoit calmer ses fureurs.
Elle s'occupa cependant de sa fortune
jusqu'au lit de la mort , et lui donna par
son testament la tutelle du jeune Ivan,
désigné pour lui succéder. Après la mort
de la czarine , Biren fut solennellement
déclaré régent par tous les ordres de
l'état. Son ambition s'accrut avec sa puis-
sance : il osa porter ses vues jusqu'au
trône de Russie , et formait le projet d'y
placer sa postérité , en faisant épouser à_
son iils aîné la princesse Elisabeth, fille
de Pierre I, et à sa fille le duc de Hols-
tein , depuis Pierre III. Une seule nuit
renversa tous ses plans. Le maréchal de
Munich , autre intrigant de cour , mé-
content du régent , forma une conspira-
lion pour faire passer la régence à la du-
chesse de Brunswick, mère du jeune
czar. Biren fut arrêté dans son lit , en-
chaîné et conduit àla forteresse de Schlus-
selbourg. Une sentence le déclara crimi-
nel d'état. Il fut dépouillé de tous ses
biens , et conduit avec sa famille à Pelim
en Sibérie, où on l'enferma dans une
prison dont Munich avoit donné le plan.
Un an après, une nouvelle révolution
plaça Elisabeth sur le trône, renversa
Munich et adoucit le sort de Biren , à qui
il fut permis d'aller s'établir à Jaroslaw.
Par un de ces coups de la Providence ,
qui peut aussi punir l'oppresseur dont
BIR
cilc a fait l'instrument de sa justice , Mu-
nich, exilé à son tour, alla occuper la
prison qu'il avoil fait bâtir pour son enne-
mi. Lorsque Pierre III monta sur le trône,
près de 50 ans après , il rappela ces deux
rivaux , et Biren reparut à la cour. Ce
caractère irascible n'était pas adouci par
l'infortune. Irrité de ce que Pierre ne lui
rendait pas son duché de Courlande , il
se joignit au parti qui renversa ce prince
et plaça Catherine II sur le trône. Cette
princesse lui rendit la Courlande. Il gou-
verna ce pays avec assez de modération ,
et vécut loin des affaires jusqu'à l'épo-
que de sa mort, arrivée à Mittau en 1772.
Quatre ans après, Catherine enleva la
Courlande à Pierre son fils qui lui avait
succédé.
*BIRÉ (Pierre) était avocat du roi
au présidial de Nantes , dans le 16e siè-
cle. Il n'est connu dans la littérature que
par deux ouvrages. Le dernier qu'il pu-
blia en 1593, est un catalogue des alliances
généalogiques de la maison de Lorraine ,
qu'il fit imprimer à Nantes , en un vol.
in-4°. Le premier qu'il avait publié dès
4380 , en un vol. in-4° , aussi à Nantes ,
et qui eut une 2e édition en 1637 , est cu-
rieux et rare ; il porte pour titre : Epi-
masieJ ou gazette d'Aletin le martyr J
contenant l'origine , l'antiquité , noblesse
et sainteté de la Bretagne Armorique ,
et principalement de Nantes et de Rennes.
* BIRGER de BIELBO , comte du palais
et régent de Suède , né vers l'an 1210 , de
l'illustre famille des Folkungar , la plus
puissante du royaume , avait épousé en
4256, Ingeborg , sœur du roi Eric le Bè-
gue, et obtint en 1238 la charge de jarl,
répondant à celle de comte ou maire du
palais. Une expédition heureuse contre
les Danois, qui assiégeaient Lubek, avait
fait connaître ses talens comme guerrier,
et le fit choisir par son souverain pour
aller soumettre les Tavastiens , peuple de
la Finlande , encore plongés dans l'ido-
lâtrie, et dont les pirateries étaient un
fléau pour la Suède. Birger fut victo-
rieux, et acheva la conquête et la con-
version au christianisme d'un pays où le
roi saint Eric avait , le premier, fait con-
naître la foi. Le roi de Suède mourut
pendant cette expédition, et les états
nommèrent pour lui succéder Valdemar,
fils de Birger , âgé de 15 ans. Le comte
du palais , à son retour , mécontent d'ê-
Ire privé du titre de roi , fut obligé de
dissimuler et de se contenter de la ré-
gence du royaume. Son administration
212 BIR
fut sage et contribua beaucoup aux pro-
grès de la civilisation suédoise. Il réforma
le code des lois , fit de nouveaux règle-
mens pour toutes les villes , mit un frein
aux vengeances particulières , protégea
constamment la religion , et employa
toutes sortes de moyens pour donner de
la considération à la Suède , pour assu-
rer le bonheur et la paix de ses compa-
triotes. Stockholm lui doit son origine ; il
fit bâtir les premiers édifices de cette
capitale entre le lac Mêler et la mer ; et
jeta les fondemens de la cathédrale d'Up-
sal. Au milieu de ses glorieux travaux , la
tranquillité de Birger et de l'état fut quel-
que temps troublée par une faction for-
mée dans sa famille pour détrôner Val-
demar. Il en sortit vainqueur, mais on lui
reprocha d'avoir, dans cette occasion,
fait périr plusieurs des chefs , qui , sur la
foi d'un traité , étoient venus dans son
camp pour terminer la querelle à l'amia-
ble ; perfidie qui ne saurait être excusée
et qui ternit la gloire de son gouverne-
ment. Sur la fin de ses jours , il obtint
du roi son fils des apanages considéra-
bles érigés en duchés souverains pour
ses trois autres fils. Ce démembrement
fut par la suite funeste à la Suède, par
les troubles qu'il y excita. Birger mourut
en 1266, chéri et respecté des peuples.
Bottin a écrit sa vie, et Bunberg son
éloge , en suédois. Ces deux ouvrages
sont estimés.
*■ BIRGER , roi de Suède , petit-fils du
précédent, et fils de Magnus Ladulas,
naquit en 1280 , et fut reconnu par les
états pour successeur de son père, en
1284. Magnus mourut en 1290; et, peu
après , Birger , âgé de dix ans , fut élevé
sur le trône ; on lui donna pour tuteur
Thorkel Canutson , maréchal du royaume,
connu par sa bravoure et ses talens mili-
taires. Il entreprit diverses réformes aux-
quelles ne présida pas toujours un esprit
judicieux , et qui firent beaucoup de mé-
contens. Ceux-ci profitèrent de la fai-
blesse de Birger, et de l'ambition des
ducs Eric et Waldemar, frères de ce
prince, pour le faire tomber. Les ducs
s'étant mis à leur tête s'emparèrent de
plusieurs provinces. Birger effrayé se ré-
concilia avec ses frères en leur sacrifiant
Thorkel. Mais ayant refusé de souscrire à
de nouvelles prétentions qu'ils élevaient,
il fut arrêté , ainsi que la reine Margue-
rite de Danemarck, et l'un eM'autre fu-
rent mis en prison dans le château de
Nykœping. Un domestique fidèle parvint
BIR
313
BIR
à sauver leur fils Magnus, qu'il condui-
sit en Danemarck. Le roi recouvra enfin
la liberté en partageant ses états et le pou-
voir suprême avec ses frères. Il respirait
cependant la vengeance , et il eut recours
à la ruse et à la trahison. Ayant invité
ses frères à un festin, il les fit arrêter,
charger de chaînes, et jeter dans une
prison , où ils moururent de faim. Cet
acte de barbarie arma contre Birger un
parti nombreux , et lui fit perdre l'estime
de la nation. Réduit à fuir , il chercha un
asile en Danemark. Il apprit bientôt
après que la couronne avait été donnée à
Magnus, fils du duc Eric. Son fils ayant
reparu en Suède , fut saisi et condamné
à mort. Traîné sur une place publique ,
le jeune prince protesta de son innocence
et fit entendre des plaintes auxquelles le
peuple demeura sourd. Sa tête tomba
sous la hache du bourreau. La nouvelle
de cette catastrophe fit la plus profonde
impression sur Birger, et le chagrin qu'il
en ressentit hâta sa moi t. Il mourut en
Danemarck en 1521, et fut enterré à
Rings ledt dans l'île de Seeland.
BIRGITTE. Votjez BRIGITTE.
BIROAT ( Jacques ) , né à Bordeaux ,
entra dans la compagnie de Jésus et
passa ensuite dans l'ordre de Cluni.
Son talent pour la chaire lui fit une répu-
tation étendue. Il devint prieur de Beus-
san , conseiller et prédicateur du roi , et
mourut vers l'an 1666. Nous avons de lui
des sermons et des panégyriques en plu-
sieurs volumes in-8°.
BIRON (Armand de GONTAULT, baron
de), maréchal de France en 1577, avait
mérité par sa valeur en divers sièges et
combats la charge de grand-maître de
l'artillerie en 1569. Après la mort funeste
de Henri III, il fut un des premiers qui
reconnut Henri IV. Il le servit utilement
aux journées d'Arqués, d'Ivri, etc., et
lui soumit une partie de la Normandie.
Il fut tué au siège d'Epernai en Champa-
gne , d'un coup de canon, en 1592. Ce
général avait composé des commentaires
dont M. de Thou regrette la perle. Il était
fort zélé pour la religion catholique. Ce
fut lui qui dissuada Henri IV de se reti-
rer en Angleterre ou à La Rochelle , et
qui lui persuada de tenir tête au duc de
Mayenne. 11 fut le parrain du cardinal de
Richelieu et lui donna son nom $ Ar-
mand. Il se glorifiait d'avoir passé par
tous les grades, depuis celui de soldat
jusqu'à celui de général ; il disait « que
» c'était ainsi qu'il fallait devenir maré-
%
» chai de France. » La sévérité est l'âme
de la discipline. Le maréchal de Biron ne
pardonnait jamais les fautes militaires,
quoiqu'il dissimulât toutes les autres;
mais ce genre de sévérité allait souvent
trop loin. Durant les guerres de religion,
Biron voulut faire brûler une maison;
l'officier qu'il en chargeait craignant d'ê-
tre un jour recherché, demanda qu'on
lui donnât l'ordre par écrit, a Ah cor-
» bleu ! dit Biron , êtes-vous de ces gens
» qui craignent tant la justice? Je vous
» casse ; jamais vous ne me servirez , car
» tout homme de guerre qui craint une
» plume , craint bien une épée. » Fausse
et mauvaise maxime : on peut craindre
les suites d'une injustice ou d'une vio-
lence , sans craindre une épée.
BIRON ( Charles de GONTAULT, duc
de ) , fils du précédent, né en 1561 , pair,
amiral et maréchal de France , fut confi-
dent et favori de Henri IV. Ce monarque
érigea en sa faveur la baronie de Biron
en duché -pairie. Il se distingua dans
toutes les occasions, à Ivri, aux sièges
de Paris et de Rouen , et au tombât d'Au-
male en 159/u II fut blessé la même année
au combat de Fontaine-Française. Le roi
le dégagea lui-même dans cette journée ,
du milieu des arquebusades , le trouvant
tout percé de coups d'épée. Il se signala
encore contre l'Espagne, aux sièges d'A-
miens , de Bourg-en-Bresse. Il fut ambas-
sadeur en Angleterre, à Bruxelles et en
Suisse. Le roi le combla de bienfaits;
mais le maréchal eut la lâcheté de con-
spirer contre son maître. Il se ligua avec
la Savoie et l'Espagne. Son dessein fut dé-
couvert par un gentilhomme nommé La-
fin , qui le dénonça. Dès que le maréchal
fut arrêté, il désavoua les projets qu'on lui
prêtait; et s'en déclara coupable ensuite
avec une faiblesse qui ne répondait guère
au courage qu'il avait montré. Il fut con-
damné à avoir la tête tranchée , et cet
arrêt fut exécuté le 51 juillet 1602 à la
Bastille. Sa passion pour le jeu était ex-
trême. Il y perdit , dans une année , plus
de 500 mille écus. Jamais homme ne fut
plus vain. Il ne cessait de dire du bien
de lui-même et du mal des autres. Il n'hé-
sitait pas de se préférer aux plus grands
capitaines de l'antiquité. Henri IV disait
des deux maréchaux de Biron , qu'il avait
eu beaucoup à souffrir de l'ivrognerie du
père J et des incartades du fils. Celui-ci
parlait du roi sans aucun ménagement. Il
disait devant tous les courtisans , « qu'il
» était d'une avarice épouvantable pour
27
BIR 5
d les choses nécessaires, et d'une prodi-
»galité sans exemple pour ses amours, n
Au siège d'Amiens , Biron lui dit tout
haut , « qu'il avait grand tort d'y avoir
» amené sa maîtresse , et que ce scandale
» faisait murmurer les soldats , et les ren-
» dait moins ardens à le servir. » Il est à
regretter qu'un homme qui avait une fran-
chise si rare et si respectable dans un
homme de cour, n'eût pas dans un degré
égal les autres vertus, dont l'ensemble
fait les grands hommes.
BIROA (Louis-Antoine de GONTAULT,
duc de ) , pair et premier maréchal de
France , chevalier des ordres du roi , co-
lonel-général du régiment des gardes fran-
çaises , gouverneur et lieutenant-général
pour le roi de la province de Languedoc,
etc., né à Paris le 2 février 1701, s'est dis-
tingué par ses vertus militaires, et plus
encore par ses qualités morales et chré-
tiennes. Quand il fut nommé , en 1745 ,
colonel des gardes françaises, ce régi-
ment n'était composé que de soldats sans
discipline et sans mœurs ; les gardes fran-
çaises étaient la terreur de tout Paris ; on
ne craignait rien tant que leur rencontre
dans la nuit. M. de Biron entreprit de
porter la réforme dans ce corps ; il y réus-
sit tellement, qu'il en forma un des corps
les plus disciplinés et les plus sages. Aussi,
Frédéric II , roi. ;ïe Prusse , disait qu'il ne
connaissait que deux corps bien rangés à
Paris j, celui des curés et celui des gardes
françaises. Il mourut le 29 octobre 1788,
laissant de vifs regrets aux bons citoyens,
et aux militaires un de ces derniers exem-
ples , autrefois si fréquens, aujourd'hui si
rares , où le courage guerrier brillait à
côté de la religion et de la piété. L'auteur
d'un excellent ouvrage en a parlé en ces
termes : « Un homme qui , étant par sa
» sagesse et par sa valeur le soutien du
» trône , le conseil du prince , le protcc-
» teur d'une des plus considérables pro-
» vinces du royaume qui se félicitera à
» jamais de son sage gouvernement , met
» sa gloire à honorer la religion , à la jus-
» tifier, à la consoler par l'éclat de ses
» vertus ; qui au milieu des grandeurs ,
» n'en connaît de véritable que celle de
» craindre Dieu; qui, ne voyant dans son
» élévation que la main que l'y a placé, et
» les devoirs qu'elle y attache , partage
» ses occupations entre ce qu'il doit à son
v roi et ce qu'il doit au souverain Maître
y des rois , n'est-il pas le triomphe de la
» religion et l'encouragement de la piété
» dans ce siècle vainement subtil, où les
14 BIR
» fausses maximes cherchent à prévaloir
» où l'on voudrait s'égarer avec méthode,
» faillir avec raison, et trouver un calme
» à la conscience par le naufrage de la foi
» ou le dépérissement de la morale ? » On
doit à Biron un Traité de la guerre ma-
nuscrit.
BIROX (AiuiAiVD-LomsdeGONTAULT,
duc de ) , né le 13 avril 1747 , neveu et
héritier de Louis- Antoine , fut connu, jus-
qu'en 1788, souslenomderfuc de Lauzun.
Entouré de tous les prestiges de la nais-
sance et de la fortune , il joignait à ces
avantages une figure noble, un esprit
orné par la lecture, et une ardeur extraor-
dinaire pour le métier des armes. Il fut
marié jeune et contre son gré; l'inquié-
tude de son esprit et la légèreté de ses af-
fections le firent courir pendant plusieurs
années en Angleterre, en Russie, en
Pologne , et ce genre de vie qui exigeait
une prodigieuse dépense, plongea ce
jeune seigneur dans un abîme de dettes.
Ses billets couraient sur la place sans y
être reçus, et il en était venu jusqu'à of-
frir des titres de cent mille francs pour
obtenir vingt-cinq louis qu'il ne trouvait
pas. En 1777 , n'ayant plus de ressources,
il céda tous ses biens au prince de Gué-
menée , à la charge de payer ses dettes et
de lui faire quatre-vingt mille livres de
rentes viagères. Telle était la situation où
l'inconduite et l'irréflexion avaient réduit
le duc de Lauzun , lorsqu'il partit pour la
guerre d'Amérique. Le duc de Lauzun s'y
fit remarquer par sa valeur et sa conduite
chevaleresques; il est sûr que sa tenue élé-
gante, et celle de ses brillans compagnons
d'armes , contrastaient avec la simplicité
des Sullivan et des Gates , qui allaient au
feu un bonnet de laine sur la tête , sous
leur chapeau de général. La bravoure et
l'intelligence du duc de Lauzun lui valu-
rent l'estime et l'amour de l'armée, qui le
désignait pour successeur de son oncle
dans le beau poste de colonel du régiment
des gardes ; mais les mauvaises impres-
sions que le dérangement de ses affaires
avait données, l'emportèrent sur l'intérêt
général que le duc de Lauzun inspirait. A
la mort du maréchal de Biron , il prit le
titre de duc de Biron ; mais il resta colo-
nel des hussards de Lauzun , et le régi-
ment des Gardes avait été donné au duc dn
Châtelet, lorsque la révolution de 1789
commença. Par ressentiment de ce passe-
droit , que méritait peut-être son attache-
ment inconsidéré pour le trop fameux duc
d'Orléans, le duc de Lauzun ternit son
BIR 51
premier nom en partageant les crimes
et la honte de Philippe Egalité, et ne
rougit pas d'être le confident et l'agent
secret de ce prince , devenu chef de con-
jurés. Le duc d'Orléans l'envoya en 1789
engager Rivarol à publier un libelle con-
tre la cour , et l'ambassade fut aussi hon-
teuse qu'inutile. Les procédures du Chà-
telet l'accusèrent d'avoir paru à côté de
ce prince , au milieu des assassins , dans
les nuits des S et 6 octobre 1789. Il avait
été nommé député de la noblesse de Quer-
cy aux états-généraux, où il fut peu remar-
qué. En 1792 , il publia un Mémoire sur
la défense des frontières de la Sarre et
du Rhin , qui eut quelque succès -, et peu
de temps après, il fut mis à la tête des
armées républicaines. Il faillit être mas-
sacré à Lille , en 1792 , avec Théobald
Dillon , après une défaite dont les soldats
révoltés les accusaient. Il fut éloigné de
cette frontière, et, de commandement en
commandement , il alla remplacer le gé-
néral Anselme à l'armée de Nice. Tour à
tour commandant de l'île de Corse, géné-
ral en Savoie et dans la Vendée , il n'ob-
tint sur ces différens théâtres ni succès ni
revers décisifs. Au mois de mai 1793 , il
allait être rappelé , lorsqu'il donna sa dé-
mission. Enfermé à Sainte-Pélagie, il fut
traduit au tribunal révolutionnaire et con-
damné à mort pour avoir favorisé les
Vendéens , c'est-à-dire, pour ne les avoir
pas vaincus. En allant au supplice , le 51
décembre 1793 -, il dit avec fermeté et re-
pentir : a Je meurs puni d'avoir été infi-
» dèle à mon Dieu , à mon roi , à mon or-
• dre.» On a publié sous son nom en 1822,
des Mémoires, qui se terminent en 1783,
à l'époque de son retour des Etats-Unis.
* BIROTEAU ( Jean-Baptiste ) , né à
Perpignan, fut député du département di s
Pyrénées - Orientales à la Convention.
Nommé , le 30 septembre 1792 , membre
d'une commission chargée d'examiner les
papiers de la commune de Paris , il atta-
qua fortement celtecommune,etdemanda
l'organisation d'une force départementale
destinée à défendre la Convention. Dans
le mois de novembre suivant, envoyé
dans le département d'Eure-et-Loir , il y
courut des dangers de la part du peuple ,
irrité du projet de loi qui tendait à sup-
primer le traitement des prêtres. Lors du
procès de Louis XVI, après avoir déclaré
«que, long- temps avant le 10 août , il
» avait décidé dans son cœur la mort de
* ce prince , » il vota pour l'appel au peu-
ple, et pour que l'arrêt de mort ne fût
3 BIS
exécuté qu'après la conclusion de la paix.
Le 19 février, il demanda la poursuite des
crimes du 2 septembre, et dénonça de
nouveau la commune de Paris. Lorsque
Carrier proposa l'établissement d'un tri-
bunal révolutionnaire , Biroteau voulut ,
mais en vain , que cette proposition fût
discutée. Il accusa plus tard Robespierre
d'hypocrisie ; mais le 51 mai ayant fait
triompher les montagnards , Biroteau fut
arrêté. Il parvint à échapper au gendarme)
qui le gardait, et se rendit d'abord à
Lyon. Le 28 juillet , on le déclara traître
à la patrie , comme chef d'un congrès dé-
partemental tenu dans cette ville. Pen-
dant le siège qu'elle eut à soutenir , Bi-
roteau se retira dans les environs de Bor-
deaux. Le décret qui prononçait la peine de
mort contre ceux qui recelaient les pros-
crits le livra à la commission révolution-
naire , et il monta sur l'échafaud le 2i
octobre 1793. La Convention accorda des
secours à sa veuve.
* BIRR ( Antoine ), docteur en méde-
cine , et professeur de grec à l'université
de Bâle, naquit dans cette ville en 1695,
On lui doit divers Traités de littérature
ancienne, de philologie, d'histoire de la
Suisse, etc. nasoigcôréôitîon ûu. Thésau-
rus linçuee latine* de Jlobert Etienne,
qui parut k Pâle , *n i7Ll, 4 vol. in-folio.
Birr mourut en 1762.
* EISACCïC:-™ (la comte Majomno ),
naquit a Ferrare sn 1P89 , d'une famille
noble et ancienne des éiais romains. Il se
livra d'abord à l'élude du droit , et fut
reçu docteur à Bologne ; ayant embrassé
peu de temps ar.rcs la carrière militaire,
il se distingua en d6C3 dans la guerre de
Hongrie , où il donna des preuves de son
courage, et fut ensuite forcé de quitter les
états de l'Eglise , à cause d'un duel qu'il
eut avec Alexandre de Gonzague sous
qui il servait. Obligé de changer d'état , il
devint homme de loi à Modène. Bisaccioni
fut nommé peu de temps après podestat
de Baïso : une accusation très grave qu'on
éleva contre lui faillit lui faire perdre sa
place-, mais il se justifia complètement
et fut nommé presque aussitôt à une
podestaterie supérieure. Le prince de
Corrège le nomma régent de ses états et
lui en confia l'administration civile et mi-
litaire. Il occupa successivement divers
emplois et il devint tour à tour gouver-
neur de la ville de Trente, lieutenant-
général, ambassadeur auprès du saint
Siège, gouverneur de l'état du prince
Avellino, employé pour des affaires im-
BIS
316
BIS
portantes à la cour de Savoie, servant dans
l'armée piémontaise sous le nom de comte
de Saint- Georges; Bisaccioni se retira
enfin à Venise, pour y chercher une vie
moins agitée , et s'y livra tout entier à la
composition des ouvrages qui nous restent
de sa main. Le roi de France , pour le ré-
compenser sans doute de divers services
qu'il en avait reçus, lui donna les titres de
gentilhomme de la chambre et de mar-
quis , et le décora du cordon de Saint-
Michel. Malgré tous ces honneurs, et quoi-
qu'il fût membre de plusieurs académies,
le comte Bisaccioni mourut pauvre , le 8
juin 1663. On a de lui | Statuti eprivilegi
delta sacra religione constantiniana _,
Trente, 1624, in-4°; | plusieurs écrits histo-
riques sur les guerres d'Allemagne ,pu-
bliés depuis 1633 jusqu'en 1642 ; | Istoria
délia guerra civili di quesli lempiJ cioè
d'Inghilterra ., Catalogua , Francia , etc.
Venise , 1655 , in-4° ; | L'Art d'écrire en
chiffres , Gènes , 1635 , in-8° ; | Sensi ci-
vili sopra il perfelto capitano., con le con-
siderazioni sopra taîtica di Leone impe-
ratore * Venise , 1642, in-4°; Messine,
i660 , in-4° ; | plusieurs drames en mu-
sique, savoir : Ercole in Lidia; Smira-
mide M ïndia, VQrithia Vereconda, VA-
mazone d'Aragona, Venise, 1645 , 1648,
4650 et 1651 ; \ un ouvrage accompagné
de gravures , sur les spectacles donnés au
nouveau théâtre de Venise , qui a pour
titre : f Apparati scenici per il teatro no-
vt'ssimo di Venezia, l'anno 1644, des-
criiti da Majolino Bisaccioni, inlagliatida
LIarco Boschiri, Venise , 1644 , in-fol. ;
J plusieurs romans et nouvelles , savoir :
L'Albergo ; favola tratta del vero , Ve-
nise, 1638 et 1640, 2 vol. in-12 ; La Nave,
owers novelle amorose politiche, Venise ,
4643, in-4°; DemelrioJ Moscovita, istoria
tragicaJ Borne, 1643, in-12; il Porto,
novelle più vere che finte, Venise , 1644 ,
in-12. Ce sont douze nouvelles que l'au-
teur feint d'être racontées par les passa-
gers d'un vaisseau près d'entrer au port.
Des Traductions italiennes de plusieurs
romans français.
* BISCHOFSWERDER , gentilhomme
saxon , entré au service de Prusse vers la
fin du règne de Frédéric II , puis ministre
de Prusse , et tout-puissant à la cour de
Berlin pendant plus de onze années. L'af-
fection qu'il avait témoignée à Frédéric-
Guillaume lorsque celui-ci, encore simple
prince royal, n'avait ni crédit, ni pou-
voir, lui valut une longue faveur que ne
purent lui enlever ni les vicissitudes du,
sort, ni les intrigues des courtisans. II fut
ministre plénipotentiaire de Prusse au
congrès de Systhove, et reçut de l'empe-
reur d'honorables marques de considéra-
tion, entre autres le don d'une boîte
ornée de son portrait. Bischoffswerder
accompagna le roi de Prusse dans la cam-
pagne de Champagne en 1792 , et revint
avec lui à Berlin. Envoyé à Francfort
comme ambassadeur , il quitta celte place
en 1794 , et mourut dans sa terre de Mar-
quais , près de Berlin , en 1803. Il fut un
des chefs de la secte des illuminés»
* BISC1IOP ( Guillaume ), évêque de
Chalcédoine, in partibus infidelium, et
vicaire apostolique en Angleterre , naquit
en 1553 à Brayles, dans le comté de War-
wick, et fit ses premières études à l'uni-
versité d'Oxford , d'où il passa au sémi-
naire anglais de Reims , puis à celui de
Rome. Revenant en Angleterre pour y
travailler aux missions , il fut , comme
prêtre catholique , arrêté à Douvres et mis
en prison. Ayant recouvré sa liberté, il
se rendit à Paris , et profita de l'occasion
pour faire sa licence et passer docteur en
théologie. Retourné en Angleterre une
seconde fois , il put y exercer les fonc-
tions du ministère. Le serment d'allé-
geance ayant été exigé des catholiques
après la conspiration des poudres, Bischop
fut d'avis qu'on pouvait le prêter, et s'en
abstint pourtant par respect pour le pape
qui l'avait proscrit. Ce ne fut qu'en 1623,
lorsqu'il avait atteint l'âge de 70 ans ,
qu'il fut revêtu de la dignité de vicaire
apostolique. Le saint Siège y joignit lo
titre d'évèque de Chalcédoine, et il fut
sacré à Paris le 4 juin de la même année.
Il s'occupa aussitôt et avec beaucoup
d'activité de l'organisation de l'église ca-
tholique anglicane. Il se créa un chapitre,
nomma des grands-vicaires , des archidia-
cres , des doyens ruraux , qui se répan-
dirent dans toutes les provinces de l'An-
gleterre. A peine eut-il le temps d'achever
ce grand ouvrage. Attaqué d'une maladie
grave , il mourut le 16 avril 1624. On a de
lui : | Défense de l'honneur du roi, et de
son litre au royaume d'Angleterre; \ Pro-
testation de loyauté par treize ecclésiasti-
ques , la dernière année du règne d'E-
lizabeth. Cet écrit valut aux catholiques
quelque liberté dans l'exercice de leur
religion. | Une édition de l'ouvrage du
docteur Pitts, De illuslribus Angliœ scrip-
loribus ; | divers Ecrits de controverse.
{ Voyez BLACKWELL.)
BlSCriOP f Nicolas ), en latin Episco
BIS
517
BIS
pt'us , célèbre imprimeur de Bàle , naquit
à Weissembourg en Alsace , vers la fin
du 15e siècle. Très versé dans les langues
grecque et latine , il cultiva la typogra-
phie avec le plus grand succès. Le fameux
Jean Froben lui donna sa fille en maria-
ge; et, à la mort de celui-ci , arrivée en
1527 , Bischop s'associa avec Jérôme Fro-
ben , fils de Jean , et par conséquent son
beau-frère. Ces deux imprimeurs entre-
prirent la collection des pères grecs ;
Erasme nous apprend qu'ils la commen-
cèrent par les ouvrages de saint Basile le
Grand. Les premières éditions où se trouve
le nom de Bischop , datent , selon les An-
nales de Panzer, de 1529. Tous les auteurs
qui ont traité de l'histoire de la typogra-
phie s'accordent à louer la probité et les
talens de Bischop ; il jouissait d'une grande
considération parmi les sa van s; Conrad
Gesner lui dédia le dernier livre de ses
Pandectes.
* BISHOP ( Samuel ) , théologien an-
glais, né à Londres en 17.11 , devint maî-
tre de l'école des marchands tailleurs , et
mourut en 1795. On a de lui quelques
pièces devers qui ont été recueillies après
sa mort , en 2 vol. in-4°, avec la vie de
l'auteur.
* BISSET ( Robert ) , écrivain écossais
né vers l'année 1759 , et élevé à l'univer-
sité d'Edimbourg, consacra sa vie à l'in-
struction publique et à la culture des let-
tres , et fut assez long-temps maître d'é-
cole à Chelsea , près de Londres. On a de
lui les ouvrages suivans : | Essai sur la
démocratie j 179G , in-8°. L'auteur , après
avoir passé en revue tous les états démo-
cratiques de l'antiquité, finit par se dé-
clarer contre cette forme de gouverne-
ment. | Vie d'Emond Burke 3 contenant
le tableau impartial de ses travaux litté-
raires et politiques , et un aperçu delà
conduite et du caractère des plus éminens
d'entre ses associés , ses partisans et ses
adversaires, 1798, réimprimée à Lon-
dres en 1800, en 2 vol. in-8° : cet ouvrage
est estimé. On doit aussi à R. Bissel quel-
ques romans , entre autres Douglas ou le
IWonlagnard, 4 vol. in-12, Londres, 1800.
et une édition du Spectateur , à laquelle
il a joint des remarques et des notices
biographiques sur les auteurs qui y ont
coopéré. Il mourut en 1805 , âgé de qua-
rante-six ans.
BISSON ( Louis-Charles ) , évoque de
Bayeux , né en 1742 d'un père laboureur,
fut d'abord curé de Saint-Louet, arron-
dissement deSaint-Lo, et prêta le serment
exigé par l'Assemblée constituante. Il de-
vint ensuite grand-vicaire de l'évêque
constitutionnel de Coutance , et fut en-
fermé dans une maison d'arrêt pour avoir
refusé de remettre ses lettres de prêtrise.
En 1799 il fut nommé évêque de Bayeux,
et assista au concile national de 1801. La
même année il donna sa démission d'après
la demande du pape , et il fut nommé
chanoine, honoraire de Bayeux. Il est
mort le 28 février 1820. On a de lui :
| Almanach historique ecclésiastigue et
politique du diocèse de Coutance , pour
les années 1770 à 1776, où l'on trouve
des recherches curieuses sur les antiqui-
tés civiles et ecclésiastiques de ce diocèse;
| Instructions stir le jubilé, Caen , 1802 ,
in-8° ; | Annuaire du Calvados pour 1803
et 1804 , Caen , in-18 ; | Méditations sur
les vérités fondamentales de la religion,
Caen , 1807 , in-12 , sous le voile de l'ano-
nyme ; | Mémoires sur les changement
que la mer a apportés sur le littoral du
département du Calvados; ouvrage qui
a remporté le prix de l'académie de Caen,
et qui se trouve dans le second volume
des Mémoires de cette société, publiés
en 1816. On a encore de lui quelques bro-
chures en faveur des prêtres assermen-
tés. Il a laissé en outre plusieurs manu-
scrits , entre autres un Dictionnaire bio-
graphique des trois départemens de la
Manche , du Calvados et de l'Orne ; fruit
des recherches de sa vie entière, et ren-
fermant les articles de plus de six cents
auteurs normands , la plupart inédits.
* BISSON, général de division, comte
de l'empire , né le 25 août 1767 , s'acquit
de bonne heure une grande réputation
aux armées d'Allemagne et d'Italie; il
s'illustra à la défense du Calelet sur la
Sainbre, où il tint tète avec 60 grenadiers
et 50 dragons, à une colonne de 6000
hommes et 7 pièces de canons. A l'affaire
de Messenheim, il soutint avec un bataillon
de 417 hommes , les efforts de 5000 fan-
tassins et de 1200 chevaux. Marengo , le
passage du Mincio et les campagnes de
Prusse et de Pologne furent encore pour
lui des théâtres de gloire. Il fut successive-
ment gouverneur-général de Brunswick,
de la Navarre , du Frioul , et du comté
de Goritia. Il mourut à Mantoue en 1811.
* BISSON ( Hexri ) , enseigne de vais-
seau, a rendu surtout son nom célèbre
dans la guerre que les Français ont sou-
tenue contre les Turcs pour l'indépen-
dance de la Grèce. Né à Guéménée ( Mor-
bihan ) le 5 février 179b, il sortit vers loio
27.
BIT
518
BIT
de l'école de marine à Brest, comme élève
de première classe, et fut promu, le 1er
mars 1820 , au grade d'enseigne de vais-
seau Il avait fait différens voyages en
celte qualité dans les mers de l'Inde, et
avait visité les côles d'Afrique, d'Asie, et
d'Amérique, lorsqu'il se rendit dans le
Levant. Il était abord de la frégate la Ma-
gicienne qui croisait dans l'Archipel, et
menait de capturer un brick forban, le
Vanaïoty. Quinze matelots sous ses ordres
furent chargés de le monter en suivant
la frégate qui ralliait le pavillon de l'ami-
ral Rigny. Va coup de vent sépara les
deuxbâtimens et le brick capturé fut dans
la nécessité de chercher un abri dans le
mouillage de l'île de Stampalie. Quelques-
uns des matelots prisonniers étant par-
venus à s'évader, annoncèrent aux pirates
de l'ile que l'équipage français était trop
faible pour défendre le brick en cas d'at-
taque. Presque à l'instant le brick est en-
vironné par une multitude de ces brigands
et Bisson déclare qu'il fera sauter le bâti-
ment plutôt que de se rendre. Deux grands
misticks chargés de 60 à 70 hommes fon-
dent sur les 15 Français et en tuent 9. Bis-
son est lui-même grièvement blessé. Il
descend dans la chambre des poudresavec
une mèche à la main , après avoir ordon-
né à son pilote Trémintin de se jeter à la
mer avec ses compagnons. Quatre français
gagnent la terre; le bâtiment saute, et
Trémintin est jeté vivant sur le rivage.
Cette scène terrible se passait dans la nuit
du 5 au G novembre 1827. Sur la proposi-
tion de Chaules X, les chambres votèrent
une pension pour la sœur de Bisson. M.
Revel de Lorient a donné la vie de ce
marin, Nantes, in-8°, 1828.
BISTAC ( François ), habile grammai-
rien, né à Langres le 7 février 1G77. Il fut
l'élève et le successeur d'Antoine Garnier,
et il perfectionna et augmenta considéra-
blement les Rudimens de son mailre. Ce
livre, adopté dans presque toutes les
écoles avant la révolution pour les pre-
miers élémens de la langue latine, a ob-
tenu un très-grand nombre d'éditions. Il
u encore été réimprimé en 1810, et tra-
duit en italien par l'abbé François Pages,
Pérouse, 1815, in-8°. Bistac mourut en
1752.
* BIT AUBE ( Paul-Jérémie ) , de l'a-
cadémie de Berlin , membre de l'institut
et de la légion d'honneur , né à Koenigs-
berg , d'une famille française que la ré-
vocation de l'édit de Nantes fit expatrier,
6e lit d'abord prédicateur par amour pour
les lettres; mais bientôt entraîné par son
goût pour la littérature grecque, il s'y li-
vra exclusivement, et entreprit de traduire
Homère. Son premier essai fut une Tra-
duction libre de l'Iliade, Berlin > 1762 ,
in-8°. Recommandé à Frédéric II par d'A-
lembert , dont il s'était concilié l'estime
dans un premier voyage qu'il fit en
France , il fut reçu à l'académie de Ber-
lin, et obtint la permission de faire un
second voyage pour perfectionner sa tra-
duction. Il réussit assez bien pour éclipser
tous ceux qui l'avaientdevancé. Nous n'a-
vions de traduction supportable que celie
de la savante Mme Dacicr, dont le style,
un peu sec, laisse beaucoup à désirer; la
sienne , qui réunit l'élégance à la fidélité,
obtint beaucoup de succès. Il en publia la
première édition en 1764, 2 vol. in-8°, la
seconde en 1780 , et la troisième en 1787.
Il publia l'Odyssée en 1785 , aussi en 2
vol. in-8°. Cette dernière traduction est
inférieure à la première. Dans l'Iliade la
force et la rapidité d'Homère soutiennent
et entraînent nécessairement son inter-
prète; mais l'Odyssée, qui ne présente que
des peintures de mœurs et des scènes
domestiques , laisse froid son traducteur,
surtout lorsqu'il veut tout rendre jus-
qu'aux plus petits détails; et cet esclavage
qu'il s'impose , l'entraîne dans des péri-
phrases languissantes et dans des con-
structions étrangères au génie delà langue
française ; son style manque de précision
et de naturel , mais ses notes sont instruc-
tives , et décèlent un écrivain nourri de
la littérature ancienne. Les autres ouvra-
ges de Bilaubé sont : | Joseph, p<ème,
où règne un fonds de sentimens tendres
et religieux qui touchent, parce qu'ils
semblent sortir du cœur de l'écrivain. lia
obtenu un grand nombre d'éditions; on y
trouve cependant des peintures dange-
reuses pour l'innocence. Le style en outre
en est très incorrect; | Guillaume de
Nassau, autre poème qui manque d'in-
vention, et n'a pas eu le même succès;
| Herman et Dorothée , petit poème , où
parmi quelques détail pleins de charmes
et de vérité, on trouve des scènes triviales
comme sans originalité. Les œuvres de
Bitaubé ont été recueillies en 1804 en 9
vol. in-8°. Son Iliade et son Odyssée ont
été réimprimées depuis en k vol. in-8° et
in-12 , et 8 vol. in-18. Bilaubé fut incar-
céré avec son épouse en 1795 , et ne re-
couvra sa liberté qu'après le 9 thermidor.
Il mourut le 22 novembre 1808.
BITQ.\ , mathématicien , qui vivait vers
BLA
3i9
BLA
S35 avant J.-C, a composé un Traité des
machines de guerre,, que l'on trouve dans
les Mathematici Veteres > Paris, 1593,
in-fol.
* BIVAR (François de), religieux de
l'ordre de Cîteaux , né à Madrid au 16e
siècle , enseigna dans son ordre la philo-
sophie et la théologie , et fut envoyé à
Rome en qualité de procureur-général. 11
a composé | des Vies de saints; | un
Traité des hommes illustres de l'ordre de
Cîteaux; | un Traité de l'incarnation ;
\ un Commentaire sur la philosophie d'A-
ristote ; | un autre Commentaire sur la
Chronologie de Flavius Lucius Dexler,
de laquelle l'authenticité a été contestée ,
et qu'il essaie de défendre dans deux
dissertations. Bivar mourut à Madrid en
1656.
* BIZET (Charles- Jules), ecclésiasti-
que , né en 1747 , entra dans la congréga-
tion des chanoines réguliers de Sainte-
Geneviève. A l'époque de la révolution ,
il échappa aux dangers qui menaçaient les
prêtres insermentés, et sortit de France
où il ne revint qu'après la dissolution du
Directoire. Il s'attacha en 1801 à la pa-
roisse de Saint-Etienne-du-Mont , et en de-
vint curé après la mort de M. Leclerc du
B radin. Bizet laissa en mourant un legs
de 10,000 francs aux pauvres de sa pa-
roisse. Il succomba le 8 juillet 1821 à l'âge
de 74 ans. On a de lui Discussion épisto-
laire sur la religion, entre G. TV., pro-
testant de l'église anglicane et M. T. B. B.
catholique romain , traduite de l'anglais
par M. T. B. B., Paris, 1801 , in-12. Les
lettres dont se compose cet ouvrage sont
datées de 1797 ; l'on y examine tous les
points de dissidence entre les deux églises.
BIZOT ( Pierre ) , chanoine, de Saint-
Sauveur d'Hérisson, dans le diocèse de
Bourges , né en 1696 , est auteur de V His-
toire métallique de la république de Hol-
lande , imprimée in-folio, à Paris, en
1687 , et réimprimée par Pierre Mortier,
à Amsterdam , 1688, en 3 vol. in-8°. Cette
édition est très belle. V Histoire de Bizot
la méritait ; elle est curieuse et intéres-
sante. Mais celle de Gérard Van Loon ,
1732 , 5 vol. in-fol. est beaucoup plus
complète. Il mourut en 1696 , âgé de 66
ans. — Un autre BIZOT (Denis) traduisit
en vers latins les 1er et 5e chants du Lu-
trin de Boileau , 1768 , in-8°.
* BLACHE (Antoine), prêtre et doc-
teur en théologie , né à Grenoble , en 1635,
d'une ancienne famille, se voua d'abord
à la carrière des armes : il l'abandonna
ensuite pour embrasser l'état ecclésiasti-
que , et après avoir fait partie de la com-
munauté des prêtres de Saint-Sulpice, il
devint curé de lluel. On a de Blache plu-
sieurs ouvrages qui tirent beaucoup de
bruit ; entre autres | une Réfutation de
l'hérésie de Calvin par la seule doctrine
de MM. de la Religion prétendue réfor-
mée , in-12 , Paris , 1687 ; | Anecdotes ou
histoire secrète découvrant les menées
sourdes du cardinal de Retz et de ses ad-
hérens pour ôter la vie au roi et au dau-
phin, 1699; cette étrange production va-
lut à l'auteur l'entrée à la Bastille , en
1709, et il y mourut en 1714. Blache était
complètement oublié , lorsque le 27 fé-
vrier 1768, le président Rolland prononça
un discours dans lequel il avait inséré plu-
sieurs extraits du livre de Blache. Les jan-
sénistes ont répété depuis cette époque les
absurdités qu'une passion aveugle avait
inspirées à Blache contre l'ordre des jé-
suites.
* BLACK (Joseph), chimiste célèbre,
né en 1728 , à Bordeaux , de parens écos-
sais , vint très jeune en Ecosse , et entra à
l'université de Glascow pour y étudier la
médecine. Le docteur Cullen, son profes-
seur, le prit en affection et lui inspira le
goût des études chimiques. Il reçut, en
1754, le degré de docteur en médecine à
l'université d'Edimbourg , et prononça à
cette occasion une dissertation, Dehumore
acido à cibis orlo , et magnesiâ albâ. Il
donna , quelque temps après , de nou-
veaux développemens à ce sujet dans un
mémoire imprimé dans le 2e vol. des Es-
sais philosophiques et littéraires de la so-
ciété d'Edimbourg , 1756, sous le titre
d'Expériences sur la magnésie blanche ,
la chaux vive et quelques autres substan-
ces alcalines. Il y démontre , de la ma-
nière la plus claire et la plus ingénieuse ,
l'existence d'un fluide aériforme qu'il dé-
signe sous le nom d'air fixe , dont la pré-
sence adoucit la causticité des alcalis et des
terres calcaires : on peut regarder cette
découverte comme la mère de toutes
celles qui ont immortalisé les noms des
Cavendish , des Prieslley, des Lavoi-
sier, etc., et ont donné une face nouvelle
à la chimie. En 1757 , Black enrichit la
science de sa belle doctrine de la chaleur
latente, qui a produit de si importans ré-
sultats. Il avait été nommé , en 1756 , pro-
fesseur de médecine à l'université de
Glascow , à la place du docteur Cullen ,
qui venait d'être fait professeur de chimie
à l'université d'Edimbourg. Lorsqu'on
BLA
320
BLA
1765, le docteur Cullen quitta cette chaire,
Black fut encore choisi pour le remplacer,
et se montra digne de succéder à ce célè-
bre médecin. Jamais professeur ne sut
inspirer autant d'enthousiasme à ses au-
diteurs : aussi , ses leçons contribuèrent-
elles beaucoup à populariser dans la
Grande-Bretagne le goût pour la chimie.
Il mourut en 1799 , âgé de soixante-onze
ans. Il était membre des sociétés philoso-
phiques de Londres et d'Edimbourg, et
avait été nommé, à la sollicitation de La-
voisier, l'un des huit memhres étrangers
de l'académie des sciences de Paris. Ses
mœurs étaient simples, son caractère
froid et réservé. Comme médecin , sa ré-
putation eut peu d'éclat; comme chimiste,
il se fit quelque tort par l'opposition qu'il
mit long-temps à l'introduction des nou-
velles théories chimiques , et par son si-
lence sur plusieurs célèbres chimistes
français, auxquels il finit cependant par
rendre justice. On trouve , dans le 65e vol.
des Transactions philosophiques de la so-
ciété royale de Londres (1774), un mé-
moire de Black sur l'effet de Véhullition
en disposant Veau à se congeler plus
promptement ; et dans les Transactions
philosophiques de la société d' Edimbourg ,
pour 1791 , une Analyse des eaux de
quelques sources chaudes en Islande.
Deux de ses lettres sur des sujets de chi-
mie ont été publiées x>ar h3 professeur
Crell et par Lavoisier. Ses Leçons de chi-
mie ont paru en 1803, en 2 vol. , précé-
dées d'une Notice sur sa vie , par le doc-
teur Bobinson On doit à Black les pre-
mières connaissances que nous ayons
eues sur les carbonates , surtout sur ceux
de chaux , de potasse , de soude , de ma-
gnésie.
BLACKALL (Offspring) , théologien,
ne à Londres en 1654, fut é\èque d'Exces-
ter, et se fit estimer par sa candeur et sa
probité. Il mourut dans son évêché en
1716. Il passe pour un des bons prédica-
teurs d'Angleterre. Ses Sermons ont éié
imprimés en 2 vol. in-fol.
* BLACKBUBIVE (François), théolo-
gien anglican, archidiacre de Cléveland,
né à Bichemond dans le coinlé d'Yorck
en 1703 , fut un des plus chauds partisans
do la liberté civile et religieuse. Il se fit
d'abord connaître par | une Apologie d'un
livre intitulé Recherches libres et sincères
sur l'Eglise d'Angleterre. Il s'engagea en
4756 dans la controverse concernant l'état
intermédiaire , qui s'agitait entre les théo-
logiens , et publia quelques écrits où il se
prononça contre cette question. L'année
suivante il donna le plus célèbre de ses
ouvrages, | le Confessionnal, ou libre et en-
tier examen du droit* de l'utilité , de l'é-
dification et de l'avantage de l'établisse-
ment de professions systématiques de foi
et de doctrine dans les églises protestan-
tes , in-4°. L'auteur émettait des principes
tellement opposés à ceux de l'église angli-
cane , qu'une congrégation de dissidens
lui offrit de devenir leur pasteur, mais il
s'y refusa. Il publia en 1768 | des Considé-
râtes sur l'état actuel de la controverse
entre les protestons et les catholiques de
la Grande-Bretagne et de V Irlande * par-
ticulièrement sur la question de savoir
jusqu'à quel point ces derniers ont droit
à la tolérance * d'après les principes du
protestantisme. Sa haine pour le catholi-
cisme le fit écarter dans cet ouvrage de
cette libéralité d'idées' dont il avait fait
preuve dans ses autres écrits. On lui doit
encore des pamphlets et des sermons. Il
mourut en 1787 , âgé de 83 ans.
* BLACKLOCK (Tiiomas) , poète écos-
sais, naquit en 1721, au bourg d'An-
nan dans le comté de Dumfries. Devenu
aveugle , à six mois, par suite de la petite-
vérole, il dut à cet accident une éducation
au-dessus de sa naissance. Son père , qui
était maçon , lui lisait souvent pour le dis-
traire , dans les meilleurs poètes anglais,
et cet exercice forma le goût et l'intelli-
gence du jeune infortuné. Quelques jeunes
gens qui fréquentaient les écoles publiques
venaient en outre lui répéter les leçons
qu'ils avaient reçues. A l'âge de douze
ans, Thomas s'essaya dans la poésie, et
obtint quelque succès. Ayant perdu son
père à 19 ans, il peignit sa douleur dans
des vers pleins de charme. Un médecin
distingué d'Edimbourg, M. Stephenson ,
touché de son sort , le plaça à l'université
de cette ville, et le mit en relation avec
plusieurs personnages célèbres , notam-
ment avec David Hume. A l'âge de 23 ans,
Thomas se faisait remarquer par son goût
passionné pour la musique , et il soutint
dans une dissertation Imprimée , que la
musique était le langage primitif des
hommes. Vers cette époque il fit paraître
un recueil de poésies. Il se voua en 1759
au ministère évangélique et fut un des
bons prédicateurs de sa communion.
Blacklock se maria en 1762 et ouvrit un
pensionnat à Edimbourg , où il mourut en
1791. Le choix de ses poésies a eu plusieurs
éditions. La dernière édition, qui a paru
en 1796, a été enrichie d'une notice sur la
BLA
321
BLA
vie de l'auteur par Spence. Outre les œu-
vres choisies, on lui doit : \ParaclesisJ
ou Consolations tirées de la religion na-
turelle et révélée, 1767 , in-8° ; | deux Dis-
cours sur l'esprit et les preuves du chris-
tianisme, traduits du français de Jacques
Armand, 1768; | Remarques sur la na-
ture et Vétendue de la liberté, etc., en ré-
ponse au docteur Price , 1776 , in-8°; | De
l'éducation des aveugles, traduit du fran-
çais de M. Ilaiiy, et imprimé dans l'Ency-
clopédie britannique , 1783.
* BLACKMOHE (Richard), médecin
et littérateur anglais. Le roi Guillaume le
nomma son médecin ordinaire et le créa
chevalier. Il a puhlié plusieurs ouvrages
en vers et en prose qui furent d'abord as-
sez bien accueillis du public; mais ayant
attaqué dans ses écrits des hommes qui lui
étaient bien supérieurs sous le rapport des
talens littéraires , il fut en butte à tous les
traits satiriques , et regardé dès lors
comme un mauvais poète. Le meilleur de
ses ouvrages est son poème sur la Création,
en 7 chants , loué par Addison , et par
Johnson qui l'a fait insérer dans la collec-
tion des poètes anglais , qui porte son
nom.
BLACKSTONE (Guillaume), né à Lon-
dres en 1723 , fut nommé professeur en
droit à Oxford, où ses leçons lui attirèrent
tant d'applaudissemens , qu'il fut invité à
en faire la lecture au prince de Galles
( depuis Georges III ) ; mais comme son au-
ditoire était très nombreux , il crut ne pas
pouvoir déférer à celle demande , et se
contenta d'envoyer des copies de plusieurs
de ses leçons au prince qui , loin de se
formaliser d'un refus dont le motif élait
si louable, fit remettre à Blackstone une
récompense pour ses copies. Il mourut le
24 février 1750, laissant une veuve et une
nombreuse famille qui se ressentirent de
la générosité et des bienfaits du roi. La
célébrité de ce jurisconsulte est particu-
lièrement due à un grand Commentaire
sur les Lois anglaises , 1765 , et années
suivantes , 4 vol. in-8° ; traduit en fran-
çais sur la 4e édition anglaise d'Oxford ,
Bruxelles, 1774, 6 vol. in-8°. Cette tra-
duction est défigurée par beaucoup de con-
tre-sens, et mutilée dans des choses es-
sentielles ; la partie qui concerne la justice
criminelle a été traduite plus exactement
par l'abbé Coyer, 1773 , 2 vol. in-8°, et par
M. Verninac de Saint-Maur, sous le titre
de Recherches sur les cours et les procé-
dures criminelles d' Angleterre , extraites
des commentaires de Blackstone, 1790,
in-8°. Les Commentaires ont été aussi tra*
duits en 1823 par M. Chompré, 6 vol. ii>
8°. Quelques auteurs ont comparé cet ou-
vrage à Y Esprit des Lois , mais ils n'a-
vaient pas le talent de saisir l'exactitude
d'un parallèle ; les deux objets sont trop
disparates pour se réunir sous quelque
point de vue. « Jamais ouvrage , dit un
» avocat célèbre, ne se sont moins ressem-
» blés que l'Esprit des lois et le Com-
r> mentaire sur les Lois anglaises. Le pre-
» mier est un amas d'idées incohérentes ,
» d'interprétations fausses, de traits d'i-
» magination, d'erreurs, de méprises dans
» les faits et dans les raisonnemens ; un
» recueil qui n'apprend rien , sinon que
» l'auteur avait beaucoup d'esprit et lisait
» fort légèrement (jugement un peu sé-
» vère). La seconde est une compilation
» toute positive, toute usuelle , qui com-
» prend en effet , mais sous une forme
» très massive , la véritable constitution
» britannique. » On a encore de Blackstone
Rapports des Cas jugés en différentes
cours de Jf^estminsler Mail , depuis 1746
jusqu'en 1779, Londres, 1781, 2 vol. u>-
fol.
* BLACKWAL (Antoine), théologien
anglais , et savant critique , né en 1674
dans le comté de Derby et mort en 1750 ,
s'adonna à l'instruction publique pendant
toute sa vie , et ouvrit d'abord une écoto
dans son lieu natal , puis à Market-
Bosworth , dans le comté de Leiccster. Il
se fit une grande réputation par le nom-
bre d'excellens élèves qu'il forma. Il a
traduit en latin les Sentences morales ds
Théognis, avec des noies et des correc-
tions , 1706 , in-8°. On lui doit encore | Ir>
troduclion à la lecture des classiques f
| une Grammaire latine ; \ Les classiques
sacrés , dé fendus et éclaircis, ouvrage qui
a eu deux éditions, et dont Wallius a
publié une traduction latine , Leipsick ,
1736.
BLACKWEL ( Alexandre ) , savant
médecin écossais d Aberdéen , disciple de
Boerhaave , exerça sa profession en Suède.
Il y conçut le dessein de saigner des ma-
rais; par une espèce d'équivoque assea
plaisante, son projet fut approuvé, et on
lui en confia l'exécution ; ce qu'il fit avec
succès. Mais ayant été convaincu d'avoir
trempé dans la conjuration du comte de
Tessin , il fut décapité le 9 août 1748. On
a de lui Curious Herbal (Herbier curieux),
orné de figures gravées d'après nature par
Elizabeth Blackwel , son épouse , habile
dessinatrice , 1759, 2 vol. in-foL, dont elle
BLA
522
BLA
a enluminé quelques exemplaires , qui
sont fort recherchés. Le docteur Trew en
fit faire une traduction allemande qu'il
augmenta considérablement et qui est de-
venue un nouvel ouvrage , quoiqu'il porte
le titre de Herbarium Blacwelianum.
Cette édition dont le texte est en latin et
en allemand parut à Nuremberg en 6 vol.
in-fol.
BLACKWEL (TnoMAs), savant écos-
sais, principal de l'université d'Aber-
déen, né dans cette ville en 1701 , mort
le 8 mars 1757, a donné | Les Mémoires
de la cour d'Auguste, 1752-55-57 , 3 vol.
in-4°, dont le 1er vol. a été traduit par Pa-
lissot; tout l'ouvrage l'a élé par Feutry,
3 vol. in-12, 1781. Cet ouvrage contient
des réflexions profondes , de bonnes maxi-
mes , et en même temps quelques vues
fausses sur la constitution du gouverne-
ment de l'ancienne Rome. | Recherches
sur la vie et les ouvrages d'Homère, 1737.,
in-8°, traduites en français par M. Qua-
tremère de Roissy, 1799, in-8°. | Lettres
sur la Mythologie, 1748, in-8°. On y trouve
des vues nouvelles et souvent hasardées
sur les fables de l'antiquité. Eidous les a
traduites en français en 1771 , in-12 , et
1779,2 vol. in-12.
* BLACKAVOOD (Adam), né àDumfer-
ling , en Ecosse , en 1559 , d'une noble et
ancienne famille d'Ecosse, étudia à Paris
sous Turnèbe et Dorât. Après la mort de
Robert Reid , son grand-oncle , évéque
des Orcades , chef du parlement d'Ecosse ,
et qui avait été successivement ambassa-
deur à Rome, en Angleterre et en France,
il alla dans son pays recueillir les débris
de sa fortune , d'où les troubles de religion
l'obligèrent bientôt de repasser en France.
Marie, reine d'Ecosse, et douairière du
Poitou, qu'elle possédait par engagement,
le lit conseiller au présidial de Poitiers.
Il devint, dans la suite, conseiller secret
de cette princesse, et passa souvent la mer
pour lui rendre tous les services qui
étaient en son pouvoir ; il mourut à Poi-
tiers en 1613. Ses œuvres latines et fran-
çaises furent publiées par les soins de Ga-
briel Naudé, chez Cramoisy, 1644, in-4°.
On y trouve , | Adversùs Georgii Bucha-
nani dialogum de jure regni apud Scotos,
pro regibus apologia , ouvrage bien écrit ,
savant , où l'on voit que l'auteur était éga-
lement habile dans la jurisprudence , la
théologie, l'histoire et la politique. C'est ce
qu'il a fait de mieux. | De vinculo religio-
nis et imperii. Il y attaque vivement le
fameux traité de Bicher, De ecclesiaslicâ
et polit icâ potestale; il soutient le pouvoir
absolu et l'indépendance des rois. | Des
Poésies latines, parmi lesquelles on dis-
tingue Y Apothéose de Charles IX , qui
offre de l'imagination et de beaux vers.
| La Relation du martyre de Marie Sluart,
reine d'Ecosse, Anvers, 1588, in-8°, ou-
vrage écrit avec chaleur, et même avec
l'amertume que lui devaient inspirer les
traitemens cruels et injustes qu'on avait
fait souffrir à sa souveraine. Il a encore
fait quelques autres pièces de peu d'im-
portance. — Henri BLACKWOOD, son
neveu, né à Paris, professeur en méde-
cine et en chirurgie au collège royal , mort
à Rouen le 17 octobre 1634 , était un
homme de beaucoup de talent , mais très
insconslant, philosophe, orateur, méde-
cin, soldai, courtisan, voyageur, et intri-
gant dans tous ces étals. On a de lui quel-
ques ouvrages, entre autres, les Pronos-
tics d'IIippocrale , traduits en latin , Paris,
1625 , in-24.
BLAEU W, que quelques-uns appellent
aussi JANSSON (Guillaume), disciple et
ami de Tycho-Brahé, s'est fait un nom par
ses ouvrages géographiques et ses impres-
sions. Il était né à Amsterdam en 1571.
On a de lui un Atlas , ou Théâtre du
monde, en 14 vol. in-fol., Amsterdam ,
1658, y compris l'Atlas céleste, 1 vol., et
l'Atlas de mer, 1 vol. ; un Traité des Glo-
bes, elc. Cet excellent imprimeur mourut
à Amsterdam sa patrie , en 1638 , âgé de
67 ans. — Ses deux lils Jean et Cobnélis
ont donné une nouvelle édition de l'Atlas
de leur père : l'Atlas espagnol est en 10
vol. in-fol., le flamand en 9 ; celui qui est
en latin est en 11, et le français en 12.
Cette collection se vend fort cher, surtout
l'Atlas français , lorsqu'il est complet. Un
incendie où Blaeuw perdit tout son fonds
de librairie le 25 février 1672 , a rendu ce
livre extrêmement rare. Le 10e volume de
l'Atlas espagnol ne se trouve presque plus.
Jean Blaeuw est auteur des dessins du
Nouveau Théâtre d'Italie , Amsterdam ,
1704 , 4 vol. in-fol. avee ligures. Quel-
ques bibliographes prétendent que Jean
Blaeuw et Jean Jansson sont deux impri-
meurs différens et rivaux. On peut con-
sulter la Bibliothèque curieuse de David
Clément , tome 3 , p. 208.
BLA.GRAVE (Jean), célèbre mathé-
maticien anglais , mort le 9 août 1611 , à
Reading, est auteur de divers ouvrages
qui prouvent qu'il a excellé dans le genre
d'étude auquel il s'était dévoué. Tels sont :
I Astrolabium uranicum générale, 1596 ;
BLA
325
IîL\
in-4° ; | Bijou mathématique , 1582 , in-4°;
| Gnomonique, 1609, 2 vol. in-4°.
* BLAIR (Jean), savant chronologiste
écossais , membre de la société royale de
Londres et de celle des antiquaires , fut
chapelain de la princesse douairière de
Galles et précepteur du duc d'Yorck pour
les mathématiques. Il est mort h Londres
vers 1782. On lui doit : | La Chronologie
et l'Histoire du monde, depuis la créa-
tion jusqu'en 1753 , exposées dans 56 ta-
bles , Londres , 1754 , réimprimées plu-
sieurs fois. La dernière édition est de
Londres 1790 , in-fol. Ces tables qui sont
très estimées, ont été traduites en fran-
çais par Chantereau , qui les a continuées
jusqu'en 1795. | Leçons sur les canons
de l'ancien Testament, publiées après sa
mort.
* BLAIR (Hugoes), célèbre prédica-
teur et littérateur, né à Edimbourg le 7
avril 1718. Destiné dès son enfance à l'état
ecclésiastique , il fut placé dans l'univer-
sité de celte ville : il était encore en logi-
que lorsqu'il composa un Essai sur le
beau, qui obtint les suffrages de tous les
professeurs , et qui fut désigné pour être
publiquement à la fin de la session.
Celte distinction fit une telle impression
sur son esprit , qu'elle détermina son goût
pour la belle littérature. En 1742 , il entra
dans les ordres sacrés , et fut aussitôt
nommé ministre à Collésie , dans le comté
de Fisc, ensuite à Edimbourg; enfin, en
4758, il fut nommé ministre de l'église
cathédrale , l'une des plus éminenles di-
gnités de l'église anglicane. L'année au-
paravant , l'université de Saint- André lui
avait conféré le titre de docteur, et l'em-
ploi de professeur, qu'il quitta pour occu-
per la chaire de rhétorique et de belles-
lettres que le roi venait de créer à Edim-
bourg. Ses leçons furent suivies avec un
empressement toujours croissant. Il rem-
plissait en même temps tous les devoirs
d'un ecclésiastique, et continua à prêcher
avec un prodigieux concours , jusqu'à sa
mort arrivée le 27 décembre 1800. On lui
doit : | une Dissertation critique sur les
poèmes d'Ossian , qui parut en 1763 , et
eut un grand nombre d'éditions; | des Ser-
mons , dont le premier volume parut en
1777 et les autres successivement. Ils eu-
rent le plus grand succès et obtinrent plu-
sieurs éditions. La dernière est de Lon-
dres 1801 , 5 vol. in-8°. Ils ont été contre-
faits en Irlande et en Amérique. Il y en a
deux traductions françaises : l'une par
M. Froissart, Lausanne 1791 , in-12; l'au-
tre par M. l'abbé de Tressan, Paris, 1807 T
5 vol. in-8°. On les a traduits en hollan-
dais , en allemand , en esclavon et en ita-
lien. Ce qui les distingue particulièrement
est une éloquence douce et persuasive ;
son style, s'il n'est pas véhément, est tou-
jours animé et rempli d'images heureuses ;
il paraît avoir pris pour modèle Massillon,
celui de nos orateurs qu'il admirait le plus ;
| un Cours de rhétorique et de belles-let-
tres, Londres 1783, 5 vol. in-8°, réimprimé
plusieurs fois en Angleterre , en Améri-
que et en Irlande , et traduit dans plu-
sieurs langues de l'Europe. Nous en avons
deux traductions françaises : la première
est de M. Cantwel , 1797 , k vol. in-8° ; la
seconde , de M. Prévôt , professeur de
philosophie à Genève , 1808 , h. vol. in-8°.
Cette dernière parait la meilleure pour
l'exactitude et le style. Il est vrai que le
nouveau traducteur a de grandes obliga-
tions à l'ancien, dont il adopta souvent
des phrases entières et quelquefois d'assez
longs morceaux. Quant à l'ouvrage an-
glais , il est digne de la plus haute estime.
L'auteur y traite successivement du goût
et de la source de ses plaisirs ; de l'origine,
des progrès et de la structure du langage ;
de la théorie générale du style et de ses
différens caractères ; de l'éloquence consi-
dérée dans tous les genres; enfin des meik
leures compositions en vers et en prose.
Des principes judicieux présentés avec
méthode et éclaircis par des applications
heureuses , recommandent cet ouvrage ,
écrit d'ailleurs avec beaucoup d'ordre et
de clarté. Il n'est cependant pas exempt
de défauts. On y remarque quelques tra-
ces de partialité nationale , et des juge-
mens quelquefois faux sur nos principaux
écrivains. Par exemple , il proclame Vol-
taire le chef des historiens du dernier siè-
cle , et c'est le genre où ce philosophe a le
moins réussi. Blair l'appelle aussi le plus
religieux et le plus moral de tous les poètes
tragiques.
BLAISE (saint) , fut , à ce qu'on croit ,
évêque de Sébaste, où il souffrit le mar-
tyre vers 316. On ne sait rien de certain
sur ce martyr. Il est patron titulaire de la
république de Raguse.
BLAKE (Robert), né à Bridgewater,
dans la province de Sommerset , en 1598 ,
fut amiral d'Angleterre pour les parle-
mentaires en 1649, après le comte de
Warwick , et se signala plusieurs fois con-
tre les Hollandais. Il battit ensuite Tunis
à coups de canon en 4656 , brûla 9 vais-
seaux turcs qui y étaient en rade , et ayant
BLA
324
BLA
débarqué avec 1,200 hommes , il tailla en
pièces 3,400 Tunisiens. Il s'avança en-
suite vers Alger et Tripoli , et fit donner
la liberté à tous les esclaves anglais. Il
mourut en 1657, après avoir battu la
flotte espagnole , sur qui il prit les seuls
trésors avec lesquels les Espagnols espé-
raient de soutenir la guerre. Il était si dé-
sintéressé , que malgré les occasions qu'il
eut de s'enrichir, il ne laissa pas en mou-
rant 500 livres sterling de plus qu'il n'avait
hérité de son père.
* BLAKE ( JoAcnni ), général espagnol,
naquit à Vélez-Malaga , d'une famille ori-
ginaire d'Irlande , et était capitaine au ré-
giment d'Amérique, lorsque la guerre
éclata en 1793 entre la France et l'Espa-
pagne. Après avoir passé par divers gra-
des , Blake parvint à celui de colonel au
régiment de la Couronne , et fut investi en
1808 du commandement des troupes le-
vées en Galice , pour repousser l'invasion
française. Ayant voulu porter du secours
au général Cuesta , il fut battu avec lui
par le général Bessières à Bio-Seco. Ce-
pendant il s'empara de Bilbao , et essaya
ensuite d'opérer sa jonction avecCastanos,
en se dirigeant vers les frontières de la
France. Napoléon qui venait d'entrer en
Espagne l'en empêcha , et Blake , repoussé
jusqu'à Espinola, fit une retraite qui a été
admirée. Nommé commandant des pro-
vinces d'Aragon , de Valence et de Cata-
logne, il obtint près de Saragosse de lé-
gers succès qui furent suivis de quelques
revers. En 1810, il fit partie de la régence,
et on dérogea , en sa faveur, au règlement
des Cortès , qui défendait d'appeler à faire
partie de la régence un commandant mi-
litaire. Blake , nommé capitaine-général ,
s'enferma , après une nouvelle défaite
dans Valence , où il fut bientôt obligé de
capituler. Il fut conduit en France et il
y demeura prisonnier jusqu'en 1814. De
retour en Espagne, Blake devint directeur-
général du corps des ingénieurs mili-
taires , et à l'époque de la révolution de
4820, il entra au conseil d'état. Après cette
révolution il cessa d'être employé. Blake
est mort à Valladolid en 1827.
* BL AMP AIN ( Jean ) , chanoine régu-
lier de la réforme des prémontrés , né au
bourg de Vignot, près de Commerci, le
21 octobre 1704, entra au noviciat de
l'abbaye de Sainte-Mai de Pont-à-Mous-
son le 25 octobre 1719, et fit profession
le 6 juillet 1721. Il enseigna, à l'abbaye
d'Estival , la rhétorique , la philosophie ,
la théologie , et prit en 1734, le bonnet de
docteur dans l'université de Pont-à-Mous-
son; il fut ensuite curé d'Estival, et
officiai du même lieu. Il aida l'abbé Hugo
dans le travail des Annales de l'ordre des
prémontrés, et parcourut un grand nom-
bre d'abbayes pour en tirer des documens
(Toyez HUGO). On a du Père Blampain
de savantes Notes sur la vie du bienheu-
reux Louis, comte d 'Arnstein , religieux
prémontré, publiées d'abord dans la Bi-
bliothèque de Prémontré du père le Paige,
et ensuite dans les Sacrœ antiquitatis
monumenta de l'abbé Hugo, tom. 3, p. 34.
Il a aussi enrichi de Notes la Chronique de
Baudouin de Ninove, et celle de Vicogne,
insérées toutes deux dans le même re-
cueil. Il est auteur d'un ouvrage intitulé :
Jugement sur les écrits de M. Hugo ,
évêque de Ptolémaïde , abbé d'Estival
en Lorraine , historiographe de Prémon-
tré _, etc. , Nancy , Cusson , 1756 , in-8°.
L'auteur de la table du Dict. des ano-
nymes se trompe en lui attribuant , tome
4 , pag. 104 , les Animadversiones in sanc-
tum Augustinum , qui sont de don Blam-
pain et d'autres religieux de la congré-
gation de Saint-Maur. {Voy. le n° 11222
de ce Dict. )
BLAMPIN (Thomas), né l'an 1G40 à
Noyon en Picardie , bénédictin de Saint-
Maur en 1665 , visiteur de la province de
Bourgogne en 1708 , mourut à Saint-Be-
noit-sur-Loire en 1710. C'est à lui qu'on
doit la belle édition des OEuvres de saint
Augustin. Voyez l'article de ce Père.
* BLAMPOIX (Jean-Baptiste), na-
quit à Màcon, le 16 octobre 1740. Après
avoir été ordonné prêtre , il devint pro-
fesseur de philosophie dans sa ville na-
tale. Il s'acquittait de cet emploi avec ta-
lent , lorsqu'il fut nommé à la cure de
Vandoeuvre, près de Troyes. Un fait par-
ticulier, qui prouve la vénération qu'il
s'était acquise , c'est que l'ancien seigneur
de celte paroisse, qui lui avait donné,
bien long- temps avant la révolution, une
chapelle de 600 francs de revenu, a con-
tinué , jusqu'au dernier moment , de lui
en faire toucher le montant , quoique ,
depuis 1791 , cette chapelle et tous les ti-
tres de cette espèce fussent supprimés.
Blampoix fut élu, en 1798, évêque de
Troyes , et sacré à Paris , le 4 novembre
de la même année. Il assista au second
concile national , tenu à Paris en 1801,
donna sa démission , et occupa pendant
quelque temps la cure d'Arnay , dans le
diocèse de Dijon; il se retira ensuite à
Màcon , au sein de sa famille. Le pape
BLA
323
1ÏLA
Pie VII, lors de son passage par Màcon
en 1804, permit que Blampoix lui fût pré-
senté , et lui lit un très bon accueil. Après
un assez long entretien , le Saint Père lui
tendit les Iras et le pressa contre son sein,
en lui disant : Appuyez! appuyez ! 11 of-
frit même à l'évoque de demander pour
lui, au chef du gouvernement, ce qu'il
pourrait désirer. M. Blampoix est mort à
Màcon, au mois de juin 1820. On a de lui
plusieurs Lettres pastorales ou Mande-
mens. Quelques-unes de ces pièces ont
été imprimées dans les annales de la re-
ligion, auxquelles M. Blampoix a donné
aussi divers articles.
BLANC. Voyez BEAULIEU.
BLANC ( Jeax) ouBLANCHA (Juan),
bourgeois noble de Perpignan , se trouva
premier consul , lorsque les Français fi-
rent le siège de cette ville qui appartenait
aux rois d'Aragon, en 1474. Son fils uni-
que ayant été pris dans une sortie, les
généraux ennemis lui firent dire , « que
» s'il ne rendait la place , ils le feraient
» massacrer à ses yeux. » Il leur fit ré-
pondre « que sa fidélité pour son maître
» était supérieure à sa tendresse pour son
» fils. » Jean Blanc perdit , par cette gé-
nérosité , son iils unique. Le roi d'Aragon
Jean II, lui ayant permis d'ouvrir les
portes de la place, plutôt que de l'expo-
ser aux dernières extrémités de la guerre,
il ne se rendit pourtant que 8 mois après.
On souffrit dans ce siège tout ce que la
faim a de plus cruel : les chevaux , les
chiens, les rats, les cuirs, etc., servi-
rent de nourriture aux assiégés. Cette dé-
fense immortalisa Jean Blanc , et mérita
à Perpignan le titre de très fidèle.
BLANC (TnowAS le) , pieux et savant
jésuite de Vitri en Champagne , mort à
Reims en 1G66 , après avoir été provin-
cial. Nous avons de lui plusieurs ouvra-
ges ascétiques , proportionnés à l'intelli-
gence , et assortis aux devoirs de toutes
les classes de citoyens, et par-là d'une
utilité sûre et générale : le Bon Valet; la
Bonne Servante; le Bon Vigneron; le
Bon Laboureur; le Bon Artisan ; le Bon
Riche; le Bon Pauvre ;\c Bon Ecolier;
la Soldat généreux , etc. Mais le livre qui
lui a fait le plus de réputation, est un
grand commentaire sur les Psaumes, sous
ce titre Analysis Psalmorum Davidico-
rum, Lyon, 1065, 6 vol. in-fol. Cologne,
1681. L'auteur ne se borne pas au sens
littéral; il discute aussi amplement le sens
mystique.
BLANC (François le), gentilhomme
2.
du Dauphiné, plein de feu et d'esprit,
mais d'un caractère très mélancolique,
mort à Versailles en 1098, est connu par
un Traité des monnaies de France , Pa-
ris , 1690 , in-4° , lig. , qui est recherché.
On y joint ordinairement la Dissertation
sur les monnaies de Charlemagne et de
ses successeurs J frappées dans Rome .,
qu'il avait fait paraître l'année précé-
dente. L'un et l'autre ont été réimprimés
à Amsterdam, 1692, in-4°. Cette édition
est moins estimée que celle de Paris. Les
connaissances de Blanc l'avaient fait choi-
sir pour enseigner l'histoire aux enfans
de France ; mais il mourut avant d'avoir
rempli cet emploi.
BLANC (Jean-Bernard le), né à Di-
jon en 1707, historiographe des bàtimens
du roi de France , membre de plusieurs
académies , mort en 1781 , est auteur
| des Lettres d'un Français sur les An-
glais ^1758, 5 vol. in-12; | Dialogues sur
les mœurs des Anglais, 1765; | Poème
sur les Gens de Lettres de Bourgogne ,
1726 , in-8° ; | Observations sur les ouvra-
ges de Peinture et de Sculpture de V 'Aca-
démie , 1755 , in-12. Tous ses ouvrages et
plusieurs autres, tels que sa tragédie
Aben-Saïd, qui ne lui ont point survécu,
prouvent par le fait qu'il n'est qu'un au-
teur médiocre.
BLANC (mademoiselle Le), est le nom
donné aune fille sauvage, trouvée près
du village de Soigny , à quatre lieues de
Cbàlons , au mois de septembre 1731 ,
âgée d'environ dix ans , puisque le curé
qui la baptisa, en 1752 , marqua sur le re-
gistre avoir baptisé une fille d'environ onze
ans , dont le père et la mère nous sont
inconnus comme à elle. Cependant le
Mercure de France, décembre 1751, lui
donne 17 à 18 ans. Les physiologistes s'é-
puisèrent en conjectures sur l'origine de
celte fille ; mais il est indubitable que
c'était une enfant abandonn ée par quelque
naufrage , sur les côtes de France et qui
de forêt en forêt sera arrivée à l'endroit
où elle a été prise ;oubien une enfant du
pays , que des parens désespérés auront
exposéedanslesforêts,etqui aura trouvé
moyen d'y subsister. Car il est reconnu
que jamais il n'y a eu d'hommes sauva-
ges ( c'est-à-dire , errans , isolés , à la ma-
nière des brutes ) ; la nature de l'homme
ne comportant pas cet état {voyez le Ca-
téchisme philosophique , n°153, édition
de 1787). On a rapporté des choses éton-
nantes de la force et de l'agilité qu'elle
avait acquises par une vie dure et une
28
RLA
526
BLA
lutte continuelle contre les élémens et la
faim. « La manière, dit Racine le fils,
» dont elle courait après les lièvres, est
» surprenante ; elle nous a donné des
» exemples de sa façon de courir. Il ne
* paraissait presque point de mouvement
» dans ses pieds, et aucun dans son corps,
» ce n'était point courir , mais glisser ; sa
» course renverse les raisonnemens de
» notre philosophie à paradoxes , qui veut
» faire marcher les hommes à quatre pat-
j> tes. » Ce qu'il y eut de plus remarqua-
ble , ce fut la facilité qu'on trouva à l'ins-
truire dans les matières du christianisme,
facilité qui justifie la définition qu'un an-
cien philosophe a donnée de l'homme, en
disant que c'était un être religieux. « Que
» ceux, dit Racine, qui ont tant de mé-
» pris pour l'homme , expliquent cette
» différence entre l'homme et les autres
« animaux. Voici une fille qui , élevée
» parmi eux, et long-temps privée comme
» eux de la parole , n'a eu d'autre objet
» que de chercher la nourriture de son
3» corps; sitôt qu'elle entend des hommes
» se parler , elle a bientôt appris la ma-
x nière d'exprimer comme eux ses pen-
» sées; sitôt qu'on lui parle des choses
» spirituelles , elle les conçoit. — C'est
» parce que nous sommes capables de les
» entendre , divinorum capaces, dit Ju-
» vénal, que notre raison vient du Ciel.
» Ceux qui se chargèrent de l'instruction
» de cette fille , n'eurent point affaire à
» un enfant qui ne fait usage que de sa
» mémoire pour répéter son catéchisme ,
y> mais à une personne qui fait usage de
» sa raison , pour opposer les difficultés
» qu'elle, lui suggère , à ce qu'on lui dit
y qu'il faut croire.... Ce fut pendant qu'elle
» était chez les nouvelles Catholiques,
» que feu M. le duc d'Orléans l'alla voir,
» l'interrogea sur la religion, et parut
y très content de ses réponses : elle lui
» témoigna avoir dessein d'être religieuse
» ce qui fut cause qu'on la fit passer dans
» un couvent à Chaillot ; son peu de santé
» l'empêcha d'exécuter sa résolution
» Elle-même se plait à raconter son pre-
j» mier état, et ne le raconte jamais sans
w rendre hommage à la miséricorde de
» Dieu, qui l'en a fait sortir ; et lorsqu'à
» la mort de M. le duc d'Orléans qui la com-
» prenait parmi ses pensionnaires, on lui
»» demandait si elle ne craignait pas de
» perdre sa pension , elle répondait avec
» une confiance admirable : Dieu qui
» m'a tirée du milieu des bêles farouches,
» pour me faire chrétienne, m'abandon-
■b nera-t-il quand je le suis , et me lais-
» sera-t-il mourir de faim? C'est mon
» père , il aura soin de moi. » Elle vivait
encore en 1754.
* BLANC DE GUILLET (Antoine Le),
né à Marseille en 1750 , mourut à Paris
en 1799. Il travailla d'abord pour le théâ-
tre, et ses productions dramatiques es-
suyèrent des critiques amères , et souvent
bien fondées. Sa tragédie de Manco-Ca-
pac obtint quelques succès , mais fut bien-
tôt oubliée. Celle des Druides éprouva le
même sort , malgré les additions , les sup-
pressions, les corrections, les change-
mens de dénouement qu'on y a faits à
chaque représentation pour la faire réus-
sir : les applications malignes auxquelles
elle peut donner lieu, et les maximes
philosophiques qu'elle renferme, en fi-
rent défendre l'impression. Dégoûté du
théâtre , il entreprit de traduire Lucrèce,
et il ne fut guère plus heureux que dans
ses tragédies Cet ouvrage, d'une tour-
nure pénible , d'une versification dure ,
où des transpositions de mots , des che-
villes parasites détournent l'attention et
obscurcissent les idées , n'a pas même le
mérite de faire entendre Lucrèce ; et c'est
un avantage : les charmes de son style ne
contribueront pas à faire aimer le poison
de cette doctrine si souvent impie et scan-
daleuse. Ses autres ouvrages sont encoro
plus insignifians.
*BLANCnARD ( François ) , avocat de
Paris , versé dans l'histoire et les généa-
logies , a donné au public les Eloges des
premiers présidais à mortier et des con-
seillers au parlement de Paris 1645 , in-
fol. Il publia aussi les Maîtres des requê-
tes , en «545, in-fol. Ce livre n'a pas été
fini. L'auteur mourut l'an 1650.
BLANCHARD (Guillaume), fils du
précédent, célèbre avocat au parlement de
Paris, connu par deux volumes in-foL
intitulés Compilation chronologique, con-
tenant un recueil des ordonnances, édils,
déclarations et lettres-patentes des rois
de France , qui concernent la justice , la
police et les finances , depuis l'an 897 jus-
qu'à présent, Paris, 1745 , 2 vol. in-fol. :
édition défectueuse. Ce recueil utile lui
coûta beaucoup de recherches. Il mourut
en 1724, avec la réputation d'un homme
savant et laborieux.
BLANCHARD (Elie) , né à Langres le
8 juillet 1672. Les Mémoires de l'académie
des Inscriptions, dont il était membre,
renferment plusieurs de ses dissertations,
qui font honneur à son savoir. En 1711,
BLA
527
BLA
Dacier le prit pour son élève. Il devint
associé en 1714, et en 1727 il succéda,
dans la place de pensionnaire , à Boivin
le cadet. Il mourut en 1755.
* BLANCHARD (Jeax -Baptiste ) jé-
suite français , professeur de rhétorique
au collège de Metz, , né , en 1731 , à Tour-
teron dans les Ardennes , mort en 1797.
On lui doit | l'Ecole des mœurs, 5 vol. in-
12 : ce sont des réflexions morales et des
traits historiques propres à développer
tes maximes de la sagesse , et à faire ger-
mer dans le cœur des jeunes gens les
principes de religion et de saine morale,
j Le Temple des muses, ou Recueil des
plus belles fables des fabulistes français;
| Préceptes pour l'éducation des deux
sexes, à l'usage des familles chrétiennes,
mis au jour par M. Bruyset, 1803 , 2 vo!.
in-12 ; | Education chrétienne , 180 » , 2
vol. in-12.
* BLANCHARD (Nicolas), célèbre
aéronaute, fils d'un tourneur des Ande-
lys, conçut l'idée d'agrandir le domaine
de l'homme, en lui fournissant les moyens
de voyager dans les airs. Ses essais n'a-
vaient encore produit aucun résultat ,
lorsque le marquis de Causans fit l'ex-
périence d'un appareil de son invention ,
à l'aide duquel il modéra la vitesse de sa
chute en s'élançant du Pont-royal dans la
Seine. Blanchard perfectionna cette in-
vention, qui ne remplissait pas cepen-
dant le but qu'il s'était proposé. Enfin le
moteur qu'il cherchait fut trouvé par
Montgolfier , inventeur du ballon aéro-
statique , et Blanchard n'eut qu'à s'appli-
quer à le diriger. Il ajouta à l'appareil de
Montgolfier, des ailes dont le mouve-
ment ressemblait à peu près à celui des
rames d'un bateau, et qu'il présumait
devoir produire sur l'air l'effet que celles-
ci produisent sur l'eau. Mais diverses as
cousions lui démontrèrent que cette ma-
chine était encore insuffisante. La pre-
mière expédition devait être faite en pu-
blic , le 2 mars 1784, et elle allait être
exécutée, lorsque le jeune Bonaparte,
alors élève de l'école militaire , se préci-
pita dans la nacelle et en fit rompre une
n "s ailes. C'est à Blanchard qu'on doit
l'invention du parachute, perfectionné
depuis et si hardiment employé par l'in-
trépide Garncrin. Blanchard fit , dit-on ,
plus de 70 ascensions, dont l'une des
plus célèbres est celle qui le transporta
avec le docteur Jefferies de Douvres en
France , en 1785, et qui lui valut le sur-
nom de Don Quichotte de la Manche. Il
est mort au commencement du 19e siè-
cle. — Mmc BLANCHARD, sa femme,
aéronaute non moins célèbre que lui-
même, naquit, le 25 mars 1778, dans la
petite commune des T rois-Canons, près la
Rochelle. Elle était d'une telle intrépidité
qu'il lui est arrivé plusieurs fois de s'en-
dormir dans les airs pendant la nuit , et
d'attendre ainsi , dans sa frêle embarca-
tion , le retour du jour pour descendre)
avec moins de péril. Elle avait fait heu-
reusement un grand nombre de voyages
aériens, lorsqu'elle périt misérablement,
le 6 juillet 1819 , dans sa 42e année , en
faisant sa C7e ascension , dans un ballon à
artifice parti du jardin de Tivoli. Un acci-
dent mit le feu au ballon , et cette infor-
tunée, à demi brûlée, tomba fracassée
sur une maison de la rue de Provence à
Paris.
BLANCHARD (Jacques) , peintre , né
à Paris en 1600, mort dans cette ville en
1658, fut disciple de Nicolas Bolery, et
peintre du roi. Il alla perfectionner ses
talens à Rome et à Venise. L'étude assi-
due des chefs-d'œuvre du Titien , du Tin-
toret et de Paul Véronèse , formèrent son
génie. De retour à Paris, il l'embellit de
plusieurs de ses tableaux. Les Bacchana-
les du salon de M. Morin, et surtout le
tableau de la Descente du Saint-Esprit ,
qu'on voit à Notre-Dame, l'ont mis à
coté des plus grands peintres. L'ordon-
nance de ce dernier tableau est admira-
ble. La lumière y est si vive et si bien ré-
pandue de tout côté , qu'on s'imagine être
dans le moment où l'Esprit saint descen-
dit sur les apôtres. Sa manière de colo-
rier a un brillant et une fraîcheur qui
l'ont fait nommer par quelques-uns le
Giorgion moderne et le Titien français .
BLANCHE DE CASTILLE , née en
1 185 , d'Alfonse IX, roi de Castille, et d'E-
léonore d'Angleterre, fut mariée en 1200,
à Louis, fils aine de Philippe-Auguste,
roi de France; celui-ci étant mort le 14
juillet 1225, l'époux de Blanche monta sur
le trône, sous le nom de Louis VIII, et
fut couronné avec elle à Reims, au mois
d'août de la même année. En 1226 , Louis
VIH mourut à son tour, et, suivant le
témoignage de quelques évêques présens
à sa mort , il donna à la reine la tutellp
de son fils ( depuis Louis IX, ou .-aint
Louis) et la régence du royaume. En con-
séquence, Blanche prit en main les rênes
de l'état, qu'elle sut gouverner avec au-
tant de prudence que de fermeté. Elle
déconcerta et dissipa les ligues formées
BLA
528
RLA
contre l'aulorité royale , par les grands
vassaux de la couronne, les maintint dans
le respect, en usant selon les circonstances,
tantôt des voies de la politique, tantôt de
celles des armes. Elle continua la guerre
contre les albigeois, commencée sous
Louis YIII , et fit en 1228 un traité avec
Raimond, comte de Toulouse, qui procura
la réunion des terres de la maison de Tou-
louse à la couronne de France. En 1229,
elle fit assiéger au plus fort d'un hiver
très dur, Bellesine dans le Perche, se
trouva au siège en personne à côté de son
fils, pour animer les troupes, prit celte
place , et contraignit le duc de Bretagne ,
ainsi que les autres rebelles, à rentrer
dans le devoir. Tandis que cette grande
reine établissait un si bon ordre dans les
états de son fils, elle ne négligeait rien
pour le rendre lui-même un grand roi ;
et pour imprimer profondément dans son
âme les principes de la religion , elle lui
disait souvent : Mon fils , j'aimerais mieux
vous voir mort que souillé d'un péché
mortel. Aussi ayant atteint sa majorité ,
conserva-t-il toujours pour sa mère le
respect qui lui était dû, et ne fil rien
sans son aveu. En 1248 , lorsqu'il entre-
prit le voyage de la Terre-Sainte, Blanche
fut nommée par lui régente du royaume,
et elle s'acquitla des fonctions attachées
à ce poste éminent avec le plus grand
succès. Elle mourut l'an 1252 , et fut en-
terrée à Maubuisson, abbaye qu'elle avait
fondée en 1242. L'abbesse lui donna, avant
sa mort, l'habit monastique. Les censeurs
de la reine Blanche lui ont reproebé des
manières hautaines avec les grands, de
l'humeur avec sa belle-fille , trop d'art
pour conserver son ascendant sur son
fils ; mais ils lui ont accordé , avec ses
admirateurs , beaucoup de courage et de
dextérité. C'est, sans contredit, une des
plus illustres reines ; âme intrépide , es-
prit aussi solide que brillant, beauté par-
faite. Quoiqu'elle eût plus de 40 ans, quand
Thibaud , comte de Champagne , en de-
vint amoureux, il l'aima jusqu'à la folie.
La médisance attaqua sa réputation, parce
qu'elle souffrit , par intérêt et pour des
raisons d'état, les indiscrétions de ce
prince , et les assiduités du cardinal Ro-
main , homme poli et bien fait , et d'un
si bon conseil , qu'elle avait une entière
confiance en lui; mais les motifs de cette
conduite la justifient pleinement, et l'idée
de sa vertu ne fut point affaiblie dans
l'esprit des gens équitables.
• BLANCHE DE BOURBON , reine de
Castille , fille de Pierre de Bourbon , na-
quit en 1338, et fut mariée à l'âge de 15
ans au roi de Castille Pierre le Cruel.
Cette union, dictée par la politique , n'of-
frit à cette princesse qu'une suite de
malheurs, et entraîna des guerres cruelles
et de terribles révolutions. Blanche, quoi-
que douée d'une grande beauté et do
toutes les grâces de la jeunesse, se vit
abandonnée par son époux le lendemain
de ses noces. Pierre, enchaîné par un
penchant coupable pour Maria de Padilla,
et excité par des malveillans qui avaient
cherché à lui donner des doutes sur la
vertu de la princesse , n'avait consenti à
la célébration de son mariage que pour
ménager la cour de France, dont il crai-
gnait le ressentiment. La reine, méprisée
et poussée par des conseils perfides, entra
dans le parti des frères du roi, qui s'é-
taient révoltés. Dès-lors Pierre ne connut
plus de bornes ; il fit casser son mariage
pour épouser Jeanne de Castro, qu'il ne
tarda guère à quitter à son tour , et fit
transférer Blanche à l'Alcazar , ou châ-
teau de Tolède. En traversant la ville ,
elle parvint à échapper à ses gardes , se
réfugia dans la cathédrale, déclara qu'elle
n'en voulait plus sortir , et toucha telle-
ment les habitans par ses larmes, qu'ils
se soulevèrent en sa faveur. Pierre vint
assiéger Tolède, et s'élant rendu maître
de cette ville, il fit enfermer l'infortunée
Blanche à Médina-Sidonia, où cette prin-
cesse fut empoisonnée par son ordre ;
d'autres disent que le chagrin seul hâta
la fin de ses jours. Elle mourut â^ée de
23 ans , en 1561. Les Français marchèrent
en Espagne pour venger sa mort. Pierre
périt par la main de Henri de Transta-
mare, son frère naturel, en 1368.
* BLANCHE, reine de Navarre, fille de
Charles III , auquel elle succéda sur le
trône , épousa en 1402 , Martin , roi de
Sicile , et , en secondes noces , Jean , fils
de Ferdinand 1er, roi d'Aragon, qui lui
fut redevable, en 1423, de la couronne de
Navarre. Le roi et la reine prêtèrent les
sermens ordinaires, et, suivant la cou-
tume usitée depuis le temps des Goths,
ils furent montrés l'un et l'autre au peu-
ple sur un pavoi soutenu par les députés
des principales villes du royaume. Blan-
che mourut le 3 avril 1441, après un règne
de sciy.e ans , laissant la couronne à don
Carlos, son fils; mais cette princesse avait
fait, deux ans auparavant, un testament
par lequel elle recommandait à don Car-
los de ne point prendre possession de la
BLA
529
BLA
royauté, sans l'agrément de Jean d'Ara-
gon , son père : ce qui occasiona , dans la
suite, de grands démêlés entre le père et
le iils. ( Voy. l'article suivant, et JEAN II,
roi d'Aragon et de Navarre. )
* BLANCHE DE NAVARRE, fille aînée
de Jean d'Aragon et de Blanche , reine
de Navarre, naquit en 1421. Sa vertueuse
mère la fit élever dans les meilleurs prin-
cipes , et lui fit épouser , en 1440 , don
Henri , prince des Asturies , qui fut roi
depuis sous le nom de Henri IV , et dont
elle n'eut point d'enfans. Après douze
ans de mariage , une séparation fut ré-
solue d'un commun accord, entre les
deux époux, et l'évèque de Ségovie , pro-
nonça la sentence de divorce. Blanche
ainsi congédiée arriva en 1453 à la cour
du roi son père , où l'attendaient de nou-
veaux malheurs. Jeanne Henriquez,sa
belle-mère , parvint à aigrir contre ses
propres enfans Jean d'Aragon, qui, non
content de leur faire essuyer toutes sortes
de vexations , conspira bientôt lui-même
contre eux. Don Carlos, frère de Blanche,
mourut, en lui laissant en héritage le
royaume de Navarre. Jean d'Aragon la
fit arrêter sur-le-champ et conduire sous
l'escorte de Péralta , son confident , à la
comtesse de Foix, sa sœur cadette, qui,
malgré les liens du sang, était sa plus
cruelle ennemie. Transférée au-delà des
Pyrénées, elle trouva moyen, malgré
l'exacte vigilance de ses gardes, de faire
connaître au roi de Castille, autrefois son
époux , l'état déplorable de sa situation ,
et lui envoya un écrit dans lequel elle
l'instituait héritier de son royaume de
Navarre. Elle espérait peut-être toucher
le cœur de Henri, et l'engager à venir à
son secours; mais deux années entières
s'écoulèrent dans les larmes : enfermée
dans le château d'Ortès , Blanche attendit
en vain son libérateur, et mourut empoi-
sonnée par les ordres de la comtesse de
Foix. Quelques historiens ont dit que cet
horrible forfait fut commis peu de temps
après sa détention , et qu'on avait ca-
ché sa mort précipitée pour ne pas aug-
menter les soupçons que la conformité de
sa destinée avec celle de don Carlos , son
frère, avait déjà élevés contre la barbarie
de sa famille.
BLANCHE, femme d'un citoyen de
Padoue, nommé Porta, peut être mise
au rang des victimes de la chasteté. Son
mari ayant été tué à la prise de Bassano
dont il était gouverneur , cette héroïne ,
après des efforts redoublés de courage
pour défendre la place, tomba au pouvoir
du tyran Acciolin qui l'assiégeait. Les
grâces et l'air majestueux de la prison-
nière firent une si vive impression sur le
brutal vainqueur , qu'il voulut la forcer
de satisfaire ses désirs. Elle ne s'en ga-
rantit qu'en se jetant par une fenêtre. Le
temps qu'exigea la guérison de ses bles-
sures causées par la chute, n'éteignit point
les feux impurs du tyran. Ayant épuisé
toutes les ressources de la séduction, il la
fit lier sur un lit pour assouvir sa passion
effrénée. Celte femme outragée dissimula
son désespoir, et demanda la liberté de
revoir le corps de son mari. A peine le
sépulcre est-il ouvert qu'elle s'y précipite;
et par un effort extraordinaire, elle attire
sur elle la pierre qui couvrait le tombeau,
dont elle fut écrasée. Ce tragique événe-
ment arriva l'an 1233. Qu'est-ce que la
faible et inconséquente Lucrèce, en com-
paraison de cette trop fidèle épouse?
* BLANCIIELANDE( Philibert-Fran-
çois BOUXEL de), naquit à Dijon en 1738.
Son père, lieutenant-colonel d'un régi-
ment d'infanterie , étant mort , en 1740 ,
des suites de ses blessures , le laissa sans
fortune et sans appui. Il entra au service
à l'âge de douze ans, et, s'étant fait remar-
quer par son courage et par sa bonne con-
duite, il obtint un avancement assez ra-
pide. En 1779, il fut envoyé en Amérique
avec le régiment d'Auxerrois, dont il était
major, et il en fut nommé lieutenant-co-
lonel, peu de temps après son arrivée à
la Martinique. Il défendit l'île St. -Vin-
cent , avec sept cent cinquante hommes ,
contre quatre mille Anglais, qu'il força de
se rembarquer : cette action lui valut le
grade de brigadier, hors de rang. En 1781,
il fut nommé gouverneur de l'île de Ta-
bago, qu'il avait contribué à enlever aux
Anglais ; et ensuite de la Dominique , où
il resta jusqu'à l'époque de la révolution.
De retour en France, Blanchelande se
retira avec sa famille à Chaussin, village
de Franche-Comté. Peu de temps après,
Louis XVI le nomma gouverneur de la
partie française de St.-Domingue. Il fit
tous ses efforts pour y maintenir la paix
et le bon ordre ; mais les troubles qui écla-
tèrent , à la suite de la publication des
décrets qui admettaient les hommes de
couleur à la jouissance des droits politi-
ques, le forcèrent de quitter le Port-au-
Prince , résidence ordinaire des gouver-
neurs, et de se réfugier au Cap. Il écrivit
à l'assemblée nationale pour l'informer
de la situation de l'île , et la prier de sus-
28.
BLA
530
BLA
pendre l'exécution des décrets, cause de
tous les troubles. Brissot et d'autres dé-
putés l'accusèrent alors d'être seul l'au-
teur des maux qui affligeaient Saint-Do-
mingue , par sa résistance aux volontés de
l'assemblée , et provoquèrent sa mise en
jugement. Cette mesure n'eut pas lieu;
mais , en 1792 , il fut destitué , renvoyé en
France, et mis en prison, d'où il ne fut
retiré au bout de quatre mois que pour
être traduit devant le tribunal révolution-
naire qui le condamna à mort , le dl avril
4795. Son fils, jeune homme de la plus
heureuse figure et de la plus grande espé-
rance, arrêté comme complice de son
père , dont il avait été Taidc-de-camp , fut
condamné à mort par le même tribunal ,
le 20 juillet 1794 ; il était âgé de vingt ans.
* BLAIVCHEROSE (Claude), né en
Franche-Comté dans le 15e siècle , était
médecin de la princesse d'Orange. Il est
auteur d'un ouvrage intitulé : Salutifère
et utile conseil * avec un régime bien la-
conique ou bref, pour pourvoir aux très
dangereuses maladies , ayant cours en
l'an 1551 , Lyon , in-12. Il était en corres-
pondance avec Corneille Agrippa ; et l'on
trouve , dans le recueil des lettres de ce
savant, deux lettres de Blancherose , da-
tées d'Anneci , 1523. A la fin de son ou-
vrage cité plus haut , il parle d'un « grand
» astrologue de Lons-le-Saunier, qui , par
» prudence , savoir et les moyens prédits
» ( ceux qu'il vient d'indiquer ) , véquit
» sept vingt-sept ans, comme plusieurs
•> savent. »
* BLANCHET (Pierre) , né à Poitiers
en 1452 , suivit d'abord le barreau , puis
embrassa l'état ecclésiastique à ItO ans. Il
est auteur de la farce de Pathelin -, 4490 ,
in-4°, gothique, traduite en latin par
Reuchlin, Paris, 1512, in-12, rajeunie par
Brueys en 1715 , et restée au théâtre.
* BLANCHET (l'abbé N...), censeur
royal , interprète à la bibliothèque royale,
et garde des livres du cabinet du roi, quitta
cette place , pour aller vivre dans l'obscu-
rité à Saint-Germain-cn-Laye. C'est là
qu'il mourut, en 1784 , âgé d'environ 80
ans. Son caractère était aimable dans la
société , où il paraissait peu ; mais il était
sombre et mélancolique dans la solitude ,
à laquelle il s'était condamné. Des infir-
mités prématurées avaient considérable-
ment altéré son humeur. Il était accablé
de vapeurs , dont il souffrait seul , et dont
il craignait toujours de faire souffrir les
autres. C'est ce qui lui faisait aimer la re-
traite Tel que je suis* disait-il , il faut que
je me supporte ; mais les autres sont-ili
obligés de me supporter? Naturellement
désintéressé , il se refusa à toutes les grâ-
ces et à tous les bienfaits , et il fallut for-
cer sa répugnance , pour lui faire accepter
quelque ebose. L'avancement de ses amis
ne lui était pas aussi indifférent que le
sien ; il paraissait enchanté , lorsqu'ils par-
venaient à quelque place utile ou agréa-
ble. L'abbé Blanchet n'a guère été connu
du public , qu'après sa mort. On a de lui
des Variétés morales et amusantes, 1784 ;
et des apologues et Contes Orientaux ,
1785 , in-8°. Dans l'un et l'autre recueil ,
on voit un homme instruit, qui a le ta-
lent d'écrire avec beaucoup d'esprit , de
philosophie et de goût. On a encore de
lui plusieurs petits morceaux de poésie
d'un genre délicat et agréable , dont la
plupart furent attribués aux meilleurs
poètes du temps, qui ne se défendaient
pas trop d'en être les auteurs. L'abbé
Blanchet disait à ce sujet : Je suis charmé
que les riches adoptent mes enfans.
BLANCHET (Thomas), peintre, né à
Paris en 1617, disciple et ami du Poussin et
de l'Albane , fut nommé professeur de
peinture par l'académie de Paris, quoi-
qu'absent , ce qui était contre l'usage ;
mais Blanchet méritait qu'on s'écartât des
règles établies. Le Brun présenta son ta-
bleau de réception , représentant Cadmus
qui tue un dragon. Il passa une partie de
sa vie à Lyon , et y mourut en 4689. Un
plafond de l'hôtel de cette ville, dans le-
quel Blanchet avait déployé tous ses ta-
lens, fut consumé par un incendie. Ce
peintre excella dans l'histoire et dans le
portrait. Sa touche est hardie , agréable et
facile , son dessin correct , son coloris ex-
cellent. On voit de ses tableaux à Paris et
à Lyon.
BLANCHINl. Voyez BIANCHINI.
BLANDINIÈRE (J.F. COTELLEdela),
naquit à Laval en 1709, et mourut en 1795
à Soulaines (Anjou), curé de cette pa-
roisse. Il fut continuateur des Conférences
d'Angers, commencées par l'abbé Babin.
♦ BLANQUET-DU-CH AYLA ( Akmaxd-
Simox-Marie ), né à Marvejols dans le Ge-
vaudan , en 1769, entra , en 1775 , dans le
corps de la marine royale , et fit quinze
campagnes de mer, pendant lesquelles il
assista à treize combats , où il reçut plu-
sieurs blessures. Il remplissait les fonc-
tions de vice-amiral à la bataille d'Aboukir,
et s'opposa, avec chaleur, dans le conseil
qui précéda la bataille, à la funeste réso-
lution prise par l'amiral, de combattre en
BLA 5
ligne d'cmbossage. N'ayant pu faire pré-
valoir son avis, il revint a bord saisi de
douleur, mais déterminé à se battre jus-
qu'à la dernière extrémité. Il fut dange-
reusement blessé , et se vit forcé de se
rendre aux Anglais. Blanquel-du-Cbayla
est mort subitement à Versailles en 1826.
BLARU (Pieuiœ de ), Petrus de Blar-
rorivo , né à Blaru en 1457, chanoine de
Saint-Dié , savant canoniste et poète mé-
diocre, mais bon latiniste, mourut en 1505.
Nous avons de lui un poème sur la guerre
de Nancy et la mort du duc de Bourgo-
gne, en G livres, composé sur les Mé-
moires de René, duc de Lorraine. Il est
intitulé Nanceidos opus , in pago S. Ni-
colai de Porta , 1518, in-fol., fig. en bois,
rare.
BLASCO-MJNÈS-VELA , seigneur es-
pagnol qui, ayant plusieurs fois reconnu
les côtes des pays de Faria et d'Arien, dans
l'Amérique méridionale, découvrit près le
golfe d'Uraba, un isthme long de dix lieues
qui sépare les deux grandes mers , qui
réunit les deux Amériques et qu'on ap-
pelle l'Isthme de Panama. Pour profiter
de la commodité de ce passage, il lit bâtir
quatre forteresses , après avoir gagné par
présens quelques-uns des princes de ce
pays, et vaincu les autres par la force des
armes. Ce succès augmenta son ambition.
Il fut accusé et convaincu d'avoir voulu
usurper la souveraineté dans les terres
qu'il avait conquises. On lui fit son procès,
et il eut la tète tranchée par ordre du roi
d'Espagne. Sans celle perfidie, il eût mé-
rité une gloire immortelle , pour avoir
frayé le chemin du Pérou à François
Pizarre et à Diego d'Almagro , qui y en-
trèrent en 1525.
BLASTARES ( Matthieu), moine grec
de l'ordre de Saint-Basile , au 14e siècle ,
est auteur d'un Recueil de Constitutions
ecclésiastiques , qui peut servir pour
connaître la discipline de son temps. Il a
été imprimé à Oxford , en grec et en la-
tin , in-fol.
• BLAU ( Féux-Antoixe), professeur
de théologie à Mayence, né en 1754 , est
auteur d'un ouvrage extrêmement hardi
sous le titre d'Histoire critique d • l'in-
faillibilité ecclésiastique, Francfort, 1791,
in-8°.Un tel homme avait des dispositions
pour devenir révolutionnaire. Il le fut ,
et se fit enfermer pour ses opinions poli-
tiques. Depuis , il fut nommé juge au tri-
bunal criminel de Mayence. On a encore
de lui j un essai sur le développement mo-
ral de l'homme, 1795, in-8u; i et une cri-
31 BLA
tique des ordonnances relatives à la re-
ligion , rendues en France depuis la ré-
volution, fondée sur les principes du droit
politique et ecclésiastique, 1797. Il est mort
le 25 décembre 1798.
BLAURER ( Ambhoise ), né à Constance
en 1492 , embrassa les erreurs de Luther,
et les prêcha dans sa ville natale. Il tra-
vailla ensuite , avec Œcolampade et Bu-
cer, à introduire cette secte dans la ville
d'Uhn : et enfin avec Brentius et deux
autres proleslaus, pour l'introduire dans
le duché de Wirtemberg. Il mourut eu
15C7. On a de lui des ouvrages de piété ,
peu lus, même par ceux de sa secte.
BLA VET (Michel), musicien, né à
Besançon le 15 mars 1700. Son père le des-
tinait à l'état de tourneur, mais une flûte
étant tombée sous sa main, il acquit bien-
tôt sans maître une grande supériorité
sur cet instrument. Il se rendit à Paris en
1725 , et y fut accueilli par tous les ama-
teurs. Une place de musicien qu'il obtint
à l'opéra lui donna les moyens de perfec-
tionner son talent, auquel rendit hommage
le roi de Prusse lui-même , Frédéric II,
en l'engageant à rester dans ses états.
Blavet résista à ses propositions, revint à
Paris , accepta d'abord une pension et un
logement du prince de Carignan , puis
resta attaché au comte de Clermonl qui
le fit sur-intendant de sa musique. Il a
souvent travaillé pour les fêtes que ce
dernier donnait à Berni. Blavet est mort
en 17G8 , emportant avec lui les regrets
de tous ceux qui l'ont connu. — Son fils ,
l'abbé Jeax-Loms, ne à Besançon en 1719,
et mort au commencement du 19e siècle ,
fut bibliothécaire dû prince de Conti et
censeur royal. Il a publié quelques ou-
vrages. Le plus important est sa traduc-
tion des Recherches sur la nature et les
causes de la richesse des nations , de
Smith, 1781 , 6 vol. in-12 , réimprimée à
Paris en 1800, 4 vol. in-8°. La traduction
de M. Garnier l'a fait oublier. Les autres
ouvrages qu'il a laissés sont : | Essai sur
l'agriculture moderne, Paris, 1755, in-12,
composé de concert avec Nolin , chanoine
de Saint-Marcel de Paris. | Mémoires his-
toriques et politiques de la Grande-Bre-
tagne et de l'Irlande, sous les règnes de
Charles II, Jacques II , Guillaume III
et Marie, pour servir de suite et d'éclair-
cissement aux Histoires d'Angleterre de
Hume , Smoleth et Barroiv , traduits de
l'anglais du chevalier Jean Dalrymple,
Londres (Genève), 1776, 2 vol. in-8",
Genève, 1782, 2 vol. in-8°, etc.
BLE S
• BLAYNEY (Bbnjjmmm), IncoToglen du
18e siècle, né à Oxford, fut professeur
d'hébreu et plus tard recteur de Polshot
( Wiltshire), où il mourut en 1801. Cet ex-
cellent critique a publié une Dissertation
sur les 70 semaines de Daniel, urie édi-
tion estimée de la Bible d'Oxford, des
Sermons et des Traductions de Jérémie
et de Zacharie.
BLEMUR ( Marie -Jacqueline
BOUETTE de), religieuse bénédictine du
Sl.-Sacrement , naquit le 8 janvier 1618,
de parens nobles et pieux. Remise à l'âge
de cinq ans entre les mains d'une de ses
parentes , religieuse dans l'abbaye de la
Sainte-Trinité de Caen , et ployée des cet.
âge tendre aux pratiques de la vie reli-
gieuse, elle sollicita à 11 ans la grâce de
recevoir l'habit du monastère, et prononça
ses vœux dès que les lois ecclésiastiques
le lui permirent. La ferveur qu'elle mon-
trait dans tous les exercices la fit choisir
pour maîtresse des novices. Elle fut par
la suite élue prieure. La duchesse de
Mekelbourg ayant fondé un monastère de
bénédictines à Châtillon, demanda à l'ab-
besse de la Trinité la mère Jacqueline de
Blémur pour organiser la nouvelle com-
munauté. Elle y passa avec joie, quoique
la règle dût en être plus rigoureuse : elle
y fut un modèle de piété et de pénitence.
« >n a d'elle | L'année bénédictine 3 7 vol.
in-4°; | Les grandeurs de Marie ; \ Les
exercices de la mort; \ L'éloge des per-
sonnes distinguées en vertus, qui ont
vécu au dernier siècle , dans l'ordre de
Saint- Benoit , 2 vol. in-4° ; | la Vie de
plusieurs personnages pieux , telle que
celle de Pierre Fourrier de Matincourt j
celle de don Philippe- François et autres.
Cette sainte fille mourut le 24 mars 1096.
* BLENDE ( Barthélemi de ), naquit à
Bruges , le 21 août 1675 , de parens dis-
tingués. Après avoir achevé ses études
de théologie d'une manière brillante, dans
la maison des jésuites de Malines , où il
était entré fort jeune , il se consacra aux
missions de l'Amérique ; et, destiné à prê-
cher la foi dans le Paraguay , il passa en
Espagne, et s'embarqua à Cadix, avec
l'archevêque de Lima. Le vaisseau qui le
portait ayant été pris par les Hollandais ,
alors en guerre avec l'Espagne , le prélat
ne voulut pas se séparer du missionnaire ;
il essaya même, lorsque la liberté leur
eut été rendue , de le fixer auprès de lui
par les offres les plus avanlageuses; mais
rien ne put détourner le Père de Blende
de son ministère. Il s'embarqua pour la
32 BLE
seconde fois en Espagne, et se rendit enfin
à Buénos-Ayres. Son premier soin fut
d'apprendre la langue des Guaraniens ,
que ses supérieurs le chargèrent ensuite
de visiter. Il se fit dans cette mission une
(elfe réputation de courage et de vertu ,
que le provincial du Paraguay jeta les
yeux sur lui pour la direction d'une en-
treprise que l'on avait déjà tentée sans
succès. Il s'agissait de remonter le Para-
guay, et de découvrir un chemin plus
court que la route du Pérou, pour par-
venir aux missions des Chiquites. On as-
socia au Père de Blende un missionnaire
non moins distingué que lui par son in-
trépidité,et par son zèle : c'était le Père
de Arce, qui avait découvert la nation des
Chiquites. Les deux religieux s'embar-
quèrent , le 24 janvier 1715, à la ville de
l'Assomption. La route qu'ils devaient
suivre était couverte de peuples barbares,
parmi lesquels on signalait surtout les
Guaycuréens et les Layaguas ; les pre-
miers, audacieux et féroces , battant sans
cesse les rives du fleuve; les seconds,
Cruels et perfides , habitant le fleuve
même, sur des troncs d'arbres creusés en
canots; les uns et les autres ennemis dé-
clarés des Espagnols et des chrétiens. Les
deux missionnaires avaient déjà fait près
de cent lieues sur le fleuve, sans trouver
un seid de ces sauvages , lorsqu'ils aper-
çurent une barque remplie de Layaguas,
qui venaient implorer leur protection
contre d'autres peuplades. Les deux Pères
accueillirent ces fugitifs avec bonté ; ils
les établirent dans une lie assez vaste, où
ils n'avaient plus rien à craindre de leurs
ennemis, et le Père de Blende, s'étant mis
avec ardeur à étudier leur langue , se vit
bientôt en état de les instruire , et les In-
diens semblaient l'écouter avec docilité;
mais le Père de Arce ayant quitté son
compagnon à la source du fleuve, pour
s'ouvrir un chemin au travers des terres,
les perfides Layaguas , qui avaient suivi
le navire dans leurs canots , ne tardèrent
pas à lever le masque; ils se prévalurent
de la supériorité du nombre , ressaisirent
le vaisseau, et massacrèrent tout l'équi-
page . à la réserve du Père de Blende ,
dont les manières avaient touché le chef
des barbares. Cependant , sa mort ne fut
que différée; ce zélé missionnaire, vou-
lant mettre sa captivité à profit , pour
éclairer ses maîtres féroces et les rame-
ner à une vie moins dissolue, les Indiens
résolurent de se débarrasser d'un censeur
importun; ils saisirent le moment où leur
BLE 5
chef, qui protégeait le missionnaire , ve-
nait de partir pour une expédition loin-
taine, et, se précipitant vers la cabane du
malheureux captif, ils tuèrent d'abord le
néophyte qui lui servait d'interprète. Le
père de Blende passa toute la nuit en
prières, et , le lendemain, entendant les
cris des barbares qui venaient vers sa re-
traite , il mit son chapelet autour de son
cou, fut au-devant des assassins , et , se
jetant à genoux sur leur passage, attendit
le coup mortel. Un de ces furieux lui dé-
chargea sa massue sur la tête ; les autres
l'achevèrent à coups de lance, et jetèrent
Bon corps dans le fleuve. Ce fut un Laya-
gua converti qui raconta la mort du mis-
sionnaire et toutes ses circonstances, dont
il avait lui-même été témoin. Il apprit en
outre que le père de Arce , étant revenu
après une absence de plus de trois mois ,
avait subi le même sort, vers la fin de 17 15.
BLESSEBOIS. Voyez CORNEILLE
BLESSEBOIS.
BLETTERIE ( jEAX-PniuppE-RÉxÉ de
la), né à Rennes le 26 février 1696, entra
de bonne heure dans la congrégation de
l'Oratoire, et y professa avec distinction.
Le règlement contre les perruques fut
l'occasion qu'il prit pour en sortir ; mais
il conserva l'amitié et l'estime de ses an-
ciens confrères. Il vint à Paris, et ses la-
lcns lui procurèrent une chaire d'élo-
quence au collège royal et une place à
l'académie des Belles-lettres. Il publia di-
vers ouvrages bien accueillis du public.
j Histoire de Julien l'Apostat* Paris ,
4755, in-12, réimprimée en 1746, ouvrage
curieux, bien écrit, et où régnent à la
fois l'impartialité, la précision, l'élégance
et le jugement... L'on ne doit tenir au-
cun compte de la critique qu'en ont faite
Voltaire et M. Condorcet, « qui , dit un
» écrivain judicieux, n'ont pu sans doute
* lui pardonner de n'avoir pas fait grâce
» aux bizarreries de cet empereur apostat,
» en rendant d'ailleurs justice aux bonnes
» qualités qu'il avait. Les auteurs auraient-
» ils donc voulu qu'en faveur de la phi-
i» losophie , M. l'abbé de la Bletterie eût
» érigé en héros accompli , un prince qui
» poussa la pédanterie philosophique au
» dernier degré du ridicule? Les philoso-
» phes qui sont si habiles à rechercher ,
» et si impitoyables à condamner les
u moindres fautes des empereurs chré-
» tiens , prétendent-ils qu'on ferme les
»• yeux sur des extravagances choquantes,
» parce qu'il leur plait de déclarer qu'un
u tel prince est de leur secte et par con-
33 BLI
» séquenl absous de tout ce que la raison
» et le bon sens peuvent lui reprocher?
» Onl-ils oublié ce qu'ils ont dit tant de
» fois , qu'un bon historien ne doit être
» d'aucune secte , d'aucun parti, qu'il faut
» qu'il soit exempt de tout préjugé, de
« toute passion, et qu'il n'ait d'autre but
» que la vérité? » | Histoire de l'empereur
Jovien , et Traduction de quelques ou-
vrages de l'empereur Julien, 1748, Pa-
ris, in-12, livre non moins estimable que
le précédent, par l'art qu'a eu l'auteur de
choisir, d'arranger et de fondre les faits ;
par la tournure libre et varice du traduc-
teur, et par la sagesse et l'équité avec les-
quelles il justifie l'empereur Jovien ca-
lomnié par les philosophes modernes, à
cause de son attachement au christianis-
me. | Traduction de quelques ouvrages
de Tacite , Paris, 1755, 2 vol. in-12. Les
Mœurs des Germains , et la Vie d'Agri-
cola, sont les deux morceaux que com-
prend cette version, aussi élégante que
fidèle. Ils sont précédés d'une Vie de
Tacite, digne de cet écrivain, par la force
des pensées et la fermeté du style. | Ti-
bère, ou les 6 premiers Livres des Anna-
les de Tacite, traduits en français, Paris,
1768, 5 vol. in-12. Cet ouvrage a essuyé
des critiques méritées. Il est écrit d'un
style bourgeois et maniéré, et l'on n'y re-
connaît que fort rarement l'élégant his-
torien de Julien. Cette traduction est d'ail-
leurs assez exacte. | Lettres au sujet de
la relation du quiélisme de M. Phelip-
peaux, 1735, in-12. Cette brochure, qui est
rare et assez bien faite, renferme une jus-
tification des mœurs de madame Guyon.
| Quelques Dissertations dans les Mémoi-
res de l'académie des Belles-lettres , très-
estimés... L'abbé de la Bletterie mourut
en 1772 , à l'âge de 76 ans. C'était un sa-
vant attaché à la religion, et dont les
mœurs ne démentaient point les princi-
pes. 11 avait des connaissances' solides et
varices, et c'est incontestablement un des
meilleurs historiens des derniers temps :
il excelle dans l'art de tracer les por-
traits : celui de saint Athanase dans la
Vie de Jovien est un chef-d'œuvre.
RLE VILLE ( Jean-Baptiste), né à Ab-
beville en 1692, mort le 2 juillet 1783,
s'est fait connaître par différens ouvra-
ges; tels sont | Traité du Toisé, 1758, in-
12. | Le Banquier ou le Négociant univer-
sel, 1760, 2 vol. in-4°. | Traité des Chan-
ges en comptes faits, 1754, in-8°.
♦ BLUV DE SVLVMORE (Adrien-Mi-
ciiel-Hyacixthe) , garde des archives et
BLO
334
BLO
historiographe , membre des ordres de
Saint-Michel et du Saint-Esprit, né à Pa-
ris le 15 février 1733 , d'une famille qui
avait été ruinée par le système de Law ,
lit ses études au collège du cardinal Le-
moine, et chercha dans la retraite el
dans l'étude des consolations aux rigueurs
de la fortune. On a de lui | plusieurs
hèroides, et autres poésies telles que la
Mort de l'amiral Ring , Sapho à Phaon ,
liiblis à Cawius, Gàbrielle d'Eslrées à
Henri IV, Calas à sa femme et à ses
enfans , la duchesse de la Vallière , etc.
Ses poésies et une êpître à Racine, furent
réunies en 1774 en 1 vol. En 1769 , il donna
un recueil intitulé | l'Elite des poésies fu-
gitives , 5 vol. in-12 , auxquels Luneau de
Boisgermain en ajouta un 4e en 1775. Il
composa une tragédie intitulée Orphanis,
qui fut reçue favorablement, mais qui ne
put rester au théâtre. Il fil encore plu-
sieurs ouvrages , entre autres | une His-
toire de Russie en 2 vol. avec figures,
in-4°; et laissa plusieurs manuscrits. Il se
préparait à donner une édition complète
de ses ouvrages, lorsqu'il mourut le 26
septembre 1807. En 1776 il avait été nommé
censeur royal , et en 1800 il fut conserva-
teur de la bibliothèque de l'Arsenal.
* BLOCII (Marc-Eliézer), naturaliste
juif , né à Anspach , en 1725 , de parens
très pauvres. Il ne commença à étudier
qu'à 19 ans; mais il travailla avec tant
d'ardeur qu'il regagna bientôt le temps
perdu , et il obtint en peu d'années le
bonnet de docteur à Francfort-sur-1'O-
der; il alla pratiquer la médecine à Berlin
où le célèbre naturaliste Martini le fit ad-
mettre dans la société des curieux de la
nature. Il mourut le 6 août 1799. Son prin-
cipal ouvrage est une Histoire naturelle
despoissons, particulièrement de ceux des
états Prussiens, Berlin, 1781, grand in-4°.
Il a écrit ensuite une Histoire naturelle
despoissons étrangers, et quelques cahiers
de Y Histoire naturelle des poissons d'Al-
lemagne. Ces divers ouvrages, ont été
refondus sous le titre d'Ichthyologie ou
Histoire naturelle générale et particulière
des poissons, Berlin, 1782 et 1795, 12 vol.
grand in-4°, ouvrage magnifiquement
exécuté ; il a été traduit en français par
Laveaux en 12 vol. grand in-fol. et réim-
primé en 12 vol. in-8° , Berlin, 1796.
•BLOCK. (Benjamin), peintre flamand
du 17e siècle : il excellait dans le portrait.
Sa femme peignait très bien les fleurs ;
ses ouvrages sont aussi recherchés que
ceux de son mari.
* BLOCK ( Jeanne ) , née à Amsterdam
en 1650, morte dans lamème ville en 1715,
acquit de la célébrité parle fini de ses dé-
coupures. Tout ce que le graveur exprime
avec le burin , elle l'a rendu avec ses ci-
seaux ; elle exécutoit des paysages , des
marines, des animaux et des fleurs; elle
faisoit même des portraits d'une ressem-
blance parfaite. Elle peignait aussi à la
gouache en unissant de la soie avec des
couleurs qu'elle sut mêler si artistement
qu'on ne les distinguait que très difficile-
ment;
BLOEMVERT (Abraham), né à Gor-
cum en 1,564, réussit dans tous les genres
de peinture, mais surtout dans le paysage.
Son génie était facile , sa touche libre, ses
compositions riches ; on lui reproche seu-
lement de s'être éloigné quelquefois de
la nature; Il mourut à Utrechl en 1647.
Le musée royal possède de lui les Noces
de Thetis et' de Pelée. — Il était père de
Corneille et Frédéric BLOEMAEBÏ ,
l'un et l'autre graveurs célèbres.
BLOIS. Voyez BLOSIUS et PIERRE
de BLOIS.
* BLO M (Charles-Magnus) , docteur
en médecine, savant naturaliste suédois,
fils de Zacharie Blom , pasteur à Kafsoik
en Smalandie, naquit le 1er mars 1757.
Destiné d'abord à prendre les ordres , il
céda ensuite à son goût pour l'histoire na-
turelle et embrassa la médecine. Le cé-
lèbre Linnée contribua beaucoup à cette
détermination. Après un voyage qu'il en-
treprit , en 1760, dans les pays étrangers,
pour augmenter la somme de ses connais-
sance, Blom, de retour à Upsal, soutint
sa thèse de ligno quassiœ , et obtint le
premier chapeau de docteur. Sa réputa-
tion littéraire s'établit si rapidement, qu'il
était déjà auparavant membre de la so-
ciété des sciences de Bàle. Il fut, en 1774,
médecin de la Dalécarlie , et en 1782, nom-
mé assesseur, emploi qu'il conser va 45 ans.
Le docteur Blom fut un des premiers
médecins qui introduisit la vaccine en
Suède. Cet acte philantropique lui valut
une gratification et une médaille en or
que l'administration de santé fit frapper
à ce sujet. Il mourut le 4 avril 1815, à
Hedemora , laissant un grand nombre
d'ouvrages dont les principaux sont : | Re-
mède et préparations contre la dyssente-
rie; \ Remède contre la fièvre de rhume et
la fièvre putride ; | Remède contre la fiè-
vre bilieuse; | Avis pour connaître la qua-
lité des médicamens. Dans les Mémoires
de la société des sciences , à Bàle , on a
IÎLO 53
inséré : | Descriptiones quorumdam in-
sectorum nondum cognitorum, etc. , anno
1761 deteclorum; et l'on trouve dans les
Annales de l'académie des sciences de
Stockholm '.Essai de médecine, avecAco-
nitrem Napellus ; Rapport sur les plaies et
taches gangreneuses survenues en man-
geant la jusquiame , et plusieurs autres
traités savans. Blom était membre de
l'académie dés sciences de Stockholm , de
la société médicale de Paris, etc.
BLOND (Jehan le) , seigneur de Bran-
ville, natif d'Evreux , fit de la poésie son
amusement. Il en publia un recueil sous
ce litre : Le Printemps de l'humble espé-
rant, Paris, 1556, in-16. Les règles de la
décence et de l'honnêteté n'y sont pas ri-
goureusement observées. La célébrité de
Marot dont il était contemporain, excita
sa bile. Il se déclara un de ses adversaires,
mais la postérité a su mettre une grande
différence entre ces deux poètes.
BLOND (Jean-Baptiste -Alexandre
le), célèbre architecte, né à Paris en 1679,
travailla long-temps en Bussie avec un
succès distingué , et mourut en 1719 de
chagrin , pour avoir reçu un. soufflet de
Pierre le Grand, dans un de ces accès
d'humeur brutale , qui n'étaient que trop
fréquens chez ce prince. On a de lui :
| Dessins de la théorie et pratique du
Jardinage, relativement à la décoration,
de d'Angerville , in-4°.
* BLOND ( Jacques -CimiSTOPnE le ) ,
graveur , né à Francfort-sur-le-Mein , en
1670 , mort en 1741 , passe pour avoir in-
venté la gravure en plusieurs couleurs ;
il a fait en ce genre plusieurs portraits ,
et a publié un Traité à la fin duquel il a
ajouté quelques tètes imprimées en trois
couleurs.
BLOND (Guillaume le), né à Paris en
1704, s'adonna à l'étude des mathémati-
ques, et parvint par sa science en 1751
à être maître de mathématiques des en-
fans de France , après l'avoir été des pa-
ges de la cour. Il mourut le 24 mai 1781.
On a un grand nombre d'ouvragés de lui :
| L' Arithmétique et la Géométrie de l'Of-
ficier , 2 vol- in-8°; | £ lé mens de fortifi-
cations , in-8°; | E lé mens de la Guerre,
des sièges , 3 vol. ; | L'Artillerie raison-
née ; \ L'Attaque des places , et plusieurs
autres sur la géométrie militaire.
* BLONDE , avocat- canonis te , fameux
par son association à Maullrot, Camus,
Mey, Aubry , etc. , les avocats-consultans
de la petite église , llorissait dans la der-
nière moitié du 18e siècle. Us s'associèrent
3 BLO
pour faire des Mémoires en faveur des
pasteurs du 2mc ordre, contre ceux du 1".
Laborieux, crudit, et plein de bonne foi,
Blonde manquait d'impartialité et d'es-
prit. On lui doit une traduction du livre
de Pestel sur le droit naturel. Lorsqu'il a
voulu lutter contre le Déisme réfuté par
lui-même de Bergier, il n'a pas même en
le triste honneur d'être lu par J.-J.
Rousseau dont il s'était rendu l'avocat
d'office.
, BLOADE.VU (Claude) , chanoine do
Besançon , dans le 17e siècle , a publié
dans cette ville, en 166'*, le Triomphe de
la charité , ou l' Abrégé des grandeurs de
la confrérie de la très sainte Trinité,
etc.
BLONDEYU (Claude), avocat au par-
lement de Paris, commença en 1672, avec
Gueret son confrère , le Journal du Pa-
lais, qui va jusqu'en 1700 , 12 vol. in-4°;
et dont la dernière édition est de 1755, 2
vol. in-fol. Il avait donné en 1689 sous le
nom de Bibliothèque canonique, ,1a Somme
bénéficiale de Bouchel, enrichie de beau-
coup de notes et d'arrêts. Il mourut au
commencement du 18e siècle. Voyez
GUEBET.
BLONDEL (David), né à Chàlons-sur-
Marne , l'an 1591 , ministre protestant en
1614 , était professeur d'histoire à Ams-
terdam en 1650. L'air de cette ville , joint
à son application , lui fit perdre la vue.
Il mourut en 1655. Peu de savans ont été
plus profonds dans la connaissance des
langues , de la théologie , de l'histoire
civile et ecclésiastique. Sa mémoire était
un prodige : aucun fait , aucune date ne
lui échappait. Blondel était un excellent
critique, mais un écrivain très plat et
très lourd. On peut lui appliquer ce que
Fontenelle dit de van Dale : « Qu'il ne fait
» aucune difficulté d'interrompre le fil de
» son discours , pour y faire entrer quel-
» que autre chose qui se présente; et dans
» cette parenthèse-là , il y enchâsse une
» autre parenthèse, qui même n'est peut-
» être pas la dernière. » Les principaux
ouvrages de Blondel sont , | Pseudo-Isido-
rus et Turrianus v ap niante s , Genève,
in-4°. Il y prouve la fausseté , ou plutôt
l'altération de plusieurs Décrétales re-
cueillies par Isidorus Mercator; toutes les
réflexions qu'il fait à ce sujet sont fausses
et déplacées {V. ISIDORUS MERCATOR).
| Assertio Genealogiœ Franciœ, 1655 , in-
fol., contre Chifflet, qui faisait descendre
nos rois de la 2e et 5e race d'Ambert qui
s'était marié selon lui à Blitilde , fille de
!
BLO 5
Clotaire I. Oti s'imaginait trouver dans
cette fable le renversement de la Loi Sa-
lique, qui exclut les femmes de la cou-
ronne. | Apologia pro senlentia S. Hiero-
nymi de Presbyteris et Episcopis , in-4°;
J De la primauté de l'Eglise, Genève, 164-1 ,
in -fol. On doit bien sentir comme cette
primauté de l'Eglise ( il aurait parlé plus
exactement s'il avait dit du chef de l'E-
glise) est traitée par un protestant; il par-
court tous les siècles pour trouver des faits
contre l'autorité du souverain ponlifo.
| Un Traité sur les Sibylles, Charenton ,
1649 , in-4°. | Un autre contre la Fable de
la papesse Jeanne, Amsterdam, 1647,
in-8° ; ouvrage d'une critique lumineuse
et impartiale, qui souleva contre lui les
fanatiques de sa communion. | Des Ecrits
de controverse.
BLOXDEL ( François ) , professeur
royal de mathématiques et d'architecture,
membre de l'académie des Sciences , di-
recteur de celle d'architecture , maréchal-
de-camp et conseiller-d'état, né en 1617,
mourut à Paris en 1686 , à 68 ans. Il fut
employé dans quelques négociations. On
a de lui plusieurs ouvrages sur l'archi-
tecture et les mathématiques , qui ont été
utiles. Les principaux sont j Notes sur
l'architecture de Savot ; | un Cours d'ar-
chitecture,VaTis,i67H, réimprimé en 1698,
2 vol. in-fol. | L' Art de jeter les Bombes,
1690 , in-12. | Résolution des 4 principaux
Problèmes d'Architecture, au Louvre,
1673, in-fol. | Manière de fortifier les
Places, 1683, in-4°. | Histoire du Calen-
drier Romain , Paris , 1682 , in-4° , où l'on
trouve les principes de la chronologie
assez bien expliqués. Les portes ou arcs
de triomphe de Saint-Denis et de Saint-
Antoine ont été élevées sur les dessins
de ce célèbre architecte. Blondel était
aussi bon littérateur que bon mathéma-
ticien. On connaît sa Comparaison de
Pindare et d'Horace.
BLOXDEL ( Pierre -Jacques ), né à
Paris, est auteur d'un livre qui a pour
titre les Vérités de la Religion chré-
tienne, enseignées par principes , et d'un
Mémoire in-fol. contre les imprimeurs et
leurs gains excessifs. Il a publié la Rela-
tion des séances de l'académie des Belles-
lettres et des Sciences , insérée dans les
Mémoires de Trévoux. Il mourut en 1750.
BLOXDEL ( Laurent) , parent du pré-
cédent , naquit à Paris , et fut lié de bonne
heure avec les solitaires de Port-Royal.
Après avoir élevé quelques jeunes gens,
il se chargea de la direction de l'impri-
S6 BLO
mûrie de M. Després , chez lequel il com-
mença à demeurer en 1715. Il ne se con-
tenta pas de revoir les manuscrits de cet
imprimeur, il travailla à une nouvelle
Vie des Saints, qui parut en 1722 à Paris,
chez Després et Desessarts, in-fol. Il
mourut à Evreux, en 1740 , après avoir
publié divers ouvrages de piété.
BLOXDEL ( Jacques - François ), na-
quit à Rouen en 1703 , d'une famille dis-
tinguée dans l'architecture. Il se disposa
à courir la même carrièie, par la con-
naissance des belles- lettres, des mathé-
matiques et du dessin. Instruit dans la
pratique de cet art par son oncle, il fut
en état d'en donner des leçons dès l'âge
de 35 ans ; et il est le premier qui en ait
ouvert une école publique à Paris. As-
socié l'an 1755 à l'académie d'architec-
ture , il fut choisi ensuite pour professeur
à Paris. Il mourut le 9 janvier 1774, dans
la 69e année de son âge. On a de lui | l'Ar-
chitecture moderne, ou l'Art de bien
bâtir, Paris, 1728,2 vol. in-4°, ligures;
| De la distribution des maisons de plai-
sance, Paris, 1737, 2 vol. in-4", fig.; | Ar-
chitecture française, ou Recueil de plans,
élévations, etc., des maisons royales ■
palais, etc. , de Paris, Paris , 1722 , 4 vol.
in-folio ; | Cours d'architecture, on Traité
de la décoration , distribution et cons-
truction des bâtimens , 9 vol. in-8° , 1771-
1773 : c'est son meilleur ouvrage. Il ne
mit au jour que les quatre premiers vo-
lumes de discours, avec deux de ligures.
M. Patte a donné en 1777 les 5e et 6e vol.
de discours , avec un vol. de figures , d'a-
près les manuscrits de Blondel. C'est lui
qui a fourni tous les articles relatifs à
l'architecture, qu'on trouve dans l'En-
cyclopédie.
BLOXDET , médecin à Pithiviers et in-
tendant des eaux minérales de Segrai ,
mourut en 1759 , avec la réputation d'un
homme habile dans son art. On a de lui
deux dissertations , l'une sur la nature et
les qualités des (aux minérales de son
département, 1749, in-12, l'autre sur ta
maladie épidémique des bestiaux , 1748,
in-12.
BLOXDEVILLE. F. BRIGGS (Hexri).
BLOXDIX ( Pierre ), botaniste picard,
né en 16S2, mourut. en 1713. Il avait été
reçu de l'académie des Sciences un an
auparavant. Tournefort , démonstrateur
de botanique au jardin roy«;l , connut les
talens de Blonuin. Il se reposait sur lui
du soin de remplir sa place , lorsqu'il
était malade. Le disciple tiavailla à égaler
BLO
3o7
BLO
son mallre. Il fit beaucoup de décou-
vertes sur la botanique, et laissa à ses
héritiers des herbiers fort exacls et des
mémoires curieux.
BLONDUS ( Flavius ) , ou BIONDO ,
natif de Forli, secrétaire d'Eugène IV, et
de quelques autres papes , mourut à
Rome en 1463 , à 75 ans. Quoiqu'il eût été
à portée de faire une fortune considé-
rable , il n'amassa pas de grands biens , et
vécut toujours en philosophe. On a de lui
| Italia illuslrala, Rome, 1474, in -fol.
j Historiarum ab incUnaiione Romani
imperii ad annum 1440 , Décades III, à
Venise 1484 , in-fol. Ces deux ouvrages
se trouvent aussi dans le recueil de ses
Œuvres, Bàle , 1531, in-fol. «Il ne faut
» pas, dit le Père Nicéron , se fier trop à
» ce Blondus. Il a souvent suivi des gui-
» des trompeurs , et il avait plus en vue
» de ramasser beaucoup de choses , que
» d'examiner si elles étaient véritables. »
Son nom de famille était Biondo.
* BLOOMFIELD ( Robert ) , poète an-
glais, était le plus jeune des six enfans
d'un tailleur de Konington, village du
Suffolkshire , où il naquit le 3 décembre
4766. Il perdit son père à l'âge de six
mois ; à peine parlait-il, que sa mère
qui tenait une petite école lui apprit à
lire. Le clerc d'un magistrat qui l'avait
reçu à son service lui enseigna l'écriture,
et il entra comme domestique, à l'âge de
il ans , chez un fermier qu'il quitta bien-
tôt pour aller retrouver son frère aîné ,
et apprendre de lui l'état de cordonnier
qu'il exerçait à Londres. La lecture qu'il
faisait de quelques journaux à son frère
et à d'autres ouvriers réunis dans un
grenier lui inspira le goût des lettres , et
un recueil de poésies qui lui tomba dans
les mains décida de la nature de son
génie. Il composa d'abord une chanson ,
la Fête du village, et son frère, tout
glorieux du talent de Robert , l'envoya à
un journal qui l'inséra, ainsi qu'une se-
conde chanson intitulée : le R tour du
matelot. Cependant le corps des cordon-
niers ayant décidé qu'aucun ouvrier ne
serait admis parmi eux s'il n'avait fait un
apprentissage régulier, Bloomfield re-
tourna dans sa province , où , un maître
ayant consenti à le prendre chez lui com-
me apprenti , il put ensuite exercer son
industrie. Il se maria en 1790, et com-
posa le Garçon de ferme, nouvelles géor-
giques , où les travaux les plus ordinaires
de la ferme sont décrits d'une manière
aussi poétique que fidèle. Cet ouvrage,
2.
imprimé aux fiais de M. Capel Lofft,
obtint un succès immense, qu'on doit
sans doute attribuer en partie à l'humble
condition de l'auteur. Depuis le mois de
mars 1800 jusqu'à la fin de 1803, il s'en
vendit plus de 26,000 exemplaires, et des
traductions en furent faites en français,
en italien et en latin. Le duc de Grafton
donna au poète une pension d'un schel-
ling par jour avec un emploi dans la
chancellerie , que sa santé ne lui permit
pas de conserver long-temps. Bloomfield ,
en continuant d'exercer son état, fit pa-
raître successivement | les Harpes éolien-
nes ; \ Contes de village, ballades et
chansons, 1802,* | Bonnes nouvelles , ou
Nouvelles de la ferme , petits poèmes ,
1804; | les Fleurs sauvages, poésies;
j les Rives de la Tf^ye , 1841; | le Premier
mai des Muses, 1822 ; | enfin le Manoir
de Hazelwood, petit drame villageois.
Bloomfield est mort à Shefford (Bedford-
shire ) , le 19 août 1825 , laissant sa veuve
et quatre enfans dans une position mé-
diocre. On a publié , depuis sa mort , ses
œuvres en deux volumes.
BLOSIUS ou de BLOIS ( François-
Louis), de la maison de Blois et de Châtil-
lon, né en 1506, au château de don
Etienne, dans la principauté de Liège,
près de Beaumont en Hainaut , passa ses
premières années à la cour de Charles-
Quint, et fut page de ce prince. Agé de
14 ans , il entra chez les bénédictins de
l'abbaye de Liesses , près d'Avesnes en
Hainaut , et se fit admirer par sa sagesse.
Devenu abbé en 1530 , il établit la réfor-
me dans sa maison, y fil fleurir les
sciences et toutes les vertus, et mourut
saintement en 1566 , à 59 ans , après avoir
refusé l'archevêché de Cambrai et l'ab-
baye de Tournay. Son disciple Jacques
Frojus publia ses ouvrages de piété, en
1571, in-fol., avec sa Vie, qui fut un
modèle de toutes les vertus. Le principal
est son Spéculum Religiosorum. Il a été
traduit en français , par le Père de la
Nauze, jésuite, sous le titre de Directeur
des âmes religieuses , Paris , 1726 , in-8°.
On a donné, en 1741, une traduction de
ses Entretiens spirituels , Valenciennes ,
in-12. Tous ces ouvrages sont écrits avec
autant de jugement que de piété ; ils sont
remplis de cette onction sainte qui agit
sur le cœur en même temps que l'esprit
s'ouvre à la conviction. Philippe II les
choisit de préférence pour se préparer
durant sa longue maladie à une mort
chrétienne.
29
BLO o
BLOTELING ou BLOETELING un des
plus célèbres artistes de Hollande , grava
avec succès au burin et en manière noire.
BLOUINT ( Thomas ) , habile juriscon-
sulte , mourut à Orlelon en 1679. à 61
ans. On a de lui plusieurs ouvrages. Les
principaux sont : | Académie d'éloquence,
contenant une Rhétorique anglaise com-
plète. | Glossographia , ou Dictionnaire
des mois difficiles J hébreux, grecs, latins,
italiens , etc. , à présent en usage dans la
langue anglaise. | Dictionnaire juridique,
où l'on explique les termes obscurs et dif-
ficiles, qu'on trouve dans nos lois ancien-
nes et modernes, dont la meilleure édi-
tion est de 1691 , in-folio.
BLOUNT ( sir Henri ) , chevalier , né à
Tittenhanger, dans le comté d'Hertford
en Angleterre, l'an 1602 , se distingua par
sa vertu et par ses talens , et eut diverses
Commissions importantes. Il hérita d'un
bien considérable par la mort de son frère
aîné ( Thomas-Pope Blount , écuyer ) , et
fut grand-shérif du comté de Hertford. Il
mourut le 9 octobre 1682 , à 80 ans moins
deux mois. On a de lui une Relation de
son voyage au Levant, en anglais, 1636,
in-4° , plusieurs fois réimprimée , et qui
fut traduite en français. Elle est peu esti-
mée sous le rapport de l'exactitude. Il a
publié encore des Comédies, et autres
ouvrages. Deux de ses fils sont connus
dans la république des lettres. Nous en
parlons dans les articles suivans.
BLOUNT ( sir Thomas Pope ) , fils aîné
et héritier de Henri Blount , dont il est
parlé dans l'article précédent, naquit à
Upper-Halloway, dans la province de
Midlessex en 1654. Il fut créé baronnet
du vivant de son père , et fut plusieurs
fois député au parlement. Pendant les
trois dernières années de sa vie, la cham-
bre des communes le nomma commis-
saire des comptes. Il mourut à Tittenhan-
ger en 1697, laissant une nombreuse pos-
térité. Ses ouvrages ne sont que des re-
cueils de passages mal liés. Le principal
est | Censura celebriorum Auctorum, sive
Traclatus , in quo varia virorum docto-
rum de clarissimis cujusque sœculi Scrip-
toribus judicia reddunlur, Londres , 1690,
in-fol. Dans les éditions de Venise , on a
traduit en latin les passages des auteurs
que le chevalier Blount avait donnés dans
les langues modernes , dans lesquelles ils
c talent écrits. On a encore de Thomas-
Pope Blount | une Histoire naturelle,
Londres , 1692 , in-4°, J et des Essais sur
différent sujets in-8°.
38 BLU
BLOUIVT ( Charles ) , frère du précé-
dent, fameux déiste, né à Upper-Hallo-
way en 1654 , s'annonça d'une manière
peu favorable à sa réputation par la tra-
duction des deux premiers livres de la
Vie d'Apollonius de Thyane , par Phi-
lostrate, imprimée en 1680, in-fol. Les
notes sont encore plus extravagantes que
l'ouvrage traduit. Elles ne tendent qu'à
défigurer la religion et tourner en ridi-
cule les livres saints. Ce commentaire,
déjà infamant par lui-même , devint une
double source d'ignominie quand on sut
que c'était un plagiat ; car ces notes que
Blount donnait comme le fruit de son
profond savoir , sont presque toutes tirées
des manuscrits du baron Herbert, qui
avait la même religion que lui, c'est-à-
dire, qui n'en avait aucune. Son livre,
traduit depuis en français, Berlin, 1774,
4 vol. in-12, fut proscrit en Angleterre,
même en 1693. Cette même année Blount
étant devenu amoureux de la veuve de
son frère, et n'espérant pas de pouvoir
obtenir une dispense pour l'épouser, se
tira d'embarras en se donnant la mort :
fin naturelle d'un homme qui ne connais-
sait d'autre bien que la volupté , et qui se
le voit enlever sans retour.. On a encore
de Blount les ouvrages suivans , où les
égaremens de la raison et les basses res-
sources du mensonge sont poussés aussi
loin que dans ses notes sur Philostrale.
| Anima mundi, ou Histoire des opinions
des anciens, touchant l'état des âmes
après la mort, Londres , 1679 , in-8°. | La
grande Diane des £ phè siens , ou l'Ori-
gine de l'idolâtrie, avec l'institution poli-
tique des sacrifices du paganisme , 1680 .
in-8°. j Janua scientiarum , ou Introduc-
tion abrégée à la géographie , la chrono-
logie, la politique , l'histoire , la philoso-
phie et toutes sortes de belle s -lettre s ,
Londres, 1684, in-8°. | Il est le princi-
pal auteur du livre intitulé Les oracles
de la raison, Londres , 1693 , in-8° ; réim-
primé en 1695, avec plusieurs autres
pièces, sous le titre d'OEuvres diverses
de Charles Blount, écuyer. Charles Gil-
don, éditeur de ces différentes pièces,
réfuta depuis les opinions pyrrhoniennes
qu'elles renferment, par un livre qu'il
publia à Londres en 1705 , sous ce titre :
Manuel des déistes, on Recherches rai-
sonnables sur la religion chrétienne.
| Religio Laici, Londres, 1683, in-12.
♦BLUCHER, prince de Wahlstadt,
feld-maréchal prussien , né , en 1742 , à
Rostock, dans le duché de Mecklembouxg-
BLU
359
JBLU
Schwérin , étail porte-enseigne d'un ré-
giment suédois pendant la guerre de sept
ans; il fut fait prisonnier par les Prus-
siens, et incorporé par le général Belling
qui s'était pris d'amitié pour lui , dans les
troupes de Frédéric. Il élait devenu capi-
taine, lorsqu'à la suite d'une nouvelle
promotion où il ne reçut point l'avance-
ment qu'il se promettait , il donna sa dé-
mission , et reçut de Frédéric un congé
conçu en ces termes : « Le capitaine Bluchcr
» est autorisé à quitter son poste et il peut
» aller au diable , si cela lui convient. »
Frédéric- Guillaume le rappela dans la
suite, et Blucher obtint bientôt le grade
de général , avec lequel il combattit à Kir-
veiller , et à Kayserslautern. La guerre,
suspendue par le traité de Bile se ralluma
en 1806; le roi de Prusse avait porté son
armée dans la direction de Hambourg, et
occupait les déûlés de Kœscn. Tout à
coup le duc de Brunswick, qui croyait
surprendre les Français, rencontra nos
avant-postes et reconnut qu'il était coupé;
un épais brouillard lui dérobait nos mou-
vemens. Il proposa de se mettre en ba-
taille et d'attendre que le temps s'éclair-
cit. Blucher voulait engager l'action sur-
le-champ , et Frédéric applaudit. La ca-
valerie et l'infanterie prussienne furent
extrêmement maltraitées dans cette jour-
née et Blucher fut entraîné dans la dé-
route générale. Le prince de Hohenlohe ,
qui s'était rendu à Iluppin et qui ne pou-
vait gagner Stettin sans cavalerie, lui or-
donna de le rejoindre ; le général refusa,
et Hohenlohe fut forcé d'accepter la capi-
tulation do Preuslau. Cependant Blucher,
chassé dans tous les sens , se jeta dans
Lubeck , et livra ainsi une ville impériale
et neutre à toutes les calamités de la
guerre. Il se vit bientôt contraint d'en
sortir, et de rendre les armes. Echangé
contre le maréchal Victor , il fut pourvu
d'un nouveau commandement , lorsque
la paix de Tilsitt vint mettre un terme à
la guerre. La Prusse étant rentrée de
nouveau en 1813, dans la coalition contre
la France , les opérations du centre de
l'armée alliée furent confiées à Blucher
qui , battu à Lutzen et à Bautzen , fut ce-
pendant nommé général en chef de l'ar-
mée Busso- Prussienne dite de Silésie ,
forte de cent vingt-mille hommes. Le 26
août suivant, il obtint un avantage près
de la Katzbach sur le maréchal Macdo-
nald. Il entra sur le territoire français,
en 1814, avec les armées alliées, et Napo-
léon commença par l'attaquer et le battre.
Trois jours après sa défaite de Brienne ,
Blucher opéra sa jonction avec le prince
de Schwarlzemberg qui commandait l'ar-
mée auslro- russe. A la tête de 90,000
hommes, il résista, sans remporter tou-
tefois de grands avantages, au choc de
56,000 hommes commandés par Napoléon.
Ce fait d'armes eut lieu à la Bothière
et il se renouvela sur les hauteurs de
Laon. En 1815, à Waterloo, le mouve-
ment opéré par la colonne prussienne et
qui fut si fatal aux français, était com-
mandé par le généi-al Bulow; Blucher"
n'arriva qu'à la fin de la bataille , et il v
fit des prises considérables en hommes*,
en artillerie, et en équipages. Parvenu
aux environs de Paris , il se montra très
difficile pour la capitulation de cette ville,
et à peine y fut-il entré qu'il voulut faire
sauter le pont d'Iéna, sous prétexte qu'il
portait un nom injurieux à sa nation.
Mais l'empereur Alexandre employa sa
médiation pour empêcher l'exécution de
ce dessein. Le général Blucher est mort
en 1819 à la suite d'une longue maladie.
Après la paix de 1814 , il avait accompa-
gné les souverains de Bussie et de Prusse
dans leur voyage en Angleterre. Sa vie a
été écrite en 2 vol. in-8°. On a aussi pu-
blié à Londres , La Vie et les campagnes
du feld- maréchal, prince Blucher t ou-
vrage traduit en partie de l'allemand du
général comte de Gneisenau, son chef
d'état-major.
* BLUMAUER. ( Aloys ) , poète distin-
gué , né le 21 décembre 1755 , à Steyer en
Autriche , entra dans l'ordre des jésuites
en 1772 , gagna quelque temps sa vie en
donnant des leçons après la suppression
de cet ordre , fut ensuite censeur des li-
vres et libraire, et mourut en 1798, âgé
de quarante-quatre ans. Son esprit était
tourné vers la satire et le comique bur-
lesque. Ses Poésies parurent pour la pre-
mière fois à Vienne, 1782, in-8°. Elles
ont eu plusieurs éditions; on y trouve
du sel , de la gaîté , une imagination ori-
ginale ; mais du mauvais goût , de la tri-
vialité , et quelquefois de l'incorrection.
Les pièces de ce recueil les plus estimées
par ses compatriotes sont : Y Imprimerie f
l'Adresse au diable, et Y Eloge de l'âne.
Il a donné , comme Scarron , Y Enéide tra-
vestie , Vienne, 1784-88, in-8°. On y trouve
beaucoup de choses contre la religion et
la cour romaine. On a faussement attri*
bué à Blumauer une épopée satirique in-
titulée les Titans , Francfort-sur-le-Mein ,
1790, in-8°, qui est l'ouvrage de Max. F. X.
BOG
Stiehl. Le poème Hercule travesti, en six
livres, Francfort et Leipsick, 1794, in-8°,
porte également son nom , mais est d'une
médiocrité qui ne permet guère de croire
qu'il en soit l'auteur. Blumauer a com-
posé aussi une tragédie, Erwine de Slern-
heim. Ses œuvres ont été réunies et pu-
bliées à Leipsick par K. L. M. Muller , 8
vol. in-8°, 1801.
* BLUMBERG ( Curétien-Gotthelf ),
théologien luthérien, né en 1004, à Ophau-
sen, dans la principauté du Queri'urt, fit
ses études à Leipsick et à léna, fut aumô-
nier, en 1089, du régiment flamand de
l'armée du Rhin , et se trouva au siège
de Mayence. A son retour, il fut appelé
à exercer des fonctions ecclésiastiques
dans différentes villes de l'électorat de
Saxe, et mourut en 1735 à Zwickau. Le
nombre de ses écrits est fort considérable :
nous remarquerons seulement les sui vans :
j Exercitium anti-bossentium de mysterio
in coronâ papali; \ Fundamenta linguœ
coplicœ, 1710; | Dictionarium linguœ cop-
ticœ s resté manuscrit ; | Grammalica
turcica; \ Lingues arabicœ instituliones ;
j Dictionarium hebrdiium inlegritati suœ
reddilum; \ la Bible complote ., avec des
remarques.
BLUTEAU (don Rapuael ), théatin,
né à Londres, de païens français, en
1038, passa en France et se distingua à
Paris comme savant et comme prédica-
teur. Il se rendit ensuite à Lisbonne , où
il mourut en 1734 , à 90 ans. On a de lui
un Dictionnaire portugais et latin, en 8
vol. in-folio. Coïmbre, 1712 à 1721, avec-
un supplément à Lisbonne 1727 et 1728 ,
2 vol. in-folio. Deux docteurs de l'acadé-
mie des Appliqués firent chacun un dis-
cours pour discuter ce problème : S'il était
plus glorieux à l'Angleterre d'avoir donné
naissance à ce savant, ou au Portugal de
l'avoir possédé?
* BO ( Jean-Baptiste ) , était médecin
avant la révolution dont les théories nou-
velles trou vèrenl en lui un partisan exalté.
Successivement membre de l'Assemblée
législative et de la Convention , il vota la
mort de Louis XVI sans appel et sans sur-
sis. Ayant été envoyé en mission dans le
midi par la Montagne, il fut retenu prison-
nier par les Marseillais, puis délivré au
bout de quelques jours par le général
Cartaux. Après le 9 thermidor, on le dé-
nonça comme ultra-révolutionnaire, mais
la Convention passa à l'ordre du jour sur
cette accusation. Il fut néanmoins décrété
d'arrestation après les journées de prai-
340 BOC
rial, et ne fut relâché qu'en vertu àû
i'amnistie du 4 brumaire an 4. Bo fut em-
ployé dans les bureaux de la police , jus-
qu'à la révolution du 18 brumaire , épo-
que à laquelle il rentra dans la vie privée.
Il mourut en 1812, dans un âge assea
avancé, à Fontainebleau où il exerçait la
médecine. On a de lui : Topographie mé-
dicale de la ville de Fontainebleau , 1811,
in-8°. On attribue à Bo ce propos san-
guinaire « qu'en révolution on ne doit
» connaître ni parens ni amis , et que la
» fils peut tuer son père , si celui-ci n'est
» pas à la hauteur des circonstances. »
BOAISTUAU ou BOISTUAU (Pierre),
natif de Nantes , mourut à Paris en 1500.
Il est un des premiers écrivains qui se
soient plaints de ce que les mères n'al-
laitaient pas leurs enfans. Outre une tra-
duction de l'italien des Contes de Blan-
dello avec Belleforêt , Lyon , 1610, 7 vol.
in-16 , il a composé quelques romans de
peu de mérite , ainsi que V Histoire de
Chelidonius, mauvais ouvrage sur la poli-
tique. Mais on lui doit une autre produc-
tion que la singularité des faits rend très
intéressante, c'est le Théâtre du monde ,
où il est fait ample discours des misères
humaines j Paris , 1584 et 1598 , 6 vol. in-
16. Il y rapporte , mais sans indiquer les
procédés , que le fameux peintre Léonard
de Vinci avait trouvé le secret de voler
dans les airs.
BOATE, médecin et botaniste d'Ir-
lande , publia , en 1050 , l'Histoire natu-
relle de ce royaume , traduite de l'anglais
en français, par P. Briot , Paris, 1000, 2
vol. in- 12. Il y a des recherches et des
observations vraies , quoiqu'il parle de
son pays et des habitans en panégyriste.
BOCCACE ( Jean ) , naquit à Certaldo
en Toscane, l'an 1313, d'un marchand de
Florence. Ce jeune homme, peu propre
au négoce, passa à l'étude du droit, et de
celui-ci à la poésie , pour laquelle il avait
un goût particulier. Pétrarque fut sen
maître, et le disciple eut souvent besoin
de recourir à sa générosité. La république
de Florence lui donna le droit de bour-
geoisie , et le députa vers Pétrarque pour
l'engager à venir à Florence. Pétrarque,
instruit des factions qui divisaient cette
ville, persuada à Boccace de la quitter. Il
se mit alors à parcourir l'Italie , s'arrêta
à la cour de Naples , y fut bien accueilli
du roi Robert, et devint amoureux d'une
bâtarde de ce prince. Il se rendit de là eu
Sicile , où la reine Jeanne le goûta beau-
coup. Boccace . de retour de ses courses ,
BOC 3
alla s'enfermer à Certaldo , et y mourut
en 1375 à 62 ans. Cet écrivain fut un
des premiers qui donnèrent à la langue
italienne les grâces , la douceur et l'élé-
gance qui la distinguent de toutes les au-
tres langues vivantes. Sa prose est le mo-
dèle que se proposent les auteurs de son
pays. Ses vers valent beaucoup moins.
Boccace ne put jamais égaler les poésies
de Pétrarque ; et celui-ci à son tour ne put
égaler sa prose , l'italienne du moins^ car
dans la prose latine, il l'a surpassé. On a
beaucoup d'ouvrages de Boccace. | La Gé-
néalogie des Dieux : mythologie pleine
d'érudition , et dans laquelle Boccace cite
beaucoup de livres que nous n'avons plus.
L'édition la plus rare de ce livre est
celle de Venise, 1472 , in-fol. | Un Traité
des Fleuves , des Montagnes et des Lacs,,
Venise , 1473, in-fol. Il y a des choses cu-
rieuses, mais plusieurs aussi où l'auteur
manque de discernement, et ne parle que
sur la foi des contes populaires. | Un
Abrégé de l'Histoire de Rome jusqu'à l'an
724 de sa fondation , in-8°. | Le Philo-
cope. | L' Amorosa Fiammette. \ Le La-
byrinthe d'amour. \ Opéra jucundissima
cio è l'Urbano. \ La Théséide. Les plus
anciennes éditions de ces romans sont les
plus recherchées , uniquement pour leur
ancienneté ; celles qui ont été données
dans le 16e siècle , sont aussi amples. | La
Vie du Dante , en italien, Borne, 1544,
in-8°, réimprimée à Florence en 1576, in-
8°. | De Claris hominibus, Ulm , 1475 , in-
fol. | Son Décaméron. C'est un recueil de
cent nouvelles galantes, pleines d'aven-
tures romanesques et d'images obscènes
qui contrastent avec la beauté et la pureté
du langage, et qui rappellent ce mot,
appliqué à Pétrone : Auctor purissimœ
impurilatis. C'est dans ce bourbier re-
vêtu d'élégans dehors , que la Fontaine a
puisé plusieurs de ses contes. On avait
commencé à Florence en 1723 , une col-
lection des OEuvres de Boccace,. en 6 vol.
in-4°, qui n'a pas été achevée. On voit à
Certaldo son tombeau de marbre et son
épitaphe.
* BOCCAGE ( Marie-Anne le PAGE,
épouse de Fiquet du ), des académies
de Lyon, Bouen et Cologne, née à Bouen
le 22 octobre 1710 et morte le 8 août 1802,
fut élevée à Paris, au couvent del'Assom-
ption, où elle se fit remarquer par sa faci-
lité pour tous les genres d'études. Elle
épousa un receveur des tailles de Dieppe,
qui la laissa veuve de bonne heure ; elle
se fixa ensuite à Paris, se livrant à son
41 BOC
penchant pour la poésie, qu'elle avait ré-
primé pendant plusieurs années. Son dé-
but fut
un poème qui remporta ., en 1746,,
le prix de l'académie de Bouen , sous le
titre de Prix alternatif entre les belles-
lettres et les sciences. Cette pièce offre
de beaux vers, un style noble et des ex-
pressions heureuses; Mrae du Boccage
réussit moins dans les productions plus
vastes et plus élevés, dont les sujets et
l'étendue n'étaient plus proportionnés à
ses forces. Elle n'en jouit pas moins de
la plus grande faveur tant qu'elle vécut ,
et fut célébrée par les poètes et les savans
les plus distingués du dernier siècle. Be-
noît XIV l'accueillit à Borne d'une ma-
nière honorable; la cour de. Londres et
les gens de lettres de celte ville ne lui
rendirent pas moins d'hommages. Son ca-
ractère était doux, susceptible d'amitié
et de constance; sa société sûre et at-
trayante. Ses ouvrages sont | le Paradis
perdu, poème en 6 chants , imitation fai-
ble de Milton, même dans les tableaux
qui semblaient le mieux convenir à son
talent. | Le Temple de la Renommée,,
imité de Pope. | La mort d'Abel, poème
en 5 chants, trad. deGessner. [ Les Ama-
zones, tragédie , jouée pour la première
fois en 1749, mais qui ne put rester au
théâtre. | La Colombiade ou la foi por-
tée au Nouveau-Monde, poème héroïque
en 10 chants, où l'on trouve quelques
tirades assez bien versifiées, mais où l'au-
teur est resté bien au-dessous du sujet.
| L' 'Opéra, ode. | Voyages en Angleterre,
en Hollande et en Italie, en lettres, c'est
la meilleure production de Mad. du Boc-
cage, mais elle est bien loin de mériter
les éloges que lui a donnés Voltaire. Son
style ne manque ni de grâces ni de mé-
rite ; mais ses lettres n'apprennent point
à connaître les pays qu'elle a parcourus
et les nations qu'elle a visitées. Les OEu-
vres de Madame du Boccage ont été
recueillies à Lyon, en 5 vol. in-8°.
BOCCALINI ( Trajan ),Bomain, singe
de l'Arétin pour la satire. Les cardinaux
Borghèse et Gaétan le protégèrent. Boc-
calini, se fiant sur le crédit de ses pro-
tecteurs , publia ses Ragguagli di Par-
nasso, Amsterdam, 1659, 2 vol. in 12, et
la Secrataria di Apollo, Amsterdam,
1653, in-12, ouvrage dans lequel l'auteur
feint qu'Apollon , tenant sa cour sur le
Parnasse, entend les plaintes de tout l'u-
nivers, et rend à chacun justice selon
l'exigence des cas. Il fit imprimer en-
suite sa Pietra di Parrangone , 1664.
BOG 342
contre l'Espagne. Le satirique craignant
le ressentiment de cette cour , se retira à
Venise, où il se crut plus en sûreté qu'ail-
leurs, et y mourut en 1613. La plupart
des écrivains qui ont parlé de lui , pré-
tendent que ce ne fut pas de mort natu-
relle, et que quatre hommes armés s'é-
tant un jour introduits en sa maison dans
un moment où il se trouvait seul, le firent
périr à coup de sachets remplis de sable.
Cependant le registre mortuaire de la
paroisse de Sainte-Marie-Formose de Ve-
nise, où il habitait, atteste qu'il mourut le
16 novembre 1613, âgé d'environ 57 ans,
de colique accompagnée de fièvre, da do-
lori colici e da febre. On a encore de lui
La Bilanciq politica di lutte le Opère di
Tacito, Castellana, 1678, 2 vol. in-4°. Cet
ouvrage est assez peu de chose ; Amelot
de la Houssaye qui l'avait lu en manu-
scrit, en parle de la sorte : « J'y trouvai si
» peu ce que je cherchais , que je n'ai pu
» me résoudre à le relire imprimé , de
» peur de mettre ma lecture à fonds per
» du. Je me souviens que le jugement
» que j'en faisais était qu'il commenta
» Tacite , en orateur plutôt qu'en polili
» que ; et qu'au lieu que Tacite dit beau
» coup de choses en peu de mots , Bocca-
» lini dit très peu de choses en beaucoup
» de paroles. » Sur la réputation que sa
Pietra di Parrangone lui avait faite, Paul
V lui conféra la police d'une petite ville
Boccalini la gouverna si mal, qu'il fallut
le rappeler au bout de trois mois d'ad-
ministration.
* BOCCANERA ( Simon ), premier doge
de Gênes , fut élevé à cette dignité , en
4339, par une assemblée populaire et sur
la proposition d'un simple artisan, qui
avait été peut-être gagné par Boccanera.
Le peuple qui cherchait l'occasion de se
soustraire àla domination des nobles, saisit
celle-ci avec ardeur et dorma une grande
autorité au nouveau doge. C'étoit un
homme artificieux, dur, hautain, et extrê-
mement jaloux de son autorité, qu'il étaya
par la souplesse et qu'il exerça avec ar-
rogance et sévérité. Il chercha à ména-
ger également la noblesse et le peuple ,
et sut toujours rendre ce dernier la dupe
de sa fausse modération et de son désin-
téressement affecté. Ilfaut convenir d'ail-
leurs que son gouvernement fut sage et
même glorieux pour la république. Ce-
pendant, après cinq ans d'administra-
tion, il fut obligé de se démettre de sa
dignité , ne se voyant pas assez fort pour
lutter contre le parti des nobles qui cher-
BOC
chaient à le renverser; il aima mieux
paraître quitter sa place de plein gré , et
abdiqua solennellement en 1344. Il se re-
tira à Pise pour y vivre en simple parti-
culier et attendre un temps plus favora-
ble. En effet, plusieurs années après il
revint à Gênes , et profitant de la dissen-
sion qui régnait entre les nobles et le
peuple, il disposa dans cette dernière
classe les esprits en sa faveur , et fit tant
par ses intrigues qu'il fut élu le 14 no-
vembre 1556, pour la deuxième fois, doge
de sa patrie, qu'il délivra en même temps
du joug des Milanais, auxquels elle s'était
soumise. , Il ne chercha plus alors à mé-
nager les nobles et les exclut de toutes
les ebarges, bannit les principaux d'entre
eux, et abaissa tellement la puissance des
autres, qu'on ne put rien tenter contre
lui. Il gouverna paisiblement pendant
quelques années, et arrêta les dévasta-
tions des Milanais en se joignant au mar-
quis deMontferrat qui les combattit avan-
tageusement. Quelques conspirations écla-
tèrent encore contre lui vers la fin de
ses jours ; mais elles furent sans effet.
Ses ennemis ne pouvant s'en défaire au-
trement, l'empoisonnèrent dans un repas
qu'il donnait à Pierre de Lusignan , roi
de Chypre, qui retournait en Orient, l'an
1563.
* BOCCANERA ( Mariiî ), de la même
famille que le précédent, vivait dans le
14e siècle. C'est à lui que la ville de Gênes
est redevable du commencement du grand
môle; il en fit jeter les fondations for-
mées de blocs énormes de pierres arra-
chées des montagnes voisines. Il acheva
l'arsenal des galères et fit cette partie du
bassin dans lequel les vaisseaux se met-
tent à couvert. En 1500 il augmenta con-
sidérablement le port; enfin il fit con-
struire plusieurs aqueducs pour porter
l'eau à la ville.
* BOCCIIERIIVI ( Loris), célèbre com-
positeur de musique, né à Lucques le 14
janvier 1740, mort à Madrid en 1806.
Après avoir fait ses premiènes études
musicales sous les yeux de son père , il
alla se perfectionner à Rome , où , jeune
encore, il étonna par l'originalité de ses
premières compositions. De retour dans
sa patrie, il exécuta, avec un virtuose qui
se trouvait alors à Lucques, quelques-unes
de ses productions, et bientôt sa réputa-
tion s'étendit dans toute l'Italie , et le de-
vança à Madrid, où le roi l'accueillit avec
beaucoup de distinction, ce qui l'engagea
à se fixer en Espagne ; il y fut attaché à
BOC
43
BOC
l'académie royale , avec la condition de.
composer annuellement neuf morceaux.
Ce sont ces compositions et plusieurs au-
tres qui ont été successivement publiées et
gravées à Paris et ailleurs, et forment
cinquante-huit œuvres de symphonies ,
sextuors, quintetti, etc. On n'a gravé de
ce compositeur qu'un seul morceau d'é-
glise, un Stabal mater; cependant ses
compositions ont un caractère éminem-
ment religieux, ce qui a fait dire que , si
Dieu voulait entendre de la musique , il
se ferait jouer celle de Boccherini. Si ce
compositeur, qui a eu la gloire de précé-
der Haydn, n'a pu l'atteindre dans les
symphonies à grand orchestre, on peut
dire qu'il l'égale dans les productions
moins importantes : ses adagio sont sur-
tout admirables.
* BOCCHI ( François ), né à Florence,
en 1518, fut un des écrivains les plus fé-
conds de cette illustre cité. Guidé dans
la carrière des lettres par son oncle pa-
ternel, vicaire-général de l'évéque de
Fiesole, il annonça, dès son enfance, les
plus heureuses dispositions, et eut de-
puis le bonheur d'obtenir l'estime et l'ap-
pui de Laurent Salviali, le Mécène de son
temps. Il mourut dans sa patrie , en 1618,
et fut enterré dans l'église de St-Pierre-
le-Majeur, auprès de ses ancêtres. Ses
nombreux écrits sont en latin et en lan-
gue toscane. On distingue , entr'autres :
| Discorso a chi de' maggiori guerrieri,
che insino a questo tempo sono stati , si
dee la maggioranza attribuire, Florence,
Giorg Marescotti , 1573 , 1579, in-4" ;
| Discorso sopra la lite délie armi e
délie lettere, e a cui si dee il primo luo-
go dinobillà attribuire, Florence, 157'J,
1580, in-8"; | Discorso sopra la Musica ,
'ion secondo Varie di quella, ma secondo
la ragione alla polilica pertinente , Flo-
rence, 1581, in-8"; | Eccellenza délia
statua di Giorg. Donatello, collocata su
la facciaia délia chiesadiS. Michèle, etc.
Florence, Sermarlelli, 1584, in-8° ; | Dis-
corso sopra ilpregiodell' umano valore,
ib. 1587, in-8° ; | le Bellezze délia ciltà
di Firenze , dove a pie no di pittura, di
scultura* di sacri tempii, di palazzi,i
più nolabili artifizii epiù preziosi si con-
iengono, ibid. , 1592 , in-8" r 2e édition,
augmentée par Jean Cinelli , ibid. Gua-
gliantini. 1077, in-8°; 5e édition, Pis-
toia, Doménic. Fortunati, 1078, in-8° ;
| Opéra di Fr. Bocchi sopra l'imagine
miracolosa délia sanlissima Niuvziata di
Firenze, etc. , Florence, 1592, in-8° ;
| Délia cagione onde venne ne gli au tir
chi secoli la smisurala potenza di Iloma
e dell' Ilalia, ibid. Sermartelli, 1598, in-
8° ; | Ragionamsnlo sopra l'uomo da
bene, Florence, Sermartelli , 1000, in-40 ;
| Epislola de horribili sonitu audilo
Florenliœ; de reslauralione leslitudinis
sacrœ ecclesiœ Majoris collapsœ , Flo-
rence, 1004, in-4° ; deux Lettres com-
posées au sujet des dégradations qu'é-
prouva celte église, qui fut frappée de la
foudre en 1004 ; | Les Eloges ( en latin )
de Raimond Midi, Florence 1000, in-4°,
de François de Mèdicis , Florence, les
Juntes , 1587 , in-4°, de Pierre Vettort%
1585 , in-4° : ce dernier, composé aus$.
en italien, ainsi que celui de Laurent
Salviati; |deux livres d'Eloges (en latin)
des Hommes illustres de Florence , Flo-
rence, 1007, in-4° ; | Oratio de laudibus
Joannœ Austriœ , etc. Florence, in-4°,
1578 ; traduit par lui-même en italien ;
| Discours civils et militaires ; \ Histoire
de Flandre; | un volume de Lettres : ces
trois derniers ouvrages en italien; | De
laudibus reginœ Margarilœ Austriœ,
etc. Florence, 1012, in-4° ; | une traduc-
tion italienne du Discours de P. Vettori
sur la Mort de Cosme de Mèdicis ; | quel-
ques autres ouvrages de peu d'impor-
tance.
BOCOHUS, roi de Mauritanie, ligué
avec Jugurlha, son gendre, contre les
Romains, fut vaincu deux fois par Marius.
Il rechercha ensuite l'amitié de ses vain-
queurs et livra le malheureux Jugurlha
à Sylla. Le traître eut une partie du
royaume de ce prince infortuné, vers
l'an 100 avant J.-C.
BOCCONI ou BOCCONE ( Paul-Syl-
vius), membre de l'académie des cu-
rieux de la nature, né à Palerme en 1635,
d'une famille noble. Son goût décidé pour
l'histoire naturelle le porta à parcourir
pendant plusieurs années les principales
parties de l'Europe, pour y observer par
lui-même la scène variée de la nature. Il
publia successivement divers ouvrages,
particulièrement sur la botanique, qui
lui acquirent beaucoup de réputation.
Après avoir été quelque temps botaniste
de Ferdinand II, grand duc de Toscane,
il quitta le monde et prit à Florence en
1082 l'habit de l'ordre de Cileaux , où son
nom de baptême Paul fut changé en ce-
lui de Silvio, et c'est par cette raison
qu'une partie de ses ouvrages se trouvent
publiés sous le premier nom et d'autres
sous celui de Silvio. Quelques écrivains
ROC 3
Pont taxé de plagiat , cl entre autres M.
de Jussieu , mais cette accusation n'est
pas prouvée. Outre plusieurs ouvrages
imprimés devenus rares , il en a laissé
quelques-uns en manuscrit , du nombre
desquels est une Histoire naturelle de
Vile de Corse. Ce savant naturaliste mou-
rut à Florence sa patrie , en 1704. Ses li-
vres imprimés sont | des Observations
naturelles, traduites en français, Amster-
dam, 1674, in-12; | Museo di fisicœ , Ve-
nise, 1697, in-4°, fig. ; | Icônes plania-
rum, Oxford, 1664 , in-4°, fig.; | Museo
di Piante, Venise, 1697, in-4°. On lui doit
encore des Recherches sur le corail, la
pierre étoilée, l'embrasement du mont
Etna.
BOCCORIS, roi d'Egypte. Trogue Pom-
pée et Tacite racontent que ce prince
ayant consulté l'oracle d'Ammon sur la
ladrerie qui infectait l'Egypte , il chassa
par l'avis de cet oracle , les Juifs de son
pays, comme une multitude inutile et
odieuse à la Divinité. Moïse détruit cette
fable. Il nous apprend d'une manière
certaine, pourquoi et comment les Juifs
sortirent de l'Egypte. Ce que l'on peut
inférer des témoignages des historiens
profanes, c'est que Boccoris est le Pha-
raon dont il est parlé dans le Pentateuque,
et que les plaies multipliées dont l'Egypte
fut frappée sous son règne, ont donné
lieu au conte de la ladrerie. On sait d'ail-
leurs que l'ancienne histoire profane d'E-
gypte n'est qu'une corruption de l'his-
toire sainte. Voyez l'ouvrage intitulé
Hérodote, historien du peuple hébreu sans
le savoir, Liège, 1790, 1 vol. in-12.
BOCH ou BOCHIUS ( Jean ) , naquit
à Bruxelles en 1555, et se distingua de
bonne heure par ses poésies , imprimées
à Cologne en 1615. Il parcourut l'Italie, la
Pologne et la Russie. En allant à Moscou,
il eut les pieds gelés de froid , et on déli-
bérait si on lui ferait l'amputation. Le
quartier des Livoniens, où demeurait
Boch, ayant été surpris , la peur lui ren-
dit les pieds. Il mourut à Bruxelles en
1609. On a de lui des ouvrages en prose
et en vers. Ces derniers l'ont fait appeler,
par Valère André, le Virgile Belgique. Il
faut avouer que Boch était un des bons
poètes de son siècle , et que ses vers ap-
prochent beaucoup des beautés poétiques
grecques et romaines. Son fils , Jean-As-
cagne, s'est distingué aussi dans la poé-
sie. François Swert a rassemblé les poé-
sies des Boch père et fils , et en a donné
une édition à Cologne, 1615.
44 ROC
BOCHART ( Samuel ) , ministre pro-
testant, naquit à Rouen l'an 1599, d'une
famille distinguée. Il fit paraître beaucoup
de dispositions pour les langues : ilapprit
avec une égale facilité l'hébreu., le syria-
que, le chaldéen, l'arabe, l'éthiopien, etc.
Christine , reine de Suède , qui souhaitait
de le voir, l'engagea en 1652 à faire le
voyage de Stockholm; Bochart y reçut
tous les témoignages d'estime que méri-
tait son érudition. De retour à Caen,dont
il était ministre, il y mourut subitement
en disputant contre Huet dans l'académie
de cette ville, en 1667, à l'âge de 68 ans,
avec la réputation d'un savant consom-
mé dans tous les genres d'érudition. Ses
principaux ouvrages sont | son Phaleg et
son Canaan, livre dans lequel il jette de
grandes lumières sur la géographie sa-
crée; mais plein d'étymologies chiméri-
ques et d'origines imaginaires. On en a
une édition de Caen sous le titre de Geo-
graphia sacra, 1646, in-fol.; une de Franc-
fort, in-4°, 1694, et dans la collection de
ses Œuvres, Amsterdam, 1792, 3 vol. in-
folio , où cette géographie est augmentée
de plusieurs dissertations curieuses et
utiles. L'édition de Leyde, 1712, est réel-
lement la même que celle d'Amsterdam,
mais décorée d'un nouveau frontispice ;
| son Hierozoïcon, ou Histoire des ani-
maux de l'Ecriture, est une collection de
tout ce que les savans ont dit sur cette
matière ; | un Traité des minéraux, des
plantes, des pierreries dont la Bible fait
mention : on y trouve le même fonds
d'érudition que dans les précédens ; | un
Traité du Paradis terrestre, etc. Ces
deux derniers écrits sont perdus, à quel-
ques fragmens près, dont on a enrichi
l'édition de ses œuvres. On a encore de
ce savant une dissertation à la tète de la
traduction de l'Enéide de Segrais, dans
laquelle il soutient qu'Enée ne vint ja-
mais en Italie. Denis d'Halicarnasse cite
plusieurs auteurs qui assurent la même
chose.
* BOCHARTDE SARO.V ( Jean-Baptis-
te-Gaspard ), président au parlement de
Paris et membre de l'académie des Scien-
ces, né dans celte ville en 1730, d'une fa-
mille distinguée dans la magistrature , se
livra dès sa jeunesse à l'étude des mathéma-
tiques et de l'astronomie où il fit de très
grands progrès. Ce fut lui qui eut la gloire
de reconnaître le premier que la marche
du nouvel astre récemment découvert
par Herschell était beaucoup mieux re-
présentée par une orbite circulaire que
par une orbite parabolique; ce qui fil
soupçonner que cet astre pourrait bien
être une planète nouvelle, plutôt qu'une
comète, comme on l'avait cru d'abord;
idée qui depuis s'est complètement con-
firmée. Les instrumens dont il se servait
pour ses observations étaient si exacts,
qu'ils sont encore recbercbés aujour-
d'hui. Son goût pour les sciences ne lui
fit jamais oublier les fonctions de son mi-
nistère. On lui doit la publication de la
Théorie du mouvement elliptique et de la
figure de la terre, 1784, ifi-A?, ouvrage de
M. Laplace, qu'il lit imprimer à ses frais
pour les progrès des sciences. 11 fut ap-
pelé à l'assemblée des Notables en 1787,
et se retira dans sa famille après la sup-
pression des parlemens. Saron y fut arrêté
et périt sur l'échafaud le 20 avril 1794.
Montjoie et Ca-sini ont composé son
éloge.
BOCHEL ou BOUCHEL ( Laurent ),
avocat au parlement de Paris, mort dans
un âge avancé en 1629 , était de Crépi en
Valois. On a de lui plusieurs ouvrages
pleins d'érudition : | Les décrets de l'é-
glise gallicane, Paris, 1609, in-fol. j Bi-
bliothèque du droit français, Paris, 1671,
5 vol. in-fol. | Bibliothèque canonique,
Paris, 1689, 2 vol. in-folio. Ces ouvrages
sont dirigés par les bons principes et bien
éloignés des fausses maximes qui depuis
se sont introduites dans le droit civil et
canonique. | Coutume de Sentis, 1703,
in-4°. | Curiosités ou sont contenues les
résolutions de plusieurs belles questions,
touchant la création du monde jusqu'au
jugement, in-12.
* BOCK ( Jean-Nicolas-Etiexxe de ) ,
lieutenant des maréchaux de France, et
gouverneur à Sierck en Lorraine , mort
à Arlon près de Luxembourg vers 1812 , a
laissé | Mémoire sur Zoroastre et Confu-
cius, et Essai sur l'histoire du sabéisme,
1778, in-8° ; | Mémoire historique sur le
peuple nomade appelé Bohémiens, tra-
duit de l'allemand, 1788, in-6"; | la vie de
Frédéric baron de Trenlc , traduite de
l'allemand, Paris, 1788, 2 vol. in-12, 5e édi-
tion, 1789 ; | Recherches philosophiques
sur l'origine de la Pitié, Paris, 1789, in-
12; | Œuvres diverses, 2 vol. in-12; |
Histoire de la guerre de sept ans, traduite
de l'allemand, d'Archenholtz , 2 vol. in-
12 ; | Herman d'Unna, traduit de l'alle-
mand, 1791, 5 vol. in-8°; nouvelle édi-
tion, 1801, 2 volumes in-12; | Histoire du
Tribunal Secret, d'après les lois de l'em-
pire germanique, in-12; | Ermina dans
54» BOG
les ruines de Rome, traduit de l'alle-
mand, 1801; | les Chevaliers des sept
montagnes, ou Aventures du 13e siècle j
trad. de l'allemand, 1800,5 vol. in-12,
figures.
* BOCK. ( Frédéric-Samuel ), profes-
seur de tbéologie et de grec à l'université
de Kœnigsberg, né dans celle ville le 20
mai 1716, mort en 1786. Parmi ses nom,-
breux ouvrages, relatifs à la théologie,
à l'instruction et à l'histoire naturelle , il
en est de fort estimés; les principaux
sont : | Spécimen theologiœ naturalis ,
Zullichau, 1743, in-4° ; | Historia Socinia-
nismi Prussici, Kœnigsberg, 1755, in-
4°; { Essai d'une Histoire naturelle abré-
gée de l'ambre de Prusse, Kœnigsberg,
1767, in-8°, en allemand; | Historia An-
ti-Trinitariorum maxime Socinianismi
et Socinianorum , tome 1er, part lre,
Kœnigsberg et Leipsick , 1774 ; part. 2,:,
1776; tome 2e, ibid., 1784, in-8°; | Manuel
d'éducatio7i,KœrùgsberQ et Leipsick, 1780,
in-8° ; | Essai d'une Histoire naturelle
de la Prusse orientale et occidentale,
Dessau, 1782 ; 2e et 5e vol. ibid., 1783 ; 4e
et 5e vol. ibid. 1784, in-8°, avec des plan-
ches; | Ornithologie prussienne , dans les
8e, 9e, 12e, 13e et 17e numéros deY Observa-
teur de la nature, etc. Les oiseaux y sont
décrits par familles naturelles; | Essais
sur l'Histoire naturelle et le commerce
des harengs, Kœnigsberg, 1769, in-8°, en
allemand, ainsi que les précédens.
* BOCK ou le BOUC ( dit Jérôme), plus
connu sous le nom de Tragus , mot la-
tin formé du grec zçc/.yoç , bouc , selon la
coutume des savans du 16e siècle. Bock
naquit en 1498 à Heidesbach et mou-
rut de phthisie , en 1534 , à Hombachen.
Il était très versé dans la connaissance des
lettres anciennes, et il fut, à l'époque de
leur renaissance, un des principaux res-
taurateurs de labotanique. D'abord maître
d'école à Deux-Ponts, il devint médecin,
puis ayant embrassé la réforme de Lu-
ther, fut fait minisire de cette religion.
Mais c'est comme botaniste que Bock s'est
rendu célèbre en ouvrant à la science
une route nouvelle. Il parcourut les
plaines et les forêts d'Allemagne pour ras-
sembler toutes les plantes d'usage , mè-rne
les plus communes, afin de comparer
celles qui se ressemblaient, et de pouvoir
les distinguer par des notes caractéris-
tiques tirées de leurs formes, de détermi-
ner les noms qu'elles ont dans les écrits des
anciens, et connaître tous ceux qu'elles ont
dans les langues modernes et en particu-
BOC
U6
BOC
lier dans chaque contrée. Il recueillit
aussi toutes les traditions qui existaient
alors sur leurs propriétés et leurs usages;
il ji'en rejeta aucune^ pas même celles
qui étaient absurdes, quoiqu'il ne les crût
pas toutes, et que, par ses propres obser-
vations, il ait tâché de se désabuser sur un
assez grand nombre. C'est ainsi qu'il ra-
conte que, la veille delaSt.-Jean, il passa
la nuit dans les bois , pour découvrir les
graines de la fougère : il y parvint , mais
en reconnaissant l'erreur vulgaire et su-
perstitieuse où l'on était sur l'époque de
l'apparition prétendue subite des graines
de cette plante. Quoique le titre de mé-
decin et le caractère de ministre de la re-
ligion lui donnassent des facilités pour
l'exécution de son projet, pour mieux y
réussir, il se déguisait quelquefois en
paysan , afin d'inspirer plus de confiance
aux habitans des campagnes. Il ne se
contentait pas d'observer les végétaux dans
leur lieu natal; mais il les transportait
dans son jardin pour les cultiver. Othon
Brunfels le détermina à publier ses obser-
vations dans l'ouvrage que ce dernier fil
paraître sur le même sujet , en 1550 et
1332, sous le titre d'fferbarium. Le hasard
lui ayant fait rencontrer un jeune homme
plein de talent pour le dessin , nommé
David Kander, il lui fit dessiner correc-
tement toutes celles qu'il avait rassem-
blées. Le premier ouvrage qu'il publia
lui-même est en allemand , et intitulé :
New-Krœuter-Buch , ou Nouvel Herbier
des plantes qui croissent en Allemagne J
in-fol. 1539, sans figures. Immédiatement
après, il en donna une ou deux éditions
avec des figures. Tragus est plus in ven teur
et auteur original queFuchs. Ces deux bo-
tanistes ont été rivaux : mais leur riva-
lité n'a servi qu'à l'avantage de la scien-
ce. Fuchs,qui parlalepremier deBock, le
fit en termes très honnêtes ; cependant il
lui reprocha de trop se tourmenter pour
rapporter les plantes de l'Allemagne à
celles de la Grèce, décrites par Théo-
phrasle et Dioscoride. On a fait depuis à
Fuchs le même reproche. De son côté,
Bock attaqua indirectement son rival,
sans le nommer. Il résulta de ses travaux
un livre très utile qui fut un des pre-
miers en ce genre , et qui a eu un grand
nombre d'éditions allemandes; les pre-
mières sont devenues très rares : celle de
1546, in-fol., donnée à Slrasbourgesl aug-
mentée. Il y avait trois cent dix-neuf
chapitres dans la première édition, et
celle-ci en a quatre cent trente et 477
figures ; on recherche celte édition parce
qu'on y trouve, fol. 51 h., la figure du
rhapontic ( Rhaponlic-Enulœ folio ) qui
a été omise dans les éditions suivantos.
Les autres sont de 1551, 1556, in-fol.;
1560-65-72-80-95 et 1630. Celle de 1595 est
la plus estimée, parce qu'elle a été corri-
gée et augmentée d'une 4e partie, trai-
tant des élémens , animaux , etc. par
Melchior Sebitz et Nicolas Agerius. Cet
ouvrage fut traduit en latin par Kyber,
sous ce titre : Hieronymi Tragi, de Stir-
pium, maxime earum quœ in Germania
nostra nascuntnr , etc. libri très J in lati-
nam linguam conversi , interprète David
Kyber Jérfféntinmsi, Slrash:, 1552, in-/»°,
de douze cents pages , avec 568 figures.
On donna ensuite les figures seules et
sans texte, avec ce titre : Vives atque ad
vivum expresses imagines omnium fier-
barum in //. Bock herbario depictarum
icônes solœ* in-4° ; Strasbourg , 1353 et
54 : cette édition est moins complète que
la précédente ; il y manque la figure de
l'acanthe. Le portrait de l'auteur est dans
toutes deux. Le célèbre Conrad Gcssner,
qui était l'ami de Bock, mit dans la tra-
duction latine une savante préface dans
laquelle il fait l'histoire complète de la
botanique jusqu'au temps où il écrivait.
Bock y en ajouta une autre qui lui servit
à exposer la méthode qu'il a suivie. Il
dit n'avoir rejeté l'ordre alphabétique,
alors généralement employé , que pour
en adopter un autre qui lui paraissait plus
conforme à la nature : il consistait à pren-
dre en considération les affinités des
plantes. C'est la première tentative qui
ait été faite pour arriver à la méthode
naturelle. Par une bizarrerie où il entrait
un peu de malice, il commença par l'ortie ,
1° pour se moquer des apothicaires ,
qui méprisaient les plantes communes;
2° parce que depuis long-temps sa famille
portait pour armes une feuille d'orties. Il
décrit environ huit cents espèces qu'il
range en trois classes :1a première renfer-
me les herbes sauvages , ou fleurs odorifé-
rantes ; la seconde les trèfles et les gra-
mens; la troisième les arbres et les arbus-
tes. On voit par là que ses classes sontloin
d'être naturelles. On a profité depuis de
son travail en le perfectionnant. Le nom
de Bock ou Tragus doit être placé sur lo
même rang que ceux de Brunfels et de
Fuchs, qui, à la gloire de l'Allemagne,
ont fondé l'iconologie botanique. Plumier
a consacré à sa mémoire un genre de plan-
tes auquel il adonné le nom de Tragia; il
BOC
5/i7
BQD
fait partie de la famille des euphorbes. Les
espèces quile composent ressemblent aux
ortiis , et font ainsi allusion aux armes
de Bock.
BOCQUILLOT ( Lazare- André ) , né à
Avaloa en 1649 de parens obscurs , suivit
en 1670 Nointel , ambassadeur à Constan-
tinople. Revenu en France , il se fit re-
cevoir avocat à Bourges, et se livra avec
une égale ardeur au plaisir et à l'étude.
Ayant pris goût pour l'étal ecclésiastique,
il fut curé de Chatelux, et ensuite cha-
noine d'Avalon. 11 y mourut en 1728,
âgé de 80 ans. Il avait vécu quelque
temps à Port-Boyal , où il s'était exercé
dans la littérature et l'étude de la reli-
gion. On a de lui | Des homélies,, ou In-
structions familières sur les Comman-
demens de Dieu et de l'Eglise, sur les
Sacremens, sur le Symbole des Apôtres ,
sur V Oraison Dominicale , sur les Fêles
de quelques saints * etc., Paris, 1088 et
èuiv; Bocquillot en fit présent aux im-
primeurs, et il fixa lui-même le prix de
chaque exemplaire, afin que les pauvres
pussent se les procurer ; | un Traité sur
la liturgie, in-8°, imprimé à Paris en
1701 : livre savant, curieux et intéres-
sant pour les amateurs des antiquités ec
clésiatiques; {Nouvelle histoire du cheva-
lier Bai/ard,m-i2, qu'il publia sous le nom
de Prieur de Lonval; \ des lettres ', in-12,
et d'autres dissertations. "Voyez sa Vie
par M. Le Tors , lieutenanl-civil et cri-
minel d'Avalon , 1755 , in-12.
* BOCTHOR (Ellious), né à Siout dans
la Haute-Egypte en 1784 , fut un des in-
terprètes de l'armée française en Egypte,
revint avec elle en France , et s'occupa
de la langue et de la littérature fran-
çaise ; il succéda en 1819 à don Raphaël
dans la place de professeur d'arabe vul-
gaire à la bibliothèque du roi , où ses
cours qui étaient très suivis furent mal-
heureusement de courte durée. Il est
mort le 20 septembre 1821 : on lui doit
| un alphabet arabe , accompagné d 'exem-
ples, Paris, 1820, in-4°; | Dictionnaire
français et arabe vulgaire laissé en ma-
nuscrit. Cet ouvrage revu par M. Caus-
sin de Perceval qui en a été l'édileur , a
paru chez F. Didot en 1827 , Paris , 1 vol.
in-4°. La notice de ses livres et manu-
scrits turcs , persans , arabes , coptes,
etc., a été publiée en 1821 avec sa vie.
* BODE ( Christophe-Aoguste ) , sa-
vant professeur de langues orientales à
Helmstadt , né en 1722 , mort le 7 mars
1796. On lui doit des traductions latines
et des versions éthiopiennes , persanes et
arabes du Nouveau Testament, et une
critique des travaux de Mill et de Bengel,
ouvrage indispensable à tous ceux qui
s'occupent de la critique des livres saints.
* BODE ( Jean-Elerx), astronome alle-
mand naquit en 1747 à Hambourg où son
père , Jean-Jacques Bode , dirigeait une
école commerciale ; il lui dut sa première
instruction, et dès l'âge de 17 ans, il le
seconda dans l'enseignement des sciences
utiles au commerce ; mais son penchant
naturel l'entraîna bientôt vers l'étude
des mathématiques et vers les calculs as-
tronomiques, et l'observation du firma-
ment et de ses innombrables étoiles occu-
pait toute son attention. Dépourvu de
livres et d'instrumens convenables, il
aurait fait cependant peu de progrès
dans cette science s'il n'eût été encourage
par le célèbre professeur Busch qui prit
plaisir à l'instruire el à l'assister de ses
conseils ; il lui permit même le libre
usage de sa bibliothèque et de ses instru-
mens d'astronomie. Cette circonstance
décida sa vocation , et dès l'année sui-
vante , en 1766 , il se fit connaître par un
court écrit sur l'éclipsé de soleil qui eut
lieu le 5 août de la même année. Il étudia
ensuite avec soin les nouvelles planètes :
Uranus, Junon, Pallas , Cérès, Vesta,
etc., et il eut l'idée de former une con-
stellation en l'honneur de Frédéric II ,
qu'il nomma Friederichschre , qui de-
puis a été généralement adoptée dans les
cartes célestes , sur les globes planétaires
et dans les ouvrages des astronomes. Il a
aussi découvert plusieurs comètes et
étoiles , et il s'occupait de l'éclipsé de so-
leil qui devoit avoir lieu le 29 novembre
1826 , lorsque la mort l'enleva le 23 du
même mois. Il occupait la place d'astro-
nome-pratique résidant à Berlin depuis
juillet 1772. On a de lui un très grand
nombre d'ouvrages. Les principaux sont :
| Introduction à la connaissance du ciel
et des astres, avec une préface rédigée
par Busch, 1768, 7e édition, 1807;
| Introduction à la connaissance de la
situation et du mouvement de la lune et
des autres planètes, feuilles mensuelles
qu'il publia depuis 1770 jusqu'en 1777 ;
| des Ephêmérides ou Annales astrono-
miques du cours des astres, depuis 1772
jusqu'à sa mort, 54 vol. ; | un Atlas de
cartes célestes, 1801, formé de 31 plan-
ches , in-fol.,qui seul suffirait pour trans-
mettre à la postérité le nom de cet as-
tronome allemand. Il était d'un grand
IîOD 3
nombre de sociétés savantes, entre autres
de l'académie de Berlin,
• * BODEXSCIIYTZ ( Jeatv-Ciiristophe-
Georges ) , orientaliste distingué , né à
Hof le 23 mars 1717, mort le k oct. 1797,
avait étudié surtout les antiquités judaï-
ques , et s'en est servi pour expliquer les
livres sacrés. On a de lui , en allemand :
j Constitution ecclésiastique des Juifs
modernes , et principalement des Juifs
allemands , avec 50 planches, Erlangen
et Cobourg, Lkk8, 17W, h parties in-/*° ;
j Explication des livres saints du Nou-
veau-Testament, d'après les antiquités
judaïques, Hanovre, d756, in-8°. Il avait
construit, à l'aide de ses connaissances,
le Tabernacle de Moïse et le Temple de
Salomon; ces deux morceaux sont dé-
posés , l'un à Bayreuth , l'autre à Nurem-
berg.
BODEASTEIiV ( André-Rodolphe ).
Voyez CARLOSTADT.
BODESTEX(Ad,vm), médecin né à Car-
lostadt et mort à Bàle en 1577 , fut grand
partisan de la doctrine deParacelse, qu'il
traduisit , et sur laquelle il fit des com-
mentaires. Ils ont été estimés des méde-
cins de sa secte; mais, comme cette secte
est très peu nombreuse à présent, ils le
sont beaucoup moins par les médecins
de nos jours.
BODIN ( Jean ), Angevin, né l'an 1550,
avocat au parlement de Paris , acquit les
bonnes grâces du roi Henri III. Ce prince
fit mettre en prison Michel de la Serre ,
pour un libelle qu'il avait fait contre Bo-
din , el lui fit défendre , sous peine de la
vie , de le publier. Bodin ayant perdu
son crédit auprès de Henri , suivit le duc
d'Alençon en Angleterre en 1579 et en 1582.
On enseignait alors publiquement dans
l'université de Cambridge ses livres De
la République , imprimés à Paris en 1576,
in-fol., et mis en latin par lui-même,
comme le porte le titre de l'édition de Co-
logne de 1603 : Joan. Bodini de republica
lib. 6, ab ipso in latinum conversi, in-
fol. Bodin , dans cet ouvrage , appuie ses
principes par des exemples tirés des his-
toires de tous les peuples. L'érudition y
est amenée avec moins d'art que dans
l'Esprit des Lois , auquel on l'a comparé ,
et qui lui doit peut-être sa naissance. On
y trouve beaucoup de choses dangereuses,
fausses , et injurieuses au christianisme.
Coret , Michel de la Serre , Augier , Fer-
rier , le Père Possevin et plusieurs autres
Pont réfuté. On a encore de lui d'autres
ouvrages : | Methodus ad facilem his-
48 BOD
toriarum cognitionem , Paris, 1366, in-4".
Cette méthode n'est rien moins que mé-
thodique, suivant le savant La Monnoie.
A travers l'érudition dont il l'a surchar-
gée , érudition souvent empruntée d'ail-
leurs, on trouve des ignorances gros-
sières. On y voit le germe des principes
exposés dans sa République. Le système
des climats, du président de Montesquieu,
a été pris dans ce livre. | Colloquium
Heptaplomeron de abditis rerum subli-
mium arcanis , nommé autrement le
Naturalisme de Bodin, livre manuscrit,
dans lequel il fait plaider la religion
naturelle et la religion juive contre la
chrétienne. Son aversion pour cette der-
nière , qui lui faisait rejeter les dogmes
les mieux établis , ne l'empêchait pas
d'adopter une foule d'erreurs supersti-
tieuses : son Naturalisme en est rempli.
M. Huet , dans sa Démonstration Evan-
gélique, a donné des preuves incontesta-
bles de l'ignorance et de la mauvaise foi
qui régnent dans ce traité de Bodin. J La
Démonomanie, ou Traité des sorciers,
Paris, 1581, in-4°. On y voit que cethom-
me, si incrédule à l'égard des vérités re-
ligieuses, ne doutait cependant pas de
l'existence des démons , ni du commerce
que des hommes aveuglés et corrompus
pouvaient avoir avec eux; il cite même
deux exemples pour prouver que le dé-
mon s'efforce de persuader qu'il n'y a ni
sortilèges , ni sorciers , ni aucun effet
magique, et ajoute que c'est un de ses
plus spécieux moyens de propager son
empire. Foy.BROWN (Thomas); | Thea-
trum naturœ, Lyon , 1556, in-8° , qui fut
supprimé et qui n'est pas commun. Il a
été traduit par de Fougerollcs , Lyon ,
1597, in-8° Bodin mourut de la peste en
1596 , à Laon , où il était procureur du
roi, âgé de 66 ans. Il était vif , hardi, en-
treprenant , tantôt zélé défenseur de la
monarchie , et tantôt républicain outré.
Ses connaissances n'étaient ni profondes,
ni solides. Il favorisa ouvertement les hu-
guenots. Quelques écrivains ont soutenu
qu'il était juif, parce que, dans un Dia-
logue sur les religions, qui n'a pas été
imprimé , il donne l'avantage à la reli-
gion juive , et que , dans sa République,
il n'a pas nommé une seule fois Jésus*
Christ ; dans le fond , il n'avait point de
religion, et ce n'est pas sans sujet qu'on
l'a accusé d'athéisme.
* BODIN ( Pierre-Joseph-François ) ,
député à la Convention et au conseil des
Cinq-cents, était chirurgien à Limeray
BOE
;a.9
BOE
et maire de Gournay en 1789. Lors du
procès de Louis XVI , il s'exprima eu ces
termes ; « jamais un holocauste de sang
» humain ne peut ifonder la liberté ; je
» vote pour la réclusion de Louis et de safa-
» mille, et pour leur déportation à la paix. »
En 1794 , il appuya la motion de Bourdon
de l'Oise en faveur des suspects détenus.
Il fut envoyé en mission à l'armée de
l'ouest, fut nommé , en 1799, membre du
conseil des Cinq-cents, et devint, en sor-
tant de cette assemblée capitaine de gen-
darmerie du département de Loir-el- Cher.
Bodin mourut à Blois en 1810; on a de
lui un ouvrage peu remarquable , inti-
tulé : Essai sur les accouchemcns ., pu-
blié en 1797.
* BODLEY (Laurence), chanoine
d'Exéter, né dans cette ville en 1546 , et
mort en 1615, est auteur d'une Elégie
sur l'évêque Gwel.
BODLEY ( sir Thomas ) , gentilhomme
anglais né dans le 16e siècle , fut chargé
par la reine Elizabeth de plusieurs négo-
ciations importantes, auprès des princes
d'Allemagne et des états de Hollande. Il
se déroba ensuite au tumulte des affaires,
pour »'adonner uniquement aux arts et
aux sciences. Il mourut en 1612 , après
avoir légué à l'université d'Oxford la
bibliothèque que l'on nomme encore
Bodleycnne. Hydde en a publié le Cata-
logue en 1674 , in-fol.
* BODONI (Jean-Baptiste), célèbre
imprimeur italien , né à Saluées le 16
février 1740, mort à Parme le 50 novem-
bre 1815 , universellement regretté pour
ses vertus , son amabilité et son savoir.
Appelé à Parme pour y prendre la direc-
tion de l'imprimerie ducale , il a donné à
cette imprimerie un nom à jamais célèbre.
La ville de Parme lui avait décerné une
médaille en l'inscrivant parmi les gen-
tilshommes du pays: il était aussi che-
valier de l'ordre de la Béunion et de ce-
lui des Deux-Siciles. Toutes les éditions
qui sont sorties de ses presses sont recher-
chées ; il en est plusieurs qui sont regar-
dées comme des chefs-d'œuvre.
BODOBI. Vouez BAUDORI.
BODREAU ( Julien ), avocat du Mans,
donna , en 1645 , un Commentaire sur
la coutume de sa province, in-folio ; en
1656, un Sommaire des coutumes du
pays du Maine . in-12 ; et en 1658 , des
Illustrations et des Remarques sur la
même coutume , 2 vol. in-12 ; c'est son
meilleur ouvrage.
BOECE C Jnicius-Manlius-Torquatus-
2.
Severinus Boè'lius) t philosophe , homme
d'état et écrivain latin du 5e siècle , de
la famille des Anices , une des plus illus-
tres de Rome , naquit , suivant l'opinion
la plus probable, en 455. 11 fut consul 3
fois en 487, 510 et 511, et ministre de
Théodoric , roi des Ostrogolhs , dont il
avait prononcé le panégyrique à son en-
trée dans Rome. Son zélé pour la félicité
publique égala celui qu'il avait pour la
religion , et l'état fut heureux tant que
ses conseils furent écoutés. Trigille et
Conigaste , favoris de Théodoric , irrités
de ce que Boëce s'opposait à leurs con-
cussions, résolurent sa ruine. Sur un
frivole soupçon que le sénat de Rome en-
tretenait des intelligences secrètes avec
l'empereur Justin , le roi golh fit mettre
en prison Boëce et Symmaque son beau-
père , les plus distingués de ce corps. On
le conduisit à Pavie , où après avoir en-
duré divers genres de supplices , il eut la
tète tranchée le 25 octobre l'an 524. Les
catholiques enlevèrent son corps et l'en-
terrèrent à Pavie. Deux cents ans après,
il fut transpoi té dans l'église de Saint- Au-
gustin de la même ville , par ordre de
Luitprand, roi des Lombards , qui lui fit
dresser un mausolée magnifique, que l'on
voit encore aujourd'hui. L'empereur
Othon III lui en fit élever un autre sur
lequel on grava des inscriptions très ho-
norables. C'est dans sa prison qu'il com-
posa son beau livre De la consolation de
la philosophie. Il y parle de la Provi-
dence, de la prescience de Dieu, d'une
manière digne de l'Etre éternel : la phi-
losophie de Boëce était religieuse, et bien
différente du vain verbiage des stoïciens.
On a encore de cet auteur un Traité des
deux natures en J.-C. et un de la Trinité,
dans lequel il emploie beaucoup de termes
tirés de la philosophie d'Aristole. On pré-
tend qu'il est le premier des Latins qui
ail appliqué à la théologie la doctrine de
ce philosophe grec. Ces traités au reste
sont très orthodoxes , et des monumens
précieux de la foi et du zèle de ce philo»
sophe, grand homme et humble chrétien»
Les vers de Boëce sont sentencieux ei
élégans, autant qu'ils pouvaient l'être
dans un siècle où la barbarie commençait
à se répandre sur tous les arts. Les édi-
tions de Boëce les plus recherchées, sont %
la première à Nuremberg, 1476, in-fol;
celle de Bàle , 1570, in-fol - celle deLeyde,
avec les notes variorum > 1671, in-8°;
celle de Paris , ad usum delphini, i680 ,
in-4° ; cette dernière est rare , et elle ae
30
BOE 5
contient que le Traité de la consolation.
Il a été traduit en français par M. de
FrancheTille , Paris, 1744 „ 2 vol. in-12 ;
par Morabin, 1755, et par l'abbé Colesse
en 1771 , in-12. La traduction de René
Cériziers est préférable pour la fidélité ,
mais elle est un peu surannée pour le
langage. On prétend que c'est d'après lui
et non d'après le texte de Boëce , que les
trois traducteurs modernes ont travaillé.
L'abbé Gervaise , prévôt de St.-Martin
de Tours, et mort évêque d'Horen,
donna à Paris en 1715 , la Vie de Boëce ,
avec l'analyse de ses ouvrages , des notes
et des dissertations qui sont d'une grande
utilité pour l'intelligence du texte de cet
auteur. Voyez encore la Bibliothèque la-
tine de Fabricius , tom. 3 ; don Ceillier ,
tom. 15 ; et la Vie de Boëce par Richard
Granam , vicomte Preston, à la tète de
la traduction anglaise des livres de la
Consolation de la philosophie * que ce
seigneur a publiée avec de bonnes notes.
— Le Père Papebroch donne à Boëce le titre
de Saint , et joint sa Vie à celle du pape
Jean. Il dit que son nom a été inséré dans
le Calendrier de Ferrarius , et dans ceux
de quelques églises particulières dTlalie,
sous le 25 d'octobre , jour auquel on fait
mémoire de lui à St. -Pierre de Pavie.
Voy. les Acta sanctorum, 6 maii, p. 707.
BOECE. Voyez BOETIUS EPO.
BOECRII (Chkistiax-Godefroi), né le
8 avril 1752 à Memmingen dans le royau-
me de Bavière , et mort le 31 janvier
1792 , était diacre à Nordlingen et se voua
à l'instruction publique. Ses principaux
ouvrages sont | des principales difficultés
de la discipline des écoles , Nordlingen ,
in.-4°j, 17GG; | Journal hebdomadaire ;
pour améliorer l'éducation de la jeunesse _,
Slutgard, 1771 et 1772, 4 vol. in-8°; | Ga-
zette des enfans, Nuremberg, 1780-85,
14 petits volumes. Il a été le principal ré-
dacteur de la Bibliothèque universelle
pour l'éducation publique et particulière *
Nordlingen, 11 vol in-8°, 1774-86.
BOECXER ( Jean-Henri ) , conseiller
de l'empereur et de l'électeur de Mayence,
historiographe de Suède, et professeur
d'histoire à Strasbourg, naquit à Cron-
heim dans la Franconie en 1611, et mou-
rut l'an 1692. Plusieurs princes le pen-
sionnèrent , entre autres , Louis XIV , et
la reine Christine qui l'avait appelé en
Suède. Ses principaux ouvrages sont,
! Commenlationes Plinianœ. \ Timur vul-
qo Tamerlanus, 1657, in-4°; | Nolitia
nancti Romani Imperii J 1681 , in-8°« C'est
30 BOE
plutôt une table des matières et des au-
teurs, qu'un traité de droit public.
| Historia scholœ principum , pleine de
bonnes réflexions, mais trop abrégée.
| Bibliographia crilica , 1715, in-8°.
j Des Dissertations, en 3 vol. in- 4°, Ros-
toch, 1710. | Commenialio in Grotii li-
brum de Jure bclli et pacis, Strasbourg ,
1712 , in-4°. Il prodigue à son auteur des
éloges excessifs ; il y règne un enthou-
siasme pour Grotius qui va jusqu'au ri-
dicule , et l'ouvrage ne donne pas meil-
leure idée du jugement du commenta-
teur.
* BOEGERT ( Jean-Baptiste ) , cha-
noine honoraire de la cathédrale et direc-
teur de l'école spéciale de Molsheim , na-
quit le 12 mai 1795, à Kaisersberg , et
monira de bonne heure des inclinations
vertueuses.il fit sa théologie àStrasbourg,
et vint l'achever à Paris , où il fut or-
donné prêtre. De retour dans son diocèse,
on le fit professeur de rhétorique au pe-
tit séminaire de Strasbourg; plus tard,
l'université le chargea de professer la
philosophie au collège de celte ville , et
ensuite elle le nomma principal du col-
lège de Colmar. Enfin l'évêque de. Stras-
bourg lui confia la direction de l'établis-
sement ecclésiastique de Molsheim. Boe-
gert s'acquitta de ces divers emplois avec
zèle et capacité. Peut-être ses travaux ha-
tèrent-ils sa fin. Il souffrait depuis long-
temps de la poitrine, lorsqu'ayant été
chargé par son évêque d'examiner les
jeunes prêtres du diocèse, il tomba ma-
lade à Mulhausen pendant sa tournée . Il
est mort au mois de septembre 1851.
Bœgent est auteur des Réflexions ami-
cales sur une lettre adressée à M. de Mac-
carlhy, in-8°; qui sont une réponse à
une critique des sermons de M. de Maccar-
Ihy, par un protestant de Strasbourg, du
Cri de la vérité et de la justice, ou Consi-
dérations sur les rapports entre la reli-
gion catholique et la charte, entre le
clergé et la société, Strasbourg , in-12 de
108 pages ; et | des Méditations philoso-
phiques qui contiennent la matière des
exercices qu'il avait établis le dimanche
pour les jeunes gens les plus avancés.
BOEHM ( Jacob ) , a donné son nom
à la secte des boehmisles, espèce d'illu-
minés d'Allemagne. Il naquit en 1575, en
Lusace, d'un paysan qui le fit cordonnier.
Il mourut en 1624 , après avoir affecté
d'avoir de fréquentes extases , genre
d'imposture qui lui procurait des secta-
teurs parmi les imbéciles. On a de lui
BOE
plusieurs ouvrages , qu'on peut placer
avec les rêves des autres enthousiastes,
entre autres le livre intitulé V Aurore
naissante, qu'il composa en 1613; elle
n'est rien moins que lumineuse.
BOEHMER ( Juste-Henniîvg ) , né à
Hanovre en 1674 , fut chancelier de l'uni-
versité de Halle et doyen de la faculté de
droit. On a de lui | un corps de Droit avec
des variantes , des notes , etc. Halle , 1747.
Boehmer, protestant modéré, plus juste
envers les catholiques que la plupart des
auteurs de sa communion , dédia son ou-
vrage à Benoît XIV , qui le reçut avec
bonté. | Jus ecclesiasticum Protestan-
tium . 4 vol. 1736 , où il donne plus d'essor
aux préjugés de sa secte , et où l'on trouve
ces petits artifices que l'esprit de parti ne
manque jamais de mettre en usage, quand
il en trouve l'occasion favorable. | Jus
parochiale , in-4°. Le cardinal Gerdil a
écrit contre lui et réfuté quelques-uns de
ses principes. Boehmer est mort en 1748.
* BOEHMER ( Georges Louis ), fils du
précédent, né à Halle le 18 février 1715 ,
fit ses études dans cette ville, et se rendit
en 1740 à Gottingue, où il fut professeur
ordinaire , conseiller aulique , doyen de
la faculté de jurisprudence , et où il mou-
rut le 17 août 1797. Le droit canonique et
le droit féodal occupèrent ses laborieuses
veilles , et ses écrits ont beaucoup con-
tribué à en faciliter l'étude ; les principaux
sont : | Principia juris canonici , Gottin-
gue t 1762, in-8°, réimprimés quatre fois:
la dernière édition est de 1785 ; | Prin-
cipia juris feudalis /ibià. 1765, réimpri-
més cinq fois , la dernière en 1795, in-8°;
Observationes juris feiulalis , ibid. 1764
in-8°, 1784 ; | Observationes juris canonici
ibid. 1767 , in-8° ; | Electa juris civilis t
tom. 1, ib. 1767, in-8°; tom. 2, 1777; tom.
5 , 1778 ; | Electa juris feudalis ; 2 vol.
Lemgo , 1795 , in-4°. etc.
*BOEHMER (Philippe-Adolphe), con-
seiller intime à la cour de Prusse , et
professeur de médecine à Halle , né dans
cette ville en 1717, frère du précédent,
mort en 1789. Celait un médecin et un
anatomiste distingué ; il s'est beaucoup
occupé de l'accouchement ; la plupart de
ses dissertations ont été insérées dans les
Disputât, anatom. selectœ de Haller ; les
principales sont : | Observalionum ana-
lomicarum rariorum fasciculus , notabi-
lia circa uterum humanum continens ,
cum figuris ad vivum expressis. Halle ,
i752; Fasciculus alter , ibid. 1756, in-fol.
I Analome ovi humani, Irirnestri abortu
351 BOE
elisi, figuris illustrata , Halle , 1763 , in-
4°; | Deuracho humano, ibid. 1763, in-
4°; j De notione malignitatis mofbis ad-
scriptœ, ibid. 1772 , in-4°; ] Instituliones
osteologiœ cum iconibus analomicis ,
ibid. 1751, in-8°, réimprimé deux fois;
| De cancro aperto et occullo , ibid. 1761,
in-4°, etc. Il a donné à Halle, 1746, in-4°,
une nouvelle édition de l'Abrégé de
l'Art des accouchemens par Mannin-
gham, et y a joint deux Dissertations l'une
De situ uteri gravidi ac fœtus , déjà im-
primée séparément à Halle , 1756 , in-4° ,
et l'autre sur l'usage du forceps , avec un
examen critique des différons instrument
employés alors dans l'art des accouche-
mens. — Un autre BOEHMER ( Je,v\-
Bevj.vuw ) , professeur d'analomie et de
chirurgie àLeipsick, né à Liegnilz en Si-
lésie , le 14 mars 1719 , mort en 1753 , pour
avoir usé sans modération de remèdes
violens, a donné une nouvelle édition de
Y Introduction à la chirurgie de Platner,
2 vol. Leipsick , 1749, in-8°. On a de lui :
| Bibliotheca medico-philosophica, ibid.
1755, in-8°; j De ossium callo, ibid. 1748,
in-4?. | De radicis Rubiœ tinctoriœ effec-
tibus in corpore animali, ibid. 1751 , in-
4°; | De cortice cascarillœ, Halle, 1638,
in-4°, etc. Quelques-unes de ses disser-
tations ont été insérées dans le Recueil
de Haller.
* BOEHMER ( Georges-Rodolphe ) ,
célèbre médecin et naturaliste allemand ,
né à Liégnitz , le 1er octobre 1723 , était
fils d'un pharmacien, et étudia la médecine
àLeipsick, ainsi que la philosophie.il
eut pour maître Platner et Ludwig. Ce
dernier lui inspira le goût de la botanique
dans laquelle Boehmer se rendit bientôt
très habile. Reçu docteur en 1760 , il fut
nommé, deux ans plus tard, à la chaire
d'anatomie et de botanique à l'université
de Wittemberg. Il entretint presque tou-
jours à ses frais le jardin de botanique
de celte ville, forma un cabinet d'ana-
tomie, et rassembla une riche collec-
tions d'instrumensde chirurgie qu'il céda
ensuite à la faculté pour une somme très
modique. En 1766, il obtint le titre de
médecin du cercle, et en 1792 , celui de
physicien de la ville de Kemberg , où il
avait depuis 1785 , la place de professeur
de thérapeutique. Il mourut le 4 février
1805 doyen de la faculté de médecine
et de l'université entière. Jacquin lui a
consacré sous le nom de Boehmaria , un
genre de plantes de la famille des urti-
cces. On a de lui un très grand nombre
BOE
5 £2
BOE
d'ouvrages, dont les principaux sont :
| Flora Lipsiœ indigena . Leipsick , 1750 ,
in-8° ; les plantes y sont disposées d'après
la méthode de Ludwig. Gleditsch lui avait
communiqué ses nombreuses observations
sur les champignons, les graminées, etc.
| Spermatologia vegelalis, en sept parties
in-4° , qui ont paru de 1777 à 1784 Ces
sept dissertations et deux autres program-
mes sur la spermatologte végétale, offrent
un traité complet de graines , envisagées
sous le rapport de la physique, de la bo-
tanique et de l'économie rurale; | Réper-
toire systématique de tous les ouvrages
sur l'histoire naturelle, l'économie ru-
rale et les arts ou les sciences qui y ont
rapport, en allemand, 9 volumes in-8° ,
Leipsick, 1783-89 : ouvrage fait avec
beaucoup de soin et très complet à l'épo-
que où il parut ; | Histoire technique des
plantes qu'on emploie dans les métiers ,
les arts et les manufactures, ou qui pour-
raient y être employées, en allemand, Lei
psick, 1794, 2 vol. in-8°; | Lexicon rei
herbariœ triparlilum, Leipsick, in-8°,
1802; | Commentai io botanico lilleraria
de planiis in memoriam cultorum 2iomi-
natisjncœpta, anno 1770, mine ad recen-
tissima lempora conlinuata , Leipsick ,
1799, in-8°, ouvrage où l'on remarque
une grande érudition.
BOERHAAVE ( Herman ) , naquit en
1668, à Voorhout, près de Lcyde. Son
père , pasteur de cette ville , fut son pre-
mier maître. Il le perdit à l'âge de 15 ans.
Destiné au ministère comme lui , il ap-
prit l'hébreu et le chaldéen, pour l'intelli-
gence des livres saints , lut plusieurs au-
teurs ecclésiastiques, et s'occupa en même
temps delà médecine. Il fut reçu docteur
dans cette science, en 1693, à l'âge de 23
ans, et eut bientôt trois places considé-
rables dans l'université de Leyde ; il fut
à la fois professeur en médecine , en chi-
mie et en botanique. Les étrangers vin-
nent en foule prendre ses leçons ; toute
l'Europe lui envoya des disciples. Il les
instruisit, les encouragea, les consola
dans leurs peines et les guérit de leurs
maladies. L'académie des sciences de Paris
et celle de Londres se l'associèrent. Il fit
part à l'une et à l'autre de ses découver-
tes sur la chimie. L'Europe jouissait déjà
de la plupart de ses ouvrages de méde-
cine. Il réunit dans tous , et surtout dans
ses Aphorismes , la théorie à la prati-
que. Les praticiens de cet art ne croient
pas pouvoir se passer de ses livres. Les
principaux sont | Inslilutiones Medicœ,
Leyde , 1713 , in-8° , traduites dans toutes
les langues, en arabe même. | Aphorismi
de cognoscendis et curandis morbis , in-
12, Leyde, 1715. La Mettrie les a traduits
en français avec des notes, en 10 vol.
in-12. Wan Swieten les a commentés en
5 vol. in-4°; | Praxis Medica, sive Com-
mentarius in Aphorismos,$ vol. in-12.
| Methodus discendi medicinam, Londres
1720, in-8°, | Libellas de maleria medica
et remediorum formulis , in-12 et in-8°,
très souvent réimprimé, et traduit en
français par la Mellrie. | Elementa Chi-
miee, Paris , 1733, 2 vol. in-4°. | De mor-
bis nervorum , Leyde , 1761 , 2 vol. in-8°.
| De morbis oculorum , Paris , 1748 , in-
12. | De lue venerea, Franekcr, 1751,
in-12. | Historia plantarum horti Lug-
duni Balavorum , in-12. Tous ces ouvra-
ges ont été imprimés à La Haye, 1788, et
à Venise , 1766 , in-4°. Il mourut en 1738
et laissa à une fille unique quatre millions
de notre monnaie , lui qui avait été long-
temps obligé de donner des leçons de ma-
thématiques pour subsister. On a élevé à
Leyde, dans l'église de Saint-Pierre , un
monument à la gloire de cet Hippocrate
moderne. La noble simplicité qui distin-
guait ce grand homme, brille dans ce
monument , au bas duquel on lit ces mots
qui sentent un peu le paganisme ; Salu-
tifero Boerhaavi genio sacrum. Sa répu-
tation était si étendue, qu'un mandarin
de la Chine lui écrivit , avec cette seule
adresse: A l'illustre Boerhaave, médecin
en Europe; el la lettre lui fut rendue. Ce-
pendant, dans ses dernières années le mé-
rite de Boerhaave a essuyé des critiques
imposantes. Parmi ses adversaires, il s'est
trouvé un homme distingué dans la mé-
decine , et dont la manière de voir s'est
trouvée juste à bien des égards; joignant à
une grande connaissance de son art , un
style pur, noble, éloquent et très propre
à se concilier au moins l'attention. « Boer-
» haave, dit M. Roussel ( Système physi-
» que et moral de la femme, Paris, 1775 ),
i> a jeté à la hâte les fondemens d'une ré-
» putation qui devait ressembler à ces
» fortunes prodigieuses acquises par le
«commerce, et qu'un événement con-
» traire vient renverser un instant après.
» Les Hollandais la secondaient et la sou-
» tenaient, -;omme un fonds qu'ils étaient
» intéressés à faire valoir ; et si des mar-
» chands qui portaient le nom de Boer-
» haave jusqu'aux extrémités du monde,
» étaient les instrumens les plus propres
» à étendre sa célébrité , on conviendra
BOE
355
BOF
» du moins qu'elle aurait pu avoir des
» garans plus solides et moins suspects.
• Maintenant il n'y a plus d'illusion; les
» avantages d'un style précis et éloquent
» ne peuvent plus racheter , dans les ou-
» vrages de Boerh.iave , les erreurs aux-
» quelles ils ont pendant quelque temps
» servi de voile. La raison , délivrée du
» prestige qui lui en avait imposé , n'y
» découvre aucun grand principe : tout
» y porte sur de petits ressorts désunis ou
» mal assemblés ; c'est un édifice formé
p de cailloutage, que la moindre secousse
«ébranle. La facuitéde médecine de Monl-
» pellier , qui voit , depuis quelques an-
* nées , combien ses fondemens sont rui-
» neux , tâche d'en éloigner ses candidats
» avec le soin cbaritable qu'on aurait pour
i» des passans en danger d'être écrasés par
» une maison près de s'écrouler. »
• BOESCHEïVSTEW ( Jean ) , savant
hébreu , né en Autriche , en 1471 , un des
restaurateurs de la langue hébraïque en
Allemagne, après Reuchlin , l'enseigna à
Augsbourget àWittemberg. Ses meilleurs
ouvrages sont | une Grammaire hébraï-
que, Augsbourg, 1514; | ses corrections
et additions au Rudiment hébreu du rab-
bin Mosche Kimchi, ibid. 1520; | sa ver-
sion allemande et latine des Psaumes de
la pénitence,, d'après le texte hébreu,
ibid. 1526, in-4°.
BOETIE ( Etienne de la ), né à Sarlat
en Périgord, le ier novembre 1530, con-
sedler au parlement de Bordeaux, cultiva
la poésie latine et française. Il fut auteur
dès l'âge de 16 ans, et mourut à 52 ans, en
1563, à Germignan , à 2 lieues de Bor-
deaux. Montaigne , son ami, à qui il laissa
sa bibliothèque , recueillit ses Œuvres
in-8°, en 1571. On y trouve des traduc-
tions de divers ouvrages de Xénophon et
de Plutarque , des Discours politiques >
des Poésies, etc. C'est très peu de chose.
BOETIUS EPO , célèbre jurisconsulte
des Pays-Bas, naquit à Roorda en Frise en
1529 , et mourut à Douai *en 1599, où il
était professeur dans l'université nouvel-
lement érigée par Philippe II. On a de lui
plusieurs ouvrages sur le droit et sur d'au-
tres matières.
BOETIUS ( Hector ) , écossais , né à
Dundee , d'une famille noble , au 16e siè-
cle , se lit aimer et estimer des savans de
son temps. Erasme en parle avec éloge.
On a de lui des ouvrages historiques. Le
principal est Historia Scotorum , Paris ,
1575 , in-folio.
BOEUF ( Jean le ) , né à Auxerre en
1687 , fut associé à l'académie des inscrip-
tions et belles-lettres de Paris en 1750 , et
mourut en 1760. On a de lui plusieurs
ouvrages. Les plus connus sont | Recueil
de divers écrits servant à V éclaircisse-
ment de l'histoire de France , 2 vol. in-
12 , 1738. | Dissertations sur l'histoire
ecclésiastique et civile de Paris, suivie»
de plusieurs éclaircissemens sur l'histoire
de France , 5 vol. in-12. | Traité histori-
que et pratique sur le chant ecclésiastique,
1741 , in-8°. Il le dédia à Vintimille , ar-
chevêque de Paris , qui l'avait employé
à la composition du chant du nouveau
bréviaire et du nouveau missel de son
église. | Mémoires sur l'Histoire d 'Au-
xerre j, 2 vol. in-4°, 1743; | Histoire de
la Ville et de tout le Diocèse de Paris ,
en 15 vol. in-12. | Plusieurs Disserta-
lions répandues dans les journaux , et
dans les Mémoires de l'académie dont
il était membre. On lui doit aussi beau-
coup de pièces originales qu'il a déterrées,
et qu'il a communiquées à différens sa-
vans. L'abbé le Bœuf était un prodige
d'érudition. Elle éclate dans tous ses ou-
vrages , mais elle y est souvent mal di-
gérée. Il ne cessa jusqu'au dernier de ses
jours , de faire les recherches les plus
laborieuses. Il entreprit plusieurs voyages
pour aller examiner , dans diverses pro-
vinces de France , les monumens de l'an-
tiquité.
BOFFRA.ÏVD ( Germain ) , architecte ,
fils d'un sculpteur , et d'une sœur du cé-
lèbre Quinault , né à Nantes en Bretagne
l'an 1667, mourut à Paris en 1755. Elève
de Hardouin Mansard , qui lui confiait la
conduite de ses plus grands ouvrages , il
se montra digne de son maître. Ses talens
le firent recevoir à l'académie d'architec-
ture , en 1709. Plusieurs souverains d'Al-
lemagne le choisirent pour leur archi-
tecte et firent élever beaucoup d'édifices
considérables sur ses plans. Sa manière
de bâtir approche de celle de Palladio. II
mettait beaucoup de noblesse dans ses
productions. Ingénieur et inspe< teur-gé-
néral des ponts et chaussées, il fit con-
struire un grand nombre de canaux,
d'écluses, de ponts, et une infinité d'ou-
vrages mécaniques. On a de cet illustre ar-
chitecte un ouvrage curieux et utile, in-
titulé Livre d'Architecture .. Paris, 1735,
in-fol. avec figures. L'auteur expose les
principes de son ait, et donne les plans,
profils et élévations des principaux bàti-
mens civils, hydrauliques, et mécaniques
qu'il a fait exécuter en France et dans
50..
BOG 3
(es pays étrangers. On peut citer avec
éloge les palais de Nancy, de Lunéville,
de la Malgrange en Lorraine ; les Hôtels
de Craon, de Montmorency, d'Argenson ;
les décprations intérieures de l'Hôtel de
Soubise , à Paris ; les Portes du petit
Luxembourg et de l'Hôtel de Villars ; le
portail de laMercy; le puits de Bicètre;les
ponts de Sens et de Monlereau ; le grand
bâtiment des Enfans trouvés , rue neuve
Notre-Dame, etc. On trouyc dans le même
livre un Mémoire estimé, qui contient la
Description de ce qui a été pratiqué pour
fondre d'un seul jet la statue équestre de
Louis XIV. Cet écrit avait été imprimé
séparément en 1745.
* BOGDANOVITCH (Hippolyte-Tiiéo-
borovitcu) , poète russe , né le 23 dé-
cembre 1743, à Pérévolotchno , village de
la petite Russie; il se rendit, encore en-
fant , à Moscou , et le célèbre Khéraskow
l'ayant fait entrer à l'université dont il
était directeur, Bogdanovitch acheva ses
études et développa son talent pour la poé-
sie. En 1765, il publia | la Félicité par faite ,
poème en trois chants. Il fut nommé , l'an-
née suivante, secrétaire de l'ambassade de
Saxe, et composa à Dresde | sa Douschenka
qui est une imitation de Psyché de la Fon-
taine. Bogdanovitch donna aussi | une tra-
duction russe des Révolutions romaines de
Vertot ; on lui doit en outre : | Tableau his-
torique de la Russie , ( le 1er vol. seul a pa-
ru), Saint-Pétersbourg , 1777 ; | Proverbes
russes, ibid. , 1785, 3 vol. ; | Un journal
sous le titre de Divertissement inno-
cent, 1765 ; | Un recueil périodique sous
le titre de Courrier de Saint-Pétersbourg,
1778-79. Il quitta la diplomatie en 1796, cl
mourut à Kourski , en 1803.
BOGORIS, premier roi chrétien des
Bulgares, déclara la guerre à Théodora
par ses ambassadeurs. Cette princesse
gouvernait alors l'empire grec , pour Mi-
chel son fils. Elle leur fit une réponse di-
gne d'une éternelle mémoire : « Votre roi,
» leur dit-elle, se trompe, s'il s'imagine
» que l'enfance de l'empereur et la régence
s d'une femme lui fournissent une occa-
» sion favorable d'augmenter ses états et
» sa gloire. Je me mettrai moi-même à la
» tête des troupes ; et s'il est vainqueur,
» quelle gloire retirera-t-il de son triom-
••> phe sur une femme? mais quelle honte
» ne sera-ce pas pour lui , s'il est vaincu ? »
Bogoris sentit toute la force de cette ré-
ponse , et renouvela son traité de paix
avec l'impératrice. Théodora lui renvoya
sa sœur , faite prisonnière sur les fron-
BA BOU
tières. Bogoris embrassa le christianisme
en 841 , et l'année d'après envoya son fils
à Rome, demander des évêques et des prê-
tres au souverain pontife. Sa conversion
est due, à ce que l'on assure , à un tableau
du jugement dernier, que lui présenta
un pieux solitaire , nommé Méthodius.
* BOGUET (Hexri), grand-juge de la
terre de Saint-Claude , né dans le 16e siè-
cle à Pierre-Court , près de Gray en Fran-
che-Comté, est auteur des ouvrages sui-
vans , dont le premier était jadis très
recherché : | Discours des sorciers , tiré
de quelques procès , avec une Instruction
pour un juge en fait de sorcellerie , Paris,
Binet , 1603 , in-8°; Lyon , Pillehote , 1602,
in-8°; Lyon , Rigaud , 1607 ou 1608 et 1610,
in-8° ; Rouen , Osmond , 1606 , in-12. Tou-
tes les éditions de cet ouvrage sont rares ,
la famille de Boguet en ayant supprimé
les exemplaires avec le plus grand soin.
| Les actions de la vie et de la mort de
saint Claude, Lyon, 1609, in- 8°, et 1627,
in-12. | In consuetudines générales comi-
lalàs Burgundiœ observaliones. , Lyon ,
Pillehote, 1604, in-4°; Besançon, Bogillot ,
1725, in-4°. C'est le premier ouvrage qui
ait paru sur la coutume de Franche-Com-
té , et il est encore estimé des jurisconsul-
tes. Boguet fut nommé, en 1618, conseiller
au parlement de Dole ; mais son admission
dans celle compagnie éprouva de grandes
difficultés, et il fallut un ordre exprès du
prince pour l'enregistrement de ses lettres
de nomination. On croit que le chagrin
qu'il en éprouva avança sa mort, arrivée
le 23 février 1619.
* BOGUPHALUS, évêquedePosnanie,
mort en 1255, est auteur d'une Chronique
de Pologne qui s'arrête en 1252 , et conti-
nuée jusqu'en 1271 par Godislas Basko ,
custode de l'église de Posnanie , Varsovie,
1752.
* BOIIADIN ou BOHA EDDYN , histo-
rien arabe dont le nom propre est Youçouf,
et le surnom Aboul-Mahacin, est plus con-
nu parmi les*écrivains orientaux sous le
nom de d'IBN-CHADD AD, c'est-à-dire, fils
de Chaddad. Il naquit à Massoul l'an 539
de l'hégire (1145) et devint Câdhylasker ou
juge de l'armée sous Saladin . dont il fut le
favori, et dont il a écrit la Vie. C'est plu-
tôt un panégyrique qu'une histoire. L'au-
teur s'arrête avec trop de complaisance
sur les détails qui font connaître la piété
et les vertus morales et religieuses de son
béros. Son histoire a servi de guide à
M. Marin, auteur de Y Histoire de Saladin,
sultan d'Egypte et du Caire.
Bon
355
BOII
* BOIIAN (le baron François-Phili-
bert LOUBAT de), lieutenant -général ,
naquit en 1751 à Bourg-en-Bresse (Ain),
et devint successivement oflicier dans le
régiment Boyal-Pologne , capitaine dans
les dragons de la llochefoucault , colonel
des dragons de Lorraine , et aide-major-
général de la Gendarmerie. Il mourut en
1804 dans sa ville natale. On lui doit :
J Examen critique du militaire français ,
Genève, 1781, 3 vol. in-8°; | Mémoire
sur les haras, ouvrage posthume , revu et
publié par J. de Lalande , avec une no-
tice sur l'auteur, Paris, 1805, in-8°; | plu-
sieurs Mémoires lus à l'académie de Bourg
dont il était membre.
* BOHEMER (Georges -Rodolphe),
professeur de botanique et d'anatomie à
l'université de Witlemberg , naquit en
1703. Une érudition profonde et bien or-
donnée , des vues sages et justes , un es-
prit observateur et judicieux , font le ca-
ractère principal de ce savant professeur.
Ses principaux ouvrages sont : | Flora
Lipsiœ indigena, Leipsick , 1750, in-8°.
C'est la Flore des environs de Leipsick ;
l'auteur suit dans cet ouvrage la méthode
de Ludwid, et donne sur les champignons,
les graminées , etc., des observations iné-
dites de Gleditch. | Bibliotheca scriptorum
historiœ naturalisa œconomiœ , aliarum-
que artium ac scienliarum ad illam per-
tinentium,realis, syslemalica, Leipsick,
9 vol. in -8°; savoir, partie 1 , Scriptores
générales, 1er vol. 1785; 2e vol. 1786;
part. 2, Zoologi , 2 vol., 1787; part. 5,
Philologi, 2 vol. , 1787; part. 4, Minera-
logi, 1er vol. 1788 ; 2e vol. 1789 ; part. 5 ,
Hydrologi ac Index universalis , 1 vol.
Cet ouvrage est un répertoire bibliogra-
phique de tous les livres qui ont paru sur
l'histoire naturelle , l'économie rurale ,
les arts et les sciences qui y ont rapport ,
en quelque langue que ce soit. Il est fait
avec beaucoup de soin. | Histoire techni-
que des plantes qui sont employées dans
les métiers, les arts et les manufactures ,
ou qui pourraient y être employées , Leip-
sick , 1794 , in-8° , en allemand. Cet ou-
vrage devrait être traduit et généralement
répandu à cause de son utilité. Bohémer
a composé d'autres ouvrages , entre autres
un grand nombre de Thèses. Il est mort
en 1803.
* BOnÉMOND (Marc), né vers l'an
i066. était fils de Robert Guiscard, aven-
turier normand , qui sut , par son adresse
et sa valeur, s'élever au rang de duc de la
Pouille et de la Calabre. Bohémond servit
de bonne heure sous son père, et sut rên*
nir dans l'âge le plus impétueux la pru-
dence au courage. Il prit Corfou de con-
cert avec son père , se signala dans un
combat contre les Vénitiens, et après a voir
vaincu les Grecs , près d'Arta , il entra
dans la Thessalie , et y poursuivit ses con-
quêtes. Robert mourut en 1085 , et laissa
à Roger, son fils cadet , le duché de la
Pouille et celui de Calabre. Bohémond ,
irrité de celte préférence , s'arma contre
son frère , qui fut obligé de lui céder la
principauté de Tarente. En 1096 il se croi-
sa, et partit pour la Terre-Sainte à la tête
de 10,000 cavaliers , de près de 50,000 fan-
tassins et l'élite de la noblesse de Sicile ,
de Calabre et de la Pouille , ainsi que d'un
grand nombre de seigneurs normands ,
parmi lesquels on distinguait le fameux
Tancrède , son cousin-germain. Le prince
de Tarente haïssait Alexis , empereur de
Constantinople , et celui-ci ne pouvait voir
d'un bon œil celui qui avait été son plus
redoutable ennemi. Néanmoins il lui fit
un honorable accueil qui fut reçu politi-
quement. Bohémond consentit même à
prêter serment de fidélité à Alexis , qui
fut si satisfait de pouvoir compter ce guer-
rier au nombre de ses vassaux qu'il lui fit
offrir de plus riches présens qu'aux au-
tres princes de l'expédition. Après des
marches difficiles et des combats sanglans
où Bohémond eut lieu de faire éclater sa
valeur, les croisés vinrent mettre le siège
devant Antioche , et Bohémond s'étant em-
paré par la ruse de cette ville , parvint de
même à s'en faire donner la souveraineté.
Nommé quelque temps après général de
toute l'armée , il remporta une grande vic-
toire contre les Sarrasins , et eut quelques
difficultés avec Raimond , comte de Tou-
louse , au sujet de la reddition de la chan-
delle d' Antioche que tous deux récla-
maient ; elle resta au prince de Tarente.
Il ne suivit point les chrétiens à Constan-
tinople, et s'occupa à affermir sa domi-
nation sur Antioche. Pour rendre incon-
testable la légitimité de sa puissance, il
vint à Jérusalem , recevoir des mains
du patriarche Daimbert l'investiture de
cette principauté. Quelque temps après
ayant voulu secourir une ville de Mé-
sopotamie , ses troupes furent accablées
par le nombre , et il fut fait prisonnier.
Il resta deux ans en captivité. Ce ne fui
qu'avec peine , et moyennant une forte
rançon , qu'il parvint à recouvrer sa li-
berté. En rentrant dans ses états, il les
trouva augmentés de plusieurs villes par
ROII
3S6
ROI
!a valeur de Tancrède. Sa détention n'a-
vait point diminué son ambition ni sa haine
contre les Grecs. Il marcha contre eux ,
mais la rapidité de ses progrès ne répon-
dant point à son attente , il résolut de pas-
ser en Europe pour chercher de plus
grands secours. La route n'étant point sûre,
il imagina un stratagème singulier. Il fit
courir le bruit qu'il était mort, et se fit
enfermer dans un cercueil qu'on mit sur
un vaisseau entouré de pleureurs, et il
traversa ainsi la flotte des Grecs au bruit
des réjouissances que sa mort excitait. Bo-
hémond arriva ainsi en Italie, et suscita
de tous côtés des ennemis à. Alexis. Il vint
en France , y fut reçu avec de grands té-
moignages d'estime par Philippe Ier, qui lui
permit de lever des troupes, et lui donna
en mariage Constance, sa fille. Bohémond ,
ayant obtenu des secours puissans de la
France , de l'Italie et de l'Espagne , rassem-
bla toutes ses forces au port de Bari , lit
voile pour l'Illyrie, et alla mettre le siège
devant Duras. Les Grecs furent dé-
faits dans plusieurs actions; mais ayant
été vaincu à son tour, et se voyant pressé
par les murmures de' ses troupes acca-
blées par les maladies et par la famine , il
fut obligé de traiter avec l'empereur et de
renoncer à ses projets d'agrandissement.
Antioche lui fut conservée, et devint la
capitale d'une principauté qui subsista
pendant 190 ans. Bohémond mourut dans
la Pouille l'an 1111 , lorsqu'il se préparait
à de nouvelles tentatives contre les Grecs.
Le caractère de ce prince guerrier tenait
également de la férocité des Normands ,
ses ancêtres , et de l'astuce des Italiens ,
ses sujets. Politique aussi adroit que guer-
rier valeureux, il ne parut jamais se décou-
rager d'un revers , et tirait souvent avan-
tage de ce qui semblait lu i devoir nuire. Son
ambition le suivit jusqu'au tombeau. Tout
lui semblait possible pour s'agrandir. Les
lois même du serinent et de la fidélité à sa
parole n'étaient plus respectées dès qu'elles
étaient contraires à ses intérêts. Il était
d'une force prodigieuse , et sa stature , dit
Anne Comnène, fille de l'empereur Alexis,
surpassait d'une coudée celle des hommes
les plus grands. Il laissa un fils du même
nom que lui , âgé de onze ans.
* BOIIIEB, et nonBOYER (Nicolas),
en latin, Boè'rius, savant jurisconsulte,
et magistrat intègre, naquit à Montpel-
lier, vers 1470. Il fut successivement
avocat à Bourges , où il enseigna le droit,
conseiller au grand conseil, président à
mortier au parlement de Bordeaux, et
mourut dans cette ville. Il légua tous ses
biens à l'hôpital de Bordeaux , où il est
enterré. Ses ouvrages, écrits en latin, se
ressentent de la barbarie des temps , ef
l'on y remarque plus d'érudition que do
logique , mais on peut encore les con-
sulter avec fruit. Ce sont : | Tractatus de
officio etpotestate Legatià latere in regno
Fronciez* Lyon, 1509, in-8°; | Tracla-
tus de Seditiosis* in -12; | Commentaria
in consuetudines Bituricenses , Bourges ,
1543, in-4°, réimprimé depuis; | Boe-
rii consilia, Y enise, 1574, in-8° ; | Deci-
siones in senatu Burdegalensium discus-
sce ac promulgatœ. C'est le plus estimé
des ouvrages de Bohier. La meilleure
édition est celle de Lyon, Ant. Vincent,
1567 , in-fol. On y a joint ses Conseils , son
Traité des Séditieux , un autre , De custo-
diâ clavium portarum civilatis* et des
additions de Bohier au Traité de Jean
Montanus De authoritale magni Consilii.
Ces décisions ont été traduites en fiançais
par Jacques Corbin.
BOiïlV ou BOHNIUS (Jean), naquit à
Leipsick en 1C40 , fut fait professeur de
médecine , anatomie et thérapeutique ,
dans cette ville , en 1679 , et y mourut en
1718. Il est auteur de plusieurs ouvrages
estimés, entre autres d'un excellent trai-
té : De Acido et Alkali , Leipsick ., 1675 ,
in-8° : il est bien raisonné, et l'auteur
jette beaucoup de lumière sur son sujet.
* BOIIUJV (Edhond), écrivain anglais,
vivait du temps de la reine Anne. Il a
laissé un grand nombre d'ouvrages , dont
les principaux sont : | une Défense de la
déclaration de Charles II; \ Dictionnaire
géographique ; \ Histoire delà Désertion,
ou Récit de toutes les affaires publiques
de l'Angleterre* 1689; | Grand Diction-
naire historique , géographique et poé-
tique ; | Caractère de la reine Eliza-
belh.
BOLYRDO (Matteo-Maria), comte do
Scandiano, fief relevant du duché de Fer-
rare, gouverneur de la ville et citadelle
de Reggio , s'appliqua à la poésie italienne
et latine. Son ouvrage le plus connu, et
qui lui a fait un grand nom parmi les poè-
tes italiens, est le poème l'Orlando inar-
morato; le fonds est tiré de la Chronique
fabuleuse de l'archevêque Turpin ; il le
composai l'imitation de l'Iliade; mais il
l'imite de fort loin, et son poème est une
fort mauvaise copie. L'Orlando furioso de
l'Arioste , n'est en quelque sorte que la
continuation de l'Orlando inamoralo, que
son auteur laissa imparfait. Mêmes héros
BOT
3S7
BOI
dans les deux poèmes ; leurs aventures ,
commencées par le Boiardo, sont termi-
nées par l'Arioste , en sorte que la lecture
de l'un est absolument nécessaire pour la
parfaite intelligence de l'autre. On ne peut
refuser à Boiardo l'imagination la plus vive
et la plus brillante : et à ce titre, il doit
être regardé comme un des plus grands
poètes que l'Italie ait produits. Si l'Arioste
lui est supérieur du côté du style et du
coloris , il ne le cède en rien à l'Arioste
pour l'invention et la variété des épisodes.
Dans l'un et dans l'autre on souhaiterait
plus de sagesse et de décence. Boiardo est
encore auteur ftEglogues latines estimées,
et imprimées à Beggio, 1500 , in-4°, et de
Sonnets qui ne le sont pas moins , Venise ,
J50i , in-4°; d'une comédie intitulée Ti-
mon , Yenise , 1517, in-8° , très rare, et la
première pièce de ce genre qui ait été",
dit-on , composée en vers italiens ; de
quelques autres poésies italiennes , et de
plusieurs traductions d'auteurs grecs et
latins, tels qu'Hérodote et Apulée. Il mou-
rut à Beggio , le 20 février 1494. La meil-
leure édition du texte original del'Orlan-
lando inamoralo est celle de Venise , par
les frères Nicolini de Sabio, en 1544 , in-
4°; je dis le texte original, parce que ce
poème a été ensuite refait par le Berni.
Voyez BEBNI.
BOIER. Voyez BOIIIEB ou BOYEB.
* BOICHOT (Jean), statuaire distingué,
né en 1738 à Châlons-sur-Saônc et mort
à Paris en 1814 , alla se perfectionner en
Italie par l'étude des modèles antiques ,
puis revint en France où il fut nommé
bientôt statuaire du roi et membre de
l'académie de peinture et de sculpture et
devint plus tard correspondant de l'Ins-
titut. Parmi ses ouvrages, on citelegroupe
colossal de saint Michel, la statue égale-
ment colossale de V Hercule assis, autre-
fois placée sous le portique du Panthéon
à Paris , la statue de saitit RochAe groupe
de saint Marcel , les bas-reliefs des Fleu-
ves qui décorent l'arc triomphal des Tui-
leries.
* BOIGxXE (le général , comte de), dont
le véritable nom est Benoît le Borgne , né
à Chambéry en 1751 , est connu par son
immense fortune et par le noble usage
qu'il en fit. Il était frère de Leborgne ,
député de Saint-Domingue au conseil
des Cinq-cents en 1797. 11 s'enrôla au ser-
vice de France en 17G8 , puis à celui de
Russie , et enfin à celui de la compagnie
anglaise des Indes. Il s'attacha à la for-
tune de Mahadajey-Sindia, chef de Ma-
ratles , qui le nomma commandant de sa
troupe. Les dons de Sindia furent immen-
ses ; Boigne voulut en jouir dans sa patrie.
Ilvinten Angleterre où il épousa M1 lcd'Os-
mond qui lui donna un fils ; il voyagea pen-
dant quelque temps en Europe, puisse fixa
près de Chambéry, où il est mort le 21
juin 1830. La liste des legs qu'il a fails à
Chambéry est énorme : 1,200,000 fr. pour
un hospice de vieillards; 500,000 fr. pour
un hospice d'aliénés ; 500,000 fr. pour un
dépôt de mendicité ; 500, 000 fr. pour le
collège ; 200,000 fr. pour établir de nou-
veaux lits dans les hospices ; 100,000 fr.
pour faire apprendre des métiers à de
jeunes filles, etc. etc. Ses dons pour celte
ville s'élèvent à 3,678,000 fr., sans comp-
ter ce dont il a fait présent aux jésuites
et aux capucins. Son testament est em-
preint de la même générosité : il a légué à
ses domestiques de 1..500 à 10,000 fr. de
capital ; à son frère et à son neveu, des
propriétés de la valeur de 500 ,000 fr. ; à
des parens éloignés et à des amis environ
100,000 fr. en souvenirs ; à ses petits-en-
fans, 200,000 fr. à chacun, à l'époque
de leur majorité ; à sa femme , une pen-
sion viagère de 600 ,000 fr. Son fils a hé-
rité en outre de plusieurs millions.
BOI LE. Voyez BOYLE.
BOILEAU (Gilles) , frère aîné de Des-
préaux , et fils de Gilles Boileau , greffier
de la grand'chambre du parlement de
Paris, s'est fait un nom' par ses poésies,
mais ses vers sont faibles et négligés. Sa
traduction du 4e livre de l'Enéide en vers,
en offre quelques-uns d'assez bons. Ses
meilleurs ouvrages sont en prose. Les
principaux sont | La Vie et la traduc-
tion d'Epictète et de Cébès , 1657 , in-12 ;
| celle de Diogène-Laè'rce , 1668 , 2 vol .
in-12 ; | Deux dissertations contre Ménage,
1656, in-4°; | OEuvre s posthumes, 1670 ,
in-12 , etc. Il était de l'académie fran-
çaise. Il mourut en 1669 , âgé de 38 ans.
Boileau avait de la littérature et de l'es-
prit; il écrivait faciiemenl en vers et en
prose , mais il ne se déiiait pas assez de sa
facilité. — Il y a encore un autre Gilles
BOILEAU , dont les poésies , avec celles
de Jacques de Boulogne , poète liégeois ,
furent imprimées à Anvers, 1555 , et qui
est auteur d'un Traité des causes crimi-
nelles ..petit in-12, imprimé à Lyon, 1557.
Cet ouvrage est dédié au mayeur et aux
échevins de Liège, et cette dédicace nous
apprend que ses ancêtres étaient liégeois.
BOILEAU (Jacques ) , frère du précé-
dent, docteur de Sorbonne, doyen et
BOI 5
grand-vicaire de Sens , pendant plus de
20 ans, ensuite chanoine de la Sainte-
Chapelle en 1694, naquit à Paris en 163o
et y mourut en 1716 , doyen de la faculté
de théologie. Il avait , comme son frère,
l'esprit porté à la satire et à la plaisante-
rie. Despréaux disait de lui , que « s'il
» n'avait été docteur de Sorbonne , il au-
» raitété docteur de la comédie italienne. »
Ses ouvrages roulent sur des matières sin-
gulières, qu'il rend encore plus piquan-
tes par un style dur et mordant, et par
mille traits curieux. Il les écrivait tou-
jours en latin, de crainte , disait-il assez
mal à propos , que les évoques ne les cen-
surassent. Les principaux sont | De anli-
quojure presbylerorum in regimineeccle-
siaslico, 1678, in-8°, sous le nom supposé
de Claude Fontéius. \ De antiquis et ma-
joribus Episcoporum causis , 1678 , in-4° ;
| Le traité de Ralramne De corpore et
sanguine Domini , avec des notes, 1712,
in-12. Il en avait donné une version fran-
çaise en 1686 , in-12 ; | De sanguine cor-
poris Christi post resurrectionem , 1681 ,
in-8°, contre le ministre Alix; | His-
toria confessionis auriculariœ , 1683 , in-
8° ; | Marcelli slncyrani disquisitiones de
residentia canonicorum , avec un traité,
De tactibus impudicis prohibendis, Paris,
1665 , in-8°. | Historia Flagellantiurn ,
contre l'usage des disciplines volontaires.
Dans ce traité historique , imprimé à Pa-
ris , in-12 , en 1700 , traduit en français ,
1701 , in-12 , il y a des détails qu'on eût
soufferts à peine dans un livre dé chirur-
gie. Du Cerceau et Thiers le critiquèrent
avec raison. On en publia une traduction
encore plus indécente que l'original ;
mais l'abbé Granet l'a réformée, en la
réimprimant en 1732. | Disquisitio hislo-
rica de re vestiaria hominis sacri, vitam
communem more civili traducentis , 1704,
in-12. Ce traité fut fait pour prouver
qu'il n'est pas moins défendu aux ecclé-
siastiques de porter des habits trop longs
que trop courts. On a vu cet abbé , dans
ses derniers jours, aller clans Paris avec
un habit qui tenait le milieu entre la sou-
tane et l'habit court. | De re beneficiaria,
1710, in-8° ; | Traité des empêche mens du
mariage, à Sens, sous le titre de Cologne,
1691, in-12; l'auteur, pour de bonnes
raisons , ayant déguisé le lieu d'impres-
sion. Il y a bien des choses fausses ou ha-
sardées , qui sont réfutées à l'article LAU-
NOY. j De li'ororum circa res theologi-
cas approbations 1708, in-16. On a re-
cueilli ses bons mots et ses singularités.
58 BOI
Dans le temps des disputes excitées an
sujet des cérémonies chinoises , il pro-
nonça un discours en Sorbonne , dans
lequel il dit , que l'éloge des Chinois avait
ébranlé son cerveau chrétien. Il faut
convenir que ce cerveau était souvent
ébranlé , et qu'il ne fallait pas même des
causes bien fortes pour produire cet effet.
Jacques Boileau était partisan du riché-
risme {voyez RICHER) , ce qui parait
sur tout dans le traité de anliquojure Près-
byterorum. Dans Y Historia confessionis
auriculariœ, il établit des paradoxes ré vol-
tans . tels que cette proposition : Mainte-
nant que l'Eglise est sur son déclin , et
qu'elle vieillit , il arrive rarement que les
mauvaises pensées soient des péchés mor-
tels. Après de telles assertions , on ne doit
pas être surpris de la moralequi se trouve
dans son Histoire des Flagellans et le
traité De tactibus impudicis. Qu'il sied
bien à de tels docteurs d'afficher le rigo-
risme !
BOILEAU (Nicolas), sieur Despréaux ,
naquit, selon Louis Racine , à Paris, selon
le plus grand nombre des biographes , à
Crosne, près de Paris, le 1er novembre
1656 , de Gilles Boileau , père des précé-
dens. Son enfance, fut fort laborieuse; un
coq d'inde le mutila, si l'on en croit l'au-
teur de l'Année Littéraire. A l'âge de 8
ans il fallut le tailler. Sa mère étant morte,
et son père se trouvant absorbé dans ses
affaires , il fut abandonné à une vieille
servante qui le traitait avec dureté. On rap-
porte que son père, quelques jours avant
de mourir , disait de ses enfans, en exa-
minant leur caractère : « Gillot est un glo-
» rieux , Jacquot un débauché , Colin un
«bon garçon; il n'a point d'esprit, il ne
» dira du mal de personne. » L'humeur
taciturne du petit Nicolas fit porter ce ju-
gement. On ne tarda pas à le trouver
mal fondé. Il n'était encore qu'en qua-
trième , lorsque son talent pour la poésie
se développa. Une lecture assidue des
grands poètes de l'antiquité que le temps
des repas interrompait à peine , annon-
çait qu'il était né pour quelque chose d>;
plus que son père n'avait pensé. Il avait
commencé ses études au collège d'Har-
court ; il les continua à celui de Beauvais.
Dès qu'il eut fini son cours de philoso-
phie, il se fit recevoir avocat. Du droit, il
passa à la théologie scoîastique. Dégoûté
de ces deux sciences , il se livra à son in-
clination. Ses premières satires parurent
en 1666. Elles furent recherchées avec
empressement par les gens de goût et par
ROI 5
les malins, cl déchirées avec fureur par
les auteurs que le jeune poète avait criti-
ques. Boileau répondit à tous leurs re-
proches , dans sa 9e Satire à son esprit.
L'auteur emploie le masque de l'ironie,
et enfonce ses dards en feignant de badi-
ner. Cette pièce a été mise au-dessus de
toutes celles qui l'avaient précédée. La
plaisanterie y est plus fine , plus légère
et plus soutenue , mais aussi souvent
poussée trop loin. En attaquant les défauts
des écrivains , Boileau le satirique n'épar-
gna pas toujours leur personne. On est fâ-
ché d'y trouver que Colletet, crotté jusqu'à
l 'échine , allait mendier son pain de cui-
sine en cuisine ; que Saint-Amand n'eut
pour tout héritage que l'habit qu'il avait
sur lui, etc. : personnalités blâmables , et
qui dérogent au mérite de la critique la
mieux fondée. L'on peut même dire que,
quant aux jugemens littéraires, ses Saii-
res n'étaient pas exemptes de préjugés ,
de partialité et de malignité. Son Art poé-
tique suivit de près ses Satires. Ce poème
renferme les principes fondamentaux de
la poésie et de tous les différens genres de
poésie, resserrés dans des vers énergi-
ques et pleins de choses. La poétique
d'Horace a moins d'ordre et d'art , mais
elle faille fondement de l'autre, et en a
fourni presque toutes les idées. Le Lutrin
fut publié en 1674 , à l'occasion d'un dif-
férend entre le trésorier et le chantre de
la Sainte-Chapelle. Ce fut le premier-pré-
sident de Lamoignon qui proposa à Des-
préaux de le mettre en vers. Un sujet si
petit en apparence, acquit de la fécon-
dité sous la plume du poète. Cependant
les personnages ne sont pas nobles, l'ac-
tion n'est pas importante, le sujet est fri-
vole. Qu'y apprend-on? Quel fruit pour-
ront tirer les jeunes gens qui liront ce
poème? Ils apprendront à parler sans
respect de ceux qu'ils devraient s'accou-
tumer à respecter. Un prélat devenu tré-
sorier de la Sainte-Chapelle est peint
comme un homme efféminé , assis molle-
ment sur des coussins , ou couché sur un
lit de plumes, et plus occupé du soin
d'aller à table que d'aller à l'église. Des
chanoines vermeils, pieux fainéans, et
brillans de santé , s'engraissent dans une
sainte oisiveté , couchés dans des lits en-
chanteurs, et n'ayant jamais vu, depuis
trente ans, le lever de l'aurore. Les cor-
deliers, les augustins, les mineurs, ont
chacun leur coup de pinceau. Cîteaux est
le séjour de la volupté , de la mollesse et
des plaisirs nonchalans. Tous les religieux
59 BOI
en général sont accusés d'aimer la mol-
lesse, les chanoines d'être indolens, les
prélats de briguer d'amples revenus pour
en abuser. Ou dira que Boileau a soin d'a-
vertir dans la préfaça que les chanoines
qu'il traite si mal, sont d'un caractère op-
posé à ce qu'il en dit dans ses vers. Mais
pourquoi en parler mal , s'ils méritent
qu'on en parle bien ? Louis XIV choisit
Boileau pour écrire son histoire conjoin-
tement avec Bacine. L'académie française
lui ouvrit ses portes en 1684. Il fut aussi
un des membres de l'académie naissante
des inscriptions et belles-lettres. Boileau,
que son titre d'historiographe appelait sou-
vent à la cour , y parut avec toute la fran-
chise de son caractère ; franchise qui te-
nait un peu de la brusquerie. Mais après
la mort de son ami Bacine, Boileau n'y
parut plus qu'une seule fois pour prendre
les ordres du roi sur son histoire. Souve-
nez-vous, lui dit ce prince en regardant
sa montre , que j'ai toujours une heure
par semaine à vous donner, quand vous
voudrez venir. Il passa le reste de ses
jours dans la retraite, tantôt à la ville ;
tantôt à la campagne. Dégoûté du monde ;
il ne faisait plus de visites, et n'en rece-
vait que de ses amis. Il n'exigeait pas
d'eux des flatteries; il aimait mieux,
disait-il , être lu qu'être loué. Sa conver-
sation était traînante, mais agréable par
quelques saillies , et utile par des juge-
mens ordinairement exacts sur les écri-
vains. Lorsqu'il sentit approcher sa fin, il
s'y prépara en chrétien qui connaissait
ses devoirs. Il mourut en 1711 , à l'âge de
75 ans , à la suite d'une hydropisie de
poitrine. La religion , qui éclaira ses der-
niers momens, ne l'avait jamais quitté,
et les écarts de sa conduite ou de ses
écrits , n'avaient point affaibli son atta-
chement au christianisme. Ayant joui
pendant huit ou neuf ans d'un prieuré
simple , il le remit au collateur pour y
nommer un autre , et distribua aux pau-
vres tout ce qu'il en avait retiré. Son
zèle pour ses amis égalait sa religion. Le
célèbre Patru se voyant obligé de vendre
sa bibliothèque , Despréaux la lui acheta
un tiers de plus qu'on ne lui en offrait, et
lui en laissa la jouissance jusqu'à sa mort .. .
Parmi nombre d'éditions qu'on a pu-
bliées des ouvrages de Boileau , on dis-
tingue celle de Genève , en 2 vol. in-4*,
1716, avec des éclaircissemens histori-
ques par Brossetle son ami, de l'académie
de Lyon ; celle de La Haye , en 2 vol. in-
fol. avec des notes, des figures de Picart,
BOI
560
BOI
4718 et 1722 , h vol. in-12 , avec des figu-
res du même graveur ; de la veuve Alix ,
en 2 vol. in-4° , 1740 , avec des figures de
Cochin , qui jointes à la beauté des carac-
tères , lui font tenir un rang parmi les
raretés typographiques ; celle de Durand ,
1747, 5 vol. in-8°, avec figures et des
éclair cissemens par M. de Saint-Marc ;
l'édition pour l'éducation du Dauphin,
Paris , Didol l'ainé , 1788 , 5 vol. in-18 ,
pap. vélin, et 1789, 2 vol. in-4°, 1819,
2 vol. in-fol : celle de M. Daunou, Paris ,
1809 , 3 vol. etc. Dans ces diverses éd. on
trouve | douze Satires. Les meilleures
sont la 2e , la 7e , la 8e , la 9e et la 10e , et
la moins bonne est la 12e, sur Y Equivo-
que. | Douze Epitres, pleines de vers
bien frappés, de peintures vraies, de
maximes de morale bien rendues ; mais
on voudrait qu'il n'eût pas mêlé les pe-
tites choses aux grandes , par exemple ,
le nom de Colin avec celui de Louis XIV.
On lui reproche encore des idées super-
ficielles , des plaisanteries monotones, des
vues courtes et de petits desseins. Cha-
pelle , son ami , à qui il avait demandé ce
qu'il pensait de son style , lui répondit :
Tu es un bœuf qui fait bien son sillon.
| L'art poétique en quatre chants. | Le
Lutrin en six : | deux Odes , l'une contre
les Anglais faite dans sa jeunesse; l'autre
sur la prise de Namur, ouvrage d'un
âge plus avancé , mais qui n'en vaut pas
mieux ; deux Sonnets ; des Stances à Mo-
lière , un peu faibles ; cinquante-six Epi-
grammes, fort inférieures à celles de
Rousseau ; un Dialogue de la Poésie et de
la Musique; une Parodie; trois petites
pièces latines ; un Dialogue sur les Héros
de Romans; | la traduction du Traité du
Sublime de Longin, peu estimée : elle
manque d'exactitude , de précision et d'é-
légance ; des Réflexions critiques sur cet
auteur , etc. etc. Le plus grand mérite de
Despréaux est de rendre ses idées d'une
manière serrée , vive et énergique , de
donner à ses vers ce qu'on appelle l'har-
monie imitative , de se servir presque
toujours du mot propre. Il est grand ver-
sificateur, quelquefois poète et bon poète :
par exemple, dans son epitre sur le pas-
sage du Rhin, dans quelques descriptions
de son Lutrin , et dans d'autres endroits
de ses ouvrages ; mais il ne l'a pas tou-
jours été dans quelques-unes de ses Sati-
res et de ses Epitres, surtout dans les
premières et dans les dernières. Il a paru
créateur en copiant ; mais on lui repro-
che (et il en convenait lui-même) de n'a-
voir point assez varié le tour de ses ou-
vrages en vers et en prose. On le blâme
encore , non pas de s'être élevé contre la
morale voluptueuse de Quinault , mais de
n'avoir pas rendu justice aux talens de ce
poète, auxquels il ne manquait que d'èlre
mieux employés. On a mis à la tète de
l'édition de ses Œuvres de 1740 un Bo-
lœana , ou Entreliens de M. de Monches-
nay avec l'auteur. Boileau y parait sou-
vent dur et tranchant. Fontenelle a relevé
quelques articles, dans lesquels on trouve
des décisions un peu hardies. Depuis que
les petits poètes modernes se croient bien
supérieurs à tout ce qu'a produit le siè-
cle de Louis XIV , ils se sont ligués con-
tre la réputation de Boileau, qui n'en sera
pas moins le poète des gens de goût , des
esprits mâles et solides. En 1786 , l'aca-
démie de Nîmes proposa cette question :
Quelle a été l'influence de Boileau sur la
Littérature française , question diverse-
ment résolue par les différens concur-
rens , mais dont le résultat est naturelle-
ment en faveur de Boileau. MM. Daunou
et Auger ont fait son éloge ; le premier a
été couronné par l'académie de Nimes en
1787, le second, par l'Institut en 1805. Sa
vie a été écrite par Desmaizeaux , Ams-
terdam , 1712 , in-12.
BOILEAU ( Charles ) , abbé de Beau-
lieu, de l'académie française, s'adonna
de bonne heure à la chaire. Il prêcha de-
vant Louis XIV , qui répandit sur lui ses
bienfaits. Cet orateur né à Beauvais mou-
rut en 1704. Il est connu par des Homé-
lies et des Sermons sur les Evangiles du
Carême, qui ont été donnés au public
après sa mort par Richard , en 2 vol. in-
12 , à Paris , chez Louis Guérin , 1712. On
a encore de lui des Panégyriques, in-4° et
in-12 , qu'on entendit avec plaisir dans
le temps , mais qu'on ne lit plus guère.
BOILEAU ( Jean-Jacques ) , chanoine
de l'église Saint-Honoré à Paris , était ne
en 1649 au diocèse d'Agen , dans lequel il
posséda une cure. La délicatesse de sa
complexion l'ayant obligé de la quitter,
il se rendit à Paris où il joua un rôle dans
les disputes et les négociations relatives
au jansénisme , auquel il se montra favo-
rable. Le cardinal de Noailles lui donna
des témoignages de son estime. Il mourut
en 1755 , à 86 ans. On a de lui | des Let-
tres sur différens sujets de morale et de
piété, 2 vol. in-12. | La Vie de madame
la duchesse de Liancourt, et celle de ma-
dame Combé, institutrice de la maison
du Bon-Pasteur. Tous ces ouvrages , écrits
BOI 3
d'un style trop oratoire, annoncent un
fonds d'esprit et de bonne morale, mais
quelquefois un peu de prévention.
•BOILEAU (Jacques), né en 1752,
était versé dans l'étude des lois et fut
appelé aux fonctions de juge-de-paix, lors
de l'organisation primitive de cette insti-
tution. Appelé , en 1792 , par le départe-
ment de l'Yonne à siéger à la Conven-
tion nationale, il vota la mort de Louis
XVI sans appel et sans sursis. A son re-
tour d'une mission à l'armée du Nord , il
dénonça la commune de Paris et Marat ,
en exprimant le vœu que la tribune
fût purifiée quand ce monstre y aurait
paru. Depuis il se prononça contre la
Montagne , qu'il invoqua vainement, lors-
qu'à la suite du 51 mai 1793 , il fut com-
pris dans la liste de proscription dressée
contre les Girondins. Boileau , traduit
avec vingt de ses collègues devant le tri-
bunal révolutionnaire, fut condamné à
mort, et exécuté le 51 octobre suivant, à
l'âge de 41 ans.
* BOILEAU ( Marie-Louis- JosErn ) , né
à Abbeville et mort à Paris vers 1818, a
laissé différens écrits dont les principaux
sont : | Entretiens critiques , philosophi-
ques et historiques sur les procès, in-12,
1803, réimprimés en 1805 : on reproebe
à cet ouvrage d'être trop superficiel;
| Histoire du droit français , in-12 , 1806 ;
| Code des faillites, in-12, 1806; | His-
toire ancienne et moderne des départe-
ments de la Belgique, 2 vol. in-12, 1807;
| l'Opinion, poème, in-12, 1808; | Epitre
à Etienne et à Nicolas Boileau, in-12,
1810; | Epitre à l'amitié, in-80, 1811;
J Contrainte par corps , abus à réformer,
appel à S. M. Louis XVIII et au corps
législatif, in-8°, 1814.
* BOILEAU de MAULAVILLE ( Edme-
François- Marie ) membre de la société
des antiquaires de France , naquit à Au-
xerre , le 25 décembre 1759 , d'une famille
originaire de la Touraine et du Poitou ,
et se glorifiait de descendre d'Estienne
Boilôve , prévôt de Paris sous saint Louis.
On a de lui dans le tome 5 des Mémoires
de l'académie celtique, une Notice sur
un j?roverbe ou dicton populaire de Pi-
cardie : Tout le monde, le vacher de
Chauny ; | Sur le sobriquet des si?zges de
Chauny , et sur quelques anciens usages
singuliers; et dans le tome 7 de la société
royale des antiquaires, un | Nouveau mé-
moire sur le monument antique, autre-
fois connu par le nom de marbre de
Thorignij , actuellement transféré en la
61 BOI
ville de Saint -Lô. Ce mémoire est un
rapport fait au nom d'une commission
sur des calques des inscriptions de ce
marbre que M. Clément , maire de Saint-
Lo, avait envoyé à la société royale des
antiquaires. Boileau de Maulaville est par-
venu à déchiffrer ces inscriptions, mal-
gré l'état actuel de dégradation de ce mo-
nument des Viducasses , presque aussi
complètement qu'elles l'avaient été dans
le siècle dernier par Maffei et l'abbé Le-
beuf. A ce mémoire est jointe la meil-
leure gravure que nous ayons de ces in-
scriptions. Il s'occupait depuis long temps
d'un grand travail sur le Livre des éta-
blissements des Métiers de Paris, par
Estienne Boyleaux ou Boilève, d'après
le texte manuscrit de la bibliohèque du
roi, avec de nombreux éclaircissemens
de tout genre, lorsqu'il mourut à Paris,
le 25 septembre 1826.
* BOILLOT (Henri ), jésuite, né en
Franche-Comté, le 29 sept. 1698, professa
la rhétorique, la philosophie et la théo-
logie dans différentes maisons de son or-
dre, fut ensuite nommé recteur du collège
de Grenoble, puis de celui de Dôle, et
mourut en cette ville, le 5 juillet 1733.
On a de lui : | Explication latine et fran-
çaise du second livre des satires d'Ho-
race, Lyon, 1710, avec une Dissertation
en latin et en français sur la satire ; | le
Noyer, élégie d'Ovide expliquée en fran-
çais, Lyon, 1712, in-12; | Maximes chré-
tiennes et spirituelles , extraites des œu-
vres du Père Nieremberg , Lyon , 1714,
2 vol. in-12 ; | Sermons nouveaux sur di-
vers sujets, Lyon, 1714,2 vol. in-12.
Dans un recueil d'Odes, imprimé à Vienne
en Dauphiné, 1711, in-12, on en trouve
deux du P. Boiilot , l'une intitulée : la Phi-
losophie préférée à la poésie; et l'autre : la
Philosophie victorieuse de la poésie. Il
avait commencé un ouvrage efe la Recher-
che de la vérité, que la mort l'a empêché de
terminer. — BOILLOT ( Jean ) , minime,
né à Sl.-Mémin en Auxois, en 1658, mort
à Semur , le 16 mars 1728 , a laissé : | let-
tres sur le secret de la confession , Colo-
gne ( Dijon ) , 1703 , in-12 ; | la Vraie Pé-
nitence, Dijon, 1707, in-12. — Un autre
BOILLOT ( Philibert ) , prêtre de l'Ora-
toire , est auteur d'un poème latin inti-
tulé : Passeres, et d'une autre pièce de
vers français , insérés tous deux dans le
8e vol. de la continuation des Mémoires
de littérature. Il était né à Beaune, et
mourut à Dijon, le 25 décembre 1729, à
soixante-neuf ans. — Joseph BOILLOT a
51
BOI
562
IÎOI
publié : Modèles* artifices de feu, et di-
vers instrument de guerre, Cliaumont,
4598, in-4°, et Strasbourg , in-fol. ; Por-
traits et figures de termes pour user en
l'architecture , Langres, 1592, in-fol.
ISOIXDIN ( Nicolas ) , né à Paris en
1676, d'un procureur du roi au bureau
des finances, entra dans les mousque-
taires en 1096. La faiblesse de son tem-
pérament ne pouvant résister à la fati-
gue du service , il quitta les armes pour
goûter le repos du cabinet. Il fut reçu en
4706 de l'académie des Inscriptions et
belles - lettres , et l'aurait été de l'acadé-
mie française , si la profession publique
qu'il faisait d'être athée, ne lui eût donné
l'exclusion. Il fut incommodé sur la lin
de ses jours d'une fistule , qui l'emporta
le 50 novembre 1751. On lui refusa avec
raison les honneurs de la sépulture.
M. Parfait l'aîné, héritier des ouvrages
de Boindin, les donna au public en 1753,
en 2 vol. in-12. A la tête du premier, où
l'on trouve h comédies en prose , est un
mémoire sur sa vie et ses ouvrages,
composé par lui-même. Cet homme , qui
se piquait d'être philosophe , s'y donne,
sans hésiter , tous les éloges qu'un fade
panégyriste aurait eu quelque peine à
lui accorder : moyen de célébrité devenu
général parmi les philosophes modernes
et tous nos sages à bruyantes prétentions.
On a encore de lui un Mémoire dans le-
quel il accuse la Mothe , Saurin et Malaf-
faire, négociant, d'avoir comploté la ma-
nœuvre qui fit condamner le célèbre et
malheureux Rousseau. Ce mémoire qui
n'a été publié qu'après sa mort , et qui
n'est pas faiblement écrit , n'a pas peu
contribué à lui concilier les suffrages des
philosophes , peu favorablement disposés
en faveur de J. B. Rousseau. A une phi-
losophie mordante et irréligieuse , Boin-
din joignait la présomption et l'opiniâ-
treté qui en est la suite, une humeur
bizarre et un caractère insociable. Voici
ce qu'un critique très connu a dit à son
sujet : a. Quoique tout ce qu'il a écrit ne
» le distingue pas des auteurs médiocres,
» il est cependant un des quatre génies
» privilégiés du siècle de Louis XIV, qui,
» selon M. Diderot, auraient été seids
» capable? de fournir quelques articles à
» 1'Encvclopédie. Crédite Pisones. »
BOIS. Voyez SYLVIUS ( Fratwçois).
BOIS (Jean du), Joannes à Bosco ,
né à Paris, fut d'abord célestin ; mais
ayant obtenu la permission de sortir du
cloître, il prit le parti des armes, et s'y
distingua tellement, que Henri III ne
l'appelait que l'empereur des moines.
.Après l'extinction de la Ligue, il rentra
dans son ordre, devint prédicateur ordi-
naire d'Henri IV, et mérita la bienveil-
lance du cardinal Olivier, qui lui permit
de porter son nom et ses armes, et lui
procura l'abbaye de Beaulieu en Argonne.
Après la mort d'Henri IV , il se déchaîna
dans ses sermons contre les jésuites , qu'il
accusa d'en être les auteurs ; mais étant
allé à Rome en 1612 , il fut regardé com-
me une tète dérangée ou comme un hom-
me dangereux, et renfermé dans le châ-
teau St. -Ange , où il mourut en 162G. Il
fit imprimer Bibliolheca Floricensis t
Lyon, 1605, in-8°. Ce sont de petits traités
d'anciens auteurs ecclésiastiques, tirés
des manuscrits de la bibliothèque du mo-
nastère de Fleuri-sur-Loire. La 5e partie,
seulement , contient quelques opuscules
de l'auteur. Le Portrait royal d'Henri IV
( c'est son Oraison funèbre) , 1610, in-8°;
celle du cardinal Olivier, son bienfaiteur,
Rome, 1610, in- 4°, et des Lettres.
BOIS ( Philippe GOIBAUD , sieur du ) ,
né à Poitiers, membre de l'académie fran-
çaise, maître à danser, ensuite gouver-
neur de Louis-Joseph de Lorraine , duc
de Guise, a traduit beaucoup d'ouvrages
de saint Augustin et de Cicéron, deux
génies fort différens , auxquels il prête le
même style. Il mourut à Paris en 1694 ,
âgé de 68 ans. Ses traductions sont enri-
chies de notes savantes et curieuses.
Celles qui accompagnent les Lettres de
saint Augustin , lui furent fournies par
Tillemont. La longue préface qu'il mit à
la tête des Sermons du même saint est
assez bien écrite , mais très mal pensée ,
suivant l'abbé Trublet. Le docteur An-
toine Arnauld en fit une critique judi-
cieuse.
BOIS ( Gérard du ) , prêtre de l'Ora-
toire , natif d'Orléans , mort en 1696 ,
composa , à la prière de Harlai , arche-
vêque de Paris , Y Histoire de cette église,
1690,2 vol. in-fol. Le 2e ne parut que 8
ans après sa mort , par les soins du Père
de la Ripe et du Père Desmolets de l'Ora-
toire.
BOIS DEXNEMETS ( Daniel du ) , gen-
tilhomme normand, premier maréchal-
d es-logis de Gaston de Fiance, fut tué en
duel à Venise, par Juvigni, autre gentil-
homme français . en 1627. On a de lui des
Mémoires d'un Favori du Duc d'Orléans*
iu-IS, où l'on trouve quelques particula-
rités curieuses.
BOI
563
BOI
ROIS ( Pnn.ii'PE du ), né au diocèse de
Bayeux , docteur de Sorbonne , bibliothé-
caire de le Tellier , archevêque de Reims,
mourut en 1795. On a de lui | un Catalo-
gue de la bibliothèque confiée à ses soins,
4693, au Louvre, in-fol. | Une édition de
Tibulle , Catulle et Properce , en 2 vol.
in-/t.0, ad usum Delphini, 1G85. | Une
édition des œuvres théologiques de Mal-
donat , in-fol. , Paris , 1G77. L'épître dédi-
catoire et la préface, dans lesquelles il
fait l'éloge des mœurs et de la doctrine
ie ce jésuite, ne se trouvent pas dans
plusieurs exemplaires.
ROIS (Nicolas du ) , né à Marche , dans
le pays de Luxembourg , professeur d'E-
criture sainte, et président du collège
du roi, à Louvain , s'est distingué par di-
vers ouvrages contre le jansénisme , et a
mis autant d'habileté à démasquer l'hypo-
crisie de cette secte naissante , que de
solidité dans la réfutation de ses erreurs,
Il mourut en 1696.
ROIS ( Guillaume du ) , ou plutôt DU-
BOIS , cardinal , archevêque de Cambrai,
principal et premier minisire d'état, na-
quit à Brive-la-Gaillarde dans le Bas-Li-
mousin , d'un apothicaire. Il fut d'abord
lecteur, ensuite précepteur du duc de
Chartres. Il obtint sa confiance en servant
ses plaisirs. L'abbé du Bois eut l'abbaye
de Saint- Just en 1693, pour récompense
de ce qu'il avait persuadé à son élève
d'épouser M11' de Blois. L'auteur des Mé-
moires de J/mc de Maintenon dit que
Louis XIV l'ayant proposé au Père de la
Chaise, ce jésuite lui représenta que du
Bois était adonné aux femmes, au vin et
au jeu : Cela peut être , répondit le roi :
mais il ne s'attache , il ne s'enivre et il
ne perd jamais. Ces paroles peuvent ca-
ractériser l'abbé du Bois; mais on n'y re-
connaît certainement pas Louis XIV ; et
c'est, sans doute, une de ces anecdotes
factices dont l'infidèle auteur a rempli
ses Mémoires. Le même auteur fait dire
à du Bois : Le jour où je serai prêtre,
sera le jour de ma première communion.
Voici ce qui peut avoir donné lieu à ce
bruit. Pendant l'absence que l'abbé du
Bois avait faite pour son ordination en
1720 , on demanda à un plaisant de la
cour où il était allé? Il répondit qu'il
était allé faire sa première communion
à Chantcloup t proche Triel. On a blâmé
le célèbre Massillon de lui avoir donné
un témoignage pour être prêtre, et plus
encore de l'avoir consacré évèque ( con-
jointement avec l'évèque de Nantes ). Du
Bois parvint aux postes les plus impor-
tais. Il fut conseiller d'état , ambassadeur
ordinaire et plénipotentiaire du roi eu
Angleterre l'an 1715 , archevêque de
Cambrai en 1720, cardinal en 1721, et
premier ministre d'état en 1722. La même
année il fut reçu de l'académie française,
honoraire de celle des sciences et de celle
des belles-lettres. Il eut beaucoup de part
à toutes les révolutions de la régence. Ce
fut lui qui porta le duc d'Orléans à ne
point se soumettre à un conseil de ré-
gence, à exiler le duc de Villeroi, etc. Il
mourut le 10 avril 1725 , des suites de ses
débauches. « La fortune, dit le duc do
» Saint-Simon dans ses Mémoires , s'était
» bien jouée de lui, et s'était fait acheter
» longuement et chèrement par toutes
» sortes de peines, de soins, de projets,
» de menées, d'inquiétudes, de travaux,
» de tourmens d'esprit, et elle se déploya
» enfin sur lui par des torrens précipités
» de grandeur , de puissance , de riches-
» ses démesurées, pour ne l'en laisser
» jouir que quatre ans, dont je mets l'é-
» poque à sa charge de secrélaire-d'étal ,
» et deux seulement, si on la met à son
» cardinalat ou à son premier ministère,
» pour lui tout arracher au plus riant et
» au plus complet de. sa jouissance, à 6G
» ans. » Si on en croit les Mémoires du
même auteur, ce cardinal -archevêque
était marié avant de recevoir les ordres,
et sa femme lui survécut : mais sans s'ar-
rêter à ce que cette anecdote a de roma-
nesque , l'on convient généralement que
le duc de Saint-Simon accueillait sans
choix et quelquefois sans jugement, tous
les contes populaires. Du reste , il ne
faudrait plus que ce trait pour combler
les horreurs dont la vie de ce ministre;
est souillée. On a publié en 1GS9 une Via
privée du cardinal du BoisJ qui est à
quelques égards une caricature romanes-
que, mais qui dans le fond n'est que
trop conforme au scandale de ses mœurs.
BOIS DE LA PIERRE ( Louise-Marie
du ), née en 1GG3 au château de Courleilles
en Normandie , mourut le 14 septembre
1730. Ses poésies aujourd'hui oubliées ,
eurent quelque vogue. Elle a ramassé des
Mémoires pour servir à l'histoire de Nor-
mandie, et laissé en manuscrit une Chro-
nologie historique du prieuré de La
Chaise-Dieu.
BOISARD. Voyez BOIZABD.
* B01SGELI\ ( Jean de Dieu-Ray-
mono de CUCÉ ) , d'une famille très an-
cienne de Bretagne , naquit à Rennes le
BOI
564
ROI
27 février 1732. Il fut destiné , dès son en-
fance, à l'état ecclésiastique, et lit ses
éludes avec distinction. La mort d'un
frère aîné , guidon des mousquetaires ,
qui fut tué au combat de Saint -Cast, l'ayant
rendu , bien jeune encore , le cbef de sa
famille , il abandonna son droit d'ainesse
a un autre frère, et suivit la carrière
qu'il avait commencée. Nommé d'abord
grand-vicaire de Pontoise, il passa, en
4765 , à l'évêcbé de Lavaur , et, en 1770 ,
à l'archevêché d'Aix. Il a laissé dans ce
diocèse des souvenirs que la révolution
n'a point effacés. La Provence lui dut la
construction d'un canal qui porte son nom,
une maison d'éducation pour les demoi-
selles pauvres, qui subsiste encore àLam-
besc , et plusieurs autres établissemens
utiles , sans parler d'un pont qu'il avait
fait bâtir àLavaur. « Ce fut par la sagesse
» unie à la générosité, dit M. de Bausset
» dans une notice historique , que M. de
» Boisgelin sauva , au commencement de
» la révolution , la ville d'Aix des plus
» grands malheurs. Dans un moment de
» disette , les greniers publics avaient
» été pillés ; les excès auxquels le peuple
» s'était livré allaient arrêter les appro-
» visionne mens , lorsque l'archevêque se
«présenta pour calmer le désordre, et
» mit 100,000 fr. à la disposition des au-
» torités locales pour l'achat des grains. »
Il publia en même temps une instruction
pastorale , adressée aux curés de son dio-
cèse, et leur recommanda d'inviter le
peuple à rapporter aux greniers publics
ce qu'il y avait pillé. La voix de la reli-
gion et de la piété fit ce que n'avaient pu
faire les lois humaines : le peuple obéit
à l'invitation de ses pasteurs , et s'assem-
bla en foule dans la métropole , où il
exprima de la manière la plus touchante
sa reconnaissance pour le prélat qui tra-
vaillait si efficacement à adoucir ses maux.
M. de Boisgelin vint , en 1789 , comme
député du clergé , siéger aux états-géné-
raux , où il eut plusieurs fois occasion de
montrer la sagesse et la modération de
son caractère. A la fin de l'Assemblée cons-
tituante , la persécution qui s'éleva con-
tre le clergé, le força de se retirer en An-
gleterre ; il ne revint dans sa patrie qu'à
l'époque où le saint Siège se réconcilia
avec la France. Il fut nommé à l'arche-
vêché de Tours , en 1802, et, peu de temps
après, il obtint le chapeau de cardinal.
Il mourut le 22 août 1804, âgé de soixante
douze ans. Le cardinal de Boisgelin , qui
avait montré dans le diocèse d'Aix le ta-
lent d'un administrateur , était doué d'un
goût lin et délicat, d'un esprit brillant et
facile; il aima les lettres et les cultiva avec
succès. Il prononça, en 1765, l'Oraison
funèbre du dauphin, lils de Louis XV ( non
imprimée ); en 1766, celle de Stanislas,
roi de Pologne , in-8°: en 1769, celle de
Mme la dauphine, in-4*. Lorsque Louis
XVI fut sacré à Beims, ce fut M. de Eois-
gelin qui prononça le discours du sacre :
ceux qui l'ont entendu n'ont point ouhlié
l'effet qu'il produisit ; sans égard pour le
lieu et la circonstance, l'orateur fut in-
terrompu deux fois par de nombreux
applaudissements. On y trouva, connue
dans ses oraisons funèbres, une éloquence
simple, gracieuse et touchante. M. do
Boisgelin fut nommé membre de l'aca-
démie française, en 1776, à la place de
l'abbé de Voisenon ; il a été remplacé à
la seconde classe de l'institut par Bureau
de Lamalle. Il reste de M. de Boisgelin :
| Exposition des principes des évêques de
l'assemblée sur la constitution civile du
clergé ; ouvrage écrit avec beaucoup île
réserve et de modération; [ le Psalmisle,
traduction des Psaumes en vers français,
précédée d'un discours sur la poésie sa-
crée , Londres, 1799 : l'auteur composa et
publia cet ouvrage au profit de quelques
familles d'émigrés. On lui attribue une
Traduction des Héroïdes d'Ovide en vsrs
français * sans nom d'auteur, Philadel-
phie (Paris), in-8°, 1786, tirée seulement
à douze exemplaires, qu'il fit peut-être
dans sa jeunesse, mais qu'il n'a pas avouée.
| Discours à la cérémonie de la presta-
tion du serment des archevêques et évé-
ques , 1802 , in-4°. Il reste encore en ma-
nuscrit de M. Boisgelin des observations
sur Montesquieu. L'évêque de Versailles
a prononcé l'oraison funèbre du cardinal
de Boisgelin , au service de ce prélat, cé-
lébré le 12 septembre 1804 ; M. de Bausset,
qui avait été son grand-vicaire , a donné
une Notice historique sur S. E. M. le car-
dinal de Boisgelin.
* BOISGELIN ( le marquis Bkuxo de ),
neveu du précédent, capitaine et maître
de la garde-robe avant la révolution , émi-
gra et servit dans l'armée des princes.
Louis XVIII l'envoya, en 1814 , à Toulon
en qualité de commissaire extraordinaire
dans la 8e division militaire, elle nomma,
en 1815 , pair de France. Le marquis de
Boisgelin soutint constamment dans la
chambre où il siégeait les intérêts de la
monarchie , et mourut le cinq mai 1827,
dans sa soixante-sixième année.
ROI 06
• ROISfiELL\ (l'abbé de ), agenl-géné-
raldu clergé avant l'abbé de Monresquiou,
avait mené une vie dissipée. Mais ayant
été enfermé à l'abbaye après les événe-
mens du 10 août 1792, il reconnut ses
erreurs, et les exhortations du père l'En-
fant augmentèrent encore son repentir.
[1 péril dans les massacres du 2 septembre
de la même année.
'BOrSGELIft ( Louis de), chevalier
de l'ordre do Saint-Jean de Jérusalem,
ancien commandant du régiment le Royal
Louis, seul corps levé au nom de S. M.
Louis XVII, naquit en I7,'>8. et mourut
le 10 septembre 1810. On lui doit entre
autres ouvrages : j te Voyage de deux fran-
çais au nord de l'Europe, en 5 vol. in-8°,
qu'il a fait concurremment avec le comte
de Fortia de Piles. On croit que ce dernier
a rédige seul ce voyage. Boisgelin n'avait
d'autre mérite que de l'avoir accompagné;
| un Voyage le long de l'Elbe; \ Malte an-
cienne cl moderne en 5 vol., ouvrage très
estimé ; | la continuation de l'histoire de
Portugal. Il a laissé un grand nombre de
manuscrits précieux. Son érudition était
immense.
* KOISGER \RD ( Mvrur-AwE-FRAX-
çois BARBUAT de ), né le 8 juillet 1707 ,
à Tonnerre, où son père , ancien officier
dans le régiment de Champagne, s'était
retiré avec le grade de général. Il sortit
des écoles militaires, en 1791, avec le
grade de capitaine du génie. En 1793, il
lit partie de la garnison qui défendait
Mayence , et la suivit dans la Vendée. Il
fut ensuite employé aux sièges de Char-
leroi, de Landrecies et du Quesnoi, où il
se distingua par son habileté. Il reçut une
blessure à ce dernier. Au siège de Valen-
ciennes le général Marescot lui confia le
commandement de l'attaque dirigée sur
la citadelle , et celui de l'attaque du fort
Saint-Pierre, au siège de Maastricht.
Boisgérard fit des dispositions pour pren-
dre ce fort, au moyen de globes de com-
pression places dans la caverne sur laquelle
il est situé. La première explosion ne
fut pas heureuse, et la prompte reddi-
tion de l'ennemi prévint la seconde, qui,
comme on le reconnut, aurait été du plus
grand effet. Ayant reçu ordre de rétablir
Kehl et la tète du pont d'IIuningue, il
donna l'idéede former des ponts-radeaux,
au moyen desquels on entretint constam-
ment des communicati ns entre tous les
ouvrages des îles du Rhin. Peu de temps
après, nommé général de brigade et coin-
mandant en chef du génie , il fut employé
:; roï
à l'armée l'Angleterre, et quitta bientôt
celte armée pour se. rendre en Italie, où
il joignit l'armée du général Champion-
net sous les murs de Capoue en 1799. Il
y reçut une blessure dont il mourut peu
de temps après , âgé de trente-deux ans,
au moment où la paix venait d'être con-
clue.
BGISGUILLEBERT. Voyez PESANT
(Le). ,
* BOISLEVE ( Pierre ) , chanoine de
Notre-Dame de Paris , né à Saumur , le
12 septembre 1745, et mort à Paris le 3
décembre 1830, reçut les ordres en 1769,
dans sa ville natale. Il fut long-temps vi-
caire de Saint-Michel du Tertre à Angers,
et devint ensuite chanoine de la collégiale
de Saint-Martin dans la même ville. Il
était docteur en droit, et les services qu'il
rendit dans des procédures souvent ren-
voyées de vant lui par le présidial d'Angers,
le firent nommer vice-promoteur du dio-
cèse dans les dernières années de son vi-
cariat , puis promoteur. Il refusa le ser-
ment à la constitution civile du clergé,
vint à Paris en 1791., et durant tout le
règne de la terreur , il demeura le plus
souvent à Passy , avec M. Maillé de la
Tour-Landry, évèque de Saint-Papoul ,
son ancien condisciple. Buislève fut
nommé chanoine honoraire à Paris, sous
le consulat. Napoléon désirant faire casser
son mariage avec Joséphine sans re-
courir au saint Père qu'il tenail captif, la
cause fut portée devant l'officialité de
Paris, rétablie à cet effet. Boislève, nom-
mé officiai prononça en celte qualité , le
9 janvier 1810, la sentence du divorce,
sentence qui ne fut point rendue publique.
On croit qu'il intervint encore comme
officiai , pour rompre le mariage de Jé-
rôme Bonaparte avec M':"c Paterson.
Boislève devenu chanoine titulaire , puis
vicaire-général, était en même temps su-
périeur des religieuses de l'IIôlel-Dieu
et des deux maisons des Daines delà con-
grégation.
* ROIS-MESLÉ ( Jeax-Baptiste TOR-
CHET de ), avocat au parlement de Paris,
a publié en 1749 ; Histoire du chevalier
du soleil , Paris , 2 vol. in-12. Il est plus
connu par son Histoire générale de la
marine , Amsterdam ( Paris ), 173/t-17o8.
Les deux premiers volumes sont de lui en
société avec le père Théodore dé Blois;
le troisième est de M. de Bichebourg.
BOiSMO.NT ( Nicolas THYREL de ),
abbé de Grestain , ancien prieur com-
mendataire de Lihons en Santerre, ancien
51.
BOI 5
vicaire-général du diocèse d'Amiens, cha-
noine honoraire de l'église métropoli-
taine de Rouen , prédicateur ordinaire du
roi , docteur en théologie de la maison de
Navarre, etc., est mort à Paris le 19 dé-
cembre 1786, âgé de 71 ans. On a de lui
un Panégyrique de saint Louis et des
oraisons funèbres de M. le dauphin , de
la reine , de Louis XV, de l'impératrice
Marie-Thérèse. Il a aussi laissé quelques
sermons. On ne peut refuser à l'abbé de
Boismont un ton qui décèle un homme
d'esprit; mais on sait aussi que ce n'est
pas là ce qui doit caractériser un orateur
chrétien , ou plutôt ce qui doit se faire re-
marquer , préférablement à une marche
grave et mâle, à une vigoureuse logique ,
à un langage d'onction et de cœur, qui
exprimant la conviction de l'orateur, la
fait passer dans l'âme des auditeurs. Il y
a cependant dans ses sermons d'excellens
passages et parfaitement assortis aux vé-
rités chrétiennes, tel que celui qui re-
garde l'efficace de la religion dans le sou-
lagement du prochain , et l'impuissance
de la philosophie profane , qu'on lit dans
son sermon sur les assemblées de cha-
rité; mais en général il avait plus d'apti-
tude pour l'éloquence académique que
pour celle de la ebaire. On s'en était aperçu
dès son discours de réception à l'acadé-
mie , dans lequel il vengea si bien l'ima-
gination , celte brillante qualité de l'être
spirituel , contre ces froids détracteurs
qui voudraient tout réduire à des syllo-
gismes et à d'eunuyans calculs. « C'est
» l'imagination, disait-il, qui rend redou-
» table tout ce qu'il faut craindre , sen-
» sible tout ce qu'on doit aimer , pathé-
» tique tout ce qu'il faut sentir. Elle seule
» met en action les maximes et les pré-
» ceptes , donne aux objets le ton des cir-
> constances, les peint des couleurs pro-
» près à l'effet qu'ils doivent produire,
» les décompose, les divise, les réunit,
» et , par le mélange heureux des impres-
» sions douces ou terribles , forme cepré-
» cieux intérêt qui pénètre et qui saisit,
j> passe à travers les sens , qu'elle en-
» traîne , etc. » On reproche à l'abbé de
Boismont d'avoir trop flatté l'orgueil des
philosophes de son temps et d'en avoir
adopté le jargon ; ce qui fut un double
malheur pour lui. En cédant au goût de
son siècle , cet écrivain se priva de gran-
des ressources : la religion quand il la prit
pour guide, lui inspira des morceaux bril-
lans et des pages éloquentes. C'est le ca-
ractère de celle iillc du Ciel de donner
66 BOI
plus d'élévation à la pensée , comme plus
d'autorité aux préceptes; elle agrandit
l'esprit, comme elle dilate le cœur. On a
recuelli les Oraisons funèbres et Sermons
de l'abbé de Boismont en un vol. in-8°,
1805 , précédés d'une Notice historique
et littéraire par M. Auger. « C'était, dit-il,
» un écrivain de beaucoup d'esprit ; mais
» il n'était pas d'un goût très sûr. On lui
»a reproché, non sans fondement, de
» mettre plus de jeu dans les mots , que
» de mouvement dans les tours; d'avoir
» quelquefois plus de recherche que de
«justesse dans les idées, plus d'apprêt
» que de véritable élégance dans le style;
» eniin , de s'être fait une diction antilhé-
» tique et maniérée , qui éblouissait l'es-
» prit sans échauffer le cœur. »
♦BOISMOIlAIVb (Claude-Joseph CHE-
RON de), prêtre, né à Quimper vers 1080
d'un avocat , fut long-temps de la société
des jésuites qu'il abandonna, plus tard ,
etprofessa la rhétorique à-Rennes. Il avait
beaucoup d'esprit, et une imagination fé-
conde. On a de lui plusieurs Mémoires
pour des affaires épineuses et célèbres. Il
y en a trois ou quatre que l'on compare à
ce queDémoslhène a fait de plus cloquent.
La traduction du Paradis perdu de Milton,
allribuée à Dupré de Saint- Maur, est,
dit-on, de lui. Il composa quelques Ro-
mans, dont la publication lui causa ensuite
de vifs remords ; il embrassa les austérités
de la pénitence et mourut sous le cilice
en 17/tO.
* BOISOÏ ( Jeax-Baptiste ) , né à Be-
sançon, en juillet 1638 , lit paraître dès
son enfance beaucoup d'amour et de dis-
position pour les sciences. Il avait achevé
sa philosophie à l'âge de treize ans , et son
cours de droit à dix-sept ans ; il alla passer
ensuite quelque temps à Paris, où il se
lia avec Pélisson et d'autres beaux esprits
de ce temps-là. De Paris, il se rendit à
Rome, où son mérite lui valut la protec-
tion de plusieurs personnages distingués,
entre autres du cardinal Azzoltni et de la
reine Christine de Suède. A la recomman-
dation de celle princesse, il obtint du
pape quelques bénéfices en Franche-
Comté, où il revint après avoir parcouru
l'Allemagne et les Pays-Bas, comme il avait
parcouru l'Italie, c'est-à-dire, en savant
observateur. Député par le clergé aux
états de sa province, il fut chargé d'une
négocialion très délicate près du gou-
verneur de Milan, et s'en acquitla avec
toute l'habileté d'un homme vieilli dans
les affaires. Ne voulant prendre aucune
BOI
567
BOI
part aux troubles qui agitaient la Franche-
Cotntè, il se retira en Espagne (d'autres
disent à Chambéri et à Turin ) , et il y
demeura jusqu'en 1G78, où celte province
fut cédée à la France par le traité de Ni-
mègue. II n'ignorait cependant pas que sa
famille était en crédit auprès de Louis
XIV; mais sa délicatesse ne lui permet-
tait pas d'accepter les offres d'un ennemi
de son souverain. De retour en Franche-
Comté, il fut nommé à l'abbaye de Saint-
Vincent de Besançon , et dès ce moment,
il se livra entièrement à son goût pour
les lettres. Il avait acquis dans ses voyages
un grand nombre de tableaux, de mé-
dailles, de bronzes et d'autres raretés; il
les céda aux nligieux de son abbaye,
avec la bibliothèque du cardinal de Gran-
velle, qu'il avait achetée du comte de
Saint-Amour, et y joignit un fonds de deux
mille écus pour son entretien , à condi-
tion qu'elle serait ouverte au public deux
fois la semaine. Celte bibliothèque, qu'il
avait beaucoup augmentée, était considé-
rable, et riche surtout en manuscrits pré-
cieux,, parmi lesquels on distinguait la
fameuse collection en 80 vol. in-fol. con-
nue sous le nom de Mémoires du cardi-
nal de Granvelle ( Voyez GRANVELLE).
L'abbé Boisot l'avait formée lui-même,
après avoir sauvé les papiers du cardinal
des mains d'un épicier à qui ils venaient
d'être vendus. Il passa dix ans à les dé-
chiffrer et à les mettre en ordre. .11 avait
le projet d'écrire l'histoire du cardinal de
Granvelle d'après ces mémoires, dont on
ne pouvait contester l'authenticité. L'abbé
Boisot avait appris l'hébreu et le grec ,
pour étudier l'histoire ecclésiastique dans
ses sources. Il parlait presque toutes les
langues de l'Europe , entre autres l'italien
et l'espagnol, et il était en correspondance
avec les savans les plus distingués de
Fiance, d'Italie et d'Allemagne. On ne
doit donc pas être surpris qu'il n'ait pas
eu le loisir de composer des ouvrages
étendus. Le Journal des Savans contient
quelques pièces de l'abbé Boisot assez
curieuses , et qui ont été traduites enlalin
et réimprimées dans \esActa eruditorum.
La charité de l'abbé Boisot surpassait en-
core son savoir. En 1694, la disette avait
été générale ; il fit faire aux pauvres des
distributions avec si peu de ménagement,
qu'il se vit contraint ensuite d'emprunter
une somme modique pour ses besoins
particuliers. Il mourut le 4 décembre de
la même année , âgé de cinquante-six ans.
Les magistrats de Besançon lui firent
faire des obsèques magnifiques, auxquelles
ils assistèrent en corps. L'abbé Bosquillon
et Moreauont fait son éloge.
BOISROBEKT ( Fiia\çcis Le METEL
de), de l'académie française, abbé de
Cliàtillon-sur-Seine , naquit à Caen l'an
1592, et mourut en 1062. Sa conversation
était enjouée. Chois, premier médecin du
cardinal de Richelieu, avait coutume de
dire à ce ministre : « Monseigneur, toutes
» nos drogues sont inutiles , si vous n'y
» mêlez une dragme de Boisrobert. » Le
cardinal ne pouvait se passer de ses plai-
santeries : c'était son bel esprit et son
bouffon. Boisrobert ayant élé disgracié,
eut recours à Cilois, qui mit au bas du
mémoire, comme par ordonnance de mé-
decine : Recipe Boisrobert : celle turlu-
pinade le fil rappeler. Dans sa dernière
maladie, comme on le pressait de faire
venir un confesseur ; « Oui , je le veux
» bien, dit-il : qu'on m'en aille quérir un ;
» mais surtout qu'on ne m'en amène point
» de janséniste. » On a de Boisrobert :
| diverses poésies; la lre partie, 1647, in-
4°, et la 2e 1659 , in-8° ; | des lettres dans
le Recueil de Faret, in-8°; | des tragédies,
des comédies , qui portent le nom de son
frère Antoine Le Métel , sieur d'Ouville;
| Histoire indienne d' Anaxandre et
d'Oracie, 1629, in-8° ; | Nouvelles hé-
roïques, 1627, in-8°. Ses pièces de théâtre,
applaudies par le cardinal de Richelieu et
par quelques-uns de ses flatteurs , sont
ensevelies dans une poudreuse obscurité.
On lui attribue en outre une paraphrase
en vers des Psaumes de la pénitence.
BOISSARD (Jeax-Jacquils), antiquaire
et poète latin , né à Besançon en 1528 ,
mourut à Metz en 1602. Il parcourut l'I-
talie, la Grèce, l'Allemagne, pour re-
cueillir les anciens monumens épars dans
ces différens pays. Ses principaux ou-
vrages sont | Theatrum vitee humanœ >
1572-1598, 4 parties in-4° : il a rassemblé
sous ce titre singulier les vies de 198 per-
sonnes illustres, ou qu'il croyait telles,
avec leurs portraits en laille-douce ; | De
divinatione et magicis prœsligiis, in-fol.,
Oppenheim, ouvrage posthume; | Emble-
mata , Francfort, 1593, in-4°, avec des
figures par Théodore de Bry; | Topogra-
phia tirbis Romœ J les 5 premières parties
en 1597, la 4e en 1598, la 5** en 1600, et la
6e en 1602, in-fol., enrichie d'estampes
gravées par Théodore de Bry et par ses
deux fils : il y a dans tous ces écrits des
choses rares et curieuses; | des poésies
latines , in-8°, et d'aulrcs ouvrages.
IîOl
5G3
IÎOT
BOISSAT ( Tikure (le ) , savant juris-
consulte et helléniste de Vienne en Dau-
phiné, appelé dans son pays lioissàt-V Es-
prit, prit successivement le collet ell'épée,
et quitla l'un et l'autre. Des coups de bâ-
ton, qu'il reçut pour avoir tenu des pro-
pos libres à la comtesse de Sault, lui
causèrent des chagrins vifs, quoiqu'il en
eût obtenu réparation. Boissat chercha
des ressources contre les disgrâces hu-
maines dans le sein de la religion, et il en
trouva dans l'exercice d'une piété solide,
dont on l'accusa néanmoins d'avoir quel-
quefois poussé à l'excès les signes exté-
rieurs : il négligea ses cheveux, laissa
croître sa barbe, s'habilla grossièrement ,
catéchisa dans les carrefours et fit des pè-
lerinages. S'étant présenté dans cet accou-
trement à la reine Christine de Suède ,
lorsqu'elle passa à Vienne en 1656 , et lui
ayant fait un sermon sur le jugement de
Dieu , Christine dit : « Ce n'est point là ce
» Boissat que je connais ; c'est un prêcheur
» qui emprunte son nom ; » et elle ne vou-
lut plus le voir. Quelques auteurs ont
voulu de là suspecter la sincérité de la
conversion de Christine; mais il parait
qu'on peut être bon catholique sans se
plaire aux singularités et au bizarre cos-
tume d'un harangueur inattendu. Boissat
mourut en 1662, âgé de 68 ans. Il était de
l'académie française. On aile lui l'His-
toire nègrepontique J ou les Amours d'A-
lexandre Castriot , 1631, in-8", roman
traduit de l'italien , que quelques littéra-
teurs estiment pour les aventures, les
situations et les sentimens , mais qu'on ne
lit plus avec plaisir à raison du style su-
ranné. On a encore de lui des pièces en
prose et en vers , imprimées sur des
feuilles volantes , dont on a réuni quel-
ques exemplaires en 1 vol. in-fol. Leur
rareté fait leur seul mérite. L'abbé d'Ar-
tigni vante beaucoup ses productions.
L'auteur en avait fait tirer 1,200 exem-
plaires, qu'il ne voulut point faire paraî-
tre. Il les légua par son testament à l'Hô-
tel-Dieu de Vienne. Mllc de Boissat sa fille
les fil mutiler. En 1720 on en vendit 150
exemplaires, et le reste fut livré aux épi-
ciers, pour lesquels Boissat avait quelque-
fois travaillé. Il a donné Yllisloire de
Malle faite par son père , dont la meil-
leure édition est de 1639, in-fol. Quelques
défauts qu'elle ait, bien des gens la pré-
fèrent à celle de l'abbé Vertot, et plus en-
core à la philosophique production quia
paru en 1789 sous le litre de Fastes de
l ordre de Malle.
* BO ISS ET (Joseph ), né à Montéli-
mart, dans le département de la Drôme ,
fut député par ce département à la Con-
vention, et vota la mort de Louis XVI. Il
fit à la société des Jacobins de Paris la
proposition de chasser des sections à coups
de bâton les muscadins et les riches. En
1793, il pressa de la manière la plus vivo
la mise en jugement des Girondins et de
la reine Marie-Antoinette. Cependant,
avant été envoyé en mission à Nîmes eu
i 79 A. , il destitua Courbis , maire de cette
ville, qu'on surnommait le Marat du
midi; il se justifia ensuite aux yeux des
comités . en attribuant cette destitution à
deux agens du pouvoir exécutif. Après la
révolution du 9 thermidor, il se rendit en
mission dans le département de l'Ain, où
tout en rendant la liberté à quelques no-
bles, il donnait la chasse (ce sont ses
termes) aux piètres réfractaires. Au mois
de pluviôse an 3, Boisset, envoyé à Lyon,
encouragea les excès auxquels la réaction
donna lieu. Il entra au conseil des anciens,
où il fut nommé secrétaire en l'an 6 , et se
prononça contre le parti clichien. Les
événemens du 18 brumaire le rendirent
à la vie privée , et il se r tira à Wontéli-
ruari où il est mort oublié. Son frère dit
Ségur , servait dans le génie et défendit
le fort de Lamalgue à Toulon contre Bo-
naparte. Il mourut à Lyon, en 181&.
* ItOISSIEIl (Henki ), de Genève,
laissa une somme de 11,800 fr. pour être
répartie entre diverses classes de pau-
vres, par les bureaux de bienfaisance du
canton* 2,300 fr. au canton de Vaud ,
pour les écoles d'instruction primaire et
pour les incurables; 12,000 fr. à la con-
fédération suisse pour les travaux d'utilité
publique: 5,000 fr. pour le quai du Rhône,
et 245,000 fr. à un comité d'utilité can-
tonnale fondé par des dispositions jointes
à son testament. Il mourut à Genève en
1827.
BOISSÏERE (Joseph de la FONTAINE
de la) prêtre de l'Oratoire , né à Dieppe,
et mort à Paris en 1752. est connu par des
Sermons, où l'on trouve une éloquence
agréable, et quelquefois trop fleurie. Ils
parurent à Paris, en 1730 et 1731, en 6
vol. in-12.
* BOISSÏERE (Smiox-ÏIervieu de la),
ecclésiasiique , né en 1707 à Bernay, et
mort à Paris en 1777, à l'âge de 70 ans , a
laissé différens ouvrages dont les princi-
paux sont : | Préservatifs contre les faux
principes de Mongcron , 1750; | Traité
des vrais miracles, 2 volume-, 1763;
BOI 369
| fsaîtê de l'esprit prophétique , 17G7 ;
j Défense du Traité des miracles , 1 vol.
in-12, 1709 ; | Contradictions du livre in-
titulé : De la philosophie de la nature par
Delisle de Salles, 1776, in-12; | De la
vérité et des devoirs qu'elle nous impose,
1777. Un ouvrage de la Boissière qui ne
parut qu'après sa mort, en 1780, et qui a
pour titre : Double hommage que la vé-
rité exige par rapport aux contestations
présentes, semble témoigner qu'il appar-
tenait au parti appelant.
BOISSILU (Denis de SALVAING de),
premier président de la chambre des
comptes de Dauphiné, orateur de Louis
XIII, dans l'ambassade du maréchal de
Créqui à Rome en 1G35 , naquit en 1G00
àVienne en Dauphiné et mourut en 1G83.
On a de lui un Traité de l'usage des fiefs,
et autres droits seigneuriaux dans le Dau-
phiné, Grenoble, 1731 , in-fol. ; divers ou-
vrages en vers et en prose , recueillis à
Lyon, 1GG2, in-8°, sous le titre de Miscel-
tanea. Sa vie a été écrite en latin par Cho-
rier, Grenoble, 1684, in-12.
* BOISSILU (le Père Antoine), jé-
suite. Nous voyons dans la préface de ses
Méditations qu'il avait l'emploi de Père
spirituel dans le grand collège de Lyon,
et qu'il excellait dans la direction des
âmes. Il paraît aussi qu'il avait parfaite-
ment saisi l'esprit de saint Ignace pour les
retraites , et qu'il y obtenait de grands
succès; cependant les Dictionnaires his-
toriques même les plus répandus ne font
aucune mention de lui, quoiqu'on lui
doive des Méditations sur les Evangiles,
très répandues et qui mériteraient de
l'être encore davantage; elles ont eu un
très grand nombre d'éditions. La plus
ancienne que nous connaissions est de
Lyon. 1084, h vol. in-12. La dernière a été
publiée à Lyon chez Rusand, sous ce titre :
le saint Evangile de Jésus-Christ expli-
qué en. méditations pour chaque jour de
l'année , selon l'ordre de l'Eglise, aug-
menté des méditations pour les fêles de
Notre-Dame et pour la fête et neuvaine
de saint François-Xavier , nouvelle édi-
tion, revue , corrigée et mise en meilleur
ordre que les précédentes , par un Père
de la même compagnie , 1821, 4 volumes
in-12. Les nouveaux éditeurs disent que
les termes anciens et hors d'usage , les
phrases trop longues et peu intelligibles,
et les fautes sans nombre qui s'étaient
glissées dans tant d'éditions différentes
ont été corrigées. Ces méditations sont
écrites d'un style simple, mais sublime
ROI
pour les sentimens. On doit encore au
P. Boissieu Le Chrétien prédestiné par la
dévotion à Marie, mère de Dieu, Lyon,
1686, in-8°.
* BOISSIEU (Bartiiéi.e.ui-Camille de).
né à Lyon en 1734, mort dans la même
ville en 1770. Il fut envoyé à Màcon et
dans le Forez , pour y arrêter les ravages
d'une épidémie meurtrière , et il réussit.
On a de lui : | Dissertation sur les anli~
septiques, 1769, in-8°, qui obtint le prix
de l'académie de Dijon. | Mémoire sur la
méthode rafraîchissante et la méthode
échauffante en médecine , couronné par
la même académie. On remarque dans ces
deux discours une grande pénétration
réunie à un esprit juste, et à l'art de ren-
dre avec précision et clarté les préceptes
dont on a senti l'importance.
* BOISSIEU (Jeas- Jacques de), frère
du précédent, montra de bonne heure de
si grandes dispositions et un goût si vif
pour le dessin, que sa famille, qui le des-
tinait à la magistrature , fut obligée de
céder à ses désirs en le plaçant sous la
direction de Frontier, peintre d'histoire
en réputation II lit de rapides progrès, et
alla perfectionner ses talens à Paris , où
il se lia avec plusieurs artistes célèbres.
Il passa ensuite en Italie avec le duc de
la Rochefoucauld, qui l'avait connu et
apprécié, et il y enrichit ses portefeuilles
de tous les chefs-d'œuvre qui s'y rencon-
trent à chaque pas. De retour dans sa pa-
trie, il peignit plusieurs tableaux; mais
l'usage de l'huile et des couleurs devenant
nuisible à sa santé délicate, il renonça à
la peinture pour se livrer entièrement à
la gravure à Peau-forte , à laquelle il joi-
gnit par la suite un mélange de pointe
sèche et de roulette qui lui réussit très
bien. Plusieurs de ses estampes dans le
genre de Rembrandt sont d'un effet très-
piquanl.On estime surtout celle du Char-
latan , d'après le tableau de Carie Dujar-
din. Ses dessins sont d'une composition
très riche, très pittoresque, et d'une
louche large et savante. Plusieurs souve-
rains et les amateurs les plus distingués
recherchèrent ses productions. Il mourut
à Lyon le 1er mai 1810, regretté de ses
amis et de tous ceux qu'il avait obligés.
M. Dugas a publié le catalogue de ses œu-
vres contenant 107 pièces, à la suite de
son éloge historique.
BOISSY (Louis de), naquit à Vie en
Auvergne l'an 1694. Après avoir porté
quelque temps le petit collet, il s'adonna
au théâtre français et italien. L'académie
ROÏ
570
BOI
française se l'associa en 1751; il succéda
à Destouches, et k ans après , il eut le pri-
%ilége du Mercure de France. Il mourut
eu 1758. Son théâtre est ert 9 vol. in-S°,
Paris. Les plans de ses pièces sont agréa-
bles ut variés ; le style en est aisé et cor-
rect , niais elles manquent de cette force
comique et de celte vivacité dans le dia-
logue, qui caractérisent Molière. On a
encore de lui trois petits romans satiri-
ques et obscènes, qui ne méritent pas d'être
tirés de l'oubli. Le Mercure de France fut
assez recherché , dans le temps qu'il en
eut la direction. Il le mit dans un ordre
nouveau ; et quoique porté naturellement
à la satire, il loua tout sans distinction ,
comme le font aujourd'hui presque tous
les journalistes, à moins que l'esprit de
parti on quelque haine particulière ne
leur fasse tenir un langage différent. Par-
là ils assurent leur repos , et sont bien
certains que l'ainour-propre des auteurs
ne les sommera point de justifier leurs
jugeinens.
'BOISSY (Jeax-Byptiste Thiaudikre
de j, membre de l'académie des inscrip-
tions et belles-lettres, naquit à Paris , le
20 octobre 1006. Il venait de commencer
ses études chez les jésuites, lorsqu'un de
ses oncles, prieur dune abbaye de ber-
nardins en Artois, remmena dans son ab-
baye. Abandonné à lui-même, au lieu de
passer ses loisirs, comme les jeunes gens
de son âge, dans les plaisirs et la dissi-
pation, il s'enferma dans la bibliothèque
du couvent, et, sans autre guide que son
désir d'apprendre, se livra sans réserve
à l'étude de la théologie et des lettres
sacrées. De retour à Paris, au bout de
quelques années, il reprit le cours de ses
études scholastiques avec une distinction
marquée. Lorsqu'il les eut terminées , il
fut chargé de l'éducation de deux princes
de la maison de Soubise-Rohan, et il s'ac-
quitta de ce pénible devoir avec un soin
qui fut couronné du succès. Admis à l'a-
cadémie des inscriptions, en 1710, ses
occupations habituelles ne lui permirent
pas d'en fréquenter assidûment les as-
semblées ; il y lut cependant quelques
mémoires , deux entre autres, l'un sur les
expiations en usage chez les anciens, où
le sujet n'est pas approfondi, et le second,
sur les sacrifices de victimes humaines
dans l'antiquité. Ces dissertations sont
citées avec éloge dans l' Histoire de l'A-
cadémie, tom. 1er. L'abbé Boissy empêcha
la dispersion de la fameuse bibliothèque
de deThou, en déterminant le cardinal de
Rohan. son protecteur, à en faire l'acquisi-
tion, et il la disposa ensuit e d'une manière
convenable. Pendant ses dernières an-
nées , il fut très souffrant des infirmités,
suite de sa vie sédentaire et laborieuse.
Il mourut le 27 juin 1720, dans sa 0 jc an-
née.
*BOISSY (Louis-Michel), fds de Louis
de Boissy, de l'académie des inscriptions,
a fait plusieurs ouvrages estimés. On a de
lui | Histoire delà vie de Simonide,el du
siècle où il a vécu, 1755, in-12, réimpri-
mée en 1788; | Disse rlalions historiques
et critiques sur la vie du grand- prêtre
Jaron,ilij\, in-12; | Dissertations criti-
ques pour servir d'éclaircissement à l'his-
toire des Juifs , avant et depuis J. C. , et
de supplément à l'histoire de Bas nage ,
1784 , 2 vol. in-12. Ces dissertations , au
nombre de douze , devaient faire partie
d'un ouvrage considérable; mais l'auteur,
découragé par son peu de succès, ne le ht
point paraître. Boissy est mort vers 1788;
il s'était jelé par la fenêtre.
* BOISSY -D'AIVG LAS (Fra\ço:s-Ax-
TOINE , comte de), pair de France, né à
Saint- Jean-Chambre, près d'Annonay
( Ardèche), le 8 novembre 175G, dans la
religion protestante, se lit recevoir avocat
au parlement de Paris long-temps avant
la révolution, et acheta en môme temps
une charge de maître d'hôtel dans la mai-
son de Monsieur, depuis Louis XVIII,
charge dont il se démit vers la fin de la
session de l'Assemblée constituante. 11
s'occupait exclusivement de littérature,
et il était membre des académies de Lyon,
de Nîmes , de la Rochelle, et correspon-
dant de celle des inscriptions et belles-
lettres de Taris, lorsqu'il fui député par
le tiers-état de la sénéchaussée d'Anno-
nay aux états-généraux de 1789.11 soutint
dès les premières séances, que le tiers-état
seul constituait la véritable Assemblée na-
tionale; cependant il ne joua dans cette
première assemblée qu'un rôle secon-
daire , et se contenta de publier quelques
brochures politiques. En 1790, il demanda
que des mesures fussent prises contre le
rassemblement du camp de Jàlès. Après
la session, il fut nommé procureur-syn-
dic du déparlement de l'Ardéche, et U
s'efforça d'y maintenir la tranquillité. On
cile même un trait de courage qui lui fait
honneur. Des soldats suivis d'une multi-
tude de furieux ayant voulu forcer la
prison d'Annonay pour égorger des prê-
tres catholiques qui s'y trouvaient ren-
fermés, il se plaça sur le seuil de la porte
JiOI 57
avec quelques amis qu'il avait réunis , et
il en défendit l'entrée pendant plusieurs
heures au péril de sa vie. La nuit suivante,
il renditla liberté aux ecclésiastiques dont
il avait sauvé les jours. Elu député à la
Convention nationale, en septembre 1792,
il vota dans le procès du roi , d'abord
pour la détention jusqu'à ce que la dé-
portation fût jugée convenable , puis pour
l'appel au peuple , et enfin , lorsque la
peine de mort eut été prononcée, le sursis
à l'exécution. Boissy-d'Anglas ne parut
point à la tribune pendant la lutte des
Montagnards et des Girondins, mais il vota
constamment avec ces derniers. Après la
fatale journée du 51 mai 1795, il écrivit à
6on département une lettre où il peignait
dans son vrai jour l'oppression de la repré-
sentation nationale, et où il engageait ses
concitoyens à la résistance. Les ennemis
de Boissy d'Anglas envoyèrent à plusieurs
reprises , dans l'intention de le perdre ,
cette lettre imprimée au comité de sûreté
générale ; mais elle fut toujours écartée
par son collègue Youlland , son ami, quoi-
qu'il professât des opinions différentes ,
et qui faisait partie de ce comité. Après la
journée du 9 thermidor ( 27 juillet 179/t ),
où tomba le trop fameux Robespierre ,
Boissy d'Anglas fut nommé secrétaire de
la Convention ; le mois suivant , il devint
membre du comité de salut public , et fut
chargé principalement de la partie des
subsistances et de l'approvisionnement
de Paris, commission d'autant plus péril-
leuse que le discrédit des assignats y ap-
portait les plus grands obstacles. Il se vit
donc l'objet de la haine populaire , et on
le désigna dans plusieurs pamphlets sous
le nom de Boissy-Fainine. Diverses in-
surrections éclatèrent , et plusieurs fois
ses rapports sur les subsistances furent
interrompus par les cris du peuple : « Du
» pain ! du pain et la constitution de 1793 !»
Le lrr prairial ( 20 mai 1795 ), il eut à bra-
ver de plus grands dangers. Le parti de
la Montagne voulut ce jour-là tenter un
dernier effort. Les faubourgs s'insurgent,
les sections se mettent en mouvement et
la salle des délibérations est envahie
Boissy occupait le fauteuil, en l'absence
de Vernier et d'André Dumond ; on l'in-
terpelle, on l'outrage, on le couche en
joue ; Ferraud s'élance ù la tribune pour
le défendre ; mais il est atteint d'un coup
de pistolet et traîné dans un couloir , où
on le décapite. Cependant Boissy, conser-
vant toute sa fermeté , refusait de mettre
en délibération L'S propositions de la înul-
l «01
titude, qui imagina alors un moyen atroce
de mettre en défaut sou impassibilité. On
plaça la tète de Ferraud au bout d'une
pique, on l'apporta au milieu des ténèbres
qui voilaient cette scène affreuse, et on
la présenta toute sanglante à Boissy-
d'Anglas , qui s'inclina avec respect de-
vant ces resles inanimés. Vainement a
voulut différentes fois prendre la parole:
sa voix fut toujours étouffée. Cependant,
vers neuf heures du soir, plusieurs sec-
tions de gardes nationales, sous la con-
duite de quelques députés , parvinrent à
faire évacuer la salle, et la délibération sur
les subsistances qu'on avait commencée
put alors continuer. Le lendemain lorsque
Boissy-d'Anglas parut à la tribune , la
Convention et les spectateurs le couvri-
rent d'unanimes applaudissemens, et Lou-
vet fut chargé de lui offrir l'expression
de la reconnaissance publique. Sa con-
duite ne mérita pas toujours les mêmes
éloges. Chargé de faire de nombreux rap-
ports dans le comité de salut public, il
présenta, dans celui qu'il écrivit sur la
liberté des cultes, toutes les religions
comme autant d'impostures, et faisait des
vœux pour que la religion de Sorrate, de
Marc-Amèle et de Cicéron devint la re-
ligion universelle. On assure que ce rap -
port renfermait des passages pleins d'a-
théisme et de matérialisme qu'on lit sup-
primer à l'auteur. Il s'éleva contre les
partisans de la monarchie , en déclarant
que le système républicain était le seul
qui convint à la France ; mais en même
temps il retraça les malheurs de la patrie
sous la tyrannie de Robespierre, et il pro-
posa d'annuler les jugemens rendus par
les tribunaux révolutionnaires , et de res-
tituer les biens des condamnés. A cette
époque , son nom s'étant trouvé mêlé dans
la correspondance interceptée de Le-
mailre , agent de la maison de Bourbe n ,
cette circonstance diminua son crédit au-
près des conventionnels. Il passa au con-
seil des Cinq-cents qui le choisit pour un
de ses secrétaires, et le 19 juillet 1796 , pour
son président. Il se déclara contre l'am-
nistie des délits révolutionnaires, quoiqu'il
eût appuyé la demande que les épouses
de Collot-d'Herbois et de Billaud-Varennes
avaient adressée à l'assemblée pour obtenir
la mise en liberté de leurs maris. Il com-
battit la loi du 5 brumaire qui excluait des
fonctions publiques les parens des émi-
grés, défendit les émigrés rentrés , de-
manda l'abolition de la loterie, et parla
en faveur des prêtres déportes et de la
BOÏ
572
BOI
liberté des cultes. Ayant vivement atta-
qué les actes du Directoire dans un grand
nombre de discours, de rapports et de
motions , il fut compris , quoiqu'il eût été
réélu au conseil des Cinq-cents, dans la
loi de déportation du 18 fructidor, an 5
(4 septembre 1797) , aux effets de laquelle
il parvint à se soustraire en demeurant
caché. Bonaparte devenu premier consul
le nomma tribun , puis président du tri-
lmnat en décembre 1802. L'année suivante
il fit partie du nouveau consistoire de
l'église réformée de Paris , et fut créé sé-
nateur et commandant de la légion-d'hon-
neur en 1805. A l'époque de la première
invasion, en février 1814 , Boissy-d'Anglas
fut chargé d'une mission extraordinaire
dans la 12e division militaire dont la Ro-
chelle est le chef-lieu , et il s'y fit remar-
quer par une conduite pleine de modéra-
tion et de prudence. Dès les premiers
jours d'avril, il envoya son acte d'ad-
hésion au rétablissement du gouverne-
ment des Bourbons, et fut appelé le 4 juin
1814 , par Louis XVIII , à siéger parmi les
pairs. Napoléon, à son retour de l'île
d'Elbe, le chargea de réorganiser, au nom
du gouvernement impérial, les adminis-
trations des départemens du midi, et le
comprit dans la promotion des pairs de
France. Après le désastre de Waterloo , il
combattit la proposition du colonel Labé-
doyère et de Lucien Bonaparte , qui de-
mandaient qu'on proclamât Napoléon II ,
et conclut à la formation d'un gouverne-
ment provisoire. Après la seconde res-
tauration , il fut éliminé de la chambre
des pairs, comme ayant siégé sous Bona-
parte, puis rétabli sur la liste du 17 août,
et compris dans celle des membres de
l'académie des inscriptions et belles-let-
tres formée le 21 mars 1816. Le comte
Boissy-d'Anglas vota avec l'opposition à
la chambre haute. Il est mort le 21 octo-
bre 1826 , âgé de près de 70 ans. Outre son
Discours sur l'état politique de l'Europe,
prononcé à la Convention et traduit en
plusieurs langues , on a de lui : | A mes
concitoyens, 1790, in-8°; | Boissy-d'Anglas
à Raynal , 1792 , in-8" ; | Deux mots sur
une question jugée , ou Lettres à M. de
la Galissonni'ere , 1791 , in-8°; | Discours
sur la liberté individuelle et la liberté de
la presse , 1820 , in-h° ; | Essai sur la vie,
les écri s et les opinions de M. de Ma-
lesherbes , suivi de notes , de lettres et de
pièces inédites, 1818, 2 vol. i;i-S(> ; 5° partie
et supplément, 1X21, in-8°;| Essai sur les
fêles nationales , suivi de quelques idées
sur les arts, 1795, in-8° ; | Mémoire sur les
limites futures de la république fran-
çaise, présenté au comité de salut public,
1795, in-8"; | Observations sur l'ouvrage de
M. de Colonne , intitulé : De l'état de la
France présent et à venir, 1791, in 8°;
| Quelques idées sur la liberté , la révolu-
lion et le gouvernement républicain ,1791,
in-8° ; J Recueil de discours sur la liberté
de la presse , prononcés dans diverses
assemblées législatives, et à diverses épo-
ques, 1817, in-8°; | Réclamation contre
l'existence des maiso?is de jeu de ha-
sard , adressée à la chambre des pairs ,
1822, in-8°; | Un fragment d'un poème
sur la Bienfaisance , 1825 , in-8°-
* BOISÏE (Pierre-Claude-Victoire),
ancien avocat , né à Paris en 1765 , mort
à Ivry-sur-Seine au mois d'avril 1824.
On a de lui : | Dictionnaire universel de
la langue franc aise , avec le latin et les
étymologies ; extrait comparatif , concor-
dance , critique et supplément de tous les
dictionnaires , manuel encyclopédique et
de grammaire , d'orthographe, de vieux
langage, de néologie , etc., 1800, in-8°
oblong; 6e édition, revue, corrigée et
considérablement augmentée, Paris, 1823,
2 vol. in-8° , où 1 vol. in-4°. Boiste eut
pour collaborateur de la première édition
F. J. Bastien , son beau-père ; | l'Univers
délivré , narration épique , en 25 livres ,
5e édition, 1805, 2 volumes in-8°. L'U-
nivers de Boiste, dit un critique, res-
semble beaucoup au chaos. Cet écrivain
n'avait ni les connaissances positives né-
cessaires pour parler convenablement
d'un tel sujet , ni surtout l'étendue d'es-
prit et la haute portée d'intelligence in-
dispensable pour embrasser un horizon
si vaste. Son style d'ailleurs est commun ,
et même quelquefois trivial. } Diction-
naire de géographie universelle , 1806,
in-8c , avec un atlas , in-4° ; | Nouveaux
principes de grammaire , suivis de no-
tions grammaticales élémentaires, de so-
lutions de questions et difficultés gram-
maticales , etc. Paris , 1820 , in-8° ; | Dic-
tionnaire des belles-lettres , contenant les
élémens de la littérature théorique et pra-
tique , Paris, 1811-24, 5 vol. in-8°. L'ou-
vrage n'est pas achevé; il devait former
9 ou 10 volumes. Son Dictionnaire de la
langue française est le lexique le plus
complet que nous ayons. Boiste a eu soin
de placer à côté de chaque mot le nom
de l'écrivain qui l'a créé ou qui lui a don-
né une nouvelle acception. Cette circon-
stance a donné lieu à une singulière anec-
BOI 575
dote : dans l'édition de 1803 , à côté du de
mot Spoliateur se trouvait le nom de
Bonaparte, qui l'avait employé en parlant
d'une loi- La police de l'époque y vit une
épigrainme , et obligea l'auteur de faire
un carton , et de substituer le nom de
Frédéric le Grand à celui de Bonaparte.
Bans la dernière édition le nom de Bona-
parte a été rétabli.
BOISTEAU ou EOISTUAU. Voyez
BOAISTUAU.
* BOITEL ( Pierre ) , sieur de Gauber-
tin , vivait au commencement du 17e siè-
cle ; il a laissé un grand nombre d'ou-
vrages, parmi lesquels on remarque:
\Lcs tragiques accidens des hommes
illustres, depuis le premier siècle jusqu'à
présent, 16 16 , in-12. Son premier per-
sonnage est Abel , et le duc de Guise est
le dernier; | Le Théâtre du malheur,
1621 , in-12 ; ouvrage rare et dans le même
genre que le précédent ; | Le Tableau des
merveilles du monde, Paris , 1617 , in-8°;
| Histoire des choses les plus mémora-
bles qui se sont passées en France depuis
la mort de Henri le Grand jusqu'à l'as-
semblée des notables, en 1617 et 1618. Cet
ouvrage ne va cependant que jusqu'au
29 décembre 1617 ; il a été continué jus-
qu'en 1642 , et imprimé à Rouen , 1647 ,
3 vol. in-8°. On attribue à Boitel La cin-
quième et la sixième partie de l'Astrée ,
Paris , 1620 , 2 vol. in-8 , publiées sous le
nom de Borstet. Lenglet du Fresnoy dit
que cette continuation est médiocre et
bien inférieure à celle donnée par Baro.
BOIVLX ( François de ) , baron du Vil-
lars , fut secrétaire du maréchal de Bris-
sac, et l'accompagna dans le Piémont
sous Henri II. Nous avons de lui Y His-
toire des guerres de Piémont, depuis 1550
jusqu'en 1561, Paris, 2 vol. in-8°. Cet
historien n'est ni poli, ni exact; mais il
est bon à consulter sur les exploits dont
il a été témoin. Il mourut en 1618, fort
âgé. La continuation de son Histoire par
Claude Malingre , parut en 1630. Boivin
a encore donné une Instruction sur les
affaires d'état, de la guerre , et des par-
ties morales ; Lyon , 1610, in-8°.
BOIVIN ( Jean , DE VILLENEUVE ) ,
professeur de grec au collège noyai , na-
quit à Montreuil-l' Argile , en 1663. Son
frère aîné, Louis Boivin, membre de
l'académie des belles-lettres, l'appela à
Paris. Le cadet fit bientôt de grands pro-
grès dans la littérature , dans les langues,
et surtout dans la connaissance de la lan-
gue grecque. Il mourut en 1726, membre
2.
BOI
l'académie française, de celle des
belles-lettres , et garde de la bibliothè-
que du roi. Il profita de ce trésor lit-
téraire , et y puisa des connaissances fort
étendues. Il avait toutes les qualités qu'on
désire dans un savant , des mœurs douces,
et une simplicité qu'on aime dans les
gens d'esprit , encore plus que dans les
autres , mais qu'ils ne possèdent pas tou-
jours. On a de lui | Y Apologie d'Homère,
et le Bouclier d'Achille, in-12. | La tra-
duction de la Batrachomyomachie d'Ho-
mère , ou le Combat des rats et des gre-
nouilles, en vers français , sous son nom
latinisé en Biberimero. \ L'OEdipe de So-
phocle et les Oiseaux d'Aristophane, tra-
duits en français, in-12. | Des poésies
grecques dont on a admiré la délicatesse,
la douceur et les grâces. | L'édition des
Malhematici Veteres, 1693 , in-fol. | Une
traduction de Y Histoire Byzantine de Ni-
céphore Grégoras , exacte , élégante , et
enrichie d'une préface curieuse et de
notes pleines d'érudition.
BOIZARD (Jean), conseiller en la
cour des monnaies de Paris , fut chargé
en 1663 et en 1664 de juger les monnaies.
Il composa un bon traité sur celte ma-
tière , en 2 vol. in-12 , dont la réimpres-
sion a été défendue , parce qu'il contient
un traité de l'alliage, dont on a voulu
soustraire la connaissance au public. Ce
livre, imprimé à Paris en 1711 , sous le
titre de Traité des monnaies, de leurs
circonstances et dépendances * n'est pas
commun. Il y a des exemplaires avec la
date de 1714; mais c'est la même édition
L'auteur mourut au commencement dw
dix-huïtième siècle.
* BOIZOT (Louis-Simon ) , sculpteur ,
naquit en 1743. Sa figure de Méléagre lui
ouvrit en 1778 , les portes de l'académie.
Ses principaux ouvrages sont une figure
de Bacine que l'on voit à l'Institut , plu-
sieurs groupes pour l'ornement des tours
de Saint-Sulpice , qui ont été détruits pai
la révolution, les Statues allégoriques
dont la fontaine de la place du Châtelet
est ornée , qui sont son meilleur ouvrage.
On distingue surtout la Victoire dorée
qui couronne ce monument. 11 contribua
à l'exécution du beau monument de la
place Vendôme , en composant vingt-cinq
modèles des panneaux en bronze qui la
décorent. Boizot mourut le 10 mars 1809,
âgé de 66 ans. On reproche à ce sculpteur
de n'avoir pas assez étudié la nature et
l'antique , ce qui laisse trop d'uniformité
dans ses figures, 32
BOL 3
BOL ou BOLL ( Jean ou Hans ) , peintre
flamand, natif de Malines en 1554, mort
en 1585, à 60 ans , fut élève de Rembrandt
et réussit particulièrement en détrempe ,
en miniature et aux paysages.
* BOLDETTI ( Marc- Antoine ) , né à
Rome le 19 novembre 1665, d'une famille
originaire de Lorraine, étudia de bonne
heure la poésie , la philosophie et les ma-
thématiques ; plein de goût surtout pour
la philosophie morale, il lisait sans cesse
Plutarque, ce qui le fit nommer le Plu-
tarque * par ses condisciples. Clément XI
le nomma gardien des cimetières de
Rome; il fut pendant plus de 40 années
chanoine de Sainte - Marie d'au - delà
du Tibre , et mourut à 86 ans , le 4 dé-
cembre 1749. Il était très versé dans la
langue hébraïque. Outre plusieurs ou-
vrages non imprimés, qui ont été consu-
més par un incendie , on a de lui : Obser-
vations sur les cimetières des saints mar-
tyrs et des anciens chrétiens de Rome ,
Rome, 1720, in-fol.
* BOLDUC ( Jacques ) , capucin , né à
Paris vers 1580 , s'appliqua à la prédica-
tion , et y acquit une sorte de célébrité ,
qui s'augmenta encore par la singularité
de quelques ouvrages sortis de sa plume ,
et par les idées paradoxales auxquelles il
se livrait. Il est auteur , | d'une traduc-
tion du livre de Job , avec un Commen-
taire ou Paraphrase * Paris , 1629 , in-4° ,
et 1657, 2 vol. in-fol. Il y a ajouté la ver-
sion latine du texte hébreu , et les diffé-
rentes a Iditions et versions comparées à
la Vulgate. | Un Commentaire sur l'E-
pilre de saint Jude _, 1620 , in-4° ; | De Ec-
clesia ante legem, 1626, in-8°. Il y traite
des géans. Thomas Bango , luthérien de
Finlande, composa contre lui un traité
intitidé De Nephilinis gigantibus vulgo
dictis , dans lequel il prétend en démon-
trer l'existence contre Bolduc. | De Ec-
clesiapost legem , liber unies anagogicus,
Paris , 165 ) . i ;-4° ; | De orgio christiano,
libritres, in guibus declarantur antiquis-
sima Eucharistiœ tgpica mysteria. Lyon,
1640 L'auteur y prétend faire remonter
l'institution de l'eucharistie à Adam et à
Noé : au premier , parce qu'à lui remonte
la culture du froment ; au second , parce
qu'on lui doit la plantation de la vigne et
l'invention du vin, deux substances qui
forment la matière du saint sacrement de
l'autel. Quelques-uns de ses ouvrages sont
recherchés , moins à cause de leur valeur
réelle et de leur utilité , que pour leur ra-
reté et leur originalité.
1k BOL
BOLESLAS le GRAND , premier roi de
Pologne, succéda en 999 à son père Mi-
cislas. L'empereur Othon III lui donna le
titre de roi, et affranchit en 1001, son
pays de la dépendance de l'empire. Bo«
leslas avait de grandes qualités. Il n'avait
en vue que la religion et le bien de ses
états. La Providence récompensa ses ver-
tus par des succès éclatans. Il se fit payer
un tribut par les Prussiens, les Russes et
les Moraves; châtia la révolte de ces der-
niers et rétablit Slopocus , duc de Russie,
que son frère Jaroslaiis avait détrôné.
Son père lui avait fait épouser Judith,
fille de Geiza , duc de Hongrie , de laquelle
il eut Nicolas II , qui lui succéda , et qu'il
maria à Rixa, fille deRainfroi, palatin
du Rhin. Il mourut en 1025 , avec le sur-
nom de Grand. Il y a eu plusieurs autres
princes de ce nom. Voyez STANISLAS,
évoque de Cracovie, DRAHOMIRE ,
WENCESLAS ( saint ).
* BOLGEiM ( Jean- Vincent ) , jésuite,
né à Bergame le 22 janvier 1755 , enseigna
pendant plusieurs années la philosophie et
la théologie à Macérata , et fit imprimer
plusieurs écrits dirigés contre les nova-
teurs qui commençaient à s'accréditer en
Italie. Pie VI, instruit de son mérite,
l'appela à Rome , et le nomma théologien
de la Pénitencerie. Cependant lors de la
révolution de Rome , en 1798 , il fut d'avis
qu'on pouvait prêter le serment de haine
à la royauté , et écrivit pour le justifier.
Son écrit intitulé : Sentimens sur le ser-
ment civique prescrit , Rome , 1799 , in-8°,
fut condamné, et il fut obligé de se rétrac-
ter. Il mourut le 5 mai 1811. Ses princi-
paux ouvrages sont : | Examen de ta véri-
table idée du saint Siège * Macérata, 1785,
in-8° , en réponse au livre de Tamburini,
intitulé De la véritable idée du saint Siégea
dont le but est d'affaiblir l'autorité du pape;
| Observations théologico- critiques sur
deux livres imprimés à Plaisance en 1784
sous ce titre Qu'est-ce qu'un appelant?
Ces deux livres étaient favorables à l'ap-
pel, et Bolgeni entreprit de les réfuter ;
| De l'état des enfans morts sans baptême,
Macérata, 1787, in-8° ; | Traité des faits
dogmatiques , ou de l'infaillibilité de l'E
glise^pour décider sur la bonne ou la
mauvaise doctrine des livres, trad. du
flamand, Brescia, 1788, 2 vol. in-8°; | Dis-
sertation sur la charité ou V amour de
Dieu, Rome, 1788, 2 vol.; | Eclaircisse-
mens pour la défense de la Dissertation,
Foligno, 4790, in -8°; | Apologie de l'o
mour de Dieu* (Ut'ile concupiscence » 1 792 ;
BOL
| De l'épiscopal ou de la puissance de
gouverner l'Eglise, 1789, in-4°; | Disser-
tation sur la juridiction ecclésiastique ,
Rome, 1789, in-8°; | Traité de la posses-
sion, principe fondamental pour décider
les cas moraux, Brescia, 1796 , in-8°; il
y donna une suilc qui n'a paru qu'après
pa mort, sous le lilre de Seconde disser-
tation sur les actes humains * Crémone ,
1816 , m-8°.
BOLINGBROKE. V BOLYNGBROKE.
* BOLIVAR ( Grégoire de ) , religieux
espagnol de l'ordre de Saint-François de
l'Observance , vivait au milieu du 17e
siècle, et se dévoua avec zèle aux tra-
vaux des missions. Il alla évangéliser les
peuples du Mexique et du Pérou; son
courage et sa foi lui firent supporter pen-
dant 25 ans les fatigues et les dangers
sans nombre de ce pénible apostolat. Il
passa ensuite dans les îles Moluques, où
il exerça son ministère avec la même ar-
deur. C'est tout ce qu'on sait de sa vie et
de ses travaux. Il paraît qu'il avait des
connaissances en médecine et que cet
art lui fut utile pour approeber sans dan-
ger des peuplades sauvages qu'il entre-
prit de convertir. Avant ses voyages, le
père Bolivar avait composé un ouvrage
intitulé : Mémorial de Arbitrios para la
reparacion de Espana, Madrid, 1626,
in-folio.
* BOLIVAR ( Sivox ) , né à Caraccas ,
d'une famille distinguée le 25 juillet 1785,
fut envoyé de bonne heure à Madrid où
il fit ses études. Il parcourut ensuite la
France, l'Angleterre, l'Italie, la Suisse, une
partie de l'Allemagne, et revint à Madrid
où il épousa la fille du marquis d'Ustoriz ,
qui mourut peu d'années avant la révolu-
tion de Caraccas. Bolivar était de retour en
Amérique à l'époque de la première in-
surrection de son pays contre l'Espagne ,
en 1810. Il ne voulut prendre aucune part
à cette révolution, jusqu'au moment où il
vit que ses compatriotes , dans l'impuis-
sance de résister aux troupes de l'Espa-
gne , allaient rentrer sous la domination
de la métropole. Après avoir été chargé ,
auprès de la cour de Londres , d'une mis-
sion importante qu'il remplit à ses frais ,
il tut investi par le général Miranda du
commandement de Puerto -Cabello. En
1812, au moment du funeste tremblement
de terre qui désola Caraccas, il laissa sur-
prendre la citadelle par les prisonniers
espagnols qui y étaient renfermés , et fut
obligé de se retirer à la Guayra. Chargé
d'un nouveau commandement, il traversa
573 BOL
les Andes à la tète d'un corps de six mille
hommes , battit les Espagnols , et se vit
bientôt à la tète d'une troupe assez nom-
breuse pour marcher sur Caraccas. Mon-
teverde vint à sa rencontre et fut défait.
Bolivar , après sa victoire, fit son entrée
publique à Caraccas , le 4 août 1815 , traita
avec modération ceux qui étaient attachés
à la métropole , et eut la satisfaction de
voir le territoire entier de Venezuela sou-
mis à la république. Il fit proposer àMon-
teverde , qui s'était réfugié à Puerto-Ca-
bello , l'échange des prisonniers que ce
général refusa, quoique cette transaction
eût fait rentrer dans ses rangs beaucoup
plus d'hommes qu'il n'en eût rendu. Une
nouvelle affaire eut lieu à Agua-Caliente,
où Bolivar fut encore vainqueur. Il mit
ensuite le siège devant Puerto-Cabcllo ,
mais la constance des Espagnols rendit
ses efforts inutiles. Bolivar, qui s'était
créé dictateur, reçut tout à coup du con-
grès de .a Nouvelle-Grenade l'ordre de
rétablir le gouvernement civil dans la
province de Caraccas : il parut hésiter
d'abord ; mais des murmures , qui se fai-
saient entendre jusque sous sa tente»
l'ayant éclairé sur la véritable disposition
des esprits, il convoqua , pour le 2 jan-
vier 181i , une assemblée générale à la-
quelle il rendit compte de ses actes , de
ses vues , et il lui remit ses pouvoirs. Ses
explications dissipèrent les défiances , et
on lui déféra la puissance dictatoriale, jus-
qu'à l'époque de la réunion de la Venezuela
à la Nouvelle-Grenade. Le parti espagnol
ayant soulevé les nègres , et en ayant
formé des bandes irrégulières qui commi-
rent des excès , la guerre devint terrible
et les prisonniers furent impitoyablement
massacrés. Bolivar lui-même, malgré son
esprit de modération, fit mettre à mort ,
par représailles , huit cents prisonniers
espagnols. Il battit plusieurs chefs roya-
listes. Mais, devenu trop confiant, il di-
visa ses forces et éprouva , dans les plai-
nes de Cura, un échec à la suite duquel
Cumana , La Guayra , et Caraccas se décla-
rèrent pour la métropole. Défait de nou-
veau à la journée d'Araguita, Bolivar
s'embarqua pour Carthagène avec quel-
ques officiers. Rivai et Bermudez essayè-
rent de relever la cause de l'indépendance,
et obtinrent d'abord quelques succès. Mais
ils fuient bientôt vaincus , et le premier,
tombé entre les mains des royalistes, eut la
tète tranchée. Le second se retira à Mar-
garita et s'y soutint jusqu'au moment où
une expédition , partie de Cadix , sous les
BOÎ. 576
ordres de Morillo, vint mellrc le siège
devant Carthagène. Bolivar, qui en élaii
sorti et qui avait soumis Santa-Fé de Bo-
gata, accourut au secours de Carthagène,
et joignit ses troupes à celles qui la défen-
daient. Il se rendit ensuite à la Jamaïque
pour y chercher des renforts; mais le
manque de fonds ayant amené des retards,
les secours n'arrivèrent qu'après la red-
dition de la place qui s'était défendue
pendant quatre mois. Les Espagnols , de-
venus arrogans par ce succès , indisposè-
rent contre eux jusqu'aux indigènes qui
combattaient dans leurs rangs , et qui se
réunirent aux indépendans. Des bandes
de guérillas couvrirent toutesles provinces
et harcelèrent les Espagnols , dont ils in-
terceptaient les convois et les communica-
tions. Bolivar prit terre alors avec les trou-
pes qu'ila vait organisées avec tant de peine
et de constance, rallia près de Cumana quel-
ques corps de guérillas, remit à la voile et
alla mouiller près de Choroni , où il dé-
barqua son avant-garde que commandait
l'écossais Mac- Grégor. Tandis que son
lieutenant s'emparait de la Maraçay et de
la Cabrera , il descendit à Ocumare et y
publia une proclamation dans laquelle il
reconnaissait le principe de l'affranchis-
sement des nègres. Les colons de Vene-
zuela virent dans cette reconnaissance
leur ruine, et abandonnèrent Bolivar qui
livré à ses propres forces , fut encore battu.
11 rejoignit ses lieutenans Mac-Grégor et
Arismendi qui s'étaient réfugiés à Barce-
lone. Après avoir failli périr aux Cayes
sous le poignard d'un assassin, il convoqua
dans l'île de Margarita le congrès général
de la province, et remporta une victoire
sur Morillo, qui vint l'assiéger. Les indé-
pendans reprirent bientôt la supériorité
sur tous les points. Nommé chef suprême
de Venezuela, Bolivar établit son quartier-
général à Angos tura, et y dirigea les affaires
de la république. Le 51 décembre 1817 , il
remonte l'Orénoque, se trouve, après
quarante-deux jours de marche , au pied
des remparts de Calabozo , à trois cents
lieues d'Angostura, et force Morillo d'a-
bandonner cette ville, et de se retirer à
Valencia. Celui-ci tenta de surprendre
son adversaire , au moment où il venait
d'envoyer une partie de ses troupes pour
s'emparer de quelques villes voisines et
le combat dura cinq jours , à la Cabrera,
à Maraçay, à la Pucrla. Mais Morillo
blessé se retira avec perte. Le 17 avril
1818, Bolivar se vit sur le point d'être li-
vré aux Espagnols par le colonel Lopez ,
BOL
qui pénétra avec 12 hommes dans sa
tente, pendant qu'il dormait. Il n'eut que
le temps de s'échapper presque nu. La
campagne finit par la lassitude des deux
partis , el Bolivar ouvrit le congrès de
Venezuela le 15 février 1819. Il y proposa
une constitution républicaine qui fut adop-
tée , et se démit aussitôt du pouvoir su-
prême. Mais l'assemblée le pria de con-
server encore une autorité qui pouvait
être plus utile que jamais à la patrie. Il
accepta cette prolongation de dictature
et recommença la campagne avec une
nouvelle armée. Les Espagnols récem-
ment défaits par le général républicain
Santander, s'étaient retirés au-delà des
Cordillères; Bolivar traverse ces monta-
gnes et remporte sur les ennemis deux
victoires qui lui ouvrent les portes de
Tunja, de Santa-Fé, et lui livrent la Nou-
velle-Grenade qui demande à se réunir à
la province de Venezuela en choisissant Bo-
livar pour son chef suprême. Après avoir
laissé Santander pour vice-président, il
revient à Angostura à la tête d'une forte ar-
mée, et le congrès général réunit les deux
provinces sous le nom de république de
COLOMBIE en ordonnant la construction
d'une nouvelle capitale qui porterait lo
nom de Bolivia. Dès les premiers jours
de janvier 1820 , les hostilités recom-
mencèrent , et Bolivar, vainqueur à Cala-
bozo , poursuivit ses avantages jusqu'au
jour où la nouvelle de la révolution espa-
gnole parvint en Amérique. Des négocia-
tions s'ouvrirent alors à Truxillo , entre
le dictateur Colombien et le général es-
pagnol Morillo , et ces deux chefs conclu-
rent un traité par lequel l'Espagne devait
reconnaitre Bolivar en qualité de prési-
dent de la république de Colombie , qui
était composée 1° de la province de Carac-
cas; 2° de la Nouvelle-Grenade ou vice-
royauté de Sanla-Fé ; 5° de la province de
Qiiito. Ce traité ne fut point ratifié. Tan-
dis qu'un congrès s'occupait de fixer les
bases du nouvel état, Bolivar assurait dé-
finitivement contre les généraux Morales
et la Torre l'indépendance de son pays.
Le Pérou restait encore sous la domina-
tion de l'Espagne. Bolivar se rendit dans
cette contrée pour diriger le soulèvement
qui y éclata contre la métropole. Les Pé-
ruviens lui déférèrent aussi la dictature ;
il la déposa après la cessation delaguerre,
et se contenta des titres de Libérateur et
de Protecteur que lui décernèrent les
peuples en faveur desquels il avail com-
battu. Le 14 mai 1826 , il fut encore nommé
BOL
377
BOL
président de la Colombie par 583 suffra-
ges sur 608 votans, et Santander fut nom-
mé vice-président à une moins forte ma-
jorité. La division ne tarda pas à se met-
tre entre ces deux hommes. La conduite
du général Paëz , commandant militaire
de la province de Venezuela, l'ayant fait
destituer par le congrès, un soulèvement
But lieu, à cette occasion, à Valencia, et
en attendant l'arrivée de Bolivar qui se
trouvait alors dans le Haut-Pérou , Paëz
fut investi de tous les pouvoirs par les
révoltés. En peu de jours l'insurrection
s'étendit dans toutes les villes de la côte;
Bolivar fut partout proclamé dictateur et
Paëz son lieutenant. Cependant le Libé-
rateur qui s'était prononcé en 1822 pour
l'unité de la république et non pour un
état fédératif, venait de fonder la répu-
blique du Haut-Pérou qui devait prendre
te nom de Bolivia , dont la présidence
lui fut décernée. Les Espagnols avaient
été chassés par son aide de ce pays : mais
bientôt les Péruviens parurent craindre
de voir s'appesantir sur eux la domination
de leur libérateur. Bolivar , offensé de
ces dispositions, menaça de se retirer
avec son armée. Le congrès péruvien ,
effrayé de cette résolution , le pria de con-
server le pouvoir suprême. Il modifia alors
une partie de la constitution qu'il avait
donnée au Pérou, proposa un noviveau
système électoral, et établit les trois cham-
bres législatives des tribuns, des sénateurs,
et des censeurs. Il retourna ensuite dans
la Colombie , et rentra en triomphe , après
cinq ans d'absence , à Bogota , le 19 no-
vembre 1826. Il s'investit lui-même de
la dictature, en vertu d'un article mal in-
terprété de la constitution , rétablit Paëz
dans le gouvernement de Venezuela en
approuvant ses actes, et par sa conduite
dans ces conjonctures alarma un instant
les amis de la liberté. La guerre civile
qui menaçait la Colombie fut étouffée,
mais par des mesures que n'autorisait
point la constitution. Santander indigné
offrit sa démission, et Bolivar informé
qu'on le soupçonnait de tendre au despo-
tisme, offrit aussi la sienne. Ces deux dé-
missions furent refusées. Alors on apprit
qu'une nouvelle insurrection avait éclaté
dans le Pérou et que la constitution Boli-
vienne y avait été détruite. Le congrès
colombien se réunit et Eolivar demanda
que les affaires politiques du pays fussent
terminées par une Convention ; Santander
s'y opposa mais inutilement. Le congrès
adopta la proposition du Libérateur qui
voulait , comme nous l'avons déjà dit , ?&>
nilé de la république, tandis que Santander
désirait un état fédératif , pareil à celui
des Etals-Unis du Nord de l'Amérique.
Des élections eurent lieu, et la Conven-
tion fut convoquée pour le 2 mars 1828.
Constituée le 9 avril suivant, elle ne lit
rien et Bolivar en renvoya les membres.
Les assemblées municipales qui se tinrent
ensuite en divers lieux, déférèrent le pou-
voir suprême à Bolivar, et Santander fut
obligé de se retirer. Bolivar , irrité de ce
que les Colombiens étaient chassés du Pé-
rou, déclara la guerre à celte république;
mais il apprit en même temps qu'une
armée Espagnole se réunissait à la Ha-
vane , et paraissait destinée contre la Co-
lombie. Dans ces circonstances, il pu-
blia, en qualité de président libérateur,
un décret organique , donné à Bogota le
27 août 1828 , qui était une nouvelle con-
stitution provisoire de la république , et
qu'on devait exécuter jusqu'en 1830. Tout
à coup éclata contre lui une conspiration,
parmi des hommes qui lui semblaient dé-
voués; les conjurés entrèrent dans la
chambre du président qui ne leur échappa
qu'en sautant par une fenêtre. Le peuple
ne prit aucune part à celte insurrection,
et la bonne contenance des soldats l'eut
bientôt réprimée. Le danger que Bolivar
avait couru , lui fît prendre l'autorité dic-
tatoriale. Plusieurs conjurés furent fusil-
lés, et Santander fut condamné à la peine
de mort, commuée ensuite en une dépor-
tation perpétuelle. Le dictateur s'occupa
alors exclusivement.de la guerre contre le
Pérou qui cessa en 1829 , et depuis cette
époque il consacra tous ses soins aux inté-
rêts de la Colombie ; il mourut à San-Pé-
dro, près de Santa-Martha, à la fin de 1830,
après avoir reçu avec piété les derniers
sacremens. Il avait sacrifié sa fortune à
la cause qu'il défendait, et avait payé de
ses fonds l'affranchissement d'un nombre
considérable d'esclaves. Aussi cet homme
extraordinaire est-il mort dans un état
voisin de la pauvreté.
* BOLLA.ADUS ou de BOLLANDT (Se-
bastien), récollet, né à Maëstricht dans
le 17e siècle, mort à Anvers en 1645 fut
éditeur des ouvrages suivans : | Hislorica,
theologica et moralis terra; sanclœ éluci-
dât™ j auctore Francisco Quaresmio ,
Anvers , 1639 , 2 vol. in-fol. ; | Sarmones
aurei fralris Pétri ad Boves , in domini-
cas et festa per atinum > Anvers, 1643 ,
in-folio.
BOLL YNDUS (Jean) jésuite , naquit k
32,
BOL
578
BOL
Tirlemont dans le pays de Limbourg , en
1596. La compagnie de Jésus , dans la-
quelle il avait pris l'habil , le choisit pour
exécuter le dessein que le P. Rosweide
avait eu de recueillir les monumens qui
pouvaient constater les vies des saints, sous
le titre à' Jeta Sanctorum. Bollandus avait
la sagacité , l'érudition et le zèle qu'il fal-
lait pour cette entreprise. En 1643 , on vit
paraître les saints du mois de janvier , en
2 vol. in-folio ; en 1658 , ceux de février en
3 vol. Il avait commencé le mois de mars ,
lorsqu'il mourut le i2 septembre 1663. Le
Père Henschenius , son associé , fut son
continuateur. On lui donna pour second
le Père Papebrock , un des plus dignes
successeurs de Bollandus. Cet ouvrage
immense a été comparé à un filet qui
prend toutes sortes de poissons (sagenae
ex omni génère piscium congreganli.
Matth. 13). On y trouve toutes les légen-
des , vraies , douteuses et fausses. Les sa-
vans collecteurs discutent la plupart des
faits , et dégagent l'histoire des saints des
fables dont l'ignorance ou une piété mal-
entendue , l'avaient chargée. On y trouve,
outre l'objet direct de leurs travaux , un
grand nombre de traits qui intéressent
non-seulement l'histoire ecclésiastique ,
mais encore l'histoire civile , la chrono-
logie , la géographie , les droits et les pré-
tentions des souverains et des peuples;
tous les volumes sont accompagnés de ta-
bles exactes et très commodes. Bollandus,
le père de cette compilation , était moins
bon critique que ses continuateurs. On
les appelle , de son nom , Bollandistes.
Ce grand ouvrage, interrompu après la
suppression de la société , a été repris en
1779 par ordre de l'impératrice-reine ,-à
la grande satisfaction des sa vans chrétiens.
Depuis qu'il est reconnu d'après les vai-
nes tentatives des philosophes , qu'on ne
peut former des hommes de bien , de bons
citoyens , des sujets fidèles , sans les gran-
des maximes de la religion , l'histoire des
saints , si riche en exemples , si propre à
donner des leçons pratiques à tous les or-
dres de la société , doit nous être plus
précieuse que jamais. Le philosophisme
faisant toujours de plus grands progrès
sur l'esprit des gouvernemens , celui de
Bruxelles supprima l'ouvrage et détrui-
sit la société des Bollandistes en 1788, le
jour de la Toussaint ( époque que choisit
par dérision la morgue philosophique).
«Cet érudit et édifiant ouvrage, a dit
» quelqu'un à celte occasion , leur a paru
» inutile. Effectivement, cet ouvrage est
» la vie des saints {Jeta Sanctorum) i
» or , conformément à ce qui est dit au
» livre de la Sagesse , cliap. 2 : Dissimilia
» est al iis vita illius.... INUTILIS est no~
f bis et contrarius operibus noslris. » Lors
de la révolution de Brabant , en 1789, cette
association célèbre se rétablit par les soins
de l'abbé de Tongerloo, ordre de Pré*
montré. L'ouvrage a été de nouveau in-
terrompu en 1794 , à l'entrée des troupes
françaises dans la Belgique. Cette pré-
cieuse collection forme aujourd'hui 33 vo-
lumes in-folio : janvier, 2 volumes;
février, 3; mars, 3 ; avril, 5; mai, 8;
juin, 7; juillet, 7; août, 6; septembre,
8; octobre, 6. On joint ordinairement à
cet ouvrage Martyrologium Usuardi , 1
vol. in-folio, et ylcta Sanctorum Bollan-
dianaapologelicislibris vindicata. Les Vé-
nitiens ont réimprimé successivement les
42 premiers volumes de cet ouvrage jus-
qu'au 15 septembre; mais celte édition
est très inférieure à celle des Pays-Bas.
BOLEYN. Voyez BOULEN.
' BOLLIOUD-MERMET ( Louis ) , né à
Lyon, le 15 février 1709, fut long-temps
secrétaire de l'académie de celte ville , et
mourut en 1795. Sa famille était distin-
guée dans la magistrature. On a de lui :
| De la corruption du goût dans la mu-
sique française , 1745, in-12; | De la bi-
bliomanie s 1761, in-8°; | Discours sur
l'Emulation, 1765 , in-8°; | Essai sur la
Lecture , 1765 , in-8° : ces ouvrages sont
anonymes ; | Rénovation des vœux litté-
raires , discours prononcé pour la cin-
quantaine de sa réception à l'académie de
Lyon. Il a laissé en manuscrit une his-
toire de cette société littéraire.
* BOLOGAA (Antoine), né à Paler-
me , et mort en 1653 , fut vicaire-général
de Sicile : on a de lui un Traité des im-
munités ecclésiastiques , et un autre sur
la Division du royaume de Sicile.
BOLOGNE ( Jean de ) , né à Douai vers
1524, disciple de Michel-Ange, orna la
place de Florence d'un beau groupe, re-
présentant l'enlèvement d'une Sabine. On
avait de lui en France le Cheval de Henri
le Grand, qu'on voyait sur le Pont-Neuf
à Paris j*èt qui a été détruit pendant la ré-
volution. Ce monument a été rétabli en
1819 par Bozio. Bologne mourut à Flo-
rence , âgé de 84 ans.
♦BOLOGNE (Pierre de), secrétaire du
roi , né à la Martinique en 1706 , mort à
Paris en 1799. Il a laissé : j des Odes sa-
crées, qui manquent de force et d'enthou-
siasme, qualités cependant nécessaires au
BOL 579
genre lyrique, mais elles sont rempla-
cées autant qu'elles peuvent l'être par la
pureté , l'élégance, l'harmonie, le natu-
rel et l'aisance delà versification. | Amu-
semens d'un septuagénaire , ou contes ,
anecdotes , bons mots , naïvetés mises en
vers, 1786, in-S°.
BOLOGIVÈSE(Le). Voyez GRIMALDI
et JEAN de CASTEL.
* BOLOGNEYI (Louis), jurisconsul-
te , né à Bologne en 1447 , remplit plu-
sieurs charges importantes auprès d'In-
nocent VIII , son parent , et fut successi-
vement conseiller do Charles VIII , roi de
France , et de Louis Sforce , duc de Mi-
lan , juge et podestat à Florence , séna-
teur de Rome et avocat cqnsistorial nommé
par Alexandre VI. Ce pape l'envoya en
ambassade auprès du roi Louis XII. Il fut
après Polilien , un des premiers juriscon-
sultes qui entreprirent de corriger le texte
des Pandectes. Ses principaux ouvrages
sont | Epistolœ décrétâtes Gregorii IX
suce inlegritali restituiez 3 cu?n notis , etc.,
Francfort, 1590. | Colle clio florum in jus
canonicum, Rologne , 1496 , in-fol. | Con-
silia, Bologne, 1499. | De quatuor sin-
gularitalibus in Gallia repertis, mélange
de prose et de vers qu'il adressa 'à Sym-
phorien Champier, qui l'a inséré dans
son livre De triplici disciplina, Lyon,
1508, in-8°. Les quatre merveilles que
Bolognini avait admirées en France pen-
dant son ambassade , sont la bibliothèque
royale de Blois, l'heureux état du royaume,
la ville de Lyon et celle de Blois. Il mou-
rut le 19 juillet 1508!
BOLSEC ( Jérôme-Hermès) , de Paris ,
aumônier de la duchesse de Ferrare et
médecin à Lyon , fut d'abord carme ;
mais ayant laissé entrevoir un penchant
pour les nouvelles erreurs , il essuya
quelques reproches, qui bien loin de lui
ouvrir les yeux , furent le prétexte de son
apostasie. Il suivit ensuite Calvin à Ge-
nève; mais s'étant brouillé avec lui, il
rentra dans le'sein de l'Eglise. Nous avons
de lui Vie de Calvin, Paris , 1577 , et de
Bèze, Paris, 1582; l'une et l'autre in-8°.
Il y a bien des choses intéressantes, mais
dont les prétendus réformés ont été fort
mécontens. Bolsec prenait les titres de
théologien et de médecin ; il n'était ni
l'un ni l'autre dans un degré supérieur.
11 vivait encore en 1580.
BOLSWEKD (Scheldt ou SCHELTE) ,
né à Bolswerd en Frise , a beaucoup gravé
au burin , d'après les ouvrages de Ru-
rs, Van-Dyck et Jordan*, et a parfai-
ROL
tement rendu la touche de ces grands
maîtres. — Boccc BOLSWERD, son frère,
excellent graveur , n'a pourtant pas égalé
Scheldt. — Leur père était Adam Bols-
werd, qu'on place mal à propos parmi
les graveurs.
* BOLTIAE (Jeyx-Nikititscii) , géné-
ral-major, membre de l'académie russe,
né en 1735 à Saint-Pétersbourg , mort
dans la même ville le G octobre 1792 ,
a donné | Chorographie des eaux miné-
rales de Sarepta , 1782 ; | Remarques sur
la grande histoire^ de Russie de Leclerc
(1787), Saint-Pétersbourg, 1788, 2 voL
in-4°, traduites en français. Il publia Re-
marques sur le tableau historique de la
vie de Rurick , composées par Cathe-
rine II , Pétersbourg, 1792 , et laissa en
manuscrit, | une traduction de V Ency-
clopédie jusqu'à la lettre K; | la lettre A
d'un dictionnaire raisonné Slavo-Russe;
et des Notes explicatives des anciennes
chroniques.
*BOLTO\ (Edmond), antiquaire an-
glais du 17e siècle, dont on a : | Néron
César ou la Monarchie corrompue , Lon-
dres., 1624 , ouvrage curieux pour l'his-
toire du commerce à celle époque ; | Vie
de Henri II; \ et un ouvrage sur les an-
tiquités de Londres, intitulé Vindictes
Brilannicœ , resté manuscrit.
* BOLTOX (Bobert), théologien an-
glais de la secte des puritains , et profes-
seur d'histoire naturelle à Oxford , né en
1571, mort en 1651 , se rendit célèbre par
son érudition et son talent pour parler en
public. Il a laissé plusieurs ouvrages ,
parmi lesquels on distingue un Traité du
bonheur , souvent réimprimé ; et un
Traité sur les quatre dernières fins de
l'homme, qui eut aussi plusieurs éditions.
— Il ne faut pas le confondre avec un au-
tre théologien anglican du même nom et
prénom , mort en 1765 , qui a publié un
bon Traité de l'emploi du temps, 1750,
et autres ouvrages.
* BOLTS (Guillaume ) , né en Hollande
vers 1740 , passa en Angleterre à l'âge do
quinze ans, et partit pour Lisbonne, où
il se trouva lors du tremblement de terre
de 1755. Peu de temps après , il se rendit
dans les établissemens du Bengale de la
compagnie anglaise des Indes orientales,
et fut nommé , en 1765, membre du con-
seil des revenus de la province de Bena-
rès, qui venait d'être cédée à la compa-
gnie. Son activité lui fit découvrir plu-
sieurs articles de commerce qui jusqu'a-
lors avaient été négligés. La province fut
ÏJOL
380
BOL
rendue au rajah; il quitta le service de !a
compagnie , et se livra avec le plus grand
succès à ses propres affaires. Etabli à Cal-
cutta , il fut nommé un des alderman du
seul tribunal anglais existant alors dans
le Bengale. Ses succès lui firent des en-
nemis; l'autorité, excitée, dit-on, par des
marchands , l'accusa d'avoir l'intention
de soustraire l'Inde à la domination bri-
tannique. Conduit prisonnier en Angle-
terre, il intenta aux membres du gouver-
nement du Bengale une action pour
emprisonnement illégal, et publia pour sa
défense son livre intitulé: Considérations
on India affairs, 2 vol. in-4°. Cette lutte
inégale , qui dura sept ans , absorba sa
fortune, évaluée à 94,000 livres sterl. ;
mais ce fut alors que l'impératrice d'Au-
triche le nomma colonel, et lui donna
des pouvoirs sur tous ses établissements
projetés dans les Indes orientales. Il en
forma en effet six sur les côtes de Ma-
labar et de Coromandel, à Car-Nicobar
et Bio de la Goa , sur la côte sud-est de
l'Afrique ( Makintosh , tom. 1 , lettre
37 ). La mort de Marie-Tbérèse ren-
versa encore ses espérances , et il fut,
sous l'empereur Joseph, dépouillé de
tous ses pouvoirs. Doué d'un esprit pé-
nétrant et capable delà plus opiniâtre ap-
plication , il avait fait une étude particu-
lière des langues orientales , et parlait les
principales langues anciennes et moder-
nes. Deux fois possesseur de grandes ri-
chesses, il tenta de nouveau la fortune en
créant un établissement près de Paris. La
guerre avec l'Angleterre vint encore dé-
truire ses espérances. Il mourut pauvre
à Paris, le 28 avril 1808. Son Etat civil,
politique et commerçant du Bengale , a
été traduit en français par Demeunier ,
la Haye (Paris), 1775, 2 vol. in-8°, fig.
BOLYNGimOKE (He\ri Saixt-Jevx,
lord vicomte de), secrétaire d'état sous la
reine Anne , eut beaucoup de part aux
affaires et aux révolutions arrivées dans
les dernières années du règne de cette
princesse. Il était né en 1072 à Battersea,
dans le comté de Surry. Membre de la
chambre des Communes, il frappa tous
les esprits par son éloquence et par la
profondeur de ses vues, et devint, en 1704,
secrétaire de la guerre et de la marine.
Benversé du ministère par le parti des
JVhigs en 1708 , il passa deux années dans
la retraite et l'étude; en 1710, il fut nom-
mé secrétaire-d'état, et eut le départe-
ment des affaires étrangères. La paix d'U-
irecht signée en 1715 est le plus glorieux
de ses travaux. Il avait été envoyé à Pa-
ris , pour consommer la négociation de la
paix entre l'Angleterre et la France. Après
la mort de la reine Anne , Bolyngbroke se
retira de la cour, partageant son temps
entre l'étude et les plaisirs. Cependant
comme il craignait de succomber aux pour-
suites de ses ennemis qui l'avaient fait ex-
clure du parlement ., il passa en France ,
où il se choisit une habitation charmante
à une lieue d'Orléans. Dans l'espoir de
mettre un frein aux écarts de sa jeunesse,
on lui avait fait épouser en 1700 , une
riche héritière , dont il ne larda pas à se
séparer. Il se remaria avec mademoiselle
de Villelte, nièce de madame de Mainte-
non , ce qui ne l'empêcha pas de repasser
en Angleterre , où il fut bien accueilli. Son
caractère était emporté ; mais sa conversa-
tion était intéressante et assaisonnée de
bons mots. Sa conduite politique changea
plus d'une fois , et M. de Lally-Tolendal l'a
peint sous des traits peu honorables. Il
mourut sans enfans à Battersea , patri-
moine de ses ancêtres , le 25 novembre
1751 , âgé de 79 ans. On a de lui un grand
nombre d'ouvrages de politique , des Mé-
moires, des Lettres , etc. On y découvre
des connaissances historiques , une élo-
quence mâle et républicaine; mais on lui
reproche de l'obscurité, du verbiage, des
jugemens faux et des pensées mal rendues.
La passion l'entraîne quelquefois trop loin,
comme quand il dit dans ses lettres sur
l'histoire , que le gouvernement de son
pays est composé ck'un roi sans éclat, de
nobles sans indépendance , et de commu-
nes sans liberté. Son ambition était de
dire des choses extraordinaires et para-
doxales , et de se distinguer par la singu-
larité de ses opinions , en quoi il a non-
seulement nui au succès de ses écrits,
mais ébranlé encore les maximes qui de-
vaient diriger sa conduite personnelle.
« De tels novateurs , dit un sage critique,
» retardent plus qu'ils ne hâtent les pro*
» grès des sciences. La nouveauté de leurs
» maximes et leur singularité peuvent
» être plus agréables à certain ordre de
» lecteurs , que les maximes anciennes
« qui pour être connues et triviales, n'en
» sont pas moins les seules qui soient
» vraies. On convient que les novateurs
» ont d'abord un très grand succès; mais
» à la longue on vient à reconnaître et a
i> mépriser leurs erreurs. Ils voient eux-
» mêmes , mais trop tard , qu'ils se sont
» livrés à des recherches purement spé-
» culalives, et souvent chimériques ; ils
BOM
5iH
BOM
» scnlcnt, mais sans qu'ils aient la liberté
» de se corriger , que pendant qu'ils se
» sont abandonnés à l'ait perfide de dou-
• fer, ils ont perdu tout principe assuré
» qui eût pu contribuer à établir la cer-
» titude et la solidité de leur conduite pri-
» vée. » M. Mallet donna en 1754 , une
édition des différons ouvrages de Bolyng-
Jjroke en 5 vol. in-4°, et en 9 vol. in-8°.
Ses Lettres sur l'histoire, 5 vol. in-12,
et ses Mémoires , 5 volumes in-8° , ont
été traduits en français. Maurice , prince
d'Isenbourg , a traduit son traité sur l'exil,
où il y a de bonnes choses que l'auteur
n'a pas eu le courage de réaliser , «yanl
presque toujours substitué aux leçons
qu'il y donne l'humeur que lui inspirait
sa situation. On a publié sous son nom un
Examen important de la religion chré-
tienne, in-8°, écrit violent contre le chris-
tianisme/1 Quoique milord Bolyngbroke
fût incrédule , c'est à tort qu'on a voulu
déshonorer sa mémoire en lui attribuant
un pareil livre; on sait aujourd'hui qu'il
doit son existence à Voltaire.
BOLZAM. Voyez PIERIUS VALERIA-
NUS.
BOMARE. Voyez YALMONT.
* BOMKARDIM (Amtoisb), noble pa-
douan , né en 1G66 , obtint dès l'âge de
vingt-cinq ans , la chaire de droit cano-
nique dans l'université de sa patrie , puis
celle de droit criminel. Il fut nommé à
celle de droit civil , en i725 , et mourut
subitement l'année suivante. Il a laissé la
première partie d'un ovivrage qui devait
en avoir deux, et qui a paru sous ce titre :
De carcere et antiquo ejus usu ad hœc
usquè lempora deduclo tractatus in duas
partes distributus , quaram altéra hislo-
riam carceris , altéra praxim complecli-
tur , pars prima , Padoue , 1713, in-8°.
* BOMBARÏ (l'abbé de) , mort à Paris
en 1777 a publié un éloge de Stanislas,
roi de Pologne , et un autre de Marca , ar-
chevêque de Paris.
BOMBELLES. Voyez BONBELLES.
* BOMKELLES ( M.yrc-Marie , marquis
de), maréchal- de-camp , puis évèque
d 'Amiens et premier aumônier de Mmc la
duchesse deBerry, naquit à Bitche en Lor-
raine, le 8 octobre 1744, d'une noble et
ancienne famille. Entré jeune au service,
il devint capitaine dans le régiment de
hussards de Bercheny , et fut ensuite am-
bassadeur en Portugal et à Venise. Il était
décoré des ordres de Saint-Louis et de
Saint-Lazare. Lors de la révolution , il re-
fusa le serment exigé de tous les fonction-
naires publics, par l'Assemblée nationale
et passa à l'étranger. Il fut chargé de plu-
sieurs négociations pour les intérêts du
roi, et fit avec distinction toutes les cam-
pagnes de l'armée de Condé. Apres le li-
cenciement de ce corps, il vécut paisi-
blement en Allemagne, prit l'habit ecclé-
siastique vers 1804 , après la mort de son
épouse, Mllede Mackau, fille de la baronne
de Mackau , sous-gouvernante des en-
fans de France. Le roi de Prusse lui donna
un canonicat de Breslau , puis une prévôté
qui lui donnait le litre de prélat. Il no
rentra en France qu'en 1814, fut nommé
premier aumônier de Mrae la duchesse de
Berry en 1816 , et l'année suivante évè-
que d'Amiens. Pendant le peu de temps
qu'il a gouverné ce diocèse, il a rempli
avec zèle tous les devoirs de l'épiscopat. Il
est mort en 1821, après une longue maladie-
Bon , bienveillant , affable , il joignait les
qualités d'un digne ministre de l'Eglise ,
aux nobles sentimens d'un serviteur du
roi. Il publia en 1799 un bon ouvrage
intitulé la France avant et depuis la ré-
volution.
BOMBERG (Daniel), célèbre impri-
meur en caractères hébreux, né à An-
vers et établi à Venise , mort en 1649 , se
fit un nom par ses éditions hébraïques de
la Bible et des rabbins. Il ruina son fonds,
qui était considérable , pour ces grands
ouvrages. Il entretenait près d'une cen-
taine de Juifs, pour les corriger ou les
traduire. Quelques-unes de ces Bibles
sont également estimées par les Juifs et
par les chrétiens. La première parut en
1517; elle porte le nom de son éditeur ,
Félix Prœenni : c'est la moins exacte. La
seconde fut publiée en 1526. On y joignit
les points des Masorètes , les Commentai-
res de divers rabbins et une préface du
R. Jacob Ben Ciiajim. En 1548, le même
Bomberg imprima la Bible in-fol. de ce
dernier rabbin ; c'est la meilleure et la
plus parfaite de toutes. Elle est distin-
guée de la première Bible du même édi-
teur, en ce qu'elle contient le Commen-
taire de David Kimchi sur les Chro liquea
ou Paralipomènes, qui n'est ; as dans
l'autre. C'est à lui qu'on doit l'édition du
Talmud, en 11 vol. in-fol. Il l'imprima
trois fois : chaque édition lui coûtait
100,000 écus. On assure qu'il imprima
des livres pour quatre millions d'or.
* BOMBLXO (Pierre-Paul), né vers
1575 , d'abord jésuite et professeur de phi-
losophie au collège de Rome , entra en-
suite dans la congrégation des Somasques*
BOI*
582
BOX
et mourut en 1048. On a de lui : | des
Oraisons funèbres de Philippe III et de
Marguerite d'Autriche , roi et reine d'Es-
pagne , de Cosme II , grand-duc de Tos-
cane, etc. ; | Vie de saint Ignace de Loyo-
la, Rome, 1622, en italien; | Vie de saint
Edmond, Mantoue , 1620, etc.
BOIHILCAR, général des Carthaginois
et premier magistrat de la république,
croyant avoir trouvé l'occasion favorable
de s'emparer de la souveraine autorité,
entra dans la ville et massacra tous ceux
qu'il trouva sur son passage. La jeunesse
de Carthage ayant marché contre les ré-
voltés , ils se rendirent , et leur chef fut
attaché à une croix , vers l'an 508 avant
Jésus-Christ.
* BOMMEL (Henri), né dans la Guel-
dre , entra dans l'ordre de St.-Jérôme,
fut directeur du couvent des Sachettesou
Filles de Ste.-Madeleine , à Utrecht , et
mourut en 1542. Il a laissé Bellum Ullra-
jectinum inter Geldriœ ducem Carolum,
et Henricum Bavarum episcopum Ultra-
jectinum, Marbourg, lo42, in-8°. La Bi-
bliolheca tigurina , citée par Foppens ,
ajoute qu'il est auteur des Lamentations
de Pierre , ou le Nouvel Esdras; mais
Foppens croit que ce dernier ouvrage est
d'un autre Boinmel.
* BOWPART (Jean), a donné une am-
ple description de la Provence : Provin-
cial regionis Galliœ vera descriplio , An-
vers , 1694 , in-fol. Cet ouvrage eut , dans
le temps , un grand succès.
* BOMPIAXO ( Ignace ) , jésuite , né à
Frosinone en 1612, enseigna, dans le col-
lège Romain, les belles-lettres et l'hé-
breu , et mourut en 1675 , après avoir
composé un grand nombre d'ouvrages.
| Elogia sacra et moralia, J\.o\nc, 1651, in-
12. | Historia Pontificatûs Grcgorii XIII ,
Rome, 1655. | Scneca Chrislianus, Rome
1658. | Prolusiones rhetoricœ et oraliones ,
Rome , 1662. | Modi varii et élégantes
loquendi latine . Rome , 1662. | Historia
rerum chrislianarum a') or tu Christi ,
Rome , 1665. | Les Oraisons funèbres de
Philippe IV, roi d'Espagne , et $ Anne
ï Autriche, reine de France, en latin,
Rome, 1666. | Oraliones de principibus ,
Rome, 1669, in-24.
BON DE SAI\T-HILAIRE (Fp.ançois-
Xavieu) , premier président honoraire
de la chambre-des-comptes de Montpel-
lier , joignit aux connaissances d'un ma-
gistrat celles d'un homme de lettres. L'a-
cadémie des inscriptions , et les sociétés
royales de Londres et de Montpellier,
instruites de son mérite, lui ar.cordèrent
une place dans leur corps. Ce savant , ne
en 1678, mourut en 1761 , après avoir pu-
blié quelques ouvrages. | Mémoires sur
les Marrons-d'Inde , in-12; | Dissertation
sur l'utilité de la soie des araignées , ou-
vrage qui a été traduit en italien, en
latin, et en chinois.
* BON (Flouent), jésuite au collège de
Reims, a publié, en gardant l'anonyme,
un recueil des vers qu'il avait composés
à l'occasion de la prise de la Rochelle par
Louis XIII , intitulé les Triomphes de
Louis le Juste en la réduction des Roche-
lois H des autres rebelles de son royaiir
me , Reims , 1629, in-4°. Suivant Goujet,
« il y a du feu et du génie dans quelques-
unes des pièces qui composent ce volu-
me ; mais le poète ne se soutient pas tou-
jours , et il est quelquefois languissant. »
* BON (L. — A..) général de division,
naquit à Romans le 25 octobre 1758, et
entra, en 1775, dans le régiment de Bour-
bon, infanterie, avec lequel il passa aux
colonies. De retour en France, après huit
ans de service, il se retira dans ses foyers.
Lorsque la formation des bataillons de vo-
lontaires eut lieu , Bon fut choisi par un
d'eux pour le commander et le conduisit
aux Pyrénées orientales où il lit les cam-
pagnes de 1792, 1793 et 1794. Employé
comme adjudant-général chef de brigade,
dans le corps que commandait le général
Lemoine, il mérita par sa belle conduite
au siège de Bellegarde le grade de géné-
ral de brigade ; il passa à l'armée d'Italie,
combattit à Saint-Georges , à la Favorite,
à laTenca, et se couvrit de gloire au pont
d'Arcole où il fut blessé. Le 16 mars sui-
vant, il assura le passage du Tagliamenlo,
et contribua , le 22, à la défaite de l'avanl-
garde ennemie. Il fut ensuite nommé
commandant delà huitième division mili-
taire, puis général de division. Ron se dis-
tingua encore dans la campagne d'Egypte,
obtint divers succès sur les Mamelucks ,
et entra dans la ville du Caire à la tête
de sa division. Il contribua à la prise
d'El-Arich, enleva Gaza, força Jaffa, et
trouva la mort le 10 mai 1799, devanî
Saint-Jean-d'Acre. Quatorze ans après,
l'empereur visitant l'école militaire de
Saint-Germain , demanda le nom d'un
des élèves qu'il passait en revue. C'était
le fils du général Bon. «Où est votre mère?
» dit Napoléon. — Elle est à Paris à un
» quatrième étage, où elle meurt de faim,
» répondit le jeune homme. » Cet oubli
fut réparé à l'instant même; la veuve du
BOIV 58
général Bon reçut une dotation , et le fils fut
créé baron de l'empire avec une aulre
dotation.
BONA (Jean) , né à Mondovi en Pié-
mont l'an 1609, général des feuillans en
1651 , fut honoré do la pourpre , en IG69 ,
par Clément IX. Après la mort de ce pon-
tife , bien des gens le désignèrent pour
ion successeur , ce qui donna lieu à cette
mauvaise pasquinade : Pajja Bona sa-
rebbe un solecismo. Le Père Daugièrcs
répondit à Pasquin par l'épigramme sui-
vante :
«Jrammalica; lt:g<-s plcrumque Ecclesia speinit :
l'ois erit ut lirea 1 Uicrie Pap * li«U».
Varia solacismi ne le cuiitm bi-l imago,
Essct Papa bonus , si Loua Papa forel.
Bona, digne de la tiare, ne l'eut pourtant
pas. Il mourut à Rome en 1674 , dans sa
65e année. Il joignit à une profonde éru-
dition, à une connaissance vaste de l'an-
tiquité sacrée et ecclésiastique , une piété
tendre et éclairée. On a de lui plusieurs
écrits , recueillis à Turin en 1747-1753 , 4
vol. in-fol. Les principaux sont, | De ré-
bus lilurgicis, plein de recherches cu-
rieuses et intéressantes sur les rites, les
prières et les cérémonies de la messe.
| Manuductio ad cœlum , traduit en fran-
çais en 1771. | Horologium asceticum;
| De principiis vilœ Christiame, traduit en
français par le président Cousin et par
l'abbé Goujet. | Psallentis Ecclesiœ har-
monia. \ De sacra Psalmodia, et plusieurs
autres bons ouvrages de piélé , qui vont
également à l'esprit et au cœur. Ses Œu-
vres complètes {Opéra om?iia) ont été
publiées à Turin , avec des notes de Ro-
bert Sala. Le cardinal Bona était en com-
merce de lettres avec la plupart des sa-
vans de l'Europe. Ses Lettres,, et celles
qui lui ont été adressées, ont été imprimées
à Lucques, 1759, in-/i°. Quelques-unes
de ses liaisons peuvent n'avoir pas ré-
pondu à la pureté de ses vues : quelques
partisans des nouveautés théologiques ont
paru avoir dans quelques occasions sur-
pris sa confiance. Le P. Bertole a écrit sa
vie en latin, et l'abbé Dufuet en a donné
une traduction française, 1682, in-12.
* BOXA ( Jean de ) , médecin du 18e
siècle , né à Vérone , fut docteur en phi-
losophie et professeur à l'université de
Padoue , et se fit connaître par les ouvra-
ges suivants : | Historiœ aliquot curalio-
num j mercurio sublimalo corrodenteper-
fectarum , V érone , 1758, in-4° ; | Trac-
talus de scorbulo, Vérone , 1761 , in-4° ;
( Dell uso e dcW abuso del caffè* dis-
3 BON
serlazione slorico phgsico-medica , Ve-
nise , 1761; | Observationes medicœ ad
praxim in noscomio oslendendam an?io
1765, Pavie , 17GG.
ROXACIAA (Mvutix), canonistc de
Milan, mort en 1631, est auteur d'une
Théologie morale, (dont Goffart, docteur
en théologie à Louvain, a donné un Com-
pendium par ordre alphabétique) , d'un
Traité de l'élection des papes, et d'un
autre des Bénéfices. Ces différents ouvra-
ges ont été imprimés à Venise en 1754,
5 vol. in-folio.
BO.\AERT (Nicolas), né à Bruxelles
en 1565 , entra chez les jésuites, enseigna
la philosophie à Douai, et la théologie à
Louvain. Ayant passé en Espagne, il mou-
rut à Valla'dolid le 9 mars -1610. C'était
unhommed'un grand génie et d'un grand
savoir. 11 avait conçu le dessein de plu-
sieurs ouvrages , et en a laissé quelques-
uns, parmi lesquels on distingue un traité
contre le Mare liberum de Grolius; il l'a-
vait intitulé Mare non liberum , sive de-
monslratio juris Lusitanici ad Oceanum
et commercium Indiciun. Cet ouvrage est
resté en manuscrit , l'auteur n'ayant pas
eu le temps de l'achever.
* BOA AIR ( Henri STUARD , sieur de),
historiographe du roi et un des vingt-
cinq genWlshommes de la garde écossaise,
publia, dans le 17e siècle, plusieurs ou-
vrages historiques. | Sommaire royal de
l'histoire de France, Paris , 1676, in-12,
réimprimé en 1678 et 1G82 , trad. du
Florus franciscus du Père Berlhault. | Un
Panégyrique par M. le duc de Beaufort,
Paris , 1649 , in-4°. | Les trophées et les
disgrâces des jjrinces de la maison de
Vendôme , manuscrit dont il existe plu-
sieurs copies.
* BOA'AL (François de), né en 1734,
au château de Bonal , dans le diocèse d'A-
gen, devint successivement chanoine et
grand-vicaire à Chàlons-sur-Saône, direc-
teur-général des carmélites , et fut nom-
mé en 1776 au siège épiscopal de Cler-
mont. Parmi les mandemens célèbres
émanés de lui, on distingua le dernier qui
parut en janvier 1789 , dans lequel ce di-
gne prélat s'élevait contre la licence de la
presse et annonçait les malheurs qui
étaient sur le point de fondre sur le pays.
11 déploya un grand caractère à l'assem-
blée des états-généraux, dont il était
membre, notamment dans la journée du
13 avril 1790 , où il fut déclaré qu'on ne
reconnaîtrait plus de religion dominante.
Le 9 juillet delà même année, Bonal fi
BON 5
entendre ces paroles à l'occasion du ser-
ment à la constitution civile du clergé :
■ Ici , Messieurs, en me rappelant tout ce
» que je dois rendre à César , je ne puis
» me dissimuler tout ce que je dois ren-
» dre à Dieu ! Oui , dans tout ce qui con-
» cerne les objets civils, politiques et tem-
porels , je me croirai fondé à jurer de
» maintenir la constitution. Mais une loi ,
» supérieure à toutes les lois humaines ine
» dit de professer hautement que je ne
» puis comprendre , dans le serment civi-
» que , les objets qui dépendent essentiel-
» lement de la puissance spirituelle ; que
» toute feinte à cet égard serait un crime ,
» que toute apparence qui pourrait la faire
» présumer serait un scandale de ma part. »
On se souvient encore de la réponse que
fit Bonal à Target, envoyé par Mirabeau
dans la chambre du clergé pour en déter-
miner les membres à se réunir au tiers-
état , au nom du Dieu de paix. « Le Dieu
■ de paix est aussi le Dieu de l'ordre et de
•■la justice. « Louis XVI lui ayant écrit de
sa prison du Temple une lettre qui a été
insérée au Moniteur du 6 décembre 1792 ,
pour connaître s'il lui était permis de faire
sa communion pascale , l'évèque de Cler-
mont, après avoir consulté plusieurs pré-
lats distingués par leurs lumières, l'en-
gagea à la différer. Il souffrit beaucoup
pour la cause de la religion , et s'élant vu
contraint de s'expatrier, il se rendit en
Angleterre, où il mourut vers 1800. On
trouve d'intéressans détails sur la vie de
ce vertueux évéque 'dans les Mémoires
pour servir à l'histoire de la persécution
française, recueillis par l'abbé d'IIesmivy
d'Àuribeau, d'après les ordres de Pie VI.
BONAMICI. Voyez BUONAMIO.
BOIVAMY (Pierre-Nicolas), né à Lou-
vre en Parisis, sous -bibliothécaire de
Saint-Victor, puis historiographe et bi-
bliothécaire de la ville de Paris , mourut
en cette capitale en 1770 , à 76 ans. C'é-
tait un homme plein de candeur et de
probité, sincèrement attaché à la religion,
parce que son cœur ne lui fournissait au-
cun motif de ne la pas aimer. L'académie
des inscriptions le comptait au nombre de
«es membres. Il a enrichi les Mémoires
de cette compagnie de plusieurs Disserta-
tions , parmi lesquelles on distingue sur-
tout celles qui sont relatives à l'introduc-
tion de la langue latine dans les Gaules ,
à la langue tudesque et aux plus anciens
monumens de la langue française. Une
érudition variée et choisie, une diction
simple , mais correcte , une critique solide
84 BOX
j et judicieuse , caractérisent les morceaux
sortis de sa plume. Chargé depuis 1749 de
la rédaction du journal de Verdun , de-
puis 1749 à 1770 , il en écarta tout ce qui
pouvait porter atteinte aux mœurs et à la
religion ; mais le désir de ménager l'a-
mour-propre des auteurs a souvent dé-
rogé à la justesse et à la sage sévérité de
sa critique.
* BOXAMY ( François), médecin distin-
gué et botaniste, né àNantcs en 1710, fut un
des fondateurs de la société d'agriculture
de Bretagne, la première qui ait existé
en France, et mourut en 1786. Il a publié
deux ouvrages qui lui font le plus grand
honneur et qu'on consulte encore aujour-
d'hui avec fruit. Ces ouvrages sont : Flora»
Nannetensis prodromus ; Addenda ad
Florœ Nannetensis prodromum. L'auteur
y donne un catalogue assez exact et mé-
thodique des plantes qui se trouvent dans
les environs de Nantes, et y décrit près
de soixante espèces de plantes qui n'a-
vaient pas encore été trouvées. C'est le
premier ouvrage de ce genre fait en Bre-
tagne. Bonamy fut aidé dans ses recher-
ches par le frère Louis, capucin de Nantes,
qui était très-instruit en botanique.
BONANNI ou BUONANI ( Jacques ) ,
noble de Syracuse en Sicile , et duc de
Mont-Albano, mort en 1636, publia en
1624, in-4°, les Antiquités de sa patrie,
sous le litre de Syracusa illuslrala, que
don François Bonanni, duc de Mont-Al-
bano, fit réimprimer magnifiquement à
Palerme en 1717, en 2 vol. in-fol. Cet ou-
vrage est recherché par les amateur*
d'antiquités.
BONANNI (Philippe), savant jésuite,
mort à Rome en 1725 , à 87 ans , après
avoir rempli avec distinction différens
emplois dans son ordre. Il a laissé plu-
sieurs ouvrages de divers genres, dont la
plupart sont sur Y histoire naturelle, \iQUT
laquelle il avait un goût dominant. Il fut
chargé en 1698 , de meltre en ordre le cé-
lèbre cabinet du Père Kircher, dépendant
du collège Romain, et il continua d'y
donner ses soins jusqu'à sa mort, unique-
ment occupé à l'embellir et à l'augmenter.
Ses principaux ouvrages sont | Recrealio
mentis et oculiin observations animalium
testaceorum, Rome, 1684, in-/*0, avec près
de500fig. Bonanni avait d'abord composé
ce livre enitalien , et il fut imprimé en cette
langue en 1681 , in-4°. L'auteur le traduisit
en latin , en faveur des étrangers. | His-
toire de l'église du Vatican, avec les plans
anciens et nouveaux * Rome, 1696. in-foL
BOIV 58
en lalin, | Recueil des Médailles des papes
depuis Martin V jusqu'à Innocent XII >
Rome, 1699, 2 vol. in-fol. en latin, j Ca-
talogue des Ordres tant religieux que mi-
litaires et de chevalerie, avec des figures
qui représentent leurs habillemens ,an. la-
*tin et en italien, Rome, 1706, 1707, 1710
et 1711 , h vol. in-4°. Les figures surtout
rendent ce dernier ouvrage très intéres-
sant , et le font rechercher. | Obscrvatio-
nes circa viventia , Rome , 1691 , in-4°.
| Musœum Collegii Romani, Rome, 1709,
in-fol. | Un Traité des Vernis , traduit de
l'italien , Paris , 1723 , in-12. | Gabinelto
armonico, 1723, in-4°. « C'était, dit un
» homme particulièrement instruit de son
» mérite, un de ces savans modestes et
» laborieux qui n'attachent à leurs tra-
» vaux d'autre prix que celui de l'utilité
» et delà vérité. Le plaisir d'avoir fait une
» découverte , d'avoir débrouillé quelque
» obscurité historique ou physique le dé-
» dommageait amplement de ses peines.
» Il avait des rapports marqués avec le
• célèbre Kir cher, dont les ouvrages lui
» avaient été fort utiles : venu plus
d tard que lui, il a pu se garantir de quel-
» ques erreurs qui , dans le siècle de Kir-
» cher, n'ont pu être évitées par les sa-
» vans même les plus distingués. »
' BONAPARTE ou BUONAPARTE
(Napoléon), empereur des Français, na-
quit le 1S août 1769, à Ajaccio, dans la
Corse, de Charles Bonaparte et de Leti-
zia Ramolino, issus l'un et l'autre de fa-
mille patricienne. Son père , dont les an-
cêtres étaient originaires de San-Miniato
en Toscane, était assesseur au tribunal
d' Ajaccio , et il fut choisi en 1776 , pour
représenter la noblesse de la Corse , dans
la députation que cette ile envoya au roi
de France. Sa mère remarquable par sa
beauté , donna le jour à huit enfans dont
Napoléon était le second , et qui presque
tous ont porté le sceptre. Des goûts sérieux,
une maturité précoce et une grande acti-
vité distinguèren t l'en fance du j eune Bona-
parte , et firent pressentir en lui de bonne
heure l'homme appelé aux grandes choses.
Ses parens voyant que ses dispositions et
ses habitudes le portaient vers les sciences
exactes , employèrent le crédit du comte
de Marbeuf, gouverneur de la Corse,
pour lui obtenir une place à l'école mili-
taire de Brienne , où il fut admis en 1777.
Là se développèrent ses goûts d'étude et
de réflexion Indifférent aux connaissan-
ces purement littéraires et aux arts d'a-
grément , il porta toute l'activité de son
2-
U BOX
intelligence sur les mathématiques, la géo-
graphie et l'histoire. La lecture de Plutar-
que devint un de ses délassemens fa\o-
ris. Isolé de ses camarades dont il dédai-
gnait les amusemens , et seul avec l'histo-
rien deChéronée, il se plaisait à entretenir
son imagination de ces expéditions gi-
gantesques de l'antiquité que lui seul a eu
le pouvoir de reproduire dans les temps
modernes. Ses maîtres comme ses condis-
ciples remarquaient ses goûts solitaires
et ses rêveuses préoccupations , et tan-
dis que les uns y voyaient peut-être la
preuve d'un caractère bizarre et sauvage,
d'autres y reconnaissaient l'indice d'un
puissant génie et d'une intelligence supé-
rieure à tout ce qui l'entourait. Léguiîe ,
un de ses professeurs , rendant compte de
la conduite du jeune Napoléon , traçait
sur une note ces lignes prophétiques :
« Corse de nation et de caractère , il ira
» loin, si les circonstances le favorisent. »
Quelques mots qui lui échappèrent à dif-
férentes époques de sa jeunesse révélaient
en lui celte trempe énergique de l'âme
qui produit les grandes actions et les
grands crimes. Entendant un jour une
dame dire en parlant de Turenne : a Oui
» c'était un grand homme , mais je l'ai-
» -nierais mieux , s'il n'eût pas brûlé le Pa-
» latinat. » Qu'importe , répondit vive-
ment Napoléon , si cet incendie était né-
cessaire à ses desseins? Bonaparte ayant
passé en 1784 , de l'école militaire de
Brienne à celle de Paris, y soutint des exa-
mens brillans qui le firent nommer en
178a, lieutenant en second au régiment
d'artillerie de la Fère (/trae régiment)
Lorsque la révolution éclata , il évita d'a-
bord de se prononcer, et attendit que la
marche des événemens lui eût fait con-
naître de quel côté se trouvaient les chan-
ces les plus favorables à sa fortune. « Il
» faudra voir, dit-il un jour au capitaine
» de sa compagnie ; d'ailleurs les révolu-
» tions sont un bon temps pour les mili-
t> taires qui ont de l'esprit et du courage. »
Les rapides succès des réformateurs eu-
rent bientôt fixé ses doutes. Sous-lieute-
nant et sans fortune , son ambition le jeta
dans le parti qui devait triompher, et il se
déclara pour la révolution. Un congé lui
ayant été accordé vers 1790, il se rendit
dans son pays natal qui à cette époque
était déchiré par des factions. Papli fut
chargé par le gouvernement de pacifier
cette île , dont il avait défendu l'indépen-
dance» et reçut le commandement de la
%3me division militaire , avec le titre de
BON
386
BON
lieutenant-général au service de France.
Bonaparte dont la famille était liée àPaoli
par d'anciennes relations d'amitié , fut
nommé commandant provisoire d'un
bataillon de gardes nationales soldées,
qu'on avait levées en Corse pour le main-
tien de la tranquillité publique. Ayant été
obligé d'employer la force contre les ha-
bitans d'Ajaccio , soulevés par Péraldi ,
chef du parti anti-français , sa conduite
fut présentée sous un jour défavorable au
gouvernement , et le jeune commandant
vint se justifier à Paris , où il fut surpris
par la terrible journée du 10 août. Les
horreurs dont il fut témoin , et qu'il ju-
gea sans doute d'après le principe machia-
vélique que nous avons rapporté plus
haut , ne le détachèrent point du parti ré-
volutionnaire. Bonaparte , de retour en
Corse , rompit d'une manière éclatante
avec Paoli, qui à la suite d'intrigues nouées
avec l'Angleterre, leva l'étendard de la
révolte. La guerre s'alluma; une expédi-
tion dirigée par les représentans du peu-
ple Salicelti , et Lacombe Saint-Michel , fut
repoussée ; les insurgés d'abord triom-
phans proscrivirent les partisans de la
France ; la famille Bonaparte forcée de
s'expatrier, vint se fixer dans les environs
de Toulon , et Napoléon rejoignit à Nice
son régiment avec le grade de capitaine.
C'est en cette qualité , qu'il fut bientôt em-
ployé dans l'armée de Kellermann qui
faisait le siège de Lyon , d'où il fut envoyé
à Toulon , qu'assiégeait une armée répu-
blicaine chargée par le comité de salut
public d'enlever aux Anglais cette ville que
la trahison leur avait livrée. C'est devant
cette place qu'il fut nommé par Albitte,
Salicetti et Barras , chef de bataillon com-
mandant l'artillerie de siège , en rempla-
cement du général Dutheil , retenu au lit ,
par une maladie grave. Bonaparte avait
promis de forcer la ville à se rendre , et
l'événement justifia sa confiance. Le 19 dé-
cembre 1793, Toulon redevint français,
et ce jour là même , Bonaparte reçut en
récompense du service signalé qu'il ve-
nait de rendre à la république , le titre de
général de brigade commandant l'artillerie
de l'armée d'Italie. Dès lors ses talens en
se développant sur un plus brillant théâ-
tre commencèrent à fixer l'attention pu-
blique , et par ses brillantes qualités il
exerça sur toutes les personnes qui l'en-
touraient un irrésistible ascendant. Ce-
pendant chargé d'une expédition contre
la Corse , il y échoua complètement. La
révolution du 9 thermidor faillit arrêter
l'essor de sa fortune ; ses liaisons avec Ro-
bespierre jeune le firent arrêter à Nice ,
comme terroriste. Mais on s'aperçut bien-
tôt du vide que son absence laissait dans
l'armée d'Italie et Bonaparte après quinze
jours de détention fut rendu à la liberté.
La prise d'Oneille , celle du col de Tende,
et le combat del Caïro, qui suivirent son
retour au milieu de ses compagnons d'ar-
mes prouvèrent que l'estime qu'on accor-
dait à ses talens n'était pas exagérée. Les
contrariétés que lui suscita la jalousie du
député Aubry président du comité mili-
taire , l'empêchèrent de poursuivre le
cours de ses succès. Pour faire échouer sa
réputation naissante, on voulut l'envoyer
combattre dans l'ouest : mais Bonaparte
refusa cette mission; il repoussa égale-
ment l'offre qu'on lui fit du commande-
ment d'une brigade dans la ligne , et parut
préférer à un déplacement humiliant ,
l'obscurité de la vie solitaire. On dit même
qu'il conçut le projet d'aller offrir ses ser-
vices au sultan. Les événemens de vendé-
miaire qui survinrent réveillèrent toutes
ses espérances de fortune. A cette époque
les sections de Paris s'étaient révoltées
contre la Convention, et l'insurrection que
l'incapacité du général Menou n'avait pu
réprimer devenait à chaque instant plus
menaçante. Quelques représentans propo-
sèrent d'adjoindre Bonaparte à Barras dans
le commandement des troupes de la Con-
vention. Le vainqueur de Toulon accepta
ce poste , et mit en déroute l'armée des
sectionnaires. Cette journée lui fit donner
par ses ennemis le titre de mitrailleur,
et lui valut quelque temps après , celui de
général en chef de l'armée de l'intérieur.
A peu près dans le même temps Bona-
parte épousa madame de Beauharnais ,
dont la grâce et les manières attrayantes
l'avaient séduit. Le Directoire venait d'ê-
tre installé ; Carnot qui en faisait partie ,
appela l'attention de ses collègues sur le
jeune général, et le proposa pour rem-
placer Schérer, qui dans le commande-
ment de l'armée d'Italie était loin de ré-
pondre aux espérances du gouvernement.
Bonaparte accepta avec joie ce poste qui
lui offrait un nouveau moyen de se si-
gnaler, et il partit de Paris le 21 mars
1796 , avec la ferme confiance qu'il ne tar-
derait pas à ramener sous les drapeaux
français la victoire qui paraissait s'en être
éloignée. Agé de 26 ans il allait commander
à d'anciens généraux, etpour faire oublier
sa jeunesse , il fallait tout le prestige do
succès. En rejoignant l'armée qu'il trouva
fiOiV
387
BON
dans un état complet de dénûment, il pro-
mit à ses soldats de leur livrer les riches
contrées qu'ils avaient sous leurs yeux ;
et l'événement justifia son assurance. L'ar-
mée combinée des Autrichiens et des Sar-
des, battue en cinq rencontres différentes,
depuis le 1 1 jusqu'au 22 avril 1796 , dans
les combats de Montenotte , de Millesimo ,
de Dégo , de Vico , et de Mondovi , laissa
occuper par les Français les forteresses de
Coni, de Tortone, d'Alexandrie, et de la
Ceva. Provera le générai en chef fut pris ,
et le roi de Sardaigne fut obligé de signer
une capitulation dans sa capitale. Maître
du Piémont , Bonaparte s'avança vers la
haute Italie, à la poursuite des Impériaux.
L'armée française força le passage du Pô
à Plaisance , et par la brillante affaire de
Lodi s'assura la conquête de la Lombardie.
Le général victorieux fit son entrée solen-
nelle à Milan le 15 mai 1796. Dans le cours
si rapide de ses succès , Bonaparte ne s'é-
tait pas borné à la direction des troupes sur
le champ de bataille , il avait conclu des ar-
mistices, signé des traités, organisé des
gouvernemens , et s'était pour ainsi dire
constitué l'arbitre unique des destins de
l'Italie. Ses vues politiques, et peut-être
aussi quelques symptômes de ses projets
ambitieux que l'on crut apercevoir dans
ses actes et sa correspondance, alarmè-
rent le Directoire, qui résolut de lui asso-
cier Kcllermann dans le commandement
de l'armée d'Italie. Mais les vives réclama-
tions de Bonaparte, appuyées par Carnot,
firent abandonner ce projet. Pour assurer
la conquête de la haute Italie , Napoléon
songea à s'emparer de Mantoue. Au
moment où il allait faire investir cette
place, la Lombardie se souleva contre les
Français. Irrité de voir ainsi compromis
le résultat de ses premières victoires , il
n'hésita pas à déployer contre les insur-
gés la plus grande rigueur, et des exécu-
tions militaires frappèrent de terreur tout
le Milanais. Bientôt il passe le Mincio , et
chasse de l'Italie Beaulieu , qui est par-
venu à jeter treize mille hommes dans
Mantoue dont le général Serrurier a com-
mencé le siège, avec cent cinquante pièces
de canon enlevées à Milan. Le cabinet de
Vienne regardant avec raison celle place
comme la clef de l'Allemagne , envoie
Wurmser la défendre à la tète de soixante
mille hommes. Le général autrichien di-
vise celte armée , dont il conduit une par-
tie à Mantoue*, tandis que vingt-cinq
mille hommes commandés par Quosna-
dovich se dirigent sur Brescia. Bonaparte
profitant de celte faute de son adversaire,
abandonne le siège de Mantoue et se porte
précipitamment avec toutes ses forces à
la rencontre de Quosnadovich , qu'il re-
jette dans les gorges du Tyrol, après l'a-
voir complètement battu à Salo et à Lo-
nalo ; puis tombant à l'improviste sur
Wurmser qui le croyait occupé contre son
collègue , il gagne sur lui la fameuse ba-
taille de Castiglione où Augereau con-
quiert son titre de noblesse. Celte campa-
pagne , dite des cinq jours , coûta aux
Autrichiens plus de vingt mille hommes
et cinquante pièces de canon. L'armée
française poursuivant Quasnadovich, ob-
tient de nouveaux succès à Serravalle , à
San-Marco, àBoveredo, et dans les gorges
de Caliano. Cependant Wurmser, malgré
la diligence de son adversaire , parvient à
faire pénétrer du secours dans Mantoue.
Bonaparte , tout en pressant le siège de
cette ville , préside à la fondation des ré-
publiques cispadane et transpadane, et
fait chasser les Anglais de la Corse. Bien-
tôt il a à combattre une nouvelle armée
impériale, forte de quarante-cinq mille
hommes et commandée par Alvinzi. Ce
général , comme son prédécesseur, divise
son armée en deux corps : en quelques
jours ils sont écrasés par le général fran-
çais qui obtient , à Aréole , après une ba-
taille de trois jours , un de ses pluo mé-
morables triomphes. Wurmser poursuivi
par les Français est obligé de se réfugier
dans Mantoue. Alvinzi et Provera qui re-
paraissent avec de nouvelles forces sont
mis en déroute , le premier à Rivoli , le
second aux combats de Saint-Georges et
de la Favorite, après lesquels il est obligé
de poser les armes ; et quelques jours après
Wurmser lui-même se voit forcé délivrer
aux Français Mantoue , le boulevard de la
puissance autrichienne en Italie. — Mal-
gré tant d'échecs essuyés en une année ,
la cour de Vienne voulut tenter encore
une fois la fortune des armes. Jusqu'alors
elle avait envoyé en Italie des forces nom-
breuses commandées par des chefs inha-
biles ; cette fois elle y envoya une faible
armée dirigée par un général dont la ca-
pacité égalait le courage. Mais l'archiduc
Charles , ayant à lutter contre une armée
supérieure en nombre , exaltée par ses
triomphes récents, et dirigée par Bona-
parte, semblait n'arriver en Italie que
pour compléter par un dernier échec l'hu-
miliation de la maison d'Autriche. Bona-
parte après avoir remporté sur les bord»
du Tagliamento , une victoire qui lui ou--
BO\ 5
vre le Tyrol et le rend mallre des états de
Venise, fait reculer devant lui le prince
Charles, et s'avançant jusqu'à trente lieues
de Vienne, il force le cabinet autrichien
à accepter la paix qui fut assurée par le
traité de Campo-Formio le 17 octobre
1797. Après avoir ainsi terminé la guerre,
Bonaparte songea à châtier Venise qui
avait favorisé les Autrichiens et où un
grand nombre de Français avaient été
massacrés pendant les fêtes de Pâques, au
son de la cloche qui appelait les fidèles à
la prière. Les nobles prirent la fuite à son
approche, le doge abdiqua, et un gouver-
nement démocratique fut établi sur les rui-
nes de l'ancienne aristocratie ; révolution
importante qui fut imitée à Gênes. Ainsi
deux républiques s'établirent en Italie
sous les auspices du guerrier, qui sans
doute méditait déjà le renversement du
gouvernement républicain dans son pro-
pre pays. C'était le temps où les divers
partis s'agitaient en France pour s'empa-
rer du pouvoir que le Directoire paraissait
au moment de laisser échapper Bona-
parte, de l'armée d'Italie, avait encouragé
au coup d'état de fructidor, dans l'espoir
de le faire tourner à son profit. Mais la
majorité directoriale était alors disposée à
lui disputer l'autorité, et Bonaparte re-
connaissant qu'il devait ajourner ses es-
pérances , attendit patiemment un mo-
ment plus favorable. Après avoir signé
à Bastadt une convention militaire rela-
tive à l'évacuation des deux armées, Na-
poléon revint à Paris , où sa présence ex-
cita un enthousiasme général. Le Direc-
toire lui fit une réception solennelle et
triomphante ; mais jaloux et alarmé de sa
popularité , il songea aussitôt à éloigner
un homme qui paraisssait avoir pour lui
la nation et l'armée. On lui offrit le com-
mandement d'une expédition destinée à
agir contre l'Angleterre, et bientôt après
on résolut celle d'Egypte dont le but était ,
dit-on , d'ouvrir au commerce européen
un passage aux Indes par la mer Bouge.
Bonaparte associant dans sa pensée ces
deux grandes entreprises , disait dans la
proclamation qu'il adressa à son armée , le
1 0 mai 1798 : « Soldats, vous êtes une des ai-
» les de l'armée d'Angleterre ; vous avez
» fait la guerre des montagnes, des plaines,
<* des sièges; il vous reste à faire la guerre
» maritime. Le génie de la liberté quia ren-
» du, dès sa naissance, la république l'ar-
j» bitrede l'Europe, veut qu'elle le soit des
» mers et des contrées les plus lointaines. »
L'imagi nation du vainqueur de II talie é tai l
83 K 0\
exaltée par cette expédition qui lui appa-
raissait avec une teinte de merveilleux. Il
allait visiter les lieux qui avaient vu les
grands conquérans de l'antiquité , et il
espérait y acquérir une renommée égale
à la leur. Bonaparte partit de Toulon le
19 mai 1798, entouré de l'élite des guer-
riers et des savans que possédait la France*
L'armée se composait au moment ou la
flotte mit à la voile , de 19 mille soldats ,
que la réunion de diverses divisions fran-
çaises porta avant le débarquement à 36
mille hommes , sans compter les marins.
Le 9 juin les Français parurent devant
Malte qui se rendit à eux , et le 1er juillet ,
ils aperçurent les minarets d'Alexandrie ,
qui fut emportée d'assaut le lendemain.
Bonaparte après avoir laissé à Kléber le
commandement de cette ville, se mit en
marche vers le Caire. En quatre jours il
atteignit les Mamelucks , et les battit à
Bamanieh , et bientôt il remporta , à la
vue des pyramides, une victoire plus bril-
lante encore , qui lui ouvrit les portes du
Caire II chargea Desaix de suivre Mourad-
Bey qui avait pris la route dé la Haute-
Egypte, et lui-même il rejeta Ibrahim
dans les sables de la Syrie , après l'avoir
battu à Salahieh. C'est au milieu de ces
succès , qu'il apprit que la flotte française
venait d'être entièrement détruite par
Nelson , dans la rade d'Aboukir. « Eh
» bien ! s'écria-t-il , il faut rester ici , ou en
» sortir grands comme les anciens. » On
prétend que l'idée de la fondation d'un
nouvel empire en Orient se présenta alors
à son esprit. Essayant de faire revivre la
civilisation dans ces lieux qui lui servi-
rent autrefois de berceau , il créa un insti-
tut sur le modèle de celui de Paris, et
nomma des commissions pour s'occuper
d'un vocabulaire arabe, et d'un triple ca-
lendrier, égyptien, cophte, et européen.
Dans le même temps deux journaux, l'un
littéraire , et l'autre politique parurent
au Caire , sous les titres de Décade
égyptienne , et de Courrier de l'Egypte.
Bonaparte fit célébrer avec la plus grande
pompe la fête de la liberté, et lui-même
revêtu d'un costume oriental il assista à la
fête annuelle qui se célébrait en mémoire
de la naissance de Mahomet. Mais cette
condescendance ne suffisait pas pour ga-
gner un peuple irrité des charges que lui
imposait l'invasion étrangère. Bientôt une
insurrection éclata au Caire en l'absence
du général en chef. En un instant les mos-
quées sont changées en forteresses ; le gé-
néral Dupuis et Salkovysky, aide-de-camp
BOtf 589
de Bonaparte, sont massacrés avec une
foule de Français. Napoléon, qui était alors
au vieux Caire trouve les portes fermées
à son retour , il en force l'entrée et offre le
pardon aux rebelles ; ses propositions sont
rejelées. Il fait ouvrir alors un feu terri-
ble sur la grande mosquée , où les insur-
gés s'étaient réfugiés. Dans le même temps
un orage vient obscurcir le ciel toujours
serein clans ces contrées. Les musulmans
effrayés, croient y voir un indice de la
colère divine , et implorent le vainqueur,
t L'beure de la clémence est passée, dit
» Bonaparte ; vous avez commencé ; c'est
» à moi de finir. » Il fait alors abattre à
coups de hache les portes de la mosquée ,
et venge par un massacre général l'assas-
sinat des soldats français. Profitant du cal-
me apparent que cette terrible exécution
avait rétabli en Egypte , Bonaparte alla
visiter, accompagné de Monge , Berthollet
et Costaz , les traces de l'ancien canal qui
devait joindre la Méditerranée au golfe
arabique ; il se trouvait à Suez , lorsqu'il
apprit l'occupation du fort d'El-Arisch par
Djezzar pacha. Dès lors il se décide à
tenter la conquête de la Syrie ; et après
être retourné au Caire , il s'avance vers
ce pays à la tête de dix mille hommes.
Cette armée s'empare du fort d'El-Arisch ;
Gaza est occupé sans résistance, Jaffa est
emporté d'assaut, et ses habitans avec sa
garnison sont passés au fil de l'épée. Le
massacre dure deux jours entiers, et quand
cette extermination est consommée, Bo-
naparte va assiéger Saint- Jean d'Acre ,
que malgré la victoire du Mont-Thabor
il est obligé d'abandonner pour rentrer
en Egypte , avec une armée affaiblie par
les batailles et par la contagion née du
massacre de Jaffa. A peine rentré au
Caire , Bonaparte apprend qu'une flotte
turque était devant Aboukir, et pouvait
surprendre Alexandrie. Il se dirige aussi-
tôt vers ce lieu , où les Français rem-
portent une victoire complète sur Mus-
tapha-Pacha chef de l'expédition; et la
seconde journée d'Aboukir devient aussi
glorieuse pour nos armes que la pre-
mière leur avait été funeste. Malgré ces
triomphes partiels , la campagne d'E-
gypte était loin d'avoir répondu aux espé-
rances de Bonaparte , et il soupirait se-
crètement après la France où il entre-
voyait une place piopre à satisfaire toute
son ambition. Des journaux qui lui tom-
bèrent sous la main , ou peut-être de se-
crets avis donnés par son frère Lucien ,
tirent juger que le moment de saisir
lui 11
BO*
l'autorité suprême était arrivé, et que la
France se verrait avec joie délivrée d'un
gouvernement usé qui pesait sur tous
les partis par ses violences et sa faiblesse.
Bonaparte ayant résolu son retour , pré-
texta un voyage dans le Delta , et partit
du Caire, accompagné des généraux Ber-
thier, Murât, Lannes et Marmont, et des
savans Monge, Berthollet et Denon. Après
avoir laissé à Kléber le fardeau du com-
mandement , il s'embarqua à Alexandrie
où deux frégates avaient été préparées
pour son voyage; et échappant comme par
miracle aux vaisseaux anglais qui cou-
vraient la 3Iéditerranée , il débarqua et
Fréjus le 9 octobre 1799. Son impatience
ne lui permit pas d'observer les lois sani-
taires, et il partit sur-le-champ pour Paris.
Ce voyage fut un triomphe continuel, et
Bonaparte interpréta en faveur de son
ambition, l'empressement des populations
qui se précipitaient sur son passage pour
le saluer. La France était alors dans une
situation critique. Depuis le départ de l'ex-
pédition d'Egypte, la fortune semblait
avoir abandonné les drapeaux de la répu-
blique ; la guerre civile s'était rallumée
dans l'ouest ; le gouvernement avait attiré
sur lui l'animad version publique, et tout le
monde sentait qu'il ne suffisait plus à la
France. Le Directoire lui-même recon-
naissait que le moment de sa dissolution
était arrivé. Barras songeait à rappeler les
Bourbons. Sieyès cherchait un général qui .
pût donner au gouvernement l'appui de
l'armée. Bonaparte , malgré l'éloigncment
que ce dernier lui inspirait, consent à se
rapprocher de lui , désespérant de trouver
ailleurs plus d'habileté pour faire réussir le
complot qui doit lui livrer le pouvoir, et
dont l'exécution est fixée entre Sieyès et
lui, au 18 brumaire. Fouché, Talleyrand,
Lucien président du conseil des Cinq-cents,
secondaient les projets du général. Un dé-
cret du conseil des Anciens convoque à
Saint-Cloud la représentation nationale ,
et tou tes les troupes de la division militaire
sont mises sous les ordres de Bonaparte;
Sieyès et Boger-Ducos donnent leur de-
mission ainsi qu'ils en sont convenus, et
Barras se retire à sa terre de Grosbois.
Bonaparte escorté des généraux qui lui
sont dévoués se rend à Saint-Cloud, et se
présentant d'abord au conseil des Anciens*
il demande au nom du salut de l'état le
changement d'une constitution plusieurs
fois violée. De là il se rend au conseil des
Cinq-cents, où se voyant accueilli par des
cris d'indignation, il appelle à son secours
JBOIV
390
BON
les bayonneltcs de ses soldais. Des gre-
nadiers marchant au pas de charge dis-
persent les représentans. Le même jour ,
une trentaine de membres du conseil
des Cinq-cents , réunis à neuf heures du
soir sous la présidence de Lucien , pro-
noncent la dissolution du Directoire et la
créationd'une commission consulaire qui
fut d'abord composée de Sieyès, Roger-
Ducos et Bonaparte (i). Celte révolution
du 18 brumaire fut accueillie par une satis-
faction universelle. On pensa que tous les
maux passés allaient être enfin réparés.
Bonaparte adopta un système de modéra-
tion propre à lui concilier les esprits. La
liste des émigrés fut fermée ; la persécu-
tion cessa contre le sacerdoce, les pro-
scrits de fruclidor furent rappelés , et la
Vendée pacifiée jouit enfin du calme dont
elle était privée depuis si long-temps. Bo-
naparte avait dit le 19 brumaire au conseil
des Anciens , qu'aussitôt que les dangers
qui lui avaient fait confier des pouvoirs
extraordinaires seraient passés * il ab-
diquerait ces pouvoirs : mais celte dé-
claration du général ne parut point obli-
gatoire au consul. Loin de se démettre
de son autorité, il songea à l'affermir en
publiant la constitution de l'an 8. Nommé
premier consul pour dix ans, il se fit
adjoindre Cambacérès et Le Brun , moins
incommodes pour lui que Sieyès, à qui il
fit décerner une récompense nationale
pour le consoler d'avoir été pris pour
èupe. Trois autres pouvoirs furent insti-
tués par la constitution nouvelle ; le tri-
bunal qui discutait les lois présentées par-
ies consuls , le corps législatif qui les
votait sans discussion, et le sénat conser-
vateur qui en gardait le dépôt. Ce qui
montre combien on se moquait du peu-
ple, c'est qu'avec un gouvernement ainsi
organisé on conservait encore le mot de
république. Après avoir rendu l'ordre in-
térieur à la France , en s'établissant au-
dessus de tous les partis, Bonaparte vou-
lut aussi lui rendre la considération dont
elle jouissait avant la paix de Campo-
Formio. Six mois s'étaient à peine écoulés
depuis qu'il était consul, qu'il passe ino-
pinément le mont Saint-Bernard, bat les
Autrichiens à Romano et à Monlebello,
et se rend de nouveau l'arbitre de la
péninsule italique, en remportant la célè-
bre victoire de Marengo, où Desaix
trouve une mort glorieuse en assurant le
(i) Voyei le Précis de l'histoire de la révolution
fronçai ie , au premier volume.
triomphe de l'armée française. L'Autriche
contrainte encore une fois à la paix éva-
cua le Piémont et céda la Lombardie.
Bonaparte profita de l'armistice conclu
avec cette puissance, pour revenir àParis
où l'avait précédé le bruit de ses nou-
velles victoires. Peu de temps après son
retour, le ministre de la police , Fouché,
prélendit avoir découvert un complol
contre la vie du premier consul , tranni
par des hommes dont l'exaltation répu-
blicaine était connue , et bientôt l'explo-
sion de la machine infernale vint effrayer
Paris. Ces tentatives fournirent à Bona-
parte un prétexte pour conccnlrer de plus
en plus le pouvoir entre ses mains, et
pour porter alternativement la terreur
dans les partis opposés qui pouvaient con-
trarier ses desseins. Parmi les républi-
cains, Cérachi, Diana, Demer ville, To-
pino-Le-Brun et Arena, furent envoyés à
la mort, comme ayant trempé dans la
première conspiration ; et parmi les an-
ciens chouans, Carbon et Saint-Régent
expièrent par le dernier supplice l'atten-
tat de la machine infernale. Un arrêté
des consuls prononça en outre la dépor-
tation contre cent trente personnes, qu'on
envoya mourir dans les sables brûlans de
la Guyane. La bataille de Marengo avait
été suivie des batailles d'Hochsledt et de
Hohenlinden, gagnées par le général Mo-
reausur l'Autriche. Cette puissance, épui-
sée par tant de revers , consentit , le 9 fé-
vrier 1801, à signer le traité de Lunéville,
qui confirmait les clauses stipulées à
Campo-Formio. Bonaparte au moment de
fonder un empire sentit la nécessité de se
rapprocher du saint Siège; le 15 juillet
1801, un concordat fut conclu à Paris entre
le pape Pie VII et le premier consul. La
Bavière , le Portugal , la Russie , la Porte
Ottomane signèrent successivement la
paix. L'Angleterre elle-même se sentant
trop faible dans son isolement consentit à
poser les armes, et le traité d'Amiens con»
clu le 24 mars 1802, assura pour quelque
temps la tranquillité de l'Europe. La pos-
session de l'Egypte avait échappé à la
France , et l'aventureuse campagne faite
aux lieux illustrés par les croisades, n'avait
eu, comme ces guerres religieuses, d'autre
résultat que la destruction d'une brillante
armée , dont une faible partie revint en
Europe. Cependant Bonaparte conçut une
nouvelle expédition maritime dont l'issue
ne fut pas moins funeste. Une flotte im-
mense destinée à reconquérir Saint-Do-
mingue partit de Brest et de Rochefort
BON 591
sous les ordres de son beau-frère Lcclerc.
Celte entreprise échoua. L'année pres-
qu'entière fut consumée par la maladie ,
le climat et la guerre, et le seul fruit
de cette tentative de conquête fut l'enlè-
vement de Toussaint-Louverture , que
Ton envoya mourir en France dans le
fort de Joux, où il fut enfermé. Cepen-
dant Bonaparte , dont l'ambition n'était
pas entièrement satisfaite par la première
place dans une république, songeait à
préparer les voies qui devaient le con-
duire à l'empire. Il commença par élimi-
ner du sénat les membres qui avaient le
courage de s'opposer à ses volontés des-
potiques; Daunou , Chénier, Benjamin
Constant furent de ce nombre; parla réor-
ganisation du culte catholique , le rappel
des émigrés , et l'institution de la légion
d'bonneur, il s'efforça de gagner les par-
tisans de la monarchie. Tout à coup il fit
proposer par ses collègues la question du
consulat à vie ; le résultat de cette ques-
tion soumise en apparence au vote popu-
laire fut conforme à ses vues; et la con-
stitution fut de nouveau modifiée dans
l'intérêt du pouvoir. A peu près dans le
même temps le premier consul fit de-
mander la cession de ses droits au frère
de Louis XVI , qui repoussa énergique-
ment cette proposition. Bientôt la guerre
se rallume avec l'Angleterre , à qui l'oc-
cupation de Parme et l'envahissement
de la Suisse avaient fourni le prétexte
d'une rupture. Le Hanovre fut occupé par
les Français , qui surprirent l'armée an-
glaise et la firent prisonnière. Le cabinet
de Londres s'efforça de susciter des en-
nemis intérieurs à Bonaparte. Les chefs
royalistes, désabusés des espérances qu'ils
avaient fondées sur lui, formèrent le pro-
jet de prévenir en le renversant , l'exé-
cution de ses desseins ambitieux. Leur
complot fut découvert. Georges Cadoudal,
fut condamné à mort et exécuté. Piche-
gru .impliqué dans la même conspiration,
fut trouvé étranglé dans sa prison. Mo-
reau accusé de complicité, malgré ses
principes républicains , subit la peine du
bannissement. On osa frapper une vic-
time plus illustre. Le duc d'Enghien,
enlevé au mépris du droit des gens sur
un territoire étranger , fut amené à Vin-
cennes, jugé et fusillé dans les 24 heures ,
comme coupable d'avoir connu le com-
plot de Georges. Cet assassinat, que Bona-
parte a vainement essayé de justifier ,
fut une sorte de garantie donnée à ces
hommes de sang, qui n'attendaient qu'une
BON
occasion pour échanger le masque d'in-
dépendance dont ils s'étaient couverts
contre une servilité réelle. Peu de temps
après celte exécution, le citoyen Curée ,
membre du tribunat, fit la motion d'é-
tablir un gouvernement impérial hérédi-
taire en faveur de Bonaparte et de sa
famille. Ce vœu adopté par les tribuns
fut accueilli avec empressement par les
autres corps de l'état, et le 18 mai 1804,
un sénatus-consulte réforma la constitu-
tion de l'an VIII, et revêtit Napoléon Bo-
naparte du titre d'empereur. On eut soin
de consacrer encore cette transformation
du gouvernement par une apparence
d'assentiment populaire. Ainsi la monar-
chie venait de ressusciter en France , el
avec elle reparut la pompe des titres.
Dix-huit généraux furent créés maré-
chaux de l'empire. Bonaparte voulut en-
core dès son avènement exercer une des
plus belles prérogatives de la souveraine
puissance, le droit de grâce. Armand de
Polignac et plusieurs complices de Georges
qui avaient été condamnés à mort obtin-
rent leur pardon. Le nouvel empereur
fut reconnu par les principales puis-
sances de l'Europe ; le souverain pontife
lui-même , espérant par cette démarche
être utile à la religion, vint sacrer Bona-
parte dans l'églisemétropolitaine deParis>
L'Angleterre seule paraissait braver sa
puissance. Napoléon se décida à y tenter
une descente , et fit construire un grand
nombre de bâtimens de transports, qui
devaient être protégés par 64 vaisseaux
de ligne. Mais au milieu des ces prépara-
tifs militaires , jaloux d'imposer aux na-
tions par la majesté des titres , il prit la
couronne de fer des anciens rois lom-
bards, et fut couronné roi d'Italie à Milan,
le 26 mai 1805. Cependant le cabinot de
Saint-James pour détourner l'attaque dont
il était menacé, souleva contre la France,
l'Autriche et la Russie. L'empereur trans-
porte soudain ses troupes sur les bords du
Rhin. Il ouvre la glorieuse campagne de
1805, qui devient une suite de triomphes.
Grâce à la rapidité de ses manœuvres et
à la valeur de nos armées , il prend en
peu de jours Augsbourg, Ulm, el Vienne.
Masséna le seconde en Italie , et le 2 dé-
cembre , la célèbre bataille d'Austerlitz ,
où les deux empereurs Alexandre el
François sont vaincus , porte les derniers
coups à la coalition qui se trouve trop
heureuse de signer la paix de Presbourg.
Enhardi par ses succès, Napoléon conçoit
l'idée de renverser en Europe les an-
BON
592
BON
demies dynasties, et de distribuer des
trônes à toute sa famille. Immédiatement
après le traité de Presbourg , Bonaparte
s'était rendu .à-Munich, où il avait fait cé-
lébrer le mariage d'Eugène de Beauhar-
nais , son fils adoplif , avec la princesse
Amélie de Bavière. Bientôt le roi de Na-
ples, accusé d'avoir violé les traités, est
renversé, et Joseph Bonaparte est mis à
sa place. Louis monte sur le trône de
Hollande. Murât devient grand-duc de
Berg, et Berthier prince de Neucbâlel.
L'empereur d'Allemagne est dépouillé de
cette dignité, et réduit au seul titre d'em-
pereur héréditaire d'Autriche par INapo-
léon, qui réunit sous le nom de Confédé-
ration du Rhin, dont il se fait le protec-
teur, les princes secondaires de l'Allema-
gne. Napoléon avait abaissé l'Autriche;
mais la Prusse pleine des souvenirs du
grand Frédéric et excitée par l'Angleterre
avait formé le dessein d'affranchir l' Alle-
magne de la domination française. Une
nouvelle campagne s'ouvrit non moins
brillante que la précédente. La monarchie
prussienne fut écrasée sur le champ de
i>ataille d'Iéna. L'armée française après
avoir renversé l'orgueilleuse colonne qui
perpétuait le souvenir de la défaite de
Bosbach , occupa Berlin. Cependant le
roi de Prusse avait imploré l'appui de la
Russie. Celle-ci brûlait de réparer l'échec
d'Austerlitz , et Napoléon fut contraint de
prolonger la campagne. La sanglante ba-
taille d'Eylau, dont le succès demeura in-
décis , fut suivie de celle de Friedland,
où l'armée russe fut entièrement défaite.
Cette nouvelle victoire de Bonaparte
amena l'entrevue de Tilsitt , qui eut lieu
sur un radeau au milieu du Niémen.
L'empereur de Bussie et le roi de Prusse
s'y présentèrent devant le soldat couronné
qui les avait vaincus , et qui deux ans au-
paravant, avait reçu l'empereur d'Alle-
magne dans une circonstance pareille , à
son bivouac d'Auslerlitz. Le traité de
Tilsitt signé le 7 juillet i 807, créa deux
nouveaux rois ; un démembrement de la
Prusse forma le royaume de Westphalie ,
et donna une couronne à Jérôme Bona-
parte. Le plus fidèle allié des Français ,
l'électeur de Saxe , devint roi de Saxe, et
gouverna une partie de la Pologne sous
le titre de grand duc de Varsovie. Enivré
de gloire , Napoléon reparut dans sa capi-
tale et fut surnommé le Grand. Tous les
partis semblaient évanouis. Le prestige
de la puissance impériale paraissait avoir
effacé le souvenir de quinze ans de com-
bats et de luttes politiques ; et l'amour de
la liberté semblait remplacé par celui de
la gloire. De triomphe en triomphe Na*
poléon était arrivé à ce degré de confiance
en soi-même qui rend inaccessible à tous
les conseils , et qui ne permet pas d'aper-
cevoir l'écueil fatal où l'on doit se briser.
Nous touchons au moment où son ambi-
tion va le précipiter dans les guerres in-
justes qui amèneront sa chute. Pour rui-
ner l'Angle terre qui avait achevé d'écraser
notre marine au cap Finistère et à Tra-
fâlgar (1805), Bonaparte avait imaginé le
blocus continental, système gigantesque
qui consistait à fermer aux marchandises
anglaises tous les ports du continent. Ce
projet qui portait atteinte à la prospérité
d'un grand nombre d'états , était par là
même d'une exécution impossible. Lo
traité de Tilsitt avait fermé les ports d'Al-
lemagne et de Russie à l'Angleterre, mais
celle-ci continuait son commerce avec le
Portugal qu'elle regardait comme une
de ses colonies. Napoléon somme cette
puissance de suspendre ses relations , et
ne pouvant l'obtenir, il donne ordre au
général Junot de marcher sur Lisbonne
à la tête de vingt -cinq mille hommes.
Mais il pensa que le succès de son entre-
prise ne pouvait être complètement assuré
que par la conquête de la péninsule , et il
songea à enlever le trône d'Espagne à la
dynastie des Bourbons. Les circonstances
étaient favorables à cette inique spolia-
tion. La famille royale était divisée. Un
favori de Charles IV, le prince de la Paix,
avait aliéné l'opinion publique , et ce
monarque lui-même , à la suite d'une
émeute populaire, s'était vu forcé d'abdi-
quer en faveur de son fils , le prince des
Asturies , depuis Ferdinand VII. Mais
bientôt le vieux roi , rougissant de sa fai-
blesse , prolesta contre cette abdication.
Bonaparte s'établit juge de ce différend,
et les deux princes furent appelés à
Bayonne. L'empereur, feignant de pro-
téger le père contre le fils , parvint à faire
abdiquer Charles IV en sa faveur, cl donna
le trône vacant à son frère aine Joseph ,
qui fut remplacé par Mural dans le royau-
me des Deux-Siciles. Les princes de la
famille royale d'Espagne , après avoir
paru consentir à cet accord , allèrent ex-
pier dans les prisons leurs scandaleuses
divisions. Le peuple espagnol fut indigné
en recevant un étranger pour monarque*
La population se souleva d'un bout du
royaume à l'autre. L'Angleterre seconda
l'Espagne ; et la France se vit engagée avec
BON
593
BOX
douleur dans une guerre désastieuse qui
consuma ses armées et avança le terme
de ses jours de victoire. L'Autriche voyant
une grande partie des forces françaises
occupées en Espagne , crut le moment fa-
vorable pour sortir de l'état d'abaissement
où l'avait placée le traité de Prcsbourg.
et rompit la paix. Napoléon quitta l'Es-
pagne où il avait obtenu de brillans succès
et revint à Paris le 5 janvier 1809, pour
aller prendre le commandement de l'ar-
mée du Nord. Bientôt il ouvrit une nou-
velle campagne plus sanglante, plus achar-
née qu'aucune des précédentes. Trois
victoires successives , celle d'Eckmulh ,
celle d'Essling , et celle de Wagram , le
rendirent de nouveau l'arbitre de la paix
qui fut signée à Vienne le 14 octobre.
Quelques mois auparavant, les états ro-
mains avaient été envahis, et le souverain
pontife enlevé de son palais, s'était vu
conduire en France où on le retint captif
pendant que ses possessions étaient réu-
nies à l'empire français. Pie VII lança une
bulle d'excommunication contre les au-
teurs et exécuteurs des violences exercées
contre lui , et il déploya dans celte cir-
constance une dignité calme et une iné-
branlable fermeté. La vénération publique
dont il fut partout entouré sur son passage
lui prouva que la nation française n'était
pas complice de l'attentat par lequel on
punissait sa résistance à une injuste usur-
pation. L'agrandissement de l'empire ne
se borna pas à Rome et à l'Italie , Bona-
parte réunit encore à la France la Hol-
lande, qui ruinée par le blocus, témoignait
hautement son mécontentement. En même
temps qu'il reculait ainsi les limites de la
France, l'empereur songeait à rompre les
nœuds d'un premier mariage qui ne lui
permettait plus l'espoir d'avoir un héri-
tier de son rang et de sa puissance. L'idée
de posséder une fille des Césars souriait
d'ailleurs à son orgueil. I/impératrice
Joséphine qui s'était fait chérir sur le trône
par sa bonté et sa modestie fut répudiée ,
et l'archiduchesse Marie-Louise, vint par-
tager les destinées d'un homme qui ne
6*était élevé que par les coups qu'il avait
portés à la puissance autrichienne. Le
sénat n'avait pas hésité à autoriser le di-
vorce de Bonaparte , et la dissolution du
mariage , contre laquelle le pape protesta
en vain , fut prononcée par l'oflicialité de
Paris. Le mariage, auquel plusieurs rois
assistèrent, fut célébré le 2 avril 1810. Les
fêtes qui le suivirent furent troublées par
on événement affreux qui donna les plus
tristes pressentimens pour l'avenir. Ce-
pendant Napoléon, encore gâté par la for-
lune , eut un an après , un fils qu'il dé-
cora dès le berceau du titre de roi de
Rome ; dès lors il crut sa dynastie à jamais
assurée. Des réjouissances publiques cé-
lébrèrent ce grand événement qui devait
être le terme des prospérités de l'empire.
La Russie qui avait subi jusqu'en 1812
les inconvéniens du blocus continental ,
parut à cette époque déterminée à y re-
noncer. Elle écouta de nouveau l'Angle-
terre , et l'empereur moins patient que
jamais résolut de lui faire la guerre. Au
commencement de mai 1812 , le Moniteur
annonça que l'empereur allait faire l'in-
spection de la grande armée réunie sur
les bords de la Vistule , el que l'impéra-
trice l'accompagnerait jusqu'à Dresde
pour y voir son auguste famille. Napoléon
s'arrêta quinze jours dans la capitale de la
Saxe , entouré d'une cour formée de sou-
verains. Le Niémen fut franchi par son
armée dans les journées des 23 , 24 et 25
juin. L'empereur s'écria en passant ce
fleuve : La fatalité entraîne les Russss,
que les destins s'accomplissent ! Les
troupes qui marchaient alors sous fes
ordres pour accabler l'empire moscovite,
comprenaient environ quatre cent-cin-
quante mille combatlans de diverses na-
tions. Le 28 juin Napoléon entra à Wilna
et y établit un gouvernement provisoire,
pendant qu'une diète réunie à Varsovie
s'occupait de reconstituer la Pologne à
laquelle Bonaparte avait fait des promesses
qui ne se réalisèrent pas. L'empereur
était impatient d'atteindre les Russes.
Mais Alexandre avait donné ordre à ses
généraux de se retirer à l'approche de
l'ennemi, et de détruire dans leur fuile
apparente toutes les ressources des lieux
qu'ils abandonneraient à l'armée con-
quérante. Il fit pourtant porter à Bona-
parte des propositions pacifiques qui ne
furent pas trouvées acceptables. L'em-
pereur, après avoir occupé Smolensks
marcha sur Moscou, dans l'espoir d'at-
teindre les Russes et de leur livrer une
bataille décisive. La victoire de la Mos-
kowa remportée le 7 septembre , lui
ouvrit les portes de celte ancienne capi-
tale, où l'armée française entra le 14. La
population avait pris la fuite , et le gou-
verneur Rostopchin n'y avait laissé que
quelques misérables incendiaires chargés
de réduire en cendres cette antique cité
Napoléon au lieu de suivre l'avis de ses
généraux qui lui conseillaient d'abandon-
BOIV
394
BOIV
lier un sol dévasté , se laissa bercer par
des espérances de paix, et attendit trente-
cinq jours sur les débris fumans de Mos-
cou des propositions qui n'arrivèrent pas.
Enfin après avoir fait sauter le Kremlin ,
il ordonna la retraite qui commença le 22
octobre , dans le temps même où sa puis-
sance était menacée à Paris par une con-
spiration tramée dans les prisons. Bientôt
survint un froid excessif qui fit périr les
chevaux et les hommes. Une traînée de
cadavres signalait le passage de l'armée
française , qui harcelée par les Russes et
décimée par la rigueur du climat , com-
battit le 28 novembre à la Bérezina , avec
sa valeur ordinaire. Napoléon la quitta
peu de temps après , et prit sur un traî-
neau la route de la capitale où il arriva
le 18 décembre. Son premier soin fut de
préparer une nouvelle campagne. Le sé-
nat vota une levée considérable , et l'em-
pereur partit de Paris le 15 avril 1813,
pour aller porter la guerre sur l'Elbe où
l'attendaient les débris de sa vieille ar-
mée. Des victoires parurent d'abord re-
lever nos armes. A Lutzen, à Bautzen ,
nos conscrits battirent des ennemis ac-
coutumés à combattre. Néanmoins Na-
poléon ne put résister à la défection de
l'Europe entière, des rois même qu'il
avait faits. La Prusse, l'Autriche et la Ba-
vière désertèrent les rangs de l'armée
française. Murât, roi de Naples, et Ber-
nadotte, prince royal de Suède, se lais-
sèrent entraîner par l'exemple. Plus lâ-
ches qu'eux tous, les Wurlembergeois
et les Saxons abandonnèrent les Français
sur le champ même de bataille. Cepen-
dant les négociations de paix avaient été
entamées. Mais l'orgueil de Napoléon
ne voulut rien céder; il perdit tout : la
bataille de Leipsick, et la retraite dont
elle fut suivie anéantirent tous les avan-
tages de cette campagne. Les débris de
l'armée vinrent se rallier en France. Dans
le même temps l'Espagne appuyée par
l'Angleterre , forçait nos soldats d'éva-
cuer la Péninsule; et l'armée britannique
pénétrant sur notre frontière, liait ses
opérations avec les puissances coalisées. La
France avait été envahie par la Belgique,
la Lorraine et la Suisse. Dans ces graves
conjonctures, Bonaparte demanda des
conseils au corps législatif. Celte assem-
blée , muette aux jours de sa pospérité ,
recouvra tout à coup la parole et fit des
remontrances au pouvoir qui tombait. Elle
fut brusquement dissoute ; bientôt s'ou-
vrit la campagne de France. Bonaparte
luttant avec une faible armée contre des
forces immenses , y déploya toutes les
ressources d'une vaste capacité militaire.
Victorieux à Champaubert, à Mont-Mi-
rail, à Vauchamp, à Nangis , à Monlc-
reau , à Méry-sur-Seine , il força le géné-
ralissime Swartzenberg à demander une
armistice. Mais ses succès ne purent ar-
rêter la marche des alliés qui bientôt pénè-
trent jusqu'à Paris.Bonaparte se hâte d'ac-
courir. Mais il n'était plus temps; par suite
d'une capitulation les étrangers étaient en-
trés le 51 mars 1814 dans la capitale , et le
sénat avait prononcé la déchéance de
l'empereur. Abandonné de toutes parts,
Napoléon déposa le sceptre à Fontaine-
bleau, et remplacé par Louis XVIII, sur
le trône de France , il alla prendre pos-
session de l'île d'Elbe, dont la souverai-
neté lui avait été accordée avec deux mil-
lions de revenu. Accueilli par des hom-
mages à Lyon et à Valence, il fut insulté
et menacé dans les départemens méri-
dionaux. Napoléon parut résigné, et sem-
bla d'abord ne s'occuper que de ses nou-
veaux sujets. Il fit exploiter des mines,
ouvrir des routes, planter des arbres , et
par ses soins l'administration de son île
devint aussi active que florissante. Sa
mère et sa sœur vinrent le visiter au
milieu de ces travaux et adoucir son exil.
Cependant le regret de la belle couronne
qu'il avait perdue, et l'espoir de la re-
saisir encore, l'agitaient dans sa retraite.
Sollicité par les mécontens , il prépara
secrètement son retour en France. Appre-
nant qu'on avait mis en question sa trans-
lation à Sainte-Hélène , il se décida à hâ-
ter son départ, et profita de l'absence du
cornmodore Campbell, retenu à Livour-
ne par les plaisirs d'une fêle , pour met-
tre à la voile dans la nuil du 26 au 27 fé-
vrier 1815, avec environ 900 hommes.
Il entra dans le golfe de Juan le 1er mars
et débarqua le même jour à Cannes. Pour-
suivant rapidement sa route sur Paris , il
entraîna avec lui par l'ascendant de la
gloire, Ney et Labédoyère qui étaient
chargés de le combattre. Le 20 mars, il en-
trait dans la capitale que Louis XVIII ve-
nait d'abandonner pour se retirer à Gand.
En peu de temps le gouvernement impé-
rial fut reconnu presque sur tous les
points du royaume. Mais Bonaparte s'a-
perçut bientôt que l'esprit public était
changé et qu'on attendait de lui des ga-
ranties pour les libertés publiques. Ne
voyant qu'un danger là où sa puissance
pouvait trouver un appui , il se refusa à
BON
395
BON
toute concession libérale , cl publia l'acte
additionnel aux constitutions de l'em-
pire , espèce de charte nouvelle qui con-
sacrait le régime impérial de 1812 , avec
tous ses abus. Cet acte aliéna l'opinion pu-
blique et Napoléon réduit au seul appui
de l'armée partit avec elle le 12 juin pour
aller combattre la coalition sur les fron-
tières du nord. Après quelques avantages
remportés sur les alliés , il vit s'évanouir
toutes ses espérances par la perte de la
bataille de Waterloo. Napoléon ne pou-
vant rallier son armée sur la frontière ,
prit la route de Paris après avoir indiqué
Laon , pour point de réunion à ses lieute-
nans. Une menaçante opposition s'était
déclarée dans la chambre des représen-
tai. Le mot de déchéance prononcé par
des partis différens arrivait aux oreilles
de l'empereur, qui se décida une seconde
fois à abdiquer. Carnot lui conseilla de se
réfugier en Amérique , et de partir sans
délai pour Rochefortoù l'attendaient deux
frégates. Quelques jours perdus en hési-
tations donnèrent aux Anglais le temps de
venir établir leur croisière devant ce port.
Napoléon craignant de tomber entre les
mains des puissances continentales , se
décida à demander l'hospitalité à la nation
britannique. Il fut reçu à bord du Bellé-
rophon, et le gouvernement anglais le
constituant prisonnier, le fit transporter,
de concert avec les puissances alliées, à
l'île Sainte-Hélène, rocher situé au milieu
de l'océan Indien, pour y être gardé à vue
le reste de sa vie. Bonaparte en appre-
nant cette décision exprima vivement la
surprise et l'indignation que lui causait la
conduite du cabinet de Saint- James. Le
vaisseau le Nortumberland.îvA chargé de
le conduire à sa destination. Arrivé en
face du cap de la Hogue, Napoléon s'écria
d'une voix émue, en tendant les bras vers la
France : « Adieu , terre des braves ! quel-
» ques traîtres de moins , et tu serais en-
» corc la maîtresse du monde ! » Il débar-
qua à Sainte-Hélène le 18 octobre. Les gé-
néraux Bertrand et Gourgaud, les comtes
dcLascases et de Montholon l'avaient suivi
dans son exil , où il vécut six années sous
la garde des troupes anglaises, s'occupant
de ses mémoires et donnant à ses com-
pagnons d'infortune des renseignemens
précieux sur les diverses circonstances de
sa vie. Cependant le climat de Sainte-Hé-
lène ruina sa santé depuis long-temps al-
térée , et les contrariétés souvent barbares
que son geôlier Hudson Lowe lui fit en-
durer , hâtèrent les progrès du mal qui le
minait Le 5 mai 1821, à six heures du
soir , se termina la vie de cet homme ex-
traordinaire qui avait enchaîné la révo-
lution, vaincu l'Europe, remué le monde
entier; génie puissant et désastreux, fait
pour gouverner et conquérir , qui après
avoir rendu l'ordre et le calme à la
Fiance , avait attiré deux fois sur elle les
fléaux de l'invasion étrangère. Bonaparte
demanda à ses derniers momens les se-
cours de la religion, et la veille de sa mort
il reçut le viatique de la main d'un des
aumôniers qu'il avait fait venir de Corse.
Par son testament qui a été rendu pu-
blic, il distribua à ses plus dévoués servi-
teurs , les sommes qu'il avait confiées à
un banquier de Paris. Il fut enterré avec
les honneurs de général, seul titre que les
Anglais lui reconnussent, dans une petite
vallée, arrosée par un ruisseau, où ses
restes reposent encore. Sa statue replacée
depuis peu sur la colonne de la place Ven-
dôme atteste assez que l'enthousiasme
que firent naître les victoires du grand
général, est loin d'être éteint chez une
nation légère qui oublie tout hors la
gloire. « L'avenir, dit M. de Chàteau-
» briand, dans son ouvrage De Buona-
» parle et des Bourbons* doutera si cet
» homme a été plus coupable par le mal
» qu'il a fait que par le bien qu'il eût pu
» faire et qu'il n'a pas fait. Jamais usur-
» pateur n'eut un rôle plus facile et plus
» brillant à remplir. Avec un peu de mo-
» dération , il pouvait établir lui et sa race
» sur le premier trône de l'univers. Per-
■» sonne ne lui disputait ce trône. Les gé-
» nérations nées depuis la révolution ne
» connaissaient point nos anciens maîtres,
» et n'avaient vu que des troubles et des
» malheurs. La France et l'Europe étaient
» lassées ; on ne soupirait qu'après le re-
» pos ; on l'eût acheté à tout prix. Mais
» Dieu ne voulut pas qu'un si dangereux
» exemple fût donné au monde , qu'un
» aventurier pût troubler l'ordre des suc-
» cessions royales , se faire l'héritier des
» héros , et profiter dans un seul jour de
» la dépouille du génie, de la gloire et du
» temps. Pour le perdre , il a suffi à la
» Providence de l'abandonner et de le li-
» vrer à sa propre folie. » Bonaparte a
laissé quelques ouvrages : j Lettre de
M. Buonaparte à M. Matteo Bullafuoco,
député de Corse à l'assemblée nationale,
1790, in-8° , réimprimée dans le n° 5. J Lé
Souper de Beaucaire * Avignon, 1793 , in-
8° ( anonyme ) , réimprimé dans le n° 7
ci-après. | Collection générale et corn-
BON 596
plète de lettres., proclamations J discours,
messages , etc., classés suivant l'ordre
des temps , avec des notes , \mr Charles-
Auguste Fischer, Leipsick , 1808 et 1813 ,
2 -vol. in-8°; | Correspondance inédile of-
ficielle et confidentielle, ( publiée d'après
les copies authentiques recueillies et ras-
semblées par Napoléon lui-même ), Pa-
ris, Panckoucke, 1819 et 1820, 7 vol. in-
8°; ce recueil mérite toute confiance.
| OEuvres de Napoléon Bonaparte, Paris,
Panckoucke, 1821 et 1822, 5 vol, in-8°;
quelques volumes de la précédente col-
lection font partie de celle-ci. l 'Mémoires
pour servir à l'histoire de France en
1813 , avec le plan de la bataille de Moni-
St.-Jean , Paris, Barrois l'ainé, 1820, in-8°.
| Manuscrit de l'Ile-d'Elbe. — Des Bour-
bons en 1815 , publié parle comte*** ( écrit
par le comte de Montholon , publié par
M. O'méara ), Londres, 1818, in-8°. (L'é-
dition de Bruxelles porte, à tort sur le fron-
tispice le nom de M. le comte Bertrand.
On sait aujourd'hui que M. Bertrand, of-
ficier et parent de M. le comte Siméon,
est auteur du Manuscrit venu de Sainte-
Hélène d'une manière inconnue, Londres
et Bruxelles, 1817, in-80. | Mémoires pour
servir à l'histoire de France sous Napo-
léon , écrits à Sainte-Hélène par les gé-
néraux qui ont partagé sa captivité , et
publiés sur les manuscrits entièrement
corrigés de la main de Napoléon , publiés
par le général Gourgaud et le comte de
Montholon , Paris , Bossange frères , 1822-
4823 , 8 vol. in-8°. Les ouvrages sur Bo-
naparte sont : | Quelques notices sur les
premières années de Bonaparte , recueil-
lies en anglais par un de ses condisci-
ples,mises en français par le citoyen B...
( Bourgoing ) , Paris , 4797 , in-8°. | Mé-
moires pour servir à l'histoire de France
sous le gouvernement de Napoléon Bona-
parte, etc. , par M. Salgues , Paris , 1814-
1825 , 4 vol. in-8°. | Mémoires pour ser-
vir à l'histoire de la vie privée, du retour
et du règne de Napoléon en 1815, par
M. Fleury de Chaboulon , Londres et Pa-
ris , 1820 , 2 vol. in-8°. | Recueil de pièces
authentiques sur le captif de Sainte-Hé-
lène, avec des notes de M. Regnaull-
TVarin, Paris, Corréard, 1822, 10 vol.
in-8°. | Napoléon en exil, ou l'écho de
Sainte - Hélène , ouvrage contenant les
opinions et les réflexions de Napoléon sur
les événemens les plus importans de sa
vie, recueillis par Barry L. O'méara,
traduit de l'anglais, Paris, 1822, 2 vol.
in-8*. Les éditions anglaises sont plus com-
BON
plètcs. | Mémorial de Saitde-Hclène , par
le comte Las-Cases , Paris, 1823 , 8 vol.
in-8° , et in-12 , réimprimé en 1825. | Mé-
moires du docteur E. Antomarchi , ou
les derniers momens de Napoléon , Paris,
Barrois l'ainé, 1825, 2 vol. in-8°. | Vie
politique et militaire de Napoléon par
M. Arnault, Paris, Babeuf, 1822, in-foL
1825. | Histoire de Napoléon Bonaparte t
offrant le tableau complet des premières
opérations militaires, politiques, etc.,
par S. F. H. ( Henry ). | Galerie militaire
de Napoléon Bonaparte gravée au trait
par Normand père et fils , Paris , Panc-
koucke , in- fol. 40 livraisons. | Victoires
et conquêtes , désastres, revers et guerres
civiles des Français de 1792 à 1815 , par
M. le général Beauvais et autres, Paris ,
Panckoucke, 1817-1824,28 volumes in-8°.
| Mémoires sur la guerre de 1809 en Alle-
magne, par le général Pelet, Paris, Borct ,
1824 in-8°. | Histoire de Napoléon et de la
grande armée pendant l'année 1812 , par
le comte de Ségur , 2 vol. in-8°. | Napo-
léon et la grande armée en Russie, ou
Examen critique de l'ouvrage de M. le
comte Ph. de Ségur, par le général Gour-
gaud, Paris, Bossange frères, 1825, in-8°.
j Histoire métallique de Napoléon , Lon-
dres et Paris , Treuttel , 1819 , in-4°. | Les
quatre concordats , suivis de considéra-
lions sur le gouvernement de l'Eglise en
général et sur l'église de France en par-
ticulier, par M. de Pradt, Paris, 1818-
1820 , 4 vol. in-8°. | Précis des contesta-
tions qui ont eu lieu entre le saint Siège
et Napoléon Bonaparte, par Schoelb, Pa-
ris, 1819, 2 vol. in-8°. | Histoire de Napo-
léon par M. de Norwins.
* BONAPARTE (NAPOLÉox-FnAxçois-
Cuarles-Joseph), duc de Reichstadt , fils
du précédent, naquit à Paris le 11 mars
1811 , et reçut à sa naissance le titre de
roi de Rome que son père crut pouvoir
lui donner par suite de la spoliation du
chef de l'Eglise. Le 29 mars 1814, ce jeune
prince sortit du château des Tuileries avec
sa mère nommée régente , pour aller cher-
cher à Blois une rétraite contre l'invasion
étrangère. La déchéance de l'empereur
Napoléon lui enleva le magnifique héri-
tage de la monarchie française qui lui
semblait destinée par sa naissance , et son
titre de roi de Rome fut changé par le
traité de Fontainebleau en celui de prince
de Parme de Plaisance et de Guastalla. Le
2 mai, le jeune duc quitta la France pour
ne plus la revoir, et alla habiter avec sa
mère le palais de Schœnbriinn près de
BO.\ 597
Vienne. L'empereur d'Autriche l'accueil-
lit avec affection et l'entoura des maîtres
les plus capables de former son cœur et
d'éclairer son esprit. Le retour de Bona-
parte , et son abdication en faveur de son
tils ne changèrent rien à la position du
prince. Cependant quelque temps après ,
le congrès de Vienne enleva au lils de
Napoléon le titre de duc de Parme, quifut
remplacé par celui de duc de Reichstadl.
Son nom même de Napoléon fut supprimé
dans les actes publics. Le jeune duc se
faisait remarquer par des qualités aima-
bles , une figure intéressante , et une vive
intelligence. En peu de temps il acquit
des connaissances assez étendues dans
l'histoire et dans les langues. Mais sa con-
stitution était faible; le développement
rapide et excessif de sa taille altéra sa santé.
La révolution de 1830 émut fortement l'i-
magination du duc de Rcichstadt , et fit
naître dans son esprit une fermentation
de pensées qu'il lui était difficile de maî-
triser. Il devint triste et préoccupé. Sui-
vant l'usage établi pour tous les membres
de la famille royale qui se vouent à l'état
militaire , il avait passé par tous les gra-
des inférieurs , et en avait successivement
rempli les fonctions. Le 15 juin 1851 , il
fut nommé lieutenant-colonel , et prit le
commandement d'un bataillon du régi-
ment d'infanterie hongroise de Giulay, en
garnison à Vienne. Les exercices militaires
auxquels il se livra avec passion achevè-
rentd'épuiser ses forces ; et bientôt on dés-
espéra de sa vie. L'archiduchesse Marie-
Louise , apprenant la triste situation de
son fils , partit aussitôt de Parme pour
venir le joindre , et arriva à Vienne le
soir du 24 juin. L'entrevue de la princesse
et de son fils fut extrêmement déchirante.
Le duc de Reichstadl , mourut à Schœn-
briinn , le 22 juillet 1852 , anniversaire du
jour où il avait appris la mort de son père.
11 était âgé de 21 ans et 4 mois.
• BONAPARTE (Marie-Anne-Elisa ),
sœur de l'empereur Napoléon , naquit à
Ajaccio en Corse , le 8 janvier 1777. Elle
fut élevée à la maison royale de Saint-Cyr,
et vint ensuite demeurer à Marseille avec
sa mère et avec la plus grande partie de
sa famille , qui fut obligée de quitter la
Corse quand cette île passa sous la domi-
nation anglaise. C'est à Marseille qu'elle
épousa, le 5 mai 1797, Félix Bacciochi ,
officier d'infanterie , comme elle issu
d'une famille noble de l'île de Corse.
Elisa vint à Paris vers le milieu de l'an 6,
époque où son frère Lucien fut nommé
2.
BOX
membre du conseil des Cinq-cents. F.lîe y
montra un goût éclairé pour la littéra-
ture et les arts; sa maison devint le ren-
dez-vous de ce qu'il y avait de plus dis-
tingué à Paris par l'esprit et les tuions. La
révolution du iSbrumaire, dont les suites
élevèrent si haut sa famille, augmenta
encore celte espèce de cour. Boufflers et
La Harpe, MM. de Chateaubriand et de
Fontanes en furent les principaux orne-
mcus. Nommée grande duchesse , ayant
le gouvernement général des départe-
mens de la Toscane , elle continua , dans
cette dignité , à se montrer l'amie et la
protectrice des arts. Avec de la supério-
rité d'esprit et de la fermeté de caractère,
elle a gouverné la Toscane de manière à
y laisser d'honorables souvenirs. Jalouse
de son autorité , elle n'y associa jamais son
époux ; l'effigie de Bacciochi se voyait
aussi sur les monnaies de la principauté
de Lucques et de Piombino, mais seule-
ment en seconde ligne et cachée à moitié
derrière celle de sa femme. On a fait à
Elisa le reproche de s'être trop laissé sub-
juguer par ses passions, et de n'avoir pas
toujours évité le scandale dans ses liai-
sons. Lorsque la révolution de 1814 vint
renverser la fortune de sa famille , Elisa
songea un moment à se fixer à Naples ;
mais des motifs politiques ne permirent
pas à Murât de la recevoir dans ses états.
Elle établit alors sa résidence à Bologne, où
elle fut bien accueillie. En 1815 , après le
retour deBonaparte en France, elle quitta
l'Italie pour venir à Trieste dans les étals
autrichiens. Plus tard elle se réunit avec
sa famille à sa sœur Caroline , veuve de
Murât, au château de Brunn. En dernier
lieu elle habitait la maison de campagne
de santo Andréa , près de Trieste , sous le
nom de comtesse de Compignano. Elle y
mourut, des suites d'une fièvre nerveuse,
au commencement du mois d'août 1820.
On dit que, dans ce pays, sa bienfaisance
lui a mérité des regrets. Elle a laissé , de
son mariage avec Bacciochi, une fille née
le 5 juin 1806, et baptisée sous le nom
d'Elisa Napoléon.
* BONAPARTE ( Marie-Paulixe ) ,
princesse de Borghèse, deuxième sœur
de Napoléon , naquit à Ajaccio en Corse,
le 20 octobre 1780 , et fut célèbre par sa
beauté avant d'être connue comme sœur
d'un souverain. Elle ép*6usa d'abord le
général Leclerc dont elle eut un fils , et
s'embarqua avec lui pour Saint-Domin-
gue, quand son mari fut appelé à prendre
le commandement de l'expédition desti-
54
BON
398
BON
née à soumettre cette île. Au milieu des
périlleuses vicissitudes de cette guerre
lointaine, Pauline déploya un grand cou-
rage , et voulut partager les dangers de
son mari. Après la mort du général Leclerc
qui périt avec la plus grande partie de son
armée, enlevé par l'insalubrité du climat,
Pauline désespérée revint en France , et
fut mariée par Napoléon à Camille Bor-
ghèse , un des princes les plus riches de
l'Italie. Mais ce qui arrive souvent dans
ces unions formées par la politique , les
époux ne purent se convenir. Ce fut quel-
que temps après ce mariage que Pauline
eut la douleur de perdre son lils qui mou-
rut à Home. Revenue plus tard en France,
elle témoigna une sorte d'antipathie pour
l'impératrice Marie-Louise, devant la-
quelle sa iieité refusa de se courber , et
elle fut exilée de la cour, malgré la tendre
"affection que Bonaparte lui portait. Cette
disgrâce , qui ne l'affligea pas beaucoup ,
lui permit de se livrer avec plus de li-
berté à sou goût pour la dissipation , et
elle oublia facilement au milieu des plai-
sirs de son palais de Neuilly les grandeurs
dont elle aurait pu jouir à Paris. Elle
était encore dans la disgrâce de l'empe-
reur, lorsqu'il fut contraint d'abdiquer
en 1814. Pauline accourut pour consoler
son frère, et elle alla même partager
quelque temps son exil de l'île d'Elbe.
Après le débarquement de Napoléon à
Cannes , elle lui envoya de Rome où elle
était retournée, ses plus belles parures de
diamant , qui tombèrent après la bataille
de Waterloo , au pouvoir des alliés. Fixée
à Rome où le prince de Borghèse lui
laissait la jouissance de tous ses palais .
elle réunissait autour d'elle une brillante
société dont elle faisait les délices. Ce-
pendant des chagrins, et le souvenir d'un
frère que , malgré ses instances elle n'a-
vait pu revoir, minèrent sa santé et elle
se vit forcée de quitter le séjour de Rome
pour aller respirer à Pise un air plus pur.
Son mari la lit prier de venir le joindre
à Florence , et elle accourut dans cette
ville où elle mourut de consomption le 9
juin 1825.
BO\ AUDI ( Jeax-Eaptiste ), savant
docteur de Sorbonne, né à Aix en Pro-
vence , et mort à Paris en 1756, se distin-
gua par son érudition bibliographique.
On a de lui en manuscrit: | L' Histoire des
écrivains de la Faculté de Théologie de
Paris. | La Bibliothèque des Ecrivains de
Provence. | Un Dictionnaire des Ecri-
vains anonymes et pseudonymes .. savant
et curieux. L'auteur promellaitde publier
ce dernier ouvrage, qui aurait été bien
accueilli des littérateurs. L'abbé Bonardi
était lié avec beaucoup de savans et de
gens d'esprit, et possédait leur amitié et
leur estime.
BO.VAUELLI, DELL A ROVERK ( Gui-
Ubaldq, ou Guiduuai.de ), comte italien,
naquit à Urbin en loG5. Il perfectionna
ses talens en Italie et eu France. Le duc
de Ferrure le chargea de plusieurs négo-
ciations, dans lesquelles il lit éclater son
génie pour la politique. Se«s disposition»
pour la poésie ne se déclarèrent que tard.
Mais son premier essai, sa Filli di Sciro
( Philis de Scyros ) favola pastorale ( dont
la plus jolie édition est celle d'EIzévir,
1(178, in-24, ligures de le Clerc , ou celle
de Glascow, 1703, in-8°), fut comparée au
Pastor Fido et à X Aminta. 11 y a peu de
pastorales écrites avec plus de finesse et
de délicatesse ; mais cette délicatesse l'é-
loigné du naturel, et la finesse le fait tom-
ber dans le raffinement. Ses bergers sont
des courtisans, ses bergères quelquefois
des précieuses , et leurs entretiens de«
discours de ruelle. Bonarelli mourut à
Fano en 1G08. On a encore de lui des Dis-
cours académiques.
B03AROTA ou BUONAROTI , sur-
nommé Michel-. Inge, vil le jour en 1474,
à Chiusi en Toscane , d'une famille an-
cienne. Sa nourrice fut la femme d'un
sculpteur. Il naquit peintre. Ses parens
furent obligés par le grand-duc Laurent
de Médicis, de lui donner un maître, ou
plutôt de lui laisser celui qu'il s'était
donné, et qui ne tarda pas à être surpassé
par son disciple. A l'âge de 16 ans , il fai-
sait des ouvrages que l'on comparait à
ceux de l'antiquité. Jules II, Léon X, Clé-
ment VII, Paul III, Jules III, Paul IV,
François Ier, Cbarles V, Corne de Médicis,
la république de Venise, Soliman même,
empereur des Turcs, l'employèrent et l'ad-
mirèrent. Il réforma le dessin de l'église
de Saint-Pierre , tracé par Bramante, et
exécuté en partie. Il mourut à Rome en
1564. Côme de Médicis lit enlever son
corps la nuit pour le porter à FJorence.
Les beaux-esprits, les savans et les artis-
tes do cette ville travaillèrent à l'envia
lui faire des obsèques magniliques. Ses
plus beaux ouvrages sont le Jugement
universel , peint à fresque avec tant de
force et d'énergie, qu'on croit ressen |r Ja
terreur qui animera ce jour terrible : mais
on lui reproche avec raison d'y avoir
mêlé les imaginations du paganisme. | Un
IïO\
3'J9
BON
Cupidon en marbre, grand comme nalure,
différent de celui à qui il ca^sa un bras
et qu'il enterra dans une vigne pour faire
illusion aux amateursde l'antiquité, (anec-
dote qui a été rejetée par le dernier his-
torien de sa Vie ) j Sa statue de Bac-
chus, qui par son extrême beauté trompa
Raphaël , qui ia donna sans hésiter à Phi-
dias ou à Praxitèle. | Une excellente Sta-
tue de la Vierge de Pitié. Cette Vierge
es: assise sur une pierre au pied de la
cioix, et tient son fils mort entre ses bras.
Elle est d'une beauté si louchante, qu'on
ne peut la contempler sans être attendri.
Un critique lui ayant reproché d'avoir
peint celle Vierge trop jeune, ilse justifia
d'une manière bien sensée et de plus très
propre à renforcer le prix d'une vertu
dont la corruption du siècle a presque
effacé les traces. Ne sais-tu pas 3 lui dit-
il, que les femmes chastes se conservent
bien plus fraîches et bien plus belles que
cellesquionl goûté leplaisirîSon pinceau
était lier, terrible et sublime. Il rend la na-
ture dans tout son éclat. Quelques criti-
ques ont trouvé trop de fierté dans ses
airs de tète , trop de tristesse dans son
coloris, et quelquefois trop de bizarrerie
dans ses compositions; il n'y a (pie le der-
nier reproche qui soit fondé. On ne ré-
fute plus le conte qu't"/ avait attaché un
homme en croix , pour mieux représen-
ter les traits du Christ mourant; comme
si la tète d'un homme qui meurt déses-
péré, pouvait bien exprimer un Dieu
s'immolant volontairement pour les hom-
mes! Michel- Ange n'avait pas besoin de
celte ressource; elle est d'ailleurs entiè-
rement opposée à ce qu'on rapporte de
son caractère et de ses mœurs. La plus
grande partie de ses chefs-d'œuvre de
sculpture et de peinture est à Rome; le
reste est répandu à Florence , à Bologne,
à Venise et ailleurs. Le roi de France pos-
sède quelques-uns de ses tableaux; on en
trouve aussi plusieurs au Palais-Royal.
Ascanio Condivi son élève a donné sa T^ie
en italien, dont la dernière édition est de
Florence, 1740, in-fol. ligures ; M. Hau-
checorne en a donné une autre en fran-
çais, Paris, 1783. 1 vol. in-12 ; à quelques
endroits près, elle est bien et sagement
écrite. Ce qu'on a gravé d'après Michel-
Ange est fort recherché. — Il y a eu deux
autres BUONAROTI, de la même famille,
qui se sont fait un nom : l'un ( Miciiel-
Axoe) par ses poésies, et l'autre (Phi-
lippe ) par ses ouvrages sur les antiqui-
tés Comme ils sont fort estimes et rares.
même en Italie, nous avons cru devoir en
donner les titres. | Osservazioni istoriche
sopra alcuni Medaglioni, sans nom d'au-
teur, Rome, 1698, in-4°. | Osservazioni
sopra alcuni frammenti di Vasi antichi
di vetro, etc. Florence, 1716, in-4°.
* BOWÏI ( Gui ), astronome ou plutôt
astrologue florentin du 15e siècle , fort en
réputation dans son temps , et en faveur
auprès du duc de Montferrat, se ietira
sur la fin de sa vie chez les franciscains,
et mourut vers 1300. Ses ouvrages d'as-
trologie ont été publiés à Augsbourg,
1491, in-4°, sous le titre de Liber astrono-
micus.
BOX AVENTURE (saint ), dont le nom
véritable est Jean FIDENZA, né l'an 1221
à Bagnareaen Toscane, entra dans l'ordre
des frères mineurs, et en fut un des plus
grands ornemens. « Sa vocation , dit l'ab-
» bé Bérault, quoique dans un autre goût
» que celle de saint Thomas, n'est pas
» moins remarquable. Etant tombé dan-
» gereusement malade dès l'âge de 4 ans,
» sa mère le recommanda aux prières de
» saint François qui vivait encore ; et
» elle promit , s'il guérissait, de le mettre
» sous sa conduite. Le saint pria pour
» l'enfant , et le voyant aussitôt guéri , il
» s'écria : O bonne aventure ! nom qui
» lui demeura , au lieu de celui de Jean,
» qu'il avait reçu au baptême. » En 1243,
Bonaventure, âgé de 22 ans, accomplit le
vœu de sa mère, en prenant l'habit de
son bienfaiteur. On l'envoya étudier à
Paris, ainsi que saint Thomas ; et comme
lui, il eut encore un maître célèbre, dans
la personne d'Alexandre de Halès , qui ,
touché de la beauté du naturel de son
disciple et de l'innocence de ses mœurs ,
disait de lui, qu'il semblait n'avoir point
participé au péché de notre premier père.
Son ordre le lit successivement professeur
de philosophie, de théologie, et enfin
général en 1256. L'archevêché d'Yorck
étant vacant, Clément IV l'offrit à Bona-
venture, et le saint le refusa; mais le
pape voulant maintenir sa nomination,
lui enjoignit, en vertu delà sainte obéis-
sance, d'acquiescer à la volonté divine en
acceptant cet archevêché. Tels sont les
termes de la bulle qui fut donnée à ce su-
jet le 24 novembre 1265, et qui n'eut point
d'exécution. L'humilité de Bonaventure
fut si ingénieuse, et il prit si bien le saint
Père , que , tout inébranlable que parais-
sait sa résolution , celui-ci ne le contrai-
gnit pas d'accepter cet<e dignité. Après la
mort de ce pontife , les cardinaux s'enga-
BON
400
BON
gèrent d'élire celui queBonaventure nom-
merait ; ce fut Thibaut , archidiacre de
Liège , qui prit le nom de Grégoire X , sur
lequel il jeta les yeux. Ce pape l'honora
de la pourpre romaine , et lui donna l'é vè-
ché d'Albano. Le nouveau cardinal suivit
Grégoire au concile de Lyon en 1274, et y
mourut des fatigues qu'il s'était données
pour préparer les matières qu'on devait
y traiter. « Ce saint, dit un historien, em-
» porta les regrets de tout le monde, non-
» seulement pour sa doctrine , sa tendre
» éloquence et sa haute vertu, mais pour
» la douceur de son caractère et de ses
» manières, qui lui tenaient, pour ainsi
» dire, enchaînés les cœurs de tous ceux
» qui l'avaient connu. » La cour pontifi-
cale et tout le concile assistèrent à ses fu-
nérailles, les plus brillantes tout ensem-
ble et les plus attendrissantes qu'on ait
jamais faites , même à aucun souverain.
Pierre de Tarentaise qui , d'archevêque
de Lyon venait d'être fait cardinal-évé-
que d'Oslie, et qui succéda au pape Gré-
goire sous le nom d'Innocent V,fit l'orai-
son funèbre, où il exprima sa douleur
d'une manière si touchante, qu'il tira des
torrens de larmes de l'assemblée, toute
pénétrée de la perte que l'église venait
de faire. On a recueilli les ouvrages de
saint Bonavenlure à Rome en 1588, 7 loin,
en G vol. in-fol. et réimprimés à Yenise,
17ol à 1756, Ht vol. in-&°. Les 2 premiers
renferment àç.$ Commenta h'e s sur l'Ecri-
ture. Le 5e ses Sermons. Le 4e et le 5e ses
Commentaires sur le Maître des Sen-
tences. Le 6e et le 7e des Opuscules moraux.
Le 8e les Opuscules qui regardent les re-
ligieux. Ses Méditations sur la Vied?J.-C.
sont pleines de circonstances qu'on ne
trouve point dans l'évangile, et qui ne
sont pas toujours propres à nourrir une
piété solide et éclairée. Si le Psautier de la
Vierge ^ qu'on lui attribue peut-être faus-
sement, est réellement de lui, on ne peut
disconvenir que le saint docteur n'ait perdu
beaucoup de temps à dégrader les beau-
tés simples et majestueuses des Psaumes.
L'idée d'attribuer à une pure créature ce
qui a été dit de Dieu , a été depuis for-
mellement proscrite dans le Catéchisme
du concile de Trente, comme elle doit
l'être, à raison de l'absurdité manifeste
de toute espèce de parallèle entre le Créa-
teur et les êtres qui tiennent de lui seul le
mouvement et la vie. Du reste, les ouvra-
ges ascétiques de saint Bonaventure por-
tent l'empreinte d'une piété affectueuse,
qui saisit encore plus le cœur que l'esprit,
et ont fait passer justement i'auteui pour
un des plus grands maitres de la vie spi-
rituelle. Quant à ses ouvrages théologi-
ques, on y remarque outre la solidité et
la plus exacte orthodoxie, une préférence
marquée pour les sentimens modérés, en-
courageans, propres à produire la paix et
la consolation des âmes. On lui a donne
le surnom de Docteur séraphique. On a
encore une de ses Lettres , écrite 50 ans
seulement après la mort de saint Fran-
çois, où l'on trouve des plaintes amères
contre le relâchement des frères mi-
neurs ; mais on aurait tort de se préva-
loir de ces plaintes pour déroger à la di-
gnité de l'étal religieux. Des fautes qui pa-
raissent capitales dans les hommes dé-
voués au service de Dieu, seraient à peine
aperçues dans les hommes du monde.
« Il est certain, dit Voltaire , que la vie
» séculière a toujours été plus vicieuse, et
» que les plus grands crimes n'ont pas été
» commis dans les monastères ; mais les dé-
» sordres ont été plus remarqués par
» leur contraste avec la règle. » Saint Bo-
naventure est au rang des docteurs de
l'Eglise, quoiqu'il ne soit pas au rang des
Pères, ce nom n'étant donné qu'aux doc-
teurs des 6 premiers siècles, et par une
exception particulière, à saint Bernard
( Voyez ce mot ). Le Père Boule a écrit
sa Vie.
* BONAVEYfUREde SA1NT-AMABLE
( le Père ) , carme déchaussé d'Aqui-
taine, publia, vers la fin du 17e siècle,
trois volumes in -folio sur l'Histoire ecclé-
siastique et civile du Limousin. Ce grand
ouvrage manque de méthode , et n'est pas
toujours exact ; mais c'est le plus grand
corps d'histoire que nous ayons sur une
des provinces de l'ancienne France ; il a
pour titre : la Vie de S. Martial on Dé-
fense de l'apostolat de saint Martial et au-
tres,, contre les antiques de ce temps. Le
premier voulume parut à Clermonl en
1676 ; le second et le troisième furent im
primés à Limoges, en 1683 et 1685. On
trouve dans le premier Y Histoire des
saints du Limousin; et dans le troisième.
Y Histoire du Limousin et les Annales Uj
Limoges, avec les antiquités de la pro-
vince , et une Introduction concernant Vê-
lai des Gaules et du Limousin depuis Jules
César. — Un autre BONAVENTURE de
Sisteron, prédicateur capucin, a composé
une Histoire de la ville et principauté
d Orange J Avignon , 1741 , in-4°. Le pre-
mier volume, contenant cinq disserta-
lions , est le seul qui ait paru de cet tu-
BON
401
«ON
vrage , qui devait comprendre dix disser-
lations historiques, chronologiques et cri-
tiques sur l'état ancien et moderne de la
ville et principauté d'Orange.
* BOJ! AVENTURE de Padoue ou de
Péragia, dix-huitième général des augus-
lirts et cardinal, né à Padoue le 22 juin
1532, embrassa l'institut des ermites de
Saint- Augustin, et lit profession à Padoue.
Il reçut le bonnet de docteur à Paris,
après y avoir fait ses cours de philoso-
phie et de théologie, et fut élu général de
son ordre dans le chapitre tenu à Vérone
le 27 mai 1377. Urbain VI et Clément VII
se disputaient alors la papauté, et Bona-
vcnlure prit parti pour Urbain , qui le
créa cardinal en janvier 1384 , selon les
uns, en septembre 1578, suivant les autres.
François Carrario, qui s'était emparé de
l'autorité à Padoue, le fit assassiner en 1383
( d'autres veulent que ce soit plusieurs
années plus tard ), lorsqu'il passait le pont
Saiat-Ange pour se rendre au Vatican,
voulant ainsi se venger du cardinal, avec
qui il avait eu quelques démêlés au sujet
des immunités ecclésiastiques. On a de
Bonaventure : | des Commentaires sut: les
épîtres canoniques de saint Jean et de
saint Jacques, et sur le maître des Sen-
tences; | des Sermons; \ des fies des
Saints; \ Spéculum Mariœ .breviloquium ,
ternarium de regimine conscientiœ;\une
Oraison funèbre de Pétrarque, qu'il pro-
nonça en 1369. Il avait été lié avec ce
poète célèbre.
* BO\ AVIDIUS ou BONAVITI (Marc-
Maxiua ), professeur de jurisprudence à
Padoue, sa patrie, mourut vers 1389. On
a de lui : | Illustrium jurisconsullorum
imagines , Borne , 1566. Ces portraits , gra-
ves en cuivre, sont au nombre de vingt-
quatre, j Colle ctanea super jus Cœsareum,
Yenise ,' 1584.
BONBELLES ( Hexri-Fhwçois, comte
de ), d'abord garde de marine . puis com-
missaire des guerres, et colonel du régi-
ment de Boufflers, ensuite lieutenant-gé-
néral des aimées du roi de France, com-
mandant sur la frontière de la Lorraine
allemande . mon ail en 1760, à 80 ans. Il
était regardé comme un officier plein de
courage . et un homme intelligent. On a de
lui deux ouvrages estimé; de son temps,
mais de peu d'usage aujourd'hui : | Mé-
moires pour le service journalier de l'In-
fanterie, 1719 , 2 vol. in- 12 ; | et Traité des
évolutions militaires, in-8°.
* BO\CERF ( Pierre-Fraxçois ), né en
Wrj, à Chasaulx en Franche-Comté, fut
reçu avocat en 1770, au parlement de Bc«
sançon, et admis ensuite dans les bureaux
du ministre Turgot. Une brochure qu'il lit
paraître en 1776. sous le nom de Franca-
leu, intitulée Les incoiwéniens des droits
féodaux, lit beaucoup de bruit et fut con-
damnée par le parlement à être brûlée.
Les éloges que Voltaire donne à cette pro-
duction attestent suflisamment son mau-
vais esprit. Sans la clémence de Louis
XVI, qui arrêta cette affaire . elle eût eu
des suites fâcheuses pour Boncerf. Il per-
dit seulement sa place , et se relira dans
la vallée d'Auge, où il s'occupa au dessè-
chement des marais qui rendaient ce pays
inhabitable. De retour à Paris, il fut
membre de la société d'Agriculture et se-
crétaire du duc d'Orléans, dont il avait
acquis la piokciion par la conformité de.
ses principes avec ceux de ce prince. Il
accepta avec empressement, au commen-
cement de la révolution . la charge d' of-
ficier-municipal . et ne vit dans les évé-
nemens que les objets de ses vœux et la
suite naturelle de ses doctrines. Il fut ce-
pendant arrêté après la mort du duc
d'Orléans par le parti qui lui était opposé,
et ne dut son salut qu'à la majorité d'une
seule voix. La frayeur que lui avait cau-
sée cet événement altéra sa santé ; il mou-
rut au commencement de 1794. On a de
lui plusieurs brochures , entre autres un
Mémoire faisant suite à celui que nous
avons cité, intitulé Moyens pour éteindre
et méthode pour liquider les droits féo-
daux.
* BONCIÏAMP ( Ciiaiu.es -Melchior
AR-rnus comte de ), célèbre général ven-
déen, né dans l'Anjou en 1739 , d'une fa-
mille noble et considérée, servit avec dis
linclion dans la guerre d'Amérique. En
1791 il était capitaine au régiment d'A-
quitaine; mais il quitta bientôt le service
et il vivait retiré dans son château de la
Baronnière, pi es de Saint-Florent, lorsque
les royalistes l'appelèrent pour se mettre
à leur tête. De tous les chefs de la Ven-
dée Bonchamp était le plus propre au
commandement comme étant le plus expé-
rimenté. Doué de lalens réels et de qua-
lités précieuses, sa modestie et sa dou-
ceur rehaussaient son mérite et le ren-
daient l'idole de ses soldats. Aussi ses pre-
mières actions furent-elles brillantes. II
commença avec succès cette guerre fa-
meuse ou l'on vildes paysansmal vêtus et
mal armés, mais pleins d'enthousiasme, te-
nir en échec des armées aguerries et triom-
pher des mêmes soldats qui triomphaient
54.
BON
402
BON
de l'Europe Il opéra la jonction de
ses troupes avec celies de La Roche- Ja-
quelcin, et leurs forces réunies acquirent
une supériorité marquée sur les armées
républicaines. Ils prirent Bretsuirc ,
ïhouars et Fonlenay. Bonchamp contri-
bua beaucoup à ces divers avantages; mais
ayant été blessé grièvement, il ne put
reparaître à l'armée qu'après la prise de
Saumur et d'Angers. Il eut encore le
coude fracassé à l'attaque de Nantes, où
les Vendéens furent repoussés. Quelques
jours après, d'Elbée trouva moyen de se
faire élire généralissime malgré tous les
bons csprils de l'armée , qui désiraient
appeler Bonchamp au commandement.
Bonchamp n'en témoigna aucun ressen-
timent; mais il fut étonné qu'on eût
dioisi le moins habile de tous les chefs.
Vers le mois de septembre 1793 , le gou-
vernement républicain, qui avait tant de
fois échoué dans ses entreprises contre
l'armée royaliste qui faisait tous les jours
de nouveaux progrès, voulant faire de
plus grands efforts, leur opposa des trou-
pes nombreuses et aguerries. Charetle
l'ut battu, et vint se réunir aux autres
chefs qui, sentant bien qu'il s'agissait du
salut de leur cause , se décidèrent à une
action générale et combattirent avec plus
d'ardeur que jamais contre la garnison
de Mayence, composée des meilleurs sol-
dats de la république. Bonchamp, quoique
souffrant encore de sa blessure , arriva
avec sa division et décida la victoire;
elle fut complète. Ce succès fut suivi de
plusieurs autres , et peut-être la Vendée
eût-elle décidé du sort de la France , si la
désunion ne se fût mise parmi les chefs,
et si Charelte n'eût détaché sa cause de
celle de la grande armée. Les Vendéens ne
comptèrent plus depuis que des revers.
Bonchamp proposa de passer la Loire
pour se réunir aux Bretons ; on se rendit
à son avis, et l'on plaça quelques troupes
pour faciliter ce passage ; mais il fallut
auparavant en venir aux mains à Chollet,
et cette bataille qui se livra le 17 octobre
1793 , acheva la ruine de l'armée royale
qui avait combattu avec un courage et un
acharnement incroyable. D'Elbée étant
blessé à mort et Bonchamp ayant été at-
teint d'une balle dans la poitrine , leurs
soldats sans chef et sans ordre., se virent
forcés de céder le champ de bataille. Les
républicains avaient acheté trop cher la
victoire pour pouvoir s'opposer au pas-
sage des Vendéens au-delà de la Loire. Bon-
champ ne put voir cette triste retraite;
il passa vingt-quatre heui es sans connais-
sance, et il expira comme on le descendait
de la barque dans laquelle on lui avait
fait traverser le fleuve. Jamais il n'avait
été aussi nécessaire à l'armée. On avait
compté sur lui pour la diriger dans un
pays qu'il connaissait ; il n'avait expliqué
à personne les projets qu'il avait con-
çus. On a rapporté que cinq mille pri-
sonniers républicains amenés jusqu'à la
Loire, au moment où l'on allait la traver-
ser, avaienldù la vie aux instances de Bon -
champ , qui empêcha de les massacrer.
Bonchamp expirait à cet instant, et c'est
auxsenlimens d'humanité de presque tous
les autres généraux vendéens que ces
prisonniers durent leur salut. Quelques
mois après, plusieurs d'entre eux, pour
sauver Mme de Bonchamp , qui était ren-
fermée dans les prisons de Nantes, attes-
tèrent qu'elle avait engagé son mari à
user de son pouvoir pour sauver les pri-
sonniers. Cette circonstance a donné lieu
au récit où un historien a attribué à Bon-
champ celte action généreuse, dont il
était, au reste, bien capable.
♦BOACIARIO ( Marc-Antoine ) , lit-
térateur , né en 1335 fut élève du savant
Marc-Antoine Muret, directeur et pro-
fesseur de belles-lettres au séminaire de
Pérouse. Malgré ses infirmités et la cé-
cité qui l'atteignit de bonne heure , on
lui doit un grand nombre d'ouvrages
latins, estimés pour la composition et
pour le style. Les principaux sont :
| Grammalica . Pérouse, 1603, in-8°;
j L'pistolce, ib., 1604; | Pia poe mata, ibid.
1606 ; | Idyllia , ibid. 1607 ; | Opuscula
decem, ibid. 1607, in-12, etc.
* BOACORE (Thomas), docteur en
philosophie , en médecine et en droit ,
du 17e siècle, aggrégé à l'université de
Naples , est auteur d'un ouvrage sur une
maladie épidémique : De populari , hor-
ribili ac peslilenti gutluris , annexarum-
que partium affectione , nobilissiman;
urbem Neapolim ac totum fere regnun
vexante , consiltum , Naples , 1622 , in-/*°
* BOXCORTÈSE , plus connu sous ie
nom de BONA GRATIA, franciscain de
Bergame, fut un des religieux de cet or-
dre dont le pape Jean XXII condamna
l'opinion en faveur de la non-possession
des biens en commun par J.-C et les
apôtres.
BOXD (Jean), critique et commenta-
teur, naquit dans le comté de Sommer-
set en 1350, fut maître d'école pendant
plusieurs années, et exerça la médecine
BON
403
BON
à la fin de sa vie. Il mourut en 1612. Son
ouvrage le plus connu est un Commen-
taire estimé sur Horace. La plus belle
édition est celle d'Elzevir, 1G77 ; on en a
donné une autre depuis à Orléans, qui a
son mérite. Il a fait aussi un commen-
taire sur Perse.
* BON DAM ( Pierre ) , écrivain alle-
mand , né en 1727, et mort en 1800, fut
successivement professeur dans les écoles
de Campen, Zutphen , et aux universités
d'Harderwick et d'Utrecht. On a de lui :
| Spécimen animadversionum criticarum,
ad loca quœdam juris civilis depravala _,
1746, Franekcr; | Varice lecliones; Bon-
dam y corrige , soit par conjecture , soit
par le secours des manuscrits , un grand
nombre de passages dans les juriscon-
sultes et les littérateurs anciens. | Les
Chartres des ducs de Gueldre , écrites en
vieux hollandais., rassemblées en un énor-
me volume in-folio, Utrecht, 1783 à
1793; | De Hnguœ grœccs cognilione, 1755;
et pro grœci juris interpretibus J 1765,
augmenté de quatre harangues académi-
ques.
BONDELMONT , chevalier florentin ,
promit d'épouser une demoiselle de la fa-
mille des Amidées. Une dame de la mai-
son des Donati, l'ayant dissuadé, lui donna
sa fille en mariage. Les Amidées le poi-
gnardèrent le jour de Pâques , comme il
allait à l'église. Cet assassinat divisa la
ville et la noblesse de Florence en deux
factions, l'an 1215 : l'une attachée aux
Bondelmont, s'appela les Guelfes, et l'au-
tre, les Gibelins; ceux-ci tenaient pour les
Amidées. Mais il ne paraît pas que ce soit
là l'origine de ces noms , quoiqu'ils puis-
sent avoir été ceux des deux factions.
f'oyez CONRAD III.
* BONDI ( l'abbé Clément ) , poète ita-
lien, né à Mezzano, dans le Parmesan,
en 1742 , entra dans la société de Jésus ,
et à l'époque de la suppression de cet or-
dre, se rendit dans le Tyrol. L'archiduc
Ferdinand, gouverneur de Milan, le
nomma , après la prise de cette ville par
les Français en 1796 , son bibliothécaire à
Brunn en Moravie, où Bondi l'avait suivi,
et lui confia l'éducation de ses en fans ,
dont l'un est aujourd'hui le duc régnant
de Modènc. L'impératrice d'Autriche,
morte en 1816, avait pris aussi des leçons
de littérature et d'histoire de l'abbé
Bondi qui s'était fixé à Vienne. 11 est
mort dans cette capitale en octobre 1821 ,
à l'âge de 79 ans , et a été enterré dans
la même église que son compatriote Mé-
tastase. La réputation poétique de Bondi
est fondée principalement sur sa traduc-
tion de Y Enéide en versi sciolti ( Parma,
Bodoni , 1793 , 2 vol. in-8° ), que des ita-
liens élèvent, sous quelques rapports,
au-dessus de celle d'Annibal Caro . faite
dans la même langue , près de trois siè-
cles auparavant , et que personne n'avait
encore essayé de faire oublier. Il a donné
de plus j une traduction italienne , des
Géorgiques, Vienne, 1800, in-4°; j une
autre des Métamorphoses d'Ovide ; | La
Conversazione, 1802 •, le champ qu'a par-
couru Bondi dans ce dernier poème est
plus vaste que celui dans lequel Delille ,
qui publia en 1812 un poème sur le même
sujet , s'est renfermé ; | La Giornata vil-
Icrecia ( la Journée champêtre ) , poème
en trois chants ; | la Félicita {le Bonheur;,
poème en deux chants ; | Ysisiiiata { l'A-
nerie ) , poème burlesque; | la Moda,
des Sonnets , des Canzoni, et autres poé-
sies de Bondi ont été recueillis à Pise,
dans les 11e et 12e volumes de la collec-
tion intitulée : Parnasso degli Italiani vi-
vante Son talent se faisait particulière-
ment remarquer dans les sujets tendres
et mélancoliques. Il joignait à des connais-
sances très variées le sentiment de l'har-
monie , possédait le grec et le latin et s'é-
tait rendu familières plusieurs langues vi-
vantes.
* BONELLO ( MicnEL) , dominicain ita-
lien , né en 1541 , et mort évèquc d'Albe ,
en 1598 , devint cardinal légat sous Pie
IV , son oncle , et parcourut l'Espagne , le
Portugal , la France , pour engager les
princes chrétiens à une nouvelle croisade.
* BONER , fabuliste allemand des 13e
et 14e siècles , dont on a un Recueil de
fables rimèes, tirées des auteurs satiri-
ques, Bamberg, 1461, et Strasbourg, 1782.
C'est peut-être ce qui nous reste de plus
précieux des minnesinger (troubadours
allemands ).
* BONET, ou BONT ( S.), en latin Bonus,
Bonitus, naquit en France, d'une familW
distinguée, et fut référendaire ou chan-
celier de S. Sigeberl III, roi d'Austrasie.
Il jouit de l'estime publique sous quatre
rois, pour avoir fait fleurir la religion et
la justice. Après la mort de Dagobert II,
Thierri III réunit l'Austrasie à la monar-
chie française , et nomma S. Bon et gou-
verneur de la province de Marseille , en
680. S. Avit, son frère aîné, évêque de
Clermont , l'ayant demandé pour succes-
seur, il prit, en 689, le gouvernement de
cette église; mais après dix ans d'épisco-
BOiV 404
pat, ayant eu quelques scrupules sur son
élection , il consulta S. Theau , qui vivait
alors en ermite à Solignac. S. Bonel se
démit de son évèché, et se relira à l'ab-
baye de Marlieu, où il vécut quatre ans
dans les pratiques d'une austère pénitence.
Il revenait de Rome , où il avait fait un
pèlerinage, lorsqu'il mourut de la goutte,
à Lyon , le 13 janvier 710, à l'âge de qua-
tre-vingt-six ans. On trouve dans le Re-
cueil des Bollandistes , sa vie écrite par
un moine de Sommon , en Auvergne, son
contemporain. Il y avait à Paris , près de
St.-Merry , une cbapelle sous l'invocation
de S. Bout.
* BOX ET ( Guillaume ), 41e évèque de
Bayeux , né dans le diocèse du Mans , et
mort à Angers vers 1312 , fut élevé dans
celui de Bayeux ; il était un des digni-
taires de cette dernière église , lorsque
Clément V le lit évèque en 1506. Ce pape
le nomma parmi les commissaires dans
l'affaire des templiers. Il fonda , en 1309,
le collège de Bayeux dans l'université de
Paris , pour des boursiers du diocèse de
Bayeux et de celui du Mans.
* BOX ET de LATES , médecin et astro-
logue provençal du Seizième siècle, est con-
nu comme inventeur d'un anneau astro-
nomique pour mesurer la bauleiir du so-
leil et des étoiles , et servant encore à
d'autres usages qu'il détaille dans un traité
dédié au pape Alexandre VI , Paris, 1534.
* BOX ET (Nicolas), religieux fran-
ciscain du 14e siècle , surnommé le Doc-
teur profitable. On ne s'accorde pas sur
le lieu de sa naissance. Quelques-uns
le croient espagnol , d'autres italien ou
sicilien, et enlin d'autres français. Cet
auteur lit dubruit pendant quelque temps,
par une opinion extrêmement singulière;
il avança, dans un de ses ouvrages, que
ces paroles de Jésus-Christ sur la croix :
Femme, voilà voti-e fils, avaient produit
l'effet d'une transsubstantiation réelle,
«■ii sorte qu'au moment même saint
Jean était devenu le fils de la Vierge. On
ne se persuadera pas que Bonel ait pu
trouver des sectateurs; le fait est pour-
tant vrai, et leur nombre devint même
considérable. Mais on réussit à les rappe-
ler à leur devoir. On a de Bonet : | Pos-
tula in Genesim; \ Comment, super qua-
tuor libros scntenliai'um ; \ Tnterprela-
tiones in prœcipuos libros yiristotelis ,
prœserlim melaphysicam. Ce dernier ou-
vrage a été imprimé, Venise, 1505,
in-fol.
* BOXET (Jean-Paitl), né dans le royau-
BOX
me d'Aragon , adjoint au général d'artil-
lerie , et attaché au service secret du roi
Charles II , fut le premier qui enseigna
par préceptes l'art précieux de faire par-
ler les sourds et muets , dans un ouvrage
intitulé : reduccion de las letras, y artes
para ensenar a hablar a los mudos ,
Madrid , 1620 , in-4°. Grégoire Majans ,
savant espagnol, lui donne la gloire de
celle invention ; il parait cependant qu'elle
est due à Pierre Ponce, béix dirlin (voyet
ce nom), et qu'il n'eut que 1j mérite de
la soumettre à des règles.
BOXET (Théophile ), médecin de Ge-
nève , né en 1620, el mort en 1689. Il fit
part au public des réflexions qu'il avait
faites sur son art, pendant plus de 40
années de pratique. Ses principaux ou-
vrages sont | PoUjanlhes , sive Thésaurus
medico-practicus ex quibuslibet rei me-
dicœ scriptoribus collectas, Genève, 5 vol.
in-folio, 1690, 1691, 1693; c'est une bi-
bliothèque complète de médecine. | Me-
dicina septentrionalis, 1684 et 1686,2 vol.
in-fol. Collection de raisonnemens et
d'expériences faites dans les parties sep-
tentrionales de l'Europe; | Mercurius
compilait ti us , Genève, 1682, in-fol.
| Scpulchretum, ou Anatomia practica ,
Genève, 1679, en 2 vol. in-fol. et Lyon,
1700 , 3 vol. in-folio, avec des additions
par Manget. Quoique le titre de ces livres
soit bizarre, et que le format ne promette
pas beaucoup de précision , ils ont été re-
cherchés avant que Bocrhaave eût trouvé
l'art de réduire la médecine en aphoris-
mes. On les consulte encore.
BOXFADIO ( Jacques) , né à Gazano .
près de Salo, dans le diocèse de Brescia,
au commencement du 16' siècle, secrétaire
de quelques cardinaux , donna des leçons
de politique el de rhétorique à Gènes avec
succès. La république le nomma pour
écrire son histoire. L'historien offensa plu-
sieurs familles, qui furent mécontentes
de ce qu'il disait vrai et indignées de ce
qu'il le disait d'une manière satirique.
On chercha à s'en venger, on l'accusa
d'un crime qui méritait la peine du feu.
Il allait être brûlé vif, lorsque ses amis
obtinrent qu'on se contenterait de lui
couper la tète , ce qui fut exécuté en 1560.
On a de Bonfadio , | son Histoire île Gènes.
dont nous avons parlé , et dans laquelle il
raconte l'état de cette république fort
exactement depuis 1328 jusqu'en 1550, en
un vol. in -4", Pavie, 1586; elle est en
latin . mais Barlhélemi Paschéti la tra-
duisit en italien : cette version imprimée
BON
405
BOIV
à Genève en 1586 , in-4°, n'est pas com-
mune ; | des lettres et des poésies italien-
nes, publiées, les premières en 1746 à
Brescia, avec sa vie, les autres en 1747
in-8°.
BONFINIUS ou BONFINI ( Antoixe ) ,
historien latin natif d'Ascoli, fut gouver-
neur et maître de Béatrix d'Aragon,
épouse de Mathias Corvin roi de Hongrie.
Il écrivit Y Histoire de ce royaume , et la
poussa jusqu'en 1445, en 45 livres. Sam-
buc, qui l'a continuée, en publia une
édition exacte en 1568. Il y en a une autre
de 1606 , in-fol. ; elle est très estimée , et
mérite de l'être, tant pour le style que
pour la sagesse et l'exactitude de l'auteur.
On a encore de lui : j Hermogenis libri
de arte rhetoricâ,et Aphthonii sophislœ
progyiw\astica> Lyon, 1538; | In Hora-
tium Flaccum Comme ntar H ..Rome , in-
4° ; | Syniphosion-Beatricis , swe Dialogi
très de pudicitiâ conjugali et virginilate,
Bàle , in-8° , etc.
* BO\FLERS. ( N. ) médecin distin-
gué, chevalier de la légion d'honneur,
composa, dès son début, trois mémoires
qui fuient couronnés dans trois diffé-
rentes académies. Plus tard, il publia un
Traité sur les fièvres intermittentes ci un
autre sur l'influence de l'air dans les ma-
ladies, ou vrages auxquels on accorde beau-
coup de mérite. Bonflers fui nommé, en
1800 , sous-préfet d'Argentan , et , en 1808,
membre du corps législatif, dont il a fuit
partie jusqu'après la session de 1814. Il
a couronné une vie consacrée à d'utiles
travaux, par une mort chrétienne, ar-
rivée au mois de juin 1820.
* BONFOS ( Manauem , ) juif de Per-
pignan, est connu par son Michal-Jofi,
ou Perfection de beauté qui est une espèce
de Manuel lexique; il est cité quelquefois
sous le litre de Liber definitionum. Le
texte hébreu a paru à Salonique, 1567,
in- 4°.
BONFRERIUS ou BONFRERE ( Jac-
ques ) , jésuite , naquit en 1573 à Dinant ,
ville de la principauté de Liège, et se lit
jésuite , en 1592. Il enseigna la philosophie
et la théologie à Douai, fut professeur de
l'Ecriture et de langue hébraïque dans la
même ville , emploi qu'il remplit avec dis-
tinction pendant un grand nombre d'an-
nées. Il mourut à Tournai le 9 mai 1G43.
On voit par ses écrits qu'il élail très versé
dans la chronologie et dans la critique,
et consommé dans la géographie sacrée.
Swerlius le peint en ces termes : Non
vidgari doctrina instructus J et raris vir-
tutum ornamentis insignitus, industriel
mirabili, incredibili in rébus agendis
prudentia , acerrimi ingenii , solidissimi
judicii. Valère André le qualifie de Mul-
tiplicis vir eruditionis , ingenii sagaci-
tate , judicii maturitale, slyli facililate ac
nilore , memoriœ denique tenacitate in-
primis excellens. A ces témoignages on
peut ajouter celui de M. Dupin , qui ne
doit point être suspect : « De tous les
» commentateurs jésuites de l'Ecriture
» sainte , il n'y en a point à mon avis qui
» ait suivi une meilleure méthode et qui
» ait plus de science et de justesse dans
» ses explications, que Jacques Bonfré-
» rius. Ses prolégomènes sur l'Ecriture
» sont d'une utilité et d'une netteté mer-
» veilleuses. Il en a retranché la plupart
» des questions de controverse que Séra-
» rius avait traitées dans ses prolégomè-
» nés , pour se renfermer dans ce qui
» regarde l'Ecriture sainte, et rapporte
» en abrégé tout ce qu'il est nécessaire de
» savoir sur cette matière. Ses Commen-
» (aires sont excellens. Il y explique les
» termes et le sens de son texte avec une
» étendue raisonnable, et évitant la trop
» grande brièveté de quelques-uns et la
» longueur démesurée des autres, ne fait
» aucune digression qui ne vienne à son
» sujet. » On a de ce commentateur ,
| Prœloquia in tolam ScrijUuram sa-
cram, Anvers, 1625, in-fol.; | Onomas-
licon urbhvm et locorum sacrœ Scripturœ,
Paris, 1631, in-fol. Le Clerc en a donné
une belle édition à Amsterdam en 1707 ,
in-fol. : ces deux ouvrages ont été insérés
dans Tédilion de Ménochius par le Père
Tournemine ; | Pentateuchus Mo/sis com-
mentario illustratus , Anvers, 1625, in-
fol.; | Josue, Judices et Ruth commen-
tario illustrati, Paris , 1631 , in-fol. Bon-
frérius a encore fait des commentaires
sur les livres des Rois et les Paralipo-
mènes , sur les livres d'Esdras , de Tobie,
de Judith , d'Eslher et des Machabées , sur
les quatre Evangiles, les Actes des apô-
tres , et sur les Epitres de saint Paul. Il
avait entrepris de commenter le Psautier,
et il en était au psaume 59, lorsque la
mort l'enleva ; mais ces commentaires
n'ont pas été imprimés.
BOXGAUS (Jacques ), calviniste, ne
à Orléans , conseiller de Henri IV , s'ac-
quitta avec ardeur des négociations que
ce prince lui confia dans les cours d'Alle-
magne. Sixte Y ayant fulminé, en 1585.
une bulle contre le roi de Navarre et le
prince de Condé , Bonyars, qui était alors
RON
Zi.06
BON
a Rome , y fil une réponse et l'afficha lui-
même au champ de Flore. Il mourut à
Paris eu 1612, à 58 ans. Ses ouvrages
sont . | une é dt lion de Justin avec de sa-
vantes unies; | un recueil de lettres la-
tines . qui apprennent peu de choses :
MM. de Port-Royal en publièrent «ne tra-
duction sous le nom de Brianville , en
1693, 2 vol. in -12; | le recueil des his-
toriens des croisades sous le titre de
Gesta Dei per Franc os , 2 vol. in -fol. ,
Hanau , 1611 ; | les variantes des Mélanges
historiques de Paul Diacre; | Collectio
Hungaricarumrerum Scriptorum, Franc-
fort, 1600, in -fol. : c'est une collec-
tion curieuse des historiens originaux de
Hongrie.
* BOMIOMME-DUPIN ( Pierre-Jean-
Baptiste ) , né à Toulouse en 1757, était
conseiller au parlement de cette ville,
lorsque la révolution éclata. Partisan du
nouvel ordre de choses, il périt néanmoins
sur l'échafaud, en 1795, avec les autres
membres du parlement de Toulouse , ses
collègues , qui avaient protesté en 1790 ,
contre les décrets de l'Assemblée consti-
tuante, quoiqu'il eût refusé de signer leur
protestation.
* BO^GO (Pierre ) , chanoine et chan-
tre de la cathédrale de Bergame, sa patrie,
mort en 1601 , possédait les langues latine,
grecque, hébraïque, les belles-lettres, la
théologie, les mathématiques, l'histoire,
etc. Il est auteur d'un traité curieux in-
titulé : Numerorum Mysteria ex ab-
ditis phirimarum disciplinat'um fonlibus
hausta . Paris , 1618 , in-/»°.
BONHOMO (Jean -François), né à
Verceil , se distingua par ses lumières et
son zèle pour la foi catholique. Etroite-
ment lié par l'identité des principes et
des vues avec sain* Charles Borromée, il
fut un de-- plus intimes amis de ce saint
prélat, qui l'envoya à Rome en 1569,
pour obtenir du pape la confirmation des
canons du second concile provincial de
Milan, et le consacra évèque de Verceil,
en 1572. Le pape Grégoire XIII l'envoya
en Suisse où il fut le premier nonce per-
manent, et il y produisit par ses travaux et
sa vigilance pastorale, des fruits précieux
dans des temps difficiles et critiques où
les nouveaux sectaires faisaient dans la
vigne du Seigneur d'étranges ravages.
Quelque temps après il fut envoyé vers
l'empereur, qu'il engagea à faire publier
dans ses étals les décrets du concile de
Trente. Nommé à la nonciature de Colo-
gne, il fut l'àmc de tout ce qui se fit dans
ce temps très critique, tant dans cet élec-
toral que dans les provinces voisines,
pour le maintien de l'ancienne religion ,
pour la réforme du clergé , pour la sup-
pression des abus et tout ce qui intéresse
l'Eglise catholique. La nonciature, dont
il fut en quelque sorte le fondateur, a
depuis continué sans interruption, avec
le meilleur effet pour la religion et le
clergé catholique d'Allemagne. Son suc-
cesseur fut Barlhélemi Pacca, dont les
travaux pour le maintien des nonciatures
et de l'autorité pontificale contre les in-
novations des métropolitains, sont assez
connus. Bonhomo mourut à Liège, dans
l'abbaye de Saint-Jacques ( alors l'asile
de la piété et de la science, aujourd'hui
sécularisée ), le 25 février 1587. On a de
lui | Reformalionis ecclesiasticœ décréta
generalia , Cologne , 1585 , in-8°. Le pape
Benoit XIV cite souvent avec éloge cet
ouvrage dans son traité de Synodo diœ-
cesana. \ Vita et obitus Caroli Borromœi,
Cologne, 1587.
BO\ICIIO\ ( François ), prêtre de
l'Oratoire , ensuite cure de Saint-Michel
d'Angers , mort en 1662 , est auteur d'un
ouvrage intitulé Pompa episcopalis * An-
gers, 1650, in-fol. Ce livre fut composé
lorsque Henri Arnauld fut fait évèque
d'Angers. On a encore de lui un gros
in-i° intitulé V Autorité èpiscopale défen-
due contre les nouvelles entreprises de
quelques réguliers- mendians ^ Angers,
1658. Cet ouvrage est estimé.
BOAIFACE, comte de l'empire, plus
connu par son amitié pour saint Augus-
tin que par ses actions , fut chassé d'A-
frique par les Vandales , et mourut en
452 d'une blessure qu'il reçut dans un
combat contre Aétius.
BOMFVCE ( saint), nommé d'abord
Winfrid, apôtre de l'Allemagne , naquit
en Angleterre vers Tan 680. Il embrassa
l'état monastique, fut fait prêtre en 710,
et envoyé par Grégoire II . en 719, pour
travailler à la conversion des infidèles du
Nord. Il remplit sa mission dans la Thu-
ringe, le pays de Hessc, la Frise et la
Saxe, et y convertit un grand nombre
d'idolâtres. Le pape ayant appris ses suc-
cès, l'appela à Rome, le. sacra évèque le
jour de saint André en 725 , et le renvoya
en Allemagne. Les progrès de la foi fu-
rent encore plus rapides à son retour. Il
convertit les peuples de Bavière, et rem-
plit le Nord du bruit de son nom et de
ses travaux apostoliques. Grégoire III lui
accorda le pallium et le titre d'archevé-
BON 407
que, avec permission d'ériger des évè-
chés dans les pays nouvellement conquis
à la religion. Jusqu'alors Boniface n'a-
vait été lixé à aucune église particulière;
vers l'an 747 le pape Zacharie le plaça sur
le siège de Mayence , qui vaquait par la
déposition de Gervode. Tous ces fails
confondent d'une manière évidente et
sensible les prétentions que les métropo-
litains d'Allemagne ont formées contre le
siège de Rome, dont ils tenaient tout, et
l'on peut dire que l'existence même de
l'église d'Allemagne est l'effet non-seule-
ment du zèle, mais du pouvoir et de
l'autorité hiérarchique de l'Eglise ro-
maine. « Ignorez- vous, ingrats (dit un
» auteur connu à cette occasion), que
» sans elle la Germanie ne serait encore
» que le repaire de quelques hordes bar-
» bares; que les ours et les aurocks habi-
» feraient encore les lieux où sont au-
» jourd'hui vos florissantes cités ; que le
» sang humain coulerait encore sur les
• autels dressés à des monstres , là où le
» paisible agneau est immolé avec une
» pompe sainte dans de magniliques tem-
» pies? Et depuis cette heureuse révolu-
» tion, due précisément au christianisme,
» dont Rome vous a fait le don inesti-
» mable, que ne doit pas la Germanie et
» son clergé surtout à tant de pontifes,
» dont les soins affectueux et paternels
» ont constamment employé l'impression
» de l'autorité sainte , pour en assurer la
» liberté contre l'oppression et la vio-
» lence, pour maintenir dans cette grande
» région la pureté de la foi contre des sec-
» taires nombreux et puissans ? » Boni-
face termina sa vie par le martyre : un
jour qu'il était en chemin pour donner la
confirmation à quelques chrétiens , il fut
percé d'une épée par les païens de la
Frise , dans la plaine de Dockum , près de
la rivière de Bordne , le 5 juin 755. Cin-
quante-deux de ses compagnons, soit
missionnaires, soit chrétiens , furent mas-
sacrés avec lui ; leur sang fut une se-
mence qui produisit d'autres apôtres. Il
s'était démis de l'archevêché de Mayence
en faveur de Lulle son disciple. On a de
cet apôtre des Lettres, recueillies par
Serarius, 1629, in -4°, et des Sermons
dans la collection de don Martenne. On y
voit son zèle, sa sincérité et ses autres
vertus, mais point de pureté ni de déli-
catesse dans le style. Quant au différend
qu'il eut avec Virgile de Sallzbourg, dont
les protestans et les philosophes ont fait
tant de faux rapports, voyez VIRGILE.
BOMFACE 1 ( saint), successeur du
pape Zozime en 418, fut maintenu dans
la chaire pontilicale par l'empereur Ho-
norius , contre l'archidiacre Eulalius qui
s'était emparé de l'église de Latran. C'est
à ce pontife que saint Augustin dédia ses
quatre livres contre les cri cuis des péla-
giens. Il mourut en septembre 422.
BONIFACE II, pape, succéda à Félix IV
en 530. Il était romain, mais son père était
goth. Il avait forcé les évèques assemblés
en concile dans la basilique de Saint-
Pierre, à l'autoriser dans le choix d'un
successeur. Il désigna le diacre Vigile ;
mais ces prélats cassèrent peu de temps
après, dans un autre concile, ce qui s'é-
tait fait dans le premier contre les canons
et les usages. Ou a de lui une Lettre à
saint Césaire d'Arles dans les Epistolœ
Ilomanorum Pont/'/icum île don Constant.
11 mourut en 552.
BOMFACE III, romain, monta sur
le saint Siège en 606, après la mort
du pape Sabinien. 11 convoqua un con-
cile de 72 évèques, dans lequel on ana-
thématisa ceux qui parleraient de dési-
gner des successeurs aux papes et aux
évèques pendant leur vie. Il mourut le
12 novembre de la même année. Il avait
obtenu de l'empereur Phocas, que le
patriarche de Constantinople ne pren-
drait plus le titre d'évêque universel.
BOMFACE IV. fils d'un médecin de
Valéria au pays des Marses , succéda au
précédent en G07. L'empereur Phocas lui
céda le Panthéon , temple bâti par Marcus
Agrippa à l'honneur de Jupiter Vengeur
et des autres divinités du paganisme. Le
pontife le changea en une église dédiée
au vrai Dieu , en l'honneur de la sainte
Vierge et de tous les saints. C'est là l'époque
de la fête de la Toussaint , le 1er jour de
novembre. Cette église subsiste encore et
fait l'admiration des voyageurs , sous le
nom de Notre- Dame de la Rotonde. Il
mourut en 614. On lui attribue quelques
ouvrages qui ne sont pas de lui.
BOMFACE V, napolitain, successeur
de Dieu-donné en G17, mourut en 625. Il
défendit aux juges de poursuivre ceux
qui auraient recours aux asiles des églises.
BOMFACE VI, romain, pape après
Formose en 896, ne tint le saint Siège
que 15 jours. Comme il fut élu par une
faction populaire , et qu'il avait été dé-
posé de la prêtrise avant d'avoir la tiare ,
il fut regardé comme antipape.
BOMFACE VII , surnommé Francon t
antipape, meurtrier de Benoit VI et de
BOV
408
BON
Jean XIV, se fit reconnaître pontife en
974, le 20 août , et mourut subitement au
mois de décembre suivant. Cet objet de
l'exécration publique et de celle de la
postérité, fut ignominieusement traité.
On perça son cadavre à coups de lance ,
on le traîna par les pieds , et on le laissa
nu dans la place, devant la statue de
Constantin.
BOMFACE VIII ( Bexoit-Caietan ),
né à Anagni, d'abord avocat consistorial,
protonotaire apostolique, chanoine de
Lyon et de Paris, ensuite créé cardinal
par Martin IV en d28l , fut élevé sur le
trône pontifical, après l'abdication de saint
Célestin, en 1294. On a dit sans fonde-
ment, qu'il le menaça de l'enfer, s'il
ne se démettait de la papauté , pour en
laisser revêtir un homme plus actif et
plus ferme que lui ; mais il est certain
que Célestin n'abdiqua qu'à raison de son
âge, de la connaissance de son inexpé-
rience et de son goût pour la solitude et
la retraite. Bonifacc craignant qu'il ne
changeât de résolution et ne causât un
schisme , le fit garder dans une espèce de
prison honnête , commode et respectée ,
jusqu'à sa mort. Les Colonne , une des
plus puissantes maisons de Rome, trou-
blèrent les commencemens de son pon-
tifical; ils étaient du parti des Gibelins,
attachés aux empereurs et ennemis des
papes, et eurent la hardiesse d'afficher un
écrit, dans lequel ils protestaient contre
l'élection de Boniface et en appelaient au
concile général des procédures qu'on
pourrait faire contre eux. Boniface les
excommunia, leva des troupes pour sou-
tenir son excommunication , et prêcha la
croisade contre eux , ce qui produisit un
accommodement. Mais le zèle trop ardent
de Boniface pour rétablir la paix entre les
princes chrétiens, le jeta dans de nou-
veaux embarras. Il réussit à la faire con-
clure entre la France et l'Aragon, mais
il ne put l'établir entre la France et l'An-
gleterre : le guerrier et violent Philippe
le Bel s'y refusa hautement, et le pape se
crut en droit de lui défendre la guerre :
ce qui joint à d'autres sujets d'un mé-
contentement réciproque, alluma entre
eux une querelle longue et opiniâtre.
Boniface donna plusieurs bulles où il
soumettait la puissance temporelle à la
spirituelle, prétention aujourd'hui uni-
versellement rejetée, mais qui, comme
nous aurons lieu de le remarquer plus
d'une fois , était alors reconnue par
les princes mêmes, qui se bornaient,
à en restreindre les conséquences ou
à en éviter l'application. C'était la ju-
risprudence générale du temps. Boni-
face finit par mettre le royaume en in-
terdit. Philippe fait arrêter, dans l'as-
semblée des trois états du royaume ,
qu'on en appellera au futur concile. No-
garet passe en Italie, sous le prétexte de
signifier l'appel; mais réellement pour
enlever le pape. On le surprit dans Ana-
gni , ville de son domaine , où il était né.
Nogaret s'était joint à Sciarra Colonne,
qui eut la brutalité de donner un soufflet
au pape avec son gantelet. Nogaret lui
donna des gardes, voulant l'emmener à
Lyon où devait se tenir le concile. Boni-
face mourut un mois après de chagrin ,
en 13o3, à Rome où il était allé, après
que les habitans d' Anagni l'eurent délivré
des mains des Français. Trois cents ans
après , sous Paul V , le onze octobre , jour
même de sa mort, on ouvrit son tombeau,
placé dans la chapelle qu'il avait con-
struite à l'entrée de l'église de St.-Pierre ;
on trouva ses habits pontificaux en en-
tier, et son corps sans corruption, à la
réserve du nez et des lèvres. M. Sponde
en parle comme témoin oculaire , s'étant
trouvé à Rome dans ce temps-là. C'était
en 1605. « On lit pourtant » ( ajoute un
des judicieux auteurs de l' Histoire de l'é-
glise gallicane, d'où nous transcrivons
ces détails ) » que Boniface mourut en fu-
» rieux, se rongeant les mains et les bras,
» ce qui fait voir combien la partialité
» altère quelquefois l'histoire dans les
» points les plus imporlans. » Ce fut lui
qui canonisa saint Louis, qui institua, en
1500, le Jubilé pour chaque centième
année : qui ceignit la tiare d'une seconde
couronne, et qui recueillit en 1298, le
6e livre des Décrélales, appelé le Sexte ,
dont l'édition la plus rare est celle de
Mayence, 1465, in-fol. On a encore de
lui quelques ouvrages. Il était savant
pour son temps. Il ne faut pas juger de
son caractère par ce que les auteurs fran-
çais en ont écrit. Plusieurs de ses démar-
ches sont blâmables sans doute ; mais
celles de Philippe le Bel ne le sont pas
moins; elles sont même beaucoup plus
injustes et plus violentes, et font en quel-
que sorte disparaître les torts de Boni-
face. On regarde assez communément ce
pape comme auteur de la fameuse bulle
in Cœnâ , quoiqu'elle n'ait guères été con-
nue de son temps, et qu'on y trouve plu-
sieurs additions d'une date postérieure.
Elle renferme des vues vastes cl la plu-
BOX
409
BON
part utiles au bonheur des états et au
soulagement des peuples ; mais comme le
pontife y prenait un ton de commande-
ment et employait l'excommunication
dans les matières temporelles , elle a paru
déroger au pouvoir des rois et à leur in-
dépendance dans l'administration de leurs
états. C'est pourquoi les papes Clément
XIV et Pie VI en ont interrompu la pu-
blication qui se faisait tous les ans le jour
du jeudi-saint, et depuis cette époque
elle est regardée comme non avenue.
Cependant un philosophe moderne , un
politique sage , modéré et ami des hom-
mes , a paru la regretter : « Pourquoi ,
» dit il , disputer au souverain pontife un
» droit qui seul rendrait la religion utile
» et respectable aux sociétés ; celui de
» reprendre les pécheurs scandaleux , les
» infracteurs publics du droit naturel, les
» scélérats qui se jouent de toutes les lois?
» La religion n'est- elle pas faite pour les
» puissans encore plus que pour les fai-
» blés ? Saint Ambroise eut- il donc si
» grand tort de chasser hors de l'église
» le meurtrier de Thcssalonique ? Est-ce
» un si grand mal que l'Eglise ose répri-
» mer des tyrans qui se font encenser
» comme des dieux, qui se croient les
» maîtres du genre humain , et qui pour
» sujets n'ont plus que des satellites gagés
» ou des esclaves timides ? Un prince qui,
» pour nourrir des chevaux , pour entre-
» tenir des Messalines et enrichir des fa-
» voris , pour donner des fêtes et élever
» des palais , pour nourrir dix mille valets
» et soudoyer quatre cent mille bouchers,
» ne cesse d'établir des impôts , des droits
» de toute espèce , jusqu'à ce qu'il ait sou-
» tiré à son peuple la dernière goutte de
» sang ; un tel prince n'est-il pas inlini-
» ment plus impie, plus odieux, plus
» criminel , que tous ceux que l'Eglise a
» coutume d'excommunier ? Pourquoi ,
» donc ne serait-il pas soumis à l'ana-
» thème? Faut -il avoir plus d'égards,
» plus de condescendance pour lui, à
» proportion de ce que ses forfaits sont
» plus noirs , plus affreux , plus abomi-
» nables ? Est-ce un abus qu'il y ait une
» église qui parle au nom du grand Dieu,
» au nom de ce Dieu , qui dicit régi,
» apostata ; qui vocat duces impios ; qui
» won accipit personas principum* nec
» cognovit tyrannum cum disceptaret con-
» tra pauperem ? Job 54. » Voyez PIE
V. Jean Rubens a écrit sa Vie en latin ,
Rome , 16S1 , in-4°.
BONIFACEIX, napolitain, d'une fa-
2.
mille noble , mais réduite à la dernière
misère , fut fait cardinal en 1381 , et pape
en 1389, après la mort d'Urbain VI , pen-
dant le schisme d'Occident. Ses historiens
louent sa chasteté, et lui reprochent le
népotisme. Il est certain qu'il avait des
vertus, et Thierri de Nicm a chargé le
tableau de ses défauts. Il mourut en 1404.
Ce pontife institua les Annales perpé-
tuelles.
BOIVIFACE ( Hyacinthe), célèbre avo-
cat au parlement d'Aix , né à Forcalquier
en Provence l'an 1612 , mort en 1095 , est
connu par une compilation recherchée
des jurisconsultes. Elle est intitulée Ar-
rêts notables du Parlement de Provence ,
Lyon , 1708 , 8 vol. in-fol.
* BO.MFACE. Voyez MONTFERRAT
( Boxiface, marquis de ).
* BOiVIFACIO ( Jean ), littérateur, his-
torien et jurisconsulte italien des 16e et 17e
siècles , naquit à Rovigo , d'une famille
noble de cette ville , le 6 septembre 1547.
Après avoir terminé ses humanités à Pa-
doue , il y étudia le droit , et fut î eçu doc-
teur, sans cesser de cultiver les belles-let-
tres et surtout la poésie. De retour dans sa
patrie , il y suivit le barreau , et fit admi-
rer son éloquence. Il se maria à Trévise ,
avec une riche héritière, et s'y établit dans
la maison de son beau-père , Marc-An-
toine Martignaco ou Martignago. Comme
les Trévisans l'entouraient d'une haute
considération, il ne crut pouvoir leur
mieux témoigner sa reconnaissance qu'en
écrivant l'histoire de leur ville qui parut
sous ce titre : Storia Trivigiana divisa in,
libri XII ' j, Trévise , 1591 , in-4°, réimpri-
mée à Venise , en 1748 , avec des addition*
et corrections considérables que l'auteur
avait laissées en manuscrit. Cette 2e édi-»
tion contient en outre la continuation de-
puis 1591 jusqu'en 1623 , par l'auteur, et sa
vie , écrite par Stellio Mastracca (i). Bo-
nifacio remplit ensuite les fonctions d'as-
sesseur dans les tribunaux de plusieurs
villes de l'état Vénitien , et se retira , eu
1624 , dans sa patrie. Ayant été rappelé à
(i) L'abbé Feller, en attribuant cette histoire f
Balthasar Booifacio , paraît avoir confondu l'une!»
avec le neveu dont il ett parlé dam l'article suivant,
— Nous saisissons cette occasion d'avertir nos lec-
teurs que de nombreuses corrections ont été ainsi
faites dans le cours de l'ouvrage Au lieu de multi-
plisr les notes, nous avons cru préférable de rectifier
ou de refondre dans l'occasion les articles de Feller,
En comparant cette édition du Dictionnairk histo-
rique à toute autre du même ouvrage, on pourra se
convaincre que nom avons fait à la plupart de» addu
ti^ns ou des rectifications importante».
55
BON
410
BOIV
Padoue , pour y suivre un ancien procès ,
il mourut dans cette ville le 23 juin 1655.
Outre l'ouvrage que nous avons cité, on en
a de lui plusieurs autres , dont les princi-
paux sont : | L'Arte de' Cenni, con la quale
formandosi favella visibile si traita délia
muta eloquenza * etc., Vicence , 1616 , in-
h° Ce traité de l'art de parler par signes
a été mis par le marquis Maffei , au nom-
bre des bons livres italiens. | De epitaphiis
componendis ..Rovigo, 1629, in-4°; | Compo-
nimentipoètici, Rovigo , 1625, in-4°; | Plu-
sieurs ouvrages de jurisprudence , tels
qu'un traité De furtis * des commentaires
et autres écrits sur les lois de Venise ; | Des
Discours académiques , etc. Jean Bonifa-
cio était membre de plusieurs académies ,
entre autres de celles de Trévise , de Pa-
doue , de Vérone et de Venise.
* BONIFACIO (Balthazar), savant
distingué , neveu du précédent , naquit à
Crema vers 1584. Il fit ses études à Padoue
et fut reçu docteur en droit à 18 ans. Il
alla , très jeune encore , en Allemagne , en
qualité de secrétaire du comte de Porzia ,
nonce apostolique. A son retour en Italie ,
il entra dans la carrière ecclésiastique , et
obtint d'abord l'archiprébende du chapitre
de Bovigo , puis l'archidiaconat de Tré-
vise sous Urbain VIII qui le destinait à un
évêché dans l'île de Candie , que Bonifa-
cio refusa, sa santé ne lui permettant point
un voyage sur mer; enfin il fut nommé
évèque de Capo-d'Istria. Il gouverna cette
église pendant six ans et mourut en 1659 ,
âgé de 75 ans. Bonifacio possédait des con-
naissances solides autant que variées. En
1620, il fut appelé à professer les institut es
de droit civil au collège des nobles de Ve-
nise que le sénat venait de fonder. Il fut
ensuite chargé de la direction d'un nou-
veau collège de nobles vénitiens que le
même sénat fit ouvrir en 1637, à Padoue,
et il en fut le premier recteur. Bonifacio
en exerça les fonctions jusqu'en 1653, épo-
que à laquelle il fut appelé à l'évêché de
Capo-d'Istria. On a de lui un grand nom-
bre d'ouvrages dont les principaux sont :
| Caslore e Polluce J rime di Baldassare
Bonifacio e di Gio Maria Vandi _, etc.
Venise , 1618 , in-12. Vanti était ami in-
time de Bonifacio ; | des Poésies latines
sous le titre de Slichidicon , Venise ,
1619 , in-16 ; un second recueil parut à
Venise, 1646, in-8°; les livres en les-
quels sont divisés ces deux recueils , por-
tent des titres singuliers tels que ceux de
Propylon , Erotarion J Dularicomes , Cal-
liçacon _. etc. , Peplus , Selemnus J etc. ;
[ Discorso delV immortalità dell' anima,
Venise , 1621 , in-4° ; | Elogia contarena t
Venise , 1623 , in-4°. Ce livre renferme
les éloges de trente illustres personnages
de la famille Contarini; | Historia ludicra,
opus ex omni disciplinarum génère selec-
tum etjucundâ eruditione refertum , Ve-
nise , 1652 , in-4° ; Bruxelles, 1656; | JVar-
lectiones et civilium institutionum epitome,
Venise, 1632, in-A°, avec son traité De.
archivis ; | Panegyrici sacri , Venise ,
1657, in-4°. Bonifacio a laissé de plus
beaucoup de manuscrits latins et ita-
liens.
* BONINGTON ( RicnAnn-PARKES ) , né
le 25 octobre 1801 , au village d'Arnold,
près de Nottingham, d'un peintre paysa-
giste habile, faisait dès l'âge de 7 ans , des
dessins qui surprenaient autant par l'exac-
titude de l'imitation que par la délicatesse
de l'exécution. Son père l'amena à Paris
en 1816; Bonington, admis au Louvre,
étudia avec ardeur les écoles italienne et
flamande et fit des progrès rapides sous
M. Gros. De retour en Angleterre , il se
fit connaître à l'exposition de 1826 , dans
la galerie britannique, par deux vues
prises sur les côtes de la mer , qui an-
nonçaient une grande connaissance de
l'art de grouper, du coloris, de la per-
spective, et surtout des effets de la lu-
mière du soleil. Bonington se rendit en
Italie , et exécuta , dans cette terre classi-
que des arts , plusieurs tableaux qu'on a
vus exposés au Louvre en 1828, et qui le
furent ensuite à l'académie royale de
Londres. On remarquait surtout sa Vue
du grand canal de Venise avec l'église
de la Vierge du salut. Sa réputation crois-
sait de jour en jour, et les demandes
qu'on lui adressait devenaient de plus en
plus nombreuses. Ce succès même devin»
fatal à Bonington, qui se livra avec excès
au travail , et se mit ainsi dans un état
tel qu'il ne put jamais s'en relever. Il
mourut le 25 septembre 1828.
* BONIZONE fut successivement évè-
que de Futri et de Plaisance , et périt as-
sassiné pour avoir défendu les intérêts du
saint Siège. Il est auteur d'un Extrait
abrégé de Vhistoire des papes.
BONJOUR ( Guili-acme ) , auguslin , né
à Toulouse en 1670, fut appelé à Rome
par son confrère le cardinal Noris. en
4695. Clément XI l'honora de son estime,
et l'employa dans plusieurs occasions. Ce
pape avait formé une congrégation, pour
soumettre à un examen sévère le calen-
drier grégorien. Le Père Bonjour four-
BON
4il
BON
nit d'excellens Mémoires à cette société.
Ce savant religieux mourut en 1714 , dans
la province de l'Yun-Nan à la Chine, où
sori zèle pour la propagation de la foi l'a-
vait conduit. Il était profondément versé
dans les langues orientales, et surtout dans
celle des Cdphtes. On a de lui | des Dis-
sertations sur l'Ecriture sainte. \ sur les
Monumens cophtes de la Bibliothèque du
Vatican, etc. | Calendarium Romanum,
cum gemino Epactarum dispositu, ad
novilunia civilia invenienda J Rome , 1701,
in-fol. | Traité des cérémonies chinoises.
Il traça avec les Pères Bouvet , Jartoux et
Fridéli les caries de l'empire de la Chine,
déjà commencées depuis quelque temps ,
et que le père Régis , qui remplaça le père
Bonjour, termina dans le cours de l'année
1715.
* BONX ( André ), chirurgien , né en
1738 à Amsterdam , étudia et fut reçu
docteur à l'université de Lcyde. Sa dis-
sertation très-estimée De continualionibus
membranarum J paraît avoir été utile àBi-
chat. Bonn séjourna quelque temps à Pa-
ris , et fut nommé , à son retour en Hol-
lande , professeur de chirurgie et d'ana-
tomie. Il s'était lié avec le célèbre Jac-
ques Hovius, qui fit don au collège de
chirurgie de sa collection d'os malades.
Bonn se chargea de publier à ses frais
l'ouvrage qui a pour titre : Ihesaurus
ossium morbosorum Hovianus, dont il
n'a paru malheureusement que trois
cahiers. Il est mort en 1818.
* BO.MV AC ( Jeax-Louis d'USSON de) ,
évêque d'Agen, né à Paris en 1734, et mort
dans la même ville le 11 mars 1821 , em-
brassa de bonne heure l'état ecclésiasti-
que et fut d'abord grand-vicaire de Bourges
puis évêque d'Agen en 1768. Il fut député
par la sénéchaussée de cette dernière ville
aux états-généraux, et fil encore partie de
l'Assemblée constituante où il s'opposa
avec une fermeté inébranlable au serment
du clergé à la constitution. « Messieurs, dit
» à cette occasion ce prélat qui fut appelé
» le premier, les sacrifices de la fortune me
» coûtent peu : mais il en est un que je ne
» saurais faire , celui de votre estime et de
» ma foi. Je serais trop sûr de les perdre
» l'un et l'autre , si je prêtais le serment
» qu'on exige de moi. » Forcé d'émigrer,
il séjourna successivement en Suisse et
en Bavière. Il rentra en France après la
première restauration, et Louis XVIII
le nomma en 1817 , son premier aumô-
nier. On connaît de Bonnac une Lettre
pastorale du 20 mai 1791 , destinée à ren-
dre compte à ses diocésains de sa con-
duite , et une ordonnance du 25 du mémo
mois contre la nouvelle hiérarchie ecclé-
siastique , qui s'établissait en vertu des
décrets de l'Assemblée constituante.
*BOiMVAIRE (Jean-Gerard), maré-
chal-de-camp , né en 1771 , à Provins
( Aisne), entra dans la carrière militaire
en 1792 , comme simple volontaire , et
parvint de grade en grade à celui de gé-
néral de brigade qu'il obtint en 1813 ,
dans la campagne d'Espagne. Il se trouva
ensuite au siège de Bayonne où il reçut
une blessure grave. La croix de Saint-
Louis lui fut accordée à la restauration ,
mais il ne fut point employé. Nommé
commandant de Condé durant les cent
jours, Bonnaire refusa d'en ouvrir les
portes aux Anglais , après la bataille de
Waterloo , et le colonel Gordon , hollan-
dais d'origine, s'étant présenté pour le
sommer de se rendre , les habitans exas-
pérés et excités , dit-on , par le lieutenant
Miéton , aide-de-camp du général , firent
feu sur le parlementaire. Traduits tous
les deux devant un conseil de guerre,
Miéton fut condamné à mort et fusillé le
30 juin 1816. Le général qu'on accusait
d'avoir donné ordre de tirer sur Gordon ,
fut condamné à la déportation. Il fut dé-
gradé sur la place Vendôme à Paris, et
mourut peu de temps après à l'abbaye.
BOiXINAL ( François de ), évoque de
Clermont. Voyez BONAT.
* BONNATERRE ( l'abbé P. J. ) , na-
turaliste distingué , né à Saint-Genie-s
(Aveyron) vers l'an 1752, a publié dans
X Encyclopédie méthodique de 1788 à 1792,
le Tableau encyclopédique et méthodique
des trois règnes de la nature* en plu-
sieurs vol. intitulés Ornithologie f Célolo-
gie, Erpétologie, Insectologie , etc. travail
estimé qui sert de complément à celui du
célèbre Daubenton , mais présenté d'une
manière plus claire et plus méthodique.
L'abbé Bonnaterre l'orna de planches ,
grand in-4°, qui représentent avec exac-
titude les plantes qu'il décrit. Use réfugia
pendant l'époque de la terreur à Saint-
Gêniez où il mourut en 1804. Il a encore
laissé une Notice historique sur le Sau-
vage de l' Aveyron , publiée en l'an 9,
plusieurs mémoires inédits sur Y Agricul-
ture , sur la Botanique et Y Histoire natu-
relle /enfin une Flore de l' Aveyron.
" BO\^'AUD (don Jean-Baptiste ) , né
à Marseille en 1684 , entra dans la con-
grégation de l'Oratoire , et , après y avoir
enseigné la rhétorique quelque temps,
BON
M2
BON
entra , en 1713 , dans la congrégation de
Sainl-Maur. Après avoir été supérieur en
deux monastères , il se consacra dans la
retraite aux travaux historiques, partage
ordinaire de ces laborieux cénobites. Il
avait entrepris une édition de Pallade;
il a laissé une Vie de saint Viclrice ,
évêque de Rouen , et d'autres écrits restés
en manuscrit. Son dernier travail a été
de continuer YHistoire du diocèse de
Rouen, commencée par don Duplessis,
qui n'en avait publié que l'introduction,
sous le titre de Description géographique
et historique de la Haute-Normandie, Pa-
ris, 1740, 2 vol. in-4°. Don Bonnaud s'oc-
cupa de cette histoire jusqu'à sa mort ,
arrivée à Saint-Germain-des-Prés , le 15
mai 1758. Son travail a été remis à don Le-
noir , qui préparait une Histoire générale
de la Normandie.
BOMVAUD ( Jean-Baptiste ) , après
avoir fait de bonnes études , entra dans
la société des jésuites , où il resta jusqu'à
leur destruction. Après la mort de M. de
Montazet , archevêque de Lyon, il devint
grand-vicaire de ce diocèse sous M. de
Marbœuf, son successeur, dont il eut toute
la confiance. Il se distingua avant et du-
rant la révolution par plusieurs bons
ouvrages , dont un Discours sur l'étal
civil des Prolestans, 1788, in-8°, qui
aurait sauvé l'état, s'il avait été suivi.
C'est particulièrement cet écrit qui anima
contre lui ceux qui lui décernèrent la
palme du martyre dans l'église des carmes,
le 2 septembre 1792. Son érudition vaste
et variée égalait son éloquence et sa vi-
goureuse logique. C'est lui qui mit au
grand jour la fourberie des Lettres , que
Caraccioli fabriqua sous le nom de Clé-
ment XIV., dans son Tartufe épistolaire ,
où il dévoile les petites vues d'une philo-
sophie hypocrite, que le faussaire y avait
déployées, tâche que le Père Richard, dans
son Préservatif contre les Lettres , etc.,
et d'autres écrivains avaient déjà rem-
plie, mais avec moins de développement
et d'étendue. On lui doit aussi Réclama-
tion pour l'église gallicane contre l'in-
vasion des biens ecclésiastiques , et l'abo-
lition de la dîme , décrétées par l'Assem-
blée prétendue nationale, Paris, 1792,
in-8°, ouvrage savant; et Hérodote, his-
torien du peuple Hébreu sans le savoir,
Liège , 1790 , in-12 , espèce de supplément
à l'ouvrage de M. Guérin du Bocher , et
rédigé sur quelques papiers de celui-ci.
Il y a des points de vue parfaitement di-
gnes de V Histoire des temps fabuleux. |
Voyez le Journ. hisl. et lia. 1er déc. 1790,
pag. 538, et l'art. GUERIN.
* BOIVNAY ( Cuarles-François , mar-
quis de ) , pair de France, d'une ancienne
famille du Nivernais , né le 22 juin 1750 ,
était lieutenant des gardes du corps du
roi en 1789 , et fut nommé député sup-
pléant de la noblesse aux états-généraux
où il remplaça M. de Damas, démission-
naire. II en fut élu deux fois président et
défendit les ministres, particulièrement
M. de Montmorin, accusés d'avoir au-
torisé le passage des troupes autri-
chiennes sur le territoire français. Le 14
juillet 1790 , il prêta le premier , comme
président, le serment civique, à la céré-
monie de la fédération du Champ-de-Mars.
Le marquis de Bonnay défendit avec cha-
leur les gardes du corps ses camarades ac-
cusés par de Chabroud d'avoir provoqué
les malheurs des 5 et 6 octobre 1789 , et les
défendit de nouveau le 23 juin 1791, après
le départ du roi ; ce qui le fit accuser par le
comité des recherches d'avoir eu connais-
sance de cette fuite. Il parvint à se justifier
et termina son discours par ces paroles
pleines de noblesse. « Si le roi m'avait de-
» mandé mon a vis, je ne lui aurais pascon-
» seillé ce départ; mais s'il m'avait choisi
» pour le suivre, je répète que je serais mort
» à ses côtés, et que je me glorifierais d'une
» telle mort. » Lorsque le pouvoir exécu-
tif se trouva suspendu entre les mains
du roi , M. de Bonnay écrivit que ses
principes lui faisaient une loi de s'abstenir
de prendre part aux délibérations de l'as-
semblée , et il n'y reparut plus. Il alla re-
joindre les princes frères du roi , et fit
sous leurs ordres la campagne de 1792.
A celte époque le ministre Boland écrivit
au comité de sûreté générale que les com-
missaires chargés de se transporter chez
Bonnay , émigré, pour examiner ses pa-
piers , lui avaient adressé des paquets sur
lesquels étaient écrits ces mots : « Pour
» être brûlés après sa mort , sans qu'il en
» reste de vestiges , je le demande par le
» respect dû aux morts. » Merlin de Douai
sollicita inutilement pour que l'intention
de M. de Bonnay fût respectée ; les pa-
piers furent envoyés au comité , et Ma-
nuel vint assurer qu'il ne s'y trouvait que
des choses entièrement opposées à la po-
litique. Quand Monsieur prit le titre de
roi , M. de Bonnay fut appelé auprès de
lui , et il l'accompagna à Varsovie , où il
fut le ministre intime de sa majesté. Au
moment de la restauration il fut nommé
plénipotentiaire de France à Copenhague
BOTV
413
BON
et il fut élevé à la pairie le 19 août 1813.
L'année suivante il fut accrédité auprès
de la cour de Berlin; sa santé l'obligea
bientôt de revenir à Faris où il fut revêtu
du titre de ministre d'état et de membre
du conseil privé ; enfin en 1821 on lui
donna le gouvernement du château royal
de Fontainebleau. Il est mort le 25 mars
1825 après avoir reçu les sacremens de
l'Eglise , dont il avait toujours honoré la
croyance. On a de lui la Prise des An-
nonciades, petit poème burlesque qui eut
du succès , dans lequel il tournait en ridi-
cule Charles Lameth et Pétion. Ce poème,
rempli d'une plaisanterie spirituelle, fut
composé à l'occasion des recherches or-
données dans le couvent des Annonciades
pour s'assurer que l'ex-chancelier Baren-
tin n'était pas caché chez sa sœur , ab-
besse de ce couvent.
BONNE, paysanne de la Valteline , pais-
sait ses brebis , lorsqu'elle fut rencontrée
par Pierre Brunoro, illustre guerrier
parmesan. Cet officier ayant remarqué de
la vivacité et de la fierté dans cette jeune
fille, la prit, l'emmena avec lui, la fit
habiller en homme, pour monter à cheval
et l'accompagner à la chasse; et Bonne
s'acquitta admirablement de cet exercice.
Elle était avec Brunoro, lorsqu'il prit le
parti du comte François Sforce, contre
Alfonse , roi de Naples ; et elle le suivit ,
quand il rentra au service du roi Alfonse,
son premier mailre. Elle sut aussi lui mé-
nager auprès du sénat de Venise, la con-
duite des troupes de cette république ,
avec 20,000 ducats d'appointemens. Bru-
noro, touché tle tant de services , épousa
sa bienfaitrice. Bonne, après son mariage
fit de plus en plus paraitre la grandeur
de son courage. Celte héroïne se signala
surtout dans la guerre des Vénitiens ,
contre François Sforce duc de Milan. Elle
força les ennemis de rendre le château de
Pavano , près de Bresse , après y avoir
fait donner un assaut, dans lequel elle
parut en tète, les armes à la main. Le
sénat de Venise , plein de confiance pour
les qualités guerrières des deux époux ,
les envoya à la défense de Négrepont
contre les Turcs. Ils défendirent si vigou-
reusement cette ile , que pendant tout le
temps qu'ils y demeurèrent , les Turcs
ne purent la subjuguer. Brunoro mourut
à Négrepont , où il fut enterré fort hono-
rablement. Bonne s'en revenant à Venise
mourut en chemin l'an 1466 , dans une
ville de la Morée , laissant deux enfans de
son mariage.
* BONNE ( Bigobert ), mathématicien,
ingénieur-hydrographe de la marine , né
en 1727 , près de Sedan , mort à Paris le
2 décembre 1794, a publié un grand
nombre d'atlas et de caries géographiques.
Ses principaux ouvrages sont: | Atlas
encyclopédique, 2 vol. in-4° , pour l'En-
cyclopédie méthodique ; | Allas pour la
Géographie de l'abbé Grenet; | Neptune
Américo-seplentrional ; en 18 cartes , son
meilleur ouvrage.
* BONNE AU ( Jean-Yves-Alexandre),
né à Montpellier en 1739 , était consul-gé-
néral de France en Pologne, au moment
des troubles qui amenèrent la perte de ce
royaume. L'ambassadeur français en
quittant Varsovie, confia les papiers de la
légation à Bonneau. Quand les Busses en-
trèrent dans cette capitale, ils l'arrêtèrent
par ordre de Catherine II , qui l'accusait
d'avoir encouragé la résistance des Polo-
nais , et qui le fit jeter dans une étroite
prison à Saint-Pétersbourg, dans laquelle
il languit pendant quatre ans, jusqu'à l'a-
vénement au trône de Paul Ier , qui brisa
ses fers. Durant sa longue détention sa
femme et sa fille étaient mortes de cha-
grin : il les suivit dans la tombe peu de
temps après son retour à Paris , dans le
mois de mars 1805 , à l'âge de 66 ans.
BONNEAU. Voyez MIBAMION.
BONNECORSE ( Balthasar de ) poète
français et latin , de Marseille , consul de
la nation française au Grand-Caire et à
Seïde en Phénicie , mourut en 1706. On
a de lui des poésies , Leyde , 1716, in-12.
Boileau plaça un de ses ouvrages, mêlé
de prose et de vers ( la Montre d'Amour ),
dans son Lutrin , parmi les livres mépri-
sables. Bonnecorse s'en vengea par un
poème en dix chants , intitulé Le Lutri-
got, parodie plate du Lutrin.
* BONNEFOI ( Jean-Baptiste ) , chi-
rurgien de Lyon , né en 1756 et mort en
1790 , composa une thèse sur l'influence
des passions de l'âme dans les maladies
chirurgicales. L'académie de Lyon cou-
ronna son mémoire intitulé : De l'appli-
cation de l'électricité à l'art de guérir.
Ces deux ouvrages, furent suivis d'une
Analyse raisonneé du rapport des com-
missaires sur le magnétisme animal,
1784, in-8°.
BONNEFONS ( Jean ), poète latin , na-
quit en 1554 à Clermont, en Auvergne,
et exerça la charge de lieutenant-généraj
de Bar-sur-Seine. Sa Pancharis et ses vers
phaleuques , dans le goûf de Catulle , sont
peut-être de tous les ouvrages modernes
BON
Uh
BON
«eux qui approchent le plus du pinceau
'facile de cet ancien. La Bergerie et Du-
rant ont traduit la Pancharis en vers fran-
çais , fort inférieurs aux vers latins. Les
Poésies de Bonnefons sont à la suite de
celle de Bèze, dans l'édition de cet auteur
donnée à Paris par Barbou, 1757, in-12.
On en a aussi une édition de Londres ,
4720 et 1727, in-12. Bonnefons mourut en
4614, laissant un fils qui cultiva aussi
avec succès la poésie latine.
BONNEFONS ( Amable ) , jésuite , natif
de Biom, est auteur de plusieurs livres
de piété, qui eurent cours dans leur temps ;
les principaux sont : | Vannée chrétienne,
2 vol. in-12. | La vie des saints, 2 vol.
in-8°. Son style est lâche et incorrect. Il
mourut à Paris en 1653.
•BONNEFONS ( don Elie- Bekoit),
bénédictin de la congrégation de Saint-
Maur , né en 1622 , mort à Saint-Vandrille
en 1702 , a laissé deux ouvrages estimés :
| Histoire civile et ecclésiastique de la ville
de Corbie, 2 gros volumes in-fol. , | Vies
des saints religieux de l'abbaye de Fon-
lenelle , 5 vol. in-4°.
* BONNEFOTJS ( l'abbé Pierre ) , an-
cien supérieur-général de la congrégation
des prêtres de la doctrine chrétienne , et
administrateur des établissemens de bien-
faisance de la ville de Paris. Il se distin-
gua par de rares talens pour l'instruction
publique et par la fondation de beaucoup
de nouveaux établissemens de son ordre.
Obligé de se cacher dans les momens les
plus orageux de notre révolution , il fut
sur le point de manquer du nécessaire;
mais l'abbé Sicard le reçut dans son in-
stitution des sourds-muets , et l'associa à
ses travaux. Il est mort en 1805.
* BONNEFOY ( François-Lambert de ),
ancien grand-vicaire et officiai d'Angou-
lème., naquit dans le diocèse de Vaison ,
en 1749, et se fit connaître d'abord par
son Eloge historique du Dauphin , Paris ,
4780. En 1784 , il publia un ouvrage in-
titulé : De l'Etat religieux , son esprit,
son établissement et ses progrès ; services
qu'il a rendus à l'Eglise * in-12 , fait en
société avec Bernard. Bonnefoy refusa
de prêter serment à la constitution civile
du clergé et se retira en Allemagne. A
son retour en France, il n'accepta aucune
place , et il se disposait à publier un ou-
vrage sur la révolution , lorsque la mort
l'enleva le 44 janvier 1850.
* BONNEFOY de BONYON ( l'abbé de),
chanoine député aux états généraux, périt
dans la journée du 10 août avec Suleau
qui faisait partie comme lui d'une pa-
trouille de royalistes. Il était âgé d'environ
trente ans , et avait publié avant la révo-
lution des pamphlets et des pièces de
théâtre satiriques , aujourd'hui complète-
ment oubliés. S'il en faut croire quelques
biographes, sa conduite était loin d'être
en rapport avec son état.
* BONNEGARDE ( l'abbé ), mort au
commencement du 19e siècle , a laissé :
Dictionnaire historique et critique, ou
Recherches sur la vie, les mœurs et les
opinions de plusieurs hommes célèbres ,
tirées en partie de Bayle et de Chaufepié,
LyonJ 1771 , 4 vol. in-8°. Les articles sont
souvent fort étendus , les 4 volumes ne
contiennent guère que 550 personnages.
L'auteur y a fait entrer des anecdotes el
quelquefois des réflexions sur les actions,
les ouvrages des auteurs, mais il y a mi-s
peu de renseignemens bibliographiques.
Il a aussi corrigé le style pour le rendre
plus pur ou plus orthodoxe ; cependant
l'ouvrage n'a pas été goûté , et il a eu peu
de succès , vraisemblablement parce que
dans un dictionnaire historique on aime
à trouver tous les personnages qui ont
quelque réputation , et celui-ci n'en ren-
ferme qu'un très-petit nombre ; en sorte
qu'il ne peut servir que de supplément
aux différens dictionnaires historiques,
comme l'auteur l'annonce lui-même.
* BONNET ( Jacques ), payeur des
gages du parlement , né à Paris vers 1644,
y mourut en 1724. Ha laissé : | une Histoire
de la musique et de ses effets, 2 vol. in-
12, livre superficiel, éclipsé depuis par
celui de Blainville et de Kalkbrenner.
| Une Histoire générale de la danse sa-
crée et profane, surpassée aussi parles
ouvrages de Cahusac et de l'abbé Dubos.
* BONNET ( Charles), naturaliste cé-
lèbre, né à Genève, le 13 mars 1720,
d'une famille française qui vint s'y établir
en 1572, et distinguée par les places qu'elle
avait remplies dans cette république, fui
d'abord destiné par ses parens à la juris-
prudence. Mais la lecture du Spectacle
de la nature de Pluche , et celle des ou-
vrages de Réaumur , lui révélèrent sa vé-
ritable vocation et lui inspirèrent une
ardeur invincible pour l'histoire naturelle.
A peine âgé de vingt ans, il avait fait avec
une patience et une sagacité admirables ,
de curieuses découvertes sur les puce-
rons. Il les communiqua à Réaumur , et
des relations s'établirent dès cette époque
entre l'illustre académicien et le jeune
Bonnet. Abraham Trembley, son compa-
BON
Mo
im\
triote, ayant fait à peu près vers le même
temps ( en 1741, ) l'étonnante découverte
de la reproduction à l'infini du polype par
incision , Bonnet entreprit à ce sujet une
série d'expériences sur un très -grand
nombre de vers et d'insectes , et reconnut
que plusieurs de ces animaux partagent
avec le polype cette propriété merveil-
leuse. Toutes ces expériences furent con-
signées dans son Traité d'insectotogie , ou
Observations sur les pucerons et sur quel-
ques espèces de vers d'eau douce, qui,
coupés par morceaux , redeviennent au-
tant d'animaux complets , 2 parties in-8°,
Paris, 1715. Bonnet ayant eu connais-
sance en 1746 des ingénieuses expériences
Bur la végétation , faites par Gleditsch à
Berlin , passa plusieurs années à en faire
de nouvelles , étudia avec soin l'action de
la lumière , de l'air, de l'eau sur les plantes,
et démontra que dans une foule de cir-
constances, celles-ci paraissaient agir pour
leur conservation avec sensibilité et dis-
cernement. Il publia le résultat de ses ob-
servations dans un ouvrage ayant pour
titre: Recherches sur Vusage des Feuilles
dans les plantes , et sur quelques autres
objets relatifs à la végétation , Gottingue
et Leyde, 1751, in-/*0. L'excès du travail
et l'usage du microscope ayant affaibli sa
vue , Bonnet changea alors la direction
de ses études et entra dans le champ de
la philosophie générale. Son ouvrage in-
titulé : Considérations sur les corps or-
ganisés, qui parut à Amsterdam , 1762 et
1768, en 2 volumes in-8°, fut consacré à
défendre le système de la préexistence
des germes , qu'appuyaient fortement les
observations de Haller et de Spallanzani.
Il donna ensuite sa Contemplation de la
Nature , Amsterdam , 1761 et 1765, 2 vol.
in-8°, où il développe ce principe de
Leibnitz que la nature ne fait rien par saut,
non-seulement en l'appliquant , comme
l'avait fait ce philosophe , à l'enchaîne-
ment des causes et des effets , mais en
l'étendant à l'universalité des êtres dont
il cherche à former une échelle immense
où l'on remonterait de l'être le plus sim-
ple jusqu'au plus parfait. Son Essai de
Psychologie ou Considérations sur les
opérations de l'âme, et sur l'éducation,
auxquelles on a joint des principes physi-
ques sur la Cause première et sur son
effet , fut publié à Londres , 1754 , in-12.
/ L'auteur fit ensuite paraître Y Essai ana-
lytique sur les facultés de l'âme , Copen-
hague, 1760, in-4°, et 1769, in-8°. On trouve
dans ces deux ouvrages des opinions qui
touchent au matérialisme et au fatalisme,
et dont on pourrait extraire des consé*
quences que Bonnet, qui se montra tou-
jours très religieux, n'aurait pas voulu
admettre. Après avoir appelé l'histoire
naturelle au secours de la métaphysique ,
Bonnet donna sa Palingénésie philosophi-
que , ou Idées sur l'état passé et sur l'état
futur des êtres vivons , Genève , 1769 et
1770, in-8°, dont le but est de prouver
que les maux de ce monde et l'irrégularité
de leur distribution rendent nécessaire
un complément qu'on ne peut espérer que
dans une vie meilleure , à laquelle il fait
participer tous les êtres sans exception
qui souffrent dans celle-ci. Chacun d'eux
montera dans l'échelle de l'intelligen-
ce , et pour l'homme , le bonheur sera
de connaître. Il conclut aussi à la néces-
sité d'une révélation , comme motif der-
nier et péremptoire , et il détermine en-
suite sans peine dans laquelle des révé-
lations existantes se trouve la vérité.
Cette production fut suivie des Recher-
ches philosophiques sur les preuves du
Christianisme, Genève, 1770 et 1771 , in-
8°. La plupart des écrits que nous avons
cités ont été traduits en anglais, en hollan-
dais , et dans d'autres langues. Les idées de
Bonnet étaient liées à un vaste système,
dont tous ses ouvrages ne sont que les
différentes parties.Ce philosophe savant et
religieux passa paisiblement sa vie dans
l'aisance ; et ce qui est assez remarquable
chez un naturaliste , il ne sortit jamais de
sa patrie. Il allait quelquefois à Genève
assister aux assemblées du grand conseil
dont il avait été élu membre en 1752. Le
plus long voyage qu'il eût entrepris , fut
d'aller de sa solitude de Genthod , située
sur les bords du lac de Genève , à Roche
dans le canton de Berne, pour rendre une
visite à Haller, son ami. Il était marié,
mais il ne laissa point d'enfans. Il mourut
le 20 mai 1793 , à l'âge de 73 ans. Horace
Bénédict de Saussure prononça son éloge
sur son cercueil ; de Pouilly publia son
éloge historique , et Jean Trembley un
Mémoire pour servir à l'histoire de sa vie
et de ses ouvrages , Berne , 1794 , in-8°.
Le botaniste Walh lui a consacré un genre
de plantes sous le nom de Bonnetia. Les
œuvres de Ch. Bonnet ont été rassemblées
et imprimées à Neuchâtel sous ce titre :
OEuvres d'Histoire naturelle et de Philo-
sophie, 1779, 8 volumes in-4°, et 18 vol.
in-8° , avec figures.
* BONNET ( Augustin ) , né en 1780 et
mort à Rouen le 19 avril 1825, a laissé :
BOIV 4i6
Manuel du capitaliste , ou Tableaux en
forme de comptes faits pour le calculdes
intérêts de l'argent à tous les taux , 1815 ,
in-8° ; | Manuel monétaire et d'orfèvre-
rie, 1817,in-4°.
BONNET. Foyez BONET.
BONNEVAL ( Claude - Alexandbe ,
comte de), né en 1675 d'une ancienne fa-
mille de Limousin , porta les armes de
bonne heure , se distingua d'abord aux
combats de Dieppe, de la Hogue, de Ca-
dix , sous Tourville , et servit avec distinc-
tion en Italie sous Catinat et Vendôme. Il
serait parvenu aux premiers grades mili-
taires , si quelques mécontentemens ne
l'avaient engagé à quitter sa patrie en
1706, pour se mettre au service de l'em-
pereur. Le ministre Chamillard le fit con-
damner à avoir la tête tranchée le 24 jan-
vier 1707. L'empereur ayant déclaré en
1716 la guerre au Grand -Seigneur, le
comte de Bonneval partagea les succès
qu'eut le prince Eugène contre les Turcs.
Il donna des preuves de valeur à la ba-
taille de Péterwaradin. Il était alors ma-
jor-général de l'armée. N'ayant autour de
lui qu'environ 200 hommes de son régi-
ment , il se trouva enveloppé par un corps
nombreux de janissaires , contre lesquels
il se battit avec la plus étonnante intrépi-
dité. Enfin, renversé de son cheval et
blessé d'un coup de lance, il est foulé
aux pieds des chevaux. Ses soldats à l'in-
stant lui font un rempart de leurs corps ,
écartent les plus audacieux , et font fuir
les autres. Presque tous y périssent. Dix
seulement, échappés à la mort, enlèvent
leur général et le portent en triomphe à
l'armée victorieuse. Il fut fait lieulenant-
feld - maréchal. En 1720 , ayant tenu
des discours peu mesurés sur le prince
Eugène et sur la marquise de Prie, épouse
du commandant-général des Pays-Bas , il
perdit tous ses emplois, et fut condamné
à un an de prison. Dès qu'il eut été mis
en liberté , il passa en Turquie . dans l'es-
pérance de se venger un jour de la maison
d'Autriche, 1720. Il se fit musulman, et fut
créé bâcha à trois queues de Romélie , gé-
néral d'artillerie, et enfin topigi-bachi. Il
mourut en 1747, à 75 ans, haï et méprisé,
malgré ses dignités, des partisans de la
secte qu'il avait embrassée. Dans la guerre
de 1737, il ne put jamais parvenir à avoir
un commandement ; la défiance ottomane
le tint toujours à des grades subalternes ;
il s'en plaint amèrement dans les Mémoires
qu'on lui attribue. Il laissa un fils d'une de
ses femmes turques, appelé d'abord le
BOIV
comte de la Tour, et depuis Soliman , qui
lui succéda dans la place de topigi-bachi.
Le comte de Bonneval avait du génie , de
l'intelligence et du courage; mais il était
satirique dans ses propos , bizarre dans sa
conduite et singulier dans ses goûts. Sa
vie fut un enchaînement de circonstances
extraordinaires. Proscrit en France, il no
laissa pas de venir se marier publique-
ment à Paris. Quoiqu'il se fût fait musul-
man , il ne tenait pas plus au mahométisme
qu'au christianisme. Il disait qu'il n'avait
fait que changer son bonnet de nuit pour
un turban. Sa femme , de la maison de
Biron , est morte en France en 1741 , sans
enfans. On a publié de prétendus Mé-
moires du comte de Bonneval, Londres
(Lausanne), 1740-1755, 5 vol. in-12.
BONNEVAL (René de), né au Mans,
mort au mois de janvier 1660 , est dans la
liste des écrivains subalternes et des poè-
tes médiocres. On a de lui plusieurs ou-
vrages en vers et en prose : | Momus au
cercle des dieux; \ Réponse aux para-
doxes de l'abbé des Fontaines ; | Critique
du poème de laHenriade; \ Critique des
Lettres philosophiques ; \ Elèmens d'édu-
cation; | Progrès de l'éducation, etc.
* BONNEVAL (Sixte-Louis-Constance
RUFFO de), né à Aix en Provence,
en 1742, d'une famille noble, originaire
de Calabre , fut nommé dès l'âge de dix-
sept ans chanoine de Notre-Dame à Paris ,
et devint, après avoir terminé ses études,
grand-vicaire de Mâcon. Il fut député aux
assemblées du clergé en 1765 et 1775. M. de
Beauvais ayant donné, en 1784, sa dé-
mission de l'évêché de Sénez, , on l'offrit
à Bonneval, qui le refusa à cause du dé-
labrement de sa santé ou plutôt par mo-
destie. En 1788, Bonneval fut nommé à
l'abbaye d'Honnecourt , dans le diocèse de
Cambrai, et, l'année suivante, il fut dé-
puté aux états généraux par le clergé de
Paris ; il siégea au côté droit de l'assem-
blée. Le 14 décembre 1789 , il demanda
le rappel à l'ordre de Robespierre qui ac-
cusait des officiers détenus à la suite des
troubles qui avaient eu lieu à Toulon. Il
signa les différentes protestations du clergé
ainsi que celles du côté droit , et fut char-
gé par le chapitre de Paris, le 12 avril
1790 , de présenter ses réclamations par-
ticulières. Il publia quelques écrits contre
les mesures prises par l'assemblée : une
Opinion , du 22 février 1790 , pour le ré-
tablissement de l'ordre public ; une autre,
du 14 avril suivant, contre le décret sur
les dîmes proposé par un comité , etc. Le
BON 41
27 septembre de la même année , il fit im-
primer une Protestation par laquelle il
déclarait ne pouvoir plus siéger dans l'as-
semblée , parce qu'elle usurpait une. au-
torité injuste sur les matières religieuses
et politiques ; il rendit en même temps
compte de sa conduite dans trois lettres à
ses commettans. Le 1er mai 1791 , il fit pa-
raître un nouvel écrit intitulé : | Remon-
trances au roi par les bons Français J à
l'occasion de la lettre de M. de Montmorin
aux ambassadeurs français près les
cours étrangères. Bonneval donna en-
suite successivement: | Doléances au roi;
| Avis aux puissances de l'Europe , 1792;
| Réflexions d'un ami des gouvernemens
et de l'obéissance, 1793 ; | Le cri de l'évi-
dence et de la douleur, 1794 ; | Lettre à
MalletDupan. Ces différentes productions
l'exposèrent aux persécutions qui avaient
été déjà dirigées contre sa famille. Il passa
en Allemagne , où il présenta une Requête
à l'empereur d'Autriche, puis à Napîes et
à Rome. Bonneval se trouvait à Rome à
l'époque de la mort du cardinal de Bernis
(1794), et traça un Précis historique de
la vie de ce prélat , qu'il présenta au sou-
verain pontife. Il revint ensuite se fixer à
Vienne , où il fut nommé , en 1808 , cha-
noine de la métropole de Saint-Etienne.
Il est mort dans cette ville , le 1er mars
1820 , laissant la rppntatîon d'un hnmmo
intègre et courageux. Plusieurs des écrits
de Bonneval ont été insérés dans les Mé-
moires pour servir à l'histoire de la per-
sécution s recueillis par l'abbé d'Auri-
beau.
* BONNIER D'ARCO (Ange-Elizabetii-
Louis- Antoine), né à Montpellier en
1750 , était président à la chambre des
comptes de Montpellier, lors de la révolu-
tion, et fut nommé successivement député,
du déparlement de l'Hérault , à l'Assem-
blée législative et à la Convention. Em-
ployé par le Directoire, dans la diplomat ie,
il assista , en septembre 1797 , aux confé-
rences tenues sans succès à Lille , avec
lord Malmesbury. Au mois de novembre
suivant, il passa au congrès de Basladt ,
d'abord avec Roberjot et Treilhard , mais
ce dernier ayant été élu directeur au
mois de mai suivant , M. Jean de Bry lui
succéda, et Bonnier se trouva à la tête de
l'ambassade. Lorsque le ministre autri-
chien à Rastadt reçut ordre de rompre les
négociations , Bonnier déclara qu'il ne
quitterait point cette ville à moins qu'on
ne l'y forçât , ou que son gouvernement
ne le rappelât. Cependant , lorsqu'il vit
7 BON
que les troupes ennemies occupaient Ras-
tadt et les environs , il partit avec ses col-
lègues pour Strasbourg. Sur la route , des
hommes armés , portant l'uniforme de
hussards autrichiens de Szeckler, atta-
quèrent les voitures, le 9 floréal an 7 (28
avril 1799). Bonnier et Roberjot furent
tués. M. Jean de Bry ne reçut que quel-
ques blessures, et parvint à s'échapper.
Les papiers de la légation furent pillés. Le
gouvernement français institua une fête
funéraire pour la commémoration de ce
tragique événement ; Garât prononça l'o-
raison funèbre des ministres assassinés ,
et on décréta que , pendant deux années ,
la place de Bonnier, au conseil des an-
ciens, resterait vacante, et couverte d'un
crêpe noir. Outre un grand nombre d'é-
crits peu importans, relatifs à la révolu-
tion, Bonnier est auteur de Recherches
historiques et politiques sur Malte , 1798 ,
in-8°. — Son père (Antoine-Samuel), pré-
sident de la cour des Aides de Montpel-
lier, avait publié un Discours sur la ma-
nière de lever les tailles en Languedoc ,
174G , in-8°..
* BONMÈRES (Alexandre-Jules-Be-
noît ) , avocat au parlement de Paris , in-
tendant de la maison de M. le comte d'Ar-
tois, né à Grancey en Berry, en 1750, étu-
dia le droit sous le célèbre Pothier, et se
lit ntnuil atuuu a OllCrtllS. Il SG ClaUll-
gua dans cette carrière , autant par son
désintéressement que par ses talens. L'a-
vocat-général Séguier, sage appréciateur
du mérite , le chargea , à titre d'ami , d'in-
struire son fils aîné dans le droit français.
Bonnières devint successivement avocat
consultant du comte d'Artois, maître des
requêtes en son conseil, intendant de sa
maison, et fut décoré du cordon de Saint-
Michel. Il faillit être victime des massa-
cres de septembre 1792 , et fut appelé au
conseil des Cinq-cents en 1796. Sa fermeté
et ses principes le firent comprendre dans
la proscription du 18 fructidor. Il mourut
à Paris en décembre 1801.
BOWIVET. Voyez GOUFFIER.
* BOXXOR (Honoré ), prieur de Salon
au 14e siècle, composa par l'ordre de
Charles V, pour le dauphin, un ouvrage
intitulé : Y Arbre des batailles, Lyon, 1481 ;
Paris, 1493, in-fol.
BONNYCASTLE (John), mathémati-
cien, né à Witchurck , dans le comté de
BucKingham, reçut une éducation soignée
de ses parens quoiqu'ils fussent peu aisés.
Il devint professeur de mathématiques à
rétablissement royal de Wolwich où il
BON
enseigna pendant quarante ans jusqu'à sa
mort arrivée en 1821. Il a fait des ou-
vrages élémentaires qui sont devenus
classiques en Angleterre. Les principaux
sont | le Guide de l'écolier en arithméti-
que, 1780, in-8°, la 15K édition est de 181 1 ;
| Introduction à l'art du mesurai;? et à
la géométrie pratique, à l'algèbre, à l'as-
tronomie , in-12 ; | Elémens de géométrie
d' Euclide, 17 89, in-8°; | Histoire générale
des mathématiques, traduite de Bossut ,
1803, in-8°; | Traité de trigonométrie
plane et sphérique , 1806 , in-8°; | Intro-
duction à l'arithmétique, 1810, in-8°;
| Traité d'algèbre, 1813, in-8°.
BONOMO. Voyez BONHOMO.
BONOSE ou BONOSIUS (Quixtus),
fils d'un rhéteur , naquit en Espagne.
Ayant perdu son père, il s'enrôla et par-
vint à la place de lieutenant de l'em-
pereur Probus dans les Gaules. Il se
lit proclamer césar dans son départe-
ment, en 280, tandis que Procule prenait
le même titre en Germanie. Bonose fut
pris et pendu en 281. Probus, qui disait de
cet usurpateur adonné au vin « quïl était
» né pour boire plutôt que pour vivre , »
dit en voyant son cadavre : «Ce n'est point
» un homme pendu , mais c'est une bou-
* teille. » Procule essuya la même peine.
Il était aussi passionné pour les femmes
que Bonose pour le vin (i).
BONOSE (saint), capitaine romain, fut
condamné à être décapité par ordre de
l'empereur Julien, sous prétexte de ré-
bellion, mais en effet pour n'avoir pas
voulu ôterdu Labarum la croix que Con-
stantin y avait fait peindre. La politique
cruelle de ce prince dissimulé lui faisait
toujours substituer des raisons imaginai-
res dans les supplices ordonnés contre les
cbrélicns.
BONOSE, évêque de Naisse en Mysie,
attaquait comme Jovinien la virginité
perpétuelle de la sainte Vierge. Il pré-
tendait qu'elle avait eu d'autres enfans
après Jésus-Christ, dont il niait même la
divinité, comme Pholin; en sorte que les
photinicns furent nommés depuis bono-
siaques. Il fut condamné dans le concile
de Capoue, assemblé en 391 pour éteindre
le schisme d'Antiocbe.
BONOSE. Vog. BENOIT I , pape.
(i) Il n'existe pa* de médaille» bien authentiques
de l'empereur llonc.se. Goltzius en a cite' qui sont
suspectes. Celle du musée Theupolo , avec la légende
M. P. liONSVOSF, où se trouve une transposition
de lettres , assez ordinaire dans ces temps là , lui est
attribuée a«ec quelque vraisemblance.
418 BOi\
BONBECUEIL ( Joseph DUR ANTI de ),
prêtre de l'Oratoire , iils d'un conseiller
au parlement d'Aix , sa patrie , mort à
Paris en 1756 , à 95 ans, a traduit les Let-
tres de saint Ambroise, 3 vol. in-12, avec
les Psaumes expliqués par Théodoret ,
saint Basile et saint Jean Chrysostôme ,
en 7 vol. in-12, 1741. Ses versions sont
exactes et son style assez pur.
*BONSI (Lelio ), noble florentin, était
littérateur et jurisconsulte. Il naquit vers
1532 et devint chancelier de l'ordre de
Sainl-Eticnne , et membre de l'académie
Florentine. On a de Bonsi cinq leçons
académiques, un Traité de la comète, et
un Sermon pour le vendredi-saint , re-
cueillis à Florence, 1560, en un volume
in-8°.
* BONSI ( Jean-Baptiste ) , cardinal ,
naquit à Florence, en 1554 .d'une famille
noble et fut reçu docteur à Padoue. Hen-
ri IV le nomma au siège de Béziers. Bonsi
traita du mariage de ce prince avec
Marie de Médicis, devint aumônier du
roi et cardinal en 1611, et mourut à Rome
en 1621.
* BONSTETTEN (Albert, baron de ),
né à Zurich, doyen de l'abbaye d'Einsid-
lein dans le quinzième siècle, a laissé plu-
sieurs manuscrits dont les titres sont :
| Relation de la guerre du duc de Bour-
goyno contre les Sui*tcs ; | Description
de la Suisse; | Vie de l'ermite Nie. d'Un-
derwald;\ Histoire de l'abbaye d'Ensid-
lein.
"BONSTETTEN (Chaules-Victor de),
savant distingué , né à Berne en Suisse ,
en 1752, et mort à Genève en 1832, de-
vint successivement membre du grand-
conseil de Berne et bailli de Nyons , et
fut l'ami de l'historien Muller et du na-
turaliste Bonnet. On lui doit les ouvrages
suivans | L'homme du midi et l'homme
du nord; \ Sur l'éducation des familles
patriciennes de Berne , Zurich , 1786 , 2
parties in-8°, en allemand ; | Lettres sur
un canton pastoral d". la Suisse, 1787,
in-8°, en allemand; | Voyage sur la scène
des derniers livres de l'Enéide, Genève,
1804, in-8°; | Voyage dans le Lalium ,
in-8°; | Recherches sur la nature et les
lois de l'imagination , 1807 , 2 vol. in-8° ;
| La Scandinavie et les Alpes ..in-80, Ge-
nève, 1826; | La philosophie de V expé-
rience, 1827. Tous ces derniers ouvrages
sont écrits en français. A l'époque de la
révolution helvétique, Bonstetten s'était
réfugié dans le Holstein. Il retourna en
1801 dans sa patrie.
BOIV
419
1JOO
BOSTEKOE (Corxeille) , Hollandais,
médecin de l'électeur de Brandebourg ,
el professeur à F rancfort-sur-1'Oder, mort
en 1685, à l'âge de 35 ans, laissa un Traité
sur le thé. et un autre sur l'année clima-
têrique. Devaux les a traduits en français
en 1699, 2 volumes in-12, sous le titre de
Nouveaux Elémens de médecine * avec
la vie de l'auteur. Ses œuvres furent pu-
bliées à Amsterdam 1689, in-4°.
BOIVTEMS (M. J. de CHATILLON,
épouse de Pierre -Henri, trésorier des
troupes), née à Paris en 1718, morte dans
la même ville en 1768 , avait reçu de la
nature un esprit plein de grâces; une
excellente éducation en développa le
germe. Elle possédait les langues étran-
gères, et connaissait toutes les finesses de
la sienne. C'est à elle que nous devons la
traduction anonyme du poème anglais
des Saisons de Thompson , 1759 , in-12 :
cette version est aussi exacte qu'élégante.
On doit aussi à son fils un choix des poé-
sies de Milton et de Gay , 1803 , in-18.
BONTIUS ( Gérard ) , professeur en
médecine dans l'université de Leyde, sur
la fin du 16e siècle, était un homme d'une
profonde érudition et très versé dans la
langue grecque. Il vit le jour à Rywick ,
petit village dans le pays de Gueldre. Il
mourut à Leyde le 15 septembre 1599,
âgé de 63 ans. Bontius est auteur d'une
composition de pilules , qui de son nom
sont appelées pilulœ tarlarœ Bonlii ou
pilules hydragogucs de Bontius. Les Hol-
landais nous en ont long-temps caché la
description ; ils s'étaient même fait une
loi de ne pas la rendre publique , si l'in-
dustrie de quelques médecins ne leur avait
arraché ce qu'un intérêt mal entendu leur
avait fait receler jusqu'alors. — * Bontius
a laissé trois fils qui se sont distingués
dans son art. Le plus illustre est Jacques
BONTIUS, qui a laissé plusieurs ouvrages
manuscrits, importans pour l'histoire na-
turelle et la médecine des pays situés
entre les tropiques. On en a publié une
partie sous ces titres : De medicina Indo-
rum, Leyde, 1642 , in-12 , et Paris, 1646 ,
in-4° ; De Indiœ utriusque re naturali et
medica, Amsterdam, 1658, Elzevir, in-fol.
Son style est correct et élégant.
* BONTOUX (Paul-Benoit-François ),
né le 15 novembre 1763 , à Gap ( Hautes-
Alpes) , d'une famille considérée dans le
pays, se montra partisan modéré de la
révolution, et fut nommé juré de la haute
cour nationale en 1791. Il devint adminis-
trateur du département des Hautes-Alpes
et maire de Gap. Poursuivi pendant la
terreur , il contribua à chasser de cette
ville les agens de Robespierre. Bontoux
ayant été élu au conseil des Cinq-cents ,
fit rapporter plusieurs lois révolution-
naires , et provoqua le 23 mars 1796 , un
message au Directoire pour se plaindre
de la non exécution des lois rendues
centre les émigrés. Le 18 prairial an 8,
(7 juin 1800), il fit prononcer le rap-
pel des fugitifs du Haut et Bas-Rhin qui
avaient quitté la France, pour se dérober
aux fureurs de Saint-Jusl et Lebas. A l'é-
poque de l'organisation des tribunaux,
Bontoux fut nommé président du tribunal
de Gap. En 1812, le mauvais état de sa
santé l'obligea de demander sa retraite. Il
mourut en 1814.
BOODT ( Anselme Boèce de ), médecin
à Bruges , mort vers l'an 163ft , s'est fait
un nom par un traité peu commun, in-
titulé De gemmis et lapidibus , Leyde ,
1636 et 1647, in-8°, traduit en français sous
ce litre le parfait Joaillier, ou Histoire
des pierreries* composée en latin par
Boodt, avec des figures d'André Toll, et
traduite en français par Bachou , Lyon,
1644, in-8°. Boodt est aussi l'auteur d'un
traité sur les plantes, intitulé : Florum,
hsrbarum ac frucluum selecliorum icô-
nes et vires, plerœque hactenus ignolœ ex
bibliotheca Olivarii Vredi J. C. Brugen-
sis, Francfort, 1609, et Bruges, 1640, in-4°,
avec le lexique de L. Vossius.
* BOON ( Daniel ) , américain origi-
naire de la Caroline septentrionale , où
il cultivait Une ferme , quitta cette pro-
vince en 1769 , et se dirigea avec cinq au-
tres personnes vers une rivière qui se
jette dans l'Ohio , dans l'intention d'y
fonder un établissement. Il y choisit un
terrain en friche et inhabité, et il y éleva
une maison qu'il entoura de palissades et
où il construisit d'ingénieuses fortifica-
tions pour se mettre à l'abri des attaques
des Indiens. C'est ainsi que se forma, en
1775, le premier établissement de l'état
de Kentuchy qui renferme aujourd'hui
une population d'environ 564,000 âmes.
Aussitôt que Boon fut établi , il prit pos-
session des terres environnantes dont il
se fit assurer la propriété, et il transporta
de la Caroline sa femme et ses filles. Qua-
tre ou cinq familles et environ quarante
hommes se réunirent à lui. Plusieurs fois
il fut attaqué par des partis d'indiens,
même avant ce nouveau renfort, et tou-
jours il se défendit avec succès. Cepen-
dant il fut surpris et fait prisonnier par
BOO
420
fiOR
une centaine d'Indiens dans un moment
où il était occupé avec vingt-sept de ses
compagnons à recueillir du .sel. Il obtinl
d'abord, en promettant une rançon, qu'on
ne massacrerait personne ; mais pendant
la route il plut tellement à ses conduc-
teurs , qu'ils ne voulurent plus s'en sépa-
rer, et ils consentirent à rendre la liberté
à ses compagnons. Boon fut adopté par
un des cbefs, et traité comme membre de
la tribu. Un jour qu'il était allé avec un
détachement. d'Indiens faire une grande
chasse , il rencontra une troupe de guer-
riers , peints et armés , se dirigeant vers
le petit fort qu'il avait construit , appelé
par les émigrés Boonsboroug. Tremblant
pour le sort de sa petite colonie , il se dé-
cida aussitôt à s'échapper au risque de la
vie , et au bout de quatre jours il arriva à
son habitation, n'ayant fait qu'un seul
repas. Aussitôt il s'occupe de préparatifs
de défense , et peu de temps après il est
attaqué par une troupe de farouches In-
diens qui , après d'inutiles efforts , furent
obligés de se retirer, et le laissèrent depuis
paisible possesseur du lieu qui portait son
nom. Boon s'occupa alors de nouvelles
améliorations, et sa colonie s'agrandissait
chaque jour, lorsque des aventuriers ja-
loux de sa prospérité demandèrent qu'on
examinât à quels titres il possédait les
terres qu'il avait défrichées. Comme il s'y
trouvait quelques défauts de forme, sans
aucun égard pour les peines qu'il s'était
données , soit pour créer son habitation ,
soit pour la défendre, il fut impitoyable-
ment dépossédé. Blessé jusqu'au fond de
l'âme d'une pareille injustice, il se retira
avec un chien et son fusil dans les plaines
immenses et à peine connues , où coule
le Missouri, et il se bâtit une hutte sur
le bord de ce fleuve pour n'avoir plus
aucun commerce avec les hommes. Au
commencement de 1823 on le trouva mort
à genoux, son fusil ajusté et posé sur un
tronc d'arbre. Il avait alors plus de 80
ans. Ainsi cet homme qui , par son in-
dustrie et des prodiges de valeur, était
venu à bout de fonder Boonsborough ,
aujourd'hui ville florissante , mourut dé-
laissé au milieu des forêts sans un ami
pour le consoler et pour adoucir ses der-
niers instans.
BOONAERT. Voyez BONAERT.
BOONAERTS ou BONARTIUS (Oli-
vier), jésuite, né à Ypres en 1570, mort
dans la même ville le 23 octobre 1635.
Nous avons de lui : | De l'institution des
Heures canoniques J Douai, 1025 et 1634 ,
in-8° : il s'y trouve une proposition con-
damnée par Alexandre VII; | accord de
la science et de la foi, La Haye, 1665, iii-
4°; | Commentaire sur l'Ecclésiastique ,
Anvers, 1634, in-fol. ; | Commentaire sur
EstherJ Cologne, 1647, in-fol. Ces livres
sont estimés. Ils sont écrits en latin, d'un
style assez pur.
BOOT (Abnold), calviniste né en Hol-
lande vers 1606 , s'appliqua à l'étude des
langues savantes et à la médecine , qu'il
exerça en Angleterre et en Irlande. En
1644 il se retira à Paris, où il s'adonna
entièrement aux travaux littéraires et
mourut en 1653. Il lit plusieurs ouvrages
pour défendre l'intégrité du texte hébreu
moderne , attaqué par le P. Morin et Jean
Cappel ; mais ils lui firent peu de tort. Le
P. Le Long a relevé , dans sa Bibliothèque
Sacrée (p. 290) , plusieurs bévues échap-
pées à Boot dans ses Animadversiones ad
texlum hebraïeum , Londres , 1644. Nous
avons encore de lui Observaliones medi-
cœ, Helmslaedt, 1664, in-4°. lia eu part à
la Philosophie naturelle réformée, Du-
blin, 1641, in-4°, publiée par son frère Gé-
rard BOOT , mort à Dublin l'an 1650. C'est
une critique de la philosophie d'Aristote.
BOOZ, fils de Salmon et de Raab, épousa
Ruth vers l'an 1175 avant J.-C. Il en eut
Obed , aïeul de David.
* BORASTUS ( Grégoire-Laurent ) ,
docteur en droit et en théologie, naquit à
Norkœping , en Suède , vers l'année 1584.
Il quitta jeune sa patrie, embrassa le ca-
tholicisme, s'engagea au service de la Po-
logne , alors en guerre avec la Suède , et
publia plusieurs ouvrages en latin, pour
appuyer les prétentions des rois de Po-
logne. On cite surtout, comme important
et rare , celui qui a pour titre : Causas ob
quas Carolus Gustavus Johannem Casi-
mirum bello adoriri coactum se profi-
teatur , breviter limatœ et eliminatie >
Lublin, sans date, etDantzig, 1656. Bo-
rastus était très savant, et possédait sur-
tout à fond la littérature latine. Les vers
qu'il mit à la tète d'une édition du Vitis
aquilonaria de Vastorius passent pour un
chef-d'œuvre de bonne latinité. On ignore
les autres circonstances de sa vie , ainsi
que l'année de sa mort. On doit le distin-
guer d'un autre suédois , nommé Etienne
BORASTUS qui abandonna également sa
religion et sa patrie , et qui , selon une
tradition populaire de la province où il
était né, joua un rôle remarquable à
Rome , et devint , sinon pape , au moins
cardinal.
BOIV
421
BOft
• BOHBETZY (Nausès), religieux ar-
ménien , évoque de Bitlis , mort en 1517 ,
a laissé : | une Logique ; \ l'Explication
des livres de Moïse; | cinquante Sermons
ou Homélies, en manuscrit dans la biblio-
thèque du roi.
BORCIIOLTEN (Jeatv) , né à Lune-
bourg en 1535 , d'une famille noble , pro-
fessa le droit romain à Rostock , à Helm-
staedt. On estime encore son Commen-
taire des Instilules de Justinien , Paris,
1646 , in-4°. Ses autres ouvrages sont plu-
sieurs traités sur divers points de droit,
entre autres sur les matières féodales. Il
mourut en 15% , âgé de 57 ans.
* BORDA ( Jean-Charles), membre
de l'académie des sciences , capitaine de
vaisseau et chef de division au ministère
de la marine , naquit à Dax (Landes), le 4
mai 1733 , et suivit d'abord la carrière du
barreau , qu'il abandonna pour se livrer
à l'étude des mathématiques. Il entra
dans le génie militaire; ses progrès fu-
rent assez rapides pour lui faire redouter
de les interrompre. Il renonça donc pour
quelque temps à la carrière du génie qui
l'aurait éloigné de Paris , et entra dans les
chevau-légers. En 1756 , il lut à l'acadé-
mie des sciences un mémoire sur le mou-
vement des projectiles , qui le lit associer
à celte assemblée dans laquelle il fut ad-
mis en 1764. Choisi pour aide-de-camp
par le maréchal de Maillebois, il lit la
campagne de 1757 , et se distingua à la
bataille d'Haslembeck, rentra ensuite dans
le génie, et fut employé dans les ports. Il
s'occupa particulièrement de tout ce qui
avait rapport à l'art nautique , et publia
plusieurs Mémoires sur la résistance des
fluides , et un Mémoire sur la théorie
des projectiles , en ayant égard à la ré-
sistance de l'air. Il en donna encore un
d'analyse pure, où il met dans le plus
grand jour les principes du calcul des va-
riations découvert par Lagrange, et qui
se trouve ainsi que les précédens dans
les Mémoires de l'académie des sciences.
En 1767, il fut appelé au service de mer,
et fit sa première campagne en 1768. Il
s'embarqua en 1771 avec Pingre sur la
frégate la Flore, en qualité de commissaire
de l'académie pour l'examen des montres
marines. Nommé lieutenant de vaisseau
en 1775, il fut chargé de déterminer , avec
plus de précision qu'on ne l'avait fait jus-
qu'alors, la position des iles Canaries.
Dans la guerre d'Amérique , il servit sous
le comte d'Estaing, et obtint, en 1781 , le
commandement du vaisseau le Guerrier,
2.
et en 1782 le commandement d'un vais-
seau de 74 canons. Il conduisit heureu-
sement un corps de troupes à la Martini-
que ; mais pendant qu'il était en croisière
devant cette île, il fut attaqué par une
escadre anglaise. Contraint de se rendre
à des forces trop supérieures , il fut traité
avec considération et renvoyé en France
sur sa parole. Ce fut au milieu de ses cour-
ses, en 1777 , qu'il fit exécuter son cercle
à réflexion, et qu'il fit un grand nombre
d'expériences utiles. Il inventa plusieurs
instrumens géométriques, et donna l'i-
dée du nouveau système des poids et me-
sures qui a été adopté depuis. Les écoles
navales lui doivent leur fondation , et il
en fut inspecteur. Ce savant doit être re-
gardé comme un des hommes qui ont le
plus contribué aux progrès de l'art nau-
tique , tant par les instrumens exacts qu'il
a donnés aux marins , que par l'adresse
avec laquelle il a su rapprocher d'eux
les méthodes géométriques, sans rien
ôter à celles-ci de leur exactitude. C'est à
lui que la marine française doit l'égalité
de marche de ses vaisseaux et les plans
de construction uniformes , avantage im-
mense d'où résulte un grand accord et
une grande force dans les manœuvres ,
et le seul que l'Angleterre ait à nous en-
vier dans celte partie. Borda mourut le
20 février 1799. Il conserva toute sa vie
beaucoup d'influence sur les sa vans qui
l'environnaient, et jamais il n'en abusa.
Dans ses dernières années , il avait fait
un travail considérable sur les réfrac-
tions , et par une théorie savante , ap-
puyée sur des expériences délicates et
nombreuses , il avait composé une for-
mule de réfraction qu'il croyait exacte et
complète. Borda avait écrit à ce sujet un
mémoire considérable qu'on n'a pas re-
trouvé après sa mort. Les ouvrages de
Borda qui ont été imprimés séparément ,
sont : | Voyage fait par ordre du roi , en
1771 et 1772 , en diverses parties de VEiir
rope et de l'Amérique , pour vérifier l'u-
tilité de plusieurs méthodes et instru-
mens servant à déterminer la latitude cl
la longitude , tant du vaisseau que des
côtes, îles et écueils qu'on reconnaît ,
suivi de recherches pour rectifier les car-
tes hydrographiques , par MM. Verdun
de la Crenne, Borda et Pingre, 1778, 2
vol. in-4°; | Description et usage du
cercle de réflexion , 1787 , in-4° ; | Ta-
bles trigonométriques décimales , etc., ou
Tables des logarithmes , des sinus, sé-
cantes et tangentes j suivant la division
BOR
422
BOR
du quart du cercle en cent degrés , re-
vues , augmentées et publiées par M. De-
lambre, 1804 , in-4°. MM. Lefevre-Gineau
et Rœderer ont fait l'éloge de Borda.
* BORDAGES (N.), curé du village de
Stancarbon dans l'ancien diocèse de Com-
minges, département de la Haute-Ga-
ronne , naquit à Saint-Gaudens. Porté par
l'ennui à chercher une occupation qui
pût remplir tous les instans qu'il ne don-
nait pas aux devoirs de la religion , il fit
des vers et envoya quelques pièces à l'a-
cadémie des jeux floraux. Il n'obtint au-
cune distinction dans les concours ; mais
plusieurs gens de lettres lui accordèrent
-eur estime. En 1762 , il adressa au duc
de Richelieu une églogue intitulée : Les
bergers de Cayire. Il dédia une idylle sur
la solitude champêtre aux yeux d'un
chrétien philosophe, à M. de Noé, évêque
de Lescar , et présenta à la comtesse de
Brionne , un poème sur Bagnères-de-Lu-
chon. En 1772 , les états firent imprimer
son Ode sur le débordement de la Garonne.
En 1786, il publia ses œuvres sous ce titre :
Mes ennuis , ou recueil de quelques piè-
ces de poésies faites pour dissiper les en-
nuis d'une solitude champêtre, un vol.
in-8° , Amsterdam et Toulouse. Bordages
parvint à un âge très avancé. Il était chéri
de ses paroissiens , et ils le regrettèrent
sincèrement lorsqu'il fut enlevé à leurs
vœux. Ses ouvrages sont accompagnés de
notes très curieuses , et plusieurs archéo-
logues les ont cités avec éloge.
* BORDE (André ), d'abord chartreux ,
abandonna son ordre pour embrasser la
médecine, et devint médecin d'Henri VIII,
et membre du collège de Londres. Arrêté
pour dettes, il mourut dans les prisons
de cette ville en 1549. On a de lui Man-
nuel de santé, 1547 , et plusieurs autres
ouvrages de médecine en anglais.
BORDE (Vivien la) , prêtre de l'Ora-
toire , né à Toulouse en 1680 , supérieur
de la maison de St-Magloire à Paris, mou-
rut dans cette ville en 1748. Il avait été
envoyé à Rome avec l'abbé Chevalier par
le cardinal de Noailles , pour les affaires
de la constitution. On a de lui plusieurs
écrits fort estimés par les anti-constitu-
tionnaires: | Témoignage de la vérité dans
l'Eglise, 1714, in-12. L'auteur fit, dit-on,
en trois jours , cet ouvrage, où il y a beau-
coup d'imagination. Il le désavoua de-
puis, en adhérant à la constitution. | Prin-
cipes sur la distinction des deux puis-
sances, 1753, in-12. Cet ouvrage, con-
damné par le clergé de France , renferme
des principes pernicieux et destructifs de
la juridiction ecclésiastique ; | Retraite de
dix jours , 1755 , in-12 ; | Conférence sur
la pénitence, in-12, petit format, ou-
vrage d'une morale rigide et sévère;
| Mémoires sur l'assemblée prochaine di
la Congrégation de l'Oratoire, 1753, in-4°.
* BORDE (Jean-Benjamin de la) pre-
mier valet-de-chambre de Louis XV, né
à Paris en 1734. A la mort de ce prince il
obtint une place de fermier-général, et
sut partager son temps entre les devoirs
de sa place , les sciences et les beaux-arts,
qu'il cultiva avec succès. Engagé plu-
sieurs fois dans des entreprises ruineuses,
la fécondité de son imagination et la har>
diesse de son génie lui faisaient trouver,
comme il le dit lui-même , des ressour-
ces dans les cas les plus embarrassans.
Aussi son crédit se soutint constamment,
et il jouit toujours de la faveur de son
maître. A l'époque de la révolution, dont
il ne partagea pas les principes , il s'était
retiré en Normandie espérant y vivre
paisible ; mais il fut arrêté , conduit à Pa-
ris , et périt sur l'écbafaud le 22 juillet
1794. Il a laissé plusieurs ouvrages :
| Choix de chansons mises en musique ,
1775 , 4 vol. grand in-8° ; | Essai sur la
musique ancienne et moderne , 1780 , 4
vol. in-4°, qu'il composa avec l'abbé Rous-
sier , son ami. La partie qui traite des an-
tiquités, présente beaucoup d'assertions
hasardées et de faits controuvés ; celle
qui regarde la théorie musicale des Grecs
est pleine de l'érudition la plus profonde,
| Tableaux topographiques et pittores-
ques de la Suisse , Paris , 1780-88 , 4 vol.
grand in-fol. fig. , ouvrage très bien exé-
cuté et qui commence à devenir rare. Il
a été réimprimé en 13 vol. in-4°. La par-
tie historique et politique est presque
toute du baron de Zurlauben ; | Voyage
pittoresque , ou description de la France,
in-fol., Paris, 1781 et années suiv. Ccl
ouvrage, qui a eu plusieurs continua-
teurs , a aujourd'hui 12 vol. in-folio. Il
est moins estimé que le précédent ; | Mé-
moires historiques sur Raoul de Coucy j
Paris , 1781 , in-8° ; | Mélanges de poésie
dédiés à sa femme, in-18, rare; | Lettres
sur la Suisse, par un voyageur français ,
en 1781, Paris, 1783, 2 vol. in-8°. Elles
sont remplies d'erreurs et de faussetés;
| Essai sur l'histoire chronologique de
plus de 80 peuples de l'antiquité, Paris,
1788, 2 vol. grand in-4°; | Histoire abré-
gée de la mer du Sud, Paris , 1791 , 5 voh
grand in-8° et atlas ; | Voyage dans les
Deux- Sicile s , traduit de l'anglais, de
Swinburnc, 1785, 5 vol. in-8°-, | Recueil
dépensées et maximes, 1791 , in-18, réim-
primé en 1802 , avec une notice sur la
vie et les ouvrages de l'auteur.
BORDE (Charles). Voyez BORDES.
BORDE ( Jean-Joseph de la ) , Espa-
gnol , né à Jaca en Aragon , a été sou-
vent confondu avec le précédent , quoi-
qu'il ne fût pas même son parent. Ayant
eu quelques désagrémens dans son pays,,
il vint en France , où il acquit une for-
tune considérable et devint banquier de
la cour. Il protégea les arts , et montra
dans toutes les occasions un caractère gé-
néreux et bienfaisant. Sa bourse était ou-
verte à tout le monde. Un seigneur de la
cour vint un jour le trouver , et lui dit :
« Vous serez bien étonné que , ne vous
» connaissant pas, je vienne vous em-
» prunier cent louis. Et vous, répliqua la
» Borde , vous le serez bien davantage
» qu'en vous connaissant je vous les prê-
» te. » Il périt victime de la révolution, le
18 avril 17% , à 70 ans.
* BORDE ( Jean-Baptiste ) , jésuite et
depuis la suppression de son ordre , curé
de la Collancelle en Nivernais , où il est
mort en 1777 , a publié le Clavecin élec-
trique, avec une nouvelle théorie du ma-
gnétisme et des phénomènes de V électri-
cité, 1761 , in-12.
BORDELOIV (Laurent ) , né à Bourges
en 1655 , mourut à Paris en 1750 , chez le
président de Lubert dont il avait été pré-
cepteur. Il était docteur en théologie à
Bourges ; il n'en travailla pas moins pour
le théâtre de Paris. «On a de lui plusieurs
pièces , entièrement oubliées : Misogyne,
ou la comédie sans femmes, scènes du
Clam et du Coram. M. de Mort-en-
Trousse, etc., etc., etc., etc. Le théâtre
convenant peu à son état , il se jeta dans
la morale , et la traita comme il avait fait
la comédie , écrivant d'un style plat et
bizarre des choses extraordinaires. De
tous ses ouvrages, on ne connaît plus ni
son Mitai, ni son Voyage forcé de Béca-
fort hypocondriaque , ni son Gomgam,
ou V Homme prodigieux transporté en
l'air, sur la terre et sur les eaux; ni son
Titetutefnosy ; ni le Supplément de Tasse-
Roussi Friou-Titave , etc. Il ne reste plus
que son Histoire des imaginations de M.
Ouf fie , servant de préservatif contre la
lecture des livres qui traitent de la ma-
gie, des démoniaques, des sorciers, etc.
On l'a réimprimée en 1784. Cet Ouf/le
est un homme à qui la lecture des dé-
>3 BOR
monographes a fait perdre la tête. Bor-
delon ne raconte pas ses extravagances
avec le même esprit que Cervantes a mis
dans le récil de celles de don Quichotte ;
son style est si diffus et si assommant ,
que les compilateurs les plus lourds trou-
veraient de quoi s'y ennuyer. A des ima-
ginations vraiment ridicules , il associe
des faits dont l'existence , ou du moins la
possibilité , parait êlre bien constatée.
Bordelon disait qu'«7 écrivait pour son
plaisir; mais il ne travaillait guère pour
celui de ses lecteurs. Ayant dit un jour,
que ses ouvrages étaient ses péchés mor-
tels, un plaisant lui répliqua que le pu-
blic en faisait pénitence. Ses Dialogues
des Vivans , Paris, 1717, sont recherchés
par quelques curieux.'tout insipides qu'ila
sont , parce qu'ils furent supprimés dans
le temps sur les plaintes de quelques per-
sonnes qu'on y faisait parler.
* BORDENAVE ( Toussaint ) , profes-
seur royal et directeur de l'académie
de chirurgie , associé de l'académie des
sciences , naquit à Paris le 10 avril 1728.
Son père , maître en chirurgie , le desti-
na à sa profession, et l'y prépara par
des connaissances accessoires. Il fut reçu
maitre-ès-arls en chirurgie à l'âge de 22
ans , et nommé bientôt après professeur
de physiologie, à l'académie de chirur-
gie , et ensuite directeur de cette compa-
gnie. Il fut aussi censeur royal. Borde-
nave est le premier de sa profession qui
soit parvenu à la dignité d'échevin de
Paris. La circonstance de la naissance du
Dauphin , qui eut lieu pendant son exer-
cice , lui valut l'honneur d'être fait che-
valier des ordres du roi. Il mourut d'apo-
plexie le 12 mars 1782. Ses principaux ou-
vrages sont | Essai sur la physiologie ,
4e édit. Paris, 1787, 2 vol. in-12. | Elémens
de physiologie de M. Albert de Haller,
traduction nouvelle, 1768, 2 vol. in-12.
| Dissertation sur les antiseptiques, 1769,
in-8°. | Mémoires sur le danger des caus-
tiques pour la cure radicale des hernies,
1774, in-12.
•BORDEUIES ( Etienne- Je an-Fran-
çois), évêque de Versailles, naquit en
1764 , à Montauban ( Tarn-et-Garonne ).
Son père qui exerçait la profession de
pharmacien , lui fit donner une excel-
lente éducation Le jeune Borderies fit
ses études au collège de Sainte-Barbe , où
il fut l'ami de l'abbé Nicole. Il devint
professeur dans ce collège , et entra en-
suite dans les ordres sacrés. Pendant la
révolution , il se retira en Belgique , où il
BOR
424
BOR
fit une éducation particulière , passa de
là en Allemagne, et en revint en France
vers 1795. Il desservit la Sainte-Chapelle
a Paris , avec l'abbé Lalande jusqu'au 18
fructidor, époque à laquelle il se vit forcé
d'interrompre ses fonctions. Après le 18
brumaire , il devint vicaire à Saint-Tho-
mas d'Aquin. Ses sermons attiraient tou-
jours un immense concours de peuple ,
et il égala souvent nos grands orateurs
chrétiens. L'abbé Borderies fut nommé ,
en 1819, grand-vicaire de Paris , et sacré
évêque de Versailles , le 24 juillet 1827.
Il composa pour son église un Caté-
chisme , un Missel et un Bréviaire où l'on
trouve des hymnes latines composées par
lui. Après avoir donné à son diocèse
l'exemple de toutes les vertus et surtout
celui d'une charité inépuisable , il mou-
rut à Versailles le 4 août 1832.
* BORDES ( Charles ) , prêtre de l'O-
ratoire , né à Orléans. On lui doit la pu-
blication d'un ouvrage du P. Thomassin ,
qu'il mit en ordre et qui est intitulé :
Traité historique et dogmatique des édits
et des autres moyens spirituels et tempo-
rels , dont on s'est servi dans tous les
temps , pour établir et maintenir l'unité
de l'église catholique , Paris , 1703 , 2 vol.
in-4° ; le Père Bordes y ajouta un volume
supplémentaire , et composa une Vie du
Père Thomassin , qui se trouve en tête du
Glossarium Hebraïcurn de ce dernier. Il
fut en outre éditeur, en 1704 , du Recueil
des oraisons funèbres de Mascaron. Il
mourut en 1706.
* BORDES ( Charles ) , né à Lyon , en
1731 , et mort dans la même ville en 1781,
membre de l'académie de Lyon, s'est fait
connaître par un Discours sur les avan-
tages des sciences et des arts, 1752, in-8° ;
par des tragédies, des comédies, des odes,
et plusieurs ouvrages contre la religion
et les mœurs , tels que le Catéchumène ,
ouvrage impie ; | La papesse Jeanne ', poè-
me; Parapilla, poème licencieux; | Ta-
bleau philosophique du genre humain,
etc. Ses œuvres diverses ont été publiées
à Paris , 1783 , 4 vol. in-8°.
BORDEU ( Théophile de ) , naquit le
22 février 1722 à Iseste en Béarn , d'An-
toine de Bordeu, médecin du roiàBarége,
homme distingué dans son art. Le fils fut
digne du père. A l'âge de 20 ans, pour par-
venir au grade de bachelier dans l'universi-
té de Montpellier où il étudiait alors, il sou-
tint une thèse De sensu genericè conside-
ralo, qui renferme le germe de tous les ou-
vrages qu'il publia depuis. Des connaissan-
ces si précoces déterminèrent ses profes-
seurs à le dispenser de plusieurs actes par
lesquels on parvient à la licence. En 1746, le
jeune médecin se rendit à Paris, où il s'ac-
quit la plus grande réputation , et gagna
particulièrement la confiance des dames ,
dont il sut captiver les bonnes grâces.
Ayant pris ses licences dans cette ville en
1755 , il fut nommé médecin de l'hôpital
de la Charité. Il mourut subitement la
nuit du 23 au 24 novembre 1776. Une mé-
lancolie profonde , produite , à ce que
l'on prétend , par une goutte vague, pré-
céda ses derniers jours ; on le trouva mort
dans son lit. La facilité avec laquelle il
exerçait sa profession, son éloignemenl
pour les remèdes, et sa confiance dans la
nature , lui ont quelquefois attiré le re-
proche de ne pas croire beaucoup à la
médecine. Mais ces doutes étaient d'au-
tant moins blâmables , qu'il s'occupa sans
cesse à rendre les ressources de son art
plus certaines. Il rattachait tous les actes
de l'économie vivante à une force spé-
ciale , la sensibilité. Ses ouvrages sont :
| Lettres sur les eaux minérales de Béarn ,
1746 et 1748, in-12.| Recherches anatomi-
ques sur laposition des glandes, 1751, in-
12. | Dissertation sur les ècrouelles, 1751,
in-12. | Dissertation sur les crises, 1755,
in-12. | Recherches sur le pouls par rap-
port aux crises , 1772 , 4 vol. in-12 : cet
ouvrage qui montre beaucoup de saga-
cité, a été traduit en anglais. | Recherches
sur quelques points de l'Histoire de la
médecine, 1768, 2 vol. in-12. \ Recherches
sur le tissu mw/ueux ou l'organe cellu-
laire, et sur quelques maladies de poitrine ,
1766, in-12. | Traité des maladies chro-
niques, tome premier , in-8°, 1776. Voyez
son Eloge , par M. Gardanne , docteur en
médecine de Paris, 1777 , et par M. Rous-
sel , 1778.
BORDIIVGIUS ( André), fameux poète
danois. Ses poésies ont été imprimées à
Copenhague en 1736 ; et elles sont d'au-
tant plus estimées en Danemarck , que les
versificateurs y sont fort rares : ce qui
prévient beaucoup en faveur du génie
national.
BOR DOIVE ( Paris ) , peintre, né vers
1500 à Trévise en Italie , d'une famille
noble, disciple du Titien , vint en France
en 1538. Il y peignit François Ier et plu-
sieurs dames de sa cour. Les récompen-
ses furent proportionnées à ses talens. Il
se retira à Venise , et s'y procura une vie
heureuse par ses richesses et son goût
pour tous les beaux-arts. Il y a au Palais-
BOR
A2S
BOR
Royal de Paris une Sainte- Famille de
Bordone. Son tableau le plus estimé est
celui de Y Aventure du Pécheur ( l'anneau
de saint Marc ) , qu'il peignit pour les
confrères de l'école de Saint-Marc. Il re-
vint à Paris, où il mourut vers l'an 1570.
• BORDONIO ( Joseph-Ajvtoine ) , jé-
suite né à Turin, en 1682 , entra dans la
compagnie, en 1696. Ses dispositions
étaient si heureuses, qu'après deux ans
de noviciat, on le trouva capable d'ensei-
gner les belles-lettres. On l'envoya d'a-
bord à Pignerol , ensuite à Gènes , et de
là à Turin pour y enseigner la rhétorique.
Ayant prononcé ses vœux , il fut choisi
par le marquis de St-Trivié , ambassa-
deur en Angleterre , pour chapelain de
l'ambassade. A son retour à Turin il pro-
fessa la théologie pendant plusieurs an-
nées , et dirigea un exercice de la bonne
mort, qui venait d'être institué, jusqu'à
la fin de sa vie , en 1742. On a de lui les
ouvrages suivans : | Beatus Aloysius
Gonzaga , de morte triumphator, Pigne-
rol , 1700 , drame en vers latins , œuvre
de la jeunesse de Bordonio ; | la Liguria
in pace scherzo pastorale , Gènes , 1702 ,
in-4°; | l'Eduino, pastorale, 1703, in-4° ,
pour un exercice du collège ; | Discorsi
per léser cizio délia buona morte., Venise,
3 vol. in-4°, 1749-1751, 2e édition, ou-
vrage distingué parmi les livres ascétiques
italiens.
BORE (Catherine de ) , fille d'un sim-
ple gentilhomme, était religieuse du cou-
vent de Nimptschen en Allemagne, à 2
lieues de Witlemberg , lorsqu'elle quitta
le voile avec huit autres religieuses pen-
dant les troubles suscités dans l'Eglise par
Luther. On prétend que ce fut Léonard
Cope , sénateur de Torgaw, qui les porta
à prendre cette résolution. Elles exécu-
tèrent ce projet un jour de vendredi saint.
Luther prit la défense de ces religieuses
et de Léonard Cope , et publia une Apo-
logie pour justifier leur apostasie. Cathe-
rine de Bore, retirée à Witlemberg, y vé-
cut, dit-on, assez librement avec des étu-
dians de cette université. Luther l'épousa
deux ans après, en 1526 , fort brusque-
ment, soit pour faire dépit aux catholi-
ques , soit plutôt pour satisfaire sa pas-
sion et pour étouffer les cris du public.
Catherine n'avait alors que 26 ans. Elle
joignait aux agrémens de la figure une
coquetterie amusante. Le réformateur,
beaucoup plus vieux qu'elle , en fut aimé,
comme s'il eût été dans son printemps.
Son caractère était cependant peu propre
à faire des heureux. Hautaine, ambitieuse,
magnifique au dehors, avare dans son
domestique , elle avait l'orgueil de la no-
blesse allemande , et les petitesses de son
sexe. Elle mourut en 1552, âgée d'environ
53 ans. Frédéric Meyer a donné sa Vie
en 1 vol. in-4° , dans laquelle , malgré les
efforts del'auteur panégyriste, on démêle
sans peine les vices de celte moniale , et
de l'hérésiarque son prétendu époux.
BOREL. Voyez BOTŒ.EL.
BOREL ( Pieiuie ), né à Castres en 1620,
médecin ordinaire du roi , associé de l'a-
cadémie des Sciences pour la chimie,
mourut en 1689 , et selon d'autres en
1678. On a de lui | De vero Telescopii
inventore, à La Haye, 1651 , in-4° ; | Les
Antiquités de Castres, imprimées dans
cette ville en 1649, in-8° ; ce livre est rare.
| Trésor des recherches et des antiquités
gauloises, Paris , 1655 , in-4°. Ce réper-
toire des vieux mots et des vieilles phra-
ses de la langue française , est estimé et
consulté. On le trouve à la fin de la der-
nière édition du Dictionnaire étymologi-
que de Ménage. [ Hisloriarum et obser-
vationum Medico-Physicarum Centuriœ
quinque, Paris, 1676, in-8°; | Bibliotheca
Chimica, Paris, 1654, in-12.
BORELLI ( Jean-Alfonse ) , napoli-
tain , né en 1608 , professeur de philoso-
phie et de mathématiques à Florence et
à Pise, mort à Rome en 1679 , auteur d'un
traité estimé Demotu animalium, Rome,
1680 et 1 681 , 2 vol.in-4°, plusieurs fois réim-
primé, et d'un autre, De vi percussionis ,
Leydel686, in-4°, où l'on trouve des obser-
vations curieuses et des vues neuves. C'est
dans cet ouvrage qu'il tenta , mais avec
très peu de succès , de réduire à une dé-
monstration exacte , les théorèmes de la
physiologie, sur laquelle est fondée la
médecine. Du reste , il y a dans ces deux
ouvrages d'excellentes observations, dont
les physiciens de ce siècle ont profité très
souvent sans citer la source : genre d'in-
gratitude qui accommode si bien la va-
nité, et qui honore si peu la science. Quoi-
qu'il eût part aux bienfaits de la reine
Christine qui l'avait appelé à Rome, il
mourut assez pauvre, et augmenta la
longue liste des savans auxquels la for-
tune a manqué , ou qui n'ont pas eu le
talent de bien user de ses dons.
* BOR G II ES , ou BOURGEOIS (Jean),
docteur en médecine, et professeur de
mathématiques à Groningue , né à Wes-
ter-Witwert , village du territoire des
Ommelandes, près de Groningue, le 13
36.
BOR
426
BOR
juin 1618 ; reçu docteur en médecine à
Angers , en 1645 ; mort à Groningue le
22 novembre 1652, dans sa 55e année. Il
s'était rendu si habile dans les mathéma-
tiques que , devenu aveugle en 1642 , il
ne cessa pas pour cela de les enseigner
en public avec la même facilité et la
même assiduité. On a de lui : | Disputa-
iio de catarrho, Angers, 1645, in-4° ;
| Oratio de Mercurio , Groningue , 1646 ,
in-4°. — Un autre BORGHÈS ( Jean) , ou
Bourgesius, né à Houplines, dans la
Flandre française , le 8 novembre 1562 ,
a donné : | une traduction latine, avec
des notes du livre de Laurent Joubert ,
De vulgi erroribus, Anvers, 1600 , in-8° ;
f-une traduction du Traité de Démétrius
Pépagomène, De podagrâ, St.-Omer,
1619 , in-8° ; cette version latine fut faite
sur la version française de Frédéric Ja-
mot; | Prœcepta et sententiœ insigniores
de imperandi ratione ex operibus Fran-
cisciGuicciardini collecta, Anvers , 1587,
in-12. — Un 3e BORGHÈS (Jean ) , ou
Bourgesius, né vers 1592, mort à Mau-
beuge le 29 mars 1653 , a laissé quelques
ouvrages de piété, dont on trouve la liste
dans les Mémoires dePaquot; deux sont
remarquables par leurs titres : | Cato ma-
jor, christianus , sive d: seneclute chris-
tianâ libellus, Douai, 1633 , in-12 ; | Lœ-
lius emendatus , sive de amicitiâ chris-
tianâ, Douai, 1637 , in-12.
BOUG II ES E ( Marie-Pauline BONA-
PARTE, princessej Voyez BONAPARTE.
BORGHESI ( Paul Guidotto ) , pein-
tre et poète italien, né à Lucques, avait
14 talens ou métiers. Il n'en mourut pas
moins dans une extrême misère, en 1626,
à 60 ans. L'envie le tourmentait autant
que l'indigence. Jaloux du Tasse , il crut
faire tomber sa Jérusalem délivrée , en
composant un autre poème, où il prenait
le genre , la mesure , le nombre des vers,
enfin les rimes même de son rival. Il ne
lui manquait plus que le génie. Il intitula
son ouvrage , qui est , dit-on , resté ma-
nuscrit : La Jérusalem ruinée. Il n'eut
pas plus de succès que le Lutrigot , paro-
die du Lutrin de Boileau, parBonnecorse.
Voyez BONNECORSE.
BORGHINI (Vincent-Marie), né à
Florence en 1515, d'une famille noble,
se fit bénédictin en 1532 (i). Il fut un des
(i) Borghini était un des plat savans florentins de
son terapt. Le grand -duc Cosme le choisit pour ton
vice-prétident dans la célèbre académie de! Disrgnc,
et le Tasse le consultait sur irr ouvrages.
réviseurs choisis pour la correction du
Décameron de Boccace , ordonnée par la
congrégation de l'Index, et exécutée dans
l'édition de Florence, 1573, in-8°. Mais
son ouvrage le plus connu , et qui lui a
fait le plus d'honneur , est celui qui a
pour titre : Discorsi istorici di M. Vin-
cenzo Borghini, imprimé à Florence,
1584 et 1585 , en 2 vol. in-4° , et réim
primé dans la même ville en 1755 , avec
des remarques. Il y traite de l'origine de
Florence , et de plusieurs points intéres-
sans de son histoire , de ses familles , de
ses monnaies , etc. Borghini mourut en
1580, après avoir refusé par humilité l'ar-
chevêché de Pise , qui lui fut offert quel-
que temps avant sa mort. Il fut pendant
30 ans directeur de l'hôpital de Sainte-
Marie des Innocens qu'il administra avec
beaucoup de zèle et de désintéressement.
— Il ne faut pas le confondre avec un autre
écrivain, de même nom, et probablement
delà même famille {Rafaello BORGHINI),
auteur de plusieurs Comédies, et d'un
traité sur la peinture et. la sculpture, assea
estimé , sous le titre de Riposo délia Pit-
tura, e délia Scultura, publié à Florence
en 1584, in-8°, et 1750, in-4°.
BORGI A. ( César ), duc de Valentinois,
second fils naturel d'Alexandre VI et de
Vannozza , fut élevé par son père à la
dignité d'archevêque de Valence, et à
celle de cardinal. Il se montra digne de
lui, par sa passion pour Lucrèce sa sœur,
et par le meurtre de son aîné Jean Bor-
gia, devenu son rival, qu'on trouva percé
de 9 coups d'épée en 1497. César passa,
après ces forfaits , de l'état ecclésiastique
au séculier. Louis XII , qui s'était ligué
avec ce scélérat pour la conquête du Mi-
lanais , le fit duc de Valentinois , et lui
donna en mariage Charlotte d'Albret, qu'il
épousa malgré sa qualité de diacre , sur
la dispense que lui en donna son père.
Borgia soutenu par les troupes du roi de
France , se rendit maître des meilleures
places de la Romandiole, prit Imola,
Forli, Faënza, Pezaro et Rimini, s'em-
para du duché d'Urbin et de la princi-
pauté de Camérino. Les principaux sei-
gneurs italiens s'unirent contre cet usur-
pateur. César ne pouvant les réduire par
la force , employa la perfidie. Il feint de
faire la paix avec eux , les attire à Sini-
gaglia , les enferme dans cette place et se
saisit de leurs personnes. Vitelli Olive-
rotto da Fermo, Jean des Ursins et le duc
de Gravina , furent étranglés. Le cardinal
des Ursins , partisan de ces infortunés-
BOR
esl conduit au château Sain 1- Ange. On
l'y oblije de ;-igner un ordre, pour faire
livrer au duc de Valentinois toutes les
places de la maison des Ursins ; il n'en
mourut pas moins par le poison. Unautre
cardinal qu'Alexandre avait fait passer
par toutes les charges les plus lucratives
de la cour de Rome, fut trouvé mort dans
son lit; et Borgia recueillit sa succession
qui montait à plus de 80 mille écus d'or.
Après la mort de son père , César perdit
la plupart des places qu'il avait conquises
par sa valeur et par sa perfidie. Ses en-
nemis manquèrent de le massacrer sous
Pie III; la protection du roi de France
lui sauva la vie. Le duc de Valentinois
l'en remercia en quittant son parti. Jules
II, successeur de Pie, le fit mettre en pri-
son à Ostie, jusqu'à ce qu'il eût rendu
les places qui lui restaient encore. Il lui
permit ensuite de se rendre auprès de
Gonsalve de Cordoue, qui l'envoya en Es-
pagne, où on l'enferma. César s'élant
évadé de sa prison, se réfugia vers Jean
d'Albret, roi de Navarre, son beau-frère.
Il se mit à la tête de son armée, contre le
connétable de Camille. Il alla mettre le
siège devant le château de Viane, et y
fut tué le 12 mars 1507 ( Voyez ALEXAN-
DRE VI ). Ce scélérat avait de la bravou-
re, de la souplesse et de l'intrigue; mais
un seul de ses attentats suffirait pour flé-
trir la mémoire du plus grand homme. Il
avait pris pour devise : Aut Cœsar, aut
nihit. Ce qui donna lieu à un poète de
faire ce distique :
Borgia Cxsar erat factis et nomme Cxsar ;
Aut nihil oui Ccesar, dixit ; otrumque fuit.
* BORGIA. (Jérôme ), neveu du pré-
cédent , né à Naples , fut fait évêque de
Massa en 1544, et mourut en 1649; il cul-
tiva avec succès la poésie latine. Le Re-
cueil de ses Poésies a été publié à Rome
en 1525.
BORGIAou BOR JA ( François ), prince
de Squillace dans le royaume de Naples, fils
de Jean Borgia, comte de Ficalho, descen-
dait par sa mère des rois d'Aragon. Il fut
gentilhomme de la chambre de Philippe
III, qui le nomma vice-roi du Pérou , en
1614. Le prince Borgia contribua , par
ses talens et son aménité, à la civilisation
de cette belle province du Nouveau Mon-
de ; et après la mort de Philippe III, il
revint en Espagne et se delà sa des tra-
vaux d'un longue administration , par la
culture des lettres et de la poésie. Il n'ex-
cella dans aucun genre ; mais il dut à ses
427 BOR
liaisons avec les frères Argensola , le goût
de la bonne littérature et l'éloignement
de l'affectation et de la boursoufflure qui
commençaient à dominer chez- ses com-
patriotes. On trouve dans les ouvrages du
prince Borgia une simplicité gracieuse,
autant que peut le comporter le génie es-
pagnol; et sans lui donner le titre de
Prince des poètes > que lui décernèrent
les flatteurs, on ne saurait lui refuser une
place honorable parmi les bons littéra-
teurs de son temps. On distingue ses Elo-
ges, ses Elégies et surtout ses Romances
lyriques. Il a laissé encore , | Napoles re-
cuperanda por el rey don Alonso , poème
historique, Saragosse, 1G51, in-4°. | Ora-
siones y meditaliones de la vida de Jesu
Christo, Bruxelles, 1661, in-4°. Le prince
Borgia mourut dans un âge avancé et
dans de grands sentimens de piété le 26
septembre 1658. Il avait toute sa vie
montré un sincère attachement pour la
religion. — Alexandre BORGIA , arche-
vêque de Fermo, et de la même famille,
est mort le 14 février 1764 , après avoir
publié Vila di San Geraldo, in-8°. Islo-
ria délia chiesa e citla di Velletri, in-8°J
et une Vie du pape Benoit XIII > en
latin.
* BORGIA ( Alexandre ), de la même
famille que le précédent, ne à Vellctri, en
1682, fut d'abord évêque de Nocera , puis
archevêque de Fermo, où il mourut le
14 février 1764. On lui doit : | Vita disan
Geraldo, Velletri, 1698, in-S°; \Istoria
délia chiesa e cilla di Velletri , in quat-
trolibri, Nocéra,1723, in-4°; | Concilium
provinciale Firmanum.ann. 1726, Fermo,
1727, in-4°; | Vie du pape Benoît XIII ,
Rome 1741, en latin; | des Lettres re-
cueillies par Muratori , des Homélies , el
autres ouvrages dont on peut voir le dé-
tail dans Catalani, De ecclesia Fermanâ,
Fermo, 1782.
* BORGIA ( Etienne ) , cardinal , neveu
d'Alexandre Borgia, archevêque de Fer-
mo, naquit à Velletri le 5 décembre 1751,
et fut élevé auprès de son oncle qui, dé-
couvrant en lui les plus heureuses dispo-
sitions s'appliqua à les cultiver. Le jeune
Borgia manifesta de bonne heure un goût
très vif pour l'étude des antiquités et y
fit de si rapides progrès , qu'il fut reçu à
19 ans membre de l'académie Etrusque de
Cortone. Il acquit en peu de temps une
collection très riche d'objets précieux en
médailles, manuscrits et monumens anti-
ques, dont il forma dans son palais de
Velletri , le musée le plus précieux peut-
BOR
428
BOR
être que jamais particulier ait possédé.
S'étant fixé à Rome , il fut distingué par
Benoit XIV, qui le nomma gouverneur de
Bénévent. Il montra dans le cours de son
administration une sagesse supérieure , et
sut préserver ce duché de la disette qui,
en 1764, affligea le royaume de Naples. En
1770, il fut nommé par le pape Clément
XIV, secrétaire de la propagande , et il s'ac-
quitta de cette placeavec un zèle toujours
actif. Son penchant autant que son devoir
lui fit consacrer tous ses soins à éten-
dre les missions et à les faire fleurir. La
nécessité de correspondre avec les mis-
sionnaires répandus dans les climats les
plus éloignés lui fournit l'occasion d'en-
richir son musée des manuscrits , mé-
dailles , statues , idoles et monumens de
tout genre de ces divers pays ; chaque
missionnaire qui revenait à Rome, ou qui
y donnait des nouvelles de l'état de sa
mission , ne manquant pas d'apporter
avec lui ou d'envoyer tout ce qu'il avait pu
recueillir de plus curieux. Les vertus et le
mérite de Borgiaétaientdignesde la pour-
pre. Elle lui fut accordée par Pie VI, qui le
promut au cardinalat en 1789. L'inspec-
tion des enfans trouvés lui fut confiée, et
ces établissemens si utiles par eux-mêmes
le devinrent davantage par la sage ré-
forme, et les maisons de travail qui fu-
rent établies. En 1797 , le torrent révolu-
tionnaire commençait à gagner jusque
dans Rome ; le souverain pontife ne crut
pouvoir confier le gouvernement de cette
ville en de meilleures mains qu'en celles
du cardinal Borgia. Il lui remit la dic-
tature de sa capitale en lui adjoignant
deux autres cardinaux. En effet il parvint
par sa fermeté , sa sagesse et sa pru-
dence, à prendre un tel ascendant sur les
esprits, que Rome conserva sa tranquil-
lité et ne fut souillée d'aucun crime jus-
qu'au 15 février 1798, époque où l'arrivée
lie l'armée française exalta le parti popu-
laire qui se constitua en république. Le
cardinal arrêté d'abord , ne fut remis en
liberté qu'avec ordre de sortir des états
romains. Il se retira à Libouine , et en-
suite à Venise et à Padoue, ou il employa
ses loisirs à réunir les gens de lettres , et
s'occupa avec zèle des missions dont il
espéroit le plus grand bien. Il organisa
par l'autorisation de Pie VI une nouvelle
propagande, et parvint à envoyer en peu
de mois 13 nouveaux apôtres de la foi
aux extrémités du monde. En 1800, il
rentra à Rome à l'exaltation de Pie VII,
et succéda au cardinal Zelada dans la
charge de recteur du collège romain.
Lorsque le pape vint en France on 1804,
il le suivit malgré son grand âge et la
rigueur de la saison. Son projet était d'y
rétablir des missions •> mais une maladie
grave l'arrêta à Lyon et il y mourut le
23 novembre 1804, laissant après lui des
regret» que méritaient son zèle pour la re-
ligion, ses vertus, ses talens et l'affabilité
de son caractère. Son museé était constam-
ment ou vert à tous les sa vans, et le cardinal
s'empressait d'indiquer à celui qui y recou-
rait les objets dont il avait besoin pour son
travail. Il se chargeait souvent des frais
d'impression , et toujours des frais de
gravure de planches. On l'a vu vendre de
la vaisselle d'argent, et jusqu'aux boucles
de ses souliers , pour faire l'acquisition
de quelque morceau curieux, ou pour
faire imprimer une dissertation. Nous
avons déjà parlé de ses connaissances
comme antiquaire; il est en outre auteur
de plusieurs ouvrages de critique et d'é-
rudition peu connus hors de l'Italie. Les
titres sont : | Monumento di papa Giovan-
ni XVI, Rome, 1750; | Brève isloria deW
anticacittà di Todino nelV Umbria ., ed
esatta relazione délie ricerche faite
sulle sue rovine , Rome, 1751, in-8° ;
| Brève istoria délie città di Benevento J
1763 , 1764 . 1769 , 3 vol. in-4°; | Vaticana
confessio B. Pétri,, chronologicis testimo-
niis illuslrata, ibid. 1776, in-4°; | Brève
isloria del dominio temporale délia
sede aposlolica nelle due Sicilie , ibid.
1788; | Histoire maritime des étals du
saint Siège, non achevée. Le P. Paulin
de Saint-Barlhélemi a écrit sa vie sous le
titre de Lynopsis vitœ Stephani Borgiœ,
Rome, 1805 , in-4°. On en trouve un ex-
trait dans le Magasin encyclopédique.
* BOUGI V ( saint François de ). Voyez
FRANÇOIS.
* BORIE-CAMBORD ( Jeaîw ), député
à la Convention nationale, était avocat
au commencement de la révolution : il
devint administrateur du département de
la Corrèze, qui le députa, en 1791, à
T Assemblée législative, où il se fit peu
remarquer. Il passa ensuite à la Conven-
tion et y fut chargé de l'examen des
comptes. En 1792, il commença à mon-
trer un républicanisme ardent : il appuya
de tout son pouvoir les premières dénon-
ciations portées contre le général Custi-
ncs. Dans le procès du roi il vola pour la
mort sans sursis et sans appel au peuple :
il se montra partisan des mesures les plus
violentes, notamment contre les proscrits
non h
du 51 mai et les prêtres insermentés. Bo-
rle se rendit à l'armée du Rhin , en qua-
lité de commissaire de la Convention dans
le mois de juillet 1793. Envoyé en mission
dans les départemens du Gard et de la Lo-
zère, il se montra le digne émule des
Carrier , des Lebon et des Maignet , et fil
répandre à grands flots le sang des catho-
liques et des protestans. 11 contraignit
même les parens de ceux qu'il faisait as-
sassiner, de danser avec lui et ses sicaires,
autour de l'instrument du supplice. Pour-
suivi par la clameur publique , il fut mis
en accusation comme fauteur des troubles
du 1er prairial an 5 ( 20 mai 1795 ) qui
coûtèrent la vie au député Ferraud ; mais
il fut compris dans l'amnistie du 4 bru-
maire an 4 (20 octobre 1796). Nommé juge
au tribunal civil de Coignac, il en exerça
les fonctions pendant plusieurs années. Il
est mort en 1805 , à Sarlat ( Dordogne ) où
il s'était relire.
BORIS -GUDEiVOF ou GODOUNOT,
grand-écuyer de Moscovie , et beau-frère
du grand-duc, fut régent de l'état pen-
dant le règne de Fœdor. Voulant s'empa-
rer de la couronne , il fit tuer Démétrius,
frère de Fœdor , à Uglitz , où on réle-
vait. Pour cacher son meurtre , il lit per-
dre la vie au gentilhomme à qui il avait
confié le soin de l'exécuter; il envoya des
soldats pour raser le château d'Uglitz ,
et chasser les habitans , comme s'ils eus-
sent favorisé l'assassinat. On croit qu'en-
suite il empoisonna le jeune Fœdor , pour
se rendre maître absolu de l'empire. Il
feignit de refuser la dignité suprême ;
mais il employa secrètement toutes sortes
de moyens pour l'obtenir par l'élection
des grands. Il obtint ce qu'il souhaitait :
mais son bonheur fut traversé par l'im-
posture de Griska , qui parut sous le nom
de Démétrius et qui obtint la protection
du vaivode de Sandomir. Il persuada à
celui-ci que l'assassin envoyé par Boris
avait tué un jeune garçon qui lui ressem-
blait, et que ses amis l'avaient fait éva-
der. Ce vaivode leva une armée, entra
en Moscovie, et déclara la guerre au
grand-duc. Il prit d'abord plusieurs villes,
et attira à son parti plusieurs officiers de
Boris , qui en mourut de chagrin en 1605.
Les Boyards couronnèrent Fœdor-Borito-
witch , fils de Boris , qui était fort jeune;
mais la prospérité des armes du faux Dé-
métrius les engagea ensuite à le recon-
naître pour leur prince. Le peuple , gagné
par eux , courut promptement au château,
et arrêta prisonnier le jeune grand- duc
!9 BOR
avec sa mère. En même temps on envoya
supplier Démétrius de venir prendre
possession de son royaume. Le nouveau
roi fit tuer la mère et le fils le 10 juin
1605, et c'est ainsi que finit celte tra-
gédie.
* BOIIKHAUSCX ( Mauiuce-Baltha-
sau ) , naturaliste allemand, né dans le
pays de Darmstadt en 1732, et mort vers
1807. Il fut professeur d'bistoire naturelle
et on lui doit plusieurs ouvrages écrits
pour la plupart en allemand; on y trouve
des vues neuves et qui annoncent un bon
observateur. | Histoire naturelle des pa-
pillons d'Europe , dans un ordre systé-
matique , en cinq parties avec deux plan-
cbes coloriées, Francfort, 1788-94, in-8°;
| Essai d'une description des différentes
espèces d'arbres fruitiers qui croissent
en pleine terre da?is le pays de Hesse-
Darmstadt, 1790 , in-8° ; | Explication des
termes qui sont en usage dans la zoolo-
gie, 1790, in-8°; | Tentamcn dispositions
plantarum Germaniœ seminiferarum se-
cundum novam methodum a slaminum
situ et proportione , cum characteribus
generum essenlialibus , Darmstadt, 1792,
in-8°; réimprimé après sa mort sous ce
litre, Tentamen Florœ, Germanicœ , avec
un supplément de 172 pages, Francfort,
1811 , in-8°; | Précis de l histoire naturelle
des animaux de l'Allemagne, 1797, in-8c ;
| Un grand nombre d' observations et de
mémoires sur les sciences naturelles , in-
sérés dans les ouvrages périodiques alle-
mands.
BORLACE ( Edmond ) , docteur en mé-
decine, anglais, exerça avec succès sa
profession à Chester, et s'adonna à l'é-
tude de l'histoire dans ses momens de
loisir. Il mourut en 1682, après avoir
publié : | Histoire de la réunion de l'Ir-
lande à l'Angleterre s Londres, 1675, in-
8° ; | Histoire de la rébellion d'Irlande
en 1641, Londres, 1680, in -fol. , en an-
glais ; | les Eaux de Spa et les cures les
plus remarquables qu'elles ont opérées ,
1670,in-8°.
BORLASE ( Guillaume ) , né à Pen-
deen en Cornouailles l'an 1696, fut suc-
cessivement ministre à Ludgvan et à
Saint-Just. Sa science le fit admettre dans
la société royale de Londres , et il mourut
le 31 août 1772, après avoir donné au
public j Observations sur l'état ancien et
présent des îles de Scilly , Oxford , 1756»
in-4°; | Histoire naturelle de Cornouail-
les, Oxford, 1758, in-fol. ; | Antiquités
de Cornouailles, Londres, 1769, in-fol.
do a
* BORN (Bertrand de), vicomte d'Hau-
tefort > dans le diocèse de Périgueux ,
troubadour et guerrier vivait dans le 12e
siècle. Son courage et son activité ne fu-
rent égalés que par son ambition. Son
frère Constantin partageait avec lui la sei-
gneurie d'Hautefort. Bertrand voulut en
avoir l'entière propriété , et après de lon-
gues disputes , il finit par cbasser Constan-
tin. Celui-ci eut recours à des seigneurs
voisins qui forcèrent Bertrand à prendre
la fuite. Des amis communs négocièrent
un accommodement entre les deux frères.
Mais de Born revint bientôt à ses pre-
mières prétentions ; ce qui attira une se-
conde fois sur ses domaines le fléau de la
guerre. Bertrand se distingua surtout par
sa haine contre Richard, comte de Poitou,
fils de Henri H roi d'Angleterre , et frère
de Henri , duc de Guyenne. Il parvint à
former contre lui une ligne redoutable , et
il excita par un si/vente les confédérés à
la vengeance. Mais au moment où la ligue
à la tête de laquelle était Henri lui-même
allait se mettre en mouvement , les deux
frères conclurent un traité. Henri se re-
tira en Normandie , laissant ses alliés à la
merci de Richard , qui s'en vengea en ra-
vageant leurs terres. Bertrand osa pres-
que seul braver Richard qui assiégea son
château. Le troubadour fut réduit à se
rendre. Richard accepta ses soumissions ,
1 embrassa et lui pardonna. Bertrand in-
spiré par la reconnaissance composa un
nouveau sirvente en l'honneur de son gé-
néreux ennemi , qui lui rendit son château
d Hautefort , après avoir reçu sa foi. Les
fils de Henri H s'étant de nouveau révol-
tes , Bertrand , pour qui l'intrigue et la
discorde étaient un besoin, renoua ses
liaisons avec le prince Henri, qui son-
geait a soulever les Gascons. La mort pré-
maturée de ce prince le pénétra de la plus
vive douleur et lui donna occasion de cé-
lébrer ses vertus dans deux complaintes
qui nous sont restées. Le roi d'Angleterre,
attribuant au troubadour les démarches'
séditieuses de son fils, vint l'assiéger dans
Hautefort, et de Born fut pris avec toute sa
garnison. Henri II respirant la vengeance
lit venir devant lui Bertrand, qui le désar-
ma adroitement, en lui parlant du fils qu'il
avait perdu. Au nom de Henri, le roi d'An-
gleterre fut attendri et versa des larmes. De
Born tombant à ses pieds, lui jura un at-
tachement éternel. Mais il ne renonça pas
à ses habitudes turbulentes. Les guerres
de Richard et de Philippe Auguste lui of-
430
BOR
frirent une nouvelle occasion d'exercer
son esprit satirique et ses inclinations mar-
tiales. Affligé de la paix que conclurent
ces deux rivaux après quelques hostilités ,
il décocha sur Richard comme sur Phi-
lippe , les traits les plus acérés de la sa-
tire. La guerre s'étant rallumée entre les
deux rois, le troubadour ne manqua pas
d'aiguillonner le fougueux Ricliard par
ses éloges. Bertrand fatigué du monde sur
la fin de sa vie se retira dans un cloitre ,
et mourut sous l'habit de moine de Ci-
teaux ; ce qui n'a pas empêché le Dante
de le mettre dans les enfers , où le poète
suppose qu'il est condamné à porter, en
guise de lanterne , sa propre tète séparée
de son corps.
* BORN ( Ignace , baron de ) , célèbre
minéralogiste, membre des principales
académies de l'Europe, né à Carlsbourg
en Transilvanie , en 1742. Après avoir
fait ses études chez les jésuites, il alla
étudier le droit à Prague , et voyagea en-
suite en Allemagne, en Hollande, dans
les Pays-Bas et en France. Il ne tarda pas
à étudier l'histoire naturelle. Les connais-
sances étendues qu'il acquit dans cette
science , lui méritèrent une place de con-
seiller aulique au département des mines
et monnaies de l'empereur. Il fit un
voyage minéralogique en haute et basse
Hongrie, dont la relation fut publiée
en Allemagne par son ami Ferber en
1774 , in-8°, et traduit en français en 1780,
par M. Monnet. En 1776, Marie-Thé-
rèse le chargea de mettre en ordre et
de décrire le cabinet impérial d'his-
toire naturelle. Il publia en 1778 la pre-
mière partie de cette description conte-
nant les testacées. On doit au baron de
Born le perfectionnement du procédé de
l'amalgamation des métaux en Allema-
gne. Cette importante découverte trouva
en Autriche des contradicteurs, et ne fut
adoptée qu'après bien des difficultés : elle
a été améliorée par d'autres savans , com-
me Born l'avait prévu. Ce savant minéra-
logiste mourut à Vienne le 28 août 1791.
Il avait occupé plusieurs places , dont il
consacra le revenu à des expériences
utiles et à des actes de bienfaisance. M.
Pezzil a donné , en allemand , une Vie du
baron de Born , Vienne , 1792 , in-8°. Ses
principaux ouvrages sont : | Lithophyla-
cium Bornianum, Prague, 1772,2 vol.
in-8° ; | Effigies virorumeruditorum atque
artificum Bohemiœ et Moravia , Prague ,
1773,2 vol. in-8°. Ces notices , accompa-
gnées de portraits, sont imprimées dans
BOR h
un encadrement. | Mémoires d'une so-
ciété de savans établie à Prague pour les
progrès des mathématiques , de l'histoire
naturelle et de l'histoire du pays, en
allemand , Prague , 1775 , G vol. in-8°, con-
tinués par d'autres savans ; | un ouvrage
sur Y amalgamation , en allemand , tra-
duit en français sous ce titre : Méthode
d'extraire les métaux parfaits des miné-
rais et autres substatices métalliques par
le mercure; \ Catalogue méthodique et
raisonné de la collection des fossiles de
mademoiselle Eléonore de Raab, 2 vol.
in-8°.
BORNIER ( Philippe de ) , lieutenant-
particulier au présidial de Montpellier,
naquit dans celte ville en 1654, et y
mourut en 1711. On l'employa dans diffé-
rentes affaires importantes. On a de lui :
| Conférences des nouvelles ordonnances
du roi Louis XIV avec celles de ses pré-
décesseurs, 1755,2 vol. in-4°, ouvrage
autrefois très consulté par les juriscon-
sultes français; | Commentaires sur les
conclusions de Ranchin , en latin , Genève
1711. Ces deux ouvrages sont estimés des
jurisconsultes.
* BORRÉE ( Martin ) , ou Cellarius ,
théologien, né en Suède, et mort de la
peste à Bâle, en 1564, à l'âge de 65 ans,
possédoit une grande érudition. Il avait
d'abord adopté les erreurs des anabap-
tistes , mais il les abjura et professa en-
suite la théologie à Bâle. Il a laissé : | des
Commentaires sur Aristote et sur l'Ecri-
ture sainte; | Liber de operibus Dei;
| De veteris et novi hominis ortu et na-
turâ ; | De ortu , naturâ , usu , atque dis-
crimine Jubilœorum, quos Deus insli-
tuit ; | Cosmographiœ , Astronomiœ et
Géographie Elementa ; etc.
BORREL ( Jean ) , connu sous le nom
de Buteoj chanoine régulier de Saint-
Antoine , se distingua de son temps dans
les sciences abstraites. Il naquit à Char-
pey en Dauphiné , l'an 1492 , et mourut à
Cénar, bourg voisin de Romans, en 1572.
Il donna en 1554 à Lyon , in-4°, le Recueil
de ses ouvrages géométriques. On y trou-
ve d'excellentes Dissertations, où l'au-
teur unit la solidité du jugement à l'exac-
titude de la géométrie , entre autres une
Dissertation sur l'arche de Noé , très
estimée des savans. Il y démontre que la
capacité de ce vaisseau était parfaitement
proportionnelle à son objet. Jean Pelle-
tier a trouvé quelques difficultés dans son
plan d'architecture, qu'il a fait disparaître
par le moyen des changemens qu'il pro-
3J BOR
pose. Kircher, Lami, Cumberland, Budée,
Wilkins se sont exercés sur le même sujet.
Quelques incrédules qui n'ont pu opposer
rien de solide à leur géométrie , se sont
bornés à la tourner en ridicule. C'est leur
dernière ressource. Mais quoique les di-
vers systèmes sur la structure de l'arche
ne soient que des conjectures, elles dé-
montrent cependant que les commenta- j
teurs qui ont travaillé à éclaircir la nar-.
ration des Livres saints, ont eu en géné-
ral plus de capacité, de lumières, d'éru-
dition, de jugement que ceux qui font
profession de mépriser les anciens mc-
numens, sans pouvoir en donner aucune
raison.
* BORRI ( Christophe), jésuite mi-
lanais , se consacra aux pénibles travaux
des missions orientales, et fut un des
premiers qui pénétra dans la Cochin-
chinc , où il séjourna cinq ans. La relation
qu'il en publia en italien , Rome , 1651 ,
in-8°,fut traduite, la même année, en
français par le Père Antoine de la Croix ,
Rennes , petit in-8° ; en latin , Vienne en
Autriche , 1633 ; et en anglais , par Robert
Atsley, Londres, 1655, in -4°. Churchill
inséra cette traduction dans le 2e volume
de sa collection de voyages ; mais il ajouta
une deuxième partie. La relation de Borri
n'est recherchée que parce qu'elle est la
première que Ton ait de ce pays lointain :
l'auteur y traite d'abord du climat et de
la fertilité du pays , des animaux singu-
liers qui s'y trouvent , des éléphans , des
Abadas (c'est le nom portugais du rhino-
céros ) , des mœurs et coutumes des ha-
bitants , et de leur état politique ; la
deuxième partie est entièrement consa-
crée à la relation des succès de la prédi-
cation de l'Evangile. De retour en Europe,
le P. Borri enseigna les mathématiques
dans les collèges de Coimbre et de Lis-
bonne , et crut avoir trouvé un procédé
utile à la navigation , par le moyen de
l'aiguille aimantée : il s'agissait probable-
ment de la recherche des longitudes.
Ayant été mandé à la cour de Madrid
pour y exposer sa découverte, ses supé-
rieurs le soupçonnèrent de tramer quel-
que projet au préjudice de son ordre, et
le firent venir à Rome , où il ne put se
justifier; il fut, en conséquence, exclu de
la compagnie , et mourut le 24 mai 1652.
BORRI ( Joseph- François ) , né à Mi-
lan le 4 mai 1627 , enthousiaste , chimiste,
hérésiarque et prophète, s'attacha d'a-
bord à la cour de Rome ; mais ayant en-
suite déclamé contre elle, et rempli la
BOR
432
BOR
ville du- bruit de ses révélations, il fut
obligé de la quitter. Retiré à Milan , sa
patrie, il contrefit l'inspiré , dans la vue,
dit-on, de s'en rendre le maître par les
mains de ceux auxquels il communiquait
son enthousiasme. Il commençait par exi-
ger d'eux le vœu de pauvreté , et pour le
leur faire mieux exécuter, il leur enle-
vait leur argent ; il leur faisait jurer en-
suite de contribuer , autant qu'il serait en
eux , à la propagation du règne de Dieu ,
qui devait bientôt s'étendre par tout le
inonde réduit à une seule bergerie , par
les armes d'une milice dont il devait être
le général et l'apôtre. Ses desseins ayant
été découverts, il prit la fuite; l'inquisi-
tion lui fit son procès , et l'abandonna à la
justice séculière , qui le condamna , com-
me hérétique , à perdre la vie , ce qu'il
méritait d'ailleurs comme séditieux et
perturbateur du repos public : son effigie
fut brûlée avec ses écrits à Rome en 1660.
Borri se réfugia à Strasbourg, et de là à
Amsterdam, où il prit le titre modeste
de Médecin universel. Une banqueroute
l'ayant chassé de la Hollande , il passa à
Hambourg, où la reine Christine perdit
beaucoup d'argent à lui faire chercher la
pierre philosophale. Le roi de Danemarck
imita Christine, et ne réussit pas mieux.
Borri se sauva en Hongrie. Le nonce du
pape , qui était alors à la cour de Vienne,
le réclama. L'empereur le rendit, mais
avec parole du pape de ne point le faire
mourir. Conduit à Rome, il y fut con-
damné à faire amende honorable et à une
prison perpétuelle. Il mourut en 1695 , à
68 ans, au château Saint -Ange, dans le-
quel il avait été transféré à la prière du
ducd'Estrées , qu'il avait guéri d'une ma-
ladie désespérée. On a de lui de mauvais
ouvrages sur l'alchimie. Son livre intitulé
La Chiave del Gabinelto, Cologne , 1681,
in-12 , est rare et se vend cher (i).
BORRICIIIUS ( Olaus ) , professeur de
médecine à Copenhague , naquit en 1626 ,
et mourut de la pierre en 1690. Il laissa
une somme considérable pour l'entretien
des pauvres étudians. Il ne voulut jamais
se marier, ne croyant pas que ses éludes
et sa philosophie pussent se concilier
:cueil de di»
par Borri à
(i) Ce livre n'est autre chose qu'un
lettres, qu'on suppose avoir été écrit»
divers princes de l'Europe. L'épître injuriei
les précède et qui est adressée à l'auteur, prouve
qu'elles furent publiées sans sa participation. Set Jn-
itruclions politiques au roi du Danemarck se trouvent
à la fin du même volume. Elles avaient e'te' d'abord
imprime'es séparément.
avec les embarras du mariage, et per-
suadé que le génie perd toujours quelque
chose de son élévation et de sa force dans
la société de la femme. On a de lui beau-
coup d'ouvrages. | De Poetis Grœcis et
Lalinis. \ Antiquœ Romœ imago. \ De
somno et somniferis , 4680,in-4°. | De
usu planlarum indigenarum , 1688 , in-
8°, etc.
BORROMÉE ( saint Charles ) naquit
le 2 octobre 1538 dans le château d'Arone
sur les bords du lac Majeur, dans le Mi-
lanais , du comte Gibert Borromée et de
Marguerite de Médicis. Charles s'adonna
de boniie heure à la retraite et aux lettres.
Son oncle maternel , Pie IV , l'appela au-
près de lui , le fit cardinal et archevêque
de Milan. Charles n'avait alors que 22 ans.
Il conduisit les affaires de l'Eglise comme
un homme qui l'aurait gouvernée pen-
dant long- temps ; il forma une académie
composée d'ecclésiastiques et de séculiers,
que son exemple et ses libéralités ani-
maient à l'étude et à la vertu. Le jeune
cardinal, au milieu d'une cour fastueuse,
se laissa entraîner au torrent, se donna
des appartemens, des meubles et des
équipages magnifiques. Sa table était ser-
vie somptueusement , sa maison ne dés-
emplissait point de gentilshommes et de
gens de lettres. Son oncle, charmé de
cette magnificence , lui donna de quoi la
soutenir. On le vit dans peu de temps
grand- pénitencier de Rome, archiprètre
de Sainte -Marie- Majeure; professeur de
plusieurs couronnes , et de divers ordres
religieux et militaires ; légat de Bologne ,
de la Romagne et de la Marche d'Ancône.
C'était dans ce temps-là que se tenait le
concile de Trente. On parlait beaucoup
de la réformation du clergé. Charles ,
après l'avoir conseillée aux autres , l'exé-
cuta sur lui-même. Il réforma tout d'un
coup jusqu'à 80 domestiques de marque ,
quitta la soie dans ses habits, s'imposa
chaque semaine un jeûne au pain et à
l'eau. Il se prescrivit bientôt des choses
bien plus importantes. Il tint des con-
ciles, pour confirmer les décrets de celui
de Trente, terminé en partie par ses
soins. 11 fit de sa maison un séminaire
d'évêques; il établit des collèges, des
communautés, renouvela son clergé et les
monastères ; forma des asiles pour les
pauvres et les orphelins, pour les filles
exposées à se perdre, ou qui voulaient
revenir à Dieu après s'être égarées. Mais
de tous ces établissemens, celui qui pro-
duisit les fruits les plus précieux et les
BGR
435
BOR
plus étendus, ce furent les séminaires
épiscopaux, dont les règlemens servirent
de modèle à tous ceux qui furent fondés
dans la suite, et dont l'Eglise tira de si
grands avantages , que , lorsque l'em-
pereur Joseph II entreprit de détruire
dans ses états la religion catholique , il ne
crut pouvoir employer à ce dessein un
moyen plus sûr que de les abolir , en les
remplaçant par uno école profane et hé-
térodoxe, sous le nom de séminaire -gé-
néral, que les catholiques appelèrent nou-
velle Babylone. Le zèle de Charles en-
chanta les gens de bien, et irrita les
médians. L'ordre des humiliés , qu'il vou-
lut réformer , excita contre lui un frère
Farina, membre détestable de cette con-
grégation. « Ce malheureux ( dit un au-
» leur qui a écrit la Vie de saint Charles
» avec autant d'exactitude que d'intérêt )
» se posta à l'entrée de la chapelle du
» palais archiépiscopal, le 26 octobre 1569,
* dans le temps où le saint faisait la prière
■ du soir avec sa maison. On chantait
» alors une antienne , et on était à ces
» mots : Non turbetur cor vestrum , ne-
» que formidet. Le prélat était alors à ge-
» noux devant l'autel. L'assassin , éloigné
» seulement de cinq à six pas , tire sur
» lui un coup d'arquebuse chargé à balle.
» Au bruit de l'instrument meurtrier, le
» chant cesse , et la consternation devient
» générale. Charles , sans changer de
» place , fait signe à tous de se remettre à
» genoux , et finit sa prière avec autant
» de tranquillité que s'il ne fût rien ar-
» rivé. Le saint qui se croit blessé mor-
b tellement , lève les mains et les yetix au
b ciel , pour offrir à Dieu le sacrifice de
• sa vie; mais s'étant levé après la
» prière , il trouva que la balle qu'on lui
» avait tirée dans le dos, était tombée à
» ses pieds , après avoir noirci son ro-
» chet. » Charles demanda la grâce de son
meurtrier , qui fut puni de mort , ainsi
que trois autres religieux ses complices,
6ans qu'il eût pu les soustraire à un
supplice si justement mérité. Le pape
prononça la dissolution de l'ordre entier
dont les biens furent employés par le
saint archevêque à fonder des collèges ,
des hôpitaux, à réparer des églises, des
couvens et à décorer sa cathédrale avec
une magnificence digne de son zèle
et de sa piété. Ces contradictions n'af-
faiblirent point l'ardeur du saint ar-
chevêque. Il visita les extrémités aban-
données de son diocèse, abolit les excès
du carnaval , distribua le pain de la pa-
2.
rôle à son peuple , et s'en montra le pas-
teur et le père. Dans les ravages que fit
une peste cruelle, il assista les pauvres
par ses ecclésiastiques et par lui-même;
vendit ses meubles pour soulager les ma-
lades, et désarma la Divinité par des pro-
cessions , auxquelles il assista pieds nus
cl la corde au cou. Il finit saintement sa
carrière en 1584, à 47 ans. On a de lui un
très grand nombre d'ouvrages sur des
matières dogmatiques et morales. On les
a imprimés en 5 vol. in-fol. en 1747, à
Milan. La bibliothèque du sainl-Sépulcre
de cette ville conserve précieusement 51
vol. manuscrits de Lettres du saint prélat
Le clergé de France a fait réimprimer, à
ses dépens, les instructions qu'il avait
dressées pour les confesseurs. Ses Acla
Ecclesiœ Mediolanensis , Milan, 1599,
in-folio , sont recherchés. Paul V le ca-
nonisa en 1610. Le Père Touron a écrit sa
Vie en 3 vol. in-12, Paris, 1701 : ouvrage
écrit d'un style lâche et diffus, mais
exact et édifiant. Celle donnée par M. Go-
deau, Paris, 1748, 2 vol. in-12, est pré-
férable. Il y en a une plus ancienne tra-
duite de l'italien, et imprimée à Lyon en
1675 , in-4°, mise en latin et publiée avec
beaucoup de notes, à Milan et à Augs-
bourg , 1758 , in-folio. On peut consulter
encore De Vita et rébus geslis Caroli
S. R. E. Cardinalis ., libri septem. Milan,
1592 , et Brescia , 1602 , in-4°, et son Pané-
gyrique écrit par l'abbé Gérard. Voyez
l'article SAXI.
BORROMÉE (Frédéric), cardinal et
archevêque de Milan , héritier de la science
et de la piété de Charles , son cousin-ger-
main, naquit à Milan le 18 août 1564, et
mourut le 21 décembre 1651, âgé de 68
ans. Il professa les humanités à Pavie , et
fut toujours depuis le prolecteur des gens
de lettres ; c'est lui qui a fondé la célèbre
bibliothèque ambrosienne. Antoine 01-
giati auquel elle fut confiée y rassembla
9 à 10 mille manuscrits, dont un grand
nombre d'orientaux qu'il était allé recher-
cher lui-même en Grèce et ailleurs. La
cardinal Borromée avait aussi fondé à Mi-
lan deux académies ; l'une pour les ecclé-
siastiques, l'autre pour les nobles. On a
de lui | Sac?-a colloquia , 1632 , 10 vol. in-
12 ; | Sermoncs synodales; \ Medilamenla
litteraria ; | Ragionamenti synodali. Mi-
lan, 1652, 3 vol in-4"; | De episcopo con-
cionanle , libri III , Milan , 1652, in-fol.
BORROM1IVI ( François ) , architecte
né à Bissone au diocèse de Côme , en 1599,
mort en 1647 , se fit une grande répula-
57
BOR 454
tion à Rome , où il fut plus employé qu'au-
cun architecte de son temps. On voit en
cette ville un grand nombre de ses ouvra-
ges, dont la plupart ne sont pas un modèle
pour les jeunes artistes. On y troure beau-
coup d'écarts et de singularités ; mais en
même temps, on ne peut s'empêcher d'y
reconnaître un talent supérieur et l'em-
preinte du génie. Cet architecte en avait
beaucoup. Ce fut en s'efforçant de surpas-
ser le Bernin, dont il enviait la gloire,
qu'il s'éloigna de la simplicité , qui est la
vraie base du beau , pour donner dans ce
goût d'ornemens extra vagans , qui ont fait
comparer son style en architecture , au
style littéraire de Sénèque et de Lucain.
Il était l'élève de Maderno auquel il suc-
céda. On estime encore la façade de l'é-
glise Sainte-Agnès sur la place Navona à
Rome , ce qu'il a fait au collège de la Pro-
pagande , etc. Le pape Urbain VIII le créa
chevalier de l'ordre de l'Eperon , et le roi
d'Espagne Philippe III , lui donna le col-
lier de l'ordre de Saint-Jacques. L'extrême
application qu'il mit à former un recueil
des gravures propres à faire connaître la
fécondité de son génie , le fit tomber dans
des accès d'hypocondrie si violens qu'il se
perça d'une épée en 1697. Son œuvre a été
publié à Rome, sous ce titre : Francisci
Borromini opus archileclonicum , operâ
Seb. Giannini , Rome , 1727, in-fol.
* BORRONI (Paul -Michel -Benoît),
peintre célèbre né à Voghera dans le Pié-
mont , en 1749 , étudia les principes de
son art dans les écoles de Milan , de Parme
et de Rome. Il y prit la manière du Cor-
rége et la touche de Michel-Ange. Bor-
roni retourna dans sa patrie en 1776. Pie
VI le créa chevalier de l'Eperon-d'Or ,
et le roi de Sardaigne lui fit une pen-
sion qui lui fut continuée par le gou-
vernement français. Plusieurs de ses ta-
bleaux lui ont mérité des médailles d'or.
On estime particulièrement: | Le Mariage
de la Vierge; | sa Fuite en Egypte; | son
Assomption; \ La mort de saint Joseph;
| la Mort du Juste; | un Saint-Germain;
| une Sainte- Famille ; | Annibal sur les
Alpes ; | la Mort de Lucrèce; | les Saisons;
| la Clémence de Titus, | et plusieurs por-
traits. Ce peintre est mort à la fin du
mois d'août 1819.
BORTOLI ou BARTOLI , né à Venise
en 1695 , théologien, canoniste et évêque
de Nazianze , est auteur d'un Ecrit sur
l'abolition de l'ordre des jésuites , Flo-
rence , 1799. Mazzuchelli en fait mention
dans ses Scriltori italiani.
BOR
* BORY ( Gabriel de ) , membre de
l'institut , né à Paris le 13 mars 1720, était
avant la révolution chef d'escadre et
gouverneur des Iles-sous-le-vent. « Déjà
» depuis vingt ans, dit le savant Delambre
» dans son éloge de Bory , Hadley avait
» publié la description de deux instri*-
» mens à réflexion , dont la première idée
» était due à Newton, et qui devaient opé-
» rer une révolution dans l'état des obser-
» vations nautiques. Les nouveaux instru-
» mens, peu répandus encore dans la ma-
» rine anglaise , étaient absolument jn-
» connus dans la nôtre. Bory fut le pre-
» mier, parmi les Français à sentir tous
» les avantages de la découverte de Hadley
» Il s'empressa de faire connaître un in-
» strument si utile , et le traité qu'il en
» publia , en 1751 , par la clarté et la sim-
» plicité de sa rédaction , par le soin que
» prit l'auteur de l'approprier aux lecteurs
» auxquels il le destinait principalement ,
» fut vin véritable service rendu aux ma-
» rins. » Bory, réuni à plusieurs officiers
distingués, avait entrepris à la même
époque un Dictionnaire de marine > et il
avait rédigé les articles d'astronomie ,
d'hydrographie et de pilotage. Les maté-
riaux de cet ouvrage furent confiés à l'a-
cadémie de marine, que des circonstances
imprévues empêchèrent de l'achever. Le
gouvernement l'ayant chargé de déter-
miner astronomiquement la position des
caps Finistère et d'Ortégal, qui ne se trou-
vaient encore tracés avec exactitude sur
aucune carte, Bory, malgré les nombreux
obstacles qu'il eut à surmonter , remplit
sa mission avec succès. De retour à Brest,
en 1753, il observa le passage de Mercure
sur le soleil, et écrivit à ce sujet un Mé-
moire qui fut inséré parmi ceux des sa-
vans étrangers. Bory fit voile pour le Por-
tugal, à l'occasion de l'éclipsé solaire du 26
octobre de la même année, dans le dessein
de rectifier les cartes des côtes occiden-
tales de la péninsule, d'après la nouvelle
fixation qu'il avait faite du cap Finistère.
Mais l'éclipsé n'ayant été que partielle ,
Bory ne put atteindre son but, et se con-
tenta de déterminer la longitude d'Aveiro.
Il entreprit aussi un voyage à Madère
qui fut signalé par des opérations qu'on
trouve consignées dans les Mémoires de
l'académie des sciences, années 1768 et
1770. En 1761 , il devint gouverneur de
Saint-Domingue, mais il en fut bientôt
rappelé. Bory fut nommé, le 3 août 1765,
associé libre de l'académie des sciences.
La révolution, enlui enlevant ou en rédui-
nos
433
BOS
sant la pension dont il jouissait, le mit
avec sa famille dans un état si voisin de
l'indigence , qu'il se vit obligé de vendre
sa bibliothèque. Il ne fit point partie de
l'institut lors de sa formation ; mais en
1796 , il y remplaça le célèbre Pingre.
Bory est mort le 8 octobre 1801. On a de
lui : | Mémoire sur un moyen de purifier
l'air des vaisseaux, 1780 ; | Mémoire sur la
possibilité d'agrandir Paris, sans en re-
culer les limites, Paris, 1787, in-8°;
| Mémoire sur les établissemens d'un con-
seil de marine; \ Essai sur la population
des colonies à sucre , 1776 et 1780 ; | Mé-
moire sur le système à suivre dans une
guerre purement maritime avec l'Angle-
terre , 1780. Ces trois derniers ouvrages
ont été réunis sous le titre de Mémoires
sur l'administration de la marine et des
colonies, par un officier-général de la
marine , Paris , 1789 , 2 vol. in-8° ; | une
nouvelle édition augmentée de la Descrip-
tion et de l'usage d'un nouvel instrument
pour observer la latitude sur mer, etc.
par Après de Mannevillette.
BORZOÎVI ( Lucia.no ) , peintre , naquit
à Gènes en 1590. Il réussit dans le portrait
et dans l'histoire. Son génie était vif et
fécond, son dessin précis, son pinceau
moelleux. Il mourut à Milan en 1645. Ses
trois fils Jean-Baptiste , Carlo , et Fran-
çois-Marie, se distinguèrent dans l'art
que leur père avait cultivé. Les deux pre-
miers moururent fort jeunes, vers 1657.
Le dernier excella dans les paysages , les
marines et les tempêtes. On dit qu'il s'ex-
posait aux injures du temps et à la fureur
des flots , pour représenter avec plus de
vérité les accidens de la nature. Ib mou-
rut en 1679 à Gènes sa patrie.
* BOS (Jérôme ) , peintre, né à Bois-
Ic-Duc , vivait dans le lo': siècle. Il a été
un des premiers peintres à l'huile , et l'on
remarque que sa manière est moins dure
et ses draperies de meilleur goût que
celles de ses contemporains. Le génie de
Cet artiste était bizarre. Il se plaisait à
peindre de fantaisie", et se livrait à tou-
tes les singularités de son imagination.
Aussi la plupart de ses sujets sont gâtés
par quelques idées extravagantes. Telle
est la Tentation de saint Antoine, où l'on
voit des monstres , des animaux , des chi-
mères , des dragons et des oiseaux de ca-
price , qui épouvantent et causent tout à
la fois de l'horreur et de l'admiration. Il
aimait surtout à peindre l'enfer. Les ta-
bleaux de cet artiste se vendaient très
cher : on en conserve plusieurs à l'Esru-
rial en Espagne. — Il y a eu un célèbre
peintre de fleurs du même nom ( Louis
Jaussen ) , mort en 1507.
BOS (Lambert), professeur en grec
dans l'université de Franeker, né àWor-
kum dans les Pays-Bas en 1670, est connu
par une édition de la version grecque des
Septante , à Franeker , 1709 , en 2 vol. in-
4°, avec des variantes et des prolégomènes.
Il mourut en 1717. Il a composé d'autres
ouvrages parmi lesquels on distingue An-
tiquitalum grœcarum, prœcipue attica-
rum descriptio brevis , Leipsick, 1749,
in-8° , traduites en français par Lagrange,
Paris, 1769, in-12. Observationes inno-
vum Testamenlum, 1707 , in-8°, in quos-
dam Auctores Grœcos, 1715, in-8° , et sa
nouvelle édition de la Grammaire grec-
que de Vellerus, avec des additions.
BOS. Voyez DUBOS.
* BOSC ( Jean du ) , président de la
cour des aides de Rouen, décapité en 1562,
comme un des principaux auteurs de la
révolte des protestans , a publié : Traité
de la vertu et des propriétés du nombre
septénaire.
BOSC ( Jacques du ), normand, auteur
de Y Honnête femme, 1632, in-8°, et de
la Femme héroïque, était cordelier. D'A-
blancourt, ami de du Bosc, honora Y Hon-
nête Femme d'une préface. Le second ou-
vrage qui parut en 1645 , in-4° , n'eut pas
la même vogue. Du Bosc , après avoir
exercé sa plume sur les femmes , se mêla
de controverse. Il écrivit contre les soli-
taires de Port-Royal ; mais après quel-
ques escarmouches , il se retira du com-
bat. On ne sait quand il mourut.
BOSC ( Pierre-Tiiomines du), né à
Bayeux en 1623 , devint ministre de l'é-
glise de Caen, puis de celle de Roterdam,
après la révocation de l'édit de Nantes.
On a de lui 7 vol. de sermons, qui tiraient
leur principal mérite de son action et do
sa bonne mine. Il eut de la réputation
dans son parti. ( Voyez sa Vie par Le Gen-
dre, 1716, in-8°.)
BOSC (Claude), né vers 1648 , et mort
en 1715, procureur-général de la cour
des aides, prévôt des marchands et con-
seiller d'état, traduisit du latin en français
plusieurs ouvrages d'Erasme : | Manuel du
soldai chrétien, 171 1 , in-12 ; | yispirations.
à Dieu, 1712 , in-12 ; | Traité de l'infinie
miséricorde de Dieu , 1712 , in-12 ; | Du
mépris du monde , 1713, in-12; | Le ma-
riage chrétien , 1715, in-12. La lecture de.
cet écrivain doit se faire avec précaution.
*BOSC D'Arme (Paul), médecin,
BOS
436
BOS
né en Languedoc en 1726, d'une ancienne
famille, mourut en juin 1784. Il abandon-
na la médecine pour se livrer entièrement
aux arls chimiques. Il devint physicien
avec l'abbé Nollet , naturaliste avec Réau-
mur, et s'en fit des prolecteurs et des
amis. Il perfectionna la manufacture des
glaces de Sl.-Gobin , et la fixasurdes prin-
cipes invariables. On lui doit plusieurs
mémoires sur la verrerie, qui ont con-
tribué à la porter au degré de perfection
où elle est parvenue depuis. Ses œuvres,
contenant plusieurs mémoires sur Tait de
la verrerie , sur la faïencerie , la poterie ,
L'art des forges , la minéralogie, l'électri-
cité et la médecine , ont été publiées de
son vivant en 2 vol. in-12.
* BOSC ( LOUIS-AUGUSTIIV-GUILLAUME ),
naturaliste célèbre , né à Paris en janvier
1759, mort le 11 juillet 1828, puisa dès son
enfance, dans la maison de son père qui
était médecin du roi , le goût de l'histoire
naturelle et se livra de bonne heure à l'é-
tude de la botanique. A l'âge de vingt-
cinq ans , il devint secrétaire de l'inten-
dance des postes , et publia , vers la même
époque , dans le Journal de Physique., ses
premiers écrits sur l'histoire naturelle.
Lorsque Roland dont il avait gagné l'ami-
tié, parvint au ministère de l'intérieur,
Rose fut nommé administrateur-général
des postes. Après la révolution du 51 mai
i793 , qui renversa les Girondins , Bosc
donna à madame Roland* des preuves d'un
a ttachemeut au-dessus de tous les périls, en
l'accompagnant jusqu'à l'écliafaud. Cette
femme célèbre lui remit une copie de ses
Mémoires , qui parurent plus tard. Bosc
se relira ensuite dans la forêt de Montmo-
rency, où il resla long-temps caché. 11 re-
cueillit dans son asile Lare veillère-Lepaux,
alors proscrit comme lui. Ce dernier,
étant devenu membre du Directoire en
4796 , fit envoyer Bosc en qualité de con-
sul aux Etats-Unis. Le congrès n'ayant
point reconnu ses pouvoirs , il fit tourner
ses loisirs dans le Nouveau-Monde au profit
de la botanique , de la zoologie et de l'a-
griculture. De retour en France , il fut
nommé administrateur des hospices civils
de Paris, emploi qu'il conserva jusqu'à la
t évolution du 18 brumaire. On lui donna
ensuite les fonctions d'inspecteur de la pé-
pinière de Versailles, puis d'Inspecteur
des pépinières du gouvernement. Mem-
bre de la société d'agriculture de Paris , et
d'encouragement de l'institut , il fit dans
ces sociétés un grand nombre de rapports.
De 1789 à 1798, Bosc publia beaucoup
d'articles dans le Journal d'histoire natu-
relle, dans le Journal des Mines, dans
les Mé noires de la société d'Agriculture
de Paris , et dans ceux de la société Lin-
néenne. Il a été un des principaux rédac-
teurs du Nouveau Dictionnaire d'Histoire
naturelle en 24 vol. in-8° , réimprimé en
50 vol. in-8° ; et du Dictionnaire d Agri-
culture , 15 vol. in-8° , 1803-1809 , publiés
chez Déterville ; il a donné YHisloire na-
turelle des coquilles, des vers et des crusta-
cés , 1802, 10 vol. in-8°. Bosc a aussi fourni
de nombreux articles aux vingt derniers
volumes des Annales d'Agriculture , ainsi
qu'aux trois derniers volumes du Dic-
tionnaire d'Economie rurale , dans l'En-
cyclopédie méthodique, 1812-1813, in-4°.
* BOSC.YWEIX (Guillaume), écrivain
et jurisconsulte anglais, neveu d'un ami-
ral du môme nom , naquit en 1752 , et fit
son droit au collège de Midle-Tcmple. Il
obtint la place de commissaire pour les
banqueroutes et ravitaillement des vais-
seaux de l'état. Il est mort en 1811. On a
de lui : | Traité des Convictions relative-
ment aux lois pénales , in-8° ; | une Tra-
duction d'Horace, en anglais, 2 vol. in-8°;
| des Progrès de la Satire , essai contenant
des observations sur les révolutions sur-
venues dans la littérature , in-8*.
* BOSCII ( Jérôme de ) , naquit à Ams-
terdam, le 23 mars 1740, d'un pharma-
cien , qui voulait lui faire embrasser son
état. Envoyé aux écoles latines, il se dis-
tingua par son application et son esprit.
Il publia , en 1770 , les poésies de Gérard
Hooft , son ami , et , comme lui , disciple
de Burmann. Le père de Gérard Hooft
était bourgmestre d'Amsterdam, et, par
reconnaissance , il fit avoir à Bosch l'em-
ploi de premier commis au greffe de
la maison de ville. Les devoirs de celte
place n'empêchèrent pas le jeune Bosch
de cultiver les lettres savantes; il leur
consacra tous ses loisirs et donna succes-
sivement : | Genelhliacon D.J. van Len-
nep , 1774 ; | In funere Egberti de Vry
Temmink, Amstelodamensium consulis>
1785 , in-4° ; | De œqualitate hominum .
Amsterdam , 1793, in-4° ; | Laudes Buona-
parlii, et Elegia {ad Gallium) cum Pri>
mi Consulis vila ferro atque insidiis ap~
peleretur ( ces deux petits poèmes ont été
réimprimés en hollandais , en français
et en allemand, à Utrecht, 1801, in-8°);
J Ejncedion in funere acerbo sororis Ju-
dithec de Bosch , 1793 , in-8° ; | Ad mânes
dileclœ sororis , 1794 , in-8° ; | Conso-
latio ad Jan. Bondt cum suavissimam
BOS
437
BOS
■et optimum uxore?n amisisset > 1807 ,
ia-8° , etc. , etc. Bosch a publié le recueil
de ses poésies , Poemata , Utrecht , 1803 ,
in-4° , et il a donné depuis Jppendix
poé'matum J 1808 , in-4° : quelques exem-
plaires sont in-folio. La passion qu'il eut
toujours pour les langues anciennes ne
lui avait point fait oublier qu'il était hol-
landais; et entre autres pièces qu'il com-
posa dans sa langue maternelle , on doit
citer les Eloges de H. G. Oosterdyk el
J. R. Deiman. Nommé en 1800 , curateur
de l'université de Leyde , il prit à tâche de
redresser plusieurs injustices qui avaient
eu lieu à la suite de la révolution de 1795.
Il a publié X Anthologia grœca J cum ver-
sione latinâ H. Grotii, Utrecht, 1793-1810,
4 vol. in -4°; il en a fait tirer quelques
exemplaires in-fol. Bosch y avait joint des
observations qui lui donnent un rang dis-
tingué parmi les hellénistes. Il avait dis-
posé pour l'impression les matériaux du
cinquième volume lorsque la mort l'en-
leva le 1er juin 1811. Il possédait une ma-
gnifique bibliothèque, riche surtout en
éditions princeps , et remarquable par le
choix des livres et leur belle condition ,
et en avait donné le catalogue abrégé sous
ce titre : Brevis descriptio bibliothecœ
Hier, de Bosch, qua tenus in eâ greeci el
latini scriplores asservanlur, Utrecht ,
1809, in-8°. Non-seulement il voulait que
les livres fussent d'une conservation par-
faite , il recherchait encore le luxe des
grands papiers et des marges entières , et
celui des reliures , dont il confiait l'exé-
cution aux meilleurs ouvriers connus ,
Baurngarlen, chez, les Anglais, Weber,
Beck , Hcsselmann , etc. chez, les Hollan-
dais.
BOSCH (Matthieu van HEYNINGEN),
né à Groningue en 1772 , mort dans cette
ville au commencement de 1823, a com-
posé pour la jeunesse un grand nombre
d'ouvrages élémentaires de morale et de
religion, souvent réimprimés. 11 a aussi
donné quelques ouvrages de poésie. L'an-
née qui précéda sa mort , il a publié un
Aperçu sur renseignement des sourds-
muets * accompagné de leur alphabet ma-
nuel , et de L'état de situation de l"inslitut
national des sourds-muets créé à Gronin-
gue, et dirigé par Guyot, élève de M. l'ab-
bé del'Epée.
BOSCAGER (Jean), jurisconsulte de
Bez.iers , mort en 1087, à 87 ans , enseigna
le droit à Paris , avec succès. Il laissa une
Institution au droit français et au droit
roînain avec des notes de Delaunay, 1686,
in-4°. Dans un voyage qu'il fit à Padouc,
l'université de cette ville applaudit à son
mérite. La devise qu'il fit sur le nom
qu'elle portait iVAcademia del Bove , en
faisant allusion à Isis , Ex bove facla dea
est, fut trouvée si belle , qu'on la fit gra-
ver sur la porte en lettres d'or. Il y pro-
nonça sur ce sujet un discours, partie
moral , partie mythologique , où après
avoir prouvé la nécessité du travail, dont
le bœuf est le symbole , il montre que lu
travail élevait l'homme au-dessus de sa
condition et le rendait égal aux Immor-
tels , ce qui étoit figuré par le change-
ment d'Isis en déesse. La mort de Bos-
cager fut bien triste ; un soir qu'il se pro-
menait seul, dans une campagne à 6 lieues-
de Paris, il tomba dans un fossé, et n'en
fut retiré que le lendemain, presque sans
sentiment et sans vie.
BOSCAN ALMOGAVER ( Jean ou
Juan), de Barcelone , fut amené à Venise
par André Navagéro , ambassadeur de la
république auprès de Charles V. C'est
dans cette ville qu'il apprit à transporter
la rime de la poésie italienne à la poésie
espagnole. Il introduisit dans cette derniè-
re le vers endécasyllabique. Garcilaso et
lui sont regardés comme les premiers
qui aient tiré du chaos cette poésie. Son
style est majestueux, ses expressions élé-
gantes , ses pensées nobles , ses vers faci-
les , ses sujets variés. Les principales piè-
ces sont MedinaAo'ih, in-4°; | Salamanca,
1347, in-8°. Boscan réussissait mieux dans
les sonnets que dans les autres genres. Il
mourut vers 1345. Il était né en 1500.
* BOSCH (André) né à Perpignan, se
fit recevoir docteur en droit dans l'uni-
versité de cette ville, le 9 mai 1G09, et
écrivit , en catalan, un ouvrage intitulé :
Sommaire des titres d'honneur de Cata-
logne j Roussillon * el Cerdagne* Barce-
lone , 1628 , in-folio. Cet ouvrage, appuyé
sur les Charles et les anciens monuinens,
est le plus complet que nous ayons sur
l'histoire du Roussillon.
BOSCH (Balthasar van den), peintre
flamand, né à Anvers en 1675 , mort en
1615. Ses portraits sont très estimés. On
fait cas surtout de celui du duc de Mari-
borough à cheval , et du tableau qu'il lit
pour la confrérie des jeunes arbalétriers
d'Anvers. — Un autre peintre du môme
nom ( Jacod ) , né à Amsterdam en 1656 ,
excellait à peindre des fruits.
* BOSCH (Berx ykd) , ministre protes-
tant el poète , né le 4 septembre 1746 , et
mort près de La Haye , le 1er décembre
57.
nos
A-58
DOS
1803, exerçait son ministère à Diemen
près d'Amsterdam , lorsqu'il fit paraître
sans nom d'auteur un poème allégorique
intitulé : UEgoïsme. Les principes poli-
tiques contenus dans cet ouvrage fixèrent
l'attention d'une société patriotique qui
promit à l'auteur une médaille d'or de
vingt-cinq ducats, s'il voulait se nommer.
Bosch se fit connaître , mais refusa la ré-
compense. Son opposition au parti duStat-
houder lui attira plusieurs désagrémens,
et lorsque les troupes prussiennes entrè-
rent en Hollande, pour soutenir la cause
du prince d'Orange , Bosch fut forcé d'en
sortir et de renoncer à ses fonctions. Lors-
que la révolution de 1796 eût éclaté, il fut
nommé représentant du peuple, et il con-
tribua à faire éliminer de l'assemblée les
partisans de l'ancien ordre de choses.
Une réaction s'opéra la même année , et
Bosch fut détenu pendant quelques mois
dans la Maison-du-Bois. Après qu'il eut
été rendu à la liberté, il prit part à la ré-
daction des journaux le James et l'E-
clair politique. Il mourut sans laisser mê-
me de quoi faire les frais de ses funérail-
les , que la loge maçonique des vrais Ba-
taves se chargea de payer. Bosch avait
publié, l'année même de sa mort, ses
Poésies , 3 vol. in-8".
* BOSCHA (Piehre-Paul), savant ec-
clésiastique , né à Milan en 1632 , conser-
vateur de la bibliothèque ambrosienne,
et protonotaire apostolique , a laissé plu-
sieurs ouvrages, entre autres; De origine
et statu bibliothecœ Ambrosianœ , Milan,
1672 , in-4°. Boscha mourut en 1699.
BOSCH AERTS, plutôt BOSSCHAERT,
Voyez ce dernier mot.
BOSCHICS (Jean ) , savant médecin
du 16e siècle, né dans le pays de Liège,
fut appelé en 1558 à l'université d'Ingol-
stadt , où il fit un beau discours sur les
qualités d'un bon médecin et sur différens
auteurs qui ont écrit en ce genre , inséré
dans le 1er tome des Discours de cette uni-
versité. On a de cet auteur différens au-
tres ouvrages en latin : | une traduction
de l' Achille d'Ocollus Lucanus, avec des
notes, Louvain , 1554; | Tractatus de
jiesle * Ingolstadt , 1562 : | Concordia me-
dicorum et philosophorum de humano
conceptu, fœtus corporatura animatione:
| De centaaris , satyris , etc., ibid. 1575
et 1583 , in-4°. Desingius , Stengélius ,
Cornélius Gemma ont traité la même ma-
tière avec plus ou moins d'étendue d'une
manière également sage. — Il ne faut pas
le confondre avec Pierre BOSCHIUS, jé-
suite et hagiographe, connu par son éru-
dition et ses travaux dans la grande col-
lection des Acta Sanctorum , né à Bru-
xelles, et mort à Anvers le 14 novembre
173(1 , à l'âge de 50 ans.
BOSCO, Joannes de Bosco. Voyez
ROIS (Jean du). Voyez aussi SACRO-
BOSCO.
BOSCOWICn (RooER-JosEPn), direc-
teur de l'observatoire de Milan , membre
de la société royale de Londres , etc., né à
Raguse le 18 mai 1711 , d'une famille dis-
tinguée, entra chez les jésuites à Rome, le
1er octobre 1725. Etant en rhétorique, à
l'âge de 14 ans, il se fit remarquer par un
génie vif, pénétrant , capable de médita-
tions arides et profondes. Lisant un jour
les élégantes poésies du Père Noccti, il
s'arrêta à ces vers :
Quare agite, ô juvenes , magnarum semina rerum
la vobis fartasse latent....
Il se persuada avec raison que ce germe
existait chez lui , et s'appliqua avec une
ardeur toute particulière à la philosophie et
aux mathématiques. Devenu professeur de
philosophie et de mathématiques au collège
Romain, il embrassa avec feu les systèmes
de Newton , approfondit ses calculs et ses
combinaisons , modifia et réforma ses
idées pour les affranchir des objections et
des embarras qui en rendaient la défense
difficile; et c'est dans cet état de réforme
que la philosophie de cet Anglais parut à
Vienne sous le titre de Traité de l'attrac-
tion j considérée comme loi universelle ,
en 1768 , et à Venise en 1763. Cet ouvrage
a servi de modèle et de règle à la plupart
des newtoniens modernes. Charles Renve-
nutià Rome, Paul Mako et Charles Scherf-
fer à Vienne , Léopold Riwald à Gratz ,
J. Baptiste Horwath à Tirnau, en ont fait
la base de leurs Institutions imprimées
dans ces différentes villes. En 1763, il fut
demandé par l'université de Pavie que l'on
venait de rétablir, et à laquelle on vou-
lait donner de l'éclat. Il y professa pen-
dant six ans. On le plaça ensuite à Milan,
où il fut pendant trois ans professeur
d'astronomie et d'optique aux écoles pala-
tines. Il fut employé par différens papes
pour fournir des moyens de soutenir le
dôme de St-Pierre, qui menaçait de crou-
ler, et fit partie de la commission chargée
d'examiner le moyen de dessécher les ma-
rais Pontins. En 1775 , lors de la suppres-
sion des jésuites en Italie , M. de La Borde,
Mme de Sivrac , M. de Durfort , M. de
Boynes , M. de Vergennes , qui avaient eu
occasion de le connaître , l'engagèrent à
nos
439
BOS
venir à Paris et lui procurèrent le titre
de directeur de l'optique de la marine ,
avec une pension de 8000 liv. Des désa-
grémens qu'il essuya dans ce poste l'en-
gagèrent à se retirer à Milan , où il mou-
rut le 12 février 1787 , âgé de 7G ans.
Outre sa Philosophie neivtoniennc , le
Père Bosco wich a donné un grand nom-
bre d'ouvrages sur la géométrie , la phy-
sique , l'optique, etc. | Elementa uni-
versœ malheseos , Rome , 1754 , 3 vol.
in-8°, avec fig. | Philosophice naluralis
iheoria , reducta ad unicam legem vi-
rium in natura eJcistenlium 3 Vienne,
1759 , in-4°, lig. | Traité sur les télescopes
dioptriques perfectionnés , Vienne , 1765 ,
in-8°, en allemand. | Disse?'(alio physica
de lumine, Vienne , 1766 , in-8°, avec iig.
| De lunce almosphœra , Vienne, 1766,
in-4° , fig. | Disserlaliones ad dioptricam ,
Vienne, 1767, in-4°. //««, des notes sur
le Poème philosophique de Benoît Stay.
j Voyage astronomique dans l'Etat de
l'Eglise traduit en français par le Père
Hugon jésuite, Paris, 1770, in-4° : c'est le
résultat de la mesure de deux degrés du
méridien en Italie , qu'il lit par ordre du
cardinal Valentini en 1750. | Un Journal
d'un voyage de Constantinople en Polo-
gne, etc. Mais ce qui lui assure un nom
distingué parmi les gens de lettres autant
que parmi les savans, c'est son beau
poème | De solis ac lunœ defectibus 3 Ve-
nise , 1761 , traduit en français par l'abbé
de Barruel , Paris , 1779 et 1784 , in-4°, ou-
vrage où les orne mens de la poésie mar-
chent à côté des sciences exactes , et qui
peut encore servir d'exception à la stéri-
lité que l'opiniâtre étude des mathémati-
ques répand pour l'ordinaire sur l'imagi-
nation. Parmi des poésies moins considé-
rables , mais pleines de grâces tendres et
ingénues , on distingue son Desiderium
palriœ , composé à Rome , et dont voici
le début :
Illyrici collei , altique antiqua Ragus»
Mcetii.i, vagitus conscia terra mei!
Quando erit ut veitras redearo, vêtus exul , ad oras?
Il n'avait pas l'air abstrait , aimait la so-
ciété , conversait volontiers et agréable-
ment; Use citait souvent, et dans l'en-
thousiasme poétique qui le saisissait quel-
quefois , il récitait de longues tirades de
ses vers; mais cela ne formalisait per-
sonne, parce qu'on savait que cette es-
pèce d'originalité ne tenait rien de la
vanité et de l'esprit de prétention. Il
jouissait delà considération, non-seule-
ment de tous les savans de l'Europe- , rnalâ
encore de celle de plusieurs souverains ;
il a fait une multitude de voyages relatifs à
des observations utiles ou brillantes , et a
laissé des titres multipliés à une réputa-
tion que peu d'hommes de ce siècle sont
à même d'égaler.
* BOSE. Il y a eu plusieurs hommes
distingués de ce nom. — Gaspard , séna-
teur de Leipsick et professeur de bota-
nique, a publié Dissertalio de motuplan-
tarum sensus œmulo , 1724, in-4°. — Jean
André, professeur d'histoire à Iéna,
né à Leipsick, en 1626, mort en 1674, a
laissé Petronii Satiricon puritate dona-
tum e manuscript. Joan. And. Bosii*
1701 , in-8°. — Georges , professeur de
physique à Wiltemberg , mort en 1761,
composa plusieurs ouvrages sur l'électri-
cité , parmi lesquels un poème , qu'il tra-
duisit en vers français , sous un nom sup-
posé et sous ce titre : De V électricité ,
de son origine et de ses progrès, traduit
de l'allemand par l'abbé J. A. de C
Leipsick , 1754 , in-12. On a aussi du
même auteur et en français Rechercha
sur la cause et sur la véritable théorie de
l'électricité, Wittemberg , 1745.
BOSELLIM (Charles ) , avocat, né
à Modène en 1755 , a publié en italien
Nouvel examen des sources de la ri-
chesse publique et privée, ouvrage dans
lequel il examine et compare les prin-
cipes de Smith , de Lauderdale , et de
quelques autres économistes : il fait con-
sister la richesse publique et privée non-
seulement dans l'agriculture , les arts el
le commerce , mais encore dans le tra-
vail, l'industrie et l'épargne, qu'il regarde
comme les élémens primitifs de toutes
sortes de richesses. Il a publié en outre
Système de succession adopté en An-
gleterre; Observations sur quelques opi-
nions du comte Babacov , relativement à
la pluralité des voix , la réforme des co-
des civils, etc., et plusieurs articles re-
marquables sur l'économie politique in-
sérés dans le Journal académique de
Rome, et dans l'Anthologie de Florence.
Cet économiste distingué est mort le F*
juillet 1827.
BOSIO ( Jacques ) Bosius , natif de
Milan, et frère servant de l'ordre de
xMalte. Ce religieux étant retenu à Rome
auprès du cardinal Pélrochini , son pa-
tron , pour les affaires de son ordre , dont
il était agent, profita de ce séjour pour
y composer l'histoire qui porte son nom ,
sous le titre | Dell' fsloria délia sacra Re-
DOS
JUO
BOS
Ugione, delV illuslrissima miliziadisanto
Giovanni Gierosolimitano. Cet ouvrage ,
qui contient 40 livres , est partagé en 3
vol. in-fol. imprimés à Rome en 1621 ,
1629 et 1684. Quelques bibliographes ont
écrit que Bosio avait remis ses Mémoires
à deux cordeliers de la Grand'Manche
appelés en Italie les Grands- Frère s, et
que ces deux religieux ont mis son livre
dans la forme qu'il a aujourd'hui. Cet ou-
vrage est moins recherché pour le style ,
que pour la multitude et la rareté des
faits dont il est rempli. Cette histoire va
jusqu'à l'an 1571 : elle a été continuée par
Barthélemi Pozzo en italien , jusqu'à l'an
4688, Venise, 1740, 2 vol. in-4°. On a
encore de Bosio | la Corona del cavalier
Gierosolimitano > Rome , 1588 , in-4° ; et
| le Imagini de Beati è Santi délia sacra
religione di santo Giovanni Gierosolimi-
tano > Palerme , 1633 , in-4° , et Naples ,
1633 , in-8°. La plupart des historiens na-
tionaux, qui depuis Bosio ont voulu don-
ner l'Histoire de Malte en leur langue ,
n'ont été que ses copistes ou ses abrévia-
teurs.
BOSIO ( Antoine), de Milan, agent
de l'ordre de Malte , était neveu du pré-
cédent et mourut en 1629. Son recueil in-
titulé Roma Sotterranea, Rome, 1632,
in-fol. renferme la description des tom-
beaux et épitaphesdes premiers chrétiens
qu'on trouve dans les catacombes de cette
capitale de la catholicité. Il passait dans
les souterrains quelquefois cinq ou six
jours de suite. Un prêtre de l'Oratoire de
Rome ( le Père Paul Aringhi ) traduisit
son livre d'italien en latin , en 2 vol. in-
fol 1631. Les amateurs des antiquités
ecclésiastiques font grand cas de cette
version, plus ample que l'ouvrage.
L'un et l'autre manquent quelquefois de
critique ; mais ils sont très propres à faire
connaître les cérémonies des premiers
chrétiens de Rome , et l'histoire de cette
capitale. L'ouvrage de Bosio a été depuis
augmenté par Bottari et publié en 3 vol.
in-fol. 1757-1755, ce qui fait que l'ou-
vrage primitif est peu recherché au-
jourd'hui.
* BOSIO (Jean), peintre d'histoire,
frère aine du fameux sculpteur de ce
nom , fut élève de David , et devint pro-
fesseur de dessin à l'école polytechnique.
Il est mort en juillet 1827. Il avait publié un
Traité élémentaire des règles du dessin,
ouvrage estimé , Paris , 1801 , in-12, réim-
primé en 1802.
BOSON. Voyez ENGELBERGE.
BOSQUET ( François de ) , évêque de
Lodève , puis de Montpellier , naquit a
Narbonne en 1605 , et mourut en 1676,
avec la réputation d'un des plus savans
hommes de son siècle. Il avait été d'a-
bord juge-royal de sa patrie , ensuite de
Guienne , et puis du Languedoc. On a de
lui | Les Epitres d'Innocent III , avec
des remarques curieuses, | Les Vies des
papes d'Avignon ., in-8° , 1632 , dont Ba-
luze a donné une nouvelle édition , 1693,
2 vol. in-4°; | Historia Ecclesiœ Galli-
canes, à J.C. Evangelio in Galliis us que
ad dalam à Conslantino Imp. Ecclesiœ
pacern, in-4°, 1656. Elle est recherchée.
On lit dans son épitaphe : Gregem verbo
et exemplo sedulo pavit , largus erga pau-
pereSj sibi 2)arcissimus j omnibus benig-
nusJ etc.
BOSQUIER ( Philippe ) , religieux ré-
collet , né à Mons en 1561 , s'appliqua
beaucoup à la prédication. Il traduisit
aussi quelques ouvrages en latin , et les
enrichit de notes. La plupart de ses ou-
vrages, d'abord imprimés séparément, ont
été réunis en 3 volumes in-fol. à Cologne,
1621. On trouve dans ses Sermons ,
comme dans presque tous ceux de son
temps , des passages de l'Ecriture sainte,
des Pères , des rabbins , des controversis-
tes, des poètes , et de presque tous les au-
teurs grecs et latins. Il mourut l'an 1636.
* BOSQUILLON (Edouard-Fkançois-
Marie), médecin et helléniste célèbre,
né en 1744 à Montdidier , apprit de son
père les élémens des langues anciennes ,
et à l'âge de onze ans , fut envoyé à Paris
chez les jésuites pour y continuer ses étu-
des. Il se livra ensuite à l'étude de la mé-
decine et fut reçu docteur-régent de la
faculté. En 1774 , il fut nommé professeur
de langue et de philosophie grecques au
collège de France , et devint successive-
ment censeur royal , médecin de l'Hotcl-
Dieu de Paris , et membre de diverses so-
ciétés savantes. Bosquillon soutenait que
la peur seule rendait mortelles les mor-
sures des animaux attaqués de la rage
On dit même que pour appuyer ses pa-
roles de l'autorité du fait , il se faisait
mordre par des cbiens enragés. On lui a
reproché son goût systématique pour la
saignée. Atteint d'une maladie lente, il
prévit de loin sa mort qui arriva en no-
vembre 1816. Il avait fait préparer sa
tombe au cimetière du père Lacbaisc , et
avait eu soin de l'essayer. Médecin bien-
faisant , Bosquillon ouvrait sa bourse aux
malades indigens, en même temps qu'il
BOS
kkl
BOS
leur écrivait des ordonnances. On a de
lui | Traduction des Aphorismcs et des
Prognostics d 'Hippocrate , 2 vol. in -8°,
Paris , 1785 ; | Traduction des élément
de médecine pratique de Cullen, Paris,
4785, in-8°; | Traduction du Traité théo-
rique et pratique des ideères , de Benja-
min Bell , Paris, 1788-1S03, in-8°; | Tra-
duction du Cours complet de chirurgie *
du même auleur, 17%, 6 vol. in-8°.
* BOSSCHAERT ( Willebrord), abbé
de Tongerloo, a publié : Deprimis ve-
teris Frisiœ aposlolis , Malines , 1650 ,
in-8°.
BOSSCHAERT (Thomas Willebrord),
peintre flamand, naquit à Berg en 1615,
et mourut à Anvers en 1656. Le crayon
et le pinceau furent les amusemens de
son enfance. A 12 ans , il fit son portrait.
Le prince d'Orange, admirateur de ses ta-
bleaux, les enleva tous, et appela l'ar-
tiste à La Haye , où il l'occupa à embellir
son palais. Ce peintre se distinguait dans
l'allégorie et par le coloris.
BOSSE (Abraham), graveur , natif de
Tours, donna ses premières leçons de
perspective dans l'académie de peinture
de Paris. Il connaissait très bien cetle
partie, ainsi que l'architecture. Le genre
de graver au vernis dur qu'il avait adopté,
le mit à portée de faire des planches assez
finies et d'un bon ton de couleur, sans le
secours du burin. On a de lui : | trois bons
Traités sur la manière de dessiner les
errdres d'architecture * in-folio ; sur la
Gravure , 16/t5 , in-8° ; sur la Perspec-
tive , 1653 , in-8° ; | Représentation de di-
verses figures humaines , avec leurs me-
sures , prises sur divers antiques., Paris ,
1656 , petit format. Ses estampes , gra-
vées à l'eau-forte, mais d'une manière
particulière, sont agréables. L'ouvrage
de Bosse sur la gravure qui est estimé, a
été publié .de nouveau à Paris en 1758 ,
avec les remarques et les augmentations
de M. Cochin fils. Bosse mourut dans sa
patrie en 1678.
* BOSSI ( Charles-Aurèle , baron de ),
poète italien et homme d'état, né à Tu-
rin le 15 novembre 1751. Il s'appliqua à
l'étude du droit sous le célèbre professeur
Denina, et devint son ami. En même
temps il s'occupait de littérature , et dès
l'âge de 18 ans il publia deux tragédies ,
ks Circassiens et Rhea-Sylvia , qui fu-
rent bien accueillies. Il donna ensuite des
Odes sur les réformes de Joseph II , sur
la mort du jeune prince de Brunswick,
sur l'indépendance américaine , la paci
fication de la Hollande , qui accrurent sa
réputation comme poète ; mais les senti-
mens philosophiques qui y sont contenus
déplurent à la cour de Turin , et nuisi-
rent d'abord à son avancement. Cepen-
dant il fut nommé secrétaire de légation
à Gènes , puis sous-secrétaire d'état aux
affaires étrangères, et ensuite chargé d'af-
faires auprès de la cour de Russie , où il
demeura jusqu'au traité de paix entre la
Sardaigne et la France, époque à laquelle
Paul Ie' lui intima l'ordre de quitter l'em-
pire russe. Les Français ayant envahi l'I-
talie en 1796 , il se montra disposé à les
servir, et le général Joubert le nomma,
en 1799 , membre du gouvernement pro-
visoire de Piémont. Après la bataille de
Marengo il passa en Hollande pour y rem-
plir les fonctions de résident. Lorsqu'il
apprit la cession qui venait d'être faite à
la république française des états du Pié-
mont , il se rendit à Turin , et déter-
mina les chefs du parli italien en faveur
de la réunion. Les Austro-Russes ayant
pénétré en Italie , il se retira dans le pays
de Vaud , où il reçut l'hospitalité la plus
généreuse. Ce fut pour reconnaître ce!
accueil que Bossi signala sa rentrée dans
le gouvernement par un acte qui rendit
aux Yaudois l'entière liberté de leur culte*
Il contribua aussi beaucoup à la réunion
définitive du Piémont à la France, et le
premier consul lui en témoigna sa satis-
faction par une lettre flatteuse; néan-
moins il se borna à le nommer son rési-
dent en Valachie et en Moldavie. Bossi
qui s'attendait à être employé dans l'ad-
ministration , refusa et fut oublié pendant
18 mois. Au bout de ce temps il fut ap-
pelé à la préfecture du déparlement de
l'Ain, ensuite à celle de la Manche. En
1811 , Napoléon le créa baron de l'cmpire-
Louis XVIII le maintint dans ses fonc-
tions , et lui accorda des lettres de natu-
ralisation; mais s'étant empressé de faire
reconnaître Bonaparte au retour de l'île
d'Elbe , il fut destitué ; et après avoir
voyagé quelque temps dans le nord de
l'Europe , il se fixa à Paris où il est mort
vers la fin de janvier 1825. Ses poésies
ont été recueillies et imprimées à Turin,
en 1801 , en 3 petits volumes , et réimpri-
mées à Londres en 1814 à 50 exemplai-
res seulement , avec un poème qu'il com-
posa pendant son administration de la
préfecture de l'Ain, intitulé Oromasia,
et dont le sujet est la révolution fran-
çaise; malgré les idées d'indépendance
de l'auteur, il est tout en faveur de Bo-
«os
4/1.2
BOS
oaparte qui voulut les détruire. On y
trouve quelquefois de la force dans les
idées, mais la versification en est peu
brillante , et l'effet général monotone. Ces
deux éditions ont été publiées sous les
noms anagrammatiques d'Albo Crisso.
* BOSSO (Donat), avocat et historien
milanais du quinzième siècle , a laissé
une Chronique des évêques et archevê-
ques de Milan , Milan , 1492 , in-folio.
* BOSSO (Jérôme) né à Paris en 1588,
jurisconsulte , historien , et poète , fut
professeur de belles lettres dans sa ville
natale. Il étudia surtout les antiquités ro-
maines, et devint membre de diverses
académies savantes d'Italie. On a de lui :
[ de Togâ romanâ commenlarius > Pavie ,
1612, in-4°; | Epistolœ, en trois recueils,
publiés à Pavie et à Milan , 1615-1623 , et
autres Dissertations sur les antiquités ro-
maines.
BOSSU (Béné le), religieux génové-
fain, naquit à Paris en 1651 , d'un avocat
général à la cour des aides. Il mourut
sous-prieur de l'abbaye de Saint- Jean de
Chartres, en 1680. Il contribua beaucoup
à former la bibliothèque de Sainte-Gene-
viève de Paris. On a de lui | Un Parallèle
de la philosophie de Descartes et d'Aris-
tote, Paris , 1674, in-12 , qu'il voulait con-
cilier. // ne savait pas _, dit un bel-esprit ,
qu'il fallait les abandonner l'un et Vautre.
Bossu était plus capable de îaisonner sur
les chimères anciennes et modernes que
de les détruire. | Un Traité du poème épi-
que, La Haye, 1714, in-12, dans lequel
on trouve des règles utiles et que Boileau
regarde comme un des meilleurs livres
de poétique qui aient été faits dans notre
langue. Les règles que l'auteur y donne
sont sages , bien développées , et toujours
prises dans la nature. Le Père le Bossu se
distinguait autant par les qualités du
cœur , que par celles de l'esprit.
* BOSSU (Pierre-Locis) chanoine de
Paris , fut d'abord vicaire , puis curé de
Saint-Paul, et prêcha la Cène à la cour
en 1785. Après avoir refusé le serment à
la constitution civile du clergé , il se ren-
dit à Blankenbourg,puis à Mittau, et ser-
vit d'aumônier à Louis XVIII dans cette
dernière ville. Bossu fut nommé curé de
Saint-Eustache à Paris à l'époque du con-
cordat. Devenu chanoine il se retira à
Chaillot et y mourut en 1850 , à l'âge de
85 ans. On a de lui : un Discours pro-
noncé le 15 mars 1805, à Saint-Boch,
dans un service célébré pour tous les cu-
rés de Paris morts depuis la révolution ;
| L'indigence brillante par la charité,
Paris, 1814, un vol. in-12, où l'auteur
traite de tout ce que la religion opère
par la charité.
* BOSSU ( J. A. ) capitaine de marine,
né à Baigneux-les-Juifs vers l'an 1720, fut
envoyé dans la Louisiane en 1750 et en
1757. Plusieurs voyages qu'il fit dans l'in-
térieur du pays , le mirent à même de
connaître les mœurs et les habitudes des
Illinois, des Akansas, des Allimabous, etc.,
et il en donne des détails très circonstan-
ciés dans une suite de Lettres qui ont été
adressées au marquis de l'Estrade , et re-
cueillies et publiées sous le litre de Nou-
veaux voyages aux Indes occidentales,
etc. , Paris , 1768 , 2 parties formant un
vol. in-12. La Louisiane ayant été cédée à
l'Espagne , Bossu y fit un troisième voyage
pour retirer ses effets, et à son retour, il
publia la relation de ce troisième voyage
sous le litre de Nouveaux voyages dans
V Amérique septentrionale contenant une
collection de lettres écrites par l'auteur à
son ami Douin, etc. Amsterdam (Paris) ,
1777, in-8°- Ces derniers voyages sont les
plus rares , parce qu'ils n'ont pas été réim-
primés comme les premiers. Bossu est un
de ceux qui ont le mieux fait connaître
la Louisiane et les peuples sauvages qui
l'habitent.
BOSSUET (Jacques-Bénigne ), vit le
jour à Dijon en 1627, d'une famille de
robe, noble et ancienne. Il laissa voir dès
son enfance tout ce qui devait lui attirer
dans la suite l'admiration publique. Il fut,
dit-on , d'abord destiné au barreau et au
mariage. Ceux qui tirent vanité de savoir
les secrets des familles assurent qu'il y
eut un contrat entre lui et Mlle. Des-
vieux , fille d'esprit et de mérite , et son
amie dans tous les temps ; mais ce con-
trat n'a jamais existé. Bossuet après ses
premières études vint à Paris en 1642 , à
l'âge de 15 ans , et reçut le bonnet de doc-
teur de Sorbonne en 1652. De retour à
Metz où il était chanoine, il s'attacha à
former son esprit et son cœur. Il s'appli-
qua à l'instruction des protestans, et en
ramena plusieurs à la religion catholique.
Ses succès eurent de l'éclat. On l'appela à
Paris, pour remplir les chaires les plus
brillantes. La reine-mère , Anne d'Autri-
che, son admiratrice, lui fit donner, à
l'âge de 54 ans, l'A vent delà cour en
1661 , et le Carême en 1662. Le roi fut si
enchanté du jeune prédicateur, qu'il fit
écrire en son nom à son père , intendant
de Soissons , pour le féliciter d'avoir un
BOS
445
BOS
fils qui l'immortaliserait. Son Carême de
166G , son Avent de 1CG8 , prêches pour
confirmer les nouveaux convertis , et par-
ticulièrement le maréchal de Turenne,
lui valurent Tcvèché de Condom. Ses ser-
mons ne sont cependant pas ce qui l'a le
plus illustré. Le roi lui confia bientôt l'é-
ducation de Mgr. le Dauphin; il prêta le
serment accoutumé le 23 septembre 1670.
Un an après il se démit de l'évèché de
Condom , ne croyant point pouvoir gar-
der une épouse avec laquelle il ne vivait
pas. Ce fut vers ce temps qu'il prononça
l'Oraison funèbre de madame Henriette
d'Angleterre, morte subitement, au milieu
d'une cour brillante , dont elle était les
délices. C'est dans ce genre d'éloquence
que l'illustre orateur, profitant de l'au-
torité de son ministère , a fait servir les
tristes trophées de la mort à l'utile ins-
truction desvivans. Son éloquence étonne
l'esprit, ravit d'admiration , arrache les
larmes du sentiment ; on le voit , on l'en-
tend déployer toute la force , toute la
hauteur de son âme et de son génie ; sa
parole captive, maîtrise tous les esprits;
elle confond par des accens terribles la
vanité des grandeurs humaines. Quel
tableau de la mort dans l'éloge delà prin-
cesse dont nous venons de parler ! Après
avoir rapporté le passage de l'Ecriture,
Omnes morimur et quasi aquœ clilabi-
mur in terram ( 2 Reg. 14 ) , il continue :
« En effet, nous ressemblons tous à des
» eaux courantes. De quelque superbe
» distinction que se flattent les hommes ,
» ils ont tous une même origine , et cette
« origine est petite. Leurs années se pous-
» sent successivement comme des flots :
» ils ne cessent de s'écouler, tant qu'enfin
•> après avoir fait un peu plus de bruit et
» traversé un peu plus de pays les uns
.» que les autres , ils vont tous ensemble
k se confondre dans un abîme où l'on ne
f reconnaît plus ni princes , ni rois , ni
■» toutes ces autres qualités superbes qui
D distinguent les hommes; de même que
« ces fleuves tant vantés demeurent sans
» nom et sans gloire , mêlés dans l'Océan
» avec les rivières les plus inconnues. »
Il ajoute ensuite : « La voilà , malgré ce
•> grand cœur , cette princesse si admirée
» et si chérie ; la voilà telle que la mort
» nous l'a faite ! encore ce reste tel quel
» va-t-il disparaître, cette ombre de gloire
» va s'évanouir, et nous Talions voir dé-
» pouillée même de cette triste décoration;
» elle va descendre à ces sombres lieux,
>» à ces demeures souterraines , pour y
» dormir dans la poussière avec les plus
» grands de la terre , comme parle Job ,
» avec ces rois et ces princes anéantis ,
» parmi lesquels à peine peut-on la pla-
» cer, tant les rangs y sont pressés , tant
» la mort est prompte à remplir ces pla-
» ces ! mais ici , notre imagination nous
» abuse encore : la mort ne nous laisse
i> pas assez de corps pour occuper quel»
» que place , et on ne voit là que des tom-
» beaux qui fassent quelque figure. Notre
» chair change bientôt de nature ; notre
» corps prend un autre nom ; même celui
» de cadavre , dit Terlullien , parce qu'il
» nous montre encore quelque forme hu-
» maine , ne lui demeure pas long-temps;
» il devient un je ne sais quoi, qui n'a plus
» de nom dans aucune langue , tant il est
» vrai que tout meurt en lui , jusqu'à ces
» termes funèbres par lesquels on expri-
» mait ses malheureux restes. C'est ainsi
» que la puissance divine, justement irritée
» contre notre orgueil , le pousse jusqu'au
» néant , et que , pour égaler à jamais les
» conditions , elle ne fait de nous tous
» qu'une même cendre. Peut-on bâtir sur
« ces ruines? peut-on appuyer quelque
» grand dessein sur ces débris inévitables
» des choses humaines ? » Dans la der-
nière qu'il prononça , qui fut celle du
grand Condé , comme il intéresse per-
sonnellement en parlant de son âge et de
ses devoirs sans petitesse et sans egoïs-
tue! « La véritable victoire, celle qui met
» sous ses pieds le monde entier , c'est
» notre foi ( Flœc est Victoria quœ vincit
» mundumjfides nostrà). Jouissez, prince,
» de cette victoire , jouissez-en éternelle-
» ment par l'immortelle vertu de ce sa-
» crifice. Agréez ces derniers efforts d'une
» voix qui vous fut connue : vous met-
» trez fin à tous ces discours. Au lieu de
» déplorer la mort des autres , grand
» prince , dorénavant je veux apprendre
» de vous à rendre la mienne sainte.
» Heureux , si averti par ces cheveux
» blancs du compte que je dois rendre de
» mon administration, je réserve au trou-
» peau que je dois nourrir de la parole de
» vie , les restes d'une voix qui tombe et
» d'une ardeur qui s'éteint. » Cette mâle
vigueur de ses Oraisons funèbres qui
l'ont placé à la tête des orateurs français,
il la transporta dans son Discours sur
l'Histoire universelle , composé pour son
élève. On ne peut se lasser d'admirer la
rapidité avec laquelle il décrit l'élévation
et la chute des empires , les causes de
leurs progrès et celles de leur décadence,
nos
kMi
BOS
les desseins secrets de la Providence sur
les hommes , les ressorts cachés qu'elle
fait jouer dans le cours des choses hu-
maines. C'est un spectacle des plus
grands , des plus magnifiques et des plus
variés, que l'éloquence ait donnés à la
religion et à la philosophie. Cet ouvrage
est composé de trois parties : la pre-
mière , qui est chronologique , renferme
le système d'Ussérius; la seconde con-
tient des réflexions sur l'état et la vérité
de la religion ; la troisième , qui est his-
torique , comprend des remarques très
solides sur les vicissimdesdes monarchies
anciennes et modernes. L'édition in-4°, de
1681 , à Paris, est la plus belle. On y a
joint une continuation par M. de la Barre,
qui n'a rien de ce qui a fait estimer l'ou-
vrage de Bossuet. Emmanuel de Parthe-
nay, aumônier de la duchesse de Berry,
en adonnéune Traduction latine en 17i8,
in-12 , sous ce titre : Commentant uni-
ver sam complectenles ffistoriam ab orbe
condilo ad Carolum magnum; quibus
accedunt séries Religionis et imperiorum
vices. On trouve la même profondeur de
vues dans la Politique tirée des paroles
de l'Ecriture sainte. Le but de l'auteur
est de renfermer dans cet ouvrage les
principes d'une politique qui eût toute la
majesté et toute la grandeur que doit
avoir la morale de ceux qui gouvernent
le monde , sans avoir rien de sa corrup-
tion ordinaire. Il cherche sans sortir de
l'Evangile de quoi former un grand prin-
ce ; et on peut , selon les principes de ce
prélat, être un excellent politique et un
véritable chrétien. Les soins que Bossuet
s'était donnés pour l'éducation du Dau-
phin furent récompensés par la charge
de premier aumônier de madame la Dau-
phine en 1680 , et par l'évêché de Meaux
en 1681 , ilfut honoré, en 1697, d'une charge
de conseiller d'état ; et l'année d'après,
de celle de premier aumônier de madame
la duchesse de Bourgogne. Une affaire
d'éclat, à laquelle il eut beaucoup départ,
fixait alors les yeux du public sur lui. Fé-
nélon , archevêque de Cambrai , venait
de publier son livre de Y Explication des
maximes des saints sur la vie intérieure.
Bossuet , qui crut voir dans cet ouvrage
des restes du molinosisme , s'éleva contre
lui dans des écrits réitérés. Ses ennemis
attribuèrent ces productions à la jalousie
que lui inspirait Fénelon; et ses amis, à
son zèle contre les nouveautés. Quelques
motifs qu'il eût , il fut vainqueur; mais si
S^ victoire sur l'archevêque de Cambrai
lui fut glorieuse , celle que Fénélon rem-
porta sur lui-même le fut davantage. On
peut juger de la vivacité avec laquelle Bos-
suet se montra dans cette querelle, par ce
trait : Qu'auriez-vousfait, si j'avais pro-
tégé M. de Cambrai? lui demanda un jour
Louis XIV ? — Sire , répondit Bossuet ,
j'aurais crié vingt fois plus haut : quand
on défend la vérité , on est assuré de
triompher tôt ou tard... Il répondit au
même prince , qui lui demandait son sen-
timent sur les spectacles . Il y a de grands
exemples pour, et des raisonnemens in-
vincibles contre... Il fut aussi zélé pour
l'exactitude de la morale que pour la pu-
reté de la foi. Le docteur Arnauld ayant
fait l'apologie de la Satire sur les femmes
de Despréaux, son ami et son panégyriste,
l'évèque de Meaux décida , sans hésiter,
que le docteur n'avait pas poussé la sé-
vérité assez loin. Il condamna la satire en
général , comme incompatible avec la re-
ligion chrétienne, et celle des femmes
en particulier. Il déclara nettement que
celle-ci était contraire aux bonnes mœurs,
et tendait à détourner du mariage , par
les peintures qu'on y fait de la corruption
de cet état... Ses mœurs étaient aussi sé-
vères que sa morale. Tout son temps était
absorbé par l'étude , ou par les travaux
de son ministère , prêchant, catéchisant,
confessant. Il ne se permettait que des
délassemens fort courts. Il ne se prome-
nait que rarement , même dans son jar-
din. Son jardinier lui dit un jour : Si je
plantais des saint Augustin et des saint
Chrysostôme , vous les viendriez voir;
mais pour vos arbres ., vous ne vous en
souciez guère... On l'a accusé de n'avoir
point eu assez d'art dans les controverses,
pour cacher sa supériorité aux autres. Il
était impétueux dans la dispute, mais il
n'était point blessé qu'on y mit la même
chaleur que lui. Ce grand homme fut en-
levé à son diocèse, à la France et à l'E-
glise, en 1704, à l'âge de 77 ans .. On
commença à donner en 1745 une Collec-
tion des ouvrages de Bossuet , en 12 voL
in-4°. Les bénédictins de Saint-Maur en
ont donné une autre, dont 13 volumes
avaient déjà paru en 1780, infectés de cet
esprit de secte et de parti qui dénature
tout ce qu'il touche. Le clergé de France,
dans son assemblée de la même année,
blâma et rejeta cette édition. ( Voyez les
Actes de l'assemblée, séances 107 et 109;
ou le Journ. hist. et titt. l"juin 1785,
pag. 196. ) Voici ce qu'on trouve dans
l'édition de 4743. Les 2 premiers volumes
BOS hh
sont consacrés à ce que Bossuet a écrit sur
l'Ecriture sainte; on y trouve aussi le Caté-
chisme de son diocèse , des Prières , etc.
Le 5e renferme Y Exposition de la Doc-
trine Catholique , avec l'avertissement et
les approbations données à ce livre , très
souvent réimprimé et qui opéra la con-
version de MxM. de Turenne et de Dan-
geau; V Histoire des Variations des égli-
ses protestantes , un des écrits de contro-
verse , auquel les luthériens et les calvi-
nistes ont eu le plus de peine à répondre,
et auquel il était impossible de rien op-
poser de satisfaisant. Le 4e contient la Dé-
fense de l'Histoire des Variations , et six
Avertissemens aux Protestons, la Confé-
rence avec le ministre Claude, etc. Le 5e
offre le Traité de la Communion sous les
deux espèces, la Réfutaliondu Catéchisme
de Paul Ferri, les Statuts et Ordonnances
synodales, les Instructions pastorales,
etc. Le Ge et le 7csontpresqu'entièrement
remplis par les Ecrits sur le Quiélisme.
Le 8e par le Discours sur l'Histoire uni-
verselle et les Oraisons funèbres. Le 9e
et le 10e présentent différens ouvrages de
piété. On trouve dans le die des écrits
dans le même genre, et le commence-
ment de son Abrégé de l'Histoire de
France , dont la suite est renfermée dans
le tome 12. On a donné une suite à cette
édition , en S vol. in-A0 , renfermant la
Défense de la déclaration du clergé de
France, sur lapuissance ecclésiastique ,
en latin avec une traduction en français,
par l'abbé le Roy, ci-devant de l'Oratoire.
Soardi ( voyez ce mot ) prouve assez bien
que cette Défense, telle que nous l'avons,
n'est pas de Eossuet , quoiqu'il, soit vrai
qu'il a fait un ouvrage sur ce sujet, revu
et beaucoup changé quelque temps avant
sa mort. Il y avait , comme l'assure M.
d'Aguesseau, une péroraison où le livre
était dédié à Louis XIV, et qui ne se
trouve pas dans ce que le neveu du célè-
bre prélat nous a donné comme l'ouvrage
de son oncle ( voyez le QUEUX, SOAR-
DI ). En général, on ne peut regarder
comme étant réellement et totalement de
Bossuet que les ouvrages imprimés de
son vivant, parce que les papiers de ce
grand homme ont passé par les mains
des bénédictins jansénistes des Blancs-
Manteaux, qui les tenaient de l'évêque
de Troyes, dévoué à la secte. L'abbé le
Roy, ex-oratorien , a publié, en 17S3,
3 vol. d'ŒUVRES posthumes. Le 1er
renferme le Projet de réunion des églises
luthériennes de la confession d'Jugs-
o
a BOS
bourg 3 avec l'Eglise catholique ; projet
traversé par le philosophe Leibnitz , qui
se mêla de cette controverse. Bossuet,
inébranlable sur le dogme, promettait
de la part de l'Eglise , que sur les articles
de discipline , elle userait envers les pro-
ies lans réunis de toutes les condescen-
dances que des enfans infirmes, mais sou-
mis, peuvent espérer d'une mère tendre.
On trouve dans le 2e les Traités contre
Simon, du Pin et autres; et dans le 5e,
divers écrits de controverse , de morale et
de théologie mystique. Plusieurs savans
doutent que ces ouvrages soient sortis de
la plume de Bossuet, absolument tels
qu'on les présente dans ce recueil. On a
rassemblé différens Opuscules de Bos-
suet en o vol. in-12, 1561. On aaussi pu-
blié à Nimes en 1781) , une édition de ses
Œuvres choisies en 8 vol. in-8° ; mais
on fait peu de cas de cette édition. On a
réuni en 6 vol. in-12 , sous le titre de
Chefs-d'œuvre oratoires de Bossuet, ses
Sermons, Panégyriques et Oraisons fu-
nèbres j et l'on a publié à Versailles une
belle édition de ses Œuvres , en ko vol.
in-8°,avec une table générale des ma-
tières, faite avec beaucoup de soin , qui
comprend les noms et les choses dont il
est parlé dans la collection entière, 1815
et années suiv. Cette table , qui est un
modèle de précision et d'exactitude , est
d'un grand secours à ceux qui ont be-
soin de parcourir cette édition et d'y
faire quelques recherches. On a ajouté à
ce volume quelques pièces intéressantes,
le Discours de Bossuet à l'académie fran-
çaise pour sa réception, l'Eloge que fit
de lui l'abbé de Polignac , son successeur
dans le même corps , celui que fit égale-
ment l'abbé de Clérambault, directeur
de l'académie , dans sa réponse à l'abbé
de Polignac, et enfin Y Oraison funèbre
prononcée par le Père Larue, jésuite,
dans '.e service qui eut lieu à Meaux le 23
juillet 1706. Le style de Bossuet, sans
être toujours châtié et poli , est plein de
force et d'énergie. Il ne marche point sur
des fleurs , mais il va rapidement au su-
blime dans les sujets qui l'exigent. Les
ouvrages latins de cet auteur sont écrits
d'un style assez dur : mais les français
ne le cèdent à aucun de nos meilleurs
écrivains. L'académie française le compte
parmi ses membres qui l'ont le plus illus-
trée. M. de Burigny, de l'académie des
Belles-lettres , a publié en 1761 la Vie de
Bossuet, in-12; mais on ne peut guère
la regarder que comme un croquis; elle
38
BOS k
r.e fait point assez connaître la vie de
révoque de Mcaux. M. le cardinal de
Bausset, déjà connu par son élégante
histoire de Fénélon, nous a donné celle
de son illustre émule , h vol. in-8° , ou-
vrage rédigé avec autant de goût que de
sagacité , rempli de détails ignorés et de
faits du plus haut intérêt , qui rendent
son livre extrêmement précieux. Massil-
lon , dans X Eloge de Mgr. le Dauphin,
a fait de Bossuet le portrait suivant :
« L'homme d'un génie vaste et heureux,
» d'une candeur qui caractérise toujours
» les grandes âmes et les esprits du pre-
» mier ordre , l'ornement de l'épiscopat ,
» et dont le clergé de France se fera hon-
» neur dans tous les siècles ; un évêque
» au milieu de la cour; l'homme de tous
» les talens et de toutes les sciences ; le
» docteur de toutes les églises ; la terreur
* de toutes les sectes ; le Père du dix-
» septième siècle , et à qui il n'a manqué
» que d'être né dans les premiers temps,
» pour avoir été la lumière des conciles,
» l'âme des Pères assemblés , dicté des
» canons , et présidé à Nicée et à Ephèse. »
L'auteur de la Vie de M™* de Mainlenon
en parle en ces termes : « Conduit jusque
» dans le sanctuaire par sa science et par
» sa vertu , il en fut l'ornement et l'ora-
» cle. On le vit tout à la fois controver-
» siste , orateur , historien , précepteur
» du grand dauphin, déployer toute la
» profondeur et l'élévation du génie
» dont l'homme le plus sublime est capa-
» ble. Tantôt parcourant la terre entière ,
» il en rassemble l'or et les fleurs dont il
» pare ses écrits; tantôt se répandant jus-
3» que dans l'immensité des cieux , il pa-
» raît s'associer aux suprêmes intelligen-
* ces ; trop grand pour avoir de l'ambi-
»tion, il ne recherche que la vérité, et
» le bonheur de servir les gens à talens :
«trop riche de sa propre gloire, il n'a
» besoin , pour s'illustrer, ni des hon-
» neurs du ministère ni de la pourpre
» romaine. Il anéantit les hétérodoxes
» qu'il combat, il rend la vie aux morts
b qu'il célèbre ; et donnant encore plus
» d'extension à son génie lorsqu'il le
» resserre que lorsqu'il l'étend , il ren-
» ferme l'histoire de l'univers dans un
» discours de quelques pages , où la ma-
» jesté du style répond à toute la gran-
j> deur du sujet. » On sent bien que la ca-
lomnie n'a pas plus épargné cet illustre
prélat que tant d'autres hommes distin-
gués par leur religion, leurs vertus, et
ôurlout par leur zèle contre les vices et
46 ÎÏOS
les erreurs. Voyez SAINT-HYACINTHE ,
et les grands hommes vengés.
* BOSSUET ( Jacques-Bénigne ) , évê-
que de Troyes, né en 1664, neveu do
l'illustre évêque de Meaux , entra dans
l'état ecclésiastique, et se trouvait à Rome
avec l'abbé Phelipeaux qui l'avait dirigé
dans ses études , lorsque le grand Eossuet
les chargea de poursuivre la condamna-
lion du livre des Maximes de Fénélon.
L'abbé Bossuet montra peu de délicatesse
dans cette affaire, et mit plus que du zèle
à la faire réussir. Il oublia que s'il est glo-
rieux de faire triompher la justice , il est
plus beau encore de n'employer, pour y
parvenir, que de la modération et des
moyens dignes de la cause pour laquelle
on agit. Sa volumineuse correspondance
sur cet objet, publiée par Deforis, fit peu
d'honneur à sa sagesse et à son caractère.
A. son retour, en 1099 , il fut ordonné
prêtre, et pourvu de l'abbaye de Saint-
Lucien de Beauvais. Il devint grand-vi-
caire de son oncle, qui désira l'avoir pour
coadjuteur , et en fil la demande à Louis
XIY , en parlant de lui avec éloge , ce
qui prouverait sans doute que l'abbé Bos-
suet avait su se contraindre devant un
juge si éclairé. Le roi n'accéda point à
cettedemande, et le tint toujours éloigné
de l'épiscopat. Ce ne fut que sous la ré-
gence , et par le crédit du cardinal de
Noailles, qu'il eut l'évèché de Troyes en
1716. Signalé parmi ceux dont la doctrine
était suspecte , il n'obtint ses bulles que
deux ans après, sur une attestation d'or-
thodoxie que le cardinal de la Trémouille
donna en sa faveur. Le nouvel évêque
adhéra à l'accommodement de 1720. En
1725, il se déclara pour l'évèque de Mont-
pellier, et maintint son opposition à la
bulle. L'année suivante, il donna un man-
dement contre l'office de Grégoire XIII,
et défendit , contre un abbé Fichant, l'au-
thenticité de quelques-uns des ouvrages
posthumes de son oncle qu'il avait publiés,
tels que les Elévations sur les Mystères ,
les Méditations sur l'Evangile, le Traité
de l'amour de Dieu, celui du Libre ar-
bitre et de la concupiscence et celui de la
Connaissance de Dieu et de soi-même. Le
parlement de Paris décida en sa faveur.
11 eut ensuite, avec M. Langue! , arche-
vècpie de Sens, son métropolitain, de
longues disputes, d'abord sur quelques-
unes de ses instructions pastorales, ensuite
sur un nouveau missel qu'il donna, et
dans lequel on trouva des innovulions. Il
se défendit avec peu de modération, et
JBOS
447
BOS
finit cependant par retrancher quelques-
unes des dispositions blâmées. Le 30 mars
1742, il se démit de son évêché , et mou-
rut le 12 juillet de l'année suivante.
BOSSUS ou BOSSIO ( Martix ) , cha-
noine régulier de Saint-Jean-de Latran ,
et abbé de Fiésoli en Toscane , né à Vé-
rone, s'acquit une grande réputation par
sa science et par sa vertu. Le pape Sixte
IV , et Laurent de Médicis le chargèrent
de plusieurs commissions dont il s'acquitta
avec honneur. Il mourut à Padoue en
1502 , à 75 ans. Il publia plusieurs ouvra-
ges qui roulent tous sur des points de
morale. | Recuperationes Fesulanœ J Bo-
logne, 1495, in-fol. | Epislolce , Mantoue ,
1498, in-fol. | Epistolce * différentes des
précédentes, avec six discours, Venise,
1502, in-4°. | OEuvres diverses , Stras-
bourg, 1509, in-4°, Bologne, 1627, in-
fol. etc.
* BOSSXJT ( l'abbé Charles ) , profes-
seur de mathématiques à Mézières , exa-
minateur des élèves de l'artillerie et du
génie, et de l'académie des Sciences, né
à Tartara*, département de la Loire, le
11 août 1750, mort à Paris le 14 janvier
1815. 11 perdit son père au berceau, et
fut élevé par un oncle paternel qui com-
mença son éducation et le fit entrer à 14
ans au collège des jésuites à Lyon. La
révolution l'ayant privé de ses places, il
s'enfonça dans la retraite dont son âge et
l'état de sa fortune lui faisaient une loi :
mais quelques consolations vinrent enfin
l'y chercher: l'Institut l'admit au nombre
de ses membres , et il fut nommé l'un des
examinateurs de l'école polytechnique. Il
exerça cette place jusqu'à ce que la vieil-
lesse et les infirmités le forcèrent de de-
mander sa retraite. Il a laissé un grand
nombre d'ouvrages estimés. Les princi-
paux sont , | Traité élémentaire de mé-
canique et de dynamique , 1765 , in-8°;
| Recherches sur la construction la plus
avantageuse des digues ; ouvrage cou-
ronné en 1762 , par l'académie de Toulouse
avec celui de Violet; Paris, 1764, in-4°;
| Recherches sur les altérations que la ré-
sistance de l'élher peut produire dans le
mouvement moyen des planètes , 1766 , in-
4°; | Traité élémentaire de mécanique
statique, 1771, in-8°, | Traité élémentaire
d'hydrodynamique , 1771, 2 vol. in-8°,
plusieurs fois réimprimé. | Cours de ma-
thématiques 3 3 vol. in-8°. | La Mécanique
en général, 1782, in-8°; \ Essais sur l'his-
toire générale des mathématique s jusqu'en
1782, 1802 i 2 vol. in-8° ; | Calcul différen-
tiel et intégral ,1798, 2 vol. in-8° ; | His-
toire des mathématiques , 1802 , 2 vol.
in-8° ; | enfin divers Mémoires dans les
collections des académies dont il faisait
partie.
*BOSTIUS ( Arxauld), religieux de
l'ordre des carmes, né à Gand , vivait
dans le 15e siècle, cultivait les lettres et
était lié avec les hommes célèbres de son
temps qui suivaient la même carrière. Il
était en même temps philosophe, ora-
teur, historien, poète. Il avait pour amis
Trithème , Hermolaiïs-Barbarus , et Ga-
guin. Parmi les leitres de ce dernier , on
en trouve plusieurs qui sont adressées à
Bostius , notamment la 61e , la 67e , la 69e,
la 74e, la 82e, etc. Hermolaiis lui avait
aussi dédié quelques-uns de ses écrits. Il
a laissé plusieurs ouvrages, dont les prin-
cipaux sont | De illustribus vins Carthu-
siensium; | De illustribus viris carmeli-
tarum; \ De patronatu beatœ Mariœ;
| De immaculala conceptione Virginis
Deiparœ. On trouve aussi parmi ses ou-
vrages quelques poésies. Ce savant reli-
gieux , mourut à Gand le 51 mars 1499, ou
selon d'autres, en 1501.
* BOSWEL ( Jacques ) , fils aîné d'A-
lexandre Boswel, lord Auchinleck, un
des juges des cours suprêmes de session ,
et justicier d'Ecosse , naquit en 1740 à
Edimbourg, et étudia dans les universités
d'Edimbourg et de Glascow. Il se rendit
en 1760 à Londres, d'où il revint en Ecosse
pour étudier le droit. Il retourna en 1762
à Londres , alla ensuite perfectionner ses
études à Utrecht , et y fit, en 1763 , la con-
naissance du célèbre docteur Johnson.
Après un séjour de quelques mois à
Utrecht, il parcourut l'Allemagne, la
Suisse, l'Italie et l'île de Corse, où il se lia
d'amitié avec le fameux Pascal Paoli. Il re-
vint en Ecosse en 1766, en passant par
Paris , et commença à se faire connaître
au barreau dans l'affaire de Douglas , à
l'occasion de laquelle , il écrivit un pam-
phlet intitulé : | Essence de la cause de
Douglas. En 1768, parut | satRelation de la
Corse avec les mémoires du général Paoli.
Ce dernier ouvrage a été traduit en fran-
çais par J. P. S. Dubois, la Haye, 1769,
in-8° : il l'a été également en plusieurs au-
tres langues. Boswel fit paraître , en 1785 ,
| son Journal d'un voyage aux iles Hé-
brides voyage qu'il fit conjointement avec
le docteur Johnson. Cette même année ,
il quitta le barreau d'Ecosse, et vint s'é-
tablir avocat à Londres. Mais la mort de
son ami Johnson, dont il forma le projet
BOT
&48
BOT
d'écrire la vie, vint interrompre les tra-
vaux de sa profession. Cette | Vie de Sa-
muel Johnson, parut en effet en 1791,
2 vol. in-4° , et obtint un grand succès.
Boswel composa encore quelques écrits
moins impor tans, entre autres des articles
insérés dans le London Magazine, et signés
l' Hypocondriaque. Il mourut à Londres,
en 1795 , âgé de 53 ans.
BOT AL (Léonard ) , né à Asli , fut mé-
decin de Henri III. Il introduisit à Paris
la méthode de la fréquente saignée , pra-
tique qui fut condamnée par la faculté
de médecine. On a une assez bonne édi-
tion de ses Œuvres , Leyde , 1660 , in-8°.
BOTEREIUS. Voyez BOUTRAIS.
BOTERO ( Jean ), surnommé Benisius
parce qu'il était né à Bène en Piémont ,
fut secrétaire de saint Charles Borromée,
et précepteur des enfans de Charles-Em-
manuel, duc de Savoie. Il mourut l'an
4617. Il a publié un recueil de Lettres
qu'il avait écrites au nom de saint Char-
les , Paris , 1586 , in-12. On a encore de
lui quelques écrits de politique. | Délia
ragione di Stato ..in-80 ; | Principi, in-8°;
j Relationi universali, Vicence, 1595,
in-4° ; Venise , 1640, in-4°. Ce livre traite
de la géographie , des forces que chaque
état avait de son temps.
BOTII ( Jean et André ), peintres fla-
mands, tous deux morts en 1650 , eurent
pour maître Bloê'maert. L'union de ces
deux frères fut si étroite, qu'ils firent non-
seulement leurs études et leurs voyages
ensemble, mais même leurs tableaux.
Jean saisit la manière du Lorrain , et
André celle du Bamboche. Le premier
faisait le paysage, et le second , les figures
et les animaux; mais leurs ouvrages,
quoique faits par des mains différentes,
paraissaient sortis de la même. Ils étaient
fort recherchés , et on les payait chère-
ment. Ces artistes se distinguaient prin-
cipalement par une touche facile, un pin-
ceau moelleux, et un coloris plein de
fraîcheur.
* BOTIIEREL ( R. J. , comte de ), pro-
cureur-syndic des états de Bretagne , pro-
testa en 1788 contre les mesures de la cour
plénière. Il parut d'abord adopter les nou-
velles idées; mais il protesta en 1791 con-
tre les décisions législatives de l'Assemblée
constituante qui lui paraissait outrepasser
son mandat. En 1792, Use rendit à Jersey
et, réuni à MM. de Calonne et de la Rouai-
Tie , il contribua à l'insurrection de la
Eretagne. Le mauvais succès entraîna la
division de ces trois chefs. Botherel re-
vint en France après le 18 brumaire. Peu
de temps après, il se rendit en Angleterre
où il mourut. L'aîné de ses fils , connu
sous le nom de Félicité, commandait une
division de l'armée de Fougères.
* BOTHWIDI (Jean ), évêquede Lin-
koeping en Suède. Il naquit , en 1575 , à
Norkœping, et parcourut la plupart des
pays de l'Europe, pour étendre les con-
naissances qu'il avait acquises dans les
écoles savantes de sa patrie. A son retour
il fut nommé aumônier de Gustave- Adol-
phe, et il accompagna ce prince dans
toutes ses expéditions. Il fut nommé , en
1630, évêque de Linkœping, et mourut
en 1635, laissant plusieurs ouvrages,
parmi lesquels nous remarquerons VO-
raison funèbre de Gustave Adolphe , en
suédois , Stockholm ., 1634 , et la Disser-
tation latine qu'il publia pendant la guerre
avec les Russes , et qui a pour titre :
Ulrum Moscovilœ sint Chrisliani , Stock-
holm, 1620.
BOTHWEL. Voyez HESBURN.
BOTICELLI ( Alexandre ) , peintre et
graveur, né à Florence en 1457, fut em-
ployé et récompensé libéralement par le
pape Sixte IV : ce qui ne l'empêcha pas
de mourir de misère en 1515. Il a gravé
une partie des figures de l'Enfer du
Dante, qui se trouvent dans l'édition de
Florence, 1481, in-folio. Elles sont es-
timées.
* BOTIN ( André de ) , historien sué-
dois , né en 1724 , mort en 1790. Il publia
de 1754 à 1764 , une Histoire de la nation
suédoise , depuis l'origine de la monar-
chie jusqu'au règne de Gustave 1er. Cet
ouvrage fit époque en Suède. Son style
est cependant trop recherché , et on peut
surtout lui reprocher l'abus de l'antithèse.
On y trouve aussi cette teinte de philoso-
phie qui était dans le 18e siècle une con-
dition de succès. Une nouvelle édition ,
publiée de 1789 à 1792 , mais qui ne s'é-
tend que jusqu'au 15e siècle, contient
plusieurs augmentations. Botin a fait de
plus une Description historique des do-
maines territoriaux de Suède, la Vie de
Birger et des Observations sur la langue
suédoise. Il était membre de l'académie
des sciences de Stockholm , conseiller du
roi , chevalier de l'étoile polaire , etc.
BOTT ( Jean de), architecte, né en
France l'an 1670 , de parens réformés ,
quitta sa patrie de bonne heure , et passa
au service de Guillaume d'Orange , de-
puis roi d'Angleterre. Après la mort de ce
prince , il s'attacha à l'électeur de Bran-
BOT 4/*.9
debourg, qui lui donna une place de ca-
pitaine dans ses gardes. Il ne cessa pas
pourtant de faire les fond ions d'architecle.
Son premier édifice fut l'arsenal de Ber-
lin. Il se signala ensuite par divers mo-
numensdesonart. Frédéric Ier étant mort,
Boit se concilia la bienveillance de Fré-
déric-Guillaume, qui l'éleva au rang de
major-général. Les fortifications de Wésel
dont il était commandant sont un de ses
ouvrages. En 1728 , il passa au service du
roi de Pologne , électeur de Saxe , en qua-
lité de lieutenant-général et de chef des
ingénieurs. Il y a divers édifices de lui à
Dresde , où il mourut en 1745 , avec une
grande réputation de probité, d'intelli-
gence et de valeur.
* BOTTALLA ( Jean-Marie ) , pein-
tre , néàSavone, en 1613, entra dans
l'école de Pierre de Cortone , dont il imita
la manière ainsi que celle des Carraches
et de Raphaël, mais plus particulièrement
de ce dernier, ce qui lui fit donner le sur-
nom de il Rafaellino. Ses compositions se
distinguent par la vérité du dessin et
par un charme de couleur qui fait re-
gretter que ce peintre ait été sitôt enlevé
aux arts. Il mourut en 1044, d'une fièvre
lente. Ses principaux tableaux sont une
Réconciliation de Jacob avec Esaù , pla-
cée au Capitole ; un saint Sébastien con-
servé dans la ville de Gènes ; et la Fable
de Deucalionel Pyrrha.
* BOTTAHI ( Jean-Gaétan ) , savant
prélatromain, consultent- de l'Index., garde
de la bibliothèque du Vatican, né à Flo-
rence en 1689, jouit de la considération
de plusieurs papes et fut particulière-
ment estimé de Benoit XIV, qui voulut
l'avoir dans son palais. Bottari né sans
ambition, ne profita point de cette fa-
veur pour s'élever. Son habileté dans les
sciences le lit admet lie dans presque tou-
tes les sociétés savantes de l'Italie. L'aca-
tlémie de la Crusca le ciïoisil pour diriger
la nouvelle édition de son grand vocabu-
laire qui parut en 6 vol. in-folio, 1758,
et suiv. Il s'associa pour celte entreprise
difficile Andréa Alamanni et Bosso Mar-
tini. Le grand duc de Toscane mil ensuite
Bottani à la tète de l'imprimerie grand'-
ducale, et l'on en vit bientôt sortir plu-
sieurs ouvrages dont il dirigeait les édi-
tions avec le plus grand soin. Il entra
au conclave avec le cardinal Corsini , à
la mort de Clément XII , et termina
dans cet état de réclusion, seul et sans
livres , l'édition du beau Virgile du Va-
tican , par la composition de la nréface et, ,
BOT
dos notes pour les variantes, ce qui peut
donner une Idée de sa mémoire et de son
érudition. Bottari parvint à une extrême
vieillesse , et mourut à Rome le 5 juin
1775. La pureté de ses mœurs et son sa-
voir lui avaient acquis beaucoup de con-
sidération : mais on est fâché de voir ces
qualités ternies par sa haine contre les
jésuites , et l'animosilé avec laquell
aquelle il
écrivit contre eux. Ses principaux ouvra-
ges sont : | Délie ragioni e de rimedj delV
inondazioni del Tevere, Rome, 1746, pu-
bliée sous le nom de Manfredi; | Lezioni
tre sopra il Terremoto , Rome , 1753 , in-
8° ; | del Museo capitolino , loin. 1, conte-
nait imagini deglinomini illuslri, Rome,
chalcographie de la chambre apostolique ,
1741 , in-fol. Le 2e tome parut en latin ,
Rome , 1750 , même format ; | Sculture e
pilture sacre estratte da'cimiterjdiRoma,
tome 1er, Rome, 1757, grand in-fol ; tom.
2, 1747 ; tom. 5 , 1755 ; | Lezioni sopra il
Boccaccio. Ily justifie Boccacede l'impu-
tation d'être un écrivain irréligieux;
| Lezioni due sopra Tito Livio, imprimées
dans les Memorie di varia erudizione
délia societa colombaria florentina , Flo-
rence , 1747 , in-4° , sans nom d'auteur ;
il y écarte le reproche fait à Tite-Live
d'admettre trop facilement des prodiges;
| Dissertazione sopra la Commedia del
Dante ; | Dialoghi sopra le tre arti Di-
segno , Lucqucs, 1754, in-8°.
* BOTTEX, curé de Neuville-sur-Ain ,
élu en 1789 député aux états par le clergé
du bailliage de Bourg-en-Bresse, prêta le
serinent en 1790 à la constitution ci\ île du
clergé; mais en 1791, il protesta avec la
minorité contre les décrets de l'Assem-
blée. Mis en arrestation et emprisonné à
la Force, par suite des événemens du 10
août 1792 , il périt victime des assassins de
septembre.
* BOTTINI (Prospeu) , était patrice de
Lucques, et chanoine de la basilique du
Vatican , au 17e siècle. Clément X le fit son
auditeur, avocat du fisc et promoteur de
la foi. Il remplit encore d'autres charges
dans l'état ecclésiastique sous les pontifi-
cats d'Innocent XI et de Clément XI, et
mourut en 1712.
» BOTTOIV DE CASTELLAMOXTE (le
comte), jurisconsulte, était fils d'un
ancien ministre des finances du roi de
Sarduigne , et naquit à Castellamonte ,
près dlvrée. Il se livra de bonne heure à
l'étude de la jurisprudence et à celle de
l'administration, et publia, dès l'âge de
vingt ans, un Traite d'économie politique
58.
BOT h
qui eut du succès. Nommé membre du sé-
nat de Chambéry, en 1785, il fut chargé ,
peu de temps après , de l'intendance gé-
nérale de laSardaigne. Il exerçait le même
emploi , en 1792 , dans la Savoie , lorsque
ce pays fut incorporé à la France. Botton
retourna à Turin, où il fut nommé Con-
tador, et plus tard il fit partie du gouver-
nement provisoire du Piémont. Après la
réunion de ce royaume à la France , il se
fit naturaliser français , et fut successive-
ment nommé premier président de la cour
d'appel de Paris , conseiller à la cour de
cassation , comte de l'empire et comman-
dant de la légion-d'honneur. Botton est
mort à Paris en 1828.
* BOTZARIS ( Marcos ), guerrier grec ,
descendait d'une des plus illustres famil-
les de Souli. Son père Kitsos Botzaris ,
après avoir plusieurs fois porté la terreur
dans le palais d'Ali , pacha de Janina, fut
contraint par des forces supérieures d'a-
bandonner l'Epire , prit alors du service
avec son fils dans l'armée française, et
bientôt après tomba au pouvoir du pacha
qui le fit égorger. Marcos Botzaris, dans
l'espoir de le venger, offrit ses services
au commandant de l'armée du grand-sei-
gneur qui marchait sur Janina, deman-
dant pour toute récompense l'autorisation
de reconquérir en son nom les rochers de
Souli , ce que le chef musulman promit.
Mais il refusa ensuite d'exécuter le traité ,
et Botzaris se décida à l'abandonner. La
Grèce s'insurgea la même année (1819),
et Botzaris se voua tout entier à l'affran-
chissement de sa patrie; oubliant son res-
sentiment contre le meurtrier de son
père , il consentit à entrer en accommo-
dement avec Ali , et obtint divers suc-
cès contre les Turcs. Cependant Ale-
xandre Ypsilanty avait arboré l'étendard
de la croix sur les bords du Pruth ; le Pé-
lqponèse , la Béotie , la Livadie , l'Elide ,
les îles de l'Archipel se soulèvent , Botza-
ris prend Begniasa , fait poser peu de
temps après , les armes à treize cents
Turcs , se transporte au-delà des monts
Olichiniens , et bat avec six cents bommes
une armée de près de quatre mille Turcs.
Atteint dans une nouvelle affaire d'une
balle à la jambe , Botzaris se vit forcé de
suspendre le cours de ses victoires. Son
ennemi Khourschild envoya six mille
hommes pour le détruire ; mais ils furent
défaits. Le général ottoman après avoir
vaincu Ali , tourna , sans être plus heu-
reux, toutes ses forces contre Botzaris. Ce
dernier parvint à tirer d'entre les mains
0 BOU
des Turcs son épouse et ses enfans qui
étaient tombés en leur pouvoir. Mais il ne
put prévenir la capitulation des Souliotes
au secours desquels il avait été appelé , et
qui évacuèrent leurs montagnes. Après la
désastreuse bataille de Peta , Botzaris qui
n'avait pu arriver à temps pour l'affaire ,
fut chargé de protéger la retraite , et re-
çut ensuite avec le titre de Stratarque de
la Grèce occidentale , la mission de dé-
fendre Missolonghi qu'il fit fortifier en
janvier 1822. Les Turcs portèrent à vingt
mille hommes l'armée destinée à faire le
siège de cette ville dont ils connaissaient
l'importance. Botzaris , pour sauver la
place , eut recours à une entreprise auda-
cieuse. A la nuit tombante , il s'avance
suivi d'environ trois cents de ses plus bra-
ves soldats , vers le camp des Musulmans
endormis. Les Grecs en massacrent cinq
cents, avant qu'ils aient eu le temps de se
reconnaître. Les infidèles , s'accusant mu-
tuellement de trahison, tournent leurs ar-
mes contre eux-mêmes et s'entr'égorgent
au lieu de songera sedéfendre. Deux mille
d'entre eux succombent, et parmi eux un
selikar et sept beys. Botzaris poignarde le
lieutenant-général du séraskier dans la
tente duquel il a pénétré. Blessé légère-
ment dans la mêlée , il se retira à l'écart
pour panser sa blessure , au moment où il
donne le signal d'une nouvelle charge , il
tombe atteint d'une balle à la tête. La lutte
devint terrible aux premières lueurs du
jour. Mais les Grecs parvinrent à l'enlever
du champ de bataille *** le transportèrent
à Missolonghi ; où il expira le jour même
25 août 1823, à k"> am.
BOUCHARD (David), vicomte d'Au-
beterre , d'une illustre famille de France ,
naquit à Genève , où son père et sa mère
s'étaient retirés après avoir embrassé la
religion réformée. Leurs fonds de terre
furent confisqués , et on en fit présent au
maréchal Saint-André. Mais la mère de
David d'Aubeterre en obtint la restitution.
Son fils étant revenu en France fit profes-
sion de la religion catholique , et obtint du
roi Henri IV le gouvernement du Péri-
gord. En 1598, il fut inquiété dans son
gouvernement par Montpesat , un des gé-
néraux de la Ligue qui avait quelques
troupes dans le Quercy et dans l'Agénois.
D'Aubeterre l'attaqua dans un bourg nom-
mé Cournil, le défit entièrement, et ne fit
pas moins éclater sa générosité envers les
prisonniers qu'il avait fait paraître sa va-
leur dans le combat. Peu de temps après
(au mois de juillet de la même année) , il
BOU k
fut blessé d'un coup de mousquet , en as-
siégeant une petite place du Périgord,
nommée Lisle. 11 en mourut le 9e jour,
avec la réputation d'un habile capi-
taine.
BOUCHARD (Alain ) , avocat au parle-
ment de Paris , dans le 16e siècle , renonça
à sa profession pour rédiger les Chroni-
ques annales des pays d'Angleterre et de
Bretagne > depuis Brutus jusqu'à l'an
1531 , Paris , 1551 , in-folio ; ouvrage farci
de fables tirées de Geoffroy de Mont-
mouth , et de l'Histoire du roi Artus. Mais
c'était la première fois qu'on voyait pa-
raître une histoire complète de la Breta-
gne.
* BOUCHARD (Alexis-Daniel) , prê-
tre , docteur en théologie et en droit , et
pronotaire apostolique , né à Besançon ,
vers 1680 , mort en cette ville en 1758 , a
composé un très grand nombre d'ouvra-
ges , dont la plupart n'ont point été impri-
més. On voit par leurs litres qu'il avait
des connaissances très variées • | Juris Cœ-
sarei, seu civilis , instilutiones brèves J
admodùm faciles et accuralœ ; ad jus
antiquum ac novissimum J ipsasque po-
lissimùm~Justinianeas instilutiones acco-
modatee, Paris , 1715 , 2 vol. in-12 ; | Sum-
mula conciliorum generalium S. romanœ
cath. Ecclesiœ, Paris, 1717, in-12. On
trouve , à la suite du premier ouvrage , le
catalogue de ceux que promettait l'auteur
parmi lesquels on remarque une Gram-
maire hébraïque ; mais il est probable que
ses manuscrits se sont perdus. — Fran-
çois BOUCHARD, son père, professeur
en médecine à l'université de Besançon ,
et membre de l'académie des Curieux de
la nature, est auteur d'une dissertât ion sur
les eaux minérales découvertes à Besan-
çon , en 1677 , imprimée sous le titre sui-
vant : Judicium de metallicis aquis F~e-
sunlione tnventis per mediam œstatem
anni 1677 , Besançon , 1677 , in-4°.
• BOUCHARD ( Henri ) , né en 1760 , à
Vitteaux ( Côte-d'or ) , et mort à Poitiers
sous la restauration, se fit recevoir
avocat à Dijon , où il fut successivement
membre du conseil municipal , procureur
de la commune , et conseiller de préfec-
ture. Il devint ensuite procureur impé-
rial près la cour de Poitiers, puis au corps
législatif , et adhéra en 1814 à la déchéance
de Napoléon.
BOUCHARDO\ (Edme) , sculpteur du
roi de France , naquit en 1698 à Chaumont
en Bassigni , d'un père qui professait la
sculpture et l'architecture dans sa patrie.
ol BOU
Il fut entraîné par un penchant invinci-
ble vers ces deux arts ; mais il se borna
dans la suite au premier. Après avoir
passé quelque temps à Paris sous Coustou
le cadet, et remporté un prix à l'académie
en 1722 , il fut envoyé à Rome comme
élève payé par le roi. A son retour d'Ita-
lie , où ses talens avaient acquis un nou-
veau degré de perfection , il orna Paris de
ses ouvrages. Une place à l'académie en
1744 , et une autre de professeur en 1746 ,
furent le prix de ses travaux. La mort les
termina en 1792 , et ce fut une véritable
perte pour les arts et pour l'humanité.
Modeste dans ses habits et dans son do-
mestique , Bouchardon conserva toujours
des mœurs simples , et l'esprit , non de ce
siècle frivole , mais celui des siècles pas-
sés. Il ne connut jamais l'intrigue. Les
grands ouvrages vinrent , pour ainsi dire,
le chercher. Son jugement était excellent,
et il avait le sens juste , ainsi que le coup-
d'œil. Il s'énonçait avec clarté , et s'ex-
primait avec chaleur. La musique était sa
récréation ; elle aurait été son talent , s'il
n'avait eu des dons supérieurs à celui-là.
On peut voir la liste de ses nombreuses
productions dans Y Abrégé de sa Vie > pu-
blié à Paris en 1762 , in-12 , par M. le
comte de Caylus. Une partie des* figures
qui décorent la fontaine de Neptune à
Versailles , les statues qui ornent le chœur
de l'église de Saint-Sulpice , la fontaine du
faubourg Saint-Germain , rue de Grenelle,
sont de lui. Chargé de faire la statue
équestre de Louis XV, il mourut en 1702
avant d'avoir pu l'achever.
* BOUCHAUD ( Matthieu- An rorNE ) ,
né à Paris le 16 avril 1719, d'une famille
noble , originaire de Provence et alliée à
celle du célèbre Gassendi ,-perdit , à l'âge
de seize ans , son père avocat au conseil,
et fut déterminé par deux oncles mater-
nels à se livrer à l'étude de la jurispru-
dence. Il fut reçu aggrégé de la faculté
de droit en 1747. D'Alembert , son ami de
collège , l'associa à l'entreprise de l'Ency-
clopédie, et Bouchaud y donna les articles
Concile 3 Décret de Gratien, Décrétâtes e t
Fausses décrétâtes , dans lesquels il émit
des principes qui lui tirent tort dans l'es-
prit des hommes religieux , et en particu-
lier de ses confrères. Aussi s'efforça-t- il
inutilement d'obtenir une chaire de pro-
fesseur en droit. Vers cette époque écla-
tèrent les querelles violentes excitées à
Paris par l'apparition de la musique ita-
lienne , en faveur de laquelle Boucliaud
se déclara ; au lieu de prendre part à la
BOU A52
guerre des épigrammeset des pamphlets,
il épousa, en 1752, une cantatrice du
théâtre italien. Etant devenu veuf, il fit,
vingt ans après , un mariage plus conve-
nable en épousant M1,e du Fer, qui sut
adoucir pour lui les ennuis et les infir-
mités de la vieillesse Bouchaud se con-
sola par la culture des lettres , des obsta-
cles qui s'opposaient à son avancement ,
et en 1738 , il traduisit plusieurs drames
de l'italien d'Apostolo Zéno, qu'il publia
en 2 vol. in-12. Il donna ensuite un | Essai
sur la poésie rhythmique , 1763 , in-8°,
réimprimé avec d'autres pièces, sous le
titre & Antiquités poétiques , et | un Essai
historique sur l'impôt du vingtième sur
les successions , et de l'impôt sur les mar-
chandises chez les Romains , 17G6 , in-8°.
Il dédia ces deux ouvrages à l'académie
des inscriptions qui l'admit dans son sein,
en 1766 , après la mort de M. Hardion.
Il obtint ensuite, après quinze ans d'at-
tente, une chaire de droit, et fut nommé
par le roi , en 1774 , à la chaire du droit de
la nature et des gens qui fut créée à cette
époque au collège royal de France. Mal-
gré les occupations que lui donnaient ses
deux chaires , il était un des membres les
plus laborieux de l'académie des inscrip-
tions. Outre les ouvrages que nous avons
cités , on a encore de lui : | Mémoires sur
les sociétés que formèrent les publicains
pour la levée des impôts chez les Ro-
mains , 1766 , in-12 ; 1772 , in-8°; | Essais
historiques sur les lois , traduits de l'an-
glais , Paris , 1766 , in-12 ; | Théorie des
traités de commerce entre les nations,
\TJô , in-12 , le seul de ses ouvrages qui
ait quelque rapport au droit des gens qu'il
avait été ebargé d'enseigner ; | Recher-
ches historiques sur la police des Ro-
mains , concernant les grands chemins ,
les rues et les marchés , 1784 , réimpri-
mées en l'an 8 ( 1800) , in-8° ; | Commen-
taire sur la loi des douze tables , 1787 ,
ia-4°, réimprimé en 1803, avec additions
considérables , aux frais du gouverne-
ment, 2 vol. in-4°. C'est celui des ou-
vrages de l'auteur qui lui a fait le plus
d'honneur. Bouchaud reçut du roi, en
1783 , un brevet de conseiller d'état ; il
mourut le 1er février 1804 , à l'âge de 85
ans.
BOUCHE (Iïoxor.É), docteur en théo-
logie, prévôt de Saint-Jacques-lès-Barè-
me. puis prieur de Charvadon au diocèse
de Sériez, naquit à Aix en lo'JS, et mourut
eu 1671. On a de lui La Chorographie ou
Description de la Provence , et Y Histoire
BOU
chronologique du même pays , 2 vol. in-
fol. 1664. Cette histoire finit à l'an 1661.
Bouche était un homme de bon sens, et il
était fort assidu au travail. Il avait pres-
que achevé son Histoire en latin, lors-
qu'on lui conseilla de la donner en fran-
çais. Cet ouvrage a été imprimé aux
dépens de la Provence. La Chorographie
est la partie la mieux soignée. Il n'avait
épargné ni travail, ni dépense, pour voir
sur les lieux tous les restes d'antiquités
dont il donne la description. L'Histoire
est une compilation mal digérée de l'his-
toire romaine et de celle des rois de
France, surchargée d'érudition. En fait
de chronologie , il lui est échappé des
fautes , qu'il n'a pas eu la patience de cor-
riger sur les avis que lui en avait donnés
le Père Pagi. Cependant l'Histoire com-
posée par Bouche est pleine de bonnes
choses, et peut encore être utile même
après celle que nous a donnée l'abbé Pa-
pon; elle vaut infiniment mieux que ce
qu'un autre BOUCHE, philosophiste mo-
derne , a publié sur la Provence. {Voy.
l'article qui suit.) On a encore de lui La
défense de la foi et de la piété de Pro-
vence, pour les SS. Lazare et Maximin ,
Marthe et Madeleine, contre Launoy,
Aix, 1663, in-4°. C'est la traduction un
peu amplifiée du livre latin du même au-
teur intitulé Vindiciœ fidei etpietatis, etc.j
adv. Launoy , Aix, 1644 , in-4°.
* BOUCHE (Charles-François), avo-
cat au parlement d'Aix , s'étant fait con-
naître par quelques écrits, fut , en 1789,
député aux états-généraux ; il s'y distingua
par ses motions contre le clergé. Après
avoir jeté en avant , dès le 27 juin 1790 ,
des idées sur la liberté des nègres , il fut
chargé des affaires relatives à Avignon,
et demanda souvent la réunion de ce pays
à la France. Lors des discussions rela-
tives aux crimes commis dans ces con-
trées , Jourdan , surnommé Coupe-tête .,
déclara n'avoir agi que par les ordres de
Bouche et de quelques autres députés ,
dont il montra les lettres. En 1791, Bouche
passa, de l'assemblée des jacobins, dont
il était alors président , à l'assemblée des
feuillans. Après la session, il fut nommé
membre du tribunal de cassation. Il mou-
rut vers 1794. On a de lui : j Essai sur
l'histoire de Provence , suivi d'une Notice
des Provençaux célèbres , Marseille, 1785 ,
2 vol. in-4" : la notice a aussi été tirée
séparé. i.ent; | Droit public de ta Provence
sur ta contribution aux impositions ,
réimprimé en 1788, in-8°. 11 a fourni
BOU h
quelques articles pour les tomes III et IV
du Dictionnaire de la Provence et du
Comté Venaissin, in-4° , et a laissé en ma-
nuscrit une Histoire de Marseille.
BOUCHEL. Voyez BOCHEL.
BOUCIIEB (Jean), parisien, naquit
vers l'an 1550. Successivement recteur de
l'université de Paris, prieur de Sorbonne,
docteur et curé de Saint-Benoit, il fut un
des plus ardens promoteurs de la ligue.
Ce fut dans sa chambre que se tint la pre-
mière assemblée de cette association en
1585. Son traité De justa Henrici III
abdicalione * 1589 , in-8° , est plein d'im-
putations atroces. Il va jusqu'à dire « que
» la haine de Henri III pour le cardinal
» Guise venait des refus qu'il en avait
» essuyés dans sa jeunesse. » Il ne pou-
vait se persuader que la conversion de
Henri IV fût sincère. Ses sermons prê-
ches contre ce prince dans l'église de
Sainl-Méri sont intitulés : Sermons de la
simulée conversion et nullité de la pré-
tendue absolution de Henri de Bourbon ,
prince de Bêarn , 1594 , ia-8° ; ils furent
brûlés , quand Henri IV se fut rendu
maître de Paris. Boucher s'évada le même
jour , se retira en Flandre , et mourut en
1644 , chanoine et doyen de Tournay, où
il regretta, dit-on, sa patrie, et se repentit
des excès qui l'avaient obligé de la quit-
ter. Il devait d'ailleurs avoir reconnu
alors qu'il s'était trompé à l'égard de
Henri IV , et que ce prince était bien sin-
cèrement catholique. On a encore de lui,
sous le nom de François de Vérone , YA-
pologiedeJean Châlel , in-8° , en 1595 et
4620, et quelques autres ouvrages con-
damnables. Une réflexion cependant que
la justice suggère à tout lecteur raison-
nable , c'est qu'il ne faut pas sévèrement
juger les personnes qui ont vécu dans les
temps de fermentation , de querelles et
de désordres, où l'on croyait en danger
des intérêts chers et respectables, pour
lesquels on se passionne aisément. Dans
des temps calmes où les idées et les sen-
timens n'éprouvent aucune commotion
insolite, on conçoit quelquefois une indi-
gnation excessive contre des personnes
placées dans des circonstances différentes,
où peut-être l'on ne se serait pas con-
duit avec plus de sagesse. Il ne faut pas
mettre au nombre de ses ouvrages ré-
préhensibles, la sage critique qu'il a faite
de l'ouvrage De potestate ecclesiaslica
de Bicher.
BOUCHER (François) , premier pein-
tre du roi et directeur de 1 académie de
S3 BOU
peinture, naquit à Paris en 1704. Elève
de l'iUustre Lemoine, il remporta, à l'âge
de 19 ans, le premier prix de l'académie.
Après avoir étudié à Rome les grands
modèles, il vint à Paris , et fut appelé par
le public le Peintre des Grâces. Il fut
l'Albane de la France. Il eut comme lui la
facilité du travail , la correction , la légè-
reté d'une touche spiritueUe et fine , une
composition brillante et riche , des airs
de tête d'un goût et d'une expression su-
périeurs. Dans les derniers temps de sa
vie, ses couleurs tiraient trop vers le
pourpre, et ses carnations paraissaient
comme si elles eussent éprouvé le reflet
d'un rideau rouge. Après la mort du cé-
lèbre Carie Vanloo, Boucher obtint la
place de premier peintre du roi; mais
faible depuis long-temps , tourmenté d'un
asthme dangereux , il mourut en 1770 ,
âgé de 64 ans. Ses tableaux sont si nom-
breux qu'il serait trop long d'en donner
la liste. Il encourageait les jeunes artistes ;
il abandonnait à ses amis ceux de ses ou-
vrages qu'ils paraissaient désirer. Lors-
qu'il s'agissait d'éclairer un élève , il ai-
mait mieux l'instruire par l'exemple que
par l'étalage des règles. « Je ne sais con-
» seiller, disait-il, que le pinceau à la
» main , » et alors prenant le tableau sou-
mis à sa critique, il le corrigeait en quatre
coups , et y ajoutait ces agrémens qui
n'appartiennent qu'à lui.
BOUCHER D'ARGIS (Antoine-Gas-
pard ) , né à Paris en 1708 , fut reçu avo-
cat en 1727 , et conseiller au conseil-sou-
verain de Dombes en 1753. Il a fait des
notes sur tous les ouvrages de jurispru-
dence dont il a été l'éditeur. Il a donné
| un Traité des gains nuptiaux , Lyon ,
1738, in-4° ; | Traité de la criée des meu-
bles, 1741, in-12; | Règles pour former un
avocat, 1753, in-12 ; et composa plusieurs
articles de jurisprudence pour celte com-
pilation indigeste qu'on appelle Encyclo-
pédie. Voyez BACON (François).
* BOUCHER D'ARGIS (A. J.), fils du
précédent , né à Paris en 1750 , embrassa
la profession de son père , et devint en
1772 conseiller au Châtelet. Il montra dans
ce tribunal un courage sublime , dans un
temps où le devoir semblait un acte d'hé-
roïsme ; et malgré la difficulté des cir-
constances , il ne perdit rien de son inté-
grité et de son zèle à faire entendre la
vérité. Il refusa cependant la place de
lieutenant-civil, à laquelle le roi l'avait
nommé après la démission de Talon , à
cause des dangers qui l'accompagnaient.
BOTJ h
Il fut chargé de faire à l'Assemblée Con-
stituante le rapport des procédures rela-
tives aux troubles des 5 et 6 octobre, et
ne balança point à déclarer que le duc
d'Orléans et Mirabeau étaient fortement
impliqués dans cette affaire. Il dénonça
aussi les feuilles incendiaires de Marat.
Cette conduite eut la récompense qu'on
pouvait attendre dans ces temps désas-
treux : il fut déclaré suspect et condamné
à mort par le tribunal révolutionnaire. Il
la subit avec le calme d'une conscience
pure, le 25 juillet 1794. On a de lui | Let-
tres d'un magistrat de Paris à unmagis-
trat de province sur le droit romain et la
manière dont on l'enseigne en France ,
Taris, 1782, in-J2 ; | Observations sur les
lois criminelles de France , 1781 , in-8°;
j De ï éducation des souverains ou des
princes destinés à l'être, 1783,in-8° ; | La
bienfaisance de l'ordre judiciaire , 1788,
in-8°; | un Recueil d'ordonnances , en 18
vol. in-52.
* BOUCHER ( Nicolas ) , évêque de
Verdun , né le 14 novembre 1528 , à Cer-
nai, en Dormois, diocèse de Reims, était
iils d'un laboureur , qui le soutint de ses
épargnes à l'université de Paris. Il y prit
le grade de maitre-ès-arts, et fut ensuite
appelé à Reims par le cardinal de Lor-
raine, pour enseigner la philosophie dans
la nouvelle université, emploi dont il
s'acquitta à la satisfaction de tous. Il de-
vint recteur de l'Université, supérieur du
séminaire, chanoine de la cathédrale. Le
cardinal, son protecteur, le chargea de
l'éducation de ses neveux, et lui procura,
en 1585, l'évèché de Verdun. Le chapitre
de celte ville avait élu d'après la forme
du concordat germanique, l'abbé Jean de
Rcmbervilliers, un de ses membres. Bou-
clier soutint son droit dans une savante
apologie intitulée : Virduncnsis episcopa-
lus JV. Bocherii3 Verdun, 1592, in-4°,
dans laquelle il prouva que l'église de
Verdun n'était point comprise dans le
concordat germanique. Clément VIII ju-
gea en sa faveur. Ce prélat, en donnant
l'exemple des plus hautes vertus , com-
battit les nouvelles erreurs par ses écrits
et par ses sermons , et mourut le 19 avril
1595. On connaît de lui : | Une Apologie
de la morale d'Aristote* contre Orner
Talon, Reims, 1562; | Y Oraison funèbre
du cardinal Charles de Lorraine , Paris,
1577, in-8°, qu'il amplifia la même année
sous ce litre : Caroli Lotharingii cardi-
?ialis et Francisci ducis Guisii liltei'œ et
arma , in-4"; Jacques Tigcon la traduisit
fcs. «ou
en fiançais, sous le titre de : Conjonction
des lettres et armes des deux frères»
primes Lorrains, etc. Reims. 1579,
in-4°. Le P. Abram , jésuite, dans son
Histoire de l'université de Pont-à-Mous-
son, attribue encore à l'évêquc de Verdun
l' Histoire de la guerre du duc Antoine de
Lorraine 3 contre les luthériens.
* BOUCHER (Jean ), cordelier de l'ob-
servance, né à Besançon au 10e siècle ,
n'est connu que par un voyage qu'il fit
en Palestine. Il le publia , à son retour ,
sous le titre de Bouquet sacré , composé
des roses du Calvaire, des lis de Be-
thléem- et des jacintes d'Olivct. Cet ou-
vrage parut pour la première fois à Paris,
en 1616 , in-8°. Il en fut fait d'autres édi-
tions à Caen , 1626 , à Bouen , 1679 , 1698 ,
1758, in-12. Cette relation est divisée en
quatre parties. La première contient la
description de la Grèce, de l'Egypte et de
l'Arabie, la deuxième décrit les lieux
saints. La troisième est consacrée aux dif-
férens lieux de la Judée, fameux dans
l'histoire du nouveau Testament, comme
Emmaiis , Bethléem , les montagnes de
Juda , le désert , le Jourdain , le lac de
Génézarcth , etc. Celte partie contient, en
outre , le retour du Père Boucher en Eu-
rope par la Galilée , la Phénicie, la Syrie
et le mont Liban. Dans la quatrième, enfin,
il parle des mœurs , des usages, de la re-
ligion des peuples qu'il a visités. Le nom-
bre des éditions de cet ouvrage semblait
lui supposer un certain mérite ; cepen-
dant, si l'on en croit la Boullayc-le-Goux,
autre voyageur, il fourmille de fautes
grossières , qui ne donnent pas une haute
idée des connaissances cl de la critique do
l'auteur.
* BOUCHER (Gilles), jésuite, né en
Artois , en 1576, entra dans la société en
1598, et s'y rendit célèbre par ses con-
naissances en théologie, et ses succès dans
la prédication. Après avoir prononcé ses
vœux en 1616, on l'employa dans l'admi-
nistration de l'ordre. Il fut recteur du col-
lège de Bélbune et de celui de Liège. Il
avait lu presque tous les grands ouvrages
d'histoire et de chronologie, et possédait
à un haut degré la science des dates. Il
n'était pas moins distingué par sa piété
et son exactitude à remplir tous les de-
voirs de la vie religieuse. Dans l'âge le
plus avancé, rien ne pouvait le détermi-
ner à se permettre aucun adoucissement :
il mourut à Tournai le 8 mars 1665 , âgé
de 89 ans. On a de lui : | Disputalio histo-
rica de primis Tungorum scu Lcodien-
BOU h
sium episcopis , cum chronotogia posle-
riorum, Liège, -1612, in-4°. Il | rélend qu'il
n'y a jamais eu d'évèque à Maastricht.
| Annotatio chronologica regum Franco-
rwm Meroivœdeorum. Cet ouvrage et le
précédent se trouvent dans le Recueil des
évêqucs de Liège , par Chapeauville.
| Chronog raphia historiée leodiensis j>os-
terior m episcoporum , additis rornano-
rumpontificum et regum Franciœ tabulis,
Liège, avec les écrivains liégeois, publiés
par Chapeauville ; | Gregorius turonensis,
amplissimis notis illustralus ; j Commen-
tarium in Victorii aquitani canonem pas-
chalem , quo cycli paschales veterum
exponuntur , verus Christi passionis dies
eruitur, et doctfrvna temporum traditur ,
Anvers, presses de Planlin , 1633; | Bel-
gium ecclesiasticum roman orum et civile,
in quo historia occidentalis universa con-
tinelur, à fine comme ntariorum Cœsaris,
ttdannum Christi vulgarem ,511, c'esl-à-
direjusqu au temps de Clo vis. Liège, 1665,
in-fol. Il devait être suivi du Belgium
gallicum , qui se serait étendu jusqu'à
Charles le Chauve. Celte partie est restée
manuscrite dans la bibliothèque des jé-
suites de Tournai.
* BOITCUEU ( Philippe), né à Paris en
1 91 , mort en 1768 , lit ses études au col-
lège de Beauvais , et se destina à l'état
ecclésiastique ; mais il ne fut jamais que
diacre. Il est connu comme un des au-
teurs des Nouvelles ecclésiastiques , ou
Mémoires sur la constitution Unigenitus,
\ 727. II est aussi connu par ses Lettres en
laveur du diacre Paris, 1731, par une
Analyse de Y E pitre aux Hébreux , 17 ï2 ,
et par plusieurs ouvrages manuscrits sur
l'Ecriture sainte.
* BOUCHER (l'abbé Jeav-Baptiste-
Ajvtoine ) , né à Paris le 7 octobre 1747 ,
embrassa l'état ecclésiastique, et fut d'a-
bord nommé vicaire de la paroisse des
Innocens, et ensuite directeur des dames
carmélites. Pendant la terreur, il échappa
à toutes les poursuites, et ne cessa de
se rendre utile dans l'exercice de son mi-
nistère. Il resta ensuite long-temps sans
occuper aucune place ; enfin, ses ouvrages
et sa réputation de piété ayant attiré sur
lui ratterrtion,ilfut nommé curé des mis-
sions étrangères, et le 5 janvier 1813 à la
cure de St.-Mery, où sa mauvaise santé
ne lui permit pas d'exercer tout son zèle.
On lui doit : | lie traite d'après les exer-
cices spirituels de S. Ignace, Paris, 1807,
in-P2 : | Vie de Marie de l'Incarnation ,
avec des notes et des pièces justificatives ,
55 BOU
Paris, 1800, in-8°; | Vie de sainte Thérèse,
avec des notes historiques , critiques et
morales, Paris 1810, 2 volumes in-8°. Il a
laissé en manuscrit des Proues, des Pané-
gyriques et des Sermon», et il a été l'édï
teur des Sermons de l'abbé Marottes ,
1786, 2 vol. in-8". Il préparait une édition
des Lettres de sainte Thérèse, mises dans
un meilleur ordre, et augmentées de
Lettres non encore publiées en français,
lorsque la mort l'enleva le 17 octobre 18i>7.
* BOUCHER-BEAUVAïS ( Jean ) , a
publié un Abrégé historique et chronolo-
gique de la ville de la Rochelle , 1673.
in-8°.
BOUCHER AT (Louis), chancelier de-
France et garde-des-sceaux en 1685 , suc-
céda dans ces deux places au chancelier
le Tellier. Il mourut comblé d'honneurs
en 1699, à 83 ans. Il était fils de Jean
Boucherat, maître des comptes, d'une
famille originaire de Troyes. Ils se dis-
tinguèrent l'un et l'autre dans leurs em-
plois. Il avait été du nombre des maîtres
des requêtes que le roi avait appelés au
conseil établi pour la réformation do la
justice : conseil d'où sont sorties des or-
donnances pleines de discernement et de
sagesse.
BOUCHET ( Guillaume) , sieur de Bré-
court, fut créé juge-consul à Poitiers en
1584, ce qui lui donna occasion de dédier
aux marchands de cette ville son 1er tome
des Sérées, discours remplis de plaisan-
teries et de quolibets, qu'il suppose *enus
par des personnes qui passaient le soir
ensemble. Quand le 3e tome de ses Sérées
parut en 1607, il était mort. Elles ont été
réimprimées à Paris, en 1608, 3 vol. in-12.
Il mourut vers 1606.
BOUCHET ( Jean), procureur de Poi-
tiers, sa patrie, né en 1476, mort en 1550,
s'est fait connaître par les Annales d'A-
quitaine , qui finissent à l'an 1535, Paris ,
1537 , in-fol. , continuées par Abraham
Mounin, Poitiers , 1644, in-fol. Celte his-
toire doit être plutôt considérée comme
une histoire de France que comme une
histoire particulière d'Aquitaine ; elle
renferme quelques pièces rares. Il est
connu aussi par quelques pièces de poé-
sies morales ; la plus singulière est inti-
tulée Le chapelet des Princes, dans ses
Opuscules , 1525 , in-4°. Il est formé de 5
dixaines de rondeaux et d'une ballade à
la fin de chaque dixaine. L'auteur y mar-
que les vertus dont les princes doivent
être ornés, et les défauts qu'ils ont à évi-
ter. Ce Chapelet est dédié à Charles de la
BOU
A56
BOU
Trimouillc. Les 19 premiers vers com-
mencent par une des lettres du nom de ce
seigneur. On a encore de lui : | Les Re-
gnards traversant les voies périlleuses ,
Paris , in-fol. sans date. | Histoire chro-
nique de Clotaire I et de sainte Rade-
gonde , son épouse , Poitiers , 1527 , in-4°.
| Epîlres familières du Traverseur , sous
Louis XII et François I, Poitiers , 1545 ,
in-fol. Ces lettres en vers sont peu com-
munes, et sont cependant curieuses.
| Histoire de Louis de la Trimouille , dit
le Chevalier Sans Peur, Paris, 1537,
in-4°. | Les anciennes et modernes généa-
logies des rois de France, leurs êpitaphes
et effigies , avec les sommaires de leurs
çestes,VaTis, 1541, in-fol. | Les triomphes
de la noble et amoureuse Dame , 1537 ,
in-8°, etc.
BOUCIIET (Jean du), chevalier, con-
seiller, maitre-d'hôtel du roi de France ,
historien et généalogiste , mort en 1684 ,
âgé de 85 ans, a laissé quelques ouvrages
pleins de recherches. Tels sont : | La vé-
ritable origine de la seconde et troisième
lignées de la maison de France, Paris ,
1646, in-fol. Cet ouvrage est divisé en
deux parties. La lre traite de la postérité
de Ferréolus et du mariage d'Ansbcrt et
de Blitilde. Elle a été combattue par Louis
Chantereau Le Fèvre. La 2e traite de la
postérité de Childebrand , duc et comte ,
fils de Pépin I , duc d'Auslrasie , frère de
Charles-Martel , jusqu'au roi Louis XIV.
| Histoire généalogique de la maison de
Courlenay , Paris, 1660, in-fol. | Table
généalogique dus comtes d'Auvergne,
Paris , 1665 , in-fol. | Table généalogique
des comtes de la Marche , Paris , 1682 ,
in-fol. Il publia YHistoire de Louis de
Bourbon l"duc de Montpensier, par Cous-
tureau, et y joignit des additions plus
amples que la vie même.
BOUCIIEUL (Jean-Joseph), avocat au
Dorât dans la Basse-Marche, mort vers
1706 , est auteur d'un bon Commentaire
sur la coutume de Poitou , 4727 , 2 vol.
in-fol. ; et d'un Traité des successions con-
tractuelles, Poitiers, 1727 , in-4°.
* BOUCIIIER (Thomas), archevêque
de Cantorbéry, mort en 1486, introduisit
l'imprimerie en Angleterre en 1464. Il
envoya pour cet effet deux hommes à
Harlem, et fit venir à ses dépens un com-
positeur. Il sacra les rois Edouard IV ,
Richard IV et Henri VII.
* BOUCHOT , né à Nanci, chanoine de
Pont-à-Mousson, est connu comme auteur
j de l'A B C royal; | du Rudiment fran-
çais ; | du Traité des deux imperfections
de la langue française; | de la Différence
entre la grammaire et la grammaire gé-
nérale raisonnée; | d'un Mémoire et ré-
flexions sur la nécessité de changer l'in-
stitution actuelle des collèges , etc.
* BOUCHOTTE était, avant la révolu-
tion , procureur du roi à Bar-sur-Seine ,
et fut élu député aux états généraux par
ce bailliage en 1789. Mais son existence
politique n'acquit jamais une grande im-
portance. Il s'opposa à la création d'un
papier-monnaie, en émettant le vœu qu'il
y fût suppléé en frappant des pièces de
trois à six sous pour trente millions, avec
le métal qui proviendrait de la fonte des
cloches. En 1790, il s'éleva contre la recon-
naissance de la religion catholique comme
religion de l'état. En mai 1791 , il prit la
défense des nègres, proposa en juin de
réclamer du roi une déclaration sur son
voyage de Varennes, et le 9 juillet de la
même année , il appuya un projet de loi
contre les émigrés. Bouchotte fit aussi pa-
raître, en 1791, ses Observations sur l'ac-
cord de la raison et de la religion pour
le rétablissement du divorce , l'anéan-
tissement des séparations entre époux .
et la réformation des lois relatives à l'a-
dultère, in-8°, ouvrage qui renferme des
doctrines tant de fois victorieusement
réfutées par des écrivains du plus grand
talent. Bouchotte est mort dans l'obscu-
rité.
* BOUCHOTTE (Jean-Baptiste-Noel),
ministre de la guerre sous le gouverne-
ment républicain , naquit à Metz le 25
décembre 1754 et y est mort depuis peu
de temps. Il embrassa la carrière des
armes , et il était en 1792 capitaine , grade
avec lequel il fit la campagne de cette
année, qui lui valut celui de lieutenant-
colonel et le commandement de Cambrai.
En 1793, il fut fait colonel , et la Conven-
tion nationale le nomma à l'unanimité
ministre de la guerre, en remplace-
ment du général Beurnonville. Les ar-
mées étrangères avaient envahi les fron-
tières du Nord et du Bhin, la Vendée
était soulevée, nos troupes peu nombreu-
ses et disséminées étaient sans magasins ,
sans artillerie. Partout aux murmures se
joignaient les dénonciations. Le premier
soin de Bouchotte fut de faire opérer la
levée de trois cent mille hommes , d'en-
voyer des canons et des armes à nos sol-
dats cl d'organiser des magasins d'babil-
lemens et de vivres ; enfin de refaire à
la fois le personnel el le matériel, non
BOU AS
sans rencontrer de grands obstacles. Aux
armées les représentans voulant agir con-
curremment avec les généraux, entra-
vaient et souvent faisaient manquer par
leurs fausses mesures les opérations. De
plus les ennemis faisaient des progrès, et
plusieurs places du Nord étaient tombées
en leur pouvoir. Boucholte se vit l'objet
de dénonciations nombreuses; il n'en
poursuivit pas moins ses travaux, et
avant la fin de 1793, onze armées étaient
créées, ayant pour cbefs Masséna, Kléber,
Moreau , Dugommier , Augereau , Lefè-
vre, etc. etc., et pourvues d'un immense
matériel. Mais fatigué d'être en butte à la
calomnie , il insista plusieurs fois pour
que sa démission fût acceptée. La Conven-
tion ayant supprimé les six ministères
qui composaient le conseil exécutif, pour
concentrer le gouvernement dans les Co-
mités , elle les remplaça par des commis-
sions executives dont les comités avaient
la direction , et le général Pille fut mis à
la tête de la commission chargée du mou-
vement des armées de terre. Boucholte,
rendu à la vie privée par cette organisa-
tion nouvelle, fut arrêté par mesure de
sûreté générale peu de temps avant le 9
thermidor. Dénoncé dans la séance du 20
frimaire an 5 pour avoir fait périr ou
incarcérer tant de patriotes , les comités
furent chargés de prendre des mesures à
son égard, c'est-à-dire de presser sa mise
er jugement. Cet arrêté , n'étant pas plus
motivé que tous les arrêtés précédemment
rendus contre lui , resta sans exécution.
Les ennemis de l'ex-minislre ne se lassaient
pas. Pémarlin le signala, dans la séance
du 29 mars 1795, comme un des auteurs
du 51 mai, et demanda sa punition. Bour-
don de l'Oise , qui l'avait accusé déjà en
1793 , le dénonça encore dans la même
séance, et fut appuyé par plusieurs de ses
collègues. Enfin le 24 mai suivant , la
Convention rendit un décret qui tradui-
sait Boucholte devant le tribunal d'Eure-
el-Loire, renouvelé à cet effet, et jugeant
d'après les lois révolutionnaires, avec un
juri spécial et sans recours en cassation.
Mais l'accusateur public écrivit à la Con-
vention une lettre qui fut lue dans la
séance du 4 vendémiaire an 4 , et dans
laquelle il déclarait qu'il ne lui était par-
venu aucune pièce à charge, et qu'il ne
pouvait mettre en jugement un citoyen
contre lequel il était impossible de baser
un acte d'accusation. Boucholte, remis en
liberté, après plus d'une année de prison ,
se fixa à Met? et resta depuis ce temp-
7 BOU
entièrement étranger aux affaires publi-
ques.
BOTJCIC/VUT (Jean le MEINGBE de ) ,
surnommé le Brave, maréchal de France ,
comte de Beaufort et vicomte de Tu-
renne, par son mariage avec Antoinette ,
fille unique et héritière de Baimond do
Beaufort , vicomte de Turenne , naquit à
Tours en 1564, prit le parti des armes à
l'âge de 10 ans et fit sa première campa-
gne sous le connétable Duguesclin et les
ducs de Bourbon et de Bourgogne. Il
combattit à côté de Charles VI , dont il
était enfant d'honneur , à la bataille de
Bosbec, en 1582. Ce prince le fit cheva-
lier la veille de celte journée. Les Génois
ayant voulu se soustraire au joug de
Jean Galéas Visconti, seigneur de Milan,
le roi Charles VI , dont ils implorèrent le
secours , leur envoya Boucicaut , qui ne
les traita pas mieux. Ce général outra la
sévérité envers les partisans de Visconti,
et fit bâtir deux citadelles pour contenir
une ville qu'il regardait comme une con-
quête. Gènes se souleva contre ses pré-
tendus libérateurs, et le marquis de Mont-
ferrat ayant été mis à la tête de la répu-
blique, Boucicaut fut obligé de repasser
en France. Il se signala ensuite contre
les Turcs, les Vénitiens et les Anglais. Il
fut fait prisonnier à la bataille d'Azincourt
l'an 1415; mené en Angleterre, il y mou-
rut en 1421. Il aima les poètes, et cultiva
la poésie.
* BOUCQ (Gui le), professeur de rhé-
torique à Cbarlres, sa patrie, né en 1732,
mort vers 1800 , a composé pour ses élè-
ves plusieurs ouvrages qui peuvent être
lus avec plaisir et avec fruit, par les
hommes de tout âge. | Exercice en forme
de plaidoyer sur cette question : De ces
quatre biens, les talens , les ?-ichesses,
la santé, un ami, quel est le plus désira-
ble, Paris, 1767 et 1769, in-8°; | Discours
sur cette question : Lequel de ces quatre
sujets, le commerçant , le cultivateur , le
militaire et le savant , sert plus essai'
tiellemenl l'état! Cbarlres, 1770, in-12;
| Panégyrique de sainte Jeanne de Chaiv-
lai, fondatrice de la Visitation, Cbarlres»
1773, in-8° ; | Nouveaux plaidoyers à Vu-
sage des collèges, Chartres , 1775 , in-12 ;
| Oraison funèbre de M. de Fleury , èvê~
que de Chartres, 1781 , in-8°; | Plaidoyers
littéraires , panégyriques et oraisons fu-
nèbres, 1788, 2 vol. in-12.
* BOUCQUET (Pierbe), avocat, mort
en 1781. Il a publié plusieurs ouvrages
remplis d'érudition. Le plus important
59
BOXI %
est le Droit public de la France èclairci
par les monumens de l'antiquité.
BOUDART (Jacques), né en 1623 , à
Binche en Hainaut , chanoine-théologal
de St.-Pierre à Lille . a donné une Théo-
logie imprimée à Louvain , 1706, (i vol.
in-8°, et à Lille, 1710, 2 vol. in-4°, au-
jourd'hui peu estimée. Il y a quelques
propositions qui semblent approcher des
erreurs condamnées. Il mourut a Lille le
h novembre 1702.
* BOUDET ( Claude ), chanoine de St.-
Antoine à Lyon , mort en 177A , a publié :
| Mémoire oh l'on établit le droit des
abbés de St. - Antoine , de présider aux
états du Dauphitié , in-4° , sans date.
| Une traduction de la Sagesse, du jésuite
Ségneri, 1744, in-18. | Vie de M. de Ros-
sillion de Bernex, évéque de Genève * 1751 ,
2 vol. in-12. Son frère , imprimeur-li-
braire à Paris, né à Lyon et mort en 1799,
fut un des collaborateurs du Journal éco-
nomique, et a publié un Recueil des
sceaux du moyen âge , avec des éclair-
cissemenSj 1779 , in-4°.
* BOUDET (Jean), comte de l'empire,
général de divison , etc. né à Bordeaux
le 19 février 1769, servit d'abord comme
sous-lieutenant dans la légion hollandaise
de Maillebois, passa de ce corps dans celui
de Penthièvre-drugons et prit son congé
en 1788. A l'époque de la formation des
volontaires nationaux , il fut nommé lieu-
tenant , puis capitaine, et , après une af-
faire contre les Espagnols où il s'était
distingué, chef de bataillon. Envoyé à la
Guadeloupe , Boudet se signala d'une
manière brillante dans divers combats
contre les Anglais, auxquels il fit éprou-
ver des perles considérables et reçut le
grade de général de brigade pour récom-
pense de ses exploits. Rappelé en Europe
en 1798, avec le grade de général de divi-
sion , il joignit presque aussitôt l'armée
qui combattait en Hollande. Après le 18
brumaire, Boudet fit partie de l'armée de
réserve; à la journée de Marengo, il
était de la division Desaix qui fixa le
sort de cette journée ; il remplaça ce
dernier , lorsqu'il eut été frappé mortel-
lement , et fit payer cher aux ennemis
la perte que les Français venaient de faire
dans ce général. Il reçut lui-même une
blessure ; mais il n'en poursuivit pas
moins les Autrichiens, qu'il battit encore
en plusieurs rencontres. L'expédition de
Saint-Domingue ayant été résolue, Boudet
fat désigné pour accompagner le général
Lerh-rc. Arrivé le 5 février 1802 devant
'Ô8 IJOU
le Port-au-Prince, il se mit en relation
avec les officiers des noirs. Mais bientôt
des tourbillons de flamme et de fumée
annoncèrent que la colonie était livrée à
la dévastation. Boudet s'empara de la
ville de Port-au-Prince, tandis que Le-
clerc marchait sur les Gonaïves. Il fut
ensuite chargé d'aller pacifier la Guade-
loupe. Mais l'insurrection était à son
comble, et les revers que nous éprou-
vions à Saint-Domingue n'était guères
propres à l'apaiser. Obligé de repasser
en Europe, le général Eoudet fut employé
à l'armée de Hollande , d'où il passa à
celle d'Allemagne, et continua de faire
paraître, dans les différentes guerres aux-
quelles il prit part , sa bravoure accou-
tumée. La goutte et les fatigues mirent
fin à sa carrière. Il mourut à Budwitz le
14 septembre 1809.
* BOUDET (don Joseph-Marie) , sa-
vant bénédictin de la congrégation de
Sa.int-Maur, né à Rochefort en Aunis
au commencement du 18e siècle, prit
jeune encore la résolution d'embrasser
la vie monastique, et choisit pour l'exé-
cution do ce dessein l'abbaye de Vendôme ;
il y prononça ses vœux le 19 février 1726.
Envoyé après ses études, dans l'abbaye
de Notre-Dame de Saintes , il forma le
projet d'écrire l'histoire du Poitou. Les
archives de cette abbaye lui offraient
pour cela de nombreux matériaux ; il se
mit à ce travail, rassembla les pièces, les
mit en ordre, et les traduisit en français.
La rnort, qui le surprit à la fleur de l'âge,
ne lui permit pas de finir cette entre-
prise. Il expira le 1" janvier 1745 , dans
l'abbaye de Saint- Cyprien de Poitiers ,
où il s'était rendu pour continuer ses re-
cherches.
* BOUDEWÏNS (Michel), docteur en
médecine , natif d'Anvers , s'acquit beau-
coup de réputation dans sa patrie. Il fut
médecin pensionnaire de la ville et de
l'hôpital de Sle.-Elizabeth, et président du
collège des médecins. Il est auteur du
Ventilabrum medico-theologicum J An-
vers, 1666, in-4°. Il est divisé en deus
parties. La première regarde les devoirs
des médecins; la seconde concerne les
malades. Les matières y sonl traitées
suivant les principes de la théologie et
de la médecine. Entre autres questions
assez singulières , on y examine sérieu-
sement si les médecins peuvent deman-
der à Dieu qu'il y ait beaucoup de mala-
des? Cet ouvrage est chargé de beaucoup
d'érudition, mais souvent étrangère à la
BOU h
matière dont il est question. Boudewins
a eu part à la Pharmacia Anluerpiensis,
1G60, in-i°. Il a laissé en outre : | Oblecta-
mentum fugalorium iemporis pro infir-
mis; | un discours de sancto Laça Indi-
corum patrono. Il mourut à Anvers le 29
octobre 1(581.
BÔVDIÏWYNS ( Antoixe-Fbaxçois) ,
peintre de paysages né à Bruxelles, vers
la fin du 17<: siècle. Descainps parle avan-
tageusement de ses ouvrages , dont il
loue la couleur et le beau fini, Ses ta-
bleaux sont recherchés; le musée royal
de Paris n'en possède qu'un seul, repré-
sentant un Marché aux poissons, clans
une ville de Flandres , près d'un canal.
BOTJDIEK (Réxê, de la JOUSSELI-
JNIÈUE) , naquit à Treilly près de Coulan-
ces , où est située la terre de la Jousscli-
nière. Il y vécut en libertin et ne voulut
jamais se marier , par une suite de son
penchant pour le désordre. Il mourut à
Mantes-sur-Seine , en novembre 1725. Ce
fut un de ces génies prématurés, qui d'a-
bord paraissent tout savoir, et qui ne sa-
vent jamais rien à fond. A l'âge de 15 ans,
il savait du latin, du grec, de l'espagnol,
et faisait des vers français. Il acquit peu à
peu toutes sortes de connaissances , mais
elle n'étaient qu'ébauchées. Il touchait du
luth, dessinait , peignait, cultivait l'his-
toire, la grammaire, la géographie, et
écrivait sur les médailles. On a de lui ) une
Histoire romaine ; | un Traité sur les
médailles; | un Abrégé de l'histoire de
France; | une Traduction de l'Ecclé-
siasteJ et des Satires d'Horace et de Ju-
vénal , etc. Il n'y a que son Histoire Ro-
maine qui soit imprimée. On peut juger
de ses vers par son épitaphe, faite par
lui-même la dernière année de sa vie , et
dont la fin exprime parfaitement le maté-
rialisme grossier dans lequel il avait
vécu :
J'e'lais gentilhomme normand,
D'une antique el pauvre noblesse,
Vivant de peu tranquillement,
Dans une honorable paresse.
Sans cesse le livre à la main ,
J'e'lais plus sérieux que triste,
Moins Fiançais que Grec et Romain ;
Antiquaire , archimédaillistc ;
J'étais poile , historien
Et maintenant je ne suis rien.
BOUDIER (don Pierre -François),
bénédictin de la congrégation de Saint-
Maur , en fut l'un des derniers supérieurs
généraux. Il élait né à Coutances, et issu
«l'une famille noble. Ami zélé de la règle,
il jouissait d'une grande considération
o9 BOU
dans sa congrégation . el y avait passé par
toutes les charges. 11 élail alibé régulier
de Saint-Martin de Séez, l'un des monas-
tères qui, jusqu'à lui. n'avaient pas en-
core subi la commande. Quoique don
Boudier n'ait rien fait imprimer , il doit
être compté parmi les écrivains de la
congrégation. Il est auteur d'une Histoire
de l'abbaye de Sauit-Vigor de Bayeux ,
et de quelques autres ouvrages restés ma-
nuscrits. Il avait fait profession à l'abbaye
de Jumiéges en 1732 , et avait été élu su-
périeur-général en 1770. On ne dit pas en
quelle année il est mort.
* ROUDIEB DE VILLEMERT (PiERRE-
JosEPn ) avocat au parlement , et neveu
du précédent , né à Paris en 171G, mort
vers l'an 1807 , a publié un grand nom-
bre d'ouvrages. Les principaux sont
| Apologie de la frivolité , 17/tO , in-12 ,
écrit avec assez de correction et de faci-
lité ; j Réflexions sur quelques vérités
importantes attaquées dans plusieurs
écrits de ce temps, 1752 , in-12; | Exa-
men de la question proposée sur l'utilité
des arts et des sciences, 1753, in-12;
| Y Ami des femmes , ou la Morale du
sexe, 1758, in-12, plusieurs fois réim-
primé, et son meilleur ouvrage. II a élé
traduit en espagnol, en allemand et en
italien; j l'Irréligion dévoilée , ou la Phi-
losophie de V honnête homme,, Ttlk à
1779 , in-12 , ouvrage qui annonce un écri-
vain zélé pour les vrais principes, mais
dont les raisonnemens ne sont pas tou-
jours aussi forts qu'on pourrait le dési-
rer ; | Le nouvel ami des femmes , in-8°.
BQUDO.M (Henri-Marie) , grand-ar-
chidiacre d'Evreux, docteur de Bourges ,
naquit en 162âàlaFère, et mourut en 1702.
Il se lit un nom par plusieurs ouvrages de
piété. Les principaux sont; | Dieu pré-
sent partout , in-24; | De la profanation
et du respect qu'on doit avoir aux églises,
in-24; | La sainteté de l'état ecclésiasti-
que , in-12; | Im dévotion à la très sainte
Trinité , in-24 ; | La gloire de Dieu dans
les Ames du Purgatoire , in-2/t; | Dieu
seul, ou le saint esclavage de la Mère de
Dieu, in-12; | L,e Chrétien inconnu, ou
Ldée de la grandeur du Chrétien , in-12 ;
| Z<7 vie cachée avec Jésus en Dieu , In-
12 ; | Dieu seul, ou l'Association pour
l'intérêt de Dieu seul . in-24; | La con-
duite de la divine Providence, , elc. | Les
grands secours de la divine Providence;
| Vie de Marie-Elizabelh de la Croix
fondatrice des religieuses de Notre-Da-
me du Refuge ; j Vie de Marie Angéli-
BOU
que de la Providence ; | Vie de saint
Taurin , évêque d' livreur. M. Collet a pu-
blié sa Fie en 17.%, et en 1702, in-12.
Cet auteur lui fait faire des miracles ; mais
gans examiner l'authenticité de ceux qu'il
rapporte, on peut dire que Boudon eut
une vertu qui ne se démentit jamais ; et
c'est assurément une espèce de miracle.
On lui reproche quelques propositions
qui sentent le quiétisme. Il avait écrit
avant la condamnation de Molinos ; et
l'on sait d'ailleurs que dans les ouvrages
mystiques, il est en général difficile de
saisir toujours le vrai sens d'un auteur ,
parce que son objet étant purement spiri-
tuel , échappe aisément à ceux qui n'ont
pas exactement les mêmes principes ou
la même expérience. Voyez TAULÈRE ,
RUSBROCK , etc.
BOUDOT (Jean), libraire célèbre,
imprimeur du roi de France , de l'acadé-
mie des Sciences , mort en 1706 , s'est fait
tm nom dans la république des lettres par
son petit Dictionnaire latin- français ,
dont la première édition parut en 1701.
C'était , avant celui de Noël , le plus usité
dans les collèges. Il est tiré d'un grand
dictionnaire en 14 vol. in-4°, dont il est
aussi l'auteur , et qui est resté manuscrit.
-—Son fils , Jean BOUDOT , également li-
braire célèbre et imprimeur éclairé , né à
Paris en 1685 , mourut dans la même
ville en 1754. Ses connaissances biblio-
graphiques le firent rechercher par les
savans, qui s'appliquaient à cette utile
partie de la littérature. Il adressé des ca-
talogues raisonnes de livres , qui lui font
honneur, surtout celui de M. de Bozc,
Paris, 1745 , in-fol. — Pierre Jean BOU-
DOT , son second fils , mort en 1771, em-
brassa l'état ecclésiastique, fut censeur
royal , secrétaire interprète du régiment
dinfanterie irlandaise deLally. et attaché
à la bibliothèque du roi dont il rédigea les
catalogues, ainsi que ceux de la biblio-
thèque du grand conseil , de concert avçe
l'abbé Sallier. Il a laissé Essai sur l'his-
toire d'Aquitaine , in-12, et Examen de
quelques objections faites à l'auteur du
■nouvel abrégé de l'histoire de France par
le président Jlénaull , 1764, in-12; il fit
une traduction complète des œuvres d'Ho-
race et des lettres sur Bayle qui sont res-
tées inédites. Il fut aussi le rédacteur des
Mélanges d'une grande bibliothèque , pu-
bliés par le marquis de Palmy en 70 vol.
BOUDOT (Paul), évêque d'Arras, né
à Morteau, en Franche- Comté, vers 1571,
fut rcçxi docteur en Sorbonnc en 1604; il
A00 «ou
prêcha à Paris avec beaucoup de succès
pendant quelques années, et fui choisi
par l'archiduc Albert, gouverneur des
Pays-Bas et de la Franche-Comté , pour
son prédicateur. Celui-ci le nomma en-
suite évêque de Saint-Omer , et enfin
d'Arras. Il était savant dans les langues ,
et il a laissé | Summa theologica divi
Thomœ Aquinatis recensita , Arras , un
vol. in-fol. ; | Pylhagorica Marci-Anto~
nii de Dominis nova metempsychosis M
Anvers, in-4°; | Traité du sacrement de
pénitence, Paris, 1601, un vol. in-8° ;
| Formula visitationis per totam suant
diœcesirà faciendœ , Douai, 1627 , in-8° ;
| CalcchismuSjSive Forma doctrince chris-
tianœ pro diœcesi Alrcbatensi ; le même
Catéchisme, en français , Douai , 1628 ;
Arras , 1635. Ce prélat mourut à Arras le
II novembre 1655.
BOUETTEDEBLÉMUR (Jacqueline),,
né en 1618 d'une famille noble , prit l'ha-
bit de bénédictine à l'âge de 11 ans, dans
l'abbaye de la Sainte-Trinité de Caen. La
duchesse de Mecklembourg, ayant pro-
jeté de faire à Chàtillon un établissement
de bénédictines du Saint-Sacrement , de-
manda la mère Bouette. Cette sainte re-
ligieuse , de prieure qu'elle était à la Tri-
nité, se réduisit à être novice à Chàtil-
lon. Elle était alors âgée de 60 ans. Les
abbayes qu'on lui offrit ne purent lui faire
quitter sa nouvelle demeure. Elle y mou-
rut saintement en 1696. On a d'elle : | l'An-
née bénédictine , ou les vies des saints de
l'ordre de Saint-Benoit pour tous les
jours de l'année, 1666-73, 7 vol. in-4°;
| Eloges de plusieurs personnes illustres
en piété des derniers siècles, 2 vol. in-
| Exercice de la mort , in-12 ; | Les
grandeurs de la mère de Dieu , 2 vol.
in-8° ; | Vie de la mère de Saint- Jean de
Montmartre , in-12. Il y a quelques exa-
gérations , pardonnables à une femme et
à une religieuse ; mais ses ouvrages sont
écrits d'ailleurs avec plus de pureté eî
d'élégance qu'on n'aurait dû en attendre
d'une fille qui avait passé toute sa vie
dans des exercices de piété.
* BOUELLES , BOUILLE , ou BOU-
VELLES , en latin , Bovillus , ( Charles
de) , né à Sancourt, village de Picardie,
vers 1470 , s'appliqua d'abord à l'étude
des mathématiques , et en particulier de
la géométrie , sous la direction de Jac-
ques Lefèvre d'Estaples. Le désir d'ac-
quérir des connaissances , et de se lier
avec les savans les plus célèbres, lui fit
entreprendre le voyage d'Allemagne. Il
1ÏOU
4Gi
non
parfouml ensuite lit; lie. lTrpagne, vi-
sita les principales villes de Franco, et,
de retour dans sa famille, embrassa l'étal
ecclésiastique, lui pourvu d'un canoni-
cat à St. -Quentin, et d'un second à Noyon ;
professa la théologie dans celte dernière
ville, mérita l'estime de Charles de IJan
gest , alors évèque , et dut à sa bienveil-
lance un loisir qu'il employa à la rédac-
tion de plusieurs ouvrages. Bouellcs mou-
rut vers 1553. Ses principaux écrits sont :
{ Liber de intelleclu ; De sensu ; De nihilo;
Ars oppositorum; De gêner atione ; De sa-
pienle ; De duodecim îiumeris ; Epistolœ
complurcs super malhematicum opus qua-
driparlitum ; De numeris perfeclis; De
malhemalicis rosis ; De geometricis cor-
poribus ; De geometricis supplemenlis ,
Paris, Henri Etienne, 1510, in-fo!., recueil
très rare et très curieux. Dan-; son traité
De sensu j l'auteur établit que le monde
est un animal, opinion ancienne, et re-
nouvelée depuis; ce qui prouve qu'il est
peu d'idées extravagantes qui aient même
le mérite d'être neuves; | Commeniarius
in primordiale Evangelium Joannis ; \ Vi-
ta Remundi eremitœ (Raymond Lulle);
! Philosophicœ et Iiistoricœ aliquot episto-
lœ , Paris , Badius , 1511 ; 2e édition, 1344,
in-&°. | Proverbiorum vulgarium , libri
1res * Paris, 1531 , in-8°. Dans cette édi-
tion , les proverbes sont en français , et le
commentaire en lalin; mais il en existe
une traduction, sous ce titre : Proverbes
et dits sentcnlieiix , avec l'interprétation
d'iceux , Paris, 1557 , in-8° , rare ; | Liber
de differentiâ vulgarium linguarum et
gallici sennonis varietale t Paris, Rob.
Etienne, 1553, in-4°, ouvrage curieux;
| Dialogi très de animée immortalilale _,
de resurreclione , de mundi excidio et il-
lius instauralione , Lyon , Seb. Gryphe ,
1552 , in-8° , rare.
BOUFLEUS (Louis-Fraxçois, duc de j.
pair et maréchal de France, d'une fa-
mille illustre de Picardie, naquit en 1044.
Ses dispositions pour l'art de la guerre
s'élanl développées de bonne heure, il fut
choisi en 16G9 pour être colonel d'un ré-
giment de dragons. Use distingua à iatète
de ce corps, sous le maréchal de Créqui
et sous Turenne. Il reçut une blessure
dangereuse au combat de Voèrden , il en
reçut une seconde à la bataille d'Ens-
heim , au gain de laquelle il contribua
beaucoup, de l'aveu de Turenne. Après
plusieurs belles actions, il s'immortalisa
par la défense de Lille en 1708. Le siège
dura pendant plus de trois mois. Le roi
le récompensa , comme s'il eût gagné une
bataille. Il fut fait pair de France; il eut
les grandes entrées de premier gentil-
homme , et la survivance du gouverne-
ment de Flandre pour son (ils aine. A la
bataille de Malplaquet, en 170'.), il fit la
retraite en si bon ordre , qu'il ne laissa ni
canon ni prisonnier. Le maréchal de Bou-
liers joignait à l'activité d'un général l'unie
d'un bon citoyen; servant son maître
comme les anciens Romains servaient
leur république , ne complanl sa vie pour
rien , dès qu'il était question du salut de
sa patrie. Le roi lui ayant ordonné d'al-
ler secourir Lille , et l'ayant laissé maître
du choix de ses lieutenans, il partit à
l'instant, sans régler ses affaires, sans
dire adieu à sa famille, et choisit pour
ses officiers un disgracié et un prisonnier
de la Bastille. Sa magnificence égalait son
amour pour son pays et pour son prince.
Lorsque Louis XIV forma le camp de
Compiègne, pour servir de leçon à son
petit-fils le duc de Bourgogne, et de spec-
tacle à toute la cour, Bouliers y vécut si
splendidement, que le roi dit à Livri , son
maitre-d'hôtel : « Il ne faut pas que le duc
» de Bourgogne tienne de table , nous no
» saurions mieux faire que le maréchal ;
» le duc de Bourgogne ira dîner avec lui,
» quand il ira au camp. » Ce général mou-
rut à Fontainebleau en 1711 , âgé de (J8
ans. « En lui ( écrivait madame de Mairi-
» tenon) le cœur esl mort le dernier. »
On lit dans la continuation de l'Histoire
d'Angleterre par Rapin de Thoiras, un
trait trop honorable à la mémoire de ce
grand homme , pour l'oublier. Le roi
Guillaume , ayant pris Namur en 1095,
arrêta Bouliers prisonnier, contrôla foi
des conventions qu'on venait de faire.
Surpris de ce procédé, le maréchal en de-
manda la cause. On lui répondit qu'on en
agissait ainsi par représailles pour les gar-
nisons de Dixmudc et de Deynsc, que lea
Français avaient retenues malgré les ca-
pitulations , ce qui était vrai. « Si cela est,
» dit Bouliers, on doit arrêter ma garni-
» son,, et non moi. — Monsieur, lui rè-
» pondit-on, l'on vous estime plus que
» dix mille hommes. » — Son lils, Jo-
sëpii-Maiue , duc de BOUFLKilS, héritier
dosa valeur et de ses vertus, mourut à
Gènes , maréchal de France , en 1747 , le
2 juillet Jour où les Autrichiens lovèrent
le siège de cette ville. Il y avait été en-
voyé pour la proléger contre les Impé-
riaux et le roi de Sardaigne. L'activité
qu'il avait mise à défendre cette place al-
39.
TÎOU 4&2
luma son sang, et il fut emporté par la
pelile vérole eu cinq jours. Les Génois et
les Français le regrettèrent également.
La république, pour lui témoigner sa re-
connaissance, inscrivit son nom et celui
de sa famille parmi les nobles de l'état, et
lui fit ériger un mausolée de marbre dans
l'église où il a été inhumé.
'BOUFLERS (Stanislas, marquis de),
membre de l'académie française , né en
1737 à Lunéville, où la marquise de ce
nom, sa mère, embellit long-temps la
cour du vertueux Stanislas , roi de Lor-
raine, est plus généralement connu sous
le titre de Chevalier de Boufleis. On lui
donna pour instituteur l'abbé Porquet. Sa
famille qui comptait parmi ses membres
le célèbre marécbal de Bouflers devait le
porter aux places les plus distinguées. Le
jeune marquis fut d'abord chevalier de
Malte, et ce litre lui valut un bénéfice,
quoiqu'il n'eût point voulu entrer dans
les ordres , à cause du peu de vocation
qu'il se sentait pour cet état auquel il
avait été d'abord destiné. Il devint en-
suite grand-bailly de Nanci et membre de
l'académie française , et se fit connaître
dans le monde littéraire par quelques poé-
sies légères, où l'on remarquait de la
grâce et de la facilité. Quelques amis
complaisans le comparèrent même à Ana-
créon , dont il a imité le ton libre et sou-
vent licencieux qui n'ajoute rien au mé-
ii!e de ses vers. Bouflers, ayant choisi la
carrière des armes, fit, à la tête d'une
compagnie de hussards la campagne de
Hanovre , dans la guerre de sept ans
et dut au maréchal de Castries d'être
nommé , peu de temps après, gouverneur
du Sénégal et de Gorée. Son administra-
tion qui fut signalée par des institutions
utiles lui mérita des éloges. De retour en
France, il se livra de nouveau à son goût
pour la poésie, et publia plusieurs pièces
lyriques, Paris, 1782, in-8°, et Londres,
1782 , in-18. Il entretenait une correspon-
dance avec Voltaire; cette liaison n'est
guère propre à le justifier aux yeux de
ceux qui le regardent comme ayant adopté
les principes philosophiques du dix-hui-
tième siècle, ce que cette correspondance
elle-même datée de Genève et de Ferney,
semble prouver, et encore plus ses mœurs,
Bouliers passant sa jeunesse au milieu des
femmes et des plaisirs. Député aux états
généraux en 1789, s'il, ne se fit point re-
marquer par ses talens oratoires, du
moins se montra-t-il constamment mo-
déré. Dès le commencement de la révo-
ROU
lulion, il sauva la vie à deux hussards
poursuivis par le peuple, parce qu'ils
étaient royalistes. Il parla, en 1790, sur
le traitement des évoques , et fonda con-
jointement avec Malouet, de Yirieu et La-
rochefoucault , le club dit des Impar-
tiaux. En 1791 , il fit décréter la propriété
des découvertes et inventions en faveur
de leurs auteurs et proposa d'encourager
les sciences et les arts. Il sortit de France
après la journée du 10 août 1792 , et se
rendit à Berlin auprès du prince Henri de
Prusse qui l'avait déjà fait entrer dans
l'académie de cette ville. Ce prince lui
ayant témoigné ensuite de la froideur,
Bouflers quitta la Prusse, et trouva un
nouveau prolecteur dans le roi Frédéric-
Guillaume , qui lui fil des concessions im-
portantes en Pologne , pour y établir une
colonie en faveur des émigrés. Mais les
événemens , qui se succédaient à cetto
époque avec tant de rapidité , empêchè-
rent de donner suite à ce projet. Bouflers
revint dans sa patrie en 1800, après avoir
épousé madame de Sabran, femme dis-
tinguée par son esprit. Il ne tarda pas à
faire paraître son ouvrage sur le Libre
arbitre , où sont exprimées des doctrines
conformes à l'esprit de l'école philosophi-
que du siècle qui finissait , et où l'on
trouve toutefois quelques bonnes ré-
flexions et quelques pages éloquentes.
Mais un pareil sujet ne pouvait convenir
à l'imagination légère et sans profondeur
de l'auteur. En 1804 , l'Institut de France
l'admit dans son sein , comme faisant par-
tie de l'ancienne académie , et Bouflers y
prononça , en 1805, V Eloge du maréchal
de Beauveau qui fut bien accueilli. Celui
qu'il prononça pour l'abbé Barthélemi en
180G , n'eut pas le même succès. Ces deux
Eloges furent imprimés a Paris , in-8°. Il
vivait en courtisan auprès de la famille
de Bonaparte , et s'occupait paisiblement
à grossir son recueil poétique , lorsque
son beau-fils, M. le comte de Sabran, fut
enfermé à Vincennes par ordre de l'em-
pereur. Ce coup inattendu le frappa tel-
lement qu'il dépérit depuis de jour en
jour. Il mourut au mois de janvier 1815,
à Tàge de 78 ans. Le marquis de Bouflers
avait un caractère aimable et insouciant,
et s'était fait de nombreux amis. Son corps
fut inhumé à coté des restes de Delille. On
a dit de Bouflers qu'il avait été abbé li-
bertin, militaire philosophe, diplomate
chansonnier, émigré patriote, républi-
cain courtisan.
' BOUG ( de ) , était premier président
BOU
163
BOU
du conseil souverain d'Alsace , et mourut
à Colmar en 1775. On a de lui un Recueil
desédits, déclarations, lettres- patentes,
etc., du conseil d'état et du conseil sou-
verain de l'Alsace , ainsi que des ordon-
nances et règlement concernant cette pro-
vince , en 2 vol. in-folio , 1777.
BOUGAIXVILLE ( Jean-Pierre de ) ,
né à Paris, en 1722, était fils d'un notaire,
et fut élevé avec beaucoup de soin. Ses
talcns perfectionnés par l'éducation , lui
firent de bonne heure un nom célèbre, et
lui procurèrent les places qui flattent le
plus les gens de lettres de Paris. Il devint
pensionnaire et secrétaire de l'académie
royale des inscriptions, membre de l'a-
cadémie française , et de quelques autres
compagnies étrangères, censeur royal.
garde de la salle des antiques du Louvre,
et l'un des secrétaires ordinaires du duc
d'Orléans. Le travail altéra sa santé, et il
fut vieux avant le temps. 11 mourut au
château de Loches en 1763 , dans la /«.1e
année de son âge. Les qualités de son âme'
lui avaient fait des protecteurs ardens et
i\es amis tendres. Dans ses écrits, comme
dans ses mœurs, tout fut louable, et rien
n'annonçait le vain désir d'être loué. Avec
les talens qui rendent célèbre, il n'aspira
qu'à l'honneur d'être utile. L'art détesta-
ble de la satire, de l'intrigue, de la tra-
casserie ( aujourd'hui si commun parmi
les gens de lettres) lui était inconnu. On
a de lui | une traduction de Y yJnli- Lu-
crèce du cardinal de Polignac , en 2 vol.
in-8°, et en un vol. in-12, précédé d'un
discours préliminaire, plein d'esprit et
de raison. Sa version respire partout l'é-
légance et la force , quoiqu'elle paraisse
manquer quelquefois de ce ton poétique
qui doit caractériser les traductions de
poèmes ; | Parallèle de l'expédition de
Thamas-Koulikan dans les Indes , avec
celle d'Alexandre, 1752, in-8°, rempli
de savoir , d'idées , d'imagination et d'é-
[oquence, mais quelquefois boursoufilé,
| Droit des Métropoles grecques sur les
Colonies, et les devoirs des colonies en-
vers leurs métropoles , Paris , 1745 , in-
16. Bougainville a publié les Mémoires de
l'académie des inscriptions, depuis le
tome 17e jusqu'au tome 24e. Ils contien-
nent un grand nombre de dissertations
savantes dont il est auteur.
* BOUGAINVILLE ( Louis-A\toixe de),
frère du précédent , sénateur et comte de
l'empire , naquit à Paris , le 11 novembre
1729. Il fit ses études avec succès , et en
sortant du collège à l'âge de 22 ans , il se
faisait également remarquer par ses con-
naissances dans les langues anciennes , et
par ses progrès dans les sciences exactes.
Sa famille l'ayant destiné au barreau , il
entreprit l'étude des lois et fut reçu avo-
cat au parlement de Paris. Tout en se li-
vrant à ce genre d'étude, et sans inter-
rompre ses travaux sur les mathémati-
ques , pour lesquelles il avoit marqué
des dispositions peu communes , il vou-
lut entrer dans la carrière militaire et se
lit inscrire aux mousquetaires noirs.
Quinze jours après sa réception dans
ce corps , il publia la première partie
de son Traité du calcul intégral pour
servir de suite à l'Analyse des infini-
ment petits, du marquis de l'Hôpital. En
1753, il entra comme aide-major, dans
le bataillon provincial de Picardie. L'an-
née suivante , il devint aide-de-camp de
Chevert , qui commandait , en 175/t , le
camp de Sarrelouis. Il se rendit à Lon-
dres dans l'hiver de la même année , avec
le titre de secrétaire d'ambassade , et fut
reçu membre de la Société royale de cette
ville. En septembre 1755 , Bougainville
rejoignit Chevert au camp de Richemont.
Nommé en 1756 , aide-de-camp du mar-
quis de Montcalm , chargé de la défense
du Canada , il partit de Brest le 27 mars
de !a même année , avec le brevet de ca-
pitaine de dragons , et reçut bientôt le
commandement d'un détachement d'élite.
Pendant la saison la plus rigoureuse , et
par une marche forcée de près de soixante
lieues, tantôt à travers des bois impéné-
trables et sur un terrain couvert de neige,
tantôt sur les glaces de la rivière de Ri-
chelieu , il s'avança jusqu'au fond du lac
du Saint-Sacrement , où il brûla une flo-
tille anglaise sous le fort qui la protégeait.
La charge de maréchal-des-logis du plus
grand corps d'armée fut la récompense de
ce service important. Le 6 juin 1756 , un
corps de cinq mille Français se trouvant
harcelé par une armée anglaise de vingt-
quatre mille hommes , Bougainville ou-
vrit l'avis courageux de les attendre de
pied ferme. On n'eut que vingt -quatre
heures pour fortifier un camp retranché.
La troupe française s'y arrêta , et repoussa
l'ennemi qui , au bout de six heures , se
retira avec une perte de six mille hommes.
Bougainville y fut blessé à la tète. En no-
vembre suivant, le gouverneur du Canada,
qui ne se croyait pas en état de défendre
la colonie, l'envoya demander des renforts
à la cour de France. Il revint au Canada ,
en janvier 1750, après avoir reçu du roi
BOU 46
le grade de colonel à la suite du régiment
de Rouergue , et le titre de chevalier de
Saint-Louis. Le marquis de Monlcahn le
nomma commandant des grenadiers et
des volontaires y et lui ordonna de cou-
vrir , avec ces deux corps , la retraite de
l'armée française lorsqu'elle se replia sur
Québec. La bataille du *0 septembre
1759 , où Montcalm fut tue , ayant fuit
tomber la colonie au pouvoir des Anglais,
Bougainvillc revint en France, et fut em-
ployé, en 1761 , à l'armée d'Allemagne,
comme aide-de-camp de M. de Choiscul-
Stainville. Il s'y distingua tellement que
le roi voulut le récompenser d'une ma-
nière particulière et lui lit don de deux
canons de quatre livres de balle qu'il
plaça dans sa terre de Normandie. La paix
sur terre et sur mer qui survint en 17G2 ,
décida Bougainvillc à changer de carrière ;
nous allons le voir s'illustrer comme na-
vigateur. On sait que les commerçans de
Saint-Malo ont eu de tout temps des bâti-
inens armés en course pour protéger leurs '
spéculations. Bougainville , qui avait eu
des relations avec eux dans ses voyages
au Canada , n'eut pas de peine , après la
perte de cette colonie , à les convaincre
des avantages qu'ils pourraient retirer
d'un établissement aux îles Malouines ,
situées à l'autre extrémité du continent
de l'Amérique. Ils consentirent à équiper
des navires , et le roi lui accorda le rang
de capitaine de vaisseau , avec la permis-
sion de fonder à ses dépens un établisse-
ment dans ces iles. Il partit de Saint-Malo,
en 1763 , avec sa petite flotte. Mais les
Espagnols , jaloux de cette colonie nais-
sante qui se formait près de leurs grands
établissemens , iirent valoir , auprès du
gouvernement français leurs droits sur
les iles Malouines , et en réclamèrent la
possession. Bougainville fut charge de les
leur remettre , à condition que la cour
d'Espagne l'indemniserait de ses frais.
Louis XV lui donna, pour remplir celle
nouvelle mission, le commandement de
la frégate la Boudeuse , et il partit de
Saint-3Ialo , le 15 novembre 1766 , accom-
pagné de la flûte Y Etoile J chargée de
vivres. Dès qu'il eut rendu les îles Ma-
louines aux Espagnols , il entreprit un
voyage autour du monde dont le récit pu-
blié par lui-même est devenu son plus
beau titre de gloire. Il alla relâcher à
Montevideo , dans la rivière de la Plata ,
et s'y trouvait à l'époque où l'on expulsa
les jésuites des missions du Paraguay.
On trouve dans sa relation des détails sur
I BOU
cet événement , qui n'en sont pas la partie
la moins intéressante. Il lit ensuite route
au sud , et pénétra dans le grand Océan
ou mer du sud , par le détroit de Magel-
lan. Ce ne fut qu'à force d'intrépidité et
d'habileté qu'il parvint à surmonter les
dangers de toute espèce qui le menacèrent
dans ce passage périlleux. Il rencontra
sur sa route , à près de mille lieues des
cotes occidentales d'Amérique, un groupe
d'iles , qu'il nomma Archipel dangereux ,
situé entre le 17e degré et le 19<: et demi
de latitude sud , et dont l'étendue en lon-
gitude est d'environ sept degrés. Il recon-
nut ensuite les iles de la Société, et re-
lâcha à Ô-Taili , la plus importante de ces
îles, et que les Espagnols avoient nom-
mée Sagitlaria. Djlà il lit route à l'ouest,
découvrit l'archipel des Navigateurs , puis
traversa la partie septentrionale d'un
autre archipel , qu'il appela les Grandes-
Cyclades, dans la persuasion où il était
qu'il l'avait découvert le premier. Mais
dès 1606 , Quiros avait navigué dans ces
parages, et donné aux îles qui s'y trouvent
le nom de Terres du Saint-Esprit. Ce sont
les mêmes îles que Cook visita en entier
en 1774 , et qu'il nomma Nouvelles-Hé-
brides. La Nouvelle-Hollande n'était pas
encore bien connue , et Bougainville se
flatloit de pouvoir sortir du grand Océan,
en suivant le parallèle de lo ou 16 degrés
de latitude sud. Il rencontra sur cette
route un écueil à fleur d'eau à environ
cent vingt lieues de la côte orientale de
cette grande île; parvint à l'éviter, con-
tinua sa route à l'ouest et eut connaissance,
à quarante-cinq lieues plus loin, d'un autre
récif très étendu. Le manque de vivres
l'empêcha heureusement de s'engager
dans un parage qui pouvait être funeste ;
il se dirigea vers le nord , contourna la
partie septentrionale de la nouvelle Gui-
née , et fut arrêté dans cette nouvelle
route par une terre inconnue qu'il nom-
ma la Louisiade. Il évita néanmoins de
faire roule à l'ouest , où il aurait trouvé
la chaîne continue de récifs qui barrent:
le détroit situé entre la Nouvelle-Guinée
et la Nouvelle-Hollande , et qui cernent
cette dernière île presque en entier. Plu-
sieurs frégates anglaises s'y sont perdues
depuis , et Cook s'y est vu en danger de
périr. Bougainville fut obligé de lutler
contre les vents de sud-est , qui sont con-
stans clans celte partie du globe, et de lou-
voyer pour passer à l'est des terres de la
Louisiade. Enfin il arriva , après une na-
vigation de quinze jours , au cap le plus
BOXJ M
Oriental , qu'il appela le Cap de la Déli-
vrance. 11 passa ensuite le détroit de Bou-
gainville , qui sépare les îles Salornon de
la grande île qui porte aussi son nom ,
vint relâcher au port Pralin , près de
l'extrémité de la Nouvelle-Irlande, décou-
vrit un grand nombre d'iles en poursui-
vant sa route , relâcha encore au port de
Cajeli dans l'île Bouron , prèsd'Amboinc,
et de là se rendit à Batavia , d'où il fit voile
pour la France. Il arriva à Saint-Malo le
16 mars 17G9. Bougainville avoit déjà don-
né, | un Traité du calcul intégral , Paris ,
17.% — 1756 , 2 vol. in-i°. | La relation de
son Voxjage autour du monde par la fré-
aate du roi la Boudeuse , etc., fut publiée
a Paris , en 1771 , in-4° ; 1772, 2 vol. in-8°,
avec figures ; elle obtint un succès prodi-
gieux et fut traduite en anglais par J. R.
Forster , Londres 1772, in-&°. L'abrégé en
a été traduit en allemand , Leipsick, 1772,
petit in-8°. Cette relation ne fait pas moins
d'honneur à l'humanité qu'à l'habileté de
Bougainville , qui se plaça par celte cam-
pagne au rang des plus illustres naviga-
teurs. Il est le premier français qui ait fait
le tour du monde. Les soins qu'il prit de ses
équipages prévinrent les maladies conta-
gieuses , et à son retour en France , il n'a-
vait perdu que sept hommes sur les deux
bâtiinens qui étaient sous ses ordres. Il
sut aussi par sa douceur se concilier l'a-
mitié des sauvages. Trente ans après son
départ de l'île Bourou , les Français de
l'expédition du contre-amiral d'Entrecas-
teaux y virent deux vieillards qui l'avaient
connu , et qui versèrent des larmes d'at-
tendrissement, en entendant prononcer
son nom. Bougainville commanda avec
la plus grande distinction des vaisseaux
de ligne , pendant la guerre d'Amérique.
H fut promu, en 1779, au grade de chef
d'escadre , et , l'année suivante , à celui
de maréchal-de-camp dans les armées de
teire. Il avait projeté un voyage au pôle,
que l'arrivée du comte de Brienne au mi-
nistère l'empêcha; d'exécuter. En 1790, il
fut envoyé pour calmer les troubles qui
s'étaient manifestés dans l'armée navale
de Brest , commandée par M. d'Albert
de Rions , qu*il remplaça dans son grade.
Mais dans ces temps de délire , tout effort
pour rétablir l'ordre était inutile , et Bou-
gainville se retira , après plus de quarante
ans d'éclatans services. Il fut élu à l'insti-
tut dans la section de géographie , en 1796,
puis nommé membre du bureau des lon-
gitudes , et accepta le titre de sénateur ,
lois de la création du sénat. Il est mort le
à* BOXJ
."îl août 1811, ilans sa 82e année , laissant
trois eufans. Commerson, qui l'avait ac-
compagné , comme botaniste , dans son
voyage autour du inonde , lui a dédié un
des nombreux genres qu'il eut occasion
de créer ; il appartient à la famille des
nyetagynées ou bell:;s-de-nuil , et a reçu
de ce botaniste le nom de Buginvillœa.
On a faussement attribué à Bougainville
un Essai sur l'ile d'O-Tàiti , 1779 , in -8°.
Cet ouvrage est de Tailbout.
BOUGEANT (Guillaume-Hyacinthe ),
né à Quimper en 1690 , jésuite en 1706 ,
mourut à Paris en 1745. Après avoir pro-
fessé les humanités à Caen et à Nevers,
il vint au collège de Louis le Grand à Pa-
ris, et n'en sortit que dans son court exil
à la Flèche, occasioné par son Amusement
philosophique sur le tangage des bêtes.
Ce livre adressé à une dame, est plein de
grâces et de saillies. Ce que le jésuite n'a
présenté que comme un badinage ( que
les démons animent les brutes), a été
adopté comme un système vrai par Ram-
say dans ses Phylosophical primipes,
imprimés à Glascow en 1749; un savant
professeur allemand lui donne la préfé-
rence sur celui de Descartes ( Philos,
eccl. a rel. monast. divi Ettonis, procu-
rante P. Gallo Cartier, Aug. Vindel.
1756 ). Le Père Bougeant connaissait aussi
le langage du pays de Romande, dont il
publia le voyage sous le nom de Fanfé-
rédin. Il connaissait mieux encore celui
de la société et de l'amitié , et il fut autant
recherché pour l'enjouement de son ca-
ractère que pour ses lumières. Les tra-
vaux et les chagrins qu'il essuya hâtèrent
sa mort. On a de lui plusieurs ouvrages
qui ont rendu sa mémoire illustre : | His-
toire des guerres et des négociations qui
précédèrent le traité de JVestphalie, sous
les ministères de Richelieu et de Maza-
rin, 2 vol. in-12. Cet ouvrage rempli de
faits curieux , est écrit avec élégance et
avecnoblesse.il paraît que l'auteur était né
avec des t'alens pour la politique , du dis-
cernement, de la pénétiation et du goût;
| Histoire du traité de TVestphalie , 2
vol. inr-4°, ou k vol. in-12 , MUU. : la sa-
gesse des réflexions , les recherches cu-
rieuse-* et intéressantes, le développe-
ment des caractères et des ruses des né-
gociateurs , l'élégante précision du style,
pur sans affectation et agréable sans an-
tithèses, lui ont fait donner un rang dis-
tingué parmi les meilleures histoires. Le
prince Eugène ne pouvait comprendra
qu'un religieux , qui n'avait jamais été
nou
&G6
BOU
employé dans aucune affaire publique, et
qui devait ignorer ce que c'était que la
guerre , eût pu parler si bien de cet art et
de la politique. Cet ouvrage et le précé-
dent ont été réunis et réimprimés en 6
vol. in-12, 1751. | Exposition de la doc-
trine chrétienne par demandes et par
réponses s divisée eno catéchismes, l his-
torique, le dogmatique et le pratique ,
in-4°, et en 4 vol. in-12 : un des meilleurs
catéchismes raisonnes que nous ayons en
français , et peut-être le meilleur en ce
genre , si on excepte celui de Bourges et
celui de Montpellier. 11 y a cependant des
endroits négligés, l'auteur n'ayant pu y
mettre la dernière main. Les Allemands en
ont donné une bonne traduction en 1780.
| Amusement philosophique sur le lan-
gage des bêles, 1 vol. in-12, dont nous
avons parlé ci-dessus. C'est une débauche
d'imagination , qui lui causa bien des cha-
grins. L'auteur se rétracta dans une lettre
à l'abbé Savalette, conseiller au grand
conseil; elle se trouve dans l'édition de
Paris , 1785 , avec une critique des Amu-
semens, où il y a de bonnes réflexions et
un peu trop de satire personnelle. | Re-
cueil d'observations physiques , tirées des
meilleurs écrivains, 5 vol. in-12 ; le 2,: et
le 5e sont du Père Grozellier prêtre de
l'Oratoire ; le 4e , d'une autre main , n'a
paru qu'en 1771. | Trois comédies en
prose : la Femme docteur, ou la Théolo-
gie en quenouille; le Saint déniché; les
Quakers français, ou les nouveaux Trem-
bleurs: il y a du sel dans plusieurs scènes.,
niais on éprouve quelque ennui dans d'au-
tres. | Traité sur la forme de l'Eucharis-
tie, 2 vol. in-12 \ Anacréon et Sapho,
dialogue en vers grecs,. Caen, 1712, in-
8° , etc.
BOUGE11EL ( Joseph ), prêtre de l'O-
ratoire d'Aix , mort à Paris en 1755, s'est
fait connaître par | sa Vie de Gassendi ,
Paris, 1757, in-12; curieuse , mais trop
prolixe. On a encore de lui | des Mémoi-
res pour servira l'histoire des Hommes
illustres de Provence, où l'on trouve une
érudition recherchée , et un style plat et
lourd. Il n'a publié qu'un vol. in-12 ( Pa-
ris 1752 ) de cet ouvrage , qui devait for-
mer 4 vol. in-4°. | Idée géographique <de
la France 4747, 2 vol. iu-12; ouvrage
peu recherche.
* BOUGES ( le père Thomas ) , religieux
augustin de la province de Toulouse , né
en 1GG7, enseigna long-temps la théologie,
s'adonna ensuite à l'histoire, et mourut
à Paris le 17 décembre 1741. On a de lui:
| Dissertation sur les soixante-dix semai-
nes de Daniel, Toulouse, 1702, in-12;
| Histoire du saint suaire de N. S. Jésus-
Christ , gardé dans l'église des augustins
de Carcassonne, 1752, in-12, où l'on
trouve quelques faits curieux; | une édi-
tion du Journal de Henri 77^ par l'Es-
toile, 1741, 4 vol. in-8° , qu'il a enrichie
de notes curieuses et de plusieurs pièces
historiques du temps, faussement attri-
buée à Lenglel-Dufresnoy; | Histoire ec-
clésiastique et civile de la ville et diocèse
de Carcassonne , Paris, 1741, in-4°, esti-
mée pour son exactitude.
* BOUGIS(don Sinon), savant et pieux
bénédictin , né à Séez en 1(350 , d'une fa-
mille distinguée, entra dans l'abbaye de
Vendôme en 1651 , devint sous-prieur de
Marmoûtier en 16(>0, secrétaire du gé-
néral de l'ordre don Vincent Marsolle ,
en 1662, puis prieur de Saint-Denis. En
1669, voyant qu'on voulait le nom nier gé-
néral, il s'enfuit; mais ii ne lit que re-
larder de quelques années l'époque de
son élection, qui eut lieu l'an 1675. Il
gouverna la congrégation avec sagesse,
jusqu'à l'âge de 82 ans et se lit alors dé-
charger de ses fonctions ; il mourut deux
ans après , le 1er juillet 1714 , et fut inhumé
auprès du Père Mabillon.On lui doit | Mé-
ditations pour les novices, 1714 , in-4° ;
| Méditations pour tous le s jour s de Vannée
2 vol. in-4°; | Méditations sur les princi-
paux devoirs de la vie religieuse. 2 vol.
in-4°.
BOUGON ( N. ), remplissait en 1793 les
fonctions de procureur-général du dépar-
tement du Calvados; ayant embrassé le
parti des Girondins , il travailla à l'insur-
rection de ce département. Mais l'armée
qui s'avançait sur Paris, ayant été mise
en déroule , et la Convention l'ayant mis
hors la loi, Bougon rejoignit Puisaye dans
la Bretagne , et le suivit derrière la Loire.
Fait prisonnier avec le prince de Talmont
à la bataille du Mans, il fut conduit à
Laval , et fusillé par ordre du représen-
tant du peuple Esnu-La vallée.
BOUGOUINC ( Simon ), poète français,
valet-de-chambre de Louis XII, est auteur
de la moralité de l'Homme juste et de
l'Homme mondain, avec le Jugement de
l'âme dévole ( rare ) , Paris , 1508 , in-4°,
et de l' Epine tte du jeune prince , Paris,
1508 et 1514, in-fol. Il traduisit aussi les
Vies de Caton d'Ulique, de Scipion*
d'Annibal, de Romulus et de Pompée.
Ces traductions qu'il fit sur des versions
latines sont restées manuscrites.
BOU
/i.G7
BOU
BOUGUER ( Piéride ), naquit au Croi-
sic en i698, d'un professeur royal d'hy-
drographie, qui perfectionna ses disposi-
tions naissantes pour les hautes sciences.
L'académie des sciences de Paris cou-
ronna en 1727 son Mémoire sur la mâ-
ture des vaisseaux, et se l'associa en 1751.
Il eut part aux observations faites par
ordre de l'académie , conjointement avec
Pingre, Camus et Cassini , pour la me-
sure d'un degré du méridien. Il fut choisi
en 1736, avec MM. Godin et de la Con-
damine , pour aller au Pérou , mesurer à
l'équateur un degré de latitude, opération
qui servit à déterminer la figure de la
terre; ce voyage ne répondit point aux
espérances que l'on en avait conçues. Il
travailla pendant trois ans au Journal
des Savans. On a de lui un grand nombre
d'ouvrages recherchés par les géomètres.
La Relation de son voyage au Pérou se
trouve dans les Mémoires de l'académie
des Sciences , de l'année 1744. Elle est
écrite avec moins d'élégance que celle de
M. de la Condamine , mais elle peut pa-
raître à quelques égards plus exacte. Bou-
guer travaillait beaucoup et avec peine :
aussi ses ouvrages lui étaient si chers ,
que leur réputation formait presque son
existence. Cette sensibilité extrême de
son amour-propre lui causa une foule de
maux , auxquels il succomba , à l'âge de
63 ans , en 1738. Cet académicien ayant
passé une partie de sa vie en province ,
avait contracté dans la solitude une in-
flexibilité , une rudesse de caractère que
la société ne put adoucir. Le peu de con-
naissance qu'il avait des hommes, le ren-
dait inquiet et déliant. Il était porté à re-
garder ceux qui s'occupaient des mêmes
objets que lui , comme des ennemis qui
voulaient lui enlever une partie de sa
gloire. Il eut avec M. delà Condamine des
disputes qui répandirent de l'amertume
sur sa vie ; parce que cet académicien,
plus insinuant que lui , sut mettre un cer-
tain public de son côté. Bouguer est L'in-
venteur de l'héiiomètre ou lunette à deux
objectifs , pour mesurer les diamètres ap-
pareils du soleil , et des planètes : il a fait
on grand nombre d'expériences sur la
longueur du pendule simple à différentes
latitudes ; elles sont rapportées dans son
livre de la Figure de la terre. Il a fait des
recherches sur la dilatation des métaux.
les densités de l'air, les réfactions at-
mosphériques; enfin sur une infinité
d'objets de physique, de géométrie et
d'astronomie. Egaré dans les sentiers d'une
fausse philosophie , Bouguer eut le bon-
heur d'en être ramené par un savant et
zélé religieux , et d'avoir une fin très
chrétienne. ( Voyez la Relation de la con-
version et de la mort de M. Bouguer, par
le Père Laberthonie , dominicain , Paris,
1784, in-12. ) Nous avons de Bouguer
plusieurs ouvrages ; les principaux sont
| La Construction du navire J 1746 , in-4° ;
| ta Figure de la terre, 1749, in-4°;
| Traité d'optique, 1760, in-4°;| la Ma-
nœuvre des vaisseaux, 1757, in-4° ; | Trai-
té de la navigation , 1755 , in-4", donné ,
depuis par M. de la Caille , 17G1 , in-8",
etc.
*BOUïIÉRE\U ( Elie ), ministre pro-
testant, et savant médecin, demeurait à
la Rochelle en 1679. C'est à lui que Lcfèvre
de Saumur a écrit tant de lettres. Il est
probable qu'il sortit de France à l'époque
de la révocation de l'édit de Nantes. Il fut
ensuite attaché, en qualité de secrétaire,
à milord Galloway , auquel il dédia sa
traduction française du Traité d'Origène
contre Celse, Amsterdam, 1700, iu-4°.
Cette traduction avait été revue et cor-
rigée par Conrard , de l'académie fran-
çaise , ami de Bouhéreau, qui lui envoyait
successivement les cahiers. Elle est sui-
vie de notes et de corrections faites sur
le texte grec d'Origène de l'édition de
Cambridge , 1677 , in-4°, et de remarques
grammaticales et critiques sur cette même
traduction.
BOUHIER ( Je vx ) , président. à mor-
tier au parlement de Dijon , naquit dans
cette ville le 17 mars 1675. Ses talens poul-
ies lettres, les langues et la jurisprudence
se développèrent de bonne heure. L'aca-
démie française lui ouvrit ses portes en
1727. Il mourut à Dijon en 1746, entre
les bras.du Père Oudin Jésuite, son ami ,
dans les sentimens de religion qu'il avait
eus toute sa vie. Le président Bouhier
s'adonna à la poésie dès sa jeunesse. Ce
fut d'abord pour égayer les occupations
de son état , ensuite pour avoir un soula-
gementcontrelcsdouleursde la goutte. On
a de lui | La traduction en vers du poème
de Pétrone sur la guerre civile , et de
quelques mor: eaux d'Ovide et de Virgile.
Ses vers ne manquent pas d'une certaine
élégance , mais ils sont quelquefois né-
gligés. Les remarques dont il a accom-
pagné ses versions, sont du savant le
plus profond. | La traduction des Tuscu-
lanes de Cicéron , avec l'abbé d'Olivct.
Les morceaux du président Bouhier sont
fidèles ; mais on y désirerait quelquefois
BOL"
k6B
BOU
pi us de précision. | Des Lettres sur les
Thérapeutes , 1712 , in-12. | Des Disserta-
tions sur Hérodote, avec des mémoires
sur la vie de l'auteur, et un catalogue de
ses ouvrages imprimés par le Père Oudin,
jésuite , Dijon, 1746 , in-4°. D'habiles cri-
tiques trouvent que ces recherches , fruit
des premières études de l'auteur, ne sont
qu'un recueil des remarques que l'on avait
faites avant lui.'] Dissertation sur le grand
Pontificat des empereurs romains, Pa-
ris , 1742 , in-12 ; | Explications de quel-
ques marbres antiques, Paris , 1753 , in-
t° ; | Des ouvrages de jurisprudence , etc.
etc. Sa Coutume de Bourgogne, Dijon,
1747 , 2 vol. in-fol. est le plus recherché.
On fait cas aussi de sa Dissolution du
mariage, pour cause d'impuissance , in-
8°. Tous ces écrits respirent l'érudition.
M. JolydeBévy adonné une édition com-
plète de ses OEuvres de jurisprudence ,
Paris , 1787 , in-fol. Le Père Oudin a fait
son Eloge en latin , sous le titre de Com-
mentarius de vitâ et scriptis Joannis
Bueri.
BOUHOURS ( Dominique ) , né à Paris
en 1628, jésuite à l'âge de 16 ans, fut
chargé , après avoir professé les humani-
tés , de veiller à l'éducation des deux
jeunes princes de Longueville, et ensuite
à celle du marquis de Seignelay , fils du
grand Colbert. Il mourut en 1702 , après
avoir été toute sa vie sujet à de violens
maux de tête. C'était un homme poli , dit
l'abbé de Longuerue, ne condamnant per-
sonne , et cherchant à excuser tout le
monde. On a de lui : | Les Entretiens d'A-
yiste et d'Eugène, in-12, 1671. Cet ou-
vrage eut beaucoup de cours dans sa nais-
sance, malgré le slyle affecté qui s'y
montre à chaque page. On y voit un bel
esprit, mais qui veut trop le paraître. La
nation allemande fut fort choquée de ce
qu'il avait osé mettre en question dans ce
livre Si un allemand peut être un bel
sspril? Il est sûr que cette question dut
paraître au premier coup-d'œil une in-
jure. Mais si l'on fait attention que les
Allemands ne s'occupaient guère alors
que d'ouvrages laborieux et pénibles , qui
ne permettaient pas qu'on y semât les
fleurs du bel esprit , on ne doit pas trou-
ver mauvais que l'écrivain jésuite ail fait
entendre , d'après le cardinal du Perron,
que les Allemands ne prétendaient pas à
l'esprit. Barbier d'Aucour en publia dans
le temps une critique , dans laquelle il ré-
pandit également les plaisanteries et les
réflexions, j La vérité de la religion chré-
tienne , irad. de l'italien du marquis de
Pianèse, in-12. | Remarques et doutes sur
la langue française, 3 vol. in-12. Il yen
a quelques-unes de justes , et d'autres
puériles. On a placé l'auteur, dans le
Temple du goût, derrière les grandi
hommes, marquant sur des tablettes tou-
tes les négligences qui échappent au génie.
| La manière de bien penser dans les ou-
vrages d'esprit , in-12. On publia contre
ce livre, les Sentimens de Clé arque , fort
inférieurs à ceux de Cléanthe , par Bar-
bier d'Aucour. Cette critique n'empêcha
point que l'ouvrage ne fût estimé, comme
un des meilleurs guides pour conduire
les jeunes gens dans la littérature. Il pèse
ordinairement avec équité les écrivains
anciens et modernes. Les Concetti du
Tasse , et quelques auteurs italiens , sont
jugés sévèrement à ce tribunal. Le
style en est aussi élégant que celui des
Entretiens d'Arisle , mais moins recher-
ché et plus pur. | Pensées ingénieuses des
anciens et des modernes , in-12. Ce sont
les débris des matériaux qu'il avait amas-
sés pour l'ouvrage précédent. | Pensées
ingénieuses des Pères de l'Eglise , in-12.
L'auteur l'entreprit pour faire tomber ce
que disaient ses adversaires. Ils l'accu-
saient de ne lire que Voiture, Sarasin,
Molière , etc. et de rechercher les dames,
pour recueillir les pointes qui leur échap-
paient, et en orner ses livres. Le peu de
succès qu'eurent les Pensées des Pères
de l'Eglise, contribua à confirmer ces
idées , au lieu de les détruire. On pensa
que l'auteur ne devait pas les avoir beau-
coup lus , puisqu'il avait trouvé chez eux
si peu de pensées ingénieuses. | L'His-
toire du grand-maître d1 Aubusson , in-
4°, 1776, écrite purement; | Les Vies île
saint Ignace, in-12, et de saint François*
Xavier , in-4° , et 2 vol. in-12 , écrites
d'une manière intéressante, propre à
nourrir les sentimens de piété et le zèle
pour la religion. | Relation de la mort de
Henri II , duc de Longueville , Paris,
1663 , in-4° ; ce fut son premier ouvrage.
| Une traduction française du Nouveau
Testament, qui a le mérite de la fidélité
et d'un langage pur, 2vol. in-12, 1697-
1703. Le Père Lallemant a adopté cette
version dans ses Réflexions sur le Nou-
veau Testament.
lîOUILLYRT (don Jacques), béné-
dictin de la congrégation de Saint-Maur ,
né en 1669 à Meulan au diocèse de Char-
tres, mort à Saint-Germain-des-Prés en
1726 , était aussi connu par la solidité de
BOU
469
BOTJ
son esprit, crue par la pureté de ses
mœurs. On a de cet auteur une savante
édition du Martyrologe d'Usuard, copiée
sur l'original même de l'auteur, Paris,
1718 , in-/!.". On a encore de lui Y Histoire
de l'abbaye de St.-Germain-des-Prés ,
Paris, 1724 , in-fol., ouvrage plein de re-
cherches. Bouillart s'occupait d'une his-
toire de la congrégation de Saint-Maur t
lorsque la mort l'interrompit dans son
travail.
BOUILLAUD ou BOULLIAU (Ismael),
naquit à Loudun en 1605 , de parens pro-
testans. Il quitta cette religion à l'âge de
25 ans, et entra aussitôt dans l'état ecclé-
siastique. Les belles-lettres , l'histoire, les
mathématiques, le droit et la théologie
l'occupèrent tour à tour. Il se retira dans
ses derniers jours à l'abbaye de St.-Victor
à Paris , et y mourut en 1694 , à l'âge de
89 ans , emportant les regrets de tous les
savans. Il était en commerce de lettres
avec ceux d'Italie , d'Allemagne , de Po-
logne et du Levant, qu'il avait connus
dans les voyages qu'il avait faits en ces
différens pays. On a de lui : | Opus no-
vum ad arithmeticam infinilorum , en
6 livres, 1682, un vol. in-fol.; | Aslro-
nomia philoldica, où le mouvement des
planètes est bien expliqué; | Discours
sur la ré formation des quatre ordres re-
ligieux niendians, et la réduction de leurs
couvens à un nombre déterminé J ouvrage
compose par ordre de M. de Lionne ;
| une édition de Y Histoire de Ducas , en
grec, avec une version latine et des
notes, etc.
BOUILLE (Pierre), jésuite, profes-
seur de grec et d'humanités , recteur des
collèges de Liège et de Dinant, né à Di-
nant-sur-Meuse , vers 1572, mourut à
Valenciennes en 1641. On a de lui : | une
Ode en vers grecs, insérée dans le traité
de Lessius. | Dejusliliâ et jure , Louvain ,
1605, in-fol. ; | Histoire de l'origine de la
dévotion de N.-D. de Foy , Douai, 1620 ,
in-12 ; | Histoire de N.-D. de Bonne-Es-
pérance, près de Valenciennes, 1630,
in-12; | Histoire de N.-D. de Miséricorde \
lionorée chez les carmélites de Marchien-
nes-au-Pont, 1641, in-12.
BOUILLE ( Tiiéodose ), carme-chaussé,
bachelier de la faculté de Sorbonne , mort
à Liège en 1743 , est connu par une His-
toire de la ville et pays de Liège, 5 vol.
in-fol., Liège, 1725-1732. Cette Histoire,
écrite d'un style fort négligé , manque de
critique ; il y a de grandes lacunes , et les
dits sont peu développés. Ce sont plutôt
des Mémoires pour servir à Y Histoire de
Liège. On les lit cependant avec plaisir,
à raison de la candeur et de la bonhomie
qui y régnent , et qui concilient tout au-
trement l'attention et la confiance , que
les pantalonades , le style amphigourique
et les petits artifices des historiens mo-
dernes.
* BOUILLE (François-Claude-Amocr,
marquis de), lieutenant-général, né le
19 novembre 1739, d'une des plus nobles
et des plus anciennes familles d'Auvergne,
entra de fort bonne heure dans la car-
rière des armes et servit d'abord dans un
régiment de dragons. Il devint ensuite
colonel du régiment du Vexin, et fut
nommé , dans la guerre d'Amérique,
gouverneur général des îles du Vent.
Bouille se signala dans ce poste important
par de brillantes conquêtes. Après avoir
enlevé aux Anglais, par un coup de main
des plus audacieux, l'île de la Domini-
que , il leur prit successivement St-Eus- ?
tache , Tabago , St-Christophe réputé im- L
prenable , Nièves et Montserrat. La
France lui dut encore la conservation de
ses possessions dans les Antilles , toujours
menacées par les Anglais , et qu'il défen-
dit contre des forces bien supérieures
avec un succès éclatant. La paix de 1783
l'ayant rappelé dans sa patrie , il fut ré-
compensé de ses glorieux travaux par le
grade de lieutenant-général et reçut le
collier des ordres du roi. Aussi désinté-
ressé que vaillant , il refusa l'offre que lui
fit le monarque d'acquitter les dettes qu'il
avoit contractées pendant la guerre. En
1787 et 1788 , il fut membre des assem-
blées des notables du royaume, et y
soutint avec force les intérêts et les lois
fondamentales de la monarchie. Au com-
mencement de la révolution, il avait le
commandement des Trois-Evêchés , au-
quel on joignait celui des provinces d'Al-
sace, de Lorraine et de Franche-Comté,
il y maintint l'ordre et la discipline, au-
tant que les circonstances le permettaient.
La garnison de Metz entra en insurrec-
tion , il la calma par sa fermeté , et sauva
la vie à l'intendant de la province. Il mar-
cha sur celle de Nancy qui s'était soulevée
contre ses chefs , et la fit rentrer dans le
devoir, préservant ainsi l'armée d'une
désorganisation complète. Le roi lui offrit
le bâton de maréchal de France , qu'il re-
fusa, ne voulant point être récompensé
pour un avantage remporté sur les Fran-
çais. Louis XVI le choisit en 1791 pour
protéger son évasion de Paris: mais un
BOU
&70
BOU
funeste malentendu l'empêcha d'arriver
à temps à Yarennes pour dégager le roi ,
et il se vit forcé de s'enfuir lui-même à
l'étranger. Il écrivit de Luxembourg à
l'assemblée une lettre énergique et me-
naçante qui produisit un effet tout con-
traire à celui qu'il en attendait. Il se ren-
dit alors à Coblentz , auprès des princes ,
auxquels il remit une somme que le roi
lui avait fait passer pour son voyage de
Montmédi. Ils l'admirent dans leur con-
seil et le chargèrent de plusieurs missions
importantes. Bouille sollicita plusieurs
fois les puissances étrangères de marcher
au secours de Louis XVI. Le roi de Suède
et l'impératrice de Russie entrèrent dans
ses vues ; mais la mort tragique du pre-
mier fit évanouir ses espérances. Il se
rendit alors auprès de M. de Condé qui
l'honorait d'une estime particulière; et
après la campagne de 4792 , il se retira en
Angleterre, où il est mort le 14 novem-
bre 1800, âgé de 61 ans. On a de lui
des mémoires curieux sur la révolu-
lion française , imprimés en anglais ,
Londres 1797, in-8°, traduits en allemand,
Luxembourg 1798, et enfin publiés en
français sous ce tilre : Mémoires sur la
révolution française , depuis son origine
jusqu'à la retraite du duc de Brunswick,
imprimés sur le manuscrit original , revus
et corrigés peu de temps avant sa mort ,
et augmentés de notes et de pièces essen-
tielles qui ne se trouvent pas dans l'édi-
tion anglaise , Paris, 1801, 2 vol. in-12.
ROU1LLKT (Jeam), savant médecin,
né à Servian en 1G90 , exerça sa profession
à Béziers, où il mourut en 1777, après
avoir publié différentes dissertations, qui
font honneur à ses lumières et à son ap-
plication, | sur la cause de la pesanteur
et de la multiplication desferremens, \ sui-
te traitement de lapetile vérole, \ sur l'huile
de pétrole; | des Elêmens de médecine
■pratique, 1744 et 1746 , 2 vol. in-4°; | Ob-
servations relatives à l'anasarque, 1763,
in-8°.
BOUILLON. Voyez MARCK, GODE-
FROI.et TOUR (Frédéuic-Mauuice de
la).
BOUILLON (Emmaxuei.-Theodose), de
la. TOUR, cardinal de) , naquit en 1644,
de Frédéric-Maurice de la Tour. Ier du
nom , duc de Bouillon et prince de Sedan.
Sa naissance et ses talens lui frayèrent la
roule des dignités. Le maréchal de Tu-
renne, son oncle, demanda pour lui au
roi le chapeau de cardinal , et il lui fut ac-
cordé. Il s'appelait alors l'abbé, duc d'Al-
bret, et avait à peine 25 ans, ce qui lui
fit donner le surnom d'enfant rouge. Il
obtint ensuite les abbayes de Cheni, do
St.-Ouen de Rouen, deSt.-Vaast d'Arras,
et la place de grand-aumônier de France.
Il avait mérité ces bienfaits du roi par
des services. Il était ambassadeur de
France à Rome en 1698 ; et ce poste fut
la première cause d'une longue disgrâce.
Louis XIV crut qu'il n'avait pas agi avec
assez de chaleur dans l'affaire de la con-
damnation du livre des Maximes des
Saints, et dans la sollicitation d'un bref
d'éligibilité à l'évêché de Strasbourg pour
l'abbé de Soubise. A son retour en Fiance,
en 1700, il fut exilé à son abbaye de
Tournus. Ayant sollicité vainement son
rappel , il se retira en 1706 dans les Pays-
Bas , et de là à Borne où il vécut content,
quoique privé, par arrêt du parlement,
de tous les revenus qu'il avait en France.
Il mourut dans cette capitale du monde
chrétien , le 2 mars 1715 , à 72 ans.
* BOUIS (Jeax-BaptisteJ, prêtre d'Ar-
les au 17e siècle , composa la Royale cou-
ronne d'Arles ou Histoire de l'ancien
royaume d'Arles, etc., Avignon, 1644,
in-4°.
* BOUJU ( Jacques), né à Châteauneuf,
en Anjou , en 1515, mort à Angers en 1578.
Il fut président du parlement de Bretagne.
Ses connaissances dans les langues le firent
estimer de François Ier, et de Marguerite
de Navarre qui lui donna un emploi dans
sa maison. Le plus intéressant de ses ou-
vrages a pour titre Royal discours des
choses mémorables faites par les rois de
France jusqu'à Henri III, dont il est fait
mention dans la bibliothèque historique
de France. Il fit aussi le poème latin de
Turnella (La Tournelle , chambre du
parlement qui jugeait les affaires crimi-
nelles,), Angers, 1578, in 4°.
* BOUJU de BEAULIEU (TnÉo-
php.asteJ , fils du précédent, était aumô-
nier du roi , et a laissé quelques ouvrages
sur des matières ecclésiastiques.
* ROULAGE ( Thomas-Pascal;, avo-
cat distingué, et professeur à l'école de
droit, naquit à Orléans vers 1760. Après
avoir exercé sa profession dans cette ville,
il vint à Paris au moment de la révolu-
tion, pendant laquelle il se montra tou-
jours attaché à la monarchie et à la reli-
gion. Lors de la caplivilé de Louis XVI,
en 1792, Boulage fui un des premiers qui
s'offrirent en otage pour rendre à la li-
berté ce roi malheureux. En 1810 on le
nomma professeur à la faculté de droit
BOU
471
BOU
de Paris , où il mourut le 6 mal 1820 , âgé
de près de 62 aus. Il a laissé | Conclu-
sion sur les lois des XII tables, Troyes,
1804, in-8°.Il entreprit cet ouvrage, dans
lequel il combat l'opinion de Terrasson,
par ordre de l'académie de Troyes, dont
il était secrétaire perpétuel. | Epures en
vers ('dans les OEuvres inédites de Gros-
leyj , 1813 ; | Liste complète des otages
de Louis XVI et de sa famille , 1816, in-8° ;
| Principes de jurisprudence française
■pour servir à l'intelligence du Code civil,
1819-1820, 2 vol. in-8°, ouvrage très es-
timé; | Des Mystères d'Isis ( posthume ),
1820 , 1 vol. in-8°. Boulage a été , en outre ,
éditeur de l'ouvrage intitulé De la Reli-
gion révélée , par Heruson, Paris, 1813.
Il a encore laissé : La Rose de la Vallée ,
ou la maçonnerie rendue à son but pri-
mitif, etc. Paris, 1808 , in-18. On trouve
dans la Thémis , ou Bibliothèque du ju-
risconsulte, et dans la Revue encyclopé-
dique, une notice sur Boulage.
BOULAINVILLIEUS (Henri de),
comte de Saint-Saire , etc. , naquit à Saint-
Saire en 1658, d'une famille très ancienne.
Après avoir fait ses études dans l'acadé-
mie de Juilli, conliéc aux Pères de l'O-
ratoire , où son goût pour l'histoire com-
mença à se développer, il prit le parti
des armes. Il le quitta ensuite pour ré-
gler les affaires de sa famille , fort déran-
gées. Il se livra alors entièrement à l'his-
toire de France ; mais il n'en voyait les
événemens qu'à travers le prisme de son
imagination. Il ne l' étudiait, disait-il, que
pour l'apprendre à ses enfans : en ce
cas, il devait encore plus se défier de ses
idées. Quelques-uns de ses écrits sur des
matières plus délicates montrèrent qu'il
poussait trop loin la liberté de penser. En
même temps qu'il faisait l'esprit fort sui-
des matières graves, il avait le faible de
l'astrologie judiciaire. Le cardinal de Fleu-
ry disait de lui, qu'il ne connaissait ni l'a-
venir, ni le passé , ni le présent. Il est sûr
que ses systèmes l'égaraient quelquefois
dans la connaissance du passé , et son ima-
gination dans celle du présent. Il mourut
en 1722 , entre les bras du Père la Borde ,
de l'Oratoire, qui rendit un compte édi-
fiant de ses dernières dispositions. On a
de lui | une Histoire de France, jusqu'à
Charles VIII , 5 vol. in-12 ; J Mémoires his-
toriques sur l'ancien Gouvernement de
France, jusqu'à Hugues Capet, 5vol. in-12.
Il y appelle le gouvernement féodal le
chef-d'œuvre de l'esprit humain : l'expres-
sion est forte , et n'est pas juste ; mais il
n'en est pas moins vrai que le gouverne-
ment féodal ne mérite pas tous les re-
proches qu'on lui a faits dans ce siècle acé-
phale et anarchique , mécontent de toute
espèce de gouvernement. Il est certain
que la féodalité était bien plus loyale et
plus favorable au peuple que le despo-
tisme qui en a pris la place; et dès que
l'on commença à se plaindre des abus du
pouvoir monarchique , on regretta les lois
de la féodalité (voyez le Journ. hist. e
littéraire 15 juin 1790, p. 287). | Histoire
de la Pairie de France , in-12 ; | Disser-
tations sur la Noblesse de France, in-12 ;
| Etat de la France, 6 vol. in-12. Il y a
de bonnes choses, et quelques inexacti-
tudes. | Histoire des Arabes et de Maho-
met, Amsterdam , 1731 , in-12 : ouvrage
que la mort l'empêcha de finir. Cette his-
toire est écrite dans le style oriental , et
avec très peu d'exactitude. L'auteur n'est
qu'un copiste servile des écrivains arabes
dont il n'entendait pas la langue , et dont
il n'a pas aperçu les bévues. Il essaie en
vain de faire passer Mahomet pour un
grand homme , suscité par la Providence
pour punir les chrétiens, et pour changer
la face du monde. Un critique plus zélé
que poli lui a donné les titres de Maho->
rnètan français, et de Déserteur du
christianisme. M. Bergier s'étonne que
par zèle pour le déisme, Une soit pas allé
se faire circoncire , et prendre le turban.
| Mémoire sur l'administration des Fi"
fiances, 2 vol. in-12 : bonnes vues, la plu-
part impraticables. On a attribué à cet his-
torien systématique beaucoup d'autres
ouvrages , et particulièrement des satires
contre la religion , qui ne sont pas de lui.
Après s'être égaré sur les principes de
l'histoire , il a bien pu avoir des idées
fausses sur le christianisme; mais il est
avéré qu'il n'a jamais poussé le délire jus-
qu'au point d'enfanter des horreurs, telles
que celles qu'on lit dans le Dîner qui
porte son nom. Tous les écrits du comte
de Boulainvilliers sur l'histoire de France
ont été recueillis en 5 vol. in-fol.
BOULANGER ou BOULENGER, plus
connu sous le nom de Petit-Père André ,
auguslin réformé , né à Paris et mort dans
cette ville en 1G57 , à 80 ans, se lit un nom
par sa manière de prêcher. Il mêlait or-
dinairement la plaisanterie à la morale,
et les comparaisons les plus basses aux plus
grandes vérités du christianisme. Il com-
para , dit-on , dans un de ses sermons, les
quatre docteurs de l'Eglise latine , aux
quatre rois du jeu de cartes. « Saint Au-
BOU
472
BOU
» guslin étoit , selon lui , le roi de cœur ,
» par sa grande charité ; saint Ambroise ,
» le roi de trèfle, par les fleurs de son
» éloquence; saint Jérôme, le roi de
♦ pique , par son style mordant ; et saint
* Grégoire, le roi de carreau, par son
» peu d'élévation. » Mais il ne faut pas
adopter légèrement tous les contes popu-
laires qu'on a débités sur cet orateur.
C'est une espèce de caricature plus propre
à nourrir la conversation des oisifs, qu'à
donner une idée juste des discours du
Petit-Père André.
BOULANGER (Jean), né à Amiens en
4607, a gravé beaucoup d'estampes d'a-
près plusieurs grands maîtres, tels que
Léonard de Vinci , le Guide , Noël Coypel ,
etc. Il passe pour être , avec Morin , un des
inventeurs du pointillé , genre bâtard
adopté depuis par les Anglais et qui pro-
duit dans ses estampes un asseï mauvais
effet , parce qu'il ne l'employait que pour
les objets nus, ce qui ôte toute espèce d'ac-
cord entre le style des chairs et celui des
draperies, répand une sécheresse dés-
agréable et détruit l'harmonie. Quoique
ce genre ait été perfectionné depuis, il
n'en est pas meilleur et n'a été adopté
par plusieurs graveurs que par paresse
ou par incapacité.
BOULANGER ou BOULLANGER ( Ni-
colas- Antoine ) , né à Paris d'un mar-
chand en 1722 , mort dans la même Tille
en 1759, sortit du collège de Beau vais, à
peu près aussi ignorant qu'il y était en-
tré. Cependant , ayant lutté opiniâtrement
contre son peu d'aptitude, il le vainquit.
A 17 ans, il commença à étudier les ma-
thématiques et l'architecture. Trois ou
quatre ans d'étude dans ces deux sciences
lui suffirent pour devenir utile au baron
de Thiers, qu'il accompagna à l'armée en
qualité de son ingénieur. Ll entra ensuite
dans les ponts et chaussées, et exécuta
dans la Champagne, la Bourgogne, la
Lorraine , différens ouvrages publics. Ce
fut, pour ainsi dire, sur les grands che-
mins confiés à ses soins crue se développa
le germe d'un funeste talent qu'il ne se
soupçonnait pas, et qu'il portait en lui.
Il y apprit par malheur à penser philoso-
phiquement. En coupant des montagnes,
en conduisant des rivières, creusant et
retournant des terrains, il vit mie multi-
tude de substances diverses que la terre
recèle , qu'il regarda comme une preuve
de son extrême ancienneté, et des révo-
lutions multipliées qu'elle avait essuyées
dans des siècles imaginaires. Tandis que
d'autres philosophes ont de la peine à re-
connaître un déluge, Boulanger en re-
connaît une multitude innombrable , qui
sont autant de crises que la nature em-
ploie pour renouveler le genre humain*
et pour se renouveler elle-même. Des bou-
leversemens du globe , il passa aux chan-
gemens arrivés dans les mœurs, les so-
ciétés , les gouvernemens et la religion.
Il forma à cet égard différentes conjec-
tures. Pour s'assurer de leur solidité , il
voulut savoir ce qu'on avait dit là-dessus.
Il apprit le latin et ensuite le grec, quel-
que chose aussi des langues hébraïque,
syriaque et arabe ; et se crut par-là bien
fourni d'argumens pour établir ses extra-
vagantes hypothèses. L'aspect d'une mort
prochaine lui dessilla les yeux ; il détesta
ses égaremens, et déclara qu'ils étaient le
fruit de la vanité bien plus que du rai-
sonnement ; que les pompeux éloges don-
nés à ses productions manuscrites dans
les sociétés philosophiques , l'avaient plus
enivré, plus séduit que tout le reste. La
conséquence la plus légitime d'un pareil
aveu était que tous ces manuscrits, sources
de ses remords , de ses rétractations , de-
vaient être livrés aux flammes ; mais les
sociétés sophistiques s'en étaient empa-
rées. Ils étaient bien impies, ils démen-
taient bien hautement nos livres saints, ils
tendaient bien directement à l'athéisme ;
c'en était assez pour les rendre précieux
aux yeux de nos faux sages. Ils furent im-
primés, et toutes les passions se réser-
vèrent le soin de les faire accueillir avec
avidité. Tout chamarrés qu'ils sont do
grec, de latin et d'étymologies, nos femmes
philosophes, qui ne pourraient souffrir
un mot de vieux langage dans un ouvrage
écrit pour la religion, et surtout pour
les mœurs, dévorèrent ceux-ci, les trou-
vèrent bien forts de choses, bien raison-
nés, bien convaincans et sans réplique.
Les suffrages de d'Alembert, de Diderot,
d'Helvétius, avaient fortifié cette opi-
nion. On vit donc paraître : | Traité du
Despotisme oriental , in-12 , ouvrage ro-
manesque et pernicieux , mais moins mau-
vais encore que celui qui suit , dont il
n'a fait que le dernier chapitre : | L'An~
liquilê dévoilée , ouvrage posthume, Am-
sterdam, 1766, in-4° et 5 vol. in-12; | le
Christianisme dévoilé , 2 vol. in-12, aussi
posthume : diatribe remplie d'impréca-
tions et de raisonnemens aussi absurdes
que rebutans contre la religion de J.-C.
On y prêche la tolérance, d'un ton d'in-
tolérance que le fanatisme n'ajamais porté
BOU /t75
si loin Ci). M. Bergicr, dans son Apologie
de la Religion Chrétienne ,1'a victorieuse-
ment réfuté. | Dissertation sur Elie et
Enoch j in-12. | Quelques articles mau-
vais et informes , fournis à la compilation
encyclopédique. | Une Histoire d'Alexan-
dre le Grand , qui n'a ni mérite ni in-
térêt. Il a laissé un Dictionnaire en ma-
nuscrit , qu'on peut regarder comme une
concordance mal combinée des langues
anciennes et modernes. On a encore de
lui Les Anecdotes de la Nature , en ma-
nuscrit. M. Buffon en a tiré beaucoup de
choses pour les Epoques de la Nature;
le célèbre naturaliste s'est presque entiè-
rement approprié les spéculations de
l'Ingénieur des chaussées, comme on
l'apprend dans X Examen impartial des
Epoques, p. 178 : ouvrage qui présente
une réfutation détaillée de ces délires
géographiques et physiques. On remarque
dans les écrits de Boulanger une imagi-
nation sombre et malheureuse. Il en a
paru une Analyse , par un Solitaire, Pa-
ris, 1788 , 1 vol. in-8. Cette Analyse , très
bien faite, réfute solidement les absurdi-
tés du jeune philosophiste, en les pré-
sentant isolées et sans cet entourage qui
en impose aux lecteurs ignorans ou cré-
dules.
BOULANGER ou plutôt BOULLANGER
( Claude-Fravçois-Félix ) , seigneur de
Rivery , membre de l'académie d'Amiens ,
sa patrie , et lieutenant-civil au bailliage
de cette ville, naquit en 1724. Il exerça
pendant quelque temps la profession d'a-
vocat à Paris ; mais sa passion dominante
était l'étude des belles-lettres et de la phi-
losophie. Il ne put les cultiver long-temps :
la mort l'enleva en 17o8 , à 54 ans. Son
âme était noble , son cœur sensible , son
caractère enjoué, sa conduite décente
Réservé vis-à-vis les personnes qu'il con-
naissait peu, il s'ouvrait volontiers à ses
amis. Il avait la figure agréable, l'usage
du monde , l'esprit vif et pénétrant , une
mémoire prodigieuse , et une ambition
ardente d'acquérir toutes les connaissances
humaines, comme d'occuper les premières
places. Ses principaux ouvrages sont :
| Traité de la cause et des phénomènes de
l'électricité , en 2 parties in-8° ; | Re-
cherches historiques et critiques sur quel-
(0 Le Christianisme dévoile n'est point de Bou-
langer. Ce livre odieux est l'œuvre du baron d'Hol-
bach. On a encore attribué à Boulanger une Disser-
tation sur saint Paul qui n'est qu'un tissu de grossiers
blasphème». Mais clic n'est pas non plus de lui.
BOU
ques anciens spectacles , et particulière-
ment sur les mimes et pantomimes , bro-
chure in-12 , curieuse ; | Fables et Contes
en vers français , in-12. Quelques-uns de
ces contes et de ces fables sont de son
invention , et les autres sont empruntés
de Phèdre , de Gay et de Gellert, produc-
tion faible, où les lettres et les mœurs
n'ont rien à gagner.
* BOULAUD ( Cytherixe-Fraivçois ).
servait en qualité d'ingénieur , dans la
ville de Lyon , lors du siège qu'elle soutint
en 1793. Après la prise de cette ville , il
fut condamné à mort en février 1794. On
a de lui : | Mémoire sur la forme et la na-
ture des jantes pour les roues de voilures,
1781 , in-12 ; | Mémoire sur cette question:
Quels sont, en général, les moyens de
garantir les canaux et les écluses de tout
altérissement, etc., ouvrage couronné,
en 1778, par l'académie de Lyon, et im-
primé dans le Journal de Physique ; | Mé-
moire sur cette question : Quelle serait la
voiture de transport la plus forte , laplus
légère, laplus roulante et la moins ca-
pable de dégrader les chemins ? Ce mé-
moire fut couronné par l'académie de la
Rochelle. Boulard a laissé en outre des
plans très détaillés sur les aqueducs des
Romains , qui menaient des eaux à Lyon*
* BOULARD ( Axtoixe-Marie-Hevri),
littérateur et bibliophile , né à Paris le 5
septembre 17S4 , mort le 6 mai 1825 , fut
long-temps notaire à Paris , et trouva , en
exerçant cet emploi laborieux , du temps
pour cultiver les lettres. Il céda, en 1809,
sa charge à son fils et fut appelé à remplir
les fonctions de maire du dixième arron-
dissement de Paris, puis à siéger au corps
législatif. La société d'agriculture et d'en-
couragement l'associa depuis à ses tra-
vaux , et il devint un des administrateurs
de l'école royale de dessin. Lié avec un
grand nombre de gens de lettres , Boulard
fut choisi par Laharpn pour son exécuteur
testamentaire. C'est par ses soins que les
pierres tumulaires de Boileau, de Des-
cartes , de Montfaucon et de Mabillon ,
furent retirées de l'oubli et placées dans
l'église de Saint-Germain-des-Prés. Bou-
lard se fit aussi remarquer par sa biblio-
manie. Il achetait souvent sans choix, une
foule de vieux livres, et sa maison suffisait
à peine pour les contenir. On assure que
le nombre de ceux qu'il a laissés se monte
à deux-cent-quatre-vingt mille. Il s'appli-
qua principalement à l'étude des langues
anglaise et allemande et donna un grand
nombre de traductions de ces deux langues»
40.
BOU
hlh
BOU
JLes ouvrages qu'on a de lui , sont : [Mor-
ceaux choisis du Rambler, de Johnson,
in-8° , 1785 ; | la traduction des Entreliens
socratiques sur la véracité, par Perce val,
in-12, 1786 ; | Tableau des arts et des scien-
ces, depuis les temps les plus reculés jus-
qu'au siècle d'Alexandre le Grand, traduit
de l'anglais de JeanBanister, in-12, 1786 ;
j l'Histoire littéraire du moyen âge , par
M. Harris , in-8° , 1786 ; | la traduction des
trois premiers volumes de Y Histoire d'An-
gleterre , par le docteur Henri , 1788 et
6uiv. | Tableau des progrès de la civilisa-
tion en Europe , traduit de l'anglais , de
G. Stuart, 2 vol. in -8°, 1789; Y Angle-
terre ancienne , ou Tableau des mœurs ,
usages , armes , habillemens des anciens
habitans de l'Angleterre, traduit de
Strult, 2 vol. in-8°, 1789; | Précis histo-
rique et chronologique sur le droit ro-
main, traduit de Schomberg , 1793, in-12,
2e édition; | Dissertation historique sur
l'ancienne constitution des Germains,
Saxons, et habitans de la Grande-Bre-
tagne, traduit de Stuart, 1794, in -8°;
| Vie de John Howard, par Aikin , 1796 ,
in-12 ; | Considérations sur la première
formation des langues, et les diffère ns
génies des langues orientales et compo-
sées , traduction de l'anglais d'Adam
Smith, 1796, in -8°; \ Vie de Mil ton ,
4797, qu'il a fait suivre en 1805 de celle
d'Addison , 2 volumes ; | Distiques de Ca-
ton, en vers français et allemands, avec
une traduction interlinéaire de ces der-
niers, 1798, in-8°; | Vie de Pickler , tra-
duite de Rossi, de concert avec Millin,
1798, in-8°; | Nouveau cows de langue al-
lemande, 1798, in-8° ; | la traduction des
Fables de Lessing , 1800 , in-8° ; | la tra-
duction des Idylles de Gessner , 1800 , 2
vol. in-8° ; | Avis d'une mère à sa fille ,
de Mme de Lambert , en allemand et en
français , 1800 , in-8° ; | Distiques de Ca-
ton , en vers grecs , latins et français ,
suivis des Quatrains de Pibrac , 1802,
in-8°; | Eloge de Tiraboschi , traduit de
Lombardi , 1802 , in-8° ; | Les bienfaits de
la Religion chrétienne, traduit de Ryon,
irc édition, "1807 , 2 vol. in-8° ; 2e édition ,
4810 , 1 seul vol. in-8° ; | Esquisse histo-
rique et biographique des progrès de la
Botanique en Angleterre , traduction de
rullcney , 1809, 2 vol. in-8°; | Horœ Bi-
blicœ ou recherches littéraires sur la
Bible, in -8°, trad. de Butler ; | \ Y His-
toire littéraire des huit premiers siècles
de l'ère chrétienne , trad. de l'anglais de
licrington, 1814, in-8° ; | Tableau des au-
teurs qui ont écrit sur les testacés, 1816,
in-8° ; | Vie de Butler , trad. de l'anglais
de Johnson, 1816, in-8° ; | La traduction
d'une brochure intitulée : Dissertation
sur les découvertes des anciens dans
V Asie, in-8°, etc.
BOULAT ( Edmond du) dit CLERMONT
héraut-d'armes des ducs de Lorraine , vi-
vait au milieu du 16e siècle. C'était un
écrivain fécond; on ne sait en quelle année
il mourut. Nous avons de lui | une mora-
lité en vers, sous ce titre Le combat de
la chair et de l'esprit , Paris , 1549 , in-8°.
| Les Généalogies des Ducs de Lorraine*
Metz, 1547; il les fait descendre des
Troyens ; | La Vie et le Trépas des ducs
de Lorraine , Antoine et François , Metz,
1547, in-4°. | Le Voyage du duc Antoine
vers l'empereur Charles Ven 1543, pour
traiter de la paix avec François Ier, in-8°:
ce dernier livre est en vers ; | Dialogue
des trois étals de Lorraine sur la nativité
du prince \ Charles , fils aîné du duc
François , en vers , etc.
BOULAT ( César-Egasse du ), natif du
Maine, fut successivement professeur
d'humanités au collège de Navarre , gref-
fier, recteur et historiographe de l'uni-
versité de Paris : il mourut en 1678. On a
de lui : | De Patronis quatuor Nationum
universitatis , in-8° ; ouvrage qui contient
des faits curieux. | L' Histoire de l'univer-
sité de Paris, en latin, 6 vol. in-fol. L'é-
normité de l'ouvrage n'empêcha point la
faculté de théologie de le censurer; cette
censure peut avoir eu des motifs peu
louables, mais l'ouvrage n'en vaut pas
mieux, « Cet historien , dit un auteur ma-
» derne , aurait dû avant toutes choses,
» acquérir plus de jugement , de critique
» et de véracité. Avec celle précaution, il
» ne se serait point exposé à perdre en
» quelque sorte le mérite des recherche»
» utiles qu'on lui doit , par l'énorme quan-
» tité de fables et de mensonges qu'il dé-
» bile. » | Remarques sur la censure de
cette histoire , en latin, Paris, 1767, in-
4°. | Fondation de l'Université de Paris,
Paris, 1675, in -4°. | Privilèges de l'Uni-
versité de Paris, 1674, in-4°. | De Deçà-
natu Nationis Gallicanœ in Academia
Parisiensi, 1662 , in-8°. | Trésor des An-
tiquités Romaines, où sont co7ilenues et
décrites par ordre toutes les cérémonies
des Romains, Paris, in-fol., 1651, avec
fig. Ce livre que quelques savans ont dé-
prisé, est assez bon. C'est une espèce de
traduction des Antiquités romaines de
Rosin : mais l'auteur n'a pas tout traduit*
BOU
et son livre est moins complet. Du Boulay
faisait aussi des vers latins. On a de lui
une Elégie contre un de ses envieux, où
il y a de la chaleur et de la latinité.
* BOULAY ( Jacques ) , chanoine de
St.-Pierre-Empont à Orléans , et bachelier
en droit , mort vers 1750 , a publié : Ma-
nière de bien cultiver la vigne, de faire
la vendange et le vin dans le vignoble
d'Orléans, utile à tous les autres vi~
çnobles du royaume , où l'on donne les
moyens de prévenir et de découvrir les
friponneries des mauvais vignerons. La
seconde édition est de 1712, et la troi-
sième, qui est très augmentée, est de
1723. L'auteur détaille , avec beaucoup de
clarté et de précision, toutes les opéra-
tions que demande la culture des vignes.
Le style , quoique souvent trivial , est vif
et piquant, surtout quand l'auteur parle
des friponneries des vignerons. Le vo-
lume est terminé par un vocabulaire des
termes qui sont en usage pour la culture
de la vigne dans le vignoble d'Orléans.
On n'a aucun détail sur la vie de cet ec-
clésiastique.
* BOULAY ( N. du ) , savant cano-
niste, dont on a une Histoire du droit
public ecclésiastique français , Londres
( Paris ), 1740, 1751, in-4°; ibidem, 2
vol. in-12.
* BOULAY (Charles-Nicolas MAIL-
LET du ) , né en 1729 , conseiller de la
cour des comptes de Normandie , secré-
taire perpétuel de l'académie de Rouen,
et membre de plusieurs sociétés savantes,
mourut en 1769. On a de lui : | dix-huit
Eloges académiques ; | des Mémoires sur
la littérature et la grammaire ; | une His-
toire de Guillaume le Conquérant, etc.
* BOULE ( Jean-Charles ) né à Cannes
en Provence , occupa une chaire de rhéto-
rique à Villefranche , en Beaujolais, el
fut admis dans le sein de l'académie de
cette ville. On a de lui une Histoire
abrégée de la vie de saint Bonaventure.
* BOULE ( André- Charles ) , ébéniste
célèbre, peintre, sculpteur et graveur,
né à Paris en 1642, avait reçu de la na-
ture de grandes dispositions pour les arts.
Il eût choisi celui de la peinture , si son
père , ouvrier ébéniste , ne l'eût forcé
d'embrasser le même état que le sien. Il
sut l'ennoblir par le goût et la perfection
qu'il mit dans ses ouvrages, qui furent
très recherchés et lui méritèrent un ap-
partement au Louvre. Avec le choix varié
des bois de l'Inde et du Brésil, il imita
dans ses ouvrages, toutes les espèces de
475 BOU
fleurs , de fruits et d'animaux. Il en com-
posa même des tableaux dans lesquels
étaient représentés des sujets d'histoire ,
de batailles , de chasse et de paysage. Cet
habile artiste mourut à Paris en 1732.
* BOULÉE (Etienne-Louis ), architecte
du roi, né à Paris, le 12 février 1728,
mort le 6 février 1799, fut un des pre-
miers en France qui dégagèrent l'archi-
tecture de ces formes bizarres et contour-
nées, enfantées par le mauvais goût, et
lui rendirent les beautés nobles de l'an-
tique. Il consacra sa vie entière à l'étude
et à la pratique de son art, comme le
prouvent ses nombreux et magnifiques
projets. On y trouve tous les monumens
qui peuvent illustrer un grand empire ,
des villes, des temples, des palais, des
théâtres , des cirques , des arcs de triom-
phe , des portes de ville , etc. Il a laissé
des manuscrits précieux., entre autres un
Essai sur l'architecture. Celui de ses édi-
fices qui a le plus contribué à sa réputa-
tion est l'hôtel de Brunoy aux Champs-
Elysées. Il a construit plusieurs autres
châteaux , hôtels et maisons particulières,
dont il a décoré et embelli avec beau-
coup de goût les intérieurs. Il avait for-
mé plusieurs projets, pour achever la
Madeleine , pour la restauration du châ-
teau de Versailles et de celui de Saint-
Germain, pour la Bibliothèque royale,
pour un tombeau à élever à Newton,
placé au centre d'une sphère, etc. Ce
dernier projet a tellement mérité le suf-
frage des architectes , qu'il a été proposé
au programme, par l'académie, pouf
prix d'émulation , en novembre 1800 ; le*
prix ont été remportés par MM. Gay el
Labadie.
BOULEIV, BOLEYN ou BULLEN ( Annh
de ) , fille d'un gentilhomme d'Angleterre,
Thomas de Boulen , comte d'Ormond, na-
quit en 1499. Elle passa en France en 1514
avec Marie d'Angleterre , femme de Louis
XII. Elle fut ensuite fille d'honneur de la
reine Claude , qui la donna à la duchesse
d'Alençon, depuis reine de Navarre. De
retour en Angleterre, elle y porta un
goût vif pour les plaisirs et pour la co-
quetterie, une conversation légère sou-
tenue par beaucoup d'enjouement , et des
manières libres , qui cachaient une dissi-
mulation el une ambition profoudes. Ce
n'était rien moins qu'une beauté ; mais
la passion embellit tout , et l'insatiable
luxure dont la soif augmente comme
l'avarice, à mesure quelle possède, finit
par ne mettre plus de choix dans sea
BOU
476
BOU
jouissances. On rapporte qu'elle avait six
doigts à la main droite , une tumeur à la
gorge, et une surdent. Henri VIII la vit,
et ne s'en aperçut pas. Il lui déclara ses
senlimens. Anne en parut d'abord plus
offensée que flattée. Cette réserve , à la-
quelle le prince ne s'attendait pas , irrita
sa passion. Il pensa dès lors à répudier
sa femme Catherine d'Aragon , pour épou-
ser sa maîtresse. Clément VII ayant re-
fusé, comme il devait, une sentence de
divorce , le prétendu mariage se fit secrè-
tement le 14 novembre 1532. Rouland
Lée , récemment élevé à l'évêché de Con-
ventry ( à qui Henri insinua que le pape
lui avait permis d'abandonner Catherine
d'Aragon, et de prendre une autre femme
pourvu que ce fût sans scandale), leur
donna la bénédiction nuptiale, en pré-
sence de quelques témoins affidés. Anne,
devenue enceinte, fut déclarée femme
cl reine en 1553. Son entrée à Londres
fut magnifique. La galanterie qu'elle avait
puisée dans la cour de France ne l'aban-
donna point sur le trône d'Angleterre.
On l'accusa d'avoir des commerces cri-
minels avec plusieurs de ses domestiques,
avec le lord Ilochefort son frère , et même
avec un de ses musiciens. Henri VIII, qui
aimait alors Jeanne de Seymour, n'eut
pas de peine à la croire coupable. On
l'interrogea : toutes ses réponses se bor-
nèrent à dire qu'elle s'était échappée en
paroles libres et en airs familiers , mais
que sa conduite avait toujours été in-
nocente. Ceux qu'on lui donnait pour
amans, firent les mêmes réponses, à
l'exception du musicien Sméton, qui,
frappé par la crainte , ou entraîné par la
force de la vérité, avoua qu'il avait souillé
le lit de son souverain. Ils furent tous
condamnés à la mort. Rochefort fut déca-
pité, et le musicien pendu. Henri, vou-
lant ôter à son épouse la consolation de
mourir reine , fit prononcer une sentence
de divorce , sous le vain prétexte qu'elle
avait épousé mylord Percy, avant que
de lui avoir donné la main. Cette mal-
heureuse en convint, dans l'espérance
que cet aveu la sauverait du supplice du
feu auquel on la destinait , et qu'elle n'au-
rait que la tête tranchée. Le jour de cette
tragédie , elle se consola sur ce qu'on lui
dit que le bourreau était fort habile , et
par la pensée qu'ayant le cou petit , elle
souffrirait moins. Avant de monter sur
l'échafaud, elle écrivit une lettre extra-
vagante à Henri VIII. (Quelques-uns re-
gardent cette lettre comme apocryphe).
Vous m'avez toujours élevée par degrés ,
lui disait-elle ; de simple demoiselle , vous
me fîtes marquise (dePembrock) : de mar-
quise , reine ; et de reine > vous voulez au~
jourd'hui me faire sainte. Ceci se passa
en 155C. L'amour l'avait mise sur le trône ;
l'amour l'en chassa. Ces catastrophes sont
les suites inévitables des passions vio-
lentes et insensées. La plupart des his-
toriens l'ont couverte d'opprobre. Sandc-
rus prétend que Henri VIII était son père.
On ajoute que quand ce prince la prit
pour maîtresse , François Ier avait déjà eu
ses faveurs, ainsi que plusieurs de se»
courtisans; et qu'on l'appelait en France
la mule du roi et la haquenéc d'Angle-
terre. Voyez HENRI VIII.
ItOULEXGER. Voy. EOULANGER.
* BOULEAGER (Pierre) , habile gram-
mairien du 16e siècle, né à Troyes en
Champagne , fut professeur de théologie
dans l'université de Pise , et mourut dans
cette ville en 1598. On a de lui | une His-
toire de France, restée manuscrite; | do
petits Traités de piété, et | un Discours
imprimé en 1566.
BOULI2XGER ( Jules-César ) , Bulcn-
gerus, fils du précédent, né à Loudun ,
se fit jésuite et quitta la société pour
prendre soin de ses neveux. Il y rentra
ensuite, et mourut à Cahors en 1628,
après avoir donné en latin une Histoire
de son temps, Lyon, 1619, in- fol. ; elle
commence à l'an 1559, et finit en 1680 ;
et un grand nombre de sa vans ouvrages,
entre autres , | De Imperatore et Imperio
Romano , Lyon, 1618, in-fol. | Onze vo-
lumes d'opuscules contenant des Disser-
tations : De Oraculis et valibus ; de tem-
plis Ethnicorum , de festis Grœcorum ;
de triumphis , spoliis bellicis _, trophœis ;
arcubus triumphalibus et pompa trium-
phi; de sortibus , de auguras et auspiciis.
de ominibus , de prodigua , de terra
motu et fulminibus; de Iributis et vecli-
galibus populi Romani ; de circo romano,
ludisque circensibus ; de theatro, ludis-
que scenicis ; de conviviis ; de ludis pri-
vatis ac domesticis velcrum. Tous ces
ouvrages se trouvent aussi, les uns dan3
les Antiquités Grecques, les autres dans
les Antiquités Romaines. | On a encoro
de lui des traités De Pîctura , plaslice
slatuaria, lib. 2 , Lyon , 1627 , in-8u. } Une
Dissertation contre Cjsaubon en faveur
du cardinal Baro.:ius, sous ce litre Dia-
tribœ in Casauboni Exrrch'ationes de re •
bus Sacris , Lyon, 1617 , in-fol. | Eclogœ
ad Arnobium, Toulouse, 1612, in-8°-
BOU A77 BOU
f De insignibus gentilitiis ducum Lotha- \ 10 thermidor , Boullanger fut lut-mémo
ringorum ., Pise, 1617, in-41
* BOULIER (Philibert) , chanoine de
la Sainte-Chapelle de Dijon, bachelier
en théologie, vivait dans le dix-septième
siècle. On a de lui plusieurs ouvrages :
| Sauvegarde du ciel pour la ville de Di-
jon, 1643. C'est l'histoire de la sainte hos-
tie si vénérée dans ce pays, et pour la-
quelle Bossuet et le président Bouhier
avaient une dévotion particulière ; | Exa-
men de celte proposition qu'on était au-
trefois plus gens de bien qu'on ne l'est
aujourd'hui, et. que néanmoins on ne se
confessait ni communiait si souvent que
maintenant. L'auteur réfutait indirecte-
ment dans cet ouvrage le livre d'Arnauld
contre la fréquente communion; | Re-
cueil de pièces pour servir à l'histoire
sacrée de Dijon, 1649, 1653, in-8°, etc.
*BOULLAJVD ( Jean-Baptiste -Vin-
cent) , ancien architecte de la cathédrale
de Paris, né à Troyes en 1739, mort à
Paris en 1813, fut élève du célèbre Blon-
del. En 1771, il fut chargé par Antoine,
architecte du roi , de diriger les travaux
de l'hôtel des monnaies. On lui doit aussi
les" embellissemens de la basilique. La
place d'architecte-inspectcur du Palais-
Royal devint, en 1781, la récompense de
son mérite et de ses travaux.
* BOULLANGER ( Baudouin ) , né à
Liège , abandonna , à l'époque de la révo-
lution, la profession de joaillier qu'il
exerçait à Paris pour se mettre à la suite
du mouvement révolutionnaire. Son dé-
vouement à Robespierre , et l'enthou-
siasme qu'il mit à servir le comité de
salut public , lui méritèrent la protection
des chefs de la démagogie. Après la jour-
née du 31 mai 1793 , où les sections de
Paris, en se portant sur la Convention,
firent triompher la Montagne, Boullan-
ger qui avait combattu à la tête de la sec-
tion de la Halle aux blés, fut nommé
commandant général de la garde natio-
nale. Mais les sections refusèrent de le
reconnaître. Pour le dédommager de cet
échec, la Convention le fit entrer, quel-
ques mois après, en qualité de général,
dans le corps d'armée de Ronsin , et il ne
eraignit pas de faire suivre l'armée d'une
guillotine. Ces excès n'empêchèrent pas
qu'il ne fût accusé de n'avoir qu'un pa-
triotisme douteux. Robespierre le défen-
dit, et lui donna ensuite les moyens de
se venger de ses ennemis. Dénoncé une
seconde fois , Robespierre le défendit en-
core. Mais lorsque ce tyran succomba au
mis hors la loi, et monta trois jours
après sur l'échafaud.
♦BOULLEMIER (Charles), né le 12 no
vembre 1723 , à Dijon , fut bibliothécaire
de cette ville. Il s'enrôla, au sortir du
collège , dans un corps de troupes qui se
rendait en Bohème , et fit la campagne
de 1742. Ayant obtenu son congé à la
paix, il reprit le cours de ses études, et,
après les avoir terminées, il embrassa l'é-
tat ecclésiastique. Exempt d'ambition , il
se contenta d'un bénéfice dont le revenu
modique suffisait à ses besoins , et se li-
vra entièrement à son goût pour les re-
cherches historiques. Il a composé un
grand nombre de dissertations sur des
points curieux de l'histoire de Bourgogne
et en particulier de la ville de Dijon;
quelques-unes sont imprimées dans les
recueils de l'académie , dont il a été l'un
des membres les plus laborieux. Ses au-
tres ouvrages sont : | un Mémoire sur la
vie et les ouvrages d'Etienne Tabourot
des Accords; | un autre sur Jean-des-
Degrés , écrivain dijonnais du 16e siècle ;
| des Notices sur Hugues Aubriot , le
chancelier de Bourgogne , Rollin , et Oli-
vier de la Marche. Le Magasin encyclo-
pédique ( 1809 , tome III ) contient des Re-
marques critiques de l'abbé Boullemier
sur un passage de César concernant la
religion des Gaulois. C'est à lui qu'on
doit le projet de la nouvelle édition de la
Bibliothèque historique de France, du
P. le Long. Il est auteur des articles sur
Joinville et d'Aubigné, et de quelques
autres insérés dans le 3e volume de cette
édition , ainsi que d'une grande partie
des additions répandues dans les diffé-
rens volumes. Ce respectable ecclésiasti-
que est mort à Dijon, le 11 avril 1803. M.
Baudot l'aîné a fait imprimer son Eloge
historique, Dijon, 1803.
* BOIÏLLEUGER ( Pierre). T oy.BOU-
LENGER.
* BOULLEAOIS , diacre, né à Paris en
1681 , et mort en 1757 , a laissé : | La cin-
quième Colonne des Hexaples; | deu»
Mémoires en faveur de l'église et du
clergé d'Utrecht ; | Manifeste de StenlK*-
ven , traduit en français.
BOULLENOIS (Louis) , avocat au par-
lement de Paris , sa patrie , mort en 1762,
à 84 ans, est connu | par des Questions,
sur les démissions des biens, il kl , in-8°;
| par des Dissertations sur des questions,
qui naissent de la contrariété des lois,
1734, h>4° ; \ par un Traité de la person-*
BOU
478
BOU
nalilé et de la rivalité des lois , coutumes
et statuts , Paris , 1766, 2 vol. in-4°. Ce li-
vre intéressant fait bien sentir l'utilité et
la nécessité d'un code de lois claires et
uniformes. La Vie de l'auteur est à la tête.
BOULLIAU. Voyez BOUILLAUD.
BOULLIER ( David-Renaud ) , minis-
tre à Amsterdam, ensuite à Londres,
originaire d'Auvergne , né à Utrecht le
24 mars 1699, mort le 24 décembre 1759,
signala son zèle et ses lalens pour la cause
de la religion, trop souvent attaquée par
les nouveaux philosophes. II la défendit
avec autant d'ardeur que de force et de
logique. C'est dommage que son style,
presque toujours exact, souvent éloquent,
se ressente quelquefois du pays qu'il ha-
bitait. Ce défaut n'empêche pas que ses
ouvrages ne soient un recueil d'excellens
préservatifs contre le poison de l'impiété.
Les principaux sont : | Dissertatio de
existentia Dei, 1716; | Essai jihilosophi-
que sur l'âme des bêtes , 1728, in-12, et
1757, 2 vol. in-8°, | Exposition de la Doc-
trine orthodoxe de la Trinité , ilzk , in-
12. | Lettres sur les vrais principes de la
Religion, où l'on examine le livre de la
Religion essentielle à l'homme , 1741 , 2
vol. in-12. | Recherches sur les vertus
de l'eau de goudron, traduites de Ber-
klei, 1745, in-12. | Sermons , 1748 , in-8°.
| Dissertationum sacrarum Sylloge, 1750,
in-8°. | Court examen de la Thèse de l'abbé
de Prades, et Observations sur son apolo-
gie, 1753. | Lettres critiques sur les Lettres
Philosophiques de Voltaire , 1654 , in-12.
| Le Pyrrhonisme de l'Eglise Romaine ,
ou Lettres du Père I/ayer , avec les Ré-
ponses , 1757, in-8°. | Observationes mis-
cellaneœin UbrumJobi, 1758, in-8°. | Piè-
ces et Pensées philosophiques et litté-
raires, 1759, 2 vol. in-12. Boullier était
protestant, et dans ses écrits contre l'E-
glise romaine , il a tous les préjugés de
«a secte.
BOULLONGNE ( Bon ) , fils et élève de
Louis Boullongne , peintre du roi , na-
quit à Paris en 1649. Un tableau que son
père présenta à Colbert , le fit mettre sur
la liste des pensionnaires du roi à Rome.
Il y fut cinq ans en cette qualité , et s'y
forma par l'étude des grands maitres. On
dit qu'il saisissait si habilement leur ma-
nière , que Monsieur , frère de Louis XIV,
acheta un de ses tableaux dans le goût du
Guide, comme un ouvrage de cet artiste.
Mignard , son premier peintre , y fut
trompé ; et lorsquton eut découvert l'au-
teur, il dit : Qu'il fasse toujours des
Guides, et non des Boullongnes. Ce jeune
homme , de retour en France , fut pro-
fesseur de l'académie de peinture , eut
une pension de Louis XIV, et fut employé
par ce prince dans l'église des Invalides ,
au palais et à la chapelle de Versailles , à
Trianon , etc. Il mourut en 1717. Il ex-
cellait dans le dessin et dans le coloris.
Il réussissait également dans l'histoire et
dans le portrait. Il était fort laborieux; un
esprit vif, enjoué, plein de saillies, le sou-
tenait dans le travail. — Ses deux sœurs,
Geneviève et Madeleine , mortes en 1710,
dignes de leur frère , furent de l'acadé-
mie dé peinture.
BOULLONGNE (Louis), frère cadet
du précédent , naquit à Paris en 1654 , et
fut comme lui élevé par son père. Un prix
remporté à l'âge de 18 ans lui valut la
pension du roi. Il se forma à Rome sur
les tableaux des grands maîtres , et sur-
tout sur ceux de Raphaël. A son retour
en France, il entra à l'académie de pein-
ture , et en devint le directeur. Louis XIV
le nomma son premier peintre, lui donna
des lettres de noblesse , le fit chevalier
de St. -Michel , et ajouta à ces honneurs
plusieurs pensions. Il mourut en 1733,
aussi regretté pour ses talens , que pour
sa douceur et sa politesse. Son pinceau
est gracieux et noble. Ses tableaux se ven-
dent moins cher que ceux de son frère ,
dont il était l'ami et l'émule , mais émule
quelquefois inférieur. Il laissa 4 enfans ,
2 filles et 2 fils, dont l'aîné a été contrô-
leur-général. On cite comme ses meilleurs
tableaux Y Annonciation , Y Assomption et
la Présentation de Jésus-Christ au temple.
Ce dernier se trouve dans l'église Notre-
Dame , à Paris, et les deux autres dans
la chapelle de Versailles.
BOULMIERS. Voyez DESBOULMIERS.
* BOULOGNE ( Etiexxe-Axtoixe de ),
évêque de Troyes et pair de France , na-
quit à Avignon , le 26 décembre 1747 , d'une
famille honnête , mais peu riche. Sa pre-
mière enfance fut négligée. On ne l'en-
voya qu'assez tard aux écoles des frères
dits des écoles chrétiennes. Ceux-ci frap-
pés de ses heureuses dispositions et de son
penchant pour létat ecclésiastique , favo-
risèrent sa vocation. Il entra à 15 ans dans
une pension pour apprendre le latin , et
son ardeur fut telle qu'il acheva ses études
de latinité dans l'espace d'un an. Il lit sa
rhétorique seul et avec le secours de quel-
ques livres ; ensuite il entra au séminaire
de Saint -Charles , dirigé par MM. de
Saint-Sulpice ; son goût le portait dès lors
BOU
479
BOU
vers la prédication , et il s'amusait à com-
poser des discours qu'il débitait devant
ses camarades. Après avoir terminé sa
philosophie et sa théologie il reçut le sous-
diaconat , puis le diaconat , et fut ordon-
né prêtre par dispense en 1771, dix mois
avant l'âge requis. Le 1er avril suivant ,
il prononça devant la congrégation des
hommes d'Avignon un sermon sur la re-
ligion chrétienne. Une circonstance vint
encore favoriser son penchant pour l'art
oratoire. L'académie de Montauban pro-
posa , en 1772 , un prix sur cette question :
« Il n'y a point de meilleur garant de la
» probité que la religion , » conformément
à ces paroles de l'Ecclésiastique : Qui ti-
viet De uni facicl ùona. L'abbé de Bou-
logne composa un discours sur ce sujet ,
et remporta le prix. 11 prêcha ensuite à
Avignon, â Tarascon, à Villeneuve, et se
rendit, en 1774, à Paris pour y entendre
les prédicateurs qui étaient les plus suivis;
mais son peu de fortune ne lui. permettant
pas de consacrer tous ses momens à l'é-
tude , il s'attacha d'abord au clergé de
Ste.-Marguerite , puis à celui de St.-Ger-
main-1'Auxerrois. En 1777, il prêcha dans
l'église des Récollets de Versailles devant
Mesdames, tantes du roi. L'année sui-
vante, M. deBeaumont, archevêque de
Paris, qui vraisemblablement avait été
trompé sur son compte , lança contre lui
un interdit , et cette disgrâce fut très sen-
sible à l'abbé de Boulogne. Il profita néan-
moins de cette circonstance pour étudier
l'Ecriture et les Pères, et se perfection-
ner dans l'éloquence sacrée. A la même
époque une société d'amis de la religion
et des lettres proposa un prix pour l'é-
loge dudaupbin mort en 1765, et l'abbé
de Boulogne mérita d'être couronné ;
mais l'archevêque que la société avait
nommé son président ne voulait pas
qu'on décernât le prix à un prêtre qui
avait encouru sa disgrâce. Toutefois il
se laissa fléchir aux instances réitérées
qui lui furent faites , et leva l'interdit , à
condition que le jeune orateur irait faire
une retraite dans une communauté de
St.-Lazare , ce à quoi celui-ci se soumit.
Son Eloge du dauphin fut imprimé, et fit
honneur à ses talens. En 1782, il prononça
devant les deux académies des sciences et
belles-lettres le Panégyrique de Sl.-Louis,
et ce discours , qui fut aussi imprimé ,
accrut sa réputation. La même année,
M. de Clermont-Tonnerre , qui avait été
élevé à l'évêché de Châlons-sur-Marne . le
choisit pour son grand-vicaire : mais M de
Boulogne qui voulait suivre la carrière
qu'il avait commencée, resta peu de
temps auprès de lui , et revint dans la ca-
pitale. Il prêcha pour la première fois à
la cour en 1783; et reçut une pension de
2000 f. sur l'archevêché d'Auch. En 1784,
l'évèque'de Chàlons le nomma archidiacre
et chanoine de sa cathédrale. En 1786, il
remplit la station du carême aux Quinze-
Vingts; enfin, en 1787, il prêcha le ca-
rême à Versailles. Dans son sermon pouï
le dimanche des Rameaux , il s'attacha à
montrer combien la religion est nécessaire
aux états , et combien l'irréligion leur est
fatale. Il signala avec força les malheurs
dont la société était menacée par les pro-
grès de l'esprit philosophique. L'orateur
fut taxé d'exagération , et l'on continua de
marcher à grands pas vers une révolution
que tout favorisait. Il prononça, en 1788 ,
le discours d'ouverture de l'assemblée pro-
vinciale de la Champagne , et M. de ïab-
leyrand qui présidait l'assemblée le féli-
cita de son zèle , et écrivit en sa faveur à
l'évêque d'Autun qui le nomma à l'ab-
baye de Tonnay-Charente. En 1789, il fut
élu député ecclésiastique de la paroisse
de St.-Sulpice à l'assemblée bailliagère de
Paris, et commissaire pour travailler à
la rédaction des cahiers. Lors de la con-
stitution civile du clergé , il refusa le ser-
ment, et se vit dépouillé de ses titres
et de ses bénéfices. Il ne quitta point la
France pendant la terreur, et chercha
vainement à se faire oublier en menant
une vie fort retirée. On l'arrêta trois
fois ; la première fois , on le mit au sémi-
naire de Saint-Sulpice , transformé en
maison d'arrêt ; mais il parvint à se
soustraire à ses gardiens. Arrêté de nou-
veau et conduit à la section , il suint un
interrogatoire , et obtint sa liberté au bout
de trois jours. Repris le 26 juillet 17% ,
dans une visite domiciliaire de nuit , il
fut enfermé dans la prison des Carmes ,
si fameuse par d'horribles massacres , et
y resta jusqu'au 7 novembre suivant.
Lorsque la Convention parut revenir à
des idées de modération et de tolérance ,
il attaqua , avec les armes de la logique
et du ridicule , les constitutionnels qui
cherchaient à relever leur église Le suc-
cès qu'il obtint en ce nouveau genre le
fit juger propre à la rédaction d'un jour-
nal ecclésiastique , que les abbés Sicard
et Jauffret venaient d'entreprendre sous
le titre d'Annales religieuses; et à partir
du n° 19, il devint seul rédacteur du jour-
nal qu'il intitula Annales catholiques t
BOU
ASO
BOU
pour le distinguer des Annales de la
religion * qui étaient rédigées par les
constitutionnels. Ce recueil obtint un
grand succès ; mais il fut plusieurs fois
interrompu ; ayar.t osé combattre La Ré-
veillère-Lépeaux , qui , dans un discours
prononcé devant l'Institut , avait attaqué
le christianisme , ce théophilantrope fit
supprimer les Annales , et l'auteur fut
condamné , au 18 fructidor, à la déporta-
tion, à laquelle il n'échappa qu'en se tenant
caché. M. de Boulogne reprit son journal
au commencement de janvier 1800 , et le
continua jusqu'à la fin de 1801 , sous la
dénomination à? Annales philosophiques
et littéraires J et quelquefois sous le titre
de Fragmens de littérature et de mo-
rale. Il le recommença en 1803 , et l'in-
titula Annales littéraires et morales*
puis , Annales critiques de littérature et
de morale s et enfin Mélanges de philo-
sophie > d'histoire ., de morale et de lit-
térature ; mais il travailla peu à cette
dernière partie , et en abandonna entière-
ment la rédaction dès l'année 1807. Ces dif-
férens recueils qui forment plu3 de 10
gros vol. in-8° , sans y comprendre les
Mélanges de philosophie ., se font remar-
quer par un attachement constant aux
saines doctrines en religion et en litté-
rature , de bons articles sur les livres
qui paraissaient , des réfutations très
piquantes des écrits des constitutionnels ,
et des morceaux pleins de chaleur en
faveur de la religion et contre l'incré-
dulité. Dans les intervalles où les Annales
(étaient suspendues , M. de Boulogne four-
lissait volontiers des articles à la Quo-
tidienne ., à la Gazette de France , à la
France littéraire ., et surtout au Journal
des débats qui alors soutenait les bonnes
doctrines. Les articles qu'il a fournis à ce
dernier journal ont été recueillis dans
le Spectateur français au 19e siècle , pu-
blié par Fabry , de 1805 à 1812 , en 12
vol. in-8°. M. de Boulogne profita du ré-
lablissement du culte pour remonter dans
la chaire. La maturité de son talent im-
prima encore plus de force et d' énergie à
tout ce qui sortit alors de sa plume. On
distingue particulièrement ses sermons
sur la charité chrétienne , celui sur l'ex-
cellence de la morale chrétienne plusieurs
fois répété dans la capitale , le panégy-
rique de saint Vincent de Paul composé
depuis 1789 , le sermon sur la Provi-
dence , celui sur la Vérité , et quelques
autres. Il était resté sans emploi lors du
concordat ; l'évêque de Versailles lui
donna un canonicat dans sa cathédrale , et
le nomma ensuite grand-vicaire. L'em-
pereur , qui cherchait à s'entourer d'hom-
mes à grande réputation , le choisit pour
un de ses chapelains. L'abbé de Bou-
logne, à qui il en coûtait de s'attacher
à ce monarque dont il avait jugé la poli-
tique , voulait refuser ce titre ; mais un
ami dont il respectait la sagesse et les lu-
mières l'entraîna par ses conseils. Au
mois de mars 1807, un décret daté du
camp d'Osterode le nomma évêque d'Ac-
qui et aumônier; 11 refusa le premier
titre en observant que son ignorance
de la langue italienne le mettrait dans
l'impossibilité de se faire entendre, et
priverait son tnmpeau de ses instruc-
tions. Bonaparte agréa ses raisons. La
même année M. de la Tour-du-Pin,
évêque de Troyes , étant mort , il fut ap-
pelé à lui succéder et préconisé à Rome
dans le consistoire du 11 juillet de l'année
suivante. Il est à remarquer que déjà
Rome était envahie , que le pape était en
butte à une persécution ouverte , et que
ce fut le dernier évêque français dont
l'institution ne souffrit pas de difficulté.
Boulogne fut sacré dans la chapelle des
Tuileries, le 2 février 1809, par le cardinal
Fesch , assisté des deux évêques de Ver-
sailles et de Gand. Un des premiers actes
du nouveau prélat fut une lettre pasto-
rale , en date du 20 mars , qui a été im-
primée , et où l'on remarque un morceau
très éloquent sur l'indifférence religieuse
de notre siècle , sur l'amour de l'indé-
pendance , cette manie des systèmes ,
tristes fruits des enseignemens de la phi-
losophie et des habitudes de la révolution.
Peu de temps après il entreprit la visite
de son diocèse ; il donna la confirmation
dans plusieurs villes , et partout il adres-
sait quelques mots d'édification aux fidèles.
On lui a reproché les éloges qu'il a donnés
à Bonaparte à l'occasion de victoires et
autres événemens politiques. On les a
même insérés dans un recueil , mais on a
évité d'y citer des morceaux pleins de vé-
rité auxquels les éloges servaient en quel-
que sorte de passeport. On trouve dans ses
mandemens des réflexions courageuses.
Ainsi dans celui du 1er juin 1809 , le pré-
lat s'adressant à Dieu s'exprime en ces
termes sur Napoléon : o Dites-lui tout ce que
» les hommes ne peuvent pas lui dire ; don-
» nez-lui de surmonter toutes les passions
» comme il surmonte tous les dangers ;
» faites-lui comprendre que la sagesse vaut
» mieux que la force, et que celui qui se
KOU
481
BOU
» dompte lui-même vaut mieux que cc-
» lui qui prend des villes. » M. l'évêque de
Troyes ne se montra pas plus timide dans
le discours qu'il prononça lors de l'ouver-
ture du concile de 1811, où il parla de Yin-
fluence de la religion catholique sur l'or-
dre social et sur le bonheur des empires.
Ce discours le perdit dans l'esprit de l'em-
pereur ; mais les évèqucs lui donnèrent un
témoignage de confiance en le nommant
un des quatre secrétaires du concile , et
en le choisissant quelques jours après
pour faire partie de la commission char-
gée de répondre au message de Bona-
parte. Celle-ci déclara que le concile était
incompétent pour prononcer sur l'institu-
tion des évèques sans l'intervention du
pape. Bonaparte irrité cassa le concile ,
et fit arrêter dans la nuit du 10 au 11
juillet les évêques de Troyes , de Gand
et de Tournay , qu'il fit conduire à Vin-
cennes , et mettre au secret le plus ri-
goureux {Voyez BROGLIE). A la fin de
novembre on leur demanda séparément
leur démission et une promesse par éerit
de ne se point mêler des affaires de
leurs diocèses. A ces conditions ils sor-
tirent du donjon de Vincennes , et furent
envoyés en différens lieux d'exil. M. de
Boulogne fut relégué à Falaise où il de-
vait rester en surveillance. Cette démis-
sion signée dans une prison devint une
source de trouble dans son diocèse. Deux
ecclésiastiques furent envoyés successi-
vement à Fontainebleau pour consulter
le pape et les cardinaux , et la réponse fut
que les droits de M. de Boulogne étaient
entiers, et que le chapitre n'avait aucune
juridiction. Un troisième ecclésiastique
fut envoyé à Falaise pour consulter le pré-
lat , qui déclara que dans la situation ri-
goureuse oit il se trouvait ., il ne pouvait
rien répondre. Alors l'abbé Arvisenet ,
chanoine et grand-vicaire de Troyes , pu-
blia sa rétractation , et déclara qu'il ne
reconnaissait point les pouvoirs du cha-
pitre. Cette démarche d'un homme si
pieux et si révéré fit une grande sen-
sation , et plusieurs chanoines se dé-
clarèrent pour M. de Boulogne. Le gou-
vernement , pour faire cesser cette oppo-
sition , demanda au prélat une nouvelle
démission , et sur son refus il fut recon-
duit à Vincennes le 27 novembre 1815 ,
deux ans après en être sorti. Bonaparte
avait nommé à sa place M. de Cussy ,
et une partie du chapitre l'avait reconnu;
mais les événemens de 1811 rendirent son
évêché à l'abbé de Boulogne. Louis XVIII
2.
le choisit pour prêcher devant lui le
jour de la Pentecôte , et le 29 avril ie
pape le cliargca d'une mission spéciale au-
près du roi pour des points qui intéres-
saient la religion. Peu après une com-
mission d'évèques et d'ecclésiastiques fut
nommée pour s'occuper des affaires de
l'Eglise, et il fut choisi pour en faire partie.
C'est à ses représentations que l'on doit ,
entre autres , l'ordonnance du 5 octobre
qui affranchissait les petits séminaires du
joug de l'université. De retour dans son
diocèse il y fut reçu avec de vifs témoi-
gnages de joie; cependant les traces des
premières divisions ne s'effacèrent que
quelques années après. Il avait rédigé
une ordonnance relati vement à ses droits ,
et dans laquelle il prononçait la nullité
des actes du chapitre ; mais il s'abstint
par prudence et par modération de la
mettre au jour. Le 12 janvier 1815, il
reçut une invitation pour prêcher à St.-
Denis , le 21 janvier , l'oraison funèbre de
Louis XVI ; et malgré l'extrême brièveté
du temps qu'il eut pour se préparer , il se
trouva en état de lire son discours à
Louis XVIII , qui ne pouvait se rendre
à la cérémonie , deux jours avant celui où
il devait le prononcer. Le prince lui en
témoigna à plusieurs reprises sa satisfac-
tion. L'abbé de Boulogne fut encore obligé
ie quitter son troupeau lorsque Napoléon
revint de l'île d'Elbe , en France. Il se re-
tira à Vaugirard , près Paris , où il vécut
retiré et ignoré jusqu'à la seconde restau-
ration. Alors il donna un mandement pour
ordonner des prières publiques à l'occa-
sion de l'ouverture des chambres , man-
dement qui fut inséré en entier , par
ordre du roi , dans le Moniteur. Le jour
de l'Epiphanie il prêcha dans sa cathé-
drale un discours devenu célèbre , sous
ce titre : La France veut son Dieu _, la
France veut son roi. Ce discours qui est
regardé comme un des meilleurs qu'il
ait prononcés , fut répété à Paris dans
l'église de St.-Thomas-d'Aquin et à l'As-
somption. En avril 1816 , il publia une
Instruction pastorale "sur l'amour et la
fidélité que nous devons au roi , et sur
le rétablissement de la religion catho-
lique en France. Depuis le concordat le
séminaire de Troyes était placé dans un
local étroit et insuffisant, tandis que
l'ancien séminaire servait de caserne. 1\
écrivit à ce sujet une lettre respectueuse,
mais forte et pressante , à Louis XVIII ,
qui ordonna de restituer les bâtimens oc-
cupés par les militaires. Lors du concordat
41
BOU
A82
BOU
de 1817, il fut nommé à l'archevêché de
Vienne ; mais les circonstances rendirent
cette translation sans effet. Ce concordat
éprouva beaucoup de difficultés dans son
exécution ; M. de Boulogne , adhéra à la
suspension du rétablissement de ce siège ,
et depuis il y renonça formellement. Le
roi le nomma pair de France par ordon-
nance du 51 octobre 1822. Il assistait ré-
gulièrement aux séances de la chambre ,
et prononça un discours dans la discussion
sur les délits dans les églises, qui excita
les plaintes de quelques pairs ; mais
Louis XVIII en accepta l'hommage des
mains de son auteur. Il voulait parler
aussi dans la discussion sur les commu-
nautés religieuses ; la discussion ayant été
fermée plus tôt qu'il ne le croyait , il ne
put prendre la parole. Léon XII l'autorisa
en 1825 , par un bref , à porter le titre
d'archevêque et à se revêtir du pallium,
marque distinctive des métropolitains,
qu'il avait reçue en 1817 , après sa promo-
tion au siège de Vienne. Il prêcha la Cène
à la cour en 1819 et en 1823 ; il fit à St.-
Danis le discours sur la translation des re-
liques des saints martyrs , prononça dans
sa cathédrale l'oraison funèbre du duc de
Berry, et prêcha pour l'anniversaire de
l'ouverture de l'église de Ste.-Geneviève
en 1823. Enfin , en mars 1825 , il porta la
parole dans une réunion annuelle en com-
mémoration des victimes de la révolution.
Il a donné , dans ses dernières années ,
plusieurs instructions pastorales , non
moins remarquables par le zèle que par
le talent. Il en avait composé une sur le
sacre , et il allait la livrer à l'impres-
sion , lorsqu'il fut frappé d'une attaque
d'apoplexie cérébrale dans la nuit du 10
au 11 mai 1825. Le matin on le trouva
sans connaissance. Malgré les efforts des
médecins , il ne put recouvrer les sens
ni la parole. Le curé de Saint - Sulpice
lui administra l'extrême-onction , et il
rendit le dernier soupir le vendredi,
43 mai , à une heure du matin. Ses restes
furent déposés au mont Valérien , à côté
de ceux de M. de Beauvais. L'auteur de
i\4nnuaire nécrologique a porté sur le
compte de M. de Boulogne un jugement
bien sévère. Il ne faut pas s'en étonner :
son attachement à la religion , son cou-
rage à la défendre, ses vigoureuses sorties
contre l'esprit du siècle , ont dû lui faire
beaucoup d'ennemis ; mais ses talens ora-
toires , la douceur de son caractère , sa
bienfaisance pour les malheureux , sa vie
exemplaire le feront toujours regarder
par les amis de la religion et des mœurs
comme un des plus grands évêques de
notre époque. On a recueilli ses ouvrages
en 8 volumes in-8° , 1826 et années sui-
vantes. Les quatre premiers volumes qui
sont précédés d'une notice historique sur
ce prélat , contiennent les Sermons et
Discours inédits ; les Mandemens et In-
structions pastorales , suivis de divers
morceaux oratoires , forment un volume ,
et les Mélanges de religion , de critique et
de littérature , avec un précis historique
sur l'église constitutionnelle , trois vol.
* BOULOUVARD (Pierre ) , né , en
1752 , à Arles , en Provence , était , a\ mt
la révolution de 1789 , à la tète d'une mai-
son de commerce. Son goût pour la litté-
rature et sa passion pour les livres nuisi-
rent souvent à ses affaires. Partisan mo-
déré du nouvel ordre de choses, il vint
à Paris en 1793 , et y fut bientôt nommé
chef de la division des consulats au mi-
nistère des relations extérieures , dont il
refusa le portefeuille, àT époque de la mise
en activité de la constitution de l'an 3. Ce
fut lui qui donna le plan de l'expédition
d'Egypte , d'après les renseignemens
que lui fournit le consul Magallon. Il per-
dit sa place en 1799 , à la suite de quel-
ques discussions avec le nouveau mi-
nistre , Mr. de Talleyrand , et fut nommé
consul-général de Gènes. Il se disposait à
partir pour cette résidence , mais peu
de jours après le 18 brumaire , sa nomi-
nation fut révoquée. Lorsque le conseil
des prises eut été établi , Boulouvard fut
un des défenseurs des causes maritimes
devant ce tribunal, jusqu'à sa suppres-
sion , et s'acquit la réputation d'un bon
jurisconsulte. Aucun événement nota-
ble n'a marqué le reste de sa vie. Il est
mort le 22 avril 1825. Quoiqu'il possédât
des connaissances très variées dans tous
les genres de littérature , il n'a laissé
qu'une brochure qu'il publia à l'époque
où le gouvernement présenta aux deux
chambres un projet de loi sur le paie-
ment d'une somme considérable récla-
mée par la régence d'Alger. Cet écrit est
intitulé : Sur le projet de payer sept mil-
lions à la régence d'Alger J Paris, 1820 ,
in-8° de 52 pages , et la question y est ré-
solue négativement.
* BOULTF.R (Hugues) , prélat anglais,
mort à Londres , en 1742 , fut chapelain
de Georges Ier , et enseigna la langue an-
glaise au prince Frédéric. Il devint évê-
que de Bristol et archevêque d'Armagh
dans l'Ulster. Il s'est fait connaître par
BOU
483
BOL
des actes nombreux, de bienfaisance et de
charité. En 1729 , ce fut lui qui prévint
la famine et la peste qui menaçaient l'Ir-
lande , en envoyant dans les provinces de
grandes quantités de grains , et en nour-
rissant à ses dépens , jusqu'après la mois-
son , la foule des pauvres qui assiégeaient
Dublin. Dans une circonstance semblable,
entre 1740 et 1744 , deux nulle cinq cents
personnes reçurent deux fois par jour,
pendant plusieurs mois , des alirnens
qu'il leur faisait distribuer , en grande
partie à ses frais. Il fonda çt dota des
hospices à Drogheda et à Armagh. Boul-
ter n'a point laissé de litres à la réputa-
tion littéraire : on n'a de lui que quelques
sermons, et des lettres pastorales à sou
clergé.
* BOULTOX (Matthieu), célèbre mé-
canicien anglais , membre de la société
royale de Londres , né à Birmingham en
1728 , de paréos qui possédaient une ma-
nufacture do quincaillerie , se fit con-
naiLre par des moyens nouveaux et in-
génieux d'employer l'acier. Il lit con-
struire la fameuse manufacture de quin-
caillerie de Sobo, près de Birmingham,
et lit élever dans cet établissement une
machine à vapeur qu'on peut regarder
comme un chef-d'œuvre de génie, depuis
qu'elle a été perfectionnée par M. Yatt ,
associé de 1 oulton. Ils appliquèrent
cette machine à un moulin propre à la
fabrication de la monnaie et dos médail-
les , et ce procédé adopté en Angleterre
pour la monnaie de cuivre paraît présen-
ter des avanlages. Ils construisirent de
concert plusieurs autres machines à va-
peur, et établirent à Sinethwick une fon-
derie où sont coulés les ferremens de ces
machines. Boulton envoya à Pétersbourg
tons les objets nécessaires pour élever
deux ateliers de monnaie. Il mourut au
mois d'août 1809.
* BOUNIEU ( Michel-Honoré ) pein-
tre d'histoire, né à Marseille en 1740, fut
d'abord contrarié dans sa vocation par ses
parens , qui le destinaient à la carrière
du commerce. Il se livra en secret et sans
guide à son goût pour le dessi i , j squ'à
l'âge de 15 ans , où il fut envoyé à Paris,
afin d'y prendre les leçons d'un art pour
lequel il montrait tant de dispositions. Il
devint l'élève favori de Pierre, premier
peintre du roi. Les sujets des premiers
ouvrages de Bounieu sont pris dans la
vie familière : il traita aussi l'histoire :
on cite parmi ses tableaux : Madeleine
pénitente, le Déluge* Adam et Eve chas-
sés du Paradis ., etc. La plupart furent
exposés en public : Bounieu était aussi
graveur; il a gravé quelques-unes de ses
œuvres à la manière noire. Il fut reçu en
1770 à l'académie royale de peinture,
professa quelque temps le dessin à l'école
royale des ponts-et-chaussées , et devint
en 1792 conservateur du cabinet des es-
tampes à la Bibliothèque. Il y établit un
ordre jusqu'alors inconnu. En 1812 il pu-
blia un opuscule sur la cause du flux et
du reflux de la mer. Il est mort en 1814.
* BOUQUES ( Charles de ) , avocat du
10e siècle, travailla avec Despeisses au
Traité des Successions testamentaires et
ab intestat.
* BOUQUES ( Chaules de ) , seigneur
de Vons, près Montpellier, né au 16e
siècle , est connu par la première partie
des Merveilles de J.-C. imprimée à Paris
en 1642 , in-8°.
BOUQUET (don Martin ), bénédictin
de saint Maur, né en 168a à Amiens, mou-
rut à Paris en 1754. L'académie de sa pa-
trie l'avait mis au nombre de ses mem-
bres. Il eut part aux recueils de don Mont-
faucon. On a de lui la Collection des his-
toriens de France, jusqu'au 8e volume,
Paris , 1773 , et suiv. in-folio. Il en a paru
10 depuis sa mort. Il exécuta celte entre-
prise , que le ministre lui avait confiée et
pour laquelle il avait une pension sur le
trésor royal, avec l'exactitude d'un homme
laborieux. Iiavait plus d'amour pour le tra-
vail que d'esprit et de discernement. C'était
d'ailleurs un religieux animé de l'esprit
son état , et plein de charité pour les
pauvres. — BOUQUET , Pierre , son ne-
veu , avocat , mort en 1781 , a publié le
| Droit public de France, éclair ci par les
monumens de l'antiquité ',tome 1er, 1756,
in-4° : la su te n'a pas paru; | Notice des
titres et des textes justificatifs de la pos-
session de nos rois de nommer aux éve-
chés et abbayes de leurs étals, in-4°;
| Lettres provinciales , ou examen impar-
tial de l'origine * de la constitution et des
révolutions de la monarchie française ,2
vol. in-8°, etc. | Tableau historique et gé-
néral des Irois cours souveraines de
France, 1772, in-S°. ! Mémoire historique
sur la topographie de Paris , 1772 , in-4°.
* BOUQU1ER ( Gabriel ), président de
la société des jacobin*, député de la Dor-
dogne à 1 1 t onvention , vota la mort de
Louis XVI. Sa fureur révolutionnaire se
porta jusque • ur les tableaux du Muséum,
dont il voulait exclure ceux qui étaient re-
latifs à la monarchie. Il fit avec Moline
BOU
484
BOU
nn opéra intitulé : la Réunion du 10 août,
sans-culottide en 5 actes , représentée en
1793 et 1794. Il mourut en 1811 à Terrasson.
'BOUQUIN ( Charles), religieux domi-
nicain , né à Tarascon en 1622 , se distin-
gua pendant 40 ans comme prédicateur
et comme théologien, et mourut en 1G98.
On a de lui : | Solis Aquinatis splendores
ctrca sanctum eucharistiœ mysterium _,
Lyon, 1677, in-fol. ; | Sermones apologe-
tici quibus sanctœ catholicœ ac romanœ
ecclesiœ fides contra novalores defendi-
turAbid. 1689, in-fol. Ses Sermons latins
restèrent manuscrits dans les archives du
couvent de Buix.
BOURBON (Robert de FRANCE , sei-
gneur de ) , 6e fils de Saint-Louis et de
Marguerite de Provence, né en 1256,
épousa Béatrix de Bourgogne , fille d'A-
gnès , héritière de Bourbon. Il mourut en
1517. Il est la tige de la famille régnante
en France , en Espagne , à Naples et à
Parme. La baronie de Bourbon fut éri-
gée en duché-pairie en faveur de Louis
son aîné , l'an 1327. On trouve dans les
lettres d'érection des termes dignes de
remarque , et qui ont l'air , dit le prési-
dent Hénault , d'une prédiction. J'espère,
dit le roi Charles le Bel , que les descen-
dons du nouveau, duc contribueront par
leur valeur à maintenir la dignité de la
couronne.
BOURBON. Voyez CHARLES, CONDÉ,
CONTI , ENGHIEN , PENTHIÈVRE.
* BOURBON - CONDÉ ( Locis-Henri-
Joseph, duc de), huitième des princes de
ce nom qui remontent au prince de Condé
tué à la bataille de Jarnac en 1569, était
né le 13 avril 1756. Dès son enfance on
l'accoutuma aux exercices militaires ; et
Louis XV forma le camp de Saint-Omer
pour l'instruction du jeune prince. A
quinze ans , il épousa Louise-Marie-Thé-
rèse-Bathilde d'Orléans , plus âgée que lui
de quelques années. Le seul fruit de cette
union, qui ne tarda pas à être troublée
comme toutes celles qui sont formées par
une violente passion, fut le duc d'Enghien,
qui périt en 1804 , dans les fossés de Vin-
cennes. Les deux époux s'aperçurent
qu'ils manquaient de cet accord de carac-
tère et de goûts, si nécessaire au bon-
heur domestique, et ils se séparèrent
pour ne jamais se réunir. La jeunesse du
prince fut marquée par quelques aven-
tures qui firent du bruit à la cour. Le
comte d'Artois s'étant permis dans un bal
d'arracher le masque de la duchesse de
Bourbon, l'époux qui se crut outragé ap-
pela le prince en duel. Les deux cham-
pions furent séparés par un ordre du roi ,
et le résultat de cette affaire fut l'exil du
duc de Bourbon à Chantilly. Réconcilié
avec le comte d'Artois , il se rendit en
1782, sous le nomdeDammartin,au camp
de Saint- Roch , devant Gibraltar , où il
donna des preuves éclatantes de cette
valeur héréditaire qui distinguait sa fa-
mille. Après son retour en France , il fut
fait chevalier de Saint-Louis, et maré-
chal-de-camp des armées du roi. Dès
1773, il avait été nommé chevalier de
l'ordre du Saint-Esprit. Effrayé de cette
fermentation d'idées qui annonçait l'ex-
plosion prochaine de la révolution , le duc
de Bourbon signa la fameuse déclaration
que les princes adressèrent au roi , pour
l'engager à prendre des mesures répres-
sives contre les novateurs; il quitta la
France en 1789 , pour se retirer à Turin ,
et adhéra ainsi que le duc d'Enghien à
la lettre dans laquelle son père le prince
de Condé signalait au roi les attentats
dont il serait un jour victime. En 1791, le
duc de Bourbon se réunit aux émigrés
français sur les bords du Rhin , et après
s'être rendu en Espagne pour y demander
des secours , il rejoignit en 1792 ses com-
pagnons d'exil, et pénétra en France par
le pays du Luxembourg. Repoussé jus-
qu'au de-là du Rhin , il combattit en
1793 , dans les rangs de l'armée de Condé
où son père et son fils partageaient ses
dangers. Il se distingua dans plusieurs
affaires , et à Bertheim, en chargeant à la
tête de quelques escadrons de cavalerie ,
il fut blessé au bras et faillit tomber entre
les mains des républicains. En 1795 , vou-
lant aller défendre la cause royale dans
la Vendée , d'accord avec le comte d'Ar-
tois , il se rendit à l'Ile-Dieu ; mais un
ordre du gouvernement britannique le
força de renoncer à ce projet. Le duc de
Bourbon partit alors pour la Russie avec
les débris de l'armée de son père, et
après être venu, une dernière fois ten-
ter , sur le Rhin , la fortune des armes ,
il se relira en Angleterre. C'est dans ce
pays qu'il reçut la funeste nouvelle de la
mort de son fils , qui le plongea dans une
affliction profonde , et le condamna à des
regrets qui devaient durer autant que sa
vie. Le malheureux prince rentra en
France en 1814 avec la famille royale ;
mais les honneurs dont il fut entouré ne
purent remplir le vide affreux qu'il re-
marquait dans sa famille , et que son re-
tour sous le toit de ses pères, lui faisait
BOU
485
1ÎOU
sentir plus amèrement. Lorsque l'évasion
du captif de l'Ile d'Elbe vint jeter le
trouble dans le royaume , le duc de Bour-
bon se rendit dans les départements de
l'ouest, dont Louis XVIII lui avait donné
le, gouvernement, et s'efforça d'y orga-
niser une résistance active à l'usurpation.
La Vendée ne répondant pas à son appel
aussi promptement qu'il l'aurait désiré ,
le duc de Bourbon se rendit en Espagne
d'où il ne revint que dans le mois d'août
suivant. Dès ce moment le prince se con-
damna à une solitude absolue. De nou-
velles douleurs vinrent bientôt s'ajouter
à son ancienne affliction. En 1818 , il per-
dit son père , le prince de Condé ; et en
1824, sa sœur, l'ancienne abbesse de
Remiremont, qui avait établi un couvent
au Temple , lui fut enlevée. Après la mort
de cette princesse qui lui avait été souvent
utile par ses conseils, le prince parut
chercher à s'étourdir ; et forma ou renoua
une liaison illégitime que son grand âge
semblait devoir lui interdire. Cette intri-
gue, qui devint bientôt pour le duc de
Bourbon un joug que sa faiblesse ne lui
permit pas de briser, eut le plus épouvan-
table dénoûment. Un mois après la révo-
lution de 1830 ( le 27 août) , ce prince in-
fortuné qui n'avait pu rester indifférent à
la chute du trône et qui se disposait , dit-
on, à quitter la France, fut trouvé sans
vie dans son château de Saint-Leu. Son
corps était suspendu avec une cravatte
à l'espagnolette d'une croisée de sa cham-
bre à coucher : le bruit se. répandit aus-
sitôt quil s'était donné la mort. Cepen-
dant un grand nombre de personnes attri-
buèrent sa fin à un crime. Par son testa-
ment le prince avait institué héritier le
duc d'Aumale, fils de Louis-Philippe, et
Mmr de Feuchères , qui depuis long-temps
exerçait sur son esprit un irrésistible as-
cendant. Ce testament attaqué par la fa-
mille de Rohan a été confirmé par la cour
royale de Paris. Avec le duc de Bourbon
s'est éteinte cette illustre branche des
Condé qui a donné plusieurs héros à la
France.
* BOURBON (LÔuise-Marie-Thérèse-
BATniLDE-d'ORLÉANS duchesse de ) , née
à Saint-Cloud, le 9 juillet 1750, était
fille de Louis - Philippe , duc d'Orléans ,
petit-fils du Régent, et de Louise-Hen-
riette de Bourbon- Conti. En 1778, elle
épousa le duc de Bourbon, beaucoup plus
jeune qu'elle, dont elle eut un fils, (le
duc d'Enghicn, ) qui tomba en 1804, à Vin-
cennes , victime de la cruelle ambition de
Bonaparte. Les deux époux qu'une pas-
sion mutuelle avait unis , se refroidirent
bientôt, et se séparèrent en 1780. La
duchesse qui par caractère était disposée
à croire au merveilleux, se livra dans la
retraite à la mysticité. Elle s'engoua du
magnétisme et eut des relations suivies
avec Saint-Martin , dit le philosophe in-
connu. Elle nous apprend elle-même que
la lecture des écrits de Mme Guyon faisait
son bonheur. Au commencement de la
révolution , la princesse parut en embras-
ser les principes. Enfermée au fort Saint-
Jean, à Marseille, avec le reste de sa fa-
mille, eUe fit écrire à la Convention, qu'elle
faisait don de ses biens, aux veuves et
aux orphelins des défenseurs de la patrie ,
ne demandant pour prix de ce sacrifice
que la liberté. On l'expulsa de France en
1793 , en lui promettant une pension an-
nuelle de 50 mille francs , qui fut très mal
payée. La duchesse de Bourbon se retira
en Espagne , et se fixa à Sarria , village
près de Barcelone, où elle resta jusqu'en
1814. Son occupation était de soulager les
pauvres , et de soigner les malades. Quoi-
qu'elle fût dans un état voisin de l'indi-
gence, et que souvent elle manquât de
tout , elle ne cessa de faire du bien. Au
milieu de ses travaux de charité , la prin-
cesse composait des utopies politiques et
religieuses, où souvent son imagination
ardente l'entraînait hors des sentiers de
la foi. Elle rentra en France à la chute du
trône impérial, et ses biens lui furent
rendus. Elle profita de son opulence pour
soulager les malheureux et encourager un
grand nombre de bonnes-œuvres. Un
hospice auquel elle donna le nom de son
fils, fut établi dans son hôtel, et la direc-
tion en fût confiée à des sœurs de la cha-
rité. Cet hospice a depuis été transféré à
Picpus. Le 10 janvier 1822 , la duchesse
étant allée à Sainte-Geneviève pour prier
pendant l'octave, fût frappée d'apoplexie
en entrant dans l'église : on la transporta
à l'école de droit où elle expira quelque
temps après. Ses restes furent inhumés à
Dreux , dans le caveau destiné à la mai-
son d'Orléans. Cette princesse avait , sur
plusieurs points essentiels de la religion ,
des opinions peu conformes aux croyances
de l'Eglise , et s'était fait, pour ainsi dire,
une religion à part. Mais en même temps
qu'elle interprétait à sa manière les Ecri-
tures , elle se prêtait aux plus étranges il-
lusions. Une illuminée, nommée Cathe-
rine Théo , qui se faisait appeler la mère
de Dieu, et un ancien chartreux, don
41.
BOU
486
BOU
Gerle, qui se disait son prophète, sur-
prirent sa bonne foi. En 1790 elle accueillit
dans son palais la prétendue prophélesse
Lab rousse, dont elle fit même , a ce qu'on
•assure, imprimer à ses frais les prédic-
tions. Elle a publié quelques écrits em-
preints de cette exaltation mystique qui
la distinguait : Correspondance entre
M™ de B'" et M. R'** (Ruffin) sur leurs
opinions religieuses J 1812 , 2 vol. in-8°.
A la suite de cette correspondance, se
trouve dans le second volume : Opuscules
ou pensées d'une âme en foi, sur la re-
ligion chrétienne pratiquée en esprit et
en vérité. Cet ouvrage a été prohibé en
4819, par l'inquisition d'Espagne.
* BOURBON ( don Antonio - Pascal-
François-Jean de ) , infant d'Espagne ,
né à Naplesle 31 décembre 1755, était fils
puîné de Charles III et frère de Charles
IV. Il épousa, en 1790, sa nièce Marie-
Amélie, infante d'Espagne , dont il devint
veuf au bout de huit ans. Ce prince ne
parut sur la scène politique que lors de
l'insurrection d'Aranjuez, en 1808. In-
vesti de la présidence de la junte suprême
du gouvernement, à l'époque du voyage
de Ferdinand VII à Bayonne , il opposa
aux prétentions et aux menaces de Mu-
rat, commandant des troupes françaises
à Madrid, des procédés pleins de modéra-
tion. Murât ayant fait annoncer que Na-
poléon ne reconnaîtrait d'autre roi que
Charles IV, son ami et son allié, l'infant
don Antonio se déclara pour Ferdinand
qu'il continua de regarder comme le vé-
ritable roi. Le général français se plai-
gnait des dispositions du peuple espagnol,
et demandait qu'on l'autorisât à réprimer
les émeutes. L'infant lui écrivit une lettre
dans laquelle il lui démontrait que le
peuple espagnol était calme et ne pouvait
s'insurger que par suite des mauvais
traitemens que lui feraient essuyer les
troupes françaises , et par \e mécontente-
ment qu'il éprouverait , si un étranger
persistait à vouloir rétablir sur le trône
Charles IV qui avait sincèrement abdi-
qué. Cette lettre produisit peu d'effet. Les
Français, irrités de trouver un peuple qui
leur résistait, n'attendaient que l'occasion
de châtier l'orgueil espagnol. Le 2 mai ,
4808 , le peuple de Madrid , croyant que
l'on veut enlever l'infant don François
de Paule, se rassemble en tumulte ; bien-
tôt la fusillade commence. Les Espagnols,
malgré la mitraille qui les décime , re-
viennent plusieurs fois à la charge avec
fureur. Le combat se prolonge avec un
égal acharnement des deux côtés ; un ar-
mistice arrête l'effusion du sang. Le soir
le comte de Laforêt et M. de Fré ville eu-
rent une conférence secrète avec l'infant
don Antonio qui , par suite de cet entre-
tien , partit de Madrid le matin du jour
suivant, après avoir écrit à la junte qu'il
présidait , pour l'engager à se maintenir
sur le même pied que s'il restait au mi-
lieu d'elle. Arrivé à Bayonne pour être
témoin de l'humiliation de sa famille , il
suivit comme prisonnier son neveu Fer-
dinand à Valençay, où il partagea son
temps entre la chasse et les arts mécani-
ques qu'il avait appris dans sa jeunesse.
En 1814 , ce prince revint à Madrid avt^c
Ferdinand; il est mort en 1817.
* BOURBON (LoijiS'Marie de), cardi-
nal-archevêque de Tolède , naquit à Ca-
dahalso le 22 mai 1777. Il était fils de
l'infant Louis, frère de Charles III, qui
fut créé cardinal par Clément XII , et se
maria secrètement , après avoir remis le
chapeau, contre les intentions du roi son
frère, qui désapprouva cette union, et ne
voulut pas d'abord reconnaître sesenfans.
Cependant ils furent appelés plus tard à
la cour, et reconnus comme infans d'Es-
pagne ef cousins du roi. Don Louis qui
avait alors 23 ans , fut destiné à l'état ec-
clésiastique et déclaré cardinal-prêtre le
22 octobre 1800, puis archevêque de Sé-
ville, et enfin archevêque de Tolède qui
passe pour le plus riche siège de toute la
chrétienté. Lors de l'invasion des Fran-
çais en Espagne et la captivité de Ferdi-
nand VII, le cardinal de Bourbon fut élu
président de la régence de Cadix , et il
sanctionna les décrets de l'assemblée des
cortès, parmi lesquels se trouve celui de
l'abolition de l'inquisition. Pierre Gravina
nonce du pape voulut faire des observa-
tions contre cette mesure , mais un nou-
veau décret de la régence le força de
quitter l'Espagne. Au retour de Ferdi-
nand , le cardinal fut exilé dans son dio-
cèse, et on lui ôta l'administration de
celui de Séville. Après la révolution du
mois de mars 1820, il fut nommé prési-
dent de la junte provisoire du gouverne-
ment, et il exhorta, dans une lettre pas-
torale, tous les prêtres à se conformer à
la constitution. Il est mort le 19 mars 1823.
* BOURBON -CONTI ( Amélie- Ga-
brielle-Stéphanie-Louise de), naquit
à Paris le 26 décembre 1762, et reçut le
titre de comtesse de Mont-Cair-Zain ,
anagramme de Conli-Mazarin. Elle écri-
vit elle-même l'histoire de sa vie sous
BOU
487
BOU
ce titre : Mémoires historiques de Sté-
phanie-Louise de Bourbon-Conti j, écrits
par elle-même s Paris, 1797, 2 volumes
in-8°. Ces mémoires ressemblent beau-
coup à un roman. Elle se dit fille natu-
relle du prince de Conti et de la duchesse
de"*. Son père voulait la faire légitimer,
et Louis XV, dit-on, en avait signé l'acte,
qui cependant n'est pas produit textuelle-
ment dans les mémoires, lorsque sa mère
la fit enlever pour éviter un éclat qui
aurait trahi sa faiblesse , et la fit passer
pour morte. Elle fut élevée comme fille
de Mmc Delorme dans un couvent de
Châlons-sur-Saône , puis mariée à un pa-
rent de cette Mme Delorme. Son époux ne
put jamais vaincre l'horreur qu'elle avait
conçue pour lui , et après treize ans de
misère et de tourmens, il consentit qu'elle
fût conduite au couvent de la Visitation
àGray, où elle resta deux ans prison-
nière. De là elle se retira à l'abbaye royale
de Notre-Dame de Meaux. Nous ne la
suivrons pas dans le long récit de ses
aventures et des démarches qu'elle fit
pour se faire reconnaître et obtenir une
portion de l'héritage du prince de Conti.
Elle mourut à Paris en mars 1825 , dans
un état voisin de l'indigence.
BOURBON (Nicolas), l'Ancien, poète
latin, né en 1503 , à Vandœuvre , près de
Langres, d'un riche maître de forges , vi-
vait encore en 1550. Marguerite de Va-
lois , sœur de François Ier, le chargea de
veiller à l'éducation de Jeanne d'Albret
sa fille , mère de Henri IV. Il se retira de
la cour quelques années après , et alla
goûter dans la ville de Candé , petite ville
sur les confins de l'Anjou et de la Tou-
raine où il avait un petit bénéfice, les
douceurs de la retraite. On a de lui 8 li-
vres d'épigrammes ; il les appelait Nugœ ,
des bagatelles. On trouve dans ce recueil
son poème de la forge ( Ferraria ) , com-
posé à l'âge de 15 ans , et qu'Erasme a
paru estimer , en considérant la grande
jeunesse de l'auteur; mais Scaliger ne
jugeant que l'ouvrage en lui-même, dit
que Bourbon est un poète de nul nom ,
de nulle considération. Ce poème offre
cependant quelques détails sur les tra-
vaux de ce métier et sur les ouvriers qui
l'exercent. Les Nugœ de ce poète furent
imprimées à Lyon , in-8°, en 1553. Dans
le grand nombre de ses épîgrammes , il
n'y en a pas six de bonnes. Joachim du
Bellay en fit une sur ce recueil :
I Poule, tuum «cribis Nugarum nomine librurn :
In toto libre nil radius titulo
On a encore de lui des distiques moraux
De puerorum moribus , in-4°, 1536.
BOURBON (Nicolas), dit le Jeune.
petit-neveu du précédent , de l'académie
française, professeur d'éloquence grec-
que au collège royal, et chanoine de Lan-
gres, né à Vandœuvre en 1574 , mourut à
Paris en 16i4 , à 70 ans , dans la maison
des Pères de l'Oratoire de Sainl-Honoré,
où il s'était retiré. La France le compte
parmi les plus grands poètes latins qui
l'ont illustrée depuis la renaissance des
lettres. Ses pensées sont pleines d'éléva-
tion et de noblesse, ses expressions de
force et d'énergie; sa poésie de ce feu
qui anime ceux qui sont nés poètes. On
peut citer, pour un échantillon de ses
pièces, ces deux vers en l'honneur de
Henri IV , placés sur la porte de l'arsenal
de Paris :
/Etna haec Henrico Vulcania tela ministrat ,
Tela gigautœos debellatura furores (i)
Ses poésies furent imprimées à Paris en
1651, in-12. Son Imprécation contre le
parricide de Henri IV passe , avec rai-
son, pour son chef-d'œuvre. Il écrivait
aussi-bien en prose qu'en vers. Bourbon
était un homme grand, sec , vif et ardent.
Il aimait beaucoup le bon vin, et il disait
ordinairement, que lorsqu'il lisait des
vers français , il lui semblait qu'il buvait
de l'eau. Grand approbateur des ouvrages
d'autrui en présence de leurs auteurs , il
les déchirait quelquefois en secret. On lui
trouva après sa mort une quinzaine de
mille livres dans un coffre fort; il crai-
gnait cependant de mourir dans l'indi-
gence. Sa mémoire était très heureuse, et
il possédait l'histoire civile et littéraire de
son temps.
* BOURBOTTE (N. ) , né à Vaux , près
d'Avallon , fut député , en 1792 , à la Con-
vention nationale par le département de
l'Yonne , et demanda la mise en jugement
de la reine , après avoir voté la mort de
Louis XVI sans appel ni sursis. Il se joignit
à Albitte et Chabot , qui s'opposaient à
ce qu'on recherchât les complices des mas-
sacres de septembre , et fut ensuite en-
voyé à Orléans pour examiner la con-
(i) Ces vers ne se trouvent dans aucune éditio»
desŒuvies de Bourbon qui n'avait que dix ans lors-
que Philibert de la Guiclie , grand -maître de l'artil-
lerie, fit mettre ce distique à la porte de l'arsenal.
Il paraît que cette inscription est de Millotet, avocat.
général au parlement de Dijon , qui avait composé
beaucoup d'autres vers latins très estimés, entre as-
tres une pièce de vingt-trois vers pour être rois* »e
bas de la statue de Henri IY.
BQU
A88
BOU
dalte des chefs de la légion germanique ,
accusés d'incivisme , puis dans la Vendée,
d'où il ne tarda pas à être rappelé pour se
justilier devant le comité de salut public
de la rigueur de ses mesures. Carrier le dé-
fendit ; lorsque cet homme atroce fut aussi
mis en jugement , Bourbotte voidut à
son tour , mais vainement , s'opposer à
sa condamnation. Envoyé à l'armée du
Rhin et de la Moselle , il y commit encore
des excès propres à faire oublier qu'il
donna en même temps des preuves d'une
grande intrépidité. Au 9 thermidor, il
commanda ouvertement l'insurrection.
Plus tard il demanda l'arrestation des vic-
times sorties de prison après cette jour-
née, mais il fut arrêté lui-même avec
Goujon , Romme , Duroy , Duquesnoy et
Soubrany , et on les transféra au cbâteau
du Taureau dans le Finistère. Ramenés
à Paris , environ trois semaines après ,
ils y furent condamnés à mort , le 13 juin
1795. Les condamnés essayèrent de se
suicider , à l'aide d'un couteau qu'ils
se passaient l'un à l'autre , donnant ainsi
un exemple horrible des excès où peut
porter le fanatisme révolutionnaire. Qua-
tre d'entre eux respiraient encore en ar-
rivant à l'échafaud ; Bourbotte , qui était
de ce nombre, fut réservé, comme le
plus coupable , pour être exécuté le der-
nier.
*BOURCET (Pierre-Joseph de), né en
1700 à Usseaux dans la vallée de Prage-
las , servit avec distinction dans l'artille-
rie , puis dans le génie , et parvint au
grade de lieutenant -général des armées
du roi. En 1753 et 1741 il fit les campa-
gnes d'Italie , et en 1756 il commanda en
Allemagne l'artillerie et le génie. C'est à
lui qu'on attribua les principales opéra-
tions des campagnes d'Italie, qui firent
la réputation du comte de Maillebois. Il fut
nommé en 1762 commandeur de St-Louis,
et depuis commandant en second du Dau-
phiné. Il mourut en 1780. On lui doit | des
Mémoires historiques sur la guerre que
les Français ont soutenue en Allemagne
depuis il '61 jusqu'en 1762, 3 vol. in-8°,
ouvrage écrit sans prétention , mais avec
clarté et un ton de vérité qui inspire la
confiance et qui persuade. Il est particu-
lièrement connu par sa carte topographi-
que du haut Dauphiné , imprimée en
1758, en 9 grandes feuilles, renommée
pour son exactitude, et où l'on trouve les
moindres accidens du terrain. Le dépôt
de la guerre a publié une réduction en 2
feuilles de cette carte qui n'est pas com-
mune. On a encore de Bourcet | des Mé-
moires militaires sur les frontières de la
France , du Piémont , de la Savoy e , de-
puis l'embouchure du Var jusqu'au lac
de Genève , Berlin , 1801 , in-8c .
BOURCHEMJ de VALBONAIS (Jean-
Pierre MORET de), né à Grenoble en
1651, d'un conseiller au parlement , voya-
gea en Italie , en Hollande et en Angle-
terre. S'étant trouvé sur la flotte anglaise,
à la bataille de Solbaye , il fut tellement
frappé de ce spectacle , qu'il résolut de
finir ses courses , pour embrasser la ma-
gistrature. De conseiller au parlement, il
devint premier président de la chambre
des comptes de Grenoble, et conseiller
d'état honoraire en 1696. Il mourut en
1750, regretté de tous les savans et des
gens de bien. Il était aveugle depuis long-
temps. Cet accident ne l'empêcha point
de donner Y Histoire du Dauphiné,. Ge-
nève , en 2 vol. in-fol., 1722 , et plusieurs
dissertations et mémoires répandus dans
différens journaux. Ils prouvent une
grande connaissance de l'histoire et des
antiquités. Il avait fait de profondes recher-
ches sur son pays. On a encore de lui en
manuscrit , un Nobiliaire du Dauphiné.
BOURCIIlEit (Thomas), cardinal, ar-
chevêque de Cantorbéry , frère de Henri,
comte d'Essex, couronna Edouard IV , Ri-
chard III et Henri VII , rois d'Angleterre ,
tint plusieurs conciles, condamna les \vi-
cléfites, et mourut à Cantorbéry en i486.
Ce prélat avait beaucoup de zèle et de lu-
mières. — Il ne faut pas le confondre
avec un autre Thomas BOURCHIER , qui
a écrit Y Histoire du martyre des Pères
Récollets , qui ont été mis à mort pour la
foi en Angleterre , dans la Belgique et
l'Irlande , depuis l'an 1536 jusqu'à l'an
1582, Paris, 1582, in-8°, en latin.
BOURCIER de MONTUREUX (Jean-
Louis), né à Luxembourg le 12 mai
1697 , s'appliqua avec succès au droit , et
parvint par sa science et sa probité à la
charge de procureur-général au conseil
de Nancy. Son zèle et ses lumières le fi-
rent employer par François Ier dans les
circonstances les plus difficiles et les plus
délicates, notamment lors du traité de
Vienne. Il mourut le 14 mars 1751, après
avoir donné au public : j Recueil des or-
donnances du duc Léopold , 17 53, 4 vol.
in-4°; | Instruction pour mon fils qui
prend le parti des armes J 1740 , in-4°.
* BOURDAILLE (Michel), docteur
de Sorbonne , chanoine théologal à la Ro-
chelle et grand-vicaire de ce diocèse ,
BOU
489
BOU
mort le 26 mars 10% , est auteur de quel-
ques ouvrages : | Défense de la foi de
l'Eglise, touchant l'Eucharistie, 1676.,
in-12 ; 1677; | Défense de la doctrine de
l'Eglise, touchant le culte des Saints,
in-12; | Explication du Cantique des
cantiques , 1689 , in-12 ; | Théologie mo-
rale de l'Evangile, 1691, in-12; | De la
part que Dieu a dans la conduite des
hommes, inséré dans le tome 2 du Traité
de la grâce générale , de Nicole ; | Théo-
logie de morale de saint Augustin, 1687 ,
in-12 : ce dernier ouvrage fit du bruit , à
cause d'une proposition sur la grâce, qui
fut dénoncée à l'assemblée du clergé de
France, dans un écrit intitulé Morale
relâchée des prétendus disciples de Port-
Royal , etc. Antoine Arnauld désavoua
les principes de celte proposition dans
deux lettres à M. Le Féron.
BOURDALOUE (Louis) , né à Bour-
ges en 1632, prit l'habit de jésuite en
1648. Ses heureuses dispositions pour l'é-
loquence engagèrent ses supérieurs à le
faire passer de la province à la capitale.
Les chaires de Paris retentirent de ses ser-
mons. Son nom pénétra bientôt à la cour.
Louis XIV ayant voulu l'entendre , il dé-
buta par Pavent de 1670. Il prêcha avec
tant de succès qu'on le redemanda pour
le carême de 1672 , 1674 , 1675 , 1680 et
1682 , et pour les avens de 1684, 86 , 89,
91 et 93. On l'appelait le Roi des prédi-
cateurs et le Prédicateur des rois.
Louis XIV voulut l'entendre tous les deux
ans , « aimant mieux ses redites , que
» les choses nouvelles d'un autre. » Ses
succès furent les mêmes en province qu'à
Paris et à la cour : à Montpellier , où
le roi l'envoya après la révocation de l'é-
dit de Nantes en 1686 , pour faire goûter
la religion catholique par ses sermons et
ses exemples , il eut les suffrages des ca-
tholiques et des nouveaux convertis. Sur
la fin de ses jours il abandonna la chaire
et se voua aux assemblées de charité , aux
prisons ; se faisant petit avec le peuple ,
autant qu'il était sublime avec les grands.
Il avait un talent particulier pour assister
et consoler les malades. On le vit souvent
passer de la chaire au lit d'un moribond.
Il mourut le 13 mai 1704 , admiré de son
siècle et respecté même des ennemis des
jésuites. Sa conduite , dit un auteur esti-
mé , était la meilleure réfutation des Let-
tres Provinciales. Le Père Bretonneau,
son confrère , donna deux éditions de ses
ouvrages, commencées en 1708 par Ri-
Kd , directeur de l'imprimerie royale.
La première , en 16 vol. in-8° , est la meil-
leure et la plus recherchée des amateurs
de la belle typographie ; la seconde est en
18 vol. in-12. C'est sur cetle dernière
qu'ont été faites les éditions de Lyon , de
Rouen , Toulouse et Amsterdam. On en a
donné une nouvelle , in-8° , imprimée à
Versailles, précédée d'une Notice sur Bour-
daloue. On a encore , sur sa vie et ses
vertus, une Notice par Mmc de Pringy,
Paris , 1705 , in-4° ; une Lettre du prési-
dent Lamoignon , qui l'avait beaucoup
connu, et une autre du Père Martineau,
son confrère. Voici la distribution des édi-
tions in-12 : A vent , 1 vol.; Carême, 3
vol. ; Dominicales , 4 ; Exhortations , 2;
Mystères , 2 ; Panégyriques , 2 : Retraite,
1; Pensées, 5. Dans la lre édition in-8°,
les Exhortations et la Retraite ne font
que 2 vol., et les Pensées, 2. Il n'y a
peut-être pas d'ouvrage plus fort de cho-
ses que ces Pensées : on y trouve un fonds
inépuisable de morale , de théologie , el
de véritable philosophie , présenté avec
une simplicité et une dignité de langage
qui n'a point trouvé d'imitateurs. Son por-
trait qu'on voit dans les premières édi-
tions de ses Sermons , n'a été tiré qu'a-
près sa mort. On y lit ce passage du
psaume 118 : Loquebar de teslimoniis
tuis in conspeclu regum , el non confun-
debar , qui exprime son ministère, ainsi
que la manière dont il s'en acquitta. Il en
soutint toujours la liberté , et n'en avilit
jamais la dignité. Nulle considération ne
fut capable d'altérer sa franchise et sa
sincérité. Ses manières étaient simples,
modestes et prévenantes : mais son âme
était pleine de force et de vigueur. « Tan-
» tôt élevé, tantôt simple, (dit l'auteur de
» la Décadence des lettres et des mœurs),
» toujours noble et jamais familier , il se
» met à la portée de l'esprit de tous les
» hommes : ses idées se développent , se
» succèdent rapidement et avec netteté :
» d'une vérité qu'il établit, naissent mille
» autres vérités nouvelles qui se soutien-
» nent, et se fortifient mutuellement : il
» s'abandonne à ces grands mouvemens
» qui surprennent, agitent, remuent l'au-
» diteur : concis , serré sans sécheresse ,
» profond sans obscurité , il raisonne , il
» discute , il prouve : comme c'est l'esprit
» qu'il veut subjuger, il l'attaque, le com-
» bat , le suit dans tous les détours , saisit
» ses subtilités , détruit ses sophismes et
» ses erreurs , le presse , le force enfin à
» se rendre à l'évidence. Nourri de la lec-
» ture des Pères de l'Eglise , on voit que
BOU
490
BOU
« son goût naturel , plus que la nécessité,
» l'a porté à s'enrichir de leurs trésors :
» son éloquence est celle des Chrysostôme,
» des Augustin ; il en a l'âme , le génie ,
» l'abondance; son style sévère n'a rien
» de recherché , ni d'affecté ; il est ncr-
» veux et plein de force ; les ornemens ,
» les fleurs, les grâces du langage s'y trou-
» vent placés naturellement. Bourdaloue,
» en un mot , est de tous les orateurs sa-
» crés le plus accompli , et le créateur de
» l'éloquence de la chaire. » On l'a souvent
mis en parallèle avec Massillon. L'un et
l'autre sont très éloquens , mais ils le sont
d'une manière différente. Chacun peut
suivant son goût donner la préférence à
l'un ou à l'autre. Tous deux peuvent être
regardés comme les plus parfaits modèles
des prédicateurs. Bourdaloue est plus con-
cis, plus serré; il s'attache plus à con-
vaincre. Il est plus logicien et plus théo-
logien , mais il a quelque chose de grave
et d'austère. Massillon, sans atténuer la
sévérité de la morale évangélique , l'insi-
nue avec plus d'art , sans négliger les rai-
sonnemens, et cherche surtout à parler
au cœur. Il descend dans la conscience
de ses auditeurs, leur dévoile les ressorts
les plus secrets de leurs actions, et les
confond par des peintures où chacun est
étonné et honteux de se reconnaître. Beau-
coup de gens, ceux surtout qui s'attachent
à la force et à l'empire de la raison avant
de se livrer à l'enthousiasme du senti-
ment , aiment mieux l'éloquence du Père
Bourdaloue. Tout étant balancé de part et
d'autre, la première place, dit l'abbé Tru-
blet , demeure au Père Bourdaloue. « Ce
» qui plaît, ce que j'admire principalement
» dans Bourdaloue ( dit l'abbé Maury ,
» dans les Réflexions sur l'éloquence
» qu'on voit à la tête de ses Discours),
» c'est qu'il se fait oublier lui-même, c'est
» que dans un genre trop souvent livré à
» la déclamation , il n'exagère jamais les
• devoirs du christianisme, ne change
» point en préceptes les plus simples con-
» seils, que sa morale peut toujours être
» réduite en pratique ; c'est la fécondité
» inépuisable de ses plans, qui ne se res-
» semblent jamais , et l'heureux talent de
» disposer ses raisonnemens avec cet ordre
» dont parle Quintilien, lorsqu'il compare
» le mérite d'un orateur à l'habileté d'un
» général qui commande une armée, ne-
» lut imperaloria virtus ; c'est celte logi-
» que exacte et pressante qui exclut les
» sophismes, les contradictions , les para-
• doxes i c'est l'art avec lequel il fonde
» nos devoirs sur nos intérêts, et ce secret
» précieux que je ne vois guère que dans
» ses Sermons, de convertir les détails des
» mœurs en preuves de son sujet ; c'est
» cette abondance de génie qui ne laisse
» rien à imaginer au-delà de chacun
» de ses Discours , quoiqu'il en ait com-
» posé au moins deux , souvent trois ,
» quelquefois même quatre sur la même
» matière, et qu'on ne sache après les
» avoir lus auquel de ces sermons donner
» la préférence ; c'est la simplicité d'un
» style nerveux et touchant , naturel et
» noble ; la connaissance la plus pro-
» fonde de la religion , l'usage admirable
» qu'il fait de l'Ecriture et des Pères ; en-
» fin je ne pense jamais à ce grand hom-
» me , sans me dire à moi-même : Voilà
» donc jusqu'où le génie peut s'élever
» quand il est soutenu par le travail. *.
Thomas ( Essai sur les Eloges ) ne donne
à Bourdaloue que la seconde place dans
l'art des panégyriques , il le place après
Fléchier et Bossuet. Mais il faut que Bos-
suet n'ait pas connu si bie.n que Tho-
mas , le vrai goût des Eloges , puisqu'a-
près avoir entendu l'oraison funèbre du
grand Condé, il s'écria, en parlant de l'o-
rateur : Cet homme sera éternellement
notre maître en tout. M. Thomas repro-
che à Bourdaloue de n'avoir pas assez
imité la manière de Bossuet. Le génie
crée et n'imite pas , il marche seul et ne
se traîne pas sur des traces. Laharpe en-
fin donne la première place à Massillon ,
et reproche à l'abbé Maury de ne pas ren-
dre assez de justice à ce dernier, l'un
des écrivains chez qui notre langue a le
plus de richesse , de douceur et de char-
mes. « Je regarde Massillon, dit-il, dans
» le genre de la prédication comme lepre-
» mier des orateurs , car c'est lui qui a le
» mieux atteint le but de ce genre d'élo-
» quence , celui d'émouvoir les cœurs et
» de faire aimer la morale évangélique.
» Comme prédicateur il parle à l'âme, et
» comme écrivain , il nous charme. »
« J'ai pu , » ajoute-t-il ailleurs , en reve-
nant sur le compte de Bourdaloue , dont
il avait parlé trop légèrement en traitant
de l'éloquence de son siècle , « ne mettre
» aucune comparaison entre eux sous des
» rapports purement littéraires ; et en ef-
» fet, je ne pense pas que sous ce point
» de vue Bourdaloue puisse la soutenir;
» mais je dois ici les examiner comme
p chrétien , puisque c'est pour des chré-
» tiens qu'ils ont écrit et parlé. Il est deux
» points où j'ai trouvé Bourdaloue supé-
BOU
491
IÎOU
» rieur à tout, depuis que je l'ai lu comme
» j'aurais dû toujours le lire. Ces deux
» mérites , qui lui sont particuliers , sont
* l'instruction et la conviction, portées
» chez lui seul à un tel degré, qu'il ne me
» semble pas moins rare et moins diflicile
» de penser et de prouver comme Bour-
» daloue, que de plaire et de toucher
» comme Massillon. Bourdaloue est donc
» aussi une de ces couronnes du grand
» siècle, qui n'appartiennent qu'à lui; un de
» ces hommes privilégiés que la nature
» avait, chacun dans son genre, doués d'un
» génie qu'on n'a pas égalé depuis. Son
» Avent, son Carême, et particulièrement
» ses Sermons sur les Mystères , sont d'une
•> supériorité de vues dont rien n'appro-
» che , sont des chefs-d'œuvre de lumière
» et d'instruction auxquels on ne peut
» rien comparer. Comme il est profond
» dans la science de Dieu ! Qui jamais est
» entré aussi avant dans les mystères du
salut? Quel autre en a fait connaître
«comme lui, la hauteur, la richesse et
» l'étendue? Nulle part le christianisme
p n'est plus grand aux yeux de la raison
)- que dans Bourdaloue. On pourrait dire
» de lui , en risquant d'allier deux termes
» qui semblent s'exclure, qu'il est supé-
o rieur en profondeur comme Bossuet en
» élévation. Certes , ce n'est pas un mé-
» rite vulgaire qu'un recueil de Sermons
» qu'on peut appeler un cours complet de
» religion , tel que , bien lu et bien mé-
» dite , il peut suffire pour en donner une
» connaissance parfaite. C'est donc pour
» des chrétiens une des meilleures lectu-
» res possibles : rien n'est plus attachant
» pour le fond des choses ; et la diction ,
» sans les orner beaucoup , du moins ne
» les dépare nullement. Elle est toujours
» naturelle, claire et correcte; elle est peu
» animée , mais sans vide , sans lan-
t> gueur , et relevée quelquefois par des
a traits de force : quelquefois aussi , mais
» rarement , elle approche trop du fami-
» lier. Quant à la solidité des preuves ,
» rien n'est plus irrésistible ; il promet
» sans cesse de démontrer , mais c'est
»> qu'il est sûr de son fait, car il tient tou-
» jours parole. Je ne serais pas surpris
ù que, dans un pays comme l'Agleterre ou
» la prédication est toute en preuves,
» Bourdaloue parût le premier des prédi-
» cateurs ; et il le serait partout , s'il avait
» les mouvemens de Démosthène, comme
» il en a les moyens de raisonnement. En
» total , je croirais que Massillon vaut
les flens du monde, et Bour-
» mieux pour les aens du m<
» daloue pour les chrétiens. L'un al tirera
» le mondain à la religion par tout ce
» qu'elle a de douceurs et de charmes ,
» l'autre éclairera et affermira le chré-
» tien dans sa foi par ce qu'elle a de plus
» haut en conceptions et de plus fort en
» appuis. »
* BOURDEILLE ( HÉLiEde ), cardinal,
archevêque de Tours , cinquième fils
d'Arnaud , baron de Bourdeille en Péri-
gord , et sénéchal de cette province , et de
Jeanne de Chamberlhac, naquit au châ-
teau de Bourdeille vers l'an 1410. Il em-
brassa l'état ecclésiastique, entra de bonne
heure dans l'ordre de saint François , où
il professa la théologie , et se livra à la
prédication. L'évèché de Périgueux étant
venu à vaquer dans le mois de septembre
1437 , par la mort de Bérenger d'Arpa-
jon , il fut élu par le chapitre , et obtint
ses bulles du pape Eugène IV, dès le
mois de novembre de la même année.
Hélie de Bourdeille fit , durant le cours
de son épiscopat, de grandes libéralités
à son église , et de larges aumônes à ses
diocésains ; mais , malgré son exemple
et ses soins, la corruption de ce siècle lui
parut exiger de mettre la ville de Péri-
gueux en interdit. Un ordre de Charles
VII , donné à Chinon le 7 mai 1446 , le fit
lever. Député aux états de Tours , le mé-
rite et le nom de Bourdeille rélevèrent au
siège archiépiscopal de cette ville ; il prêta
serment entre les mains de Louis XI , le
23 décembre 14C8. Ce monarque le nom-
ma, en 1473, le premier des commis-
saires chargés du procès de l'abbé de
Saint-Jean-d'Angely , à l'occasion de la
mort du duc de Guyenne. Dans la suite ; il
intercéda auprès de Louis XI mourant en
faveur du cardinal Balue et de quelques
autres prisonniers. Il entreprit, vers 1482,
le voyage de Rome. Il y reçut un accueil
distingué, et il en rend compte lui-même à
son neveu , le seigneur de Bourdeille ,
dans une lettre écrite en patois péri-
gourdin , et signée F. H. archevêque de
l^ors indine. Enfin, créé cardinal -prêtre
sous le titre de Saiute-Luce , le 15 novem-
bre 1483, il survécut peu à cette dignité,
étant mort dans son diocèse le 15 juillet
de l'année suivante. La sainteté de sa vie
donna lieu à une enquête ordonnée par le
pape ; mais la canonisation n'eut pas lieu.
Le cardinal de Bourdeille a laissé plusieurs
écrits , dont les principaux sont : | Opus
pro pragmaticœ sanclionis abrogatione,
Rome, 1486, in-4°, réimprimé à Tou-
louse en 1518. Il est question dans cet
BOU
492
BOU
ouvrage du concordat qui fut fait, en
1472 , entre Louis XI et Sixte IV : il est
peu connu, et fut mal observé. | Defen-
sorium concordatorum, Paris , 1520 , in-
4° , plusieurs fois réimprimé avec les
Concordats de Léon X et de François Ier;
J un Traité latin sur la Pucelle d'Or-
léans* qui se trouve manuscrit à la fin
au procès de justification de cette hé-
roïne, etc.
BOURDEILLES (Pierre de), connu
sous le nom de Brantôme * dont il était
abbé, joignit à ce titre ceux de seigneur
et baron de Richemont , de chevalier de
l'ordre, de gentilhomme de la chambre
des rois Gharles IX et Henri III, et de
chambellan du duc d'Alençon. Il avait eu
dessein de se faire chevalier de Malte,
dans un voyage qu'il fit en cette île au
temps du siège , l'an 1565. Il revint en
France , où on l'amusa par de vaines es-
pérances ; mais il ne reçut d'autre for-
tune, dit-il, que d'être bien-venu des
rois ses maîtres, des grands seigneurs, des
princes, d'autres rois, des reines, des
princesses. Il mourut en 1614 , à 87 ans.
Ses Mémoires ont été imprimés en 10 et
en 15 vol. in-12 : 4 des capitaines français,
2 des capitaines étrangers, 2, des femmes
galantes , 1 des femmes illustres , 1 des
duels. Ils sont nécessaires à ceux qui
veulent savoir l'histoire secrète de Charles
IX , de Henri III et de Henri IV. L'homme
y est encore plus représenté que le prince.
Le plaisir de voir ces rois dans leur parti-
culier et hors du théâtre, joint à la naïveté
du style de Brantôme , rend la lecture de
ses Mémoires fort agréable , quoique plu-
sieurs de ses anecdotes paraissent hasar-
dées, que les faits publics qu'il raconte
soient souvent défigurés par des contes
populaires, et que le portrait de la même
personne présente quelquefois des contra-
dictions. Il rapporte des discours et des
faits absolument opposés au caractère et
à l'histoire de ceux auxquels il les attri-
bue. Les écrivains protestans du dernier
siècle ne lui rendent pas justice, lorsqu'ils
le traitent de controversiste passionné,
que la prévention aveugle. Ils savent bien
se prévaloir de son témoignage lorsqu'il
leur est favorable. D'ailleurs Brantôme ne
paraît pas prendre un intérêt assez vif aux
avantages de la religion qu'il professait ,
ni à la gloire des princes lorrains , pour
être soupçonné d'avoir altéré des faits
dont il a été témoin. Il est vrai qu'il a gémi,
comme tous les bons citoyens, sur les
malheurs de la France durant les guerres
suscitées par les sectaires, et qu'il les a
quelquefois bien peints ; mais il n'en a rien
dit qui ne soit conforme à ce qu'en rap-
portent tous les historiens du temps. Ses
Mémoires avec la Vie de l'auteur et quel-
ques Opuscules , ont été réimprimés en
1787, sous le titre d'OEuvres de Bran-
lante * Paris, 8 vol. in-8°.
BOURDEILLES (Claude de), petit-
neveu du précédent , comte de Montrésor,
attaché à Gaston d'Orléans dans sa faveur
et dans ses disgrâces , perdit plusieurs fois
sa liberté pour servir ce prince. Ennuyé
du tumulte et des tracasserios de la cour,
il prit le parti de goûter les douceurs
d'une vie privée. Il mourut à Paris en
1663. Il a laissé des Mémoires* connus
sous le nom de Montrésor * 2 vol. in-12 ,
qui sont curieux. Il y a plusieurs pièces
sur l'histoire de son temps. Montrésor ne
craint point de raconter les projets for-
més par lui contre la vie du cardinal de
Richelieu.
♦BOURDELIN (l'abbé), né en 1725,
fut instituteur à Lyon. On a de lui : Nou-
veaux élémens de la langue latine * ou
Cours de thèmes français-lalins. Il mou-
rut, en 1783.
BOURDELOT (Jean), maître des re-
quêtes de la reine Marie de Médicis , sa-
vant dans les langues et la jurisprudence,
auteur des Notes sur Lucien , sur Hélio-
dore et sur Pétrone, mourut en 1638. Ses
Commentaires sont estimés des sa vans ,
mais assez peu consultés.
BOURDELOT ( l'abbé , dont le vrai nom
était Pierre MICHON ) , neveu du précé-
dent, et fils d'un chirurgien de Sens retiré
à Genève, naquit dans cette ville en 1610.
Il s'appliqua à la médecine, et fut médecin
du grand Condé. Christine, reine de Suède
l'appela en 1651 auprès d'elle, et obtint
ensuite pour lui l'abbaye de Massay. Il
mourut à Paris en 1685. Un valet inconsi-
déré mit un morceau d'opium dans un
purgatif qu'on devait lui donner : ce poi-
son le jeta dans un assoupissement. On
voulut l'éveiller, on le brûla , la gangrène
se mit à sa plaie , et il en mourut. On a
de lui plusieurs traités : De la vipère,
1651 , in-12 : Du mont Etna* etc. Le pape
lui avait permis d'exercer la médecine
gratuitement. Il laissa en manuscrit un
Catalogue de livres de médecine avec des
notices sur les vies des auteurs et la cri-
tique de leurs ouvrages.
BOURDIGNÉ ( Charles de ) , prêtre ,
natif d'Angers , y vivait en 1531. Il est au-
teur de la Légende de Pierre Faifeu * en
BOU 49
vers, Angers, 1532, in-4°; Taris, 1723,
in-12. C'est un récit de toutes les espiè-
gleries que Faifeu, écolier d'Angers, jeune
débauché, met en usage pour parvenir à
ses fins. Cet ouvrage, divisé en 49 cha-
pitres, est fait avec esprit. — Charles
avait un frère (Jean de BOURDIGNÉ)
chanoine d'Angers, mort en 1535, dont on
a Y Histoire d'Anjou et du Maine , Angers
4529 , in-fol. , dans laquelle il y a bien des
fables.
BOURDIN (Maurice), antipape en
I- i 18-, sous le nom de Grégoire VIII , était
auparavant archevêque de Brague. Ex-
communié au concile de Reims l'an 1119 ,
il se retira à Sutri. Calixte II envoya une
armée commandée par un cardinal , pour
former le siège de cette ville. Les habi-
tans de Sutri, voyant battre leurs mu-
railles pour un misérable antipape, le li-
vrèrent aux soldais, qui l'amenèrent à
Rome sur un chameau , à rebours , tenant
en main la queue au lieu de bride , et cou-
vert d'une peau de mouton toute sanglante
en guise de chappe d'écarlate. Bourdin
mourut en prison, à Sulmone, la même
année 1122. Ses ordinations furent décla-
rées nulles au premier concile général de
Latran l'an 1123 : ce qu'il ne faut cepen-
dant entendre que relativement à l'exer-
cice et aux fonctions légitimes du sacer-
doce et de l'épiscopat , et enfin au rang et
aux honneurs attachés à ces dignités.
* BOURDIN ( Charles ) , archidiacre
et grand-vicaire de Noyon , publia Y His-
toire de Notre-Dame de Fieulaines , St-
Quentin, 1662.
* BOURDIN (Matthieu )., religieux mi-
nime , mort en 1692 , publia la Vie de
Madeleine Vigneron, du tiers-ordre de
St-François-de-Paule , Rouen, 1689, in-
12.
* BOURDIN (Jacques), seigneur de
Vilaines, secrétaire d'état sous Henri II,
François II et Charles IX, dressa les in-
structions sur les libertés de l'église gal-
licane , pour les députes français envoyés
au concile de Trente. On les trouve dans
le recueil des Actes de ce concile , Paris ,
1634. Il fut ensuite employé aux négocia-
tions de Troyes pour la. conclusion de la
paix avec l'Angleterre, et mourut en
1567.
* BOURDIP," (Nicolas), petit-fils du
précédent , était gouverneur de Vitry-le-
Français. Il mourut en 1676 , laissant quel-
ques écrits sur les mathématiques et l'as-
trologie , Paris , 1644 , 1654 , in-4°.
BOURDOISE (Adrien), prêtre, natif
o BOU
du Perche, inslituteur du séminaire de
Saint-Nicolas du Cliardomict à Paris , né
en 1584, fut l'ami de Saint -Vincent de
Paule,et mourut en odeur de sainteté en
1655, à 71 ans. Catéchismes, missions,
conférences, il se porlait à tout avec une
égale vivacité. Les gens du monde lui-ont
quelquefois trouvé du ridicule ; mais les
règles de l'usage et des bienséances reçues
ne sont pas toujours celles de la charité
et du xèle. Un écrivain prolestant n'a pu
s'empêcher de convenir que dans sa vie
« on découvre un homme d'une simplicité
» originale , d'une droiture chrétienne ,
» d'une piété édifiante , et en qui des
» mœurs antiques et un fonds de probité
» tenaient lieu d'études et de lumières. *
La première édition de sa Vie t qui parut
en 1714, in-4° péchait par une trop grande
exactitude de détails quelquefois minu-
tieux , qu'on a retranchés dans celle qui a
paru en 1784 , in-12 , où l'on a cependant
très bien fait de conserver certains traits,
peu imporlans en eux-mêmes , mais très
propres à donner une idée juste de ce zélé
et respectable ecclésiastique. Telle est l'a-
necdote suivante. « Un jour madame la
» duchesse d'Aiguillon , nièce du cardinal
» de Richelieu, vint entendre la messe à
» Saint-Nicolas , ses officiers placèrent son
» carreau dans le sanctuaire : M. Bour-
» doise le prit aussitôt et le porta hors du
» choeur, en représentant d'une manière
» respectueuse à cette duchesse , que la
» nef était la place des laïques. M. le car-
» dinal de Richelieu qui le sut , fut choqué
» de ce qu'on avait ainsi traité sa nièce ,
» et fit appeler le saint prêtre. M. Bour-
» doise refusa d'abord d'y aller , en disant
» qu'il n'avait point l'honneur d'être connu
» de son éminence , et qu'assurément on
» le prenait pour un autre. On l'avertit
» une seconde fois, et on lui envoya même
» le carrosse dont il ne voulut pas se ser-
» vir ; il partit sur-le-champ à pied , et on
n le fit entrer dans le moment même qu'il
» parut. Comme il saluait profondément
» son Eminence : Est-ce donc vous , lui
» dit-elle , qui avez chassé ma nièce du
» chœur de votre église ? — Non, monsei-
vgneur. — Ne vous appelez -vous pat
» Bourdoise ? — Oui, monseigneur. —
» Eh ! c'est vous-même qui lui avez faii
-> cet affront. — Pardonnez - moi , mon-
» seigneur. — Et qui est-ce donc ? — C'est
» votre Eminence, ce sont tous les prélat%
» assemblés en concile , qui ont défendu
» aux laïques , et surtout aux femmes »
» d'entrer dans le chaur, afin que les eo
42
liOU
A9A
«OU
u clésiasiiques y postent faire librement
p leurs fonctions. Ce grand minisire fut
» surpris de celle réponse , quoiqu'il n'en
» parût pas fort content ; mais madame la
> duchesse d'Aiguillon profita de l'avis du
» serviteur de Dieu , et elle lui en sut si
» bon gré , qu'elle vint plus souvent à
» Saint-Nicolas : pendant sa vie elle ne
» cessa de répandre ses bienfaits sur le sé-
» minaire , et elle ne l'oublia pas dans son
» testament. »
BOURDON (Sébastien), peinlre et
graveur, naquit à Montpellier en 1G16.
Son père , peintre sur verre , fut son
premier maître. Après avoir servi quel-
que temps, il voyagea en Italie, et y saisit
la manière de Claude le Lorrain, deCara-
vage et du Bamboche, prenant toutes les
formes avec une facilité égale. De retour
en France, à l'âge de 27 ans , il se fit un
nom célèbre par son tableau du Martyre
de saint Pierre, qu'on voit à Noire-Dame
de Paris. Il entreprit ensuite le voyage
de Suède. Il y fut bien accueilli par Chris-
tine ; mais bientôt après , entraîné par
son inquiétude et son inconstance , il re-
vint dans son pays ; il y fit plusieurs ta-
bleaux , dans lesquels on remarque une
imagination fougueuse et bouillante, une
louche légère , un coloris , un goût ex-
traordinaire et quelquefois bizarre. Son
pinceau était peu correct , mais facile. Il
paria qu'il peindrait _. dans un jour, douze
têtes d'après nature , de grandeur natu-
relle , et il gagna son pari : ces tètes ne
sont pas les moindres de ses ouvrages. Il
finissait peu, mais le feu et la liberté qu'il
mettait dans tous ses tableaux font plus
rechercher ses productions les moins
finies, que les chefs-d'œuvre d'un peintre
d'un génie médiocre. Il réussissait dans
tous les genres , surtout dans le paysage.
Ses tableaux ornent plusieurs églises de
Paris, et différentes maisons particulières.
Ce maître travaillait pour Louis XIV, dans
l'appartement des Tuileries , lorsque la
mort l'enleva en 1662. Il était directeur
de l'académie de peinture, où sa mémoire
a été long-temps chère , autant par ses
talens que par ses mœurs. On remarque
parmi ses tableaux le Martyre de saint
Pierre , le supplice de saint Gervais et
saint Protais t son Portrait , le Repos rie
la sainte Famille, Jésus bénissant ses
disciples, une Descente de croix , etc.
BOURDON ( Amiî ) , fils d'un ingénieur
du roi d'Espagne , naquit à Cambrai en
1658 et mourut dans cette ville en 170G.
A l'âge de 56 ans, et père de 12 enfans
vivans , il se détermina à prendre ses de-
grés en médecine dans l'université de
Douai en 1G73. Il fit paraître en 1678,
pour l'instruction d'un fils qu'il destinai!
â cette profession, ses Tables anatomiques
in-fol. avec sa Description anatomique
du corps humain * in-12 , qui a été sou-
vent réimprimée , parce que c'était alors
un des ouvrages les plus parfaits dans ce
genre.
* BOURDON de SIGRAIS ( Claude-
Guillaume), chevalier de Saint-Louis,
membre de l'académie des Inscriptions et
belles-lctlres , né en Franche-Comié en
1715, mort à Paris en 1791. Il suivit d'a-
bord la carrière des armes , qu'il quitta
pour se livrer uniquement aux lettres.
On a de lui : | Histoire des ?'ats , pour
servir à l'histoire universelle, Ratopolis,
1738 , in-8°, avec fig., réimprimée en 1787
dans le tome XI de la collection des Oeu-
vres badines du comte de Caylus : c'est
une production delà jeunesse de l'auteur.
L' Histoire des chats, de Moncrif, lui avait
fourni l'idée de cette plaisanterie ingé-
nieuse. | Institutions militaires de Végè ce ,
trad. en finançais, Paris, Prault , 1749,
in-12; Amsterd., 1744 , in-12; Paris, 1759,
in-12, fig. : celte traduction est estimée.
! Considérations sur l'esprit militaire des
Gaulois., pour servir d'éclaircissement
préliminaire aux mêmes recherches sur
les Français , et d'introduction à l'His-
toire de France, 1774, in-12. | Considéra-
tions sur l'esprit militaire des Germains,
depuis l'an de Rome 640 jusqu'en 176 de
l'ère vulgaire , Paris, 1781, in-12. | Con-
sidérations sur l'esprit militaire des
Francs et des Français, depuis le com-
mencement du règne de Clovis en 482 ,
jusqu'à la fin de celui de Henri IV, en
1610, Paris, 178G, in-12. Ces trois volumes
forment le recueil des dissertations lues
par l'auteur à l'académie des inscriptions
et belles -lettres : elles sont curieuses et
intéressantes. | Dialogue sur les orateurs*
traduit en français, Paris, 1782, in-12.
Bourdon pense que cet ouvrage doit être
attribué à Tacite. Il a su profiter des tra-
ductions de ses prédécesseurs pour en
donner une plus fidèle et plus élégante,
mais à laquelle on préfère aujourd'hui
celle qu'en a donnée Dnreau-Delamalle ,
dans sa traduction de Tacite.
* BOURDON ( Fraxçois-Louis ) , sur-
nommé de l'Oise , du nom de son dépar-
tement, fils d'un cultivateur des environs
de Compiègne , suivit le barreau à Paris
et devint procureur au parlement. Lis
BOU
/fcOîi
uou
principes de la révolution exaltèrent son
imagination ardente, et il en suivit le parti
avec nn véritable emportement. Au 10 août
1792, il fut un des chefs de la terrible in-
surrection qui ensanglanta les Tuileries,
député à la Convention , il y déploya les
opinions les plus violentes qu'il soutenait
en provoquant ses collègues en duel, et fut
toujours à la tète de ceux qui proposaient
les mesures les plus incendiaires. Il vota
la mort du roi , et contribua beaucoup aux
révolutions du 51 mai 1795 et du 27 juillet
4794. Ayant été chargé de surveiller les
opérations de l'armée de l'ouest , il desti-
tua le général Rossignol et eut à ce sujet
quelques contestations avec Robespierre,
qu'il poursuivit avec ardeur et à la perle
duquel il contribua puissamment. Depuis
ce moment , il se montra aussi forcené
réacteur qu'il avait été ardent révolu-
tionnaire; mais toujours guidé par ses
passions, sa conduite devint incertaine et
ses actions sans cesse contradictoires les
unes avec les autres. On le vit solliciter
tout à la fois le rapport de la loi qui
éloignait les nobles de Paris, et accuser
de perfidie la proposition de suppri-
mer les comités révolutionnaires. Il ne
cessa jusqu'à la fin de l'assemblée de pro-
voquer une foule delcis de circonstances,
qui toutes portaient le cachet de l'irrégu-
larité de ses idées. Après la révolution de
4795, il poursuivit plusieurs députés mon-
tagnards , autrefois ses complices , et coo-
péra à leur perte; mais il fut à son tour
la victime du parti directorial : à la suite
de la journée du 18 fructidor, il fut dé-
porté à Cayenne , et mourut à Sinnamary
quelques jours après son arrivée, lais-
sant entrevoir les remords qui doivent
remplir l'àme d'un régicide. « Messieurs,
» disait-il à ses compagnons d'infortune,
» en quelque lieu de la terre que vous
» vous trouviez, , on vous plaindra , vous
» aurez des consolateurs ; mais Bourdon
»de l'Oise....! »
* BOURDOX de la CROSNIÈRE ( LÉo-
na rd- Je an- Joseph ) , né à Orléans, fils
d'un premier commis des finances , était
établi à Paris où il avait avant , la révolu-
tion , fondé une maison d'éducation et
figura dès le 14 juillet 1789 , dans les trou-
bles révolutionnaires. Il obtint de l'assem-
blée constituante l'autorisation de loger
chez lui un centenaire du Mont- Jura ,
qu'il faisait servir par ses élèves, pour
les accoutumer, disait -il, à honorer la
vieillesse. En 1792 , il fut député à la Con-
vention nationale. Avant l'ouverture de
la session , il avait été envoyé à Orléans
par la commune de Paris , pour assurer
la translation à la capitale des prison-
niers de la haute cour, qui furent im-
pitoyablement massacrés à Versailles.
On a pensé , sans en avoir la certitude ,
que Bourdon s'était rendu complice da
cet assassinat. Durant la détention de
Louis XVI au Temple , il proposa, le pre-
mier , d'interdire à ce prince toute com-
munication avec sa famille , et vota en-
suite la mort sans appel , en hâtant de ses
vœux barbares l'exécution du jugement.
En passant par Orléans le 16 mars 1795 ,
il fit condamner à mort tous les citoyens
qui montaient la garde le soir de cette
journée , sous prétexte qu'un factionnaire
avec lequel, à la suite d'une orgie, il
s'était pris de querelle, avait voulu le
percer de sa bayonnette. Le 8 août sui-
vant, Bourdon fut élu secrétaire de la
Convention, où: il sollicita la formation
d'une armée révolutionnaire dans chaque
département, et, peu de temps après,
président des jacobins. En janvier 1794 ,
il rompit avec Robespierre, parce que ce-
lui-ci s'était opposé à une proposition faite
par lui. Adjoint à Barras pour commander
la garde nationale dans la journée du 9
thermidor où son adversaire fut renver-
sé , il pénétra avec la force armée dans
la maison commune , et s'empara de Ro-
bespierre qui s'y était réfugié avec les
chefs de son parti. Bientôt après il fit dé-
créter la translation du corps de Marat au
Panthéon , et dirigea lui-même cette
odieuse cérémonie. Arrêté comme com-
plice de la conspiration qui éclata le 12
germinal an 5 ( 1er avril 1795 ) , il fut con-
duit au château de Ham. L'amnistie du
25 octobre 1795 lui rendit la liberté et la
vie. Bourdon fit ensuite partie du conseil
des Cinq-cents, où Boissy d'Anglas le
traita d'assassin révolutionnaire , et de-
vint agent du Directoire à Hambourg ,
d'où il lit sortir les émigrés. Il avait fon-
dé , en 1795 , l'école des Elèves de la Pa-
trie , et il dirigeait encore à Paris , en
1805, quelque temps avant sa mort,
une école primaire. On a de lui : | Mè-
moire sur l'instruction et l'éducation na-
tionale , 1789, in-8° ; | Recueil des ac-
tions civiques des républicains français _,
4 numéros, 1794, in-8° ; | en société
avec Moiine et Valcourt : Le tombeau des
imposteurs > ou l'inauguration du temple
de la Vérité , sans-culottide dramatique,
1794 , in-8°.
BOURDONNAIS ( Bernard-François
BOU A96
MAHÉ de la), né à Sainl-Malo en 1699, fut
à la fois négociant et guerrier (1). Chargé
de bonne heure des affaires de la compa-
gnie des Indes , il lui fut utile dans plus
d'un voyage qu'il entreprit pour favoriser
les intérêts de celte compagnie, et pour
augmenter sa propre fortune. Le roi le
nomma gouverneur-général des îles de
France et de Bourbon, et elles devinrent
florissantes sous son administration. C'é-
tait dans le temps de la guerre malheu-
reuse de 1741. Les Anglais dominaient
dans l'Inde. Une escadre anglaise croisait
dans les mers, gênait le commerce des
Français et faisait beaucoup de prises. La
Bourdonnais prend la résolution d'armer
une petite flotte. Il sort de l'île de Bourbon
avec 9 vaisseaux de guerre , attaque l'es-
cadre ennemie , la disperse, et va mettre
le siège devant Madras. Cette ville capi-
tula en septembre 1746 , et les vaincus se
rachetèrent pour environ neuf millions.
Les richesses que la Bourdonnais avait
acquises ayant excité l'envie , on peignit
le vainqueur de Madras comme un pré-
varicateur qui avait exigé une rançon trop
faible, et qui s'était laissé corrompre par
des présens. Les directeurs de la compa-
gnie des Indes, et plusieurs actionnaires,
portèrent leurs plaintes au ministère ; et
la Bourdonnais, en arrivant en France ,
fut enfermé à la Bastille. Son procès dura
5 ans et demi. Enfin les commissaires du
conseil qu'on lui donna pour juges, le dé-
clarèrent innocent. Il fut remis en liberté,
et rétabli dans tous ses honneurs. Il mou-
rut bientôt après, en 1755 , d'une maladie
cruelle , que le chagrin et sa longue dé-
tention lui avaient causée. C'était un
homme comparable à Duguai-Trouin , et
aussi intelligent dans le commerce qu'ha-
bile dans la marine. Il avait d'ailleurs
beaucoup d'esprit. Un des directeurs de la
compagnie des Indes lui demandant un
jour, comment il s'y était pris pour faire
bien mieux ses affaires que celles de la
compagnie. « C'est, répondit-il, parce que
» j'ai suivi vos instructions dans tout ce
» qui vous regardait, et que je n'ai con-
• suite que moi-même dans ce qui con-
cernait mes intérêts. »
BOURDOTde RICIIEBOUBG (Chaules-
(i) Malié de la Bourdonnait était capitaine de fre'-
gate et chevalier des ordres miLitaires de Saint-Louis
et du Christ. Celle dernière décoration lui fut don-
née par le roi de Portugal, pour avoir sauve' d'une
perte certaine deux vaisseaux de guerre port-jgais. Il
servit même quelque temps ce prince qui lui avait
confère le grade de capitaine de vaisseau.
BOU
Antoine) , avocat à Paris en 1689, mou-
rut dans cette ville le 11 décembre 1755.
Il a donné un Coutumier général 3 avec
des notes, Paris, 1724,8 vol. in-fol. (i) C'é-
tait un homme qui, à beaucoup de littéra-
ture , joignait un grand fonds de religion.
BOU11G ( Anne du ) , de Riom, conseil-
ler-clerc au parlement de Paris , se fit con-
naître par un attachement fanatique à la
religion de Calvin. Ayant parlé avec une
espèce de fureur pour les partisans de
celle doctrine dans une assemblée du par-
lement, Henri II le lit arrêter. On lui fit
son procès; il fut déclaré hérétique, dé-
gradé de l'ordre de prêtrise, pendu et
brûlé en Grève en 1559 , à 58 ans. On le
soupçonna d'avoir eu part à l'assassinat
du président Minart, un de ses juges : ce
meurtre hâta son supplice et celui do
plusieurs calvinistes. Ces sectaires s'en
vengèrent par la conspiration d'Amboiso
el les guerres qui la suivirent. Du Bourg
était un des plus dangereux émissaires du
calvinisme , dont il aurait propagé les
erreurs , s'il l'avait pu, sur les ruines de
la religion etde l'état. On voit par-là com-
bien les protcslans se sont donné de ridi-
cule , en mettant au nombre des martyrs
un fanatique opiniâtre et séditieux.
BOUHG ( Eléoxor-Marie du MAINE,
comte du ) , né en 1655 , servit avec dis-
tinction sous Louis XIV , commanda en
chef l'armée du Rhin en 1709, gagna la
bataille de Rinnetsheim sur les troupes
impériales, fut fait maréchal de France
en 1724 , et mourut en 1759.
* BOURGEAT (Louis- Alexandre Mar-
guerite ), né à Grenoble en 1787, s'y fit
recevoir avocat en 1809. Mais la faiblesse
de sa sanlé et son goût pour les lettres le
déterminèrent à quitter le barreau. Il vint
à Paris en 1812, et y travailla à divers
ouvrages et recueils périodiques, enlro
autres à la Biographie universelle, au
Mercure de France et au Magasin ency-
clopédique. Il remporta , à la fin de 1813,
le prix proposé par la Société des sciences
et arts de Grenoble, pour la meilleure
Histoire des Allobroges et des Voconces,
prouvée par les mimumens et les auteurs.
Bourgeat avait entrepris de traduire Y Es-
sai historique sur les Scaldes , ou anciens
poètes Scandinaves, ouvrage italien par
Grabert Hemsô , et avait en outre com-
mencé une Histoire de la guerre contre
les albigeois J lorsqu'il fut surpris par la
mort en 1814, à l'âge de 27 ans.
U) Ces S louict sont ordinairement
:o4. v»L
BOU
497
BOTJ
BOURGELA.T ( Claude ) , directeur et
inspecteur-général des écoles vétérinaires
en France, qui lui doivent leur institu-
tion, mourut le 3 janvier 1779, dans un
âge avancé , après avoir dirigé ces écoles
par lui-même et par ses ouvrages, tels
que : | Elémens dliippiatrique , 1750, 5
vol. in-8°. | Le nouveau Newcaslle , ou
Traité de cavalerie,, 1747, in-12. | Ma-
tière médicale raisonnée , à l'usage des
écoles vétérinaires , 1771 , in- 8° ; | Traité
de la conformation extérieure du che-
val, de sa beauté et de ses défauts , du
choix des chevaux et des haras , Paris ,
17G9 , in-8°. | Essai sur la ferrure , in-8°.
* BOURGEOIS ( Jacques ) , trinitaire ,
a donné : Amortissement de toutes per-
turbations, et Réveildes mourans, Douai,
1576.
BOURGEOIS ( Louis ). Voyez BUR-
GENSÏS.
BOURGEOIS ( Louis le ), abbé de
Chante-Merle, né à Heauville au diocèse
de Coutances, mort doyen de l'église à'A-
vranches en 1680 , consacra sa verve poé-
tique à des sujets chrétiens. On a de lui
| Le Catéchisme en forme de cantiques,
à l'usage du Dauphin, 1669 et 1684. J V His-
toire des Mystères de J.-C. et de la Vierge;
| Les Psaumes pénitentiaux. La poésie de
ces trois ouvrages est facile, mais faible
et sans images.
* BOURGEOIS ( Louise ) , dite BOUR-
SIER , accoucheuse distinguée dans le 17e
siècle, assista, dans toutes ses couches,
Marie de Médicis , femme de Henri IV.
On a d'elle im ouvrage , où se trouvent
des croyances ridicules, et quelques pré-
tendus secrets , avec de bonnes observa-
tions et des faits pratiques. Il est intitulé :
Observations sur la stérilité, perte de fruit,
fécondité, accouchemens et maladies des
femmes etenfans nouveau-nés,Va.ris , 1609,
1626, in-12 ; 1642; liv. 1er et 2e ; 1644, li v. 5e,
in-8°; traduit en latin, Oppenheim, 1619,
in-4°; en allemand, Francfort, 1628, in-
4°; en hollandais, Delft, 1658, in-8°.
| Récit véritable de lanaissance des rnes-
seigneurs et dames les en fans de France,
Paris, 1625, in-12. On a encore, sous le
nom de Louise Bourgeois , Apologie con-
tre les rapports des médecins, Paris, 1627,
in-8°. Secrets, 1635, in-8°.
* BOURGEOIS ( Antoixe ) , né dans
le diocèse d'Amiens, devint curé de Saint-
Germain et principal du collège, de Cres-
py, en Valois. Il fut un des premiers à
mettre en pratique le système des ver-
sions interlinéaires . recommandé par Du- ,
marsais. On a de lui : P. Virgilii Maronh
opéra , ordine perpetuo , interprétations-
bus gallicis , annotationibus et dictiona-
riis illuslrata, Senlis et Paris, 1755, 2
vol. in-8°.
* BOURGEOIS de Chastenet, avocat au
parlement, exerça pendant quelque temps
les fonctions de censeur royal , et publia
au commencement du 18e siècle les ou-
vrages suivans : | Les intérêts des princes
d'Allemagne , traduits du latin de Joa-
chim de ïransée ( B. P. de Chemnitz )
Freistadt , 1712 , 2 vol. in-12 ; | Histoire
du concile de Constance , où l'on fait voir
combien la France a contribué à l'ex-
tinction du schisme, Paris, 1718,in-4°;
| une édition de Y Histoire du monde de
Chevreau, en 8 vol. in-12, 1717, avec des
additions considérables, faussement at-
tribuée à l'abbé de Vertot, par les li-
braires de Hollande qui ont imprimé cet
ouvrage; | une édition de V Histoire de
l'empire , par Heiss , à laquelle il a ajouté
une continuation.
* BOURGEOIS (François), jésuite, né
en Lorraine , fut d'abord professeur de
théologie à Pont-à-Mousson , et passa en-
suite comme missionnaire à la Chine où
il arriva le 13 août 1671 , et où il devint su-
périeur de la résidence des jésuites fran-
çais à Pékin. Il s'occupa avec zèle de la
direction des chrétiens de cette capitale
et des provinces circonvoisines. On a de
lui un grand nombre de lettres répandues
dans les recueils des Lettres édifiantes , cl
dans les Mémoires sur l'Histoire, les arts
et les mœurs des Chinois. On ignore l'é-
poque de sa mort.
* BOURGEOIS, né à La Rochelle, exerça
quelque temps les fonctions d'avocat à Poi-
tiers. Vers 1755 il partit pour St.-Domin-
gue , et devint secrétaire de la chambre
d'agriculture du Cap-Français. Il est mort
vers 1780 doyen de l'académie de La Ro-
chelle. On a de lui : | Christophe Colomb,
ou l'Amérique découverte , 2 vol. in- 8°,
poème en 24 chanta, Paris, 1773, 2 vol.
in-8°. Il est aussi curieux qu'instructif;
l'on y trouve des notes qui renferment
des détails utiles et d'autant plus sûrs qu'il
a vu la plupart des choses qu'il décrit;
| Recherches historiques sur l'empereur
Othon IV, oh l'on examine si ce prince
a joui du duché d Aquitaine et du comté
de Poitiers en qualité de propriétaire ou
de simple administrateur , 1775, in-8°;
| Voyages intéressans dans différente*
colonies françaises et espagnoles , etc. ,
Paris 1788; ouvrage posthume extrait
42».
BOU
498
BOU
d'un grand nombre de manuscrits qu'il a
laisses à son neveu. On l'a joint à la Col-
lection abrégée des voyages faits autour du
monde , rédigée par Bérengcr, et il en
forme le tome X. Bourgeois s'occupait
beaucoup de recherches sur les antiqui-
tés. On les trouve consignées dans le
journal de Verdun , en 1739 et 1743 , dans
les mémoires de Trévoux et dans ceux de
l'académie de La Rochelle.
* BOURG ET ( don Jeaiv ) , supérieur
de l'abbaye du Bec en Normandie , né en
1724 , mort en 1776 , était membre de la
société des antiquaires de Londres. On
a de lui ; Histoire des antiquités des ab-
bayes de Normandie , inédite.
BOURG-FONTAINE. Voyez FILLEAU.
BOURGOGNE (le duc de }. Voyez
LOUIS.
BOURGOING (Edmond), prieur des
jacobins de Paris pendant la ligue , pris
à l'assaut d'un des faubourgs de cette
ville , armé en soldat, fut conduit à Tours
en 1589. Convaincu d'avoir été , dans ses
sermons , le panégyriste de son confrère
Jacques Clément , il fut tiré à quatre che-
vaux en 1590.
* BOURGOING (Jean), avocat-géné-
ral du bailliage de Nevers, est auteur
d'une Histoire de Louis de Gonzague,
duc de Nevers.
BOURGOING ( François ) , 5e général
de l'Oratoire, successeur du Père Con-
dren , naquit à Paris en 1685 , et mourut
en 1662. Il publia les ouvrages du cardi-
nal de Bérulle, Paris, 1642 , in-8°, dont
il avait été un des coopéraleurs , avec un
ahrégé de la Vie de ce grand homme, et
quelques autres écrits ascétiques de sa
composition. Bossuet prononça son orai-
son funèbre. — Il ne faut pas le confon-
dre avec un autre François BOURGOING
dit d' Jgnon, d'abord chanoine, ensuite
protestant , qui a donné une Histoire
ecclésiastique , recueillie principalement
des Docteurs de Magdebourg , Genève,
1653-1655 , 2 vol. in-fol. Quand on connaît
les Cenlurialeurs de Magdebourg qui lui
ont servi de modèle , l'on juge facilement
du mérite de l'ouvrage ; aussi n'a-t-il pas
fait fortune.
* BOURGOING ( Jean-François , ba-
ron de ) , né à Nevers en 1748 , lit ses pre-
mières études à l'école militaire de Paris,
et s'y livra avec ardeur à l'élude des lan-
gues et notamment de la langue alle-
mande. Envoyé à Strasbourg par le gou-
vernement, il y étudia le droit puhlic
sous le célèbre professeur Kugler. Trois
ans après il entra, en qualité d'officier,
dans le régiment d'Auvergne ; et on lo
nomma successivement secrétaire de lé-
galion et chargé d'affaires à Ralisbonne;
en 1777 il remplit les mêmes emplois au-
près de la cour de Madrid. Nommé en 1787
ministre plénipotentiaire à Hambourg, il
en fut rappelé pour retourner en Espa-
gne , où il demeura jusqu'au mois de mars
1793. De retour dans sa patrie , il se retira
auprès de sa famille, à Nevers, où il rem-
plit la place de maire. Après le 18 bru-
maire, le gouvernement le nomma minis-
tre plénipotentiaire à Copenhague , puis
à Stockholm et ensuite à Dresde. Il mou-
rut aux eaux de Carlsbad le 20 juillet
1811. On a de lui: | Nouveau voyage en
Espagne, ou tableau actuel de cette mo-
narchie, 1789 et 1797, 3 vol. in-8°, réim-
primé en 1803 et en 1807 , sous le titre de
Tableau de l'Espagne moderne . 3 vol.
in-8° et atlas. C'est son meilleur ouvrage
quoiqu'on lui reproche beaucoup d'er-
reurs et d'inexactitudes. | Mémoires his-
toriques et philosophiques sur Pie VI et
sur son pontificat , jusqu'à sa retraite eu
Espaqne , 1798. Ces mémoires justifient
bien leur titre de philosophiques : le
pape et la cour de Rome y sont jugés
avec beaucoup de légèreté et de partia-
lité- | Histoire des Flibustiers , traduite
de l'allemand , Paris , 1804 , in-8°. | His-
toire de l'empereur Charlemagne , 1805 ,
in-8°. | Correspondance d'un jeune min-
utaire, 2 vol. in-12. | Les amours d'un
jeune militaire, etc. Il a été éditeur de la
Correspondance de Voltaire avec M. de
Bernis.
BOURGUET ( Louis ) , né à Nimes en
1678 , se fit un nom par ses connaissances
dans l'histoire naturelle. La révocation
de l'édit de Nantes engagea sa famille, at-
tachée aux erreurs de Calvin, d'aller
chercher une retraite à Zurich en Suisse.
Le jeune Bourguet y fit ses éludes, il se
maria à Berne, et alla s'établir à Neuchâ-
tel , où il devint professeur de philosophie
et de mathématiques. Il mourut le 51 dé-
cemhre 1742. On a de lui : | Lettre sur la
formation des sels et des cristaux , Ams-
terdam, 1729, in-12. | La Bibliothèque
italique, 16 vol in-8°. Ce Journal , com-
mencé à Genève en 1728 , renferme des
choses utiles, mais dites sans intérêt et
sans élégance ; aussi ne songea-t-on p as à
le continuer.
BOURGUEVILLE ( Cuarles de ), con-
nu sous le nom de sieur de Bras . lieute-
nant-général de Caen, mort en 1593, est
BOU
4-99
BOU
auteur des Recherches et antiquités de la
Neustrie et de sa ville, Caeiv, 1588, in-
lt° et in-8°. « Ce livre , tout défectueux
» qu'il est , dit l'abbé Lenglet , est un tré-
» sor qui nous a conservé une infinité de
• choses curieuses de ce pays, qui se-
rraient demeurées dans l'oubli. Il aurait
» eu besoin d'un peu plus de sel , pour
» corriger quelques naïvetés dans lcs-
» quelles l'auteur est tombé , par le dé-
» faut de son grand âge; car il courait
* sa 85e année. » Voyez Méthode pour
étudier l'Histoire, tome 13 , page 71.
* BOURGUIGXOX-DUMOLARD
(Claude-Sébastien) , né en 17*30 à Vif,
près de Grenoble , et mort en 1829 , exer-
çait dans cette dernière ville avant la ré-
volution des fonctions administratives et
judiciaires. Il fut arrêté après les événe-
mens du 31 mai 1793 , comme chef des fé-
déralistes du midi. Après son élargisse-
ment , il vint à Paris et quitta son nom de
Dumolard, sous lequel il était plus connu,
espérant ainsi se soustraire à la loi des
suspects. Il apposa les scellés sur les pa-
piers des deux Robespierre , à l'époque
du 9 thermidor , et profita de l'influence
que lui donnait le titre de secrétaire-gé-
néral du comité de sûreté générale pour
rendre la liberté à un grand nombre de
détenus. Il devint successivement chef de
division au ministère de l'intérieur, secré-
taire-général du ministère de la justice,
commissaire du Directoire près le tribu-
nal civil de Paris , puis près la cour de
cassation, enfin ministre de la police , lors
de l'entrée de Gohier au Directoire. Fou-
ché de Nantes l'ayant remplacé , quelque
temps avant le 18 brumaire, Bourguignon
fut nommé régisseur de l'enregistrement
et des domaines. Il entra ensuite dans la
magistrature et devint conseiller à la cour
royale de Paris. Après la seconde restau-
ration, il fut mis à la retraite avec le titre
de conseiller honoraire. On a de lui :
| Trois Mémoires sur l'institution dujuri,
dont le premier fut couronné par l'insti-
tut, en l'an 10. | Manuel d'Instruction
criminelle , 1810, in-4° ; 1820, 2 vol. iu-
8° ; | Dictionnaire raisonné des lois pé-
nales en France , 1811, 3 vol. in-8" ;
j Conférence des cinq codes entre eux et
avec les lois et règlemens , etc., 1818, 1
vol. in-12 ; | Jurisprudence des Codes
criminels , 1825 , 3 vol. in-8°. — Son fils
Henri-Frédéric , né à Grenoble en 1785,
et mort conseiller à la cour royale en 1825 ,
est auteur de plusieurs vaudevilles, de
chansons de table et de romances.
BOURGUIGXOX. Vouez COURTOÏ3.
BOURIGXON ( Axtoixette), naquit à
Lille en Flandre l'an 1610. Parvenue à
l'âge de se marier, elle s'enfuit dans le
désert, habillée en ermite. L'archevêque
de Cambrai lui accorda une solitude , où
elle forma une petite communauté, sans
autre vœu et sans autre règle que l'amour
de Dieu et l'Evangile : cette singularité
la fit renvoyer. Elle alla se renfermer
alors dans une chambre à Lille, où elle
vécut seule pendant quatre ans. Elle cou-
rut ensuite dans diverses villes, à Gand,
à Malincs , à Amsterdam , à Franeker, où
elle mourut l'an 1680. Cette fille s'imagina
être destinée à répandre de nouvelles lu-
mières sur la pratique de la perfection
chrétienne. Ou a d'elle 21 vol. in-8° , im-
primés à Amsterdam en 1686. Poiret , son
disciple , a augmenté ce recueil de la vie
de cette mystique. On la considère ordi-
nairement comme une personne aliénée,
ou comme atteinte du fanatisme des quié-
tistes. Peut-être ses erreurs sont-elles plus
dans les mots que dans les choses; pén-
ètre aussi sa principale erreur est-elle
d'avoir voulu faire une théorie suivie et
raisonnée des voies secrètes , par les-
quelles Dieu conduit quelques âmes pri-
vilégiées ; voies dont le plan n'a point été
révélé aux hommes , dont la publication
ne peut avoir d'effets utiles , et qui , si on
entreprenait de les généraliser, porte-
raient le désordre dans la morale ( Voyez
ARMELLE , saint JEAN DE LA CROIX,
RUSBROCK, TAULÈRE ). Il faut conve-
nir que l'histoire de sa vie, ses liaisons et
différentes anecdotes donnent au moins
des doutes fondés sur l'état de sa tète.
Voyez POIRET.
* BOURIGXOX ( François-Marie ),né
à Saintes vers 1755 , de parens obscurs,
reçut une bonne éducation , et s'appli-
qua, dans sa jeunesse, à l'étude des an-
tiquités, il y fit des progrès étonnans;
mais cette occupation ne pouvant le con-
duire à la fortune, il vint à Paris étudier
la chirurgie. Le goût de la poésie s'étant
emparé de lui, il composa, avec MM.
Piis et Barré, quelques vaudevilles qui
eurent le succès éphémère qu'obtiennent
facilement ces sortes de pièces , peu hono-
rables d'ailleurs , et souvent l'écueil de
la décence et des mœurs. De retour dans
sa patrie, Bourignon fit sur les monu-
mens antiques de nouvelles recherches
et méditait sur ce sujet un ouvrage qu'il
ne put. exécuter, sa publication entrai»
.nant de froj) grands frais. Il établit une
BOU
K00
IîOU
feuille hebdomadaire, dans laquelle il
sut répandre de l'intérêt ; mais à l'époque
delà révolution, dont il embrassa les
principes, elle devint l'écho des plus vio-
lentes déclamations républicaines. Ayant
voulu propager de vive voix ses idées
dans un village qui n'aimait pas les inno-
vations , il fut si vigoureusement assailli
de coups, qu'il mourut peu après des
suites de cette aventure. Il a publié :
| Amuscmens littéraires , in -8°. | Obser-
vations sur quelques antiquités romaines
déterrées au Palais-Royal, 1789 , in-8° ;
| Recherches topographiques sur les an-
tiquités gauloises et romaines de la Sain-
longe et de l'Angoûmois, 1789, in-8°.
* BOURRE ( Edmond ), d'une famille
originaire d'Irlande , conseiller intime du
roi de Danemarck , né en 1761 , à Sainle-
fcroix, fut successivement ambassadeur
de Danemarck en Pologne , en Suède , à
Naples, en Espagne, à Londres, et à Paris.
II eut une grande part au traité de Kiel
de 1814 , qui réunit la Norwége à la Suè-
de , ainsi qu'à plusieurs autres qui furent
conclus la même année. Il est mort aux
bains de Vichy, au mois d'août 1821. On
a publié après sa mort l'ouvrage suivant;
Notice sur les ruines les plus remarqua-
bles de Naples et de ses environs, rédi-
gée , en \Tdo,par le comte Edmond de
Bourke , publiée par sa veuve et dédiée
aux amis de son mari , Paris, 1823, in-
8°, figures.
* BOURKHARD-VICHMANîY , né à
Riga en 1786, et mort à Saint-Pétersbourg,
le 1er août 1822 , fit ses études dans les
universités de Gœttingue , d'Iéna et de
Heidelberg , et embrassa l'état de méde-
cin qu'il abandonna bientôt pour s'occu-
per exclusivement d'histoire et de géo-
graphie. Il se rendit à Saint-Pétersbourg
en 1808 , et y devint successivement pro-
fesseur d'histoire et de statistique au
Corps des cadets , précepteur des enfans
de la duchesse de Wurtemberg , enfin se-
crétaire du comte Roumantzof, et con-
servateur de sa bibliothèque. Envoyé en
Courlande pour y diriger les écoles, il
revint habiter Riga en 1817 et 1818 , et
vendit à cette époque au prince Labanof-
Rostowsky, pour 15,000 roubles , une
collection de trois mille volumes , en di-
verses langues, tous relatifs à la Russie.
De retour à Saint-Pétersbourg , en 1820 ,
il avoit formé le dessein d'y fonder un
musée national ; mais son projet échoua
et Bourkhard vendit pour 10,000 roubles
à la bibliothèque de l'état-major de l'em-
pereur Alexandre , une nouvelle collec-
tion de manuscrits et d'ouvrages, rassem-
blés dans ce but. On a de lui : | Tableau
de la monarchie russe, Leipsick , 1803 ;
| Sur l'élection au trône de Michel Roma^
nof, Leipsick, 1820; | Collection d'ouvrages
inédits , relatifs à l'histoire ancienne de
la Russie , tome 1er, Berlin , 1820 ; | Musée
national, russe , Riga , 1820 ; c'est le plan
de Rétablissement qu'il avait formé le pro-
jet d'ériger. | Aperçu chronologique de
l'Histoire moderne russe* 2 vol., Leip-
sick, 1821. Ces différens ouvrages sont
écrits en langue russe ou allemande.
Bourkbard-Vichmann a écrit en outre
dans plusieurs journaux allemands et
russes
* BOURLÉ ( Jacques) , né dans le 10e
siècle, à Longménil, diocèse de Beauvais,
docteur de Sorbonne , et curé de la pa-
roisse St.-Germain-le-Vieil , de Paris, a
composé un grand nombre d'ouvrages,
entre autres : | des Regrets sur la mort
haslive de Charles IX , roi de France ,
Paris , 1574 , in-8° ; et | un Discours sur
la prise de Mende par les hérétiques ( en
1363 ) , Paris , 1380, in-8°. Ce prêtre avait
beaucoup de zèle , et les continuateurs de
Moréri lui ont même reproché de n'avoir
pas toujours eu assez de modération.
Quelques-uns ont supposé qu'il y a eu un
Jean-Bourlé auquel ils ont attribué le
Discours sur la prise de Mende. Cette er-
reur provient de ce que le prénom de
Bourlé n'était pas toujours écrit en entier
à la tête de ses ouvrages. Lacroix du Maine
lui attribue une traduction de six comé-
dies de Térence tournées vers par vers ;
mais comme il dit qu'elle n'était point
encore imprimée au moment où il écri-
vait , c'est-à-dire , en 1584 , on ne sait si
cette traduction serait celle qui parut à
Paris , en 1585 , in-16 , et dont l'auteur
est resté inconnu. Jacques Bourlé vivait
encore en 1584.
BOURLIE (Antoine de GUISCHARD,
plus connu sous le nom d'abbé de la ) na-
quit en 1658 , d'une ancienne famille de
Périgord. Ayant vainement tenté de sou-
lever les calvinistes du Rouergue dans
le temps que ceux des Cévennes s'étaient
révoltes, il passa en Hollande, et en-
suite en Angleterre , où il obtint de la
reine Anne une pension de 500 livres
sterling. Ce bienfait ne l'empêcha pas
de trahir la reine Anne , sa bienfaitrice ,
comme il avait trahi sa patrie. On l'ar-
rêta en 1711, on le conduisit devant le
.secrétaire d'état Saint-Jean, depuis vi-
comte de Bolyngbrocke , en présence de
quelques membres du conseil-privé. On
l'examina sur une correspondance cri-
minelle, qu'on l'accusait d'entretenir avec
la France. Il nia tout : mais le grand-
trésorier Harlei lui ayant montré ses
lettres , la Bourlie prit un canif qui était
sur la table, et lui en donna deux coups :
il voulait en donner un troisième au duc
de Buckingham, que ce seigneur para.
On se saisit de sa personne et on l'en-
voya dans les prisons de Neuwgate. Il
échappa au supplice , en se donnant lui-
même la mort le 28 mars 1711.
♦BOURLIER (Jean -Baptiste), évê-
que d'Evreux et pair de Fiance , né le 1er
février 1731 , à Dijon, entra aux Jlober-
tins , petit séminaire de Paris qui dépen-
dait de celui de Saint-Sulpice , fut en
théologie le premier de sa licence, et
occupa la chaire de théologie à Rouen.
M. le cardinal de Périgord le nomma
grand-vicaire dans le diocèse de Reims.
M. Bourlier obtint en outre , en 1775 ,
l'abbaye de Varennes au diocèse de Bour-
ges. On a avancé qu'il prêta serment à la
constitution civile du clergé; mais ce fait
est dénué de fondement; il fut en butte
aux persécutions des jacobins, et, à l'é-
poque du règne de la terreur , il fut em-
prisonné pendant plusieurs mois. En 1801,
M. de Tallcyrand le lit nommer à l'évèché
d'Evreux et il fut sacré le 3 avril. Il devint
membre du conseil des hospices de la ville
épiscopale , fut décoré de la croix d'hon-
neur, et reçut le titre de baron, puis de
comte. En 1806 , après avoir présidé le
collège électoral d'Evreux , il fut nommé
membre du corps législatif. Bonaparte
l'employa dans ses discussions avec le
pape Pie VII. Bourlier lit partie des com-
missions d'évêques établies pour cet objet
en 1809 et 1811 , ainsi que de la députa-
tion envoyée par Bonaparte au souverain
pontife , qui résidait alors à Savone. L'é-
vêque d'Evreux fut aussi employé dans
les négociations qui amenèrent l'éphémère
concordat de Fontainebleau en 1813, et
la même année nommé membre du sénat.
En 181/i , Louis XVIII le lit pair de France.
N'ayant pas siégé dans la chambre après
le retour de Bonaparte de l'île d'Elbe , il
fut continué dans la pairie par le mo-
narque en août 1815. Il est mort à Evreux
le 50 octobre 1821. Le diocèse d'Evreux
lui doit l'établissement d'un séminaire,
auquel il a légué tout ce qu'il possédait ,
à L'exception d'une maison qu'il a consa-
crée à un établissement des frères de la
SOI BOU
doctrine chrétienne. M. le prince de Tal-
leyrand a prononcé son éloge à la tribune
de la chambre des pairs , dans la séance
du 13 novembre 1821.
* BOURN ( Samuel ) , théologien an-
glais, qui a laissé plusieurs sermons esti-
més , naquit vers le milieu du 18e siècle à
Birmingham, et embrassa la cause des
dissidens anglais. Il mourut à Norwich ,
en 1796. Josué Toulmin , autre ecclésias-
tique de la même croyance , a publié les
Mémoires de Bourn , en 1808.
BOURîX (Vincent ) , poète anglais , es-
timé par l'aménité de ses poésies latines.
Les lexicographes le peignent comme un
homme d'une conscience timorée. Il
mourut le 2 décembre 1747. La meilleure
édition de ses poésies est celle de 1772 ,
in-4°.
* BOURÎVON ( Jacques-Louis , comte
de), né à Metz , servit d'abord dans l'ar-
tillerie , et parvint ensuite au grade de
lieutenant des maréchaux de France. Il
émigra , et après avoir fait la campagne
de 1792 , il passa en Angleterre , où il se
livra aux sciences naturelles , et particu-
lièrement à la minéralogie. II fut nommé
membre de la société royale de Londres ,
et contribua beaucoup à former dans ce
pays la société géologique composée au-
jourd'hui des savans les plus estimables
de l'Angleterre. Il ne rentra en France
qu'en 1814, et repartit pour l'Angleterre
lorsque Bonaparte se fut échappé de l'ile
d'Elbe. Il revint dans sa patrie après la
seconde restauration , et Louis XVIII le
nomma directeur-généi'al de son cabinet
de minéralogie. Il est mort à Versailles le
24 août 1825. On a de lui : | Essai sur la
lithologie des environs ds Saint-Etienne
en Forez* et sur l'origine de ses char-
bons de pierre * Paris , 1785 , in-12 , qui
fut réimprimé dans le 5e vol. du Jour-
nal des mines; \ Traité complet de la
chaux carbonatée* Londres , 1808 , 3 vol.
in-4° , dont un de planches , qu'il dédia à
l'empereur de Russie. Il en préparait une
nouvelle édition lorsque la mort l'enleva
à ses amis. | Catalogue de la collection
minéralogique particulière du roi* Paria
1817 , in-8" ; | Observations sur quelques*
uns des minéraux* soit de l'ile de Ceglar,
soit de la côte de Coromandel * rapportés
par M. Leschenaultdc Latour* Paris, 1823»
in-4°; | Quelques observations et réflexions
sur le calorique de l'eau et le fluide de la
lumière, 1824, in-8°.Cet ouvrage n'est pas
toujours au niveau de l'état actuel de la
scieuce , et n'a pas été mis dans le ooitaj*
i
BOU
502
BOU
merce ; | Description du goniomètre per-
fectionné de M. Adehnann , gardien-
aide minéralogiste de la collection tniné-
ralogique particulière du roi J 1824, in-8°.
j On a encore de lui un grand nombre
d Observations et de Mémoires insérés
dans le Journal des Mines de 1796 à
1815.
BOUROTTE (don François-Nicolas ) ,
Dé à Paris en 1710 , entra chez les béné-
dictins de la congrégation de Saint-Maur
en 1727, et mourut le 12 juin 1784. Il était
chargé de continuer Y Histoire de Langue-
docte don Vaissette ; il n'en a préparé
que le 6e volume , mais cela lui a donné
l'occasion de publier : | Mémoire sur la
description du Languedoc , 1759 , in-4° ;
| Droit public de Languedoc , en matière
de nobililé et de roture , et décisions sut-
la propriété du Rhône , 1765, in-4°. La
Provence et le Languedoc se disputaient
alors la propriété de ce fleuve.
BOURRÉE ( Edme-Bernard), prêtre de
la congrégation de l'Oratoire , né en 1652,
se consacra à la prédication et à la théolo-
gie , qu'il professa à Langres et à Châlons-
sur-Saône. Il mourut à Dijon sa patrie , en
1722 , à 70 ans. Nous avons de lui | Con-
férences ecclésiastiques du diocèse de
Langres, 2 vol. in-12, Lyon , 1684 ; | Y Ex-
plication des Epitres et Evangiles de tous
les dimanches de l'année , à l'usage du
diocèse de Châlons , 5 vol. in-8° , Lyon ,
4697; | des Sermons en 16 vol. in-12, solide-
ment écrits, mais peu éloquens.
•BOURRELIER (Nicolas), prêtre,
né à Besançon vers 1650 , servait dans l'ar-
mée espagnole comme soldat , et s'était
trouvé au fameux siège de Barcelone. On
sait que cette ville fut défendue par les
Français pendant quinze mois , et qu'elle
ne se rendit que le 13 octobre 1652 , par
suite de l'infidélité de Marsin , qui aban-
donna la place pour venir joindre le prince
de Condé , alors du parti de l'Espagne. Do
retour en Franche -Comté, Bourrelier
composa, sur les événemens dont il avait
été témoin , un poème intitulé : Bar-
celone assiégée par mer et par terre ,
gémissante prosopopée , Besançon , Cou-
ché , 1657, in-8°, — Il ne faut point con-
fondre cet auteur avec Nicolas BOUR-
RELIER DE MALPAS , né à Dôlc le 24
décembre 1606. Celui-ci étudia au col-
lège de Louvain , sous le célèbre Dupuy.
plus connu sous le nom d'Erycius Putea-
nus. Il dédia au pape Urbain VIII un ou-
vrage intitulé : Thiara pontificalis , qui
lui valut sa protection. En 1632 , il pro-
nonça Y Oraison funèbre de Cleriadus de
Vergy, gouverneur de Franche-Comté ,
fut nommé conseiller au parlement de
cette province en 1674 , et mourut à Dôle
en 1681.
BOURRET (Jean), prêtre de l'Ora-
toire , de Riez en Provence , mourut à
Montpellier en 1726. 11 s'est fait connaître
par quelques écrits contre la bulle Unige-
ni tus.
* BOURRIT (Marc -Théodore), un
des savans qui ont le plus étudié les Al-
pes , né à Genève en 1739 , mort en cette
ville en 1819, fut pendant long -temps
chantre de la cathédrale. Poussé par son
goût pour l'histoire naturelle , il entreprit
tantôt seul , tantôt avec Saussure, plusieurs
voyages dans les Alpes et surtout au Mont-
Blanc. Il a laissé plusieurs écrits dont les
titres sont : | Voyage aux glaciers de Sa-
voie , 1772 , in-8° ; | Description des gla-
cières , glaciers et amas de glaces de Sa-
voie, Genève, 1775, in-8° ; J Description
des aspects du Mont-Blanc du côté du
val d'Aost , des glaciers qui en descen-
dent et de la découverte de la Mortine ,
Y71& , in-8° ; | Description des Alpes Pé-
nines et Rhétiennes , Genève , 1781 , in-8°,
nouvelle édition, augmentée d'une nou-
velle Description des glacières et glaciers
de la Savoie , particulièrement de la val-
lée de Chamouny et du Mont-Blanc, 1787,
5 vol. in-8° ; | Description des terres ma-
gellaniques et des pays adjacens , traduite
de l'anglais de Falkner ; | Itinéraire de
Genève , des glaciers de Chamouny, du
Valais et du canton de Vaud , 1808, in-
12 ; une première édition moins complète
avait paru en 1791 ; | Description des cols
et passages des Alpes, 1803 , 2 vol. in-8°.
Ces relations sont rccommandables par
l'exactitude des descriptions. Il a aussi
exécuté plusieurs dessins pour les rela-
tions publiées par Saussure , qui faisait
grand cas de ses connaissances et de ses
talcns.
* BOURRU (Locis-Bexigive), curé de
Grury en Bourgogne, prêtre de l'Oratoire,
mort à Paris en 1738 , a laissé un Recueil
de panégyriques et des Discours de piété
intéressans.
* BOURRU (Edme-Clvuue) , dernier
doyen de l'ancienne faculté de médecine
de Paris, mort le 19 septembre 1823, à
l'âge de 96 ans, était avant la révolution
bibliothécaire et professeur de chirurgie
en langue française à Paris. Parmi ses ou-
vrages , nous citerons : | Observations et
recherches médicales par une société de
BOU
;03
BOU
médecins de Londres, traduit de l'anglais,
2 vol. in-i2 ; | Utilité des voyages sur mer
pour la cure de différentes maladies , et
surtout pour la maladie de consomption ,
traduit de l'anglais , 1770 , in-12 ; | Eloge
historique de M. Camus , médecin , 1772 ,
in-8° ; | Des moyens les plus propres à
éteindre les maladies vénériennes , 1771 ,
in-8° ; | L'Art de se traiter soi-même dans
ces maladies avait paru en 1770 , in-8° ;
| Eloge funèbre du docteur Guillotin, 1814,
in-4°.
BOURSAULT ( Edme ) , naquit à Mussk
l'Evêque en Bourgogne , l'an 1638. Il ne
fit point d'études, et.ne sut jamais le la-
tin. Il ne parlait que le patois bourgui-
gnon, lorsqu'il vint à Paris en 16oi. La
lecture des bons livres, et des disposi-
tions heureuses , le mirent bientôt en état
de parler et d'écrire élégamment en fran-
çais. Ayant fait , par ordre de Louis XIV,
un livre assez médiocre, intitulé De la
véritable étude des Souverains , 1671 ,
in-12, le roi en fut si content, qu'il l'au-
rait nommé sous-précepteur de Monsei-
gneur, si Boursault eût possédé la langue
latine. La duchesse d'Angoulème, veuve
d'un fils naturel du roi Charles IX , l'ayant
pris pour son secrétaire , on l'engagea à
faire en vers, tous les huit jours, une
gazette , qui lui mérita une pension de
2,000 livres. Louis XIV et sa cour s'en
amusaient beaucoup; mais ayant voulu
fort mal à propos faire le bel-esprit en ri-
diculisant l'ordre de Saint-François, on
lui imposa silence. Le confesseur de la
reine , cordelier espagnol , fit supprimer
la gazette et la pension, et l'aurait fait
mettre à la Bastille sans le crédit de ses
protecteurs. Boursault mourut à Montlu-
çon en 1701. On a de lui plusieurs pièces
de théâtre. Les principales sont | Esope
à la cour; Esope à la ville; conservées
au théâtre , et applaudies encore ; | Le
Mercure galant J ou la comédie sans titre,
dans laquelle il ridiculise ingénieusement
la manie de demander une place dans le
Mercure galant. | La Satire des Satires,
en un acte. Un trait que Despréaux lâcha
contre Boursault, pour venger Molière ,
avec lequel il avait eu un démêlé , donna
occasion à cette pièce , que le crédit de
Boileau , dont ce timide satirique abusait
souvent, empêcha d'être jouée. Boileau,
étant allé quelques années après aux eaux
de Bourbon, Boursault, alors receveur
des gabelles à Montluçon , s'y rendit pour
lui offrir sa bourse et ses services. Cette
générosité toucha Boileau, et ils se pro-
mirent une amitié mutuelle. On a encore
de lui quelques romans : | le Marquis de
Chavigny , le Prince de Condé , qui ne
manquent pas de chaleur ; | Artèmise et
Polyanthe ; Ne pas croire ce qu'on voit.
| Des Lettres de respect , d'obligation et
d'amour, connues sous le nom de Lettres
à Babel, lues encore par quelques pro-
vinciaux , et méprisées par tous les gens
de goût. | De nouvelles Lettres , accom-
pagnées de fables , de contes , d'épigram-
mes , de remarques , de bons mots , en 5
vol. in-12 , réimprimées plusieurs fois , et
dont quelques-unes sont assez agréables.
On a une édition du Théâtre de Bour-
sault, en 5 vol. in-12, 1746.
BOURSIER ( Laurent - François ) ,
prêtre , docteur de la maison et société de
Sorbonne , naquit à Ecouen , dans le dio-
cèse de Paris, en 1679.11 fut obligé de
sortir de Sorbonne, par son opposition
aux décrets de l'Eglise, en 1721. Il se re-
tira dans sa patrie , et y était en 1735 ,
lorsqu'il fut obligé de s'enfuir, pour évi-
ter les poursuites du ministère attentif à
des démarches qui pouvaient devenir in-
quiétantes pour la religion et l'état. Il se
cacha depuis, et ne se montra qu'à quel-
ques amis sûrs. Il mourut à Paris, le 17
février en 1748. On a de lui : | Y Action
de Dieu sur les créatures, Paris, 1713,
2 vol. in-4° , ou 6 vol. in-12 , supprimé
par arrêt du conseil le 27 août 1714. Il
parut en 1716 une réfutation intitulée Le
Philosophe extravagant dans le traité de
l'action de Dieu sur les créatures. « Les
» questions agitées dans ces sortes d'ou-
» vrages , dit l'auteur des Trois siècles ,
» ne sauraient l'être qu'avec de grands
» inconvéniens. On instruira beaucoup
» plus utilement les hommes, et on rem»
» plira plus certainement les vues de la
« religion , en leur apprenant à réprimer
» l'esprit de dispute , à respecter les dog-
»mes, à pratiquer la morale évangéli-
» que , qu'en employant toutes les res-
» sources de la logique à établir des
» systèmes qui peuvent bien rendre les
» hommes pointilleux , mais rarement
» meilleurs. » | Mémoire présenté à Pierre
le Grand, par les docteurs de Sorbonne,
pour la réunion de l'église de Russie à
l'église latine. Lorsque le czar vint en
Sorbonne, Boursier lui parla de ce qui
fait l'objet de ce Mémoire. Le prince lui
dit d'abord qu'il n'était qu'un soldat.
Boursier lui répondit qu'il était un héros,
et qu'en cette qualité de prince ., U était
protecteur de la religion. — Celte réunion
BOXI
n'est pas une chose si aisée , reprit le
czar ; il y a trois points qui nous divisent :
le pape * la procession du Saint-Esprit...
Comme il oubliait le troisième point, qui
est les azymes et la coupe , Boursier le
lui rappela : Pour cet article , dit l'empe-
reur, nous n'aurons pas de peine à être
d'accord ensemble. Cette conversation
finit , de la part du monarque russe , par
demander un Mémoire. On le lui donna ,
et il ne servit de rien. ] Une foule de bro-
chures contre les décrets des papes dans
les matières de la grâce. — Il ne faut pas
le confondre avec PniurpE BOURSIER,
né à Paris en 1693 , diacre également dé-
voué à la secte qui a causé tant de maux
à l'Eglise, et mort le 5 janvier 1768. Celui-
ci est un des premiers auteurs des Nou-
velles ecclésiastiques , où tous ceux qui
tiennent à la catholicité sont calomniés
de la manière la plus infâme ; il a aussi
rédigé les Discours qui précèdent chaque
année ce salmigondis des Convulsion-
naires. Voyez ROCHES (Jacques).
* BOURVALAIS (Paul POISSON de) ,
fils d'un paysan des environs de Rennes ,
vint à Paris, où il commença par être la-
quais chez Thevenin , fermier-général ; il
en sortit pour entrer chez un marchand
de bois en qualité de facteur. Ayant mal
fait ses affaires , il retourna dans son vil-
lage , et se fit huissier. M. de Pontchar
train, depuis chancelier de France, lui
ayant trouvé quelques moyens, lui fit
avoir le poste de piqueur à la construc-
tion du pont Royal , et lorsqu'on 1687 , il
eut été nommé intendant des finances , il
le fit entrer dans sa maison , et l'employa
dans les affaires. Dès 1688 , Paul Poisson ,
qui avait pris le nom de Bourvalais \ était
déjà financier, et avait acquis une fortune
considérable. Elle fut toujours en crois-
sant. En 1706 , il possédait dix charges ,
sans compter celle de secrétaire du con-
seil, dont le produit s'élevait à 500,000
livres , celle de secrétaire du roi et deux
offices de conirôleur-général des finances
dans le duché de Bourgogne. Une partie
de la Brie lui appartenait ; il fit bâtir le
beau château de Champs-sur-Marne , à k
lieues de Paris. Bourvalais soutenait sa
prospérité avec une sorte de dignité et
une grande magnificence ; mais les pam-
phlets et les épigrammes lancés contre lui
attirèrent l'attention du gouvernement.
Accusé de concussion, il fût arrêté en
1716, et mis à la Conciergerie. Il en sortit
moyennant une taxe de 4,400,000 fr. ;
en 1718, il fut réintégré dans tous ses
SÔ4 BOU
biens. Il jouit peu de ce retour de prospé-
rité, et mourut en 1719 , sans laisser
d'enfans .
BOUHZÉIS (Avable de) , abbé do
Saint-Martin-de^Cores , et l'un des 40 de
l'académie française , né à Volvic, près de
Riom, en 1616, se fit un nom sous le car-
dinal de Richelieu par son savoir. R pos-
sédait les langues, la politique, la con-
troverse. Le ministère employa sa plume
dans les affaires des droits de la reine Ma-
rie-Thérèse d'Autriche, sur divers états
de la monarchie d'Espagne, principale-
ment sur les Pays-Bas ; ses recherches
grossirent le Traité que publia sur ce su-
jet Antoine Bilain, avocat mort en 1672 ;
mais il n'en résulta rien de solide , puis-
que la reine avait renoncé à tous ses droits
et que cette renonciation faisait l'âme du
contrat de mariage. En 1666, il fit le
voyage de Portugal , sous prétexte de tra-
vailler à la conversion du comte de Schoin-
berg , depuis maréchal de France : mais
en effet, pour traiter des affaires d'état.
Bourzéis mourut à Paris en 1672. Il entra
d'abord avec beaucoup de chaleur dans
les disputes du jansénisme ; mais en 1661 ,
revenu de cet enthousiasme , il signa le
Formulaire. On a de lui des Sermons sur
divers sujets , 1672 , 2 vol. in-8° , et beau-
coup d'ouvrages de controverse. Le grand
ministre -Colhcrt l'avait fait chef d'une
assemblée de théologiens célèbres, qui se
tenait dans la bibliothèque du roi , pour
réfuter les incrédules. Il présidait aussi à
une assemblée de gens de lettres, dans
l'hôtel de ce surintendant qu'on appelait
la Petite académie. Voltaire lui attribue
le Testament du cardinal de Richelieu,
mais sans fondement : il est aujourd'hui
reconnu que ce testament est l'ouvrage
de celui dont il porte le nom. Voyez
RICHELIEU ( Armand ).
* BOUSCAL (Guyon-Gcêrin de), poète
dramatique .. né en Languedoc dans le 17*
siècle, était conseiller du roi et avocat
au conseil. On a de lui : | la Mort de
Brutus et de PorcieJ ou la Vengeance de
la mort de César, tragédie, 1637, in-
4° ; | la Mort d'Jgis, 1648 ; | le Gouverne
ment de Sancho Pança; et quelques au-
tres pièces qui n'ont pas survécu à leur
auteur. | Paraphrase du psaume 17 , en
vers français, avec le latin à la marge,
1645 , in-4°.
* BOUSMARD , ingénieur français, né
en 1747 dans le département de la Meuse,
était capitaine de génie à l'époque de la
révolution, et fut nommé, en i789, dé-
«ou
puté de la noblesse du bailliage de Bar-
le-Duc aux états-généraux. Il y embrassa
le parti des novateurs , mais avec modé-
ration ; et après la session , il rentra dans
la carrière militaire. En 1792 , il passa au
service de la Prusse , lors de l'évacuation
de Verdun , et devint , en peu de temps ,
major-général. Il fut tué le 21 mai 1807
d'un éclat de bombe au siège de Dant-
fcick. Il a laissé un ouvrage estimé sur
l'art militaire et intitulé Essai général de
fortification pour V attaque et la défense
des places , qu'il dédia au roi de Prusse ,
4 vol. in-4° et un vol. in-fol. de planches,
Berlin , 1797 , à 1799. Le 4e vol. parut à
Paris en 1803. On a encore de lui un Mé-
moire sur cette question : Quels seraient
les moyens de multiplier les plantations
des bois sans trop nuire à la production
des subsistances? 1788, in-8°.
* BOUSSAN ELLE (Louis de) , membre
de l'académie de Béziers , capitaine de ca-
valerie , mort vers 1796. Il a travaUlé
pendant plus de 50 ans au Mercure de
France ,cta laissé les ouvrages suivans :
| Commentaire sur la Cavalerie , Paris ,
1758; | Observations militaires, 1761-
1774 , in-4° ; | Réflexions militaires, 1764,
in-12; | Essai sur les femmes , 1765-1770,
in-12; | le Bon Militaire, 1770, in-8°;
| Aux soldats, 1786-1789, in-8°.
BOLSSARD ( Géofroi ou Geoffroi) ,
docteur en théologie , doyen de la faculté
de Paris , el chancelier de l'université, lit
briller son éloquence et la solidité de ses
raisonnemens dans plusieurs occasions
d'éclat. Vers 1518, il permuta sa chancelle-
rie pour un bénéfice dans le Maine : il se
retira alors au Mans, où il était né en
1459, et où il mourut vers 1520. On a de
lui un traité assez rare : De continentia
Sacerdotum, Paris, 1505, et Rouen, 1515,
in-4° , et quelques ouvrages de théologie
et de morale.
* BOUSSARD ( J.-A. ) , pilote lama-
neur à Dieppe , mort en 1795 , à 61 ans ,
se signala par son courage en 1777 , et
sauva , au péril de sa vie , un grand nom-
bre de personnes dans un danger immi-
nent. Louis XVI l'en récompensa digne-
ment , et le fit manger à sa table.
* BOUSSARD ( André- JosEpn, baron),
général de division, naquit à Binch, dans
le Hainaut, en 1758, et servit d'abord
dans les troupes autrichiennes. Il retour-
na dans sa patrie, à l'occasion des trou-
bles qui y éclatèrent , passa ensuite dans
l'armée française, et était parvenu en
mars 1795 au grade de lieutenant-colonel.
505 liOU
11 fit la campagne , se signala au combat
de la Roche , se rendit ensuite à l'armée
d'Italie , et se fit remarquer en diverses
rencontres. Nommé chef de brigade, il
suivit Bonaparte en Egypte, se distingua
encore àChebreiss, aux Pyramides, el fut
fait général de brigade au mois de sep-
tembre 1801. Après son retour en France,
il fit ia campagne de Prusse, et contribua
à la prise deLubeck; déjà blessé en pour-
suivant les débris de l'armée ennemie
après ce dernier succès, il le fut une se-
conde fois au combat- de Pulstuck , et ne
prit qu'une part peu active au reste do
la campagne. Envoyé en Espagne , il y
continua de se couvrir de gloire, notam-
ment auprès de Lérida , en battant le gé-
néral O'JDonnel qui cherchait à dégager
celte ville qu'assiégeaient nos troupes. Vi-
naros, Sagonte et Torrente furent encore
les théâtres de sa valeur. Il fut fait géné-
ral de division eu récompense de ses
brillantes actions; mais épuisé par ses
blessures , il retourna en France , el alla
aux eaux de Bagnères de Bigorre, où il
mourut le 11 août 1815.
ROUSSEAU (Jacques), né en Poitou
en 1681, professeur de l'académie de pein-
ture et sculpture. Son caractère le lit es-
timer autant que ses talens. On admire
surtout son Tombeau de M. d'Argensonà
la Madeleine de Frênes , et un bas-relief
représentant J.-C. donnant les clefs à
saint Pierre dans la chapelle de la mai-
son de Noailles à Notre-Dame, à Paris;
à Versailles une statue de la Religion ,
à Rouen , le grand autel de la cathédrale,
représentant , par des figures allégori-
ques , l'ancienne loi accomplie par l'éta-
blissement de la nouvelle, etc. Le roi
d'Espagne Philippe V , l'ayant choisi pour
son sculpteur en chef , Bousseau se ren-
dit dans ce royaume , et travailla beau-
coup à Madrid, où il mourut en 1740 à
cinquante-neuf ans.
BOUSSET (Jean-Baptiste du), natif
de Dijon, mort en 1725 , âgé de 65 ans,
maître de musique de la chapelle du
Louvre , donna pendant l'espace de 54
ans chaque année un livre d'Airs sérieux
elà boire, à une, deux et trois voix. II
règne, dans la plupart, de la variété, des
grâces et du naturel; ils ont cet avantage
estimable, qu'ils nourrissent la gaieté sans
offenser les mœurs.
BOUSSET (René DROUARD du), or-
ganiste de St.-André-des-Arcs, né à Paris
en 1705, mort dans la même ville en
1760 , marchait immédiatement après les
43
BOU U06
célèbres d'Aquin el Calvière. Cel habile
compositeur donnait tous les ans des
preuves de son génie par un motet qu'il
faisait exécuter à l'Oratoire pour mes-
sieurs de l'académie des Sciences.
BOUSSONNET, peintre. Foi/. STELLA
'Antoine).
BOUTARD (François) poète latin, né
à Troyes , en 1664 , de l'académie des
belles-lettres de Châteaurenard et abbé
du Bois-Groland , se fit connaître au
grand Bossuet, par une ode dont il accom-
pagna un pâté que mademoiselle de Mau-
léon , amie de ce prélat, lui envoyait le
jour de sa fête. Bossuet lui obtint de
Louis XIV une pension de mille liv. Bou-
tard s'appela depuis le Poète de la fa-
mille royale. Il chargea de ses vers toutes
les statues et les monumens érigés en
l'honneur de Louis XIV. 11 mourut en
1729, âgé de 75 ans. On a de lui une
grande quantité de poésies françaises et
latines , dont celles-ci sont les plus sup-
portables. Son ode, intitulée Description
de Trianon, est une de ses meilleures
pièces : elle a été traduite assez heureu-
sement en vers français par MIle. Chéron.
BOUTARIC (François de) , professeur
du droit français dans l'université de Tou-
louse , naquit à Figeac au Quercy en 1672.
Il mourut en 1733 à Toulouse , où il avait
été capitoul el chef du consistoire. On a
de lui pkisieurs ouvrages que leur net-
teté, leur précision et leur justesse ont
fait beaucoup rechercber : | Les Jnslitu-
tes de Juslinien , i onférées avec le droit
français , 1758 , 1 vol. in-4° , avec une ex-
cellente préface ; | Traité des droits sei-
gneuriaux et des matières féodales _, iïu
8°, et réimprimé in-4°, en 1751, avec
des augmentations et des corrections;
j Explications de l'Ordonnance de Blois,
du Concordat, et Institutions du droit ca-
nonique, Toulouse , 1745 , in-4° ; | Expli-
cations des Ordonnances sur les matières
civiles ; criminelles el de commerce, 2
vol. in-4°.
BOUTAULD ( Michel ), jésuite , né à
Paris en 1607 , exerça pendant 15 ou 16
ans le ministère de la prédication, et
mourut à Pontoise en 1688. On a de lui
plusieurs ouvrages estimés. Les princi-
paux sont | Les Conseils de la Sagesse,
plusieurs fois réimprimés. La dernière
édition est de Paris , 1749 , 2 vol. in-12
avec une suite. Cet ouvrage a été traduit
rn espagnol et en italien; | Le Théolo-
gien dans les conversations avec les Sages
et les Grands du monde . à Paris et à
BOU
Lyon , in-4° et in-12 : ouvrage très solide
et généralement estimé. C'est un recueil
de diverses réponses que le père Pierre
Cotton a faites aux incrédules , dont les
doutes et les erreurs sont à peu près les
mêmes dans tous les siècles. Henri IV était
si satisfait de ces réponses , qu'il engagea
le Père Cotton à les mettre par écrit , et
c'est sur cette espèce de mémoire que le
Père Boutauld a travaillé ; | Méthode pour
converser avec Dieu, Paris , 1684 , in-16,
Ce petit ouvragées! plein d'onction.
* BOUTEILLER (Charles-François) ,
né à Saulx en 1746 , embrassa la profes-
sion d'avocat et devint conseiller à la cour
souveraine de Nancy. Il lit paraître en
1788 un écrit intitulé Examen du sys-
tème de législation, établi par les édits du
mois de mai 1788, en faveur des parlc-
mcns. Pendant la révolution , il resta éloi-
gné des affaires publiques , mais sous
l'empire , il accepta des fonctions admi-
nistratives et municipales et devint mem-
bre du corps législatif en 1815. Il fut élu
député par le département de la Meur-
the, en 1816. La même année il fut nommé
premier président de la cour royale de
Nancy , où il est mort le 27 mars 1820.
SI. Justin Lamoureux prononça son éloge
dans la séance publique de l'académie de
Nancy, du mois de mai 1821.
BOUTEROUE (Claude), savant anti-
quaire , né à Paris. Il a donné au public
un livre rempli d'érudition , et fort es-
timé sous ce titre -.Recherches curieuses
des monnaies de France , depuis le corn-
mencement de la monarchie , Paris, in-
fol. , tom. 1er et unique , 1666. Il est plein
de savantes recherches sur l'histoire des
monnaies de la première race des rois de
France, qui semblent avoir négligé de
faire écrire l'histoire de leur règne , et
s'être contentés d'en faire graver les évé-
nemens les plus remarquables sur leurt
monnaies. Personne n'avait encore donné
au public un recueil de ces monnaies,
qui sont en quelque manière des témoins
de l'histoire. L'auteur avait promis trois
autres volumes qui auraient contenu les
monnaies de la seconde et troisième race.
Il mourut en 1690, avant de les avoir pu-
bliés.
*BOUTEVILLE. Voy. LUXEMBOURG.
«BOUTHIER (Jean-François), né à
Vienne, et mort en 1811 dans cette ville,
fut long-temps avocat' au parlement de
Grenoble. On a de lui les ouvrages sui-
vans : | Bonheur de la vie , ou Lettres sur
le suicide , et sur les considérations les
BOU
507
BOU
plus propres à en détourner les hommes,
1776 , in-12 ; | Réflexions sur les collèges,,
4778 , in-8° ; | le Citoyen à la campagne ,
ou Réponse à la question Quelles sont les
connaissances nécessaires à un proprié-
taire qui fait valoir son bien, Genève ,
1780 , in-8". Ce mémoire a partagé le prix
décerné par l'académie de Soissons.
BOUTHILLIËU. Voyez Rancé.
*BOUTIIILI,IE:R(le marquis Charles-
Léon de) , lieutenant-général des armées
duroi, naquit en 1745 d'une famille noble et
considérée ; il fut élu , en 1789 , député de
la noblesse de Berry aux états-généraux ,
et choisi pour l'un des commissaires qui
devaient assister aux conférences de con-
ciliation des trois ordres. En 1790 il pro-
nonça un discours sur l'organisation de
l'armée et de la garde nationale , et dans
le mois d'avril suivant il combattit avec
force l'expropriation des biens du clergé.
Il s'éleva ensuite contre le serment exigé
des officiers de l'armée , et présenta un
rapport sur la discipline. Lorsque l'arres-
tation de Louis XVI à Vareunes fut cou-
nue , dans l'espoir de conserver à ce mo-
narque quelque reste de son ancienne
puissance, il prêta serment de fidélité aux
décrets de l'assemblée , mais à condition
qu'ils seraient sanctionnés par le roi.
Désespérant de voir la monarchie se re-
lever, il é migra en 1792, et servit dans
l'armée de Condé en qualité de major-
général. On le regardait comme habile
dans l'administration militaire , et avant
d'être nommé officier -général, il avait
été envoyé successivement dans différens
corps pour rétablir les finances qui étaient
dérangées. M. de Bouthillier rentra en
France après le 18 brumaire , et vécut
dans la retraite jusqu'au retour du roi
en 1814. Alors il fut nommé lieutenant-
général et commandant de l'ordre royal
de St-Louis. Il est mort au mois de dé-
cembre 1818.
* BOUTON ( François ) , jésuite , né en
1378 à Chamblay, près de Dole en Franche-
Comté , fut d'abord envoyé dans les mis-
sions du Levant. A son retour , le vais-
seau sur lequel il était monté ayant fait
naufrage sur les côtes de la Calabre, il
parvint à se sauver à la nage. Il pro-
fessa pendant plusieurs années la phi-
losophie et la rhétorique au collège de
la Trinité, à Lyon, et y mourut victime
de son xèle à secourir les pestiférés, le
17 octobre 1628. âgé de cinquante ans.
Le P. Bouton avait composé un grand
mbre d'ouvrages, que l'on conservait
manuscrits dans la bibliothèque des jé-
suites de Lyon. Parmi ces écrits , on dis-
tinguait : | une Théologie spirituelle,
en six livres ; | une Traduction , du grec
en latin, des œuvres de saint Dorothée;
| Commenlarii in Deuteronomum , de Pe-
regrinalione lsraëlitarum , tùm litterali,
lum mysticâ, ad promissionis terram *
ex scripturis , et presser tim ex libro nu-
merorum; \ Dictionnaire latin-hébreu, au-
quel il travailla pendant douze ans, et
qu'il eut la patience de transcrire lui-
même jusqu'à six fois. Il a pour titre :
Clavis Scripturœ sacrœ , seu Dictiona-
rium hebraïeum , in quo lalinis vocibus
subjiciunlur voces hebrœœ respondentes y
collection ex sacris lilteris et ex colla-
tione vulgatœ latinœ, edit. cum hebraïca,
1 vol. in-4°, qui se trouve actuellement
dans la Bibliothèque publique de Lyon ;
tous les autres ouvrages de ce savant ont
péri dans le siège de cette ville. Il avait
aussi entrepris un Dictionnaire latin-sy-
riaque, et il l'avait même laissé fort
avancé.
BOUTON (Jacques), jésuite, mort en
1638, s'est fait connaître par une bonne
Relation de l'établissement des Français
dans Vile de la Martinique , depuis l'an
1635, Paris, 1640, in-8° (i).
BOUTR AIS ou BOUT TER AIS ( Raoue) ,
en latin Bothereius , né à Châteaudun
en 1552, fut avocat au grand-conseil,
et mourut à Paris en 1630. Ses ouvrages
sont : | Recueil d Arrêts du Grand-Conseil,
en latin , Paris , 1606 , in-8° ; | De rébus
in Gallia et tolo pêne orbe gestis ab anno
1594 ad 1610 , 2 vol. in-8° ; Paris, 1610 ,
| Henrici Magni Vita, en vers, in-8°,
Paris, 1611 et 1612. | Urbis gentisque Car-
nutum Hisloria, Paris, 1624, n-8°, | Pané*
gyrique de laville d Orléans, 1615, in-8°. . . .
de Châteaudun, 1627 , in-8°, aussi en vers
latins. | Musa Pontificia, 1618,in-4°, etc.
* BOUVARD (Michee-Piiieippe j, doc-
teu r régent de la faculté de Paris , de l'a-
cadémie des sciences, naquit à Chartres en
1717. Son père , médecin lui-même , lui
fit faire d'excellentes études et l'envoya à
Paris pour y suivre les écoles. Bouvard
se décida pour la médecine , et ses pro-
grès y furent si prompts qu'il fut reçu
docteur à Reims en 1730. Après s'être-
exercé à la pratique de son art dans sa
"
(i) On consulte encore »
les renseignemens qu'il c
Caraïbes, nation presque
jourd'hui-
>-ec fruit cet ouvrage pour
onne sur Ici mœurs drs
entièrement détruite au-
BOL
nos
BOU
patrie il s'établit à Paris en 1736 ; il y fut
reçu à la faculté de médecine , licencié en
1738 , et docteur la même année. L'acadé-
nie des sciences se l'agrégea et il dut à son
titre de savant la chaire de médecine du
collège royal, qu'il conserva 11 ans. Peu
de médecins ont eu une réputation si bril-
lante et une pratique aussi étendue chez
les pauvres comme chez les riches. Elle
absorbait tous ses momens et ne lui a pas
laissé le temps de publier aucun ouvrage
sur son art , à l'exception d'un Mémoire
sur l'emploi du polygala de Virginie dans
ies hydropisies de poitrine et les pleuré-
sies, lia aussi écrit quelques ouvrages po-
lémiques , où l'on remarque avec regret
une causticité poussée jusqu'à l'aigreur.
On voit encore avec étonnement , qu'un
homme doué d'un esprit si juste ait tou-
jours été opposé à la pratique de l'inocu-
lation. Malgré sa rudesse connue dans ses
relations avec ses confrères et ses malades,
il était bon , et chacun connaît sa conduite
à l'égard d'un négociant , qui , malade par
suite d'un embarras dans ses affaires , re-
çut pour toute ordonnance de son sévère
docteur la somme dont il avait besoin.
Bouvard ayant inutilement cherché pen-
dant plusieurs jours la cause de sa mala-
die , s'aperçut enfin qu'elle venait d'une
affection morale : « Cette fois , dit-il à son
» malade, je suis sûr d'avoir trouvé le re-
« mède , » et il lui laissa sous enveloppe un
billet de 30,000 francs. Il servit les pau-
vres comme les riebes , et mourut à Paris
dans un âge assez avancé , le 19 janvier
1787 , refusant les secours de l'art qu'il
avait si heureusement pratiqué. Il répon-
dit à ceux de ses amis qui les lui propo-
saient ; « Je n'ai aimé la vie qu'autant que
» j'ai pu la rendre utile ; je n'ai plus rien
» à désirer que le courage de souffrir. Le
» passé n'existe plus pour moi ; le présent
» n'est qu'un point; l'avenir seul doit
» m'occuper. »
* BOUVET (Joachim), jésuite, né au
Mans vers 1658, fut un des missionnaires
envoyés à la Chine par Louis XIV , dans
le dessein d'aquérir des lumières nou-
velles sur les sciences et sur les arts et de
fournir des procédés utiles aux manu-
factures françaises. Le Père Bouvet et cinq
de ses confrères partirent de Brest le 3
mars 1685. Ils prirent la route de Siam
où ils furent arrêtés quelques mois. Ils
arrivèrent enfin après une traversée pé-
nible à Ning-po, port de la côte orientale
de la Chine, au mois de juillet 1687. Le
célèbre Kang-Hi , qui régnait alors, fit un
accueil favorable aux missionnaires, leur
permit de se répandre dans les pro-
vinces, et retint auprès de lui les Pères
Bouvet et Gerbillon, pour lui enseigner
les mathématiques. Il leur permit de se
bâtir dans l'enceinte même de son pa-
lais une église et une résidence qui furent
achevées en 1702. L'empereur fut telle-
ment satisfait des services des jésuites
qu'il envoya en France le Père Bouvel
pour amener un plus grand nombre de
missionnaires. Ce Père y arriva en 1697.
Il était porteur de 49 vol. chinois que
l'empereur envoyait en présent à Louis
XIV, et qui ont été pour ainsi dire le
commencement de la collection que la
bibliothèque royale possède aujourd'hui.
Le Père Bouvet repartit bientôt pour la
Chine , avec dix nouveaux missionnaires ,
parmi lesquels on remarque le célèbre
Père Parenin. Il jouit long-temps de la fa-
veur de Kang-Hi qui le nomma interprète
auprès du prince son fils. Il paraît cepen-
dant qu'il fut pendant quelque temps privé
de ses charges ; mais il reprit ses travaux
de missions , et après une longue carrière
apostolique, il mourut à l'âge de Ih ans à
Pékin, l'an 1752. Ce missionnaire avait été
long-temps occupé à lever la carte de l'em-
pire chinois, et à d'autres travaux dont
le but tendait toujours à l'œuvre de
Dieu, en rendant le prince favorable
aux missions évangéliques. 11 a laissé :
| Quatre Relations de divers voyages qu'il
fit dans le cours de ses missions. | Etat
présent de la Chine , en figures gravées
par le Père Giffart sur les dessins ap-
portés au roi par le Père J. Bouvet,
Paris , 1697 , in-fol. | Une Lettre dans le
recueil des Lettres édifiantes, quelques
morceaux dans les Mémoires de Tré-
voux , dans la Description de la Chine,
un Portrait historique de. l'empereur
Kang-Hi, Paris, 1697, in-12, etc.
♦ BOUVET de LOZIER ( A. H. ) , fils
d'un ancien intendant de l'île Bourbon ,
naquit à Paris en 1769 , et était officier
d'infanterie à l'époque de la révolution.
Il fit partie de l'armée de Condé , et lors-
que cet armée fut dissoute, il se rendit
en Angleterre. Il avait été adjudant-gé-
néral dans l'armée royale de l'ouest ,
lorsqu'il fut arrêté à Paris , en 1804 ,
comme comp'ice de Cadoudal et de Pi-
chegru. On le condamna à mort ; mais
sa sœur , présentée au premier consul ,
par la princesse Murât , obtint que cette
peine fût commuée. Bouvel deLozier fut
seulement détenu pendant quatre ans au
BOU
509
BOV
château de Bouillon, et ensuite déporté.
En 1814 , le roi le nomma maréchal-de-
camp officier de la légion d'honneur,
chevalier de Saint-Louis . puis comman-
dant de l'île de Bourbon. Durant les cent
jours il refusa de reconnaître Napoléon ,
et fit arrêter le messager qui venait ap-
porter dans cette ile Ja nouvel'e du dé-
barquement de l'empereur. On le rappela
en 1818, et il obtint le commandement
militaire du département du Loiret. Après
son retour en France , Bouvet de Lozier
publia un Mémoire sur son administra-
tion, Paris, 1819, in- A II fut tué dans un
duel, à Fontainebleau, le 31 janvier 1825.
BOUVIER (Gilles le) dit Berry , fut
peut-être ainsi appelé du pays où il na-
quit en 138G. Il fut héraut -d'armes de
Charles VI et de Charles VII, dont il
nous a laissé la Chronique, qui com-
mence en 1402 , et finit en 1455 , et qui
a été continuée par un anonyme jus-
qu'en 1461. Godefroi l'a publiée dans les
Histoires de Charles VI et de Charles VII,
en 1655, et en 1661, in-fol. Duchesne
avait d'abord attribué cette Chronique
à Alain Charlier; mais il a reconnu de-
puis sur la foi des manuscrits origi-
naux qu'elle était de le Bouvier. Selon
M. le Gendre, il est encore auteur d'un
Traité des hérauts-d armes, d'une Chro-
nique de Normandie , depuis Rollon le
premier duc, jusqu'en 1220, de l'His-
toire du recouvrement de ce pays, et
du reste de la Guyenne , en 1448 , par
Charles VII. Le Père Labbe a donné
dans le premier volume de ses Mélanges
quelques extraits de son livre d'ar-
moiries, et une Description de la France,
du même auteur, dans le 1er tome de
son Abrégé de l'alliance chronologique
de l'histoire sacrée et profane.
BOUVOT ( Jean), avocat de Châlons-
sur-Saône, sa patrie, né vers l'an 1558,
et mort en 1656, était protestant. On a de
lui un recueil d' 'Arrêts notables du Par-
lement de Bourgogne , in-4° , 2 vol. Genè-
ve, 1625 et 1628, peu commun; et des
Commentaires sur ki Coutume de Bour-
gogne, Genève, 1662 , in-4°.
BOUX ( Guillaume le ), né dans la pa-
roisse de Souzé en Anjou , le 50 juin 1621 ,
fut successivement capucin , oratorien ,
curé, professeur de rhétorique. Usedistin-
gua par son talent pour la chaire , prêcha
avec distinction un carême en présence de
Louis XIV, qui le nomma à l'évêché
d'Acqs en 1658, et puis à celui de Péri-
gueux en 1668. II mourut en 1G95. On a
de lui : | Les Conférences de Périgueux,
5 vol. in-12. | Des Sermons, Rouen , 1766,
2 volumes in-12.
* BOUZOMÉ ( Jean ) , jésuite, né à
Bordeaux vers l'an 1646 , montra des sa
jeunesse un talent marqué pour la poé-
sie latine, et publia de fort bonne heure
quelques pièces intitulées Primitiœ mu-
sarum serenissimo delphino oblatœ, Bor-
deaux, 1670, qui furent bien accueillies.
Il entra à l'âge de 17 ans dans la compa-
gnie de Jésus , et après plusieurs années
employées à l'enseignement , il se consa-
cra au ministère de la prédication et y
obtint de grands succès. Un accident qui
le priva de la vue l'obligea de renoncer
à la chaire. Il mourut à Poitiers en 1726.
On a de lui outre les poésies citées :
| Hijmni très sancli Thomœ de Villa
Nova, 1670. | Carmina extemporanea de
variisargumentis, Bordeaux, 1672, in-4° ;
| Portrait de Louis le Grand, roi de
France, Bordeaux, 1686, in-4°. | Sciencede
la mort des Saints, Poitiers, 1692. | His-
toire de Vordre des religieuses filles de
Notre-Dame, Poitiers, 2 vol. in-4° , 1697.
| Oraison funèbre de Marie Thérèse
d'Autriche , reine de France , Poitiers,
1686.
BOVADILLA ( don François de ), com-
mandeur de l'ordre de Calatrava, fut
nommé en 1500 gouverneur-général dans
les Indes par Ferdinand , roi d'Espagne-
Il avait la commission d'examiner la con-
duite de Christophe Colomb , qu'on avait
desservi auprès de ce prince et de la reine
Isabelle. Ces souverains eurent à se re-
pentir de leur choix. Bovadilla élevé tout à
coup du sein de la misère au faîte des
honneurs, oublia bientôt son premier
état. A peine fut-il arrivé à Saint-Do-
mingue, qu'il traita tout le monde avec
une hauteur révoltante. Il somma don
Diego Colomb , frère de Christophe , de
lui céder la citadelle de Saint-Domingue
dont il avait la garde. Celui - ci l'ayant
refusé, il s'en empara à force ouverte.
Christophe Colomb accourut, à cette
nouvelle , au secours de son frère ; Bova-
dilla , sans avoir égard à sa qualité et à
ses services , lui fit mettre les fers aux
pieds, de même qu'à don Diego et à don
Barthélémy Colomb, frères de Christo-
phe. Il les renvoya en Espagne avec les
pièces de leur procès. Ferdinand et Isa-
belle , indignés de ce procédé , donnèrent
des ordres sûrs pour mettre ces illustres
prisonniers en liberté. Us leur firent
tenir mille écus pour se rendre à Gre-
43.
BOV
510
BOW
nade, où la course trouvait alors; ils
les y accueillirent avec des marques de
distinction extraordinaires ; ils annulè-
rent tout ce qui avait été fait contre eux,
et promirent de les dédommager et do
•tes venger. Bovadilla fut rappelé , et la
ilotte sur laquelle il était monté ayant
fait naufrage , il y périt avec plusieurs
autres, en 1502.
BOVERICK, célèbre horloger d'An-
gleterre dans le 17e siècle, se distingua
par des chefs-d'œuvre de mécanique. Il
lit une chaise d'ivoire à quatre roues ,
avec toutes ses appartenances , dans la-
quelle un homme était assis : elle était si
petite et si légère, qu'une mouche la
traînait -aisément. La chaise et la mou-
che ne pesaient qu'un grain. Le même
ouvrier construisit une table à quadrille
avec son tiroir, une table à manger, un
buffet , un miroir, douze chaises à dos-
sier, six plats , une douzaine de couteaux,
autant de fourchettes et de cuillers , deux
salières , avec un cavalier, une dame et
un laquais: et tout cela était si petit,
qu'il entrait dans un noyau de cerise. On
peut consulter le Microscope à la portée
de tout le monde , par Baker, savant res-
pectable, qui rapporte ces faits d'après
le témoignage de ses yeux. Ce genre d'ou-
vrages n'était pas inconnu aux anciens.
Pline parle d'un Théodore de Samos , qui
avait fait en bronze sa propre statue , par-
faitement ressemblante , qui tenait de la
main droite un livre , et de la gauche un
char à quatre chevaux , le tout couvert
d'une mouche de bronze, faite par le
même sculpteur. Voyez ALUNNO.
BOVER1US ( Zacharie ), capucin, né
à Saluées , et mort à Gènes en 1658 , à 70
ans , est auteur de quelques ouvrages de
controverse , et de Y Histoire des Cajm-
ci?is,en latin, 1632 et 1639, 2 vol. in-
i'ol. traduite en français par le Père An-
toine Caluze , 1675 , in-fol. Il y en a un
5e vol. par le Père Marcellin de Pise ,
4676, in-fol. L'auteur y montre un peu
trop de crédulité; et il a mieux aimé
écrire des choses édifiantes, que d'exa-
miner toujours si elles étaient vraies.
Quelque reproche qu'on puisse lui faire,
son intention est louable, et le défaut de
critique dont il n'est pas difficile de le
convaincre , ne produira certainement
aucun mal dans le monde moral. On a
encore de lui : [ Démonstrations s unde-
cim de vera habitus forma, a seraphico
paire Francisco instilula, Cologne, 1655.
Il y prétend prouver que l'habit des ca-
pucins est celui de Saint-François. | De-
monslraliones symbolorum verœ et falsœ
religionis, adversus prœcipuos ac vigen-
tes calholicœ religionis hosles , etc. Lyon,
1617, 1 vol. in-fol. | Parœnesis calholica
ad Marcum Ant. de Dominis , m-k° ,
Lyon. 1618; c'est une réfutation des asser-
tions insérées dans la Republica Xana et
Ecclesiastica de l'apostat de Dominis.
Boverius a encore réfuté d'autres pro-
ductions du même auteur. | Orthodoxe
consullalio de ratione verœ fidei et reli-
gionis ampleclendœ. L'auteur composa
cet ouvrage en 1623, à Madrid, dans la
vue d'engager Charles Stuart, prince
de Galles , qui s'y trouvait alors , d'ern-
brasser la religion catholique.
* BOVfO (Jean-Charles) , archevêque
de Brindes, vivait dans le 16e siècle, et
traduisit du grec en latin les OEuvres de
saint Grégoire de Nazianze. On a de lui
un manuscrit intitulé : De statulacia
urbis prœscriptione , in-8", imprimé en
1765.
* BOWDICH ( T. Edouard ) , voya-
geur anglais, naquit à Bristol en 1775.
Nommé secrétaire au service de la com-
pagnie des Indes orientales, il demanda,
peu de temps après la permission d'aller
explorer l'intérieur du royaume d'Ashan-
tie. Il accomplit avec succès ce voyage
périlleux , cl revint en Angleterre appor-
tant les détails les plus curieux sur un pays
jusqu'alors inconnu. L'esprit d'indépen-
dance avec lequel il exposa cerlains abus
indisposèrent contre lui la société qu'il ser-
vait, et qui, oubliant ses services passés,
refusa dès lors de l'employer. Il vint à Pa-
ris, où il reçut l'accueil le plus flatteur, étu-
dia l'histoire naturelle , fit d'utiles éco-
nomies, et partit en 1824 pour l'Afrique,
où il mourut la même année. On a de lui:
| Voyage dans le pays d'Ashantie , ou
Relation de l'ambassade envoyée dans
ce royaume par les Anglais, avec des dé-
tails sur les mœurs, les usages, les lois et
le gouvernement de ce pays, etc. traduit
de l'anglais, Paris, 1819, in-80. On y
trouve la traduction d'un manuscrit ara-
be, où est décrite la mort de Mungo-
Park; | Elemens ofconchology including
the fossil gênera andthe animais , Paris,
1820-22, 2 parties in-8°, avec un grand
nombre de gravures; | Excursions dans
les îles d<: Madère et de Porto-Santo, faites
dans l'automne de 1823, pendant son
troisième voyage en Afrique, suivies du
récit de son arrivée et des circonstances
de sa mort, etc. ouvrage traduit de l'an-
B(W
Sil
BOY
glais , et accompagné de notes des barons
Cuvier et de Humboldt, Paris, 1826,
avec un atlas in-4°, de 19 planches , etc.
* BOWER (Archibald ), jésuite apostat,
né en 1086 , à Dundee en Ecosse. Il se fil
jésuite à Rome en 1706 , et fut employé à
l'enseignement des belles-lettres dans
différentes villes d'Italie. En 1726, il quitta
son ordre , quoiqu'il fût lié par des vœux
solennels, et se rendit en Angleterre, où
il abjura la religion catholique pour sui-
vre le rit anglican. Cette apostasie donna
lieu à plusieurs conjectures. On en a trouvé
la cause naturelle dans l'irrégularité de
ses mœurs , preuve terrible que la cor-
ruption du cœur entraîne à sa suite l'obs-
curcissement de l'esprit. Bower, égale-
ment méprisé de tous les partis , mourut
en 1766 , âgé de 80 ans. Il a laissé les ou-
vrages suivans dont le style est plus que
médiocre | Historia litleraria* espèce de
revue littéraire publiée au commencement
de chaque mois ; | une Histoire des Pa-
pes, 7 vol. in-4°, qui mériterait plutôt
le nom de diatribe que le titre d'histoire;
il a -aussi travaillé pendant neuf ans à la
grande histoire universelle , dont il com-
posa l'histoire romaine.
* BOWDLER ( Thomas ) , écrivain an-
glais , né en 1754 , membre de la Société
royale et de celle des antiquaires , a pu-
blié le Shakespeare des familles , dans
lequel il a retranché les nombreux pas-
sages susceptibles de produire de fâcheuses
impressions sur l'esprit de la jeunesse. Il
a fait le même travail sur l'ouvrage de
Gibbon , intitulé : De la décadence et de
la chute de l'empire romain. On lui doit
en outre un volume de Voyages, les
Mémoires du lieutenant-général Vittette _,
et quelques autres ouvrages. Bowdler est
mort à Rhyddings, près Swansea, en 1824,
à l'âge de 70 ans.
* BOWLES ( Guillaume ) , naturaliste
irlandais, mort en Espagne en 1780. On
lui doit : j Introduccion a la historia na-
lural y a la geografia fisica de EspanaJ
Madrid, 1775, in-4°, traduite en français
par le vicomte de Flavigny, in-8°; en
italien par Milizia , 2 vol. in-4°, avec des
additions considérables. L'auteur y traite
des végétaux ; mais plutôt sous le rapport
du jardinage que sous celui de la botani-
que. J Une Histoire naturelle des saute-
relles d'Espagne , Madrid , 1781.
BOWYER~( Guillaume ), savant et cé-
lèbre imprimeur anglais, né à Londres le
17 décembre 1699 , s'acquit un nom , tant
par ses belles éditions que par sa science
dans les belles-lettres. Il mourut le 18
novembre 1777. Il était membre de la
société des antiquaires , imprimeur de la
société royale et de la chambre, des pairs.
Il a enrichi de Préfaces plusieurs des
livres qu'il a imprimés , et a donné une
Histoire de l'origine de l'imprimerie , en
anglais , 1774. On estime son édition des
OEuvres de Selden_, 5 vol.in-fol. 1722-1726
et du Nouveau Testament grec, 1763 , 2
vol. in-12.
BOXIIOltrV ou BOXHORNIUS ( Marc-
Zueiuus), professeur d'éloquence àLeyde
et ensuite de politique et d'histoire, na-
quit à Berg-op-Zoom en 1612 , et mourut
en 1655. On a de lui : | Historia unwer-
salis , Leipsick , 1675 , in-4°. | Obsidio
Bredana, 1640 , in-fol. | Virorum illus-
trium Monumenla et Elogia, Amsterdam,
1658, in-fol. ouvrage curieux par les gra-
vures qui l'accompagnent. | Chronologia
sacra, Bautzen, 1677, in-fol. | PoematUj
1629, in-12. | Theatrum urbium Hollanr-
diWj 1652 , in-fol. Ce n'est guère qu'une
compilation de Guichardin et de Valère
André. | Historiœ romanœ et auguslw
Scriplores minores Latini , cum animad-
versionibus , Leyde , 1632,4 vol. in-12.
C'est une édition de Florus , d'Aurélius-
Victor , de Velléius Paterculus , de Sué-
tone , d'Ammien Marcellin , etc. | Poetas
salirici minores, cum commentis3 1632 ,
in-8° , recueil peu estimé. | Des notes sur
Jus in , sur Tacite , sur Jules - César.
[ De republica Leodiensi, Amsterdam,
in-24. Cet ouvrage qui est assez bon , fait
partie de la collection des Petites Répu-
bliques. | Originum Gallicarum liber,
Amsterdam, 1754, in-4°; ouvrage estimé
et peu commun. | Metamorphosis Anglo-
rum, 1655; in-12. C'est un abrégé des
révolutions d'Angleterre. | Qaœstiones
Romanœ, Leyde, 1637, in-4". Ce sont
des dissertations pleines d'érudition sur
les us sacrés et profanes des Romains. On
a encore de Boxhorn d'autres ouvrages,
dont l'énumération serait trop longue à
faire.
* BOY ( Adrien-Simon ), chirurgien en
chef de l'armée du Rhin, mourut en 1795,
à Alzey. On lui doit : Traitement des
plaies d'armes à feu, et l'hymne fameux :
Veillons au saint de l'empire, etc.
" DOYCE (Guillaume) , célèbre com-
positeur anglais , naquit à Londres en
1710 , et montra pour la musique des dis-
positions si extraordinaires, que, mal-
gré une dureté d'oreille qui vint l'affli-
BOY
512
ROY
ger avant qu'il eût fini ses études musi-
cales , et qui dégénéra en surdité absolue,
il s'éleva au premier rang dans cet art.
Le docteur Green, son maître , organiste
de Saint-Paul , lui laissa toute sa musique
de choeur avec le soin de la publier après
sa mort. Celte publication de l'œuvre de
Green, faite avec autant de goût que bien
exécutée , commença la réputation de
Boyce , qui fut nommé en 1736 organiste
de l'église de Saint-Michel, et reçu docteur
en musique à Cambridge en 1749. Il de-
vint ensuite premier organiste de la cha-
pelle du roi en 1757 , et mourut en 1799.
Son œuvre dont on n'a publié qu'une
partie, a un caractère de force, de clarté
et une facilité qui en augmente la beauté.
On distingue surtout son admirable séré-
nade de Salomon , qui parut en 1743.
BOYD ( M arc- Alex andre ) , Ecossais ,
né à Galloway en 1562 , s'appliqua à l'é-
tude du barreau , mais trouvant peu de
goût dans des matières abstraites et con-
tentieuses , il l'abandonna pour cultiver
la poésie latine , et mourut en 1601. On
trouve de ses poésies dans les Deliciœ poe-
tarum Scotorum* Amsterdam, 1637.
* BOYD (Hugues), écrivain politique,
né en 1746 , à Bally-Castle , dans le comté
d'Antrim, en Irlande, montra dès son en-
fance une grande vivacité d'esprit et une
conception facile qui , négligemment ap-
pliquée à différens objets d'études, ne lui
procura néanmoins que des connaissances
superficielles. Il embrassa d'abord l'état
militaire ; mais son père étant mort sans
laisser de testament, Hugues qui était le
cadet de sa famille, n'ayant pas les moyens
de se soutenir au service , l'abandonna
pour entrer dans le barreau. La vie dis-
sipée qu'il mena à Londres augmenta ses
embarras auxquels un mariage avanta-
geux mit enfin un terme. Il se livra tout
entier aux discussions politiques , et sou-
tint avec chaleur le parti populaire par
différens écrits publiés dans les journaux,
en forme de correspondance, sous des
noms supposés , tels que le Whig et le
Freeholder ( le Franc Tenancier ). La ré-
putation de Boyd est due surtout aux Let-
tres de Junius, publiées en 1769 , 1770 et
1771, et qu'onlui a attribuées sans preuves
suffisantes , ainsi qu'à Edmond Burke et à
d'autres écrivains ( voyez ALMON ). Ces
lettres annoncent d'ailleurs un talent bien
supérieur à celui de Boyd. Son opposition
ouverte contre le gouvernement lui avait
fermé toute carrière administrative; ce-
pendant l'état de ses affaires devenait tel
qu'il était indispensable d'y remédier. On
engagea lord Macartney , gouverneur de
Madras , à le prendre pour second secré-
taire, et il partit en cette qualité en 1781.
Député, l'année suivante, au roi deCandy,
pour l'engager à un traité d'alliance of-
fensive et défensive avec les Anglais , il
échoua dans cette mission. En s'en retour-
nant, il fut fait prisonnier par les Français,
et conduit à l'île Bourbon, où il fut relâché
sur parole. Il devint ensuite capitaine de
port à Madras, et y rédigea un journal sous
le titre de The Madras-Courrier. Il revint
en 1794 en Europe, et y mourut la même
année. On a de lui des Mélanges et une
Relation de son voyage à Candy ; il publia
en 1779 des extraits de plusieurs discours
de lord Chatam, faits de souvenir. Sa mé-
moire était si heureuse qu'un jour il mit
par écrit , en rentrant chez lui , un dis-
cours qu'il venait d'entendre débiter , et
qui se trouva ensuite exactement con-
forme à l'original. Campbell, ami de Boyd,
a écrit sa vie.
* BOYDELL ( Jean ) , né à Stanton ,
dans le Shropshire, en 1719, fils d'un ar-
penteur, s'acquit une immense fortune
par son commerce de gravures et de ta-
bleaux. Ses vastes entreprises eurent une
puissante influence sur les progrès des
arts en Angleterre. La plus importante
est sa collection de figures pour Shakes-
peare qui lui coûta plusieurs millions.
Epuisé par les avances énormes qu'il avait
faites , il se vit obligé de mettre en loterie
sa Galerie de Shakespeare. On distingue
encore un ouvrage curieux , connu sens
le nom de Liber veritalis , qui est le fac
simile du volume dans lequel Claude
Lorrain plaçait comme souvenir un dessin
de tous les tableaux qu'il peignait. Boy-
dell jouit dans son pays d'une grande
considération, puisqu'il fut échevin et
lord-maire de Londres. Il mourut, en 1804,
dans sa 85e année.
* BOYÉ (Charles- Joseph ), général de
division, commandant de la légion-d'hou-
neur , né en 1762 dans l'électoral de Trê-
ves, vint s'établir avec sa famille, en
1773 , à Saint-Michel , aujourd'hui dans le
département de la Meuse. II s'engagea er.
1778, et avant la fin de 1791 , il était ca-
pitaine. Il parut avec éclat aux combats de
Verton , de la Croix-au-bois , au siège de
Narnur , à la bataille de Nerwinde, et lut
fait chef d'escadron , en 1793 , chef de
brigade, le 6 floréal an 2, enfin général
le 22 du mois suivant. Il était à Fleurus .
et commanda sous Kléber le centre de
BOY Bi
l'armée de Sambr«î-et-Meuse. Il prit les
villes de Saint-Tron et de Tongres dont
il chassa les Autrichiens , et défendit plus
tard avec succès contre le prince de
Reuss , le pont du Lech, près d'Augsbourg
et les lignes de Fribourg. En 1805 , Na-
poléon le nomma commandant de la légion
d'honneur . et lui donna le commande-
ment de la seizième division militaire.
Boyé est mort en 1808.
BOYER. Voyez BOHTER.
* BOYER de Ste.-MARTHE ( Louis-
Anselme de ), dominicain', est auteur de
Y Histoire de l'église cathédrale de Sainl-
Paul-Trois-Châleaux ., Avignon , 1710 ,
in-4° ; et de Y Histoire de l'église cathé-
drale de Vaisoi , Avignon , 1731 , in-/».0.
BOYER (Claude), abbé, de l'académie
française , naquit à Alby en 1618 , et mou-
rut à Paris en 1698. On a de lui 22 pièces
dramatiques , pleines d'enflure et pro-
duites sans aucune connaissance du théâ-
tre. Sa Judith eut d'abord un succès écla-
tant. Cette pièce , applaudie pendant un
carême entier, fut sifflée à la rentrée
d'après Pâques. La Champmeslé ayant de-
mandé la raison de l'inconstance du par-
terre , un plaisant lui repondit : « Les sif-
» flets étaient à Versailles aux sermons de
» l'abbé Boileau. » Boyer , fatigué de ses
mauvais succès , fit jouer en 1680 sa tra-
gédie d'Agamemnon , sous le nom d'un
de ses amis. Racine, son plus grand fléau,
applaudit à cette pièce. Boyer ne put s'em-
pêcher de s'écrier en plein parterre :
« Elle est pourtant de Boyer , malgré M.
» Racine. » Ce mot lui coûta cher : sa tra-
gédie fut sifflée le surlendemain. Peut-on
après cela s'occuper sérieusement du suc-
cès ou de la chute des productions drama-
tiques , dont le destin se règle sur les pas-
sions ou l'humeur des spectateurs , bien
plus que sur le mérite même de la pièce ?
BOYER ( Abel ) , né à Castres en 1664,
quitta la France après la révocation de
Tédit de Nantes , et se retira d'abord à
Genève, à Franeker, et ensuite en An-
gleterre , l'an 1G89. Il mourut à Chelsey
on 1729 , dans sa 65e année. Il aimait éga-
lement le plaisir et l'étude. On a de lui
plusieurs ouvrages : | un Dictionnaire an-
glais-français et français-anglais , 2 vol.
in-4° , Londres , 1774 , estimé ; l'abrégé ,
en 2 vol. in-8° , a eu plus de 20 éditions ;
| une Grammaire française et anglaise _,
in-12, qui ne l'est pas moins. « Cependant,
• dit un critique français , si ces deux ou-
» vrages n'avaient servi qu'à faire passer
» dans notre langues les sages maximes et
5 BOY
» les beautés des écrivains anglais , l'au-
» teur aurait de plus grands droits aux
» éloges du public reconnaissant ; mais la
» connaissance de la langue anglaise nou3
» a attiré le débordement de tant d'extra-
» vagances , que les esprits sages sont peu
» tentés d'applaudir à ses travaux. En ef-
» fet , la lecture des productions anglaises
» n'a guère servi qu'à introduire parmi
» nous des bizarreries et-des maximes qui,
» n'étant analogues ni au caractère ni au
» gouvernement de la nation , n'ont pro—
» duit que de très pitoyables effets, comme
» l'expérience le prouve tous les jours.
i> L'anglomanie a passé de nos livres dans
» nos mœurs , et y a causé les mêmes ra-
» vages ; en sorte qu'on peut dire que ceux
« qui ont cru nous enrichir par des pro-
» ductions étrangères , ne nous ont pro-
» curé que des maux étrangers. » | VElal
politique _, ouvrage périodique qui em-
brasse tous les états de l'Europe , publié
depuis 1710 jusqu'en 1729 : il fut très bien
reçu dans sa naissance, et on le recherche
encore à présent pour plusieurs pièces
curieuses qui y sont insérées ; | Histoire
de Guillaume III * Londres , 1702 , 5 vol.
in-8° , en anglais ; | Histoire de la reine
Anne , Londres , 1722 , in-fol., en anglais.
BOYER ( Jean-François ) , ancien
évoque de Mirepoix , avait été d'abord
théatin. Le succès de ses sermons le fit
choisir pour précepteur de Mgr. le dau-
phin. L'académie des Inscriptions ayant
perdu le cardinal de Polignac, le remplaça
en 1741 par la nomination de l'évèque de
Mirepoix. Il avait été reçu à l'académie
française dès 1756 , et deux ans après il le
fut à l'académie des Sciences. Il mourut
en 1755. Ses vertus , son amour pour la
retraite , son aversion pour les louanges ,
la simplicité de ses mœurs , méritèrent
qu'on lui confiât l'unique espérance du
royaume , et ensuite le détail des affaires
qui concernent la nomination aux béné-
fices. 11 se montra sévère sur le choix des
sujets. Rigide observateur des lois de
l'Eglise, M. Boyer avait remis son évêché
dès qu'il fut attaché à l'éducation du dau-
phin. Le roi lui donna alors l'abbaye de
Saint-Mansuy et ne put lui faire accepter
celle de Corbie. Les philosophes et les
jansénistes l'ont peint comme au-dessous
de sa place , parce qu'il leur était égale-
ment contraire ; mais il faut bien se gar-
der de juger ce prélat par ce qu'en ont dit
et ce qu'en disent encore les partisans des
erreurs de Jansénius. On sait que les sec-
taires ne jugent du mérite des hommes
BOY a
que par l'esprit qui les anime eux-mêmes.
Le plus grand crime et le seul à leurs
yeux , est de n être pas de leur avis.
BOYER (Pieiuie) , prêtre de l'Oratoire,
né à Ariane le 12 octobre 1677 , mort le 18
janvier 1755, s'est distingué par son fana-
tisme pour les saltimbanques de Saint-
Médard , qui lui procura d'abord un in-
terdit en 1729, puis le fit reléguer au
mont Saint-Michel , et enfin renfermer à
Vincennes pendant 14 ans. Les fruits de
son fanatisme sont consignés dans | le
Quatrième gémissement sur la destruc-
tion de Port-Royal, 1714, in-12 ; | le Pa-
rallèle de la doctrine des païens et de
celle des jésuites , in-8° ; | la Vie de M.
Paris, in- 12., et d'autres ouvrages de parti.
BOYER (Jean-Baptiste-Nicolas), che-
valier de l'ordre de Saint-Michel ot mé-
decin ordinaire du roi , naquit en 1693 ;
Marseille fut sa patrie. La peste qui désola
cette ville en 1720 , lui fournit une occa-
sion de signaler son zèle et ses talens et
lui valut une pension sur le trésor royal.
Appelé à Paris pour ses succès , il en sor-
tit plusieurs fois pour aller en Espagne ,
en Allemagne et dans différentes pro-
vinces de France , traiter des maladies
contagieuses ou désespérées. Il fut très
heureux dans ses cures. La faculté de mé-
decine l'élut en 1756 pour son doyen ; et
ce fut pendant le temps de son décanat
qu'il donna une nouvelle édition du Codex
medicamenlarius , seu Pharmacopœapcu-
risiensis , in-4° , ouvrage aussi utile que
bien fait. Cet estimable médecin mourut
en 1768, avec la réputation de bon ci-
toyen, de parent tendre et d'ami officieux.
BOYER D'AGUILLE (Jean-Baptiste,
marquis de ) , s'était composé un cabinet
précieux de tableaux, que son fils, Pierre-
Jean, procureur-général au parlement de
Provence , fit graver par Jacques Coel-
mans , d'An^jrs. Cet ouvrage fut fini en
1709 , et contient 118 planches ; mais il n'a
paru qu'en 1744 , in-fol. Ces deux sei-
gneurs unissaient aux connaissances pro-
pres à leur état les lumières que donnent
l'étude des belles-lettres et l'enthousiasme
pour les beaux-arts. Le marquis d'Argens
était fils du dernier {voyez ARGENS). Le
nom de son frère, président au parlement
d'Aix , est d'Aiguille ou d'Epuille; mais
ses aieux prenaient le nom d'Aguille ; la
table généalogique qui est à la tète dos
Tableaux dont nous venons de parler ,
porte constamment d'Agttille. C'est Pierre-
Jean qui changea, le premier, le nom
d'Jguille en Egaille , et qui cessa de por-
ifc BOY
ter le nom de Malherbe , le poète , dont
son trisaieul, Vincent de Boycr, avait
hérité, à condition d'en porter le nom et
les armes. — Alexandre- Jean-Baptiste de
BOYER , connu sous le nom de président
d'Eguille, dont nous venons de parler,
célèbre par les différends qu'il eut avec
sa compagnie, et les disgrâces qui ont agité
sa vie , est mort le 8 octobre 1783 , pleuré
de ses vassaux , regretté de ses amis , et
emportant les éloges de ceux même que
sa fermeté et son inviolable attachement
à la justice avaient rendus pour quelque
temps ses adversaires.
* BQYER ( l'abbé ) , grand-vicaire du
diocèce de Lombez , mourut le 18 octobre
1785 , dans un âge assez avancé. Un dis-
cours qu'il prononça devant les états de
Languedoc , sur Y Influence de la religion
sur la société civile et politique, a été pu-
blié à Toulouse , in-8°. On lui doit aussi
| un Discours sur les reliques des saints,
et | un Panégyrique de saint François de
Paule.
BOYER-FOXFRÈDE (Jean-Baptiste),
conventionnel , né à Bordeaux en 1766 ,
d'une famille de négocians, fut d'abord mis-
sionnaire. Il abandonna l'état ecclésiasti-
que pour entrer dans le commerce, se maria
et se retira en Hollande. De retour à Bor-
deaux , à l'époque de la révolution , dont
il se montra chaud partisan , il fut député
par le commerce de cette ville à l'assem-
blée législative , et le fut encore à la Con-
vention par le département de la Gironde.
Le 25 décembre 1792 , il accusa Marat d'a-
voir insinué qu'il était nécessaire d'élire
un dictateur. Au mois de janvier suivant,
il vota la mort de Louis XVI ; il défendit
la liberté de la presse attaquée le 8 mars
4793 par les montagnards qui demandaient
l'organisation du tribunal révolutionnaire,
et demanda qu'on admit le juri dans la
composition de ce tribunal. Le 14 du
même mois , il dénonça le comité insur-
rectionnel qui avait résolu d'assassiner
les membres influens du côté droit , dans
la séance du 10 mars au soir , mais sans
pouvoir obtenir sa punition. Lorsque
Pache, au nom des sections de Paris, vint
présenter à la Convention une liste de
proscription contre vingt-deux députés
du côté droit, Boyer-Fonfrède protesta
qu'il aurait tenu à honneur d'être inscrit
sur cette liste. Elu président de la Con-
vention, le 2 mai 1793, il repondit , avec
énergie , aux orateurs des diverses sec-
lions qui apportaient d'insolentes pétitions
à la barre de l'assemblée. Cette conduire
BOY
vin
BOY
le fit nommer membre de la commission
des douze , formée le 21 mai, pour exa-
miner les arrêtés de la municipalité de
Paris. Lors des événemens du 51 mai ,
son arrestation fut demandée par Bourdon
de l'Oise. Mais Marat l'excepta de la pro-
scription, parce qu'il n'avait pas signé
l'arrestation d'Hébert et de Dumas. Ayant
ensuite demandé le rapport sur les mem-
bres arrêtés , Fonfrède fut décrété d'ac-
cusation , sur le rapport d'Amar. Il allait
présenter sa défense , lorsque Albitte ,
Billaud-Varennes et Bentabole lui criè-
rent : a Tu parleras au tribunal révolu-
» tionnaire. » Il périt le 30 octobre 1793, à
l'âge de 27 ans , avec vingt autres giron-
dins. En marchant à l'échafaud , il faisait
entendre ce refrain : Plutôt la mort que
l'esclavage ., etc.
BOYLE (Bobert), célèbre philosophe
anglais , naquit en 1626 à Lismore en Ir-
lande. Il était le 7e fils de Bichard comte
de Cork et d'Orreri. Après avoir appris le
français et le latin dans sa patrie , il voya-
gea à Genève , en France et en Italie, pOur
se perfectionner dans la physique et les
mathématiques. De retour en Angleterre ,
aidé par Hook son associé dans les opé-
rations chimiques , il perfectionna la ma-
chine pneumatique , inventée par Othon
de Guerike , bourgmestre de Magdebourg
( Voyez ce mot). Le roi Charles II et ses
successeurs Jacques II et Guillaume III
l'honorèrent successivement de leur com-
merce et de leur estime. C'est à lui prin-
cipalement qu'on doit l'établissement de
la société royale de Londres en 1663. On
l'en nomma président en 1680 ; mais il
voulut toujours se borner au titre de
conseiller. Son zèle pour la religion chré-
tienne se signala dans toutes les occasions.
Il donna durant sa vie 300 liv. sterlings
par an pour la propagation de la foi en
Amérique , et 100 pour les Indes. Il laissa
en mourant un fonds considérable pour
un certain nombre de sermons qu'on doit
prêcher toutes lès années sur les vérités
de la religion chrétienne en général, sans
entrer dans les disputes particulières qui
divisent les chrétiens : il sentait que la
secte qu'il professait ne gagnerait rien à
cette discussion. On a de lui plusieurs
écrits sur la théologie , la physique et les
mathématiques , recueillis en 1744 , à
Londres, en 5 vol. in-fol, , avec la vie de
l'auteur, et en 1772 en 6 v. in-4°. Les prin-
cipaux sont : | les Nouvelles expériences
physico-mécaniques sur le ressort de l'air :
il y décrit la machine du vide et pousse la
modestie jusqu'à reconnaître qu'il en doit
l'idée à Othon de Guerike ; | Considéra-
tions sur l'utilité de la physique expéri-
mentale; | Histoire générale de l'air;
| Expériences et observations sur le froid ,
les couleurs , les cristaux , la respiration,
la salure de la mer > les exhalaisons , la
flamme , le vif-argent , dans différena
traités séparés; | le Chimiste sceptique;
| Essai sur l'Ecriture sainte : \ le Chrétien
naturaliste J ouvrage dans lequel il prouve
que la physique expérimentale mène
au christianisme , loin d'en détourner :
j Considérations pour concilier la rai-
son et la religion ; | Discours sur la pro-
fonde vénération que l'esprit humain doit
à Dieu * très estimés ; | Recueil d'écrits
sur l'excellence de la théologie comparée
avec la philosophie naturelle : l'auteur ne
prise celle-ci qu'autant qu'elle a du rap-
port à la religion. Presque tous ses ou-
vrages de physique et de chimie ont été
traduits en latin, Genève, 4714, 5 vol.
in-4°. Il mourut à Londres en 1691 , à 64
ans. Tout était simple chez lui , et con-
forme au caractère d'un vrai philosophe.
Il était plein de franchise , de politesse et
de douceur. Quoique détaché de toutes
les subtilités dont les hommes ont fait des
choses importantes , il observait les bien-
séances. Une savait ni mentir ni déguiser;
mais il savait se taire. Il jugeait très sai-
nement des hommes et des affaires : aussi
quitta-t-il la cour de bonne heure. Ses
idées sur les moyens de rendre le genre
humain meilleur et plus heureux étaient
très étendues ; mais l'exécution des idées
les plus saines est toujours très difficile.
BOYLE ( Bogep. ) , comte d'Orréry ,
frère du précédent, 5e fils de Bichard
comte de Cork, naquit à Lismore en 1621.
Ayant pris le parti des armes, il servit
sous Cromwel contre Charles Ier ; et après
la mort de l'usurpateur, il soutint ia
cause de Charles II. Dès que ce roi fut sur
le trône , il lui donna une place de con-
seiller dans son conseil privé d'Angleterre
et d'Irlande. Il mourut en 1679 , âgé de
59 ans , regardé comme un homme d'un
esprit plus délié que son frère , mais
moins solide et moins ami de la vertu ,
de la droiture et de la religion. On a de
lui plusieurs ouvrages en vers et en prose,
bien écrits : en anglais • | la Parlhenice ,
roman, 5 vol. in-4" et in-fol., qu'on a
comparé à ceux de Scudéry et de Calpre-
nède; | Histoire d'Henri V ; \ le Prince
I\'oir, Mustapha M TriphonJ tragédies ap-
plaudies dans le temps; | l'Art de la guerre
BOY
516
BOY
etc. ; | Recueil de lettres d'état, de Boylc,
publiées avec sa Vie par Thomas Morice ,
Londres , 1743 , irt-fol. , en anglais.
BOYLE (Charles), petit-fds du pré-
cédent et comte d'Orréry comme lui , m'-
en 1676 , élève du docteur Atterbury , fut
mis à la tour de Londres en 1722 : on
l'accusait d'être entré dans des complots
contre l'état. On ne put jamais le lui prou-
ver. Il mourut en 1731 , d'une maladie de
langueur contractée dans sa prison. L'ins-
trument astronomique appelé Yorréry est
de son invention : c'est un planétaire très
composé , où l'on voit tous les mouve-
mens célestes à la fois ; il est d'une grande
cherté. M. Brisson, dans son Dictionnaire
de Physique, dit que le planétaire de
M. Nollet est préférable par sa plus grande
simplicité. On a encore de lui une traduc-
tion latine des Epitres de Phalaris avec des
notes, in -8°, 1693; une comédie, des
pièces de vers et des harangues.
BOYLE (Jean), comte de Corck et
d'Orréry, fils du précédent, de la société
royale, né le 2 janvier 1707, lit ses dé-
lices, à l'exemple de ses ancêtres , de l'é-
tude des belles-lettres, voyagea en Italie,
où il demeura long- temps , et mourut le
46 novembre 1762 , après avoir été marié
deux fois. Nous avons de lui une traduc-
tion en anglais des Lettres de Pline , avec
sa Vie et des remarques , 1731 , 2 vol.
in-4° ; | Lettres sur l'Italie; \ Lettres his-
toriques et philologiques sur la Vie de
Swift, 1753, in-12, ouvrage traduit en
français par Lacombe , d'Avignon. Il a
aussi travaillé à plusieurs ouvrages pé-
riodiques.
BOYLESVE (Etienne), chevalier, pré-
vôt de Paris sous le règne de Saint-Louis,
mit un ordre dans la police de cette ville.
Les impôts sur les denrées étaient exor-
bitans ; les prévôts fermiers avaient tout
vendu , sans excepter la liberté de com-
mercer : il remédia à ces deux abus. Il
divisa ensuite les marchands et les artisans
en différens corps de communautés, leur
donna des statuts et des règlemens, faits
avec tant d'équité et de sagesse, qu'on
«'en est servi depuis pour régler les an-
ciennes communautés, ou pour en former
de nouvelles. Il ne fut pas moins attentif à
veiller à la sûreté publique , et à punir
ceux qui pouvaient la troubler. Ce bon
magistral mourut vers 1269.
* BOYM (Michel), jésuite polonais,
fut envoyé en qualité de missionnaire
aux Indes et à la Chine en 1643, et revint à
Lisbonne en 1632. Il repartit en 1656 pour
la Chine, où il mourut en 1659. Il a laissé :
| Flora Sinensis , Vienne , 1656 , in-fol. ,
traduit en français ; | une Tradiu lion des
4 liv. de Wang-Choho , faite d'après les
auteurs chinois , et contenant 289 articles
sur les médicamens , les signes des mala-
dies , etc. , Francfort, 1682, in-4°, publiée
sous le nom d'André Cleyer de Cassel,
premier médecin de la compagnie des
Indes, éditeur plagiaire qui y joignit quel-
ques autres morceaux traduits du chinois.
* BOYM (Benoit), autre jésuite polo-
nais , né à Lemberg en 1629, mort à Wilna
en 1670 , a traduit du français une Théolo-
gie chrétienne et quelques livres ascéti-
ques.
BOYSE ( Samuel ) , anglais né en 1708 ,
avec un génie poétique qui lui procura des
amis : mais ces amis, bien loin d'être ses
Mécènes, lui mangèrent son bien et le ré-
duisirent à une grande pauvreté , dans
laquelle il mourut en 1749. La collection
de ses Poésies devait avoir six volumes ;
il n'en a paru que deux. Son poème de la
Divinité a été plusieurs fois réimprimé.
Une des bonnes éditions est celle de 1752 ,
in-8°. On estime l'Ode qu'il fit paraître
en 1743 sur la bataille de Dettingen, inti-
tulée Le Triomphe d'Albin. On a encore
de lui : L'Histoire des transactions de
l'Europe, depuis le commencement de
la guerre d' Espagne en 1739 , jusqu à
l'insurrection de l'Ecosse en 1745, 2 vol.
in-8°, 1747. — Son père, Joseph BOYSE,
ministre anglais , non conformiste , né à
Léeds en Yorckshire en 1660, mort en
1728 , s'est acquis de la réputation par ses
Sermons qui ont été publiés en 2 vol.
in-folio.
• BOYSE AU (Pierre de), marquis de Châ-
teaufort, général espagnol, naquit à Saint-
Gérard, près de Namur, en 1659, et débuta
comme cadet volontaire dans un régiment
de dragons au service d'Espagne en 1685,
Il se fit remarquer aux journées de Fleurus
et de Steinkerque en 1690 et 1692 , et fut
blessé à celle de Nerwinde, en 1693. Une
mission hardie qu'il remplit avec succès
au siège de Charte roy , lui valut une com-
pagnie de cavalerie. Lors de la guerre de
la succession, il se rangea sous les drapeaux
de Philippe V, et obtint, par ses belles
actions, un rapide avancement. En 1713,
il eut le commandement général des dra-
gons , à la tête desquels il fit des prodiges
de valeur au siège de Barcelone , et con-
tribua plus que personne à la capitulation
de cette ville. La campagne de Sicile , en
1717, lui fournit l'occasion de prouver un
BOY 5
désintéressement égal à son courage : les
soldats manquaient de tout , il vendit ses
équipages pour subvenir à leurs besoins.
II fut chargé ensuite de l'expédition d'A-
frique sous les ordres du marquis de Lède ;
à son retour, le roi le nomma gouverneur
de Jaca , et lui conféra , en 1728 , le titre
de marquis de Chàteaufort ; en 1752, on
lui dut la prise d'Oran en Afrique, et en
1754 le gain de la bataille de Bitonto, dans
le royaume de Naples. Ces succès le
firent nommer capitaine - général de la
Vieille-Castille. Ce guerrier mourut à Za-
mora dans le royaume de Léon, le 26
juillet 1741 , Peu d'hommes de guerre s'é-
taient trouvés à un plus grand nombre
de batailles , de sièges et de combats , et y
avaient été plus maltraités : il était couvert
de blessures , et avait eu onze chevaux
tués sous lui.
* BOYSEN (Pierre-Adolphe), savant
théologien luthérien , né le 15 novembre
1090 à Ascherleben , dans la principauté
d'Anhalt, fit son droit et sa théologie dans
les universités de Wittemberg et de Halle,
se fixa à Halberstadt, où il occupa diffé-
rens emplois ecclésiastiques. Il était habile
théologien , et versé dans l'histoire et la
philologie sacrée. On a de lui : | D isputalio
de Asiarchis ad act. cap. 19, v. 31 ; | Pro-
grammera duo de Herode scripturœ inter-
prète; | Dissertalio de legione fulminalrice;
| Dissertatio de codice grœco , et concilio
quo usus est Martinus Luther us in inter-
prétation germanica novi Testamenti ;
| Phœdri fabularum JEsopicarum libri
quatuor, nolis illustrâtes ; \ Hisloria Mi-
chaelis Serveli; \ De veris eruditis qui
sero ad lilleras admissi magnos in studiis
fecerunt p ogressus. Il mourut à Halber-
stadt le 12 janvier 1745.
* BOYSEN ( Frédéric-Eberhard ) , fils
du précédent , auteur de plusieurs disser-
tations savantes sur l'Ecriture , né à Hal-
berstadt en 1720, mort en 1800 dans la
même ville où il était professeur , a laissé
une bonne version allemande du Koran
avec des ?wtes ; \ Monumenta médita
rerum Germanicarum , in - 4° ; | Let-
tres théologiques en allemand , 2 vol. in-
8°; | Magasin universel, 6 parties in-8°; | Un
bon abrégé de la grande Histoire uni-
verselle , 10 vol. in- 8°, partie ancienne.
j Lettres à Gleim, in-8°, etc.
* BOYVIN ( Jean ) , avocat- général ,
conseiller, puis président au parlement de
Dôle, naquit en cette ville vers 1580. Les
Français, sous le commandement du
prince de Condé, étant entrés en mai 1656,
17 BOZ
dans la Franche -Comté, el ayant mis le
siège devant Dôle, J. Boy vin eut lapins
grande part à la défense de la ville. On sait
qu'après un siège de trois mois, ils furent
obligés de se retirer avec une perte de
cinq mille soldats et de six cents officiers.
Boy vin, à la prière de quelques amis,
écrivit l'histoire de ce siège mémorable.
Son ouvrage est intitulé : le Siège de la
ville de Dôle, capitale de la Franche-
Comté de Bourgogne , et son heureuse dé.
livrance , Dôle , 1637, in- 4°; seconde édi-
tion, Anvers, 1638, in-4°. Boyvin a laissé
plusieurs ouvrages de géométrie qui n'ont
point été imprimés ; des Notes sur la cou-
tume de Franche-Comté ; la Description
des arcs de triomphe, des emblèmes et
diverses réjouissances que firent les Dô-
lois à l'arrivée de la sainte hostie de Fa-
verney à Dôle, in -fol., manuscrit. Il
mourut à Dôle en 1650. Claude-Etienxr
BOYVIN son tils , général des monnaies du
comté de Bourgogne, passe pour auteur
d'une brochure ayant pour titre : le Bon
Bourguignon , en réponse à un livre inju-
rieux à l'auguste maison d'Autriche et à
la Franche-Comté , intitulé : Bellum Se-
quanicum secundum, composé par le
sieur Jean Morelet de Dijon, Werguls-
tadt, 1672, in- 12. L'ouvrage de Morelet
était relatif à la conquête de la Franche-
Comté par Louis XIV.
BOZE ( Claude GROS de ) , naquit a
Lyon en 1680, de pareils qui perfection
nèrent ses talens par une excellente édu-
cation. Il se livra d'abord à la jurispru-
dence ; mais les antiquités et les médailles
l'occupèrent bientôt tout entier. Le chan-
celier de Pontchartrain , l'abbé Bignon ,
Vaillant, Hardouin, le chérirent comme
un savant profond et aimable. Quelques
Dissertations ingénieuses sur des mé-
dailles et d'autres monumens lui ouvri-
rent la porte de l'académie des inscrip-
tions et belles-lettres, en 1705. Il fut reçu
sous le titre d'élève, el l'année suivante
il en devint le secrétaire perpétuel. L'a-
cadémie française se l'associa aussi en
1715. La garde du cabinet des médailles
du roi lui fut confiée en 1719. Il partit
l'année d'après pour la Hollande , dans le
dessein d'augmenter les trésors qu'on
avait mis entre ses mains. De retour à
Paris, il consacra tout son temps à l'aca-
démie des belles-lettres et au cabinet des
médailles. Il eut l'inspection de la librai-
rie en 1745, pendant la maladie de M.
Maboul. Il s'était démis , 5 ans auparavant,
de la place de secrétaire de l'académie
44
JJKA 5' 18
des bcllés-letlres. Cette compagnie le per-
dit entièrement le 10 septembre 1753,
année de sa mort. 11 était aussi estimable
par la douceur de ses mœurs que par son
savoir. Il n'avait rien de cette rudesse do
caractère , qu'on trouve quelquefois dans
les savans. On a de lui plusieurs ouvra-
ges : | L'édition des lu premiers volumes
des Mémoires de l'Académie des Inscrip-
tions et Belles- Lettres. Les Eloges histo-
riques qui ornent ces Mémoires ont été
imprimés séparément en 2 vol. in-12. Ils
sont écrits avec autant d'esprit que d'a-
grément. Il est panégyriste sans fadeur ,
et historien sans verbiage. On y trouve
moins de ces traits fins , dont les Eloges
de Fontenelle sont parsemés ; mais peut-
être plus d'élégance et de goût. Les pre-
miers éloges sont bien inférieurs aux
derniers; et c'est à ceux-ci principale-
ment qu'il faut appliquer le jugement
que nous en portons. | La seconde édi-
tion de Y Histoire métallique de Louis
XIV* continuée jusqu'à la mort de ce
prince , 1723 , in-fol. Il donna les dessins
et les devises de plusieurs de ces médail-
les. | V Histoire de l'empereur Telricus J
éclaircie par les médailles. | Plusieurs
dissertations sur les médailles antiques,
répandues pour la plupart dans les Mé-
moires de l'Académie des Belles-Lettres.
Jl a publié le Catalogue de sa bibliothè-
que , 1743, in-folio ; elle était bien choisie,
et pleine de livres rares et curieux. Ce
catalogue est recherché par les biblio-
graphes , et se vend fort cher. On en a
donné un autre après sa mort, Paris,
1733, in-8°.
BOZIUS ou BOZIO (TnoMAS ), né à Eu-
gubio ou Gubio , dans le duché d'Urbin ,
prêtre de l'Oratoire à Rome, florissait
au commencement du 17e siècle , et s'at-
tacha particulièrement à l'histoire. On a
de lui : | De signis Ecclcsiœ , qu'il fit im-
primer en 1591. | De ruinis gentium et
regnorum. \ De antiquo et novo Italiœ
statu J contre Machiavel. | De imperio
virtutum. \ De robore bellico* etc. Il pré-
parait 10 volumes sous le titre à' Annales
antiquitalum ; mais il n'en avait publié
que deux, lorsque la mort l'enleva à
Rome en 1610, dans un âge peu avancé.
— François BOZIUS , son frère , égale-
ment prêtre de l'Oratoire , mort en 1635 ,
a laissé plusieurs ouvrages tels que ceux-
ci : De temporali Ecclcsiœ monarchia ;
Annales mundi; vila beali Pétri * etc.
* BRADANT ( Hexri I , duc de ) , dit le
Guerroyeur , fut le premier souverain de
«Il A
celte province des Pays-Bas, qui prit le
titre de duc. Le Brabant, soumis d'abord
par Clovis , avait fait partie successive-
ment des royaumes d'Austrasie, de Lor-
raine et de l'ancien empire de Charlema-
gne. Il devint, en 100/»., le partage de
Gerberge, fille de Cliarles de France,
mariée à Lambert Ier, comte de Mons, qui
doit être regardé comme la tige des sou-
verains du Brabant. Henri Ier surnommé
le Guerroyeur, était fils de Geoffroi ou
Godefroi le Courageux, qui l'associa au
gouvernement en 1172, et lui donna le
titre de, comte de Louvain. Henri accom-
pagna le roi de France Louis le Jeune au
tombeau de Saint-Thomas de Cantorbéry.
En 1183 , il se croisa pour la Terre-Sainte,
et joignit ses troupes à celles de Lusignan
et de Raymond de Tripoli. Il ne nous
reste aucun détail sur son voyage et
l'on ignore même l'époque précise de son
retour ; mais ce fut du vivant de son
père , à qui il succéda en 1190. Il fit alors
valoir en vain ses droits sur le duché de
Flandre; Baudouin, son compétiteur,
l'emporta sur lui. Le duc de Brabant fit
encore, en 1197, avec Henri le Jeune,
duc de Saxe, un voyage en Palestine, et
y donna des preuves de valeur à la ba-
taille de Joppé. A son retour de la Terre-
Sainte , il se déclara pour Othon de Bruns-
wick, à qui l'empire était disputé par le
duc de Souabe. Il porta ensuite la guerre
chez les comtes de Gueldre et de Hol-
lande, les vainquit et les força à faire
une capitulation avantageuse à ses in-
térêts. Il combattit ensuite contre l'évè-
que de Liège , dont il pilla la capitale.
L'évêque lui livra bataille et remporta
sur lui une victoire complète. Le duc de
Brabant fit alors sa paix. En 1214, il donna
sa fille en mariage à l'empereur Othon , et
se ligua, avec ce prince, contre Philippe-
Auguste. A la défaite de l'armée impériale
à Bouvines arrivée le 23 juillet 1214, il
prit la fuite et abandonna quelque temps
après la cause d'Othon , pour se jeter dans
le parti de Frédéric II. Le duc Henri
mourut à Cologne le 5 septembre 1235 ,
après avoir gouverné ses états près de 50
ans avec plus de vigueur que de pru-
dence. Ce prince avait accordé à la ville
de Bruxelles en 1229 , divers privilèges
consignés dans une charte qui est le plus ;
ancien monument de la langue flamande.
» BKABANT ( Henri II, duc de), dit
le Magnanime 3 fils et successeur du pré-
cédent, se fit respecter de tous les princes
voisins par son courage Son influence,
BBA
519
BRA
contribua beaucoup à faire élire empe-
reur Henri , landgrave de Thuringe ,
son gendre , qu'il lit couronner à Aix-la-
Chapelle. Il s'appliqua à réformer les abus
dans l'ordre judiciaire, et supprima dans
tous ses domaines le droit de main-
morte. Il accorda même à ses sujets , par
forme de dédommagement et de restitu-
tion, une distribution annuelle et perpé-
tuelle de "500 livres, somme très forte
pour ces temps-là. Ce prince bienfaisant
et vraiment magnanime mourut regretté
de ses 8ujets , dont il fut le père, le 1er.
lévrier de l*an 1248, à 59 ans; il en avait
régné 12.
*BR ABANT ( Henrï III , duc de ) , sur-
nommé le Débonnaire j iils et successeur
du précédent, fut aussi l'héritier de ses
vertus et de ses belles qualités , et gou-
verna avec modération. Il lit élire empe-
reur Guillaume, comte de Hollande, son
parent. Quelques démêlés qu'il eut avec
l'évèque de Liège le firent excommunier
pour un temps par ce prélat. Ce prince
cultivait la poésie française. Il mourut à
Louvain, le 28 février 1261, lorsqu'il se
disposait à passer dans la Terre-Sainte.
* BRABANT ( Jean I , duc de ) , dit le
Victorieux , second fils de Henri III, lui
succéda par l'effet de la prédilection d'A-
lix de Bourgogne, sa mère, qui ne trou-
vant pas Henri , son lils aîné , capable de
gouverner, le détermina à céder ses droits
à son frère. Henri se fit moine à l'abbaye
de Sl.-Elienne de Dijon. L'élection de Jean
fut approuvée par les états , et ce prince
prit les rênes du gouvernement à l'âge de
17 ans en 12G8. Il épousa, l'année sui-
vante, Marguerite de France , fille de saint
Louis, et s'unit à son beau-frère Philippe
le Hardi, pour secourir Jeanne de Na-
varre , que les rois de Castille et d'Aragon
voulaient dépouiller. Il fut armé cheva-
lier par le roi de France, et retourna
dans ses états. Informé que Marie sa
sœur , reine de France , est accusée d'a-
voir empoisonné le prince Louis, son
beau-fils, pour faire régner ses propres
enfans , il part , se déguise en cordelier ,
se rend auprès d'elle et l'interroge pour
s'assurer de la fausseté de l'accusation. Il
ne retourne dans ses états que pour re-
paraître bientôt à Paris , et défier au com-
bat quiconque oserait accuser la reine. Il
fit déclarer son innocence , et poursuivit
avec acharnement Pierre de Brosse son
accusateur , qui fut pendu au gibet de
Montfaucon. Il entreprit ensuite une
guerre contre Henri, comte de Luxem-
bourg, qui lui disputait le duché de Lim-
bourg. La bataille décisive de Waringcn,
qui eut lieu le 5 juin 1268, et où il tua dans
un combat corps à corps son compétiteur,
lui en assura la possession. Celte victoire
lui causa tant de joie, qu'il changea le cri de
guerre de ses ancêtres : Louvain au riche
duc j en celui-ci : Limbourg à celui qui
l'a conquis. Ce prince mourut victime de
sa passion pour les tournois : on compte
qu'il s'était trouvé à 70 , tant en France
qu'en Allemagne et en Angleterre. Etant
aux noces du duc de Bar avec Léonore
d'Angleterre, il joûla contre Pierre de
Baufremont , qui lui fit au bras une bles-
sure dont il mourut.le 14 mai 1294, à 43
ans. C'était un prince brave , éloquent et
magnifique.
*' BRADANT (Jean II, duc de), dit le
Pacifique , fils du précédent , n'avait que
13 ans lorsqu'il succéda à son père, et fit
plutôt consister sa gloire à gouverner ses
sujets avec sagesse et à les rendre heu-
reux qu'à imiter ses prédécesseurs dans
leurs entreprises guerrières. Il eut cepen-
dant quelques démêlés avec les comtes de
Hollande; mais son caractère modéré et
pacifique les termina promptement. Il
rendit l'ordonnance dite du bien public*
qui maintint aux villes du Brabant leurs
lois et privilèges, et établit le conseil sou-
verain dans ses états par un diplôme ,
connu sous le nom de Charte de Corlem-
berg. Il accorda aux ecclésiastiques toute
sa protection, et leur donna plusieurs
privilèges. Ce prince estimable mourut
le 27 octobre 1312.
* BRABANT (Jean HI , duc de ) , dit le
Triomphant* succéda à son père Jean
II, dès l'âge de treize ans. Sa minorité
fut orageuse; elle éveilla l'ambition des
prince* ses voisins, et augmenta les pré-
tentions de ses propres sujets. Louvain
cl Bruxelles parvinrent à étendre leurs
privilèges. La générosité que le duc de
Brabant fit éclater en donnant asile dans
son duché à Robert d'Artois , lui attira la
haine du roi de France Philippe de Valois,
qui exigea avec hauteur, mais en vain,
que ce prince lui fût livré. Non con-
tent de déclarer la guerre à Jean III, Phi-
lippe de Valois suscita contre lui Jean de
Luxembourg , roi de Bohème et plusieurs
petits souverains de l'Allemagne. Peu dé-
concerté par tout cet appareil d'hosti-
lités, le duc de Brabant s'avance à la ren-
contre de ses ennemis, établit son camp
près de Tirlemont , et envoie son héraut
d'armes pour leur offrir bataille le 5 mai.
BRA
520
BRA
Tant de résolution étonna les princes li-
gués : la valeur reconnue de Jean III fit
redouter d'en venir à une bataille déci-
sive, qui pouvait, après tout, tourner à sa
perte, mais jamais à son déshonneur. Le
roi de France attira le duc de Brabant à
Compiègne, où était sa sœur et cimenta
son alliance avec lui , en donnant à son
lils aîné la fille du roi de Navarre, ce qui
n'empêcha pas que Jean III ne se laissât
séduire , en 1338 , par Edouard III , roi
d'Angleterre , qu'il ne servit cependant
que très faiblement contre la France. Il
se réconcilia bientôt après avec Philippe
de Valois , attira les Flamands dans son
alliance, et s'occupa du gouvernement in-
térieur de son royaume , qu'il avait un
peu négligé pendant ses dissensions avec
les différons souverains. En 1550 , il con-
firma les privilèges des Brabançons, et
fit réclamer auprès de l'empereur Char-
les IV la fameuse Bulle d'or, en vertu de
laquelle aucun de ses sujets ne pouvait
être cité devant les cours de justice d'Al-
lemagne pour aucun genre de délit. Ses
mœurs ne furent pas toujours bien pures :
il laissa à sa mort, arrivée le 5 décembre
4555 , dix-sept enfans naturels, dont il
avait eu plusieurs d'Isabeau de Vauverne,
dite Cunégonde de Valverde. Ses trois fils
légitimes moururent de son vivant, et le
duché, àdéfaut d'enfant mâle, tomba entre
les mains de Jeanne , sa fille , mariée à
Venceslasde Luxembourg, frère de l'em-
pereur Charles IV. Leur gouvernement
fut orageux ; le comte de Flandre voulut
disputer à une femme l'honneur de suc-
céder à un duc de Brabant, et lui déclara
la guerre. La cession d'Anvers mit fin
aux hostilités. Mais bitnlôt les querelles
recommencèrent avec le duc de Juliers.
On livra bataille ; Venceslas fut t'ait pri-
sonnier , et mourut à Luxembourg sans
avoir laissé d'enfans. Jeanne le suivit de
près au tombeau, l'an 1406, laissant le
duché de Brabant en héritage à sa nièce
Marguerite, comtesse de Flandres, et
duchesse de Bourgogne.
" BRABANT (Antoine, duc de), deu-
xième fds de Philippe le Hardi et de Mar-
guerite , qui avait hérité de Jeanne de
Brabant du duché de Brabant, fut connu
d'abord sous le nom de comte de Réthel ;
mais , en 1404 , il prit possession du du-
ché de Brabant. Son père, avant de quit-
ter Bruxelles, le fit connaître par tous
les grands et la noblesse du pays. La fac-
tion d'Orléans ayant essayé de dépossé-
der Jean, lils aussi de Philippe le Hardi,
du duché de Bourgogne, Antoine vint à
son secours, et le servit beaucoup dans
cette circonstance. La mort de Vences-
las, père de Jeanne sa femme , le rendit
héritier du duché de Luxembourg. Aimé
de ses sujets , qu'il gouvernait avec beau-
coup de sagesse et de modération, An-
toine fut tué le 25 octobre 1415 à la ba-
taille d'Azincourt , où il avait conduit ses
troupes au secours de la France.
* BRABANT (Jean IV, duc de), fils du
précédent , lui succéda dans son duché.
Il avait épousé en 1418 la fameuse Jac-
queline de Bavière , comtesse de Flandre
et de Hainaut , qui avait refusé la main de
Jean de Bavière, son oncle , surnommé
Sans-Pitiê. Celui-ci, outré d'un pareil
refus , déclara la guerre à Jean IV , qui
n'ayant pas voulu prendre parti pour sa
nouvelle épouse, en fut abandonné. Re-
tirée en Angleterre, Jacqueline épousa le
duc de Glocester , et retourna dans le
Brabant à la tête d'une armée. Aban-
donnée encore une fois du duc de Glo-
cester, elle défendit seule ses prétentions.
Jean IV perdit ses états, et n'y fut rétabli
que par son cousin le duc de Bourgogne.
Sa conduite timide et pusillanime le fit
mépriser des princes ses voisins et de ses
sujets. Dans un voyage qu'il lit en Hol-
lande , il se fit inaugurer comte. En 1420,
il fonda, par une bulle du pape Martin V,
l'université de Louvain , devenue si fa-
meuse dans la suite. Ce fut là le plus bel
acte de son administration. Il mourut le
17 avril de l'année suivante, à l'âge de 24
ans, sans postérité. Il eut pour succes-
seur dans son duché son frère , le comte
de Saint-Paul et de Ligni, qui mourut
aussi à la fleur de l'âge , en 1450. Le Bra-
bant se donna ensuite à Philippe le Bon,
duc de Bourgogne ; mais Marie , fille de
Charles le Téméraire, ayant épousé l'em-
pereur Maximilien I, le Brabant, dont
elle avait la souveraineté, est entré sous
la puissance autrichienne, quil'aconservé
jusque dans les derniers temps.
♦ BRACCESCO dagli ORZINOVI
(Jean), natif de Brescia, prieur des cha-
noines réguliers de St-Segond, vivait dans
le 16e siècle, et s'adonna à la philosophie
hermétique. Il commenta Geber, et sa
glose n'est guère plus intelligible qut
l'œuvre du chimiste arabe. On a de lui :
| la Espositione di Geber , filosofo , nella
quale si dichiarano violti nobilissimi se-
creti délia natura , Venise, 1544, 1551 ,
1562, in-8° ; | Legno delta vita, nel quale
si dichiara quai fosse la medicina per la
BRA 5
quale li primi padri vivevano nove cento
anni, Rome, 1542, in-8°; ces deux ou-
vrages traduits en latin se trouvent dans
le recueil de Gratarole , intitulé : Fera
alchemiœ doctrina > Bàle , 1361 , in-fol. ;
1372 , in-8° , 2 vol. ; et dans le tome pre-
mier de la Bibliothèque chimique de
Manget. On les a aussi publiés à part sous
ce titre : De alchemiâ , dialogi duo *
Lyon , 1548 , in-//', Hambourg, 1G73, in-8°.
| Demogorgon ..dialogus, dans la collec-
tion de Gratarole. | Sermoni divotisshni
del bealo Efrem* Venise , 1544 et 1545,
in-8°, trad. du grec.
* BRACCI (l'abbé Dominique-Augus-
tin) membre de la société royale des an-
tiquaires de Londres, né à Florence en
1717, se livra de bonne heure et avec suc-
cès à l'étude des antiquités. Il mourut en
1792. On lui doit un ouvrage estimé par
l'érudition qu'il renferme, intitulé : Com-
menlaria de antiquis sculploribus qui
sua nomiaa inciderunt i/igemmis et ca-
meis , cum pluribus monumenlù anli-
quitatis ineditis , Florence, 1784 à 1786,
2 vol. in-folio.
* BRACCIO DE MOATONE (Axdré),
célèbre général italien , né à Pérouse en
13G8 , était de l'illustre famille des Forte-
bracci qui , depuis long-temps se mainte-
nait à la tète de la noblesse de la républi-
que de Pérouse , et servit à 18 ans , avec
quinze chevaliers sous les ordres du comte
de Montefeltro. Les nobles ayant été chas-
sés de Pérouse , Braccio passa au service
de divers souverains, et développait dans
des grades subalternes les talens qui de-
vaient le rendre un jour un des premiers
généraux de son siècle. Lorsque Ladislas,
roi de Naples , commença la guerre contre
le pape et les Florentins, Braccio le servit
avec autant de fidélité que de succès. Mais
ce prince ayant accepté les propositions
de la ville de Pérouse qui lui offrait d'ou-
vrir ses portes, à condition que Braccio
n'y entrerait point, ce général irrité passa
du côté des Florentins , et arrêta, en 1409,
les progrès de Ladislas dans la Toscane. Le
pape Jean XXIII, en se rendant au comité
de Constance , où il fut déposé , chargea
Braccio de défendre pour lui Bologne. La-
dislas étant mort , et l'Eglise se trouvant
sans chef, il crut le moment favorable
pour recouvrer dans sa patrie l'influence
que ses ancêtres y avaient exercée. En
1416, il attaqua à l'improvistc le territoire
de Pérouse, délit à Saint-Gilles 1 armée
de Malatesti, força ensuite l'île à capituler
et en fut déclaré seigneur. Il ne se mon-
21 BRA
Ira pas moins habile souverain que bon
général; il releva le courage des habitans,
réforma leurs mœurs, orna la ville de
beaux édifices, et augmenta la fertilité des
campagnes par des canaux d'irrigation.
S'étant rendu maître de Rome en juin
1417, il en fut chassé par Sforza de Coli-
gnole, général de la reine Jeanne, désireux
de se venger de Braccio qui avait profité
du temps de sa caplivité pour lui enlever
une partie de ses liefs. Le pape Martin V,
élu par le concile de Constance , envoya
contre lui le même Sforza , et cette guerre
dura deux campagnes au bout desquelles
ce dernier ayant été vaincu près de Yiterbe,
le pape conclut la paix au mois de février
1420. Braccio garda sous la suzeraineté
de l'Eglise la possession de sept villes avec
leur territoire. Il passa ensuite au ser-
vice du gouvernement napolitain , et fut
créé , en 1421 , prince de Capoue , comte
de Foggia et grand connétable du royaume
de Naples. Jeanne II qui avait adopté Al-
fonse d'Aragon l'opposa à. Louis d'Anjou
que soutenait Sforza; Braccio remporta
sur ce dernier de si grands avantages que
Louis d" Anjou fut obligé de renoncer à
toutes ses prétentions sur le royaume de
Naples. Sforza vint même dans le camp
de son illustre adversaire lui demander
son amitié ; Braccio le reçut très bien , le
réconcilia avec Jeanne , et le laissa chargé
du commandement des troupes du royau-
me. Jeanne s'étant brouillée avec Alfonse,
Sforza embrassa le parti de cette princesse
et Braccio celui du roi. Sforza , après avoir
remporté quelques avantages sur les Ara-
gonais, marcha au secours d'Aquila, que
Braccio assiégeait , parce que cette ville ,
dont Jeanne lui avait donné le comman-
dement avant le commencement de cette
nouvelle guerre , avait refusé de lui ou-
vrir ses portes. Mais avant d'y arriver
Sforza se noya au passage du fleuve Pes-
cara, et Braccio pleura son rival comme
le seul grand homme qui fût digne de se
mesurer avec lui. Cependant Aquila con-
tinuait de se défendre ; le pape et la reine
envoyèrent Caldora pour en faire lever le
siège. Braccio , obligé de lutter contre des
forces quatre fois plus considérables que
les siennes, balança long-temps la victoire,
qu'une sortie des assiégés lui arracha en-
fin. Blessé dans sa déroute le 2 juin 1424,
il ne voulut pas survivre à sa défaite , et
sourd aux sollicitations de ses compagnons
d'armes , il se laissa mourir, rejetant tout
pansement et toute nourriture. Sa uerb»
44.
BRA
522
BRA
causa un deuil général dans les armées
d'Italie. Les élèves qu'il avait formés dans
l'art militaire , se distinguèrent de ceux
de Sforza, sous les dénominations de
Bracceschi 3 et de Sforceschi. Tous les
pays qu'il avait soumis secouèrent le
joug aussitôt qu'ils apprirent la nouvelle
de sa mort. La vie de Braccio a été écrite
en latin par Antoine Campani , et tra-
duite en italien par Ticcini ; mais elle ne
peut être que d'un faible secours pour l'his-
toire d'Italie , ne donnant jamais la date
des événeinens. On taxe aussi l'auteur de
partialité pour son héros , auquel on ne
peut cependant refuser la gloire d'avoir
été un des plus grands capitaines qu'ait pro-
duits l'Italie ; mais on reproche à Braccio
de la hauteur et même des traits de cruau-
té , surtout dans la dernière année de sa
vie. Il semble que sa bonne fortune l'avait
suivre et avait altéré son caractère. Aupa-
ravant, doux, humain, affable pour le sol-
dat dont il avait l'art de gagner le cœur, il
était devenu farouche et inexorable.
BRACCIOLINI dell* API (François),
poète italien , né à Pisloye, d'une famille
noble en 156G, avait près de 40 ans lors-
qu'il embrassa l'état ecclésiastique pour
posséder un canonicat dans sa patrie. Le
cardinal Maffeo Barbérini , dont il avait
été secrétaire pendant sa nonciature en
France, étant parvenu à la tiare sous le
nom d'Urbain VIII , Bracciolini se rendit
à Rome auprès du nouveau pontife , qui
aimait les gens de lettres , et qui l'affec-
tionnait particulièrement. Il le plaça, en
qualité de secrétaire, auprès de son frère
le cardinal Antoine Barbérini. Après la
mort d'Urbain VIII , il se relira dans sa
patrie, et y mourut en 1645. Ce fut à l'oc-
casion d'un poème en 23 chants qu'il avait
composé sur l'élection de ce pape, que
celui-ci, pour lui marquer sa satisfaction,
voulut qu'il ajoutât à son nom , le sur-
nom dell' Api, et à ses armes trois abeil-
les , qui forment celles des Barbérini. Ce
littérateur a composé beaucoup de poésies
de divers genres. | La croce riacquistata,
Paris, 1605, in-12 : poème héroïque en 15
chants, que les Italiens ne font point de dif-
ficulté do placer immédiatement après la
Jérusalem du Tasse. | Lo Scherno degli
Dei, poème héroï-comique, Rome, 1626,
in-12, où il ridiculise fort ingénieusement
Jes divinités du paganisme. Ce poème,
vraiment original , va de pair avec la Sec-
chia rapita de Tassoni. | Des tragédies,
des Comédies , des Pastorales. Bracciolini
s'exerça aussi dans la poésie lyrique et
dans le genre burlesque, auquel le Berni
a donné son nom; mais ces derniers ou-
vrages sont très médiocres. L'auteur ,
qui aimait l'argent , travaillait fort à la
hâte.
BRACCIOLIM. Voxjez POGGIO.
BRACHET de la MILLETIÈRE. Voyez
MULETIÈRE.
* BR ACI1T ( Tieluan van ) , pasteur de
la communion mennonite à Dordrecht,
né dans cette ville en 1*25 , mourut en
1664. Son principal ouvrage est intitulé :
Théâtre sanglant des Mennonite s et des
Chrétiens sans défense, in-folio, 1660.
C'est un martyrologe de sa secte.
BRACTOA (Henri de ) , jurisconsulte
anglais , fut mis par Henri II, en 1244, au
nombre des juges ambulans. Il a laisse un
traité De cousue tudinibus Angliœ * 1509,
in-fol., et 1640, in-4°, très utile pour l'his-
toire de son temps.
* BR ADDOCK ( Edouard ) , major-gé-
néral et commandant en chef des troupes
anglaises en Amérique , arrivé dans la
Virginie avec deux régimens d'Irlandais
en février 1755, entreprit de conduire en
personne l'expédition contre le fort Du-
quesne. Il atteignit Monongahéla le 8 juil-
let avec douze cents hommes; le lende-
main il se proposait d'investir le fort. En
conséquence il fit dès le matin toutes ses
dispositions. Trois cents hommes de
troupes anglaises régulières composaient
son avant-garde. Elle fut soudain atta-
quée , à la distance d'environ sept milles
du fort , par un" ennemi invisible caché
par la hauteur des herbes. L'armée en-
tière fut jetée dans la confusion ; le brave
général fit les plus grands efforts pour
rallier ses troupes rompues et dispersées
par un feu terrible , mais ils furent sans
succès. Tous ses officiers à cheval , ex-
cepté son aide -de -camp , le général
Washington , furent tués ; et lui-même ,
après avoir perdu trois chevaux sous lui,
reçut une blessure mortelle. L'armée s'en-
fuit vers le camp de Dunbar, éloigné d'en-
viron quarante milles, où Braddock, qui
avait été relevé du champ de bataille, fut
transporté dans un tombereau. Il mourut
de ses blessures.
*BRADFORD (Jean), théologien pro-
testant , né au commencement du règne
de Henri VIII, reçut une bonne éduca-
tion et fut placé en qualité de commis,
chez sir John Harring, payeur général
des armées anglaises. S 'étant rendu cou-
pable d'infidélité dans ses comptes pour
la valeur de 520 livres sterling, iJ fut dès
BRA
525
BRA
ce moment , tellement tourmenté du sou-
venir de cette action , qu'après avoir en-
tendu un sermon du docteur Latimer sur
la restitution, il résolut de vendre ce qu'il
possédait , pour restituer la somme qu'il
avait soustraite ; et après beaucoup d'hé-
sitations causées par le sentiment de son
indignité, il se détermina à embrasser
l'état ecclésiastique. Bradford étudia la
théologie sous le docteur Latimer , ensuite
à l'université de Cambridge , où il entra
en 15A8, et où il obtint la même année ,
]e degré de maître-ès-arts. Ayant pris les
ordres en 1550 , il fut nommé chapelain
de l'évêque de Londres , et chanoine de
St-Paul. Dès ce moment , il se livra à son
ministère avec ardeur, et devint tui des
prédicateurs les plus en vogue. En 1552,
il fut nommé chapelain d'Edouard VI ;
mais ce prince mourut l'année suivante,
et Bradford continua , sous le règne de la
reine Marie , qui était zélée catholique , à
prêcher la religion réformée. Peu de jours
après l'avéncment de celte princesse , un
sermon prononcé contre le catholicisme
par un docteur Bourne , excita contre ce
prédicateur une violente sédition, où il
aurait probablement perdu la vie, si
Bradford ne l'eût protégé contre la fureur
du peuple. Celui-ci impliqué dans le pro-
cès qu'on instruisit à cette occasion , fut
mis à la tour , et condamné à mort l'année
suivante. Cependant la sentence ne fut
exécutée que cinq mois après. Cet inter-
valle fut employé à des conférences dont
le but était d'attacher Bradford au parti
catholique. Mais le condamné se montra
inébranlable, et refusa même le pardon
qu'on lui offrait à la condition de ne plus
enseigner la religion protestante. Après
avoir consacré ses derniers momens à
prêcher dans sa prison à ceux qui ve-
naient l'écouter , il fut exécuté le 1er juil-
let 15;-5, à Smithfield au milieu d'une
foule immense de spectateurs. Deux de
ses sermons , seulement , paraissent avoir
été publiés; l'un sur le repentir, l'autre
sur la Cène de Noire-Seigneur , imprimés
ensemble par Samson in-8", 1574. On a
aussi de lui un recueil de lettres et de
discours réunis dans la collection de l'é-
vêque Coverdale; un grand nombre de
méditations et de prières, un traité du
repentir, in-8°, 1552 ; quelques autres sur
des matières de théologie et de contro-
verse. On a attribué à Bradford plusieurs
ouvrages qui paraissent n'être pas de lui.
' BRADFORD (Samuel), évéque de
Rochestei , né à Londres , fit ses études à
l'université de Cambridge. Quelques scru-
pules sur le serment à prêter retardèrent
son entrée dans l'état ecclésiastique. Il
quitta même l'Angleterre dans l'inten-
tion d'étudier la médecine. A son retour,
ses scrupules étant levés, il prit ses or-
dres, et fut successivement pourvu de
différens bénéfices. En 1705 , l'université
de Cambridge le reçut docteur. Il fut
nommé évéque de Carlisle en 1725, et
quelques années après transféré à Ro-
chester. On a publié de lui des Sermons.
Il est plus connu pour avoir été l'éditeur
des Œuvres du fameux archevêque Til-
lottson.
* BRADICK (Gauthier ), marchand
anglais, échappé au tremblement de terre
de Lisbonne , où il avait tout perdu , fut
reçu à la Chartreuse comme pensionnaire
et composa un poème intitulé : le Prédi-
cateur royal. Il mourut en 1794.
BRADLEY (Jacques), astronome du
roi d'Angleterre, nasmit à Schireborn,
dans le comté de Glocester, en 1G92. Des-
tiné à l'état ecclésiastique, il obtint plu-
sieurs bénéfices qu'il résigna ensuite, pour
se livrer uniquement à l'étude des mathé-
matiques. En 1721, il remplaça le célèbre
Keill , dans la chaire d'astronomie de
Savill , à Oxford. L'an 1727 , il publia sa
Théorie de l'aberration des étoiles, et
crut avoir trouvé dans cette aberration
une mesure précise de la vitesse de la lu-
mière. Cette observation ne fut pas d'a-
bord généralement goûtée : les calculs
de Roemer et Cassini ne lui étaient pas
favorables; aujourd'hui elle est reçue
comme une vérité astronomique , mais il
reste toujours vrai qu'elle est établie sur
des calculs et des suppositions dont l'exac-
titude n'est peut-être pas assez constatée.
La réflexion que le célèbre Gravesande
faisait sur ces sortes de découvertes , ne
saurait être trop méditée. Ejus condilio-
nis res est, ut non delegatur nisi conse-
rendo computationem cum observationi-
bus; sed computalio tabulas cum infinem
constructas pro fundamenlo habet , et
has satis accuratas esse ad quœstionem
solvendam quis affirmabit? Elem. phys.
2632. Bradley ayant succédé a M. Halley
dans la place d'astronome royal à l'obser-
vatoire de Greenwich, il obtint du roi une
pension de 250 livres sterlings, et un don
de mille livres steri. pour de nouveaux
instrumens. Muni de ces secours, il com-
mença une nouvelle suite d'observations
sur toutes les parties de l'astronomie :
observations qui n'ont pas peu servi à
mettre les tables de la lune au degré de
perfection où elles sont. Les mémoires et
les observations imprimés de Bradley ne
sont pas les seules cboses dont il ait en-
richi l'astronomie ; il était très commuui-
catif. Sa méthode pour calculer les élé-
mens d'une comète par trois observa-
tions, sa nouvelle règle pour le calcul des
réfractions, se sont répandues parmi les
astronomes, sans qu'il les eût publiées. Il
faisait très peu imprimer. Sa modestie ou
ça nonchalance nous a privés de beau-
coup de mémoires intéressans qu'il aurait
pu donner. Il mourut le 12 juillet 1762, à
70 ans, à Chalford, dans le comté de Glo-
cester. Son humeur était égale , son ca-
ractère doux , son cœur compatissant et
généreux. Quoiqu'il parlât bien, il était
naturellement ami du silence.
* BRADLEY (Richard), professeur de
botanique au collège de Cambridge et
médecin anglais , mort en 1732 , était
membre de la société royale de Londres ,
et associé de l'académie des sciences de
Paris. On lui doit un grand nombre d'ou-
vrages sur la physiologie végétale, sur
la médecine, sur Y agriculture , etc. Ses
principaux sont; | Plantée succulentœ ,
ou description des plantes grasses, in-4°lig.
j Nouvelles recherches sur l 'art de planter
et sur le jardinage, in-8°, en anglais, plu-
sieurs fois réimprimé. | A philosophical
accountofthe JV'orks of nature, in-fol.,
in-4° et in-8°, fig. | Traité d'agriculture
et de jardinage , 5 vol. in-8°, espèce de
journal où l'auteur indique les travaux
qu'il faut faire chaque mois. On y trouve
des observations curieuses et intéressai! Les
sur l'organisation végétale. Cet ouvrage
a été abrégé et traduit en français par
Puisieux , sous le titre de Calendrier des
l'ardiniers , 1743 , in-12 ; mais l'original
est préférable. | Survey of the ancient
husbandry , ou Description de l'agricul-
ture et du jardinage des anciens, Londres,
1725 , in-8°, rare et recherché. | Corps
complet d'agriculture , Londres , 1727 ,
in-8°. j Recherches sur le perfectionne-
ment de l'agriculture et du commerce de
l'Angleterre , 1727, 4 vol. in-8°. \Botani-
cal diclionnary , Londres, 1728, 2 vol.
in-8°. | Traité physique et pratique sur
la culture des jardins , Londres, 1750,
in-8°, livre estimé en Angleterre, et tra-
duit en français par Puisieux sous le litre
de Nouvelles observations physiques et
pratiques sur le jardinage, Paris, 1750 ,
5 vol. in-l£.
* BRADSHAW ( Henri ) , bénédictin
BKA
anglais, du monastère de Ste-Werburge,
dans le Cheshire, vers les confins du pays
de Galles, mourut sous Henri VIII, en
1513. On a de lui plusieurs ouvrages , en
vers et en prose , les uns en latin , les au-
tres en anglais : | la Vie de Ste.-lVer-
burge , vierge ;\ De l 'antiquité et magni-
ficence de la ville de Chesler ; | une Chro-
nique, et d'autres ouvrages qui n'ont pas
été imprimés.
* BRADSHAW (Jean ) , ne en 1586 ,
d'une ancienne famille originaire du Dei-
hyshire, était président de la haute-cour
de justice qui fit le procès à Charles Ier.
Nommé président du parlement , on lui
accorda une garde pour la sûreté de sa
personne, un logement à Westminster ,
une somme dg 5000 livres sterlings , avec
des domaines considérables. Il ne jouit
pas long-temps de ces récompenses , se
retira du parlement, et mourut dans l'ob-
scurité, le 31 octobre 1659, une année
après la mort du protecteur , si l'on en
croit des pamphlets du temps , conservés
au Musée britannique. Lors du rétablis-
sement de Charles II , les corps de Brads-
haw, de Cromwell et d'Ireton furent dé-
terrés, pendus à Tyburn, et brûlés; mais
plusieurs compilateurs d'anecdotes ont
cru que Bradshaw avait fait courir le
bruit de sa mort, et avait passé sous un
autre nom dans les colonies ; les uns sup-
posent qu'il se retira aux Barbades ; d'au-
tres , plus vraisemblablement , le font al-
ler à la Jamaïque , conquête de Crom-
well, et assurent qu'on y a trouvé son
épitaphe , écrite du style du démagogue
le plus ardent.
BRADWARDII>I ( Thomas ) , anglais ,
surnommé le Docteur profond , né en
1290 à Hartfield dans le Cheshire, confes-
seur du roi Edouard III, archevêque de
Cantorbéry, mourut l'an 1349, 40 jours
après sa consécration. Il a laissé plusieurs
ouvrages de théologie et de physique ;
mais celui qui a fait le plus de bruit est
intitulé De causa Dei contra pelagianos,
Londres, 1618, in-folio, où il semble appro-
cher quelquefois des senlimens qu'ont eus
depuis les calvinistes.
BRADY ( Nicolas ), docteur en théo-
logie, et ministre en Angleterre, né à
Bandon, dans le comté de Corck, en 1659,
se distingua beaucoup clans la révolution
qui détrôna Jacques II, et mourut le 20
mai 1729 , après avoir exercé l'emploi de
ministre dans différons endrois, et publié
une Traduction de X Enéide de Virgile, et
des Sermons en 5 vol. in-S°. — Une faut
BRA
52S
JtUA
pas le confondre avec Robert BRÀDY ,
quia donné une Histoire d' Angleterre >
Londres, 1685, in-fol. en anglais. Il y
prouve que le royaume a toujours été
héréditaire. 11 la termine au règne de
Henri III.
BRAGADIN ou BRAGADINO ( Marc-
Antoine ) , noble vénitien , gouverneur
de Famagouste en 1570 , ne rendit cette
ville à Mustapha , général des Turcs qui
l'assiégeait, qu'après s'être vu réduit à
la dernière extrémité. La capitulation fut
honorable , mais le Musulman en viola
les conditions. Après avoir fait massa-
crer devant lui plusieurs officiers et plu-
sieurs chrétiens qui avaient défendu la
place, il lui fit couper le nez et les
oreilles , le fit traîner dans la place pu-
blique , lié par les pieds et par les mains ,
et écorcher tout vif, en 1571. Le barbare
fit remplir sa peau de foin , après l'avoir
fait saler , et l'attacha au haut de sa capi-
tane , pour en faire parade le long des
côtes d'Egypte et de Syrie. L'Art de véri-
fier les dates place la mort de Bragadin
en 1570; mais son épitaphe qu'on voit
dans les Délices de l'Italie , tome 1 , p.
125, porte le 18 août 1571. De Thou dit
que Mustapha ne fit mourir Bragadin et
les autres capitaines chrétiens , que parce
qu'ils ne purent représenter les prison-
niers turcs , qu'ils avaient fait égorger ,
quand ils virent qu'ils seraient obligés de
se rendre. C'est ce qui ne parait guère
vraisemblable, et ce qui est d'ailleurs en
opposition avec le récit des meilleurs au-
teurs contemporains.
* BRAGANCE ( don Constantin de ),
prince du sang royal de Portugal , fut re-
vêtu de bonne heure de la vice-royauté
des Indes , sous le règne de Sébastien. Il
partit de Lisbonne en 1557, arriva à Goa
avec deux mille hommes de débarque-
ment , affermit l'autorité portugaise et fit
plusieurs conquêtes avantageuses. Don
Conslantin rendit l'île de Ceylan tribu-
taire du Portugal, s'empara de Manar et
y fit construire une citadelle. Ce prince ,
après une administration sage et glo-
rieuse , revint à Lisbonne en 1561 , et
' mourut sans postérité.
• BRAGANCE (don Jean de) , duc de
la Foens , né à Lisbonne en 1719 , était fils
de don Michel , frère de Jean V , roi de
Portugal , et de l'héritière de la grande
maison d'Arranches , que ce prince avait
épousée. Don Jean , qui était le cadet , fut
destiné par le roi son oncle à l'état ecclé-
siastique et en prit l'habit au sortir de
l'enfance. Après avoir terminé sa pre-
mière éducation qui fut toute relative à
cet état , le jeune prince alla étudier le
droit canon et prendre ses degrés à l'uni-
versité de Coïmbre. Mais parvenu à l'âge
d'entrer dans les ordres, don Jean de
Bragance manifesta sa répugnance pour
la carrière ecclésiastique , et perdit par là
les bonnes grâces du roi , qui cependant
ne crut pas devoir forcer sa vocation. Le
prince , pendant son séjour à Coïmbre ,
avait pris un goût décidé pour les langues
étrangères, pourlesbelles lettres et surtoui
pour la poésie nationale dans laquelle il se
distingua par des compositions légères,
dont quelques-unes étaient improvisées.
Naturellement doux , et d'une humeur
gaie , il déplut cependant à la cour par
quelques épigrammes. La froideur que
lui témoigna Joseph Ier son cousin ger-
main qui avait succédé à Jean V , le dé-
termina à quitter sa patrie. Don Jean se
rendit en Angleterre où il fréquenta les
sa vans, et fut nommé membre de la so-
ciété royale , honneur qu'il estima beau-
coup , parcequ'il le devait à son seul mé-
rite. De là il passa en Allemagne , et après
avoir fait dans l'armée autrichienne , en
qualité de volontaire , la guerre de 7 ans ,
pendant laquelle il se distingua à la ba-
taille de Maxen , il alla se fixer à "Vienne,
où il jouit de l'estime de Marie-Thérèse,
et de l'amitié de Joseph II , qui entretint
avec lui une correspondance jusqu'à sa
mort. Son frère aîné étant mort , le du-
ché de la Foens lui revenait de droit. Mais
le roi Joseph Ier ayant refusé de le mettre
en possession de cet apanage de sa mai-
son, don Jean resta hors du Portugal
pendant tout son règne. Durant cet espa
de 18 ans , il visita la France , l'Italie , la
Suisse, parcourut la Grèce, la Turquie,
l'Asie mineure et l'Egypte, et voyagea
en Pologne , en Russie , en Laponie , en
Suède et en Danemarck. Il obtint un ac-
cueil distingué de Catherine II , ainsi que
des rois de Suède et de Prusse. Enfin Ma-
rie Ire monta sur le trône de Portugal, et
se hâta de lui rendre son apanage ; ce qui
le ramena dans sa patrie. Après son re-
tour en Portugal , demeuré fidèle à ses
goûts studieux, il s'entoura d'hommes
éclairés, et fonda l'académie royale des
sciences de Lisbonne dont il devint le
président. Pendant cinq ans il fit tous les
frais de celte société, et durant le reste
de sa vie , il trouva plus d'attraits dans la
place qu'il s'y était créée , que dans les
postes éminens où l'élcva sa naissance.
BKA
526
BRA
Ce prince , épousa après son retour ,
Henriette de Menezes, de la maison de
Marialva, dont il eut deux fdles. En 1801,
il s'éloigna de toutes les affaires, et vécut
dans la retraite , avec le titre de président
de l'académie , qu'il conserva jusqu'à sa
mort , arrivée le 10 novembre 1806. ( Voy.
pour les autres princes de la maison de
Bragance, JEAN IV, ALPHONSE VI,
PIERRE II, etc.)-
* BRAGELONGNE ( Christophe -Ber-
nard de ) , géomètre de l'académie des
Sciences , doyen et comte du chapitre no-
ble de Brioude , né à Paris en 1G88, d'une
famille distinguée dans la robe et dans
l'épée , étudia chez les jésuites et acquit
des connaissances profondes dans le grec,
les belles-lettres, la philosophie et les
mathématiques. Le Père Malebranche
conçut pour lui une véritable estime , et
le jeune Bragelongne préférait à 17 ans ses
graves entretiens aux délassemens des
jours de congé. Il avait à peine 23 ans,
lorsque l'académie des sciences le reçut
en qualité d'élève. Il en devint ensuite
associé libre. Après avoir embrassé l'état
ecclésiastique, il obtint une prébende
au chapitre noble de Brioude, dont il
devint ensuite doyen. Il se crut dès lors
obligé de résider habituellement dans
cette ville pour remplir les devoirs de sa
place, et mourut d'apoplexie le 20 fé-
vrir 1744 , à l'âge de 56 ans. Son princi-
pal ouvrage est un Examen des lignes du
quatrième ordre , 5 parties , 1730 et 1731.
On regrette qu'il ne l'ait pas terminé. Il
avait entrepris d'écrire l'histoire des em-
pereurs romains , et il en était au règne
de Décius lorsqu'il mourut. On lui doit
un mémoire sur la quadrature des cour-
bes . présenté à l'académie en 1711.
BRAHÉ. Voyez TYCHO-BRAHÉ.
BRAILLIER ( Pierre ) , apothicaire de
Lyon , du 16e siècle , dédia à Claude de
Gouffier , comte de Maulevrier , grand-
écuyer de France , en 1557 , un livre cu-
rieux : Des abus et ignorances des méde-
cins, contre l'auteur pseudonyme d'un
traité des abus et tromperies des apothi-
caires , déguisé sous le nom de Licet Be-
nancio , imprimé à Lyon.
* BRAKEL ( Jean de ) , marin hollan-
dais , célèbre par son intrépidité et sa pré-
sence d'esprit, né en 1618, entra au ser-
vice à 22 ans, commanda en 1665, une
frégate dans la flotte de l'amiral lluyter,
et se distingua ensuite dans un grand nom-
bre de combats contre les Anglais. Il se
couvrit de gloire, surtout à la bataille na-
vale contre les Anglais et les Français
réunis en 1672, où il parvint après un
combat opiniâtre et par un courage pres-
que audacieux , à brûler le vaisseau de
l'amiral Monlaigu, beaucoup plus con-
sidérable que le sien. Ce brave marin fut
tué en 1690, dans un combat très vif contre
les Français, à la hauteur de Bevesier.
* BRAL10.\ ( Nicolas de ) , prêtre de
l'Oratoire , né à Cbars dans le Vexin fran-
çais, fut envoyé, en 1625 , à St.-Louis de
Rome , où il résida pendant 15 ans. Il vint
ensuiie se iixer â Paris dans la maison de
St.-Honoré , et y mourut le 11 mai 1672,
étant doyen des prêtres de sa congréga-
tion. On a de lui : | Observations du car-
dinal de Bérulle sur sainte Madeleine ,
1640, in-12; | Vite dei santi, raccolte
dal padre Pietro Ribadeneira e da al~
cuni altri autori , 1658, in-8°. Ces deux
ouvrages furent composés et publiés â
Rome. | Vie de saint Nicolas , évêque de
Myre, Paris, 1646, après le retour du
père Bralion ; | Pallium archiépiscopale ;
accedunt et primurn prodeunt ritus et
forma benedictionis ipsius , ex antiquo
manuscripto bibliolhecœ vaticanœ , Pa-
ris, 1648, in-8° , dédié au cardinal Fran-
çais Barberin, neveu d'Urbain VIII. Dans
la préface , il est traité de sacris indumen-
tis. Don Ruinart a écrit sur le même su-
jet une dissertation intitulée : Disquisitio
historica de paUio , pour laquelle l'ou-
vrage du P. Bralion ne lui a pas été inu-
tile. J Les Curiosités de l'une et l'autre
Rome, chrétienne et païenne, Paris, 1655,
2 vol. in-8°, 1659 , 5 vol.; | Ceremoniale
canonicorum, etc., où il est question des
rites et cérémonies usités à Rome pour
l'office canonial; | La Chapelle de Lo-
rette , ou V Histoire du sacré sanctuaire ;
| Histoire chrétienne , 1656 , in-4° , el
plusieurs autres ouvrages.
* BRAMAI! (Josepu), célèbre méca-
nicien anglais , né dans le Yorkshire , en
1749, fut d'abord employé aux travaux do
l'agriculture , et placé ensuite chez un
charpentier, un mal incurable qu'il avait
à la jambe ne lui permettant pas de con-
tinuer son premier état. Son génie pour
la mécanique s'y développa. Après être
resté quelque temps chez un ébéniste de
Londres , il travailla pour son propre
compte et entreprit diverses construc-
tions. Ce qui fit surtout sa célébrité , ce
furent ses belles serrures pour lesquelles
il obtint un brevet d'invention. Il s'oc-
cupa aussi de machines hydrauliques et
parvint à leur imprimer un mouvement
BRA ti27
de rolation au moyen de certaines modi-
fications qu'il fit subir au piston et au
cylindre. Il exécuta encore divers autres
ouvrages , entre autres une presse pour
inscrire avec la plus grande célérité les
sommes et les dates portées sur les billets,
à l'usage de la banque d'Angleterre où
elle sert encore aujourd'hui. Bramah est
mort en 1815. On a de lui : | Dissertation
sur la confection des serrures, in-8° ;
j Lettres au sujet du procès de Boulton
et If ait contre Jlornblower et Maberley,
pour infraction d'un brevet d'invention,
in-12.
BRAMANTE D'URBIN (François-Laz-
zaei ) célèbre architecte, naquit à Cas-
lel-Duranle, au territoire d'Urbin, en
1444. Il s'appliqua d'abord à la peinture;
mais ses talens et son goût étant plus
marqués pour l'architecture, il s'y adonna
avec un succès étonnant. Le couvent délia
Pace qu'il fit bâtir à Naples , lui ayant ac-
quis de la réputation , Alexandre VI le
nomma son architecte. Jules II le fit en-
suite intendant de ses bâtimens. Ce fut
par l'ordre de ce pontife qu'il exécuta le
magnifique projet de joindre le Belvé-
dère au palais du Vatican : ouvrage digne
d'admiration , s'il n'avait pas été gâté par
divers- changemens qu'on y a faits de-
puis. Bramante détermina Jules à son
tour à démolir. l'église de Saint- Pierre,
pour en bâtir une plus magnifique, et qui
( s'il se pouvait ) n'eût point son égale
dans le monde. Son plan ayant été adopté,
l'on commença l'an 1506 à jeter les fon-
demens de cette nouvelle basilique , qui
fut élevée jusqu'à l'entablement avec une
diligence incroyable ; mais il n'eût pas la
satisfaction de voir son ouvrage entière-
ment exécuté, étant mort en 1514 , à 70
ans. Cet édifice fut continué par diffé-
rens architectes , principalement par Mi-
chel-Ange , qui réforma son plan , et y
lit des changemens qui ne contribuèrent
pas peu à la perfection de ce temple
( Voyez SANGALLO ). On peut consulter
sur ce sujet Les Temples anciens et mo-
dernes de l'abbé May , p. 221 , et la Vie
de Michel -Ange* par l'abbé Hauche-
corne. Bramante , aussi estimable par
les qualités du cœur et de l'esprit que par
ses talens , joignait au génie de l'archi-
tecture le goût pour la musique et la poé-
sie. Ses Œuvres , dans ce dernier genre ,
ont été imprimées à Milan en 1756.
* BRAMER (Léonard), peintre d'histoi-
re, né à Délit en 15%,.se fitune grande ré-
putation en Italie, principalement par deux
BRA
tableaux , dont l'un est la Résurrection du
Lazare, et l'autre représente un saint
Pierre qui renie Noire-Seigneur. Ils sont
remarquables surtout par l'expression et
le coloris. Il excellait à peindre des vases
d'or , d'argent , de bronze ou de marbre.
Les connaisseurs estiment ses tableaux en
petit sur cuivre, qui sont ingénieusement
composés , et qui représentent pour l'or-
dinaire des nuits, des incendies, des ca-
vernes et des souterrains éclairés au flam-
beau. On trouve sa couleur naturelle et
vigoureuse. — Il ne faut pas le confondre
avec un peintre hollandais du même nom
qui peignait des conversations et qui vi-
vait dans le 17e siècle.
* BRAMER (Benjamin) architecte et
mathématicien hessois du 17e siècle , con-
tribua beaucoup par ses écrits à répandre
et perfectionner les connaissances géo-
métriques en Allemagne. La plupart de
ses ouvrages sont en latin , les autres en
allemand ; les principaux sont : | Apollo-
nius Catfus , oder geomelrischer ÏVeg-
weiser ( le Guide géométrique ). On y
trouve entre autres choses , un bon
traité des sections coniques. | Geome-
trisches triangular instrument (Descrip-
tion d'un instrument fort commode pour
la perspective et pour lever les plans ) ,
Cassel, 1650, in-4°. C'est dans cet ouvrage
qu'il attribue mais sans fondement l'in-
vention des logarithmes à Juste Byrge ,
son beau-frère. {Voyez. BYRGE). | Ex-
plicalio et usus linealis proporlionalis.
BRAMHAL (Jean), archevêque d'Ar-
magh , primat d'Irlande, naquit en 1595 à
Pontrefract, dans le comté d'Yorck, d'une
famille ancienne, et mourut sous le règne
de Charles II , en 1663. Ses ennemis lui
suscitèrent des traverses; mais il confondit
leurs impostures, et déconcerta leurs pro-
jets. Ce prélat était éloquent, plein de force
dans le raisonnement, habile dans la con-
troverse et dans la politique, et avait un
courage proportionne à son caractère et
à ses principes. II se rendit célèbre par sa
distinction entre les articles de paix et les
articles de foi; distinction vaine et sans
autorité dans une communion où l'on ne
reconnaît point d'autorité infaillible , où
personne n'a droit de décider ce qui est
de foi et ce qui ne l'est pas. Ses ouvrages
ont été imprimés in-fol. avec sa Vie à la
tête ; les Anglais en font cas. On distingue
celui qui a pour titre Pro rege et populo
Anglicano apologia , Anvers, 1651, in-
12. Il avait été nommé à l'archevêché
d'Armagh, le 18 janvier 1661.
BRA 52
BRANCACIO ou BRANCACCI (Fkax-
çois-Marie de ) , d'une illustre maison
originaire de Naples, successivement évo-
que de Viterbe , de Porto, de Capaccio,
ensuite cardinal sous Urbain VIII en 1674,
mourut en 1675 , à 84 ans. Le meurtre du
gouverneur de Capaccio l'ayant brouillé
avec les Espagnols , il eut une exclusion
de la part de cette nation , lorsqu'on le
proposa pour être placé sur la chaire pon-
tificale , après la mort de Clément IX. On
a de lui un Traité sur le chocolat, Rome,
1666, in-4°, dans lequel il soutient que
cette boisson ne rompt pas le jeûne. Bran-
cacio ajouta au mérite de cultiver les let-
tres, celui de les protéger. Il composa
d'autres ouvrages, et le recueil en parut
à Rome en 1672 , in-4° et in-fol.
• BRAXCADORI-PERIM (Jean-Bap-
tiste), né à Sienne en 1674, d'une famille
noble , cultiva avec succès les sciences et
les belles-lettres ; il se rendit à Rome en
1693, et se lia d'amitié avec les hommes les
plus distingués par leurs connaissances et
leurs talens. Le cardinal Otloboni qui
avait pour lui beaucoup d'estime le fit
chanoine de St-Laurenl in damaso. Il
mourut subitement le 19 novembre 1711.
On lui doit : Chronologia de'gram maes-
tri detlo spedale del sanlo Sepolcro délia
sagra rcligione militare di S. Giovanni
gerosolimilano , oggi delti di Malta *
Rome, 1709, grand in-fol. ouvrage recher-
ché particulièrement pour les soixante-six
portraits des grands maîtres , qui ont été
très-bien gravés par Jérôme de Rossi d'a-
près les dessins envoyés de Malte. On
trouve des poésies de Brancadori dans le
Recueil de l'académie arcadienne dont il
était membre. Le premier volume des
Notizie degli Ârcadi morti renferme son
éloge , par l'abbé Cosme Finetti.
BRAîVCAS DE VILLARS. Voyez VIL-
LARS-BRANCAS.
BRAIVCAS (Louis de) , marquis de Ce-
reste , issu de l'illustre famille italienne
de Brancacio , servit avec distinction sur
mer et sur terre sous Louis XIV et Louis
XV, et fut employé dans plusieurs am-
bassades. Ce dernier prince, pour prix
de ses services, l'honora du bâton de ma-
réchal en 1740. Il mourut en 1750, âgé de
79 ans.
BRANCAS - VILLEXEIJVE ( André
François), abbé d'Aulnay, né dans le
comtat Venaissin , mort le 11 avril 1758,
est connu par plusieurs ouvrages sur la
physique et l'astronomie. L'abondance des
paroles, les répétitions fréquentes, le
8 BU A
grand nombre d'idées inutiles, en ont
presque entièrement dégoûté le public. La
forme a fait tort au fonds, qui offre
quelquefois de bonnes choses. Les princi-
paux sont : | Lettres sur la Cosmographie,
in-4° ; | Système moderne de Cosmogra-
phie et de Physique générale, 1747, in-4°.
| Explication du flux et reflux de la mer,
1739, in-4°. | Ephêmérides cosmographi-
ques J 1750 , in-12. | Histoire du royaume
de Gala, traduite de l'anglais, 1734, in-12.
BRANCATI. Voyez LAURIA.
* BRANCIFORTE ( don Michel de
GRUA Y VALGUARNERA, marquis de),
né en Sicile, vers 1745, suivit en 1759, Char-
les III , lorsque ce prince quitta le trône
de Naples pour aller régner en Espagne.
Il embrassa la carrière militaire , et était
gouverneur- général des îles Canaries,
lorsque La Peyrouse aborda à Ténériffe ,
au mois d'août 1735. Il reçut ce célèbre
navigateur avec beaucoup de bienveil-
lance. De retour en Espagne , il fut fait
capitaine de la compagnie italienne des
gardes-du-corps , et grand d'Espagne , le
18 juillet 1791. A cette époque Branciforte
ayant épousé une sœur de Godoï, duc de
la Olondia , fut créé chevalier de la Toi-
son-d'Or, grand'-croix de l'ordre de Char-
les III, et sa femme fut comprise dans la
première promotion des chevalières de
Tordre de Marie-Louise, en mars 1792.
Deux ans après , il fut nommé vice-roi
du Mexique, qu'il gouverna jusqu'en 1798.
Il fit ériger à ses frais en l'honneur de
Charles IV une statue équestre en bronze
sur la place de Mexico ; mais elle ne fut
achevée et inaugurée qu'en 1802 , sous
son successeur don Joseph-Miguel Azan-
za. Branciforte fut ensuite élevé au rang
de capitaine-général des armées royales.
Après l'abdication de Charles IV et de
Ferdinand VII, il se rangea dans le parti
du roi Joseph Bonaparte , et fut nomme
conseiller d'état le 8 mars 1809, puis en
septembre , grand-cordon de l'ordre royal
d'Espagne. Le marquis de Branciforte qui
jouissait d'une fortune immense, avait
consenti, à titre de prêt au nouveau gou-
vernement , des obligations pour une
somme très considérable. Son intendant,
à qui il les avait confies, prit la fuite et
les remit aux membres de la junte de
Se ville. Branciforte se détermina à quitter
l'Espagne, et se rendit auprès de Charles
IV qui était alors à Marseille ; il mourut
dans celte ville en 1811 , peu de temps
après le départ du monarque pour Borne.
* BKA.MJ (Christian ) , célèbre paysa-
BRA
529
BRA
giste autrichien , né à Vienne en 1722 ,
et mort dans la même vilie le 12 juin 1793,
était fils de Chrétien Hetfgott Brand ,
peintre de paysages , de Francforl-sur-
ï'Oder , alors en réputation dans la capi-
tale de l'Autriche. Christian reçut des le-
çons de son père et le surpassa bientôt.
L'empereur François Ier fut si satisfait de
5es lalens qulil le chargea de peindre l'in-
térieur du château de Luxembourg , et le
nomma successivement peintre de la
chambre et directeur de l'académie de
paysages. Les tableaux de Christian sont
remarquables surtout par la vérité du co-
loris et l'art avec lequel il groupait ses li-
gures. Les principaux sont : la bataille de
ffochkirchen ; les quatre élémens ; le
Château d'Austerlitz ; et le marché de
Vienne.
BRANDANO (Antoine), moine portu-
gais de l'ordre de Cîteaux , abbé du mo-
nastère d'Alcobaça , fut chargé de conti-
nuer le grand ouvrage intitulé : Monar-
quia Lusitana , qui avait été interrompu
parla mort de Bernard de Brilo, moine cis-
tercien, arrivée en 1617 (Voy. BRITO).
Ce fut lui qui publia la 5e et la 4e partie
de cette grande Histoire à Lisbonne en
1632, 2 vol. in-fol. Il mourut à Alcobaça
en 1737 , âgé de 59 ans. — * BRANDANO
(François) , neveu du précédent, comme
lui de l'ordre de Cîteaux, fut le deuxième
continuateur de la Monarquia lusitana,
dont il publia la cinquième et la sixième
partie à Lisbonne en 1650 et 1672, 2 vol.
in-fol. Il mourut dans cette ville en 1683,
âgé de 82 ans.
BRANDEBOURG, Voyez les articles
FRÉDÉRIC , et JOACHIM II.
*BRAIVDER (Georges-Frédéric), ha-
bile mécanicien, né en 1713, à Ratisbonne,
construisit , en 1737 , les premiers téles-
copes en Allemagne. L'invention des mi-
croscopes sur verre lui appartient. Il
mourut en 1783 , après avoir publié la
description de instruments qu'il a inven-
tés ou perfectionnés.
* BRAN DÈS (Ernest) , homme de let-
tres et homme d'état, né à Hanovre , en
1758, étudia, de 1775 à 1778, à l'université
de Gottingue , dont le gouvernement ha-
novrien lui confia par la suite la direction
suprême , après qu'il fut devenu secré-
taire de cabinet. Son père avait été comme
lui directeur de cette école , à laquelle
Ernest donna tous ses soins d'autant plus
volontiers que deux de ses plus habiles
maîtres, Ilcyne et Blumenbach étaient ses
beaux-frères. Il avait voyagé en France ,
2-
en Allemagne et en Angleterre, et il se lia
dans ce dernier pays avec le célèbre
Burke. Il eût élé appelé à jouer un rôle
important en Angleterre, si le parti de
Burke et Fox fût parvenu à la tète des
affaires. Mais celui qu'il joua dans son
pays, quoique moins brillant, n'en fut
pas moins honorable et moins utile. Il
resta en place , comme conseiller intime
du cabinet, jusqu'en 1803, époque à la-
quelle les troupes françaises occupèrent
l'ancien électoral de Hanovre , et fut du
nombre des députés qui allèrent conclura
la capitulation avec le cbef de l'année
française. Brand es resta membre du gou-
vernement jusqu'au moment où les états
dupays furentabolis et remplacés par une
Commission du gouvernement. Il mourut
à Hanovre, le 13 mai 18i0, vivement re-
gretté des habi tans de cette ville. Ses prin-
cipaux ouvrages sont : | Remarques sur
les femmes, 1787; l'auteur se montre
dans cet ouvrage censeur sévère de l'es-
prit du siècle. | Considérations politiques
sur la révolution française, 1790 ; | Sur
l'influence déjà exercée parla révolution
française en Allemagne; \ Sur l'esprit
du temps en Allemagne vers la fin du 18e
siècle, 1808; | Sur la coutume des pères
et mères de se faire tutoyer par leurs
en fans * 1809; | De l'influence que l'es-
prit du temps a exercée sur les classes
élevées de la nation allemande , 1810.
L'auteur ne survécut pas à l'impression
de cet ouvrage , qui n'est pas au-dessous
des précédens. Outre ces livres, qui sont
tous en allemand, Brandèsa fourni beau-
coup d'articles aux journaux les plus
estimés , entre autres à la Gazelle litté-
raire de Gottingue ; et au célèbre Journal
politique de Schlœtïier. Dans le premier
de ces écrits périodiques , on doit distin-
guer surtout son Analyse des ouvrages
de Burke sur la révolution française
(1791). Heyne a lu, dans une séance de
la société royale de Gottingue, dont Bran-
dès était membre, son éloge historique,
imprimé sous le titre de Memor ia ErnesU
Brandes , 1810, brochure in-4°.
BRANDI (Hyacinthe) , peintre, na-
quit à Poli, aux environs de Rome, en
1633. Il se perfectionna dans l'école de
Lanfranc. La plupart des églises et des
palais de Rome furent embellis par son
pinceau. Une imagination pleine de feu,
une grande facilité, un coloris faime , un
dessin incorrect , caractérisent ses ou-
vrages. 11 travaillait avec beaucoup de
rapidité, préférant les plaisirs et l'argent à
BRA
550
BRA
la gloire. Il mourut à Rome en 1G91, prince
île l'académie de saint Luc, et chevalier
de l'ordre dix Christ.
BRANDMULLER ( Jean ), partisan
d'Œcolampadc , îriinislre et professeur
c'hebreu à Bàle , naquit à Biberac , et
i lourut en 1596, à 63 ans. On a de lui 400
t raisons funèbres, tirées de l'Ancien Tes-
amenl, et 80 puisées dans le Nouveau;
tes Sermons pour des mariages, cl des
Dialogues en allemand.
BRAaDMIÏLLER ( Jacques ), fils du
précédent, mort en 1G29, se lit connaître
par 5 vol. iu-k", intitulés Anal y sis Typica
librorum Vcleris el Novi Teslamenli,
Bàle, 1020 et 1(321.
BRANDMULLER ( Jacques ), petit-fils
de Jean, professeur de jurisprudence à
Bàle, mort en 1G77 à l'âge de 60 ans , est
auteur de plusieurs ouvrages de droit
assez estimés, et de quelques pièces de
poésies , faciles , mais médiocres.
BRANDT ( Sébastien), néàStrasbourg
en 1454 , enseigna publiquement la juris-
prudence à Bàle et à Strasbourg, devint
conseiller et chancelier de cette dernière
■ville, et mourut le 2 mai 1520. Il est au-
teur d'un poème intitulé Navis stullifera
mortalium , impressa j)er Jacobum Za-
choni de Romano, 1488, in-4°. On prétend
que c'est une fausse date , et que cette édi-
tion est de 1497. On en a fait une plus belle
à Paris , en 1498 , in-4°. L'original de cet
ouvrage est en allemand, et a été publié
en 1494, in-4° : c'est Jean Locher qui
l'a traduit en latin. Il y en a une traduc-
tion en vers français par Pierre Rivière,
Paris , 1497 , in-fol. et une autre par Jean
Droyn , Lyon, 1498, qui probablement
ont été faites sur l'original allemand ,
Il ne faut pas confondre cet ouvrage avec
la Nef des Folles de Josse Badius , ni
même avec sa Nef des Foux , comme ont
fait Bayle et d'autres lexicographes. On
peut consulter la Bibliothèque française
de du Yerdier et de la Croix du Maine,
édition de M. de Juvigny, tom. 5, page
tG7.
BRANDT ( Géuaud ) , théologien pro-
testant , né à Amsterdam en 162G , fut suc-
cessivement ministre à Neukoop , à Hoorn
et à Amsterdam. Il mourut à Rotterdam
le 11 octobre 1685. Ses principaux ouvra-
ges sont :| Histoire de la réformalion des
Pays-Bas , en 4 vol. in-4°, en flamand ;
le premier volume parut à Amsterdam
en 1G71 ; le second en 1G74 ; les deux
autres ne virent le jour qu'après la mort
de Tauleur. Rotterdam, 1704. Richard
Cumbcrland, évoque de Péterborough ,
la traduisit en anglais , Londres , 1720-
1725, 3 vol. in-fol. Elle est abrégée en
français en 5 vol. in-12, 1750. Cette His-
toire fut vivement attaquée par Henri
Ruleus , ministre d'Amsterdam. Le grai d
pensionnaire Fagcl dit un jour à l'évêque
Burnet., que celte Histoire méritait qu'on
apprît le flamand ; mais peu de personnes
voudront profiter de ce conseil. On y
trouve des déclamations violentes, écrites
contre les Espagnols , l'apologie de la ré-
volte, et tous les fruits de l'esprit de secte;
| La Vie de l'amiral Buy ter , traduite en
français par Aubin, Amsterdam, 1698,
in-fol. ; | Histoire de Barneçeld , Rotter-
dam , 1723 , in-4° , en hollandais ; | un
Journal, où il a marqué les dates de la
naissance et de la mort des héros, des sa-
vans et des artistes, Amsterdam, 1689,
in -4°; | Des Poèmes publiés par Borre-
mans, Rotterdam, 1649, in-8°. On a encore
quelques écrits de Brandt en faveur des
Remontrans. Il laissa deux fils , Gaspard
et Gérard, qui, comme leur père, culli-
vèrent les lettres, el publièrent plusieurs
ouvrages.
BRANDT ( Jean ) , secrétaire et en-
suite sénateur de la ville d'Anvers , ou il
était né en 1559 , mort le 28 août 1G59 ,
laissa : | un ouvrage intitulé Elogia cice-
roniana Romanorum domi mililiœque
illustrium, Anvers, 1612 , in-4°. 11 y a ra-
massé tous les traits historiques , répan-
dus dans les différens ouvrages de Cicé-
ron, sur la vie des hommes illustres dans
le gouvernement et dans la guerre; | C.
Julii Cœsaris commentarii J enrichis de
notes politiques et critiques, Francfort,
1606, in-4°, édition très estimée; | Spi-
cilegium criticumin omnia Apuleii opéra
dans l'édition d'Apulée , par G. Elmen-
horst, Francfort, 1621; | De perfecli et
veri senaloris of/ïcio., Anvers , 1653 , in-
4°; et quelques autres ouvrages qui n'ont
pas été imprimés. Brandt était savant,
modeste, passionné pour les belles-lettres,
et toujours disposé à servir ceux qui lea
cultivaient.
BRANDT ( Sébastien ) , chimiste alle-
mand , fort entêté du grand-œuvre. S'é-
tant imaginé de pouvoir trouver la pierre
philosopbale dans la préparation de l'u-
rine, il travailla une grande partie de sa
vie sur cette liqueur, sans rien découvrir.
Enfin en 1669, après une forte distilla-
tion d'urine, il trouva dans son récipient
une matière luisante, qu'on a appelée
depuis Phosphore. Brandi fit voir celle
BRA K3i
malièrc à Kunckcl , chimiste de l'électeur
de Saxe , el à plusieurs autres personnes,
mais il en cacha la préparation. Après sa
mort , Kunckel devina quel était le sujet
du phosphore.
BRANDT ( Exkvold, comte de), favori
du roi de Danemarck, fut décapité avec
jîe comte Frédéric Struenséc, comme cou-
pable de lèse-majesté, le 28 avril 1772. Le
temps où nous écrivons cet article est
trop voisin de cet événement , pour que
nous puissions en donner des détails cir-
constanciés : nous dirons seulement que
Brandi parait aujourd'hui moins coupable
qu'à la date de son exécution , et que bien
des anecdotes connues postérieurement
semblent ne pas justifier la rigueur de
cette sentence. Voyez STRUENSÉE.
BRANKER ( Thomas ), mathématicien
anglais, né en if>3G , dans le Dévonshire,
fut ministre, puis régent à Maclesiield ,
où il mourut l'an 1676. On a de lui : | Doc-
trince spkœsicce adumbratin, et usus glo-
boruni arlificialium J Oxford, 1632, in-
fol. ; | tine traduction de l'allemand en
anglais, de Y Algèbre àe'Khom\x$, Londres,
1608, in-4°.
BRANTOME. Voyez BOURDEÏLLES.
BRANTS ( Jean ). Voyez BRANDT.
BRAS ( de). Voyez BOURGUEVILLE.
BRAS A VOL A ou BRASSAYOLA (Ax-
toine-Musa), célèbre médecin, né à Fer-
rare en 1500 , d'une famille noble de celte
ville. Son savoir ne se bornait pas à la
médecine. Ce fut après avoir soutenu à
Paris pendant trois jours consécutifs des
thèses de omnt scibili, genre d'épreuve
qui tient toujours de la charlalanerie , que
le surnom de MasaJ lui fui donné par la
bouche même de François Ier. Il fut mé-
decin consultant de ce prince qui le fit che-
valier de l'ordre de Saint-Michel; de l'em-
pereur Charles V qui lui conféra le litre
de comte palatin, et de Henri VIII, roi
d'Angleterre. Il ne fut pas en moindre
considération dans sa patrie : successi-
vement premier médecin des papes Clé-
ment VII , Paul III et Jules III ; chéri et
favorisé de tous les autres princes d'Ita-
lie , et particulièrement des ducs de Fer-
rare. Il mourut à Ferrare en 15o3 , après
avoir professé long-temps la médecine
avec un applaudissement universel. Il
laissa un grand nombre d'où v rages , princi-
palement sur cette science, el entre autres,
| des Commentaires sur les Aphorismes
d'Hippocrate et de Galien, imprimés à
Baie en 1;>42, in- fol. ; j Index referlissi-
mus in Galeni libros * Venise, 1625, in-
bra
fol. que Castro ( Bibiiot. med. ) appelle
Opus inde fessée elucubralionis et utilitatis
inexplicabilis ; | Examen medicamenlo ■
rumt b vol. 1538-iSoo.
BR ASCII L Voyez PIE V I.
* BRASCIII ( Jean-Baptiste), né à Cé-
sène en 1664, d'une très ancienne famille,
embrassa l'état ecclésiastique , et devint
évêque deSarsina et archevêque titulaire
de Nisibe. Les fonctions attachées à cetlo
dignité ne l'empêchèrent pas de s'occuper
utilement des antiquités de son pays.
On a de lui: | Relalio status Ecclesiœ Sar-
sinatis, Rome, 1704, in-4°; | De tribus sta-
tuisin romano Capitol/ o erutis anno 1710,
eephrasis iconograpkica, Rome, 1724,
in-4° ; | De familia Cesennia antiquissi-
?iue inscripliones, Rome, 1731, in-4°; | De
vero Rubicone liber, seu Rubico Cœsenas,
Rome, 1733, in-4° ; | Memoriœ cœsenales
sacrée et profanœ , Rome, 1738, in-4°.
Braschi est mort en 1727.
BRASIDAS, général lacédémonien ,
vers l'an 424 avant J.-C, vainquit les
Athéniens sur mer et sur terre , leur prit
plusieurs villes et en fit entrer plusieurs
autres dans l'alliance de Sparte. S'étant
enfermé dans Amphipolis à l'approche
de Cléon , général athénien vain et impé-
tueux, il prit un moment favorable pour
faire une sortie , l'attaqua et remporta
une victoire complète l'an 426. Brasidas
mourut quelque temps après , d'une bles-
sure qu'il avait reçue à un bras. Comme
on louait devant sa mère ses grandes ac-
tions , et qu'on le mettait au-dessus de
tous ses compatriotes : « Vous vous trom-
» pez, r> dit cette femme vraiment Spar-
tiate; « mon fils avait de la bravoure,
» mais Sparle a plusieurs citoyens qui en
» ont encore plus que lui. «Cette grandeur
d'aine dune femme qui préférait la gloire
de l'état à celle de son fils reconnu pour
un héros , ne fut point sans récompense :
les Lacédémoniensrendirent des honneurs
publics à la mère et au fils , et firent éle-
ver , en l'honneur de leur libérateur , un
mausolée au milieu de la place publique.
* BRASSAC ( Laurent -Barthéleh y
de) , aumônier du roi , est auteur de YO-
raison funèbre de François, duc de Les-
diguières, Grenoble, 1677, in-12.
* BRASSOM, ou plutôt BRESSDM
( François-Joseph ), jésuite, né à Rome
en 1612 , fut un des plus célèbres mission-
naires du Canada, où il travailla avec
zèle et succès à la conversion des Hurons ;
mais ayant été pris par les Iroquois qui
leur faisaient la guerre, ces barbares lui
BRA 55
firent souffrir les traitemens les plus
cruels : ils lui coupèrent plusieurs doigts ,
le couvrirent de plaies et le vendirent en
cet état à des Hollandais de la Nouvelle-
Amsterdam, qui l'achetèrent par com-
passion, lui donnèrent des soins, et le
ramenèrent en 104/t à La Rochelle. Le P.
Brassoni leur fit donner le prix de sa
rançon ; et toujours zélé pour le salut des
âmes , il retourna , aussitôt que ses forces
le lui permirent, parmi les Huions, qui
le reçurent comme un père. Il passa en-
core plusieurs années avec eux , et ne re-
vint en Italie que lorsque la faihlesse de
sa santé ne lui permit plus de se livrer à
un travail aussi pénible. Il exerça alors
le ministère de la prédication avec d'au-
lant plus d'autorité qu'il portait dans ses
mains mutilées les marques honorables
de son apostolat. Il mourut à Florence en
4672. Il a laissé Brève relazione d'alcune
missio?ù de pedri délia compagnia di
Gif su nella Francia Nuova, 1653, in-&°.
Celte relation qui est bien écrite, ne con-
tient guère que ce qui est relatif à la
mission des Hurons.
BRAULION ou BRAULE ( saint ) , évê-
que de Saragosse, aida beaucoup saint
Isidore de Se ville à établir une exacte
discipline dans l'église d'Espagne. Cette
église a toujours reconnu que le zèle , la
science et les travaux de ce saint pasteur
lui avaient été infiniment utiles. Il mou-
rut en 8/1.6 , dans la 20e année de son épi-
scopat. On a de lui deux lettres de saint
Isidore ; un éloge de ce même saint , avec
le catalogue de ses ouvrages ; une hymne
en vers ïambes, en l'honneur de saint
Emilien, avec la vie de ce serviteur de
Dieu , publiée à Madrid , 1552 , in-4°. An-
dré Schotl a publié , avec dos notes , B.
Jsidori de claris Hispaniœ scriptoribus ,
cum appendicibus Braulionis , Tolède ,
1592, in-fol., Saragosse, 161», in- 4°. On
lui attribue une continuation d'une chro-
nique de Dexter, imprimée à Madrid,
d651 , in-fol.; mais cette chronique, de
même que la continuation , sont des ou-
vrages supposés.
BIl AlIN (Geokges), archidiacre de
Dortinund et doyen de Notre-Dame in
grailibus à Cologne , florissait dans le 16e
siècle, et mourut le 10 mars 1622. Il est
principalement connu par son Theatrum
urbium prœcipuarum mundi, en plu-
sieurs vol. in-folio. On a encore de lui un
Traité de controverse contre les luthé-
riens , Cologne , 1605 , in-fol. , dans lequel
il développe les ruses dont ils se sont
2 BRA
servis pour répandre leur religion. Il les
compare à « un coin, dont la partie la
» plus déliée, une fois entrée dans le
» bois , sert à introduire les parties plus
» épaisses. »
* BRAUN ( Jeax-Frédéric ) , né à Iéna
en 1722, servit d'abord en Autriche, en-
suite en Hollande , et malgré ses vastes
connaissances , après s'être retiré du ser-
vice , il vécut d'aumônes jusqu'à sa mort
survenue en 1799. On lui doit une His-
toire des maisons électorales et souve-
raines de SaxeJ 5 vol. in-4s, Langen-
salza, 1778-81, recommandable par l'exac-
titude et par l'érudition qu'elle ren-
ferme.
* BllAUN ( Henri ) , né le 17 mars
1752, à Trossberg, s'est distingué par de
longs et utiles travaux pour la réforma-
tion des écoles de Bavière. Il entra, en
1750 , dans l'ordre des bénédictins , et fut
nommé, en 1757, professeur d'allemand,
de poésie et d'éloquence à Munich, et
membre de l'académie des sciences. Il
publia alors un grand nombre d'écrits et
de recueils relatifs à l'éducation. Chargé ,
en 1777, de la direction générale des
lycées, des gymnases et des écoles, tant
de la Bavière que du haut Palatinat, il
entreprit d'y introduire des changement
utiles : mais n'ayant pu y réussir, il se con-
tenta de continuer à écrire, et entreprit ,
d'après la Vulgate, une traduction de la
Bible , qui fut interrompue par sa mort
arrivée le 8 novembre 1792. On assure
que ce bénédictin , par une bizarrerie in-
explicable, n'aimait point à voir l'éduca-
tion confiée à des religieux. Il a contribué
à l'amélioration des méthodes d'enseigne-
ment en Allemagne. Ses principaux ou-
vrages sont : | le Patriote bavarois , ou-
vrage périodique, 2 vol., Munich, 1769,
in-8° ; | Planpour la nouvelle organisation
des écoles en Bavière, ibid. , 1770 ., in-8°;
| Elèmens d'Arithmétique à l'usage des
écoles , ibid., 1770 , in-8°; | Elèmens de
latin , ibid , 1778 , in- 8° ; | Histoire de la
ré formation des écoles bavaroises, Franc-
fort sur-le-Mein, 1783, in-8°; | l'Art épis-
lotaire pour les Allemands , 1787 , in-8°;
{ l'Année ecclésiastique catholique , Augs-
bourg, 1785, 2 vol. in -8°; | Synonymes
latins, Augsbourg, 1790, in-8°, etc. Tous
ces ouvrages sont en allemand. Il a donné
aussi des éditions d'auteurs classiques
pour les collèges, comme Eutrope, César,
Sali us te, etc.
* BRAIL\ ( Placide ) , savant béné-
dictin , né à Peittingen , en Bavière , le 11
IÎRA
533
BRA
février 175G , embrassa très -jeune l'état
monastique, et devint bibliothécaire et
archiviste du chapitre de Saint-Uhic et
de Sainte-Afra , à Augsbourg. On a de
lui deux ouvrages qui font connaître
les plus anciens livres et manuscrits du
riche dépôt confié à ses soins : | Notitia
hislorico-littcraria delibris ab artis typo-
graphies inventione usque adannum 1479
impressis, in bibliothecà monasterii ad
SS. Ulricum ctJfram Augustœ exstanti-
bus; accédant VIII tabulée œneœ sexa-
ginta primorum typographorum alpha-
beta continentes. Le second est intitulé :
Notitia historico- litteraria de codicibus
tnamiscriptis in bibliothecà liberi ac im-
perialis monasterii ordinis S. Iienedicti
ad SS. Ulricum et Afram Augustœ exs-
tantibus ; in fine habetur Appendix con-
tinens anecdota historico-diplomatica ex
iisdem codicibus excerpta. L'importance
de la bibliothèque confiée aux soins de
Braun , recommande suffisamment ces
deux ouvrages aux bibliographes et aux
savani. On lui doit encore les Vies de
saint Lambert et de saint Ulric, évèques
d' Augsbourg, et celle de sainte Afra,
martyre.
BBAUNBOM ( Frédéric ) , protestant
d'Allemagne , s'avisa de publier en 1613
tin livre in-4° , intitulé Florum fiaminio-
rum romanensium papalium decas. Il y
fixe chaque période du règne de l'anle-
christ , sa naissance , son adolescence , sa
jeunesse , etc. Il trouve fort finement l'an-
lechrist dans le pape, et prouve admira-
blement bien que le monde devait finir en
1711. L'accomplissement de sa prophétie
est une preuve du cas qu'il faut faire de
l'esprit qui l'inspirait.
BRAUAKJS ( Je.vx ), ministre protes-
tant, né à Kaiserslautern dans le Bas-Pa-
latinat, en 1628 , fut ministre à Nimègue,
professeur de théologie et de langue hé-
braïque à Groningue où il mourut en
1708. Le livre qui lui a fait une grande
réputation , est Vestitus sacerdotum Ile-
brœorum , etc. , Amsterdam , 1701 , 2 vol.
in-4° , qui n'est qu'une partie d'un plus
grand traité qu'il avait dessein de publier
sous le titre De sacerdolio Hebrœorum.
Il ne traite pas seulement des habits sa-
cerdotaux, mais aussi des antiquités hé-
braïques. M. Huet, dans une lettre qu'il
lui écrivit, dit, en parlant de cet ou-
vrage : Sic habeto tamdiu fore id in pre-
iio, quoad litteris sacris suus honorJ
sua dignitas constatant. Tantum enim
us intulisti lucis hac scriptione, quartr
lum a nullo illalum est > qui hanc parte m
illustrare sil aggressus. On a encore de
lui : | Doclrina fœderum , Amsterdam ,
1688, in- 4°. Il y traite des alliances de
Dieu avec l'homme. C'est un système
complet de théologie coccéienne. J La vé-
ritable religion des Hollandais , contre
Stoup, Amsterdam, 1675, in-12. j Selecta
sacra, Amsterdam, 1700, iu-4°. | Com-
mentarius inepistolam ad Hebrœos, 1705,
in-4°, et plusieurs autres écrits apologé-
tiques de ses senlimens théologiques, atta-
qués par son confrère Jean de Marck.
Braunius était très habile dans la philo-
logie sacrée , dans le, rabbinisme , dans les
antiquités judaïques, et dans celles de
Rome et de la Grèce. Il vanle trop l'uti-
lité du Tahnud pour l'intelligence de l'E-
criture. Presque tous ses ouvrages se res-
sentent des imaginations des coccéiens.
Voyez COCCEIUS.
* BRAVO ( Jkan ), né à Ciudad-Réal, fut
précepteur des en fans de l'impératrice
et reine Elisabeth. Il traduisit en prose
castillane le poème latin d'Alvare Gomez,,
sur la Toison d'or : El vellocino dorado,
y la Ilisloria del Orden del Tuson s et y
joignit un livre intitulé : El summario de
los Reies catolicos D. Fernando y Doua
Isabel, cou la toniada de Grenada y otro>
pueblos , que valerosamente conquista-
ron, Tolède , 1546, in-4°.
* BRAVO ( Jea.v ) , natif de Piedrahita,
dans la Castille , professeur de médecine
à Sa'.amanque, vers la fin du 16e siècle ,
est auteur des ouvrages suivants : | De
hydrophobiœ naturâ , causis atque me-
delà, Salamauque, 1571, in-8°; 1576-1588,
in-4° ; | lu libros prognosticorum Hippo-
c?-atis commentaria , ibidem, 1578-1585,
in-8. ; | De saporum et odorant differen~
tiis , causis et affeclionibus , ibid. , 1585,
in-8° , | lu Galeni librum de differen-
tiis febrium commentarius , Salamanque ,
1585, 1596, in-4°; | de simplicium me~
dicamentorum délecta, libri duo , ibid. ,
1592, in-8°. Cet ouvrage parut d'abord en
1585 sous le titre de Pharmacopœa.
* BRAVO ( Barthé-i-ehi ), jésuite es-
pagnol, né à Mariin-munos, dans le dio-
cèse d'Avila, fut à la fois poète, rhéteur
et grammairien. Il publia vers la fin du
16e siècle, et au commencement du 17e,
des ouvrages utiles, dont les principaux
sont : j De conscribendis epislolis, Burgos,
1601, in- 8°. j | Commentaria linguœ la-
tinœ_, Grenade, 1605; le même ouvrage ,
sous le titre suivant : De oclo partium
oralionis constructione , 1040- I Dicliona-
45.
BRE 5
rium plutimarum vocum 3 quœ in Cice-
ronis scriptis desiderantur , Pincia, 1627.
in-4°. Ce dictiounaire avait déjà été im-
primé à Saragosse, en 1597, et à Madrid,
en 1611, in-8°. , sous le titre de Thésau-
rus verborum ac phrasium , etc. , et sous
le titre de Vocabularius, à Valence , 1606,
in-4°.| De arte rhetoricâ; \ De prosodiâ
prog'ymnasmata , et varia poè'mata. — Un
autre BRAVO (Nicolas), moine espagnol,
a laissé une Vie de S. Benoît, poème,
avec une notice sur tous les ordres reli-
gieux.
BRA.WER, BRAUR, BRAUWER ou
BROWER( Adrien), peintre flamand na-
quit à Harlem en 1608. Il commença, dans
son enfance , à représenter sur de la toile
des fleurs et des oiseaux, que sa mère
vendait aux femmes de la campagne , et
finit par des ouvrages grotesques et des
ligures en petit, que Ton achetait au
poids de l'or. Son atelier était ordinaire-
ment dans quelque taverne. Il entrait
dans toutes les querelles des ivrognes,
après s'être soûlé avec eux. Arrêté à An-
vers comme espion , il demanda qu'on le
laissât travailler. Il se mit à peindre des
soldats espagnols occupés â jouer , et les
représenta avec tant de feu et de vérité ,
que Rubens offrit 6000 florins de ce ta-
bleau , et obtint sa liberté en se rendant
sa caution. La crapule altéra sa santé. Il
mourut à Anvers en 1640 , âgé de 52 ans
seulement, si pauvre qu'il fallut quêter
pour le faire enterrer. L'enjouement ne
le quitta jamais au milieu de la misère.
Tous ses tableaux représentent des scènes
réjouissantes. On y voit des querelles de
«abaret, des filoux jouant aux cartes , des
fumeurs , des ivrognes , des soldats , des
noces de village. La nature y est rendue
avec beaucoup de vérité. Sa touche est
fort légère, ses couleurs très bien enten-
dues , et ses figures ont beaucoup d'ex-
pression. Ses ouvrages se vendent fort
cher et sont très rares.
* BRÉARD DE NEUVILLE , né à Di-
jon, en 1748, conseiller au parlement
île cette ville , et mort à Paris vers la fin
de 1817, a laissé plusieurs ouvrages de
droit, entre autres : | Dictionnaire latin et
français de la langue des lois^ tiré du
50e livre des Pandectes de Juslinien, mis
dans un meilleur ordre par Pothier, et
traduit par Bréard de Neuville , Paris ,
1807, 2 vol. in-8°. | De la nécessité de
se soumettre à la convention entre Pie
VII, et le gouvernement français , Paris ,
4802, in -8°; | Les Pandectes de Jusli-
h BRE
nien , mis dans un nouvel ordre par Po-
thier, et traduits du latin par Bréard
de Neuville , ouvrage revu et corrigé par
Moreau de Montalin, avocat , 1818-23 , 24
vol. in-8°. Une première édition de ce
livre, en gros caractères, avait été com-
mencée en 1807 ; elle devait avoir 60 vol. ;
mais la publication en a été abandonnée
après le 28e. Celte édition renferme aa
reste un grand nombre d'erreurs.
BRÉBEUF (Jean de), jésuite, na-
quit à Bayeux en 1593, d'une famille no-
ble. Après avoir professé avec distinction
dans plusieurs collèges de son ordre , il
fut envoyé l'an 1625 aux missions du Ca-
nada, où il convertit à la foi plus de
7,000 habitans. Comme il était chez les
Hurons , ennemis des Iroquois , ceux-ci ,
qui étaient en guerre avec eux, le pri-
rent , avec le père Lallemant , leur jetè-
rent de l'eau bouillante sur la tète en dé-
rision du baptême, les brûlèrent tous
deux ensuite à petit feu , l'an 1649. Leur
patience dans ce cruel supplice toucha
plusieurs de ces barbares qui se conver-
tirent (i).
BRÉBEUF ( Georges de ) , neveu du
précédent , né à Thorigni en basse Nor-
mandie, l'an 1618, cultiva de bonne heure
la poésie. Il débuta par une traduction du
7e livre de M Enéide en vers burlesques ; et
quelque temps après il publia une autre
version burlesque du premier livre de la
Pharsale de Lucain. On trouve dans celle-
ci une satire ingénieuse et enjouée contre
la vanité de ces grands seigneurs , qui ne
peuvent un moment oublier leur gran-
deur et leurs titres, et contre la bassesse
de ces âmes faibles et viles qui les flattent
comme des dieux , dans l'espérance do
parvenir à la fortune. On dit que Bré-
beuf dans sa jeunesse n'avait de goût
que pour Horace, et qu'un de ses amis,
qui n'aimait que Lucain, le lui fit goûter
et l'engagea à le traduire. Sa Pharsale pa-
rut en 1658, in-12 ; cette traduction four-
nit d'abord matière à la louange et à la
critique. Elle eut également des apologis-
tes trop outrés , et des censeurs trop sé-
vères. Boileau fut un de ces derniers. On
ne peut cependant se dissimuler que ,
malgré les hyperboles excessives, le style
enflé , les antilbèses multipliées , les faux
brillans , les pensées gigantesques , les
(i) Le Père Bre'Lcuf avait composé un Cate'chisnxe
dans la langue des Hurons, que Champlain fit impri-
mer à la suite de ses Voyages de la Nd'/v, //.•- Prince
occidentale , dite Canada, iG3ai in 4'.
BRE li
descriptions pompeuses ,- mais peu natu-
relles , cette traduction ne soit supérieure
à beaucoup d'autres de ce genre , par le
coloris brillant, la bonne poésie, et le
génie qui se fait sentir dans plusieurs
morceaux. Lucain d'ailleurs est très dif-
ficile à traduire d'une manière intéres-
sante, parce qu'il n'a pas pris soin de se
rendre intéressant lui-même. Son poème
est plutôt une bistoire décharnée , parse-
mée de quelques traits de morale et de
philosophie, qu'un véritable poème. Voilà
pourquoi les traductions qu'on en a fai-
tes même en prose n'ont pas réussi. « On
» doit donc savoir gré à M. Brebeuf , dit
» un auteur moderne , d'avoir semé dans
» la sienne des vers heureux, des pen-
» secs sublimes, des morceaux d'une élé-
» gance et d'une précision que nos meil-
» leurs poètes ne désavoueraient pas , et
» qu'As ont même imités. S'il est défec-
» tueux en beaucoup d'endroits , ce n'est
» que pour s'être trop asservi au devoir
» rigoureux du traducteur; on ne connais-
» sait pas de son temps les traductions
» libres , mises depuis si utilement en
» usage. » Après la mort de Mazarin qui
lui avait fait de grandes promesses , Bre-
beuf se retira à Venoix , près de Caen, et
y mourut en 1GGI , à 45 ans. Les derniè-
res années de sa vie furent remplies par
des exercices de piété. Son caractère était
doux et modeste. La conversation de ses
amis était le seul soulagement des lon-
gues maladies dont il fut affligé. Une
lièvre opiniâtre le tourmenta plus de
vingt années , et c'est dans ses accès qu'il
composa sa Pharsale. On a encore de lui
| Les entreliens solitaires , in-12 : poé-
sies chrétiennes , fort inférieures à ses
productions profanes, mais qui ne sont
pas à dédaigner. La piété , la morale , les
pensées énergiques qui s'y trouvent ,
font éprouver au lecteur des sentimens
aussi favorables à l'esprit du poète , qu'à
ses bonnes mœurs et à sa religion ; j un
Recueil d'œavres diverses, 2 vol. in-12,
où l'on rencontre quelquefois de jolis
vers; | des Eloges poétiques , etc. in-12;
| Défense de l'Eglise romaine, in-12,
1671.
'BRÈCHE (Jean), né à Tours dans
le 16e siècle, exerçait la profession d'a-
vocat au présidial de cette ville. Jean
Boucher, de Poitiers, lui a donné de
grands éloges. On a de lui ; | Le Manuel
royal, ou Opuscules de la doctrine et
condition du prince, partie en prose, par-
tie en rime ; avec le commentaire de Plu-
\'ô BRE
turque de la doctrine du prince : ensem-
ble les quatre-vingts précejHes d'Isocrale,
du régime et gouvernement du prince ,
Tours , 1541 , in-/*0 ; | le Premier livre de
l'honnête exercice du prince, en vers,
Paris, 1544, in-4°. Il en annonçait un se-
cond et un troisième livre qui n'ont point
paru ; | Le Livre de Lactance Firmian
de l'ouvrage de Dieu , ou de la forma-
tion de l'homme, traduit en français,
Tours, 1544, in-16;| Epilome, ou Abrégé
des trois premiers livres de Galien , de
la composition des médicamens , Tours,
1545 ; | les Aphorisme s d'I/ippocrate tra-
duits du grée en français, avec les com-
mentaires de Galien sur le premier livre*
Paris, 1552; idem, Lyon, 4557,in-16;
| le Promptuaire des lois municipales du
royaume de France, concordées aux cou-
tumes de Touraine , extrait de ses com-
mentaires sur lesdiles coutumes , Tours,
1553 , in-8°.
* BRECHTUS (Loevinus), frère mi-
neur , né à Anvers , mort en 1558 à Ma-
tines , où il était gardien du couvent de
son ordre , composa une tragédie en vers
latins, intitulée : Euripe , ou De l'incon-
stance de la vie humaine , Louvain, 1549
et 1550 , in-12. Elle fut réimprimée plu-
sieurs fois depuis à Cologne , in-12. Des
écoliers la représentèrent en 1548, avec
un grand succès de collège. Brechlus a
encore laissé : Sylva piorum carminum,
Louvain, 1555, in-8° ; | Memoralis his-
toria complectens agones illuslrium ali-
quot martxjrum , Louvain , 1551 , in-8°.
BRECOURT (Guillaume MARCOU-
REAU , sieur de ) , poète français , auteur
et acteur , représentait avec plus de suc-
cès qu'il ne composait. Ses pièces drama-
tiques furent la plupart sifflées. l'Ombre
de Molière , en un acte et en prose , est
de lui , ainsi que la feinte Mort de Jode-
let , la Noce de village , le Jaloux invisi-
ble , pièces où l'on trouve des plaisante-
ries grossières et peu de génie. 11 se rom-
pit une veine en jouant sa comédie de
Timon , et mourut de cet accident en
1685.
* BREDA.RT (Georges) , directeur des
missions du diocèse d'Amiens et chanoine
d'Arras , né à Roubaix en Flandre , fit ses
études avec succès , et fut ordonné piè-
tre quelques années avant la révolution.
Il était vicaire à Roncq lorsqu'elle éclata.
Il se tint caché pendant la terreur, sans
cesser d'exercer les fonctions de son mi-
nistère , en faveur de ceux qui le récla-
maient. Après le concordat, il fut cm-
BRE ffi
ployé dans le diocèse de Gand , et il mon-
tra autant d'attachement aux principes
que de zèle pour son ministère. A l'épo-
que de la restauration il s'empressa de
rentrer en France , et M. de Bombellcs ,
évèque d'Amiens , le pria de se charger
de la direction des missions de son dio-
cèse. Il produisit des fruits extraordinai-
res dans toutes les paroisses qu'il visita.
En 1823 il prêcha le carême dans l'église
cathédrale d'Arras avec un tel succès, que
l'évèque, pour lui en témoigner sa satis-
faction , l'admit dans son chapitre. Il prê-
cha le carême de l'année suivante à St-
Omer, et n'écoutant que son zèle il don-
nait chaque jour un sermon dans une des
paroisses de la ville. Enfin , le 9 avril ,
quoique indisposé, il voulut monter en
chaire, mais il tomba sans connaissance.
On le descendit aussitôt, et on n'eut que
le temps de lui administrer l*extrème-
onction.il expira quelques momens après.
Le jour même il s'était confessé et il avait
annoncé à ses amis qu'il ferait bientôt un
grand voyage. Son zèle était infatigable,
et il employait souvent une partie de la
nuit à confesser. On a de lui : | Dialo-
ijaes sur la sanctification des dimanches,
sur le blasphème et sur l'usure , Amiens,
1824, in-18; | Instructions sur le blas-
phème en forme de dialogue , Lille, 1825,
in- 12 ; | Instructions familières en forme
de notes, qui devaient avoir plusieurs
volumes, dont le premier seulement a
paru à Lille en 1823, in-12.
BREDE.\BACII (Matiiias), néàKersp,
village du duché de Bergues, en 1489,
fut principal du collège d'Emmerick, où
il fit fleurir les belles-lettres. Il mourut
le 5 juin 1559, laissant trois fils qui cul-
tivèrent les lettres. Bredenbach le père
était versé dans la littérature , bon théo-
logien, et savant controversiste. On a de
lui : | Introduclio in grœcas lilteras 3 Co-
logne , 1534 ; | De dissidiis in religione
componendis , etc., 1553; | une apologie
de ce livre qui fut attaqué par des luthé-
riens , intitulée Hyperaspistes , 1560 ,
| In 66 Psalmos priores et in Evangelium
secundum Matth. Commentaria , 1560;
in-4°. Ces commentaires sont écrits d'une
manière noble et polie.
BREDENBACH (Tilmax ) , fils du pré-
cédent, chanoine de Cologne , né à Emme-
rich en 1544 , mort l'an 1587 , a laissé
quelques ouvrages de coniroversc , et
Historia belli Livonici, insérée dans la
collection intitulée Rerum Moscovitica-
rum auctores, Francfort, 1600*.
6 IÎRE
* BREDEXn\CH (Ji:,v\de), écrivain
allemand du 16e siècle, né à Dusseldorf,
est auteur d'un poème intitulé : Militia
Christiana quâ docetur qui contra vitia
et carnempugnandum > Dusseldorf, 1560;
et d'un livre De armeniorum rilibus, mo~
ribus et erroribus , Bâle , 1577, in-8°.
BBEDEBODE ( Henri, comte de), jeune
seigneur descendant des anciens comtes
de Hollande , et un des chefs de la conju-
ration qui se forma aux Pays-Bas en 1565.
Il était tel qu'il le fallait pour un rôle
semblable ; un courage impétueux et
ennemi de la subordination le rendait
agréable aux séditieux. C'est lui qui , à la
tète et au nom des conjurés, présenta
une requête pleine de menaces à Margue-
rite de Parme , gouvernante des Pays-
Bas. Le comte de Berlaimond , pour ras-
surer Marguerite, lui ayant dit à l'oreille
qu'il n'y avait rien à craindre, que ce
n'était qu'une bande de gueux , Brede-
rode , qui avait entendu ce propos , donna
à la faction le nom de gueux qu'elle con-
serva. Les conjurés lui donnèrent com-
mission de lever des troupes, avec les-
quelles il se retira en Hollande , dont il
ambitionnait la souveraineté. La gouver-
nante ayant exigé un nouveau serment
des magistrats et des principaux seigneurs
du pays , Brederode le refusa et se démit
de ses charges. Les chefs de la conjura-
tion s'étant désunis, et quelques-uns même
expatriés, Brederode resta ferme dans
l'espérance de conquérir la Hollande ;
mais il se trouva bientôt obligé d'en sor-
tir pour se retirer en Allemagne , où il
tâchait de lever quelques troupes , lors-
qu'il tomba malade , et mourut dans des
transports qui lui ôtèrenl la raison avant
de lui ôter la vie en 1568. — Renaud de
BBEDEBODE, père de Henri dont il est
question dans cet article , mort en 1556 ,
a eu un autre fils nommé Renaud , comme
lui chef de la branche catholique, dont
est issu Henri- Louis-Pierre, comte -de
Brederode, seigneur distingué par sa re-
ligion et ses vertus, qui vivait encore à
Bruxelles en 1790. La branche protes-
tante , postérité de Henri, est éteinte.
BBÉENBEBG ( Bartiiolomé ) , né à
Ulrechl en 1614, peintre et graveur fa-
meux , excellait surtout dans les paysages
et les animaux. Il gravait à l'eau forte ses
dessins. On voit dans la collection du roi,
et dans la galerie du Palais-Boyal , quel-
ques tableaux de ce maitre. Il mourut
en 1660;
* BREGLET ( Abuahasi-Locis) , hoi'o-
BRE
537
BRE
ger-mécanicien , naquit le 10 janvier 1747
à Neuehâlcl en Suisse , d'une famille d'o-
rigine française et professant la religion
réformée. Encore enfant, il perdit son
père. Sa mère ayant contracté un second
mariage avec un horloger, le jeune Bré-
guet reçut de son beau-père les premiers
principes de l'art qu'il exerçait. Amené à
Paris en 1762 , il montra bientôt les plus
heureuses dispositions pour la partie dans
laquelle il a excellé plus tard. En môme
temps qu'il s'appliquait à l'horlogerie , il
trouvait le temps d'étudier les mathéma-
tiques sous l'abbé Marie, qui conçut pour
lui une vive amitié. Ayant formé un éta-
blissement à Paris, il ne tarda pas à obte-
nir une brillante réputation. Il se fit con-
naître d'abord en perfectionnant les mon-
tres perpétuelles qui se remontent elles-
mêmes , par le mouvement qu'on leur
imprime en les portant. Bréguet les ren-
dit d'une régularité parfaite, et dès 1780,
il en fit pour la reine de France et pour
plusieurs autres personnages distingués.
C'est encore à lui qu'on doit l'invention
du pare-chûte , pièce qui sert à garantir
le régulateur de ces montres de toute
fracture, lorsqu'elles éprouvent des chocs
violens. Ces succès n'étaient que le pré-
lude de ceux qui devaient l'illustrer dans
le cours de sa carrière. Bréguet imagina
des cadratures de répétition , d'une dis-
position plus sûre , des ressorts-timbres ,
qui sonnent d'autant mieux que la boîte
est plus exactement fermée , et qui ont
donné l'idée de tous ces bijoux à musi-
que, si connus aujourd'hui en Europe.
Mais cet habile mécanicien ne se borna
pas à des ouvrages uniquement destinés
à l'usage civil. Il enrichit encore d'un
grand nombre d'instrumens précieux la
science de la mesure du temps appliquée
à la navigation , à l'astronomie et à la
physique. C'est à lui qu'on doit l'échap-
pement à force constante et à remontoir
indépendant _, l'échappement à hélice J
l'échappement dit naturel, etc. Bréguet
a construit aussi un grand nombre de
pendules astronomiques , de montres ou
horloges marines, et de chronomètres de
poche , qui surpassent en précision et en
solidité tout ce qui avait paru de plus par-
fait en ce genre. Plusieurs instrumens
nouveaux de Bréguet figurèrent à l'expo-
sition qui eut lieu au Louvre en 1819. On
y remarquait un chronomètre double de
poche, à deux garde-temps d'une grande
perfection, une horloge astronomique
double , dont les deux mouvemens et les
deux pendules, absolument séparés, s'in-
fluencent de manière à se régler mutuel-
lement , et surtout une horloge marine,
servant de pendule de cheminée, à tour-
billon, portant un autre chronomètre do
poche. Par cette pièce qui est un véritable
chef-d'œuvre, Bréguet paraissait avoir
porté l'art de l'horlogerie à son plus haut
degré de perfection possible. De pareils
succès dans un art utile étaient pour la
France un juste sujet d'orgueil et un titre
réel de gloire. Bonaparte qui savait dis-
tinguer et encourager tous les genres de
talens, voulant faire au grand-seigneur
un présent qui lui donnât une idée de
l'industrie française, lui envoya une
pendule sympathique de Bréguet. Tel en
est le mécanisme, qu'il suffit de placer
sur cette pendule , avant midi , ou avant
minuit, une répétition de poche, soit
qu'elle retarde soit qu'elle avance , pour
qu'à ces deux heures, les aiguilles de la
montre soient instantanément remises
sur l'heure et la minute de la pendule.
Parmi les ouvrages précieux qui sont
sortis des ateliers de Bréguet, il faut
compter encore son compteur astronomi-
que _, ses montres à répétition au tact ,
son compteur militaire , instrument son-
nant pour régler le pas de la troupe, etc.
Ajoutons qu'il a imaginé pour les télé-
graphes un mécanisme à la fois solide et
léger. Bréguet, que la révolution avait
forcé de quitter la France, reprit après
la fin de nos troubles politiques, sa vie
laborieuse et tranquille. Il fut successi-
vement nommé horloger de la marine,
membre du bureau des longitudes , de la
légion d'honneur, de l'institut. Il s'occu-
pait d'un grand ouvrage sur l'horlogerie ,
où il se proposait de décrire la marche
qui l'avait conduit à ses découvertes ,
lorsque la mort le surprit le 17 septem-
bre 1823. Bréguet était désintéressé , mo-
deste et plein d'ingénuité. Il laisse un fils
qui, héritier de son goût et de son talent,
s'est chargé de continuer ses travaux
BREGY ( Charlotte SAUMAISE de
CHAZAN, comtesse de ), nièce du savant
Saumaise , fut une des dames d'honneur
de la reine Anne d'Autriche. Elle se dis-
tingua dans cette cour par son esprit et
par sa beauté. On a d'elle un Recueil de
lettres et de vers, 1666, in-12, qui fut es-
timé de son temps , et dans lequel on
trouve quelques pensées ingénieuses. Elle
mourut en 1693, à Ih ans.
* BREGY de FLECELLES , religieuse
de Port-Royal, dite la sœur Sainte-Eusto-
ÏÎRE 5
due, a écrit une Vie de la mère Marie-
des-Anges , abbcsse de Maubuisson , en-
suite de Port-Royal, Amsterdam, 1754,
2 part, in-12. On a encore une relation
de sa captivité, dans le recueil intitulé :
Divers actes , lettres et relations des re-
ligieuses de Port-Royal . 1724, in-4°.
' BREISLACK. (Scipiom), né à Rome
vers 1758, d'un père originaire de la
Souabe, se consacra de bonne heure à
l'étude des sciences exactes et naturelles.
Nommé professeur de physique et de ma-
thématiques à Raguse, il y connut l'abbé
Fortis, qui lui inspira le goût de l'histoire
naturelle. Il devint ensuite professeur des
mêmes sciences dans le collège Nazareno,
à Rome. Sentant la nécessité d'étudier la
nature dans la nature elle-même , il fit
plusieurs voyages dans les montagnes,
pour y faire des recherches géologiques.
De Rome il se rendit à Naples , pour y
continuer ses observations scientifiques
dans ce pays si curieux pour les natura-
listes. Breislack fit alors les expériences
les plus dangereuses dans la Solfataria de
Pouzzoles, où il établit un grand appareil
chimique , pour tirer de ces mines le plus
grand avantage. Sa santé ne lui ayant pas
permis de continuer ce travail, il donna
ses soins à l'instruction des élèves de l'ar-
tillerie royale de Naples, dirigée alors par
le général Pommereul. Les révolutions
de l'Italie l'entraînèrent à Rome , puis à
Paris , où il fut en relation avec tous les
savans de cette capitale. En 1802, il re-
tourna dans sa patrie , où il fut nommé
inspecteur des fabriques de nitre et de
poudr , puis membre de l'institut de Mi-
lan. Il fit partie ensuite des sociétés de
Londres , d'Edimbourg , de Berlin , de
Saint-Pétersbourg , de Munich , de Tu-
rin, etc. Il est mort le 15 février 1826. On
a de lui Essais minèralogiques sur la sol-
fatare de Pouzzoles, trad. du manuscrit
italien de Fr.-R.-J. de Pommereul J Na-
ples , 1792, in-8°; | Voyage physique et
lithologique dans la Camp anie .suivi d'un
Mémoire sur la constitution physique de
Rome, etc., traduit du manu, cr il italien
de Fr.-R.-J. de Pommereul , avec des
notes, Paris , 4801, 2 vol. in-80,"avec six
planches. | Introduction à la géologie ou
à l'histoire naturelle de la terre, trad.
de l'italien de J.-J.-B. Bernard, Milan ,
4811, 2 vol. in-S°; Paris, 1812, in-8°; ) In-
stitutions géologiques J trad. ( sous les
yeux de l'auteur ) du manuscrit italien de
P.-J.-L. Campmas, Milan, 1819, 3 vol.
in-8°, avec un atlas de 56 planches. Les
38 BRE
recueils de l'académie de Milan contien-
nent un grand nombre de ses Mémoires.
BREITIJVGER (Jeajkïaoques), né à
Zurich le 15 mars 1701, chanoine du
Grand-Moûtier ou Gross-Munsler , s'ap-
pliqua à l'étude des langues savantes, des
belles-lettres et de l'antiquité. Il fut pro-
fesseur en hébreu , et mourut à Zurich ,
le 15 décembre 1770. Ses principaux ou-
vrages en allemand sont des traités sur
la poésie , sur la peinture , et sur les an-
tiquités de Zurich. Sa Poétique brille par
la finesse du goût et par la sagesse des
règles. Il a donné aussi une bonne édition
des Poésies de Martin Opitius, et de l'an-
cien Testament delà version des Septante,
1730-1732, 4 vol. in-4°.
* BKEITKOPF ( Jeaiv-Gottlob-Emma-
nuel), célèbre imprimeur de Leipsick,
né dans cette ville le 25 novembre 1719,
d'un père imprimeur-libraire, eut d'a-
bord beaucoup d'éloignement pour cet
état auquel on le forçait de s'appliquer ,
ce qui contrariait son goût pour les
sciences, la littérature et les langues dans
lesquelles il était très versé. La lecture des
Œuvres d'Albert Durer, consacrées à
donner une belle forme aux caractères
d'imprimerie, en les construisant d'après
les règles mathématiques , triompha de
l'aversion de Breitkopf pour cet art, et
il s'occupa dès lors avec le plus grand
succès du perfectionnement de l'impri-
merie. Il donna aux caractères allemands
une élégance inconnue avant lui et en-
core bien rare aujourd'hui , combina les
matières de fonte pour rendre les types
plus durables, et fit d'utiles recherches
sur les meilleurs moyens d'imprimer la
musique , les figures mathématiques , les
cartes géographiques et même les por-
traits, avec des caractères mobiles. Il réus-
sit à imprimer avec son procédé les livres
chinois qu'on gravait auparavant sur des
tables de bois. Son imprimerie passait à
juste titre pour la plus riche de l'Europe
en caractères de toute espèce, et ses fon-
deries fournissaient les contrées les plus
éloignées : on y voyait les matrices de 400
alphabets différons. Safonderie, composée
de 12 fourneaux, occupait seule 59 ou-
vriers. Breitkopf mourut à Leipsick l'an
1794. lia laissé une riche bibliothèque et
plusieurs ouvrages relatifs à son art
Les principaux sont un Essai sur l'histoire
de l'invention de l'imprimerie 3 Leipsick ,
in-4°, 1774 : un Essai sur l'origine des
caries à jouer , l'introduction du papier
de linge et les commencemens de la gra-
BRE lî
vure en bois en Europe, 2 volumes in-A-0,
1784-1801 , en allemand.
* BREMBYTI (Isotta), femme poète,
issue d'une noble famille du Bergamas-
que , et mariée à Jérôme Grumello, flo-
rissait vers le milieu du 15e siècle. Elle
fut très versée clans les langues latine,
italienne , française et espagnole. La lan-
gue latine ne lui était pas moins familière;
elle en fit usage en plusieurs occasions ,
devant le sénat de Milan, où elle eut à
traiter plusieurs affaires relatives à ses
propres intérêts. Elle avait pris pour
devise le jardin des Hespérides avec ses
pommes d'or, et le dragon mort devant la
porte, avec cette inscription espagnole :
Yo mejor los guarderè (je les garderai
mieux). Elle mourut subitement le 24 fé-
vrier 1586, cl fut célébrée de son vivant
et après sa mort par tous les beaux es-
prits du temps. Ses ouvrages n'ont point
été réunis; on les trouve dans divers re-
cueils dont un lui fut consacré après sa
mort, sous ce titre : Rime funerali di di-
versi illuslri ingegni, composte in volgare
e latina favclla, in morte dalla molio
illustra signora Isotta Iirembala Gru-
me lia, Bergame, 1587, in-4°.
* BREMQAD (Gabeieixe), vivait dans
le 17e siècle, où les pèlerinages à Jérusa-
lem excitaient fortement le zèle des fi-
dèles ; plusieurs femmes osèrent entre-
prendre ces saintes pérégrinations ; dans
ce nombre , il n'en est aucune qui ait
poussé plus loin ses excursions que Ga-
brielle Bremond , de Marseille , dont le
Voyage fut traduit du français et publié
en italien à Rome, en 1073, in-4°; ibidem,
1679, in-8°. Elle visita la baute et basse
Egypte, la Palestine, le mont Sinaï,le
mont Liban et presque toutes les pro-
vinces de la Syrie.
BREMOAD ( Antonin ) , dominicain ,
né à Cassis en Provence, en 1692, savant
laborieux , parvint par son mérite au gé-
néralat de son ordre, et mourut à Rome
Je 11 juin 1755 , à 64 ans, après avoir pu-
blié : | Rullarium ordinis dominicarum ,
1729, 8 vol. in-fol. | De Slirpe sancli Do-
minicij 1740, in-4°.
BREMO.\D ( François de ) naquit à
Paris, en 1713 , d'un avocat , et y mourut
en 1742 , dans sa 29e année. L'académie
des Sciences se l'associa , et la société
royale de Londres lui accorda le litre de
secrétaire. Sa traduction des Transactions
philosophiques de ce corps lui valut cet
honneur. Il en publia 4 vol. in-4°, qui
comprennent les années 1751 jusqu'à 1736
59 BRE
inclusivement. Bremond accompagna son
ouvrage de notes; les unes historiques,
qui remontent à l'histoire des différentes
opinions : les autres critiques, qui corri-
gent ce que ses originaux peuvent avoii
de défectueux. Il y ajouta une table des
Transactions , depuis 1605 jusqu'à 1730,
1 vol. in-4°. On a encore de lui : J un Re-
cueil de tous les éc?its publiés en Angle-
terre sur le remède contre la pierre , de
MUe Stéphens. | Une Traduction des ex-
périences physiques de Haies, sur la ma-
nière de dessaler l'eau de la mer et de la
rendre potable, in-12. | Une Traduction
posthume des expériences physico-méca-
niques d'Haucksbée , 2 vol. in-12 , ornée
d'une histoire complète de l'électricité.
•BREMOAT { Etienne), docteur de
Sorbonne, chanoine et grand-vicaire de
Paris, né à Chàtcaudun en 1714 , fut suc-
cessivement curé à Chartres, chanoine de
la cathédrale et grand-pénitencier de ce
diocèse. En 1759 , il fut nommé chanoine
de Notre-Dame à Paris. Ayant été chargé
par l'archevêque, M. de Beaumont , de
faire une visite chez les ursulines de
Saint-Cloud, accusées de favoriser les
intrigues des convulsionnaires, il fut dé-
noncé au parlement , qui , pour soulenir
les prétendus miracles du diacre Fàris,
persécutait beaucoup de prêtres. Décrété
de prise de corps , l'abbé Bremont fut
obligé de se cacher et de passer à l'étran-
ger. Il ne recouvra sa liberté et ses biens
qu'en 1773, et mourut l'an 1793, à la suite
d'un érysipèle goutteux , accablé par les
chagrins cuisans que lui occasionaientles
maux de sa patrie, et surtout la captivité
de Louis XVI. On lui doit : | Dissertation
sur la notoriété publique des pécheurs
scandaleux, 1756. | Recueil de pièces in-
téressantes sur la loi du silence. \ Repré-
sentation à M. Necker sur son livre de
l Importance des opinions religieuses 3
1788. | De la raison dans l'homme , 1785
à 1787, 6 vol. in-12, son meilleur ouvrage,
mais où l'on trouve trop de longueurs et
de citations. Il est dirigé contre l'incrédu-
lité, et lui valut un bref honorable de
Pie VI, qui porte la date du 16 septembre
1788.
* BREMO.\TIER ( Nicolas-Thomas ) ,
naturaliste et physicien, inspecteur-gé-
néral des ponts et chaussées, né en 1758,
mort à Paris au mois d'août 1809. On lui
doit la lixation des sables, et la plantation
des dunes du golfe de Gascogne, travaux
ingénieux qui font l'admiralion des gens
de l'art. Des montagnes de sable cou-
BRE
540
BRA
vivaient , depuis plusieurs siècles , une
vaste étendue de territoire et avaient en-
seveli des habitations et des villages en-
tiers sur les côtes de l'Océan; tous les
jours ces montagnes faisaient de nouveaux
progrès, et menaçaient de proche en
proche tous les champs cultivés, lorsqu'il
en prit connaissance. Son génie inventif
lui fit présumer qu'il pourrait y remédier,
et il y parvint effectivement, en sorte
qu'on voit aujourd'hui avec admiration
de superbes forêts de pins maritimes s'é-
lever, sur l'espace de plusieurs lieues des
côtes de l'Océan , où l'on ne voyait aupa-
ravant que des sables arides. D'autres
arbres, et même la vigne y végètent avec
force. Il a rendu compte des moyens qu'il
employa, dans plusieurs mémoires adres-
sés à la société d'agriculture, dont il était
membre. Il a coopéré avec MM. Mésaize,
Varin et Noël à un Rapport sur l'exis-
tence des mines de fer, dans le déparle-
ment de la Seine- Inférieure , inséré dans
le Magasin encyclopédique, troisième an-
née, tome 6.
* BRENDAN ( saint ) , né en Irlande
vers la fin du 5e siècle , mort le 16 mai
578, fonda le monastère d'Ailech en An-
gleterre, bâtit une église dans les îles
Shetland, établit plusieurs couvens et plu-
sieurs écoles dans sa patrie, et contribua
par ce moyen à la civilisation de l'Irlande.
BREVET (Henri-Catherine), docteur
en médecine, membre de l'ordre royal de
la légion-d'honneur , né le 25 novembre
1784, àMoissey, village près de Dole, en
Franche-Comté , vint à Paris étudier la
médecine, dans laquelle il obtint des suc-
cès, et s'établit ensuite à Dijon. La révo-
lution commençait à cette époque. Brenet
qui s'en déclaia l'adversaire , fut arrêté
en 1793, et transféré au château de Dijon
d'où il parvint à s'évader. Une maladie
épidémique s'étant manifestée dans la
capitale de la Bourgogne , le comité ré-
volutionnaire de celle ville demanda
Brenet, qui revint donner ses soins à
un grand nombre de malbeureux qui
encombraient les hôpitaux civils et mili-
taires. En 1815, il fut envoyé à la chambre
des députés, où il siégea au côlé droit, et
se montra opposé au ministère Le dé-
partement de la Côte-d'Or le réélut en
1820. Il est mort le 3 mai 1824 , dans sa
soixantième année. Brenet ne se fil. point
remarquer comme député. Comme mé-
decin , il a donné des preuves de t lent ,
et plusieurs sociétés savantes lui ouvri-
rent leur» portes.
BRENIUS (Daniel ) , socinien et armi-
nien, disciple d'Episcopius , né à Harlem
en 1584 , et mort en 1664 , a laissé des
Commentaires sur l'Ecriture, et quelques
autres ouvrages infectés de ses erreurs.
La plupart ont paru sous ce titre Dan.
Brenii opéra theologica , Amsterdam ,
1664, in-fol. Ces ouvrages composent aussi
un volume de la Bibliothèque des Frères
Polonais.
* BREiWER (Elie), savant antiquaire
suédois , né en 1646 , acquit de grandes
connaissances dans les antiquités et la
numismatique. S'étant appliqué avec suc-
cès au dessin , Charles XI l'emmena avec
lui dans un voyage qu'il fit dans ses états,
et le chargea de dessiner les anciens mo-
numens de ce pays. Ses talens pour la
peinture le firent nommer peintre en mi-
niature de la cour ; mais cet le place ne
suspendit point ses travaux. Il rassembla
une riche collection de médailles et de
monnaies de son pays , et publia , avec le
graveur Sertorius, Thésaurus nummo-
rum sueco-golhicorum , Stockholm, 1691,
in-4°. On a encore de lui Nomenclalura
trilinguis genuina specimina colorum
simplicium exhibens,quibus artifices mi-
nialurœ picturœ utuntur. Charles XII,
qui l'estimait beaucoup , lui donna des
lettres de noblesse. Il mourut le 17 jan-
vier 1717. — Sa seconde femme Sophie-
Elisaret WEBER , dont il eut 15 enfans ,
se distingua par son talent pour la poésie.
On a recueilli ses OEuvres en 2 volumes
in-12, 1715-1732.
BREftNUS , général des Gaulois séno-
nais, s'étant ouvert un passage par les
Alpes , fondit sur la Lombardie, assiégea
Clusium en Toscane, vainquit les Romains
près de la rivière d'Allia , marcha vers
Rome, s'en rendit maître, et livra la ville
au pillage et aux flammes. Le tribun Sul-
pitius , au lieu de le chasser avec le fer ,
promit de payer mille livres d'or, s'il
voulait lever le blocus du Capitule et sor-
tir des terres de la république. Les Gau-
lois acceptèrent l'offre; mais dès qu'on
eut apporté l'or pour le peser , Brennus
mit en usage mille supercheries pour
que la somme fût plus considérable. Il
jela son épée et son baudrier dans le
bassin de la balance, opposé à celui où
était l'or , ne répondant aux plaintes que
par ces mots dignes d'un barbare : Mal-
heur aux vaincus! . . . . Camille survenu
dans l'instant annula ce traité honteux ,
livra bataille aux ennemis sur les ruines
de sa patrie, et les contraignit de s'en-
BRE
KM
BRE
fuir, vers l'an 388 ou 590 avant Jésus-
Christ (i).
BREIVMJS ou BRENN, général gaulois,
passa, à la tète de 152 mille hommes de
pied et 20 mille chevaux , dans l'Orient ,
pénétra dans la Macédoine , tua Sosthène,
général de cette nation, saccagea la Thes-
salie et la Grèce , et s'avançait vers le
temple de Delphes , pour en enlever les
trésors , lorsqu'il fut repoussé. Brennus ,
au désespoir de voir son armée en dé-
route , se donna la mort , après s'y être
préparé par un excès de vin , vers Tan
278 avant J. C. Les poètes grecs ne man-
quèrent pas d'attribuer à leurs dieux sa
défaite. Apollon, suivant eux , défendit
lui-même son temple contre les barbares,
fit trembler la terre sous leurs pieds, et
rouler des rochers sur leurs tètes. Enfin
le dieu Pan frappa les Gaulois d'une ter-
reur si subite , qu'ils se tuaient les uns
les autres : c'est de là qu'est venu le nom
de terreur panique. Du reste , il est ti es
vrai que Dieu a souvent puni les sacri-
lèges et l'irréligion , même sous le règne
du paganisme. Dans celui qui ne connait
pas le vrai Dieu, le mépris d'une divinité
quelconque est une impiété détestable ,
une disposition d'esprit et de cœur qui
renferme toute la scélératesse de l'a-
théisme.
* BRENTEL (Frédéric), célèbre pein-
tre en miniature , né à Strasbourg vers
1586 , mort en Allemagne , dans un âge
fort avancé , fut élève de Guillaume Bawr.
Son dessin est pur, son coloris agréable ,
et ses couleurs sont vives. La bibliothèque
du roi possède un Livre d'heures , avec
40 miniatures , dans lequel ce maître a
réduit en petit , avec une entente admira-
ble , les plus beaux tableaux des écoles
hollandaise et flamande.
BRENTIUS ou BRENTZEN (Jean), né
en 1499 à Weil en Souabe , chanoine de
Wirtemberg , embrassa le luthéranisme a
la persuasion du chef de cette secte. De
son disciple il devint bientôt son apôtre ,
sans pourtant adopter en tout sa doctrine.
Il soutenait « que le corps de J.-C. était
» dans l?eucharistie , non-seulement avec
(i) Les récits de Plutarque et de Polybe contre-
disent cette version. Ge dernier affirme positivement
que les Gaulois ne se retirèrent, en faisant un traité
arec les vaincus , que pour voler au secours de leur
propre pays attaque' par les Ve'nètes , et cette opinion
acquiert un grand poids, lorsque l'on considère
quelle terreur U seule idée d'une guerre contre les
Gaulois faisait naître depuis chez les Romains. Paul
Orose dit dans son Histoire universelle que les Gau-
lais prirtnt Rome , F incendièrent et la vendirent.
2.
» le pain , mais partout , comme sa divi-
» nité, depuis l'Ascension. » Ceux qui le
suivirent, furent nommés ubiquilaires.
Après la mort de son maître , Brentius lui
succéda dans le gouvernement du parti
luthérien , et clans la faveur du duc de
Wirtemberg , qui l'admit en son conseil le
plus intime, et le combla de bienfaits. 11
fut un des principaux acteurs dans les af-
faires de la religion qui troublèrent toute
l'Europe , et mourut en 1570 à Tubingen,
où il professait la théologie. Il était tour-
menté depuis sa jeunesse d'une insomnie
qu'il devait à sa trop grande application.
On a de lui 8 vol. in-fol. de disputes en fa-
veur du luthéranisme, remède assuré con-
tre la maladie de l'auteur.
* BRE!\\VELD (Henri), prévôt du cha-
pitre d'Embrach , et protonotaire aposto-.
lique , né à Zurich , en 1478 , mort dans la
même ville en 1551 , a laissé en manuscrit
une Histoire de la Suisse en 2 vol.
* BRlvMZlUS (Samuel-Frédéric), juif
allemand , embrassa la religion chrétienne
en 1601 ; et, voulant faire connaître les
motifs de sa conversion , publia un ou-
vrage dans lequel il reproche aux Juifs
les crimes les plus odieux. Un autre juif
nommé Salomon Zebi, lui répondit, et
écrivit dans sa Thériaque judaïque les ca-
lomnies les plus absurdes contre les chré-
tiens. Ces deux ouvrages écrits en alle-
mand furent, traduits en latin par Jean
Wulfer, qui fit imprimer sa traduction à
Nuremberg en 1080 , in-4°. Il en parut une
seconde édition dans la même ville en
1715 , in-12. L'une et l'autre sont très
rares.
* BREQTTIGNY (Louis -Georges -Oit-
dard FEUDRIX de), membre de l'aca-
démie française et de celle des inscrip-
tions, né à Granville en 171G, mort à Pa-
ris en 1795 , fit de l'étude de l'histoire et
de l'antiquité l'objet constant de ses tra-
vaux. Un mémoire sur l'établissement de
l'empire et de la religion de Mahomet lui
valut , en 1759 , l'entrée à l'académie des
inscriptions et belles -lettres. Il publia
quelque temps après un Essai sur l'his-
toire de l'Yémen et une Table chronologi-
que des rois et des chefs arabes. A la paix
de 1763, le gouvernement envoya Brequi-
gny en Angleterre , pour faire le dépouil-
lement des titres relatifs à la France , dont
Thomas Carthe avait donné le catalogue ,
et qui étaient conservés à la Tour de Lon-
dres. Il y recueillit un grand nombre de
pièces authentiques relatives à nos droits
de suzeraineté sur les provinces qui furent
46
BRE
542
BUE
Autrefois détachées de l'empire français ,
soit à titre d'aliénation , soit à titre d'apa-
nage. Après trois ans de travail, il revint
en France , et en 1791 , il publia avec La-
porte duTheïl: Diplomata, chartœ,epi-
ttolœel aliamonumenta ad re s francise as
speclanliaJ 5 vol. in-fol. Brequigny fut
encore chargé en 1754 de continuer avec
M. de Villevaut la Collection des lois et or-
donnances des rois de la troisième race *
commencée par Laurière et ensuite par
Secousse , qui ayait poussé ce travail jus-
qu'au 9e volume. Brequigny en donna cinq
nouveaux volumes , et M. Pastoret , de la
3e classe de l'institut, en a publié le 15e en
1811. Cette collection doit former un char-
trier général de l'ancien droit public et
particulier de la France , de ses anciens
établissement civils, ecclésiastiques et mi-
litaires Brequigny lit ensuite paraître , en
société avec Mouchet , les trois premiers
volumes de la Table chronologique _, 1769-
1785 , in-folio , recueil des titres , chartes
et diplômes déjà imprimés. M. Bertin,
ministre d'état, le chargea encore de con-
tinuer la collection commencée par Bat-
teux , sous le titre de Mémoires sur les
Chinois, des pères Amiot , Bourgeois, etc.,
4776-1789, 14 vol. in-/».0. Ces mémoires,
composés sur les lieux par des hommes
qui entendaient la langue du pays , pré-
sentent le plus grand intérêt. Il continua
avec Mouchet le glossaire des vieux mots
français que Saintc-Palaye , mort en 1781 ,
avait laissé inaclievé , quoiqu'il y eût tra-
vaillé pendant 40 ans ; mais cet ouvrage
est resté manuscrit. On a en outre de Bre-
quigny : | Histoire des révolutions de
Gènes , 1750 , 5 vol. in-12 , très peu esti-
mée ; | Vies des anciens orateurs grecs ,
avec des réflexions sur leur éloquence,
1752 , 2 vol. in-12 , consacrés à Isocrate et
à Dion, les volumes suivans n'ont point pa-
ru ; | Calalogus manuscriptorum codicum
collegii Claromontani , 1764 , in-8°, avec
François Clément; | Strabonisrerumgeo-
graphicarum librï XVII ad /idem ma-
7tuscriptorum emendali cum latinâ Xy-
landri inlerpretalione recognitâ : adnota-
tionibus et indicibus adjunctœ sunt tabulœ
çeographicœ ad mentem Strabonis deli-
neatœ * tornus primus , Paris, 1765, 1 vol.
in-4°. Ce livre est loin de mériter l'atten-
tion des sa vans, et ne leur a pas fait re-
gretter le reste de l'édition.
BREREWOOD (Edouard), savant ma-
thématicien et antiquaire anglais , né à
Chester en 1565 , est auteur d'un ou-
vrage curieux et savant, traduit de l'an-
glais en français , sous ce titre , Recher-
ches sur la diversité des langues et des
religions dans les principales parties du
monde , par Jean de la Montagne , Paris ,
1665 , in-8°. On a encore de lui : | De pon-
deribus et preliis veierum nummorum ,
1614, in-4°; | Logica, Oxford, 1614, in-8°;
| Ethica Arislotelis , 1640 , in-4° ; | Traité
du Sabbat, 1652, in-4° (i). Il mourut à
Londres en 1615. On le consultait de toutes
parts, comme un oracle en mathémati-
ques , et il ne laissait aucune lettre sans
réponse.
* BRESCE ( J. -Marie), religieux carme,
peintre et graveur du 15e siècle, a gravé
des sujets de dévotion.
BRESILLAC ou plutôt BREZILLAC
(Jean-François de), bénédictin de Sainl-
Maur, né à Fanjaux , dans le haut Lan-
guedoc, le 12 avril 1710, mort à Paris le
11 juin 1780 , a travaillé avec son oncle
don Jacques-Martin à Y Histoire des Gau-
lois J dont il a mis au jour 2 vol. in-4°,
Paris , 1754. On lui doit aussi , conjoin-
tement avec don Pernety, la traduction
du Cours de mathématiques de Wolff,
Paris, 1747, 3 vol. in-8° : l'ouvrage de
Wolff y est abrégé, et en même temps
augmenté de plusieurs observations inté-
ressantes (2).
BRESSAM, missionnaire. {V. BRAS-
SONl.)
* BRESSANI ( Grégoire ) , philosophe
et philologue italien , né à Trévise en
1705 , fut reçu docteur à l'université de
Padoue en 1726 , et se livra d'abord tout
entier à la métaphysique. Il goûta princi-
palement les ouvrages de Platon et d'Aris-
tote , et voulut redonner à leur philoso-
phie l'empire qu'elle avait perdu. Il s'éleva
contre Descartes , Galilée et Newton, et
crut qu'ils avaient trouvé les germes de
leur savoir dans les philosophes grecs,
tout en en tirant des conséquences diffé-
rentes. Comme philosophe , il ne fut point
heureux en luttant contre la révolution
que Galilée avait faite , et ce fut en vain
(1) Brerevvood devint professeur en astronomie au
collège de Gresliara à Londres , en i5g6. Son go(l!
pour la «olilude était si grand , que rien n'était ca-
pable de l'en détourner, ni de le détacher de ses mé-
ditations mathématiques , ni de ses recherches dans
les antiquités. On attribue à sa modestie le refis*
Constant qu'il donna de faire imprimer un seul de se»
ouvrages. La publication en est due à Robert Bre-
revvood, ion neveu, qui les mit au jour après la
mort de l'auteur.
(a) On a encore de Bresillae un Dictionnaire cet M-
s [astique et canonique portait/ , Paris, 1765, 9 vo'i
ln-8°, plusieurs fois réimprime.
BRE
543
BUE
qu'il s'efforça de rendre à la manière
de philosopher d'Aristote et de Platon la
vogue qu'elle avait perdue. Bressani eut
plus de succès en défendant la langue ita-
lienne des innovations qui l'altéraient , et
en donnant l'exemple d'un zèle très vif à
conserver, dans son style , la pureté des
meilleurs auteurs qui lui étaient tous fa-
miliers. L'Italie lui doit la conservation
de la pureté native de sa langue qui com-
mençait à s'altérer. Il mourut à Padoue en
1771 , aimé et estimé de tous les savans ,
et particulièrement du célèbre Algarotti ,
qui avait en lui une confiance qui allait
jusqu'à soumettre tous ses ouvrages à son
jugement. On a de lui : | Il modo ciel filo-
sofare introdolto clal Galilei ragguagliato
al saggio di Plalone e di Arislotile t Pa-
doue, 1755, in-8° ; | Discorsi sopra le ob-
biezioni faite dal Galileo alla doltrina di
Arhtotile, ibid., 1760, in-8°; | Essai de
philosophie morale sur l'éducation des
enfanSj, 1764, qui eut beaucoup de suc-
cès ; | Discours sur la langue toscane.
BRET (Cardin le), seigneur de Fia-
court, avocat-général du parlement de
Paris , mort doyen des conseillers d'état
en 1655 , à 97 ans , fut chargé de plusieurs
commissions importantes. 11 régla les li-
mites entre la France et la Lorraine , et
établit le parlement de Metz , dont il fut
premier président. On a un recueil de ses
œuvres , in-folio , dans lequel on distin-
gue son Traité de In souveraineté du
roi , imprimé séparément , Paris , 1652 ,
in-4°.
* BRET (Henri le) , prévôt de la cathé-
drale de Montauban, naquit dans cette ville
et mourut vers 1700. Il se distingua par
son savoir, ses vertus et sa charité. Son
principal ouvrage est une Histoire de Mon-
tauban * Montauban , in-4°, divisée en
deux livres; le premier contient plusieurs
choses curieuses sur la situation et l'ori-
gine de l'église de cette ville ; le second
renferme un sommaire des guerres de
religion dans lesquelles Montauban a li-
gure.
* BRET (Antoine) , avocat, né à Dijon
en 1717 , mort à Paris le 25 février 1792.
il a laissé des comédies écrites avec pu-
reté , et qui annoncent une grande con-
naissance du théâtre ; mais elles manquent
de verve et de force comique , et les plans
en sont faiblement conçus. Il a composé
plusieurs poésies fugitives qui ont obtenu
peu de succès. L'ouvrage qui lui a fait le
plus d'honneur est son Commentaire sur
les OEuvres de Molière , qui est estimé ,
quoiqu'il laisse encore beaucoup à dési-
rer.
* BRETAGNE (don Claude ), bénédic-
tin de la congrégation de Saint-Maur, né
à Semur en Auxois en 1625 , remplit avec
distinction les emplois les plus importans
de sa congrégation , et mérita , par la so-
lidité de sa piété et les agréments de son
style, l'estime de tous les gens de bien. Il
mourut à Rouen le 15 juillet 1694. On lui
doit : | Vie de M. Bachelier de Gentes ,
Reims , 1680 , in-8° ; | Méditations sur les
principaux devoirs de la vie religieuse J
marqués dans les paroles de la profession
des religieux _, Paris , 1689 , plusieurs fois
réimprimées; | Constitution des filles de
Saint-Joseph J dites de la Providence* et
autres ouvrages.
BRETAGNE ( les ducs de ). Voyez les
noms particuliers de chacun d'eux : AR-
TUS, ANNE, JEAN, etc.
BRETEU1L. Voyez CHASTELET ( Ga-
brielle-Emilie , marquise du ).
" BRETEUIL,(Lolis-Auguste le TON-
NELIER baron de ), né à Preuilly en Tou-
raine en 1755 , débuta dans le monde avec
fort peu de fortune, et ne semblait point
appelé aux fonctions importantes qui lui
furent confiées. Son oncle, l'abbé de Bre-
teuil , ancien agent du clergé , et chan-
celier du duc d'Orléans , le fit entrer au
service , et l'introduisit dans des sociétés
distinguées, où son esprit, son caractère
prononcé , et un jugement droit et solide
le firent remarquer. Louis XV le nomma
en 1758 , son ministre plénipotentiaire
près de l'électeur de Pologne; et en 1700,
il fut envoyé en Russie avec le même titre.
Catherine II le traita fort bien; après
cette mission , il en remplit plusieurs du
même genre : d'abord à Stockholm , où il
jeta les fondemens de la fameuse diète de
1769 ; ensuite en Hollande et à Naples ,
et enfin à Vienne en 1775. Il figura en 177S
au congrès de Teschen , où il étouffa , par
sa médiation , l'embrasement prêt à écla-
ter en Europe, par la diversité des intérêts
des puissances voisines de la Bavière , au
moment de la mort de l'empereur Maxi-
milien Ier. Rappelé en France en 1785, il
fut élevé au rang de ministre d'état au dé-
partement de la maison du roi. Ses pre-
miers pas dans la carrière firent honneur
à son administration ; il seconda les vues
paternelles de Louis XVI dans l'améliora-
tion du régime des prisons , fit rendre la
liberté à plusieurs prisonniers d'état, et
changea le donjon de Vincennes en un
grenier d'approvisionnement.Cet heureux
BRÉ
début dans l'exercice de ses fonctions , ne
fit cependant pas chérir le ministre : la
rudesse de ses manières et la violence de
ses procédés en différentes occasions, fut
un grand sujet de blâme contre lui. L'ar-
restation du cardinal de Rohan en habits
pontificaux , lors de l'affaire du collier ,
lui a été vivement imputée. Il chercha ce-
pendant à s'en disculper ; mais son éloi-
gnement bien connu pour ce prélat exci-
tait une forte prévention contre lui. Il fut
pendant quelque temps assez bien avec
M. de Calonne; mais quelques rivalités
les brouillèrent. Constamment attaché aux
principes conservateurs des monarchies ,
il tenta de s'opposer aux innovations que
voulait introduire l'archevêque de Sens ;
voyant qu'il luttait en pure perte contre
un parti nombreux et attaché à dé-
crier toutes ses opérations , il se retira
en 1787. Le roi lui conserva son estime ,
et à l'époque du renvoi de Necker , il fut
placé à la tête du nouveau ministère.
Après la prise de la Bastille , il conseilla
au roi de se retirer sur Compiègne avec
ses troupes cantonnées à Versailles ; mais
il ne fut point écouté. Il se décida alors
à quitter la cour et bientôt après la France.
En 1790 , il reçut à Soleure un pouvoir ,
écrit de la main du roi, pour « traiter
» avec les cours étrangères , et proposer ,
» en son nom , les mesures qui pourraient
» tendre au rétablissement de l'autorité
» royale et à la tranquillité du royaume. »
II paraît qu'ensuite ce pouvoir fut révo-
qué. On lui a reproché de s'en être néan-
moins servi ; quoi qu'il en soit , depuis
4792 , il fut oublié de tous les partis, et ne
rentra dans sa patrie qu'en 1802. Il se
trouvait dans un état voisin de l'indigence
lorsqu'il recueillit l'héritage de Mme. de
Créqui, sa parente. II mourut à Paris le
2 novembre 1807. Le baron de Breteuil
usa noblement de son influence , dans le
temps de son ministère, pour protéger
les sciences et les arts. On lui doit le mar-
jché des Innocens à Paris, la conservation
des bas-reliefs de Jean Goujon qui en dé-
corent la belle fontaine , etc.
I * BRETEUIL ( Anne- François- Victor
LE TONNELIER de ), évêque de Montau-
ban, naquit à Paris en 1726, d'une fa-
mille noble mais peu riche. Il embrassa
la carrière de l'Eglise , et devint successi-
vement vicaire-général de Soissons et de
Narbonne, et enfin, en 1763, évêque de
Montauban. Député aux états-généraux ,
en 1789 , par le clergé du pays de Rivière-
Verdun , il refusa le serment à la consti- ,
544 BRE
tution civile , le 4 janvier 1791 , et sigrta
la célèbre Exposition des principes. Lors-
que l'Assemblée constituante fut dissoute,
Breteuil se retira en Normandie, mais
il ne put se soustraire aux dispositions du
décret de déportation. 11 fut arrêté , au
mois de juillet 1794, avec les personnes
qui lui avaient donné un asile et jeté dans
les prisons de Rouen , où il mourut le 14
août suivant, par suite de l'état de mi-
sère où il se trouva réduit , en donnant
l'exemple de la plus religieuse résigna-
tion.
* BRETIN ( Claude ), mort le 15 juin
1807^ à l'âge de quatre-vingt-un ans , fut
aumônier de Monsieur, frère de Louis
XVI. Il est auteur de Contes en verset
autres poésies, Paris, 1797, in-8°, et de
quelques poésies éparses dans divers re-
cueils.
BRETON ( François le ) , avocat, né à
Poitiers , est auteur d'une satire contre
Henri III, intitulée le Salutaire, 1586,
in-8°. Il y accusait le roi d'hypocrisie , se
plaignait du peu de justice qui se rendait
sous son règne , et lui reprochait son peu
d'autorité. Le mou , mais vindicatif mo-
narque, le fit pendre le 22 novembre 1586.
Le livre, qui n'était pas encore entière-
ment imprimé, fut brûlé parles mains
du bourreau.
* BRETON ( Raymond ) , religieux de
l'ordre de Saint -Dominique, naquit à
Beaune le 3 septembre 1609. Ses supé-
rieurs le destinèrent à leurs missions d'A-
mérique : il y passa , et exerça le minis-
tère à Saint-Domingue pendant 12 ans.
Pendant 8 autres années , il visita les An-
tilles, et en évangélisa les insulaires,
dans la langue desquels il s'était rendu
habile. Rappelé en France en 1654 , il s'y
livra à la prédication et à la direction des
consciences. Le temps que lui laissait cette
double occupation , il l'employait à des
ouvrages utiles aux missions et à ceux qui
y étoient destinés. Parmi ces ouvrages
on distingue : | Petit catéchisme, ou Sont'
maire des trois premières pairies de la
doctrine chrétienne , traduit du français
en langue des Caraïbes insulaires, Au-
xerre , 1664 , in-8° ; | Dictionnaire fran-
çais , mêlé de quantité de remarques his-
toriques pour l'éclaircissement de la lan-
gue , 1665 à 1667 , in-8° ; | Relalio gesto-
rum a primis prœdicatorum missionariis
in insulis americanis dilionis gallicœ,
prœsertim apud Indos indigenas , quos
Caraibes vulgo dicunt , ab anno 1634 ad
annum 1643. Ce dernier ouvrage fut corn-
BUE 5
posé par l'ordre du général de l'ordre de
Saint-Dominique : quoique resté inédit ,
!c Père Mathias Dupuis du même ordre ,
et Jean-Baplisle Dutertre, jésuite , en ont
eu connaissance , et en ont profilé pour
la composition de quelques ouvrages sur
le même sujet. Le Père Breton mourut le
8 janvier 1G79.
* BRETON ( Luc-Fbançois ) , né à Be-
sançon en 1731 , de parens sans fortune,
apprit , dès son enfance , l'état de menui-
sier. Son maître ayant remarqué en lui
un goût naissant pour la sculpture, cul-
tiva son talent , et lui facilita les moyens
de se perfectionner. Après avoir travaillé
quelque temps chez un sculpteur en bois,
il se rendit à Rome et parvint à se faire
connaître avantageusement par un bas-
relief représentant Y Enlèvement du Pal-
ladium , qui remporta le prix à l'école de
Saint-Luc. Admis en qualité de pension-
naire à l'école française , il se distingua
par de nouveaux succès. C'est à lui que
l'on doit le bas-relief en marbre repré-
sentant la Mort du général Wolf, et la
statue colossale de saint André, placée au
devant de l'église Saint-Claude-des-Bour-
guignons. De retour dans sa patrie , il
composa divers ouvrages, entre autres
le magnifique Tombeau de la Baume que
Ton voyait à Nîmes avant la révolution.
On a encore de lui : | deux Anges adora-
teurs, en marbre, à l'église Saint-Jean de
Besançon ; | une Descente de croix en
pierre de Tonnerre, à l'église Saint-Pierre;
j deux Statues en pierre, à l'hôtel de ville ;
| un saint Jérôme, qu'il présenta pour sa
réception à l'académie de Paris , où il ne
fut cependant point admis. Ce sculpteur,
plus remarquable par son goût et par sa
composition que par son génie , est mort
à Paris en 1800. Il fut nommé avant sa
mort membre associé de l'institut.
BRETON. Voyez GUILLAUME LE
BRETON.
* BRETONNEAU ( Guy ) , chanoine de
Saint-Laurent de Plancy au commence-
ment du 17e siècle, ensuite archidiacre de
Brie, et principal du collège dePontojse,
mort vers 1G56 , publia en 1620 une His-
toire généalogique de la maison de Bri-
çonnet, in-4°. Il est aussi auteur d'une
Méthode curieuse pour acheminer à la
langue latine par l'observation de la
langue française, Rouen, 1653 , Paris ,
1GG8, in-i2. 'Cette Méthode fut bien ac-
cueillie.
BRETONNEAU (François), né à Tours
en 16G0 , jésuite en 1675 , mourut à Paris
AS BUE
l'an 1741 , après avoir passé par tous le*
emplois de sa compagnie. Il fut reviseur
et éditeur des Sermons de ses confrères
Bourdaloue , Cheminais et Giroust. Le
Père La Rue lui appliquait , à cette occa-
sion, ces paroles de l'éloge que l'Eglise
fait de saint Martin , et l'appelait Trium
mortuorum suscilator magnificus. Il ré-
digea et fit imprimer les Pensées du Père
Bourdaloue sur divers sujets de religion
et de morale, Paris, 1735, 3 vol. in-12.
11 a revu aussi les Œuvres spirituelles
du Père Valois, et une partie des Sermons
du Père La Rue. On doit rendre justice à
chacune des préfaces qu'il a mises à la
tète de ces éditions. Les analyses qu'il a
faites des Discours dont il est l'éditeur,
sont exactes , claires , précises , et très-
propres à donner aux jeunes orateurs
ebrétiens l'idée d'un plan bien concerté et
bien rempli par l'enchaînement des preu-
ves. Bretonneau était prédicateur lui-
même. Ses Sermons, en 7 vol. in-12 , pu-
bliés en 1743 par le Père Berruyer , res-
pirent une éloquence chrétienne. Les grâ-
ces de l'action lui manquaient , mais il
avait toutes les autres parties de l'orateur
sacré. Ses vertus furent l'appui de ses
Sermons. On a encore de Bretonneau des
| Réflexions chrétiennes pour les jeunes
gens qui entrent dans le monde , in-12 , et
| l'Abrégé de la vie de Jacques II, in-12,
tirée d'un écrit de son confesseur.
BRETONNIER( Barthéijgmi -Joseph ),
avocat au parlement de Paris , plaida et
écrivit avec succès. 11 naquit à Montro-
tier, près de Lyon , en 1656 , d'un mé-
decin, et mourut à Paris en 1722. On a de
lui : | une édition des OEuvres de Claude
Henry s , 2 vol. in-folio , avec des obser-
vations qui ont beaucoup perfectionné
cet ouvrage. | Recueil par ordre alpha-
bétique des principales questions de droit
qui se jugent diversement dans différais
tribunaux du royaume, 1 vol. in-12 ,
réimprimé avec des additions en 175G,
en 2 vol. Boucher d'Argisen a donné une
édition avec des remarques , Paris , 1785 ,
in-4°. Le chancelier d'Aguesseau, qui avait
toujours pensé à rendre la jurisprudence
uniforme, l'avait engagé à ce travail :
Bretonnier l'exécuta d'une manière digne
des vues de ce grand magistrat. Tous les
principes du droit écrit et des coutumes
y sont renfermés avec autant de netteté
que de précision. La préface seule vaut
un gros ouvrage. Ce jurisconsulte a laissé
encore des Mémoires sur des affaires im-
portantes dont il avait été chargé. Ils sont
M.
BRE
546
BRE
moins estimes que ses autres produc-
tions.
BRETTEVILLE ( Etienne DUBOIS,
connu sous le nom d'abbé de ), né en 1650
à Bretleville-sur-Bordel , près de Caen ,
en Normandie, se lit jésuite en 1667 , et
abandonna cet état en 1678. Il s'appliqua
depuis avec succès à l'instruction des
jeunes ecclésiastiques , qui se destinaient
au ministère de la prédication ; mais ses
travaux ne furent pas longs , étant mort
en 1688. Il avait donné , trois ans aupara-
vant , des Essais de sermons en 4 vol.
in-8° , où il y a six différens desseins pour
chaque jour, avec des sentences choisies
de l'Ecriture sainte. Son style n'est ni pur
ni élégant; mais le choix des sermons est
assez bien fait. L'abbé du Jarry y a donné
une suite eh S vol. in-8°, qui ne peut être
comparée à l'ouvrage du premier au-
teur. On a encore de l'abbé de Brette-
ville des Essais de panégyriques , in-8°;
et Y Eloquence de la chaire et du bar-
reau, Paris, 1689, in-12, plus estimée
pour les exemples qu'il donne , que pour
les règles qu'il prescrit.
BUEUGIIEL ( Pierre ), surnommé
Breughel le Vieux ou le Drôle , naquit
à Breughel en Hollande , l'an 1510. Ce
peintre excella dans les représentations
des fêtes champêtres. Les caractères , les
manières , les gestes des paysans y sont
rendus avec beaucoup de vérité. On a
encore de lui des marches d'armée , des
attaques de coche , etc. On estime sur-
tout les paysages dont il a orné ses dif-
férens tableaux. Quelques-uns se voient
à Paris, au Palais-Royal. Il mourut en
1570.
BREUGHEL ( Jean ), fils aîné du pré-
cédent , surnommé Breughel de Velours,
parce qu'il s'habillait ordinairement de
cette étoffe , peignit d'abord des fleurs et
des fruits, et ensuite des vues de mer,
ornées de petites figures et de paysages
extrêmement gracieux. Rubens l'em-
ploya dans quelques-uns de ses tableaux
pour peindre cette partie. Sa louche était
légère et ses figures correctes. Il mourut
en 1642 , à 67 ans.
BREUGHEL ( Pierre ), connu sous le
nom de Breughel le Jeune , autre fils de
Breughel le Vieux , né en 1567 , mort en
1625 , excella à représenter des incen-
dies , des feux , des sièges , des tours de
magiciens et de diables , ce qui le fit ap-
peler Breughel d'Enfer.
BREUIL ( Jean du ), jésuite , né à Pa-
ris , et mort à Dijon le 27 avril 1670 , est
auteur d'une Perspective pratique, n«f-
cessaire aux peintres , graveurs , scul-
pteurs , architectes , Paris , 1642-1649, 5
vol. in-4°. Elle est recherchée des cu-
rieux.
BREUL ( Jacques du ), né à Paris en
1528, bénédictin de Saint-Germain-des-
Près en 1549, mourut en 1614. On a de
lui : | Le Théâtre des antiquités de Paris,
in-4°, 1612. C'est le répertoire de la plu-
part des fondations de la ville de Paris :
on y remarque des particularités intéres»
santés parmi un amas assez indigeste d'é-
poques et de recherches. L'auteur des
Essais sur Paris a su depuis "écarter les
épines de l'érudition du Père du Breul ;
mais il les a remplacées par beaucoup de
faussetés et de petits artifices de philoso-
phie. | Supplementum antiquitatum Pa-
risiensium, in-4° , Paris, 1614, ouvrage
peu commun , qui renferme plusieurs
auteurs anciens qui ont parlé de Paris ,
et qui a les mêmes avantages et les mêmes
défauts que le précédent. | Les Fastes de
Paris par Pierre Bonfons ., augmentés,
in-8° , curieux. | La Vie du cardinal
Charles de Bourbon{ oncle de Henri IV),
1512, in- 4°. | La Chronique des abbés de
Saint-Germain , avec Y Histoire d'Ai-
moin, qu'il fit imprimer en 1603.
* BREUIVING ( Chrétien-Henri ) , né
à Leipsick le 24 décembre 1719, professa
le droit avec distinction dans sa ville na-
tale. Il composa sur le droit naturel et
politique plusieurs ouvrages qui ne man-
quent point d'intérêt et qui peuvent être
lus utilement. On a de lui: | Depatriœpo-
teslate ejusque effectibus ex principiis
juris naturas , tract. 1 et 2, Leipsick,
1751-55, in-4°; | De prœscriplione jure
gentium incognita, ibid. 1752; | Primai
lineœ juris ecclesiastici universalisa vanc-
fort , 1759, in-8°; | Prima linea juris na-
turœ,Y767 ; | De matrimonio cum se-
cunda conjuge conlracto, priore non re-
pudiala, Leipsick, 1776 , etc. Breuning
est mort en 1780.
BREUNIXG ( Jean-Jacques ) , né à
Buchembach dans le duché de Wurtem-
berg en 1552, parcourut pendant trois
ans l'Angleterre , la Fiance et l'Italie , et
s'embarqua, en 1579, à Venise, pour la
Terre-Sainte. Il se rendit à Constantino-
ple, de là en Egypte, visita en observa-
teur les lieux les plus inléressans de
cette belle contrée , et arriva enfin à Jé-
rusalem, où ses vœux l'appelaient de-
puis long-temps. Tout protestant qu'il
était . il ne put s'empêcher d'être saisi
BRE
t>/i-7
BRE
d'un frémissement religieux en entrant
dans le saint-sépulcre. Il traversa le mont
Liban, où il trouva encore vingt-six cè-
dres. Il recueillit des détails sur les D ru-
ses elles Maronites. Arrivé dans sa pa-
trie , il fut choisi en 1595 pour élre gou-
verneur de Jean-Frédéric , duc de Wur-
temberg , qu'il accompagna à 1'univer-
silé de Tubingen, pour y diriger ses étu-
des. C'est à l'instigation de ce prince qu'il
fil imprimer la relation de son voyage ,
qui parut à Strasbourg , en 1612 , sous le
titre de Voyage en Orient, par noble et
discrète personne Jean-Jacques Breu-
ning, seigneur de Buchembach, 1 vol. in^
fol. en allemand. Cet ouvrage est fort
rare; Eeschingle cite quelquefois.
BREVAL (Johx DURAND), originaire
français , fit ses études à Cambridge , s'at-
tacha au service du duc de Marlborough,
qui lui donna le rang de capitaine , et
l'employa en diverses négociations en
Allemagne. Il mourut le 9 janvier 1738.
On a de lui : |Des Voyages * qui ont paru
en 1726 et 1758 , sous ce titre , Remarques
sur différentes parties de l'Europe, 2 vol.
in-fol. fig. en anglais. | Des Poésies, et
quelques pièces de théâtre.
' BRÈVES (François SAYARYde),né
en 1560 , d'une très ancienne famille , fut
un des plus habiles négociateurs des siè-
cles de Henri IV et de Louis XIV. Il
accompagna , à l'âge de 22 ans , Jacques
de Sa var y à l'ambassade de la Porte, et
lui succéda après sa mort , l'an 1591. De
Brèves sut captiver la confiance du sul-
tan, et conclut avec ce prince, après
plusieurs années de travaux , le fameux
traité de 1604 entre Henri le Grand et
Achmet, fort avantageux à la France.
Quelques années auparavant , et lorsque
la ligue alors très puissante dominait en-
core à Marseille, le sultan Amurat III avait
écrit, à la prière de Brèves, une lettre
aux Marseillais, assez curieuse et par la-
quelle il leur ordonnait de se soumettre au
roi Henri IV, et les menaçait, s'ils persis-
taient dans leur obstination, de confis-
quer tous leurs vaisseaux. Ayant terminé
sa mission, l'ambassadeur partit de Con-
stanlinopleau mois de mai 1605. Il eut à
faire exécuter à Tunis et à Alger les or-
dres qu'il avait obtenus du grand-seigneur
pour la délivrance des chrétiens et la res-
titution des vaisseaux pris par les cor-
saires de Barbarie. Il y parvint avec assez
de peine à Tunis ; mais il ne put réussir
à Alger. Il y courut même beaucoup de
dangers. Il visila ensuite l'Egypte , la
Terre-Sainte et une partie des côtes d'«
sic et d'Afrique. Enfin, après un séjour
de 22 ans dans l'Orient , de Brèves débar-
qua à Marseille le 19 novembre 1G06. Il
fut nommé conseiller d'état et gentil-
homme de la chambre. Il eut ensuite
l'ambassade de Rome , et la remplit avec
habileté. A son retour et après la mort
de Henri IV , il fut nommé gouver-
neur de Gaston de France, fièrc unu-
que du roi , et surintendant de sa mai-
son. Lorsque le connétable de Luynes
s'empara du pouvoir , il perdit l'emploi
de gouverneur, mais après la chute de
cet orgueilleux favori , il fut nommé pre-
mier écuyer de la reine , et sa terre fut
érigée en comté en 1625. On le créa la
même année chevalier de l'ordre du Saint-
Esprit. Il eut entrée au conseil des dépè-
ches en 1627 , et mourut à Paris en 1628.
De Brèves élail fort instruit dans la litté-
rature orientale et la langue turque, et ce
fut une des causes de ses succès dans son
ambassade. Il rapporta du Levant plus de
100 volumes, et fit graver à Rome, par
les plus habiles artistes , des caractères
orientaux avec lesquels on imprima à
Paris plusieurs ouvrages en celte langue,
dont il surveilla l'exéculion , entre autres
le traité de 1604 dont il a été parlé. Outre
la relation de ses voyages, publiée à
Paris en 1628 , in-4° , d'après ses mémoi-
res, par Jacques du Castel, l'un de ses
secrétaires , il a laissé deux petitsouvrages
dont le but est entièrement opposé. L'un
a pour titre : Discours abrégé des asseic-
rez moyens d'anéantir et ruiner la mo-
narchie des princes ottomans; l'autre
est intitulé Discours sur l'alliance qu'a
le roi avec le grand-seigneur.
* BREV1AT ( Daniel ), né à Jersey en
1616 , passa en France le temps de la ré-
volution , et retourna dans sa pairie à la
restauration. Il mourut en 1696 à Lin-
coln , où il était chanoine. On a de lui un
Traité de l'Eucharistie.
* BREVIO ( Jean ), prélat vénitien du
16e siècle, a publié : | Orazione d'Tso-
crate a Nicocle , traduit du grec , 1541;
| un volume de Poésies el de Prose sliome,
1445 , in-8" , et quelques Nouvelles qui se
trouvent avec celles de Sansovino.
* BREYDEXBYCH ( Bernard de ),
doyen de l'église de Mayence , dans le
15e siècle , fit un voyage à Jérusalem et
au mont Sinaï , dont il fit imprimer la
relation en latin : Opusculum sanctarum
peregrinationum in montent Syon, ad ve-
nerandum Christi sepulchrum in Jert*~
îmE
S 48
Mur
mîein, atque in montem Synai ad divam
virginem et martirem Katherinam ,
Mayence , i486 , in-fol. Cet ouvrage, fut
réimprimé à Spire en 1490 cl 1502. Cette
dernière édition a pour titre : Peregrina-
tio Hierosohjmitana ad sepulchrum Do-
mini ci Kathariniana ad montem Sinaï,
per varias parles Orienlis, cum iconibus.
Jehan de Hersin , religieux augustin , pu-
blia une traduction française de ce voya-
ge , sous ce titre : Voyage et pèlerinage
d'oultre mer au saint Sépulcre de Hié-
rusalem, et de madame saine te Catherine
aumonl Synaï,Lyon, 1489 , in-fol. Il a été
aussi traduit en flamand , Mayence , 1488,
in-fol.
BREYER ( Rémi ), docteur de Sorbon-
ne , et chanoine de l'église de Troyes en
Champagne , naquit dans cette ville en
1669, et y mourut en 1749. On a de lui
une Dissertation sur les paroles de la
consécration, in-8° , où il tâche de prou-
ver contre le Père le Brun, que les Grecs
et les Latins avaient renfermé la consécra-
tion dans ces paroles : Hoc est, etc. Il a
eu beaucoup de part au Missel de Troyes,
et a publié les Vies de saint Aldérald,
de saint Prudence et de sainte Maure,
avec des éclaircissemens curieux. Ce sa-
vant répandait de l'érudition dans ses
ouvrages , mais très peu d'agrément.
BREYNIUS ( Jacques ) , de Dantzick,
originaire des Pays-Bas , mort en 1697 ,
âgé de 60 ans, a donné : Plantarum exoti-
carum centuria I, Dantzick, 1678, in-
fol. fig. Fasciculus I et II plantarum ,
1688 et 1689 , in-4° : ouvrages peu com-
muns.
* BREZ ( Jacques ) , ministre protes-
tant, né à Mkidelbourg en 1771, et mort
dans cette ville en 1798, a publié : | Flore
des insectophiles , précédée d'un discours
sur l'utilité de l'étude de l'insectologie _,
Utrecht , 1791 , in-8° ; | Histoire des Vau-
dois habitant la vallée occidentale du
Piémont, 1769, 2 vol. in-8°; il a joint à
cet ouvrage une traduction du catéchis-
me des Vaudois et des fragment d'un
poème en langue vaudoise daté de 1100 :
Barbier attribue cette histoire à un autre
Brez qui est mort en 1810 dans la Zélan-
de ; | Voyages inléressans pour l'in-
struction et l'amusement de la jeunesse,
dans le goût du recueil de Campe,
Utrecht , 1792 , in-8°. Tous ses ouvrages
sont écrits en français.
BREPE. Voyez MAILLÉ.
BREZILLAC ( Jeax-Frawçois) . Voyez
BRESILLAC.
* BREZOLLES ( Ignace Mou de ),
docteur de Sorbonne , a publié un Traité
sur la juridiction ecclésiastique conten-
tieuse ou théorie et pratique des. officia-
ntes , etc. Paris , 1779 , 2 vol. in-4° , réim-
primé en 1781 , sous le titre de pratique
des officialités. On lui doit aussi une
seconde édition du traité des bénéfices
ecclésiastiques de Gohard , Paris , 1763,
7 vol. in-4°. Ce savant théologien mourut
en 1778.
* BRIAL ( Michel-Jean- Joseph ), né
à Perpignan le 26 mai 1743, entra fort
jeune encore dans la congrégation des
bénédictins , et prononça ses vœux au
monastère de la Daurade , à Toulouse ,
le 15 mai 1764. Il vint à Paris , en 1771 ,
et fut placé aux Blancs-Manteaux pour y
travailler avec don Clément à la col-
lection des Historiens de France , dont
ils rédigèrent de concert les tomes 12
et 13. Ce dernier volume fut publié en
1786. La révolution ayant amené l'aboli-
tion des ordres religieux , cette impor-
tante collection fut interrompue. A peine
l'institut national avait-il été organisé
que le gouvernement sentit l'avanlage
qu'il y aurait à charger ce corps savant
de la continuation des travaux historiques
des bénédictins. Brial reçut alors la mis-
sion de poursuivre seul la lâche labo-
rieuse et difficile/ qu'il avait entreprise
dans sa jeunesse avec ses collègues. En
1803 , il fut reçu membre de l'institut,
classe d'histoire et de littérature ancienne;
l'année suivante, il publia le 14e volume
des historiens de France. Il en fit paraître
successivement différens volumes jus-
qu'au 18e qui fut publié en 1818 , et il
a laissé des matériaux considérables pour
le 19e volume. Ainsi Brial est , après don
Bouquet ( voyez ce nom ) , fondateur de
ce précieux recueil. Brial est un des au-
teurs des tomes 13 , 14 , 13 et 16K de YIHs-
toire littéraire de la France. Il a participé
à la rédaction de la Notice des manuscrits
de la bibliothèque du roi, et l'on trouve
de lui de judicieuses Dissertations dans la
nouvelle série des Mémoires de l'aca-
démie des inscriptions. Enfin il est au-
teur de Y F loge historique de don Labat ,
bénédictin , 1803 , in-8°, et il a publié les
OEuvres posthumes du père Labcrthonie,
avec un supplément , 1810 , 1811, 2 vol.
in-12. Brial est mort à Paris, le 24 mai
1828. Peu de temps avant sa mort , il
avait fondé des écoles gratuites en faveur
des garçons et des filles pauvres des com-
munes de Bai*as et de Fia , arrondis-
BRI
549
BRI
sèment de Perpignan , lieu de naissance
de ses père et mère ; il dota chacune de
ces communes d'une rente perpétuelle
de six cents francs, pour l'entretien de
ces écoles.
* BRIANT (don Denys), bénédictin de
la congrégation de Saint-Maur, né à Pleu-
dissen, bourg du diocèse de Saint-Brieuc,
embrassa la vie monastique , et prononça
ses vœux à Rennes, dans l'abbaye de
Saint-Melaine , le 14 juillet 1684 , à l'âge
de 29 ans. Il travailla avec don Lobineau
à Y Histoire de Bretagne. Ce fut lui qui
seehargeade l'examen des faits, qui en
débrouilla les obscurités, et leur appli-
qua le flambeau de la critique. On a de
lui: | Mémoire sur V abbaye de Saint-Vin-
cent du Mans; \ Cenomania. C'est une
histoire de la province du Maine et de ses
comtes , restée manuscrite , mais il en
existe plusieurs copies dans les bibliothè-
ques, beaucoup de personnes s'étant em-
pressées d'en avoir. Don Briant a aussi
fourni beaucoup de Mémoires aux auteurs
du Gallia christiana. II est mort le 6 fé-
vrier 1716, dans l'abbaye de Riom, en
Basse-Eretagne , âgé de 61 ans.
BRIANVILLE (Cl.-Oronce-Fixé de),
abbé de Saint-Benoît de Quincy , mort en
1675 , a donné : | Abrégé chronologique
de l histoire de France, 1664 , in-12 , dont
les têtes des rois sont joliment gravées ;
| une Histoire sacrée, 3 vol. in-12 , avec
des figures de Le Clerc; le tome 1er est de
1670 , le 2e de 1671 , et le 5e de 1675 ; la
réimpression de 1693 est moins estimée.
Ces deux ouvrages ne sont guère recher-
chés que pour les estampes; car l'abbé de
Erian ville était un écrivain fort médio-
cre. On a encore de lui une traduction en
français des Lettres de Bongars , Paris,
1668 , 2 vol. in-fol.
BRIARD ( Jean ) , vice-chancelier de
l'université de Louvain , était du village
de Bailleul près d'Ath , dans le Hainaut.
Il fut fort lié avec Erasme , et mourut en
1520. On a de lui plusieurs traités en la-
tin ; un sur la loterie, un autre sur la
cause des indulgences, etc. Leipsick,
1510. — Il ne faut pas le confondre avec
Lamdert BRIABD, président de Malines
et auteur de quelques ouvrages de droit,
mort le 10 octobre 1557.
* BRIARD ( Gabriel ) , peintre d'his-
toire , né à Paris , obtint le grand prix en
1749 , et fut reçu membre de l'académie
de peinture en 1768, sur son tableau
d'Herminie au milieu des bergers. Ses
icipaux ouvrages sont le plafond de
nncipaux ouvi
la salle du banquet royal de Versailles,
représentant l'Olympe assemblé , qui est
d'une grande et belle ordonnance , et un
tableau qu'il fit pour la chapelle de Sainte-
Marguerite , représentant les anges tirant
les âmes du Purgatoire , composition bien
conçue et d'un assez bon effet. Cet artiste
travaillait avec trop de rapidité. Il dessi-
nait assez correctement , mais il n'était
point coloriste. Il mourut en 1777.
* BRICCIO ( Jean ) , un des écrivains
les plus féconds de l'Italie, naquit à Rome
en 1581, et mourut dans la même ville en
1646. Il était fils d'un matelassier qui le
destinait à la même profession ; mais le
jeune Briccio, employant à s'instruire
tous les instans qu'il pouvait dérober au
travail, parvint à apprendre seul toutes
les sciences. La peinture ne lui fut point
étrangère, le célèbre Frédéric Zucchari
lui enseigna cet art. On cite de lui plus
de 80 ouvrages parmi lesquels on distin-
gue des Vies de saints , des Ecrits ascé-
tiques, des Histoires , des Poésies diver-
ses.—BRICCIO (Plautille ), fille du pré-
cédent, avait de grandes connaissances
en architecture. On lui doit le plan du
petit palais français bâti hors et près de
la porte de Saint-Pancrace. C'est elle
aussi qui donna le dessin de la chapelle
de Saint-Benoit , dans l'église de Saint-
Louis-des-Franç ais .
* BRICCIO ( Paul ), religieux récollet,
d'une ancienne famille de Brà en Pié-
mont, eut le titre de théologien de la du-
chesse de Savoie , fut élu évêque d'Albe
en 1642, et mourut en 1663. On a de lui
quelques ouvrages sur l'histoire ecclésias-
tique de l'Italie.
BRICE ( saint ), en latin Brixius , évê-
que de Tours , successeur de saint Mar-
tin, accusé par ses ennemis d'avoir eu un
enfant d'une religieuse , fut chassé de son
siège. S'étant lavé de cette calomnie, il
retourna dans son diocèse , et y mourut
le 13 novembre 444. Son culte était autre-
fois très célèbre en France; les protes-
tans eux-mêmes ont laissé son nom dans
leur calendrier.
BRICE (Germain ), né à Paris en 1652,
mort en 1727 , est principalement connu
par sa Description de la ville dû Paris
et de tout ce qu'elle contient de remar-
quable. La meilleure édition de cet ou-
vrage , mal écrit , inexact , mais curieux ,
est celle de 1752 , en 4 vol. in-12. L'au-
teur a farci son livre d'épitaphes , mais
il n'a pas mis les meilleures. C'est l'abbé
Pérau qui dirigea cette édition. — Il ne
BUT
faut pas confondre Germain Brice avec
un autre du même nom, qui écrivit dans
le siècle précédent. ( Voyez BRIE. )
BRICE (don Etienne-Gabriel ), né à
Paris en 1697, était neveu du précédent. Il
mourut en 1755 , dans l'abbaye de Saint-
Germain-des-Trés, où il était chargé ,
depuis l'an 1731 , de diriger la continua-
tion du nouveau Gallia chrhliana, 13
vol. in-fol. La congrégation de Saint-
Maur a eu peu d'hommes aussi savans.
* BRICIIE (Louis-André, vicomte de),
né en 1772 , entra , en 1789 , dans la car-
rière militaire , et fit les premières cam-
pagnes de la révolution. Après s'être plu-
sieurs fois distingué en Italie , notam-
ment à la bataille de la Trébia , à celle
de Marengo , au passage du Mincio , il
fit les campagnes d'Allemagne et fut
nommé , en 1806 , colonel du 10e de hus-
sards. En 1808 , il conduisit son régi-
ment en Espagne , fit encore briller ses
talens militaires à la bataille d'Ocana,
au passage de Fuente de Cantos , au com-
bat de la Gébora , et fut élevé , le 27 dé-
cembre 1809 , au grade de général de
brigade. En 1813, le vicomte de Briche
fut nommé général de division. Dans la
campagne de 1814 , il battit les cosaques
près d'Epinal , et à l'attaque du pont de
Clerci , près de Troyes. Louis XVIII le
créa chevalier de Saint-Louis, au mois de
juillet de la même année , et lui confia
le commandement du département du
Gard. Ayant tenté à l'époque des cent
jours de s'opposer au mouvement insur-
rectionnel que la nouvelle du débarque-
ment de Bonaparte avait excité jusque
parmi ses soldats , il fut fait prisonnier.
Il aurait été mis en jugement , si sa femme
n'avait obtenu de l'empereur qu'on se
contenterait de le rayer de la liste des
officiers-généraux II présida , en juillet
1816 , la commission militaire qui con-
damna le général Moulon-Duvernet à être
fusillé. De Briche est mort à Marseille
le 22 mai 1825.
BRIÇONNET ( Guillaume ) , dit Cardi-
nal de Saint-Malo, successivement évê-
que de Nîmes , de Saint-Malo , archevêque
de Reims et de Narbonne, fut honoré de
la pourpre romaine par Alexandre VI en
1A95 , en présence de Charles VIII , qui
se trouva alors au consistoire. Ce prince
l'aimait beaucoup , et ce fut , dit-on , à sa
persuasion qu'il entreprit la conquête du
royaume de Naples. L'ardeur avec la-
quelle ce cardinal parla contre Jules II
dans le et nciliabule de Pise , le fit priver
S50 BRI
de sa dignité; mais Léon X la lui ren-
dit ensuite. Il mourut en 1514 , laissant
deux fils , héritiers de ses vertus , qui
lui servirent un jour, à une messe cé-
lébrée pontiiicalement , l'un de diacre et
l'autre de sous-diacre. Il avait été marié
avant de s'engager dans les ordres. Les his-
toriens le louent comme un prélat qui avait
l'esprit des affaires , joint à beaucoup de
zèle pour la gloire de la patrie , et à
beaucoup d'amour pour les lettres et pour
ceux qui les cultivaient. — Son fils , Guil-
laume, évêque de Meaux en 1516, et mort
en 1533 , se laissa surprendre par les
calvinistes ; mais il reconnut sa faute et
la pleura.
* BRIÇONXET ( Robert ) , archevêque
de Reims , frère du cardinal , mourut à
Moulins en 1497 , après avoir exercé la
charge de chancelier pendant vingt-deux
mois. — * BRIÇONNET ( Denis ) , autre
frère du cardinal , fut évêque de Toulon
et de Saint-Malo. Il servait tous les jours
treize pauvres à sa table. Vers la fin
de sa vie , il se démit de son évêché ,
ne conservant que ses abbayes. Il mourut
en 1556.
* BRIDAINE ( Jacques ) , célèbre mis-
sionnaire , naquit au village de Chusclam,
dans le diocèse d'Uzès, le 21 mars 1701 ,
d'une famille honnête et recommandable
surtout par son invariable attachement à
la foi catholique , et fit avec distinction
ses études chez les jésuites d'Avignon. Sa
piété , son heureux caractère , son amour
pour les pauvres, et les talens rares qu'il
annonçait , lui acquirent toute l'affection
de ses maîtres. Après avoir terminé ses
humanités , il entra au séminaire de
Saint-Charles de la Croix dans la même
ville. Ses supérieurs le chargèrent pen-
dant son noviciat de faire le catéchisme
dans diverses églises , et il annonça dès
lors celle facilité d'élocution, ce talent
d'émouvoir et d'entraîner , qu'il dévelop-
pa dans la suite de sa carrière évangélique
avec tant de succès. Bridaine n'étoit que
diacre , lorsqu'il fut désigné pour remplir
la station du carême à Aiguës- Mortes,
dans le diocèse de Nîmes. Sans prépara-
tion et muni seulement de trois sermons,
il arriva dans cette ville à pied et dans le
plus modeste équipage. Sa jeunesse et sa
simplicité indisposèrent les habitans qui
ne lui témoignèrent que du mépris. Le
mercredi des cendres, ayant vainement
attendu des auditeurs à l'église , il sort
revêtu de son surplis, une clochette à la
main, et parcourt en la faisant sonner les
BRI
551
BRI
rues les plus fréquentées de la ville. La
nouveauté de ce spectacle étonne. La foule
le suit par curiosité , et se précipite sur
ses pas dans le temple ; il monte en chaire,
entonne un cantique sur la mort, et, pour
toute réponse aux éclats de rire qui ont
acrueilli son chant, paraphrase ce sujet
terrible avec une véhémence qui lit bien-
tôt succéder le silence et la consternation
à la dérision et au tumulte. Il remplit en-
suite toute la station avec le plus grand
succès , malgré le peu de matériaux qu'il
avait apportés , en s'abandonnant aux in-
spirations du moment , et il se trouva si
bien de cette méthode , que dès lors il en
suivit rarement une autre. Bridaine or-
donné prêtre le 20 mai 1725, se consacra
aussitôt aux missions , et fut d'abord em-
ployé dans les Cévennes. Il évangélisa
ensuite le Languedoc, la Provence, le
comlat d'Avignon, le Dauphiné, et un
grand nombre d'autres provinces. Il don-
na jusqu'à 2oG missions, et dans toutes il
produisit les fruits les plus abondans. Il
avait une voix d'un éclat prodigieux, mais
si sonore et si nette , que dans les églises
les plus vastes , lorsqu'elles étaient rem-
plies, il était également entendu de tout
son auditoire (i) ; il savait prendre tous les
tons, il les appropriait aux circonstances
avec une rare adresse. Tantôt simple, tan-
tôt sublime, heureux jusque dans ses né-
gligences, il dédaignait l'art et les règles
pour n'obéir qu'aux impulsions de son
génie et suivre les mouvemens de son
âme. La pureté de sa vie qui retraçait celle
des premiers apôtres, justifiait bien la vé-
nération générale dont il était l'objet. Aussi
les conversions éclatantes , les réconcilia-
tions inespérées, les restitutions, les ré-
parations publiques, signalaient son pas-
sage dans les villes. Les plus illustres pré-
lats demandaient à l'en vi le concours d'un
homme aussi puissant , et toujours il se
rendait à leur invitation , sans calculer si
ses forces pouvaient suffire à tant de fati-
gues. Plus d'une fois il en fut gravement
incommodé ; mais à peine remis , il re-
(t) L'org»ne tonnant de Bridaine , dit le cardinal
IYI mry, dans son Essai sur l'éloquence de la chaire,
ajoutait une nouvelle énergie à son éloquence, et
l'auditoire, accablé par l'impétuosité de son action
et la puissance de ses figures , était alors consterné
devant lui. Le- silence profond qui régnait dans ras-
semblée , surtout quand il prêchait, selon sa cou-
tume, à l'entrée de la nuit, était interrompu de
temps en temps par des soupirs longs et lugubres,
qui partaient à la fois de toutes les extrémités du
temple dont les voûtes retentissaient enfin de cris
Inarticulé» et de profonds gémissemen»
prenait le cours de ses travaux. Deux fols
il fut appelé à Paris , et ce fut dans cette
ville qu'il improvisa à Saint-Sulpice , de-
vant l'auditoire le plus brillant , cet ex-
orde sublime , que l'abbé Maury nous a
conservé : « A la vue d'un auditoire si
» nouveau pour moi , il semble , mes Frè-
» res , que je ne devrais ouvrir la bouche
» que pour vous demander grâce en fa- ♦
» veur d'un pauvre missionnaire, dépour-
» vu de tous les talens que vous exigez
» quand on vient vous parler de votre sa-
» lut. J'éprouve cependant aujourd'hui
» un sentiment bien différent ; et si je suis
» humilié, gardez, - vous de croire que je
» m'abaisse aux misérables inquiétudes
» de la vanité, comme si j'étais accoutumé
» à rne prêcher moi - même ! A Dieu ne
» plaise , qu'un ministre du Ciel pense ja-
» mais avoir besoin d'excuse auprès de
» vous; car. qui que vous soyez, vous n'êtes
» tous , comme moi , que des pécheurs.
» C'est donc unique ment devant votre Dieu
» et le mien, que je me sens pressé dans
» ce moment de frapper ma poitrine. Jus-
» qu'à présent j'ai publié les justices du
» Très-Haut dans des temples couverts de
» chaume ; j'ai prêché les rigueurs de la
» pénitence à des infortunés qui man-
» quaient de pain ! j'ai annoncé aux bons
» habitans des campagnes , les vérités les
» plus effrayantes de ma religion... Qu'ai-
»je fait, malheureux ! j'ai contristé les*
» pauvres , les meilleurs amis de mon
i> Dieu ; j'ai porté l'épouvante et la dou-
» leur dans ces âmes simples et fidèles ,
» que j'aurais dû plaindre et consoler !
» C'est ici , où mes regards ne tombent
» que sur des grands , sur des riches , sur
» des oppresseurs de l'humanité souf-
» frante , ou sur des pécheurs audacieux
» et endurcis, ah! c'est ici seulement qu'il
» fallait faire retentir la parole sainte dans
» toute la force de son tonnerre, et placer
» avec moi dans cette chaire, d'un côté,
» la mort qui vous menace , de l'autre ,
» mon grand Dieu qui vient vous juger.
» Je tiens déjà dans ce moment votre sen-
» tence à la main : tremblez donc devant
» moi , hommes superbes et dédaigneux ,
» qui m'écoutez ! La nécessité du salut , la
» certitude de la mort , l'incertitude de
» cette heure si effroyable pour vous ,
» l'impénitence finale, le jugement der*
» nier, le petit nombre des élus , l'enfer, et
» par-dessus tout l'éternité ! l'éternitét
•o voilà les sujets dont je viens vous en-
tretenir et que j'aurais dû sans doute
«réserver pour vous seuls. Eh! qu'ai-je
BRI
552
BRI
» besoin de vos suffrages , qui me damne-
» raient peut-èlre sans vous sauver ? Dieu
» va vous émouvoir , tandis que son in-
» digne ministre vous parlera ;. car j'ai ac-
» quis une longue expérience de ses mi-
» séricordes. C'est lui-même, c'est lui
» seul qui , dans quelques instans , va re-
» muer le fond de vos consciences. Frap-
% pés aussitôt d'effroi, pénétrés d'horreur
» pour vos iniquités passées, vous viendrez
» vous jeter entre les bras de ma charité ,
» en versant des larmes de componction et
» de repentir, et à force de remords, vous
» me trouverez assez éloquent. » Le reste
du sermon avait été préparé d'avance , et
prouve que , dans ses discours travaillés ,
Bridaine écrivait avec autant de chaleur
que de goût. Massillon lui-même en l'en-
tendant fut rempli d'admiration. Plusieurs
autres illustres prélats , entre autres M.
Languet, archevêque de Sens, MM. de
Pompignan, de Charency, de Séez , lui
témoignèrent la même estime. Le cardi-
nal de Fleuri avait voulu le voir, et avait
des vues sur lui pour l'établissement d'une
société de missionnaires en France. Le
souverain pontife Benoit XIV donna au
Père Bridaine , dans un voyage que celui-
ci fit à Borne en 1750 , les marques d'une
considération particulière , et lui accorda
le pouvoir de faire la mission dans toute
l'étendue de la chrétienté. Bien ne put ja-
mais ralentir son zélé, ébranler son cou-
rage; ni les persécutions secrètes qu'il
eut souvent à éprouver , ni les attaques
des novateurs, ni les peines, ni l'affaiblis-
sement de ses forces, ne purent l'em-
pêcher de poursuivre jusqu'à ses der-
niers momens sa noble carrière. Il mou-
rut à Boquemaure , âgé de soixante-
six ans, en revenant de Villencuve-lès-
Avignon , où il avait donné une mission ,
malgré une maladie qui , depuis long-
temps, le faisait souffrir cruellement; il
y succomba le 22 décembre 1767. La vie
du Père Bridaine a été publiée par l'abbé
Carron, qui l'a justement appelé le modèle
des préires. Ses cantiques, d'abord inti-
tulés Cantiques spirituels à l'usage des
missions royales du diocèse d'Alais,
parce qu'il consacra long-temps ses tra-
vaux à cette contrée , et ensuite simple-
ment Cantiques spirituels, ont eu jusqu'à
kl éditions.
* BRIDAN ( CHARLES-A\TOINE ) , SCUlp
teur , né à Buvière en Bourgogne , l'an
4730 , étudia à Paris la sculpture avec
succès, et obtint le grand prix à l'âge
il séjourna trois ans. De retour à ParU
en 1764 , il présenta à l'académie de pein-
ture son groupe du martyre de saint Bar»
thélemi , qui le lit agréger à cette société,
et en 1772 il y fut admis comme aca-
démicien. Parmi les ouvrages de cet ar-
tiste on distingue son groupe de V Assomp-
tion , qui est dans la cathédrale de Char-
tres ; les statues de Bayard et de Vau-
ban , dans la galerie des Tuileries ; un
Vulcain , au jardin de Luxembourg , et
le buste de Cochin , son dernier ouvrage.
Il avait occupé la place de professeur
à l'académie de peinture pendant 32 ans,
et mourut à Paris le 28 avril 1305.
BRIDA.ULT ( Jean-Pierre ) , maître
de pension à Paris , mort le 2A octobre
1761 , avait du goût et de la littérature.
On a de lui deux ouvrages utiles : | Phrases
et sentences tirées des comédies de Té-
rence, Paris, 1715, in-12. | Mœurs et
coutumes des Romains _, 1755, 2 vol. in-12 :
cet ouvrage offre un tableau général des
usages les plus curieux et les plus sin-
guliers de l'ancienne Borne. Ce n'est ni
un abrégé ni une répétition des grandes
histoires romaines , c'est précisément un
recueil de tout ce qu'on n'y trouve pas.
* BRIDEL ( Jean-Louis ) , second fil$
de Jean-Bod Bridel , pasteur de Crassier,
né en décembre 1759 , mort à Lausanne
le 5 février 1821 , fut successivement pré-,
cepteur dans les Grisons et en Hollande ,
pasteur de l'église française de Bâle da
1803 à 1808 , second pasteur de Cosso-
nay dans le canton de Vaud , et pro-
fesseur d'interprétation des livres saints
et des langues orientales de l'académie
de Lausanne depuis 1809 jusqu'à sa mort.
Il parcourut une grande partie de l'Eu-
rope, et fut pendant dix ans membre du
grand-conseil du canton de Vaud. Les
principaux ouvrages de Bridel sont : | Les
infortunes du jeune chevalier de la Lande.,
Paris (Lausanne ) , 1781 , 1 vol. in-8° ; | In-
troduction a la lecture des odes de Pin-
dare * Lausanne , 1785 , 1 vol. in-12 ; j Mé-
moire sur l'abolition des redevances féo-
dales , etc. , 1798 , brochure in-8° ; | Dis-
cours prononcé à Vevey ( à l'occasion
d'un anniversaire patriotique ) , 1799 , in-
8° ; | Réflexions sur la révolution de la
Suisse j, sur le principe de V unité * etc. ,
1800 , in-8° ; | Le pour et le contre , ou
avis à ceux qui se proposent de passer
dans les Etals-Unis d'Amérique * Paris
et Bâle , 1803 , 1 vol. in-8° ; | Le Lycée
de Flore , Bâle , 1804 , opuscule poétique ;
de 23 ans. Il passa ensuite à Borne où | j Lettre à Carionde Nizas sur la manière
BRI
555
Bill
âe traduire le Dante , suivie d'une tra-
duction en vers français du 5e chant de
l'enfer ,Bàle , 180a, 1 vol. in-4° ; | Oraison
funèbre prononcée à Bâle , Bàle, 1806,
in-8° ; | Discours chrétiens à l'occasion
des désastres du canton de Schtvitz ,
Bàle , 1807 ; | Dissertations sur l'étal et
les fonctions des prophètes , Lausanne ,
1808 , in-4° ; | Discours sur l'efficacité
morale de la lecture des livres sacrés ,
et sur le style de leurs auteurs, Lau-
sanne , 1809 , in-8° ; | Traité de l'année
juive antique et moderne , Bàle , 1810 ,
1 vol. in-8° ; | Le Livre de Job , nouvel-
lement traduit d'après le texte original
non ponctué , et les anciennes versions ,
notamment l'arabe et la syriaque , avec
un discours préliminaire , Paris , 1818 ,
I vol. in-8°. Bridel donna en outre dans
le Conservateur suisse , un grand nombre
de morceaux intéressans , la plupart signés
des initiales L. B.
* BRIDEL ( Samuel -Elisée ) , botaniste
et poète, frère du précédent, naquit à
Crassier, dans le canton de Vaud, le 28 no-
vembre 1761 , et acheva ses études à l'aca-
démie de Lausanne. Dès l'âge de 19 ans et
demi , il fut appelé à Gotha pour y faire
l'éducation des deux princes Auguste et
Frédéric de Saxe -Gotha, et fut ensuite
nommé secrétaire privé et bibliothécaire
du prince héréditaire. Le célèbre médecin
Grimmlui ayant conseillé l'étude de la bo-
tanique pour réparer sa santé , il ne s'oc-
cupa plus que de cette science , et donna
une attention spéciale aux mousses. En
i807, Bridel fut attaché, comme secrétaire,
à la légation chargée des négociations
du duc de Gotha avec Napoléon , et il sut
encore trouver du temps pour son étude
favorite. La mission la plus importante
qu'il ait eu à remplir et qu'il accomplit
avec succès est celle qui eut pour objet le
retour du prince Frédéric , qui s'était éta-
bli à Rome et avait abjuré le protestantisme .
Après la mort des deux ducs ses élèves ,
Bridel se retira dans une maison de cam-
pagne où il est mort le 7 janvier 1828.
II était membre de la société royale des
sciences de Naples, de la société bota-
nique de Ratisbonne , et de celle de Got-
lingue, de la société minéraiogique d'Iéna,
de celle des amis de l'histoire naturelle
de Berlin , de l'académie celtique et de
la société linnéenne de Paris, etc. Les
lettres de noblesse qui lui furent accor-
dées et d'autres distinctions honorifiques
furent la récompense de son mérite per-
sonnel Bridel alaïssé les ouvrages suivans ;
HISTOIRE NATURELLE : | Dissertation
sur la végétation hivernale , Journal de
Genève , 1791 ; | Muscologia recentiorum,
Gotha et Paris, 1797-1803, 5 vol. in-4°;?
| Muscologiœ recentiorum supplementum')
Gothse, 1806-1817, 5 vol. in-4° ; Methodui
nova muscorum ad naturœ novenam, etc«
Gothœ, 1819, 1 vol. in-4° ; | Bryologia uni*
versa , seu systematica ad novam metho*
dum dispositio , historia et descriptio om*
nium muscorum frondosorum hue usqui
cognitorum cum synonymia ex auctoribut
probatissimis, Leipsick, 1827 , 2 vol. in*8°i
| Ebauche d'une Flore du pays de Saxe*
Gotha, en latin , insérée dans la Statis
tique de la Thuringe; \ Diverses pièce
insérées dans les Etrennes helvétiques, et
le Conservateur Suisse , traduit de l'alle-
mand en français ; | Description des osfos*
silesde l'ours des cavernes, par Roscnmul-
ler, Weimar, 1804, in-fol. fig.; | les six pre-
mières livraisons de l'histoire naturelle
des oiseaux de Franconie , Nuremberg ,
in-fol. avec de superbes gravures; plusieurs
numéros du grand ouvrage d'histoire na-
turelle, avec fig. pour l'instruction des
enfans , Bertuch's Bilderbuch ; | Exposi-
tion de la nouvelle théorie , de la physio*
logie du docteur Gall, Leipsick, in-8° :
de l'allemand en latin ; | la Flore an-
tédiluvienne du Baron de Schlotheim 3
Gotha , 1804 , in-fol. POÉSIE ET LITTÉ-
RATURE : | Délasse mens poétiques , Lau-
sanne, 1788,1vol. in-8°, Paris, 1791,
sous le titre de Calthoneï Clessamor, suivi
d'Alala,elc; \ le Temple de la mode,
poème allégorique en prose, Lausanne,
1789, in-8°; | les loisirs de Polymnie et
d'Euterpe, Paris, 1808, in-8°; | Epitha-
lame pour le mariage du prince hérèdi*
taire Auguste de Saxe Gotha, avec la prin*
cesse Louise de Meklenbourg- Schewring
Gotha, 1801 ; | Elégie sur l'extinction dj
la dynastie de Saxe- Gotha; | un granî*
nombre de poésies fugitives, insérée
dans divers recueils. BEAUX ARTS ï
traduit de l'allemand en français | Augus
teum , ou Description des monumens an
tiques de Dresde , par Becker, Leipsick,
1804-1811, 5 vol. in-fol. avec 154 planches.
| Description des pierres gravées du ca
binet du baron de Siosch.par Schlichte
groll avec 40 gravures , Nuremberg, 1795
4 vol. in-4°; | Esthétique de la toilette,
Leipsick, in-8°. CRITIQUE : | Réflexions
sur l'état actuel de la littérature en Alle-
magne, in-12 ; | tous les articles concer-
nant la littérature française dans la Go-
thaisçhe Gelehrie mi,\ngé de 1797 à 1800.
BRI 5o
Ce Sont les seuls morceaux qu'il ait écrits
en allemand , quoiqu'il possédât parfaite-
ment cette langue. Il a encore fourni à
M. Richard pour son guide des Voyageurs,
un grand nombre d'articles sur la Suisse ,
et a laissé en outre différens manuscrits.
• BRIDGEWATER ( Jean ) , en latin
Aquapontanus , ecclésiastique anglais , né
dans le Yorkshire au commencement du
16e siècle, fit ses études à l'université
d'Oxford, et occupa différentes places
dans la nouvelle église anglicane ; mais il
était demeuré catholique au fond de son
cœur. Les remords de sa conscience lui
reprochant cette adhésion extérieure à
une doctrine dont il reconnaissait l'er-
reur, il abandonna tous ses bénéfices et
se retira au collège anglais de Douai,
avec plusieurs jeunes gens qu'il avait
élevés dans la religion catholique; il
passa ensuite à Rome, et de là en Alle-
magne, où il était encore en 1594. On
ignore le lieu et l'année de sa mort. On
lui doit : | Concerlatio virulenlœ disputa-
tionis theologicce in qua Georgius Sohn,
professor académies Ileidelbergensis ,
conatus est docere pontificem romanum
esse antichristum , Trêves, 1589, in-4°;
J Exposition des six articles qu'on pro-
pose ordinairement aux missionnaires
qui sont arrêtés en Angleterre ; \ Concer-
tait ecclesiœ catholicœ in Anglia contra
Calvino-papistas clpuritanos, sub Elisa-
betharegina, Trêves, 1594, in-8°. Cet
ouvrage contient les relations des souf-
frances et de la mort de plusieurs ca-
tholiques en Angleterre sous la reine Eli-
zabeth.
• BRIDGEWATER ( François EGER-
TON, duc de ). Voyez EGERTON.
BRIDOUL ( Toussaint ) , jésuite fla-
mand, était né à Lille, et entra dans la
compagnie de Jésus en 1618 , âgé de 23
ans. Il s'y distingua par ses vertus , sa
piété , sa charité et le bon emploi qu'il fit
de son temps. La prédication , la direc-
tion des consciences , la composition d'ou-
vrages édifians l'occupaient tour à tour.
Il movirut à Lille , dans sa 78e année , en
4672. Il avait une tendre dévotion en-
vers la sainte Vierge , et il consacra à sa
louange quelques-uns de ses écrits.On a de
lui : | Vie de François Gaétan , traduite
en français de l'italien d'Alphonse Gaétan,
Lille, 1641 , in-8° ( V . GAETAN ). | Glo-
ria mirabilium Deiparœ, singulos anni
dies recurrentium , Lille, 1640, in -8°;
J Le paradis ouvert par la dévotion en-
vers la sainte Vierge , Lille . 1671 , in-12 ;
h. BRI
| Schola cucharistica stabilila , super vô-
neratione a brutis animanlibus exhibita
sanctissimo sacramento , ibidem, 1672,
in-8°; | Itinéraire de la vie future, tra-
duit de l'italien du Père Vincent Caraffa,
jésuite ; | l'Enfer fermé par la considé-
ration des peines des damnés, etc. Lille,
1671, in-12.
BRIE ( Germain de ) , ou Germain
BRICE , « lirixius » , natif d'Auxerre , sa-
vant dans les langues , et surtout dans la
grecque, mourut près de Chartres en
1538. Il fut successivement chanoine
d'Albi , d'Auxerre et de Paris. On a de lui
| Recueil de lettres et de poésies, in-4°t
1551 , et une Traduction du Traité du sa-
cerdoce de saint Jean Chrysostôme , etc.
* BRIE ( Jehan de ), né à Coulom-
miers en Brie, connu sous le nom du
Bon- Berger, vint à Paris, et servit en
qualité de domestique chez un chanoine
de la Sainte- Chapelle. Ce fut alors qu'il
écrivit son livre : le Vrai régime des
bergers et bergères, par le rustique Je-
han de Brie. Cet ouvrage, composé en
1379, ne fut imprimé qu'en 1530. Les
premiers exemplaires ne portaient au-
cune date ; on en voit un à la bibliothè-
que de l'Arsenal.
BRIEN, surnommé Bohroihmh, c'est-
à-dire le Vainqueur qui impose des tri'
buts , un des plus illustres monarques de
l'ancienne Irlande , naquit en 926. Brien ,
qui adonné son nom à sa postérité; fut suc-
cessivement pendant le cours de 56 années
roi de Thomond ou de la Momonie septen-
trionale , puis des deux Momonies, puis de
la moitié de l'Irlande, et enfin de l'Ir-
lande entière. Il travailla constamment à
délivrer sa patrie du joug des Danois et
remporta sur ces pirates jusqu'à 49 vic-
toires. En 999 , il en avait purgé toute l'Ir-
lande méridionale , et il rasa ensuite ce
qu'on appelait la Ville danoise. Deux mo-
narques d'Irlande qu'il avait obligés ayant
conspiré contre lui, il réunit leurs états aux
siens. Il réduisit aussi TUltonie, et en
1002 , il fut reconnu roi suprême de toute
l'Irlande. Il lui resta cependant quelques
ennemis à vaincre; mais depuis 1004 jus-
qu'en 1014, il jouit d'une paix profonde,
presque sans interruption. Il s'occupa
pendant ce temps à régénérer sa nation
et à la relever de Tétat d'abrutissement
où l'avaient jetée les guerres et les rava-
ges des barbares. Les églises , les écoles ,
les universités se rétablirent de toutes
parts; les lois reprirent leur empire; la
justice enfin parut dans tous les actes de
BRI SI
Brien , qui pourvut à la sûreté publique ,
établit . des routes , des ponts , des hos-
pices pour les voyageurs, et entoura les
villes de murailles. Mais tandis qu'il em-
ployait ses jours à consolider le bonheur
de ses sujets cl à perfectionner ses insti-
tutions , une irruption de Danois , sou-
tenus du roi de Midie , son tributaire ,
vint fondre sur Dublin. Il marcha contre
eux et les rencontra dans les plaines de
Clontarf. Le combat fut sanglant et long,
et la victoire parut d'abord incertaine.
Cependant tout céda à la valeur de Brien :
Il s'élança au milieu des ennemis et les
défit totalement. Les Danois laissèrent \h
mille morts sur le champ de bataille , et
y perdirent la plupart de leurs chefs.
Mais cette victoire, en affranchissant à
jamais l'Irlande de la domination danoise,
lui enleva son plus fidèle appui. Brien ,
après le combat, s'était retiré dans sa
tente pour y rendre gràee au Tout-puis-
sant : un Danois, soumis en apparence,
lui jeta sa hache à la tête et retendit mort
sur le coup : il était âgé de 88 ans. Ainsi
finit ce grand prince, auquel on ne peut
reprocher que sa passion pour les con-
quêtes. Son amour pour la justice, et la
protection constante qu'il accorda à la
religion et à ses ministres , ont rendu jus-
tement son nom célèbre. Sa postérité a
régné pendant 527 ans, souvent sur la
Momonie, toujours sur le Thomond et
quelquefois sur l'Irlande entière. — Teige
et Donough, fils de Brien, qui régnaient
conjointement sur la Momonie, prétendi-
rent en même temps à la monarchie su-
prême. Des évêques, ministres de paix,
parvinrent pendant quelque temps à
maintenir la bonne harmonie entre les
deux frères ; mais enfin Donough , cédant
à son ambition féroce, suscita une émeute
dans laquelle Teige périt misérablement ,
et son frère cruel gouverna seul l'Irlande
méridionale (i).
* BRIEN (Turlogh-Mac-Teige-O-) , fils
de Teige, vengea la mort de son père, et
après dix ans de guerre , détrôna son
oncle Donough en 1063. Celui-ci se ren-
dit à Rome , déposa la couronne aux
pieds du souverain pontife, et entra en-
suite pour faire pénitence dans un cou-
vent de la même ville. Les deux Momo-
nics et presque toutes les provinces re-
connurent Turlogh pour leur suzerain ;
il prit alors le titre de monarque d'Ir-
(i) Celte partie de l'Irlande e'tait appelée Lêa'h-
JliTogha , ou moitié' du .Ifogha , de mrrae qu'on appe-
lait l'IiUnde »eptcntcionatc Le'alh-Cunning.
"y BEI
lande. Il sut maintenir la paix dans ses
états, posséda toutes les vertus de son
aïeul , et mourut en 1085 , âgé de 77 ans»
Le savant Usher cite une lettre adressée
à ce monarque par Lanfranc , archevêque
de Cantorbéry. « Jamais Dieu , écrivait
» ce prélat, ne répand sur la terre ses
» miséricordes avec plus d'abondance,
» que lorsqu'il confie le gouvernement
» des corps et des âmes à des princes
» amis de la justice et de la paix; et voilà
» ce qui a été accordé aux peuples d'Hi-
» bernie ( la voix des sages le publie de
» toutes parts ) , le jour où ce Dieu tout-
» puissant a commis votre excellence
» pour exercer le pouvoir royal dans ces
» heureuses contrées. » .
* BRIEX (MorierThagh ouMoutiiogii-
Mac-Tcrlogh-O-) , surnommé le Grand,
second fils du précédent, ayant perdu
son frère aine presqu'en même temps
que son père, fut proclamé roi de Mo-
monie. Il aspira à la monarchie su-
prême. Pour y parvenir, il déclara la
guerre à tous les souverains particu-
liers de l'Irlande , fit prisonnier, en 1088 ,
le roi de Lagénie , et tua deux rois de
Midie dans les combats qu'il leur livra
en 1094 et 110G. Après la première de
ces Tijtoires , le Shambn et le lac Rée
furent couverts de ses vaisseaux , et ses
soldats inondèrent la Conacie. Il vainquit
et tua l'héritier présomptif de celte cou-
ronne dont il s'empara. Mortliogh avait
encore à résister à de puissans enne-
mis. Son frère Dermod avait excité la
guerre civile dans le sein de la Momo-
nie, sur laquelle le roi d'Ultonie, son
compétiteur, ne lui céda jamais la su-
zeraineté. L'Irlande allait être déchirée
par ces partis diff érens ; mais un clergé
pacificateur sut prévenir les maux qui
menaçaient leur patrie. Après avoir sou-
mis quatre provinces sur cinq , Morthogh
crut son ambition satisfaite , et se fit
couronner à Téamor. Depuis ce mo-
ment il se montra roi sage , juste , mo-
déré et ami de la religion. En 1101 il
fit don de la cité de Casliel et de son
territoire à Dieu, à saint Patrice et au
siège archiépiscopal de cette ville. Il fut
en correspondance confidentielle avec
Henri Ier, roi d'Angleterre, et le pape
Pascal II eut pour la première, fois un
légat auprès du roi d'Hibernie. C'est
sous la présidence de ce légat que Mor-
thogh assembla, en 1111 . un concile com-
posé de 58 évêques, 117 prêtres, ICO
diacres, et de beaucoup d'ecclésiastiques
BRI 556
inférieurs. Ce concile produisit des sy-
nodes particuliers , et on y régla la dis-
cipline, le nombre des évêques et les
limites de chaque évèché. Les derniers
jours de Morthogh furent malheureux.
Il fut atteint en 1114 d'une maladie de
langueur. Son frère Dermod, auquel il
avait tant de fois pardonné, usurpa la
couronne de Momonie ; pendant une an-
née la guerre intestine désola ce royaume.
Enfin Dermod fut livré par son propre
parti entre les mains de son frère, qui.
lui pardonna encore. Il fit plus, il ab-
diqua en sa faveur en 1116, et se retira
dans un couvent à Lismore , où il passa
les trois années qui lui. restèrent de vie
en des exercices de piété, et au sein
de la pénitence. Il mourut en 1119. L'an-
née suivante Dermod, suivit son frère
bu tombeau. Son fils aine Connor-na-
Catharacht lui succéda.
* BRIE.\ (CotfJIOR-NA-C.VrHARACUT-O-),
fils de Dermod , succéda à son père en
1120. Aussitôt qu'il fut monté sur le trône,
de nouvelles factions s'élevèrent, et il
eut à reconquérir le domaine de ses an-
cêtres. Il parvint enfin à être monar-
que de l'Irlande méridionale, et même
à obtenir le titre de roi de l'Irlande en-
tière. Il ne songea alors qu'au bonheur
de ses états. Il bâtit en Momonie des
cités, des châteaux, des églises, des hos-
pices, fonda à Ratisbonnc l'abbaye de
Saint-Pierre, et se fit remarquer en tout
temps par sa pieuse munificence. Un trait
de générosité vint encore honorer la vie de
ce prince. Les Mac-Carthys étaient une
famille rivale de la sienne; des factieux
en avaient emprisonné le chef. Connor
ne se borna pas à le délivrer * mais il
h rétablit dans son royaume patrimo-
îial de Desmond. Saint Bernard, dans
la vie de saint Malachie, rappelle cette
action de Connor avec beaucoup d'é-
foges. Il envoya de magnifiques pré-
sens au roi des Romains , « au nom des
» grands et puissans seigneurs d'Irlande
» croisés pour la Terre-Sainte. » Il mou-
lut en 1142 : « et avec ce prince, dit
» le général Vallencey, non moins ha-
» bile dans le cabinet que redoutable
» sur le champ de bataille, expira la
* gloire et la dignité du nom de Brien. »
Les mœurs de Connor étaient des plus
simples. On le voyait souvent au mi-
lieu de ses ouvriers, diriger leurs tra-
vaux dans la construction des temples,
et en sortir avec sa robe royale cou-
verte d'éclaboussures , ce qui lui fit don-
BRI
ner le nom de Na-Catharacht , le bâtisseur^
tantôt de Salparsalaeht , l'éclaboussé.—
Ses descendans, au nombre de 22 sou-
verains, depuis Turlogh-Mac-O-Dermod ,
jusqu'à Donogh, occupèrent successive-
ment le trône. Les factions , les guerres
intestines les dépouillèrent cependant
d'une grande partie de leurs états, et
les derniers' rois de cette famille ne pos-
sédèrent que le Thomond. Les Anglais,
habiles à profiter de leurs dissensions,
tantôt se déclarant leurs alliés, tantôt
se liguant avec leurs ennemis, parvinrent
à les rendre leurs tributaires. Donogh,
surnommé le GrasJ fut dépouillé de son
royaume de Thomond en 1545 par Henri
VIII, roi d'Angleterre, qui l'obligea à
renoncer au nom d O-Brien, et le fit
comte de Thomond pour sa vie, lui
accordant le titre héréditaire de baron
d'Inchine,une des neuf baronies entre
lesquelles fut partagé le royaume de-
venu comté de Thomond ou de Gare.
Edouard VI autorisa ses descendans à
porter le titre d'O-Brien. Les différentes
branches issues de Donogh le Gras fi-
gurèrent ensuite dans les troubles da
l'Angleterre, et se rangèrent les uns du
parti de Charles Ier, les autres de celui du
parlement, en embrassant, par opposi-
tion entre eux, la cause des Stuart et
de Brunswick. Le dernier rejeton de la
branche aînée de Donogh était en 1741 le
lord Jacobite Charles O-Brien, vicomte
de Gare , comte de Thomond , comman-
dant propriétaire d'un régiment de son
nom , maréchal de France , commandant
en chef du Languedoc et de toutes les cô-
tes de la Méditerranée. Sa branche fr'est
éteinte naguère dans la personne de sa
fille A. -C. -M. Septimanie O-Brien , épouse
du duc de Choiseul Praslin.
*BRIE.\E\ (Abraham), théologien ca-
tholique hollandais , né à Utrecht en 1606,
mort en 1682 , fit plusieurs voyages à Rome
pour les affaires de l'évêché d'Utrecht,
dont il était premier vicaire. On a de lui,
sous le nom supposé de van der Mat , plu-
sieurs Dissertations théologiques , réim-
primées à Leyde en 1709.
BRIENXE ( Gautiiier de ) , d'une il-
lustre famille qui tirait son nom de la ville
de Brienne-sur-Aube en Champagne , si-
gnala son courage à la défense de la ville
d'Acre contre les Sarrasins en 1188. Il fut
ensuite roi de Sicile et duc de la Pouille
par son mariage avec Marie -Albe rie, et
mourut d'une blessure qu'il avait reçue
en défendant les droits de sa femme, l'an
Bill
537
BRI
1203. Gauthier le Grand , son fils, fut comte
de Brienne et de Jaffa. Il passa dans la
Terre-Sainte , où il se distingua contre les
Sarrasins; mais ceux-ci l'ayant fait pri-
sonnier, ils le firent mourir cruellement
en 1251.
BRIENNE (Jean de ), fils d'Erard II , fut
fait roi de Jérusalem en 1210. Ce titre il-
lustrait les familles sans les enrichir. L'em-
pereur Frédéric II épousa la fille du nou-
veau roi avec le royaume de Jérusalem
pour dot, c'est-à-dire avec très peu de
chose de réel, et de grandes prétentions.
Le beau-père fut obligé de céder tous ses
droits à son gendre , qui dédaigna de les
exercer. Jean de Brienne eut bientôt un
autre empire, celui de Constant inople ,
auquel il fut élevé par les barons français
en 1229. Il défendit sa capitale contre les
Grecs et les Bulgares, ruina leur flotte,
les défit une seconde fois, et les épouvanta
tellement , qu'ils n'osèrent plus reparaître.
Il mourut en 1237. Son avarice hâta la ruine
de l'empire, et ternit ses autres qualités,
sa bravoure et sa prudence. Son Histoire
a été publiée à Paris en 1727.
BRIENNE (Gauthier de) , arrière-pe-
tit-fils de Gauthier le Grand , était fil3 de
Gauthier et de Jeanne de Châtillon. Il fut
élevé avec soin à la cour de Robert le Bon,
roi de Naples. Le prince Charles , fils de
Robert, l'envoya à Florence en 1526, en
qualité de son lieutenant-général. Brienne
tenta ensuite de reprendre le duché d'A-
thènes, niais cette entreprise n'ayant pas
été heureuse , il vint en France , et fut très
utile au roi Philippe de Valois dans la
guerre contre les Anglais en 1340. Ses ser-
vices lui méritèrent la charge de conné-
table , que le roi Jean lui donna en mai
1556. Il fut tué le 19 septembre suivant , à
la bataille de Poitiers , sans laisser de pos-
térité: La maison de Brienne a produit deux
autres connétables, et plusieurs grands of-
ficiers de la couronne.
BRIENNE. Voyez BRYENNE.
BRIE\NE ( le comte de ). Voyez LO-
MÉNIE.
♦BRIE-SERRANT (le marquis de),
seigneur de Machecoul , de Pornic , etc.
issu de l'ancienne maison de Laval, na-
quit vers 1745. Vers 1780 , il proposa au
gouvernement de faire creuser, agrandir
et fortifier le port et canal de Pornic, dans
le pays de Retz. Ce plan , examiné par
des commissaires envoyés sur les lieux , en
1786, fut favorablement accueilli. Pornic
devait être un port militaire, et le canal
aurait fait éviter aux navires marchands
se rendant à Nantes les dangers que l'em-
bouchure de la Loire, encombrée de sables
mouvans, offre à la navigation. Le mar-
quis de Brie-Serrant publia à ce sujet des
Observations concernant le commerce
français en général , le projet d'une ville
commerçante du premier ordre > etc. _, Pa-
ris, 1789, in-4°; et un Mémoire contenant de
nouveaux développcmens sur le projet
important relatif au port de Pornic , etc.,
et à un canal de navigation de Nantes à
la mer par Pornic J ibid. 1789, in-4°. Ces
deux mémoires, accompagnés de cartes
et de pièces contenant l'adhésion de plu-
sieurs villes intéressées au projet, furent
adressés au roi et aux états généraux. Mais
la. révolution, en agitant des intérêts d'un
ordre plus grave, les fit oublier. Depuis,
le marquis de Brie - Serrant présenta son
idée à différens gouvernemens, mais il ne
put la faire adopter. On a encore- de lui :
| Ecrit adressé à l'académie de Châlons-
sur-Marne , sur cette question proposée
par voie de concours : Quels sont les
moyens de prévenir l'extinction du patrio-
tisme dans l'âme du citoyen, 1788, in-12 ;
| Pétition ampliative en faveur des blancs
et des noirs J et Projet d'un traité impor-
tant pour les colonies et pour l'état, 1792 ..
in-4°; | Etudes contenant un appel au pu-
blic lui-même, du jugement public sur
J.-J. Rousseau, Paris , 1805, in-8°. Cette
brochure renferme la réfutation de la pre-
mière partie du Discours sur l'inégalité
des conditions. Lorsque les propriétaires
du lac de Grand-Lieu , dans la Loire infé-
rieure, signèrent vers 1805 un traité avec
une compagnie pour en opérer le dessè-
chement, le marquis de Brie-Serrant
s'opposa, dit-on, à ce projet; il prétendit
être propriétaire du fond, sans toutefois
contester la propriété de l'eau , ni le droit
de la faire enlever , et refusa tout accom-
modement , quoique sa fortune fût alors
délabrée. Il est mort vers 1810.
BR1ET (Philippe), né à Abbeville en
1601 , jésuite en 1619, mourut en 1668, bi-
bliothécaire du collège de Paris. On a de
lui : | Parallela Geographice veteris et
novœ, 5 vol. in-4°, 1648 et 1649. Cette géo-
graphie est très méthodique, très exacte
et ornée de cartes bien dessinées. Ces trois
volumes ne renferment que l'Europe , ses
maladies l'ayant empêché de mettre la
dernière main aux autres parties, j An-
nales mundi , sive Chronicon ab orbe con-
dito ad annum Chrisli 1663 , Paris, 1665,
7 vol. in-12 ; Mayence , 1682 , 1 vol. in-foî ,
et Venise, 1693, 1 vol. in— 12; c'est l'éuv
47.-
bri s
f ton la plus complète. L'ouvrage est estimé.
L'auteur marche sur les traces de Pétau,
pour la chronologie. | Philippi BriettiCon-
cordia chronologica , Paris, 1670, 5 vol.
in-fol. Le Père Briet est auteur du 5e vo-
lume. | Theatrum geographicitm Europœ
veteris , 1653 , in-fol. Briet a mieux réussi
dans la géographie que dans la partie chro-
nologique.
BRIEUC (saint) , Briochus , natif d'Ir-
lande , et disciple de saint Germain
d'Auxerre, évêquedans ce royaume , bà-
tit un monastère en Bretagne où il s'était
retiré. Cette maison devint si célèbre,
qu'on y vit bientôt une ville qui porta son
nom, érigée depuis en évêché. Il en est
regardé comme le premier évêque , quoi-
qu'il n'y eût peut-être exercé aucune fonc-
tion épiscopalc. Mais il y avait alors des
évêques région naires qui , sans avoir au-
cune église particulière, travaillaient par-
tout où l'on avait besoin de leur minis-
tère. Saint Brieuc mourut âgé de plus de
90 ans, vers l'an 502. Voyez les V tes des
Saints de Bretagne, par D. Lobineau,
qui a retrouvé une grande partie des
actes de ce saint.
BRIEUX (Jacques MOISANT de), na-
tif de Gaen , conseiller au parlement de
Metz , mourut en 1674 , à 60 ans. Caen
lui est redevable du premier établisse-
ment de son académie. On. a de lui des
Poésies latines , 2 vol. in-12 , 1641 et 1669,
qui , à l'exception de son Poème sur le
coq et de quelques épigrammes , ne sont
guère au-dessus du médiocre. On a en-
core de lui un petit ouvrage intitulé Mes
Divertissemens , in-12. C'est un recueil de
lettres et de vers français et latins , en 2
vol. Il y a quelques réflexions judicieuses
et quelques vers heureux , mais en petit
nombre.
• BRIEZ (N.), fut député à la Conven-
tion nationale , en septembre 1792 , par le
département du Nord. Il vota la mort de
Louis XVI, et prononça à cette occasion
ces paroles : a Dans le cas où la majorité
• serait pour la réclusion, je fais la motion
» expresse que si, d'ici au 15 avril les
» puissances n'ont pas renoncé au des-
» sein de détruire notre liberté , on leur
» envoie sa tète. » Envoyé en mission à
l'armée du Nord , il fut accusé d'avoir des
intelligences avec le prince de Cobourg.
Il vint se justifier à Paris , et continua
ensuite ses fonctions. Le 4 juin 1794 , il
fut nommé secrétaire de la Convention ,
dont Robespierre était nommé président.
Après le 9 thermidor, on l'envoya en
i8 BRI
mission dans la Belgique. Il mourut peu
de temps après.
*BRIGA (Melchior délia), jésuite, né
à Césène en 1686, se distingua surtout
comme mathématicien , et mourut le 25
juillet 1749. Ses ouvrages sont : ( Fascia
isiaca staluœ Capilolinœ , Rome, 1716;
| Sphœrce geographicœ paradoxa , Flo-
rence, 1721 ; | Philosophiœ veteris etno-
vœ concordia, Florence, 1725; | Scientia
eclipsium ex imperio et commercio St-
narum illustrata, Rome et Lucquea,
1744 à 1747 , 3 vol. in-4°.
* BRIG AISiT ( Jacques le ) , glossographe,
avocat au parlement de Bretagne , né le
18 juillet 1720 à Pontrieux où son père
était négociant, se fit recevoir avocat
au parlement de Bretagne; mais il s'a-
donna particulièrement à l'étude des lan-
gues , et chercha à prouver qu'elles dé-
rivent toutes du celtique , qu'il regarde
comme la langue primitive. Pour appuyer
son opinion , il cite plusieurs exemples ;
mais la plupart de ses étymologies sont
forcées et son système devient absurde par
l'extension qu'il lui donne. Il s'occupa
aussi de minéralogie et découvrit en Bre-
tagne des carrières de marbre qui n'ont
point été exploitées. Il avait eu 22 enfant
de deux mariages; mais ses fils étaient
morts ou aux armées, lorsque Latour-
dAuvergne-Corret , son compatriote et
son ami, lui proposa de prendre la place
du plus jeune ( Voyez LATOUR D'AU-
VERGNE), et le remplaça en effet à l'ar-
mée de Sambre-et-Meuse. Le Brigant
mourut à Tréguier (Côtes-du-Nord), le 3
février 1804. Ses ouvrages imprimés
sont : | Une Dissertation adressée aux
académies savantes de l Europe , sur un
peuple celle , nommé Brigantes , ou Bri-
gants, 1762 , in-8° ; | Petit Glossaire, ou
Manuel instructif pour faciliter l'intelli-
gence de quelques termes de la coutume
de Bretagne , contenant leur définition et
leur étymologie, Brest, 1774, in-12;
| Elémens de la langue des Celles Go-
mérites ou Bretons ; introduction à cette
langue , et jmr elle à celles de tous les
peuples connus, Strasbourg , 1779 , in-8°.
La rédaction de cette petite grammaiie
appartient presqu'en entier à M. Obcrlin.
Le Brigant en donna une nouvelle édition,
Brest, an 7 (1799). Cette grammaire, en-
tièrement systématique , est bien infé-
rieure à celle du P. de Rostrenen, sur-
passée depuis par celle de M. Lcgonidec.
| Observations fondamentales sur les
langues anciennes et modernes* Parte,
BRI
5' S 9
BRI
1787, in-4°. On croit que Louis-Paul Abeille
a eu beaucoup de part à la rédaction de
cet ouvrage ; | Détachemens de la lan-
gue primitive , celle des Parisiens avant
l'invasion des Germains, la venue de Cé-
sar, et le ravage des Gaules, Paris , 1787,
in-8°; | Mémoire sur la langue da Fran-
çais, la même que la langue des Gau-
lois , leurs ancêtres, Paris, 1787; | Ob-
servations sur un ouvrage de M. Jam-
grane , jurisconsulte anglais, ayant pour
titre : De l'origine des sociétés et du lan-
yage, Paris , 1788; | Réflexions sur les
éludes, Paris , 1788; [ Notions générales
ou encyclopédiques , Avrancbes , 1791 ,
in-8° ; | Nouvel Avis concernant la lan-
gue primitive retrouvée , 1770 , in-8° ;
j deux brochures politiques, imprimées en
1789 , l'une relative à une lettre adressée
de Londres au roi , par Galonné , et la
seconde , aux opérations des états géné-
raux. Le Brigant a laissé plusieurs ma-
nuscrits, des extraits curieux, et une cor-
respondance considérable , qui ont été
vendus à M. le comte de Kergariou, de
Lannion , à la réserve de quelques manu-
scrits conservés par son fils aine.
* BRIGENTI (Ambroise), capucin de
Mantoue , est auteur de : Glossographia
onomatographica , idest, declaralio no-
minum et vocabulorum exoticorum , quœ
habent aut ancipitem , aut obscuram , aut
valdè difficilem , aut ex hellenismo sig-
nificationem et explicationem , Man-
toue , 1702 , in-fol. L'ouvrage devait avoir
5 vol. ; mais on. n'a imprimé que le pre-
mier.
BRIGGS (Henri) , célèbre professeur
de mathématiques à Londres, dans le
collège de Gresham , et ensuite de géo-
métrie à Oxford , né dans la paroisse de
Halifax vers 1556, mourut septuagénaire
e» cette ville, l'an 1631. C'était un
homme de bien, d'un accès facile à tout
le monde , sans envie , sans orgueil et sans
ambition; toujours gai, méprisant les
richesses , content de son sort , préférant
l'étude et la retraite aux postes les plus
brillans et les plus honorables. On a de
lui : | Un Traité du passage dans la Mer-
Pacifique par le Nord-Ouest du conti-
nent d: la Virginie, dans le 5e vol. des
Voyages de Parchas ; | une édition des 6
premiers livres d'Euclide ; | Arithmethica
I logarithmica , in-fol. , 1624. Neper de
! Marcheston , inventeur de la méthode des
logarithmes, perfectionnée par Briggs,
était ami de ce mathématicien. Ils étaient
dignes l'un de l'autre ; [ une Table qu'il
publia en 1602 , à la fin du livre de Tho*
mas Blondeville , qui traite de la con-
struction, de la description et de l'usage
de deux instrumens inventés par M. Gil-
bert, pour trouver la latitude do quelque
lieu que ce soit, dans la nuit la plus obscure,
parla seule déclinaison de l'aiguille de la
boussole ; méthode dont le succès ne ré-
pondit pas à ses espérances. La Table de
Briggs est fondée uniquement sur la doc-
trine des triangles , pour déterminer la
hauteur du pôle par le moyen de la même
déclinaisons
BRIGGS (Guillaume ou William ) ,
membre de la société royale de Londres ,
médecin ordinaire de Guillaume III , né à
Norwich en 1650 , mort en 1704 , à 63 ans,
se fit un nom par sa connaissance des ma-
ladies de l'œil. Il laissa deux Traités sur
cette matière , très estimés. Le premier ,
intitulé Ophthalmog raphia , in-4°, 1685;
et le second , Nova Theoria visionis , im-
primé à la suite du premier. Newton les
estimait beaucoup. Briggs est un des pre-
miers qui ait bien développé ce qui re-
garde le nerf optique , la rétine , les con-
duits lymphatiques.
BRIGIDE (sainte), né à Fochard ,
comté d'Armagh en Ullonie , au commen-
cement du 6e siècle, reçut fort jeune en-
core le voile des mains de saint Mel, ne-
veu et disciple de saint Patrice. S'élant
construit sous un gros chêne une cellule
qui fut depuis appelée fcill dara , ou cel-
lule du chêne, plusieurs personnes de son
sexe vinrent se ranger sous sa conduite ;
elle les réunit ensuite en corps de com-
munauté. Cette maison devintbientôt une
pépinière sainte, qui donna naissance à
plusieurs monastères d'Irlande , lesquels
reconnurent tous sainte Brigide pour
mère et pour fondatrice. Il n'y a guère
que les miracles de cette sainte qui nous
soient connus : les cinq auteurs qui ont
écrit sa Vis n'ayant donné presqu'aucun
détail sur ses vertus. Son nom se trouve
dans le Martyrologe de Bède , et dans
tous ceux qui ont été composés depuis. Il
est aussi dans les plus anciens manu-
scrits du Martyrologe de saint Jérôme , et
sa fête est marquée dans les anciens Bré-
viaires d'Allemagne, des îles Britanni-
ques , et dans la plupart de ceux de
France. Elle a été célébrée à Paris jus-
qu'en 1607. San. corps trouvé en 1185,
avec ceux de saint Patrice et de saint Co-
lomb , dans une triple voûte de la ville de
Down-Patrick , fut porté dans la cathé-
drale de la même ville. Sous le règne de
BRI 5
Henri VIII, le tombeau où il était ren-
fermé fut détruit. Le chef de sainte Bi i-
gide est aujourd'hui à Lisbonne , dans une
des églises qui appartenaient aux jésuites.
BRIGITTE ou BIRGITTE , née en
4502, était- princesse de Suède, fille de
Birgcr prince de Suède , et épousa un
seigneur nommé Ulf-Gudmarson , prince
de Néricie. Après avoir eu huit enfans ,
les deux époux firent vœu de continence.
Ulf se fit cistercien , et Brigitte établit
l'ordre de St.-Sauveur , composé de reli-
gieux et de religieuses , comme celui de
Fontevrault. Leur église était commune.
Les religieuses faisaient l'office en haut, el
les religieux en bas. L'abbesse avait l'au-
torité suprême. Cette règle fut confirmée
par Urbain V en 1370. Son ordre subsiste
encore en Allemagne, en Italie et en Por-
tugal , et ce qui est très remarquable, en
Suède , où le monastère de Vastène dans
la Gothie orientale a été conservé après
l'introduction du luthéranisme. Brigitte
partit ensuite pour Jérusalem, sur une
vision qu'elle eut à l'âge de 69 ans. Elle
visita les lieux saints. De retour en Occi-
dent , elle écrivit à Grégoire XI pour l'en-
gager à revenir à Rome. Elle mourut peu
de temps après dans cette ville , en 1575.
On a d'elle un vol. de Révélations. Nu-
remberg, in-fol., 1521, ou plutôt 1500,
par Antoine Koburger ; en voici la suscrip-
tion : Anno m. ccccc, xxi. mensis septem-
bris; les uns, en joignant xxi aux pre-
miers chiffres, en ont fait 1521 , et ils se
sont trompés ; car il est évident que 21 se
rapporte à me?isis septembris , qui est au
génitif ; d'ailleurs Antoine Koburger est
mort en 1515. Il y a une autre édition de
ces révélations , par Jean Koburger , en
4517 , une à Rome , 1557. Ces révélations
furent déférées au concile de Bâle. Ger-
son et d'autres théologiens voulaient qu'on
les censurât; mais Jean de Turrecremala
en donna des explications favorables, et
les approuva comme utiles pour l'instruc-
tion des fidèles. Le concile regarda cette
approbation comme suffisante. Il n'en
résultait cependant autre chose , sinon
que le livre dont il s*agit ne renferme
rien de contraire à la foi , et que les ré-
vélations étant appuyées sur une proba-
bilité historique , on peut les croire pieu-
sement. Benoit XIV s'exprime de la ma-
nière suivante sur le même sujet : « L'ap-
» probation de semblables révélations
» n'emporte autre chose sinon qu'après un
» mùr examen , il est permis de les publier
» pour l'utilité des fidèles.. Quoiqu'elles
GO BRI
» né méritent pas la même croyance que
» les vérités de la religion, on peut ceperi-
» dant les croire d'une foi humaine , con-
» formément aux règles de la prudence ,
» selon lesquelles elles sont probables, et
» appuyées sur des motifs suffisans pour
» qu'on les croie pieusement. » Voyez
CATHERINE de Sienne (sainte) , et la ré-
flexion qui se trouve à la fin de l'article
ARM EL LE.
* BRIG\OLE-S AXE ( Aïvtoixe- Jules ),
sénateur Génois , marquis de Groppoli en
Toscane, né en 1G05 , était fils d'un doge
de cet te république , où il occupa lui-même
plusieurs emplois honorables; il fut am-
bassadeur auprès du roi d'Espagne. Ayant
perdu, à l'âge do 47 ans, sa femme qui
lui laissa plusieurs enfans , il embrassa
l'état ecclésiastique, et entra dans la com-
pagnie de Jésusle 11 mars 1652. Il se livra
particulièrement à la prédication, et mou-
rut à Gènes le 24 mars 1GG5 , après avoir
mené une vie exemplaire. Dans sa jeu-
nesse , il publia plusieurs comédies et des
poésies qui le firent recevoir dans plu-
sieurs sociétés littéraires. Ses principaux
ouvrages sont :\Le instabilité dell'ingegno
divise in oito giornate , en prose et en
vers , Bologne , 1655 , 41 et 52. | Tacilo
abburatlato , discorsi politici e morali],
Venise, 1656, in-12. | Maria Maddalena
peccatrice e convertila , en vers , Gènes ,
1656 , réimprimé plusieurs fois à Venise,
et traduit en français par le Père Pierre
de Saint-André, carme déchaussé, Aix,
1647, in-8°. | Dell' istoria Spagnuola,
libri 4, Gènes , 1640 et 1646 , in-4°. | Pa-
negirici sacri recitati nella chiesadi san
Ciro in Genova J etc. Gènes, 1652 et 1656,
in-12. La vie du Père Brignole-Sale a été
écrite en italien par le jésuite J. M. Vis-
conti, sous le titre de Mémoires, etc.,
Milan , 1666 , in-12. Le P. François L'her-
mite traduisit ces mémoires en latin,
Anvers , 1671 , in-S°.
BIlIGiNOiX ( Jeaîv ) , jésuite , est auteur
d'une traduction du Combat spirituel,
ouvrage justement estimé et singulière-*
ment propre à conduire les chrétiens à la-
perfection où leur foi les appelle. On n'en
connaît point l'auteur. Quelques écrivains
l'attribuent au père Laurent Scupoli,
théatin ( Voyez ce mot'), d'autres à Jean
Castinisa, bénédictin espagnol ; Théophile
Raynauld le donne au jésuite Achille Ga-
gliardo. La traduction du père Brignon a
fait oublier celle du Père Olympe Mazorti,
Paris , 1672. On a encore du père Brignon
les Pensées consolantes; une traduction de
BRI 5
F Imitation de J. -C, du Pédagogue chré-
\ien du Père Philippe d'Oultreman, et des
Méditations du Père Dupont. Il a traduit
du même La guide spirituelle et les Opus-
cules du cardinal Bellarmin , ainsi que
son traité des sept paroles de J.-C. sur la
croix. Il est mort vers 1723 dans un âge
avancé.
* BRIGUET ( Sébastien ), chanoine de
Sibn dans le Valais, a fait beaucoup de re-
cherches sur les antiquités de ce pays.
On a de lui : | Concilium Epaonense,
assertione dura ac veridica loco suo ac
proprio fixum Epaonensi parochia V'al-
lensium, vulgo Epenassex, Sion,1741,
4 vol. in-8° , rare : l'auteur y démontre
que ce concile s'est tenu dans l'église de
Saint-Maurice, à Epenassex, la véri-
table Epaona. \ Vallesia christiana, seu
diœcesis Sedunensis historia sacra, etc.
Sion , 1774 , in-8° ; c'est l'Histoire ecclé-
siastique du Valais], sous 82 évêques de-
puis l'an 587 jusqu'en 4743. Il est mort
vers 1780.
BRILL ( Matthieu ), peintre, naquit à
Anvers , et mourut à Rome en 1384. Il
excella dans le paysage. Grégoire XIII
l'employa au Vatican, et lui donna une
pension qui passa à son frère Paul Brill,
héritier de ses talens. Le cadet continua
les ouvrages de son aîné. Il se distingua,
comme lui , par la vérité et l'agrément de
ses paysages. Il mourut à Rome en 1G26 ,
à 72 ans. On voit de ses Tableaux au Pa-
lais-Royal à Paris, et au cabinet du roi de
France.
* BRILLAT-SAVARIN ( le chevalier),
né en 1733, était avocat à Belley , sa patrie,
lorsqu' il fut élu député du tiers-état du
bailliage de Bugey aux états généraux. Il
s'éleva dans cette assemblée contre la
peine de mort, et s'opposa à l'institution
des jurés. En 1794 , il fut accusé et traduit
devant le tribunal ré volutionnairc, comme
fédéraliste; mais il échappa à la pios-
cription et se rendit dans l'Amérique sep-
tentrionale. Rentré en France après la
chute de Robespierre , il fut nommé en
1797 commissaire du Directoire près le
tribunal criminel de Versailles , puis juge
à la cour de cassation. Il adhéra à la dé-
chéance de Bonaparte, et signa, le 23 mais
4813, la délibération de la cour de cassa-
tion, ainsi que l'adresse qui fut envoyée
au roi lorsqu'il rentra en France dans le
mois de juillet 1813. On a de lui : | Vues
«t Projets politiques., 1802, in-8°; | Frag-
ment d'un ouvrage manuscrit intitulé
Théorie judiciaire , Paris , 1808 , in- 8° ;
Cl BRÏ
| Essais historiques et critiques sur le
duel, d'après notre législation et nos
mœurs, 1819, in-8°; | Physiologie du
goût, ou Méditations de gastronomie
transceyidante , par un professeur , mem-
bre de plusieurs sociétés littéraires et sa-
vantes , Paris, 1823 , 2 vol. in-8°. Brillât-
Savarin est mort le 2 février 1826.
BRILLON (Pierre-Jacques ), conseil-
ler au conseil-souverain de Dombes , sub-
stitut du procureur-général du grand-
conseil , etéchevin de Paris , naquit dans
celte ville en 1671 , et y mourut en 1736.
Ce jurisconsulte cultiva d'abord la litté-
rature. On vit éclore de sa plume les Por-
traits sérieux, g alans et critiques ;le Théo-
phraste moderne : mauvaises imitations
d'un bon livre , et qui ne furent bien re-
çues que parce qu'on aimait alors les
ouvrages écrits dans le goût de la Bruyère.
« Mais il ne suffit pas , dit un critique ,
» de traiter les mêmes sujets , pour méri-
» ter les mêmes honneurs. Celui-ci est à
» son modèle ce qu'un peintre d'enseignes
» est à Bubens. » Son Dictionnaire des
arrêts, ou la Jurisprudence universelle
des parlcmens de France , en G vol. in-
fol. 1727 , est beaucoup plus estimable.
Celte compilation n'a pu être faite que
par un homme laborieux et savant. Bril-
Jon ne se lit pas moins d'honneur dans le
barreau du grand-conseil, où il plaida
avec succès.
* BR1NDLEY ( Jacques ), habile mé-
canicien et ingénieur anglais , né en 1716
à Wormhill dans le comté de Derby , de
parens pauvres , mourut le 2G septembre
1772. Son éducation fut, dit-on, négligée au
point qu'il ne sut lire et écrire qu'autant
qu'il le fallait pour écrire son nom. Il lit
son apprentissage chez, un charpentier,
constructeur de moulins, et se montra
bientôt fort supérieur à son maître II
porta ce genre de machines à un degré de
perfection inconnu jusqu'alors. Il inventa
depuis une foule de machines ingénieuses
qu'il appliquait à de grandes entreprises.
On lui doit plusieurs procédés utiles ,
entre autres la méthode de bâtir sans mor-
tier des digues contre la mer; mais le
principal monument de sa réputation est
le canal de Bridge-Water à Manchester ,
qu'il prolongea jusqu'à Wersley, le plus
étonnant ouvrage de ce genre que l'on
connaisse. Il lui iallut vaincre des obsta-
cles physiques qui paraissaient insurmon-
tables, auxquels se joignait l'opposition
des passions, des préjugés et des intérêts
particuliers. Ce canal lui lit une telle ré—
BRI
5G2
BUI
pulalion, que, de son temp* , il ne s'est
construit en Angleterre que très peu de
canaux sans qu'il y ait donné son appro-
bation ou ses conseils.
BRIIVVILLIE11S ( Maiue-Margcekite
d'AUBRAI, épouse de N. Gobelin, marquis
de), était fille de d'Aubrai, lieutenant-civil
de Paris. Mariée jeune en 1G51, et très
répandue dans le monde , elle ne parut
d'abord aimer que son époux. Mais le
marquis de Brinvilliers , qui était mestre-
de-camp du régiment de Normandie,
ayant introduit dans sa maison un officier
gascon d'origine, nommé Godin de Sainte-
Croix , la marquise conçut pour lui la plus
violente passion. Son père , le lieutenant-
civil , fit enfermer cet aventurier à la Bas-
tille , où il demeura près d'un an. Il sortit
de prison , et continua de voir secrète-
ment sa maîtresse. Celle-ci changea de
manière de vivre au dehors , sans réfor-
mer ses dispositions intérieures. Elle fré-
quentait les hôpitaux , et donnait publi-
quement dans plusieurs autres pratiques
extérieures de piété , qui lui acquirent la
réputation de dévote. Tandis qu'elle
croyait tromper ainsi Dieu et les hommes,
elle méditait avec son amant des projets de
vengeance. Pendant le séjour que Sainle-
Croix avait fait à la Bastille , il avait appris
d'un italien , nommé Exili , l'art funeste
de composer des poisons. Le père de la
marquise et ses frères furent empoisonnés
en 1670. On ignora l'auteur de ces crimes;
la mort de Sainte-Croix les découvrit. En
travaillant un jour à un poison violent et
prompt , il laissa tomber un masque de
verre dont il se servait pour se garantir du
venin , et mourut sur-le-champ. Tous ses
effets ayant d'abord été mis sous le scellé
( car il n'avait point de parens à Paris , ni
personne qui prétendit à sa succession ),
la marquise de Brinvilliers eut l'impru-
dence de réclamer une cassette et témoigna
beaucoup d'empressement à la ravoir. La
justice en ordonna l'ouverture , et l'on
trouva qu'elle était pleine de petits pa-
quets de poisons étiquetés, avec l'effet
qu'ils devaient produire. Dès que ma-
dame de Brinvilliers eut avis de ce qui
se passait , elle se sauva en Angleterre ,
et de là à Liège. Elle y fut arrêtée et con-
duite à Paris , où elle fut brûlée le 17 juil-
let 1G7G, après avoir eu la tète tranchée,
convaincue d'avoir empoisonné son père,
ses deux frères et sa sœur. « Comme elle
» voulait épouser Sainte-Croix , dit ma-
» dame de Sévigné, elle empoisonnait fort
• souvent sou mari; mais Sainte-Croix
» qui ne voulait point d'une femme aussi
» méchante qu'elle , donnait du contre-
» poison à ce pauvre mari , de sorte
» qu'ayant été ballotté cinq ou six fois de
«cette sorte, tantôt empoisonné tantôt
» désempoisonné , il est demeuré en vie.»
Lorsqu'on l'arrêta dans Liège , on trouva
une confession générale écrite de sa main
qui servit non pas de preuve contre elle,
mais de présomption. Il s'élevait conti-
nuellement dans son âme un conflit de
principes de vertu et de religion, dans
lesquels elle avait été élevée , et dont elle
n'avait pu effacer l'impression , avec la
luxure , l'avarice et autres vices qui ger-
ment facilement dans les cœurs disposés
à la corruption. Il n'est pas assez prouvé
qu'elle eût essayé ses poisons dans les
hôpitaux, comme le disent Reboulet, Pita-
val et d'autres; mais il est vrai qu'elle
eut des liaisons secrètes avec des per-
sonnes accusées depuis de ce crime. Ce
fut à cette occasion que la chambre ar-
dente fut établie à l'Arsenal , près de la
Bastille, en 1680. «Le célèbre le Brun,
» dit l'auteur des causes célèbres , se
» plaça sur son passage, dans un endroit
»> où il put la considérer attentivement,
«quand on la mena en Grève, afin de
» pouvoir saisir l'expression d'une crhni-
» ncllc pénétrée de l'horreur du dernier
» supplice qu'elle va souffrir. Elle rencon-
» tra plusieurs dames de distinction , que
» la curiosité de la voir avait rassemblées;
» elles les regarda avec beaucoup de fer-
» meté , en leur disant : Voilà un beau
» spectacle à voir, n
* BRIO.\ ( l'abbé de ), partageait les
opinions de Mme Guyon et publia les ou-
vrages suivans : | Considérations sur les
plus importantes vérités du christianisme
avec un traité de la perfection chrétienne
2e édition, Paris, 1724, in-12; | une Re-
traite, 1717 et 1724, in-12; | Paraphrases
sur divers psaumes mystérieux , 1718 , 3
vol. in-12 , avec une suite en 2 vol. ;
| Paraphrases sur le psaume , Beati im-
maculati , 1718 , in-12; Paraphrase sur les
trente premiers psaumes, 1722, 2 vol. in-
12 ; | Fie de la très sublime contemplative
sœur Marie de sainte Thérèse , carmélite
de Bordeaux .avec ses lettres , Paris, 1720.
Les lettres forment 2 vol. | Traité de la
vraie et de la fausse spiritualité, avec un
examen de quelques livres attribués à M.
de Fénélêii,l728, 2 vol. in-12. On lui attri-
bue la Vie de Mme Guyon, 1770, 5 vol.
in-12.
* BRIO* de la TOUR ( Lotis ) , ingér
BRI
563
BRI
nîcur-géographc du roi , obtint en 1795
«ne pension de l'assemblée nationale, il
est mort au commencement du 19e siècle,
laissant les ouvrages suivans : | Tableau
périodique du monde , ou la Géographie
raisonnêe et critique M avec l'histoire et
l'état de celle science dans tous les temps,,
4765; | la France considérée sous tous ses
principaux points de vue en 29 cartes ,
\lffl ; | Voyage dans les dêpartemens de
la France J enrichi de tableaux géogra-
phiques et d'estampes, 1792 et années sui v.
in -4°; | Description générale de l'Europe
de l'Asie et de l'Amérique , avec Maclot ,
479j.gr. in-4°-, \ Description géographi-
que de l'empire d' Allemagne * son état
dans le moyen âge et l'âge moderne,
avec 12 cartes, 1796, in-8°; | Allas géo-
graphique et statistique de la France di-
visée en 108 dêpartemens , dont les cartes
respectives , placées en regard d'un texte
très détaillé , ont été exécutées sous la
direction de M. Brion père , géographe ,
Paris , Brion fils , 1803 , in-4°, oblong. Il
a eu part comme dessinateur au Théâtre
de la guerre présente en Allemagne , ainsi
qu'aux Voyages dans la ci-devant Bel-
gique et dans le Piémont , et le Voyage
pittoresque dans les dêpartemens de la
France.
BRION. Voyez CHABOT ( Philippe).
* BRIOSCO ( André ), dit il Riccio ,
architecte et sculpteur, né à Padoue
en 1460 et mort en 1532, acheva à Padoue
l'église de Sainte-Justine, qui passe , avec
raison , pour une des plus belles églises
d'Italie. Il fut surnommé il Riccio, à
cause de sa chevelure bouclée. Il devint
aussi bon statuaire et célèbre fondeur en
bronze. On a de lui un très beau candéla-
bre qui orne l'autel de Saint-Antoine à
Padoue. En mémoire de cet ouvrage , on
frappa une médaille, qu'on distribua dans
Ja ville; cette médaille porte l'exergue
suivant : Andréas Crispus Palavinus
cereum D. Ant. Candelabrum , F.
* BRIOT (Simon), bénédictin, mort en
1701, est auteur d'une Histoire de l'abbaye
de Molesme, diocèse de Langres. Elle se
conservait en manuscrit dans la biblio-
thèque de cette abbaye.
BRIOT ( Nicolas ), tailleur-général des
monnaies sous Louis XII , à qui on est
redevable du balancier. Cette invention
fut approuvée en Angleterre comme elle
le méritait ; mais en France , il fallut que
Séguier employât toute son autorité pour
la faire recevoir.
* BRIOT (Pierre), auteur du 17e siècle,
connu par des traductions estimées, a
publié :| Histoire naturelle d Irlande . tra-
duite de l'anglais de Gérard Boate , Paris,
1666, in-12 ; | Histoire des singularités na-
turelles de V Angleterre , d'Ecosse et du
pays de Galles, traduite de l'anglais de
Cbildrey, Paris, 1667, in-12; \ Histoire
de la religion de Banians, traduite de
l'anglais de Henri Lord, Paris, 1667, in-
12;! Histoire de l'état présent de l'empire
ottoman, contenant les maximes politi-
ques des Turcs, les principaux points de
la religion mahométane , etc. traduite de
l'anglais du chevalier Ricault, Paris, 1670,
in-4° et in-12, avec des fig. de Sébastien
Leclerc. Bespier a traduit le même ou-
vrage en 2 vol. in-12 , Bouen , 1677 ; mais
sa version est inférieure à celle de Briot,
on la recherche cependant à cause des
notes; {Histoire des trois derniers empe-
reurs turcs , depuis 1623 jusqu'en 1677,
traduite du même Ricault , Paris , 1683 ,
4 vol. in-12. Ces deux derniers ouvrages
ont été réimprimés à la Haye, en 1709,
6 vol. in-12.
* BRIOT ( Pierre Joseph), né en 1771 ,
à Orchamps-Vennes , en Franche-Comté ,
fut admis au barreau en 1789, et devint
professeur de rhétorique en 1790. Il fit
avec ses élèves la première campagne de
la révolution. Ramené au sein de sa fa-
mille par l'altération de sa santé , il écri-
vit contre Marat et Robespierre, et com-
battit vivement dans les clubs le système
de ces démagogues sanguinaires. En 1793,
il fut nommé député extraordinaire des
babilans de Besançon auprès du gouver-
nement , et il prononça à la barre de la
Convention un discours qui le fit accuser
de fédéralisme. Obligé de chercher un
refuge dans les armées , il devint aide-de-
camp du général Réede , sous lequel il
fil une campagne. Choisi plus tard par
les repieésentans du peuple , pour négo~
cier l'introduction de la première ma-
nufacture d'horlogerie que la France ait
possédée , il parvint à décider deux mille
horlogers suisses ou genevois à se fixer à
Besançon. Le gouvernement le chargea
d'organiser lui-même la manufacture, et
l'institua son agent principal près de cet
établissement. A la suite d'une violente
contestation qu'il eut avec Robespierre
jeune, il se vit arraché de ce poste, et
bientôt il fut emprisonné. Le 9 thermidor
le rendit à la liberté ; mais Briot se mon-
trant aussi opposé à l'esprit de réaction
qui se manifestait alors , qu'il l'avait été
au terrorisme, fut de nouveau jeté dans
imi
!>6/i.
BRI
les prisons. Un ordre de la Convention
l'en fit sortir et il fut nommé en l'an 4 ,
officier municipal de Besançon. Appelé
bientôt à un emploi supérieur au minis-
tère de la police , sous Merlin de Douai,
il donna peu après sa démission. Des pour-
suites reactionnaires le menaçant encore,
il chercha de nouveau un refuge dans
l'armée de Morcau, et assista à la fa-
meuse retraite de ce général, pendant la-
quelle , fait deux fois prisonnier , il par-
vint toujours à s'échapper. Briot étant
rentré dans la vie civile , fut nommé par
le Directoire accusateur public près le
tribunal criminel du Doubs. Elu en l'an 6
membre du conseil des Cinq cents, il s'y
prononça fortement pour le parti répu-
blicain. L'assemblée l'appela peu de temps
après aux fonctions de secrétaire et adopta
sur sa proposition plusieurs mesures de
rigueur. Le discours qu'il prononça dans
la séance du 12 fructidor an 7 fut re-
marquable par son énergie, a La patrie ,
» s'écria-t-il , cherche ses enfans , et elle
» trouve des chouans , des jacobins , des
» modérés , des constitutionnels de 91 ,
» de 93, des clubistes , des amnistiés, des
» fanatiques , des scissionnaires , des an-
» tiscissionnaires ; elle appelle en vain des
» républicains. » Dans le même discours ,
l'orateur attribua les dangers intérieurs
et extérieurs de la république aux mi-
nistres Fouché et Talleyrand, qui tous
deux pricent bientôt une part active à la
conspiration du 18 brumaire. Briot figura
dans celte journée parmi les membres les
plus ardens de l'opposition républicaine.
Au moment où Lucien Bonaparte descen-
dait de la tribune, après avoir renouvelé
le serment à la constitution do l'an 3 ,
ce fut lui qui s'écria. Moniteur, écrivez !
Quand Bonaparte eut reçu le titre de con-
sul , Briot figura au nombre des députés
qui furent exclus de la représentation na-
tionale par le nouveau gouvernement.
Bientôt son nom fut inscrit sur une liste
de déportation à la Guyane. Mais un nou-
vel arrêté des consuls le plaça simplement
sous la surveillance du ministre de la
police générale. En ayant été affranchi le
!) nivôse an 8, il fut nommé secrétaire-
général de la préfecture du Doubs , et en-
suite commissaire du gouvernement à
l'Ile d'Elbe. Après l'avènement de Napo-
léon à l'empire, Briot demanda un passe-
port pour l'étranger et se rendit à Naples,
où le roi Joseph le choisit pour intendant
des Abruzzes. Chargé du même poste
dans la Calabre , il s'y distingua en 1809,
par la vigoureuse résistance qu'il opposa
au débarquement des Anglais. Joachirn
Murât, qui vint remplacer son beau-frère
sur le Irône de Naples, fit entrer Briot au
conseil d'état. Lorsque entraîné par la
coalition européenne , Mural se fut décla-
ré contre la France, Briot refusa de con-
tinuer ses services auprès de lui , et re-
vint bientôt dans son pays, où il s'occupa
d'agriculture et d'opérations industrielles.
En 1816 , il fonda à Paris la compagnie
d'assurance contre l'incendie, dite du
Phénix .-vers 1820, il devint administra-
teur de la caisse hypothécaire. Il est mort
à Auteuil près de Paris le 16 mai 1827.
Briot a publié : Défense du droit de pro-
priété dans les rapports avec les fortifica-
tions des villes de guerre, et les travaux
publics, contre les entreprises inconstitu-
tionnelles du ministère de la guerre;
in-8°, Paris, 1817. Première lettre à M. B"
sur la caisse hijpothécaire 3 in-8°, 1818.
Deuxième lettre à M. B** sur la caisse
hypothécaire , in-8° , 1818.
* BRIOT ( Piebre-Fbançois ) , docteur
en chirurgie , professeur de pathologie et
de clinique chirurgicale à l'école secon-
daire de médecine de Besançon, né en
1773 , à Orchamps-Vennes , termina son
cours de médecine à Besançon et servit
dans les armées de Suisse et d'Italie ,
comme officier de santé. Il fut employé
pendant quelque temps à l'hôpital de Plai-
sance. Il quitta ensuite le service militaire,
et se fixa à Besançon , où il contribua à
l'établissement d'une société de médecine
dont il devint un des membres les plus
utiles. En 1806 il fut attaché à l'écolc-pra-
tique de l'hôpital Saint-Jacques comme
professeur ; et malgré les nombreux tra-
vaux qu'exigeait sa profession , il trouva
le temps de publier plusieurs ouvrages
qui font honneur à ses connaissances;
mais ce fut aux dépens de sa santé. Après
avoir résisté long-temps à une maladie
grave qui se reproduisait souvent avec
les mêmes symptômes , il y succomba le
29 décembre 1827.0n lui doit : | Essai sur
les tumeurs formées par le sang artériel,
1802 , in-8° ; | Traduction de l'allemand
de l'art d'accoucher de G. Stein, 1804,
2 vol. inr8° ; | Histoire de l'art et des pro-
grès de la chirurgie militaire en France
pendant les guerres de la révolution, 1817,
in-8°, ouvrage couronné en 1815 , par la
société médicale de Paris. Briot a rem-
porté deux prix à l'académie de Montpel-
lier, le premier, en 1819, le second en
1824, sur les questions suivantes : V Eloge
BRI
î)6ù*
BRI
de la Peyronie, et de l'Influence de la
Peyronie sur le lustre et les progrès de
la chirurgie française J Besançon, 1820,
in-8°; et V Eloge' de Guy, de Ckauliac J
le restaurateur de la chirurgie en France
au 15e siècle. Peu de temps avant sa mort,
Briot avait envoyé à l'académie royale de
médecine un mémoire sur le Traitement
le plus convenable des plaies pénétrantes
de la poitrine. Ce mémoire obtint à titre
de mention honorable , une médaille d'or
de 600 fr. au mois de février 1828. Mais
Briot n'existait plus. Il a laissé en ma-
nuscrit un Traité sur les plaies d'armes
à feu. Enfin il publia en 1803, les Elé-
tnens de matière médicale , ouvrage pos-
thume de Tourtelîe, qu'il fit précéder
d'un discours préliminaire. Briot était
membre de la société de médecine de Pa-
ris et d'un grand nombre de sociétés sa-
vantes. On trouve dans le Recueil de l'a-
cadémie de Besançon , année 1828, p. 60,
son éloge écrit par M. Pécot.
* BRIOU (le comte de) , lieutenant-gé-
néral des armées du roi, grand'croix de
Tordre royal et militaire de St.-Louis,
embrassa la carrière des armes, et fit
avec la plus grande distinction la guerre
de sept ans , dans le régiment d'Orléans ,
cavalerie ; il devint sous-lieutenant dans
la compagnie écossaise des gardcs-du-
corps en 1770, et lieutenant en 1784.
Après la campagne de 1792 , à laquelle il
prit une part active sous les ordres du
prince de Condé, le comte de Briou prit
du service dans les armées de la Russie,
et y obtint le grade de général-major.
Louis XVIII le choisit ensuite pour son
chargé d'affaire à St. Pétersbourg. Il re-
vint , à la fin de 1814 , et fut nommé com-
mandant d'escadron de la compagnie des
gardes- du -corps, commandée par le
prince de Wagram. En 1815 , il accompa-
gna le roi en Belgique , et revint en
France après la seconde restauration. Il
est mort en novembre 1822.
BRIQUE VILLE (François de), baron
de Coulombières , né à Coulombières en
basse Normandie, d'une noble et ancienne
maison, servit avec distinction sous Fran-
çois I, Henri II, François II et Charles IX.
Il embrassa les opinions et le parti des
calvinistes , par complaisance pour la
princesse de Condé , dont il était parent.
Il était à la tête des Normands avec le
comte de Montgommeri , au rendez-vous
général des huguenots de France à la Ro-
chelle. Il mourut sur la brèche de Saint-
Lô, en 1574, ayant ses deux fils à ses côtés,
pour sacrifier J disait-il, tout son sang à
la vérité évangélique. Son nom et celui
de Montgommeri seront long-temps fa-
meux dans l'histoire de Normandie , par
les meurtres et les brigandages que leurs
troupes y commirent impunément sous
leurs yeux.
*BRIS (François de), savant capucin,
était très versé dans la langue arabe, qu'il
avait apprise dans le cours de ses missions
au Levant. Ses connaissances le firent ap-
peler à Rome par la congrégation de la
Propagande qui le chargea de la traduc-
tion de plusieurs grands ouvrages qu'elle
voulait faire passer en cette langue. Les
résultats de ses travaux furent : | la Tra-
duction en arabe des Annales de Baro-
nius et de Sponde son continuateur, jus-
qu'à l'an 1646, 5 vol. in-4°, Rome , 1653 ,
1655 , 1071 ; | une Version arabe de la
Bible , 3 vol. in-fol. , avec la Vulgate en
regard, publiée par Nazari, Rome, 1771 :
ouvrages devenus très rares, parce que la
plupart des exemplaires ont passé dans
le Levant. — BRIS (Nicolas de), docteur
de Sorbonne, d'une grande érudition,
assista au concile de Trente et fit plusieurs
ouvrages. Le Myre , dans son traité De
scnptoribus ecclesiasticis ., et du Boulay
dans son Histoire de l'université , parlent
de lui.
* BRIS ACIER (Jean de) , né à Blois
en 1603, jésuite en 1619, enseigna les hu-
manités et la philosophie dans plusieurs
collèges „ se livra ensuite à la prédica-
tion, et fut employé aux missions dans le
diocèse de Castres. Son zèle contre Port-
Royal lui donna un grand crédit dans sa
société ; il fut successivement recteur do
plusieurs maisons, provincial en Portugal,
recteur du collège de Clermont à Paris,
et mourut le 10 septembre 1668, à Blois»
Il avait été envoyé à Rome pour solliciter
la condamnation du livre de la Fréquente
communion , mais il ne put "y réussir,
et revint en France , où il publia divers
écrits dans lesquels il consigna de graves
accusations contre les religieuses de Port-
Royal. Un de ces écrits , intitulé le Jan-
sénisme confondu > Paris , 1651, in-4°,
fut censuré par M. de Gondy, archevê-
que de Paris , et vivement réfuté par le
docteur Arnauld. Brisacier devint aussi
recteur du collège de Rouen , et ensuite
de la maison professe de Paris. — BRI-
SACIER ( Jacques-Charles de) , de la
même famille , supérieur du séminaire
des missions étrangères pendant soixante-
dix ans , mort , en 1756 , à quatre-vingt-
^48
BRI «66
quatorze ans, jouissait d'une grande con-
sidération à la cour , et refusa plusieurs
évêchés. Il eut beaucoup de part aux
écrits et mémoires des missions étran-
gères contre les jésuites , dans l'affaire
des cérémonies chinoises. Il est auteur de
Y Oraison funèbre de la duchesse d'Aguil-
lon , Paris , 1675 , in-4°, et de celle de Mlle
de Bouillon, Rouen, 1683, in-4°. — BRISA-
CIER( Nicolas de) , docteur de Sorbonne,
neveu du précédent, publia , en 1737, une
lettre adressée à l'abbé général des pré-
rnontrés pour venger la mémoire de son
oncle, contre les attaques que M. Hugo
lui porta dans les Annales de l'ordre de
Prémontré. On a encore de lui l'Oraison
funèbre de Louise-Charlotte de Châtillon,
abbesse de St-Loup, Paris, 1711, in-4°.
BItlSEUX (Charles-Etienne), archi-
tecte, mort en 1754 , est auteur de deux
bons livres sur son art : | V Architecture
moderne , 1728 , 2 vol. in-4' ; j VArt de
hâtir les maisons de campagne, il ko, 4
vol. in-4°, fig. ; | Traité du beau essen-
tiel dans les arts, appliqué parliculière-
ment à l'architecture , 1752, 2 tomes en
1 vol. in-folio.
* BRISSAC (Louis-Hercule-Timoléoiv
de COSSÉ , duc de), pair et grand pane-
tier de France , gouverneur de Paris, ca-
pitaine-colonel des cent-suisses , et cheva-
lier des ordres du roi , né en 1754 , fut
nommé, en 1791, commandant-général de
la garde constitutionnelle du roi. Lorsque
ce corps eut été licencié en 1792 , il fut en-
voyé à Orléans , puis à Versailles , où il
partagea le sort des prisonniers qui furent
massacrés dans les premiers jours de sep-
tembre. Le duc de Brissac se défendit
long-temps , et céda enfin au nombre ,
après avoir reçu plusieurs blessures. De-
lille lui a consacré quelques vers dans son
poème de la pitié.
BRISSAC. royez COSSÉ.
* BRISSET (Roland), sieur du Sau-
vage, né à Tours et mort vers la fin du
seizième siècle, fit son cours de droit
à Paris , et y fut reçu avocat au parle-
ment. L'élude qu'il avait faite dans sa
jeunesse, des anciens tragiques grecs et
latins, lui inspira le désir de les traduire.
Ce ne fut qu'à la sollicitation de ses amis
qu'Use détermina à faire imprimer ses es-
sais sous ce titre : Premier livre des œu-
vres poétiques de R. B. G. T. , Tours ,
1589 et 1590, in-4°. Ce volume contient
cinq tragédies, Hercule furieux, Thyeste,
Agamemnon et Octavie , traduites libre-
ment de Sénèque, sans distinction de
BRI
scènes; et Baptiste, ou la Calomnie, tra-
duite du latin de Buchanan. L'année sui-
vante, il fit imprimer, dans la même
ville, une pastorale intitulée : la Diéro~
mène, ou le Repentir d'amour , traduite
de l'italien de Louis Groto en cinq actes
et en prose, ibid.,1591; Paris, 1595, in-12 ;
quelque temps après parut AJcée, pêche-
rie ou comédie marine , traduite de l'ita-
lien d'Antonio Ongaro, Paris, 1595, in-12.
On lui attribue encore quelques autres
ouvrages.
BUISSON (Barnabe) , élevé par Henri
III aux charges d'avocat-général en 1575,
de conseiller d'état, puis de président
à mortier en 1583, fut envoyé ambassa-
deur en Angleterre. A son retour, ce
prince le chargea de recueillir ses ordon-
nances et celles de son prédécesseur.
Henri disait ordinairement : « qu'il n'y
» avait aucun prince dans le monde qui
« pût se flatter d'avoir un homme d'une
» érudition aussi étendue que Brisson. »
Après la mort de ce monarque , Brisson
s'étant déclaré pour Henri IV, la faction
des Seize le fit conduire au petit Châte-
let, où il fut pendu à une poutre de la
chambre du conseil , en 1591. Les chefs
des ligueurs désapprouvèrent cette exé-
cution, et par leur ordre quatre des prin-
cipaux auteurs de la mort de Brisson
perdirent la vie par les mains du bour-
reau. On a de lui plusieurs ouvrages : | De
jure Connubiorum liber singularis, Paris,
1564, in-8°. Il dédia cet ouvrage au fa-
meux l'Hôpital , chancelier de France.
| De verborumquœ ad jus pertinent signi-
ficatione, Leipsick, 1721, in-fol. | Defor-
mulis et solemnibus populi Romani ver-
bis, en 8 livres, plein d'érudition, in-fol.,
1583 ; | De regio Persarum principatu,
réimprimé à Strasbourg en 1710, in-8°,
avec les notes de Sylburge et de Leder-
lin. Les usages des anciens Perses dans la
religion, dans la vie civile , dans l'art mi-
litaire , y sont décrits fort savamment ,
mais avec peu d'ordre. | Opéra varia,
1606, in-4°; | Recueil des Ordonnances de
Henri III , in-fol. On a parlé très diffé-
remment du caractère de Brisson. Les
uns le peignent comme un bon citoyen;
les autres disent qu'il n'avait que des
vues ambitieuses dont il fut la victime:
car ayant voulu demeurer à Paris en 1589,
tandis que le parlement en sortait , dans
l'espérance , dit-on, de devenir premier
président à la place d'Achille de Harlay,
alors prisonnier à la Bastille, il obtint ef-
fectivement celte place, qui fut cause en
BRI 5G7
partie de sa fin tragique. — Son frère ,
Pierre BRISSON , a donné Y Histoire au
vrai des guerres civiles es pays de Poitou,
Aunis , etc. , depuis Van 1574 jusqu'en
1576, Paris , 1578, in-8°.
*BRISSOîV (Matuurin-Jacqces), habile
naturaliste français , né à Fontenay-le-
Comte , le 30 avril 1723 , fut maître de
physique et d'histoire naturelle des en-
fans de France , censeur royal , membre
de l'académie des sciences , et ensuite de
l'institut. 11 avait été attaché à Réaumur
dans sa jeunesse ; il l'aidait dans ses tra-
vaux , et dirigeait son cabinet. Il succéda
à l'abbé Nollet pour la chaire de physique
au collège de Navarre, et fut chargé par
le gouvernement d'établir des para?ca~
nerres sur plusieurs édifices publics. Bris-
son est mort à Boissi, près de Versailles,
le 23 juin 1806. Quelques mois auparavant,
une attaque d'apoplexie effaça toutes ses
idées, lui fit oublier jusqu'à la langue
française, de sorte qu'il ne prononçait plus
que quelques mots de l'idiome poitevin.
On a de lui : | Système du règne animal,
et ordre des oursins de mer, traduit de
Thomas Klein , Paris , 1754 , 3 vol. in-8° ;
J Tableau de zoologie , sous ce titre : le
Règne animal, divisé en neuf classes , Pa-
ris , 1756 , in-4°, figures ; il ne comprend
que les quadrupèdes et les cétacés. Cet ou-
vrage a été traduit en latin par Allamand,
Leyde, 1762, in-8°. | Ornithologie, ou
Méthode contenant la division des oiseaux
en ordres , sections , genres , espèces , et
variétés, à laquelle on a joint la descrip-
tion exacte de chaque espèce , avec les ci-
tations des auteurs qui en ont traité , et
les noms qu'ils leur ont donnés, etc., Pa-
ris , 1760 , 6 vol. in-4°. Le texte est en la-
tin et en français, sur deux colonnes.
Brisson y décrit quinze cents espèces. Cette
ornithologie, dont le style est peu remar-
quable , était l'ouvrage le plus complet ,
par rapport au nombre des espèces , avant
V Histoire des oiseaux de Buffon ; | His-
toire de l'électricité , traduite de Priestley,
Paris , 1771 , 5 vol; in-12. Dans les notes
qu'il y inséra , il tâcha de soutenir la
théorie de Nollet sur l'électricité , attaqua
Franklin , principal auteur de celle qui y
était opposée, et voulut rabaisser Priest-
ley; | Dictionnaire raisonné de physique,
Paris , 1781 , 2 vol. in-4°, avec atlas ; 1800,
4 vol. in-4°. Ce dictionnaire n'est presque
plus consulté ; | Observations sur les nou-
velles découvertes aérostatiques, et sur la
probabilité de pouvoir diriger les ballons,
i784 , ia-8° et in-4° ; | Pesanteur spécifi-
BÏU
que des corps , 1787 , in-4°. Cet ouvrage
que l'on peut regarder comme le plus im-
portant de Brisson , est encore le plus com-
plet que nous ayons en ce genre ; | Prin-
cipes élémentaires de l'histoire naturelle
et chimique , des substan es minérales ,
1797, in-8°; | Elêmens ou Principes physi-
co-chimiques , Paris , an 8 ( 1800 ) , 4 vol.
in-8° , à l'usage des écoles centrales ; la
première édition avait déjà paru en 1789,
en 3 vol. in-8° ; | Instruction sur les nou-
veaux jJoids et mesures, Paris, an 7 (1799),
in-8° ; | Instruction sur les poids nouveaux
comparés aux mesures et poids anciens ,
Paris, an 8 (1800) , in-18. Brisson a aussi
donné quelques Mémoires , insérés dans le
recueil de la compagnie des sciences.
* BRISSON ( Barnabe ) , inspecteur di-
visionnaire des ponts et chaussées , né à
Lyon le 12 octobre 1777 , fit ses études au
collège de Juilly, et entra à l'école poly-
technique lors de sa formation , à l'âge de
seize ans. Il entra ensuite dans le corps
des ponts et chaussées et fut employé ,
en 1802, au canal du Rhône-au-Rhin ,
sous la direction de M. Liard , puis au
canal de Saint-Quentin sous celle de
M. Payant. Il s'occupa sur l'un et sur
l'autre de ces canaux des travaux du bief
de partage , et déploya les ressources d'un
génie actif et. fécond. Nommé ingénieur
en chef avant l'âge de trente ans, il prit,
en cetie qualité, en 1809, la direction de
l'Escaut qui faisait à cette époque partie
de la France. Brisson revint en 1814 dans
sa patrie , et on lui confia le service du
département de la Marne. La ville de
Chàlons lui doit surtout la construction
du grand pont sur la Marne. Il devint
ensuite successivement professeur de
construction à l'école des ponts et chaus-
sées , inspecteur de cette école , et secré-
taire du conseil d'administration, et enfin,
en 1824 , inspecteur divisionnaire. Il est
mort le 23 septembre 1828 , à Nevers. On
a publié en 1829 : Essai d'un système gé-
néral de navigation intérieure de la
France, par B. Brisson , précédé d'un
Essai sur l'art de projeter les canaux à
point de partage, par Dupuis de Forcy
et B. Brisson, 1 vol. in-4°. Ces deux mé-
moires avaient été approuvés par l'In-
stitut , le premier, en 1827 , le second ,
en 1802. On a encore de Brisson diffé-
rens Mémoires , des Observations sur des
travaux de construction, insérés dans
les Collections lithographiques des ponts
et chaussées , et un Traité des Om-
bres* imprimé à la suite de la Géomé-
imi
568
BRI
trie descriptive de Monge , dont il était
l'ami.
BRISSOT ( Pierre ) , médecin, fils d'un
avocat, naquit à Fontenai-le-Comtc en
Poitou , en l/*78. Il fut reçu docteur de la
faculté de médecine de Paris en itilU. Il
mourut en 1522 , dans la ville d'Evora en
Portugal, où le désir d'aller herboriser,
même jusqu'au Nouveau-Monde, l'avait
conduit. Il prit le parti d'Hippocrate , de
Galien et des autres anciens contres les
médecins arabes er les charlatans mo-
dernes. La pratique des docteurs de son
temps dans la pleurésie, était de saigner
du côté opposé au mal. Il écrivit contre
cet abus dans son Traité de la saignée
dans la pleurésie , Paris , 1G22 , in-8° , où
il justifie la méthode salutaire qu'il avait
mise en usage.
*BRISSOT (Jean-Pierre), célèbre
révolutionnaire , chef du parti dit des
Brissotins > naquit le ïh janvier 1754, à
Ouarville , village près de Chartres , dont
il prit l'habitude d'ajouter le nom au sien
en lui donnant la forme anglaise de War-
ville, espérant parvenir ainsi plus facile-
ment à la célébrité. Son père, pâtissier de
profession , lui fit donner une éducation
soignée. Après avoir été clerc de procu-
reur à Paris , Brissot se fit littérateur, et
débuta par un ouvrage peu propre à don-
ner une idée favorable de ses doctrines ;
cet écrit qui est intitulé : Recherches
philosophiques sur le droit de propriété et
sur le vol considérés dans la nature et
dans lu société J le fit juger digne de coo-
pérer avec Condorcet , Clavière et Ker-
saint au journal la Chronique du mois. Il
publia ensuite divers écrits sur Y Inégalité
des rangs, qui le firent mettre à la Bas-
tille. Le duc d'Orléans l'en fit bientôt sor-
tir à la recommandation de madame de
Genlis , et Brissot épousa, sous les auspices
«le cette femme auteur, une jeune demoi-
selle attachée au service de la duchesse
d'Orléans; il partit presque aussitôt pour
''Angleterre avec une mission secrète que
lui avait confiée le lieutenant de police de
•Paris. Après l'avoir accomplie , il voulut
Se fixer à Londres , et y fonda le Journal
des Lycées. Cependant il retourna bien-
tôt en France , et fit , en 1788 , un voyage
'■aux Etats-Unis. La révolution française le
j ramena en Europe. Il écrivit en 1789 dans
' le journal le Patriote français , et fit pa-
raître des pamphlets , contribuant ainsi ,
autant qu'il était en lui , à répandre les
principes démagogiques dont les résultats
devaient être si désastreux. Aussi fut-il
choisi pour être président du comité des
recherches à Paris , qui fut le type des co-
mités de surveillance , de sûreté générale,
de salut public, et autres qui se formèrent
depuis. Brissot se fit dans cette fonction
de grands ennemis. Un écrivain français ,
nommé Morande, qui l'avait connu en
Angleterre et qui publiait, en 1791 , à Pa-
ris, un pamphlet périodique intitulé Y Ar-
gus J le peignit sous les plus noires cou-
leurs,-l'accusant même de vol , et substi-
tua dans son journal le mot brissoter à ce*
lui de voler. Lors du départ du roi pour
Varennes , en 1791 , Brissot rédigea de con-
cert avec Laclos, la pétition appelée du
Champ-de-Mars , dans laquelle on deman-
dait la déchéance du roi ; cette pétition
occasiona une insurrection violente que
la garde nationale ne comprima qu'avec
peine {V. BAILLY). Brissot et Lafayette,
jusquelàfort unis, se brouillèrent. A cette
époque , les républicains commençaient à
marcher tête levée ; malgré les efforts em-
ployés pour dépopulariser Brissot, l'as-
semblée électorale de Paris le nomma à la
législature , et il devint un des plus impla-
cables ennemis de Louis XVI. L'assem-
blée, présumant que ses voyages lui
avaient donné quelque habileté politique ,
le nomma membre du comité diplomati-
que qu'elle établit dans son sein. Il en fut
le plus habituel rapporteur et ne cessa
d'invoquer la guerre contre toutes les
puissances de l'Europe , guerre qu'il re-
gardait comme un des moyens les plus
certains de détrôner le monarque. Il atta-
qua les ministres qui voulaient le main-
tien de la paix , en s'attachant particuliè-
rement au ministre des affaires étrangères,
M. Delessart , qu'il vint à bout de faire
décréter d'accusation , et qu'il fit rempla-
cer par le général Dumouriez , sous lequel
la guerre fut en effet déclarée à l'empe-
reur d'Autriche , le 20 avril 1792. Mais ce
fut là le terme de la grande influence de
Brissot. sur les affaires politiques. Robes-
pierre , alors accusateur public près le tri-
bunal de la Seine , et avec lequel il était
lié , se déclara tout à coup son adversaire
et le dénonça au club des jacobins , comme
traître à la patrie et ennemi du peuple ,
pour l'avoir précipité dans une guerre
dont il éprouverait tous les malheurs et
qui devait peut-être entraîner sa ruine.
Camille-Desmoulins ameuta contre lui la
populace ; Brissot . dans l'espoir de con-
jurer l'orage qui le menaçait, voulut se
rapprocher du roi et des constitutionnels;
mais ses tentatives n'ayant point réussi.
BRI
569
BRI
3 revînt à ses'prcmières opinions, et pour-
suivit avec la même brutalité tous ceux
qu'il soupçonnait d'être attachés à Louis
XVI. Il ne prit point cependant une part
directe aux evcnemens du 10 août , qui
furent dirigés par Danton, et par le parti
qu'on croyait être celui du duc d'Orléans.
Envoyé à la Convention nationale par le
département de l'Eure, il n'y joua qu'un
rôle très secondaire, et n'y fut guère
remarqué que par l'acharnement de Ro-
bespierre, qui, en le perdant , croyait rui-
ner la faction des Brissotins. Dans le
procès de Louis XVI, il parut, ainsi que
les girondins Vergniaud , Guadet , Gen-
sonné,etc, vouloir sauver le monarque.
L'accusation de fédéralisme et de conspi-
ration contre l'unité et l'indivisibilité de la
république lit surtout parmi ses partisans
un grand nombre de victimes , et acheva
de les rendre impopulaires. Ce fut néan-
moins encore Brissot qui, en qualité de,rap-
porteur du comité diplomatique , fit dé-
clarer la guerre à la Hollande et à l'An-
gleterre , le 1er février 1793 ; depuis, il fut
continuellement occupé à se défendre con-
tre ses ennemis. Enveloppé dans la pro-
scription qui suivit la journée du 51 mai
1795, il fut arrêté à Moulins, lorsqu'il es-
sayait de gagner la Suisse , transféré à Pa-
ris, et décapité le 51 octobre de la même
année , à l'âge de trente-neuf ans. Il était
d'une constitution faible , d'une taille au-
dessous de la moyenne , un peu contrefait ;
sa figure était pâle et son air triste ; la sim-
plicité de son habillement était extrême,
et il fut un des premiers à adopter la coif-
fure sans poudre. Comme écrivain, Bris-
sot avait un talent fort médiocre , et fit
beaucoup de mal avec peu de moyens. Les
meilleurs articles de son journal n'étaient
pas de lui , mais de son secrétaire Girey
Dupré , qui fut décapité quelque temps
après son patron. On peut considérer
Brissot comme un des hommes publics
dont l'indiscrète philantropie contribua le
plus à l'insurrection des nègres et par
conséquent à la ruine de Saint-Domingue.
Les principaux ouvrages de ce révolution-
naire sont : | Moyens d'adoucir la rigueur
des lois pénales en France sans nuire à la
sûreté pub'ique , ou -discours couronnés
par l'académie de Châlons-sur-Marne en
1780, Châlons, 1781, in-8° ; l'un de ces
discours est de F.-P. Brissot , et l'autre de
M. Bernardi. Le premier fut réimprimé
sous ce titre : Le sang innocent vengé, ou
discows sur la réparation due aux accu-
sés irmocens , etc. ; | Un indépendant de
l'ordre des avocats sur la décadence du
barreau en France , 1781, in-8°; | De la
vérité , ou méditation sur les moyens de
parvenir à la vérité de toutes les connais ■
sa?ices humaines. L'auteur dans cet o\i-
vrage donne une fausse définition de la
vérité , en l'établissant , ce qui est confor-
me au témoignage des sens ; | Le Phila-
dclphien à Genève 1 1783 , in-8°; | Théorie
des lois criminelles, 1781, 2 vol. in-8°;
| Bibliothèque philosophique du législa-
leur, du politique , du jurisconsulte , 1782-
1786 , 10 vol. in-8° ; | Tableau de la situa-
tion actuelle des Anglais dans les Indes
occidentales , et tableau de l'Inde en gé-
néral, 1784-1785, m-8°; | Tableau du
lycée de Londres, ou tableau de l'état
présent des sciences en Angleterre , in-8° ;
| Examen critique des voyages dans l'A-
mérique septentrionale , par le marquis
de Cbastelux , 1786 , in-8° ; | Voyages en
Europe , en Asie et en Afrique , traduits
de l'anglais de Makintosh, avec des notes,
1786 et 1791 , 2 vol. in-8° ; j Lettres philo-
sophiques et politiques sur l'histoire de
l'Angleterre, 1786 et 1790, 2 vol. in-8°.
Ce sont les lettres attribuées à lord Lyttle-
ton traduites par Madame Brissot , avec
des notes de son mari ; | De la France et
des Etats-Unis , ou de l'importance de la
révolution de V Amérique pour le bonheur
de la France , 1787, in-8°; traduit en an-
glais en 1788; Clavière a pris part à cet
ouvrage ; | Des administrations provin-
ciales. Ce mémoire, qui fut présenté au roi
par Turgot, est suivi des Observations d'un
républicain , 1788, in-8°; les observations
sont de Brissot ; plusieurs exemplaires de
ce livre sont intitulés Œuvres posthumes
de Turgot; | Nouveau voyage dans les
Etals-Unis de l'Amérique septentrionale ,
1791 , 5 vol. in-8°. Cet ouvrage a été tra-
duit en anglais, en hollandais et en aile*
mand. La Vie de Brissot se trouve à la tête
du 1er volume ; cette vie , traduite séparé-
ment en anglais, a été publiée en 1794,
in-8°; la plus considérable de ses brochu-
res est celle qui parut en 1789 , sous ce ti-
tre : Plan de conduite pour, les députés
du peuple aux états-généraux ; \ Rome
jugée, ou V autorité législative du pape
anéantie, 1784 , in-12 , 1791 , in-8°.
* BRISTOW ( Riciiaud ) , écrivain ca-
tholique, né Worcester en 1558, vint à
Douai, et y fut reçu docteur en théo-
logie. Le cardinal Alan le prit sous sa pro-
tection , et , en son absence , le mit à la
tête du collège. Il ruina sa santé à force
de travail; on lui conseilla l'air natale et
ko ►
BRI 57
fl mourut dans sa patrie en 1G81. On a de
tui : | Motifs de ma conversion; \ Répli-
que du docteur Fulke sur le purgatoire ;
| Cinquante-une demandes proposées aux
hérétiques par les catholiques ; \ Méri-
tâtes aureœ S. IL ecclep. ; | Tabula in
Summam theol. Thom. Aquinatis.
BRITANMCUS, fils de l'empereur
Claude et de Messaliue, fut exclu de l'em-
pire par les artifices d'Agrippine , se-
conde femme de Claude et mère de Néron,
sur lequel elle voulait le faire tomber. Ce
prince fit empoisonner Britannicus dans
un repas. Il fut enterré la nuit d'après ,
en simple particulier, l'an 55 de J.-C.
Une grosse pluie , survenue lorsqu'on le
portait au tombeau , effaça le blanc dont
Néron avait fait masquer son visage, pour
cacher l'effet du poison qui l'avait ex-
trêmement noirci.
BRITAIVIMCUS ( Jeax), professeur de
belles-lettres à Palazzolo , sa patrie , dans
le Bressan , laissa des notes estimées sur
Juvénal, sur Perse, Stace, Ovide. Il a
écrit aussi le panégyrique du cardinal
Cajétan. Il mourut en 1520.
BRITO ( Bernard de ), cistercien,
historiographe du royaume de Portugal,
naquit dans la ville d'Almeida , en 1509 ,
et mourut en 1617. On a de lui : j Monar-
chia Lusitana, 8 vol. in-fol., Lisbonne,
1597-1683. C'est une histoire de Portugal
qui remonte fort haut. Elle est écrite avec
élégance, quoique par différentes mains.
Les Pères Antoine et François Brandano ,
ses confrères , l'ont poussée jusqu'à l'an
1525; enfin elle a été continuée jusqu'à
Van 1556 , par le Père Raphaël de Jésus.
Brito n'est auteur que des 2 premiers volu-
mes. | Eloges des rois de Portugal, avec
leurs portraits , 1603, in-4°. | Géographie
ancienne du Portugal. \ La C/ironique de
l'ordre de Citeaux , Lisbonne , 1602 , in-
fol. | Guerra Brasilica, Lisbonne , 1675 ,
in-fol. — Il ne faut pas le confondre avec
Diego de BRITO , né aussi à Almeida ,
dont nous avons un livre intitulé Com-
mentaria in rub. et litul. de Locato et
Co?iducloJ de Emphiteusi traclatus* Lis-
bonne, 1619, in-fol.
* BRITO ( le Père de ) , jésuite portu-
gais et missionnaire aux Indes, fut en-
voyé dans le Maduré par ses supérieurs.
Il était à la tète de la mission dans le
Maravas, lorsqu'une violente persécution
suscitée contre lui l'obligea de se retirer,
avec l'intention néanmoins de revenir
bientôt prendre le soin d'une nombreuse
chrétienté qu'il avait établie avec des
0 BRI
soins et des fatigues incroyables. H était
sur le point de retourner au milieu de
ces peuples et de s'exposer à tout plutôt
que de les abandonner , lorsqu'il fut en-
voyé en Europe en qualité de procureur-
général de la mission de Maduré. Il arriva
à Lisbonne en 1687. Le roi de Portugal,
dont il était avantageusement connu, vou-
lut l'altacber à sa cour par des emplois
importans ; mais le saint homme , qui
ne respirait que la conversion des in-
fidèles , s'en excusa fortement , et ayant
terminé les affaires dont il était chargé, il
reprit avec empressement la route de Goa.'
Ayant été de nouveau envoyé au Maduré
avec la charge de visiteur, il se hâta d'en
remplir les devoirs , sans même se dé-
lasser des fatigues d'un long voyage et
d'une maladie grave qu'il avait éprouvée
en route. Use rendit ensuite auprès de ses
chers Maravas , et parcourut toutes leurs
églises avec un zèle infatigable. Il fut
souvent en danger de perdre la vie par
l'effet de la haine des prêtres idolâtres ,
et eut à supporter de grandes incommo-
dités ; mais les bénédictions que Dieu ré-
pandait sur ses travaux apostoliques sou-
tenaient son courage. Depuis son retour
d'Europe jusqu'à sa mort, il baptisa huit
mille catéchumènes, et convertit le princo
Teriadcven, un des principaux seigneurs
du pays. Celte conversion , qui fut écla-
tante, causa la perte du Père de Brito.
D'après les principes du christianisme,
le nouveau chrétien avait déclaré à toutes
ses femmes qu'il ne lui était plus permis
de les garder et qu'il n'en aurait plus
qu'une seule, mais qu'il prendrait soin
de celles qu'il était forcé d'abandonner.
Une de ces femmes , plus irritée que les
autres , porta ses plaintes au souverain
du pays , dont elle était nièce , et ac-
cusa de son malheur le Père de Brito,
qu'elle traita de magicien. Les brames
saisirent celte occasion pour exercer leur
vengeance contre le missionnaire. On se
saisit de sa personne; il fut conduit de-
vant le prince, et après avoir subi les
traitemens les plus cruels , il fut immolé
en haine de la foi. Il vit arriver l'instant
de son supplice avec la joie d'un voya-
geur qui arrive au terme d'une longue
route, embrassa ses bourreaux et reçut
le coup mortel avec un visage si pénétré
de dévotion, que les païens eux-mêmes
en furent touchés. Ce fut le h. février
1693. Le Père de Beauvais a donné sa Vie,
Paris , 1746 , in-12.
* BRIVES ( le père Martial de ) , ca-
BRI
571
BRO
pucin, né à Brives , mourut en 1656. Son
nom de famille était DUMAS. On a de lui
des Poésies, imprimées sous te titre de
Parnasse séraphique , ou tes derniers
soupirs de la muse du R. P. Martial de
Brives, capucin, etc. , Lyon , 1760 , in-8°.
* BRITZ- MARTIN EZ ( don Juan ) ,
abbé d'un monastère de Saint-Jean-de-la-
Pena dans les Pyrénées , né à Saragosse ,
a écrit Y Histoire de la fondation et des
antiquités de son couvent , Saragosse ,
1620 , in-fol. ; | et la Relation des obsè-
ques de Philippe PT d'Aragon, 1599, en
espagnol.
* BRIZARD (Gabriel) , avocat et pre-
mier commis à la chancellerie du Saint-
Esprit , se distingua par des succès dans
les lettres ; obligé de vivre d'économie ,
il avait adopté l'habit violet, comme
inoins dispendieux, ce qui le fit nommer
l'abbé , titre qu'il ne refusait pas et qu'il
a pris même quelquefois dans ses ouvra-
ges. On a de lui un assez grand nombre
d'ouvrages : | Eloge de Charles V, roi de
France, in-8 ; ce discours concourut à
l'académie avec celui de La Harpe qui
fut couronné ; | Histoire généalogique de
la maison de Deaumont en Dauphiné,
avec les pièces justificatives. Cet ou v rage
fut imprimé à l'imprimerie du cabinet du
roi , en 2 volumes in-folio , aux frais de
M. Christophe de Bcaumont, archevêque
de Paris , et envoyé par lui aux maisons
souveraines de l'Europe ; d'Hozier de Sé-
rigni en fait un grand éloge ; | Fragment
de Xénophon , nouvellement trouvé dans
les ruines de Palmyre par un anglais, tra-
duit du grec en français, Paris, 1783, in-
24. C'est une fiction assez ingénieuse sur
la révolution d'Amérique. | De l'amour de
Henri I y pour les lettres, Paris , 1785 et
4786, in-18; | Eloges historiques de l'abbé
de Mabhj , Paris, 1787, in-8°, discours
couronné à l'académie des belles-lettres; on
le trouve à la tèle des œuvres de Mably.
| Du massacre de la Saint-Rarlhélemy ,
et de l'influence des étrangers en France
durant la ligue; Discours historique avec
les preuves, Paris, 1790, 2 part. in-8°.
L'auteur a pour but dans cet ouvrage de
prouver que les reproches que l'on a faits
à la France à propos de ce massacre , ne
retombent pas entièrement sur elle , mais
doivent être attribués en grande partie
aux étrangers , dont l'influence en France
était grande alors. | Discours historique
sur le caractère et la politique de Louis
XI. Brizard a composé plusieurs autres
ouvrages, entr'autres une Histoire des
Français, mais qui est demeurée impar-
faite et manuscrite. Il était très lié avec
Blin de Sainmore, qu'il fit son exécuteur
testamentaire. Après avoir , dans les com-
mencemens, adopté les principes de la ré-
volution , il vit avec une douleur si vive
tous les excès et les crimes où l'on se
porta pour la consommer, qu'il en mourut
de douleur le 23 janvier 1793 , deux jours
après la mort de l'infortuné LoHis XVI.
BROCARD ou BURCARD (Bonaven-
ture) , jacobin du 13e siècle , s'est fait un
nom par une savante Description de la
Terre-Sainte , en latin , Cologne , 1624 ,
in-8°. Le Clerc l'a réimprimée à la fin de
son édition de l'Onomasticon de Bonfré-
rius, Amsterdam, 1707, in-fol. (i)
BROCARD ( Jacques ) , né à Venise au
16e siècle r embrassa le calvinisme , tâcha
de prouver que les principaux événemens
de son temps se trouvaient prédits dans
les saintes Ecritures , et en fit des appli-
cations à la reine Elizabelh. à Philippe II,
au prince d'Orange , qui sont consignées
dans l'ouvrage qui a pour titre Mtjstica
et prophelica interpretatio Geneseos ,
Leyde,1584, in-4°. Idem , Levitici, in-8°.
Mais cette liberté fut condamnée par ceux
même de sa communion , en 1581. Il fut
(i) L'abbé Feller a confondu Bonaventnre Bro-
card, dont le vrai nom est Brochard, avec Brocard ,
jacobin allemand , qui lui est ante'rieur de deux siè-
cles et demi. Celui-ci, né à Strasbourg, selon quel-
ques-uns, et suivant Reineccius en Westphalie,
entra dans l'ordre des dominicains, et fut envoyé
vers l'an ta3a, dans ta Terre-Sainte, où il passa dix
ans au monastère de Sion ; ce qui te fit surnommer
Brocardas de monte Sion. Il parcourut la Palestine ,
vit des villes et des villages qui n'existent plus au-
jourd'hui, et décrivit avec tant d'exactitude des végé-
taux étrangers à nos climats , qu'on les reconnaît sans
peine, quoiqu'il n'ait pas donné leurs noms. La re-
lation de ce voyage fut imprimée pour la première
fois dans le livre intitulé : Calena Itmporum, te-u
Rtidt'mcntum novillorum , espèce d'histoire univer-
selle, publiée à Lubeck , en i4?5, en a volumes in-
folio, et qui a été traduite en français gothique,
sous le titre de Mer des Histoires, Paris, 1488, a vol.
in-fol. Cette édition est préférable à celles qui furent
faites postérieurement, et qu'on a grossies par des
additions de tout genre. On trouve dans celle-ci uni
carte Je la Terre-Samte , gravée en bois, la plua
ancienne peut-être de cette sorte qui existe. La rela-
tion de Brocard a été imprimée séparément à An-
vers en 1 536 , sous le titre de : Loeorum Terrai Sanclm
exactissima descriplio , etc., à Paris, en 1 544 * et *
Cologne, en iSa4. — Bonavenlure Brochard , cor»
délier, fit un voyage en Terre-Sainie dans le seizième
siècle, et en a aussi écrit une relation différente de
celle qui fut donnée à Cologne en 1634 par Philippe
r, sous les nom et prénom de
gteui
tandis qu'elle n'est autre que celle «lu jacobin alle-
mand Biôcard , ou BurchardL
mio s:
ensuite obligé de quitter successivement
sa patrie et la France , où il fut accusé
d'exciter des troubles, et se relira à Nu-
remberg, où il mourut. Bongars parle de
lui dans ses lettres.
* BROCARIO ( Arnaud-Guillaume de),
habile imprimeur espagnol , de l'univer-
sité d'Alcala , fut chargé d'imprimer la
fameuse Bible polyglotte du cardinal
Ximénès de Complute ou d'Alcala. Cette
Bible appelée Biblia complulensis , et qui
est l'ouvrage le plus considérable qui eût
été publié jusqu'alors , consiste en 6 gros
vol. in-fol. C'est la première et la plus
rare de toutes, et c'est ce qui la fait re-
chercher, car elle est bien moins com-
plète que celles qui ont p»*ru depuis. Cha-
que page est partagée en trois colonnes ;
la lre offre le texte hébrsu ; la 2e la vul-
gate, en caractères gothiques ; la 5e le grec
des Septante ; le texte chaldéen se trouve
à la marge extérieure, et la version latine
vis-à-vis. Les 4 derniers volumes furent
achevés en 1517; ils contiennent l'ancien
Testament en grec , hébreu, cbaldécn et
latin ; le 5e renferme le nouveau Testa-
ment imprimé pour la première fois en
grec et en latin ; le 6e un vocabulaire hé-
braïque et chalda'ique. Léon X fixa le prix
de la polyglotte par feuilles à 6 ducats et
demi d'or (40 fr. de notre monnaie de ce
temps-là ). Cette polyglotte est rare , et le
prix en est plus élevé que celui des poly-
glottes de Le Jay et de Walton. Un exem-
plaire imprimé sur vélin a été acheté
12,000 fr. par M. Maccarthy à la vente de
Pinelli , et a été revendu 16,000 fr.
* BROCCHI ( Joseph-Marie ) , ecclé-
siastique italien , né à Florence en 1687 ,
et mort le 8 juin 1751 , obtint en 1716 le
prieuré de Sainte-Marie-aux-Ormes. L'ar-
chevêque de Florence qui connaissait son
mérite , lui confia la direction du sémi-
naire des jeunes ecclésiastiques. Il était
protonotaire apostolique, et membre de la
société connue sous le nom de la Colom-
baria. On lui doit plusieurs ouvrages :
| des Principes de théologie morale , en
latin; | Traité sur l'occasion prochaine
du péché s sur les récidives, en italien;
| les Constitutions du séminaire ds Flo-
rence , et plusieurs Vies des saints.
* BROCIIARD ( l'abbé Micuel), pro-
fesseur au collège Mazarin, mort en 1728
ou 1729, était un de ces amateurs qui pas-
sent leur vie à se former une collection
délivres rares. Il a contribué beaucoup ,
avec Gabriel Martin , à perfectionner la
bibliographie, ou l'art de dresser des ca-
2 BÎIO
talogues de bibliothèque , par ordre de
matières. C'est lui qui dressa la Riblio-
theca Fayana , que G. Martin imprima à
Paris , 1725 , in-8°, en y joignant uno
bonne table des auteurs. Il avait fait aussi
le Catalogue de sa propre bibliothèque,
qui fut publié de même par Martin, avec
une table d'auteurs , sous le titre de Mu-
sœum selectum, Paris , 1725, in-8°.
• BRODE AU (Victor), valet de cham-
bre et secrétaire de François Ier, naquit à
Tours , et mourut en 1540. Il composa
quelques Pièces de vers, et un poème en
vers de dix syllabes intitulé •■ Louanges de
J.-C. notre Sauveur, Lyon , 1540 , in-8°,
plusieurs fois réimprimé.
BRODE AU (Jean), chanoine de Tours,
sa patrie, y mourut en 1565. Sadolet ,
Bembo, Manuce, Danès, et plusieurs au-
tres savans, lui donnèrent leur amitié et
leur estime. Son principal ouvrage est un
recueil d'observations et de corrections de
beaucoup d'endroits de différens auteurs
anciens. Ce recueil, publié sous le titre de
Miscellanea, 1609, in-8°, 2 part. , se trouve
dans le Trésor de Grutter. Brodeau joi-
gnait l'étude des mathématiques à celle
des belles-lettres.
BRODEAU (Julien) , avocat au parle-
ment de Paris, était originaire de Tours.
On a de lui | des Notes sur les arrêts de
Louet, 1712 , 2 volumes in-fol. ; | la Vie de
Charles Dumoulin, 1654, in-4°, et | des
Commentaires sur la coutume de Paris ,
1669 , 2 vol. in-fol. Il mourut à Paris , en
1655.
BRODÉRICUS ( Etienne ) , esclavon
d'origine , évèque de Watzen , se rendit
fort utile àLouis II, roi de Hongrie, qui,
trop jeune et trop faible pour s'opposer
aux Turcs qui menaçaient de fondre sur
son royaume, était en danger de voir
tout son pays au pouvoir de ces barbares.
Brodéricus fut envoyé à Rome pour y
demander du secours , et fut chargé en
même temps de se rendre auprès de Fran-
çois Ier, détenu alors prisonnier, pour lui
porter de la part de Louis II, des motifs
de consolation , et lui offrir tous les ser-
vices dont il était capable. De retour dans
sa patrie, il fut nommé chancelier, et se
trouva ensuite à la bataille, de Mohatz avec
le roi, qu'il ne quitta pas et qui y périt.
Après la mort de Louis II, Brodéricus sui-
vit le parti de Jean Zapol ( voyez ce mot),
et prêta son ministère à son inaugura-
tion. Il mourut en 1540. C'était un prélat
aussi recommandable par son génie cl ses
connaissances, que par le talent supérieur
BRO b
qu'il avait à concilier les intérêts des
princes et les ramener à la concorde. On
a de lui une histoire de la bataille de
Mohalz , sous ce titre De clade Ludovi-
cill, régis Uungariœ , dans laquelle périt
la principale noblesse de Hongrie. Sembuc
l'a donnée en entier au public à la suite
de l'Histoire de Bonfinius, Francfort, 1581,
Hanovre , 1606. Elle se trouve aussi dans
le second tome de la Collection des écri-
vains de l'histoire d'Allemagne, de Scha-
dius, Bàle, 1574. Les savans de ce temps-
là ont parlé de Brodéricus avec éloge, et
Nicolas Olaus a orné son tombeau de l'é-
légie suivante :
Hic jaret inclusus gelida Brodéricus în um.i,
Cui decus , et oomen pulchra corona dédit.
Pliœbus in sthereo donec clarescet Olympo,
Dum tenebras densas Cynthia clara fugat,
Semper erit Stepliani virtus , doctrina perennis ,
Saocta fides, probitas et pietalis amor.
l'ontificis vixit sacro decoratus hoDOie ,
Cujus in officio sedulus usque fuit.
O felix claros patriae qui vidit honores,
Illius at cladera cernere non voluit !
Dum nullam potuit nostris adbibere medelam,
Hisce malis subito migrât ad astra poli.
BROGLIE ( Victor-Maurice , comte
de ), d'une famille originaire de Piémont,
servit avec gloire dans toutes les guerres
de Louis XIV, et obtint le bâton de maré-
chal de France en 1724. Il mourut le 4
août 1727 , à 80 ans.
BROGLIE (François-Marie ) , fils du
précédent, aussi maréchal de France, mé-
rita cet honneur par l'intelligence et la
bravoure qu'il montra en Italie dans les
campagnes de 1753 et de 1754. Ce fut cette
dernière année qu'il reçut le bâton. Le
roi érigea en sa faveur la baronnie de
Ferrières en Normandie en duché , sous
Je nom de Broglic. Il commandait l'ar-
mée française destinée à protéger la Bo-
hème , et sa retraite fut la cause de sa
ïisgrâce. Il mourut dans l'exil le 20 mai
1745.
* BROGLIE (Victor-François duc de),
maréchal de France, chevalier des ordres
du roi, etc. , né le 19 octobre 1718 , était
le fils aîné du duc François-Marie. Il ser-
vit dans les armées d'Italie, et notamment
en Allemagne, dans la guerre de sept ans,
ge couvrit de gloire à Guastalla, à Prague,
à Maastricht. Avec vingt-huit mille hom-
mes, il battit, en 1758, à Berghen, 40,000
Prussiens et Hessois, et les força d'éva-
cuer la Franconie. Il fut créé prince de
l'empire pour lui et ses descendans par
l'empereur François Ier, en 1759. Dans la
même année, et sous le commandement
73 BRO
du maréchal de Contades , il chassa les
ennemis de Cassel et Munden , s'empara
de Minden , y fit prisonnier le général
Zastrow, et par la prise de cette ville , il
pénétra dan.» l'électorat de Hanovre.
Nommé commandant en chef de l'armée
d'Allemagne le 23 octobre 1759, et créé
maréchal de France le 16 décembre sui-
vant , à l'âge de 42 ans , il fit les campa-
gnes de 17G0 et 1761, et le 10 juillet de la
première année, il remporta une victoire
complète à Corbach. Son armée se réunit
à celle de Soubise, mais le peu de concert
entre ces deux généraux donna plusieurs
avantages aux ennemis. La perte de la
bataille de Willinghausen augmenta leur
mésintelligence. L'affaire fut portée à la
décision du conseil d'état, et le maré-
chal fut exilé en 1762. Deux ans après3
Louis XV le nomma gouverneur général
du Messin. Louis XVI l'appela auprès de
lui en 1789, le créa ministre de la guerre,
et lui confia le commandement de sa garde
particulière. Le maréchal , prévoyant les
malheurs qui menaçaient le roi et la mo-
narchie, ne cessa de donner à Louis XVI
les conseils les plus énergiques et les plus
propres à arrêter les entreprises des mal-
veillans; mais ce monarque, ou par une
trop aveugle confiance, ou par une bonté
extrême, ne voulut jamais les suivre. Le
maréchal quitta la France, et se retira à
Luxembourg, où il fut reçu avec les plus
grandes distinctions par le maréchal autri-
chien de Bender. Joseph II approuva cette
réception, honorable , en rendant à M. de
Broglie de nouveaux témoignages d'estime
et de considéralion. Lors de l'expédition de
la Champagne, en 1792, il se mit à la tête
d'un corps d'émigrés. Son âge et ses infir-
mités l'obligèrent dans la suite à quitter
les armées. Il mourut à Munster en 1804,
à l'âge de 86 ans. On trouve une relation
de ses campagnes d'Allemagne , extraite
de ses propres papiers, dans les Mémoires
historiques sur la guerre de sept ans.
rédigée par M. de Bourcet , et publiée à
Paris, 1792, 3 vol. in-8°.
* BROGLIE ( Charles-François, comte
de), frère du précédent, né le 20 aoxil
1719 , servit quelque temps dans les ar-
mées avec distinction, et ses talens
diplomatiques le firent nommer par
Louis XV , en 1752 , son ambassadeur
auprès de l'électeur de Saxe , roi de Po-
logne. La maison de Saxe , alors menacée
par les Russes , plaça toute sa confianco
dans l'ambassadeur français , qui était
revêtu des plus amples pouvoirs par
MIO
574
BRO
Louis XV , avec lequel il entretenait une
correspondance particulière. Il était aussi
profond politique que son frère était grand
général. Durant les trois ans qu'il demeura
à Varsovie, les affaires de la Pologne pri-
rent un aspect favorable et mirent ce
royaume à l'abri , cl des révolutions in-
térieures , et des entreprises de l'ennemi
au dehors. Tous les grands et les person-
nes les plus remarquables se rangèrent
autour de l'ambassadeur de France , dé-
terminés à seconder ses projets. La Polo-
gne était à la veille d'avoir un gouverne-
ment plus fort , des lois plus sages , et
une existence assez solide pour en impo-
ser à ses ennemis ; mais des intrigues de
cour renversèrent tous les projets de
l'ambassadeur. Il fut rappelé et emnloyé
aux armées d'Allemagne , où il servit
sous les ordres du général son frère. Il
s'empara de Hall , se lit remarquer à la ba-
taille de Mundcn , et devenu lieutenant-
général en 1700 , il se couvrit d'honneur
lors de lu défense de Cassel que les ennemis
attaquèrent vigoureusement. A la paix,
Louis XV le nomma directeur du ministère
secret, qui correspondait directement avec
le roi , et dont l'objet était de lui proposer
des plans , et de l'instruire sur la diffé-
rente politique que suivaient alors les ca-
binets de l'Europe. Louis XV voulait le
bien ; mais comme les conseils du comte
de Broglie étaient souvent opposés aux
vues de ses ministres, dont il avait ce-
pendant besoin pour examiner et résou-
dre les questions difficiles que le comte
lui proposait , cette correspondance de-
venait ou sans utilité pour le monarque ,
ou dangereuse pour le comte. La ja-
lousie des ministres l'emporta, et de
Broglie fut exilé par ordre du roi; mais
comme il était véritablement aimé et
estimé, de ce prince , il en reçut aussitôt
le nouvel ordre de continuer sa cor-
respondance. Rappelé à la cour , il se
déclara contre la politique du cabinet
français, et contribua à faire exiler le duc
de Choiseul , qui avait le portefeuille des
affaires étrangères. La confiance que
Louis XV témoignait au comte de Bro-
glie suscitait à ce dernier un grand nom-
bre d'ennemis : aussi il fut encore exilé
quelques années avant la mort de ce mo-
narque, et mourut en 1781, presqu'en-
tièrement oublié, après avoir eu la di-
rection du ministère secret pendant 17
ans. On a recuclli une partie des papiers
de cette correspondance ; ils peuvent je-
ter du jour sur plusieurs faits imporlans
du règne de Louis XV. Rhulière a tracé
le portrait suivant du comte de Broglie :
« Pendant son séjour à Varsovie, dit-il,
» il se montra ce qu'il fut dans la suite,
» ami et protecteur ardent et fidèle , en»
» nemi implacable , opiniâtre ; livré sans
» relâche et sans trêve à la fureur de set
» animosités , passionné pour la gloire du
» nom français, ne connaissant ni le luxe,
» ni la mollesse , ni les délassemens do
» l'esprit ; capable du plus profond secret
» dans ses longues et impénétrables intri-
» gués , mais sans dissimulation dans la
» société ; enfin , dans ce rôle singulier
» où il fut conduit par les conjonctures,
» affectant et devant affecter la rectitude
» d'un censeur ; portant la sévérité de ses
» principes jusqu'à l'exigence la plus ri-
» goureuse dans les moindres devoirs ,
» jusqu'à la pédanterie dans les affaires ;
» portant la justice même à cet excès où
«elle cesse d'être juste; ne pardonnant
» rien à ceux qui ne lui étaient pas dé-
» voués, plus indulgent et plus facile pour
» ceux qui lui consacraient leurs talens;
» ne s'étant jamais trompé dans le choix
» des hommes qui secondèrent ses des-
» seins, quoique les événemens l'aient
» presque toujours trompé dans ses vues. »
* BROGLIE (Claude-Victor, prince
de ) , fils de Victor-François , maréchal de
France, naquit en 1757, et entra très
jeune au service. La noblesse de Colmar
et de Schelestadt le députa aux étals
généraux de 1789. Il se réunit au tiers
état , et suivit presque toujours l'impul-
sion des différens partis qui, tour à tour,
dominaient dans l'assemblée. Lorsqu'on
porta la loi contre les émigrés, il demanda
un sursis à son exécution en faveur de
son père , sur lequel il avança, en fon-
dant en larmes , plusieurs faits que le ma-
réchal crut devoir désavouer par une lettre
qu'il rendit publique. Il fut ensuite em-
ployé comme maréchal-de-camp à l'armée
du Rhin ; mais ayant refusé de reconnaître
les décrets qui suspendaient le roi , il fut
destitué sur-le-champ. Il se retira à Bour-
bonneles-Bains, d'où il écrivit à la Con-
vention pour protester de son patriotisme.
De retour à Paris , il se présenta à la
barre , à la tète de la députation d'une
section des Invalides. Mais il fut pres-
qu'aussitôt traduit au tribunal révolution-
naire, et condamné à mort le 27 juin
1794 , à l'âge de 57 ans. — Son frère le
prince de Revel , suivit le maréchal son
père dans l'émigration , et mourut à Muns-
ter en 1793 , âgé de 30 ans.
BRO
878
BRO
• BROGLIE (Maurice- Jean- Made-
leine de), évoque de Gand et prince du
saint-empire romain , né le 5 septembre
i766, au château de Broglie, était fils du
maréchal duc de Broglie , que l'empereur
François Ier créa prince de l'empire par
un diplôme de 1739. Il faisait ses études
ecclésiastiques au séminaire de Saint-
Sulpice, lorsque la révolution l'obligea
d'émigrer avec son père qui se rendit à
Berlin. Le roi Frédéric-Guillaume fit
au maréchal un accueil distingué, et ac-
corda au prince Maurice une prévôté au
chapitre de Posen , dans l'ancienne Polo-
gne. L'abbé de Broglie rentra en France
en 1803; des démarches qullfit dans le
but de recouvrer des propriétés qui n'a-
vaient pas été vendues firent connaître sa
présence dans la capitale à l'empereur qui
s'empressa de l'appeler à sa cour et de le
nommer son aumônier. En 180a, il fut
nommé à l'évêché d'Acqui et, en 1807 , à
celui de Gand. Il avait prodigué des
éloges à Bonaparte dans un mandement
à l'occasion de la victoire d'Austerlilz.
Mais ce sentiment d'admiration pour l'u-
surpateur ne fut pas de longue durée, et
le ministre des cultes écrivait dans une
lettre du 10 avril 1809, que Napoléon
était mécontent du peu d'attachement que
M. de Broglie montrait pour sa personne.
Ce prélat se vit même enlever son grand-
vicaire , malgré tous les efforts qu'il fit
pour le conserver. En 1810, la croix
d'honneur fut envoyée à M. de Broglie
qui la refusa, pensant qu'il ne pouvait
prêter un serment quil'obligeait à soutenir
l'intégrité de l'empire, au moment même
où les états du saint Siège venaient d'y
être réunis, et il motiva son refus dans
un Mémoire plein de modération qu'il
adressa au ministre des cultes. Sa fer-
meté ne se démentit point au concile na-
tional du 9 juillet 1811 , qui avait«été con-
voqué pour aviser au moyen d'instituer
les évèques sans avoir recours au Saint-
Père. Il s'opposa constamment aux mesu-
res proposées , pendant les deux jours que
dura le concile qui fut dissout le 11 du
même mois. Le 12, le prélat fut arrêté et
enfermé , ainsi que les évèques de Troyes
et de Tournai, au donjon de Vincennes.
Après quatre mois et demi de captivité, il
consentit à donner sa démission qu'on lui
demandait et fut exilé à Beaune. Accusé
d'entretenir des intelligences avec son
clergé , on le transféra dans l'île de Sainte-
Marguerite sur les côtes de la Provence ,
et en 1813, on lui donna un successeur
au siège de Gand. Le prince de Broglie ,
pressé de nouveau, renouvela sa renon-
ciation à ce diocèse, par un acte signé à
Dijon le 8 juillet, mais sans révoquer les
pouvoirs conférés à ses grands-vicaires»
Cette restriction produisit contre le clergd
de Gand des vexations auxquelles la
chute de Napoléon, en 18 14, mit enfin
un terme. La démission du prélat fut
considérée comme nulle , et il retourna
dans son diocèse au milieu des témoi-
gnages de la joie la plus vive. Mais fie
nouveaux chagrins l'attendaient encore.
La Belgique avait été réunie à la Hol-
lande; le prince Guillaume d'Orange
ayant manifesté des projets défavorables
à la cause catholique , Broglie la défendit
dans trois écrits qui parurent successive-
ment, savoir une Adresse au roi, signée
le 28 juillet 1813, par les évèques de
Tournai , de Namur et de Gand , et par
les grands-vicaires de Malines et de Liège ;
| une Instruction pastorale , en français et
en flamand, du 2 août suivant; | et un
Jugement doctrinal des évèques des
Pays-Bas sur le serment prescrit. Le pape
Pie VII, à qui le prélat eut recours en der-
nier lieu, fit parvenir, le 10 mai 1816, au.
ministre des Pays-Bas , résidant à Rome ,
une note officielle où S. S. lui mandait
que, la nouvelle loi fondamentale conte-
nant des erreurs contraires à la religion
catholique , la résistance des évèques ne
pouvait être blâmée avec justice _, et qu'on
ne pouvait exiger des sermens contraires
à la conscience Les réclamations de M. de
Broglie étaient fondées sur ce qu'il ma-
nifeste lui-même dans l'Adresse au roi.
« Jurer , disait-il , d'observer et de main-
» tenir une loi qui attribue au souverain ,
» et à un souverain qui ne professe pas
» notre sainte religion , le droit de l'in-
» struction publique , les écoles supérieu-
» res , moyennes et inférieures , c'est lui
» livrer à discrétion l'enseignement pu-
» blic dans toutes ses branches, c'est trahir
» hautement les plus chers intérêts de
» l'Eglise catholique.... Jurer de mainte-
» nir la liberté des opinions religieuses et
» la protection égale accordée à tous les
» cultes, n'est autre chose que jurer de
» maintenir , de propager l'erreur contre
» la vérité... » De nouvelles discussions
s'élevèrent au sujet du refus de l'évêque
de faire des prières publiques pour le
roi ; mais un bref du saint Père l'autorisa
à les ordonner. Le prince de Broglie , lors
de l'érection de nouvelles universités
dans la Belgique, ayant adressé au roi
BRO
une Représentation dans laquelle il si-
gnalait l'introduction de certains ouvrages
funestes dans l'enseignement, et expri-
mait ses craintes sur le sort des séminaires
épiscopaux, devint l'objet des plu» vives
poursuites, et fut bientôt placé sous le
coup d'un mandat d'amener. Il se réfu-
gia en France , et vécut tantôt à Beaune ,
tantôt à Paris. Il protesta vainement
contre la procédure ; le tribunal de
Bruxelles, par arrêt du 8 novembre
1817, le condamna à la déportation, et
l'arrêt fut attaché, par la main du bour-
reau , entre ceux de deux voleurs exposés
pour leurs crimes. « Toujours en proie
» à des infirmités ( dit l'Ami de la Reli-
• gion cl du Roi* tom. 28 , pag. 367), que
» les traitemens exercés contre lui ou en-
» vers son clergé n'étaient pas propres à
• adoucir, il recevait chaque jour de si-
» nislres nouvelles de l'état de son dio-
• cèse. Un de ses grands vicaires exilé,
» deux autres mis en jugement, des cha-
• noines expulsés du chapitre, des curés
• privés de traitement, une inquisition
• sévère exercée contre les prêtres, de
» pauvres religieuses inquiétées jusque
» dans l'asile où elles croyaient s'être
» soustraites au monde , la religion catho-
» lique entravée dans ses droits comme
» dans ses pratiques , les efforts faits pour
» ôter au prélat l'exercice de sa juridic-
tion, toutes ces circonstances étaient
» autant de coups portés à la sensibilité
» de M. de Broglie , et n'ont pas peu con-
» tribué à ruiner une santé faible et fati-
» guée par tant d'épreuves. » L'évèque de
Gand fit imprimer en 1819 sa Réclamation
respectueuse adressée à LL. MM. les
empereurs d'Autriche et de Russie et le
roi de Prusse, relativement à l'état des
affaires religieuses en Belgique, datée de
Beaune, h octobre 1818 II s'était retiré
à Paris, lorsqu'une maladie grave vint
achever d'épuiser ses forces. Il est mort
dans cette capitale le 20 juin 1821 , dans
sa cinquante-cinquième année, rénéré de
tous pour son savoir et la grande austé-
rité de ses mœurs.
BROGNY (Jean ALLARMETde), connu
Sous le nom de cardinal de Viviers et
d'Ostic , né en Savoie , dans le village de
Brogny, près d'Annecy, en 1342, d'un gar-
dien de pourceaux, fut d'abord chartreux.
Il s'éleva par son mérite, devint cardinal
et chancelier de l'église romaine , parut
avec distinction aux conciles de Pisc et de
Constance, et mourut à Rome en 1426,
après avoir été successivement évèque de
S76 BRO
Viviers, d'Ostie, archevêque d'Arles et
évêque de Genève , laissant plusieurs fon-
dations pieuses et utiles. Les talens et les
vertus de Brogny voilèrent la bassesse de
son extraction aux yeux du monde. Il fut
le seul qui ne l'oublia pas , et qui voulut
la rappeler aux autres. Il fit graver sur les
sièges de la chapelle des Machabées , qu'il
fonda dans Genève , de même que dans la
maison qu'il habita, un monument de sa
naissance , qui devint celui de sa modestie
et de sa grandeur ; on y voit un homme
conduisant un cochon. Ce monument sub-
siste encore dans la bibliothèque de Ge-
nève , où il éternise la vertu du cardinal;
son nom était Jean Allarmet. L'abbé Gi-
raud Soulavie aécrit son éloge sous le titre
d'Histoire de Jean Allarmet de Brogny
cardinal de Viviers , Paris, 1774, tiré à
12 exemplaires.
* BROHON ( Jacquelixe-Aimée ) , née
à Paris en 1758 , travailla d'abord à des
romans , ensuite à des livres ascétiques ,
puis se mêla de prophétiser. Elle mourut
le 18 octobre 1778. Sas ouvrages sont : | Les
Amans philosophes , ou le triomphe de la
raison , 1745 , in-12. | Les Tablettes en-
chantées. | Instructions édifiantes sur le
jeûne de Jésus-Christ au désert, 1791, in-
12. | Réflexions édifiantes. \ Manuel des
victimes de Jésus, ou Extrait des instruc-
tions que le Seigneur a données à sa pre-
mière victime , 1799 , in-8° , espèce de ro-
man par les rêveries qu'y débite l'auteur.
Une consultation de six docteurs de Sor-
bonne a signalé des inepties et des blas-
phèmes dans les instructions et les ré-
flexions.
BROKESBY (FnAXÇ.ois), né à Slocke
dans le comté de Leicester, fut pasteur à
Rowley , et mourut vers l'an 1718 , après
avoir publié | Vie de Jesus-Chrisl . \ His-
toire du gouvernement de la jjrimitive
Eglise, pendant les trois premiers siècles,
Londres, 1712, in-8°. | De l'Education
avec une Grammaire à l'usage des uni-
versités, 1710, in-8°. | Vie de Henri Do-
dwel, 1715, 2 vol. in-12. Ces ouvrages sont
estimés en Angleterre.
* BROHPTOX (Jean), bénédictin an-
glais, abbé de Jorevall, au comté d'Yorck,
est connu par une Chronique à laquelle il
a donné son nom. Elle comprend un espace
de 600 ans , depuis l'an 588 jusqu'en 1198.
II vivait encore après le règne d'Edouard
III.
BRGXCKIIORST ( Everaud ) , né à De-
venter en 1554 , professeur de jurispru-
dence à Wittemberg, à Erfurt et à Leyde
nno 5.7
mourut dans cette dernière ville en 1627 ,
à 75 ans. C'était un homme savant et
poli. On a de lui des ouvrages de droit. Le
plus connu est intitulé Controverse arum
turis centuries , Leyde, 1G21 , in-4°. L'au-
leur se propose de concilier plusieurs opi-
nions contraires sur les matières de droit.
* BROXCKHORST (Pierre van, ) pein-
tre d'histoire, né à Delft en 1588, mourut
en 1661. On cite comme ses principaux ou-
vrages deux tableaux représentant, l'un
le Temple où Salomon proiionce son pre-
mier jugement ; l'autre le Temple d'où
résus- Christ chasse les marchands. —
BRONCKHORST ( Jean van ) , peintre,
naquit à-Utrecht en 1603. On voit de lui,
dans le chœur de l'église d'Amsterdam ,
trois tableaux d'histoire, peints sur verre,
et trois autres à l'huile. — BRONCK-
HORST ( Jean ) , peintre , né à Leyde en
1648, perdit son père à l'âge de 13 ans,
fut placé chez un pâtissier , et se maria ,
en 1670, dans la ville de Horn. Bronck-
horst disait que , s'il faisait de la pâtisse-
rie pour vivre , il peignait pour son amu-
sement. Il copia d'après nature tous les
oiseaux et tous les animaux avec une vé-
rité singulière. La finesse de son travail
représente le luisant et la légèreté des
plumes.
BROXCKIIORST. Voy. NOVIOMAGUS.
* BROXGNIART ( Auguste -Louis ) ,
apothicaire du roi Louis XVI, se fit con-
naître par des cours particuliers de phy-
sique et de chimie , à une époque où Paris
comptait peu de professeurs dans ces deux
sciences. Il remplit la chaire de chimie
appliquée aux arts et fut collègue de Four-
croy. Pendant la révolution, il exerça
les fonctions de pharmacien militaire, et
devint professeur au muséum d'histoire
naturelle. Il est mort en 1804 , laissant un
Tableau analytique des combinaisons et
des décompositions de différentes sub-
stances ou Procédés de chimie pour servir
à l'intelligence de cette science. Il tra-
vailla à divers recueils scientifiques, entre
autres avec M. Hassenfratz , au Journal
des sciences , arts et métiers , et au Bulle-
tin des sciences de la société philoma-
tique. — Alexandre -Théodore BRON-
GNIART, né en 1739 et mort en 1813, se
voua à l'architecture , et obtint dans son
art un rang très distingué. Il fut élève de
Boulée {voyez BOULÉE). En 1777, l'aca-
démie d'architecture l'admit dans son sein.
Plus tard il devint architecte de l'hôtel des
Invalides, du ministère des affaires étran-
gères , dus bâtimens de la police et de l'é-
7 IlRO
colc militaire. Il bâtit une foule d'hôtels et
de maisons de campagne, parmi lesquels
on cite Frascati, le Petit-Palais du duc
d'Orléans, l'hôtel Montcsson, etc. On lui
doit le beau palais de la Bourse , dont il
posa la première pierre le 24 mars 1808,
et auquel il travaillait depuis cinq ans
lorsque la morî vint le surprendre. Il a
fait le plan du cimetière du P. Lachaisc ,
où ses restes ont été déposés ; les grandes
avenues, qui avoisinent les Invalides et
l'Ecole militaire , sont aussi son ouvrage.
BRONZINO ( Agnolo ) , qu'on nomme
communément le Bronzin , né dans les
états de Toscane en 1508, réussit dans le
portrait. On voit la plupart de ses ouvra-
ges à Pise et à Florence. Il mourut dans
cette dernière ville, vers 1570, âgé de
62 ans.
¥ BBOOKE (Françoise ), fille d'un ec-
clésiastique nommé Moore, et épouse d'un
recteur de Colney , a laissé quelques ou-
vrages: | la Vieille fille, ouvrage pério-
dique commencé le 15 novembre 1755,
et continué jusqu'à la fin de juillet 1756,
dont les numéros ont été recueillis en un
vol. in-12 ; | l'Histoire de Julie Mande-
ville, 1763, roman; | une traduction des
Lettres de Julie Catesby , roman de Ric-
coboni; | Histoire d'Emilie Montague,
1769 , k vol. in-12 , roman plusieurs fois
réimprimé , où elle décrit les scènes pit-
toresques qu'elle avait admirées au Ca-
nada , et qui a été traduit par Robinet ,
Paris, 1770, k vol. in-12 ; | Virginie,
tragédie, 1756, in-8°; | Mémoires du
marquis de Saint- Forlaix , 1770,4 vol.
in-12; | une traduction des Elémens de
l'Histoire d'Angleterre, de Millot, 1771,
4 vol. in-12 ; | l'Excursion ou l'Escapade,
1777 , 2 vol. | Rosine, drame en musique
représenté en 1782.
* BROOKE ( Henri ) , poète anglais ,
né en 4706 , fut élevé dans le collège de
Dublin , et destiné à la profession d'a-
vocat , qu'il négligea pour se livrer à la
poésie et à la littérature. Le prince de
Galles lui accorda sa protection; mais
comme il n'était pas en état d'en attendre
les effets , il se retira à la campagne , le
seul lieu où il pût vivre avec l'économie
convenable à sa situation, et à l'indo-
lence de son caractère. Ayant perdu sa
femme et celui de ses enfans qu'il affec-
tionnait le plus , il languit quelque temps
dans une espèce d'imbécillité et mourui
en 1785. Ses principaux ouvrages sont.
| La beauté universelle, poème philoso-
phique qui obtint l'approbation de Pope.
ÏUU) 3
j Gustave TVasa, tragédii dont on défen-
dit la représentation , à cause des senti-
mens de liberté dont elle est remplie et
dont la publication rapporta à l'auteur
plus que n'aurait pu faire la représenta-
tion, 4757. | Le comte Westmoreland et
le comte d'Essex , tragédies jouées à Du-
blin en 1745 et 1749. | The female sedu-
cers, fable insérée dans le recueil de
Moore. | Le Fou de qualité, roman ingé-
nieux , d'un ton original et un peu bizarre,
4766 ; Griffet Labaume l'a traduit en fran-
çais , 1789 , 2 vol. in-2. | Juliette Gren-
ville , roman imprimé en 1774, qui indi-
que le déclin de ses facultés. Ses ouvra-
ges , excepté ses romans , ont été réunis
en h vol. in-8° , Dublin , 1780.
BROSIUS ( Jean-Thomas ), vice-chan-
celier de l'électeur-palatin et syndic de
l'ordre teulonique, est auteur des An-
nales des duchés du Juliers et de Berg,
en latin; ouvrage estimé et plein de
bonne critique , publié après la mort de
l'auteur, à Cologne , 1731 , in-fol. par les
soins d'Ad. Michel Mappius , son gendre.
Il mourut vers le milieu du 17e siècle.
BROSSA.RD (Sébastien de), chanoine
de l'église de Meaux, mort en 1730, âgé
d'environ 70 ans , excella dans la théorie
de la musique. Les écrits qu'il nous a
laissés sur cet art , ont été accueillis dans
le temps. Les principaux sont : j Un Dic-
tionnaire de musique , in-8° , nomencla-
ture très-inférieure à celle que nous de-
vons à Jean- Jacques Rousseau, mais qui
a été d'une grande utilité à ce dernier,
puisqu'il y a trouvé les matières rassem-
blées, et assez bien développées. C'est
aussi à Brossard que Rameau doit pres-
que toutes ses idées sur l'harmonie. | Une
Dissertation sur la nouvelle manière
d'écrire le plain-chant et la musique.
j Deux livres de motets. | Neuf leçons de
ténèbres. | Un Recueil d'airs à chanter.
Il ne possédait pas seulement les règles,
mais il les mettait en pratique. Il avait
une nombreuse bibliothèque de musique
qu'il donna au roi. Il eut une pension de
1200 liv. sur un bénéfice.
BROSSE ( Jean de ) , chambellan et
maréchal de France , rendit de grands
services au roi Charles VII. Il se distingua
au siège d'Orléans et à la bataille de Patay
en 1429 , et mourut en 1433. Il était sei-
gneur de Boussac, et descendait d'une
noble et ancienne famille.
BROSSE ( Jacques de )s architecte de
Marie de Médias-', bâtit le Luxembourg à
Paris, par les ordres de cette reine, en
78 BRO
1615. L'aqueduc d'Arcueil et le portail
de Sainl-Gervais sont encore de lui.
* BROSSE ( don Louis-Gabriel ) , bé-
nédictin , né à Auxerre , en 1619 , et mort,
en 1685 , à l'abbaye de Saint-Denis, com-
posa divers ouvrages de piété en vers
français , entre autres le Paradis des
muses saintes , et des Hymnes sur plu-
sieurs sujets, imprimés à Paris de 1650
à 1672.
* BROSSE (Louis-Philippe de la ),
chanoine de Notre-Dame-de-Foi de Giro-
viller, à donné un Traité du Baromètre ,
Nancy, 1717, in-12.
BROSSE ( Gui de la ), médecin ordi-
naire de Louis XIII , obtint de ce roi , en
1626 , des lettres-patentes pour l'établis-
sement du jardin royal des plantes médi-
cinales , dont il fut le premier intendant.
Il s'appliqua d'abord à préparer le ter-
rain ; il le peupla ensuite de plus de deux
mille plantes. On peut en voir le catalo-
gue dans sa Description du Jardin royal,
in-4°, 1636. Richelieu, Séguier et Bul-
lion surintendant des finances , contri-
buèrent à enrichir, par leurs libéralités,
le dépôt confié à la Brosse. On a de lui un
Traité des vertus des Plantes, 1628, in-
8°. Il mourut en 1641.
BROSSE (Joseph de la ). Voy. ANGE
de Saint-Joseph.
BROSSES (CuAnLESde) , premier pré-
sident du parlement de Bourgogne ,
membre de l'académie de Dijon , sa pa-
trie , associé libre de l'académie des scien-
ces et belles-lettres , naquit en 1709, et
mourut à Paris le 7 mai 1777. Il joignit
les travaux littéraires aux fatigues de la
magistrature , et ses études étendirent
ses connaissances , fortifièrent sa raison,
et lui donnèrent de la réputation. S'il
faut en croire M. de Buffon , « c'était un
n de ces hommes qui peuvent , suivant
» les circonstances , devenir les premiers
» des hommes en tout genre , et qui, éga-
» lement capables de comparer les idées,
» de les généraliser, d'en former de nou-
» velles combinaisons , manifestent leur
«génie par des productions nouvelles,
» toujours différentes de celles des autres
» et souvent plus parfaites. » On a de lui :
| Lettres sur la découverte de la ville
d Herculanum , 1750 r in-8°. curieuses.
| Histoire des navigations aux terres aus-
trales, 1757, 2 vol. in-4°. | Du culte des
dieux fétiches ou Parallèle de l'ancienne
idolâtrie avec celle des peuples de Ni-
gritie, 1760, in-12 : écrit léger et peu
digne de l'auteur-, il y a des assertionsqui
BRO
579
BRO
l'ont fait attribuer à Voltaire. Si l'on s'est
trompé , il est à souhaiter qu'on se trompe
également en l'attribuant à cet illustre
président. | Traité de la formation mé-
canique des Langues, 1765, 2 vol. in-
12 ; ouvrage plein de sagacité et d'obser-
vations plus ou moins prouvées sur l'ori-
gine et les principes du langage. L'auteur
fait voir que tous les hommes ont parlé
et parlent encore la même langue , et
qu'il est possible de la reconnaître dans
tous les langages, quelque différens qu'ils
soient. | Histoire de la République ro-
maine dans le cours du 7e siècle , par
Salluste, en partie traduite du latin , sur
l'original , en partie rétablie et composée
sur les fragmens qui sont restés de ses
livres perdus. On trouve dans cet ou-
vrage imprimé en 1777 , en 4 vol. in-4°,
une profonde connaissance de l'histoire,
des écrivains et des mœurs de Rome.
Mais dans la version de Salluste , et dans
le supplément, il y a trop de termes bas
et populaires, qui déparent la noblesse du
style historique. | Divers Mémoires , dans
ceux de l'académie des belles-lettres.
BROSSETTE ( Claude ) , né à Lyon
en 1671 , de l'académie de cette ville , et
bibliothécaire de la bibliothèque publi-
que, d'abord jésuite, ensuite avocat,
mourut dans sa patrie , l'an 1746. On a de
lui : | L'Histoire abrégée de la ville de
Lyon, écrite avec une élégante précision.
j Nouvel éloge historique de la ville de
Lyon, in-4°, 1711 : ouvrage imprimé,
comme le précédent , par ordre du corps
consulaire, et digne des mêmes éloges.
| E clair cissemens historiques sur les Sa-
tires et autres OEuvres de Boileau Des-
préaux , 2 vol. in-4°, 1716, et réimprimés
ensuite en différens formats. Il a épuré
le texte des fautes qui s'y étaient glissées
dans les éditions précédentes. Il a indiqué
les passages que l'Horace moderne avait
imités des anciens. Il a assaisonné ses
notes de plusieurs anecdotes utiles et cu-
rieuses. On lui reproche seulement d'en
avoir mis quelques-unes peu nécessaires
pour l'intelligence du texte , quelques au-
tres puériles ; il n'a point usé assez sobre-
ment des recueils qu'il avait faits. | Con-
mentaires sur les Satires et autres OEu-
vres de Régnier, in- 8°, 1729, qui a les
mêmes qualités et les mêmes défauts que
ses Eclaircissemens sur Boileau. Brossette
était ami de beaucoup de gens de lettres,
et en commerce épislolaire avec plu-
sieurs.
BROSSIER ( Marthe ), fille d'un tis-
serand de Romoranlin , attaquée d'une
maladie étrange à l'âge de 20 ans , se fi;
exorciser comme possédée. Son père cou-
rut le monde avec elle, pour partajer
l'argent que le peuple lui donnait. Le pa-
iement la fit ramener à Romorantin avç
défense d'en sortir, sous peine de puni
tion corporelle. Cependant quelques mé-
decins attestèrent qu'elle était possédée.
Un abbé de Saint-Martin, du nom de la
Rochefoucault , la conduisit de Romoran-
lin à Rome; mais le pape les renvoya l'un
et l'autre en 1599, sans vouloir discuter
la réalité de cette possession.
BROTHERÏON. Voyez BETTERTON.
BROTIER ( Gabriel ) , prêtre du dio-
cèse de Nevers, de l'académie des inscrip-
tions et belles-lettres , né à Tanay , petite
ville du Nivernois, le 5 septembre 1725,
mort à Paris le 12 février 1789 , dans sa 66'
année , montra dès sa jeunesse la plus forte
inclination pour l'étude. Il entra chez les
jésuites , et acquit par un travail assidu,
autant que par la facilité de son génie ,
une immense et prodigieuse variété de
connaissances. A l'exception des mathé-
matiques , auxquelles il s'était peu appli-
qué , il savait de tout , l'histoire naturelle,
la chimie , la médecine même. Tous les
ans il lisait dans l'original Hippocrate cl
les Uvres de Salomon. « C'était , disait-il ,
» les meilleurs ouvrages qu'il y eût pour
» guérir les maladies de l'esprit et du
» corps. » Mais ce qu'il possédait le mieux,
c'était l'érudition. Il savait toutes les lan-
gues mortes, le latin surtout parfaite-
ment, ainsi que les principales langues
de l'Europe. Ces connaissances, quelque
étendues qu'elles fussent, n'étaient en
quelque sorte que des accessoires pour
l'histoire ancienne et moderne , sacrée et
profane, la chronologie, les monnaies,
les médailles, les inscriptions, les usa-
ges de l'antiquité, qui avaient toujours
fait l'objet de ses études , et dans lesquels
il était si versé. Après la destruction de
la société , il ne perdit [rien de l'esprit de
retraite et d'application qui avait eu pour
lui tant d'attraits , et c'est dans la solitude
qu'il se choisit qu'il a publié ces grands et
magnifiques ouvrages qui immortalise-
ront son nom. L'édition de Tacite, ornée
non -seulement de notes et de disserta-
tions savantes, mais encore de supplé-
mens, fait douter quelquefois si l'écri-
vain moderne n'est pas l'heureux rival de
l'ancien ( Voy. TACITE ). « Cette édition
» de Tacite » , dit l'auteur des Trois Siè-
cles de la Littérature française , « est la
imo
380
BRO
> meilleure réfutation du sentiment de
> ceux qui prétendent qu'on ne saurait
» Vv'en écrire dans une langue morte ; elle
, jffre non-seulement la connaissance la
fplus profonde de la langue latine, mais
encore l'imitation la plus heureuse du
j» meilleur historien qu'aient eu les Ro-
» mains. L'accueil unanime qu'elle a reçu
» de tous les savans de l'Europe sera tout
» à la fois un anathème prononcé contre
» les auteurs du paradoxe , et le triomphe
» de l'érudition parmi nous. » L'édition
de Pline le naturaliste n'est qu'un très
court abrégé de celle qu'il avait pré-
parée pour corriger et augmenter l'édition
d'Hardouin, et pour donner la suite et
l'histoire de toutes les nouvelles décou-
vertes faites depuis environ les commen-
cemens de ce siècle, travail immense
et qui suppose les connaissances les plus
vastes. Par quelle fatalité est-il arrivé que
le public n'en ait pas encore joui ? Mais si
les grandes entreprises en librairie peu-
vent encore avoir lieu en France , ne
désespérons pas d'avoir un jour cet ou-
vrage. A ces deux éditions, qui ont fait
époque dans la littérature et qui ont mé-
rité à l'abbé Brotier les éloges de l'Europe
savante , il en a joint quelques autres qui
sont moins considérables ; une édition
charmante de Phèdre _, et une édition des
Jardins de Rapin , à la suite desquels il a
mis une histoire des jardins, écrite en
latin avec une élégance admirable, et
remplie de tableaux délicieux., On a en-
core de lui Vita clarissimi viri de la
Caille. Il a travaillé aussi à la nouvelle
édition des Lettres édifiantes. L'abbé Bro-
tier rappelait le souvenir de ces écrivains
laborieux , de ces savans distingués , les
Pétau, les Sirmond, les Labbe, les Cos-
sart , les Hardouin , les Souciet , etc. , qui
avaient si fort illustré le collège de Louis
le Grand , dans lequel il avait été élevé
lui-même , et où il avait vécu plusieurs
années avec le titre de bibliothécaire.
Faut- il faire un aveu bien amer, mais
qui n'est peut-être que trop vrai ? Hélas !
il ferme la chaîne de tous ces hommes célè-
bres qui s'étaient succédés sans interrup-
tion pendant près de deux siècles. Après
sa mort , il a paru une brochure sous le
titre de Réforme du Clergé à proposer
aux états généraux , par l'abbé Brotier.
L'attribution de ce libelle à ce respecta-
ble savant, est le plus sanglant outrage
que l'imposture ait pu faire à sa mémoire.
On s'est emparé de son nom pour accré-
diter une brochure infâme. « L'impiété ,
» dit M. Séguier, ne craint pas de violer
» la cendre des morts, de calomnier leur
» esprit, et croit peut-être encore hono-
» rer leur mémoire. Elle les ressuscite
» pour tirer des noms connus qu'elle
» usurpe l'ascendant dont elle a besoin;
» elle annonce sa doctrine comme l'ou-
» vrage d'un auteur décédé depuis quel-
» ques années. Par là, elle met le tom-
» beau pour barrière entre elle et les
» poursuites qu'elle redoute , et se joue
» ainsi à la fois , du ciel qu'elle outrage et
» de la patrie qu'elle corrompt. » — L'abbé
Brotier a laissé un neveu , ecclésiastique ,
André Charles BROTIER, qui a marebé
sur ses traces dans le genre de l'érudi-
tion , et qui en a donné des preuves dans
une édition des OEuvres de Plutarque
d'Amiot , 22 vol. in-8° , commencée par
son oncle , et qu'il a achevée avec Vau-
villiers. Il a aussi dirigé la nouvelle édi-
tion du Théâtre des Grecs , Paris , 1785 ,
15 vol. in-8° , à laquelle il a fourni la tra-
duction d'Aristop liane. Il fut déporté en
1797 , et mourut à Sinnamari le 15 sep-
tembre 1798.
* BROUE ( Claude de la ) , jésuite, est
auteur d'une Histoire de J.-F. Régis , au
Puy , 1G50.
BROUE ( Pierre de la ) , évêque do
Mirepoix , né à Toulouse , en 1645 ,
membre de l'académie de cette ville , se
joignit aux évêques de Montpellier, de
Sénez et de Boulogne, pour former l'acte
d'appel qu'ils interjetèrent de la bulle
Unigenitus en 1717. Il mourut à Bellestat,
village de son diocèse , en 1720 , à 77 ans.
On a de lui | la Défense de la grâce effi-
cace par elle-même * in-12, contre le
Père Daniel, jésuite, et Fénélon, arche-
vêque de Cambrai. Il nous reste encore
de lui | trois Lettres pastorales aux nou-
veaux réunis de son diocèse 3 sur l'Eu-
charistie. C'est un des meilleurs écrits
qui aient paru sur cette matière. Le grand
Bossuet avait été fort lié avec l'évêque de
Mirepoix.
* BROUERIUS van NYEDEK ou de
NIEDEK, né en 1667, d'une famille noble
de Suède, étudia la jurisprudence et cul-
tiva en même temps les lettres savantes
et les antiquités. On lui doit une disserta-
tion remplie d'éruduion, intitulée De
populorum veterum ac recentiorum ado-
rationibus, Amsterdam, 1713, in-12, lig.
Il a publié en société avec Lelong, Kabinel
van Nederlandsche , 6 parties in -4°, et
continué le théâtre des Provinces -Unies
de Halma. Il mourut en 1755.
BRO
581
BRO
BROUGHTON (Hugues), écrivain an-
glais, né en 1549, dans le comté de Shrop,
mourut en 1612 , après avoir publié un
grand nombre d'ouvrages en sa langue ,
Londres, 1662, 4 vol. in-fol. Il était enne-
nemi déclaré des presbytériens et de
Théodore de Bèze.
* BROUGIITON ( RicnARD ), mission-
naire , né dans le comté de Huntington ,
fut envoyé très jeune au collège anglais
de Reims , d'où après avoir reçu les or-
dres, il revint en Angleterre comme mis-
sionnaire, et se consacra tout entier à
son ministère et à la recherche des anti-
quités. Il devint successivement vicaire-
général de Smith, évoque de Chalcédoine,
vicaire apostolique en Angleterre. Il a
laissé quelques ouvrages plus recomman-
dables par l'érudition que par le style :
| Histoire ecclésiastique de la Grande-
Bretagne s depuis la naissance de J. C.
jusqu'à la conversion des Saxons, en an-
glais , Douai , 1633 , in-fol. , et Londres ,
1651 ; | Monasticum Britannicum , en
anglais, Londres, 1655, in-8°; | Jugement
des temps apostoliques sur les 39 articles
de la confession de foi anglicane, Douai,
1652, in-8°; | Epiïre apologétique , en ré-
ponse au livre où l'on prétend prouver
que les catholiques ne sont pas des sujets
fidèles. | Continuation de V apologie des
catholiques , tirée des auteurs protestans
{Voyez ANDERTON).
BROUGHTON (Thomas), né à Lon-
dres , d'un ministre , le 5 juillet 1704 ,
exerça le même emploi que son père , et
s'appliqua avec beaucoup de succès au
genre d'étude analogue à sa charge. Il
mourut le 21 décembre 1774 , après avoir
donné au public : | Bibliotheca historica
sacra , 1756 , 2 vol. in-fol. C'est une es-
pèce de dictionnaire historique de la reli-
gion. | Des Sermons. \ Biographia Bri-
tannica.
* BROUGHTON ( Guillaume-Robert),
navigateur anglais né dans le comté de
Glocester, commandant en chef tempo-
raire de la marine britannique dans les
Indes orientales , et colonel des Royales-
Marines , mourut à Florence en 1821. Il
commanda successivement le Chatam, le
Batavia .,1e Pénélope, etc. et rendit d'im-
portans services à sa patrie dans l'expé-
dition contre l'île de Java et de Batavia.
Ses découvertes et remarques, utiles pour
la navigation , furent consignées dans la
relation de ses voyages, intitulée: Voyage
of discovery tote North Pacific océan ,
Londres, 1804, in-4°. Cet ouvrage a été
traduit en français par Eyriès. Paris, 1801,
2 vol. in-8°, avec cartes.
BROURHUSIUS ( Janus) , né à Ams-
terdam en 1649 , poète latin et capitaine
de vaisseau, mourut en 1707. On a donné
une magnifique édition de ses poésies , à
Amsterdam en 1711, in-4°. On a encore de
lui les éditions de Properce et de Tibulle,
l'une et l'autre avec des notes , in-4° ; la
lre en 1702, la 2e en 1708.
* BROUSSE ( Pascal-François de la) ,
conseiller au parlement de Bordeaux , est
auteur d'un ouvrage intitulé : pro Clé-
mente V, pontifice maximo , Vindiciœ ,
seu de primatu Aquiianiœ dissertation
Paris , 1657 , 1 vol. in-4°. On y trouve de
savantes recherches sur les antiquités de
la Guienne.
BROUSSON (Claude), naquit à Nîmes
en 1647. Il fut reçu avocat , et se distin-
gua à Castres et à Toulouse par se» plai-
doyers. Ce fut chez lui que se tint, en 1685,
l'assemblée des députés des églises réfor-
mées , dans laquelle on résolut de conti-
nuer à s'assembler , quoiqu'on vînt à dé-
molir les temples. L'exécution de ce pro-
jet occasiona des séditions , des combats ,
des exécutions violentes, qui finirent par
une amnistie de la part de Louis XIV.
Brousson retiré alors à Nîmes, et crai-
gnant avec raison d'être arrêté avec les
principaux auteurs du projet ( qu'on ne
comprit pas apparemment dans l'amnis-
tie) , se réfugia à Genève , et de là à Lau-
sanne. Il courut ensuite de ville en ville,
de royaume en royaume, tâchant d'armer
contre sa patrie des princes protestans.
De retour en France , il parcourut plu-
sieurs provinces, la Champagne, la Picar-
die, l'Ile de France, l'Orléanais, la Bour-
gogne, exerça quelque temps le ministère
dans les Cévennes, parut à Orange, passa
dans le Béarn pour échapper à ceux qui
le cherchaient , et fut arrêté à Oléron en
1698. On le transféra à Montpellier , où il
fut convaincu d'avoir eu des intelli-
gences avec les ennemis de l'état, d'avoir
excité des révoltes, et d'avoir sollicité les
puissances étrangères à porter le fer et
le feu dans sa patrie. On lui montra un
projet écrit de sa main, et adressé au duc
de Schomberg , pour introduire des trou-
pes anglaises et savoyardes dans le Lan-
guedoc. Il fut condamné à être rompu
vif. On a de Brousson un grand nombre
d'écrits furieux en faveur de sa secte :
| l'Etat des Réformés de France . La
Haye , 1685. | Des Lettres au clergé de
France j publiées la même année. I Des
49.
BRO 582
Lettres des protestans de France à tous
les autres protestans, imprimées aux
dépens de l'électeur de Brandebourg , en
1686. On les fît répandre dans les cours
protestantes de l'Europe. | Remarques sur
la traduction du nouveau Testament
d'Amelot, 1 gros vol. in-12 , 4697, où il
traite par occasion des matières contro-
versées. « Les philosophes de ce siècle ,
» dit un auteur moderne, ont voulu faire
» de Brousson un pendant aux martyrs
» de la foi; mais jamais la religion n'a
» compté au nombre de ses témoins et de
» ses défenseurs les séditieux et les traî-
» très ; les protestans mêmes n'ont vu dans
» Brousson qu'un enthousiaste brouillon
» et vénal. » Les Hollandais , qui atten-
daient l'occasion de profiter des troubles
que Brousson* s'efforçait d'exciter en
France, accordèrent à sa veuve une pen-
sion de 600 florins , outre celle de 400
qu'ils faisaient déjà à ce fanatique.
* BROUS50N1XET ( Pierre-Marie-Au-
guste), savant naturaliste et professeur
de botanique , né à Montpellier le 28 fé-
vrier 1761. En 1789, il fut nommé au corps
électoral de Paris, et en 1791 élu député
à l'assemblée nationale , où il se. fit peu
remarquer. Après la session il se retira à
Montpellier, où il fut arrêté comme fédé-
raliste; mais il parvint à s'évader, passa
en Espagne , et de là dans les Etats-Unis,
où il reprit ses premières études botani-
ques , et avec elles retrouva le bonheur.
Rentré en France après la terreur , il fut
nommé consul à Mogador, et ensuite aux
Canaries, où il séjourna quelque temps.
Il allait se rendre au cap de Bonne-Espé-
rance avec la même qualité, quand le mi-
nistre de l'intérieur, M. Chaptal, son pa-
rent , le nomma professeur de botanique
à l'école de Montpellier. Broussonnet se
fit remarquer , dans cet emploi , par la
clarté et le charme de ses leçons , et par
la distribution méthodique qu'il établit
dans les plantes du jardin botanique. En
1805, il fut nommé membre du corps
législatif , et mourut le 27 juillet 1807
d'une apoplexie. C'est à lui que l'on doit
les premiers troupeaux de mérinos qu'il
fit venir d'Espagne. Il a travaillé long-
temps à la feuille du Cultivateur , et a
publié : \Ichthyologia sistens piscium des-
criptiones et icônes , Londres, 1782, in-4°.
| L'année rurale ou Calendrier à l'usage
des cultivateurs, Paris, 1787 et 1788, 2
vol. in-12. | Une traduction de X Histoire
des découvertes et des voyages faits dans
le Nord par Froster t Paris , 1789, 2 vol.
BRO
in-8°. | Plusieurs Discours qu'il prononça
à la société d'agriculture , et un grand
nombre de Mémoires sur l'histoire natu-
relle et la botanique. Il a laissé en outre
plusieurs ouvrages manuscrits.
BROUWER ( Christophe) , né à Arn-
heim, vers l'an 1560, jésuite, mort à Trê-
ves le 2 juin 1617, laissa : | Fuldensium
antiquitatum libri IV, Anvers, 1612,
in-4°. Ces Annales civiles et ecclésiasti-
ques de Fulde sont écrites fort méthodi-
quement, et vont jusqu'en 1616. | Anti-
quitates annalium Trevirensium , et epi-
scoporum Metensium , Tullensium et
Verdunensium^, Cologne, 1626 , in-fol. Le
manuscrit de cet ouvrage fut examiné par
des conseillers de l'électeur,' qui plus zélés
pour les intérêts de leur maître que pour
ceux de la vérité, firent des changemens
considérables , et c'est dans cet état que
parut l'édition de 1626 , qui, malgré cela ,
fut supprimée quelque temps après. Cette
édition est rare. Le Père Masénius en
donna une seconde édition, et ajouta trois
livres aux vingt-deux du Père Brouwer ;
mais elle passa encore par les mains des
conseillers qui y firent de nouveaux chan-
gemens. Cette édition parut à Liège , en
2 vol. in-fol. , 1670. On estime surtout les
préliminaires du Père Brouwer ; ils con-
tiennent une infinité de recherches sa-
vantes sur tout ce qui a rapport aux anti-
quités et aux usages des peuples qui ont
habité le pays dont il écrit l'histoire. Le
savant Jean Eccard , après s'être plaint
sur le peu de bonnes histoires que l'on a
des évêchés d'Allemagne , ajoute : Unus
Browerus vir pius.probus et doctissimus,
supra vulgus caput extulit , et Annales
Trevirenses adornavit , qui licèt ab invi-
dis , et verilatis atque eruditionis solidio-
ris osoribus diu pressi et ferme oppressi
fuerint , tandem tamen à Masenio conti-
nuatore , aliquantulum licèt immutati et
castrali in publicum emissi sunt , et me-
tropolis Trevirensis historiam eâ in luce
posuerunt , ut auctori suo œlernas illa
gralias debeat. M. de Hontheim , suffra-
gant de Trêves , a donné une nouvelle
histoire de cet archevêché, en latin, 3
vol. in-fol. , Augsbourg, 1750. | Venantii
H. C. Fortunati opéra, avec des supplé-
mens et des notes , Mayence, 1630, in- 4°.
| Vies de quelques saints d'Allemagne,
tirées d'anciens manuscrits, Mayence,
1616, in-4°. Le Père Brouwer était très
savant : Baronius en parle avec éloge dans
ses Annales, tome 10.
* BROWER C Jacques de ) , religieux
BRO
583
BRO
dominicain , né dans le Brabant , mourut
en 4637 à Anvers, prieur du couvent de
son ordre. Il avait donné en 1613 , à Douai,
une édition corrigée des Commentaires
de Dominique Soto sur la physique d'A-
ristote , ouvrage oublié.
BROWER. Voyez BRAWER.
BROWN ( Robert ), né vers la fin du
46e siècle, d'une assez bonne famille du
Rutlandshire , et allié au lord-trésorier
Burleigh , chef de la secte qui porte son
nom, fit ses études à Cambridge, et com-
mença à publier ses opinions et à décla-
mer contre le gouvernement ecclésiasti-
que à Norwich, en 1580. Il attaqua éga-
lement les épiscopaux et les presbyté-
riens , et voulut établir un gouvernement
ecclésiastique purement démocratique. Il
s'attira bientôt l'animadversion des évo-
ques. Il se glorifiait lui-même d'avoir été
pour cette cause mis en trente-deux pri-
sons différentes. Par la suite , il sortit du
royaume avec ses sectateurs , et se relira
à Middelbourg en Zélande , où lui et les
siens obtinrent des états la permission de
bâtir une église , et d'y servir Dieu à leur
manière. Peu de temps après , la divi-
sion se mit parmi eux : plusieurs se sé-
parèrent, ce qui dégoûta tellement Brown,
qu'il se démit de son office , retourna en
Angleterre en 1S89, y abjura quelques
erreurs , sans cesser d'être fanatique , et
fut nommé à la place do recteur dans une
église du Northampthonshirc , où il mou-
rut en 1630. On a de lui un livre anglais ,
intitulé Différence des mœurs des Chré-
tiens , d'avec celles des Turcs, des pa-
pistes et des païens , Middelbourg, 1 vol.
in-4°.
BROWN ( Thomas ) , médecin et anti-
quaire de Londres , né le 10 octobre 1605,
voyagea en France et en Italie , prit le
degr4de docteur en médecine à Leyde et
à Oxford, fut créé chevalier par Charles
II en 1671. Il mourut le 19 octobre à Nor-
wich , en 1682. On a recueilli ses ouvra-
ges à Londres en 1686 , en 1 vol. in-fol.
divisé en 4 parties. La ire renferme un
traité, traduit en français par l'abbé
Souchai , sous ce titre : Essai sur les er-
reurs populaires, ou Examen de plusieurs
opinions reçues comme vraies, qui sont
fausses ou douteuses, 2 vol. in-12, Paris ,
1733 et 1742, plein de recherches et d-e
bonne critique. On trouve dans la 2e partie
le fameux ouvrage , traduit en tant de
langues , intitulé Religio Medici, imprimé
séparément à Leyde , en 1644 , in-12.
Quoique ce traité ait fait soupçonner
Brown d'avoir un symbole réduit à très
peu d'articles, on assure pourtant qu'il
était zélé pour la religion anglicane. Il
est certain qu'il ne peut être agrégé aux
philosophes de ce siècle; on peut en juger
par ces passages remarquables des Erreurs
j>opulaires : « Pour entraîner plus sùre-
» ment dans l'erreur, le démon a persuadé
» aux hommes qu'il était un être imagi-
» naire , et par-là il endort l'homme dans
» une fausse sécurité et lui fait concevoir
» des doutes sur les peines et sur les ré-
» compenses futures. Il ébranle l'opinion
» même de l'immortalité de l'âme; car
» ceux qui prétendent qu'il n'y a pas do
«substances purement spirituelles, croi-
» ront encore moins que leurs âmes doi-
» vent exister après qu'elles seront sépa-
» rées de leurs corps. » (Voyez DELRIO ,
MEAD, OPHIONÉE, SPÉ , etc.) Les traités
qui occupent les deux autres parties , rou-
lent sur les plantes dont il est parlé dans
l'Ecriture ; sur les poissons que J.-C man-
geaaprès sa résurrection, avec les apôtres ;
sur les guirlandes des anciens ; sur des
urnes sépulcrales trouvées en Angleterre,
etc. — Son fils Edouard BROWN , s'ap-
pliqua à la même profession que son père,
voyagea en Allemagne, en Hongrie et en
Turquie. De retour dans sa patrie , il fut
fait médecin de Charles II, d l'hôpital
de Saint-Barthélemi , et mourut en 1708.
On a de lui : | Voyage en Hongrie , Bul-
garie, Autriche, etc. avec des observations
physiques, politiques, Londres, 1673, in-
4° , en anglais , traduit en français , Paris,
1674 , in-4°. | Traduction anglaise des
Vies de Plutarque.
BROWN (EDouARD),lhéologien anglais
parent du précédent, vivait dans le 17e
siècle. Nous lui devons un ouvrage peu
commun , imprimé en 1690 , à Londres,
en 2 vol. in-fol. sous ce titre : Fasciculus
rerum cxpelendarum et fugiendarum.
Cet ouvrage est un recueil de pièces con-
cernant le concile de Baie , de lettres et
d'opuscules relatifs au même objet ; le
tout recueilli par Ortuin Gratius. Brown,
en donnant la nouvelle édition que nous
citons, l'a enrichie de notes, et d'un ap-
pendice d'anciens auteurs qui ont écrit
sur la même matière. Il a encore donné
quelques autres ouvrages , trop peu con-
nus pour en faire mention.
BROWN ( Pierre ), natif d'Irlande,
d'abord prévôt du collège de la Ti inité, en-
suite évêque de Corck , mourut dans son
palais épiscopal en 1735, aprèsavoir publié
plusieurs ouvrages en anglais. Les prin-
BRO S
cipaux sont : | Une Réfutation du Chris-
tianisme non mystérieux de Toland^ Du-
blin, 1687, in-8°. Ce traité fut l'origine
de sa fortune; ce qui faisait dire à l'impie
que c'était lui qui l'avait fait évéque de
Corck. | Plusieurs écrits contre la cou-
tume de boire en mémoire des morts,
1713 , in-12. | Le progrès , l'étendue et les
limites de l'entendement humain, qui est
comme un supplément à son écrit contre
Toland , 1728 , in-8°. | Plusieurs Sermons.
Ce prélat avait beaucoup contribué à épu-
rer le goût des docteurs de son pays , qui
se jetaient la plupart dans les pointes ,
l'enflure et les faux brillans.
BROWN ( Ulysse-Maximilien de ),
célèbre général du 18e siècle , était fils
d'Ulysse , baron de Brown , colonel d'un
régiment de cuirassiers au service de
l'empereur , d'une des plus nobles et des
plus anciennes maisons d'Irlande. Il na-
quit à Bâle le 24 octobre 1705 : et après
avoir fait ses premières études à Lime-
rick en Irlande , il fut appelé en Hongrie
à l'âge de 10 ans , par le comte Georges
de Brown son oncle , colonel d'un régi-
ment d'infanterie. Il fut présent au fa-
meux siège de Belgrade en 1717. Sur la
fin de 1723 , il devint capitaine dans le
régiment de son oncle , puis lieutenant-
colonel en 1725. Il passa dans l'île de
Corse en 1750, avec un bataillon de son
régiment, et contribua beaucoup à la
prise de Calansara , où il recul à la cuisse
une blessure considérable. Il fut nommé
chambellan de l'empereur en 1732 et co-
lonel en 1734.11 se distingua dans la guerre
d'Italie , surtout aux batailles de Parme
et de Guastalla , et brûla , en présence de
l'armée française , le pont que le maré-
chal de Noailles avait fait jeter sur l'Adige.
Nommé général de bataille en 1736, il fa-
vorisa l'année suivante la retraite par une
savante manœuvre , et sauva tous les ba-
gages à la malheureuse journée de Banja-
luca en Bosnie, du 5 août 1727. Cette belle
action lui valut un second régiment d'in-
fanterie , vacant par la mort du comte
François de Wallis. De retour à Vienne en
1759 , l'empereur Charles VI l'éleva à la
dignité de général feld-maréchal-lieute-
nant, et le lit conseiller dans le conseil
aulique de guerre. Après la mort de ce
prince, le roi de Prusse étant entré en
Silésie , le comte de Brown, avec un petit
corps de troupes , fut lui disputer le ter-
rain pied à pied. Il commandait en 1741
l'infanterie de l'aile droite de l'armée
autrichienne à la bataille de Malwitz , et
84 JîHO
quoique blessé , il fit une belle retraite. Il
passa ensuite en Bavière, où il commanda
l'avant-garde de la même armée, s'empara
de Deckendorf et de beaucoup de bagages
et obligea les Français d'abandonner les
bords du Danube, que l'armée autri-
chienne passa ensuite en toute sûreté. La
reine de Hongrie l'envoya la même année
à Worms , en qualité de son plénipoten-
tiaire, auprès du roi d'Angleterre : il y
mit la dernière main au traité d'alliance
entre les cours de Vienne , de Londres et
de Turin. En 1745 , la même princesse le
déclara son conseiller intime actuel, à son
couronnement de Bohème. Le comte do
Brown suivit en 1744 le prince Lobkowitz
en Italie, prit la ville de Velletri le 4 août
malgré la supériorité du nombre des en-
nemis , pénétra dans leur camp , y ren-
versa plusieurs régimens , et y fit beau-
coup de prisonniers. Bappelé en Bavière
il s'y signala, et retourna en Italie l'an
1746. Il chassa les Espagnols du Milanais,
et s'étant joint à l'armée du prince de
Lichtenstein, il commanda l'aile gauche de
l'armée autrichienne à la bataille de Plai-
sance , le 16 juin 1746, et défit l'aile droite
de l'armée ennemie , commandée par le
maréchal de Maillebois. Après cette célè-
bre bataille , dont le gain lui fut dû , il
commanda en chef l'armée destinée contre
les Génois , s'empara du passage de la Bo-
chetta, quoique défendu par 40,000 hom-
mes , et se rendit maître de la ville de
Gènes. Le comte de Brown se joignit en-
suite aux troupes du roi de Sardaigne , et
prit conjointement avec lui le mont Alban
et le comté de Nice. Il passa le Var le 50
novembre, malgré les troupes françaises,
entra en Provence, y prit les îles de Sainte-
Marguerite et de Saint-Honorat. Il pen-
sait à se rendre maître d'une plus grande
partie de la Provence , lorsque la révolu-
tion de Gènes , et l'armée du maréchal de
Belle-Isle , l'obligèrent de faire cette belle
retraite qui lui attira l'estime de tous les
connaisseurs. Il employa le reste de l'an-
née 1747 à défendre les états de la maison
d'Autriche en Italie. L'impératrice-reine
de Hongrie , pour récompenser ses belles
campagnes d'Italie , le fit gouverneur de
Transilvanie en 1749. Il eut en 1752 le gou-
vernement, de la ville de Prague, avec le
commandement général des troupes dan9
ce royaume, et le roi de Pologne, électeur
de Saxe, l'honora en 1755 de l'ordre de
l'Aigle-Blanc. Le roi de Prusse ayant en-
vahi la Saxe en 1756, et attaqué la Bohème,
le comte de Brown marcha contre lui ; il
BRO
585
BRO
repoussa ce prince à la bataille de Lobositz,
le 1er octobre , quoiqu'il n'eût que 26,000
hommes et que le roi de Prusse en eût au
moins 40,000. Sept jours après ce conflit, il
entreprit cette fameuse marche en Saxe ,
pour y délivrer les troupes saxonnes en-
fermées entre Pirna et Konigstein : action
digne des plus grands capitaines anciens
et modernes. Il obligea ensuite les Prus-
siens à se retirer de la Bohème ; ce qui
lui valut le collier de la Toison-d'or , dont
l'empereur l'honora le 6 mars 1757. Peu
de temps après, le comte de Brown passa
en Bohème , où il ramassa des troupes à
ta hâte , pour résister au roi de Prusse ,
qui y avait pénétré de nouveau à la tête
de toutes ses forces. Le 6 mai , se donna
la fameuse bataille de Potschernitz ou de
Prague, dans laquelle le comte de Brown
fut dangereusement blessé. Obligé de se
retirer à Prague , il y mourut de ses bles-
sures , le 26 juin 1757 , à 52 ans. Le comte
de Brown n'était pas seulement grand
général, il était aussi habile négociateur,
et très versé dans la politique. La Vie de
cet illustre général a été écrite dans deux
brochures, l'une en allemand et l'autre en
français , imprimées à Prague en -1757.
BROWN ( Guillaume ), poète anglais,
né à Tavitosck en Devonshire vers 1590 ,
mort vers l'an 1045 , se lit un nom par
sea Pastorales. Elles ont été recueillies en
2 vol. in-8°, à Londres , en 1625. On a
encore de lui sept églogues, publiées sous
ce titre : La Flûte du Berger, Londres ,
i614, in-8°. On a donné une nouvelle édi-
tion de ses poésies en 1772 , 5 petits vol.
in-12. — Il ne faut pas le confondre avec
un autre Guillaume BROWN , médecin ,
mort en 1754 , à 82 ans, qui a aussi donné
des Poésies , et en outre Opuscula varia
medicorum, 1765, in-4° , avec un ^//^n-
dice, qui a paru en 1768.
* BROWN ( Moïse ) , vicaire d'Olney,
dans le comté de Buckingham, et chape-
lain du collège de Morden, né en 1705,
commença par être tailleur de plumes.
Hervey, l'auteur des Méditations * le fit
étudier , et entrer dans les ordres. On a
de lui plusieurs Serinons, et quelques ou-
vrages en vers , entre autres : | un vol.
de Poésies, 1759, in-8°; | Pensées du di-
manche, poème, 1749, in-12; | Percij
Lodge , poème descriptif, 1756. Brown
iraduisit les ouvrages deZimmerman, et
donna une édition du Parfait pêcheur à
ta ligne , et des Eglogues sur la pèche
de Walton.
BROWN ( Isaac-Haweins ) , anglais ,
né à Burlon le 21 janvier 1706, moitié
14 février 1760, s'est fait un nom dans 9a
patrie par ses Poésies, imprimées en 1763,
in-8° , et surtout par son traité De Animes
immortalitate , en 2 liv., 1754.
BROWN (Jean ), écrivain anglais, nô
à Rothbury dans le Northumberland le 5
novembre 1715, chanoine de Carlisle,
docteur en théologie , servit en qualité de
volontaire pendant les troubles de sa pa-
trie , en 1745 , et mourut le 23 septembre
1766. On a de lui : | Essai sur les Mœurs,
ou Caractère de Shaflesbury , ouvrage
qui fut fort goûté, et qu'on réimprima
pour la 5e fois en 1764 , in-8°. | Essai sur
la Musique, 1751. | Histoire de l'origine
et des progrès de la Poésie dans ses diffé-
rons genres , 1764 , in-8°, traduit de l'an-
glais par Eidous , Paris , 1768 , excellent
ouvrage où la sagacité, le sens et la rai-
son vont de pair avec l'érudition, j Des
sermons; des pièces de théâtre. Il n'est
pas surprenant de voir en Angleterre al-
lier le mimisme avec la chaire : n'ayant
point de principes fixes de morale, les mi-
nistres anglais croient que ce sont deux
manières d'instruire.
* BROWN (Jean) , médecin écossais ,
né en 1756 dans un petit village du com-
té de Berwick, d'un pauvre journalier,
se fit remarquer dès son enfance , autant
par sa force et son adresse dans les exer-
cices du corps que par son aptitude à sai-
sir tout ce qu'on lui apprenait. Ses pro-
grès furent tels , que dès l'âge de 15 ans ,
on lui confia l'éducation de l'enfant d'un
homme considérable ; mais la fierté de son
caractère lui rendait trop pénible la dé-
pendance qu'exigeaient ses fonctions. Il
se rendit à Edimbourg pour s'y livrer à
l'étude de la théologie. Un de ses amis
l'ayant engagé de mettre en latin une
thèse de médecine écrite en anglais , il le
fit avec une telle supériorité et ce travail
lui attira tant d'éloges, qu'il se décida à
être médecin. Il fit dans cette science des
progrès très rapides , et pour suppléer à
son peu de fortune , il faisait des répéti-
tions aux jeunes étudians. Il fut bientôt
admis dans la société médicale d'Edim-
bourg , et en devint président en 1776 et
en 1780. C'est alors qu'il conçut le système
médical , qui l'a rendu si célèbre, et qu'il
développa dans son ouvrage intitulé Ele-
menta medicinœ, qui eut un grand succès
et établit sa réputation. Il aurait pu faire
une fortune considérable s'il eût su pro-
fiter des circonstances ; mais son goût pour
les plaisirslui fitdissiper en peu de temps
Bill) 5
la fortune qu'il avait acquise. Son carac-
tère hautain et peu sociable avec ses con-
frères lui fit en même temps beaucoup
d'ennemis. Quelques désagrémens qu'il
éprouva le décidèrent de se rendre à
Londres où il espérait rétablir sa fortune ;
mais peu habitué de se tenir à son état, il
acheva d'épuiser ses ressources, et fut
frappé d'une attaque d'apoplexie occa-
sionée par ses désordres , le 7 octobre
1788. Outre ses élémens de médecine dont
nous avons deux traductions françaises ,
il a laissé des Observations sur la méde-
cine.
* BROWN ( Charles-Brockden ) , ro-
mancier américain, surnommé le God-
win des Etats-Unis ., né à Philadelphie ,
en 1778. Il vécut long-temps ignoré, mou-
rut à l'âge de 35 ans , en 1813 , laissant
plusieurs romans qui furent réimprimés
en Angleterre.
* BROWN ( Thomas ) , professeur de
philosophie morale à l'université d'Edim-
bourg, mort en 1822, s'est acquis de la
réputation comme métaphysicien et
comme poète. On a de lui : | Observations
on Darwin s Zoonomia* 1798, in-8°; |
Poemss 2 vol, 1804.
BROWNCKER (Guillaume) , savant
irlandais, né en 1620, fut un des premiers
membres de la société royale de Londres,
qu'il présida pendant 15 ans. Il mourut
le 5 avril 1684, après avoir publié sa cor-
respondance avec Jean "Wallis sur les ma-
thématiques, sous le titre de Commer-
cium epislolieum , Oxford, 1658 , in-4°. Il
y a beaucoup de Mémoires de lui dans les
Transactions philosophiques.
* BROWNE (Georges), le premier
évêque qui ait embrassé et introduit la
réformation en Irlande , était moine dans
un couvent d'augustins à Londres, et de-
vint provincial de son ordre en Angle-
terre. Son goût pour la doctrine de Luther,
qui commençait à se répandre, le recom-
manda au roi Henri VIII , qui le nomma,
en 1554, archevêque de Dublin. Il tra-
vailla de tout son pouvoir à faire renon-
cer ses diocésains à la soumission au
pape , et fut nommé , en 1551 , primat
d'Irlande , à la place de l'archevêque
d'Armargh, Dondal, vivement opposé aux
mesures de la cour ; mais il fut privé de
ce titre et de sa dignité d'archevêque , en
1554 , par la reine Marie , et mourut en
1556. On a de lui un Sermon contre le
culte des images et l'usage de pries en la-
tin , imprimé à la suite de sa vie , Lon-
dres, 1681, in~4°.
86 BRU
* BROWNE (Patrice), médecin et bo-
taniste né à Crosboyne en Irlande, en
1720. Après avoir parcouru une partie de
l'Espagne et fait plusieurs voyages aux
Indes , il se fixa à la Jamaïque , et fit une
étude approfondie de toutes les produc-
tions naturelles de cette île. Il a publié le
résultat de son travail dans un excellent
ouvrage intitulé Histoire naturelle et ci-
vile de la Jamaïque * Londres, 1756, in-
fol. , en anglais, avec de superbes figures
dessinées par le célèbre Ehret. Il revint
dans sa patrie et mourut à Rusbrook en
1790. Il a laissé plusieurs manuscrits sur
les plantes de la Jamaïque et de l'Ir-
lande.
* BRU (Moyse-Vincent) , peintre es-
pagnol , né à Valence en 1682 , y peignit
trois bons tableaux : | le Passage du
Jourdain, \ un saint François de Paule,
| et celui de Tous les Saints. Il mourut
en 1703 , à l'âge de 21 ans.
* BRU AND ou BRUAN , curé de Mous-
son, né à Nanci, au 16e siècle, a donné
un Bref discours (en vers) de la très
noble s très illustre et très ancienne mai-
son de Lorraine , Lyon, 1591 , in-8°.
* BRU AND (Pierre-François) , mé-
decin , né à Besançon en 1716 , mort en
cette ville, en 1786. Le roi de Pruscc Fré-
déric l'engagea à passer dans ses états ;
mais il préféra aux emplois brillans
qu'on lui offrait , une vie obscure et tran-
quille , qu'il consacra entièrement à ses
concitoyens et au soulagement des pau-
vres. On a de ce médecin : | Moyens de
rappeler les noyés à la vie , Besançon ,
1763, in-8° ; | Mémoires sur les maladies
contagieuses et épidêmiques des bêles à
cornes ., Besançon, 1766 , 2 vol. in-12. Cet
ouvrage avait remporté le prix de l'aca-
démie de cette ville en 1763 , et il a été
réimprimé , avec des additions , sous le
titre de Traité des maladies épizootiques
et contagieuses des bestiaux et des ani-
maux les plus utiles à l'homme, Besan-
çon, 1782, 2 vol. in-12. On trouve plu-
sieurs observations importantes de lui
dans les mémoires des sociétés de méde-
cine de Paris et de Montpellier dont il
était membre.
* BRUAND (Anne-Joseph), membre
de l'académie de Besançon, où il naquit
en 1787 , fut d'abord soldat , puis défen-
seur d'office au conseil de guerre spécial
de sa ville natale , enfin sous-préfet dans
plusieurs départemens. Il mourut en 1820
à Belley, où il en exerçait les fonctions. Il
était aussi membre de la société royale
BRU S
des antiquaires de France , de l'académie
des sciences et belles-lettres de Toulouse.
On a de Bruand : | Dissertations sur une
mosaïque découverte près de la ville de
Poligny (Jura),' Tours, 1815, in-8°,
avec planches ; Paris , 1816 , in-8°. | an-
nuaire de la préfecture du Jura, pour
les années 1813 et 1814; | Mélanges litté-
raires, Toulouse, 1815 , in-8°; cet ou-
vrage , dédié à M. Weiss, bibliothécaire
à Besançon , n'a été tiré qu'à vingt-cinq
exemplaires , et est devenu extrêmement
rare. | Essai sur les effets de la musique
chez les anciens et chez les modernes ,
Tours , 1815 , in-8° ; | Exposé des motifs
qui ont engagé en 1808 S. M. C. Ferdi-
nand VII à se rendre à Bayonne * Paris,
1816 , in-8° , traduit librement de l'espa-
gnol, etc. Bruand a fourni plusieurs arti-
cles à la Biographie des hommes vivans.
Il a laissé en outre plusieurs Mémoires
sur divers sujets d'archéologie , qui sont
restés inédits.
* BRUCE (Jacques) célèbre voyageur,
né à Kinnaird , dans le comté de Stirling
en Ecosse, d'une famille noble et an-
cienne. Devenu veuf d'une femme qu'il
aimait , il chercha des consolations dans
les voyages et dans l'élude des langues ,
et il s'adonna particulièrement à celles de
l'arabe et de l'éthiopien. Il venait de par-
courir le Portugal et l'Espagne , lorsque
lord Halifax lui proposa d'aller à la re-
cherche des sources du Nil. Bruce accepta
la proposition , et fut en même temps
nommé consul à Alger. Il resta quelque
temps dans cette résidence, et en juin
1768, il se mit en route pour l'Abyssinie ,
et visita d'abord Tunis, Tripoli, Rhodes,
Chypre , la Syrie et quelques autres con-
trées de l' Asie-Mineure. Il passa de là en
Afrique, et pénétra, à travers mille périls,
jusqu'à la ville de Gondar , séjour du roi,
et partit de là pour les sources du Nil ,
qu'il trouva dans une petite ile ver-
doyante , dessinée en forme d'autel ,
sous la garde d'un grand-prêtre qui avait
la police religieuse de ces sources sa-
crées. Après un séjour de quatre ans
dans l'Abyssinie, il reprit le chemin de
l'Egypte par la Nubie , traversa le désert
de sable , et arriva enfin dans la haute
Egypte. De retour en Angleterre, il trouva
son bien entre les mains de ses parens,
qui, le croyant mort , se l'étaient partagé
avec une précipitation qui déplut au sa-
vant voyageur. Pour se venger de leur
avidité , il se remaria , et perdit encore
celte seconde femme , après en avoir eu
87 B1VU
un fils. Dégoûté du monde, il se retira
dans sa terre, où il se livra entièrement
à la rédaction de son voyage. Il mourut
sur la fin d'avril 1794 , des suites d'une
chute qu'il avait faite dans son escalier.
La relation de Bruce a été imprimée eu
Angleterre sous ce titre : Travels îo dis-
coverthe sources oftheNile in the Years_,
1768 à 1772 , et à Edimbourg en 1790 , 5
vol. in-4°. Elle a été traduite en allemand
par Wolkmann, et en français par Cas-
tera, Paris, 1790, 5 vol. in-4°, et 10 vol.
in-8°. Les récils de Bruce renferment des
faits si extraordinaires, qu'ils ressemblent
un peu à un roman. Cependant plusieurs
faits qui avaient d'abord été contestés ,
ont été reconnus depuis. Il a paru à Lon-
dres une seconde édition de ce voyage en
7 vol. in-8° et atlas. L'auteur s'est regardé
comme le premier Européen qui ait pé-
nétré aux sources du Nil , et il a eu dou-
blement tort d'avancer ce fait. D'abord ,
il n'a point vu les vraies sources du Nil :
elles sont situées au pied des Alpes de
Kumri ou Montagnes de la Lune, et n'ont
encore été visitées par aucun européen.
Il n'a pris connaissance que de celles que
les Abyssins donnent à ce fleuve, et en-
core il n'est pas le premier qui les ait dé-
crites. Le P. Paez, missionnaire portugais,
les avait visitées et décrites avant lui. On
peut voir dans YOEdipus Egyptiacus ., la
description qu'il en a faite.
BRUCIOLI (Antoine), laborieux écri-
vain , naquit à Florence vers la fin du
15e siècle. Ayant trempé en 1522 dans la
conjuration de quelques citoyens floren-
tins contre le cardinal Jules de Médicis ,
depuis pape sous le nom de Clément VII,
il fut obligé de s'expatrier et passa en
France. Les Médicis ayant été chassés de
Florence en 1527 , cette révolution le ra-
mena dans sa patrie. Mais la liberté avec
laquelle il se mit à parler contre les re-
ligieux et les prêtres , le fit soupçonner
d'être attaché aux nouvelles opinions. Il
fut emprisonné; convaincu d'hérésie et
de projets contraires au repos de l'état ,
il n'aurait point échappé à la corde si les
bons offices de ses amis n'eussent fait
réduire son châtiment à un bannissement
de deux ans. Il se relira alors à Venise
avec ses frères qui étaient imprimeurs et
libraires, et se servit de leurs presses
pour publier la plupart de ses ouvrages,
dont le plus connu et le plus recherché
est la Bible entière traduite en langue
italienne , avec des commentaires. Dans
cette Bible, Brucioli dévoile son attache-
BMJ
588
BRU
mcnl aux erreurs de Luther et de Calvin :
les réformateurs s'en accommodèrent et
en publièrent plusieurs éditions. Mais
la plus ample et la plus rare est celle de
Venise , 1546 et 1548 , 7 tomes en 5 vol.
in-fol. Brucioli prétend avoir fait sa tra-
duction sur le texte hébreu ; mais la vérité
est que , très médiocrement versé dans
celte langue, il s'est servi de la version
latine de Sanctès Pagnini , que même i)
n'a pas toujours entendue : son style d'ail-
leurs est aussi barbare que le latin qui
lui a servi d'original. Ses autres ouvrages
sont : | Des traductions italiennes de
l'Histoire naturelle de Pline, et de plu-
sieurs traités d'Aristote et de Cicéron.
Des éditions1 de Pétrarque et de Boccace
avec des notes. | Des Dialogues > Venise ,
1526 , in-fol. On ne sait point l'année de
sa mort , mais on sait qu'il vivait encore
en 1554.
* BRUCKER ( J. Jacques ), savant dis-
tingué , né à Augsbourg en 1696 , occupa
quelque temps une place de pasteur à
Kaufbenorn ; mais sa réputation le fit ap-
peler à Augsbourg, où il exerça avec suc-
cès le ministère de la prédication. Ses tra-
vaux s'étaient constamment dirigés vers
l'histoire de la philosophie. Il a donné à
ce sujet un grand ouvrage intitulé Histo-
ria critica philosophions a mundi incuna-
bulis ad nostram usque œtatem deducta,
Leipsick, 1741 et 1767, S vol. in-4°, réim-
primé en 1767, avec un 6e vol. in-4°. On
trouve dans cette compilation, fruit d'une
érudition fort exacte et très étendue , la
vie des philosophes exposée avec détail et
fidélité. 11 en a donné lui-même un abrégé
sous ce titre Institutiones historiœ philo-
sophiœ, Leipsick, 1747, in-8°, dont la
2e édition parut à Leipsick en 1766 in-8°.
Il a publié en outre : | L~ dncien et le
Nouveau Testament,avecune explication
tirée des théologiens anglais > Leipsick ,
i758, 6 parties in-fol. | Disputatio de com-
paralione philosoph iœ gentilis cum Scrip-
iura, in-4°. | Questions sur l'histoire de
la philosophie * depuis le commencement
du monde jusqu'à la naissance de Jésus-
Ch?~ist,en allemand , 7 vol. in-12. | Plu-
sieurs Dissertatioris intéressantes sur des
points d'érudition et d'histoire littéraire.
Il mourut à Augsbourg en 1770.
• BRUCOURT ( Chari.es-Fra;vçois-Oli-
vier-Rosette de), chevalier de St.-Louis,
né à Grosville près Valogne , mort le 16
novembre 1755, a laissé un Essai sur
Vêducaliov de la noblesse, ÏJkl, 2 vol.
in-12.
♦BRUEIS ouBRUEYS (François-Paul,
comte de ) , amiral français , né en 1760 à
Uzès, d'une famille noble et dist inguée, en-
tra de bonne heure dans la marine royale,
et se trouvait lieutenant de vaisseau el
chevalier de Saint-Louis au commence-
ment de la révolution. Lorsque les pre-
miers symptômes d'insurrection se mani-
festèrent à bord des équipages, il se retira
dans ses terres, en attendant des momens
plus calmes pour reprendre du service ;
il en accepta sous le Directoire , et par-
vint en peu de temps au grade de contre-
amiral. Choisi en 1797 pour conduire l'ar-
mée française en Egypte, il déploya dans
cette expédition beaucoup d'habileté dans
les manœuvres, et arriva heureusement
dans la rade d'Aboukir ; persuadé que les
Anglais n'oseraient l'approcher, il resta
plus long-temps qu'il ne fallait sur les côtes,
et son escadre fut presque entièrement
défaite et prise par l'amiral Nelson. Après
avoir donné des preuves de la plus grande
intrépidité pendant deux jours que dura
la bataille il fut tué d'un boulet de canon
le 1er août 1798.
* BRIIEL ( Joachiu) , Joachimus Bru*
liusJ religieux augustin, né à Vorst, vil-
lage du Brabant ,~au commencement du 17'
siècle , professa dans son ordre la philoso-
phie et la théologie, et prit le bonnet de
docteur à Bruges. Il fut ensuite prieur du
couvent de Cologne , et élu deux fois pro-
vincial, savoir, en 1640 et 1649. On a de
lui ; | Brèves resoluliones casuum , apud
regulares, reservatorum , Cologne, 1640.
| Une traduction de l'espagnol en français ,
des Confessions du bienheureux Alphonse
d'Arasco, Cologne, 1640, in-16. | Vita beati
Joannis Chisii, Anvers , in-16. | Historiœ
Peruanœ ordinis eremitarum sanclipatris
Augustini libri XVIII , Anvers, 1651,
in-fol. | De séquestrations religiosorum ,
vers 1653. | Rerum morumque in régna
Chinensij, maxime nolabilium hisloria ex
ipsis Chinenshan libris et religiosorum
qui in Mo primi fuerunt , litleris ac rela-
tione concinnata, item patrum Augusli-
nianorum et Franc iscan or uni in illud in-
gressus; auctore J. G. de Mendoza, An-
vers, 1655, in-8°. C'est une traduction de
l'espagnol d'un ouvrage de Jean Gonzale
de Mendoza , aussi religieux augustin , et
depuis évêque de Lipari , qui avait été en-
voyé à la Chine par le roi d'Espagne , Phi-
lippe H. ( Voyez MENDOZA). Le P. Bruel
mourut le 29 juin 1655.
* BRUEMAG (Georges-Florewt-Hen-
ri), fils d'un médecin de Neuwied,
miu
589
miu
étudia, eu 1754, la médecine à Leyde, et
prit le doctorat àUtrecht, en 1758, un an
après avoir obtenu le titre de maitre-ès-
arts. Il enseigna l'anatomie et la chirurgie
dans sa patrie, puis alla exercer les fonc-
tions de médecin pensionné à Kettwich ,
on il resta pendant deux ans, au bout des-
quels il obtint la même place dans sa ville
natale, avec les titres de comte palatin, et
de médecin conseiller du prince de Hohen-
lohc Waldanberg et Schillings. La date
précise de sa mort nous est inconnue. Ses
ouvrages sont : ] Dissertatio sistens sin-
gullum morbum ., symplbma ., signum t
Utrecht, 1758, in-4°; | Conslitutio epide-
xnica essendiensis anni 1769-1770 , sistens
historiam febris scarlatino mil taris an-
ginosœ , eique adhibitam medelam acces-
sit observationum medicarum hue perti-
nentium decas* Essen et Leipsick, 1771,
in-8° ; | De iclero spasmodico infantium
assendice anno 1772 epidemico , Essen et
Leipsick, 1775, in-8° ; | Abhandlung ueber
die schœdlichheit des Mohnsafls in der
Ruhr, Neuwied, 1794, in-8°.
BRUÈUE ( (Parles-Antoine le CLERC
de la), né à Paris en 1715, secrétaire
d'ambassade à Rome pour M. le duc de
Nivernois, eut le privilège du Mercure
depuis 1744 jusqu'à sa mort, arrivée en
1754 à l'âge de 59 ans. Il avait du génie
pour le genre lyrique. Il est auteur de
plusieurs opéras : Les voyages de l'A-
mour; Dardanus ; le Prince de Noisi;
d'ime comédie intitulée Les Mécontens >
et d'une Histoire de Charlemagne , 2 vol.
in-12, écrite avec élégance et avec plus
de vérité et de sagesse que celle que M.
Gaillard en a donnée en 1782.
BRUEYS (David-Augustin de) , naquit
à Aix en 1640. Il fut élevé dans le calvi-
nisme et dans la controverse. Ayant écrit
contre V Exposition de la foi par Bossuet*
ce prélat ne répondit à cet ouvrage qu'en
convertissant l'auteur. Brueys, devenu
catholique , combattit contre les ministres
protestans, entre autres contre Jurieu,
Lenfant et la Roque; mais son génie en-
joué lui fit quitter la théologie pour le
théâtre. Il composa plusieurs comédies,
conjointement avec Palaprat son intime
ami, qui y eut pourtant la moindre part.
Les tragédies de Brueys ont aussi illustré
la scène française. Toutes les pièces dra-
matiques de cet auteur ont été recueillies
en 1755, en 5 vol. in-8°. 11 y a répandu le
même caractère qu'il avait dans la société :
il avait l'imagination vive, les mœurs
eimples, et beaucoup de naïveté. On a en-
core de lui une paraphrase en prose de
Y Art poétique d'Horace , qui n'est propre-
ment qu'un commentaire suivi ; une His-
toire du Fanatisme ou des Cévennes, 1715,
5 vol. in-12; et divers écrits contre les
calvinistes, publiés avant qu'il eût tra-
vaillé pour le théâtre , et après qu'il eut re-
noncé à ce genre. Il mourut à Montpellier
en 1725, à 85 ans.
BRUEYS. Voyez BRUEIS.
BRUGES ( Jean EYCK de), ainsi nommé
parce qu'il a vécu long-temps dans cette
ville , né à Maseick , dans la principauté
de Liège , frère et disciple de Hubert Eick
{voyez EICK), est l'inventeur de la ma-
nière de peindre à l'huile. Cet artiste cul-
tivait la chimie en même temps que la
peinture. Un jour qu'il cherchait un ver-
nis, pour donner du brillant, il trouva
que l'huile de lin ou de noix , mêlée avec
les couleurs, faisait un corps solide et écla-
tant, qui n'avait pas besoin de vernis. Il
se servit de ce secret , qui passa en Italie,
et de là dans toute l'Europe, Le premier
tableau peint de cette manière fut pré-
senté à Alfonse I , roi de Naples, qui ad-
mira ce nouveau secret. Un autre est celui
de Y Agneau de V Apocalypse , peint pour
Philippe le Bon , duc de Bourgogne. Jean
de Bruges florissait au commencement
du 15e siècle. Les savans et les artistes
affirment de concert que la peinture à
l'huile est une invention moderne , et ne
sont pas moins d'accord à prétendre que
Jean de Bruges en fut l'inventeur. On ne
peut récuscT les témoignages de Vasari
et de Yan-Mander, celui-là même qui
porta en Italie le secret de Van-Eyck. Il
n'est assurément pas à présumer que Va-
sari ait tiré de sa tète tout ce qu'il raconte
de cette découverte ; que Yan-Mander ,
homme très instruit sur tout ce qui re-
gardait l'état de la peinture, ait répété
un conte réfuté , selon Lessing , par des
faits plus anciens de trois ou quatre siècles ;
qu'on ait placé enfin la découverte de
l'art de peindre à l'huile comme très mo-
derne dans l'épitaphe d'Antonello, sans
qu'aucun peintre , aucun savant ait ré-
clamé contre une attribution si évidem-
ment fausse. Quel intérêt Vasari pouvait-
il avoir à attribuer cette découverte plutôt
à Jean Van-Eyck qu'à un autre, eu à
Antonello lui-même? pourquoi n'en a-t-il
pas fait honneur à un de ses compatriotes?
C'est donc l'hommage dû à la vérité et à
l'authenticité des mémoires qu'il a suivis,
qui ont conduit sa plume. Aussi les Ita-
liens, qui dans l'Occident sont les pre-
50
BRU
I>90
BUU
miers qui aient cultivé la peinture, ont
ignoré cette manière de peindre. Cima-
bué restaurateur de cet art en Italie,
qui vivait au 13e siècle, n'était pas si
éloigné du siècle de Théophile , auquel
Lessing veut attribuer cette découverte,
qu'il n'eût pu avoir connaissance de cet
auteur; cependant deux siècles se sont
écoulés jusqu'à Antonello, qui le premier
employa en Italie l'huiledanslcs tableaux.
Ceux donc qui , d'après Lessing , ont fait
remonter la peinture à l'huile au-delà du
41e siècle, n'ont point lu avec attention le
passage de Théophile , sur lequel ils se
fondent. Tout ce que l'on peut en con-
clure , c'est que les peintres y auraient pu
apprendre à faire usage de l'huile de lin
pour broyer les couleurs; mais ils ne
l'ont pas fait ; ils ont persisté à suivre
leur ancienne pratique , malgré tous ses
défauts, jusqu'au temps de Van-Eyck.
Théophile, du reste , n'était pas persuadé
que les couleurs broyées à l'huile pus-
sent être d'un grand secours pour peindre
des tableaux , au contraire : Omnia gênera
colorum, dit-il, eodem génère oleiteriel
poni possunt in opère ligneo , in his tan-
tum rébus quœ sole siccari possunt ; quia
quoties unum colorent imposueris alle-
rutn ei superponere non potes, nisi prior
exsicectur, quod in imaginibus diutur-
num et nimis tœdiosum est. Loin de con-
seiller cette méthode pour la représenta-
tion des objets , il explique au contraire
tout de suite la manière de peindre , usitée
dans le moyen âge, en broyant les cou-
leurs à l'eau de gomme et à l'eau d'oeuf.
Ainsi, il est évident qu'il ne voulait em-
ployer ses couleurs à l'huile , qu'à bar-
bouiller des portes, des volets de fenêtres,
etc. enfin tout ce qui est exposé aux in-
jures du temps, à quoi les couleurs à l'eau
ne peuvent servir, suivant le litre même
du chap. 18 , qui porte De rubicandis os-
tiis, et de oleo Uni. Jean de Bruges res-
tera donc en possession de l'invention
de la peinture à l'huile , et le manuscrit
de Théophile , et ceux qui ont applaudi
aux raisonnemens de Lessing, ne pour-
ront lui ravir la gloire d'avoir fait une
découverte si essentielle à son art. On
cite encore quelques peintures à l'huile
qu'on prétend être antérieures à Van-
Eyck entre autres une de Thomas Mutina
en 1297 ; mais la date des inscriptions mises
sur ces peintures est très incertaine , et
probablement fort postérieure à l'ouvrage
même.
* BRUGES (Alphonse, vicomte de),
né à Valréas, dans le département de Vau-
clusc , entra dans la marine en 1780 , fil
les campagnes de 1782, et était parvenu
au grade de lieutenant de marine au com-
mencement de la révolution. Il émigra
avec son père et deux de ses frères, fit dans
l'armée des princes la campagne de 1792,
et prit ensuite du service dans les trou-
pes anglaises à Saint-Domingue. Rentré
en France en 1814, il rendit de grands
services pendant les cent-jours, fut nommé
lieutenant-général et commandant de la
8fi division militaire. Après s'être acquitté
avec distinction de plusieurs missions im-
portantes , le vicomte de Bruges fut mis
à la retraite, et mourut à Bàle en 1820.
BRUGIANTINO ( Vincent ) , gentil-
homme ferrarais et poète italien du 1C
siècle, dont les ouvrages sont plus recher-
chés pour leur rareté que pour leur bonté.
Les principaux sont : | Angelica inamo-
rala, Venise, 1553, in-4°, poème soi-di-
sant épique , où l'auteur s'efforce d'imi-
miter l'Arioste ; | le Décaineron de Boc-
cace, mis en vers italiens, Venise, 1354,
in-4° , moins bien écrit, et naturellement
tout aussi licencieux que l'ouvrage sur
lequel il a travaillé.
* BRUGIÈRES (Pierre) , prêtre schis-
matiqué , né le 5 octobre 1750 , à Thiers en
Auvergne , devint chanoine de la collé-
giale de cette ville. Après avoir prêché à
Qermont , à Riom , à Brioude et à Paris ,
où il se fit entendre en 1768 , il entra dans
la communauté de Saint-Roch où il resta
douze ans. Il publia, en 1777, une In-
struction catholique sur la dévotion au
sacré cœur, in-8°, livre anonyme , dans
lequel il émit des principes religieux qui
étaient ceux de Port-Royal. .M. de Beau-
mont , en ayant connu l'auteur, lui retira
ses pouvoirs en 1780; mais à la sollicitation
du curé de Saint-Roch , il l'envoya comme
vicaire à Marli. Brugières n'en devint pas
plus orthodoxe. En 1789 , il était chapelain
de Saint-Mamert dans l'église des Inno-
cens. A cette époque parurent ses Do-
léances des églises, soutaniers ou prêtre*
des paroisses de Paris, in-8°, ouvrage
dans lequel l'auteur professa le jansénisme
le plus outré , et qui lui valut d'être nom-
mé, en 1791, curé constitutionnel de la
paroisse de Saint-Paul. M. de Juigné, ar-
chevêque de Paris , ayant protesté , en
donnant sa démission la même année,
contre la nouvelle organisation du cierge ,
Brugières lui répondit par un Discours
patriotique au sujet des brefs du pape .
qui fut bientôt suivi d'un pamphlet dirigé
BRU
591
BKU
contre M de Bonal, son propre évêque,
sous le titre de : la lanterne sourde ou la
conscience de M"** ci-devant évëque de....,,
éclairée par les lois de l'Eglise et de l'état,
sur la constitution civile du clergé, 1791 ,
in-12. Cependantlorsque Goheleut donné
l'institution canonique à Aubert , prêtre
marie , il signa une protestation avec trois
autres curés constitutionnels , et fut en-
fermé pour cette cause aux Madelonnettes.
Au mois d'août suivant , il fut remis en
liberté , et subit encore deux emprison-
nemens ; sa cure ne lui fut point rendue ,
et il continua son ministère dans des'eglises
que quelques personnes avaient louées. Il
avait supprimé dans ses exercices les
prières à la sainte Vierge , et se servait
d'un Sacramentaire français. Le presby-
tère de Paris ayant réclamé contre cette
innovation, Brugières y répondit par son
Jppel aux prêtres chrétiens. Il assista
comme député du presbytère de Lyon
au concile de 1797, et à celui de 1801,
comme député du clergé de Troyes. En
1798 (6 février et 2 mai ) , il prononça les
Eloges funèbres des jansénistes Sanson
et Minard. Brugières est mort à 75 ans ,
le 7 novembre 1803, après avoir défendu
avec chaleur le jansénisme dans tous ses
ouvrages. Outre ceux déjà cités, il a laissé :
] Instruction sur le mariage , sur la sou-
mission aux puissances , etc., 1797, in-8 ;
j Avis aux fidèles sur la rétractation du
serment civique, faite par le clergé et le
curé de.... (Saint-Germain l'Auxerroisj ,
et leur rentrée dans le sein de l'église,
1800 ; | Instructions sur les indulgences
et le jubilé , dans les Ann. des constitu-
tionnels, lom. 9, page 594; | Observations
des fidèles à MM. les évêques de France,
à l'occasion dhine indulgence plénière en
forme de jubilé , adressée à tous les fidè-
les par le cardinal Caprara, brochure
in-8°, sans date , qui parut en 1803^ | des
Instructions choisies, 2 vol. in -8°, pu-
bliées après la mort de l'auteur par De-
gola ; | enfin divers écrits moins impor-
tons.
* BRUGMAiXS (Sèbald-Justin), mé-
decin et naturaliste hollandais , né en 1763
à Franeker , dans la Frise , commença ses
études à l'université de Groningue , où
son père professait la physique cl les ma-
thématiques et les termina à Leyde. Il
n'avait que 18 ans lorsqu'il fut reçu doc-
teur en philosophie à Groningue, et il reçut
plus tard dans la même ville le bonnet de
docteur en médecine. A celte occasion , il
publia une dissertation intitulée Litholo-
gia groningana juxtà ordînem Wallerii
digesla. L'année suivante, il remporta, à
l'académie de Dijon, un prix sur cette
question : Indiquer quelles sont les plan-
tes vénéneuses qui infectent souvent les
prairies , avec les moyens de leur eit sub~
slituer d'utiles, de manière que le bétail y
trouve une nourriture saine et abondante*
Deux autres discours furent encore cou-
ronnés aux académies de Bordeaux et de
Berlin. Brugmans publia, en 1785, une
excellente dissertation de Puogeniâ, ou-
vrage remarquable quia beaucoup éclairé
la pathologie. En 1786, il fut nommé pro-
fesseur de botanique à Leyde, et on lui
confia peu de temps après la chaire d'his-
toire naturelle, et celle de chimie, de phy-
sique et de philosophie. L'anatomie était
aussi l'objet de ses études, et son cabinet
d'anatomie comparée a été cité par Cuvier.
Bonaparte le nomma recteur de l'académie
de Leyde, et le gouvernement hollandais le
nomma plus tard inspecteur -général du
service de santé militaire pour l'armée de
terre, la marine et les colonies. Ce médecin
habile se fit remarquer àWaterloo, parle
zèle et la générosité avec laquelle il don-
nait ses soins aux blessés , et mourut à
Leyde en 1819- Il est un des principaux au-
tours de la Pharmacopœa Balava, pu-
bliée en 1805. Les Mémoires de l'institut de
Hollande renferment de lui des Observa-
tions sur la natation des poissons , dans
lesquels il fait connaître une forée d'im-
pulsion indépendante de celle que pro-
duisent les nageoires et la queue. Il a
beaucoup contribué aux progrès de la
médecine vétérinaire, et était président
de la société instituée pour l'amélioration
de cette branche de l'art de guérir.
* BRUGNONE ( Jean ) , médecin-vété-
rinaire , né à Turin vers 1758. Il suivit
pendant quatre ans les leçons de l'école
vétérinaire de Lyon , et celles de l'école
d'Alfort pendant une année. Le roi de
Sardaigne le nomma, à son retour , direc-
teur d'une école vétérinaire qu'il venait
de fonder à Chivasso. Il devint ensuite
professeur d'anatomie humaine et d'ana-
tomie comparée à l'université de Turin ,
membre de l'académie des sciences et
de la société d'agriculture de cette ville ,
et correspondant de l'institut de France.
Il est mort en 1810 , et il a laissé plu-
sieurs ouvrages en italien sur la méde-
cine vétérinaire , ïllk , et sur les ha-
ras, 1781. Ce dernier ouvrage, devenu
classique , a été traduit en allemand et
en français. Il a aussi publié plusieurs
BRU 592
Mémoires et Observations dans le recueil
de l'académie de Turin
•BRUGNOT (Jean-Baptiste-Charles),
jeune poète bourguignon , né le 17 oc-
tobre 1708 , à Painblanc près de Beaune ,
passa ses premières années à la campagne
clans un modeste pensionnat tenu par son
père, et entra en 1811 en seconde au collège
de Beaune , où il composa ses premiers
vers à l'âge de treize ans. Une parti-
cularité assez remarquable , c'est que ,
malgré les succès qu'il obtint dans ses
études, il ne put jamais réussir à manier
le vers latin. En sortant du collège, Bru-
gnot, pour éviter la conscription qui à
celle époque enlevait presque toute la
jeunesse française , se fil , comme élève
en chirurgie , attacher à un hôpital mili-
taire. La seconde invasion lui ferma la
carrière qu'il avait choisie ; il revint alors
avec empressement à ses livres chéris , et
se partagea entre les travaux du jardin
. paternel et les soins assidus d'un humble
pensionnat de village. En 1818, il passa
un mois à Paris , y suivit trois jours en-
tiers t ce sont ces termes, les cours de
l'école de médecine , et fut révolté du
matérialisme de cet enseignement. Il en-
tendit M. de Boulogne à Saint-Sulpice ,
assista sous les voûtes de Notre-Dame
à la cérémonie du 21 janvier , et fut rap-
pelé dans son village par la mort de son
père qui le laissait , à 19 ans , chef de
famille. Il se dévoua sans réserve aux
devoirs que ce malheur lui imposait ,
et c'est alors surtout qu'il se montra tendre
fils , excellent frère , chrétien courageux
et résigne. Son début dans le monde litté-
raire fut une Ode sur Louis XIV , qui
obtint , en 1820 , une mention honora-
ble au concours académique de Màcon.
Au mois de décembre de la même année ,
il fut nommé professeur de quatrième au
collège de Cluny. En 1823 , il passa en
qualité de professeur de rhétorique à
Compiègne , où il ne fit que se montrer ,
ayant préféré une chaire de seconde à
Troyes. En 1828 , le mal qui devait em-
porter Brugnot, la phthisie pulmonaire,
l'avait forcé de renoncer à l'enseigne-
ment quotidien. Il devint directeur du
journal Le Provincial qui venait d'être
créé à Dijon. Lorsque ce journal eut cessé
de paraître , il acheta une imprimerie
et fonda le Spectateur. Ces deux publi-
cations furent pour l'âme tendre et sen-
sible de Brugnot la source de nombreux
chagrins. Fatigué des luttes politiques ,
il revint tout entier dans les derniers
BRU
mois de sa vie au christianisme dont la
politique l'avait éloigné pour un temps ;
il est mort en 1831 , dans sa trente-troi-
sième année. On a de lui un volume de
Poésies , Dijon, de l'imprimerie de ma-
dame veuve Brugnot , 1 vol. in-8° , 1833,
avec le portrait de l'auteur , accompa-
gné de ces vers touchans :
Pauvre , obscur , sans destin , danj la foule perdu,
Ainsi que tout mortel qui parmi nous cliemine ,
J'ai cueilli, j'ai porte' ma couronne d'épine,
Voilà tout ! Et celui qui mesure le temps ,
A dit un jour : Asseï ! — asseï vécu ! trente ans.
BRUGUIERES ( Jean -Guillaume ),
naturaliste, né à Montpellier en 1750,
étudia d'abord la médecine; mais entraîné
par son goût pour l'histoire naturelle , il
partit sur l'un des vaisseaux que Louis
XV envoya aux Indes pour faire des dé-
couvertes dans la mer du Sud. De retour
à Montpellier, il travailla à découvrir une
mine de charbon de terre, dont on avait
des indices. Quelques fossiles qu'il trouva
dans ses fouilles l'engagèrent à faire une
élude approfondie des coquillages. Pour
tirer parti de son travail , il se rendit à
Paris , et rédigea pour X Encyclopédie mé-
thodique le 1er volume de Y Histoire natu-
relle des vers. Il travailla ensuite à un
journal d'histoire naturelle , qui a paru
en 1792, en 2 vol. in-8" , et donna quel-
ques mémoires dans les Actes de la so-
ciété d'histoire naturelle de Paris. Ses
travaux furent interrompus par un voyage
au Levant, que le ministre Boland lui fit
entreprendre avec M. Olivier , à la fin de
1792. Bruguières , dont la santé était déjà
altérée avant son départ, mourut en dé-
barquant à Ancône , le 1er octobre 1799.
M. Olivier a publié la Relation de ce
Voyage en 2 vol. in-4° et k vol. in-8° et
atlas, Paris, 1801.
• BRUGUIÈRES ( Antoine- André,
baron de Sorsum) , né à Marseille en 1773,
et mort à Paris le 7 octobre 1825 , se des-
tina d'abord au commerce et voyagea pour
ses affaires dans les Antilles et à Cayenne.
A son retour, il entra au service et sui-
vit le général Dessoles à l'armée d'Italie
et à celle du Rhin. Après la paix il se li-
vra à l'élude de la littérature, devint se-
crétaire-général du ministre de la guerue
du royaume de Westphalie , ensuite se-
crétaire d'ambassade en Angleterre, et
termina sa vie dans une retraite studieuse.
On a de Bruguières plusieurs ouvrages,
entr'autres | le Voyageur,, discours en vers
qui a remporté le 2e accessit dans le con-
cours des poésies de 1807 ; plusieurs Tra-
BRU
593
imu
ductions , notamment : | Sacontala , ou
l'Anneau fatal ', drame traduit du sanskrit
en anglais par Jones, et de l'anglais en
français , 1803, in-8" ; | Laa-Seng-Cul,
comédie chinoise , traduction du chinois
en anglais par Davis, et de l'anglais en
français, 1819 , in-8" ; | Roderick , le der-
nier des Goths , traduction de l'anglais de
Robert Southey, Taris, 1821, 2 vol. in-
12 ; ou 1820 , 5 vol. in-12 , sous le litre
d'QEuvres poétiques de Robert Southey ;
| Chefs-d'œuvre de Shakespeare , traduits
en vers blancs , et en vers rimes et en
prose, suivis de jwésies diverses, ouvrage
incomplet et posthume , revu par Chè-
nedollé , Paris , 1826 , 2 vol. in-8° ; | Des
Imitations on Traductions delordByron
et de Southey insérées dans le Lycée
français, Paris , 1819 et 1820. Il a laissé
aussi en manuscrit un Poème sur Mar-
seille , et la traduction de celui de Fingal.
BRUHILR D'ABLA.mCOURT( Jean-
Jacques ) , de Beauvais , docteur en mé-
decine de l'académie d'Angers , mort en
1756 , a été un des plus féconds écrivains
du 18e siècle. On a de lui : | Ja traduction
de la médecine raisonnée d'Hoffman, 1739,
9 vol. in-12; | Mémoire présenté au roi sur
la nécessité d'un règlement général au
sujet des enlerremens et enfournemens ;
| Caprices d'imagination , ou Lettres sur
divers sujets, in-12; l'auteur y est phy-
sicien, métaphysicien, moraliste et cri-
tique ; il n'y a rien de bien neuf , mais on
y trouve des réflexions solides et une va-
riété agréable ; | Mémoire pour servir à
la Vie de M. Silva ; \ Traité des fièvres ,
traduit d'Hoffman , 1746 , 2 vol. in-12. Il a
publié | les excellentes Obsejvations sur
la cure de la goutte et du rhumatisme ,
par MM. Hoffman, V... et James; \ Dis-
sertations sur l'incertitude de la mort,
1746, 2 vol. in-12, ouvrage intéressant
pour l'humanité ; | la Politique du méde-
cin , traduite d'Hoffman, 1751, in-12;
| Observations sur le Manuel des accou-
chemcns , traduites de Deventer. Il tra-
vailla pendant plusieurs années au Jour-
nal des Savans, qu'il remplit d' extraits
judicieux et bien faits.
BRU 1ÈRE Voyez BRUYERE.
BRUIS. Voyez BRUYS.
* BRULART , chanoine de Paris , vi-
vait à la fin du 16e siècle et écrivit un Jour-
val de la Ligue. Ce Journal se trouve
dans le premier volume des Mémoires de
Condé , recueillis par Secousse et Lenglet
du Frcsnoy.
BRULART ( Nicolas ) , d'une famille
illustre dans l'épée et dans la robe , sei-
gneur de Silleri et de Puisieux en Cham-
pagne, fut conseiller au parlement en
1573, maître des requêtes quelques an-
nées après, ambassadeur en Suisse en
1589,1595 et 1602, président à mortier
au parlement de Paris en 1595, plénipo-
tentiaire à Vervins en 1598, enlin ambas-
sadeur en Italie l'an 1599 , pour faire cas-
ser le mariage de Henri IV avec la reine
Marguerite, et pour en conclure un au-
tre avec Marie de Médicis. Le roi eut
tant d'impatience de récompenser les ser-
vices de ce ministre , que pour lui don-
ner les sceaux , en 1605 , il les ôta à Pom-
pone de Bellièvre. Après la mort de celui-
ci , Silleri fut chancelier en 1607. Son
crédit, toujours puissant et soutenu sous
Henri IV , diminua considérablement sous
Marie de Médicis , et tomba depuis tout-
à-fait. On lui ôta les sceaux au mois de
mai 1616; on les lui rendit sur la fin de
janvier 1623. Averti par des amis sûrs
qu'on allait les lui redemander, il les re-
mit en janvier 1624. On lui fit dire peu de
temps après de se retirer dans sa terre de
Silleri, où il mourut le 1er octobre 1624 ,
âgé de 80 ans. Homme fin et délié, tou-
jours sur ses gardes; on disait à la cour
qu'il ne réglait ses liaisons que sur ses
intérêts ; du reste , ami de la justice , at-
taché à la religion , honorant sa dignité
par ses mœurs.
BRULART ( Pierre), marquis de Pui-
sieux , fils du précédent , secrétaire d'é-
tat, ambassadeur extraordinaire en Espa-
gne pour la conclusion du mariage de
Louis XIII, fut éloigné de la cour en
1616, et rappelé l'année d'après. La ré-
duction de la ville de Montpellier en
1621 lui mérita une promesse d'être fait
duc et pair; mais sa modération l'em-
pêcha d'accepter cette dignité. Il mourut
en 1640, âgé de 57 ans. C'était un homme
intègre et d'une fermeté inébranlable.
BRULART DE SILLERI ( Fabio ) , né
dans la Touraine en 1655 , évêque d'A-
vranches et ensuite de Soissons, trouva
dans cette dernière ville une académie
naissante à laquelle il donna des leçons et
des modèles. L'académie française et celle
des inscriptions lui ouvrirent leurs por-
tes. Il mourut en 1714. On a de lui : | plu-
sieurs Dissertations dans les mémoires
de l'académie des Belles-lettres ; | des Ré-
flexions sur l'éloquence , en forme de
lettres au Père Lami , imprimées dans le
recueil des Traités sur l'éloquence de la
Martinière ; I des Poésies latines et fran-
50,
BRU
594
BRU
çaises manuscrites : | des Traités de mo-
rale et des Commentaires , aussi manu-
scrits.
BItULEFER ( Etienne ) , frère-mineur
de St.-Malo , professeur de théologie à
Mayence et à Metz , auteur de plusieurs
ouvrages de scolastique , parmi lesquels
on dislingueune Dissertation contre ceux
f/uifont des peintures immodestes des
personnes de la Sainte-Trinité. Il vivait
dans le 15e siècle.
BRUMMER ( Frédéric ) ,né à Leipsick
( en 1642, acquit en peu de temps une con-
naissance solide des langues latine et grec-
que, et fut reçu à l'université dès l'âge de
17 ans. Quoique voué d'abord à l'étude
du droit , il ne s'attacha pas moins à la
littérature et aux antiquités. Le commen-
taire adL. Cinciam, qu'il dédia à Colbert,
pour lors ministre d'état , et publié en
4668 , établit sa réputation : mais il n'en
jouit pas long-temps : comme il traversait
la rivière d'Arberine, entre Paris et Lyon,
pour abréger sa route, il y périt malheu-
reusement dans son carrosse le 3 décem-
bre de la même année. On a de ce savant,
outre le Gommentaire dont nous venons
de parler : | Exercitatio historico-philo-
logica de scabinis antiquis 3 mediiœviet
recentioribus. \ Exercitatio de Locatione
et Conductione. \ Declamatio contra
Otium, et quelques Onomastiques à la
louange de Th. Reinesius son ami , dont
!a riche bibliothèque lui avait été d'un
grand secours. Georges Beyer , profes-
seur en droit à Wittemberg , publia tous
les ouvrages de Brummer , Leipsick,
4712 , 1 vol. in-8°.
BRUMOY ( Pierre ) , naquit à Rouen
l'an 4688. Il entra dans la société des jé-
suites en 1704. Après avoir professé les
humanités en province , il fut appelé à
Paris. On le chargea de l'éducation du
prince de Talmont, et de quelques arti-
cles pour le Journal de Trévoux. 1S His-
toire de Tamerlan, par son confrère
Margat, dont il avait été l'éditeur, l'obli-
gea de quitter la capitale y mais cette es-
pèce d'exil ne fut pas long. A son retour
on le chargea de continuer Y Histoire de
V église gallicane, que les Pères de Lon-
gueval et Fontenai avaient conduite jus-
qu'au 11e volume. Brumoy mettait la der-
nière main au 12e , lorsqu'il mourut en
4742. Le Père Berthier l'a continuée. On
a encore de lui | le Théâtre des Grecs,
contenant des traductions analysées des
discours et des remarques sur le théâtre
grec , en 3 vol. in-4°, et en 6' in-12 Ce
livre a été réimprimé avec des corrections
et des augmentations par MM. de. Roche-
fort, de la Porte du Theil, Prévost et
Brottier , Paris , 1785-1789 , 45 vol. in-8° ,
fig. et plus récemment encore par
M. Raoul-Roche tte 46 vol. in-8°, 4825,
plus parfaite que les précédentes éditions.
C'est l'ouvrage le plus profond , le mieux
raisonné . qu'on ait sur cette matière. Les
traductions sont aussi élégantes que fidè-
les : tout respire le goût. L'auteur dans
ses parallèles ne parait pas rendre assea
de justice aux modernes; mais si cesju-
gemens paraissent trop sévères à l'égard
de quelques hommes célèbres , ils ne le
sont pas dans leur généralité ; il est certain
que cette foule de mauvais tragiques que
notre siècle a produits , vient de ce que
la lecture des anciens a été négligée
«C'est, dit un sage critique, parce
» qu'on s'éloigne trop de cette noble sim-
» plicité qui fut toujours l'objet de leur
» émulation , qu'on donne à présent dans
» l'extraordinaire, dans le bizarre ou dans
» le faible. Peut-être aussi le manque de
» talent est-il la vraie source de cette di-
» sette de bonnes tragédies. Il n'appartient
» qu'au génie d'égaler le génie ; et la mé-
» diocrité ou le monstrueux sont ordinai-
» rement le partage de ceux qui , sans
» mission , veulent figurer sur la scène ,
» qui n'admet que les grands maîtres. »
| Recueil de diverses pièces en prose et
en vers , en k vol.in-8°. L'auteur dans sa
poésie approche plus de Lucrèce que de
Virgile. On le sent surtout dans son
Poème sur les Passions ; ouvrage esti-
mable par la noblesse des pensées, la mul-
tiplicité des images , la variété et la cha-
leur des descriptions , la pureté et l'élé-
gance du style. Il y a dans le même Re-
cueil un autre Poème sur l'art de la ver-,
rerie , qui offre de très beaux vers. On
trouve à la suite de ces deux poèmes,!
traduits en prose libre par l'auteur, des;
Discours, des Epîtres, des Tragédies, des
Comédies, où régnent le goût et la sa-
gesse , etc. Le Père Brumoy a achevé les
Révolutions d'Espagne du Père d'Orléans,
et revu l'Histoire de Rienzi du Père du
Cerceau. Cet homme laborieux s'est fait
estimer autant par son caractère et ses
mœurs que par ses ouvrages.
BRUN ( Antoine ) , naquit à Dôle l'an
1600 , d'une famille ancienne. Il exerça
d'abord la charge de procureur-général
au parlement de cette ville , et fut ensuite
ambassadeur extraordinaire de Philippe
IV , roi d'Espagne , et plénipotentiaire au
BRU
59!»
BRU
congrès de Munster en 1654. Il y conclut
la paix entre l'Espagne et la Hollande.
Son maître le nomma bientôt après am-
bassadeur auprès de cette république.
Il mourut à La Haye en 1654, avec la
réputation d'un habile négociateur. Le
Père Bougeant l'a peint très avantageu-
sement dans son Histoire des traités de
Westphalie. Brun cultiva en même temps
la littérature et la politique. On a de lui :
| des tragédies grecques , | quelques pièces
de vers dans les Délices de la Poésie fran-
çaise,, 1620, in-8°. | Amico-criticamonitio
ad Galliœ Legalos Monasterium JVest-
phalorum pacis iraclandœ missos .1644, gueur et de variété dans le coloris, l'au
in-4° , sous le nom emprunté &' Adolphe
Sprenger.\ Spongia Franco- Gallicar, li-
turœ * Inspruck , 1646 , sous le nom dé-
guisé de Rodolphe Gemberlak ; il donna
un troisième écrit sous le nom de Papen-
hausen. Matthieu de Mourgue y a fait une
violente réponse. Balzac , qui n'avait ja-
mais d'expressions tempérées , l'appelait
le Démosthène de Dôle.
BRUN ( Chaules le ) , premier pein-
tre du roi de France , directeur des ma-
nufactures des meubles de la couronne
aux Gobelins , directeur de l'académie de
peinture , et prince de celle de St.-Luc à
Borne ., naquit à Paris en 1618, d'un sculp-
teur. Dès l'âge de 3 ans il s'exerçait à des-
siner avec des charbons. A 12 , il fit le
portrait de son aïeul , qui n'est pas un de
ses moindres tableaux. Le chancelier Sé-
guier le plaça chez Vouet , le plus célèbre
maître de ce temps-là. Mignard , Bour-
don , Tetelin étaient dans celte école ;
mais le Brun surpassa bientôt les élèves ,
et égala le maître. Son protecteur l'en-
voya à Rome pour se perfectionner. Il y
puisa ce goût pour le noble et le majes-
tueux , qui caractérisent les ouvrages de
l'antiquité , et qui ne tardèrent pas de
passer dans les siens. De retour à Paris ,
Louis XIV et ses ministres l'occupèrent
et le récompensèrent à l'envi. Le roi l'a-
noblit , le fit chevalier de l'ordre de St.-
Michel, lui accorda des armoiries avec
son portrait enrichi de diamans , le com-
bla de bienfaits et l'accueillit toujours
comme un grand homme. Pendant qu'il
peignit son tableau de la famille de Darius
à Fontainebleau , ce prince lui donnait
près de deux heures tous les jours. Le
Brun mourut en 1690. La noblesse et la
grandeur de ses ouvrages avaient passé
dans ses manières. On l'a placé avec rai-
son à la tète des peintres français. Ses
chefs-d'œuvre ont fait dire de lui qu'il
avait autant d'invention que Raphaël, et
plus de vivacité que le Poussin. Il s'élève
au sublime , sans cesser d'être correct.
Ses attitudes sont naturelles, pathétiques,
variées; ses airs de tète gracieux; il est
animé sans emportement. Le livre de la
nature était toujours ouvert devant ses
yeux. Peu de peintres ont mieux connu
l'homme, et les différens mouvemens qui
l'agitent dans les passions. Son Traité sur
la physionomie, et celui sur le caractère
desjmssions, l'un et l'autre in-12 , prou-
vent combien il avait réfléchi sur cette
matière. Moins d'uniformité, plus de vi-
raient mis au-dessus de tous les peintres
anciens et modernes. Les chefs-d'œuvre
de le Brun sont à Paris , à Versailles , au
Palais-Boyal , à Fontainebleau. Ceux qui
fixent les regards des connaisseurs, sont
les Batailles d'Alexandre ; la Madeleine
pénitente ; le Portement de Croix ; le Cru-
cifiement; saint Jean dans l'île de Pat-
mos, etc. Les estampes de ses tableaux
des Batailles d'Alexandre , ont donné une
idée de son génie dans les pays les plus
éloignés. Le tableau de la famille de
Darius par le Brun , qui est à Versailles ,
n'est point effacé par le coloris du ta-
bleau de Paul Véronèse qu'on voit vis-
à-vis, et le surpasse beaucoup par le
dessin, la composition , la dignité, l'ex-
pression , la fidélité du costume.
BRUN (Pierre le), prêtre de l'Ora-
toire , né à Brignoles en 1661 , mort à Pa-
ris le 6 janvier 1729 , célèbre par son sa-
voir dans les matières ecclésiastiques et
profanes , est auteur de plusieurs ouvra-
ges. Les plus estimés sont : | L'Histoire
critique des pratiques superstitieuses qui
ont séduit les peuples J et embarrassé les
savans , avec la méthode et les princi-
pes pour discerner les effets naturels de
ceux qui ne le sont pas , 1737 , 3 vol. in-
12. L'abbé Granet, son compatriote, a
donné en 1737 un 4e vol. de cet ouvrage.
Il avait d'abord été imprimé sous le litre
de Lettres pour prouver l'illusion des phi-
losophes sur la baguette divinatoire,
1693 , in-12. Le Père le Brun nie que les
effets de cette baguette puissent recevoir
une explication physique ; et s'il y en a
quelques-uns de réels , il prétend qu'il
faut les attribuer au démon ( Voyez
AYMAR). Tout l'ouvrage n'est qu'une
compilation assez mal digérée , et dont il
serait aussi difficile de former un résultat
décidé , que de Y Histoire des apparitions
de Lenglet du Fresnoy , ou de celle des
BRU
S96
IIRÎJ
Vampires de don Calmet. Il n'y a guère
que le procès des bergers de Pacy , inséré
dans le 4e volume , qui présente un corps
de preuves bien suivies : aussi les philo-
sophes du temps n'ont-ils jamais entre-
pris de les contester. « Le but de l'au-
» teur , dit un critique , paraît avoir été
» 1° de conserver la mémoire de quelques
» faits extraordinaires; 2° de désabuser plu-
» sieurs personnes qui croyaient trop ou
» trop peu ; 5° de montrer que les physi-
» ciens , accoutumés à faire des systèmes
» sur toutes sortes de choses , se mettent
» dans le cas d'autoriser de véritables su-
» perstitions ; 4° d'obliger les esprits-forts à
» reconnaître qu'il y a des faits qu'on ne
» peut attribuer aux corps, et qui démon-
» trent qu'il y a des esprits. » ( V. ASMO-
DÉE BROWN , DELRIO , H AEN , OPHIO-
NÉE, ME AD, SPE). Le père le Brun re-
jette comme une fable la palingénésie, qui
cependant était dès lors une chose bien
constatée. | Explication de la Messe,
contenant des Dissertations historiques
et dogmatiques sur les liturgies de toutes
les églises du monde chrétien , etc., en 4
vol. in-8°, en y comprenant son Explica-
tion littérale des Cérémonies de la Messe,
publiée en 1716, in-8° ( Voy. BREYER).
Cet ouvrage plein de recherches profon-
des et curieuses, et dans lequel l'érudi-
tion est utile , fut attaqué par le Père Bou-
geant , qui ne pensait point comme l'ora-
torien sur la forme de la consécration ;
celui-ci associant aux paroles de J.-C. l'o-
raison qui les précède dans le rit latin et
les suit dans le rit grec, tandis que le jé-
suite , ft vec la plupart des théologiens , ne
regardait pas cette prière comme essen-
tielle ; | Traité historique et dogmatique
des jeux de théâtre , in-12, contre Caf-
faro , théalin , qui avait soutenu dans une
Lettre imprimée à la tête du Théâtre de
Boursault, qu'il était permis à un chré-
tien d'aller à la comédie. Ce livre offre
des particularités curieuses sur le théâtre,
depuis Auguste jusqu'à Richelieu , etc. Le
Père le Brun rétracta à la fin de ses jours
l'appel qu'il avait interjeté de la bulle
Unigenitus au futur concile , ajoutant
ainsi au mérite de la science celui de la
simplicité chrétienne, et d'une soumis-
sion aussi édifiante que véritablement
éclairée aux décisions du premier pontife,
acceptées de l'Eglise universelle.
BRUN (Denis le ) , avocat au parlement
de Paris , reçu en 1659, a laissé | un Traité
de la communauté , in-fol., Paris , 1754 ;
( Traité des Successions , 1675 , in-fol.
BRUN ( Jean-Baptiste le ), connu sous
le nom de Desmarelles , fds d'un li-
braire de Bouen , élève de Port-Boyal des
Champs , enferme cinq ans à la Bastille,
mourut à Orléans en 1731 , dans un âge
avancé. Il était simple acolyte et ne
voulut jamais passer aux ordres supé-
rieurs. On lui doit : | les Bréviaires d'Or-
léans et de Nevers; \ une édition de
saint Paulin , in-4° , avec des yiotes, des
variantes et des dissertations ; | des Voya-
ges liturgiques de France , ou recherches
faites en diverses villes du royaume sur
celte matière, sous le nom du sieur de
Mauléon , in-8° : l'auteur avait parcouru
une partie des églises de France , et y avait
recueilli des détails singuliers sur les dif-
férentes pratiques. Voltaire en a tire parti
dans ses Questions sur l'Encyclopédie où
il a raisonné sur toutes les matières à sa
façon, c'est-à-dire, plus pour satisfaire sa
démangeaison d'écrire que pour dire des
choses vraies, bonnes et neuves; | Con-
corde des livres des Rois et des Parali-
pomènes, en latin , Paris , 1691 , in-4° :
ouvrage qu'il composa avec le Tourneux :
il y a de la sagacité et du savoir; | une
édition de Lactance, revue avec soin sur
tous les manuscrits , enrichie de notes, et
publiée après sa mort par l'abbé Lenglel
du Fresnoy , en 2 vol. in-4°, 1748.
BRUN (Antoine-Louis le), poète fran-
çais , né à Paris en 1680 , mourut dans
cette ville en 1743. On a de lui | des opéras
qui n'ont point été mis en musique, 1712,
in-12 ; | des odes galantes et bachiques ,
1719; | des fables, 1722; | des épigrammes,
1714 , in-8° , et quelques romans qu'on ne
lit plus : (les Aventures de Calliope , 1710,
in-12 ; | celles d' Apollonius de Tyr , 1710.
Quant aux vers, on les place avec les
productions des poètes de la troisième
classe.
BRUN ( Lauiient le ) , jésuite , né à Nan-
tes en 1607 , cultiva avec succès la poésie
latine et la lit servir à une fin louable et
morale. Il donna : | le Virgile chrétien ,
qui consiste, comme le Virgile de Man-
toue , en églogues , en géorgiques et en
un poème épique qui comprend 12 li-
vres ; | un Ovide chrétien, dans le même '
goût : les Tristes sont changées en Lamen-
tations de Jérémie; les Héroïdes , en Let-
tres pieuses ; les Fastes sont les six Jours
de la Création ; un poème sur l'amour de
Dieu remplace celui de l'Art d'aimer ; les
Métamorphoses sont des Conversions écla-
tantes. « On ne peut disconvenir , dit un
» critique , qu'un pareil projet , soutenu
BRU
597
BÏIU
» par de grands talens , ne fût très loua-
» ble et ne pût avoir d'heureux succès
» pour l'éducation de la jeunesse. » Mais
l'auteur n'avait pas des talens propor-
tionnés à la sagesse de son dessein. Il
manque d'élévation et de ce feu de génie
qui anime rarement les âmes paisibles et
douces ; | Eloquence poétique, Paris, 1655,
in-4° , en latin : ouvrage qui renferme les
préceptes de l'art poétique , appuyés sur
des exemples tirés avec discernement des
meilleurs auteurs; il est suivi d'un traité
des Lieux communs poétiques, utile aux
jeunes poètes. Il mourut à Paris en 1665.
BRUN (Guillaume le), né en 1674,
entra chez les jésuites , où il professa les
belles-lettres avec distinction. Après avoir
rempli différens emplois, il travailla à
un Dictionnaire universel français et la-
tin , qu'il publia in-4° , et qui fut géné-
ralement loué. La dernière édition , don-
née par MM. Lallemant , est de 1770 , in-
4°. Le Brun mourut en 1758.
* BRUN ( Marie-Marguerite de MAI-
SON-FORTE, plus connue sous le nom
de Madame ) , née à Coligny le 25 juin
1715, se distingua par son esprit et ses
connaissances. Elle mourut dans le mois
de juillet 1794. Elle a publié : | Essai d'un
dictionnaire comtois-français , Besançon,
1755 , in-8° , 2e édition augmentée ,1755,
ouvrage utile , mais superiieiel , auquel
M. Petit-Benoist a eu part ; | Y Amour
maternel , poème qui a obtenu une men-
tion au concours pour le prix de l'aca-
démie française en 1775 , Besançon , 1775 ,
in-4°; | X Amour des Français pour leur
roi, poème , Besançon , 1774 , et un grand
nombre de poésies fugitives.
BRUN DE GRANVILLE ( Jeaîv-
Etienîwe le ) , naquit à Paris , et mourut
en 1765 , à l'âge de 27 ans. Ses pro-
ductions ne sont plus connues que par
leurs titres et ne consistaient , à quel-
ques-unes près , qu'en libelles et en sa-
tires contre plusieurs auteurs estimables.
C'était un des aboyeurs secondaires de
la philosophie , fécond en ce genre d'allu-
sions , devenues aujourd'hui des cris de
guerre dans le monde philosophique.
Quelques extraits de sa Renommée litté-
raire semblent cependant prouver qu'il
ne tenait qu'à lui de mériter une place
peut-être distinguée dans la république
des lettres. On trouve dans cette espèce
de journal quelques analyses faites avec
goût et assez de précision. Telle est celle
où il rend compte de la Poétique de Mar-
montel , dont il relève ingénieusement
les inepties. Mais sou génie ne savait
guère se contenir dans les bornes d'une
sage critique : il se livra à des sarcasmes
qu'une affectation trop marquée rend
insipides et fatigans pour des lecteurs
sensés. « La plaisanterie , dit un auteur ,
» doit naître de la critique ; mais la cri-
» tique ne doit jamais paraître faite dans
» l'intention d'amener la plaisanterie. »
BRUN (le). Voyez LEBRUN.
* BRUNACCI ( Viivcenzo ) , mathéma-
ticien de Pise , élève du P. Canovai et
du fameux Paoli , né en 1762 , et mort
en 1818 , fut professeur de nautique à
Livourne , puis à l'université de Pavie.
Il fut nommé inspecteur des ponts-et-
chaussées , mais montra peu d'habileté
dans le tracé du nouveau canal qu'on pro-
jetait de creuser de Milan à Paris» Paoli
l'avait cependant appelé le Géomètre il-
lustre. On a de Brunacci : | Di naviga-
tione ; | le Calcolo dell' equazioni ; \ Ana~
lisi derivala; \ Corso di mathematica
sublimi , 4 vol. ; | Gli elemenli di algèbre
e di geometria; Il compendio del calcolo
sublime, et plusieurs Mémoires impor-
tans , qui ont été insérés dans les Recueils
de diverses académies.
* BRUNASSI (Loreivzo ) , duc de Saint-
Philippe , né à Naples en 1709 , a com-
posé : | la Passione di N. S. J. C., trag. ;
| Santa Perpétua martire , tragédie ; | une
Traduction en italien des Entretiens sur
la religion , du P. du Tertre , etc.
* BRUNCR ( Richard-François-Phi-
lippe ) , helléniste distingué , né à Stras-
bourg le 50 décembre 1729, étudia à
Paris chez les jésuites, et fut successi-
vement commissaire des guerres et re-
ceveur des finances. L'académie des in-
scriptions et l'institut national l'admirent
dans leur sein. Brunck, a laissé plusieurs
éditions estimées des poètes grecs et latins,
comme V Anthologie grecque , qu'il pu-
blia sous le titre : | d'Analecta veterum
poetarum grœcorum , Strasbourg , 1776 ,
5 vol. in-8°. Ce recueil renferme (outre les
épigrammes déjà connues , et la partie
inédite jusqu'alors de Y Anthologie) , Ana-
créon , Gallimaque , Théocrite , Bion ,
Moschus et d'autres poètes moins connus ;
Y Electre et YOEdipe-roi de Sophocle,
YAndromaque et YOreste d'Euripide,
1779 , 2 vol. in-18 ; | le Prométhée , les
Perses, les Sept devant Thèbes, d'Eschyle ;
la Médée d'Euripide, 1779, réunis dans
un volume auquel se joint un autre vo-
lume publié en 1780, et qui contient Y fié-
cube ^ les Phéniciennes, Hippohjle , les
BRU
598
BRU
liacchantea 1780 ; | Apollonius de Rho-
des, 1780, dans lequel on regretta que
Brunck n'eût pas fait imprimer le Scho-
liaste ; \ Aristophane , Strasbourg , 1783 ,
in-8° , avec une traduction latine ; | HOtx-ô
IIo[-/itfiç, sive Gnomici poetœ qrœci , 178k,
in-8°, qui contiennent les fragmens de
Theognis,deSolon,de Simonide.et autres
morceaux de poésies didactique et mo-
rale ; | Virgile , 1788 , 1789 , in-4° ; | So-
phocle , 1786 , 2 vol. in-4° ; 1788 , 3 vol.
in-8°; 1786-89, k volumes in-8°. Le So-
phocle , qui est le chef-d'œuvre de Brunck,
lui mérita de Louis XVI une pension de
2000 francs qu'il perdit à l'époque de nos
troubles civils; | Térence , 1797, in-4°. —
Brunck avait la manie de faire des correc-
tions arbitraires au texte grec qu'il croyait
avoir été altéré par des copistes, dans beau-
coup d'endroits. Du reste , il est consi-
déré comme un des plus profonds cri-
tiques parmi les hellénistes. Il embrassa
les idées révolutionnaires ; il ne commit
cependant aucun excès ; aussi sous le
règne de la terreur , il fut détenu en
prison jusqu'à la mort de Bobespierre.
L'état de dépérissement où se trouvait
sa fortune l'obligea à vendre, à deux
reprises , une partie de sa bibliothèque ,
composée de livres choisis. On lui rendit
dans la suite sa pension de 2000 francs.
n mourut le 12 juin 1805, au moment où
il se préparait à donner une édition de
Plaide.
* BRUNE ( Guillaume-Marie-Atvive ) ,
maréchal de France, né à Brives ( Corrèze )
le 13 mars 1763 , était fils d'un avocat ;
il vint à Paris et y fut tour à tour étu-
diant en droit , homme de lettres et im-
primeur. A l'époque de la révolution , il
se fit inscrire un des premiers sur les
registres de la garde nationale. Membre
du club des cordeliers , il prit une part
active aux événemens du Champ-de-
Mars , en juillet 1791 , et fut envoyé
comme commissaire civil du gouver-
nement français dans la Belgique. Il prit
à son retour le parti des armes, fut fait
adjudant-général, et envoyé à l'armée
du nord. Il entra ensuite dans l'armée
de l'intérieur , et dans la journée du
13 vendémiaire an k , il dissipa les sec-
tionnaires établis dans la salle du théâtre
français. On lui donna le commandement
d'une brigade dans l'armée d'Italie , sous
les ordres de Masséna. Il se trouva, en
1797, à la bataille de Rivoli, où il se
distingua , fut fait général de division le
47 août de la même année , et remplaça
quelque temps après le général Augereau
dans son commandement. Après le traité
de Campé -Formfo, Brune rentra en
France , et fut nommé par le Directoire
ambassadeur à Naples ; mais il p référa com-
mander en chef l'expédition qui se prépa-
rait alors contre la Suisse, et cette contrée
fut encore le théâtre de ses succès. Chargé
du commandement en chef de l'année
d'Italie , il se rendit à Milan , et battit les
insurgés , puis alla en Hollande se mettre
à la tète de l'armée gallo-batave , et força
le duc d'Yorck d'évacuer ce pays , en lui
imposant un traité humiliant pour l'or-
gueil anglais. En 1800 , Brune passa dans
la Vendée , dont il acheva la pacifica-
tion. Il alla, au printemps, remplacer
à l'armée d'Italie le général Masséna ,
et prépara par les succès importans qu'il
obtint , la paix de Lunéville , conclue
le 9 février suivant. En 1803 , il fut nom-
mé ambassadeur à Constantinople et fut
fait maréchal de France, grand-officier
et grand-cordon de la légion-d'honneur.
Après son retour , en 1803 , Brune fut
envoyé au camp de Boulogne ; appelé
en 1807, à commander un des corps
d'armée dirigés contre la Prusse , il s'em-
para de Stralsund , reçut peu de jours
après la capitulation du baron de Toll ,
gouverneur de l'île de Rugen , et com-
pléta, par la soumission de la Poméra-
nie suédoise , les conquêtes de la grande-
armée pendant la campagne de 1807. Mais
la disgrâce ne tarda pas à l'atteindre.
Il perdit le gouvernement des villes an-
séatiques qu'il avait reçu au commen-
cement de la guerre , et vécut dès-lors
retiré des affaires. En 1814 le maréchal
Brune adbéra aux actes du gouvernement
provisoire il fut créé chevalier de Saint-
Louis. Cependant, en 1815, il offrit ses
services à Napoléon. Revêtu par l'em-
pereur d'un commandement dans la Pro-
vence , il mit Marseille en état de siège ,
et désarma la garde nationale de cette
ville. A la seconde restauration, il se
relira à Toulon , et fit sa soumission au
roi. Il cherchait à regagner lintérieur
de la France, lorsque passant par Avi-
gnon , il y fut assassiné. Brune a laissé
en manuscrit des Mémoires sur la révo-
lution , sur les guerres d'Italie , et sur son
ambassade à Constantinople.
* BRUNEAU (François), est auteur
d'une Vie de saint Phalier, patron de
Cliabry en Berri, Paris, 1645 , in-8°.
♦ BRUNEAU ( Antoine ), avocat au
parlement de Paris , dans le dix-septième
BRU 599
siècle . a donné un Traité des Criées , 1678
et 1704, in- 4°; et des Observations et
maximes sur les matières criminelles,
1770 , in-4°.
BRUNEHAUT , fille d'Athanagilde , roi
des Visigolhs , épousa en 568 Sigebert Ier ,
roi d'Austrasie, et d'arienne devint ca-
tholique. Après la mort de son mari , elle
épousa son neveu Mérovée, contre les
règles de l'Eglise, et ce mariage fut dé-
claré nul ( l'oyez MÉROVÉE et PRÉ-
TEXTÂT ). Son fils Childebert, qu'elle
avait, dit- on, fait empoisonner, ayant
laissé ses deux fils sous sa conduite , elle
. corrompit le cadet pour gouverner en son
nom. Après la mort de ce prince, Clo-
taire II qui régna seul, accusa devant les
états cette femme ambitieuse d'avoir fait
mourir dix princes de la famille royale,
mais par une manière de compter assez
extraordinaire , il y comprenait ceux qu'il
avait fait mourir lui-même. Elle fui
traînée par ses ordres à la queue d'une
cavale indomptée, et elle périt misérable-
ment par ce nouveau genre de supplice,
en 613. Elle avait autant de charmes que
d'esprit. Grégoire de Tours n'en dit pas
de mal; mais son histoire finit avant la
régence de cette reine. Plusieurs histo-
riens en parlent comme d'un monstre;
mais comme la plupart écrivaient sous le
règne de Clotaire et de ses enfans, ne
peut-on pas soupçonner qu'ils ont voulu
justifier par -là la trop grande sévérité
dont ce prince avait usé envers elle ? Cor-
demoy a tenté de la justifier , et M. Gail-
lard de réfuter cette apologie. On peut
croire qu'ils se sont trompés tous les
deux. « Nous n'avons garde, dit un écri-
» vain plus circonspect , de traiter de ca-
» lomnie tout ce qu'on a dit contre sa mé-
» moire ; mais nous croyons qu'il y a eu
» de l'exagération dans les crimes dont
» on l'a chargée , et qu'on Ta faite beau-
» coup plus méchante qu'elle n'était dans
» la réalité. * — « On a dit beaucoup de
• mal de cette princesse, dit le même
» dans un autre endroit ; mais les plus
» habiles écrivains conviennent aujour-
» d'hui que la calomnie la plus atroce fa-
» briqua les crimes dont elle fut accusée.
» Des auteurs contemporains , qui étaient
» bien instruits, fournissent des preuves
» et de sa piété et de son innocence. » Les
chaussées qui portent le nom de Brune-
haut n'ont rien de commun avec cette
reine, ni avec un roi Brunehaut, être
imaginaire , qui , disent les chroniques
fabuleuses, a fait construire tous ses che-
imu
mins par le diable. Quant à la reine Bru-
nehaut, elle n'a point fait construire des
chemins, mais seulement des églises.
Voyez l'Histoire des grands Chemins, par
Bergier , pag. 95 , et Juste Lipse : De ma-
gnit. Rom. , cap. x. Ah ! ignaros , s'écrie-
t-il , et incredulos Romanorum operum ,
quihœc talia militari manu et provincia-
lium item subsidio, supra omnemfidem
palrabant !
* BRUNEL ( J. ) d'Arles , maître de
pension à Lyon, né en 1763 et mort en
1818 , publia : | Cours de mythologie orné
de morceaux de poésies ingénieux,, agréa-
bles et décens, analogues à chaque ar-
ticle, Lyon, 1800 , in-12, 3e édit. Avignon,
1825. | Le Phèdre français ou Choix de
fables françaises à l'usage de l'enfance
et de la jeunesse, Lyon, 1804, in- 18,
Paris, 1812. | Le Parnasse latin, on Choix
des meilleurs morceaux des poètes la-
tins, depuis la renaissance des lettres
jusqu'à ?ios jours , avec leurs notices et la
traduction, Lyon, 1808, 2 vol. in-12;
l'édition est épuisée.
BRUNELLESCHI ( Philippe ) , né à
Florence en 1377, d'un notaire, fut des-
tiné dans sa jeunesse à la profession d'or-
fèvre , dont il fit quelque temps l'appren-
tissage. Un goût naturel le porta ensuite
à étudier l'architecture. Il était question
d'élever un dôme sur l'église cathédrale
de Florence , entreprise qui fut. regardée
alors comme très difficile; il conçut
l'idée et le plan de cette construction,
pour laquelle les Florentins avaient ap-
pelé de toutes parts les plus habiles ar-
chitectes. Après bien des débats , ses des-
sins furent préférés, et on vit s'élever
cette magnifique coupole , que Michel-
Ange lui-même ne regardait qu'avec ad-
miration. C'est un octogone de 134 brasses
florentines ( 202 pieds ) de hauteur ; non
compris la lanterne qui , avec la boule et
la croix qui terminent ce chef-d'œuvre ,
en a encore 48 ( 88 pieds ). Le palais Pitl i
à Florence, devenu depuis celui des sou-
verains de Toscane, fut commencé sur
les dessins de Brunelleschi , qui est re-
gardé comme le restaurateur de la bonne
architecture. Il mourut dans sa patrie en
1444, honoré et chéri de tous ses conci-
toyens. On voit son tombeau dans la ca-
thédrale de Florence.
* BRUNELLI Jérôme ) , jésuite , né à
Sienne en 1550, et mort en 1613, à donné
une édition grecque des Hymnes de
Synesius, Rome, 1609.
* BRUNET (Jeak- Louis), né à Arles
BRU 000
en 1688, et mort à Paris en 1747, fut reçu
avocat au parlement de Paris en 1717 ,
et donna plusieurs ouvrages sur les
matières canoniques : | le parfait No-
taire apostolique et procureur des offi-
cialités, 2 vol. in-4°, Paris, 1730 : livre
qui n'était pas commun, mais on l'a ré-
imprimé à Lyon en 1775 ; | les Maximes
du droit canonique de France , par Louis
Dubois , qu'il a revues , corrigées et beau-
coup augmentées ; | une Histoire du droit
canonique et du gouvernement de l'Eglise,
Paris, 1720,1 vol. in- 12; | des notes sur
le Traité de l'Abus , de Févret : tous ces
ouvrages marquent beaucoup d'érudi-
tion ; mais les opinions de l'auteur ne sont
pas toujours d'accord avec celles des ca-
nonistes les plus estimés ; | une nou-
velle édition des Droits et libertés de
l'église gallicane, augmentée de diffé-
rentes pièces et de notes, Paris, 1731,
k vol. in-fol.
* BRUNET (Gaspard-Jean-Baptiste),
né à Valensoles , en Provence , était , en
1791, maréchal -de -camp. Employé, en
1792, en cette qualité à l'armée du Var, il
remplaça le général Anselme, dans le com-
mandement en chef au mois de décembre.
La bravoure qu'il déploya dans diverses
rencontres, lui valut d'être promu, en
1793, au commandement en chef sous les
ordres de Kellermann, général en chef des
armées combinées des Alpes et d'Italie.
Sous le règne de la terreur , il fut accusé
d'intelligence avec les auteurs de la reddi-
lion de Toulon aux Anglais, et mis en
arrestation. On le transféra à Paris et,
condamné à mort, il fut exécuté le 6 no-
vembre 1793.
* BRUNET (Je an -Baptiste), lieute-
nant-général, fds du précédent, né à
Reims le 7 juillet 1763 , parvint de grade
en grade à celui de colonel, et fit en cette
qualité à l'armée de Sambre-et-Meuse , la
campagne de 1794. Il se distingua dans
plusieurs affaires , fut nommé le 11 juin
de la même armée, général de brigade, et
fit partie de l'expédition de Saint-Domin-
gue en 1801. Il fut chargé du commande-
ment de l'avant -garde de la division Ro-
chambeau , remporta plusieurs avantages
sur les insurgés, et fut ensuite nommé
commandant du Mole. Il défendit cette
place avec beaucoup de valeur le 18 no-
vembre 1802 , et força les noirs de se re-
tirer, après leur avoir fait perdre beau-
coup de monde. Brunet commanda succes-
sivement la partie de l'Ouest et du Sud de
l'île, la place de Cayes-Saint-Louis , et fut
BRU
nommé, le 1er juin 1803, général de divi-
sion. S'étant embarqué pour la France , il
fut pris dans la traversée et emmené en
Angleterre , où il fut retenu prisonnier
plusieurs années; il reprit du service,
lorsqu'il recouvra la liberté. A l'époque de
la restauration, il fut mis à la retraite et
mourut peu de temps après.
* BRUIVET ( François -Florentin ),
prêtre de la congrégation de Saint-Lazare,
né à Vitel en Lorraine , se retira , lors de
la révolution, à Rome avec Cayla de la
Garde , dernier supérieur de la mission.
Il revint à Paris , en 1804 , avec le titre de
vicaire -général de sa congrégation. Il y
est mort le 15 septembre 1806. On a de lui
| un Parallèle des religions , 1792 , 5 vol.
in-4° ; compilation un peu longue, mais
pleine de recherches, et où l'auteur a mis
à contribution les travaux des plus habiles
écrivains modernes. On a encore de l'abbé
Brunet ; | des Elémens de théologie ', en la-
tin, Rome, 1804 , 5 vol. | Traité des devoirs
des pénilens et des confesseurs ; \ Du zèle
de la foi dans les femmes, et des heureux
effets qu'il peut produire dans l'église ;
| une Lettre sur la manière d'étudier la
théologie.
BRUIVETTO-LATIIM , poète, historien
et philosophe florentin , petit -fils de La-
tino, fut le maître de Guido Cavalcanti
et du Dante. Il n'illustra pas moins sa
patrie par ses ambassades que par ses
ouvrages. Il mourut en 1295 à Florence.
On a de sa plume | : il Tesoro , Trévise,
1474, in-folio : cet ouvrage, qu'il com-
posa pendant qu'il était en France esl
rare; | Vinegia, 1533, in- 8°, moins re-
cherché : c'est un livre moral.
BRUM. Voyez BRUNUS ( Jordanus)
et ARÉTIN.
BRUNI (Antoine), de plusieurs aca-
démies d'Italie , natif de Casal-Nuovo, au
royaume de Naples, mort en 1635, poète
plein d'imagination et d'enthousiasme , a
laissé des épitres héroïques, des pièces
mêlées , des vers lyriques, des tragédies,
des pastorales. On reconnaît dans tous
ces ouvrages un génie facile , mais beau-
coup d'incorrections, et surtout trop d'i-
mages et d'expressions licencieuses. Ses
Epitres héroïques ont paru à Venise en
1636, in-12, avec des planches gravées
sur les dessins du Dominiquin et d'autres
habiles artistes.
*BRUIVL\GS (Chrétien), théologien
protestant, né à Brème, le 16 janvier 1702,
et mort à Heidelherg le 6 mars 1763 , a
laissé plusieurs ouvrages estimés, entr'au-
BRU
G01
BRU
très : | Compendium antiquilalum grceca-
rume profanis sacrarum. Francfort-sur-
le-Mein, 1734, in-8°, réimprimé en 1745
et en 1759. | Compendium antiquitatum
hebraicarum , 1763. | Observationes prac-
ticœ générales ad orationem dominic. etc.
Heidelberg, 1752.
* BRUNINGS (GODEFROV-CnRÉTIESV),
fils du précédent , prédicateur distingué,
né à Creutznach, en 1727, et mort en 1793,
a donné en allemand des sermons esti-
més , 1770 , in-8° , et des Principes d'ho-
milétiqueJ Manheim, 1776, in-8°.
* BRUNINGS (Chrétien), ingénieur
né dans le Palatinat en 1736 , et mort le 16
juin 1805 , étudia l'hydraulique , et y fit
tant de progrès , qu'en 1769 , les états de
Hollande le nommèrent inspecteur-géné-
ral des rivières, place qu'il a remplie jus-
qu'à sa mort. On lui doit plusieurs Mé-
moires qu'il a réunis et publiés en 1778 ,
sous le titre de Recueil de rapports ,
procès-verbaux , sur les rivières supé-
rieures, 2 vol. in -fol., avec atlas. Le
Directoire de la république batave lui a
élevé aux frais de l'état un monument en
marbre dans la cathédrale de Harlem , et
a proposé, en 1807, un prix pour le
meilleur éloge de Brunings. {Voyez l'ar-
ticle suivant.)
"BRUNINGS (Conrad-Louis) , élève et
successeur du précédent , né à Heidelberg
en 1775 , et mort à Nimègue , en 1816 , fut
nommé en 1800 , inspecteur des ponts et
chaussées , puis inspecteur dans une divi-
sion des rivières de la Hollande , enfin in-
génieur en chef. Il remporta en 1807 , le
prix pour l'éloge de Brunings. On a de
lui plusieurs mémoires en hollandais :
| Examen sur une question relative à l'é-
quilibre ; | Traité sur la théorie superfi-
cielle des rivières en général; \ Traité
sur la dispersion de la marée qui remonte
les différentes rivières et leurs branches.
j Traité sur la formation de la glace et de
son dégel, d'après la température indi-
quée par le thermomètre ; \ Observations
sur les diffèrens degrés de solidité des
amas de glace qui bornent les rivières, en
raison de la différente élévation des eaux
de ces rivières , etc.
BRUNO ou BRUNON , dit le Grand,
archevêque de Cologne et duc de Lorraine,
était le 5e fils de l'empereur Henri l'Oise-
leur, et frère d'Othon qui l'appela à la
cour. Il y cultiva la vertu et les lettres ,
se nourrissant des auteurs anciens et con-
versant avec les savans de son temps.
Après la mort de "Wicfied, archevêque de
Cologne , le clergé et le peuple n'eurent
qu'une voix pour proclamer Bruno son
successeur. Othon, ayant été obligé de
porter la guerrre en Italie, laissa à son
frère le soin de l'Allemagne. Il avait mon-
tré les vertus d'un évêque à Cologne; il
fit éclater celle d'un prince à la cour im-
périale, et réfuta par une éclatante preuve
de fait, l'impolilique système qui prétend
exclure le sacerdoce du gouvernement
des peuples. Où se trouvera la justice, la
prudence , la fermeté , ces grandes bases
de l'administration publique , plutôt que
dans un ministre, des autels, zélé, instruit,
désintéressé? Il mourut en 965.
BRUNO (saint) , évêque et apôtre de la
Prusse, où il fut martyrisé le 14 février
1008.
BRUNO , dit Herbipolensis. Voyez
BRUNON.
BRUNO (saint) naquit à Cologne vers
1060 , et selon quelques-uns vers 1035 ,
deparens nobles et vertueux. Après avoir
fait avec succès ses premières études à
Paris , et avoir brillé dans son cours de
philosophie et de théologie , il fut cha-
noine à Cologne , et ensuite à Reims. II
fut nommé chancelier et maître des gran-
des études de cette église , mais il se vit
obligé d'en sortir, sous l'archevêque Ma-
nassès qui la gouvernait en tyran. Il prit
dès-lors la résolution de quitter le monde,
pour se retirer dans la solitude. Ce qu'on
a raconté de la résurrection d'un chanoine
de Paris, qui annonça sa réprobation,
passe aujourd'hui pour un fait au moins
très douteux. Urbain "VIII l'a fait retran-
cher du bréviaire romain (Voy. DIOCRE).
La première solitude que le chanoine do
Reims habita , fut Saisse-Fontaine , dans
le diocèse de Langres. Il passa de là à
Grenoble, l'an 1084, et alla habiter le dé-
sert de la Chartreuse. Hugues, évêque de
Grenoble, défendit peu de temps après
aux femmes, aux chasseurs et aux bergers
d'en approcher. Des rochers presque inac-
cessibles, et entourés de précipices affreux
furent le berceau de l'ordre des char-
treux. « Il n'y a rien , dit un poète philo-
» sophe , qui soit plus propre que l'as-
» pect de ce désert à exalter l'âme et à
» l'occuper fortement. Le spectacle ter-
» rible et d'une beauté sombre qui se pré-
» sente partout, convaincrait l'athée de
» l'existence d'un Etre suprême ; il suffi-
» rait de le conduire en ce lieu et de lui
» dire : Regarde. Saint Bruno qui a choisi
» ce lieu pour sa demeure , devait être un
» homme d'un génie peu ordinaire; et
51
BRU 602
i> peut-être n'aurais-je pu me défendre
D de me ranger au nombre de ses disci-
» pies , si j'étais né dans son temps. » Voici
le tableau que Pierre le Vénérable traçait
de leur genre de vie, cinquante ans après
Jeur établissement : « Ils sont les plus
» pauvres de tous les moines ; la vue seule
» de leur extérieur effraye. Ils portent un
» rude cilice , affligent leur chair par des
» jeûnes presque continuels , et ne man-
» gent que du pain de son , en maladie
» comme en santé. Ils ne connaissent point
» l'usage delà viande, et ne mangent de
» poisson '.que quand on leur en donne.
» Les dimanches et les jeudis, ils vivent
» d'œufs et de fromage : des herbes bouil-
» lies font leur nourriture les mardis et
» les samedis; les autres jours de la se-
» maine , ils vivent de pain et d'eau. Ils
» ne font par jour qu'un seul repas , ex-
» cepté dans les octaves de Noël, de l'Epi-
» phanie, de Pâques, de la Pentecôte et de
» quelques autres fêtes. La prière , la lec-
» ture et le travail des mains qui consiste
» principalement à copier des livres, sont
» leur occupation ordinaire. Ils récitent
» les petites heures de l'office divin dans
» leurs cellules, lorsqu'ils entendent sonner
» la cloche ; mais ils s'assemblent à l'église
» pour chanter vêpres et matines; ils disent
» la messe les dimanches et les fêtes. »
L'instituteur ne fit point de règle parti-
culière pour ses disciples : ils suivirent
celle de saint Benoit, et l'accommodèrent
à leur genre de vie. Urbain II , disciple de
Bruno à l'école de Reims , le contraignit ,
six ans après , de se rendre à Rome, pour
l'aider de ses conseils et de ses lumières.
Le saint solitaire déplacé dans cette cour ,
et étourdi par le tumulte des courtisans ,
se retira dans un désert de la Calabre. Il
y finit saintement ses jours en 1101, dans
le monastère qu'il avait fondé. Il fut ca-
nonisé l'an 1514. Le Père deTracy.théatin,
a donné sa Vie en français , Paris, 1786 ,
in-12. On a de lui deux Lettres écrites de
Calabre, l'une à Raoul le Verd, et l'autre
à ses religieux de la grande Chartreuse ;
elles ont été imprimées avec les Commen-
taires et les Traites qu'on lui attribue, à
Cologne , 1640 , 3 tomes en 1 vol. in-fol.
Il n'y a point de doute qu'outre les deux
lettres, il ne soit encore l'auteur des Com-
mentaires sur le Psautier, et sur les Epî-
tres de saint Paul , qu'on a voulu mal à
propos lui contester. Il y parait tel que
l'ont dépeint ceux qui le connaissaient le
mieux, l'homme le plus savant de son
siècle , et de la plupart des siècles qui le
BRU
suivirent. On voit qu'il entendait le grec
et l'hébreu , qu'il était fort versé dans la
lecture des Pères, et surtout de saint Am-
broise et de .saint Augustin. « Quiconque
» se donnera la peine de lire ce Comme n-
» taire avec une médiocre attention, dit
» l'auteur de l'Hist. litt. de la France,
« conviendra qu'il serait difficile de trou-
» ver un écrit de ce genre qui soit tout
» à la fois plus solide , plus lumineux ,
» plus concis et plus clair. S'il eût été
» plus connu , on en aurait fait plus d'u-
» sage : on l'aurait regardé comme un ou-
» vrage très propre à donner une juste
» intelligence des Psaumes. On y recon-
» naît un auteur instruit de toutes les
» sciences , et rempli de l'esprit de Dieu.
» Il serait à souhaiter que ce Commen-
» taire fût entre les mains de tous les iidè-
» les, et particulièrement des personnes
» consacrées à la prière publique. » Nous
avons encore de saint Bruno une Elégie
en quatorze vers sur le mépris du monde.
On l'a fait imprimer dans divers recueils
et on l'a fait graver au bas d'un tableau de
ce saint, qui est dans le chœur des char-
treux de Dijon. Les autres ouvrages qui
lui sont attribués sont de saint Brunon,
évêque de Segni , ou de saint Brunon ,
évêque de Wurtzbourg, lesquels floris-
saient dans le même siècle. Le plus beau
de ses ouvrages est la fondation de son or-
dre. On le voit, après sept siècles, tel,
aux richesses près , que du temps de son
fondateur, persévérant dans l'amour de
la prière , du travail et de la solitude.
« Voilà donc un ordre religieux , dit un
» critique, qui depuis sept cents ans per-
» sévère dans la ferveur de sa première
» institution, preuve assez convaincante
» de la sagesse et de la sainteté de la règle
» qu'il observe. C'est donc à tort que les
» censeurs de la vie monastique ont ré-
» pété cent fois que la perfection à laquelle
» aspirent les religieux est incompatible
» avec la faiblesse humaine ; que leurs
» fondateurs ont été des enthousiastes im»
» prudens, et que la vie du cloître est un
» suicide lent et volontaire. » Lorsque
l'empereur Joseph II entreprit de détruire
la religion catholique dans ses états , il
crut nécessaire de commencer par l'abo-
lition des chartreux , persuadé que le
spectacle de leur austère régularité con-
trasterait d'une manière trop frappante
avec l'effet de ses prétendues réformes. Il
savait aussi que les chartreux s'étaient
distingués par leur courage durant les ra-
vages des sectaires des 16e et 17e siècles;
BRU
603
BRU
qu'ils avaient résisté surtout à la cruelle
Elizabeth, et préféré la mort à l'apo-
stasie.
BRUNO ou BRUNON DE SIGNY ou SE-
GNI ou D'ASTI (saint), appelé Bruno
Âstensis , parce qu'il était de Soléria au
diocèse d'Asti ; il se distingua au concile
de Rome en 1079, contre Bérenger. Gré-
goire VII le fit ensuite évoque de Segni :
ce qui lui fit donner le surnom de Brunon
Sig?iensis; mais quelque temps après, il
quitta son peuple pour se retirer au mo-
nastère du Mont-Cassin , dont il fut abbé.
Ses ouailles l'ayant vivement redemandé,
il revint pour être de nouveau leur pas-
teur par l'ordre du pape. Il mourut en
1125. Ses ouvrages ont été publiés à Ve-
nise en 1651, 2 vol. in-fol. par don Maur
Marchesius, moine et doyen du Mont-
Cassin. On trouve dans ce Recueil des
sermons qui ont été quelquefois attribués
au saint fondateur des Chartreux. Mura-
tori prouve que le Commentaire sur le
livre des Cantiques , commençant par ces
mots : Salomon inspiratus , etc. , qui est
parmi les Œuvres de saint Thomas d'A-
quin , a pour auteur saint Brunon de Se-
gni. Plusieurs de ses ouvrages ont paru
sous le nom du fondateur des Chartreux.
* BRUNO , bénédictin allemand , vivait
vers la fin du 11e siècle. Il écrivit une his-
toire intéressante de Bello Saxonico ., de
1073 à 1082 , qui se trouve dans les Scrip.
rer. Germanicarum de Freher.
* BRUNO d'AFFRINGUES , chartreux ,
né à Saint-Omcr en 1550, mort en 1632,
avait de grandes connaissances dans l'his-
toire ecclésiastique et dans les langues. Il
fut d'abord chanoine de l'église de Car-
pentras; mais en 1591 il prit l'habit de
chartreux, fut nommé deux ans après
prieur de la chartreuse d'Avignon , et de-
vint général de son ordre en 1600. Il reçut
la visite de Henri IV dans sa retraite. Il a
laissé un Panégyrique de Grégoire XIII.
BRUNO ( Giordatvo ). Voyez BRUNUS.
*BRUNON , évêque de Wurtzbourg, dit
Herbipolensis , oncle paternel de l'empe-
reur Conrad II , était fils de Conrad , duc
de Carinthie. Il naquit en Saxe, et fut
élevé, en 1033, à l'épiscopat. Ce prélat,
recommandable par sa science et par sa
vertu , fut écrasé , le 17 mai 1045 , sous les
ruines de sa salle à manger. On a de lui,
dans la Bibliothèque des Pères , des Com-
mentaires sur le Pentateuque , où il fait
usage des obèles et des astérisques, à la
manière d'Origène, pour marquer les
différences' du texto hébreu et des Sep-
tante d'avec l'ancienne Vulgate ; d'autres
Commentaires sur le Psautier et sur les
cantiques de l'ancien et du nouveau Tes-
tament; des Traités de piété, mis quel-
quefois sous le nom de S. Bruno , des ex-
plications du Symbole des Apôtres et de
celui de saint Athanase , Cologne , 1494.
BRUNORO. Voyez BONNE.
BRUNSFELS (Othon), fils d'un ton-
nelier, quitta l'ordre des chartreux , pour
embrasser les erreurs de Luther. Il exerça
la médecine à Strasbourg , où il publia en
1530 ses Herbarum vivœ Icônes , in-fol. ,
2 tomes en 1 vol. On donna en 1540 (six
ans après la mort de l'auteur ) une autre
édition de son ouvrage , beaucoup plus
ample que la première (i).
BRUNSWICK.. Voyez AUGUSTE et
GEORGES.
* BRUNSWICK (Ferdinand, duc de),
oncle du dernier duc de Brunswick , né
le 11 janvier 1721 , était, du côté de sa
mère , neveu de l'empereur Charles VI ,
et fut un des plus célèbres généraux dan3
la guerre de sept ans. Après avoir par-
couru différentes cours de l'Europe , il en-
tra, en 1740, au service de Frédéric le
Grand , roi de Prusse. Il se distingua dans
la campagne de Silésie , à la prise de Pra-
gue et à la bataille de Soor, où il fut
blessé. Frédéric le récompensa en lui don-
nant des biens considérables dans les pro-
vinces qu'il avait conquises. Dès le com-
mencement de la guerre de sept ans , il
fut nommé , à la demande de Georges II ,
général des troupes anglaises et hano-
vriennes. Il força les Français à repasse*
le Rhin, les défit à Crevelt, mais reçut
ensuite un échec à Berghen. L'année sui-
vante il s'empara de Minden, et remporta
auprès de cette ville une victoire signa-
lée. En 1762, Ferdinand parvint à chasser
entièrement les Français de la Hesse. La
paix ayant été conclue l'année suivante ,
il quitta le service , et se retira à Bruns-
wick , n'emportant pour prix de ses glo-
rieux travaux , qu'une modique pension
du roi d'Angleterre , et la place de doyen
du chapitre de Magdebourg , que le roi de
Prusse qu'il avait si bien servi, voulait
même lui disputer. Au milieu d'une foule
de philosophes que ce monarque avait
appelés à sa cour , et malgré l'athéisme
qu'on y professait publiquement , le duc
(i) Brunsfeld a encore laissé : | Adnolationes in
Evangelia et in Acla apostolorum ; | Fandectce vele-
ris et novi Testament!; | Catalogui illustrium medi-
corvm, etc.
BRU
604
BRU
de Brunswick se montra toujours con-
stamment attaché à la religion , et la con-
tagion de l'exemple ne parvint jamais à
corrompre ses mœurs. Cependant quel-
ques années après sa retraite à Bruns-
wick , il s'occupa principalement de franc-
maçonnerie et fut grand-maître de toutes
les loges de franc -maçons, dans une
grande partie d'Allemagne- On assure que
les hommes qui captivèrent la confiance
de ce prince mêlaient aux secrets de leur
ordre des prophéties, des évocations, etc.
Ferdinand mourut, dans sa soixante-
douxième année, à Brunswick, le 3
juiUet 1792.
| * BRUNSWICK-LUNEBOURG ( Char-
'Ies-Guilla.ume-Ferdiivand, duc de ), né
à Brunswick , le 9 octobre 1755 , était fils
aîné du duc Charles, chef de cette maison,
et neveu du précédent. Hirchmann ,
Gaertner , et l'abbé Jérusalem furent ses
précepteurs. Il fit ses premières armes
sous Frédéric le Grand et Ferdinand ses
oncles, et se conduisit avec la plus grande
valeur à la journée d'Hastembeck, où son
intrépidité, qui le rendit maître d'une
batterie française , sauva l'armée du duc
de Cumberland. Il avait alors vingt-deux
ans. En 1758, il ouvrit la campagne du
Bas-Rhin en passant le "Weser avec un
faible détachement devant l'armée fran-
çaise , et durant toute cette campagne, où
il commanda , ainsi que dans celles qui
suivirent, il ne laissa échapper aucune
occasion d'ajouter un nouvel éclat à sa ré-
putation si bien commencée. Il succéda,
en 1780, à son père dans le gouvernement
de son duché , qui lui est redevable de
plusieurs établissemens utiles, et qui trou-
va en lui un protecteur éclairé des lettres.
L'Autriche et la Prusse l'investirent, en
4792 , du commandement des armées des-
tinées à marcher contre la France. Les
alliés pénétrèrent en Champagne. Mais
une armée de soixante mille Français ,
commandée par Dumouriez , attendait
l'ennemi au camp de Sainte-Menehould.
Le duc de Brunswick n'osa pas tenter
les hasards d'une bataille décisive. Il pu-
blia un manifeste rempli de menaces, qui
produisit un effet contraire à celui qu'il
en espérait, et se rendit maître des seules
villes de Longwy et de Verdun. Mais ne
sachant profiter ni de ses avantages , ni
des fautes de ses adversaires, il laissa
échapper deux fois l'armée française , et
fut obligé de négocier avec Dumouriez et
de capituler pour la retraite de son armée
vers le Rhin. Le roi de Prusse ayant re-
fusé de ratifier toutes les clames de la
convention, Brunswick s'arrêta sur la
rive droite de ce fleuve , défit Custines
qui s'était emparé de Francfort, et prit en-
suite Mayence , après un siège de trois
mois. Il obtint encore dans les lignes do
Weissembourg et Kaiserslautern quelques
avantages qui furent suivis de prompts
revers , et se vit obligé de lever le siégo
de Landau. Contrarié dans ses opérations
par le général YVurmser , il donna sa dé-
mission et se retira dans ses états, où plu-
sieurs émigrés reçurent de lui une géné-
reuse hospitalité. En 1806, les Français
ayant occupé les pays limitrophes, il se
rendit en Russie , pour s'assurer des dis-
positions de cette puissance , et à son re-
tour il détermina la Prusse à prendre une
attitude hostile. Le duc de Brunswick de-
vint encore général en chef dans une cam-
pagne qui lui devait être funeste. Il s'enga-
gea, le ik octobre, dans les défilés de Kœ-
sen, à la tête des grenadiers, avec lesquels
U voulait repousser l'attaque principale
près d'Auerstadt. Dès le commencement de
l'action, il fut atteint d'une balle dans les
yeux. On le transporta à Brunswick, puis
à Altona , où il expira le 1 0 novembre 4806.
On a publié à Tubingen en 1809, une
brochure intitulée : Portrait biographique
du duc de Brunswick, in-8°. Il existe aussi
une Relation de sa Campagne de 1792
contre les Français.
BRUNSWICK. ( Maximilien - Jules-
Léopold ., duc de ) , né le 20 octobre 1752,
entra au service dans les troupes du roi
de Prusse , son oncle. En 1776 , il obtint
le grade de colonel , et celui de général-
major en 4782. Son régiment qui était en
garnison à Francfort-sur- l'Oder, lui fit
établir son principal séjour dans cette
ville , où il périt en voulant porter du se-
cours à de malheureux paysans , sur-
pris dans leurs cabanes par une inonda-
tion subite, le 24 avril 1785. Sa mort a
été célébrée par différens poètes, et lui a
donné plus de célébrité que n'auraient
fait de longs exploits militaires.
» BRUNSWICK -WOLFENBUTEL-
OELS ( Frédéric- Auguste de ), frère du
précédent , se distingua dans les dernières
campagnes de la guerre de sept ans , et
cultiva avec ardeur et succès la littérature.
On a de lui plusieurs ouvrages relatifs à la
tactique, à la défense des places , etc.; et
plusieurs traductions parmi lesquelles on
distingue sa traduction italienne de Mon-
tesquieu, Considerazioni sopra le cause
délia grandezza dei Romani, Berlin,
BIVU
605
imu
1 70'* . in-8°, et Ri flessioni crîtiche sopra il
carattere e le g esta d'Alessandro Magno,
in-8°, Milan, 1764, traduit en français
par Erman. Ce prince est mort à "Weimar
le 8 octobre 1805. — Son frère Guillaume-
Adolphe, né en 1745 et mort en 1771, pu-
blia une traduction de Salluste et un dis-
cours sur la guerre. Il a laissé un poème
sur la conquête du Mexique, en vers
français, manuscrit.
* BRUNSWICK ( Elizabeth- Chris-
tine de ) , femme de Frédéric II roi de
Prusse , née le 8 novembre 1715 , s'est fait
connaître par plusieurs traductions de
l'allemand en français, entr'autres par
celle du Chrétien dans la Solitude , de
Grugot ; des Considérations sur les œu-
vres de Dieu s de Sturm; de la Destina-
tion de l'homme , de Spalding; du Ma-
nuel de la Religion, de Hermis; des
Hymnes et des Leçons de Morale, de Gel-
lert. On lui attribue aussi les Réflexions
sur l'état des affaires politiques en 1778,
adressées aux personnes craintives. Elle
mourut le 13 novembre 1793.
* BRUI\SWICIv-OELS (Frédéric-Guil-
laume ) , fils du duc Charles-Guillaume-
Ferdinand, enveloppé dans la ruine de son
père, voua à la France une haine qui ne
s'éteignit qu'avec sa vie. Après avoir long-
temps erré dans les possessions delà mai-
son d'Autriche, il vint en Bohème en 1809,
et leva un corps de volontaires avec le-
quel il fit une irruption en Westphalie,
après la bataille d'Essling , pour engager
la population à se soulever. Mais il réussit
à peine à insurger quelques vallées. Aban-
donné de l'Autriche elle-même, il marche
vers la mer avec ses soldats, atteint Bruns-
wick, défait Bewbel, franchit le Weser
et arrive à Brème , d'où il se rend sur la
flotte anglaise. Il joint ensuite Wellington,
qu'il suit en Espagne , puis en Belgique ,
où il périt, dans les plaines de Fleurus,
atteint d'une balle dans la poitrine.
BRUNUS ou BRUNN ( Covrad ) , cha-
noine d'Augsbourg , était du bourg de
Kirchen , dans le duché de Wirtemberg.
Il s'acquit beaucoup de réputation par la
connaissance qu'il avait du droit , et pa-
rut avec éclat aux diètes d'Augsbourg, de
Worms, de Spire et de Ratisbonne. Il
mourut en 1563. On a de lui : | De Ilœreti-
cis in génère, etc., 1349, in-fol. j De Le-
yationibus; de Cœremoniis , de Imagini-
bus, 1548, in-fol. | Une réfutation de l'His-
toire ecclésiastique , publiée par Mathias
lllyricus, et les autres ccnturia'eurs de
Magdebourg.
BRTJNUS (Jordanus), appelé dans son
pays Giordano Bruni, naquit à Noie dans
le royaume de Naples , vers le milieu du
16e siècle , fut d'abord dominicain , mais
il jeta bientôt l'habit religieux , et se dé-
clara contre toutes les vérités de la foi :
son audace lui suscita des chagrins bien
mérités. Voulant jouir de la liberté de
penser et de parler , il se retira à Genève
et y apostasia. Il se brouilla bientôt avec
Calvin et avec Bèze , et fut obligé de quit-
ter ce séjour ; il se rendit de là à Lyon ,
puis à Toulouse , et ensuite à Paris , vers
1582. Pour se procurer les moyens d'y
subsister, il se mil à donner des leçons
de philosophie en qualité de professeur
extraordinaire , et publia des thèses où il
attaquait d'anciennes opinions, et en
même temps des vérités importantes.
Brunus souleva contre lui tous les pro-
fesseurs de l'université , dont les plaintes
l'obligèrent de s'enfuir à Londres. Ce fut
là que , sous la protection de Michel de
Castelnau , ambassadeur de France au-
près de la reine Elixabeth, et de Phi-
lippe Sidney , gentilhomme anglais , il
publia son livre fameux , intitulé Spac-
cio délia Bestia triotn faute, Parigi ,1584,
in-8°. La déroute ou l'expulsion de la
Bête triomphante. Toutes les religions
sont fausses, suivant cet impie. Les vé-
rités de celle des juifs et des chrétiens
sont sur le même rang que les fables des
païens et des idolâtres. C'est à la loi na-
turelle à régler les notions du vice et de
la vertu , comme si les philosophes , les
enthousiastes fanatiques et dogmatisans
de tous les siècles et de toutes les nations
n'avaient pas fait de cetle Loi Naturelle
tout ce qu'ils ont voulu. « Ne me parlez
» pas , dit un écrivain moderne , de la loi
» naturelle comme d'une chose à substi-
» tuer à la loi de Dieu. Qui ne sait qu'on
» fait de la nature et de la raison tout ce
» que l'on veut, lorsque ces éternelles pu-
» pilles ne sont pas sous la tutelle de la re-
» ligion ? » Son symbole est en 48 articles ,
dont chacun a rapport à quelque constel-
lation céleste. L'extravagance de son ima-
gination égalait celle de sa logique. A la
suite de la Déroute de la Bête triom-
phante , on trouve un petit traité intitulé
La Cena délie Ceneri , Le souper du jour
des Cendres. Il prétend qu'il y a une
multitude de mondes semblables à celui
que nous habitons. Ces mondes sont des
animaux intellectuels, avec des individus
végétatifs et raisonnables. Pour avoir une
suite complète des traités du même au-
51.
BRU
606
BttU
teur, il faut y joindre : | Délia causa, prin-
cipioeuno, Venezia, 1584, in-8°. | Delmft-
nitouniverso ,Venezia, 1584, in-8°. | Degli
eroici Furori. \ Cabala del Cavallo Pega-
seo, con l'Asino Cillenico , 1545 , in-8° ,
petit format de 48 feuillets. Ce traité est
si rare , que ceux qui ont parlé le plus
savamment des ouvrages de Brunus , se
sont bornés à en rapporter le titre, parce
qu'ils ne l'avaient pas vu. Il est composé
d'une Epître dédicatoire , d'une déclama-
tion remplie d'indécence sur l'âne et sur
l'ânesse , de Trois Dialogues , et de XA-
sino Cillenico. Brunus y développe les
idées répandues dans ses autres ouvra-
ges. La plupart paraîtraient bien insipi-
des , s'ils étaient plus communs. La rareté
donne quelquefois du pris à de grandes
bêtises. Après quelques années de séjour
à Londres, Brunus passa à Wittemberg
en Allemagne. Il embrassa le luthéra-
nisme, et obtint la permission d'y en-
seigner publiquement. Il s'en servit pour
publier ses paradoxes philosophiques avec
la même liberté qu'il avait fait en France,
et s'y lit les mêmes ennemis , surtout par
l'orgueil, l'emportement et le mépris avec
lequel il traitait les sectateurs de l'an-
cienne doctrine. Obligé de quitter Wit-
temberg au bout de deux ans , le cheva-
lier errant de la philosophie , jouet de la
fortune , et dépourvu de tout, parcourut
encore diverses contrées d'Allemagne,
jusqu'à ce qu'ayant succombé à la tenta-
tion d'aller dogmatiser dans sa patrie,
il y tomba entre les mains de l'inquisi-
tion , qui délivra le pays des commotions
qu'il aurait pu y exciter , en le livrant au
bras séculier , qui le fit mourir à Rome
en 1600. Presque tous les ouvrages de
Giordano Bruni , dont nous nous sommes
contentés de citer les principaux et les
plus connus , sont , à quelques traits de
lumière près , pleins d'obscurités et d'al-
légories énigmatiques. C'était un vrai en-
thousiaste qui , sous des images exaltées
r.l gigantesques , disait les choses les plus
inintelligibles, et souvent les plus ineptes.
Il est encore auteur d'une comédie in-
titulée Il Candelaio, Parigi, 1582, in-8°.
En 1633 , un anonyme fit imprimer à Pa-
ris , in-8° , Boniface et le Pédant M comé-
die imitée de la précédente. Le P. Nicé-
ron a donné la liste de ses ouvrages.
BRUS. Voyez ROBERT de BRUS , et
DOUGLAS ( Guillaume ).
BRUSCIIIUS ou BRUSCH ( Gaspard),
naquit à Egra en 1518. Ferdinand d'Au-
triche, roi des Romains, l'honora en 1552
de la couronne poétique et de la dignité
de comte palatin. S'étant fixé à Passau ,
pour mettre la dernière main à sa Chro-
nique d'Allemagne , il y fut tué d'un coup
de fusil, à l'entrée d'un bois, en 1559,
par des gentilshommes ses ennemis. On
a de lui : | V Histoire des Evêchés et des
Evéques de toute l'Allemagne, Nurem-
berg , 1549 , in-8° , en latin. | Celle des
principaux Monastères du même pays,
Ingolstadt, 1551, in-fol. en latin; Sula-
bach , 1682 , in-4°. | Un recueil de Poésies
latines. | De Laureaco , Bàle , 1553 , in-
8°; c'est l'histoire de la ville de Lorch,
autrefois archi-épiscopale , aujourd'hui
presque ruinée.
BRUSONI (Domitius Brusonius), écri-
vain italien du 16e siècle , auteur de Facé-
ties, qui parurent pour la première fois à
Rome en 1518, in-fol. On les a réimprimées
sous le titre de Spéculum mundi; mais
elles sont tronquées dans toutes les éditions
qui ont suivi la première, la seule estimée.
* BRUSONI (Jérôme), d'une famille
noble de Legnago dans le Véronois , né
en 1610, prit l'habit de chartreux qu'il
quitta , reprit et quitta encore. A cette se-
conde émancipation que l'on traita d'a-
postasie, il fut arrêté à Venise, et rais pour
quelque temps en prison. Remis en liber-
té, il vécut tranquillement dans cette ville,
et y mourut vers 1680. Il a publié plusieurs
ouvrages dont le meilleur est X Histoire
d'Italie, Venise, 1635 à 1680, 4 vol. in-
4°. Ses principales productions sont :
| la Vitadi Ferrante Pallavicino,Yeniset
1651 et 1655, in-12; | délie Historié uni-
versali d'Europa compendiate, Venise,
1657, 2 vol. in-4° ; | Ilperfetto elucidario
poetico , Venise, 1657 , 1664 et 1669 , in-
12; | Historia delV ullima guerra tra
Veneziani e i Turc/ri, Venise, 4673 , in-
4° ; et Bologne 1674. Deux de ses ouvrages
ont été portés sur X index des livres défen-
dus ; l'un en 1663 , portant le titre de la
Gondola a tre remi , passa tempo carna-
valesco ; l'autre en 1669, intitulé : Il Car-
rozino alla moda, trattenimento estivo.
* BRUSQULT provençal, successeur
de Triboulet dans l'emploi de fou du roi ,
sous les règnes de François I , Henri II,
François II et Charles IV, se donna d'abord
pour chirurgien et exerça ce métier au
camp d'Avignon en 1536. Les hommes
qu'il traitait, dit le naïf Brantôme, al-
laient ad patres dru comme mouches.
Le connétable de Montmorenci voulut le
faire pendre; le dauphin, depuis Henri II,
lui sauva la vie, le trouva plaisant et le
BRU
607
imu
prit à son service. Sa gaieté, son esprit,
son originalité, le firent devenir prompte-
ment valet-de-chambre du roi, ensuite
maître de la poste aux chevaux de Paris.
« Le pauvre diable , dit encore Brantôme,
«►jouissait d'une fortune assez considérable,
» et était bien à la cour lorsqu'on s'avisa
» de le soupçonner de huguenotisme. » Sa
maison fut pillée aux premiers troubles
en 1562. II sortit de Paris , se sauva chez
madame de Valentinois , et mourut vers
1563 , au château d'Anet.
* BRUSSEL ( Pierre van ), jésuite,
né en 1612 à Bois-le-Duc , mort à Hildes-
heim en 1664 , fut professeur de philoso-
phie et de rhétorique ,. et missionnaire
dans le duché de Berg. On a de lui la Ré-
surrection spirituelle t ou Défense d'un
médecin nouvellement converti , etc. Co-
logne , 1661 , in-8°.
BRUTE ( Jean), naquit à Paris en 1699.
Après avoir pris le bonnet de docteur en
Sorbonne, il obtint la cure de Saint-Benoît
à Paris , et se fit aimer et respecter dans
cette place. Ses ouailles perdirent ce pas-
teur zélé , vigilant et charitable, le 1er juin
4762 , à l'âge de 63 ans. On a de lui | un
Discours sur les Mariages , 4761 , in-4° ;
| Chronologie historique des cures de
St -Benoît > 1752, in-12 ; | une Paraphrase
des psaumes et des cantiques qui se chan-
tent à la même paroisse., 4752 , in-12.
BRUTE de LOIRELLE ( l'abbé ), cen-
seur royal , mort le 21 mars 4783 , est l'au-
teur d'un poème en 4 chants, intitulé
l'Héroïsme de l'amitié, David et Jona-
thaSj 4776, in-42, qui fait l'éloge de son
cœur autant que de son esprit. Ce poème
est suivi de quelques pièces en vers et en
prose ; entre les premières il y a des odes
sur les sept sacremens , qui méritent une
attention particulière de la part de ceux
qui savent estimer l'alliance de la piété
et de l'esprit; les grâces de la poésie em-
ployées à célébrer ces sources de riches-
ses communes à tous les fidèles, et à mon-
trer combien Dieu dans la fondation de la
religion s'est occupé du salut général du
peuple , ont quelque chose de piquant qui
contraste heureusement avec la simplicité
du langage que présente la doctrine des
sacremens. Son L pitre à un esprit fort
sur les écrits contre la religion , acheva
de donner une juste idée de l'emploi que
l'abbé Brute faisait de ses talens ; on ne
pouvait les dévouer à une fin plus noble,
plus digne de l'Auteur et distributeur de
tous les talens. Dans ces différens ouvra-
ges , l'auteur a un grand fonds de raison
et de sagesse , de la clnrté , de l'ordre , dtl
goût , du génie ; il paraît manquer quel-
quefois de feu et d'imagination , mais il
y supplée par le langage du sentiment et
le prix inestimable de ia vérité.
BRUTUS ( Lucius-Junitjs ), fils de Mar-
cus Junius et de Tarquinie, fille de Tar-
quin l'Ancien , cacha sous un air stupide
et insensé la vengeance qu'il voulait tirer
de la mort de son père et de son frère,
dont Tarquin le Superbe s'était défait.
Cet imbécile se montra bientôt un grand
homme. Lucrèce s'étant donné elle-même
la mort , pour ne pas survivre à l'affront
que le dernier Tarquin lui avait fait,
Brutus arracha le poignard de son sein,
et jura sur cette arme sanglante une haine
éternelle au ravisseur , avec serment de
le chasser de Rome lui et toute sa famille ;
les assistans suivirent son exemple. On
convoqua le peuple , et on obtint la con-
firmation d'un arrêt du sénat , qui pros-
crivait à jamais les Tarquins. L'autorité
fut remise entre les mains de deux ma-
gistrats annuels , appelés consuls , choisis
par le peuple dans les familles des patri-
ciens. Brutus et Collatinus , mari de Lu-
crèce , l'un le libérateur de la patrie , et
l'autre l'ennemi personnel de Tarquin ,
furent les premiers consuls , vers l'an
508 avant J.-C. ou 244 de Rome. Ils si-
gnalèrent leur entrée dans la magistrature,
par l'émission d'un serment solennel,
prononcé par le peuple , de ne jamais re-
cevoir les Tarquins , ni d'autres rois.
Brutus ne savait pas que ceux qui viole-
raient les premiers ce serment , étaient
dans sa famille. Des ambassadeurs venus
d'Etrurie , conspirèrent avec ses deux
fils , pour ouvrir les portes de Rome au
monarque proscrit. Cette conjuration
ayant été découverte par un esclave,
Brutus, républicain ardent, encore plus
que père tendre , fit couper la tête à ses
enfans , et assista à leur supplice , action
qu'on ne peut excuser qu'en réfléchissant
à quel point étaient montés alors l'amour de
la patrie et la haine de la servitude. Dans la
belle description que fait Virgile de cette
scène tragique , il a cru devoir plaindre
plutôt ce père malheureux que de le louer,
et renvoyer le jugement de sa conduite
à la postérité , qui , dit-il , trouvera un
motif de l'absoudre dans l'enthousiasme
de la gloire et de la liberté :
Tfatosque paler nova bella movenles
Ad pcen.im pulchra pro libertate vocabit.
Infelix ! Utcumque ferent ea facta oepotes ,
Vincet amor patris laudumque immeosa cnpid».
BRU
608
BRU
Il y eut la même année un combat sin-
gulier entre Brutus et Aruns, fils de Tar-
quin à la tête des deux armées. Le consul
romain s'attacha avec tant d'acharnement
à son adversaire , qu'ils se percèrent tous
deux en même temps. Son corps fut porté
à Rome par les chevaliers les plus dis-
tingués. Le sénat vint le recevoir avec
l'appareil d'un triomphe. Son oraison fu-
nèbre fut prononcée dans la tribune aux
harangues. Les dames romaines portè-
rent le deuil pendant un au, le regardant
comme le vengeur de leur sexe indigne-
ment outragé dans la personne de Lucrèce.
Mais le caractère de Brutus prouve assez
que celte vengeance ne fut que le pré-
texte qu'il employa pour opérer une ré-
volution où son orgueil et sa violente
humeur trouvaient également à se satis-
faire. Voyez COLLATINUS.
BRUTUS (MARCUS-Juivrcs), fds de.Tu-
nius Brutus, et de Servilie, sœur de Caton.
Il croyait descendre, par son père, de Bru-
tus, fondateur de la république , et par sa
mère, de Servilius Ahala, meurtrier de
Spurius Mœtius qui avait aspiré à la ty-
rannie. 11 cultiva les lettres, et puisa dans
les orateurs grecs et romains ses idées
de liberté, qui le menèrent à la conspira-
tion contre César. Il conjura avecCassius,
préleur comme lui, contre la vie du dic-
tateur. On l'assassina en plein sénat, le 15
mars-, 43 ans avant J. C. César mourant
vit Brutus le poignard à la main , au mi-
lieu des conjurés qui s'étaient jetés sur
lui : Et loi aussi , mon cher Brutus! s'é-
cria-t-il. Il était bien naturel que ce tendre
reproche échappât à un homme qui était,
dit-on , son père , et qui l'avait toujours
trailé comme un fils chéri. C'est à César
que Brutus devait sa fortune et sa vie ;
car à la bataille de Pharsale, son premier
empressement fut de recommander qu'on
épargnât ses jours. Mais cet enthousiaste
de la liberté était incapable d'écouter la
reconnaissance , quand il était question
de la patrie. Cicéron, qui avait un amour
plus éclairé pour elle, marqua à Atticus :
« Que les conjurés avaient exécuté un
» projet d'enfant avec un courage hé-
» roïque, en ce qu'ils n'avaient pas porté
i> la cognée jusqu'aux racines de l'arbre. »
Brutus fit périr son bienfaiteur ; mais en
laissant subsister ses favoris et ceux qui
aspiraient à lui succéder, il commit un
crime dont la république ne tira aucun
fruit. On avait délibéré en sa présence ,
s'il n'était pas à propos de délivrer aussi
la république d'Antoine , l'intime ami de
César : Brutus s'y opposa , voulant , dit
Plutarque, qu'une action qu'ils avaient le
courage d' entreprendre pour le maintien
des lois et de la liberté , fût pure et nette I
de toute injustice. Délicatesse précieuse ,
mais qui n'est pas à l'abri du reproche
d'inconséquence. Si César méritait la
mort, ce n'était pas à de simples parti-»
culiers, et encore moins à Brutus à la lui'
donner : il ne devait périr que par le ferJ
des lois. La guerre civile ressuscita de ses
cendres. Le peuple ayant vu une comète
à longue chevelure pendant qu'on célé-
brait ses obsèques , crut que son âme
avait été reçue dans le ciel. Marc- Antoine
et Octave, qui profitaient de tout, rendi-
rent les meurtriers odieux , les firent
chasser de Borne , et les poursuivirent
jusque dans la Macédoine. Brutus fut dé-
fait à la bataille de Philippes , malgré les
prodiges de valeur qu'il y fit. La nuit qui
suivit le combat , il se donna la mort.
Quelques lettres qui nous restent de Bru-
tus prouvent qu'il avait une éloquence
digne de son caractère, une éloquence
mâle et sublime dans sa simplicité. Il
semble être supérieur à Cicéron lui-même
iorsqu'il lui écrit en ces termes : a Vous
» demandez la vie à Octave : quelle mort
» serait aussi funeste? vous montrez par
» celle demande que la tyrannie n'est pas
«détruite, et qu'on n'a fait que changer
» de tyran. Vous dites que vous ne lui
» demandez qu'une seule grâce : savoir,
» qu'il veuille bien sauver la vie à des
» citoyens qui ont l'estime des honnêtes
» gens et de tout le peuple romain. Quoi
» donc! à moins qu'il ne le veuille, nous
» ne serons plus ! mais il vaut mieux
» n'être plus que d'être par lui. Non , je
» ne crois point que tous les dieux soient
» déclarés contre le salut de Rome jus-
« qu'au point de vouloir qu'on demande
» à Octave la vie d'aucun citoyen, encore
» moins celle des libérateurs do l'univers.
» O Cicéron, vous avouez qu'Octave a un
» tel pouvoir, et vous êtes de ses amis!
» mais si vous m'aimez, pouvez-vous dé-
» sirer de me voir à Rome . puisqu'il fau-
» drait me recommander à cet enfant, afin
» que j'eusse la permission d'y aller ? Quel
» est donc celui que vous remerciez de ctl
» qu'il souffre que je vive encore, etc.? »
BRUTUS ou BRUTIouBRUTO (Jeash
Michel ), né à Venise vers 1515 , et mort
enTransilvanie vers 1593, est mis au rang
des bons humanistes, quoiqu'il n'eût
point la manie cicéronienne , qui régnail
alors. Son caractère turbulent el inquiet
BRU
609
BRU
le promena dans presque tous les royau-
mes de l'Europe, en France, en Espagne ,
en Allemagne , en Hongrie , en Pologne.
Dans le cours de ses voyages , sa réputa-
tion le fit rechercher par Etienne Bathoi i,
roi de Pologne, qui le nomma son histo-
riographe, et le chargea de continuer
l'histoire de Hongrie , commencée par
Bonfinius, ce qu'il exécuta; mais cette
continuation n'a point vu le jour. Après
la mort de ce prince , il eut la même
qualité auprès de l'empereur Rodolphe II,
et Maximilien son successeur. Bruti est
principalement connu par une Histoire
latine de Florence , en 8 livres , qui va
jusqu'à la mort de Laurent de Médicis en
1492, imprimée à Lyon en 1562 , ïn-4°.
Dans cette histoire qui est estimée, et
dont la préface surtout passe pour un
chef-d'œuvre d'élégance , de jugement et
de force , il prend à tâche de contredire
Paul Jove , partisan déclaré des Médicis ;
mais lui-même donne dans l'excès con-
traire à celui qu'il reproche à l'historien
danégyriste , en parlant de cette maison
avec une animosité qui se décèle partout.
Aussi les grands ducs de Toscane ont-ils
fait supprimer son ouvrage avec tant de
soin, que cette édition est devenue assez
rare. On a encore de cet auteur, |un petit
traité De origine Venetiarum, imprimé
à Lyon en 1369, in-8°, bien écrit et esti-
mé ; | des Lettres latines en 5 livres
pleines de choses curieuses sur la Polo-
gne, recueillies avec quelques autres ou-
vrages, comme de Hisloriœ laudibus,sive
de certa via, et ratione qua sunt scrip-
tores legendi, Berlin , 1698, in-8° ; | De
rébus a Carolo V imper atore gestis , An-
vers, 1555, in-8° ; | des Commentaires sur
Horace , César et Cicéron.
BRUYÈRE (Jean de la), naquit en 1644
dans un village proche de Dourdan, dans
l'Ile de France. Il fut d'abord trésorier de
France à Caen , et ensuite placé, en qua-
lité d'homme de lettres, par le grand Bos-
suet, auprès de M. le Duc, pour lui en-
seigner l'histoire, avec mille écus de
pension. L'académie française lui ouvrit
ses portes en 1693. Trois ans après en
J696 , une apoplexie d'un quart d'heure
l'emporta à l'âge de 52 ans. C'était un
philosophe ingénieux, ennemi de l'ambi-
tion, content de cultiver en paix ses amis
et ses livres, faisant un bon choix des uns
et des autres ; ne cherchant ni ne fuyant
le plaisir ; toujours disposé à une joie
modeste, habile à la faire naître , poli dans
ses manières, sage dans ses discours , évi-
tant toute sorte d'affectation, même celle
de montrer de l'esprit (i). Ses Caractères
de Théophraste * traduits du grec, avec
les mœurs de ce siècle, ont porté son nom
dans toute l'Europe. « Les efforts qu'on a
» faits pour imiter ces Caractères , dit un
» judicieux critique , n'ont servi qu'à
» prouver combien ils sont inimitables.
» Avant de s'attacher au genre, il fallait
» être doué comme lui , de ce coup-d'ceil
» perçant qui pénétrait dans les plus pro-
» fonds replis du cœur, de cette vigou-
» reuse subtilité qui en saisissait les mou-
» vemens dans leur source, de cette éner-
» gie supérieure qui les a si profondément
» tracés, de ce génie enfin qui ne saurait
» être que le résultat de la force des idées,
» et de la chaleur du sentiment Que
» prouve cette difficulté d'imiter les bons
» modèles, sinon que les talens dégénèrent
» parmi nous , ou qu'on ne les cultive et
» ne les nourrit pas assez , avant de les
» appliquer à des sujets qui les surpas-
» sent? » Don Argonne, chartreux estima-
ble par ses connaissances et ses vertus ,
en fit une critique sévère ; il crut y voir
des satires personnelles condamnées par
les règles de la charité chrétienne. Mais
les lecteurs moins austères ne virent dans
les peintures de la Bruyère que les origi-
naux de tous les pays. « Quand même, dit
» un auteur estimé , il y aurait quelques
» reproches à faire au nouveau Théo-
» phraste, ils seront toujours de la nature
» de ceux qu'on oublie en faveur de la
» justesse et de la solidité des réflexions ,
» de la noblesse et de l'énergie du style ,
» de la vérité des maximes qui s'y pré-
» sentent à chaque page. Que la littérature
» n'offre-t-elle jamais que de pareils sujets
» d'indulgence !» On a encore de lui des
Dialogues sur le Quiétisme _, qu'il n'avait
fait qu'ébaucher, et auxquels l'abbé Dupin
mit la dernière main : ils furent publiés
en 1699 à Paris, in-12. Les meilleures édi-
tions des Caractères sont celles d'Ams-
(i) En donnant le portrait
philosophe , c'est ton propr
Bruyère semble avoir tracé : <
» ce philosophe
• Platon qu
suivant du véritable
caractère qee La
Entrez , dit-il , chez
ous le trouverez sur les livres de
traitent de la spiritualité de l'Âme, ou
la plume à la main pour calculer les distances de
Saturne et de Jupiter. Vous lui apportez quelque
chose de plus précieux que l'argent et l'or, si c'est
une occasion de vous obliger. Le manieur d'argent ,
l'homme d'affaires est un ours qu'on ne saurait ap-
privoiser ; on ne le voit dans sa loge qu'avec peine !
l'homme de lettres, au contraire, est vu de tou«
et à toutes lès heures; il ne peut ttre important,
et H ne le »eut point être. •
BRU
610
BRU
terdam, 4741, en 2 vol. in-42; et de Paris
1750, 2 vol. in-12, avec les notes de Coste
et 1765, in-4°, depuis plusieurs fois réim-
primés in-18, in-12 et in-8°. M. Suard a
donné : Maximes et réflexions morales
extraites de la Bruyère , 1781 , in-12, et
M. Philippon de la Madeleine a fait im-
primer des Morceaux choisis de la
Bruyère, 1808 , in-12. Mme de Genlis a pu-
blié une nouvelle édition des Carac-
tères , avec de nouvelles notes critiques,
1812, in-12.
BRUYN ou BRUIN (Nicolas van ), né
à Anvers en 1562 , graveur au burin , dont
il reste plusieurs morceaux finis, mais
froids. Il vivait encore au commencement
du 16e siècle.
BBUYN (Corneille le ), peintre et fa-
meux voyageur, né à La Haye en 1652,
commença ses voyages en Moscovie , en
Perse , aux Indes-Orientales en 4674 , et
ne les acheva qu'en 1708. Il les publia sous
le titre de | Voyage du Levant, Amster-
dam , 1614 , in-fol. L'édition originale , qui
est en flamand, a été imprimée à Delft ,
4698, in-fol.; | de Moscovie, de Perse ,
etc. , en 4718 , 2 vol. in-fol. Cette édition
est estimée à cause des figures; on y
trouve divers morceaux d'antiquités, et
des vues de villes très curieuses, bien des-
sinées et bien gravées ; mais l'édition de
1725, faite à Rouen en 5 vol. in-4ô, est
plus utile , parce que l'abbé Banier a
retouché le style', a orné l'ouvrage d'ex-
cellentes notes, et y a ajouté le Voyage de
Desmousseaux, etc. C'est dommage qu'on
y ait retranché la plus grande partie des fi-
gures, qui ne faisaient pas un des moindres
mérites de l'ouvrage. Bruyn est un voya-
geur curieux et instructif; mais il n'est
pas toujours exact , et son style est loin de
l'élégance.
BRUYS (Pierre de), hérésiarque du
12e siècle, prêcha d'abord ses erreurs
dans le Dauphiné sa patrie, et se ré-
pandit ensuite dans la Provence et clans
le Languedoc. Il rebaptisait les peuples ,
fouettait les prêtres , emprisonnait les
snoines, profanait les églises, renversait
îes autels, brûlait les croix. Il ne voulait
admettre aucun de ces monumens de notre
religion. Les catholiques de Saint-Gilles,
outrés de ses excès, autant que scanda-
lisés de ses erreurs, le brûlèrent dans leur
ville en 1447. Il soutenait que le baptême
était inutile avant l'âge de puberté ; que
le sacrifice de ta. messe n'était rien ; que
les prières pour les morts valaient encore
moins, etc. Ses disciples furent ar piles.
de son nom , Pélrobrusiens. Pierre le Vé-
nérable a réfuté ses erreurs.
BRUYS. Voyez Henhi de BRUIS.
BRUYS (François), né à Serrières
dans le Maçonnais, en 1708, quitta son
pays pour aller cultiver les lettres à Ge-
nève, et passa de là à La Haye, où il se
fit calviniste. Obligé de sortir de Hollande
il se retira en Allemagne, d'où il revint
en France. Il y fit son abjuration, et mou-
rut quelque temps après en 1738, à Dijon,
où il suivit le barreau. On a de lui: | Cri-
tique desintéressée des Journaux litté-
raires, 3 vol. in-12. Cette critique désin-
téressée est très partiale. Le stylu est celui
d'un réfugié, qui n'a pas eu le temps de
se former en France. | Histoire des papes
depuis saint Pierre jusqu'à Benoit XI 11
inclusivement, La Haye, 5 vol. in-4°,
1752 : ouvrage dicté par la faim , plein de
satires si grossières, que les protestans
eux-mêmes n'ont pu le souffrir. « Il est
» de la nature de l'esprit humain, dit un
» auteur moderne, de ne garder aucune
» mesure, quand il a commencé à s'écar-
» ter du vrai. La pente qui conduit à l'er-
» reur est rapide ; on ne s'arrête guère
» qu'après s'être porté aux derniers ex-
» ces. » | Mémoires historiques, critiques
et littéraires, 2 vol. in-42, où l'on trouve
beaucoup d'anecdotes sur le caractère et
les ouvrages des savans qu'il avait connus
dans ses différentes courses; elles sont
mêlées dans le récit de ses aventures.
| Les six derniers vol. du Tacite d'Amelot
de la Houssaie ; ils ne valent pas les
quatre premiers : mais cette traduction et
les notes ont servi à perfectionner celles
qu'on a données depuis de l'annaliste
romain.
* BRUYSET ( Jean-Marie ) , et son
frère ( Pierre-Marie ), nés tous les deux
à Lyon; le premier imprimeur et libraire,
fut emprisonné avec son frère , en 1795 ,
pour avoir défendu cette ville qu'assié-
geait l'armée envoyée par la Convention.
Jean-Marie était incriminé en outre pour
avoir voulu suppléer à la disette des assi-
gnats et de l'argent par des billets obsi-
dionaux qu'il avait signés. Etant tombé
malade en prison , on le transporta dans
un hôpital , et Pierre-Marie parut ainsi
seul devant le tribunal révolutionnaire.
Il avoua comme sienne la signature des
billets , et fut en conséquence condamné
à mort. Il était cependant époux et père;
Jean-Marie adopta les orphelins qu'il
traita comme ses propres enfans. Il quitta
la librairie en 1808, et fut nommé, en
BRU
611
BRU
1812, inspecteur de la librairie et de l'im-
primerie, emploi qu'il ne conserva qu'une
année. Les lettres occupèrent depuis tous
6es loisirs jusqu'à sa mort , arrivée le 16
avril 1817, par suite d'une attaque de
goutte; il était dans sa soixante-quatorzième
année. Bruyset, membre de l'ancienne
académie de Lyon , y rentra lors de sa
réorganisation en 1816, et appartenait en-
' core à plusieurs autres sociétés s vantes.
Entre diverses éditions sorties de ses
presses, on remarque le Dictionnaire
d'histoire naturelle de Valmont de Bo-
mare, à qui il faisait une pension de 1,200
francs. Ses principaux ouvrages sont :
| Essai sur la régénération du commerce
dans la ville de Lyon, 1802, in -8°;
| adresse au ministre de l'intérieur sur
V établissement d'un entrepôt en fran-
chise de droits dans la ville de Lyon ,
1803, in-8° ; | Caractère de la propriété
littéraire , 1808, in-4° ; | Traduction de
Cornélius Népos , 1812 , in-12; | des
Traductions ( inédites ) de Virgile , de
Justin et de Tile-Live. Il a aussi travaillé
à la Gazette Littéraire, au Journal étran-
ger de l'abbé Arnaud, et au Dictionnaire
historique de Cbaudon et Delandine.
♦BHUZEAU ( Paul ), prêtre de la con
munauté de Saint-Gervais , à Paris, a pu-
blié , à la fin du dix-septième siècle, plu-
sieurs livres de controverse , parmi les-
quels on distingue: | Défense de la foi
de l'Eglise sur les principaux points de
controverse, 1G82 , où l'auteur répondait
à la Lettre que le médecin Spon, zélé pro-
testant avait écrite au P. Lacbaise. | La
foi de l'Eglise catholique touchant l'Eu-
charistie, 1684, in-12. Bruzeau a encore
donné la Conférence du diable avec Luther
contre le sacrifice de la messe , i vol. ,
1673. On trouve de l'érudition dans ces
écrits.
BRUZEA delaMARTINIÈRE (Antoine-
Augustin ) , parent du célèbre Richard
Simon, naquit à Dieppe selon quelques-
uns, et selon d'autres à Piencourt, village
de l'élection de Lisieux, vers l'an 1683, et
fut élevé à Paris sous le-» yeux de son pa-
rent. En 1709, il se rendit à la cour du duc
de Mecklenbourg, qui l'avait appelé auprès
de lui, pour faire des recherches sur l'his-
toire de ce duché. Ce prin e étant mort,
il s'attacha au duc de Parme , et ensuite
au roi des Deux-Siciles qui le nomma son
secrétaire, et lui donna des appoinlemens
annuels de 1,200 écus. Il avait conçu de-
puis long-temps le projet d'un nouveau
Dictionnaire géographique ; il l'exécuta à
La Haye, où il s'était retiré. Le marquis
de Berretti Landi, ministre plénipoten-
tiaire d'Espagne auprès des états géné-
raux, engagea l'auteur à dédier ce grand
ouvrage à son maître. Le roi d'Espagne,
flatté de cet hommage , accorda à l'auteur
le titre de son premier géographe. La Mar-
tinière mourut à La Haye en 1749. Il avait
beaucoup de lecture, une mémoire heu-
reuse, un jugement solide et une grande
pénétration. Son style, sans être toujours
pur, est ordinairement élégant et facile,
du moins dans les ouvrages où il ne se
borne pas à être compilateur. L'histoire,
la géographie et la littérature furent ses
études favorites. On a de lui plusieurs ou-
vrages sur ces différentes matières. | Le
grand Dictionnaire géographique , histo-
rique et critique, imprimé à La Haye de-
puis 1726 jusqu'en 1739, en 9 vol. in-fol. ,
réimprimé à Paris en 6 v. , 1768 , avec
des corrections, des changemens et des
additions. Ce n'est pas assurément un ou-
vrage sans défaut , mais il en est peu de
moins mauvais en ce genre. Dans la nou-
velle édition , on a élagué les articles trop
diffus, corrigé les inexactitudes, et sup-
pléé aux omissions. Il a paru à Paris, en
1759, un Abrégé portatif de cet ouvrage
immense, en 2 vol. in-8°, qui se relient
en un seul. | Introduction à l'histoire de
l'Europe, par le baron de Puffendorff ,
entièrement remaniée , augmentée de
l'Histoire de l'Asie, de l'Afrique et de
l'Amérique, et purgée de plu3 de 2,000
fautes. Une des dernières éditions de cet
ouvrage réimprimé plusieurs fois est celle
de la Haye en 1743, 11 vol. in-12. La Mar-
tinière, catholique éclairé, retrancha dans
son édition un long chapitre, aussi ab-
surde que calomnieux sur la monarchie
ou autorité temporelle du pape. Il y sub-
stitua un Abrégé chronologique de la
souveraineté des papes en Italie. L'éditeur
ne corrigea pas toutes les fautes de Puf-
fendorff ; M. de Grâce en a réformé en-
core plusieurs dans une nouvelle édition
en 8 vol. in 4°, Paris, 1754 à 1759. | Traités
géographiques et historiques, pour faci-
liter l'intelligence de l'Ecriture sainte, par
divers auteurs célèbres , Huet , le Grand ,
Calmet, Hardouin, 1730, 2 vol. in-12. Ce
recueil utile est précédé d'une préface
fort instructive. | Entretiens des ombres
aux Champs-Elysées, en 2 vol. in-12, ti-
rés d'une énorme compilation allemande,
et accommodés au génie de la langue fran-
çaise. Ils renferment une morale utile,
mais commune. I Essai d'une traduction
BRU
612
BRU
d'Horace en vers fi-ançais, dans lequel il
y a plusieurs pièces de lui, qui ne sont
pas les meilleures. Cet essai n'a pas réussi.
Nouveau recueil des Epiqrammatistes
français, anciens et modernes , 2 vol. in-12,
Amsterdam , 1720. L'auteur a orné cette
collection, faite avec assez de choix,
d'une préface , et de quelques épigrammes
de sa façon. | Introduction générale à l'é-
tude des sciences et des belles-lettres * en
faveur des personnes qui ne savent que
le français* in-12, la Haye 1731. La pre-
mière partie sur les sciences est fort vague ;
la seconde est plus utile ; les matières ne
sont pas toujours traitées avec assez de
méthode et de précision. Les jugemens
qu'il porte des auteurs respirent le goût ,
mais ne sont pas assez détaillés. Cet ou-
vrage a été réimprimé à Paris en 17S6, à
la suite des Conseils pour former une bi-
bliothèque peu nombreuse , mais choisie.
| Continuation de l'histoire de France ,
sous le règne de Louis XIV, Roterdam,
1718 et 1722 , 3 vol. in-4°, commencée par
Larrey. Cette histoire est au-dessous du
médiocre ; la continuation ne vaut guère
mieux. | Lettres choisies de M. Simon,
avec une Vie de l'auteur très détaillée ,
et des notes curieuses , Amsterdam, 1730,
en k vol. in 12. | Nouveau portefeuille
historique et littéraire, ouvrage posthume
de la Martinière. Ce recueil, publié ap-
paremment par quelqu'un de ces éditeurs,
qui vivent , suivant les expressions d'un
auteur ingénieux, des sottises des morts,
a eu peu de cours. On a attribué à cet écri-
vain fécond et estimé , des ouvrages qui
ne sont point de lui , entre autres une com-
pilation diffuse de l'Histoire de Louis
XIV, la Haye, 1740 , 5 vol. in-4°.
FIN DU DEUXIEME VOLUME.
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