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Full text of "Biographie universelle : ou, Dictionnaire historique"

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BIOGRAPHIE 

UNIVERSELLE. 


BESANÇON.—  IMPRIMERIE   d'OUTHENIN    CHALANDRE    FUS. 


BIOGRAPHIE 

UNIVERSELLE, 

ou 

DICTIONNAIRE    HISTORIQUE, 

Par  F.-X.  DE  F ELLE  R. 

NOUVELLE   ÉDITION , 
AUGMENTÉE  DE  PLUS  DE  3000  ARTICLES,   RÉDIGÉS 

PAR    M.    PÉRENNÈS, 

PROFESSEUR    DE    LITTERATURE    FRANÇAISE    A    l'aCADKMIE    DR    B1ÎSANÇOX. 

TOME  DEUXIÈME. 


BESANÇON.  — OUTH.  CHALANRRE  FILS. 

PARIS, 

J.  LEROUX,  JOUBY  et  C<",  LIBRAIRES,  I  G AUME   FRÈRES,   LIBRAIBES 
rue  des  Grands-Auguslins ,  9.  rue  Casselte  .  k. 

M  DCCC  XLVIII. 


fi/ r 


TOIVEB.SELLE. 


BA/V 


B 


AADER  (  Joseph  -  François  de 
PAULE),néàRatisbonne,  le  15  septembre 
1755 ,  et  mort  en  1794 ,  se  fit  recevoir  doc- 
teur en  médecine  en  1757.  La  ville  d'Am- 
berg  le  choisit  pour  son  physicien ,  et  il 
devint  ensuite  médecin  du  duc  Clément, 
puis  de  l'électeur  Maximilien- Joseph 
III.  On  lui  doit  :  |  Dissertatio  de  nalurâ 
corporis  humant  viventis  .,  Ingolstadt , 
1757 ,  in-4° ,  |  Ankuendigung  eine  balsa- 
mischen  Seifensyrups ,  etc.  Augsbourg, 
4785,  in-8°;  |  Purgirender  Mandelsyrup 
fuer  Kinder,  Munich,  1788,  in-8°.  L'au- 
teur a  traduit  lui-même  ces  deux  ouvra- 
ges en  français. 

BAAN  (  Jean  de  ),  peintre  ,  né  à  Har- 
lem en  1065,  se  distingua  par  ses  portraits 
faits  dans  le  goût  de  ceux  de  Van-Dick. 
Il  mourut  à  la  Haye  en  1702,  âgé  de  69  ans. 
—  Jacques  BAAN ,  son  fils ,  mort,  en  1700, 
à  l'âge  de  27  ans,  suivit  avec  succès  la 
même  carrière. 

BAARDT  (  Pierre  ),  poète  latin  et  fla- 
mand du  17e  siècle,  est  auteur  d'un  poème 
estimé  qui  a  pour  titre  Agriculture  pra- 
tique de  Frise.  Il  y  décrit  ce  que  la  Frise 
offre  de  plus  agréable  et  de  plus  riant. 
Ce  sont  des  Géorgiques  flamandes.  Les 
gens  de  son  pays  l'ont  comparé  à  Virgile  ; 
mais  les  étrangers ,  sans  mépriser  Baardt, 
l'ont  mis  un  peu  au-dessous.  On  a  encore 
de  lui  un  poème  intitulé  le  Triton  de 
Frise  J  ou  la  description  de  la  prise  de  la 
ville  d'Olinde  au  Brésil.  Il  était  aussi  mé- 
decin. Nous  ignorons  l'année  de  sa  mort. 

BAASA,  fils  d'Abias,  usurpa  la  cou- 
ronne d'Israël  après  avoir  tué  Nadab ,  fils 
rie  Jéroboam  son  roi ,  et  exterminé  toute 
la  race  de  ce  prince.  Baasa  déclara  ensuite 
la  guerre  à  Aza,  roi  de  Juda,  et  se  livra 
»  toutes  sortes  de  déréglemens.  Dieu  lui 
envoya  le  prophète  Jéhu  pour  le  menacer 
de  ses  châtimens  s'il  ne  se  corrigeait  pas  ; 
mais  ce  roi  ne  répondit  aux  reproches  du 
prophète  qu'en  lui  donnant  la  mort.  Il 
mourut  lui-même  peu  de  temps  après, 
2. 


BAB 

et  Dieu  exécuta  ses  menaces  contre  la 
postérité  de  cet  impie ,  par  le  ministère 
de  Zambri ,  qui  en  détraisit  toute  la  race. 
Ela  son  fils  lui  succéda  l'an  950  avant  J.-C. 
*BAAÏ  (  Catherine)  ,  suédoise,  a  tracé 
et  peint  les  Tables  généalogiques  de  la 
noblesse  de  son  pays,  et  rectifié  les  er- 
reurs du  traité  de  Messénius  sur  le  même 
sujet. 

*  BABA  (  Ali  ) ,  sectaire  turc ,  parut 
dans  la  ville  d'Amasie ,  l'an  658  de  l'hé- 
gyre  (1240  de  J.-C),  exigeant  de  ceux  qui 
croyaient  en  lui  celte  profession  de  foi  : 
«  Il  n'y  a  qu'un  Dieu,  et  Baba  est  l'envoyé 
»  de  Dieu.  »  A  la  tête  de  ses  nombreux 
partisans  ,  il  ravagea  une  grande  partie 
de  la  Natolie;  mais  les  Mahométans  aidés 
par  les  Francs  le  combattirent  avec  vi- 
gueur, et  parvinrent  à  anéantir  sa  secte. 

*  BABAKOUSCHI  (  Abdel  -  RHAMON- 
Mustapha  ) ,  docteur  musulman  du  14e 
siècle  ,  né  en  Crimée ,  fit  un  ouvrage  in- 
titulé l'Ami  et  le  favori  des  princes.  Il 
passe  pour  être  aussi  l'auteur  du  Jardin 
des  anémones  >  attribué  à  un  autre  Baba- 
kouschi ,  comme  lui  désigné  par  la  qua- 
lité de  Muphti  de  Caffa  et  mort  dans  le 
16e  siècle.  La  date  de  l'un  ou  de  l'autre 
des  manuscrits  pourrait  être  fautive. 

*  BABEK  (  Khorremy  ou  Harramy  ) , 
célèbre  imposteur ,  parut  en  Perse  vers  la 
fin  du  2me  siècle  de  l'hégyre ,  et  fut  le  chef 
d'une  secte  dont  l'histoire  et  les  dogmes 
nous  sont  peu  connus.  Le  surnom  de 
Khorremy  donné  à  Babek  désigne  un 
homme  livré  aux  plaisirs  des  sens  ;  le  mot 
Harramy  signifie  en  arabe  voleur,  crimi- 
nel. Il  parait  donc  que  la  secte  dont  cet 
homme  fut  le  fondateur  avait  pour  base 
le  libertinage  et  l'impiété ,  et  sa  religion 
portait  en  effet  le  nom  de  Khorrem-dyn, 
religion  de  plaisir.  Babek  la  soutint  et 
la  propagea  les  armes  à  la  main  et  com- 
battit les  califes  durant  20  années  ;  enfin  il 
fut  vaincu  par  celui  de  Bagdad ,  l'an  222 
de  l'hégyre  (  857  de  J.-C.  ) ,  et  conduit  à 

1 


BAB 

Bagdad  avec  un  de  ses  frères,  ses  17 
enfans  et  5500  prosélytes.  Motassem ,  qui 
régnait  dans  cette  ville  ,  lui  fit  couper  les 
bras  et  les  jambes,  et  son  cadavre  ainsi 
mutilé ,  resta  exposé  plusieurs  jours  sur 
la  place  publique.  Après  la  mort  de  Ba- 
bek ,  ses  partisans  se  dispersèrent  dans 
différens  pays  et  se  confondirent  avec  les 
diverses  sectes  nées  de  l'islamisme. 

■*  BABEUF  (François-Noel),  né  à  Saint- 
Quentin,  en  1764,  de  parens  pauvres, 
entra,  en  1777,  comme  domestique ,  chez 
un  homme  bienfaisant ,  domicilié  près  de 
Roye.  Celui-ci  lui  trouvant  de  l'esprit  na- 
turel ,  lui  fit  apprendre  à  lire ,  à  écrire , 
et  l'art  de  l'arpentage.  Babeuf  fut  ingrat 
envers  son  bienfaiteur,  contre  lequel  il 
osa  plaider.  Devenu  commissaire  à  ter- 
rier, il  ne  tarda  pas  à  se  livrer  à  son  im- 
moralité naturelle ,  qui  lui  faisait  regar- 
der toutes  les  actions  de  la  vie  comme 
indifférentes  en  elles-mêmes.  Il  commit 
un  faux ,  fut  poursuivi  par  la  justice ,  et 
renfermé  à  la  citadelle  d'Arras ,  d'où  il 
s'échappa  à  l'époque  de  la  révolution. 
Babeuf  voulant  fixer  sur  lui  les  regards 
du  peuple ,  porta  jusqu'à  la  folie  les  prin- 
cipes démagogiques.  Il  se  surnomma  Grac- 
chus,  et  dans  un  journal  qu'il  publia,  il 
prit,  à  l'imitation  de  son  patron ,  le  titre 
de  tribun  du  peuple.  Là  il  répandit  ses 
pernicieuses  maximes ,  prêcha  le  partage 
des  biens,  établit  des  principes  sur  le 
vol,  le  brigandage  et  l'homicide.  A  la 
chute  de  Robespierre,  il  fut  regardé 
comme  son  successeur;  en  effet,  Babeuf 
se  mit  à  la  tête  des  conspirateurs  qui  de- 
vaient détruire  en  France  tout  gouver- 
nement modéré  et  fondé  sur  des  lois  po- 
sitives. Dénoncé  par  plusieurs  de  ses 
complices ,  qui  l'accusèrent  de  tramer  un 
complot  contre  le  gouvernement  directo- 
rial ,  il  fut  jugé  et  condamné  à  mort  en 
1797  ;  il  était  âgé  de  54  ans.  U  plaida  lui- 
même  sa  cause  avec  une  fermeté  et  une 
audace  étonnantes,  avoua  que  son  projet 
était  de  détruire  le  gouvernement  et  de 
faire  égorger  le  même  jour  toutes  les  au- 
torités constituées,  et  ne  voulut  jamais 
nommer  ses  complices.  Les  débats  de  ce 
procès  célèbre  forment  6  vol.  in-8°.  Outre 
le  journal  le  Tribun  du  peuple,  on  a  en- 
core de  lui  Système  de  dépopulation, 
ou  la  vie  et  les  crimes  de  Carrier,  1  vol. 
in-8°  ;  ouvrage  qu'il  publia  dans  un  mo- 
ment où  il  avait  été  exclu  du  club  des 
jacobins.  L'ouvrage  publié  en  1790 ,  sous 
le  titre  de  Cadastre  perpétuel ,  in-8°,  est 
de  Audifred  et  Babeuf. 


BAB 

*BABEY  (  Athanase-Marie),  avocat  du 
roi  à  Orgelet  en  Franche-Comté  ,  en  1789, 
adopta  les  idées  révolutionnaires ,  et  fut 
député  par  le  tiers-état  du  bailliage  d'A- 
val aux  états  généraux.  Nommé  à  la 
Convention,  en  1792,  il  se  prononça 
pour  la  réclusion  et  le  bannissement  de 
Louis  XVI ,  avec  la  clause  expresse  de  la 
convocation  des  assemblées  primaires. 
Babey,  ayant  protesté  contre  les  journées 
du  51  mai,  1er  et  2  juin  1795  ,  fut  décrété 
d'arrestation  et  incarcéré  avec  72  de  ses 
collègues.  Il  rentra  dans  la  Convention 
après  le  9  thermidor,  fut  du  nombre  des 
membres  de  cette  assemblée  qui  entrèrent 
en  1795,  au  conseil  des  Cinq-cents,  en 
sortit  en  floréal  an  7,  et  mourut  en  1815.. 

BABI1\  (  François  ),  né  Angers ,  d'un 
avocat ,  en  1851 ,  chanoine,  grand-vicaire 
et  doyen  de  la  faculté  de  théologie  de  cette 
ville,  mort  le  19  décembre  1754  ,  à 85  ans, 
enseigna  avec  célébrité  la  théologie  pen- 
dant 20  ans ,  se  distingua  par  ses  grandes 
lujnières  et  ses  vertus.  Il  fut  le  rédacteur 
des  18  premiers  vol.  de  l'édition  en  gros 
caractère  des  Conférences  du  diocèse 
d'Angers,  fort  estimée  et  fort  répandue- 
La  suite  n'est  point  de  lui.  Le  style  de 
Babin  est  tel  qu'il  le  faut  pour  ces  sortes 
d'ouvrages,  net,  clair,  méthodique,  et 
ne  sentant  point  la  barbarie  de  l'école. 
Ses  continuateurs  ne  l'ont  pas  égalé  ;  ils 
n'ont  ni  sa  netteté ,  ni  sa  précision.  Les 
Conférences  d'Angers,  renfermaient  28 
vol.  in-12>  que  l'on  a  réduits  à  14  ,  petit 
caractère ,  et  auxquels  on  a  ajouté  depuis 
5  vol.  La  dernière  édition,  en  24  vol.  in- 
12,  1785,  est  la  plus  estimée  et  la  seule 
recherchée.  Babin  publia  en  1679  une 
Relation  de  ce  qui  s'était  passé  dans  l'uni- 
versité d'Angers  au  sujet  du  jansénisme. 

*  BABINGTON  (  Gervais  ),  évêque  an- 
glais du  16e  siècle.  Après  avoir  étudié  à 
Cambridge ,  il  entra  dans  les  ordres ,  et 
fut  successivement  chapelain  de  Henri , 
comte  de  Pembroke ,  évêque  de  Landaff, 
en  1591 ,  puis  évêque  d'Exeter  et  de  Wor- 
cester.  Ses  œuvres  ,  publiées  en  1615 ,  in- 
4°. ,  et  réimprimées  en  1657 ,  in-fol.  con- 
tiennent |  des  Remarques  sur  le  Pentateu- 
que;  |  une  Exposition  du  Symbole ,  des 
Commandements  de  Dieu  et  de  l'Oraison 
dominicale;  |  une  Conférence  entre  la  fai- 
blesse humaine  et  la  religion,  et  |  trois 
Sermons.  Ces  ouvrages,  écrits  dans  le 
style  pédantesque  du  temps,  sont  peu 
estimés  sous  le  rapport  littéraire.  Babing- 
ton  mourut  le  17  mai  1610. 

BABINOT  (  Albert  ),  l'un  des  premiers 


BAB 

disciples  de  Calvin,  était  né  en  Poitou; 
il  habitait  Poitiers  et  y  professait  le  droit 
dans  l'université.  Calvin  étant  venu  dans 
cette  ville  ,  en  1556 ,  y  sema  ses  erreurs. 
Babinotles  embrassa.  Calvin  séduisit  aussi 
quelques  autres  docteurs  de  l'université  , 
et  plusieurs  officiers  du  présidial  ,  et  Ba- 
binot  fit  la  folie  de  quitter  sa  chaire ,  le 
seul  moyen  qu'il  eût  de  subsister,  pour 
aller  prêcher ,  de  ville  en  ville ,  la  doc- 
trine de  son  maître.  Il  se  faisait  appeler 
le  Bon  homme.  On  le  nomma  depuis  le 
Ministre ,  parce  que  la  salle  dans  laquelle 
il  faisait ,  à  Poitiers  ,  ses  leçons  de  droit , 
s'appelait  la  Ministrcrie ,  et  «  de  là  est 
venu,  ditMaimbourg,  le  nom  deminislre 
qu'on  donne  aux  pasteurs  protestans  ; 
étymologie  néanmoins  qu'on  peut  con- 
tester.» Babinot,  voué  à  cette  vie  errante 
mourut  dans  la  misère.  Pendant  long- 
temps il  fut,  dit-on,  obligé  de  vendre  des 
caques  de  harengs  pour  subsister.  Il  est 
auteur  d'un  ouvrage  intitulé  ta  Christiade, 
recueil  d'odes ,  sonnets  et  cantiques  chré- 
tiens, Poitiers,  1560;  le  tout  infecté  du 
poison  des  opinions  nouvelles. 

*  BABO  (  Joseph-Marie),  auteur  dra- 
matique ,  né  à  Munich  ,  où  il  est  mort  le 
5  février  1822.  Il  était  membre  de  l'aca- 
démie de  cette  ville,  et  il  a  donné  plusieurs 
tragédies ,  parmi  lesquelles  on  cite  Othon 
JVitesbach  ;  elle  a  été  plusieurs  fois  réim- 
primée. Babo  était  en  1804  un  des  rédac- 
teurs du  journal  intitulé  XAurora. 

BABOLENUS  (  saint  ) ,  ou  BABOLEIN, 
moine  de  saint  Colomban,  fut  le  premier 
abbé  de  Saint-Maur-les-Fossés,  monastère 
fondé  en  638 ,  par  Blidégisile ,  archidiacre 
de  Paris ,  à  deux  lieues  de  celle  ville , 
dans  une  péninsule  formée  par  la  Marne. 
Saint  Babolein  y  fit  régner  toutes  les  ver- 
tus religieuses  qui  le  rendirent  fort  cé- 
lèbre. S'étant  joint  à  saint  Fursi  de  Lagny, 
il  rendit  de  grands  services  à  tout  le  dio- 
cèse de  Paris  ;en  quoi  il  fut  merveilleuse- 
ment secondé  par  l'évoque  Audebert  cl 
par  saint  Landri,  son  successeur.  Il  fonda 
plusieurs  églises  et  plusieurs  hôpitaux. 
Dans  sa  vieillesse  il  quitta  le  gouverne- 
ment de  son  monastère,  pour  passer  le 
reste  de  ses  jours  dans  la  retraite.  Il  mou- 
rut dans  le  7e  siècle.  On  l'honore  à  Paris, 
le  26  juin. 

*  BABOUR ,  BABR  ou  BABUR  (  Mo- 
hammed) ,  arrière  petit-fils  de  Tamerlan, 
naquit  en  1183 ,  et  fut  proclamé  souve- 
rain de  l'empire  mogol ,  dans  la  Tartarie 
occidentale  et  dans  le  Khoraçan  .  en  1494. 
Il  s'empara  du  Gandahar,  du  Kaboulistan 


BAC 

et  de  l'Indostan  ,  et  mourut  en  1550,  de 
poison ,  selon  quelques-uns ,  et  suivant 
d'autres ,  de  l'excès  de  ses  fatigues.  On  a 
de  lui  la  Relation  de  ses  conquêtes  et 
l'histoire  de  sa  vie,  en  langue  mogole. 
Sa  dynastie  a  régné  plus  de  250  ans  après 
lui.  —  Un  autre  BABOUR  petit-fils  de  Ta- 
merlan ,  disputa  l'empire  à  son  frère  aîné 
Eddaulah  ,  et  obtint  par  un  traité  la  pos- 
session d'une  province.  Il  mourut  l'an 
861  de  l'hégyre  (  1450  de  J.-C.  ) 

BABYLAS  (  saint),  évèque  d'Antioche, 
fut  mis  dans  les  chaînes  pour  la  foi  de 
J.-C,  sous  l'empereur  Dèce.  Il  mourut 
dans  sa  prison,  et  voulut  être  enterré  avec 
ses  fers.  C'était  un  prélat  plein  de  zèle. 
On  dit  qu'il  défendit  l'entrée  de  l'église  à 
l'empereur  Philippe ,  qui  était  monté  sur 
le  trône  par  le  meurtre  de  Gordien ,  son 
bienfaiteur  et  son  pupille.  Quelques  cri- 
tiques prétendent  que  l'empereur,  auquel 
saint  Babylas  défendit  l'entrée  de  l'église, 
était  Dèce  ;  mais  cela  ne  paraît  guère 
vraisemblable.  Il  mourut  l'an  251  de  J.-C. 
Gallus  César  fit  transporter  les  reliques 
de  ce  saint  à  Daphné  ,  faubourg  d'Antio- 
che, afin  de  mettre  par  ce  dépôt  sacré  un 
frein  aux  superstitions  et  au  libertinage 
des  Grecs.  La  chose  arriva  comme  Gallus 
César  l'avait  désiré.  L'idole  d'Apollon , 
fameuse  par  les* oracles  qu'elle  rendait, 
cessa  tout-à-coup  d'y  donner  des  réponses. 
Julien  l'Apostat  ordonna  dans  la  suite  de 
reporter  les  reliques  de  Babylas  dans  la 
ville  ,  afin  que  la  langue  de  cet  oracle  se 
déliât.  Il  y  réussit ,  mais  ce  ne  fut  que 
pour  lui  apprendre  la  vraie  cause  de  ce 
silence ,  et  immédiatement  après ,  le  feu 
du  ciel  écrasa  cette  idole  et  réduisit  le 
temple  en  cendres.  C'est  saint  Jean  Chry- 
sostôme  qui  nous  apprend  ce  fait  dans  son 
discours  contre  les  Gentils ,  et  dans  la  4e 
homélie  sur  l'éloge  de  saint  Paul.  Il  dit  en 
avoir  été  témoin  oculaire.  Tous  les  an- 
ciens historiens  chrétiens  en  font  men- 
tion. Ammien  Marcellin  ,  quoique  païen, 
n'ose  pas  en  disconvenir  (  1.  22  ).  Il  y  a 
seulement  dans  sa  relation  quelque  diffé- 
rence, qui  marque  plutôt  son  embarras 
que  l'inexactitude  des  autres.  Libanius, 
ce  sophiste  fameux  et  zélé  païen,  se  plai- 
gnait, au  rapport  de  saint  Jean  Chryso- 
slôme ,  du  silence  d'Apollon  à  Daphné  : 
mais  il  ajoutait  que  Julien  l'avait  délivré 
du  voisinage  d'un  mort ,  qui  l'incommo- 
dait. Voyez  BALTUS. 

BACCALAR-Y-SANNA  (don  Vincent) 
marquis  de  Saint-Philippe ,  né  dans  l'île 
de  Sardaigne ,    d'une    ancienne    famille 


BAC 

originaire  d'Espagne,  s'est  fait  un  nom 
dans  la  littérature  par  son  érudition ,  et 
dans  le  monde  par  les  emplois  importans 
dont  Charles  II  et  Philippe  V  le  chargè- 
rent en  Sardaigne.  Après  la  mort  de 
Charles  II ,  don  Vincent  servit  utilement 
le  duc  d'Anjou ,  son  successeur.  Lorsque 
la  Sardaigne  se  déclara  contre  ce  prince, 
il  se  comporta  en  sujet  fidèle  et  en  homme 
habile.  Philippe  V  le  récompensa ,  en  le 
taisant  marquis  de  Saint-Philippe.  Il  mou- 
rut à  Madrid  en  1726,  estimé  et  aimé  du 
prince  et  des  sujets.  Ses  principaux  ou- 
vrages sont  :  |  une  Histoire  de  la  monar- 
chie des  Hébreux ,  traduite  en  fiançais  , 
en  2  vol.  in-4°,  et  en  4  vol.  in-12.  «  Cet 
»  ouvrage,  dit  un  critique,  sagement  et 
»  profondément  écrit ,  a  eu  d'abord  le 
plus  grand  succès  ;  mais  l'esprit  du  siè- 
cle s'étant  tourné  vers  des  objets  tout 
»  différens ,  et  l'histoire  sainte  ayant 
»  perdu  sa  consFdération  sous  le  règne  du 
»  philosophisme ,  ce  succès  n'a  pas  été 
»  durable.  »  |  Mémoires  pour  servir  à 
l'histoire  de  Philippe  V*  depuis  1609  jus- 
qu'en 172S ,  4  vol.  in-12,  aussi  traduits  en 
français.  On  y  trouve  plusieurs  particu- 
larités curieuses,  que  le  marquis  de  Saint- 
Philippe  raconte  avec  beaucoup  de  vérité 
et  d'exactitude. 

BACCA.RELLES  (  Gilles  ) ,  d'Anvers , 
célèbre  paysagiste  ,  ainsi  que  Guillaume 
son  frère ,  vivait  au  commencement  du 
17e  siècle.  Leur  famille  a  produit  plu- 
sieurs bons  peintres. 

BACCEÏ1  (  Nicolas  )  ,  né  à  Florence, 
entra  dans  l'ordre  de  Saint-Bernard ,  de- 
vint abbé  de  Sainte-Luce,  et  mourut  en 
1647,  âgé  de  près  de  80  ans.  Nous  avons 
de  lui  :  |  Ilisloriœ  Septimianœ ,  lib.  VII, 
cum  notis  Malachiœ  d'Inguimbert,  Rome 
4724,  in-fol.  C'est  l'histoire  d'un  célèbre 
monastère  de  Toscane ,  de  l'ordre  de  Cî- 
teaux;  |  Dissertatio  de  jure  historico. 

BACCH1A1UUS ,  philosophe  chrétien, 
florissait  au  5e  siècle.  On  a  de  lui  une 
lettre  écrite  à  l'évèque  Januarius,  tou- 
chant l'incontinence  d'un  moine  ;  cette 
lettre  est  très  bien  écrite,  et  se  trouve 
dans  la  Bibliothèque  des  Pères  :  on  y 
voit  autant  de  prudence  que  de  zèle, 
autant  de  sévérité  que  de  charité.  Il  y  a 
plusieurs  applications  heureuses  des  cé- 
rémonies et  histoires  de  l'ancien  Testa- 
ment. On  a  encore  de  lui  une  apologie 
dans  les  Anecdota  de  Muralori.  Gennade 
rapporte  que  Bacchiarius  changeait  sou- 
vent de  demeure,  pour  être  plus  à  Dieu 
et  avoir  moins  d'attache  pour  ce  monde, 


h  BAC 

en  réalisant  sans  cesse  la  sentence  de 
saint  Paul  :  Non  enim  habemus  hic  ma- 
nentem  civilatem.  Eph.  13. 

BACCHIDES ,  général  des  troupes  de 
Démétrius  Soter,  et  gouverneur  de  la 
Mésopotamie  ,  fut  d'abord  envoyé  en  Ju- 
dée pour  établir  Alcime  grand  sacrifica- 
teur., que  l'Ecriture  appelle  Y  Impie.  Il 
revint  quelque  temps  après  en  Judée 
avec  l'élite  de  ses  troupes ,  pour  com- 
battre Judas  Machabée  qui  venait  de  rem- 
porter une  grande  victoire  sur  Nicanor. 
Judas ,  abandonné  de  la  plupart  des  siens 
l'attaqua  avec  les  huit  cents  hommes  qui 
lui  restaient;  mais  en  poursuivant  l'aile 
droite  qu'il  avait  rompue,  il  fut  enveloppé 
et  tué  par  l'ennemi,  après  avoir  fait  des 
prodiges  de  valeur.  Jonathas  fut  élu  gé- 
néral des  Juifs  à  la  place  de  son  frère  Ju- 
das, et  s'opposa  généreusement  à  Bacchi- 
des ,  qui  essaya  plusieurs  fois  de  le  faire 
saisir  et  tuer  en  trahison.  Bacchides  ayant 
été  obligé  de  lever  le  siège  de  Bethbessen 
se  retira  à  Antioche ,  après  la  mort  d'Al- 
cime,  et  laissa  la  Judée  paisible. 

BACCHILLE,  évèque  de  Corinthe,  sur 
la  fin  du  2.e  siècle ,  écrivit  un  traité  tou- 
chant la  célébration  de  la  fête  de  Pâques, 
ensuite  de  la  question  qui  s'émut  de  son 
temps  sur  ce  sujet  ;  ce  fut  sous  le  ponti- 
ficat de  saint  Victor.  Sa  lettre  était  écrite 
au  nom  des  évêques  d'Achaïe  :  ce  qui  a 
fait  croire  qu'il  assembla  un  synode,  pour 
l'éclaircissement  de  cetle  controverse. 

BACCIILM  (  don  Benoit  )  ,  religieux 
du  Mont-Cassin,  né  à  San-Donino,  dans  le 
Parmesan,  en  1651 ,  se  distingua  par  l'é- 
tendue de  ses  connaissances  dans  la  théo- 
logie, l'histoire  ecclésiastique  et  la  litté- 
rature- Il  s'adonna  aussi  à  la  prédication, 
et  y  eut  des  succès;  mais  sa  santé  déli- 
cate l'obligea  d'y  renoncer.  Il  apprit  le 
grec  et  l'hébreu ,  pour  s'en  aider  dans  le 
dessein  qu'il  avait  de  se  livrer  à  des  re- 
cherches scientifiques.  Ses  principaux 
ouvrages  sont  :  |  Giornale  de'  letlerali,  9 
vol.  in-4°;  |  De  sistrorum  figuris  ac  dif- 
ferentîa...  ob  sistri  romani  effigiem  corn* 
municalam  dissertatio,  Bologne,  1691,  in- 
4°  ;  et  dans  les  Antiquités  romaines  da 
Graevius  ,  tom.  6  ;  |  Anonijmidialogi  très: 
De  constantia,  de  dignitate  tuenda,  de 
amore  erga  rempublicam  ,  Modène,  1691, 
in-12;  j  Dell' istoria  delmonastero  di  San 
Benedetto  di  Polirone,  nello  statode  Man- 
tova,  libri  cinque,  Modène,  1696,  in-4°; 
|  De  ecclesiasticœ  hierarchiœ  originibus 
dissertatio,  Modène,  1705,  in-4°,  ouvrage 
plein  d'érudition,  etc.  Le  marquis  Sci- 


BAC  5 

pion  Maffei  se  glorifiait  d'être  disciple  de 
Bacchini  ;  mais  il  surpassa  son  maître. 

BACCHYLIDE ,  poète  lyrique  de  l'île 
de  Céos,  ilorissait  l'an  452  avant  J.-C.  Il 
était  neveu  de  Simonidc,  et  Horace  le 
propose  comme  un  modèle  à  suivre.  Il  ne 
nous  reste  de  ses  poésies  que  très  peu  de 
chose.  Elles  étaient  remplies  de  morale. 
Une  de  ses  maximes  était  que  la  chasteté 
est  le  plus  grand  ornement  d'une  belle 
vie.  Julien  l'Apostat,  qui,  à  l'exemple  de 
tous  les  anciens  philosophes,  aimait  les 
apophthcgmes ,  faisait  un  cas  particulier 
des  sentences  morales  de  te  poète.  On  dit 
que  Hyéron ,  roi  de  Sicile ,  préférait  les 
poésies  de  Bacchylide  à  celles  de  Pindare, 
quoique  celui-ci  passât  pour  le  chef  des 
lyriques.  Horace  imita  Bacchylide  et  lui 
dut  l'idée  de  sa  belle  ode  qui  commence 
Pastor  cum  traheret. 

BACCIO  délia  Porta,  peintre  connu 
sous  le  nom  de  frère  Barlhélemi  de  Saint- 
Marc,  né  dans  la  terre  de  Savignano,  près 
de  Florence,  en  1469,  fut  disciple  de  Léo- 
nard de  Vinci  et  de  Raphaël.  Son  dessin 
est  correct ,  ses  figures  gracieuses,  son 
coloris  doux  et  agréable.  A  la  fin  d'un  ser- 
mon qu'il  entendit  sur  l'importance  et  la 
dignité  des  mœurs  chrétiennes ,  il  se  dé- 
termina à  faire  jeter  publiquement  dans 
le  feu  tous  les  livres  qui  traitaient  de  l'a- 
mour profane,  avec  les  sculptures,  les 
peintures  et  les  dessins,  tant  de  lui  que 
ceux  qu'il  possédait  des  grands  maîtres , 
où  il  y  avait  des  nudités.  Il  entra  dans 
l'ordre  des  dominicains  à  Prato,  en  1500, 
résolu  de  ne  plus  s'occuper  que  de  son 
salut;  mais  ses  supérieurs  l'obligèrent  à 
continuer  l'exercice  de  ses  talens  et  de  son 
art.  Il  ne  voulut  pas  être  fait  prêtre  ,  par 
un  sentiment  d'humilité  ,  et  se  contenta 
d'être  diacre.  Il  mourut  le  8  octobre  1517, 
âgé  de  48  ans. 

BACGI  ou  BACCIUS  (  André  ) ,  né  à 
Sant-Elpidio  dans  la  Marche  d'Ancône , 
professeur  de  médecine  à  Rome  ,  et  pre- 
mier médecin  du  pape  Sixte  V,  se  rendit 
célèbre  par  ses  talens.  On  a  de  lui  :  |  De 
Thermis  libri  septem  ^in-îol.,  Venise,  1571- 
1588,  etPadoue  1711,  in-folio;  |  De  con- 
viviis  antiquorum,;  \  De  naturali  vinorum 
historia*  Rome,  159G,  in-folio,  livre  très 
rare;  |  De  venenis  et  antidotis J  Rome, 

1586,  in-i°;  |  De  gemmis  ac  lapidibus 
pretiosis,  in  Sac.  Script.  relalisJ  Rome 

1587,  in-8°;  |  Tabula  simplicium  medica- 
menlorum*  Rome,  1577,  in-4°;  |  Notizie 
dell  antica  città  Cluna,  Macerala,  1716, 
in-4°.  Ces  ouvrages  lui  firent  une  grande 


BAC 

réputation  :  on  y  trouve  beaucoup  de 
recherches,  et  une  physique  bien  supé- 
rieure à  celle  que  les  savans  de  notre 
siècle  ont  coutume  de  supposer  à  celui  de 
Baccius.  Il  mourut  dans  les  premières  an- 
nées du  17e  siècle.  —  Il  ne  faut  pas  le 
confondre  avec  Henri  BACCIUS ,  qui  a 
donné  une  Description  du  royaume  de 
Naples  en  italien,  Naples  1629,  in-8°;  ni 
avec  Jacques  BACCIUS ,  qui  a  donné  la 
Vie  de  saint  Philippe  de  Néri  en  latin  . 
Rome,  1645,  in-4°. 

BACCIOCHI  (  Marie-Anne-Elisa  BO- 
NAPARTE. )  Voyez  BONAPARTE. 

*  BACII  (  Jean-Sébastien),  né  àEise- 
nach,  le  21  mai  1685,  mort  en  1754,  fit 
ses  études  à  Lunebourg,  fut  successive- 
ment musicien  du  duc  de  Weimar,  orga- 
niste à  Mulhausen,  et  maître  de  chapelle 
du  prince  d'Anhalt-Cœthen  ,  jusqu'en 
1757,  où  il  obtint  àLeipsick  le  titre  de  com- 
positeur de  la  cour  de  l'électeur  de  Saxe, 
roi  de  Pologne.  Comme  organiste  et  cla- 
veciniste, Sébastien  Bach  n'avait  de  son 
temps  aucun  rival.  Il  a  laissé  plusieurs 
morceaux  de  musique  d'église  ,  et  beau- 
coup de  musique  de  piano.  Il  eut  onze 
fils,  tous  distingués  dans  leur  art,  mais 
dont  quatre  surtout  s'y  sont  acquis  un 
grand  nom.  —  1°.  Guillaume  Friede- 
manx,  l'aîné,  né  en  1710,  à  Weimar, 
maître  de  chapelle  titulaire  du  duc  de 
Hesse-Darmstadt  ,  mort  à  Berlin  le  1er 
juillet  J784,  passait  pour  un  des  harmo- 
nistes les  plus  savans,  et  des  organistes 
les  plus  habiles  de  l'Allemagne;  il  pu- 
blia, en  1778,  six  Fugues  pour  le  pia- 
no :  c'était  aussi  un  bon  mathématicien. 
—  2°  Char  les- Philippe  Emmanuel,  né 
en  1714,  entra,  en  1738 ,  dans  la  musique 
du  prince  royal  de  Prusse,  depuis  Frédé- 
ric II,  et  fut  appelé  à  Hambourg,  en  1767, 
pour  y  remplir  la  place  de  directeur  d'or- 
chestre ,  vacante  par  la  mort  de  Tele- 
mann  :  il  s'en  acquitta  avec  succès  jus- 
qu'à sa  mort,  arrivée  le  14  décembre 
1788.  Ses  compositions,  pleines  d'origi- 
nalité et  de  science ,  sont  fort  goûtées  par 
les  Allemands;  il  exécutait  sur  le  piano 
avec  un  rare  talent,  et  ce  qu'ila  écrit  sur 
ce  sujet  est  fort  estimé  :  Essai  sur  la  vé- 
ritable manière  de  jouer  du  piano*  avec 
des  exemples  et  six  sonates*  deux  parties 
in-4°,  1755-61  et  87.  II  a  composé  un  grand 
nombre  de  morceaux  de  musique  ,  entre 
autres  des  Airs  pour  les  cantiques  sacrés 
de  Gellert*  Berlin,  1759;  5e  édition,  Leip- 
sick,  1784.  —  5°  Jean-Christophe-Fké- 
déric,    né   en    1732,    maître    de    cha- 


BAC  I 

pelle  de  Guillaume ,  comte  de  la  Lippe- 
Schaumbourg,  passa  sa  vie  entière  à 
Buckebourg,  où  il  mourut  le  26  février 
1795,  après  avoir  joui  de  toute  la  faveur 
de  ce  prince.  Une  simplicité  noble  et  fer- 
me est  le  caractère  des  compositions  de 
Jean-Christophe-Frédéric  Bach  :  il  l'a  dé- 
ployée surtout  dans  sa  musique  d'église, 
où  un  sentiment  profond  et  énergique 
brille  sans  charlatanerie,  et  qui  renferme 
une  grande  richesse  de  motifs  originaux  ; 
il  avait  sur  le  piano  un  doigter  excellent. 
Parmi  ceux  de  ses  ouvrages  qui  ont  été 
publiés,  on  remarque  :  |  Cantiques  sa- 
crés de  Monter,  deux  collections ,  Leip- 
sick,  1773-74,  in-4°;  |  six  Sonates  pour 
clavecin  ,  violon  et  basse  ,  Biga,  1777; 
|  trois  grands  Concertos  pour  le  clavecin, 
Francfort-sur-le-Mein ,  in-folio,  etc.  — 
4°  Jean-Chkistiaw  ,  surnommé  \ An- 
glais,  né  àLeipsick,  en  1755,  fit  ses  études 
en  musique  à  Berlin,  auprès  de  son  frère 
Charles-Philippe-Emmanuel.  Il  s'y  fit  re- 
marquer de  bonne  heure  par  plusieurs 
compositions  pleines  de  grâce ,  et  alla  en 
d754,  à  Milan,  où  il  ne  tarda  pas  à  obte- 
nir une  place  d'organiste  dans  une 
église.  En  1759,  il  se  rendit  à  Londres,  où 
il  fut  nommé  maître  de  chapelle  de  la 
reine  ,  avec  un  traitement  de  1800  écus, 
fonction  qu'il  remplit  avec  succès  jusqu'à 
sa  mort,  arrivée  en  1782  :  il  avait  été 
comblé  des  bienfaits  de  la  cour.  Il  a  com- 
posé plusieurs  opéras,  Caton,  Orion,  Or- 
phée,  Thémistocle,  etc.  et  un  grand  nom- 
bre de  morceaux  de  musique  qui  ont  été 
gravés ,  soit  à  Berlin ,  soit  à  Amsterdam, 
soit  à  Paris,  entre  autres,  quinze  Sym- 
phonies pour  huit  voix,  dix-huit  Concertos 
pour  le  piano,  avec  accompagnement, 
trente  sonates,  etc. 

*  BACH,  médecin  de  Paris,  électeur  du 
département  de  la  Seine  à  Paris ,  en  1798, 
fut  un  des  démagogues  les  plus  outrés  de 
cette  époque.  Un  écrit  satirique  publié 
contre  le  Directoire  le  fit  traduire  devant 
un  juri  d'accusation  qui  l'acquitta.  Bach 
recommença  presque  aussitôt  ses  décla- 
mations révolutionnaires,  et  après  avoir 
prononcé  un  jour  à  la  tribune  des  ja- 
cobins, rue  du  Bac,  un  discours  virulent, 
il  proposa  un  projet  de  constitution  telle- 
ment anarchique  que  les  jacobins  les  plus 
exaltés  le  rejetèrent  à  l'instant.  Après  la 
journée  du  18  brumaire ,  ce  fanatique  se 
donna  la  mort  au  pied  de  la  statue  de  la 
liberté  élevée  sur  la  place  de  la  Bévo- 
lution. 

*  BACH  (  Jean-Auguste  ) ,  célèbre  iu- 


BAC 

risconsulle  allemand,  naquit  à  Hohen- 
dorp,  en  Misnie,  le  17  mai  1721.  Il  suivit 
les  leçons  de  Gesner ,  Bitter ,  etc. ,  et  pendant 
plusieurs  années,  donna  à  Leipsick,  où  il 
avait  fait  ses  études,  des  cours  particuliers 
d'histoire ,  d'éloquence ,  d'antiquité  et  de 
droit.  Nommé  en  1750  professeur  extra- 
ordinaire de  jurisprudence  ancienne  dans 
celle  même  université ,  il  joignit  à  cette 
place,  en  1753 ,  celle  d'assesseur  du  con- 
sistoire ecclésiastique.  A  la  plus  vaste 
érudition,  il  réunissait  des  mœurs  sim- 
ples et  pures.  Il  a  publié  plusieurs  ex- 
cellens  ouvrages ,  tels  que  :  |  De  myste- 
riis  Eleusinis ,  Leipsick ,  1745 ,  in-4°.  Ce 
traité ,  avec  onze  autres  dissertations  sur 
des  sujets  de  jurisprudence,  ont  été  pu- 
bliés par  Klot70  sous  le  litre  de  Opuscula 
ad  hisloriam  et  jurisprudentiam  spec- 
lantia,  Halle,  17G7,  in-8°;  |  Comment.de 
divo  Trajano,  sive  de  legibus  Trajani, 
Leipsick,  1747,  in-8°;  |  Historia  jurispru- 
dentiœ  romanœ,  livre  devenu  classique, 
lequel  a  eu  plusieurs  éditions,  dont  la 
meilleure  est  celle  qui  est  enrichie  des 
observations  de  M.  Stockmann,  Leipsick, 
1806,  in-8°;  |  Critique  impartiale  des  ou- 
vrages de  droit  (  en  allemand  ),  6  vol.  in- 
8°,  etc.  Bach  a  donné  encore  une  bonne 
édition  de  l'Economique,  de  l'Apologie, 
de  l '  Agèsilas,  de  V  Hier  on,  et  du  Banquet 
de  Xénophon,  avec  des  notes  savantes, 
Leipsick  1749.  Ce  savant  jurisconsulte 
mourut  le  6  décembre  1759,  à  l'âge  de 
38  ans. 

BACHAUMONT  (  François  LE  COI- 
GNEUXde),  né  à  Paris  en  1624,  d'un  pré- 
sident à  mortier  au  parlement ,  fut  con- 
seiller-clerc de  la  même  compagnie.  Il 
cabala  comme  plusieurs  autres  durant 
les  troubles  de  la  Fronde  ,  et  le  cardinal 
de  Betz  s'en  servit  plusieurs  fois  utile- 
ment. Bachaurnonl  quitta  le  rôle  d'intri- 
gant, pour  se  livrer  à  une  oisiveté  volup- 
tueuse, égayée  par  les  vers  ,  l'amour  et 
le  vin.  Le  fameux  Chapelle  tint  le  pre- 
mier rang  dans  son  cœur.  C'est  avec  cei 
ami  qu'il  lit  ce  voyage  célèbre  par  la  re- 
lation heureuse  et  facile  qu'ils  nous  en 
ont  laissée  en  vers  et  en  prose,  in-12. 
Bachaumont  eut  beaucoup  de  part  aux 
plus  jolies  tirades  de  cette  description.  Il 
ne  nous  reste  de  lui  que  cet  ouvrage.  Il 
avait  fait  bien  des  chansons  et  de  petits 
vers  de  société  ,  que  nous  n'avons  plus. 
Il  mourut  en  1702,  âgé  de  78  ans  ,  dans 
des  dispositions  très  chrétiennes.  Sa  vieil- 
lesse était  aussi  réglée  que  sa  jeunesse 
avait  été  dissipée. 


BAC 

*  BACnAUMOîVT  (Louis  PETIT  de) , 
naquit  à  Paris  vers  la  fin  du  17e  siècle.  Ce 
fut  un  de  ces  hommes  du  monde  beau- 
coup plus  occupés  de  leurs  plaisirs  que 
des  lettres  et  de  leurs  affaires ,  et  qui  ne 
consacrent  à  l'étude  que  ces  rapides  mo- 
mens  que  n'enlève  pas  la  frivolité  :  aussi 
ne  nous  reste-t-il  de  cet  aimable  pares- 
seux que  quelques  bons  mots,  quelques 
épigrammes,  etc.,  dont  la  malignité  du 
puMic  a  soutenu  long-temps  le  succès. 
Elles  sont  insérées  dans  les  Mémoires  se- 
crets pour  servir  à  l'histoire  de  la  répu- 
blique des  lettres.  Bachaumont  en  rédi- 
gea les  quatre  premiers  volumes  et  la 
moitié  du  cinquième.  L'ouvrage  a  depuis 
été  continué  par  Pidansat  de  Mairobert, 
Mouffle  ,  d'Augerville  et  autres  ;  il  a  été 
imprimé  plusieurs  fois  en  56  vol.  in- 12. 
Voici  quelle  fut  l'origine  de  celte  com- 
pilation. Bachaumont  vivait  depuis  long- 
temps chez  Mme  Doublet,  qui  réunissait 
dans  sa  maison  une  compagnie  nom- 
breuse de  beaux  esprits.  On  y  faisait  un 
journal  de  tout  ce  qui  se  disait  dans  le 
monde.  La  politique,  les  belles-lettres, 
les  arts,  les  aventures  de  société,  tout 
était  de  son  ressort.  Aussi  l'ouvrage  de 
Bachaumont  et  de  ses  continuateurs  ren- 
ferme-t-il  (  depuis  le  1er  janvier  1767  jus- 
qu'au 1er  janvier  1788  )  les  analyses  de 
toutes  les  pièces  de  théâtre ,  les  relations 
des  assemblées  littéraires ,  les  notices  des 
livres  nouveaux,  clandestins  ou  prohibés; 
les  anecdotes  et  bons  mots ,  les  éloges  des 
savans,  etc.  «  Mais  souvent,  dit  La  Harpe, 
»  c'est  un  amas  d'absurdités  ramassées 
»  dans  les  ruisseaux,  où  les  plus  hon- 
»  nêtes  gens  et  les  hommes  les  plus  célè- 
»  bres  en  tout  genre  sont  outragés  et  ca- 
»  lomniés  avec  l'impudence  et  la  gros- 
^  sièreté  des  beaux  esprits  d'anticham- 
»  bre.  »  Outre  les  Mémoires,  on  a  en- 
core de  Bachaumont  quelques  autres 
écrits,  comme  des  Critiques  sur  le  Lou- 
vre, sur  l'Opéra,  sur  la  Place  Louis  XV, 
un  Essai  sur  la  peinture,  la  scutyture  et 
l'architecture  ,  1751,  in-8°,  et  la  Vie  de 
Fabbé  Gédoyn,  son  parent.  Bachaumont 
est  mort  en  1771. 

*  BACHE,  neveu  de  Franklin,  mort 
victime  de  la  maladie  épidémique  qui  dé- 
sola ,  en  1798 ,  les  Etats-Unis  ,  est  connu 
comme  fondateur  et  rédacteur  d'un  jour- 
nal intitule  :  l'Aurore.  Il  a  en  outre  pu- 
blié les  manuscrits  les  plus  importans  de 
son  oncle  dont  il  avait  hérité. 

'  BACHELIER  (J.-J.)  ,  peintre  fran- 
çais, né  en  1724,  mort  en  1803,  est  au- 


7  BAC 

teur  d'un  Mémoire  historique  de  l'origine 
et  des  progrès  de  la  manufacture  natio- 
nale de  porcelaines  de  France ,  in-12  , 
1799. 

BACHELIER  (Nicolas  ),  né  dans  le  sei- 
zième siècle  à  Toulouse,  d'une  famille 
originaire  de  Lucques  ,  étudia  à  Rome  , 
sous  Michel-Ange,  la  sculpture  et  l'ar- 
chitecture. De  retour  dans  sa  patrie ,  il  y 
fit  régner  le  bon  goût,  et  en  bannit  la 
manière  gothique  qui  y  avait  été  en  usage 
jusqu'alors.  Ses  ouvrages  de  sculpture  , 
qui  subsistent  encore  dans  plusieurs  égli- 
ses de  celte  ville ,  se  font  toujours  admi- 
rer ,  quoiqu'on  les  ait  présentement  do- 
rés pour  la  plupart  ;  ce  qui  leur  a  ôté  cette 
grâce  et  cette  délicatesse  ,  que  cet  habile 
homme  leur  avait  données.  Il  n'en  reste 
que  quelques  débris.  Il  travaillait  encore 
en  loo5. 

*  BACHER  (Georges-Frédéric),  mé- 
decin et  docteur  de  l'université  de  Besan- 
çon, né  en  1709  à  Blotsheim,  dans  !a 
Haute-Alsace,  et  mort  vers  la  fin  du 
18e  siècle ,  pratiqua  son  art  avec  succès , 
et  se  fit  un  nom  dans  le  traitement  des 
hydropisies.  Il  est  l'inventeur  des  pilules 
qui  portent  son  nom,  il  a  publié  le  moyen 
de  les  employer  dans  un  ouvrage  intitulé  : 

|  Précis  de  la  méthode  d'administrer  les 
pilules  toniques  dans  les  hydropisies  ,  2e 
édition  ,  Paris,  1771 ,  in-12 ,  avec  des  aug- 
mentations. On  a  encore  de  lui  |  deux  au- 
tres Traités  sur  le  traitement  des  hydro- 
pisies, Paris,  1765  et  1769,  in-12;  et  |  des 
Recherches  sur  les  maladies  chroniques, 
Paris,  1776 ,  in-8°.  Il  a  eu  part  à  la  rédac- 
tion du  journal  de  Médecine ,  et  paraît 
l'avoir  rédigé  seul  depuis  1791  jusqu'en 
1795. 

*  BACHER  (  Alexandre-André-Puil.- 
Frédéric  )  ,  né ,  vers  1750 ,  à  Thann , 
aujourd'hui  dans  le  département  du  Haut- 
Rhin,  était  fils  du  précédent.  Héritier  du 
secret  de  son  père ,  il  se  fit  lui-même  un 
nom  dans  le  traitement  des  hydropisies , 
et  écrivit  dans  le  Journal  de  médecine 
de  M.  Demangin ,  des  articles  qui  accru- 
rent sa  réputation.  Il  embrassa  avec  en- 
thousiasme les  principes  de  la  révolution , 
et  il  prétendit  refaire  le  corps  social  avec 
des  abstractions  moins  intelligibles  que 
celles  des  Th.  Moore,  des  Ilobbes ,  et  de 
tant  d'autres  philosophes.  Bâcher  déposa 
ses  rêveries  dans  un  ouvrage  intitulé   : 

|  Les  opinioris  écartées  par  l'évidence , 
1796  ;  il  a  donné  en  outre  :  |  Institut  re- 
ligieux, ou  Cours  de  droit  public,  1798  , 
in-8°;  2e  édition,  1800,  augmentée  du 


BAC 

Répertoire  politique  et  moral.  Enfin  en 
1803  parurent  2  vol.  de  son  Cours  de  droit 
public  qui  devait  en  avoir  cinq.  Bâcher 
est  mort  en  octobre  1807. 

BACIIERIUS  ou  BAKER  (Pierre),  né 
à  Gand  en  1517,  entra  chez  les  domini- 
cains en  1538  ,  étudia  sous  Solo,  fut  reçu 
docteur  en  théologie  en  1548  ,  se  distin- 
gua comme  professeur  et  comme  prédi- 
cateur, et  mourut  en  1601 ,  âgé  de  84  ans. 
Il  est  auteur  d'un  ouvrage  singulier  inti- 
tulé :  |  Jurgium  conjugale  contra  rcforma- 
torum  gentem,  1383 ,  in-4°.  On  a  de  lui 
en  outre  ,  |  In  missœ  osores ,  Gand,  1506  ; 
J  de  Chrislianœ  mililiœ  disciplina  _,  Lou- 
vain ,  1562 ,  réimprimé  sous  le  litre  de 
Spéculum  militiœ  christ ianœ  j  Cologne, 
1572  ;  |  des  Homélies .,  etc. 

BACIIET.   Voyez  MEZIRIAC. 

*  BACIIIEÏXE  (Guillaume-Albert), 
né  à  Léerdam,  en  1712  ,  ministre  et  pro- 
fesseur d'astronomie  et  de  géographie  à 
Maëstricht ,  où  il  est  mort  en  1783,  a  pu- 
blié en  hollandais  plusieurs  ouvrages  : 
j  une  Description  de  la  Palestine  assez 
exacte,  en  9  cahiers,  avec  12  cartes, 
1765  ;  |  une  Géographie  ecclésiastique  en 

5  cahiers,  avec  des  cartes,  1778,  moins 
estimée  que  l'ouvrage  précédent;  |  une 
Topographie  de  la  Hollande  en  plu- 
sieurs volumes ,  pour  faire  suite  à  la  géo- 
graphie de  Busching  ;  |  une  nouvelle  édi- 
tion de  la  Géographie  de  Hubner  J  1769 , 

6  vol. 

*  BACHMANN  (  Jacques-  Jos  .-Antoine- 
Léger  ) ,  né  dans  le  canton  de  Glaris  en 
Suisse ,  vint  servir  en  France ,  et  y  de- 
vint major -général  des  gardes-suisses. 
Dans  la  journée  du  10  août,  il  avait  fait 
les  dispositions  nécessaires  pour  la  défense 
de  Louis  XVI  ;  la  détermination  que  prit 
le  roi  d'abandonner  le  château  en  empê- 
cha l'exécution.  Bachmann  ne  tarda  pas  à 
être  traduit  devant  le  tribunal,  institué 
le  17  août ,  pour  connaître  de  ce  qu'on 
appelait  les  crimes  du  10  août;  en  vain 
l'accusé  voulut  en  décliner  la  juridiction, 
et  faire  valoir  son  titre  d'étranger;  la 
peine  de  mort  fut  prononcée  contre 
Bachmann  qui  la  subit  avec  courage  ;  il 
était  âgé  de  59  ans. 

BACIIOVIUS  ou  BACHOV  (  Reinier  ) , 
né  à  Cologne  en  1544,  unit  le  négoce  à 
l'étude  des  lettres ,  se  fit  luthérien  et  se 
retira  à  Leipsick.  Il  s'appliqua  aux  lan- 
gues, a  la  jurisprudence  et  à  la  théolo- 
gie ,  et  composa  quelques  écrits  dans  ces 
deux  derniers  genres.  Il  fut  obligé  de 
quitter  Leipsick  pour  avoir  abandonné  le 


8  BAC 

luthéranisme  et  embrassé  le  calvinisme. 
Bachovius  se  retira  à  Heidelberg ,  où  il 
exerça  divers  emplois.  Il  mourut  en  cette 
ville  en  1614  —  Son  fils ,  professeur  de 
jurisprudence  dans  l'académie  de  cette 
ville ,  jusqu'à  l'époque  où  le  duc  Maxi- 
milien  de  Bavière  cassa  cette  université 
en  1622 ,  fut  ensuite  long-temps  sans  em- 
ploi ;  mais  s'étant  fait  catholique  par  con< 
viclion  en  1629,  le  duc,  qui  avait  réta- 
bli l'université  ,  lui  rendit  sa  place  de 
professeur  endroit.  On  a  de  lui  :  |  Exer~> 
citationes  de  erroribus  interpretum  et  de 
inlerpretibus  juris ,  1624 ,  in-fol.  ;  |  De 
Pignoribus  et  Hypothecis  „  1627;  J  Com- 
mentaire sur  la  lre  partie  des  Pandectes , 
1629 ,  en  latin  ;  |  Observationes  ad  Papo- 
nis  Arresta,  Francfort,  1620,  in-fol.; 
|  Commenlarii  in  lïbros  lnslitutionum  * 
Francfort ,  1665  ,  in-4°. 

*  BACHSTROM  (  Jean- Frédéric)  ,  sa 
vant  dont  la  vie  a  été  singulièrement  er- 
rante et  agitée  :  il  était  né  en  Silésie,  à 
la  fin  du  17e  siècle  ,  d'un  père  perru- 
quier, et  qui  voulait  que  son  fils  le  fût 
aussi.  A  l'âge  de  vingt  ans  ,  Bachstrom  , 
sur  la  foi  d'un  songe ,  se  rendit  à  Halle , 
pour  étudier  la  théologie  ;  il  y  fit  de  ra- 
pides progrès  ;  mais  de  retour  en  Silésie , 
son  piétisme  l'empêcha  d'obtenir  une  place 
de  prédicateur  à  Œls.  En  1717,  on  le  trouve 
professeur  extraordinaire  au  gymnase  de 
Thorn,  d'où  il  fut  banni  peu  après  ,  pour 
un  sermon  hétérodoxe.  De  1720  à  1728,  il 
fut  aumônier  d'un  régiment  saxon  à  Varso- 
vie. Il  fit  des  études  de  médecine ,  et  fut 
reçu  membre  de  la  société  royale  des 
sciences  de  Londres.  En  1729  ,  il  fonda 
une  imprimerie  à  Constantinople,  fit  cir- 
culer chez  les  Turcs  des  livres  de  piété  , 
et  entreprit  une  traduction  de  la  Bible 
en  turc.  Les  intrigues  des  copistes  ma- 
hométans  le  forcèrent  d'abandonner  tous 
ses  projets.  Or  n'a  sur  le  reste  de  sa  vie 
que  des  renseignemens  peu  authenti- 
ques. Voici  les  titres  de  quelques-uns  de 
ses  écrits  :  |  De  plicâ  Polo?iicâJ  Copen- 
hague, 1725;  |  Nova  œstûs  marini  tluo- 
ria,  etc.,  Leyde,  1754,  in-8°;  |  Art  de 
nager  J  ou  Invention  à  l'aide  de  laquelle 
on  peut  toujours  se  sauver  du  naufrage  * 
Amsterdam  ,  1741  ,  in-8°  ,  etc.  On  lui  a 
attribué  le  Democritus  redivivus^  mais  il 
n'a  jamais  voulu  l'avouer. 

BA.CHTJISEN.  Voyez  BAKHUISEN. 

BACIIUSIITS  ou  BACHUISEN  (  Guil- 
laume), long-temps  lié,  ainsi  que  Van- 
Espen,  avec  le  parti  d'Arnauld  et  de  Ques- 
nel,  et  revenu  ensuite  à  la  docilité  que 


BAC  9 

l'on  doit  aux  décisions 'de  l'Eglise  ,  a  laissé 
un  traité  intéressant  sur  Van-Espen, 
Quesnel  et  Erkel,  intitulé  :  De  Zegero 
Bernardo  Van-Espen,  etc.  On  voit  dans 
ce  traité  tout  le  mal  que  la  nouvelle  secte 
a  fait  dans  la  mission  de  Hollande.  Bachu- 
sius  est  mort  chanoine  de  Bruges  en  1779. 
BACICCI  (  Jeax-Baptiste  GAULI,  sur- 
nommé le) ,  peintre ,  né  à  Gênes  en  1659 , 
passa  à  Rome  dès  l'âge  de  14  ans.  Il  se 
mit  chez  un  marchand  de  tableaux ,  où  il 
eut  occasion  de  voir  le  Bernin ,  de  qui  il 
reçut  des  conseils  pour  son  art  et  des  se- 
cours pour  sa  fortune.  Ses  premiers  coups 
d'essai  furent  des  coups  de  maître.  Bacicci 
fut  dès-lors  employé  à  de  très  grands  ou- 
vrages, entre  autres  à  la  coupole  du  Jésus, 
à  Rome  ,  grande  machine  ,  qu'on  ne  peut 
se  lasser  d'admirer.  Le  Bacicci  excellait 
dans  le  portrait.  Il  fit  celui  d'un  homme 
mort  depuis  20  ans.  Il  crayonna  d'abord 
une  tête  d'imagination;  puis  réformant 
peu  à  peu  son  ouvrage ,  suivant  les  avis  de 
ceux  qui  avaient  vula  personne  vivante,  il 
parvint  à  en  faire  un  portrait  des  plus  res- 
Bemblans.  Bacicci  peignait  avec  une  si 
grande  facilité ,  que  sa  main  suivait  en 
quelque  sorte  l'impétuosité  de  son  génie. 
U  avait  des  idées  grandes  et  hardies,  quel- 
quefois bizarres  ;  ses  figures  ont  un  relief 
étonnant.  Il  était  bon  coloriste,  et  excellait 
à  rendre  les  raccourcis.  Ses  dessins  sont 
pleins  de  feu ,  d'une  louche  légère  et  spi- 
rituelle, mais  souvent  incorrects  ;  il  man- 
que quelquefois  de  goût  dans  ses  drape- 
ries ;  mais  ses  ouvrages  en  général  sont 
très  estimés.  Le  Bacicci  était  fort  spirituel 
et  enjoué  dans  la  conversation  ;  mais  son 
caractère  vif  et  emporté  causa  le  malheur 
de  sa  vie.  Ayant  un  jour  donné  un  souf- 
flet à  son  fils  en  présence  de  ses  camara- 
des, le  jeune  homme,  outré  de  cet  affront, 
alla  se  précipiter  dans  le  Tibre.  Celte 
perte  rendit  le  père  inconsolable,  et  lui 
fit  négliger ,  pendant  quelque  temps , 
l'exercice  de  son  art.  Il  mourut  en  1709. 
BACKER  (Jacques),  né  à  Harlingen 
en  JKrise  ,  en  1608  ou  1609 ,  cultiva  la 
peinture  à  Amsterdam ,  et  excella  surtout 
dans  les  portraits.  Il  mourut  dans  cette 
ville  en  1641.  Il  y  a  eu  plusieurs  autres 
peintres  de  ce  nom. 

*  BACLER  D'ALBE  (  Louis-Albert 
GHISLAIN,  baron),  né  àSaint-Pol,  dé- 
partement du  Pas-de-Calais ,  le  22  octobre 
1762,  d'un  directeur  de  la  poste  aux  let- 
tres d'Amiens,  s'adonna  d'abord  à  l'étude 
de  la  peinture  et  de  l'histoire  naturelle; 
et  pour  s'y  livrer  avec  plus  de  liberté,  il 


BAC 

entreprit ,  à  20  ans ,  le  voyage  d'Italie ,  et 
se  fixa  à  Salanches,  au  pied  du  Mont- 
Blanc  ,  où.  il  composa  plusieurs  tableaux 
qui  lui  firent  une  réputation,  et  sont  très 
recherchés  en  Suisse  et  en  Allemagne. 
Bientôt  les  principes  de  la  révolution 
ayant  pénétré  dans  le  pays  qu'il  habitait, 
il  les  adopta  ;  et  animé  du  désir  d'acqué- 
rir de  la  gloire,  il  quitta  ses 'pinceaux 
pour  entrer  dans  un  bataillon  des  chas- 
seurs de  l'Arriége.  Son  avancement  fut 
rapide.  Ses  services  aux  sièges  de  Lyon 
et  de  Toulon  lui  valurent  le  grade.de  ca- 
pitaine d'artillerie,  et  peu  après  celui  d'ad- 
joint à  l'état-major  de  la  même  arme.  Il 
prit  part  à  toutes  les  actions  de  la  cam- 
pagne de  1796 ,  et  se  signala  particuliè- 
rement à  la  bataille  d'Arcole.  Bonaparte 
l'ayant  remarqué,  l'attacha  à  son  état- 
major  avec  le  titre  de  directeur  du  bu- 
reau topographique.  Après  le  traité  de 
Campo-Formio,  il  le  chargea  de  dresser  la 
carte  militaire  de  l'Italie,  et  le  nomma 
directeur  du  dépôt  de  la  guerre  de  la  ré- 
publique cisalpine.  Lorsque  les  événe- 
mens  l'obligèrent  de  quitter  l'Italie ,  il  se 
rendit  à  Paris ,  où  il  devint  chef  des  ingé- 
nieurs-géographes. Il  accompagna  depuis 
Bonaparte  dans  toutes  ses  campagnes  , 
fut  nommé  adjudant-commandant  en  1807, 
général  de  brigade  en  1815,  puis  direc- 
teur du  dépôt  de  la  guerre  à  Paris,  sa  santé 
délabrée  ne  lui  permettant  plus  de  sui- 
vre l'armée  active.  La  restauration  de  1815 
lui  enleva  cette  place;  alors  il  retourna 
à  l'objet  de  ses  premières  études ,  et  il 
exposa  aux  salons  du  musée  deux  grands 
tableaux  qui  ne  sont  pas  sans  mérite, 
la  Bataille  d'Arcole  et  la  Veille  d'Aus- 
lerlitz.  Il  s'adonna  aussi  à  la  gouache  ,  et 
il  a  pris  rang  parmi  nos  premiers  paysa- 
gistes. Il  est  mort  à  Sèvres  le  12  septem- 
bre 1824.  On  lui  doit  :  |  une  belle  Carie 
du  théâtre  de  la  guerre  en  Italie  ,  en  54 
feuilles ,  considérée  comme  la  meilleure 
qu'on  ait  sur  cette  contrée  ;  |  Mènalei 
pittoresques  et  historiques  des  paysagis- 
tes; collection  de  gravures  au  trait  et  à 
l'aqua-tinta  ,  d'après  les  meilleurs  ouvra» 
ges  connus  ou  inédits  des  peintres ,  x>aiJ~ 
sagisles  de  toutes  les  écoles,  accompa- 
gnées de  îiotes  historiques  et  critiques  sur 
la  vie  des  peintres ,  le  mérite  de  leurs  ou- 
vrages et  les  principes  de  l'art,  Paris 
1805,  in-4° ,  de  56  planches;  j  Promena- 
des pittoresques  dans  Paris  et  ses  envi- 
rons, un  vol.  in-fol. ,  avec  48  planches 
lithographiées  ;  |  Souvenirs  pittoresques . 
ou  Vues  lithographiées  de  la  Suisse,  du 


BAC  10 

Valais,  etc. ,  Paris,  1818,  in -foi:  ;  |  Vues 
pittoresques  du  Haut-Faucigny  ,  gravu- 
res coloriées  ;  \  Souvenirs  pittoresques 
contenant  la  campagne  d'Espagne,  suite 
d'estampes  lithographiées ,  Paris ,  1824  , 
in-folio;  |  Macédoine  lithographique ,  ou 
Suite  de  souvenirs  pittoresques  d'Europe, 
Paris ,  1824 ,  in-folio.  On  a  encore  de  lui 
d'excellens  Mémoires  sur  la  gravure  des 
cartes ,  dont  on  peut  lire  lès  extraits  dans 
le  Mémorial  lopographique.  Bâcler  d'Albe 
était  officier  de  la  Légion-d'honneur,  che- 
valier des  ordres  de  Saint-Louis,  de  la 
couronne  de  fer  et  de  Saint-Henri  de 
Saxe. 

*  BACMEISTER  (  Hartmax-Louis- 
Christiax),  chevalier  de  l'ordre  de  St- 
Wladimir ,  et  membre  de  l'académie  de 
Pétersbourg ,  était  né  à  Hei  hbourg ,  en 
4756 ,  et  fit  ses  études  dans  les  universités 
d'Allemagne.  Ainsi  que  plusieurs  autres 
savans  de  son  pays,  il  se  rendit  à  Péters- 
bourg ,  et  contribua  au  progrès  des  let- 
tres et  des  sciences  en  Russie.  Il  dirigea 
long-temps  le  collège  allemand  de  cette 
ville ,  et  seconda  le  développement  de 
plusieurs  autres  institutions  utiles.  Ses  ou- 
vrages, tous  écrits  en  allemand,  servent 
à  faire  connaître  la  Russie  sous  plusieurs 
rapports  intéressans ,  et  ceux  qui  ont 
écrit  sur  ce  pays  les  citent  souvent.  On 
lui  doit  :  |  un  Abrégé  de  Géographie  de 
V empire  russe,  Pétersbourg,  1773;  |  un 
Recueil  de  mémoires  et  de  pièces  authen- 
tiques sur  l'histoire  de  Pierre  Ier,  Riga, 
1785;  |  une  Bibliothèque  russe,  en  11 
volumes ,  1777  à  1788.  Ce  savant  mourut 
à  Pétersbourg,  en  1806. 

BACOjY  (Roger),  franciscain  anglais , 
naquit  en  1214  ,  à  Ilchesler,  dans  la  pro- 
vince de  Sommerset.  Il  fut  appelé  le  Doc- 
teur admirable,  à  raison  des  grands  pro- 
grès qu'il  fit  dans  l'astronomie ,  la  chimie 
et  les  mathématiques.  Son  général  crai- 
gnant qu'il  ne  fit  un  mauvais  usage  de 
ses  talens ,  lui  défendit  d'écrire  et  le  fit 
enfermer  quelque  temps  après.  Mais  Ba- 
con dissipa  cette  inquiétude  prématurée, 
et  convainquit  ses  supérieurs  de  sa  pru- 
dence comme  de  son  orthodoxie.  Il  pro- 
posa, en  1267,  la  correction  du  calendrier 
au  pape  Clément  IV  ;  mais  la  difficulté  de 
l'ouvrage ,  qui  ne  réussit  qu'avec  beau- 
coup de  peine  plusieurs  siècles  après, 
empêcha  le  pape  d'acquiescer  à  ce  projet. 
Bacon  fit  de  grands  progrès  dans  la  mé- 
canique. On  vit  sortir  de  ses  mains  des 
miroirs  ardens.  Il  proposa  des  idées  qui 
mettaient  sur  la  voie  de  la  découverte 


BAC 


des  lunettes,  des  télescopes  et  des  micro- 
scopes; mais  il  ne  paraît  pas  qu'il  ait  connu 
ces  instrumens  tels  que  nous  les  avons  au- 
jourd'hui. Quelques  écrivains  ont  voulu 
lui  faire  honneur  de  l'invention  de  la 
poudre  à  canon.  Il  est  constant  que  cette 
funeste  découverte  ne  tarda  pas  à  se  faire, 
mais  on  doute  qu'il  faille  attribuer  à  Ba- 
con ce  nouveau  fléau  du  genre  humain. 
Il  connaissait  les  effets  du  salpêtre,  mais 
le  salpêtre  seul  ne  compose  pas  la  poudre. 
(  V.  SCHWARTZ  Bekthold.  )  Quoi  qu'il 
en  soit ,  Bacon  méritait  le  titre  d'Admi- 
rable ,  et  son  nom  peut  être  mis  à  côté  de 
ceux  de  Newton  et  de  Leibnitz ,  surtout 
si  l'on  considère  le  temps  où  il  a  vécu  ,  et 
les  grands  avantages  que  les  savans  plus 
modernes  et  plus  bruyans  ont  eus  sur  lui. 
Avec  un  très  beau  génie ,  il  ne  put  se 
mettre  au-dessus  de  quelques  puérilités 
de  son  siècle ,  car  tous  les  siècles  ont  les 
leurs.  Il  s'occupa  de  la  pierre  philoso- 
phai ,  de  l'astrologie  judiciaire ,  de  la  ba- 
guette divinatoire,  et  d'autres  grands  se- 
crets de  cette  espèce,  comme  nous  nous 
passionnons  pour  le  magnétisme  animal, 
l'inoculation ,  les  aérostats ,  etc.  Quelques 
auteurs  ont  écrit  que  Bacon  avait  fait  une 
très  belle  tête  d'airain  qui  répondait  aux 
questions  qu'on  lui  faisait  :  ce  qui  à  un 
certain  point  peut  être  vrai.  (  Voyez  AL- 
BERT LE  GRAND.  )  On  a  de  lui  :  |  Spé- 
cula Mathematica  et  Perspectiva.  Il  tâ- 
che d'y  résoudre  divers  problèmes  sur  les 
foyers  des  verres  et  des  miroirs  sphéri- 
ques.  On  y  trouve  des  réflexions  sur  la 
réfraction  de  la  lumière  des  astres ,  et  sur 
la  grandeur  apparente  des  objets ,  etc.  Ces 
réflexions  ne  contribuèrent  pas  peu  au 
progrès  de  l'optique;  les  savans  posté- 
rieurs ,  Newton  surtout  ,  en  ont  fait 
grand  usage;  |  Spéculum  alcimiœ;  \  De 
mirabili pote stale  artis  et  naturœ;  \  Epi 
stolœ  cum  nolis;  \  Opus majus , in-folio,  à 
Londres,  1755.  Cet  ouvrage  renferme 
toutes  les  vues  de  Bacon  sur  les  sciences, 
et  l'on  y  trouve  des  idées  très  heureuses. 
Il  mourut  à  Oxford  en  1294.  Naudé  a  pris 
la  peine  inutile  de  le  justifier  de  l'accusa- 
tion de  magie ,  qui  avait  été  intentée  con- 
tre lui  par  ses  confrères,  sans  doute  à 
raison  de  son  alcliimie  et  de  son  astrolo- 
gie judiciaire  ,  et  de  quelques  autres  idées 
qui  sortaient  des  règles  de  ia  bonne  phy- 
sique. 

BACOX  ou  BACONTHROP  (Jeaw), 
provincial  des  carmes,  docteur  de  Sor- 
bonne ,  naquit  à  Baconthrop  dans  la  pro- 
vince de  Norfolk  r  en  Angleterre ,  et  mou- 


BAC 


II 


BAC 


rut  à  Londres  vers  l'an  13/tC  On  a  de  lui 
des  Commentaires  sur  le  Maître  des  sen- 
tences  s  Milan,  1611 ,  in-folio,  et  un  Traité 
de  la  règle  des  carmes.  On  l'appela  le  Doc- 
teur résolu  J  à  raison  de  la  facilité  et  de 
la  solidité  avec  lesquelles  il  décidait  les 
questions  proposées.  C'était  l'usage  dans 
ces  siècles  de  distinguer  les  docteurs  cé- 
lèbres par  des  noms  de  caractère.  De  là 
le  docteur  subtil  ^  le  docteur  profond  J  etc. 

BACON  (Nicolas),  né  en  Angleterre 
d'une  famille  illustre  ,  fournit  avec  succès 
la  carrière  des  sciences ,  et  celle  des  af- 
faires d'état.  La  reine  Elisabeth  le  fit  se- 
crétaire d'état,  et  ensuite  chancelier  d'An- 
gleterre. Un  jour  que  cette  princesse  alla 
dans  sa  maison  d'IIertford ,  elle  lui  dit  en 
riant  :  Voilà  une  maison  bien  petite  pour 
un  homme  comme  vous.  —  Madame  ,  ré- 
pondit le  chancelier ,  c'est  la  faute  de 
Votre  Majesté  ..  qui  m'a  fait  trop  grand 
pour  ma  maison.  Bacon  mourut  en  1579 , 
à  l'âge  de  69  ans. 

BACON  ( François), baron  de  Verulam, 
fils  du  précédent ,  naquit  à  Londres  en 
1561.  Il  annonça  de  bonne  heure  ce  qu'il 
devait  être.  A  un  génie  actif,  étendu  et 
pénétrant,  il  joignit  l'application  etl'étude, 
et  la  fréquentation  de  tous  les  gens  de  let- 
tres de  son  siècle.  Son  père  le  fit  voyager 
au  sortir  du  collège.  Il  était  à  Paris  en 
1577,  et  il  s'y  fit  aimer  et  admirer.  Pawlet, 
ambassadeur  d'Angleterre  à  la  cour  de 
France,  en  conçut  une  idée  si  avanta- 
geuse, qu'il  le  chargea,  auprès  de  la  reine 
Elizabeth,  d'une  commission  importante. 
Bacon,  qui  n'avait  pas  alors  18  ans,  la 
remplit  comme  un  homme  de  60,  consom- 
mé dans  les  affaires.  La  reine  le  nomma 
son  avocat  extraordinaire.  Bacon ,  pour 
faire  sa  cour  à  sa  bienfaitrice ,  justifia  la 
condamnation  du  comte  d'Essex,  qu'il 
avait  flatté  pendant  sa  vie,  et  dont  il  avait 
reçu  toutes  sortes  de  bienfaits.  Cette  in- 
gratitude fil  autant  abhorrer  son  caractère 
par  le  public ,  que  les  gens  éclairés  esti- 
maient ses  talens  ;  il  manqua  plusieurs 
fois  d'être  assassiné.  Dès  que  Jacques  Ier 
eut  la  couronne  d'Angleterre,  le  philo- 
sophe Bacon  fut  un  de  ses  flatteurs ,  et  il 
reçut  pour  prix  de  ses  adulations,  le  titre 
de  chancelier,  après  avoir  exercé  la  charge 
de  procureur-général.  Il  n'y  a  point  de 
bassesses  qu'il  ne  fit  pour  parvenir  à  cette 
place.  Il  caressa  le  duc  de  Buckingharn, 
il  encensa  les  auires  ministres ,  il  dénigra 
ses  concurrens.  C'est  par  ces  indignes 
manœuvres  qu'il  réunit  les  titres  de  chan- 
celier et  de  garde-des-sceaux  en  1617,  et 


ceux  de  baron  de  Verulam  et  de  comte  de 
Saint-Alban  ,  quelques  années  après.  Ba- 
con ,  esclave  du  roi  et  de  son  ministre , 
scella  des  édits  qui  ordonnaient  des  exac- 
tions exorbitantes.  Le  peuple  cria  contre 
des  impôts  si  injustes  et  si  réitérés.  «  Ac- 
»  cusé,  dit  l'auteur  de  sa  Vie  J  par  le  par- 
»  lement ,  de  vénalité  et  de  corruption ,  il 
»  se  vit  obligé  de  faire  une  réponse  parti- 
»  culière  à  tous  les  chefs  de  l'accusation 
»  intentée  contre  lui  :  ce  qu'il  fit  le  1er  mai 
»  1621 ,  en  confessant  dans  les  termes  les 
»  moins  équivoques ,  le  crime  de  corrup- 
»  tion  dont  il  était  chargé ,  en  vingt-huit 
»  articles  différens,  en  s'abandonnant  en- 
»  tièrement  à  la  merci  des  juges.  Il  fut 
»  condamné  à  une  amende  de  quarante 
»  mille  livres  sterling  ;  à  être  enfermé  dans 
»  la  tour ,  pour  y  rester  à  la  volonté  du 
»  roi;  déclaré  en  outre,  pour  toujours  , 
»  incapable  de  posséder  aucune  charge  ni 
»  aucun  emploi  dans  la  république ,  avec 
t>  défense  de  siéger  jamais  au  parlement , 
»  et  de  reparaître  de  sa  vie  dans  le  ressort 
»  de  sa  cour.  Ainsi ,  il  perdit  le  grand  pri- 
»  vilége  de  la  pairie  ;  sévérité  qu'on  n'é- 
»  prouve  jamais  que  dans  le  cas  de  trahi- 
»  son  ou  de  corruption.  »  Après  un  court 
emprisonnement  dans  la  tour,  il  obtint 
du  roi  Jacques  sa  liberté,  et  fut  déchargé 
de  l'amende  à  laquelle  le  parlement  l'avait 
condamné.  Le  roi  même  lui  accorda  tout 
ce  qu'il  est  au  pouvoir  d'un  souverain  d'ac- 
corder ,  la  révocation  entière  de  sa  sen- 
tence. Betiré  dans  une  de  ses  terres,  mais 
point  dénué  de  tous  les  biens  de  la  for- 
tune ,  comme  on  l'a  dit ,  il  se  livra  en  en- 
tier à  l'étude ,  et  mourut  en  1626 ,  âgé  de 
66  ans  ;  il  mit  dans  son  testament ,  «  qu'il 
»  laissait  son  nom  et  sa  mémoire  aux  na- 
»  lions  étrangères  :  »  Car  mes  concitoyens, 
ajouta-t-il ,  ne  me  connaîtront  que  dans 
quelque  temps.  Cette  proposition  insérée 
dans  une  pièce  où  l'on  s'occupe  naturel- 
lement de  la  mort  et  d'objets  graves  ,  a 
paru  une  vanité  déplacée  et  peu  digne  de 
la  vraie  philosophie.  On  a  donné  une  ma- 
gnifique édition  de  ses  ouvrages  ,  tant  la- 
tins qu'anglais,  à  Londres,  1740,  h  vol. 
in-fol.  Les  principaux  sont  :  |  De  augmen- 
te scientiarum  :  ouvrage  supérieur,  dans 
lequel  on  trouve  des  observations  nou- 
velles et  profondes  ,  ornées  des  agrémens 
de  l'imagination.  C'est  le  plan  d'une  En- 
cyclopédie raisonnée ,  liée  et  dépendante 
dans  toutes  ses  parties  ,  dont  l'exécution 
serait  bien  différente  de  la  compilation 
alphabétique  qu'on  nous  a  donnée  sous  ce 
nom,  espèce  de  gouffre ,  comme  l'exprime 


BAC 

M.  Diderot  lui-même ,  chef  et  directeur 
de  cette  entreprise ,  où  des  chiffonniers 
jetèrent  pêle-mêle  une  infinité  de  choses 
mal  vues,,  mal  digérées;  bonnes,  mau- 
vaises, détestables;  vraies,  fausses,  in- 
certaines; et  toujours  inconséquentes  et 
disparates.  \  Son  Novum  organum  scien- 
tiarum,  qui  peut  être  regardé  comme  une 
suite  du  premier  ouvrage.  Ce  livre  l'a  fait 
appeler  le  Père  de  la  physique  expéri- 
mentale. C'est  un  recueil  d'idées  neuves 
et  justes ,  sur  tout  ce  qui  peut  perfection- 
ner la  physique.  |  Ses  Essais  de  morale  et 
de  politique  traduits  en  français ,  1734, 
in-12 ,  offrent  des  maximes  propres  à  tous 
les  états ,  depuis  le  prince  jusqu'au  parti- 
culier. |  La  Vie  de  Henri  VU,  roi  d'An- 
gleterre. Cette  histoire,  très  estimée  d'ail- 
leurs ,  n'est  souvent  qu'un  panégyrique. 
Bacon  n'a  pas  toujours  la  simplicité  du 
style  historique,  et  il  n'est  pas  exempt  des 
défauts  que  l'on  reproche  aux  beaux  es- 
prits de  son  siècle,  l'enflure  et  le  phébus. 
|  Collection  des  actes  et  des  faits  arrivés 
au  parlement  d'Angleterre,  sous  le  règne 
d'Elizabeth ,  2  vol.  in-fol. ,  en  anglais, 
j  Un  petit  traité  De  justitiâ  universali, 
Paris,  1752,  chez  Vincent,  in-16;  et  plu- 
sieurs autres  ouvrages.  M.  Deleyre  a 
donné  Y  Analyse  de  la  philosophie  de 
Bacon,  en  2  vol.  in-12.  Cet  abrégé  suffit 
pour  donner  une  idée  des  qualités  et  des 
défauts  de  Bacon  dans  sa  manière  d'écrire. 
Hume ,  en  comparant  Bacon  avec  Galilée, 
a  attribué  la  supériorité  à  celui-ci  ;  mais 
il  faut  avoir  étrangement  le  goût  des  com- 
paraisons pour  comparer  Bacon  avec  un 
astronome,  et  chercher  des  rapports  entre 
deux  hommes,  pour  avoir  le  plaisir  de 
dire  qu'il  n'y  en  a  pas.  On  a  aussi  d'Emery 
le  Christianisme  de  Bacon,  an  7  (1799  ), 
2  vol.  in-12.  Bertin  a  donné  sa  Vie,  tra- 
duite de  l'anglais,  Paris,  1788,  in-12.  Quel- 
que éloge  qu'on  y  donne  à  Bacon ,  on  n'y 
tait  point  ses  vices;  et  il  n'y  a  guère  de 
lecture  plus  propre  à  prouver  combien  la 
philosophie  est  faible  contre  un  caractère 
lâche  et  corrompu.  A  la  fin  de  cette  Vie 
on  trouve  un  recueil  des  maximes  de 
Bacon.  La  plus  remarquable  est  «  qu'une 
»  philosophie  superficielle  peut  engendrer 
»  l'athéisme,  mais  qu'une  philosophie  pro- 
»  fonde  conduit  à  la  religion.  »  Levés  gus- 
tus  inphilosophia  movereposse  adatheis- 
mum,  sed  pleniores  haustus  ad  religio- 
nem  reducere.  De  Augm.  scient. ,  liv.  1. 
J  Bacon  a  publié  plus  de  20  ouvrages  sur 
presque  toutes  les  matières.  Ses  OEuvres 
complètes  ont  été  platement  traduites  par 


12  UAO 

Antoine  Lasalle ,  avec  des  notes  critiques 
et  littéraires,  Dijon,  1799-1802,  15  vol. 
in-8°. 

*  BACON  (  Nathanael),  fils  de  Nicolas 
Bacon  et  frère  de  François ,  se  distingua 
dans  la  peinture,  et  particulièrement  dans 
le  paysage.  Quoique  son  talent  se  soit 
formé  en  Italie,  son  style  se  rapproche  de 
l'école  flamande. 

*  BACON  (John),  sculpteur  anglais, 
naquit  à  Southwark ,  bourg  qu'on  a  de- 
puis réuni  à  Londres  ;  il  fut  d'abord 
peintre  en  porcelaine ,  puis  s'essaya  dans 
la  sculpture  et  y  fit  des  progrès  très  ra- 
pides. L'académie  royale  de  Londres  , 
instituée  au  mois  de  décembre  1768 ,  lui 
donna  le  premier  prix  qu'elle  ait  décerné, 
et  peu  après  le  reçut  dans  son  sein.  Une 
statue  de  Mars  armé  mit  le  comble  à  la 
réputation  de  Bacon.  Il  exécuta  depuis,  à 
"Westminster,  les  monumens  de  lord  Cha- 
tam ,  de  lord  Halifax ,  du  major  Pearson. 
Ses  meilleurs  ouvrages  sont  des  figures 
isolées,  et  surtout  celles  de  la  Grande 
Bretagne  lançant  la  foudre,  d'un  Orphelin 
demandant  un  asile ,  et  celle  de  la  Paix. 
Deux  inventions  le  recommandent  au 
souvenir  des  artistes  ;  les  statues  de  mar- 
bre artificiel,  et  l'instrument  destiné  à 
transporter  sur  le  marbre  les  formes  du 
modèle,  ou  suivant  l'expression  des  ar- 
tistes, à  faire  les  points.  Bacon  a  aussi  fait 
des  fables  et  des  épitaphes ,  qui  ne  sont 
pas  sans  quelque  mérite.  Il  mourut  en 
1799,  à  l'âge  de  59  ans. 

BACOUE  ou  BACOVE  (Léon),  né  en 
1608 ,  à  Castelgeloux  en  Gascogne ,  ayant 
reconnu  les  erreurs  de  la  religion  protes- 
tante, entra  dans  l'ordre  deSt-François,  et 
en  fut  tiré  pour  être  placé  sur  le  siège  de 
Glande ve,  et  ensuite  sur  celui  de  Pamiers, 
où  il  mourut  en  1694,  âgé  de  94  ans.  Son 
poème  sur  l'éducation  d'un  prince,  1671 , 
in-4°,  lui  a  fait  un  nom  parmi  les  poètes 
latins.  Il  y  a  de  très  beaux  morceaux.  Il 
le  publia,  en  1670,  à  Toulouse*,  sous  ce 
titre  :  Delphinus,  seu  de  prima  principis 
institutione ,  lib.  VI,  in-4°,  réimprimé  à 
Paris  en  1685,in-8°,  avec  des  notes,  et  on 
y  joignit  quelques  odes  du  même  auteur. 
On  a  encore  de  lui  :  Carmen  panegyri- 
cum,  Toulouse,  1637,  in-4°,  dédié  au  pape 
Clément  IX.  En  1655 ,  il  avait  donné  une 
traduction  in-fol.  de  la  Somme  de  théolo- 
gie du  P.  Villalobo ,  franciscain. 

BACQUERRE  (Benoit  de  ).  On  a  de  ce 
médecin ,  dont  on  ne  sait  rien  d'ailleurs , 
un  ouvrage  estimé ,  intitulé  :  Senum  Me- 
dicus,  imprimé  à  Cologne  en  1673. 


BAD 


13 


BAD 


BACQTJET  (  Jean),  avocat  du  roi  en  la 
chambre  du  Trésor  ,  à  Paris,  savant  dans 
le  droit  français  et  dans  les  lois  romaines, 
est  auteur  de  plusieurs  Traités  commentés 
par  Ferrière ,  dont  la  dernière  édition  a 
paru  à  Lyon  en  1744,  2  volumes  in-fol.  Sa 
mort ,  arrivée  en  1597,  fut  causée  par  le 
chagrin  qu'il  eut  d'avoir  vu  rompre  en 
place  de  Grève  son  gendre  Charpentier , 
lecteur  et  médecin  en  l'université  de  Pa- 
ris, fameux  ligueur. 

*  BACUET  (  Paul  ) ,  professait  la  phi- 
losophie à  Genève  en  1632.  Il  publia,  à 
cette  époque,  différentes  dissertations ,  fut 
nommé  en  1641  pasteur  de  l'église  pro- 
testante ,  et  envoyé  en  1654 ,  à  Grenoble , 
pour  y  remplir  les  devoirs  de  son  mi- 
nistère. Ce  fut  dans  le  dessein  de  don- 
ner une  publicité  plus  grande  aux  re- 
mèdes dont  son  expérience  lui  avait  fait 
reconnaître  l'efficacité  qu'il  fît  impiimer 
en  1670,  un  vol.  in-8°,  intitulé  :  Hoséas, 
ou  l'Apothicaire  charitable.  On  a  encore 
de  lui  :  |  Disputatio  logica  de  cousis,  Ge- 
nevae ,  1634 ,  in-4°  ;  |  Disputatio  physica 
de  materiâ;  \  Disputatio  physica  de  mun- 
do,  inédits. 

•  BADCOCK  (Samuel),  savant  critique 
et  théologien  anglais ,  était  fils  d'un  bou- 
cher, et  naquit  à  South-Molton ,  dans  le 
comté  de  Devon,  en  1747.  Ses  parens, 
qui  étaient  dissenters ,  le  destinèrent  à 
l'état  ecclésiastique.  Dans  l'école  où  il  fit 
ses  premières  études ,  il  se  lia  avec  quel- 
ques condisciples  imbus  des  principes  du 
méthodisme ,  et  il  les  partagea  avec  eux; 
mais  il  revint  par  la  suite  à  des  idées 
plus  justes  et  moins  violentes  sur  le  culte 
qu'on  doit  à  Dieu.  La  lecture  de  quelques 
écrits  du  docteur  Priestley  opéra  ce  chan- 
gement ;  Badcock  parut  ensuite  adopter  la 
doctrine  des  unitaires,  et  s'approcher  du 
socinianisme.  Il  est  auteur  de  quelques 
morceaux  de  critique,  qui  se  trouvent  dans 
différens  ouvrages  périodiques  anglais , 
notamment  dans  le  Monthly  Revietv.  Un 
des  principaux  est  la  critique  d'un  ouvrage 
qui  a  fait  beaucoup  de  bruit ,  sous  le  titre 
de  Thelyphlhora *  publié  par  un  ministre 
nommé  Madan.  Il  a  publié  aussi  un  exa- 
men de  l'authenticité  des  poèmes  de 
Bowley,  et  celui  de  quelques  ouvrages  du 
docteur  Priestley.  On  reconnaît,  dans  tous 
les  ouvrages  de  Badcock,  beaucoup  d'é- 
rudition ,  et  un  esprit  juste  et  étendu.  Il 
mourut  à  Londres,  en  1788.— BADCOCK 
(Richard)  a  observé  au  microscope  la 
structure  des  anthères ,  leur  développe- 
ment ,  et  l'émission  du  pollen  dans  plu- 


sieurs espèces  de  plantes.  En  1746,  il  a 
donné  à  la  société  royale  de  Londres  : 
Observations  microscopiques ,  sur  les 
fleurs  du  houx  et  de  la  grenadille.  (  Tran- 
sact.  philosopha  vol.  XLIV,  N°  479  ) ,  et, 
Lettre  à  M.  Barker,  sur  la  poussière  fé- 
condante de  l'If,  (  ibid. ,  vol.  XLIV,  N°. 
480). 

*  BADE  (Herman  Ier  de  ),  fils  de  Ber- 
thold  Ier,  duc  de  Zaehringen  et  de  Ca- 
rinthie  ,  épousa  Judith ,  fille  d'Adelbert , 
comte  de  Calw ,  ou  Calb ,  qui  lui  apporta 
en  dot  les  biens  du  comté  d'Uffgau,  pays 
qui  forme  le  territoire  de  Bade.  On  le 
trouve  mentionné  dans  les  chartes  d'Al- 
lemagne ,  en  1052 ,  sous  le  titre  de  mar- 
quis. Il  se  retira,  à  la  fin  de  sa  vie ,  dans 
l'abbaye  de  Cluny,  et  y  mourut  le  25  avril 
1074.  —  Son  fils,  Herman  h,  prit ,  pour 
la  première  fois ,  le  titre  de  margrave  , 
ou  marquis  de  Bade  ,  à  la  diète  de  Bàle , 
tenue  au  mois  de  février  1130.  C'est  de 
cette  époque  que  datent  ce  titre  et  le  nom 
illustre  de  la  maison  de  Bade.  Herman  II 
mourut  en  1130. 

*  BADE-BADE  (  Louis-Guillaume  Ier, 
margrave  de),  arrière  petit-fils  d'E- 
douard Ier,  dit  le  Fortuné,  naquit  à  Paris 
le  8  avril  1655.  Il  fut  reçu  sur  les  fonts 
baptismaux  par  Louis  XIV.  A  l'âge  de  trois 
mois,  il  en  fut  emmené  par  son  père  et  son 
aïeul ,  pour  être  élevé  au  milieu  des  peu- 
ples qu'il  devait  gouverner.  Il  parcou- 
rut l'Europe  afin  de  perfectionner  son 
éducation,  et  fit  ses  premières  armes  sous 
Montécueulli  et  contre  Turenne ,  dans  la 
campagne  d'Alsace ,  où  ce  dernier  fut  tué. 
Il  força  les  Français  dans  leur  retraite 
jusqu'au  moment  où  le  grand*  Condé  vint 
en  prendre  le  commandement.  Le  duc  de 
Lorraine  s'étant  mis  à  la  tête  de  l'armée , 
à  la  place  de  Montécueulli,  qui  avait  donné 
sa  démissionne  prince  de  Bade  servit  sous 
ses  ordres  jusqu'à  la  paix  de  Nimègue , 
en  1678.  Lors  delà  guerre  des  Turcs  contre 
l'Autriche ,  il  contribua  à  délivrer  la  ville 
de  Vienne ,  qui  était  assiégée,  et  se  fit  re- 
marquer honorablement  à  Barckan,  à 
Vicegrade  et  à  Bude.  Il  se  lia ,  dans  ces 
campagnes ,  avec  le  jeune  prince  Eugène 
de  Savoie,  dont  le  mérite  et  la  valeur 
naissante  lui  inspirèrent  de  l'intérêt;  il 
remporta  seul  sur  les  Turcs,  en  1689 ,  la 
victoire  de  Nissa,  et  le  19  août  1691,  celle 
de  Salenckemen-:  en  1693  il  fut  appelé  en 
Souabe ,  pour  s'opposer  aux  Français  qui 
y  faisaient  des  progrès  rapides.  Le  grand 
dauphin  et  le  duc  de  Lorges  ne  purent 
forcer  son  camp  ;  il  reprit  ensuite  Heidel- 


BAD 


U 


BAD 


berg,  puis  se  rendit  en  Angleterre  pour 
concerter  avec  le  roi  Guillaume  les  opé- 
rations de  la  guerre  contre  la  France.  Le 
prince  Louis  ouvrit  la  campagne  par  une 
irruption  sur  l'Alsace,  où  il  déconcerta  les 
mesures  du  duc  de  Lorges.  Il  se  mit,  mais 
en  vain  ,  sur  les  rangs  pour  la  couronne 
de  Pologne ,  laissée  vacante  par  la  mort 
de  Sobieski.  La  guerre  de  la  succession 
d'Espagne  vint  lui  offrir  encore  de  nou- 
velles palmes  à  cueillir.  Il  parut  à  la  tête 
de  l'armée  impériale ,  prit  Landau ,  mais 
fut  battu  à  Friedlingen.  Ce  fut  lui  qui  fit 
construire ,  en  1705  ,  les  fameuses  lignes 
de  Stollhofen ,  qui  s'étendaient  depuis  la 
Forêt-Noire  jusqu'à  Stollhofen  et  au  Rhin, 
et  qui  tirent  admirer  son  talent  pour  les 
fortifications  et  les  retranchemens.  Il 
mourut  à  Rastadt ,  le  h  janvier  1707 ,  à 
l'âge  de  82  ans.  Il  avait  fait  vingt-six  cam- 
pagnes ,  commandé  à  vingt-cinq  sièges  et 
livré  treize  batailles.  Aussi  habile  que 
courageux  ,  son  nom  demeurera  célèbre 
dans  les  fastes  de  l'histoire,  à  côté  de  tous 
les  grands  généraux  français  et  étran- 
gers qui  illustrèrent  le  beau  siècle  de 
Louis  XIV. 

BADÊME  (  saint) ,  persan  issu  d'une  fa- 
mille noble  et  riche ,  fut  arrêté  durant  la 
persécution  de  Sapor,  et  emprisonné  avec 
Nersan,  prince  d'Arie.  Le  courage  de 
celui-ci  s'élant  démenti,  on  lui  accorda  la 
vie  ,  à  condition  qu'il  percerait  Baderne 
d'un  coup  d'épée ,  ce  qu'il  exécuta  ;  mais 
il  ne  tarda  pas  à  ressentir  les  effets  de  la 
vengeance  divine.  fl  fut  disgracié  au  bout 
de  quelque  temps,  et  perdit  la  vie  par  une 
mort  violente,  accablé  de  malédictions. 
Le  corps  de  saint  Baderne  fut  traîné  hors 
de  la  ville  par  les  infidèles  :  mais  les  chré- 
tiens l'ayant  enlevé  secrètement,  lui  ren- 
dirent les  honneurs  de  la  sépulture.  Quatre 
ans  après,  le  roi  Sapor  étant  mort,  ses 
disciples  furent  mis  en  liberté.  Saint  Ba- 
derne souffrit  le  martyre  le  9  avril,  l'an 
de  J.-C.  57G,  et  le  67e  du  règne  de  Sapor. 
Les  Grecs  font  sa  fête  le  10  avril.  Ses 
actes,  écrits  en  syriaque  par  saint  Ma- 
thuras,  ont  été  publiés  par  Assémani, 
Henscbenius  et  Ruinait. 

•  BADEN-ZOEHRINGEN  (  Charles- 
Louis-Frédéric  ) ,  grand-duc  de  Bade  , 
naquit  le  8  juillet  1786  et  mourut  en  1818, 
à  l'âge  de  52  ans.  Il  épousa,  en  1806,  Sté- 
phanie-Louise -Adrienne  Tascher  de  la 
Pagerie,  fille  adoptive  de  Napoléon,  et 
cousine  de  l'impératrice  Joséphine.  Il 
suivit  l'empereur  dans  les  campagnes  de 
Prusse  et  de  Pologne ,  se  battit  à  Iéna  et 


se  trouva  au  siège  de  Dantzick.  Après  la 
paix  de  Tilsitl,  le  prince  de  Bade  vint  à 
Paris.  Son  aïeul ,  le  grand  duc  Cbarles 
Frédéric,  qui  l'avait  nommé  général  d'in- 
fanterie et  chancelier  de  l'ordre  du  mérite 
militaire ,  lui  laissa  bientôt  par  sa  mort  le 
grand  duché  de  Bade.  Le  nouveau  duc  se 
retira  dans  ses  états,  laissant  les  troupes 
badoisessous  le  commandement  du  comte 
de  Hochberg,  son  oncle.  Après  la  retraite 
de  Moscou,  le  grand-duc  fit  connaître, 
dans  une  proclamation,  la  nécessité  où  il 
se  trouvait  d'abandonner  Napoléon.  Il  se 
rendit  bientôt  au  congrès  de  Vienne ,  qui, 
en  lui  confirmant  la  possession  de  ses 
états ,  y  ajouta  de  nouveaux  districts  sur 
le  Rhin ,  avec  les  droits  de  souveraineté 
sur  Mayence.  Le  grand-duc  de  Bade  fit  de 
son  côté  quelques  cessions  au  Wurtem- 
berg et  à  la  Bavière.  Au  retour  de  Napo- 
léon de  l'île  d'Elbe,  il  se  réunit  aux  autres 
puissances  contre  ce  prince,  fit  entrer  ses 
troupes  en  France ,  et  donna  au  vain- 
queur de  Waterloo  le  grand-cordon  de 
l'ordre  de  la  fidélité  avec  son  portrait 
enrichi  de  diamans.  Deux  ans  avant  sa 
mort ,  le  duc  de  Bade  avait  accordé  à  ses 
sujets  une  constitution  analogue  à  celle 
du  Wurtemberg. 

*  BADEN  (  Jacques  ) ,  célèbre  littéra- 
teur danois  ,  né  en  1755 ,  à  Vordingborg , 
dans  l'Ile  de  Sjœllands,  et  mort  en  1804  à 
Copenhague,  appartenait  à  une  famille 
peu  riche ,  et  obtint  une  bourse  à  l'uni- 
versité de  Copenhague.  Il  voyagea  en 
Allemagne,  et  resta  plusieurs  années  à 
Gœttingue  avec  le  célèbre  Heyne  dont  il 
s'était  concilié  l'amitié.  A  son  retour ,  il 
ouvrit  dans  la  capitale  du  Danemarck 
un  cours  de  belles -lettres,  entra  à  l'a- 
cadémie, et  obtint  en  1780  la  place  de 
professeur  d'éloquence  qu'il  conserva  jus- 
qu'à sa  mort.  On  a  de  lui  :  |  Journal 
critique,  1768-1779  ,  qui  se  distingue  par 
une  critique  impartiale  et  décente,  et 
qui  imprima  une  sage  direction  à  la  lit- 
térature danoise  encore  naissante  ;  |  Jour- 
nal de  l'université,  1795-99;  |  Annales  de 
Tacite  ,  traduites  en  danois  ,  2  vol.  1775- 
1778  ;  |  les  Institutions  de  Quintilien,  éga- 
lement traduites  en  danois  (  11e  et  12?  li- 
vres )  ;  |  une  Traduction  médiocre  des 
OEuvres  d'Horace,  avec  un  bon  commen- 
taire. |  Baden  a  fait  encore  des  grammaires 
grecque,  latine,  danoise  et  allemande , 
avec  des  chrestomathies  ou  Extraits  choi- 
sis, l'un  Dictionnaire  latin-danois  et  da- 
nois-latin; |  enfin' des  Opuscula  latina$ 
et  quelques  ouvrages  classiques. 


BAD  1 

*  BADIA  (Charles-François),  célèbre 
prédicateur  italien  ,  né  à  Ancône ,  le  20 
juin  1G75 ,  fut  élevé  chez  son  oncle  ma- 
ternel ,  ecclésiastique  attaché  à  la  cour 
de  Parme.  Il  se  destina  d'abord  au  bar- 
reau ;  mais  l'éloquence  de  la  chaire  ayant 
plus  d'attraits  pour  lui ,  il  se  fit  prêtre , 
et  prêcha  dans  toute  l'Italie ,  avec  le  plus 
grand  éclat,  pendant  58  ans.  Ses  succès 
ne  furent  pas  moins  heureux  à  Vienne , 
où  on  l'appela.  Apostolo  Zeno  en  parle 
avec  admiration,  dans  une  de  ses  lettres , 
vol.  2,  page  214.  L'évêque  de  Parme, 
voulant  l'attacher  à  son  diocèse ,  lui  con- 
féra un  bénéfice  et  le  nomma  ensuite 
abbé  de  Saint-Nicolas.  Victor-Amédée,  roi 
de  Sardaigne  lui  donna,  en  1727,  la  riche 
abbaye  de  la  Novalèse.  Il  prononça ,  l'an- 
née suivante,  l'oraison  funèbre  de  la  reine 
Anne  à  Turin ,  et  il  s'y  fixa.  Cette  ville 
lui  avait  donné,  en  1727,  le  droit  de  cité , 
et  Ancône  l'inscrivit,  en  1742,  sur  l'état 
de  sa  noblesse  ;  cinq  ans  plus  tard ,  Fos- 
sombrone  lui  accorda  le  même  honneur. 
Badia  mourut  à  Turin  le  8  mai  1731.  On 
a  imprimé  de  lui  deux  traductions  d'ou- 
vrages français ,  quelques  traités  ascéti- 
ques et  ses  sermons  :  j  Prediche  Quare- 
simali .,  Turin,  in-4°,  1789,  réimprimé  à 
Venise ,  la  même  année ,  dans  le  même 
format;  |  Panegyrici,  ragionamenti  ed 
orazioni  diverse  *  in-4°,  Venise,  1750  ;  plus 
un  assez  grand  nombre  d'autres  sermons 
et  discours  en  manuscrits. 

♦  BADIA- Y-LEBLICH  (Domingo),  es- 
pagnol qui  se  fit  appeler  Ali-Bey  et  Cas- 
tillo  j  naquit  en  1766  et  fit  d'excellentes 
études  à  Valence.  Ayant  acquis  une  con- 
naissance profonde  de  la  langue  arabe  et 
des  usages  musulmans,  il  reçut  du  prince 
Godoy  une  mission  politique  pour  l'Orient. 
Il  se  fit  circoncire  à  Londres,  et  ayant  re- 
vêtu l'habit  musulman,  il  se  rendit  en  1803 
en  Afrique,  sous  le  nom  d'Ali-bey,  prince 
abassyde,  nom  qui  lui  valut  des  honneurs 
et  des  distinctions  partout  où  il  passa.  Il 
revenait  en  Europe,  en  passant  par  Con- 
stantinoplc,  lorsqu'il  apprit  l'abdication 
de  son  prince  ,  Charles  IV.  Il  offrit  alors 
ses  services  à  Bonaparte  ,  et  lui  proposa, 
dit-on ,  de  lui  soumettre  les  états  barba- 
resques  avec  20,000  hommes.  En  1809  et 
4810 ,  il  fut  nommé  par  le  roi  Joseph  à 
l'intendance  de  Ségovie  et  à  la  préfecture 
de  Cordoue ,  et  revint  à  Paris  à  l'époque 
de  l'évacuation  de  l'Espagne  par  l'armée 
française.  Il  mourut  en  1819 ,  à  Alep  en 
Syrie  ,  où  il  s'était  rendu  de  nouveau ,  et 
comme  sa  fin  fut  subite ,  on  pensa  qu'il 


o  BAD 

avait  été  reconnu  et  empoisonné.  On  a  de 
lui  :  Voyage  d'Alibey  en  Asie  et  en 
Afrique  J  pendant  les  années  1804  et  1807, 
3  vol.  in-8°,  1814,  avec  un  atlas  de  vues, 
plans  et  cartes  géographiques. 

BADILLAC.  Voyez  COSME. 

BADIUS  (Josse)  ,  surnommé  Ascen- 
sius ,  parce  qu'il  était  né  à  Assche  ,  gros 
bourg  entre  Bruxelles  et  Alost ,  en  1462 , 
étudia  en  Flandre  et  en  Italie,  et  alla  en- 
suite professer  le  grec  à  Lyon.  Jean  Tres- 
chel,  imprimeur  de  cette  ville  ,  le  fit  cor- 
recteur de  son  imprimerie  ,  et  lui  donna 
sa  fille  en  mariage.  Robert  Gaguin,  dont  il 
avait  imprimé  Y  Histoire  de  France  àLyon, 
l'attira  à  Paris.  C'est  de  sa  presse  que 
l'on  a  tant  parlé,  sous  le  nom  de  Prœlum 
Ascensianum.  Il  publia  plusieurs  auteurs 
classiques  qu'il  commentait  lui-même , 
entre  autres  Horace,  Virgile,  Lucain,  Ju- 
vénal ,  Salluste,  Quintilien.  Il  mourut  à 
Paris,  en  1555,  âgé  de  73  ans,  après  avoir 
composé  plusieurs  ouvrages ,  outre  ses 
Commentaires,  tels  sont  :  |  Sylva  moralis 
contra  vitia;  \  Psalterium  B '.  Mariœ  Vir~ 
ginis;  \  Epigrammata ;  \  Vita  Thomce  a 
Kempis;  \  De  grammaticâ;  \  De  conscri- 
bendis  epistolis;  \  Navicula  stultarum  mu- 
lierum,  1502,  in-4°. 

BADIUS  (Conrad),  fils  du  précédent, 
se  fit  calviniste,  et  se  retira  à  Genève,  où 
il  se  distingua  comme  imprimeur  et  comme 
auteur.  Robert  Etienne  ,  son  beau-frère  , 
protestant  comme  lui ,  le  suivit  trois  ans 
après.  Ils  y  publièrent  de  concert  plu- 
sieurs éditions  fort  recherchées.  Il  mou- 
rut vers  l'an  1570.  Badius  traduisit  en 
français  le  1er  vol.  de  VAlcoran  des  Cor- 
deliers  J  l'augmenta  d'un  2e ,  et  l'accom- 
pagna de  notes,  1560,  in-12,  Amsterdam, 
1754  ,  2  vol.  in-12 ,  avec  figures  de  Ber- 
nard Picard.  Ces  notes  sont  courtes ,  mais 
fort  vives,  souvent  outrées ,  au  jugement 
même  de  Prosper  Marchand,  qui  n'es* 
pas  lui-même  un  auteur  fort  modéré. 
Voyez  ALBERT  (Erasme)  et  ALBIZI. 

*  BADOLET  (Jean)  ,  reçu  ministre  de 
l'Eglise  réformée,  et  citoyen  de  Genève, 
en  1655 ,  professa  pendant  plusieurs  an- 
nées les  humanités  au  collège  de  cette 
ville.  Il  a  publié  quelques  ouvrages ,  qui 
prouvent  qu'il  avait  des  connaissances 
dans  plus  d'un  genre.  Sénébier,  dans  son 
Histoire  littéraire  de  Genève,  cite  :  |  la 
Harangue  de  Frédéric  Spanheim  (  Gè- 
ne va restitula),  traduite  en  français,  1655, 
in-4°  ;  |  Conscientiœ  humanœ  analomia, 
Genevae ,  1659 ,  in-4°  ;  |  l'Excellence  de 
l'horlogerie .,  in-12;  |  Secrets  curieux  sur 


BAE 


16 


BAE 


diverses  choses  de  la  nature  et  de  l'art, 
in-8°. 

BADUILLA.  Voyez  TOTILA. 

BAECK  (Abraham),  né  en  Suède  en 
1715,  et  mort  en  1795.  Des  connaissances 
profondes  en  médecine  et  une  conduite 
toujours  dirigée  par  la  prudence  et  le 
désir  d'être  utile ,  lui  firent  obtenir  une 
grande  considération.  Il  devint  premier 
médecin  du  roi ,  président  du  conseil  de 
médecine,  chevalier  de  l'étoile  polaire,  et 
•membre  de  l'académie  des  sciences  de 
Stockholm.  Cette  société  le  chargea  de 
faire  les  éloges  d'Hasselquist ,  d'Olaiïs- 
Celsius,  et  de  Linnée ,  avec  lequel  il  avait 
eu  des  relations  étroites  ,  et  qui  lui  avait 
dédié  un  genre  de  plantes ,  sous  le  nom 
de  Bœchea.  Baeck  a  laissé  ,  sur  divers 
sujets  d'histoire  naturelle ,  plusieurs  mé- 
moires insérés  dans  les  Mém.  de  l'Acad. 
de  Suède, 

BAEAGIUS  (Pierre),  né  à  Helsing- 
borg  en  Suède ,  Tan  1633 ,  enseigna  la 
théologie  à  Abo,  devint  ensuite  évêque 
de  Wybourg ,  où  il  mourut  en  1696.  On 
a  de  ce  prélat  luthérien,  |  un  Commentaire 
sur  l'épîlre  de  saint  Paul  aux  Hébreux , 
Abo,  1671,  in-4°;  |  Vie  de  saint  Anschaire; 
|  Historiœ  Sueco-Gothicœ  ecclesiaslicœ , 
|  une  Chronologie  sacrée;  |  des  ouvrages 
polémiques.  Ils  sont  tous  écrits  en  latin, 
mais  remplis  de  préjugés  de  secte.  On 
dirait  que  l'auteur  a  voulu  faire  la  paro- 
die de  tout  ce  qui  a  été  dit  sur  ces  matières 
par  les  catholiques. 

*  BAER  (Frédéric-Charxes),  profes- 
seur de  théologie ,  né  à  Strasbourg  en 
1719,  mort  dans  la  même  ville  en  1797  , 
était  associé  correspondant  de  l'académie 
des  sciences  et  a  laissé  un  grand  nombre 
d'ouvrages,  les  uns  en  français,  les  autres 
en  allemand.  Les  principaux  sont  |  Y  Orai- 
son funèbre  du  maréchal  de  Saxe,  pro- 
noncée à  Paris  en  1751;  |celle  de  Louis  XV 
en  1774  ;  |  un  Sermon  sur  les  devoirs  des 
sujets  envers  leur  souverain,  en  allemand, 
qu'il  a  traduit  lui-même  en   français  ; 

|  une  Dissertation  sur  le  vœu  de  Jephté,  à 
laquelle  le  savant  Rondet  a  répondu  dans 
le  Journal  de  Trévoux  et  dans  la  Bible 
d'Avignon  ,  2e  édition  ;  |  un  Essai  sur  les 
Atlantides ,  Paris  1762  ,  où  il  cherche  à 
prouver  que  les  Atlantides  de  Platon  et 
les  Juifs  de  Moïse  ne  sont  qu'un  même 
peuple  ;  |  une  traduction  de  la  Disserta- 
tion du  professeur  Meyer  sur  les  Spec- 
tres, etc. 

*  BAEREBISTE,  roi  des  Daces  ,  con- 
temporain de  Sylla,  de  César  et  d'Auguste, 


releva  le  courage  de  sa  nation  affaiblie 
par  plusieurs  défaites,  arrêta  sur  les  bords 
du  Borysthène  la  marche  desSarmates, 
vainqueurs  des  Scythes ,  qui  avaient  déjà 
passé  le  Tanaïs,  défit  les  Boïens,  soumit  la 
Thrace,  la  Macédoine  et  l'Illyrie,  et  se 
rendit  si  puissant  qu'il  fit  trembler  Rome 
elle-même.  Il  se  disposait  à  marcher  con- 
tre elle,  lorsqu'il  périt  victime  d'une  con- 
spiration. Il  donna  plusieurs  lois  sages  , 
et  se  soumit  le  premier  aux  lois  qu'il  avait 
établies.  Baerebiste ,  voulant  prévenir 
chez  ses  sujets  les  abus  du  vin,  fit  a?ra- 
cher  les  vignes,  et  punir  avec  sévérité 
tous  les  excès  auxquels  peut  entraîner 
l'intempérance. 

BAERLE.  Voyez  BARLjEUS. 

BAERT  (François),  jésuite,  né  à  Ypres 
en  1651,  fut  envoyé  à  Anvers,  en  1681, 
pour  travailler  aux  Acta  Sanctorum.  Il 
donna  les  actes  de  plusieurs  saints  de 
Bretagne  qui  étaient  difficiles  à  débrouil- 
ler. Le  commentaire  qu'il  donna  sur  la 
Vie  de  saint  Basile  le  Grand,  fait  con- 
naître son  érudition.  Il  parcourut  les  bi- 
bliothèques d'Allemagne ,  et  en  rapporta 
des  monumens  utiles.  Il  mourut  le  27 
octobre  1719. 

*  BAERT  (  Alexandre  -  Balthazar- 
François  de)  ,  était  originaire  de  Saint- 
Oiner  :  il  entreprit  en  1787  et  en  1788  un 
voyage  en  Angleterre  pour  y  étudier  les 
mœurs  et  les  coutumes  des  habitans.  Dfl 
là  il  passa  en  Espagne  :  il  se  trouvait  à 
Gibraltar  en  1789.  Revenu  dans  sa  patrie, 
il  s'occupait  de  littérature  ,  lorsque  sur- 
vint la  révolution;  il  en  embrassa  la  cause, 
et  fut  élu  député  du  Pas-de-Calais  à  l'as- 
semblée législative  en  1791.  Il  y  vota  avec 
la  saine  minorité ,  et  rédigea  même  à 
cette  époque  un  journal  intitulé  l'Indica- 
teur, qui  combattait  les  idées  exagérées 
qui  prévalaient  en  ce  moment.  Après 
le  10  août  il  se  retira  de  l'assemblée,  et 
revint  dans  son  pays  natal ,  d'où  il  passa 
aux  Etats-Unis  d'Amérique.  En  1818  il  a 
été  nommé  à  la  chambre  des  députés 
par  le  département  du  Loiret  :  il  y  vota 
avec  la  minorité.  Il  est  mort  à  Paris  le  23 
mars  1825.  On  lui  doit  :  |  Tableau  de  la 
Grande-Bretagne,  de  l'Irlande  et  des 
possessions  anglaises  dans  les  quatre 
parties  du  monde,  Paris,  1800,  h  vol.  in-8°, 
cartes  et  fig.  ;  ouvrage  estimé  ,  et  le  plui 
complet  que  nous  ayons  en  notre  langue  ; 
|  Y  Extrait  d'un  voyage  entrepris  en  1784 
dans  la  partie  de  la  Russie  qui  avoisme 
le  Caucase,  inséré  dans  les  Mémoires  his- 
toriques et  géographiques  sur  les  pays 


BAG 


17 


BAG 


situés  entre  la  mer  Noire  et  la  mer  Cas- 
pienne J  Paris,  1799 ,  in-4°. 

*  B  AFFIIV  (  William  ),  astronome  et 
pilote  anglais,  né  en  1584 ,  et  tué  au  siège 
d'Ormus  en  1622  ,  accompagna  Hudson  , 
Thomas  Button  ,  Robert  Bilch,  et  le  capi- 
taine Gibbins  ,  etc.,  dans  leurs  voyages 
pour  découvrir ,  par  le  nord  de  l'Améri- 
que, un  passage  dans  les  mers  de  Tartarie 
et  de  Chine.  Il  consigna  ses  découvertes 
et  ses  observations  sur  des  Cartes  qui 
furent  malheureusement  perdues.  Les  géo- 
graphes ont  donné  son  nom  à  une  vaste 
baie  du  nord-est  de  l'Amérique  septen- 
trionale, dont  l'existence  n'est  pas  cer- 
taine. Purchas  nous  a  conservé  quelques- 
uns  de  ses  Journaux,  qui  contiennent  des 
remarques  utiles ,  surtout  celles  relatives 
à  la  déclinaison  de  l'aiguille  aimantée,  et 
une  de  ses  lettres  à  Jobn  Wosthenbolme, 
dans  laquelle  il  prétend  qu'il  n'y  a  pas  de 
passage  au  nord  du  détroit  de  Davis ,  ni 
espoir  d'en  trouver  un. 

*  BAFFO(la  sultane) ,  était  une  jeune 
chrétienne  d'une  rare  beauté,  de  la  famille 
des  Baffo  de  Venise.  En  se  rendant  à  Cor- 
fou,  dont  son  père  était  gouverneur  elle 
fut  prise  par  les  Turcs ,  et  devint  sultane 
favorite  d'Amurath  III,  qui  en  eut  Maho- 
met III.  Elle  conserva  son  ascendant  du- 
rant le  règne  de  ces  deux  princes ,  et  ne 
le  perdit  que  sous  celui  d'Achmet,  qui  la 
relégua  dans  le  vieux  sérail. 

*  BAGARATO,  jurisconsulte  bolonais 
du  13e  siècle  dont  on  trouve  dans  le  Trac- 
tatus  univer salis  juris,  1584,  t.  3,  deux 
traités  sur  le  reproche  des  témoins  et  les 
déclinatoires. 

•BAGARD  (Charles);  docteur  de  la 
faculté  de  Montpellier  en  1715,  mort  à 
Nancy  en  1772,  a  publié  |  une  Histoire  de  la 
thériaque,  1725  ,  in-4°;  |  une  Analyse  des 
eaux  minérales  de  Nancy  et  Contrexe- 
Qille ,  1760-65  ;  |  des  Dissertations  médi- 
cales; |  tr.  de  méd.  et  un  Dispensaire 
pharmaceutique ,  1771,  in  fol. 

•BAGGESEN  (  Jens-Emmanuel),  l'un 
des  poètes  les  plus  célèbres  et  les  plus 
spirituels  du  Danemarck  ,  né  à  Corsoer , 
petite  ville  de  la  Zélande,  le  15  février 
1764,  d'une  famille  bourgeoise  sans  fortu- 
ne ,  reçut  la  première  instruction  dans 
une  école  publique  ,  et  fut  admis  en  1784 
au  nombre  des  étudians  de  l'université  de 
Copenhague.  Dès  1786  il  débuta  par  un 
volume  de  Contes  en  vers  ,  qui  fut  suivi 
en  1791  d'un  Recueil  de  poésies,  en  2  vol. 
sous  le  titre  d'Ouvrages  de  ma  jeunesse, 
qui  obtint  un  succès  prodigieux.  Depuis 


il  négligea  sa  langue  maternelle  pour  pu- 
blier divers  ouvrage^  en  allemand,  qui 
ont  obtenu  également  un  grand  succès  : 
|  Mélanges  poétiques  ,  Hambourg  ,  1803 , 
2  vol.  [Parthénatos ou  Voyage  aux  Alpes* 
idylle  ,  Hambourg  ,  1806,  2e  édition;  Am- 
sterdam ,  1807  ;  traduit  en  français  par 
M.  Fauriel,  Paris,  1810,  in-12;  1  Fleurs  de 
Bruyères,  Amsterdam,  1808. 

BAGLIVI  (Georges),  né  à  Lecce  dans 
le  royaume  de  Naples ,  en  1668 ,  docteur 
en  médecine  de  Padoue ,  professeur  de 
chirurgie  et  d'anatomie  à  Rome,  membre 
de  la  société  royale  de  Londres,  s'était 
fait  une  grande  réputation  dans  le  monde 
savant,  lorsque  la  mort  l'enleva  en  1706, 
à  l'âge  de  38  ans.  On  a  de  lui  plusieurs 
ouvrages  de  médecine  estimés,  dont  les 
meilleures  éditions  sont  celles  de  Paris , 
en  1711 ,  in-4° ,  et  de  Lyon ,  1765 ,  in-4°. 
Baglivi  avait  voyagé  dans  toute  l'Italie. 
Il  avait  fréquenté  les  hôpitaux  et  les  aca- 
démies. Les  spéculations  de  la  théorie 
sont  appuyées  chez  lui  sur  les  expériences 
de  la  pratique. 

*  BAGNATI ,  jésuite  ,  né  à  Naples  en 
1651 ,  mort  en  odeur  de  sainteté  dans  la 
même  ville  en  1727.  Il  s'était  consacré 
spécialement  à  la  prédication  ,  et  a  laissé 
des  Sermons,  des  Panégyriques  ,  X Art  de 
bien  penser,  Y  Ame  dans  la  solitude,  et 
quelques  autres  ouvrages. 

BAGAI (Jean-François), d'une  famille 
distinguée  de  Florence,  naquit  en  1565. 
Les  papes  Clément  VITT,  Grégoire  XV  et 
Urbain  VIII,  l'employèrent  dans  plusieurs 
affaires  importantes.  Il  fut  fait  cardinal, 
et  mourut  en  1641 ,  regretté  de  tous  les 
gens  de  lettres  dont  il  avait  été  le  pro- 
tecteur. Naudé  fut  son  bibliothécaire. 

BAGNOLI  (Jules-César),  né  àBagna- 
Cavallo  dans  le  Ferrarais ,  se  distingua 
parmi  les  poètes  italiens.  Michel  Peretti, 
prince  de  Venafre  ,  neveu  de  Sixte  V ,  le 
combla  de  bienfaits.  Il  mourut  vers  1600. 
La  Tragédie  des  Aragonais ,  et  le  Juge- 
ment de  Paris  ,  ont  encore  quelques  lec- 
teurs en  Italie.  Le  travail  se  fait  trop  sentir 
dans  ces  ouvrages. 

BAGOAS  ,  eunuque  égyptien ,  général 
et  favori  du  roi  de  Perse  Artaxerxes  Ochus, 
empoisonna  son  maître,  pour  venger  la 
mort  du  bœuf  Apis,  dieu  d'Egypte,  que  ce 
prince  avait  fait  apprêter  par  son  cuisi- 
nier. Après  avoir  fait  périr  Ochus  par  le 
poison,  il  donna  son  corps  à  manger  à 
des  chats ,  et  fit  faire  de  ses  os  des  man- 
ches de  couteaux  et  des  poignées  d'épées. 
Il  plaça  sur  le  trône  Arsès,  le  plus  jeune 


BAG 


18 


BAH 


des  fils  du  roi  mort ,  qui  ne  voulant  pas 
se  laisser  gouverner^ar  son  eunuque  fut 
assassiné  comme  son  père.  Il  mit  ensuite 
a  couronne  sur  la  tête  de  Darius  Codo- 
man,  dont  il  voulut  encore  se  défaire  :  mais 
ce  roi  le  prévint  en  le  faisant  mourir , 
vers  l'an  336  avant  J.-C. 

BAGOT  (Jean),  jésuite,  né  à  Rennes 
en  1590,  enseigna  successivement  la  phi- 
losophie et  la  théologie  ,  fut  censeur  des 
livres  à  Rome,  ensuite  supérieur  de  la 
maison  professe  à  Paris ,  où  il  mourut  le 
22  août  1664.  On  a  de  lui  :  |  un  ouvrage 
intitulé  Apologeticus  fidei ,  2  vol.  in-fol., 
Paris ,  1643  ;  livre  savant ,  mais  diffus  ; 
|  Defensiojuris  episcopalis ,  Paris ,  1655 , 
in-8°;  Rome,  1659,  in-8°  ;  traduit  en  fran- 
çais, 1655,  in-8°.  Ce  livre  fut  déféré  à  l'as- 
semblée du  clergé  de  1655,  pour  quelques 
propositions  qui  blessaient  les  principes 
admis  en  France  sur  la  hiérarchie  et  l'ad- 
ministration du  sacrement  de  pénitence. 
L'assemblée  dressa  des  articles  sur  ces 
propositions  ;  mais  la  publication  en  fut 
arrêtée.  L'auteur  avait  donné  des  expli- 
cations qui  parurent  suffisantes. 

*  BAGRATION  (le prince  ),  sénateur  et 
conseiller  de  l'empereur  de  Russie,  se  dis- 
tingua successivement  dans  les  campagnes 
de  Pologne ,  en  1792  et  1794,  et  dans  celle 
d'Italie,  en  1799,  sous  le  fameux  Suwarow. 
Il  disputa  long-temps  la  victoire  aux  Fran- 
çais à  Austerlitz  ;  nommé  ensuite  au  com- 
mandement en  chei  de  l'armée  de  Mol- 
davie, il  continua  de  se  couvrir  de  gloire 
jusqu'en  1812  ,  où  il  fut  blessé  à  mort  à  la 
bataille  de  la  Moscowa ,  après  s'être  si- 
ijnalé  par  des  prodiges  de  valeur. 

*  BAGSHAW  (Christophe),  né  dans 
la  province  de  Derby,  fit  ses  études  à  l'u- 
niversité d'Oxford,etfutenl579,  principal 
du  collège  de  Glocester-Hall.  En  1582 ,  il 
quitta  ses  bénéfices  et  ses  places  pour  se 
faire  catholique.  Etant  passé  sur  le  con- 
tinent ,  il  fit  un  court  séjour  en  France , 
se  rendit  à  Rome,  où  il  étudia  la  théologie 
dans  le  collège  anglais ,  prit  le  bonnet  de 
docteur  dans  une  université  d'Italie ,  et 
revint  en  Angleterre ,  en  qualité  de  mis- 
sionnaire. Il  fut  arrêté  et  enfermé  au 
château  de  Wishich ,  avec  plusieurs  au- 
tres qui  y  étaient  détenus  pour  la  même 
cause.  Ayant  été  mis  en  liberté,  il  fut 
chargé,  par  le  clergé,  d'aller  suivre  à  Rome 
l'affaire  de  l'établissement  d'un  archi- 
prètre  ,  qui  divisait  toute  l'Eglise  catholi- 
que d'Angleterre  {Voyez  BLACK-WELL). 
Il  se  retira,  quelque  temps  après,  à  Paris, 
où  il  passa  le  reste  de  ses  jours,  et  mou- 


rut, vers  1626.  Bagshaw  savait  parfaite- 
ment le  grec ,  et  était  habile  controver- 
siste.  Dans  la  dispute  entre  les  réguliers  et 
les  séculiers ,  au  sujet  de  l'archiprêtre,  il 
prit  parti  pour  les  derniers ,  comme  on 
peut  en  juger  par  les  ouvrages  suivants  : 
|  Relatio  compendiosa  turbarum  quas  je~ 
suilœ  angli,  unà  cum  G.  Black-wello  ar- 
chipresbytero ,  etc.,  concivére,  Rouen, 
1601 ,  in-4°,  sous  le  nom  de  Jean  Mush; 
Véritable  relation  de  la  faction  qui  a 
commence  à  Wishich,  par  le  P.  Edmond* 
jésuite ,  en  1595,  etc.,  Rome,  1601;  |  Ré- 
ponse à  certains  points  d'un  libelle  3  ap- 
pelé une  apologie  de  la  subordination  en 
Angleterre .  Paris,  1603,  in-8°. 

BAHIER  (  Jean)  ,  prêtre  de  l'Oratoire  , 
natif  de  Châtillon,  mort  secrétaire  de  sa 
congrégation  en  1707 ,  eut  un  nom  parmi 
les  poètes  latins.  On  peut  voir  un  de  ses 
morceaux  dans  les  Poésies  diverses  *  re- 
cueillies par  Loménie  de  Brienne.  Son 
poème  Fuquetius  in  vinculis,  composé 
lorsque  le  surintendant  Fouquet  fut  ar- 
rêté, eut  du  cours  dans  son  temps. 

*  BAHRDR  (Charles-Frédéric)  ,  théo- 
logien et  professeur,  naquit  à  Bischoffs- 
werda,  dans  la  Haute-Saxe,  en  1741,  d'un 
ministre  prolestant.  Il  fit  ses  premières 
études  dans  la  maison  paternelle ,  et  les 
acheva  dans  l'université  de  Leipsick,  où 
son  père  était  devenu  professeur  ;  il  y  prit 
en  1761,  le  degré  de  maître-ès-arts.  Se  des- 
tinant aussi  au  ministère,  on  lui  confia 
d'abord  l'emploi  de  catéchiste.  De  là  il 
passa  à  celui  de  suppléant  de  son  père,  et 
de  professeur  de  philologie  sacrée.  Il  ne 
manquait  ni  de  la  science  ,  ni  du  talent 
nécessaire  pour  remplir  ces  places.  Dans 
ses  premiers  écrits,  notamment  dans  celui 
qu'il  publia  en  1763,  à  l'âge  de  22  ans,  sous 
ce  titre  :  Le  vrai  Chrétien  dans  la  soli- 
tude, il  manifesta  une  tournure  d'esprit 
qui  le  portait  aux  nouveautés  et  aux 
opinions  singulières.  Il  remplit  ce  livre 
d'idées  qui  ne  s'accordaient  pas  avec  les 
principes  des  théologiens  de  sa  commu- 
nion, et  qui  le  firent  accuser  d'hétéro- 
doxie. A  ces  torts,  il  joignit  celui  de  don- 
ner prise  sur  ses  mœurs,  et  une  aventure 
scandaleuse  qui  fit  de  l'éclat  l'obligea  de 
quitter  Leipsick.  Il  passa  à  Erfurt ,  où  il 
fut  nommé  professeur  d'antiquités  bibli- 
ques ,  et  continua  à  y  écrire  avec  aussi 
peu  de  retenue.  C'est  là  qu'il  fit  un  Essai 
d'un  système  dogmatique  biblique,  et  les 
Vœux  du  patriote  muet.  Il  imagina  qu'un 
titre  scientifique  donnerait  du  poids  à  sa 
doctrine  ;  il  alla  prendre  le  bonnet  de  doc- 


BAH 


19 


BAI 


leur  à  Erlangen  :  ce  qui  n'empêcha  pas 
qu'un  cri  général  ne  s'élevât  contre  ses 
principes,  et  l'université  de  Wittemberg, 
qui  en  prit  connaissance ,  les  condamna 
comme  hérétiques.  Il  fut  même  obligé  de 
sortir  d'Erfurt.  Il  passa  à  Giessen,  dans 
le  pays  de  Hesse,  où  il  ne  fut  ni  plus  sage, 
ni  plus  prudent ,  ni  mieux  accueilli.  Heu- 
reusement pour  lui ,  on  lui  proposa  à 
Marschlin  chezles  Grisons,  une  place  dans 
un  établissement  d'éducation ,  nommé 
Philanthropinon;  mais  son  caractère  ne 
s'accordant  pas  avec  celui  du  directeur,  il 
n'y  demeura  qu'une  année.  Il  passa  de 
là  à  Durkeim  ,  dans  les  terres  du  prince 
de  Lidange-Dachsbourg.  L'offre  d'une 
place  de  surintendant-général ,  et  du  litre 
de  prédicateur  de  la  cour  paraissait  devoir 
l'y  fixer;  son  esprit  inquiet  et  variable 
ne  lui  permit  pas  d'apprécier  ces  avan- 
tages; il  forma  le  projet  d'une  école  sem- 
blable au  Philanthropinon,,  et  obtint  pour 
l'établir  le  vieux  château  d'Heidesheim , 
près  de  Worms  :  mais  il  fallait  trouver 
des  élèves.  Il  fit ,  pour  s'en  procurer,  le 
voyage  de  Hollande  et  d'Angleterre  avec 
peu  de  succès.  Ils'étaitfait  recevoir  franc- 
maçon  dans  ce  dernier  pays  II  avouait,  au 
reste,  avoir  perdu  entièrement,  dans  la 
société  des  incrédules ,  les  principes  reli- 
gieux dont  il  avait  été  imbu.  Pendant  son 
absence,  on  avait  sollicité  et  obtenu  contre 
lui  un  décret  impérial  qui  le  suspendait 
de  toutes  fonctions  ecclésiastiques  jusqu'à 
ce  qu'il  eût  rétracté  publiquement  ses  er- 
reurs. Il  aima  mieux  se  retirer  en  Prusse, 
et  alla  s'établir  à  Halle.  Devenu  encore 
plus  hardi,  il  y  ouvrit  une  école  d'athéis- 
me. Soit  qu'il  fût  encore  poursuivi  par 
son  inconstance,  soit  que  son  école  lui  of 
frît  de  trop  modiques  moyens  de  subsis- 
tance ,  il  imagina  d'établir  une  auberge 
dans  une  campagne  à  portée  de  la  ville. 
Elle  fut  bientôt  fréquentée  par  de  nom- 
breux disciples  qu'attiraient  la  curiosité 
et  l'attrait  d'une  doctrine  qui  favorisait 
les  passions  ;  mais  bientôt  il  se  fit  de  nou- 
velles affaires.  Il  eut  l'imprudence  de 
ridiculiser  Yédit  de  religion  du  roi  de 
Prusse  dans  une  comédie  ,  et  publia  un 
plan  d'association  qui  était  assez  sembla- 
ble à  celle  des  illuminés  ,  et  dont  le  but 
était  le  même.  Le  gouvernement  crut  de- 
voir en  prendre  connaissance  ;  il  fut  dé- 
féré aux  magistrats  ,  et  condamné  à  deux 
années  de  prison  que  le  roi  réduisit  à  une; 
il  revint  ensuite  dans  son  auberge  de  Halle, 
où  une  conduite  scandaleuse  acheva  de 
lui  ôter  toute  considération.  Il  y  mourut 


le  24  août  1792.  Né  avec  d'heureuses  dis- 
positions ,  qu'il  avait  perfectionnées  par 
l'étude,  et  qui,  sans  l'abus  qu'il  en  fit,  au- 
raient pu  faire  de  lui  un  homme  distin- 
gué, écrivant  avec  facilité  et  élégance, 
parlant  d'une  manière  séduisante  ,  décla- 
mant avec  grâce,  et  prêchant,  dit-on,  avec 
beaucoup  d'art ,  il  aurait  pu  obtenir  une 
grande  considération  et  se  faire  un  sort 
heureux;  mais  il  ternit  toutes  ses  belles 
qualités  par  de  mauvaises  mœurs,  et  une 
étrange  bizarrerie  d'esprit ,  que  ses  mal- 
heurs et  ses  disgrâces  ne  purent  corriger. 
Ses  principaux  ouvrages  sont  |  Recueil  de 
sermons  sur  les  vérités  fondamentales  de 
la  religion.  Leipsick  ,  1764,  in-8°;  |  Essai 
dun  système  de  dogmatique  biblique,  2  vol . 
in-8° ,  Gotha  et  Erfurt,  1769-1770  ;  |  Idées 
pour  servir  à  l'explication  et  à  la  défense 
de  la  doctrine  de  notre  église.,  Riga,  1771, 
in-8°;  j  Appendice  à  cet  ouvrage*  1775 , 
in-8°;  |  Considérations  sur  la  religion, 
pour  les  lecteurs  pensons,  Halle ,  in-8°, 
2e  édition  sous  le  titre  de  Considérations 
libres  sur  la  religion  de  Jésus  *  1785,  in-8°; 
|  Les  nouvelles  révélations  de  Dieu*  en 
lettres  et  en  récits*  4  vol.  in-8°,  Riga,  1773- 
1774  ,  3e  édition  sous  le  titre  de  Nouveau 
Testament*  Rerlin,  1783,  in-8°  ;  |  Profes- 
sion d£  foi*  occasionée  par  un  arrêt  de 
la  cour  impériale*  1779 ,  in-8°;  |  Traduc- 
tion de  Tacite*  Halle  ,  1781 ,  2  vol.  in-8°; 
|  Les  Satires  de  Juvénal*  traduites  en 
vers,Dessau,  1781,  in-8°;  |  Apologie  de  la 
raison*  appuyée  sur  les  principes  de  l'E 
criture*  Zullichau ,  1781.  in-8°;  |  Jnstittt- 
tiones  logicœ*  Halle,  1782,  in-8°  {Rhéto- 
rique à  l'usage  des  prédicateurs  *  Halle  , 
1783-92,  in-8°;  |  Inslilutiones  metaphy- 
sicœ ,  Halle ,  1782 ,  in-8°;  |  Exjjosé  complet 
des  dogmes  de  la  religion  *  fondé  sur  la 
doctrine  pure  et  sans  mélange  de  Jésus  * 
Rerlin,  1787,  in-8°;  |  De  la  liberté  de  la 
presse  et  de  ses  limites*  Zullichau ,  1787, 
in-8°;  |  Histoire  de  sa  Vie*  de  ses  opi- 
nions et  de  ses  destinées  *  écrite  par  lui- 
même  à  Magdebourg ,  pendan t  sa  détention 
4  vol.  in-8°,  Berlin,  1791;  |  Catéchisme  de 
la  religion  naturelle*  etc.,  Goerlilz,  1793, 
in-8°;  |  Bibliothèque  de  théologie  univer- 
selle*M.ittau,  1774-1773,  4  vol.  in-8°,  etc. 
Le  but  de  ces  nombreux  écrits  est  de  sa- 
per tous  les  fondemens  de  la  révélation , 
et  d'établir  un  déisme  pur  ,  où  les  mira- 
cles sont  rejetés,  et  qui  n'a  pour  appui  que 
la  seule  raison . 

BAIARD.  Voyez  BAYARD. 

*  BAIER  (Jean-Guillaume),  ecclésias- 
tique luthérien,  né  à  Nuremberg,  en  1647, 


BAI 


20 


BAI 


Il  fut  membre  de  plusieurs  académies  de 
l'Allemagne,  recteur  et  professeur  de 
théologie  à  l'université  de  Halle  en  Saxe , 
où  il  est  mort  en  1694.  Il  a  composé  un 
Compendium  theologicum,  et  quelques  au- 
tres ouvrages,  entre  autres,  |  De  aquâ  lus- 
trali  ponlificiorum  ,  1692 ,  in-4°  ;  \  Collalio 
doctrinœ  quaker orum  et  proteslanlium  , 
1694 ,  in-4°.  —  Un  autre  BAIER  (  Jean- 
Guillaume  ) ,  professeur  de  physique  et 
ensuite  de  théologie  à  Altorf ,  né  en  1673, 
mort  en  1729 ,  est  auteur  d'un  petit  ou- 
vrage intitulé  :  Oleum  faciem  exhilarans, 
Altdorfii,  1706  ,  in-4°.  Il  a  présidé  à  deux 
dissertations  ou  thèses  inaugurales  ;  l'une 
sur  deux  grands  animaux  doul  parle  l'E- 
criture sainte ,  dans  le  livre  de  Job  :  Dis- 
sertatio  de  Behemolh  et  de  Leviathan, 
Elephas  et  Balœna  è  Job  XL,  XLI.  Res- 
pond.  G.  Steph.  Stieber,  Altdorfii,  1708, 
in-4°  ;  l'autre,  sur  les  fossiles  qu'il  regarde 
comme  des  monumens  du  déluge  univer- 
sel :  Disserlatio  de  fossilibus  diluvii  uni- 
versalis  monumenlis.  Resp.  G.  Christoph. 
Eichler*  Altdorfii,  1722  ,  in-4°.  Il  a  aussi 
donné  un  Compendium  de  théologie. 

BAIF  (  Lazare  de  ),  abbé  de  Char- 
roux  et  de  Grénetière ,  conseiller  au  par- 
lement de  Paris ,  maître  des  requêtes,  na- 
quit dans  la  terre  de  Pins ,  proche  de  la 
Flèche,  d'une  famille  noble,  et  mourut 
en  1547.  François  Ier  l'envoya  ambassa- 
deur à  Venise  l'an  1530 ,  et  l'employa  en 
diverses  autres  occasions.  On  a  de  lui  : 
De  re  vestiaria,  et  De  re  navali,  impri- 
més à  Bàle ,  en  1541 ,  in-4°  ;  sa  vans  écrits, 
mais  sans  ordre  et  sans  choix. 

BAIF  (  Jean- Antoine  de  ) ,  fils  natu- 
rel de  l'abbé  de  Grénetière  ,  né  à  Venise 
en  1550  pendant  l'ambassade  de  son  père, 
fit  ses  études  avec  Ronsard.  Ils  s'adonnè- 
rent l'un  et  l'autre  à  la  poésie  française, 
mais  ils  la  défigurèrent  tous  les  deux  par 
un  mélange  barbare  de  mots  tirés  du 
grec  et  du  latin.  Baïf  voulut  introduire 
dans  les  vers  français ,  la  cadence  et  la 
mesure  des  vers  grecs  et  latins  ;  mais  ses 
efforts  furent  inutiles.  Ce  rimeur  était  un 
fort  bon  homme ,  suivant  le  cardinal  du 
Perron,  mais  un  fort  mauvais  poète  ;  sa 
versification  est.  dure ,  incorrecte  et  ram- 
pante. C'est  le  premier  qui  établit  à  Paris 
une  espèce  d'académie  de  musique  :  Char- 
les IX  et  Henri  III  s'y  trouvaient  très 
souvent.  Baïf  mourut  en  1592.  Il  y  a  de 
tout  dans  ses  ouvrages,  qui  parurent  à 
Paris,  en  1752,  2  vol.  in-8°,  du  sérieux,  du 
comique,  du  sacré,  du  profane,  plus  d'a- 
bondance et  de  variété  que  de  jugement. 


BAIL  (  Louis  ) ,  docteur  de  Sorbonne , 
et  sous-pénitencicr  de  Paris  ,  né  à  Abbe- 
ville,  et  auteur  de  plusieurs  ouvrages 
dont  quelques-uns  sont  estimés  :  |  Y  Exa- 
men des  Confesseurs  ,  livre  inexact ,  5 
vol.  in-12  ;  |  une  Bibliothèque  des  Prédi- 
cateurs ,  en  latin  ,  sous  ce  titre  :  Sapien- 
tia  foris  prœdicans,  où  il  donne  en  abrégé 
la  vie  des  plus  célèbres  prédicateurs ,  et 
montre  dans  quel  genre  ils  ont  excellé; 
|  Summa  Conciliorum,  Paris,  1672,  2  vol. 
in-fol.;  |  De  beneficio  crucis  ..Paris ,  1653, 
in-8°,  où  il  combat  victorieusement  les 
erreurs  de  Jansénius  ;  |  Philosophie  affec- 
tive* 1657,  in-12.  Il  mourut  à  Paris  en 
1669. 

*  BAIL  (  Charles-Joseph  ) ,  né  à  Bé- 
thune  le  29  janvier  1777 ,  fit  ses  études  h 
Douai ,  et  entra  comme  volontaire ,  à  13 
ans ,  dans  le  corps  des  chasseurs  francs  de 
Hainaut ,  qui  marchait  au  secours  de  Lille 
bombardée  par  les  Autrichiens.  Il  fit  en 
la  même  qualité  la  campagne  de  Belgique, 
passa  dans  l'artillerie ,  et  enfin  dans  l'ad- 
ministration de  l'armée.  En  1807  il  fut 
nommé  directeur  des  bureaux  de  la  ré- 
gence de  Westphalie,  et  c'est  par  ses  soins 
que  l'on  a  publié  à  Gœtlingue,  en  1809, 
la  Statistique  de  ce  royaume.  Après  avoir 
concouru  à  l'organisation  administrative 
de  ce  nouvel  état ,  sous  les  ordres  du  comte 
Beugnot,  il  devint  secrétaire-général  des 
finances ,  puis  inspecteur  aux  revues ,  et 
remplit  ensuite  avec  beaucoup  d'habileté 
plusieurs  missions  délicates.  Fait  prison- 
nier de  guerre ,  lors  de  l'entrée  des  alliés 
en  1813 ,  il  perdit  le  fruit  de  ses  écono- 
mies ;  mais  il  reprit  son  grade  au  service 
de  France,  en  1814  ,  et  fut  employé  vers 
la  fin  de  juillet  1815  à  l'armée  qui  se  retira 
sur  les  bords  de  la  Loire.  Il  concourut  au 
licenciement  des  troupes,  et  fut  admis  au 
traitement  de  réforme  pour  cinq  ans.  Il 
revint  ensuite  à  Paris ,  où  ses  opinions  lui 
attirèrent  quelques  désagrémens  ;  enfin , 
il  alla  se  fixer,  en  1818,  dans  la  vallée  de 
Montmorency ,  où  il  se  livra  tout  entier  à 
son  goût  pour  les  lettres ,  et  où  il  mourut 
le  20  février  1824.  11  a  publié  un  grand 
nombre  d'ouvrages  où  l'on  trouve  beau- 
coup de  facilité ,  mais  peu  de  profondeur 
Les  principaux  sont  :  |  des  Juifs  du  19e 
siècle,  Paris,  1816,  2e  édition,  1817.  Cet 
ouvrage  donna  lieu  à  plusieurs  discus- 
sions. |  Essais  historiques  et  critiques  sur 
l'organisation  des  armées,  1817  ,  in-8°  ; 
|  de  V Arbitraire  dans  ses  rapports  avec 
nos  institutions,  1819,  in-8°;  |  Histoire 
politique  et  morale  des  révolutions  de 


BAI 

France,  Paris,  1821,  2  vol.  in-8°;  |  Etat 
des  Juifs  en  France*  en  Espagne  et  en 
Italie  *  1823,  in-8°;  |  Etudes  littéraires 
des  classiques  français  à  l'usage  de  la 
jeunesse,  1824 ,  2  vol.  in-12 ,  ouvrage  pos- 
thume. Il  a  publié  aussi  plusieurs  articles 
dans  la  Revue  encyclopédique ,  parmi  les- 
quels on  distingue  une  Notice  sur  le  com- 
merce des  anciens  et  des  modernes. 

BAILE ,  voyez  BAYLE. 

BAILEY  (  Louis  ) ,  prédicateur  du  roi 
Jacques  Stuart,  est  connu  parmi  les  pro- 
testans  d'Angleterre  par  un  livre  intitulé 
Pratique  de  la  piété,  ouvrage  sec  et  assez 
peu  lu. 

BAILLET  (  Adrien  )  ,  né  en  1649 ,  à  la 
Neuville  ,  village  près  de  Beau  vais  ,  d'une 
famille  obscure,  fit  ses  premières  étu- 
des dans  un  couvent  de  cordeliers  voisin 
de  sa  patrie.  Il  étudia  ensuite  au  collège 
de  Beauvais,  et  y  régenta  les  humanités. 
Quelque  temps  après  il  fut  fait  prêtre  et 
curé,  mais  il  quitta  sa  cure  pour  se  livrer 
tout  entier  à  l'étude.  Lamoignon,  à  qui 
il  fut  recommandé  par  Hermant ,  le  fit 
son  bibliothécaire.  Il  mourut  chez  ce  ma- 
gistrat en  1706 ,  à  l'âge  de  57  ans.  Toute 
sa  vie  fut  remplie  par  la  lecture  ou  par  la 
composition.  On  a  de  lui  plusieurs  écrits 
dont  les  principaux  sont  :  |  Jugemens 
des  savans  sur  les  principaux  ouvrages 
des  auteurs ,  qui  parut  en  9  vol.  in-12 , 
en  1685  et  1686.  Il  y  a  de  très  bonnes  rè- 
gles de  critique  dans  le  premier  volume  : 
mais  l'auteur  ne  les  suit  pas  toujours.  Les 
3  volumes  suivans  roulent,  sur  les  impri- 
meurs ,  les  auteurs  des  dictionnaires  ,  les 
traducteurs  français  et  latins.  Il  publia 
ensuite  5  vol.  sur  les  poètes.  Ménage,  qu'il 
avait  critiqué  assez  vivement ,  lui  opposa 
X  Anti-Baillet  en  2  vol.  in-12,  à  la  Haie.  Si 
l'on  en  croit  l'auteur  des  Trois  Siècles,  le 
tort  n'était  pas  du  côté  de  Baillet.  «  Cette 
»  compilation ,  dit  ce  critique ,  lui  attira 
»  beaucoup  d'ennemis ,  comme  s'il  n'était 
»  pas  permis  d'apprécier  les  productions 
»  des  auteurs  ,  quand  ils  les  soumettent 
»  au  jugement  du  public  par  la  voie  de 
»  l'impression.  Ménage  surtout  fut  offensé 
j»  de  la  liberté ,  ou ,  pour  mieux  dire  ,  de 
»  la  justice  avec  laquelle  il  s'était  expliqué 
»  à  son  sujet  ;  mais  les  lecteurs  furent  du 
»  parti  de  Baillet,  et  seront  toujours  de  ce- 
»  lui  de  quiconque ,  sans  humeur  et  sans 
»  partialité  ,  fera  connaître  les  défauts  de 
»  chaque  écrivain ,  sans  lui  rien  dérober 
•  de  la  gloire  qu'il  mérite  pour  ce  qu'il  a 
»  composé  de  bon.  »  Baillet  répliqua  à  Mé- 
nage par  les  Amti  ou  les  Satires  person- 


21  BAI 

nelles.  Les  Auteurs  déguisés ,  les  En  fans 
devenus  célèbres,  furent  publiés  à  peu 
près  dans  le  même  temps.  La  Monnoie  a 
rassemblé  tous  ces  différens  morceaux 
dans  son  édition  des  Jugemens,  Paris, 
1722,  7  vol.  in-4°;  Amsterdam,  1725  ,  17 
vol.  in-12.  L'éditeur  a  revu ,  corrigé  et 
augmenté  cet  ouvrage,  inexact  dans  beau- 
coup d'endroits,  quoique  plein  partout 
d'une  érudition  profonde.  Les  critiques 
que  Baillet  essuya ,  l'empêchèrent  de  con- 
tinuer ses  Jugemens.  Nous  n'en  avons 
que  la  première  partie ,  et  le  premier  ar- 
ticle de  la  seconde.  Il  en  avait  promis  six, 
qu'il  laissa  en  manuscrit.  |  De  la  Dévo- 
tion à  la  sainte  Vierge,  et  du  culte  qui 
lui  est  dû,  in-12.  Ce  livre  excita  quelque 
rumeur  dans  sa  naissance  :  il  y  désap- 
prouve bien  des  pratiques  que  l'Eglise 
semble  autoriser  ou  du  moins  tolérer  ; 
mais  comme  il  peut  y  avoir  dans  cette 
matière,  comme  dans  toute  autre,  des 
abus  et  des  excès ,  l'ouvrage  de  Baillet 
était,  à  bien  des  égards,  propre  à  les  cor- 
riger ou  les  prévenir.  On  l'a  peut-être 
jugé  un  peu  trop  sévèrement ,  sans  doute 
par  la  crainte  que  d'une  extrémité  il  n'en- 
traînât dans  une  autre.  |  La  Vie  de  Des- 
cartes ,  in-4° ,  pleine  de  recherches  minu- 
tieuses. Il  en  publia  un  abrégé,  in-12, 
où  il  y  avait  moins  de  ces  bagatelles  sa- 
vantes ,  qu'il  avait  entassées  dans  le  grand 
ouvrage.  |  Les  Vies  des  Saints,  en  4  vol. 
in-folio,  10  vol.  in-4°,  ou  17  vol.  in-8°, 
un  pour  chaque  mois ,  deux  pour  les  fêtes 
mobiles ,  un  pour  la  chronologie  des  saints , 
un  pour  la  topographie  ,  un  pour  les  saints 
de  l'ancien  Testament.  Ce  livre  écrit  d'un 
style  inégal,  diffus  et  peu  correct,  mé- 
contenta les  dévots ,  et  déplut  à  quelques 
égards  à  plusieurs  savans ,  qui  trouvèrent 
que  Baillet  avait  poussé  trop  loin  la  guerre 
qu'il  faisait  aux  Légendes.  Les  Bollan- 
disles  l'appellent  un  critique  outré  (  hy~ 
percriticus  )  ;  et  l'on  ne  peut  disconvenir 
que  plusieurs  de  ses  observations  n'aient 
un  air  de  raffinement  qui  lient  de  la  chi- 
cane. |  Les  Vies  de  Richer,  de  Godefroy 
Hermant,  de  saint  Etienne  de  Gram- 
mont,  chacune  in-12.  |  1? Histoire  des  dé' 
mêlés  du  pape  Boni  face  VIII,  avec  Phi' 
lippe  le  Bel ,  roi  de  France ,  in-12  ,  sa- 
vante et  curieuse.  |  Le  Catalogue,  en  52 
vol.  in-fol.  de  la  bibliothèque  confiée  à 
ses  soins  :  il  n'a  jamais  été  imprimé.  |  Re- 
lation curieuse  et  nouvelle  de  Moscovie , 
in-12,  Paris ,  1698.  |  Histoire  de  Hollande, 
depuis  la  trêve  de  1609 ,  où  finit  Grotius , 
jusqu'à  la  paix  de  Nimègue ,  sous  le  nom 


BAI 


22 


BAI 


de  la  Neuville ,  en  h  vol.  in-12,  1693.  |  De 
la  conduite  des  âmes  J  1695 

*  BAILLEUL  (Jean  ) ,  rci d'Ecosse  vers 
la  fin  du  15e  siècle.  Alexandre  III  étail 
mort  en  1289 ,  laissant  pour  unique  héri- 
tière sa  petite  fille,  Marguerite  de  Nor- 
vvège.  Edouard  Ier ,  roi  d'Angleterre ,  la 
demanda  en  mariage  pour  son  fils  aîné. 
Les  six  régens  nommés  par  les  états  d'E- 
cosse l'accordèrent,  sous  la  condition  que  le 
consentement  de  la  princesse  serait  néces- 
saire et  qu'ils  gouverneraient  le  royaume 
jusqu'à  sa  majorité.  Marguerite  mourut, 
et  Edouard,  choisi  par  les  prétendans  à  la 
couronne  d'Ecosse  pour  juger  leurs  droits, 
commença  par  prendre  possession  des 
places  fortes  et  des  châteaux,  et  écarla  en- 
suite neuf  des  douze  concurrens ,  de  sorte 
qu'il  ne  restait*plus  que  Bailleul,  Bruce 
et  Hastings ,  issus  tous  les  trois  d'autant 
de  filles  de  David ,  comte  de  Huntington, 
mort  avant  son  père ,  le  roi  David  Ier. 
Edouard  jugea  en  faveur  de  Bailleul ,  qui 
fut  proclamé  roi  d'Ecosse,  l'an  1292.  Après 
avoir  montré  quelque  temps  une  obsé- 
quieuse soumission  aux  volontés  d'E- 
douard, le  nouveau  monarque  voulut  de- 
venir indépendant.  Le  prince  anglais  lui 
déclara  une  guerre  qui  dura  soixante-dix 
ans.  Bailleul  obtint  d'abord  quelques  suc- 
cès. Edouard  s'étant  emparé  enfin  de  Ber- 
wick ,  ses  soldats  y  firent  une  boucherie 
telle  que  des  historiens  écossais ,  pour  en 
exprimer  l'atrocité,  ont  écrit  que  «  des 
»  moulins  auxquels  l'eau  manquait,  avaient 
»  été  mis  en  mouvement  par  les  ruisseaux 
»  du  sang  répandu.  »  Le  monarque  écossais 
ayant  été  vaincu  à  la  bataille  de  Dumbar 
où  il  perdit  25,000  hommes,  et  voyant 
Edimbourg  au  pouvoir  de  son  ennemi,  se 
rendit  au  vainqueur  qui  le  fit  conduire  à 
la  Tour  de  Londres.  Bientôt  après  Edouard 
mit  en  liberté  son  captif,  qui  se  fixa  quel- 
que temps  à  Oxford ,  où  ce  roi  détrôné 
fonda  un  collège  de  son  nom  encore  exis- 
tant ,  puis  vint  avec  son  fils  en  Norman- 
die ,  où  il  possédait  une  seigneurie ,  pour 
y  passer  le  reste  de  ses  jours. 

BAILLEUL  (Nicolas),  marquis  de  Chà- 
teau-Gontier ,  successivement  conseiller 
au  parlement,  ambassadeur,  président 
au  grand  conseil,  lieutenant  civil,  pré- 
vôt des  marchands ,  président  à  mortier , 
chancelier  de  la  reine,  et  enfin  surin- 
tendant des  finances,  qu'il  connaissait 
bien  moins  que  la  jurisprudence,  depuis 
1613  jusqu'en  1648.  Il  eut  sous  lui  pour 
contrôleur- général,  Emery,  connu  par 
ses  déprédations.  Bailleul  mourut  en  1632. 


BAILLI  (Rocn) ,  connu  sous  le  nom  de 
la  Rivière ,  premier  médecin  de  Henri  IV, 
naquit  à  Falaise  ,  et  mourut  à  Paris  en 
1603.  On  a  de  lui  un  traité  intitulé  De- 
monsterion,  sive  300  Aphorismi  conti- 
nentes summam  doctrines  Paracelsicœ  t 
et  un  Traité  de  la  Peste  en  1580.  Ces  ou- 
vrages sont  peu  connus,  même  par  les 
gens  de  l'art.  Son  Demonsterion ,  conte- 
nant la  doctrine  du  visionnaire  et  empi- 
rique Paracelse ,  fut  traduit  en  français  et 
imprimé  à  Rennes  en  1578,  in-4°.  Cette 
traduction  est  rare. 

BAILLI  ou  BAILLY  (  Philibert -Al- 
beht),  provincial  des  barnabites,  et  as- 
sistant du  général ,  nommé  ensuite  à  l'é- 
vèché  d'Aoste ,  avait  occupé  avant  de 
quitter  le  inonde ,  la  place  de  secrétaire 
d'état  du  duc  de  Savoie ,  Victor  Amédée 
Ier.  Il  se  distingua  par  ses  talens  pour  la 
chaire  et  pour  la  controverse.  On  a  de  lui 
des  ouvrages  dans  ces  deux  genres ,  et  un 
recueil  de  vers  pieux ,  sérieux  et  burles- 
ques ,  qu'il  intitula  le  Poète  mêlé.  Les  gens 
de  goût  n'ont  guère  été  satisfaits  de  ce 
mélange.  Il  mourut  en  1691. 

*  BAILLIE  (William),  né  en  Angle- 
terre ,  vers  1736 ,  capitaine  de  cavalerie , 
dessinateur  et  graveur,  a  donné  des  gra- 
vures d'après  Rembrandt  qui  sont  très 
recherchées.  Sa  copie  du  Peseur  d'or  est 
souvent  prise  pour  l'original.  Il  est  mort 
au  commencement  du  19e  siècle. 

*  BAILLIE  (Matthieu),  était  fils  d'un 
ecclésiastique  et  neveu  par  sa  mère  des 
célèbres  anatomistes  W.  et  John  Hunter. 
Après  avoir  fait  ses  études  à  l'université 
de  Glascow ,  il  prit  le  bonnet  de  docteur 
en  médecine  à  celle  d'Oxford.  En  1780  il 
vint  à  Londres,  et  après  la  mort  de  ses  on- 
cles ,  il  soutint  dignement  leur  réputation. 
Le  cabinet  de  préparations  analomiques 
qu'il  forma,  composé  d'environ  onze  cents 
pièces ,  ne  contribua  pas  peu  à  accroître 
encore  sa  célébrité.  Pendant  trente  an- 
nées il  exerça  les  fonctions  de  médecin 
de  l'hôpital  de  Saint-Georges,  à  Londres; 
et  successivement  plusieurs  commissions' 
publiques ,  relatives  à  sa  profession ,  jus- 
qu'à l'époque  où  il  étendit  sa  clientelle 
parmi  les  classes  les-plus  élevées  de  la  so- 
ciété anglaise.  Ce  ne  fut  pas  seulement  par 
ses  travaux  personnels  et  par  ses  écrits , 
que  le  docteur  Baillie  sut  bien  mériter  de 
son  art  et  de  l'humanité.  Au  mois  de  dé- 
cembre 1818 ,  il  fit  don  au  collège  royal  de 
médecine  de  Londres  de  sa  superbe  col- 
lection de  préparations  anatomiques,  avec 
une  dotation  de  six  cents  livres  sterling 


BAI 


23 


«AI 


pour  servir  à  son  entrelien.  Par  son  testa- 
ment il  légua  encore  :  1°  au  collège  des 
médecins  de  Londres  300  livres  sterling, 
ges  livres  de  médecine ,  de  chirurgie ,  etc., 
et  tous  les  cuivres  de  son  ouvrage  sur  l'A- 
natomic  des  maladies  ;  2°  à  la  société  de 
secours  pour  les  veuves  et  orphelins  de 
médecins ,  500  livres  sterling.  Il  a  laissé  : 
|  The  morbid  Anatomy ,  Anatomie  des 
maladies  des  principales  parties  dû  corps 
humain ,  1795 ,  quatrième  édition  ,  et  sup- 
plément à  la  première  édition ,  1807,  in- 
8°,  traduit  en  allemand,  sur  la  première 
édition,  par  Soëmmcring,  avec  des  addi- 
tions; |  A  Séries  ofcngravings  to  ilhis- 
trate  the  morbid  Anatomy,  collection  de 
gravures ,  accompagnées  d'explications  , 
pour  servir  à  l'intelligence  de  V Anatomie 
des  maladies  du  corps  humain  ,  1799-1802, 
in-4°,  seconde  édition,  1812,  in-4°;  |  An 
anatomical  Description  ofthe  gravid  uté- 
rus ,  Description  anatomique  de  l'utérus 
d'une  femme  enceinte ,  in-4°.  On  lui  doit 
encore  un  grand  nombre  de  mémoires  pu- 
bliés dans  les  Philosophical  Transactions, 
1788-1789  ;  dans  les  Transactions  de  la  so- 
ciété pour  l'avancement  des  sciences  mé- 
dicales et  chirurgicales ,  et  dans  le  Médi- 
cal transactions. 

*  BAILLON  (Emmanuel),  naturaliste 
français ,  mort  à  Abbeville ,  en  1802 ,  est 
connu  par  ses  recherches  savantes  sur  les 
oiseaux  de  mer,  et  a  donné  un  Mémoire 
sur  les  moyens  de  remédier  au  dépérisse- 
ment des  bois,  et  un  autre  sur  ceux  à  op- 
poser à  l'invasion  des  sables  mouvans  des 
côtes  du  Pas-de-Calais.  Ce  savant  entrete- 
nait une  correspondance  avec  Buffon ,  et 
lui  donna  des  renseignemens  sur  l'oiseau 
nommé  Barnache,  oiseau  dont  il  a  lui- 
même  donné  plus  tard  la  description. 

*  BAILLOT  (Etienne-Catherine  ),  avo- 
cat au  bailliage  de  Troyes ,  né  à  Evry-sur- 
Aube  en  1758  ;  et  mort  dans  la  même  ville , 
en  1825 ,  fut  élu  député  de  sa  province  aux 
états-généraux  de  1789 ,  et  siégea  au  côté 
gauche.  Après  la  session  ,  il  entra  au  tri- 
bunal de  cassation,  où  il  resta  jusqu'en 
1796.  On  lui  doit,  une  Traduction  des  sa- 
tires de  Juvénal,  Paris,  1823,  in-8°.  Il  a 
laissé  en  manuscrit  des  Recherches  sur 
l'histoire  de  Champagne ,  où  il  s'est  oc- 
cupé particulièrement  des  généalogies 
des  familles  de  ce  pays. 

BAILLOU  (Guillaume  de),  médecin  de 
Paris,  né  au  Perche,  vers  1558,  et  mort 
en  1616.  Henri  IV  lui  donna  le  titre  de 
premier  médecin  du  dauphin  son  fils.  Il 
argumentait  avec  tant  de  force,  qu'on  l'ap- 


pelait le  Fléau  des  Bacheliers.  La  méde- 
cine lui  eut  de  grandes  obligations.  C'est 
un  des  premiers  qui  l'aient  réduite  à  ce 
qu'elle  a  d'utile.  Nous  avons  de  lui  Con- 
siliorum  Medicinalium  libri  très ,  à  Paris , 
1635 ,  in-4°.  Ce  recueil  renferme  un  traité 
De  calculo,  que  l'on  consulte  encore.  Se» 
œuvres  ont  été  réimprimées  à  Genève  en 
1762,  h  vol.  in-4°.  Baillou  était  un  vrai 
philosophe ,  et  il  préféra  toujours  les  dou- 
ceurs de  la  vie  privée  aux  honneurs  dan- 
gereux de  la  cour. 

*  BAILLU  (Pierre  de) ,  graveur,  né  à 
Anvers,  où  il  florissait  vers  1640.  On  es- 
time ses  estampes  d'après  Rubens ,  le 
Guide ,  Annibal  Carrache  et  autres  maî- 
tres. Ses  portraits  d'après  Van-Dyck,  et 
celui  do  saint  Athanasc ,  d'après  Rem- 
brandt ,  sont  surtout  recherchés. 

BAILLY  (Jean-Sylvain),  académicien 
de  Paris ,  débuta  dans  le  monde  littéraire 
par  son  Histoire  de  V Astronomie  an- 
cienne ,  Paris,  1776,  in-4°  ;  mauvais  roman 
de  physique ,  imaginé  pour  donner  au 
monde  une  antiquité  contraire  à  tous  les 
monumens  sacrés  et  profanes ,  à  la  nature 
et  à  l'aspect  du  globe.  Il  place  la  Sibérie 
sous  la  zone  torride  pendant  je  ne  sais 
combien  de  siècles ,  et  croit  y  trouver  les 
restes  d'un  peuple  nommé  Tschuden, 
père  de  tous  les  arts.  Il  ne  raisonne  pas 
mieux  dans  ses  Lettres  sur  l'origine  des 
Sciences,  1777,  in-8°,  et  dans  ses  Lettres 
sur  l'Atlantide,  1779 ,  in-8°  ;  et  il  se  ren- 
dit plus  ridicule  par  son  Histoire  de  l'As- 
tronomie Indienne,  1786,  in-4°.  Ses  creuses 
imaginations ,  qu'on  appelait  les  Féeries 
de  M.  Bailly,  firent  l'objet  des  divertisse- 
mens  et  des  plaisanteries  des  gens  sensés  : 
peu  d'écrivains  les  jugèrent  dignes  d'être 
réfutées  (î).  Observons  néanmoins  que 
l'astronomie  lui  doit  d'excellentes  obser- 
vations sur  la  lune  ,  un  calcul  exact  de 
l'orbite  de  la  comète  de  1759,  et  un  grand 
travail  sur  les  satellites  de  Jupiter.  Quant 
à  ses  succès  en  littérature ,  ils  ne  comp- 
tent pas  :  qu'est-ce  que  des  Eloges  ,  même 
couronnés  par  des  sociétés  savantes  ?  PeÙH- 


(i)  J'ai  cru  devoir  faire  une  exception  à  ce  méprit, 
raisonnable  si  l'on  veut  ,  et  certainement  commode: 
il  est  des  gêna  crédules  qui  lisent  machinalement,  et 
pour  lesquels  tout  est  bon  ;  c'est  pourquoi  j'ai ,  dans 
l'occasion  ,  relevé'  des  erreurs  dont  les  conséquence? 
ne  m'ont  pas  paru  indifférentes.  Journal  historique  et 
littéraire,  i  juin  1776,  p.  171.  — ;à  juin  1777,  p.  a6o. 
—  i5  avril  1779,  p.  56a.  —  i5  mai  1780,  p.  ia5.  — 

i5  septembre  1787,  p.  g5. Examen  impartial  des 

époques,  n.  67,  164,   178,  186  !  tout  l'ouvrage  ren- 
verse le  fondement  de  sa  physiqut  romancière 


BAI 


2/j. 


BAI 


être,  renfermé  dans  la  sphère  où  l'a- 
vaient placé  ses  paisibles  études,  fût-il 
mort  estimé  et  regretté.  Mais ,  en  1789 , 
Bailly,  qui  était  lié  avec  tous  les  novateurs 
et  les  esprits  forts  du  siècle,  se  trouva 
transporté  sur  un  théâtre  où  il  perdit  son 
repos ,  sa  fortune  et  sa  vie  Choisi  le  pre- 
mier par  les  électeurs  de  Paris*pour  la 
députation  aux  états-généraux ,  le  premier 
appelé  à  présider  l'assemblée  ,  continué 
dans  la  présidence  après  que  les  commu- 
nes se  furent  constituées  en  assemblée  na- 
tionale ,  les  présidant  au  jeu  de  paume , 
en  opposition  à  la  défense  expresse  du  roi , 
il  fut  nommé  maire  de  Paris  le  16  juillet 
i789,  le  même  jour  que  les  assassinats 
avaient  commencé  dans  la  personne  de 
Flesselles.Onnepeutguèreabsoudred'am- 
bilion  celui  que  ces  massacres  n'ont  pas 
fait  reculer.  Il  lui  fallut  fermer  les  yeux 
sur  les  scènes  atroces  de  Versailles ,  et  par 
conséquent  en  partager  la  complicité.  Il 
prit  nécessairement  part  aux  mesures  qui 
firent  arrêter  le  roi  à  Varennes.  Ce  n'est 
guère  qu'après  ce  malheureux  retour,  le 
17  juillet  1791 ,  quand  il  n'était  plus  pos- 
sible de  remédier  au  mal ,  que  Bailly  es- 
saya d'en  imposer  aux  factieux  en  allant 
au  Champ-de-Mars  proclamer  la  loi  mar- 
tiale. Le  peu  de  succès  de  cette  démarche 
lui  ouvrit  les  yeux  ;  il  donna  sa  démission. 
Le  19  septembre ,  il  alla  chercher  un  asile 
dans  les  environs  de  Nantes.  Ne  s'y  croyant 
pas  en  sûreté ,  il  se  rendait  dans  une  re- 
traite que  M.  de  Laplace  lui  avait  offerte , 
lorsqu'il  fut  arrêté  en  entrant  à  Melon , 
et  conduit  à  Paris ,  où ,  après  avoir  été 
abreuvé  d'ignominies  de  la  part  de  ce 
même  peuple  dont  il  s'était  vu  l'idole ,  il 
fut  exécuté  le  12  novembre  de  la  même 
année.  Il  était  né  le  15  septembre  1736. 
Quelques  biographes  ont  prétendu  que 
Bailly  s'était  enrichi  pendant  son  adminis- 
tration ;  cette  opinion  est  démentie  par  la 
situation  de  sa  veuve  ,  restée  après  sa 
mort  dans  une  profonde  indigence.  Outre 
V Histoire  de  l'astronomie*  et  ses  Lettres 
sur  l'origine  des  sciences  et  sur  l'Atlan- 
tide ..Bailly  a  laissé  beaucoup  d'ouvrages , 
et  notamment  des  Rapports  sur  le  mes- 
mérisme  et  sur  le  projet  d'un  nouvel  Hô- 
tel-Dieu. MM.  Berville  et  Barrière  ont 
publié  un  Mémoire  de  Bailly,  avec  une 
notice  sur  sa  vie.  On  peut  lire  dans  l'His- 
toire de  la  révolution  de  France  par 
Montjoie  le  jugement  sévère  que  porte  cet 
auteur  sur  le  caractère  politique  et  privé 
de  Bailly. 

'  BAILLY  DE  JUILLY  (  Edme-Locis- 


Bartuèlemy),  né  vers  1760,  était  orato- 
rien  et  professeur  au  collège  de  Juilly 
lorsque  la  révolution  éclata.  Il  en  adopta 
les  principes ,  et  fut  nommé  député  à  la 
convention  nationale,  en  1792.  Il  y  mon- 
tra beaucoup  de  modération  ,  et  dans  le 
procès  de  Louis  XVI  il  y  vota  pour  la  dé- 
tention et  l'appel  au  peuple.  Après  le  9 
thermidor  il  fut  envoyé  à  Strasbourg,  et 
il  éloigna  des  fonctions  publiques  les  plus 
violens  démagogues.  Au  mois  d'août  il  s'é- 
leva avec  force  contre  Dubois  de  Crancé 
qui  voulait  effrayer  la  Convention  des  pro- 
grès du  royalisme  ;  et  en  se  tournant  du 
côté  des  Jacobins,  il  s'écria  :  Messieurs 
de  la  ci-devant  montagne  *  vous  n'êtes 
pas  encore  les  maîtres.  Le  5  septembre 
même  année ,  il  s'opposa  à  l'arrestation 
de  tous  les  prêtres  réfractaires ,  et  insista 
pour  qu'il  ne  fût  pris  aucune  mesure  gé- 
nérale à  ce  sujet.  Après  la  session  il  passa 
au  conseil  des  Cinq-cents ,  dont  il  fut  élu 
secrétaire  le  18  juillet  1797.  Les  liaisons 
qu'il  avait  avec  ce  qu'on  appelait  le  parti 
clichien  ou  royaliste,  le  firent  compren- 
dre dans  la  liste  de  déportation  du  18 
fructidor  ;  mais  Malès  l'en  fit  rayer  en  as- 
surant qu'il  était  prêtre  assermenté  et  ma- 
rié ,  quoiqu'il  n'eût  jamais  reçu  les  ordres. 
Il  fut  réélu  de  nouveau  en  1798  par  son 
département ,  et  après  la  révolution  du  18 
brumaire  on  lui  donna  la  préfecture  du 
Lot  qu'il  conserva  jusqu'en  décembre  1815 
Depuis  cette  époque  il  vécut  dans  lav  re- 
traite ,  et  s'occupa  de  l'éducation  de  ses 
enfans.  L'imprudence  d'un  postillon  lui 
fit  éprouver  un  accident  qui  nécessita 
l'amputation  des  deux  bras ,  et  peu  de 
temps  après  causa  sa  mort.  Bailly,  à  la 
création  de  la  légion  d'honneur,  en  fut 
nommé  chevalier,  et  en  devint  officier 
quelques  années  après. 

*  BAILLY  (  Louis  ) ,  bachelier  de  Sor- 
bonne,  chanoine  de  la  cathédrale  de  Di- 
jon, et  professeur  de  théologie  dans  la 
même  ville,  pendant  près  de  25  ans  ,  na- 
quit en  1750,  à  Bligny  près  de  Beaune.  Il 
fut  appelé  à  Dijon  en  1763 ,  pour  remplir 
une  des  chaires  de  théologie  occupées  au- 
paravant parles  jésuites,  et  s'acquitta  de 
cet  emploi  avec  beaucoup  de  zèle  et  de 
succès.  Ses  vertus  et  ses  lumières  lui  ac- 
quirent une  grande  considération  ,  et  M. 
d  Apchon,  alors  évêque  de  Dijon,  l'honora 
du  titre  de  promoteur  général  du  diocèse, 
en  même  temps  qu'il  lui  confia  la  direc- 
tion du  collège.  A  l'époque  de  la  révo- 
lution, l'abbé  Bailly  refusa  le  serment  et 
se  retira  en  Suisse  ;  il  habita  cette  terre 


BAI  2 

hospitalière  jusqu'au  concordat ,  époque 
à  laquelle  il  rentra  dans  sa  patrie.  Il  fixa 
son  séjour  à  Beaune ,  et  préférant  l'hum- 
ble et  modeste  titre  d'aumônier  d'un  hos- 
pice à  une  place  de  grand-  vicaire ,  qui 
plus  d'une  fois  lui  fut  offerte ,  il  se  con- 
sacra tout  entier  au  service  des  pauvres. 
C'est  dans  cet  honorable  et  pénible  mi- 
nistère qu'en  1808  il  termina  sa  vie  avec 
de  grands  sentimens  de  religion  et  de 
piété.  Il  est  auteur,  |  d'un  Traclatus  de 
vera  religionc  2  vol.  in-12,  qu'il  dédia  à 
l'illustre  prélat  qui  l'avait  honoré  de  ses 
faveurs  et  de  son  estime  ;  |  Tractatus  de 
ecclesia,  2  vol.  in-12.  Ces  deux  traités, 
généralement  estimés,  ne  sont  cependant 
remarquables  sous  aucun  rapport,  et  lais- 
sent beaucoup  à  désirer  pour  le  fond  et 
pourlaforme.  Cesontde  ces  ouvragesoù, 
si  l'on  ne  trouve  pas  à  reprendre ,  l'on  ne 
trouve  pas  non  plus  à  louer.  Les  preuves 
sont  sans  force,  et  rarement  présentées 
d'une  manière  à  convaincre  et  à  faire 
impression.  On  y  désirerait  surtout  plus 
d'ordre  et  de  méthode,  principalement 
dans  le  Traité  de  la  religion ,  qui  est  bien 
inférieur  au  Traité  de  l'Eglise.  |  Theolo- 
gia  dogmatica  et  moralis*  8  vol.  in-12, 
1789,  première  édition.  La  sixième  est  de 
Lyon,  1820.  Celte  théologie  est  un  livre 
élémentaire  adopté  dans  un  grand  nom- 
bre de  séminaires.  L'auteur  en  donna  une 
édition  en  1804,  adaptée  aux  circonstances 
et  aux  usages  introduits  par  le  nouveau 
Code  et  le  concordat.  On  trouve  en  géné- 
ral dans  cet  ouvrage  toutes  les  questions 
importantes ,  mais  traitées  superficielle- 
ment, et  présupposant  toujours  les  expli- 
cations et  les  développemens  du  profes- 
seur Il  y  a  d'assez  bons  traités,  mais  pres- 
que tous  manquent  de  méthode.  Ce  se- 
rait un  service  bien  important  à  rendre 
aux  jeunes  élèves  du  sanctuaire ,  que  de 
remplacer  un  ouvrage  aussi  imparfait,  et 
dont  tous  les  jours  on  sent  l'insuffisance, 
par  une  bonne  théologie  élémentaire. 
|  Les  Principes  de  la  foi  catholique  J  pu- 
bliés en  Suisse,  et  dont  l'édition  fut  épui- 
sée en  peu  de  temps.  On  lui  doit  encore 
|  un  Traité  de  l'immortalité  de  l'âme,  ou 
Essai  sur  l'excellence  de  V  homme  ,  Dijon, 
1781,  in-12. 

BAIN  ES  (  Roldophe  ),  évêque  de  Con- 
venir i  et  de  Lichtfield  en  Angleterre,  du 
temps  de  la  reine  Marie ,  après  avoir  été 
professeur  de  langue  hébraïque  à  Paris. 
La  reine  Elisabeth  le  déposséda  de  son 
évêché  au  commencement  de  son  règne, 
et  il  mourut  bientôt  après  en  1560.  On  a 
2. 


o  BAI 

de  lui  |  Commentaires  sur  les  ProverbeSj 
1555,  in-fol.  ;  |  Grammaire  hébraïque* 
Paris,  1550,  in-4°. 

BAIUS  ou  BAY  (  Michel  de  ) ,  naquit 
à  Melin  dans  le  territoire  d'Ath,  en  1513. 
L'empereur  Charles-Quint  le  choisit  pour 
professer  l'Ecriture  sainte  dans  l'univer- 
sité de  Louvain  en  1551.  Il  fut  ensuite 
chancelier  de  ce  corps ,  conservateur  de 
ses  privilèges ,  et  inquisiteur-général. 
L'université  fit  choix  de  lui ,  de  concert 
avec  le  roi  d'Espagne,  pour  le  députer  au 
concile  de  Trente ,  avec  Jean  Hessels , 
avec  lequel  il  avait  lié  une  étroite  amitié 
cimentée  par  l'analogie  de  leur  manière 
de  penser.  Une  partie  de  ses  opuscules 
avait  déjà  été  publiée.  Dès  1552,  Ruard 
Tapper,  Josse  Ravestein ,  Richtou ,  Cun- 
ner  et  d'autres  docteurs  de  Louvain  ,  s'é- 
levèrent contre  Baïus  et  Hessels  ,  qui  ré- 
pandaient les  premières  semences  de 
leurs  opinions.  En  1560,  deux  gardiens 
des  cordeliers  de  France  en  déférèrent 
dix-huit  articles  à  la  faculté  de  théologie 
de  Paris,  qui  les  condamna  par  la  cen- 
sure du  27  juin  de  la  même  année.  En 
1567,  parut  la  bulle  de  Pie  V,  du  1er  octo- 
bre ,  portant  "condamnation  de  soixante- 
seize  propositions  qu'elle  censurait  inglo- 
ôcmais  sans  nommer  Baïus.  Le  cardi- 
nal de  Granvelle,  chargé  de  l'exécution 
de  ce  décret,  l'envoya  à  Morillon,  son  vi- 
caire-général, qui  le  présenta  à  l'univer- 
sité de  Louvain,  le  29  décembre  1567.  La 
bulle  fut  reçue  avec  respect,  et  Baïus  pa- 
rut d'abord  s'y  soumettre;  mais  ensuite, 
il  écrivit  une  longue  apologie  de  sa  doc- 
trine, qu'il  adressa  au  pape ,  avec  une 
lettre  du  8  janvier  1569.  Pie  V,  après  un 
mûr  examen,  confirma,  le  13  mai  sui- 
vant, son  premier  jugement ,  et  écrivit 
un  bref  à  Baïus ,  pour  l'engager  à  se  sou- 
mettre sans  tergiversation.  Baïus,  à 
l'exemple  de  tous  les  novateurs ,  hésita 
quelque  temps,  et  se  soumit  enfin,  en 
donnant  à  Morillon  une  révocation  des 
propositions  condamnées.  Ses  principales 
erreurs  étaient  :  «  Que  depuis  la  chute 
»  d'Adam,  toutes  les  œuvres  des  hommes 
»  faites  sans  la  grâce ,  sont  des-  péchés  : 
»  que  la  liberté ,  selon  l'Ecriture  sainte , 
»  est  la  délivrance  du  péché  ;  qu'elle  est 
»  compatible  avec  la  nécessité;  que  les 
»  mouvemens  de  cupidité  ,  quoique  in- 
»  volontaires,  sont  défendus  par  le  pré- 
»  cepte,  et  qu'ils  sont  un  péché  dans  les 
»  baptisés,  quand  ils  sont  retombés  en 
»  état  de  péché  ;  que  le  péché  mortel  n'est 
»  point  remis  par  une  contrition  parfaite 


BAI 


26 


BAJ 


»  qui  renferme  le  vœu  de  recevoir  le  bap- 
»  tême  ou  l'absolution,  si  l'on  ne  les  re- 
»  çoit  réellement  :  qu'on  peut  mériter  la 
»  vie  éternelle  avant  d'être  justifié,  etc.» 
Après  la  mort  de  Josse  Ravestein ,  ar- 
rivée en  1570,  Baïus  et  ses  disciples  re- 
muèrent   de   nouveau.    Grégoire    XIII, 
pour  mettre  fin  à  ces  troubles,  donna  une 
bulle  le  29  janvier  1579 ,  en  confirmation 
de  celle  de   Pie  V,  son  prédécesseur,  et 
choisit,  pour  la  faire  accepter  par  l'univer- 
sité de  Louvain,  François  To-let,  jésuite, 
et  depuis  cardinal.  Alors  Baïus  rétracta 
ses  propositions ,  et  de  vive  voix  ,  et  par 
un  écrit  signé  de  sa  main,  daté  du  24 
mars  1580.  Dans  les  huit  années  suivan- 
tes, jusqu'à  la  mort  de  Baïus ,  les  contes- 
tations se  réveillèrent,  et  ne  furent  assou- 
pies que  par  un  corps  de  doctrine  dressé 
par  les  théologiens  de  Louvain  et  adopté 
par  ceux  de>  Douai.  Jacques  Janson,  pro- 
fesseur de  théologie  à   Louvain,  voulut 
ressusciter  les  opinions  de  Baïus ,  et  en 
chargea  le  fameux  Cornélius  Jansénius, 
son  élève,  qui  dans  son  ouvrage  intitulé 
Augustinus,  a  renouvelé  les  principes  et 
la  plupart  des  erreurs  de  Baïus.  Quesnel 
a  répété  ensuite  mot  pour  mot ,  dans  les 
Réflexions  morales,  un  grand  nombre 
de  propositions  condamnées  par  Pie  V  et 
Grégoire  XIII.  Baïus  aimait  les  opinions 
singulières  ;   car  dans  son  Traité  sur  le 
péché  originel ,'\\  s'efforce  de  prouver  que 
si  entre  les  hommes ,  les  uns  ont  des  pas- 
sions plus  fortes  que   les  autres,   c'est 
qu'en  naissant  ils  ont  participé  davantage 
au  péché  originel  :  et  l'on  peut  dire  que 
tout  l'ensemble  de  son  système  prouve  la 
singularité  de  son  esprit  et  son  goût  poul- 
ies paradoxes.  «  Car  ce  système ,  comme 
»  le  remarque  solidement  un  théologien 
»  célèbre ,  est  un  composé  bizarre  de  pé- 
»  lagianisme,  quant  à  ce  qui  regarde  1*6- 
»  tat de  nature  innocente;  de  luthéranis- 
»  me  et  de  calvinisme  ,  pour  ce  qui  con- 
»  cerne  l'état  de  la  nature  tombée.  Quant 
.->  à  l'état  de  nature  réparée,  les  sentimens 
»  de  Baïus  sur  la  justification,  l'efficacité 
»  des  sacremens  et  le  mérite  des  bonnes 
»  œuvres,  sont  directement  opposés  à  la 
»  doctrine  du  concile  de  Trente  ;  ils  ne 
»  pouvaient  éviter  les  différentes  censures 
»  qu'ils  ont  essuyées.  »  Baïus  mourut  le  19 
septembre  1509.  Il  fonda  un  collège  par  son 
testament  ;  c'est  là  son  meilleur  ouvrage. 
On  a  recueilli  ses  œuvres  en  1696 ,  in-4°, 
à  Cologne,  c'est-à-dire,    en   Hollande. 
Quesnel  et  le  P.  Gerberon  en  furent  les 


Rome,  le  8  mai  1697.  —  Son  neveu  (  Jac- 
ques BAIUS  )  aussi  docteur  de  Louvain, 
et  président  du  collège  de.  Savoie ,  mort 
en  1614,  a  laissé  un  Traité  de  l'Eucha- 
ristie, imprimé  en  cette  ville,  in-8°,  1605, 
dédié  à  saint  François  de  Sales  ;  et  un 
Catéchisme ,  in-fol. ,  Cologne,  1620.  Ha 
fait  aussi  l'éloge  funèbre  de  son  oncle,  où 
il  assure  que  le  défunt  lui  a  apparu  dans 
un  état  de  gloire.  Voyez  X 'Histoire  du 
baïanisme ,  par  le  P.  du  Chesne. 

BAIZE  (  Noel-Philippe  ),  prêtre  de  la 
doctrine  chrétienne ,  naquit  à  Paris  en 
1672,  et  mourut  en  1747,  dans  la  maison 
de  Saint-Charles ,  dont  il  était  bibliothé- 
caire. Les  savans,  et  en  particulier  l'abbé 
Bignon,  ont  beaucoup  loué  l'ordre  et 
l'exactitude  du  catalogue  do  la  bibliothè- 
que confiée  à  ses  soins.  On  a  de  lui  quel- 
ques autres  petits  écrits. 

BAJAZET  Ier,  empereur  des  Turcs, 
fils  et  successeur  d'Amurath  Ier  en  1389, 
fut  appelé  Y  Eclair,  à  cause  de  la  rapidité 
de  ses  conquêtes.  Prévoyant  que  ses 
grands  desseins  l'obligeraient  de  s'éloi- 
gner de  sa  capitale ,  et  ne  voulant  point 
que  ses  sujets  profitassent  de  son  absence 
pour  donner  l'empire  à  un  autre,  il  fit 
étrangler  Jacob  son  frère  aine;  traite- 
ment qui,  suivant  Chalcondyle,  était  déjà 
en  usage  parmi  les  princes  de  sa  nation. 
Il  enleva  d'abord  aux  chrétiens ,  en  1391- 
92  et  93,  la  Bulgarie,  la  Macédoine,  la 
Thessalie;  subjugua  presque  toutes  les 
provinces  des  princes  asiatiques,  et  as- 
siégea Constantinople  qu'il  ne  put  em- 
porter. Sigismond ,  roi  de  Hongrie,  à  qui 
l'empereur  Manuel  Paléologue  avait  fait 
demander  du  secours ,  proposa  une  croi- 
sade contre  Bajazet.  La  France  se  joignit 
à  lui,  et  envoya  Jean,  comte  de  Nevers, 
cousin-germain  du  roi.,  avec  2000  gentils- 
hommes. Mais  cette  armée  chrétienne  fut 
entièrement  défaite  l'an  1596,  près  de  Ni- 
copolis  en  Bulgarie.  La  plupart  furent 
pris,  tués  ou  noyés.  Le  comte  de  Nevers 
fut  mené  à  Pruse  chargé  de  fers.  L'em- 
pereur turc ,  enflé  de  ses  avantages  ,  alla 
s'opposer  aux  progrès  du  fameux  Tamer- 
lan.  Ce  héros  lui  envoya  une  ambassade, 
que  le  turc  reçut  avec  fierté.  Tamerlan 
marcha  contre  lui  et  le  défit  près  d'An- 
goury  ou  Ancyre ,  l'an  1402.  Mustapha, 
aîné  de  Bajazet,  fut  tué  en  combattant; 
Bajazet  lui-même  fut  fait  prisonnier.  Son 
vainqueur  lui  demanda  ce  qu'il  aurait 
fait  de  lui,  supposé  qu'il  eût  été  vaincu  : 
Je  t'aurais  enfermé,  lui  dit  le  Turc,  dans 


éditeurs.    Ce   recueil    fut    condamné  à  |  une  cage  de  fer.  —  Je  suis  donc  en  droit. 


BAJ 


27 


BAK 


reprit  le  Tartare  ,  de  t'y  mettre  aussi  ;  et 
tout  de  suite  il  l'y  fit  enfermer.  Bajazet, 
aussi  fier  dans  sa  cage  qu'à  la  tête  de  ses 
armées,  comptait  toujours  que  ses  fils 
viendraient  le  délivrer;  mais  ses  espé- 
rances étant  frustrées ,  il  se  cassa  la  tête 
contre  les  barreaux  de  sa  cage  ,  en  1403. 
Petit  de  la  Croix,  fondé  sur  quelques  au- 
teurs arabes  et  persans,  le  fait  mourir 
d'apoplexie  ,  dans  le  camp  de  Tamerlan, 
en  1397.  Outre  que  ce  récit  renferme  un 
anachronisme ,  il  est  contraire  à  tous  les 
historiens  grecs  et  latins.  Voltaire  s'est 
aussi  élevé  contre  la  narration  de  la 
cage  de  fer,  pour  des  raisons  que  la  saine 
critique  regardera  toujours  comme  des 
frivolités.  Voyez  TAMERLAN. 

BAJAZET  II,  fils  de  Mahomet  II ,  ou 
Fatile,  succéda  à  son  père  en  1481.  Zizim, 
son  frère  cadet,  favorisé  par  la  plupart 
des  seigneurs ,  lui  disputait  la  couronne, 
mais  il  le  chassa  de  l'Asie,  l'obligea  de  se 
réfugier  en  Occident ,  où  il  mourut  (  dit- 
on  )  de  poison  en  1495.  Bajazet  enleva 
quelques  terres  aux  Vénitiens;  mais  il 
fut  moins  heureux  en  Egypte.  Les  janis- 
saires, gagnés  par  son  filsSélim,  l'obli- 
gèrent de  lui  céder  le  trône.  Ce  fils  déna- 
turé ,  pour  s'assurer  encore  mieux  de  la 
couronne,  fit  empoisonner  son  père  en 
1512,  par  son  médecin,  qui  était  un  juif. 
Il  avait  alors  60  ans.  La  réparation  des 
murs  de  Constantinople ,  et  des  édifices 
superbes,  sont  des  monumens  de  sa  ma- 
gnificence. La  lecture  des  livres  d'Aver- 
roès  le  détourna  des  affaires,  sans  lui 
inspirer  un  caractère  plus  doux  et  plus 
numain  :  il  est  vrai  qu'elle  n'était  guère 
propre  à  produire  cet  effet. 

BAJAZET,  fils  d'Achmet  I  et  de  la  sul- 
tane Kiosens,  était  l'un  des  frères  d'Amu- 
rath  IV.  Celui-ci  n'avait  pas  d'enfans; 
mais  il  détestait  le  jeune  Bajazet  sur  le- 
quel se  fixaient  toutes  les  espérances  de 
la  nation ,  et  plusieurs  fois  il  avait  songé 
à  s'en  défaire  :  il  en  donna  l'ordre,  par  le 
messager  qui  vint  à  Constantinople  an- 
noncer la  prise  de  Revan  sur  les  Persans. 
Cette  catastrophe  a  fourni  à  Racine  le  su- 
jet d'une  de  ses  belles  tragédies.  Bajazet 
fut  étranglé  l'an  1635. 

BAJAZET,  sultan,  fils  de  Soliman  I  et 
de  Roxelane,  était  resté,  après  la  catastro- 
phe de  Mustapha  et  de  Géangir  (  1553  ), 
le  seul  prince  du  sang  ottoman,  avec  Sé- 
lim  son  aîné ,  qui  fut  depuis  Sélim  II. 
Deux  partis  se  formèrent  pour  la  succes- 
sion au  trône;  Soliman  s'était  déclaré 
pour  Sélim,  Roxelane  pour  Bajazet.  Tant 


que  vécut  Roxelane ,  celui-ci  contraria 
impunément  le  gouvernement  de  son 
père  ;  mais  après  sa  mort ,  il  se  jeta ,  au- 
tant pour  l'intérêt  de  son  ambition  que 
pour  celui  de  sa  sûreté  propre,  dans 
toutes  les  voies  du  crime;  il  chercha  à 
empoisonner  Sélim  ;  puis  il  lui  déclara 
la  guerre  :  mais  il  fut  vaincu  près  d'I- 
conium  (1558),  se  réfugia  en  Perse,  où 
la  vengeance  de  son  père  le  suivit,  reçut 
par  des  ambassadeurs  le  fatal  cordon,  et 
sur  ce  sol  étranger  il  obéit  aux  ordres  su- 
prêmes de  Soliman  (  1559  ). 

BAJER  ou  BAIER  (  Jean-Jacques  ) , 
célèbre  médecin ,  né  à  Iéna  en  1677,  pra- 
tiqua son  art  dans  différentes  villes  d'Al- 
lemagne ,  entre  autres  dans  Nuremberg, 
Ratisbonne  et  Altorf.  Il  fut  professeur 
dans  cette  dernière  ville ,  membre  de  l'a- 
cadémie des  Curieux  de  la  nature,  en 
1720.  Il  en  devint  président  l'an  1730  ,  et 
mourut  à  Allorf  le  14  juillet  1735.  Il  a 
donné  |  Thésaurus  gemmarum  affabrc 
sculptarum ,  collectus  à  J.  M.  ab  Eber- 
mayer,  Nuremb. ,  1720 ,  in-fol.;  |  Horti 
medici  Acad.  Altorf.  Historia ,  Altorf. . 
1727,  in-4°  ;  |  Quantité  de  dissertations  ou 
thèses  sur  des  plantes  particulières,  in- 
4°,  depuis  1710  jusqu'en  1721 

BAKAREEL.   Voyez  BACCARELLES. 

*  BAKER  (  David  ),  bénédictin  an- 
glais ,  né  dans  la  religion  protestante  en 
1575,  à  Abergavenni,  dans  la  province  de 
Montmouth.  Après  avoir  fait  ses  pre- 
mières études  à  Oxford,  il  vint  à  Londres, 
où  il  étudia  en  droit  au  collège  du  Tem- 
ple. Ayant  embrassé  la  religion  catholi- 
que, il  alla  en  Italie  et  entra  dans  l'insti- 
tut de  Saint-Benoît.  Ses  supérieurs  le 
renvoyèrent  à  Londres  en  qualité  de  mis- 
sionnaire sous  Charles  I.  Il  y  mourut  en 
1641.  Il  publia  une  Explicationd'vn  livre 
de  Walter  Hilton,  intitulé  Y  Echelle  de 
perfection;  ouvrage  de  spiritualité,  et  quj 
prouve  les  progrès  que  David  Baker  avait 
faits  dans  la  science  de  la  vie  intérieure. 
Il  était  d'ailleurs  très  érudit,  et  a  laissé 
d'immenses  recueils.  —  BAKER  (  Augus- 
tin ) ,  autre  bénédictin  anglais ,  aussî 
employé  dans  les  missions  d'Angleterre, 
vivait  vers  l'an  1620.  Il  avait  enseigné  au 
collège  du  Temple.  Il  fut  aussi  professeur 
dans  sa  congrégation,  et  y  forma  de  zélés 
et  illustres  disciples,  du  nombre  desquels 
était  don  Philippe  Douvel,  mis  à  mort  en 
1645,  pour  avoir  travaillé  à  ramener  des 
Anglais  à  la  religion  catholique. 

BAKER  (  Thomas  ),  antiquaire  anglais 
en  1656,  et  auteur  de  la  Clef  géométrique, 


BAft  i 

était  né  à  Ilton  dans  le  comté  de  Sommer- 
set.  Il  menait  une  vie  studieuse  et  reti- 
rée, mourut  l'an  ,1740,  âgé  de  80  ans. 
Outre  cet  ouvrage,  on  a  de  lui  d'autres 
livres  qui  ont  rendu  son  nom  respectable 
parmi  les  physiciens  et  les  géomètres  les 
plus  éclairés.  Son  ouvrage  le  plus  remar- 
quable a  pour  titre  Réflexions  sur  la 
science j  oit  l'on  démontre  son  insuffisance 
dans  toutes  ses  branches,,  et  l'utilité  et  la 
nécessité  d'une  révélation .,  1699-1738,  4 
vol.  in-8°,  traduit  en  français  par  Berger, 
avec  le  titre  de  Traité  de  l'incertitude  des 
sciences,  1714,  in-12. 

BAKER  (  RicnARD  ) ,  né  dans  le  comté 
d'Oxford,  dont  il  fut  grand  schérif  en 
1621,  est  auteur  de  Y  Histoire  d'Angle- 
terre j  Londres,  1641 ,  in-fol.,  en  anglais. 
Elle  s'étend  jusqu'à  la  mort  de  Charles  Ier. 
Elle  a  été  continuée  ensuite  jusqu'au 
règne  de  Georges  Ier,  Londres,  1730.  Baker 
a  aussi  donné  une  Explication  de  l'Orai- 
son dominicale,  estimée  en  Angleterre. 

*  BAKER  (  Henri),  naturaliste  anglais, 
né  au  commencement  du  18e  siècle  et 
mort  en  1774 ,  fut  membre  de  la  Société 
royale  et  de  celle  des  antiquaires.  On  lui 
décerna,  en  1744,  une  médaille  d'or  pour 
ses  découvertes  microscopiques.  Son  Mi- 
croscope mis  à  la  portée  de  tout  le  monde 
traduit  en  français  par  le  P.  Pezenas , 
17S4 ,  in-8°,  et  un  second  écrit  intitulé  : 
Usage  du  microscope,  sont  estimés.  Baker 
a  fait  sur  les  polypes  d'eau  douce  et  sur 
d'autres  petits  insectes ,  des  expériences 
très  curieuses  dont  il  a  consigné  les  ré- 
sultats dans  les  deux  ouvrages  que  nous 
venons  de  citer. 

*  BAKEWEL  (  Robert  ) ,  fermier  an- 
glais, né  en  1726  àDishley,  dans  le  Lei- 
çestershire ,  et  mort  en  1795  ,  contribua 
beaucoup  par  ses  observations  à  l'amélio- 
ration des  bestiaux;  il  possédait  un  des 
})lus  beaux  troupeaux  de  l'Angleterre.  Ses 
Remarques  ont  été  insérées  dans  le  Do- 
meslical encyclopéd.  Londres ,  1802,  t.  1er. 

BAKIIUISEIV  (  Ludolf  ),  peintre  et 
graveur,  né  en  1631 ,  dans  la  ville  d'Emb- 
den,  au  cercle  de  Westphalie ,  mourut 
en  1709.  Un  goût  naturel  le  guida  dans 
ses  premiers  essais.  Ses  productions 
étaient  dès  lors  recherchées ,  quoiqu'il 
n'eût  pas  encore  appris  les  élémens  de 
son  art.  Il  cultiva  ses  talcns  ,  et  d'habiles 
maîtres  le  dirigèrent  dans  ses  études.  Cet 
excellent  artiste  consultait  beaucoup  la 
nature ,  et  la  rendait  avec  précision  dans 
ses  ouvrages.  lia  représenté  des  marines, 
surtout  des   tempêtes.   Son    coloris   est 


S  BAL 

suave  et  harmonieux ,  son  dessin  correct, 
ses  compositions  pleines  de  feu.  On  fait 
un  cas  infini  de  ses  dessins  ;  ils  sont  d'un 
effet  piquant ,  et  admirables  par  la  pro- 
preté du  lavis.  Il  a  gravé ,  à  l'eau  forte . 
quelques  vues  maritimes. 

*  BARRER  (  Pjerre-Huysinga  ) ,  poète 
hollandais  ,  né  en  1715  à  Amsterdam  ,  et 
mort  en  1801  dans  la  même  ville ,  a  laissé 
un  poème  estimé  sur  l'inondation  de  1740, 
et  des  satires  contre  les  Anglais ,  1  volume 
in-4°.  On  a  encore  de  lui  une  savante  dis- 
sertation sur  la  versification  hollandaise 
ancienne  et  moderne. 

BALAouBALAS.  Voyez  ALEXANDRE 
BALAS. 

BALAAM,  prophète,  mais  prévarica- 
teur et  infidèle  :  selon  d'autres ,  faux  pro- 
phète ,  jongleur  et  magicien  ,  fils  de  Beor 
ou  Bosor  ,  était ,  selon  la  plus  commune 
opinion  ,  de  Pethor  ou  Pathura  sur  l'Eu- 
phrate  ;  il  suivit  les  ambassadeurs  de  Ba- 
lac ,  roi  des  Moabites ,  qui  l'avait  envoyé 
chercher  pour  maudire  le  peuple  d'Israël. 
Un  ange  l'arrêta  au  milieu  du  chemin , 
tenant  uneépéenue.  L'ânessesur  laquelle 
il  était  monté  ne  voulut  plus  avancer, 
parla  miraculeusement  pour  condamner 
la  cruauté  de  son  maitre  qui  l'assommait, 
et  l'ange  ordonna  à  Balaam  de  ne  dire 
que  ce  que  Dieu  lui  mettrait  dans  la  bou- 
che. Les  incrédules  ont  fait  des  railleries 
insipides  sur  le  langage  de  cette  brute, 
qui  n'est  cependant  pas  bien  difficile  à 
expliquer.  Celui  qui  donne  le  mouve- 
ment à  toute  la  nature ,  l'imprima  pour 
un  instant  à  l'organe  d'un  animal,  comme 
il  eût  pu  l'imprimer  à  quelque  être  ina- 
nimé. On  ne  voit  pas  pourquoi  il  serait 
plus  indigne  de  Dieu  de  faire  parler  un 
animal,  que  de  faire  entendre  une  voix 
en  l'air  ou  de  se  servir  d'un  autre  signe 
pour  intimer  ses  volontés.  «  Je  ne  sais  , 
»  dit  un  auteur ,  si  ceux  qui  ont  plaisanté 
»  3ur  ce  langage  d'un  animal,  ont  réfléchi 
»  que  nous  faisons  parler  tous  les  jours 
»  les  pies  et  les  merles  :  ils  croient  sans 
»  doute  la  divine  puissance  moins  efficace 
»  que  nos  leçons.  »  L'apôtre  saint  Pierre 
remarque  que  Dieu  choisit  ce  moyen  d'a- 
vertir Balaam ,  comme  le  plus  propre  à 
faire  rentrer  en  lui-même  ce  prophète 
aveugle  et  insensé,  confondu  par  l'organe 
d'une  brute.  Correptionem  habuit  suœ 
vesaniœ  ;  subjugale  mutum  animal,  ho~ 
minis  voce  loquens  3  prohibuit  prophètes 
insipientiam.  2.  Pet.  2.  Si  ce  furieux  n'en 
parut  point  effrayé,  c'est  que  sa  colère  lui 
ôta  l'usage  de  la  réflexion.  Ceux  qui  le 


BAL  2 

font  magicien,  disent  qu'apprivoisé  avec 
les  opérations  de  l'art  qu'il  professait ,  il 
regarda  d'abord  cet  événement  comme 
l'effet  de  quelque  puissance  maligne  évo- 
quée par  ses  adversaires.  Quoi  qu'il  en 
soit ,  Balaam  étant  arrivé  chez  Balac  ,  ne 
prononça  sur  les  Hébreux  que  des  béné- 
dictions, au  lieu  des  malédiclions  que 
celui-ci  avait  demandées.  Il  prédit  qu'il 
sortirait  une  étoile  de  Jacob  et  un  rejeton 
d'Israël,  etc.  Le  roi,  trompé  dans  son 
attente ,  renvoyait  le  devin  sans  présens  , 
lorsque  cet  homme  avare  lui  conseilla 
d'engager  les  Israélites  dans  l'idolâtrie  et 
l'impudicité ,  l'assurant  qu'alors  abandon- 
nés des  secours  de  Dieu  ils  deviendraient 
la  proie  de  leurs  ennemis.  Ce  conseil  ne 
fut  que'trop  suivi.  Les  filles  moabites  in- 
vitèrent les  Hébreux  aux  fêles  de  Beel- 
phcgor,  où  livrés  à  tous  les  crimes,  ils 
abandonnèrent  Dieu  et  en  furent  aban- 
donnés. Dieu  ordonna  à  Moïse  d'en  tirer 
vengeance  :  les  Israélites  prévaricateurs 
furent  mis  à  mort  par  leurs  propres  frères 
qui  étaient  demeurés  fidèles,  et  Balaam 
fut  enveloppé  dans  le  carnage  que  l'on  fit 
des  Madianites ,  qui  avaient  été  plus  ar- 
dens  que  les  Moabites  à  corrompre  les 
Hébreux.  Les  savans  ont  pris  occasion  de 
l'histoire  de  Balaam ,  de  traiter  une  ques- 
tion ,  qui  est  de  savoir  si  Dieu  peut  se 
servir  de  personnages  vicieux,  même  des 
infidèles  et  des  idolâtres,  pour  prédire 
l'avenir.  Plusieurs  exemples  allégués  dans 
l'Ecriture  sainte ,  prouvent  que  Dieu  l'a 
fait  par  d'autres  que  pai  Balaam.  Le  pro- 
phète Michée  (  c.  3.  )  accuse  quelques-uns 
de  ses  confrères  de  prophétiser  pour  de 
l'argent;  il  ne  dit  pas  néanmoins  que 
c'étaient  de  faux  prophètes.  Dans  le  livre 
de  Daniel  (  c.  2.  ),  nous  voyons  que  Dieu 
envoie  un  songe  prophétique  à  Nabucho- 
donosor ,  prince  idolâtre ,  quoiqu'il  con- 
nût le  vrai  Dieu.  Jésus-Christ  (  Matt.  7.  ) 
dit  qu'au  jour  du  jugement  il  réprouvera 
des  hommes  qui  se  vanteront  d'avoir  pro- 
phétisé et  fait  des  miracles  en  son  nom. 
Saint  Jean  (  c.  11  )  nous  apprend  que 
Caïphe ,  en  qualité  de  pontife,  prophétisa 
que  Jésus-Christ  mourrait  non-seulement 
pour  sa  nation ,  mais  pour  rassembler 
les  enfans  de  Dieu,  prédiction  qu'il  fit 
probablement  sans  le  vouloir,  et  sans  en 
comprendre  le  sens. 

BALAC ,  le  même  dont  on  a  parlé  dans 
l'article  précédent ,  fut  tué  par  les  Israé- 
lites l'an  1461  avant  Jésus-Christ. 

BALACE ,  préfet  de  l'empereur  Con- 
stance ,  persécuta  cruellement  les  catho- 


)  BAL 

liques  qui  s'opposèrent  à  Grégoire  le  Cap- 
padocien ,  usurpateur  du  siège  d'Alexan- 
drie, lors  de  l'expulsion  de  saint  Athanase. 
On  flagella  les  prélats  qui  eurent  le  cou- 
rage de  résister  à  l'hérésie  et  au  schisme 
et  on  les  chargea  de  chaînes.  Le  saint 
évêque  Potamon,  qui  avait  perdu  un  oeil 
pour  la  foi ,  sous  la  tyrannie  des  païens , 
fut  si  rudement  frappé  sur  la  tête ,  qu'il 
consomma  son  martyre  peu  de  temps 
après.  Les  mêmes  violences  s'exercèrent 
dans  les  monastères  de  la  Thébaïde; 
vierges  et  solitaires  ,  tout  fut  traité  sans 
humanité,  comme  sans  pudeur.  L'hor- 
reur du  crime  et  l'esprit  de  Dieu  saisirent 
saint  Antoine  ;  il  écrivit  à  Balace  d'un  ton 
de  prophète,  qu'il  voyait  la  vengeance 
divine  prête  à  s'appesantir  sur  sa  tête 
sacrilège,  s'il  ne  cessait  de  persécuter  les 
serviteurs  de  Jésus-Christ.  L'impie  fit  un 
grand  éclat  de  rire  en  lisant  cette  lettre, 
la  jeta  par  terre ,  et  cracha  dessus ,  sans 
nul  égard  à  la  dignité  de  son  propre  rang. 
Puis  s'adressant  au  porteur  ,  il  le  chargea 
de  dire  au.  saint ,  que ,  puisqu'il  prenait 
tant  d'intérêt  aux  monastères  ,  il  allait  le 
visiter  lui-même.  Cinq  jours  n'étaient 
pas  écoulés,  que  la  vengeance  divine 
éclata  ;  Balace  se  trouvait  à  cheval,  à  côté 
du  vicaire  d'Egypte;  les  deux  chevaux 
commencèrent  à  jouer  ensemble ,  et  les 
maîtres  s'en  amusaient,  loin  d'en  prendre 
aucune  inquiétude.  Tout  à  coup  le  cheval 
du  vicaire  se  jeta  sur  Balace,  le  mordit 
à  la  cuisse ,  et  la  lui  déchira  avec  achar- 
nement. On  l'enleva  enfin  à  l'animal  fu- 
rieux, et  on  le  reporta  chez  lui  où  il 
mourut  le  troisième  jour. 

BALADANouBALAD  ouMERODACH- 
BALADAN,  roi  ou  gouverneur  de  Baby- 
lone ,  est  selon  Usserius  et  quelques  au- 
tres critiques,  le  même  que  Bélésis  ou 
Nabonassar ,  dont  il  est  parlé  dans  l'Ecri- 
ture. Mais  cette  opinion,  et  toutes  les 
autres  qu'on  forme  sur  ce  prince  ne  sont 
fondées  que  sur  des  conjectures.  Voyez 
BELESIS  et  NABONASSAR. 

BALAGNI.  Voy.  MONTLUC  (Jean  de). 

BALAMI  (  Ferdinand  ) ,  Sicilien ,  fut 
médecin  du  pape  Léon  X ,  de  qui  il  reçut 
de  grandes  marques  d'estime.  Il  n'était 
pas  moins  instruit  dans  les  belles-lettres 
que  dans  la  médecine,  et  il  cultivait  la 
poésie  et  l'érudition  grecque  avec  beau- 
coup de  succès.  Il  florissait  à  Rome  vers 
l'an  1555.  Il  a  traduit  du  grec  en  latin 
plusieurs  Opuscules  de  Galien.,  qui  ont 
été  imprimés  séparément,  et  que  l'on  a 
réunis  dans  l'édition  des  Œuvres  de  cet 


BAL 


30 


BAL 


ancien  médecin,  faite  à  Venise,  en  1586, 
in-folio. 

♦  BALARD  (  Mad.  ),  née  Albi,  cultiva 
dès  sa  jeunesse  les  muses  avec  succès ,  et 
remporta  plusieurs  prix  aux  Jeux-Flo- 
raux. Elle  est  décédée  le  8  avril  1821  à 
Castres ,  où  son  mari  exerçait  la  profes- 
sion d'avocat.  On  lui  doit  Y  Amour  ma- 
ternel, poème  en  h  chants,  Paris,  1813, 
qu'elle  a  publié  sans  nom  d'auteur ,  et  que 
plusieurs  journaux  n'ont  pas  regardé 
comme  inférieur  à  celui  de  Millevoie  sur  le 
môme  sujet.  Elle  a  publié  en  1814  une  ode 
sur  la  Restauration  du  trône  de  Francej 
et  a  laissé  en  manuscrit  un  poème  lyrique 
intitulé  Velléda,  qui  est  une  imitation 
des  Martyrs  de  M.  de  Chateaubriand. 

BAL  AS.  Voyez  ALEXANDRE  BAL  AS. 

*  BALBATRE  (  Claude  ) ,  habile  orga- 
niste ,  né  à  Dijon  en  1729.  Il  était  élève  de 
Rameau,  et  se  fit  en  peu  de  temps  une  si 
grande  réputation  qu'il  obtint  l'orgue  de 
Saint-Roch,  le  meilleur  de  la  capitale. 
Il  eut  ensuite  celui  de  Notre-Dame.  On 
admirait  surtout  ses  Noëls,  et  il  attirait 
un  si  grand  concours  de  monde  que  l'ar- 
chevêque de  Paris  crut  devoir  lui  défendre 
de  toucher  l'orgue  pendant  les  grandes 
fêtes  de  l'année.  Ce  fut  lui  qui  le  premier 
substitua  le  piano-forté  au  clavecin  pour 
lequel  il  a  composé  plusieurs  excellens 
morceaux.  Il  est  mort  à  Paris  le  9  avril 
1799. 

BALBI  ou  DE  BALBIS  (Jean)  ,  connu 
aussi  sous  le  nom  de  De  Janua ,  parce 
qu'il  était  de  Gènes,  dominicain ,  composa 
dans  le  15e  siècle,  des  commentaires  et 
quelques  autres  ouvrages.  Il  mourut  en 
1298.  Son  Catholicon,  seu  Summa  gram- 
maticalis ,  fut  imprimé  à  Mayence  en 
1617,  par  Furst  et  Schœffer.  Cette  espèce 
d'Encyclopédie  classique ,  contenant  une 
grammaire ,  une  rhétorique  et  un  dic- 
tionnaire, compilés  çà  et  là,  est  un  des 
premiers  livres  sur  lequel  on  ait  fait  les 
essais  de  l'art  de  l'imprimerie.  Il  est  très 
cher  et  très  rare. 

BALBIN  (Decimtjs  Coelis  BALBINUS), 
était  d'une  famille  illustre.  Le  sénat  l'é- 
lut empereur  en  237,  après  avoir  été  deux 
fois  consul  et  avoir  gouverné  plusieurs 
provinces.  Les  soldats  n'ayant  point  eu 
de  part  à  cette  élection,  se  soulevèrent , 
et  le  massacrèrent  un  an  après.  Balbin 
était  bon  et  populaire ,  et  réussissait  dans 
la  poésie  et  dans  l'éloquence.  Il  avait  60 
ans  lorsqu'il  obtint  la  couronne  impériale, 
et  possédait  de  grandes  richesses ,  dont  il 
ue  fit  pas  toujours  le  meilleur  usage  pos- 


sible. Son  mérite  lui  avait  procuré  les 
gouvernemens  de  l'Asie,  de  l'Afrique  et 
de  quelques  autres  provinces ,  où  il  se  fit 
aimer  par  sa  douceur ,  son  équité  et  son 
attention  à  ne  pas  laisser  accabler  le  peu- 
ple d'impôts. 

BALBIN  (  Aloysius  Boleslacs)  ,  jé- 
suite de  Bohème,  né  à  Kœnigsratz  en  1614 , 
écrivain  très  laborieux  et  bon  littérateur, 
mort  en  l'année  1689 ,  a  donné  |  Epitome 
historica  rerum  bohemicarum ,  Prague, 
1677,  in-fol.  |  Y  Histoire  de  ce  royaume, 
en  latin,  en  10  vol.  in-folio,  1679-1687. 
Dans  le  1er ,  il  traite  de  l'histoire  natu- 
relle; dans  le  2e  J  de  ses  habitans;  dans 
le  5e ,  de  ses  limites  ;  dans  le  4e,  des  vies 
des  saints  de  Bohème  ;  dans  le  5e,  des  pa- 
roisses; dans  le  6e,  des  archevêques  de 
Prague  ;  dans  le  7e,  des  rois  et  des  ducs 
de  Bohème  ;  dans  le  8e,  il  donne  des  do- 
cumens;  enfin,  les  9e  et  10e  contiennent 
les  généalogies  de  ce  royaume.  «  Tout  ce 
»  que  Balbin ,  dit  Drouet ,  a  fait  sur  le 
»  royaume  de  Bohème  est  très  exact  et 
»  très  recherché.  Il  peut  suffire  lui  seul 
»  pour  étudier  l'histoire  de  cette  monar- 
»  chie.  »  On  a  encore  de  lui  quelques  ou- 
vrages de  poésie. 

BALBO  (  Jérôme  ) ,  évéque  de  Goritz, 
mort  à  Venise  en  1555 ,  est  auteur  des 
ouvrages  suivans  :  |  De  rébus  Turcicis, 
Rome,  1526,  in-4°  ;  |  De  civili  et  bellica 
fortitudine,  1526,  in-4°;  |  De  futuris  Ca- 
roli  V  successibus ,  Bologne,  1529,  in-4°  ; 
Carmina  dans  Deliciœ  poetarum  italo- 
rum  ;  |  De  coronatione  principum. 

BALBOA  (  Vasco  Ncgnès  de  ),  Castil- 
lan, se  fit  connaître  de  bonne  heure  par 
ses  expéditions  maritimes.  Il  fut  si  heu- 
reux dans  ses  premières  guerres  contre 
les  Indiens ,  qu'il  ne  leur  donna  jamais  la 
paix  qu'au  prix  de  l'or.  Il  avait  amassé 
une  si  grande  quantité  de  ce  métal  pré- 
cieux j  qu'il  en  envoya  300  marcs  au  roi 
d'Espagne  pour  son  quint.  De  nouvelles 
découvertes  et  de  nouvelles  conquêtes 
mirent  son  nom  à  côté  de  ceux  de  Fer- 
nandCortez  et  d'Améric  Vespuce.  Il  s'em- 
barqua en  1513  dans  l'espérance  de  dé- 
couvrir la  mer  du  Sud ,  et  un  mois  après 
son  départ  il  était  en  possession  de  cette 
mer.  Il  donna  le  nom  de  Saint-Michel  au 
golfe  où  il  débarqua.  Il  s'y  plongea  jus- 
qu'à la  ceinture ,  son  épée  d'une  main  et 
son  boucher  de  l'autre ,  disant  aux  Cas- 
tillans et  aux  Indiens  qui  bordaient  le 
rivage  :  «  Vous  m'êtes  témoins  que  je 
»  prends  possession  de  cette  mer  pour  la 
»  couronne  de  Castille ,  et  cette  épée  lui 


BAL 


31 


BAL 


»  en  conservera  le  domaine.»  L'année  d'a- 
près il  retourna  à  Sainte-Marie ,  chargé 
d'or  et  de  perles.  Un  gouverneur  espagnol, 
arrivé  dans  cette  ville ,  fut  bien  surpris 
d'y  trouver  Balboa  avec  une  simple  cami- 
sole de  coton  sur  sa  chemise  ,  un  caleçon 
et  des  souliers  de  corde ,  faisant  couvrir 
de  feuilles  une  assez  méchante  case  qui 
lui  servait  de  demeure  ordinaire.  Ce  gou- 
verneur, jaloux  du  crédit  qu'il  avait  dans 
la  colonie ,  fit  revivre  un  procès  terminé 
depuis  long-temps ,  accusa  Vasco  de  fé- 
lonie, et,  quoiqu'il  ne  pût  le  lui  prouver, 
lui  fit  couper  la  tête ,  en  1517 ,  à  l'âge  de 
42  ans.  Ainsi  périt ,  par  le  dernier  sup- 
plice ,  un  des  plus  grands  capitaines  de 
l'Espagne ,  bien  digne  d'un  meilleur  sort. 
Voyez  le  P.  Charlevoix ,  Hist.  de  Saint- 
Domingue. 

BALBUENA  (  Bernard  de  ) ,  né  dans 
le  diocèse  de  Tolède,  docteur  de  Salaman- 
que ,  et  évêque  de  Porto-Rico  en  Améri- 
que ,  mourut  en  1627.  Les  Hollandais  pil- 
lèrent sa  ville  épiscopale  en  1625  ,  et  en- 
levèrent sa  bibliothèque  ,  double  sujet  de 
chagrin  pour  un  pasteur  et  pour  un 
homme  de  lettres.  Il  laissa  plusieurs  pièces 
de  poésies,  Madrid,  1604  et  années  suivan- 
tes. Elles  sont  pleines  d'imagination,  de 
feu,  d'esprit  et  de  grâce. 

BALBUS  (  Lucrus  Lc-cilius  ),  juriscon- 
sulte romain ,  disciple  de  Mucius  Scœvola, 
un  siècle  avant  Jésus-Christ ,  se  distingua 
par  ses  talens  dans  la  jurisprudence. 
L'histoire  romaine  fournit  plusieurs  au- 
tres personnages  du  nom  de  Balbus  ;  ils 
ne  méritent  pas  un  article  séparé. 

BALBUS  (  Octavius  ) ,  ayant  été  con- 
damné à  la  mort  par  les  triumvirs,  se 
déroba  des  mains  des  meurtriers  qui  le 
cherchaient  dans  sa  maison,  en  sortant 
secrètement  par  une  porte  qui  leur  était 
inconnue.  A  peine  fut-il  dehors,  qu'ayant 
appris  par  un  murmure  confus  de  ses 
voisins ,  que  l'on  assassinait  son  fils  à 
cause  de  lui,  la  tendresse  paternelle  le 
rappelle  aussitôt  à  sa  maison  pour  dé- 
fendre ce  fils  qu'il  aimait.  Ce  bruit  était 
faux  ;  mais  les  assassins  se  saisirent  de  ce 
père  infortuné,  et  lui  ôtèrent  la  vie. 

BALBUS  ou  plutôt  BALBO  (Pierre), 
d'une  des  meilleures  familles  de  Venise  , 
évêque  de  Tropéa,  mourut  à  Rome  en 
1479.  Il  s'est  fait  un  nom  en  traduisant 
plusieurs  ouvrages  des  Pères  grecs  en 
latin. 

BALDE  DE  UBALDIS  (  Pierre  ) ,  de 
Pérouse,  disciple  et  rival  de  Barthole, 
professa  le  droit  à  Pérouse ,  à  Padoue  et 


à  Pavie.  Arrivé  dans  cette  dernière  ville, 
on  fut  surpris  de  voir  qu'un  homme  si 
célèbre  eût  un  extérieur  qui  l'annonçait 
si  peu.  On  s'écria ,  la  première  fois  qu'il 
parut  en  public  :  Minuit  prœsentia  fa- 
mam.  Mais  Balde  répondit  spirituellement, 
quoique  peu  modestement  :  Augebit  cas- 
fera  virtus;  et  l'on  oublia  sa  figure  pour 
ne  faire  attention  qu'à  ses  talens.  Il  mou- 
rut de  la  morsure  d'une  chatte  enragée, 
vers  1400 ,  après  avoir  recommandé  qu'on 
l'enterrât  en  habit  de  cordelier.  On  voit 
son  tombeau  dans  l'église  de  ces  religieux 
à  Pavie.  On  a  beaucoup  d'ouvrages  de  ce 
jurisconsulte,  6  tom.  en  3  vol.  in-fol.  Ses 
deux  fils ,  dont  Zénobius ,  l'ainé ,  fut  évê- 
que de  Tiferme ,  excellèrent  aussi  dans 
la  connaissance  du  droit. 

BALDE, ou  plutôt  BALDI  (Bernardin)  , 
naquit  à  Urbin  en  1353.  Il  fut  abbé  de 
Guastalla  en  1586,  sans  avoir  demandé  cette 
abbaye.  Il  avait  d'abord  travaillé  sur  les 
mécaniques  d'Aristote,  sur  l'histoire.  Il 
avait  fait  des  vers,  mais  dès  qu'il  fut  abbé, 
il  ne  pensa  plus  qu'au  droit  canon  ,  aux 
Pères ,  aux  conciles  et  aux  langues  orien- 
tales. Il  mourut  en  1617.  C'était  un  homme 
fort  laborieux,  qui  possédait  seize  langues, 
et  qui  s'était  surtout  appliqué  aux  orien- 
tales. On  a  de  lui  un  grand  nombre  de 
Traités  sur  les  Mécaniques,  dont  quel- 
ques-uns dans  le  Kitruve  d'Amsterdam , 
1649,  in-fol.  |  Versie  prose,  Venise,  1590, 
in-4°.  Crescimbeni  a  mis  ses  Fables  en 
vers  italiens ,  Rome ,  1702,  in-12.  |  De  tor- 
mentis  bellicis,  1582.  |  Novœ  Gnomonices , 
1595.  |  Horographium  universale.  Para- 
doxa  mathematica.  Templi  Ezechielis 
description  etc.  Il  avait  commencé  une 
Description  historique  et  géographique 
du  monde  dans  toutes  ses  parties.  Il  n'eut 
pas  le  temps  de  finir  ce  grand  ouvrage. 
Morhof ,  dans  son  Polyhist.  tom.  1 , 1.  4  , 
rapporte  son  éloge  en  ces  termes  :  Ber~ 
nardinus  Baldus,  vir  doctissimus  fuit, 
multarum  linguarum,  multarum  scien* 
tiarum.  Scripsit  et  lalina  poemata  omnis 
generis,  in  singulis,  prœcipuos  imitatus. 
Ediditquoque  varia  mathematica  et  theo- 
logica ,  omnium  regionum  historiam  ae 
descriptionem  aggressus,  absolvere  non 
potuit. 

BALDE  (Jacques),  jésuite,  né  dans  la 
haute  Alsace  en  1605 ,  enseigna  pendant 
six  ans  les  humanités  et  la  rhétorique , 
et  se  livra  ensuite  à  la  prédication.  La 
cour  de  Bavière  applaudit  à  ses  Sermons, 
et  l'Allemagne  à  ses  Poésies.  On  l'appela 
XHorace  de  son  pays.  Il  mourut  à  Ncu- 


BAL  32  BAL 

bourg  en  1668.  Les  sénateurs  se  disputé- 1  ouvrages ,  parmi  lesquels  on  distingue  : 
rent  à  qui  serait  l'héritier  de  sa  plume  ;  et  M  InphysiognomicaAristotelis  commenta" 


celui  auquel  échut  ce  bijou ,  le  fit  mettre 
dans  un  étui  d'argent.  Ses  Œuvres  furent 
imprimées  à  Cologne,  in-4°  et  in-12,  1645 
et  1660 ,  en  4  vol.  Il  y  a  de  tout  dans  ce 
recueil,  des  pièces  de  théâtre,  des  traités 
de  morale ,  des  odes ,  des  panégyriques , 
des  poèmes  héroï-comiques.  Balde  était 
né  avec  le  feu  et  le  génie  des  bons  poètes  ; 
il  possédait  toutes  les  richesses  de  la  lan- 
gue romaine,  et  les  employait  avec  autant 
de  facilité  que  de  choix.  Il  a  l'élévation 
de  Pindare ,  et  en  même  temps  tout  le 
désordre  de  l'enthousiasme  lyrique.  L' Ci- 
rante victorieuse  s  ou  le  Combat  de  l'âme 
contre  les  cinq  sens ,  lui  valut  une  mé- 
daille d'or  de  la  part  d'Alexandre  VII.  La 
Batrachomyomachie  d'Homère,  enton- 
née avec  la  trompette  romaine,  poème 
héroï-comique  en  6  chants ,  et  le  Temple 
d'honneur,  bâti  par  les  Romains,  ouvert 
par  la  vertu  et  le  courage  de  Ferdinand 
III,  furent  fort  applaudis  ;  mais  ,  depuis 
que  les  langues  anciennes  sont  tombées 
en  discrédit ,  ces  poèmes  ne  sont  plus  lus 
que  par  quelques  savans.  Une  édition 
nouvelle  des  Poésies  choisies  de  Balde  a 
été  publiée  à  Turin  en  1805 ,  in-8°. 

BALDENSEL  (Guillaume),  comman- 
deur de  l'ordre  de  Saint-Jean-de-Jérusa- 
lem, écrivit  en  1336  une  relation  d'un 
Voyage  de  la  Terre-Sainte  ,  sous  le  titre 
de  Hodœporicon  ad  Terram  Sanctam, 
insérée  dans  le  5e  tom.  d'Jlut.  Lect.  de 
Canisius. 

BALDERIC  ou  BAUDRY,  évêque  de 
Noyon,  auteur  de  la  Chronique  des  évé- 
ques  d'Jrras  et  de  Cambrai  que  quel- 
ques-uns attribuent  à  Balderic,  chanoine 
et  chantre  de  l'église  de  Térouane ,  mou- 
rut en  1112.  —  Un  autre  BALDERIC,  évê- 
que de  Dol ,  dans  le  même  siècle ,  écrivit 
une  Histoire  des  Croisades,  qu'on  trouve 
dans  le  Gesta  Dei  per  Francos ,  de  Bou- 
gars,  1161,  in-fol.  On  a  aussi  de  lui  la  rie 
de  Robert  d'Arbrissel,  1641,  in-8°.  Elle  a 
été  traduite  en  français  ,  1647  ,  in-8°.  On 
croit  qu'il  mourut  n  1181. 
BALDI.  Voyez  BALDE  (Bernardin). 
*  BALDI  (Camille),  célèbre  professeur 
de  philosophie  dans  l'université  de  Bolo- 
gne ,  vivait  vers  la  fin  du  16e  siècle ,  et  au 
commencement  du  17e.  Son  père  avait  été 
pendant  26  ans  professeur  de  philosophie 
dans  la  même  université  :  son  fils  marcha 
dignement  sur  ses  traces,  et  mourut  à 
l'âge  de 87  ans,  en  1634,  dans  sa  patrie  d'où 
il  n'était  jamais  sorti.  On  a  de  lui  divers 


rii,  etc. ,  Bologne,  1621,  in-fol.  ;  |  Trattalo 
corne  da  una  lettera  missiva  si  conoscano 
la  natura  e  qualilà  dello  scrittore  Xarpi, 
1622,  in-4°;  et  traduit  en  latin,  Bologne, 
1664 ,  in-4°  ;  |  Délie  mentite  e  offese  di 
parole  corne  si  possano  accomodare,  etc. , 
Bologne,  1623,  in-8°.  Cet  ouvrage  a  été 
réimprimé  avec  beaucoup  d'additions  et 
de  corrections,  après  la  mort  de  l'auteur, 
Venise,  sans  date  ;  celle  de  l'épître  dédi- 
catoire  porte  1633;  |  Trattato  délie  im- 
prese  annesso  ail'  introduzione  alla  virtù 
morale,  etc. ,  Bologne ,  1624 ,  in-8° ;  |  De 
humanarum  propensionum  ex  tempera- 
mento  prœnotionibus  tractatus  ,  Bologne , 
1629  et  1644 ,  in-4°  ;  |  De  nalurali  ex  un- 
guium  inspectione  prœsagio  commenta- 
rius ,  Bologne ,  1629  et  1664,  in-4°;  |  /  con- 
gressi  civili,  ouvrage  posthume ,  qui  ne 
fut  imprimé  qu'en  1681  et  1698,  in-4°. 

*  BALDIIVGER  (  Ernest-Godefroy  )  , 
médecin  allemand ,  né  près  d'Erfurt  le  13 
mai  1758,  mort  à  Marbourg,  en  1804,  pre- 
mier médecin  du  landgrave  de  Hesse- 
Cassel.  On  a  de  Baldinger  quatre-vingt- 
quatre  ouvrages,  y  compris  ses  program- 
mes académiques;  les  principaux  sont  : 
|  Magasin  pour  les  médecins,  in-12 ,  Clè- 
ves  ;  |  Nouveau  Magasin,^  vol.  ,Leipsick, 
1779-99,  in-  8°;  |  Sylloge  opusculorum 
selectorum,  etc.,  1  vol.  in-4°,  Gœttingue, 
1776-82,  in- 8°;  |  Litteratura  universœ 
maleriœ  medicœ,  etc. ,  Marbourg,  1795, 
in-8°  ;  |  Historia  mercurii  et  mercuria- 
liummedica,  Gœttingue,  2  vol.  in-8', 
1783  et  1785  ;  |  Traité  des  maladies  qui 
régnent  dans  les  armées,  Langensalz, 
1774,  in-8°.  Versé  dans  l'étude  de  la  bo- 
tanique ,  il  a  aussi  publié  divers  ouvrages 
sur  cette  science ,  et  notamment  :  |  Cata- 
logus  dissertalionum  quœ  medicamento- 
rum  historiam ,  fata  et  vires  exponunt , 
Altemburgi ,  1768 ,  in-4°  ;  |  sur  l'Etude  de 
la  Botanique  et  de  la  manière  de  l'ap- 
prendre ,  Iéna,  1770,  in-4°  (en  allemand). 
Le  professeur  Creutzer  a  prononcé  son 
oraison  funèbre. 

*  BALDINI  (Baccio  ) ,  orfèvre  et  gra- 
veur à  Florence,  vivait  dans  le  15e.  siècle. 
Contemporain  de  Maso  Finiguerra,  au- 
quel les  Italiens  attribuent  l'invention  de 
la  gravure ,  ou  pour  mieux  dire  celle  de 
l'imprimerie  en  taille-douce,  Baldini  s'em- 
para promptement  de  cette  précieuse  dé- 
couverte ;  et  aidé  deSandroBotticelli ,  qui 
lui  composait  des  sujets ,  il  eut  bientôt 
surpassé  l'inventeur.  On  trouve,  dans  une 


BAL 

édition  des  ouvrages  du  Dante ,  impri- 
mée à  Florence  en  1481 ,  par  Nicolo  di 
Lorcnzo  délia  Magna,  devenue  très-rare, 
deux  vignettes  de  la  composition  de  Bot- 
ticelli,  qu'on  présume  avoir  été  gravées 
par  Baldini. 

*  BALDINI  (  Bernardin  ) ,  médecin , 
philosophe ,  mathématicien  et  poète  ita- 
lien, naquit  dans  un  bourg  près  du  lac 
Majeur  vers  l'an  1515,  et  mourut  vers 
l'an  1600.  Ses  principaux  ouvrages  sont  : 
J  De  slellis  iisque  qui  in  stellas  et  numina 
conversi  dicunlur  homines  *  Venise,  1579, 
in-4°;  |  De  diis  fabulosis  antiquarum  gen- 
Uum,  Milan,  1588,  in-k°;\La  Traduction 
en  vers  latins  de  l'Art  poétique  J  de  la 
Physique  et  des  Economiques  d'Aristote, 
ibid,  1576-1600,  in-4°. 

*  BALDINI  (  Jean-François  ) ,  savant 
littérateur  de  la  congrégation  somasque , 
naquit  à  Brescia  le  4  février  1577,  et  mou- 
rut à  Tivoli  en  1665 ,  après  avoir  passé 
par  toutes  les  dignités  de  son  ordre.  On  a 
de  lui  des  Lettres  et  Dissertations  sur 
plusieurs  points  de  physique  et  d'anti- 
quité ;  et  il  a  beaucoup  augmenté  les  Nu- 
tnismata  imper ii  Romani*  de  Le  Tail- 
lant, 5  vol.  in-4°,  Borne,  1743. 

BALDINUCCI  (  Philippe  ),  était  de  Flo- 
rence. Ayant  acquis  de  grandes  connais- 
sances dans  la  peinture  et  la  sculpture, 
et  fait  beaucoup  de  découvertes  en  étu- 
diant les  ouvrages  des  meilleurs  maîtres , 
il  se  trouva  en  état  de  satisfaire  le  cardi- 
nal Léopold  de  Toscane,  qui  souhaita 
d'avoir  une  Histoire  complète  des  Pein- 
tres. Baldinucci  la  fit  remonter  jusqu'à 
Cimabué,  le  restaurateur  de  la  peinture; 
et  il  avait  dessein  de  la  poursuivre  jus- 
qu'aux peintres  qui  vivaient  à  la  fin  du 
dernier  siècle.  Son  projet  ne  fut  exécuté 
qu'en  partie.  Il  donna  5  volumes  de  son 
vivant  ;  et  le  reste  qui  n'était  presque  qu'é- 
bauché, et  où  il  se  trouve  de  grands  vides, 
n'a  été  publié  qu'après  sa  mort,  en  1702 
et  en  1728,  à  Florence.  On  a  encore  de 
lui  un  Traité  de  la  gravure  sur  cuivre  , 
avec  la  Vie  des  principaux  graveurs  J  en 
italien,  Florence,  1686,  in-4°,  ouvrage  es- 
timé. Ce  qu'il  a  écrit  est  d'un  style  pur  ; 
et  il  y  a  de  l'exactitude  dans  les  faits  qui 
regardent  les  peintres  de  son  pays.  Il  était 
de  l'académie  de  la  Crusca ,  qui  le  perdit 
en  1696,  à  l'âge  de  72  ans. 

*  BALDOCK  (Ralph  de),  prélat  anglais 
des  13e  et  14e'  siècles,  étudia  à  Oxford, 
fut  élu  évêque  de  Londres  en  1304  ;  mais 
son  élection  ayant  éprouvé  quelques  ob- 
stacles en  Angleterre,  il  eut  retours  au 


35  BAL 

saint  Siège  ,  et  fut  sacré  à  Lyon  en  1306. 
Deux  ans  après,  le  pape  le  nomma  un  de 
ses  commissaires  pour  l'examen  des  ac- 
cusations portées  contre  les  templiers.  Il 
fut  quelque  temps  grand-chancelier  d'An- 
gleterre sous  le  règne  d'Edouard  Ier.  On 
lui  doit  plusieurs  fondations  ecclésiasti- 
liques  dans  son  diocèse.  Il  avait  composé 
en  latin  une  Histoire  des  affaires  d'An- 
gleterre jusqu'à  son  temps ,  et  que  Léland 
dit  avoir  vue  à  Londres;  mais  cet  ouvrage 
a  été  perdu.  Il  a  laissé  aussi  le  Recueil  des 
statuts  et  conslitutio?is  de  l'église  de  Saint- 
Phulj  que  l'on  conserve  dans  la  biblio- 
thèque de  cette  cathédrale.  Il  est  mort  à 
Stepney  en  1313. 

BALDREDE  (  saint),  vulgairement  ap- 
pelé saint  Baudré,  succéda  immédiate- 
ment à  saint  Mungo  ,  sur  le  siège  épisco- 
pal  de  Glascow.  Il  fonda  plusieurs  monas- 
tères en  Ecosse,  et  mourut  vers  l'an  608, 
dans  la  province  de  Laudon.  Ses  reliques 
étaient  anciennement  vénérées  avec  beau- 
coup de  dévotion  dans  un  grand  nombre 
d'églises  d'Ecosse. 

*  BALDUCCI  (  François  J ,  poète  ita- 
lien, né  à  Palerme ,  et  mort  en  1642  à 
l'hôpital  de  Saint- Jean  de  Latran  à  Rome, 
est,  selon  Crescembeni,  l'inventeur  des 
oratorios  et  des  cantates.  On  a  aussi  de 
.lui  des  poésies  lyriques.  La  dernière  édi- 
tion est  de  Venise,  1665,  in-12. 

BALDUIN  ou  BAUDOIN  (Frédéric), 
né  à  Dresde  en  1575,  luthérien,  profes- 
seur de  théologie  à  Wittemberg,  com- 
menta les  Epîtres  de  saint  Paul  et  plu- 
sieurs autres  livres  de  la  Bible,  et  mourut 
dans  cette  ville  en  1627. 

BALDUIN  RITHOVIUS  (  Martin  )  , 
natif  du  village  de  Rithove ,  dans  le  terri- 
toire de  Bois-le-Duc,  premier  évêque 
d'Ypres ,  assista  au  concile  de  Trente  en 
1562,  et  présida  à  celui  de  Malines  en 
1570,  en  l'absence  du  cardinal  de  Gran- 
velle.  Il  tint  un  synode  à  Ypres ,  en  1577, 
dont  il  publiâtes  ordonnances,  et  mourut 
de  la  peste  à  Saint-Omer ,  le  9  octobre 
1585.  Nous  avons  de  lui  un  Manuale  Pas- 
lorum.  On  regrette  son  Commentaire  sur 
le  Maître  des  sentences  *  qui  n'a  pas  été 
imprimé. 

BALD  WIN,  surnommé  Devonius,  moine 
de  Citeaux,  archevêque  de  Cantorbéry, 
suivit  le  roi  Richard  Ier  dans  son  expédi- 
tion de  la  Terre-Sainte  ,  et  y  mourut  vers 
1191.  On  a  de  lui  :  De  corpore  et  san- 
guine Domini...  De  Sacrame?ito  allar- 
ris,  etc.  Traités  imprimés  dans  la  Liblio 
thèque  de  Citeaux  du  P.  Tifiier, 


BAL 


54 


BAL 


BALECHOU  (  J.-J.  ),  né  à  Arles ,  d'un 
marchand  boutonnier,  en  1715,  mort  subi- 
tement à  Avignon,  dans  le  mois  d'août 
1763,  s'est  rendu  célèbre  par  ses  gravures 
en  taille-douce,  qui  lui  méritèrent  une 
place  dans  l'académie  de  peinture  de 
Paris.  Il  s'était  fait  une  manière  parti- 
culière de  graver,  qui  unissait  beaucoup 
de  moelleux  à  une  finesse  de  burin  sin- 
gulière. Quoiqu'on  ait  prétendu  qu'il 
chargeait  trop  de  tailles ,  on  voit  par  ses 
ouvrages  qu'il  savait  joindre ,  quand  il 
voulait,  au  fini  précieux  d'Edelinck  et  de 
Nanteuil,  les  grands  traits  de  Melan.  Ses 
principales  pièces  sont  :  1°  Les  belles  ma- 
rines qu'il  a  gradées  d'après  M.  Vernet, 
parmi  lesquelles  on  doit  distinguer  la 
Tempête.  2°  Le  portrait  de  Frédéric- Au- 
guste, électeur  de  Saxe  et  roi  de  Pologne. 
Ce  portrait,  chef-d'œuvre  de  gravure ,  fut 
la  cause  de  tous  ses  malheurs ,  de  son  ex- 
clusion de  l'académie,  et  de  sa  retraite 
forcée  à  Avignon.  Accusé  d'avoir  vendu  à 
son  profit  plusieurs  des  premières  épreu- 
ves, Baléchoune  put  se  laver  de  ce  soup- 
çon. Aussi  les  gens  de  goût ,  après  avoir 
admiré  à  la  tête  du  Recueil  de  la  galerie 
de  Dresde ,  ce  morceau  inimitable ,  ap- 
prennent avec  peine,  dans  la  préface  de 
cette  collection ,  que  la  probité  de  ce  cé- 
lèbre artiste  n'était  pas  égale  à  ses  talens. 
5°  La  sainte  Geneviève.  Le  talent  de  Ba- 
léchou  n'était  pas  borné  à  la  gravure. 
Il  avait  du  goût  et  quelque  talent  pour 
la  chimie  ,  qu'il  avait  étudiée  jusqu'à  un 
certain  point.  Il  est  même  assez  vrai- 
semblable qu'un  remède  chimique ,  qu'il 
prit  en  trop  forte  dose  ou  à  contre-temps, 
ne  contribua  pas  peu  à  sa  mort  subite  et 
prématurée. 

BALÉE  (  Jean  ) ,  prêtre  anglais ,  dis- 
ciple de  Wïclef,  prêcha  les  erreurs  de  son 
maître,  et  y  en  ajouta  de  nouvelles.  Il 
excitait  à  la  sédition,  en  citant  l'Evangile. 
Il  comparait  les  magistrats  et  la  noblesse 
à  l'ivraie ,  qu'il  fallait  arracher,  de  peur 
qu'elle  n'étouffât  le  bon  grain  :  enseignant 
ainsi  au  peuple  de  commencer  cette  bonne 
œuvre  par  les  plus  considérables  d'en- 
tr'eux.  Ses  sectateurs,  suivant  trop  fidèle- 
ment les  leçons  de  leur  chef,  massacrè- 
rent le  chancelier,  le  grand-trésorier,  et 
réduisirent  le  roi  à  leur  proposer  une  am- 
nistie. Balée,  leur  apôtre,  fut  enfin  pris  et 
exécuté  en  1381. 

BALEE  (  Robert  ),  carme  anglais,  mort 
en  1505,  a  donné  les  Annales  de  son  ordre 
et  la  vie  de  saint  Simon  Stock. 
BALÉE  (  Jean  ) ,  Baleus,  né  en  1495, 


à  Covie  en  Angleterre ,  quitta  l'ordre  des 
carmes  et  la  religion  catholique ,  pour  la 
secte  des  calvinistes  et  afin  de  se  marier. 
Edouard  IV  le  nomma  évèque  d'Osseri  ou 
Kilkenni  en  Irlande  ;  mais  sous  le  règno 
de  Marie,  il  fut  obligé  de  prendre  la  fuite. 
Il  revint  sous  Elizabeth ,  et  il  fut  pourvu 
d'une  prébende  dans  la  cathédrale  de 
Cantorbéry.  Il  y  mourut  en  1563.  C'était 
un  génie  turbulent  et  frivole.  On  a  de  lui 
|  13  Centuries  des  hommes  illustres  de  la 
Grande-Bretagne,  Bàle,  1557,  in-folio, 
copiées  du  livre  de  Jean  Leland  sur  cette 
même  matière  ;  |  un  Traité  sur  les  vies  des 
papes,Leyde,  1615,  in-8°  ;  un  autre,  inti- 
tulé :  |  Acta  Romanorum  Pontificum;  et 
plusieurs  comédies,  dans  lesquelles  il 
jouait  les  religieux,  les  catholiques  et  les 
saints.  Tous  ces  ouvrages  sont  marqués 
au  coin  du  dernier  emportement.  Il  dé- 
chire les  papes,  les  évêques  et  les  prêtres, 
d'une  manière  si  odieuse ,  qu'elle  dut  dé- 
plaire aux  gens  sensés,  même  de  sa  com- 
munion. Cependant  Elizabeth,  si  prisée 
par  les  sages  de  nos  jours,  fut  sa  pro- 
tectrice. 

BALE1V  (  Mathias  ),  né  à  Dordrecht  en 
1611 ,  a  fait  sa  principale  étude  des  anti- 
quités et  de  l'histoire  de  sa  patrie.  Le 
fruit  de  ses  recherches  et  de  son  travail 
a  paru  sous  ce  titre  dans  la  langue  de  son 
pays  :  Description  de  la  ville  de  Dor- 
drecht, son  origine,  ses  accroissemens  et 
son  état  présent,  etc.  1677,  in-4°  fort  épais. 
Il  est  très  peu  d'ouvrages  de  cette  nature 
qui  soient  faits  avec  autant  de  soin.  On 
ignore  la  date  de  sa  mort. 

*  BALEN  (Henri  van  ) ,  peintre  d'his- 
toire, est  au  premier  rang  des  peintres 
flamands;  natif  d'Anvers,  et  disciple  d'A- 
dam van  Oort,  il  fut  le  premier  maitre  de 
van  Dyck.  Il  alla  étudier  en  Italie,  où  son 
assiduité  à  copier  et  à  peindre  d'après 
l'antique,  fut  couronnée  d'un  brillant  suc- 
cès. Ses  ouvrages  furent  recherchés  à 
cause  de  leur  touche  agréable ,  et  se  trou- 
vent dans  les  cabinets  les  plus  distingués. 
Il  ne  revint  dans  sa  patrie  qu'après  une 
très-longue  absence  ;  mais  il  y  revinl  en- 
richi par  le  fruit  de  ses  talens  :  il  mourut 
à  Anvers,  en  1632.  Son  dessin  était  correct, 
et  sa  couleur  fort  bonne.  Ses  principaux 
tableaux  sont  :  |  un  Festin  des  Dieux; 
|  un  Jugement  de  Paris;  |  un  S.  Jean 
dans  le  désert;  |  une  Annonciation,  \  et  une 
Sainte  Famille  dans  le  désert. 

*  BALES  (Pierre),  célèbre  maitre  d'é- 
criture de  Londres ,  né  en  1547 ,  regardé 
comme  un  des  premiers  inventeurs  de 


BAL  55 

l'art  d'écrire  par  abréviations,  art  extrê- 
mement employé  en  Angleterre ,  possé- 
dait un  talent  remarquable  pour  écrire 
en  petit  caractère;  il  présenta,  en  1575,  à 
la  reine  Elizabeth,  une  bague  dont  le 
chaton,  de  la  grandeur  d'un  demi-sou 
anglais,  contenait  le  Pater,  le  Credo ,  les 
dix  Commandemens  de  Dieu,  deux  cour- 
tes prières  latines,  son  nom  ,  une  devise, 
le  jour  du  mois,  Tannée  de  J  -C,  et  celle 
du  règne  d'Elizabeth,  écrits  d'une  manière 
très-lisible  :  il  n'était  pas  moins  habile  à 
imiter  les  diverses  écritures  ,  et  pouvait 
ajouter,  à  une  lettre  écrite  par  une  autre 
main,  un  post-scriptum  qui  ne  se  distin- 
guait pas  du  reste  de  la  lettre.  Le  secré- 
taire d'état  Walsingham  se  servit  utile- 
ment de  ce  talent  dans  différentes  manœu- 
vres politiques ,  notamment  pour  décou- 
vrir quelques  conspirations  en  faveur  de 
la  malheureuse  reine  d'Ecosse.  P.  Baies 
est  un  des  premiers  maîtres  anglais  qui 
aient  fait  graver  des  modèles  de  leur  écri- 
ture. Il  avait  inventé  un  chiffre  extrême- 
ment simple ,  connu  sous  le  nom  d'Al- 
phabet linéal,  où  toutes  les  lettres  étaient 
représentées  par  de  simples  lignes  ou 
traits  dirigés  en  différens  sens;  il  pu- 
blia, en  1590,  un  recueil  intitulé  le  Maître 
d'écriture ,  contenant  trois  livres  en  un* 
dont  le  premier  enseigne  à  écrire  vite;  le 
deuxième:,  à  écrire  correctement;  le  troi- 
sième ,  à  bien  écrire ,  Londres ,  in-4°, 
réimprimé  en  1597,  avec  un  grand  nom- 
bre de  pièces  de  vers,  composées  à  sa 
louange  par  des  littérateurs  distingués  de 
son  temps.  Il  est  mort  en  1610. 

'  BALESDENS  (Jean)  membre  de  l'a- 
cadémie française,  naquit  à  Paris  vers  la 
fin  du  16e  siècle.  Il  était  avocat  au  parlement 
et  au  conseil,  protonotaire  apostolique  et 
titulaire  du  prieuré  de  Saint-Germain- 
d'Allaye.  Il  joignait  à  ces  titres  une 
charge  d'aumônier  du  roi.  Sa  qualité  de 
secrétaire  du  chancelier  Séguier,  protec- 
teur de  l'académie  française  ,  fit  que  cette 
compagnie ,  crut  devoir  au  premier  ma- 
gistrat de  lui  demander  lequel  des  deux 
candidats  lui  serait  le  plus  agréable ,  de 
Corneille  ou  Balesdens,  qui  se  présen- 
taient pour  la  place  vacante  à  la  mort  de 
Mainard  ;  Balesdens  eut  le  bon  esprit  d'é- 
crire pour  prier  l'Académie  de  faire  atten- 
tion à  la  différence  du  mérite,  et  à  l'émi- 
nente  supériorité  de  son  compétiteur.  La 
délicatesse  de  Balesdens  fut  applaudie,  et 
Corneille  nommé.  Deux  ans  après ,  Bales- 
dens succéda  à  M.  de  Malle  ville.  Il  mou- 
rut le  27  octobre  1675 ,  dans  un  âge  avan- 


BAL 

ce.  Il  a  publié  divers  ouvrages,  les  uns  de 
lui,  les  autres  dont  il  était  seulement  l'é- 
diteur. On  compte  parmi  les  premiers  : 
|  lé  Miroir  des  pénitens  ,  traduit  de  l'ita- 
lien, 1614,  in-12;  |  Fables  d'Esope,  tra- 
duites en  français,  avec  des  maximes  mo- 
rales et  politiques  pour  l'instruction  du 
roi,  1644,in-8°;  |  Exercice  spirituel,  1645, 
in-12.  Les  ouvrages  dont  Balesdens  a 
donné  l'édition ,  sont  :  |  Chartiludium  lo- 
gicœ  (  jeu  de  cartes  logique  ) ,  seu  logica 
memorativa,  R.  patris  Thomce  Murner, 
cum  notis,  etc.  |  Rudimenta  cognitionis 
Dei  et  suî,  Pétri  Seguierii  prœsidis  infu- 
lati;  |  Elogia  clarorum  virorum  Papiri 
Massonis,  etc.  1658,  2  vol.  in-8°;  |  Grego- 
rii  Turonensis  opéra  pia,  cum  vitis  PP. 
suitemporis,  2  vol.;  |  Jetés  du  transport 
du  Dauphiné  à  la  couronne  de  France; 
|  Lettres  de  sainte  Catherine  de  Sienne, 
avec  sa  Vie,  1644;  |  Traité  de  l'eau-de-vie, 
parM.  JeanBrouault,  médecin  duroi,  etc. 

*  BALESTRA  (  Antoine  ) ,  peintre  vé- 
ronais,  naquit  l'an  1666.  A  l'âge  de  21  ans, 
il  s'adonna  à  la  peinture,  et  travailla  à 
Venise  sous  Beîluci  ;  il  passa  de  là  à  Bo- 
rne, et  fut  élève  de  Carie  Maratte.  Son 
dessin  est  pur,  son  pinceau  a  de  la  faci- 
lité, ses  conceptions  sont  gaies  et  pleines 
de  charmes.  Il  fit  des  élèves  distingués, 
parmi  lesquels  on  compte  J.-B.  Mariotti, 
Joseph  Nogari,  Charles  Salis,  et  Baronia 
Cavalcabo.  Comme  tous  les  élèves  de  Ma- 
ratte, il  aimait  sur  ses  tableaux  une  sorte 
de  brouillard  qu'on  ne  peut  bien  définir: 
quelquefois  ce  brouillard  produit  un  ef- 
fet désagréable;  d'autres  fois  il  jette  sur 
ses  tableaux  un  charme  et  une  harmonie 
qui  disposent  à  une  douce  mélancolie. 
On  a  comparé  Balestra  à  Catulle ,  comme 
l'on  compare  l'Albane  à  Anacréon.  On 
cite  de  lui  la  Défaite  des  géans,  une  An- 
nonciade  à  Crémone  ,  une  Cène  à  Venise. 
On  n'est  pas  d'accord  sur  l'époque  de  sa 
mort,  arrivée  selon  les  uns  en  1754,  selon 
d'autres  en  1740. 

*  BALGUERIE-STULLEMBERG  (  Pier- 
re ),  né  à  Bordeaux,  en  1779,  d'un  ancien 
négociant  qui  avait  perdu  la  plus  grande 
partie  de  sa  fortune  par  les  malheurs  de 
la  révolution ,  débuta  jeune  dans  la  car- 
rière commerciale,  et  y  acquit  bientôt 
des  richesses  considérables  et  la  plus 
haute  considération.  Il  employa  l'une  et 
l'autre  à  former  des  associations  appli- 
quées à  l'industrie,  et  il  parvint  à  achever 
en  peu  de  temps  les  ponts  de  Bordeaux  et 
de  Libourne ,  que  l'administration  publi- 
que n'aurait  pu  terminer  qu'à  l'aide  des 


BAL 


56 


BAL 


impôts  et  après  une  longue  suite  d'an- 
nées. La  ville  de  Bordeaux  lui  doit  encore 
la  construction  d'un  magnifique  entrepôt, 
la  fondation  de  la  banque,  des  fonderies, 
des  établissemens  de  bateaux  à  vapeur, 
des  bains  publics,  et  des  réparations  pré- 
cieuses sur  les  quais,  et  les  débarcadours 
de  la  ville.  Il  s'occupa  aussi  de  jeter  dans 
les  départemens  voisins  des  ponts  sur  les 
rivières,  d'y  ouvrir  des  canaux,  de  creu- 
ser des  mines,  et  de  tout  ce  qui  pouvait 
contribuer  à  la  prospérité  de  sa  ville 
natale.  Son  nom  se  retrouve  dans  toutes 
/es  entreprises  de  son  temps  qui  furent 
utiles  à  la  France,  et  plus  particulière- 
ment dans  toutes  celles  qui  furent  utiles 
à  sa  province.  Il  s'occupait  depuis  plu- 
sieurs années  de  l'ouverture  d'une  com- 
munication entre  Bordeaux  et  Bocbefort, 
de  l'ensemencement  des  dunes  du  golfe 
de  Gascogne,  et  d'un  canal  dans  les  Lan- 
des pour  unir,  à  l'abri  de  la  mer,  Bor- 
deaux avec  Bayonne,  lorsque  la  mort  l'en- 
leva le  19  août  1825.  La  chambre  de  com- 
merce, dont  il  était  président,  a  fait  exé- 
cuter son  buste  pour  le  placer  dans  la 
salle  de  ses  séances.  On  a  publié  à  Bor- 
deaux son  Eloge  funèbre ,  4825,  in-12. 

*  BALGUY  (  Jean  ) ,  savant  théologien 
anglais ,  né  en  1686  à  Scheffield ,  dans  le 
comté  d'Yorck,  où  son  père  tenait  une 
école  de  grammaire,  embrassa  la  carrière 
ecclésiastique,  et  passa  pour  un  des  meil- 
leurs prédicateurs  de  son  temps.  Ses  prin- 
cipaux ouvrages  sont  :  |  Lettre  à  un  déiste 
sur  la  beauté  et  l'excellence  des  vertus 
morales,  et  l'appui  qu'elles  trouvent  dans 
la  révélation  chrétienne  ;  \  Fondement  de 
la  bonté  morale,  ou  recherche  approfon- 
die de  nos  idées  sur  la  vertu;  \  Recherches 
sur  les  perfections  morales  de  Dieu,  par- 
ticulièrement en  ce  qui  est  relatif  à  la 
création  et  à  la  providence;  |  et  des  Ser- 
mons. Balguy  mourut  en  1748. 

*  BALIN  (  Jean  ),  né  à  Vesoul  en  Fran- 
che-Comté vers  1570,  parait  s'être  destiné 
d'abord  à  la  médecine  dont  il  quitta  les 
écoles  pour  celles  de  théologie.  Ses  cours 
finis,  il  prit  les  ordres.  Il  y  a  lieu  de  pré- 
sumer qu'il  professa  au  collège  de  Nar- 
bonne  à  Paris.  Il  est  sûr  du  moins  qu'il 
y  prononça  un  discours  à  l'ouverture  des 
classes.  Il  suivit  en  Flandre  Claude  de 
Rye,  en  qualité  d'aumônier,  et  y  fut  té- 
moin des  événemens  de  la  guerre  entre 
l'Espagne  et  les  Etats-généraux ,  laquelle 
se  termina  par  la  paix  ou  plutôt  par  la 
trêve  conclue  en  1608.  Il  en  écrivit  l'his- 
toire, et  la  publia  en  1609,  sous  ce  titre  : 


De  bello  belgico,  auspiciis  Âmbrosii  Spi- 
nolœ,  Bruxelles,  1609,  in-8°.  Outre  cet 
ouvrage,  on  a  de  lui ,  |  De  divœ  Magda- 
lenœ  geslis,  ubi  et  ejus  navigatio  in  Pro- 
vinciam  etpœnitenliœ  locus  describuntur, 
Paris,  in-8°.  Il  en  lit  une  traduction  fran- 
çaise ,  sous  le  titre  de  Poème  de  la  Ma- 
deleine ,  qu'il  donna  la  même  année. 
|  De  pace  belgica,  sive  Janus  bifrons 
belgicus.  Cette  pièce  se  trouve  à  la  suite 
de  l'Histoire  de  la  guerre  de  Flandre, 
mentionnée  ci-dessus.  Balin,  dans  ses 
écrits,  est  correct  et  pur.  Il  mourut  à 
Wesel  :  on  ne  dit  point  en  quelle  année. 

-  BALIVET  (  J.  ),  député  à  la  Conven» 
tion  nationale,  naquit  en  1755  à  Gray ,  où 
il  exerça  la  profession  d'avocat  jusqu'au 
commencement  de  la  révolution  ,  dont  il 
embrassa  les  principes.  Appelé  alors  à  di- 
vers emplois  publics ,  il  s'y  conduisit  cepen- 
dant avec  assez  de  modération,  et  en  sep- 
tembre 1792 ,  il  fut  élu  député  par  le  dépar- 
tement de  la  Haute-Saône.  N'ayant  pas  des 
talens  oratoires,  il  s'y  fit  peu  remarquer. 
Il  ne  se  rangea  pas  du  parti  des  ennemis 
acharnés  de  Louis  XVI,  et  forcé  d'émettre 
son  vote  dans  le  procès  de  ce  monarque, 
il  se  borna  à  demander  sa  réclusion  et 
son  bannissement  jusqu'à  la  paix.  A  la 
clôture  de  la  session,  il  passa  au  conseil 
des  Anciens,  et  y  fut  nommé  secrétaire  en 
septembre  1798.  Il  quitta  cette  place  pour 
aller  remplir  celle  de  commissaire  du  Di- 
rectoire dans  l'administration  centrale 
de  son  département.  Après  la  révolution 
du  18  brumaire ,  il  se  retira  à  la  campa- 
gne, et  mourut  en  avril  1813.  Balivet 
avait  de  l'instruction  et  passait  pour  hon- 
nête homme. 

*  BALL  (  Jean  )  ,  théologien  puritain 
de  Cassington,  dans  le  comté  d'Oxford,  en 
1585,  fit  ses  études  à  l'université  d'Oxford, 
et  prit  les  ordres,  puis  fut  pourvu  d'une 
cure  dans  le  Stasffordshire  où  il  dirigeait 
en  même  temps  une  petite  école.  On  a 
de  lui  plusieurs  ouvrages,  savoir:  |  Traité 
concernant  les  fondemens  principaux  de 
la  religion  chrétienne ,  livre  estimé ,  qui 
eut  14  éditions  avant  1632  et  fut  traduit 
en  turc;  |  Traité  sur  la  foi,  1631  et  1637, 
in-4°;  |  Traité  de  la  méditation  théologi- 
que, 1660,  in-12.  Jean  Bail  était  mort  dès 
1640,  à  l'âge  de  55  ans. 

'  BALLENDE.\  ou  BELLENDEL  (  sir 
John  ),  théologien  écossais  du  16e  siècle, 
très  attaché  à  Jacques  V,  entreprit,  par 
l'ordre  de  ce  roi,  la  traduction  du  latin  de 
la  Chronique  d'Ecosse  par  Hector  Boe- 
thius,  Edimbourg,  1536,in-fol.  Il  essaya, 


BvYL  5 

mais  sans  succès ,  de  rétablir  la  religion 
catholique,  et  se  retira  à  Rome  où  il  mou- 
rut en  1550.  Ballenden  a  aussi  laissé  des 
poésies  lyriques  où  il  y  a  de  la  verve  et 
de  la  facilité. 

BALLERIM  (  Pierre  et  Jérôme  ), 
frères,  nés  à  Vérone ,  le  premier  en  1698, 
le  second  en  1702,  étaient  tous  deux  prê- 
tres et  très  savans,  surtout  dans  l'his- 
toire ecclésiastique.  Unis  par  un  goût 
commun  pour  les  mêmes  études ,  autant 
que  par  les  liens  du  sang ,  ils  étudiaient 
le  plus  souvent  en  société,  et  se  parta- 
geaient le  travail  suivant  leur  talent  par- 
ticulier. Les  matières  purement  théologi- 
ques et  canoniques  étaient  du  ressort  de 
Pierre  ;  les  points  d'histoire  et  de  critique 
étaient  la  tâche  de  Jérôme.  Pierre  mou- 
rut en  1764;  Jérôme  lui  survécut  plu- 
sieurs années.  Outre  quelques  bons  ou- 
vrages, on  doit  à  leurs  soins  des  éditions 
estimées  de  la  Somme  théologique  de 
saint  Antonin,  et  de  celle  de  saint  Rai- 
mond  de  Pegnafort  ;  des  Œuvres  de  saint 
Léon  le  Grand;  de  celles  de  Gilbert ,  évo- 
que de  Vérone  ;  une  édition  complète  de 
tous  les  ouvrages  du  cardinal  Noris,  avec 
des  notes,  des  dissertations,  etc.  impri- 
més à  Vérone  en  1732,  4  vol.  in-fol.;  |  un 
petit  traité  intitulé  :  Méthode  d'étudier, 
tirée  des  ouvrages  de  saint  Augustin,, 
traduite  de  l'italien  par  l'abbé  Nicolle  de 
la  Croix,  Paris,  1760,  in-12;  |  une  Vie  du 
cardinal  Noris. 

BALLESTER  (  Louis  ) ,  jésuite ,  né  à 
Valence,  enseigna  dans  sa  société  la 
théologie  et  l'hébreu  avec  distinction,  et 
mourut  dans  sa  patrie  l'an  1614,  après 
avoir  publié  deux  ouvrages  savans  qui 
sont  :  I  Onomatographia  J  seu  descriptio 
nominum  varii  et  peregriniidiomatisJ  quœ 
in  vulgala  editione  Bibliorum  occurrunt, 
Lyon,  1617;  |  Hierologia,  seu  de  sacro 
sermone,  lib.  IV*  1617. 

*  BALLET  (  François  ) ,  ecclésiastique 
français ,  né  à  Paris ,  en  1702 ,  mourut  à 
la  fin  du  18e  siècle ,  après  avoir  été  curé 
de  Gifr  et  prédicateur  de  la  reine.  On  a  im- 
primé en  12  volumes  in-12,  ses  prônes  et 
divers  ouvrages  de  piété,  tels  que  |  Histoire 
des  temples  ;  \  De  la  dédicace  des  églises; 
|  Instructions  sur  la  pénitence  du  carême; 
\  Vie  de  la  sœur  Boni,  etc. 

BALLI  (  Joseph  ) ,  né  à  Palerme  en  Si- 
cile ,  mort  à  Padoue  en  1640 ,  chanoine 
de  Bari  dans  le  royaume  de  Naples ,  tient 
un  rang  parmi  les  théologiens  scolasti- 
ques.  On  a  de  lui  :  De  fecundiiate  Dei, 
et  De  morte  corporum  naturalium* 
2. 


<  BAL 

BALLIN  (  Claude  ) ,  né  à  Paris  en  £618,- 
d'un  père  orfèvre,  devint  orfèvre  lui- 
même.  Il  commença  à  fleurir  du  temps 
du  cardinal  de  Richelieu,  qui  acheta  de 
lui  quatre  grands  bassins  d'argent,  sur 
lesquels  Ballin ,  âgé  à  peine  de  19  ans , 
avait  représenté  admirablement  les  âges 
du  monde.  Le  cardinal,  ne  pouvant  se 
lasser  d'admirer  ces  chefs-d'œuvre  de  ci- 
selure ,  lui  fit  faire  quatre  vases  à  l'anti- 
que ,  pour  assortir  les  bassins.  Ballin  porta 
son  art  au  plus  haut  point.  Il  exécuta  pour 
Louis  XIV  des  tables  d'argent ,  des  guéri- 
dons ,  des  canapés ,  des  candélabres ,  des 
vases ,  etc.  Mais  ce  prince  se  priva  de  tous 
ces  ouvrages ,  pour  fournir  aux  dépenses 
de  la  guerre  qui  finit  par  la  paix  de  Ris- 
wick.  Il  reste  encore  plusieurs  morceaux 
de  ce  grand  artiste  à  Paris ,  à  Saint-Denis , 
à  Pontoise ,  d'une  beauté  et  d'une  délica- 
tesse uniques.  Lorsqu'après  la  mort  de 
Warin,  il  eut  la  direction  du  balancier 
des  médailles  et  des  jetons,  il  montra 
dans  ces  petits  ouvrages  le  même  goût 
qu'il  avait  fait  paraître  dans  les  grands , 
et  sut  réunir  aux  grâces  modernes  la  sé- 
vérité de  l'antique.  Il  mourut  en  1678 ,  à 
l'âge  de  63  ans. 

*  BALLO  (  Joseph  ) ,  docteur  sicilien , 
naquit  à  Palerme ,  le  29  juillet  1S67.  Son 
père ,  qui  était  d'une  grande  naissance , 
et  baron  de  Calattuvi ,  et  sa  mère ,  fille  du 
prince  de  Villa-Franca ,  voulaient  qu'il 
prît  le  parti  des  armes  ;  il  préféra  l'état 
ecclésiastique,  renonça  à  la  baronie,  et 
se  livra  entièrement  à  l'étude  des  sciences 
ecclésiastiques ,  des  mathématiques  et  de 
l'astronomie.  Il  fit  un  voyage  en  Espagne, 
et  y  fut  reçu  docteur  en  théologie.  De 
retour  dans  sa  patrie ,  où  il  fit  quelque 
séjour ,  il  repassa  ensuite  à  Bari ,  dans  le 
royaume  de  Naples,  et  fut  chanoine  do 
cette  cathédrale.  Il  se  rendit  à  Padoue, 
en  1635 ,  y  fit  imprimer  plusieurs  ouvra- 
ges ,  et ,  dans  un  second  voyage  qu'il  y 
fit,  à  l'âge  de  soixante-douze  ans ,  mourut 
dans  cette  ville,  le  2  novembre  1640.  Ses 
principaux  ouvrages  sont  :  |  De  fecundi- 
tale  Dei  circa productiones  ad  extra  *  Pa- 
doue, 1655,in-4°;  |  Demonstratio  de  molu 
corporum  naturali*  Padoue ,  1635 ,  in-4°. 
Dans  son  dernier  voyage  à  Padoue ,  il  y 
fit  aussi  imprimer  un  ouvrage  théologi- 
que, qu'il  avait  médité  pendant  trente 
ans,  et  sur  lequel  il  avait  soutenu  des 
controverses  avec  des  théologiens  ro- 
mains et  siciliens.  Il  est  intitulé  :  |  Reso- 
lulio  de  modo  evidenter  possibili  trans- 
substantiations panis  et  vinij  in  sacro- 
4 


BAL  l 

sanctum  Domini  Jesu  corpus  et  sangui- 
nem,  etc. ,  Padoue ,  1640 ,  in-4°. 

*  BALLOIS  (  Louis-Josepii-Philippe  ) , 
né  à  Périgueux  en  1778,  mourut  à  Paris 
le  h  décembre  1803.  La  fougue  de  l'âge  et 
l'enthousiasme  de  la  liberté  lui  firent  en- 
treprendre à  Bordeaux  la  rédaction  d'un 
journal  dont  la  violence  nuisit  à  la  cause 
qu'il  voulait  défendre.  Choisi,  en  1798, 
par  le  conventionnel  Lamarque,  pour 
l'accompagner  dans  son  ambassade  en 
Suède,  en  qualité  de  secrétaire,  il  n'ob- 
tint pas  l'assentiment  du  Directoire.  Le 
chagrin  que  lui  causa  cette  disgrâce  fut 
tel  qu'il  chercha  à  se  suicider  ;  il  s'ajusta 
d'une  main  tremblante ,  et  se  fit  une  dan- 
gereuse blessure.  Il  continua  son  jour- 
nal ,  qui  fut  supprimé  sous  le  gouverne- 
ment consulaire.  Ballois  se  livra  ensuite 
aux  sciences  exactes ,  fonda  les  Annales 
statistiques ,  Paris,  1802-1804,  8  vol.  in-8°, 
et  fut  ainsi  le  premier  propagateur  d'une 
science  nouvelle.  Il  contribua  à  former  à 
Bordeaux  une  société  de  statistique,  et 
en  fut  nommé  secrétaire  ;  il  devint  ensuite 
membre  de  l'académie  de  cette  ville. 

*  BALME  (  Cl.  B.  ) ,  docteur  en  mé- 
decine au  Puy,  et  correspondant  de  la 
société  de  médecine  de  Paris,  mort  en 
1808.  Il  a  publié  :  |  Recherches  diététi- 
ques du  médecin  patriote  sur  la  santé  et 
sur  les  maladies  observées  dans  les  sémi- 
naires ,  les  pensionnats  et  chez  les  ou- 
vriers en  dentelles ,  suivies  d'un  mémoire 
sur  le  régime  des  convalescens  et  des 
valétudinaires,  au  Puy,  1791,  in-12  ;  |  Mé- 
moires de  médecine  pratique  *  ou  Recher- 
ches sur  les  effort? ,  considérés  comme 
principes  de  plusieurs  maladies,  1792, 
in-8°  ;  |  Considérations  cliniques  sur  les 
rechutes  dans  les  maladies  :  |  Répertoire 
de  médecine,  1815 ,  in-8°  ;  |  Réclamations 
importantes  sur  les  médecins  accusés 
d'irréligion ,  et  sur  les  nourrices  merce- 
naires, 1804,  in-8° ,  et  plusieurs  Mémoires, 
dans  le  recueil  de  la  société  de  médecine 
de  Paris. 

*  BALLYET  (Emmanuel),  religieux 
carme  déchaussé,  évêque  et  consul  de 
France  à  Babylone  (  Baghdâd  ) ,  naquit 
en  1700 ,  à  Marnay ,  bourg  de  Franche- 
Comté.  Il  rendit  compte  à  Benoît  XIV  de 
sa  mission  à  Babylone,  par  une  lettre 
imprimée  en  latin  et  en  français ,  à  Rome, 
en  1754.  Cette  lettre  contient  des  détails 
curieux  sur  les  mœurs  et  les  coutumes 
des  peuples  du  Levant.  Il  avait  parcouru 
une  partie  de  l'Asie ,  en  observateur.  Le 
journal  de  ses  voyages  se  trouvait  dans  la 


8  BAL 

bibliothèque  du  duc  d'Orléans,  et  d' An- 
ville  en  a  extrait  la  Description  d'un  mo- 
nument de  sculpture ,  découvert  dans  une 
montagne.  Ballyet  avait  formé  un  mé- 
dailler  précieux  dont  un  de  ses  neveux  a 
fait  imprimer  le  catalogue.  Il  mourut  de 
la  peste  à  Baghdâd,  en  1775.  Le  P.  Sym- 
phorien  Ballyet,  son  père,  est  mort  su- 
périeur-général de  son  ordre. 

*BALMONT  (  Alberte-Barbe  d'ERNE- 
COURT ,  connue  sous  le  nom  de  madame 
de  SAINT-) ,  naquit  le  14  mai  1607 ,  à  Neu- 
ville en  Verdunois ,  d'une  famille  aussi 
ancienne  qu'illustre.  Elle  avait  reçu  de 
la  nature  les  dispositions'  les  plus  heu- 
reuses pour  le  métier  de  la  guerre ,  un 
corps  robuste  et  propre  à  tous  les  exer- 
cices militaires,  un  courage  intrépide, 
une  imagination  féconde  en  stratagèmes , 
une  prudence  singulière ,  etc.  Elle  fit  du 
lieu  de  sa  naissance,  qui  n'était  d'abord 
qu'un  médiocre  village ,  une  place  d'ar- 
mes ,  où  elle  reçut  et  protégea  contre  les 
Cravates ,  espèce  de  maraudeurs ,  qui  ra- 
vageaient alors  la  Lorraine  et  la  Cham- 
pagne ,  une  foule  de  laboureurs  et  d'arti- 
sans. Ces  troupes  indisciplinées ,  amenées 
du  fond  de  la  Hongrie ,  commettaient  des 
excès  atroces  et  inouïs,  même  dans  les 
Pays-Bas  Autrichiens ,  soumis  à  l'allié  de 
leur  maître  ;  la  province  de  Luxembourg 
en  fut  presque  entièrement  dépeuplée. 
La  Vie  de  cette  femme  célèbre ,  en  qui 
la  piété  relevait  l'éclat  des  vertus  guer- 
rières ,  et  qu'une  maladie  cruelle  enleva 
le  22  mai  1660,  fut  d'abord  publiée  a 
Paris  en  1678 ,  sous  le  litre  de  X Amazone 
chrétienne,  par  le  P.  Jean-Marie,  reli- 
gieux du  tiers  ordre  de  Saint-François. 
Le  P.  Desbillons  en  a  donné,  en  1775, 
une  histoire  mieux  rédigée ,  mais  tirée  , 
quant  aux  principaux  faits,  de  la  pre- 
mière. Pour  donner  une  idée  de  la  bra- 
voure de  l'héroïne,  nous  rapporterons 
l'exploit  suivant  :  «  Le  1er  jour  de  mai 
»  de  l'année  1636  ,  temps  où  madame 
»  de  Saint -Balmont  n'était  pas  encore 
»  bien  connue  des  troupes  françaises 
»  (  elle  montra  toujours  pour  elles  une 
»  prédilection  particulière  ) ,  100  cava- 
»  liers  de  la  compagnie  de  Brissac  et 
»  de  celle  du  baron  de  Guitaut ,  vinrent 
»  enlever  son  troupeau  de  vaches.  Aussi- 
»  tôt  elle  en  est  avertie  par  une  senti- 
»  nelle ,  postée  au  haut  du  clocher  de  la 
»  paroisse  ;  et  la  voilà  en  campagne ,  à  la 
»  tête  de  quelques  gentilshommes  et  de 
»  ceux  de  ses  paysans  qui  composaient 
»  son  infanterie.  Les  ennemis  se  présen- 


BAL  5 

t.  lent  au  nombre  de  60 ,  tandis  que  les 
»  autres  emmènent  le  troupeau.  Elle  vole 
»  à  ces  derniers ,  après  avoir  commandé 
»  à  son  infanterie  de  faire  face  aux  60  ; 
»  mais  celte  infanterie ,  qui  n'était  pas 
»  encore  dressée,  se  resserre  au  lieu  de 
»  s'étendre ,  et  se  laisse  envelopper.  L'a- 
»  mazone  s'en  aperçoit,  et  revole  pour  la 
»  dégager.  Elle  ordonne  à  son  beau-frère, 
»  le  chevalier  d'Araucourt,  et  à  un  autre 
»  officier ,  de  percer  la  cavalerie  enne- 
»  mie  ;  mais  ils  sont  faits  tous  deux  pri- 
■>  sonniers.  Alors  sa  vigueur  et  son  cou- 
;>  rage  redoublent  ;  et ,  malgré  cinq  coups 
,i  de  feu ,  dont  un  lui  enleva  son  chapeau 
t>  (l'auteur  remarque  ailleurs  qu'en  temps 
»  de  paix  même ,  elle  avait ,  sous  un  habit 
»  de  femme ,  un  pourpoint ,  un  baudrier 
»  et  des  bottes  ),  et  les  quatre  autres  por- 
»  tèrent  de  façon  qu'elle  s'en  ressentait 
»  encore  long-temps  après ,  elle  pénètre 
»  jusqu'à  ses  pauvres  fantassins ,  qui 
»  étaient  prêts  à  mettre  bas  les  armes. 
»  Courage,  leur  crie-t-elle,  ne  craignez 
»  rien;  nous  sommes  plus  forts  que  nos 
r>  ennemis  s  ils  n'ont  que  des  pistolets.  Ses 
»  soldats  ranimés ,  elle  les  met  en  ordre , 
»  les  range  le  long  d'une  haie ,  qui  les 
»  couvre  parfaitement ,  après  qu'elle  leur 
»  a  fait  mettre  un  genou  en  terre  ;  et  dans 
»  cette  posture ,  elle  leur  défend  de  tirer, 
»  à  moins  que  l'ennemi  ne  s'avance  assez 
n  près  pour  qu'aucun  coup  ne  soit  perdu. 
»  En  un  moment  la  scène  cbange,  et  les 
»  60  cavaliers  effrayés  de  la  bonne  con- 
»  tenance  de  ces  paysans ,  se  débandent , 
o  laissent  leurs  deux  prisonniers ,  et  pren- 
nent la  fuite.  Pendant  ce  temps-là, 
»  Manheuse  (  habile  et  brave  officier ,  qui 
»  avait  été  long-temps  capitaine  dans  le 
>■>  régiment  du  mari  de  madame  de  Saint- 
»  Balmont  ) ,  secondé  seulement  de  15  fan- 
i>  tassins ,  tenait  en  respect  les  40  autres 
i>  cavaliers,  chargés  du  soin  d'emmener 
i'  les  vaches  :  l'amazone  parait  :  les  vaches 
»  restent  et  l'on  ne  voit  plus  d'ennemis. 
»  Personne  ne  périt  dans  cette  occasion , 
j»  et  il  n'y  eut  de  blessés  que  notre  hé- 
»  roïne,  et  un  de  ses  officiers;  mais  les 
i»  blessures  n'étaient  pas  dangereuses.  » 
BALOUFEAU  (  Jacques  ) ,  fils  d'un 
avocat  de  Bordeaux ,  parut  dans  le  monde 
sous  le  nom  du  Baron  de  Saini-Angel. 
Ses  créanciers  ayant  contraint  le  baron 
gascon  de  prendre  le  bonnet  vert ,  il  se  fit 
délateur  en  crime  d'usure.  Il  courut  en- 
suite différons  pays ,  et  épousa  dans  cha- 
cun une  femme.  Arrêté  après  son  qua- 
trième mariage ,  il  s'évada  de  la  prison  de 


9  BAL 

Dijon,  vint  à  Paris,  reçut  200  écus  do 
récompense  pour  avoir  dénoncé  un  Gé- 
nois qui  n'existait  pas,  comme  auteur 
d'une  conspiration  contre  le  roi  ;  passa 
en  Angleterre  pour  suivre  le  prétendu 
criminel,  escamota  2000  livres  au  roi  de 
la  Grande-Bretagne,  revint  en  France, 
fut  reconnu  pour  un  fourbe ,  et  pendu 
en  1626. 

BALSAC  DE  FRIMY,  conseiller  au 
parlement  de  Toulouse ,  né  à  Senergue , 
département  de  l'Aveyron ,  se  prononça 
hautement  contre  les  innovations  intro- 
duites par  l'Assemblée  constituante  de 
1789 ,  et  signa  en  1790  les  protestations  de 
son  corps  contre  les  opérations  de  l'As- 
semblée nationale.  Dénoncé  en  1793  com- 
me royaliste,  il  fut  arrêté,  conduit  à 
Paris ,  et  condamné  à  mort  par  le  tribu- 
nal révolutionnaire  en  1794  .  peu  de  jours 
avant  la  chute  de  Robespierre. 

BALSAMON  (  Théodore  ),  diacre, 
garde  des  chartes  de  l'église  de  Constan- 
tinople ,  et  ensuite  patriarche  d'Antioche 
pour  les  Grecs ,  commenta  le  Nomoca- 
non  de  Photius,  Oxford,  1672,  in-folio, 
avec  des  notes  de  Beveridge.  Il  fit  un  Re- 
cueil d'ordonnances  ecclésiastiques,,  Paris, 
1661 ,  in-folio,  et  Réponses  à  plusieurs 
questions  du  droit  canon .,  dans  lesquelles 
le  patriarche  grec  s'emporte  beaucoup 
contre  l'église  latine.  Il  mourut  vers  1214. 
La  Bibliothèque  du  droit  canonique  ,  de 
Justel,  renferme  les  deux  premiers  ou- 
vrages; et  le  droit  grec  et  romain  de 
Leunclavius  (  Francfort ,  1596  )  contient 
le  dernier. 

*  BALTE1V  (  Pierre)  ,  peintre  d'histoire 
et  de  paysage,  né  et  mort  à  Anvers,  vi- 
vait dans  le  16e  siècle.  Il  était  habile  à 
représenter  ensemble  un  grand  nombre 
de  petites  figures  :  ce  qui  fait  tout  le  mé- 
rite de  son  tableau  de  saint  Jean  pré- 
chant dans  le  désert*  qu'il  composa  pour 
l'empereur  Rodolphe  II. 

*  BALTIIASAR  (  Augustin  de  ) ,  doc- 
teur en  droit ,  était  né  à  Greifswald  dans 
la  Poméranie  suédoise,  en  1701.  Il  fit  ses 
études  dans  l'université  d'Iéna,  sous  les 
yeux  de  son  père,  qui  en  était  un  des 
professeurs.  Après  avoir  fini  ses  cours  et 
pris  ses  degrés ,  il  alla  s'établir  à  Wismar, 
et  s'y  agrégea  à  l'université  de  droit; 
bienlôl  après  il  y  fut  pourvu  d'une  chaire. 
Le  roi  de  Suède  le  choisit  pour  un  des 
ministres  du  grand  tribunal  d'appel,  et 
son  mérite  lui  valut  d'autres  emplois 
également  honorables.  Il  mourut  à  Wis- 
mar en  1779.  Parmi  ses  ouvrages,  on  cite 


BAL  40  BAL 

particulièrement  :  |  Apparatus  diploma-  j  Suisse  était  conforme  ;  avançant  même 


tico-historicus ,  Greifswald,  1730-1735, 
in-fol.  C'est  le  tableau  historique  de  toutes 
les  lois  qui  sont  ou  ont  été  en  usage  dans 
la  Poméranie  et  dans  l'Ile  de  Rugen. 
|  Tableau  historique  des  tribunaux  du 
duché  de  la  Poméranie  suédoise ,  ibid. , 
1733-37 ,  2  vol.  in-fol.  ;  |  De  origine  et  statu 
nominum  propriorum  in  Pomerania, 
ibid. ,  1735-1749  ;  |  Discours  sur  les  avan- 
tages du  temps  présent ,  sous  le  rapport 
du  perfectionnement  des  sciences,  spécia- 
lement de  l'étude  de  l'histoire  et  du 
droit,  ibid. ,  1742 ,  in-4°  ;  |  Jus  ecclesias- 
ticum  pastorales  1760-1763  ,  2  vol.  in-fol.  ; 
Des  Dissertations  relatives  à  l'adminis- 
tration civile  et  religieuse  de  la  Poméra- 
nie. —  On  a  d'un  autre  BALTHASAR 
(  Jacques-Henri  de) ,  professeur  en  théo- 
logie et  surintendant  des  églises  de  la 
roméranie  suédoise ,  contemporain  du 
précédent  :  |  Recueil  de  faits  relatifs  à 
l'histoire  ecclésiastique  de  la  Poméranie, 
1723-1725,  1  vol.  in -4°;  |  Val  ab  Eick- 
stœdt  epilome  annalium  Pomeraniœ, 
ibid. ,  1726 ,  in-4° ,  et  quelques  écrits  théo- 
logiques de  peu  d'importance. 

*  BALTHASAR  Joseph  -  Antoine- 
Félix  de  ) ,  jurisconsulte  et  historien , 
naquit  à  Lucerne  en  1737.  Après  avoir 
fait  ses  premières  études  dans  son  pays , 
il  alla  les  achever  à  Lyon.  Il  se  destinait 
à  la  magistrature  ,  et  il  occupa  divers  em- 
plois honorables.  Il  était  trésorier  de  l'état, 
lorsque  la  révolution  éclata  en  Suisse.  La 
présidence  de  l'administration  municipale 
de  Lucerne  lui  ayant  été  déférée,  son 
premier  soin  fut  de  chercher  à  calmer  les 
esprits.  Il  eut  le  bonheur  d'y  parvenir 
et  d'épargner  à  son  pays  les  maux  qui  ac- 
compagnent ordinairement  les  mouve- 
mens  populaires.  Il  faisait  de  l'histoire  de 
sa  patrie  son  étude  favorite ,  et  l'une  de 
ses  principales  occupations.  Il  avait  re- 
cueilli, pour  servir  à  cette  histoire  ,  une 
grande  quantité  de  matériaux  précieux , 
et  il  enrichit  la  Bibliothèque  suisse  de 
Haller  de  nombreuses  notices.  Son  prin- 
cipal ouvrage  a  pour  titre  :  De  Helvetio- 
rum  juribus  circa  sacra  ,  traduit  en  fran- 
çais par  Viend ,  professeur  à  Lausanne , 
sous  le  titre  de  Libertés  de  l'église  Hel- 
vétique ,  Lausanne ,  1770  ,  in-12.  Le  nonce 
du  pape  à  Lucerne  déféra  ce  livre  à  sa 
cour,  et  il  fut  mis  à  l'index.  L'évêque  de 
Constance  en  demanda  la  suppression. 
Balthasar  y  réclamait  pour  la  Suisse  les 
libertés  de  l'église  gallicane ,  auxquelles 
il    prétendait  que    l'usage    observé   en 


que  les  quatre  articles  du  clergé  de  France 
y  avaient  été  adoptés ,  et  y  étaient  recon- 
nus. On  a  en  outre  de  Joseph-Antoine- 
Félix  de  Balthasar  :  j  Histoire  de  la  non- 
ciature en  Suisse ,  restée  manuscrite; 
|  Défense  de  Guillaume  Tell,  1760,  in-8°. 
Il  y  soutient  la  vérité  de  l'histoire  de 
Guillaume  Tell ,  contre  ceux  qui  ont  cher- 
ché à  jeter  des  doutes  sur  elle.  |  Musceum 
virorum  Lucemalum  fama  et  meritis 
illustrium ,  Lucerne ,  1777 ,  in-4°.  Baltha- 
sar mourut  à  Lucerne  en  1810. 

*  BALTHASAR  (  l'abbé  ) ,  mort  à  Char- 
tres en  1801 ,  est  auteur  de  X Année  chré- 
tienne, ou  Précis  de  la  vie  des  saints, 
Paris,  1789,  in-12,  et  de  Ylsle  des  philo- 
sophes et  plusieurs  autres  nouvellement 
découvertes  et  remarquables  dans  leurs 
rapports  avec  la  France  actuelle,  Char- 
tres ,  1790 ,  in-12. 

BALTHAZAR ,  dernier  roi  des  Babylo- 
niens ,  fils  d'Evilmérodach ,  et  petit-fils  de 
Nabuchodonosor ,  selon  la  plus  commune 
et  la  plus  vraisemblable  des  opinions, 
quoiqu'il  soit  nommé  par  Daniel  fils  de 
Nabuchodonosor ,  car  on  sait  que  l'usage 
de  l'Ecriture  est  souvent  de  donner  le 
nom  de  fils  aux  petits -fils.  S'étant  servi 
pour  boire ,  lui  et  ses  convives ,  des  vases 
d'or  et  d'argent  que  son  aïeul  avait  enle- 
vés du  temple  de  Jérusalem,  dans  un 
festin  qu'il  donnait  à  ses  femmes,  à  ses 
concubines ,  et  aux  seigneurs  de  sa  cour, 
il  vit  une  main  qui  traçait  sur  les  mu- 
railles de  la  salle  ces  trois  mots  :  Mané, 
Thécel,  Pharez.  Balthazar,  à  cet  aspect, 
fut  saisi  d'un  grand  trouble ,  et  fit  venir 
tous  les  devins  et  les  sages  de  Babylone 
pour  lui  expliquer  ce  qui  venait  d'être 
écrit  sur  la  muraille  ;  mais  les  mages 
n'ayant  pu  le  lui  expliquer,  le  roi  eut 
recours  à  Daniel,  et  lui  promit  la  troi- 
sième place  dans  son  royaume;  Daniel 
refusa  les  présens ,  et  promit  néanmoins 
d'expliquer  ces  énigmes.  Il  dit  au  prince 
qu'elles  signifiaient  que  ses  jours  étaient 
écoulés;  que  ses  actions  venaient  d'être 
pesées;  et  que  son  royaume  serait  divisé 
et  deviendrait  la  proie  des  Mèdes  et  des 
Perses.  Balthazar  fut  tué  la  même  nuit, 
et  Darius  le  Mède  mis  sur  son  trône, 
l'an  558  avant  J.-C. 

BALTHAZAR  (  Christophe  ) ,  avocat 
du  roi  au  présidial  d'Auxerre,  se  fit  cal- 
viniste à  Charenton  ,  et  mourut  vers  1670. 
Nous  avons  de  lui  le  Panégyrique  de 
Fouquet  en  latin ,  1655 ,  in-4" ,  et  d'autres 
ouvrages.  Son  style  est  élégant  et  pur.  Il 


BAL  41  BAL 

avait  composé  plusieurs  dissertations  con-  j  Scipion ,  MÉ  AD ,  SPÉ.  Faits  remarquables 


Ire  Baronius  ;  mais  on  ne  sait  ce  qu'elles 
sont  devenues. 

IJALTIIAZYR  CORDERIUS.  Voyez 
CORDER. 

BALTIIAZAR.  Voyez  MAGES. 

BALTIïYZARINI,  surnommé  Beau- 
joyeux  ,  célèbre  musicien  italien ,  vivait 
sous  le  règne  de  Henri  III ,  roi  de  France, 
règne  de  la  frivolité  et  de  la  mollesse.  Le 
maréchal  de  Brissac  envoya  ce  musicien 
au  roi,  avec  toute  la  bande,  de  violons 
dont  il  était  le  chef.  La  reine  lui  donna 
la  charge  de  son  valet-de -chambre,  et 
Henri,  à  son  exemple,  lui  accorda  le 
même  emploi  dans  sa  maison.  Balthaza- 
rini  fit  les  délices  d'une  cour  dissipée  et 
corrompue  ,  tant  par  son  habileté  à  jouer 
du  violon ,  que  par  ses  inventions  de 
ballet ,  de  musique ,  de  festins  et  de  re- 
présentations. Ce  fut  lui  qui  composa,  en 
1581,  le  ballet  des  noces  du  duc  de 
Joyeuse  avec  M1Je  de  Waudemont,  sœur 
de  la  reine  ;  ballet  qui  fut  représenté  avec 
une  pompe  extraordinaire.  On  l'a  impri- 
mé sous  le  litre  de  Ballet  comique  de  la 
reine,  fait  aux  noces  de  M.  le  duc  de 
Joyeuse  et  de  Mlle  de  Vaudemont. 

BALTUS  (  Jean-François  ) ,  né  à  Metz 
en  1667,  entra  chez  les  jésuites.  Cette 
société  l'estima  et  l'employa.  Il  mourut 
bibliothécaire  de  Rheims  en  1743.  On  a 
de  lui  plusieurs  ouvrages  :  |  La  réponse 
à  l'Histoire  des  Oracles  de  Fontenelle, 
Strasbourg,  1707  et  1708,  in-8°.  Il  parait 
que  le  jésuite  a  profité  de  la  réfutation  de 
Van-Dale  par  Maebius  ;  mais  sa  Réponse 
n'en  est  pas  moins  victorieuse.  Fonte- 
nelle  prit  le  parti  du  silence,  regardant 
son  ouvrage  comme  une  production  de 
sa  jeunesse,  qu'il  convenait  d'oublier,  et 
que  le  P.  Baltus  avait  foudroyée  ;  il  dit 
même  assez  plaisamment  que  le  diable 
avait  gagné  sa  cause  (  Voyez  FONTE- 
NELLE).Du  reste,  il  est  constant  que  cette 
querelle  n'intéresse  point  le  christianis- 
me ,  mais  bien  la  vérité  de  l'histoire  ;  on 
peut  même  dire  en  général  que  le  fonde- 
ment de  toutes  les  histoires  se  trouve 
ébranlé,  si  les  preuves  de  fait,  les  témoi- 
gnages multipliés  des  auteurs  contempo- 
rains, sages,  instruits,  judicieux,  et  à 
tous  égards  respectables,  pouvaient  être 
anéantis  par  les  spéculations  modernes. 
Le  P.  Baltus  a  donné  une  suite  à  cette 
Réponse,  où  il  donne  à  ses  preuves  plus 
de  développement  et  de  force.  Quant  à  la 
possibilité  de  ces  oracles,  Voyez  DELRIO, 
Thomas  BROWN,  DE  HAEN,  MAFFEI 


a  Part,  saint  BABYLAS.  |  Défense  des 
SS.  PP.  accusés  de  platonisme,  1711, 
in-4";  livre  savant.  La  Religion  chré- 
tienne prouvée  par  l'accomplissement  des 
prophéties,  1728,  in-4°;  traité  moins  par- 
lait que  celui  de  M.  de  Pompignan,  ar- 
chevêque de  Vienne,  sur  la  même  ma- 
tière ,  mais  qui  est  plus  original ,  et  qu'on 
peut  regarder  comme  la  matière  et  la 
préparation  de  l'autre,  etc.  |  Défense 
des  prophéties  de  la  religion  chrétienne, 
1737  J  3  vol.  in-12.  Les  deux  premiers  sont 
contre  Hugues  Grotius ,  le  3e  contre  Ri- 
chard Simon.  |  Jugement  des  saints  Pères 
sur  la  morale  de  la  philosophie  païenne, 
Strasbourg,  1719,  in-8°.  J  Les  Actes  de 
saint  Barlaam ,  traduits  du  grec  en  fran- 
çais avec  des  remarques. 

BALUE  (  Jean  la  ) ,  était  d'une  famille 
très  obscure.  Son  père  était  tailleur,  sui- 
vant les  uns,  cordonnier,  selon  d'autres. 
La  plus  commune  opinion  le  fait  naitre 
au  bourg  d'Angle ,  en  Poitou,  dans  l'année 
1421.  C'était  un  homme  qui,  à  un  es- 
prit délié  et  artjficieux ,  joignait  la  har- 
diesse et  l'effronterie  qu'il  faut  pour  l'in- 
trigue. Il  fut  attaché  d'abord  à  Jean  Ju- 
vénal  des  Ursins,  évêque  de  Poitiers;  il 
devint  ensuite  grand-vicaire  de  l'évêque 
d'Angers.  Jean  de  Melun ,  favori  de  Louis 
XI ,  le  présenta  au  roi ,  qui  lui  donna  la 
place  d'aumônier ,  la  charge  d'intendant 
des  finances,  et  ensuite  l'évêché  d'E- 
vreux  en  1465.  Deux  ans  api  es,  il  fut  trans- 
féré au  siège  d'Angers,  après  avoir  fait 
déposer  Jean  de  Beauveau,  son  bien- 
faiteur. Le  pape  Paul  II ,  qui  ne  connais- 
sait pas  encore  ses  mauvaises  qualités , 
l'honora  de  la  pourpre  la  même  année , 
pour  le  récompenser  de  ce  qu'il  avait  fait 
abolir  la  Pragmatique-Sanction,  que  les 
parlemens  et  les  universités  conspiraient 
à  conserver.  Le  crédit  qu'il  avait  sur  l'es- 
prit de  Louis  XI,  était  extrême.  Balue  se 
mêlait  de  tout  ;  des  affaires  de  l'église  , 
de  l'état,  de  la  guerre ,  excepté  de  celles 
de  son  diocèse.  On  le  voyait,  en  camaii 
et  en  rochet,  à  la  tète  des  troupes,  les 
faire  défiler  devant  lui.  C'est  dans  une 
de  ces  occasions  que  le  comte  de  Dam- 
martin  dit  à  Louis  XI  de  lui  permettre 
d'aller  à  Evreux  faire  l'examen  des  ec- 
clésiastiques, et  leur  donner  les  ordres  : 
Car  voilà,  ajouta-t-il,  l'évêque  qui  pas- 
satit  en  revue  les  gens  de  guerre ,  semble 
m' autoriser  à  aller  faire  des  prêtres. 
Quoique  ce  bon  mot  couvrit  de  ridicule 
le  prélat ,  il  ne  diminua  point  la  faveur 


BAL 


42 


BAL 


qu'il  avait  auprès  de  son  maître.  Balue 
n'en  fut  pas  plus  reconnaissant  :  cet 
homme,  né  dans  la  boue,  concerta  di- 
verses intrigues  avec  les  ducs  de  Bourgo- 
gne et  de  Berri ,  contre  le  prince  qui  l'en 
avait  tiré.  Quelques-unes  de  ses  lettres 
furent  interceptées ,  et  il  fut  mis  en  pri- 
son. Louis  XI  dépêcha  deux  avocats  à 
Rome ,  pour  demander  des  commissaires 
qui  lui  fissent  son  procès  en  France  ;  mais 
le  pape  répondit,  qu'un  cardinal  ne  pou- 
vait être  jugé  qu'en  plein  consistoire.  La 
justice  de  Louis  XI  était  devenue  plus 
que  suspecte  à  toute  l'Europe.  Après 
onze  ans  de  prison ,  Balue  obtint  sa  liberté 
en  1480 ,  à  la  sollicitation  du  cardinal  de 
la  Rovère ,  légat  du  pape.  Il  alla  intriguer 
à  Rome,  et  acquit  des  honneurs  et  des 
biens  qu'il  ne  méritait  pas.  Sixte  IV  l'en- 
voya légat  à  latere  en  France ,  l'an  1484  ; 
et  Balue  y  fut  mieux  reçu  qu'on  ne  l'eût 
cru  ;  il  paraît  que  le  gros  de  la  nation ,  et 
même  le  roi  Charles  VIII ,  ne  le  croyaient 
pas  fort  coupable.  Ce  légat ,  de  retour  à 
Rome ,  fut  fait  évêque  d'Albano ,  puis  de 
Paleslrine ,  par  le  pape  Innocent  VIII.  Il 
mourut  à  Ancône  en  1491. 

BALUZE  (  Etienne  ) ,  né  à  Tulle  en 
1631 ,  fit  imprimer ,  à  l'âge  de  22  ans ,  une 
Critique  de  la  Gaïlia  Purpurata  de  Fri- 
zon.  Il  fut  invité  en  1565  de  venir  à  Paris, 
par  de  Marca ,  archevêque  de  Toulouse , 
digne  d'être  le  protecteur  de  ce  savant. 
Après  la  mort  de  cet  illustre  prélat ,  Col- 
bert  le  fit  son  bibliothécaire.  C'est  à  ses 
soins  que  la  bibliothèque  de  ce  ministre 
dut  une  partie  de  ses  richesses.  En  1670 , 
le  roi  érigea ,  en  sa  faveur ,  une  chaire  de 
droit  canon  au  collège  royal.  Il  fut  ensuite 
inspecteur  du  même  collège,  et  obtint 
une  pension.  L'histoire  généalogique  de 
la  maison  d'Auvergne*  faite  à  la  prière 
du  cardinal  de  Bouillon ,  l'enveloppa  dans 
la  disgrâce  de  ce  prélat,  et  lui  fit  perdre 
ses  place  \  et  ses  pensions.  Il  fut  exilé  suc- 
cessivement à  Rouen ,  à  Tours  et  à  Or- 
léans; et  il  ne  put  obtenir  son  rappel, 
qu'après  la  paix  d'Utrecht.  Il  mourut  à 
Paris  en  1718,  à  87  ans.  Les  gens  de  lettres 
regrettèrent  en  lui  un  savant  profond,  et 
ses  amis  un  homme  doux  et  bienfaisant. 
Il  ne  ressemblait  point  à  ces  érudits 
avares  de  leurs  lumières  :  il  communi- 
quait volontiers  les  siennes ,  et  aidait  ceux 
qui  s'adressaient  à  lui ,  de  ses  conseils  et 
de  sa  plume.  Il  était  né  avec  la  facilité 
d'esprit  et  la  mémoire  qu'il  fallait  pour 
«on  travail.  Peu  de  savans  ont  eu  une 
connaissance  plus  étendue  des  manuscrits 


et  des  livres.  Nous  avons  de  lui  un  grand 
nombre  d'éditions.  Les  plus  importantes 
sont  celles  |  du  livre  de  son  bienfai- 
teur de  Marca ,  De  concordia  Sacerdolii 
et  Imperii,  1704 ,  in-folio,  avec  la  vie  do 
l'auteur,  un  supplément  et  des  notes,  où 
l'on  retrouve  toute  l'érudition  de  ce  pré- 
lat ;  mais  on  lui  reproche  avec  raison  de 
n'avoir  pas  eu  égard  aux  volontés  de 
celui-ci ,  qui  en  mourant  lui  avait  recom- 
mandé divers  changemens  à  faire  dans 
son  ouvrage  (  V.  MARCA  ).  |  Des  Capi- 
tulaires  des  Rois  de  France*  rangés  dans 
leur  ordre ,  qu'il  a  augmentés  des  Collec- 
tions d'Ansegise  et  de  Benoît,  diacre, 
avec  de  savantes  notes ,  2  vol.  in-folio ,  à 
Paris,  en  1677.  |  Des  Lettres  du  pape 
Innocent  III*  en  2  vol.  in-folio,  1682. 
|  De  l'ouvrage  de  Marca  intitulé  :  Marca 
Hispanica;  c'est-à-dire ,  la  Marche  ou  les 
limites  de  l'Espagne,  1688,  in -fol.  |  Des 
Vies  des  Papes  d'Avignon*  depuis  1305 
jusqu'en  1376 ,  2  vol.  in-4°  ,  1693 ,  mises  à 
Y  Index  par  un  décret  du  22  décembre 
1700.  Cette  censure  n'empêche  pas  que 
Baluze  ne  soit  en  général  fort  respectueux 
envers  le  saint  Siège.  |  Des  Vies  de  Sal- 
vien*  de  Vincent  de  Lérins*  de  Loup  de 
Ferrière  *d 'Agobard *  d'Amolon*  de  Lei- 
drade,  d'un  Traité  de  Flore  diacre;  de 
quatorze  Homélies  de  saint  Césaire  d'Ar- 
les ;  des  Conciles  de  la  Gaule  Narbonaise 
de  Reginon  ;  de  la  Correction  de  Gratien* 
par  Antoine  Agostino  ;  de  Marias  Mer- 
cator*  etc.  ;  |  sept  vol.  in-8°  de  Mélanges* 
1678  à  1710  ;  |  un  Supplément  aux  Conciles 
du  père  Labbe  ,  etc. ,  1683 ,  in  -  fol.  ; 
|  Historia  Tutelensis,  1717,  2  vol.  in- 
4°.  Le  latin  des  notes  et  des  préfaces  qui 
accompagnent  ces  ouvrages  est  assez  pur  ; 
on  y  reconnaît  partout  un  homme  qui 
possède  l'histoire  ecclésiastique  et  pro- 
fane ,  le  droit  canon  ancien  et  moderne , 
et  les  Pères  de  tous  les  siècles. 

BALZAC  (  Jean-Louis  GUEZ,  seigneur 
de  )  ,  naquit  à  Angoulème  en  1594 ,  d'un 
gentilhomme  languedocien.  Il  s'attacha 
d'abord  au  duc  d'Epernon ,  et  ensuite  au 
cardinal  de  la  Valette,  qui  le  fit  son  agent 
à  Rome,  où  il  resta  pendant  près  de  2 
ans.  A  son  retour  en  France,  son  protec- 
teur le  produisit  à  la  cour.  L'évêque  de 
Luçon ,  depuis  cardinal  de  Richelieu,  le 
goûta  beaucoup.  Dès  qu'il  fut  ministre, 
il  lui  donna  une  pension  de  2000  liv.  et 
le  brevet  de  conseiller  d'état  et  d'historio- 
graphe du  roi ,  que  Balzac ,  ami  de  l'anti- 
thèse, app  lait  de  magnifiques  bagatelles. 
En  1624 ,  on  vit  paraître  le  premier  re- 


BAL 


43 


BAN 


nueil  de  ses  lettres.  Le  public ,  qui  dans 
ce  temps-là  avait  peu  de  bons  livres ,  fît 
un  accueil  extraordinaire  à  cette  produc- 
tion. Balzac  était  mis  au-dessus  de  tous 
les  écrivains  anciens  et  modernes  pour 
l'éloquence.  Il  eut  une  foule  d'admira- 
teurs ,  et  s'il  parut  des  critiques ,  ce  ne 
fut  qu'après  que  le  premier  enthousias- 
me fut  passé.  Un  jeune  feuillant ,  appelé 
don  André  de  Saint -Denys,  compara, 
dans  une  brochure  contre  Balzac ,  l'élo- 
quence de  cet  écrivain  à  celle  des  auteurs 
du  temps  passé  et  du  temps  présent ,  et 
le  mit  au-dessous  des  uns  et  des  autres. 
L'abbé  Ogier  défendit  Balzac  contre  le 
jeune  critique.  Le  général  des  feuillans, 
nommé  Goulu ,  plaida  pour  son  confrère 
contre  Ogier  et  contre  Balzac ,  dans  deux 
gros  volumes  de  lettres  écrites  sous  le 
nom  de  Philarque.  De  la  critique  du  style, 
on  passa  à  celle  des  mœurs ,  et  Balzac , 
pour  des  lettres  qui  n'avaient  d'autre  vice 
que  l'enflure  et  l'inutilité,  fut  attaqué 
comme  si  ses  livres  avaient  été  une  école 
de  libertinage.  Le  général  Goulu,  en  cri- 
tiquant les  écrits ,  ne  ménagea  pas  assez 
la  personne  (  Voyez  GOULU  ).  Balzac, 
lassé  d'essuyer  des  censures  à  Paris ,  se 
retira  en  province.  11  se  fixa  à  sa  terre  de 
Balzac ,  sur  les  bords  de  la  Charente ,  aux 
environs  d'Angoulème  ,  et  y  mourut  en 
1655,  dans  l'exercice  des  vertus  chré- 
tiennes. Il  voulut  être  enterré  parmi  les 
pauvres  de  l'hôpital  d'Angoulème ,  auquel 
il  avait  laissé  12 ,  000  liv.  Il  fonda  par  son 
testament  un  prix  à  l'académie  française, 
dont  il  était  membre.  C'est  cette  médaille 
d'or  qu'on  distribue  tous  les  ans;  elle 
représente  d'un  côté  saint  Louis,  et  de 
l'autre  une  couronne  de  laurier ,  avec  ce 
mot ,  à  l'immortalité  ,  qui  est  la  devise  de 
l'académie.  On  fit  en  1665  un  recueil  de 
tous  les  ouvrages  dje  Balzac,  en  2  vol. 
in-fol. ,  avec  une  savante  préface  de  l'abbé 
de  Cassagne ,  son  admirateur  et  son  ami. 
On  trouve  dans  te  recueil:  |  ses  Lettres: 
Balzac  se  donnait  beaucoup  de  peine  pour 
écrire  des  riens  (  Voyez  VOITURE  )  :  il 
composait  ses  lettres  comme  on  compose 
un  discours  d'apparat.  On  peut,  en  imi- 
tant un  bon  mot  de  leur  auteur ,  les  ap- 
peler de  pompeuses  bagatelles  ;  \  Le 
Prince  ;  \  Le  Socrate  chrétien  ;  |  L' '  A- 
ristippej  ouvrage  de  morale  et  de  poli- 
tique, écrit  assez  purement  ;  |  Trois 
livres  de  vers  latins,  qui  valent  mieux 
que  ses  ouvrages  français.  Son  Christ  vic- 
torieux et  son  Amynte  sont  encore  lus 
par  ceux  qui  aiment  la  bonne  poésie.  Le 


style  de  Balzac  est  en  général  plein ,  non> 
breux  ,  arrondi  ;  il  y  a  même  des  pensées 
heureuses  :  mais  on  y  trouve  encore  plus 
souvent  des  hyperboles ,  des  pointes ,  et 
tout  ce  que  l'on  appelle  l'écume  du  bel 
esprit.  «  Balzac ,  dit  un  critique ,  a  enri- 
»  chi  la  langue ,  il  l'a  ennoblie  ,  il  l'a  sub- 
»  juguée  ;  mais  la  recherche  déplacée  de 
»  son  style  le  rend  boursoufflé  ;  la  magni- 
»  licence  de  l'expression  le  rend  forcé  et 
»  gigantesque  ;  la  délicatesse  des  tours  le 
»  rend  affecté  ;  l'usage  immodéré  des  fi- 
»  gures  le  rend  ridicule  ;  enfin  son  af fec- 
»  tation  continue  d'élégance ,  et  de  no- 
»  blesse ,  dans  les  choses  qui  en  exigent  le 
»  moins ,  le  rend  souvent  absurde  et  pé- 
»  nible  à  la  lecture.  Ce  défaut  de  goût  l'a 
»  fait  tomber  dans  une  espèce  de  mépris, 
»  qu'on  a  poussé  toutefois  un  peu  trop 
»  loin.  On  doit  lire  avec  plaisir  quelques- 
»  unes  de  ses  lettres ,  plusieurs  de  ses 
»  traités,  et  surtout  son  Aristippe.  Les 
»  réflexions  excellentes  répandues  dans 
»  ce  dernier  ouvrage ,  les  sages  préceptes 
»  de  morale  et  de  politique ,  les  exemples 
»  bien  choisis  y  peuvent  faire  oublier  les 
»  fautes  du  style ,  et  fournir  des  instruc- 
»  tions  à  ceux  qui  voudront  instruire  les 
»  autres.  »  M.  Campenon  a  donné  en  1806 
un  Choix  des  lettres  de  Balzac ,  de  Voi- 
ture, de  Boursault,  en  2  vol.  in- 12. 
M.  Marsan  a  publié  en  1807  les  Pensées 
de  Balzac  en  1  vol.  in-12  ,  devenu  rare , 
avec  des  observations  critiques  sur  cet 
écrivain. 

BALZAC  d'Entragues.  Voy.  VERNEUIL 

BALZAMON.  Voyez  BALSAMON. 

*  BALZE ,  avocat  et  homme  de  lettres  , 
né  à  Avignon  en  1755 ,  et  mort  dans  celte 
ville  en  1792 ,  est  auteur  d'un  recueil  de 
Contes.,  d'Odes  et  d'une  tragédie  de  Co~ 
riolanj  Avignon,  1775,  in-8°,  où  l'on  trouve 
des  pensées  brillantes  et  un  grand  en- 
thousiasme poétique ,  mais  trop  de  mau- 
vais goût  et  d'enflure  de  style.  Il  se  dis- 
posait à  donner  une  édition  de  ses  œuvres 
lorsque  la  mort  le  surprit. 

BAMBA ,  ou  plutôt  WAMBA ,  roi  des 
Visigoths,  en  Espagne,  l'an  672.  C'est  le 
premier,  dit-on,  qui  ait  été  sacré  dans  ce 
royaume.  Il  joignit  une  grande  valeur  à 
beaucoup  de  modestie ,  et  à  un  grand  at- 
tachement à  la  foi  catholique.  Affaibli  par 
un  poison  lent  qu'on  lui  avait  donné,  il 
abdiqua  la  couronne ,  désigna  Ervige  pour 
son  successeur ,  et  mourut  en  685 ,  dans 
un  monastère  où  il  s'était  relire. 

BAMBOCHE.  Voyez  LAEB. 

BANAYAS,   capitaine  des  gardes  de 


BAN 


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BAN 


David ,  et  l'un  des  plus  braves  de  son  ar- 
mée, tua  plusieurs  lions,  et  combattit, 
n'ayant  qu'un  bâton,  un  Egyptien  dune 
stature  prodigieuse ,  et  bien  armé  ;  il  lui 
arracha  sa  hache ,  et  en  fit  l'instrument 
de  sa  mort.  Il  fut  un  de  ceux  qui  mirent 
Salomon  en  possession  du  royaume  d'Is- 
raël. Il  tua  Adonias,  et  coupa  la  tête  à 
Joab  par  ordre  de  ce  prince ,  vers  l'an 
1014  avant  Jésus-Christ. 

*  BANCAL  DES  ISSARTS  (Henri), 
député  à  la  Convention  nationale,  notaire 
à  Clermont-Ferrand ,  puis  à  Paris ,  em- 
brassa la  cause  de  la  révolution  avec  en- 
thousiasme ,  fut  revêtu  de  diverses  fonc- 
tions publiques,  et  enfin  nommé  député  par 
son  département  en  1792.  Le  10  janvier 
1793 ,  il  eut  le  courage  de  chercher  à  dé- 
tourner la  Convention  du  projet  de  juger 
Louis  XVI,  en  exposant  les  malheurs 
dans  lesquels  cette  mesure  allait  entraîner 
la  France.  N'ayant  pu  y  réussir,  il  vota 
pour  l'appel  au  peuple ,  la  détention  et  le 
bannissement  jusqu'à  la  paix ,  en  disant  : 
«  Louis  Capet  est  un  otage  dont  la  con- 
»  servation  jusqu'à  la  fin  de  la  guerre 
»  tend  à  épargner  le  sang  français  ;  je 
n  vote  sa  détention  comme  otage ,  sous  la 
»  condition  de  répondre  sur  sa  tête  de 
»  l'invasion  du  territoire  français  par 
»  l'ennemi.  »  Dans  le  mois  de  février  sui- 
vant ,  il  demanda  l'expulsion  de  Marat  de 
l'assemblée,  en  alléguant  qu'il  était  en 
état  de  démence,  et  proposant  de  le  faire 
enfermer  dans  une  maison  de  santé  jus- 
qu'à ce  que  son  état  mental  fût  amélioré. 
Peu  après  il  combattit  la  mesure  impoli- 
tique de  choisir  les  ministres  parmi  les 
membres  de  l'assemblée,  et  il  s'opposa  de 
toutes  ses  forces  à  la  création  du  comité 
de  salut  public ,  demandant  au  moins  que 
ses  attributions  se  bornassent  à  surveiller 
les  opérations  du  conseil  exécutif,  et  que 
ses  membres  fussent  changés  tous  les 
quinze  jours.  Une  opposition  si  généreuse 
aux  empiélemens  de  l'autorité  tyrannique 
qui  commençait  à  peser  sur  la  France 
aurait  infailliblement  perdu  Bancal ,  s'il 
n'eût  été  compris  au  nombre  des  commis- 
saires envoyés  à  l'armée  avec  le  ministre 
de  la  guerre  Beurnonville,  pour  notifier 
à  Dumouriez  l'ordre  de  venir  rendre 
compte  de  sa  conduite  à  la  barre  de  l'as- 
semblée. On  sait  que  ce  général  le  fit  ar- 
rêter et  conduire  en  Autriche  avec  ses 
collègues.  Ils  y  restèrent  prisonniers  jus- 
qu'en décembre  1795,  époque oùils  furent 
échangés  contre  la  tille  de  Louis  XVI,  au- 
jourd'hui   madame  la  dauphine.    Alors 


Bancal  entra  au  conseil  des  Cinq-cents , 
et  peu  de  temps  après  il  en  fut  élu  secré- 
taire. Le  rapport  qu'il  fit  de  sa  captivité 
fut  imprimé  et  traduit  dans  toutes  les 
langues  par  ordre  de  l'assemblée.  Son 
entrée  dans  cette  assemblée  (  1796  )  avait 
été  un  triomphe.  Il  parut  rarement  à  la 
tribune  dans  cette  nouvelle  session  ;  ce- 
pendant ,  le  10  janvier  1797 ,  il  sollicita 
l'abolition  de  la  loi  qui  autorisait  le  di- 
vorce pour  cause  d'incompatibilité  d'hu- 
meur, et  deux  ans  après  il  demanda, 
mais  sans  succès,  une  loi  contre  les  théâ- 
tres et  les  maisons  de  jeu  et  de  débauche. 
Toutes  les  fois  qu'il  monta  à  la  tribune  , 
ce  fut  pour  plaider  avec  enthousiasme  la 
cause  des  idées  religieuses,  qui  étaient 
devenues  l'objet  exclusif  de  ses  médita- 
tions. Il  sortit  du  corps  législatif  dans  le 
mois  de  mai ,  et  il  se  retira  à  Clermont 
pour  y  consacrer  le  reste  de  ses  jours  à 
l'étude  des  lettres.  Il  publia  un  ouvrage 
intitulé  :  Du  nouvel  ordre  social  fondé 
sur  la  religion  *  dont  il  fit  hommage  aux 
deux  conseils.  Il  est  mort  en  juin  1826  dans 
de  grands  sentimens  de  piété. 

BANCHI  (  Séraphin  ) ,  dominicain  de 
Florence ,  et  docteur  en  théologie ,  vint 
en  France,  d'abord  pour  faire  ses  études  ; 
il  y  revint  ensuite  pour  instruire  Ferdi- 
nand Ier,  grand  duc  de  Toscane  ,  de  tous 
les  troubles  funestes  qui  désolaient  alors 
la  France.  Banchi  étant  à  Lyon  en  1595, 
Pierre  Barrière,  jeune  homme  de  27  ans, 
fanatique  et. imbécile,  lui  communiqua  le 
dessein  qu'il  avait  d'assassiner  Henri  IV. 
Ce  dominicain  en  donna  avis  à  Branca- 
léon,  gentilhomme  de  la  reine  douairière, 
qui  ayant  été  trouver  le  roi  à  Melun, 
rencontra  Barrière,  prêt  à  commettre  son 
parricide.  Le  roi  récompensa  le  zèle  du 
dominicain,  en  le  nommant  à  l'évêché 
d'Angoulème  :  mais  iljs'en  démit  en  1608, 
pour  vivre  en  simple  religieux  dans  le 
couvent  de  Saint-Jacques  de  Paris ,  où  il 
mourut  en  1622.  On  a  de  lui  quelques 
ouvrages  ,  dans  lesquels  il  ,se  justifie  d'a- 
voir abusé  de  la  confession  de  Pierre 
Barrière,  qui  ne  s'était  pas  confessé. 
|  Histoire  prodigieuse  du  parricide  de 
Barrière,  1594 ,  in-8° ,  40  pag.  ;  |  Apologie 
contre  les  jugemens  téméraires  de  ceux 
qui  ont  pensé  conserver  la  religion  ca- 
tholique ,  en  faisant  assassiner  les  très 
chrétiens  rois  de  France ,  Paris ,  1596 ,  in- 
8°;  |  Le  Rosaire  spirituel  de  la  sacrée 
Vierge  Marie,  etc.   Paris,   1610,   in-12. 

BWCK  ou  BUNCKINS  (  Laurent  ) , 
protestant  suédois ,  professeur  de  droit  à 


BAW 


45 


BATV 


Norkoping,  sa  patrie,  mourut  en  1662.  Il 
a  laissé  plusieurs  ouvrages  de  jurispru- 
dence. Le  plus  connu  est  |  Taxa  cancella- 
riœ  romanœ,  Franeker,  1652  ,  in-8°.  On 
a  aussi  de  lui  |  un  Traité  de  la  Tyrannie 
dupape,  1669,  ouvrage  dicté  par  un  esprit 
nourri  de  préjugés.  On  a  encore  de  lui  : 
|  Commentant  de  Privilegiis  militarium, 
jurisconsultorum ,  mercatorum ,  mulie- 
rum,  etc. ,  1649-1651  ;  |  de  Duellis,  1658; 
(  en  italien  )  |  Bizarreries  politiques. 

BA.ND  YRR A. (Gonzalès),  pauvre  save- 
tier portugais ,  joua  dans  son  pays  le  rôle 
que  Nostradamus  et  maître  Adam  avaient 
joué  en  France.  Il  prophétisa,  il  versifia. 
Le  saint  Office,  peu  favorable  à  cette  dou- 
ble manie ,  qui  faisait  dire  quelquefois  à 
Bandarra  des  choses  fort  étranges,  le  fit 
paraître  dans  un  auto-da-fê,  avec  un  san- 
benito,  en  1541,  et  le  renvoya  libre.  Il 
mourut  en  1556 ,  quelques-uns  disent  en 
1560.  On  ne  parlait  plus  de  Bandarra  en 
1640 ,  lorsque  le  duc  de  Bragance  monta 
sur  le  trône  ;  mais  les  politiques  s'étant 
imaginé  que  cette  révolution  avait  été 
annoncée  dans  ses  prophéties ,  les  firent 
revivre.  On  les  a  imprimées  à  Nantes.,  en 
1644,  sous  le  titre  de  Trovas  do  Ban- 
darra. Bandarra  vécut  sous  les  règnes 
d'Emmanuel  III,  Jean  III  et  Sébastien. 
Quand  les  Espagnols  occupèrent  le  Por- 
tugal ,  il  s'y  forma  une  espèce  de  secte 
appelée  des  Sébastianides  ,  dont  le  livre 
sacré  était  le  recueil  de  chansons  de  Ban- 
darra. Ils  prétendirent  y  trouver  à  la  fois 
la  prophétie  de  l'occupation  des  Espagnols 
et  celle  du  rétablissement  de  la  maison 
de  Bragance. 

BANDELLO  ou BANDELLI  (Vincent), 
général  de  l'ordre  de  Saint-Dominique  en 
1501,  mourut  en  1506,  âgé  de  70  ans, 
après  avoir  composé  quelques  ouvrages , 
entre  autres  :  |  De  conceptione  Jesu- 
Christi;  Bologne,  1481 ,  in-4°,  fort  rare, 
réimprimé  depuis,  in-12;  |  De  veritate 
conceptionis  beatœ  Maria; ,  Milan,  1475, 
in-4°.  Dans  l'un  et  dans  l'autre ,  Bandello 
attaque  la  Conception  immaculée  de  la 
sainte  Vierge. 

BANDELLO  (Matthieu  ) ,  dominicain, 
neveu  du  précédent,  est  auteur  d'un 
Recueil  de  nouvelles  >  qui  montrent  qu'il 
n'avait  point  l'esprit  de  son  état,  ni  le 
goût  des  mœurs  chrétiennes.  Il  naquit  à 
Castelnovo ,  dans  le  Milanais ,  vers  la  fin 
du  15e  siècle.  Lorsqu'après  la  bataille  de 
Pavie  ,  en  1525 ,  les  Espagnols  se  ren- 
dirent maures  de  Milan ,  les  biens  de  sa 
famille ,    dévouée  à  la  France ,   furent 


conLsqués  ,  et  sa  maison  paternelle  brû- 
lée. Contraint  de  prendre  la  fuite  sous  un 
habit  déguisé,  il  erra  quelque  temps  de 
ville  en  ville.  Il  s'attacha  enfin  à  César 
Frégose ,  qu'il  suivit  en  France  ,  et  qui 
lui  donna  un  asile  dans  une  terre  qu'il 
avait  près  d'Agen.  L'évèché  de  cette  ville 
étant  venu  à  vaquer  en  1555 ,  il  y  fut 
nommé  par  Henri  II ,  en  considération 
des  services  de  la  famille  Frégose.  Ban- 
dello, nourri  des  fruits  peu  substantiels 
des  poètes  anciens  et  modernes  ,  s'appli- 
qua beaucoup  plus  à  faire  d'inutiles  écrits 
qu'au  gouvernement  de  son  diocèse.  On 
ignore  la  date  précise  de  sa  mort  ;  mais 
il  est  certain  qu'il  occupa  le  siège  d'Agen 
pendant  plusieurs  années,  et  non  pendant 
quelques  mois ,  comme  Ta  écrit  Joseph 
Scaliger.  La  meilleure  édition  des  Nou- 
velles de  Bandello  est  celle  de  Lucques  , 
1554 ,  en  5  vol.  in-4°,  auxquelles  il  faut 
joindre  un  4e  tome ,  imprimé  à  Lyon  en 
1573 ,  in-8°.  Boisteau  et  Belleforest  en  ont 
traduit  une  partie  en  français,  Lyon ,  1616 
et  suiv.  7  vol.  in-16.  Quelques-uns  ont 
prétendu  que  ces  Nouvelles  n'étaient 
point  de  lui.  On  voudrait  bien  adopter 
cette  opinion,  pour  sauver  l'honneur 
d'un  religieux  et  d'un  évêque  ;  mais  elle 
n'est  guère  vraisemblable.  On  a  encore 
de  lui  un  recueil  de  poésies  intitulé  : 
Canii  XI  conposti  dal  Bandello,  délie 
lodi  délia  Signora  Lucrezia  Gonzaga* 
etc.  imprimé  à  Agen  en  1515  ,  in-8°,  qui 
est  excessivement  rare. 

*  BANDIERA  (  Alexandre  ) ,  d'abord 
jésuite  et  ensuite  frère  servite,  né  a 
Sienne  en  1699,  se  livra  à  la  carrière  de 
l'enseignement  public,  et  publia  plusieurs 
Traductions  italiennes  d'auteurs  latins 
avec  des  notes  grammaticales  très  utiles 
à  la  jeunesse  italienne  pour  l'étude  de  sa 
propre  langue  et  celle  du  latin  ;  Corné- 
lius Nepos,  le  Traité  des  offices  et  les 
Epîtres  de  Cicér on ,  etc.  ;  des  Dialogues 
sur  l'Histoire  sainte,  dans  la  forme  du 
Décaméron  de  Boccace,  dont  il  donna 
également  une  édition  purgée  de  tout  ce 
qui  est  contraire  aux  bonnes  mœurs,  etc. 
—  Son  frère  François,  jurisconsulte, 
composa  sur  le  droit  un  ouvrage  enrichi 
de  notes  historiques  et  critiques.  —  Son 
autre  frère ,  Jean-Nicolas  ,  oratorien , 
écrivit  j  de  Augustino  Dato  libri%  Rome, 
1733,  in-4°;  |  Trattato  degli  studj  délie 
Donne,  où  il  prétend  prouver  que  les 
femmes  peuvent  devenir  savantes  dans 
toutes  les  parties  des  connaissances  hu- 
maines. 


BAN 


46 


BAN 


BANDINLiLLI  (  le  chcv.  Baccio  ),  né  à 
Florence ,  en  1487 ,  y  mourut  en  1559.  Il 
sedistingua  dans  la  sculpture,  dans  la  pein- 
ture et  dans  le  dessin.  Ses  tableaux  man- 
quaient de  coloris,  quoique  les  dessins 
fussent  presque  dignes  de  Michel-Ange. 
Son  ciseau  valait  mieux  que  son  pinceau. 
On  admire  surtout  sa  copie  du  fameux 
Laocoon ,  qu'on  voit  dans  le  jardin  de 
Médicis  à  Florence. 

*  BANDINI  (  Ange-Marie  ) ,  antiquaire 
et  philologue,  naquit  à  Florence  en  1726 , 
et  mourut  en  1800  dans  la  même  ville. 
Il  fit  ses  études  chez  les  jésuites,  et  guidé 
par  le  célèbre  antiquaire  Jean  Lami ,  il 
abandonna  la  poésie  dans  laquelle  il  s'était 
exercé  jusque-là ,  pour  se  livrer  exclusi- 
vement à  l'histoire  littéraire.  Bandini, 
nommé  secrétaire  del'évêquede  Volterra, 
le  suivit  à  Vienne,  où  il  obtint  de  l'em- 
pereur l'autorisation  de  lui  dédier  son 
Spécimen  litteraturœ  Florentines  seculi 
XV,  qui  s'imprimait  à  Florence.  De  re- 
tour en  Italie ,  il  se  rendit  à  Borne  et  y 
embrassa  l'état  ecclésiastique.  Il  put  alors 
plus  que  jamais  se  livrer  à  ses  études 
chéries;  Bandini  devint  garde  de  la  su- 
perbe bibliothèque  léguée  au  public  par 
François  et  Alexandre  Marucelli ,  et  suc- 
céda ,  en  1756 ,  au  savant  Biscioni  dans  la 
place  de  bibliothécaire  en  chef  de  la  bi- 
bliothèque Mediceo-Laurentienne  de  Flo- 
rence, qu'il  conserva  jusqu'à  sa  mort. 
Outre  l'histoire  de  la  littérature  Floren- 
tine ,  il  a  encore  publié  soit  en  latin  soit 
en  italien  les  éloges  (VAméric  Vespuce , 
de  Philippe  Strozzi,  et  de  Nicolas  Prato; 
des  Catalogues  estimés  et  des  Disserta- 
tions parmi  lesquelles  on  distingue  celle 
qui  a  pour  titre  :  De  obelisco  Augusti 
Cœsaris,  è  Campi  Marlii  ruderibus  nu- 
pereruto,  1750,  in-fol.  ;  cet  ouvrage  fut 
composé  par  ordre  de  Benoit  XIV ,  à  l'oc- 
casion de  la  découverte  récemment  faite 
dans  les  ruines  du  Champ-de-Mars ,  de 
l'obélisque  d'Auguste  ,  qui  servait  autre- 
fois de  gnomon  pour  les  opérations  astro- 
nomiques. L'auteur  a  joint  à  cette  Disser- 
tation les  opinions  des  plus  savans  astro- 
nomes de  l'Europe  sur  la  manière  dont 
les  Bomains  en  faisaient  usage. 

BANDINUS  ,  un  des  plus  anciens  théo- 
logiens scolastiques.  Ses  ouvrages  ont  été 
imprimés  à  Vienne  en  1519,  in-fol.  ;  àLou- 
vain,  en  1555  et  1557,  in-8°.  La  confor- 
mité de  Bandinus  avec  Pierre  Lombard 
a  fait  agiter  la  question  :  Si  Lombard  était 
plagiaire  de  Bandinus,  ou  si  celui-ci  avait 
copié  l'autre;  un  manuscrit  du  15e  siècle, 


conservé  dans  l'abbaye  d'Ober-Allaich ,  a 
résolu  cette  question  en  faveur  de  tous 
les  deux.  Bandinus  n'a  prétendu  qu'abré- 
ger l'ouvrage  de  Lombard ,  et  ne  doit  pas 
être  considéré  comme  plagiaire.  Il  porte 
en  titre  :  Abbrevialio  magistri  Bandini 
de  libro  Sacramentprum  magistri  Pétri 
Parisiensis  episcopi 3  fideliter  acta.  Il  se 
trouve  cependant  encore  des  critiques 
persuadés  que  Bandinus  est  antérieur  à 
Pierre  Lombard. 

BANDURI  (  D.  Anselme  ) ,  bénédictin 
de  la  congrégation  de  Méléda  ,  naquit  à 
Raguse  en  Dalmatie ,  l'an  1670.  Il  vint  en 
France  en  1702 ,  pour  y  puiser  le  goût  de 
la  bonne  critique.  Le  grand  duc  de  Tos- 
cane ,  qui  avait  dessein  de  le  mettre  à  la 
tête  de  l'université  de  Pise ,  lui  fournit 
tout  ce  qui  lui  était  nécessaire.  L'acadé- 
mie des  inscriptions  l'agrégea  en  1715  ,  et 
le  duc  d'Orléans  le  choisit  en  1724  pour 
son  bibliothécaire.  Il  quitta  pour  lors 
l'abbaye  de  Saint-Germain-des-Près ,  où 
il  avait  logé  depuis  son  arrivée  en  France 
Il  mourut  en  1745 ,  âgé  de  72  ans.  On  a 
de  lui  :  |  Imperium  Orientale,  sive  An- 
liquitales  Constantinopolitanœ ,  1711,  2 
vol.  in-folio,  avec  fig.  :  ouvrage  savant 
et  vainement  attaqué  par  l'apostat  Casimir 
Oudin.  Banduri  lui  a  répondu  d'une  ma- 
nière à  le  couvrir  de  confusion ,  dans  la 
préface  de  l'ouvrage  suivant  :  |  Numismata 
Imperatorum  Romanorum,  à  Trajano 
Decio  ad  Paleologos  Augustos.  Cette  col- 
lection ,  imprimée  en  1718,  in-fol.,  2  vol. 
et  enrichie  d'une  bibliothèque  numisma- 
tique, reparut  à  Hambourg  en  1719 ,  in-4° 
par  les  soins  de  Jean  Albert  Fabricius , 
avec  des  dissertations  de  plusieurs  savans 
sur  les  médailles.  Banduri  mérite  d'être 
distingué  de  la  foule  des  compilateurs. 
Voyez  BARRE  (  Louis-François  ). 

*  BANGIUS,  ou  BANG  (Pierre),  théo- 
logien suédois  ,  né  à  Helsinburg ,  en  1635, 
d'abord  professeur  de  théologie  à  l'univer 
site  d'Abo ,  et  ensuite  évéque  de  Wiborg, 
mort  en  1696.  Pendant  qu'il  professait  la 
théologie,  il  fit  soutenir  des  thèses  qui 
l'engagèrent  dans  une  querelle  très  ani- 
mée avec  Millopœus.,  professeur  de  phi- 
losophie, et  qui  occasionèrent  un  schisme 
dans  l'université  d'Abo.  On  a  de  Bangius 
plusieurs  ouvrages  en  latin  ,  parmi  les- 
quels on  doit  observer  son  Commentaire 
sur  l'Epître  aux  Hébreux,  et  son  Histoire 
ecclésiastique.  Ce  dernier  ouvrage,  qui 
parut  en  1675 ,  contient  plusieurs  idées 
singulières.  On  y  lit  entre  autres,  qu'A- 
dam demeura  quelque  temps  en  Suède , 


BA1V 


47 


BAN 


it  le  premier  évêque  de  ce  pays.  — Il 
y  a  eu  en  Danemarck  quelques  sa  vans  du 
nom  de  BANG,  qui  ont  écrit  sur  les  langues 
et  sur  la  théologie. 

BANIER.  Voyez  BANNIER. 

BAMER  (  Antoine  ) ,  né  à  Dalet  près 
de  Clermont  en  Auvergne ,  l'an  1607 ,  de 
parens  honnêtes ,  vint  à  Paris  de  bonne 
heure.  Il  se  chargea  d'une  éducation. 
Ses  talens  lui  procurèrent  des  ressources 
honorables.  L'abbé  Banier  mourut  à  Paris 
en  1741 ,  âgé  de  69  ans.  Constant  dans  le 
travail,  et  fidèle  aux  devoirs  de  l'amitié, 
il  mérita  l'estime  des  savans  et  des  gens 
de  bien.  On  a  de  lui  plusieurs  ouvrages  ; 
|  l 'Explication  historique  des  Fables , 
2  vol.  in-12,  qui  lui  méritèrent  en  1714 
une  place  à  l'académie  des  inscriptions. 
Il  refondit  cet  ouvrage  et  le  donna  sous 
ce  titre  :  la  Mythologie  et  les  Fables , 
expliquées  par  l'Histoire  ,  5  vol.  in-4°  , 

1740 ,  et  8  vol.  in-12.  Il  y  a  peu  de  livres , 
sur  cette  matière ,  qui  offrent  autant  d'é- 
rudition, de  recherches,  d'idées  neuves 
et  ingénieuses.  |  La  Traduction  des  Mé- 
tamorphoses d'Ovide,  3  vol.  in-12  assez 
exacte,  mais  froide  et  sèche,  avec  des 
remarques  et  des  explications  historiques, 
dans  lesquelles  on  trouve  le  même  fonds 
d'érudition  que  dans  l'ouvrage  précédent. 
Il  y  en  a  une  magnifique  édition  en  latin 
et  en  français ,  1752 ,  in-fol.  avec  les  figu- 
res de  Picart.  Elle  a  été  effacée  par  celle 
de  Paris  ,  1767  ,  en  4  vol.  in-4°,  figures. 
|  Plusieurs  dissertations  dans  les  Mémoi- 
res de  l'académie  des  inscriptions.  |  Une 
nouvelle  édition  des  Mélanges  d'histoire 
et  de  littérature  de  V  igneul-Mar  ville , 
augmentés  du  tiers.  |  Il  a  eu  part  à  la 
nouvelle  édition  de  l'Histoire  générale 
des  cérémonies  des  peuples  du  monde  , 

1741 ,  en  7  vol.  in-fol.  etc.  Voyez  PI- 
CARD. 

*  BANISTER  (  Jean  ) ,  missionnaire 
de  l'église  anglicane  et  botaniste  voya- 
geur ,  qui  a  vécu  sur  la  fin  du  17e  siècle , 
séjourna  quelque  temps  aux  Indes  orien- 
tales ;  de  là  il  passa  dans  la  Virginie ,  d'où 
il  envoya ,  en  1680 ,  un  catalogue  de  plan- 
tes à  Rai,  qui  les  fit  connaître.  Il  fit  aussi 
passer  plusieurs  Lettres  et  Mémoires  au 
docteur  Lister,  à  Petiver,  à  la  société 
royale  de  Londres ,  et  elles  furent  insé- 
rées dans  les  Transactions  philosophi- 
ques,\o\.  17,  N°.  198,  et  vol.  22,  N.  270. 
Petiver  a  publié  le  catalogue  des  plantes 
de  l'herbier  de  la  Virginie ,  de  Banister. 
Ce  sont  les  seuls  ouvrages  qu'il  ait  laissés. 
Ayant  voulu  gravir  un  rocher  pour  y 


cueillir  une  plante  ,  il  tomba,  et  fut  brisé 
dans  sa  chute.  Son  herbier  passa  dans  la 
collection  d'Hans-Sloane.  Houson,  autre 
botaniste  voyageur ,  et  qui  ne  fut  pas 
plus  heureux  que  Banister  ,  lui  a  dédié , 
sous  le  nom  de  Banisteria ,  un  genre  de 
la  famille  des  malpighiacées.  Linnée ,  qui 
aimait  que  le  nom  d'une  plante  fit  allu- 
sion aux  habitudes  ou  au  caractère  de  ce- 
lui dont  elle  porte  le  nom ,  a  donné  à  une 
espèce  celui  de  scandens  ou  grimpante , 
pour  mieux  rappeler  les  inclinations  de 
ce  botaniste  et  la  catastrophe  qui  le  fit 
périr ,  parce  que ,  comme  lui ,  elle  aime 
à  grimper  sur  les  rochers. 

*  BANKERT  (  Jos.  van  Troppen  ) ,  né 
à  Flessingue  au  17e  siècle,  parvint  du  rang 
de  simple  matelot  au  grade  de  vice-ami- 
ral. Il  se  distingua  dans  un  grand  nombre 
de  combats ,  dont  les  plus  remarquables 
sont  ceux  de  Dunkerque,  où  il  soutint 
glorieusement  avec  4  vaisseaux  un  com- 
bat contre  15  vaisseaux  français  sortis  de 
cette  ville.  Il  eut  beaucoup  de  part  aux 
succès  de  l'amiral  Tromp ,  et  mourut 
d'une  attaque  d'apoplexie  en  1645 ,  au  re- 
tour de  son  expédition  dans  les  Indes  oc- 
cidentales. —  BANKERT  (  Adrien  ) ,  né  à 
Flessingue  ,  courut  la  même  carrière  que 
Joseph  avec  non  moins  de  distinction, 
et  devint  vice-amiral  en  1667;  il  joignit 
avec  5  vaisseaux  la  flotte  de  l'amiral  Ruy- 
ter  dans  son  entreprise  de  Chatam ,  se  si- 
gnala dans  trois  actions  contre  les  flottes 
combinées  d'Angleterre  et  de  France ,  et 
mourut  en  1684. 

*  BATVRES  (  John  ) ,  né  en  1589  à  Kes- 
wich ,  dans  le  Cumberland ,  fut  successi- 
vement avocat ,  procureur  général ,  pré- 
sident de  la  chambre  des  plaids  communs, 
et  ensuite  conseiller  privé  de  Charles  Ier. 
Il  mourut  en  1644  à  Oxford ,  laissant  la 
réputation  d'un  sujet  fidèle  et  d'un  ha- 
bile magistrat.  On  a  de  lui  plusieurs  trai- 
tés de  jurisprudence  qui  n'ont  point  été 
imprimés. 

*  BANKS  (  John  ) ,  écrivain  anglais , 
mort  en  1751 ,  fut  successivement  tisse' 
rand ,  libraire  et  relieur ,  et  abandonna 
ces  professions  pour  se  livrer  à  la  littéra- 
ture. Il  publia  une  vie  de  Jésus-Christ ,  et 
un  Examen  critique  de  la  vie  d'Olivier 
Cromwel ,  qui  eut  du  succès. 

*  BANKS  (  John  ) ,  auteur  dramatique 
anglais  du  17e  siècle  ,  donna  au  théâtre 
plusieurs  tragédies ,  entr'autres  la  Des- 
truction de  Troie,  la  Mort  de  Marie- 
Stuarl,  les  Rois  rivaux  _,  Cyrus  le  Grand, 
le  comte  d'Essex ,  etc.  de  1677  à  1696. 


BAN 


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BATV 


•  BANKS  (  Thomas  ),  sculpteur  anglais, 
a  mieux  réussi  dans  la  correction  du  dessin 
et  les  figures  isolées  que  dans  les  grandes 
compositions.  Ses  meilleurs  morceaux 
sont  un  Caractacus  et  une  statue  de  l'A- 
mour que  Catherine  II,  impératrice  de 
Russie  acheta  en  1781.  Banks  ,  très  supé- 
rieur à  Bacon  pour  les  figures  isolées,  n'a 
pas  été  plus  heureux  que  lui  dans  ses 
grandes  compositions. 

*  BANKS  (  sir  Joseph  ) ,  président  de 
la  société  royale  de  Londres  et  correspon- 
dant de  l'institut  de  France ,  né  en  1740 , 
à  Reresby-Abbey ,  dans  le  Lincolnshire  , 
s'appliqua  de  bonne  heure  à  l'étude  de 
l'histoire  naturelle,  suivit  avec  le  doc- 
teur Solander  le  célèbre  capitaine  Cook 
dans  son  premier  voyage  autour  du  monde 
en  1769 ,70  et  71 ,  et  contribua  au  succès 
de  cette  grande  entreprise.  Il  fit  ensuite 
à  ses  frais  un  voyage  en  Islande  et  aux 
Hébrides.  L'Angleterre  récompensa  les 
services  que  ce  savant  ne  cessait  de  ren- 
dre par  ses  importantes  observations  et  le 
sacrifice  de  sa  fortune  et  de  son  repos ,  en 
le  comblant  d'honneurs  et  de  dignités.  Il 
s'en  montra  constamment  digne  par  son 
noble  caractère ,  ses  continuelles  décou- 
vertes et  les  précieuses  collections  dont 
il  enrichit  la  science  jusqu'à  sa  mort ,  ar- 
rivée en  1820.  On  lui  doit  les  dessins  et 
gravures  de  la  belle  édition  du  premier 
voyage  de  Cook,  Londres,  1773.  Il  mérite 
surtout  la  reconnaissance  des  naturalistes 
et  des  bibliographes  pour  son  importante 
collection  de  livres  d'histoire  naturelle, 
la  plus  complète  qui  existe  en  Europe,  et 
dont  le  catalogue  latin  a  été  imprimé  à 
Londres,  de  1796  à  1800,  S  vol.  in-8°.  Ses 
Mémoires  sont  insérés  dans  les  Transac- 
tions philosophiques  et  Y  Archéologie.  On 
a  aussi  de  Banks  un  Essai  sur  la  grotte  de 
Staffa.  Ce  fut  lui  qui  restitua  à  la  France 
les  papiers  relatifs  aux  voyages  de  La  Pey- 
rouse  et  d' Entrecasteaux ,  tombés  entre 
les  mains  des  Anglais. 

BANNES  (Dominique),  jacobin  espa- 
gnol, professeur  de  théologie  à  Alcala,  à 
Valladolid  et  à  Salamanque ,  mourut  à  Mé- 
dina del  Campo  en  1604,  âgé  de  77  ans. 
Il  fut  le  confesseur  de  sainte  Thérèse.  On 
a  de  lui  un  long  Commentaire  en  6  gros 
vol.  in- fol.,  sur  la  Somme  de  saint  Tho- 
mas, dont  il  défendit  la  doctrine  avec 
chaleur.  Il  a  aussi  commenté  Aristote.  Il 
n'avait  pas  l'art  d'écrire  avec  précision  et 
avec  goût.  C'était  un  homme  très  pieux. 
On  le  regarde  comme  le  père  de  la  fa- 
meuse Prédétermination  physique,  sy- 


stème fort  accrédité  chez  les  dominicains, 
pour  allier  la  liberté  de  l'homme  avec  la 
grâce  et  la  prescience  de  Dieu. 

BANNIER  (  Jean-Gustafsoiv  ) ,  capi- 
taine suédois,  eut  le  commandement  de 
l'infanterie  sous  le  roi  Gustave.  Il  fut  dé- 
fait deux  fois  par  le  général  Papenheim  ; 
mais  devenu  généralissime  des  armées 
suédoises  après  la  mort  de  son  maître ,  il 
vainquit  deux  fois  les  Saxons ,  battit  les 
Impériaux,  et  mourut  le  10  mai  1641 ,  âgé 
de  40  ans ,  après  avoir  fait  plusieurs  con- 
quêtes. Bannier  fut  le  plus  illustre  des 
élèves  de  Gustave- Adolphe ,  et  celui  qui 
soutint  le  mieux  après  lui  la  gloire  des  ar- 
mes suédoises  en  Allemagne.  Beauregard, 
ministre  de  France  auprès  de  ce  général, 
en  a  recueilli  quelques  maximes  qui  peu- 
vent être  utiles.  Bannier  parlait  souvent, 
mais  modestement,  de  ses  faits  de  guerre. 
Il  aimait  surtout  à  répéter ,  qu'il  n'avait 
jamais  rien  hasardé,  ni  même  formé  une 
entreprise,  sans  y  être  obligé  par  une 
raison  évidente.  Les  volontaires  de  qua- 
lité ne  lui  étaient  point  agréables  dans  ses 
armées  :  «  Us  veulent  trop  d'égards  et  de 
»  ménagemens.  Les  exemptions  des  de- 
»  voirs  de  la  discipline,  qu'ils  usurpent  ou 
»  qu'on  ne  peut  se  dispenser  de  leur  ac- 
»  corder,  sont  d'un  pernicieux  exemple  et 
»  gâtent  tous  les  autres.  »  Il  avait  secoué 
toute  dépendance  de  sa  cour  pour  les  opé- 
rations militaires  ,  et  aurait  abandonné  le 
commandement,  plutôt  que  d'en  attendre 
les  ordres.  Pourquoi  croyez-vous,  disait- 
il  à  ses  confidens ,  que  Galas  et  Piccolo- 
mini  n'ont  jamais  pu  rien  faire  contre 
moi  ?  C'est  qu'ils  n'osaient  rien  entrepren- 
dre sans  le  consentement  des  ministres 
de  l'empereur....  C'était  un  de  ses  prin- 
cipes, que  les  officiers  subalternes  de- 
vaient succéder  à  ceux  qui  les  précé- 
daient ,  à  moins  qu'ils  ne  s'en  fussent  ren- 
dus tout-à-fait  indignes.  Outre ,  disait-il, 
que  rien  n'anime  plus  à  bien  faire ,  les 
habitudes  que  les  officiers  se  font  dans 
leurs  corps ,  les  rendent  capables  d'y  ser- 
vir plus  utilement  que  de  nouveaux  offi- 
ciers plus  habiles...  Jamais  il  ne  souffrait 
que  ses  soldats  s'enrichissent.  Ils  se  dé- 
banderaient incontinent ,  disait-il,  et  je 
n'aurais  plus  que  de  la  canaille.  Leur 
accorder  le  pillage  des  villes,  c'est  vou- 
loir les  perdre.  C'est  pour  cette  raison 
qu'il  ne  voulut  point  prendre  la  capitale 
de  la  Bohême.  Son  système  était  le  même 
avec  les  officiers ,  qu'il  croyait  suffisam- 
ment récompensés  par  les  grades  et  les 
distinctions....  Peu  de  généraux  ont  été 


bah 


ay 


BAR 


plus  avares  du  sang  de  leurs  troupes.  Il 
blâmait  hautement  ceux  qui  les  sacri- 
fiaient à'  leur  réputation.  Aussi  ne  s'atta- 
chait-il pas  volontiers  aux  sièges,  et  il  les 
levait  sans  répugnance ,  quand  il  y  trou- 
vait de  trop  grandes  difficultés.  Sans  cette 
conduite,  sa  patrie  aurait  été  bientôt  épui- 
sée d'hommes...  Il  estimait  beaucoup  les 
Allemands  formés  sous  sa  discipline ,  et 
les  croyait  les  meilleurs  soldats  du  mon- 
de... Bannier  fut  fidèle  à  ses  principes 
jusqu'à  la  mort  de  sa  femme.  Elle  le  sui- 
vait dans  toutes  ses  expéditions,  et  avait 
le  talent  de  modérer  ses  passions ,  natu- 
rellement violentes.  Son  désespoir  fut  ex- 
trême lorsqu'il  la  perdit.  Cependant ,  en 
conduisant  à  Erfurt  les  cendres  d'une  per- 
sonne si  chérie ,  il  prit  une  passion  vio- 
lente et  désordonnée  pour  une  jeune  prin- 
cesse de  Bade ,  qu'il  vit  par  hasard.  Dès 
cet  instant ,  la  guerre,  la  gloire,  la  patrie , 
tout  ce  qui  avait  été  l'objet  de  ses  vœux , 
lui  fut  indifférent.  Il  ne  pensa  qu'à  sa 
maîtresse  ;  il  exposa  témérairement  sa  per- 
sonne pour  aller  au  château  d'Arolt ,  où 
elle  était.  De  retour  au  camp ,  il  ne  fit 
autre  chose  que  tenir  table  pour  boire  à 
la  santé  de  la  belle  dont  il  était  épris.  Le 
jour  qu'il  reçut  le  consentement  du  mar- 
quis de  Bade,  son  futur  beau-père,  il 
donna  une  fête  magnifique,  et  fit  tirer 
200  coups  de  canon ,  dont  le  bruit  se  fit 
entendre  jusqu'à  Cassel.  On  y  crut  si  cer- 
tainement les  armées  aux  mains  ,  que  le 
peuple  et  les  ministres  coururent  à  l'é- 
glise 6e  mettre  en  prière.  Le  mariage  se 
fit.  Bannier  ne  fut  plus  occupé  que  de  ses 
nouvelles  amours ,  et  laissa  à  ses  lieute- 
nans  le  soin  de  conduire  les  opérations 
militaires.  Il  ne  survécut  que  quelques 
mois  à  des  liens  trop  vifs  pour  son  métier 
et  son  âge. 

BAPTISTIN  (  Jean-Baptiste  STUCK, 
dit),  musicien,  né  à  Florence,  mort  vers 
4740,  a  donné  trois  opéras ,  savoir  :  Mé- 
léagre*  Manto  la  Fée,  Polydore.  Sa  répu- 
tation est  principalement  fondée  sur  les 
cantates.  Celle  de  Démocrite  et  Heraclite 
est  admirable ,  par  sa  musique  toute  pit- 
toresque. C'est  lui  qui  le  premier  a  fait 
connaître  en  France  le  violoncelle,  ins- 
trument dont  il  jouait  supérieurement. 

BARAC,  4e  juge  des  Hébreux,  gou- 
verna ce  peuple  avec  le  secours  de  Débo- 
ra,  vainquit  Sisara  vers  l'an  1286  avant 
Jésus-Christ,  et  délivra  par  là  Israël  de  la 
servitude  de  Jabin,  roi  des  Chananéens. 

BARADAT  (saint),  solitaire  du  diocèse 
de  Cyr,  dont  Théodorct  fait  mention,  vi- 


vait dans  une  espèce  de  cage,  ouverte  de 
toutes  parts,  de  sorte  qu'il  était  exposé  à 
toutes  les  intempéries  de  l'air  :  ses  vête- 
mens  étaient  faits  de  peaux  de  bêtes  sau- 
vages. La  singularité  de  cette  pénitence  le 
fit  soupçonner  d'ostentation  et  d'orgueil  ; 
mais  la  promptitude  avec  laquelle  il  obéit 
au  patriarche  d'Antioche,  qui  lui  ordon- 
nait de  quitter  sa  demeure  ,  prouve  qu'il 
n'y  tenait  pas  par  des  motifs  humains. 
Voyez  saint  PATRICE  ,  saint  SIMÉON 
Stylite,  saint  DOMINIQUE  Loricat. 

*  BARAGUEY  D'IIILLIERS  (Louis), 
général  français, né  à  Paris  en  1764,  d'une 
famille  noble,  entra  au  service  de  bonne 
heure  ,  et  se  trouvait  lieutenant  au  régi- 
ment d'Alsace  lorsque  la  révolution  éclata. 
Il  s'en  déclara  le  partisan,  et  devint  capi- 
taine en  1792.  Il  fut  successivement  aide- 
de-camp  des  généraux  Crillon,  La  Bour- 
donnaye  et  Custine.  Ce  dernier,  qui  avait 
conçu  pour  lui  la  plus  haute  estime,  lui 
procura  un  avancement  rapide.  Baraguey 
fit  sous  lui  la  campagne  du  Palalinat  avec  le 
titre  de  sous-chef  d'état-major-général  de 
l'armée  et  de  chef  de  brigade ,  et  il  mon- 
tra de  si  grands  talens  en  administration, 
qu'il  fut  proposé  pour  le  ministère  de  la 
guerre.  Tout  porte  à  croire  qu'il  l' aurait 
obtenu  lorsque  le  général  Custine  fut  ap- 
pelé à  Paris  pour  y  rendre  compte  de  sa 
conduite.  Baraguey  d'Hilliers  accompa- 
gna son  protecteur,  et  le  défendit  avec 
courage ,  mais  il  ne  put  le  sauver.  Il  fut 
lui-même  arrêté,  et  ne  recouvra  sa  liberté 
qu'après  la  chute  de  Robespierre.  Il  fut 
alors  employé  à  l'armée  de  l'intérieur, 
d'où  il  passa  à  celle  d'Italie  avec  le  grade 
de  commandant  civU  et  militaire  de  la 
Lombardie.  Il  s'empara  par  une  ruse  de 
guerre  de  Bergame,  et  fit  quatre  mille 
prisonniers  à  la  seconde  bataille  de  Ri- 
voli ,  avec  une  seule  demi-brigade  ;  et  le 
lendemain  il  se  rendit  maître ,  avec  cinq 
cents  hommes  du  même  corps ,  des  batte- 
ries de  Puisona,  le  seul  point  où  les  Au- 
trichiens opposaient  encore  quelque  résis- 
tance. Peu  de  temps  après  il  obtint  le 
grade  de  général  de  division ,  et  ensuite 
le  titre  de  colonel-,, énéral  des  dragons.  Il 
rendit  encore  d'importans  services  dans 
la  guerre  d'Allemagne  en  1805 ,  et  plus 
tard  en  Espagne ,  où  il  enleva  près  de  Fi- 
guières  un  convoi  de  1,200  voitures  ;  en- 
fin il  fit  la  malheureuse  campagne  de 
Russie ,  et  parvint  à  échapper  au  désas- 
tre de  l'armée  ;  mais  il  mourut ,  à  son  re- 
tour ,  à  Berlin ,  en  1812. 

♦  BARAILLO.\  (  Je  yx-François  ),  mé- 

5 


BAR 


50 


BAR 


decin  et  juge  de  paix  au  Chambon,  fut 
député  à  la  Convention  nationale  en  J792, 
et  un  des  premiers  qui  accusèrent  Robes- 
pierre de  vouloir  dominer  l'assemblée. 
Dans  le  procès  de  Louis  XVI ,  il  vota  la 
détention ,  non  comme  juge ,  mais  comme 
homme  d'état  et  par  mesure  de  sûreté  gé- 
nérale. Après  le  9  thermidor ,  Baraillon 
s'éleva  fortement  contre  ceux  qui  avaient 
abusé  des  principes  de  la  liberté,  et  il 
proposa  de  faire  arrêter  tous  les  dilapi- 
dateurs  des  deniers  publics.  Il  réclama 
ensuite  une  amnistie  en  faveur  des  prêtres 
détenus  v  et  en  même  temps  il  présenta 
un  plan  de  fête  pour  célébrer  l'anniver- 
saire du  supplice  de  Louis  XVI.  Quelque 
temps  après  il  proposa  pour  sceau  de  l'é- 
tat le  bonnet  et  le  niveau.  Ayant  passé  au 
conseil  des  Cinq-cents ,  et  se  trouvant  ab- 
sent à  l'époque  du  18  fructidor ,  il  écrivit 
pour  engager  ses  collègues  à  frapper  les 
prêtres  fanatiques  J  les  ci-devant  nobles 
et  les  agens  de  Louis  XVIII.  Le  27  dé- 
cembre suivant ,  il  accusa  Grégoire  de  fa- 
natiser la  France  par  ses  nombreuses  cor- 
respondances comme  évêque.  En  1799  , 
Baraillon  entra  au  conseil  des  Anciens , 
et  il  parut  se  détacher  de  ses  premières 
idées  d'indépendance,  surtout  lorsqu'il 
vit  les  nouvelles  tentatives  des  jacobins 
du  Manège.  Après  la  révolution  du  18 
brumaire  à  laquelle  il  prit  une  part  fort 
active,  ildevintmembre  du  nouveau  corps 
législatif,  dont  il  fut  nommé  président 
en  1801 ,  et  il  en  fit  partie  jusqu'en  1806. 
Lors  du  retour  de  Bonaparte  en  181a  ,  il 
fut  chargé  de  présider  le  collège  électo- 
toral  du  département  de  la  Creuse  ;  ce- 
pendant il  ne  fit  pas  partie  de  la  cham- 
bre des  représentans.  Il  est  auteur  de 
Recherches  sur  plusieurs  monumens  cel- 
tiques et  romains  du  centre  de  la  France, 
Paris,  1806,  in-8°,  et  d'un  Mémoire  sur 
les  ruines  et  les  monumens  d'une  ancienne 
ville  appelée  aujourd'hui  Toull,  située 
dans  le  département  de  la  Creuse.  Ce  mé- 
moire se  trouve  dans  le  tome  5  du  Re- 
cueil de  l'institut,  section  de  la  littérature 
et  des  beaux  arts. 

BARAHOiXA.   Voyez  VALDIVIESO. 

♦BARANOWSKI,  ou  BARANOVIUS 
(  Albert  ) ,  né  en  Pologne ,  dans  le  16e 
siècle ,  fut  nommé  évêque  de  Przemisl  par 
Sigismond  II,  auprès  duquel  il  était  en 
grande  faveur ,  et  qu'il  accompagna  dans 
un  voyage  à  Revel.  Au  retour  de  ce 
voyage ,  il  devint  évêque  de  Wladislas  ; 
et  enfin ,  dans  un  âge  avancé ,  il  obtint 
l'archevêché  de  Gnêne.  Il  mourut  en  161$, 


laissant  plusieurs  ouvrages,  dont  les  prin- 
cipaux sont  :  |  Constitutions  sijnodi  diœ- 
cesanm  Uladislaviensis  an.  1607  célébra- 
fcC  Crac. ,  1607;  |  Concilium  provinciale 
regni Poloniœ  an.  1607  celebratum, Crac, 
1611;  |  Synodus  diœcesana  Gnesnensis 
habita,  an.  1612,  Crac. ,  1612.  —  BARA- 
NOWSKI  (  Stanislas  à  Rzeplin  ) ,  gentil- 
homme polonais ,  qui  a  vécu  dans  le  17e 
siècle,  a  continué  en  langue  polonaise, 
les  Insignia,  facinoraque  prœclara  no- 
bilitalisPolonicœdeBa.rlh.Papro7..}\xsq\i'k 
l'année  1635  ;  cette  continuation  n'existe 
qu'en  manuscrit. 

BARANZANO  (Redemptus),  religieux 
barnabite,  né  aux  environs  de  Verceil 
dans  le  Piémont,  en  1590  ,  professeur  de 
philosophie  et  de  mathématiques  à  An- 
neci ,  vint  à  Paris  où  il  se  distingua  comme 
philosophe  et  comme  prédicateur.  C'est  un 
des  premiers  qui  eut  le  courage  d'aban- 
donner Aristote.  Il  mourut  à  Montargis 
en  1622.  Nous  avons  de  lui  :  |  Campus 
philosophicus ,  in-8°  ;  |  Uranoscopia  ,  seu 
universa  doctrina  de  cœlo ,  1617,  in-foL; 
|  De  novis  opinionibus  physicis,  in-8°. 

*  BARATIER  (  Jean-Philippe  ) ,  enfant 
célèbre  et  génie  précoce ,  né  dans  le  mar- 
graviat d'Anspach  en  1721 ,  mort  à  Halle 
en  1740.  Dès  l'âge  de  h  ans  il  parlait,  dit- 
on  ,  le  latin ,  le  français  et  l'allemand  ;  à  6 
ans  il  possédait  le  grec ,  et  à  9  l'hébreu , 
dont  il  donna  deux  ans  après  un  Diction- 
naire des  mots  les  plus  difficiles.  Il  avait 
appris  les  mathématiques  et  l'astronomie 
en  moins  de  5  mois,  et  au  bout  de  15 
mois  il  avait  soutenu  une  thèse  sur  le 
droit  public.  Ses  études  ne  se  bornèrent 
pas  là;  il  avait  embrassé  en  même  temps 
l'architecture ,  la  littérature  ancienne  et 
moderne ,  les  médailles ,  les  inscriptions , 
le  déchiffrement  des  hiéroglyphes,  les  an- 
tiquités grecques ,  romaines  et  orientales. 
Il  donna  en  1736  la  Notice  exacte  de  la 
grande  Rible  rabbinique  *  h  vol.  in-fol., 
et  traduisit  de  l'hébreu  l'Itinéraire  de 
Benjamin  de  Tulède,  1734,  2  vol.  in-8". 
En  1758  il  envoya  son  travail  sur  les  lon- 
gitudes et  ses  Tables  astronomiques  à  l'a- 
cadémie des  sciences  de  Paris.  On  a  de  lui 
encore  plusieurs  autres  ouvrages. 

♦  BARATTIERI  (Charles),  cadet  d'une 
famille  illustre,  naquit  à  Plaisance  vers 
1758,  et  y  mourut  vers  1806.  Il  possédait 
les  langues  anciennes  et  les  principales 
langues  modernes  de  l'Europe,  et  voyagea 
ensuite  dans  l'Allemagne ,  la  Prusse ,  la 
France  et  l'Angleterre.  Les  honneurs  ren- 
dus au  grand  Newton,  après  sa  mort,  lui 


BAR  SI 

donnèrent  le  goût  des  sciences  physiques , 
auxquelles  il  se  livra  avec  ardeur.  Barat- 
tieri  donna  plusieurs  dissertations  savan- 
tes. Mais  séduit  par  les  sophismes  des  ad- 
versaires de  Newton,  il  combattit  son  sys- 
tème sur  la  lumière,  et  publia  à  ce  sujet 
un  écrit  intitulé  :  Conghietura  sulla  su- 
perfiuita  délia  muteria  colorala,  o  de' 
colori  nella  luce ,  e  del  supposto  intrin- 
seco  suo  splendore.  Suivant  lui ,  les  cou- 
leurs et  l'éclat  ne  seraient  point  inhéren- 
tes à  la  lumière ,  et  il  n'existerait  aucune 
couleur  primitive;  toutes  seraient  com- 
posées. Ce  système  n'a  pas  survécu  à  son 
auteur. 

BARAZE  (  Cyprien  ) ,  jésuite  ,  célèbre 
missionnaire  des  Moxes  ,  peuples  alors 
presque  inconnus  de  l'Amérique  méridio- 
nale ,  vers  le  15e  degré  de  latitude.  Ce  zélé 
religieux  se  faisant  tout  à  tous,  rendit 
toutes  sortes  de  services  à  ces  sauvages 
pour  les  gagner  à  J.-C;  il  commença  par 
les  rassembler  en  société,  leur  apprit  à 
faire  de  la  toile ,  et  à  exercer  les  arts  les 
plus  nécessaires  à  la  vie  ;  et  pour  pour- 
voir à  leur  subsistance ,  il  entreprit  le 
voyage  de  Sainte-Croix  de  la  Sierra,  d'où 
il  amena ,  aidé  de  quelques  Indiens ,  deux 
cents  vaches  et  taureaux.  Il  bâtit  une  église, 
et  en  civilisant  cette  nation ,  il  lui  ensei- 
gna la  science  du  salut.  Ses  travaux  apo- 
stoliques ne  se  bornèrent  pas  à  ces  peu- 
ples ,  il  en  chercha  d'autres  inconnus  ;  il 
en  trouva  de  si  barbares  qu'ils  poursui- 
vaient les  hommes ,  comme  on  poursuit 
les  bêtes  fauves  à  la  chasse  :  il  parvint  à 
les  adoucir  et  à  les  soumettre  au  joug  de 
J.-C.  Avançant  dans  les  terres  par  des 
travaux  et  des  fatigues  incroyables,  en 
faisant  toujours  quelques  conquêtes  pour 
la  religion,  il  trouva  des  sauvages  qui  se 
jetèrent  sur  lui ,  le  percèrent  de  coups  et 
lui  fendirent  la  tète ,  le  16  septembre  1702, 
après  plus  de  27  ans  de  travaux  apostoli- 
ques ,  et  dans  la  61e  année  de  son  âge  :  il 
avait  baptisé  lui  seul  plus  de  40,000  ido- 
lâtres. Voyez  la  relation  de  la  vie  et  de  la 
mort  de  ce  missionnaire  dans  les  Lettres 
édifiantes  tom.  8,  nouv.  édit.,  et  tom.  10, 
anc.  édit. 

*  BARBA  (  Alvarès-Alohtzo  ) ,  curé  de 
Saint- Bernard  du  Potosi,  au  commence- 
ment du  17e  siècle ,  est  auteur  d'un  livre 
fort  rare ,  intitulé  Arte  de  los  metalles  t 
Madrid,  1640,  in -4°.  Il  a  été  réimprimé 
en  1729 ,  in-4° ,  et  l'on  a  joint  à  cette  édi- 
tion le  traité  $ Alonzo-Carillo  Lasso,  sui- 
tes anciennes  mines  d'Espagne ,  imprimé 
auparavant  à  Cordouc,  en  1624,  in-4°.  Il 


BAR 


y  a  un  Abrégé  de  Barba  en  français ,  1 
vol.  in-12,1730,  auquel  on  a  joint  un 
recueil  d'ouvrages  sur  la  même  matière, 
aussi  in-12 ,  qui  le  font  rechercher.  Larv- 
glet  Dufresnoy  en  a  donné  une  nouvelle 
édition  sous  le  titre  de  Métallurgie  t  ou 
l'art  de  tirer  et  de  purifier  les  métaux* 
Paris,  1751 ,2  vol.  in-12. — *  Un  médecin 
espagnol  du  même  nom  a  recommandé 
un  des  premiers,  l'usage  du  quinquina 
fébrifuge  ,  dans  un  ouvrage  intitulé  , 
Vcra  praxis  de  curatione  terlianœ  stabi- 
litur,  falsa  impugnalur,  liberantur  his- 
pani  medici  à  calumniis,  Se  ville,  1642, 
in-4°. 

BARBADILLO  (Alphonse-Jérôme  da 
S  AL  AS),  né  à  Madrid,  mort  vers  1650,  com- 
posa plusieurs  comédies  très  applaudies 
en  Espagne.  Son  style  pur  et  élégant  con- 
tribua beaucoup  à  perfectionner  la  langue 
espagnole  :  il  avait  quelque  chose  de  l'ur- 
banité romaine.  Ses  pièces  de  théâtre  sont 
pleines  de  morale  et  de  gaîté.  On  a  encore 
de  lui  :  Avanturas  de  D.  Diego  deNochr. 
1624 ,  in-8°. 

*  BARBANÇOIS  (  Charles  -  Hélio\  , 
marquis  de)  né  au  château  deVillegongis 
en  Berri,  le  17  août  1760, s'est  fait  remar- 
quer par  son  goût  pour  l'agriculture,  dont 
il  a  encouragé  les  méthodes  modernes. 
Lui-même  a  trouvé  des  assolemens  nou- 
veaux et  utiles  à  la  culture  ;  il  est  un  des 
premiers  qui  aient  introduit  en  France 
des  moutons  à  laine  fine  d'Espagne.  En 
1809,  la  société  d'agriculture  de  Paris 
lui  décerna  un  prix  pour  les  irrigations 
qu'il  avait  faites  avec  succès  dans  ses 
terres.  Il  est  mort  en  1822  Ses  principaux 
ouvrages  sont  :  |  Mémoire  sur  les  moyens 
d'améliorer  les  laines  et  d'augmenter  le 
produit  des  bêtes  à  laine  dans  le  dépar- 
tementde  l'Indre ,1804,  in-8°;  |  Petit  traité 
sur  les  parties  les  plus  importantes  de 
l'agriculture  en  France,  Paris,  1812; 
|  Mémoire  relatif  aux  avantages  qui  ré- 
sultent du  mode  de  culture  et  de  l'emploi 
des  charrues  de  M.  le  marquis  de  Bar- 
bançois,  et  aux  moyens  d'en  propager 
l'usage;  \  Bapport  sur  un  moyen  pratiqua 
d'empêcher  la  coulure  de  la  vigne  ,  et  de 
hâter  la  maturité  du  raisin.  Ces  deux 
ouvrages  et  l'abrégé  du  premier,  se  trou- 
vent dans  les  Ephémérides  de  la  Société 
d'Agriculture  du  département  de  V Indre. 
que  Barbançois  a  enrichies  d'un  grand 
nombre  d'autres  extraits  et  mémoires. 

*  BARBANÈGRE  (le  Baron),  général 
de  brigade,  né  le  22  août  1762,  àPontacq, 
petite  ville  du  Béarn ,  servit  d'abord  dans 


BAR  92 

la  marine  ,  entra  en  1793  dans  la  ligne  , 
et  obtint  après  le  18  brumaire  le  grade  de 
chef  de  bataillon  dans  la  garde  des  con- 
suls Barbanègre ,  devenu  colonel  du  48e 
régiment  d'infanterie  de  ligne,  se  signala 
aux  batailles  d'Austerlitz,  d'Iéna  et  d'Ey- 
lau.  En  1809  ,  il  se  battit ,  avec  la  même 
valeur,  à  celles  d'Eckmiilh  ,  de  Ratisbonne 
et  de  Wagram.  L'année  suivante,  il  chassa 
les  Anglais  de  l'île  deNeuwerck,  située  à 
l'embouchure  de  l'Elbe,  et  se  fortifia  dans 
cette  position.  Il  fut  successivement  char- 
gé ,  durant  la  campagne  de  Russie ,  du 
commandement  de  Borisson  et  de  celui 
de  Smolensky ,  et  contribua  au  salut  des 
débris  de  l'armée  à  Krasnoë  et  au  passage 
du  Borysthène.  Blessé  grièvement  dans 
celte  affaire,  il  gagna  avec  peine  Stettin, 
place  qu'il  défendit  honorablement  pen- 
dant toute  la  campagne  de  1815,  mais  qu'il 
dut  remettre  aux  Prussiens  ,  après  l'abdi- 
cation de  Napoléon.  Rentré  en  France 
après  la  conclusion  de  la  paix,  il  reçut  de 
Louis  XVIII  le  titre  de  chevalier  de  Saint- 
Louis.  Barbanègre  fut  chargé  dans  les 
cent  jours,  de  la  défense  d'Huningue,  et 
malgré  les  efforts  qu'il  fit  pour  conserver 
cette  place ,  il  fut  obligé  de  capituler.  Un 
conseil  d'enquête  nommé  en  1815  à  Stras- 
bourg, pour  examiner  la  conduite  de  Bar- 
banègre, le  déclara  exempt  de  tout  re- 
proche. Ce  général  vécut  depuis  cette 
époque  sans  emploi  et  mourut  en  no- 
vembre 1830. 

*  BARBANT  ANE-PUGET  (Paul-Fran- 
çois-HiLAnïON-BiEiVVE!\iU  ,  marquis  de  ) , 
né  à  Paris,  le  20  mars  1754,  d'une  famille 
noble,  originaire  de  la  Provence,  était 
maréchal  de  camp  en  1790,  et  se  prononça 
en  faveur  des  principes  de  la  révolution. 
Cette  même  année,  1790,  Barbantane  ne 
s'étant  pas  assez  fortement  opposé  à  des 
troubles  survenus  dans  la  ville  d'Aix ,  fut 
destitué ,  puis  traduit  devant  un  conseil 
de  guerre  qui  l'acquitta.  Il  organisa  le 
comtat  d'Avignon,  et  son  succès  dans 
cette  mission  lui  valut  le  grade  de  lieu- 
tenant-général. On  lui  confia  peu  de 
temps  après  le  commandement  d'une  di- 
vision dans  l'armée  des  Pyrénées-Orien- 
tales. Nommé  par  intérim  au  commande- 
ment en  chef ,  il  protégea  le  midi  de  la 
France  contre  les  troupes  espagnoles ,  et 
battit  l'ennemi  à  la  journée  de  Peirestorte. 
Mais  suspect  comme  noble,  Barbantane 
fut  destitué  en  1792 ,  et  remplacé  par  le 
général  Turreau.  Il  fut  même  incarcéré 
à  Toulouse  et  conduit  à  Paris,  où  il  ne  re- 
couvra la  liberté  qu'au  9  thermidor.  A 


BAR 

l'époque  du  18  fructidor  (  septembre 
1797  ) ,  on  lui  donna  le  commandement 
successif  des  2e,  9e  et  8e  divisions  mili- 
taires. Il  se  retira  bientôt  des  affaires  et 
alla  demeurer  dans  le  midi.  Les  événe- 
mens  de  1815  lui  ayant  inspiré  des  craintes, 
il  revint  se  fixer  à  Paris  où  il  a  passé  le 
reste  de  ses  jours. 

4  BARBARO  (  Josaphat),  naquit  à  Ve- 
nise ,  d'une  famille  noble  et  ancienne.  La 
plupart  des  grands  de  cette  république  se 
livraient  alors  au  commerce.  Barbaro 
suivit  cette  carrière,  et  fit ,  en  1456,  un 
voyage  à  la  Tana  (  aujourd'hui  Asof  ) , 
alors  l'entrepôt  principal  des  marchan- 
dises de  la  Chine  et  des  Indes,  et  qui  por- 
tait ce  nom ,  parce  qu'elle  est  à  l'embou- 
chure du  Don,  qu'on  appelait  alors  le 
Tanaïs  ,  et  en  italien  la  Tana.  Barbaro 
resta  seize  ans  en  Tartarie ,  et  s'y  trouva 
lorsque  les  Mahométans ,  qui  vivaient  sur 
les  bords  du  Ledil  ou  Wolga ,  soumirent 
toute  cette  contrée,  et  y  firent  adopter  leur 
religion.  Le  consul  vénitien  l'envoya  en 
ambassade  vers  le  général  mahométan , 
qui  l'accueillit  avec  distinction ,  et  lui  ac- 
corda la  protection  qu'il  sollicitait.  Bar- 
baro, de  retour  dans  sa  patrie,  fut  chargé 
d'une  autre  mission.  En  1473,  on  l'envoya 
en  Perse  pour  diriger  Ussum-Cassan  dans 
la  guerre  qu'il  soutenait  contre  les  Turcs. 
Après  une  absence  de  cinq  ans ,  il  revint 
à  Venise  jouir  de  la  considération  que  lui 
méritait  sa  vie  laborieuse  et  utile.  Il  mou- 
rut en  1494,  dans  un  âge  très  avancé. 
Barbaro  termine  en  quelque  sorte  celte 
longue  suite  de  voyageurs ,  qui ,  depuis 
le  15e  siècle  jusqu'à  la  fin  du  15e ,  par- 
coururent l'intérieur  de  l'Asie,  qu'ils 
firent  connaître  aux  Européens.  Les  rela- 
tions de  ses  voyages  donnent  sur  la  Perse 
et  la  Géorgie  des  renseignemens  qu'on 
chercherait  vainement  ailleurs.  Tout  ce 
qu'il  dit  du  Khanat  de  Kaptchak  est  du 
plus  grand  intérêt  pour  le  tableau  géogra- 
phique de  la  Tartarie  ,  au  15e  siècle.  Presr- 
que  toutes  ses  observations  sur  les  mœurs 
et  les  usages  de  ces  contrées ,  ont  été  con- 
firmées par  les  voyageurs  russes  et  alle- 
mands. La  relation  des  voyages  de  Bar- 
baro fut  imprimée,  pour  la  première  fois, 
chez  les  fils  d'Alde-Manuce ,  dans  une 
petite  collection,  assez  rare  aujourd'hui, 
et  qui  a  pour  titre  :  Viaggi  fatti  da  Ve- 
neziaalla  Tana  in  Persia ,  India ,  e  in 
Constantinopoli ,  con  la  Descrizione  délie 
cil  ta,  luoghi,  siti,  costumi,  e  delta  Porta 
del  Gran .  Turco  ,  etc.  Venezia  ,  per  Fi- 
gliuoli  d'Aldo,  1543  et  1545,  in-8°.  Ramu- 


BAR 


53 


BAR 


sio  a  inséré  les  Voyages  de  Barbaro  dans 
sa  collection. 

BARBARO  (  François  ) ,  noble  Véni- 
tien, né  à  Venise  vers  1598 ,  ne  se  distin- 
gua pas  moins  par  son  goût  pour  les  bel- 
les-lettres ,  .que  par  ses  talens  pour  la 
politique  et  les  négociations.  Il  fut  em- 
ployé plusieurs  fois  dans  les  affaires  pu- 
bliques de  sa  patrie ,  à  laquelle  il  rendit 
des  services  signalés.  Etant  gouverneur 
de  Brescia,  en  1438,  lorsque  cette  ville  fut 
assiégée  par  les  troupes  du  duc  de  Milan , 
il  la  défendit  avec  tant  de  courage ,  qu'a- 
près un  long  siège  les  ennemis  furent 
obligés  de  se  retirer.  Il  fut  fait  procurateur 
de  Saint-Marc  en  1452,  et  mourut  en  1454. 
Il  possédait  fort  bien  les  langues  grecque 
et  latine  ;  il  avait  été  disciple ,  pour  la 
première ,  du  célèbre  Guarino  Véronèsc  , 
et  non  de  Chrysoloras,  comme  l'a  dit 
Fabricius.  On  a  de  cet  homme  illustre 
plusieurs  ouvrages  en  latin ,  dont  le  plus 
connu  est  un  traité  De  re  uxoria*  Ams- 
terdam ,  1659  ,  in-16 ,  traduit  en  français 
sous  le  titre  :  De  l'état  du  mariage  ,  par 
Claude  Joly,  Paris,  1667,  in-12.  C'est  un 
écrit  moral ,  qui  renferme  de  très  bons 
avis.  Il  traite  à  la  fin  de  l'éducation  des 
enfans.  On  peut  compter  encore  au  nom- 
bre de  ses  ouvrages  ,  l'Histoire  du  siège 
de  Brescia,  dont  on  vient  de  parler,  la- 
quelle, quoique  sous  un  autre  nom,  passe 
assez  généralement  pour  avoir  été  écrite 
par  lui-même.  Elle  fut  imprimée  pour  la 
première  fois  à  Brescia,  en  1728,  in-4°, 
sous  ce  titre  :  Evangelistœ  Manelmi  Vi- 
centini  Commeniariolum  de  obsidione 
Brixiœ  j  anni  1438.  Le  cardinal  Quirini  a 
publié  ses  Lettres  et  sa  Vie  sous  le  titre 
de  Gesta  et  Epistolœ  Francisci  Barbari. 

BARBARO  (Hermolaus),  petit-fils  du 
précédent,  naquit  à  Venise  l'année  de  la 
mort  de  son  grand-père.  Il  fut  auteur 
dans  un  âge  où  l'on  est  encore  au  collège, 
à  18  ans.  Les  Vénitiens  lui  donnèrent  des 
commissions  importantes  auprès  de  l'em- 
pereur Frédéric  et  de  Maximilien  son  fils. 
Il  fut  ensuite  ambassadeur  à  Rome.  Inno- 
cent VIII  le  nomma  au  patriarcat  d'Aqui- 
lée;  mais  le  sénat,  irrité  de  ce  qu'Her- 
molaiis  avait  accepté  cette  dignité,  contre 
la  défense  expresse  faite  à  tous  les  minis- 
tres de  la  république  de  recevoir  aucun 
bénéfice ,  lui  défendit  de  profiter  de  cette 
nomination  ,  sous  peine  de  voir  ses  biens 
confisqués.  Hermolaus,  qui  ne  voulait  pas 
renoncer  à  son  patriarcat,  mourut  à  Rome 
dans  une  espèce  d'exil  en  1495.  On  a  de 
lui  |  des  Paraphrases  sur  Aristote;  |  une 


Traduction  de  Dioscoride,&\ ce  des  notes  ; 
|et  des  Exercitationes  sur  Pomponius  Mêla 
et  sur  Pline  le naturaliste  ..dans  lesquelles 
il  corrigea,  pour  le  premier,  500  passages, 
et  près  de  5000  pour  le  deuxième;  mais 
en  voulant  trop  corriger,  il  en  corrompit 
plusieurs ,  dont  il  avait  mal  saisi  le  sens. 
Cet  ouvrage  est  en  2  parties ,  Rome ,  1492 
et  1493,  in-fol. 

BARBARO  (Daniel),  neveu  d'Her- 
molaiis ,  et  coadjuteur  du  patriarcat  d'A- 
quilée ,  né  en  1515 ,  se  distingua  par  son 
savoir  et  par  sa  capacité  dans  les  affaires 
publiques,  qui  le  fit  choisir  ,  en  1548,  par 
le  sénat  de  Venise,  pour  être  ambassadeur 
de  la  république  en  Angleterre,  où  il  resta 
jusqu'en  1551.  Il  mourut  en  1570,  et  laissa 
plusieurs  ouvrages  estimés,  dont  les  prin- 
cipaux sont  :  |  Traité  de  l'éloquence  J  en 
forme  de  dialogue ,  imprimé  à  Venise  en 
1557,  in-4°;  |  Pralica  délia  perspectiva  , 
Venise,  1568,  in-fol.;  |  une  Traduction 
italienne  de  Vitruve  >  avec  des  commen- 
taires, Venise,  1556,  in-fol.  avec  des  figures 
en  bois,  très  belle  édition  ;  |  une  édition  de 
Vitruve  .,  avec  des  commentaires  en  latin, 
Venise,  1567,  in-fol.  avec  figures ,  préfé- 
rable à  toutes  les  éditions  italiennes. 
Bayle ,  et  plusieurs  autres  lexicographes 
qui  l'ont  suivi,  se  sont  trompés  lourde- 
ment sur  les  époques  de  la  naissance  et 
de  la  mort  de  cet  homme  illustre ,  ainsi 
que  sur  ses  ouvrages. 

*  BARBAROUX  (Charles),  né  à  Mar- 
seille, en  1767,  se  rendit  à  Paris  avec  les 
Marseillais  qui  figurèrent  dans  la  journée 
du  10  août  1792.  Ayant  été  député  à  la 
Convention  par  sa  ville  natale ,  il  accusa 
la  commune  de  Paris  et  la  société  des 
Jacobins.  Il  insistait  dans  le  même  temps 
pour  que  le  roi  et  la  famille  royale  fus- 
sent mis  en  jugement.  Lorsque  les  Giron- 
dins, au  nombre  desquels  était  Barbaroux, 
se  furent  ouvertement  prononcés  contre 
les  anarchistes ,  il  accusa  successivement 
Marat ,  Robespierre  et  le  parti  d'Orléans. 
Les  Girondins  ayant  succombé  le  31  mai 
1795 ,  Barbaroux  refusa  de  donner  sa  dé- 
mission ,  et  entendit  tranquillement  dé- 
créter son  arrestation.  Il  s'évada  avec 
plusieurs  de  ses  collègues ,  et  s'embarqua 
à  Quimper  pour  passer  à  Bordeaux  ;  mais 
il  fut  arrêté ,  à  son  arrivée  dans  cette 
ville,  et  périt  sur  l'échafaud,  le  25  juin 
1793.  Barbaroux  est  auteur  de  plusieurs 
rapports  administratifs ,  entre  autres  des 
deux  suivans  :  |  De  l'influence  de  la  guerre 
maritime  sur  le  commerce ,  et  de  l'orga- 
nisation des  travaux  publics.  |  Observa- 
5. 


BAR  I 

lions  de  la  commune  de  Marseille ,  sur 
l'état  du  département  des  Bouches-du- 
Rhône.  Il  a  aussi  laissé  quelques  poésies , 
notamment  une  Ode  sur  les  volcans.  Dans 
ses  Mémoires  publiés  par  son  fils  en  1822, 
on  ne  trouve  que  la  seconde  partie  de  son 
ouvrage ,  le  manuscrit  de  la  première  ne 
s'étant  pas  retrouvé. 

*  BARBATO  (  saint  ) ,  premier  évêque 
de  Bénévent,  prêcha  l'évangile  aux  Lom- 
bards sous  le  pontificat  de  Vitalien. 

*  BARBAULT,  peintre  et  graveur  fran- 
çais, mort  en  1766.  On  a  de  lui  deux  re- 
cueils in-folio  des  antiquités  de  Rome.  On 
estime  surtout  son  martyre  de  saint  Pierre 
d'après  P.  Subbeyras.  • 

*  BARBAULT  (  Antoine -François  ) , 
médecin  et  chirurgien ,  né  à  Paris ,  y  fut 
démonstrateur  de  l'art  des  accouchemens 
pendant  vingt-cinq  ans ,  et  mourut  le  14 
mars  1784,  dans  un  âge  avancé,  après 
avoir  donné  :  |  Splanchnologie  ,  suivie  de 
V  Angiologie  et  de  la  Nécrologie  J  1739, 
in-12  ;  |  Principes  de  la  chirurgie,,  in-12  ; 
|  Cours  d  accouchemens  ,  en  faveur  des 
étudions ,  des  sages-femmes  et  des  aspi- 
rans  à  cet  art,  1776,  2  vol.  in-12. 

*  BARBAULT  (  Anne-L^etiti a  AIKIN  ), 
née  le  20  juin  1765  ,  à  Kilworth  dans  le 
comté  de  Leiccster,  morte  le  9  mars  1825, 
était  fille  du  révérend  J.  Aikiner,  veuvo 
du  révérend  Rochemont  Barbault.  Mis- 
triss  Barbault  a  laissé  un  nom  honorable 
dans  la  littérature  anglaise.  Elle  a  publié, 
en  1812,  un  poème ,  dans  le  genre  de  lord 
Byron ,  intitulé  :  |  Mil  huit  cent  onze,  où 
l'originalité  est  alliée  à  la  profondeur. 
Parmi  ses  ouvrages  sur  la  religion,  les 
sciences,  etc.,  on  remarque  |  les  Dialogues 
sur  l'histoire  naturelle,  |  les  Pensées  ex- 
traites de  Job,  |  et  les  Hymnes  en  prose 
pour  les  enfans.  Elle  a  présidé  en  outre  à 
plusieurs  éditions  recherchées  d'Aken- 
side ,  de  Collins ,  etc.  ,  et  à  un  recueil 
intitulé  English  Novellists ,  où  sont  réu- 
nies les  productions  des  Smolett,  des 
Johnson,  des  Fielding,  etc.  et  précédé 
d'un  Essai  sur  les  romans.  Anne-Laetitia 
Barbault  a  donné  encore  ,  |  le  Choix  des 
feuilles  d'Jddison,  Johnson,  etc.,  |  la 
Correspondance ,  la  vie  et  l'examen  des 
ouvrages  de  Samuel  Richardson.  Enfin 
un  des  plus  singuliers  ouvrages  de  mis- 
triss  Barbault  est  intitulé  :  |  Les  péchés  du 
gouvernement  sont  les  péchés  du  peuple  , 
ouvrage  dont  le  but  est  de  prouver  que 
les  mesures  arbitraires  des  gouvernans  et 
l'oppression  sont  une  juste  punition  de  la 
faiblesse  et  de  la  lâcheté  des  peuples. 


\  BAR 

BARBAZAN  (Arnauld-Guïllaume  de), 
chambellan  du  roi  Charles  VII,  et  général 
de  ses  armées ,  honoré  par  son  maître  du 
beau  titre  de  Chevalier  sans  reproche  * 
vainquit  le  chevalier  d'Escale  dans  un 
combat  singulier,  donné  en  1404,  à  la  tête 
des  armées  de  France  et  d'Angleterre. 
Charles  VII  lui  fit  présent  d'un  sabre  après 
sa  victoire,  avec  celte  divise  :  Ut  casu 
graviore  ruant.  Ce  héros  trop  peu  connu 
défendit  Melun  contre  les  Anglais.  Il  mou- 
rut en  1432 ,  des  blessures  qu'il  avait  re- 
çues à  la  bataille  de  Belleville ,  près  de 
Nanci.  On  l'enterra  à  Saint-Denis,  auprès 
de  nos  rois,  comme  le  connétable  Dugues- 
clin,  dont  il  avait  eu  la  valeur.  Charles 
VII  lui  permit  de  porter  les  trois  fleurs- 
de-lis  de  France  sans  brisure ,  et  lui  don- 
na, dans  des  lettres  patentes ,  le  titre  de 
Restaurateur  du  royaume  et  de  la  cou- 
ronne de  France. 

BARBAZAN  (  Etienne  ) ,  né  à  Saint- 
Fargeau,  en  Puisaye,  diocèse  d'Auxerre, 
en  1696 ,  passa  toute  sa  vie  à  lire  les  an- 
ciens auteurs  français,  et  mourut  en  1770, 
après  avoir  publié  :  |  Contes  et  Fabliaux 
des  anciens  poètes  français  du  12e  et  du 
13e  siècle,  1766,  3  vol.  in-12.  Ce  recueil 
est  précédé  d'une  dissertation  sur  les 
poètes,  dont  il  présente  les  ouvrages,  et 
suivi  d'un  vocabulaire.  |  Ordre  de  che- 
valerie; c'est  un  recueil  de  plusieurs  an- 
ciens contes,  avec  une  dissertation  sur  la 
langue  française,  et  un  petit  glossaire. 
|  Le  Castoyement  ou  instruction  d'un  père 
à  son  fils,  1760  ,  in-8°,  précédé  d'une  dis- 
sertation sur  la  langue  celtique.  |  Obser- 
vations sur  les  étymologies  ,  avec  un  vo- 
cabulaire à  la  fin.  Il  a  été  éditeur,  avec 
l'abbé  de  la  Porte  et  Graville,  du  Recueil 
alphabétique,  depuis  la  lettre  C  jusqu'à 
la  fin  de  l'alphabet.  Cet  ouvrage,  trop 
long  de  la  moitié,  avait  été  commencé  par 
l'abbé  Pérau  ;  il  est  en  24  vol.  in-12  ,  1745 
et  années  suivantes.  Il  y  a  des  pièces  qu'on 
trouverait  difficilement  ailleurs. 

BARBE  (sainte),  vierge  célèbre  par  la 
fermeté  de  sa  foi ,  était  fille  de  Dioscor , 
un  des  plus  furieux  sectateurs  du  paga- 
nisme. Ce  père  barbare  n'ayant  pu,  ni 
par  caresses ,  ni  par  menaces ,  lui  faire 
abandonner  la  foi  de  Jésus-Christ,  lui 
trancha  lui-même  la  tête;  Métaphraste  croit 
que  ce  fut  à  Héliopolis ,  mais  il  y  a  appa- 
rence que  ce  fut  à  Nicomédie.  Quelques 
auteurs  ont  cru  que  cette  sainte  avait 
souffert  sous  l'empereur  Maximien ,  d'au 
très  sous  Maximin,qui  succéda  à  Alexan- 
dre-Sévère ,  vers  l'an  240.  En  général  les 


BAR 


5S 


BAR 


circonstances  de  ce  martyre  ne  sont  pas 
bien  constatées ,  mais  il  est  lui-même  in- 
contestable ;  le  culte  que  l'Eglise  rend  à 
cette  s;iinte  en  est  un  monument  subsis- 
tant. Voyez  sainte  CATHERINE. 

*  BARBE,  prêtre  de  la  Doctrine  chré- 
tienne, a  donné  |  six  livres  de  Fables 
nouvelles ,  Y7fâ,  in-12;  |  des  Fables  et 
contes  philosophiques  j  1770,  in-12.  II  pé- 
rit victime  des  massacres  de  septembre 
1792. 

*  BARBÉ  (J.-B.),  graveur  flamand, 
prit  le  genre  de  Van-Dyck;  sa  Sainte 
Famille ,  d'après  Rubens ,  passe  pour  son 
chef-d'œuvre. 

*  BARBEAU  de  la  BRUYÈRE  (Jean- 
Louis)  ,  né  à  Paris  en  1710 ,  mort  en  1781, 
écrivit  une  Vie  du  diacre  Paris  *  et  tra- 
vailla pendant  plusieurs  années  avec  Bua- 
che  le  géographe.  On  lui  doit  une  Mappe- 
monde historique ^qui  présente  d*un  coup 
d'oeil  toutes  les  révolutions  de  chaque 
état.  Il  donna  des  éditions  nouvelles  des 
Tablettes  chronologiques  de  Lenglel-Du- 
fresnoy;  de  la  Méthode  pour  étudier  la 
géographie  _,  10  vol.  in-12,  par  le  même, 
et  de  la  Géographie  moderne  de  Lacroix. 

*  BARBEAU  DUBARRAN,  député  à  la 
Convention  en  1792,  vota  la  mort  de 
Louis  XVI  sans  appel,  devint  président 
de  la  société  des  jacobins ,  et  fut  con- 
stamment le  champi  n  de  l'anarchie.  Ce 
fameux  démagogue  eut  part,  néanmoins, 
au  renversement  de  Robespierre.  Il  fut 
ensuite  impliqué  dans  la  révolte  du  20 
mai  1795 ,  et  ne  dut  son  salut  qu'à  l'am- 
nistie du  16  octobre.  Rentré  depuis  dans 
l'obscurité ,  il  n'en  sortit  qu'en  1816.  L'or- 
donnance contre  les  régicides  l'ayant  forcé 
de  quitter  la  France ,  il  mourut  en  Suisse 
en  1817. 

BARBERI  (Philippe),  dominicain  de 
Syracuse ,  inquisiteur  en  Sicile  et  dans  les 
iles  de  Malte  et  de  Gozo  ,  est  auteur  d'un 
Recueil  d'observations  sur  les  endroits 
de  l'Ecriture  sainte ,  que  saint  Augus- 
tin et  saint  Jérôme  ont  expliqués  diffé- 
remment; et  de  quelques  autres  ouvra- 
ges ,  dont  le  plus  intéressant  est  De  ani- 
morum  immortalitate.  Tous  ses  ouvrages 
ont  été  imprimés  en  1500.  Il  vivait  après 
le  milieu  du  15e  siècle. 

BARBERINO  (  François  )  ,  naquit  à 
Barberino  en  Toscane ,  l'an  1264.  C'est 
de  lui  que  ont  descendus  les  Barberins  , 
maison  illustre  d'Italie.  François  alla  s'é- 
tablir à  Florence ,  où  il  acquit  beaucoup 
de  gloire  par  ses  talens  pour  la  jurispru- 
dence et  pour  la  poésie.  Il  mourut  en 


1348.  Nous  avons  de  lui  un  poème  italien, 
intitulé  Documenti  d'amore  3  imprimé  à 
Rome  ,  avec  de  belles  figures ,  en  1640 , 
in-4°.  C'est  un  ouvrage  moral,  qui  res- 
semble par  le  titre  à  V  Art  d'aimer  d'O- 
vide, mais  qui  respire  la  sagesse  et  les 
bonnes  mœurs.  —  Les  hommes  les  plus 
illustres  de  cette  famille  sont  :  1°  François 
BARBERINO  ,  cardinal  et  neveu  du  pape 
Urbain  VIII ,  légat  en  France  et  en  Es- 
pagne, père  des  pauvres  et  protecteur 
des  sa  vans ,  mort  en  1679  ;  2°  Antoine,  son 
frère  cardinal  et  camerlingue  de  l'église 
romaine ,  généralissime  de  l'armée  pa- 
pale contre  les  princes  ligués ,  grand  au- 
mônier de  France ,  où  il  s'était  réfugié 
après  l'élection  d'Innocent  X ,  ennemi  des 
Barberins,  mort  archevêque  de  Reims 
en  1671.  Voyez  URBAIN  VIII 

BARBEROUSSE  Ier  (àruch)  surnommé 
Barberousse  de  la  couleur  de  sa  barbe , 
originaire  de  Mitylène  ,  ville  de  l'île  de 
Lesbos,  sicilien  selon  d'autres,  se  rendit 
maître  d  Alger  et  se  plaça  sur  le  trône.  II 
déclara  ensuite  la  guerre  au  roi  de  Tre- 
mecen,  le  vainquit  en  différentes  occa- 
sions ;  mais  il  fut  tué  dans  une  embuscade. 
Poursuivi  par  les  Espagnols ,  il  employa , 
pour  favoriser  sa  fuite,  le  même  expé- 
dient dont  se  servit  autrefois  Mithridate , 
roi  de  Pont.  Il  fit  semer  sur  le  chemin 
son  or,  son  argent,  sa  vaisselle,  pour 
amuser  les  chrétiens  ,  et  avoir  le  temps 
de  se  sauver.  Mais  les  Espagnols ,  mépri- 
sant ses  perfides  richesses  ,  le  joignirent 
de  près  :  il  fut  obligé  de  faire  face  ;  et 
après  avoir  combattu  avec  furie ,  il  fut 
tué  l'an  1518 ,  à  l'âge  de  44  ans.  Barbe- 
rousse exerça  bien  des  brigandages  sur 
mer  et  sur  terre  ,  et  se  fit  redouter  par- 
tout. 

BARBEROUSSE  II  (Chérédijv),  succes- 
seur du  précédent  dans  le  royaume  d'Al- 
ger ,  général  des  armées  navales  de  Soli- 
man II ,  s'empara  do  Tunis  en  1535  ;  mais 
il  en  fut  chassé  par  Charles-Quint,  qui 
rétablit  Mulei-Hassen  ;  il  dévasta  la  Sicile, 
et  se  joignit  à  la  flotte  de  France,  pour 
assiéger  Nice  en  1545 ,  et  mourut  à  Con- 
stantinople  en  1547 ,  âgé  de  80  ans.  On  a 
publié  sa  Vie ,  Paris ,  1781 ,  in-12.  Selon 
l'auteur,  Barberousse  serait  né  en  France 
de  la  famille  d'Authon ,  établie  dans  la 
Saintonge ,  aurait  changé  de  nom  et  de 
religion ,  pour  s'associer  à  des  corsaires  , 
et  serait  ainsi  parvenu  chez  les  Turcs  au 
poste  d'amiral.  Quoi  qu'il  en  soit ,  Barbe- 
rousse montra  de  grands  talens  pour  la 
guerre  :  ses  actions  demanderaient  qu'on 


BAR  56 

le  mît  a»  nombre  des  hommes  illustres  ; 
mais  les  crimes  que  son  caractère  natu- 
rellement féroce  lui  fit  commettre,  révol- 
tent la  nature  et  rendent  sa  mémoire 
odieuse.  Il  faisait  périr  ses  victimes  sans 
répugnance  et  sans  remords  ;  il  traitait  ses 
esclaves  avec  la  dernière  dureté.  Avec 
cela,  il  était  jusque  dans  l'extrême  vieil- 
lesse le  plus  luxurieux  des  hommes.  Une- 
multitude  de  femmes  ne  pouvait  lui  suf- 
fire ,  nouvelle  preuve  des  rapports  inti- 
mes de  cette  passion  avec  la  cruauté. 
Elles  se  sont  presque  toujours  réunies 
dans  les  monstres  qui  ont  désolé  l'huma- 
nité. La  luxure  conduit  naturellement 
l'homme  à  ne  regarder  ses  semblables  que 
comme  de  vils  instrumens  de  ses  bruta- 
les jouissances ,  et  éteint  dans  son  âme 
corrompue  tout  germe  de  sensibilité.  (  V. 
NÉRON.) 

BARBEROUSSE.  Voyez  FRÉDÉRIC. 

*  BARBÉSIEUX  (Louis-François-Ma- 
rie  Le  TELLIER ,  marquis  de  ),  secrétaire 
d'état  de  la  guerre  sous  Louis  XIV ,  na- 
quit à  Paris  en  1668 ,  du  marquis  de  Lou- 
vois ,  dont  il  était  le  troisième  fils.  Il  n'a- 
vait encore  que  23  ans  lorsqu'il  fut  ap- 
pelé à  remplacer  son  père  au  ministère 
de  la  guerre.  Quoiqu'il  eût  à  diriger  une 
administration  où  Louvois  avait  épuisé 
toutes  les  ressources ,  il  pourvut  à  l'en- 
tretien des  armées  d'Allemagne  ,  de  Flan- 
dre et  de  Piémont,  et  mit  sur  pied  une 
armée  de  100,000  hommes,  à  la  tête  de  la- 
quelle Louis  XIV  assiégea  et  prit  Namur 
le  26  juin  1692.  Mais  depuis  la  paix  de 
Riswick  le  zèle  du  jeune  ministre  "ne  se 
soutint  pas;  l'amour  des  plaisirs  lui  fit 
négliger  les  affaires  les  plus  importantes, 
au  point  que  le  roi,  qui  s'en  aperçut, 
écrivit  à  son  oncle,  l'archevêque  de  Reims  : 
«  Votre  neveu  a  des  talens ,  mais  il  n'en 
fait  pas  usage  ;  il  donne  trop  souvent  à 
souper  aux  princes  ,  au  lieu  de  travailler. 
Il  néglige  les  affaires  pour  ses  plaisirs.  Il 
fait  attendre  trop  long-temps  les  officiers 
dans  son  antichambre;  il  leur  parle  avec 
hauteur,  et  quelquefois  avec  dureté.»  Le 
roi  allait  le  disgracier  lorsqu'il  mourut 
presque  subitement  à  sa  53e  année,  le  5 
janvier  1701.  L'archevêque  de  Reims ,  en 
parcourant  ses  papiers  ,  trouva  cette  note 
ccrite  de  la  main  de  son  neveu  :  «  J'au- 
rai, à  ma  55e  année ,  une  maladie  dont  je 
n'échapperai  pas.  »  Barbésieux,  héritier 
de  la  crédulité  de  son  père  pour  l'astro- 
logie, consultait  souvent  le  père  Alexis, 
cordelier ,  qui ,  connaissant  sa  conduite , 
avait  là-dessus  hasardé  cette  prédiction. 


BAR 

•  BARBEU-DUBOURG  (Jacques),  mé- 
decin et  botaniste ,  né  à  Mayenne  en  1709, 
et  mort  à  Paris  en  1779 ,  a  publié  plusieurs 
ouvrages  dont  les  titres  sont  :  Système  de 
Botanique  _,  2  vol.  in-12  ;  |  Aphorismes  de 
médecine ,  1780 ,  in-12  ;  |  Chronographie , 
avec  une  carte  des  révolutions  des  empi- 
res ,  in-12  ;  |  Code  de  la  raison  humaine , 
ïllk ,  in-8°  ;  |  Eloge  du  médecin  Charles 
Gillet,  in-8°  ;  |  Petit  calendrier  de  Phila- 
delphie. Barbeu-Dubourg  publia  aussi 
une  Gazette  de  médecine  >  dont  les  pre- 
mières feuilles  parurent  en  1661.  Il  était 
lié  avec  Bolingbroke  et  Francklin,  dont  il 
traduisit  les  ouvrages  en  français  ,  en  so- 
ciété avec  M.  l'Ecuy.  Il  nous  est  resté  quel- 
ques lettres  de  sa  correspondance  avec 
Francklin. 

BARBEYRAC  (Charles  ),  naquit  en 
1629  à  Céreste  en  Provence,  et  mourut  a 
Montpellier  l'an  1699.  Il  était  établi  dans 
cette  ville  depuis  sa  jeunesse.  Il  y  avait 
pris  le  bonnet  de  docteur  en  médecine 
dès  1649,  et  s'était  fait  un  nom  dans  le 
royaume  et  dans  les  pays  étrangers.  Quoi- 
qu'il professât  la  secte  de  Calvin,  le  car- 
dinal de  Bouillon  lui  donna  le  brevet  de 
son  médecin  ordinaire  ,  avec  une  pension 
de  mille  livres.  Il  n'employait  que  peu  de 
remèdes ,  et  n'en  guérissait  que  plus  de 
malades.  Le  philosophe  Locke,  ami  de 
Sydenham  et  de  Barbeyrac,  qu'il  avait 
connu  à  Montpellier  ,  disait  qu'il  n'avait 
jamais  vu  deux  hommes  dont  les  manières 
et  la  doctrine  se  ressemblassent  davan- 
tage. 

BARBEYRAC  (Jean),  neveu  du  pré- 
cédent et  fils  d'un  ministre  calviniste  de 
Béziers ,  né  dans  cette  ville  en  1674 ,  fut 
nommé  à  la  chaire  de  droit  et  d'histoire 
de  Lausanne  en  1710,  et  ensuite  à  celle  du 
droit  public  et  privé  à  Groningue  en  1717. 
Il  traduisit  et  commenta  |  le  traité  du  Droit 
de  la  nature  et  des  gens;  |  celui  des  De- 
voirs de  l'homme  et  du  citoyen  ,  par 
Puffendorf;  \  et  l'ouvrage  de  Grotius  sur 
les  Droits  de  la  guerre  et  de  la  paix.  Les 
notes  dont  il  a  enrichi  ces  traités  seraient 
aussi  estimées  que  la  traduction  ,  si  l'on  y 
remarquait  moins  de  prévention  contre 
la  religion  caiholique.  On  ne  fait  pas 
moins  de  cas  de  |  la  version  du  Traité  latin 
de  Cumberland  sur  les  lois  naturelles , 
avec  des  notes,  1744,  in-4°;  ouvrage  ex- 
cellent, mais  qui  demande  d'être  médité. 
Il  a  aussi  traduit  plusieurs  sermons  de 
Tillotson ,  et  a  donné  au  public  différens 
ouvrages  de  son  propre  fonds.  Les  prin- 
cipaux sont  :  |  l'Histoire  des  anciens  Trai- 


BAR 


87 


BAR 


tés  qui  sont  répandus  dans  les  auteurs 
grecs  et  latins  jusqu'à  Charlemagne ,  in- 
fol. ,  2  part.,  1739  ;  |  le  Traité  du  jeu,  en 
5  vol.  in-8°  ;  |  le  Traité  de  la  morale  des 
Pères,  in-4°,  1728,  contre  don  Cellier, 
qui  avait  réfuté  ce  que  Barbeyrac  en  avait 
dit  dans  sa  préface  sur  Puffendorf.  Il 
s'élevait  dans  cette  préface,  avec  trop 
peu  de  ménagement ,  contre  les  allégo- 
ries que  saint  Augustin  et  d'autres  Pères 
ont  trouvées  dans  l'Ecriture.  (  Voy.  saint 
GRÉGOIRE  le  Grand).  Il  n'est  pas  plus 
circonspect  dans  la  défense  qu'il  en  entre- 
prit. Il  y  laisse  paraître  un  si  grand  mé- 
pris pour  les  docteurs  de  l'Eglise  ;  il  parle 
avec  tant  de  dédain  de  leur  éloquence  et 
de  leur  dialectique  ,  que  tout  critique 
sensé  en  est  révolté  :  don  Cellier  le  ré- 
futa pleinement  dans  son  Histoire  géné- 
rale des  auteurs  sacrés.  Il  a  encore  été 
réfuté  postérieurement  par  le  protestant 
anglais  William  Réeves.  Il  mourut  vers 
l'année  1747.  Son  style  manque  de  grâce 
et  de  pureté,  sa  critique  de  justesse  et  d'é- 
quité. Son  antipathie  contre  les  Pères  ve- 
nait de  ce  qu'il  les  trouvait  partout  op- 
posés aux  dogmes  des  nouvelles  sectes. 
Daillé ,  également  embarrassé  de  cette  op- 
position ,  a  tâché  aussi  d'affaiblir  leur  au- 
torité ;  mais  il  y  a  mis  plus  de  modéra- 
tion et  de  décence.  La  manière  dont  Bar- 
beyrac a  parlé  d'Abraham,  et  d'autres 
hommes  illustres,  célébrés  dans  l'Ecri- 
ture sainte  pour  leurs  vertus  et  leur  foi , 
montre  qu'il  était  plutôt  déiste  que  pro- 
testant, et  autant  ennemi  de  toute  reli- 
gion que  de  la  religion  catholique. 

♦BARBIE  DU  BOCAGE  (Jean  Denis), 
géographe ,  né  à  Paris  le  28  avril  1760. 
Elève  de  d'Anville ,  il  fut  d'abord  attaché 
au  ministère  des  affaires  étrangères,  puis 
à  la  bibliothèque  du  roi,  où  il  eut  occasion 
de  nouer  des  rapports  intimes  avec  le  cé- 
lèbre, abbé  Barthélémy ,  qui  lui  confia  la 
rédaction  de  l'atlas  du  Voyage  d  '  Anachar- 
sis,  travail  qui  lui  fit  beaucoup  d'honneur 
et  décida  en  quelque  sorte  de  sa  carrière 
scientifique.  En  1793,  il  fut  incarcéré  avec 
plusieurs  chefs  de  la  bibliothèque  du  roi. 
Il  obtint  bientôt  sa  liberté,  mais  il  perdit 
son  emploi.  Cependant  en  1797  il  fut 
nommé  géographe  du  ministère  de  l'inté- 
rieur ,  et  en  1803 ,  de  celui  des  relations 
extérieures.  Le  7  novembre  1807,  il  rem- 
plaça Anquelil  à  l'institut,  et  le  6  mai  1809 
il  devint  professeur  à  la  faculté  des  lettres 
de  Paris  et  doyen  de  ladite  faculté  en 
1815.  II  est  mort  d'une  attaque  d'apo- 
plexie ,  le  28  décembre  182o.  Il  a  publié, 


outre  son  atlas  d'Anacharsis,  |  plusieurs 
cartes  et  notices  pour  le  Voyage  pittores- 
que de  la  Grèce  de  M.  le  comte  de  Choi- 
seul-Gouffier  ;  |  des  cartes  et  notes  pour 
plusieurs  ouvrages  de  M.  de  Sainte-Croix; 
|  Notices  sur  les  îles  Canaries  et  sur  les 
îles  des  Navigateurs;  |  des  cartes  et  notes 
pour  l'expédition  des  Grecs  et  la  retraite 
des  dix  mille;  \  une  Notice  sur  le  voyage 
de  Chardin,  avec  une  carte  de  sa  route; 
|  quatre  cartes  et  Notices  de  l'Angleterre, 
de  l'Ecosse,  de  l'Irlande,  de  l'Inde,  et  un 
plan  de  Gibraltar  pour  le  Tableau  de  la 
Grande-Bretagne  de  Baërt  ;  |  une  Notice 
sur  la  vie  et  les  ouvrages  de  d'Anville, 
avec  les  changemens  qu'il  y  a  faits  ;  |  une 
carte  de  l'Europe ,  d'après  les  ordres  du 
ministre  de  l'intérieur  ;  |  une  Traduction 
des  voyages  dans  l'Asie  mineure  et  en 
Grèce,  du  docteur  Chandler,  5  vol.  in-8°, 
qu'il  fit  de  concert  avec  l'abbé  Servois  ; 
|  un  Précis  de  géographie  ancienne  pour 
X Abrégé  de  la  géographie  de  Pinkerton 
et  fValckenaè'r,  2  vol.  in-8°;  |  plusieurs 
plans  pour  le  Voyage  pittoresque  de  Con- 
stantinople  et  des  rives  du  Bosphore  ,  et 
un  grand  nombre  de  cartes,  de  notices, 
de  plans  pour  divers  ouvrages ,  et  beau- 
coup d'articles  dans  le  Magasin  encyclo- 
pédique ,  le  Mémorial  topographique  ,  le 
Moniteur  et  les  Mémoires  de  l'institut,  et 
plusieurs  manuscrits  et  notes  inédites. 
BARBIER  (Louis) ,  plus  connu  sous  le 
nom  à' Abbé  de  la  Rivière,  naquit  à  Mont- 
fort-1'Amaury ,  près  de  Paris ,  et  y  mou- 
rut en  1670.  De  professeur  au  collège  du 
Plessis ,  il  parvint  à  la  place  d'aumônier 
de  Gaston ,  duc  d'Orléans ,  et  ensuite  à 
l'évêché  de  Langres.  Le  cardinal  Mazarin 
l'en  gratifia ,  pour  le  récompenser  de  ce 
qu'il  lui  découvrait  les  secrets  de  son 
maître.  Barbier  avait  obtenu  une  nomi- 
nation au  cardinalat  :  mais  elle  fut  révo- 
quée. On  dit  que  c'est  le  premier  ecclé- 
siastique qui  osa  porter  la  perruque  ;  il 
laissa,  par  son  testament,  cent  écus  à  celui 
qui  ferait  son  épitaphe.  La  Monnaie  lui 
fit  celle-ci  : 


Ci-gît  un  très  grand  personnage, 
Qui  fut  d'un  illustre  lignage, 
Qui  posséda  mille  vertus , 
Qui  ne  trompa  jamais  ,  qui  fut  toujours  fort  sage. 
Je  n'en  dirai  pas  davantage  , 
C'est  trop  meDtir  pour  cent  écus. 


BARBIER  D'AUCOUR  (Jean),  avocat 
au  parlement  de  Paris ,  né  à  Langres  vers 
1641 ,  de  parens  pauvres ,  se  tira  de  l'obs- 
curité par  ses  talens.  Il  fut  d'abord  répé- 
titeur au  collège  de  Lisieux.  Il  s'adonna 


BAR 


58 


BAR 


ensuite  au  barreau;  mais  la  mémoire  lui 
ayant  manqué  dès  le  commencement  de 
son  premier  plaidoyer,  il  promit  de  ne 
plus  plaider,  quoiqu'il  eût  pu  le  faire 
avec  succès.  Colbert  le  chargea  de  l'édu- 
cation d'un  de  ses  fils.  Il  fut  reçu  de  l'a- 
cadémie française  en  1683  ,  et  il  mourut 
d'une  inflammation  de  poitrine  en  1694 
à  53  ans,  regardé  comme  un  des  meil- 
leurs critiques  de  son  siècle.  Il  n'était 
point  ami  des  jésuites ,  et  la  plupart  de 
ses  ouvrages  sont  contre  cette  société,  ou 
contre  les  écrivains  de  la  société.  Celui 
qui  lui  a  fait  le  plus  d'honneur ,  est  inti- 
tulé :  Sentimens  de  Cléanthe  sur  les  entre- 
tiens d'Ariste  et  d'Eugène,  par  le  P. 
Bouhours ,  jésuite ,  in-12.  Ce  livre  a  été 
souvent  cité ,  et  avec  raison ,  comme  un 
modèle  de  la  critique  la  plus  juste  et  la 
plus  ingénieuse.  D'Aucour  y  sème  les 
bons  mots  et  l'érudition,  sans  pousser 
trop  loin  la  raillerie  et  les  citations.  Le  jé- 
suite Bouhours,  quoique  d'ailleurs  homme 
d'esprit  et  bon  écrivain ,  ne  put  se  rele- 
ver du  coup  que  lui  porta  son  adversaire. 
L'abbé  Granet  a  donné ,  en  1750 ,  une  édi- 
tion de  cet  ouvrage  à  laquelle  il  a  joint 
deux  FaclumSj  qui  prouvent  que  Bar- 
bier aurait  été  aussi  bon  avocat  que  bon 
critique.  Les  autres  écrits  d'Aucour  ne 
sont  qu'un  recueil  de  turlupinades  :  les 
Gaudinettes,  Y  Onguent  pour  la  brûlure  ., 
contre  les  jésuites ,  Apollon  vendeur  de 
Mithridate j  contre  Racine,  deux  Satires 
en  mauvais  vers.  On  ne  comprend  point 
comment  il  a  pu  railler  si  finement  Bou- 
hours ,  et  si  grossièrement  les  autres.  On 
dit  que  sa  haine  contre  les  jésuites  venait 
de  ce  que  se  trouvant  un  jour  dans  leur 
église ,  où  l'on  avait  exposé  des  tableaux 
énigmatiques ,  pour  être  expliqués  par 
les  assistans,  et  donnant  une  explication 
qui  paraissait  trop  libre, un  de  ces  pères  lui 
dit  de  se  souvenir  que  locus  esset  sacer. 
D'Aucour  répondit  tout  de  suite  :  Si  lo- 
cus est  sacrus ,  quare  exponitis  1  Cette 
épithète  de  Sacrus  courut  à  l'instant  de 
bouche  en  bouche.  Les  régens  la  répétè- 
rent, les  écoliers  la  citèrent,  et  le  nom 
d'avocat  Sacrus  lui  resta. 

BARBIER  ( Marie- Anne),  née  à  Or- 
léans ,  cultiva  la  littérature  et  la  poésie  , 
et  vint  se  fixer  à  Paris ,  où  elle  publia 
plusieurs  tragédies  et  quelques  opéras, 
en  un  vol.  in-12.  On  a  dit  qu'elle  n'était 
que  le  prête-nom  de  l'abbé  Pellegrin  ; 
mais  on  s'est  trompé.  Mllc  Barbier  avait 
des  talens  et  des  lumières,  et  l'abbé  Pelle- 


censeur.  Elle  mourut  en  1742.  Sa  poésie 
est  faible. 

*  BARBIER  (  Antoine- Alexandre  ), 
savant  bibliographe,  né  à  Coulommiers  en 
Brie,  le  11  janvier  1763,  fut  bibliothécaire 
du  conseil  d'état  et  de  Bonaparte,  puis 
administrateur  des  bibliothèques  parti- 
culières du  roi.  Après  avoir  terminé  ses  étu- 
des au  séminaire  de  Saint-Firmin,  il  em- 
brassa l'état  ecclésiastique,  et  fut  placé 
d'abord  en  qualité  de  vicaire  à  Acy,  puis 
à  Dammartin.  Il  prêta  le  serment  exigé 
par  l'Assemblée  constituante  en  1791 ,  et 
fut  nommé  curé  à  la  Ferté-sous-Jouare. 
Lorsque  la  terreur  l'obligea  de  renoncer 
à  son  état,  il  vint  à  Paris  comme  élève  de 
l'école  normale ,  et  peu  de  temps  après  il 
fut  choisi  pour  faire  partie  de  la  commis- 
sion temporaire  des  arts,  qui  fut  chargée 
de  recueillir  dans  les  couvens  et  les  éta- 
blissemens  publics  supprimés ,  les  livres 
et  autres  objets  d'art ,  pour  les  placer 
dans  les  bibliothèques  publiques.  C'est 
ainsi  qu'il  contribua  beaucoup  à  l'accrois- 
sement des  bibliothèques  Mazarine,  de 
Sainte-Geneviève,  du  corps  législatif,  de 
l'école  de  médecine,  etc.,  et  à  la  conserva- 
tion d'un  grand  nombre  d'ouvrages  qui 
sans  lui  n'auraient  point  échappé  aux 
vandales  de  cette  époque.  Ayant  renoncé 
entièrement  à  son  état  il  se  maria  ,  et  l'on 
assure  qu'après  le  concordat  de  1801 ,  il 
sollicita  et  obtint  du  pape  une  bulle  qui  le 
rendit  à  l'état  séculier  et  lui  permit  de  se 
marier  en  face  de  l'Eglise  ;  ce  qu'il  se  hâta 
de  faire.  Dès-lors  il  professa,  jusqu'à  la 
fin  de  sa  vie ,  des  principes  religieux  qui 
ne  se  démentirent  pas  un  seul  instant.  Sa 
femme  mourut  peu  de  mois  avant  lui  dans 
les  plus  grands  sentimens  de  piété.  Dès 
1798 ,  M.  François  de  Neuchâteau ,  alors 
ministre  de  l'intérieur,  l'avait  nommé 
conservateur  du  dépôt  provisoire  de  la 
bibliothèque  du  Directoire  exécutif,  qui 
fut  ensuite  donnée  au  conseil  d'état ,  et 
dont  M.  Barbier  resta  le  bibliothécaire.  Il 
le  devint  aussi  de  la  bibliothèque  particu- 
lière de  l'empereur,  et  il  conserva  sa  place 
à  la  restauration  jusqu'en  1822,  qu'il  fut 
mis  à  la  retraite.  Celte  disgrâce  ,  d'autant 
plus  inattendue  ,  qu'il  avait  reçu  la  croix 
d'honneur  l'année  précédente ,  l'affligea 
vivement ,  et  depuis  il  fut  presque  con- 
stamment malade.  Il  mourut  d'unanévris- 
me  le  3  décembre  1825.  L'étendue  et  la  va- 
riété de  ses  connaissances,  jointes  à  une  ex- 
trême obligeance,  le  firent  rechercher  des 
savans  étrangers  et  nationaux  avec  qui  il 


grin  ne  fut  jamais  que  son  conseil  et  son    entretint  d'utiles  correspondances.  On  a  de 


BAR 


59 


BAR 


lui  :  i  Catalogue  des  livres  qui  doivent 
composer  la  bibliothèque  d'un  lycée,  ré- 
digé à  la  demande  de  M.  Fourcroy,  2e 
édit. ,  in-12 ,  1804 ,  revue  et  augmentée; 
I  Catalogue  de  la  bibliothèque  du  conseil 
d'état,  2  tomes  en  un  vol.  in-folio  ;  |  Dic- 
tionnaire des  ouvrages  anonymes  et  pseu- 
donymes, Paris,  1806,  4  vol.  in-8°,  2e  édit. 
1822-27,  4  vol.  in-8°.  Cet  ouvrage  a  dû 
lui  coûter  beaucoup  de  recherches,  et 
pourrait  être  très  utile  ;  mais  on  regrette 
qu'il  ne  soit  pas  rédigé  dans  un  meilleur 
esprit;  |  Nouvelle  bibliothèque  d'un  homme 
de  goût,  entièrement  refondue,  Paris, 
1808-10,  5  vol.  in-8°;  quoiqu'elle  porte 
aussi  le  nom  de  Desessarls ,  tout  le  tra- 
vail a  été  fait  par  M.  Barbier  ;  |  Disserta- 
tion sur  60  traductions  françaises  de  l'I- 
mitation de  Jésus-Christ,  suivie  de  Consi- 
dérations sur  laïUeur  de  l'Imitation, 
Paris,  1812,  in-12  ,  où  l'on  trouve  des  dé- 
tails curieux  ;  |  Examen  critique  et  com- 
plément des  dictionnaires  historiques  les 
plus  répandus  ,  Paris  ,  1820  ,  tome  1  ;  il  a 
laissé  en  manuscrit  la  plus  grande  partie 
du  tome  2.  Cet  ouvrage  renferme  quelques 
articles  neufs  et  intéressans ,  mais  on  y 
trouve  beaucoup  de  minuties  et  d'inexac- 
titudes. L'auteur  d'ailleurs  y  paraît  plein 
d'indulgence  pour  les  révolutionnaires  et 
les  novateurs,  et  d'une  sévérité  extrême 
pour  les  hommes  les  plus  estimables  et 
les  plus  zélés.  Il  a  revu ,  pour  la  partie 
biographique ,  les  deux  premières  livrai- 
sons du  Dictionnaire  historique  ou  Bio- 
graphie universelle,  par  le  général  Beau- 
vais  ,  et  il  a  travaillé  successivement  au 
Mercure  de  France,  au.  Magasin,  aux  An- 
nales et  à  la  Revue  encyclopédique.  Il  a 
aussi  refait  ou  retouché  les  notices  des  prin- 
cipales éditions  et  traductions  de  la  collec- 
tion des  Classiques  latins  de  Lemaire.  On 
a  encore  de  lui  plusieurs  Catalogues  et 
autres  ouvrages.  11  est  éditeur  du  |  Voyage 
de  Paris  à  Saint- Cloud,  2  vol.  in-18; 
|  des  Ecrivains  de  l'histoire  d' Auguste , 
trad.  par  Moulines,  3  vol.  in-12  ;  |  du  Mé- 
moire sur  le  comte  de  Bonneval,  par  le 
prince  de  Ligne ,  in-8°;  |  du  Voyaye  au- 
tour de  ma  chambre,  suivi  du  Lépreux 
de  la  vallée  d'Aoste,  par  le  comte  Xavier 
de  Maistre;  |  d'un  nouveau  Supplément 
au  cours  de  littérature  de  La  Harpe  ,  in- 
8°;  |  de  la  Correspondance  inédite  de 
Galiani  avec  madame  d'Epinay ,  2  vol. 
in-8^,  etc.  On  doit  à  Barbier  d'avoir  re- 
trouvé dans  des  dépôts  ignorés,  ou  pos- 
sédés par  des  hommes  qui  n'en  soupçon- 
naient pas  la  valeur,  beaucoup  de  lettres 


manuscrites  de  Huet,  évêque  d'Avranches. 
Il  inséra  dans  la  Revue  encyclopédique 
de  novembre  1825 ,  un  mémoire  inédit 
remis  par  Louis  XIV  à  l'archevêque  de 
Beims  (Charles-Maurice  le  Tellier)  sur  l'in- 
conduite  du  marquis  de  Barbésieux ,  son 
neveu,  secrétaire  d'état  de  la  guerre  ,  en 
1695.  Il  recueillit  et  mit  en  ordre  la  collec- 
tion complète  des  manuscrits  du  grand 
Fénélon  ,  dont  quelques-uns  ont  été  pu- 
bliés, et  les  autres  sont  restés  inédits.  H  n'y 
avait  trouvé  ni  la  traduction  de  l'Odyssée, 
ni  celle  de  l'Enéide,  attribuées  à  cet  il- 
lustre prélat.  C'est  encore  à  lui  qu'est  due 
la  conservation  en  la  maison  du  roi,  d'un 
manuscrit  unique ,  sous  le  titre  de  :  \  La 
Profession  d?  foi  des  commandeurs  de 
l'ordre  du  Saint-Esprit ,  contenant  les  si- 
gnatures autographes  de  Henri  III ,  fon- 
dateur de  cet  ordre ,  et  celles  de  tous  les 
commandeurs,  depuis  la  fondation  jus- 
qu'en 1789. 

BARBIERI.  Voyez  GUERCHIN,  Fbak- 
çois  BARBIERI  du  GENTO. 

*  BARBO  (Paul),  théologien  et  philo- 
sophe aristotélicien  du  15e  siècle,  était  né 
à  Soncino ,  dans  le  Crémonais.  Il  entra 
fort  jeune  dans  l'ordre  des  dominicains  , 
et  s'y  distingua  par  ses  bonnes  mœurs  et 
par  ses  talens.  Il  professa  pendant  plu- 
sieurs années  la  philosophie  à  Milan,  à 
Ferrare,  à  Sienne  et  à  Bologne.  Elu  prieur 
des  dominicains  de  Crémone ,  il  y  mou- 
rut en  1494.  On  a  publié  de  lui  :  j  Ele- 
ganlissima  expositio  in  artem  veterem 
Arislotelis  ,  cum  quœstionibus ,  V énise  , 
1499;  |  Quœstiones  metaphysicœ  super 
divinâ  sapientiâ  Aristotelis,Venise,  1505, 
in-fol.,  réimprimé  plusieurs  fois  à  Venise, 
à  Lyon  et  ailleurs;  plusieurs  autres  ou- 
vrages ou  éditions  d'ouvrages  à  peu  près 
sur  les  mêmes  matières ,  et  entre  autres 
une  très  bonne  édition  des  Opuscules  de 
S.  Thomas,  Milan,  1488 ,  in-fol.  —  Il  y 
eut  dans  le  même  siècle  un  autre  BARBO 
(Paul),  noble  vénitien,  orateur  latin,  né 
vers  l'an  1415,  et  frère  de  Pierre  Rarbo, 
qui  devint  pape,  sous  le  nom  de  Paul  II. 
Il  remplit  honorablement  plusieurs  des 
premiers  emplois  de  sa  république;  ce 
fut  lui  qui  conclut  la  paix  à  Lodi ,  entre 
Venise  et  le  duc  de  Milan,  en  1454.  II  fut 
envoyé  ambassadeur  en  1461 ,  avec  Ber- 
nard Giusliniano ,  pour  complimenter 
Louis  XI  sur  son  avènement  au  trône.  11 
harangua  à  Tours  le  nouveau  roi.  Son 
discours  latin  a  été  inséré  dans  un  recueil 
intitulé  :  Orationes  aliquot  patriciorum 
Venelorum ,  imprimé  à  la  suite  du  petit 


BAR 


60 


BAR 


Traité  du  cardinal  Augustin  Valiero  De 
cautione  adhibendâ  in  edendis  UbriSj, 
Padoue,  Joseph  Comino,  1719,  in-4°.  Paul 
Barbo  mourut  à  Venise,  en  1461 ,  peu  de 
jours  après  l'élection  de  son  frère  à  la 
papauté. 

BARBOSA  (  Arius  ) ,  natif  d'Aveiro  en 
Portugal ,  passa  en  Italie ,  où  Ange  Poli- 
tien  lui  donna  des  leçons  de  grec.  Il  l'en- 
seigna ensuite  vingt  ans  à  Salamanque 
avec  succès.  Le  roi  de  Portugal  le  nomma 
précepteur  des  princes  Alfonse  et  Henri. 
Nous  avons  de  lui  |  des  poésies  latines , 
petit  in-8°;  |  un  Commentaire  surAratorJ 
et  d'autres  ouvrages.  Il  mourut  dans  un 
âge  avancé ,  en  1540 ,  après  avoir  été  un 
des  premiers  restaurateurs  des  lettres  en 
Espagne. 

BARBOSA  (Pierre),  né  dans  le  diocèse 
deBrague  en  Portugal,  premier  professeur 
de  droit  dans  l'université  de  Coïmbre, 
mérita  par  son  intégrité  la  dignité  de  grand 
chancelier  du  royaume.  Il  mourut  vers 
1596,  après  avoir  publié  un  Commentaire 
sur  le  titre  des  digestes  :  Soluto  matrimo- 
nio,  dos  quemadmodum  petatur,  et  autres 
traités  de  droit ,  en  3  vol.  in-fol. 

BARBOSA  (Emmanuel  ) ,  avocat  du  roi 
de  Portugal ,  mort  en  1G38 ,  à  90  ans ,  est 
auteur  du  traité  De  potestate  episcopi  *  et 
de  quelques  autres  livres. 

BABBOSA  (Augustin),  fils  du  précé- 
dent, égala  son  père  dans  la  connaissance 
du  droit  civil  et  canonique.  Philippe  IV 
lui  donna  l'évêché  d'Ugento ,  dans  la 
terre  d'Otrante  ,  en  1648.  Il  mourut  l'an- 
née d'après.  Nous  avons  de  lui  :  |  De  of- 
ficio  episcopi.  On  croit  que  Barbosa  ne  fit 
que  corriger  ce  livre.  On  ajoute ,  que  son 
domestique  lui  apporta  du  poisson  dans 
une  feuille  de  papier  manuscrit;  que  Bar- 
bosa courut  tout  de  suite  au  marché  pour 
acheter  les  cahiers  d'où  on  avait  tiré  cette 
feuille ,  et  que  ce  manuscrit  contenait  le 
livre  De  officio  episcopi;  |  le  Répertoire 
du  droit  civil  et  canonique  ;  \  Remissio- 
ns doctorum  super  varia  loca  concilii 
Tridentinij,  etc.  L'inquisition  de  Rome  a 
trouvé  dans  ces  deux  ouvrages  des  en- 
droits qui  les  ont  fait  mettre  à  l'Index. 
Ses  ouvrages  sont  très  nombreux  ;  ils  ont 
été  souvent  imprimés  en  France ,  en  Ita- 
lie, en  Espagne ,  dans  les  Pays-Bas ,  et  re- 
r.ueillis  à  Lyon,  sous  le  titre  de  Opéra 
omnia  J  1716  et  années  suivantes ,  seize 
tomes  in-folio. 

*  BARBOSA  (  don  Joseph  ) ,  religieux 
portugais  de  l'ordre  des  théatins,  membre 
de  l'académie  royale  de  l'histoire  portu- 


gaise ,  et  historiographe  de  la  maison  de 
Bragance ,  né  à  Lisbonne  l'an  1674  ,  et 
mort  en  1750,  dans  la  même  ville,  laissa 
un  grand  nombre  d'ouvrages ,  parmi  les- 
quels on  distingue  :  |  Histoire  des  reines 
de  Portugal,  Lisbonne,  1727,  un  vol.  in-4°; 
|  Archialhenœum  lusitanum,  Lisbonne, 
1733,  1  vol.  in-4°.  On  imprima  après  sa 
mort  son  Histoire  des  ducs  de  Bragance , 
et  on  allait  la  publier ,  lorsque  l'incendie 
qui  suivit  le  grand  tremblement  de  terre 
du  1er  novembre  1755,  en  consuma  toute 
l'édition.  —  *  BARBOSA  (don  Vincent), 
autre  théatin  portugais,  mort  en  1711, 
est  auteur  d'un  ouvrage  curieux  intitulé  : 
Relation  de  la  nouvelle  mission  de  Bor- 
néo, Lisbonne,  1692,  in-4°. 

*  BARBOSA-MACHADO  (Diego),  éru- 
dit  portugais,  membre  de  l'académie  d'his- 
toire de  Lisbonne  ,  né  dans  cette  ville  en 
1682,  publia  une  édition  des  Mémoires 
du  roi  Sébastien  _,  4  vol.  in-4°,  et  de  la 
Bibliothèque  des  auteurs  portugais,  1741- 
1752,  4  vol.  in-fol. 

*  BARBOT  (Jean),  voyageur  français, 
mort  en  Angleterre  vers  l'an  1720,  est 
connu  par  une  Description  très  complète 
des  côtes  occidentales  d'Afrique  et  des 
contrées  adjacentes ,  qu'il  écrivit  d'abord 
en  français  ,  et  qu'il  traduisit  ensuite  en 
anglais.  On  la  trouve  dans  la  Colleetion 
des  voyages  et  navigations  de  Churchill , 
Londres,  1752,  7  vol.  in-fol. 

BARBOU  (Hugues),  fils  de  JeanBarbou, 
quitta  la  ville  de  Lyon,  où  son  père  était 
imprimeur,  pour  se  retirer  à  Limoges,  où 
l'an  1580 ,  il  imprima ,  en  très  beaux  ca- 
ractères italiques ,  les  Epitres  de  Cicéron 
à  AtticuS;  avec  les  corrections  et  les  notes 
de  Siméon  Dubois ,  lieutenant-général  de 
Limoges.  Cette  édition  est  estimée  de 
l'abbé  d'Olivet.  L'emblème  deBarbou  était 
une  main  tenant  une  plume  et  un  épi 
d'orge  surmonté  d'un  croissant  :  sa  de- 
vise était  :  Meta  laboris  honor.  Ses  des- 
cendans  ont  continué  l'art  de  l'impri- 
merie avec  beaucoup  de  succès  à  Limoges 
el  à  Paris.  Le  dernier  des  Barbou  est  mort 
à  Paris  en  1808,  et  son  fond  a  été  vendu  à 
M.  Aug.  Delalain. 

*  BARBOU  (  le  chevalier  Gabriel  ) , 
lieutenant-général ,  né  à  Abbeville,  le  21 
novembre  1761,  entra  au  service  en  1779, 
et ,  trois  ans  après ,  obtint  par  son  mérite 
le  grade  d'officier.  En  1797,  il  se  trouvait 
déjà  général  de  brigade  dans  l'armée  de 
Sambre-et-Meuse ,  et  il  se  distingua  par- 
ticulièrement à  l'affaire  d'Hettersdorf ,  où 
il  eut  un  cheval  tué  sous  lui.  Sa  campagne 


BAR 

te  plus  glorieuse  fut  celle  de  1799 ,  dans 
la  Nord-Hollande,  sous  le  général  Brune, 
à  la  suite  de  laquelle  il  fut  nommé  général 
de  division.  En  1801 ,  Barbou  fut  envoyé 
en  Franconie  sous  les  ordres  du  maréchal 
Augereau ,  et  plus  tard  il  remplaça  en 
Suisse  le  maréchal  Ney.  Il  commanda  en 
1804  une  division  du  camp  de  Boulogne, 
etl'année  suivante  il  succéda  à Bernadot le 
dans  le  commandement  de  l'armée  du 
Hanovre.  N'ayant  pas  de  forces  suffisantes 
à  opposer  à  l'ennemi ,  il  se  retira  dans 
la  place  de  Hameln,  où  il  se  maintint  jus- 
qu'à la  paix  de  Presbourg.  Alors  il  fut 
nommé  commissaire  auprès  du  gouverne- 
ment hanovrien,  et  en  1810,  il  fut  pourvu 
du  gouvernement  d'Ancône.  La  croix  de 
Saint-Louis  lui  fut  donnée  à  l'époque  de  la 
restauration,  et  peu  de  temps  après,  celle 
de  grand-Officier  de  la  Légion  d'honneur. 
Le  commandement  de  la  15e  division 
(  Bretagne  )  devint  la  récompense  de  ses 
talens  militaires.  Il  est  mort  le  8  décem- 
bre 1827.  Barbou  appartenait  à  la  famille 
de  ce  nom  qui  s'est  acquis  dans  l'art  de 
la  typographie  une  si  juste  célébrité. 

*  BARBOUR  (  Jean  ),  théologien  et 
poète  écossais,  naquit  en  1520,  et  devint 
le  chapelain  de  David  Bruce  qui  l'employa 
dans  plusieurs  ambassades.  Il  a  écrit  en 
vers  la  vie  et  les  actions  de  ce  prince  ;  cet 
ouvrage  a  été  imprimé  à  Glascow  en  1672  ; 
Pinkerton  en  a  fait  une  édition  en  5  vol. 
en  1790.  Barbour  mourut  à  Aberdéen  en 
1378.  Sir  Walter-S'colt  le  cite  souvent  dans 
son  roman  de  V Antiquaire. 

BARCÉE.  Voyez  MAGON. 
BAR€EPIIA.  V.  MOYSE  BARCEPHA. 

*  BARCHAM  ,  ou  BARKHAM  (Jean)  , 
savant  théologien  et  antiquaire  anglais, 
né  à  Exeter,  vers  l'année  1572,  et  mort  en 
1642 ,  à  Bocking ,  dans  le  comté  d'Essex , 
où  il  était* ministre  d'une  paroisse,  a  laissé 
une  riche  collection  de  médailles  et  de 
monnaies,  qui  se  trouve  aujourd'hui  dans 
une  des  salles  de  l'université  d'Oxford.  Il 
a  écrit  les  règnes  des  rois  Jean  et  Henri II, 
dans  |  l'Histoire  de  la  Grande-Bretagne  , 
publiée  par  Jean  Speed  ;  |  Y  Explication  du 
Blason,  imprimée ,  pour  la  première  fois 
à  Londres,  en  1610,  in-fol. ,  sous  le  nom 
de  Jean  Guillim,  J  et  un  Traité  inédit  sur 
les  médailles. 

BARCIIAUSEiV  (Jean-Conrad),  né  à 
Home  dans  le  comté  de  la  Lippe  en  1666, 
s'appliqua  à  la  chimie  et  à  la  pharmacie; 
parcourut  une  partie  de  l'Europe  pour 
étendre  ses  connaissances ,  et  fut  nommé 
çn  1703,  professeur  de  chimie  à  Utrecht, 
2. 


61  BAR 

emploi  qu'il  remplit  avec  distinction,  jus- 
qu'à sa  mort  arrivée  en  1723,  après  avoir 
légué  à  la  bibliothèque  publique  de  cette 
ville  un  choix  de  livres  sur  la  botanique 
et  sur  différentes  parties  de  l'iiistoire  na- 
turelle. Ses  écrits  sont  une  preuve  vivante 
de  ses  connaissances  :  ce  sont  |  Synopsis 
pharmaceutica^trecht,  1696,  in-8°;  |  Ele- 
menta  chymiœ,  Utrecht,  1703,  in-8°;  |  De 
medicinœ  origine  etprogressuATîR,  in-4°; 
|  Collecta  medicinœ  practicœ,  1715. 

*  BARCIA  (André-Gonzalez  de),  de 
l'académie  espagnole,  auditeur  du  conseil 
suprême  de  la  guerre ,  et  un  des  hommes 
les  plus  sa  vans  de  son  temps ,  naquit  à 
Burgos  en  mai  1689.  Il  est  auteur  de  plu- 
sieurs ouvrages  historiques  très  estimés, 
parmi  lesquels  le  plus  remarquable  est  : 
Ensayo  cronologico,  ou  essai  chronologi- 
que pour  l'histoire  générale  de  la  Floride 
depuis  l'an  1512,  quelle  fut  découverte 
par  Jean  Ponce  de  Léon,  jusqu'en  1722 , 
Madrid,  1723,  in-fol.  Barcia  comprend  sous 
le  nom  de  Floride  tout  le  conlinenl  et  les 
îles  adjacentes  de  l'Amérique  septentrio- 
nale depuis  la  rivière  de  Panuco  à  l'orient 
du  Mexique.  L'exactitude  des  faits ,  l'im- 
partialité ,  un  style  élégant  et  correct  sont 
les  qualités  qui  distinguent  cet  ouvrage. 
Barcia  est  mort  à  Madrid  en  1742. 

BARCLAY  (Guillaume)  naquit  à  Aber- 
déen en  Ecosse.  N'ayant  pu  s'avancer  à  la 
cour,  il  vint  en  France,  et  alla  étudier  à 
Bourges  sous  Cujas.  Le  Père  Edmond 
Hay,  jésuite,  le  fit  nommer  professeur  en 
droit  dans  l'université  de  Pont-à-Mousson. 
Le  duc  de  Lorraine  lui  donna  une  charge 
de  conseiller  d'étal  et  de  maître  des  re- 
quêtes ;  mais  ayant  été  desservi  auprès  de 
ce  prince  par  les  jésuites ,  à  ce  que  dit 
Bayle ,  il  repassa  en  Angleterre.  Le  roi 
Jacques  I  lui  fit  des  offres  considérables, 
à  condition  qu'il  embrasserait  la  reli- 
gion anglicane.  Barclay  préféra  revenir 
en  France  l'an  1604.  Il  eut  une  chaire  de 
professeur  de  droit  dans  l'université  d'An- 
gers ,  et  y  mourut  l'année  d'après.  Son 
traité  De  potestate  papœ,  Rome,  1610, 
in-8°  ,  Iraduit  en  français  ,  1688 ,  in-12; 
et  celui  De  regno  et  regali  potestate, 
Paris,  1600,  in-4°,  dédié  à  Henri  IV,  firent 
beaucoup  de  bruit  dans  le  temps. 

BARCLAY  (  Jean  ) ,  fils  de  Guillaume 
et  d'une  demoiselle  de  la  maison  de  Malle- 
ville ,  naquit  à  Pont-à-Mousson  en  1582. 
Les  jésuites,  chez  lesquels  il  fit  ses  études, 
voulurent  l'agréger  à  leur  société;  mais  il 
aima  mieux  suivre  son  père  en  Angle- 
terre. Un  poème  latin,  intitulé  Euphor- 
6 


BAR 


62 


BAR 


mion,  qu'il  publia  sur  le  couronnement 
du  roi  Jacques  I,  le  mit  en  faveur  auprès 
de  ce  prince.  Guillaume  son  père ,  crai- 
gnant que  le  séjour  d'Angleterre  n'ébran- 
lât la  religion  de  son  fils  ,  le  ramena  en 
France.  Le  jeune  Barclay  l'ayant  perdu 
quelque  temps  après  ,  repassa  à  Londres , 
où  Jacques  I  lui  donna  des  emplois  consi- 
dérables. Il  y  fit  imprimer  la  suite  de  son 
Euphormion ,  satire  latine  en  2  livres, 
dans  laquelle  l'auteur  déploie  l'érudition 
et  la  morale.  Les  meilleures  éditions  de 
ce  livre  sont  celles  d'Elzevir,  1627,  in-12, 
et  de  Leyde ,  1674 ,  in-8° ,  cum  notis  va- 
riorum.  Il  a  été  traduit  en  français  par 
l'abbé  Drouet  de  Maupertuis ,  Anvers, 
1711 ,  3  vol.  in-12.  Il  publia  vers  le  même 
temps  le  traité  de  son  père,  De potestale 
papee.  Comme  cet  ouvrage,  ainsi  que 
celui  sur  la  Puissance  des  rois ,  par  le 
même  auteur  ,  attaquait  les  sentimens  de 
plusieurs  théologiens,  Bellarmin  y  ré- 
pondit. Barclay  lui  répliqua,  dans  un  écrit 
intitulé  Pietas,  in-4°.  Jean  Eudemon , 
jésuite,  répondit  pour  Bellarmin,  mais 
avec  peu  de  succès.  Il  accusa  Barclay 
d'hérésie  ;  mais  celui-ci  prouva  qu'il  avait 
toujours  été  bon  catholique,  dans  la  cour 
d'Angleterre  même.  Ennuyé  de  demeurer 
en  Angleterre ,  il  repassa  en  France ,  et 
de  là  il  alla  à  Borne ,  sous  le  pontificat  de 
Paul  V.  Ily  mourut  dans  l'aisance  en  1621, 
la  même  année  que  son  adversaire  Bellar- 
min. Barclay  était  d'une  mélancolie  qui 
le  rendait  singulier  :  passant  tout  le  matin 
dans  son  cabinet ,  sans  voir  personne ,  et 
le  soir  cultivant  son  jardin.  On  a  de  lui, 
outre  les  ouvrages  dont  nous  venons  de 
parler ,  |  Parœnesis  ad  Sectarios  _,  Borne, 
1617:  Barclay,  qui  n'était  pas  théologien, 
n'y  réussit  pas  trop  bien;  |  Argenis , 
Leyde,  1630,  in-12,  et  cum  nolisvariorum, 
1664  et  1669 ,  2  vol.  in-8°  :  roman  mêlé  de 
prose  et  de  vers  ,  traduit  par  l'abbé  Josse, 
chanoine  de  Chartres ,  1752 ,  5  vol.  in-12, 
et  beaucoup  mieux  par  M.  Savin ,  Paris , 
1776 ,  2  vol.  in-8°.  Cet  ouvrage  offre  de 
l'étendue  dans  le  plan ,  de  la  noblesse  et 
de  la  variété  dans  les  caractères ,  de  la 
vivacité  dans  les  images  ;  il  est  plus  digne 
d'être  lu  que  son  Euphormion.  Le  style 
lient  de  celui  de  Pétrone,  de  Lucain  et 
d'Apulée.  C'est  un  tableau  des  vices  et 
des  révolutions  des  cours.  La  générosité 
franche ,  héroïque  et  sans  détours ,  y  est 
en  contraste  avec  la  fourberie  habile  et 
la  marche  artificieuse.  |  Trois  livres  de 
poésies ,  in-4° ,  inférieures  à  sa  prose  ;  on 
y  trouve  de  l'enflure  et  duphébus.  |  Icon 


animorum,  Londres ,  1612 ,  in-8°,  ouvrage 
qui  réussit ,  quoiqu'U  n'y  ait  pas  assez  do 
profondeur. 

B  VUCL  \Y  (  Robert  ),  né  à  Edimbourg 
en  1648,  d'une  famille  illustre,  fut  élevé 
à  Paris ,  sous  les  yeux  d'un  de  ses  oncles, 
président  du  collège  écossais  de  celte  ville. 
Il  retourna  en  Ecosse  avec  son  père ,  qu'il 
perdit  peu  de  temps  après ,  en  1664.  Les 
quakers  avaient  répandu  leurs  erreurs 
dans  ce  royaume  (  voyez  FOX,  Georges): 
Barclay  se  laissa  séduire  par  ces  fanati- 
ques, et  publia  plusieurs  ouvrages  pour 
leur  défense.  Non  content  de  les  servir 
par  ses  écrits ,  il  passa  en  Hollande  et  en 
Allemagne ,  pour  y  faire  des  prosélytes. 
Après  avoir  essuyé  bien  des  fatigues ,  il 
revint  l'an  1690  mourir  en  Ecosse,  dans 
sa  42e  année.  Les  historiens  de  sa  secte 
le  peignent  comme  un  homme  de  bien  , 
supportant  le  travail  et  la  peine  avec  plai- 
sir ,  d'une  humeur  gaie  et  d'un  caractère 
constant.  Ce  qu'il  y  a  de  certain ,  c'est 
que  ses  mœurs  étaient  régulières,  et  qu'il 
joignait  à  beaucoup  d'érudition,  un  esprit 
méthodique ,  des  vues  sages ,  et  autant  de 
modération  que  peut  en  avoir  un  enthou- 
siaste. On  a  de  lui  plusieurs  ouvrages , 
dans  lesquels  il  réduit  le  quakérisme  en 
système.  Les  principaux  sont  :  |  Cote-' 
chisme  ou  Confession  de  foi  dressée  et 
approuvée  dans  l'assemblée  générale  des 
patriarches  et  des  apôtres,  sous  la  puis- 
sance de  Jésus-Christ  lui-même.  Il  serait 
trop  long  d'analyser  les  principaux  dogmes 
exposés  dans  ce  livre.  Nous  nous  borne- 
rons aux  points  les  pluj  importans  de  la 
morale  des  quakers.  Il  n'est  pas  permis  , 
suivant  eux,  à  un  chrétien  1°  de  donner 
aux  hommes  des  titres  flatteurs ,  comme 
votre  Sainteté,  votre  Eminence ,  votre 
Excellence  *  votre  -Grandeur,  votre  Sei- 
gneurie _,  etc.;  ni  de  se  servir  de  ces  dis- 
cours flatteurs,  appelés  communémenl 
complimens  :  2°  de  se  mettre  à  genoux,  ou 
de  se  prosterner  eux-mêmes  devant  au- 
cun homme,  ou  de  courber  le  corps,  ou 
de  découvrir  la  tête  devant  eux  :  5°d'user 
de  superfluités  dans  ses  vêtemens,  comme 
de  gance  au  chapeau  et  de  boulons  aux 
manebes  :  4°  de  se  servir  de  jeux,  de  passe- 
temps,  de  divertissemens,  ou  de  comédie» 
sous  prétexte  d'amusemens  nécessaires  : 
5°  de  jurer,  non-seulement  dans  les  dis- 
cours ordinaires,  mais  même  en  juge- 
ment devant  le  magistrat  :  6°  de  résister  au 
mal,  ou  de  faire  la  guerre,  ou  de  com- 
battre dans  aucun  cas.  |  Theologiœ  verœ 
christianœ  opologia,  Amsterdam .,  1676, 


BAR 


63 


BAR 


in-4°.  Basnage  de  Beauval  et  le  P.  Niceron 
disent  qu'avant  Gérard  Croese ,  personne 
n'a  donné  un  détail  des  dogmes  des  qua- 
kers. Ils  se  trompent,  puisque  cet  ouvrage 
singulier,  fait  par  un  membre  de  cette 
secte  ,  les  fait  connaître  parfaitement.  Il 
a  été  traduit  en  plusieurs  langues,  et  par- 
ticulièrement en  français  ,  Londres ,  1702, 
In-8°.  L'épitre  dédicatoire  à  Charles  II 
contient,  non  des  complimens  merce- 
naires et  de  basses  adulations ,  mais  des 
vérités  hardies  et  des  conseils  justes.  «  Tu 
»  as  goûté  (  dit-il  à  Charles ,  à  la  fin  de 
»  cette  épitre)  de  la  douceur  et  de  l'amer- 
»tume,  de  la  prospérité  et  des  plus  grands 
»  malheurs.  Tu  as  été  chassé  du  pays  où 
»  tu  règnes  ;  tu  as  senti  le  poids  de  l'op- 
»  pression  ,  et  tu  dois  savoir  combien 
»  l'oppresseur  est  détestable  devant  Dieu 
»  et  devant  les  hommes.  Que  si,  après 
»  tant  d'épreuves  et  de  bénédictions,  ton 
»  cœur  s'endurcissait ,  et  oubliait  le  Dieu 
»  qui  s'est  souvenu  de  toi  dans  tes  dis- 
»  grâces ,  ton  crime  en  serait  plus  grand 
»  et  ta  condamnation  plus  terrible.  Au 
»  lieu  donc  d'écouler  les  flatteurs  de  ta 
»  cour ,  écoute  la  voix  de  ta  conscience , 
»  qui  ne  te  flattera  jamais.  Je  suis  ton 
»  fidèle  ami  et  sujet.  »  |  Epistola  ad  legatos 
Noviomagi  congressos  .,  1678 ,  in-4°. 

*  BARCLAY-DE-TOLLY,  feld-maréchal 
des  armées  russes ,  ministre  de  la  guerre, 
était  fils  d'un  pasteur  de  Livonie,  et  ne 
dut  son  élévation  qu'à  son  mérite.  Il  em- 
brassa dès  l'âge  de  14  ans  la  carrière  mi- 
litaire, se  distingua,  en  1807,  au  combat 
de  Gurka,  et  acquit  aux  affaires  de  Pul- 
tusk  et  de  Prussick-Eylau  une  réputation 
qu'il  soutint  glorieusement  dans  la  cam- 
pagne de  Finlande ,  en  1808 ,  où  ses  bril- 
lantes actions  et  les  ta'.ens  dont  il  fit  preuve 
lui  valurent  le  grade  de  général  d'infan- 
terie en  1809,  et  le  ministère  de  la  guerre 
en  1810.  L'année  suivante,  il  fut  décoré  de 
la  croix  de  Saint-Wladimir  de  première 
classe.  Au  commencement  de  1815,  le  gé- 
néral Barclay-de-Tolly  fut  chargé  du  com- 
mandement en  chef  dos  armées  combinées 
de  la  Russie  et  de  la  Prusse,  et  par  la  vic- 
toire de  Leipsick  décida  du  sort  de  la  cam- 
pagne. L'empereur  Alexandre  lui  conféra 
alorsle  titre  de  comte.Ce  général  fui  ensuite- 
chargé  de  diriger  les  opérations  de  l'ar- 
mée russe  pendant  l'invasion  en  France. 
Il  fit  une  proclamation  à  son  armée ,  par 
laquelle  il  lui  recommandait  la  discipline 
la  plus  sévère,  en  menaçant  de  punition 
ceux  qui  s'en  écarteraient.  Après  les  af- 
faires de  Châlons,  de  Langres,  de  Brienne, 


de  Sésanne ,  le  comte  Barclay-de-Tolly 
fit  son  entrée  à  Paris  le  51  mars  1814 ,  et 
fut  créé  par  son  souverain  feld-maréchal. 
En  1815,  à  la  nouvelle  du  débarquement 
de  Napoléon ,  ce  général  qui  avait  établi 
son  quartier  général  à  Varsovie  ,  dirigea 
ses  troupes  vers  le  Rhin.  Il  entra  en  France 
après  la  journée  de  Waterloo,  avec  une 
partie  de  son  armée ,  et  reçut  de  l'empe- 
reur de  Russie  le  titre  de  prince.  Barclay- 
de-Tolly  vint  à  Paris  ,  et  Louis  XVIII  le 
décora  de  la  croix  de  commandeur  de 
l'ordre  de  Saint-Louis.  La  modération  du 
feld-maréchal  durant  les  deux  invasions 
est  digne  d'éloge.  Il  mourut  le  25  mai  1818 
à  Interbourg  ,  en  se  rendant  aux  eaux  de 
Carlsbad  en  Bohème. 

*  BARCO  CEINTENERA  (Martin  del), 
poète  espagnol,  naquit  à  Badajoz,  en  1555. 
Il  fut  pendant  quelques  années  profes- 
seur de  belles  lettres  à  l'université  de  Sala- 
manque.  Une  dispute  assez  violente  inter- 
venue entre  lui  et  un  autre  professeur  le 
détermina  à  s'expatrier.  Il  passa  en  Amé- 
rique, et  après  avoir  visité  le  Pérou,  il 
s'arrêta  au  Paraguay ,  où  il  composa  un 
ouvrage  en  vers,  intitulé  :  Argenlina  ou 
Histoire  de  la  rivière  de  la  Plata  _,  de- 
puis sa  découverte  jusqu'en  1581.  Dans 
cette  composition ,  qu'on  ne  saurait  ap- 
peler un  poème ,  l'auteur  se  livre  à  son 
imagination,  et  entasse  des  fables  aussi 
peu  amusantes  qu'étrangères  au  sujet. 
On  y  remarque  cependant  de  belles  des- 
criptions ,  des  inspirations  heureuses,  et 
plusieurs  faits  essentiels  omis  par  les  his- 
toriens de  l'Amérique.  V Argenlina  fut 
imprimé  à  Lisbonne ,  en  1002  ,  et  inséré 
ensuite  dans  le  lom.  5  du  Recueil  de 
Barco ,  Madrid,  1749.  Barco  Centenera 
avait  embrassé  l'état  ecclésiastique  ;  il 
mourut  à  Badajoz, ,  en  1096.  —  BARCO 
(Alexis),  peintre  espagnol,  né  vers  1610, 
eut  beaucoup  de  talent  pour  peindre  les 
paysages;  plusieurs  de  ses  tableaux  se 
trouvent  dans  les  palais  du  roi  d'Espagne 
et  dans  ceux  de  différens  seigneurs  de 
Madrid.  Il  mourut  fort  pauvre ,  en  1665. 

BAÏICOCIIEBAS  (c'est-à-dire,  fils  de 
l'Etoile  )  ,  brigand  fanatique ,  se  disait 
l'étoile  prédite  par  Balaam,  application 
que  le  docteur  Akiba  ne  fit  point  difficulté 
de  ratifier  (  Voyez  AKIBA  ).  Les  Juifs  , 
toujours  prêts  à  cabaler ,  et  qui,  selon  la 
parole  de  J.-C,  devaient  être  les  dupes  de 
plusieurs  faux  messies  (  Voyez  ANDRÉ  ), 
le  crurent  la  lumière  céleste,  le  vrai  Mes- 
sie, et  se  soulevèrent ,  dans  l'espérance 
que  ce  scélérat  serait  leur  libérateur.  Le 


BAR  64 

nouveau  prophète  prit  plusieurs  forte- 
resses, et  massacra  beaucoup  de  Romains 
et  de  chrétiens.  L'empereur  Adrien  en- 
voya, contre  ces  furieux,  Julius  Sévérus 
gouverneur  de  la  Grande-Bretagne.  Ce 
général  les  ayant  resserrés  dans  la  ville 
de  Bitter ,  s'en  rendit  maître ,  après  5  ans 
de  siège.  Celte  guerre  finit  par  la  mort  de 
Barcochebas  et  de  ses  sectateurs,  et  par  le 
massacre  de  580  mille  Juifs ,  sans  comp- 
ter ceux  qui  périrent  de  faim  ou  de  ma- 
ladie, l'an  134  de  J.-C.  Bossue  t  dans  son 
Explication  de  V  Apocalypse ,  prouve  , 
par  les  rapprochemens  les  plus  satisfai- 
sans  et  un  groupe  de  traits  historiques 
saisis  avec  justesse,  que  Barcochebas  est 
V Etoile  dont  il  est  parlé  clans  le  chap.  8  de 
cette  sublime  prophétie  de  saint  Jean, 
et  qui  attira  l'entière  ruine  des  Juifs. 
«  Celte  étoile .,  dit-il,  est  le  faux  messie 
»  Barcochebas,  la  seule  cause  du  malheur 
»  que  saint  Jean  vient  do  décrire.  Le 
y  nom  y  convient ,  puisque  le  mot  de 
»  Cochebas  signifie  Etoile;  mais  la  chose 
»  y  convient  encore  mieux ,  comme  il  pa- 
»  raît  par  l'histoire.  Barcochebas  se  van- 
»  tait  d'être  un  astre  descendu  du  ciel  pour 
»  le  secours  de  sa  nation.  » 

BARCOS  (Martin  de) ,  né  à  Bayonne, 
était  neveu  par  sa  mère  du  fameux  abbé 
de  Sainl-Cyran,  qui  lui  donna  pour  maître 
Janiénius,  évêque  d'Ypres,  alors  profes- 
seur de  théologie  à  Louvain.  Il  le  lira 
ensuite  de  cette  université,  pour  lui  con- 
fier l'éducation  du  fils  d'Arnauld  d'An- 
dilly.  Le  secrétaire  de  l'abbé  de  Saint- 
Cyran  étant  mort,  son  neveu  alla  prendre 
sa  place  auprèsdeson  oncle. Après  sa  mort, 
la  reine-mère  donna  en  1644  son  abbaye 
de  Sainl-Cyran  à  Barcos,  qui  la  rétablit 
et  la  réforma.  Le  roi,  informé  que  le  nou- 
vel abbé  dogmatisait,  lui  envoya  un  ordre 
qui  l'exilait  à  Boulogne.  L'abbé  de  Barcos 
aima  mieux  se  cacher,  que  de  se  rendre  à 
l'endroit  de  son  exil.  Il  revint  ensuite  dans 
son  abbaye,  et  y  mourut  en  1678,  âgé  de 
78  ans.  Ses  liaisons  avec  Saint-Cyran  et 
avec  le  docteur  Antoine  Arnauld,  lui  firent 
jouer  un  rôle  dans  les  disputes  du  jansé- 
nisme. Il  enfanta  plusieurs  ouvrages,  qui 
ne  lui  ont  guères  survécu.  Les  principaux 
sont  :  |  la  Grandeur  de  l'église  romaine,, 
établie  sur  l'autorité  de  saint  Pierre  et  de 
saint  Paul,  in-4°  ;  |  Traité  de  l'autorité 
de  saint  Pierre  et  de  saint  Paul ,  qui  ré- 
side dans  le  pape,  successeur  de  ces  deux 
apôtres,  1645 ,  in-4°  ;  |  E clair cissemens  de 
quelques  objections  que  l'on  a  formées 
contre  la  grandeur  de  l'Eglise  romaine , 


BAR 

1646 ,  in-4°.  Ces  5  gros  vol.  furent  com- 
posés par  l'abbé  de  Barcos,  pour  défendre 
cette  proposition ,  insérée  par  lui  dans  la 
préface  de  la  Fréquente  communion,  et 
censurée  par  la  Sorbonne  :  saint  Pierre 
et  saint  Paul  sont  deux  chefs  de  l'église 
romaine, qui  n'en  font  qu'un;  proposition 
qui ,  prise  même  grammaticalement,  est 
d'une  lausseté  évidente; où  trouvera-t-on 
que  deux  chefs  n'en  font  qu'un?  et  qui 
tend  d'ailleurs  à  détruire  la  primauté  de 
saint  Pierre  ,  le  grand  fondement  de  l'u- 
nion catholique  ,  contre  lequel  toutes  les 
sectes  viennent  échouer.  L'abbé  de  Barcos 
avait  assez  de  courage  pour  se  soumetli  e 
aux  règles  de  la  plus  austère  pénitence , 
niais  non  assez  de  docilité  pour  rétracter 
une  erreur.  |  Une  Censure  du  Prœdesli- 
nalianismus  du  P.  Sirmond;  |  De  la  Foi, 
de  l'Espérance  et  de  la  Charité,  2  vol. 
in-12;  |  Exposition  de  la  foi  de  l'église 
romaine  touchant  la  grâce  et  la  prédes^- 
tination,  in-8°  ou  in-12.  Il  avait  travaillé 
au  Petrus  Aurelius  avec  son  oncle.  Voyez 
SAINT-CYRAN. 

BARDAIVES,  surnommé  le  Turc,  gé- 
néral des  troupes  d'Irène  ,  voulant  mon.- 
ter  sur  le  trône  ,  se  fit  proclamer  empe- 
reur par  l'armée  qu'il  commandait.  Ni- 
céphore  ,  intendant  des  finances ,  s'étant 
fait  couronner  en  même  temps ,  et  la  ville 
de  Constant inople  refusant  d'entrer  dans 
la  révolte  de  Bardanes  ,  il  écrivit  à  son 
concurrent,  qu'il  mettait  bas  les  armes, 
et  qu'il  allait  se  faire  moine.  Il  obtint  so» 
pardon  ;  mais  quelque  temps  après ,  en 
803,  Nicéphore  lui  fit  crever  les  yeux. 

BARDAS  ,  frère  de  l'impératrice  Théo^ 
dora ,  rétablit  les  sciences  dans  l'empire, 
où  elles  étaient  comme  anéanties ,  depuis 
que  le  barbare  Léon  Tlsaurien  avait  fait 
brûler  la  bibliothèque  de  Constantinople. 
Bardas ,  nommé  César ,  et  voulant  acqué- 
rir plus  d'autorité,  massacra,  en  856, 
Théoctiste ,  général  des  troupes  de  l'em- 
pereur  Michel,  et  fut  mis  à  sa  place.  Il 
fit  ensuite  cloîtrer  l'impératrice  sa  sœur, 
répudia  sa  femme,  pour  vivre  avec  sa 
belle-fille ,  et  fil  chasser  saint  Ignace  du 
siège  patriarchal ,  qu'il  donna  à  l'eunuque 
Photius,  son  neveu,  en  858.  Il  eut  plu- 
sieurs démêlés  avec  Basile  le  Macédonien, 
depuis  empereur.  Photius  engagea  Basile 
et  l'empereur  Michel  à  se  réconcilier 
avec  Bardas,  et  leur  fil  sceller  par  le  sang 
de  Jésus-Christ  la  promesse  de  ne  pas  lui 
nuire.  Mais  Basile  ayant  conçu  des  soup- 
çons contre  les  desseins  de  Bardas ,  l'as- 
sassina en  866. 


BAR  6 

*  BARDAS  SCLERUS,  général  d'armée 
6ous  l'empereur  Jean  Zimiscès,  se  ré- 
volta après  la  mort  de  ce  prince  contre 
Basile  II  et  Constantin-le-Jeune  ,  et  se  fit 
proclamer  empereur  en  975.  Vaincu  par 
Bardas  Phocas ,  il  se  joignit  ensuite  à  ce 
dernier  qui  avait  pris  la  pourpre ,  et  par- 
tagea l'empire  avec  lui  ;  mais ,  à  sa  mort 
il  alla  se  soumettre  à  Basile  ,  qui  lui  con- 
serva sa  charge  de  grand-maitre  du  pa- 
lais. 

*  BARDE  (Jean  de  la),  marquis  de 
Marolles-  sur  -Seine,  diplomate  et  écri- 
vain mort  à  Paris  en  1692,  successive- 
ment premier  commis  des  affaires  étran- 
gères ,  ambassadeur  en  Suisse  ,  et  député 
au  congrès  d'Osnabruck  par  le  cardinal 
Mazarin,  écrivit  en  latin  Y  Histoire  de 
son  temps  de  1643  à  1655 ,  imprimée  à 
Paris  en  1671,  in-4°.  Son  frère  Denis  de 
la  BARDE,  évêque  de  Saint-Brieuc ,  fut 
secrétaire  de  l'assemblée  du  clergé  de 
France ,  et  prononça ,  en  1645 ,  l'oraison 
funèbre  de  d'Henri  d'Escoubleau ,  arche- 
vêque de  Bordeaux. 

BARDESANES,  hérétique  du  2e  siècle, 
sectateur  de  Valentin ,  se  dégoûta  ensuite 
d'une  partie  des  erreurs  de  son  maître , 
et  écrivit  même  pour  les  réfuter  ;  mais  il 
en  garda  toujours  quelques-unes.  Il  niait 
la  résurrection  des  morts ,  et  avait  ré- 
pandu ses  erreurs  à  Edesse,  par  le  moyen 
de  certains  vers  que  le  peuple  avait  appris 
à  chanter.  Saint-Ephrem ,  pour  remédier 
au  mal ,  fit  apprendre  aux  habitans  de  la 
ville  et  de  la  campagne  d'autres  vers  qu'il 
avait  composés ,  et  qui  contenaient  la 
doctrine  catholique.  Si  l'on  en  croit  saint 
Augustin,  Bardesanes  défendait  le  fata- 
lisme; mais  il  paraît  par  Eusèbe  qu'au 
contraire  il  combattait  cette  erreur  :  peut- 
être  la  défendit-il  d'abord  et  la  réfuta-t-il 
ensuite.  Ses  disciples  portèrent  le  nom  de 
Bardés  iai  listes. 

BARDET  (  Pierre  ) ,  né  à  Montaguet 
en  Bourbonnais,  l'an  1591,  mourut  à  Mou- 
lins en  1685  ,  à  94  ans  ,  avec  la  réputation 
d'un  bon  avocat.  On  a  de  lui  un  Recueil 
d'arrêts,  en  deux  vol.  in-fol.  Paris  ,  1690, 
et  Avignon,  1775,  publiés  par  Berroyer 
son  compatriote,  qui  l'accompagna  de 
notes  et  de   dissertations. 

*  BARDI  (  Jérôme),  prêtre  et  médecin 
italien,  au  17e  siècle,  était  de  Rapallo, 
mais  d'origine  génoise.  Il  entra,  en  1619, 
dans  la  compagnie  de  Jésus,  d'où  sa  mau- 
vaise santé  l'obligea  de  sortir  cinq  ans 
après.  Il  alla  ensuite  à  Gènes ,  où  il  reprit 
ses  éludes ,  et  fut  reçu  docteur  en  théo- 


5  BAR 

logie  et  en  médecine.  La  chaire  de  philo- 
sophie de  l'université  de  Pise,  où  l'on 
expliquait  Aristote  et  Platon ,  étant  de- 
venue vacante ,  l'archevêque  de  Pise  , 
Julien  de  Médicis  ,  la  fit  donner  à  Bardi, 
qui  y  professa  avec  beaucoup  d'éclat.  11 
continuait  cependant  d'étudier  l'anato- 
mie,  la  médecine,  et  trouvait  encore  des 
momens  à  donner  à  la  poésie.  Après  la 
mort  de  son  père ,  il  se  rendit  à  Rome , 
où  il  resta  depuis  1651  jusqu'en  16G7;  et . 
quoique  prêtre ,  il  obtint  du  pape  Alexan- 
dre VII,  la  permission  d'exercer  la  mé- 
decine. Les  principaux  ouvrages  qu'on 
a  de  lui ,  sont  :  j  Prolusio  philosophioa 
habita  in  Pisarum  celeberrimo  Athe- 
nœo  ,  XI  mensis  novemb.  1635,  etc  Pise, 
1634,  in-4°.  C'est  le  discours  d'ouverture 
de  ses  cours  de  philosophie  dans  cette 
université.  |  Medicus  politicocatholicus, 
etc. ,  Gênes ,  1645 ,  in-8°.  ;  |  Theatrum 
nalurœ  iatrochymicœ  rationalis ,  etc  , 
Rome ,  1654 ,  in-4°  ;  |  Xaverius  Peregri- 
nus,pedepari  et  impari  de scriptus,  Rome 
1659 ,  in-4°.  Ce  poème  valut  à  l'auteur,  de 
la  part  d'Alexandre  VII,  une  pension  de 
cinquante  écus  romains.  Parmi  les  ou- 
vrages de  Jérôme  Bardi ,  qui  n'ont  point 
été  imprimés ,  on  en  remarque  un  ,  dont 
le  titre  singulier  fait  croire  qu'il  cultivait 
aussi  la  musique  ;  ce  titre  est  :  Musica 
medica ,  magica,  moralis,  consona,  dis- 
sona,  curativa,  catholica,  rationalis. 

BARDIN  (Pierre),  né  àRouen,  en  1590, 
membre  de  l'académie  française,  se  noya 
en  1637,  en  voulant  sauver  M.  d'Humières, 
dont  il  avait  été  gouverneur.  Chapelain, 
dans  une  épitaphe  faite  par  ordre  de  l'a- 
cadémie, dit  que  les  vertus  se  noyèrent 
avec  lui.  Bardin  laissa  quelques  ouvrages, 
écrits  d'un  style  lâche  et  incorrect.  Les 
principaux  sont  :  |  le  grand  Chambellan 
de  Fiance*  1625,  in-fol.  ;  |  Pensées  mora- 
les sur  V Ecclésiasle *  1629,  in-S°;  |  le  Ly- 
cée,ou  De  l'honnête  homme,  2  vol.  in-8°. 

BARDON  (  François  DANDRE),  pein- 
tre célèbre ,  né  à  Aix  en  Provence ,  en 
1700,  et  mort  à  Paris  en  1785.  Destiné  à 
fréquenter  le  barreau  ,  il  fut  envoyé  par 
ses  parens  à  Paris  pour  étudier  le  droit 
et  s'y  faire  recevoir  avocat.  La  peste  qui 
désolait  alors  sa  patrie  l'y  retint  plus 
long-temps  qu'il  ne  l'avait  prévu,  de  sorte 
qu'il  se  trouva  sans  occupation.  Doué 
d'un  génie  bouillant  et  plein  de  feu  ,  il  se 
sentit  du  goût  pour  le  dessin.  J.  B.  Van- 
loo ,  son  compatriote ,  lui  en  donna  les 
premières  leçons  ;  il  entra  ensuite  chez 
de  Troy,  le  fils  ,  et  y  apprit  à  peindra. 
6.- 


BAR 


CC 


BAR 


l'habitude  qu'il  contracta  de  jeter  sur  le 
papier  tout  ce  que  son  imagination  lui 
suggérait ,  le  rendit  bientôt  compositeur 
aussi  fécond  que  facile.  Après  avoir 
donné  en  Provence  des  preuves  éclatan- 
tes de  ses  talens ,  il  vint  à  Paris ,  et  ne 
tarda  pas  à  y  être  avantageusement  connu. 
La  mort  de  Lépicier  ayant  fait  vaquer  la 
place  de  professeur  d'histoire  dans  l'école 
des  élèves,  Bardon  l'obtint  aisément.  Dès 
ce  moment  il  se  consacra  tout  entier  à 
l'instruction  de  ses  élèves  ;  il  abandonna 
le  pinceau  et  ne  quitta  plus  la  plume.  Ce 
qu'il  crut  leur  être  plus  utile  fut  un  cours 
complet  des  usages  et  coutumes  des  diffé- 
rens  peuples ,  dont  la  connaissance  est  si 
nécessaire  à  ceux  qui  cultivent  les  beaux 
arts.  Il  voulut  aussi  leur  apprendre  à  trai- 
ter convenablement  chaque  trait  d'his- 
toire ,  et  l'ouvrage  qu'il  se  proposait  de 
faire  à  ce  sujet  devait  avoir  nombre  de 
volumes.  Il  n'en  a  publié  que  trois ,  sous 
ce  titre  :  Histoire  universelle  traitée  rela- 
tivement aux  arts  de  peindre  et  de  scul- 
pter, 1769 ,  2  vol.  in-12.  Il  avait  donné 
auparavant  un  Traité  de  peinture.,  suivi 
d'un  Essai  sur  la  sculpture ,  pour  servir 
d'introduction  à  une  Histoire  universelle 
relative  à  ces  arts.  Ces  deux  ouvrages  au- 
raient eu  plus  de  succès ,  si  l'auteur  eût 
été  moins  prolixe,  moins  amoureux  de 
ses  propres  idées,  si  son  style  eût  été  plus 
naturel  et  mieux  préservé  de  la  corrup- 
tion générale,  qui  dans  ce  siècle  de  sub- 
version ne  fait  pas  plus  de  quartier  au 
langage  qu'aux  choses.  En  1770,  après  une 
attaque  d'apoplexie,  suivie  d'une  paraly- 
sie, il  ne  fit  que  végéter.  On  voit  plusieurs 
de  ses  tableaux  aux  Capucins  du  Marais, 
aux  Missions  étrangères  et  aux  Filles  de 
Saint-Thomas-de-Villeneuve.  Le  plus  re- 
marquable est  celui  d' Auguste  qui  fait 
précipiter  dans  le  Tibre  les  personnes  ac- 
cusées depéculat. 

*  BARDOSSY  (  Jean  de  ),  mort  le  18 
mars  1819  ,  âgé  de  81  ans ,  à  Pesth,  ou  il 
passa  dans  la  retraite  les  dernières  an- 
nées de  sa  vie,  est  avantageusement 
connu  dans  la  littérature  hongroise  ,  par 
1  a  continuation  des  Analecla  Scepusii  de 
Charles  Wagner,  et  par  plusieurs  autres 
écrits  sur  l'histoire  de  Hongrie.  Ses  di- 
vers ouvrages  sont  :  |  Animadversiones 
hislorico-critico-diplomaticœ  in  opus  de 
insurrectione  nobilium,  auclore  Josepho 
Kereszturio,  Vindobonas,  1790,  vulgatum, 
cum  recensione  apocrisium  de  Banderiis 
Hungaricis ,  Viennae,  anonymo  auctore  , 
i78o,  editarum,  conscriptae  Budae,  1792» 


vol.  de"  229  pag.  in-8°;  |  Observationes  in 
Gregorii  Berzeviczii  libellum  de  com- 
mercio  ci  industriâ  Hungariœ,  Leulscho- 
vice,  1797,  vol.  de  78  pag.  in-8°.  Mais  son 
principal  ouvrage  est  :  |  Moldavensis  vel 
Szepsiensis  decimee  indagatio  est  proxi- 
ma  terrœ  Scepusiensis  et  huic  innexarum 
saero-profanarum  jwisdictionum  evolu- 
tio ,  Posonii,  1803;  vol.  de  192  p.  in-4°. 

BARDOU  (  J.  ),  curé,  né  à  Poret,  près 
de  Sedan,  en  1729,  mort  à  Rilly-aux-Oyes, 
en  1813,  a  publié  :  |  Y  Esprit  des  apologis- 
tes de  la  religion  chrétienne,  Bouillon, 
1776,  3  vol.  in-12;  |  Histoire  de  Laurent 
Marcel,  ou  l'Observateur  sans  préjugés, 
Lille,  1770-81 ,  h  vol.  in-12  ;  |  Amusement 
d'un  philosophe  solitaire,  Bouillon,  1785, 
3  vol.  in-8°. 

*  BARDOU  DUIIAMEL,  jésuite,  et  de- 
puis leur  suppression,  avocat  à  Metz.  On 
ignore  l'époque  de  sa  mort.  Il  a  publié  un 
Traité  de  la  manière  de  lire  les  auteurs 
avec  utilité,  Paris,  1747  et  1751 ,  5  vol. 
in-12. 

*  BARDYLIS,  charbonnier,  puis  chef  de 
voleurs,  devint  roi  de  l'IUyrie.  Il  délit  Per- 
diccas,  roi  de  Macédoine,  qui  fut  tué  dans 
le  combat,  et  s'empara  d'une  partie  de  ses 
états;  mais  il  fut  bientôt  lui-même  vaincu 
par  Philippe,  frère  et  successeur  de  Per- 
diccas ,  qui  lui  reprit  toutes  ses  conquê- 
tes, l'an  559  avant  J.-C.  Peu  d'années 
après ,  Bardylis  se  souleva  de  nouveau  , 
de  concert  avec  le  roi  des  Thraces  et 
celui  des  Paeoniens;  Philippe  les  ayant 
prévenus  ,  les  défit  et  les  rendit  tributai- 
res de  la  Macédoine.  Bardylis,  quoiqu'âgé 
de  quatre-vingt-dix  ans ,  combattit  à  che- 
val avec  beaucoup  de  valeur;  il  ne  fut  ce- 
pendant pas  tué ,  comme  le  dit  Olivier, 
dans  son  Histoire  de  Philippe;  mais  il  est 
probable  qu'il  ne  poussa  pas  sa  carrière 
bien  loin.  Clitus  son  fils  se  révolta  contre 
Alexandre,  qui  venait  de  monter  sur  le 
trône;  ce  prince  le  défit,  le  dépouilla  de 
ses  états ,  et  le  força  de  se  réfugier  chez 
Glaucias ,  roi  des  Taulantiens.  Il  rentra 
sans  doute  dans  son  royaume  après  le 
départ  d'Alexandre  pour  l'Asie  ;  car  on 
trouve  au  nombre  des  femmes  de  Pyr- 
rhus ,  une  Bircenna,  fille  de  Bardylis,  roi 
des  Illyriens  ,  qui  devait  être  petit-fils  de 
celui-ci. 

*  BARDZUVSKI  (  Jeax-Alanus  )  ,  re- 
ligieux polonais  de  l'ordre  des  domini- 
cains ,  vécut  dans  le  17e  siècle.  Il  a  tra- 
duit en  vers  polonais  la  Pharsale  de  Lu- 
cain,  Oliva,  1691;  les  tragédies  de  Sénèque, 

l  Thorn,  1696.  On  a  aussi  de  lui  une  traduc- 


BAR  67 

tion,  partie  en  prose  ,  partie  en  vers,  de 
la  Consolation  philosophique  de  Boè'ce, 
Thorn,  1694.  Les  Polonais  s'occupèrent, 
dès  le  16e  siècle,  à  traduire  dans  leur 
langue  les  auteurs  grecs  et  latins.  Pen- 
dant le  17e  et  le  18e,  cette  branche  de 
leur  littérature  s'est  encore  enrichie  da- 
vantage, et  s'est  étendue  aux  écrivains  de 
la  France  et  de  l'Italie.  Virgile,  Ovide, 
Pétrarque,  le  Tasse,  Racine,  Fénélon, 
Voltaire  ont  été  traduits  par  des  littéra- 
teurs d'un  talent  distingué ,  et  que  nous 
aurons  occasion  de  faire  connaître  dans 
la  suite  de  ce  Dictionnaire. 

♦BARENT  ou  BARENTSEN  (Thierry), 
peintre  ,  né  à  Amsterdam  en  1534 ,  mort 
dans  cette  ville  en  1592 ,  traita  les  sujets 
d'histoire  avec  succès.  Sa  Judith  est  re- 
gardée comme  son  chef-d'œuvre  ;  il  s'a- 
donna particulièrement  au  portrait,  qu'il 
composait  dans  le  goût  du  Titien,  sous  le- 
quel il  avait  étudié  plusieurs  années  et 
dont  il  a  fait  le  portrait. 

*  BAREVTIÎV  (  Charles-Louis-Fran- 
çois  de  Paule  de  ) ,  né  en  1758  d'une 
famille  ancienne  et  distinguée,  fut  d'abord 
avocat-général  au  parlement,  puis  prési- 
dent de  la  cour-des-aides.  La  réputation 
qu'il  se  fit  dans  ses  fonctions  le  fit  nommer 
garde-des-sceaux ,  le  19  septembre  1788 , 
en  remplacement  de  M.  de  Lamoignon. 
Les  premiers  troubles  de  la  révolution 
rendirent  son  nouvel  emploi  difficile ,  et 
plusieurs  l'ont  dépeint  comme  un  homme 
faible  et  au-dessous  de  sa  place,  parce 
que  son  caractère  et  ses  opinions  ne  lui 
permirent  pas  d'adopter  les  Innovations 
qu'on  voulait  introduire  ,  et  dont  il  sen- 
tait toutes  les  conséquences.  Il  ouvrit 
néanmoins  la  seconde  assemblée  des  no- 
tables et  les  états-généraux  par  un  discours 
plein  de  modération ,  et  fit  d'inutiles  ef- 
forts pour  rapprocher  les  trois  ordres. 
La  réponse  qu'il  fut  chargé  de  faite  au 
nom  du  roi  à  l'Assemblée  nationale  qui 
demandait  l'éloignement  des  troupes,  in- 
disposa encore  les  esprits  contre  lui ,  et 
Mirabeau  l'accusa  de  donner  au  roi  des 
conseils  contre  l'assemblée  ;  mais  il  pré- 
vint ses  ennemis  en  donnant  sa  démis- 
sion, et  fut  remplacé  par  l'archevêque  de 
Bordeaux.  Dénoncé  de  nouveau  le  18  no- 
vembre 1789  ,  comme  ayant  participé  à 
une  conspiration  dont  le  but  était  de  for- 
mer un  rassemblement  de  troupes  dans 
les  environs  de  la  capitale  pour  l'oppri- 
mer, il  fut  acquitté  par  le  Chàtelet.  Peu 
de  temps  après  il  sortit  de  France ,  où  il 
ne  pouvait  plus  rester  sans  danger,  et  il 


BAR 

passa  les  temps  les  plus  orageux  de  la  ré- 
volution en  Piémont,  en  Allemagne  et  en 
Angleterre,  auprès  du  roi  et  des  princes- 
A  la  restauration ,  son  âge  ne  lui  peimet- 
tant  pas  de  reprendre  les  sceaux,  il  fut 
nommé  chancelier  honoraire,  et  M. 
d'Ambray  ,  son  gendre ,  fut  garde-des- 
sceaux  et  chancelier  titulaire.  Dans  le 
même  temps  il  reçut  le  titre  de  grand- 
officier  commandeur  du  Saint-Esprit.  Il 
est  mort  à  Paris  à  80  ans,  le  30  mai  1819. 

•B\REi\TIi\-DE-MO]\TCIIAL  (Le  vi- 
comte de  ) ,  lieutenant-général  et  grand'- 
croix  de  Saint-Louis,  né  en  1757,  était  de 
la  même  famille  que  le  précédent,  mais 
d'une  autre  branche.  Il  fit  la  guerre  de  7 
ans  comme  capitaine  de  cavalerie.  Nom- 
mé ensuite  officier  supérieur  dans  la 
compagnie  écossaise  des  gardes-du-corps 
de  Louis  XV  et  de  Louis  XVI ,  il  émigra 
avec  les  princes,  servit  dans  leur  armée  , 
puis  dans  celle  de  Condé  ;  enfin  il  com- 
manda à  Mittau  le  détachement  qui  ser- 
vait de  garde  à  Louis  XVIII.  Lors  de  son 
retour  en  France,  malgré  son  grand  âge, 
il  reprit  son  rang  dans  la  première  com- 
pagnie des  gardes-du-corps,  et  il  fit  son 
service  jusqu'en  1816  ,  qu'il  fut  obligé  de 
prendre  sa  retraite.  Il  était  aussi  distin- 
gué pour  sa  piété  que  pour  son  dévoue- 
ment, et  il  est  mort  dans  le  mois  de  mars 
1824.  On  a  de  lui  :  |  Voyage  dans  les  Etats 
Unis,  fait  en  1784,  traduit  de  l'anglais,  de 
J.-S.-D.  Smith,  Paris,  1791,  2  vol.  in-8°; 
|  Rapport  fait  à  sa  majesté  Louis  XVIII 
sur  la  monarchie  française,  contre  le  ta- 
bleau de  l'Europe  de  M.  de  Colonne,  1797, 
in-8";  |  Géographie  ancienne  et  historique 
composée  d'après  les  cartes  de  d'Anville- 
Paris,  1807,  2  vol.  in-8°;  |  Traité  sur  les 
haras,  extrait  de  l'ouvrage  italien,  de  J. 
Brugnone,  traduit  et  rédigé  à  l'usage  des 
haras  de  France  et  de  toutes  les  jyerson- 
nés  qui  élèvent  des  chevaux  ,  1807,  in-8°. 
—  Son  épouse  a  publié  une  Histoire  abré- 
gée de  l'ancien  et  du  nouveau  Testament, 
semée  de  courtes  ré flexions ,  pour  tous  les 
en  fans  et  les  adolesccns  ,  Paris  ,  1804  ,  2 
vol.  in-12. 

*  B  VRET  (  Jeax),  professeur  à  l'école 
centrale  de  Nantes,  et  membre  de  la  so- 
ciété académique  de  la  même  ville ,  y  est 
mort  en  1814,  après  avoir  professé  pen- 
dant un  grand  nombre  d'années,  avec  la 
plus  grande  distinction,  les  mathémati- 
ques et  l'hydrographie.  On  a  de  lui  :  |  un 
Mémoire  lu  à  la  société  académique  de 
Nantes  ,  sur  le  calcul  des  longitudes  en 
mer ,  imprimé  par    cette   société;  I  un 


BAR 


68 


BAB 


Mémoire  sur  les  deux  trigonométrie  s ,  1 
vol.  in-8°  ;  |  Nouvelles  résolutions  des 
problèmes  de  l'astronomie  nautique,  Nan- 
tes, 1792,  1  vol.  in-8°. 

*  BARET  (N.  ),  né  auprès  de  Boulo- 
gne-sur-mer ,  après  s'être  fait  connaître 
par  quelques  écrits  ,  entre  autres  des  vers 
à  la  louange  de  l'archevêque  de  Malines  , 
publia  en  1785,  le  Courrier  de  V  Escaut, 
feuille  périodique  qui  existe  encore  au- 
jourd'hui ,  sous  le  titre  de  Courrier  Belge. 
Il  écrivit  contre  le  célèbre  Linguet  et  fut 
un  des  collaborateurs  des  Ephémèrides 
de  l'humanité  et  des  Annales  de  la  mo- 
narchie;  rédigées  dans  un  esprit  opposé  à 
la  révolution.  Mais  l'armée  de  Dumouriez 
ayant  pénétré  dans  la  Belgique,  il  fit 
partie  du  club  des  jacobins  à  Bruxelles. 
Baret  devint  plus  tard  membre  du  comité 
de  sûreté  générale  dans  cette  ville  ,  puis 
accusateur  public  près  le  tribunal  révolu- 
tionnaire d'Anvers ,  et  passa  bientôt,  avec 
le  même  titre  au  tribunal  criminel  de  la 
Lys.  Député,  en  l'an  8,  au  conseil  des  An- 
ciens, Baret  se  prononça  pour  les  fêtes 
décadaires,  et  la  prohibition  des  mar- 
chandises anglaises.  Il  venait  d'être  nommé 
tribun,  après  le  18  frimaire,  et  revenait 
à  Paris ,  lorsqu'il  mourut  à  Valenciennes 
en  1799. 

*  BARETTI  (Joseph),  littérateur  et 
poète ,  né  à  Turin  en  1716 ,  quitta  sa  pa- 
trie ,  lorsque  les  armées  combinées  de 
France  et  d'Espagne  vinrent  mettre  le 
siège  devant  cette  ville;  il  se  rendit  à  Lon- 
dres, où  il  ouvrit  une  école  italienne, 'et 
y  mourut  en  1789.  On  a  de  lui  :  |  Disser- 
tation sur  la  Poésie  italienne  in-8° , 1753  ; 
|  Introduction  à  la  langue  italienne,  in-8°, 
1755;  |  Bibliothèque  italienne ,in-8° ,  1757; 
\Dictionnaire  anglais  et  italien,  1760,  2 
vol.  in-4°  ;  |  Exposition  des  mœurs  et  des 
coutumes  d'Italie;  \  Voyage  de  Londres 
à  Gênes  par  l'Angleterre,  le  Portugal, 
X Espagne  et  la  France,  1770 ,  h  vol.  in- 
8°  ;  |  Choix  de  passages  d'auteurs  célè- 
bres de  France ,  d'Espagne ,  d'Italie  et 
d'Angleterre,  1772,  in-8°;  |  Phraséologie 
italienne  et  anglaise,  1776,  in-8°  ;  |  Dis- 
cours sur  Shakespeare  et  Voltaire,  1777, 
in-8°,  etc.  Le  Voyage  de  Londres  à  Gènes, 
et  les  Mœurs  et  coutumes  d'Italie  ont  été 
traduits  en  français,  le  premier  de  ces 
deux  ouvrages,  en  1778,  par  H.  Bieu,  et 
le  second  par  Fréville ,  en  1773. 

*  BARGETON ,  célèbre  avocat  du  par- 
lement de  Paris,  né  à  Uzès  vers  1675,  fut 
impliqué  dans  la  conspiration  de  Cella- 
mare,  et  enfermé  à  la  Bastille.  Mais  il 


parvint  à  se  justifier  et  en  sortit  le  14  mai 
1719.  Le  contrôleur  général  des  finances 
Machaull  le  chargea  de  dresser  un  mé- 
moire sur  le  projet  d'assujétir  les  biens 
du  clergé  à  l'impôt  du  20e.  Bargeton  écri- 
vit à  cette  occasion  les  lettres  connues 
sous  le  nom  de  Ne  repugnate,  parce 
qu'elles  avaient  pour  épigraphe  ce  passage 
de  Sénèque  :  Ne  repugnate  vestro  bono. 
Le  projet  ayant  échoué ,  un  arrêt  du  con- 
seil du  1er  juin  1750  ordonna  la  suppres- 
sion de  ces  lettres.  Imprimées  d'abordsoui 
le  nom  supposé  de  Londres,  elles  le  fu- 
rent de  nouveau  à  Amsterdam.  M.  de 
Gaulet ,  évêque  de  Grenoble ,  et  M.  Du- 
ranthon ,  docteur  de  Sorbonnc ,  y  répon- 
dirent. Bargeton  ne  put  leur  répliquer; 
la  mort  l'avait  frappé  avant  l'impression 
de  son  ouvrage,  en  1750,  à  l'âge  de  75  ans. 

*  BARILLON  (  Jean-Joseph-François- 
Alexandre)  né  vers  1756,  à  Serres,  au- 
jourd'hui dans  le  département  des  Hautes- 
Alpes  ,  dans  l'espoir  de  faire  fortune ,  se 
rendit  à  Saint-Domingue,  avec  cinq  mille 
livres  en  assignats ,  presque  sans  valeur , 
et  revint  de  cette  lie  avec  des  richesses 
immenses  qu'il  accrut  encore  en  spécu- 
lant sur  les  biens  nationaux.  Il  ouvrit  en- 
suite une  maison  de  banque.  Lorsque  le 
Directoire  eut  formé,  en  1797,  le  projet 
d'une  descente  en  Angleterre,  Barillon 
fut  chargé  par  le  commerce  de  Paris , 
d'annoncer  au  gouvernement  l'ouver- 
ture d'un  emprunt  pour  subvenir  aux 
frais  de  la  guerre.  Le  luxe  effréné  qu'il 
déploya  commença  cependant  à  ébranler 
sa  fortune  que  des  spéculations  vastes  et 
malheureuses  achevèrent  de  renverser,  et 
Barillon  se  déclara  en  1805  en  état  de  fail- 
lite. Il  rentra  alors  dans  l'obscurité ,  et  ne 
reparut  qu'en  1815  ,  époque  à  laquelle 
il  commanda  une  compagnie  de  grena- 
diers clans  la  garde  nationale  parisienne. 
Barillon  fit  partie  de  la  chambre  des  re- 
présentans  de  1815  et  mourut  en  1819. 

BARIIVG  (Daniel-Evrard)  ,  naquit, 
en  1690,  à  Oberg,  dans  l'IIeldesheim.  Il 
était  fils  d'un  ecclésiastique,  et  étudia  d'a- 
bord la  théologie.  Il  entreprit  ensuite  l'é- 
tude de  la  médecine,  qu'il  quitta  égale- 
ment pour  se  livrer  à  celle  de  l'histoire 
littéraire,  où  il  fit  des  progrès  rapides. 
Baring  devint  un  des  plus  savans  biblio- 
graphes de  l'Allemagne,  et  ce  talent  lui 
mérita ,  en  1719 ,  la  place  de  sous-biblio- 
thécaire royal  à  Hanovre.  Il  s'appliquo 
alors  plus  particulièrement  à  l'histoire  de 
la  diplomatie ,  sur  laquelle  il  publia  un 
ouvrage  très-estimé ,  qui  a  pour  titre  : 


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Clavis  diplomatica,  specimina  veterum 
scripturarum  tradens,  Hanovre,  1737, 
in-4".  La  seconde  édition,  1754,  2  vol. 
in-4° ,  est  enrichie  d'une  bibliothèque  des 
auteurs  qui  ont  écrit  sur  la  diplomatique. 
On  cite  également  avec  éloge  son  Essai 
sur  l'histoire  ecclésiastique  du  Hanovre  * 
ibid.,  1748.  Il  mourut  en  1753. 

BARISON  ,  roi  de  Sardaigne  ,  héritier 
de  la  célèbre  maison  Sardi  de  Pise ,  l'une 
de  celles  qxii  avaient  concouru  à  enlever  la 
Sardaigne  sur  les  Sarrasins  ,  était ,  en 
1164  ,  seigneur  d'Arborea ,  lorsqu'il  entre- 
prit de  reconquérir  ses  droits.  Il  offrit  à 
Frédéric  Barberousse  un  tribut  de  4,000 
marcs  d'argent  pour  l'aider  à  reprendre 
ses  états.  Frédéric  le  seconda  de  tout  son 
pouvoir  ;  les  Génois ,  espérant  ainsi  sous- 
traire cette  île  aux  Pisans  ,  leurs  rivaux, 
favorisèrent  les  projets  de  Barison,  firent 
l'avance  du  tribut ,  et  armèrent  une  flotte. 
Ils  le  promenèrent  le  long  des  côtes  de 
Sardaigne  ,  attendant  toujours  une  révo- 
lution du  peuple  en  sa  faveur.  Leur  es- 
pérance fut  vaine  ;  ils  ramenèrent  avec 
eux  le  roi ,  qu'ils  gardèrent  en  gage  des 
sommes  qu'ils  avaient  payées  pour  lui. 
Barison  mourut  en  prison  à  Gènes  ,  sans 
avoir  pu  entrer  dans  ses  états. 

*  BARJAUD  (  J.-B.),  né  àMontluc  vers 
1784 ,  fit  ses  études  à  Paris.  Après  avoir 
donné  à  l'Odéon  quelques  comédies  qui 
eurent  du  succès ,  il  se  préparait  à  en  lire 
une  en  cinq  actes  et  en  vers  au  théâtre- 
français,  et  se  livrait  avec  ardeur  à  l'a- 
chèvement d'un  poème  de  Charlemagne* 
commencé  depuis  plusieurs  années,  lors- 
qu'en  1812  il  perdit  l'emploi  qui  assurait 
son  existence.  Dès  lors  Barjaud  résolut, 
avant  de  terminer  et  de  revoir  ce  dernier 
ouvrage ,  de  suivre  la  carrière  des  armes, 
et  d'aller  sur  les  champs  de  bataille ,  afin, 
disait-il ,  d'y  trouver  des  idées  ,  d'y  con- 
templer des  tableaux ,  et  de  les  peindre 
d'après  nature.  Il  fut  nommé  sous-lieute- 
nant dans  le  57e  régiment  d'infanterie  lé- 
gère ,  faisant  partie  du  corps  d'armée  des- 
tiné à  rejoindre  le  prince  Eugène  ,  qui  se 
repliait  sur  Magdebourg.  Peu  fait  aux  fa- 
tigues de  la  guerre ,  aux  marches  forcées 
et  aux  privations  qui  en  sont  la  suite,  Bar- 
jaud ,  épuisé  de  lassitude ,  faillit  plusieurs 
fois  rester  en  route;  mais  son  courage 
ne  l'abandonna  pas ,  et  le  désir  de  se  si- 
gnaler lui  donna  de  nouvelles  forces.  Il 
arriva  enfin,  et  les  jeunes  soldats  qu'il 
commandait  se  tirent  remarquer  par  leur 
intrépidité.  A  la  bataille  de  Bautzen ,  en 
mai  1813,  il  continua  de  se  distinguer. 


Après  l'armistice  de  Neumark,  l'armée 
prit  des  cantonnemens ,  et  Barjaud  pro- 
fita.de  ce  temps  de  repos  pour  composer 
plusieurs  odes  qu'il  vint  présenter  au 
chef  des  armées  françaises,  lors  d'une 
grande  revue  qui  fut  passée  à  Dresde.  Ce 
chef,  qui  probablement  avait  entendu 
parler  des  ouvrages  de  Barjaud,  dit  au 
poète  guerrier  ,  qu'il  lui  accordait  une  dé- 
coration. «  Laquelle?  demanda  Barjaud; 
est-ce  celle  de  la  légion-d'honneur  ou 
celle  de  la  réunion? — Celle  que  tu  choi- 
siras, répondit  Bonaparte.  »  Barjaud  choi- 
sit celle  de  la  réunion.  Pendant  l'armis- 
tice ,  il  vint  à  Dresde ,  et  assista  le  28 
août  aux  combats  de  Hollendorf,  de 
Kulm;  il  était  le  16  octobre  à  la  bataille 
de  Wachau ,  et  le  18  à  celle  de  Leipsick. 
C'est  là  qu'après  avoir  fait  des  prodiges  de 
valeur  ,  il  fut.  blessé  mortellement.  Outre 
le  poème  de  Charlemagne  >  divisé  en  seize 
chants  dont  le  dernier  n'est  point  termi- 
née, et  dans  lequel  l'auteur,  ainsi  qu'il  le 
disait  lui-même  ,  avait  pris  Homère  et  le 
Tasse  pour  modèles,  et  outre  les  comé- 
dies dont  il  a  été  parlé,  ouvrages  inédits, 
Barjaud  a  composé  et  fait  imprimer  : 
|  Homère  ou  l'origine  de  l'Iliade  et  de 
l'Odyssée .,  poème  d'environ  mille  vers, 
suivi  de  quelques  fragmens  de  celui  de 
Charlemagne  et  autres  poésies ,  in-12 , 
Paris,  1811;  |  deux  recueils  d'Odes  na- 
tionales* à  la  suite  desquelles  on  trouve 
des  fragmens  de  traductions  en  vers  fran- 
çais de  Juvénal,  de  Claudien ,  etc.  in-8° , 
Paris,  1812;  |  une  Ode  à  M.  Lemaire, 
sur  la  mort  inopinée  de  son  fils ,  in-8°. 
Ses  ouvrages  ont  obtenu  le  plus  grand 
succès. 

*  BARKOK,  premier  sultan  de  la  dynas- 
tie des  Mamelouks  circassiens  en  Egypte, 
mort  en  1399 ,  s'éleva  de  l'état  d'esclave 
aux  premières  dignités  de  la  milice  des 
Mamelouks ,  et  chassa  du  trône  le  sultan 
Hadjy ,  de  la  dynastie  des  Mamelouks  ba- 
harites.  Il  eut  à  combattre  plusieurs  in- 
surrections suscitées  par  les  principaux 
émirs  égyptiens;  mais  il  en  triompha,  et 
finit  par  régner  avec  quelque  tranquillité. 
Il  rétablit  l'ordre  dans  l'état,  et,  quoiqu'il 
eût  aboli  beaucoup  d'impôts  ,  il  laissa 
400,000  pièces  d'or  dans  son  épargne.  Son 
fils  Farady  lui  succéda. 

BAR-JESU,  est  le  même  qu'Elymas. 
Voyez  ce  nom. 

BARLAAM  (saint),  né  dans  un  village 
près  d'Antioche,  fut  occupé  dans  son  en- 
fance aux  travaux  de  la  vie  champêtre; 
mais  iL  les  sanctifiait  par  la  pratique  des 


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BAR 


vertus  les  plus  héroïques ,  et  se  prépa- 
rait ainsi  à  recevoir  la  couronne  du  mar- 
tyre. Il  n'avait  d'autres  connaissances  que 
celles  des  maximes  de  l'évangile  ,  ce  qui 
ne  l'empêcha  pas  de  confondre  l'orgueil 
et  la  cruauté  des  maîtres  du  monde.  Le 
zèle  avec  lequel  il  confessait  le  nom  de 
Jésus-Christ ,  le  fit  arrêter  par  les  païens. 
Il  fut  renfermé  dans  les  prisons  d'Antio- 
che ,  où  il  resta  long-temps.  Ayant  été  con- 
duit devant  le  juge,  celui-ci  le  railla  sur 
son  extérieur  et  son  langage  rustique  : 
mais  il  fut  étonné  de  sa  grandeur  d'âme  et 
de  son  inébranlable  constance.  Après  di- 
vers tourmens,  Barlaam  fut  tiré  de  la  pri- 
son, et  placé  devant  un  autel ,  où  étaient 
des  charbons  allumés  pour  brûler  l'encens 
destiné  au  sacrifice.  On  lui  étendit  la  main 
sur  le  feu,  après  l'avoir  couverte  d'en- 
cens et  de  charbons  embrasés  ;  on  imagi- 
nait que  la  douleur  lui  ferait  secouer  la 
main  ,  et  que  l'encens  venant  à  tomber 
dans  le  feu  qui  était  sur  l'autel ,  on  pour- 
rait dire  qu'il  avait  sacrifié.  Le  généreux 
chrétien ,  qui  craignait  de  donner  le  moin- 
dre scandale,  se  laissa  brûler  la  main 
sans  vouloir  la  remuer.  A  la  vue  d'un  tel 
courage ,  les  railleries  des  païens  se  chan- 
gèrent en  admiration.  Barlaam  mourut 
peu  de  temps  après  cette  victoire  :  on 
croit  que  ce  fut  sous  Dioclétien.  Voyez 
les  panégyriques  de  saint  Barlaam,  par 
saint  Basile,  t.  2,  p.  138,  et  par  saint 
Chrysostôme ,  t.  2 ,  p.  681  ;  les  Actes  grecs 
du  saint  donnés  par  Lambécius  ,  t.  8 ,  p. 
277,  et  dont  le  P.  Baltus  a  publié  une 
traduction  latine  à  Dijon  en  1720 ,  in-12. 
Voyez  aussi  une  homélie  de  Sévère,  pa- 
triarche d'Antioche  ,  qui  se  trouve  dans 
un  manuscrit  chaldaïque ,  et  qui  est  citée 
par  M.  Joseph  Assémani ,  Bibliothèque 
orientale ,  tome  4,  page  571. 

BARLAAM,  ermite  indien,  dont  l'his- 
toire ,  conjointement  avec  celle  de  Josa- 
phat,  fils  d'un  roi  des  Indes ,  a  été  écrite 
par  saint  Jean  Damascène;  au  moins 
porte-t-elle  son  nom,  quoique  les  manu- 
scrits l'attribuent  à  différons  auteurs.  On 
ne  croit  pas  que  cette  histoire  soit  vraie 
dans  sa  totalité  ,  quoiqu'on  ne  puisse  dire 
qu'elle  soit  absolument  fausse.  Voici  le 
jugement  qu'en  porte  M.  Huet  :  «  C'est 
»  un  roman ,  mais  spirituel  ;  il  traite  de 
»  l'amour;  mais  c'est  de  l'amour  divin  : 
»  l'on  y  voit  beaucoup  de  sang  répandu , 
»  mais  c'est  du  sang  des  martyrs....  Non 
»  que  je  veuille  soutenir  que  tout  en  soit 
»  supposé  :  il  y  aurait  de  la  témérité  à  dés- 
»  avouer  qu'il  y  ait  jamais  eu  de  Bar- 


»  laam ,  ni  de  Josaphat.  Le  témoignage 
»  du  Martyrologe  romain  ,  qui  les  met  au 
»  nombre  des  saints  ,  ne  permet  pas  d'en 
»  douter.  Cet  ouvrage ,  soit  pour  la  ma- 
»  nière  dont  il  est  écrit ,  soit  pour  l'agré- 
»  ment  de  son  invention,  soit  pour  la 
»  piété  ,  a  été  si  fort  goûté  des  chrétiens 
»  d'Egypte,  qu'il  a  été  traduit  en  langue 
»  cophte ,  et  qu'il  est  aujourd'hui  assez 
»  commun  dans  leurs  bibliothèques.  »  De 
l'origine  des  romans  _,  p.  87,  Paris,  1685. 

BARLAAM ,  moine  grec  de  l'ordre  de 
saint  Basile ,  né  à  Seminara  dans  la  Cala- 
bre,  se  distingua  au  14e  siècle  par  son  sa- 
voir dans  la  théologie ,  la  philosophie  ,  le3 
mathématiques  et  l'astronomie.  Etant 
passé  eh  Orient  pour  y  apprendre  la  lan- 
gue grecque ,  il  s'acquit  les  bonnes  grâces 
d'Andronic  le  Jeune  ,  empereur  de  Con- 
stantinople,  qui  le  fit  abbé  de  Saint-Sau- 
veur. Ce  prince,  en  1539,  l'envoya  en 
Occident  pour  proposer  la  réunion  de  l'é- 
glise grecque  avec  la  latine,  et  surtout 
pour  implorer  le  secours  des  princes  chré- 
tiens contre  les  Mahométans.  Ses  Lettres 
à  ce  sujet  sont  imprimées  àlngolstadt, 
1604,  in-4".  Barlaam ,  de  retour  en  Orient , 
eut  de  vives  disputes  avec  Palamas,  moine 
célèbre  du  mont  Athos  :  c'était  le  chef 
d'une  secte  de  quiétistes ,  qui  en  appuyant 
leur  barbe  sur  la  poitrine,  et  fixant  leurs 
regards  vers  le  nombril,  croyaient  voir 
la  lumière  éclatante  qui  parut  aux  apôtres 
sur  leThabor.  Ces  visionnaires  soutenaient 
qu'elle  était  incréée.  Barlaam  s'éleva  con- 
tre eux  de  vive  voix  et  par  écrit  :  mais 
ayant  été  condamné  par  les  sectateurs  de 
ces  contemplatifs ,  il  abandonna  l'Orient 
pour  repasser  en  Occident.  Etant  à  Con< 
stantinople,  il  avait  écrit  contre  les  latins 
mais  il  reconnut  sa  faute ,  et  écrivit  for 
tement  contre  le  schisme  :  ce  qui  a  donn 
lieu  à  quelques  auteurs  de  distingue! 
deux  Barlaam.  On  trouve,  dans  Canisius 
les  Traités  de  Barlaam  pour  prouver  U 
procession  du  Saint-Esprit  et  la  primauté 
de  l'église  de  Rome.  Il  obtint  févèché  de 
Géraci,  transféré  aujourd'hui  à  Locri ,  par 
le  crédit  de  Pétrarque,  à  qui,  dans  le 
temps  de  son  ambassade  à  Avignon  ,  M 
avait  montré  un  peu  de  grec  Barlaam 
mourut  dans  cet  éveché,  vers  1548. 

BARL/EUS  ou  BAERLE  (  Gaspard  ) , 
d'Anvers,  d'abord  ministre  en  Jiollande, 
défendit  Arminius  et  fut  privé  de  ses  em- 
plois par  les  gomarisles.  Il  professa  en- 
suite la  philosophie  à  Amsterdam ,  où  il 
mourut  en  1648.  «  Par  un  effet  de  ses 
»  études  excessives,  dit  M.  Tissot  (  De  la 


BAR 


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BAR 


»*  santé  des  gens  de  lettres  ) ,  son  cerveau 
j» «'affaiblit,  et  il  avait  le  délire  de  se 
v  croire  de  beurre ,  ce  qui  lui  faisait  fuir 
»  le  feu.  Lassé  de  ces  terreurs  continuel- 
»  les,  Use  précipita  dans  un  puits.  «  On 
a  de  lui  un  volume  de  harangues  estimées 
pour  le  style ,  mais  où  il  n'y  a  rien  à  ap- 
prendre. Ses  Poésies  ont  été  imprimées  à 
Leyde ,  en  1628  et  1651 ,  in-8°.  On  y  trouve 
plus  de  génie  que  d'art,  et  plus  de  feu 
que  de  correction.  On  a  encore  de  lui  des 
Lettres,,  Amsterdam,  16G7.2  vol.  in-12; 
et  une  Histoire  du  Brésil J  Amsterdam, 
4647,  in-folio. 

BARLyEUS  (  Lambert  ) ,  professeur  de 
grec  dans  l'académie  de  Leyde ,  était  frère 
du  précédent.  Il  parlait,  dit-on,  le  grec, 
comme  l'idiome  maternel  ;  ce  qui  lui  mé- 
rita de  la  part  des  états  de  Hollande,  la 
commission  de  traduire  en  cette  langue , 
avec  Jacques  Revius,  la  Confession  des 
églises  réformées.  Il  mourut  en  1655.  On 
a  de  lui  le  Timon  de  Lucien ,  avec  des 
notes  utiles,  et  un  bon  Commentaire  sur 
la  Théogonie  d'Hésiode. 

BARLAND  (  Adrien  ) ,  né  dans  l'île  de 
Sud-Reveland ,  en  1448,  professa  l'élo- 
quence à  Louvain ,  et  mourut  vers  1542 , 
après  avoir  publié  plusieurs  ouvrages. 
Les  principaux  sont  :  |  des  Notes  sur  Té- 
rence ,  sur  Virgile ,  sur  Pline  le  Jeune , 
sur  Ménandre  ;  |  un  Abrégé  de  l'histoire 
universelle  _,  depuis  J.-C.  jusqu'en  1552, 
in-8°,  1605  ;  |  la  Chronique  des  ducs  de 
Brabant,  traduite  en  français,  avec  des 
figures,  1605,  in-fol.;  |  De  litteratis  urbis 
Romœ  Principibus,  in  -4°;  de  Ducibus 
venetis;  \  de  Comitibus  Hollandiœ;  \  de 
Episcopis  idtrajectinis ,  etc. 

BARLET  ou  BARLETTA  (  Gabriel  ) , 
religieux  dominicain  du  15e  siècle,  se  fit 
un  si  grand  nom  par  ses  sermons ,  qu'on 
disait ,  par  manière  de  proverbe  :  Nescit 
prœdicare,  qui  nescit  Barletare.  Cepen- 
dant ses  sermons,  tels  qu'ils  ont  été  don- 
nés au  public ,  sont  si  ridicules  et  si  bur- 
lesques, le  sacré  est  si  indignement  mêlé 
avec  le  profane ,  la  bigarrure  enfin  dans 
tous  les  sens  est  si  révoltante ,  que  les  sa- 
vans  doutent  avec  raison  si  le  prédicateur 
dominicain  a  pu  débiter  en  chaire  tant 
de  sottises  :  et  il  est  apparent ,  comme  l'a 
écrit  Léandre  Alberti,  qu'un  mauvais  ha- 
rangueur aura  publié  ses  sermons  sous 
le  nom  de  Barletta  pour  leur  donner  de 
la  vogue.  On  en  a  fait  plus  de  vingt  édi- 
tions ,  avec  des  remarques  par  D.  Nicolas 
Hugues  Menard.  Les  protestans,  qui,  au 
défaut  de  bonnes  raisons,  croient  bien 


défendre  leur  cause ,  en  racontant  quel- 
ques sottises  des  catholiques,  n'ont  pas 
manqué  d'appeler  à  leur  secours  les  ser- 
mons de  Bailet.  Henri-Etienne,  surtout, 
a  cru  que  cette  découverte  était  un  trésor 
pour  son  parti.  Ce  dominicain  mourut 
vers  l'an  1470.  Les  uns  disent  que  le  nom 
de  Barletta  lui  est  venu  de  Barletta ,  ville 
du  royaume  de  Naples  où.  il  était  né  : 
d'autres  disent  que  c'était  le  nom  de  sa 
famille ,  et  qu'il  est  né  à  Aquino. 

*  BARLETTI  DE  SAINT-PAUL  (Fran- 
çois-Paul ) ,  originaire  de  Naples ,  naquit 
à  Paris  le  8  février  1754.  Il  eut  pour  maî- 
tres, dans  sa  jeunesse,  l'abbé  Pluche,  le 
père  Yinot  de  l'Oratoire  et  Dumarsais. 
Sous  de  pareils  professeurs ,  ses  talens  se 
développèrent  de  la  manière  la  plus  heu- 
reuse. A  peine  sorti  de  ses  éludes,  il  mé- 
dita sur  l'enseignement  une  sorte  d'En- 
cyclopédie, ou  suite  de  traités  sur  les 
sciences*  les  arts  et  les  langues  mortes.  Il 
fut  choisi  en  1756 ,  à  l'âge  de  22  ans ,  pour 
être  sous-instituteur  des  enfans  de  France . 
M.  de  Sartine  ayant  nommé  une  commis- 
sion pour  examiner  le  livre  de  Barletti 
sur  l'éducation ,  que  celui-ci  se  promet- 
tait de  mettre  au  jour",  le  rapport  fut  dé- 
favorable. L'auteur,  piqué  au  vif,  fit  im- 
primer à  Bruxelles  une  brochure  où  ce 
magistrat  était  maltraité.  Le  résultat  de 
cette  attaque,  au  moins  imprudente,  fut 
la  suppression  de  la  brochure  et  l'envoi 
de  l'auteur  à  la  Bastille.  Il  en  sortit  peu 
de  temps  après ,  par  le  crédit  du  cardinal 
de  Rohan,  et  alla  en  1770  à  Madrid,  puis 
à  Ségovie ,  où  il  fut  nommé  professeur  de 
belles-lettres  au  collège  des  Cadets ,  place 
dont  il  se  démit  5  ans  après.  De  retour  en 
France,  il  communiqua  une  invention 
qui  diminuait  de  beaucoup  les  frais  d'im- 
pression, et  obtint  pour  cela  une  gratifi- 
cation de  20,000  fr.  Barletti  remplit  pen- 
dant la  révolution  quelques  charges  pu- 
bliques ,  et  mourut  en  1809,  à  l'âge  de  74 
ans,  sans  avoir  pu  exécuter  son  vaste  plan 
d'éducation ,  dont  M.  l'abbé  Sicard  avait 
rendu ,  en  1802 ,  un  compte  favorable.  Ses 
ouvrages  sont  :  |  les  volumes  contenant 
la  collection  de  son  Traité  des  sciences  et 
des  arts 3  etc.,  déjà  au  nombre  de  24, 
qui  sont  restés  inédits,  à  l'exception  du 
volume  ,  qui  paraît  être  celui  cité  ci- 
dessus  ;  |  Essai  sur  une  introduction  gé- 
nérale et  raisonnée  à  l'élude  des  langues, 
et  particulièrement  des  langues  française 
et  italienne,  1  vol.  in-12,  dédié  à  Mgr  le 
Dauphin ,  fils  de  Louis  XY  ;  |  Nouveau, 
système  typographique  >  ou  moyen  de  di- 


BAR 


72 


BAR 


minuer  le  travail  et  les  frais  de  composi- 
tion *  de  correction  et  de  distribution,  dé- 
couvert en  1774  par  madame  de...  (  par 
Barlelli  lui-même  ),  Paris,  1774,  \n-k°  ; 
j  quelques  autres  Opuscules  sur  l'éduca- 
tion ,  qu'il  serait  trop  long  de  détailler. 

*  BARLOW  (  Thomas  ) ,  théologien  an- 
glais ,  né  à  Langhill  dans  le  Westmore- 
land  en  1607,  étudia  à  Oxford  au  collège 
de  la  Reine,  où  on  l'agrégea  en  1657,  et 
dont  il  devint  ensuite  président.  Il  fut 
nommé  en  1652  conservateur  de  la  biblio- 
thèque bodléienne ,  prit  le  bonnet  de  doc- 
teur en  1660 ,  et  obtint  presque  aussitôt 
une  chaire  de  théologie  ;  à  ces  places  il 
joignit  l'archidiaconat  d'Oxford,  et  enfin 
fut  pourvu  de  l'évêché  de  Lincoln.  Il  vi- 
vait dans  un  temps  de  révelution ,  et  fit 
de  son  mieux  pour  la  faire  tourner  à  son 
profit.  A  cet  effet  il  caressa  successive- 
ment tous  les  partis,  servit  Cromwel 
quand  il  fut  à  la  tête  du  gouvernement, 
s'attacha  à  Charles  II  à  la  restauration, 
fut  bien  avec  Jacques  II  lorsque  ce  prince 
succéda  à  son  frère ,  et  reconnut  Guillau- 
me III  lorsqu'il  eut  détrôné  son  beau- 
père.  Il  n'est  pas  trop  aisé  de  concilier 
ces  variations  avec  le  calvinisme  rigide 
dont  Barlow  faisait  profession.  C'était  un 
grand  défenseur  de  la  doctrine  d'Aristote. 
Il  passait  pour  savant  et  casuiste  très  ha- 
bile. Il  mourut  en  1691  à  l'âge  de  85  ans. 
On  a  de  lui  :  |  De  la  tolérance  en  matière 
de  religion*  1660  ;  |  Origine  des  siné- 
cures *  1676;  |  Principes  et  doctrine  de 
la  cour  de  Rome  sur  l'excommunication 
et  la  déposition  des  rois  ;  ce  traité  fut  tra- 
duit en  français  par  de  Rosemond,  1679, 
in-8°  ;  |  Cas  de  conscience  résolus  par 
Barlow*  et  publiés  après  sa  mort*  1691, 
in  -  8°  ;  |  Exercilaliones  aliquot  meta- 
■physicœ  de  Deo  *  publiées  à  Oxford  à  la 
suite  de  la  méthaphysique  de  Scheibler, 
et  réimprimées  en  1658.  Il  parait  que  ce 
sont  les  leçons  publiques  que  Barlow  fai- 
sait à  l'université. —  BARLOW  (Edouard), 
prêtre  catholique  anglais  ,  dont  le  vé- 
ritable nom  était  Boolh  *  faisait  dans  sa 
patrie  les  fonctions  de  missionnaire  au 
péril  de  sa  vie.  C'est  ce  qui  l'avait  engagé 
à  changer  de  nom.  On  recherchait  alors 
soigneusement  les  prêtres  catholiques ,  et 
quand  ils  étaient  découverts,  on  ne  les 
épargnait  pas.  Il  fut  assez  heureux  pour 
échapper  à  1*  persécution.  Il  est  connu 
par  un  Traité  de  l'Eucharistie*  3  vol. 
in-4°.  Il  mourut  vers  la  fin  de  l'année  1716. 

*  BARLOW  (  Joël  ) ,  auteur  américain 
et  ministre  presbytérien,  né  à  Reading, 


petite  ville  de  l'état  de  Connecticut,  en 
1756,  et  mort  en  1812,  traduisit  en  vers 
les  Psaumes  chantés  dans  les  églises 
de  la  Nouvelle-Angleterre ,  avant  de  se 
faire  déiste.  Envoyé  en  1811  comme  mi- 
nistre plénipotentiaire  à  la  cour  de  Na- 
poléon ,  alors  en  guerre  avec  la  Russie ,  il 
fut  forcé  par  des  motifs  de  la  plus  haute 
importance ,  de  suivre  ce  prince  à  Wilna. 
La  mort  le  surprit  à  son  retour,  à  Zarno- 
vitz ,  près  de  Cracovie ,  à  l'âge  de  57 
ans.  On  a  de  cet  écrivain  |  la  Vision  de 
Colomb*  poème  qu'il  augmenta  dans  la 
suite,  et  publia  sous  le  titre  de  Colom- 
biade ;  \  Jvis  aux  ordres  privilégiés; 
|  Conspiration  des  rois;  \  Lettres  à  la 
Convention  nationale  ;  \  Réminiscence 
royale;  \  Lettres  aux  Piémontais.  Il  tra- 
duisit aussi  en  anglais  les  Ruines  des  em- 
pires* de  Volney. 

*  BARLOWE  (  William  ) ,  religieux 
augustin,  vivait  sous  Henri  VIII,  et  était 
né  dans  le  comté  d'Essex.  Le  couvent 
auquel  il  appartenait  était  situé  dans  la 
ville  de  Saint-David.  Ses  supérieurs  l'en- 
voyèrent étudier  dans  l'université  d'Ox- 
ford ,  où  il  se  fit  recevoir  docteur  en  théo- 
logie. Il  paraît  qu'il  jouissait  d'une  assez 
bonne  réputation  dans  son  ordre,  puis- 
qu'il fut  nommé  prieur  d'une  commu- 
nauté ;  et  qu'il  était  doué  de  talens  distin- 
gués ,  puisqu'il  fut  chargé  d'une  ambas- 
sade en  Ecosse.  Tout  ceci  se  passait  avant 
que  Henri  VIII  supprimât  les  monastères. 
Cette  mesure  ne  déplut  point  à  Barlowe  : 
il  fut  même  un  des  premiers  à  sortir  du 
sien,  et  conseilla  aux  autres  de  suivre 
son  exemple.  Cette  conduite  lui  valut  la 
faveur  de  Henri  VIII,  qui,  pour  le  ré- 
compenser ,  le  nomma  aux  évêchés  de 
Saint-Asaph ,  de  Saint-David ,  de  Bath  et 
de  Wells,  unis.  Il  embrassa  au  même 
temps  le  protestantisme  ;  mais ,  soit  qu'il 
craignît  d'avoir  déplu  au  roi ,  qui ,  en  se 
séparant  de  l'église  romaine,  en  avait 
retenu  les  dogmes,  soit  qu'il  éprouvât 
des  remords ,  il  existe  de  lui  des  lettres  à 
Henri  VIII ,  dans  lesquelles  il  se  déclare 
bon  catholique.  Le  peu  de  durée  de  ce 
retour  peut  faire  douter  de  sa  sincérité. 
Barlowe  redevint  protestant  sous  Edouard 
VI.  Il  fut  dépouillé  de  son  évêché,  et 
emprisonné  sous  la  reine  Marie.  Ayant  pu 
s'échapper,  il  se  retira  en  Allemagne,  et 
revint  sous  Elizabeth,  qui  le  nomma  à 
l'évêché  de  Chichester.  Il  s'était  marié ,  et 
il  mourut  en  1568,  dans  son  évéché, 
père  de  onze  enfans,  dont  cinq  filles,  qui 
toutes  épousèrent  des  évêques.  Ses  ouvra- 


BAR  7 

ges  sont  :  |  Enterrement  de  la  messe; 
J  Homélies  chrétiennes  ;  \  Traité  de  cos- 
mographie; |  Réponses  à  certaines  ques- 
tions concernant  les  abus  de  la  messe  : 
elles  ont  été  imprimées  dans  l'Histoire 
de  la  réformation ,  par  l'évèque  Burnet  ; 
J  ascension  des  moines  et  religieux,  re- 
présentée avec  des  figures.  Il  a  eu  part  à 
un  livre  intitulé  Divine  et  pieuse  institu- 
tion d'un  chrétien  ,  connu  en  Angleterre 
sous  le  nom  de  Livre  de  l'évêque,  Lon- 
dres, 1537. 

'  BARLOWE  (  William  ) ,  fils  du  pré- 
cédent ,  né  dans  le  comté  de  Pembroke , 
fit  ses  études  à  l'université  d'Oxford. 
Lorsqu'il  les  eut  achevées,  il  prit  les 
ordres  sacrés  ,  obtint  une  prébende  à 
Winchester  en  1575,  et  fut  archidiacre  de 
Salisbury  en  1614.  Il  s'occupa  plus  de 
physique  que  de  théologie  ,  ayant  fait 
de  l'aimant  l'objet  de  ses  recherches ,  car 
on  lui  doit  sur  cette  substance  de  cu- 
rieuses et  utiles  découvertes.  Il  est  le  pre- 
mier auteur  qui  ait  écrit  sur  ses  pro- 
priétés. On  a  de  lui  :  |  Y  Aide  du  naviga- 
teur (the  Navigator's  supply) ,  Londres, 
1597 ,  in-4°  ;  |  Avertissement  magnétique , 
ou  Observations  et  expériences  concer- 
nant la  nature  et  les  propriétés  de  l'ai- 
mant, Londres ,  1616 ,  in-4°  ;  |  Court  exa- 
men des  frivoles  critiques  du  docteur 
Ridley  sur  l'avertissement  magnétique , 
Londres,  1618,  in-/*0.  Il  est  mort  en  1625. 
*  BARLOWE  (  François  ) ,  peintre  an- 
glais né  en  1646,  dans  la  province  de 
Lincolnshire,  et  mort  en  1702  ,  s'appliqua 
particulièrement  à  peindre  les  oiseaux, 
les  poissons  et  les  autres  animaux.  Ses 
tableaux  se  font  remarquer  par  la  correc- 
tion du  dessin  ;  mais  ils  manquent  de 
coloris ,  Haller  a  beaucoup  gravé  d'après 
lui.— Un  autre  BARLOWE,  horloger  an- 
glais ,  inventa  en  1676  les  pendules  et  les 
montres  à  répétition. 

BARNABE  (  saint  ),  de  la  tribu  de 
Lévi,  naquit  dans  l'île  de  Chypre.  Ayant 
goûté  la  doctrine  de  Jésus-Christ ,  il  ven- 
dit une  terre ,  et  en  donna  le  prix  aux 
apôtres.  Il  fut  envoyé  à  Antioche,  pour 
affermir  les  nouveaux  disciples.  Il  alla  en- 
suite à  Tarse  en  Cilicie,  pour  amener 
saint  Paul  à  Antioche ,  où  ils  furent  dé- 
clarés tous  deux  Apôtres  des  Gentils.  Ils 
annoncèrent  l'évangile  ensemble  en  di- 
vers lieux,  jusqu'à  ce  qu'il  alia  en  Chypre, 
avec  saint  Marc,  où  les  Juifs  de  Salamine 
le  lapidèrent ,  suivant  la  plus  commune 
opinion.  Nous  avons  une  lettre  sous  Je 
nom  de  cet  apôtre,  publiée  en  1645 ,  in-4' 
2. 


3  BAR 

par  don  Luc  d'Achery.  Tillemont  ne 
croit  pas  que  cette  Lettre  soit  de  saint 
Barnabe,  mais  ses  raisons  ne  paraissent 
pas  convaincantes.  Le  savant  Lardner  est 
d'un  avis  contraire ,  et  soutient  qu'elle  est 
de  lui.  Saint  Clément  d'Alexandrie,  Ori- 
gène,  Eusèbe,  saint  Jérôme  l'ont  citée 
sous  le  nom  de  saint  Barnabe.  M.  Bergier 
(  Encyclop  méthod.  )  répond  aux  raisons 
qu'on  oppose  à  son  authenticité.  Cette 
lettre  se  trouve  encore,  en  grec  et  en 
latin ,  dans  le  Recueil  des  Pères  aposlolir 
ques  de  Cotelier,  réimprimé  à  Amster- 
dam, en  1724,  par  les  soins  de  Le  Clerc. 
*  BARNAUD  (  Nicolas  ),  médecin  pro- 
testant ,  naquit  en  Dauphiné  dans  la  pe- 
tite ville  de  Crest ,  dans  le  16e  siècle.  II 
s'occupa  beaucoup,  selon  la  manie  du 
temps,  d'alchimie,  et,  par  suite,  de  la 
recherche  de  la  pierre  philosophale  ;  il 
voyagea  beaucoup,  soit  par  goût,  soit 
pour  se  soustraire  aux  persécutions  quo 
lui  attirait  de  toute  part  sa  hardiesse  à 
manifester  ses  opinions  religieuses.  On  a 
de  lui  un  très  grand  nombre  d'ouvrages  , 
dont  on  trouve  la  liste  dans  le  Diction- 
naire de  Prosper  Marchand ,  et  qui  ont 
été  réunis  dans  un  seul  volume ,  qui  est 
le  oc  du  Theatrum  chimicum ,  publié  à 
Strasbourg  en  1659.  Barnaud  était  l'ami 
de  Socin,  et  traduisit  un  de  ses  ouvrages 
intitulé  :  De  l'autorité  de  la  sainte  Ecri- 
ture ,  1592.  Retiré  à  Genève  après  la  Saint- 
Barthélémy,  il  mit  au  jour,  sous  le  nom 
d'Eusèbe  Philadelphe ,  le  Réveil-matin 
des  Français  et  de  leurs  voisins,  Edim- 
bourg, 1574,  in -8°.  Cet  ouvrage  incen- 
diaire porte  des  caractères  si  marquans 
du  fanatisme  outré  dont  l'auteur  était 
animé ,  que  les  protestans  eux-mêmes  le 
désapprouvèrent ,  et  qu'un  gentilhomme 
nommé  Lafin,  rencontrant  Barnaud  dans 
une  rue  de  Bàle ,  lui  donna  un  soufflet 
pour  lui  exprimer  son  mécontentement 
particulier ,  lui  reprochant  en  même 
temps  le  tort  qu'un  pareil  ouvrage  ferait 
à  la  secte.  Cet  ouvrage  était  en  deux  dia- 
logues :  le  premier  avait  paru  en  latin 
dès  1573;  il  était  dirigé  contre  ceux  aux- 
quels il  attribuait  le  massacre  des  protes- 
tans. Un  autre  ouvrage  fort  rare  dont  le 
titre  est  :  Le  Miroir  des  Français,  in-8c, 
contenant  l'état  et  maniement  des  affaires 
de  France ,  tant  de  la  justice  que  de  la 
police,  mis  en  dialogue  et  publié  en  1582 
sous  le  nom  de  Nicolas  Montant ,  a  été 
attribué  à  Barnaud  par  des  autorités  res- 
pectables ,  qui  ne  donnent  point  les  rai- 
sons   sur  lesquelles  elles  fondent  leur 


BAR 


74 


BAR 


opinion.  Ce  qui  est  certain ,  c'est  que  l'au- 
teur, quel  qu'il  soit ,  s'est  rencontré  avec 
les  révolutionnaires  de  93.  Parmi  les 
moyens  qu'il  indique  pour  la  réforme  du 
royaume  ,  on  en  remarque  plusieurs  qui 
ont  été  récemment  mis  en  usage  ,  tels  que 
la  vente  des  biens  du  clergé,  la  déporta- 
tion des  prêtres ,  leur  mariage,  la  fonte  des 
cloches,  le  maximum,  etc.  On  atlribue  au 
même  auteur,  un  autre  ouvrage  animé  du 
même  esprit, et  intitulé:  Le  Cabinet duroi 
de  France  dans  lequel  il  y  a  trois  perles 
d'inestimable  valeur,  1581,  ou  1582,  in-8°. 
*  BARNAVE  (Antoine-Pierre-Jose pu- 
Marie  ),  fds  d'un  avocat  consultant  de 
Grenoble,  qui  professait  le  protestantisme, 
naquit  dans  cette  ville  en  1761.  Il  reçut  une 
brillante  éducation  et  débuta  très  jeune  au 
barreau.  En  1783 ,  le  jeune  Barnave  pro- 
nonça au  parlement  de  Grenoble  un  dis- 
cours sur  la  nécessité  de  la  division  des 
pouvoirs  dans  le  corps  politique,  qui  lit 
une  très  grande  sensation  Lorsque  la  ré- 
volution éclata,  il  en  adopta  les  principes 
avec  chaleur,  et  fut  député  aux  états-gé- 
néraux par  l'assemblée  des  trois  ordres 
de  sa  province.  Déjà,  en  1788,  il  avait  pu- 
blié une  brochure  intitulée  :  L'esprit  des 
édits  enregistrés ,  où  les  nouvelles  idées 
étaient  vivement  soutenues;  son  éloquence 
ne  tarda  pas  à  lui  acquérir  une  immense 
popularité.  Cazalès  et  Maury  trouvèrent 
en  lui  un  vigoureux  adversaire,  et  il  sut 
tenir  tète  à  Mirabeau.  Dès  les  premières 
séances  des  états-généraux  ,  il  manifesta 
une  vive  opposition  aux  prétentions  des 
deux  ordres  privilégiés,  appuya  la  pro- 
position de  Mounier  qui  tendait  à  substi- 
tuer le  nom  de  commune  à  celui  de  tiers- 
état,  et  voulut,  avec  Sieyès  que  l'assem- 
blée nationale  se  constituât  définitive- 
ment. Dans  les  séances  qui  suivirent,  Bar- 
nave se  fit  remarquer  par  l'emportement 
avec  lequel  il  défendait  la  cause  qu'il 
croyait  celle  de  la  liberté  ,  appuya  la  dé- 
claration des  droits  de  l'homme  dans  la 
séance  du  1er  août ,  demanda  la  création 
des  gardes  nationales  ,  s'éleva  avec  force 
(2  septembre  1789),  contre  le  veto  abso- 
lu, vota  (  13  octobre  )  la  réunion  des  biens 
du  clergé  aux  domaines  nationaux,  fit  ad- 
mettre les  juifs  aux  droits  de  citoyens,  et 
se  prononça  pour  l'abolition  des  oidres 
religieux.  Cet  orateur  voulut  encore  (jan- 
vier 1790  )  que  le  serment  civique  ne 
comprit  pas  la  promesse  de  fidélité  au  roi, 
parce  que  la  personne  du  monarque ,  di- 
sait-il ,  se  trouvait  comprise  dans  la  con- 
stitution. Après  le  meurtre  de  Foulon  et 


de  Berthier,  il  s'oublia  jusqu'à  s'écrier  : 
Le  sang  qui  coule  est-il  donc  si  pur....J 
Cette  exclamation  lui  fut  plusieurs  fois 
reprochée  pendant  lotit  le  cours  de  l'as- 
semblée constituante,  et  lui-même  s'en 
repentit  amèrement.  On  lui  attribue  en- 
core ce  mot  qu'il  aurait  prononcé  lors- 
qu'il était  membre  du  comité  des  colo- 
nies :  Périssent  les  colonies  plutôt  qu'un 
principe!  Lorsqu'on  mit  en  discussion  la 
question  de  savoir  à  qui  appartiendrait 
le  droit  de  paix  et  de  guerre,  Barnave  qui 
voulait  le  faire  résider  dans  le  corps  lé- 
gislatif seul ,  lutta  de  toute  la  puissance 
de  son  talent  contre  Mirabeau  qui  voulut 
qu'il  fût  conféré  au  roi  conjointement  avec 
la  législature.  L'opinion  de  Barnave  pré- 
valut ,  et, son  célèbre  adversaire  dit  de  lui 
à  celte  occasion  :  c'est  un  arbre  qui  mon- 
tera haut  si  on  le  laisse  croître.  En  jan- 
vier 1791,  Barnave  plaida  en  faveur  du 
club  des  jacobins,  connu  sous  le  nom  do 
la  société  des  amis  de  la  constitution, 
contre  le  club  monarchique ,  qu'il  qualifia 
de  rainas  de  factieux.  Cependant  à  celte 
époque  il  commençait  à  s'effrayer  de  la 
marche  que  prenaient  les  événemens  ,  et 
sa  popularité  diminua  du  jour  qu'il  re- 
vint à  des  principes  plus  modérés,  comme 
il  put  s'en  convaincre  lorsqu'il  demanda, 
dans  la  séance  du  11  mai  1791,  qu'on  n'in- 
troduisit aucune  innovation  dans  l'orga- 
nisation des  colonies,  sans  avoir  pris  préa- 
lablement l'avis  des  colons.  Nommé  avec 
Lalour-Maubourg  et  Pétion  pour  assurer 
le  retour  du  roi  arrêté  à  Varennes  ,  il  té- 
moigna les  égards  les  plus  respectueux 
à  l'auguste  captif.  De  îetour  à  l'assem- 
blée, il  parla  avec  force  en  faveur  de  l'in- 
violabilité royale;  les  tribunes  accueilli- 
rent son  éloquent  discours  par  des  huées; 
mais  ses  conclusions  furent  admises.  Bar- 
nave combattit  avec  la  même  énergie  un 
projet  du  comité  militaire  qui  avait  pour 
objet  de  permettre  aux  soldats  de  dénon- 
cer leurs  chefs,  défendit  les  prêtres  réfrac- 
taires  contre  les  violentes  mesures  qu'on 
voulait  établir  contre  eux,  exprima  son 
indignation  contre  les  libellistes  qui  re- 
jetaient toute  forme  de  gouvernement, 
et  proposa  l'ordre  du  jour  sur  la  motion 
de  conserver  au  corps  législatif  le  droit 
de  déclarer  que  les  ministres  avaient 
perdu  la  confiance  de  la  nation.  Dès  lors 
Barnave  fut  regardé  comme  un  déser- 
teur de  la  cause  du  peuple.  Les  liaisons 
qu'il  conserva  avec  la  cour,  où  il  donnait 
de  généreux  conseils,  le  rendant  plus 
suspect  encore,  il  se  retira,  après  la  ses- 


BAR 

sion ,  dans  sa  ville  natale  pour  y  vivre 
inconnu.  Après  la  journée  du  10  août 
1792 ,  il  fut  arrêté  par  suite  de  l'ouverture 
de  l'armoire  de  fer,  aux  Tuileries,  qui 
renfermait  sa  correspondance  avec  la  cour. 
Après  15  mois  de  détention  à  Grenoble  , 
il  fut  conduit  à  Paris,  et  enfermé  à  l'Ab- 
baye ,  puis  à  la  conciergerie ,  d'où  on  le 
traduisit  bientôt  devant  le  tribunal  révolu- 
tionnaire. Ce  fut  en  vain  qu'il  se  défendit 
avec  celte  éloquence  qui  brilla  tant  de 
fois.  Barnave,  condamné  à  mort,  enten- 
dit avec  le  plus  grand  courage  la  sentence 
prononcée  contre  lui.  Monté  sur  l'écha- 
faud,  il  s'écria  en  élevant  ses  yeux  vers 
le  ciel  :  «  Voilà  donc  le  prix  de  tout  ce 
»  que  j'ai  fait  pour  la  liberté  !  »  Cet  ora- 
teur livra  sa  tête  au  bourreau  le  29  oc- 
tobre 1793,  à  l'âge  de  32  ans. 

*  B\RNES  (Robert),  chapelain  du  roi 
d'Angleterre  Henri  VIII,  fut  envoyé  en 
Allemagne  par  ce  monarque,  en  1535, 
pour  conférer  avec  les  théologiens  protes- 
tans  de  Witlemberg,  relativement  à  l'af- 
faire de  son  divorce.  Il  parvint  à  entraî- 
ner en  partie  les  opinions  de  ces  théolo- 
giens, et  prit  sur  lui  de  supprimer  celles 
de  leurs  conclusions  qui  n'étaient  pas  fa- 
vorables aux  vues  du  roi.  Cette  conduite 
lui  concilia  la  faveur  de  son  maître, 
qui  le  chargea  de  négocier  son  mariage 
avec  Anne  de  Clèves;  mais  le  roi  s'étant 
ensuite  repenti  de  cette  union  ,  con- 
serva un  ressentiment  profond  contre  ce- 
lui qui  en  avait  été  l'instrument.  En  1540, 
l'évêque  Gardiner  s'étant  élevé  en  chaire 
contre  les  opinions  de  Luther,  Barnes 
s'empressa  de  le  réfuter  dans  un  sermon 
composé  sur  le  même  texte ,  où  il  n'épar- 
gnait ni  les  personnalités,  ni  les  invecti- 
ves les  plus  triviales,  jusqu'à  plaisanter 
sur  le  nom  de  Gardiner,,  qui ,  en  anglais , 
signifie  jardinier.  Il  lui  fut  enjoint  de  se 
rétracter;  il  obéit,  mais  d'une  manière  si 
ambiguë  que  cela  ne  lit  qu'aigrir  davan- 
tage ses  ennemis.  Il  fut  conduit  à  la  tour 
de  Londres  ,  par  ordre  du  roi ,  et,  bientôt 
après ,  condamné  à  périr  dans  les  flam- 
mes. Il  subit  son  supplice  le  50  juillet  1540, 
argumentant,  jusqu'au  dernier  soupir,  en 
faveur  de  sa  doctrine.  On  a  de  Robert 
Barnes  deux  ouvrages  :  |  un  Traité  con- 
tenant sa  profession  de  foi,  en  dix-neuf 
thèses ,  publié  d'abord  en  latin  ,  avec  une 
préface  de  Poméranus  ,  réimprimé  en  al- 
lemand, à  Nuremberg,  en  1531;  |  l'itœ 
Romanorum  ponti/îcutn  J  ouvrage  publié, 
à  Wittemberg,  en  1556,  avec  une  préface 
de  Luther;  réimprimé  plusieurs  fois. 


73  BAH 

BARIVES  (  Jean  ),  né  en  Angleterre, 
se  fil  bénédictin  à  Douai,  se  relira  ensuite 
à  Paris ,  vers  l'an  1624 ,  pour  éviter  les 
poursuites  de  l'inquisition  :  mais  ayant 
écrit  avec  peu  de  ménagement  sur  des 
matières  délicates,  il  fut  mené  à  Rome 
en  1626,  cl  mis  dans  la  prison  de  ce  tri- 
bunal. Il  y  mourut  50  ans  après.  On  a  de 
lui  un  Traité  contre  les  équivoques  J  en 
latin ,  imprimé  en  1625  ,  in-8° ,  traduit  la 
même  année  en  français;  et  un  autre  in- 
titulé Catholico-  Romanus  pacificus  ,  qui 
fut  cause  de  ses  disgrâces  :  on  le  trouve 
dans  le  Fascisculus  rerum  expetenda- 
rum  et  fugiendarum  d'Ortwinus  Gratius; 
|  Examen  tropœorum  congregationis  prœ- 
tensœ  anglicane? ,  ordinis  Sancli-Bene- 
dicti,  Reims ,  1622 ,  in-8°  ;  |  une  Traduc- 
tion ,  de  l'espagnol ,  du  Combat  spirituel. 

BARNES  (  Josué  ) ,  professeur  de  grec 
à  Cambridge,  né  à  Londres  en  1654,  donna 
en  1710  une  édition  d'Homère.  Il  avait 
une  connaissance  parfaite  de  la  langue 
grecque  ,  qu'il  écrivait  et  parlait  avec  fa- 
cilité; mais  il  ne  put  faire  passer  dans  sa 
traduction  les  beautés  et  le  sublime  du 
poète  qu'il  publiait.  On  a  de  lui  :  |  Y  His- 
toire d'Esther,  en  vers  grecs,  avec  la 
version  latine,  Londres,  1679,  in-8°; 
|  Anacreon  chrislianus,  Cambridge  1705, 
in-12  ;  |  La  Création  du  monde  et  le  Can- 
tique des  cantiques,  en  vers  anglais,  in- 
8°.  Barnes  mourut  en  1712. 

BARNEVELDT  (  Jean  d'OLDEN  ),  avo- 
cat-général des  étals  de  Hollande  ,  acquit 
l'estime  de  la  république  et  des  puissances 
étrangères  ,  dans  ses  négociations  et  dans 
ses  ambassades.  On  peut  ie  compter  par- 
mi les  fondateurs  de  la  république.  Hen- 
ri IV  et  la  reine  Elizabeth  faisaient  beau- 
coup de  cas  de  cet  habile  négociateur. 
Barneveldt,  ayant  voulu  restreindre  l'au- 
torité de  Ma.irice  d'Orange,  opposa  les 
arminiens  aux  gomaristes,  partisans  de 
ce  prince.  Maurice,  pour  se  venger,  fit 
assembler  un  synode  à  Dordrecht ,  com- 
posé des  députés  de  toutes  les  églises  cal- 
vinistes de  lEurope,  excepté  de  celle  do 
France,  en  1618  et  1619.  Cette  assemblée 
condamna  les  arminiens  avec  autant  de 
sévérité  que  s'ils  n'avaient  pas  été  de  la 
même  communion,  et  comme  si  les  réfor- 
més n'avaient  point  ôté  à  l'église  le  droit 
de  décider  les  controverses.  Barneveldt, 
jugé  par  26  commissaires,  eut  la  tèle  tran- 
chée en  1619,  sous  prétexte  d'avoir  voulu 
livrer  sa  pairie  à  la  monarchie  espagnole, 
lui  qui  avait  travaillé  avec  tant  d'ardeur 
pour  soustraire  son  pays  à  cette  puissan- 


BAR 


'6 


BAR 


ce.  On  prétend  qu'il  fut  accusé  d'avoir 
reçu  12,000  écus  pour  conclure  la  trêve 
de  12  ans;  mais  cette  trêve  était  aussi 
avantageuse  à  la  Hollande  qu'à  l'Espagne, 
et  il  n'a  jamais  été  prouvé  que  Barneveldt 
eùl  reçu  cet  argent.  On  iui  envoya  le  mi- 
nistre Walacus,  pour  le  préparer  à  la 
mort  :  Barneveldt  s'entretint  avec  lui  sur 
quelques  matières  de  religion,  et  ne  cessa 
de  protester  de  son  innocence.  Il  renou- 
vela sa  protestation  sur  l'échafaud,  dé- 
clarant qu'il  ne  mourait  point  pour  avoir 
été  traître  ,  mais  pour  avoir  défendu  les 
droits  et  la  liberté  du  pays.  La  France 
avait  inutilement  sollicité  d'abord  pour  sa 
liberté ,  ensuite  pour  sa  vie.  —  Ses  deux 
lils ,  René  et  Guillaume ,  ayant  formé  le 
dessein  de  venger  la  mort  de  leur  père, 
entrèrent  dans  une  conspiration  qui  fut 
découverte.  Guillaume  prit  la  fuite  ;  Re- 
né fut  pris  et  condamné  à  mort.  Son  il- 
lustre mère  demanda  sa  grâce  au  prince 
Maurice  ,  qui  lui  répondit  :  Il  me  parait 
étrange  que  vous  fassiez  pour  votre  fils  , 
ce  que  vous  avez  refusé  de  faire  pour  vo- 
tre mari!  La  dame,  digne  épouse  et  bonne 
mère ,  lui  répartit  avec  indignation.  Je 
n'ai  pas  demandé  grâce  pour  mon  mari, 
parce  qu'il  était  innocent;  mais  je  la  de- 
mande pour  mon  fils,  parce  qu'il  est  cou- 
pable. 

BARO  (  Bai  tu.vzar  ) ,  de  l'académie 
française ,  né  à  Valence ,  mourut  en  1649. 
Il  acheva  XAslrée  de  d'Urfé.  On  a  de  lui 
quelques  pièces  de  théâtre.  Sa  Parlhénie 
est  le  moins  faible  de  ses  ouvrages. 

BAROCCI  ou  BAROZZI  (  François  ), 
patricien  de  Venise  et  célèbre  mathéma- 
ticien ,  vivait  dans  le  16e  siècle.  On  a  de 
lui  des  ouvrages  de  mathématiques  et  des 
traductions  d'ouvrages  grecs  sur  ce  même 
sujet.  Tels  sont  :  |  Heronis  liber  de  ma- 
chinis  bellicis*  Venise,  1572  ,  in-4°,  avec 
des  scolies  et  lig.  ;  J  Procli  in  primum 
elementorum  Euclidis  libre  quatuor,  Pa- 
doue  ,  1560  ,  avec  des  scolies;  |  un  Com- 
mentaire sur  Platon  De  numéro  geome- 
trico,  Boulogne,  1556,  in-4°  ;  |  une  Cos- 
mographie  *  Venise ,  1585 ,  in-4°. 

BAROCHE  ou  BAROCCI  (  Frédéric  ) , 
peintre  ,  né  à  Urbin  en  1528,  mort  dans 
la  même  ville  en  1612  ,  trouva  dans  sa 
famille  les  secours  qu'il  pouvait  désirer 
pour  son  art.  Son  père,  sculpteur,  lui 
montra  à  modeler;  et  il  apprit  de  son 
oncle  ,  qui  était  architecte,  la  géométrie, 
l'architecture  et  la  perspective.  Il  repré- 
sentait sasœur  pour  les  têtes  des  Vierges, 
et  son  neveu  pour  les  Jésus.  Le  cardinal 


de  la  Rovère  prit  sous  sa  protection  ce 
célèbre  artiste ,  qui  n'avait  pour  lors  que 
20  ans ,  et  l'occupa  dans  son  palais.  Ce 
peintre  fut  empoisonné  dans  un  repas,  par 
un  de  ses  envieux.  Les  remèdes  qu'il  prit 
aussitôt  lui  sauvèrent  la  vie;  mais  il  ne 
recouvra  point  entièrement  sa  santé  qu'il 
traîna  languissante  jusqu'àl'âge  de 84  ans. 
Il  ne  pouvait  travailler  que  deux  heures 
par  jour.  Ses  infirmités  lui  firent  refuser 
plusieurs  places  honorables  quc4ui  présen- 
tèrent le  grand  duc  de  Florence,l'empereur 
Rodolphe  II,  et  Philippe  II  roi  d'Espagne. 
On  rapporte  qu'à  Florence ,  le  duc  Fran- 
çoisl,  voulant  savoir  le  jugement  que 
Baroche  porterait  des  tableaux  qui  or- 
naient son  palais ,  le  conduisit  sous  l'ha- 
billement de  son  concierge  ,  l'interrogeant 
et  jouissant  du  plaisir  de  pouvoir ,  par  un 
dehors  simple,  mettre  le  peintre  à  son 
aise,  et  s'entretenir  librement  avec  lui. 
Baroche  a  fait  beaucoup  de  portraits  et  do 
tableaux  d'histoire  ;  mais  il  a  surtout  réussi 
dans  les  sujets  de  dévotion.  Son  usage 
était  de  modeler  d'abord  en  cire  les  figu- 
res qu'il  voulait  peindre  ,  ou  bien  il  fai- 
sait mettre  ses  élèves  dans  les  attitudes 
propres  à  son  sujet.  Il  a  beaucoup  appro- 
ché de  la  douceur  et  des  grâces  du  Corré- 
ge  ;  il  l'a  même  surpassé  pour  la  correc- 
tion du  dessin.  Son  coloris  est  frais  ;  il  a 
parfaitement  entendu  l'effet  des  lumières  ; 
ses  airs  de  tète  sont  d'un  goût  riant  et 
gracieux.  Il  montrait  beaucoup  de  juge- 
ment dans  ses  compositions.  Il  serait  à 
souhaiter  qu'il  n'eût  pas  outré  les  attitudes 
de  ses  figures ,  et  qu'il  n'eût  point  trop 
prononcé  les  parties  du  corps.  On  a  des 
dessins  de  Baroche  au  pastel ,  à  la  plume, 
à  la  pierre  noire  et  à  la  sanguine.  L'on  a 
gravé  d'après  ce  grand  mailre,  et  lui- 
même  a  fait  plusieurs  morceaux  à  l'eau- 
forte.  Ses  tableaux  les  plus  estimés  sont 
le  Pardon ,  la  Déposition  de  la  croix ,  une 
Annonciation  et  l'Extase  de  sainte  Mi- 
cheline sur  le  mont  Calvaire. 

BAROA  (  Emjinard  ) ,  né  à  Saint-Pol- 
de-Léon,  professa  le  droit  à  Bourges 
avec  François  Duaren  son  émule.  Il  mou- 
rut en  1550,  âgé  de  55  ans,  et  laissa  quel- 
ques ouvrages,  Paris,  1562,  in-fol. 

BARO.\  (  Vincent  ),  dominicain  du 
diocèse  de  Rieux,  est  auteur  d'une  Théo- 
logis Morale,  en  latin,  5  vol.  in-8°,  à 
Paris,  1666.  Il  mourut  en  1674,  à  l'âge  de 
70  ans,  après  avoir  occupé  la  place  de  pro- 
vincial ,  et  celle  de  déliniteur-général  au 
chapitre  de  1656.  Sa  Théologie  n'a  guère 
eu  de  cours  que  parmi  ses  confrères. 


r  vu  : 

BYROX  (  Fr.AX<;ois  ),  ne  à  Marseille  en 
1620,  consul  de  France  à  Alep ,  rétablit 
le  commerce  du  Levant ,  presque  entière- 
ment ruiné.  Le  grand  Colbert,  instruit 
des  grands  avantages  qu'il  avait  procurés 
à  Alep  et  dans  toutes  ses  dépendances, 
voulant  également  favoriser  le  commerce 
des  Indes  orientales  ,  l'envoya  à  Surate 
en  1671  ;  et  pendant  12  ans  d'administra- 
tion, il  fit  fleurir  le  commerce  de  France, 
et  le  fit  respecter  des  étrangers.  Il  y  mou- 
lut en  1683,  dans  de  grands  sentimens  de 
religion,  honoré  comme  un  modèle  de 
droiture  et  de  bienfaisance ,  par  les  gen- 
tils même  et  les  mahométans ,  qui  prient 
sur  son  tombeau.  C'est  de  lui  que  Nicole 
tenait  toutes  les  pièces  justificatives  de  la 
doctrine  des  églises  syriennes  sur  l'eu- 
charistie ,  dont  il  a  enrichi  la  Perpétuité 
de  la  Foi. 

BARON  (  Michel  BOYRON,  dit  ),  né  à 
Paris  en  1653,  fils  d'un  marchand  d'Issou- 
dun,  qui  se  fit  comédien,  entra  d'abord 
dans  la  troupe  de  la  Raisin ,  et  quelque 
temps  après  dans  celle  de  Molière.  Baron 
quitta  le  tbéàtre  en  1691 ,  par  dégoût  ou 
par  religion  ,  avec  une  pension  de  milie 
écus  que  le  roi  lui  faisait.  Il  y  remonta 
en  1720 ,  âgé  de  68  ans  ,  et  il  fut  aussi 
applaudi ,  malgré  son  grand  âge,  que  dans 
sa  première  jeunesse.  On  l'appela,  d'une 
commune  voix  ,  le  Roscius  de  son  siècle. 
Il  disait  lui-même  dans  un  enthousiasme 
de  vanité,  digne  d'un  comédien,  que  tous 
les  cent  ans  on  voyait  un  César;  mais 
qu'il  en  fallait  deux  mille  pour  produire 
un  Baron.  Il  était  si  enivré  de  l'excellence 
de  sa  condition,  qu'il  ne  craignait  pas  de 
dire  qu'il  fallait  qu'un  acteur  fût  élevé  sur 
les  genoux  des  reines.  «  Extravagance ,  dit 
»  un  autour  bien  sensé,  que  ses  confrères 
»  ne  répètent  point ,  mais  que  la  sottise 
«  publique  semble  autoriser  par  la  ma- 
»  nière  dont  elle  les  idolâtre.  »  (  Voyez 
GARRICK,  ROSCIUS.  )  Un  jour  son  co- 
cher et  son  laquais  furent  battus  par  ceux 
du  marquis  de  Biran ,  avec  lequel  Baron 
vivait  dans  cette  familiarité  quede  jeunes 
seigneurs  permettent  trop  aisément  aux 
comédiens.  M.  le  marquis ,  lui  dit-il,  vos 
cens  ont  maltraité  les  miens;  je  vous  en 
demande  justice.  Il  revint  plusieurs  fois 
à  la  charge,  se  servant  toujours  du  même 
terme  de  vos  gens  et  des  miens.  M.  de 
Biran ,  choqué  du  parallèle ,  lui  répondit  : 
Mon  pauvre  Baron,  que  veux-tu  que  je  te 
dise?  pourquoi  as-tu  des  gens...?  Preuve 
non  équivoque  du  mépris  qu'ont  pour  le 
comédiens  et  leur  profession  ceux  même 


7  BVR 

qui  s'en  amusent  le  plus.  Il  mourut  en 
1729,  âgé  de  77  ans.  On  a  imprimé,  en 
1760,  3  vol.  in-12  de  pièces  de  théâtre, 
sous  le  nom  de  ce  comédien  ;  mais  on  ne 
croit  pas  qu'elles  soient  toutes  de  lui. 

BARON  (  Hyacinthe-Théodore  ),  an- 
cien professeur  et  doyen  de  la  faculté  de 
médecine  de  Paris,  sa  patrie,  mourut  le 
29  juillet  1758,  âgé  d'environ  72  ans.  IL 
a  eu  beaucoup  de  part  à  la  Pharmacopée 
de  Paris  de  l'année  1732  ,  in-4°  ;  et  a  don- 
né, en  1759,  une  dissertation  académique 
en  latin,  sur  le  chocolat  :  An  senibus  cho- 
colala  potus?  Elle  a  été  imprimée  plu- 
sieurs fois. 

BARON  (  Théodore  ) ,  fils  du  précé- 
dent ,  docteur-régent  de  la  faculté  de  mé- 
decine de  Paris ,  membre  de  l'académie 
des  sciences,  marcha  sur  les  traces  de  son 
père.  Il  naquit  à  Paris  le  27  juin  1715,  et 
mourut  le  10  mars  1768.  On  a  de  lui  :  |  une 
édition  du  Cours  de  Chimie  de  Lémery, 
augmentée  ;  |  Pharmacopea  Thomas  Ful- 
Icrij  editio  casligatior.  Il  connaissait  la 
théorie  et  la  pratique  de  la  science  qu'il 
professait. 

*  BARON  ou  BARO  (  Pierre  ) ,  théolo- 
gien protestant,  était  né  à  Etampes  dans 
le  courant  du  16e  siècle.  Obligé  de  sortir 
de  France,  pour  cause  de  religion,  il 
passa  en  Angleterre,  où  il  fut  accueilli  par 
lord  Burleigh.  L'université  de  Cambridge 
l'admit  parmi  ses  membres,  et  le  nomma 
à  une  chaire  de  théologie.  On  professait 
à  la  rigueur  dans  cette  université  les 
principes  dé  Calvin  sur  la  justification. 
Baron  ayant  paru  s'en  écarter ,  et  tendre 
au  pélagianisme,  fut  privé  de  sa  chaire. 
Il  était  savant,  d'un  caractère  sociable,  et 
irrépréhensible  dans  sa  conduite.  Si  on 
croit  Bayle ,  il  repassa  en  France.  Selon 
Watkins,  il  mourut  à  Londres  au  com- 
mencement du  17e  siècle,  et  fut  enterré 
à  Sainl-Olave  dans  Harl-Street.  On  a  de' 
lui  :  |  Prœlectiones  59  in  Jonam ,  Lon- 
dres ,  1579  ;  |  Summa  trium  sentenliarttm 
de  prœdestinatione;  \  De  prœstanlia  et 
dignitale  divinœ  iegis. 

*  BARON  (  Bo\\vE\TUiiE  ),  franciscain 
irlandais,  naquit  à  Cloumell,  dans  le  comté 
de  Tippeiary,  au  commencement  du  17e 
siècle;  son  vrai  nom  était  Fitz-Gerald. 
Neveu  du  fameux  P.  Luc  Wadding,  anna- 
liste et  historien  de  son  ordre,  il  reçut  de 
lui  sa  première  éducation.  Ce  savant  re- 
ligieux, lorsque  Baron  fut  assez  avancé 
dans  ses  études,  l'envoya  à  Rome  s'y 
perfectionner,  et  s'appliquer  aux  sciences 
divines  et   humaines.  Baron  y  fit  de   re- 

1, 


BAR 


78 


BAR 


pides  progrès.  A  l'exemple  de  son  oncle , 
il  entra  dans  l'ordre  de  Saint-François , 
et  contribua  comme  lui  à  son  illustration. 
Il  a  publié  divers  ouvrages  latins,  en  prose 
et  en  vers.  Les  principaux  sont  :  |  Metra 
miscellanea,  Rome,  1645,in-24;  |  Opus- 
cula  varia jWurUbourg ,  1666,  4  vol.  in- 
fol.  dont  le  4e  a  paru  à  Lyon,  1688;  |  Theo- 
loçiaJ6  vol.,  Paris,  1676.  Il  mourut  à 
Rome  en  1696,  dans  un  âge  fort  avancé. 

11  était  devenu  aveugle. 
BAROMUS  (  César  ) ,  naquit  en  1538 

à  Sora ,  ville  épiscopale  du  royaume  de 
Naples.  Les  troubles  de  ce  pays  l'obligè- 
rent de  suivre  son  père  à  Rome,  en  1557. 
Saint  rinlippe  de  Néri ,  fondateur  de 
l'Oratoire  d'Italie ,  l'agrégea  à  sa  congré- 
gation ;  et  s'étant  démis  de  la  charge  de 
supérieur-général ,  il  la  lui  fit  donner.  Il 
fut  ensuite  confesseur  de  Clément  VIII, 
qui  le  fit  cardinal  en  1596,  et  bibliothé- 
caire du  Vatican.  Dans  le  conclave  où 
Léon  XI  fut  élu ,  Baronius  eut  plus  de 
trente  voix  pour  lui.  Son  mérite  aurait 
dû  les  réunir  toutes ,  mais  les  Espagnols 
lui  donnèrent  l'exclusion.  Il  mourut  en 
4607.  Ses  Annales  Ecclesiastici ,  depuis 
Jésus-Christ  jusqu'en  1698,  sont  une 
grande  preuve  de  sa  capacité  et  de  son 
amour  pour  le  travail.  Elles  parurent  en 

12  vol.  in-fol. ,  1593  et  années  suivantes. 
Son  but  dans  cet  ouvrage,  commencé  dès 
l'âge  de  50  ans ,  fui  d'opposer  à  la  com- 
pilation indigesie  des  eenturiateurs  de 
Magdebourg,  un  livre  de  même  nature, 
dans  lequel  l'Eglise  catholique  serait  ven- 
gée des  imputations  dont  la  chargeaient 
ces  hérétiques.  L'exécution,  quoique  en 
général  heureuse,  ne  répond  pas  toujours 
au  zèle  de  l'auteur.  Baronius  ne  savait 
qu'imparfaitement  le  grec  ,  et  sa  critique 
n'était  pas  toujours  assez,  sévère.  De  là 
ses  méprises  dans  l'histoire  des  Grecs ,  et 
les  faits  apocryphes  qu'il  adopte.  Il  y  a  de 
la  clarté  et  de  l'ordre  dans  son  slyle ,  mais 
ni  pureté ,  ni  élégance.  Le  P.  Pagi ,  cor- 
delier,  Isaac  Casaubon,  le  cardinal  Noris, 
Tillemont,  etc.,  ont  relevé  bien  des  fautes 
de  cet  annaliste.  On  a  réuni  la  plupart  des 
remarques  de  ces  savans,  dans  une  édition 
donnée  à  Luctmes  en  1753  et  années  sui- 
vantes, formant  28  vol.  in-fol.  On  ne  peut 
nier ,  en  la  parcourant ,  que  Baronius  ne 
se  soit  souvent  trompé  ;  mais  quand  on 
entre  le  premier  dans  une  carrière  im- 
mense et  très  épineuse,  il  est  pardonnable 
de  faire  des  faux  pas.  On  a  encore  de  ce 
savant  cardinal  des  Noies  sur  le  Martyro- 
loge romain,  pleines  d'érudition  et  d'une 


critique  fort  au-dessus  de  son  temps.  On 
joint  ordinairement  à  ses  Annales ,  la 
Continuation ,  par  Rainaldi ,  Rome  ,  1646 
et  suiv.  10  vol.  in-fol.  ;  l'abrégé  du  même 
Rome ,  1667 ,  in-fol.  ;  |  la  Continuation  de 
Laderchis,  Rome,  1728,  3  vol.  in-folio; 
la  Critique  de  Pagi ,  4  vol.  in-fol.  1705  ;  et 
Apparatus ,  Lucqucs,  1740,  in-fol.  La 
Continuation  de  Sponde  ,  3  vol.  in-fol. 
n'est  pas  estimée ,  ni  celle  de  Bzovius  en 
9  vol.  On  a  traduit  en  français  Y  Abrégée 
Baronius  qu'a  donné  Sponde ,  2  vol.  in- 
fol.  et  la  Continuation  de  Sponde,  en  3 
vol.  in-fol. 

BARROZZL  Voyez  BAROCCI. 

BARROZZIO.  Voyez  VIGNOLE. 

BARRADAS  (  Sébastien  ) ,  jésuite  de 
Lisbonne,  né  en  1542,  prêcha  avec  tant 
de  succès,  qu'on  lui  donna  le  titre  d'A- 
pôtre du  Portugal.  Il  mourut  en  odeur 
de  sainteté ,  l'an  1615.  Ses  ouvrages,  im- 
primés à  Anvers,  1617,  et  à  Cologne  en 
1628,  sont  en  4  vol. in-fol.,  parmi  lesquels 
on  dislingue  son  Ilinerarium  filiorum 
Israël  ex  AEgypto  in  Terram  repromis- 
sionis,  imprimé  séparément  à  Paris,  1620 
in-fol.  Sa  Concordance  des  Evangiles  est 
aussi  très  estimée;  elle  est  méthodique  , 
claire ,  solide ,  pleine  d'onction  et  bien 
écrite  en  latin;  l'explication  du  sens  litté- 
ral y  est  suivie  d'excellentes  réflexions 
morales. 

*  BARRAIRON  (  FnvxçoiS  -  Marie- 
Loi:  is  ),  né  en  1746  à  Gourdon  ,  (  aujour- 
d'hui dans  le  département  du  Lot.  )  était 
un  des  dix-sept  directeurs  de  correspon- 
dance à  l'administration  des  domaines , 
lorsque  la  révolution  éclata  ,  et  fut  nom- 
mé en  décembre  1790 ,  commissaire  ad- 
ministrateur. Changeant  de  principes , 
comme  la  France  changeait  de  gouverne- 
ment ,  il  conserva  son  poste  sous  le  Di- 
rectoire et  sous  l'empire.  En  1804,  le  dé- 
partement du  Lot  le  nomma  candidat  au 
corps-législatif,  et  celui  d'Indre-et-Loire, 
en  1812  ,  candidat  au  sénat  conservateur 
mais  on  ne  le  vit  à  aucune  de  ces  deux 
chambres.  Napoléon  lui  donna  le  titre  de 
baron.  A  la  première  rentrée  du  roi ,  Bar- 
rairon  fut  maintenu  dans  son  poste, et  après 
la  seconde,  il  remplaça  le  comte  Duchàtel 
dans  la  direction  générale  de  l'enregistre- 
ment et  des  domaines.  En  1816 ,  le  roi  lui 
conféra  le  titre  de  conseiller  d'étal  hono- 
raire. Il  fut  député  à  la  chambre  la  même 
année  par  le  département  du  Lot.  Elevé 
en  1820  ,  au  rang  de  comte ,  Barrairon 
fut  désigné  pour  présider  des  élections 
dans  son  département  et  élu  par  l'arron- 


BAR 


79 


BAR 


àissement  de  Gourdon.  Mais  il  mourut  le 
5  décembre  1820  à  Château-Renault. 

BARRAL  (  l'abbé  Pierre  ) ,  né  à  Gre- 
noble ,  alla  de  bonne  heure  à  Paris ,  où  il 
se  chargea  de   quelques  éducations,   et 
mourut  le  21  juillet  1772.  «  Pour  tenir  à 
»  quelque  chose  (  dit  dom  Chaudon  ) ,  il 
»  s'était  fait  janséniste,  et  il  était  un  de 
»  ceux  qui  parlaient  et  qui  écrivaient  avec 
»  le  plus  de  violence  contre  les  ennemis 
»  de  Port-Royal.  Il  développa  ses  senti- 
»  mens  dans  son  Dictionnaire  historique, 
*  littéraire  et  critique  des  hommes  célè- 
»  bres ,  1759,  6  vol.  in-8°.  L'enthousiasme 
»  et  l'animosité ,  ces  deux  passions  si  ri- 
»  dicules  dans    un  homme  de  lettres ,  si 
»  dangereuses  dans  un  historien ,  ont  cli- 
»  rigé  l'auteur  et  l'ont  égaré.  Les  éloges 
»  les  plus  outrés   et  les  injures  les  plus 
»  atroces  se  présentent  tour-à-tour  sous 
r  sa  plume.  Dans  les  articles  des  ennemis 
»  de  la  bulle ,  il  emploie  toutes  les  hyper- 
»  boles  des  oraisons  funèbres.  On  a  dit , 
a  avec  quelque  raison,  que  ce  livre  était 
»  le  Martyrologe  du  jansénisme  fait  par 
»  un  convulsionnaire.  »  On  peut  voir  une 
critique  détaillée  de  ce  Dictionnaire,  dans 
l'avertissement  du  Dictionnaire  histori- 
que de  l'abbé  Ladvocat,  édition  de  Paris, 
176k.  A  cette  critique  ,  où  règne  l'honnê- 
teté et  la  modération,  l'abbé  Ladvocat  a 
joint  une  liste  des  fautes  ou  bévues  de 
toute  espèce ,  dont  fourmille  le  Diction- 
naire de  l'abbé  Barrai.  Cette  liste  est  sui- 
vie d'une  autre  qui  indique  les  articles 
des  hommes  illustres  omis  dans  cet  ou- 
vrage. On  a  encore  de  lui  |  Sœvigniana, 
1750,  in-12.  C'est  un  recueil  dépensées 
tirées  des  Lettres  de  Mme  de  Sévigné ,  avec 
des  lettres  calomnieuses.  |  Dictionnaire 
iwrtatif  de  la  Bible  ,  Paris  ,  1779,  2  vol. 
in-12;  compilation  superficielle,  pleine  de 
fautes  de  tous  les  genres,  qui  ne  don- 
nera certainement  lias  une  idée  juste  des 
livres  saints.  On  dirait  que  l'auteur  s'est 
attaché    de   préférence    aux    traits  qui, 
dans  un  état  isolé,  sans  nuance  et  sans  en- 
semble ,    peuvent  alimenter  l'esprit    de 
dérision  et  de  satire.  Un  théologien  ap- 
pelle ce  Dictionnaire ,   le   Persifflage  de 
l'histoire- sainte.  «  Gémissons ,  ajoute-t-il, 
»  de  ce  que  des  ouvrages  de  cette  nature, 
»  dont  l'objet  présente  tant  d'attraits  à  la 
»  piété  et  au  zèle ,  sortent  si  souvent  des 
»  mains  de  gens  de  parti ,  qui  ne  peuvent 
»  que  disserter  ou  narrer  d'une  manière 
ié  froide  et  aride. ,  pour  lesquels  l'onction , 
»  le  langage   de  conviction  et  de  senti- 
»  ment  sont  des  choses  étrangères  et  igno- 


»  rées ,  et  qui  n'ont  d'ardeur  et  d'industrie 
»  que  pour  les  marottes  de  secte.  »  |  Dic- 
tionnaire des  antiquités  romaines,  1766, 
5  vol.  in-8°.  C'est  un  abrégé  du  Diction- 
naire de  Pitiscus ,  qui  est  estimé. 

*  B  ARRAL  (Louis-Mathias,  comte  de), 
archevêque  de  Tours,  docteur  de  la  maison 
de  Navarre,  naquit  à  Grenoble,  le  20 
avril  1746,  et  se  destina  de  bonne  heure  à 
l'état  ecclésiastique.  Il  fit  ses  éludes  de 
théologie  à  St.-Sulpice,  et  suivit  les  cours 
de  la  Sorbonne.  Le  cardinal  de  Luynes  se 
l'attacha  ensuite  d'une  manière  particu- 
lière, l'emmena  à  Rome  à  l'époque  du 
conclave  qui  s'ouvrit  après  la  mort  de 
Clément  XIII ,  et  à  son  retour  en  France 
le  nomma  grand  archidiacre  de  son  dio- 
cèse. En  1782,  l'abbé  Barrai  fut  fait  abbé 
du  Mas-d' Asile,  au  diocèse  de  Rieux,  et  la 
province  de  Sens  le  créa  ,  en  1785  ,  agent 
général  du  clergé.  Ce  fut  pour  lui  une 
occasion  de  déployer  des  connaissances 
étendues  et  un  talent  très  rare.  En  1789, 
son  oncle  ,  évêque  de  Troyes  ,  le  fit  nom- 
mer son  coadjuteur,  et  l'année  suivante  il 
se  démit  en  sa  faveur  de  son  évèché.  Le 
nouvel  évêque,  ayant  refusé  le  serment  en 
1791  à  la  constitution  civile  du  clergé,  se 
retira  en  Suisse,  auprès  de  M.  de  Belloy, 
depuis  archevêque  de  Paris.  De  là  il  se  ren- 
dit en  Angleterre  d'où  il  revint  en  France 
en  1801 ,  et  donna  le  serment  qu'exigeait 
le  premier  consul,  en  recommandant  aux- 
prêtres  de  son  diocèse  la  même  docilité. 
Il  se  démit  même  de  son  évéché,  pour 
rendre  plus  facile  l'accomplissement  du 
concordat ,  et  acheva  ainsi  de  se  concilier 
la  bienveillance  du  premier  consul  qui  le 
chargea  du  soin  de  gagner  à  la  nouvelle 
constitution  les  piètres  du  diocèse  de 
Poitiers.  M.  de  Barrai  fut  ensuite  nommé 
à  révèché  de  Meaux ,  et  devint,  à  la  créa- 
tion de  l'empire,  aumônier  de  la  princesse 
Caroline,  puis  de  l'impératrice  Joséphine. 
Le  cardinal  de  Boisgelin,  archevêque  de 
Tours,  étant  mort  au  mois  d'août  1804, 
M.  de  Barrai  lut  nommé  pour  le  rempla- 
cer ,  et  préconisé  dans  le  consistoire  tenu 
le  1er  février  1805  ,  durant  le  séjour  du 
pape  à  Paris.  Lorsque  des  divisions  écla- 
tèrent entre  la  cour  de  Rome  et  le  gou- 
vernement impérial,  outre  la  lettre  com- 
mune écrite  au  souverain-pontife  par  19 
évéques  réunis  à  Paris  pour  lui  exprimer 
leurs  inquiétudes  et  lui  adresser  leurs 
vœux,  quelques  prélats  lui  en  adressèrent 
de  particulières,  et  M.  de  Barrai  lui  en 
écrivit  deux,  sous  les  dates  du  18  septem- 
bre 1808,  et  du  4  août  1809.  Mais  avant  que 


BAR  80 

ia  dernière  cùl  pu  parvenir ,  le^  élais  ro- 
mains furent  envahis  et  le  pape  fut  trans- 
féré à  Savone  ,  et  de  là  à  Fontainebleau. 
L'archevêque   de    Tours    fut   chargé  de 
toutes  les  négociations  d«  l'empereur  avec 
le  saint  Père  ,  et  Napoléon  ,  pour  récom- 
pense de  ses  services,  le  nomma  sénateur, 
puis  comte  de  l'empire ,  et  enfin,  en  1813, 
grand'eroix  de  l'ordre  de  la  Réunion.  Na- 
poléon avait  été  renversé  du  trône  ,  lors- 
que M.  de  Barrai  prononça  le  2  juin  1814, 
l'oraison  funèbre  de  l'impératrice  José- 
phine. Louis  XVHI  l'appela  peu  de  jours 
après  à  la  chambre  des  pairs.  Durant  les 
cent-jours  l'archevêque  lit  encore  partie 
de  cette  même  chambre,  et  officia,  le  2 
juin  1815  ,  à  la  messe  qui  fut  célébrée  au 
C!iamp-de-Mai.   Il   refusa  néanmoins  de 
signer  l'acte  additionnel.  Après  la  seconde 
rentrée  du  roi,  une  ordonnance  royale  du 
24  juillet  1813  le  déclara  démissionnaire. 
M.  de  Barrai ,  après  avoir  publié  un  mé- 
moire justificatif  de  sa  conduite,  s'occupait 
exclusivement  de  l'administration  de  son 
diocèse,  lorsque  le  7  juillet  de  l'année  sui- 
vante, il  fut  emporté  par  une  attaque  d'a- 
poplexie. On  a  de  cet  archevêque  :  j  Lellre 
à  M.  C.  Butter,  dans  laquelle  il  déclare 
qu'on  peut  prêter  le  serment  de  liberté  et 
d'égalité  ;  |  Sentiment  de  M.   l'évêque  de 
Troyes,  résidant  à  Londres,  sur  la  légi- 
timité et  la  fidélité,  en  réponse  à  un  écrit 
intitulé  :  Véritable  état  de  la  question  de 
la  promesse  de  fidélité  à  la  constitution 
demandée  aux  prêtres  .Paris,  1800;  |  Frag- 
mens  relatifs  à  l'Histoire  ecclésiastique 
du  19e  siècle,  Paris,  1814,  in-8°;  cet  ou- 
vrage renferme  des  mémoires  sur  ses  né- 
gociations avec  le  pape  en  1810  et  1812,  et 
quelques  autres  écrits  du  même  genre; 
|  Discours  prononcé  par  l  archevêque  de 
Tours  aux  obsèques  de  sa  majesté  l'im- 
pératrice Joséphine  ;  |  Défense  des  libertés 
de  l'église  gallicane  et  de  l'assemblée  du 
clergé  de  France  en  1782  ,  ou  Réfutation 
de  plusieurs  ouvrages  publiés  en  Angle- 
terre sur  l'infaillibilité  du  pape  ,  1  vol. 
in-4°. 

*  BARR  YLIER  (  Hoxoré-Fr.wçois)  , 
jeune  littérateur  et  helléniste ,  né  à  Mar- 
seille, le  10  avril  1803  était  fils  d'un  avo- 
cat distingué,  et  avait  de  si  heureuses  dis- 
positions pour  l'étude,  qu'à  l'âge  de  13  ans 
il  avait  déjà  fini  son  cours  de  philosophie, 
possédait  le  latin  ,  savait  le  grec  et  plu- 
sieurs .langues  modernes.  Barralier  avait 
onssi  beaucoup  de  talent  pour  les  vers, 
et  plusieurs  de  SC3  poésies  furent  cou- 
ronnées par  une  société  littéraire  de  sa 


BAR 

ville  natale,  dont  il  était  secrétaire.  A  seize 
ans,  il  composa  le  Discours  sur  l'immor- 
talité de  l'âme  ,  que  son  père  a  publié  en 
1822,  in-8°.  Ayant  voulu  se  baigner  en 
sortantde  table,  il  mourut  en  peudejours, 
le  24  juillet  1821,  n'étant  âgé  que  de  seize 
ans  et  quatre  mois.  Il  a  laissé  en  manus- 
crit diverses  poésies,  et  un  Traité  sur  les 
mœurs  des  anciens ,  comparées  à  celles 
des  modernes,  sous  le  point  de  vue  de  la 
morale. 

*  BARRAS  (  Paul-Jean-François-Ni- 
colas  ,  comte  de  ) ,  l'un  des  personnages 
les  plus  fameux  de  la  révolution  française , 
membre  de  la  Convention  et  du  Direc- 
toire,  naquit  le  30  juin  175S,  à  Fox  en 
Provence  (aujourd'hui  dans  le  départe- 
ment du  Var),  d'une  famille  dont  on  dit 
proverbialement  dans  le  pays  :  Noble 
comme  les  Barras  aussi  anciens  que  nos 
rochers.  Il  se  dévoua  de  bonne  heure  à  la 
carrière  militaire,  fut  fait  sous-lieutenant 
au  régiment  de  Languedoc,  et  s'embarqua 
en  1773,  pour  l'île  de  France,  dont  le  gou- 
verneur lui  était  allié.  Il  passa  dans  l'Inde 
avec  le  grade  de  capitaine  dans  le  régi- 
ment de  Pondichéry,  et  arriva  dans  cette 
ville,  après  avoir  fait  naufrage  sur  les 
Maldives.  Pondichéry  fut  attaqué,  sans  dé- 
claration de  guerre,  par  20  mille  Anglais, 
et  le  général  Bellecombe,  gouverneur  de 
cette  place  ,  après  une  courageuse  résis- 
tance fut  obligé  de  capituler.  Barras  assista 
encore  au  combat  de  la  Proya  sur  l'esca- 
dre de  M.  de  Suffren,  et  retourna  ensuite 
en  France ,  où  il  eut  bientôt  dissipé  un 
patrimoine  médiocre.  La  révolution  de 
1789  lui  ouvrit  une  nouvelle  carrière.  Il 
figura  dans  les  assemblées  du  tiers-état, 
coopéra  le  14  juillet,  avec  le  général  La- 
poype  ,  à  la  prise  de  la  Bastille  ,  se  fil  af- 
filier un  des  premiers  à  la  société  des 
jacobins,  paya  de  sa  personne  dans  la 
journée  du  10  août  1792 ,  et  favorisa  con- 
stamment les  progrès  de  la  révolution. 
Successivement  administrateur  du  dépar- 
tement du  Var ,  haut  -  juré  à  la  cour 
d'Orléans,  commissaire  près  de  l'armée 
d'Italie,  etadminislrateur  général  du  comté 
de  Nice,  il  fut  député  à  la  Convention,  et 
vola  la  mort  de  Louis  XVI  sans  sursis  et 
sans  appel.  Au  31  mai  1793,  il  participa 
au  mesures  prises  contre  les  girondins.  Il 
se  trouvait  à  l'armée  d'Italie,  lorsqu'on 
l'informa  que  les  deux  représentais  Bayle 
et  Beauvais  qui  lui  avaient  été  adjoints 
dans  sa  mission,  avaient  été  arrêtés  à 
Toulon  dont  les  Anglais  s'étaient  emparés, 
et  que  sa  tête  y  éluil  mise  à  prix.  Il  se  hâta 


BAR 


de  rassembler  des  troupes  à  Nice,  et  forma 
le  blocus  de  Toulon.  Le  général  Dugom- 
mier  dirigeait  les  opérations  du  siège , 
Barras  commandait  la  division  de  gauche, 
et  l'artillerie  avait  à  sa  tête  Bonaparte  , 
alors  simple  capitaine.  Les  républicains 
ayant  repris  Toulon  y  exercèrent  une 
vengeance  terrible ,  et  Barras  écrivait  à 
cette  occasion  à  la  Convention  «  que  les 
»  seuls  honnêtes  gens  qu'ils  eussent  trou- 
i*  vés  dans  la  ville  étaient  les  galériens.  » 
Malgré  les  actes  de  cruauté  commis  dans 
le  midi  par  la  commission  des  représen- 
tai dont  Barras  faisait  partie  ,  il  s'acquit 
une  popularité  qui  fit  ombrage  à  Bobes- 
pierre,  et  à  son  retour  à  Paris,  il  fut  mal 
accueilli  des  comités.  Le  règne  de  la  terreur 
avait  alors  son  cours  ,  et  les  ennemis  de 
Barras  voulaient  le  frapper  ,  à  coup  sûr, 
en  l'enveloppant  dans  une  proscription 
générale.  Celui-ci  les  prévint ,  en  con- 
tribuant à  la  journée  du  9  thermidor  (  27 
juillet  1794)  qui  anéantit  le  pouvoir  de 
Bobespierre.  Cet  homme  de  sang  ayant 
été  délivré  par  la  commune ,  et  Henriot 
marchant  sur  la  Convention  à  la  tête  de  la 
garde  nationale,  l'assemblée  chargea  Bar- 
ras de  la  défendre.  Il  dispersa  les  troupes 
d'Henriot ,  s'empara  de  Bobespierre  et 
l'envoya  à  l'échafaud.  Barras  se  rendit 
aussi  au  Temple  et  fit  donner  quelques 
secours  à  Louis  XVII,  qu'il  trouva  malade, 
ainsi  qu'à  Madame.  Le  lendemain  il  se  dé- 
mit de  son  pouvoir  et  se  vit  assailli  de  dé- 
nonciations. Il  accusa  lui-même  ses  collè- 
gues envoyés,  avec  lui  dans  le  midi,  Moïse 
Bayle  et  Granet,  d'être  les  auteurs  des 
troubles  et  des  massa  res  de  cette  contrée 
et  de  plus  les  ennemis  de  Marat.  Accusé 
à  son  tour  de  dilapidation,  un  décret  ap- 
prouva sa  conduite.  Après  avoir  été  se- 
crétaire et  président  de  la  Convention,  en 
novembre  1794,  et  membre  du  comité  de 
sûreté  générale,  il  se  rangea  parmi  les 
réactionnaires  contre  les  Montagnards. 
En  1795,  il  provoqua  néanmoins  la  célé- 
bration de  l'anniversaire  de  la  mort  de 
Louis  XVI;  mais  l'énergie  avec  laquelle 
il  poursuivit  au  1er  prairial  (20  mars  1793), 
les  restes  du  parti  de  la  Montagne,  lui 
rendit  la  confiance  de  la  majorité  de  la 
Convention ,  et  ranima  les  espérances  de 
quelques  royalistes,  espérances  qui  ne 
furent  point  de  longue  durée.  Dans  la 
journée  du  13  vendémiaire  (5  octobre 
1795),  Barras  fut  chargé  une  seconde  tois 
de  défendre  la  Convention,  et  prit  Bona- 
parte pour  son  aide-camp.  Il  le  fit  ensuite 
nommer    général    de  l'armée  de  l'inté- 


BAR 

rieur,  et  plus  lard,  par  le  Directoire,  do 
l'armée  d'Italie.  Ce  fut  encore  lui  qui  fit 
épouser  à  son  protégé  la  veuve  du  général 
Beauharnais.  Barras  investi,  pour  la  troi- 
sième fois,  d'une  sorte  de  dictature  au  18 
fructidor  ,  sortit  encore  vainqueur  de  la 
lutte  ;  il  donna  au  Luxembourg  les  fêtes 
les  plus  brillantes  ,  et  l\m  ne  parlait  que 
de  la  cour  de  Barras  ,  qui  pendant  deux 
ans  conserva  sur  ses  collègues  un  ascen- 
dant marqué.  Après  les  événemens  du  50 
prairial  an  7 ,  où  le  Directoire  fut  ren- 
versé, Barras  resta ,  avec  Sieyès,  chef  do 
l'autorité  executive,  et  reçut  alors  des  of- 
fres du  ministre  anglais  Pitt,  qui  l'enga- 
geait à  s'emparer  de  la  souveraine  puis- 
sance. Il  noua  aussi  des  relations  avec 
Louis  XVIII,  et  envoya  en  Allemagne 
David  Mounier  muni  d'instructions  se- 
crètes pour  traiter  avec  ce  prince.  Il  s'en- 
gageait à  rétablir  la  monarchie  si  le  roi 
lui  accordait  sûreté  et  oubli*  et  de  plus 
une  indemnité  de  douze  millions.  Il  avait 
pris  ses  mesures  pour  le  rétablissement 
de  la  dynastie  des  Bourbons,  lorsque  Bo- 
naparte qui  avait  été  instruit  par  Lucien 
de  l'état  de  la  France  revint  d'Egypte. 
Barras  lui  confia  ses  projets  ;  mais  le  jeune 
général,  secondé  par  Sieyès,  opéra  la  ré- 
volution du  18  brumaire  ,  qui  l'élèva  au 
consulat,  et  fit  rentrer  Barras  dans  la  vie 
privée.  Dans  sa  retraite  à  Grosbois ,  ce 
dernier  se  vit  accuser  à  la  fois  d'avoir 
voulu  favoriser  les  jacobins ,  servir  les 
Bourbons  et  usurper  l'autorité  suprême. 
Bonaparte  lui  fit  proposer  diverses  fonc- 
tions élevées,  mais  il  n'en  voulut  accepter 
aucune  et  irrita  ainsi  le  premier  consul , 
qui  lui  fit  appliquer  la  loi  qui  obligeait  les 
militaires  destitués  à  se  retirer  à  40  lieues 
de  la  capitale.  Barras  se  rendit  à  Bruxelles, 
d'où  il  obtint  en  1805,  pour  cause  de 
santé  ,  l'autorisation  de  se  retirer  à  Mar- 
seille. Désigné  comme  conspirateur,  en 
1813,  par  le  préfet  Thibaudeau,  il  fut  exilé 
à  Borne,  et  lorsque  Murât  y  fut  entré 
avec  son  armée,  en  1814,  il  reçut  l'ordro 
de  gagner  Montpellier.  Bevenu  à  Paris 
après  le  relourduroi,  il  y  vécut  tranquille 
et  ignoré  pendant  les  ceni-jours  Depuis 
il  se  fixa  à  Chaillot ,  où  il  est  mort  le  29 
janvier  1829.  Barras  était  doué  d'une  âme 
énergique  et  ambitieuse;  il  écoutait  diffi- 
cilement les  conseils ,  et  l'on  se  souvient 
qu'en  1795  il  fit  cruellement  fustiger  dans 
les  appartemens  du  Luxembourg  M.  Pou- 
celin,  rédacteur  de  la  Gazette  de  France, 
qui  l'avait  attaqué  avec  l'arme  du  ridi- 
cule. 


BAR  82 

BARRE    (Pierre  la).   Voyez    BAR- 
RIÈRE (  Pierre  ). 

BARRE  (  Fn/uvçois  POULAIN  de  la) , 
naquit  à  Paris  en  1647.  Il  s'adonna  à  la  phi- 
losophie, aux  belles-lettres  et  à  la  théolo- 
gie. Il  joignit  à  ces  éludes  celle  de  l'Ecri- 
ture sainte    et  de  la  tradition;  mais  il 
n'en  profita  guèjre  pour  sa  conduite,  et 
perdit,  par  le  dérèglement  de  ses  mœurs, 
l'esprit  de  son  état,  et  même  la  vraie  foi, 
qu'il  abjura  pour  se  marier  à  Genève, 
après  avoir  quitté  la  cure  de   la  Flamin- 
grie  dans  le  diocèse  de  Laon,  à  laquelle  il 
avait  été  nommé.   Réduit  à  la  misère,  il 
enseigna  la  langue  française  aux  jeunes 
étrangers,  jusqu'à  ce  qu'il  eût  une  classe 
dans  le  collège  de  Genève.   Il  y  mourut 
en  1723.  On  a  de  lui  |  un  traité  De  l'éga- 
lité des  deux  sexes,  in-12,  1073.  Il  publia 
ensuite  |  un  traité  De  l'excellence  des 
hommes,  contre  l'égalité  des  sexes,  in- 
12.  Ce  sont  des  espèces  de  plaidoyers  où 
il  y  a  quelquefois  des  réflexions  qui  dé- 
génèrent  en   turlupinades,  et  d'ailleurs 
peu  de  choses  solides  à  recueillir.  Il  a 
donné  encore  |  un  Traité  de  l'éducation 
des  dames,  1679,  et  le  Rapport  de  la  lan- 
gue latine  avec  la  française ,  1672 ,  in-12. 
BARRE  (Louis-François-Joseph de  la), 
de  l'académie  des  inscriptions,  naquit  à 
Tournai  en  1688 ,  et  mourut  à  Paris  en 
1738,  après  avoir  publié  plusieurs  ouvra- 
ges :  |  Imperium  orientale ,  en  2  vol.  in- 
fol.    conjointement     avec   don    Banduri 
qu'il  avait  pris  pour  son  second  ;  |  un  Re- 
cueil de  médailles  des  empereurs,  depuis 
Dèce  jusqu'au  dernier  Paléologue ,  autre 
ouvrage  auquel  don   Banduri  eut  beau- 
coup de  part  ;  |  une  nouvelle  édition  du 
Spicilége  de  dom  d'Jcheri,  1723,3  vol. 
in-fol.  :  le  1er  renferme  les  traités  dogmati- 
ques, moraux  et  polémiques;  le  2e  les  mor- 
ceaux qui  appartiennent   à  l'histoire  ec- 
clésiastique,   et   le  5e  ceux  qui  regardent 
l'histoire  profane.  On  doit  cet  ordre  à  l'é- 
diteur, de  même  que  la  correction  de  bien 
des  fautes  et  beaucoup  de  nouvelles  piè- 
ces. 1  Une  édition  du  Dictionnaire  de  Mo- 
Terh  de  1725  ;  |  un  volume  in-4°  de  Mé- 
moires pour  servir  à  l'Histoire  de  France 
et  à  celle  de  Bourgogne,  connu  sous  le 
nom  de  Journal  de  Charles  VI,  1730. 
Ces  Mémoires  ont  été  recueillis  par  don  des 
Salles,  bénédictin,  et  publiés  par  de  la 
Barre.  |  Une  édition  du  Secrétaire  de  la 
cour,  et  du  Secrétaire  du  cabinet,  2  vol. 
in-12 ,  qui  prouvent  que  la  Barre   avait 
plus  d'érudition  que  de  goût.  Le  discer- 
nement qu'il  avait  acquis  pour  les  vieux 


BAR 

manuscrits,  ne  lui  servait  pas  pour  les 
ouvrages  modernes. 

RARRE  (  Jean-FrawçoW  FÊVRE  de 
la),  jeune  gentilhomme  d'Abbeville  ,  s'é- 
tant  gâté  l'esprit  et  le  cœur  par  la  lecture 
de  divers  ouvrages,  écrits  par  des  philo- 
sophes modernes,  et  lié  avec  quelques 
amis  infectés  des  mêmes  erreurs,  se  porta 
avec  eux  aux  excès  les  plus  révoltans 
contre  la  religion  de  Jésus-Christ.  Il  fut 
condamné  par  arrêt  du  parlement  de 
Paris  du  4  juin  1766,  à  avoir  la  tète  tran- 
chée, après  avoir  fait  amende  honorable, 
portant  cet  écrileau  :  impie,  blasphéma- 
teur, et  sacrilège  abominable  et  exécrable. 
Le  parlement  ordonna  que  le  Diction- 
naire Philosophique  de  Voltaire  ,  source 
principale  de  l'infortune  de  ce  jeune 
homme ,  fût  jeté  dans  le  même  bûcher 
qui  consuma  le  corps  de  ce  malheureux. 
En  1775,  le  philosophe  entreprit  de  jus- 
tifier son  disciple  dans  un  mémoire  inti- 
tulé le  Cri  du  sang  innocent;  mais  les 
faits  étaient  trop  récens  et  trop  généra- 
lement connus,  pour  que  le  public  n'a- 
perçût pas  les  faussetés  ,  et  ne  s'indignât 
pas  contre  les  imputations  odieuses  dont 
cet  écrit  était  rempli. 

BVRRE  (Joseph  ),  chanoine  régulier 
de  Sainte-Geneviève,  et  chancelier  de  l'u- 
niversité de  Paris,  mort  dans  celte  ville, 
le  23  juin  1764,  âgé  de  72  ans.  Il  entra  jeune 
dans  la  congrégation ,  et  y  fit  de  grands 
progrès  dans  la  piété,  ainsi  que  dans  les 
sciences  ecclésiastiques  et  profanes.  Plu- 
sieurs ouvrages,  sortis  de  sa  plume  ,  ont 
rempli  le  cours  de  sa  vie  laborieuse.  Les 
principaux  sont  :  (  Vindictes  Librorum 
Deutero-Canonicorum  veteris  Testamen- 
ti,  1730,  in-12  :  livre  qui  offre  beaucoup 
d'érudition  ;  |  Histoire  générale  d' Alle- 
magne, 17 '48,  en  11  vol.  in-4°.  Cette  his- 
toire, pleine  de  recherches,  est  cependant 
très  inexacte ,  rarement  élégante ,  et  de 
plus,  d'une  partialité  qui  doit  la  rendre 
odieuse  aux  étrangers  ,  surtout  aux  peu- 
ples qui  ont  eu  quelque  démêlé  avec  la 
France  :  elle  prouve  plus  d'effort  de  mé- 
moire que  de  génie  ,  et  cet  effort  même 
n'est  pas  toujours  heureux,  c'est  l'effort 
d'une  mémoire  infidèle.  «  Il  ne  suffit  pas, 
»  dit  un  critique,  pour  composer  une  bonne 
»  histoire  d'Allemagne ,  de  compiler  ce 
»  qui  se  trouve  dans  les  auteurs  moder- 
»  nés,  et  de  le  mettre  bout  à  bout,  en  y 
»  faisant  quelques  liaisons  ;  il  faut  consul- 
»  ter  les  auteurs  originaux ,  que  les  Al- 
»  lemands  ont  recueillis  avec  soin.  Mais 
»  cela  est  encore  à  faire.  Aussi  n'avons- 


BAR 

»  nous  pas  de  bonne  histoire  de  ce  pays  : 

■  car  celle  de   Heiss  ne   mérite  guère  ce 

■  nom;  et  celle  de  l'abbé  Schrnidt,  tra- 
»  duite  de  l'allemand  en  français ,  est 
»  moins  l'histoire  des  Allemands,  qu'un 
»  cadre  où  l'auteur  a  cherché  à  placer  ses 
»  systèmes.  »  |  Vie  du  maréchal  de  Fa- 
bert,  1752,  2  vol.  in-12.  Cette  histoire  est 
curieuse  ;  mais  la  diction  n'en  est  pas  as- 
sez, pure ,  et  les  faits  n'en  sont  pas  tou- 
jours bien  choisis.  |  Histoire  des  lois  et 
des  tribunaux  de  justice ,  1755,  in-4°; 
c'est  son  meilleur  ouvrage.  |  Le  P.  Bar- 
re a  orné  de  notes  l'édition  des  OEuvres 
de  Bernard  Van-Espen,  donnée  en  1755, 
U  vol.  in-fol.  et  faite  avec  l'abbé  de  Bel- 
lcgarde. 

BARRE  DE  BEAUMARCHAIS.  Voyez 
BEAUMARCHAIS. 

BARRÉ  (Nicolas),  religieux  minime, 
né  à  Amiens  en  1621,  entreprit  de  créer 
des  espèces  de  séminaires  pour  former 
des  maîtres  et  des  maîtresses  d'école.  Un 
premier  établissement  eut  lieu  à  Rouen 
en  1066,  et  un  second  à  Paris,  dans  la  pa- 
roisse de  Saint-Jean-en-Grève,  d'où  il  fut 
transporté  sur  la  paroisse  de  Saint-Sul- 
pice.  Il  fut  le  fondateur  des  écoles  chré- 
tiennes et  charitables  du  saint  Enfant  Jé- 
sus, et  c'est  de  lui  que  la  congrégation 
des  dames  de  Saint-Maur  tire  son  origine. 
On  a  de  lui  des  Lettres  spirituelles, 
Rouen,  1697,  in-12,  à  la  tête  desquelles  on 
trouve  un  abrégé  de  sa  vie. 

BARREAUX  (Jacques  Vallée,  sei- 
gneur des  )  naquit  à  Paris  en  1602,  d'une 
famille  de  robe.  Les  liaisons  qu'il  eut 
avec  Théophile  Viaud,  le  jetèrent  dans 
l'irréligion  et  le  libertinage.  On  trouva 
parmi  les  papiers  de  ce  poète ,  des  lettres 
latines  de  des  Barreaux,  dans  lesquelles 
l'impiété  se  montrait  sans  masque.  Sa 
jeunesse  lui  épargna  un  châtiment  exem- 
plaire. Les  plaisirs  sensuels  étaient  sa 
seule  occupation.  Il  quitta  une  charge  de 
conseiller  au  parlement  de  Paris,  pour 
goûter  plus  aisément  les  délices  d'une 
vie  voluptueuse  :  on  raconte  qu'étant 
chargé  de  rapporter  un  procès,  et  les  par- 
ties pressant  le  jugement,  il  donna  la 
somme  contestée,  plutôt  que  de  se  gêner 
en  remplissant  son  devoir.  Ses  vers,  ses 
chansons  le  faisaient  rechercher  dans 
toutes  les  compagnies,  dont  la  licence 
n'était  point  bannie.  Il  porta  le  rafline- 
ment  du  plaisir  jusqu'à  changer  de  cli- 
mat, suivant  les  saisons.  En  hiver,  il  al- 
lait jouir  du  beau  soleil  de  Provence  ;  en 
été,  il  retournait  à  Paris.  Il  devint  plus 


83  BAR 

sage  sur  la  fin  de  ses  jours,  et  il  mourut 
en  chrétien  à  Chàlons-sur-Saône  ,  le  meil- 
leur air  de  la  France,  à  ce  qu'il  disait ,  en 
1675.  On  ne  connaît  de  ce  fameux  épicu- 
rien, que  le  sonnet  qu'il  fit  clans  une  ma- 
ladie :  Grand  Dieu,  tes  jwjemens,  etc. 
Voltaire  prétend  que  ce  sonnet,  qu'il 
trouve  fort  médiocre ,  n'est  pas  de  des 
Barreaux,  mais  de  l'abbé  de  Laveau.  Il 
paraît  incontestable  que  des  Barreaux  en 
est  le  véritable  auteur,  et  les  gens  de  let- 
tres y  ont  toujours  trouvé  beaucoup  d'é- 
lévation et  d'énergie.  C'est  une  expres- 
sion vive  et  rapide  de  ce  sentiment  pro- 
fond que  l'idée  de  Dieu,  de  sa  justice  et 
de  sa  miséricorde ,  fait  nailre  dans  le 
cœur  de  l'homme,  sentiment  que  toute  la 
fougue  des  passions,  toute  l'ivresse  du  li- 
bertinage, toutes  les  illusions  d'une  fausse 
philosophie  ne  sauraient  anéantir,  et  qui 
ne  manque  pas  de  renaître  dans  les  mo- 
mens  d'une  raison  calme. 

BARREIROS  (  Gaspard  ) ,  né  à  Viseu 
en  Portugal,  était  neveu  de  l'historien 
Barros  ;  il  vécut  pendant  quelques  an- 
nées à  Rome ,  où  il  s'acquit  l'estime  des 
cardinaux  Pierre  Bembo  et  Jacques  Sado- 
let.  Il  devint  ensuite  inquisiteur  et  cha- 
noine d'Evora,  où  il  mourut,  en  1610. 
avec  la  réputation  d'un  savant  judicieux. 
Il  a  donné  en  portugais  des  examens  cri- 
tiques sur  les  fragmens  des  Origines  do 
Caton;  sur  les  livres  attribués  à  Mané- 
thon ,  sur  le  livre  de  Q.  Fabius  Piclor  : 
De  aureo  sœculo  et  origine  urbis  Romœ. 
Un  traité  en  latin  sur  le  pays  d'Ophir 
dont  il  est  parlé  dans  l'Ecriture,  Anvers, 
1600,  in-8°,  et  au  tom.  8  des  grands  criti- 
ques d'Angleterre.  Il  a  donné  ce  traité 
sous  le  nom  de  Varrerius,  de  même  que 
la  critique  des  livres  attribués  à  Bérose, 
qui  se  trouve  dans  l'édition  de  ces  livres 
donnée  à  Anvers  en  1599. 

BARRELIER  (  Jacques  ) ,  dominicain, 
botaniste  estimé.  Après  avoir  fait  de  bon- 
nes études,  et  pris  le  degré  de  licencié  en 
médecine,  il  entra  dans  l'ordre  des  frères 
prêcheurs  en  1655.  Ses  talens  et  sa  pru- 
dence le  firent  élire,  en  1646,  assistant  du 
général,  avec  lequel  il  parcourut  la  Fran- 
ce, l'Espagne  et  l'Italie.  Au  milieu  des  oc- 
cupations de  cet  emploi,  et  sans  négliger 
ses  devoirs,  il  trouva  le  moyen  de  s'appli- 
quer àlabotanique,  pour  laquelle  il  avait 
un  goût  naturel.  U  recueillit  un  grand 
nombre  de  coquillages  et  de  plantes,  et  en 
dessina  beaucoup  qui  n'étaient  point  con- 
nues, ou  ne  l'étaient  qu'imparfaitement. 
Il  avait  entrepris  une  histoire  générale 


BAR 


84 


BAR 


des  plantes,  qu'il  devait  intituler  Ilorlus 
tnundi,on  Orbis  Botanicus.  Jl  y  travail- 
lait fortement ,  lorsqu'il  fut  étouffé  d'un 
asthme  en  1673 ,  à  l'âge  de  67  ans.  Ce 
qu'on  a  pu  recueillir  de  cet  ouvrage,  a  été 
publié  par  Antoine  de  Jussieu,  sous  ce 
litre  :  Ptantœ  per  Galliam,  Hispaniam  et 
Italiam  observalœ,  et  iconibus  œneis  ex- 
hibila,  Paris,  1714,  in-folio. 

BARRÈME  (  François  ) ,  mort  à  Paris 
en  1703,  s'est  acquis  quelque  célébrité, 
par  des  livres  d'un  usage  journalier.  Tels 
sont  son  Arithmétique,  in-12,  ses  Comptes 
faits,  ses  Changes  étrangers  .,2  volumes 
in-8°,  etc.  Son  nom  est  devenu  prover- 
bial. 

BARRÈRE  (  Pierre  ),  médecin  de  Per- 
pignan, mort  en  1755,  était  bon  pour  la 
théorie  et  la  pratique  :  il  passait  pour 
un  observateur  exact.  On  a  de  lui  :  |  Re- 
lation et  essai  sur  l'histoire  naturelle  de 
la  France  équinoxiale,  1748,  in-12;  |  Dis- 
sertation sur  la  couleur  des  Nègres, 17kl. 
in-4°(  Voyez  PECHLIN);  |  Observations 
sur  l'origine  des  pierres  figurées,  1746, 
in-8°. 

*  BARRETT(  Guillaume  ),  chirurgien 
anglais ,  natif  du  comté  de  Sommerset, 
mort  en  1789,  était  membre  de  la  société 
des  antiquaires  de  Londres.  Quoiqu'il  eût 
beaucoup  de  talent  comme  chirurgien,  il 
est  plus  particulièrement  connu  comme 
auteur  d'un  livre  intitulé  Histoire  et  an- 
tiquités de  la  ville  de  Bristol,  etc.  avec 
des  planches,  1788,  1  vol.  in-4°,  ouvrage 
mal  écrit,  mais  plein  de  recherches  utiles 
et  faites  avec  une  grande  exactitude.  — 
Un  peintre  de  paysage  du  même  nom  a 
acquis  quelque  célébrité  à  Londres ,  dans 
le  18e  siècle  ,  et  a  été  membre  de  l'acadé- 
mie de  peinture,  dont  il  était  un  des  fon- 
dateurs. 

*  BARRETT  (  Jeax-Jacques  de  ),  né  à 
Condom,  le  12  novembre  1717,  était  iils 
de  Jacques  de  Barrett,  qui  avait  suivi  le 
roi  Jacques  en  France.  Après  avoir  uni 
ses  études,  Jean-Jacques  vint  à  Paris,  se 
lia  avec  quelques  littérateurs  distingués, 
et  se  livra  entièrement  à  l'élude  de  la  lit- 
térature ancienne.  En  1762,  il  fut  nom- 
mé professeur  de  langue  latine  à  l'école 
militaire,  et,  trois  ans  après,  inspecteur- 
général  des  éludes  dans  cette  école.  Après 
plusieurs  années  d'exercice ,  il  donna  sa 
démission,  et,  dans  la  retraite  ,  continua 
de  traduire  des  auteurs  latins  :  il  est  mort 
le  19  août  1792.  Il  a  traduit  |  Traité  du 
V  Amitié, f  de  la  Vieille  s  se, \es  Paradoxes, 
le  Songe  de  Scipion  et  la  Lettre  politique 


àQuintus,  1760,  in-12;  4e édition,  1776,  ïn- 
12  ;  |  les  Offices  de  Cicéron,  1759,  in-12;  3e 
édition,  1776,  in-12  ;  |  Histoire  des  deux 
règnes  de  Nerva  et  de  Trajan;  |  les  Méta- 
morphoses d'Ovide,  1778.  1796,  2  vol.  in- 
12;  |  OEuvres  de  Virgile  (  il  n'a  fait  que 
revoir  la  traduction' de  Catrou  ) ,  1782, 
1787,  2  vol.  in-12;  |  Histoire  de  Florence, 
de  Machiavel,  1784,  1789,  2  vol.  in-12; 
|  Eloge  d-,  la  Folie,  par  Erasme ,  1789 , 
in-12;  |  Histoires  et  Maximes  morales,  etc. 
1781,  1803,  in-12  :  c'est  une  traduction  du 
Selectœ  è  Profanis;  |  la  Loi  naturelle  s 
1790,  in-12;  J  Nouvelle  traduction  de  Ta- 
cite, ouvrage  posthume,  Paris  ,  A.  Dela- 
lain,  1811,  3  vol.  in-12. 

BARRI  ou  BARRY  (Paul  de),  provin- 
cial dès-jésuites  de  la  province  de  Lyon, 
mort  à  Avignon  en  1661,  à  l'âge  de  74  ans, 
étant  né  en  1 587,  publia  plusieurs  ouvrages 
de  piété,  où  il  y  a  plus  de  bonne  morale 
que  de  bon  goût  ;  mais  c'était  le  goût  de  son 
temps.  La  plupart  furent  traduits  en  latin, 
en  italien  et  en  allemand;  c'était  l'usage 
alors  de  donner  aux  livres  des  titres  sin- 
guliers, et  le  Père  Barri  l'a  scrupuleuse- 
ment suivi.  Ses  divers  ouvrages  sont  in- 
tulés;  Les  saints  accords  de  Philagie  avec 
le  fils  de  Dieu...  La  riche  alliance  de 
Philagie  avec  les  saints  du  paradis...  La 
Pédagogie  céleste...  L'instruction  de  Phi- 
lagie pour  vivre  à  la  mode  des  saints... 
Les  cent  illustres  de  lamaison  de  Dieu.:. 
Les  deux  illustres  amans  de  la  mère  de 
Dieu...  L'heureux  trépas  des  cent  servi- 
teurs de  la  mère  de  Dieu  .  Le  paradis 
ouvert  à  Philagie  par  cent  dévotions  à  la 
mère  de  Dieu,  aisées  à  pratiquer  aux 
jours  de  ses  fêtes  et  octaves...  Le  Pensez- 
y  bien  ?  Ce  dernier  et  quelques  autres  ont 
été  réimprimés  avec  les  corrections  né- 
cessaires faites  au  style  suranné.  Peut- 
être  qu'on  eût  bien  fait  d'y  changer  aussi 
quelques  expressions  outrées,  et  quelques 
passages  que  des  théologiens  judicieux 
ont  trouvés  n'être  pas  trop  d'accord  avec 
une  dévotion  solide. 

*  BARRIÈRE  (donJEA\  delà),  né  en 
1544  ,  à  Saint-Céré,  petite  ville  du  Querci, 
fut  pourvu  en  commande  dès  l'âge  de  18 
ans ,  de  l'abbaye  de  Feuillant  dans  le  dio- 
cèse de  Rieux,  dont  il  prit  possession  en 
1505.  Arnauld  d'Ossat ,  depuis  cardinal, 
l'ayant  conduit  à  Paris  pour  y  achever  ses 
éludes ,  Barrière  y  forma  le  projet  de  s'at- 
tacher ,  par  des  vœux,  à  l'ordre  dont  il 
possédait  un  bénéfice  ,  et  les  prononça  en 
1573.  Voulant  faire  revivre  dans  son  ab- 
baye l'esprit  de  l'ordre  de  Citeaux  ,  il  eut 


BAR  8 

à  vaincre  l'opposition  ae  ses  propres  re- 
ligieux, effrayés  d'austérités  auxquelles 
ils  ne  s'étaient  pas  engagés.  Il  parvint  ce- 
pendant à  triompher  des  obstacles  qu'on 
lui  opposait,  et  plusieurs  maisons  embras- 
sèrent sa  réforme.  Sixte  V  confirma  son 
institut  en  1385  ;  Henri  III  l'appela  à  Pa- 
ris et  lui  donna,  près  du  palais  des  Tui- 
leries un  monastère  qui  a  subsisté  jusqu'à 
ces  derniers  temps.  Cependant  un  grand 
nombre  de  religieux  de  Barrière  se  dé- 
clarèrent pour  la  ligue,  et,  se  soulevant 
contre  leur  abbé ,  ils  le  firent  suspendre 
par  Sixte-Quint  de  l'administration  de 
son  abbaye  ;  ce  pape  lut  interdit  même  de 
dire  la  messe,  et  lui  donna  la  ville  de 
Rome  pour  prison.  Mais  son  innocence 
fut  bientôt  reconnue,  et  Clément  VIII, 
instruit  par  le  cardinal  Bellarmin  du  mé- 
rite de  Barrière,  s'empressade  l'absoudre. 
Ce  pontife  voulut  le  retenir  à  Rome  où  il 
mourut  en  odeur  de  sainteté,  Fan  1600, 
entre  les  Iras  de  son  ami  le  cardinal 
d'Ossat.     , 

BARRIERE  (Pierre),  dit  la  Barre, 
natif  d'Orléans,  de  matelot  devenu  sol- 
dat ,  conçut  l'abominable  dessein  de  tuer 
Henri  IV.  Barrière  fut  arrêté  ,  tenaillé  et 
rompu  vif,  le  26  août  1593  (  Voyez  BAN- 
CHI).  Varade,  recteur  des  jésuites  de 
Paris ,  que  l'on  accusa  ensuite  d'avoir 
conseillé  cet  horrible  attentat  à  Barrière , 
était  à  Paris  lorsque  le  procès  fut  fait  à  ce 
scélérat;  il  y  resta  môme  après  qu'Henri 
IV  se  fut  rendu  maître  de  la  capitale  ;  il 
en  partit  quelque  temps  après  avec  la 
permission  du  roi  pour  aller  à  Rome  avec 
le  légat.  Ce  ne  fut  qu'en  1595 ,  deux  ans 
après  l'exécution  de  Barrière  ,  que  le  par- 
lement s'avisa  de  faire  le  procès  à  Varade. 
Pasquier  est  le  premier  qui  ait  fait  Va- 
rade complice  de  Barrière,  sans  citer 
d'autres  preuves  que  je  l'ai  appris  d'un 
mien  ami  qui  est  un  autre  moi-même. 
Tous  les  historiens  qui  inculpent  le  Père 
Varade,  n'apportent  point  d'autre  garant 
que  le  Catéchisme  de  Pasquier  (  2  par- 
tie,  pag.  52).  Harlay,  dans  ses  remon- 
trances à  Henri  IV ,  rappela  la  même  ac- 
cusation. Mais  Henri  IV  répondit  qu'il 
n'y  avait  eu  aucune  charge  à  V encontre 
de  Varade  ,  et  si  aucune  était ,  ajouta  ce 
monarque  judicieux  ,  pourquoi  l'auriez- 
vous  épargné?  Quant  à  Barrière,  tant 
s'en  faut  qu'un  jésuite  l'ait  confessé, 
comme  vous  dites,  que  je  fus  averti  par 
un  jésuite  de  son  entreprise,  et  un  autre 
lui  dit  qu'il  serait  damné  s'il  osait  l'en- 
treprendre. Henri  IV  devait  être  certai- 
2. 


î>  BAR 

nement  mieux  instruit  de  ce  qui  le  re- 
gardait personnellement ,  que  Pasquier  et 
Harlay,  puisqu'il  s'agissait  de  la  vie  même 
de  ce  monarque.  On  peut  consulter  le 
Mercure  français  de  1604,  Matthieu,  his- 
toriographe et  confident  de  Henri  IV,  les 
Mémoires  de  Villeroi,  ministre  d'état,  Du- 
pleix ,  auteur  contemporain  et  historio- 
graphe de  France,  le  Plaidoyer  de  Mon- 
tholon,  l'Histoire  de  l'université  de  Paris, 
tom.  4 ,  pag.  884 

'BARRIN  (Jeaaj),  grand-chantre  de 
la  cathédrale  de  Nantes,  et  l'un  des  vi- 
caires-généraux du  diocèse,  était  de  la 
famille  des  Barrin  de  la  Gallissonnière , 
qui  a  fourni  des  officiers  distingués  à  la 
marine  française.  Barrin  a  traduit  en  vers 
les  Epîtres  et  Elégies  d'Ovide,  Paris, 
1676;  la  Haye,  1692  et  1701,  in-12.  Afin 
d'effacer  auprès  des  gens  d'église  cette 
erreur  de  sa  jeunesse  ,  il  composa  la  Vie 
de  la  bienheureuse  Françoise  d'AmboiseM 
femme  du  duc  de  Bretagne,  Pierre  II; 
Rennes,  1704,  in-12. 

*  BARRINGTOX  (John-Siuite),  né  à 
Londres  en  1678 ,  et  mort  à  Berks  en  1754, 
fils  d'un  marchand  anglais  ,  se  fit  connaî- 
tre par  divers  écrits  politiques  et  religieux, 
dont  plusieurs  en  faveur  des  prolestans 
séparés  de  l'église  d'Angleterre ,  et  fut 
chargé ,  par  la  reine  Anne ,  de  négocia- 
tions dont  le  but  était  la  réunion  de  l'E- 
cosse à  l'Angleterre.  Un  de  ses  parens 
l'ayant  institué  son  héritier,  il  prit  son 
nom  et  ses  armes ,  et  fut  créé  pair  d'Ir- 
lande ,  en  1722.  Ses  principaux  ouvrages 
sont  :  |  Miscellanea  sacra,  réimpr.  en  1770, 
5  vol.  in-8°  ;  |  Les  droits  des  protestons 
non  conformistes ,  1705 ,  in-4°  ;  |  Essai 
sur  l'intérêt  de  l'Angleterre  relativement 
aux  protestons  non-conformistes ,  1705, 
in-4°;  |  Essai  sur  les  diverses  dispensa- 
lions  de  Dieu  sur  le  genre  humain.  Bar- 
rington  eut  neuf  enfans  dont  un  devint 
évêque  de  Durham. 

*  BARRL\GTO\  (  Daines  ) ,  4e  fils 
du  précédent ,  s'appliqua  à  l'étude  des 
lois ,  et  occupa  différentes  places  dans  la 
judicature  et  dans  le  gouvernement.  Il  est 
aussi  connu  comme  antiquaire  et  comme 
naturaliste.  La  société  royale  de  Londres 
l'admit  au  nombre  de  ses  membres,  et 
celle  des  antiquaires  le  choisit  pour  son 
vice-président.  Il  résigna  ses  diverses  pla- 
ces vers  la  fin  de  sa  vie ,  et  mourut  dans 
la  retraite  le  14  mars  1800.  On  a  de  lui 
différens  ouvrages  ,  dont  les  principaux 
sont  :  |  Observations  sur  les  statuts,  spé- 
cialement les  plus  anciens,  etc.,  1766, 
8 


BAR 


86 


BAR 


in-V,  réimprimé  la  même  année.  Cet 
ouvrage,  qui  a  eu  depuis  cinq  éditions, 
notamment  en  1769  et  1775  ,  jouit  encore 
d'une  grande  réputation,  et  il  est  très-sou- 
vent cité  comme  autorité  par  les  meilleurs 
historiens  et  jurisconsultes  anglais.  |  Le 
Calendrier  du  Naturaliste ,  1767 ,  in-4° , 
I  une  édition  d'Orosius  avec  la  traduction 
anglo-saxonne,  d'Alfred  le  Grand,  et 
une  traduction  anglaise  accompagnée  de 
notes  ,  par  Daines  Barringlon ,  1773 ,  in- 
8°;  ces  notes  ont  été  vivement  critiquées  ; 
|  Traité  sur  la  probabilité  d'atteindre  au 
pôle  septentrional,  1775,  in-4°;  |  Expé- 
riences sur  le  chant  des  oiseaux  et  essai 
sur  leur  langage;  \  Voyage  d'Olhar,  ou 
E clair cissemcns  sur  la  géographie  du  IXe 
siècle;  \  Mélanges  sur  divers  sujets ,  1780, 
in-4°;  |  enfin  un  grand  nombre  de  dis- 
sertations insérées  dans  les  Mémoires  de 
la  société  royale  de  Londres ,  et  dans 
ceux  de  la  société  des  antiquaires  de  la 
même  ville. 

*  BARRINGTON  (Samuex),  son  frère, 
parvint ,  très  jeune  encore,  au  grade  de 
contre-amiral,  se  signala  à  la  prise  de 
Sainte-Lucie,  en  1800,  contribua  à  ravi- 
tailler Gibraltar ,  en  1782 ,  et  mourut  aussi 
en  1800. 

BARROIS  (Jacques-Marie),  libraire 
de  Paris,  a  poussé  la  connaissance  des  li- 
vres plus  loin  qu'aucun  de  ses  confrères  : 
il  en  connaissait  non  seulement  les  édi- 
tions et  les  prix,  il  s'appliquait  encore  à 
en  saisir  le  mérite  et  à  s'instruire  dans  les 
matières  qui  y  étaient  traitées.  Il  a  rédigé 
habilement  les  catalogues  de  nombre  de 
bibliothèques  de  son  temps.  Il  est  mort 
en  1769. 

*  BARRIS  (le  baron  Pierre-Joseph 
Paul)  ,  né  le  50  juin  1739,  à  Monlesquiou, 
aujourd'bui  dans  le  département  du  Gers, 
lit  son  droit  à  Toulouse.  Il  fut  bientôt 
nommé  commissaire  du  roi  près  le  tri- 
bunal de  Mirande.  Envoyé  par  le  dépar- 
tement du  Gers  à  l'assemblée  législative , 
en  1791 ,  il  ne  parut  point  à  la  tribune  et 
se  contenta  de  travailler  dans  les  comités. 
M.  Barris  fut,  après  la  session  ,  nommé 
juge  à  la  cour  de  cassation  ,  puis  baron , 
puis  officier  de  la  légion-d'honneur,  et 
enfin  président  de  la  même  cour.  Il  est 
mort  le  51  juillet  1824 ,  âgé  de  65  ans. 

BARROS  (Jean  de),  né  à  Viseu  en 
1496 ,  fut  élevé  à  la  cour  d'Emmanuel , 
roi  de  Portugal,  auprès  des  infans.  Il  lit 
des  progrès  rapides  dans  les  lettres  grec- 
ques et  latines.  L'infant  Jean,  auquel  il 
8'était  attaché  et  dont  il  était  précepteur, 


ayant  succédé  au  roi  son  père  en  1521 ,  de 
Barros  eut  une  charge  dans  la  maison  de 
ce  prince.  Il  devint  en  1522  gouverneur 
deSai'it-Georges-de-la-Mine,sur  les  côtes- 
de  Guinée,  en  Afrique.  Trois  ans  après, 
le  roi  l'ayant  appelé  à  la  cour,  le  fit  tré- 
sorier des  Indes  :  cette  charge  lui  inspira 
la  pensée  d'en  écrire  Y  Histoire;  pour  l'a- 
chever ,  il  se  relira  à  Pombal,  où  il  mou- 
rut en  1570,  avec  la  réputation  d'un  sa- 
vant estimable  et  d'un  bon  citoyen.  De 
Barros  a  divisé  son  Histoire  de  l'Asie  et 
des  Indes  en  4  décades.  Il  publia  la  V 
en  1552 ,  la  2e  en  1553 ,  la  5e  en  1563  ;  la  hr 
ne  vit  le  jour  qu'en  1615,  par  les  ordres 
du  roi  Philippe  III,  qui  fit  acheter  le  ma- 
nuscrit des  héritiers  de  Jean  de  Barros. 
Cette  Histoire  est  en  portugais.  Possevin 
et  le  président  de  Thou  en  font  de  grands 
éloges.  La  Boulaye-le-Goux  ,  dont  le  suf- 
frage est  peu  de  chose  en  romparaison 
des  deux  autres,  dit  que  c'est  plutôt  du 
papier  barbouillé  qu'un  ouvrage  digne 
d'être  lu.  Barros  a  ramassé  bien  des  faits 
qu'on  chercherait  vainement  ailleurs  ,  et 
mérite  une  place  parmi  les  bons  histo- 
riens. Divers  auteurs  ont  continué  son 
ouvrage,  et  l'ont  poussé  jusqu'à  la  15e  dé- 
cade. Il  y  en  a  une  nouvelle  édition  à 
Lisbonne,  1736,  5  vol.  in-fol. ,  puis  une 
autre  en  1774,  11  vol.  in-8°.  Alphonse 
Ulloa  l'a  traduit  en  espagnol.  Barros  a  en- 
core composé  plusieurs  autres  écrits  ,  en- 
tr'autres  |  une  Grammaire  de  la  langue 
portugaise;  \  un  traité  de  la  Mauvaise 
honte;  |  un  Dialogue  moral ,  etc. 

BARROW  (Isaac),  naquit  à  Londres 
en  1650.  Il  fit  plusieurs  voyages  en  France, 
en  Italie  ,  à  Constantinople.  Il  professa 
ensuite  le  grec  à  Cambridge ,  et  quelques 
temps  après  la  géométrie.  Tillolson  a 
donné  une  édition  de  ses  œuvres  en  1 
vol.  in-folio,  1683  et  1687.  On  y  trouve 
des  sermons,  des  ouvrages  de  mathéma- 
tiques et  des  traités  de  théologie.  Il  mou- 
rut en  1677.  Barrow  avait  beaucoup  de 
génie  pour  les  mathématiques;  il  fut  le 
maître  de  Newton ,  et  il  ébaucha  le  cal- 
cul des  infiniment  petits.  Il  trouva  en 
1666  une  méthode  de  mener  les  tangentes, 
qui  donna  bientôt  lieu  à  ce  calcul.  Mal- 
gré ses  succès ,  il  quitta  l'élude  aride  de 
la  géométrie*,  pour  s'attacher  à  celle  de 
la  religion  ;  mais  y  ayant  porté  les  préju- 
gés de  sa  communion,  il  n'y  trouva  pas 
les  ressources  qu'elle  promet  à  ceux  qui 
cherchent  sincèrement  la  pureté  de  la  foi. 
Ses  ouvrages  en  ce  genre  n'eurent  que 
peu  de  succès,  et  ne  font  pas  toujours 


BAR 


87 


BAR 


honneur  au  jugement  du  théologien.  Il 
est  encore  auteur  |  de  X Abrégé  chrono- 
logique ,  ou  Histoire  des  découvertes  fai- 
tes par  les  Européens  dans  les  deux  In- 
des, traduit  de  l'anglais  par  R.  Targe,  12 
vol.  in-12 ,  Paris ,  17G  )  ;  |  de  Y  Histoire 
nouvelle  et  impartiale  d'Angleterre  ,  tra- 
duite de  l'anglais,  Paris,  1771,  15  vol. 
in-12. 

*  BARRIJEL  (  Augustin  ,  l'abbé  ) ,  né 
le  2  octobre  1741 ,  à  Villeneuve  de  Berg 
en  Vivarais  dans  les  Cévennes  ,  d'une  fa- 
nu  le  ancienne  et  considérée  ,  lit  ses  étu- 
des chez  les  jésuites  ,  et  entra  dans  leur 
société.  Lorsqu'elle  fut  supprimée  en 
France,  il  aima  mieux  s'expatrier  que  de 
renoncer  à  la  carrière  où  il  était  entré,  et 
il  passa  dans  les  états  de  la  maison  d'Au- 
triche. Il  habita  successivement  la  Bo- 
hème, la  Moravie  et  ensuite  Vienne,  où 
il  fut  appelé  au  collège  Thérésien.  Après 
la  suppression  de  son  ordre,  il  visita  Rome 
et  l'Italie  avec  un  jeune  seigneur  dont 
l'éducation  lui  avait  été  confiée,  et  rentra 
en  France  vers  l'année  1777.  Content  d'une 
fortune  médiocre,  mais  qui  suffisait  à  la 
modération  de  ses  désirs,  il  ne  rechercha 
ni  les  places  ni  les  bénéfices  ,  et  se  livra 
entièrement  à  l'élude.  Le  premier  de  ses 
ouvrages  ,  qui  commença  sa  réputation, 
est  les  Helviennes,  ou  Lettres  provinciales 
philosophiques ,  1784  et  88  ,  5  vol.  in-12, 
plusieurs  fois  réimprimées  ,  qu'il  écrivit 
pour  montrer  la  bizarrerie  des  systèmes 
des  philosophes  du  jour,  l'incohérence  de 
leurs  idées  et  les  contradictions  de  leurs 
doctrines.  Pour  rendre  son  ouvrage  plus 
piquant ,  l'auteur  emploie  l'arme  de  la 
plaisanterie  ,  et  il  la  manie  assez  bien.  Il 
travailla  au  Journal  ecclésiastique  de- 
puis 1788  jusqu'en  1792,  et  il  paraît  qu'il 
en  fut  presque  le  seul  rédacteur.  Il  jugea 
bien  la  révolution  dès  l'origine,  et  il  en 
signala  l'esprit  et  la  tendance  dans  des 
articles  écrits  avec  chaleur  et  talent.  Inac- 
cessible à  la  crainte,  il  se  riait  des  insultes 
et  des  menaces  des  écrivains  révolution- 
naires ,  et  soutint  avec  fermeté  les  droits 
de  l'Eglise.  Désigné  par  la  haine  des  fac- 
tieux, il  fut  obligé  de  se  cacher  après  les 
événemens  du  mois  d'août  et  de  changer 
plusieurs  fois  d'asile;  enfin  il  trouva  le 
moyen  de  s'échapper  et  de  s'embarquer 
pour  l'Angleterre.  Il  y  publia  son  Histoire 
du  clergé  pendant  la  révolution,  Londres  , 
1794,  2  vol.  in-12,  qu'il  écrivit  de  mé- 
moire; aussi  on  lui  reproche  des  anec- 
dotes hasardées,  des  méprises  de  noms  et 
de  dates ,  qui  ont  nui  au  succès  de  cet  ou- 


vrage. Il  donna  ensuite  ses  Mémoires  pour 
servir  à  l'histoire  du  jacobinisme,  Lon- 
dres, 1796,  4  vol.  in-8'\  où  il  essaie  de 
prouver  qu'il  avait  existé  une  triple  con- 
spiration qui  avait  préparé  la  révolution  ; 
savoir  :  une  conspiration  des  incrédules  , 
qui  avaient  travaillé  depuis  le  milieu  du 
dernier  siècle  à  renverser  le  christia- 
nisme; une  conspiration  de  partisans  de 
l'indépendance  ,  du  républicanisme  et  de 
la  franc-maçonnerie ,  qui  voulaient  ren- 
verser les  trônes  ;  et  enfin,  une  conspira- 
tion d'illuminés  qui ,  s'appuyant  sur  les 
deux  premières,  avaient  résolu  le  renver- 
sement de  toute  religion  et  de  toute  auto- 
rité. On  reproche  à  son  ouvrage  un  peu 
de  diffusion  ;  il  le  sentit  et  il  crut  devoir 
lui-même  abréger  son  travail ,  qu'il  pu- 
blia sous  le  titre  à.' Abrégé  des  mémoires 
sur  le  jacobinisme,  2  vol.  in-12.  Il  rentra 
en  France  en  1802  ,  et  reçut  le  titre  de 
chanoine  honoraire  de  Paris.  Il  publia  di- 
vers écrits  en  réponse  à  ceux  dans  les- 
quels on  l'attaquait ,  et  notamment  à  un 
livre  intitulé  Etat  politique  et  religieux 
de  la  France,  par  l'abbé  Blanchard,  Lon- 
dres, 1806,  in-8°.  L'abbé  Barruelfut  arrêté 
en  1811  par  ordre  du  gouvernement  im- 
périal, à  l'occasion  du  bref  adressé  par  le 
pape  au  cardinal  Maury;  mais  il  fut  promp- 
tement  rendu  à  la  liberté.  En  1815,  il  se 
retira  dans  le  Vivarais ,  où  il  se  réunit  à 
quelques  anciens  confrères.  Il  est  mort 
le  5  octobre  1825,  dans  sa  80e  année,  lais- 
sant à  ses  amis  des  souvenirs  précieux. 
Prêtre  attaché  à  ses  devoirs ,  il  n'a  cessé 
de  faire  la  guerre  à  l'esprit  d'irréligion  et 
de  nouveauté,  et  plus  d'une  fois  il  contri- 
bua à  ramener  à  la  foi  des  hommes  pré- 
venus ou  égarés.  Outre  les  ouvrages  que 
nous  avons  cités,  il  a  publié  |  les  Eclipses* 
poème  en  6  chants,  traduit  du  latin,  1779, 
in-4;  |  la  Physique  réduite  en  tableauxrai- 
sonnés,  1779,  in-4°;  |  Du  pape  et  de. ses 
droits  religieux  à  l'occasion  du  concordat, 
1803,  2  vol.  in-8°;  |  plusieurs  écrits  sur  les 
affaires  de  l'Eglise,  etc.  Il  a  donné  quelques 
articles  ou  lettres  aux  Annales  littéraires 
et  morales  ,  qui  se  publiaient  à  Paris ,  au 
commencement  de  ce  siècle,  et  à  l'Ami  de 
la  Religion  et  du  Roi.  Les  rédacteurs  de 
ce  recueil  lui  ont  consacré  une  notice 
étendue  (toin.  XXV,  pag.  401-411).  On 
trouve  encore  dans  le  même  journal  di- 
vers articles  sur  les  ouvrages  de  Barruel, 
parmi  lesquels  il  faut  distinguer  une  ana- 
lyse très  détaillée  de  soti  Journal  ecclésias- 
tique (tom.  XXVI,  pag.  81-88  et  129-157.) 
L'auteur  de  la  notice  déclare  positivement 


BAR 


88 


BAR 


que  c'est  à  tort  qu'on  l'a  cru  auteur  de  la 
Collection  ecclésiastique  ,  1791  et  1792, 
14  vol.  in-8°  :  «  Il  n'a  fait  que  prêter  son 
nom  à  cette  collection  qui  était  rédigée  -par 
un  jeune  ecclésiastique ,  M.  l'abbé  Guil- 
lon.  »  On  a  encore  de  lui  une  Ode  sur  le 
glorieux  avènement  de  Louis\-  Auguste 
{Louis  XVI)  au  trône,  Yllk  ,  in-8°  ;  |  le 
Patriote  véridique ,  ou  discours  sur  les 
vraies  causes  de  la  révolution,  17 '89,  in-8°. 

*  B  ARRUEL  -  BEAU  VERT  (  Antoine- 
Joseph  comte  de),  né  en  1756,  au  château 
de  Beauvert ,  près  de  Versailles  ,  mort  en 
1817,  commanda  une  compagnie  du  régi- 
ment de  Belsunce,  passa  dans  la  milice  de 
Bretagne,  puis  dans  la  garde  nationale  de 
Bagnols,  en  1790.  Après  le  voyage  de  Va- 
rennes,  il  s'offrit  pour  otage  de  Louis  XVI, 
et  reçut  la  croix  de  St-Louis  pour  sa  con- 
duite au  20  juin  1792.  Il  était,  en  1795  , 
rédacteur  d'un  journal  intitulé  :  les  Actes 
des  Apôtres,  et  fut  compris  comme  tel 
dans  la  déportation  du  18  fructidor ,  à  la- 
quelle il  échappa.  Mis  en  surveillance  sous 
le  gouvernement  consulaire ,  le  comte  de 
Barruel  acquit  plus  tard  la  protection  de 
l'impératrice  Joséphine,  qui  le  fit  nommer 
inspecteur  du  système  métrique  du  Jura 
et  autres  départemens  voisins.  Les  plus 
connus  de  ses  ouvrages  sont  :  |  Vie  de 
J.-J.  Rousseau,  1789/  |  Caricatures  poli- 
tiques :  |  Histoire  de  la  prétendue  prin- 
cesse de  Bourbon-Conti  ,  Besançon,  1811; 
|  Lettres  sur  quelques  particularités  de 
l'histoire,  pendant  l'interrègne  des  Bour- 
bons ,  ib.  ,  1815  ,  5  vol.  in-8°,  et  autres 
écrits  et  adresses  royalistes,  publiés  en 
4816. 

*  BARRY  (René),  historiographe  du 
roi,  auteur  d'une  Vie  de  Louis  XIII ,  en 
latin,  traduite  en  français  par  Jean  Nicolaï, 
qui  se  trouve  dans  l'ouvrage  intitulé  :  le 
Triomphe  de  Louis  le  Juste,  poème  latin, 
de  Charles  Beys ,  Paris ,  1619 ,  in-fol.  Il 
avait  composé  divers  ouvrages  sur  l'art 
oratoire ,  entre  autres  une  Rhétorique 
française  ,  Paris ,  1655  ,  in-4° ,  qui  eut 
plusieurs  éditions  ;  sur  la  Logique,  la  Mo- 
rale, la  Physigue  et  la  Métaphysique ,  où 
ceux  qui  sont  venus  après  lui  ont  puisé 
de  bonnes  choses.  On  a  encore  de  lui  des 
Conversations ,  Paris ,  1675 ,  in-4°,  2  vol. 

*  BARRY  (Jacques  ),  peintre  d'histoire , 
naquit ,  en  1741 ,  à  Cork  en  Irlande,  d'un 
père  qui  exerçait  l'état  de  maçon.  Il  cul- 
tiva d'abord  l'étude  du  grec  et  du  latin; 
mais  son  attrait  le  portait  vers  la  pein- 
ture, et  il  s'y  livra  tout  entier.  Un  tableau 
qu'il  composa  à  l'âge  de  19  ans  attira  sur 


lui  l'attention  publique  ,  et  la  faveur  de 
plusieurs  personnages  distingués,  entre 
autres,  d'Edmont  Burke  son  compatriote, 
qui  lui  fournit  des  secours  pour  aller  per- 
fectionner son  talent  d'abord  à  Londres, 
ensuite  en  France,  et  puis  enfin  en  Italie. 
De  retour  en  Angleterre ,  vers  1772 ,  il 
composa  un  tableau  de  Vénus,  dont  Green 
a  donné  la  gravure ,  et  un  autre  de  Ju- 
piter et  de  Junon ,  dont  la  conception  ori- 
ginale fut  justement  admirée  ,  quoique  le 
coloris  en  fût  médiocre.  Edmond  Burke 
tenait  à  avoir  son  portrait  dessiné  par  la 
main  de  son  protégé,  il  le  pria  de  le  faire, 
mais  Barry  refusa,  sous  prétexte  qu'un  tel 
genre  était  au-dessous  de  lui.  Tant  d'or- 
gueil et  d'ingratitude  révoltèrent  Edmond, 
qui  le  traita  depuis  très  froidement.  En 
1775,  il  composa  un  ouvrage  intitulé  : 
Recherches  sur  les  obstacles  réels  ou  ima- 
ginaires qui  s'opposent  aux  progrès  des 
arts  en  Angleterre ,  dans  lequel  il  réfute 
les  opinions  de  Montesquieu  et  de  Dubos 
sur  l'influence  du  climat.  Ce  qui  lui  a  ac- 
quis en  Angleterre  le  plus  de  réputation, 
ce  sont  six  tableaux  de  42  pieds  de  lon- 
gueur chacun,  où  il  a  représenté  les  pro- 
grès de  la  société  et  de  la  civilisation.  Eu 
1786  ,  il  fut  nommé  membre  de  l'acadé- 
mie royale  de  peinture  et  professeur  ;  mais 
en  1799,  le  roi  le  raya  lui-même  de  cette 
liste,  à  cause  de  ses  procédés  peu  délicats 
envers  ses  confrères,  de  ses  bizarreries, 
et  de  ses  opinions  trop  prononcées  en  fa- 
veur de  la  révolution  française.  Cet  artiste 
dévoré  de  l'orgueil  le  plus  ridicule  ,  des 
jalousies  les  plus  extraordinaires ,  s'ima- 
ginait que  rien  n'était  au-dessus  de  son 
talent,  et  croyait  que  les  offices  en  musi- 
que, célébrés  à  Westminster  ,  n'avaient 
été  faits  que  pour  empêcher  le  public  de 
courir  à  l'exposition  de  ses  tableaux. 
Brûlé  par  la  soif  de  la  gloire,  il  y  courait 
par  les  voies  les  plus  singulières;  c'était 
pour  être  remarqué  qu'il  vivait  dans  uno 
malpropreté  telle  qu'on  ne  l'appelait  dans 
son  quartier  que  le  sale  Barry.  Il  mourut 
à  Londres  en  1806,  et  fut  enterré  dans 
l'église  de  Saint-Paul.  On  a  publié,  enl80i), 
les  Œuvres  de  J.  Barry,  peintre  d'histoire, 
avec  une  notice  sur  sa  vie  et  ses  écrits  , 
Londres,  2  vol.  in-4°. 

*  BARRY  (Marie-Jeanne  GO?dART  de 
Vaubernier,  comtesse  du)  naquit  à  Vau- 
couleurs  en  1744.  Elle  était  fille  d'un 
commis  aux  barrières.  Douée  de  tous  les 
agrémens  qu'il  faut  pour  plaire,  environ- 
née de  tous  ces  charmes  si  funestes,  lors- 
qu'ils ne  sont  point  alliés  à  la  religion  et 


BAR  { 

à  l'éducation,  elle  souilla  sa  première  jeu- 
nesse par  ces  désordres  honteux  qui  flé- 
trissent à  jamais  la  mémoire  d'une  femme, 
et  par  une  de  ces  professions  que  n'excu- 
sent jamais  ni  le  malheur  ni  la  nécessité. 
Elle  était  connue  chez  la  fameuse  Gour- 
gan  sous  le  nom  de  mademoiselle  Lange. 
Le  comte  Jean  du  Barry ,  le  roué  *  en  fit 
d'abord  sa  maltresse  ;  mais  comme  il  nour- 
rissait dans  son  cœur  ,  avec  les  inclina- 
tions les  plus  dépravées,  une  ambition 
toujours  active,  il  vit  dans  celte  beauté 
lie  quoi  captiver  les  regards  du  roi,  et 
bâtit  sur  l'opprobre  de  son  souverain  et 
le  scandale  de  la  France ,  l'espoir  de  sa 
nouvelle  fortune.  Lebel,  valet  de  chambre 
du  roi,  est  chargé  de  la  présenter.  Louis 
XV ,  accoutumé  à  céder  à  l'attrait  des 
plaisirs,  se  laissa  fasciner  les  yeux. Trompé 
peut-être  sur  le  premier  état  de  sa  nou- 
velle maîtresse  ,  il  ne  put  sentir  combien 
il  était  indigne  d'un  souverain  de  placer  si 
bas  ses  affections.  Pour  l'empêcher  de  faire 
des  recherches  dont  le  résultat  lui  aurait 
déplu  certainement,  on  maria  cette  jeune 
ûlle  :  Guillaume  du  Barry,  frère  du  comte 
Jean,  s'offrit,  et  bientôt  la  comtesse  du 
Barry  parut  publiquement  à  la  cour.  En 
17G9 ,  elle  fut  présentée  au  roi  par  une 
femme  de  qualité  ,  dont  le  nom  sera  sans 
doute  inconnu  de  la  postérité.  Madame 
du  Barry  prit  sur  le  cœur  du  roi  un  ascen- 
dant qu'elle  dut  autant  aux  instructions 
des  auteurs  de  sa  fortune  qu'à  sa  beauté, 
et  servit  d'instrument  à  toutes  les  intrigues 
et  à  toutes  les  haines  des  courtisans  qui 
purent  capter  ses  faveurs.  Le  duc  de  Choi- 
seul ,  ministre  tout  puissant  alors,  crut 
indigne  de  lui  de  s'humilier  devant  la  fa- 
vorite ;  il  osa  même  tenter  de  faire  rou- 
gir le  roi  de  son  choix  honteux  ;  mais  sa 
disgrâce  fut  le  fruit  de  sa  généreuse  har- 
diesse. Louis  XV  lui-même  sentait  quel- 
que fois  toute  l'ignominie  de  sa  passion  : 
«Je  sais  bien,  dit-il  un  jour  au  duc  de 
»  Noailles ,  que  je  succède  à  Sainte-Foy. 
»  —  Sire,  répondit  le  duc  ,  comme  votre 
»  majesté  succède  à Pharamond.  »  Madame 
du  Barry  contribua  de  tout  son  pouvoir 
à  faire  réussir  les  projets  du  chancelier 
Maupeou.  Celui-ci  lui  fit  présent  d'un 
tableau  de  Charles  I,  par  Van-Dyck,  qui 
représentait  ce  prince  fuyant  ses  persécu- 
teurs dans  une  forêt;  tableau  que  l'on 
voit  aujourdhui  au  Muséum.  Ce  tableau 
fut  placé  dans  le  boudoir  de  la  comtesse , 
vis-à-vis  l'endroit  où  Louis  XV  avait  cou- 
tume de  s'asseoir ,  lorsqu'il  venait  s'ou- 
blier auprès  d'elle;  et  quand  le  roi  arrê- 


^  baK 

tait  ses  regards  sur  ce  tableau  :  «  Eh  bien  ! 
»  la  France,  disait-elle,  tu  vois  ce  tableau? 
»  si  tu  laisses  faire  ton  parlement ,  il  te 
»  fera  couper  la  tête  comme  celui  d'An- 
»  glerre  l'a  fait  couper  à  Charles...  »  Elle 
abusait  de  la  faiblesse  et  de  l'aveuglement 
du  monarque  pour  puiser  à  son  gré  dans 
le  trésor  public.  On  fit  d'énormes  dépen- 
ses pour  elle;  on  bâtit  et  on  meubla  à 
grands  frais  le  pavillon  de  Luciennes , 
pour  lui  servir  de  maison  de  plaisance. 
Après  la  mort  du  roi,  elle  fut  reléguée 
dans  l'abbaye  de  Pont-aux-Dames ,  où 
elle  vécut,  dit-on,  avec  beaucoup  de  dé- 
cence, témoignant  un  grand  respect  pour 
la  religion.  Sa  conduite  adoucit  bientôt 
pour  elle  cette  espèce  d'exil  ;  le  pavillon 
de  Luciennes  lui  fut  rendu  avec  une  pen- 
sion pour  subsister.  Elle  ne  parut  plus  à 
la  cour,  contente  d'embellir  sa  retraite, 
où  elle  demeura  jusqu'à  ce  que  la  révo- 
lution vînt  l'en  arracher.  L'attachement 
qu'elle  avait  conservé  pour  la  cause  royale, 
lui  fit  porter  ses  diamans  à  Londres,  pour 
les  vendre  et  en  consacrer  le  prix  à  secou- 
rir les  débris  dispersés  de  la  monarchie. 
Ce  dévouement  lui  mérita  la  mort;  elle 
fut  accusée  par  le  tribunal  révolution- 
naire comme  conspiratrice ,  et  comme 
ayant  porté  à  Londres  le  deuil  du  tyran. 
Elle  fut  menée  à  l'échafaud,  le  6  décembre 
1793,  et  laissa  éclater  à  cet  instant  su- 
prême une  faiblesse  presque  impardon- 
nable à  *une  femme ,  et  peu  digne  de  la 
cause  pour  laquelle  elle  mourait.  Elle 
poussait  des  cris  perçans,  implorait  la 
pitié  du  peuple  ,  et  s'écria  à  l'instant  fa- 
tal :  Monsieur  le  bourreau,  encore  un 
moment.  Ce  fut  la  seule  des  femmes  exé- 
cutées alors  qui  montra  tant  de  pusillani- 
mité. On  a  publié  sur  la  comtesse  du  Bar- 
ry :  |  Lettres  de  madame  du  Barry,  1779, 
in-8°;  |  Anecdotes  de  madame  la  comtesse 
du  Barry ,  1777 ',  2  parties  in-12. 

*  BARRY  (  Georges  ) ,  né  au  Berwik- 
shire,  en  1747  ,  fit  ses  études  à  l'univer- 
sité d'Edimbourg,  et  fut  successivement 
instituteur  chez  un  noble  des  Orcades, 
puis  second  prédicateur  à  la  cathédrale 
de  Kirkwall,  cl  enfin  ministre  dans  l'île 
de  Shapinsay ,  où  il  mourut  vers  la  fin 
de  1804»  Le  premier  ouvrage  de  Tarry , 
celui  qui  le  fit  d'abord  connaître,  fut  une 
Description  statistique  des  deux  diocèses 
qu'il  avait  présidés.  Cet  ouvrage  a  été  pu- 
blié par  John  Sinclair  ,  dans  son  recueil 
intitulé  :  A  stalical  account  of  Scolland 
draivn  up  from  the  communications  of 
the  ministers  of  the  différent  parishes* 


BAR 


90 


BAR 


Edimbourg,  1792,  1799,  in-S°.  Barry,  en- 
voyé dans  les  Orcades ,  se  livra  avec  zèle 
aux  fonctions  de  son  état,  et  donna  des 
soin9  assidus  à  l'instruction  publique , 
qu'il  organisa  sur  un  meilleur  pied.  Ce 
service  fut  apprécié  par  la  société  établie 
en  Ecosse  pour  hâter  les  progrès  du  chris- 
tianisme ;  elle  admit  Barry  au  nombre  de 
ses  membres,  et  le  nomma  inspecteur- 
général  des  écoles  dans  les  Orcades.  Son 
goût  pour  la  statistique  prit  une  nouvelle 
force  dans  son  séjour  de  Shapinsbay;  il 
examina  les  Orcades  sous  leurs  rapports 
physique,  moral  et  politique ,  et  le  résultat 
de  ses  travaux  fut  l'excellente  Histoire  de 
ces  îles,  qui  parut  à  Edimbourg,  en  1803, 
un  vol.  in-4°,  cartes  et  fig.,  sous  ce  titre  : 
The  hislory  ofthe  Orkney  Islancls ,  etc. 
Jllustratedwilh  map  ofthe  ivhole  Islands 
and  tvith  plates  ofsome  of  the  most  in- 
teresling  objecls  they  contain.  Bythercv. 
Georges  Barry,  minister  of  Shapinshay , 
Edimbourg  and  London  ,  1805  ,  in-4°.  Cet 
ouvrage,  comme  toutes  les  topographies 
minutieuses  ,  contient  plusieurs  choses 
qui  n'ont  d'intérêt  que  pour  les  habilans 
des  Orcades  ;  mais  il  en  renferme  aussi 
beaucoup  d'autres  d'un  intérêt  plus  gé- 
néral. C'est  la  première  description  lidèle 
de  cet  archipel ,  sur  lequel  les  Torfœus , 
les  Wallace,  les  Buchanan  n'avaient  donné 
que  des  aperçus  historiques. 

BARSABAS,  surnommé  le juste ,un  des 
premiers  disciples  de  Jésus-Christ,  après 
l'ascension  du  Sauveur,  fut  présenté  avec 
Mathias  pour  être  mis  à  la  place  de  Juda. 
On  ne  sait  rien  de  particulier  de  sa  vie  ni 
de  sa  mort.  —  Barsabas  est  aussi  le  sur- 
nom de  Jude ,  autre  disciple  dont  il  est 
parlé  dans  les  Actes,  qui  fut  envoyé  avec 
quelques  autres  à  Antioche,  pour  y  porter 
la  lettre  où  les  apôtres  rendaient  compte 
de  ce  qui  avait  été  décidé  dans  le  concile 
de  Jérusalem. 

BARTAS  (Guillaume  de  SALLUSTE 
du)  naquit  à  Monfort,  en  1544,  d'un  tré- 
sorier de  France,  et  non  pas  dans  la  terre 
de  Bartas  en  Armagnac.  Henri  IV  ,  qu'il 
servit  de  son  épée  et  qu'il  ebanta  dans  ses 
vers,  l'envoya  en  Angleterre,  en  Dane- 
marck  et  en  Ecosse.  11  eut  le  commande- 
ment d'une  compagnie,  de  cavalerie  en 
Gascogne  ,  sous  le  maréchal  de  Mati- 
gnon. 11  était  calviniste,  et  mourut  en  1590, 
à  46  ans.  L'ouvrage  qui  a  le  plus  contri- 
bué à  rendre  son  nom  célèbre  est  le  poème 
intitulé  Semaine  de  la  création  du  monde, 
en  sept  livres ,  qui  a  été  suivi  de  la  Se- 
conde Semaine  3  ou  l'Enfance  du  monde. 


Pierre  de  l'Oslal  dit  (dans  un  mauvais 
sonnet  adressé  à  du  Gai-tas,  que  ce  sei- 
gneur a  mis  à  la  tète  de  son  poème)  que 
ce  livre  est  plus  grand  que  tout  l'univers. 
On  prétendit  aussi  que  Ronsard  lui  avait 
fait  présent  d'une  plume  d'or,  en  lui  di- 
sant qu'il  avait  plus  fait  en  une  semaine 
que  lui,  tout  Ronsard  qu'il  est, en  toute  sa 
vie  ;  mais  l'impérieux  Ronsard  réfuta  ce 
bruit  en  s'adressant  à  Dorât  son  ami  et 
son  ancien  maitre  : 


ont  menu  , 


Que  Ronsard ,  dont  ta  plume  a  contenté  le»  ro'i  , 
Soit  moins  que  du  Bartas  ,  et  qu'il  ait ,  par  sa  /oïx  , 
lien. lu  ce  témoignage  ennemi  de  sa  lyre  ,  etc. 

Le  style  de  du  Barias  est  bas,  lâche,  incor- 
rect et  impropre  ;  il  emploie  des  images 
grotesques  et  des  dénominations  ridicu- 
les, comme  lorsqu'il  appelle  le  soleil  ,  le 
duc  des  chandelles;  les  vents ,  les  postil- 
lons d'Eole;  le  tonnerre ,  le  tambour  des 
dieux.  Quoiqu'on  rie  aujourd'hui  de  ces 
expressions,  on  en  trouve  dans  plusieurs 
écrivains  à  prétentions  qui  leur  ressem- 
blent beaucoup  ;  et  si  la  dégénération  do 
l'éloquence  et  la  corruption  du  goût  con- 
tinuent d'aller  en  croissant ,  la  Semaine 
de  la  création  du  monde  pourra  servir  de 
modèle  à  nos  jeunes  poètes  et  même  à 
nos  orateurs.  {Voyez  le  Journal  historique 
et  littéraire ,  15  novembre  1785  ,  pag.  499.) 
On  a  du  seigneur  du  Bartas  plusieurs  au- 
tres ouvrages.  Le  plus  singulier  est  un 
petit  poème  dressé  pour  l'accueil  de  la 
reine  de  Navarre,  faisant  son  entrée  à 
Nérac.  Ce  sont  trois  nymphes  qui  se  dis- 
putent l'honneur  de  saluer  sa  majesté.  La 
première  débite  ses  complimens  en  vers 
latins,  la  deuxième  en  vers  français,  et  la 
troisième  en  vers  gascons.  Du  Bartas, 
quoique  assez  mauvais  poêle,  était  homme 
de  bien.  Son  livre  de  la  Semaine  eut 
la  fortune  des  meilleurs  ouvrages.  On  en 
(il,  dans  cinq  ou  six  ans  ,  plus  de  trente 
éditions.  Il  s'éleva  de  tous  côtés  des  tra- 
ducteurs ,  des  commentateurs,  des  abré- 
\ia!eurs,  des  imitateurs  et  des  adversai- 
res. Il  faut  avouer  que  ,  malgré  le  style 
guindé  de  du  Bartas,  ses  hyperboles  et 
ses  métaphores  ridicules,  il  se  trouve  çà 
et  là  des  tirades  de  vers  naturels  et  cou- 
lans;  tels  sont  les  sui vans,  ou  il  rejette 
le  système  du  mouvement  de  la  terre , 
qui  alors  n'avait  pas  la  vo^uj  qu'il  a  eue 
depuis 

Il  se  trouve  entre  nous  des  esprits  frénétique!  , 

Qui  se  perdent  toujours  dans  des  sentiers  oblique*  , 
Qui ,  sans  cesse  créant  des  systèmes  nouveaux, 
Prouvent  que  la  raison  git  loin  de  leurs  cerveaux. 


Tel»  «on!,  comme  je  crois  ,  ces  r'crivains  qui  pensent 
Qwe  ce  ne  sont  les  cieux  ni  les  astres  qui  dansent 
A  l'cntour  de  la  lerre  ;  et  que  la  terre  fait 
Chaque,  jour  sur  son  axe  un  tour  vraiment  parfait  ; 
Que  nous  sein  liions  ceux  là  qui,  pour  courir  fortune, 
Tentent  le  dos  flottant  de  l'azuré  Neptune  , 
Et  nouveaux  cuident  voir,  quand  ils  quittent  le  port, 
La  nef  demeurer  ferme  ,  et  reculer  le  bord. 

Ses  œuvres  furent  recueillies,  en  161 1,  in- 
folio,  à  Paris,  par  Rigaud. 

BARTEXSTEIN  (Laurevt-Adayi)  ,  né 
à  Helsbourg,  le  28  aoïil  1717,  devint  pro- 
fesseur allemand  et  recteur  au  collège  de 
Cobourg  en  1743.  Il  est  mort  le  28  février 
1790.  Il  fut  chargé  de  diriger  l'éducation 
des  deux  comtes  d'Anesberg,  et  il  a  publié  : 
|  lleligionis  christiatue  excellentia  ex  in- 
signiter  comrnendato  unions  studio  adle- 
renela,  Cobourg,  1757,  in  4°  ;  |  Rudimens 
simplifiés  de  la  langue  grecque ,  1778, 
in-8°  ;  |  Cur  Virgilius  moriens  sEneida 
comburi  jusserit 1 1772.  —  Il  y  a  un  autre 
personnage  du  même  nom  (Jean-Chris- 
tophe), mort  en  I7G6,  qui  était  vice-chan- 
celier d'Autriche  et  de  Bohème,  et  qui 
s'est  fait  connaître  par  plusieurs  Mani- 
festes pour  la  maison  d'Autriche,  et  par 
un  Droit  de  la  nature  et  des  gens,  Vien- 
ne, 1790,  in-8°,  qu'il  composa  pour  l'in- 
struction du  prince  Joseph  II ,  devenu 
depuis  empereur. 

BART11  ('Jea;*),  né  a  Dunkerque, 
d'un  simple  pécheur,  est  plus  connu  que 
s'il  avait  dû  le  jour  à  un  monarque.  Dès 
1075  il  était  célèbre  par  plusieurs  actions 
aussi  singulières  que  hardies.  Il  serait 
trop  long  de  les  détailler  toutes.  Sa  bra- 
voure ayant  éclaié  en  différentes  occa- 
sions ,  il  eut  le  commandement  en  1692  de 
sept  frégates  et  d'un  brûlot.  Trente-deux 
vaisseaux  de  guerre,  anglais  et  hollan- 
dais, bloquaient  le  port  de  Dunkerque.  Il 
trouva  le  moyen  de  passer,  et  le  lende- 
main il  enleva  quatre  vaisseaux  anglais 
richement  chargés  qui  allaient  en  Mosco- 
vie.  Il  alla  brûler  quatre-vingt-six  faâti- 
mens,  tant  navires  qu'autres  vaisseaux 
marchands.  Il  fit  ensuite  une  descente 
vers  Newcasllo  ,  y  brûla  environ  200  mai- 
sons, et  emmena  à  Dunkerque  pour  500 
mille  écus  de  prises.  Sur  la  lin  de  la  même 
année  1692,  ayant  été  croiser  au  nord 
avec  trois  vaisseaux  du  roi ,  il  rencontra 
une  flotte  hollandaise,  chargée  de  blé. 
Elle  était  escortée  par  trois  navires  de 
guerre.  Barth  les  attaqua,  en  prit  un, 
après  avoir  mis  les  autres  en  fuite,  et  se 
rendit  maître  de  seize  vaisseaux  de  cette 
flotte.  En  1693  il  eut  le  commandement 
du  vaisseau  le  Glorieux ,  de  66  canons, 


BAR 

pour  servir  dans  l'armée  navale,  com- 
mandée par  Tourville,  qui  surprit  la 
Hotte  de  Smyrne.  Barth  s'étant  trouvé 
séparé  de  l'armée,  rencontra  proche  de 
Faro  six  navires  hollandais ,  tous  riche- 
ment chargés;  il  les  fit  échouer  et  brûler. 
Le  héros  marin,  actif,  infatigable,  partit 
quelques  mois  après  avec  six  vaisseaux 
de  guerre .  pour  amener  en  France ,  du 
port  de  Ylékeren,  une  flotte  chargée  de 
blé.  Il  la  conduisit  heureusement  à  Dun- 
kerque, quoique  les  Anglais  et  les  Hol- 
landais eussent  envoyé  de  grosses  fré- 
gates pour  l'empêcher.  Au  commence- 
ment de  l'été  de  1694,  il  se  mil  en  mer 
avec  les  mêmes  vaisseaux  pour  aller  cher- 
cher une  flotte  chargée  de  blé  pour  le 
compte  du  roi ,  qui  était  resiée  dans  dif- 
férens  ports  du  nord.  Celle  flolle  était 
déjà  partie  au  nombre  de  plus  de  cent 
voiles,  sous  l'escorte  de  deux  vaisseaux 
danois  et  un  suédois.  Elle  fut  rencontrée 
entre  le  Texel  et  le  Mie  par  le  contre- 
amiral  de  Frise,  nommé  Ilides  de  Vries, 
qui  commandait  une  escadre  composée 
de  huit  vaisseaux  de  guerre  ,  et  n'eut 
point  de  peine  à  s'emparer  de  la  flotte. 
Mais  le  lendemain,  Barth  le  rencontra  à 
la  hauteur  du  Texel ,  et  quoique  inférieur 
en  nombre  et  en  artillerie,  lui  enleva  sa 
conquête,  prit  le  contre -amiral  et  deux 
autres  vaisseaux.  Celle  grande  action  lui 
valut  des  lettres  de  noblesse.  Deux  ans 
après,  en  1696,  Jean  Barth  causa  encore 
une  perte  considérable  aux  Hollandais , 
en  se  rendant  maître  d'une  partie  de  leur 
flotte,  qu'il  rencontra  à  six  lieues  de  Vlio 
ou  Ylieland,  île  voisine  du  Texel.  Son 
escadre  était  composée  de  huit  vaisseaux 
de  guerre  et  de  quelques  armateurs,  et 
la  flolle  hollandaise  de  106  vaisseaux  mar- 
chands, escortée  de  quelques  frégates  : 
Barth  l'attaqua  avec  vigueur,  et  aborda 
lui-même  le  commandant,  prit  30  vais- 
seaux marchands,  et  4  du  convoi,  sans 
avoir  souffert  que  très  peu  de  perte.  11  ne 
put  néanmoins  profiter  de  sa  conquête. 
Ayant  rencontré  presque  aussitôt  12  vais- 
seaux de  guerre  hollandais,  convoyant 
une  flotte  qui  allait  au  Nord,  il  fut  con- 
traint démettre  le  feu  à  sa  prise,  pour 
l'empêcher  de  retomber  entre  les  mains 
des  ennemis  II  ne  se  sauva  lui-même 
qu'à  force  de  voiles,  de  la  poursuite  de 
quelques  autres  vaisseaux.  Ce  célèbre 
marin  mourut  en  1702,  à  51  ans,  avec 
une  grande  réputation.  Sans  protecteurs 
et  sans  autre  appui  que  lui-même,  il  de- 
vint chef  d'escadre  ,  aptes  avoir  passé  par 


BAR 

tous  les  degrés  de  la  marine.  Il  était  do 
haute  taille,  robuste,  bien  fait  de  corps, 
quoique  d'un  air  grossier.  Il  ne  savait  ni 
lire  ni  écrire,  ayant  seulement  appris  à 
mettre  son  nom.  Il  parlait  peu  et  mal, 
ignorant  les  bienséances,  s'exprimant  et 
se  conduisant  partout  en  matelot.  Le  roi 
lui  ayant  dit  :  Jean  Barth ,  je  viens  de 
vous  nommer  chef  d'escadre ,  il  lui  ré- 
pondit fièrement  :  Vous  avez  bien  fait , 
Sire.  Lorsque  le  chevalier  de  Forbin  l'a- 
mena à  la  cour,  en  1691,  les  plaisans  de 
Versailles  se  disaient:  sillons  voir  le  che- 
valier de  Forbin  qui  mène  l'ours.  Il  se 
présenta,  dit-on,  avec  une  culotte  de 
drap  d'or,  doublée  de  drap  d'argent  ;  et 
la  gêne  que  cette  doublure  produisait ,  lui 
donnait  une  attitude  assez  plaisante.  Jean 
Barth  n'était  bon  que  sur  son  navire.  Il 
était  très  propre  pour  une  action  hardie , 
mais  incapable  d'un  projet  un  peu  étendu. 
On  a  donné  sa  Vie,  en  1782,  in-12. 

*  BARTHE  (  Nicolas-Thomas  ),  de  l'a- 
cadémie de  Marseille,  né  en  celte  ville 
en  1754,  d'une  famille  honnête,  et  mort 
à  Paris,  le  17  juin  1785,  victime  de  son 
amour  pour  les  plaisirs.  Il  se  fit  connaître 
avantageusement  par  sa  petite  pièce  des 
Fausses  infidélités.  On  y  trouve  de  la 
gaieté,  de  l'esprit  dans  les  détails,  de  la 
facilité  dans  le  dialogue,  quelques  scènes 
d'un  bon  comique  de  situation  ,  et  au  ju- 
gement de  La  Harpe  elle  vaut  mieux  que 
toutes  les  pièces  jouées  depuis  Dufresnoy. 
Cette  pièce  est  restée  au  répertoire  du 
Théâtre-Français.  Barthe  fut  moins  heu- 
reux dans  la  Mère  jalouse ,  et  l'Homme 
personnel  ou  V Egoïste.  Ces  pièces ,  au- 
dessus  de  ses  forces,  furent  recueil  de 
son  génie.  La  première  manque  de  naturel; 
le  rôle  principal  est  froid  et  sans  effet  :  la 
seconde  ,  écrite  avec  élégance  et  pureté , 
pèche  du  côté  des  caractères  ,  qui  ne  sont 
pas  peints  avec  assez  de  force  :  l'intrigue 
en  outre  en  est  froide  et  embrouillée.  Ses 
Poésies  fugitives  offrentdes  traits  d'esprit, 
un  langage  assez  correct  ;  mais  on  y 
trouve  rarement  cette  douceur,  ce  natu- 
rel, cet  agrément  qui  doivent  être  le  ca- 
ractère de  ces  sortes  de  productions.  Un 
choix  en  a  été  publié  par  M.  René  Perrin, 
1810.  Ses  œuvres  n'ont  point  été  recueil- 
lies. M.  Fayole  a  donné  à  Paris  en  1811 
ses  œuvres  choisies  ,  in-12  el  in-18. 

BARTHE.  Voyez  THERMES. 

*  BARTH  EL  (  Jean-Gaspard  ),  célèbre 
professeur  de  droit  canon  et  supérieur  du 
séminaire  de  Vurlzbourg,  naquit  en  1697, 
de  parens  obscurs ,  à  Kilzingen.  Ses  gran- 


92  BAR 

des  connaissances  en  droit  lui  méritèrent 
successivement  les  plus  hautes  dignités 
dont  puisse  être  revêtu  un  ecclésiastique 
séculier.  Il  devint  vice  chancelier  de  l'u- 
niversité, el  mourut  en  1771.  Il  avait  été 
élevé  chez  les  jésuites,  et  montra,  suivant 
les  bibliographes  modernes,  toujours  le 
plus  profond  respect  pour  le  saint  Siège, 
et  une  haine  bien  prononcée  contre  le 
protestanlisme.  Cependant  les  mémoires 
du  temps  l'accusent  d'avoir  enseigné  les 
mêmes  principes  qu'Oberhausen  et  Zall- 
wein,  el  d'avoir  préludé  aux  réformes 
qu'on  établit  peu  après  en  Allemagne.  Ses 
principaux  écrits  sont  :  |  Ifistoria  pacifi- 
cation uni  imper ii  circa  religionem  consis- 
te ns,  Wurtzbourg,  1736,  in-4°;  |  De  jure 
reformandi  antiquo  et  novo ,  Ibid.  1744, 
in-4°  ;  |  De  restitula  canonicarum  in  Ger- 
mania  electionum  politia ,  in~k°.  \  Trac- 
talus  de eoquodeirca  liber tatem exercitii 
rcl'igionis  ex  lege  divina ,  et  ex  lege  im- 
periijuslum  est ,  in*-/i.0. 

BARTHÉLEMI  di  San-Marco.  Voyez 
BACCIO. 

BARTHELEMY  (  saint  ) ,  un  des  douze 
apôtres,  pénétra  jusqu'à  l'extrémité  des 
Indes,  au  rapport  d'Eusèbe  et  de  plusieurs 
autres  anciens  écrivains.  Par  les  Indes, 
ces  auteurs  entendent  quelquefois,  non 
seulement  l'Arabie  et  la  Perse  ,  mais  en- 
core l'Inde  proprement  dite:  en  effet, 
ils  parlent  des  Brachmanes  de  ces  pays  , 
fameux  dans  l'univers  pour  leur  pré- 
tendue connaissance  de  la  philosophie 
et  pour  leurs  mystères  superstitieux.  On 
lit  dans  Eusèbe,  que  saint  Pantène  ayant 
été  dans  les  Indes,  au  commencement  du 
5e  siècle  ,  pour  réfuter  les  Brachmanes  , 
y  trouva  des  traces  de  christianisme ,  et 
qu'on  lui  montra  une  copie  de  l'Evangile 
de  saint  Matthieu  en  hébreu,  qu'on  lui 
assura  avoir  été  apportée  dans  ce  pays  par 
saint  Barthélémy,  quand  il  y  avait  planlé 
la  foi.  Le  saint  apôtre  revint  dans  les  pays 
situés  au  nord-ouest  de  l'Asie ,  et  ren- 
contra saint  Philippe  à  Hiérapolis  en  Phry- 
gie.  De  là  il  se  rendit  dans  la  Lycaonie , 
où  saint  Chrysostôme  assure  qu'il  instrui- 
sit les  peuples  dans  la  religion  chrétienne. 
Mais  on  ignore  les  noms  de  la  plupart 
des  contrées  dans  lesquelles  il  annonça  la 
foi;  et  en  général  les  détails  de  sa  vie  et 
de  ses  saintes  conquêtes,  ainsi  que  les 
circonstances  de  sa  mort,  ne  sont  pas 
connus  d'une  manière  authentique  (Fby<?z 
la  réflexion  qui  se  trouve  à  la  fin  de  l'ar- 
ticle saint  JACQUES  le  Majeur  ).  Les 
historiens  grecs  modernes  disent  qu'il  fut 


BAR 


93 


BAR 


condamné  à  cire  crucifié  par  le  gouver- 
neur d'Albanopolis.  D'autres  prétendent 
qu'il  fut  écorché  vif  ,  ce  qui  n'exclut  pas 
le  crucifiement.  La  réunion  de  ce  double 
supplice  était  en  usage,  non  seulement 
en  Egypte,  mais  encore  chez  les  Perses; 
et  les  Arméniens  pouvaient  avoir  em- 
prunté de  ces  derniers  peuples,  leurs 
voisins ,  un  tel  genre  de  barbarie.  Il  n'a 
rien  laissé  par  écrit.  Le  faux  évangile 
que  quelques  hérétiques  avaient  forgé 
sous  son  nom ,  fut  déclaré  apocryphe  par 
le  pape  Gélase.  Théodore  Lecteur  rap- 
porte que  l'empereur  Anastase  ayant  fait 
bâtir,  en  508 ,  la  ville  de  Duras  en  Méso- 
potamie ,  il  l'enrichit  des  reliques  de  saint 
Bartbélemy.  Saint  Grégoire  de  Tours 
assure  qu'on  les  porta  dans  file  de  Lipari 
près  de  Sicile  ,  avant  la  lin  du  10e  siècle. 
On  lit  dans  Anastase  le  Bibliothécaire, 
qu'en  801)  elles  furent  transférées  de  Li- 
pari à  Bénévent,  et  elles  le  furent  de  Bé- 
névenl  à  Rome  ,  en  983,  selon  le  cardinal 
Baronius.  Depuis  ce  temps-là  elles  sont 
restées  dans  un  monument  de  porphyre , 
placé  sous  le  grand  autel  de  la  célèbre 
église  qui  porte  à  Rome  le  nom  du  saint, 
et  qui  est  dans  l'île  du  Tibre.  Un  évèque 
de  Bénévent  envoya  un  bras  du  saint 
apôtre  à  saint  Edouard  le  Confesseur,  qui 
en  lit  présent  à  la  cathédrale  de  Cantor- 
béry.  Il  est  vraisemblable  que  saint  Bar- 
thélémy est  le  même  que  NATHANAEL. 
Voyez  ce  nom. 

BARTHÉLÉMY  DE  PISE.  Voyez  AL- 
BIZI  ou  DE  ALBIZ1S. 

BARTHELEMY  DES  MARTYRS  ,  do- 
minicain, ainsi  appelé  de  l'église  de  Notre- 
Dame-des-Martyrs ,  où  il  reçut  le  bap- 
tême en  1314.  Il  enseigna  la  théologie  à 
don  Antonio,  neveu  de  Jean  III  ,  roi  de 
Portugal ,  que  l'on  destinait  à  l'église.  La 
reine  Catherine  lui  donna  l'archevêché 
deBrague,  en  Ijjol),  par  le  conseil  de 
Louis  de  Grenade ,  son  confesseur.  II 
parut  avec  éclat  au  concile  de  Trente.  Il 
combattit  ceux  qui ,  par  un  respect  mal 
entendu,  ne  voulaient  point  qu'on  fit  des 
règlemens  pour  la  réformation  des  cardi- 
naux, et  représenta  fortement  que  plus 
une  dignité  ecclésiastique  est  éminente  , 
pius  il  importe  de  mettre  ceux  qui  en  sont 
revêtus ,  dans  une  sainte  nécessité  de  me- 
ner une  vie  régulière.  C'est  dans  cette 
occasion  qu'il  dit  les  paroles  si  connues  : 
Illustrissimi  cardinales  egent  illuslrissi- 
mareformatione.  Il  soutint  avec  la  même 
force ,  que  la  résidence  dans  les  pasteurs 
est  de  droit  divin ,  et  conséquemment  in- 


dispensable. «  Où  en  sommes-nous  rc- 
»  duits,  disait-il ,  si  ceux  auxquels  Dieu  a 
»  coniié  le  soin  de  son  église  mettent  en 
»  problème  l'obligation  qu'ils  ont  de  dc- 
»  ineurer  avec  elle?  Souffrirait- on  un 
»  serviteur ,  qui ,  étant  chargé  des  enfans 
»  de  son  maître,  disputerait; s'il  est  tenu 
»  d'être  auprès  d'eux?  Que  dirions-nous 
»  d'une  mère  qui  abandonnerait  l'enfant 
»  qu'elle  allaite,  ou  d'un  berger  qui  lais- 
»  serait  son  troupeau  dans  les  champs,  à 
»  la  merci  des  loups  ?  Quoi  !  nous  doute- 
»  rons  que  nous  soyons  tenus  personnel- 
»  lement  de  veiller  sur  ceux  pour  lesquels 
»  nous  sommes  tenus  de  sacrilier  nos  vies 
»  quand  leur  salut  l'exige!  Nous  leur  de- 
»  vons  plus  nos  vies  pour  leurs  besoins 
»  spirituels ,  que  nous  ne  nous  les  devons 
»  à  nous-mêmes  pour  quelque  avantage 
«temporel  que  ce  soit,  etc.  »  Il  y  avait 
long-temps  qu'il  avait  fait  connaître  ses 
sentimens  sur  les  devoirs  des  pasteurs. 
Faisant  la  visite  de  son  diocèse  ,  il  vit  un 
jour  dans  les  champs  un  jeune  berger  qui 
ne  quittait  point  son  troupeau  au  milieu 
d'un  violent  orage  ;  il  eût  pu  se  mettre  à 
l'abri  dans  une  caverne  voisine  :  mais  il 
ne  voulut  point  s'éloigner,  de  peur  que 
le  loup  ou  les  autres  bêtes  ne  profilassent 
de  son  absence.  Barthélémy  des  Martyrs 
fut  singulièrement  touché  de  ce  qu'il 
voyait.  «  Quelle  leçon,  dit-il,  pour  un 
»  pasteur  des  âmes  !  Avec  quel  soin  no 
»  doit-on  pas  veiller  pour  les  garantir  des 
»  pièges  du  démon  1  »  Saint  Charles  Bor- 
romée  voyait  dans  ce  prélat  un  second 
lui-même,  et  lia  une  amitié  très  étroite 
avec  lui.  L'Eglise  perdil  Barthélémy  en 
1500,  dans  le  couvent  du  Viane,  où  il 
s'était  retiré  huit  ans  avant  sa  mort ,  après 
s'être  démis  de  son  archevêché.  Il  y  fit 
beaucoup  de  bien,  et  dans  tous  les  genres. 
Il  disait  que  sa  vie  n'était  pas  à  lui ,  mais 
à  son  troupeau.  Je  suis ,  ajoutait-il,  le 
premier  médecin  de  1,400  hôpitaux,  qui 
sont  les  paroisses  de  mon  diocèse.  On  a 
de  ce  saint  archevêque  un  livre  intitulé  : 
Stimulus  pastorum*  et  plusieurs  autres 
ouvrages  de  piété  ,  recueillis  à  Rome  .  en 
2  vol.  in-fol.  ilkh ,  par  D.  Malachie  d'In- 
guimberti,  depuis  évèque  de  Carpentras. 
On  y  trouve  d'excellentes  règles  pour  la 
vie  des  pasteurs  et  des  simples  lidèles. 
Dans  la  partie  historique  de  ses  ouvrages, 
on  voit  un  auteur  quelquefois  plus  pieux 
qu'éclaii  é  ;  mais  on  en  est  dédommagé  par 
la  solidité  des  réflexions  et  une  onction 
rare.  La  crédulité  d'ailleurs  est  un  dé- 
faut si  peu  considérable  en  comparaison 


BAU  94 

de  ceux  des  écrivains  de  noire  siècle, 
qu'on  serait  presque  tenté  de  la  regarder 
comme  une  vertu.  Ajoutons  que  la  cri- 
tique était  encore  faible ,  et  n'avait  pas 
éclairciunc  infinité  de  choses  mieux  con- 
nues depuis.  Louis  de  Grenade  a  donné 
une  Relation  abrégée  de  ses  vertus  et  de 
ses  principales  actions.  Sa  vie  a  été  écrite 
par  trois  auteurs  graves  qui  étaient  tous 
contemporains.  C'est  d'après  leur  récit, 
joint  à  quelques  autres  mémoires ,  qu'a 
été  composée  la  "Nie  française  du  saint 
archevêque  de  Brague,qui  a  été  imprimée 
in-8°  et  in-4°.  Quelques  auteurs  ont  attri- 
bué cet  ouvrage  aux  dominicains  :  niais 
ils  se  sont  trompés,  et  l'on  ne  doute  point 
qu'il  ne  soit  d'isaac  le  Maistre,  plus  connu 
sous  le  nom  de  Sacy.  Au  reste  cette  "Nie 
de  D.  Barthélémy  des  Martyrs  est  très 
estimée  et  mérite  de  l'être. 

BARTHÉLÉMY  (  Nicolas  ),  bénédictin 
du  15e  siècle ,  né  à  Loches  .  a  fait  des  poé- 
sies latines,  difficiles  à  trouver:  |  Epigram- 
mata3  Momiœ,  Enneœ ,  imprimées  chez 
Badius,  1514,  3  vol,  in-8°;  les  deux  pre- 
miers sans  date;  le  troisième,  de  1531, 
contient  des  pièces  qui  roulent  sur  des 
sujets  de  dévotion:  |  De  vila  activa  et  con- 
lemplaliva,  1523,  in-8°,  en  prose;  |  Chiis- 
tus  xilonicus ,  tragédie  en  quatre  actes , 
1531 ,  in-S". 

*  BARTHELEMY  (  Jean  -Jacques  ), 
abbé ,  de  l'académie  française  et  de  celle 
des  inscriptions ,  était  né  à  Cassis  près 
Aubagne,  le  20  janvier  1716.  Après  avoir 
fait  ses  premières  éludes  sous  le  père 
Reynaud  de  l'Oratoire ,  il  les  continua 
chez  les  jésuites ,  et  il  se  livra  entière- 
ment à  l'étude  des  langues  savantes.  En 
1744  il  se  rendit  à  Paris.  Gros  de  Boze, 
alors  garde  du  cabinet  des  médailles , 
l'accueillit  avec  intérêt ,  et  se  chargea  de 
le  diriger.dans  la  science  numismatique, 
pour  laquelle  il  montrait  les  plus  heureu- 
ses dispositions.  Il  y  fit  de  si  grands  pro- 
grès que  Louis  XV  le  désigna  pour  suc- 
céder à  ce  savant ,  mort  en  1753.  L'abbé 
Barthélémy  se  livra-  alors  avec  une  nou- 
velle ardeur  à  ses  recherches  ,  et  il  entre- 
prit à  cet  effet  un  voyage  en  Ilalie.  Le 
cabinet  des  antiques  renfermait  20,000 
médailles;  à  force  de  constance  etde  soins, 
il  parvint  à  doubler  ce  nombre,  et  à 
mettre  dans  cette  collection  un  ordre  que 
les  savans  venaient  admirer  de  toutes  les 
parties  de  l'Europe.  Infatigable  au  travail, 
il  entreprit  son  Voyage  d  sJnacharsis , 
recueil  des  plus  intéressans  sur  l'histoire, 
la  religion,  le  gouvernement,  les  mœurs 


BAR 

et  les  arts  des  Grecs.  Le  slyle  en  est 
agréable  et  élégant;  c'est  une  des  meil- 
leures productions  du  18e  siècle  :  elle  n'est 
cependant  pas  exemple  de  diffusion,  et 
renferme  peut-être  trop  d'éloges  et  pas 
assez  de  critique.  Il  travailla  à  cet  ouvrage 
pendant  50  ans.  «  Dans  cette  composition, 
»  dit  un  bibliographe  ,  on  ne  sait  ce  qu'on 
»  doit  admirer  le  plus  ou  de  l'immense 
»  étendue  des  connaissances  qu'elle  exi- 
geait et  qu'elle  renferme,  ou  de  l'art 
»  singulier  des  rapprochemens  et  des  tran- 
»  sillons  par  lesquels  l'auteur  a  su  lier 
»  imperceptiblement  tant  d'objets  dispa- 
»  rates,  el  unir  tant  de  contrastes;  ou  de 
»  l'élégance  continue  el  de  l'agrément  in- 
»  fini  de  toutes  les  narrations  ,  de  toutes 
»  les  discussions ,  qu'au  premier  coup 
»  d'oeil  on  serait  tenté  de  prendre  pour 
»  les  jeux  d'une  belle  imagination.!)  Comme 
toutes  les  productions  de  ce  siècle,  celle- 
ci  renferme  encore  quelques  symptômes 
de  la  philosophie  du  jour  ;  mais  c'est  un 
des  ouvrages  modernes  où  elle  se  montre 
avec  le  plus  de  retenue  et  de  décence.  II 
y  a  même  bien  des  réflexions  dont  les 
coryphées  de  la  philosophie  n'ont  pas  dû 
être  contens.  Barthélémy  portait  le  titre 
et  le  costume  d'abbé ,  mais  il  n'entra  ja- 
mais dans  les  ordres.  Quoiqu'il  fût  l'hom- 
me de  lettres  le  plus  riche  de  son  temps  , 
il  vécut  toujours  dans  la  plus  grande  sim- 
plicité de  mœurs,  et  employa  une  partie 
de  sa  fortune  à  avancer  sa  famille.  Un  de 
ses  amis  lui  demandait  un  jour  pourquoi 
il  n'avait  pas  un  équipage. a  J'aurais  pris, 
»  répondit-il ,  une  voiture ,  si  je  n'avais 
»  pas  craint  de  rougir  en  trouvant  sur 
»  mon  chemin  des  gens  de  lettres  à  pied 
»  qui  valaient  mieux  que  moi.  »  La  grande 
considération  dont  il  jouissait  ne  le  mit 
point  à  l'abri  des  coups  de  la  révolution  : 
il  y  avait  perdu  une  grande  partie  de  sa 
fortune;  sur  une  simple  dénonciation  de 
suspect,  il  fut  arrêté  et  conduit  à  la  prison 
des  Madelonuettes.  Mais  son  entrée  fut 
pour  lui  un  triomphe;  les  prisonniers, 
apprenant  son  arrivée  ,  descendirent  l'es- 
calier et  l'accueillirent  avec  les  témoigna- 
ges d'une  vénération  profonde  et  d'un 
attendrissement  sincère.  Les  révolution- 
naires eux-mêmes,  sensibles  pour  la  pre- 
mière fois  à  la  vertu  et  au  talent ,  lui  ren- 
dirent la  liberté  le  jour  suivant ,  et  le  mi- 
nistre de  l'intérieur,  comme  pour  le  dé- 
dommager de  l'affront  qui  lui  avait  été 
fait ,  vint  lui  offrir  la  place  de  bibliothé- 
caire. L'abbé  Barthélémy  la  refusa  sous 
prétexte  de  son  grand  âge;  mais  le  dégoût 


BAR 

fie  la  vie  fut,  tlil-on,  le  principal  motif 
de  ce  refus  En  effet ,  depuis  ce  moment, 
il  se  lit  en  lui  un  changement  remarquable. 
«  Désenivré  de  la  gloire,  dit  Sainte-Croix, 
*  son  amour  pour  elle  s'affaiblit  chaque. 
»  jour  ;  bientôt  il  ne  s'embarrassa  plus  de 
»  l'avenir  pour  lequel  il  avait  tant  vécu.  » 
Il  disait  que  la  révolution  était  mal  nom- 
mée, qu'il  fallait  l'appeler  une  révélation, 
faisant  allusion  à  la  terrible  expérience 
qu'elle  donnait  aux  hommes.  Il  mourut  le 
50  avril  1795.  Outre  son  Voyage  d'Ana- 
charsis,  ci-devant  cité ,  dont  il  y  a  eu  un 
très  grand  nombre  d'éditions  de  tous  les 
formats,  et  qui  a  été  traduit  dans  presque 
toutes  les  langues  de  l'Europe,  on  a  de  lui 
un  grand  nombre  d'ouvrages  ,  principa- 
lement sur  les  antiquités  et  les  médailles, 
plusieurs  mémoires  et  dissertations  sa- 
vantes dans  les  Mémoires  de  l'académie 
des  inscriptions.  Ses  OEuvres  diverses 
ont  été  publiées  par  Sainte-Croix ,  en  2 
vol.  in-8  ',  Paris ,  1798.  V  introduction  de 
son  Voyage  d'Anacharsis  a  été  imprimée 
en  1  vol,  in-12 ,  sous  le  titre  d' Abrégé  de 
l'histoire  grecque.  Les  meilleures  éditions 
de  ce  voyage  sont  celles  de  1789  et  1799, 
7  vol.  in-4°,  ou  in-8°,  avec  atlas.  On  doit 
encore  distinguer  l'édition  stéréotype, 
Paris,  1809,  7  vol.  in-18,  où  se  trouvent 
comme  dans  celle  de  1799  ,  trois  mémoi- 
res de  l'abbé  Bartbélemy  ,  sur  sa  vie ,  sur 
le  cabinet  des  médailles,  et  sur  les  Voya- 
ges d'Ànacbarsis.  Il  y  a  plusieurs  abrégés 
de  cette  excellente  production  ,  en  2  vol. 
in-12.  M.  Serieys  a  publié  en  1802,  sur 
les  lettres  originales  de  l'auteur,  le  Voyage 
en  Italie,  in-8°  et  in-18,  traduit  en  alle- 
mand la  même  année. 

*  \\  1RTHÉLEMY  (  François  ,  marquis 
de),  pair  de  France,  neveu  de  l'auteur  du 
voyage  d'Anacharsis ,  mort  à  l'âge  de  80 
ans,  le  5  avril  1830  ,  entra  de  bonne  heure 
dans  la  carrière  de  la  diplomatie,  et  sui- 
vit le  baron  de  Breteuil  en  Suisse  et  en 
Suède.  Il  devint  à  Stockholm  et  peu  après 
a  Londres  secrétaire  de  légation ,  et  étant 
resté  dans  celte  dernière  ville  ,  en  qualilé 
de  chargé  d'affaires,  pendant  l'absence  de 
l'ambassadeur  qui  fut  rappelé  en  1791 ,  ce 
fut  lui  qui  annonça  au  gouvernement  an- 
glais l'acceptation  de  la  constitution  par 
Louis  XVI.  Barthélémy  fut  envoyé  à  la  lin 
de  la  même  année  ministre  plénipoten- 
tiaire en  Suisse,  et  sut  éluder  les  ordres 
qu'il  avait  reçus  du  comité  du  salut  public 
concernant  les  mesures  à  prendre  contre 
les  prêtres  et  les  émigrés  réfugiés  dans  les 
cantons.  Il  réussit  dans  ses  négociations 


95  BAR 

pour  la  paix  avec  la  Prusse  ,  avec  l'Espa- 
gne, et  ensuite  avec  l'électeur  de  liesse; 
mais  il  fut  moins  heureux  dans  celles  qu'il 
entreprit  dans  le  même  but  avec  l'Angle- 
terre. Elu  membre  du  Directoire  le  7  prai- 
rial an  5  (  4797  ) ,  sous  l'influence  du 
parti  royaliste,  il  fut  enveloppé  dans  la 
proscription,  et  déporté  après  le  18  fruc- 
tidor à  la  Guyane,  d'où  il  s'évada  avec 
quelques  compagnons  d'infortune.  11  re- 
vint en  France  après  la  révolution  du  18 
brumaire  an  8  (  9  octobre  1799  ) ,  en  pas- 
sant par  les  Etats-Unis  et  l'Angleterre,  et 
devint  successivement  sénateur  en  1800, 
commandant  de  la  légion  d'honneur,  vice- 
président  du  sénat  et  comte  de  l'empire. 
Barthélémy  présidait  en  1814  les  séances 
du  sénat,  où  les  Bourbons  furent  rappe- 
lés. Louis  XVIII  le  nomma  pair  et  vice- 
président  honoraire  de  la  chambre,  et 
après  sa  seconde  rentrée,  ministre  d'état 
et  marquis.  En  1819,  il  proposa,  contre 
le  vœu  du  ministère ,  de  modifier  la  loi 
d'élection;  cette  proposition  ayant  été  ad- 
mise à  une  grande  majorité,  Louis  XVIII 
lit.  une  nombreuse  promotion  de  pairs 
pour  reformer  la  majorité.  Barthélémy 
fut  constamment  sage  et  modéré  ;  on  l'a 
seulement  accusé  de  transiger,  suivant 
l'occurrence,  avec  ses  principes  politi- 
ques. 

B  YRTI1EZ  DE  MARMORIERES  (Atv- 
toise  ) ,  frère  du  célèbre  médecin  de  ce 
nom,  naquit  à  Saint-Gall  en  Suisse,  et  de- 
vint, en  1765,  secrétaire  d'ambassade  de 
l'envoyé  français  en  Suisse  (  M.  de  Beau- 
lc ville).  Il  fut  successivement  colonel  au 
régiment  suisse  de  Bachman ,  secrétaire 
du  comte  d'Artois ,  et  l'un  de  ses  agens 
les  plus  actifs  dans  l'intérieur  de  la  France. 
En  1800  il  rentra  dans  la  diplomatie,  et 
fut  envoyé  à  Berne  dans  le  bureau  des 
affaires  étrangères;  plus  tard  il  écrivit  une 
lettre  à  Bonaparte  pour  lui  faire  hom- 
mage de  4  vol.  de  Y  Homère  d'Hernesil , 
chargé  de  notes  manuscrites  par  son  frère, 
et  demander  la  croix  d'honneur.  Barthez 
mourut  à  74  ans,  le  5  août  1811 ,  dans  le 
village  de  Condé-Saiut-Libiaire ,  arron- 
dissement de  Meaux.  Ses  principaux  ou- 
vrages sont  :  |  la  Mort  de  Louis  XVI,  tra- 
gédie, Neuchàtel,  1793  ,  in-8°;  |  Elnalhan, 
ou  les  Ages  de  l'homme,  traduction  pré- 
tendue du  chaldéen,  Paris  ,  1801  ,  5  vol. 
in-8°,  qui  n'a  pas  eu  de  succès.  Il  a  été 
l'éditeur  de  la  Théorie  du  beau  dans 
la  nature  et  les  arts,  Paris  ,  1807 ,  in-8°  , 
ouvrage  posthume  du  célèbre  médecin 
Paul- Joseph  Barthez ,  son  frère. 


BAR  06 

•  B  YRTIIEZ  (  Paul-Joseph  ) ,  médecin 
célèbre,  membre  de  l'Institut,  de  la  société 
royale  de  médecine  et  de  plusieurs  aca- 
démies étrangères  ,  né  à  Montpellier  le  11 
décembre  1754,  obtint  en  1759  au  concours 
une  ebaire  à  l'université  de  cette  ville , 
et  y  enseigna  avec  beaucoup  de  succès. 
Il  contribua  beaucoup  à  faire  revivre  la 
médecine  d'Hippocrate.  En  1780,  il  fut 
appelé  à  Paris  comme  médecin  ordinaire 
du  roi.  Il  mourut  le  15  octobre  180G.  Ses 
principaux  ouvrages  sont  :  |  Nouveaux 
élémens  de  la  science  de  l'homme,  Mont- 
pellier, 1778,  in-8°,  et  Paris,  1806,  2  vol. 
in-8";  |  Nouvelle  mécanique  des  mou- 
vcmens  de  l'homme  et  des  animaux  ; 
|  Traités  des  maladies  goutteuses ,  2  vol. 
in-8°  ;  |  Consultations  de  médecine ,  2  vol. 
in-8°  ,  publiés  en  1810  par  M.  Lordat,  bé- 
rilier  des  manuscrits  de  l'auteur.  Il  avait 
une  très  grande  érudition,  mais  on  peut 
lui  reprocher  d'avoir  été  trop  peu  sévère 
dans  l'admission  des  faits.  Ses  ouvrages 
décèlent  un  esprit  plus  porté  aux  abstrac- 
tions qu'à  l'observation  proprement  dite; 
aussi  nul  écrivain  n'exige  plus  d'efforts 
pour  être  compris.  On  lui  reproche  aussi 
d'avoir  contribué  à  accréditer  les  déso- 
lantes opinions  du  matérialisme.  Il  est 
mort  dans  les  plus  cruelles  souffrances  et 
dans  les  angoisses  du  désespoir. 

BARTHIUS  (  Gaspard  ) ,  né  à  Cuslrin 
en  1587,  mourut  à  Leipsick  en  1658.  Il 
mérite  une  place  parmi  les  enfans  préco- 
ces. A  12  ans  il  traduisit  les  Psaumes  de 
David  en  vers  latins;  à  16,  il  fit  impri- 
mer une  Dissertation  sur  la  manière  de 
lire  les  auteurs  latins,  depuis  Ennius  jus- 
qu'aux critiques  de  son  temps.  On  a  en- 
core de  lui  :  |  ses  Adversaria ,  gros  vo- 
lume in-fol.  divisé  en  60  livres  ,  imprimé 
à  Francfort  en  1624  et  1648.  C'est  un  re- 
cueil de  notes  sur  différens  écrivains 
sacrés  et  profanes,  avec  des  éclaircisse- 
mens  sur  les  coutumes  et  les  lois.  |  Un 
Commentaire  in-4°,  surStace,  1660;  et  un 
autre  sur  Claudien,  Francfort,  1650,  en 
un  vol.  in-4°.  L'érudition  n'y  est  pas  dis- 
pensée avec  discernement.  Tous  ces  sa- 
vans  prématurés  ont  plus  de  mémoire 
que  de  jugement,  et  l'on  ne  doit  pas  être, 
surpris  de  ce  que  leurs  ouvrages  ne  leur 
survivent  pas.  On  peut  juger  du  goût  de 
Barlhius,  par  la  peine  qu'il  a  prise  de 
traduire  une  partie  des  ouvrages  de  l'A- 
re lin. 

*  BARTHOLDY  (  Jacob-Salomoa*  ),  di- 
plomate prussien,  né  à  Berlin,  de  parens 
Israélites,  jouissant  d'une  grande  fortune , 


BAR 

se  fit  baptiser  à  Dresde  par  le  célèbre 
Reinhard,  et  embrassa  la  religion  protes- 
tante, non  par  persuasion,  mais  parce 
qu'il  la  regardait,  disait-il  ,  comme  plus 
favorable  aux  progrès  de  la  civilisation. 
Peu  après,  la  guerre  de  1807  éclata.  Tou- 
ché des  malheurs  de  sa  patrie,  il  parcou- 
rut l'Allemagne  pour  susciter  des  enne- 
mis à  Napoléon  ,  et  il  s'arrêta  à  Vienne, 
où  il  prit  du  service  comme  officier  dans 
un  bataillon  de  la  landwer  viennoise.  Il 
se  distingua  dans  cette  campagne,  surtout 
à  la  bataille  d'Egersberg .  C'est  alors  qu'il 
publia  un  écrit  intitulé:  Guerre  du  Ty- 
roi,  où  il  cherchait  à  montrer  aux  Alle- 
mands que  le  chemin  du  salut  était  dans 
une  guerre  populaire.  Au  commence- 
ment de  1815  il  fut  attaché  à  la  chancel- 
lerie du  prince  de  Ilardenberg,  et  il  rédi- 
gea l'édit  sur  le  Landsturm  ,  qui  pro- 
duisit beaucoup  d'effet,  quoiqu'il  ne  put 
pas  être  misàexéculion.  En  1814  il  accom- 
pagna les  armées  alliées  à  Paris;  de  là  il 
se  rendit  à  Londres ,  puis  à  Rome  comme 
consul  général  prussien  pour  toute  l'Italie. 
Après  le  congrès  d'Aix-la-Chapelle  il  fut 
nommé  chargé  d'affaires  à  la  cour  de  Tos- 
cane, et  il  essaya  de  combattre  la  révolu- 
tion napolitaine  dans  un  ouvrage  sur  la 
Charbonnerie.  C'est  à  son  intervention 
que  le  petit  état  de  Saint-Marin  dut  le 
terme  de  ses  longues  discussions  avec  le 
saint  Siège.  A  cette  occasion,  il  fut  nom- 
mé citoyen  honoraire  et  patricien  de  celte 
petite  république.  Il  est  mort  en  1826.  Le 
sculpteur  Wolf  a  moulé  son  masque  im- 
médiatement après  sa  mort  pour  exécu- 
ter son  buste.  Bartholdy  était  très  versé 
dans  les  langues  grecque  et  latine  ;  il  par- 
lait et  écrivait  avec  facilité  l'allemand,  le 
français,  l'anglais,  l'italien,  et  n'était  point 
étranger  aux  langues  orientales.  Il  aimait 
aussi  les  arts  et  il  s'en  occupait  avec  acti- 
vité. Après  avoir  vendu  au  feld-maréchal 
de  Ko!  1er  une  belle  collection  de  verres 
colorés  antiques,  et  une  autre  de  terres 
cuites,  il  en  entreprit  de  nouvelles,  for- 
mées de  vases  étrusques,  de  bronzes ,  d'i- 
voires ,  etc.  Outre  les  écrits  dont  nous 
avons  parlé,  il  a  publié  :  |  une  Comédie  en 
vers  qui  a  peu  de  mérite;  |  un  Voyage  en 
Grèce  dans  les  années  1803  et  1804,  pro- 
duction de  sa  jeunesse  ,  et  qu'il  regardait 
lui-même  comme  peu  mûrie.  Il  a  cepen- 
dant été  traduit  eu  français  ,  Paris,  1807, 
2  vol.  in-8°,  et  mentionné  favorablement 
par  l'institut ,  surtout  pour  la  géographie 
ancienne.  |  Une  Vie  du  cardinal  Gon- 
salvi,  Colla,  1824.  in-8°  Il  a  aussi  fourni 


BAR 


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BAR 


plusieurs  articles  à  la  Gazette  univer- 
selle de  Leipsick,  dont  il  fut  un  des  col- 
laborateurs avant  sa  mission  à  Florence. 
Il  a  encore  laissé  un  Traité  sur  les  verres 
colorés  des  anciens,  rédigé  en  français  et 
accompagné  de  gravures. 

BARTHOLE,  jurisconsulte  célèbre ,  né 
à  Sasso-Ferrato ,  dans  la  Marche  d'Ancô- 
ne,  en  1315 ,  fut  professeur  de  droit  dans 
plusieurs  universités  d'Italie.  Il  mourut  à 
Pérouse  en  1556 ,  et  laissa  plusieurs  ou- 
vrages, Lyon,  1545,  10  vol.  in-fol.,  écrits 
du  style  de  son  temps ,  mais  qui  renfer- 
ment des  choses  qu'on  ne  trouverait  pas 
ailleurs.  La  santé  de  ce  jurisconsulte  était 
très  délicate,  sa  taille  petite  ;  mais  il  avait 
été  dédommagé  des  défauts  du  corps  par 
les  avantages  de  l'esprit  et  du  caractère  ; 
le  sien  était  plein  de  candeur.  Il  savait  ce- 
pendant dans  l'occasion  flatter  les  rois.,  et 
ajuster  la  jurisprudence  à  la  puissance; 
comme  lorsqu'il  se  décida  si  plaisamment 
pour  la  monarchie  universelle  des  empe- 
reurs d'Allemagne.  Voyez  FRÉDÉRIC  I. 

BARTHOLIN  (  Gaspard  ) ,  médecin  et 
anatomiste,  natif  deMalmoë,  mortàSora, 
en  1629.,  à  45  ans ,  a  donné  :  |  une  Ana- 
tomiej,  Leyde,  1675,  in -8°;  |  De  lapide  ne- 
phriticoj  de  unicornu,  de  pygmϕs,  de 
studio  medico,  Copenhagne ,  1663;  |  En- 
chiridion  physicum,  1625;  |  Manuductio 
ad  veram  physiologiamex  sacris  lilteris. 

BARTHOLIN  (  Tuomas  ),  médecin,  fils 
du  précédent,  non  moins  savant  que  lui, 
mourut  en  168O,  à  64  ans.  Il  avait  des 
idées  singulières ,  et  croyait ,  par  exem- 
ple, que  les  chrétiens  devaient  s'abstenir 
de  la  chair  des  animaux.  Mais  cela  n'em- 
pêche pas  qu'il  n'ait  été  un  très  habile  mé- 
decin et  un  très  savant  homme.  Il  a  fait 
des  découvertes  intéressantes  sur  les  vei- 
nes lactées  et  sur  les  vaisseaux  lymphati- 
ques. On  a  de  lui  :  |  un  ouvrage  publié 
en  1661 ,  sur  l'usage  de  la  neige;  \  De 
morbis  biblicis,  Francfort ,  1672  ,  in-8°; 
j  Paralytici  N.  Testament^ Copenhague, 
1655  ,  in-8°  ;  |  Dissertatio  de  Passione 
Chrisii,  Amsterdam,  1670;  |  Epislolœ  mé- 
dicinales, et  De  insolitis  partûs  viiSj  La 
Haye ,  1740,  5  vol.  in-8°,  et  autres  ou- 
vrages. 

BARTHOLIN  (  Thomas  ),  fils  du  pré- 
cédent, étudia  la  jurisprudence  dans  plu- 
sieurs universités  de  l'Europe.  De  retour 
à  Copenhague,  sa  patrie,  il  fut  professeur 
en  histoire  et  en  droit,  assesseur  du  con- 
sistoire ,  secrétaire ,  antiquaire  et  archi- 
viste du  roi.  Il  mourut  en  1690.  Nous 
avons  de  lui  :  |  De  Holgero  Dano  >  1677, 
3. 


in-8°  ;  |  De  Longobardis,  1667,  in-4°;  |  Du 
origine  equestris  ordinis  Daneborgici , 
in-folio;  |  Antiquitates  Danicœ ,  1689, 
in-4°. 

BARTHOLIN  (  Erasme  ),  oncle  du  pré- 
cédent, et  fils  de  Gaspard ,  natif  de  Ros- 
child ,  après  avoir  professé  la  médecine 
et  la  géométrie  à  Copenhague,  fut  élevé  à 
la  dignité  de  conseiller  d'état ,  et  mourut 
en  1698,  à  75  ans.  On  a  de  lui  :  |  Expéri- 
menta crystalli  islandici,  Copenhague, 
1670,  in-4°,  ouvrage  recherché  des  physi- 
ciens, où  l'on  trouve  des  observations  in- 
téressantes sur  les  phénomènes  que  pré- 
sentent la  glace  ,  le  givre  ej  la  neige; 
|  De  aère  Hafniensi,  Francfort,  1679,  in- 
8°;  |  Principia  matheseos  universalisa  seu 
introduclio  in  geometriam  Cartesii;  \  He- 
liodori  Larissœi  opticorum,  lib.  2  gr.  et 
latin.  *  et  d'autres  ouvrages  utiles  et 
curieux. 

BARTHOLOMÉ.  Voyez  BRÉENBERG. 

BARTHOLET.  Voyez  BERTHOLET 
Flémaxe. 

BARTIMÉE,  c'est-à-dire  fils  de  Ti- 
mée,  aveugle  de  la  ville  de  Jéricho,  étant 
assis  sur  le  chemin  qui  conduit  de  là  à 
Jérusalem ,  pour  demander  l'aumône , 
entendit  que  Jésus-Christ  passait,  suivi 
de  ses  disciples  et  d'une  grande  foule  de 
peuple ,  et  se  mit  à  crier  :  Jésus,  fils  de 
David  j  ayez  pitié  de  moi.  Ceux  qui 
étaient  présens  lui  imposaient  silence; 
mais  il  redoubla  ses  cris.  Alors  Jésus  s'ar- 
rêta et  le  fit  venir.  Bartimée  accourut,  et 
Jésus  lui  dit  :  Que  voulez-vous  que  je 
vous  fasse  ?  L'aveugle  lui  répondit  :  Que 
je  voie  la  lumière.  Jésus  lui  dit  :  Allez* 
votre  foi  vous  a  sauvé;  et  aussitôt  il  vit  et 
se  mil  à  la  suite  du  Sauveur.  Marc.  10. 
V.  46. 

BARTOLI  (  Damei  ) ,  savant  et  labo- 
rieux jésuite,  né  àFerrare  en  1608.  Après 
avoir  professé  la  rhétorique ,  et  ensuite 
exercé  long-temps  avec  applaudissement 
le  ministère  de  la  prédication  ,  ses  supé- 
rieurs le  fixèrent  à  Rome  en  1650.  Depuis 
cette  époque  jusqu'à  sa  mort,  il  publia  un 
grand  nombre  d'ouvrages,  tant  histori- 
ques que  de  divers  genres ,  tous  écrits  en 
langue  italienne.  Le  plus  connu  et  le  plus 
considérable  est  une  histoire  de  sa  com> 
pagnie,  imprimée  à  Rome  depuis  1650 
jusqu'en  1673,  en  6  vol.  in-fol.  traduite  en 
latin  par  le  P.  Giannini ,  et  imprimée  à 
Lyon,  en  1666  et  années  suivantes  ,  et  à 
Rome  :  a  Mais ,  dit  un  critique,  que  l'on 
»  ne  soupçonnera  pas  d'être  trop  favora- 
»ble  aux  jésuites,  quelque  bonne  que  soit 
9 


BAR 


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BAR 


»  une  traduction  ,  elle  n'approche  jamais 
»  d'un  original  aussi  bequ  que  l'ouvrage 
n  du  P.  Bartoli.  »  Tous  ses  autres  ouvra- 
ges, ceux  d'histoire  exceptés,  ont  été  ras- 
semblés et  publiés  à  Venise,  en  1717,  3 
vol.  in-4°.  Les  uns  et  les  autres  sont  esti- 
més ,  tant  pour  le  fond  que  pour  la  pu- 
reté, la  précision  et  l'élévation  du  style; 
et  ce  jésuite  est  regardé  par  ses  compa- 
triotes comme  un  des  premiers  écrivains 
de  la  langue  italienne.  Il  mourut  à  Rome, 
en  1685,  après  s'être  rendu  aussi  recom- 
mandable  par  ses  vertus  que  par  ses 
talens. 

*  BARTOLI  {  Cosme  ) ,  célèbre  poète 
italien  du  16e  siècle,  naquit  à  Florence. 
Ses  succès  dans  la  poésie  le  firent  nom- 
mer, en  1540,  membre  de  l'académie  de- 
gli  UmidL  si  célèbre  depuis  sous  le  nom 
d'académie  florentine;  c'est  lui  qui  fut 
chargé,  avec  son  frère  Georges ,  d'en  ré- 
diger les  règlemens.  Le  grand  duc  le 
nomma,  en  1568 ,  son  résident  à  Yenise. 
Trois  ans  après,  Bartoli  retourna  dans  sa 
patrie,  où  il  fut  fait  prieur  de  la  grande 
église  de  Saint- Jean-Baptiste.  Ses  princi- 
paux ouvrages  sont  :  |  Marcilio  Ficino 
sopra  l'amore,  owero  Convito  diPlatone, 
traslatato  da  lui  dalla  greca  lingua  nella 
lalina,  e  appresso  volgarizzalo  nella  tos- 
cana,  Florence  ,  1544,in-8°;  |  l'Architel- 
tura  di  Léon  Battista  Alberto  tradotla 
in  lingua  fiorenlina  colV  agiunta  de  di- 
segni,  etc.  Florence,  1550,  in-fol.  |  Man- 
lio  Severino  BoezioJ  délia  consolazione 
délia  filosofia ,  tradotto  in  volgare,  Flo- 
rence, 1551,  in-8°;  |  Vila  di  Frederigo 
Barbarossa,imperatorromano,Florence, 
4556,  in-8°;  |  Discorsi  istorici  universali 
(  au  nombre  de  40  ) ,  Venise ,  1569 ,  in-4°. 
On  ignore  l'époque  de  la  mort  de  Bartoli. 

*  BARTOLI  (Minerve  ),  née  à  Urbin, 
en  1562,  cultivait  la  poésie  et  faisait  agréa- 
blement des  vers.  Riccinoli  et  Scajoli  les 
ont  insérés,  le  premier  dans  son  Recueil 
d'églogues,  le  second  dans  son  Parnasse 
poétique,  Parme,  1611.  On  les  trouve  aussi 
dans  les  Componimenti  ou  Poésies  des 
dames-auteurs  les  plus  renommées  de 
tous  les  siècles,  recueillies  par  la  comtesse 
Louise  Bergalli. 

*  BARTOLI  (  JoSEPn  ) ,  antiquaire  du 
roi  de  Sardaigne,  correspondant  de  l'aca- 
démie des  inscriptions  de  Paris,  naquit  à 
Padoue  en  février  1717.  Il  s'adonna  d'a- 
bord à  la  poésie,  ensuite  à  la  philosophie 
et  quoiqu'il  se  fût  fait  recevoir  docteur- 
és-lois ,  le  dégoût  que  lui  inspira  le  bar- 
reau le  détermina  à  ouvrir  une  école  de 


belles-lettres,  qu'il  abandonna  bientôt  pour 
remplir  à  Padoue  une  chaire  de  physique 
expérimentale.  En  1745,  il  fut  nommé 
professeur  à  l'université  de  Turin ,  puis 
antiquaire  royal ,  et  mourut ,  en  1789 , 
dans  cette  dernière  ville.  On  a  de  lui  : 
|  Deux  dissertations,  in-4°,  sur  le  musée 
de  Vérone ,  et  une  inscription  grecque 
conservée  dans  ce  musée;  \  Lellere  apo- 
logeliche  sopra  alcuni  novellièri  et  gior- 
nalisti,  etc.  in-4°;  |  Ilvero  disegno  délie 
due  tavolete  d'avorio  chiamate  ditlico 
Quiriniano,etc.  in-4°;  |  Eponine,  tragédie, 
Turin,  1768 ,  in-8°;  |  Réflexions  sur  les 
progrès  des  sciences  et  des  arts  au  18e 
siècle  *  en  Europe,,  1780,  in-8°,  etc. 

BARTOLOCCI  (  Jules  ) ,  religieux  de 
Citeaux,  né  à  Celano,  dans  le  royaume  de 
Naples,  en  1613 ,  professeur  de  langue  hé- 
braïque au  collège  des  Néophytes  et 
Transmarins  à  Rome,  mourut  en  1687. 
On  a  de  lui  une  Bibliothèque  rabbiniques 
en  4  vol.  in-fol. ,  1675.  Le  feuillant  Imbo- 
nati,  son  disciple,  ajouta  un  5e  vol.  à  cet 
ouvrage  aussi  curieux  que  savant.  En 
voici  le  titre  :  Bartolocci  de  Celano  (  D. 
Juîii)  Congregatio  Sancti  Bemardi  Ref, 
Ord.  Cisterciensis  j  Bibliotheca  magna 
rabbinica  de  scriptoribus  et  scriptis  He- 
braïcis*  ordine  alphdbelico  hebraïce  et  la- 
tine digestis,  in-fol.  4  vol.  Rome,  1675. 
Wolf  en  a  profité  pour  sa  Bibliothèque 
hébraïque. 

*  BARTOLOMMEI  (  Jérôme  ),  poète 
florentin  né  vers  1584,  et  mort  en  1662, 
était  membre  de  l'académie  de  la  Crusca 
et  de  Florence.  On  a  de  lui  :  |  X America, 
poème  héroïque  à  la  gloire  d'Améric  Ves- 
puce,  dédié  à  Louis  XIV,  Rome,  1640 ,  in- 
fol.  ;  |  Drami musicali,  e  morali,Floren- 
ce,  1656;  |  Dialoghi  sacri,  etc.  ibid.  1657; 
|  Didascalia,  1658.  —  Son  fils  ,  Mathias- 
ftîarie,  mort  à  Milan  en  1675 ,  est  auteur 
de  six  Comédies  publiées  à  Florence,  Bo- 
logne et  Venise,  1668-97. 

*  BARTOLOMMEO  (  André  de  ),  Sici- 
lien, surnommé  Barbazza  à  cause  de  sa 
longue  barbe ,  mourut  en  1476.  Il  reste 
de  lui  beaucoup  d'ouvrages  sur  le  droit 
canon,  imprimés  de  1517  à  1545  ,  entre 
autres  :  |  Conciliorum  vol.  IV,  1517  et  1518; 
|  de  Cardinalium  prœstantia  ;  |  de  Cardi- 
nalibus  legatis  a  latere,  1518. 

♦BARTOLOZZI  (François)  ,  habile  gra- 
veur au  burin,  né  à  Florence  en  1725.  Il 
quitta  sa  ville  natale  pour  se  rendre  à  Veni- 
se, et  il  s'y  livra  entièrement  à  la  gravure. 
Il  y  fit  en  peu  de  temps  d  rapides  pro- 
grès, et  il  y  produisit   ainsi  qu'à  Milan 


BAR 


99 


BAH 


beaucoup  d'estampes  qui  commencèrent 
sa  réputation.  En  1704,  il  passa  en  An- 
gleterre et  il  se  fixa  à  Brompton,  près 
Londres,  où  il  exécuta  un  grand  nombre 
de  gravures  qui  étendirent  sa  réputation 
dans  toute  l'Europe.  Un  dessin  savant,  un 
faire  agréable  et  un  goût  fin ,  caractéri- 
sèrent ses  productions.  Les  plus  estimées 
sont  le  Massacre  des  Jnnocens,  d'après 
le  Guide;  une  Sainte  Famille,  d'après 
Ben.  Lutti;  Camille  délivrant  Rome,  d'a- 
près Seb.  Ricci  ;  la  Mort  de  Chatam,  d'a- 
près Copley  ;  la  Femme  adultère,  un  Saint 
Jean,  le  Silence,  Clytie  changée  en  tour- 
nesol, d'après  les  Carraches.  Cette  der- 
nière estampe  passe  pour  son  chef-d'œu- 
vre. Il  a  aussi  gravé ,  tant  d'après  ses  des- 
sins que  d'après  ceux  de  Cipriani  et  au- 
tres, un  grand  nombre  de  vignettes  et 
d'ouvrages  de  librairie  qui  sont  fort  re- 
cherchés des  amateurs. 

BARTON  (Elizabeth  ),  fille  tourmen- 
tée par  des  convulsions,  devenue  célèbre 
sous  le  règne  de  Henri  VIII ,  roi  d'Angle- 
terre ,  est  considérée  par  quelques-uns 
comme  une  visionnaire,  et  par  d'autres 
comme  une  personne  pieuse  qui  eut  le 
don  de  prédire  quelquefois  l'avenir.  San- 
derus  la  représente  sous  ce  dernier  point 
de  vue,  et  assure  qu'entre  autres  choses 
elle  prédit  que  Marie  régnerait  avant 
Elizabeth.  D'autres  prétendent  qu'elle 
prédit  à  Henri  VIII  des  malheurs  qui  ne 
lui  arrivèrent  pas.  Ce  qu'il  y  a  de  sûr, 
c'est  que  ce  prince,  irrité  de  ses  discours 
contre  son  mariage  avec  Anne  de  Boulen, 
la  fit  mourir.  Le  célèbre  Moruset  le  ver- 
tueux Fischer,  évêque  de  Rochester,  fu- 
rent enveloppés  dans  son  malheur  ;  et  le 
sort  de  ces  grands  hommes  nt»  donne 
point  une  idée  favorable  du  tribunal  qui 
condamna  Elizabeth  Barton. 

*  BARTON  (Benjamix-Smitii  ) ,  né  en 
1766 ,  était  fils  d'un  ministre  de  l'église 
épiscopale  de  la  ville  de  Lancastre,  en 
Pensylvanie  ;  sa  mère  était  soeur  du  célè- 
bre astronome  Rittenhouse.  Se  destinant 
à  la  profession  de  médecin,  il  alla  étudier 
à  Edimbourg ,  où  une  dissertation  qu'il 
publia  sur  les  propriétés  de  la  Jusquiame 
noire  (  hyosciamus  niger,  L.  )  lui  valut 
un  prix  d'encouragement.  Il  crut  avoir  à 
se  plaindre  de  la  manière  dont  il  fut  reçu 
par  deux  des  professeurs  auxquels  il  avait 
été  recommandé;  et  comme  il  était  na- 
turellement fier,  il  ne  put  se  décider  à 
solliciter  un  diplôme  de  cette  univer- 
sité ;  mais  il  en  prit  un  à  celle  de  Got- 
lingue ,  et  retourna  à  Philadelphie ,  où  il 


exerça  sa  profession.  En  1789  ,  il  fut  re- 
çu membre  de  la  société  philosophique 
de  Philadelphie,  et  nommé  professeur 
d'histoire  naturelle  et  de  botanique  au 
collège  de  cette  ville,  bien  qu'il  n'eût  alors 
que  24  ans.  Ce  fut  lui  qui,  le  premier,  en- 
seigna publiquement  cette  partie  des 
sciences.  Six  ans  après,  il  fut  appelé  à  pro- 
fesser la  matière  médicale,  et  attaché,  en 
1799,  comme  médecin  à  l'hôpital  de  Pen- 
sylvanie. Il  succéda  depuis  au  docteur 
Rush,  en  qualité  de  professeur  des  insti- 
tuts de  la  médecine,  et  en  1809  ,  la  prési- 
dence delà  société  médicale  de  cette  ville 
lui  fut  donnée.  Ayant  éprouvé,  dans  sa 
jeunesse ,  des  attaques  de  goutte ,  et  ses 
infirmités  augmentant  avec  son  âge , 
il  crut  qu'un  voyage  sur  mer  et  le  chan- 
gement de  climat  seraient  favorables  à 
sa  santé  :  il  s'embarqua  donc  pour  l'Eu- 
rope, parcourut  la  Franc î  et  l'Angleterre, 
mais  sans  en  éprouver  le  moindre  sou- 
lagement. Il  mourut ,  er  1816 ,  peu  après 
son  retour  à  Philadelphie,  dans  la  S0e 
année  de  son  âge.  Outre  un  grand  nom- 
bre de  dissertations  sur  différens  sujets 
d'histoire  naturelle,  il  a  publié  les  ouvra- 
ges ouivans  :  |  Collet  tions  pour  un  essai 
sur  la  matière  tnJdimle  des  Etats-Unis, 
in-3°,  i798,  dont  11  p&iut  une  troisième 
édition  en  1810  ;  |  cîe3  ^ragmens  de  l'his- 
toire naturelle  de  la  Pensylvanie ,  in-fol. 
1799;  |  Nouveaux  aperças  sur  l'origine 
des  tribus  et  des  nations  de  l'Amérique , 
in-8°,  1798;  |  Elémens  de  botanique,  ou  es- 
quisses de  l'histoire  naturelle  des  végé- 
taux, ornés  de  30  fig.,  2  vol.  in-8°,  1803  : 
le  premier  volume  de  la  deuxième  édi- 
tion a  été  publié  en  1812 ,  et  le  deuxième 
en  1814;  J  la  première  partie  d'une  Flora 
virginica.  Le  docteur  Barton  encouragea 
de  tous  ses  efforts  les  recherches  botani- 
ques, dans  un  temps  où  cette  étude  était 
si  peu  considérée  aux  Etats-Unis  ,  qu'il  se 
voyait  forcé  de  cacher  ses  plantes  en  re- 
venant à  la  ville,  de  crainte  de  perdre  ses 
cliens.  Il  eut  la  satisfaction  de  voir,  avant 
sa  mort,  son  cours  suivi  par  plusieurs 
centaines  d'élèves  qui  s'adonnaient  à  cette 
étude.  Ce  fut  lui  qui  engagea  les  botanistes 
MM.  Pursh  et  Nuttall  à  visiter  les  mon- 
tagnes de  la  Virginie  et  de  la  Caroline, 
et  les  parties  de  la  contrée  située  à  l'ouest 
des  monts  Alleghany. 

*  BARTRAM  (  William  ) ,  savant  bota- 
niste et  voyageur  anglais.  Il  fit  en  1773 un 
long  voyage  dans  le  nord  du  Canada;  et 
après  avoir  pénétré  dans  la  Floride ,  la 
Caroline,  la  Géorgie,  il  se  fixa  à  Delaware, 


BAS 


100 


BAS 


où  il  cultivait  les  plantes  les  plus  rares 
et  les  plus  utiles  de  l'Amérique  pour  les 
répandre  dans  le  commerce.  Il  a  publié 
la  relation  de  'son  voyage  à  Philadel- 
phie, 1791,  in-8°,  traduite  en  français  par 
P.  V.  Benoît,  sous  ce  titre  :  Voyage  dans 
les  parties  du  sud  de  l'Amérique  septen- 
trionale, Paris,  1799,  2  vol.  in-8°.  Il  est 
mort  en  1800.  —  Son  père,  Jean  Bar- 
tram,  né  en  Pensylvanie  en  1701,  voyagea 
aussi  long-temps  dans  l'Amérique  septen- 
trionale. Ses  observations  sur  la  botani- 
que et  l'histoire  naturelle  de  cette  partie 
du  monde,  ont  été  publiées  à  Londres  en 
47ol,  in-8°,  sous  le  titre  de  Voyage  de  la 
Pensylvanie  à  Onondago,  au  lac  Onta- 
rio, etc. 

BARUCH,  prophète,  d'une  famille  no- 
ble des  Juifs  ,  suivit  Jérémie ,  son  maî- 
tre ,  en  Egypte.  Après  la  mort  de  ce  saint 
homme,  il  alla  à  Babylone  faire  part  à  ses 
frères  captifs ,  des  prophéties  qu'il  avait 
lui-même  composées.  On  ne  sait  rien 
de  bien  certain  sur  le  reste  de  la  vie  de 
Baruch.  Son  style  a  de  la  noblesse  et  de 
l'élévation ,  et  ressemble  assez  à  celui  de 
Jérémie,  dont  il  était  le  disciple  et  le  se- 
crétaire. Ses  prophéties  sont  contenues 
en  six  chapitres;  nous  ne  les  avons  plus 
en  hébreu  ,  mais  on  ne  peut  pas  douter 
qu'il  n'ait  écrit  en  celle  langue  :  les  fré- 
quens  hébraïsmes  que  l'on  y  trouve  le  font 
assez  connaître.  On  en  a  deux  versions 
syriaques,  mais  le  texte  grec  paraît  plus 
ancien.  Comme  les  Juifs  n'ont  voulu  re- 
connaître pour  livres  sacrés  que  ceux 
qu'ils  avaient  en  hébreu,  ils  n'ont  point 
compris  dans  leur  canon  la  prophétie  de 
Baruch;  par  la  même  raison  elle  ne  se 
trouve  point  dans  les  catalogues  des  livres 
sacrés  donnés  par  Origène,  par  Mélilon, 
par  saint  Hilaire ,  par  saint  Grégoire  de 
Nazianze,  par  saint  Jérôme,  par  Rufin; 
mais  il  est  à  présumer  que  la  plupart  l'ont 
comprise  sous  le  nom  de  Jérémie,  comme 
ont  fait  les  Pères  latins.  Le  concile  de 
Laodicée,  saint  Cyrille  de  Jérusalem,  saint 
Athanase  et  saint  Epiphane  nomment 
dans  leurs  catalogues  Jérémie  et  Baruch. 
Saint  Augustin  et  plusieurs  autres  Pères 
citent  les  prophéties  de  Baruch  sous  le 
nom  de  Jérémie  :  et  dans  l'église  latine, 
ce  qu'on  lisait  de  Baruch  dans  l'office  di- 
vin était  lu  sous  le  nom  de  Jérémie.  C'est 
donc  mal  à  propos  que  les  protestans  se 
prévalent  de  l'opinion  des  juifs  et  du  si- 
lence de  quelques  Pères. 

*  BAS  (  Jacques-Philippe  Le  ) ,  célèbre 
graveur,  né  à  Paris  en  1707,  y  mourut 


le  14  avril  1783.  Il  grava  d'après  les  plus 
grands  maîtres,  en  conservant  dans  ses 
estampes  le  style  et  le  caractère  particu- 
lier de  chacun ,  et  exécuta  dans  le  goût 
des  Audrans. 

*  BASAN  (  Pierre-François),  graveur, 
né  à  Paris  le  23  octobre  1723.  Il  s'occupa 
plus  particulièrement  du  commerce  d'es- 
tampes, et  on  lui  doit  diverses  collec- 
tions, et  un  Dictionnaire  des  graveurs 
anciens  et  modernes ,  le  meilleur  qui  ait 
paru  jusqu'à  ce  jour,  imprimé  à  Paris 
1770-1809,  2  vol.  in-8°,  avec  une  Notice 
historique  sur  l'Art  de  la  gravure.  Basan 
mourut  en  1797.  Il  publia  avec  Lemire 
la  collection  des  gravures  pour  l'édition 
des  Métamorphoses  d'Ovide. 

BASCHI  (  Matthieu  )  ,  naquit  dans  le 
duché  d'Urbin  en  Italie ,  et  prit  l'habit  de 
frère  mineur  au  couvent  de  Montefalconi. 
Une  voix  qu'il  crut  entendre ,  et  qui  l'a- 
vertit d'observer  la  règle  de  saint  Fran- 
çois à  la  lettre  ,  l'engagea  à  se  revêtir  d'un 
habit  semblable  à  celui  du  spectre  qui  lui  ■ 
était  apparu.  II  partit  peu  de  temps  après 
pour  Rome,  parut  ainsi  vêtu  devant  Clé- 
ment VIII ,  et  dit  à  ce  pape  :  «  Saint  Père  , 
»  je  suis  un  frère  mineur ,  enfant  de  saint 
»  François  :  je  veux  observer  la  règle  de 
»  mon  séraphique  père,  comme  il  l'ob- 
»  servait  lui-même.  Ce  saint  ne  portait 
■>  qu'un  habit  simple  et  grossier ,  tel  que 
»  celui  que  vous  me  voyez.  »  Le  pontife , 
après  quelques  difficultés,  approuva  sa 
réforme.  Matthieu  Baschi  se  fit  des  com- 
pagnons et  des  ennemis.  Les  frères  mi- 
neurs le  firent  mettre  en  prison;  mais 
ayant  eu  sa  liberté ,  il  fut  élu  général  du 
nouvel  ordre.  Il  se  démit  de  cette  dignité 
deux  mois  après,  et  ne  pouvant  obéir 
après  avoir  commandé,  il  sortit  de  son 
couvent  et  continua  de  prêcher  en  divers 
endroits.  Il  mourut  à  Venise  en  1552  (  Voy. 
OCHIN).  L'ordre  des  capucins ,  dont  il  est 
le  fondateur,  est  un  des  plus  nombreux  et 
des  plus  laborieux  de  l'Eglise.  Urbain  VIII 
donna  une  bulle  en  1627 ,  par  laquelle  le 
titre  de  vrais  enfans  de  saint  François 
leur  est  assuré ,  titre  qui  leur  était  disputé 
par  les  cordeliers.  Il  y  avait  eu  un  sembla- 
ble procès  du  temps  de  Paul  V ,  qui  décida, 
en  1608 ,  que  les  capucins  étaient  vérita- 
blement frères  mineurs,  quoiqu'ils  n'aient 
point  été  établis  du  temps  de  Saint-Fran- 
çois. Ces  dernières  paroles  rallumèrent  la 
querelle.  Les  adversaires  des  capucins  en 
concluaient  qu'ils  ne  venaient  pas  en 
droite  ligne  de  ce  saint  fondateur.  Urbain 
VIII  la  termina  en  décidant  «  qu'il  faut 


BAS 


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BAS 


p  prendre  le  commencement  xle  leur 
»  institution  de  celui  de  la  règle  séraphi- 
»  que,  qu'ils  ont  observée  sans  disconti- 
»  nuation.  » 

*  BASEDOW  (  Jean- Bernard  ) ,  pro- 
fesseur luthérien,  né  à  Hambourg  en 
1723,  de  parens  obscurs.  Après  avoir  fait 
ses  études  avec  succès ,  il  entra  d'abord , 
en  qualité  de  précepteur,  chez  M.  de 
Quaalen,  conseiller  intime  de  Holstein; 
il  fut  ensuite  nommé  professeur  de  mo- 
rale et  de  belles-lettres  à  l'académie  de 
Soroè*  en  Danemarck,  où  il  publia  sa 
Philosophie  pratique  pour  toutes  les  con- 
ditions, 2  vol.  in-8°,  1758  et  1777.  On  y 
trouve  de  bonnes  choses  sur  l'éducation 
en  général ,  et  particulièrement  sur  celle 
des  filles  ;  mais  des  propositions  peu  con- 
formes à  l'orthodoxie  luthérienne  lui 
firent  perdre  sa  place,  et  il  fut  envoyé 
au  gymnase  d'Altona ,  où  il  continua  de 
s'adonner  à  la  théologie.  Il  travailla  alors 
à  sa  Philaléthée  ou  nouvelles  considéra- 
tions sur  les  vérités  de  la  religion  et  de  la 
raison,  qu'il  publia  en  1764,  et  qui  lui 
attira  de  nouvelles  persécutions  :  il  fut 
privé  de  sa  place,  retranché  de  la  com- 
munion; le  peuple  même  voulait  le  lapi- 
der. Basedow  écrivit  pour  se  justifier ,  et 
se  donna  de  nouveaux  torts,  en  avançant 
de  nouvelles  propositions  condamnables, 
dont  il  aurait  été  la  victime ,  s'il  n'eût  été 
fortement  protégé.  Enfin  il  abandonna  la 
théologie  pour  s'occuper  de  l'éducation , 
et  il  conçut  le  projet  de  la  réformer  en- 
tièrement. Il  publia  à  cet  égard  plusieurs 
ouvrages  qui  eurent  quelques  succès ,  et 
l'engagèrent  à  former  un  nouvel  établis- 
sement à  Dessau ,  sous  le  nom  de  Philan- 
thropinon.  Il  s'associa  au  célèbre  Campe 
pour  cette  entreprise ,  et  ne  tarda  pas  à 
se  brouiller  avec  lui.  Son  inconduite  le 
força  de  renoncer  à  son  entreprise.  Il 
était  sujet  à  s'enivrer ,  et  n'avait  nul  ordre 
dans  ses  affaires.  Enfin ,  après  avoir  erré 
dans  différentes  villes,  il  inventa  une 
nouvelle  méthode  d'apprendre  à  lire, 
qu'il  publia  à  Hambourg  en  1785 ,  et  il 
ouvrit  une  école  à  Magdebourg ,  où  il  la 
mit  en  pratique.  Il  mourut  dans  cette 
ville  en  1790.  Outre  les  ouvrages  que 
nous  avons  cités,  il  en  a  publié  un  grand 
nombre  d'autres  qui  annoncent  un  talent 
réel  et  en  même  temps  un  esprit  inquiet, 
turbulent ,  qui  fit  le  malheur  de  sa  vie  et 
l'empêcha  d'obtenir  l'estime  qui  était  due 
à  son  savoir  et  à  ses  travaux. 

BASILE  (  saint  ) ,  surnommé  te  Grand, 
naquit  sur  la  fin  de  529  à  Césarée  en  Cap- 


padoce ,  de  Basile ,  homme  généralement1 
estimé  pour  ses  vertus  et  pour  son  élo- 
quence ,  et  d'Emilie ,  appelée  par  Gré- 
goire de  Nazianze  la  nourrice  des  pau- 
vres ,  laquelle  eut  dix  enfans,dont  trois 
furent  élevés  à  l'épiscopat,  savoir  :  saint 
Basile,  saint  Grégoire  de  Nisse  et  saint 
Pierre  de  Sébaste.  Saint  Basile  ayant  reçu 
de  son  père  les  premiers  élémens  de  la 
grammaire,  alla  continuer  ses  études  à 
Césarée  et  à  Constantinople ,  et  de  là  vint 
à  Athènes  où  il  se  lia  d'une  étroite  amitié 
avec  saint  Grégoire  de  Nazianze.  Il  revint 
ensuite  à  Césarée,  et  y  plaida  quelques 
causes  avec  succès.  Dégoûté  du  barreau 
et  du  monde ,  il  alla  s'ensevelir  dans  un 
désert  de  la  province  du  Pont,  où  sa  sœur 
Macrine  et  sa  mère  Emilie  s'étaient  déjà 
retirées.  Cette  sainte  société  mettait  sa 
gloire  à  être  inconnue ,  ses  plaisirs  à  souf- 
frir ,  et  ses  richesses  à  mépriser  tous  les 
biens.  Saint  Grégoire  de  Nazianze  et  plu- 
sieurs autres  vinrent  se  former  à  la  vertu 
dans  cette  solitude.  Basile  leur  écrivit  en 
divers  temps  plusieurs  avis  que  la  plupart 
des  moines  ont  pris  pour  leur  règle ,  et 
où  les  fondateurs  des  monastères  occi- 
dentaux ont  puisé  bien  des  points  de  leurs 
constitutions.  Après  la  mort  de  Févêque 
de  Césarée ,  en  369 ,  Basile  fut  choisi  et 
élu  contre  sa  volonté  pour  lui  succéder. 
L'empereur  Valens ,  partisan  fanatiqxie 
des  ariens,  voulut  l'engager  dans  cette 
secte.  Il  lui  envoya  Modeste ,  préfet  d'O- 
rient, pour  le  gagner  par  des  promesses 
ou  par  des  menaces  ;  mais  rien  ne  pux 
l'ébranler.  Le  préfet ,  surpris  et  irrité ,  lui 
dit  qu'il  devait  craindre  qu'on  ne  lui 
ravît  ses  biens,  sa  liberté,  sa  vie  même. 
«  Tout  cela  ne  me  regarde  point ,  lui  ré- 
»  pondit  Basile ,  car  celui  qui  n'a  rien  est 
»  à  couvert  de  la  confiscation  ;  pour  ce 
»  qui  est  de  l'exil,  je  n'en  connais  point 
»  pour  moi ,  toute  la  terre  est  un  exil ,  et 
»  le  ciel  seul  est  ma  patrie;  quant  aux 
»  tourmens,  quel  empire  pourront -ils 
»  avoir  sur  moi ,  puisque  je  n'ai  point  de 
»  corps,  pour  ainsi  ci  ire,  pour  les  souf- 
»  frir  ?  Il  n'y  aura  que  le  premier  coup 
»  qui  trouve  prise  ;  pour  ce  qui  est  de  la 
»  mort,  je  la  regarde  comme  une  grâce, 
»  puisqu'elle  me  mènera  plus  tôt  à  Dieu, 
»  pour  qui  seul  je  vis.  »  Modeste,  encore 
plus  étonné,  s'écria  que  personne  n'avait 
jamais  osé  lui  parler  si  hardiment.  Peut- 
être  aussi,  lui  répliqua  Basile ,  n'avez- 
vous  jamais  rencontré  d'évêque.  Béponse 
pleine  d'énergie,  digne  du  caractère  épis- 
copal,  que  les  pasteurs  ne  devraient  ja- 


BAS 


i02 


BAS 


mais  perdre  de  vue ,  el  qui ,  si  elle  leur 
avait  toujours  servi  de  règle  dans  des 
temps  pénibles  et  difficiles ,  aurait  pré- 
servé l'Eglise  de  tous  les  maux  que  la  fai- 
blesse, la  pusillanimité,  le  respect  hu- 
main, ont  laissé  accumuler  sans  résis- 
tance sur  cette  sainte  épouse  de  Jésus- 
Christ.  Les  incrédules  modernes  lui  ont 
fait  un  crime  de  cette  résistance  aux  or- 
dres de  l'empereur  ;  s'il  y  avait  obéi ,  ces 
mêmes  censeurs  l'accuseraient  de  lâcheté. 
(  Voyez  saint  AMBROISE.  )  La  magnani- 
mité de  Basile  désarma  pour  quelque 
temps  Valens.  Les  ariens  voulurent  le 
faire  exiler  ;  ce  prince  faible  y  consentit. 
Quand  il  fallut  signer  l'ordre,  la  plume 
se  rompit  entre  ses  mains  ;  il  en  prit  une 
seconde  avec  laquelle  il  ne  put  former 
une  lettre  ;  il  en  essaya  une  troisième  qui 
se  rompit  de  même.  Alors  la  main  lui 
trembla ,  et  saisi  de  frayeur  il  déchira  le 
papier,  révoqua  l'ordre  et  laissa  saint 
Basile  en  paix.  Le  saint  évêque  travailla 
ensuite  à  apaiser  les  différends  qui  divi- 
saient les  églises  d'Orient  et  d'Occident, 
au  sujet  de  Mélèce  et  de  Paulin,  tous 
deux  évêques  d'Antioche.  Il  mourut  en 
579.  Il  était  fort  grand  et  sec  ;  et  par  ses 
jeûnes  il  avait  réduit  son  corps,  surtout 
dans  les  dernières  années  de  sa  vie ,  à 
l'état  d'un  squelette.  Il  avait  un  air  pensif 
et  parlait  très  lentement.  Son  zèle  était 
conduit  par  la  prudence.  Quelques  cen- 
seurs emportés  le  traitèrent  quelquefois 
de  faiblesse  ;  mais  les  exemples  que  nous 
avons  cités,  ne  sont  pas  des  preuves 
équivoques  de  sa  fermeté.  Don  Garnier 
et  don  Prudent  ont  donné  une  très  belle 
édition  de  ses  OEuvres,  en  3  vol.  in- fol. , 
avec  une  traduction  latine ,  1721  et  années 
suivantes.  On  y  trouve  des  homélies,  des 
lettres  J  traduites  en  français  par  l'abbé 
de  Bellegarde,  Paris,  1695,  in -8°;  des 
commentaires  *  des  traités  de  morale. 
L'abbé  Auger  a  publié  en  1788  une  tra- 
duction de  VHexameron,  des  homélies  et 
des  lettres  choisies.  L'ffexameron,  ou  Re- 
cueil de  discours  sur  l'ouvrage  des  six 
jours  de  la  création ,  regardé  comme  le 
chef -d'oeuvre  de  saint  Basile,  est  plein 
d'érudition  et  de  variété.  Ses  lettres,  écri- 
tes avec  noblesse  et  pureté ,  sont  un  des 
ouvrages  les  plus  curieux  et  les  plus  sa- 
vans  de  l'antiquité.  Le  style  de  tous  ses 
ouvrages  est  élevé  et  majestueux  ;  ses 
raîsonnemens  profonds,  son  érudition 
vaste.  Ses  écrits  étaient  lus  de  tout  le 
monde,  même  des  païens.  On  le  com- 


tiquité ,  et  on  peut  l'égaler  aux  Pères  de 
l'église  les  plus  éloquens.  L'ordre  de  saint 
Basile,  le  plus  ancien  des  ordres  reli- 
gieux ,  tire ,  selon  la  plus  commune  opi- 
nion, son  nom  de  ce  saint  docteur.  M. 
Hermant  a  écrit  sa  Vie  J  vol.  in-4°,  1674. 

BASILE  (  saini  ) ,  prêtre  de  l'église 
d'Ancyre,  métropole  de  la  Galatie,  se  si- 
gnala par  son  attachement  à  la  foi  de  Ni- 
cée.  Les  ariens ,  qui  le  regardaient  comme 
le  plus  dangereux  ennemi  de  leur  secte , 
lui  défendirent  en  360  de  tenir  des  assem- 
blées; mais  il  n'eut  aucun  égard  à  cette 
injuste  défense,  et  continua  toujours  à 
combattre  l'erreur ,  même  en  présence  de 
l'empereur  Constance.  Pendant  que  Ju- 
lien l'Apostat  travaillait  à  rétablir  l'ido- 
lâtrie sur  les  ruines  du  christianisme, 
Basile  courait  par  toute  la  ville,  pour 
exhorter  les  fidèles  à  combattre  coura- 
geusement pour  la  cause  de  Dieu ,  et  à  ne 
point  se  souiller  par  les  cérémonies  abo- 
minables des  païens.  Saturnin  et  Fru- 
mentin,  officiers  de  Julien,  lui  firent 
souffrir  des  tourmens  inouïs.  L'Apostat 
ordonna  lui-même  qu'on  levât  chaque 
jour  sept  morceaux  de  sa  peau,  jusqu'à 
ce  qu'il  n'en  restât  plus.  Telle  était  la 
doucereuse  philosophie  de  ce  prince  si 
admiré  par  les  apostats  modernes.  Basile 
ne  perdit  rien  de  sa  fermeté  :  «  Julien , 
»  dit-il  à  Frumentin ,  a  renversé  les  autels 
»  sous  lesquels  il  trouva  la  vie ,  lorsque 
»  Constance  le  cherchait  pour  le  mettre  à 
»  mort  ;  mais  Dieu  m'a  découvert  que  la 
»  tyrannie  sera  bientôt  éteinte  avec  son 
»  auteur.  »  N'étant  pas  mort  des  incisions 
qu'on  lui  avait  faites ,  on  lui  enfonça  dans 
le  dos  des  pointes  de  fer  toutes  rouges.  Il 
consomma  son  martyre  par  ce  supplice , 
le  29  juin  l'an  362  (  Voyez  les  Actes  pu- 
bliés par  Henschenius  et D.  Ruinait  ). 

BASILE,  pieux  et  savant  évêque  de 
Séleucie  en  Isaurie ,  fut  déposé ,  l'an  451 , 
dans  le  concile  général  de  Chalcédoine , 
pour  avoir  eu  la  faiblesse  de  souscrire  le 
faux  concile  d'Ephèse,  en  faveur  d'Eu- 
tychès;  mais  ayant  bientôt  reconnu  sa 
faute ,  il  fut  rétabli  et  reçu  à  la  commu- 
nion des  catholiques.  On  a  de  lui  40  ho- 
mélies ,  imprimées  avec  les  ouvrages  de 
saint  Grégoire  Thaumaturge,  en  1626, 
in-folio,  et  dans  la  Bibliothèque  des 
Pères. 

BASILE  Ier,  le  Macédonien ,  empereur 
d'Orient,  né  à  Andrinople  de  parens  très 
pauvres,  porta  les  armes  en  qualité  de 
simple  soldat ,  et  fut  fait  prisonnier  par 


parait  aux  plus  célèbres  orateurs  de  l'an-  j  le?  Bulgares.  Echappé  de  sa  prison ,  il 


BAS 


103 


BAS 


vînt  à  l'âge  de  25  ans  à  Conslantinople , 
n'ayant  qu'une  besace  et  un  bâton.  L'em- 
pereur Michel  le  fit  son  écuyer ,  puis  son 
grand  chambellan  ,  et  l'associa  à  l'empire. 
Basile,  de  mendiant  devenu  empereur, 
voulut  retirer  Michel  de  ses  désordres. 
Ce  prince,  ennuyé  d'avoir  un  censeur 
dans  un  homme  à  qui  il  avait  donné  la 
pourpre ,  résolut  de  le  faire  mourir.  Basile 
le  prévint,  et  jouit  tout  seul  de  l'empire 
en  867.  Il  donna  ses  premiers  soins  à  fer- 
mer les  plaies  de  l'église  et  celles  de  l'état. 
Il  remit  sur  le  trône  patriarcal  Ignace ,  et 
en  chassa  Photius ,  génie  inquiet  et  tor- 
•  tueux ,  qu'il  rétablit  un  an  après.  Il  se  fit 
craindre  des  Sarrasins  d'Orient ,  s'empara 
de  Césarée,  vainquit  ceux  qui  osèrent  lui 
résister,  et  força  les  autres  à  lui  deman- 
der la  paix.  Il  avait  déjà  réduit  les  mani- 
chéens. Il  mourut  en  886  ,  d'une  blessure 
qu'un  cerf  lui  fit  à  la  chasse.  «  Ce  fut  un 
»  malheur  pour  ce  prince ,  dit  l'auteur  de 
»  Y  Histoire  du  Bas- Empire ,  d'être  né 
»  dans  ces  temps  d'atrocité  et  de  barbarie. 
»  Ses  grandes  qualités,  propres  à  faire 
»  un  héros ,  furent  altérées  par  la  rouille 
»  de  son  siècle.  On  peut  cependant  con- 
»  jecturer  que ,  s'il  eût  eu  des  successeurs 
»  semblables  à  lui,  l'empire  eût  réparé 
»  ses  pertes.  Il  n'eut  que  la  gloire  d'en 
»  avoir  retardé  la  chute.  Aussi  laborieux 
»  que  vigilant ,  il  fut  toujours  à  la  tête  du 
»  gouvernement  ou  de  ses  armées.  Il  ai- 
»  mait  la  vérité,  et  n'espérant  guère  la 
»  trouver  dans  la  bouche  de  ses  courti- 
»  sans ,  il  la  cherchait  dans  l'histoire.  Il 
»  prenait  conseil  des  exemples  qu'elle  lui 
»  présentait.  A  ses  yeux  la  haute  vertu 
»  tenait  lieu  de  la  plus  éminente  dignité  ; 
»  il  l'admettait  dans  sa  familiarité ,  il  ou- 
»  bliait  même  la  majesté  impériale,  pour 
»  aller  visiter  ceux  qui  portaient  ce  noble 
»  caractère.  Plein  de  tendresse  pour  ses 
»  sujets ,  il  apportait  la  plus  grande  pré- 
»  caution  à  ne  leur  donner  que  des  gou- 
»  verneurs  et  des  magistrats  qui  fussent 
d  les  défenseurs  de  ceux  dont  il  était  le 
»  père.  »  Photius  le  séduisit  en  lui  dres- 
sant une  généalogie,  par  laquelle  il  le 
faisait  descendre  deparens  illustres.  C'est 
sous  ce  prince  qu'on  entendit  les  pre- 
mières cloches  à  Constantinople  ;  c'était 
un  présent  que  les  Vénitiens  lui  avaient 
fait  en  872.  Le  christianisme  a  fait  sous  le 
même  règne  de  grands  progrès  en  Bussie  ; 
Basile  fit  accepter  à  ce  peuple  un  évêque 
ordonné  par  le  patriarche  Ignace.  On  a 
de  lui  quelques  Lettres  dans  la  Biblio- 
thèque des  Pères;  et  des  Avis  à  son  fils 


Léon,  dans  Ylmperium  orientale  du  P. 
Banduri.  M.  l'abbé  Cavoleau  en  a  donné 
une  traduction  libre ,  Nantes ,  1782 ,  in-12. 
Il  y  a  de  très  bonnes  maximes ,  telles  que 
la  suivante  :  «  Croyez  sincèrement  à  la 
»  religion ,  et  qu'elle  soit  en  tout  temps  la 
»  règle  de  votre  vie.  La  foi  est  le  premier 
»  de  tous  les  biens  ;  c'est  elle  qui  épure 
»  nos  actions ,  et  qui  donne  à  la  vertu  le 
»  dernier  degré  de  perfection.  » 

BASILE  II,  successeur  de  Zimiscès, 
l'an  987 ,  dans  l'empire  d'Orient ,  était  fils 
de  l'empereur  Bomain  le  Jeune.  Il  naquit 
en  956.  Il  avait  de  la  valeur,  de  l'équité, 
de  la  vertu;  mais  il  se  livrait  souvent  aux 
attraits  d'une  gloire  mal  entendue ,  et  lui 
sacrifiait  des  intérêts  solides.  Il  défit  les 
Sarrasins,  repoussa  les  Bulgares,  en  tua 
5,000  dans  une  bataille  en  1014,  et  en 
fit  15 ,000  prisonniers ,  qu'il  traita  avec 
une  inhumanité  singulière.  Les  ayant  par- 
tagés par  bandes  de  cent ,  il  fit  crever  les 
yeux  à  99  de  chacune,  et  n'en  laissa  qu'un 
au  centième ,  pour  conduire  les  autres  à 
leur  roi ,  qui  ne  survécut  que  2  jours  à  ce 
cruel  spectacle.  Basile  mourut  en  1025,  à 
70  ans;  il  en  avoit  régné  50.  Il  révoqua  la 
loi  de  Nicéphore  qui,  pour  borner  les 
acquisitions  du  clergé ,  défendait  de  bâtir 
de  nouveaux  monastères  et  de  léguer  des 
fonds  aux  églises. 

BASILIDE ,  hérésiarque  d'Alexandrie , 
mort  sous  Adrien  vers  l'an  130 ,  eut  pour 
maitre  Simon  le  Magicien.  On  croit  que 
c'est  lui  qui  apporta  de  Perse  le  mani- 
chéisme dans  l'église  chrétienne. 

BASILISQUE ,  frère  de  Vérine ,  femme 
de  Léon  I,  empereur  d'Orient,  devint 
général  d'armée,  consul  et  patrice.  Il 
usurpa  l'empire  sous  Zenon  l'Isaurien  ,  à 
la  fin  de  475 ,  et  fut  bien  accueilli  par  le 
peuple  inconstant  de  Constantinople.  Mais 
au  lieu  de  répondre  à  l'idée  qu'on  avait 
de  lui ,  il  gouverna  en  tyran ,  favorisant 
les  ariens  ,  protégeant  les  eutychiens , 
et  persécutant  les  orthodoxes.  Zenon, 
qui  avait  été  obligé  de  prendre  la  fuite  , 
revint  à  Constantinople  avec  une  armée, 
et  donna  bataille  ,  en  août  477 ,  à  Basilis- 
que  ,  qui  fut  vaincu ,  et  n'eut  d'autre  asile 
qu'une  église  des  catholiques  qu'il  avait 
persécutés.  Zenon  se  fit  livrer  l'usurpa- 
teur ,  avec  sa  femme  et  ses  enfans ,  et  les 
fit  renfermer  dans  une  tour  d'un  château 
de  Cappadoce ,  où  la  faim  et  le  froid  les 
firent  périr  l'hiver  suivant  ;  ils  expirèrent 
en  s'embrassant  les  uns  les  autres.  Pen- 
dant sa  courte  administration,  Basilisque 
ne  fit  usage  de  sa  puissance ,  que  pour 


BAS 


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BAS 


piller  les  peuples  et  les  accabler  d'impôts. 
Il  avait  pour  principe  cette  maxime  si  pro- 
pre à  encourager  la  tyrannie  et  à  effacer 
la  honte  des  tyrans ,  qu'un  roi  qui  veut 
gouverner  avec  autorité,  doit  dévorer  la 
haine  que  ses  injustices  inspirent.  Il  fut 
assez  infâme  pour  souffrir  qu'Hermate, 
son  neveu,  entretînt  un  commerce  cri- 
minel avec  Zénonide ,  sa  femme.  De  son 
temps  une  partie  de  Constantinople  fut 
réduite  en  cendres ,  et  l'on  eut  à  regretter 
surtout  la  bibliothèque  publique,  qui 
renfermait ,  dit-on ,  plus  de  120  mille  vo- 
lumes. 

BASILOWITZ  (Jean),  affranchit  sa 
nation  de  la  domination  des  Tartares ,  et 
jeta  les  fondemens  du  puissant  empire  de 
Russie.  Il  fut  le  premier  qui  prit  le  titre 
de  czar,  et  régna  depuis  1450  jusqu'en 
4505.  Il  eut  pour  successeur  Basile  Iwa- 
nowita. 

*  BASIN  (Thomas),  originaire  de  Ca- 
lais ,  né  à  Rouen ,  fut  évêque  de  Lisieux  , 
sous  Charles  VII.  Accusé ,  sous  le  règne 
de  Louis  XI ,  de  favoriser  les  Anglais  et 
les  Bourguignons,  il  reçut  d'abord  dé- 
fense de  paraître  à  la  cour ,  puis  fut  exilé, 
et  ensuite  dépouillé  de  ses  biens  et  de  son 
évêché.  Il  se  retira  alors  à  Louvain,  où  il 
professa  le  droit ,  et  alla  depuis  à  Utrecht. 
Sixte  IV  le  nomma  vicaire  de  David  le 
Bourguignon,  évêque  d'Ulrechl,  et  lui 
donna  le  titre  d'archevêque  de  Césarée. 
Il  mourut  à  Utrecht,  le  50  décembre 
149 1.  Il  a  fait  :  |  un  Traité  contre  Paul 
de  Middelbourg  *  imprimé  dans  le  tome 
4  du  Spicilége  de  d'Achéry  ;  \  une  His- 
toire de  son  temps  *  dont  Mathaeus  a  pu- 
blié un  extrait,  dans  le  tome  2  de  ses  Ana- 
lecles.  Moréri,  après  avoir  parlé  de  ces 
deux  ouvrages,  cite  de  Thomas  Basin 
un  manuscrit  De  puellâ  Aurelianensi. 
—  BASIN  (Nicolas)  son  frère  ,  aussi  re- 
tiré à  Utrecht,  y  mourut  au  mois  de  juin 
4495.  —  BASIN  (Simon)  ,  né  à  Paris,  le 
42  mars  1608,  après  avoir  fait  ses  études, 
entra  chez  les  dominicains.  Ses  parens 
l'en  firent  sortir  par  autorité  ;  mais ,  re- 
connaissant par  la  suite  sa  vocation ,  con- 
sentirent qu'il  s'engageât  dans  l'état  ec- 
clésiastique. Simon  Basin  devint  chapelain 
d'Anne  d'Autriche ,  femme  de  Louis  XIII  ; 
mais  la  cour  ayant  peu  d'attraits  pour  lui, 
il  rentra  chez  les  dominicains  en  1632, 
prit  le  nom  de  Thomas*  s'adonna  à  la 
prédication ,  et  mourut  à  Paris ,  le  18 
juillet  1671.  Il  a  fait,  en  français,  des 
Sermons  et  des  Odes.  Moréri,  qui  rap- 
porte les  titres  de  plusieurs  de  ses  ouvra- 


ges ,  dit  que  la  plupart  n'ont  pas  été  im- 
primés. —  BASIN  (Bernard),  espagnol, 
docteur  de  Paris  et  chanoine  de  Saragosse, 
sur  la  fin  du  15e  ,  siècle ,  a  laissé ,  entr'au- 
tres  ouvrages ,  un  traité  De  Artibus  ma- 
gicis  et  magorum  maleficiis*  Paris,  1506, 
in-8°. 

BASINE,  femme  de  Basin ,  roi  de  Thu- 
ringe,  quitta  son  mari  pour  venir  en 
France  épouser  le  roi  Childéric  I.  Si  j'a- 
vais cru*  dit-elle  à  ce  prince  ,  trouver  au- 
delà  des  mers  un  héros  plus  brave  et  plus 
galant  que  vous *  j'aurais  été  l'y  cher- 
cher. Cette  histoire  paraît  avoir  été  fabri- 
quée à  plaisir,  ainsi  que  presque  toutes 
les  aventures  de  Childérie.  Le  seul  fait 
authentique  ,  c'est  que  de  cette  union  na- 
quit Clovis  I,  l'an  465. 

*BASIRE  (  Isaac),  théologien  anglican  , 
né  dans  Pile  de  Jersey ,  en  1607.  Après 
avoir  été  quelque  temps  maître  d'école  à 
Guernesey ,  il  obtint  plusieurs  bénéfices , 
et  fut  nommé ,  vers  l'année  1640 ,  chape- 
lain de  Charles  Ier.  Les  troubles  qui  agi- 
tèrent ce  règne  arrêtèrent  son  avance- 
ment. Vivement  poursuivi  par  les  rebelles, 
il  se  réfugia  à  Oxford ,  où  il  prêcha  avec 
succès  devant  le  roi.  Lorsque  la  garnison 
de  celte  ville  se  fut  rendue  au  parlement , 
Basire  forma  le  projet  d'aller  propager 
dans  l'orient  la  doctrine  de  l'église  angli- 
cane. Il  partit  en  1646  ,  parcourut  la  Mo- 
rée ,  la  Palestine  ,  la  Mésopotamie.  Après 
un  assez  long  séjour  à  Alep ,  il  fit  à  pied  le 
voyage  de  Constantinople  avec  une  ving- 
taine de  Turcs ,  auprès  desquels  il  sut  se 
rendre  recommandable  par  ses  connais- 
sances en  médecine.  Il  alla  jusque  dans 
la  Transylvanie  ,  où  Georges  Ragotzi  II , 
prince  de  cette  contrée ,  l'accueillit  favo- 
rablement, et  le  nomma  professeur  en 
théologie  de  l'université  de  Weissembourg, 
nouvellement  fondée.  Après  un  séjour  de 
sept  ans  dans  ce  pays  ,  la  nouvelle  restau- 
ration le  rappela  en  Angleterre.  Il  fut 
réintégré  dans  ses  bénéfices,  et  nommé 
chapelain  de  Charles  IL  II  mourut  en 
1676 ,  âgé  de  69  ans.  On  a  de  lui ,  entre 
autres  ouvrages  :  |  Deo  et  Ecclesiœ  sa- 
crum* ou  le  Sacrilège  jugé  et  condamné 
par  S.  Paul  {Epitre  aux  Romains*  II, 
22  )  ;  |  Diatriba  de  anliquâ  Ecclesiœ  bri- 
tannicœ  libertate ,  Bruges  ,  1636 ,  in-8°  ; 
|  Lettre  à  sir  Richard  Brown  *  contenant 
la  relation  de  ses  voyages,  imprimée  à  la 
suite  d'une  traduction  anglaise  de  l'ou- 
vrage ci-dessus,  Londres,  1661,  in-8°; 
|  Histoire  du  presbytérianisme  anglais  et 
écossais ,  Londres ,  1659  et  1660 ,  in-8° . 


BAS 


105 


BAS 


*  BASIRE  (Claude),  né  à  Dijon,  en 
1764,  d'une  famille  considérée  dans  le 
commerce,  fit  d'excellentes  études  chez 
les  pères  de  l'Oratoire.  Il  entra  ensuite , 
en  qualité  de  commis,  aux  états  de  Bour- 
gogne ,  fut  nommé  ,  en  1790 ,  membre  du 
directoire  du  district  de  Dijon ,  et  en  1791, 
député  à  l'assemblée  nationale.  Enthou- 
siaste de  la  révolution ,  il  fit  plusieurs  dé- 
nonciations violentes  contre  la  cour , 
proposa  le  licenciement  de  la  garde  du 
roi  et  des  officiers  de  l'armée ,  et  plus  tard 
demanda  la  sécularisation  des  ordres  reli- 
gieux. Ce  fut  lui  qui  sauva  les  Suisses , 
faits  prisonniers  au  10  août,  en  faisant 
décréter  qu'ils  étaient  sous  la  sauve-garde 
de  la  loi.  Membre  de  la  Convention,  il 
vota  l'abolissemént  de  la  royauté  et  la 
peine  de  mort  contre  quiconque  provo- 
querait la  création  d'une  puissance  indi- 
viduelle et  héréditaire ,  et  demanda  une 
loi  qui  ordonnât  le  tutoiement.  Il  appuya 
le  décret  qui  prohibait  les  clubs  de  femmes, 
.et,  s'écartant  de  plus  en  plus  de  la  voie 
suivie  par  les  démagogues,  il  dénonça, 
avec  une  généreuse  hardiesse  ,  le  système 
de  la  terreur,  dont  il  demanda  la  fin  en 
ajoutant  ces  mots  :  «  Quand  donc  finira 
»  cette  boucherie  de  députés  ?  ce  que  je 
»  dis  me  vaudra  sans  doute  des  haines  et 
»  des  vengeances,  mais  j'ai  appris  à  bra- 
»  ver  la  mort.  »  En  effet ,  Basire  fut  bien- 
tôt traduit  devant  le  tribunal  révolution- 
naire qui  l'envoya  à  l'échafaud.  Il  fut 
exécuté  le  13  avril  1794,  à  l'âge  de  50  ans. 

BASKER VILLE  (Jean),  célèbre  im- 
primeur anglais ,  mort  en  1773  à  Birmin- 
gham ,  dans  la  province  de  Warwick. 
Personne  avant  lui  n'avait  porté  si  loin  la 
perfection  de  son  art.  Les  éditions  sorties 
de  ses  presses  sont  d'une  rare  beauté, 
celle  surtout  de  son  Virgile  in-4°  ,  qui  est 
un  chef-d'œuvre  de  typographie.  On  dit 
que  cet  imprimeur  gravait  et  fondait  lui- 
même  ses  caractères.  Il  a  été  aussi  l'in- 
venteur d'une  nouvelle  manière  de  fabri- 
quer le  papier ,  dont  il  n'a  jamais  voulu 
communiquer  le  secret  :  on  l'a  fort  van- 
tée ,  et  peut-être  trop. 

*  BAS»! AD J Y  (Ibrahim),  Hongrois, 
embrassa  le  mahométisme  ,  et  travailla , 
de  concert  avec  Séid-Effendi ,  à  l'intro- 
duction de  l'imprimerie  en  Turquie.  Le 
sultan  Achmet  III  en  signale  privilège; 
seulement  il  fut  défendu  de  jamais  impri- 
mer le  Coran  ,  les  lois  orales  du  prophète, 
leurs  commentaires ,  les  livres  canoniques 
et  ceux  de  jurisprudence.  Tous  les  ou- 
vrages qui  traitent  de  la  philosophie ,  de 


la  médecine  ,  de  l'astronomie ,  de  la  géo- 
graphie ,  de  l'histoire  ,  furent  abandonnés 
aux  presses  naissantes.  Basmadjy  ne  put 
mettre  au  jour  que  16  ouvrages.  Il  mou- 
rut en  1746 ,  comblé  des  bienfaits  du  sul- 
tan. 

BASMAISON  (Jean)  ,  avocat ,  de  Vic- 
ie-Comte ,  mort  vers  1600 ,  a  composé  une 
bonne  Paraphrase  sur  la  coutume  d'Au- 
vergne et  un  Traité  sur  les  fiefs  et  arrière- 
fiefs. 

BASNAGE  (Benjamin)  ,  ministre  pro- 
testant à  Carentan ,  sa  patrie  ,  ne  en  1380, 
fut  considéré  et  employé  dans  sa  commu- 
nion. On  a  de  lui  un  Traité  de  l'église , 
estimé  par  ceux  de  son  parti.  Il  mourut 
en  1652 ,  âgé  de  72  ans. 

BASNAGE  (Antoine  ) ,  fils  aîné  du  pré- 
cédent, ministre  à  Bayeux,  puis  à  Zut- 
phen  en  Hollande,  où  il  se  retira  après 
la  révocation  de  l'édit  de  Nantes ,  mourut 
en  1691 ,  âgé  de  81  ans.  —  Son  fils ,  Sa- 
muel BASNAGE  de  Flotteman ville ,  fut 
également  ministre  à  Bayeux  et  à  Zut- 
phen.  Il  a  laissé  des  Annales  ecclésiasti- 
ques en  latin,  1706,  3  vol.  in-fol. ,  beau- 
coup moins  estimées  que  Y  Histoire  de  l'é- 
glise, de  son  cousin,  dont  nous  allons 
parler,  et  une  Critique  des  annales  de 
Baronius  ,  in-4° ,  pour  servir  de  supplé- 
ment à  celle  de  Casaubon.  Ce  savant ,  né 
à  Bayeux  ,  mourut  en  1721. 

BASNAGE  du  FRAQUENAI  (Henri), 
fils  puîné  de  Benjamin ,  naquit  à  Sainte- 
Mère-Eglise ,  au-dessus  de  Carentan,  le  16 
octobre  1613.  Ayant  embrassé  le  parti  du 
barreau ,  il  s'établit  à  Rouen,  et  y  acquit 
la  réputation  d'un  des  meilleurs  avocats 
de  son  siècle.  Il  n'en  acquit  pas  moins  par 
son  intelligence  dans  les  commissions  im- 
portantes où  il  fut  employé.  Il  mourut  le 
20  octobre  1695  ,  à  Rouen  ,  âgé  de  80  ans. 
Il  est  auteur  d'un  Traité  des  hypothèques, 
et  d'un  excellent  Commentaire  sur  la 
coutume  de  Normandie ,  imprimés  plu- 
sieurs fois. 

BASNAGE  de  BEAUVAL  (Henri)  ,  né 
à  Rouen,  l'an  1657,  était  fils  du  précé- 
dent. Il  fut  avocat  au  parlement  de  Nor- 
mandie ,  comme  son  père.  Réfugié  en 
Hollande,  après  la  révocation  de  l'édit  de 
Nantes ,  il  s'y  était  annoncé  par  un  Traité 
de  la  tolérance,  1684,  in-12.  Il  mourut  à 
La  Haye,  en  1710  ,  à  53  ans.  Bayle  ayant 
discontinué  ses  Nouvelles  de  la  républi- 
que des  lettres ,  Basnage  leur  fit  succéder 
l'Histoire  des  ouvrages  des  savons.  Ce 
journal ,  en  24  vol.  in-12  ,  fut  commencé 
en  septembre  1687,  et  finit  au  mois  de 


BAS  106 

juin  1709.  n  y  a  de  très  bons  extraits  ;  mais 
le  style  en  est  souvent  recherche.  Cn  a 
encore  de  lui  une  édition  de  Furetière,  en 
5  vol.  in-fol. ,  1701. 

BASA  AGE  de  BEAU  VAL  (Jacques)  , 
fils  de  Henri  du  Fraquenay ,  et  frère  du 
précédent,  naquit  en  1633.  Il  exerça  le 
ministère  à  Rouen ,  sa  patrie  ,  et  ensuite 
en  Hollande ,  où  il  s'était  retiré  pour  le 
même  sujet  que  son  frère.  Basnage ,  quoi- 
que réfugié  dans  les  pays  étrangers  ,  fut 
toujours  attaché  à  sa  patrie.  Lorsque 
l'abbé  Dubois,  depuis  cardinal,  vint  à  La 
Haye ,  en  1716 ,  le  duc  d'Orléans  lui  con- 
seilla de  se  conduire  en  tout  par  les  avis 
de  Basnage.  Les  services  qu'il  rendit  alors, 
lui  valurent  la  restitution  de  tous  les 
biens  qu'il  avait  laissés  en  France.  On  a 
de  lui  divers  ouvrages  :  |  une  Histoire  de 
l'église,  en  français ,  2  vol.  in-folio ,  à  Ro- 
terdam ,  1699  ,  qui  est  peut-être  la  meil- 
leure de  toutes  celles  qu'on  a  faites  pour 
les  protestans  :  elle  est  moins  défigurée 
par  les  déclamations  et  les  attributions 
odieuses ,  dont  l'esprit  de  parti  a  coutume 
de  remplir  ces  sortes  d'ouvrages ,  quoi- 
qu'on y  reconnaisse  toujours  le  ministre 
de  secte.  |  TJ  Histoire  des  églises  réformées, 
qui  se  treuve  dans  ce  livre ,  a  été  donnée 
séparément,  172S  ,  2  vol.  in-4°.  |  L His- 
toire des  Juifs,  depuis  Jésus-Christ  jus- 
qu'à présent ,  seconde  édition ,  à  La  Haye, 
1716 ,  15  vol.  in-12.  Ce  livre ,  plein  d'éru- 
dition ,  fut  si  applaudi  dans  sa  naissance, 
que  l'abbé  Dupin  ne  fit  pas  difficulté  de 
le  faire  imprimer  à  Paris ,  après  y  avoir 
fait  quelques  corrections.  Les  sa  vans  qui 
veulent  s'instruire  des  dogmes ,  des  céré- 
monies et  de  l'histoire  de  la  nation  juive, 
le  lisent  encore  avec  plaisir  et  avec  fruit. 
|  La  République  des  Hébreux  ,  à  Amster- 
dam ,  1705 ,  5  v.  in-8°  ;  |  les  Antiquités 
judaïques  ,  1713,  2  vol.  in-8°;  |  Disserta- 
tion sur  les  duels  et  la  chevalerie  ,  1720, 
in-8° ,  imprimée  aussi  dans  l'Histoire  des 
ordres  de  chevalerie ,  1716 ,  k  vol.  in-8°  ; 
|  les  Annales  des  Provinces-Unies ,  depuis 
la  paix  de  Munster,  en  2  vol.  in-fol. ,  à 
La  Haye ,  1719  et  1726 ,  assez  bonnes,  prin- 
cipalement pour  la  partie  qui  regarde  les 
derniers  temps  de  la  république.  C'est  là 
apparemment  l'ouvrage  qui  a  donné  oc- 
casion à  cette  antithèse  d'un  écrivain  cé- 
lèbre :  que  Basnage  était  plus  propre  à 
être  ministre  d'état  que  d'une  paroisse. 
|  Un  Traité  de  la  conscience,  2  vol.  in-8° , 
j  des  Sermons,  moins  lus  que  ses  ouvrages 
historiques.  Il  mourut  en  1723.  On  a  en- 
core de  lui  Y  Histoire  de  l'ancien  et  du 


BAS 

nouveau  Testament,  avec  des  figures, 
par  Romain  de  Hogues,  à  Amsterdam, 
1705  ,  in-folio.  Son  style  manque  de  légè- 
reté et  d'élégance. 

*B/YSS  (Georges),  chirurgien  au  port 
Jackson ,  mort  vers  la  fin  du  18e  siècle. 
Il  était  ami  du  célèbre  navigateur  Flin- 
den ,  et  prit  part  à  plusieurs  de  ses  dé- 
couvertes. En  1798,  il  partit  avec  six 
hommes  sur  une  chaloupe ,  pour  l'aider  à 
continuer  ses  recherches.  C'est  lui  qui  a 
découvert  un  passage  entre  la  terre  de 
Van-Diémen  et  la  Nouvelle-Hollande,  qui 
depuis  est  connue  sous  le  nom  de  détroit 
de  Bass.  On  trouve  le  récit  de  ses  décou- 
vertes et  de  ses  travaux  nautiques  dan9 
le  Tableau  de  la  colonie  anglaise  de  la 
nouvelle  Galles  méridionale ,  par  le  colo- 
nel Colin  ,  et  dans  une  Relation  du  capi- 
taine Baudin,  publiée  par  le  capitaine 
Freycinet. 

*  BASSAL  (  Jean  ) ,  ancien  membre  de 
la  congrégation  de  la  mission,  devint  en 
1790 ,  curé  constitutionnel  de  la  paroisse 
Saint-Louis,  à  Versailles,  puis  vice-pré- 
sident du  district  de  cette  ville.  Député 
par  le  département  de  Seine-et-Oise  à  l'As- 
semblée nationale ,  il  y  montra  un  répu- 
blicanisme exagéré ,  et  appuya ,  en  mars 
1792 ,  la  proposition  d'une  amnistie  pour 
les  meurtres  commis  à  Avignon.  Bassal 
vota  aussi  la  mort  de  Louis  XVI  sans  ap- 
pel ni  sursis.  A  son  retour  d'une  mission 
dont  il  avait  été  chargé  dans  le  Jura,  les 
jacobins  l'accusèrent  de  ne  l'avoir  pas 
remplie  avec  assez  de  rigueur.  Il  se  jus- 
tifia en  rappelant  qu'il  avait  donné  asile 
à  Marat  poursuivi  par  Lafayetle.  Devenu 
président  de  la  société  des  jacobins ,  il  se 
rendit  en  Suisse  pour  faire  les  approvi- 
sionnemens  de  l'armée  d'Italie,  et  sur- 
veiller l'ambassadeur  Barthélémy,  puis 
suivit  comme  secrétaire  le  général  Cham- 
pionnet  à  la  conquête  de  Naples.  Traduit 
devant  un  conseil  de  guerre ,  comme  pré- 
venu de  dilapidation ,  la  chute  des  direc- 
teurs Merlin ,  Treilhard  et  Laréveillère- 
Lepeaux  le  sauva.  Bassal  rejoignit,  de 
nouveau  le  général  qu'il  ne  quitta  plus 
jusqu'à  sa  mort.  Alors  il  vint  à  Paris ,  où 
il  mourut  en  1802. 

BASS  AN  (  Jacques  du  PONT  ,  ou  le  ) 
naquit,  en  1510,  àBassano,  ville  des  états 
de  Venise.  Il  peignit  des  paysages  et  des 
animaux ,  avec  beaucoup  de  vérité.  Il  pei- 
gnait également  bien  le  portrait.  Son  pin- 
ceau n'est  pas  si  vrai  et  si  noble  dans  les 
sujets  historiques  ,  parce  qu'il  connaissait 
très  peu  les  beautés  de  l'antiquité.  On  voit 


BAS 


107 


plusieurs  de  ses  tableaux  dans  le  cabinet 
du  roi  de  France,  au  Palais-Royal  et  à 
l'hôtel  de  Toulouse.  Il  mourut  l'an  1592 , 
laissant  quatre  fils  tous  peintres.  François 
et  Léandre  furent  ceux  qui  approchèrent 
le  plus  de  leur  père  ;  mais  ils  héritèrent 
aussi  de  la  folie  dont  leur  mère  était  at- 
teinte. Léandre  s'imaginait  toujours  qu'on 
voulait  l'empoisonner  ;  il  mourut  à  Ve- 
nise, en  1623.  François,  s'étant  persuadé 
qu'on  ne  cessait  de  le  poursuivre,  crut 
un  jour  qu'on  enfonçait  sa  porte  pour  le 
saisir,  se  jeta  par  la  fenêtre,  et  mourut 
en  1594.  Les  deux  autres  s'occupèrent 
presque  uniquement  à  copier  les  tableaux 
de  leur  père ,  et  parvinrent  si  bien  à  sai- 
sir sa  manière  aisée  et  naturelle,  que  leurs 
copies  sont  souvent  prises  pour  les  origi- 
naux. 

*  BASSANI  (Jacques-Antoine),  jésuite 
et  prédicateur  italien ,  né  à  Venise ,  l'an 
i686.  Il  fut  professeur  de  belles-lettres,  et 
devint  un  des  plus  célèbres  prédicateurs 
de  son  temps  ;  il  prêcha  dans  presque  tou- 
tes les  villes  d'Italie.  Son  séjour  habituel 
était  à  Padoue.  Il  y  mourut  le  21  mai 
1747.  Quelques-uns  de  ses  sermons  ont 
été  imprimés  à  Venise ,  1753  ,  en  un  vol. 
in-4°.  L'obscurité  qui  y  règne  générale- 
ment n'a  pas  permis  de  les  publier  tous. 
On  a  encore  de  lui  des  Poésies  latines  et 
italiennes ,  qui  ont  été  recueillies  après  sa 
mort,  en  un  vol.  in-4°. 

•  BASSARABA  (  Constantin  Branco- 
van  ) ,  prince  de  Valachie ,  a  été  connu , 
en  Europe ,  sous  les  noms  de  Cantacu- 
zène,  de  Brancovan  et  de  Bassaraba;  il 
prétendait  qu'ils  appartenaient  tous  les 
trois  à  sa  famille.  La  vérité  est  qu'ayant 
obtenu  la  main  d'Hélène ,  fille  de  Con- 
stantin Cantacuzène,Bianco van  parvint  à 
la  principauté  de  Valachie  ,  par  le  crédit 
de  ses  beaux-frères,  et  il  crut  se  parer  d'un 
nouveau  lustre,  en  prenant  le  nom  de 
Cantacuzène.  Il  fut  forcé  de  le  quitter,  et 
pour  n'avoir  pas  la  honte  de  reprendre 
celui  de  Brancovan  J  il  s'avisa  de  se  faire 
nommer  Bassaraba  _,  nom  d'une  très  an- 
cienne famille  de  Valachie,  qui  avait 
donné  plusieurs  souverains  à  cette  pro- 
vince ,  et  qui  était  éteinte  depuis  long- 
temps. En  1710 ,  la  guerre  étant  à  la  veille 
d'éclater  entre  les  Russes  et  les  Turcs ,  la 
Porte  voulut  s'assurer  de  la  fidélité  des 
hospodars  de  Moldavie  et  de  Valachie  ,  et 
elle  jeta  les  yeux  sur  le  célèbre  Démétrius 
Cantemir ,  pour  gouverner  cette  dernière 
province.  Constantin  Brancovan  n'épar- 
gna rien  pour  échapper  à  la  disgrâce 


BAS 

il  représenta  son  rival 


qui  le  menaçait; 

comme  un  ennemi  secret  des  osmanlis , 
et  il  obtint  du  grand-visir  le  bannisse- 
ment de  Cantemir  dans  l'île  de  Chio.  Dé- 
métrius ,  prévenu  de  ce  qui  se  tramait 
contre  lui,   s'était  réfugié  à  l'hôtel    de 
France.  Le  visir  l'envoya  réclamer.  «  Je 
»  n'ai  point  Cantemir  chez  moi ,  répondit 
»  l'ambassadeur  (  M.    de  Ferriol   )  ;  et , 
»  quand  il  y  serait ,  je  ne  le  rendrais  pas  ; 
»  car  je  ne  pourrais  me  résoudre  à  ternir 
»  l'honneur  de  mon  souverain,  par  une 
»  lâcheté.  »  Tandis  que  Brancovan  des- 
cendait aux  moyens  les  plus  odieux  pour 
perdre  Cantemir,  lui-même  était  accusé 
par  Mazeppa,  cet  hetman  des  Cosaques 
qui  avait  embrassé  le  parti  de  Charles 
XII,  d'entretenir  une  correspondance  se- 
crète avec  le  czar.  Il  était  difficile  d'arrê- 
ter Brancovan ,  dont  le  pouvoir  était  con- 
sidérable. La  Porte  résolut  de  lui  faire 
dresser  un  piège  par  le  prince  de  Mol- 
davie. Nicolas   Maurocordato ,   qui  était 
alors  pourvu  de  cette  dignité,  n'ayant 
pas  été  jugé  propre  à  remplir  une  com- 
mission si  délicate  ,   on  choisit  pour  le 
remplacer  ce  même  Démétrius  Cantemir, 
que  Brancovan  avait  voulu  perdre ,  et  qui 
d'ailleurs  avait  donné,  dans  plusieurs  cir- 
constances, des  preuves  de  son  habileté. 
Démétrius  fut  nommé,  en  novembre  1710, 
prince  de  Moldavie ,  avec  ordre  de  se  sai- 
sir de  la  personne  de  Brancovan,  sous  quel- 
que prétexte  que  ce  fût ,  et  de  l'envoyer  à 
Constantinople ,  mort  ou  vif;  mais  Cante- 
mir avait  résolu  de  s'attacher  à  la  fortune 
du  czar ,  et  son  traité  avec  ce  prince  fut 
bientôt  conclu.  De  son  côté ,  le  prince  de 
Valachie  promit  aux  Russes  des  vivres  et 
des  renforts;  mais,  soit  qu'il  reconnût 
l'impossibilité  de  remplir  ses  promesses , 
soit  plutôt  que  la  considération  dont  jouis- 
sait Cantemir  auprès  de  Pierre  le  Grand, 
excitât  sa  jalousie ,  il  rentra  dans  les  in- 
térêts de  la  Porte,  et  feignant  toujours 
d'être  dans  ceux  du  czar,  il  lui  proposa  la 
paix ,  afin  d'arrêter  sa  marche ,  et  de  don- 
ner aux  Turcs  le  temps  de  se  réunir.  Les 
détails  de  la  fameuse  campagne  du  Pruth 
sont  connus  de  tout  le  monde.  Pierre, 
forcé  de  consentir  à  une  paix  désavanta- 
geuse ,  reprit  la  route  de  ses  états.  Il  fut 
suivi  par  Démétrius  Cantemir,  qu'il  avait 
refusé  de  livrer,  et  qu'il  combla  de  riches- 
ses et  d'honneurs.  La  destinée  de  Bran- 
covan fut    bien  différente.   Quoique  ce 
prince ,  dans  la  guerre  de  1699 ,  eût  dé- 
couvert aux  Turcs  un  sentier  par  lequel 
ils  pénétrèrent  dans  la  Transilvanie ,  et 


BAS 


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BAS 


surprirent  une  division  autrichienne ,  et 
qu'il  eût  dépensé  de  grosses  sommes  pour 
obtenir  de  la  Porte  une  patente  qui  le  dé- 
clarait exempt  de  punition  capitale ,  il  fut 
accusé  d'avoir  favorisé  les  Russes,  et  con- 
damné à  être  étranglé ,  ainsi  que  ses  qua- 
tre fils ,  Constantin ,  Etienne  ,  Raducanut 
et  Mathieu.  Cette  malheureuse  famille  fut 
exécutée  dans  l'intérieur  des  Sept-Tours , 
en  1714. 

BASSELIN  (Olivier)  ,  de  Vire  en  Nor- 
mandie ,  fit  beaucoup  de  chansons  à  boire, 
modèles  de  celtes  qu'on  a  faites  depuis, 
et  auxquelles  on  a  donné,  par  corrup- 
tion ,  le  nom  de  Vaudevilles.  Comme  le 
chansonnier  normand  chantait  ses  vers 
au  pied  d'un  coteau  appelé  les  Vaux  3  sur 
la  rivière  de  Vire,  on  les  nomma  Vaux- 
de-Vire.  Ces  chansons ,  composées  dans 
le  15e  siècle ,  tenaient  de  la  barbarie  du 
style  du  temps,  et  de  la  grossièreté  de 
l'auteur.  Jean  le  Houx  les  corrigea  le  siè- 
cle d'après ,  et  les  mit  dans  l'étai  où  nous 
les  avons  à  présent.  M.  Dubois,  en  a 
donné  une  nouvelle  édition  sous  le  nom 
de  Vaux-de- Vire  d'OYi\ier  Basselin.  Caen, 
in-8° ,  1821. 

*  BASSEPORTE  (  Madeleine -Fran- 
çoise ) ,  née  à  Paris  en  1701 ,  avait  un  ta- 
lent particulier  pour  peindre  les  plantes 
et  les  objets  concernant  l'histoire  natu- 
relle. En  1743 ,  elle  remplaça  son  maitre 
Aubriet ,  peintre  du  jardin  du  roi ,  et  en- 
seigna à  peindre  les  fleurs  aux  princesses, 
filles  de  Louis  XV.  Ce  monarque  se  plai- 
sait tellement  à  sa  conversation  ,  qu'il  la 
dispensa  de  toute  étiquette.  Madeleine  ob- 
tint du  roi  plusieurs  grâces  pour  ses  amis , 
et  pour  les  malheureux ,  qui  réclamaient 
sa  médiation;  mais  elle  ne  demanda  ja- 
mais rien  pour  elle-même.  On  compte 
parmi  ses  ouvrages  les  plus  remarqua- 
bles ,  la  continuation  de  la  superbe  collec- 
tion de  plantes ,  peintes  sur  vélin ,  com- 
mencée par  Gaston ,  duc  d'Orléans ,  frère 
de  Louis  XIII ,  et  qu'on  voit  au  muséum 
d'histoire  naturelle.  Les  dessins  de  ma- 
demoiselle Basseporte  ont,  en  général, 
de  l'élégance  et  de  la  grâce.  Elle  est  morte 
au  jardin  du  roi ,  au  mois  d'octobre  1780. 

*  BASSET  (  C.  A.  ),  avant  la  révolu- 
tion ,  bénédictin  de  l'abbaye  de  Sorèze , 
en  Languedoc,  professaitla littérature  dans 
ce  collège.  A  la  suppression  de  cet  éta- 
blissement en  1791 ,  il  émigra  et  ne  ren- 
tra en  France  qu'en  1801.  Il  fut  long- 
temps sans  emploi;  mais  en  1808,  il  fut 
nommé  préfet  des  études  de  l'école  nor- 
male, et  en  1815 ,  censeur  au  collège  Char- 


lemagne.  Il  est  mort  en  1828,  laissant  : 
|  Essai  sur  l'éducation  et  sur  l'organisa- 
tion de  quelques  parties  de  l'instruction 
publique,  ouvrage  qui  a  eu  deux  éditions  ; 
|  Explication  de  Playfair  sur  la  théorie 
de  la  terre  M  par  Hullon ,  et  examen  com- 
paratif des  systèmes  géologiques  fondés 
sur  le  feu  et  sur  l'eau  3  par  M.  Murray , 
en  réponse  à  l'explication  de  Playfair, 
traduits  de  l'anglais ,  et  accompagnés  de 
notes  et  de  planches ,  in-8° ,  1815.  Basset 
s'occupa  de  l'instruction  primaire ,  à  l'a- 
mélioration de  laquelle  il  a  beaucoup 
contribué. 

*  BASSEVILLE  (Nicolas-Jean-Hcgox 
de  ) ,  révolutionnaire  exalté ,  vint  à  Paris 
vers  l'an  1775.  Il  n'avait  qu'une  fortune 
très  médiocre  ,  et  fut  forcé  ,  pour  vivre , 
de  faire  plusieurs  éducations  particuliè- 
res; il  ne  manquait  pas  d'instruction,  et 
composa  pour  ses  élèves  ses  Elémens  de 
Mythologie,  qui  ont  été  adoptés  par  plu- 
sieurs maisons  d'éducation.  Lorsque  la 
révolution  éclata,  il  s'y  attacha  avec  toute 
la  chaleur  d'un  homme  ambitieux ,  qui  a 
tout  à  attendre  d'un  changement ,  et  qui 
se  sent  des  talens  suffisans  pour  se  faire 
remarquer  au  milieu  du  désordre  univer- 
sel. Il  fut ,  avec  Carra ,  Masclet  et  autres , 
un  des  rédacteurs  du  Mercure  national, 
ou  Journal  d'état  et  du  citoyen ,  qui  pa- 
rut depuis  les  31  décembre  1789  jusqu'au 
29  mai  1791.  Ce  fut  par  les  écrits  incen- 
diaires qu'il  inséra  dans  cette  feuille  dé- 
magogique, qu'il  s'attira  la  connaissance 
et  la  protection  d'un  homme  puissant , 
auprès  duquel  l'irréligion  et  la  haine  des 
rois  étaient  un  titre  de  recommandation. 
En  1792 ,  il  fut  envoyé  à  Naples  en  qua- 
lité de  secrétaire  d'ambassade,  et  passa 
de  là  à  Rome ,  avec  le  titre  d'envoyé  de 
la  république.  Basseville  se  conduisit  à 
Rome  comme  un  véritable  envoyé  du  gou- 
vernement impie  qui  le  députait  ;  il  cher- 
cha ,  par  tous  les  moyens ,  à  corrompre 
l'esprit  des  Romains,  afin  de  rendre  moins 
difficiles  les  projets  affreux  de  la  républi- 
que contre  le  saint  Siège.  Dans  une  so- 
ciété de  femmes  suspectes, on  le  vil  boire 
à  la  santé  d'Ange  Braschi,  premier  ci- 
toyen de  Rome  :  ce  propos  annonçait  aux 
Romains  ce  qu'ils  avaient  à  espérer  des 
projets  et  des  intrigues  de  Basseville  ;  il 
fut  connu  dans  toute  la  ville  ,  et  le  peu- 
ple ,  dès  le  lendemain ,  arrêta  la  voi- 
ture de  l'ambassadeur  qui  sortait,  poussa 
des  cris  de  rage  et  de  vengeance ,  et  cher- 
cha à  s'emparer  de  lui.  Basseville  se  sauve, 
avec  beaucoup  de  peine ,  dans  son  hôtel , 


BAS 


109 


BAS 


et  en  fait  fermer  les  portes ,  qui  sont  bien- 
tôt enfoncées  ;  on  pénètre  dans  les  appar- 
tenons ,  et  on  le  trouve  au  moment  où  il 
se  cachait  sous  son  lit.  Un  Romain ,  per- 
ruquier de  profession  ,  tire  un  rasoir  de 
sa  poche,  et  lui  fait ,  dans  le  bas  ventre , 
une  blessure  dont  il  mourut  trente-qua- 
tre heures  après  (i).  Pie  VI ,  apprenant 
le  trouble,  envoie  des  troupes  au  secours 
de  l'ambassadeur  français  ;  mais  il  n'était 
plus  temps.  Tout  leur  zèle  parvint  seule- 
ment à  sauver  la  vie  à  l'épouse  et  aux  en- 
fans  ,  que  le  pape  prit  sous  sa  protection  , 
et  combla  de  toute  sorte  de  bontés.  Quel- 
ques personnes,  aigries  par  cet  événe- 
ment, et  jalouses  de  trouver  un  motif 
pour  rendre  Pie  VI  coupable ,  l'accusè- 
rent d'avoir  lui-même  excité  cette  émeute. 
Cette  calomnie  a  été  même  répétée  dans 
un  pamphlet  de  M.  Dorat-Cubières ,  inti- 
tulé :  Mort  de  Basseville ,  ou  la  Conspi- 
ration de  Pie  VI  dévoilée;  mais  toutes 
ces  accusations ,  dont  tout  le  fond  et  les 
motifs  se  trouvent  dans  la  haine  enveni- 
mée des  factieux  de  ce  temps-là,  sont 
sans  aucun  fondement  :  ce  n'est  point 
ainsi  que  se  vengent  les  successeurs  de 
saint  Pierre ,  surtout  celui  qui  a  retracé 
si  visiblement  les  vertus  et  la  résignation 
du  premier  des  pasteurs.  M.  Salvi  a  pu- 
blié ,  à  Milan ,  1798 ,  un  poème  dont  Bas- 
seville est  le  héros.  Le  professeur  Monti 
a  établi  la  véritable  réputation  de  l'am- 
bassadeur républicain,  en  faisant  paraî- 
tre son  Basseviliana,  Milan,  1790,  in-8°. 
Ce  poème  a  été  depuis  peu  traduit  en 
français ,  sous  le  titre  de  II  Dante  ingen- 
tilitOsVâris ,  1817,  in-8°.  Basseville  a  lais- 
sé, outre  l'ouvrage  déjà  cité,  les  produc- 
tions suivantes  :  j  Mémoires  historiques  ., 
critiques  et  politiques  sur  la  révolution  de 
France  *  2  vol.  in-8°;  |  Précis  historique 
sur  la  vie  du  Génevais  Le  fort*  premier 
ministre  de  Pierre  le  Grand*  in-8°,  178S; 
J  Mémoires  sur  la  cour  de  Berlin,  in-fol. 

BASSI.  Voyez  POLITIEN. 

*  BASSI  ou  BASSO  (  Simon  )  patricien 
et  chanoine  de  Bénévent  (  ce  sont  les  ti- 
tres qu'il  prend  à  la  tète  du  recueil  de  ses 
poésies  ),  était  né  à  Bénévent,  vers  la  fin 
du  16e  siècle,  et  florissait,  ou  du  moins 
écrivait  au  commencement  du  17e.  Il  pa- 
rait qu'il  fit  quelque  séjour  en  Espagne , 
où  l'on  va  voir  qu'il  publia  son  Recueil , 
et  c'est  sans  doute  ce  qui  lui  fit  écrire  en 

(i)  Ba.teville  te  rétracta  et  te  convertit  à  la  mort. 
(Voytr  let  Martyrs  de  la  foi  %  art.  Pie  VI,  pag-  289 
et  mirante*.  ) 
% 


prose  un  ouvrage  intitulé  :  Àpologia  per 
la  monarchia  di  Spagna  contro  Trajano 
Boccalini.  Il  a  laissé  en  vers  :  |  Rime  To&- 
cani  di  Simone  Bassi*  patrizio  e  canonico 
Beneventano,  Madrid,  1610,  in-4°  ;|  Fram- 
menti  dell'  epica  poesia  di  Simone  Bassi, 
Venise  ,  1615 ,  in-4°. 

BASSI  (  Laure  -Marie -Catherine  ), 
naquit  à  Boulogne  le  31  octobre  1711, 
Toutes  les  connaissances  qui,  d'après  nos 
usages ,  semblent  interdites  au  sexe ,  fu- 
rent l'objet  assidu  des  études  de  Laure. 
A  l'âge  de  21  ans ,  elle  soutint  publique- 
ment une  thèse  de  philosophie ,  à  laquelle 
assistèrent  les  célèbres  cardinaux  Lam- 
bertini  et  Grimaldi.  Tous  les  assistans 
furent  invités  à  argumenter  ;  sept  profes- 
seurs répondirent  à  l'invitation  ,  mais  ce 
ne  fut  que  pour  faire  briller  à  tous  les 
yeux  les  connaissances  et  la  facilité  de 
cette  nouvelle  répondante.  Tout  le  monde 
admira  l'élégance  et  la  pureté  avec  les- 
quelles elle  parlait  latin.  Les  poètes  du 
temps  s'essayèrent  à  chanter  cette  nou- 
velle merveille  ;  on  publia  à  Bologne  deux 
recueils  in-4°  de  vers  faits  à  cette  occa- 
sion ,  le  premier  sous  le  titre  de  Rime  per 
la  conclusione  filosofica  nello  studio  pub- 
blico  di  Bologna ,  ienata  dall'  illustrissi- 
ma  signora  ed  eccellentissima  Laura- 
Maria-Calerina  Bassi 3  etc.  :  le  second , 
Rime  per  la  famosa  laureazione  et  acclu- 
matissima  aggregazione  al  collegio  filo- 
sofico,  délia  illustrissima  ed  eccellentis- 
sima signora ,  etc.  Le  sénat  de  Bologne 
lui  donna  une  chaire  de  philosophie  avec 
la  liberté  de  donner  les  leçons  qui  lui  con- 
viendraient le  mieux.  On  frappa  pour  elle 
une  médaille  où  l'on  voyait  d'un  côté  son 
portrait ,  et  de  l'autre  une  Minerve  tenant 
à  sa  main  une  lampe  pour  se  laisser  voir 
à  une  jeune  fille,  avec  cette  légende  : 
Soli  cui  fas  vidisse  Minervam.  Plusieurs 
académies ,  entre  autres  celle  degli  Arca- 
di  et  l'institut  de  Bologne,  s'empressèrent 
de  lui  ouvrir  leurs  portes.  Jamais  tant 
d'honneurs  n'avaient  été  accordes  à  une 
femme ,  mais  on  n'en  avait  point  vu  de- 
puis long-temps  se  distinguer  ainsi ,  non 
seulement  dans  le  latin  et  le  grec ,  la  logi- 
que et  la  métaphysique,  mais  encore  dans 
la  géométrie  ,  l'algèbre  ,  la  physique ,  e! 
la  poésie  italienne.  En  1738 ,  elle  épousa 
Jean-Joseph  Vératti ,  docteur  en  méde- 
cine ,  et  eut  de  lui  plusieurs  enfans.  Cette 
femme  extraordinaire  mourut  le  20  fé- 
vrier 1778.  Elle  avait  composé  ,  dit-on,  un 
poème  épique  sur  les  dernières  guerres 
d'Italie ,  mais  il  n'a  point  été  imprimé. 


BAS 


110 


BAS 


•  BASSINET  (  Alexan due- Joseph  de), 
chanoine  et  grand-vicaire  de  Verdun ,  na- 
quit en  1734-  Il  avait  cultivé  les  lettres  , 
et  eut  des  succès  dans  la  chaire.  Il  prêcha 
devant  le.  roi ,  et  à  l'académie  française  , 
et  travailla  à  la  rédaction  de  plusieurs 
ouvrages  périodiques  où  l'on  trouve  di- 
vers morceaux  de  littérature  et  de  politi- 
que de  sa  main.  Il  eut  quelques  démêlés 
avec  le  gouvernement  de  Bonaparte ,  et 
fut  soupçonné  de  correspondance  avec 
l'Angleterre  ;  comme  on  ne  trouva  point 
de  preuves ,  on  le  laissa  tranquille.  Ré- 
duit aune  condition  malaisée,  il  se  retira 
dans  les  derniers  temps  de  sa  vie,  àChail- 
lot,  dans  la  maison  de  Sainle-Perrine  ;  il 
y  était  en  surveillance»  et  y  mourut  le 
16  novembre  1813 ,  âgé  de  79  ans.  On  a 
de  lui  :  |  Une  édition  des  Sermons  et  Pa- 
négyriques de  Ciceri  de  l'académie  fran- 
çaise, 1761 ,  6  vol.  in-12.  Il  y  a  joint  une 
courte  Notice  sur  ce  célèbre  prédicateur. 
|  Histoire  sacrée  de  l'ancien  et  nouveau 
Testament,  représentée  par  figures  ac- 
compagnées d'un  texte  historique.  Paris  , 
Desray ,  8  vol.  grand  in-8°,  avec  600  es- 
tampes. Le  8e  vol.  contenant  les  Actes  des 
Apôtres  et  Y  Apocalypse  est  de  M.  L'E- 
cuy,  ancien  abbé  de  Prémontré.  L'abbé 
Bassinet  a  donné  l'édition  complète  des 
Œuvres  de  Luneau  de  Bois-jermain,  et 
était  un  des  rédacteurs  du  Magasin  ency- 
clopédique. Lorsqu'il  mourut ,  il  y  avait 
4  ou  S  ans  qu'il  s'occupait  d'un  ouvrage 
intitulé  :  Considérations  sur  la  Russie. 
BASSOMPIERRE  (  François  de  ) ,  co- 
lonel-général des  Suisses  et  maréchal  de 
France  en  1622 ,  naquit  en  Lorraine  l'an 
1579  j,  d'une  famille  distinguée.  Le  cardi- 
nal de  Richelieu,  qui  avait  à  se  plaindre 
de  lui,  et  qui  craignait  tous  ceux  qui  pou- 
vaient l'obscurcir  ,  le  fit  mettre  à  la  Bas- 
tille en  1631.  Il  passa  le  temps  de  sa  prison 
à  lire  et  à  écrire.  Il  y  fit  ses  Mémoires , 
imprimés  à  Cologne  en  1665 ,  3  vol.  Il  y  a., 
comme  dans  la  plupart  des  livres  de  ce 
genre ,  quelques  anecdotes  singulières  , 
et  beaucoup  de  minuties.  Ils  commencent 
en  1598,  et  finissent  en  1631.  Sa  détention 
fut  de  12  ans.  Il  n'eut  sa  liberté  qu'après 
la  mort  de  Richelieu.  On  a  encore  de  lui 
une  Relation  de  ses  ambassades,  estimée, 
1668,  2  vol.  in-12,  et  des  Remarques  sur 
l'histoire  de  Louis  XIII,  par  DupleixJ 
in-12;  ouvrage  un  peu  trop  satirique 
mais  curieux.  Bassompierre  vécut  jus- 
qu'en 1646;  on  le  trouva  mort  dans  son 
lit.  C'était  un  homme  à  bons  mots ,  ou 
plutôt  à  mauvais  mots.  Le  cardinal  de  Ri- 


chelieu redoutait  sa  langue  caustique. 
Quand  il  sortit  de  la  Bastille ,  il  était  de- 
venu extrêmement  gros,  faute  d'exercice^ 
La  reine  lui  demanda  :  Quand  il  accou- 
cherait ? — Quand  j'aurai  trouvé  une  sage- 
femme,  répondit-il.  Quoiqu'il  eût  été 
employé  pour  des  ambassades ,  la  négo- 
ciation n'était  pas  son  principal  talent; 
mais  il  avait  d'autres  qualités  qui  le  ren- 
daient très  propre  à  la  représentation» 
C'était  un  fort  bel  homme,  d'un  esprit 
présent ,  léger,  vif  et  agréable,  d'une  poli- 
tesse noble  et  d'une  générosité  rare.  II 
parlait  toutes  les  langues  de  l'Europe  aussi 
facilement  que  celle  de  son  pays.  Le  jeu 
et  les  femmes  étaient  ses  deux  passions 
dominantes.  Averti  secrètement  qu'il 
allait  être  arrêté  ,  il  se  leva  avant  le  jour, 
et  brûla  plus  de  6,000  lettres  qu'il  avait 
reçues  des  dames  de  la  ville  et  de  1» 
cour. 

BASSUEL(  Pierre),  né  à  Paris  en  1706, 
fut  élevé  dans  les  lettres.  Il  fréquenta  de 
bonne  heure  les  écoles  de  chirurgie.  Les- 
hôpitaux  sont  le  champ  de  bataille  du 
chirurgien;  le  jeune  Bassuel  s'y  exerça 
avec  succès.  L'académie  des  sciences  et 
celle  de  chirurgie  eurent  le  plaisir  d'en- 
tendre la  lecture  de  plusieurs  de  ses  Mé- 
moires, et  quelques-uns  ont  été  insérés 
dans  les  leurs.  Il  mourut  en  1757,  à  51  ans. 
Il  n'avait  pas  l'art  de  se  prôner  ;  son  mé- 
rite faisait  toute  sa  recommandation.  Plein, 
de  franchise  et  de  droiture ,  sa  conversa- 
tion était  assez  conlentieuse ,  mais  sans 
sortir  des  bornes  de  la  politesse  et  de  la 
modération. 

BASSUS  (  Césius  ) ,  poète  latin  sous 
Néron,  dont  on  a  des  fragmens  dans  le 
Corpus  poelarum.  C'est  le  même  auquel 
Perse  adresse  sa  6e  satire. 

BASSUS.  Voyez  VENTIDIUS. 

*  BAST  (Martin-Jean  de),  né  à  Gandr 
en  1753,  et  mort  le  11  avril  1825,  cha- 
noine de  Saint-Bavon,  membre  des  aca- 
démies de  Rome  et  de  Bruxelles,  de  l'in- 
stitut royal  des  Pays-Bas ,  etc.  Littéra- 
teur et  antiquaire ,  il  s'est  fait  connaître 
avantageusement  par  plusieurs  ouvrages 
où  règne  une  vaste  érudition,  éclairée  par 
une  saine  critique.  On  a  de  lui  |  Recueil 
d'antiquités  romaines  et  gauloises  trou- 
vées dans  la  Flandre  proprement  dite , avec, 
désignation  des  lieux  ou  on  les  a  décou- 
vertes, Gand,  1801,  grand  in-8°;  1  56  Mé- 
ditatien  op  den  lyvenden  en  slervendea 
Jésus,  c'est-à-dire.,  Méditations  sur  la  vie 
et  la  mort  de  Jésus-Christ ,  2  vol.  grand 
in-8°,  1805 .  [  Recueil  d'antiquités  romaine  &i 


BAS  ili 

nouvelle  édition  ,  augmentée  des  deux 
tiers  par  l'auteur  avec  trois  cents  gravures, 
et  enrichie  de  remarques  historiques  et 
critiques  sur  plusieurs  points  de  la  pé- 
riode romaine  et  du  moyen  âge,  4808, 
gros  in-4°  ;  |  Premier  supplément  au  re- 
cueil d'antiquité  s  romaines  etgauloises,çxi 
réponse  à  l'ouvrage  intitulé  :  la  Topogra- 
phie de  l'ancienne  ville  de  Gand,  par  Ch. 
L.  Dieriex,  1809,  grand in-4°.  |  Second  sup- 
plément au  recueil  d'antiquités  romaines 
et  gauloises,  contenant  la  description  de 
l 'ancienne  ville  de  Bavai,  et  de  Fa- 
mars  ,  suivi  de  remarques  historiques  et 
critiques  sur  les  prétendus  forestiers  de 
Flandre  ,  sur  les  missi  dominici,  sur  nos 
premiers  comtes  ,  sur  quelques  nouvelles 
■découvertes  d'anciens  monumens  de  la 
période  romaine ,  faites  dans  la  Flandre 
proprement  dite  ,  et  sur  plusieurs  points 
intéressans  du  moyen  âge ,  avec  figures , 
1815,  grand  in-4°;  |  Recherches  historiques 
et  littéraires  sur  la  langue  celtique ,  gau- 
loise et  tudesque,  2  vol.  grand  in-8°,  1815. 
J  Dilucidatio  principiorum  quibus  prœ- 
cipuè  nititur  resoluiio  capitxdi  ecclesiœ 
cathedralis  Gandavensis,  S.  Bavonis, 
22  julii  1815 ,  2  vol.  in-8°;  |  L'institution 
des  communes  dans  la  Belgique  pendant 
les  12e  et  15e  siècles,  suivie  d'un  traité  sur 
l'existence  chimérique  de  tios  forestiers 
de  Flandre,  Gand,  1819,  in-4°.  En  1816  , 
il  avait  été  décoré  de  l'ordre  du  Lion  bel- 
gique.  Bast  avait  réuni  une  fort  belle  col- 
lection de  médailles  et  d'antiquités,  que  le 
roi  des  Pays-Bas  a  achetée ,  et  dont  il  a 
fait  présent  au  Muséum  de  l'université 
de  Gand. 

BASTA  (  Georges  ) ,  originaire  d'E- 
pire ,  naquit  à  la  Rocca ,  près  de  Tarente. 
Le  duc  de  Parme,  sous  lequel  il  servit, 
fut  très  content  du  succès  de  toutes  les 
affaires  qu'il  lui  coniia.  En  1S96 ,  il  fit  en- 
trer des  vivres  dans  la  Fère,  dont  Henri 
IV  faisait  le  siège.  Cette  entreprise  fut 
exécutée  avec  un  secret  et  une  célérité 
<rui  lui  firent  beaucoup  d'honneur.  L'em- 
pereur l'eut  ensuite  à  son  service.  Il  se 
signala  en  Hongrie  et  en  Transilvanie , 
vainquit  les  rebelles  et  les  réduisit.  Il 
mourut  vers  1607,  et  laissa  deux  Traités 
sur  la  discipline  militaire ,  qui  sont  esti- 
més ;  l'un  intitulé  :  Le  maître  de  camp 
général ,  Venise ,  1606.  L'autre  roule  sur 
la  manière  de  conduire  la  Cavalerie  lé- 
gère, Bruxelles,  1624,  in-4°.  Ces  deux 
ouvrages  sont  en  italien. 

*BASTARD  (Thomas  ) ,  ecclésiastique 
et  poète  anglais  des  16e  et  17e  siècles, 


BAS 

naquit  à  Blandford,  dans  le  comté  de 
Dorset.  Après  avoir  étudié  quelque  temps 
au  collège  de  Westminster ,  il  entra  à 
l'université  d'Oxford,  où  il  fut  nommé, 
en  1588,  membre  perpétuel  du  collège 
Neuf  ;  il  prit  le  degré  de  maitre-ès-arts 
deux  ans  après  ;  mais  quelques  satires , 
qu'il  composa  contre  plusieurs  personnes 
éminentes ,  le  firent  expulser  de  l'univer- 
sité. Il  entra  ensuite  dans  les  ordres  ,  et 
obtint  plusieurs  bénéfices;  il  devint  fou 
vers  la  fin  de  sa  vie ,  et  mourut,  en  1618, 
dans  une  prison  où  il  avait  été  renfermé 
comme  débiteur  insolvable.  Il  jouissait 
d'une  grande  réputation  comme  poêle  et 
comme  prédicateur,  et  il  était  très  recher- 
ché  pour  les  agrémens  de  son  esprit  et 
de  sa  conversation.  On  a  de  lui  des  épi- 
grammes  ingénieuses,  un  poème  latin, 
en  trois  chants ,  intitulé  :  Magna  Britan- 
nia,  Londres,  1605,  in~4°,  et  deux  vol. 
de  Sermons,  publiés  à  Londres  ,  en  1615. 
*  BASTIANI  (  N.  )  occupe  une  place 
parmi  les  hommes  dont  la  destinée  pré- 
sente des  traits  romanesques  et  singuliers. 
Sorti,  on  ne  sait  comment,  de  l'Italie  sa 
patrie ,  il  fut  long-temps  dans  la  plus 
grande  misère ,  au  point  de  prendre  la 
parti  d'essayer  de  manger  de  l'herbe. 
Après  diverses  aventures,  et  une  con- 
duite qui  ne  fut  pas  constamment  sage , 
il  s'engagea  à  Francfort-sur-Mein  à  des 
enrôlemens  prussiens.  On  le  mena  à  Bres- 
law  ;  heureusement  pour  lui ,  le  général 
qui  devait  examiner  les  nouvelles  recrues, 
était  à  dîner  chez  l'évêque ,  lorsqu'elles 
arrivèrent.  Le  général  sortit  de  table  pour 
voir  les  recrues.  Il  ne  savait  ni  l'italien , 
ni  le  français,  et  Bastiani  ne  savait  pas 
l'allemand.  Le  général,  croyant  qu'il  par- 
lait latin,  pria  l'évêque  de  lui  servir 
d'interprète.  Celui-ci,  ayant  appris  ses 
aventures,  fut  charmé  de  son  esprit, 
pria  le  général  de  le  lui  céder  pour  deux 
hommes  qu'il  lui  donnerait  à  sa  place.  Le 
général  y  consentit.  Bastiani  devint  se- 
crétaire de  l'évêque.  Un  jour  le  roi  reçut 
de  l'évêque  un  mémoire  mieux  fait  que 
ne  les  faisait  ordinairement  le  prélat.  Il 
s'informa  de  l'auteur  ,  il  lui  parla  souvent 
et  pria  l'évêque  de  l'avancer.  Il  fut  fait 
chanoine  de  Breslaw.  Quelque  temps 
après,  le  roi  ayant  besoin  d'envoyer  quel- 
qu'un au  pape  pour  traiter  quelques  af- 
faires, jeta  les  yeux  sur  Bastiani.  Il  s'ac- 
quitta de  sa  négociation  en  homme  d'es- 
prit, et  revint  comblé  de  la  faveur  et  de 
la  recommandation  du  saint  Père.  C'est 
ainsi  qu'il  est  parvenu ,  par  degrés,  à  être 


BAS  112 

du  petit  nombre  de  ceux  que  Frédéric 
voyait  tous  les  jours ,  et  avec  lesquels  il 
passait  ordinairement  les  soirées.  Il  mou- 
rut à  Postdam  en  1787.  Le  vieux  Frédéric 
lui  fit  faire  des  obsèques  magnifiques  dans 
l'église  catholique  de  cette  ville ,  et  y  as- 
sista en  personne.  L'abbé  Bastiani  avait 
autant  d'esprit  que  de  modestie.  Il  n'eut 
jamais  d'ennemis  dans  une  place  sipropre 
à  en  faire. 

*  BASTIDE  (  Ferdinand  )  entra  chez 
les  jésuites  àSalamanque,  l'an  1588,  et 
défendit  la  cause  de  son  ordre  dans  les 
congrégations  de  auxiliis.  Il  a  même  laissé 
sur  ces  matières  quatre  gros  volumes 
manuscrits.  Il  quitta  les  jésuites,  et  se 
retira  à  Valladolid ,  où  il  fut  professeur 
en  théologie,  chancelier  de  l'université 
et  chanoine  de  la  cathédrale.  — BASTIDE 
(  Louis  ) ,  florissait  à  la  fin  du  17e  siècle 
et  au  commencement  du  18e.  Flechier  lui 
adressa  quelques  lettres  qui  sont  impri- 
mées ;  ce  prélat  faisait  cas  des  Panégyri- 
ques de  Bastide ,  qui  a  aussi  publié  plu- 
sieurs ouvrages  estimés  sur  la  religioa. 
Le  plus  connu  est  sa  réponse  au  livre  de 
Jurieu,  De  l'accomplissement  des  pro- 
phéties. Cette  réponse  parut  en  1706 ,  en 
2  vol.;  le  premier  a  pour  titre,  Y  Incrédu- 
lité des  déistes  confondue  par  J.-C.  ;  le 
second,  Y  Accomplissement  des  prophéties 
que  M.  Jurieu  ne  croit  pas  encore  accom- 
plies ,  et  l'apologie  de  l'Eglise  romaine 
contre  les  écrits  de  cet  hérétique. —  BAS- 
TIDE (  Jean-Baptiste  ) ,  fils  de  réfugiés 
français ,  ancien  magistrat  de  Berlin ,  de 
l'académie  de  cette  ville ,  est  mort  à  Paris 
le  1er  avril  1810 ,  âgé  d'environ  65  ans. 
Il  s'était  adonné  à  l'étude  du  vieux  lan- 
gage français  et  des  étymologies,  et  avait 
travaillé  pendant  quarante  ans  à  une  édi- 
tion de  Montaigne  ;  il  a  légué  ses  manus- 
crits et  toute  sa  fortune  à  la  Bibliothèque 
impériale. 

*  BASTIDE  (  don  Philippe  ) ,  bénédic- 
tin de  la  congrégation  de  Saint-Maur,  né  à 
Saint-Benoît  du  Sault,  diocèse  de  Bourges, 
vers  1620 ,  fit  ses  vœux  dans  l'abbaye  de 
la  Sainte-Trinité  de  Vendôme ,  en  1643 ,  à 
l'âge  de  23  ans.  Estimé  dans  sa  congréga- 
tion pour  sa  science  et  son  amour  de  la 
régularité ,  il  fut  appelé  aux  premières 
dignités  de  son  ordre ,  et  devint  successi- 
vement prieur  de  Saint-Nicaise  de  Reims, 
de  Corbie  et  d'autres  grands  monastères. 
Il  renonça  à  toutes  ces  charges  ,  et  aima 
mieux  aller  finir  ses  jours  dans  la  retraite, 
uniquement  occupé  de  saintes  études  et 
de  son  salut.  On  lui  permit  de  se  retirer 


BAS 

à  l'abbaye  de  Saint-Denis,  près  Paris, 
où  il  mourut  le  23  octobre  1690  ,  âgé  de 
71  ans.  Extrêmement  attaché  à  son  ordre, 
il  ne  souffrait  pas  qu'on  lui  enlevât  quel- 
ques-uns des  saints  ou  des  personnages 
illustres  portés  dans  ses  catalogues.  Il  eut 
à  ce  sujet  plusieurs  disputes  assez  vives 
avec  le  père  Le  Cointe,  de  l'Oratoire, 
parce  que  celui-ci  reculait  jusqu'au  8e 
siècle  l'époque  où  la  règle  de  Saint-Benoît 
fut  observée  en  France.  Il  n'épargna  pas 
même  son  confrère,  le  savant  don  Ma- 
billon.  Il  le  dénonça  au  chapitre  général 
de  1677,  pour  avoir  mis  au  rang  des  dou- 
teux quelques  saints  personnages,  regar- 
dés auparavant  comme  bénédictins.  Les 
ouvrages  de  don  Philippe  Bastide  sont  : 
|  trois  Dissertations  latines ,  dont  la  lre 
est  intitulée  :  De  aniiqua  ordinis  Sancti 
Benedicli  intra  Gallias  propagalione , 
in-4°;  la  2e  a  à  peu  près  le  même  titre, 
et  la  3e  traite  de  la  souscription  des  an- 
ciens privilèges  et  diplômes  de  l'ordre,  de 
plusieurs  desquels  le  père  Le  Cointe  ré- 
voquait en  doute  l'authenticité  ;  |  De  de- 
cimis  etearum  origine  apud  Judœos,  gen- 
tiles  et  christianos  :  \  De  organis  e  mo- 
nachorum  monasteriis  eliminandis;  \  De 
laude  perenni  in  monasteriis  ;  \  De  jure 
et  poteslate  monachorum  in  conferen- 
dis  beneficiis;  \  De  causa  disciplinœ  secu- 
laris  inclinationis  apud  benedictinos , 
|  une  Défense  de  la  congrégation  de  Saint- 
Maur.  A  l'exception  des  trois  disserta- 
tions ,  ces  divers  ouvrages  sont  restés  ma- 
nuscrits.—  Il  y  eut  un  autre  BASTIDE 
(  Marc  ),  aussi  bénédictin  de  la  congré- 
gation de  Saint-Maur,  né ,  comme  le  pré- 
cédent, à  Saint-Benoit-du-Sault,  en  Berry, 
qui  avait  fait  profession  à  Saint-Augustin 
de  Limoges  en  1616.  Il  passa  par  toutes 
les  charges  de  son  ordre.  Il  est  auteur  de 
plusieurs  ouvrages,  tous  dans  le  genre 
de  la  spiritualité  ,  comme  des  Directions 
pour  les  novices  ,  des  Méditations  ;  Traité 
de  l'esprit  de  la  congrégation  de  Saint- 
Maur;  le  Carême  bénédictin,  etc.  Il  mou- 
rut à  Saint-Denis  le  7  mai  1668  ,  dans  do 
grands  senlimens  de  piété. 

*BASTIEN  (Jean-François),  homme 
de  lettres  et  libraire ,  né  à  Paris  le  14 
juin  1747,  mort  en  1824.  Il  a  publié  plu- 
sieurs ouvrages  sur  l'agriculture ,  qui 
n'ont  eu  que  très  peu  de  succès  :  |  Année 
du  jardinage,  ouvrage  extrait  de  tous  les 
meilleurs  auteurs  tant  anciens  que  mo- 
dernes t  Paris  ,  1799  ,  2  vol.  in-8°  ;  |  Dic- 
tionnaire botanique,  j)harmaceutique , 
Paris,  1802,  2  vol.  in-8°;  |  Nouveau  Ma- 


BAS 

nttel  du  jardinier,  Paris ,  1807 ,  2  vol. 
in-12;  |  Calendrier  du  jardinier,  ou.  Jour- 
nal de  son  travail,  distribué  par  chaque 
mois  de  l'année,  in-8°,  réimprimé  en 
1812;  |  la  Nouvelle  maison  rustique,  dont 
les  premières  éditions  étaient  de  Liger, 
augmentée  depuis  par  la  Bretonnerie, 
qui  l'a  entièrement  refondue,  Paris,  1798 
et  1804 ,  3  vol.  in-4° ,  fig.  ;  |  une  nouvelle 
édition  du  Dictionnaire  géographique  de 
Vosgien,  augmentée  de  plus  de  5,000 
noms  de  villes ,  bourgs  ou  villages  omis 
dans  les  précédentes  éditions ,  et  de  la 
division  départementale  de  la  France.  Il 
a  donné  des  éditions  estimées  pour  la 
correction. 

*  BASTIOU  (  Yves  ) ,  né  à  Pontrieux 
diocèse  de  Tréguier,  le  19  mai  1751.  Il 
occupa  d'abord  les  places  de  principal  du 
collège  de  ce*  te  ville ,  et  de  grand-vicaire 
du  diocèse  ;  il  entra  ensuite  chez  les  cha- 
noines de  Ste-Gcnevièveoù  il  fit  ses  vœux 
en  1788.  Il  en  devint  sous-prieur,  puis 
maître  des  novices.  Enfin  on  lui  donna 
le  prieuré  de  Dammartin,  dont  il  ne  jouit 
pas  long-temps;  la  révolution  vint  l'en 
priver.  Alors  'il  se  livra  à  l'exercice  de 
son  ministère ,  et  il  en  remplit  les  fonc- 
tions avec  beaucoup  de  zèle  dans  les  temps 
les  plus  difficiles.  Après  le  concordat  de 
1801  il  fut  nommé  aumônier  du  collège 
de  Louis  le  Grand,  appelé  alors  Prytanée. 
Il  est  mort  le  8  mai  1814 ,  d'une  maladie 
qu'il  avait  contractée  dans  les  hôpitaux 
militaires.  On  lui  doit  :  |  Association  aux 
saints  Anges ,  proposée  à  tous  les  fidèles 
zélés  pour  la  gloire  de  Dieu,  Paris,  1780, 
in-12  ;  |  Exposition  des  principes  de  la 
langue  française,  Paris,  1798,  in-12,  pu- 
bliée sous  le  nom  du  citoyen  Yves;  |  Elê- 
mens  de  logique  pour  servir  d'introduc- 
tion à  l'étude  de  la  grammaire  et  de  l'é- 
loquence, Paris,  1804.,  in-12  ;  |  Extrait  des 
quatre  évangélisles ,  Paris,  1809,  in-18 , 
réimprimé  depuis  dans  le  Manuel  chré- 
tien des  jeunes  demoiselles  ;  \  Grammaire 
de  V adolescence ,  augmentée  de  220  ques- 
tions grammaticales  et  de  65  questions 
faciles  sur  la  logique ,  4e  édition ,  1810, 
in-12  ;  |  Grammaire  de  l'enfance ,  par 
demandes  et  par  réponses ,  4e  édition  , 
Paris,  1813 ,  in-12  ;  |  Manuel  chrétien  des 
jeunes  demoiselles,  contenant  des  règles 
de  conduite,  des  prières ,  des  exercices 
pendant  la  messe,  pour  la  confession  et 
la  communion,  les  vêpres  avec  103  extraits 
des  quatre  évangélistes ,  en  français, 
Paris,  1824  ,  in-18  ;  |  Manuel  chrétien  des 
éludions ,  livre  d'office  et  de  prières  à 


113  BAS 

l'usage  de  toutes  les  maisons  d'éducation, 
5e  édition  augmentée  par  M.  Guillon., 
professeur  d'éloquence,  Paris,  1825,  in-18. 

*  B ASTON  (  Bobert  ) ,  poète  anglais 
du  14e  siècle,  issu  d'une  famille  noble, 
naquit  aux  environs  deNottingham,  dans 
le  comté  d'Yorck.  Il  fut  prieur  d'un  cou- 
vent de  Carmes  à  Scarborough,  poète 
lauréat  et  orateur  public  à  Oxford.  Edouard 
Ier,  en  parlant  pour  l'expédition  d'Ecosse 
en  1304,  l'emmena  avec  lui,  et  le  chargea 
du  soin  de  chanter  ses  exploits;  mais  le 
poète  ayant  été  fait  prisonnier  par  les 
troupes  écossaises  ,.  fut  contraint,  à  force 
de  tourmens ,  de  prendre  Bobert  Bruce 
pour  le  sujet  de  ses  chants  ;  ce  qu'il  fait 
entendre  dans  les  deux  premiers  vers  du 
poème  qu'il  écrivit  en  l'honneur  du  prince  : 
«  Je  composerai  mon  chant  de  rimes 
»  lugubres ,  car  ce  n'est  qu'en  pleurant 
»  que  je  m'exerce  sur  un  tel  sujet.  »  C'était 
un  poète  passable  pour  le  temps  où  il 
écrivait.  Il  mourut  vers  l'année  1310. 

*  BASTON  (  Guillaume- André-Béxé  ) , 
né  à  Bouen  le  29  novembre  1741 ,  com- 
mença ses  études  à  Pont-Audemer,  et  les 
termina  à  Bouen  chez  les  jésuites.  II  en- 
tra ensuite  dans  la  communauté  des  Ro- 
berlins,  établissement  presque  gratuit,  di- 
rigé par  MM.  de  Saint-Sulpice ,  qui,  après 
qu'il  eut  terminé  son  quinquennium  j 
l'envoyèrent  professer  la  philosophie  dans 
leur  petit  séminaire  d'Angers.  Il  y  fut  or- 
donné prêtre  le  24  mars  1766.  Ses  deux 
ans  expirés  ,  il  revint  a  Paris  ,  entra  en 
licence  avec  l'abbé  de  La  Luzerne ,  l'abbé 
Duvoisin ,  etc.  ,  et  fut  reçu  licencié  le  7 
février  1770.  Quelques  jours  après  il  fut 
choisi  pour  prononcer  le  discours  dit  des 
paranymphes ,  qui  fit  quelque  bruit  ;  et 
quoique  approuvé,  dit-on,  par  le  doc- 
teur Bigallier  et  l'abbé  Legrand  ,  fut  atta- 
qué dans  un  autre  discours  latin  par  le 
Père  Griffon ,  religieux  auguslin.  L'abbé 
Baston  ayant  été  appelé  à  Bouen  pour  y 
professer  la  théologie  ne  soutint  point  lo 
dernier  acte ,  la  vespérie,  qui  était  néces- 
saire pour  arriver  au  doctorat.  Aussi  son 
nom  ne  se  porta  point  dans  la  liste  des 
docteurs  reçus,  et  rigoureusement  par- 
lant il  ne  pouvait  en  prendre  le  titre.  Une 
thèse  qu'il  fit  soutenir  dans  le  mois  de 
juillet  1778 ,  sur  le  traité  de  l'église,  le  fît 
accuser  par  les  Nouvelles  ecclésiastiques, 
d'être  moliniste  et  ultramontain  ,  et  cette 
accusation  fut  renouvelée  avec  plus  de 
force  lorsqu'il  fit  paraître  de  1779  à  1784 
ses  Traités  de  théologie  dogmatique  j 
avec  d'autres  rédigés  par  l'abbé  Tuvas- 

10. 


BAS 


114 


BAS 


che,  qui  forment  un  cours  de  théologie, 
imprimé  à  Rouen  sous  le  titre  de  Leclio- 
nes  theologicce ,  approuvé  par  le  cardinal 
de  La  Rochefoucauld  pour  être  enseigné 
dans  son  diocèse,  et  réimprime  en  1818 
en  10  vol.  in-12.  Les  traités  de  l'aime  Ras- 
ton  sont  les  suivans  :  de  Deo  et  divinis 
Mtributis;  de  Ecclesiâ;  de  Gratta;  de 
SS.  Trinitale  ;  de  Incarnatione  ;  de  Ma- 
trimonio  ;  de  Angelis;  de  Saci'amentis 
in  génère.  En  récompense  de  ses  services 
il  obtint  le  canonicat  et  la  préhende  de 
Bayolet,  le  13  décembre  1780  ,  et  l'année 
suivante  il  fut  nommé  vice-promoteur  de 
l'officialité.  En  même  temps  il  se  livrait 
au  ministère,  et  il  trouva  néanmoins  en- 
core assez  de  loisir  pour  prendre  part  à 
plusieurs  controverses.  Lorsque  la  révo- 
lution éclata,  il  combattit  par  de  nom- 
breux écrits  la  constitution  civile  du 
clergé  ;  et  quoiqu'il  n'y  eût  pas  mis  son 
nom  ,  comme  il  était  difficile  de  n'en  pas 
reconnaître  l'auteur ,  il  se  trouva  désigné 
à  l'animadvcrsion  des  révolutionnaires. 
Ne  remplissant  aucune  fonction  publique, 
il  ne  pouvait  pas  être  assujetti  au  serment; 
toutefois  la  municipalité  de  Rouen  ,  pour 
le  punir  de  son  zèle ,  l'inscrivit  un  des 
premiers  sur  les  listes  de  déportation ,  et 
peu  s'en  fallut  que  pendant  le  trajet  il 
ne  fût  victime  de  la  fureur  d'une  troupe 
qui  s'était  portée  sur  son  passage  pour  le 
massacrer ,  ainsi  que  ses  compagnons 
d'infortune.  Il  ne  dut  son  salut  qu'à  la 
fermeté  du  capitaine  de  navire ,  homme 
humain  qui  prit  tous  les  moyens  afin  de 
sauver  les  prêtres  mis  sur  son  bord  pour 
être  transportés  à  l'étranger.  L'abbé  Bas- 
ton  se  rendit  à  Londres  où  il  retrouva 
son  protecteur  et  son  ami  l'abbé  de  Saint- 
Gervais.  L'air  de  l'Angleterre  ne  conve- 
nant pas  à  ce  dernier ,  ils  s'embarquèrent 
en  1793  pour  les  Pays-Bas  ;  mais  l'arrivée 
des  troupes  républicaines  les  obligea  de 
reculer  jusqu'à  Coesfelcl,  ville  de  l'évêché 
de  Munster,  où  ils  passèrent  le  temps  de 
leur  exil ,  et  où  les  prêtres  et  les  émigrés 
furent  très  favorablement  accueillis.  Mal- 
gré l'éloignement ,  l'abbé  Baston  continua 
de  prendre  part  aux  affaires  du  diocèse  de 
Rouen,  et  entretint  une  correspondance 
avec  le  cardinal  de  la  R  ochefoucauld  qui 
résidait  à  Munster,  et  qui  lui  avait  donné 
tous  ses  pouvoirs.  Après  la  mort  de  cet 
archevêque,  arrivée  le  23  septembre  1800, 
on  ignore  la  part  qu'il  prit  à  l'adminis- 
tration pendant  la  vacance  du  siège.  Il 
rentra  en  France  après  le  concordat  de 
1801,  et  se  rendit  d'abord  auprès  de  sa 


sœur  qui  demeurait  près  de  Pont-Aude- 
mer.  M.  Cambacérès ,  alors  archevêque 
de  Rouen ,  le  nomma  chanoine ,  grand- 
vicaire  ,  officiai ,  théologal,  et  enfin  doyen 
du  chapitre.  L'abbé  Raston  ,  se  partageait 
entre  l'exercice  du  ministère  et  l'admi- 
nistration du  diocèse.  Il  prêchait ,  diri- 
geait les  consciences  et  donnait  ses  soins 
à  plusieurs  communautés.  L'Académie  de 
Rouen  l'admit  dans  son  sein,  et  il  y  lut 
plusieurs  Mémoires  ou  Dissertations  sur 
différens  sujets  de  littérature  ,  d'histoire 
ou  de  critique.  Le  cardinal  Cambacérès  , 
qui  l'estimait  beaucoup,  et  qui  déjà  l'avait 
amené  à  Paris  à  la  cérémonie  du  sacre  en 
1804,  voulut  encore  l'avoir  auprès  de  lui, 
lorsqu'il  vint  dans  cette  ville,  en  i8H, 
pour  assister  au  concile.  Ce  voyage  devint 
une  époque  fâcheuse  dans  sa  vie.  Bona- 
parte le  désigna  pour  l'évêché  de  Séez,  et 
il  alla  prêter,  en  mai  1813,  le  serment 
d'usage  entre  les  mains  de  l'impératrice 
régente  ,  en  l'absence  de  l'empereur  alors 
en  Allemagne.  Le  pape  qui  avait  été  arra- 
ché de  son  siège  et  se  trouvait  en  butte 
à  des  persécutions ,  refusait  des  bulles 
aux  évéques  nommés.  On  avait  cherché 
à  y  suppléer  en  faisant  donner  par  les 
chapitres  des  pouvoirs  d'administrateurs 
capitulaires ,'  et  l'abbé  Baston  avait  été 
adjoint  aux  deux  vicaires-généraux  déjà 
nommés.  Le  malheur  qu'il  eut  d'accepter 
l'épiscopat  dans  un  temps  aussi  critique 
le  jeta  dans  une  suite  de  démarches  que 
rien  ne  peut  justifier.  Bientôt  il  voulut 
exercer  tout  seul  la  juridiction.  En  vain 
le  chapitre  voulut  lui  faire  des  représen- 
tations; il  n'en  tint  nul  compte ,  et  suivit 
la  même  ligne  de  conduite.  Alors  un  ec- 
clésiastique du  diocèse  fut  député  à  Fon- 
tainebleau pour  consulter  le  pape,  qui 
répondit  que  le  chapitre  n'avait  pu  don- 
ner des  pouvoirs  à  l'abbé  Baston ,  et  que 
tous  les  actes  de  juridiction  exercés  par 
lui  étaient  nuls.  Il  accorda  même  de 
pouvoirs  extraordinaires  à  l'abbé  Leva-- 
vasseur ,  grand-vicaire  du  diocèse,  auquel 
on  avait  recours  pour  les  actes  de  juri- 
diction. Cette  réponse  propagée  dans  lo 
diocèse ,  engagea  beaucoup  de  prêtres  qui 
balançaient  encore  à  ne  plus  communi- 
quer avec  M.  Baston  qui  continuait  à  vou- 
loir administrer,  et  qui  aliénait  de  plus 
en  plus  les  esprits  contre  lui  par  toutes 
ses  démarches.  Enfin  ,  instruit  qu'il  se 
faisait  secrètement  des  prières  pour  la 
paix  de  l'Eglise  et  de  l'état,  il  les  défendit 
par  un  mandement.  Il  fit  plusieurs  autres 
actes  arbitraires  ;  et  dans  ses  discours  il 


BAS 


Ho 


BAS 


parlait  fort  librement  du  pape,  assurant 
que  l'Eglise  de  France  était  en  droit  de 
pourvoir  elle-même  à  ses  besoins  ,  et 
donnant  raison  à  Bonaparte  dans  les  dif- 
férends qu'il  eut  avec  le  saint  pontife.  Ce- 
pendant le  chapitre  hésitait  encore  à  s'op- 
poser à  ses  prétentions ,  parce  qu'il  était 
appuyé  par  le  préfet ,  dont  il  était  l'ami  ; 
mais  s'étant  permis  de  faire  fermer  le  sé- 
minaire qui  lui  était  opposé,  et  qui  était 
un  sujet  d'édification  comme  d'espérance 
pour  le  diocèse  ,  ce  coup  d'autorité  excita 
contre  lui  l'indignation;  et  le  chapitre, 
après  avoir  encore  balancé ,  révoqua  à  la 
majorité  de  cinq  voix  contre  trois,  les 
pouvoirs  qui  lui  avaient  été  conférés  par 
une  délibération  en  date  du  11  juin  1814 , 
qui  lui  fut  notifiée  et  envoyée  à  tous  les 
curés  du  diocèse.  Alors  l'abbé  Baston  se 
retira  dans  sa  famille ,  à  St-Laurent ,  où 
il  continua  d'écrire  ,  son  esprit  actif  ayant 
besoin  de  s'exercer  pour  se  dédommager 
de  son  inaction  forcée.  Il  paraît  qu'il  s'é- 
tait flatté  long-temps  de  retourner  à  Séez  ; 
mais  lorsque  le  roi  eut  nommé  à  tous  les 
sièges ,  il  quitta  sa  retraite ,  et  vint  re- 
prendre son  rang  parmi  les  chanoines  ho- 
noraires de  Bouen.M.  de  Bernis  qui  avait 
succédé  au  cardinal  Cambacérès,  le  nomma 
grand-vicaire,  mais  ce  choix  ne  fut  point 
agréé  à  la  cour.  Après  la  mort  de  ce  prélat, 
il  redevint  étranger  à  l'administration  du 
diocèse ,  et  mourut  avec  résignation  le  26 
septembre  1823,  chez  son  beau-frère,  près 
Pont-Audemer.  Il  conserva  jusqu'à  la  fin 
toutes  ses  facultés ,  et  sa  mémoire  surtout 
qui  avait  quelque  chose  de  prodigieux. 
On  trouvera  de  plus  amples  détails  sur 
l'abbé  Baston  dans  l'Ami  de  la  religion  et 
duroi,n.°  1276,  1281  et  1285.  Ses  princi- 
paux ouvrages  sont  :  |  Lettres  de  Philétès, 
curé  catholique  dans  le  diocèse  de  R...  en 
Angleterre  ,  à  MM.  les  curés  du  diocèse 
de  Lisieux  en  France ,  'prolestant  contre 
les  mandemens  et  instructions  pastorales 
de  leur  évêque ,  etc.,  Londres,  1775,  in-4°. 
Ces  lettres,  au  nombre  de  dix-huit,  of- 
frent à  la  fois  des  raisons  solides  et  de 
bonnes  plaisanteries  ;  |  les  Confessions  de 
M.  l'abbé  D"*  ,  auteur  des  Lettres  de 
Philétès,  pour  servir  de  supplément  ,  de 
rétractation  et  d'antidote  à  son  ou- 
vrage, à  MM.  les  curés  protestans  du 
diocèse  de  Lisieux,  Louvain,  1776,  in-8°; 
I  Les  entrevues  dupape  Gang anelli  servant 
de  suite  aux  lettres  du  même  auteur,  ou- 
vrage traduit  de  l'italien,  Anvers  ,  1777 , 
in-12,  qui  essuya  quelques  critiques  ; 
|  foliainmeros,  ou  première  journée  de 


M.  de  V....  dans  l'autre  monde  ..Bruxelles , 
1779,  2  part,  in-12;  |  Narrations  d'O- 
mai ,  insulaire  de  la  mer  du  Sud,  ami 
et  compagnon  de  voyage  du  capitaine 
Cook,  4  vol.  in-8°;  il  y  a  dans  cet  ou- 
vrage beaucoup  d'esprit  et  d'imagination» 
|  Réclamation  pour  l'église  de  France 
et  pour  la  vérité ,  en  réponse  à  l'ouvrage 
de  M.  de  Maistre,  intitulé  :  du  Pape, 
Paris,  1821-1824,  2  vol.  in-8°.  Cet  écrit 
qui  renferme  quelquefois  des  reproches 
fondés,  mais  qui  sont  d'autres  fois  trop 
sévères ,  porterait  à  croire  que  M.  Baston 
a  pris  trop  à  la  rigueur  certaines  propo- 
sitions de  M.  de  Maistre  ,  et  qu'il  leur  a 
donné  un  sens  bien  éloigné  des  inten- 
tions de  l'auteur.  En  lisant  cet  ouvrage,  il 
est  à  propos  de  consulter  la  réponse  qui 
y  fut  faite  sous  ce  titre  :  Quelques  ré- 
flexions sur  les  réclamations  de  l'abbé 
Baston ,  contre  l'ouvrage  de  M.  de  Mais- 
tre, in-8°,  Paris,  1822.  |  Antidote  contre 
les  erreurs  et  la  réputation  de  l'essai  sur 
l'indifférence  en  matière  de  religion  ,  in- 
8°,  1825,  2e  édition,  Besançon,  1825; 
|  Jean  Bockelson ,  ou  Le  Roi  de  Mwis- 
ter ,  fragment  historique ,  Besançon  et 
Paris,  1824;  |  Précis  sur  l'usure  attribuée 
au  prêt  de  commerce,  1825,  in-8°.  |  On 
lui  attribue  encore  plusieurs  articles  de 
la  France  catholique ,  et  il  a  laissé  en 
manuscrit  des  Sermons ,  Panégyriques  et 
Conférences  ;  des  Mémoires  particuliers 
que  l'on  conserve  dans  sa  famille  ,  et  qui 
forment  4  vol.  in-4°;  |  Le  Banian,  ou 
défense  des  animaux  contre  l'homme ,  2 
vol.  in-8°  ,  et  plusieurs  autres  ouvrages. 
*  BASUEL  (Fbançois)  ,  né  à  Durnes, 
village  de  Franche-Comté,  et  curé  de 
Grandvillers  ,  dans  la  même  province ,  a 
publié  un  recueil  de  sermons,  intitulé  : 
Sermons  familiers  et  très  chrétiens  sur 
les  Evangiles  des  dimanches  et  fêtes , 
nouvellement  imprimés  en  l'an  1561  : 
c'est  un  volume  in-8° ,  divisé  en  deux  par- 
lies.  L'impression  en  fut  retardée  par 
l'ordre  d'Antoine  Lulle,  vicaire-général 
du  diocèse ,  qui  exigea  de  l'auteur  le  re- 
tranchement de  plusieurs  passages  sus- 
pects :  elle  ne  fut  terminée  que  le  4  dé- 
cembre 1561.  On  apprend,  par  la  sous- 
cription de  la  seconde  partie,  que  l'auteur 
avait  fait  imprimer  cet  ouvrage  à  ses  frais, 
et  qu'il  se  vendait  en  la  ville  de  Grandvil- 
lers ,  par  Pierre  Quessote.  Duverdier  dit 
qu'il  a  été  imprimé  à  Besançon ,  et  tous 
les  bibliographes  l'ont  copié  sans  examen  ; 
mais  nous  observerons  qu'il  n'a  point 
existé  d'imprimerie  en  cette  ville  dans 


BAS 


116 


BAS 


le  16e  siècle  ,  avant  1588.  On  peut  consul- 
ter la  Dissertation  rare  et  curieuse  du 
V.  Laire ,  sur  l'Histoire  de  l'imprimerie 
en  Franche-Comté ,  dans  le  15e  siècle. 
L'auteur  de  cet  article  a  composé  un  sup- 
plément à  cette  Dissertation.  Fr.  Basuel 
était  ami  de  Gilbert  Cousin,  et  on  trouve 
quelques  vers  latins  de  sa  façon  dans  le 
recueil  des  œuvres  de  Cousin. 

BATES  (  Guillaume  ),  docteur  en  théo- 
logie et  prédicateur  célèbre  parmi  les 
presbytériens  anglais,  naquit  en  4625.  Il 
était  pasteur  àDustans  dans  la  partie  mé- 
ridionale d'Angleterre ,  lorsqu'il  fut  des- 
titué de  son  emploi  par  l'acte  de  confor- 
mité en  1699.  Il  se  retira  à  Hackney,  où  il 
mourut  la  même  année.  Son  style  est  net 
et  coulant.  Quoique  attaché  aux  sentimens 
de  Calvin,  il  était  modéré  dans  la  dispute, 
et  il  l'est  dans  ses  ouvrages.  Les  princi- 
paux sont  :  |  Réflexions  sur  l'existence 
de  Dieu,  et  sur  l'immortalité  de  l'âme  y 
avec  un  discours  sur  la  divinité  de  Jésus- 
Christ;  |  L'Harmonie  des  attributs  divins 
dans  la  rédemption  des  hommes  par  Jé- 
sus-Christ; |  Le  souverain  bonheur*  etc., 
recueilli  .en  un  vol.  in-fol. ,  à  Londres; 
|  Vilœ  selectœ  eruditorum  virorum*  Lon- 
dres, 1681,  in-4°. 

*  BATES  (  Joun),  compositeur  et  orga- 
niste anglais,  mort  à  Londres  en  1799.  Il 
touchait  l'orgue  avec  beaucoup  de  talent, 
et  a  publié  un  Traité  de  l'harmonie  *  qui 
a  été  traduit  en  plusieurs  langues;  un 
opéra  de  Pharnace  qui  a  obtenu  peu  de 
succès ,  et  des  Sonates  pour  le  clavecin 
assez  estimées. 

BATHECOMBE  (Guillaume),  anglais, 
vivait  vers  1420,  sous  le  règne  de  Henri  V, 
et  fut  un  des  plus  habiles  mathématiciens 
de  son  siècle  comme  ses  ouvrages  l'attes- 
tent. |  De  operatione  astrolabi  ;  \  De 
sphœra  concava;  De  sphœrœ  fabrica  et 
usu,  etc. 

BATHELIEB.  Voyez  AVIRON. 

BATHILDE  (sainte) ,  épouse  de  Clo- 
vis  II ,  eut  trois  fils ,  qui  portèrent  suc- 
cessivement la  couronne,  Clotaire  III, 
Childéric  II,  et  Thierri  III.  La  mort  lui 
ayant  enlevé  le  roi ,  son  époux ,  en  655 , 
elle  demeura  chargée  de  la  régence  du 
royaume  et  de  la  tutelle  de  ses  fils,  dont 
l'aîné  n'avait  encore  que  cinq  ans.  Elle 
soutint  ce  double  poids  avec  une  capacité 
qui  donna  de  l'admiration  aux  plus  expé- 
rimentés d'entre  les  ministres.  Sa  rare 
prudence  lui  fit  trouver  le  moyen  de 
maintenir  la  paix  dans  l'état.  Elle  abolit 
l'usage  des  esclaves,  qui  subsistait  encore, 


travailla,  ae  concert  avec  saint  Oucn» 
saint  Eloi  et  plusieurs  autres  saints  évè- 
ques ,  à  bannir  la  simonie  de  l'église  de 
France,  multiplia  les  hôpitaux,  releva 
plusieurs  monastères ,  entre  autres  ceux 
de  Saint-Martin,  de  Saint  Denis  et  de 
Saint -Médard;  fonda  deux  célèbres  ab- 
bayes, l'une  d'hommes  à  Corbie ,  et  l'autre 
de  femmes  à  Chelles.  Elle  mourut  dans 
celle-ci  en  680.  Voyez  sa  Vie  traduite  par 
Arnauld  d'Andilly  dans  les  Vies  de  plu- 
sieurs saints  illustres  de  divers  siècles*  2. 
vol.  in-8°. 

BATHILLE ,  pantomime  d'Alexandrie , 
qui  parut  à  Rome  sous  Auguste ,  fut  af- 
franchi de  Mécène.  Il  s'était  associé  avec 
un  certain  Pylade.  Ils  inventèrent  une 
nouvelle  manière  de  danse,  où  l'on  repré- 
sentait par  des  postures  et  par  des  gestes, 
le  tragique  et  le  comique.  Pylade  réussis- 
sait dans  le  premier  genre ,  Bathille  dans 
le  second. 

BATISTE,  l'un  des  plus  célèbres  joueurs 
de  violon  qui  aient  paru  en  France,  par- 
courut dans  sa  jeunesse  l'Allemagne,  la 
Pologne ,  l'Italie ,  et  mourut  vers  l'an 
1770. 

*  BATONI  (  Pompeo  ) ,  peintre  renom- 
mé ,  naquit  à  Lucques  en  1708.  Ayant  ap- 
pris les  principes  de  son  art  dans  sa  pa- 
trie, il  passa  à  Rome  où ,  sans  suivre  au- 
cune école,  il  se  borna  à  étudier  l'antique, 
et  les  chefs-d'œuvre  de  Raphaël.  On  peut 
dire  qu'il  se  forma  lui-même ,  et  qu'il  ne 
dut  qu'à  lui  seul  la  réputation  dont  il 
jouit.  Il  traita,  avec  un  égal  talent,  les  su- 
jets graves  et  les  sujets  champêtres.  Dans 
les  premiers  on  admire  un  pinceau  vigou- 
reux,'et  on  remarque  dans  les  seconds 
toutes  les  grâces  de  la  nature.  Plusieurs 
de  ses  tableaux  existent  dans  différentes 
églises  d'Italie.  On  voit  dans  celle  des  oli- 
vetains  de  Lucques,  un  martyre  de  saint 
Barthélémy  et  ;une  sainte  Catherine  de 
Sienne.  Les  chartreux  de  Rome  possèdent 
une  chute  de  Simon  le  magicien.  Parmi 
les  ouvrages  que  Batoni  a  laissés  à  Rome, 
Mengs  préférait  un  saint  Celso*  qui  est 
dans  l'église  de  ce  nom.  Ce  peintre  est 
mort  dans  cette  dernière  ville  en  1787. 

*  BATSCH  (Auguste -Jean -Georges- 
Charles),  naturaliste,  né  à  Ié'na,  le  28 
octobre  1761 ,  professeur  de  philosophie 
dans  la  même  ville,  où  il  fonda  la  société 
pour  l'avancement  des  sciences  naturelles. 
On  a  de  lui  plusieurs  ouvrages,  dont  nous 
citerons  les  suivans  :  |  Essai  d'une  intro- 
duction à  la  connaissance  et  à  l'histoire 
des  plantes;  \  Essai  d'une  introduction  à 


BAS 


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BAS 


l'histoire  des  animaux  et  des  minéraux  ; 
\  Remarques  sur  la  botanique,  h  vol.  in-4°. 
|  Botanique  pour  les  dames  et  les  ama- 
teurs des  plantes ,  Weimar,  1795 ,  1805 , 
in-8°  ;  |  Mémoires  pour  l'histoire  pragma- 
tique des  trois  règnes  de  la  nature,  Wei- 
mar, 1800,  in-4°,  avec  trois  belles  planches 
coloriées.  Balsch  mourut  le  29  septembre 
1802. 

BATTAGLIIW  (Marc)  ,  né  en  1645  , 
dans  une  petite  ville  du  diocèse  deRimini, 
évêque  de  Nocera,  et  ensuite  de  Césane, 
mourut  en  1717 ,  à  71  ans.  Il  est  auteur 
d'une  Histoire  universelle  des  Conciles , 
1686,  in-fol.  ;  et  des  Annales  du  sacerdoce 
•et  de  l'empire  du  17e  siècle,  1701  à  1711 , 
4  vol.  in-fol.  On  a  encore  de  lui  des  In- 
structions aux  curés  et  des  Exercices  spi- 
rituels. 

* B ATT ARA  (Je  an- Antoine),  curé  à 
Rimini,  mort  en  1789.  Il  avait  de  grandes 
connaissances  en  médecine  et  en  botani- 
que. On  lui  doit  :  |  une  Histoire  des  cham- 
pignons en  latin ,  sous  ce  titre  :  De  fun- 
gorumagri  Ariminensis  historia,  Faenza, 
1759,  avec  200  planches, estimée;  |  Prac- 
tica  agraria  distributa  in  varios  dialogos, 
Rome,  1778,  in-12;  |  Epislola  selecta  de 
re  naturali  observationes  complectens, 
Rimini,  1774,  in-4°. 

BATTEUX  (Charles  le),  natif  du  dio- 
cèse de  Rheims,  membre  de  l'académie 
française ,  et  de  celle  des  inscriptions  et 
belles-lettres,  est  mort  à  Paris,  le  14  sep- 
tembre 1780 ,  laissant  plusieurs  ouvrages 
estimés,  tels  que  les  Beaux-Arts  réduits 
à  un  même  principe ,  un  vol.  ;  un  Cours 
de  belles-lettres ,  ou  Principes  de  littéra- 
ture, 5  vol.  Le  premier  est  sans  contredit 
le  meilleur  qui' soit  sorti  de  la  plume 
correcte ,  élégante ,  de  l'abbé  Balleux  ;  et 
l'on  peut,  même  dire  que  c'est  ce  que  l'on 
a  de  mieux  sur  cette  matière.  Le  second 
n'en  est  que  le  développement.  L'un  et 
l'autre  peuvent  infiniment  servir  à  for- 
mer le  goût  des  jeunes  gens,  et  à  les  mettre 
en  garde  contre  les  maximes  modernes  du 
faux  bel-esprit.  On  lui  doit  encore  :  |  les 
quatre  Poétiques ,  d'Aristote,  d'Horace, 
de  Vida  et  de  Boileau  ,  avec  la  traduc- 
tion des  trois  premières  et  des  remarques 
très  estimées  ;  |  l'Histoire  des  causes  pre- 
mières, ou  Exposition  sommaire  des  pen- 
sées des  philosophes  sur  les  principes 
des  êtres,  2  vol.  in-8°  ,  1769  ;  |  une  traduc- 
tion d' Horace,  un  peu  froide  mais  exacte, 
avec  de  courtes  notes,  2  vol.-,  |  la  Morale 
d'Epicure  tirée  de  ses  propres  écrits, 
1  vol.  in-8° ,  1758  ;  |  une  Dissertatio  de 


gustu  veterum  in  studiis  lillerarum  rett- 
nendo;  \  les  Traductions  du  grec  en  fran- 
çais d'Ocellus  Lucanus,  et  de  Timée  de 
Locres,  préférables  à  celles  du  marquis 
d'Argens  ;  |  un  Discours  sur  la  naissance 
de  monseigneur  le  duc  de  Bourgogne  ;  \  In 
cwitatem  Rhemensem,  ode  traduite  en 
vers  français  par  M.  de  Saulx,  1759.  Tous 
ces  ouvrages  respirent  l'érudition,  le  bon 
goût  et  les  bons  principes.  Cet  acadé- 
micien joignit  à  des  mœurs  graves  ,  mais 
sans  rudesse ,  à  un  caractère  ferme ,  à 
une  conversation  solide  et  instructive,  les 
lumières  d'un  homme  vieilli  dans  la  lec- 
ture des  auteurs  grecs  et  latins.  Il  don- 
nait quelquefois,  mais  bien  rarement, 
dans  des  idées  singulières  ,  comme  lors- 
qu'il se  déclara  pour  les  inscriptions  en 
langue  française,  sans  songer  qu'indépen- 
damment du  génie  de  la  languelatine,  son 
universalité  et  son  immutabilité  étaient 
des  raisons  qui  la  rendaient  exclusive 
ment  propre  à  cet  usage. 

*  BATTHIAN  (le  comte  Ignace  de), 
évêque  de  Transilvanie ,  mort  en  1799  , 
s'est  fait  une  réputation  par  la  protection 
qu'il  accorda  aux  sciences  et  aux  arts.  Il 
avait  réuni  à  grands  frais  une  collection 
d'instrumens  astronomiques  ,  qui  était , 
ainsi  que  sa  bibliothèque,  à  la  disposition 
des  savans.  On  a  de  lui  quelques  ouvrages 
peu  importans ,  écrits  en  latin ,  sur  les 
lois  ecclésiastiques  de  Hongrie. 

BATTORI  (Etienne),  d'une  illustre 
famille  de  Transilvanie,  fut  élu,  en  1575, 
prince  de  cet  état.  Il  gouverna  ses  sujets 
avec  autant  de  sagesse  que  de  bonté.  Lors- 
que Henri  III  quitta  le  trône  de  Pologne, 
la  réputation  d'Etienne  lui  fit  donner  le 
sceptre.  Il  soutint  la  guerre  contre  res 
Moscovites,  sur  lesquels  il  eut  divers 
succès.  Il  aurait  voulu  donner  une  nou- 
velle face  à  la  Pologne  ;  mais  il  se  plai- 
gnit vainement  du  gouvernement  de  sou 
royaume ,  où  il  trouvait  un  grand  nom- 
bre de  défauts.  Il  vécut  trop  peu  pour  les 
corriger,  et  mourut  en  1586.  La  famille  de 
Battori,  qui  a  donné  d'autres  princes  à  la 
Transilvanie ,  s'éteignit  en  1615 ,  par  la 
mort  de  Gabriel  Battori;  et  ses  biens  pas- 
sèrent à  la  maison  de  Ragotzki.  Voyez 
BETLEM-GABOR. 

*  BATZ  (Pierre-Louis  ,  baron  de),  né 
en  1755  d'une  famille  distinguée  du  Béarn, 
dont  l'histoire  se  trouve  parmi  celles  des 
grands  f eudataires  de  la  France ,  é  tait  grand 
sénéchal  du  pays  d'Albret ,  lorsque  la  no- 
blesse de  ce  duché  le  députa  aux  états- 
généraux.  Il  contribua  à  la  rédaction  des 


BAS  H8 

cahiers  de  son  ordre,  et  prononça  dans 
cette  circonstance,  plusieurs  discours  qui 
ont  été  imprimés.  M.  de  Batz  se  plaça  au 
côté  droit  de  l'Assemblée  constituante  et 
s'y  occupa  principalement  de  finances. 
Dans  un  rapport  qu'il  fit,  en  juillet  1790 , 
sur  la  dette  publique ,  il  proposa  de  ne 
reconnaître  comme  dettes  de  l'état ,  que 
celles  qui  seraient  admises  par  l'Assem- 
blée, et  vola  au  mois  de  septembre  suivant 
contre  l'émission  des  assignats.  Il  fit  partie 
des  comités ,  devint  président  de  la  sec- 
tion du  comité  de  liquidation,  chargé  du 
contentieux,  et  s'associa  aux  protestations 
des  12  et  15  septembre  1791  contre  les 
actes  de  l'Assemblée  auxquels  pourtant  il 
avait  pris  une  part  assez  active.  Le  baron 
de  Batz  quitta  la  France  après  la  session, 
et  ne  tarda  point  à  y  rentrer  pour  servir 
la  cause  de  la  monarchie.  Il  sortit  de  nou- 
veau de  la  France  à  la  suite  du  10  août. 
Il  était  encore  à  Paris  en  janvier  1793 , 
et  aidé  du  concours  d'environ  deux  mille 
jeunes  gens ,  il  conçut  le  projet  de  délivrer 
l'infortuné  monarque,  pendant  qu'il  mar- 
cherait à  l'échafaud.  Mais  le  gouverne- 
ment de  la  Convention  avait  pris  toutes 
les  mesures  propres  à  faire  échouer  les 
tentatives  qui  pourraient  être  faites  dans 
ce  but.  Plus  tard  M.  de  Batz  essaya  de 
délivrer  la  famille  royale  du  Temple.  Il 
avait  fait  ses  dispositions  ,  et  tout  lui  pré- 
sageait un  heureux  dénouement ,  lorsque 
l'arrivée  inattendue  de  Simon  parmi  les 
conjurés,  qui  étaient  parvenus  à  se  faire 
donner  les  postes  de  l'intérieur  de  la  pri- 
son ,  la  nuit  où  leur  dessein  devait  s'ac- 
complir, rendit  leur  dévouement  inutile. 
Son  projet  de  faire  évader  la  reine  de  la 
conciergerie  ne  fut  pas  plus  heureux.  On 
ne  connaît  pas  bien  les  détails  de  cette 
entreprise.  On  sait  seulement  que  le  baron 
de  Batz,  ayant  eu  des  relations  aves  les 
conventionnels  Fabre  d'Eglantine ,  Cha- 
bot, Basire,  etc.,  qu'on  accusait  de  spécu- 
lations illicites  sur  les  fonds  publics,  opé- 
rations qui  s'étaient  faites  dans  sa  maison 
de  campagne  près  de  Paris ,  fut  impliqué 
avec  eux  dans  la  conspiration  dite  de  YE- 
lrangerJ  au  sujet  de  laquelle  Elie  Lacoste 
s'exprimait  ainsi  à  la  Convention  dans  son 
rapport  du  26  prairial  an  2  (14  juin  1794)  ; 
«  Un  vaste  plan  était  tracé  par  les  puis- 
»  sances  coalisées  et  par  les  émigrés  ;  les 
»  conjurés  étaient  disséminés  sur  tous  les 
»  points  de  la  France ,  et  les  objets  prin- 
»  cipaux  de  ce  plan  étaient  l'enlèvement 
»  de  la  Veuve  Capet,  la  dissolution  de  la 
»  Convention  et  la  restauration  de  la  mo- 


B1S 

»  narchie.  Tous  les  leviers  destinés  à  ren- 
»  verser  la  république  étaient  mus  par  un 
»  seul  homme ,  que  faisaient  agir  tous  les 
»  tyrans  coalisés,  e  baron  de  Batz,  ci; 
»  Catilina  moderne,  tenait,  pour  l'exécu- 
»  tion  de  l'entreprise,  ses  conférences  se- 
»  crêtes  dans  un  lieu  de  plaisance,  appelé 
«  X Ermitage  de  Charonne ,  aux  portes  de 
»  Paris,  etc.  etc.  »  (  Voy.  le  Moniteur  du 
27  prairial  an  2).  De  tous  ces  royalistes 
ou  révolutionnaires  que  le  machiavélisme 
des  tyrans  de  l'époque  avait  réunis,  Batz 
seul  parvint  à  se  sauver,  quoiqu'il  soit  con- 
stant que  ,  durant  le  règne  de  la  terreur, 
il  ne  s'éloigna  point  de  Paris.  Plus  tard  il 
fit  paraître  un  écrit  où  les  odieuses  incri- 
minations du  rapporteur  de  la  Convention 
étaient  réduites  à  leur  juste  valeur.  A  la 
suite  des  événemens  du  15  vendémiaire 
an  4  (5  octobre  1795),  son  nom  fut  en- 
core mêlé  à  de  nouvelles  intrigues  ,  et  le 
baron  de  Batz  fut  enfermé  dans  la  prison 
du  Plessis.  Tallien  le  dénonça  au  conseil 
des  Cinq-cents  com  ::e  un  des  chefs  de  la 
police,  assertion  que  le  ministre,  placé  à 
la  tète  de  cette  administration,  démentit 
le  lendemain,  en  déclarant  que  loin  d'a- 
voir jamais  employé  M.  de  Batz  ,  il  avait 
ordonné  les  recherches  les  plus  actives 
pour  le  trouver  et  l'expulser  de  Paris.  Le 
baron  s'échappa  de  sa  prison  et  se  retira 
chez  l'étranger.  Rentré  en  France  sous  le 
gouvernement  consulaire ,  il  fut  ^encore 
l'objet  d'une  surveillance  sévère,  ayant 
été  signalé  comme  agent  des  royalistes.  Il 
vécut  soit  à  Paris,  soit  en  Picardie,  tantôt 
se  cachant,  tantôt  se  montrant  entouré  du 
faste  de  l'opulence.  On  dit  que  Fouchéavec 
qui  il  avait  eu  une  entrevue,  lui  avait  pro- 
mis de  ne  pas  l'inquiéter.  Après  la  restau- 
ration, M.  de  Batz  fut  nommé  maréchal- 
de-camp  et  chevalier  de  St.-Louis,  et  plus 
tard  commandant  du  département  du  Can- 
tal. Il  mourut  dans  sa  terre  de  Chadieu,  près 
de  Clermont  (Puy-de-Dôme) ,  d'une  atta- 
que d'apoplexie,  le  10  janvier  1822.  C'était 
un  homme  extrêmement  actif,  ingénieux, 
souple,  fécond  en  ressources.  Mais  son 
activité  prenait  habituellement  le  carac- 
tère de  l'intrigue,  et  son  influence  ne  s'est 
jamais  exercée  au-dessus  d'une  région 
assez  médiocre.  On  a  de  lui  :  La  Conjiir 
ration  de  Batz ,  ou  la  Journée  des  So'- 
xanteJ  1795,  in-8°,  de  cent  pages,  tirée  à 
un  très  petit  nombre  d'exemplaires ,  sans 
nom  de  ville  ni  d'imprimeur.  Mais  nous 
croyons  que  M.  Beuchot  s'est  trompé  en 
attribuant  ce  livre  à  M.  de  Batz  (  Biblio- 
graphie de  la  France,  1822 ,  page  03  ) ,  d'à- 


BAS 


119 


BAS 


près  des  renseignemens  dus  ù  M.  Eckard  ; 
car  ce  dernier ,  danî  les  Mémoires  sur 
Louis  XVII,  page  413 ,  fait  entendre  qu'il 
existe  deux  écrits,  l'un  imprimé,  et  Tau- 
Ire  (celui  de  M.  de  Batz)  inédit.  Il  parait 
que  celui-ci  avait  pour  titre  :  De  la  Jour- 
née appelée  des  Sections  de  Paris,  ou  des 
12  et  13  vendémiaire  an  4  (1795).  |  His- 
toire de  la  maison  de  France  et  de  son 
origine;  du  royaume  et  de  la  principauté 
de  Neustrie,  Paris,  1815,  in-8°  de  800 
pages ,  y  compris  l'Epitre  dédicatoire , 
tiré  seulement  à  douze  exemplaires  en 
grand  papier  vélin.  Ce  n'est  qu'une  in- 
troduction, et  l'auteur  annonce  que  l'ou- 
vrage entièrement  composé  a besqjn  d'être 
revu  avantd'être  livré  au  public.  |  Cahiers 
de  l'ordre  de  la  noblesse  des  pays  et  du- 
ché d'Mbret  dans  les  sénéchaussées  de 
Casteljaloux ,  Caslelmoron ,  Nérac  et 
Tartas,  en  1789,  Paris,  1820,  in-8''  de  46 
pages. 

BAUD  (Pierre  Le),  aumônier  de  la 
reine  Anne  de  Bretagne,  cl  doyen  de 
Saint-Tugal  de  Laval,  travailla  kY  Histoire 
de  Bretagne,  et  la  reine  Anne  lui  fit  expé- 
dier des  lettres  pour  avoir  communica- 
tion des  archives  des  chapitres  et  abbayes 
du  pays.  Cetouvragene  parut  qu'en  1638, 
in-fol.,  à  Paris,  par  les  soins  de  Pierre 
d'Hozier  ;  il  s'étend  jusqu'à  l'an  1458.  Le 
Père  Lobinaux ,  qui  a  donné  une  bonne 
histoire  de  Bretagne,  loue  beaucoup  celle 
de  Le  Baud  ;  d'autres  disent  que  cet  au- 
teur n'est  qu'un  copiste  servile,  qui  a  ra- 
massé sans  discernement  toutes  les  fables 
qu'il  a  trouvées  dans  Geoffroy  de  Mont- 
mouth . 

*  BAUDEAU  (  Nicolas  ) ,  économiste 
du  18e  siècle ,  chanoine  régulier  de  Chan- 
celade  ,  et  prieur  de  Sainl-Lô ,  né  à  Am- 
boise,  le  25  avril  1730.  Il  publia  un 
grand  nombre  d'ouvrages  sur  les  finan- 
ces ,  le  commerce  et.  l'agriculture.  Il  fut 
quelque  temps  attaché  au  dernier  duc 
d'Orléans,  et  il  mourut  vers  1792  dans  la 
démence  la  plus  complète.  Ses  princi- 
paux ouvrages  sont  :  |  Idées  d'un  citoyen 
sur  l'administration  des  finances  du  roi, 
4763,  3  vol.  in-8°;  |  Les  Ephémerides  du 
citoyen  ou  Chronique  de  l'esprit  national 
et  bibliothèque  raisonnée  des  sciences,  etc. , 
depuis  1765  jusqu'en  mai  1769,  avec  le 
marquis  de  Mirabeau,  continuées  depuis, 
jusques  et  compris  le  mois  de  mars  1772, 
par  Dupont  de  Nemours,  Paris,  1765  et 
années  suivantes ,  environ  40  vol.  in-12  ; 
]  Avis  au  peuple  sur  son  premier  besoin, 
ou  petits  lYaités   économiques,  Paris, 


1768  ,  in-12;  2e  édition,  1774;  |  Avis  aux 
honnêtes  gens  qui  veulent  bien  faire, 
Paris,  1768,  in-12,  et  Toulouse,  1769,  in-8°; 
|  Première  introduction  à  la  philosophie 
économique,  1771 ,  in-8°  ;  |  Nouvelles  Ephé- 
merides économiques,  1774-1776  ,  19  vol. 
in-12  ;  |  Principes  économiques  de  Louis 
XII  et  du  cardinal  d'Amboise,  1785, 
in-8°.  Il  avait  annoncé  une  nouvelle  édi- 
tion en  12  vol.  in-8°  des  Economies  roya- 
les de  Sirfly,  avec  des  notes  et  remarques 
de  quelques  économistes  ,  mais  il  n'en  a 
paru  que  deux  volumes. 

BAUDÈLE  ou  BAUDILE  (  saint),  mar- 
tyr célèbre  ,  qu'on  croit  avoir  souffert  au 
5e  ou  4e  siècle  ,  mais  dont  on  ne  sait  rien 
de  précis.  Son  nom  se  trouve  dans  les 
plus  anciens  martyrologes,  qui  rendent 
témoignage  à  sa  foi  et  à  sa  constance  dans 
les  tourmens.  Grégoire  de  Tours  dit  que , 
de  son  temps,  il  s'opérait  plusieurs  mi- 
racles au  tombeau  de  saint  Baudèle ,  qui 
était  à  Nimes.  Son  corps  n'y  est  plus  de- 
puis long-temps ,  et  plusieurs  églises  pré- 
tendent le  posséder,  sans  qu'on  puisse 
déterminer  au  juste  le  lieu  où  il  se  garde 
présentement.  On  croit  qu'il  y  a  une  par- 
tie de  son  chef  à  Paris ,  dans  l'abbaye  de 
Sainte-Geneviève.  Il  y  a  en  France  et  en 
Espagne  un  ^rand  nombre  d'églises  dé- 
diées sous  l'invocation  de  ce  saint  martyr. 
Voyez  les  Acla  sanctorum,  Tillemont  et 
Baille  t. 

*BAUDELOCQUE  (Jean-Louis),  cé- 
lèbre accoucheur,  né  en  Picardie  en  1746, 
et  mort  en  1810,  s'appliqua  de  bonneheure 
à  la  chirurgie  ,  à  Tanatomie  ,  et  surtout  à 
la  partie  des  accouchemens ,  et  devint 
chirurgien  en  chef  de  l'hospice  de  la  Ma- 
ternité, et  professeur  d'accouchemens  de 
l'école  de  médecine.  Ses  écrits,  devenus 
classiques  dans  cette  partie,  sont  :  |  IVtrt- 
cipes  des  accouchemens  ,  Paris,  1775, 1787 
et  1806,  in-8°.  |  L'art  des  accouchemens 
qui  a  eu  plusieurs  éditions ,  et  un  grand 
nombre  de  Mémoires  ,  insérés  dans  le  re- 
cueil de  l'académie  et  les  journaux  de 
médecine. 

BAUDELOT  DE  DAIBVAL  (Charles- 
César  ),  né  à  Paris  en  1648,  fut  reçu  avo- 
cat auparlement.il  plaida  quelque  temps 
avec  succès.  Un  procès  l'ayant  obligé 
d'aller  à  Dijon,  il  parcourut,  dans  ses 
momens  de  relâche,  les  bibliothèques  et 
les  cabinets  des  savans.  Ce  fut  l'origine 
du  Traité  de  l'Utilité  des  voyages,  1727, 
2  vol.  in-12  ,  dans  lequel  il  montre  une 
grande  connaissance  des  monumens  de 
l'antiquité.  11  fut  nommé  .  en  1705  ,  à  une 


BAS 


120 


BAS 


place  de  l'académie  des  belles-leltres.  On 
a  de  lui  plusieurs  dissertations  dans  les 
Mémoires  de  cette  compagnie.  Il  mourut 
en  1722.  C'était  un  homme  doux,  modeste, 
bienfaisant. 

RAUDERON.  Voyez  SÉNEÇAI. 

*  BAUDET  (  Etienne  ) ,  graveur  né  à 
Blois  ,  en  1643,  mort  à  Paris,  en  1716,  a 
gravé  différentes  estampes ,  d'après  les 
Carraches ,  l'Albane  ,  le  Dominiquin , 
Bourdon  ,  Piètre  de  Cortone ,  et  autres  ; 
V Adoration  du  Veau  d'or ,  et  le  Frappe- 
ment du  rocher  *  d'après  le  Poussin  ,  sont 
ses  meilleurs  ouvrages;  en  général,  sa 
gravure  est  dure  ,  et  ses  hachures,  tou- 
jours carrées ,  ne  présentent  aucune  va- 
riété. 

BAUDIER  (Michel),  Languedocien, 
historiographe  de  France  sous  Louis  XIII, 
était  une  des  plus  fécondes  plumes  de  son 
siècle.  Il  laissa  beaucoup  d'ouvrages  sans 
ordre  et  sans  goût,  mais  dans  lesquels  on 
trouve  des  particularités  qu'on  cherche- 
rait vainement  ailleurs.  Les  principaux 
sont  :  |  Histoire  générale  de  la  religion 
des  Turcs,  avec  la  vie  de  leur  prophète 
Mahomet  et  des  quatre  premiers  califes, 
le  livre  et  la  théologie  de  Mahomet.,  1636, 
in-8°  :  ouvrage  traduit  de  l'arabe ,  copié 
par  ceux  qui  l'ont  suivi,  quoiqu'ils  n'aient 
pas  daigné  le  citer  ;  |  Histoire  du  cardinal 
d'Amboise,  Paris,  1631,  in-8°.  Sirmond, 
de  l'académie  française ,  un  des  flatteurs 
du  cardinal  de  Richelieu,  s'était  proposé 
d'élever  ce  ministre  aux  dépens  de  ceux 
des  siècles  passés  :  il  attaqua  d'abord 
d'Amboise  et  ne  manqua  pas  de  le  mettre 
au-dessous  de  Richelieu.  Baudier,  nulle- 
ment courtisan  ,  vengea  sa  mémoire  ,  et 
obscurcit  l'ouvrage  de  son  détracteur. 
|  Histoire  du  maréchal  de  Thoiras,  1644, 
in-fol. ,  1666>  2  vol.  in-12,  curieuse  et  né- 
cessaire, quand  on  veut  connaître  à  fond 
les  règnes  de  Louis  XIII  et  de  Louis  XIV. 
«  Ceux  qui  aiment  le  style  précis  etagréa- 
»ble,  dit  un  critique  équitable  et  judi- 
»  cieux,  doivent  bien  se  garder  de  lira  ses 
»  ouvrages  ;  ceux  qui  savent  démêler  les 
»  traits  d'érudition  au  milieu  du  verbiage 
»  et  de  l'ennui  des  dissertations,  pourront 
»  y  trouver  de  quoi  étendre  leurs  connais- 
»  sances.  » 

♦BAUDIN  (P.-Ch.-Louis),  né  à  Sedan, 
mort,  dit-on ,  de  joie  en  1799 ,  en  appre- 
nant le  retour  de  Napoléon  de  la  campa- 
gne d'Egypte  ,  était  maire  de  sa  ville  na- 
tale en  1790.  Membre  de  l'Assemblée  lé- 
gislative et  de  la  Convention ,  il  siégea 
comme  président  dans  cette  dernière  as- 


semblée, vota  pour  l'appel  au  peuple  lors 
du  procès  de  Louis  XVI,  et  fit  partie  de  la 
commission  des  onze  qui  prépara  la  con- 
stitution directoriale.  On  a  de  lui  :  |  Anec- 
dotes et  réflexions  générales  sur  la  con- 
stitution, Paris,  an  3  (1794);  |  Eclaircis- 
sement sur  l'article  353  de  la  constitution 
et  la  liberté  de  la  presse  ,  1793,  in-8°.  Il 
était  membre  de  l'Institut,  et  un  des  col- 
laborateurs du  Journal  des  Savans. 

*  BAUDIN  (  Nicolas  ),  capitaine  de 
vaisseau  dans  la  marine  française,  né 
clans  File  de  Rhé  vers  le  milieu  du  18e  siè- 
cle, fut  chargé  en  1803  ,  par  le  gouverne- 
ment directorial, de  la  reconnaissance  des 
côtes  de  laNouvelle-Hollande.  Il  avait  déjà 
reconnu  la  plus  grande  partie  des  cotes 
nord-ouest ,  lorsqu'il  fut  attaqué  d'une 
maladie  qui  l'obligea  de  relâcher  à  l'île  de 
France,  où  il  mourut  eu  septembre  de  la 
même  année. 

BAUDIUS  (  Dominique  )  ,  professeur 
d'éloquence  à  Leyde ,  mourut  dans  cette 
ville  en  1613;  il  était  né  à  Lille  en  1561 , 
et  avait  été  reçu  avocat  à  La  Haye  en  1587, 
après  avoir  fait  quelque  séjour  à  Genève, 
pour  y  professer  avec  plus  de  liberté  le 
calvinisme,  que  ses  parens  avaient  em- 
brassé. Il  se  distingua  comme  juriscon- 
sulte et  comme  littérateur.  Parmi  les  ou- 
vrages latins  en  vers  et  en  prose  qu'il 
laissa,  on  distingue  ses  poésies,  et  surtout 
ses  vers  iambes,  1608,  in-8°.  Il  y  a  du  feu 
et  de  la  noblesse.  Daniel  Heinsius  lui  dit 
dans  une  épitre  : 

Baudi,  quem  proprio  genius  donavit  iambo. 

On  a  encore  de  lui  des  Harangues  et  des 
Epitres,Leydc,  1650,  inr12,  où  il  montre 
beaucoup  d'esprit  et  de  vanité.  L'amour 
du  plaisir  et  du  vin  ternit  sa  réputation. 
BAUDORI  (Joseph  du),  né  à  Vannes 
en  1710 ,  d'une  famille  distinguée ,  entra 
chez,  les  jésuites  en  1724  ,  et  mourut  à 
Paris  en  1749.  Il  fut  nommé,  à  l'âge  de 
31  ans ,  pour  occuper  la  place  du  père  Po- 
rée ,  et  il  eut  le  mérite  de  la  remplir.  On 
a  de  lui  des  œuvres  diverses,  dont  la  der- 
nière édition  est  de  Paris,  1772,  in-12.  On 
trouve  dans  ce  recueil  quatre  discours 
latins  et  quatre  plaidoyers  français.  Les 
sujets  des  discours  sont  intéressans ,  les 
divisions  nettes  et  simples.  Sa  latinité, 
quelquefois  un  peu  dure,  est  en  général 
très  bonne.  On  peut  lui  reprocher  quel- 
ques pointes,  quelques  jeux  de  mots,  qui 
gâtent  presque  toujours  notre  latinité  mo- 
derne et  qui  ont  régné  si  long-temps  dans 
le  collège  de  Louis  le  Grand;  mais  l'on 


BAU 

doit  avouer  qu'il  en  a  moins  que  ses  pré- 
décesseurs. Ses  plaidoyers  sont  aussi  in- 
génieux que  bien  choisis. 

BAUDOT  de  JUILLI  (Nicolas),  né  à 
Vendôme,  en  1678,  d'un  receveur  des 
tailles ,  s'établit  à  Sarlat ,  où  il  fut  sUbdé- 
légué  de  l'intendant.  Les  devoirs  de  son 
emploi  et  les  charmes  de  la  littérature 
remplirent  le  cours  de  sa  vie.  Il  termina 
sa  longue  carrière  en  1759,  à  81  ans.  On 
a  de  lui  quelques  ouvrages  historiques  , 
écrits  avec  art  et  méthode:  |  Histoire  de 
Catherine  de  France,  reine  d'Angleterre, 
qu'il  publia  en  1696.  L'auteur  lui-même 
estimait  peu  cet  ouvrage,  qui  dans  le  fond 
n'est  qu'un  roman,  imaginé  d'après  quel- 
ques événemens  vrais.  Ces  productions 
éphémères  sont  recherchées  un  jour  ou 
deux,  pour  tomber  ensuite  dans  un  oubli 
d'où  elles  ne  sortent  plus  ;  |  Germain  de 
Foix ,  nouvelle  historique  qui  parut  en 
1701  ;  |  l'Histoire  secrète  du  connétable  de 
Bourbon,  imprimée  en  1706  ;  |  Id Relation 
historique  et  galante  de  l'invasion  d'Es- 
pagne par  les  Maures,  imprimée  en  1722, 
h  vol.  in-12.  Ces  trois  ouvrages  sont  du 
même  genre  que  le  premier ,  et  ne.  sont 
propres  qu'à  amuser  des  esprits  frivoles. 
Mais  il  y  en  a  d'autres  de  lui  plus  solides, 
comme  :  |  Y  Histoire  de  la  conquête  d'An- 
gleterre par  Guillaume,  duc  de  Norman- 
die, 1701,  in-12;  |  Y  Histoire  de  Philippe- 
Auguste,  1702,  2  vol.  in-12,  et  celle  de 
Charles  VII,  1697 ,  2  vol.  in-12.  L'ordre 
en  fait  le  principal  mérite  :  l'auteur  n'a- 
vait consulté  que  les  livres  imprimés.  On 
a  encore  de  lui  :  |  Y  Histoire  des  hommes 
illustres ,  tirée  de  Brantôme;  \Y  Histoire 
de  la  vie  et  du  règne  de  Charles  VI ,  en 
9  vol.  in-12  ,  1753  ;  |  Y  Histoire  du  règne  de 
Louis  XI,  6  vol.  in-12,  1756;  \Y  Histoire 
des  révolutions  de  Naples  ,  h  vol.  in-12, 
1757.  Ces  trois  ouvrages  ont  paru  sous  le 
nom  de  M1U  de  Lussan.  Le  style  en  est  un 
peu  négligé,  et  il  manque  souvent  de  pré- 
cision. Voyez  LUSSAN  (Marguerite). 

BAUDOUIN  1er,  comte  de  Flandres, 
s 'étant  croisé  pour  aller  à  la  Terre-Sainte  , 
fut  élu  empereur  de Constanlinople,  après 
la  prise  de  cette  ville  par  les  Français  et 
les  Vénitiens  réunis,  en  1204.  On  ne  pou- 
vait faire  un  meilleur  «hoix.  Baudouin 
était  pieux,  chaste,  humain,  prudent  dans 
ses  entreprises ,  courageux  dans  l'exécu- 
tion, et  possédait  tous  les  talens  militaires. 
Le  nouvel  empereur  marcha  vers  Andri- 
nople  pour  en  faire  le  siège  ;  mais  l'ayant 
levé  pour  aller  à  la  rencontre  des  Bulgares 
qui  venaient  la  secourir ,  il  fut  vaincu  et 

a. 


m  BAU 

fait  prisonnier  ;  Joannice ,  roi  de  ces  bar- 
bares ,  le  fil  mourir  cruellement  en  1206. 
On  lui  coupa  les  bras  et  les  jambes,  et  on 
le  jeta  dans  une  fosse  où  il  vécut  encore 
trois  jours.  Son  cadavre  fut  abandonné 
aux  bêtes  féroces  cl  aux  oiseaux  de  proie  : 
une  femme  pieuse  en  recueillit  les  restes 
et  leur  donna  la  sépulture.  Nous  suivons 
ici  le  récit  le  plus  probable,  car  les  histo- 
riens ne  sont  pas  d'accord  sur  toutes  ces 
circonstances.  Ils  s'accordent  plutôt  à  at- 
tribuer la  défaite  des  Latins  aux  excès,  et 
surtout  aux  sacrilèges  commis  à  la  prise 
de  Constantinople ,  où  l'on  n'épargna  ni 
les  monastères  ni  les  églises.  Le  molif  de 
sa  cruelle  mort ,  tel  que  l'auteur  de  l'his- 
toire du  Bas-Empire  le  rapporte,  présente 
un  grand  et  rare  exemple  de  vertu.  «  Bau- 
»  douin,  dit-il ,  fut  renfermé  dans  un  ca- 
»chot,  mourant  presque  de  faim,  et 
•n  n'ayant  d'autre  consolation  que  les  vi- 
»  sites  de  la  reine ,  plus  importunes  à  ce 
«prince  affligé,  qu'une  entière  solitude. 
•*  Cette  princesse,  tartare  de  nation,  mais 
»  adroite  et  artificieuse ,  avait  obtenu 
»  de  son  mari,  dont  elle  était  trop  aimée, 
»  la  permission  daller  ,  sous  prétexte  de 
»  charité ,  porter  quelque  consolation  au 
»  malheureux  prince.  Baudouin  était 
t>  beau ,  et  la  reine  portée  à  l'amour  :  elle 
»  devint  passionnée  pour  son  prisonnier  ; 
»  et  s'entrclenant  avec  lui,  Vous  pouvez , 
»  lui  dit-elle ,  sans  rançon ,  délivrer  deux 
»  captifs.  Et  qui  sont-ils?  dit  Baudouin  : 
»  Vous,  répondit-elle  ,  et  moi  que  vous 
»  tirerez  de,  la  servitude  où  je  gémis  sous 
»  la  tyrannie  d'un  mari  barbare.  Si  vous 
»  me  prenez  pour  épouse ,  nous  serons 
»  libres  tous  deux.  Laissons  à  Joannice 
»  ce  misérable  empire  de  Constantinople, 
»  qui  ne  lient  plus  subsister,  et  retournez 
»  avec  moi  dans  vos  états.  Je  vous  en 
»  procurerai  les  moyens.  Baudouin  frémit 
»  à  cette  déclaration  tartare  ,  et  veut  lui 
»  faire  entendre  qu'un  pareil  mariage  se- 
»  rait  un  adultère  criminel.  Elle  sort  fu- 
»  rieuse ,  le  menaçant  de  la  mort  ;  elle 
»  revient  le  lendemain  ,  et  redouble  ses 
»  menaces.  Baudouin  ne  lui  rend  que  des 
»  remontrances.  Désespérée,  elle  va  trou- 
»  ver  Joannice  ;  elle  accuse  Baudouin  du 
»  crime  dont  elle  était  coupable.  Joannice, 
»  naturellementcruel,  devenu  encore  plus 
»  féroce  par  la  jalousie  ,  invite  ses  courli- 
»  sans  à  un  festin  ;  il  y  fait  amener  Bau- 
»  douin  et  le  livre  à  leurs  insultes,  etc.  » 
BAUDOUIN  II,  dernier  empereur  latin 
de  Constanlinople,  de  la  maison  de  Cour- 
tenay ,  fut  élu  en  1228.  Assiégé  par  l'em- 
li 


BAU 


122 


BAU 


pereur  Paléo'îogue  dans  sa  ville  impériale, 
il  l'abandonna  à  son  concurrent ,  et  s'en- 
fuit en  Occident.  Il  céda  ses  droits  à  Charles 
d'Anjou ,  et  aux  rois  de  Sicile,  ses  succes- 
seurs. Il  mourut  en  1275.  Il  avait  de  l'es- 
prit et  de  la  valeur,  mais  il  manquait  de 
la  vigilance  et  de  l'activité  nécessaires 
dans  les  circonstances  difficiles  où  il  se 
trouvait. 

BAUDOUIN  I,  roi  de  Jérusalem,  suivit 
Godefroy  de  Bouillon  ,  son  frère,  dans  la 
Palestine ,  où  il  posséda  la  principauté 
d'Edesse.  Il  fut  mis  sur  le  trône  après  son 
frère ,  l'an  1100.  Il  prit  la  ville  d'Acre , 
l'an  1104  ,  après  un  siège  de  vingt  mois; 
mais  il  fut  lui-même  assiégé  peu  après 
dans  Bama,  qui  fut  emportée,  et  il  eut 
bien  de  la  peine  à  s'échapper.  Il  mourut 
l'an  1118. 

*  BAUDOUIN  II ,  cousin  et  successeur 
du  précédent  au  comté  d'Edesse ,  et  en- 
suite au  royaume  de  Jérusalem.  Il  avait 
partagé  les  travaux  de  la  première  croi- 
sade; au  dernier  assaut  de  Jérusalem  ,  il 
fut  un  des  premiers  qui,  avec  Godefroi  de 
Bouillon  ,  se  jetèrent  dans  la  ville.  Il  s'é- 
tait fait  chérir  de  ses  compagnons  par  son 
courage  et  sa  piété  désintéressée.  Dès  le 
commencement  de  son  règne,  il  fut  obligé 
d'aller  au  secours  d'Antioche,  menacée 
par  les  Turcs.  Il  les  battit  en  plusieurs 
rencontres ,  et  revint  triomphant  dans  sa 
capitale,  où  il  apprit  que  Josselin  de 
Courtenai,  comte  d'Edesse,  avait  été  fait 
prisonnier  par  les  infidèles  ;  aussitôt  il 
assembla  une  armée  et  se  remit  en  cam- 
pagne. Après  avoir  passé  le  Jourdain ,  il 
rencontra  les  ennemis  ;  ayant  voulu  re- 
connaître lui-même  le  camp  des  infidèles, 
il  se  trouva  tout  à  coup  enveloppé ,  et 
éprouva  le  même  sort  que  le  prince  d'E- 
desse qu'il  allait  secourir.  La  captivité  de 
Baudouin  plongea  le  royaume  de  Jérusa- 
lem dans  la  consternation.  Les  chrétiens, 
privés  de  leurs  chefs ,  eurent  à  la  fois  à 
combattre  les  Turcs  de  la  Syrie  et  les  Sar- 
rasins d'Egypte.  Cependant,  aidés  parles 
Vénitiens  arrivés  de  l'Occident ,  ils  s'em- 
parèrent de  Tyr,  et  repoussèrent  leurs 
ennemis.  D'un  autre  côté,  Josselin  de 
Courtenai  parvint  à  s'échapper  de  sa  pri- 
son, rassembla  des  troupes  ,  battit  les  in- 
fidèles, et  fit  rendre  la  liberté  à  Baudouin. 
Bevenu  dans  ses  états,  celui-ci  eat  bientôt 
de  nouvelles  guerres  à  soutenir  avec  les 
émirs  de  la  Syrie,  qu'il  battit  souvent 
sans  pouvoir  les  détruire.  Après  un  règne 
de  douze  ans,  il  laissa,  en  1131,  son  royau- 
me à  Foulques,  comte  d'Anjou  ,  qui  avait 


épousé  Métissante  ,  sa  fille  aînée  :  il  fut 
vivement  regretté  des  chrétiens.  Ce  fut 
sous  le  règne  de  Baudouin  II  que  les  or- 
dres militaires  de  Sl.-Jean  et  du  Temple 
furent  approuvés  par  le  pape,  et  com- 
mencèrent à  jeter  un  grand  éclat. 

*  BAUDOUIN  III  succéda,  en  1142,  à 
Foulques,  roi  de  Jérusalem,  son  père- 
Sous  le  règne  de  ce  prince  ,  les  chrétiens 
d'Orient  perdirent  la  principauté  d'E- 
desse ,  qui  fut  envahie  par  Zenghi ,  sultan 
d'Alep.  La  nouvelle  de  ce  revers  jeta  la 
consternation  parmi  les  chrétiens  d'Occi- 
dent, et  réveilla  en  Europe  l'ardeur  des 
croisades.  Louis  VII,  roi  de  France,  Con- 
rad III ,  empereur  d'Allemagne ,  prirent 
la  croix  ;  les  peuples  obéirent  à  la  voix  de 
saint  Bernard,  et  se  précipitèrent  une  se- 
conde fois  sur  l'Asie.  L'arméo  des  Alle- 
mands périt  presque  tout  entière  dans 
l'Asie  mineure ,  où  elle  fut  trahie,  dit-on, 
par  les  Grecs ,  et  surprise  par  les  Turcs. 
L'armée  desFrançais,  après  avoir  éprouvé 
plusieurs  échecs ,  et  remporté  plusieurs 
avantages  sur  les  Sarrasins  qui  s'oppo- 
saient à  sa  marche ,  arriva  à  Jérusalem , 
où  Louis  VII  et  Conrad  furent  reçus  avec 
de  grandes  démonstrations  de  joie  et  de 
respect.  Baudouin  accompagna  les  deux 
monarques  au  siège  de  Damas.  Les  croisés 
lassés  ,  soit  de  la  résistance  opiniâtre  des 
étrangers,  soit  des  trahisons  continuelles 
dont  ils  étaient  les  victimes,  partirent 
pour  l'Europe,  et  laissèrent  Baudouin  aux 
prises  avec  des  ennemis  formidables.  Ce- 
pendant il  ne  se  laissa  point  abattre,  et, 
après  une  guerre  mêlée  de  succès  et  de 
revers,  il  s'empara  d'Ascalon  qui  avait 
résisté  aux  efforts  de  ses  prédécesseurs. 
Il  mourut  empoisonné,  le  23  février  1165, 
à  l'âge  de  trente-trois  ans ,  après  vingt  ans 
de  règne  sans  laisser  d'enfans.  Après  de 
longs  débats ,  Amaury  fut  reconnu  pour 
successeur  de  Baudouin  III. 

*  BAUDOUIN  IV,  fils  d' Amaury,  suc- 
céda à  son  père  en  1174.  Baymond  III, 
comte  de  Tripoli ,  fut  nommé  régent  du 
royaume  de  Jérusalem  pendant  la  mino- 
rité du  jeune  Baudouin.  La  guerre  civile 
se  ralluma  bientôt  dans  ses  états ,  tandis 
que  Saladin  ayant  quitté  l'Egypte,  s'a- 
vançait vers  la  Palestine ,  à  la  tête  d'une 
armée  formidable.  Baudouin,  devenu  ma- 
jeur, marcha  à  sa  rencontre,  le  battit  près 
d'Ascalon,  et  le  força  de  se  retirer  sur  les 
bords  du  Nil.  Saladin  recommença  bientôt 
la  guerre ,  et  défit  l'armée  chrétienne , 
près  du  Jourdain ,  dans  un  lieu  appelé 
Gué  de  Jacob.  Mais,  contraint  par  la  fa- 


BAU 


t%% 


BAU 


mine  qtù  assiégeait  son  armée,  il  accorda 
à  Baudouin  une  trêve  qu'il  lui  fit  payer  au 
poids  de  l'or ,  et  qu'il  viola  bientôt.  Bau- 
douin donna  le  commandement  de  ses 
troupes  à  Guy  de  Lusignan  son  beau-frère 
qui  fut  battu.  Le  prince  chrétien  obtint  une 
nouvelle  trêve;  mais  elle  lui  fut  inutile. 
Il  mourut  dans  cette  triste  conjoncture  , 
en  1186,  laissant  son  royaume  déchiré  par 
les  factions  et  menacé  par  les  Sarrasins. 
Baudouin  V,  fils  de  Sibylfe  ,  sa  sœur  ,  et 
du  marquis  de  Monlferrat,  qu'il  avait  dé- 
signé pour  lui  succéder  ,  mourut  au  bout 
de  sept  mois.  Un  an  après ,  Soliman  se 
rendit  maître  de  Jérusalem. 

BAUDOUIN  (Benoit),  théologien  d'A- 
miens où  il  était  né,  se  fit  un  nom  parmi 
les  érudits  par  son  traité  De  la  chaussure 
des  anciens,  publié  en  1615  ,  in-8°,  sous 
le  titre  de  calceus  antiquus  et  mysticus. 
Cet  ouvrage  fit  faussement  imaginer  qu'il 
était  fils  d'un  cordonnier  ,  qu'il  l'avait  été 
lui-même ,  et  qu'il  voulait  faire  honneur 
à  son  premier  métier.  Il  mourut  à  Troyes, 
en  1652. 

BAUDOUIN  (François),  naquit  à  Ar- 
ras,  l'an  1520.  Il  fut  professeur  de  droit  à 
Bourges,  à  Angers,  à  Paris,  à  Strasbourg, 
à  Heidclberg.  Antoine  de  Bourbon,  roi  de 
Navarre,  qui  lui  avait  confié  l'éducation 
d'un  de  ses  fils  naturels,  l'envoya  au  con- 
cile de  Trente ,  pour  être  son  orateur. 
Henri  III  le  fit  conseiller  d'état.  Il  mourut 
bon  catholique,  le  24  octobre  1573.  Le 
P.  Maldonat,  jésuite  ,  l'assista  à  la  mort. 
Baudouin  avait  été  assez  lié  avec  Calvin, 
et  quelques-uns  de  ses  écrits  se  ressentent 
de  celte  liaison;  mais  la  lecture  de  Geor- 
ges Cassander  le  dégoûta  de  la  nouvelle 
secte.  Il  était  versé  dans  les  belles-lettres, 
dans  la  jurisprudence  ,  qu'il  a  ,  l'un  des 
premiers  ,  traitée  avec  noblesse ,  et  dans 
l'histoire  ecclésiastique  ;  il  est  l'éditeur  de 
deux  excellons  ouvrages  :  S.  Optali  libri 
de  schismate  donati star  unifie.  ;  Fictoris 
Uticensis  de  persecutione  vandalica  , 
Paris,  1569.  Il  y  démontre,  dans  une  pré- 
face très  estimée,  la  conformité  du  schisme 
des  calvinistes  avec  celui  des  donalistes. 
Les  notes  de  Baudouin  sur  saint  Optât 
ont  passé ,  avec  celles  du  savant  Gabriel 
de  l'Aubespine,  dans  l'édition  des  œuvres 
de  ce  Père  ,  publiée  par  Charles  Paulin , 
jésuite,  Paris,  1651,  in-fol.  Joseph  de 
Buininek,  conseiller  de  l'électeur  palatin, 
a  publié  la  préface  de  Baudouin ,  retou- 
chée et  augmentée,  Dusseldorf,  1763. 

BAUDOUIN  ou  BAUDOIN  (  Jean  ),  na- 
quit à  Pradelle  en  Yivarais.  Il  fut  lec- 


teur de  la  reine  Marguerite ,  et  eut  une 
place  à  l'académie  française.  On  a  de  lui 
de  mauvaises  versions  de  Tacite,  de  Sué- 
tone, de  Lucien,  de  Salluste,  de  Dion  Cas- 
sius,  du  Tasse,  de  Bacon,  de  Davila,  et  de 
beaucoup  d'autres  auteurs.  Ces  versions 
ne  lui  coûtaient  guère.  Lorsqu'il  était  pres- 
sé, il  ne  faisait  que  retoucher  celles  qu'on 
avait  faites  avant  lui,  sans  se  donner  la 
peine  de  recourir  à  l'original.  Il  écrivit 
aussi  une  Histoire  de  Malte,  1659 ,  2  vol. 
in-fol.  et  publia  quelques  romans.  Tous 
ses  ouvrages  furent  dictés  par  la  faim,  et 
sont  par  conséquent  très  peu  estimables. 
Le  seul  qui  ne  soit  pas  entièrement  dé- 
daigné, est  son  Recueil  d'emblèmes,  avec 
des  discours  moraux  qui  servent  d'expli- 
cation, Paris,  1638  ,  3  vol.  in-8°,  ornés  de 
figures  gravées  par  Briot.  On  recherche 
aussi  son  Iconologie,  Paris  ,  1636,  in-fol.. 
et  1645,  in-4°.  Il  mourut  à  Paris  en  1650, 
à  66  ans. 

BAUDOUIN.  Voyez  BALDUIN  f  Mar- 
tin ). 

BAUDRAND  (Michel- Antoine),  prieur 
de  Rouvres  et  de  Neuf-Marché ,  naquit  à 
Paris,  en  1653,  et  y  mourut  en  1700.  Le 
P.  Briet,  professeur  de  rhétorique  au  col- 
lège de  Clermont ,  sous  lequel  il  étudia, 
lui  ayant  fait  corriger  lss  épreuves  de  sa 
Géographie  ancienne  et  nouvelle  .  le  dis- 
ciple prit  le  goût  du  maître.  On  lui  doit 
l'édition  du  Dictionnaire  géographique* 
en  9  vol.  in-fol.  par  le  P.  Philippe  Fer- 
rari, imprimé  d'abord  en  latin,  1682,  et 
en  français,  1705.  Guillaume  Sanson,  un 
des  premiers  géographes  de  France  ,  re- 
procha bien  des  méprises  à  l'abbé  Bau- 
drand,  dans  une  critique  qu'il  fit  de  lapre- 
mière  édition.  Ces  fautes  ne  disparurent 
point  à  la  seconde,  et  on  n'estime  guère 
ni  l'une  ni  l'autre.  Le  Dictionnaire  géo- 
graphique de  Maty,  1712,  in-4°,  a  été 
puisé  en  partie  dans  celui  de  l'abbé  Bau- 
drand,  mais  il  est   beaucoup  plus  exact. 

*  BAUDRAND  (Barthélémy  ),  jésuite, 
né  à  Vienne  en  Dauphiné,  mort  le  3  juillet 
1787.  Après  avoir  vu  la  suppression  de  son 
ordre,  dans  lequel  il  était  entré  fort  jeune, 
il  se  retira  à  Lyon,  où  il  composa  un  grand 
nombre  d'ouvrages  estimés  des  ecclésias- 
tiques et  des  personnes  pieuses  :  on  ne 
saurait  trop  en  conseiller  la  lecture.  L'au- 
teur n'y  mit  point  son  nom.  Ces  ouvrages 
sont  :  |  Histoires  édifiantes  et  curieuses, 
tirées  des  meilleurs  auteurs,  in-12;  |  l'aime 
contemplant  les  grandeurs  de  Dieu,  avec 
Y  Ame  se  préparant  à  l'éternité,  in-12  ; 
I  Y  Ame  élevée  à  Dieu  par  les  réflexions 


BAU 


124 


BAXJ 


et  les  senlimens,  pour  chaque  jour  du 
mois,  en  1  et  2  vol.  in-12;  |  XAme  éclairée 
par  les  oracles  de  la  sagesse  clans  l?s  pa- 
raboles et  béatitudes  évangéliques,  in- 12  ; 
j  Y  Ame  affermie  dans  la  foi,  ou  Preuves 
abrégées  de  la  religion,  à  la  portée  de 
tous  les  esprits  et  de  tous  les  états,  in-12; 
|  Y  Ame  intérieure,  ou  Conduite  spirituelle 
dans  les  voies  de  Dieu,  in-12;  |  Y  Ame  sur 
le  Calvaire,  considérant  les  souffrances 
de  Jésus-Christ  et  trouvant  au  pied  de  la 
croix  la  consolation  dans  ses  peines,  in- 
12  ;  |  Y  Ame  embrasée  de  l'amour  de  Dieu 
par  son  union  aux  sacrés  cœurs  de  Jésus 
et  de  Marie,  suivie  de  la  neuvaine  ,  in-12; 
|  Y  Ame  fidèle  animée  de  l'esprit  de  Jésus- 
Christ,  in-12;  |  Y  Ame  sanctifiée,  ou  la  Re- 
ligion pratiquée  par  la  perfection  de 
toutes  les  actions  de  la  vie,  in-12  ;  |  Y  Ame 
religieuse  élevée  à  la  perfection  par  les 
exercices  de  la  vie  intérieure,  in-12  ;  |  Y  Ame 
pénitente,  ou  le  nouveau  Pensez-y  bien, 
in-24;  |  Gémissemens  d'une  âme  pénitente, 
in-12;  |  Réflexions,  sentimens  et  pratiques 
de  piété,  sur  les  sujets  les  plus  intéres- 
sans  de  la  morale  chrétienne ,  in-12.  La 
première  édition  complète  de  cette  collec- 
tion ,  en  caractères  et  format  uniformes  , 
16  vol.  in-12  et  in-18,  a  paru  à  Besançon 
en  1829. 

BAUDRI,  chantre  de  l'église  de  Térouane 
dans  le  11e  siècle ,  né  à  Cambrai ,  vivait 
encore  en  109a.  Il  avait  été  secrétaire  sous 
plusieurs  évêques  de  Cambrai,  et  passait 
pour  un  homme  érudit  :  ce  qui  nous 
reste  de  ses  éerils  justifie  cette  réputa- 
tion. On  a  de  lui  |  une  Vie  de  saint 
Gaucher  ou  saint  Gery,  évêque  de  Cam- 
brai. On  la  trouve  dans  les  Acta  Sancto- 
rum  du  mois  d'août.  |  Une  Chronique  de 
l'église  de  Cambrai  estimée.  Elle  a  été 
publiée  par  Couventer,  docteur  en  théo- 
logie de  Douai,  f61o.  On  l'a  souvent  con- 
fondu avec  BAUDRY,  savant  ei  pieux 
évêque  de  Noyon  et  de  Tournai,  deux 
évêchés  long-temps  unis,  mais  qui  furent 
séparés  après  sa  mort,  à  l'occasion  de  l'in- 
terdit qu'il  avait  jeté  sur  celui  de  Tour- 
nai. Le  chapitre  cathédral  de  celte  ville 
envoya  des  députés  à  Rome  pour  obtenir 
Tin  évêque  particulier,  ce  que  le  pape 
Pascal  II  accorda;  mais  Baudry  mourut 
avant  le  retour  des  députés.  On  a  de  ce 
prélat  quatre  Lettres  dans  le  5e  tome  des 
Miscellanea  de  Baluze,  et  plusieurs  char- 
tres  en  faveur  des  églises  et  des  monas- 
tères dont  il  fut  le  bienfaiteur. 

BAUDRY.  Voyez  BALDERIC. 

B AUDRICOURT  (  Jean  de  ),  maréchal 


de  France,  gouverneur  de  Bourgogne,  se 
signala  à  la  bataille  de  Saint- Aubin-de- 
Cormier,  en  1488,  et  aida  Charles  VIII  à 
conquérir  le  royaume  de  Naples,  en  1495. 
Il  mourut  quelques  années  après.  —  Son 
père  Robert  de  BAUDRICOURT  avait 
servi  avec  distinction  :  c'est  lui  qui  en- 
voya la  Pucelle  d'Orléans  à  Charles  VII. 

*  BAUDUEU  (Arnaud-Gilles),  né  à 
Peyrusse-Mâssas,  diocèse  d'Auch,  au  mois 
de  mars  1744.  Après  avoir  fait  ses  études 
avec  éclat,  il  fut  directeur  du  séminaire 
d'Auch,  où  il  occupa  la  chaire  de  théolo- 
gie. On  le  nomma  ensuite  curé  dans  sa 
ville  natale.  Ce  pieux  ecclésiastique  mou- 
rut au  mois  de  mars  1787 ,  à  l'âge  de  43 
ans.  On  a  de  lui  :  |  Une  nouvelle  version 
des  Psaumes  de  David,  en  français,  faite 
sur  le  texte  hébreu;  il  y  a  joint  celui  de 
la  Vulgate  et  la  traduction  de  Sacy,  Paris, 
1785,  2  vol.  in-12.  j  La  version  de  l'Ec- 
clésiaste  sur  le  même  texte,  avec  des  ré- 
flexions morales  et  chrétiennes.  |  Un  traité 
sur  la  question  de  savoir  si  l'Eglise  pour- 
rait aujourd'hui,  sans  inconvénient,  faire 
l'office  divin  en  langue  vulgaire;  |  Un 
plan  raisonné  d'une  collection  desmoniv- 
mens  ecclésiastiques,  rédigé  selon  l'ordre 
du  temps,  où  l'on  se  propose  de  montrer, 
1°  quel  a  été  l'enseignement  de  l'Eglise 
depuis  les  temps  apostoliques  jusqu'au 
concile  de  Constance;  2°  quelle  a  été  la 
discipline  ecclésiastique  et  quelles  ont  été 
les  mœurs  des  temps  jusqu'à  cette  épo- 
que. 

*  BAUDUIîV  (  Dominique  ) ,  prêtre  de 
l'Oratoire,  né  à  Liégele  14  novembre  1742, 
et  mort  en  1809,  fut  pendant  long-temps 
professeur  d'histoire  à  Maestricht.  Il  a 
publié  :  |  des  Considérations  surlesguer- 
res  de  commerce,  in-8";  |  Essai  sur  l'im- 
mortalité de  l'âme,  Dijon,  1781,  in-12; 
réimprimé  en  1805  sous  ce  titre  De  Vim- 
mortalité  de  l'homme,  ou  Essai  sur  l'ex- 
cellence de  sa  nature;  \  La  religion  chré- 
tienne justifiée  au  tribunal  de  la  raison 
et  de  la  philosophie ,  Liège,  1788  et  1797  ; 
|  Discours  sur  l'importance  du  ministère 
pastoral,  in-8°. 

*  BAUDUS  (  Hugues- Josepu-Guil- 
laume  ),  l'une  des  victimes  de  la  révolu- 
tion, lieutenant  particulier  du  sénéchal 
de  Cahors,  né  dans  cette  ville  en  1725, 
d'une  famille  distinguée  autant  par  ses 
vertus  que  par  sa  naissance,  soutint  et 
continua  la  réputation  de  sa  famille  dans 
la  charge  de  sénéchal  qu'il  remplit  avec 
l'intégrité,  la  prudence  et  le  désintéresse- 
ment d'un  magistrat  éclairé.  Il  fut  chargé 


BAU  i25 

en  outre  de  la  surveillance  des  cinq  pri- 
sons de  Cahors,  place  qu'il  remplit  en 
bomme  éminemment  chrétien.  Dénoncé 
aux  ennemis  de  l'autel  cl  du  trône,  il  fut 
traduit  au  tribunal  révolutionnaire  le  15 
juin  1794.  La  principale  accusation  por- 
tée contre  lui  était  d'avoir  mis  à  la  fin 
d'une  lettre  :  Priez  pour  le  roi ,  attendu 
qu'il  court  un  grand  danger.  Un  de  ses 
parens  qui  siégeait  dans  la  Convention  , 
malgré  la  diversité  d'opinion  qui  régnait 
entre  eux  ,  fit  ses  efforts  pour  le  sauver  ; 
mais  il  aurait  fallu  que  Baudus  déclarât 
que  la  lettre  n'était  pas  de  lui;  il  ne  vou- 
lut jamais  y  consentir ,  et  il  reconnut 
qu'elle  était  de  son-  écriture.  En  vain  ce 
parent  voulut-il  faire  entendre  que  la 
frayeur  avait  dérangé  sa  tête.  Plût  à  Dieu  J 
répliqua-t-il  vivement,  que  vous  l'eus- 
siez aussi  tranquille  que  moi  !  Ainsi  ce 
digne  magistrat,  martyr  de  la  vérité,  de 
la  foi  et  de  la  royauté,  fut  condamné  à 
mort,  et  exécuté  le  4  juillet  1794. 

*  BAUER  (Charles-Louis  ),  recteur  à 
Hirschberg  ,  en  Silésio ,  né  à  Leipsick,  le 
18  juillet  1750  ,  se  forma  sous  le  célèbre 
Ernesti,  dont  il  fut  un  des  meilleurs  élè- 
ves. Il  commença,  en  1753 ,  à  donner  des 
leçons  sur  les  classiques  anciens,  et  fut 
appelé,  en  1799,  à  Hirschberg,  où  il  mou- 
rut en  1799.  L'étude  approfondie  qu'il 
avait  faite  des  langues  anciennes,  lui  avait 
fait  négliger  sa  propre  langue  ;  il  écrivait 
mieux  en  latin  qu'en  allemand.  Il  a  for- 
mé plusieurs  des  bons  philologues  de 
l'Allemagne.  On  a  de  lui  :  |  Glossarium 
Theodoreteum ,  dans  le  5e  volume  de  l'é- 
dition de  Théodoret,  donnée  par  M. 
Schulze,  Halle,  1769-74,  in-8°;  |  Excer fi- 
la Liviana,  éd.  nouv.,  1801,,  in-8°;  |  Dic- 
tionnaire allemand-latin;  la  5e  édition 
est  de  1805  ,  iu-8°.  C'est  un  ouvrage  esti- 
mé. |  Magasin  d'exercices  pour  appren- 
dre à  écrire  en  latin,  1787-92 ,  in-8°,  et 
un  grand  nombre  de  Dissertations.  II  a 
continué  l'édition  de  Thucydide,  com- 
mencée par  Golleber. 

*  BAUER  (  Jeax-Godefroi  ).  juriscon- 
sulte ,  né  à  Leipsick,  le  i!0  février  1695  , 
mort  le  2  mars  1763.  On  a  de  lui  un  grand 
nombre  de  Dissertalionsinléressantessur 
des  questions  d'hisloir;:  et  de  droit;  entre 
autres  :  De  indole  et  naltirà  investiturœ 
feudalis ,  Leipsick ,  1746 ,  in-4°  ;  j  De  du- 
cibus  et  comitibus  Germaniœ  stib  Mero- 
vingis  et  Carlovingis ,  ibid.  1747,  in-4°; 
|  De  plebeiis  quà  ratione  feuda  equeslria 
comparare possint,  ibid.  1748;  in-4°,  etc 


BATT 

ancienne  et  illustre  famille  de  Bourgo- 
gne dont  les  principaux  membres  sont  : 
NICOLAS,  baron  de  Scnescey,  fut  fait 
grand  prévôt  de  France  sous  Charles  IX: 
il  s'arma  contre  les  protestans  à  la  journée 
de  la  Saint-Barthélémy,  etlivra  au  peuple 
Laplace,  premier  président  delà  cour  des 
aides,  qu'il  avait  fait  sortir  de  chez  lui, 
sous  prétexte  que  le  roi  l'appelait  et  l'a- 
vait excepté  de  la  proscription.  11  combat- 
tit à  Jarnac  et  à  Mon  (contour,  fut  blessé 
dans  ces  deux  batailles,  et  assista  aux  étals 
de  Blois  (  1570,  ) ,  où  il  harangua  Henri 
III  au  nom  de  la  noblesse;  son  discours 
fut  remarquable  par  sa  tolérance.  Nico- 
las est  connu  aussi  comme  savant  :  de 
Thou  vante  sa  science.  On  a  de  lui  une 
traduction  du  Traité  de  la  Providence . 
de  Salvien.  Lyon,  1575,  in-8°  ;  Harangue 
pour  la  noblesse 3  1561;  Proposition  pour 
toute  lano/'lesse  de  France,  1577 '.  Il  mou- 
rut au  château  de  Scnescey,  le  20  février 
1582.  —  CLAUDE  son  fils  ,  gouverneur 
d'Auxonne,  fut  député  de  la  noblesse  aux 
états  de  Blois,  en  1588  :  sa  conduite  etses 
discours  y  furent  conformes  à  la  sagesse. 
Comme  son  père,  il  était  partisan  de  la 
ligue. — HENRI,  fils  de  Claude,,  présida 
la  noblesse  aux  états  généraux  de  1614  : 
il  demanda  l'abolition  de  la  vénalité  des 
charges,  s'opposa  à  la  publication  du  cojï- 
cile  de  Trente;  il  fut  aussi  gouverneur 
d'Auxonne.  Il  avait  été  envoyé  en  ambas- 
sade en  Espagne  en  1617  et  1618.  Il  mou- 
rut à  Lyon,  le  22  octobre  1622.  Son  éloge 
a  été  fait  par  le  Père  Durosier,  minime  , 
sous  le  titre  de  l'immortalité  du  Phénix, 
tirée  de  là  glorieuse  fin  de  mess-ire  Henri 
de  Bauffremonl ,  Lyon  ,  1624 ,  in-8°.  — 
CLAUDE-CIIARLES-ROGER,  frère  du 
précédent,  fut  évéque  de  Troyes  pendant 
21  ans  :  il  succédait  à  Antoine  Caiaccioli, 
qui  se  fil  protestant,  en  1562  :  il  mourut  à 
l'âge  de  64  ans,  â  Scey-sur-Saône  en  Fran- 
che-Comté. —  CLAUDE-PAUL  prit  les 
armes,  et  fit  plusieurs  assemblées  de  no- 
blesse et  de  gens  de  guerre  dans  la  pro- 
vince ,  sous  prétexte  de  vexation.  Lu 
chambre  de  justice  de  Besançon  le  pour- 
suivit, et  il  se  retira  en  France  ,  d'où  il 
revint  à  l'époque  de  la  seconde  conquête 
de  la  Franche-Comté  en  1674. 

BAUGÉ  (  Etienne  de  ) ,  dit  d'Aulun, 
parce  qu'il  fut  fait  évéque  de  cette  vilie 
ea  li  13,  renonça  dans  un  âge  avancé  à 
son  évèché,  pour  se  faire  religieux  dans 
l'abbaye  deCluny,  où  il  mourut  sainte- 
ment entre  les  bras  de  Pierre  le  Véné)  a- 


*  B YUFFREMONT  (  de  ) ,  nom  d'une  |  ble,  abbé  de  ce  monastère.  Il  s'est  fait  con- 


BAU 

naître  bien  avantageusement  par  un 
Traité  sur  les  ordres  ecclésiastiques,  les 
cérémonies  de  la  messe  et  la  réalité  du 
Saint-Sacrement,  qui  se  trouve  dans  la 
Bibliothèque  des  Pères.  Jean-Monteléon, 
chantre  d'Autun,  le  publia  l'an  1517,  sous 
ce  titre  :  Tractatus  de  sacramento  alta- 
ris3  et  Us  quee  ad  illud,  variosque  eccle- 
sice  ministros  pertinent. 

*  BAUGIER  (  Ed.he  ),  seigneur  deBreu- 
vry,  doyen  du  présidial  de  Chàlons-sur- 
Marne,  Eté  vers  l'an  1680,  est  connu  par 
un  ouvrage  estimé ,  intitulé  :  Mémoires 
historiques  de  la  province  de  Champa- 
gne,Châlons,  1721,  2  vol.  in-8°.  Ces  mé- 
moires ,  calqués  sur  ceux  que  M.  Larcher, 
intendant  de  Champagne,  avait  dressés 
en  1608,  sont  inléressans  et  ce  qu'il  y  a 
eu  de  mieux  jusqu'ici  sur  l'ancienne  pro- 
vince de  Champagne.  Baugier  avait  en- 
core fait  une  Histoire  particulière  de  la 
ville  de  Châlons,  qu'il  se  proposait  de 
donner  au  public.  On  ignore  ce  qu'elle  est 
devenue,  ainsi  que  l'époque  delà  mort  de 
l'auteur.  Feut-être  était-il  fils  d'Edme 
Baugier,  médecin  et  conseiller  au  prési- 
dial de  Châlons,  dont  on  a  un  mauvais 
Traité  sur  les  eaux  minérales  d'Altan- 
court,  etc.    Châlons,   169C ,  in-8°. 

BAUHIN  (  Jean  ),  originaire  d'Amiens, 
exerça  la  médecine  à  Bâle  sa  patrie,  avec 
réputation.  Le  duc  de  Wirtemberg-Mont- 
béliard  le  nomma,  en  1570  ,  son  méde- 
cin. Il  mourut  à  Montbéliard,  en  1613,  à 
75  ans.  On  a  de  lui  divers  ouvrages  de 
médecine  et  de  botanique.  Le  plus  connu 
est  son  Historia  planlarum  unwersalis, 
réimprimée  en  1650,  in-fol.  à  Embrun, 
avec  différentes  additions.  Chabrée  en  a 
publié  un  abrégé  sous  le  titre  de  Sciagra- 
2)hia  qui  réunit  toutes  les  figures  en  un 
seul  volume  recherché,  parce  qu'il  donne 
tout  ce  qu'il  y  a  d'important  sur  la  no- 
menclature et  le  nombre  des  espèces  qui 
sont  dans  l'ouvrage  original.  Son  père 
Jean  BAUHIN  s'était  retiré  àBàl"e,  pour  y 
professer  plus  librement  le  calvinisme. 

BAUHIN  (  Gaspaud  ),  frère  du  précé- 
dent, né  en  1560,  fut  premier  médecin  du 
duc  de  Wirtemberg.  Il  professa  la  méde- 
cine et  la  botanique  à  Bâle  où  il  mourut, 
en  162/*,  âgé  de  65  ans.  Celait  un  homme 
savant,  mais  vain  et  présomptueux.  On 
a  de  lui  :  |  Inslilutiones  anato?nicœ,Bà.le, 
1604,  in-8";  |  Theatrum  botanicum,  Bâle, 
1663,  in-fol.  |  Traité  des  hermaphrodites, 
enlalin,  161/t,  in-8°,  peu  commun:  \Pinax 
ihealri  bolanici,  Francfort ,  1671 ,  in-4°; 
J  et  d'autres  ouvrages  en  latin ,  justement 


126  BAU 

estimés  de  leur  temps  et  qui  méritent 
encore  de  l'être  aujourd'hui.  On  l'appelle 
dans  son  épitaphe ,  le  Phénix  de  son 
siècle,  pour  l'analomie  et  la  botanique. 
Gaspard  laissa  un  fils  nommé  Jean-Gas- 
pard ,  qui  marcha  sur  ses  traces  ;  il  pro- 
fessa à  Bâle ,  fut  consulté  d'une  partie  de 
l'Europe,  et  publia  le  premier  volume  du 
Theatrum  botanicum  de  son  père. 

BAULDRI  (  Paul  ) ,  professeur  d'his- 
toire sacrée  à  Utrecht,  né  à  Rouen  l'an 
1639,  était  gendre  de  Henri  Basnage,  père 
du  célèbre  Jacques  Basnage.  Il  a  donné 
au  public  :  |  une  édition  du  traité  de  Lac- 
tance  :  De  morte  persecutorum ,  avec  des 
notes  savantes,  Utrecht,  1692.  Il  y  justifie 
plus  d'une  fois  Laclance  contre  les  vaines 
critiques  de  Jacques  Tollius;  il  admet 
l'arrivée  de  saint  Pierre  à  Rome,  attes- 
tée ici  par  Lactance,  et  contestée  si 
peu  judicieusement  par  la  plupart  des 
protestans.  Tout  ce  que  renferme  l'édi- 
tion de  Bauldri  a  passé  dans  le  2S  volume 
de  celle  que  Langlet  du  Fresnoy  a  don- 
née à  Paris  en  17/»8,  2  vol.  in-4°.  |  Une 
nouvelle  édition  d'un  petit  ouvrage  de 
Furetière,  intitulé  :  Histoire  des  derniers 
troubles  arrivés  au  royaume  d'éloquence* 
Utrecht,  1703 ,  in-12;  |  Syntagma  kalen- 
dariorum,  etc.,  Utrecht,  1706,  in-folio  : 
tout  ce  qui  concerne  les  différens  calen- 
driers est  ici  rédigé  en  tables ,  par  les- 
quelles on  trouve  facilement  à  quels 
jours  sont  arrivés  les  événemens  dont  il 
est  parlé  dans  l'histoire;  |  plusieurs  dis- 
sertations répandues  dans  différens  jour- 
naux. Il  mourut  en  1706. 

*  BAULME  (  Jea\  de  la  ),  ST.-AMOUR, 
seigneur  de  Martorey,  né  en  Franche- 
Comté,  en  1559, doit  être  mis  au  nombre 
des  enfans  célèbres.  Il  apprit  le  grec  et  le 
latin,  de  Gilbert  Cousin,  qui  lui  fit  faire 
de  grands  progrès  dans  ces  deux  langues. 
Il  s'appliqua  aussi  à  la  poésie  latine ,  et, 
en  1551,  il  fit  imprimer  ses  premiers  es- 
sais en  ce  genre,  sous  le  titre  suivant  : 
|  Primitiœ  quœdam generosissimi  ae  verâ 
nobilitate  prœslanlissimi  adolesc.  Joan- 
nis  à  Bal  ma ,  œtatis  suœ  duodecimo.  En 
1553,  il  publia  un  petit  vol.  in-8°  intitulé  : 
[  Miscellanèes;  |  un  Dialogue  en  vers  fran- 
çais ,  sur  le  trépas  de  dame  Antoine  de 
Monlmarlin,  et  quelques  autres  petites 
pièces.  M.  Grappin  (  Histoire  abrégée  dit 
comté  de  Bourg.  ),  lui  attribue  un  autre 
ouvrage  intitulé  :  Epicedia ,  imprimé  en 
1559.  Suivant  Duverdier,  il  avait  traduit 
en  français  Y  Histoire  naturelle  de  Solin, 
et  la  Vie  de  l'empereur  Charles-Quint, 


BAU 

écrite  en  italien ,  par  Louis  Dolce.  Ces 
deux  derniers  ouvrages  n'ont  point  été 
imprimés.  On  ignore  l'époque  de  sa  mort; 
mais  il  est  certain  qu'il  mourut  jeune, 
puisqu'il  ne  vivait  plus  en  1579. 

BAULOT  ouBAULIEU  (Jacques  ou 
frère  Jacques  ),  célèbre  lithotomiste,  na- 
quit en  1651  à  TEtendonnc,  hameau  de  la 
paroisse deBeaufort,aubailliage  de  Lons- 
le-Saunier  en  Franche-Comté ,  de  parens 
fort  pauvres.  Illes  quitta  de  bonne  heure, 
pour  prendre  parti  dans  un  régiment  de 
cavalerie.  Il  servit  quelques  années ,  et 
lit  connaissance  avec  un  certain  Pauloni , 
chirurgien  empirique,  très  connu  pour 
tailler  les  malades  attaqués  de  la  pierre. 
Après  avoir  pris  cinq  ou  six  années  des 
leçons  sous  ce  charlatan ,  il  se  rendit  en 
Provence.  Ce  fut  là  qu'il  commença  à  por- 
ter une  espèce  d'habit  monacal,  qui  ne 
ressemblait  à  aucun  vêtement  religieux  ; 
et  il  ne  fut  plus  connu  depuis,  que  sous  le 
nom  de  frère  Jacques.  De  Provence  il 
passa  en  Languedoc,  ensuite  dans  le  Rous- 
sillon,  et  de  là  dans  les  différentes  pro- 
vinces de  la  France.  Enfin  il  se  rendit  à 
Paris,  qu'il  quitta  bientôt  pour  continuer 
ses  courses.  Il  parut  à  Genève,  à  Aix-la- 
Chapelle,  à  Amsterdam,  et  opéra  partout. 
Ses  succès  furent  assez  variés  ;  non  seule- 
ment sa  méthode  n'était  pas  uniforme, 
mais  l'anatomie  était  inconnue  à  cet  in- 
ciseur  téméraire.  Il  ne  voulait  prendre 
aucun  soin  des  malades  après  l'opération, 
disant  :  J'ai  tiré  la  pierre  _,  Dieu  guérira 
la  plaie.  L'expérience  lui  ayant  appris 
depuis  que  les  pansemens  et  le  régime 
étaient  nécessaires,  ses  traitemens  furent 
constamment  plus  heureux.  A  peine  frère 
Jacques  avait  quitté  la  Hollande ,  que  sa 
méthode  passa  en  Angleterre,  et  fut  adop- 
tée par  Cheselden,  qui  la  porta  à  sa  der- 
nière perfection  :  de  là  vient  qu'elle  fut 
appelée  Y  Opération  anglaise,  quoiqu'elle 
appartienne  incontestablement  aux  Fran- 
çais. En  reconnaissance  des  cures  nom- 
breuses que  cet  opérateur  avait  faites  à 
Amsterdam,  les  magistrats  de  la  ville 
firent  graver  son  portrait,  et  frapper  une 
médaille,  sur  la  face  de  laquelle  était  son 
buste.  Enfin,  après  avoir  paru  à  la  cour  de 
Vienne  et  à  celle  de  Rome,  il  choisit  une 
retraite  auprès  de  Besançon,  pour  ne  plus 
s'occuper  que  de  la  religion  ,  et  des  véri- 
tés saintes  dont  il  avait  toujours  été  pé- 
nétré. Il  y  mourut  le  7  décembre  1714, 
dans  les  sentimens  d'un  homme  de  bien, 
dont  la  vie  avait  été  consacrée  au  soula- 
gement de  l'humanité.  L'histoire  de  cet 


427  BAU 

hermite  a  été  écrite  par  M.  Vacher,  chi- 
rurgien-major des  armées  du  roi,  et  im- 
primée à  Besançon  en  1756,  in-12. 

"  BAUMCHEN,  sculpteur  allemand, 
qui  vivant  dans  l'opulence  chez  l'étranger, 
préféra  la  pauvreté  dans  son  pays.  Né  à 
Dusscldorf ,  il  était  allé  en  Russie,  où  ses 
talens  furent  employés  par  l'empereur 
Paul  I ,  qui  reconnut  en  lui  un  artiste  dis- 
tingué :  Baumchen  fit  des  statues  qui  em- 
bellissent encore  les  palais  du  czar  ;  et 
amassa  des  richesses.  Mais  à  la  vue  de 
son  compatriote  le  P.  Mayer,  jésuite  et  as- 
tronome, l'amour  de  la  patrie  se  réveilla 
dans  l'âme  de  Baumchen ,  qui  vint  à  Man- 
heim  ,  d'où  sa  famille  était  originaire  :  il 
y  obtint  une  modique  place ,  qui  put  à 
peine  suffire  à  son  existence  :  plus  tard , 
il  fut  obligé  de  faire  des  cadres  pour  des 
tableaux;  il  mourut  en  juillet  1789. 

BAUME  (Pierre  de  la) ,  évèque  de  Ge- 
nève en  1523,  se  vit  chassé  de  son  siège 
par  les  calvinistes  en  1535.  Cet  évèché  fut 
transféré  à  Annecy  par  Paul  III ,  qui 
nomma  la  Baume  cardinal  et  ensuite 
archevêque  de  Besançon  :  il  mourut  en 
1544. 

BAUME  (Claude  de  la) ,  neveu  et  suc- 
cesseur du  précédent  dans  l'archevêché 
de  Besançon ,  préserva  son  troupeau  des 
erreurs  de  Calvin.  Grégoire  XIII  le  fit 
cardinal  en  1578.  Il  mourut  à  Arbois  en 
1584.  Les  gens  de  lettres  perdirent  en  lui 
un  zélé  protecteur. 

BAUME  (Nicolas -Auguste  de  la), 
marquis  de  Montrevel ,  maréchal  de  Fran- 
ce en  1703,  était  de  la  famille  des  deux 
précédens.  Il  fut  envoyé  contre  les  Cami- 
sards ,  qu'il  battit  en  plusieurs  occasions , 
sans  pouvoir  les  réduire.  11  mourut  à  Pa- 
ris, en  1716.  Celte  maison  ,  une  des  plus 
illustres  du  royaume ,  est  originaire  de 
Bresse.  Elle  a  produit  plusieurs  hommes 
illustres. 

BAUME (  Jacques-Fraxçois de  la),  cha- 
noine de  la  collégiale  de  Saint-Agricole 
d'Avignon ,  naquit  à  Carpentras  dans  le 
Comtat-vcnaissin,  en  1704.  Son  goût  décidé 
pour  les  belles-lettres  l'entraîna  à  Paris. 
Après  y  avoir  fait  quelque  séjour,  il  lit 
paraître  une  petite  brochure  intitulée  : 
Eloge  de  la  paix  J  dédié  à  l'académie  fran- 
çaise. C'est  l'ouvrage  d'un  plat  rhéteur.  Il 
a  la  forme  de  sermon,  d'ode  et  d'épopée  , 
et  n'a  le  mérite  d'aucun  de  ces  genres. 
Son  peu  de  succès  n'empêcha  point  cet 
écrivain  de  méditer  un  ouvrage  de  plus 
longue  haleine.  Il  porta  jusque  dans  sa 
province  l'idée  de  son  dessein,  et  c'est  ls 


BAU 


128 


BAU 


qu'il  l'acheva.  La  Christiade,  dont  nous 
voulons  parler,  occasiona  à  son  auteur 
un  second  voyage  à  Paris.  Il  y  retourna, 
pour  faire  imprimer  ce  poème  en  prose  , 
en  6  vol.  in-12,  1755.  L'ouvrage,  bien 
exécuté  quant  à  la  partie  typographique , 
est  écrit  d'un  style  pompeux  et  figuré  , 
qui ,  loin  d'échauffer  le  lecteur,  le  refroi- 
dit. Il  y  a  d'ailleurs  de  très  grandes  indé- 
cences ,  et  l'Ecrituro  sainte  y  est  étrange- 
ment travestie  :  on  y  voit  Jésus-Christ 
lente  par  la  Madeleine.  Cette  bizarre  pro- 
duction fut  flétrie  par  arrêt  du  parlement 
de  Paris ,  et  l'auteur  condamné  à  une 
amende.  Il  mourut  peu  de  temps  après  , 
en  1756,  dans  cette  même  ville.  Il  a  fait 
quelques  autres  opuscules ,  comme  les 
Saturnales  françaises ,  1756  ,  2  vol.  in-12, 
et  il  a  travaillé  pendant  plus  de  dix  ans  au 
Courrier  d'Avignon. 
BAUME.  Voyez  VALLIÈRE. 

*  BAUME  (Antoine-Gilbert  GRIFFET 
de  la).  Voyez  GRIFFET. 

*  BAUME  (Antoine)  ,  célèbre  pharma- 
cien de  Paris,  et  professeur  de  chimie , 
de  l'académie  des  sciences ,  était  fils  d'un 
aubergiste  et  naquit  à  Senlis  en  1728.  Les 
arts  lui  doivent  plusieurs  découvertes  uti- 
les, lia  rédigé  des  mémoires  très  intéres- 
sans  sur  la  cristallisation  des  sels,  sur  les 
phénomènes  de  la  congélation,  sur  ceux 
de  la  fermentation ,  sur  les  combinaisons 
et  les  préparations  du  soufre ,  de  l'opium , 
du  mercure ,  de  l'acide  boracique ,  du  pla- 
tine et  duquinquina  ;  il  a  publié  des  recher- 
ches sur  les  oxides  métalliques ,  les  acéta- 
tes alkalins ,  l'émétique ,  les  fécules  et 
les  extraits.  Baume  écrivît  aussi  dans  le 
Dictionnaire  des  arts  et  métiers  plus  de 
428  articles.  Déjà  on  lui  devait  une  mé- 
thode pour  teindre  les  draps  de  deux  cou- 
leurs ,  un  moyen  de  dorer  les  pièces  d'hor- 
logerie ,  un  autre  pour  éteindre  les  iiii*en- 
dies  et  un  autre  pour  conserver  le  blé  , 
des  observations  sur  la  fabrication  des  sa- 
vons ,  etc.  Il  avait  fait  avec  Macquer  plus 
de  mille  expériences  pour  rendre  notre 
porcelaine  égale  à  celle  du  Japon.  Il  éleva , 
le  premier  en  France ,  un*  manufacture 
de  sel  ammoniac  ,  et  le  premier,  il  blan- 
chit, par  un  procédé  de  son  invention, 
les  soies  jaunes  sans  les  écruer,  affran- 
chissant ,  par  ces  deux  arts ,  son  pays  des 
tributs  qu'il  payait  à  l'Egypte  et  à  l'Inde. 
Baume  perfectionna  encore  la  teinture 
écarlate  des  Gobelins ,  et  donna  un  pro- 
cédé économique  pour  la  purification  du 
Salpêtre.  La  révolution  détruisit  l'aisance 
que  ses  nombreux  travaux  lui  avaient  ac- 


quise ,  et  Baume  rentra  alors  dans  la  car- 
rière commerciale.  Il  mourut  le  15  octobre 
1804  âgé  de  76  ans.La  plupart  de  ses  travaux 
sont  consignés  dans  les  Mémoires  de  l'aca- 
démie. Il  a  laissé  :  |  Dissertation  sur  l'éther, 
Paris,  1757,  in-12;  |  Plan  d'un  cours  de 
chimie  expérimentale ,  en  société  avec 
Macquer,  Paris,  1757,  in-12;  |  Manuel  de 
chimie  ,  Paris ,  1766 ,  in-12  ;  |  Mémoire  sur 
les  Argiles ,  Paris ,  1770 ,  in-8°  ;  |  Mémoire 
sur  la  meilleure  manière  de  construire  les 
alambics  pour  la  distillation  des  vins  3  Pa- 
ris ,  1778 ,  in-8°  ;  |  Opuscules  de  chimie, 
Paris,  an  VI  (1798),  in-8°;  |  Elémens  de 
pharmacie  théorique  et  pratique ,  1  vol. 
in-8°,  imprimé  en  1762 ,  et  réimprimé  plu- 
sieurs fois.  La  8e  édition  a  paru  en  l'an  V 
(1797)  en  2  vol.  in-8°,  avec  un  appendice. 
On  en  a  fait  des  contrefaçons.  |  Chimie  ex- 
périmentale et  raisonnée ,  5  vol.  in-8°, 
Paris ,  1775 ,  ouvrage  très  utile  à  consulter 
pour  la  pratique  des  opérations,  mais  qui 
n'est  pasà  la  hauteur  de  nos  connaissances 
théoriques.  Les  élémens  de  pharmacie  of- 
frent encore  un  excellent  dispensaire  , 
écrit  avec  ordre,  précision  et  simplicité. 
BAUMELLE.  Voyez  BEAUMELLE. 

*  BAUMER  (Jean -Guillaume)  ,  d'a- 
bord ecclésiastique  puis  médecin,  né  à 
Rheweiler  en  Franconic,  en  1719.  Il  pro- 
fessa long-temps  son  art  à  Erfurt  puis  à 
Giessen  :  il  mourut  en  1788.  Ses  princi- 
paux ouvrages  sont  :  |  Une  histoire  natu- 
relle du  règne  minéral,  avec  des  obser- 
vations particulières  sur  la  Thuringe ,  2 
vol.  in-8°,  en  allemand ,  Gotha  ,  1763,  avec 
20  planches  ;  |  Une  histoire  naturelle  des 
pierres  précieuses ,  ainsi  que  des  terres 
et  des  pierres  en  usage  dans  la  médecine  , 
Francfort,  1771,  in-8°,  en  latin;  |  Fun- 
damenta  geographiœ  et  hydrographiœ 
subterrancœ ,  Giessen,  1779,  in-8°,  avec 
cinq  planches;  |  Une  histoire  naturelle  du 
règne  minéral ,  aussi  en  latin  ,  Francfort , 
1780,  in-8°,  avec  5  planches;  ouvrage  sa- 
vant, mais  peu  élémentaire. 

*  BAUMES  (  Jj:  vx -Baptiste -Théo- 
dore ) ,  médecin  et  professeur  à  la  faculté 
de  médecine  de  Montpellier,  mort  en  1815. 
Il  a  publié  un  grand  nombre  d'ouvrages  : 
|  Des  convulsions  des  en  fans, leurs  causes 
et  leur  traitement  ,1789 ,  in-8°;  une  nouvelle 
édition  augmentée  a  paru  en  1805  ,  2  voL 
in-8°;  |  Traité  de  la  phthisie  pulmonaire , 
2':  édition,  revueetaugmentée,  Paris,  1805, 
2  vol.  in-8°  ;  |  Essai  d'un  système  chimi- 
que de  la  science  de  l'homme ,  1798,  in-8"; 
|  Fondemens  de  la  science  méthodique  des 
maladies  t  pour  servir  de  suite  à  l'essai 


BAU  129 

d'un  système  chimique  de  la  science  de 
l'homme,  Montpellier,  1801 ,  4  vol.  in-8°, 
reproduit  en  1816  sous  le  titre  de  Traité 
élémentaire  de  pathologie.  L'auteur  a 
voulu  établir  dans  cet  ouvrage  une  théorie 
pathologique,  fondée  sur  la  chimie,  mais 
son  système  a  trouvé  peu  de  partisans. 
|  Topographie  de  la  ville  de  Nimes  et  de 
sa  banlieue  ,  Nîmes ,  1802 ,  in-4°  :  Traité 
sur  le  vice  scrofuleux  ,  et  sur  les  mala- 
dies qui  en  proviennent ,  2e  édition,  1805, 
in -8°  :  |  des  Notices  nécrologiques ,  Mont- 
pellier, 1813,  in-8°;  |  Timoléon,  tragédie 
en  cinq  actes  et  en  vers  ;  ]  Histoire  et  mé- 
moires delà  société  de  médecine-pratique 
de  Montpellier,,  année  1816 ,  Montpellier, 
1817,  4  vol.  in-8°;  |  Traité  des  fièvres  ré- 
mittentes et  des  indications  qu'elles  four- 
nissent pour  l'usage  du  quinquina  ,  Mont- 
pellier, 1821 ,  in-S°  ;  |  une  édition  des  ou- 
vrages de  Siden/usrn  à  laquelle  il  a  ajouté 
un  grand  nombre  de  notes.  On  a  encore 
de  lui  des  éloges  parmi  lesquels  on  dis- 
tingue celui  de  Barthez ,  plusieurs  mé- 
moires qui  ont  été  couronnés  par  la  fa- 
culté de  médecine  de  Paris ,  et  quelques 
autres  ouvrages.  Il  a  aussi  donné  de  nom- 
breux articles  au  Journal  de  la  société  de 
médecine  de  Montpellier*  dont  il  a  été  le 
fondateur  et  le  rédacteur  principal. 

*  BAUMGARTEN  (  Jacques  -  Sigis- 
mond)  ,  théologien  luthérien,  né  près  de 
Magdehourg  en  1706 ,  professa  la  théologie 
à  Hall,  et  mourut  dans  celte  ville  en  1757; 
ses  principaux  ouvrages  sont  :  |  Théologie 
morale,  in-8°;  |  Abrégé  de  l'histoire  ec- 
clésiastique depuis  /.-C.,Hall,  1745,  5 
vol.  in^8°;  |  des  traductions  de  l'Histoire 
générale,  publiée  en  Angleterre  par  une 
société  de  gens  de  lettres,  Hall,  1744  à 
1756,  16  vol.  in-8°;  |  de  l'Histoire  d'An- 
gleterre de  Rapin-Thoiras ,  1757  ;  de  l'His- 
toire d'Espagne ,  de  Ferreras,  avec  les 
additions  de  la  traduction  française  ,  ibid., 
in-4°,  etc.  —  Son  frère  Alexandre-Théo- 
phile ,  professeur  de  logique  ,  de  mathéma- 
tiques et  de  droit  naturel  à  Hall ,  ne  à  Ber- 
Jin  en  1714,  et  mort  en  1762,  se  montra 
partisan  des  principes  dé  Woif.  Ses  prin- 
cipales productions  sont  :  Dispulationes 
de  nonnullis  ad  poemapertinenlibus ,  Hall, 
1735  ,  in-4°  ;  |  Metaphysica  ,  ibid.  1763  ; 
|  FAhica philos.,  ibid.,  1762,  etc. 

BAU  NE  (Jacques  de  la) ,  naquit  à  Pa- 
ris en  1649.  Il  entra  chez  les  jésuites,  où 
il  professa  les  humanités  avec  succès.  Il 
mourut  en  1725.  On  a  de  lui  des  poésies 
et  des  harangues  en  latin ,  un  recueil  des 
opuscules  du  Père  Sirmond,  5  vol.  in-fol., 


BAU 

Paris,  1696,  Venise,  1729,  qu'il  enrichit 
de  la  vie  de  l'auteur;  Panegyrici  veleres 
adusum  Dclphini,  Paris,  1676,  in-4°,  et 
d'autres  écrits. 

BAUR  (Jean-Guillauhe),  peintre  et 
graveur  de  Strasbourg ,  mourut  à  Vienne 
en  1640 ,  âgé  de  50  ans.  Il  a  excellé  dans 
les  paysages  et  dans  les  tableaux  d'archi- 
tecture. Ses  sujets  sont  des  vues,  des  pro- 
cessions, des  marchés,  des  places.  On  a 
de  lui  :  |  un  recueil  d'estampes  sous  le  ti- 
tre &  Iconographie ,  Augsbourg,  1632; 
|  des  Batailles ,  1635;  [  des  Jardins,  1636; 
j  des  Métamorphoses ,  Vienne,  1641,  in- 
fol.  On  trouve  dans  ses  ouvrages  du  feu , 
de  la  force ,  de  la  vérité  ;  mais  ses  figures 
sont  courtes. 

*  BAUSSET  (Louis-François  de),  an- 
cien évêque  d'Alais ,  et  cardinal,  né  le  14 
décembre  1748,  àPondichéri ,  où  son  père, 
le  marquis  de  Bausset,  était  placé  à  la  tête 
de  l'administration  avec  le  titre  de  grand- 
voyer.  On  le  fit  passer  en  France  à  l'âge 
de  12  ans,  et  son  oncle  l'évêque  de  Bé- 
ziers ,  auquel  il  était  adressé ,  le  plaça  d'a- 
bord chez  les  jésuites  du  collège  de  la  Flè- 
che, ensuite  au  séminaire  de  Saint-Sul- 
pice  où  il  fit  ses  cours  de  philosophie  et 
de  théologie.  A  peine  fut-il  ordonné  prê- 
tre, que  M.  de  Boisgelin ,  archevêque 
d'Aix,  le  nomma  son  grand-vicaire,  et 
M.  de  Bausset  conserva  toujours  pour  lui 
la  plus  tendre  reconnaissance.  11  regardait 
comme  un  bonheur  d'avoir  passé  plusieurs 
années  à  l'école  de  cet  illustre  prélat,  et 
il  a  rendu  compte  lui-même ,  dans  un 
écrit  qu'il  consacra  à  sa  mémoire  ,  des 
soins  qu'il  prit  pour  former  sa  jeunesse  , 
lui  inspirer  le  goût  de  l'étude  et  lui  ap- 
prendre à  écrire  avec  pureté  et  avec  mé- 
thode. En  1778  il  fut  envoyé  comme  ad- 
ministrateur dans  le  diocèse  de  Digne  sous 
le  titre  de  vicaire-général,  et  il  parvint  à 
rétablir  la  paix  dans  ce  diocèse  qui  était  li- 
vré aux  plus  grands  troubles  ;  enfin  il  fut 
sacré  évêque  d'Alais  le  12  juillet  1784.  Il 
siégea  en  cette  qualité  aux  états  du  Lan- 
guedoc, et  fut  un  des  députés  ebargés  de 
porter  au  pied  du  trône  les  cahiers  des 
états.  Il  eut  l'honneur  de  haranguer  le  roi 
et  toute  la  famille  royale.  Ces  discours 
étaient  d'ordinaire  aussitôt  oubliés  que 
prononcés  :  ceux  de  Bausset ,  au  nombre 
de  sept,  furent  remarqués,  particulière- 
ment celui  qu'il  adressa  à  Mmc  Eli/.abeth , 
sœur  de  Louis  XVI ,  qui  fut  cité  comme 
un  modèle  de  goût  et  de  délicatesse  ;  on 
le  trouve  dans  le  Conservateur  de  1787 , 
lome  2,  page  275.  11  assista  aux  deux  ai- 


BAH  iôO  BAU 

semblées  des  notables  de  1787  el  1788,  I  mandé  qu'elles  fussent  modestes.  Soncorps 
mais  il  ne  fut  point  appelé  aux  états  gêné-    a  été  porté  dans  l'église  des  Carmélites  de 


raux.  Cette  assemblée  ayant  décrété  lasup 
pression  de  l'évêché  d'Alais ,  le  prélat  crut 
devoir  déclarer  par  une  lettre  du  12  juil- 
let 1790 ,  que  ce  décret  ne  pouvait  briser 
les  liens  qui  l'attachaient  à  son  église.  La 
même  année,  il  envoya  son  adhésion  à 
l'exposition  des  princi}ies  sur  la  constitu- 
tion civile  du  clergé  par  les  évêques  dé- 
putés à  l'Assemblée  nationale  et  rédigée 
par  M.  de  Boisgclin.  Il  publia  même  divers 
actes  analogues  dans  lesquels  il  s'unissait 
aux  principes  et  aux  déterminations  adop- 
tés par  la  majorité  de  ses  collègues.  Vers 
la  fin  de  1791  il  émigra  en  Suisse ,  mais  il 
se  détermina  à  revenir  à  Paris  le  mois  de 
septembre  suivant.  Il  y  fut  arrêté  et  ren- 
fermé au  couvent  de  Port-Royal,  trans- 
formé en  prison  ;  il  eut  cependant  le  bon- 
heur d'échapper  au  tribunal  révolution- 
naire ,  et  il  recouvra  sa  liberté  après  le  9 
thermidor.  Alors  il  se  retira  dans  une 
maison  de  campagne  de  Mme  de  Bassom- 
pierre  située  à  Villemoisson ,  près  de 
Longjumeau ,  où  il  passait  la  plus  grande 
partie  de  l'année ,  ne  faisant  à  Paris  que 
quelques  voyages  rares  et  courts  pour 
visiter  ses  amis  ,  et  particulièrement 
M.  Ernery  qu'il  avait  choisi  pour  guide  de 
sa  conscience ,  et  avec  lequel  il  conserva 
toujours  des  rapports  intimes.  Lorsque 
Pie  VII  demanda  aux  évêques  de  France 
leur  démission  ,  l'évêque  d'Alais  s'em- 
pressa d'envoyer  la  sienne.  Le  12  avril 
1806  il  fut  nommé  chanoine  de  Saint-De- 
nis, puis  conseiller  titulaire  de  l'univer- 
sité. Après  le  retour  du  roi ,  deux  com- 
missions d'évêques  furent  formées  suc- 
cessivement pour  s'occuper  des  affaires 
de  l'église,  et  de  Bausset  en  fut  membre. 
Il  s'y  distingua  par  sa  sagesse  et  sa  modé- 
ration ;  mais  ces  deux  commissions  eurent 
peu  de  résultat.  Le  roi  lui  donna,  le  17  fé- 
vrier 1815 ,  la  présidence  du  conseil  royal 
de  l'instruction  publique  ;  par  décret  du 
50  mars ,  Napoléon  le  nomma  de  nouveau 
conseiller  titulaire  de  l'université  ;  Baussei 
fut  nommé  pair  de  France  au  mois  d'août 
1815.  En  1816  il  fut  admis  à  l'académie 
française.  Enfin  il  obtint  le  chapeau  de 
cardinal  dans  le  consistoire  du  28  juillet 
1817 ,  et  le  roi  attacha  le  titre  de  duc  à  la 
pairie  du  prélat.  Il  fut  encore  nommé  com- 
mandeur de  l'ordre  du  Saint-Esprit  et  mi- 
nistre d'état ,  après  la  mort  du  cardinal 
de  la  Luzerne.  La  mort  l'enleva  le  21  juin 
1824 ,  et  ses  obsèques  furent  célébrées  avec 
beaucoup  de  pompe ,  quoiqu'il  eût  de- 


la  rue  de  Vaugirard ,  pour  être  placé  à 
côté  de  celui  du  cardinal  de  la  Luzerne 
et  du  vertueux  abbé  Legris-Duval.  Son 
éloge ,  lu  à  la  chambre  des  pairs ,  a  été 
imprimé  dans  le  Moniteur  et  par  ordre  de 
la  chambre.  Il  y  a  aussi  plusieurs  notices 
sur  sa  personne  ,  parmi  lesquelles  on  dis- 
lingue celle  qui  fut  imprimée  à  Paris  chea 
Ad.  Lcclerc,  1824,  in-8°,  qui  avait  déjà  été 
insérée  dans  L'Ami  de  la  religion  et  du 
roiJ  tome  40 ,  page  273  et  369 ,  et  celle  que 
l'on  a  imprimée  à  Marseille ,  in-8° ,  de  72 
pages,  que  l'on  peut  trouver  à  la  même 
adresse ,  intéressante  particulièrement  par 
les  lettres  du  cardinal  à  l'auteur,  qui  s'y 
trouvent  imprimées  en  grand  nombre. 
On  a  de  lui  :  |  une  Lettre  à  M.  le  curé 
de...  1790,  in-8°,  par  laquelle  il  adoptait 
l'instruction  pastorale  de  M.  l'évêque  de 
Boulogne,  du  24  octobre,  sur  l'autorité 
de  l'Eglise,  où  il  ajoute  quelques  réflexions 
également  solides  et  mesurées  sur  les  nou- 
veaux décrets ,  et  dans  laquelle  il  prend 
des  mesures  pour  l'administration  de  son 
diocèse  pendant  le  schisme  ;  |  Réflexions 
sur  la  déclaration  exigée  des  ministres 
du  culte  par  la  loi  du  7  vendémiaire  an 
IF;  |  Exposé  des  principes  sur  le  ser~ 
ment  de  liberté  et  d'égalité  J  et  sur  la  dé- 
claration exigée  des  ministres  du  culte 
par  la  loi  du  7  vendémiaire  an  IV^  pu- 
blié avec  un  avertissement  de  M.  Emery, 
Paris ,  1796 ,  in-8°;  |  Notice  historique  sur 
Son  Eminence  monseigneur  le  cardinal 
Boisgelin,  archevêque  de  Tours  ^ynr  un 
de  ses  anciens  grands-vicaires,  publiée 
par  M.  de  Grouzeilles,  évoque  de  Quim- 
per,  Paris,  1804,  in-12.  Cette  notice  a  été 
placée  en  tête  des  oeuvres  du  cardinal  de 
Boisgelin.  |  Histoire  de  Fénélon,  compo- 
sée sur  les  manuscrits  originaux ,  Ver- 
sailles ,  1808 ,  5  vol.  in-8°  ;  3e  édition ,  Pa- 
ris, 182 J ,  4  vol.  in-12;  4e  édition,  1823, 
4  vol.  in-12,  et  Besançon,  1830,  4  vol. 
in-8°ou  in-12.  Cet  ouvrage  fut  désigné  en 
1810  par  l'institut  comme  méritant  le  se- 
cond grand  prix  décennal  de  seconde 
classe ,  pour  le  meilleur  livre  de  biogra- 
phie. «  L'ouvrage,  disait  le  jury,  est  écrit 
»  partout  avec  le  ton  de  noblesse  et  de  di- 
»  gnité  qui  est  propre  à  l'histoire  ;  on  y 
»  désirerait  seulement  un  peu  plus  de  cette 
»  onction  douce  et  pénétrante  qui  con- 
»  vient  à  l'histoire  de  Fénélon.  Le  style 
»  en  est  en  général  pur,  correct  et  élégant , 
»  quoiqu'on  y  puisse  remarquer  quelques 
»  taches.  La  narration  manque  quelque- 


BAU  1 

»  fols  de  rapidité  ,  mais  jamais  de  clarté , 
»  et  rarement  d'intérêt;  attachante  par  le 
»  ton  de  sincérité  qui  y  règne ,  elle  est  se- 
p  tuée  de  réflexions  toujours  justes,  ja- 
»  mais  ambitieuses,  qui  servent  à  relever 
»  les  détails  e*.à  jeterdu  jour  sur  les  faits.  » 
|  Histoire  de  J.-B.  Bossiœt ,  évêque  de 
jfeaux ,  composée  sur  les  manuscrits  ori- 
ginaux,  Paris,  1814,  k  vol.  in-8°;  2e  édi- 
tion, revue  et  corrigée,  1819,  k  vol.  in-8° 
ou  in-12;  Besançon,  1831,  4  vol.  in-8°  ou 
in-12.  Ce  second  ouvrage  eut  peut-être 
un  succès  moins  brillant  que  le  premier. 
Peut-être  aussi  est-il  un  peu  moins  tra- 
vaillé et  offre-t-il  plus  de  longueurs  ;  mais 
il  n'en  est  pas  moins  un  beau  monument 
élevé  à  la  gloire  d'un  grand  évoque  ,  et  il 
honore  la  sagesse  et  le  talent  de  son  au- 
teur. |  Notice  sur  la  vie  de  l'abbé  Legris- 
Duval  ,  prédicateur  ordinaire  du  roi,  en 
tète  de  ses  sermons,  Paris,  1820,  2  vol. 
in-12  ;  |  Notice  histoiHque  sur  Son  Emi- 
nence  monseigneur  A.  A.  de  Talleyrand , 
cardinal  de  Périgord,  archevêque  de  Fa- 
ris  ,  1821 ,  in-8°  ;  |  Notice  sur  M.  le  duc  de 
Richelieu,  qui  fut  lue  par  M.  de  Pastoret 
dans  la  séance  de  la  chambre  des  pairs  du 
8  juin  1822,  Paris,  in-8°.  Il  se  proposait 
de  donner  une  histoire  du  cardinal  de 
Fleury,  et  il  avait  à  cet  effet  réuni  beau- 
coup de  matériaux  ;  mais  les  accès  de  sa 
goutte  devenant  plus  frequens  et  le  met- 
tant souvent  dans  l'impossibilité  de  faire 
usage  de  ses  mains ,  le  forcèrent  de  renon- 
cer à  ce  travail. 

*  BAUSSET  (  Pierre-  François  -Ga- 
briel-Raymond -Igxace-Ferduvam>  de 
BAUSSET  ROQUEFORT  comte  de) ,  cou- 
sin du  précédent,  naquit  à  Béziers  le  51 
décembre  1757.  Lorsque  la  révolution 
éclata,  il  était  grand-vicaire  d'Orléans.  Il 
alla  en  Angleterre ,  d'où  il  se  rendit  bien- 
tôt en  Italie,  auprès  de  son  oncle,  M.  de 
Bausset  -  Roquefort,  évèque  de  Fréjus. 
Il  revint  en  France  après  la  terreur,  et  fut 
nommé  chanoine  à  Aix.  M.  de  Pancemont 
évêque  de  Vannes  étant  mort ,  M.  de  Baus- 
set fut  désigné  en  1808,  pour  le  remplacer. 
Il  envoya  sa  démission  à  M.  Amelot ,  évè- 
que de  Vannes,  qui  n'avait  point  donné 
sa  démission  après  le  concordat  de  1801. 
Mais  M.  Amelot  la  refusa.  M.  de  Baus- 
set établit  les  jésuites  à  Sainte- Anne-d' Au- 
rai, dans  son  diocèse,  et,  lorsqu'il  eut 
pris  possession  en  1819  de  l'archevêché 
d'Aix ,  il  les  appela  dans  son  petit-sémi- 
naire. Ce  prélat  mourut  à  Aix  le  29  jan- 
vier 1829.  Il  faisait  partie  de  la  chambre 
des  pairs. 


31  BAU 

BAUTIÏ.  Voyez  BOTII. 

B  VUTRU  (Guillaume)  ,  comte  de  Ser- 
rant ,  bel  esprit  du  17e  siècle ,  et  l'un  des 
premiers  membres  de  l'académie  fran- 
çaise ,  naquit  à  Paris ,  l'an  1588 ,  et  y  mou- 
rut en  16G5.  Il  fut,  dil-on,  les  délices  des 
ministres,  des  favoris,  et  généralement 
de  tous  les  grands  du  royaume ,  et  jamais 
leur  flatteur.  A  en  juger  néanmoins  par 
les  différens  traits  qu'on  rapporte  de  lui , 
c'était  une  espèce  de  Gorgibus,  un  plai- 
sant de  profession.  On  cite  plusieurs  de 
ses  bons  mots,  dont  quelques-uns  sont 
très  mauvais.  Bautru  étant  en  Espagne , 
alla  visiter  la  fameuse  bibliothèque  de 
l'Escurial,  où  il  trouva  un  bibliothécaire 
fort  ignorant.  Le  roi  d'Espagne  l'interro- 
gea sur  ce  qu'il  arait  remarqué.  Votre  bi- 
bliothèque est  très  belle,  lui  dit  Bautru; 
mais  Votre  Majesté  devrait  donner  à  celui 
qui  en  a  le  soin,  l'administration  de  ses 
finances.  —  Et  pourquoi"!  —  C'est ,  repar- 
tit Bautru ,  qu'il  ne  touche  point  au  dépôt 
qui  lui  est  confié.  Il  disait  d'un  certain 
seigneur  de  la  cour  qui  n'entretenait  les 
gens  que  de  contes  bas ,  qu'il  était  le  Plu- 
tarque  des  laquais. 

BYUVES  (  Jacques  de  ) ,  avocat  au 
parlement  de  Paris ,  dans  le  17e  siècle , 
composa,  avec  le  célèbre  Antoine  Des- 
peisses,  un  Traité  des  successions.  Ces 
deux  amis  se  proposèrent  d'écrire  sur 
toutes  les  matières  de  droit;  maisBauves, 
morl  sur  ces  entrefaites,  laissa  à  son  con- 
frère le  soin  d'exécuter  cet  utile  projet. 
Voyez  DESPEISSES. 

*  BAUYN  (  Boxavexture  ),  docteur 
de  Sorbonne,  chancelier  de  l'université 
de  Paris,  évêque  d'Uzès,  né  à  Dijon,  le 
25  novembre  1699 ,  d'une  famille  consi- 
dérée dans  la  magistrature ,  et  qui  avait 
donné  à  l'étal  des  négociateurs  habiles  et 
des  militaires  distingués  ,  jouit  très  jeuno 
encore  d'une  sorte  de  célébrité,  par  ses 
progrès  extraordinaires  dans  les  études  et 
par  les  dispositions  précoces  de  son  esprit. 
On  citait  particulièrement  son  poème  en 
vers  latins  sur  la  paix,  Pax  ,  carmen3 
1714 ,  qui  respire  en  effet  le  goût  le  plus 
pur,  et  fait  regretter  que  l'auteur  n'ait 
pas  cru  pouvoir,  dans  un  âge  plus  mûr, 
concilier  les  devoirs  de  l'épiscopat  avec  la 
culture  de  la  poésie.  Il  lit  du  moins  tou- 
jours ses  délices  des  ouvrages  des  anciens, 
et  il  avait  la  mémoire  et  l'esprit  si  remplis 
des  beautés  de  Virgile ,  que ,  dans  sa  vieil- 
lesse même,  il  était  encore  en  état  de 
réciter  de  suite,  et  de  commenter  avec 
autant  d'érudition  que  de  goût ,  quelque 


BAV 


132 


BAV 


morceau  que  ce  pût  être  de  X Enéide  et 
des  Géorgiques.  Bauyn  fut  un  évêque 
digne  de  la  primitive  Eglise  par  la  pureté 
de  ses  mœurs ,  par  la  simplicité  de  son 
caractère  et  par  son  active  charité.  Il 
mourut  dans  son  évêché,  le  1G  octobre 
1779 ,  à  quatre-vingts  ans. 

*  BAVE11EL  (.Tea-v-Pierre),  prêtre, 
mort  à  Besançon  le  18  septembre  1822 
à  l'âge  de  78  ans.  On  a  de  lui  :  |  Réflexions 
d'un  vigneron  de  Besançon,  sur  un  ou- 
vrage qui  a  pour  titre  :  Dissertation  qui  a 
remporté  le  prix  de  l'académie  de  Besan- 
çon ,  en  1777,  sur  les  causes  d'une  maladie 
qui  attaque  plusieurs  vignobles  de  la  Fran- 
che-Comté; par  le  Père  Prudent ,  capucin , 
de  l'imprimerie  de  Barbizier  (  Vesoul , 
Poirson),  1778,  in-8°,  de  52  pages.  Les 
confrères  du  Père  Prudent  dénoncèrent 
cette  brochure  au  parlement  de  Besançon , 
qui  ne  donna  pas  de  suite  à  la  dénoncia- 
tion ;  |  Observations  sur  l'ouvrage  du 
Père  Prudent,  touchant  les  maladies  des 
vignes  de  Franche- Comté,  Besançon, 
1779,  in-8°,  de  39  pages;  |  (avec  l'abbé 
Clerget ,  curé  d'Oxans ,  député  à  l'Assem- 
blée constituante)  Coup-d'œil  philosophi- 
que et  politique  sur  la  main-morte •,  avec 
cette  épigraphe  :  for  the  reason  and 
freedom  ofpeoples  oppressed,  Londres  , 
Besançon),  1785,  in-8°;  |  (avec  Malpé, 
capitaine  d'artillerie ,  tué  à  l'armée  en 
1812)  Notices  sur  les  graveurs  qui  nous 
ont  laissé  des  estampes  marquées  de  mo- 
nogrammes, chiffres,  rébus,  lettres  initia- 
les, etc.  Besançon,  1820, 2  vol.  in-8°.  Il  y  a 
des  exemplaires  avec  de  nouveaux  titres, 
Paris  et  Dijon,  Dentu,  1817.  J.  P.  Bave- 
rel  a  laissé  des  Notices  sur  les  graveurs 
français;  des  recherches  sur  les  livres 
ornés  d'estampes;  et  des  dissertations  sur 
l'histoire  ancienne  et  moderne  du  comté 
de  Bourgogne,  son  parlement,  ses  fa- 
milles nobles  ,  ses  chapitres  ,  abbayes  , 
prieurés,  etc.  La  bibliothèque  publique 
de  Besançon  a  acquis  ces  manuscrits. 

♦  BAVIÈRE  (  ARNOUL ,  dit  le  Mauvais, 
duc  de  ) ,  était  fils  de  Luitpold ,  qui  fut 
tué  eu  908 ,  dans  une  bataille  contre  les 
Hongrois.  Arnoul,  élu  par  les  Bavarois 
lui  succéda  en  Bavière,  précisément  à 
l'époque  où  la  race  carlovingienne  finis- 
sait en  Allemagne ,  dans  la  personne  de 
Louis  IV,  dit  l'Enfant.  Il  eut  d'abord 
l'espérance  de  se  rendre  indépendant  de 
l'empire ,  et  même  de  devenir  empereur  ; 
mais  le  choix  des  électeurs  étant  tombé 
sur  Conrad  de  Franconie ,  Arnoul  en  fut 
si  irrité  qu'il  s'allia  aussitôt  avec  Henri  de 


Saxe,  et. Gilbert  de  Lorraine,  pour  faire 
la  guerre  à  Conrad.  Cette  coalition  réussit 
mal  ;  Arnoul  fut  battu  et  forcé  de  s'enfuir 
en  Hongrie  ,  selon  les  uns;  dans  l'évêché 
de  Salzbourg,,  selon  les  autres.  Il  ne  re- 
parut qu'après  la  mort  de  Conrad  pour 
former  de  nouvelles  prétentions  sur  la 
couronne  impériale;  elles  échouèrent  en- 
core :  Henri  de  Saxe  fut  élu.  Arnoul  de- 
vint son  ennemi;  comme  ils  allaient  en 
venir  à  une  action,  Henri  fit  des  proposi- 
tions de  paix  à  Arnoul  qui  les  accepta, 
et  se  contenta  du  duché  de  Bavière, 
avec  le  droit  de  souveraineté  sur  le  clergé. 
Il  en  usa  si  despotiquement ,  qu'on  le 
surnomma  le  Mauvais.  Il  périt,  en  937, 
dans  une  campagne  qu'il  avait  entreprise 
en  Italie ,  contre  le  roi  Hugues  ;  d'autres 
disent  qu'il  était  déjà  de  retour  en  Ba- 
vière lorsqu'il  mourut.  Aucun  de  ses 
trois  fils  n'hérita  du  duché  de  Bavière; 
l'empereur  Othon  le  donna  à  Berthold, 
frère  d' Arnoul  ;  l'aîné  des  enfans  de  celui- 
ci,  Eberhard,  après  avoir  inutilement 
tenté  de  conserver  ses  états ,  fut  exilé  en 
Souabe  ;  le  second ,  nommé  aussi  Arnoul, 
fait  comte  de  Scheyren,  et  palatin  du 
Rhin  devint  la  tige  d'une  famille  qui ,  en 
1180,  rentra  en  possession  du  duché  de 
Bavière,  dans  la  personne  d'Othon  de 
Wiltelsbach.  On  ignore  la  destinée  du  troi- 
sième ,  nommé  Iferman. 

*  BAVIÈRE  (  HENRI  Ier,  duc  de  ), 
frère  de  l'empereur  Othon  Ier,  avait 
épousé  Judith ,  fille  d' Arnoul  le  Mauvais, 
et  succéda  en  Bavière  à  Berthold  :  il  dut 
son  élévation  aux  sollicitations  de  sa  mère 
Mathilde,  qui  avait  pour  lui  une  ten- 
dresse particulière ,  et  à  la  générosité  de 
son  frère ,  qui  lui  pardonna  une  conspira- 
tion encore  récente.  Henri  se  montra 
reconnaissant;  il  servit  Othon  dans  plu- 
sieurs rencontres ,  fit  une  campagne  glo- 
rieuse en  Italie,  et  fut,  en  revanche, 
protégé  par  l'empereur ,  contre  son  neveu 
Ludolphe,  propre  fils  d'Othon ,  qui,  après 
s'être  ouvertement  prononcé  contre  son 
père,  s'était  emparé  de  Ratisbonne,  et 
dévastait  la  Bavière.  Les  Hongrois,  de 
leur  côté,  firent  une  invasion  dans  les 
états  de  Henri ,  qui ,  aidé  des  troupes  de 
l'empire,  les  battit  et  les  repoussa.  Il 
mourut  vers  le  milieu  du  10e  siècle,  lais- 
sant la  Bavière  à  son  fils  Henri  II. 

*  BAVIÈRE  (  HENRI  II ,  dit  le  Querel- 
leur, duc  de  ),  fils  du  précédent,  était, 
dans  sa  jeunesse,  en  grande  réputation 
de  piété  ;  il  faisait  dix  milles  tous  les  jours 
pour  aller  entendre  matines  dans  l'abbaye 


B.VV  13 

de  St.-Emmeran  ,  et  l'on  prétend  que  la 
pierre  où  il  s'asseyait  quelquefois,  en 
attendant  que  le  portier  lui  ouvrît ,  existe 
encore  :  on  ajoute  même  que,  lorsque  le 
portier  se  faisait  attendre ,  un  ange  ve- 
nait ouvrir  la  porte  à  Henri.  Ce  prince, 
devenu  duc,  voulut  conquérir  la  cou- 
ronne impériale ,  après  la  mort  d'Othon 
Ier;  Othon  II  l'emporta,  et  Henri,  chassé 
de  la  Bavière ,  n'y  put  rentrer  qu'après  la 
mort  de  ce  prince.  En  y  rentrant ,  il  re- 
prit ses  projets  ambitieux,  et ,  feignant  de 
la  modération,  il  ne  voulut  d'abord  être 
que  le  tuteur  d'Othon  III  ;  son  ambition 
se  vit  encore  déjouée,  et,  revenant  alors 
à  son  devoir,  il  retrouva  son  ancienne 
piété ,  et  mourut  à  Gandersheim ,  laissant 
pour  héritier  son  fils  Henri  le  Saint ,  qui , 
devenu  empereur,  donna  la  Bavière  à 
Henri  de  Luxembourg ,  frère  de  l'impé- 
ratrice Cunégonde. 

*  BAVIÈRE  (  OTHON  DE  NORD- 
THEIM ,  duc  de  ) ,  issu  d'une  ancienne 
famille  saxonne,  fut  créé  duc  de  Bavière 
en  1061,  par  l'impératrice-régente  Agnès, 
mère  de  l'empereur  Henri  IV.  L'adminis- 
tration de  cette  princesse  ayant  déplu  aux 
grands  de  l'empire ,  ils  formèrent  conti  e 
elle  une  conspiration  à  laquelle  Othon 
prit  part.  Les  conjurés  réussirent ,  et  ils 
s'emparèrent  du  jeune  empereur  ;  Agnès 
se  retira  dans  un  cloitre,  et  Othon  exerça 
quelque  temps  une  grande  influence. 
Henri  IV,  devenu  majeur,  n'oublia  pas 
l'insulte  qu'il  avait  partagée  avec  sa  mère. 
En  4071 ,  Othon  fut  accusé  d'avoir  voulu 
attenter  à  la  vie  de  l'empereur,  et  con- 
damné par  la  diète  de  Mayence  à  prouver 
son  innocence  dans  un  combat  judiciaire. 
Il  y  consentit,  mais  demanda  un  sauf-con- 
duit pour  se  rendre  à  Goslar  :  sur  le 
refus  de  Henri ,  il  ne  comparut  point  ;  ses 
pairs ,  les  grands  de  Saxe ,  le  déclarèrent 
coupable  de  lèse-majesté,  et  l'empereur 
le  dépouilla  de  son  duché  de  Bavière 
pour  le  donner  à  Welf ,  ou  Guelfe  Ier,  dit 
le  Grand.  Othon  prit  les  armes  pour  dé- 
fendre ses  états  ;  mais  condamné  de  nou- 
veau par  la  diète  de  Halberstadt  à  laquelle 
il  s'était  soumis ,  il  fut  mis  aux  arrêts ,  et 
en  sortit  au  bout  d'un  an  pour  entrer 
dans  la  ligue  qui  se  proposait  de  placer 
sur  le  trône  impérial  Rodolphe ,  duc  de 
Souabe ,  au  lieu  de  Henri.  Cette  coalition 
ne  tarda  pas  à  se  dissoudre;  Rodolphe 
lui-même  passa  du  côté  de  l'empereur. 
Othon  et  les  Saxons  de  son  parti  furent 
hattus  près  de  Langensalza  en  Thuringe. 
Une  diète  de  pacification,  tenue  à  Gos- 


3  BAV 

lar,  en  1073,  suspendit  ces  démêlés; 
Othon  se  réconcilia  avec  Henri,  qui  le 
nomma  son  lieutenant -général  dans  la 
Saxe  ;  mais  bientôt  Henri  IV  fut  déposé 
dans  une  assemblée ,  tenue  tumultuaire- 
ment  à  Forchein ,  et  Rodolphe  de  Souabe 
fut  couronné  à  Mayence.  Othon,  qui  avait 
été  l'un  des  principaux  moteurs  de  cette 
nouvelle  rébellion  ,  fit  des  prodiges  de 
valeur  à  la  bataille  de  Wolkshcim,  près 
de  Géra  en  Thuringe;  mais  sor  parti  fut 
encore  défait;  Rodolphe  reçut  dans  l'ac- 
tion une  blessure  mortelle ,  et  Othon  mou- 
rut, en  1083,  sans  que  sa  mort  terminât 
les  discussions  qu'il  avait  contribué  à 
exciter. 

"  BAVIÈRE  (GUELFE,  ou  WELF  Ier, 
dit  le  Grand*  duc  de  ),  était  fils  d'Azon 
d'Est  et  de  Cunégonde ,  dernier  rejeton 
de  l'illustre  maison  des  Guelfes ,  ou  Welfs 
d'Altdorf ,  et  fut  la  tige  de  la  nouvelle 
maison  des  Guelfes,  nom  si  célèbre  dans 
l'histoire  d'Allemagne  et  d'Italie.  Après  la 
disgrâce  d'Othon,  en  1071,  Henri  IV 
donna  le  duché  de  Bavière  à  Guelfe ,  qui 
répudia  la  fille  de  son  malheureux  pré- 
décesseur, qu'il  avait  épousée  dans  le 
temps  de  la  haute  fortune  de  son  père. 
Lorsqu'Othon  se  fut  réconcilié  avec  l'em- 
pereur, Guelfe,  contraint  de  lui  rendre 
une  partie  de  son  duché,  entra  dans  la 
ligue  formée  pour  mettre  Rodolphe  de 
Souabe  à  la  place  de  ce  prince.  Othon  de 
Saxe  ne  tarda  pas  à  s'y  joindre;  en  1084, 
il  entreprit  de  disputer  à  l'empereur,  qui 
revenait  d'Italie,  le  passage  du  Ledit,  et 
n'y  renonça  que  lorsqu'il  se  vit  abandonné 
par  plusieurs  de  ses  alliés.  En  1086,  il 
assiégea  et  prit  Ratisbonne ,  Salzbourg  et 
Wurlzbourg,  battit  Henri  devant  cette 
dernière  place,  fit  soulever  la  Souabe, 
pilla  Augsbourg,  et  s'unit  ensuite  avec 
l'empereur,  en  1097,  contre  le  pape  Ur- 
bain II  :  la  Souabe  et  la  Franconie  suivi- 
rent ses  conseils,  et  rentraient  sous  la 
domination  de  Henri.  Guelfe  eût  pu  finir 
sa  vie  au  sein  du  repos  ;  mais  les  croisades 
commençaient;  il  partit,  après  avoir 
réuni  ses  troupes  à  celles  de  Guillaume 
de  Poitiers ,  traversa  l'empire  grec ,  es- 
suya une  défaite  dans  l'Asie  mineure, 
arriva ,  déguisé  à  Antioche ,  et  de  là  à  Jé- 
rusalem, où  Baudouin  venait  de  succé- 
der à  Godefroi  de  Bouillon.  On  ignore  si 
Guelfe  se  trouva  à  la  bataille  que  ce  mo- 
narque perdit,  en  1103,  contre  les  infi- 
dèles. Quoi  qu'il  en  soit,  il  quitta  la  Pa- 
lestine pour  retourner  en  Bavière,  aborda 
à  l'ile  de  Chypre,  où -il  mourut  d'une 
12 


BAV  13 

fièvre  maligne.  II  fut  enterré  à  Paphos; 
son  fils  Guelfe  II,  qui  lui  succéda  en 
Bavière,  fit  exhumer  son  corps,  et  on  le 
transporta  à  Altdorf,  où  il  fut  enseveli 
avec  honneur.  Il  est  la  souche  de  la  mai- 
son de  Brunswick,  et  par  conséquent  de 
celle  d'vVngleterre. 

•BAVIÈRE  (GUELFE  II,  duc  de  ), 
fils  du  précédent,  épousa  la  comtesse 
Mathilde,  fille  de  Boniface  d'Esté,  et 
veuve  de  Godefroi  le  Bossu,  qui  possé- 
dait de  grands  hiens  en  Italie  ;  mais  il  s'en 
sépara  par  un  divorce,  en  1097.  Il  avait 
servi  sous  son  père,  contre  l'empereur 
Henri  IV,  et  se  réconcilia,  comme  lui,  avec 
cet  empereur ,  dont  il  ahandonna  de  nou- 
veau la  cause,  en  1105,  pour  emhrasser 
celle  d'Henri  V.  En  1100,  il  força  le  gou- 
verneur de  Trente  à  relâcher  les  députés 
que  ce  prince  envoyait  à  Rome  pour  ob- 
tenir la  ratification  de  ce  qui  s'était  fait 
dans  l'assemblée  de  Mayence,  et  se  rendit 
lui-même  à  Rome,  en  qualité  d'ambassa- 
deur, après  la  mort  de  Henri  IV,  et  l'a- 
vènement de  Henri  V  à  l'Empire.  De 
retour  en  vYllemagne,  il  mourut  vers  l'an 
4120,  laissant  le  duché  de  Bavière  à  son 
frère  Henri  le  Noir,  qui  le  transmit, 
en  1126 ,  à  son  fils  Henri  le    Superbe. 

*  BAVIÈRE  (HENRI  LE  SUPERBE, 
duc  de  ) ,  devint  un  des  princes  les  plus 
puissans  de  l'Allemagne,  par  la  faveur 
de  l'empereur  Lothaire  II ,  qui  sut  le  ga- 
gner en  lui  donnant  la  main  de  Gertrude, 
sa  fille  unique ,  et  le  duché  de  Saxe ,  de 
sorte  que  Henri  réunit  deux  duchés;  ce 
qui  ne  s'était  vu  qu'une  seule  fois  en  Al- 
lemagne, dans  la  personne  d'Othon ,  duc 
de  Souabe,  à  qui  son  oncle,  l'empereur 
Othon  II,  avait  donné  le  duché  de  Bavière. 
Il  servit  fidèlement  son  protecteur,  en  l'ai- 
dant à  abaisser  la  maison  de  Hohenstau- 
fen ,  et  en  l'accompagnant  dans  toutes  ses 
entreprises.  Il  ne  fut  occupé,  pendant 
quelque  temps  ,  que  des  troubles  de  la  Ba- 
vière et  de  ses  démêlés  avec  Frédéric  de 
Souabe  ;  mais  Robert ,  duc  de  Capoue ,  et 
le  pape  Innocent  II,  ayant  imploré  le  se- 
cours de  Lothaire  contre  Roger,  roi  de 
Sicile ,  et  son  protégé  l'antipape  Anaclet , 
l'empereur  chargea  Henri  d'accompagner 
le  pape  avec  trois  mille  hommes,  et  de  lui 
soumettre  la  Campanie,  tandis  qu'il  por- 
terait lui-même  ses  armes  à  l'orient  des 
Apennins.  Le  duc  de  Bavière  exécuta  ha- 
bilement sa  mission  :  Capoue  et  Béné- 
vent  se  soumirent  ;  la  Campanie  et  la 
Touille  furent  conquises.  A  la  mort  de 
l'empereur,  survenue  en  1157,  le  duc  de 


4  BAV 

Bavière  se  crut  certain  de  lui  succéder; 
n'ayant  fait  aucune  démarche  pour  gagner 
les  suffrages,  il  indisposa  ainsi  la  plupart. 
des  électeurs,  déjà  irrités  par  son  orgue;!.' 
Conrad  de  Hohenstaufen  fut  élu.  Henri  et 
les  princes  de  Saxe  ses  alliés  soutinrent 
que  celte  élection  était  illégale;  mais  la 
douceur  de  Conrad  et  la  déclaration  du 
pape,  en  sa  faveur,  lui  gagnèrent  les  es- 
prits :  il  convoqua  une  diète  à  Bamberg, 
et  les  Saxons  s'y  rendirent  pour  lui  prêter 
serinent  de  fidélité.  Henri  refusa  de  se 
soumettre,  et  la  diète  de  Wurl/.bourg  le 
mit  au  ban  de  l'empire.  Celle  de  Goslar 
le  dépouilla  de  ses  duchés  ;  Conrad  donna 
celui  de  Bavière  à  Léopold ,  margrave 
d'Autriche,  et  celui  de  Saxe,  à  Albert 
l'Ours,  margrave  de  Brandebourg.  La 
Bavière  se  soumit  presque  sans  résis- 
tance, mais  la  Saxe  embrassa  avec  cha- 
leur le  parti  de  Henri,  qui  en  chassa 
bientôt  Albert,  dont  les  états  héréditaires 
même  eurent  à  souffrir  des  incursions  de 
son  rival.  L'empereur  marcha  au  secours 
de  son  protégé  ;  Henri  alla  à  *a  rencontre, 
et  l'arrêta  près  de  Creul/.bourg ,  dans  !a 
Tlmringe;  une  trêve  fut  signée,  et  elle 
amena  la  paix,  qui  Pendit  à  Henri  le 
duché  de  Saxe;  mai-;  il  \otdait  recon- 
quérir la  Bavière,  et,  comme  il  s'y  ren- 
dait à  cette  intention  .  il  mourut  à  Qued- 
linbourg,  en  413!),  laissant  un  fils  de 
quatre  ans  ,  nommé  depuis  Henri  le 
Lion,  sous  la  tutelle  de  son  oncle  Wci- 
fon  ,  ou  Guelfe. 

'BAVIÈRE  (WELFON,ou  GUELFE 
de),  frère  de  Henri  le  Superbe,  et  tu- 
teur de  Henri  le  Lion,  s'efforça  de  recon- 
quérir la  Bavière  que  Conrad  avait  donnée 
à  Léopold  d'Autriche.  Secouru  par  le  roi 
de  Sicile,  Roger,  qui  cherchait  à  susciter 
en  Allemagne  des  embarras  à  l'empereur, 
pour  l'empêcher  de  faire  valoir  ses  droits 
sur  la  Bouille,  Guelfe  eut  d'abord  des 
succès,  et  repoussa  Léopold  jusqu'en  Au- 
triche ;  mais  la  diète  de  Worms ,  tenue  en 
1140,  le  mil  au  ban  de  l'empire,  et  Con- 
rad marcha  en  personne  contre  lui.  Guelfe 
vola  au  secours  de  son  château  de  Wcins- 
berg ,  assiégé  par  l'empereur  :  la  bataille 
qu'il  perdit  sous  les  murs  de  cette  place 
donna  naissance  aux  mots  de  Guelfes  et 
de  Gibelins,  employés  comme  noms  de 
deux  partis.  Guelfe  avait  donné  son  pro- 
pre nom  pour  cri  de  guerre,  et  les  Impé- 
riaux avaient  adopté  celui  de  Wtribliti- 
gen  ,  petite  ville  du  duché  de  Wurtem- 
berg, qui  appartenait  alors  à  Frédéric  de 
Hohenstaufen,  frère  de  l'empereur  :  le 


BAV  1 

nom  tic  Jfaihlingiens  devint,  en  Italie, 
(relui  de  Gibelins.  Guelfe ,  battu  à  Weins- 
berg,  ne  perdit  point  courage  ;  il  continua 
la  guerre,  refusa  d'adhérer  au  traité  conclu 
en  1142,  entre  les  seigneurs  saxons  de 
son  parti  et  l'empereur,  et  ne  se  récon- 
cilia que  plus  tard  avec  ce  monarque, 
qu'il  accompagna  en  Palestine,  lors  de  la 
seconde  croisade.  A  son  retour,  Guelfe 
chercha  encore  à  faire  rendre  la  Bavière 
à  son  neveu,  qui  la  reçut  enfin  de  Fré- 
déric Ier,  dit  Barberoussc ,  qui  avait  suc- 
cédé à  Conrad.  Guelfe  satisfait  ,  servit 
fidèlement  le  nouvel  empereur,  qu'il  ac- 
compagna deux  fois  en  Italie;  il  mourut 
■vers  1145. 

*  BAVIÈRE  (  HENRI ,  dit  le  Lion,  duc 
de),  fils  de  Henri  le  Superbe,  se  trouva, 
à  la  mort  de  son  père ,  dépouillé  des  du- 
chés de  Saxe  et  de  Bavière,  dont  il  devait 
hériter.  Tandis  que  son  oncle,  Guelfe, 
faisait  les  plus  grande  efforts  pour  le  ré- 
tablir en  Bavière,  et  que  les  Saxons  lui 
gardaient  leur  foi,  l'empereur  Conrad, 
dans  une  diète  tenue  à  Francfort,  en  1142, 
l'engagea  à  abandonner   ses  prétentions 
sur  la  Bavière,  en  lui  donnant  l'investi- 
ture du  duché  de  Saxe.  Gerlrude,  mère 
du  jeune  Henri ,  exhorta  son  lils  à  cette 
renonciation,  et  épousa  Henri  d'Autriche, 
à  qui  la  Bavière  fut  ainsi  cédée  ;  mais 
Henri,  devenu  homme  et  puissant,  re- 
fusa  d'approuver    une   concession    qu'il 
avait  faite  étant  enfant  et  faible.  Au  mo- 
ment où  Conrad  se  disposait  à  partir  pour 
la  Terre-Sainte,  il   se   présenta  devant 
la  diète  de  Francfort,  et   redemanda  la 
Bavière.   Conrad   proposa  à  la  diète  de 
renvoyer  cette  alla  re  au  retour  de  Pales- 
laie  et  l'obtint.  Lorsqu'il  fut  de  retour, 
Henri   le   Lion   renouvela  sa    demande. 
Mais   les   Saxons  au  lieu  de  l'appuyer, 
conspirèrent   contre    lui,    et    appelèrent 
l'empereur  en   Saxe  :  Henri  d'Autriche 
re<;ul  l'ordre  d'enfermer  Henri  le  Lion  en 
Souabe,  afin  de  l'empêcher  de  revenir 
sur-le-champ    en    Saxe;    mais    celui-ci 
s'élanl  échappé  reparut  dans  Brunswick, 
et    força  l'empereur  à   abandonner  son 
projet.  Conrad  étant  mort  en  1152,  Henri 
l  :  ou  va  dans  Frédéric  Ier,  son  successeur, 
un  souverain  plus  favorable  :  Henri  d'Au- 
triche fut  dépouillé   de  son  duché,  que 
l'on  rendit  à  Henri  le  Lion,  et  obtint,  en 
dédommagement,  l'érection  du  margra- 
viat d'Autriche  en  duché  héréditaire.  Le 
nouveau   duc    de   Bavière   fil   bâtir  des 
villes,    surveiller  les  routes,  soumit    ei 
convertit  les  Slaves  ses  voisins,  réprima 


ô:>  jîav 

plusieurs  séditions,  qui  s'élevèrent  au 
sein  de  la  Saxe,  et  se  rendit  dans  la 
Terre-Sainte.  De  retour  en  Bavière,  il  fit 
bâtir  la  ville  de  Munich.  Sur  ces  entre- 
faites, l'empereur  Frédéric,  pour  rétablir 
les  affaires  en  Italie,  demanda  du  se- 
cours aux  princes  d'Allemagne,  et  en 
particulier  à  Henri  le  Lion,  le  plus  puis- 
sant de  tous.  L'orgueilleux  duc  refusa 
son  assistance  à  l'empereur  qui  fut  battu 
à  Legnano  ;  l'année  suivante  Henri  cité 
devant  les  diètes  deWornis,  de  Magde- 
bourg,  de  Goslar,  de  Wurtzbourg,  et  re- 
fusant d"y  paraître,  perdit  ses  états  de 
Saxe  et  de  Bavière.  Il  obtint  ensuite  à 
force  de  supplications  de  n'être  condamné 
qu'à  un  exil  de  trois  ans,  après  lequel  il 
devait  se  contenter  des  seuls  biens  allo- 
diaux  de  sa  maison,  qui  consistaient  dans 
les  terres  de  Brunswick  et  de  Lunebourg. 
Il  se  relira  auprès  du  roi  d'Angleterre 
son  beau-père,  et  après  la  mort  de  Fré- 
déric P'r,  survenue  en  1190,  revint  en 
Allemagne,  cspéranl  profiter  de  la  jeu- 
nesse de  Henri  VI  pour  recouvrer  ses 
états;  mais  les  princes  d'Allemagne  lui 
déclarèrent  la  guerre.  Il  était  vieux,  il 
demanda  la  paix,  et  mourut  à  Bruns- 
wick en  1193. 

*  BAVIERE  (OTHON  DE  WITTELS- 
BACH,  dit  le  Grand s  duc  de  ),  né  à 
Kelheim,  descendait  d'Arnoul  le  Mau- 
vais, et  appartenait  ainsi  à  l'ancienne 
maison  de  Bavière,  qu'en  948  Olhon  P' 
avait  dépouillée  de  ce  duché  pour  le  don- 
ner à  Berthold  :  il  en  fut  remis  en  pos- 
session en  H80,  lorsque  Frédéric  Bar- 
berousse  en  dépouilla  Henri  le  Lion ,  et 
c'est  de  lui  que  descendent  la  maison  pa- 
latine et  la  maison  de  Bavière,  aujour- 
d'hui régnantes.  Avant  de  rentrer  dans 
ce  duché,  Olhon  était  comte  palatin  do 
Bavière,  et  s'était  déjà  fort  distingué  par 
sa  bravoure.  Frédéric  l'employa  dans 
plusieurs  négociations  importantes  ;  et 
quoiqu'en  lui  donnant  le  duché  de  Ba- 
vière, il  en  détachât  Ratisbonne  pour  en 
faire  une  ville  libre,  et  le  Tyrol,  Othon 
ne  se  montra  pas  dans  la  suite  moins 
titlèle  à  son  souverain.  Il  mourut  le  II 
juillet  U8j,  laissant  deux  filles  et  un  lils 
en  bas  âge,  nommé  Louis*  qui  fut  son 
héritier. 

'BAVIERE  (  LOUIS,  dit  le  Sévère, 
comte  palatin,  et  duc  de),  né  en  122*», 
était  fils  d'Othon-l'IUustre  ,  succéda  à  son 
père  en  1253,  et  remit  à  son  frère  Henri 
la  Basse-Bavière.  Dans  l'interrègne  agité 
qui  s'écoula  de  la  mort  de  Conrad  H  a 


BAV 

l'élection  de  Rodolphe  de  Habsbourg,  les 
deux  frères  possédèrent  en  commun  la 
dignité  électorale,  et  donnèrent  leur  suf- 
frage à  Richard  de  Cornouailles  ;  mais 
lors  de  léleetion  de  Rodolphe,  comme  ils 
se  disposaient  à  voter  tous  deux ,  le  roi  de 
Bohème,  Ottocare,  s'y  opposa,  disant 
que  le  septem viral  des  électeurs  était 
ainsi  violé  ;  Louis  fit  observer  que  le  par- 
tage de  la  Bavière  ne  pouvait  les  avoir- 
frustrés  ni  l'un  ni  l'autre  du  droit  d'élec- 
teur, quoique  dans  le  collège  électoral  ils 
ne  comptassent  que  pour  un  individu. 
Les  électeurs  se  rendirent  à  ses  raisons , 
et  le  chargèrent  même  d'élire  pour  eux 
cette  fois  :  il  élut  Rodolphe ,  et  conserva 
toujours  à  ce  monarque  une  fidélité  in- 
violable. Aussi  en  obtint -il  de  grandes 
faveurs  :  Rodolphe  reconnut  et  confirma 
les  droits  des  comtes  palatins  à  avoir, 
pendant  les  vacances  de  la  couronne  im- 
périale, la  gardienneté  de  toutes  les 
terres  et  principautés  du  S  t. -Empire.  Il 
couronna  Louis ,  son  vicaire -général,  et 
lieutenant  de  l'empire  dans  les  duchés 
d'Autriche  et  de  Styrie  ;  enfin,  il  ne  l'em- 
pêcha point  de  s'agrandir  par  l'héritage 
de  l'infortuné  Conradin  de  Souabe,  de 
qui  Louis  avait  acheté  plusieurs  villes, 
entre  autres  Donawerth ,  et  qui ,  en  mou- 
rant ,  lui  légua  une  partie  du  reste  de  ses 
états  héréditaires.  A  la  mort  de  Rodolphe, 
Louis  de  Bavière  ne  vécut  pas  en  si 
bonne  intelligence  avec  Albert  son  fils  : 
celui-ci  voulait  être  tuteur  du  jeune 
Olhon,  neveu  de  Louis  et  duc  de  la  Basse- 
Bavière,  pour  s'emparer  ensuite  de  ses 
possessions.  Louis  s'y  opposa  avec  force , 
et  se  rangea  du  parti  d'Adolphe  de  Nas- 
sau, compétiteur  d'Albert.  Un  accident 
fâcheux  rompit  pour  un  temps  cette  nou- 
velle alliance.  Adolphe ,  traversant  le 
Rhin  en  bateau ,  fut  attaqué  à  coups  de 
flèche ,  et  des  gens  de  sa  suite  furent 
atteints.  On  accusa  Louis  de  cette  per- 
fidie; Adolphe  déclara  Louis  coupable  de 
lèse-majesté,  et  livra  le  Palatinat  aux 
princes  voisins  :  mais  Louis  parvint  enfin 
à  se  justifier  et  à  rentrer  en  faveur ,  il 
mourut  à  Heidelberg,  en  12%,  regretté 
de  ses  sujets,  malgré  son  titre  de  Sévère, 
qu'il  devait  à  un  acte  de  violence  et 
de  barbarie  commis  par  jalousie  sur  sa 
femme ,  dont  l'innocence  fut  ensuite 
reconnue.  Le  pape  Alexandre  IV  lui 
accorda  l'absolution ,  en  lui  ordonnant  de 
faire  bâtir  une  maison  pour  douze  reli- 
gieux de  saint  Bruno.  Gomme  il  n'y  avait 
point  en  Bavière  de  religieux  de  cet  or- 


136  BAV 

dre ,  le  bâtiment  fut  donné  à  des  moines 
de  Citeaux ,  et  c'est  aujourd'hui  l'abbaye 
de  Furstenfeld.  Louis  épousa  en  secondes 
noces  Mathilde,  fille  de  Rodolphe  de 
Habsbourg  ;  il  partagea ,  en  mourant ,  ses 
états  entre  ses  deux  fils  :  Rodolphe,  dit 
le  Bègue,  eut  le  Palatinat,  et  fut  la  sou- 
che de  la  maison  palatine ,  dite  branche 
Rodolphine.  Louis,  depuis  empereur,  sous 
le  nom  de  Louis  V ,  fut  duc  de  Bavière, 
et  sa  postérité  y  a  régné  jusqu'à  l'électeur 
Maximilicn-Joseph  Ier. 

BAVIERE  (  Maximilien  ,  dit  le  Grand), 
(  Maximilien- Emmanuel  ),  (  Maximilien 
Joseph  ).  Voyez  les  articles  MAXIMI- 
LIEN. 

BAVIÈRE.  Voyez  ALBERT  II ,  ISA- 
BELLE-MARIE, CHRISTINE  ET  RO- 
BERT. 

B AVON  (  saint  ) ,  nommé  aussi  Allo- 
win ,  issu  d'une  famille  noble ,  dans  celte 
partie  du  Brabant  connue  sous  le  nom  de 
Ilasban  (aujourd'hui  Hasbaye ,  partie  du 
pays  de  Liège  ) ,  mena  dans  ses  premières 
années  une  vie  fort  déréglée  ;  mais  ayant 
perdu  son  épouse ,  il  réfléchit  profondé- 
ment sur  la  conduite  des  choses  humai- 
nes ,  et  fut  épris  des  sentimens  de  la  plus 
vive  pénitence.  Il  se  retira  dans  le  tronc 
d'un  arbre  creux.  Il  se  fit  ensuite  une 
cellule  dans  la  forêt  de  Malmedun  près 
de  Gand,  et  il  ne  s'y  nourrissait  que 
d'eau  et  d'herbes  sauvages.  Au  bout  de 
quelque  temps ,  il  revint  dans  le  monas- 
tère de  Saint-Pierre  de  Gand.  Saint  Flori- 
bert,  qui  en  était  abbé,  lui  permit  de  se 
construire  une  nouvelle  cellule  dans  un 
bois  du  voisinage.  Bavon  y  vécut  en  re- 
clus, uniquement  occupé  des  biens  invi- 
sibles. Il  mourut  le  1er  octobre ,  vers  le 
milieu  du  7e  siècle.  Saint  Amand ,  saint 
Floribert  accompagné  de  ses  moines ,  et 
Domlin,  prêtre  de  Turholt,  assistèrent  à 
sa  mort.  Soixante  gentilshommes ,  touchés 
de  son  exemple ,  se  consacrèrent  aux  aus- 
térités de  la  pénitence.  Ils  firent  bâtir  à 
Gand  l'église  de  son  nom,  laquelle  fut 
d'abord  desservie  par  des  chanoines ,  puis 
par  des  religieux  de  Saint-benoît.  Le  pape 
Paul  III  sécularisa  le  monastère  en  1537, 
à  la  prière  de  l'empereur  Cbarlcs-Quint. 
Ce  prince  ayant  fail  construire  une  cita- 
delle en  cet  endroit ,  transféra  le  chapi- 
tre ,  trois  ans  après ,  dans  l'église  de 
Saint -Jean,  qui  depuis  ce  temps-là  pos- 
sède les  reliques  et  porte  le  nom  de  saint 
Bavon.  Cette  église  devint  cathédrale, 
lorsqu'en  1559,  Paul  IV  érigea  un  évèché 
à  Gand,  sur  la  demande  que  lui  en  lit 


BAY  iô 

Philippe  II,  roi  d'Espagne.  Saint  Bavon 
est  patron  de  cette  ville.  Voyez  sa  Vie, 
écrite  dans  le  8*  siècle,  Jp.  Mdbil.  sec.  2. 
Ben.  Surius  a  donné  une  autre  Vie ,  qui 
n'a  pas  la  même  autorité.  Elle  est  de 
Thierri ,  abbé  de  Saint-Trond ,  qui  floris- 
sait  dans  le  douzième  siècle.  Nous  avons 
aussi  une  histoire  en  trois  livres ,  des  mi- 
racles opérés  par  l'intercession  du  saint. 
Voijez  parmi  les  modernes ,  Le  Cointe , 
ad  an.  649;  l'agi ,  Gril,  in  Baron,  ad  an. 
631,  n.  13;  la  Batavia  sacra ,  p.  27;  San- 
derus ,  Ber.  Gandav.  c.  k,  p.  241  ,eil.b, 
p.  580 ,  où  l'on  trouve  l'histoire  de  l'église 
de  Saint-Bavon,  aujourd'hui  cathédrale. 
Voyez  aussi  le  P.  Périer ,  l'un  des  conti- 
nuateurs de  Bollandus,  tom.  1 ,  oclob.  à  p. 
498  ad  p.  503. 

BAXTER  (Richard),  né  en  1613,  à 
Bowton ,  dans  le  comté  de  Shrop ,  théo- 
logien anglais,  non  conformiste,  chape- 
lain du  roi  Charles  II ,  refusa  l'évèché 
d'Héréfort  que  ce  prince  lui  offrait.  Il 
mourut  en  1691.  Il  a  laissé  des  Sermons, 
une  Paraphrase  sur  le  nouveau  Testa- 
ment, et  d'autres  livres  pleins  de  chaleur. 
Burnet  l'estimait  beaucoup,  mais  l'on 
sait  que  l'enthousiasme  de  secte  était  un 
grand  mérite  près  de  ce  savant,  qui  en 
avait  lui-même  beaucoup. 

BAXTER  (  Guillaume  ) ,  né  en  1630  ne- 
veu du  précédent ,  est  auteur  d'un  Glos- 
saire d'antiquités  britanniques ,  en  latin , 
Londres,  1733,  in-8°;  et  d'un  autre  d'An- 
tiquités romaines  ,  1726 ,  in-8°.  Il  mourut 
en  1723. 

*  BAYANIVE  (  Alphonse -Hubert  de 
LATIER,  comte  de  ),  cardinal  diacre  de 
l'église  romaine ,  né  à  Valence  en  Dau- 
phiné  en  1739 ,  mort  à  Paris  le  20  juillet 
1818.  Nommé  auditeur  de  Ilote  à  home, 
pour  la  France,  il  exerça  cette  charge 
jusqu'en  1801 ,  que  le  pape  le  nomma 
cardinal.  En  1808  il  avait  été  chargé  par 
le  pape  d'une  mission  en  France.  Depuis 
il  resta  constamment  à  Paris,  et  vivait 
dans  la  retraite ,  étant  affligé  d'une  sur- 
dité très  foi^e.  Il  fut  nommé  sénateur  en 
1813  :  il  vota  la  création  d'un  gouverne- 
ment provisoire,  ainsi  que  la  déchéance  de 
Bonaparte  et  de  sa  famille.  Louis  XVIII  le 
fit  pair  de  France  en  1814.  Le  P  juin  1813 
il  assista  l'évêque  Barrai  à  la  messe  qui 
fut  célébrée  au  champ  de  mai  par  ordre 
de  Bonaparte.  Il  fut  cependant  conservé 
au  retour  des  Bourbons  sur  la  liste  des 
pairs  où  il  siégea  jusqu'à  sa  mort.  Lors  du 
procès  du  maréchal  Ney  (novembre  1813), 
il  se  récusa  comme  pair  ecclésiastique. 


7  nvv 

BAYARD  (  Piep.re  dit  ÏEKRAlt  de  ), 

né  en  Dauphiné  ,  d'une  famille  noble,  fut 
d'abord  page  du  gouverneur  de  cette  pro- 
vince. Le  roi  Charles  VIII ,  appelé  en  Ita- 
lie par  Alexandre  VI,  mena  le  jeune 
guerrier  en  1498  à  la  conquête  du  royau- 
me de  Naples.  Il  s'y  distingua  partout, 
mais  principalement  à  la  bataille  de  For- 
noue.  Charles  VIII  étant  mort,  Bayard 
ne  fut  pas  moins  utile  à  Louis  XII.  Il  con- 
tribua beaucoup  à  la  conquête  de  Milan. 
Dans  une  bataille  qui  se  donna  en  1301 
dans  le  royaume  de  Naples,  il  soutint  seul, 
comme  Coclès,  sur  un  pont  étroit,  l'effort 
de  200  chevaliers  qui  l'attaquaient.  A  la 
prise  de  la  ville  de  Bresse ,  il  reçut  une 
blessure  dangereuse,  et  fit  un  acte  de 
vertu  héroïque.  Son  hôte  lui  ayant  fait 
remettre  2,000  pistoles,en  reconnaissance 
de  ce  qu'il  l'avait  garanti  du  pillage,  il 
donna  cette  somme  à  ses  deux  filles  qui 
la  lui  apportaient.  Le  trait  suivant  est 
encore-plus  remarquable.  La  rare  beauté 
d'une  jeune  personne  du  sexe  ayant  fait 
sur  lui  une  vive  impression ,  il  fit  des 
propositions  à  la  mère  qui  était  pauvre 
et  qui  les  accepta.  Conduise  ehea  le  che- 
valier, la  fille  se  jette  à  ses  pieds  ,  les  ar- 
rose de  ses  larmes  et  lui  dit  :  Monsei- 
gneur, vous  ne  déshonorerez  pan  une 
malheureuse  victime  de  la  misère,  dont. 
votre  vertu  devrait  vous  rendre  l  ■  pro- 
tecteur. —  Levez-vous  ma  fille ,  lui  ré- 
pond Bayard,  touché  jusqu'au  fond  du 
cœur;  vous  sortirez  de  ma  maison  aussi 
sage  et  plus  heureuse  que  vous  n'y  êtes 
entrée.  11  la  dota  et  la  maria.  C'est  ainsi . 
dit  un  historien,  que  le  bon  chevalier 
changea  de  vice  à  vertu.  En  1314  ,  il  eut 
lalieutenance-générale  du  Dauphiné»  A  la 
bataille  de  Marignan  contre  les  Suisses,  il 
combattit  à  côté  de  François  1er.  C'est  à 
cette  occasion  que  ce  roi  voulut  être  fait 
chevalier  de  la  main  du  héros ,  suivant  les 
usages  de  l'ancienne  chevalerie.  Bayant 
défendit  ensuite  pendant  six  semaines 
Mézières ,  place  mal  fortifiée  ,  contre  une 
armée  de  40,000  hommes  et  de  4,000  che- 
vaux. Le  conseil  du  roi  avait  résolu  de 
brûler  cette  place,  qui  ne  paraissait  pas 
être  en  état  de  soutenir  un  siège.  IJjyjnl 
s'y  opposa  en  disant  à  François  i'r.  Il  n'y 
a  point  de  places  faibles ,  là  où  il  y  a  des 
gens  de  cœur  pour  les  défendre.  L"au  irai 
de  Bonivcls'étanl  rendu  en  îlalie  ,  le  che- 
valier Bayard  le  suivit  en  132-jj  L'année 
d'après  il  reçut,  à  la  retraite  de  lleb.'c, 
un  coup  de  ui<)u-(|ULt  qui  lui  cassa  lignine 
du  dos.  Ce  héros  blessé  à  mort  dans  cette 
12. 


BAY  138 

déroute,  ordonna,  après  avoir  fait  quel- 
ques prières  et  recommandé  son  âme  à 
Dieu ,  qu'on  le  mit  sous  un  arbre ,  le  vi- 
sage tourne  vers  l'ennemi ,  Parce  que , 
dit-il,  n'ayant  jamais  tourné  le  dos,,  il 
?ie  voulait  pas  commencer  dans  ses  der- 
niers momens.  Il  pria  ensuite  d'Alègre 
d'aller  dire  au  roi,  que  le  seul  regret 
qu'il  avait  en  quittant  la  vie ,  était  de 
ne  pouvoir  pas  le  servir  plus  long-temps. 
Le  connétable  Charles  de  Bourbon ,  qui 
l'estimait ,  l'ayant  trouvé  dans  cet  état , 
comme  il  poursuivait  les  Français ,  lui 
témoigna  combien  il  le  plaignait.  Bayard 
lui  répondit  :  Ce  n'est  pas  moi  qu'il  faut 
plaindre  *  mais  vous  ,  qui  portez  les  ar- 
mes contre  votre  roi,  votre  patrie  et 
votre  serment.  Il  expira  peu  de  temps 
après ,  âgé  de  48  ans.  Nous  avons  la  Vie 
de  cet  homme  illustre  par  Symphorien 
Champier,  Paris,  1525,  in-4°;  par  un  de 
ses  secrétaires  ,  1619 ,  in-4°  ,  avec  des  no- 
tes de  Thomas  Godefroy;  par  Lazare  Boc- 
quillot ,  prieur  de  Lonval ,  1702 ,  in-12  ; 
et  par  Guyart  de  Berville,  1760,  in-12. 
Le  style  des  deux  premiers  a  vieilli ,  et 
celui  des  deux  autres  manque  un  peu  d'é- 
légance. Quoique  Bayard  n'eût  jamais 
commandé  en  chef,  les  troupes  le  re- 
grettèrent comme  si  elles  avaient  perdu 
le  meilleur  des  généraux.  Plusieurs  offi- 
ciers et  plusieurs  soldats  allèrent  se  ren- 
dre aux  ennemis ,  pour  avoir  la  consola- 
lion  de  voir  encore  une  fois  le  chevalier. 
L'ennemi,  aussi  généreux  qu'eux,  ne  vou- 
lut pas  qu'ils  fussent  prisonniers.  On  re- 
mit son  corps,  après  l'avoir  embaumé, 
pour  être  porté  à  Grenoble ,  sa  patrie.  Le 
duc  de  Savoie  lui  fit  rendre  les  honneurs 
qu'onrendaux  souverains,  et  le  fit  accom- 
pagner par  la  noblesse  jusque  sur  la  fron- 
tière. On  avait  donné  à  ce  grand  homme 
le  nom  de  Chevalier  sans  peur  et  sans 
reproche ,  et  il  le  méritait  bien.  Il  avait 
cette  vertu  naïve ,  et  cet  héroïsme  plein 
de  franchise,  dont  un  siècle  raffiné  ne 
fournit  plus  d'exemples.  Il  savait  que  la 
valeur  sans  religion  n'était  qu'une  espèce 
de  fureur,  dénuée  des  lumières  qui  doi- 
vent la  rendre  humaine  et  utile  ;  il  don- 
nait en  toute  occasion  des  preuves  pu- 
bliques de  son  attachement  à  la  foi  chré- 
tienne. Dès  qu'il  eut  été  blessé ,  son  pre- 
mier mouvement  fut  de  baiser  la  croix 
de  son  épée ,  n'ayant  pas  d'autre  figure 
propre  à  retracer  le  signe  de  notre  ré- 
demption. 

*  BAYARD  (Jeax-Baptîste-Fraivçois), 
avocat  et  jurisconsulte,    né  à  Paris   en 


BAY 

1750  ,  et  mort  en  1800 ,  fut  reçu  avocat  en 
1776 ,  et  s'occupa  avec  Camus  à  rectifier  la 
collection  de  jurisprud  nce  de  Denisart 
dont  ils  publièrent  9  vol.  iri-4°.  (  On  en  a 
depuis  ajouté  quatre  autres.  )  Il  remplit 
successivement  pendant  six  ans  les  fonc- 
tions d'accusateur  public,  de  juge  et  de 
commissaire  du  pouvoir  exécutif  près  le 
tribunal  de  Cassation.  Les  cahiers  de  l'Hô- 
tel-de-Ville  de  1789  à  1791 ,  intitulés  An- 
nales de  ta  Révolution  sont  aussi  de  lui: 

*  BAYE\  (  Pierre  ) ,  pharmacien  et 
chimiste,  né  à  Chàlons-sur-  Marne ,  en 
1725  ,  vint  en  1749  à  Paris ,  et  fut  succes- 
sivement l'élève  de  Gharas ,  de  Bouelle  et 
deChamousset.Ses  succès  furent  si  grands, 
que  le  gouvernement  le  chargea  d'analy- 
ser avec  Venel  toutes  les  eaux  minérales 
de  la  France.  Ce  travail  important  fut  sus- 
pendu par  l'ordre  qu'il  reçut,  en  1755 ,  de 
suivre  comme  pharmacien  en  chef  l'expé- 
dition de  l'île  de  Minorque,  pendant  la- 
quelle il  trouva  pour  l'armée,  qui  buvait  de 
l'eau  saumât  re , une  source  abondan  le  d'eau 
douce ,  et  en  un  jour ,  retira  de  la  poudre 
à  canon  assez  de  salpêtre  pour  faire  des 
mèches  de  bombes ,  dont  la  privation  al- 
lait contraindre  d'interrompre  le  siège. 
Après  la  campagne ,  Bayen  passa  avec  le 
même  titre  à  l'armée  d'Allemagne  pen- 
dant la  guerre  de  sept  ans.  A  la  paix ,  il 
reprit  ses  travaux  sur  les  eaux  minérales, 
et  fit  de  nouvelles  recherches  qui  le  con- 
duisirent à  d'utiles  découvertes.  Il  fut 
reçu  à  l'institut  à  l'époque  de  sa  réfor- 
mation et  mourut  en  1801.  Ses  principaux 
ouvrages  sont  :  |  Analyse  des  eaux  de  Ba- 
gnères  et  de  Luchon, i76S;  \  Moyen  d'ana- 
lyser les  serpentines,  porphyres,  ophites , 
granits , jaspes,  schistes ,  jades  et  félos 
pallie  j,  1778  ;  |  Recherches  chimiques  sur 
l'élain,  1781.  Ce  dernier  ouvrage  fut  fair 
en  commun  avec  Charlard.  C'est  Bayen 
qui  découvrit  la  propriété  fulminante  du 
mercure  dans  certaines  combinaisons. 

BAYER  (  TuÉopniLE-SiGKFRÔi  ) ,  petit- 
fils  de  Jean  Bayer,  habile  mathémati- 
cien, naquit  en  1694.  Son  goût  pour  l'é- 
tude des  langues  anciennes  et  modernes 
le  porta  à  apprendre  même  le  chinois.  Il 
alla  à  Dantzick ,  à  Berlin,  à  Halle ,  à  Leip- 
sick,  et  en  plusieurs  autres  villes  d'Alle- 
magne ,  et  fit  partout  des  connaissances 
utiles.  De  retour  à  Kœnigsberg,  en  1717. 
il  en  fut  fait  bibliothécaire.  Il  fut  appelé 
en  1726  à  Pétersbourg ,  où  on  le  nomma 
professeur  des  antiquités  grecques  et  ro- 
maines. Il  était  sur  le  point  de  retour 
ner  à  Kœnigsberg  lorsqu'il  mourut  à  Saint- 


BAY  èi 

rétcrsfeourg  en  1738.  On  a  de  lui  un 
grand  nombre  de  Dissertations  savantes; 
principalement  sur  des  monnaies  an- 
ciennes et  des  inscriptions  curieuses.  Son 
Muséum  sinicum,  imprimé  en  1750 ,  2 
vol.  in-8°,  ouvrage  d'une,  érudition  sin- 
gulière ,  montre  dans  son  auteur  beau- 
coup de  sagacité.  Son  Historia  congrega- 
tionis  cardinalium  de  propaganda  fide , 
1721,  in-4°,  décèle  contre  l'Eglise  catho- 
lique une  haine  poussée  si  loin ,  que  les 
protestans  mêmes  en  furent  indignés.  — 
Jean  BAYER,  son  aïeul,  né  à  Augsbourg, 
était  un  astronome  habile.  En  1605 ,  il 
publia,  sous  le  titre  d' [franometria , une 
description  des  constellations,  dans  la- 
quelle il  indique  chaque  étoile  par  une 
lettre  grecque  ou  latine;  méthode  qui  a 
été  suivie  depuis.  Ce  catalogue  des  étoiles 
a  été  successivement  perfectionné ,  sans 
qu'on  ait  pu  cependant  savoir  encore  le 
nombre  précis  de  ces  flambeaux  célestes. 
Voyez  FLAMSTÉED. 

*  BAYER  (  Fraivçois-Perez  ) ,  anti- 
quaire et  érudit  espagnol ,  né  à  Valence 
en  1711.  Après  avoir  enseigné  l'hébreu 
dans  sa  patrie ,  il  fut  nommé  chanoine 
trésorier  de  la  cathédrale  de  Barcelone  , 
et  ensuite  de  Tolède.  Le  roi  Charles  III  le 
nomma  précepteur  des  infans  ,  et  il  s'ac- 
quitta de  cette  fonction  à  la  satisfaction 
générale.  Il  mourut  le  26  janvier  1794. 
Le  roi,  pour  récompenser  ses  services  . 
lui  avait  accordé  le  litre  de  conseiller  de 
la  chambre.  Ses  ouvrages  imprimés  sonl 
peu  nombreux.  Le  premier,  qu'il  publia 
en  1753,  est  une  |  Dissertation  su?-  les  rois 
de  l'île  de  Tarse.  En  1756  il  lit  imprimer 
une  dissertation  intitulée  :  Damasus  et 
Laurentius  llispanis  adserii  et  vindicali; 
enfin  il  publia  en  1781  une  dissertation 
sous  ce  titre  :  |  De  nummis  hebrœo-sama- 
ritanis,  in-4°.  Il  avait  employé  une  partie 
de  sa  vie  à  des  recherches  sur  les  anti- 
quités, pour  lesquelles  il  fit  plusieurs 
voyages,  et  à  la  composition  du  Cata- 
logue des  manuscrits  de  l'Escurial  ci  de 
Tolède  ;  qui  forme  plusieurs  vol.  in-fol. 
lia  laissé  plusieurs  autres  manuscrits,  et 
enrichi  de  notes  une  nouvelle  édition  de 
la  Bibliothèque  espagnole  d'Antonio. 

BAYEUX  (  Georges  ) ,  avocat ,  né  à 
Caenvers  1752,  se  distingua  dans  plusieurs 
causes  importantes,  fut  nommé  premier 
commis  des  finances  sous  Necker ,  puis 
commissaire  du  roi  et  procureur-général- 
fiyndic  du  département  du  Calvados.  Ac- 
cusé d'entretenir  une  correspondance 
avec  les  ministres  Montmorin  et  de  Les- 


9  BAY 

sart ,  qui  étaient  détenus  à  Orléans  ,  il  fut 
mis  en  prison  et  massacré  par  le  peuple, 
le  6  septembre  1792.  Il  a  laissé  plusieurs 
ouvrages,  parmi-  lesquels  on  distingue  une 
traduction  des  Fastes  d'Ovide,  1783-89, 
4  vol.  in-8°,  écrite  avec  assez  d'élégance, 
mais  estimée  particulièrement  pour  le 
discours  préliminaire  et  les  notes  qui 
l'accompagnent,  remplies  de  recherches, 
de  critique ,  d'histoire  et  de  philosophie  ; 
Réflexions  sur  le  règne  de  Trajan  >  1787,* 
Essais  académiques ,  1785,  etc. 

BAYLE  (  Pierre  ) ,  naquit  au  Cariât , 
petite  ville  du  comté  de  Foix  en  1647.  Son 
père  lui  servit  de  maître  jusqu'à  l'âge  de 
19  ans,  et  l'éleva  dans  le  calvinisme.  Il 
l'envoya  ensuite  à  Puylaurens,  où  était 
une  académie  de  sa  secte.Lc  curé  de  cette 
ville,  aidé  de  quelques  livres  de  contro- 
verse que  le  jeune  philosophe  avait  lus, 
lui  fit  abjurer  le  protestantisme.  Dix-sept 
mois  après  il  retourna  à  son  ancienne 
communion.  Un  édit  du  roi,  peu  favora- 
ble aux  relaps  ,  l'obligea  de  sortir  de  sa 
patrie.  Il  se  réfugia  àCopet,  petite  ville  de 
Suisse,  près  de  Genève,  où  il  se  chargea 
d'une  éducation,  et  d'où  il  sortit  quelque 
temps  après.  La  chaire  de  philosophie  de 
Sedan  s'étant  trouvée  vacante  en  1675, 
Bayle  alla  la  disputer,  et  l'emporta  sur 
ses  concurrens.  Ses  succès  dans  ce  poste 
ne  furent  point  équivoques;  mais  l'aca- 
démie de  Sedan  ayant  été  supprimée  en 
1681  ,  Bayle  se  vit  obligé  de  se  retirer  à 
Roterdam.  On  érigea  en  sa  faveur  une 
chaire  de  professeur  de  philosoplùe  et 
d'histoire.  Il  en  fut  destitué  en  1696,  par 
les  efforts  de  Jurieu  ,  ministre  protestant 
assez  connu  par  ses  prophéties  et  son 
fanatisme.  Cet  enthousiaste  avait  quelques 
sujets  de  ressentiment  contre  le  philoso- 
phe ,  et  celui-ci  avait  eu  l'imprudence  de 
lui  donner  les  moyens  de  se  venger;  car 
il  n'était  pas  difficile  de  faire  comprendre 
aux  réformés  que  Bayle  était  un  ennemi 
de  toutes  les  communions;  ses  écrits  en 
fournissaient  des  preuves  multipliées.  On 
prétend  cependant  que,  sans  un  motif 
politique  qui  intéressait  l'étal,  Jurieu 
n'aurait  point  réussi.  Halwin ,  bourg- 
mestre de  Dordrecht,  était  entré  dans 
une  csj  èce  de  négociation  avec  Amelot, 
ambassadeur  de  France  en  Suisse,  pour 
faire  la  paix  avec  celle  couronne  à  l'insu 
de  l'état.  11  fut  arrêté  pour  ce  sujet  par 
l'ordre  du  roi  d'Angleterre,  qui  ne  vou- 
lait que  la  guerre,  et  condamné  à  une 
prison  perpétuelle  et  à  la  confiscation  de 
tous  ses  biens.  Bayle  fut  soupçonné  d'avoir 


BAY 


140 


IIVY 


par  ses  écrits,  fait  entrer  bien  des  per- 
sonnes dans  les  vues  du  bourgmestre ,  et 
les  magistrats  de  Roterdam  curent  ordre 
de  lui  ôler  sa  charge  de  professeur  et  sa 
pension  :  ils  obéirent  en  cela  au  roi  Guil- 
laume, dont  ils  étaient  les  créatures.  II 
s'éleva  contre  Bàyle  une  nouvelle  lem- 
péte,  lorsque  son  Dictionnaire  parut  en 
1097.  Jùrieu  dénonça  au  consistoire  de 
l'église  wallonc  ce  qu'il  y  avait  de  répré- 
lu lisible  dans  cet  ouvrage;  c'vn  était  une 
partie  très  considérable.  Baylc  fut  obligé 
de  promettre  qu'il  corrigerait  les  fautes 
qu'on  lui  reprochait.  Les  preuves  d'im- 
piété (pie  ce  livre  fournissait  contre  lui, 
lui  causèrent  beaucoup  d'inquiétude.  On 
dit  qu'il  devait  passer  en  France  avec  une 
pension  de  6,000  livres  lorsqu'il  mourut 
à  Roterdam,  d'une  maladie  de  poitrine  , 
âgé  de  39  ans ,  en  170G  ;  mais  il  n'y  a  pas 
d'apparence  que  Louis  XIV  fût  disposé  à 
récompenser  un  écrivain,  dont  l'irréligion 
était  manifeste.  11  en  convenait  lui-même 
sans  détour;  on  sait  la  réponse  qu'il  lit  à 
l'abbé  de  Polignac,  depuis  cardinal  :  .-/ 
laquelle  des  sectes  qui  régnent  en  Hollan- 
de éles-vous  le  plus  attaché  ,  lui  deman- 
dait cet  abbé  ?  —  Je  suis  protestant ,  ré- 
pondit Rayle?  —  Mais  ce  mot  est  bien 
vague-,  répondit  Polignac?  — Etes-voiis 
luthérien  .  calviniste  ,  anglican  ?  —  Non 
répliqua  Rayle  :  je  suis  protestant ,  parce 
que  je  proteste  contre  tout  ce  qui  se 
dit  et  ce  qui  se  fait.  (  Eloge  du  cardinal 
de  Polignac ,  par  M.  de  Roz.e.  )  Les  ouvra- 
ges sortis  de  sa  plume  sont  :  |  Pensées 
diverses  sur  la  comète  qui  parut  en  1080, 
k  vol.  in-12.  Il  avait  commencé  cet  ou- 
vrage à  Sedan,  et  le  finit  en  Hollande.  Il 
y  soutient,  parmi  d'autres  paradoxes , 
qu'il  est  moins  dangereux  de  n'avoir  point 
de  religion,  que  d'en  avoir  une  mauvaise. 
On  jugea  dès  lors  que  Rayle  était  un  so- 
phiste et  un  pyrrhonien.  Après  avoir 
sapé  les  fondemensde  toutes  les  religions 
dans  ce  livre,  il  veut  anéantir  la  religion 
chrétienne.  Il  ose  avancer  que  de  vérita- 
bles chrétiens  ne  formeraient  pas  un  état 
qui  pût  subsister.  On  a  cru  qu'en  soute- 
nant ce  paradoxe,  il  méconnaissait  l'esprit 
de  la  religion  :  il  ne  le  méconnaissait  pas, 
mais  il  feignait  de  le  méconnaître.  Rayle 
se  formait  des  fantômes  pour  les  com- 
battre :  on  ne  le  voit  que  trop  dans  cet 
ouvrage ,  à  travers  les  digression,  les 
hors-d'œuvre  et  les  passages  dont  il  est 
parsemé.  Il  dessille  les  yeux  sur  l'influence 
des  comètes;  mais  il  mêle  à  cette  vérité 
une  infinité  d'erreurs.  Un  de  ses  artifices 


est  d'attaquer  les  vérités  les  plus  capitales 
en  tout  genre,  par  les  erreurs  que  l'igno- 
rance y  a  mêlées.  En  montrant  qu'on  les 
a  mal  soutenues  ,  il  croit  les  avoir  renver- 
sées. Les  chutes  des  savans  font  à  ses  y  eu*, 
chanceler  toutes  les  sciences  :  les  mépri- 
ses des  uns  sont  des  raisons  d'où  il  con- 
clut l'incertitude  des  autres.  SuF  ce  vain 
sophisme,  il  appuie  les  fomlemens  pour 
établir  l'édifice  de  son  pyrrhonisme.  Son 
style,  qui  plaît  d'abord  par  sa  clarté  et  par 
le  naturel  qui  le  caractérise,  tiéj>laît  à  la 
fin,  par  une  langueur,  une  mollesse  et 
une  négligence  poussées  un  peu  trop 
loin  :  il  en  convenait  lui-même.  Mon  style, 
disait-il,  est  assez  négligé,  il  n'est  pas 
exempt  de  termes  impropres  et  qui  vieil- 
lissent, ni  peut-être  même  de  barbarismes. 
Je  l'avoue  :  je  suis  là-dessus  presque  sans 
scrupule.  Il  rendait  une  exacte  justice  à 
ses  ouvrages.  Il  dit  dans  une  de  ses  let- 
tres :  «  On  m'écrit  que  M.  Despréaux  goûte 
»  mon  Voyage.  J'en  suis  surpris  et  flatté. 
»  Mon  Dictionnaire  me  parait  à  son  égard 
»  un  vrai  ouvrage  de  caravane,  où  l'on 
»  fait  20  ou  50  lieues  sans  trouver  un 
»  arbre  fruitier  on  una  fontaine.  »  Rayle 
écrivait  aussi  au  P.  de  Touruemine  :  Je 
ne  suis  que  Jupiter  Assemble-Nues.  Mon 
talent  est  de  former  des  doutes;  mais  ce 
ne  sont,  poiw  moi  qw:  des  doutes...  Il  s'est 
peint  lui-même  à  l'article  Arcésilas ,  où 
il  fait  le  portrait  de  ce  philosophe.  A  l'ar- 
ticle Euclile ,  il  se  donne  d'excellentes 
leçons  dont  il  ne  sait  point  faire  usage. 
Subtilisant  sans  cesse,  il  condamne  les 
auteurs  qui  subtilisent.  Pouvait-il  ignorer 
qu'Isocrale,  dans  le  panégyrique  d'Hélène, 
appelle  ce  talent,  un  talent  petit,  médio- 
cre, et  qui  suppose  peu.  de  génie?  \  Les 
Nouvelles  de  la  république  des  lettres , 
depuis  le  mois  de  mars  J 68\ ,  jusqu'au 
même  mois  1087.  Ce  journal  eut  un  cours 
prodigieux.  La  critique  en  est  saine  dans 
bien  des  endroits,  les  réflexion,  justes,  l'é- 
rudition variée.  On  est  fâché  d'y  trouver 
quelquefois  des  plaisanteries  déplacées,  et 
des  obscénités  qui  le  sont  encore  plus.  Ce 
philosophe  tenait  souvent  des  discours 
très  libres ,  et  dans  des  assemblées  où  le 
plus  petit  reste  de  décence  eût  dû  le  dé- 
contenancer ;  il  parlait  des  matières  les 
plus  cachées  de  l'anatotnie  dans  un  cercle 
de  femmes  ,  connu;:  les  chirurgiens  dans 
leurs  écoles;  L:s  femmes  baissaient  les 
yeux,  ou  détournaient  la  tête  :  il  faisait 
semblant  d'en  être  surpris,  et  demandait 
tranquillement  s'il  était  tombé  dans  quel- 
que indécence...?  \  Commeidairc  philo- 


BAY 


ni 


BAY 


sophiquc  sur  ces  paroles  de  l'Evangile 
CONTRAINS-LES  D'ENTRER,  2  vol.  in- 
42.  C'est  une  espèce  de  traité  de  la  tolé- 
rance, qui  intéressa  vivement  tous  ceux 
qui  en  avaient  besoin.  Il  y  a  beaucoup  de 
dialectique ,  mais  de  celle  qui  fait  des  ef- 
forts pour  confondre  le  faux  avec  le  vrai, 
et  pour  obscurcir  un  bon  principe  par 
des  conséquences  mal  tirées.  |  Réponses 
eux  questions  d'un  provincial,  S  vol.  in- 
42.  Ce  sont  des  mélanges  de  littérature , 
d'histoire  et  de  philosophie.  |  Critique 
générale  de  l'histoire  du  calvinisme ,  du 
P.  Maimbourg.  |  Des  Lettres,  en  S  vol. 
|  Dictionnaire  historique  et  critique,  en 
h.  vol.  in-fol.  Roterdam,  1720.  Bayle  l'au- 
rait réduit ,  de  son-  propre  aveu ,  à  un 
seul ,  s'il  n'avait  eu  plus  en  vue  son  li- 
braire que  la  postérité.  Ce  livre ,  d'un 
goût  nouveau,  est  accompagné  de  grandes 
notes ,  dans  lesquelles  le  compilateur  a 
mélangé,  avec  plus  de  profusion  que 
de  choix,  tout  ce  qu'il  avait  pu  recueillir 
de  bon  et  de  mauvais.  De  là  mie  foule  d'a- 
necdotes hasardées ,  de  citations  fausses, 
de  jugemens  peu  justes,  de  sophismes 
évidens,  d'ordures  révoltantes.  Bayle 
traite  le  pour  et  le  contre  de  toutes  les 
opinions.  Il  expose  les  raisons  qui  les 
soutiennent,  et  celles  qui  les  détruisent; 
mais  il  appuie  plus  sur  les  raisonnemens 
qui  peuvent  accréditer  une  erreur,  que 
sur  ceux  dont  on  étaie  une  vérité.  Un 
écrivain  fameux,  grand  admirateur  de 
Bayle ,  a  dit  :  Qu'il  était  V avocat-général 
des  philosophes,  mais  qu'il  ne  donn  *  point 
ses  conclusions.  Il  les  donne  quelquefois. 
Cet  avocat-général  est  souvent  juge  et 
partie,  et  lorsqu'il  conclut,  c'est  ordi- 
nairement pour  la  mauvaise  cause.  C'est 
presque  toujours  le  doute  qu'il  s'efforce 
d'établir.  Il  est  presque  incroyable  à  quel 
point  il  avait  porté  le  scepticisme ,  au 
moins  apparent,  car  on  ne  peut  croire 
que  dans  le  fond  de  son  âme  il  fût  aussi 
peu  affirmatif.  Le  Clerc  nous  apprend  que 
dans  ses  vieux  jours  il  voulait  même  er- 
goter contre  les  démonstrations  géomé- 
triques. On  sait  qu'à  La  Haye ,  dans  une 
compagnie  nombreuse ,  il  soutint  que  les 
Français  n'avaient  point  perdu  la  célèbre 
bataille  de  Hochstet ,  quoique  toutes  les 
gazettes  l'eussent  annoncé,  que  les  suites 
de  cette  bataille  fussent  visibles,  et  qu'il 
se  trouvât  là  même  présens  deux  officiers 
qui  y  avaient  été  faits  prisonniers.  Après 
cela  faut-il  s'étonner  si  les  mystères  de  la 
religion  lui  ont  paru  des  problèmes  ?  M. 
Dubois  de  Launay ,  dans  une  excellente 


Analyse  de  Bayle,  Paris,  1782,  2  vol. 
in-12  ,  montre  par  les  paroles  mêmes  de 
Bayle  que  si  ce  sceptique  parle  pour  toutes 
les  erreurs ,  il  rend  également  hommage  à 
toutes  les  vérités.  Les  meilleures  éditions 
de  sonDictionnaire  historique,  sont  celles 
de  1720  et  1740.  Ses  OEuvres  diverses  ont 
été  recueillies  en  h  autres  vol.  in-fol.  Des 
Maiseaux  a  publié  sa  vie  en  2  vol.  in-12, 
ouvrage  qu'on  aurait  pu  réduire  à  la 
moitié  d'un  ,  si  l'historien  s'était  borné  à 
l'utile.  Ses  principales  erreurs  ont  été 
solidement  réfutées  par  les  auteurs  de  la 
Religion  vengée,  dans  les  six  premiers 
volumes  de  cet  ouvrage  ;  et  par  le  Père 
Le  Fèvre  dans  son  Examen  critique  de 
Bayle.  Ceux  qui  veulent  rassembler  les 
portraits  qu'on  a  faits  de  ce  fameux  pyr- 
rhonien ,  peuvent  consulter  Ramsay ,  Le 
Clerc ,  Crusaz ,  Saurin ,  le  Père  Porée , 
etc.  ;  nous  nous  contenterons  de  rapporter 
celui  qu'en  a  tracé  un  célèbre  orateur  de 
nos  jours.  «  D'où  viennent,  et  comment 
»  se  sont  formés  parmi  nous  ces  progrès 
»  si  rapides  du  libertinage  et  de  l'athéis- 
»  me  ?  Il  s'est  trouvé  un  homme  d'un  génie 
»  supérieur  et  dominant ,  à  qui ,  de  tous 
»  les  talens  qui  font  les  grands  hommes  , 
»  il  n'a  manqué  que  le  talent  de  n'en 
»  pas  abuser  ;  esprit  vaste  et  étendu , 
»  qui  n'ignora  presque  rien  de  ce  qu'on 
«peut  savoir,  qui  ne  voulut  apprendre 
»  que  pour  rendre  douteux  el  incertain 
»  tout  ce  qu'on  sait  ;  esprit  habile  à  tour- 
»  nerla  vérité  en  problème,  à  étonner, 
»  à  confondre  la  raison  par  le  raisonne- 
»  ment ,  à  répandre  du  jour  et  des  grâces 
»  sur  les  matières  les  plus  sombres  et  les 
»  plus  abstraites,  à  couvrir  de  nuages  et 
»  de  ténèbres  les  principes  les  plus  purs 
»  et  les  plus  simples  ;  esprit  uniquement 
»  appliqué  à  se  jouer  de  l'esprit  humain  ; 
»  tantôt  occupé  à  tirer  de  l'oubli  et  à  ra- 
»  jeunir  les  anciennes  erreurs ,  comme 
»  pour  forcer  le  monde  chrétien  à  repren- 
»  dre  les  songes  et  les  superstitions  du 
»  monde  idolâtre  ;  tantôt  heureux  à  sa- 
»  per  les  fondemens  des  erreurs  récentes, 
»  par  une  égale  facilité  à  soutenir  et  à 
»  renverser,  il  ne  laisse  rien  de  vrai,  parce 
»  qu'il  donne  à  tout  les  mêmes  couleurs 
»  de  la  vérité  :  toujours  ennemi  de  la  re- 
ligion, soit  qu'il  l'attaque,  soit  qu'il 
«paraisse  la  défendre,  il  ne  développe 
»  que  pour  embrouiller ,  il  ne  réfute  que 
»  pour  obscurcir  ,  il  ne  vante  la  foi  que 
»  pour  dégrader  la  raison ,  il  ne  vante  la 
»  raison/  que  pour  combattre  la  foi  :  ainsi 
»  par  des  routes  différentes ,  il  nous  mène 


BAY 


Uil 


BAZ 


»  imperceptiblement  au  même  terme,  à 
j.  ne  rien  croire  et  à  ne  rien  savoir,  à 
»  mépriser  l'autorité ,  et  à  méconnaître 
»  la  vérilé  ,  à  ne  consulter  que  la  raison 
»  et  à  ne  point  l'écouter.  »  Que  resle-t-il 
dans  l'esprit  après  qu'on  a  lu  ses  ouvra- 
ges, dit  un  célèbre  critique?  «  des  objec- 
.>  lions  en  réponse  à  des  objections,  des 
»■  doutes  pour  combattre  d'autres  dou- 
»  tes;  derineerlihule.  voilàle  fruit  de  son 
»  savoir,  et  l'unique  présent  qu'il  fait  à 
>i  son  lecteur.  Quelle  gloire,  ajoute-t-il, 
»  pourrait  donc  tirer  l'incrédulité  d'un 
»  corypbée  qu'on  nous  prone  sans  cesse, 
»  et  qui  s'ésl  décrédité  lui-même  par  des 
»  incertitudes  continuelles  ?  Ce  ne  sont 
»  pas  des  hommes  de  cette  trempe  que  la 
»  religion  nous  présente  dans  ses  maîtres 
»  et  dans  ses  défenseurs.  Les  Chrysostô- 
»  me,  les  Augustin,  les  Cyrille,  les  Atha- 
»nase,les  Huet,  les  Abbadie ,  les  Bos- 
»  suet ,  les  Fénélon  ,  les  Bourdaloue  .  les 
»  Massillon  ,  et  un  millier  d'autres  s'en 
»  tenaient  à  quelque  chose  de  fixe,  et Jeur 
»  manière  de  raisonner  supposait  la  vérité 
*  dans  leur  esprit,  comme  elle  en  rom- 
»  mimique  la  conviction  à  leur  lecteur. 
»  A  quoi  en  serait  réduit  l'esprit  humain1. 
»  s'il  n'avait  pour  se  conduire  que  ces 
»  lumières  incertaines  qui  l'abusent  et  le 
»  fatiguent  sans  le  fixer?  Les  écrivains  du 
»  christianisme  .  en  répandant  la  clarté 
»  dans  l'esprit,  font  sentir  en  même  temps 
»  une  chaleur  qui  échauffe  et  remplit  le 
»  cœur;  dans  Bayîe  c'est  une  lueur  froide 
»  qui  éblouit  un  instant  les  yeux  ,  et  vous 
»  laisse  ensuite  dans  l'obscurité.  » 

RAYEE  (  Fra\çois  ),  né  au  diocèse 
d'Auch,  professeur  de  médecine  en  l'u- 
niversité de  Toulouse  ,  mourut  dans  cette 
ville,  en  1709, à  87  ans,  avec  la  fermeté 
d'un  philosophe  chrétien.  C'était  un 
homme  modeste,  qui  fermait  les  yeux  sur 
son  mérita  ,  et  qui  n'en  voyait  que  mieux 
celui  des  autres.  Nous  avons  de  lui  des 
institutions  de  Ph'/sique.en  latin,  publiées 
en  1700,  5  vol.  in-4°,  et  quelques  traités 
de  médecine. 

*  BAYLE  (G.  L.  ),  médecin  français 
était  membre  de  plusieurs  sociétés  savan- 
tes. Après  une  longue  suite  d'observa- 
tions et  de  soins  assidus  ,  Bayle  publia  ses 
Recherches  sur  la  phthisie  pulmonaire , 
et  fixa  l'opinion  des  gens  de  l'art  sur  cette 
terrible  et  lente  maladie.  On  lui  doit  en- 
core de  bonnes  descriptions  des  squirres, 
des  indurations  ,  des  corps  fibreux  ,  des 
squirres  accidentelles,  toutes  affections  qui 
appartiennent  à  l'anutoinie  pathologique. 


Bayle  coopéra  au  Dictionnaire  des  sciences 
médicales ,  et  on  lui  attribue  les  articles  : 
Cancer,  avec  M.  Cayol  ;  Désorganisation , 
Corps  fibreux  d°,  la  matrice ,  OEdème  de 
laglotle.  Depuis  long-temps  il  travaillait 
à  un  plus  grand  ouvrage  sur  les  maladies 
cancéreuses ,  lorsque  la  mort  l'enleva 
en  1817. 

*  il  VYEEY  (  Axsei.me  ) ,  théologien  pro- 
testant ,  né  en  1720  et  mort  en  179k ,  a  pu- 
blié un  assez,  grand  nombre  d'ouvrages, 
la  plupart  oubliés  aujourd'hui,  cl  dont  les 
principaux  sont  :  |  Une  grammaire  an- 
glaise; |  l'union  de  la  musique  et  de  la 
poésie;  \  grammaire  hébraïque  sans  points 
et  avec  des  points  ;  |  l'Ancien  Testament, 
en  anglais  et  en  hébreu ,  avec  des  remar- 
ques .  h  vol.  in-8°. 

*  B\YLY  (Louis),  prélat  anglais,  né  à 
Caermarthen  .  fut  chapelain  de  Jacques  I, 
et  évéque  de  Bangor,  en  1616  ,  et  mourut 
en  1G12.  Il  jouissait  d'une  grande  répu- 
tation comme  prédicateur  ,  et  a  publié  la 
Pratique  de  piété ,  in-8"  ,  ouvrage  qui  a 
obtenu  un  succès  prodigieux;  on  le  ré- 
imprima pour  la  cinquanle-neuvième  fois 
en  1734  :  il  en  existe  une  traduction  fran- 
çaise, I(>35,  in-8°.  On  a  cru  reconnaître 
quelques  principes  de  puritanisme,  ce 
qui  serait  assez  singulier  de  la  part  d'un 
évéque,  les  puritains  étant  opposés  aux 
épiscopaux. 

BAZIN.  Voyez  BEZOVIS. 

*  BAZ1RE.  Voyez  BASIRE. 

*  B-VZIUS  (  Jeax)  ,  évéque  de  Weixioe 
en  Suède,  né  en  1581  ,  mort  en  1649,  com- 
posa ,  par  ordre  du  gouvernement,  une 
Histoire  ecclésiastique  de  Suède,  sous  le 
titre  suivant  :  Inventariam  ecêleskt  Sueco- 
Gothicorum ,  continents  intégrant  Ilisto- 
riam  ecclesiœ  Sueeofmn ,  libris  VIII 
descriptam  usque  ad  annuni  tô&£  ,  Lin- 
copiae',  1645,  in-4".  L'évèque  Bazius  eut 
trois  iils  ,  Jean,  Eric  et  Benoit,  qui  se 
distinguèrent  par  leur  mérite  et  leurs  ta- 
lens.  —  JEAN  devint  archevêque  d'Up- 
sal.et  publia  quelques  ouvrages  théolo- 
giques. —  ERIC  courut  la  carrière  mili- 
taire, cl  fut  anobli  sous  le  nom  de  Lcion- 
hielm. — BENOIT  fui  pi éeepteui  du  prince 
Charles-Gustave  ,  depuis  roi  de  Suède, 
sous  le  nom  de  Charles  X ,  composa  des 
dissertations  sur  divers  sujets  de  morale 
et  d'histoire,  et  fut  anobli  sous  le  nom 
d'EUehielm. 

BAZAl  AN  et  COBAD.  C'est  le  nom  de 
deux  hommes  fameux  par  un  combat  sin- 
gulier ,  qui  décida  du  sort  des  Turcs  et 
des  Persans.  Bazinan  était  Turc  et  sujet 


BEA  i 

d'Afraciutl .  roi  du  Turquestan  ,  qui  avait 
passé  ie  Gihon  avec  une  armée  terrible 
pour  envahir  la  Perse,  Cobad  était  Per- 
san, el  combattit  pour  Naucmar,  un  des 
derniers  rois  de  la  première  dynastie  de 
l'erse.  Il  fut  stipulé  avant  le  combat  que 
celui  îles  deux  qui  vaincrait  son  ennemi 
donnerait  la  victoire  à  son  prince  et  à  sa 
nation.  Ltf  foi  fut  ;  aidée  par  les  deux  par- 
tis :  C.obad  ayant  terrassé  et  tué  lîa/.man, 
le  roi  du  Turquestan  repassa  le  Gibon  ,  et 
laissa  en  paix  celui  de  l'er-e. 

P.É  (Guillaume  Le):,  graveur  et  fon- 
deur en  caractères  d'imprimerie,  naquit 
à  Troyes  ,  en  1525 ,  de  Guillaume  Le  Bé, 
noble  bourgeois,  et  de  Madeleine  de  Saint- 
Aubin.  Elevé  à  Paris  dans  la  maison  de 
Robert  Etienne,  que  son  père  fournissait 
de  papier,  il  avait  eu  pari  à  la  composi- 
tion des  caractères  de  sa  célèbre  impri- 
merie. En  ISio  il  passa  à  Venise,  et  y 
grava  pour  Marc-Antoine  Justiniani ,  qui 
avait  levé  une  imprimerie  hébraïque,  des 
assortimens  de  caractères  hébraïques.  De 
retour  «à  Paris,  il  y  exerça  cet  ait  jus- 
qu'en !5!!8,  époque  de  sa  mort.  Casaubon 
parle  de  lui  avec  éloge  dans  sa  préface,  à 
1 i  tète  des  Opuscules  de  Spaliger. —  Hexri 
Le  BE .  sou  fils ,  fut  imprimeur  à  Paris. 
où  i!  donna  en  !58t  une  édition  iu-4°  des 
ïn&tiliiliones  Clenardi  in  linguam  grœ- 
cani.  Ce  livre,  quia  été  très  utile  aux  au- 
teurs de  la  Méthode  grecque  de  Port- 
Boyal,  est  un  chef-d'œuvre  d'impression. 
Ses  iils  et  ses  petits-lils  se  signalèrent 
dans  le  même  art.  Le  dernier  mourut  en 
4085. 

•  BÉATHIE  ou  plutôt  BEATTIE  (Ja- 
mes), célèbre  poète  et  littérateur  écos- 
sais, né  à  Laurencekirk  dans  le  comté  de 
K'mcardine,  le  5  novembre  1755,  d'un 
simple  fermier  qui  cultivait  la  poésie.  Il 
eut  le  malbeur  de  perdre  son  père  dans 
le  bas  âge  ;  mais  son  frère  aîné ,  recon- 
naissant en  lui  de  grandes  dispositions,  le 
conduisit  à  Aberdéen ,  où  il  obtint  une 
bourse ,  et  il  y  fil  toutes  ses  études.  Après 
les  avoir  achevées  ,  il  fut  nommé  profes- 
seur de  grammaire  latine,  et  ensuite  de 
philosophie  au  collège  Mareschal.  Il  pu- 
blia successivement  plusieurs  ouvrages. 
Les  principaux  sont  :  |  un  Recueil  de 
Poésies  s  composé  d'odes,  d'élégies,  de 
stances,  et  d'une  traduction  des  églogues 
de  "Virgile;  (  Essai  sur  la  poésie  el  la 
musique,  ouvrage  estimé  et  traduit  en 
français;  |  Essai  sur  la  nature  et  l'im- 
mutabilité de  la  vérité;  \  Ménestrel,  ou 
les  progrès  du  génie  ,  poème  qui  lui  fit 


H$  BEA 

ww-  grande  réputation;  |  un  Traité  du 

langage.  ,  un  de  ses  meilleurs  ouvrages; 
j  un  Traité  de  l'évidence  du  christianis- 
me ;  |  Elérncns  de  la  science  morale  ,  ou- 
vrage très  estimé,  qui  est  un  résumé  de 
ses  leçons  à  l'université  d' Aberdéen.  On 
remarque  dans  ses  écrits  une  grande  pé- 
nétration ,  el  plus  de  subtilité  que  de  pro- 
fondeur. Son  style  plein  de  chaleur  et  de 
mouvement  contribua  beaucoup  à  les  ré- 
pandre. Il  mourut  en  1805 ,  des  suites  de 
la  douleur  qu'il  éprouva  d'avoir  perdu 
ses  deux  fils  qui  donnaient  les  plus  belles 
espérances. 

*  15E  VTILLO  ( > lïTOiiVF. ) ,  jésuite,  né  à 
Naples  en  1570,  y  mourut  le  7  janvier 
1042.  On  a  de  lui  la  Storia  délia  citta  di 
Barij  Naples  ,  1G57  ,  in-4° ,  el  di  san  Sa- 
bino  vescovo  canusino ,  protettore  délia 
cilla  di  liari ^  in  8°,  avec  une  liste  des  ar- 
chevêques de  Ba>ri.,  utile  pour  l'histoire 
ecclésiastique  de  ce  pays.  Il  avait  écrit  en 
italien  plusieurs  vies  de  saints  qui  sont 
restées  en  grande  partie  manuscrites. 

BE\TOl'.\,  cardinal,  archevêque  de 
Saint-André  en  Ecosse,  né  en  1492 ,  fut 
assassiné  en  15/10,  par  les  satellites  de  la 
prétendue  réformât  ion ,  durant  les  trou- 
bles que  les  hérésies  du  Kl0  siècle  causè- 
rent en  Ecosse.  Le  fanatique  Knox  ne 
rougit  pas  de  rapporter  cet  assassinat 
sous  le  litre  de  Joyeuse  narration.  Voyez 
le  Dictionnaire  universel  de  John  Wal- 
kius. 

*  liEATOLIV  (Jacques),  neveu  du  pré- 
cédent, ué  en  1508 ,  fut  archevêque  de 
Glascow  à  l'âge  de  25  ans.  Lorsque  la  ré- 
formation commença  en  1560  ,  il  passa  en 
France,  emportant  les  vases  sacrés  et  les 
archives  de  son  église.  Il  mourut  en  1604. 
Il  est  auteur  d'une  Histoire  d'Ecosse  ma- 
nuscrite. 

lîÉATIUX  (sainte)  signala  sa  charité 
dans  les  temps  des  persécutions;  elle  re- 
tira du  Tibre  les  corps  de  saint  Simplico 
et  de  saint  Faustin,  ses  frères ,  qui  avaient 
été  décapités  à  Rome  en  505,  et  resta  en- 
suite cachée  pendant  sept  mois  chez  une 
femme  vertueuse ,  nommé  Lucile ,  avec 
laquelle  elle  employait  la  nuit  et  le  jour 
à  la  prière  et  à  la  pratique  de  toutes  sor- 
tes de  bonnes  œuvres.  A  la  fin  on  la  dé- 
couvrit et  on  l'arrêta.  Son  accusateur  fut 
un  païen  de  ses  parens ,  qui  voulait  s'ap- 
proprier ses  biens.  Elle  protesta  géné- 
reusement devant  le  juge  qu'elle  n'ado- 
rerait jamais  des  dieux  de  bois  et.de  pierre. 
Sa  confession  fut  suivie  d'une  sentence 
de  mort;   on  l'étrangla  dans  sa  prison. 


BEA 


144 


BE.V 


Lucile  l'enterra  auprès  de  ses  frères,  du 
côté  du  grand  chemin  de  Porto ,  dans  le 
cimetière  appelé  ad  ursum  pileatum.  Le 
pape  Léon  transporta  les  reliques  de  ces 
saints  dans  une  église  qu'il  avait  fait  bâ- 
tir à  Rome  sous  leur  invocation  ;  elles 
sont  aujourd'hui  dans  celle  de  Sainte-Ma- 
rie-Majeure. 

BÉATRIX ,  femme  de  Frédéric  I ,  et 
fille  de  Renaud,  comte  de  Bourgogne ,  fut 
mariée  à  cet  empereur  en  1156.  Elle  eut 
la  curiosité  d'aller  à  Milan,  pour  voir  cette 
ville.  A  peine  y  fut-elle  arrivée,  que  la 
douleur  que  le  peuple  avait  de  se  voir 
privé  de  son  ancienne  liberté  ,  éclata  con- 
tre sa  personne  d'une  manière  indigne. 
On  savait  d'ailleurs  que  Frédéric  l'avait 
épousée  contre  les  règles ,  en  répudiant 
son  épouse  légitime  Les  mutins  ayant 
pris  cette  princesse,  la  mirent  sur  une 
ànesse,  le  visage  tourné  du  côté  de  la 
queue  ,  qu'ils  lui  donnèrent  en  main  au 
lieu  de  bride ,  et  la  promenèrent  en  cet 
état  par  toute  la  ville.  Une  action  si  inso- 
lente ne  demeura  pas  long-temps  impu- 
nie. L'empereur  les  ayant  assiégés,  en 
1162,  prit  et  rasa  leur  ville  jusqu'aux  fon- 
demens ,  à  la  réserve  des  églises.  Il  la  fit 
ensuite  labourer  comme  un  champ  de 
terre,  et,  par  indignation',  il  y  fit  semer 
du  sel  au  lieu  de  blé.  Il  y  a  même  des  au- 
teurs qui  ont  écrit  que  ceux  qui  furent 
pris  ne  purent  sauver  leur  vie  qu'à  une 
condition  honteuse  :  c'était  de  tirer  avec 
les  dents  une  figue  placée  sous  la  queue 
de  l'ânesse ,  sur  laquelle  l'impératrice 
avait  été  menée.  Il  y  en  eut ,  dit-on ,  qui 
aimèrent  mieux  souffrir  la  mort  qu'une 
telle  ignominie.  On  croit  que  c'est  de  là 
qu'est  venue  cette  sorte  d'injure  ,  qui  est 
en  usage  encore  aujourd'hui  parmi  les 
Italiens,  lorsqu'en  se  mettant  un  doigt 
entre  deux  autres ,  ils  disent  par  moque- 
rie :  Voilà  la  figue. 

BEATTIE.  Voyez  BÉATHIE. 

BEAU  (Jean-Baptiste  Le) ,  né  dans  le 
Comtat-Venaissin ,  en  1602  ,  se  fit  jésuite, 
se  distingua  par  son  érudition,  et  mourut 
à  Montpellier  ,  le  26  juillet  1670.  On  a  de 
lui  :  |  plusieurs  dissertations  savantes, 
qui  ont  trouvé  place  dans  les  Antiquités 
romaines  de  Grsevius  ;  |  De  velerum  et 
recentium  Gallorum  stralagematibus  * 
Francfort ,  1661  ;  |  Vie  de  François  ci "Es- 
tain  j  évéque  de  Rodez  ,  publiée  en  fran- 
çais et  en  latin;  |  Vie  de  don  Barthé- 
lémy des  Martyrs ,  en  latin  ;  |  le  Modèle 
des  évéque  s  dans  la  vie  d'Alfonse-Torri- 
biuSj  archevêque  de  Lima*  en  lalin.  J 


BEAU  (  Jean-Louis  Le) ,  professeur  do 
rhétorique  au  collège  des  Grassins ,  de 
l'académie  des  inscriptions ,  naquit  à  Pa- 
ris le  8  mars  1721 ,  et  mourut  le  12  mars 
1766.  Il  remplit  avec  distinction  les  fonc- 
tions d'académicien  et  de  professeur.  Il 
est  auteur  d'un  discours  dans  lequel , 
après  avoir  fait  voir  combien  la  pauvreté 
est  nuisible  aux  gens  de  lettres,  et  quels 
sont  les  dangers  qu'ils  ont  à  redouter  des 
richesses ,  il  conclut  que  l'état  d'une  heu- 
reuse médiocrité  est  à  peu  près  celui  qui 
leur  convient.  Il  a  donné  une  édition 
d'Homère,  grecque  et  latine  ,  en  2  vol  , 
1746;  et  les  Oraisons  de  Cicéron ,  en  3 
vol. ,  1750.  Il  les  a  enrichies  de  notes. 

BEAU  (Charles  Le) ,  frère  du  précé- 
dent ,  d'abord  professeur  de  rhétorique 
au  collège  des  Grassins ,  et  ensuite  pro- 
fesseur au  collège  royal ,  secrétaire  per- 
pétuel et  pensionnaire  de  l'académie  des 
inscriptions,  mourut  à  Paris  le  13  mars 
1778 ,  à  78  ans.  Cet  académicien ,  aussi 
honnête  que  laborieux ,  est  auteur  d'une 
Histoire  du  Bas-Empire  J  en  27  vol.  in- 
12  ,  qu'on  peut  regarder  comme  une  suite 
de  Y  Histoire  ancienne  de  Rollin.  Il  y  rè- 
gne une  critique  judicieuse  et  un  style 
soigné.  Le  rhéteur  s'y  fait  quelquefois  un 
peu  trop  sentir;  mais  en  général  on  la  lit 
avec  plaisir  et  avec  fruit.  La  manière  de 
M.  Le  Beau  n'a  pas  à  la  vérité  autant 
d'intérêt  que.  celle  du  célèbre  recteur  de 
l'université  ;  mais  elle  est  en  général  plus 
correcte  ;  elle  ne  manque  que  d'un  peu 
de  chaleur  et  de  précision.  Cet  important 
ouvrage  a  été  terminé  par  M.  Ameilhon , 
et  forme  29  vol.  in-12.  Les  Mémoires  de 
l'académie  des  belles-lettres  sont  enrichis 
de  plusieurs  dissertations  savantes  de 
M.  Le  Beau ,  et  de  divers  éloges  histori- 
ques, où  le  caractère' des  académiciens 
est  saisi  avec,  justesse  et  peint  avec  vérité. 
La  sagesse  des  principes ,  la  douceur  des 
mœurs  et  la  sûreté  du  commerce  de  cet 
écrivain  ont  inspiré  de  vifs  regrets  à  ses 
amis  et  à  ses  élèves.  La  science  n'avait 
égaré  ni  son  esprit  ni  son  cœur.  Il  res- 
pectait la  religion  et  en  pratiquait  les  de- 
voirs avec  l'exactitude  la  plus  scrupu- 
leuse. On  a  donné  quatre  vol  in-8°  de 
pièces  latines  de  M.  Le  Beau ,  Paris,  1782 
et  1785.  On  n'y  trouve  point  en  général 
de  grandes  images,  de  pensées  ferles,  ni 
rien  de  ce  qui  annonce  le  sublime  :  mais 
l'auteur  excelle  dans  le  gracieux.  Ses 
vers  sont  doux  ,  faciles ,  élégans ,  barmo* 
nieux ,  et  d'une  latinité  pure. 
BKAUCAIRE  de  PEGUILLON  (Fkan- 


BEA  U 

çcis),  né  dans  le  Bourbonnais,  en  1514, 
d'une  famille  ancienne ,  fut  précepteur 
du  cardinal  Charles  de  Lorraine,  qu'il 
accompagna  à  Rome,  et  qui  lui  céda  l'é- 
vêché  de  Metz-  Il  ie  suivit  encore  au  con- 
cile de  Trente ,  et  s'y  distingua  par  son 
zèle  et  son  éloquence.  Peguillon  se  retira 
dans  le  château  de  Creste  en  Bourbon- 
nais, après  s'être  démis  de  son  évêché. 
C'est  là  qu'il  composa  ses  Rerum  Galli- 
carum  cornrnentaria ,  ab  anno  1561  ad 
annum  1562  ,  Lyon  1625 ,  in-fol.  On  a  en- 
core de  lui  un  Traité  ds  en  fans  morts 
dans  le  sein  de  leur  mère,  1567,  in-8°.  Il 
mourut  en  1591  ,  avec  la  réputation  d'un 
prélat  savant  el  vertueux.  Son  Histoire 
de  France  ne  parut  qu'après  sa  mort , 
comme  il  l'avait  désiré.  Elle  est  bien 
écrite ,  et  elle  renferme  les  événemens 
principaux.  Il  y  défend  avec  chaleur  les 
intérêts  des  Guise  ;  mais  d'ailleurs  il  est 
assez  exact. 

BEAUCHAMP  (Richakd),  comte  de 
Warwick,  né  en  1581 ,  et  mort  à  Rouen 
l'an  1439,  assista  au  concile  de  Constance, 
et  remporta  plusieurs  victoires  sur  les 
Français.  Après  sa  mort ,  son  corps  fut 
transporté  en  Angleterre  ,  el  enterré  dans 
la  collégiale  de  Warwick ,  en  1767. 

*  BEAUCHAMP ( Joseph),  astronome, 
né  à  Vesoul  le  20  juin  1752  ,  entra  dans 
l'ordre  des  bernardins ,  et  se  rendit ,  en 
1781 ,  à  Bagdad  ,  auprès  de  M.  Miroudot, 
son  oncle  ,  évoque  et  consul  de  France  , 
pour  y  remplir  les  fonctions  de  grand- 
vicaire.  Pendant  ce  voyage,  il  lit  plusieurs 
observations  importantes  en  astronomie, 
qui  ont  été  insérées  dans  le  Journal  des  sa- 
vons. Il  fournit  à  Lalande  des  observations 
importantes  ;  il  lui  envoya  une  carte  du 
cours  du  Tigre  et  de  l'Euphrate,  pendant 
une  longueur  de  500  lieues.  Il  en  traça 
une  de  la  Babylonie,  et  donna  à  l'abbé 
Barthélémy  des  dessins  de  monumens , 
d'inscriptions  et  de  médailles  de  l'ancienne 
Babylone ,  ainsi  que  des  monumens  ara- 
bes. Il  revint  en  France  en  1790.  En  1795 
il  fut  nommé  consul  à  Mascate  en  Ara- 
bie. Il  partit  pour  cette  destination  en 
1796,  s'arrêta  quelque  temps  à  Constan- 
tinople ,  et  visita  les  côtes  de  la  mer  Noire. 
Appelé  en  Egypte  par  le  général  Bona- 
parte, Beauchamp  fit  dans  cette  contrée 
des  remarques  qui  sont  consignées  dans 
les  Mémoires  de  l'institut  du  Caire.  En 
revenant  à  Constantinople ,  il  fut  pris  par 
les  Anglais  et  livré  aux  Turcs  ,  qui  le  re- 
tinrent captif  pendant  3  ans.  Il  mourut  à 
Nice,  le  19  novembre  1801.  La  plupart  de 
2. 


BEA 

ses  ouviages  ont  été  imprimés  dans  le 
Journal  des  savons ,  et  dans  les  Mémoi- 
res de  l'académie  des  sciences.  Les  prin- 
cipaux sont  :  |  Voyage  de  Bagdad  à  Bas- 
sora  le  long  de  l'Euphrate;  \  Relation 
d'un  voyage  en  Perse  fait  en  1787;  |  Mé- 
moires sur  les  antiquités  babyloniennes 
qui  se  trouvent  aux  environs  de  Bagdad; 
|  des  Réflexions  sur  les  mœurs  des  Ara- 
bes. 

*  BEAUCII  AMP  (  Alphonse  de) ,  homme 
de  lettres ,  né  en  1767 ,  à  Monaco  ,  place 
dont  son  père ,  chevalier  de  Saint-Louis , 
était  major,  entra  à  17  ans  au  service  de 
Sardaigne;  mais  à  l'époque  de  la  révolu- 
tion française  il  se  démit  du  grade  qu'il 
occupait.  Devenu  suspect  au  gouverne- 
ment sarde ,  il  fut  arrêté  et  renfermé  au 
fort  de  la  Brunette,  ensuite  à  celui  da 
Céva.  Après  une  longue  détention,  il 
rentra  en  France.  Une  place  lui  fut  don- 
née dans  les  bureaux  ministériels ,  notam- 
ment dans  ceux  de  la  police  ,  où  M.  Fou- 
ché  laissa  à  sa  disposition  des  matériaux 
nombreux ,  dont  il  se  servit  pour  compo- 
ser son  Histoire  de  la  Vendée  et  des 
chouans ,  qui ,  malgré  ses  inexactitudes  a 
eu  quatre  éditions.  Le  gouvernement  im- 
périal ,  mécontent  de  ce  que  Beauchamp 
avait  rendu  publics  les  documens  qu'on 
lui  avait  confiés,  le  destitua.  Cet  auteur 
obtint ,  peu  de  temps  après,  une  nouvelle 
place  qu'il  perdit  en  1814.  Alors  il  se  li- 
vra entièrement  à  la  littérature  et  à  la 
politique.  Il  fut  décoré  de  la  légion  d'hon- 
neur en  1814 ,  et  obtint  une  pension  en 
1820.  Alphonse  de  Beauchamp  a  long- 
temps travaillé  à  la  Gazette  ^  à  la  Biogra- 
phie des  hommes  vivons  et  à  la  Biogra- 
phie universelle.  C'est  lui  qui  a  conçu  l'i- 
dée de  la  Table  alphabétique  et  analyti- 
que du  Moniteur ,  qu'il  a  exécutée  en  so- 
ciété. On  lui  doit  :  |  Biographie  des  jeunes 
gens  ,  5e  édition  ,  toute  refondue ,  1823 ,  4 
vol.  in-12  ;  |  Catastrophe  de  Murât,  ou 
Récit  de  la  dernière  révolution  de  Naples, 
1815.,  in-8°;  |  Critique  historique,  avec 
des  observations  littéraires  sur  l'ouvrage 
du  comte  de  Ségur,  intitulé  :  Histoire  de 
Napoléon  ,  etc.  accompagnée  d'éclaircis- 
semens  et  de  notes,  1825  ,  in-8°;  |  La  du- 
chesse d' Angouléme  à  Bordeaux,  ou  Re- 
lation circonstanciée  des  événemens  poli- 
tiques en  mars  1815 ,  1815  ,  in-8°  ;  |  Le 
faux  dauphin  actuellement  en  France, 
1805 ,  2  vol.  in-12  ;  |  Histoire  de  la  cam- 
pagne de  1814,  1815,  2  vol.  in-8°;  j  His- 
toire de  la  campagne  du  maréchal  de 
S  uwarow,  prince  Jtaliki  ,  en  Italie  ,  Pa- 
13 


BEA. 


ik6 


BEA 


ris  ,  1800  ,  in-12  et  in-8°  ;  |  Histoire  de  la 
conquête  et  des  révolutions  du  Pérou,  1808, 
2  vol.  in-12;  |  Histoire  de  la  guerre  de  la 
Vendée ,  depuis  1792  jusqu'en  1815  ,  4e 
édition,  1811),  4  vol.  in-8°,  avec  cartes  et 
portraits;  cet  ouvrage  a  donné  lieu  à  plu- 
sieurs réclamations;  ]  Histoire  de  la  ré- 
volution du  Piémont ,  et  de  ses  rapports 
avec  les  autres  parties  de  l'Italie  et  de  la 
France ,  première  partie,  1821 ,  in-8°;  T 
partie,  1823;  |  Histoire  des  campagnes 
de  1814  et  de  1815,  1817,  &  vol.  in-8°; 
|  Histoire  des  deux  faux  dauphins,  1818, 
2  vol.  in-8°  ;  |  Histoire  des  malheurs  et 
de  la  captivité  de  Pie  VII ,  sous  Bona- 
parte ,  1818,  in-12,  ouvrage  rédigé  dans 
un  assez  bon  esprit,  mais  où  l'on  trouve 
beaucoup  d'erreurs  ;  |  Histoire  du  Brésil, 
depuis  sa  découverte  en  1500 ,  jusqu'en 
1810,  1815,  5  vol.  in-8°;  |  Mémoire  du 
comte  Fortuné- Guy  on  de  Roche colle , 
commandant  en  cbef  les  royalistes  du 
Maine,  du  Perche  ,  et  du  pays  Chartrain, 
en  1795,  96  ,  97  et  98,  1818,  in-8°;  |  Ré- 
futation de  l'écrit  intitulé  :  Coup-d'œil 
sur  l'état  politique  du  Brésil,  au  12  no- 
vembre 1823,  etc.  publié  à  Londres  en 
mars  1824,  Paris,  1824,  in-8°;  |  De  la 
révolution  d'Espagne  et  de  son  10  août, 
2e  édition,  1822,  in-8°;  |  Vie  d'Ali-Pa- 
cha ,  visir  de  Janina  ,  2e  édition ,  1822  , 
in-8"  ;  |  Vie  de  Jules-César _,  suivie  du  ta- 
bleau de  ses  campagnes ,  avec  des  obser- 
vations critiques,  1823,  in-8°;  |  Vie  de 
Louis  XVII 1 ,  5,;  édition,  1825,  2  vol. 
in-8";  |  Vie  jwlitique ,  militaire  et  privée 
du  général  Moreau  ,  1824 ,  in-8°.  On  lui 
attribue  encore  les  mémoires  de  Foucbé. 
Beauchamp  est  mort  en  1832. 

*  BEAI  .'CHAMPS  (  Pierre-  François 
GODARD  de),  né  à  Paris,  mort  dans  cette 
ville  en  1761 ,  à  72  ans.  On  a  de  lui  :  |  les 
Amours  d' Ismène  et  Isménias ,  1743,  in-8°. 
C'est  un  roman  traduit,  ou  plutôt  imité 
du  grec  d'Eustalbe,  auteur  qu'il  ne  faut 
pas  confondre  avec  l'évoque  de  Thessa- 
lonique  du  même  nom,  qui  a  laissé  un 
commentaire  estimé  sur  Homère;  |  les 
Amours  de  Dorante  et  Dosiclès ,  autre 
ouvrage  grec  de  Théodore  Prodrome,  tra- 
duit en  français,  1746,  in-12;  \  Recherches 
sur  les  théâtres  de  France ,  1755,  in-4°. 
Il  y  a  plusieurs  anecdotes  qui  peuvent 
paraître  importantes  à  ceux  qui  s'intéres- 
sent aux  affaires  des  lustrions  ,  quoique 
dans  le  fond  très  indifférentes  aux  pro- 
grès des  sciences  utiles,  et  même  étran- 
gères à  l'histoire  dont  la  dignité  ne  com- 
porte pas  ces  sortes  de  récits  ;  |  Lettres 


d'Hcloïse  cl  d'Abeilard,  en  vers  français, 
un  peu  prosaïques,  1737,  in-8°;  |  plusieurs 
pièces  de  théâtre. 

*  BEAUCHÊNE  (  Edme-Pierre  CHAN- 

VOT  de) ,  né  en  1748,  aux  Acharlis ,  près 
de  "Villeneuve-le-Roi ,  entra  d'abord  au 
service  ,  qu'il  abandonna  bientôt  pour 
étudier  la  médecine.  Il  fut  reçu  docteur 
à  Montpellier,  et  se  trouvait  médecin  de 
Monsieur,  depuis  Louis  XVIII,  lorsque  la 
révolution  éclata.  Il  en  adopta  les  prin- 
cipes, et  fut  élu  membre  de  la  commune 
en  1789,  et  peu  après  député  vers  les 
princes  français  à  Coblentz ,  pour  les  en- 
gager à'rentrer  en  France.  Il  paraît  que 
ce  voyage  changea  un  peu  ses  idées  ;  car, 
dès  1792,  il  se  relira  dans  une  terre  qu'il 
possédait  près  de  Sens,  et  y  passa  les 
jours  les  plus  orageux  de  la  révolution. 
Il  parut  cependant  à  la  société  populaire, 
mais  il  eut  le  courage  de  s'opposer  à  un 
projet  d'adresse  au  sujet  de  la  mort  de 
Louis  XVI.  Après  la  restauration ,  il  fut 
nommé  successivement  médecin  en  chef 
de  l'hôpital  militaire  du  Gros-Caillou,  du 
corps  législatif,  de  l'école  normale,  et 
enfin  médecin  consultant  du  roi  et  mem- 
bre de  l'académie  royale  de  médecine  eî 
de  la  légion  d'honneur.  Il  est  mort ,  avec 
beaucoup  de  résignation  ,  le  24  décembre 
1824,  après  avoir  demandé  et  reçu  les 
sacremens  de  l'église.  On  a  de  lui  :  |  De 
l'influence  des  affections  de  l'âme  sur  les 
maladies  nerveuses  des  femmes,  avec  le 
traitement  qui  convient  à  ces  maladies , 
1781,  in-8°;  troisième  édition,  1798;  |  Ob- 
servations sur  une  maladie  nerveuse , 
avec  complication  d'un  sommeil  tantôt 
léthargique,  tantôt  convulsif  1786,  in-8°; 
|  Maximes,  Réflexions,  Pensées  diverses, 
1817,  in-18  ;  quatrième  édition  ,  corrigée 
et  augmentée,  1821,  in-12.  Il  a  aussi  fourni 
des  articles  à  plusieurs  journaux,  et  prin- 
cipalement à  la  Quotidienne. 

BE  ACCHATEAU  (François-Matthieu 
CHATELET  de)  naquit  à  Paris  ,  d'un  co- 
médien, en  1645.  Il  fut  mis,  dès  l'âge  de 
8  ans,  au  rang  des  poètes.  La  reine ,  mère 
de  Louis  XIV,  le  cardinal  Mazarin ,  le 
chancelier  Séguier  ,  et  les  premières  per- 
sonnes de  la  cour,  se  faisaient  un  plaisir 
de  converser  avec  cet  enfant,  et  de  mettre 
son  esprit  en  exercice.  11  n'avait  que  12 
ans  lorsqu'il  publia  un  recueil  de  ses  poé- 
sies, in-4°,  sous  le  titre  de  :  La  lyre  du 
jeune  Apollon  ,  ou  la  muse  naissante  du 
petit  de  Beauchâteau,  avec  les  portraits 
en  taille  douce  des  personnes  qu'il  y  a 
célébrées.  C'est  très  peu  de  chose;  l'âge 


BEA  i 

de  l'auteur  peut  seul  lui  donner  une  es- 
pèce de  mérite.  Environ  2  ans  après,  il 
passa  en  Angleterre  avec  un  ecclésiastique 
apostat.  Cromwel ,  et  les  personnes  les 
plus  distinguées  de  cette  île  admirèrent  le 
jeune  poète.  Ou  dit  que  l'apostat ,  son 
compagnon,  le  mena  ensuite  en  Perse,  et 
que  depuis  ce  temps,  on  n'a  pu  découvrir 
ce  qu'il  était  devenu. 

*  BEAUCLAIR  (P.  L.  de),  né  h  nie- 
de-France  devint  conseiller  du  landgrave, 
à  Darmstadt,  et  directeur  d'un  institut 
d'éducation.  On  a  de  lui  :  |  Anti-contrat 
social,  ou  Réfutation  du  contrat  social, 
in-8°;  |  Histoire  de  mademoiselle  de  Gri- 
soles ,  écrite  par  elle-même  ,  in -8°;  |  His- 
toire de  Pierre  III,  empereur  de  Russie, 
avec  plusieurs  anecdotes  singulières , 
in-8°  ;  |  Cours  de  gallicismes  ',  Francfort, 
1794,  5  vol.  in-8°.  Beauclair  mourut  le  11 
mai  1804. 

*  BE  YUCOUSIX  (  Cuuistopiie  -  Je  vx- 
Fraxçois),  savant  bibliographe,  né  à 
Noyon  en  1751  ,  devint  avocat  à  Paris  ,  et 
s'y  occupa  plus  d'histoire  littéraire  que 
de  procès.  Cependant  il  n'a  laissé  aucun 
ouvrage  important.  On  trouve  le  catalo- 
gue de  ses  manuscrits  dans  la  nouvelle 
édition  de  la  Bibliothèque  historique  delà 
France.  Beaucousin  allait  publier  la  col- 
lection de  ses  ouvrages,  lorsque  la  révo- 
lution survint.  Il  mourut  en  1798 ,  au 
moment  où  il  allait  être  nommé  bibliothé- 
caire du  Directoire  exécutif.  On  a  de  lui 
les  vies  de  plusieurs  hommes  remarqua- 
bles du  Noyonnais,  que  l'auteur  destinait 
à  faire  entrer  dans  une  Histoire  de  Noyon 
et  du  Nogonnais.  Cet  ouvrage  n'a  point 
été  imprimé. 

BEAUFILS  (Guillaume),  jésuite,  né 
àSaint-Flour  en  Auvergne,  en  1074,  mort 
à  Toulouse,  le  30  décembre  1757,  âgé  de 
83  ans.  Il  a  publié  |  quelques  Oraisons  fu- 
nèbres; \  la  Vie  de  madame  de  l'Estonac, 
fondatrice  de.  l'ordre  des  religieuses  de 
Notre-Dame;  \  relie  de  madame  de  Chan- 
tai, première  supérieure  des  religieuses 
de  la  Visitation  ;  |  c  t  des  Lettres  sur  la 
manière  de  gouverner  les  maisons  reli- 
gieuses. 

BEAUFOBT  (Hexki).  frère  de  Henri 
IV,  roi  d'Angleterre  ,  fut.  l'ail  évèque  de 
Lincoln,  ensuite  die- Winchester,  chance- 
lier d'Angleterre,  ambassadeur  en  France, 
cardinal  en  1420,  et  légat  en  Allemagne. 
En  1431  ,  le  cardinal  i  e  Winchester  cou- 
ronna le  jeune  Henri  VI,  roi  d'Angleterre, 
comme  roi  de  France ,  dans  l'église  de 
Notre-Dame  de  Paris.  Il  mourut  à  Win- 


47  BE.\ 

chesler,  en  1447.  après  y  avoir  fondé  un 
hôpital. 

BEAUFOBT  (  la  duchesse  de).  Vogcz 
ESTREF.S  (Garrielle  d' ). 

*  BEAUFOBT  (  Marguerite),  fdle  de 
Jean  Beaufort,  duc  de  Sommerset,  naquit 
en  1441  ,  à  Bletshoe  ,  dans  le  comté  de 
Bedford.  Recherchée  en  mariage  par  plu- 
sieurs personnages  d'un  rang  illustre,  elle 
épousa  ,  à  l'âge  de  quinze  ans  ,  Edmond , 
comte  de  Richcmond,  beau-frère  du  roi 
Henri  VI.  Elle  eut  de  cette  première  union 
un  fils  qui  monta  ensuite  sur  le  trône  d'An- 
gleterre, sous  le  nom  de  Henri  VII,  par 
la  cession  que  lui  fit  sa  mère  de  ses  droits 
à  la  couronne;  Marguerite  mourut  en  1509, 
trois  mois  après  la  mort  de  son  fils  Henri 
VII.  et  immédiatement  après  l'avéne- 
ment  au  trône  de  son  petit-fils  HenriVIIf 
Sa  vie  cl  sa  fortune  furent  consacrées  à 
des  œuvres  de  charité  et  à  des  fondations 
utiles.  C'est  à  elle,  principalement,  que 
l'université  de  Cambridge  doit  ses  collèges 
du  Christ  et  de  St. -Jean  et  une  partie  de 
l'éclat  dont  elle  jouit.  Non  moins  recom- 
mandable  par  son  humanité,  elle  avait  re- 
cueilli dans  sa  maison  douze  pauvres 
vieillards  qu'elle  nourrissait  et  qu'elle 
soignait  dans  leurs  maladies.  On  lui  attri- 
bue quelques  ouvrages,  entre  autres  le 
Miroir  de  l'âme  pécheresse  ,  traduit  sur 
une  traduction  française  du  Spéculum 
aureum  peccalornm ,  publié  par  R.  Pyn- 
son,  en  l  vol.  in-4",  cl  la  traduction  du 
4e  livre  de  Ylini'alion  de  la  Vie  de  N.  S. 
J.-C,  imprimée  à  la  suite  de  la  traduction 
des  trois  premiers  livres  de  cet  ouvrage, 
par  le  docteur  Alkinso. 

BEAUFOBT  (  Fraxçois  de  VENDOME , 
duc  de  ),  fils  de  César,  duc  de  Vendôme, 
naquit  à  Paris  au  mois  de  janvier  1016.  Il 
se  distingua  de  bonne  heure  par  son  cou- 
rage ,  et  se  trouva  à  la  balaille  d'Avein  . 
en  105:;  ;  aux  sièges  de  Corbie  ,  en  1656  , 
de  Hesdin,  en  1639.  et  d'Arras,  en  1640.  Il 
voulut  jouer  un  rôle  au  commencement 
de  la  régence  d'Anne  d'Autriche.  Ou  l'ac- 
cusa d'avoir  attenté  à  la  vie  du  cardinal 
Mazarin  :  il  fut  mis  à  Vinccnnes  en  1045, 
et  se  sauva  cinq  ans  après.  C'était  dans  le 
temps  de  la  Fronde  ;  il  en  fut  le  héros  et 
le  jouet.  Les  frondeurs  se  servirent  de  lui 
pour  soulever  la  populace  dont  il  était 
adoré,  et  dont  il  parlait  le  langage;  aussi 
fut-il  appelé  le  roi  des  halles.  Il  était 
grand,  bien  fait,  adroit  aux  exercices, 
infatigable,  rempli  d'audace.  Il  paraissait 
plein  de  franchise  ,  parce  qu'il  affectait 
des  manières  grossières;  mais  il  était  arli- 


BEA 


148 


BEA 


ficieux,  et  aussi  lin  que  le  peut  être  un 
homme  d'un  esprit  borné.  Le  duc  de  Beau- 
fort  servit  beaucoup  le  prince  durant  cette 
guerre  civile,  et  se  signala  en  diverses 
occasions.  Lorsque  les  mécontens  firent 
leur  paix,  il  lit  la  sienne,  et  obtint  la  sur- 
vivance de  la  charge  d'amiral  de  France, 
que  son  père  avait.  Il  passa  ensuite  en 
Afrique,  où  l'entreprise  de  Gigeri  ne  lui 
réussit  pas;  mais  l'année  d'après,  1665, 
il  défit  les  vaisseaux  des  Turcs ,  près  de 
Tunis  et  d'Alger.  Ces  infidèles  ayant  as- 
siégé Candie ,  en  1C69 ,  le  duc  de  Beau- 
fort,  nommé  généralissime  des  troupes 
envoyées  pour  la  défense  de  cette  place, 
en  retarda  la  prise  de  plus  de  trois  mois. 
Il  périt  dans  une  sortie,  le  25 juin,  et  on 
ne  put  retrouver  son  corps,  dont  les  Turcs 
avaient  coupé  la  tète.  La  Grange-Chaneel 
prétend,  dans  une  lettre  à  l'auteur  de 
Vannée  littéraire,  que  le  duc  de  Beaufort 
ne  fut  point  tué  au  siège  de  Candie ,  qu'il 
fut  transféré  aux  îles  deLérins,  et  que 
c'est  ce  prisonnier  si  illustre  et  si  ignoré , 
connu  sous  le  nom  de  Y  homme  au  masque 
de  fer.  Ses  preuves  ne  sont  rien  moins 
que  démonstratives  :  il  ne  s'appuie  que 
sur  un  ouï-dire  de  M.  de  la  Motle-Guc- 
rin,  commandant  de  Sainte-Marguerite. 
Il  se  peut  que  cet  officier  ait  fait  des  con- 
jectures, comme  tous  les  autres  ;  mais,  de 
l'aveu  de  tous  ceux  qui  l'ont  connu,  il  n'a 
jamais  rien  assuré;  et  comment  aurait-il 
pu  affirmer  quelque  chose  sur  un  fait  qu'il 
ne  savait  ni  ne  pouvait  savoir?  La  déten- 
tion de  cette  victime  de  la  politique  était 
un  secret  d'état  :  pourquoi  l'aurai  t-on  dé- 
couvert a  un  homme  qui  ne  l'avait  pas 
eu  sous  sa  garde?  Cet  illustre  infortuné 
fut  conduit,  on  ne  sait  en  quelle  année, 
à  Pignerol ,  où  M.  de  Cinq-Mars  était 
commandant.  Lorsqu'il  fut  nommé  à  la 
lieulenance  de  roi  de  Sainte-Marguerite, 
il  emmena  avec  lui  son  captif,  qui  y  resta 
jusqu'au  temps  où  il  fut  fait  gouverneur 
de  la  Bastille.  On  disait  alors  que  ce  pri- 
sonnier inconnu  était  un  homme  d'envi- 
ron 50  ans.  C'est  du  moins  ce  que  nous  a 
assuré  M.  Audri ,  qui ,  de  simple  cadet 
était  devenu  commandant  des  lies  de  Lé- 
lins,  et  qui  l'était  encore  en  1743.  Il  n'a- 
vait que  15  ans  lorsque  le  Masque  de  fer 
fut  conduit  à  Sainte-Marguerite,  et  il 
avait  souvent  fait  sentinelle  à  sa  porte. 
Ce  prisonnier  n'avait  que  50  ans  clans  ce 
temps-là  :  ce  ne  pouvait  donc  pas  êlre  le 
duc  de  Beaufort  qui  en  aurait  eu  plus  de 
80.  {Voyez  MASQUE  DE  FEB  ) 
#  BEAUFORT  DE  THORIGNY  (Ji;a\- 


Baptiste)  ,  lieutenant-général,  né  à  Paris, 
le  18  octobre  1761,  entra  au  service  dès  l'âge 
de  14  ans,  dans  le  régiment  de  Languedoc, 
d'où  il  passa  dans  celui  d'Orléans-Dragons, 
Sa  valeur  et  sa  bonne  conduite  lui  avaient 
mérité,  avant  la  révolution,  le  grade  d'ad- 
judant sous-officier.  Depuis  cette  époque 
son  avancement  fut  rapide.  S'étant  en- 
rôlé dans  la  51e  division  de  gendarmerie 
à  pied,  il  en  devint  adjudant-major,  et  fit, 
en  cette  qualité,  sous  le  général  Dumou- 
riez,  la  première  campagne  de  l'armée  du 
Nord.  Le  18  mars  1795,  il  fut  nommé  co- 
lonel après  la  bataille  de  Nerwinde,  et 
général  de  division  le  4  décembre  de  la 
même  année.  Il  passa  ensuite  à  l'armée 
des  côtes  de  Cherbourg,  qu'il  commanda 
en  chef  par  intérim,  et  il  contribua  puis- 
samment à  là  défaite  des  Vendéens  sous 
Granville.  Il  combattit  aussi  avec  succès 
les  insurgés  de  la  Bretagne;  et,  contre 
l'usage  de  ceux  qui  l'avaient  précédé,  il 
montra  en  plusieurs  occasions  de  l'huma- 
nité :  à  Mortain,  il  délivra  quatre  Ven- 
déens, parmi  lesquels  se  trouvait  l'in- 
tendant de  l'armée  royale  :  un  féroce 
proconsul  voulait  faire  incendier  le  châ- 
teau de  Thorigny,  où  se  trouvaient  in- 
carcérés six  cents  habilans  de  Saint-Lo, 
accusés  de  royalisme;  il  s'y  opposa,  el 
leur  rendit  la  liberté  :  à  Fougères ,  il 
chercha  à  sauver  les  jours  du  prince  de 
Talmont,  mais  il  ne  put  que  les  prolon- 
ger. C'est  lui  qui  commença  à  organiser 
le  système  de  cantonnement  que  Hoche  a 
depuis  employé  avec  tant  de  succès.  Ap- 
pelé à  Paris,  il  s'y  trouvait  le  9  thermi- 
dor, et  on  lui  confia  le  commandement 
des  troupes  chargées  de  mettre  à  exécu- 
tion le  décret  d'arrestation  de  Robes- 
pierre, des  membres  de  la  commune  et 
des  comités.  Au  moment  où  on  traînait 
le  premier  au  supplice  ,  un  homme  du 
peuple  se  précipite,  le  sabre  à  la  main, 
sur  le  général  Beaufort;  mais  celui-ci 
pare  le  coup,  arrête  ce  furieux,  et  le  fait 
mettre  au  corps-de  garde  :  c'était  un  père 
de  famille;  il  empêcha  qu'il  ne  fût  mis  à 
mort.  Envoyé  à  l'armée  des  Pyrénées- 
Orientales,  il  s'y  signala  en  plusieurs  oc- 
casions. Il  pénétra  l'un  des  premiers  dans 
la  redoute  du  fameux  Laurent  de  la 
Mouge,  et  fit  mettre  bas  les  armes  à  1,200 
Espagnols,  parmi  lesquels  se  trouvait, 
le  duc  de  Crillon-Mahon.  Un  décret  de 
mort  menaçait  ces  prisonniers;  ils  durent 
la  conservation  de  leur  vie  aux  prières 
du  général  Beaufort ,  qui  sollicita  leur 
grâce.   Peu  de  temps  après ,  il  enleva  la 


BEA  ih 

formidable  redoute,  dite  del  Roure ,  sur- 
nommée le  Tombeau  des  Français ,  et 
qui  devint  celui  du  comte  de  la  Union. 
Lorsqu'il  se  vit  obligé  d'ordonner  la  re- 
traite, il  déploya,  devant  Figuières  et  sous 
les  murs  de  Roses ,  les  mêmes  lalens,  et 
il  battit  en  plusieurs  occasions  le  général 
espagnol  Urultio  qui  s'opposait  à  son  pas- 
sage. De  retour  à  Paris,  le  13  vendémiaire, 
il  reçut  l'ordre  d'attaquer  les  sections,  et 
il  fit  tout  ce  qui  dépendait  de  lui  pour  ne 
pas  venir  à  des  voies  de  rigueur  ;  il  par- 
vint à  rétablir  l'ordre  en  épargnant  le 
sang  de  ses  concitoyens.  Il  partit  ensuite 
pour  l'armée  du  Nord,  et  il  revint  encore 
aux  approches  du  18  fructidor,  par  les 
ordres  du  Directoire,  qu'il  servit  dans 
cette  journée.  Ayant  obtenu  le  comman- 
dement d'une  division  de  l'armée  diri- 
gée contre  les  Anglais,  il  les  battit  au  port 
d'Ostende,  et  plus  tard  il  déjoua  les  ten- 
tatives qu'ils  firent  pour  s'emparer  des 
lies  d'Aix,  d'Oléron  et  de  Ré,  et  il  les  con- 
traignit à  une  fuite  bonteuse.  En  cette 
occasion,  il  sauva  la  vie  à  quatre  émigrés 
qui  avaient  été  pris  dans  les  rangs  de  l'en- 
nemi. On  dit  qu'en  traversant  la  Vendée 
les  babitans  lui  offrirent,  comme  un  gage 
de  leur  reconnaissance,  douz.e  métairies, 
et  qu'il  les  refusa.  Lorsque  Bonaparte 
devint  premier  consul ,  il  le  mil  à  la  re- 
traite sans  aucun  égard  pour  ses  anciens 
services  II  le  fit  même  descendre  d'un 
grade,  et  l'excepta  de  lalégion d'honneur, 
s'étant  rappelé  qu'il  lui  avait  infligé  une 
punition  militaire  à  la  suite  de  la  jour- 
née du  13  vendémiaire.  Le  général  Beau- 
fort  se  retira  alors  dans  une  petite  mai- 
son de  campagne  près  de  Versailles ,  et 
quelque  temps  après  il  se  vit  obligé,  pour 
soutenir  sa  famille  .d'accepter  une  place 
d'inspecteur  des  droits  réunis,  au  fond 
du  déparlement  du  Cantal.  H  perdit  son 
emploi  en  1814,  et  revint  à  Paris,  où  il  se 
montra  favorable  à  la  restauration.  En 
1815,  il  entra  dans  les  rangs  des  volontai- 
res royaux ,  pour  s'opposer  au  retour  de 
Bonaparte.  Toutefois  il  ne  fut  pas  remis 
en  activité  de  service,  et  il  mourut  à 
Corbeil  le  1er  février  1825.  Il  avait  pris 
le  nom  de  Thorigny ,  qui  était  celui  du 
lieu  où  il  avait  sauvé  la  vie  à  G00  per- 
sonnes, parce  qu'il  regardait  cette  action 
comme  son  plus  beau  titre  de  gloire  ;  ef- 
fectivement à  cette  époque  il  y  avait  du 
danger  à  paraître  humain  et  à  ne  pas 
exécuter  les  ordres  des  proconsuls  qui 
parcouraient  les  armées.  On  a  publié  une 
Notice  historique  sur  le  lieutenant-gènè- 


9  IVE* 

rai  Beau  fort  de  Thorigny .  Paris,  1809, 
in-8°,  extraite  des  Fastes  de  la  gloire,  t.  2. 

*BE\UFORT  (Louis  de),  de  la  so- 
ciété royale  de  Londres ,  mort  à  Maas- 
tricht en  1795.  Il  fut  pendant  quelque 
temps  gouverneur  du  prince  de  Hesse- 
Hombourg.  On  lui  doit  :  |  Histoire  de  Ger- 
manicus,  1741,  in-4°;  |  Dissertation  sur 
l'incertitude  des  cinq  premiers  siècles  de 
l'histoire  romaine,,  1758  et  1750;  |  la  Ré- 
publique romaine,  ou  Plan  de  l'ancien 
gouvernement  de  Rome  ,  1 7G6  ,  2  vol.  in- 
4°,  et  17G7,  6  vol.  in-12.  On  trouve  dans 
cet  ouvrage  des  recherches  intéressantes, 
une  critique  sage,  des  rapprochemens  ju- 
dicieux; le  style  en  est  noble,  soutenu; 
mais  les  citations  que  l'auteur  a  multi- 
pliées fatiguent.  L'ouvrage  d'Adrien  Te- 
xier  Du  gouvernement  de  la  république 
romaine  _,  Hambourg ,  1796,  5  vol.  in-8°, 
n'a  pas  fait  oublier  celui  deBeaufort. 

*  BEAIÎFORT  (lÏKNiu-Envi-sr,  cheva- 
lier GROUT  de),  voyageur,  né  le  25  fé- 
vrier 1798,  à  Aubevoie,  près  du  bourg  de 
Gaillon ,  département  de  l'Eure,  entra  ,  en 
1812,  à  l'école  de  la  marine  à  Toulon,  et 
fit ,  trois  ans  plus  tard ,  la  campagne  de 
l'Archipel.  Ce  fut  sur  le  sol  de  l'ancienne 
Grèce  que  se  développèrent  ses  goûts  pour 
la  géologie  et  la  géographie,  et  il  acquit 
dans  le  premier  voyage  qu'il  fit  en  1819 , 
au  Sénégal ,  en  qualité  d'enseigne  de  vais- 
seau, l'habitude  de  fixer  par  des  calculs 
astronomiques  la  position  des  lieux.  Ses 
calculs  relativement  à  la  situation  de 
Bakel,  furent  conformes  à  ceux  qu'obtint 
de  son  coté  M.  Patarrine,  habitant  du  Sé- 
négal, et  rapprochèrent  de  1" Atlantique  ce 
poste  qui  avait  été  placé  sur  les  cartes 
deux  degrés  trop  à  l'est.  Après  deux  an- 
nées de  séjour  en  Afrique,  il  revint  à  Pa- 
ris, et  s'y  livra,  jusqu'en  1825,  à  l'étude 
de  la  physique ,  de  la  minéralogie ,  de  la 
langue  arabe  ,  de  la  zoologie ,  etc.  Il  pro- 
posa aux  ministres  de  cette  époque  un 
plan  d'exploration  dans  l'intérieur  de  l'A- 
frique qui  fut  jugé  trop  vaste  et  trop  dis- 
pendieux. Mais  il  reçut  tous  les  encourage- 
mens  désirables  pour  un  voyage  dans 
celte  contrée  presque  entièrement  incon- 
nue. Beaufort  partit  de  Rochefort,  fc  k  no- 
vembre 1823,  après  s'être  muni  d'iuslru- 
mens,  de  provisions  et  même  de  marchan- 
dises; après  avoir  reçu  le  meilleur  ac- 
cueil du  gouverneur  du  Sénégal,  il  se 
dirigea  vers  la  Gambie,  à  la  fin  de  jan- 
vier 1824.  Il  s'avança  jusqu'à  Banankou  , 
près  de  la  Falémé  qui  se  jette  dans  le  Sé- 
négal, et  jusqu'à  Koukongo,  120  lieues 
13. 


BEA  1 

au-dessus  de  l'embouchure  de  la  Gambie , 
examinant  partout  la  nature  et  le  gisement 
des  roches ,  prenant  la  hauteur  barométri- 
que des  lieux,  et  décrivant  toutes  les  cu- 
riosités naturelles  qu'il  rencontrait.  De 
retour  à  Bakel  le  26  mai  suivant,  il  vou- 
lut dans  un  second  voyage  descendre  jus- 
qu'à Tomboctou ,  en  prenant  la  route  d'E- 
limané ,  capitale  du  pays  de  Kaarla  ,  à 
Ségo  sur  le  Djoli-ba.  Mais  il  fut  pillé  sur 
cette  route  et  forcé  de  rétrograder  jusqu'à 
Bakel.  Beaufort  après  une  dernière  excur- 
sion avait  recueilli  un  très  grand  nombre 
de  matériaux,  et  il  s'occupait  à  les  mettre 
en  ordre  à  Bakel,  durant  la  saison  que  les 
étrangers  y  redoutent  le  plus ,  lorsqu'il 
mourut  le  3  septembre  1825 ,  après  cinq 
jours  d'une  fièvre  ataxique  cérébrale , 
survenue  à  la  suite  d'un  rhume. 

*  BEAUGEXDRE  (  Antoine  )  ,  ori- 
ginaire de  Caudebec  ,  naquit  à  Paris,  au 
mois  de  septembre  1628,  et  fit,  à  l'âge  de 
dix-neuf  ans ,  profession  dans  l'ordre  de 
St.-Benoît.  Après  avoir  prêché  avec  quel- 
que succès,  et  avoir  été  prieur  de  plu- 
sieurs monastères  de  son  ordre,  il  se  re- 
tira dans  l'abbaye  de  St.-Germain-des- 
Prés  ,  dont  il  fut  doyen  et  bibliothécaire. 
Il  mourut  le  16  août  1708.  Il  a  fait  impri- 
mer :  |  Vie  de  messire  Bénigne  Jolg, 
prêtre  ,  chanoine  et  instituteur  des  reli- 
gieuses hospitalières  de  Dijon,  1700  ,  in- 
8D  ;  |  Venerabilis  Hildeberti  primo  Ceno- 
manensis  episcopi,  deinde  Turonensis  ar- 
chiepiscopi opéra...  accesserunt  Marbodi 
JXhedonensis  episcopi ,  ipsius  Hildeberti 
supparis  opuscula,  1708,  in-fol.  Beaugen- 
dre  avait  quatre-vingt-un  ans  quand  il 
publia  ce  volume.  Les  notes  ont  été  re- 
mues et  retouchées  par  D.  René  Massuet. 
Beaugendre  avait  traduit  en  français  les 
Lettres  d'Hildebert  ;  mais  sa  mort  a  em- 
pêché la  publication  de  ce  travail. 

♦BEAUHARNAIS  (Fanxy,  comtesse 
de  ),  née  à  Paris  en  1738 ,  et  morte  dans  la 
même  ville  le  2  juillet  1813 ,  était  fille 
d'un  receveur-général  des  finances,  qui 
lui  donna  une  brillante  éducation ,  et  lui 
fit  épouser  le  comte  de  Beauharnais ,  on- 
cle de  François  et  d'Alexandre.  Mais  la 
jeune  comtesse  fut  bientôt  obligée  de  se 
séparer  de  son  mari,  et  se  retira  chez  les 
religieuses  de  la  Visitation.  Son  amour 
pour  les  arts  la  porta  à  faire  un  voyage 
en  Italie  en  1788.  De  retour  à  Paris,  elle 
réunit  chez  elle  les  hommes  de  lettres  et 
les  sa  vans  les  plus  distingués,  au  nombre 
desquels  étailBuffon.qui  ne  l'appelait  que 
sa  chère  fille.  Mais  on  lui  reproche  d'à- 


voir  admis  dans  sa  société  les  Dorât ,  les 
Rétif  de  la  Bretonne,  etc.  Elle  a  laissé 
plusieurs  ouvrages  pour  la  plupart  ou- 
bliés, et  dont  les  principaux  sont  :  |  Poésies 
fugitives,  et  prose  sans  conséquence .  1772, 
2  vol.  in-S°;  |  L'Ile  de  la  Félicité ,  ou 
Anaxis  et  Théone  .  poème  philosophique 
en  trois  chants  ;  |  Epitre  aux  femmes,  etc. 
Tout  le  monde  connaît  l'épigramme  faite 
contre  elle  par  le  poèle  Lehrun  : 

Eglé,  belle  et  poèle  ,  a  deux  petits  travers, 
Elle  fait  son  visage  ,  et  ne  fait  pas  ses  vers. 

*  BEAUHARNAIS  (François,  mar- 
quis de),  naquit  à  la  Rochelle  le  12  août 
1756.  Nortimé,  en  1789,  député  suppléant 

aux  Etats-généraux,  il  n'y  siégea  que  lors- 
qu'ils furent  conslilués  en  assemblée  na- 
tionale ,  vota  constamment  avec  le  côté 
droit  et  combattit  avec  force  la  proposi- 
tion que  le  vicomte  de  Beauharnais  ,  son 
frère,  qui  siégeait  au  côté  gauche,  lit  pour 
ôter  le  commandement  des  armées  au 
roi.  Quelques  députés  ayant  voulu  pro- 
poser des  amendemens,  il  s'écria  qu'il  n'y 
avait  point  d'amendement  avec  l'hoiv- 
neur;  ce  qui  le  fit  surnommer  le  féal 
Beauharnais  sans  amendement.  A  la  lin 
de  la  session,  il  protesta  contre  toutes  les 
innovations  qui  avaient  été  décrétées  et 
publia  un  compte  rendu  à  ses  commet- 
tans.  En  1792,  M.  de  Beauharnais  dirigea 
un  nouveau  projet  d'évasion  pour  la  fa- 
mille royale  avec  MM.  d'Hervilly,  de  Bri- 
ges  et  de  Vioménil.  Cette  tentative  ayant 
échoué,  il  se  rendit  à  l'armée  de  Coudé, 
où  il  devint  major-général.  Lorsque  la 
Convention  eut  décrété  la  mise  en  accu- 
sation de  Louis  XVI,  il  écrivit  au  président 
de  cette  assemblée  une  lettre  devenue 
publique,  dans  laquelle  il  démont  tait  l'il- 
légalité de  la  procédure  qu'elle  allait  en- 
treprendre, et  demanda  à  être  un  des  dé- 
fenseurs du  roi,  en  s'offrant  même  pour  un 
de  ses  otages.  Après  le  18  brumaire  an  8, 
il  chargea  sa  belle-sœur  Joséphine ,  que 
Bonaparte  avait  épousée,  de  remettre  à  ce 
dernier  un  écrit  par  lequel  il  l'engageait, 
«  au  nom  de  la  seule  gloire  qu'il  lui  restât 
»  à  acquérir,  de  rendre  le  sceptre  aux 
»  Bombons.  »  Cette  lettre  retarda  long- 
temps sa  rentrée  en  France  ,  et  il  n'y  fut 
rappelé  qu'à  l'époque  du  mariage  de  sa 
fille  avec  M.  de  Lavalelte,  sous  l'empire. 
Bonaparte  l'envoya,  en  1805,  comme  am- 
bassadeur en  Et  ru  rie  et  ensuite  en  Espa- 
gne. Mais  le  marquis  de  Beauharnais  ayant 
pris  les  intérêts  du  prince  des  AsturieS , 
contre  le  prince  de  la  Paix  don  Manuel 


BEA  tli 

Godoï,  contrairement  aux  intcnlions  de 
Napoléon,  il  fut  rappelé  et  exilé  dans  la 
Sologne ,  où  il  possédait  un  domaine.  Il 
revint  à  Paris  après  la  restauration  et  fut 
nommé  pair  de  France.  Il  est  mort  il  y 
a  quelques  années. 

•  BEAI  HARNAIS  (Alexandre,  vi- 
comte de  )  ,  frère  puîné  du  précédent,  né 
à  la  Martinique  ,  en  1700,  fut  d'abord  ma- 
jor en  second  d'un  régiment  d'infanterie, 
et  épousa  Mllc  de  la  Pagerie,  d'une  des 
premières  familles  de  cette  île.  En  1789, 
il  fut  nommé  député  de  la  noblesse  du 
bailliage  de  Blois  aux  états-généraux ,  et 
lit,  au  nom  du  comité  militaire,  plusieurs 
rapports.  Lors  de  la  fuite  de  Louis  XVI , 
au  21  juin  1791,  il  était  président  de  l'as- 
semblée nationale.  Il  partit,  après  la  ses- 
sion, pour  l'armée  du  Nord,  avec  le  grade 
d'adjudant-général.  En  mai  1792 ,  il  fut 
nommé  général  en  cbef  de  l'armée  du 
Rhin;  et  peu  de  temps  après  il  refusa  le 
ministère  de  la  guerre.  Ayant  donné  sa 
démission,  par  suite  des  décrets  qui  écar- 
taient les  nobles  des  armées  ,  il  se  retira 
à  la  Ferté-Beauharnais  ,  département  de 
Loir-el-Cher,  château  érigé  en  marquisat 
pour  son  père.  Il  y  fut  arrêté,  comme  sus- 
pect ,  conduit  à  Paris,  et  traduit  au  tribu- 
nal révolutionnaire,  qui  le  condamna  à 
mort,  le  25  juillet  1794,  à  l'âge  de  trente- 
quatre  ans.  La  veille  de  son  jugement,  il 
écrivit  à  sa  femme  ,  pour  lui  recomman- 
der ses  enfans,  et  l'engager  à  faire  réhabi- 
liter sa  mémoire. 

*  BEAU  HARNAIS  (  Joséphixe-Rose 
TASCHER"de  la  PAGERIE,  vicomtesse 
de  ).   Vouez  JOSÉPHINE. 

*  BEAUHARNAIS  (Eugène),  prince 
d'Eichstat,  duc  de  Leucblemberg ,  etc., 
îils  d'Alexandre  Beauharnais  et  de  José- 
phine, naquit  en  Bretagne  en  1780,  et 
fut  élevé  à  Saint-Germain-en-Laye.  Il 
suivit  comme  aide-de-camp  en  Italie  et 
en  Egypte  Bonaparte  devenu  son  beau- 
père.  Il  fut  ensuite  nommé  chef  d'esca- 
dron des  chasseurs  de  la  garde,  et  en  180 k, 
iJ  en  obtint  le  commandement.  Après  son 
couronnement ,  Bonaparte  lui  donna  le 
titre  de  prince  français,  le  nomma,  en 

1805,  archi-chancelier  d'étal,  et  peu  après 
le  créa  vice-roi  de  l'Italie  septentrionale, 
qu'il  avait  érigée  en  royaume  ,  et  divisée 
en  quatorze  déparlemens.  Le  12  janvier 

1806,  Napoléon ,  qui  avait  antérieurement 
déclaré  au  sénat  qu'il  adoptait  le  prince 
Eugène,  et  qu'à  défaut  de  descendant 
direct,  il  entendait  placer  la  couronne 
d'Italie  sur  la  tète  de  son  fils  adoptif ,  le 


1  BEA 

maria  avec  la  princesse  Auguste-Amélie, 
lille  du  roi  de  Bavière.  L'année  suivante, 
Eugène  fut  créé  prince  de  Venise,  dont  les 
provinces  avaient  été  réunies  au  royaume 
d'Italie.  Lors  de  la  reprise  des  hostili- 
tés en  1809,  il  marcha  contre  les  Autri- 
chiens, les  battit  en  plusieurs  rencontres 
elles  força  de  rétrograder.  Macdonald,ua 
de  ses  généraux,  s'empara  de  Trieste,  de 
Laybach  et  de  Gralz  ;  les  ennemis  furent 
encore  défaits  à  la  bataille  de  Raab  ,  où 
Eugène  commandait  en  personne.  De  là 
ce  prince  se  dirigea  sur  Vienne,  obtint  de 
nouveaux  succès  à  Saint-Daniel,  à  Mal- 
borghetlo  et  àLéoben,  où  il  détruisit  un 
corps  d'Autrichiens  commandé  par  le 
général  Jaliachich  ,  et  opéra  sa  jonction 
avec  la  grande  armée.  A  la  bataille  de 
Wagram,  livrée  le  6  juillet  1809,  il  dé- 
ploya des  lalens  et  un  courage  qui  ajou- 
tèrent encore  à  sa  réputation.  Napoléon 
ayant  résolu  à  celte  époque  de  rompre 
son  mariage  avec  Joséphine,  Eugène  vint 
à  Paris,  et  fut  chargé  de  notifier  au  sénat 
la  déchéance  de  sa  mère.  Il  s'acquitta  de 
celte  mission  sans  laisser  apercevoir  les 
sentimens  pénibles  qui  devaient  l'agiter 
intérieurement.  Le  ô  mars  1810,  le  prince 
Primat  ayant  été  déclaré  grand-duc  de 
Francfort,  Eugène  fut  désigné  pour  lui 
succéder,  et  reçut  un  mois  après,  la  grand- 
croix  de  l'ordre  de  Saint-Etienne  de  Hon- 
grie. La  campagne  de  Russie  fut  pour  lui 
une  nouvelle  source  de  gloire.  Il  prit  le 
commandement  du  14e  corps  de  la  grande- 
armée,  et  contribua  aux  succès  d'Oslrow- 
no,  de  Mohilow,  ainsi  qu'à  la  célèbre  ba- 
taille de  la  Moskowa.  Secondé  par  le  gé- 
néral Compans ,  il  battit  le  général  Ku- 
tusow,  el  se  signala  encore  pendant  la 
retraite,  aux  combats  de  Yîazma  el  de 
Krasnoë.  Il  prit  à  Posen,  après  le  départ 
de  Napoléon  et  de  Murât,  le  commande- 
ment en  chef  de  l'armée,  qu'il  ramena 
dans  le  meilleur  ordre  possible  jusqu'à 
Magdebourg,  et  s'arrêta  dans  cette  ville 
pour  rassembler  les  débris  des  différens 
corps,  avec  lesquels  il  hasarda  un  combat 
où  il  fut  défait.  Il  commanda  l'aile  gauche  à 
la  bataille  de  Lulzcn.Napoléon  pressentant 
la  défection  des  Autrichiens,  envoya  Eu- 
gène en  Italie  ,  pour  organiser  des  moyens 
de  défense.  Il  y  remporta  encore  quelques 
succès,  mais  la  défection  de  Murât  le  con- 
traignit de  conclure  un  armistice  avec  le 
général  ennemi,  comte  de  Bellegarde.  Eu- 
gène se  retira  alors  à  Munich,  auprès  du 
rot  de  Bavière  son  beau-père ,  qui  lui 
donna  le  duché  de  Lcucbteuberg  et  le 


BEA  lli 

rang  de  prince  de  sa  maison.  Il  se  rendit 
de  là  à  Paris  pour  revoir  sa  mère  et  sa 
sœur  dont  il  était  séparé  depuis  la  cam- 
pagne de  Russie,  et  alla  faire  sa  cour  à 
Louis  XVIII  qui  le  reçut  avec  distinction. 
Après  la  mort  de  Joséphine,  il  retourna 
auprès  du  roi  de  Bavière  et  vécut  dans  une 
situation  honorable  et  tranquille.  Une  at- 
taque d'apoplexie  l'enleva  le  !21  février 
1824,  dans  sa  44*  année.  Le  prince  Eugène 
était  parvenu  à  se  rendre  agréable  au 
peuple  dans  les  premières  aimées  de  sa 
vice-royauté;  mais  plus  tard  sa  popularité 
s'affaiblit,  et  lorsqu'il  abandonna  l'Italie  en 
•1814,  il  s'élail  tout-à-fait  aliéné  les  esprits 
par  des  conscriptions  et  des  réquisitions 
forcées  ,  et  par  le  reproche  de  lâcheté 
qu'il  ne  craignit  pas  d'adresser  aux  sol- 
dats italiens.  Sa  vie  toute  militaire  ne  lui 
avait  permis  de  donner  que  peu  de  soins 
à  l'administration  intérieure  qu'il  confia 
souvent  à  des  ministres  inhabiles  ,  dont 
les  actes  n'étaient  pas  toujours  dirigés 
par  la  justice.  Il  jugea  prudent  de  quitter 
secrètement  l'armée,  et  de  revêtir  l'uni- 
forme autrichien  pour  traverser  le  Ty- 
rol ,  parce  qu'en  ayant  fait  fusiller  quel- 
ques habitons  notables  comme  espions, 
il  redoutait  la  vengeance  des  Tyroliens. 
On  lui  a  reproché  plusieurs  abus  de  pou- 
voir. Il  obligea,  dit-on ,  plusieurs  proprié- 
taires de  Monza  de  lui  vendre  un  terrain 
pour  agrandir  le  parc  de  sa  maison  de 
plaisance,  et  il  contraignit  par  un  décret 
les  fabriciens  d'une  église  de  lui  vendre 
un  superbe  tableau  qu'il  y  avait  remarqué. 
(Quoiqu'il  soit  resté  lidèle  en  apparence  à 
son  père  adoptif ,  on  a  assuré  qu'il  avait 
vntretenu  des  intelligences  suivies  avec 
îles  agens  autrichiens  et  anglais ,  et  qu'il 
s'était  engagé  à  faire  cause  commune  avec 
Mural  contre  Napoléon,  si  les  puissances 
alliées  consentaient  à  lui  conserver"  son 
royaume  d'Italie,  dont  les  frontières  se 
seraient  étendues  jusqu'aux  Apennins. 
Des  diflicultés  élevées  à  ce  sujet,  et  sur- 
tout la  marche  rapide  des  événemens 
empêchèrent  seules  le  prince  Eugène  de 
se  prononcer  ouvertement  contre  l'em- 
pereur. Il  est  positif  qu'en  1813,  Bona- 
parte lui  donna  ordre  de  franchir  les  Alpes 
avec  toutes  ses  troupes,  de  laisser  garnison 
dans  les  seules  villes  de  Manloue  et  d'A- 
lexandrie, et  de  venir  se  joindre  à  l'armée 
commandée  par  le  maréchal  Augereau. 
Cependant  Eugène  retint  ses  troupes  dans 
la  Lombardie,  se  flattant,  dit  ou,  d'être 
reconnu  roi  d'Italie,  d'après  des  promesses 
que   les  circonstances  firent   éluder.  On 


2  BEA 

cite  l'ordre  du  jour ,  dans  lequel  le  vice- 
roi  engageait  les  Italiens  à  se  prononcer 
pour  la  défense  de  leur  propre  cause,  et 
invitait  les  troupes  françaises  à  retourner 
dans  leur  pays.  Disons  avant  de  terminer 
que  l'Italie  retira  plusieurs  avantages  de 
son  règne.  La  ville  de  Milan  lui  doit  des 
promenades  et  des  édifices;  il  favorisa 
l'établissement  de  plusieurs  manufactu- 
res; le  commerce  intérieur  fut  vivifié  par 
des  canaux  et  des  routes  ;  des  refuges  fu- 
rent ouverts  à  l'infirmité;  la  mendicité 
disparut  dans  les  principales  villes;  les 
formes  de  la  justice  devinrent  plus  im- 
posantes et  plus  solennelles,  et  un  nouveau 
système  judiciaire,  établi  dans  le  royaume 
offrit  une  égale  garantie  à  tous  les  ci- 
toyens. 

BEAIT  JEU.  Voyez  QUIQUERAN. 

*  BE AUJEU  (  Humbeut  IV,  sire  de  ), 
connétable  de  France  et  baron  de  Beau- 
jolais ,  servit  utilement  les  rois  Philippe- 
Auguste  et  Louis  VIII  dans  la  guerre  con- 
tre les  albigeois,  et  se  distingua  dans  plu- 
sieurs campagnes.  La  paix  conclue  ,  il  ac- 
compagna l'empereur  Baudouin  II ,  qui 
était  son  cousin,  à  Constantinople ,  avec 
plusieurs  grands  seigneurs,  et  il  assista  à 
son  couronnement,  qui  eut  lieu  à  Sainte- 
Sophie.  De  retour  en  France,  il  partit 
avec  saint  Louis  pour  la  Terre-Sainte,  et 
il  mourut  dans  cette  expédition  vers  l'an 
12/t8,  après  s'être  illustré  par  sa  sagesse 
et  par  sa  valeur.  Mais  une  ancienne  chro- 
nique manuscrite  place  sa  mort  :  «  L'an 
»  de  grâce  1250,  le  21  mai,  après  que  la  cité 
»  d'Ainvernerbat  fut  prise  par  les  Fran- 
»  çais.  »  —  Son  fils  Guichard  V  lui  succéda 
dans  la  charge  de  connétable  et  mourut 
le  9  mai  1268. 

BEAUJEU  (  Pierre  II  de  BOURBON  , 
sire  de),  pendant  la  vie  de  son  frère  Jean, 
connétable  en  France,  qui  mourut  en 
1488}  et  auquel  il  succéda  dans  tous  les 
biens  de  la  branche  aînée  de  Bourbon, 
qui  finit  en  lui,  fut  régent  sous  Charles  VIII; 
mais,  dans  le  vrai,  c'était  son  épouse 
Anne ,  fille  de  Louis  XI ,  qui  avait  l'auto- 
rité. Pierre  mourut  en  1508,  et  Anne  en 
1S22.  Louis  XII,  n'étant  que  duc  d'Orléans, 
eut  beaucoup  à  souffrir  d'elle,  n'ayant  pas 
voulu,  dit-on,  répondre  à  son  amour. 

*  BEAUJEU  (  Guichard  VI  de),  baron 
de  Beaujolais,  prince  de  Dombes ,  sei- 
gneur, chambellan  et  grand-gouverneur 
des  rois  Philippe  le  Bel,  Louis  Hutin,  Phi- 
lippe le  Long,  Charles  le  Bel  et  Philippe 
de  Valois  ,  succéda  à  son  père  Louis  en 
1290.  Il  se  distingua  dans  les  armées  et 


BEA 

mérita  le  nom  de  grand.  Il  prît  parti ,  en 
1325,  en  faveur  d'Edouard,  comte  de  Sa- 
voie, contre  Guignes  VIII,  dauphin  du 
Viennois ,  et  fut  fait  prisonnier.  Le  dau- 
phin ne  lui  accorda  sa  liberté  qu'à  condi- 
tion qu'il  céderait  une  partie  des  terres 
de  la  principauté  de  Dombes  ,  et  de  celles 
qu'il  possédait  dans  le  Val-Romei  et  en 
Dauphiné.  Le  sire  de  Beaujeu  promit  tout 
puis  oublia  ses  promesses  ;  ce  qui  entre- 
tint de  longues  divisions  entre  les  deux 
familles.  Il  ne  voulut  pas  recevoir  en  dé- 
dommagement du  comte  de  Savoie  des 
terres ,  avec  la  condition  qu'il  lui  en  fe- 
rait hommage,  sa  fierté  l'empêchant  de 
devenir  le  vassal  d'un  de  ses  égaux.  En 
1328 ,  il  commanda  la  5e  bataille  française 
ou  le  5e  corps  d'armée  à  la  bataille  de 
Cassel ,  gagnée  par  Philippe  de  Valois  sur 
les  Flamands  révoltés.  Guichard  de  Beau- 
jeu  mourut,  le  24  septembre  1331. 

*  BEAUJEU  (  Eoouaud,  sire  de  ),  fils 
du  précédent ,  maréchal  de  France  ,  na- 
quit en  I51G.  Lorsque  les  Anglais  eurent 
passé  la  Somme  en  1346 ,  ayant  à  leur 
tête  leur  roi  Edouard ,  Philippe  de  Valois 
envoya  le  sire  de  Beaujeu  pour  recon- 
naître leur  armée.  Après  la  bataille  de 
Créci,  qui  fut  si  funeste  aux  Français, 
Beaujeu  accompagna  dans  sa  fuite  le  roi 
Philippe,  et.  était  à  ses  côtés  lorsque  ce 
prince,  frappant  de  nuit  aux  portes  du 
petit  château  de  Broyé ,  cria  au  châtelain  : 
«  Ouvrez ,  c'est  la  fortune  de  la  France  :  » 
L'année  suivante ,  Beaujeu  fut  fait  maré- 
chal de  France  après  la  démission  du  ma- 
réchal de  Montmorency ,  son  beau-frère. 
Après  la  mort  de  Philippe  de  Valois ,  le 
maréchal  de  Beaujeu  servit  Jean  II  avec 
la  même  fidélité  ,  et  battit  les  Anglais  en 
1351  au  combat  d'Ardres  ,  où  il  fut  tué. 

*  BEAUJEU  (Christophe  de) ,  baron  de 
Beaujeu  et  seigneur  de  Jeaulges  ,  était  de 
l'ancienne  famille  de  ce  nom,  dans  le  Beau- 
jolais. Il  suivit  d'abord  le  parti  des  armes, 
et  se  distingua  dans  les  guerres  de  Henri 
III ,  contre  l'Espagne.  Ayant  été  disgra- 
cié, il  se  retira  en  Suisse,  où  il  demeura 
pendant  plusieurs  années.  Il  chercha  alors 
quelques  consolations  dans  le  commerce 
des  Muses,  et  voyagea  en  Italie.  Son  exil 
dura  dix  ans.  Au  bout  de  ce  temps  ,  il 
revint  à  Paris ,  rentra  en  faveur ,  et  fut 
même  nommé  commandant  des  troupes 
que  les  Suisses  envoyèrent  à  Henri  IV , 
en  1 589.  Il  fit  ensuite  imprimer  le  recueil 
de  ses  œuvres,  sous  le  titre  des  amours, 
ensemble  le  premier  livre  de  la  Suisse , 
Paris,  1589 ,  in-4°»  On  y  trouve  des  odes, 


153  BEA 

des  sonnets ,  des  élégies.  Toutes  ces  pièces 
sont  au-dessous  du  médiocre.  Il  avait 
composé  un  poème  sur  la  Suisse,  en 
douze  chants,  à  l'imitation  de  la  Fran- 
ciade,  de  Ronsard,  et  il  voulait  essayer 
le  goût  du  public  en  faisant  imprimer  le 
premier.  Les  suivans  n'ont  jamais  paru, 
et  on  ne  doit  pas  en  avoir  de  regret. 

*  BEAUJOLAIS  (  le  comte  de  ) ,  5e  fils 
de  Louis-Philippe-Joseph,  duc  d'Orléans, 
naquit  à  Paris  ,  le  7  octobre  1779,  et  avait 
à  peine  13  ans  lorsqu'on  l'enferma  avec  sa 
famille  à  l'Abbaye ,  d'où  il  fut  conduit 
avec  son  père  au  fort  Saint-Jean  de  Mar- 
seille. Après  trois  ans  et  demi  de  déten- 
tion ,  il  fut  embarqué  pour  les  Etats-Unis 
par  ordre  du  Directoire.  Réuni  à  ses  frères 
dans  cette  contrée,  il  voyagea  plusieurs 
années  avec  eux ,  visita  la  Havane  et  vint 
enfin  ,  comme  les  autres  princes  français, 
chercher  un  asile  en  Angleterre.  Une  ma- 
ladie de  poitrine  lui  rendant  nécessaire 
un  voyage  dans  la  Méditerranée  pour  y 
chercher  un  climat  plus  doux ,  le  comte 
de  Beaujolais  se  rendit  dans  File  de  Malle 
et  y  mourut  en  1808.  On  voit  son  tom- 
beau dans  l'église  cathédrale  de  Saint- 
Jean  de  celte  île. 

*  BEAUJO\r  (Nicolas)  ,  né  à  Bordeaux, 
en  1718,  d'une  famille  commerçante,  et 
dont  le  frère  était  avocat-général  de  la 
cour  des  aides  de  celle  ville,  fut  succes- 
sivement banquier  de  la  cour,  receveur- 
général  des  finances  de  la  généralité  de 
Bouen .  trésorier  et  commandeur  de  l'or- 
dre de  Saint-Louis ,  et  conseiller  d'état  à 
brevet.  Beaujon  joignait  à  une  fortune 
déjà  considérable,  une  grande  intelligence 
dans  les  affaires.  Il  fut  chargé,  dans  un 
moment  de  diselle  ,  de  procurer  du  blé  à 
la  ville  de  Bordeaux.  Cette  opération,  re- 
lardée par  quelques  obstacles,  le  rendit 
suspect  au  parlement.  Il  fut  obligé  de 
s'enfuir,  et  vint  à  Paris,  où  le  gouver- 
nement le  chargea  de  diverses  opérations 
financières  ,  qui  rélevèrent  à  un  degré 
d'opulence  extraordinaire.  L'hospice  qui 
porte  son  nom  ,  situé  à  Paris ,  dans  le 
faubourg  du  Boule  ,  fut  établi  et  dolé  par 
lui  avec  magnificence  en  17S4.  Cet  éta- 
blissement était  destiné  d'abord  à  l'éduca- 
tion gratuite  de  vingt-quatre  enfans  de 
l'un  et  de  l'autre  sexe  ,  nés  dans  la  com- 
mune du  Roule  autrefois  séparée  de  Pa- 
ris. Le  gouvernement  en  a  fait  depuis  un 
hôpital  pour  les  malades.  Beaujon  avait 
donné  à  son  hospice  les  terrains,  les  bàti- 
mens ,  la  chapelle  ,  les  vases  sacrés  et 
2î>,000  livres  de  rente  pour  l'entretien  des 


REA  i 

desscrvans  et  des  Instituteurs.  Il  mourut 
à  Paris,  le  26  décembre  178G. 

BEAU.TOYEUX.  Voyez  BALTIIAZA- 
BINI. 

*  BEAULATO\,  né  à  Montargis,  et 
mort  en  1782  ,  a  publié  une  traduction  en 
vers  français  du  Paradis  perdu  de  Mil- 
ton ,  en  2  vol.  in-8°,  1778,  qui  n'a  ob- 
tenu aucun  succès.  «  Celte  traduction, 
»  dit  M.  de  La  Harpe,  a  beaucoup  de  rap- 
»  port  avec  la  Pbarsale  de  Brébenf  ;  c'esl- 
»  à-dire  qu'on  y  trouve  quelques  mor- 
»  ceaux  bien  faits  ,  noyés  dans  un  déluge 
»>  de  vers  bon rsouf fiés  et  baroques.  » 

BEAULIEU  (Louis  LE  BLANC,  seigneur 
de  ) ,  professeur  de  théologie  à  Sedan ,  fit 
soutenir  plusieurs  thèses  de  théologie  dans 
l'académie  des  proteslans ,  qui  furent  pu- 
bliées sous  ce  titre  :  Thèses  sedanenses, 
1683,  in-fol.  Il  examine  dans  ces  llièses 
les  points  controversés  entre  les  catholi- 
ques et  les  calvinistes,  et  il  conclut  tou- 
jours que  les  uns  et  les  autres  ne  sont  op- 
posés que  de  nom.  Si  cela  est,  il  faut  que 
l'esprit  de  secte  soit  un  fléau  bien  terri- 
ble, puisque  sans  aucun  fondement  réel 
de  division,  et  précisément  pour  une  op- 
position de  mots,  il  a  inondé  de  sang  non 
seulement  la  France,  mais  tous  les  royau- 
mes de  l'Europe,  si  l'on  en  excepte  le 
Portugal ,  l'Italie  et  l'Espagne ,  que  l'in- 
quisition ,  dont  on  dit  tant  de  mal ,  a  pré- 
servés de  ses  ravages.  Beaulieu  était  né 
en  1611  au  Plessis-Marli,  et  il  mourut 
en  1673. 

BEAULIEU  (Sébastien  PONTAULT  de) 
ingénieur  et  maréchal-de-camp  ,  mort  en 
1674,  dessina  et  fit  graver  à  grands  frais 
les  sièges,  les  batailles,  et  toutes  les  expé- 
ditions militaires  du  règne  de  Louis  XIV, 
avec  des  discours  très  instructifs,  en  2 
vol.  in-fol. 

BEAULIEU  (Jean-Baptiste  ALLAIS  de) 
l'un  des  plus  célèbres  maîtres  écrivains 
de  Paris,  fit  d'excellens  (lèves.  Il  publia 
Wirt  d'écrire*  gravé  par  Senault ,  impri- 
mé à  Paris ,  en  1681  et  1688,  in-fol. 

*  BEAULIEU  (Jean-Claude  LEBLANC 
de),  évèque  de  Soissons,  né  à  Paris  le  29 
mai  1733  entra  jeune  encore  dans  la  con- 
grégation des  chanoines  réguliers  de  Ste.- 
Geneviève,  et  parut  d'abord  adopter  les 
principes  de  la  révolution.  Ayant  prêté  le 
serinent  prescrit,  il  fut  nommé,  en  1791, 
curé  de  Saint-Sévérin  à  Paris;  sa  conduite 
fut  toujours  pleine  de  modération ,  et 
lorsque  Gobel ,  évèque  constitutionnel  de 
Paris ,  eut  installé  dans  une  cure  un  prêtre 
assermenté  et  marié ,  il  rédigea  une  ré- 


H  BEA 

clamation  énergique,  et  protesta  avec  trois 
autres  curés  constitutionnels.  Cette  dé- 
marche lui  valut  une  détention  de  plu- 
sieurs mois.  Le  18  janvier  1800,  Beaulieu 
fut  sacré  évèque  conslitutionnelde  Rouen. 
Il  tint  dans  cette  ville,  le  27  mai,  un  sy- 
node dont  il  fit  imprimer  les  actes,  ainsi 
que  plusieurs  écrits  adressés  à  son  clergé, 
dont  la  plus  grande  partie  refusait  de  le 
reconnaître.  Il  se  fit  peu  remarquer  au 
concile  de  Paris  qui  eut  lieu  l'année  sui- 
vante. Après  la  signature  du  concordat, 
il  donna  sa  démission  qui  lui  avait  été  de- 
mandée. En  1802,  Beaulieu  fut  nommé  évè- 
que de  Soissons  et  refusa,  dit-on,  la  rétrac- 
tation que  le  légal  du  pape  demandait  aux 
évêques  constitutionnels.  Mais  des  ecclé- 
siastiques lui  ayant  fait  connaître  tous  les 
brefs  du  pape  dont  il  ignorait  l'authenti- 
cité, n'ayant  jamais  lu  que  les  écrits  des 
constitutionnels,  il  écrivit  à  Pie  VII,  pour 
prolester  de  sa  soumission  et  témoigner 
ses  regrets  du  passé,  et  ce  pontife  lui 
adressa  un  bref  satisfaisant.  Beaulieu  com- 
posa un  mémoire ,  pour  faire  part  dé  sa 
démarche  à  ses  amis,  ainsi  que  des  raisons 
qui  l'y  avaient  décidé,  et  il  eut  la  satisfac- 
tion de  ramener  un  ecclésiastique  qu'il 
affectionnait  beaucoup.  Invité,  en  1815, 
à  se  rendre  au  Champ-de-Mai ,  il  déclara 
dans  une  lettre  au  ministre  de  l'empereur 
qu'il  ne  reconnaissait  d'autre  souverain 
légitime  que  Louis  XVIII.  Il  passa  ensuite 
en  Angleterre,  et  revint  en  France  après 
le  retour  du  roi.  En  1817,  il  fut  nommé 
à  l'archevêché  d'Arles.  Mais  l'érection  de 
cet  archevêché  n'ayant  pas  eu  lieu,  Beau- 
lieu  continua  de  se  livrer  aux  soins  de  son 
diocèse  jusqu'en  1820,  et  donna  à  cette 
époque  sa  démission ,  à  cause  de  ses  in- 
firmités. Le  roi  le  nomma  membre  du 
chapitre  de  Saint-Denis.  Il  est  mort  le  13 
juillet  1823,  après  une  courte  maladie, 
dans  le  séminaire  des  missions  étran- 
gères. 

*  BEAULIEU  (  Claude-François  ),  né 
à  Biom  en  1734,  se  rendit  à  Paris  vers 
1782,  et  travailla  à  plusieurs  journaux, 
notamment  aux  Nouvelles  de  Versailles 
et  au  Postillon  de  la  guerre.  Il  fut  arrêté 
après  la  journée  du  10  août  1792,  pour 
avoir  embrassé  la  cause  de  Louis  XV  [ ,  et 
enfermé  pendant  environ  un  an  à  la  Con- 
ciergerie et  au  Luxembourg.  Après  le  9 
thermidor,  il  fut  le  principal  rédacteur 
du  Miroir.  Compris  pour  cette  raison  dans 
la  proscription  du  18  fructidor,  il  parvint 
cependant  à  se  soustraire  à  la  déporta- 
tion. Il  s'attacha  ensuite  au  préfet  de  l'Oise 


BEA  1 

qui  lui  donna  le  soin  des  archives  de  sa 
préfecture  et  lui  confia  la  rédaction  du 
journal  de  son  département.  Après  la  res- 
tauration .  Bcaulieu  vint  à  Paris  et  s'oc- 
cupa exclusivement  de  travaux  littéraires. 
Il  est  mort  à  Marly  en  1827.  On  a  de  lui  : 
|  Essais  historiques  sur  les  causes  et  les 
effets  de  la  révolution  en  France  *  Paris, 
1801-1803,  G  vol.  in-8°,  où  l'on  trouve  des 
renseignemens  curieux  sur  la  révolution 
française.  L'auteur  en  préparait  une  nou- 
velle édition,  lorsque  la  mort  l'a  enlevé. 
|  Réflexions  sur  les  réflexions  de  M.  Ber- 
çasse sur  l'acte  constitutionnel  du  sénat J 
Paris ,  1814 ,  in-8°  ;  \  le  Temps  présent, 
Paris,  1816,  in-8°;  |  la  Révolution  fran- 
çaise considérée  dans  ses  effets  sur  (a 
civilisation  des  peuples,,  Paris  ,  1820,  in- 
8°.  |  Il  a  fourni  aussi  quelques  articles  à 
la  Biographie  universelle. 

*  BEAULIEU  (le  baron  de),  général  au- 
trichien ,  né  en  1725  dans  le  Brabanl, 
après  avoir  servi  avec  distinction  dans  la 
guerre  de  sept  ans ,  s'était  retiré  au  sein 
de  sa  famille  avec  le  grade  de  lieutenant- 
colonel  :  la  révolte  des  Brabançons  ,  en 
1789  ,  vint  le  rappeler  au  combat.  Il  ac- 
cepta le  commandement  d'un  corps  de 
troupes,  marcha  contre  eux  et  mit  bien- 
tôt fin  à  celte  guerre.  Il  combattit  ensuite 
les  Français  dans  les  Pays-Bas  ,  remporta 
quelques  avantages  contre  le  général  Bi- 
j'on ,  gagna  la  bataille  d'Arlon ,  et  s'em- 
para de  plusieurs  villes.  Appelé  au  com- 
mandement général  de  l'armée  autri- 
chienne d'Italie  en  1790,  il  fut  moins  heu- 
reux :  battu  à  Montenotte,  Millesimo, 
Mondovi,  etc. ,  il  se  vil  obligé  de  se  reti- 
rer jusque  dans  les  montagnes  du  Tyrol, 
où  le  général  Wurmser  prit  le  commande- 
ment de  son  armée.  Il  mourut  au  mois  de 
mars  1820  ,  âgé  de  94  ans ,  dans  la  ville  de 
Lintz,  où  il  s'était  relire.  C'était  un  bon 
général,  plein  d'activité  et  d'intrépidité, 
mais  plus  propre  à  commander  une  petite 
ermée  qu'une  grande. 

BEAULIEU.  V ou.  B  AULOT  (Jacques  ). 

REAUMAXOIR  (  Philippe  de  ),  écrivit 
vers  1283  les  Coutumes  de  Bcauvoisis , 
dont  La  Thaumassière  a  donné  une  bonne 
édition,  Bourges,  1690  ,  in-fol. 

*  BE  YUMAAOIR  (  le  baron  de  )  ,  che- 
valier de  Saint-Louis ,  ancien  mousque- 
taire ,  a  publié  des  Mémoires  de  sa  jeu- 
nesse ,  ouvrage  qui  n'est  pas  dépourvu 
d'intérêt ,  et  qui  offre  un  but  assez  moral; 
deux  Tragédies,  des  Comédies  et  un 
Opéra ,  une  Traduction  de  l'Iliade  d'Ho- 
mère .  en  vers  français ,  où  il  a  fait  des 


!ÔU  BEA 

retranehemens  peu  judicieux.  Il  avait  une 
traduction  de  l'Odyssée  dans  le  même 
genre,  qui  n'a  point  été  publiée.  Beau- 
manoir  a  donné  encore  la  justification 
d'Enguerrand  île  Marigny;  c'est  sa  meil- 
leure production.  Une  foule  de  recherches 
curieuses  rendent  cet  ouvrage  fort  in- 
téressant. 

BEAUMAAOIR  (  Jeax  de  )  ,  connu 
sous  le  nom  de  Maréchal  de  Lavardin> 
était  d'une  ancienne  famille  du  Maine. 
Henri  IV  ,  auprès  duquel  il  fut  élevé ,  ré- 
compensa sa  valeur  et  ses  services  par 
le  gouvernement  du  Maine,  en  1595  ,  le 
collier  de  ses  ordres  et  le  bâton  de  maré- 
chal de  France.  En  1602 ,  Lavardin  com- 
manda l'armée  en  Bourgogne ,  et  fut  am- 
bassadeur extraordinaire  en  Angleterre, 
l'an  1612.  Il  mourut  à  Paris  ,  en  1614. 
—  Il  y  a  eu  dans  celte  famille  d'autres 
hommes  célèbres ,  entre  autres ,  Jean  de 
BEAUMANOIR ,  ami  et  compagnon  d'ar- 
mes du  célèbre  Duguesclin ,  et  qui  se 
signala  dans  la  guerre  civile  qui  désola  la 
Bretagne  au  14e  siècle. 

*  BEAUMARCHAIS  (  Pieuue-Aiicus- 
tin  CARON  de  ),  né  à  Paris  le  24  janvier 
1732  ,  était  fils  d'un  horloger  qui  le  desti- 
nait à  sa  profession,  et  ses  premières  étu- 
des lui  donnèrent  en  mécanique  des 
connaissances  assez  étendues.  L'horloge- 
rie lui  doil  la  découverte  d'une  nou- 
velle espèce  d'échappement.  Cette  in- 
vention ayant  été  réclamée  par  un  horlo- 
ger célèbre,  le  différend  fut  porté  de- 
vant l'académie  des  sciences  qui  donna 
gain  de  cause  à  Beaumarchais.  Malgré  ce 
succès,  il  quitta  l'état  de  son  père,  et  se 
livra  passionnément  à  l'élude  de  la  musi- 
que. Des  compositions  gracieuses ,  et  un 
talent  supérieur  sur  la  harpe  et  la  guitare 
le  firent  remarquer  ;  mesdemoiselles 
Adélaïde,  Sophie  et  Victoire,  filles  de 
Louis  XV,  devinrent  ses  écolières.  Il  se 
lia  avec  Pàris-Duverney,  banquier  de  la 
cour,  prit  une  part  dans  ses  intérêts 
de  finances  et  acquit  promptement  une 
fortune  considérable.  Jaloux  d'obtenir 
aussi  des  succès  littéraires  ,  il  débuta,  en 
1767,  dans  la  carrière  théâtrale  par  le 
drame  à'Euç/énie;  en  1770,  il  fit  repré- 
senter Les  deux  amis  qui  n'eurent  point 
de  succès.  Pàris-Duverney  étant  venu  à 
mourir ,  le  comte  de  la  Blache ,  son  lé- 
gataire universel ,  refusa  à  Beaumarchais 
le  paiement  d'une  somme  assez  considé- 
rable que  ce  dernier  déclarait  lui  être 
due,  et  prétendit  même  qu'il  redevail  à 
la  succession  50,000  écus.  Il  s'ensuivit 


ItEA  15' 

on  procès  que  Beaumarchais  perdit  d'a- 
bord, mais  qu'il  gagna  devant  le  parle- 
ment d'Aix,  où  les  parties  avaient  été  ren- 
voyées après  la  cassation  du  premier  arrêt. 
Il  couvrit  de  ridicule  ses  premiers  juges 
et  son  adversaire,  dans  des  Mémoires, 
chefs-d'œuvre  de  plaisanterie,  où  la  sa- 
tire la  plus  amère  s'unit  à  la  dialectique 
la  plus  pressante,  et  qui  valurent  à  l'au- 
teur une  grande  popularité.  Il  ne  fut  pas 
aussi  heureux  dans  l'affaire  du  banquier 
Kornmann  ;  le  ton  plaisant  des  Nouveaux 
Mémoires  de  Beaumarchais  parut  déplacé. 
Au  milieu  de  ces  tracasseries ,  il  n'avait 
point  abandonné  le  théâtre.  Le  Barbier  de 
Séville  qui  parut  en  1775"  et  tomba  à  la 
première  représentation,  obtint  ensuite 
un  grand  succès,  et  est  resté  au  répertoire. 
Ensuite  vint  le  Mariage  de  Figaro  (1784), 
à  la  représentation  duquel  l'autorité 
s'opposa  long-temps.  Cette  pièce  ,  où  se 
trouvent  mêlés  des  mots  spirituels  et 
d'indécentes  plaisanteries,  obtint  une 
vogue  extraordinaire,  qui  prenait  sa 
source  dans  des  allusions  continuelles  et 
dans  le  cynisme  effronté  des  situations» 
Le  drame  de  la  Mère  coupable ,dont  le  but 
avoué  était  de  diffamer,  sous  le  nom  de 
Begearss,  l'avocat  Bergasse  contre  lequel 
il  avait  lutté  dans  le  procès  Kornmann  , 
n'eut  et  ne  méritait  aucun  succès.  Enfin 
l'opéra  de  Tarare*  composition  immo- 
rale et  de  mauvais  goût ,  donnée  en  1792, 
termine  la  carrière  dramatique  de  cet 
auteur.  Beaumarchais  fut  employé  dans 
quelques  missions  politiques  par  MM.  de 
Maurepas  et  de  Vergennes.  Lorsque  les 
Etats-Unis  secouèrent  le  joug  de  l'Angle- 
terre, il  entreprit  de  les  approvisionner,  et 
quoique  plusieurs  de  ses  vaisseaux  fussent 
tombés  au  pouvoir  des  Anglais,  il  fit  ce- 
pendant un  gain  immense.  Il  contribua 
ensuite  à  l'établissement  d'une  caisse  d'es- 
compte formée  à  l'instar  de  la  banque 
d'Angleterre,  fit  construire  la  pompe  à 
feu  qui  a  tant  fait  d'honneur  aux  frères 
Perrier,  et  contribua  à  l'entreprise  des 
eaux  de  Paris.  Ayant  voulu  à  la  mort  de 
Voltaire  donner  une  édition  des  œuvres 
de  cet  écrivain ,  cette  entreprise  lui  fit 
perdre  près  d'un  million.  Lorsque  la  ré- 
volution éclata,  il  en  embrassa  les  intérêts 
et  fut  long-temps  de  la  première  com- 
mune provisoire  de  Paris.  Cependant  on 
l'accusa  d'avoir  voulu  armer  la  contre- 
révolution  ,  et  il  fut  enfermé  à  l'Abbaye. 
Manuel  le  fit  mettre  en  liberté ,  et  Beau- 
marchais en  profita  pour  se  rendre  en  An- 
gleterre. Pendant  son  séjour  à  Londres, 


6  IÎEA 

il  adressa  au  député  Lecointre  ,  qui  l'avait 
fait  décréter  d'accusation,  un  mémoire 
explicatif  de  sa  conduite  pendant  la  révo- 
lution, intitulé  :  Mes  six  Epoques,  produc- 
tion remarquable  par  l'intérêt  qui  s'attache 
au  récit  des  dangers  que  l'auteur  a  courus. 
Il  revint  en  France  après  le  9  thermidor, 
et  après  avoir  rassemblé  quelques  débris 
de  son  ancienne  fortune  ,  que  la  révo- 
lution lui  avait  fait  perdre  ,  il  mourut 
subitement  le  19  mai  1799,  laissant  une 
fille  unique.  Il  avait  fait  construire  ,  à 
l'extrémité  du  faubourg  Saint-Antoine , 
une  belle  maison  qui  a  été  démolie  ,  il  y  a 
quelques  années,  pour  l'exécution  du 
canal  def  Ourcq.  Cet  écrivain  eut  de  nom- 
breux ennemis ,  et  il  s'en  trouva  qui  lui 
reprochèrent  son  origine.  Un  jeune  sei- 
gneur voulut  un  jour  le  mortifier  en  lui 
disant  :  «  M.  Caron,  vous  qui  devez  vous  y 
»  connaître,  dites-moi  pourquoi  ma  mon- 
»  tre  s'est  dérangée.  »  Il  prit  aussitôt  le 
bijou ,  le  considéra  un  instant ,  puis  le 
le  laissa  tomber  sur  le  parquet  où  il  vola 
en  éclats.  «  Votre  seigneurie  excusera  ma 
»  maladresse ,  répondit  le  malicieux  Ca- 
»  ron  ;  il  y  a  si  long-temps  que  je  n'ai 
»  louché  de  montre  !  »  Celte  vengeance 
ingénieuse  fit  sourire  le  roi ,  devant  qui 
cette  scène  se  passait.  Ses  OEuvres  com- 
plètes ont  été  publiées  en  1809,  par  M. 
Gudin  de  la  Brunellerie ,  en  7  vol.  in-8°. 
Une  nouvelle  édition  en  6  vol.  in-8°,  en 
a  paru  en  1821.  Un  auteur  moderne  a  ap- 
précié en  ces  termes  l'influence  que  Beau- 
marchais exerça  sur  son  époque  :  «  Com- 
»  bien  ne  frémii-on  pas  davantage  lors- 
»  qu'on  songe  que  ce  grand  débat  du  peuple 
«  contre  les  rois,  que  cet  éternel  plaidoyer 
»  en  faveur  de  la  démocratie ,  qui  s'était 
»  réfugié  dans  les  conversations  et  dans 
»  les  livres ,  va  se  trouver  transporté 
n  tout  à  coup  en  plein  théâtre ,  au  milieu 
»  d'une  fable  licencieuse  et  environnée 
»  de  tout  l'esprit  de  Beaumarchais.  Beau- 
»  marchais ,  homme  de  peu ,  comme  di- 
»  sait  le  duc  Saint-Simon ,  avait  peut-être 
»  autant  d'esprit  que  Voltaire ,  non  pas  de 
»  cet  esprit  fin  et  délicat  que  Voltaire  avait 
»  le  plus  souvent ,  mais  de  ce  gros  espriJ 
»  sans  retenue,  qui  ne  recule  devant 
»  aucune  personnalité  ,  qui  ne  se  refuse  à 
■  aucune  injure  ,  et  dont  l'effet  est  d'au- 
»  tant  plus  certain  sur  l'esprit  de  la  mul- 
»  titude ,  qu'elle  le  comprend  plus  faci- 
»  ment.  Aussi  dès  qu'après  tant  de  fameux 
»  procès  et  d'excellens  mémoires ,  Beau- 
»  marchais  s'imagina  d'envahir  le  théâtre 
»  au   profit   de   la  philosophie  moderne, 


BEA  iô 

»  il  plaça  sur  le  même  plan  l'intérieur  de 
»  toute  une  famille ,  depuis  la  grande 
«dame  jusqu'à  son  page,  depuis  son 
»  excellence  le  comte  Almaviva  jusqu'à 
»  la  petite  Suzanne  ,  et  il  jeta  dans  le  dra- 
»  me  toutes  les  passions  d'une  société 
»  corrompue ,  l'amour  et  l'ivrognerie,  la 
»  délation  et  l'adultère  ,  la  calomnie  et  la 
»  séduction.  Il  représenta  la  justice  sous 

*  les  traits  d'un  vieillard  imbécile;  le 
»  pouvoir  sous  les  habits  d'un  grand  sei- 
»  gneur  toujours  dupe,  quoi  qu'il  fasse, 
»  toujours  trompé,  et  assez  raisonnable- 
»  ment  méprisable  et  méprisé.  Au  con- 
»  traire  ,  le  peuple  eut  le  beau  côté ,  sous 
»  la  veste  brillante  et  bigarrée  de  Figaro 
»  on  le  vit  arriver,  vif,  léger,  piquant, 
»  remplaçant    une  conjuration  par  une 

*  autre ,  un  bon  mot  par  un  autre  bon 
»  mot ,  inépuisable  en  expédiens ,  se 
»  jeuant  de  tout  et  de  tous ,  sortant  vain- 
»  queur  et  triomphant  de  mille  épreuves 
»  dont  il  ne  s'est  pas  inquiété  une  fois  : 
»  du  reste  sentencieux,  moraliste,  prê- 
»  chant  la  vertu  et  le  désintéressement , 
»  le  seul  homme  de  la  pièce  qui  eût  quel- 
»  ques  notions  du  juste  et  de  l'injuste  ; 
«  voilà  le  peuple  comme  on  le  faisait  alors; 

*  depuis  il  a  bien  prouvé  ce  qu'il  était,  , 
»  digne  d'excuse  sans  doute,  mais  surtout 
»  digne  de  pitié.  Car,  si  l'on  considère 
»  combien  il  fut  flatté ,  combien  on  ré- 
»  pétait  chaque  jour  qu'à  lui  seul  était 
»  le  pouvoir,  à  lui  seul  la  justice,  à  lui 
»  seul  le  bien-être,  à  lui  seul  la  vertu, 
»  qu'il  était  le  commencement  et  la  fin  de 
»  toute  monarchie  en  Europe ,  on  conce- 
»  vra  facilement  à  quels  excès  il  devait 
»  se  porter  après  un  enseignement  aussi 
»  funeste ,  aussi  acharne.  « 

*  BEAUMARCHAIS  (  Antoine  de  la 
BARRE  de  ),  né  à  Cambrai,  entra  d'abord 
dans  l'ordre  régulier  de  la  maison  de 
Saint-Victor  à  Paris ,  qu'il  abandonna  en- 
suite pour  se  retirer  en  Hollande,  où  il 
se  maria,  et  se  mit  aux  gages  des  libraires 
pour  subsister.  Devenu  veuf,  il  rentra, 
dit-on ,  dans  le  sein  de  l'Eglise,  et  mourut 
vers  1750  Ses  principaux  ouvrages  sont: 
l  Histoire  de  Pologne  sous  le  roi  Auguste 
II ,  1733  ,  k  vol.  in-12  ,  publiée  sous  le 
nom  de  l'abbé  de  Parthenay  ;  |  la  Monar- 
chie des  Hébreux,  trad.  de  l'espagnol  du 
marquis  de  Saint-Philippe  ,  J727  ,  4  vol. 
in-12;  |  le  Hollandais  ou  Lettres  sur  la 
Hollande  ancienne  et  moderne,  3  parties, 
in-8°  ;  |  Lettres  sérieuses  et  badines  sur 
les  ouvrages  des  savans ,  12  vol.  in-S°. 

HEAUMES.  Voyez  BAUME. 


7  BEA 

BEAUMELLE  (  Laurent  ÀNGLIVIEL 
de  la),  né  àVallerauques,  dans  le  diocèse 
d'Alais,  en  1727 ,  mort  à  Paris,  en  no- 
vembre 1773,  fut  de  bonne  heure  au  rang 
des  écrivains  distingués.  Appelé  en  Da- 
nemarck  pour  être  professeur  de  belles- 
lettres  françaises  ,  il  ouvrit  ce  cours  de 
littérature  par  un  Discours  qui  fut  impri- 
mé en  1731 ,  et  bien  accueilli.  Mais  son 
inconstance  ne  lui  permit  pas  de  s'atta- 
cher à  cet  emploi.  Il  quitta  le  Danemarck 
avec  le  titre  de  conseiller  et  une  pension. 
S'étant  arrêté  à  Berlin  ,  il  y  vit  "Voltaire  , 
et  ayant  osé  loucher  à  ses  lauriers  ,  il  se 
brouilla  irréconciliablcment  avec  lui. 
L'histoire  de  ce  démêlé  ,  qui  occasiona 
tant  de  personnalités  et  d'injures,  se  trou- 
ve, malheureusement  pour  l'honneur  des 
lettres,  dans  trop  de  livres.  On  sait  qu'un 
passage  dans  une  brochure  de  La  Beau- 
melle,  intitulée  Mes  pensées,  en  fut  la 
première  origine.  Voici  ce  passage  :«  Qu'on 
»  parcoure  l'histoire  ancienne  et  moderne, 
»  on  ne  trouvera  point  d'exemple  de  prin- 
»  ce  qui  ait  donné  sept  mille  ccus  de  pen- 
»  sion  à  un  homme  de  lettres  à  titre 
»  d'homme  de  lettres  ;  il  y  a  eu  de  plus 
»  grands  poètes  que  Voltaire ,  il  n'y  en 
»  eut  jamais  de  si  bien  récompensés,  par- 
»  ce  que  le  goût  ne  met  jamais  de  bornes 
»  à  ses  récompenses  ;  le  roi  de  Prusse 
»  comble  de  bienfaits  les  hommes  à  taiens, 
»  précisément  par  les  mêmes  raisons  qui 
»  engagent  un  petit  prince  d'Allemagne  à 
»  combler  de  bienfaits  un  bouffon  ou  un 
»  nain.  »  Cet  ouvrage ,  fortement  pensé , 
mais  écrit  avec  trop  de  hardiesse  ,  et  rem- 
pli de  choses  répréhensibies ,  arma  l'auto- 
rité contre  lui;  et  en  arrivant  à  Paris,  en 
1753,  il  fut  enfermé  à  la  Bastille.  11  n'en 
sortit  que  pour  publier  ses  Mémoires  de 
madame  de  Maintenon,  qui  lui  attirèrent 
xine  nouvelle  détention  dans  celle  prison 
royale.  La  Beaumelle  ayant  obtenu  sa  li- 
berté ,  se  relira  en  province  ,  où  il  épousa 
la  tille  de  M.  Lavaysse ,  célèbre  avocat  de 
Toulouse.  Une  dame  de  la  cour  l'appela  à 
Paris  vers  l'an  1772,  et  voulut  l'y  fixer  en 
lui  procurant  une  place  à  la  bibliothèque 
du  roi;  mais  il  n'en  jouit  pas  long-temps  : 
une  fluxion  de  poitrine  l'enleva  à  sa  fa- 
mille et  à  la  littérature.  Il  a  laissé  un  fils 
et  une  fille.  Ses  ouvrages  sont  :  |  une  Dé- 
fense de  l'Esprit  des  Loix  ,  contre  l'au- 
teur des  Nouvelles  ecclésiastiques ,  qui  ne 
vaut  point  celle  que  le  président  de  Mon- 
tesquieu publia  lui-même;  ni  l'une  ni 
l'autre  ne  peuvent  satisfaire  sur  tous  !es 
points;  l  nies  Pensées,  ou  le  Qu'en  dira- 
14 


BEA 


158 


BEA 


t-on?  in-12,  livre  dont  la  réputation  ne 
s'est  pas  soutenue,  quoiqu'il  y  ail  beaucoup 
d'esprit;  sans  doute  parce  qu'elle  était 
principalement  fondée  sur  les  maximes  té- 
méraires et  pernicieuses  qu'il  renfermait, 
et  que  ces  sortes  de  réputations  n'ont 
qu'un  temps;  I  Les  mémoires  de  Madame 
de  Maintenons  vol.  in-12,  qui  furent 
suivis  de  9  vol.  de  Lettres.  (  Voyez  MAIN- 
TENON.  )  On  y  hasarde  plusieurs  faits  : 
on  en  défigure  d'autres;  on  attribue  à 
cette  clame  des  propos  parfaitement  con- 
tradictoires à  la  manière  de  penser  qu'elle 
a  le  plus  constamment  manifestée;  le  style 
n'a  ni  la  iécenee,  ni  la  dignité  qui  con- 
viennent à  l'histoire.  |  Lettres  à  M.  de 
Voltaire,  in-12,  pleines  de  sel  et  d'esprit. 
L'auteur  avait  publié  le  Siècle  de  Louis 
XIV&scc  des  notes,  en  5  vol.  in-12. 
"Voltaire  avait  combattu  ces  remarques 
dans  une  brochure  intitulée  :  Supplément 
au  Siècle  de  Louis  XIV.  La  Beaumelle 
donna  en  1754  une  Réponse  à  ce  Supplé- 
ment .  qu'il  reproduisit  en  1761  ,  sous  le 
titre  de  Lettres.  \  Pensées  de  Sénèque , 
en  latin  et  en  français ,  in-12  ,  dans  ie  goût 
des  Pensées  de  Cicéron,  de  l'abbé  d'Olivet, 
qu'il  a  plutôt  imité  qu'égalé.  |  Commen- 
taires sur  la  Ilenriacle  ,  Paris ,  1775 ,  2 
vol.  in-8°.  Il  y  a  de  la  justesse  ,  du  goût, 
mais  trop  de  minuties.  |  Une  traduction 
manuscrite  des  Odes  d'Horace;  |  des  Mé- 
langes aussi  manuscrits,  parmi  lesquels 
on  trouve  des  choses  piquantes.  L'au- 
teur était  naturellement  porté  à  la  satire. 
Son  caractère  était  franc,  mais  ardent  et 
inquiet.  Sa  religion  était  si  peu  décidée 
que  quelques-uns  le  font  protestant,  et 
d'autres,  catholique.  S'il  fut  un  violent 
adversaire  de  Voltaire,  ce  n'est  pas  qu'il 
eût  des  principes  fort  différens  de  ceux 
de  ce  poète.  On  a  entendu  dire  à  La  Beau- 
nielle  :  Personne  ri 'écrit  mieux  que  Vol- 
taire... D'où  vient  donc^ui  dit  quelqu'un, 
que  vous  le  déchirez...?  C'est ,  répondit- 
il  ,  que  mes  ouvrages  s'en  vendent  mieux 
et  qu'il  ne  m'épargne  dans  aucun  des 
siens.  Réponse  qui  exprime  admirable- 
ment les  deux  grands  mobiles  de  toutes 
les  démarches  de  nos  bruyans  écrivains, 
l'intérêt  et  l'orgueil. 

*BEAUMETZ  (Briois  de),  premier  pré- 
sident au  conseil  d'Artois ,  fut  nommé  en 
1789  député  de  la  noblesse  aux  états-gé- 
néraux ,  et  se  rangea  du  côté  gauche ,  te- 
nant néanmoins  à  la  partie  qui  semblait 
la  moins  exagérée.  Elu  président  au  mois 
de  mai  1790,  il  se  déclara  en  faveur  du 
veto  suspensif.   Il  appuya  ensuite   l'éta- 


blissement des  jurés,  et  défendit  le  sys- 
tème des  assignats.  L'année  suivante,  il 
accusa  les  ministres  ,  à  l'exception  de 
Monlmoriu,  et  prétendit  que  le  corps  lé- 
gislatif avait  le  droit  de  demander  leur 
renvui,  et  les  citoyens  celui  de  les  accu- 
ser criminellement  après  leur  sortie  du 
ministère.  Enfin,  il  prit  part  à  toutes  les 
questions  importantes  qui  s'agitèrent  dans 
l'Assemblée  constituante.  Lorsqu'elle  fut 
dissoute,  il  fut  nommé  membre  du  conseil 
du  département  de  la  Seine,  et  en  cette 
qualité  il  signa  la  pétition  adressée  à  Louis 
XVI  pour  réclamer  le  traitement  qu'on 
voulait  refuser  aux  prêtres  non  asser- 
mentés. Il  émigra  en  1792,  et  ne  rentra 
en  France  qu'en  1800.  Il  mourut  en  1802. 
Il  avait  des  talens ,  mais  beaucoup  d'am- 
bition ,  et  on  prétend  qu'il  n'avait  paru 
favorable  à  la  révolution  que  par  haine 
pour  M.  de  Galonné  qui  lui  avait  toujours 
barré  le  chemin  du  ministère. 

BEAUMOAT  des  ADRETS.  Voyez 
ADRETS. 

BEAUMONT  de  PÉRÉFIXE.  Voyez 
PÉRÉFIXE. 

BEAUMOM'  (Geoffroi  de  ) ,  natif  et 
chanoine  deBayeux,  légat  du  saint  Siège 
enLombardie ,  suivit ,  en  qualité  de  chan- 
celier, Charles  d'Anjou,  frère  de  saint 
Louis ,  au  royaume  de  Naplcs.  Nommé  à 
son  retour  évèque  de  Laon ,  il  fit  les  fonc- 
tions de  pair  l'an  1272,  au  couronnement 
de  Philippe  le  Hardi ,  et  mourut  l'année 
d'après.  C'était  un  prélat  vertueux  et  d'un 
grand  mérite. 

IîEYUMO.\T  (François),  né  dans  le 
comté  de  Leicester  en  1585,  mourut  à  la 
fleur  de  son  âge  en  1(515,  et  fit  plusieurs 
tragédies  et  comédies  pour  le  théâtre  an- 
glais; elles  furent  applaudies.  Fletcher, 
son  ami,  l'aidait  dans  la  composition  de 
ses  pièces.  Ces  deux  hommes  furent  ri- 
vaux .  sans  être  jaloux.  On  a  réuni  leurs 
ouvrages  dans  une  belle  édition  publiée 
en  1711 ,  en  7  volumes  in-8°. 

BEAUMO\T  ( Guillaume-Robert-Phi- 
lippe-Joseph-Jeaiv  de)  ,  curé  de  Saint- 
Nicolas  de  Rouen ,  sa  patrie ,  mort  au  mois 
de  septembre  1761 ,  fut  regretté  de  ses 
ouailles,  qu'il  édifiait  et  qu'il  instruisait. 
On  a  de  lui  quelques  ouvrages  de  piété  , 
qui  manquent  quelquefois  d'élévation , 
mais  qui  ne  peuvent  produire  que  des 
fruits  de  vertu.  |  De  l'imitation  de  la 
sainte  Vierge ,  in- 18;  |  Pratique  de  la  dé- 
votion au  divin  cœur  de  Jésus,  in- 18; 
|  Exercice  du  parfait  Chrétien,  1757 , 
in-2k;  |  Vie  des  Saints,  en  2  vol.;  |  Mé- 


BK.-V  io 

dilations  pour  tous  les  jours  de  l'année  t 
etc. 

UEAUMOVr  (Christophe  de),  né  au 
châlcau  de  la  Roque,  dans  le  diocèse  de 
Sarlat,  en  170ô ,  d'une  famille  ancienne  , 
contracta  dès  son  enfance ,  par  les  soins 
desamère ,  l'amour  de  l'ordre,  une  grande 
sévérité  de  mœurs,  et  un  respect  profond 
pour  tout  ce  qui  tient  à  la  religion.  Ayant 
embrassé  l'état  ecclésiastique  ,  il  devint 
chanoine  et  comte  de  Lyon ,  évèque  de 
Rayonne  en  17U  ,  et  passa  à  l'archevêché 
de  Vienne  en  4743.  Louis  XIV  l'ayant 
nommé  en  17MJ  au  siège  de  Paris ,  lui  écri- 
vit deux  fois  vainement  pour  le  faire  ac- 
quiescer à  cette  nomination ,  et  le  prélat 
n'obéit  qu'à  des  ordres  précis,  qu'il  re- 
garda comme  l'expression  de  la  volonté  de 
Dieu.  Tout  le  momie  sait  de  quelle  ma- 
nière il  se  conduisit  dans  ce  poste  délicat; 
par  quel  mélange  de  douceur  et  de  fer- 
meté sorf/.èle  s'opposa  tantôt  aux  progrès 
alarmons  de  l'impiété,  tantôt  aux  artiiices 
d'une  secte  d'autant  plus  redoutable  au 
repos  de  l'Eglise,  qu'elle  s'opiuiàtre  à  res- 
ter en  apparence  dans  son  sein  pour  le  dé- 
chirer d'une  manière  plus  sûre.  Les  prin- 
cipes qui  dirigèrent  invariablement  la  con- 
duite de  Reaumont  dans  ces  temps  péni- 
bles, lui  conservèrent  l'estime  de  ceux 
mêmes  auxquels  il  croyait  devoir  oppo- 
ser toute  la  résistance  du  ministère  chré- 
tien. Il  acheva  de  la  gagner  par  la  tran- 
quillité et  l'égalité  d'âme  avec  lesquelles  il 
supporta  les  divers  exils  qui  furent  la 
suite  de  son  zèle  et  de  son  courage.  Louis 
XV  eut  constamment  pour  lui  un  attache- 
ment tendre  et  vif;  les  Anglais,  malgré 
les  préjugés  du  schisme  et  de  l'hérésie, 
furent  ses  admirateurs;  le  roi  de  Prusse 
lit  de  sa  fermeté  les  plus  grands  éloges. 
Après  diverses  tempêtes ,  rendu  à  son  dio- 
cèse, il  s'occupa  à  maintenir  la  discipline 
ecclésiastique ,  avec  d'autant  plus  de  vi- 
gueur que  le  relâchement  devenait  plus 
général  ;  à  veiller  san.->  cesse  sur  ses  ouailles 
chéries,  à  les  instruire,  à  les  défendre 
contre  ceux  qui  se  parent  si  mal  à  propos 
du  nom  de  philosophes;  à  combattre  sans 
ménagement  l'erreur,  et  à  la  foudroyer 
par  les  instructions  les  plus  lumineuses  et 
les  censures  les  plus  vigoureuses.  On  vil 
à  sa  mort,  arrivée  le  iâ  décembre  1781, 
un  spectacle  bien  touchant,  celui  de  trois 
mille  pauvres  assiégeant  les  portes  de  l'ar- 
chevêché, demandant  un  père,  et  dont 
les  cris  et  les  gémissemens  annonçaient  la 
grande  perte  que  la  capitale  avait  faite. 
On  trouva  plus  de  mille  ecclésiastiques, 


9  BEA 

et  plusdeoOOpcrsonnesqui  ne  subsistaient 
que  des  bienfaits  de  ce  digne  prélat.  C'est 
surtout  à  l'égard  des  vierges  qu'un  souffle 
contagieux  pouvait  flétrir,  qu'il  prodiguait 
des  soins  charitables  pour  mettre  leur 
vertu  en  sûreté;  à  l'égard  des  jeunes  gens, 
pour  leur  procurer  une  éducation  chré- 
tienne. Sa  charité  était  si  riche  en  res- 
sources ,  que  des  gens  qui  le  connaissaient 
peu  ont  prétendu  qu'il  ne  soulageait  tant 
d'infortunés  qu'aux  dépens  de  son  exac- 
titude à  satisfaire  ses  propres  créanciers; 
et  l'on  a  vu  un  citoyen  riche  et  vertueux, 
offrir  la  plus  grande  partie  de  sa  fortune, 
pour  payer,  disait-il ,  les  dettes  de  son  ar- 
chevêque expirant,  et  pour  préserver  sa 
mémoire  d'une  tache  qui  aurait  pu  re- 
jaillir sur  la  religion;  mais  il  ne  tarda  pas 
à  être  détrompé.  Le  bon  ordre  qui  régnait 
dans  les  affaires  domestiques  du  prélat , 
son  économie ,  sa  frugalité ,  ses  privations 
personnelles  ,  tout  cela  empêcha  que  le 
trésor  où  il  puisait  sans  cessene  fût  épuisé. 
M.  d'Aguin  de  Chàteau-Lion  a  tracé  son 
portrait  dans  ces  quatre  vers  : 

Austère  dans  ses  mœurs,  vrai  dans  tous  ses  discours, 
Plein  de  l'esprit  de  Dieu  ,  qui    l'anime  et  l'embraie  , 
Ou  libre  ou  dans  les  fers  ,  il  sul  joindre  toujours 
La  fermeté  d'Air.broisc  à  la  foi  d'Atlianase. 

On  a  de  lui  un  grand  nombre  d'Instruc- 
tions jmstorales ,  pleines  d'onction  et  de 
force;  on  estime  surtout  celles  où  le  pré- 
lat attaque  les  erreurs  dominantes,  et  s'é- 
lève contre  3.  J.  Rousseau  {voyez  ce 
mot),  contre  Voltaire  ,  contre  le  Bélisaire 
de  Marmonlol,  elc.  On  adonné  le  recueil 
de  ses  Mauilcnicns  et  instructions  pasto- 
rales, en  un  gros  vol.  in-4";  recueil  pré- 
cieux, très  propre  à  maintenir  les  bons 
principes,  l'autorité  de  l'Eglise,  l'ortho- 
doxie, et  à  démasquer  les  nouvelles  er- 
reurs. Il  est  malheureux  qu'on  ail  retran- 
ché une  des  instructions  les  plus  essen- 
tielles, où  les  droits  de  l'Eglise  sont  supé- 
rieurement établis.  M.  Feriet  a  fait  sou 
Eloye  funèbre ,  Paris,  1784. 

*  BE/UJMOXT  (Ji:a\-E.yptiste-J.\<> 
ques-Eue  de) .  né  àC.arenlan,  en  Nor- 
mandie ,  en  1732  ,  mort  à  Paris  le  10  jan- 
vier 1786.  Reçu  avocat  en  17u2 ,  il  plaida 
d'abord  quelques  causes  avec  peu  de  suc- 
cès. La  nature  ,  qui  l'avait  doué  de  presque 
toutes  les  qualités  de  l'orateur,  lui  avait 
refusé  l'organe  qui  les  fait  valoir.  Son  dé- 
faut de  voix  le  lit  renoncer  à  l'audience 
pour  se  renfermer  dans  son  cabinet.  Là,  il 
pariait  aux  magistrats  avec  l'empire  de  la 
plus  forte  éloquence.  Son  Mémoire  pour 
les  Calas,  Paris,  17G2,  in -4°,  produisit  le 


BEA 


160 


BEA 


plus  grand  effet,  et  contribua  beaucoup 
à  faire  réhabiliter  cette  famille.  Cet  ou- 
vrage fut  suivi  d'un  grand  nombre  de 
Mémoires ,  où  l'on  connaît  un  homme 
profond  et  mailre  de  son  sujet.  Son  style  , 
plein  d'intérêt ,  de  chaleur  et  de  clarté , 
l'a  fait  placer  au  rang  des  premiers  écri- 
vains de  son  siècle.  Cet  homme,  si  ingé- 
nieux dans  son  cabinet,  portait  dans  la 
société  une  bonhomie  qui  le  rendait  pres- 
que méconnaissable.  De  là  les  différens  ju- 
gernens  qu'on  a  portés  sur  son  compte. 
Il  était  seigneur  de  Canon  en  Normandie  ; 
c'est  là  qu'il  forma  cette  fête  intéressante , 
connue  sous  le  nom  de  Fête  des  bonnes 
gens.  —  Sa  femme ,  Anne-Louise  MORIN 
DUMÉNIL ,  née  en  1729  à  Caen ,  et  morte 
en  1783,  est  auteur  des  Lettres  du  mar- 
quis de  Rosalie,  1704,  2  vol.  in-12  ,  et  de 
la  5e  partie  des  Anecdotes  de  la  cour  et 
du  règne  d'Edouard  II,  roi  d'Angle- 
terre ,  1776 ,  in-12  ,  ouvrage  dont  les  deux 
premières  parties  sont  de  madame  de 
Tencin. 

*  BEAUMOAT  (Antoixe-Fratvçois  vi- 
comte de),  chef  de  division  des  armées 
navales ,  né  au  château  de  la  Roque  en  Pé- 
rigord  ,  le  5  mai  1735  ,  et  neveu  de 
M.  Christophe  de  Beaumont ,  archevêque 
de  Paris,  servit  de  bonne  heure  dans  la 
marine,  et  se  rendit  bientôt  célèbre  dans 
un  combat  long  et  opiniâtre  qu'iL  soutint 
dans  le  sud-ouest  d'Ouessant,  le  11  sep- 
tembre 1781,  contre  la  frégate  comman- 
dée par  le  capitaine  Vindsor,  et  qui  fut 
entièrement  rasée.  Le  roi  fit  peindre  ce 
combat  pour  perpétuer  le  souvenir  des 
belles  actions  de  la  marine  française,  et 
il  donna  une  copie  du  tableau  au  vicomte 
de  Beaumont.  Député  par  la  noblesse  aux 
états-généraux ,  il  défendit  avec  énergie 
les  intérêts  de  son  ordre.  «  Pénétrez-vous, 
»  Messieurs,  disait-il  dans  celte  assem- 
»  blée,  de  cette  terrible  vérité;  la  confu- 
»  sion  des  ordres  doit  en  amener  Vanéan- 
»  tissement,  et  par  conséquent  celui  de 
»  la  monarchie.  »  Lorsque  l'Assemblée 
constituante  décréta  l'abolition  de  la  no- 
blesse ,  il  protesta  contre  ce  décret  au 
nom  des  gentilshommes  de  sa  province. 
Cette  protestation  fut  insérée  dans  plu- 
sieurs journaux  ,  et  il  l'avoua  hautement 
aux  autorités  constituées,  qui  lui  écrivi- 
rent pour  savoir  si  elle  était  réellement  de 
lui.  «  On  a  ruiné  ma  fortune,  écrivait-il , 
»  et  je  n'ai  fait  entendre  aucune  plainte. 
»  On  veut  me  dépouiller  du  caractère  de 
»  chevalier  français  ;  mais  qui  peut  m'em- 
»  pécher  de  croire  que  la  noblesse ,  une 


»  fois  acquise  par  les  vertus,  ne  peut  se 
»  perdre  que  par  le  crime,  etc.  »  M.  de 
Beaumont  émigra  quelque  temps  après  , 
et  rentra  en  France  vers  1800.  Il  est  mor! 
en  1805  ,  à  Toulouse. 

BEAUMONT  (madame  LE  PRINCE  de), 
née  à  Rouen  le  26  avril  1711 ,  morte  à  Pa- 
ris en  1780 ,  est  très  avantageusement  con- 
nue par  un  grand  nombre  d'ouvrages  des- 
tinés à  l'éducation  et  à  l'instruction  de  la 
jeunesse,  tels  que  [  le  Magasin  des  enfans, 
|  h>.3Iagasi?ides  adolescentes ,  |  le  Magasin 
des  jeunes  dames,  |  le  Magasin  des  pau- 
vres ,  |  Lettres  de  madame  Dumontier; 
|  Education  complète  ou  Abrégé  de  l'his- 
toire ancienne;  |  le  Mentor  moderne;  |  les 
Américaines ,  ou  la  Preuve  de  la  reiigioit 
chrétienne  par  les  lumières  naturelles,  ete. 
Ce  dernier  ouvrage  (6  vol  in-12),  con- 
tient des  vues  plus  relevées  et  des  obser- 
vations plus  sérieuses  que  les  précédens  ; 
l'auteur  s'y  laisse  quelquefois  aller  à  des 
spéculations  de  systèmes,  et  semble  se  dé- 
placer :  mais  en  général  ses  vues  sont  sai- 
nes, sages  et  utiles.  Il  y  a  dans  la  Dévotion 
éclairée  ,  ou  Magasin  des  dévoles ,  cer- 
taines choses  qui  peuvent  prêter  à  la  cri- 
tique ,  et  qu'un  peu  plus  de  circonspection 
aurait  fait  éviter. 

*  BEAUMONT  DE  CARRIERE  (le  ba- 
ron), général  français,  mort  en  1813,  fut 
d'abord  aide-de-camp  de  Murât  qu'il  sui- 
vit en  Italie  et  en  Egypte.  Nommé  ensuite 
colonel  du  10e  régiment  de  chasseurs ,  il 
se  distingua  dans  ia  campagne  d'Autriche 
en  1805,  notamment  au  combat  de  Wer- 
tingen  où  il  fit  prisonnier  au  milieu  des 
rangs  ennemis  un  capitaine  de  cuirassiers 
autrichiens.  Après  la  bataille  d'Austerlit/. , 
il  devint  général  de  brigade  et  continua 
de  servir  avec  distinction  en  Allemagne 
et  en  Espagne ,  où  il  se  fil  remarquer  dans 
toutes  les  affaires  par  plusieurs  actions 
brillantes,  et  particulièrement  dans  celle 
d'AIcaron.  Il  avait  été  nommé  général  de 
division  à  la  grande  armée  peu  de  temps 
avant  sa  mort. 

*  BEYCMO.Vr  (Jrw  Ki.axcois-ALBA- 
NIS) ,  membre  de  la  société  royale  de  Lon- 
dres ,  et  des  académies  de  Genève  et  de 
Turin,  naquit  à  Chambéry  vers  1750.  Il 
étudia  les  mathématiques  à  l'école  du  gé- 
nie de  Mé'/.ières,  et  fut  nomme,  en  1775, 
ingénieur  en  second  par  Victor-Amé- 
dée  III.  Choisi  par  leduc  deGlocester  pour 
diriger  l'éducation  de  ses  enfans ,  il  .s'oc- 
cupa ,  durant  son  séjour  à  Londres,  à  dé- 
crire l'immense  chaîne  granitique  qui  s'é- 
tend depuis  les  bouches  du  Var  jusqu  en 


BEA 


161 


BEA 


Carinthie.  Bcaumont  rc\  int ,  en  179G,  clans 
son  pays,  et  y  partagea  son  temps  entre 
l'éducation  d'un  troupeau  de  mérinos,  et 
l'étude  des  antiquités  et  de  la  statistique 
de  la  Savoie,  jusqu'à  sa  mort  arrivée  en 
1812.  On  a  de  lui  :  |  Foyaye  historique  et 
pittoresque  de  la  ville  et  du  comté  de  Nice, 
Genève,  1787;  |  Description  des  glaciers 
de  Framigmj ,  1793  ;  |  Description  des 
Alpes  grecques  et  colliennes  ,  ou  tableau 
historique  et  statistique  de  la  Savoie,  Pa- 
ris, 1802.,  2  vol.  in-/i°,  avec  iig.,  et  un  at- 
las in-folio;  |  Seconde  partie  du  même 
ouvrage,  Paris,  1806,  2  vol.  in-4°;  |  des 
Mémoires  sur  la  manière  de  défendre  les 
camps,  publiés  à  Turin;  |  des  Mémoires 
sur  l'histoire  naturelle,  sur  l'art  de  fon- 
der solidement  dans  la  mer,  et  sur  la  pos- 
sibilité d'établir  une  roule  du  Chablais  en 
Valais,  par  Miller ie ,  inséré  au  Moniteur 
de  1800 ,  etc. 

*  IîE\UMO\T-MUVAZ\C  (le  comte 
de) ,  né  aux  environs  de  Toulouse  ,  était , 
avant  la  révolution,  chef  d'escadron  du 
régiment  de  cavalerie  de  la  reine,  et  che- 
valier de  Saint-Louis.  Il  se  retira  à  Lon- 
dres ,  où  il  étudia  à  fond  les  affaires  colo- 
niales ,  sur  lesquelles  il  a  publié  un 
ouvrage  remarquable  intitulé  :  X Europe, 
et  ses  colonies,  en  décembre  1819  ,  Paris, 
1820 ,  2  vol.  in-8° ,  2e  édition ,  1822.  On  y 
trouve  des  détails  précieux  sur  les  états 
nouvellement  indépendans  de  l'Amérique 
du  sud.  M.  de  Beaumont  est  mort  à  Paris, 
le  5  août  1821. 

I5E  YU1\E  (Jacques  de), baron  deSam- 
blançai,  surintendant  des  finances  sous 
François  1er,  les  administra  à  la  satisfac- 
tion de  ce  prince,  jusqu'à  ce  que  Lautrec 
eut  laissé  perdre  le  duché  de  Milan ,  faute 
d'avoir  touché  les  sommes  qui  lui  avaient 
été  destinées.  Le  roi  lui  en  faisant  de  vifs 
reproches,  il  s'excusa,  en  disant  que  le 
même  jour  que  les  fonds  pour  le  Milanais 
avaient  été  préparés ,  la  reine-mère  avait 
été  elle-même  à  l'épargne  pour  lui  de- 
mander tout  ce  qui  lui  était  dû  de  ses  pen- 
sions, et  des  revenus  du  Valois,  de  la 
Touraine  et  de  l'Anjou ,  dont  elle  était 
douairière,  l'assurant  qu'elle  avait  assez 
de  crédit  pour  le  sauver,  s'il  la  conten- 
tail  ;  et  pour  le  perdre ,  s'il  la  désobli- 
geait. Le  roi  ayant  fait  appeler  sa  mère  , 
elle  avoua  qu'elle  avait  reçu  de  l'argent  ; 
mais  elle  nia  qu'on  lui  eût  dit  que  c'était 
celui  qui  devait  passera  Milan.  Samblan- 
çai  fut  la  victime  de  son  mensonge.  La 
reine-mère  poursuivit  sa  mort  avec  tant 
d'ardeur,  qu'il  fut  pendu  en  1527  au  gibet 


de  Monlfaucon  ,  pour  trime  de  pécufat.  fl 
fut  long-temps  à  L'échelle  avant  d'être  exé- 
cuté, attendant  toujours  sa  grâce; -mais  il 
l'espéra  en  vain.  Sa  mémoire  fut  justifiée 
quelque  temps  après.  L'abbé  Gervaise» 
dans  la  Vie  de  saint  Martin  de  Tours ,  re- 
marque que  ce  fut  Samblançai  (qu'il  ap- 
pelle Fournier  au  lieu  de  Beaune)  qui 
conseilla  à  François  d'enlever  le  treillis 
qui  fermait  le  tombeau  de  saint  Martin, 
et  ajoute:  «  Cinq  ans  après,  le  même 
»  jour  que  le  treillis  avait  été  enlevé,  sur 
»  une  fausse  accusât  ion,  il  fut  condamné 
»  à  être  pendu,  et  le  fut  en  effet  quel- 
»  ques  jours  après  à  Mont  faucon  ,  dans 
»  le  fief  du  prieuré  de  saint  Martin-des- 
»  Champs.  » 

BEAUNE  (Renaud  de),  naquit  à  Tours 
en  1527.  Il  prit  d'abord  le  parti  delà  robe  ; 
mais  étant  entré  ensuite  dans  l'état  ecclé- 
siastique ,  il  fut  nommé  à  l'évêché  de 
Mende ,  à  l'archevêché  de  Bourges ,  et  en- 
suite à  celui  de  Sens,  en  1590.  Clément 
VIII,  irrité  de  ce  que  ce  prélat  avait  ab- 
sous Henri  IV,  sans  la  participation  du 
chef  de  l'Eglise,  etde  ce  qu'il  avait  proposé 
de  faire  un  patriarche  en  France ,  lui  re- 
fusa ses  bulles,  et  les  lui  accorda  ensuite 
six  ans  après.  De  Beaune  se  distingua  aux 
assemblées  du  clergé ,  aux  états  de  Blois  , 
où  il  présida  en  1588,  et  surtout  à  la  con- 
férence de  Surennes.  Il  joignait  à  une  mé- 
moire prodigieuse,  beaucoup  de  pénétra- 
tion dans  l'esprit,  et  de  fermeté  dans  le 
caractère.  Le  marquis  de  Pauliny  d'Ar- 
genson  [Mélanges  tirés  d'une  grande  bi- 
bliothèque ,  lettre  T.)  rapporte  une  sin- 
gularité de?a  vie  de  ce  prélat  digne  d'être 
recueillie.  «  Il  avait ,  dit-il ,  l'appélit  le 
»  plus  extraordinaire ,  était  obligé  de  faire 
»  six  repas  par  jour,  de  quatre  heures  ère 
»  quatre  heures,  et  avait  été  forcé  de  pren- 
»  dre  des  dispenses  pour  dire  la  messe 
»  moins  à  jeun  que  le  commun  des  prè- 
»  très.  Loin  que  cette  quantité  d'alimens 
»  appesantit  son  esprit,  il  ne  se  trouvait 
»  jamais  la  tête  pesante  que  quand  il  avait 
»  besoin  de  manger.  Il  craignait  de  faire 
»  des  exercices  de  corps,  parce  qu'ils  aug- 
»  mentaient  son  appétit,  mais  il  se  livrait 
»  au  travail  de  cabinet  le  plus  assidu  en 
»  sortant  de  table.  »  Il  mourut  en  1606, 
grand  aumônier  de  France,  et  comman- 
deur des  ordres  du  roi ,  à  79  ans.  On  a  de 
lui  le  Psautier  traduit  en  français  ^  Paris, 
1586 ,  in-4°. 

BEAUiVE  (Flohimond  de),  conseiller 
au  présidial  de  Blois,  de  la  même  famille 
que  les  précédera,  fut  fort  lié  ave  Des» 
14. 


BEA 


162 


lîli.V 


cartes.  Il  inventa  les  insl rumens  d'astro- 
nomie ,  et  mourut  en  1652. 
* BEAUXOiU  ( Alexaxdrk-Louis-Bkr- 

trasd),  quitta  fort  jeune  la  maison  pater- 
nelle, et  sous  le  nom  de  Beaunoir,  ana- 
gramme île  Bobineau,  se  mit  à  faire  des 
vers  et  des  pièces  de  tliéàlre  pour  les  pe- 
tits spectacles.  Cependant  un  de  ses  amis 
l'ayant  fait  entrer  à  la  bibliothèque  du 
roi,  il  prit  le  petit  collet,  qu'il  quitta  sur 
l'ordre  de  l'archevêque  de  Paris  ,  lorsqu'il 
eut  donné  l'Jmour  quêteur.  Beaunoir  fut 
depuis  directeur  des  spectacles  à  Bor- 
deaux; mais  ayant  mal  fait  ses  affaires,  ii 
sortit  de  France,  le  15  juillet  1789.  A  cette 
époque,  il  était  orateur  delà  loge  du  Con- 
trat social ,  il  s'arrêta  d'abord  en  Belgi- 
que. Après  l'expulsion  des  Autrichiens,  la 
manifestation  trop  franche  de  ses  opinions, 
en  faveur  de  Joseph  II ,  le  rendit  suspect 
au  gouvernement  aristo-théocratique  qui 
régnait  dans  Bruxelles  ;  il  essuya  des  vexa- 
lions  dont  il  conserva  un  vif  ressenti- 
ment. 11  publia  ensuite  un  journal  in- 
titulé le  Vengeur*  dirigé  contre  les  prin- 
cipes de  la  révolution  française  :  cet  écrit 
périodique,  rédigé  avec  quelque  talent  . 
n'eut  qu'une  courte  existence.  Beaunoir, 
en  quittant  Bruxelles  ,  parcourut  la  Flan- 
dre ,  la  Hollande ,  l'Allemagne ,  la  Bussie , 
et  fut  directeur  à  Saint-Pétersbourg,  de 
trois  spectacles  de  la  Cour." Obligé  d'aban- 
donner précipitamment  ce  pays  en  1801 , 
il  revint  à  Paris,  où  il  fut  correspondant 
littéraire  d'étrangers  de  distinction,  entre 
autres  de  Jérôme  Bonaparte,  alors  roi  de 
Westphalie.  Depuis  la  restauration,  Beau- 
noir était  employé  à  une  division  littéraire 
du  ministère  de  la  police.  Ses  principaux 
ouvragés  sont  :  |  Voyage  sur  le  Rliin,  de 
puis  Mayence  jusqu'à  Dusseldorf,  Neu- 
wied,  1791  ;  |  Annales  de  l'empire  fran- 
çais {avec  Dampmarlin) ,  1805,  in-8°; 
j  L'arc-en-ciel,  scènes  allégoriques  à  l'oc- 
casion de  la  naissance  du  due  de  Bordeaux , 
Paris ,  1820  ,  in-8"  ;  |  Diverses  brochures 
politiques.  Beaunoir  a  donné  quelques-uns 
de  ses  ouvrages  sous  le  nom  de  sa  femme 
(  Louise-Céline  Cheval  ,  femme  Beau- 
noir), morte  le  19  janvier  1821,  âgée  de 
55  ans. 

*  BKAIÏPLAX  (Guillaume  LE  VAS- 
SEUB,  sieur  de),  ingénieur  géographe, 
né  en  Normandie,  au  commencement  du 
47*  siècle,  s'attacha  au  service  de  Sigis- 
mond  III  et  de  Ladislas  IV,  rois  de  Polo- 
gne, qui  lui  donnèrent  le  grade  de  capi- 
taine d'artillerie.  Il  lit,  en  cette  qualité, 
toutes  les  campagnes  de  l'Ukraine  sous  le 


général  Koniespulski ,  et  lut  principale- 
ment employé  à  lever  la  carte  de  cette 
nouvelle  province,  où  il  fonda  un  grand 
nombre  de  villages.  Privé,  parla  mort  du 
roi  Ladislas,  de  la  récompense  qu'il  avait 
droit  d'attendre ,  et  négligé  par  son  suc- 
cesseur, il  se  retira  dans  sa  patrie,  et  pu- 
blia ,  en  1750,  sa  Description  de  l'Ukraine, 
réimprimée  en  17G0,  et  qui  fut  traduite  en 
anglais  et  en  allemand.  On  y  trouve  des 
détails  curieux  et  intéressans.  Dubois  en 
a  donné  un  extrait  fort  étendu  dans  son 
Histoire  littéraire  de  Pologne.  On  a  en- 
core de  Beauplan  une  Carte  de  l'Ukraine , 
en*  feuilles,  devenue  fort  rare,  et  une 
Carte  de  Normandie ,  qui  parut  d'abord 
en  S  feuilles,  et  ensuite  en  12.  On  en  a 
donné  une  réduction  en  2  feuilles.  Il  a\  ait 
l'ait  une  Carte  générale  de  la  Pologne , 
avec  les  ligures  des  hommes,  animaux, 
plantes  et  autres  choses  raies  que  l'on 
v oit  en  ces  pays;  mais  son  graveur  étant 
mort ,  sa  veuve  en  envoya  toutes  les  plan- 
ches au  roi  de  Pologne  qui  les  avait  fait 
demander,  et  l'auteur  n'en  eut  plus  de- 
nouvelles. 

*  BEAUPUY  (Nicolas),  membre  de 
l'Assemblée  législative  ,  du  conseil  des 
Cinq-cents,  et  du  sénat  conservateur,  na- 
quit en  1750  àMussidan  (aujourd'hui  dans 
le  déparlement  de  la  Dordogne),  d'une 
famille  noble.  Il  entra  au  service  mili- 
taire en  17(37,  comme  sous-lieutenant,  et 
servit  22  ans  avant  d'arriver  au  grade  de 
major.  A  l'époque  de  la  révolution,  ii  fut 
nommé  lieutenant-colonel  dans  le  régi- 
ment de  mestre-de-camp.  Beaupuy  adopta 
les  nouvelles  idées,  et  fut  nommé  par  ses 
concitoyens  commandant  de  la  guide  na- 
tionale ,  maire  de  sa  commune ,  membre 
du  directoire  du  département  de  la  Dor- 
dogne. Lu  1791 ,  il  renonça  à  la  carrière 
militaire  ,  fut  admis  à  l'Assemblée  législa- 
tive, et  quelque  temps  après,  nommé 
membre  du  comité  militaire.  Après  le  10 
août,  on  l'envoya  en  miss  ion- au- camp  de 
Chàlons.  11  retourna  ensuite  à  Mussidan, 
et  devint  président  du  comité  révolution- 
naire de  son  département.  La  Convention 
le  punit  de  l'humanité  de  sa  conduite  en 
le  destituant.  Il  passa  ensuite  au  corps  lé- 
gislatif, lit  partie  de  la  commission  des 
inspecteurs ,  et  après  le  18  brumaire ,  coo- 
péra à  la  rédaction  de  l'acte  constitution- 
nel. Beaupuy  fut  encore  nommé  au  sénat 
conservateur  ;  s'étant  rendu  vers  celte 
époque  dans  sa  ville  natale,  il  y  mourut 
quelques  jours  après  son  arrivée. 

'  BEAI' PU  Y  (Michel),  général  de  di- 


BEA 


i63 


«EA 


uondes  années  françaises,  frère  du  pré- 
>nt ,  naquit  à  Mussidan.  Choisi  au 
unencementdelarévolulionpourcom- 
indant  d'un  bataillon  de  volontaires  de 
Dordogue  ,  il  mérita  par  plusieurs  ac- 
tions d'éclat  d'être  nommé  général  de  divi- 
sion avant  la  fin  de  la  campagne.  11  se  si- 
gnala particulièrement  dans  le  bourg  de 
Costhcn ,  où  se  trouvant  seul  au  milieu 
des  Prussiens,  il  désarma  leur  comman- 
dant qui  se  disposait  à  le  percer  de  son 
épée;  sa  troupe  arriva  fort  à  propos  pour 
le  dégager.  Il  n'était  que  colonel  ;  cette  ac- 
tion lui  valut  quelques  jours  après  le  grade 
de  chef  de  brigade.  Beaupuy  fut  ensuite 
envoyé  dans  la  Vendée ,  où  il  se  distingua 
également  autant  par  sa  bravoure  que  par 
son  humanité.  Il  eut  beaucoup  de  part  à 
la  première  pacification  ,  et  passa  à 
l'armée  du  Rhin  où  il  se  lit  admirer  par  sa 
belle  retraite  de  Franckenthal.  Un  boulet 
de  canon  l'enleva  au  combat  d'Emandin- 
ghen  ,  lorsqu'il  donnait  les  plus  belles  es- 
pérances. Il  joignait  l'instruction  à  la  plus 
haute  valeur.  Le  général  Desaix  lit  trans- 
porter sa  dépouille  mortelle  à  Brissac,  et 
lui  fit  élever  un  monument.  Peu  de  géné- 
raux ont  été  blessés  aussi  souvent  que  lui , 
parce  qu'il  payait  toujours  de  sa  personne, 
et  qu'aucun  obstacle  ne  pouvait  ralentir 
son  ardeur.  Deux  de  ses  frères  (Louis-Ga- 
briel et  Pierre-Armand),  ont  servi  avec 
distinction  ,  et  ont  été  tués  également  sur 
le  champ  de  bataille. 

BEAURAIN  (  Ji:.vv  de  ),  né  le  17  jan- 
vier 1696,  à  Aix-en-Issart ,  dans  le  comté 
d'Artois,  tirait  son  origine  des  anciens 
châtelains  de  Beaurain,  qui  n'en  est  éloi- 
gné que  de  trois  quarts  de  lieue.  Dès  l'âge 
de  19  ans  il  vint  à  Paris,  et  s'appliqua  à 
la  géographie  sous  le  célèbre  Pierre  Mou- 
lart  San son  ,  géographe  du  roi.  Ses  pro- 
grès furent  si  rapides  ,  qu'à  l'âge  de  25 
ans,  il  fut  décoré  du  même  titre.  Un  ca- 
lendrier perpétuel  qu'il  inventa,  et  dont 
Louis  XV  s'est  amusé  pendant  une  ving- 
taine d'années,  lui  procura  l'honneur  d'ê- 
tre connu  de  sa  Majesté,  pour  qui  il  fit 
nombre  de  plans  et  de  cartes,  dont  l'énu- 
mération  serait  ici  superflue.  Mais  ce  qui 
mit  le  sceauà  sa  réputation,  fut  la  Descrip- 
tion topographique  et  militaire  des  cam- 
pagnes de  Luxembourg ,  depuis  1690  jus- 
qu'en 1694. Paris,  1756,  5  vol.  iu-foï.  L'hon- 
neur qu'il  eut  de  contribuer  à  l'éducation 
de  M.  le  dauphin,  lui  procura  une  pension 
en  175(3.  Indépendamment  de  ses  talens 
dans  la  géographie,  il  en  avait  pour  les 
négociations.  Le  cardinal  de  Fleury  et 


Amclot eurent  plus  d'une  fois  lieu  de  s'ap- 
plaudir de  l'avoir  choisi  dans  des  occa- 
sions délicates.  Attaqué  d'une  rétention 
d'urine,  en  1764,  à  Versailles,  il  fut  si 
heureusement  secouru  par  les  médecins 
et  chirurgiens  du  roi,  que  ce  monarque 
lui  envoya,  que  cette  première  attaque  no 
lui  fut  pas  funeste;  mais  la  cause  du  mal 
n'était  pas  détruite.  Il  en  mourut  à  Paris 
le  11  février  1771.  C'est  à  son  fils  que  l'on 
doit  les  Cartes  pour  l'histoire  de  la  cam- 
pagne du  grand  Coudé  de  1674,  et  celleh 
de  l'histoire  des  quatre  dernières  campa* 
gnes  de  Turenne,  de  1672  à  1675,  dont 
M.  de  Grimoard  a  fait  le  texte.  Cet  écri- 
vain tâche  vainement ,  dans  ce  dernier 
ouvrage  ,  de  faire  regarder  comme  des 
fables  les  horreurs  exercées  dans  le  Pala- 
linat.  (  Voyez  le  Journal  historique  et  lit- 
téraire, 15  mars  1785,  page  409.  ) 
BEAUREGARD.  Voyez  BEIUGARD. 
*  BEAUREGARD  (  l'abbé  )  ,  prédica- 
teur jésuite,  né  à  Pont-à-Mousson  en  1751, 
se  fit  une  grande  réputation  dans  les  pro- 
vinces et  dans  la  capitale  par  son  élo- 
quence impétueuse,  son  ton  apostolique 
et  des  traits  de  génie  qui  l'auraient  fait 
placer  au  rang  des  premiers  orateurs, 
s'ils  n'eussent  été  trop  souvent  déparés 
par  une  diction  peu  soignée,  quelquefois 
déclamatoire  et  souvent  mêlée  de  trivia- 
lités choquantes.  Sa  haute  vertu  com- 
mandait le  respect  et  ajoutait  aux  fruits 
de  ses  prédications  :  aussi  éloigné  de  bri- 
guer les  applaudissement  qu'il  était  au- 
dessus  des  atteintes  de  l'ambition,  il  ne 
songea  qu'à  obtenir  la  plus  solide  des  ré- 
compenses, celle  du  bien  qu'il  faisait,  et 
il  en  lit  beaucoup;  il  ne  prêchait  jamais 
son  sermon  sur  les  uiauvai.  livres,  qu'il 
ne  vît  plusieurs  de  ses  auditeurs  venir 
déposer  à  ses  pieds  quelques-uns  de  ces 
instrumens  de  corruption.  Appelé  à  la 
cour  en  1789,  pour  y  prêcher  le  carême, 
il  y  fit  la  plus  grande  sensation.  On  re- 
marqua surtout  ces  paroles  prophétiques 
qu'il  prononça  dans  un  moment  d'inspira- 
tion. «  Gui ,  vos  temples,  Seigneur,  seront 
»  dépouillés  et  détruits,  vos  fêtes  abolies  , 
»  votre  nom  blasphé  né,  vo  tô  culte  pro- 
»  scril.  Mais,  qu'enlends-je?grand  Dieu! 
»  que  vois-je?  Aux  saints  cantiques  qui 
»  faisaient  retentir  les  voûtes  sacrées  en 
»  votre  honneur,  succèdent  des  chants 
«lubriques  et  profanes!  et  toi!  divinité 
»  infâme  du  paganisme,  impudique  Vé- 
d  nus!  tu  viens  ici  même  prendre  auda- 
»  cieusementla  place  du  Dieu  vivant,  t'as- 
»  seoir  sur  le  trône  du  saint  des  saints,  et 


BEA 


164 


BEA 


»  recevoir  l'encens  coupable  de  tes  nou- 
»  veaux  adorateurs.  »  Dans  ce  discours 
improvisé  avec  chaleur,  on  eût  dit  qu'il 
voyait  les  malheurs  qui  menaçaient  alors 
la  France  et  qui  ne  tardèrent  pas  à  écla- 
ter. La  liberté  avec  laquelle  il  tonnait 
contre  les  vices,  et  quelques  applications 
que  se  firent  des  hommes  puissant  ,  le 
tirent  dénoncer  connue  un  séditieux  et 
un  fanatique.  Il  se  retira  à  Londres ,  où 
son  z.èle  ne  fut  pas  mieux  accueilli.  Lutin 
il  se  rendit  à  Maestricht,  puis  à  Cologne 
et  de  là  en •Souabc,  auprès  de  la  princesse 
Sophie  de  Hoheulohc,  qui  sut  apprécier 
ses  talens  et  son  mérite.  Il  termina  ses 
jours  près  d'elle,  dans  le  château  de  Gro- 
ning,  en  1804,  âgé  de  75  ans.  Ses  sermons, 
qu'il  légua  aux  jésuites  de  Russie  ,  n'ont 
point  été  imprimés.  On  en  a  publié  un 
Abrégé  en  1  vol.  in-12,  Paris,  1820,  qui 
donnera  une  idée  de  sa  manière.  Ceux 
qui  n'ont  pas  eu  l'avantage  de  l'entendre, 
verront  dans  ces  discours,  quoique  mu- 
tilés et* privés  de  la  vie  qu'il  leur  donnait, 
la  hauteur  el  l'étendue  de  son  génie,  de- 
vineront ses  pensées  sublimes,  et  pour- 
ront s'en  figurer  les  effets.  Les  jeunes 
ecclésiastiques  qui  se  destinent  à  la  chai- 
re, trouveront  dans  cet  ouvrage  des  mo- 
dèles de  discours ,  des  règles  de  bon  goût, 
et  des  leçons  de  sagesse  el  de  vertu;  ils  y 
trouvèrent  surtout  beaucoup  dépensées 
qui  n'appartiennent  qu'à  lui,  et  qu'ils 
pourront  employer  avec  succès. 

*  BEAUREPAIRE  ,  chef  vendéen.  Il 
était  seigneur  de  Beaurepaire,  dans  le 
district  de  Monlaigu,  el  joignit  les  insur- 
gés depuis  le  mois  d'avril  171)3.  Depuis  il 
forma  une  division  qui  se  joignait  tantôt 
à  l'armée  du  centre,  tantôt  à  celle  de  Les- 
cure.  11  se  distingua  en  plusieurs  combats 
et  commandait  l'infanterie  vendéenne  à 
la  seconde  bataille  deChàtillon,  où  il  fut 
blessé  grièvement,  et  dut  à  rattachement 
de  ses  soldats  de  ne  pas  être  laissé  parmi 
les  morts.  Lors  du  passage  de  la  Loire,  on 
le  transporta  à  Fougères,  où  il  mourut 
peu  de  temps  après  des  suites  de  ses  bles- 
sures. 

•  BEAUREPAIRE  (  de  )  commandait 
îa  place  de  Verdun  lorsque  l'armée  prus- 
sienne vint  en  faire  le  siège  en  1792.  Le 
conseil  de  guerre  ayant  décidé  qu'il  fallait 
se  rendre,  Beaurepaire  se  brûla  la  cer- 
velle. La  Convention  lui  décerna  les 
honneurs  du  Panthéon ,  et  accorda  une 
pension  à  sa  veuve. 

•BEAURIEC  (Gaspard  GUILLARD  de), 
né  à  Saint-Pol,  dans  l'Artois,  le  9  juillet 


1728,  après  avoir  fait  de  bonnes  éludes, 
se  livra  à  la  culture  des  lettres,  et  devint 
admirateur  de  Locke,  de  J.  J.  Rousseau, 
de  Mably.  Sa  conversation  était  agréable 
el  spirituelle  ;  mais  une  ligure  assez  sem- 
blable à  celle  qu'on  donne  à  Esope ,  et  un 
costume  grotesque,  lui  donnoienl  un  air 
d'originalité  que  ne  démentoient  ni  ses 
idées,  ni  sa  manière  de  vivre,  ni  son 
caractère.  Quand  on  lui  reprochait  son 
indifférence  pour  la  fortune  :  «  J'ai  trop 
»  aimé  l'honneur  et  le  bonheur,  répondait- 
»  il ,  pour  avoir  jamais  pu  aimer  la  ri- 
«  chesse.  »  Il  aimait  beaucoup  les  enfans, 
et  il  s'occupa  constamment  de  leur  édu- 
cation. C'est  ce  qui  le  porta,  à  G7ans,  à  se 
faire  élève  de  l'école  normale.  Son  projet 
favori  était  l'établissement  d'une  pépi- 
nière d'instituteurs ,  qui  s'occuperaient 
du  soin  de  propager  les  idées  philoso- 
phiques jusque  dans  la  classe  la  plus 
pauvre*  11  a  publié  plusieurs  ouvrages: 
|  l'IFcureux  citoyen  ,  1759,  in-12;  |  Couru 
d'histoire  sacrée  et  profane,  1765,  2  vol. 
in-12,  nouvelle  édit.,  1770;  |  le  Portefeuille 
amusant,  1763,  in-12;  |  le  faux  Philoso- 
phe, Discours  à  J.  J.  Rousseau,  17G5,  in- 
12;  |  Abrégé  de  l'histoire  des  insectes,  dé- 
dié aux  jeunes  personnes,  1764,  2  vol.  in- 
12;  |  le  Portefeuille  français ,  ou  Choix 
nouveau  de  différentes  pièces  de  prose  et 
de  jjocsie,  Taris,  1765,  in-12;  |  l'Heureux 
vieillard ,  drame  pastoral,  1769,  in-8°; 
|  Cours  d'histoire  naturelle  ,  1770,  7  vol. 
in-12  ;  |  Variétés  littéraires,  galantes  et 
amusantes,  Amsterdam,  1773,  in-12;  |  de 
V Allaitement  et  de  la  première  éduca- 
tion des  enfans, Genève,  1782,  in-12;  j  l'E- 
lève delanature,  dont  il  publia  la  première 
édition  sous  le  nom  de  J.  J.  Rousseau,  ce 
qui  contribua  beaucoup  au  succès  du 
livre,  qui  depuis  a  été  réimprimé  souvent 
en  3  vol.  in-12,  et  à  Genève  ,  1790,  2  vol. 
in-8°.  Cette  édition  diffère  des  autres  en 
ce  qu'on  y  a  retranché  le  5e  vol.  pour  y 
substituer  d'autres  détails  plus  liés  au 
corps  de  l'ouvrage;  |  X Accord  parfait,  ou 
X Equilibre  physique  et  moral ,  1795,  in- 
18;  |  une  Lettre  anonyme  sur  la  littéra- 
ture et  le  bonheur. 

BEAUSOBRE  (  Isaac  de  ),  né  à  Niort 
en  1659 ,  d'une  famille  originaire  de  Pro- 
vence, se  réfugia  en  Hollande  ,  pour  évi- 
ter les  poursuites  qu'on  faisait  contre  lui, 
en  exécution  d'une  sentence  qui  le  con- 
damnait à  faire  amende  honorable.  Son 
crime  était  d'avoir  brisé  les  sceaux  du  roi, 
apposés  à  la  porte  d'un  temple  ,  après  la 
défense  de  professer  publiquement  la  re- 


BEY  16 

ligion  prétendue  réformée.  Il  passa  à 
Berlin  en  1(594.  îl  fui  fait  chapelain  du  roi 
de  Prusse,  et  conseiller  du  consistoire 
royal.  Il  mourut  en  1758,  après  avoir  pu- 
blié plusieurs  ouvrages  :  |  Défense  de  la 
doctrine  des  réformés  ;  \  une  traduction 
du  Nouveau  Testament*  accompagnée  de 
notes  en  français  ,  faites  avec  Lenfant,  à 
Amsterdam,  1718,  et  réimprimée  eu  1741, 
2  vol.  in-4"  ;  elle  est  estimée  dans  son 
parti;  |  Dissertation  sur  les  Adamites  de 
Bohème.  Il  y  montre  qu'il  connaissait 
peu  cette  secte,  et  fait  de  vains  efforts 
pour  la  justifier  des  abominations  que 
des  gens  mieux  instruits  lui  ont  repro- 
chées. (  Voij.  PICARD  et  ZINZENDORF.  ) 
|  Histoire  critique  de  Manichée  (  Manès  ) 
et  du  manichéisme,  en  2  vol.  in-4°,  1734 
et  173(J.  11  y  a  des  recherches  et  de  l'éru- 
dition ,  mais  en  même  temps  des  vues 
fausses  ,  des  réflexions  déplacées  qui  dé- 
rogent autant  à  l'exactitude  du  jugement 
qu'à  la  sagesse  des  principes  qui  doivent 
diriger  un  historien  ,  et  enfin  un  esprit 
de  système  qui  veut  tout  ramener  à  cer- 
taines idées.  L'auteur  trouve  le  manichéis- 
me et  les  deux  principes  dans  les  écrits 
de  ceux  mêmes  qui  n'y  ont  jamais  songé. 
Il  y  a  des  reproches  encore  plus  graves  à 
lui  faire.  «  Beausobrc,  dit  un  critique  cé- 
»  lèbre,  marque  un  grand  mépris  pour 
»  les  Pères  grecs,  et  parait  ne  vouloir  pas 
»  recevoir  leur  témoignage.  Il  ne  mé- 
»  nage  pas  plus  saint  Augustin.  Mais  com- 
»  ment  persuadera-t-il  qu'un  docteur  si 
»  éclairé  ,  qui  a  vécu  huit  ans  parmi  les 
»  manichéens ,  n'a  point  entendu  leur 
»  doctrine  ,  et  qu'il  leur  attribue  des  er- 
»  reurs  qui  n'étaient  qu'à  lui?  L'historien 
»  du  manichéisme  ne  peut  assurément 
»  manquer  di  plaire  à  ses  lecteurs;  mais 
»  il  faut  le  lire  avec  précaution,  et  les  es- 
»  prits  désintéressés  conviendront  qu'il  se 
»  serait  fait  plus  d'honneur,  s'il  eût  été 
»  plus  modéré  dans  sa  critique,  et  s'il  eût 
»  traité  les  Pères  avec  plus  de  décence. 
»  L'ardeur  de  son  imagination  lui  a  fait 
•  commettre  des  fautes  et  adopter  des  ca- 
»  lomnies  qu'on  no  lui  reprocherait  pas, 
»  si,  comme  il  le  pouvait  et  le  devait ,  il 
»  eût  pris  soin  de  se  mieux  instruire.  »  | 
Des  Sermons,  h  vol.  in-8",  où  l'on  trouve 
peu  de  profondeur,  et  une  éloquence 
assez  négligée.  |  Plusieurs  dissertations 
dans  lu  Bibliothèque  germanique ,  à  la- 
quelle il  a  travaillé  jusqu'à  sa  mort.  Il  a 
continué  avec  Roques  les  Discours  his- 
toriques et  critiques  sur  les  évènemens 
les  plus  remarquables  de  l'Ancien  et  du 


'S  BEA 

Nouveau  Testament,  G  vol.  in-fol.  P.cau- 
sobre  écrivait  avec  chaleur,  prêchait  de 
môme.  Son  cœur  était  généreux,  hu- 
main, compatissant:  mats  par  un  défaut 
de  prudence ,  il  se  livrait  à  des  vivacités 
et  des  emportemens  qui  troublaient  son 
repos  et  celui  des  autres.  Les  philoso- 
phes l'ont  regardé  comme  agrégé  à  leur 
secte;  mais  quoiqu'il  ail  bien  dit  des  cho- 
ses qui  semblent  le  prouver,  il  en  a  dit 
beaucoup  d'autres  qui  peuvent  être  con- 
sidérées comme  une  rétractation  des  pre- 
mières. L' Eloge  funèbre  du  prince  d'An- 
hallA)cssaucsl  rempli  de  vues  chrétien- 
nes, et  de  maximes  très  opposées  à  l'in- 
crédulité. 

BE  YTJSOP.RE  (  Louis  de  ) ,  conseiller 
intime  du  roi  de  Prusse,  directeur  de  la 
maison  de  charité  à  Berlin  ,  membre  de 
l'académie  royale  des  sciences  delà  même 
ville,  mort  le  5  décembre  1783,  à  la  suite 
d'une  attaque  d'apoplexie,  dans  la  cin- 
quante-troisième année  de  son  âge.  Il 
était  né  à  Berlin  en  1730,  et  s'était  l'ait  un 
nom  par  divers  ouvrages  où  il  y  a  des 
vues  bonnes  et  mauvaises  ,  des  maximes 
fausses  et  vraies,  conformément  au  ca- 
ractère d'inconstance  que  le  génie  du  siè- 
cle a  imprimé  à  presque  tous  les  esprits. 
|  Ses  Dissertations  philosophiques  sur  la 
nature  du  feu,  1753,  in-12,  présentent  des 
observations  justes,  et  des  idées  systéma- 
tiques hasardées;  |  le  Pijrrhonisme  dit 
sage,  1734  ,  in-12;  |  Dissérlatio  de  non- 
nullis  ad  jus  hierarchicum  perlinentibus, 
1750.  Il  y  a  de  l'érudition  ;  mais  il  ne  faut 
pas  s'attendre  à  y  trouver  la  justesse  et 
l'exactitude  d'une  critique  orthodoxe.  | 
Songes  d'Epicurc,  1756,  in-8°;  |  Introduc- 
tion générale  à  l'étude  de  la  politique Jde& 
finances  et  du  commerce .  Amsterdam, 
J7G5,  2  vol.  in-8',  Berlin,  1771 ,  5  vol.  in- 
12,  pleine  de  bonnes  observations  ,  de  ca- 
culs  asse?.  exacts,  de  spéculations  fausses 
et  de  préjugés. 

RI-  AUSOLEIL  (  Jeax  du  CHATELET, 
baron  de),  Allemand  .  astrologue  et  phi- 
losophe hermétique  du  17e  siècle,  épousa 
Martine  Berlhereui,  attaquée  de  la  même 
folie  que  lui.  Ils  furent  les  premiers  qui 
tirent  métier  de  trouver  de  l'eau  avec  des 
baguettes.  Ils  passèrent  de  Hongrie  en 
France,  cherchant  des  mines,  et  annon- 
çant des  instrumens  merveilleux  pour 
connaître  tout  ce  qu'il  y  a  dans  la  terre  , 
le  grand  compas,  la  boussole  à  7  angles, 
l'astrolabe  minéral,  le  râteau  métallique, 
les  sept  verges  métalliques  et  hydrauli- 
ques,   etc.,   etc.    Martine  Berthereau  ne 


BEA 


160 


lîEY 


gagna,  avec  tous  ces  beaux  secrets*  que 
l'accusation  de  sortilège.  En  Bretagne  ou 
fit  ouvrir  ses  coffres,  et  enlever  des  gri- 
moires et  diverses  baguettes  préparées 
avec  soin  sous  les  constellations  requi- 
ses. Le  baron  finit  par  être  enfermé  à  la 
Bastille,  et  la  baronne  à  Yincennes,  vers 

*  REAUTEVILLE  (  Jew-Louis  du 
BUISSON  de),  né  à  Beauteville,  en  1708, 
d'une  ancienne  famille  de  Rouergue  ,  fut 
chanoine  et  grand-vicaire  de  Mirepoix,  et 
député  du  second  ordre  à  rassemblée  du 
clergé  de  1753,  où  ilse  rangea  du  côté  du 
cardinal  de  la  Rochefoucauld ,  devenu 
ministre  de  la  feuille  des  bénéiiees,  cequi 
lui  valut,  dit-on,  l'évêché  d'Alais.  Le  1G 
avril  1764 ,  il  donna  un  mandement  au 
sujet  des  Extraits  des  assertions,  qui  ex- 
cita le  plus  grand  mécontentent  parmi  ses 
collègues.  M.  de  Brancas,  archevêque 
d'Aix,  lui  écrivit  à  ce  sujet;  mais  il  ne 
put  en  obtenir  aucune  satisfaction.  Clé- 
ment XIII  lui  adressa  aussi  un  bref  pour 
blâmer  sa  conduite,  et  ce  bref  fut  con- 
damné au  feu  par  le  parlement  d'Aix;  ce 
qui  indisposa  encore  davantage  les  évo- 
ques contre  lui.  Enfin  son  mandement 
fut  déféré  à  l'assemblée  du  clergé,  dont  il 
refusa  de  reconnoitre  la  compétence,  et 
il  protesta.  Il  ne  put  cependant  faire 
prévaloir  son  sentiment  parmi  son  cler- 
gé. Plusieurs  de  ses  prêtres  se  déclarè- 
rent contre  lui.  Après  sa  mort,  qui  eut 
lieu  le  25  mars  1776,  la  signature  du 
formulaire  fut  rétablie  par  les  grands- 
vicaires  du  chapitre  ,  et  quelques  sujets  de 
son  conseil,  que  l'on  regardait  comme 
dangereux,  furent  éloignés.  La.  Biographie 
universelle  dit .  ou  ne  sait  trop  sur  quel 
fondement,  qu'il  avait  été  en  correspon- 
dance avec  Clément  XIV,  sur  les  moyens 
de  terminer  les  divisions  qui  déchiraient 
l'église  de  France.  Elle  fait  aussi  le  plus 
grand  éloge  de  ses  vertus,  que  nous  som- 
mes loin  de  vouloir  contredire;  mais  il 
nous  semble  que  son  peu  de  déférence 
pour  les  avis  du  souverain  pontife,  et  sa 
dissidence  d'avec  la  très  grande  majorité 
des  évéques  de  Fiance,  méritent  quelque 
1  dame.  On  attribue  à  un  abbé  Lanot,  ami 
de  Gourlin  ,  le  mandement  qu'il  a  donné 
sur  les  Assertions*  ainsi  que  les  écrits 
qu'il  a  publiés  pour  le  défendre. 

HEAUTIUJ  Voy.  BAUTRU. 

*  BEAU  VAIS  (  frère  Rémi  de),  capu- 
cin, vivant  dans  le  17e  siècle.  En  entrant 
dans  l'ordre  des  capucins,  il  prit  le  nom 
de  lîeauvais.  Il  est  auteur  d'un  poème 


intitulé  :  l,i  Madeleine  .  imprimé  à  Tour- 
nai, en  IGI7,  in-8°,  aux  frais  et  par  les 
soins  de  Marie  de  Longue  val,  l'une  des 
pénitentes  de  l'auteur. 

155:  AU  VAIS  (Guillaume  ),  membre 
de  l'académie  deCortone,né  à  Dunker- 
que  en  1698 ,  mort  à  Orléans  le  29  sep- 
tembre 1773  ,  s'appliqua  toute  sa  vie  à  la 
science  numismatique.  On  a  de  lui  . 
j  Dissertation  sur  la  marque  et  contre- 
marque des  médailles  des  empereurs 
romains ,  in-k";[3fanière  de  discerner  les 
médailles  antiques ,  1739 ,  in-4"  ;  |  Histoire 
abrégée  des  empereurs  romains ,  par  les 
médailles ,  1707,  3  vol.  in-12.  On  recher- 
che cet  ouvrage  pour  les  détails  que  l'au- 
teur donne  sur  les  médailles  de  chaque 
empereur,  dont  il  fait  connaître  la  rareté 
et  le  prix.  |  Plusieurs  Dissertations  sur 
les  médailles,  dans  les  journaux. 

BEAU  VAIS  (  Vixcext  de).  Vo$.  VIN- 
CENT. 

♦  BEAUV  AIS  (  Nicolas-D  vunux  ) ,  né 
à  Paris ,  en  1687,  mort  en  1763.  Ses  heureu- 
ses dispositions  pour  la  gravure  se  déve- 
loppèrent dans  l'école  de  Girard  Audran. 
Il  a  gravé  plusieurs  morceaux  pour  le 
sacre  de  Louis  XV,  pour  le  recueil  de 
Crozat  et  pour  la  galerie  de  Dresde.  Son 
burin  est  harmonieux,  correct,  varié  avec 
intelligence,  et  sa  manière  expressive 
rend  toujours  le  caractère  des  ouvrages 
des  grands  peintres  qu'il  a  copiés.  On  esti- 
me surtout  ce  qu'il  a  gravé  d'Après  le 
Corrége,  Benedetlo  Lutti,  le  Poussin, 
Lebrun,  Vau— Diek,  etc.  —  Un  de  ses  iils 
(Philippe  DE  BEAUV  AÏS),  mort  à  ta 
Heur  de  l'âge,  en  1781,  s'est  distingué 
dans  la  sculpture. 

iîEAUVAIS(JKvx-B\i'r!STE-C!i\ui.KS- 
ftÏAHiE  de  ),  né  à  Cherbourg  en  1731 ,  dé- 
ploya de  bonne  heure  les  fruits  d'une 
éducation  chrétienne,  de  solides  études 
et  de  ses  talens  pour  l'éloquence.  Elevé  à 
l'épiscopat  et  placé  sur  le  siège  de  Senex, 
il  fut  le  père  de  son  peuple,  et  se  dis- 
tingua dans  toutes  les  occasions  où  la 
cause  de  l'Eglise  eut  besoin  de  son  intelli- 
gence et  de  sa  fermeté.  Les  plus  connus 
de  ses  discours  sont  le  Panégyrique  de 
saint  Louis  qu'il  prononça  devant  l'aca- 
démie française,  celui  de  suint  Augustin, 
des  Eloges  funèbres,  parmi  lesquels  on 
distingue  celui  de  l'infant  don  Philippe, 
duc  de  Parme,  celui  du  maréchal  du 
Muy ,  et  celui  de  Louis  XV.  Ce  dernier, 
objet  de  la  censure  des  courtisans,  eut 
l'approbation  de  tous  les  hommes  qui  dé- 
sirent dans  les  ministres  de  l'Evangile  le 


BEA 


167 


BEA 


langage  de  la  franchise  el  de  la  fermelé. 
L'orateur  y  célèbre  les  vertus  du  monar- 
que sans  manquer  à  la  vérité,  et  déplore 
ses  malheurs  sans  manquer  à  sa  mé- 
moire. «  Vicns-je,  dit-il,  ne  faire  retentir 
»  ici  que  des  louanges?  Vicns-je  renom  e- 
»  1er  dans  ce  temple  du  Dieu  de  la  vérité, 
»  ces  anciennes  apothéoses  où  Rome  ido- 
i»  làtre  élevait  sans  distinction  tous  ses 
»  princes  au  rang  des  dieux  ,  sitôt  qu'ils 
»  avaient  cessé  d'être  hommes  ?  Loin  d'ici 
i>  une  profane  adulation  !  N 'est-  ce  donc 
»  pas  assez  que  la  flatterie  ait  assiégé  les 
«princes  pendant  la  vie,  sans  qu'elle 
»  vienne  encore  se  traîner  à  la  suite  de 
»  leurs  funérailles  et  ramper  autour  de 
•  leur  tombeau?  Louons  les  hommes  illus- 
»  très,  célébrons  la  gloire  des  héros  el 
»  des  rois  ;  mais  osons  déplorer  aussi 
»  leurs  malheurs  pour  l'honneur  de  la 
»  vérité  et  pour  l'instruction  des  généra- 
»  lions  qui  leur  survivent.  »  Toute  la 
pièce  est  conçue  sur  ce  ton  :  composition 
simple  el  fière,  tableaux  vrais  el  lou- 
chans,  diction  noble  et  facile,  qui  dédai- 
gne ce  luxe  de  métaphores,  et  ces  tours 
apprêtés  qui  ne  séduisent  que  les  esprits 
sans  goût.  C  Voyez  le  Journal  liislorique 
et  littéraire,  1er  octobre  1774,  page  383; 
i5  octobre ,  page  kk5.  )  Nous  citerons  en- 
core de  ce  discours  ce  passage  remarqua- 
ble par  l'extrême  ressemblance  avec  les 
événemens  funestes  dont  nous  avons  été 
les  témoins.  «  Siècle  dix-huitième,  s'é- 
»  criait-il,  siècle  si  lier  de  vos  lumières, 
»  et  qui  vous  glorifiez  entre  tous  les  au- 
»  1res  du  titre  de  siècle  philosophe,  quelle 
»  époque  fatale  vous  allez  faire  dans  l'his- 
»  loire  de  l'esprit  et  des  mœurs  des  na- 
»  lions!  Nous  ne  vous  contesterons  point 
»  le  progrès  de  vos  connaissances  ;  mais 
»  la  faible  et  superbe  raison  des  hommes 
»  ne  pouvait -elle  donc  s'arrêter  à  son 
»  point  de  maturité  ?  Après  avoir  réformé 
»  quelques  anciennes  erreurs,  fallait-il 
»  par  un  remède  destructeur  attaquer  la 
»  vérité  même,  il  n'y  aura  donc  plus  de 
»  superstition ,  parce  qu'il  n'y  aura  plus 
»  de  religion  ;  plus  de  faux  héroïsme, 
»  parce  qu'il  n'y  aura  plus  (f honneur; 
»  plus  de  préjuges,  parce  qu'il  n'y  aura 

•  plus  de  principes;  plus  d'hypocrisie, 
»  parce  qu'il   n'y   aura  plus  de  vertus  ? 

•  Esprits  téméraires,  voyez.,  voyez  les 
»  ravages  de  vos  systèmes,  et  frémissez 
i>  de  vos  succès.  Piévolulion  plus  funeste 
»  encore  que  les  hérésies  qui  ont  changé 
»  autour  de  nous  la  face  de  plusieurs 
»  états  !  Elles  y  ont  du  moins  laissé  un 


»  culte  et  des  mœurs,  et  nos  neveux  mal- 
»  heureux  n'auraient  plus  un  jour  ni 
•  culte,  ni  mœurs,  ni  Dieu!  O  sainte 
»  église  gallicane  !  ô  royaume  très  chré- 
»  tien  !  Dieu  de  nos  pères,  ayez  pitié  de 
»  la  postérité  !  »  Les  Sermons  de  M.  de 
Beau  vais,  sans  être  de  la  même  force 
que  ses  oraisons  funèbres,  n'en  méri- 
tent pas  moins  de  figurer  avec  distine- 
lion  parmi  ceux  qui  honorent  la  chaire 
française.  Sa  manière  est  plutôt  d'atta- 
cher par  les  peintures  que  par  le  raison- 
nement, et  l'on  sent  que  l'élévation  et  le 
courage  des  pensées ,  la  noblesse  et  l'é- 
nergie des  expressions,  la  vigueur  et  la 
vérité  des  tableaux,  sont  très  capables 
d'y  suppléer.  Il  prêcha  devant  le  roi  l'A- 
vent  de  i7C8,  et  le  Carême  de  1775.  Etant 
évêque  de  Sencz,  il  fut  chargé  de  prê- 
cher à  Versailles  le  sermon  de  la  Cène ,  et 
il  sut  profiter  de  l'autorité  que  lui  don- 
nait sa  dignité  nouvelle  pour  laire  con- 
traster les  scandales  de  la  cour  avec  la 
misère  des  peuples.  On  remarqua  surtout 
ce  passage  :  «  Sire,  mon  devoir  de  minis- 
»  tre  d'un  Dieu  de  vérité  m'ordonne  de 
»  vous  dire  que  vos  peuples  sont  malheu- 
»  rcux,  que  vous  en  êtes  la  cause,  et 
»  qu'on  vous  le  laisse  ignorer.  »  Il  avait 
choisi  pour  texte  de  sou  sermon  ces  pa- 
roles de  Jonas  :  «  Dans  quarante  jours 
»  Ninive  sera  détruite,  «  et,  chose  fort  re- 
marquable ,  Louis  XV ,  qui  jouissait  d'une 
très  bonne  santé,  mourut  quarante  jours 
après  dans  des  senlimens  très  chrétiens. 
On  lui  a  reproché  de  prodiguer  l'apo- 
strophe et  l'exclamation  ;  mais  le  retour 
fréquent  de  ces  figures  est  chez  lui  un 
effet  de  celle  heureuse  liberté  qui  con- 
serve aux  traits  de  l'imagination  toute 
leur  rapidité,  et  fait  disparaître  celle  em- 
preinte du  travail,  si  contraire  au  pathé- 
tique. Cet  illustre  prélat  se  démit  de  son 
évèché  en  1783  et  s'attacha  à  M.  de  Jui- 
gné,  alors  archevêque  de  Paris.  Elu  aux 
états- généraux  en  1789,  il  n'eut  pas  le 
temps  d'y  faire  remarquer  ses  lalens  ;  son 
àme  peu  faite  pour  supporter  des  agita- 
tions violentes,  ne  put  résister  aux  orages 
qui  en  signalèrent  le  début.  Il  ne  fit  que 
languir  depuis  la  scène  que  l'archevêque 
de  Paris  avait  éprouvée  à  Versailles,  et 
les  autres  symptômes  qui  annonçaient  le 
prochain  triomphe  du  philosophisme.  Il 
mourut  le  5  avril  1790.  Ses  Sermons  ont 
été  imprimés  à  Paris  en  1806,  en  k  vol. 
\n-Vl,  par  les  soins  de  M.  l'abbé  de  Gal- 
lard.  Ils  sont  précédés  d'une  notice  inté- 
ressante sur  sa  personne  et  ses  discours, 


BEA 


168 


BEA 


par  M.  l'abbé  de  Boulogne.  On  regrette 
de  n'y  point  trouver  le  panégyrique  de 
saint  Augustin  et  le  sermon  sur  la  cène, 
qui  avaient  produit  un  si  grand  effet  lors- 
qu'ils furent  prononcés.  M.  de  Beauvais 
a  publié  les  Oraisons  funèbres  de  M.  Lé- 
ger, curé  de  Saint-André-des-Arcs;  de 
M.  de  Broglie,  évéque  de  Noyon,  et  de 
Louis  XV.  Toutes  ces  pièces  ont  été  im- 
primées à  part. 

• :  BEAUVAIS  (  Gilles-François),  jé- 
suite, né  en  Bretagne,  en  1095,  mourut 
vers  1770.  On  lui  doit  :  |  une  édition  de  la 
Retraite  pour  les  religieuses,  du  P.  Bé- 
lingam,  1746,  in-12;  |  une  édition  des 
JSpilres  et  Evangiles ,  avec  des  réflexions 
qui  sont  de  lui,  1752,  2  volumes  in-12; 
|  Considérations  et  élévations  affectives  de 
Notre-Seigneur  Jésus-Christ  autres  saint 
Sacrement  de  l'autel,  Paris,  1753  ,  in-12  ; 
|  Lettres  de  m™"**  à  sa  fille,  sur  les  motifs 
et  les  moyens  de  mener  une  vieplus  chré- 
tienne ,  Paris  ,  1755 ,  in-12  ;  réimprimées 
sous  le  voile  de  l'anonyme  ,  sous  le  titre 
de  Lettres  morales  et  chrétiennes  d'une 
dame  à  sa  fille  ,  sur  les  moyens  de  se 
conduire  avec  sagesse  dans  le  monde, 
Paris ,  1758,  in-12  ;  |  Education  d'un  grand 
roi,  poème  latin,  1759,  in-12  :  |  La  France 
ecclésiastique ,  ou  Etat  présent,  séculier 
et  régulier  des  ordres  religieux,  mili- 
taires ,  et  des  universités  de  France,  Paris, 
1764-08,  4  vol.  in-12  ;  |  les  Vies  du  père 
Acevedo  ,  du  père  de  Brito  et  de  M.  de 
Bretigny.  Le  plus  important  des  ouvrages 
du  P.  Beauvais  est  l'ylrt  de  bien  parler  et 
de  bien  écrire  en  français ,  in-12 ,  pu- 
blié trois  ans  après  la  mort  de  l'auteur. 

*  BEAUVAIS  DE  PREAU  (Charles- 
Nicolas),  médecin,  né  à  Orléans,  en 
1745,  mort  à  Montpellier,  en  1794.  Il  fut 
d'abord  juge-de-paix  à  Paris ,  puis  député 
à  l'Assemblée  législative,  et  enfin  à  la 
Convention  nationale,  où  il  montra  des 
idées  exagérées  et  vota  la  mort  du  roi.  Il 
était  en  mission  à  Toulon  lorsque  celle 
ville  tomba  au  pouvoir  des  Anglais,  qui 
le  jetèrent  dans  un  cacbot  où  il  resta  jus- 
qu'au moment  où  cette  ville  fut  reprise 
par  les  troupes  françaises.  On  a  de  lui  : 
f  Description  topographique  du  mont 
01  ivel,i7 SU,  in-S°;  |  une  Dissertation  sur 
la  parole,  traduite  du  latin  d'Amman, 
qui  se  trouve  à  la  suite  du  Cours  d'édu- 
cation des  sourds  et  muets,  par  Des- 
champs, 1779,  in-12;  |  une  nouvelle 
édition  des  Essais  historiques  sur  Or- 
léans ,  1778,  in -8°;  |  Quœstio  médira  an 
a  recta  pulsuum  criticorum  doctrina  et 


observations  medicina  certior ,  Paris , 
\11h,  in -4°;  |  Mémoire  sur  les  maladies 
épizootiques  des  bêtes  à  cornes  des  îles 
de  France  et  de  Bourbon ,  1783,  in -8"; 
|  des  Lettres  pour  servir  de  supplé- 
ment au  Dictionnaire  des  artistes,  de 
l'abbé  Fonlenay,  insérées  dans  le  Jour- 
nal encyclopédique. 

*  BEAUVAIS  (Bertrand  POIRIER),  fit 
la  première  guerre  de  la  Vendée,  en 
qualité  d'officier  d'artillerie  dans  l'arméo 
royale  et  catholique  ;  il  mérita  par  sa 
bravoure  et  ses  lalens  les  éloges  de  Bon- 
champ  et  de  Charette ,  et  se  distingua  sur- 
tout en  1794,  au  siège  de  Granville,  tan- 
dis que  son  père  périssait  à  Paris  sur  l'é- 
chafaud.  Après  les  catastrophes  du  Mans 
et  de  Savenay,  il  se  réfugia  en  Angle- 
terre. Cet  officier  vendéen  resta  sans 
emploi  après  la  restauration.  Il  mourut 
près  de  Chinon  en  1820.  On  a  de  lui  : 
Aperçu  sur  la  guerre  de  la  Vendée, 
Londres ,  1798,  in-12;  |  Postscriplum  à 
V Histoire  de  la  Vendée ,  suivi  d'observa- 
tions politiques,  etc.  Londres,  1799,  in-8°- 

BEAUVAU  (  Jeav  ) ,  évéque  d'An- 
gers, administrateur  de  l'archevêché  d'Ar- 
les ,  et  chancelier  de  René ,  roi  de  Sicile , 
était  de  l'illustre  maison  de  Beauvau. 
D'abord  protonotaire  apostolique ,  abbé 
commandataire  de  Monte- Majour ,  au 
diocèse  d'Arles ,  et  de  Fontaine-Daniel  en 
Anjou,  il  fut  élevé  sur  le  siège  d'Angers 
en  1447.  Ayant  fait  arrêter  et  mettre  en 
prison  un  chapelain  de  sa  cathédrale ,  le 
chapitre,  qui  prétendait  n'être  point  sou- 
mis à  sa  juridiction,  prit  fait  et  cause 
pour  le  prisonnier,  et  traduisit  l'évêque 
devant  l'archevêque  de  Tours ,  son  mé- 
tropolitain, qui  l'excommunia  elle  sus- 
pendit de  ses  fonctions.  D'un  autre  côté, 
le  cardinal  Jean  Balue,  autrefois  son  grand 
vicaire  et  son  obligé ,  le  desserv  it  dans 
l'esprit  de  Louis  XI  (  Voyez  BALUE  )  ; 
enfin  on  le  calomnia  près  de  Paul  II , 
et  en  1465  ce  pape  le  déposa.  Il  fut  cepen- 
dant réhabilité  en  1479,  et  rétabli  sur  son 
siège.  Il  mourut  au  château  d'Evendigné, 
près  d'Angers,  le   23  avril  1479. 

*  BEAUVAU  <  Garriel  ),  évéque  de 
Nantes ,  de  la  même  maison  et  de  la  bran- 
che de  Rivaiennes  ,  fut  nommé  à  cet 
évèché  en  1636.  Il  établit  des  conférences 
dans  son  diocèse,  donna  à  son  séminaire 
un  bon  règlement,  qui  fut  imprimé  en 
1658,  et  laissa  divers  statuts  synodaux. 
Il  mourut  à  Beauniunl-lès-Tours ,  vers 
1667. 

*  BEAUVAU  (Gilles-Jean  François), 


BEA. 


169 


BEA 


aussi  évèquo  de  Nantes  ,  en  1677  ,  fit  des 
statuts  tirés  en  grande  partie  de  ceux  de 
M.  de  la  Baume  ,  son  prédécesseur,  ap- 
prouva un  excellent  catéchisme  composé 
parM.de  la  Noé  Ménard,  directeur  de 
son  séminaire  ,  et  ordonna  qu'on  s'en 
servît  dans  tout  son  diocèse.  Il  tint  deux 
synodes  ,  dont  le  dernier  en  1700.  (  Voy. 
MÉNARD  (de  lui  NOÉ.) 

*  BE  YUV AU  (  Rêvé  ,  baron  de  ) ,  l'un 
des  plus  vaillans  chevaliers  du  13e  siècle, 
descendait  de  Raoul,  que  les  Archives 
de  St  -Aubin  d'Angers  nous  représentent 
à  l'année  1025 ,  rendant  hommage  pour 
son  château  de  Beauvau  au  comte  d'An- 
jou, «  debout,  l'épée  au  côté  et  la  bar- 
»  retle  en  tète,  à  cause  de  la  parenté,  » 
tandis  que  les  autres  seigneurs  s'acquit- 
taient de  ce  devoir  à  genoux ,  désarmés  et 
découverts.  Charles  d'Anjou,  frère  du  roi 
S.  Louis,  voulut  avoir  René  pour  compa- 
gnon d'armes ,  lorsqu'il  partit  pour  son 
expédition  de  Naples,  en  1265.  René  s'y 
distingua  par  de  nouveaux  prodiges  de 
bravoure ,  surtout  à  la  bataille  de  Eéné- 
vent,  où  fut  tué,  en  1266,  Mainfroi,  l'u- 
surpateur des  Deux-Siciles.  Pour  récom- 
pense Beauvau  en  fut  nommé  connétable. 
Malbeureusement  il  mourut,  dans  la 
même  année,  de  suite  de  ses  blessures. 

*  BEAUVAU  (  Louis,  seigneur  de), 
marcha  sur  les  traces  de  son  quadrisaïeul 
René.  Formé  par  les  leçons  et  les  exem- 
ples de  son  père  qui  avait  été  à  la  fois 
gouverneur  d'Anjou  et  du  Blaine,  séné- 
chal de  Provence  et  d'Anjou,  exécuteur 
testamentaire  de  Louis  II ,  et  ambassadeur 
de  Louis  III ,  roi  de  Sicile,  Louis  de  Beau- 
vau réunit  en  lui  les  divers  mérites  du 
guerrier,  du  magistrat  et  du  négociateur. 
On  le  vit  aimer  et  protéger  les  lettres  dans 
un  siècle  encore  à  demi  barbare.  Il  fut 
gouverneur  et  capitaine  de  la  Tour  de 
Marseille,  grand-sénéchal  de  Provence, 
premier  chambellan  de  ce  bon  roi  René 
qui  l'emmena  partout  avec  lui ,  à  travers 
les  vicissitudes  de  sa  fortune.  René ,  fon- 
dant l'ordre  du  Croissant  en  1448 ,  inscri- 
vit, pour  premier  chevalier,  Louis  de 
Beauvau;  et  le  fondateur,  aussi  modeste 
que  bon  et  valeureux,  n'écrivit  le  roi  René 
qu'à  la  cinquième  place.  Louis  de  Beauvau 
mourut  en  1472  à  Rome  ,  où  il  avait  été 
chargé  de  plusieurs  ambassades  délicates, 
notamment  auprès  du  pape  Pie  II.  Il  avait 
eu  trois  femmes  ,  et  en  1454,  avait  marié 
sa  fille  unique  du  premier  lit ,  Isabeau  de 
Beauvau,  avec  Jean  de  Bourbon,  comte 
de  Vendôme,  et  trisaïeul  du  roi  Henri  IV. , 


Moréri a  remarqué  que  ,  par  cctle  alliance 
toutes  les  tètes  couronnées  de  l'Europe, 
descendaient  de  la  maison  de  Beauvau. 

*  BEAUVAU  (  Henri,  baron  de  ),  des- 
cendant au  5e  degré  du  précédent,  aima 
la  guerre ,  les  négociations ,  les  cours ,  les 
voyages  ,  les  sciences.  Il  alla  faire  ses  pre. 
mières  armes  en  Hongrie,  sous  l'empe- 
reur Rodolphe  II.  Voyant  la  Hongrie  en- 
vahie par  les  Twcs  ,  il  leva  un  corps  de 
mille  chevaux  et  de  deux  mille  hommes 
de  pied ,  les  conduisit  à  l'armée  du  prince 
de  Mansfeld,  et  concourut  à  la  victoire  et 
à  la  reprise  de  Strigonie  sur  les  infidèles  , 
en  1595.  Rappelé  en  Lorraine,  il  fut  en- 
voyé, en  1599,  ambassadeur  du  duc  Henri, 
à  la  cour  de  Rome,  relativement  au  ma- 
riage de  Catherine  de  Bourbon,  sœur  de 
Henri  IV,  dont  il  était  cousin.  Bientôt  il 
suivit  le  duc  de  Mercœur  à  son  expédition 
de  Hongrie  ,  lorsqu'en  1601  ce  prince  eut 
été  prié  par  l'empereur  Rodolphe  de 
prendre  le  commandement  de  son  année. 
Les  Turcs  défaits,  et  les  affaires  de  l'em- 
pereur rétablies  ,  Henri  de  Beauvau  par- 
courut l'Europe  ,  l'Asie  et  l'Afrique.  De 
retour  en  Lorraine,  il  écrivit  une  relation 
de  ses  campagnes  et  de  ses  voyages  (  dont 
l'édition  la  plus  complète  est  de  Nancy, 
1619,  in-4°,  iig-),  et  cultiva  les  lettres  et 
l'éducation  de  son  fils  unique. 

*  BEAUVAU  (  Henri  ,  marquis  de  )  , 
fils  du  précédent ,  est  auteur  desMémoircs 
imprimés  sous  son  nom  à  Cologne ,  en 
1690  ,  et  fut  le  gouverneur  de  Charles  V, 
que  la  France  réduisit  plus  tard  à  n'être 
que  duc  titulaire  de  Lorraine. 

BEx\UVAU  (Marc),  prince  de  Craon  , 
petit-fils  du  marquis  Henri,  né  en  1679, 
fut  gouverneur  du  duc  François  de  Lor- 
raine (  depuis  empereur  d'Allemagne), 
et  administrateur  général  du  duché  de 
Toscane,  sous  le  titre  de  ministre  plénir 
potentiairc,  chef  et  président  du  conseil 
de  régence.  L'empereur  Charles  VI  le 
nomma  prince  de  Craon ,  en  1722  ,  et 
Philippe  V  le  fit  grand  d'Espagne  en  1727. 
Il  mourut  en  1754,  en  Toscane,  à  l'âge  de 
75  ans. 

*  BEAUVAU  (  Ciiarles-Jl'st),  maré- 
chal de  )  fils  du  prince  de  Craon  dont  nous 
venons  de  parler,  né  à  Lunéville  le  10 
septembre  1720  ,  entra  au  service  de 
France,  et  se  distingua  dès  l'âge  de  13  ans. 
Il  en  avait  à  peine  21  lorsqu'il  obtint  la 
croix  de  Saint-Louis,  et  de  grade  en  grade 
il  parvint  bientôt  à  celui  de  lieutenant-» 
général  des  armées.  La  loyauté  et  la  bonté 
de  son  caractère  ne  le  firent  pas  moins 

15 


BEA 


170 


BEA 


distinguer.  En  1777  il  fut  nommé  com- 
mandant d'une  des  premières  divisions 
militaires ,  gouverneur  de  la  Provence 
en  1782 ,  et  maréchal  de  France  en  1783. 
Dans  ces  diverses  fonctions  il  donna  des 
preuves  non  équivoques  de  son  zèle  pour 
l'honneur  de  l'armée,  et  de  son  intégrité 
dans  l'administration  civile.  La  Provence 
lui  dut  le  rétablissement  de  ses  états  et  la 
conservation  de  son  académie,  le  perfec- 
tionnement de  sa  navigation,  le  bien-être 
de  ses  matelots  et  plusieurs  monuinens 
utiles.  Le  maréchal  de  Beauvau,  non 
moins  dévoué  à  son  prince  qu'à  sa  patrie, 
accompagna  Louis  XVI,  en  volontaire, 
dans  sa  marche  pénible  de  Versailles  à 
Paris  le  1G  juillet  1780,  prêt  à  le  couvrir 
de  son  corps  au  moindre  danger.  Le  roi 
qui  connaissait  son  zèle  et  ses  lumières , 
l'appela  dans  son  conseil.  11  y  siégea  pen- 
dant cinq  mois,  et  l'on  a  répété  plusieurs 
fois  que  »  si  ses  avis  avaient  été  suivis  , 
»  beaucoup  de  malhems  auraient  étéévi- 
»  tés.  »  Il  est  mort  le  21  mai  1793.  Il  était 
de  l'académie  de  laCrusca  etde  l'académie 
française.  On  a  de  lui,  outre  son  discours 
de  réception  ,  une  Lettre  à  l'abbé  Des- 
fonlain-s  sur  une  phrase  de  180  mots 
d'un  discours  de  l'abbé  Hardion ,  à  la 
réception  de  'tfaïran  à  l'académie  fran- 
çaise. 

•BEAUVAU  (René -François  de  ), 
issu,  en  166r»,  d'une  branche  cadette  de  la 
n:aison  de  ce  nom,  élahlie  dans  le  Poitou, 
reçu  docteur  de  Sorbonne  à  Paris  en  1G94, 
fut  porté  par  son  mérite ,  plulôt  que  par 
sa  naissance,  à  l'évèché  deBayonnc,  et  en- 
suile  à  celui  de  ïournay,  où,  à  l'exemple 
de  l'illustre  archevêque  de  Camhrai,  il 
fit  de  son  palais  un  hôpital  pour  les  bles- 
sés et  les  malades  ,  pendant  le  siège  que 
cette  ville  eut  à  soutenir  contre  le  prince 
Eugène.  Après  avoir  vendu  toute  sa  vais- 
selle et  autres  ohjets  précieux,  il  emprunta 
800,000  francs  pour  faire  subsister  la  gar- 
nison cl  nourrir  les  pauvres  habitans.  La 
ville  ayant  été  obligée  de  capituler,  il  re- 
fusaau  vainqueur  déchanter  le  Te  Deumcl 
rejeta  toutes  les  offres  qui  lui  furent  faites 
pour  t'y  engager.  Le  roi  le  nomma  en- 
suite à  L'àrchcvcché  de  Toulouse,  puis  à 
celui  de  Narbonne.  Il  mourut  le  k  août 
4739.  Président  des  états  de  Languedoc 
pendant  20  ans,  il  avait  porté  dans  son 
administration  politique  la  même  sagesse 
et  bienfaisance  que  dans  son  administra- 
tion pastorale.  C'est  à  ses  encouragemens 
que  l'on  doit  Y  Histoire  du  Languedoc  , 
îi  vol.  in-fol.  publiée  par  les  religieux  de 


Saint-Maur,  et  la  Description  géogra- 
phique et  l'histoire  nat.  de  celle  province 
par  la  société  de  Montpellier,  dont  il  était 
membre  honoraire. 

BEAUVILLIERS  (  François  de  ),  duc 
de  Saint- Agnan,  de  l'académie  française, 
né  en  1(107,  remporta  le  prix  fondé  à  Caen 
pour  l'immaculée  Conception.  On  a  de 
lui  quelques  pièces  de  poésies  détachées. 
Il  mourut  en  1087. — Son  fils  aîné,  Paul, 
duc  de  Beauviiliers,  fut  gouverneur  de 
monseigneur  le  duc  de  Bourgogne,  et 
mourut  en  171'*.  Il  inspira  à  son  élève 
ses  sentimens  de  probité  et  de  justice, 
et  un  grand  zèle  pour  le  bien  public.  A  la 
cour,  il  fut  vrai  ;  il  parla  toujours  en  fa- 
veur des  peuples  :  ses  vertus  avaient 
leur  principal  fondement  dans  la  reli- 
gion, qui  eiq.it  chez  lui  solide  et  sincère. 

♦  BE  YUVILLIEIIS(  François  Honorât 
de),  évêque  de  Beauvais,  était  fds  de 
François  de  Beauvilliers ,  duc  de  Saint- 
Agnan,  de  l'académie  française,  et  frère 
du  duc  de  Beauvilliers ,  gouverneur  du 
duc  de  Bourgogne ,  petit-iils  de  Louis 
XIV.  Après  ses  premières  études,  il  entra 
au  séminaire  de  Saint-Sulpice ,  et  suivit 
les  cours  de  Sorbonne.  Il  se  distingua 
dans  sa  licence.  Ayant  été  nommé  à  l'é- 
vèché de  Beauvais,  Clément  XI  refusa  de 
lui  accorder  des  bulles ,  parce  que  ,  dans 
une  de  ses  thèses ,  il  avait  soutenu  les 
quatre  articles  du  clergé.  Le  roi ,  étonné 
de  ce  refus,  en  écrivit  au  cardinal  de  la 
Trémouille ,  chargé  de  ses  affaires  à 
Rome,  et  après  quelques  explications, 
les  bulles  furent  accordées.  Daiis  la  suite, 
l'évèque  de  Beauvais  se  trouva  dans  des 
circonstances  difficiles, qui  le  déterminè- 
rent à  se  démettre  de  son  évêché.  11  se 
retira  à  l'abbaye  de  Prémonlré  ,  et  passa 
le  reste  de  sa  vie  entièrement  livré  à  l'é- 
tude et  aux  exercices  de  piété  ;  il  y  mou- 
rut en  1751 ,  et  fut  enterré  dans  le  chœur. 
Il  est  auteur  d'un  Commentaire  sur  la 
Bible,  in-8°,  et  de  quelques  ouvrages  de 
piété. 

BEAUX  VLMIS  (  Thomas  ),  carme  de 
Paris,  docteur  de  Sorbonne,  mourut  en 
1589.  On  ne  sait  où  Ainelot  de  la  Hous- 
saye  a  pris  (pie  ce  carme  avait  eu  la  cure 
de  Saint-Paul,  et  qu'il  l'avait  perdue 
pour  n'avoir  pas  voulu  que  les  mignons 
de  Henri  lit  fussent  inhumés  dans  son 
église.  On  a  de  lui  des  Commentaires  sur 
l harmonie  évangélique,  Paris,  IGuO,  3 
vol.  in-fol. ;  et  d'autres  ouvrages. 

BEYUZEE  (  Nicolas  ),  de  l'académie 
française  cl  de  celle  délia   Crusca,  de 


IÎEV 


171 


BEC 


Rouen,  de  Met/-  et  d'Arras,  etc..  secré- 
lairé  iulerprèlo  de  Mgr.le  comte  d'Artois. 
né  à  Verdun  le  9  mai  1717  ,  et  mort  à 
Paris  eu  janvier  178'.).  Les  ouvrages  aux- 
quels il  a  consacré  ses  longs  et  constans 
travaux  ,  lui  l'ont  autant  d'honneur  par  le 
choix  du  sujet  (pie  par  la  manière  dont  ils 
sont  exécutés.  Sa  Grammaire  générale , 
ou  Exposition  raisonnêe  des  élément  né- 
cessaires du  langage ,  est  le  fruit  d'un 
esprit  également  profond  et  méthodique. 
Sa  traduction  des  Histoires  de  Salluste 
aurait  eu  l'approbation  de  Ions  les  gens 
de  goût ,  sans  des  innovations  en  fait  d'or- 
thographe, qui  en  rendent  la  lecture 
extrêmement  désagréable.  Ce  petit  moyen 
de  se  faire  remarquer  élail  au-dessous  de 
M.  Beauzée,  et  l'on  ne  conçoit  pas  com- 
ment il  a  pu  se  résoudre  à  l'employer.  La 
traduction  de  Y  Optique  de  Neivlon ,  pu- 
bliée en  1786,  a  réuni  tous  les  suffrages. 
Quoiqu'il  paroisse  qu'il  n'en  soit  que  l'é- 
diteur, on  ne  peut  guère  douter  qu'il  n'ait 
eu  grande  part  à  cette  traduction  :  tout  le 
monde  convient  qu'elle  est  fort  au-dessus 
de  l'original.  Les  libertés  que  le  traduc- 
teur s'est  données,  étaient  convenables  et 
nécessaires.  Il  donna  une  Histoire  d'A- 
lexandre le  Grand,  trad.  de  Quintc-Curce, 
en  1782,  2  vol.  in-12,  plusieurs  fois  réim- 
primée. La  juste  indignation  que  Beauzée 
conçut  contre  un  abbé  Valart ,  qui  avait 
défiguré  et  corrompu  le  précieux  livre  De 
Imilationc  Chrisli ,  l'engagea  à  rétablir 
le  texte  primitif,  et  à  en  donner  une  très 
belle  et  correcte  édition  en  1787,  à  Paris. 
chez.  Barbou.  Son  dernier  ouvrage  fut 
une  nouvelle  édition  du  Dictionnaire  des 
synonymes  français  du  P.  de  Livoy.  Il 
avait  donné  dès  1770  une  édition  des  Sy- 
nonymes français,  de  l'abbé  Girard.  On 
a  encore  de  lui  :  Exposition  abrégée  tics 
preuves  historiques  de  la  religion  chré- 
tienne, et  plusieurs  articles  de  gram- 
maire dans  l'Encyclopédie. 

'  BEAVER  (  j'eax  ) ,  appelé  aussi  RE- 
VER, et  en  latin  Fiber,  Fiberius,  Castor 
et  Castorius ,  moine  bénédictin  de  l'ab- 
baye de  Westminster,  vivait  vers  le  com- 
mencement du  14*  siècle.  C'était  un 
homme  plein  d'esprit  et  d'activité.  Il  est 
auteurd'une  Chronique  des  affaires  d'An- 
gleterre .  depuis  l'invasion  de  Brutus 
msqu'à  son  temps,  et  d'un  livre  intitulé  : 
De  rébus  cœnobii  Tf^estmonastericnsis. 
Ces  deux  ouvrages,  qui  n'ont  pas  été  im- 
primés, ont  été  cités  avec  éloge  par  dif- 
férens  écrivains  anglais.  — Un  autre  au- 
teur du  même  i.om,  moine  de  St.-Alban, 


a  composé  quoique*  Traités  peu  estimés, 
et  qui  sont  aussi  demeurés  manuscrits. 

BEBELou  BÉBÉL1US  (  IIkxiu  ),  naquit 
à  Justinnreu  en  Souabe  ,  d'un  laboureur. 
Il  fut  fait  professeur  d'éloquence  dans 
l'université  de  Tubingen,  où  il  répandit 
le  goût  de  la  bonne  latinité.  L'empereur 
iUaximilien  1er  l'honora  de  la  couronne  de 
poète  en  1501.  Nous  avons  de  lui  des  poé- 
sies sous  le  titre  d'Opuscula  Bebeliana, 
à  Strasbourg,  1512  ,  in-4°.  Ses  vers  parais- 
sent le  fruit  d'une  imagination  lieu  rie.  On 
a  encore  de  lui  un  traité  De  animarum 
statu  post  sofutionem  à  cor  pore,  dans  le 
recueil  latin  sur  celte  matière,  Francfort . 
1692 ,  2  vol.  ;  et  un  autre  De  magislrati- 
bus  Romanorum,  où  il  y  a  de  l'érudition 
et  des  recherches.  —  Il  ne  faut  pas  le  con- 
fondre avec  Baltuas  vn  BEBIiL,  qui  adon- 
né :  |  Dissertaiiones  IV de  theologia  gen- 
tili  ex  nummis  illustrata,  Wittemberg  , 
1CS8,  in-/».0  ;  |  Ecclesia  anlediluviana  ver  a 
et  falsa,ex  antiquitalibusmosaïcis  eruta, 
Strasbourg,  1706  ,  in-4°;  |  Anliquilas  If 
sœculorurh  evangelicorum ,  Strasbourg, 
1669,  5  vol.  ia-4  ;  |  Antiquitates  Gcrma- 
nias  pri/nœ ,  et  in  hac  Argentoratensis 
Ecclesia!  evangelicœ ,  Strasbourg,  1669, 
in-4°. 

BECAN  (  Maiitix  ) ,  professeur  de  phi- 
losophie et  de  théologie  chez  les  jésuites, 
confesseur  de  Ferdinand  II,  naquit  eu 
1550,  à  Hahilwarenbeck ,  dans  le  Brabant, 
et  mourut  à  Vienne  en  1624  On  a  de  lui 
une  Somme  de  théologie  in-fol.  des  Trai- 
tés de  controverses;  une  solide  réfutation 
de  l'ouvrage  du  schismatique  de  Dominis, 
et  plusieurs  autres  écrits.  Celui  qui  est  la 
plus  généralement  utile,  est  Y  Analogie» 
veteris  et  novi  Testamenli ,  1  vol.  in-8", 
ouvrage  où  l'on  montre  les  rapports  de 
l'Evangile  avec  l'ancienne  loi ,  et  cet  en- 
chaînement admirable,  qui  réunit  toutes 
les  vérités  révélées  dans  un  seul  corps  de 
doctrine,  parfaiiemenl  d'accord  et  consé- 
quent dans  toutes  ses  parties.  On  a  donné 
une  collection  de  ses  Opuscules  à  Paris , 
165."  ,  in-folio. 

BIX  V\  (  Jeax  ).  Voyez  GOROPIUS. 

BECAN  (  Guillaume  ),  jésuite ,  né  b 
Ypres  en  1608  ,  et  mort  à  Louvaio  le  12 
décembre  1685.  On  a  de  lui  des  poésies 
estimées,  entre  autres  une  Descriptio/i 
de  l'entrée  du  prince  Ferdinand ,  in  faut 
d'Espagne,  en  Flandre,  ornée  d'estampes 
magniliqucs,  dessinées  par  Rubens  et 
exécutées  par  Corneille  Galle  ,  Anvers, 
1656  ;  des  Idylles  où  l'on  trouve  celle  naï- 
veté ingénieuse  qui  fait  le  vrai  caractère 


BEC 

du  poème  pastoral,  Anvers,  J6S3  :  on  les 
a  imprimées  souvent  avec  les  poésies  de 
Sidronius  Hoschius. 

BECCADELLI  (  Louis  )  naquit  à  Bo- 
logne, en  1502,  d'une  famille  noble.  Après 
avoir  fait  ses  éludes  à  Padoue ,  il  se  tour- 
na du  côté  des  affaires ,  sans  cependant 
abandonner  les  lettres.  Il  s'attacha  au  car- 
dinal Polus,  qu'il  suivit  dans  sa  légation 
d'Espagne.  Bientôt  il  fut  envoyé  lui-même 
en  qualité  de  légat  à  Venise  et  àAugsbourg, 
après  avoir  assisté  au  concile  de  Trente. 
L'archevêché  de  Raguse  fut  la  récompense 
de  ses  travaux.  Cosme  1",  grand-duc  de 
Toscane,  l'ayant  chargé  en  1563  de  l'édu- 
cation du  prince  Ferdinand  son  fils,  il 
renonça  à  cet  archevêché,  sur  l'espérance 
qui  lui  fut  donnée  d'obtenir  celui  de  Pise; 
niais  son  attente  ayant  été  trompée ,  il  fut 
obligé  de  se  contenter  de  la  prévôté  de  la 
collégiale  de  Prato  ,  où  il  finit  ses  jours 
en  1572.  Ses  principaux  ouvrages  sont  : 
la  Vie,  en  latin ,  du  Cardinal  Polus ,  que 
Maucroix  a  traduite  en  français  (  Voyez 
POLUS  et  PHILIPS  )  ;  et  celle  de  Pétrar- 
que ,  en  italien,  plus  exacte  que  toutes 
celles  qui  avaient  paru  jusqu'alors.  Ce 
prélat  était  en  relation  avec  presque  tous 
les  sa  vans  de  son  temps,  Sadolet ,  Bembo, 
les  Manuces ,  Varchi ,  etc. 

BECCAFUMI  (Dominique),  nommé  au- 
paravant Mecherino ,  de  Sienne,  s'amu- 
sait, en  gardant  les  moutons  de  son  père, 
à  tracer  des  ligures  sur  le  sable.  Un  bour- 
geois de  Sienne,  qui  s'appelait  Beccafumi 
le  tira  de  la  bergerie  ,  pour  lui  faire  ap- 
prendre le  dessin.  Ce  peintre  reconnais- 
sant quitta  son  nom  de  famiile  pour 
prendre  celui  de  son  bienfaiteur,  qu'il 
porta  depuis.  Il  mourut  en  1549  à  Gênes, 
âgé  de  65  ans.  Son  Saint-Sébastien  est  un 
des  plus  beaux  tableaux  qui  se  voient  dans 
le  palais  Borghèse. 

BECCARI  (Augustin)  ,  né  à  Ferrare  , 
est  le  premier  poète  d'Italie  qui  ait  iwit 
des  pastorales.  Baillet  s'est  trompé  ,  en 
disant  que  le  Tasse  est  l'inventeur  de  ce 
genre  de  poésie.  VAmynte  du  Tasse  n'est 
que  de  1573,  et  la  pastorale  de  Beccari, 
Il  sacrificio ,  favola  pastorale  ,  parut  en 
4555,  in- 12.  Ce  poète  mourut  en  1590. 

BECCARI  V  (Jea\-Baitiste),  reli- 
gieux des  Ecoles-Pies,  né  à  Mondovi  en 
4716,  et  mort  à  Turin  le  22  mai  1781,  pro- 
fessa d'abord  à  Païenne .  puis  à  Rome  ,  la 
philosophie  et  les  mathématiques,  et  par- 
vint par  ses  expériences  et  ses  découvertes 
à  jeter  un  grand  jour  sur  la  science  na- 
turelle, et  surtout  sur  celle  de  l'électricité. 


i72  BEC 

Il  fut  ensuite  appelé  à  Turin ,  pour  y  être 
professeur  de  physique  expérimentale. 
Devenu  l'instituteur  des  princes  Benoit , 
duc  de  Chablais,  et  Victor-Amédée  de 
Carignan,  le  séjour  de  la  cour  ni  l'attrait 
des  plaisirs  ne  le  détournèrent  point  de 
l'étude ,  à  laquelle  il  donnait  tout  son 
temps.  Comblé  d'honneurs  et  de  bien- 
faits, il  n'épargnait  rien  pour  augmenter 
sa  bibliothèque  et  se  procurer  les  instru- 
mens  nécessaires  à  son  travail.  11  est  au- 
teur de  plusieurs  Dissertations  sur  l'é- 
lectricité, qui  auraient  été  plus  utiles  s  il 
se  fût  moins  follement  attaché  à  quelques 
systèmes  particuliers  ,  et  surtout  à  celui 
de  M.  Franklin.  On  a  encore  de  lui  un 
Essai  sur  la  cause  des  orages  et  des  tem- 
pêtes ,  où  l'on  ne  voit  rien  de  plus  satis- 
faisant que  ce  qui  a  paru  dans  d'autres 
ouvrages  sur  cette  matière  ;  quelques 
Ecrits  sur  le  méridien  de  Turin,  et  d'au- 
tres objets  astronomiques  et  physiques. 
Le  P.  Beccaria  était  aussi  recommanda- 
ble  par  ses  vertus  que  par  ses  connais- 
sances. Dans  les  contestations  qu'il  eut 
avec  messieurs  Cassini  ,  Nollet ,  Wilson 
et  autres,  on  reconnaît  sans  peine  l'homme 
religieux  et  modeste,  qu'une  vaine  science 
n'a  point  enflé,  et  qui  est  intimement 
persuadé  que  le  dépit  et  la  morgue ,  ces 
grands  moyens  des  sa  vans  modernes,  sont 
une  ressource  bien  humiliante  pour  des 
gens  de  lettres. 

*  BECCARIA  (Césaii-Bonesaxa  mar- 
quis de) ,  né  à  Milan  en  1735  ,  et  mort,  en 
1793,  dans  la  même  ville  ,  d'une  attaque 
d'apoplexie,  entreprit  avet  quelques  amis 
un  ouvrage  périodique,  intitulé  Le  Café, 
dans  lequel  étaient  traités  divers  sujets 
de  philosophie,  de  morale  et  de  politique. 
Ce  recueil  où  l'on  trouve  beaucoup  de 
principes  peu  favorables  à  la  religion, 
fut  publié  pendant  les  années  1764  cl  1765. 
Beccaria  le  fil  suivre  du  Traité  des  délits 
et  des  peines,  qui  a  été  traduit  dans  toutes 
les  langues  et  dont  les  éditions  se  succédè- 
rent rapidement.  A  de  hautes  vérités  se 
trouvent  mêlées  dans  ce  livre  de  graves 
erreurs.  Non  content  de  dénoncer  les  vices 
de  la  législation  moderne  et  d'en  indiquer 
les  remèdes,  Beccaria  en  a  voul  u  découvrir 
les  causes,  et  il  s'est  souvent  égaré.  Il 
avance  que  l'esprit  de  famille  est  néces- 
sairement en  contradiction  avec  l'esprit 
public,  ce  qui  tendrait  à  dégrader  les 
vertus  de  famille  qui,  chez  différent  peu- 
ples et  dans  différentes  circonstances  , 
ont  contribué  à  sauver  l'état.  L'auguste 
puissance  des  pères  et  la  religieuse  sou- 


BEC 


173 


BEC 


mission  des  enfans  prennent  dans  cet  ou- 
vrage la  teinle  d'une  tyrannie  injuste  et 
«l'une  servitude  craintive.  En  parlant  du 
droit  de  propriété,  l'auteur  s'exprime 
ainsi;  «  Le  droit  de  propriété,  droit 
»  terrible  et  qui  n'est  peut-être  pas  né- 
»  cessaire.  »  Il  émet  encore  plusieurs  au- 
tres opinions  favorables  à  la  philosophie 
du  jour.  Elles  lui  attirèrent  quelques  dés- 
agrémens  ,  que  le  comte  Firminiani ,  un 
des  chefs  du  gouvernement,  fit  cesser,  en 
déclaram  qu'il  prenait  sous  sa  protection 
et  le  livre  et  l'auteur.  Il  créa  même  pour 
lui  en  1708  une  chaire  d'économie  publi- 
que. Boccaria,  qui  aimait  le  repos ,  re- 
nonça à  écrire,  et  se  borna  à  )  rofesser. 
Ses  Leçons  ont  été  publiées  en  1804,  en 
2  volumes  in-8°,  sous  le  titre  d' 'Elément 
d'économie  publique,  et  font  partie  de- 
là collection  des  Economistes  Italiens 
publiés  à  Milan.  Il  donna,  en  1770,  la 
première  partie  de  ses  Recherches  sur  la 
nature  du  style ,  Milan,  in-8",  traduites 
en  français ,  1772 ,  in-12,  par  Morellet,  qui 
traduisit  aussi  en  1706,  le  Traité  des  dé- 
lits et  des  peines  ,  en  faisant  dans  l'ordre 
des  matières  quelques  changemens  qui 
furent  adoptés  par  l'auteur. 

BECCIIEK  (  JEAX-JoAcnni  ),  né  en 
1645 ,  à  Spire ,  fut  d'abord  professeur  en 
médecine,  ensuite  premier  médecin  de 
l'électeur  de  Mayence,  puis  de  celui  de 
Bavière.  Il  passa  à  Londres,  où  sa  répu- 
tation l'avait  précédé,  et  y  mourut  en 
1685.  On  a  de  lui  beaucoup  d'ouvrages  . 
parmi  lesquels  on  distingue  les  suivans  : 
j  Physica  sublerranea,  Francfort,  1669. 
in-8°  ,  réimprimée  à  Leipsick,  1705,  et 
en  1759,  in-8°;  |  Experimentum  chymi- 
cuin  novum,  Francfort,  1671,  in-8°;  |  Cha- 
racterpro  notitia  lingiiarum  universali.  Il 
prétendait  y  fournir  une  langue  univer- 
selle, par  le  moyen  de  laquelle  toutes  les 
nations  s'entendraient  facilement;  |  I/ts- 
tituliones  chijmicœ ,  seu  Manuductio  ad 
•  philosophiam  hermelicam  ,  Mayence  , 
1662  ,  in-4°  ;  |  Inslilutiones  chymicœ  pro- 
dromes, Francfort,  1664,  et  Amsterdam, 
1665,  in-12;  |  Experimentum  novum  ac 
curiosum  de  minera  arenia  perpétua , 
Francfort,  1680,  in-8°;  |  Epistolœ  chymi- 
cœ, Amsterdam,  1075,  in-8°.  Beccher  étail 
ur.  homme  d'un  caractère  vif,  ardent  et 
entêté,  qui  le  jeta  dans  les  rêveries  de 
l'alchimie,  et  dans  quelques  autres  spécu- 
lations creuses  :  ce  qui  ne  l'empêcha  pas 
d'être  un  excellent  chimiste.  Ses  ouvrages 
sont  recherchés  et  consultés  par  ceux  qui 
s'adonnent  à  cette  scienec.- 


BECCIIETI  (  Phii.ippé-Àivge  ),  évéqtfé 
de  Ciltadella  Pieve,  dans  le  Pérugin,  né 
en  1745,  mort  en  1814,  avait  fait  profes- 
sion dans  l'ordre  de  Saiut-DominiqUe  ,  et 
fut  un  des  premiers  cvèques  nommés  par 
le  pape,  en  1800.  Il  a  publié  une  Conti- 
nuation de  Y  Histoire  ecclésiastique  d'Or- 
sis,29  vol.  in-4°;  elle  va  jusqu'à  1587. 

*  BÉCEBBA  (  Gaspard  ) ,  célèbre  sculp- 
teur espagnol  élève  de  Michel-Ange ,  né 
vers  1520 ,  à  Bacza,  dans  l'Andalousie ,  et 
mort  à  Madrid  en  1570.  Son  chef-d'œuvre 
est  une  statue  de  la  Vierge ,  qui  fut  faite 
par  ordre  de  la  reine  Isabelle  de  Valois, 
(pii  obtint  en  Espagne  une  grande  célé- 
brité. On  la  voit  à  Madrid  ,  et  on  ne  peut 
s'empêcher  d'admirer  la  beauté,  la  dou- 
leur, la  tendresse,  la  constance  et  la  ré- 
signation exprimées  dans  cette  figure. 

BÉCIIET  (  AxroiXE  ),  chanoine  d'Usez, 
est  auteur  de  V Histoire  du  cardinal  Mar~ 
tinnsius  s  publiée  à  Taris,  in-12,  1715, 
ouvrage  plein  d'inexactitudes  :  souvent 
il  ne  fait  que  copier  Fleury,  qui  lui- 
même  a  copié  de  Thou,  et  ce  dernier  a 
écrit  sur  de  mauvais  mémoires  presque 
tout  ce  qu'il  rapporte  de  ce  cardinal. 
(  Voyez  MARTINUSIUS.  )  On  a  encore  du 
Béchet  une  traduction  des  Lettres  du  ba- 
ron de  Busbec.  M  mourut  en  1722 ,  à  73 
ans.  Il  était  de  Germon!  en  Auvergne. 

*  BÉCIIET  (Jean-Baptiste) ,  né  à  Cer- 
nans,  près  de  Salins,  en  1759 ,  s'occupa 
de  littérature  et  de  sciences.  En  1790  ,  il 
fut  nommé  administrateur,  puis  secré- 
taire-général du  département  du  Jura.  Il 
exerça  le  ministère  public  près  du  tribu- 
nal de  Poligny,  sous  le  Directoire.  Rappelé 
après  le  18  brumaire  à  ses  anciennes 
fonctions  de  secrétaire-général  du  Jura, 
Béchet  s'en  démit  en  1816.  Il  passa  ses  der- 
nières années  à  Besançon  ,  où  il  est  mort 
le  7  janvier  1850.  On  a  de  Béchet  quelques 
Poésies  insérées  dans  les  journaux  de  la 
capitale;  Notions  faciles  cl  indispensa- 
bles sur  les  nouveaux  poids  et  mesures , 
sur  le  calcul  décimal ,  avec  des  tables  de 
comparaison,  Lons-le-Saunier ,  1801.  in- 
8°;  un  grand  nombre  d'articles  d'archéo- 
logie, (ï Histoire,  de  Biographie,  de  Lit- 
térature, dans  les  Annuaires  du  Jura 
de  1805  à  1811  eî  dans  le  Journal  de  la 
préfecture  du  même  département,  1811 
et  années  suivantes  ;  plusieurs  Mémoires, 
dont  un  sur  ï  Origine  des  Bourguignons  M 
et  des  Eloges  académiques  insérés  dans 
les  Mémoires  de  l'académie  île  Besançon. 
Il  préparait  un  grand  ouvrage  intitulé  : 
Jura  ancien, mou  en  et  moderne,  ou  Choix 

15v 


BEC  174 

de  monumens  les  plus  intéressans  pour 
l'histoire  générale  de  France.  Mais  il  n*a 
publié  que  des  Recherches  historiques  sur 
ta  ville  de  Salins,  Besançon,  1828,  2  vol. 
in-I2. 

BECK  (Jf.w,  baron  de),  gouverneur 
du  duché  de  Luxembourg,  lieutenant-gé- 
néral du  roi  d'Espagne ,  se  distingua  à  la 
bataille  de  Thionville ,  où  Piccoloinini 
défit  les  Français  en  1640;  il  prit  ensuite 
la  ville  d'Aire ,  se  trouva  en  1642  à  la  ba- 
taille de  Haunecourt ,  et  en  10/i8  à  celle 
de  Lens  ;  il  mourut  d'une  blessure  qu'il  y 
reçut,  et  que  par  un- dépit  guerrier  il  ne 
voulut  pas  laisser  panser,  lîeck,  avant 
d'embrasser  le  parti  des  armes  ,  avait  été 
postillon;  sa  valeur  et  la  sagesse  de  sa  con- 
duite relevèrent  à  une  fortune  qu'il  mé- 
ritait d'autant  mieux  qu'il  n'en  abusa 
point  et  ne  se  méconnut  jamais.  Son  épi- 
taphe  ,  qu'on  voit  dans  l'église  des  Récol- 
lets  à  Luxembourg ,  atteste  que  le  fameux 
Walslein,  ayant  conjuré  contre  l'empe- 
reur Ferdinand  II,  lit  tout  au  monde  pour 
s'attacher  le  baron  de  Beck,  mais  que  tous 
ses  moyens  échouèrent  contre  la  vertu  de 
ce  général. 

*  BECK  (  Dominique  ),  bénédictin  du 
cloître  d'Ochsenhausen ,  professeur  de 
mathématiques  et  d'histoire  naturelle  à 
Sal7.bourg,  et  membre  d'un  grand  nom- 
bre de  sociétés  savantes,  naquit  en  1732 
dans  un  village  près  d'Ulm.  La  ville  de 
Salzhourg  doit  beaucoup  à  ses  lumières, 
à  ses  talens  pour  l'enseignement  et  à 
son  zèle  pour  tous  les  élablissemens  uti- 
les. Il  était  en  correspondance  avec  les 
savans  de  tous  les  pays ,  et  profilait  de  ses 
vacances  annuelles  pour  étendre  ses  con- 
naissances par  des  voyages.  Il  ne  bornait 
pas  ses  leçons  à  des  cours  académiques; 
il  instruisait  aussi  des  artistes  et  de  sim- 
ples ouvriers.  Sa  place  d'inspecteur  du 
musée  physico-mathématique  de  Salz- 
bôurg lui  fournissait  les  moyens  de  join- 
dre l'expérience  à  la  théorie.  Il  contribua 
beaucoup  à  enrichir  ce  musée,  en  inspirant 
au  prince  du  zèle  pour  les  progrès  de  la 
science.  Il  mourut  universellement  re- 
gretté le  22  février  1791.  Ses  principaux 
écrits  sont  :  |  Dilucidatio  doetrinie  de 
œquationibus ,  Salzbôurg,  17 C8,  in- 8".; 
|  Prcelecliones  mathematicœ ,  partes  II, 
ibid.,  17G8,  1770;  |  Theoria  sinuum,  tarir 
(jentium ,  et  resolutiones  triangulorum  . 
ibid.,  1771;  |  Institutionesphijsicœ,\ws  I 
et  II,  ibid.  1776  et  1779;  |  Inslitutiones  ma- 
thematicœ, in-8°  ibid. .  1781  ;  |  Essaiabrégè 


BEC 

Salzhourg,  1787,  in -8";  |  Fphemcrides 
phijsico-astronomicœ ,  Salzhourg.  in-4°. 

BECKER  (  D vxiei,  ) ,  natif  de  Kœnigs- 
berg,  premier  médecin  de  l'électeur  de 
Brandebourg,  mourut  à  Kœnlgsberg,  en 
1670,  à  43  ans.  Ii  a  publié  |  Commenta' 
rius  de  ihrriaca  ;  \  A/edicus  microscomust 
Lond. ,  1660 ,  in-8"  ;  |  De  cullrivoro  Prus- 
siaco,  Leydc,  1638,  in-8". 

BKCKER.  Voyez  BKKKER. 

*  BECKMWIV  (  Jea»  ) ,  célèbre  pro- 
fesseur allemand  ,  né  en  1739,  à  lîoya, 
dans  l'électoral  de  Hanovre  ,  et  mort  à 
Gœltingue,  le  3  février  1811.  Son  père 
qui  était  percepteur  des  contribulions  et 
maître  de  postes  lui  fit  donner  une  édu- 
cation soignée.  Jean  Beckmann  devint  en 
1762  professeur  de  physique  ol  d'histoire 
naturelle  au  gymnase  luthérien  de  Saint- 
Pétersbourg.  S'étant  démis  de  celle  place, - 
il  se  rendit  en  Suède,  auprès  de  Linnée  , 
qui  était  son  ami.  Il  passa  ensuite  dans 
l'université  de  Gœltingue  où- ses  leçons  fu- 
rent suivies  par  les  personnages  les  plus 
distingués.  Il  enseigna  dix  ans  dans  cette 
ville.  Les  notices  qu'il  a  publiées  à  dif- 
férentes époques,  et  qui  ont  été  recueillies 
en  S  vol.  in-8°,  sous  le  lilrc  de  Fragments- 
d'une  histoire  des  découvertes  dans  les 
arts  et  dans  lessciences .  sont  du  plus  grand 
intérêt  pour  celui  qui  veut  étudier  l'ori- 
gine et  les  progrès  des  arts.  Ses  autres  ou- 
vrages principaux  sont  :  |  De  hisloriâ 
naturali  velcrum  libellas  primus ,  1766,- 
in-8°;  |  Elémens  d'économie  rurale ^ 1790, 
in-8f',  4e  édit.  |  Bibliothèque  physico-éco- 
nomique ,  20  vol.  in-8°;  |  Opuscules  rela- 
tifs à  l'économie  publique  et  domestique* 
12  vol.  in-8°.  Tous  ces  ouvrages ,  à  l'ex- 
ception du  premier,  sont  écrits  en  alle- 
mand. Beckmann  avait  élé  reçu  de  pres- 
que toutes  les  sociétés  savantes  de  l'Alle- 
magne et  du  Nord. 

*  BECLARD  (Pierv.e- Augustin),  né  à 
Angers  le  12  octobre  1785,  et  mort  à  Paria 
d'une  fièvre  cérébrale,  le  16  mars  1825, 
Après  avoir  fait  ses  humanités  à  l'école 
centrale  de  sa  ville  natale,  il  prit  ses  pre- 
mières inscriptions  à  l'école  secondaire  de 
médecine  du  même  lieu.  Reçu  bientôt 
interne  à  l'hôpital,  il  se  livra  spéciale- 
ment à  l'anatomie.  En  1808.  il  se  rendit  a 
Paris,  et  fut  nommé,  au  concours  ,  élève 
de  l'école-pratique  et  des  hôpitaux.  En  1809 
et  1810,  Béclard  obtint  successivement 
à  l'école  de  médecine  et  à  l'école-pratique 
les  premiers  prix.  Déjà  interne,  il  fut 
choisi  par  M.  Roux  ,  chirurgien  en  second 


d'une  théorie  de  l'électricité,  avec  fig.,  {  de  l'hôpital  de  la  Charité,  pour  répéli- 


BEC 


*7S 


BED 


teur  de  son  cours.  En  1811 ,  il  fut  nommé 
au  concours  prosecteur  à  la  faculté , 
et  bientôt  après  chef  des  travaux  anato- 
nùques.  En  1813  il  présenta  pour  sa  thèse 
une  série  de  propositions  sur  la  physio- 
logie, la  chirurgie  et  la  thérapeutique, 
qui  sont  autant  de  découvertes.  A  trente 
ans  il  devint  chirurgien  en  second  de  l'hô- 
pital de  la  Pitié.  En  1818  il  obtint  la  chaire 
d'anatomie  à  la  faculté  de  médecine ,  qu'il 
occupa  jusqu'à  sa  mort,  et  il  fut  chargé 
en  1819 ,  de  présider  les  jurys  de  médecine 
dans  les  départemens.  Dans  ses  leçons  et 
ses  écrits ,  Béclard  savait  allier  l'élégance 
et  la  clarté  à  l'érudition  la  plus  profonde. 
On  a  de  lui  :  |  Traité  des  hernies  de  La- 
wrence, qu'il  a  traduit  avec  Jules  Clo- 
que t,  1  vol.  in- 8°,  Paris,  1818  ;  |  Addi- 
tions à  l'anatomie  générale  de  Xavier 
Bichal,  1821,  in-8°;  |  Elémens  d'anatomie 
générale,  ou  Description  de  tous  les 
genres  d'organes  qui  composent  le  corps 
humain,  1823,  in-8°  ;  |  A natomie patholo- 
gique ,  dernier  cours  de  X.  Bichat,  d'a- 
près un  manuscrit  autographe  de  P.  A. 
Béclard.  182o  ,  in-8°.  Il  a  encore  donné 
|  des  Mémoires  sur  i embryologie,  sur  les 
Blessures  des  artères,  insérés  dans  le 
Recueil  de  la  société  médicale  d'émula- 
tion (8e  année)  ;  |  sur  Y ostéose,  Journal  de 
médecine ,  chirurgie ,  pharmacie ,  dont  il 
était  un  des  rédacteurs;  travail  important, 
qui  a  fait  connaître  avec  exactitude  le  dé- 
veloppement des  os  du  squelette.  Il  a 
commencé,  avec  Jules  Gloquet,  la  publi- 
cation des  Fascicules  et  planches  anato- 
jniques  qui  sont  si  exactes  et  si  précieu- 
ses. Tous  les  articles  à!  A  natomie  du  Dic- 
tionnaire de  médecine,  jusqu'au  11e  vol., 
sont  de  ce  célèbre  médecin. 

BECQUET  ou  BFXKET.  Voyez  THO- 
MAS DE  CANTOR.  ÉRY  (saint). 

BECQUET  (  Axtoixe  ),  céleslin  biblio- 
thécaire de  la  maison  de  Paris,  mort  en 
4730  à  76  ans ,  publia  V Histoire  de  la  con- 
grégation des  célestins  de  France,  avec 
les  éloges  historiques  «les  hommes  illus- 
tres de  son  ordre,  en  latin,  in-4°,  1721. 
Il  savait  beaucoup  d'anecdotes  littéraires, 
et  il  les  communiquait  avec  plaisir. 

BECTOZ  (Claudix*  de),  fille  d'un 
gentilhomme  du  Dauphiné,  née  vers  1480, 
devint  abbesse  de  Sainl-Honoré  de  Ta- 
rascon,  et  lit  do  grands  progrès  dans  la 
langue  latine  et  les  sciences-,  sous  Denis 
Faucher  moine  de  Lérins  et  aumônier  de 
son  monastère.  François  Ier  était  si  charmé 
des  lettres  de  cette  abbesse  .  qu'il  les  por- 
fcil,  dit-on,  avec  lui,-  et  les  montrait 


aux  dames  de  sa  cour  comme  des  modè- 
les. 11  passa  d'Avignon  à  Tarascon  avec 
la  reine  Marguerite  de  Navarre ,  pour 
converser  avec  cette  savante.  Elle  mou- 
rut en  1547 ,  après  avoir  publié  plusieurs 
ouvrages,  français  et  latins,  en  vers  et  en 
prose. 

BEDA  (Noël),  principal  du  collège  de 
Montaigu  et  syndic  de  la  faculté  de  théo- 
logie de  Paris ,  naquit  en  Picardie.  Il 
publia  une  critique  des  Paraphrases  d'E- 
rasme, 1526,  in-fol.  Ce  savant  lui  fit  une 
réponse  aussi  emportée  que  la  critique, 
et  lui  reprocha  d'avoir  avancé  181  men- 
songes, 210  calomnies  et  47  blasphèmes. 
Béda  fil  ensuite  des  extraits  des  ouvrages 
d'Erasme  ,  les  dénonça  à  la  faculté ,  et 
vint  à  bout  de  les  faire  censurer.  Ce  fut 
lui  qui  empêcha  la  Sorboime  d'opiner  en 
faveur  du  divorce  de  Henri  A'III,  roi 
d'Angleterre.  Son  opinion  était  la  meil- 
leure ,  mais  il  y  mit  trop  de  véhémence; 
et  comme  il  lui  échappa  des  expressions 
injurieuses  au  gouvernement,  le  parle- 
ment  de  Paris  le  condamna  à  faire  amende 
honorable  devant  l'église  de  Notre-Dame, 
pour  avoir  parlé  contre  le  roi  et  conlre 
la  vérité.  Il  fut  ensuite  exilé  à  l'abbaye 
du  Mont-Saint-Michel,  où  il  mourut  en 
1536.  Béda  a  écrit  |  un  traité,  De  iinica 
Magdalena ,  Paris,  1519,  in-4°,  assez  bon 
ouvrage,  où  il  soutient  l'opinion  la  plus 
vraisemblable  sur  ce  point  de  critique  , 
contre  l'écrit  de  Le  Fèvre  d'Etaplcs  ,  et  de 
Josse  Clicthouc  {Voyez  MADELEINE.) 
|  Douze  livres  contre  le  Commentaire  du 
premier,  et  plusieurs  autres  ouvrages, 
qui  sont  marqués  au  coin  de  la  barbarie  ; 
on  y  remarque  du  zèle  et  de  bonnes  in- 
tentions, mais  trop  d'aigreur.  Son  latin 
n'est  ni  pur  ni  correct. 

*  BEDDOES  (Thomas),  médecin  an- 
glais, né  à  Shifnal,  dans  le  Shropshire  , 
en  1754,  d'un  tanneur,  fit  ses  études  à 
l'université  d'Oxford.  En  1781,  il  voyagea 
en  Ecosse,  y  suivit  les  cours  des  plus  fa- 
meux professeurs  de  médecine,  et  se  lia 
d'amitié  avec  le  célèbre  Brown.  Beddoes 
étudia  aussi  la  chimie  ,  et  fut  premier  pro- 
fesseur de  cette  science  ,  en  1786,  à  l 'uni- 
versité d'Oxford.  En  1787,  il  vint  en 
France,  et  forma  à  Paris  la  connaissance 
de  Lavoisier,  avec  lequel  il  entretint  un 
commerce  de  lettres  à  sort  retour  en  An- 
gleterre. Il  s'établit  à  Brislol  en  17D2, 
après  avoir  résigné  sa  chaire  de  chimie  , 
et  s'acquit  la  réputation  d'un  habile  mé- 
decin. La  politique  occupa  aussi  quelques- 
uns  de  ses  loisirs ,  et  il  fut ,  en  17'.»  J ,  à 


BED 


176 


BED 


Bristol ,  membre  d'une  assemblée  de  né- 
gociais qui  projetaient  de  faire  des  re- 
présentations sur  les  bills  de  M.  Pitt.  Il 
mourut  en  1808,  dune  hydropisie.  Ses 
principaux  ouvrages,  écrits  en  anglais, 
sont  :  |  Essai  sur  les  ta  le n  s  de  M.  Pitt, 
comme  homme  d'état,  17%;  |  Essai  sui- 
tes causes,  tes  premiers  signes  et  les  pré- 
servatifs de  la  consomption ,  17W,  in  8°, 
ouvrage  destiné  aux  pères  de  famille  et 
aux  instituteurs  ;  |  Hygieia,  ou  Essais  de 
morale  et  de  médecine  sur  les  causes  qui 
influent  sur  l'état  des  personnes  de  la 
classe  moyenne  et  de  la  classe  des  riches, 
Eristol,  1802 ,  3  vol.  in-8°;  |  Histoire  d'I- 
saac  Jenkins  ;  \  Avis  aux  personnes  de 
tout  état  sur  leur  santé  et  sur  celle  de 
leurs  en  fans;  \  Manuel  de  santé;  |  Re- 
cherches sur  la  Fièvre;  \  Vie  de  Jean 
Brotvn  ,  en  tête  de  la  traduction  anglaise 
de  ses  Elémens  de  médecine. 

BEDE  (  le  vénérable  ),  naquit  en  673  dans 
le  territoire  du  monastère  de  Warmouth , 
aux  confins  de  l'Ecosse ,  où  il  fut  élevé  dès 
l'âge  de  7  ans.  Il  s'adonna  aux  sciences  et 
aux  belles-lettres.  Il  apprit  le  grec ,  la  ver- 
sification latine,  l'arithmétique,  etc.  Il 
fut  ordonné  prêtre  à  l'âge  de  50  ans,  et 
ce  fut  depuis  qu'il  s'appliqua  à  écrire, 
principalement  sur  l'Ecriture  sainte.  Il 
mourut  étendu  sur  le  pavé  de  sa  cellule, 
en  735  ,  âgé  de  C3  ans.  On  a  imprimé  ses 
ouvrages  à  Bàle  et  à  Cologne,  en  8  vol. 
in-fol.,  qui  se  relient  ordinairement  en  4. 
Ils  sont  rédigés  avec  un  choix  et  une 
netteté,  qu'on  doit  regarder  comme  un 
prodige  pour  son  temps.  Le  plus  connu 
est  V Histoire  ecclésiastique  des  Anglais , 
depuis  l'entrée  de  Jules-César  dans  la 
Grande-Bretagne  jusqu'à  l'an  751  ,  im- 
primée séparément  à  Cambridge  ,  1644 , 
in-fol.  Elle  manque  de  critique  et  d'exac- 
titude, et  on  ne  peut  guère  la  consulter 
que  pour  ce  qui  s'est  passé  sous  ses  yeux. 
Ses  autres  ouvrages  sont  des  Commen- 
taires sur  l'Ecriture  sainte,  qui  le  plus 
souvent  ne  sont  que  des  passages  des 
Pères,  mais  recueillis  avec  goût  et  beau? 
coupde  méthode  ;  Martyrologium  heroico 
carminé,  dans  le  tome  X  du  Spicilége  de 
D.  Dacheri,  et  avec  les  additions  de  Flo- 
rus ,  dans  le  2e  tome  du  mois  de  mars  des 
Acta  saficiorum.  Son  livre  des  Six  âges 
du  monde  lui  suscita  des  tracasseries, 
parce  qu'il  avançait  que  Notre-Seigncur 
n'était  pas  venu  au  monde  dans  le  6e  âge. 
Bède  daigna  faire  son  apologie  ,  et  soutint 
que  l'opinion  qui  bornait  la  durée  du 
monde  au  6e  millénaire,  n'était  pas  fon- 


dée. Le  P.  Petau,  dans  ses  Notes  sur  saint 
Epiphane,  a  relevé  plusieurs  fautes  chro- 
nologiques de  Bède,  et  le  jésuite  Purulich, 
dans  une  dissertation  imprimée  à  Tyrnau 
en  Hongrie  ,  a  réfuté  solidement  son  opi- 
nion touchant  le  jour  de  la  mort  de  Jé- 
sus-Christ qu'il  plaçait  au  15  de  la  lune, 
un  vendredi  selon  lui,  et  le  lendemain  de 
la  Pâque,  au  lieu  que  le  vendredi  tom- 
bait cette  année  au  14 ,  jour  de  la  Pâque. 
Le  style  de  Bède  est  peu  éloquent  et  sans 
élévation,  mais  il  est  très  estimable  pour 
le  temps  où  il  vécut.  «  On  chercherait  en 
»  vain  dans  ses  livres ,  dit  un  auteur  ,  les 
»  ornemens  de  la  rhétorique;  on  y  trouve 
»  en  récompense  beaucoup  de  précision 
»  et  de  clarté  ;  il  y  règne  une  aimable 
»  simplicité,  avec  un  ton  de  franchise  ,  de 
»  piété  et  de  zèle  qui  intéressent  le  lec- 
»  leur.  La  candeur  et  l'amour  de  la  vé- 
»  rite  caractérisent  ses  livres  historiques  ; 
»  et  si  l'on  dit  qu'il  a  porté  quelquefois  la 
»  crédulité  trop  loin,  on  doit  au  moins 
»  convenir  qu'aucune  personne  judicieuse 
»  ne  révoquera  jamais  en  doute  sa  sin- 
»  cérité.  Dans  ses  Commentaires,  il  s'est 
o  souvent  contenté  d'abréger  ou  de  ran- 
»  ger  dans  un  ordre  méthodique  ceux  de 
»  saint  Augustin ,  de  saint  Ambroise  ,  de 
»  saint  Jérôme ,  de  saint  Basile ,  etc.  II 
»  n'en  a  point  agi  de  la  sorte  pour  éviter 
»  le  travail,  ni  par  défaut  de  génie, 
»  comme  l'ont  prétendu  quelques  moder- 
»  nés.  Son  but  était  de  s'attacher  plus 
»  étroitement  à  la  tradition  ,  en  interpré- 
»  tant  les  livres  saints.  Dans  ce  que  les 
»  Pères  avaient  laissé  à  faire ,  il  suit  tou- 
»  jours  leurs  principes ,  de  peur  de  s'é- 
»  carier  de  la  tradition  dans  la  moindre 
»  chose^  Les  meilleurs  juges  avouent  que 
»  dans  les  morceaux  qui  sont  entièrement 
»  de  lui ,  il  ne  le  cède  point  en  solidité  et 
»  enjugementaux  plus  habiles  d'entre  les 
»  Pères.  »  Les  Commentaires  qu'il  a  faits 
sur  les  prophètes  sont  perdus.  On  lui  at- 
tribue des  ouvrages  qui  ne  sont  pas  de  lui  ; 
tels  que  Colleclanea,  Flores,  les  vies  des 
saints  Arnould,  Colomban  et  Patrice.  — Il 
ne  faut  pas  le  confondre  avec  un  autre 
BËDE  plus  ancien  ,  qui  était  moine  de 
Lindisfarne. 

*  BEDELL  (Guillaume)  ,  théologien  et 
savant  évèque  anglican,  né  en  1570  à 
Blacknotley  dans  la  province  d'Essex  , 
suivit  en  1604,  en  qualité  de  chapelain  , 
sir  Henri  Volton ,  envoyé  en  ambassade 
près  de  la  république  de  Venise.  Il  s'y  lia 
d'amitié  avec  le  célèbre  Fra-Paolo  qui  lui 
fit  présent  de  ses  manuscrits  de  X Histoire 


BEI) 


177 


BED 


du  concile  de  Trente,  de  Y  Histoire  de 
l'interdit  el  do  celle  de  l'inquisition.  En 
1629,  il  obtint  les  évêchés  réunis  de  Kil- 
more  et  d'Ardagh,  et  réforma  de  nombreux 
abus  qui  s'étaient  introduits  dans  ces  deux 
diocèses.  Il  forma  aussi  le  projet  de  rap- 
proeber  les  luthériens  des  calvinistes  ,  et 
réussit  à  réunir  à  la  religion  dominante 
plusieurs  autres  communions.  Son  nom 
était  si  vénéré  en  Irlande  ,  que  dans  les 
troubles  qui  eurent  lieu  dans  ces  contrées, 
et  où  le  peuple  se  porta  à  toutes  sortes 
d'excès  contre  les  Anglais,  sa  maison  fut 
la  seule  respectée,  el  servit  long-temps 
d'asile  à  une  foule  de  malheureux.  Invité 
à  les  éloigner  de  sa  demeure  ,  il  s'y  refusa 
en  disant  qu'il  partagerait  leur  sort.  On 
se  saisit  alors  de  sa  personne  ;  mais  il  fut 
échangé  trois  semaines  après.  Il  ne  put 
survivre  au  spectacle  des  malheurs  qu'il 
avait  sous  les  yeux  ,  et  qu'il  ne  pouvait 
plus  adoucir.  Il  mourut  le  7  février  1042. 
Les  rebelles  irlandais  lui  rendirent  de 
grands  honneurs.  La  plupart  de  ses  ma- 
nuscrits ont  été  perdus  dans  les  troubles 
d'Irlande.  On  a  publié  à  Cambridge,  en 
1626  ,  sa  traduction  latine  de  l' Histoire  de 
l'interdit  de  Venise.  Ce  prélat  est  surtout 
connu  par  un  Traité  de  l'inquisition,  en 
latin ,  traduit  de  l'italien  de  Fra-Paolo 
(  Sarpi  ) ,  et  une  Traduction  de  la  Bible 
qu'il  lit  faire  en  irlandais,  1685,  In-4°, 
pour  l'ancien  Testament ,  et  1690 ,  pour 
toute  la  Bible. 

*  BEDE1UC  (Henri),  moine  «anglais, 
de  l'ordre  de  Saint-Augustin  ,  surnommé 
aussi  de  Bury,  parce  qu'il  était  né  à  Saint- 
Edmunds-Bury,  dans  le  comté  de  Suffolk, 
vivait  vers  l'an  1580  ,  et  fut  reçu  docteur 
de  Sorbonne  dans  l'université  de  Paris. 
De  retour  en  Angleterre  ,  il  y  fil  admirer 
ses  talens  pour  la  prédication,  et  devint 
provincial-général  de  tous  les  couvens  de 
son  ordre.  Il  a  laissé  quelques  ouvrages  , 
entre  autres  des  Leçons  sur  le  Maître  des 
sentences  en  4  livres. 

'BEDFORD  (Kii.riaii),  fils  d'un  quaker 
établi  à  Londres,  naquit  dans  cette  ville 
ea  1665.  Il  entra  dans  les  ordres  ,  et  ob- 
tint, dans  le  comté  de  Lincoln  ,  une  cure 
qu'il  perdit  à  l'époque  de  la  révolution, 
pour  n'avoir  pas  voulu  se  soumettre  au 
serment.  Cité  en  171/*-  devant  la  cour  du 
banc  du  roi,  il  fut  condamné  a  une 
amende  de  mille  marcs  et  à  trois  années 
d'emprisonnement ,  comme  auteur  d'un 
livre  intitulé  :  j  le  Droit  héréditaire  à  la 
couronne  d' Angleterre ,  maintenu  et 
prouvé,  1715  ,  in-fol.  Ce  livre  n'était  ce- 


pendant pas  de  lui.  Bedford  mourut  fcn 
1724.  On  a  de  lui  |  la  traduction  d'une  Ré- 
ponse à  l'histoire  des  Oracles  de  Fonte- 
nelle ,  |  et  la  Vie  du  docteur  Barwick,  tra- 
duite du  latin  en  anglais.  —  Son  fils  ,  Tho- 
mas BEDFORD,  ecclésiastique  non-con- 
formiste ,  a  publié  :  |  Simeonis  monachi 
Dunlielmensis  libellus ,  de  exordio  atque 
procursu  Dunlielmensis  ecclesiœ ,  1752 , 
in-8°  ;  |  Catéchisme  historique,  17&2.  Il 
mourut  à  Compton,  en  1775. 

BEDFORD  ou  BETFORT  (Jean  ,  duc 
de),  5e  fils  de  Henri  VI,  commanda  en 
1422  l'armée  des  Anglais  contre  Char- 
les VIL  II  fut  nommé  régent  de  France, 
la  même  année  pour  son  pupille,  qu'il  fit 
proclamer  roi  de  France  à  Paris  et  à 
Londres.  Il  défit  la  flotte  française  près  de 
Southampton,  se  rendit  maître  de  Crotoy, 
entra  dans  Paris  avec  ses  troupes,  battit 
le  duc  d'Alençon,  et  jeta  l'épouvante  dans 
tout  le  royaume.  Il  mourut  à  Rouen ,  l'an 
1453.  On  dit  que  quelques  gentilshommes, 
de  la  suite  de  Charles  VIII ,  lui  ayant  con- 
seillé de  démolir  son  tombeau ,  ce  roi 
leur  répondit  :  Laissons  en  paix  un  mort 
qui  pendant  sa  vie  faisait  trembler  tous 
les  Français. 

BEDFÔRT  (lord  RUSSELL ,  duc  de). 
Voyez  RUSSELL. 
BEDMAR.  Voyez  CUEVA. 
*  BEDOS  DE  CELEES  (don  François), 
bénédictin  de  Saint-Maur ,  correspondant 
de  l'académie  des  sciences ,  né  à  Caux 
dans  le  diocèse  de  Béz.iers  ,  en  1706 ,  mort 
le  2o  novembre  1779 ,  a  publié  |  une  Gno- 
monique  ,  ou  Art  de  tracer  les  cadrans 
solaires ,  1760,  édition  augmentée  ,  1774, 
in-8".  C'est  le  meilleur  traité  que  nous 
ayons  sur  cette  matière.  On  a  encore  de 
lui  |  X Art  du  relieur  el  l'Art  du  facteur 
d'orgues .  qui  font  partie  de  la  collection 
des  arts  et  métiers. 

'BEDOUIN  (Samson),  était  religieux 
de  l'abbaye  de  la  Coulure ,  près  du  Mans, 
et  il  y  mourut,  en  1565  ou  environ.  Il 
composait  des  Tragédies,  Comédies , Mo- 
ralités ,  Coqs-à-l 'Ane ,  et  autres  sembla- 
bles satires,  et  il  les  faisait  représenter 
par  des  jeunes  gens  ,  dans  les  rues  et  sur 
les  places  publiques  de  la  ville  du  Mans. 
Lacroix  du  Maine  lui  attribue  des  Canti- 
ques et  des  Noé'ls  imprimés  plusieurs 
fois,  des  Chansons,  et  entre  autres,  la 
Réplique  à  celles  des  Nuciens,  ou  Nu- 
lois ,  qui  autrement  sont  ceux  de  Nuz  , 
au  bas  pays  du  Maine.  Bédouin  est  en- 
core auteur  d'un  petit  livre  intitulé  :  |  les 
Ordonnances  et  Statuts  de  M.  de  La/lac* 


BED  i 

et  du  Jeu  de  Trois  .  au  Mans,  Hier.  Oli- 
vier ;  et  ]  d'un  Catalogue  des  Paroisses  de 
la  province  du  Maine*  Ce  dernier  ouvrée, 
quoique  imprimé,  n'est  point  cité  dans  la 
Bibliothèque  historique  de  France. 

*  BÉDOYÈUE  (   MaROUERITE-HL'C.UES- 

Cjiarles-Map.ie  IIUCHET  de  la;  ,  avocat 
au  parlement  de  Paris  ,  né  à  Renues ,  en 
1709  ,  et  mort  dans  la  même  ville  en  1786, 
épousa  la  fdlc  d'un  comédien  du  théâtre 
des  Italiens,  malgré  sa  famille  qui  le  dés- 
hérita ,  et  fit  annuler  son  mariage.  Il  pu- 
blia à  ce  sujet,  en  1745,  in-12,  des  Mé- 
moires remplis  de  chaleur  et  d'intérêt, 
qui  ont  eu  une  grande  publicité.  Il  a  aussi 
travaillé  pour  le  théâtre  ,  et  a  donné  aux 
Italiens  Y  Indolente ,  comédie  en  trois  ac- 
tes et  en  vers  ,  1745.  Sa  vie  fut  une  suite 
de  longues  traverses;  il  ne  parvint  qu'à 
rentrer  dans  une  faible  portion  de  son 
héritage.  Son  fils,  à  son  exemple  ,  se  ma- 
ria sans  son  aveu,  et  il  lit  à  son  tour  cas- 
ser ce  mariage,  quoiqu'il  eût  combattu 
avec  force  ,  dans  ses  Mémoires  ,  les  abus 
de  l'autorité  paternelle. 

*  BEDOYEUE  (Chaules -Angélique- 
François  IIUCHET,  comte  de  la)  né  à 
Paris  en  1786,  de  la  famille  du  précédent, 
entra  comme  simple  soldat  au  service  mi- 
litaire ,  devint  officier  des  gendarmes 
d'ordonnance  créés  par  Napoléon,  en» 
4806 ,  et  plus  tard  aide-de-camp  du  prince 
Eugène  Beauharnais.  Il  était  colonel  d'un 
régiment  d'infanterie  au  moment  où  les 
troupes  étrangères  pénétrèrent  sur  le  ter- 
ritoire français ,  après  la  déroute  de  Mos- 
cou. Il  adhéra  comme  tous  les  chefs  de 
l'armée  au  rétablissement  des  princes  de 
la  maison  de  Bourbon,  fut  rétabli  dans  son 
grade  par  Louis  XVIII ,  après  être  resté 
quelques  mois  sans  emploi.  Il  se  trouvait 
dans  le  Dauphiné,  lorsque  Bonaparte, dé- 
barqué à  Cannes ,  pénétra  jusqu'à  Greno- 
ble sans  aucune  résistance.  Las  autorités 
refusèrent  d'ouvrir  les  portes  ;  mais  la  Bé- 
doyère,  qui  avait  excité  ses  soldats  à  la 
révolte ,  les  fit  ouvrir  de  vive  force,  et 
donna  le  premier  exemple  de  défection  , 
qui  fut  bientôt  suivi  par  tous  les  chefs 
de  l'armée,  il  avait  préparé,  dit-on,  le 
retour  de  l'usurpateur,  et  il  reçut  pour 
récompense  le  grade  de  maréchal -de- 
camp  et  le  titre  de  pair  de  France.  Il  l'ac- 
compagna à  Fleurus  et  à  Waterloo  ,  et 
après  sa  défaite  il  revint  à  Paris ,  où  il 
s'énonça  avec  beaucoup  de  véhémence 
dans  la  chambre  des  pairs  pour  faire  re- 
connaître Napoléon  H.  Après  la  capitula- 
tion de  Paris ,  le  colonel  la  Bédoyère  sui- 


78  BCF 

vit  l'armée  au-delà  de  la  Loire.  Après  le 
licenciement ,  il  avait  reçu  des  passe- 
ports pour  se  rendre  en  Amérique;  ayant 
eu  l'imprudence  de  venir  à  Paris,  pour 
faire  un  dernier  adieu  à  sa  jeune  femme 
et  à  son  enfant,  il  fut  arrêté  presque  aus- 
sitôt, traduit  devant  un  conseil  de  guerre, 
et  condamné,  comme  traître  au  roi  et  à  la 
pairie  ,  à  être  fusillé.  Il  subit  sa  peine  ,  le 
19  août  1815,  avec  courage  et  fermeté, 
après  avoir  reçu  les  consolations  de  la  re- 
ligion ,  à  l'âge  de  29  ans. 
BEEK.  Voyez  BEK. 

*  BEERBHMU  (Isaie)  ,  est  le  remue  que 
BING  (Jean-Baptiste  ).  t'oyez  ce  mot. 
Cette  différence  des  noms  vient  de  ce 
que  Bonaparte  ,  lorsqu'il  convoqua  le 
Sanhédrin,  obligea  ceux  qui  devaient  en 
faire  partie  de  changer  de  nom. 

*  BEETHOVEN  (Louis  van),  célèbre 
compositeur  allemand,  qui  passait  pour 
le  lils  naturel  de  Guillaume  H ,  roi  de 
Prusse,  né  à  Bonn  en  1772,  et  mort  en 
1827.  On  a  de  lui  une  foule  de  composi- 
tions gracieuses ,  parmi  lesquelles  les  ama- 
teurs ont  distingué  ses  quinielti.  Il  de- 
vint aveugle  dans  ses  dernières  années. 
Ses  mœurs  étaient  loin  d'être  austères , 
et  la  vanité  qui  le  possédait  lui  faisait  dire 
à  ses  amis  en  mourant,  ces  paroles  d'un 
célèbre  empereur  :  «  IKaudile,  amici,  co- 
«  mœdia  finila  est.  » 

*  BEFFBOY  DE  BEAUVOIR  (  Louis- 
e-tienne ) ,  né  à  Laon,  en  il'jk,  fut  élève 
du  génie  militaire,  passa  dans  un  régi- 
ment de  cavalerie,  et  devint,  à  22  ans, 
capilaine-aide-inajor  de  la  Compagnie  des 
cadets  gentilshommes  que  Louis  XV  en- 
voyait au  roi  de  Pologne.  11  revint  en 
France  avant  la  révolution  et  il  était,  en 
1789,  officier  des  grenadiers  royaux  de 
Champagne.  Bcffroy  fut  député  par  la  ville 
de  Laon  à  la  première  assemblée  du  bail- 
liage de  cette  ville;  il  fut  nommé  succes- 
sivement procureur  de  la  commune  , 
membre  du  directoire  du  département  de 
l'Aisne,  suppléant  à  l'assemblée  législa- 
tive, substitut  du  procureur-général  syn- 
dic, puis  envoyé  à  la  Convention  ,  où  i] 
vota  la  mort  de  Louis  XVI  avec  sursis. 
Beffroy  fut  aussi  membre  du  conseil  des 
Cinq-cents,  il  y  ht  partie  de  divers  comités 
d'agriculture  et  de  finances,  matières 
sur  lesquelles  il  avait  déjà  écrit,  et  fut 
chargé  de  plusieurs  rapports  sur  les  sub- 
sistances, et  de  diverses  missions  aux  ar- 
mées. Envoyé  à  celle  d'Italie  en  1794, 
avec  Poultier,  il  parut  changer  de  sys- 
tème, fit  rouvrir  les  églises  à  Nice  et  fer- 


BEG  il 

mer  les  clubs.  On  l'accusa  d'avoir  fail  ar- 
rêter Bonaparte;  et  avant  son  retour  à 
Paris,  il  fut  encore  dénoncé  comme  fa- 
natique, aristocrate  et  ami  du  roi  de  Sar- 
daigne.  Il  se  justifia  de  ces  inculpations, 
et  continua  de  s'occuper  d'économie  po- 
litique. Accusé,  en  1802,  par  ses  ennemis 
d'avoir  falsifié  des  pièces  de  liquidation, 
il  fut  acquitté,  et  devint  administrateur 
de  l'hôpital  militaire  de  Bruxelles.  Apres 
la  restauration,  il  habitai,  la  ville  deLaon; 
mais  il  fut  contraint  comme  régicide  de 
quitter  la  France,  et  il  se  retira  à  Liège 
où  il  exerça  la  profession  d'avocat.  Bef- 
froy  de  Beauvoir  est  mort  à  Liège  en 
1824  daus  des  sentiments  religieux.  On  a  de 
lui  |  Etrennes  à  mes  compatriotes  ,  par 
un  Laonnais,  Paris,  1789,  in-8°;  |  Avan- 
tages du  dessèchement  des  marais,  et  ma- 
nière de  profiler  des  terrains  desséchés, 
Paris ,  1793  ,  in-8°. 

*  BEFFROY-DE-REIGNY  (  Louis - 
Abei.  ),  frère  du  précédent ,  et  connu  sous 
Je  nom  de  cousin  Jacques ,  né  à  Laon  en 
1757  ,  se  fit  connaître  par  un  grand  nom- 
bre de  productions  légères  et  bizarres  qui 
obtinrent  des  succès  de  circonstance.  En 
voici  les  titres  qui  se  font  remarquer  par 
leur  singularité  :  |  Le  Testament  d'un 
électeur,  1795  ,  in-8°  ;  |  les  lunes  du  cou- 
sin Jacques,  lU.  vol.  petit  in-12;  |  Le  Cour- 
rier des  Planètes ,  ou  correspondance  du 
cousin  Jacques  avec  le  firmament ,  1788- 
92,  10  vol.  in-12;  |  La  constitution  de  la 
Lune ,  1793,  in -8°.  En  1799,  parut  son 
|  Dictionnaire  néologique  des  hommes  et 
îles  choses  *  la  cahiers  formant  3  vol.  in- 
8°,  ouvrage  qui  valut  à  l'auteur  d'être 
surveillé  de  la  police.  Il  fit  aussi  plusieurs 
vaudevilles  parmi  lesquels  on  remarque 
Nicodème  dans  la  lune ,  joué  en  1791 ,  et 
le  Club  des  bonnes  gens ,  en  2  actes  et  en 
vers,  pièce  qui  dut  sa  vogue  aux  allusions 
politiques  dont  elle  est  remplie.  Beffroy 
de  Reigny  a  encore  laissé  des  chansons.  Il 
est  mort  à  Charenton  le  19  décembre  1811. 

*  BBGA  (  Cohakille  ),  peintre  et  gra- 
veur hollandais,  ué  à  Harlem  en  1600, 
mort  de  la  peste  en  1664.  Elève  de  Yan- 
Oslade  ,  il  a  travaillé  d'après  sa  manière. 
Ses  tableaux,  qui  ne  représentent  que  des 
sujets  bas  et  des  tavernes,  sont  estimés 
des  curieux.  On  y  remarque  de  la  facilité, 
de  l'agrément  et  une  touche  moelleuse.  Il 
a  beaucoup  gravé  à  l'eau  forte  ;  ses  es- 
tampes forment  un    œuvre  considérable. 

♦  BEGARELLI  (  Axtoixe  ),  célèbre 
sculpteur,  né  à  Modène  vers  1498  ,  mort 
dans  la  même  ville  en  1565.  Il  se  lit  un 


9  BEG 

grand  nom  par  ses  ouvrages  de  sculpture 
en  terre  cuite.  On  dit  que  Michel-Ange 
en  les  voyant  pour  la  première  fois ,  s'é- 
cria :  «  Si  cette  terre  devenait  marbre  ,  je 
»  craindrais  pour  les  statues  antiques.  » 

BEGAT  (  Jeaiv  ) ,  avocat ,  conseiller  et 
ensuite  président  au  parlement  de  Dijcn, 
né  dans  cette  ville  en  1523,  y  mourut  en 
1372.  Outre  le  droit ,  dans  lequel  il  avait 
des  connaissances  étendues ,  il  était  versé 
dans  les  langues  et  la  littérature.  On  a  de 
lui  des  Remontrances  à  Charles  IX  sur 
ledit  de  1560  ,  qui  accordait  aux  proles- 
tans  le  libre  exercice  de  leur  religion  ;  et 
des  Mémoires  sur  l'Histoire  de  Bourgo- 
gne, fort  inexacts  ,  etc.  Ils  ont  été  im- 
primés au-devant  de  la  coutume  de  Bour- 
gogne ,  1665 ,  in-4#. 

BÉGER  (  Laurent  ),  naquit  en  1653, 
d'un  tanneur  d'Heidelberg,  et  fut  biblio- 
thécaire de  Frédéric-Guillaume,  électeur 
de  Brandebourg.  Il  se  fit  estimer  des  sa- 
vans  de  son  pays  par  plusieurs  ouvrages. 
Les  principaux  sont  :  |  Thésaurus  ex  The- 
sauro  Palalino  seleclus,seu  Gemmœ,  in- 
fol.  1685;  |  Spicilegium  antiquitatis ,  in- 
fol.,  1692;  |  Thésaurus  sive  Gemmas  Nu- 
mismata,  etc.  3  vol.  in-fol. ,  1696  et  1701  ; 
|  Regum  et  imperalorum  romanorum 
Numismata ,  à  Rubenio  édita ,  1700 ,  in- 
fol.  ;  |  De  nummis  Cretensium  serpenti- 
feris ,  1702,  in-fol.  ;  |  Lucernœ  sepulchra* 
les  J.  P.  Bellorii,  1702 ,  in-fol.;  |  Numis- 
mata pontificum  romanorum,  1703,  in- 
fol.  ;  |  Excidium  Trojanum,  Berlin,  1699, 
in-4°,  etc.,  etc.  Il  mourut  à  Berlin  en 
1705 ,  membre  de  l'académie  de  cette 
ville.  Béger  avait  fait  un  ouvrage  pour 
autoriser  la  polygamie,  à  la  prière  de 
Charles-Louis,  électeur  palatin,  qui  vou- 
lait épouser  sa  maîtresse  du  vivant  de 
sa  première  femme  :  mais  il  le  réfuta 
après  la  mort  de  ce  prince.  Cette  réfuta- 
tion n'a  pas  paru.  Le  livre  qui  y  avait 
donné  occasion  ,  était  intitulé  :  Considé- 
ration sur  le  mariage ,  par  Daphnœus 
Arcuarius  ,  en  allemand ,  in-4°. 

BEGOi\  (  Michel  ) ,  naquit  à  Blois  en 
1638,  d'une  famille  distinguée.  Le  mar- 
quis de  Seignelai,  son  parent ,  l'ayant  fait 
entrer  dans  la  marine,  il  remplit  successi- 
vement les  intendances  des  îles  françaises 
d'Amérique,  des  galères,  du  Havre,  du 
Canada,  et  réunit  celles  de  Bochefort  et  de 
la  Rochelle,  jusqu'en  1710,  année  de  sa 
mort.  Le  peuple  l'aimait  comme  un  inten- 
dant des  plus  désintéressés,  et  les  citoyens, 
comme  un  des  plus  zélés  et  des  plus  at- 
tentifs. Les  savans  ne  lui  donnèrent  pas 


BEG 


180 


BEI! 


moins  d'éloges.  Il  les  protégeait ,  les  ai- 
mait, s'intéressait  à  leurs  succès,  leur 
ouvrait  sa  bibliothèque.  Le  goût  avait 
présidé  au  choix  de  ses  livres.  Il  avait  un 
riche  cabinet  de  médailles,  d'antiques, 
d'estampes,  de  coquillages,  et  d'autres  cu- 
riosités ,  rassemblés  des  quatre  coins  de 
l'univers.  La  plupart  de  ses  livres  por- 
taient sur  le  frontispice,  Michaëlis  liegon 
et  amicorum.  Son  bibliothécaire  lui  ayant 
représenté  qu'en  les  communiquant  à  tout 
le  monde,  il  s'en  perdrait  plusieurs  : 
J'aime  beaucoup  mieux  ,  répondit  -  il , 
perdre  mes  livres  ,  que  de  paraître  me 
défier  d'un  honnête  homme.  Il  fit  graver 
les  portraits  de  plusieurs  personnes  célè- 
bres du  17e  siècle.  Il  rassembla  des  Mé- 
moires sur  leurs  vies;  et  c'est  sur  ces 
matériaux  que  Perrault  fit  Y  Histoire  des 
hommes  illustres  de  France. 
BÈGUE.  Voyez  LAMBERT. 

*  BÈGUE  (  le  )  célèbre  organiste  de  l'é- 
glise Saint-Merri  à  Paris ,  et  de  la  cha- 
pelle du  roi ,  mort  en  1700.  Son  jeu  fa- 
cile et  noble  attirait  une  foule  d'amateurs. 
Il  a  laissé  trois  livres  de  Pièces  d'orgue  et 
des  Vêpres  à  deux  chœurs. 

*  BÈGUE  DE  PRESLE  (  Achille-Guil- 
laume le  )  né  à  Pithiviers ,  près  Orléans 
en  179G ,  se  fit  recevoir  docteur  en  méde- 
cine à  la  faculté  de  Paris,  et  mourut  dans 
cette  ville  en  1807.  Ses  principaux  ouvra- 
ges sont  :  |  Manuel  du  naturaliste  pour 
Paris  et  ses  environs,  1766,  in-8°;  |  Mé- 
decine d'armée ,  traduit  de  l'anglais  de 
Monro,  avec  beaucoup  d'augmentations, 
1768,  2  vol.  in-8°;  |  Connaissance  des 
médicamens ,  trad.  de  l'anglais  de  Lewis, 
avec  des  additions,  1771,  2  vol.  in-8°  ; 
|  Economie  rurale  et  civile,  1789,  2  vol. 
in-8°.  Il  a  aussi  coopéré  à  la  bibliothèque 
physico- économique  de  1786  à  1792,  14 
vol.  in-12.  Sa  Notice  sur  les  derniers  ino- 
mens  de  J.  J.  Rousseau  est  en  contradic- 
tion avec  l'opinion  généralement  répan- 
due sur  la  mort  de  ce  philosophe. 

*  BEGUILLET  (Edme  ),  avocat  au  par- 
lement de  Dijon,  mort  en  1786,  s'adonna 
particulièrement  à  l'élude  de  l'économie 
domestique  et  à  l'agriculture.  Ses  ouvra- 
ges en  ce  genre  ne  sont  pas  sans  mérite. 
Les  principaux  sont  :  |  Traité  de  la  con- 
naissance générale  des  grains,  1775,  5 
vol.  in-8° ,  réimprimé  en  1780  en  2  vol. 
j  Manuel  du  meunier  et  du  charpentier  de 
moulins,  in-8°,  1775,  réimprimé  en  1785; 
|  Traité  général  des  subsistances  et  des 
grains  qui  servent  à  la  nourriture  de 
l'homme,  1782 ,  6"  vol.  in-8°.  On  y  trouve 


des  notions  satisfaisantes  sur  la  connais- 
sance, la  culture,  les  qualités,  les  usages 
des  grains,  leurs  maladies ,  leur  conserva- 
tion, leur  achat,  leur  commerce  ,  ainsi 
que  sur  la  construction  des  greniers  et 
des  moulins  ,  sur  la  mouture  par  écono- 
mie ;  |  une  Histoire  des  guerres  des  deux 
Bourgognes  sous  Louis  XIII  et  Louis 
XIV,  2  vol.  in-12.  Il  a  fourni  plusieurs 
articles  à  Y  Encyclopédie  sur  l'économie 
rurale,  et  travaillé  avec  M.  Poncclin  à 
Y  Histoire  de  Paris  et  de  ses  monumens. 
Paris,  1780,  3  vol.  in-8". 

BEflAIAI  (  Martin  ),  né  d'une  famille 
noble  deNuremberg,  s'élant  appliqué  à  la 
cosmographie  cl  à  la  navigation  ,  conçut 
la  première  idée  de  la  découverte  de  l'A- 
mérique. Il  partit  de  Flandre  vers  l'an 
1460,  et  son  voyage  répondit  à  son  attente; 
il  découvrit  l'ile  de  Fayal ,  le  Brésil ,  cl 
poussa  jusqu'au  détroit  de  Magellan.  Le 
roi  de  Portugal  Jean  II  le  créa  chevalier 
en  1485.  Ce  récit  a  été  traité  de  fable  par 
des  historiens  mal  instruits.  Les  décou- 
vertes de  Behaim  furent  négligées ,  et  le 
peu  d'usage  qu'on  en  fit  ne  prouve  pas 
plus  leur  fausseté  que  celle  des  premiers 
rapports  de  Colomb,  auxquels  bien  des 
personnes  refusèrent  d'ajouter  foi.  En 
1492,  Behaim  retourna  dans  sa  patrie  ,  et 
y  construisit  un  globe  de  20  pouces  de 
diamètre,  sur  lequel  il  dessina  ses  nou- 
velles découvertes  :  on  le  conserve  à  Nu- 
remberg ,  de  même  que  plusieurs  de  ses 
manuscrits.  Doppelmayer  a  réduit  ce 
globe  en  une  mappemonde,  qui  se  trouve 
à  la  fin  de  sa  Relation  historique  des 
mathématiciens  et  des  artistes  de  Nurem- 
berg. Le  célèbre  Riccioli  assure  que  Chris- 
tophe Colomb  fit  usage  des  caries  ma- 
rines de  Martin  Behaim;  Doppelmayer 
ajoute  qu'elles  ont  servi  à  Magellan  pour 
la  découverte  du  détroit  qui  porte  son 
nom.  Enfin  ,  plusieurs  auteurs  assurent 
qu'il  est  le  premier  qui  ait  fait  usage  de 
la  boussole  dans  la  navigation.  Il  mourut 
à  Lisbonne  le  29  juillet  1506.  On  peut 
consulter  Riccioli,  Geogr.  reform.,  lib.  5; 
Freher,  Rerum  germanicarum  scripto- 
res  ;  Cellarius ,  Notitia  orbis ,  page  215  , 
etc.  Il  est  certain  que  ce  fait  est  mieux 
appuyé  que  tout  ce  que  raconte  M.  Mal- 
let  du  Pan,  dans  une  Dissertation  insé- 
rée en  1785,  dans  le  Mercure  de  France 
(voyez  le  Journal  historique  et  littéraire,, 
1er  mai  1788 ,  pag.  20  ).  —  Le  Père  de  Be- 
haim s'appelait  également  Martin  ,  était 
sénateur  de  Nuremberg  ,  et  mourut  en 
1474.  Sa  mère  était  Agnès  Schopper. 


BEI 


181 


BEI 


BEHN  (Arii.vnA  ou  A.strea  ),  dame  an- 
glaise, naquit  à  Canlorbéry  sous  Charles  Ier. 
Son  père  Johnson ,  nommé  lieutenant- 
général  dans  les  Indes,  mena  avec  lui  sa 
famille,  et  mourut  dans  le  trajet.  Sa  fille, 
de  retour  à  Londres,  après  un  séjour  de 
quelque  temps  en  Amérique ,  épousa  M. 
Behn,  riche  marchand,  originaire  de  Hol- 
lande. Charles  II,  qui  connaissait  l'esprit 
et  le  mérite  de  madame  Behn,  lui  confia 
une  négociation,  au  sujet  de  la  guerre 
qu'il  voulait  faire  aux  Hollandais.  Elle  s'en 
acquitta  à  la  satisfaction  du  roi.  La  jalou- 
sie qu'excitait  son  crédit  auprès  de  ce 
monarque ,  l'obligea  de  préférer  les  dou- 
ceurs de  la  vie  privée,  au  tumulte  et  aux 
écueils  de  la  cour.  Elle  mourut  en  1689, 
et  fut  enterrée  dans  le  cloître  de  West- 
minster, parmi  les  tombeaux  des  rois.  Le 
temps  qu'elle  n'employa  pas  aux  plaisirs 
de  la  société,  fut  consacré  à  la  composi- 
tion de  plusieurs  ouvrages  écrits  quel- 
quefois avec  plus  de  liberté  qu'il  ne  con- 
vient à  son  sexe.  On  a  d'elle  4  vol.  in-8° 
de  pièces  de  théâtre,  des  Nouvelles  his- 
toriques 3  des  Poésies  diverses,  une  traduc- 
tion de  la  Pluralité  des  mondes.  Son  ou- 
vrage le  plus  connu  est  son  Oronokoj 
qu'elle  lut  à  Charles  II ,  et  qui  a  été  tra- 
duit en  français,  par  M.  de  la  Place,  in-12, 
1756.  Ce  roman  historique  a  fourni  le  su- 
jet d'une  tragédie  à  un  poète  anglais; 
Oronoko,  le  héros  de  celle  production, 
était  fils  d'un  roi  africain,  vendu  aux  An- 
glais de  Surinam.  Ce  prince  nègre,  de- 
venu captif,  et  ne  pouvantsupporter  cette 
humiliation,  lit  révolter  ses  compagnons 
d'esclavage ,  et  fut  mis  à  mort.  Madame 
Behn,  témoin  de  ses  infortunes ,  les  écri- 
vit, dès  qu'elle  fut  de  retour  en  Angle- 
terre. 

*  BEÏÏR  (  Geokges-Hexri  ) ,  médecin 
distingué,  né  à  Strasbourg  le  16  octobre 
i708,  mort  en  la  même  ville  le  9  mai 
1761.  On  a  delui  :  |  Physiologia  medica, 
Strasbourg,  1736,  in-i°;  |  Lexicon  physi- 
co-chymico-medicum  reale  1 1738,  in-4°; 
|  Fundamenta  medicina  anatomico-phy- 
siologica,  in-&°;  |  Medicina  consultatoria, 
Augsbourg,  1731  ,  in-4°;  |  un  grand  nom- 
bre de  Dissertations  en  latin  ,  imprimées 
à  Strasbourg,  dans  le  format  in-4°,  et  plu- 
sieurs autres  ouvrages  tant  de  médecine, 
qu  •  d  histoire  et  de  politique ,  écrits  en 
allemand  ,  dont  on  trouve  la  liste  dans  la 
Biographie  médicale.  Il  a  aussi  donné 
beaucoup  d'observations  dans  les  Actes 
de  l'académie  des  curieux  de  la  nature, 
dont  il  était  membre. 


*  BEICII  (  Joaciïiji-François  ),  peintre 
et  graveur,  né  en  Souabe  en  1665,  mort  à 
Munich  en  1748.  Il  a  peint  toutes  les  ba- 
tailles de  l'électeur  Maximilien- Emma- 
nuel, en  Hongrie  ,  avec  la  situation  des 
lieux.  Son  coloris  est  un  peu  rembruni,, 
mais  ses  paysages  sont  pittoresques  et  at- 
taohans.  Il  a  aussi  gravé  le  paysage  à 
l'eau  forte,  dans  le  genre  deSalvalor  Rosa. 

BEIER ,  plus  connu  sous  le  nom  de 
Harlmannus  Beyerus  .,  né  à  Francfort- 
sur-le-Mein  en  1506 ,  étudia  à  Wirtem- 
berg,  où  il  fut  élevé  dans  les  sentimens 
de  Luther  qu'il  connut  particulièrement. 
On  le  choisit  pour  être  ministre  dans  son 
pays,  où  il  mourut  le  11  août  1577.  C'était 
un  homme  simple,  mais  qui  ne  manquait 
pas  d'érudition.  Il  laissa,  entre  autres  ou- 
vrages, des  Commentaires  sur  la  Bible, 
et  Qaœstiones  Sphœtïcœ. 

*  BEIRACTAR  (  Mustapha  ) ,  grand 
visirenl809,  voulut  faire  participer  la 
nation  turque  aux  bienfaits  de  la  civilisa- 
tion européenne,  et  périt  victime  de  sa 
généreuse  entreprise.  Jugeant  qu'il  de- 
vait commencer  par  établir  un  nouveau 
système  militaire,  il  appela  à  son  aide  les 
sciences  exactes,  et  chargea  d'habiles  offi- 
ciers français  et  allemands  d'enseigner  les 
manœuvres  à  un  corps  de  jeunes  soldats 
musulmans.  Une  école  d'artillerie  fut  fon- 
dée, et  les  mathématiques  devinrent  un 
objet  d'éludé  chez  les  sectateurs  du  Coran. 
Le  peuple  s'irrita  de  ces  innovations  qu'il 
regardait  comme  un  crime;  des  murmures 
s'élevèrent,  et  Mustapha,  doué  de  la  plus 
grande  énergie,  fit  punir  les  mécon- 
tens.  Ses  rigueurs  achevèrent  d'exaspérer 
les  esprits,  Les  janissaires  indignés  d'o- 
béir à  des  infidèles  se  soulevèrent,  et, 
secondés  par  la  populace,  attaquèrent  le 
sérail.  Les  troupes  nouvelles,  les  bostangis, 
et  les  autres  corps  chargés  de  la  défense  du 
palais  soutinrent  l'attaque  avec  vigueur, 
et  ils  auraient  triomphé,  si  une  flotte, 
qui  se  trouvait  dans  le  canal,  n'eût  pris 
parli  pour  les  insurgés ,  et  n'eût  foudroyé 
le  sérail.  Alors  le  grand-visir  pour  éviter 
de  tomber  vivant  entre  les  mains  de  ses 
ennemis,  se  fil  sauter  avec  la  partie  du 
palais  qu'il  habitait.  Constantinople  fut 
livrée  pendant  trois  jours  au  pillage  et  à 
l'incendie ,  qui  ne  s'arrêtèrent  que  lors- 
qu'on supposa  que  tous  les  partisans  du 
nouveau  système  avaient  été  massacrés 
ou  avaient  pris  la  fuite. 

*  BEISSOIV  (Etienxe),  graveur,  ne  à 
Aix  en  Provence  en  1759,  mort  à  Paris, 
le  28  février  1820.  Il  est  particulièrement 


BEK 


*82 


BEL 


connu  par  sa  gravure  des  jeunes  Athé- 
niens tirant  au  sort,  d'après  Pcyron,  et 
par  sa  Vierge  au  donataire  et  sa  Sainte 
Cène  d'après  Raphaël.  Cef'o  dernière  gra- 
vure figure  au  cabinet  des  estampes  de  la 
Bibliothèque  du  roi. 

BEK,  ou  plutôt  BEEK  (David),  deDelft, 
peintre  du  roi  d'Angleterre,  disciple  du 
chevalier  Anloine  Van-Dyck ,  égala  son 
maître.  Plusieurs  souverains  l'appelèrent 
pour  faire  leurs  portraits.  Il  peignait  avec 
tant  de  célérité  que  Charles  Ier  lui  dit  un 
jour  :  Je  crois  que  vous  peindriez  un  che- 
val qui  courrait  la  poste.  Ce  prince  lui 
avait  accordé  ses  bonnes  grâces.  11  mourut 
à  La  Haye  en  1656 ,  à  l'âge  de  53  ans. 

BEK.V  (Jean),  chanoine  de  l'église 
d'Utrecht ,  mort  l'an  1546  ,  est  auteur 
d'une  Cb ionique  de  cette  église  ,  depuis 
saint  Willibrod,  son  premier  évèque , 
jusqu'à  l'an  1545,  continuée  par  Suffridus 
Pétri ,  jusqu'à  l'an  1574  ,  publiée  par  Ber- 
nard Funner,  Utrecht,  1612,  in-4°;  Franc- 
fort ,  1620,  in- fol.;  et  ensuite  par  Arnold 
Buchelius  ,  Utrecht ,  1643  ,  in-fol. 

BEKKER  (Balthasar)  ,  né  à  Warthui- 
scn ,  dans,  la  province  de  Groningue ,  en 
1C34,  fut  ministre  dans  différentes  églises, 
et  mourut  à  Amsterdam  en  1698.  Son 
Monde  enchanté,  traduit  du  flamand  en 
français,  4  vol.  in-12, 1694,  le  fil  dépouiller 
de  la  place  de  ministre  dans  cette  ville. 
Ce  livre ,  diffus  et  ennuyeux,  est  fait  pour 
prouver  qu'il  n'y  a  jamais  eu  ni  possédé , 
ni  sorcier,  et  que  les  diables  ne  se  mêlent 
pas  des  affaires  des  hommes ,  et  ne  peu- 
vent rien  sur  leurs  personnes.  Benjamin 
Binet  réfuta  solidement  cet  ouvrage  dans 
son  Traité  des  dieux  du  paganisme,  in-12, 
que  l'on  joint  souvent  à  l'ouvrage  de 
Bekker.  On  a  encore  de  lui  :  |  des  Re- 
cherches sur  les  Comètes  ,'m-8°  ;  \  la  sainte 
Théologie;  |  une  Explication  de  la  pro- 
phétie de  Daniel,  etc. 

*  BEKKER  (Elisabeth  WOLF,  née), 
née  à  Flessingue  le  25  juillet  1755 ,  se  livra 
de  bonne  heure  à  la  poésie.  Devenue 
veuve  en  1776,  elle  alla  demeurer  avec 
madame  Agathe  Deken ,  femme  également 
distinguée  par  les  qualités  du  cœur  et  de 
l'esprit.  Elisabeth  publia,  en  1769,  |  JVal- 
cherin,  poème  en  4  chants;  en  1775,  |  Ja- 
cobs  klagt  by  het  lyk  van  Jlachel  (plainte 
de  Jacob  sur  le  tombeau  de  Rachcl  ) ,  et 
j  Brie f  van  Jacoba  van  Beyeren,  an  Fans 
van  Borselen  (héroïde  de  Jacqueline  de 
Bavière,  à  Françoise  van  Borselen).  Elle 
fil  paraître ,  avec  son  amie ,  plusieurs  ou 
vrages  qui  assurent  la  réputation  de  toutes 


deux  :  |  un  Recueil  de  chansons  popiè> 
laires,  1781,  5  vol.  in-8°;  |  Histoire  de  van 
IVillelm  Levend  (histoire  de  Guillaume 
Le  vend) ,  1785  ,  8  vol.  in-8°;  |  Brieven  van 
Abraham  Blankaarla ,  an  Cornelia  ïVi- 
loschut  (lettres  d'Abraham  Blankaart,  à 
Cornélie  Wiloschut ) ,  1789,  3  vol.  in-8°; 
|  Histoire  de  Sara  Burgerhat,  1790 ,  2  vol. 
in-8°;  |  le  Voyage  en  Bourgogne  Ma- 
dame Bekker  et  Agathe  Deken  traduisi- 
rent aussi  quelques  romans  anglais,  par 
exemple ,  le  don  Quichotte  ecclésiastique 
de  Smoltet,  1778,  3  vol.  in-8°;  Henri* 
1800 ,  4  vol.  in-8°.  Madame  Bekker  mou- 
rut le  5  novembre  1804,  ne  devançant 
que  de  neuf  jours  son  amie.  La  société  des 
arts  et  des  sciences  d'Amsterdam  fit  célé- 
brer leur  mémoire  par  une  fête  funéraire  : 
leur  éloge  y  fut  prononcé  par  le  profes- 
seur Koninenburg ,  et  l'avocat  Van  Hall  y 
lut  une  pièce  de  vers  en  leur  honneur. 

BEL  (  Je  an-  Jacques  ) ,  conseiller  au  par- 
lement de  Bordeaux,  sa  patrie,  et  mem- 
bre de  l'académie  de  cette  ville  ,  y  naquit 
en  1693,  et  mourut  à  Paris  en  1738,  d'un 
excès  de  travail ,  à  l'âge  de  45  ans.  Il  avait 
une  très  belle  bibliotlièque ,  qu'il  voulait 
rendre  publique  avec  des  fonds  pour  l'en- 
tretien de  deux  bibliothécaires.  On  a  de 
lui  le  Dictionnaire  néologique ,  considé- 
rablement augmenté  depuis  par  l'abbé 
des  Fontaines.  On  y  reprend ,  avec  raison, 
beaucoup  d'expressions  nouvelles,  des 
phrases  alambiquées ,  des  tours  précieux  : 
mais  on  a  tort ,  en  condamnant  les  termes 
inusités,  d'en  proscrire  d'autres,  accrédi- 
tés par  l'usage ,  ou  dont  l'indigence  de  la 
langue  française  autorise  l'admission.  Une 
telle  délicatesse  est  bien  réfutée  par  la 
raisonnable  et  commode  règle  d'Horace  : 

Ego,  cur  aequirere  pauea 
Si  possum,  invidror  ?  cum  Jingua  Catonis  et  Enni 
Sermonera  patrium  ditaverit  ,  et  nova  rcrum 
Nomina  protuleril  ?  Licuit ,  lemperque  licebit 
Signatum  présente  nota  procudere  nomen. 

On  a  encore  de  Bel  des  Lettres  critiques 
sur  la  Mariamne  de  Voltaire.  Son  Apo- 
logie de  Houdart  de  la  Motte ,  en  quatre 
lettres ,  est  une  satire  sous  le  masque  de 
l'ironie. 

BEL  (Le) ,  ministre  de  l'ordre  de  la  Tri. 
nité ,  du  couvent  de  Fontainebleau ,  pu- 
blia une  Relation  du  meurtre  de  Monal~ 
deschi,  poignardé  par  ordre  de  Christine, 
reine  de  Suède,  princesse  qui  se  disait 
philosophe.  Cet  écrit ,  imprimé  avec  plu- 
sieurs autres  pièces  curieuses,  parut  à 
Cologne  en  1664 ,  in-12.  Le  Bel  assista  ce 
malheureux  dans  ses  derniers  momena- 


IÎEL 


183 


BEL 


BELAIR.   Voyez  SAINT-HYACINTHE 
(Thkmiseuil). 

•  BELDERBUSCII  (  Ciiarles-Léopold  , 

comte  de),  né  en  1749,  dans  le  duché  de 
Limbourg ,  était  président  de  régence  de 
l'électoral  de  Cologne.  Il  fut  envoyé  comme 
chargé  d'affaires  à  la  cour  de  France,  et 
il  y  passa  plusieurs  années  comme  simple 
particulier;  ayant  quitté  Paris  au  com- 
mencement de  la  révolution ,  il  fut  porté 
sur  la  liste  des  émigrés ,  et  dépouillé  d'une 
grande  partie  de  sa  fortune.  Après  la  réu- 
nion de  la  Belgique  à  la  France ,  il  fil  par- 
tie de  la  députalion  des  nouveaux  dépar- 
tement ,  et  peu  d'années  après ,  il  fut  nom- 
mé préfet  du  département  de  l'Oise.  Il  se 
distingua  dans  cet  emploi  par  des  lumières 
très  étendues .  et  se  fit  chérir  de  ses  admi- 
nistrés. Belderhusch  zélateur  de  l'édu- 
cation religieuse  ,  il  favorisa  l'établisse- 
ment des  jésuites,  sous  le  nom  de  Pères 
de  la  Foi.  Le  5  février  1810,  il  fut  admis 
au  sénat  conservateur.  En  1814,  il  vota  la 
déchéance  de  Bonaparte,  et  plus  tard  il 
obtint  du  gouvernement  royal  des  lettres 
de  grande  naturalisation.  Rentré  dans  ses 
biens  ,  il  fit  un  noble  usage  de  sa  fortune, 
et  mourut  le  22  janvier  1826.  Il  a  publié 
quelques  écrits  politiques,  |  Sur  le  s  affaire  s 
du  temps ,  Cologne ,  1793 ,  in-8°  ;  |  Modifi- 
cation du  statu  quo*  1795  ;  |  Lettres  sur  la 
paix*  1707  ;  j  la  Paix  du  contincii  comme 
acheminement  à  la  paix  générale*  1797  ; 
|  le  Cri  public*  brochure  sans  date  ni  nom 
d'imprimeur,  publiée  quelques  jours  avant 
la  dernière  entrée  des  alliés  à  Paris. 
BELLLLI.  Voyez  BELLELLI. 
BÉLÉSIS,  chaldéen,  le  même,  selon 
quelques  auteurs ,  que  Nabonassar  et  Ba- 
Iadan,  fut  le  principal  instrument  de  l'é- 
lévation d'Arbaces ,  roi  des  Mèdes ,  qui  lui 
donna  le  gouvernement  de  Babylone,  l'an 
770  avant  Jésus-Christ.  Cet  homme  adroit, 
après  que  Sardanapale,  roi  d'Assyrie,  se 
fut  brûlé  dans  son  palais  avec  son  or  et 
son  argent ,  obtint  la  permission  d'en  em- 
porter les  cendres  ,  el  enleva  par  ce  moyen 
les  trésors  de  ce  malheureux  prince.  Mais 
tous  ces  détails  appartiennent  peut-être 
avec  plus  de  droit  à  la  fable  qu'à  l'histoire. 

*  BELESTAT-DE-GARDOUCH  (  le  mar- 
quis de),  d'une  ancienne  famille  du  Lan- 
guedoc, naquit  à  Toulouse,  en  1725,  et 
suivit  avec  distinction  la  carrière  des  ar- 
mes que  la  faiblesse  de  sa  vue  le  contrai- 
gnit d'abandonner  vers  l'âge  de  50  ans.  Il 
s'occupa  alors  de  littérature  et  composa 
un  Eloge  de  Clémence  Isaure.  Lié  avec 
plusieurs  écrivains  célèbres  et  principale- 


ment avec  Voltaire,  il  se  brouilla  avec  ce 
dernier,  en  publiant  sous  ses  propres  ini- 
tiales Y  Examen  critique  de  l'histoire  de 
Henri IV*  par  la  Beaumelle ,  qui  renferme 
une  vive  critique  de  l'auteur  de  la  Hen- 
riade.  L'ouvrage  fut  saisi  par  ordre  du 
gouvernement.  Mais  Voltaire  le  fit  réim- 
primer avec  des  notes  dans  Y  Evangile  du 
jour.  Belestat  était  membre  de  l'académie 
des  jeux  floraux,  et  mourut  aveugle  en 
1807. 

*  BELGRADO  (Jacques),  savant  jé- 
suite italien,  né  à  Udine  en  1704,  devint 
confesseur  du  duc  et  de  la  duchesse  de 
Parme ,  fut  nommé  mathématicien  de  cette 
cour,  et  contribua  à  la  fondation  de  la  co- 
lonie arcadienne  de  Parme.  II  était  de  la 
plupart  des  académies  d'Italie,  et  fut  reçu, 
en  I7G2,  associé  correspondant  de  l'aca- 
démie des  sciences  de  Paris.  La  destruc- 
tion de  son  ordre  lui  ayant  fait  perdre  ses 
emplois  à  la  cour,  il  se  retira  dans  le  sein 
de  sa  famille,  où  il  s'adonna  entièrement 
aux  sciences.  On  a  de  lui  un  grand  nom- 
bre d'ouvrages  et  d'opuscules  scientifiques, 
en  latin  et  en  italien  dent  les  principaux 
sont  :  |  De  phialis  vilreis  ex  minimi  silicis 
casu  dissilienlibus  acroasis*  etc.,  Padoue, 
1745,  in-4°;  |  De  alliludine  atmosphœrœ 
œstimanda  crilica  disquisitio *  Parme, 
1745,  in-4°;  |  Fenomeni  eleclrici*  con  i  co~ 
Tollari  det  !or  d/'d^m,  <^ic. ,  ibid. .  1749. 
in-4°;  |  plusieurs  dissertations  swvY Exis- 
tence de  Dieu*  |  les  Vapeurs  de  la  mer* 
|  les  Talens  et  leur  usage*  |  un  Monument 
de  Ravenne*  etc.  A  Page  de  81  ans,  il  fit 
paraître  une  dissertation  remplie  d'érudi- 
tion et  de  vues  nouvelles  sur  l'architec- 
ture égyptienne.  Il  mourut  le  7  avril  1789. 

BEL1IOJIME  (don  Humbekt ) ,  bénédic- 
tin de  la  congrégation  de  Saint- Vannes  cf 
de  Saint-Hidulphe,  professeur  de  philoso- 
phie et  de  théologie,  ensuite  abbé  de 
Moyen-Moûtier,  naquit  à  Bar-le-Duc  en 
1055 ,  et  mourut  en  1727.  Il  fit  rebâtir  son 
abbaye ,  l'orna  d'une  bibliothèque  choisie 
avec  goût,  et  en  écrivit  Y  Histoire  en  la- 
tin, un  vol.  in-4°. 

BÉLIDOR  (  Beimjaud  FOBEST  DE), 
des  académies  des  sciences  de  Paris  et  de 
Berlin ,  se  fil  connaître  de  bonne  heure 
par  son  talent  pour  les  mathématiques. 
Nommé  professeur  royal  aux  écoles  d'ar- 
tillerie de  LaFère,  il  forma  des  élèves 
dignes  de  lui.  Son  zèle  lui  valut  la  place 
de  commissaire  provincial  d'artillerie  ; 
mais  trop  d'empressement  pour  s'avancer 
lui  enleva  à  la  fois  ces  deux  postes.  Il  fit 
quelques  expériences  sur  la  charge  des 


BEL 


JSA 


«EL 


canons,  et  découvrit,  ou  crut  avoir  dé- 
couvert qu'au  lieu  de  douze  livres  de  pou- 
dre qu'on  employait  ordinairement  pour 
chaque  coup ,  on  pouvait  n'en  mettre  que 
huit,  sans  diminuer  l'effet.  Comme  le  roi 
gagnait  à  cette  diminution,  Bélidor  vou- 
lut faire  sa  cour  au  cardinal  de  Flcury 
qui  était  premier  ministre ,  en  lui  com- 
muniquant secrètement  sa  découverte. 
Le  cardinal  accueillait  favorablement  tous 
les  projets  d'économie  ;  il  reçut  donc  bien 
celui  de  Bélidor;  il  en  parla  même  au 
prince  de  Dombes,  grand-maitre  d'artil- 
lerie. Ce  prince  fut  surpris  d'apprendre 
qu'un  mathématicien  qui  travaillait  sous 
ses  ordres,  et  qu'il  comblait  journelle- 
ment de  ses  bienfaits,  ne  se  fût  point 
adressé  à  lui  dans  cette  occasion.  Il  lui  fit 
connaître  dans  l'instant  son  mécontente- 
ment, en  le  dépouillant  de  ses  places,  et 
l'obligea  de  quitter  La  Fère.  M.  de  Val- 
lière,  lieutenant-général  d'artillerie,  jus- 
tifia la  conduite  du  prince  de  Dombes, 
par  un  mémoire  qui  fut  imprimé  à  l'im- 
primerie royale ,  dans  lequel  il  attaqua 
le  procédé  et  les  expériences  de  Bélidor. 
Ce  professeur,  né  sans  fortune ,  se  trouva 
ainsi  dépourvu  de  tout.  Le  prince  de 
Conli,  qui  connaissait  son  mérite,  l'em- 
mena avec  lui  en  Italie,  et  ce  voyage  lui 
-valut  la  croix  de  Saint-Louis.  Cette  faveur 
iui  procura  quelque  considération  à  la 
cour.  Le  maréchal  de  Belle-Isle  se  l'atta- 
cha, et  lorsqu'il  fut  ministre  de  la  guerre, 
il  le  nomma  inspecteur  de  l'artillerie  et 
lui  donna  un  beau  logement  à  l'arsenal  de 
Paris ,  où  il  mourut  en  1761 ,  âgé  de  près 
de  70  ans.  C'était  un  homme  extrême- 
ment laborieux ,  et  qui  a  beaucoup  écrit. 
On  lui  doit  :  |  Sommaire  d'un  cours  d'ar- 
chileclure  militaire*  civile  et  hydrau- 
lique *  1720,  in-12  ;  |  Nouveau  cours  de 
mathématiques,  à  l'usage  de  l'artillerie , 
4757.,  in-8°;  |  la  Science  des  ingénieurs , 
47/i9,  in-  4°;  \  le  Bombardier  français , 
175/<.,  in-4°;  |  y/rchiteclure  hydraulique, 
4737,  4  vol.  in-4°;  |  Dictionnaire  portatif 
de  l'ingénieur,  1708,  in-8°;  |  Traité  des 
fortifications ,  2  vol.  in-4°.  La  plupart  de 
ces  ouvrages  remplissent  leur  objet,  quoi- 
que l'auteur  ne  fût  pas  un  mathématicien 
du  premier  ordre.  Son  style  est  clair, 
mais  diffus. 

BELIN  (  François  ) ,  né  à  Marseille  ,  en 
1672,  vint  de  bonne  heure  à  Paris,  et 
devint  bibliothécaire  de  la  duchesse  de 
Bouillon.  Il  a  composé  plusieurs  tragédies, 
dont  une  seule  mérite  d'être  citée ,  Mus- 
tapha  et  Zéangir,  tragédie  en  5  actes   re-  j 


présentée  et  imprimée  en  1705.  e  Cette 
»  pièce,  dit  La  Harpe,  est  faiblement 
»  écrite  ;  mais  on  y  trouve  des  traits  de 
»  ce  naturel  heureux  qu'alors  on  étudiait 
i>  dans  Bacine.  »  Champfort  a  depuis 
traité  le  même  sujet.  Belin  mourut  vers 
l'an  1732. 

*  BELIÎV  (don  Albert),  religieux  béné- 
dictin, né  à  Besançon,  vers  1010,  d'une 
famille  distinguée  dans  la  robe.  Il  visita 
successivement  les  principales  maisons 
de  son  ordre ,  et  s'étant  fait  remarquer 
par  son  talent  pour  la  prédication,  ses 
supérieurs  l'envoyèrent  à  Paris.  Sa  répu- 
tation lui  donnant  quelque  influence  sur 
l'esprit  dé  ses  frères,  il  s'en  servit  pour 
faire  élire  prieur  delà  Charité ,  un  des 
fils  deColbert.Ce  ministre  par  reconnais- 
sance le  fit  nommer  à  l'évêché  de  Belley, 
qui  vint  à  vaquer  en  1666.  Il  mourut  dans 
son  diocèse  en  1677.  On  lui  doit  plusieurs 
ouvrages:  |  les  Emblèmes  eucharistiques, 
Paris,  1647,  in-8°;  |  les  Solides  pensées 
de  l'âme ,  Paris ,  1648 ,  in-12  ;  |  les  Aven- 
tures du  Philosophe  inconnu  en  la  re- 
cherche et  invention  de  la  pierre  philoso- 
phai,  Paris,  1664  et  1674,  in-12,  ouvrage 
curieux  ,  dirigé  contre  les  alchimistes  ; 
|  Preuves  convainquantes  des  vérités  du 
christianisme,  Paris,  1666,  in-4°.  L'auteur 
s'attache  à  prouver  que  les  principes  de 
ia  foi  s'accordent  parfaitement  avec  les 
lumières  de  la  raison  ;  |  Traité  des  talis- 
mans ou  figures  astrales,  Paris,  1671, 
in-12. 

*BELL\  DE  BALLU  (  Jacques  -Nico- 
las ) ,  littérateur  et  helléniste  distingué  , 
né  à  Paris,  le  28  février  1753.  Il  était 
membre  associéde  l'académie  des  Inscrip- 
tions et  belles -lettres,  et  après  avoir 
professé  quelque  temps  la  langue  grecque, 
il  fut  placé  à  la  tête  du  prytanée  de  Saint- 
Cyr  :  mais  autant  il  avait  montré  d'apti- 
tude pour  l'enseignement ,  autant  il  mon- 
tra d'incapacité  pour  l'administration  ;  ce 
qui  l'obligea  de  se  démettre  de  son  em- 
ploi. Alors  il  passa  en  Bussie ,  où  il  obtint 
une  place  honorable  dans  l'instruction 
publique,  et  mourut  à  Moscou  en  1815. 
On  lui  doit  :  |  une  Traduction  d'JIécube. 
tragédie  d'Euripide,  avec  des  remarques 
curieuses ,  1778 ,  in-8°  ;  |  une  Traduction 
des  OEuvres  complètes  de  Lucien,  avec 
des  notes  historiques  et  littéraires*  et  des 
remarques  critiques  sur  le  texte  de  cet 
auteur,  1788,  6  vol.  in-8°et  in-4°;  |  Les  ca- 
ractères de  Théophraste  et  de  Labrutjère , 
avec  des  notes  sur  la'traduclion  de  deux 
nouveaux  caractères  de    Théophraste* 


BEL  18 

trouvés  dans  la  bibliothèque  du  Vatican, 
et  publiés  pour  la  première  fois  à  l'ai  nie, 
en  178G,  Paris,  1790,  5  vol.  in-8°;  |  Op- 
piani  poemala  de  venaiione  et  piscaiione, 
en  grec  et  en  latin  ,  avec  une  traduction 
française  du  Poème  de  la  chasse ,  Stras- 
bourg ,  1787,  in-8°,  1er  vol.  |  Hermès  helle- 
vicus  J  grammaire  grecque  et  française , 
avec  des  tableaux  synoptiques,,  in -8°; 
|  Histoire  véritable  de  LuciusJ  traduite  du 
grec,  formant  le  12e  volume  de  la  biblio- 
thèque des  romans  grecs  ;  |  une  Traduc- 
tion du  tableau  de  Cébès ,  imprimée  à  la 
suite  du  Manuel  d'Epictète,  par  Dacier, 
1790;  |  Histoire  de  la  dame  invisible J 
ou  mémoire  pour  servir  à  l'histoire  du 
cœur  humain,  Paris,  1803,  2  vol.  in-12; 
|  Histoire  critique  de  l'éloquence  chez 
les  Grecs,  Paris,  1813,  2  vol.  in-8°.  Il  a 
donné  encore  :  |  Mémoires  et  voyages  d'un 
émigré ,  publiés  par  J.  N.  Belin  de  Ballu , 
5  vol.  in-12 ,  Paris ,  an  9  ,  et  a  laissé  |  un 
Dictionnaire  grec-  français. 

BÉLISAIRE,  général  des  armées  de 
l'empereur  Justinien  ,  termina  heureuse- 
ment la  guerre  contre  Cabades,  roi  des 
Perses ,  par  un  traité  de  paix  conclu  en 
531.  L'année  d'après  il  conduit  l'armée 
navale  destinée  à  conquérir  l'Afrique, 
emporte  Carthage ,  marche  contre  Gili- 
mer,  usurpateur  du  trône  des  Vandales, 
prend  possession  de  son  royaume  de  Car- 
thage, et  se  fait  servir  par  les  officiers  de 
ce  prince.  Les  Maures  le  reconnurent  ;  et 
peu  de  temps  après,  il  délit  le  reste  des 
Vandales,  prit  Gilimer,  et  l'emmena  à 
Conslanlinople.  Ce  malheureux  prince  fut 
un  des  ornemens  de  son  triomphe.  C'est 
en  lui  que  finit  la  monarchie  des  Van- 
dales ariens.  Bélisaire  ayant  détruit  ce 
royaume  en  Afrique,  fut  envoyé  par 
Justinien  pour  détruire  celui  des  Goths 
en  Italie.  Arrivé  sur  les  côtes  de  Sicile 
avec  sa  flotte ,  il  s'empara  de  Catane ,  de 
Syracuse,  de  Païenne  et  de  plusieurs 
autres  villes,  par  force  ou  par  composi- 
tion. Il  courut  ensuite  à  Naples,  et  prit 
cette  ville;  de  là  il  marcha  vers  Rome  et 
en  envoya  les  clés  à  l'empereur.  Théo- 
dat.  roi  des  Gollis,  ayant  été  assassiné, 
Vitigès  son  successeur  ,  vint  assiéger 
Rome.  Bélisaire  le  vainquit,  l'obligea  de 
se  renfermer  dans  Ravenne,  le  prit  et  le 
mena  à  Conslanlinople,  après  avoir  re- 
fusé la  couronne  que  les  vaincus  offraient 
à  leur  vainqueur.  Tout  le  peuple  de  Con- 
stantinople  avait  son  nom  dans  la  bouche, 
et  ses  grandes  actions  dans  la  mémoire. 
On  le  regardait  comme  le  libérateur  de 


o  «EL 

l'empire.  Il  fut  bientôt  obligé  de  quitter 
cette  capitale,  pour  aller  combattre  Chos- 
roès  I,  roi  de  l'erse.  Après  l'avoir  mis  en 
fuite ,  il  retourna  en  Italie  contre  Totila, 
élu  roi  des  Goths,  l'empêcha  de  détruire 
entièrement  Rome,  rentra  dans  la  ville 
et  la  répara.  Il  reprit  encore  les  armes 
dans  sa  vieillesse  contre  les  Huns ,  qui 
avaient  fait  une  irruption  dans  l'empire 
en  558.  Il  les  chassa  et  les  fit  rentrer  dans 
leur  pays.  Les  grands  ,  jaloux  de  sa  gloire, 
l'accusèrent  en  561  auprès  de  Justinien, 
d'avoir  voulu  s'emparer  du  trône.  L'em- 
pereur ,  ombrageux  comme  tous  les  vieil- 
lards ,  lui  ôta  la  dignité  de  patrice ,  lui 
retrancha  ses  gardes,  et  l'accabla  de 
mauvais  traitemens ,  qui  le  conduisirent 
peu  après  au  tombeau.  Cet  homme  digne 
d'un  meilleur  sort ,  après  avoir  été  long- 
temps à  la  tète  des  affaires  et  des  armées, 
et  rendu  des  services  signalés  à  sa  patrie, 
fut  obligé ,  suivant  les  historiens  latins , 
de  mendier  son  pain  dans  les  rues  de 
Constant  inople.  L'auteur  de  Y  Histoire  mé- 
langée écrit  que  l'année  suivante  il  fut 
rétabli  dans  ses  dignités;  et  Cédrène  af- 
firme qu'il  mourut  en  paix  dans  Constan- 
tinople.  Alciat  est  de  ce  sentiment,  contre 
Crinitus ,  Voiaterran  ,  Pontanus  ,  et  quel- 
ques autres.  Quoi  qu'il  en  soit,  on  montre 
encore  à  Constantinople  une  prison  ,  que 
l'on  appelle  la  Tour  de  Bélisaire.  Cette 
prison  est  sur  le  bord  de  la  mer,  en  allant 
du  château  des  Sept-Tours  au  sérail  de 
Constantinople.  Les  gens  du  pays  disent 
qu'il  pendait  un  petit  sac  attaché  au  bout 
d'une  corde ,  comme  font  les  prisonniers, 
pour  demander  sa  vie  aux  passans,  en 
leur  criant  :  Date  obolum  Belisario  quem 
forluna  evexil,  invidia  oculis  privavit. 
«  Donnez,  une  obole  à  Bélisaire ,  que  la 
»  fortune  éleva  si  haut,  et  que  la  ja- 
»  lousie  a  privé  des  yeux.  »  Ce  triste  sort 
fut ,  selon  quelques  auteurs  ,  la  juste  pu- 
nition de  sa  complaisance  sacrilège  pour 
l'impératrice  Théodora  qui  l'engagea  à 
chasser  le  pape  saint  Silvère,  pour  élever 
Vigile  en  sa  place.  On  croit  que  Bélisaire 
mourut  en  505.  On  voit  encore  des  mé- 
dailles de  Justinien ,  recevant  Bélisaire 
triomphant  de  la  guerre  contre  les  Goths  : 
de  l'autre  coté  de  la  médaille ,  se  trouve 
l'image  de  Bélisaire ,  avec  ces  mots  :  BE- 
LISARIUS,  GLORIA  ROM.1NOIWM. 
Bélisaire,  l'honneur  du  nom  romain. 
M.  Marmonlel  a  donné  le  nom  de  ce  cé- 
lèbre général  à  un  très  froid  roman  phi- 
losophique, digne  de  servir  de  pendant 
aux  Zncas,  et  dans  lequel  il  y  «n  d'ailleurs 
16. 


BEL  18C 

des  principes  d'indifférenlisme  qui  con- 
duisent au  mépris  de  loule  religion.  Cet 
ouvrage  fut  condamné  par  la  Sorbonne. 
BELIUS  (  Matiiias  ),  né  à  Olsova  dans 
la  haute  Hongrie,  en  1684,  fit  de  bonnes 
études  à  Hall,  et  y  apprit  les  langues  sa- 
vantes. De  retour  dans  sa  patrie  il  fit 
fleurir  les  belles -lettres  dans  plusieurs 
collèges  des  proteslans ,  et  s'appliqua  avec 
succès  à  l'bistoire  de  Hongrie.  Nicolas 
Pelli,  vice-roi  de  ce  pays,  facilita  ses  re- 
cherches en  lui  faisant  ouvrir  diverses 
archives.  Il  employa  la  plus  grande  partie 
de  sa  vie  à  celle  étude,  et  mourut  l'an 
17/4.9.  Ses  principaux  ouvrages  sont  ;  |  De 
velere  litteralura  Hunno-Scylhica  Excr- 
ciialio ,  Leipsick,  1718,  in-4°,  ouvrage  sa- 
vant; J  Ihutgariœ  anliquœ  et  nova1.  Pro- 
dromus ,  Nuremberg,  1723,  in- fol.  Il  y 
donne  le  plan  d'un  grand  ouvrage  qu'il 
préméditait,  et  qu'il  n'eut  pas  le  loisir 
de  publier.  |  De  peregrinatione  linguœ 
Ilungaricœ  in  Europam  ;  |  Apparalus 
ad  Ilisloriam  Hungarùe,  sive  collcciio 
miscella  monumenlorum  inedilorum par- 
tim,  parlim  editonan,  sed  fugienlium , 
Presbourg,  en  plusieurs  vol.  in-fol.  1755- 
4746.  Celte  collection  d'histoire  de  Hon- 
grie est  ornée  de  préfaces  savantes  et  bien 
écrites.  |  Am/,lissi»i(e  historico-  criticœ 
prœfationes  in  Scriplores  reruin  Hunga- 
ricarum  veleres  ac  genuinos  ,0  vol.  in- 
fol.  |  Notilia  Hangariœ  Novœ  Historico- 
geographica ,  Vienne  3  1745,  et  années 
suivantes,  4  vol.  in-fol.,  avec  des  cartes 
géographiques;  ouvrage  vaste  et  d'une 
grande  exactitude. 

*  BELKXAP  (  Jérémie  ),  théologien  et 
prédicateur  américain,  pasteur  de  l'église 
presbytérienne  de  Boston,  né  dans  cette 
ville  le  4  juin  1744,  et  mort  en  juin  1798,  a 
laissé  :  |  Histoire  de  Newhampshirc,  5  vol. 
d784  à  1792  ;  |  Biographie  américaine,  t.  1er, 
d794;  t.- 2e,  1798,  demeurée  incomplète; 
J  le  Garde-forêt,  conte,  in-12  ;  |  plusieurs 
Sermons  imprimés  séparément;  |  des  Es- 
sais sur  le  commerce  des  Américains  et 
sur  la  liberté  civile  et  religieuse. 

*  BELL  (  John  ),  médecin  cl  auteur  an- 
glais, mor!  en  1780.  Il  accompagna  en 
1715,  16,  17  et  18,  l'ambassade  de  Pierre 
le  Grand  en  Perse  et  dans  la  Chine,  et  il  en 
a  publié  la  Relation  en  2  vol.  in-4°,Glas- 
cow,  1762,  réimpiirnée  depuis  en  2  vol. 
in-12.  Cette  narration  se  fait  remarquer 
par  un  caractère  de  naïveté  et  de  simpli- 
cité qui  inspire  de  la  confiance.  Aidous 
en  a  donné  une  traduction  française  dont 
le  style  est  fort  négligé. 


BEL 

*BELL  (Joiix),  chirurgien,  né  à  Edim- 
bourg, où  il  exerça  long-temps  sa  profes- 
sion avec  succès.  Il  est  mort  à  Rome,  le 
15  avril  1820,  après  avoir  publié  en- an- 
glais plusieurs  ouvrages  estimés  :  |  l'A- 
nalomie  du  corps  humain,  1795-1802,3 
vol.  in-8°,  3e  édition,  1811,  à  laquelle  il 
faut  joindre  Système  de  dissection ,  pour 
servir  à  l'explication  de  l'Anatomie  du 
corps  humain  de  John  Bell,  1800,  in- 
fol.,  par  Charles  Bell,  autre  chirurgien 
d'Edimbourg,  qui  a  gravé  et  publié  lui- 
même  les  planches.  Ce  dernier  ouvrage  a 
été  traduit  en  français,  Londres,  1809, 
in-12  ;  |  Discours  sur  la  nature  et  le  trai- 
tement des  plaies ,  5e  édition,  1812,  tra- 
duits en  français,  sous  le  titre  de  Traité 
des  plaies ,  ou  Considérations  théoriques 
et  pratiques  sur  les  maladies,  Paris  et 
Montpellier,  1825,  in -8°;  |  Principes 
de  chirurgie ,  1801-1808,  5  vol.  in-4°; 
|  Lettre  sur  le  caractère  propre  à  la 
profession  de  chirurgien  ,  ou  l'éducation 
du  chirurgien,  et  les  devoirs  et  qualités 
du  médecin,  1811,  in-8°. 

*  BELLA  (  Jérôme  ) ,  né  à  Carru  en 
Piémont,  prieur  de  St. -André  de  Mon- 
dovi,  archi -prêtre  de  Coni,  docteur  en 
théologie  et  en  droit  civil  et  canonique, 
vicaire-général  de  l'évêquc  de  Saluces , 
vivait  en  1660 ,  et  a  laissé  |  il  Genio  re- 
gale appagalo ,  dramma  pastorale ,  etc. 
(  pièce  allégorique  pour  l'entrée  de  l'é- 
vêque  de  Mondovi  ) ,  Mondovi  et  Coni , 
1646;  |  il  Sole  benefico, pastoi-ale,  ibid. 
1647  ;  |  YAurora  opporluna,  dramma 
pastorale ,  Coni ,  1655  ;  |  le  Palme  del 
Giacinto,  autre  drame  pastoral  adressé  à 
Hyacinthe  Solari,  évêque  de  Mondovi; 
|  quelques  Panégyriques  en  prose. 

*  BELLAMY  (Jacques  )  naquit  à  Fles- 
singue  le  12  novembre  1757,  de  parens 
obscurs  qui  lui  firent  embrasser  l'état  de 
boulanger.  Mais  bientôt  il  se  sentit  inspiré 
et  fit  des  vers.  Un  homme  de  lettres  dé- 
mêla dans  ces  essais  quelque  talent  poé- 
tique ,  et  le  recommanda  à  des  personnes 
riches  qui  pourvurent  aux  frais  de  ses 
études.  Les  succès  de  Bellamy,  alors  âgé 
de  25  ans,  furent  rapides.  Il  publia  sous  le 
titre  de  Vaderlandse  Gezingendes  chants 
patriotiques  qui  le  placent  parmi  les  pre- 
miers poètes  hollandais.  Cet  auteur  ne 
jouit  pas  long- temps  de  ses  succès;  il 
mourut  avant  sa  vingt-neuvième  année. 

*  BELLAMY  (Jacques),  docteur  en 
théologie,  ministre  né  à  New-Cheshiro 
(  Connecticut  ) ,  en  1719  ,  fut  nommé  pas- 
teur de  Bethléem  en  1740,  et  publia,  en 


BEL 


187 


BEL 


I7jO  une  Esquisse  de  la  vraie  religion. 
Il  mourut  le  6  mars  1790,  laissant  un 
grand  nombre  de  sermons. 

BELLARMIN  (  Bobeut  ),  né  à  Monte- 
Puleiano  en  1542,  se  lit  jésuite  à  l'âge  de 
18  ans.  Sa  société  le  chargea  d'enseigner  la 
théologie  à  Louvain.  On  dit  qu'il  prêchait 
aussi  dans  CL'lle  ville  avec  tant  de  succès, 
que  les  proleslans  venaient  d'Angleterre  et 
de  Hollande  pour  l'entendre.  Après  sept 
ans  de  séjour  dans  les  Pays-Bas,  il  re- 
tourna en  Italie.  Grégoire  XIII  le  choisit 
pour  faire  des  leçons  de  controverse 
dans  le  collège  qu'il  venait  de  fonder. 
Sixte  V  le  donna  ensuite,  en  qualité  de 
théologien,  au  légat  qu'il  envoya  en 
France  l'an  lùOO.  Clément  VIII  le  fit  car- 
dinal neuf  ans  après ,  et  archevêque  de 
Capoue  le  21  avril  1602.  Paul  V,  ayant 
voulu  le  retenir  auprès  de  lui,  Bellarmin 
se  démit  de  son  archevêché,  et  se  dévoua 
aux  affaires  de  la  cour  de  Rome  jusqu'en 
iGïl.  Il  mourut  la  même  année,  au  no- 
viciat des  jésuites,  où  il  s'était  retiré  dès 
le  commencement  de  sa  maladie.  Gré- 
goire XV  alla  visiter  le  cardinal  mourant, 
qui  lui  adressa  ces  paroles  .  Domine, 
von  sum  clignas  ut  inires,  etc.,  paroles 
qui  marquent  jusqu'à  quel  point  le  cardi- 
nal Bellarmin  portait  son  respect  pour  le 
Vkaire  de  Jésus-Christ.  Il  n'y  a  point 
d'auteur  qui  ait  défendu  plus  vivement 
la  cause  de  l'Eglise,  et  les  prérogatives  de 
la  cour  de  Rome.  Cependant  il  n'avait 
pas  sur  le  domaine  temporel  le  sentiment 
ordinaire  des  ultramontains  de  son  temps  ; 
il  rejetait  absolument  le  domaine  direct, 
niais  il  soutenait  l'indirect ,  avec  un  zèle 
qui  lui  faisait  envisager  comme  héréti- 
ques ceux  qui  ne  l'admettaient  pas.  Ce 
savant  cardinal  a  enrichi  l'Eglise  de  plu- 
sieurs ouvrages.  Le  plus  répandu  est  son 
Corps  de  controverses.  C'est  l'arsenal  où 
les  théologiens  catholiques  ont  puisé  leurs 
armes  contre  les  hérétiques.  De  tous  les 
controversistes,  il  n'en  est  point  qui  ait 
fait  autant  de  peine  aux  protestans.  La 
plupart  des  théologiens  de  cette  commu- 
nion lui  ont  répondu.  Presque  tous  ont 
avoué  qu'il  proposait  leurs  difficultés 
dans  leur  force ,  et  quelques-uns ,  qu'il  les 
détruisait  mieux  qu'aucun  autre  écrivain 
catholique.  Son  style  n'est  ni  pur  ni  élé- 
gant ;  mais  il  est  serré  ,  clair ,  précis ,  sans 
cette  sécheresse  barbare  qui  défigure  la 
plupart  des  scolastiques.  S'il  était  venu 
de  notre  temps,  sa  critique  eût  été  plus 
sure;  il  n'aurait  point  cité  d'auteurs  apo- 
cryphes, et  aurait  un  peu  mieux  distin- 


gué ce  qui  est  véritablement  dogme, 
d'avec  ce  qui  peut  être  rangé  parmi  les 
opinions.  La  meilleure  édition  de  ses 
Controverses  était  celle  de  Paris,  qu'on 
appelle  des  Triadelphes ,  en  h  vol.  in-fol. 
avant  qu'on  eût  celle  de  Prague,  1721, 
qui  est  aussi  en  h  vol.  in-folio.  Ses  autres 
ouvrages  ont  été  publiés  à  Cologne,  en 
1G19,  en  5  vol.  in-fol.  On  y  trouve  |  son 
Commentaire  sur  les  Psaumes  ;  \  ses  Ser- 
mons ;  j  un  Traité  des  écrivains  ecclèsias~ 
tiques,  imprimé  séparément  en  1663, 
in-40;  |  un  autre  sur  X Autorité  temporelle 
du  pape,  contre  Barclay,  à  Rome,  en 
1610,  in-8°;  |  trois  livres  du  Gémissement 
de  la  colombe,  pleins  de  l'onction  d'une 
morale  persuasive  et  attendrissante;  |  De 
ascensu  mentis  in  Deum,  fruit  d'une 
philosophie  solide  et  profonde  :  les  écri- 
vains les  plus  illustres  de  ce  siècle,  entre 
autres  Buffon,  en  ont  cité  des  passages 
inléressans  ;  j  un  écrit  sur  les  Obligations 
des  évéques,  dans  lequel  il  les  fait  trem- 
bler pour  leur  salut,  d'après  des  passages 
de  saint  Chrysostôme  et  de  saint  Augus- 
tin :  |  et  une  Grammaire  hébraïque.  Il  est 
aussi  auteur  de  quelques  hymnes ,  parmi 
lesquelles  on  dislingue  celle  que  l'Eglise 
a  adoptée  pour  la  fête  de  sainte  Made- 
leine, Pater  super  ni  luminis,  etc.  On  a 
un  recueil  de  ses  Lettres,  in~8°.  Nous 
avons  sa  Vie  traduite  en  français,  de  l'i- 
talien de  Jacques  Fuligati,  162u,  in-8°,  et 
une  en  français,  Nancy,  1708,  iti-k° ,  par 
le  Père  Nicolas  Frizon,  jésuite,  un  peu 
diffuse,  mais  écrite  d'une  manière  inté- 
ressante. 

* BELLART  (IVicolas-Fuaxçois)  ,  che- 
valier de  la  légion  d'honneur  ,  et  procu- 
reur général  près  la  cour  royale  ,  naquit 
à  Paris  le  20  septembre  1761.  Il  entra, 
vers  1786  ,  dans  la  carrière  du  barreau, 
et  ses  talens  le  rendirent  célèbre  dès  son 
début.  En  1792-,  Bellart  défendit  M.  La- 
coste, ministre  de  la  marine,  et  parvint 
à  faire  absoudre  son  client.  Sa  haute  sa- 
gesse et  ses  lumières  le  firent  proposer 
par  M.  Tronchct,  pour  être  un  des  dé- 
fenseurs de  Louis  XVI.  La  jeunesse  seule 
de  M.  Bellart  lui  fit  préférer  M.  Desèze. 
Durant  le  règne  de  la  terreur,  il  s'éloigna 
du  barreau ,  et  il  n'y  reparut  qu'après  la 
chute  de  Robespierre.  Il  se  distingua  de 
nouveau  dans  la  cause  de  l'abbé  Salomon, 
ancien  conseiller  au  parlement ,  échappé 
aux  massacres  de  septembre  et  prévenu 
de  conspiration  contre  le  Directoire  ;  dans 
celle  du  tuteur  do  MUc  de  Balainvilliers, 
et  particulièrement  dans  celle  de  MUe  de 


BEL 


188 


BEL 


f.icé,  accusée  d'avoir  recelé  les  auteurs 
de  la  machine  infernale.  Le  plaidoyer 
qu'il  prononça  dans  cette  occasion  est  re- 
garde comme  le  chef-d'œuvre  de  la  dé- 
fense en  matière  criminelle.  On  peut  le 
lire  dans  le  Choix  de  plaidoyers  ,  mémoi- 
res et  discours  de  M.  Bellart,  1823  ,  in- 
8°.  Il  écrivit  aussi  un  mémoire  en  faveur 
du  général  Moreau  ,  qui  a  été  inséré  dans 
l'ouvrage  intitulé  :  Proscription  de  Mo- 
reau,  Paris  ,  1814  ,  in-8°.  A  cette  époque  , 
llellart  renonça  à  la  plaidoicrie  et  se  ren- 
ferma dans  les  travaux  du  cahinet  à  cause 
de  la  faiblesse  de  sa  poitrine  ,  qui  ne  lui 
permettait  pas  de  parler  long-temps  en 
public.  Le  comte  Frochot  le  fil  bientôt 
nommer  membre  du  conseil  général  du 
département  de  la  Seine  et  ensuite  prési- 
dent habituel.  En  1814  ,  Bellart  employa 
toute  son  influence  pour  faire  reconnaître 
les  Bourbons,  et  rédigea  le  1er  avril  une 
proclamation  véhémente  dirigée  contre 
Bonaparte  et  qui  entraîna  les  magistrats 
et  le  peuple  de  Paris.  Louis  XVIII  lui  en- 
voya ,  ainsi  qu'aux  autres  signataires  de 
cette  pièce,  des  lettres  de  noblesse  et  la 
croix  de  la  légion  d'honneur.  Bonaparte 
après  sa  rentrée  en  France,  en  1815,  le  fit 
mettre  en  jugement.  Mais  M.  Bellart  se 
réfugia  en  Angleterre.  Il  en  revint  après 
la  seconde  restauration  et  fut  nommé  pro- 
cureur général  à  la  cour  royale  de  Paris. 
Porté  à  la  chambre  des  députés,  il  en  fut 
bientôt  nommé  premier  vice -président. 
Il  remplit  les  fonctions  du  ministère  pu- 
blic dans  le  procès  du  maréchal  Ney,  de- 
vant la  chambre  des  pairs ,  et  11  se  signala 
encore  dans  le  procès  de  Lavallelte,  et 
''ans  la  conspiration  dite  de  la  Rochelle. 
Ses  fameux  réquisitoires  du  21  août  1825 
contre  les  journaux  le  Courrier  français 
et  le  Constitutionnel  _,  accusés  de  ten- 
dance irréligieuse  ,  soulevèrent  contre 
lui  beaucoup  de  haines  qui  ne  l'effrayè- 
rent pas.  Il  montra  la  même  inflexibilité 
contre  les  auteurs  de  mauvais  livres.  Quoi- 
que atteint  depuis  long-temps  par  une 
maladie  grave,  M.  Bellart  n'en  continuait 
jias  moins  ses  fonctions;  cependant  les 
progrès  du  mal  ne  lui  laissant  aucun  es- 
poir de  guérîson  ,  il  alla  porter  lui-même 
sa  démission  au  roi.  Pour  ne  laisser  au- 
cune incertitude  sur  les  sentimens  qui  l'a- 
vaient constamment  animé  durant  sa  vie, 
il  voulut ,  avant  de  recevoir  ses  derniers 
sacrerr.ens,  faire  à  haute  voix  sa  profession 
de  foi.  Il  mourut  le  7  juin  1826.  On  a  re- 
cueilli ses  OEuvrcs,  précédées  d'une  notice 
fur  la  vie  de  l'auteur  par  M.  Billecoq, 


Paris,  1826,  6  vol.  in-8°,  avec  un  por. 
trait.  Outre  les  réquisitoires  dont  nous 
avons  parlé  ,  elles  renferment  un  Essai 
sur  la  légitimité ,  que  l'auteur  écrivit  à 
Londres,  dans  son  exil  durant  les  cent 
jours. 

*  BELLATI,  (A\toi\e-Fua\çois),  jé- 
suite et  célèbre  prédicateur  italien ,  né  à 
Ferrare,  en  166d,  se  livra  à  la  prédica- 
tion, et  obtint  les  plus  brillans  succès 
dans  les  principales  chaires  d'Italie.  La 
faiblesse  de  sa  santé  l'obligea  d'y  renon- 
cer de  bonne  heure  II  se  retira  à  Plai- 
sance, où  il  fut  élu,  en  1712,  recteur  du 
collège.  Il, mourut  le  premier  mars  1742. 
On  a  recueilli  ses  ouvrages  en  4  vol.  in- 
4°.  On  y  trouve  des  Sermons ,  des  Traités 
de  morale,  des  Exhortations  domestiques, 
des  Lettres,  etc.  Le  père  Bellati  est  dans 
son  genre  un  des  meilleurs  écrivains  ita- 
liens du  18''  siècle. 

*  BELLAVÈNE  (  Jacques  -  Nicolas  ) , 
lieutenant-général ,  né  à  Verdun  le  20  oc- 
tobre 1770.  Il  enlra  en  1791  au  service 
comme  simple  soldat ,  et  parcourut  rapi- 
dement tous  les  grades  militaires  jusqu'à 
celui  de  général  de  brigade.  Chargé  en 
1796  de  reconnaître  les  bords  du  Rhin 
aux  environs  de  Strasbourg,  afin  de  dé- 
terminer les  points  d'attaque  pour  le  pas- 
sage de  ce  fleuve,  il  s'acquitta  de  cette 
commission  avec  beaucoup  d'habileté ,  et 
se  distingua  particulièrement  à  Kinslig, 
au  passage  de  Kehl  et  à  la  bataille  de  Ras- 
tadt ,  où  il  eut  une  jambe  emportée  par 
un  boulet;  ce  qui  l'obligea  de  prendre  sa 
retraite.  Il  fut  chargé  de  présenter  au  gou- 
vernement les  drapeaux  pris  sur  l'ennemi 
dans  celle  campagne,  et  obtint  d'abord 
une  place  au  bureau  topographique.  Il 
devint  ensuite  inspecteur  aux  revues , 
commandant  extraordinaire  de  la  4e  di- 
vision militaire  près  le  congrès  de  Luné- 
ville,  administrateur  général  des  postes, 
et  enfin  directeur  général  des  écoles  mi- 
litaires. Chargé  spécialement  du  gouver- 
nement de  celle  de  Sainl-Cyr,  il  montra 
beaucoup  de  fermeté  et  de  présence  d'es- 
prit dans  une  occasion  fort  périlleuse.  Dans 
les  premiers  jours  de  juillet  1815,  un  of- 
ficier et  six  soldats  prussiens  qui  se  trou- 
vaient isolés  de  l'armée  avaient  cherché 
à  Sainl-Cyr  un  asile  que  l'àme  généreuse 
du  général  crut  devoir  leur  accorder.  Une 
troupe  nombreuse  de  fédérés  qui  était  dans 
le  voisinage  en  fut  instruite  et  se  présenta 
devant  l'école,  en  demandant  «à  grands 
cris  les  malheureux  Prussiens,  et  cher- 
chant à  engager  les  élèves  à  prendre  les 


BEL 


189 


BEL 


armes  et  à  sortir  avec  eux;  mais  Bella- 
vène,  au  premier  bruit,  avait  mis  les 
Prussiens  en  lieu  de  sûreté  et  fait  fermer 
plusieurs  portes  sur  les  élèves.  Il  se  pré- 
senta seul  devant  cette  troupe  de  furieux, 
et  leur  déclara  «  qu'il  devait  compte  des 
»  armes  au  ministre,  des  élèves  à  leur 
»  parens ,  de  ses  hôtes  à  lui-même  et  à 
»  l'honneur.  »  Sa  fermeté  parvint  avec 
peine  à  les  calmer.  Mais  enfin ,  le  voyant 
inébranlable  ,  ils  se  retirèrent.  Le  général 
Bellavène  devint  général  de  division  en 
4807,  chevalier  de  Saint-Louis  en  4814, 
et  fut  mis  à  la  réforme  ,  par  suite  de  la 
suppression  de  Saint-Cyr.  Alors  il  se  re- 
tira au  sein  de  sa  famille ,  où  il  consacra 
tous  ses  momens  à  l'éducation  de  ses  en- 
fans  ,  et  mourut  en  février,  4826,  à  Milly, 
petite  ville  du  Gàtinais. 

BELLAY  (  Guillaume  du  ),  seigneur 
de  Langey ,  d'une  famille  très  illustre ,  fut 
envoyé  par  François  Ier,  en  Piémont,  en 
qualité  de  gouverneur.  Il  avait  déjà  donné 
plusieurs  preuves  de  son  courage  et  de 
sa  prudence.  C'était  le  premier  homme 
de  son  temps  pour  découvrir  ce  qui  se 
passait  dans  les  cours  étrangères.  Il  mou- 
rut à  Saint-Symphorien ,  entre  Lyon  et 
Boanne,  en  1543.  Il  a  écrit  des  Mémoires 
4753  ,  7  vol.  in-12 ,  qui  sont  une  apologie 
continuelle  de  François  VT ,  et  une  satire 
de  l'empereur  Charles-Quint.  On  a  encore 
de  du  Bellay,  un  Epitome  de  l'histoire 
des  Gaules  ,  imprimé  avec  ses  opuscules, 
4556,  in-&°.  C'est  un  des  premiers  qui 
révoqua  en  doute  le  merveilleux  de  l'his- 
toire de  Jeanne  d'Arc.  On  lui  fit  cette 
épilaphe  : 

Ci-gît  T.angey,  qui  ,  de  plume  et  d'épe'c  , 
A  surmonté  Cicéron  et  l'ompte. 

Ses  frères  Jean  et  Martin  du  Bellay  lui 
firent  élever  un  beau  mausolée  dans  l'é- 
glise cathédrale  de  Saint-Julien  du  Mans. 
BELLAY  (Jean  du),  cardinal,  frère 
du  précédent,  fut  successivement  évéque 
de  plusieurs  églises,  ensuite  de  celle  de 
Paris  en  1532.  L'année  d'après,  Henri 
VIII ,  roi  d'Angleterre  ,  faisant  craindre 
un  schisme,  du  Bellay,  qui  lui  fut  envoyé, 
obtint  de  lui  qu'il  ne  romprait  pas  encore 
avec  Borne  ,  pourvu  qu'on  lui  donnât  le 
temps  de  se  défendre  par  procureur.  Du 
Bellay  partit  sur-le-champ ,  pour  deman- 
der un  délai  au  pape  Clément  VII.  II  l'ob- 
tint sans  peine,  et  envoya  un  courrier  au 
roi  d'Angleterre  pour  avoir  sa  procura- 
tion. Mais  ce  courrier  ne  revenant  pas , 
Clément  VII  fulmina  l'excommunication 


contre  Henri  VIII,  et  l'interdit  sur  ses 
états.  Ceux  qui  ont  accusé  le  pape  de  pré- 
cipitation, ne  sont  guère  instruits  des  cir- 
constances de  cette  affaire  (  Voyez  CLÉ- 
MENT VII  ).  Du  Bellay  fut  fait  cardinal 
en  1535,  par  Paul  III,  successeur  de  Clé- 
ment VII.  Il  remplit  ensuite  les  sièges  de 
Limoges ,  de  Bordeaux  et  du  Mans.  Après 
la  mort  de  François  Ier,  du  Bellay,  persé- 
cuté par  les  Guise ,  se  retira  à  Borne,  et  y 
mourut  évéque  d'Ostie  en  4560.  Les  let- 
tres lui  durent  beaucoup.  Il  se  joignit  à 
Budé,  son  ami,  pour  engager  François  Ier 
à  fonder  le  collège  royal.  Babelais  avait 
été  son  médecin.  On  a  de  lui  quelques 
Harangues ,  une  Apologie  pour  Fran- 
çois Ier,  des  Elégies,,  des  Epigrammcs,  des 
Odes,  recueillies  ,  in-8° ,  chez  Robert 
Etienne,  en  4546.  Brantôme  dit  «  que  le 
»  cardinal  du  Bellay  fut  un  des  plus  sa  vans, 
»  éloquens  ,  sages  et  avisés  de  son  temps; 
«qu'il  était  pour  tout,  et  un  des  plus 
»  grands  personnages  en  tout  et  de  lettres 
»  et  d'armes  qui  fût.  » 

BELLAY  (  Martin  du  ),  frère  de  Guil- 
laume et  de  Jean ,  fut  comme  ses  frères , 
un  bon  négociateur ,  un  grand  capitaine 
et  un  protecteur  des  lettres.  François  Ie' 
l'employa.  Il  nous  reste  de  lui  des  Mémoi- 
res historiques  (  depuis  4513  jusqu'à  l'an 
1543  ),  qui  sont  réunis  à  ceux  de  Guil- 
laume son  frère.  Quelque  plaisir  que  les 
curieux  trouvent  à  la  lecture  de  ces  Mé- 
moires, ils  se  plaignent  de  la  longueur 
des  descriptions  que  l'auteur  fait  des  ba- 
tailles et  des  sièges  où  il  s'était  trouvé. 
Cet  homme  aussi  sage  qu'habile  ,  mourut 
au  Perche  en  1559.  Il  était  prince  d'Yve- 
tot,  par  son  mariage  avec  Elizabeth  Chenu, 
propriétaire  de  cette  principauté. 

BELLAY  (  JoACniM  du  ).  né  vers  1524, 
à  Lire ,  bourg  à  8  lieues  d'Angers ,  ac- 
compagna à  Borne  le  cardinal  du  Bellay, 
son  parent,  qui  voulait,  dit-on,  se  dé- 
mettre en  sa  faveur  de  l'archevêché  de 
Bordeaux.  De  retour  à  Paris  ,  du  Bellay 
fut  fait  chanoine  delà  cathédrale.  Il  mou- 
rut en  janvier  1559  ou  1560.  Ses  poésies 
Françaises,  imprimées  à  Paris  en  15G1, 
in-4°,*  et  1597,  in-12  ,  lui  firent  une  répu- 
tation. Elles  sont  ingénieuses  et  naturel- 
les. Il  aurait  été  à  souhaiter  que  l'auteur 
eût  eu  plus  d'égard  à  la  décence  et  aux 
convenances  de  son  état,  et  qu'il  eût  imité 
les  anciens  dans  ce  qu'ils  ont  de  bon  et  de 
sensé  ,  et  non  dans  les  libertés  qu'ils  ont 
prises.  Ses  poésies  latines ,  publiées  à 
Paris ,  45G9  ,  en  2  parties  in-4°,  sont  très 
inférieures  à  ses  vers  français.  Il  y  célèbre 


BEL  190 

sa  maîtresse  Viole  sous  le  nom  d'Olive  , 
qui  est  l'anagramme  de  Viole. 

*  BELLAY  (  François-Philippe  )  ,  mé- 
decin ,  né  le  20  août  1762  ,  à  Lent ,  petite 
ville  près  de  Bourg  en  Bresse  ,  d'une  fa- 
mille honnête ,  mais  peu  riche,  étudia  la 
médecine  avec  succès,  et  fut  reçu  docteur 
par  acclamation,  le  28  octobre  1790.  Il 
s'établit  d'abord  à  Chalamont  auprès  d'un 
oncle  qui  avait  fait  les  frais  de  son  édu- 
cation ,  et  ensuite  à  Lyon ,  où  il  fut  of- 
ficier municipal  pendant  le  siège.  Obligé 
de  fuir,  il  ne  trouva  un  asile  sûr  qu'aux 
armées  ,  et  bientôt  ses  lalens  reconnus  le 
firent  admettre  comme  médecin  militaire 
dans  les  armées  des  Alpes  et  d'Italie. 
Lorsque  le  retour  de  l'ordre  lui  permit  de 
rentrer  en  France ,  il  revint  exercer  la 
médecine  à  Lyon,  et  il  mérita  l'estime  et 
l'affection  de  ses  compatriotes.  Il  est  mort 
à  Màcon  le  28  septembre  1824,  en  reve- 
nant d'accompagner  un  de  ses  fils  à  Paris. 
Il  avait  été  un  des  propagateurs  les  plus 
zélés  de  la  vaccine.  Son  éloge  a  été  pro- 
noncé à  la  société  de  médecine  de  Lyon , 
dont  il  fut  successivement  secrétaire-gé- 
néral et  président.  On.  le  trouve  dans  les 
Archives  historiques  et  Statistiques  du 
département  du  Rhône,  1825,  tome  1.  Il 
a  publié  avec  le  docteur  Brion  un  excel- 
lent journal  intitulé  le  Conservateur  de 
la  santé ,  journal  d'hygiène  et  de  pro- 
phylactique, Lyon,  1799-1804,  5  vol.  in- 
8°,  et  depuis  la  cessation  de  ce  journal 
jusqu'en  1813,  diverses  observations  sous 
le  litre  de  |  Météorologie  médicale.  On  a 
encore  de  lui  |  la  Galalée  des  médecins , 
traduite  de  l'italien  de  Pasta  ;  |  une  histoire 
raisonnée  des  maladies  observées  à  Na- 
plcs,  aussi  traduite  de  l'italien  de  Sar- 
conne,  1803-1805,  2  vol.  in-8°;  |  et  un  Ta- 
bleau historique  de  la  vaccine  depuis  le 
3  avril  1801  jusqu'au  51  décembre  1809, 
qu'il  a  puhlié  de  concert  avec  M.  Brion 
en  1810. 

BELLE  (  Etiexxe  de  la  ) ,  dessinateur 
et  graveur,  naquit  à  Florence  en  1610. 
Les  estampes  de  Cahot ,  sur  lesquelles  il 
se  forma,  firent  connaître  son  talent.  Sa 
gravure  est  moins  fine ,  son  dessin  moins 
précis  :  mais  sa  pointe  est  légère  et  déli- 
cate. Il  mourut  à  Florence ,  en  1064 , 
comblé  d'honneurs  par  le  grand-duc. 

*  BELLE  (Clément-Louis-Marie-Anne), 
peintre  d'histoire  ,  né  à  Paris  en  1722 , 
mort  le  29  septembre  1806.  En  1755  il  fut 
nommé  inspecteur  de  la  manufacture  des 
Gobelins  pour  la  partie  des  arts,  et  en 
1761  membre  d<»  l'académie  de  peinture 


BEL 


dont  il  devint  recteur  ;  malgré  ses  grandes 
occupations  il  n'a  pas  laissé  de  produire 
plusieurs  tableaux  de  mérite,  entre  autres  : 
la  réparation  des  saintes  hosties  ;  Ulysse 
reconnu  par  sa  nourrice  ,  et  un  Christ 
destiné  à  l'une  des  salles  du  parlement  de 
Dijon ,  etc.  Le  calque  exécuté  sur  papier 
transparent  des  fresques  de  Raphaël,  que 
l'on  voit  au  Vatican ,  est  regardé  par  les 
artistes  comme  un  chef-d'œuvre  de  fidé- 
lité et  de  pureté. 

BELLE  VU  (  Rémi  )  ,  naquit  à  Nogent- 
le-Rotrou ,  dans  le  Perche ,  en  1528.  Le 
marquis  d'Elbeuf ,  général  des  galères  de 
France ,  le  chargea  de  veiller  à  l'éduca- 
tion de  son  fils.  Il  mourut  à  Paris  en  1577. 
Ses  pastorales  furent  estimées  par  ses  con- 
temporains. Ronsard  l'appelait  le  Peintre 
de  la  nature.  Il  fut  un  des  sept  poètes  de 
la  Pléiade  Française.  Son  poème  De  la 
Nature  et  de  la  diversité  des  pierres  pré- 
cieuses ..qui  passait  alors  pour  un  bon  ou- 
vrage ,  fit  dire  de  lui ,  à  quelqu'un  qui 
aimait  apparemment  les  mauvaises  poin- 
tes :  Que  ce  poète  s'était  bâti  un  tombeau 
de  pierres  précieuses.  Sa  traduction  d'A- 
nacréon  est  bien  loin  de  l'original.  Ses 
œuvres  poétiques  furent  recueillies  à 
Rouen,  en  1604,  2  vol.  in-12. 

*  BELLECIZE  (  Hugues-  François-Ré- 
gis de)*  éveque  de  Saint-Brieuc ,  refusa 
de  prêter  le  serment  à  la  Constilulio?i  ci- 
vile du  clergé.  Enfermé  dans  la  même 
prison  que  Laharpe,  il  eut  la  gloire  da 
ramener  cet  écrivain  à  la  religion.  La  ré- 
volution du  9  thermidor  lui  rendit  la  li- 
berté. Bellecize  mourut  à  Paris,  le  20 
septembre  1796  ,  à  64  ans. 

BELLEFOREST  (  François  de  ),  né  au 
village  de  Sarzan ,  près  de  Samaten  en 
Guienne,  l'an  1530 ,  mourut  à  Paris  en 
1583.  Cet  écrivain  était  si  fécond  ,  qu'on 
disait  qu'il  avait  des  moules  à  faire  des 
livres;  mais  on  ne  disait  pas  qu'il  en  eût 
à  en  faire  de  bons.  Sa  plume  lui  donna  du 
pain.  On  a  de  lui  une  mullitude  d'ouvra- 
ges ,  dont  plusieurs  sont  in-fol.  |  L'His- 
toire des  neuf  rois  de  France  qui  ont  eu 
te  nom  de  Charles*  in-fol.  ;  |  les  Histoires 
tragiques,  1616  et  suiv.,  en  7  vol.  in-16; 
|  les  Histoires  prodigieuses,  à  Lyon,  1598, 
7  vol.  in-16;  |  les  Annales  ou  l'Histoire 
générale  de  France,  Paris,  1600,  2  vol. 
in-fol.  Il  y  a  des  choses  curieuses  :  mais 
le  style  en  est  embrouillé  ,  et  il  faut  avoir 
beaucoup  de  courage  pour  chercher  une 
paillette  d'or  dans  ce  las  de  sable.  Belle- 
forest  a  poussé  son  Histoire  jusqu'en 
1574  et  Gabriel  Chapuis  l'a  continuée  ju» 


BEL 


191 


BEL 


qu'en  1590.  Celle  suite  se  trouve  dans  l'é- 
dition que  nous  avons  indiquée. 

BELLEGARDE  (  Roger  de  Saint-Lary 
seigneur  de  ),  fut  d'abord  destiné  à  l'état 
ecclésiastique.  On  l'envoya  étudier  à  Avi- 
gnon ,  où  il  tua  un  de  ses  compagnons 
d'étude.  Le  maréchal  de  Termes ,  son 
grand-oncle  maternel ,  le  reçut  auprès  de 
lui,  et  l'employa.  Il  se  distingua  dans 
plusieurs  batailles.  Henri  III  le  fit  maré- 
chal de  France  en  1574 ,  lui  donna  le  mar- 
quisat de  Saluées ,  et  plus  de  50  mille 
livres  de  rente,  en  biens  d'églises  ou  en 
pensions,  et  l'élevaaux  honneurs  qui  pou- 
vaient flatter  un  courtisan.  Brantôme  dit 
qu'on  ne  l'appelait  à  la  cour  que  le  Tor- 
rent de  la  faveur.  Ce  fut  par  le  conseil  de 
ce  maréchal,  vendu  au  duc  de  Savoie, 
que  Henri  III  lui  restitua  Fignerol ,  Sa- 
villan  et  la  Pérouse.  Bellegarde  ayant 
perdu  sa  faveur,  se  relira  en  Piémont  dans 
son  gouvernement  en  1579 ,  avec  le  projet 
de  s'y  rendre  indépendant  :  ce  qu'il  exé- 
cuta en  effet,  sans  que  le  roi ,  occupé  pour 
lors  d'affaires  plus  essentielles,  plongé 
d'ailleurs  dans  la  mollesse  et  les  plaisirs, 
essayât  de  l'en  empêcher.  11  était  secrète- 
ment soutenu  du  roi  d'Espagne  et  du  duc 
de  Savoie,  quilui  fournissaient  de  l'argent. 
Il  ne  jouit  pas  long-temps  de  sa  nouvelle 
souveraineté  ,  étant  mort  à  la  lin  de  cette 
même  année  ;  non  sans  qu'on  soupçonnât 
Catherine  de  Médicis  de  l'avoir  fait  em- 
poisonner. Belie«arde  avait  épousé  la 
veuve  du  maréchal  de  Termes,  son  oncle. 

*  BELLEGARDE  (Gabriel du P^VC  de), 
ancien  chanoine  comte  de  Lyon,  né  le  17 
octobre  1717,  au  château  de  Bellegarde, 
près  de  Narbonne ,  mort  à  Utrecht  le  15 
décembre  1789.  Lié  de  bonne  heure  avec 
Boursier  et  d'Etémarè,  il  en  adopta  les 
principes,  et  lit  plusieurs  voyages  en  Hol- 
lande pour  travailler  plus  à  son  aise  à  la 
propagation  de  sa  doctrine. Dans  les  mêmes 
vues  il  se  démit,  eu  1765,  de  son  canoni- 
cat  de  Lyon ,  dont  il  avait  été  pourvu  en 
1761.  Son  zèle  et  .son  activité  étaient  extrê- 
mes. Il  assista  à  l'assemblée  d'Utrecht  en 
1765,  et  ce  fut  lui  qui  en  publia  les  actes 
et  décrets,  que  Clément  XIII  condamna. 
Il  lit  de  fréquens  voyages  en  France  en 
1774  et  1775  ,  pour  y  soutenir  le  courage 
de  ceux  de  son  opinion  ,  et  parcourut  l'Al- 
lemagne et  l'Italie,  pour  y  faire  de  nou- 
veaux prosélytes.  Il  avait  aussi  des  rela- 
tions en  Espagne  et  en  Portugal.  Son  zèle 
se  déploya  surtout  en  faveur  de  l'église 
d'Utrecht  pour  laquelle  il  avait  une  pré- 
dilection particulière.  On  a  de  lui  ;  }  Mé- 


moires pour  se?vir  à  l'histoire  de  la  bulle 
dans  les  Pays-Bas,  4  vol.  in-12.  |  Une 
seconde  édition  du  Journal  de  Dorsanne 
auquel  il  ajouta  un  sixième  volume,  écrit 
dans  le  même  esprit.  |  L 'Histoire  de  l'é- 
glise d'Utrecht.  |  Un  Recueil  de  témoi- 
gnages rendus  à  l'église  d'Utrecht.  \  Un 
Supplément  aux  œuvres  de  Van-Espen, 
qu'il  fit  précéder  de  la  vie  de  l'auteur  ,  et 
qui  forma  le  tome  5  de  l'édition  imprimée 
à  Lyon  en  1778,  4  vol.  in-folio.  |  Une  tra- 
duction française  des  Actes  du  synode  de 
Pistoie,^  vol.  in-folio.  |  Une  édition  des 
Œuvres  d'Antoine  Arnaud,  qu'il  fit  im- 
primer à  Lausanne  en  45  vol.  in-4°,  y  com- 
pris les  5  vol.  de  la  Perpétuité  de  la  foi. 
Les  soins  de  cette  édition  furent  confiés 
à  l'abbé  Hautesage,  l'un  des  rédacteurs 
des  nouvelles  ecclésiastiques.  L'abbé  de 
Bellegarde  fournit  à  Lanière  les  Mé- 
moires avec  lesquels  celui-ci  composa  la 
vie  d'Arnaud  ,  qui  accompagne  cette  édi- 
tion. 

'BELLEGARDE  (Octave  de  SAINT- 
LARY  de  ) ,  archevêque  de  Sens ,  hls  pos- 
thume de  César  de  Saint-Lary ,  naquit  au 
mois  de  février  1587.  Quoiqu'il  n'existât 
qu'une  promesse  de  mariage  enlre  sa  mère 
et  César  de  Saint-Lary,  il  fut  déclaré  lé- 
gitime, par  arrêt  du  parlement  de  Bor- 
deaux ;  mais  Boger  de  Bellegarde,  cousin 
de  son  père ,  recueillit  sa  succession  et 
destina,  dès  l'enfance,  son  jeune  parent 
à  l'église.  Il  lit  ses  premières  études  à 
Bordeaux  et  à  Brouage  ,  et  ses  cours  de 
philosophie  et  de  théologie  à  Toulouse. 
Il  n'était  encore  que  jeune  clerc  ,  lorsque, 
par  la  faveur  de  Henri  IV ,  il  fut  pourvu 
de  plusieurs  riches  abbayes,  notamment 
de  celle  de  Saint-Germain  d'Auxerrc,  et 
de  la  domerie  d'Aubrac.  Les  bulles  de  la 
première  ne  lui  ayant  élé  accordées  qu'a- 
vec la  clause  cum  voto  profite ndi _,  il  prit 
l'habit  de  bénédictin;  mais  ayant  été 
nommé  à  l'évêché  de  Couscrans ,  il  fut 
dispensé  de  prononcer  des  vœux.  Le  siège 
archiépiscopal  de  Sens  ayant  vaqué  en 
1621  ,  par  la  mort  de  Jean  du  Perron , 
frère  du  cardinal ,  Bellegarde  y  fut  nom- 
mé. Il  en  prit  possession  en  1625 ,  après 
qu'on  eut  soustrait  à  la  juridiction  métro- 
politaine de  Sens  l'église  de  Paris ,  pour 
l'ériger  en  archevêché.  Le  diocèse  de  Cou- 
serans  lui  avait  dû,  pendant  le  peu  de 
temps  qu'il  avait  été  évèque,  la  fondation 
d'un  couvent  de  capucins  ;  celui  de  Sens 
lui  eut  l'obligation  d'un  collège  de  jésui- 
tes, et  de  plusieurs  communautés  reli- 
gieuses *le  l'un  et  de  l'autre  sexe ,  utiles  à 


BEL 


192 


BEL 


l'instruction  de  la  jeunesse ,  à  la  direc- 
tion des  âmes,  et  à  l'édification  publique, 
ïl  avait  assisté  ,  à  Paris ,  à  l'assemblée  du 
clergé  de  1625  ;  il  présida  celle  de  1627 ,  à 
Fontenay  le  Comte,  et  celle  de  1641  à  Man- 
ies. Il  y  soutint  avec  courage  les  immunités 
du  clergé  et  les  droits  de  l'épiscopat;  un 
exil  fut  le  prix  de  sa  fermeté.  Il  avait,  en 
4639,  souscrit  avec  plusieurs  autres  évo- 
ques la  condamnation  de  deux  ouvrages 
intitulés  l'un,  Traité  des  droits  et  libertés 
de  l'église  gallicane;  et  l'autre,  Preuve  des 
mêmes  libertés;  il  partagea  les  sentimens 
du  docteur  Arnauld,  et  approuva  son  livre 
intitulé  De  la  fréquente  Communion  ;ilen 
écrivit  même  à  Urbain  VIII.  Il  était  versé 
dans  la  théologie ,  et  savant  dans  les  anti- 
quités. Il  fit  imprimer  un  ouvrage  dont  le 
titre  est  Sdnctus  Augustinus  per  se  ij>sum 
docens  catholicos  et  vincens  pelagianos. 
Dans  une  lettre  pastorale  qu'il  y  joignit , 
il  en  recommanda  la  lecture  aux  fidèles 
de  son  diocèse,  et  principalement  aux 
ecclésiastiques.  On  a  cru,  pendant  quel- 
que temps,  qu'il  en  était  l'auteur.  Depuis, 
on  a  su  que  ce  livre  était  du  Père  du  Juan- 
net  ,  oratorien.  Bellegarde  mourut  le  24 
juillet  1646,  au  village  de  Montreuil  près 
Paris.  Son  corps  fut  transporté  à  Sens  ,  et 
inhumé  dans  la  cathédrale.  Il  légua  ses 
biens  pour  les  trois  quarts  à  l'église  de 
Sens,  et  Vautre  quart  aux  pauvres. 

BELLEGARDE  (  Jean-Baptiste  MOU- 
VAN  de  ) ,  né  en  1648,  à  Piriac ,  arrondis- 
sement de  Savenay,  dans  le  diocèse  de 
Nantes,  se  fit  jésuite,  et  le  fut  pendant 
16  ou  17  ans.  On  prétend  que  son  attache- 
ment pour  le  cartésianisme ,  dans  un 
temps  où  il  n'était  pas  encore  à  la  mode, 
l'obligea  de  sortir  delà  société.  Depuis , 
il  ne  cessa  d'enfanter  volume  sur  volume. 
Il  employait  le  produit  de  ses  ouvrages  à 
son  entretien  et  à  des  aumônes.  Il  mourut 
dans  la  communauté  des  prêtres  de  Saint- 
François  de  Sales ,  en  1734.  On  a  de  lui 
plusieurs  traductions  de  Pères ,  de  saint 
Jean  Chrysostôme,  de  saint  Basile,  de 
saint  Grégoire  de  Nazianze ,  etc.  Elles  ne 
sont  point  en  général  assez  fidèles.  Ses 
Versions  des  auteurs  profanes ,  d'Ovide 
et  d'autres,  sont  peu  estimées.  On  a  de  lui 
encore  divers  ouvrages  de  morale  :  |  Ré- 
flexions sur  ce  qui  peut  plaire  et  déplaire 
dans  le  monde  ;  \  Réflexions  sur  le  ridi- 
cule ;  |  Modèles  de  Conversations,  et  d'au- 
tres écrits  moraux,  qui  forment  14  petits 
volumes.  Ils  se  sentent  de  la  précipitation 
avec  laquelle  l'auteur  les  composait  ;  ce- 
pendant l'abbé  de  Bellegarde  avait  de  la 


facilité  dans  le  style ,  et  quelquefois  de 
l'élégance. 

BELLE-ISLE.  Voyez  FOUCQUET. 

*BELLELLI  (  Fulgenck  ) ,  pieux  et  sa- 
vant théologien  de  l'ordre  des  Augus- 
tins,  que  son  mérite  éleva  au  généralat 
de  son  ordre ,  était  né  dans  le  diocèse  de 
Conza ,  au  royaume  de  Naples ,  et  mou- 
rut à  Rome  en  1742.  Il  avait  publié ,  en 
1713  ,  un  ouvrage  intitulé  :  Mens  Augus- 
tinide  statu  creaturœ  rationalis  ante pec- 
calum ,  in-4°,  qui  fut  dénoncé  l'année 
suivante  à  l'inquisition  de  Rome;  mais, 
on  n'y  trouva  rien  qui  fût  susceptible  de 
censure.  Il  avait  donné  en  même  temps  : 
Mens  Augustùii  de  modo  reparationis 
creaturœ  post  lapsum  adversùs  Baianam 
et  Jansenianam  hœresim,  etc.,  dont  le 
but  est  de  concilier  la  bulle  Unigenilus 
avec  la  doctrine  de  saint  Augustin. 

BELLENGER  (  François  ),  docteur  de 
Sorbonne,  naquit  en  1688  dans  le  diocèse 
de  Lisieux ,  et  mourut  à  'Paris ,  en  1749 , 
à  61  ans.  Il  possédait  plusieurs  langues 
mortes  et  vivantes.  On  a  de  lui  :  |  une  tra- 
duction exacte  de  Denys  d'Ilalicarnasse, 
1723 ,  2  vol.  in-4°,  réimprimée  en  6  vol. 
in-8°;  |  une  traduction  de  la  Suite  des 
Vies  de  Plutarque ,  par  Rowe  ;  [  un  Essai 
de  critique  des  ouvrages  de  Rollin  ,  des 
traducteurs  d'Hérodote,  et  du  Diction- 
naire de  la  Martinière,  in-8°,  avec  une 
suite.  Cet  ouvrage  ,  quoique  écrit  pesam- 
ment, est  estimé.  Il  résulte  de  la  première 
partie  ,  que  Rollin  n'entendait  que  faible- 
ment le  grec,  et  qu'il  s'appropriait  sou- 
vent les  auteurs  français  ,  sans  les  citer. 
Les  deux  autres  parties  sur  les  traduc- 
teurs d'Hérodote  et  sur  la  Martinière ,  ne 
sont  ni  moins  justes ,  ni  moins  savantes. 
Il  a  laissé  en  manuscrit  une  Version  fran- 
çaise d'Hérodote,  avec  des  notes  pleines 
d'érudition. 

*  BELLEPIERRE  DE  AEUVE-EGLISE 
(Louis- Joseph)  ,  garde-du-corps  du  roi 
et  lieutenant  de  cavalerie,  né  à  Saint- 
Omer  le  24  août  1727.  On  ignore  l'époque 
de  sa  mort.  Il  a  publié  :  |  le  Patriote  ar- 
tésien ,  ou  Projet  de  l'établissement  d'une 
académie  d'agriculture ,  de  commerce  et 
des  arts  en  la  province  d'Artois  ,  Paris  , 
1761,  in-8°;  |  Les  vues  d'un  patriote,  ou 
la  pratique  de  l'impôt,  Avignon,  1761, 
in-12  ;  |  l'Agronomie  ,  ou  les  principes  de 
l'agriculture  réduits  en  pratique  ,  1761, 
in-8°;  |  Cours  complet  d'agriculture,  du 
commerce  et  des  arts  et  métiers  de  France, 
3  vol.  in-8°  ;  |  Boussole  agronomique  ,  ou 
le  guide  des  laboureurs,  Yvetot  et  Paris, 


BEL 

17G2-17G5,  4  parties  in-£ 


195 


BEL 


|  Catalogue 
hebdomadaire  des  livres  nouveaux  qui  se 
publient  en  France  et  chez  les  étrangers 
1763  et  années  suivantes,  in-8°;  |  Dis- 
cours entre  un  seigneur  et  son  fermier 
sur  différentes  cultures  des  plantes  utiles 
aux  manufactures,  traduit  du  danois, 
Paris,  1705,  in-12;  |  la  Maladie  des  blés 
en  herbe ,  traduite  de  l'italien,  17GG,  in- 
12  ;  |  l'Art  de  conserver  les  grains,  par 
Inticri ,  traduit  de  l'italien,  176G,  in-12  ; 
|  la  Fièvre  de  chaume  ,  maladie  pério- 
dique chez  les  Danois  lots  de  la  récolle, 
Paris,  1766,  in-12;  |  l'Art  de  battre, 
écraser,  piler,  moudre  et  monder  les 
grains  avec  de  nouvelles  machines,  ou- 
vrage traduit  en  grande  partie  du  danois 
et  de  l'italien  ,  17G9  ,  in-folio  ,  avec  trois 
planches.  Cet  art  se  joint,  ordinairement 
aux  Descriptions  des  arts  et  métiers. 

*  BELLET  (Charles),  prêtre  du  dio- 
cèse de  Cahors,  bénéficier  de  la  cathé- 
drale de  Montauban  et.  membre  de  l'aca- 
démie de  cette  ville ,  né  dans  le  Querci  en 
1702 ,  et  mort  à  Paris  en  1771 ,  avait  dé- 
buté par  le  ministère  de  la  prédication, 
où  il  obtint  des  succès;  mais  ayant  été  in- 
terdit en  1734,  à  cause  de  certains  prin- 
cipes relatifs  aux  affaires  de  ce  temps , 
il  se  livra  à  la  composition  de  divers  ou- 
vrages. Il  a  remporté  plusieurs  prix  aux 
académies  de  Bordeaux ,  de  Pau  ,  de 
Rouen ,  de  Marseille  et  de  Soissons.  Ou- 
tre ses  discours  académiques,  on  a  de  lui  : 
|  Y  Adoration  chrétienne  dans  la  dévotion 
du  rosaire ,  in-12  ;  |  Des  droits  de  la  re- 
ligion chrétienne  et  catholique  sur  le 
cœur  de  l'homme,  2  vol.  in-12.  On  fait 
l'éloge  de  la  modération  et  de  la  clarté 
qui  règne  dans  ce  dernier  ouvrage.  — On 
connaît  deux  autres  EELLET;  l'un  cha- 
noine de  Cadillac  et  membre  de  l'académie 
de  Bordeaux ,  a  laissé  des  Lettres  sur  les 
monnaies  de  Philippe  Auguste  et  de  saint 
Louis,  de  bonnes  Observations  sur  l'his- 
toire profane,  etc.  ;  le  second,  BELLET- 
VERDIER,  est  auteur  d'un  Mémoire  con- 
cernant la  justice,  la  police  et  la  puis- 
sance de  la  France  ,  1715  et  1714 ,  in-8". 

*  BELLETESTE  (B.  ) ,  savant  orienta- 
liste ,  né  à  Orléans ,  en  1778  ,  lit  partie  de 
l'expédition  d'Egypte  en  qualité  d'inter- 
prète ,  et  rendit  de  grands  services  par  la 
correction  des  cartes  géographiques  de 
cette  contrée,  et  par  la  composition  de 
mémoires  importans.  De  retour  en  Fran- 
ce ,  il  fut  attaché  au  ministère  des  rela- 
tions extérieures  comme  secrétaire  inter- 
prète jusqu'à  sa  mort,  arrivée  le  17  raai 

2. 


18  OS.  On  a  de  lui  :  Bulletins  de  la  grande 
armée,  1805,  1806  et  1807,  traduits  en 
turc,  avec  M.  Kieffe ,  imprimerie  royale, 
5  vol.  in-4°,  et  les  quarante  T'isirs ,  re- 
cueil de  morale  et  de  politique,  traduit 
du  turc  en  français  ,  in-4°.  Il  n'en  a  paru 
que  les  premières  feuilles  sous  le  titre  de 
Contes  turcs.  Sa  mort  prématurée  l'ayant 
empêché  de  continuer  celle  traduction,  il 
a  laissé  en  manuscrit  le  traité  des  pierres 
précieuses  traduit  de  l'arabe  de  Teifachy. 

*  BELLE  VAL  (  Pierre  RICHER  de), 
médecin  et  célèbre  botaniste,  né  àChâlons- 
sur-Marne  en  1558,  mort  à  Montpellier 
en  1623 ,  doit  être  regardé  comme  un  des 
fondateurs  de  la  botanique  en  France.  Il 
est  le  premier  qui  l'enseigna  spécialement 
comme  une  science  distincte  de  la  méde- 
cine. L'édit  de  création  de  cette  nouvelle 
ebaire  est  de  1593;  mais  il  ne  fut  installé 
comme  professeur  qu'en  1596.  C'est  lui 
qui  fut  chargé  d'établir  le  jardin  de  Mont- 
pellier ,  et  l'on  peut  regarder  la  forme 
qu'il  lui  donna  et  ses  distributions  comme 
un  modèle  en  ce  genre.  On  a  de  lui  :  |  Re- 
cherches des  plantes  du  Languedoc  ., 
1603,  in-4°,  avec  une  suite  sans  indica- 
tion d'année  ;  |  Dessein  louchant  la  re- 
cherche des  plantes  du  Languedoc  ,  1605, 
in-8°;  |  Onomatologia,  in-8°  ,  réimprimé 
par  les  soins  de  Broussonet,  sous  ce  litre  : 
Opuscules  de  P.  R.  de  Belleval ,  Paris, 
1785,  in-8°. 

*  BELLEVAL  (Cîiari.es-Fraxçois  DU 
MA1SNIEL  de),  né  à  Àbbeville  en  1753  , 
et  mort  dans  la  même  ville  en  1790  ,  se  li- 
vra de  bonne  heure  à  l'étude  de  la  na- 
ture ,  et  fournit  à  l'Encyclopédie  quelques 
articles  sur  l'histoire  naturelle.  On  lui  doit 
des  observations  intéressantes  sur  la  bota- 
nique, sur  les  auteurs  célèbres  qui  ont 
écrit  dans  celte  partie,  et  enfin  des  notes 
sur  les  coquilles  et  sur  les  lilhophytes. 

*  BELLE  VILLE  (le  baron  N.  REDON 
de),  né  à  Thouars  (Deux-Sèvres),  en 
1748 ,  fut  envoyé  à  Paris  pour  étudier  la 
médecine ,  qu'il  abandonna  pour  le  droit 
Il  devint  un  des  secrétaires  de  Turgot, 
étudia  sous  ce  ministre  habile  la  science 
des  économistes ,  et  obtint  de  Necker  un 
emploi  dans  les  domaines  ,  qu'il  conserva 
jusqu'en  1783.  Il  quitta  la  France  à  celte 
époque  pour  se  soustraire  à  la  vengeance 
d'un  ennemi  puissant,  et  fut  accueilli  par 
le  grand  duc  de  Toscane ,  à  qui  il  fit  adop- 
ter ses  projets  de  finance  et  d'agriculture. 
Pressé  du  désir  de  revoir  sa  patrie  ,  Bel- 
le ville  s'embarqua  en  1790,  fit  naufrage  , 
et,  ayant  perdu  tout  ce  qu'il  possédait, 


BEL  194. 

accepta  à  Gènes  un  emploi  dans  l'opu- 
lente maison  des  Cambiaso,  qui  ensuite 
lui  confia  l'administration  des  domaines 
qu'elle  venait  d'acquérir  en  Normandie. 
Il  resta  dans  l'obscurité  jusqu'en  1793, 
époque  à  laquelle  il  s'embarqua  avec  le 
contre-amiral  Latouche  ,  et  se  chargea  de 
signifier  au  roi  de  Naples  les  volontés  du 
jouvernement  français.  On  le  débarqua 
seul,  sous  le  simple  uniforme  de  grena- 
iier  de  la  garde  nationale  parisienne; 
parvenu  au  palais  à  travers  la  multitude 
çmi  se  pressait  sur  ses  pas ,  il  refusa  de 
communiquer  avec  les  ministres,  remit 
ses  dépècbes  au  monarque,  et  termina 
heureusement  sa  mission.  Il  en  vint  ren- 
dre compte  lui-même  à  la  Convention,  et 
fut  nommé ,  en  1797 ,  ministre  français 
près  de  la  république  de  Gènes.  On  lui 
confia  en  même  temps  une  mission,  qui 
n'eut  aucun  succès  ,  près  du  sénat  de  Ve- 
nise et  du  saint  siège.  A  son  retour  à 
Paris,  il  trouva  la  plupart  de  ses  amis  vic- 
times des  excès  révolutionnaires.  Pour 
s'y  dérober  lui-même  il  monta  des  ateliers 
d'armes  dans  le  midi,  et  fit  prospérer 
celui  d'Avignon.  Il  y  fut  néanmoins  ar- 
rêté comme  suspect,  et  conduit  dans  les 
prisons  de  Valence.  Rendu  à  la  liberté 
sous  le  Directoire,  il  fut  successivement 
consul  à  Livourne  et  à  Gènes,  concourut 
à  l'expédition  d'Egypte  ,  et  remplaça , 
comme  chargé  d'affaires,  l'ambassadeur 
français  aux  états  génois.  Après  le  18 
brumaire,  il  revint  en  France,  fit  partie 
du  corps-législatif,  et  fut  envoyé  à  Li- 
vourne et  à  Madrid ,  avec  le  litre  de 
commissaire-général  des  relations  com- 
merciales. En  1804  ,  Redon  d<>.  Belle  ville 
devint  préfet  de  la  Loire-Inférieure,  et 
fut  créé,  peu  temps  après,  commandant 
de  la  légion-d'honneur  et  baron.  Nommé 
intendant-général  du  Hanovre,  après  la 
bataille  d'Iéna  (1807),  il  passa  avec  le 
même  titre  dans  les  provinces  illyrien- 
nes,  en  1810.  Il  demanda  son  rappel  et 
devint  inspecteur  des  dépôts  de  mendi- 
cité ,  puis  administrateur  des  postes  jus- 
qu'en 1816.  H  rentra  alors  dans  la  vie 
privée  et  mourut  à  Bailly ,  près  de  Ver- 
sailles ,  le  10  août  1820,  à  l'âge  de  soixante- 
douze  ans. 

*  BELLEVUE  (Jacques),  célèbre  juris- 
consulte du  14e  siècle  ,  professait  le  droit 
à  Pérouse  en  1514,  et  a  laissé  :  |  De  usu 
Feudorum;  \  In  novellas  Justin.,  alias- 
que  legum  partes,  commenlaria;  \  De 
excommunicatione  ;  \  Praclica  juris  in 
sexto;  j  De  foro  competenti  curies  roma- 


BEL 

nœ;  \  Praxis  judiciaria  in  criminalibus. 
Cologne ,  1580. 

BELLEVUE  (Armand  de),  religieux 
dominicain ,  né  dans  la  Provence  ,  fut 
attaché  au  pape  Jean  XXII ,  qui  lui  donna 
l'emploi  de  lecteur  du  sacré  palais.  On  a 
de  Bellcvuc  :  |  un  Dictionnaire  des  mots 
les  plus  difficiles  de  la  philosophie  et  de 
la  théologie,  plusieurs  fois  imprimé  ;  |  Ser- 
mones  per  lotum  fere  annum  declamabi- 
les ,  Lyon,  1515,  in-8";  |  des  Conférences 
sur  les  psaumes ,  Taris  ,  1519  ;  |  des  Priè- 
res et  des  méditations  sur  la  vie  de  Jé- 
sus-Christ, Maycnce,  1503. 

*  BELLEY  (l'abbé  AUGUSTIN),  né  à 
Sainte-Foy-de-Montgommery  le  19  décem- 
bre 1697 ,  dans  le  diocèse  de  Lisieux,  mort 
le  26  novembre  1771.  Il  n'a  fait  impri- 
mer aucun  ouvrage  séparément ,  mais  il 
a  composé  plus  de  cinquante  Disserta- 
tions, observations  et  Mémoires ,  qui 
ont  été  insérés  dans  le  Recueil  de  l'aca- 
démie des  Inscriptions  et  belles-lettres , 
dont  il  était  membre.  Il  a  aussi  fourni 
des  articles  au  Journal  des  savons  de 
1749  à  1755. 

*  BELLI  (Cuérubi\),  théologien  cano- 
nistc  et  poète  sicilien  ,  adonné  :  |  le  La- 
grime  di  Maria  Vcrgine  nel  Calvario  en 
langue  sicilienne  ,  Païenne ,  1635  ;  |  des 
Idtjlles,  des  Pastorales,  et  des  Tragédies 
sacrées. 

*  BELLI ,  religieux  des  frères  hospita- 
liers de  Sicile  au  17e  siècle,  se  distingua 
par  son  talent  dans  la  chaire  et  ses  écrits, 
dont  il  ne  reste  que  deux  volumes  do 
Panégyriques  ,  Rome,  1669  et  1672. 

*  BELLI  .(Paul)  ,  né  à  Messine,  en 
1588,  entra,  en  1603,  chez  les  jésuites, 
remplit  divers  emplois  dans  cette  com- 
pagnie, et  fut  en  faveur  auprès  du  pape 
Innocent  X,  dont  il  était  parent.  11  mou- 
rut à  Messine,  le  15  janvier  1658.  11  a 
laissé  en  latin  quelques  ouvrages  de  piété, 
tels  que  Y  Histoire  de  la  Passion,  Urée 
des  quatre  évangélistes ,  un  recueil  de 
mille  éloges  ou  de  mille  traits  à  la  louange 
de  la  Vierge  Marie,  en  2  vol.  in-fol.,  etc., 
et  en  italien  :  il  Sacrifizio  d  Abraamo , 
rappresentazione  tragicomica ,  Rome  , 
1648 ,  sous  le  nom  de  Lelio  Palombo.  Si 
ce  nom  est  anagrammatique ,  comme  on 
l'a  dit ,  c'est  une  raison  de  croire  qu'il  ne 
s'appelait  pas  Paolo  Belli ,  mais  Ombelli, 
comme  l'ont  voulu  quelques  auteurs. 

*  BELLLVRD  (Augustin-Daniel,  com- 
te), lieutenant-général,  grand-cordon  de 
l'ordre  de  la  légion-d'honueur  ,  né  à  Fou- 
lenai-le-Comtc ,  le  25  mai ,   1769  ,  entra 


BEL  i 

comme  capitaine  dans  le  premier  batail- 
lon de  la  Vendée ,  fut  employé ,  dans  l'ar- 
mée du  Nord ,  par  Dumouriez,  en  qualité 
d'officier  d'élat-major  ,  et  se  distingua 
aux  affaires  de  Grandpré  ,  de  Sainte-Me- 
nehould  et  de  Jemmapes.  Après  les  jour- 
nées de  Liège  et  de  Nervvinde ,  il  fut 
fait  adjudant-général.  Le  ministre  de  la 
guerre  ,  Bouchotte ,  l'ayant  destitué  après 
la  défection  de  Dumouriez ,  Belliard  en- 
tra comme  soldat,  plutôt  que  de  quitter 
le  service  ,  dans  le  troisième  régiment  de 
chasseurs  à  cheval,  et  fut  rendu  peu  de 
temps  après  ,  à  ses  fonctions  d'adjudant- 
général  sous  les  ordres  du  général  Ho- 
che. Il  passa,  en  1791),  à  l'armée  d'Italie, 
se  distingua  à  Castiglione  ,  à  Vérone  et  à 
Caldiero,  eut  deux  chevaux  tués  sous  lui 
à  Arcole  ,  fut  blessé  et  nommé  général  de 
brigade  sur  le  champ  de  bataille.  Au  pas- 
sage du  Lavis ,  il  délogea  les  Autrichiens 
des  cîmes  où  ils  s'étaient  retranchés  ,  ou- 
vrit à  Jaubert  la  vallée  de  l'Adige,  bat- 
tit le  général  Laudon,  à  qui  il  enleva  deux 
mille  prisonniers  et  quatre  pièces  de  ca- 
non ,  et  opéra  sa  jonction  avec  son  chef  à 
Neumarck.  En  1798,  Belliard  après  s'être 
emparé  de  Civila-Vecchia ,  fut  chargé 
de  comprimer  une  violente  insurrection 
qui  venait  d'éclater  parmi  nos  troupes  à 
Rome ,  et  il  y  réussit.  Compris  dans  l'ex- 
pédition d'Egypte ,  il  contribua  au  débar- 
quement des  troupes  dans  l'île  de  Malte , 
se  signala  au  combat  d'Alexandrie ,  prit 
part  à  l'affaire  de  Chebreis ,  reçut  la  pre- 
mière charge  de  Mamelucks  à  la  bataille 
des  Pyramides  et  combattit  à  Sédiman  et 
à  Sienne.  Il  rejeta  les  beys  au-delà  des 
Cataractes,  occupa  Philé,  et  prit  Cosseir, 
d'où  il  redescendit  à  Farehal.  Apprenant 
alors  qu'une  nuée  d'Arabes  accourus  de 
toutes  les  parties  de  l'Yémcn ,  s'est  em- 
parée de  notre  flottille,  il  marche  à  eux, 
ies  bat,  reprend  les  pièces  avec  lesquel- 
les ils  nous  foudroient,  et  délivre  le 
Saïd  de  ces  bandes  redoutables.  Appelé  à 
défendre  la  llasse-Ejjypte  ,  il  tint  l'ex- 
trême droite  à  la  bat  .ille  d'Héliopolis,  et 
contribua  au  succès  de  la  journée.  Il  re- 
prit Damiette  et  le  fort  de  Lesbé ,  fut 
blessé  au  siège  de  Boulak,  et  fut  chargé 
plus  tard  du  commandement  du  Caire. 
Après  la  capitulation  de  cette  place  ,  il  re- 
vint en  France  et  fut  nommé  en  1801 
commandant  de  la  vingt-quatrième  di- 
vision militaire.  Belliard  ,  devenu  en  1805 
chef  d'ctat-major-général  de  la  cavalerie 
sous  les  ordres  de  Murât ,  contribua  aux 
succès  de  Virlingen,  de  Nércshcim  et  de 


9  a  BEL 

Langucnau.  Quelques  jours  après  la  ba- 
taille d'Austerlilz ,  Napoléon  le  nomma 
grand-officier  de  la  légion-d'honneur.  En 
1807  et  1808,  il  fit  les  campagnes  de  Prusse 
et  de  Pologne ,  sous  Murât ,  assista  à  la 
bataille  d'Iéna ,  au  combat  de  Prentzlow, 
fit  la  sommation  au  général  prussien  pour 
qu'il  se  rendit  avec  ses  seize  mille  hommes 
d'infanterie,  six  régimens  de  cavalerie, 
quarante-cinq  drapeaux  et  soixante-quatre 
pièces  d'artillerie,  et  parut  à  Stettin,à 
Lubeck ,  à  Golymin,  à  Hoff ,  à  Heilsberg  , 
à  Eylau,  à  Friedland,  à  Tilsit.  Il  se  rendit 
en  1808  en  Espagne  ,  contribua  à  la  red- 
dition de  Madrid ,  dont  il  fut  nommé  gou- 
verneur, et  reçut  la  croix  de  comman- 
deur de  la  couronne  de  fer.  Belliard  se 
signala  encore  dans  les  différentes  jour- 
nées qui  marquèrent  la  campagne  de 
Russie  ,  et  surtout  à  la  bataille  de  la  Mos- 
kowa,  où  par  l'établissement  d'une  bat- 
terie de  vingt  pièces  de  canon ,  il  força  a 
la  retraite  les  masses  énormes  de  la  garde 
russe.  Blessé  dangereusement  à  Mojaïsk, 
après  avoir  eu  encore  deux  chevaux  tués, 
il  suivit  l'armée  dans  sa  retraite ,  fut 
nommé  colonel-général  des  cuirassiers  à 
Smorgoni,  et  réorganisa  toute  la  cavalerie 
française,  après  son  entrée  dans  la  Prusse. 
Il  remplit  à  la  bataille  de  Dresde,  en  1813, 
les  importantes  fonctions  d'aide-major- 
général  de  l'armée  ;  un  boulet  de  canon 
lui  cassa  le  bras  à  la  journée  de  Leipsick, 
où  pour  la  troisième  fois  deux  chevaux 
furent  tués  sous  lui.  Il  succéda,  en  arri- 
vant à  Mayence  ,  au  majorrgénéral  Ber- 
thier,  qui  suivait  l'empereur  à  Paris.  En 
1814 ,  Belliard  fit  la  campagne  de  France, 
en  qualité  d'aide-major-général  jusqu'à  la 
bataille  de  Craonnc.  Après  cette  bataille  , 
il  prit  le  commandement  en  chef  de  la  ca- 
valerie de  l'armée  et  de  celle  de  la  garde 
impériale,  assista  à  plusieurs  affaires, 
reçut  le  grand-cordon  de  la  légion-d'hon- 
neur ,  et  après  l'abdication  de  Napoléon, 
la  croix  de  Saint-Louis  de  la  main  du  roi, 
qui  le  nomma  pair  de  France  et  major- 
général  sous  les  ordres  du  duc  de  Berri. 
Le  8  mars  181a  ,  il  suivit  la  famille  royale 
jusqu'à  Beauvais,  et  sur  l'invitation  qu'il 
reçut  d'elle,  revint  de  là  à  Paris.  L'em- 
pereur le  nomma  ministre  plénipoten- 
tiaire auprès  de  Joachim  Murât,  dont  il 
vit  les  derniers  revers.  A  son  retour  en 
France  ,  il  fut  investi  du  commandement 
des  troisième  et  quatrième  divisions  mi- 
litaires, fut  arrêté  après  la  seconde  abdi- 
cation ,  et  conduit  à  l'abbaye,  puis  à  Chail- 
lot.   Remis  en  liberté,  il  fut  réintégré, 


BEL 


196 


BEL 


le  5  juin  1816,  sur  la  liste  des  pairs,  et 
le  5  mars  1819 ,  dans  le  cadre  de  l'état- 
major-général  de  l'armée.  Après  la  révo- 
lution de  juillet,  lorsque  la  Belgique  se 
fut  séparée  de  la  Hollande,  le  général 
Belliard  fut  envoyé  comme  ambassadeur 
à  Bruxelles.  Il  est  mort  dans  cette  ville  , 
en  1852  ,  âgé  de  65  ans. 

*  BELLICARD  (Jérome-Ciiarles),  ar- 
chitecte .  né  à  Taris  en  1726.  Après  avoir 
remporté  le  grand  prix,  il  alla  en  Italie, 
et  à  son  retour  il  fut  nommé  professeur 
de  l'académie  d'architecture  et  contrôleur 
des  bâlimens  du  roi.  11  avait  de  grandes 
connaissances  dans  son  art ,  et  il  aurait 
pu  acquérir  une  existence  honorable,  mais 
la  passion  du  jeu  détruisit  sa  fortune.  Il 
mourut  dans  la  misère  vers  l'an  1786.  Il 
a  publié  avec  Cochin  fds  :  Observations 
sur  les  antiquités  de  la  ville  d'JIercula- 
num,  avec  quelques  réflexions  sur  lapein- 
ture  et  la  sculpture  des  anciens  ,  et  une 
courte  description  des  environs  de  Naples, 
4754,  in-12,  avec  trente-trois  planches 
gravées  par  lui-même. 

BELLIÈVRE,  famille  originaire  de 
Lyon,  a  produit  :  1°  Un  chancelier  de 
France ,  sous  Henri  IV,  qui  avait  servi 
sous  cinq  rois ,  et  mort  en  1607.  2°  Un  pre- 
mier président  au  parlement  de  Paris , 
sous  Louis  XIV,  mort  en  1657  ,  sans  pos- 
térité. On  lui  doit  l'établissement  de  l'hô- 
pital-général  de  Paris.  5°  Deux  prélats  qui 
aimaient  les  lettres  et  les  cultivaient,  et 
qui  furent  archevêques  de  Lyon. 

BELLIN  (Gentile  ) ,  peintre  de  Venise, 
fut  demandé  par  Mahomet  II  à  la  répu- 
blique. Bellin  fit  plusieurs  tableaux  pour 
cet  empereur.  On  a  parlé  surtout  de  ce- 
lui de  la  Décollation  de  St.  Jean-Baptiste. 
On  a  raconté  à  ce  sujet  une  anecdote 
qu'on  trouve  dans  presque  toutes  les  his- 
toires des  peintres,  mais  qu'un  auteur  cé- 
lèbre a  mise ,  je  ne  sais  sur  quelle  preuve, 
au  rang  des  contes  improbables,  car  cer- 
tainement le  fait  ne  sort  pas  du  caractère 
de  Mahomet.  Ce  sultan  trouva,  dit-on, 
6on  ouvrage  fort  beau;  il  lui  parut  seule- 
ment que  les  muscles  et  la  peau  du  cou, 
séparés  de  la  tète,  n'étaient  point  suivant 
l'effet  de  la  nature.  Il  appela  tout  de  suite 
un  esclave  auquel  il  fit  couper  la  tète,  pour 
donner  une  leçon  au  peintre.  D'autres 
disent  que  Bellin  empêcha  cette  barbarie, 
et  qu'il  dit  au  sultan  :  Seigneur,  dispensez- 
moi  d'imilcr  la  nature  en  outrageant  l'hu- 
manité. On  ajoute  que  Bellin  demanda  son 
congé ,  de  peur  que  sa  tète  ne  servit  de 
leçon  un  jour  à  quelque  meilleur  peintre 


que  lui.  Mahomet  ,  que  la  cruauté  n'em- 
pêchait pas  d'aimer  les  arts ,  lui  fit  pré- 
sent d'une  couronne  d'or  de  3000  ducats, 
et  le  renvoya  avec  des  lettres  de  recom- 
mandation pour  sa  république,  qui  lui 
donna  une  pension  ,  et  le  fit  chevalier  de 
Sl.-Marc.  Il  mourut  à  Venise  en  1501,  à 
80  ans. 

BELLIN  (Jean),  frère  du  précédent, 
avait  un  pinceau  plus  doux  et  plus  cor- 
rect que  Gentile.  Ils  travaillaient  de  con- 
cert à  ces  magnifiques  tableaux  qui  sont 
dans  la  salle  du  conseil  à  Venise.  Jean  fut 
un  des  premiers  qui  peignit  à  l'huile. 
Il  publia  ce  secret,  qu'il  avait  surpris  à 
Antoine  de  Messine,  qui  le  tenait  du  célè- 
bre Van-Dick. Il  mourut  en  1512, à  90  ans. 

BELLIIV  (  Jacques-Nicolas  ) ,  ingé- 
nieur-géographe de  la  marine ,  membre 
de  la  société  royale  de  Londres,  né  à 
Paris  en  1703,  et  mort  en  1772.  Personne 
n'a  mieux  rempli  les  fonctions  de  son 
état.  Il  a  fait  un  grand  nombre  de  cartes 
marines  qui  forment  plusieurs  recueils  : 
le  premier  sous  le  nom  de  Neptune  fran- 
çais, comprend  les  côtes  de  France;  le 
second ,  sous  celui  de  Hydrographie  fran- 
çaise comprend  toutes  les  côtes  connues 
de  notre  globe.  On  a  encore  de  lui  :  |  Es- 
sais géographiques  sur  les  îles  Britan- 
niques, in-4°;  |  Description  géographique 
des  îles  Antilles ,  in-4°  ;  |  de  la  Guyane  , 
in-4°  ;  |  de  Denise  et  de  la  Morée  ,  in-4a  ; 
|  Le  petit  Allas  maritime ,  5  vol.  \\\-k°. 
C'était  un  auteur  très  laborieux. 

BELLING  (Richard),  Irlandais,  fut 
pendant  les  troubles  qui  agitèrent  sa  pa- 
trie ,  sous  le  règne  de  Charles  Ier,  un  des 
officiers  les  plus  distingués  des  catholi- 
ques et  se  dévoua  au  service  de  son  sou- 
verain. Il  fut  envoyé  à  Rome  par  le  con- 
seil des  confédérés  catholiques ,  établi  à 
Kilkenni;  il  y  obtint  des  secours  d'argent 
et  revint  dans  son  pays,  accompagnant 
le  nonce  Rinuccini,  archevêque  de  Fer- 
me Mais  la  division  s'étant  mise  parmi 
les  confédérés ,  et  voyant  que  Cromwel 
mettait  tout  à  feu  el  à  sang,  Belling  fut 
obligé  de  se  retirer  en  France,  où  il  vé- 
cut jusqu'au  rétablissement  de  Cbarles  II, 
qui  le  fit  rentrer  dans  la  possession  de 
ses  terres.  Il  mourut  à  Dublin  en  1677. 
Durant  son  séjour  en  France  il  écrivit 
sous  le  nom  supposé  de  Philopator  Tre- 
nœus ,  Vindiciarum  Calholicorum  lliber- 
niœ ,  lib.  2.  C'est  l'histoire  des  affaires 
d'Irlande  depuis  1641  jusqu'en  1649.  Cet 
ouvrage  ayant  été  critiqué,  il  en  fit  l' A- 
pologie ,  Paris,  1G54,  in- 8°. 


IIEL  19 

*  BELMXG  (  Guillaume- Sébastien  ), 

lieutenant- général  prussien.  Né  d'une  fa- 
mille noble  ,  il  entra  cornette  dans  le  ré- 
giment de  hussards  de  Werner  en  Silésie, 
et  servit  avec  distinction  dans  les  armées 
de  Frédéric  II ,  qui  le  regardait  comme 
un  de  ses  meilleurs  officiers.  Son  avance- 
ment fut  rapide  ,  et  il  se  couvrit  de  gloire 
En  plusieurs  occasions,  particulièrement 
contre  l'armée  suédoise.  Avec  quelques 
bataillons  de  recrues  et  dix  escadrons  de 
cavalerie,  il  sut  la  tenir  en  observation, 
empêcher  ses  mouvemens  et  la  harceler 
avec  succès.  Comme  il  était  de  petite  taille 
et  qu'il  montait  toujours  le  même  che- 
val, il  était  facile  à  reconnaître,  et  les 
ennemis  tiraient  toujours  sur  lui;  mais 
on  ne  put  jamais  le  déterminer  à  changer 
de  cheval.  Il  mourut  à  Slolpen  en  1799. 

BELLIIVI  (  Laurent  ) ,  né  à  Florence  , 
en  1643,  mourut  dans  cette  ville  en  1705, 
âgé  de  60  ans.  Il  professa  la  médecine 
avec  beaucoup  de  succès.  Ses  ouvrages 
ont  été  imprimés  en  2  vol.  in-/t°,  à  Ve- 
nise, 1732.  On  a  encore  de  lui  |  Exercita- 
tiones  anatomtcœ ,  Leyde,  1726,  in-/*0  ; 
|  Opuscula  de  molli  cordis ,  etc.,  ibid. 
1757,  in-4°,  figures. 

*  BELLOG  (  l'abbé  ) ,  né  dans  le  canton 
de  Saint-Afrique ,  en  1737  ,  embrassa  Tétai 
ecclésiastique  et  se  lit  aimer  dès  sa  jeu- 
nesse par  son  heureux  caractère  et  sa 
piété  douce.  N'étant  encore  que  vicaire, 
il  donna  des  preuves  de  cette  charité  in- 
dustrieuse, qui  devait  signaler  tous  les 
instans  de  sa  vie.  Pendant  les  années  de 
disette ,  occasionée  par  des  menées  bien 
coupables,  il  eut  recours  à  un  emprunt 
pour  former  un  grenier  public  dans  sa 
paroisse,  et  il  rendit  ensuite  les  fonds 
qu'on  lui  avait  confiés ,  après  avoir  nourri 
gratuitement  les  pauvres.  En  1790,  il  fut 
nommé  curé  à  Brusque,  paroisse  dans 
une  situation  peu  agréable,  et  où  ré- 
gnaient quelques  troubles.  Il  parvint ,  en 
peu  de  temps ,  à  y  rétablir  le  calme ,  et  y 
gagna  tous  les  cœurs,  au  point  d'être 
nommé  président  du  canton  et  électeur. 
Obligé  de  se  réfugier  en  Italie  pendant  la 
terreur,  il  y  fut  également  estimé  et  ap- 
précié; et  lorsque  des  temps  moins  ora- 
geux lui  permirent  de  rentrer  en  France, 
il  voulut  retourner  dans  sa  petite  cure, 
où  il  continua  de  faire  le  bien  avec  celte 
simplicité  modeste  qui  craint  le  bruit  et 
l'éclat.  Peu  de  temps  après  cependant ,  il 
fut  nommé  à  la  cure  de  Saint -Afrique, 
une  des  plus  importantes  du  diocèse  ;  et 
il  y  gagna  également  l'affection  des  habi- 


7  REL 

tans;  mais,  au  bout  de  quelques  années, 
l'humble  et  pieux  pasteur  demanda  à  re- 
tourner clans  sa  première  paroisse,  qui  se 
trouvait  sans  curé,  et  il  prodigua  à  ses 
ouailles  non-seulement  les  instructions  et 
les  aumônes,  mais  des  soins  de  toute  es- 
pèce et  des  conseils  sur  leurs  intérêts 
personnels.  Il  leur  ouvrit  même  une  nou- 
velle branche  de  commerce ,  en  décou- 
vrant quelques  mines  de  charbon  qu'il  fit 
fouiller  à  ses  frais ,  et  pour  faciliter  le 
transport,  il  fil  terminer  une  roule  nou- 
velle. Pour  se  rendre  plus  utile  à  ses  pa- 
roissiens ,  il  s'était  étudié  à  acquérir  des 
connaissances  en  médecine,  et  il  avait 
établi  dans  sa  maison  une  pbarmacie  pour 
les  pauvres.  L'archevêque  d'Albi,  infor- 
mé de  son  mérite ,  lui  proposa  des  lettres 
de  grand-vicaire,  mais  il  ne  put  le  déter- 
miner à  quitter  un  lieu  qui  réunissait 
toutes  ses  affections.  Il  y  mourut  en  1827. 
et  l'unanimité  des  regrets  qu'il  laissa  dans 
sa  paroisse  et  dans  les  lieux  circonvoisins, 
prouva  combien  il  était  aimé  et  chéri. 
Les  habitans  prirent  le  deuil,  et  se  plai- 
saient à  raconter  ses  vertus  et  ses  ser- 
vices. M.  Belloc  était  réellement  instruit. 
Il  avait  étudié  les  mathématiques ,  l'his- 
toire naturelle ,  et  il  savait  assez  de  droit 
pour  concilier  les  différends  de  ses  parois- 
siens; aussi  plus  d'une  fois  le  tribunal  de 
Saint-Afrique  engagea  les  plaideurs  à  le 
choisir  pour  arbitre. 

*  BELLOC  (  Jean -Louis  ) ,  né  en  1750  , 
à  Saint-Martin ,  près  d'Agen ,  mort  dans 
cette  ville  en  1807,  élève  des  écoles  de 
Montpellier  et  de  Paris ,  acquit  dans  sa 
province  une  assez  grande  réputation 
comme  médecin.  Ses  ouvrages  sont  :  |  plu- 
sieurs mémoires,  insérés  dans  la  collec- 
tion de  l'académie  royale  de  chirurgie  ; 
deux  furent  couronnés  en  1762  et  1771; 
|  un  Cours  de  médecine  légale  J  suivi  des 
lois  d'exemption  du  service  militaire, 
1819  j.  in-8°  ,  5e  édit.  ;  j  La  Topogpaphie 
physique ,  philosophique  et  médicale  du 
déparlement  de  Lot-et-Garonne ,  cou- 
ronnée en  1806  par  la  société  de  médecine 
de  Paris  ;  |  enfin  un  Mémoire  manuscrit 
sur  les  hydropisies. 

*  BELLOCQ  (  Pierre  ),  né  à  Paris,  va- 
let-de -chambre  de  Louis  XIV,  plaisait 
par  .son  esprit,  par  ses  saillies,  par  sa 
physionomie.  Il  était  ami  de  Molière  et  de 
Bacine.  Il  écrivit  contre  la  Satire  dis 
femmes  de  Despréaux  ,  mais  il  se  récon- 
cilia ensuite  avec  lui.  Ses  Satires  des  Pe- 
tits-Maîtres et  les  Nouvellistes  eurent 
quelque  succès,  de  même  que  son  Poème 


BEL 


J9S 


BEL 


sur  l'IIôlel  des  Invalides.  Il  mourut  en 
1704  âgé  de  59  ans. 

BELLOl  (  Pierre  ) ,  avocat-général  au 
parlement  de  Toulouse,  naquit  à  Mon- 
tauban,  d'une  famdle  catholique.  Son 
attachement  au  parti  royaliste,  dans  le 
temps  de  la  ligue ,  le  lit  accuser  d'être  un 
hérétique  et  un  brouillon.  Henri  III,  dont 
il  soutenait  la  cause  dans  son  Apologie 
catholique  contre  les  libelles  publiés  par 
les  ligués,  le  lit  mettre  en  prison,  l'an 
1587  Henri  IV ,  plus  juste ,  le  lira  du  pré- 
sidial,où  il  n'était  que  conseiller,  pour 
lui  donner  la  charge  d'avocat-général  du 
parlement.  Il  laissa  plusieurs  ouvrages, 
peu  connus  aujourd'hui. 

BELLOl.  Voyez  BELLOY. 

BELLO\.  Voy.  BELON. 

*  BELLOXI  (  Jea»),  chanoine  de  Pa- 
doue ,  mort  en  1623.  On  a  de  lui  :  Disser- 
tations sur  l'antre  des  Naïades. 

*  BELLOXI  (  Jérôme  ) ,  banquier  de 
Rome  ,  jouissait  d'un  grand  crédit  sous  le 
pontificat  de  Benoit  XIV,  qui  l'anoblit 
en  1750,  en  reconnaissance  du  service 
qu'il  rendit  à  sa  patrie  par  sa  Disserta- 
tion sur  le  commerce ,  dédiée  au  saint 
Père.  Cet  opuscule  fut  traduit  en  fran- 
çais ,  La  Haye  1755  ,  in-12. 

BELLORI  (  Jean-Pierre)  ,  né  à  Rome, 
en  1615 ,  et  mort  en  1696  ,  à  80  ans ,  tourna 
ses  éludes  du  côté  des  antiquités  et  de  la 
peinture.  Ses  principaux  ouvrages  sont  : 
|  r 'Explication  des  médaillons  les  plus 
rares  du  cabinet  du  cardinal  Carpcgna , 
auquel  Bellori était  attaché,  Rome,  161)7, 
in-4°,  en  italien;  |  les  Vies  des  peintres, 
architectes  et  sculpteurs  modernes,  à 
Rome,  1672,  in-4",  en  italien.  Cet  ou- 
vrage, que  l'auteur  n'acheva  pas,  est 
estimé,  quoiqu'il  ne  soit  pas  toujours 
exact,  et  il  est  devenu  rare.  |  Descrip- 
tion des  tableaux  j)eints  par  Raphaël  au 
Vatican ,  à  Rome ,  1695  ,  in  -  fol ,  en  ita- 
lien :  livre  curieux  et  recherché  des  pein- 
tres. |  Antiche  Lucertie  sepolcrali,  avec 
figures ,  en  italien ,  1694 ,  in-fol.  |  Gli  An- 
tichi  Sepolcri ,  1699 ,  in-fol.,  ou  Leyde, 
4718,  in-fol.  Ducker  a  traduit  ces  deux 
ouvrages  en  latin,  Leyde,  1702.  in-fol. 
)  Veteres  Arcus  Augustorum ,  Leyde , 
1690,  in-fol.  |  Admiranda  Romœ  anti- 
quee  vesligia,  Rome,  1693,  in-fol.;  |  Se- 
conde édition  del1 Hisloria  Augusla  d'An- 
geloni ,  Rome,  1685,  in-fol.  |  Fragmenta 
vestigii  veleris  Romœ ,  1673,  in-fol.  |  La 
Colonna  Antoniniana,  in-fol.  |  Pillure  del 
Sepolcro  de  Nasoni,  1680  ,  in-fol.,  traduit 
en  latin,  Rome,  1738,   in-fol.  Tous   ces 


ouvrages  sont  recherchés  des  antiquaires. 
La  reine  Christine  lui  confia  la  garde  de 
sa  bibliothèque  et  de  son  cabinet. 

*  BELLOSTE  (  Augustin  ) ,  célèbre  chi- 
rurgien ,  né  à  Paris  en  1654  ,  mort  à  Tu- 
rin le  15  juillet  1730.  Il  fut  chirurgien  de 
la  duchesse  douairière  de  Savoie  II  se- 
consacra  au  service  des  armées  ,  et  prati- 
qua son  art  avec  succès.  On  a  de  lui  le 
Chirurgien  d'hôpital  ou  manière  de  gué- 
rir promptement  les  plaies ,  in-8° ,  plu- 
sieurs fois  réimprimé  et  traduit  en  di- 
verses langues.  Belloste  est  particulière- 
ment connu  par  les  pillules  mercuriellcs 
qui  portent  son  nom  ,  quoiqu'il  n'en  soit 
pas  l'inventeur.  On  en  trouve  la  formule 
dans  la  Pharmacopée  de  Renou ,  dit  Re- 
naudol;  mais  c'est  lui  qui  en  répandit 
l'usage. 

*  BELLOVÈSE,  premier  chef  gaulois 
qui  franchit  les  Alpes  par  la  gorge  de 
Turin,  vers  l'an  590  avant  J.  C.  Il  défit 
les  Toscans  sur  les  bords  du  Tésin  ,  rem- 
porta plusieurs  victoires  sur  différens 
peuples,  et  alla  fonder  la  ville  de  Milan 
(  Mediolanum  ) ,  dans  un  marais  appelé 
le  Champ  des  Insubriens ,  vers  l'an  550 
avant  J.-C,  sous  le  règne  de  Tarquin 
l'Ancien.  Les  nombreux  soldats  qui  l'a- 
vaient suivi  se  répandirent  dans  le  pays 
des  Libuens,  où  sont  maintenant  les  villes 
de  Brescia  et  de  Vérone.  De  nouvelles 
émigrations  de  Gaulois  accourus  au 
bruit  des  exploits  de  Bellovèse  s'établirent 
successivement  dans  l'Etrurie,  dans  la 
Ligurie ,  et  jusqu'au  pied  des  Apennins. 
Bellovèse  régna  long-temps  sur  ces  fer- 
tiles contrées,  qui  prirent  le  nom  de 
Gaule  cisalpine. 

*  BELLOY  (Pierre-Laurent-Buvrette 
du  ) ,  de  l'académie  française,  né  à  Saint- 
Flour,  en  Auvergne,  le  17  novembre  1727, 
mort  en  1775 ,  s'est  distingué  dans  la  car- 
rière dramatique.  Le  Siège  de  Calais  r 
tragédie  qui  offre  un  des  événemens  les 
plus  frappans  de  l'histoire  de  France, 
produisit  une  sensation  très  vive  sur  les 
bons  citoyens  ,  et  mérita  des  récompenses 
à  l'auteur.  Le  roi  lui  lit  donner  une  mé- 
daille d'or  du  poids  de  25  louis ,  et  une 
gratification  considérable.  Les  magistrats 
de  Calais  lui  envoyèrent  des  lettres  de  ci- 
toyen dans  une  boite  d'or;  et  son  portrait 
fut  placé  à  l'hôtel-de-ville  parmi  ceux  de 
leurs  bienfaiteurs.  Sa  versification  est 
dure  et  incorrecte  ,  et  l'auteur  de  la  Dé- 
cadence des  lettres  et  des  mœurs  en  a 
porté  un  jugement  sévère.  «  Les  vers  de 
»  Chapelain  et  de  Pradon ,  dit-il ,  ne  sent 


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»  rien  auprès  de  ceux  de  du  BiHoy;  ce 
»  pendant  le  malin  vieillard  de  Ferney 
»  lui  écrivait  au  sujet  de  Zelmire  :  Trous 
»  aimez  le  style  de  Racine ,  et  vous  avez 
»  vos  raisons  pour  cela...  vous  joignez  à 
»  la  beauté  des  vers  le  mérite  de  faction 
»  théâtrale.  La  beauté  des  vers  de  du 
»  Belloy  !  Oh  \  comme  il  se  moquait  !  Je 
i>  suis  sûr  que  ce  bon  vieillard  pouffait  de 
>>  rire ,  en  écrivant  sa  lettre.  Du  Belloy  la 

*  rapporte  avec  confiance ,  tant  l'a  mou  r- 
»  propre  est  aveugle  !  comme  un  titre  qui 
»  l'égale  à  Racine.  Pour  moi  je  ne  reviens 
»  point   de  la   beauté   des    vers   de   du 

*  Belloy.  »  Ses  autres  tragédies,  Titus, 
Zelmire ,  Gabrielle  de  Vergy ,  Gaston  et 
Hagard,  Pierre  le  Cruel,  réussirent  moins 
que  le  Siège  de  Calais ,  parce  qu'avec  les 
mêmes  défauts,  elles  sont  moins  animées 
par  l'enthousiasme  patriotique  qui  fit  va- 
loir celle-ci.  Elles  ont  d'ailleurs,  Ga- 
brielle de  Vergy  surtout  (  V.  F AIEL ) ,  une 
teinte  noire  qui  n'est  pas  du  bon  tragi- 
que ,  et  qui  a  fait  dire  à  l'auteur  que  nous 
venons  de  citer  :  «  A  quoi  la  scène  fran- 
»  çaise  est-elle  en  effet  réduite  aujour- 
>  d'hui  ?  La  terreur  et  la  pitié  en  sont 
»  bannies  ;  mais  la  sombre  horreur  y  rè- 
»  gne.  Il  semble  que  les  poètes  prennent 
»  à  tàcbe  de  dénaturer  le  genre  tragique. 
»  Comme  ils  ignorent  l'art  de  remuer  les 
«passions,  de  toucher,  d'attendrir  el 
»  d'intéresser ,  ils  se  contentent  de  flétrir 
»  le  cœur,  de  noircir- l'imagination,  de 
»  forcer  les  spectateurs  à  détourner  les 
»  yeux  des  objets  atroces  qu'ils  offrent  à 
»  leurs  regards.  On  dirait  que  les  poètes, 
»  à  l'envi,  se  disputent  entre  eux  à  qui 
»  noircira  le  plus  la  scène.  Incapables 
»  d'atteindre  à  la  charmante  et  sublime 
»  simplicité  de  Racine,  ils  n'ont  que  la 
i  misérable  ressource  de  franchir  toutes 
»  les  règles ,  de  multiplier  les  coups  de 
»  théâtre ,  d'augmenter  la  pompe  du  spec- 
»  tacle,  de  frapper  les  yeux,  de  laisser 
»  l'esprit  vide  et  le  cœur  dans  une  an- 
»  goisse  insupportable.  On  n'a  pas  senti 
»  qu'en  admettant  ce  genre  barbare,  on 
>»  allait  changer  les  mœurs  de  la  nation. 
»  Comment  les  femmes ,  dont  la  douceur 
»•  est  le  partage ,  qui  tressaillent  à  toute 

*  émotion ,  dont  les  sensations  sont  si 
»  vives  et  les  nerfs  si  délicats,  ont-elles 
»  pu  s'accoutumer  à  toutes  ces  horreurs 
»  tragiques  qui  ne  sont  rachetées  ni  par 
»  la  beauté  des  vers ,  ni  par  le  charme  du 
»  style  et  la  richesse  de'  l'expression ,  ni 
».  par  la  noblesse  et  l'élévation  des  pen- 
»sées?  Quelques  froides  sentences,  des 


»  maximes  audacieuses  et  hardies  en  font 
»  le  seul  mérite.  »  M.  Gaillard,  de  l'aca- 
démie française  ,  a  donné  une  édition  des 
OEuvres  de  Du  Belloy,  en  6  vol.  in-8°. 

*  BELLOY  (  Jratj -Baptiste  de  ; ,  car- 
dinal, archevêque  de  Paris  ,  né  en  1709  à 
Morangles  dans  le  diocèse  de  Beau  vais  , 
d'une  famille  très  ancienne,  qui  avait 
fourni  à  l'état  des'militaires  d'un  mérite 
distingué,  embrassa  jeune  encore  l'état 
ecclésiastique.  Dès  son  début,  le  cardi- 
nal de  Gesvres,  son  évêque ,  se  l'attacha 
en  le  nommant  officiai  el  archidiacre  de 
son  église.  En  1751,  il  fut  sacré  évêque 
de  Glande ve.  Belloy  assista  à  la  fameuse 
assemblée  du  clergé  de  17;k> ,  et  s'y  rangea 
du  côté  des  prélats  modérés,  désignés 
sous  le  nom  de  Feuillans  ,  parce  qu'ils 
avaient  à  leur  tète  le  cardinal  de  la  Rc- 
chefoucault,  qui  tenoilla  feuille  des  béné- 
fices ,  et  qui  étaient  opposés  au  parti  des 
Théalins,  ainsi  nommés  parce  qu'ils  sui- 
vaient les  principes  de  l'ancien  évêque 
de  Mircpoix,  qui  avait  été  de  cet  ordre. 
A  la  mort  de  M.  de  Belsunce,  évêque  de 
Marseille,  M.  de  Belloy  fut  désigné  pour 
le  remplacer,  comme  le  prélat  le  plus 
propre  par  sa  prudence  et  sa  modération 
à  ramener  la  paix  qui  avait  été  troublée 
dans  ce  diocèse  par  les  querelles  de  la 
bulle  Unigenilus.  Il  sut  si  bien  en  effet 
gagner  la  confiance  des  deux  partis ,  sans 
rien  abandonner  de  ce  qui  tenait  aux 
principes,  que  tous  les  germes  de  dis- 
corde furent  étouffés.  Obligé  de  quitter 
son  diocèse,  pendant  les  orages  de  la  ré- 
volution, ce  prélat  se  retira  àChambly, 
pelite  ville  voisine  du  lieu  de  sa  nais- 
sance ,  et  il  y  passa  les  momens  les  plus 
critiques  sans  éprouver  aucun  danger 
imminent.  A  l'époque  du  concordat,  il  se 
démit  le  premier  de  sa  dignité  d'évèque 
pour  en  faciliter  la  conclusion.  En  1802 , 
il  fut  nommé  à  l'archevêché  de  Paris,  et 
reçut,  l'année  suivante,  le  chapeau  de 
cardinal.  Malgré  son  extrême  vieillesse, 
il  gouverna  son  nouveau  diocèse  avec  la 
même  sagesse  qu'il  avait  montrée  dans 
celui  de  Marseille.  Un  rhume  calharral 
l'enleva  le  10  juin  1808 ,  à  l'âge  de  99  ans. 
ÏI  fut  enterré  dans  le  caveau  de  ses  pré- 
décesseurs. Napoléon  ordonna  qu'il  lui 
fût  élevé  un  monument.  Jean-Baptiste  de 
Belloy  avait  deux  frères  dont  l'un  ,  Jac- 
ques-Tranquille ,  entra  jeune  encore  dans 
l'ordre  de  Prémontré  et  fut  nommé  par 
le  roi  à  l'abbaye  régulière  de  Corneux , 
du  même  ordre,  près  de  Gray.  Il  fit  re- 
bâtir son  église  qui  tombait  de  vétusté, 


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constiuirc  un  pont  et  ouvrir  des  che- 
mins. Il  mourut  à  Corneux  en  1773. 
—  L'autre,  proies  comme  le  précédent 
de  l'abbaye  de  Bcllozane ,  devint  succes- 
sivement prieur  de  cette  maison,  de  l'ab- 
baye d'Abbecourt  dans  le  diocèse  de 
Chartres,  et  prieur-curé  de  la  cure  d'An- 
girey ,  dépendante  de  Corneux.  Il  mourut 
avant  la  révolution.  On  a  de  lui  un  Eloge 
funèbre  du  dauphin,  père  de  Louis  XVI, 
Taris,  1740,  in-4°. 

*  JBELLUCCI  (  Antoine  ) ,  célèbre  pein- 
tre italien,  né  dans  le  ïrévisan  en  1654  , 
et  mort  en  1726.  Joseph  Ier  l'appela  à 
Vienne,  et  l'y  retint  par  de  grandes  ré- 
compenses. Il  excellait  surtout  à  peindre 
les  petites  figures  dans  les  paysages,  et 
il  passe  pour  être  l'auteur  de  celles  des 
plus  beaux  tableaux  du  célèbre  Tem- 
pesta.  L'église  du  Saint-Esprit  à  Venise 
possède  un  tableau  de  cet  artiste. 

*  BELLUCCI  (  Thomas  ) ,  botaniste  ita- 
lien ,  né  à  Pistoie ,  était  directeur  du  jar- 
din de  l'université  de  Pise,  et  professeur 
de  botanique,  vers  le  milieu  du  17e  siècle. 
Il  a  publié  le  catalogue  des  plantes  qui  y 
étaient  cultivées  à  cette  époque,  sous  ce 
titre  :  Plantarum  index  horti  Pisani, 
cum  appendice  Angeli  Donninii  Floren- 
lini,  Florence,  1662,  in-16  de  64  pages. 

*  BELLUGA  (  Louis- Antoine  de  Mon- 
cade  de  ),  issu  d'une  famille  ancienne  du 
royaume  de  Grenade ,  en  1662 ,  et  sacré 
évéque  de  Carlhagène  en  1705,  se  fit  re- 
marquer par  son  assiduité  à  remplir  les 
fonctions  de  son  ministère ,  et  par  sa  cha- 
rité pour  les  pauvres.  L'Espagne  lui  doit 
plusieurs  maisons  de  refuge,  des  collèges, 
des  séminaires,  et  la  fondation  de  la  con- 
grégation de  Saint-Philippe  de  Néri.  Clé- 
ment XI ,  instruit  de  son  mérite  et  de  son 
zèle  pour  les  intérêts  de  l'Eglise,  lui 
donna  de  son  propre  mouvement,  en 
1719,  le  chapeau  de  cardinal,  qu'il  n'ac- 
cepta que  sur  des  ordres  réitérés.  En 
1724 ,  il  se  démit  de  son  évêché  et  se  re- 
lira à  Rome,  où  il  ne  fut  pas  moins  con- 
sidéré qu'en  Espagne.  11  y  mourut  le  2 
février  1743.  Il  avait  composé,  sur  les 
affaires  ecclésiastiques,  différens  mé- 
moires et  opuscules  qui  sont  restés  ma- 
nuscrits. 

*  BELLUTI  (  Bonaventure  ) ,  né  à 
Catane  en  Sicile,  et  de  l'ordre  des  frères 
mineurs  conventuels,  naquit  vers  l'an 
1599.  Il  se  fit  une  grande  réputation  dans 
son  temps,  comme  théologien  et  comme 
philosophe.  Il  passa  une  grande  partie  de 
sa  vie  en  voyages,  et  occupa  des  châtres 


de  philosophie  et  de  théologie  successive- 
ment en  Italie,  en  Allemagne  et  en  Polo- 
gne. De  retour  dans  sa  patrie,  il  y  mou- 
rut le  18  mai  1676.  Ses  œuvres  philoso- 
phiques, écrites  en  latin,  d'abord  pu-' 
bliées  séparément,  ont  été  réimprimées 
en  deux  vol.  in -fol. ,  sous  ce  titre  :  Phi- 
losophiœ  ad  menlem  Scoti  cursus  irUeger, 
Venise,  1678,  et  ibid.,  1727.  Ce  sont  prin- 
cipalement une  Logique  (  Logica  parva) 
qui  avait  eu  plusieurs  éditions,  et  des 
Commentaires  ou  Argumentations  (  Dis- 
putaliones  )  sur  plusieurs  traités  d'Aris- 
tote ,  in  octo  libros  phxjsicorum  t  in  orga- 
num,  in  libros  de  gêner alione  et  corrujh- 
tione,  in  libros  de  cœlo  et  mundo  et  me- 
teoris ,  in  libros  de  anima.  C'est  particu- 
lièrement dans  ses  Dispulaliones  in  orga- 
num  qu'il  se  montre  philosophe  scoliste , 
comme  l'annonce  le  titre  du  recueil;  il  y 
défend  la  logique  de  Scot  contre  tous  les 
traits,  tant  anciens  que  nouveaux,  dont 
elle  avait  été  l'objet,  quibus  ab  adversan- 
tibus  tum  velerum  tum  recenliorum  ja- 
culis  Scoti  logica  vindicatur.  Il  laissa  des 
opuscules  de  morale  qui  furent  imprimés 
après  sa  mort  :  Moralium  opusculorum 
miscellanea  apparatu  digestorum  alque 
resolutiomim  liber  posthumus,  Catane, 
1679 ,  in-fol. 

*  BE  LMOATï  (  Pierre  ) ,  chevalier  de 
St. -Georges,  né  à  Rimini,  en  1537,  est 
connu  comme  écrivain  moraliste  et  com- 
me poète.  Il  composa  l'ouvrage  de  morale 
qu'on  a  de  lui,  à  l'occasion  du  mariage  de 
sa  fille;  il  est  intitulé  :  Insiiluzione  délia 
sposa,  et  ne  fut  publié  que  plusieurs 
années  après  ,  par  son  fiLs  Trajan  ,  Rome, 
1587,  in-4°.  Ses  poésies  sont  éparses  dans 
différens  recueils  du  temps. 

BELOA  (Pierre),  docteur  en  méde- 
cine de  la  faculté  de  Paris .  naquit  vers 
1517,  dans  le  Maine.  Il  voyagea  en  Judée, 
en  Grèce,  en  Egypte,  en  Arabie,  et  pu- 
blia, en  1553,  in-4°,  une  relation -de  ce 
qu'il  avait  remarqué  de  plus  considérable 
dans  ces  pays,  que  Charles  l'Ecluse  a 
traduite  en  bon  latin  ,  Anvers ,  1589.  C'est 
un  itinéraire  fort  curieux  :  l'auteur  n'y 
décrit  rien  qu'il  n'ait  observé  de  ses  yeux. 
A  la  description  des  lieux  ,  des  monu- 
mens  et  des  mœurs  des  peuples ,  il  a 
ajouté  la  description  des  plantes  et  des 
animaux.  Il  composa  plusieurs  autres 
ouvrages  peu  communs,  cl  qui  furent 
recherchés,  dans  le  temps,  pour  leur 
exactitude  et  pour  l'érudition  dont  ils 
sont  remplis.  Les  principaux  en  latin 
son'  :   [  De  arboribus.    canif 'ris ,  Paris, 


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1553,  in-4°,  figures.  |  De  admiranda  ve- 
lerum  fàbricarum  structura;  \  De  Me- 
dicalo  Funere;  en  français;  |  Histoire 
des  oiseaux,  1553,  in-fol.;  |  Portraits 
d'oiseaux,  1557,  in-4°;  |  Histoire  des  pois- 
sons ,  1551 ,  in-4°,  figures.  |  De  la  nature 
et  diversité  des  p>oisso?is ,  1555  ,  in-8°.  Le 
même  en  latin,  1553,  in-8°,  etc.  Il  pré- 
parait de  nouveaux  livres  ,  lorsqu'un  de 
Bes  ennemis  l'assassina  près  de  Paris .  en 
4564.  Henri  II  et  Charles  IX  lui  avaient 
accordé  leur  estime ,  et  le  cardinal  de 
Tournonson  amitié. 

*  BELOSELSKI  (prince  de),  né  à  Pé- 
tersbourg  en  1757,  fut  envoyé  dans  sa 
première  jeunesse  en  qualité  d'ambassa- 
deur de  Catherine  II  à  la  cour  de  Turin. 
On  assure  qu'il  fut  rappelé  parce  qu'il 
écrivait  ses  dépêches  avec  une  élégance 
un  peu  recherchée ,  et  qu'il  s'occupait  de 
composer  divers  ouvrages,  entre  autres 
les  éloges  historiques  des  grands  hommes 
que  la  Russie  a  produits.  11  se  consola  en 
consacrant  une  grande  fortune  et  ses  loi- 
sirs à  l'avancement  des  sciences,  et  à  se- 
courir le  malheur.  Sa  maison  fut  constam- 
ment ouverte  dans  un  temps  d'exil  et 
d'orage  à  tous  les  Français  qui  étaient  ve- 
nus se  réfugier  à  Pétershourg.  Il  mourut 
vers  la  fin  de  1809.  Il  a  laissé  quelques 
productions  où  l'on  trouve  de  l'esprit ,  des 
connaissances  variées  et  le  talent  de  la 
poésie  française,  autant  que  les  étrangers 
peuvent  l'avoir.  Marmontel  a  publié ,  en 
4789 ,  ses  poésies  sous  ce  titre  |  Poésies 
françaises  d'un  prince  étranger,  1789 ,  in- 
8°.  On  a  encore  de  lui  :  |  Dianéologie ,  ou 
tableau  de  l'entendement ,  in-8°,  rare. 
J  De  la  musique  en  Italie,  1778 ,  in-8°. 

*  BELOT  (Jean),  curé  de  Mil-Monts , 
né  à  la  fin  du  16e  siècle ,  s'adonna  à  l'é- 
tude des  sciences  occultes.  La  lecture  des 
ouvrages  de  Raymond  Lulle  et  <de  Cor- 
neille Agrippa  lui  remplirent  la  tète  d'i- 
dées chimériques.  Il  les  développa  dans 
un  livre  intitulé  :  l'OEuvre  des  OEuvres, 
ou  le  Plus  Parfait  des  sciences  stégano- 
graphiques ,  poulines  ,  armadelles  et  lui- 
listes,  Paris,  1623,  Rouen,  1640,  in-8°.  Il 
dit  sérieusement  dans  ce  livre ,  qu'ayant 
atteint  la  perfection  dans  les  sciences  di- 
vines et  humaines,  il  se  croirait  coupable 
de  tenir  cachés  les  secrets  admirables  qu'il 
avait  découverts.  Celui  qu'il  indique  pour 
acquérir  de  la  mémoire ,  ou  pour  la  for- 
tifier, a  beaucoup  de  rapport  avec  la  mé- 
thode enseignée  publiquement  à  Paris ,  il 
y  a  quelques  années,  et  qui  trouva  des 
admirateurs,  même  parmi  des  hommes 


justement  célèbres.  Iielot  publia  encore, 
à  la  sollicitation  ,  dit-il ,  de  ses  amis  et  de 
ses  élèves ,  des  Instructions  pour  appren- 
dre les  sciences  de  chiromancie  et  phy- 
sionomie. Ses  différens  ouvrages  furent 
recueillis  en  1  vol.  in-8°,  à  Rouen,  1647, 
1669,  et  Lyon,  1654. 

BELOT  (Jean),  de  Blois  ,  avocat  an 
conseil  privé  de  Louis  XIV,  composa  une 
Apologie  de  la  langue  latine ,  Paris,  1657, 
in-8°,  dans  laquelle  il  voulait  prouver 
qu'on  ne  devait  pas  se  servir  de  la  fran- 
çaise dans  les  ouvrages  sa  vans.  Cet  écrit, 
de  80  pages ,  est  dédié  à  M.  Séguier,  chan- 
celier de  France.  Le  sentiment  de  Bclot 
n'est  pas  à  beaucoup  près  aussi  ridicule 
que  Ménage  l'a  prétendu.  L'universalité  et 
l'immutabilité  de  la  langue  lafine  suffisent 
pour  le  justifier  :  d'ailleurs ,  les  anciens 
ouvrages  sur  les  sciences  ne  sont  pas  écrits 
en  français,  et  il  est  évident  que  la  mul- 
titude des  modèles  donne  la  facilité  ,  la  ri- 
chesse, la  variété  et  l'exactitude  des  ex- 
pressions. Enfin,  les  ouvrages  sa  vans  n'é- 
tant pas  pour  le  peuple ,  il  est  déraisonna- 
ble de  les  écrire  dans  les  langues  popu- 
laires, surtout  dans  des  langues  mobiles  et 
inconstantes ,  que  le  caprice  change  tous 
les  jours,  et  qui  d'un  siècle  à  l'autre  ne 
sont  plus  intelligibles. 

*  BELOT  (Octavie,  née  GUICHARD), 
veuve  d'un  avocat  au  parlement ,  épousa 
ensuite  le  président  Durey  de  Meynières, 
et  mourut  à  Chaillot  en  1805 ,  dans  un 
âge  très  avancé.  Elle  a  traduit  de  l'anglais 
plusieurs  romans,  et  l'histoire  de  la  mai- 
son de  Tudor,  et  celle  de  Hume  Plantage- 
net  :  mais  l'ouvrage  qui  fait  le  plus  d'hon- 
neur à  sa  plume  ,  est  les  Réflexions  d'une 
provinciale  sur  le  discours  de  J.  J.  Rous- 
seau touchant  l'inégalité  des  conditions , 
1756 ,  in-8°. 

*  BELPUSÏ  (Thomas),  gentilhomme 
napolitain ,  embrassa  les  principes  de  la 
révolution  française ,  et  joua  un  rôle  dans 
celle  de  Naples  en  1798.  Chargé  de  la  dé- 
fense de  cette  ville  contre  les  Calabrois ,  il 
fut  excepté  de  la  capitulation  accordée  aux 
Français  qui  s'y  trouvaient,  jeté  dans  un 
cachot,  et  condamné  à  mort  la  même  an- 
née 1798. 

BELSUXCE  DE  CASTEL  -  MORON 
(Heivri-Fraxçois-Xaviek  de),  né  au  châ- 
teau de  la  Force ,  en  Périgord ,  le  4  dé- 
cembre 1671  ,  d'abord  jésuite  ,  ensuite 
évêque  de  Marseille,  en  1709,  signala  son 
zèle  et  sa  charité  durant  la  peste  qui  dé- 
sola cette  ville,  en  1720  et  1721.  Il  courait 
de  rue  en  rue,  pour  porter  les  secours 


BEL  202 

Icmporcls  et  spirituels  à  ses  ouailles.  Ce 
nouveau  Borromée  sauva  les  tristes  restes 
de  ses  diocésains  par  celte  générosité  hé- 
roïque. Il  fit  alors  l'admiration  de  toute 
l'Europe  :  Pope  l'a  célébré  dans  son  Essai 
sur  l'homme  : 


Lorsqu'aux   champ»  de  Marseille  un   air  contagieux 
Portait  l'affreuse  mort  surscs  rapides  ailes  , 
Pourquoi  ,  toujours  en  butte  à  ses  flèches  mortelles  , 
lin  prélat  ,  s'exposant  pour  sauver  son  troupeau  , 
Marche-t-il  sur  les  morts  sans  descendre  au  tombeau  ? 

Le  roi  l'ayant  nommé,  en  1723,  à  l'évê- 
ché  de  Laon  (duché-pairie)  ,  il  refusa 
une  église  si  honorable ,  pour  ne  pas 
abandonner  celle  que  le  sacrifice  de  sa 
vie  et  de  ses  biens  lui  avait  rendue  chère. 
Il  fut  dédommagé  de  cette  dignité  par  le 
privilège  de  porter  en  première  instance 
à  la  grand-chambre  du  parlement  de 
Paris,  toutes  les  causes  qui  regardaient 
les  bénéfices  de  son  diocèse.  Le  pape  l'ho- 
nora du  pallium.  Il  mourut  saintement  le 
4  juin  1755,  après  avoir  fondé  à  Mar- 
seille le  collège  qui  porte  son  nom.  On  a 
de  lui  V Antiquité  de  l'église  de  Marseille , 
et  la  succession  des  évoques ,  Marseille , 
1747-1751 ,  5  vol.  in-4°  ;  des  Instructions 
pastorales  et  des  ouvrages  de  piété.  Mais 
rien  ne  le  peint  mieux  que  la  lettre  écrite 
à  l'évêquede  Toulouse,  le  22  octobre  1720, 
au  plus  fort  de  la  peste.  Cette  lettre  con- 
tient d'ailleurs  des  détails  curieux  sur  la 
morale,  les  rigoristes,  les  appelans,  l'es- 
prit de  la  foi  et  de  la  charité  ;  elle  est  sur- 
tout propre  à  démasquer  une  secte  dont 
l'hypocrisie  a  fait  tant  de  mal  à  l'Eglise. 
Voyez  cette  lettre  dans  le  Journal  histo- 
rique et  littéraire ,  1er  août  1789,  page  501. 

*  BELSUNCE  (le  comte  de),  de  la  même 
famille  que  le  précédent,  était,  en  1790, 
inajor  en  second  au  régiment  de  Bourbon, 
infanterie ,  en  garnison  à  Caen ,  où  il  avait 
contribué  à  maintenir  la  tranquillité,  lors- 
que des  soldats  de  son  corps  ameutèrent 
le  peuple  contre  lui.  Son  logement  étant 
entouré ,  il  se  réfugia  à  l'hôlel-de-ville  ; 
mais  les  magistrats  ne  lui  accordèrent 
point  le  secours  sur  lequel  il  devait  comp- 
ter. La  populace  furieuse  le  massacra,  et 
porta  en  triomphe  son  cœur  sanglant.  On 
•a  dit  que  Charlotte  Corday  était  sa  mai- 
tresse  ,  et  qu'elle  conçut  alors  contre  Ma- 
rat ,  dont  les  déclamations  fougueuses 
avaient  allumé  la  rage  populaire ,  la  haine 
qui  dans  la  suite  la  porta  à  donner  la  mort 
à  ce  monstre  ;  mais  cette  assertion  est  sans 
fondement. 

BELUS,  roi  d'Assyrie,  chassa  les  Ara- 
bes de  Babylone  ,  et  y  fixa  le  siège  de  son 


BEL 

empire  ,  l'an  1322  avant  Jésus-Christ.  Ni- 
nus,  son  fils  et  son  successeur,  fit  rendre 
à  son  père  les  honneurs  divins.  Saint  Cy- 
rille prétend  que  Bélus  lui-même  s'était 
fait  bâtir  des  temples,  dresser  des  autels, 
offrir  des  sacrifices.  Quelques  auteurs 
croient  que  c'est  le  Bel  ou  Baal,  dont  il 
est  parlé  dans  l'Ecriture  {Voyez  BAAL). 
D'autres  ont  pris  Bélus  pour  Nemrod  , 
mais  il  parait  que  celui-ci  est  fort  anté- 
rieur. 

*  BELZAIS-COURMEML  (  Nicolas- 
Bernard  -Joachim- Jean),  né  à  Eeouché 
(Orne),  en  1747,  embrassa  la  profession 
d'avocat ,  dont  il  étudia  les  devoirs  auprès 
de  Colas,  son  beau-frère,  et  Goupil  de 
Préfeln ,  qui  devint  son  beau-père ,  et  qui 
se  fit  remarquer  à  l'Assemblée  consti- 
tuante. Le  jeune  Belzais  fut  d'abord  pro- 
cureur du  roi,  puis  procureur-syndic  du 
bureau  intermédiaire  d'Argentan ,  et  fut 
élu  député  aux  états-généraux  en  1789. 
C'est  lui  qui  proposa  de  div  iser  l'écu  tour- 
nois en  parties  décimales ,  et  qui  fit  depuis 
changer  l'empreinte  des  monnaies.  Après 
la  session ,  il  fut  nommé  maire,  de  la  com- 
mune d'Argentan,  entra  au  conseil  des 
Cinq-cents  en  l'an  6,  y  fit  d'excellens  rap- 
ports sur  l'administration  des  hospices  , 
présida  le  corps  législatif  après  le  18  bru- 
maire, et  passa  à  la  préfecture  du  dépar- 
tement de  l'Aisne ,  où  il  mourut  le  8  fruc- 
tidor, an  12  (1804) ,  à  l'âge  de  55  ans. 

*  BELZOM  (Jean-Baptiste),  célèbre 
voyageur,  né  en  1778  à  Padoue,  d'un  pau- 
vre barbier,  travailla  d'abord  dans  la  bou- 
tique de  son  père;  mais  il  s'en  dégoûta 
promplement  et  céda  à  l'envie  de  courir  le 
monde.  Il  alla  d'abord  à  Rome  où  il  étu- 
dia ,  dit-on ,  l'art  hydraulique.  A  l'exemple 
de  beaucoup  d'autres ,  il  se  fit  moine  pour 
vivre,  mais  la  révolution,  et  des  goûts 
bien  opposés  à  ceux  de  la  retraite  l'enga- 
gèrent à  en  quitter  l'habit.  Il  se  rendit 
d'abord  à  Paris,  revint  à  Padoue,  passa 
de  là  en  Hollande,  puis  il  s'embarqua  pour 
l'Angleterre  où  il  arriva  en  1805.  Il  s'y 
maria ,  et  pour  trouver  des  moyens  d'exis- 
tence,  il  résolut  de  parcourir  la  Grande- 
Bretagne  en  faisant  des  tours  d'hydrauli- 
que et  des  tours  de  force.  Il  était  d'une 
taille  colossale  et  très  musculeux.  On  le 
vit  attacher  à  son  corps  une  vingtaine 
d'hommes  qu'il  portait  ou  traînait  avec 
lui;  niais  cette  pauvre  ressource  ne  pou- 
vait le  mener  loin.  Il  imagina  que  des  ma- 
chines hydrauliques  seraient  d'un  grand 
secours  en  Egypte,  et  il  se  décida  à  s'y 
rendre  pour  en  construire.  Il  en  exécuta 


BEM 


205 


BEM 


une  avec  succès  dans  le  jardin  du  pacha, 
malgré  tous  les  obstacles  que  la  jalousie 
lui  susci  ta  ;  mais  une  crainte  superstitieuse 
occasionée  par  un  accident  arrivé  à  une 
des  personnes  chargées  de  faire  mouvoir 
la  machine ,  détermina  Méhémet-Ali  à 
n'en  pas  l'aire  usage.  Trompé  dans  son  es- 
poir, Belzoni  se  livra  à  la  recherche  des 
antiquités,  et  sa  première  opération  fut 
de  faire  transporter  de  Thèbes  à  Alexan- 
diie ,  et  de  l'embarquer  pour  l'Angleterre 
le  buste  colossal  connu  sous  le  nom  du 
jeune  Memnon,  entreprise  que  l'on  avait 
crue  inexécutable,  et  dont  il  vint  à  bout 
à  force  d'adresse  et  de  patience.  Ce  pre- 
mier succès  lui  ayant  assuré  la  protection 
du  consul  anglais  ,  il  consacra  dès  ce  mo- 
ment à  l'Angleterre  tous  les  produits  de 
ses  excursions.  Sa  bravoure ,  son  ardeur, 
et  surtout  sa  persévérance  étaient  à  toute 
épreuve.  Sa  sagacité  était  si  rare  ,  qu'il 
semblait  qu'un  instinct  particulier  lui  ré- 
vélât les  lieux  qui  recelaient  les  monu- 
mens  les  plus  curieux.  C'est  à  lui  que  sont 
dues  les  découvertes  du  magnifique  tem 
pie  d'Ysamboul,  du  superbe  tombeau  en 
albâtre  de  Psammétique  et  de  l'intérieur 
d'une  des  pyramides.  11  avait  entrepris  un 
nouveau  voyage  dans  l'intérieur  de  l'A- 
frique, mais  à  peine  arrivé  à  Gaslo,  près 
de  Bénin ,  il  fut  attaqué  d'une  dyssenterie 
incurable  qui  mit  fin  à  sa  vie  le  5  décem- 
bre 1825.  lia  publié  en  anglais  la  relation 
de  son  voyage  en  Egypte,  qui  a  été  tra- 
duite en  français  par  Depping  sous  ce  ti- 
tre :  Voyage  en  Egypte  et  en  Nubie  „  suivi 
d'un  voyage  sur  la  côte  de  la  mer  Rouge 
et  à  l'Oasis  de  Jupiter- A mmon ,  Paris 
1821,  2  vol.  in-8°.  On  y  joint  quelques 
fois  l'atlas  de  l'édition  originale  de  Lon- 
dres ,  où  l'on  n'a  fait  qu'imprimer  le  fron- 
tispice en  français.  Mahul  a  donné  une 
notice  très  étendue  sur  Belzoni  dans  la 
première  partie  de  son  annuaire  de 
182G. 

BEMBO  (Pierre),  noble  Vénitien,  na- 
quit à  Venise  en  1470 ,  de  Bernard  Bembo , 
gouverneur  de  Bavenne.  Son  père  ayant 
été  nommé  ambassadeur  à  Florence  ,  fit 
venir  auprès  de  lui  le  jeune  Bembo ,  qui 
y  acquit  ce  style  élégant  et  pur  qui  carac- 
térise ses  ouvrages.  Il  alla  ensuite  en  Sicile 
étudier  la  langue  grecque,  snus  Augustin 
Lascaris.  11  fit  son  cours  de  philosophie  à 
Ferrare,  sous  Nicolas  Leoniceno.  Ce  fut 
alors  que  ses  poésies  commencèrent  à  se 
répandre.  On  admira  la  douceur  de  ses 
vers;  mais  on  le  blâma  d'y  avoir  mis  la 


trois  fils  et  une  fille ,  d'une  femme  qui 
était  alors  sa  maîtresse.  Dès  que  Léon  X 
fut  pape,  il  le  tira  de  son  cabinet  pour  le 
faire  son  secrétaire.  Honoré  de  cette  di- 
gnité, on  le  vit  bientôt  se  livrer  au  tu- 
multe des  affaires  ,  qu'il  avait  fui  jusqu'a- 
lors avec  tant  de  soin  ,  et  ce  genre  d'occu- 
palion  eut  de  bons  effets  sur  ses  mœurs* 
Après  la  mort  de  ce  pontife,  Bembo  se 
retira  à  Venise ,  où  il  se  partagea  entre  ses 
livres  et  les  gens  de  lettres.  Paul  III  l'éleva 
au  cardinalat  en  1558;  Bembo  qui  ne  s'at- 
tendait point  à  cet  honneur,  ne  l'eût  point 
accepté,  si,  lorsqu'étant  entré  dans  l'é- 
glise pour  y  faire  ses  dévolions  et  recom- 
mander cette  affaire  à  Dieu,  il  n'eût  pris 
garde  qu'au  moment  où  il  s'approchait  de 
l'autel,  le  prêtre  y  lisait  ces  paroles  de 
Jésus-Christ  :  Pierre ,  suivez-moi;  il  crut 
que  le  Fils  de  Dieu  lui  parlait  à  lui-même . 
et  ne  s'opposa  plus  au  dessein  du  pape. 
Il  n'était  pas  encore  lié  aux  ordres  sacrés; 
car  écrivant  à  un  de  ses  parens,  le  24  dé- 
cembre 1539,  je  serai  sacré ,  dit-il,  à  ce* 
fêles  de  Noël  *  et  prendrai  l'ordre  de  prê- 
trise. Admirez  le  changement  que  Dieu 
a  eu  la  bonté  de  faire  en  moi.  Le  pape  lui 
donna  l'évcché  d'Eugubio,  puis  celui  de 
Bergame.  Il  se  conduisit  en  digne  pasteur. 
Il  mourut  à  Borne  en  1547 ,  à  76  ans ,  et 
fut  enterre  à  Sainte-Marie  de  la  Minerve. 
Jérôme  Quirini  son  ami ,  fils  de  Smerio 
(Ismérius)  Quirini ,  lui  fit  élever  un  beau 
monument  à  Padoue ,  dans  la  célèbre 
église  de  Saint-Antoine  sur  lequel  on  Ut 
ces  paroles  : 

Pctri  cardinal!»  Bembo  effigitm 

Hieronymus  Ismcrii  filins 

In   publlco  poni  curavit, 

Utcujus  ingenii  monument» 

7E[<  i  na  simt  , 
Ejus  quoque  corporis  tnemoria 
Ne  à  posteritate  desideretur. 

Nous  avons  de  lui  un  grand  nombre  d'ou- 
vrages en  italien  et  en  latin ,  en  prose  et 
en  vers.  |  Seize  livres  de  Lettres ,  écrites 
pour  Léon  X.  La  manie  qu'avait  le  secré- 
taire de  ne  parler  qu'en  phrases  de  Cicé- 
ron,  lui  fit  mettre  dans  la  bouche  du  père 
des  chrétiens ,  des  expressions  qui  n'au- 
raient convenu  que  dans  celle  d'un  prêtre 
de  Borne  idolâtre.  Par  un  pédantisme  pué- 
ril, il  faisait  dire  au  pape,  annonçant  sa 
promotion  aux  rois  et  aux  princes  :  Qu'il 
avait  été  créé  pontife  par  les  décrets  des 
dieux  immortels.  Il  appelait  Jésus-Christ 
un  Héros,  et  la  sainte  Vierge  une  déesse 
(DEA  LAUBETANA).  Ce  défaut  se  fait 


licence  qui  déshonorait  sa  conduite.  Il  eut  ^sentir  dans  tous  ses  ouvrages  ;  et  c'est  sans 


BEN 


204 


BEN 


doute  ce  singulier  attachement,  aux  locu- 
tions de  l'ancienne  Rome ,  qui  a  fait  ima- 
giner que  Bembo  n'avait  que  du  mépris 
pour  les  Epitres  de  saint  Paul  (  Voyez 
saint  PAUL);  imputation  que  Bayle  lui- 
même  a  traitée  de  conte.  |  "L'Histoire  de 
Venise*  en  12  livres,  Venise,  1551,  in- 
fol.,  écrite  purement  en  latin.  Bembo  la 
commença  où  Sabellicus  l'avait  finie,  et  la 
termina  à  la  mort  du  pape  Jules  II ,  c'est- 
à-dire  ,  depuis  l'an  1480  jusqu'à  l'an  1513. 
Paruta  la  continua  jusqu'en  1552.  |  Un 
-poème  sur  la  mort  de  Charles  son  frère  * 
plein  de  sentiment,  de  douceur  et  de  dé- 
licatesse. |  Des  Harangues  ,  où  l'on  trouve 
de  l'élégance  sans  élévation.  |  De  Guidono 
Ubaldo  Feretrio ,  deque  Elizabelha  Gon- 
zaga,  Urbini  ducibus  ,  Rome  1548  ,  in-4°. 
On  a  recueilli  toutes  ses  œuvres ,  tant  la- 
tines qu'italiennes,  à  Venise,  1729,  en  4 
vol.  in-fol. 

*  BEM5IELE\(ABRAn.vn  van),  un  des 
professeurs  de  l'établissement  de  Reus- 
woude ,  mourut  à  la  Haye ,  le  1G  août  1822, 
à  l'âge  de  59  ans.  Il  a  écrit  en  Hollandais 
|  les  Elémens  de  physique  expérimentale ', 
4  vol.  in-8°;  |  une  Introduction  à  l'archi- 
tecture hydraulique  ;  \  des  leçons  d'Algè- 
bre. 

*  BEXABE\T  (L.-G.-J.-M.),  né  à  Tou- 
louse, fit  ses  études  dans  cette  ville  et  de- 
vint professeur  de  rhétorique,  de  philo- 
sophie et  de  mathématiques  à  Foix ,  à 
Angers  et  à  Pontivy.  A  l'époque  de  la  res- 
tauration ,  il  se  rendit  dans  la  capitale,  et 
fut  un  des  fondateurs  de  la  Minerve.  M.  de 
Villèle ,  à  son  avènement  au  ministère , 
lui  confia  la  direction  de  quelques  jour- 
naux ,  avec  des  pensions  sur  le  trésor  et 
sur  la  cassette  du  roi.  Bénaben  fut  un  des 
premiers  à  signer  le  Mémoire  au  roi,,  qui 
parut  en  1830.  Il  ne  survécut  pas  long- 
temps à  la  révolution  de  juillet,  et  mourut 
d'apoplexie  en  1831 ,  à  Paris  ;  il  ne  s'était 
pas  marié.  Il  laissa  sa  fortune  à  un  lils 
adoptif  qu'il  avait  élevé  à  Pontivy.  On  a 
de  lui  :  |  Lettres  de  PhalarisJ  tyran  d'A- 
grigenle ,  Angers ,  1804  ;  |  Satires  Tou- 
lousaines ,  1804  ;  |  Progrès  ds  l'Oligar- 
chie contre  la  monarchie ,  1817;  |  Ques- 
tions à  l'ordre  du  jour,  brochure ,  1827  , 
etc.  et  quelques  manuscrits.  Bénaben  était 
membre  de  la  îégion-d'honneur. 

BEXADAD  Ier,  roi  de  Syrie ,  appelé 
Adadpar  Josèphe,  était  lils  de  Tabremon 
et  petit-fils  d'Hésion.  Il  envoya  du  secours 
à  Asa,  roi  de  Juda,  contre  Baasa,  roi 
d'Israël ,  au  prix  des  richesses  du  temple, 
et  contraignit  ce  dernier  à  se  retirer  dans 


son  royaume,  vers  l'an  958  avant  J.-C. 
5  Reg.  15. 

BÈWDAD  II ,  roi  de  Syrie ,  fils  du  pré- 
cédent, régnait  l'an  945  avant  J.-C.  Il  fut 
redouté  par  les  princes  voisins.  Il  tua 
Achab  dans  une  bataille.  Après  quelques 
autres  expéditions,  le  roi  de  Syrie  étant 
tombé  malade ,  et  sachant  qu'Elisée  était 
à  Damas,  lui  envoya  demander  par  Ha- 
zaé'I ,  s'il  relèverait  de  sa  maladie?  Le  pro- 
phète prédit  à  ce  dernier  qu'il  serait  roi, 
et  qu'il  ferait  de  grands  maux  aux  Israéli- 
tes. Hazael  de  retour,  assura  Benadad  qu'il 
guérirait  de  sa  maladie  ;  mais  le  lende- 
main il  Fètrangla  ,  et  se  fit  déclarer  sou- 
verain. 

BE.\ADAD  III  succéda  à  Hazaël  son 
père,  l'an  836  avant  J.-C.  Il  fut  vaincu 
trois  fois  par  Joas.  Les  Syriens  de  Damas 
rendirent  des  honneurs  divins  à  ce  roi  et 
à  Hazaël  son  père,  parce  qu'ils  avaient 
orné  leur  ville  de  temples  magnifiques. 

*  BEXARD  (  don  Laurent  ),  bénédic- 
tin ,  né  à  Nevers  en  1573 ,  devint  prieur 
du  collège  de  Cluny,  et  montra  beaucoup 
de  zèle  pour  la  réforme  de  son  ordre,  qui 
fut  arrêtée  définilivement  en  1018,  dans 
le  chapitre  général  de  la  congrégation  tenu 
à  Saint-Mansui-lès-Toul.  Il  fut  du  nombre 
des  commissaires  chargés  de  l'exécution 
de  ce  projet ,  et  mourut  au  collège  de 
Cluny  le  21  avril  1620  ,  après  avoir  eu  la 
satisfaction  de  voir  confirmer  la  réforme 
par  lettres-patentes  du  roi  Louis  XIII.  La 
première  maison  de  celle  nouveUe  con- 
grégation s'établit  dans  le  monastère  des 
Blancs-Manteaux  ,  d'où  elle  s'étendit  dans 
toutes  les  provinces  du  royaume,  sous  le 
nom  de  saint  Maur,  célèbre  disciple  de 
saint  Benoit.  Don  Benard  a  publié  :  |  Pen- 
sées chrétiennes  ,  ou  sermons  très  utiles 
à  toutes  personnes,  tant  laïques,  ecclé- 
siastiques que  régulières ,  Paris  1616;  |  De 
l'esprit  des  ordres  religieux ,  et  spécia- 
lement de  l'esprit  de  l'ordre  de  saint 
Benoit,  Paris,  1616,  in-8°;  |  Police  régu- 
lière tirée  de  la  règle  de  saint  Benoit, 
1619.  On  trouve  dano  ces  ouvrages  de  bon- 
nes choses;  mais  le  style  qui  en  a  vieilli, 
en  rend  la  lecture  pénible. 

*  BEA-ASCHEK  et  BE\-\EPHTALI, 
savans  rabbins  juifs  de  Tibériade ,  vécu- 
rent dans  le  9e  siècle,  et  inventèrent  dans 
la  langue  hébraïque ,  privée  de  voyelles , 
les  points  qui  en  tiennent  lieu.  Ceux-ci , 
au  nombre  de  treize ,  rendent  la  pronon- 
ciation longue,  brève  ou  très  rapide.  Ils 
servent  à  fixer  la  prononciation  des  con- 
sonnes, et  souvent  même  à  déterminer 


BEJV 


la  signification  du  mot.  Buxtorf  a  prétendu 
que  l'invention  des  points-voyelles  était 
antérieure;  mais  il  a  été  victorieusement 
réfuté  par  Louis  Capel ,  Génébrard  ,  Bel- 
larmin ,  Scaliger  et  Villalpande. 

*  BEN  AT  (  Fraxçois-Gérard  de) ,  lit- 
térateur, né  dans  le  18e  siècle  à  Marseille. 
On  a  de  lui  :  |  Fragmens  choisis  d'élo- 
quence ,  1755,  2  vol.  in-12,  réimprimés 
sous  ce  titre  :  Y  Art  oratoire  réduit  en 
exemples ,  ou  Choix  de  morceaux  d'élo- 
quence tirés  des  plus  célèbres  orateurs 
du  siècle  de  Louis  XIV et  de  Louis  XV, 
4760,  4  vol.  in-12.  On  ignore  la  date  de  sa 
mort. 

*  BEN  AVEN  (  Jean-Michel),  négociant 
de  Lyon  ,  a  donné  le  Caissier  italien,  ou 
Y  art  de  connaître  toutes  les  monnaies  ac- 
tuelles d'Italie,  ainsi  que  celles  de  tous 
les  états  et  princes  de  l'Europe  qui  y  ont 
cours  ,  avec  le  détail  des  productions  de 
l'Italie,  les  usages  pour  les  lettres  de 
change,  la  manière  de  faire  les  paye- 
tnens,  les  poids,  mesures,  et  autres  objets 
relatifs  au  commerce  .,  1782,  2  vol.  in- 
folio, fig. 

♦BEN  A  VIDES  (Vincent  de),  né  en 
Afrique ,  de  parens  espagnols ,  en  1610  , 
mort  en  1706  à  Madrid ,  où  il  était  venu 
se  fixer.  Il  peignait  bien  à  la  détrempe  et 
à  fresque ,  et  réussissait  particulièrement 
dans  la  perspective  et  l'architecture.  Il  a 
peint  à  fresque  une  chapelle  de  l'église 
de  la  Victoire  à  Madrid. 

BENAVIDIO  ou  BENAVIDIUS  (Mar- 
ces  Maivtua)  ,  professeur  de  jurispru- 
dence à  Padoue,  sa  patrie.  Il  fut  fait  trois 
fois  chevalier  en  1545  par  l'empereur 
Charles  V,  en  1561  par  Ferdinand  I,  et  en 
1564  par  Pie  IV.  Ce  jurisconsulte  cheva- 
lier mourut  le  28  mars  1582 ,  à  93  ans.  On 
a  de  lui  :  |  Collectanea  super  jus  cœsa- 
reum  ,  Venise ,  1584 ,  in-folio.  |  Vitœ  Vi- 
rorum  illustrium ,  Paris ,  1565 ,  in-4°,  et 
d'autres  ouvrages  qui  prouvent  beaucoup 
d'érudition. 

BENCE  (  Jea:v)  ,  un  des  premiers  prê- 
tres de  la  congrégation  de  l'Oratoire  de 
France ,  de  la  maison  et  la  société  de  Sor- 
bonne,  naquit  à  Rouen,  et  mourut  à  Lyon 
en  1642,  à  74  ans.  On  a  de  lui  :  |  Un  Ma- 
nuel sur  le  Nouveau-Testament ,  en  latin, 
à  Lyon,  1699,  en  4  vol.  in-12.  |  Un  ouvrage 
semblable  sur  les  E pitres  de  saint  Paul, 
et  les  Epitres  canoniques,  en  latin.  L'au- 
teur avait  de  la  piété  et  du  savoir. 

BENCI  (  François  ) ,  jésuite  italien  , 
disciple  de  Muret,  orateur  et  poêle  ,  na- 
quit à  Acquapendente  en  1542  et  mourut 
2. 


203  BE1V 

à  Rome  en  1594 ,  âgé  de  52  ans.  On  a  de 
lui  beaucoup  d'ouvrages  en  vers  et  en 
prose.  Sa  latinité  est  pure  et  riche. 

*  BENCIVENNI  (Joseph),  né  en  Tos- 
cane ,  fut  directeur  de  l'académie  de  Flo- 
rence, et  mourut  dans  celte  ville  en  1808. 
On  a  de  lui  :  |  Une  Vie  du  Dante ,  estimée  ; 
|  Nouveaux  dialogues  des  morts  ;  \  Eloges 
des  hommes  illustres  de  la  Toscane;  \  Des- 
cription de  la  galerie  de  Florence;  \  Epo- 
ques de  l'histoire  florentine  jusqu'en  1792  ; 
|  des  Dissertations  académiques,  et  quel- 
ques autres  ouvrages  qui  n'ont  point  paru 
sous  son  nom. 

*  BENDA  (  Georges  ) ,  célèbre  compo- 
siteur ,  né  en  1721 ,  à  Altbenatka ,  dans  la 
Bohème,  et  mort  le  6  novembre  1795.  An- 
cien maître  de  chapelle  du  roi  de  Prusse, 
et  ensuite  de  celle  du  duc  de  Saxe-Gotha, 
il  se  rendit  à  Rome  pour  fortifier  son  ta- 
lent, et  donna  à  son  retour  l'opéra  de  Ciro 
riconosciuto,  suivi  en  1766,  de  l'intermède 
il  Buon  Marilo.  En  1774,  parut  son  opéra 
(Y Ariane  àNaxos,  qui  obtint  un  grand 
succès.  Le  caractère  indépendant  de  Benda 
lui  avait  fait  quitter  la  direction  de  la  cha- 
pelle du  prince  en  1780  ;  et  en  1791,  il  re- 
nonça même  entièrement  à  son  art.  Il  ne 
put,  malgré  ses  talens  distingués  se  pro- 
curer une  existence  heureuse,  parce  qu'il 
manquait  de  prévoyance  et  d'esprit  de 
conduite.  On  a  de  lui  six  sonates  pour  le 
clavecin,  |  Médée ,  duo -drame,  1778; 
|  Roméo  et  Juliette,  opéra,  1778;  |  der 
Holzbaner  (  le  Bûcheron  ) ,  opéra ,  1778  ; 
Pygmalion ,  monodrame ,  1780  ;  |  Lucas 
et  Barbe,  opéra,  1786;  |  Orphée,  opéra, 
1787  ;  |  enfin  les  Plaintes  de  Benda,  1791 , 
qui  furent  son  dernier  ouvrage.  Benda 
s'est  placé  au  rang  des  Haydn  et  des 
Mozart  par  ses  concerts  et  ses  sympho- 
nies. 

*  BENDER ,  (  Blaise-Colomrau  ,  baron 
de)  général  autrichien,  né  en  1713  dans 
une  petite  ville  du  Brisgaw ,  où  son  père 
était  arlisan.  Il  entra  fort  jeune  au  service 
en  qualité  de  cadet ,  et  fit  les  campagnes 
de  1741  à  1756  contre  les  Prussiens.  Sa 
bravoure  lui  mérita  le  grade  de  capitaine 
d'infanterie  ;  mais  ce  qui  contribua  par- 
ticulièrement à  l'avancer  est  la  connais- 
sance qu'il  fit  d'une  demoiselle  de  la  mai- 
son souveraine  d'Isembourg,  qu'il  épousa 
secrètement  en  1763.  Le  comte  d'Isem- 
bourg tenta  inutilement  de  faire  rompre 
ce  mariage  ;  Marie-Thérèse  déclara  qu'elle 
s'y  intéressait,  et  pour  rapprocher  un  peu 
les  conditions,  elle  créa  Bender  baron  du 
saint  Empire,  et  lui  envoya  le  brevet  de 

18 


BEjV 


206 


BEN 


major.  En  1789  il  était  parvenu  au  grade 
de  général-major ,  et  il  exerçait  les  fonc- 
tions de  commandant  d'armes  dans  la 
forteresse  de  Luxembourg  lorsqu'il  en 
fut  nommé  gouverneur.  La  mésintelli- 
gence qui  régnait  entre  les  généraux  de 
l'empire  lui  fit  donner  le  commandement 
en  chef  de  l'armée,  et  quoiqu'il  ne  se  fût 
trouvé  à  aucune  action,  il  reçut  en  1790 
le  bâton  de  feld-maréchal  et  le  grand  cor- 
don de  l'ordre  de  Marie-Thérèse.  Son  âge 
et  ses  infirmités  ne  lui  ayant  pas  permis 
de  prendre  une  part  active  à  la  guerre 
contre  la  France ,  il  retourna  dans  son 
gouvernement  du  Luxembourg  où  il  fut 
attaqué  en  1794,  et  obligé  de  capituler 
après  un  blocus  de  13  mois.  Il  se  retira  à 
Vienne ,  où  François  II  le  nomma  gou- 
verneur général  de  la  Bohème.  Il  mourut 
à  Prague  le  20  novembre  1798. 

BENDLO  WES  (  Edouard  ) ,  gentil- 
homme anglais  fort  riche,  né  en  1613 ,  se 
ruina  tellement  par  ses  libéralités  indis- 
crètes envers  des  flatteurs  et  des  poètes 
qui  lui  dédiaient  leurs  ouvrages,  qu'il  fut 
mis  en  prison  pour  dettes ,  d'où  il  sortit, 
et  mourut  le  la  décembre  1676,  à  75  ans. 
On  a  de  lui  :  |  Théophile,  ou  le  sacrifice 
de  l'amour,  en  anglais,  Londres,  1652, 
in-fol.  ;  |  Sphinx  theologica  ,  seu  Musica 
templi,  ubidiscordia  concors,  Cambridge, 
1626,  in-8°  ;  |  beaucoup  de  pièces  de  poé- 
sie. 

BENEDETTE  (le)  ou  BENOIT  CASTI- 
GLIONE ,  peintre  né  à  Gênes  en  1616  ,  et 
mort  à  Mantoue  en  1670.  Il  passa  succes- 
sivement dans  les  écoles  de  Pagi,  de  Fer- 
rari et  de  Van-Dyck.  Le  disciple  égala  ses 
maîtres.  Borne,  Naples,  Florence,  Parme 
et  Venise  possédèrent  tour  à  tour  cet  ar- 
tiste. Le  duc  de  Mantoue  le  fixa  auprès  de 
lui  par  une  forte  pension,  et  lui  entrete- 
nait un  carrosse.  Benedette  réussissait  éga- 
lement bien  dans  l'histoire ,  le  portrait  et 
les  paysages  ;  mais  son  talent  particulier 
et  son  goût  étaient  de  représenter  des 
pastorales,  des  marchés,  des  animaux.  Sa 
touche  est  délicate ,  son  dessin  élégant , 
son  coloris  pétillant.  Peu  de  peintres  ont 
mieux  entendu  que  lui  le  clair-obscur. 
Gênes  possède  ses  principaux  tableaux. 
Le  Benedette  gravait  aussi  :  on  a  de  lui 
plusieurs  pièces  à  l'eau  forte,  pleines  d'es- 
prit et  de  goût. 

*  BEIVEDETTI  (Antoine),  jésuite  ita- 
lien, né  le  9  mars  1715,  d'une  famille 
noble  de  Fermo ,  entra  dans  l'ordre  en 
1735,  et  fit  ses  vœux  en  1749.  Il  professa, 
pendant  plusieurs  années,  la  rhétorique 


dans  le  collège  romain.  Le  désir  de  faire 
entrer  les  meilleures  comédies  de  Plauto 
dans  l'éducation  de  la  jeunesse,  l'engagea 
à  en  vouloir  publier  quatre  ,  purgées  do 
ce  qui  pouvait  les  rendre  dangereuses 
pour  les  mœurs,  et  accompagnées  de  notes 
explicatives  ;  la  première  des  quatre  pa- 
rut sous  ce  titre  :  Marci  PlauliAulularia 
emendatiùs  édita  et  commentariis  Mus- 
trata,  etc. ,  Borne,  1754,  in-8°.  Mais  soit 
que  cet  essai  n'eût  point  réussi ,  soit  pour 
tout  autre  motif,  il  ne  publia  point  les 
trois  autres.  Après  la  suppression  des 
jésuites,  Benedetti  se  retira  dans  sa  patrie. 
Il  possédait  un  cabinet  très  riche  d'anti- 
quités et  de  médailles  ;  il  choisit  les  plus 
belles  médailles  grecques  encore  inédites, 
y  en  ajouta  plusieurs  tirées  des  cabinets 
de  quelques-uns  de  ses  amis,  les  expliqua 
par  de  savantes  notes ,  y  joignit  celles  de 
l'abbé  Oderic ,  noble  génois  qui  avait , 
comme  lui,  été  jésuite,  et  donna  au  public 
un  volume  estimé  des  antiquaires ,  inti- 
tulé :  Numismala  grœca  non  antè  vulga- 
ta,  quœ  Antonius  Benedictus  è  suo  maxi- 
me et  ex  amicorum  museis  selegit,  etc., 
Borne,  1777.  Il  mourut  à  Fermo,  en  1788, 
âgé  de  soixante-treize  ans. 

*  BEXEDETTO ,  musicien  célèbre  ,  né 
à  Venise  en  1686,  mort  à  Brescia  en  1759, 
a  mis  en  musique  les  59  premiers  Psaumes, 
où  l'on  trouve  une  véritable  idée  de  cette 
noble  simplicité  qui  était  le  caractère  de 
la  musique  ancienne.  Dans  le  50e  psaume 
surtout ,  il  semble  avoir  réuni  toutes  les 
ressources  de  son  vaste  génie  ;  il  y  a  pro- 
digué les  traits  les  plus  grands ,  les  plus 
beaux  et  les  plus  pathétiques  :  dans  les 
cantates  de  Timothée  et  de  Cassandre ,  il 
a  rendu  toutes  les  passions  de  l'âme  ,  il  a 
peint  les  sentimens  les  plus  délicats  du 
cœur,  il  est  même  venu  à  bout  de  repré- 
senter à  l'imagination  des  êtres  inanimés  ; 
enfin  il  a  su  réunir  à  la  sévérité  de  la  mu- 
sique ancienne  les  beautés  de  la  moderne; 
mais  ce  sont  des  beautés  fières  ,  majes- 
tueuses ,  imposantes,  dignes  seulement 
de  charmer  les  âmes  capables  de  les  sentir. 

*BE\EDICTIS  (Jean-Baptiste  de  ), 
jésuite  italien,  né  à  Ostuni  en  1622,  se 
fit  beaucoup  d'ennemis  en  soutenant  la 
philosophie  péripatéticienne  contre  les 
partisans  de  la  philosophie  naissante  de 
Descartes.  Il  enseigna  quelque  temps  la 
philosophie  et  la  théologie  à  Lupia  ,  en- 
suite à  Naples  ;  mais  des  querelles  très 
vives  l'obligèrent  de  se  retirer  à  Borne , 
où  il  continua  de  combattre  pour  défen- 
dre sa  cause  jusqu'au  moment  de  sa  mort. 


IJE1V 


207 


BEN 


arrivée  subitement  le  15  mai  4706.  On  a 
de  lui  :  |  Analecta  poelica  *  Naples  ,  1686, 
2  vol.  in-12.  |  Philosophia  peripatelica , 
1687,  4  vol.  in-8°,  et  Venise,  1723  ,  in-12. 
]  Lettere  apologetiche  in  difensa  délia 
theologia  scolaslica  e  délia  filosofia  peri- 
patelica di  Benedetto  Aletino *  Naples, 
1694,  in-12,  qui  ont  fait  beaucoup  de  bruit, 
et  excitèrent  contre  lui  de  violens  orages. 
|  Une  traduction  italienne  des  Entretiens 
de  Cléanthe  et  d'Eudoxe*  par  le  Père 
Daniel ,  sur  les  Lettres  provinciales ,  Na- 
ples, 1793.  |  Une  autre  traduction  italienne 
du  Monde  de  Descartes. 

♦BENETON  de  MORANGE  de  PEY- 
RINS  (Etienne-Claude),  mort  à  Paris 
en  1752  ,  après  avoir  été  gendarme  de  la 
garde  du  roi,  a  laissé  :  |  Dissertations  sur 
les  tentes  ou  pavillons  de  guerre*  1735, 
in-12  ;  |  Commentaires  sur  les  enseignes 
de  guerre  *  1742,  in-8°;  |  Traité  des  mar- 
ques nationales*  1739,  in-12  ;  |  Histoire 
de  la  guerre*  1741  ,  in-12  ;  |  Eloge  histo- 
rique de  la  chasse*  1735,  in-12. 

*BENETTI  (Jean),  avocat  et  poète 
italien,  né  à  Naples  vers  1798  ,  a  laissé  un 
recueil  de  poésies ,  intitulé  :  Mélodies 
Hébraïques  ;  ce  sont  quelques  paraphrases 
des  psaumes ,  au  milieu  d'autres  poésies 
dont  les  sujets  ne  répondent  en  aucune 
manière  au  titre  de  l'ouvrage.  On  en  cite 
surtout  celle  qui  est  la  traduction  du  ma- 
gnifique psaume  Super  flumina  Babylo- 
nis*  tant  de  fois  traduit  et  paraphrasé. 
On  dit  qu'il  la  récita  à  ses  amis  quelques 
jours  avant  sa  mort ,  et.  que  l'auditoire  et 
le  poète  interrompirent  souvent  cette 
lecture  par  leurs  larmes.  Bénetti  fut  en- 
levé par  une  mort  prématurée,  le  23  jan- 
vier 1825 

'BENEZECH  (Pierre),  né  à  Mont- 
pellier tn  1745 ,  de  païens  aisés ,  était 
propriétaire  des  petites  affiches  de  Paris 
au  commencement  de  la  révolution.  Il 
fut  d'abord  administrateur  du  départe- 
ment de  Seine-et-Oise  ,  ensuite  chef  de  la 
commission  des  armes,  ministre  de  lin- 
térieur;  enfin  il  accompagna  en  1797  ,  en 
qualité  de  préfet-colonial ,  le  général  Le- 
clerc  à  Saint-Domingue,  où  il  mourut 
en  1802.  Quoiqu'il  eût  occupé  des  places 
lucratives,  il  ne  laissa  qu'une  fortune  mé- 
diocre. Le  gouvernement  accorda  une 
pension  à  ses  deux  filles. 

BENEZET  (saint),  berger  d'Avilat  dans 
le  Vivarais,  né  en  1165  ,  se  dit  inspiré  de 
Dieu  à  l'âge  de  12  ans,  pour  bâtir  le  pont 
d'Avignon,  dont  l'usage  devait  être  de  la 
plus  grande  utilité  à  tout  le  pays  qui  est 


sur  les  deux  rives  du  Rhône,  et  prévenir 
la  mort  d'une  multitude  de  personnes  qui 
périssaient  en  voulant  le  passer  :  ouvrage 
d'une  difficulté  presque  surhumaine ,  vu 
la  rapidité  de  ce  grand  fleuve ,  et  qui  pa- 
rut si  inexécutable  aux  Romains ,  qu'ils 
prirent  le  parti  de  passer  le  Rhône  à  Ta- 
rascon,  par  le  moyen  d'un  souterrain 
creusé  sous  son  lit.  Le  pont  fut  achevé 
dans  onze  années.  Il  mourut  en  1184  ,  et 
fut  enseveli  dans  une  chapelle  pratiquée 
sur  un  des  éperons  du  pont  qu'il  avait 
construit.  Une  grande  partie  de  ce  pont 
étant  tombée  en  1669,  on  l'en  retira;  il 
fut  trouvé  sans  aucune  marque  de  cor- 
ruption par  le  vicaire-général,  qui  en  fit 
la  visite  l'année  suivante  ,  durant  la  va- 
cance du  siège.  Les  entrailles  étaient  par- 
faitement saines,  et  la  prunelle  des  yeux 
avait  encore  sa  couleur,  quoique  les 
barres  de  fer  qui  entouraient  le  cercueil, 
fussent  rongées  par  l'humidité.  En  1074, 
le  corps  du  saint  s'étant  trouvé  dans  le 
même  état,  l'archevêque  d'Avignon  le 
transporta  solennellement  dans  l'église 
des  Célestins.  Il  fut  accompagné  dans  cette 
cérémonie  par  l'évêque  d'Orange,  et  par 
la  plus  grande  partie  de  la  noblesse  du 
pays.  (  Voyez  dans  les  Bollandistes  l'his- 
toire de  la  translation  des  reliques  du 
saint;  elles  remarques  duPèrePapebroch 
sur  sa  Vie).  De  dix-neuf  arches  qu'avait 
ce  fameux  pont,  il  n'en  subsiste  plus  que 
quatre  entières.  Magnus  Agiïcola  a  écrit 
sa  Vie*  Aix,  1768. 

*  BENEZET  (Antoine),  célèbre  quaker, 
né  en  1713  à  St.-Quentin  en  Picardie  ,  de 
parens  protestans  que  la  révocation  de 
redit  de  Nantes  chassa  de  leur  patrie.  Son 
père  se  retira  à  Londres  en  1715 ,  et  se 
fixa  ensuite  à  Philadelphie.  Antoine  Be- 
nezet  y  accompagna  son  père  et  adopta 
les  principes  des  quakers,  et  leur  enthou- 
siasme pour  l'affranchissement  des  Noirs. 
Il  a  publié  à  ce  sujet  plusieurs  Mémoires 
adresses  à  la  Grande-Bretagne,  intitulés  : 
Avertissement  à  la  Grande-Bretagne  et 
à  ses  colonies*  ou  tableau  abrégé  de  l'état 
misérable  des  Nègres  esclaves  dans  les 
dominations  anglaises*  1767,  in-8°  ;  |  Re- 
lation historique  de  la  Guinée  *  avec  des 
recherches  sur  l'origine  et  les  progrès  de 
la  traite  des  Nègres*  etc.,  4e  édition, 
in-8°,  1788  ;  la  première  édition  est  de  1762. 
Sa  bienfaisance  lui  attira  une  grande  po- 
pularité. Il  mourut  en  1784 ,  et  laissa  le 
reste  de  sa  fortune  à  une  école  qu'il  avait 
instituée  à  Philadelphie  pour  l'instruction 
des  Noirs. 


BEN 


208 


BEN 


'BENGEL  (  Jean-Albert  ),  théologien 
luthérien,  né  dans  le  Wurtemberg  en  1687, 
fut  pasteur  et  professeur  à  Denkendorf , 
et  s'occupa  particulièrement  de  l'étude 
des  Pères  de  l'Eglise  et  du  nouveau  Tes- 
tament. Il  est  le  premier  théologien  de  sa 
tommunion  qui  ait  fait  en  totalité  la  cri- 
tique des  livres  du  nouveau  Testament. 
«Dn  a  de  lui  :  |  Novum  Testamentum  grœ- 
itum,  1734, in-4°,  réimprimé  en  1790,in-8°. 
^Harmonie  exacte  des  quatre  évangélis- 
teSs  in-8°.  Son  travail  est  assez  bien  fait, 
mais  ses  réflexions  et  ses  explications  ne 
sont  jias  exemptes  d'erreurs.  Son  esprit 
naturellement  porté  à  l'enthousiasme  l'é- 
garé quelquefois.  |  Explication  des  révéla- 
tions  de  saint  Jean.  On  y  trouve  des  idées 
singulières  sur  la  fin  du  monde.  |  Ordo 
temporum  à  principio  per  periodos  œco- 
nomiœdivinœ.\Cyclus  sive  de  annomagno 
solis,  etc.  ad  incremenlum  doctrinœ  pro- 
pheticœ*  in-8°.Bengel  mourut  en  1752. 

BENGORION.  (Ployez  JOSEPH  BEN 
GORION.  ) 

BENI  (Paul)  ,  né  dans  l'île  de  Candie 
vers  1552 ,  et  élevé  à  Gubio ,  dans  le  du- 
ché d'Urbin,  fut  choisi  par  la  république 
de  Venise,  en  1599,  pour  professer  les 
belles-lettres  dans  l'université  de  Padoue. 
Il  mourut  en  1625.  Il  était  sorti  des  jé- 
suites ,  parce  que  ses  supérieurs  lui  refu- 
sèrent de  faire  imprimer  un  Commentaire 
licencieux  sur  le  Festin  de  Platon.  On  a 
de  lui  :  |  Une  critique  du  Dictionnaire  de 
l'académie  de  la  Crusca  de  Florence,  sous 
le  titre  d' 'Anli-Crusca  _,  pleine  d'imperti- 
nences et  de  verbiage  :  c'est  un  vol.  in-4°. 
j  Des  Commentaires  sur  la  Poétique  d'A- 
>-islote  *  sur  sa  Rhétorique  ,  1625  ,  in-fol. 
j  Des  notes  sur  les  six  premiers  livres  de 
l'Enéide.  |  Sur  Salluste.  |  Deux  ouvrages 
critiques  sur  l'Arioste  et  le  Tasse,  contre 
l'académie  de  la  Crusca.  Il  met  le  pre- 
mier à  côté  d'Homère,  et  le  second  à  côté 
de  Virgile.  |  Une  Théologie  tirée  des 
écrits  de  Platon  et  d'Aristote,  Paris,  1624 , 
in-fol.  |  De  Historiâ ,  lib.  4,  Venise,  1607 
et  1611,  in-4°,  et  dans  la  Collection  de  ses 
ouvrages,  Venise,  1622,  5  vol.  in-fol.  Cet 
ouvrage  n'est  peut-être  pas  aussi  mépri- 
sable que  l'a  prétendu  Naudé.  L'auteur, 
quoique  bilieux  et  bizarre ,  est  cependant 
quelquefois  judicieux.  Les  deux  premiers 
livres  traitent  de  la  .manière  d'écrire 
l'histoire;  le  5e  de  la  manière  de  la  lire, 
et  il  donne  un  détail  des  auteurs  qu'il  faut 
examiner  pour  l'histoire  grecque  et  ro- 
maine ;  le  4e  traite  de  l'usage  de  l'histoire 
pour  les  autres  sciences. 


BENIGNE  (saint  ),  apôtre  de  Bourgo- 
gne, fut,  dit-on,  disciple  de  saint  Poly- 
carpe.  Il  vint  en  France  sous  le  règne  de 
Marc-Aurèle  ,  et  reçut  la  couronne  du 
martyre  à  Dijon ,  par  une  mort  des  plus 
cruelles.  Les  Martyrologes  portent  qu'on 
lui  scella  les  pieds  avec  du  plomb  fondu 
dans  une  pierre  ,  qu'on  voyait  encore  du 
temps  de  saint  Grégoire  de  Tours  ,  qu'en 
cet  état  on  l'enferma  avec  des  chiens  fu- 
rieux, qu'on  le  battit  sur  le  cou  avec  des 
barres  de  fer  ;  et  qu'enfin  on  le  perça 
d'un  coup  de  lance. 

*  BEMOWSKI  ou  plutôt  BENYOWSKl 
(Maurice-Auguste  comte  de),  né  en 
Hongrie  en  1741 ,  entra  de  bonne  heurt 
au  service  de  l'empire,  qu'il  quitta  pour 
se  rendre  en  Pologne ,  auprès  de  l'un  de 
ses  oncles ,  Slaroste ,  en  Lithuanie.  Peu 
après  il  revint  en  Hongrie  pour  chasser 
ses  beaux-frères,  qui  avaient  envahi  son 
patrimoine;  mais  la  chancellerie  de  Vienne 
l'ayant  considéré  comme  un  sujet  rebelle, 
il  fut  obligé  de  se  retirer ,  et  parcourut 
successivement  l'Allemagne,  la  Hollande, 
l'Angleterre ,  pour  s'instruire  dans  l'art 
de  la  navigation.  Enfin  il  revint  en  Polo- 
gne, et  devint  un  des  chefs  de  la  confédé- 
ration formée  vers  1768 ,  fut  fait  prison- 
nier par  les  Russes  et  exilé  au  Kamts- 
chatka  en  1770,  pour  y  être  employé  avec 
les  malfaiteurs  à  faire  du  charbon  de 
terre.  D'une  audace  peu  commune,  il 
forma  une  conjuration,  et,  avec  cent  cin- 
quante exilés  qu'il  avait  réunis,  il  escalada 
la  forteresse  russe,  s'en  empara,  et  fit 
prêter  serment  par  les  habitans  à  la  con- 
fédération de  Pologne.  Malgré  ce  succès , 
voyant  l'impossibilité  de  se  maintenir 
dans  une  province  russe ,  il  s'embarqua 
sur  une  corvette  avec  sa  troupe.  Il  aborda 
au  Japon,  à  l'île  Formose,  à  la  Chine  ,  et 
parvint  aux  établissemens  français  dans 
l'Inde ,  d'où  il  fut  ramené  en  Europe  su* 
un  vaisseau  français,  et  bien  accueilli  par 
le  cabinet  de  Versailles  ,  auquel  il  remit 
les  archives  du  Kamtschatka  ,  qu'il  avait 
emportées.  Le  caractère  entreprenant  de 
Benyowski  ne  lui  permettant  pas  de  vivre 
paisible ,  il  partit  du  port  de  Lorient  avec 
quatre  ou  cinq  cents  aventuriers  pour 
former  un  établissement  à  Madagascar. 
Il  y  débarqua ,  en  1774  ;  mais  il  en  fut 
chassé  par  les  insulaires,  revint  en  Eu- 
rope, embrassa  les  intérêts  de  l'Angle- 
terre ,  et  revint  une  seconde  fois  à  Mada- 
gascar pour  s'emparer  de  l'établissement 
que  la  France  avait  dans  cette  île,  et  pour 
le  livrer  aux  Anglais;  mais  l'arrivée  im- 


BEN 


209 


BEN 


prévue  d'une  frégate  française  l'empêcha 
de  mettre  ce  projet  à  exécution.  Attaqué 
lui-même  Tannée  suivante  par  des  troupes 
réglées  ,  il  fut  tué  le  23  mai  178G  ,  dans 
une  redoute  où  il  s'était  retranché ,  et 
qu'il  défendit  avec  beaucoup  de  courage. 
Les  Voyages  et  mémoires  du  comte  de 
Benyowski  sur  la  Pologne  ont  été  rédigés 
par  J.  H.  de  Magellan,  et  publiés  par 
Noël,  Paris,  1791,  2  vol.  in-8°. 

BENIVIENI  (Jérôme  ) ,  gentilhomme, 
poète  florentin  ,  mort  en  1542  ,  à  89  ans  , 
fut  un  des  premiers  à  abandonner  ce  goût 
bas  et  trivial  qui  s'était  emparé  de  la  poé- 
sie italienne  dans  le  15e  siècle,  et  qui  ca- 
ractérise entre  autres  le  Morgante  de 
Louis  Pulci,  et  le  Ciriffo  Calvaneode  Luc 
Pulci  son  frère ,  pour  se  rapprocher  du 
style  et  de  la  manière  du  Dante  et  de  Pé- 
trarque. La  plupart  de  ses  poésies  traitent 
de  l'amour  divin.  On  fait  beaucoup  de  cas 
de  sa  Canzone  dell'  Amor  céleste  e  di- 
vino*  où  Ton  trouve  les  idées  les  plus 
sublimes  de  la  philosophie  de  Platon  sur 
l'amour.  Cet  ouvra je  fut  imprimé  à  Flo- 
rence, 1519,  in-8°,  avec  d'autres  poésies 
du  même  auteur.  Il  y  avait  déjà  eu  une 
édition  de  ses  Œuvres,  Florence,  in-fol., 
4500 ,  qui  est  très  rare.  On  a  de  lui  un 
autre  ouvrage  intitulé  Commenta  di  Hie- 
ronymo  Benivieni  J  Cittadino  Florentino, 
sopra  a  piu  sue  Canzone  et  Sonetlide  lo 
Amore  *  et  de  la  Bêliez  a  divina_,  etc.  im- 
primé à  Florence  en  1500,  in-fol.,  édition 
recherchéedes  curieux. Benivieni,  homme 
aussi  estimable  par  la  pureté  de  ses  mœurs 
que  par  ses  talens,  fut  intimement  lié  avec 
le  célèbre  Jean  Pic  de  la  Mirandole,  et 
voulut  être  inhumé  dans  le  même  tom- 
beau que  ce  savant. 

BENIZZI.  Voyez  Saint  PHILIPPE  BE- 
NIZZI. 

BENJAMIN  ,  douzième  et  dernier  fils 
de  Jacob,  naquit  auprès  de  Bethléem, 
vers  l'an  1758  avant  J.-C.  Lorsque  Joseph 
devenu  ministre  de  Pharaon,  vit  ses  frè- 
res en  Egypte,  il  leur  ordonna  de  lui 
amener  Benjamin.  Il  fut  attendri  en  le 
■voyant,  et  lui  donna  une  portion  5  l'ois 
plus  grande  qu'à  ses  autres  frères.  Ben- 
jamin fut  chef  de  la  tribu  de  son  nom ,  qui 
fut  presque  entièrement  exterminée  par 
les  autres  pour  venger  la  violence  faite  à 
la  femme  d'un  Lévite,  dans  la  ville  de 
Gabaa.  Saint  1  aul  était  de  cette  tribu,  et 
c'est  à  lui  personnellement  que  saint  Au- 
gustin applique  ces  paroles  de  la  béné- 
diction et  de  la  prophétie  de  Jacob  mou- 
rant, en  faisant  allusion  à  la  conversion 


de  ce  grand  homme ,  et  aux  fruits  de  Son 
apostolat  :  Benjamin  lupus  rapax  mane 
comedet  prœdam ,  et  vespere  dividet  spo- 
lia (  Gen.  49  ). 

BENJAMIN  (  saint),  diacre,  fut  arrêté 
par  les  ordres  de  Vavarane ,  fils  et  suc- 
cesseur d'Isdegerde,  roi  de  Perse,  un  des 
plus  cruels  persécuteurs  des  chrétiens. 
Un  an  après  sa  détention  ,  l'ambassadeur 
des  Romains  qui  vint  en  Perse  ,  demanda 
son  élargissement  :  il  lui  fut  accordé  ,  à 
condition  que  Benjamin  n'instruirait  au- 
cun mage  dans  la  religion  chrétienne. 
L'ambassadeur  promit  au  roi  que  sa  vo- 
lonté serait  exécutée  ,  dans  la  persuasion 
où  il  était  que  le  diacre  ne  le  dédirait  pas. 
Il  se  trompa.  Benjamin,  qui  se  regardait 
comme  un  ministre  de  l'Evangile,  déclara 
qu'il  ne  retiendrait  jamais  la  vérité  cap- 
tive, et  qu'il  ne  s'attirerait  point  la  con- 
damnation de  ce  lâche  serviteur  qui  avait 
enfoui  son  talent.  Il  continua  donc  de 
répandre  de  toutes  parts  la  lumière  de  la 
foi.  Le  roi  en  ayant  été  informé,  le  fit 
saisir,  et  entreprit  de  l'effrayer  par  des 
menaces;  mais  Benjamin  fut  inébranla- 
ble, et  déconcerta  le  prince  par  une  ques- 
tion dont  l'application  était  sensible. 
«  Quelle  idée ,  dit-il ,  auriez  vous  d'un  de 
»  vos  sujets  ,  qui ,  renonçant  à  la  fidélité 
»  qu'il  vous  doit ,  se  rangerait  du  côté  de 
»  vos  ennemis?  »  Le  tyran  transporté  de 
fureur,  après  lui  avoir  fait  souffrir  des 
tourmens  atroces  ,  le  condamna  ensuite  à 
être  empalé ,  l'an  424.  Le  Martyrologe  ro- 
main le  nomme  le  51  mars. 

BENJAMIN  ,  rabbin ,  naquit  à  Tudela 
dans  la  Navarre,  et  mourut  en  1173.  H 
parcourut  toutes  les  synagogues  du  monde 
pour  connaître  les  mœurs  et  les  cérémo- 
nies de  chacune.  Il  donna  une  Relation 
de  ses  voyages  en  hébreu ,  imprimée  à 
Constantinople  en  1543 ,  in-8°.  Renaudot 
regarde  celte  édition  comme  la  moins  fau- 
tive ,  et  prétend  que  les  relations  de  ce 
rabbin  sont  véritables  :  mais  il  se  trompe 
grossièrement.  La  Relation  de  Benjamin 
est  d'autant  plus  suspecte,  qu'elle  four- 
mille de  fautes  géographiques,  de  contes 
visiblement  fabuleux,  et  de  bévues  ab- 
surdes sur  les  objets  les  mieux  connus. 
Ces  peuplades  de  juifs  indépendans,  qu'il 
place  dans  des  contrées  très  éloignées  pour 
en  éviter  la  vérification,  sont  autant  de 
fictions  qui  tendent  à  donner  le  démenti 
aux  prophéties  relatives  au  Messie  et  à 
l'état  futur  des  juifs.  Nous  avons  des 
Voyages  de  Benjamin  les  versions  latines 
d'Arias-Montanus,  Anvers,  1575;  et  de 
18. 


BEi\  210 

Constantin  l'Empereur,  Leyde  ,  1633 ,  in- 
24.  Jean-Philippe  Baratier  en  a  publié  en 
1754  une  traduction  française ,  en  2  vol. 
in-8°. 

BEIVJAMIX  COXSTAIVT  [Voyez  CON- 
STANT DE  REBECQUE  ). 

*  BENKENDORF  (  Erjvest-Louis  de  ), 
général  de  cavalerie  au  service  de  Saxe  , 
né  à  Anspach  en  1711 ,  entra  sous-lieute- 
nant dans  les  gardes  du  corps  de  l'électeur 
roi  de  Pologne ,  et  ne  cessa  de  combattre 
contre  Frédéric  II,  roi  de  Prusse ,  jusqu'à 
la  paix  de  Hubertsbourg.  Il  contribua  par 
sa  bravoure  au  gain  de  la  plupart  des  ba- 
tailles de  cette  guerre,  et  notamment  à 
celle  de  Kollin.  Il  mourut  le  5  mai  1801. 

BEAIVET  (  Henri  ), comte  d'Arlinghton 
secrétaire  d'état,  chevalier,  pair  du 
royaume  d'Angleterre,  et  grand-cham- 
bellan du  roi  Charles  II ,  joignit  la  valeur 
à  la  connaissance  des  affaires.  Il  se  dis- 
tingua sous  Charles  I ,  Charles  II  et  Jac- 
ques II.  Ses  Lettres  à  Guillaume  Temple 
ont  été  traduites  en  français ,  Utrecht , 
•1701 ,  in-12.  Il  mourut  en  1685  ,  âgé  de 
67  ans. 

*  BEIMVET  (Christophe),  savant  mé- 
decin anglais  ,  né  dans  le  comté  de  Som- 
merset,  vers  l'année  1617,  étudia  à  Oxford, 
où  il  prit  ses  degrés  ;  il  exerça  avec  suc- 
cès la  médecine  à  Londres ,  et  fut  membre 
du  collège  des  médecins  de  cette  ville. 
Il  y  mourut ,  le  1er  mai  1655 ,  de  con- 
somption ,  maladie  dont  il  s'était  princi- 
palement occupé,  et  qui  fait  l'objet  de  son 
meilleur  ouvrage.  On  a  de  lui  :  |  Thealri 
tabidorum  vestibulum,  etc.  Londres  1654., 
in-8°;  |  Exercitationes  diagnosiicœ ,  cum 
historiis  demonslrativis ,  quibus  alimen- 
torum  et  sanguinis  vilia  detegunlur  in 
plerisque  morbis.  Il  a  aussi  corrigé  et 
augmenté  un  Traité  du  docteur  Moufet , 
intitulé  :  l'Art  d'améliorer  la  santé,  etc. 
Londres ,  1655  ,  in-4°. 

BENNET  (  Thomas  ),  né  à  Salisbury  en 
1673 ,  et  mort  à  Londres  en  1728 ,  passe 
pour  un  bon  théologien  et  un  savant  in- 
terprète de  l'Ecriture  sainte ,  dans  la  com- 
munion anglicane;  mais  les  sa  vans  des 
autres  pays  n'en  jugent  pas  de  même.  On 
a  de  lui  beaucoup  d'écrits  de  controverse 
contre  les  non-conformistes  ,  les  quakers 
et  les  catholiques.  Les  principaux  sont 
|  Un  Traité  du  Schisme,  1702 ,  in-8°,  et 
les  écrits  faits  pour  la  défense  de  ce  traité; 
[Réfutation  du  quakérisme ,  1705,  in-8°  ; 
j  Histoire  abrégée  de  l'usage  public  des 
Formulaires  de  prières  ,  1708 ,  in-8°  ; 
1  Discours  sur  les  Prières  publiques  ou 


BEIV 

cojnmunes ,  imprimé  la  même  année  ; 
|  Les  Droits  du  Clergé,  de  l'Eglise  chré- 
tienne,  Londres,  1711,  in-8°  ;  \  Essai  sur 
les  59  Articles  arrêtés  en  1565,  et  revus  en 
1571,  Londres,  1715;  |  Grammaire  hé' 
braïque.  1726  ,  in-8°.  On  lui  attribue  en- 
core plusieurs  autres  ouvrages. 

*  BE\ÏVL\GSEN  (  le  comte  BANTELN- 
LE VIN  Auguste-Théophile  de  ),  général 
en  chef  des  armées  russes,  né  en  1745 
dans  le  pays  de  Hanovre,  entra  de  bonne 
heure  au  service  de  Russie,  et  fut  suc- 
cessivement brigadier  des  armées ,  com- 
mandant du  régiment  de  cavalerie  légère 
d'Isuni,  général  de  cavalerie  elgouverneur 
de  la  Lithuanie.  Il  se  distingua  dans  plu- 
sieurs actions  contre  les  Polonais  pendant 
l'été  de  1794 ,  et  reçut  au  mois  d'octobre 
l'ordre  de  St.-Georges  de  troisième  classe. 
Toutefois  il  fut  congédié  par  Paul  I,  et  il 
se  disposait  à  quitter  Saint-Pétersbourg  , 
lorsque  la  mort  de  ce  souverain  le  décida 
à  reprendre  du  service  :  il  fut  nommé 
gou verneur de laLithuanie par  l'empereur 
Alexandre.  Dans  la  guerre  de  1805  contre 
les  Français ,  il  commanda  un  corps  d'ar- 
mée ;  mais  arrivé  trop  tard  pour  prendre 
part  à  la  bataille  d'Austerlitz  ,  il  retourna 
en  Russie.  Employé  de  nouveau  en  1806, 
il  fut  obligé,  après  avoir  fait  d'inutiles 
efforts  pour  couvrir  Varsovie ,  d'abandon- 
ner celte  ville.  Le  général  Kamenski  ayant 
été  rappelé,  il  commanda  en  chef  l'armée  : 
il  se  couvrit  de  gloire  aux  brillantes  af- 
faires de  Pultusk  et  d'Eylau  ;  alors  il  fut 
décoré  de  l'ordre  de  Saint-Georges  de 
deuxième  classe.  Après  la  bataille  de 
Friedland  où  il  commanda  également  en 
chef ,  et  la  paix  de  Tilsitt ,  il  se  retira  du 
service  ;  mais  il  reparut  sur  le  théâtre  de 
la  guerre  à  la  fin  de  1813,  et  commanda 
l'armée  russe  dite  de  Pologne.  Enfin,  dans 
la  guerre  des  puissances  alliées  réunies 
contre  la  France  ,  Benningsen  fut  chargé 
de  diriger  la  droite  de  l'armée,  destinée 
à  manœuvrer  vers  les  bouches  de  l'Elbe 
et  du  Weser  :  il  forma  le  blocus  de  Ham- 
bourg dont  il  s'empara  par  capitulation , 
après  la  chute  de  Bonaparte  en  1814.  L'em- 
pereur Alexandre  lui  envoya  à  cette  oc- 
casion l'ordre  de  Saint-Georges  de  pre- 
mière classe  :  cette  faveur  était  d'autant 
plus  flatteuse,  que  dans  tout  l'empire 
russe ,  il  n'y  a  qu'un  seul  chevalier  de 
cette  classe.  Il  le  nomma  ensuite  général 
en  chef  d'une  armée  de  120  mille  hommes 
sur  les  frontières  de  la  Turquie.  En  1816 
il  reçut  aussi  du  roi  de  France  la  grand1 
croix  de  la  ltgion-d'uonneur.  Le  généra) 


BEIV 


211 


BEN 


Bcnningsen  donna  en  1818  la  démission  de 
tous  ses  emplois  à  cause  de  son  grand  âge, 
et  se  retira  dans  son  pays  natal.  Il  est  mort 
en  1826.  Il  a  publié  en  allemand  des  Pen- 
sées sur  quelques  connaissances  indis- 
pensables à  un  officier  de  cavalerie  légère, 
"2e  édition ,  Wilnà  et  Leipsick ,  1805 ,  in-8°, 
avec  8  planches. 

* BENNON,  écrivain  allemand  du  11e 
siècle,  nommé  cardinal  par  l'anti-pape 
Guibert,  publia  contre  les  papes  Sylvestre 
II ,  Grégoire  VI  et  Grégoire  VII ,  des  Sa- 
bras., dictées  par  l'animosité ,  et  qui  lui 
valurent  depuis  les  éloges  des  proteslans. 

*  BENNON  (  saint  )  ,  archevêque  de 
Meissen,  en  Allemagne,  mort  en  1107, 
fut  canonisé  en  1523  ;  ce  qui  donna  lieu 
à  Luther  d'exercer  sa  bile  dans  un  écrit 
intitulé  :  la  Nouvelle  idole  de  Meissen, 
réfuté  par  J.  Emser. 

BENNON,  originaire  de  Souabe  et  pa- 
rent de  Raoul ,  roi  de  Bourgogne  ,  était , 
suivant  l'expression  du  continuateur  de 
Réginon ,  du  nombre  des  ordinaires  de 
l'église  de  Strasbourg ,  c'est-à-dire ,  du 
nombre  des  chanoines  de  la  cathédrale. 
Dégoûté  du  monde ,  il  quitta  son  canoni- 
cat  vers  l'an  906 ,  et  se  retira  dans  la  soli- 
tude d'Ensiedlen  en  Suisse.  Henri  ,  roi  de 
Germanie,  l'en  fit  sortir,  et  le  plaça  sur 
le  siège  épiscopal  de  Metz,  mais  il  n'y 
resta  que  deux  ans.  Des  scélérats  s'étant 
saisis  de  lui  en  927 ,  lui  crevèrent  les  yeux 
et  le  mutilèrent  cruellement.  Le  concile 
de  Duisbourg  excommunia  les  auteurs  de 
l'attentat.  Bennon  se  retira  de  nouveau  à 
Ensiedlen,  où  il  mourut  le  3  août  940. 
Eberhard  l'enterra  près  de  l'oratoire  de  la 
Sainte-Vierge,  construit  par  saint  Mein- 
rad.  Bennon  est  honoré  dans  quelques 
églises  avec  le  titre  de  Bienheureux  :  quel- 
ques auteurs  lui  donnent  même  la  qualité 
de  Saint  ;  mais  tous  s'accordent  à  lui  dé- 
férer le  titre  de  Vénérable. 

BENOIT  ou  BENOIST  (  saint  )  ,  naquit 
en  480  au  territoire  de  Nursie ,  dans  le 
duché  de  Spolette.  Il  fut  élevé  à  Rome  dès 
sa  plus  tendre  jeunesse ,  et  s'y  distingua 
par  son  esprit  et  sa  vertu.  A  l'âge  de  16 
ans ,  il  se  retira  du  monde  où  sa  naissance 
lui  promettait  de  grands  avantages.  Une 
caverne  affreuse  dans  le  désert  de  Sublac, 
à  40  milles  de  Rome  ,  fut  sa  première  de- 
meure :  il  y  resta  caché  pendant  trois  ans. 
Ses  austérités  et  ses  vertus  l'ayant  rendu 
célèbre ,  une  foule  de  gens  de  tout  âge 
se  rendit  auprès  de  lui.  Il  bâtit  jusqu'à  12 
monastères.  Ses  succès  excitèrent  l'envie. 
Il  quitta  cette  retraite  et  vint  à  Cassin.  pe- 


tite ville  sur  le  penchant  d'une  haute  mon- 
tagne. Les  paysans  de  ce  lieu  étaient  ido- 
lâtres :  à  la  voix  de  Benoit ,  ils  devinrent 
chrétiens.  Leur  temple  consacré  à  Apol- 
lon, fut  changé  en  église.  On  y  vit  bien- 
tôt s'élever  un  monastère,  devenu  le  ber- 
ceau de  l'ordre  bénédictin.  Son  nom  se 
répandit  dans  toute  l'Europe.  Totila ,  roi 
des  Goths,  passant  dans  la  Campanie, 
voulut  le  voir  ;  et  pour  éprouver  s'il  avait 
le  don  de  prophétie ,  comme  on  le  disait 
il  lui  envoya  un  de  ses  officiers  ,  nommé 
Riggon,  qu'il  avait  fait  revêtir  de  ses  ha- 
bits royaux,  et  auquel  il  avait  donné  pour 
l'accompagner  trois  des  principaux  sei- 
gneurs de  sa  cour  avec  un  nombreux  cor- 
tège. Le  saint,  qui  était  pour  lors  assis, 
ne  l'eut  pas  plus  tôt  aperçu  qu'il  lui  cria  ; 
Quittez,  mon  fils,  l'habit  que  vous  portez  ; 
iln'estpas  à  vous.  Riggon,  saisi  de  crainte, 
et  confus  d'avoir  voulu  jouer  ce  grand 
homme ,  se  jeta  à  ses  pieds ,  avec  tous 
ceux  qui  l'accompagnaient.  Lorsqu'il  fut 
de  retour ,  il  raconta  au  roi  ce  qui  lui  était 
arrivé.  Totila  vint  alors  visiter  lui-même 
le  serviteur  de  Dieu.  Dès  qu'il  le  vit,  il 
se  prosterna  par  terre  et  y  resta  jusqu'à 
ce  que  Benoit  l'eût  relevé.  Il  fut  bien  plus 
étonné  quand  le  saint  lui  parla  de  la 
sorte  :  «  Vous  faites  beaucoup  de  mal ,  et 
»  je  prévois  que  vous  en  ferez  encore  da- 
»  vantage.  Vous  prendrez  Rome  ;  vous 
»  passerez  la  mer ,  et  régnerez  neuf  ans  : 
»  mais  vous  mourrez  dans  la  dixième 
»  année,  et  serez  cité  au  tribunal  du  juste 
»  Juge,  pour  lui  rendre  compte  de  toutes 
»  vos  œuvres.  »  Toutes  les  parties  de 
cette  prédiction  furent  vérifiées  par  l'é- 
vénement. Totila  qui  en  avait  été  effrayé 
se  recommanda  aux  prières  du  saint ,  et 
fut  moins  cruel.  Ayant  pris  peu  de  temps 
après  la  ville  de  Naples,  il  traita  les  pri- 
sonniers avec  une  humanité  qu'on  ne 
devait  pas  attendre  d'un  barbare.  Benoit 
mourut  l'année  suivante ,  en  543 ,  suivant 
le  père  Mabillon  ,  et  quelques  années  plus 
tard,  suivant  d'autres.  Sa  règle  a  été 
adoptée  presque  par  tous  les  cénobites 
d'Occident.  Sa  vie  a  été  écrite  par  saint 
Grégoire  le  Grand  dans  le  second  livre  de 
ses  Dialogues.  Paul  Diacre,  moine  du 
Mont-Cassin  en  a  parlé  aussi  fort  ample- 
ment dans  X Histoire  des  Lombards.  Son 
ordre  a  été ,  sans  contredit ,  un  des  plus 
étendus ,  des  plus  illustres ,  des  plus  ri- 
ches. Il  fut  long-temps,  dit  un  écrivain 
célèbre,  un  asile  ouvert  à  tous  ceux  qui 
voulaient  fuir  les  oppressions  du  gouver- 
nement golh  et  vandale.  Le  peu  de  non- 


BEN 


212 


BEff 


naissances  qui  restaient  chez  les  barbares 
fut  perpétué  dans  les  cloîtres.  Les  béné- 
dictins transcrivirent  beaucoup  d'auteurs 
sacrés  et  profanes.  Nous  leur  devons  en 
partie  les  plus  précieux  restes  de  l'anti- 
quité, ainsi  que  beaucoup  d'inventions 
modernes.  On  a  reproché  à  cet  ordre  cé- 
lèbre ses  grandes  richesses  ;  mais  on  ne 
fait  pas  attention  que  c'est  en  défrichant 
avec  beaucoup  de  peina  des  forêts  incul- 
tes et  des  terres  ingrates,  qu'ils  se  les  sont 
procurées.  Telle  ville  qui  est  aujourd'hui 
florissante ,  n'était  autrefois  qu'un  rocher 
nu,  ou  un  terrain  en  friche  devenu  fertile 
sous  des  mains  saintes  et  laborieuses. 
«  De  quoi ,  dit  un  critique  judicieux  et 
»  équitable ,  auraient  vécu  des  troupes  de 
»  solitaires ,  s'ils  n'avaient  pas  été  très  la- 
*  borieux?  On  ne  leur  donnait  ni  des  terres 
»  cultivées  ni  des  colons  pour  les  faire 
»  valoir,  puisqu'ils  se  plaçaient  tous  dans 
»  des  déserts.  Mais  les  censeurs  de  la  vie 
»  monastique  demandent,  pourquoi  re- 
»  noncer  aux  affaires  de  1a  société ,  pour 
»  aller  passer  sa  vie  dans  la  solitude...? 
■b  Pourquoi...?  Pour  se  soustraire  au  bri- 
»  gandage  des  tyrans  et  des  guerriers  qui 
»  ravageaient  tout,  qui  cependant  respec- 
»  taient  encore  les  moines ,  dont  la  vie  les 
»  étonnait  et  dont  les  vertus  leur  en  im- 
»  posaient.  »  Quant  aux  richesses  qu'ils 
possédaient ,  et  qui  étaient  le  fruit  de  leur 
travail  et  de  leur  sage  et  judicieuse  éco- 
nomie, quel  usage  en  faisaient-ils?  On 
peut  bien  dire  qu'ils  ne  les  avaient  que 
pour  les  répandre  ;  que  sobres  et  économes 
pour  ce  qui  les  regardait,  ils  n'étaient  ma- 
gnifiques que  lorsqu'il  s'agissait  d'orner 
la  maison  de  Dieu,  d'enrichir  des  biblio- 
thèques, de  concourir  à  desélablisseniens 
utiles,  de  porter  des  secours  aux  pauvres 
et  aux  affligés.  Cette  observation  pouvait 
s'étendre  à  tous  les  religieux  qui  avaient 
conservé  l'esprit  de  leur  état.  L'ordre  de 
Saint-Benoit  a  produit  une  multitude  de 
grands  hommes  dans  tous  les  genres,  sans 
que  pour  cela  il  soit  vrai  de  dire  qu'il  a 
tu  dans  son  sein  40  papes,  200  cardinaux, 
50  patriarches,  1,600  archevêques,  4,600 
évêques,  4  empereurs,  12  impératrices , 
A  reines ,  et  3,600  saints  canonisés.  Ce  dé- 
tail ,  puisé  dans  la  chronique  de  l'ordre  de 
saint  Benoit ,  ne  peut  partir  que  d'un  zèle 
outré  et  maladroit.  C'est  ne  savoir  pas 
louer,  que  d'avoir  recours  à  l'exagération. 
Dom  Bastide ,  bénédictin  de  Saint-Maur, 
fâché  de  ce  que  Mabillon ,  son  confrère , 
avait  retranché  quelques  saints  dans  le 
Grand  Recueil  des  Actes  des  Saints  de  l'or- 


dre de  saint  Benoit,  présenta  contre  lui 
une  requête  au  chapitre  général  de  1677; 
mais  ceux  qui  composaient  cette  assem- 
blée ,  n'y  eurent  aucun  égard.  Voyez  C  A- 
JETAN  (Constantin).  Depuis  l'an  900, 
l'ordre  de  saint  Benoit  s'est  divisé  en 
plusieurs  branches.  C'est  de  là  que  sont 
sortis  les  camaldules  ,  les  cisterciens ,  les 
gilbertins ,  les  sylvestrins  ,  les  moines 
de  Fontevrault.  Toutes  ces  observances 
ne  sont  que  des  réformes  de  l'ordre  de 
Saint-Benoît,  qui  ont  ajouté  quelques 
constitutions  particulières  à  la  règle  pri- 
mitive. On  compte  parmi  les  bénédictins 
plusieurs  congrégations ,  telles  que  celles 
deCluny,  de  Sainte- Justine,  de  Savigny, 
de  Tiron ,  de  Bursfeld,  de  Saint-Maur,  etc. 
La  règle  de  saint  Benoît  a  été  imprimée 
plusieurs  fois ,  et  notamment  en  1734 ,  en 
2  vol.  in-4°,  avec  les  commentaires  de 
don  Calmet;  don  Mège  a  écrit  sa  vie  en  1 
vol.  in-4". 

BENOIT  (  saint  ) ,  abbé  d'Aniane ,  dans 
le  diocèse  de  Montpellier,  était  fils  d'Ai- 
gulfe ,  comte  de  Maguelone.  Après  avoir 
servi  avec  distinction  dans  la  maison  et 
dans  les  armées  de  Pépin  et  de  Charle- 
magne ,  il  s'enferma  dans  un  monastère , 
dont  il  devint  abbé  ;  il  se  retira  ensuite 
dans  une  terre  de  son  patrimoine ,  où  il 
fonda  l'abbaye  d'Aniane.  Ses  réformes  et 
son  zèle  lui  firent  un  nom  dans  la  France. 
Louis  le  Débonnaire  l'établit  chef  et  su- 
périeur général  de  tous  les  monastères  de 
son  empire.  Benoît  mourut  l'an  821.  Il 
fut ,  en  France  et  en  Allemagne ,  ce  que 
saint  Benoît  avait  été  en  Italie  :  donnant 
des  leçons  et  des  exemples ,  labourant  et 
moissonnant  avec  ses  frères.  On  a  de  lui 
Codex  Regularum,  avec  une  Concorde 
des  Règles,  qui  montre  ce  que  la  règle 
de  saint  Benoît  a  de  commun  avec  celles 
des  autres  fondateurs.  Sa  Vie  *  écrite  par 
Ardon  Smaragdus,  se  trouve  à  la  tête  do 
la  Concorde  des  règles  du  même  saint 
Benoit ,  que  don  Hugues  Menard  fit  im- 
primer avec  des  notes  en  1658 ,  in-4°. 

BENOIT  BISCOP  (  saint),  né  dans  le 
Northurnberland  en  Angleterre ,  l'an  628, 
d'une  famille  distinguée  ,  après  avoir  porté 
les  armes,  entra  dans  l'ordre  de  Saint-Be- 
noît, et  fit  son  noviciat  dans  le  célèbre 
monastère  de  Lérins  en  Provence.  De  re- 
tour dans  sa  pairie ,  il  travailla  avec  zèle 
au  progrès  de  la  religion  :  il  y  établit  le 
chant  grégorien  et  toutes  les  cérémonies 
romaines,  persuadé  que  la  mère  église 
devait  servir  de  règle  el  de  modèle  à 
toutes  les  autres.  Il  mourut  en  703,  après 


JBE1V  213 

avoir  fait  quatre  fois  le  voyage  de  Rome. 
Le  vénérable  Bède  a  écrit  sa  vie  et  une 
homélie  pour  le  jour  de  sa  fête. 

BENOIT  Ier,  surnommé  Bonose,  suc- 
cesseur de  Jean  III  dans  la  chaire  de  saint 
Pierre  en  574,  consola  Rome ,  affligée  par 
deux  fléaux  ,  la  famine  et  les  Lombards , 
qui  venaient  d'envahir  l'Italie.  Il  mourut 
|e  30  juillet  578 ,  après  avoir  tenu  le  saint 
Siège  pendant  4  ans  et  deux  mois.  Péîage 
H  lui  succéda. 

BENOIT  II  (  saint  ) ,  prêtre  de  l'église 
de  Rome,  pape  en  684,  après  Léon  II. 
Constantin  Pogonat  respecta  tant  sa  vertu, 
qu'il  permit  au  clergé  d'élire  les  papes , 
sans  l'intervention  de  l'exarque  ou  de 
l'empereur.  Il  mourut  en  685,  n'ayant  oc- 
cupé la  chaire  ponliiicale  que  dix  mois  et 
d2  jours. 

BENOIT  III ,  Romain ,  pape  malgré  lui 
en  855  ,  après  Léon  IV,  endura  sans  mur- 
murer les  mauvais  traitemens  de  l'anti- 
pape Anastase.  Il  mourut  en  858.  On  a  de 
lui  deux  Lettres ,  une  à  Hincmar ,  arche- 
vêque de  Reims  ;  et  l'autre  aux  évêques 
du  royaume  de  Charles  le  Chauve,  contre 
Hubert ,  diacre ,  accusé  de  grands  crimes. 
Tous  les  auteurs  du  temps  en  parlent 
comme  d'un  homme  simple ,  humble  et 
animé  d'une  véritable  piété.  Nicolas  I  lui 
succéda.  C'est  entre  Léon  IV  et  Benoit 
III  que  d'anciens  chroniqueurs  et  quel- 
ques protestans  modernes  placent  la  pré- 
tendue papesse  Jeanne,  sous  le  nom  de 
Jean  VIII  (  Voyez  ce  dernier  mot  et 
LÉON  IV).  C'était,  à  les  en  croire,  une  fille 
déguisée  en  garçon,  qui  étant  par  venue 
à  la  tiare ,  s'avisa  d'accoucher  en  habits 
pontificaux ,  dans  une  procession  au  Co- 
tisée de  Rome.  Cette  fable,  racontée  comme 
une  vérité  par  70  auteurs  orthodoxes,  en- 
tre lesquels  il  y  a  plusieurs  religieux  et 
des  saints  canonisés,  n'est  plus  aujour- 
d'hui adoptée  de  personne.  Les  calvi- 
nistes l'ont  opposée  long-temps  aux  catho- 
liques ;  mais  à  présent  ils  rougissent  de  la 
citer.  Bayle  et  Blondel  leur  ont  ôté  tous 
les  moyens  de  la  maintenir.  Il  est  dé- 
montré que  Benoît  III  succéda  immédia- 
tement à  Léon  IV,  et  que  le  siège  ne  fut 
vacant  que  quatre  jours.  Il  est  certain  en- 
core que  du  temps  de  Hugues  de  Fleury 
qui  florissait  sous  le  règne  de  Louis  VI, 
surnommé  le  Gros ,  mort  l'an  1137 ,  la  fa- 
ble de  la  papesse  n'était  pas  encore  in- 
ventée ;  car  voici  ce  qu'il  dit  des  papes 
qui  ont  siégé  immédiatement  après  la 
mort  de  Louis  le  Débonnaire ,  à  laquelle 
finit  sa  Chronique,  imprimée  à  Munster 


BEN 

en  16b8,  in-4°  :  in  Romana  vero  Cathe- 
dra mcmoralo  papee  Gregorio  IV  ,  Ser- 
gius  II  successit,  et  Sergio  Léo  IV*  et 
Leoni  Benedictus  III J  et  Benedicto  Ni- 
colaus  I.  Il  est  vrai  que  quelques  manu- 
scrits des  Vies  des  Papes  d' Anastase  le  bi- 
bliothécaire, qui  vivait  avant  et  après  cette 
époque,  et  par  conséquent  plus  ancien 
d'environ  250  ans  que  Hugues,  rapportent 
cette  prétendue  histoire  ;  mais  si  l'on  y  fait 
attention ,  l'interpolation  est  manifeste  : 
car  Anastase,  parlant  de  l'élection  de  Be- 
noit III,  dit  expressément  qu'elle  se  fit  d'a- 
bord après  la  mort  de  Léon  :  Léo  quidem 
ubi  hac  hece  subtractus  Prœsul  occubuit; 
mox  omnis  clerus  istius  Romanœ  pro- 
tectœ  sedisJ  universique  proceres  J  cunc- 
tusque  senatus  ac  populus  congregati 
sunt...  Divinilus  igitur  œthereo  tune  lu- 
mine  inflammali  J  uno  consensu,  unoque 
cum  conamine  Benedictum  3  pro  tantis 
quibus  pollebat  sacris  operibus  ,  pontifia 
cem  promulgaverunt  eligere.  Et  dans  la 
Vie  de  Nicolas  I  :  Leone  scilicet  papa 
defunclOs  Benedictus ,  mirœ  beatitudinis 
vir  et  sacratissimus  ponlifex ,  superno 
protectus  auxilio  >  Romanœ  prœponilur 
sedi  (  Anast.  Biblioth.,  Hist.  de  Vilis 
Rom.  Pont.  édit.  du  Louvre  1649,  in-fo- 
lio, p.  200  et  208  ).  Martin  le  Polonais, 
qui  vivait  plus  de  4  siècles  après  lui ,  est 
regardé  par  la  plupart  des  auteurs,  comme 
le  premier  qui  ait  accrédité  cette  fable; 
mais  on  peut  assurer  qu'elle  est  encore 
plus  récente  que  la  Chronique  de  Martin. 
Nous  avons  sous  les  yeux  un  beau  ma- 
nuscrit en  parchemin  de  cet  auteur,  écrit 
de  son  temps ,  dans  lequel  ce  passage  est 
ajouté  en  marge  par  une  main  beaucoup 
plus  récente.  Fabricius  ,  quoique  protes- 
tant, insinue  (  Bibl.  med.  infim.  lalinit. 
T.  5.  p.  42  )  qu'il  manque  dans  les  ma- 
nuscrits les  plus  anciens. 

BENOIT  IV,  Romain  ,  élevé  au  ponti- 
ficat après  Jean  IX ,  au  mois  de  décem- 
bre 900 ,  sage  dans  un  temps  de  corrup- 
tion, et  père  des  pauvres,  mourut  au 
commencement  d'octobre  905,  après  avoir 
siégé  3  ans  et  environ  2  mois.  Il  avait 
couronné  empereur  à  Rome  Louis  III, 
dit  V  Aveugle  ..que  le  cruel  Bérenger  traita 
si  indignement  dans  la  suite. 

BENOIT  V,  souverain  pontife  après 
la  mort  de  Jean  XII,  en  964 ,  durant  le 
schisme  de  Léon  VIII.  Les  Romains  qui 
l'avaient  élu  et  qui  avaient  promis  de  le 
défendre  contre  l'antipape  et  l'empereur, 
furent  contraints  de  l'abandonner  à  Olhon 
qui  le  conduisit  à  Hambourg  en  Alterna* 


BE1V 


214 


BEN 


gne,  où  il  mourut  en  9G5.  Son  corps  fut 
ramené  à  Rome.  C'était  un  pontife  sa- 
vant et  vertueux ,  d'une  douceur  et  d'une 
patience  égales  à  ses  malheurs. 

BENOIT  VI ,  Romain ,  fut  élevé  sur  la 
chaire  de  saint  Pierre  en  972 ,  après  Jean 
XIII.  Boniface ,  surnommé  Francon  >  car- 
dinal-diacre ,  le  fit  étrangler  l'an  974  dans 
la  prison  où  il  avait  été  enfermé  par  Cres- 
ccntius ,  et  se  mit  en  sa  place  sur  le  siège 
pontifical. 

BENOIT  VII,  successeur  de  Domnus  II, 
en  975.  Il  mourut  le  10  juillet  983,  après 
avoir  donné  l'exemple  de  toutes  les  vertus 
pastorales,  et  gouverné  sagement  l'Eglise 
dans  des  temps  malheureux. 

BENOIT  VIII ,  évêque  de  Porto,  suc- 
céda à  Sergius  IV  en  1012.  La  tyrannie  de 
l'antipape  Grégoire  l'obligea  d'aller  en  Al- 
lemagne, pour  implorer  le  secours  de 
l'empereur  Henri  II.  Ce  prince  le  fil  ren- 
trer à  Rome ,  et  vint  s'y  faire  couronner 
avec  Cunegonde  son  épouse.  Le  moine 
Glaber  rapporte  que  Benoit  donna  à  Henri 
une  pomme  d'or  enrichie  de  deux  cercles 
de  pierreries  croisés ,  et  surmontés  d'une 
croix  d'or.  La  pomme  représentait  le 
monde  ;  la  croix ,  la  religion  ;  et  les  pier- 
reries, les  vertus.  En  1016,  les  Sarrasins 
venus  par  mer  en  Italie ,  menacèrent  les 
domaines  du  pape.  Benoit ,  à  la  tête  des 
troupes  animées  par  sa  présence  et  par 
le  désir  de  défendre  l'Eglise ,  les  attaqua 
et  les  mit  en  fuite.  Il  battit  aussi  les  Grecs 
qui  étaient  venus  ravager  la  Pouiîle.  Ce 
pontife  politique  et  guerrier  mourut  en 
4024 ,  après  avoir  gouverné  l'Eglise  en- 
viron douze  ans.  Il  tint  un  concile  à  Pa- 
vie ,  où  il  publia  8  décrets.  Il  a  écrit  di- 
verses Epitres  qui  nous  sont  presque  toutes 
inconnues ,  si  nous  exceptons  celles  qu'il 
écrivit  en  faveur  du  monastère  du  Mont- 
Cassin. 

BENOIT  IX,  successeur  de  Jean  XIX, 
monta  sur  le  trône  pontifical ,  à  l'âge  de 
42  ans ,  en  1033.  Son  père  Albéric ,  comte 
de  Tusculum  ,  le  lui  avait  procuré  à  prix 
d'or.  Le  peuple  romain ,  lassé  de  ses  in- 
famies, le  chassa  de  Rome.  Il  y  rentra 
quelque  temps  après.  Désespérant  d<î  s'y 
maintenir  ,  il  vendit  le  pontifical  comme 
il  l'avait  acheté.  Il  reprit  la  tiare  pour  la 
5e  fois;  mais  au  bout  de  quelques  mois 
il  y  renonça  pour  toujours.  Il  mourut 
dans  le  monastère  de  la  Grotte-Ferrée , 
en  1034 ,  où  il  s'était  retiré  pour  pleurer 
ses  débauches  et  ses  crimes.  Durant  ce 
pontificat  scandaleux  l'Eglise  jouit  de  la 
paix ,  et  le  respect  que  l'univers  chrétien 


portail  au  siège  de  Pierre  ne  souffrit  au- 
cune atteinte.  «  Il  est  remarquable,  dit  un 
»  historien ,  que  sous  quelques  pontifes 
»  vicieux  ou  ineptes ,  il  n'y  ait  eu  ni  trou- 
»  blés  ni  hérésies ,  et  que  l'Eglise  ait  joui 
»  d'une  tranquillité  qu'elle  n'eut  point  sous 
»  les  pontifes  les  plus  sages.  Dieu  veillait 
»  alors  particulièrement  sur  son  ouvrage, 
»  et  suppléait  en  quelque  sorte  aux  soins 
»  et  aux  qualités  de  celui  auxquel  il 
»  était  confié.  »  Voyez  ALEXANDRE  IV, 
JEAN  XII. 

BENOIT  X ,  nommé  Jean,  fils  de  Gui 
Mincius ,  et  évêque  de  Velitri ,  mis  sur  le 
siège  de  Rome,  le  30  mars  1038,  par  une 
faction  puissante ,  fut  chassé  quelques  mois 
après  par  les  Romains  qui  élurent  Nico- 
las H.  Il  mourut  le  18  janvier  1049.  Quoi- 
que communément  considéré  comme  an- 
tipape ,  son  nom  figure  dans  la  liste  des 
pontifes.  Nicolas  II  resta  après  la  mort  de 
Benoit  dans  la  paisible  et  légale  posses- 
sion du  siège  ;  rien  n'empêche  qu'on  ne 
les  regarde  tous  les  deux  pour  vrais  papes. 

BENOIT  XI  (  Nicolas-Bocasiw  ) ,  gé- 
néral de  l'ordre  des  frères  prêcheurs  ,  fils 
d'un  berger ,  ou  selon  d'autres ,  d'un  gref- 
fier de  Trévise,  fut  fait  pape  en  1303, 
après  Boniface  VIII.  Il  annula  les  bulles 
de  son  prédécesseur  contre  Philippe  le 
Bel,  et  rétablit  les  Colonne.  Il  fut  empoi- 
sonné en  1304  par  quelques  cardinaux  mé- 
contens,  si  l'on  en  croit  les  bruits  qui 
coururent  alors.  Benoît  XI  était  sage  et 
modéré.  On  raconte  que  sa  mère  étant 
venue  le  voir  avec  des  habits  superbes , 
il  ne  voulut  jamais  la  recevoir  qu'elle 
n'eût  repris  les  habits  de  son  premier 
état.  Il  a  commenté  quelques  livres  de 
l'Ecriture  sainte,  et  a  été  béatifié  en  1753. 

BENOIT  XII,  appelé  Jacques  de  Nou- 
veau, sur  nommé  Fou/viier..  peut-être  parce 
que,  dit-on,  son  père  était  boulanger  (  ce 
qui  paraît  néanmoins  très  incertain),  na- 
quit à  Saverdun,  au  comté  de  Foix.  Il  était 
docteur  de  Paris,  cardinal-prêtre  du  titre 
deSaint-Prisque.  On  l'appelait  le  Cardinal 
Blanc  ^  parce  qu'il  avait  été  religieux  de 
Citeaux  ,  et  qu'il  en  portait  l'habit.  Il  fut 
élu  unanimement  l'an  1334 ,  après  Jean 
XXII.  Comme  sa  naissance  n'était  pas 
bien  illustre,  les  cardinaux  furent  tous 
surpris  de  ce  choix  unanime ,  et  le  nou- 
veau pape  lui-même  autant  que  les  au- 
tres :  Vous  avez  choisi  un  âne ,  leur  dit- 
il.  Il  était  profond  dans  la  théologie  et  la 
jurisprudence.  Il  laissa  subsister  les  ana- 
thèmes  de  son  prédécesseur  contre  Louis 
de  Bavière,  et  excommunia  les  FratricellL 


BE1V 


2iS 


BEN 


Il  publia  une  bulle  pour  la  réforme  de 
l'ordre  de  Cîtcaux ,  \oulant  que  les  abbés 
ne  fussent  habillés  que  de  brun  et  de 
blanc ,  et  n'eussent  point  avec  eux  des 
damoiseaux  *  c'est-à-dire ,  de  jeunes  gen- 
tilshommes qu'ils  avaient  à  leur  suite 
comme  les  autres  seigneurs.  Il  révoqua 
toutes  les  commandes  données  par  ses 
prédécesseurs  ,  excepté  celles  des  cardi- 
naux et  des  patriarches ,  et  toutes  les  ex- 
pectatives dont  Jean  XXII  avait  surchargé 
les  collateurs  des  bénéfices.  S'il  remédia 
aux  maux  que  l'avidité  de  Jean  XXII  avait 
causés  dans  l'Eglise,  il  ne  négligeapas  non 
plus  de  réparer  le  scandale  qu'a-.ait occa- 
Bioné  son  opinion  sur  la  vision  béalifi- 
que.  Il  définit,  que  les  âmes  des  bien- 
heureux sont  dans  le  Paradis  J  avant  la 
réunion  à  leurs  corps  et  le  jugement  gé- 
néral, et  qu'elles  voient  Dieu  face  à  face. 
Ce  saint  pape  mourut  en  1342  à  Avignon, 
où  il  jeta  les  fondemens  d'un  palais  qui 
subsiste  encore.  Il  pensait  que  les  papes 
devaient  être  comme  Melchisédech  _,  sans 
connaitre  leurs  parens.  On  a  de  lui  quel- 
ques ouvrages. 

BENOIT  XIII ,  né  à  Rome  en  1649  de 
la  famille  illustre  des  Ursins ,  prit  en  16o7 
l'habit  de  Saint-Dominique  à  Venise  ,  fui 
cardinal  en  1672 ,  archevêque  de  Manfré- 
donia ,  puis  de  Césène  ,  ensuite  de  Béné- 
vent ,  enfin  pape  en  1724 ,  le  29  mai.  Il 
assembla  un  concile  à  Rome  l'année  d'a- 
près ,  pour  confirmer  la  bulle  Unigenitus. 
On  lit  dans  le  Dictionnaire  de  Ladvocat , 
quï/  approuva  la  doctrine  des  thomistes 
sur  la  grâce  et  la  prédestination  ;  mais 
le  bref  ne  dit  autre  chose  ,  sinon  que  l'é- 
cole des  thomistes  se  glorifie  avec  une  ar- 
deur louable  (  laudabili  studio  gloriatur), 
d'enseigner  une  doctrine  transmise  par 
saint  Augustin  et  saint  Thomas,  conforme 
à  la  parole  de  Dieu,  aux  conciles,  etc.,  {se 
suam  doclrinam  ab  Augustino  et  Thomâ 
accepisse  ,  eam  verbo  Dei ,  summorum 
ponti/icum  et  conciliorum  decrelis  et  pa- 
trum  diclis  consonam  esse  ).  Benoit  mou- 
rut le  21  février  1750.  Sa  mémoire  est 
en  bénédiction  à  Rome ,  qu'il  édifia  par 
ses  exemples,  et  qu'il  soulagea  par  ses 
bienfaits.  Sa  bonté  pour  le  peuple  parut 
en  toute  occasion ,  et  il  ne  perdit  aucun 
moyen  de  diminuer  le  poids  des  subsides. 
Sortant  un  jour  de  Rome,  il  aperçut  qu'un 
paysan  payait  avec  chagrin  un  droit  d'en- 
trée; il  voulut  savoir  quel  était  ce  droit, 
et  non  content  d'en  exempter  le  paysan, 
il  le  supprima  tout-à-fait,  en  avouant 
qu'on  n'avait  pas  tort  de  s'en  plaindre. 


Tous  ses  décrets  ne  respirent  que  la  re- 
ligion, la  piété  et  le  bon  ordre.  Sa  Vie  a 
été  écrite  par  Alexandre  Borgia,  arche- 
vêque de  Fermo,  en  latin,  Rome,  1741, 
in-4°. 

BENOIT,  antipape,  appelé  Pierre  de 
Lune ,  s'adonna  d'abord  à  la  jurispru- 
dence civile  et  canonique.  Il  quitta  cette 
étude  pour  porter  les  armes,  la  reprit  en- 
suite ,  et  enseigna  le  droit  dans  l'univer- 
sité de  Montpellier.  Grégoire  XI  le  fit  car- 
dinal, et  Clément  VII,  légat  en  Espagne, 
sa  patrie.  Après  la  mort  de  ce  pontife  les 
cardinaux  d'Avignon  élurent  Pierre  de 
Lune  pour  lui  succéder,  en  1594.  Il  prit 
le  nom  de  Benoit  XIII.  Le  cardinal  avant 
son  élection  avait  promis  de  se  démettre , 
si  on  l'exigeait,  pour  mettre  fin  au  schis- 
me ,  mais  le  pape  oublia  sa  promesse.  Il 
amusa  pendant  quelque  temps  Charles 
VI ,  le  clergé  de  France ,  l'université  de 
Paris,  et  divers  princes  de  l'Europe,  et 
finit  par  déclarer  qu'il  n'en  voulait  rien 
faire.  Les  rois ,  dont  il  s'était  joué ,  réso- 
lurent de  l'obliger  par  force  à  céder  la 
tiare.  Charles  VI  le  fit  enfermer  dans  Avi- 
gnon. Benoît  trouva  le  moyen  de  s'échap- 
per, et  se  retira  à  Château-Renard.  Cet 
inflexible  aragonais  fut  déclaré  schisma- 
lique  aux  conciles  de  Pise  et  de  Con- 
stance ,  et  comme  tel  déposé  de  la  pa- 
pauté. C'est  de  lui  que  Gerson  dit ,  dans 
le  style  de  son  temps ,  qu"«7  n'y  avait  que 
l'éclipsé  de  cette  lune  fatale  qui  pût  don- 
ner la  p>aix  à  l'Eglise....  Benoit,  anathé- 
matisé  par  les  Pères  des  deux  conciles, 
les  anathématisa  à  son  tour.  Il  se  retira 
dans  une  petite  ville  du  royaume  de  Va- 
lence, nommée  Peniscola,  et  de  ce  trou 
il  lançait  ses  foudres  sur  toute  la  terre.  Il 
mourut  en  1424,  dans  son  obstination,  à 
l'âge  de  90  ans.  Il  obligea  deux  cardinaux 
qui  lui  restaient ,  à  élire  Gilles  Mugnos , 
aragonais ,  chanoine  de  Barcelone ,  qui  se 
dit  pape  sous  le  nom  de  Clément  VIII. 

BENOIT  XIV,  naquit  à  Bologne  en 
1675  ,  de  l'illustre  famille  de  Lambertini. 
Après  s'être  distingué  dans  ses  études,  il 
fut  fait  successivement  chanoine  de  la 
basilique  de  Saint- Pierre,  consul  leur  du 
saint  Office,  volant  de  la  signature  de 
grâce ,  promoteur  de  la  foi ,  avocat  con- 
sistorial ,  secrétaire  de  la  congrégation  du 
concile ,  canoniste  de  la  sacrée  pénitence- 
rie ,  archevêque  titulaire  de  Théodosie  en 
1724,  enfin  cardinal  en  1728.  Clément 
XII  le  nomma  à  l'archevêché  de  Bologne 
en  1731.  Après  la  mort  de  ce  pontife  en 
1746,  Lambertini  eut  44  voix  pour  lui,  et 


BEN 


216 


BEIV 


fut  élu  pape  sous  le  nom  de  Benoîl  XIV. 
Chaque  année  de  son  pontificat  a  été  mar- 
quée* par  quelque  bulle  pour  réformer 
des  abus ,  ou  pour  introduire  des  usages 
utiles.  Il  avait  cultivé  les  lettres  avant  de 
monter  sur  le  trône  pontifical  ;  il  les  pro- 
tégea dès  qu'il  y  fut  monté.  Il  fonda  des 
académies  à  Rome  ;  il  envoya  des  gratifi- 
cations à  celle  de  Bologne ,  orna  Rome  de 
plusieurs  monumens  ;  honora  de  ses  let- 
tres divers  sa  vans,  les  encouragea,  les 
récompensa;  abolit  divers  impôts,  sup- 
prima le  papier  timbré ,  remit  le  tabac 
dans  le  commerce,  et  se  distingua  par 
un  grand  désintéressement.  En  1748,  il 
fit  déterrer  le  fameux  obélisque  Horaire , 
dont  parle  Pline  (  Hisl.  nat. ,  ch.  9 ,  10 
et  11  ) ,  qui  servait  de  méridienne  pour 
marquer  les  ombres  du  soleil  à  midi ,  en 
divers  temps  de  l'année,  et  par  consé- 
quent les  différentes  longueurs  des  jours 
qui  dépendent  de  la  longueur  des  om- 
bres. Le  mauvais  état  où  se  trouvait  cet 
obélisque ,  ne  permit  pas  de  l'élever  dans 
sa  hauteur  qui  était  de  67  pieds.  Il  était 
rompu  en  neuf  endroits.  Ces  morceaux 
précieux  furent  placés  dans  une  cour  qui 
est  derrière  Saint-Lorenzo  in  Lucina;  et 
sur  le  lieu  où  l'obélisque  avait  été  dé- 
couvert on  mit  une  inscription  qui  con- 
sacre la  mémoire  de  cette  opération  inté- 
ressante. On  y  lit  entre  autres  choses  : 
Obeliscum  hieroglyphicis  notis  eleganler 
inscriplum .,  ex  strato  lapide  regulisque 
ex  œre  incisis  ad  deprehendendas  solis 
timbras,  dierumque  ac  noctium  magni- 
tudinem  >  in  Campo  Martio  erectum  >  ac 
Soli  dicalum,  temporis  et  barbarorum 
injuria  confraclum  jacenlemque  terra  , 
ac  œdificiis  obrutumJ  magna  impensa  ac 
artificio  eruit ,  publicoque  rei  lilterariœ 
bono,  propinquum  in  hortum  traixslulit. 
Il  mourut  en  1758 ,  et  eut  pour  successeur 
Clément  XIII.  Les  ouvrages  de  Benoit 
XIV  sont  en  16  vol.  in-fol.  Les  5  premiers 
ne  traitent  que  de  béatification  et  cano- 
nisation des  saints.  La  matière  y  est 
épuisée,  et  on  en  a  donné  un  abrégé  en 
français  l'an  1759,  in- 12.  Le  6e  contient 
les  actes  des  saints  qu'il  a  canonisés.  Les 
deux  tomes  suivans  renferment  des  sup- 
plémens  et  des  remarques  sur  les  volu- 
mes précédens.  Le  9e  est  un  traité  du  sa- 
crifice de  la  messe.  Le  10e  traite  des  fêles 
instituées  en  l'honneur  de  J.  C.  et  de  la 
sainte  Vierge.  Le  11e  renferme  les  instruc- 
tions et  les  mandemens  qu'il  avait  donnés 
avant  d'être  pape.  Le  12e  est  un  traité  sur 
le  synode;  c'est  le  plus  répandu  des  ou- 


vrages de  ce  pontife ,  et  un  des  meilleurs 
livres  qu'on  ait  sur  la  discipline  de  l'E- 
glise ,  et  surtout  une  excellente  réfuta- 
tion des  nouveautés  entreprises  dans  ces 
derniers  temps  par  quelques  prélats  in- 
quiets ou  courtisans.  Les  4  derniers  sont 
un  recueil  de  ses  brefs  et  de  ses  bulles. 
L'on  remarque  dans  tous  ses  écrits  une 
vaste  érudition ,  et  une  profonde  connais- 
sance du  droit  civil  et  canonique,  de 
l'histoire  sacrée  et  profane.  On  a  encore 
de  lui  une  édition  du  Martyrologe  de 
Grégoire  XIII  et  quelques  autres  ouvra- 
ges. A  son  intronisation ,  il  eut  un  projet 
qui  ne  réussit  point  :  c'était  de  faire  si- 
gner un  corps  de  doctrine,  où,  sans 
parler  de  Baïus ,  de  Jansénius  et  de  Ques- 
nel ,  telle  vérité  serait  prescrite ,  et  telle 
erreur  condamnée.  Il  croyait  que  par  ce 
moyen  le  jansénisme  s'anéantirait  sans 
résistance  :  mais  il  est  plus  qu'apparent 
que  la  secte,  voyant  ses  erreurs  réprou- 
vées, n'aurait  pas  été  plus  docile  pour 
voir  épargner  les  noms  de  ses  fonda- 
teurs. Benoit  ne  tarda  pas  à  en  être  con- 
vaincu par  les  nouveaux  troubles  qu'elle 
excita  en  France  ;  et  dans  un  bref  aux 
évêques  de  ce  royaume,  il  décida  qu'il 
fallait  refuser  les  sacre  mens  à  quiconque 
serait  reconnu  opposant  à  la  constitution 
Unigenilus.  La  modération ,  l'équité ,  l'es- 
prit de  paix  ont  été  l'âme  de  son  gouver- 
nement. Son  pontificat  fut  heureux  et 
généralement  respecté.  On  a  cru  néan- 
moins que  son  humeur  accommodante 
avait  quelquefois  trop  accordé  à  la  com- 
plaisance ou  à  des  considérations  passa- 
gères ,  et  que  la  facilité  de  son  caractère 
l'avait  empêché  de  se  roidir  contre  des 
systèmes  naissans ,  dont  ses  successeurs 
ont  vu  mûrir  les  fruits  amers.  M.  de  Ca- 
raccioli  a  donné  sa  Vie ,  Paris,  1783,  1 
vol.  in-12;  elle  est  intéressante,  mais 
mal  digérée,  et  contient  quelques  faits 
hasardés. 

BEIVOIT  (  Jean  -  Baptiste  ) ,  célèbre 
mathématicien,  natif  de  Florence,  vivait 
vers  1490.  C'est  lui,  selon  de  Thou,  qui 
a  rétabli  la  gnomonique  en  Europe. 

BENOIT  (  Guillaume  ) ,  professeur  en 
droit  à  Cahors ,  conseiller  au  parlement 
de  Bordeaux ,  ensuite  à  celui  de  Toulouse, 
a  laissé  un  traité  sur  les  TestamenSj,  1582, 
in-fol.  Il  mourut  en  1520. 

BENOIT  (  Jean  ) ,  né  à  Verneuil  en 
1483 ,  docteur  en  théologie  de  la  maison 
de  Navarre ,  mourut  curé  des  Saints-In- 
nocens  en  1573  ;  il  a  fait  des  notes  mar- 
ginales en  latin  sur  la  Bible.  Paris,  1541, 


BEIV  217 

■  fol.  On  appelle  celle  Bible  de  Benc- 
dicti;  elle  a  été  souvent  réimprimée.  Il  a 
fini  les  Scolies  de  Jean  de  Gagny  sur  les 
Evangiles  et  les  Actes  des  Apôtres,  1563, 
in-8u. 

BENOIT  (  René  ) ,  Angevin ,  doyen  de 
la  faculté  de  théologie  de  Paris ,  curé  de 
Saint  -  Eustache ,  confesseur  de  Marie, 
reine  d'Ecosse,  et  ensuite  professeur  de 
théologie  au  collège  de  Navarre,  fut 
choisi  pour  confesseur  de  Henri  le  Grand, 
à  la  conversion  duquel  il  avait  beaucoup 
contribué.  Il  fut  nommé  à  l'évèché  de 
Troyes;  mais  sa  traduction  delà  Bible, 
publiée  en  1566,  in -fol.  et  1568,  2  vol. 
in-4°,  lui  fit  refuser  les  bulles  par  le  pape. 
Cette  version  fut  supprimée  par  la  Sor- 
bonne  en  1567,  et  condamnée  par  Gré- 
goire XIII  en  1575.  Elle  avait  bien  de  la 
ressemblance  avec  celle  de  Genève,  sur- 
tout dans  les  notes.  Le  docteur  refusa 
quelque  temps  d'acquiescer  à  sa  condam- 
nation. Il  y  souscrivit  enfin  en  1598.  Sa 
mort  arriva  10  ans  après,  à  Paris,  le  10 
mars  1608.  On  a  de  lui  plusieurs  autres 
ouvrages;  des  sermons,  des  catéchismes, 
des  livres  de  piété,  etc. 

*  BENOIT  (  Le  P.  ) ,  dominicain  du 
17e  siècle,  est  auteur  d'une  Histoire  des 
Albigeois  et  des  Vaudois ,  Paris ,  1691 , 
in-iJ. 

BENOIT  (  Elie  ) ,  ministre  réformé ,  né 
à  Paris  l'an  1640,  et  réfugié  en  Hollande 
après  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes. 
Il  fut  pasteur  de  l'église  de  Delft,  et 
mourut  en  1728.  On  a  de  lui  plusieurs 
écrits  estimés  des  protestans  :  |  Histoire 
et  Apologie  de  la  retraite  des  Pasteurs , 
1688 ,  in-12.  |  Histoire  de  ledit  de  Nantes, 
en  5  vol.  in-4° ,  Delft ,  1693 ,  pleine  d'exa- 
gérations ,  de  calomnies ,  et  de  ces  fausses 
tournures  que  l'esprit  de  parti  ne  man- 
que pas  de  donner  aux  relations  qu'il 
inspire.  |  Mélanges  de  remarques  criti- 
ques, historiques,  etc.,  sur  deux  Disser- 
tations de  Toland,1712,  in- 8°.  Benoît, 
obligé  de  quitter  sa  patrie,  ne  fut  pas 
[dus  heureux  en  Hollande.  Comme  il  ac- 
cordait son  amitié  sans  jugement  et  sans 
choix ,  il  eut  de  prétendus  amis  qui  abu- 
sèrent de  sa  facilité.  Sa  femme  lui  donna 
aussi  beaucoup  d'occupation,  suivant  ce 
qu'il  en  dit  dans  ses  Mémoires  manu- 
scrits :  faillis  omnibus,  quœ  conjugi pacem 
amanti  gravia  esse  jwssunt ,  implicila  : 
uvara,  piocax ,  jurgiosa,  inconstans  et 
varia;  indc fessa  conlradicendi  libidine , 
perannos  quadraginta  sejrtem  miserum 
conjugem  omnibus  diris  affecit. 


KEIV 


BENOIT  (  PiEititE  ) ,  savant  maronite , 
naquit  à  Gusla,  ville  de  Phénicie,  en 
1665,  d'une  famille  noble.  Dès  l'âge  de  9 
ans  il  fut  envoyé  à  Rome  dans  le  collège 
des  maronites,  où,  pendant  13  années 
consécutives,  il  s'appliqua  avec  les  plus 
grands  succès  aux  belles-lettres,  aux  lan- 
gues orientales  et  à  la  théologie.  Il  re- 
tourna ensu:te  dans  son  pays ,  d'où  il  fut 
envoyé  à  Rome  par  les  maronites  d'An- 
tioche,  en  qualité  de  député  de  leur 
église.  Cosme  III ,  grand  duc  de  Toscane, 
l'appela  à  Florence,  le  combla  de  ses 
grâces ,  et  lui  donna  la  place  de  profes- 
seur d'hébreu  à  Pise.  A  1  âge  de  44  ans , 
Benoît  se  fit  jésuite.  Au  sortir  du  novi- 
ciat, Clément  XI  le  mit  au  nombre  de 
ceux  à  qui  il  avait  confié  le  soin  de  cor- 
riger les  livres  sacrés  écrits  en  grec.  II 
mourut  en  1742,  âgé  de  près  de  80  ans, 
regretté  par  les  sa  vans,  par  ses  confrères 
et  par  ses  amis.  On  a  de  lui  les  2  pre- 
miers vol.  de  l'édition  de  saint  Ephrem, 
continuée  et  achevée  par  le  savant  Asse- 
mani.  Le  cardinal  Quirini  qui  lui  devait 
la  connaissance  des  langues  orientales ,  et 
une  partie  de  son  érudition ,  l'avait  en- 
gagé à  entreprendre  cet  ouvrage. 

BENOIT  GENTIEN,  bénédictin  de 
Saint-Denis,  parut  avec  éclat  au  concile 
de  Constance,  et  passe  pour  être  l'auteur 
d'une  Histoire  anonyme  de  Charles  VI , 
roi  de  France,  dite  du  moine  de  St. 
Denis. 

BENOIT  DE  TOUL.  Voyez  PICARD 
BENOIT. 

BENOIT  (  Michel  ) ,  jésuite  français  do 
la  mission  de  Pékin,  né  à  Autun  le  8 
octobre  1715,  fit  son  cours  de  théologio 
au  séminaire  de  Saint-Sulpice  de  Paris, 
et  entra  au  noviciat  des  jésuites  de  Nancy 
le  18  mars  1757.  Il  montra  d'heureuses 
dispositions  pour  les  sciences,  et  elles 
furent  cultivées  avec  soin.  Après  avoir 
étudié  à  fond  les  mathématiques,  l'astro- 
nomie et  quelques  parties  de  la  physique, 
il  sollicita  et  obtint  la  permission  d'entrer 
dans  les  missions  de  la  Chine.  Ses  supé- 
rieurs l'envoyèrent  à  Paris  perfection- 
ner ses  connaissances  astronomiques,  et 
il  arriva  à  Macao  en  1744.  L'année  sui- 
vante on  l'appela  à  Pékin  où  il  fut  obligé 
d'établir  sa  résidence,  quoiqu'il  eût  pré- 
féré l'emploi  de  missionnaire  obscur  dans 
les  provinces.  A  peine  lut-il  arrivé,  que 
l'empereur  Keën-Longqui  avait  vu  la  re- 
présentation d'un  jet -d'eau  dans  une 
peinture,  en  demanda  l'explication,  et 
voulut  que  les  missionnaires  résidant  à 
19 


BEIV  2 

rékin  exécutassent  une  semblable  pièce 
d'hydraulique.  Nul  d'entre  eux  n'en  con- 
naissait la  mécanique  ;  fort  embarrassés  ils 
jetèrent  les  yeux  sur  le  père  Benoit  à  qui 
les  procédés  de  cet  ouvrage  n'étaient  pas 
plus  familiers;  cependant  il  consentit  à 
s'en  charger,  et  son  essai  fut  couronné 
du  succès.  L'eau  jaillissante  dont  l'art 
n'était  pas  encore  connu  à  la  Chine  excita 
les  applaudissemens  du  monarque  et  de 
sa  cour.  Quelque  temps  après  ce  prince 
lit  bâtir  dans  l'enceinte  de  ses  jardins 
quelques  palais  à  l'européenne,  et  dési- 
rant qu'on  y  prodiguât  les  constructions 
hydrauliques,  il  chargea  le  père  Benoît 
de  leur  direction.  Ces  travaux  l'occupè- 
rent pendant  plusieurs  années,  et  il  dé- 
ploya dans  l'exécution  les  plus  rares  ta- 
lens.  Malgré  ses  grandes  occupations,  il 
trouva  encore  le  temps  de  s'occuper  d'as- 
troncinie,  de  physique  et  de  géographie, 
et  il  fit  connaître  à  l'empereur  Keën- 
Long  les  usages  du  télescope  à  réflexion, 
et  ceux  de  la  machine  pneumatique.  Pour 
satisfaire  aux  questions  qn'il  lui  faisait 
souvent  sur  la  géographie ,  il  entreprit  de 
lui  dessiner  une  grande  mappemonde, 
où  il  marqua  tous  les  pays  récemment 
découverts,  et  où  il  rétablit  la  véritable 
position  de  beaucoup  de  lieux  d'après  les 
nouvelles  observations.  Il  accompagna  ce 
dessin  d'un  mémoire  dans  lequel  il  donna 
les  explications  nécessaires  sur  les  globes 
terrestre  et  céleste,  et  où  il  exposa  les 
systèmes  modernes  sur  le  mouvement  de 
la  terre  et  sur  ceux  des  planètes.  L'em- 
pereur satisfait  de  son  travail,  voulut  lui 
faire  graver  sur  cuivre,  quoique  ce  genre 
de  gravure  ne  fût  pas  connu  à  la.Chine  , 
uns  nouvelle  carte  générale  de  l'empire 
qu'il  venait  de  faire  dresser.  En  vain  le 
missionnaire  lui  représenta  qu'il  n'avait 
aucune  connaissance  de  cet  art,  il  fallut 
obéir,  et  il  se  vit  réduit,  comme  il  l'a- 
voue lui-même,  de  recourir  aux  livres 
d'Europe  pour  y  étudier  la  manière  de 
graver  au  burin  et  à  l'eau  forte.  Il  lui  fal- 
lut ensuite  former  des  graveurs,  et  ima- 
giner des  presses  propres  à  la  taille- 
douce  ,  et  accoutumer  les  imprimeurs  en 
bois  â  en  faire  usage.  L'ouvrage  était  irn- 
niense  ;  cctle  carte  se  composait  de  104 
feuilles.  Le  travail  fut  suivi  sans  inter- 
ruption, et  terminé  plus  promptement 
que  le  missionnaire  ne  s'y  était  attendu. 
On  parvint  aussi  à  exécuter  l'impression, 
et  la  carte  fut  présentée  à  l'empereur  qui 
donna  l'ordre  d'en  tirer  100  exemplaires. 
A  peine  cette  tâche  fut-elle  achevée,  que 


18  BEN 

le  père  Benoit  se  vil  chargé  d'un  autre 
tirage  d'une  bien  plus  difficile  exécution  ; 
je  veux  parler  des  batailles  de  l'empereur 
Keën-Long  qui  avaient  été  gravées  et 
tirées  en  France  aux  frais  de  Louis  XV, 
et  envoyées  à  la  cour  de  Pékin  en  1772. 
L'empereur,  qui  avait  admiré  la  perfec- 
tion de  ces  gravures ,  voulut  que  ses  ou- 
vriers en  tirassent  de  nouveaux  exem- 
plaires, toujours  sous  la  direction  du  père 
Benoit  ;  mais  le  travail  fini  de  ces  plan- 
ches exigeant  bien  d'autres  précautions 
que  le  simple  trait,  il  fallut  inventer  une 
nouvelle  presse  et  combiner  des  procédés 
nouveaux  pour  perfectionner  l'impres- 
sion :  mais  les  soins,  l'activité,  l'esprit 
fécond  en  ressources  du  père  Benoit  suf- 
firent à  tout.  Ce  tirage  fut  exécuté  avec 
succès;  et  sans  être  aussi  beau  que  celui 
de  Paris,  il  mérita  encore  l'approbation 
de  l'empereur.  Ce  premier  essai  de  l'im- 
pression en  taille-dbuee  fut  le  dernier  des 
travaux  du  missionnaire,  un  coup  de 
sang  l'enleva  subitement  le  23  octobre 
1774.  Nous  n'avons  parlé  jusqu'ici  que  de 
ses  travaux  scientifiques  ;  ils  ne  l'empê- 
chèrent poinl  de  se  livrer  avec  ardeur  â 
lous  les  exercices  de  son  ministère.  Il  fut 
pleuré  par  tous  les  chrétiens  de  la  capi- 
tale et  vivement  regretté  de  l'empereur 
Keën-Long  qui  l'avait  constamment  ho- 
noré de  la  plus  indulgente  familiarité. 

*  BENOIT  (  Françoise-Albine  ,  PUS  IN 
DE  LA  MABTINIÈRE  ,  femme  ) ,  née  â 
Lyon  en  1724,  morte  selon  les  uns,  à  la 
fin  du  18e  siècle,  et  suivant  d'autres,  au 
commencement  du  19e,  a  publié  |  Jour- 
nal en  forme  de  lettres ,  mêlé  de  criti- 
que» et  anecdotes,  1757 ,  in -12;  |  Mes 
Principes,  ou  la  vertu  raisonnèe ,  1759, 
in-12;  |  Lettre  du  colonel  Talberl,  170G , 
4  parties  in-12  ;  c'est  celui  de  ses  ouvra- 
ges qui  a  eu  le  plus  de  succès  ;  |  So- 
phronie ,  ou  leçons  d'une  mère  à  sa  fille , 
1709,  in-12,  et  plusieurs  autres  Romans, 
et  Comédies  non  représentées. 

BENOZZO  GOZZOLI ,  célèbre  peintre 
italien,  ne  en  1400,  mort  vers  l'an  1478. 
Il  excellait  particulièrement  à  représenter 
des  édifices ,  des  paysages  et  des  animaux. 
Ses  principaux  ouvrages  se  trouvent  à 
Florence ,  à  Rome ,  et  surtout  à  Pisc ,  où 
il  s'était  fixé.  On  cite  particulièrement 
son  beau  tableau  de  la  Dispute  des  doc- 
teurs ,  et  les  immenses  peintures  à  fres- 
que qu'il  exécuta  au  Campo  Sanlo,  dans 
l'espace  de  deux  ans  ,  et  qui  représentent 
la  création  du  monde  jour  par  jour.  Ces 
peintures,  admirées  de  son  temps,  ont 


EEX 


219 


iu:n 


été   depuis  l'objet  des    éludes   des    plus 
célèbres  artistes,  même  de  Raphaël. 

BENSERADE  (  Is.vvc  de  ),  naquit  en 
1612,  à  Lions-la -Forêt ,  petite  ville  de  la 
haute  Normandie.  11  n'avait  que  8  ans 
lorsque  l'évèque  qui  lui  donnait  la  con- 
lirmalion,  lui  demanda  s'il  ne  voulait  pas 
changer  son  nom  hébreu  d'Isaac,  pour 
un  nom  chrétien?  —  De  tout  mon  cœur,, 
répondit  cet  enfant,  pourvu  que  je  ne 
perde  rien  au  change.  Le  prélat  charmé 
de  cette  saillie,  dit  :  II.  faut  le  lui  laisser, 
il  le  rctidra  illustre.  Le  ^cardinal  de  Ri- 
chelieu, dont  il  se  disait  parent,  lui 
donna  une  pension  de  C00  liv.  au  sortir 
de  ses  éludes,  qu'il  perdit  après  la  mort  du 
minis I  r e ,  par  u n  mau  vais  bon  mot.  Le  car- 
dinal  Mazarin  lui  en  fit  une  de  2000  livres, 
et  lui  donna  ensuite  plusieurs  autres  pen- 
sions sur  des  bénéfices.  On  croit  qu'elles 
montaient  à  plus  de  12,000  liv. ,  revenu 
qui  certainement  ne  fut  jamais  destiné  à 
payer  des  vers  galans.  Benserade  plaisait 
beaucoup  à  la  cour  par  sa  conversation  , 
assaisonnée  d'une  plaisanterie  fine ,  et  qui 
flattait  ceux  mêmes  sur  lesquels  il  l'exer- 
çait. Il  excella  surtout  dans  les  vers  des 
ballets  qu'il  fit  pour  la  cour,  avan!  que 
l'opéra  fût  à  la  mode.  Il  avait  un  talent 
particulier  pour  ces  pièces  galantes.  Il 
faisait  entrer  dans  le  rôle  des  personna- 
ges de  l'antiquité,  ou  de  la  fable,  des 
peintures  vives  et  piquantes  du  caractère, 
des  inclinations  et  des  aventures  de  ceux 
qui  les  représentaient.  Toute  la  cour  fut 
partagée,  en  1651,  sur  le  sonnet  de  Job, 
par  Benserade,  et  sur  celui  d'Uranie, 
par  Voiture.  Il  y  eut  deux  partis ,  les  Jo~ 
belins  et  les  [Iraniens.  Le  prince  de  Conli 
fut  à.  la  tèle  du  premier;  et  sa  sœur  MUk 
de  Longueville,  pour  l'autre.  Ces  deux 
sonnets  firent  beaucoup  de  bruit  alors, 
et  sans  cela  on  n'en  parlerait  pas  à  pré- 
sent. Au  commencement  de  l'inclination 
de  Louis  XIV  pour  la  Vallière,  celte  de- 
moiselle chargea  Benserade  d'écrire  pour 
elle  à  son  amant.  Il  mit  aussi  en  ron- 
deaux les  Métamorphoses  d'Ovide,  travail 
qui  ne  lui  fit  honneur  que  parce  qu'il  fut 
entrepris  par  ordre  du  roi  cl  pour  l'usage 
de  M.  le  Dauphin.  Les  ordres  des  princes 
peuvent  inspirer  du  zèle ,  mais  ne  don- 
nent pas  les  talcns.  Cet  ouvrage  en  est  la 
preuve.  Rien  ne  fut  négligé  pour  le  dé- 
corer de  tout  le  luxe  typographique.  U 
lut  imprimé  au  Louvre  sur  le  plus  beau 
papier ,  et  orné  de  figures  magnifiques. 
Tant  de  soins  ne  purent  le  garantir  de 
rcpigramine.  Chapelle  répondit  à  l'auteur 


qui  lui  a\ait  envoyé  un  exemplaire,  par 
le  rondeau  suivant  : 

A  la  Fontaine  où  t'enivre  Boile.m  , 
Le  grand  Corneille  el  le  sacré  troupeau 
De  ces  auteurs  que  l'on  ne  trouve  guère  , 
Un  bon  rimeur  duit  Loire  à  pleine  aiguière 
S'il  veut  donner  un  bon  tour  au  rondeau. 
Quoique  j'en  boive  aussi  peu  qr'un  moineau, 
Cher  Benserade,  il  faut  te  satisfaire  , 
T'en  écrire  un.  Hé  !  c'est  porter  de  l'eau 

A  la  Fontaine. 
De  tes  refrains  un  livre  tout  nouveau 
A  bien  des   gens  n'a  pas  eu  l'heur  de  plaire: 
Mais  quant  à  moi  ,  j'en  trouve  tout  fort  beau 
Papier,  dorure,  image,  caractère  , 
Hormis  les  vers  qu'il  fallait  laisser  faire 

A  la  Fontaine. 

Benserade  passa  les  dernières  années  de 
sa  vie  dans  des  exercices  de  piété  :  son 
seul  amusement  était  d'orner  et  de  cul- 
tiver son  jardin.  Il  mourut  d'une  saignée, 
en  1691 ,  âgé  de  78  ans,  parce  que  le  chi- 
rurgien lui  piqua  l'artère.  Il  étail  de  l'a- 
cadémie française  depuis  167/t.  Boileau 
disait  à  ses  anus,  que  son  goût  pour  les 
pointes  ne  l'abandonna  pas  même  dans 
ses  derniers  momens.  Quelques  heu  tes 
avant  sa  mort ,  son  médecin  lui  ayant  or- 
donné une  poule  bouillie  :  Pourquoi  dit 
bouilli,  répondit- il,  puisque  je  suis  frit  ? 
«  Ce  poète,  dit  un  critique  moderne. 
»  pour  avoir  eu  pendant  sa  vie  une  ré- 
»  putatîon  au-dessus  de  son  mérite,  est 
»  aujourd'hui  beaucoup  moins  estimé 
»  qu'il  ne  vaut.  La  postérité  devient  tou- 
»  jours  sévère  à  l'égard  des  auteurs  dont 
»  les  contemporains  ont  été  trop  légère- 
»  me/it  enthousiastes.  On  ne  peut  refuser 
»  à  Benserade  une  facilité  singulière  pour 
»  composer  des  vers  sur  toutes  sortes  de 
»  sujets.  »  Ses  poésies  ont  été  recueillies 
en  2  vol.  in-12  ,  1697. 

*  BE\SI  (  Beunaîii)  ) ,  jésuite,  né  à  Ve- 
nise en  1688,  d'une  famille  originaire  du 
Piémont,  professa  long-temps  la  théologie 
morale  ,  et  publia  quelques  ouvrages  ,  où 
l'on  remarque  des  principes  extrêmement 
relâchés,  que  le  père  Concina  ,  domini- 
cain ,  attaqua  vivement  dans  deux  lettres 
qui  ont  été  traduites  en  français.  Ces  ou- 
vrages sont  :  |  Praxis  Iribunalis  conscien- 
tiœ ,  Bologne ,  474S  ;  |  Disserlalio  de  casi- 
bus  rese/vatis ,  Venise,  17't3.  Ils  ont  été 
mis  à  l'index  à  Rome  le  16  avril  I7hk ,  et 
lé  2-2  mai  de  l'année  suivante.  L'auleur 
fut  obligé  de  se  rétracter.  Sv\s  supérieurs 
l'envoyèrent  à  Padoue,  où  il  mourut  en 
1760,  après  avoir  composé  d'aulres  ou- 
vrages. 

*  BE.\SI  (Jules),  architecte  et  peintre, 


BEN  220 

né  à  Gènes,  mort  dans  la  même  ville  en 
i668.  Il  fit  des  études  profondes  de  la  pers- 
pective ,  fabriqua  divers  instrumens  pour 
réduire  les  tableaux,  et  fil  des  modèles 
d'édifices  et  de  macbines.  Il  s'appliqua 
également  à  la  peinture  avec  succès  ,  et 
composa  beaucoup  de  tableaux  pour  l'Al- 
lemagne. 

BEiXSOX  (  Georges  ) ,  docteur  presby- 
térien ,  né  à  Great-Salkeld ,  dans  la  pro- 
vince de  Cumberland  ,  en  1699,  mourut 
en  1763,  après  avoir  beaucoup  écrit  contre 
les  philosopbistes.  On  a  de  lui  en  anglais: 
|  Des  Commentaires  sur  les  Epîlres  de  saint 
Paul  ;  |  des  Sermons  ;  |  la  Vie  de  Jésus- 
Christ;  |  la  Religion  chrétienne  conforme 
à  la  raison,  2  vol.  in-8°;  |  l'Etablisse- 
ment du  Christianisme,  i75S,  2  vol.  in-4°. 

*  BEXT  (  Jean  Van  der  ) ,  peintre,  né 
à  Amsterdam  en  1650 ,  excellait  dans  le 
paysage.  Il  avait  été  élève  de  Von  Wer- 
mans  et  de  Van  den  Velde.  Bcnt  était  très 
laborieux,  et  mourut  en  1690,  de  douleur, 
dit-on ,  de  ce  qu'on  lui  avait  volé  une 
somme  considérable. 

*  BEXTABOLLE  (  Pierre), avocat,  em- 
brassa avec  ardeur  les  principes  de  la  ré- 
volution, et  fut  d'abord  procureur-général 
du  département  du  Bas-Rhin,  ensuite  dé- 
puté du  même  département  à  la  Conven- 
tion nationale.  Il  y  vola  pour  toutes  les 
mesures  violentes,  et  fut  un  des  antago- 
nistes les  plus  ardens  des  Girondins.  Il  se 
déclara  ensuite  contre  Robespierre  au  9 
thermidor  (  6  juillet  1794),  et  passa  suc- 
cessivement dans  tous  les  partis.  Il  parait 
que  son  but  principal  était  de  se  faire  re- 
marquer; mais  ce  désir  ne  l'empêcha  pas 
de  composer  jusqu'à  un  certain  point  avec 
les  circonstances.  Bentabolle  devint  mem- 
bre du  conseil  des  Cinq-cents  et  s'opposa 
souvent  aux  actes  du  Directoire.  Il  mou- 
rut à  Paris  le  22  avril  1798. 

*  BENTHAM  (  Jacques  ),  théologien 
et  antiquaire  anglais ,  né  à  Ely  en  1708 , 
mort  en  1794.  On  lui  doit  l'Histoire  et  les 
antiquités  de  l'église  cathédrale  d'Ely , 
depuis  sa  fondation  en  675  jusqu'en  1751 , 
Cambridge,  avec  des  planches,  1771,  in-4°, 
estimée  des  Anglais,  précédée  d'une  in- 
troduction qui  renferme  des  vues  neuves 
et  ingénieuses  sur  les  architeclures  saxon- 
ne, normande  et  gothique.  Son  frère 
Edouard,  professeur  de  théologie,  a  laissé 
des  Sermons  et  quelques  ouvrages  de 
théologie. 

*  BEXTIIYM  (  Jérémie),  jurisconsulte 
anglais  ,  né  à  Londres  vers  1755  ,  et  mort 
eu  1852,  se  consacra  à  la  jurisprudence. 


BEN 

et  publia  plusieurs  ouvrages  qui  lui  ac- 
quirent une  grande  célébrité.  Les  travaux 
silencieux  du  cabinet  l'occupèrent  tout 
entier,  et  il  ne  parla  jamais  en  public. 
Son  premier  ouvrage,  publié  en  1776  sans 
nom  d'auteur,  sous  le  titre  de  |  Fragmens 
sur  le  gouvernement ,  était  la  critique  du 
fameux  Blackstone.  En  1790 ,  il  donna  : 
I  Une  esquisse  d'un  plan  nouveau  pour 
l'organisation  de  la  justice  en  France, 
et  écrivit  en  1793  une  Lettre  à  la  Conven- 
tion nationale  sur  la  nécessité  de  recon- 
naître l'indépendance  des  colonies,  lettre 
qui  n'était  qu'une  pâle  imitation  et  une 
réfutation  embarrassée  des  Réflexions  de 
Burke  sur  la  révolution.  On  lui  doit  en 
outre  :  |  Théorie  des  peines  et  des  récom- 
penses ,  que  Dumont  de  Genève  a  publiée 
par  extrait  2  vol.  in-8°  ;  |  Tactique  des 
assemblées  législatives jSuivied 'un  Traité 
des  sophismes  politiques,  2  vol.  Ce  livre 
qui  renferme  une  satire  très  amère  des 
assemblées  délibérantes,  est  un  des  meil- 
leurs ouvrages  de  Benlham;  |  Esquisse 
d'un  ouvrage  en  faveur  des  pauvres,  tra- 
duit de  l'anglais ,  par  Ad.  Duquesnoy , 
in-8°,  1802;  |  Essai  sur  la  nomenclature 
et  la  classification  des  principales  bran- 
ches d'arts  et  de  sciences  ,  ouvrage  ex- 
trait de  la  chrestomathie  de  Jérémie  Bei>- 
tham  par  G.  Bentham,  in-8°,  1823  ;  |  Essai 
sur  la  situation  physique  de  l'Espagne  _, 
sur  la  constitution  et  le  nouveau  code 
espagnol ,  sur  la  constitution  du  Portu- 
gal, etc.  trad.  de  l'anglais,  précédé  d'ob- 
servations sur  la  révolution  de  la  pénin- 
sule et  sur  l'histoire  du  gouvernement 
représentatif  en  Europe ,  et  suivi  d'une 
traduction  nouvelle  de  la  constitution  des 
corlès ,  in-8°,  1823  ;  |  Traité  de  la  législa- 
tion civile  et  pénale,  extrait  des  manus- 
crits de  l'auteur  ,  par  Et.  Dumont ,  3  vol. 
in-8°;  |  Traité  des  preuves  judiciaires , 
extrait  des  manuscrits  de  l'auteur ,  par 
Et.  Dumont,  2  vol.  in-8°.  |  Bentham  a 
aussi  traduit  en  anglais  le  Taureau  blanc 
de  Voltaire  ;  mais  ce  n'est  point  là  un  de 
ses  titres  de  gloire.  Ce  jurisconsulte  fut 
un  des  hommes  les  plus  remarquables  de 
l'Angleterre  et  dans  ces  derniers  temps 
nul  législateur  n'a  exercé  plus  d'influence 
que  lui  dans  ce  pays.  Tous  ses  ouvrages 
ont  été  traduits  en  français ,  et  plusieurs 
l'ont  été  en  espagnol. 

BEXTIVOGLIO  (  Awibax  )  ,  se  rendit 
maître  de  Bologne,  où  il  commanda  jus- 
que vers  l'an  1445  ,  qu'il  fut  assassiné  dans 
l'église  de  Saint -Jean  par  les  Canedoli 
et  les  Ghisilieri,    qui   l'avaient    nommé 


Il  EN  22i 

parrain  d'une  fille  de  leur  maison ,  après 
une  feinte  réconciliation.  —  Jean  BEN- 
TIVOGLIO  son  fils, lui  succéda  et  se  main- 
tint par  une  cruelle  politique.  Il  fit  mou- 
rir plusieurs  des  Malvezzi ,  et  chassa  les 
Marescotli ,  parce  que  les  uns  et  les  autres 
lâchaient  de  lui  ravir  le  gouvernement. 
A  cela  près ,  il  fut  un  des  plus  grands 
hommes  de  son  temps ,  bon  soldat ,  sage 
capitaine ,  intrépide  dans  le  péril,  et  l'ami 
du  monde  le  plus  fidèle.  Il  fit  une  ligue 
avec  le  pape  Sixte  IV,  et  avec  Hercule , 
duc  de  Ferrare,  contre  les  Vénitiens;  bat- 
tit Jérôme  Riaro  ,  et  ensuite  s'opposa  gé- 
néreusement à  César  Borgia  ,  duc  de  Va- 
lentinois,  fils  du  pape  Alexandre  VI.  Vers 
l'année  1506,  le  pape  Jules  II  étant  venu 
à  Bologne,  en  chassa  Jean  Bentivoglio, 
et  toute  sa  famille.  On  y  massacra  quel- 
ques-uns de  sesenfans,  on  pillases  biens, 
sa  maison  même  fut  démolie  par  le  peu- 
ple ,  et  tout  cela  s'exécuta  barbarement, 
contre  la  parole  qu'on  lui  avait  donnée. 
Il  se  retira  à  Milan ,  d'autres  disent  à  Bus- 
setto,  dans  le  Parmesan,  où  il  mourut  en 
1508,  âgé  de  près  de  70  ans. 

BENTIVOGLIO  (  Heucule  ) ,  né  vers 
1507  à  Bologne ,  de  la  même  famille  que 
le  précédent,  et  neveu  par  sa  mère  d'Al- 
phonse I ,  duc  de  Ferrare ,  occupa  non- 
seulement  un  des  premiers  rangs  parmi 
les  poètes  italiens  du  16e  siècle ,  mais  fut 
un  des  cavaliers  les  plus  accomplis  de  son 
temps.  Il  excellait  dans  tous  les  exercices 
du  corps,  la  musique  et  les  instrumens. 
Le  duc  de  Ferrare  l'employa  en  plusieurs 
négociations  importantes,  dans  lesquelles 
ses  talens  ne  brillèrent  pas  moins  que  dans 
la  poésie.  Il  mourut  à  Venise  en  1573, 
âgé  d'environ  6G  ans.  Ses  poésies  ,  impri- 
mées plusieurs  fois ,  furent  recueillies  à 
Paris,  en  1719,  in-12.  On  y  trouve  des 
satires ,  des  sonnets ,  des  comédies ,  etc. 
Deux  de  ses  comédies ,  il  Geloso  et  il 
Fantasmi ,  ont  été  traduites  en  français 
par  Jean  Fabre  ,  Oxford,  1731 ,  in-8°. 

BENTIVOGLIO  (Gui),  né  à  Ferrare  en 
1579,  de  la  même  famille  que  le  précédent, 
nonce  en  Flandre  et  en  France ,  fut  fait 
cardinal  par  Paul  V  en  1621.  De  retour  à 
Rome,  Louis  XIII  le  chargea  de  veiller 
aux  intérêts  de  sa  couronne ,  sous  le  titre 
de  protecteur  des  affaires  de  France  au- 
près du  saint  Siège.  Sa  probité ,  sa  dou- 
ceur, sa  vertu  l'auraient  l'ail  nommer 
pape  après  Urbain  VII,  son  ami,  s'il 
n'était  mort  pendant  la  tenue  du  conclave, 
le  7  septembre  1644.  On  a  de  lui  :  |  His- 
toire des  Guerres  de  Flandre ,  en  italien. 


BEI* 

3  vol.  in-12.  Cologne,  1635-35-40,  et  à 
Paris,  de  l'imprimerie  royale.  Les  protes- 
tans  sont  d'accord  avec  les  catholiques , 
que  cette  histoire  est  une  des  meilleures 
qu'on  ait  écrites  sur  cet  objet.  M.  l'abbé 
Loiseau ,  chanoine  d'Orléans  ,  en  a  donné 
une  traduction  avec  des  changemens  et 
des  notes,  où  l'esprit  national  le  fait  dé- 
roger quelquefois  à  l'impartialité  de  l'au- 
teur italien,  k  vol.  in-12 ,  Paris ,  1770.  |  Ses 
Mémoires^  traduits  par  l'abbé  de  Vayrac  , 
Paris  ,  1713  et  1722,  2  vol.  in-12.  Ils  con- 
tiennent les  principaux  événemens  arrivés 
pendant  sa  nonciature  aux  Pays-Bas  et  en 
France.  |  Lettres  traduites  par  Vénéroni , 
in-12 ,  Paris ,  1672  et  1751  ;  elles  sont  esti- 
mées. |  Relatione  de  gli  Ugonoti  di  Fran- 
cia,  qui  se  trouve  dans  la  collection  de 
ses  Œuvres  ,  Paris ,  1645 ,  in-fol.  Peu  de 
modernes  ont  mieux  mérité  d'être  compa- 
rés aux  historiens  de  l'antiquité  que  Ben- 
tivoglio. Son  style  est  aisé ,  naturel  et  pur. 
Ses  réflexions  marquent  une  connaissance 
profonde  de  la  politique  et  du  cœur  hu- 
main. Il  peint  avec  vérité  et  avec  feu. 
«  Bentivoglio ,  dit  son  traducteur,  a  fait 
»  éclater  les  talens  de  l'homme  de  lettres 
»  et  de  l'homme  d'état.  C'est  à  ces  deux 
»  titres  qu'il  a  illustré  son  siècle.  Ils  sont 
»  d'autant  plus  incontestables ,  que  l'un  et 
»  l'autre  sont  évidemment  consignés  dans 
»  ses  écrits.  On  peut  prendre  une  juste 
»  idée  de  l'étude  qu'il  avait  faite ,  et  des 
»  connaissances  qu'il  avait  acquises  des 
»  règles  de  l'histoire  et  des  meilleurs  his- 
»  toriens  de  l'antiquité ,  sur  les  traces  des- 
»  quels  il  a  marché  avec  tant  de  gloire,  par 
»  le  jugement  qu'il  porte  de  l'Histoire  du 
«jésuite  Srada,  son  contemporain  et  son 
»  ami.  »  M.  Biagoli  a  fait  paraître  en  1807 
une  nouvelle  édition  de  ses  lettres  ou 
recueil  de  lettres  écrites  pendant  qu'il 
était  nonce  en  France  et  en  Flandre , 
Didot  aîné,  in-12. 

*  BENTIVOGLIO  (Cokxelio  },  cardinal 
et  poète,  né  à  Ferrare  en  1668,  fut  d'abord 
envoyé  à  Paris  en  qualité  de  nonce.  Il  y 
montra  beaucoup  de  zèle  dans  l'affaire  de 
la  bulle  Unigenitus  ,  et  fut  nommé  car- 
dinal en  1719.  Alors  il  retourna  à  Rome 
avec  le  titre  de  ministre  d'Espagne  et 
mourut  dans  cette  ville  le  30  décembre 
1732.  On  a  de  lui  quelques  ouvrages  en 
littérature  ,  entre  autres  une  traduction 
en  vers  sciolti  de  la  Thébaide  de  Stace  , 
Rome,  1729,  grand  in-4°,  réimprimée  à 
Milan  ,  1731  ,  2  vol.  in-4°.  —  Sa  sœur  Ma- 
•rniLDE  ,  morte  à  Rome  en  1711,  cultivait 
aussi  la  poésie,  et  fut  de  l'académie  des 
19. 


BEX 


222 


Arcadiens  de  Rome  ,  où  elle  se  fil  sou- 
vent applaudir  en  récitant  ses  vers. 

BEXTLEY  (  Richard  ),  né  dans  le 
comté  d'Yorck  en  16G2,  fui  bibliothécaire 
du  roi  en  1G93,  après  le  savant  Jutel,  et 
en  1700,  directeur  du  collège  de  la  Tri- 
nité à  Cambridge.  Il  mourul  en  1742,  après 
avoir  public  plusieurs  ouvrages.  Les  prin- 
cipaux sont  :  |  des  Sentions  contre  les  in- 
crédules ,  traduits  en  plusieurs  langues. 
Bentley  fut  le  premier  qui  eut  les  50  liv. 
sterling  ,  que  Boyle  légua  par  son  testa- 
ment au  théologien  qui,  dans  huit  sermons 
prononcés  dans  le  cours  d'une  année  ,  dé- 
fendrait la  religion  naturelle  et  révélée. 
|  Une  excellente  Réfutation,  sous  le  nom 
supposé  de  Philéleuthcre  de  Leipsick,  du 
trop  fameux  Discours  de  Collins  sur  la 
liberté  de  penser.  On  a  traduit  ce  bon  ou- 
vrage sous  le  titre  peu  convenable  de  Fri- 
ponnerie laïque,  1738,  in-8°.  |  Plusieurs 
savantes  éditions  d'auteurs  grecs  el  latins, 
qu'il  a  enrichies  de  notes. 

BEM'ZERADT  (  Ciiarles-Hexri  ),  né 
à  Editer nacht,  dans  le  Luxembourg,  se  fil 
cistercien  à  l'abbaye  d'Orval,  à  l'âge  de 
21  ans.  Il  en  fut  abbé  pendant  59  ans,  et 
signala  le  temps  de  son  gouvernement  par 
le  rétablissement  de  l'austère  régularité 
que  don  Bernard  de  Montgaillard,  appelé 
communément  le  Petit  Feuillant , y  avait 
introduite.  Il  mourut  le  12  juin  ,  en  1707. 

*  BEXVEMjTI  (  Charles),  jésuile  ila- 
licn,  physicien  et  mathématicien,  né  à 
Livourne  le  8  février  1710.  Il  remplaça 
le  Père  Boscovich  dans  la  chaire  de  ma- 
thématiques à  Rome ,  mais  après  la  sup- 
pression de  son  ordre  il  quitta  celte  ville 
pour  se  rendre  en  Pologne,  où  il  fut  bien 
accueilli  par  le  roi  Stanislas  Poniatovvski. 
On  a  de  lui  |  une  Traduction  italienne 
de  la  géométrie  de  Clairaul ,  Rome  ,  1751, 
in-8°.  \  Synopsis physicœ  gênerai is,  1754, 
in-4°,  thèse  soutenue  d'après  les  princi- 
pes de  Newton,  j  De  lamine  disserlatio 
physica,  1754,  autre  thèse  dans  les  mêmes 
principes.  |  Irriflessioni  sul  Gesuilismo , 
1772.  C'est  cet  ouvrage  qu'il  fil  en  réponse 
d'un  écrit  contre  son  ordre  qui  l'obligea 
«le  quitter  Rome.  Il  mourut  à  Varsovie 
en  septembre  1789. 

BEXYOWSKl.  Voyez  BENIOWSKl. 

BENZELRS  (  Eric  ),  docteur  en  théo- 
logie, archevêque  luthérien  d'Upsal,  el 
sous-chancelier  de  l'université,  morl  en 
1743  àf>7  ans,  né  d'une  famille  forl  obscure, 
dul  sa  fortune  à  ses  talens  et  à  son  mérite. 
On  a  de  lui  plusieurs  ouvrages  sur  l'Ecri- 
ture sainte,  l'histoire  ecclésiastique  el  la 


reo 

le  plus  considérable 


j  théologie  :  le  plus  considérable  est  une 
traduction  suédoise  de  la  Bible,  1701 . 
in-fol.  Trois  de  ses  fils  devinrent  arche- 
vêques d'Upsal;  l'ainé ,  versé  dans  la 
théologie,  les  langues,  les  antiquités  et 
l'histoire,  a  laissé  plusieurs  écrits  sur  ces 
divers  objets  qui  prouvent  autant  d'éru- 
dition que  de  critique.  On  estime  surtout 
ses  Monamcnla  sueco-golhica  et  son  lil- 
philas  ifluslralus.  Il  mourut  en  1743.  Ja- 
cob qui  lui  succéda  est  connu  par  un 
Abrégé  de.  théologie,  une  description  de 
la  Palestine,  et  quelques  autres  ouvrages, 
lous  écrits  en  latin. 

•BEXZELIUS  (  Hexri),  archevêque 
d'Upsal,  frère  du  précédent.  Il  était  né  à 
Slrengnes  et»  1089,  et  fit  ses  études  à  Up- 
sal.  Les  voyages  qu'il  entreprit  le  condui- 
sirent à  Bender,  où  était  alors  Charles  XII. 
Ce  prince,  qui  avait  plus  de  goût  pour 
les  sciences  el  les  ails  qu'on  ne  croit  d'or- 
dinaire ,  s'occupait  du  projet  de  faire 
voyager  des  sa  vans  dans  les  contrées  île 
l'Orient.  Benzelius  fut  du  nombre  de  ceux 
que  le  roi  désigna,  et  il  commença  son 
voyage  en  1714.  Après  avoir  parcouru 
l'Archipel,  la  Syrie  ,  la  Palestine  et  l'E- 
gypte, il  retourna  en  Suède  par  l'Italie, 
l'Allemagne  et  la  Hollande.  Le  journal 
qu'il  avait  rédigé  est  conservé  à  Upsal  en 
manuscrit.  Une  grande  partie  des  obser- 
vations du  voyageur  se  trouve  cependant 
insérée  dans  un  recueil  de  dissertations 
latines  qu'il  fil  paraître  sous  le  titre  de 
Syntagma  dissertalionum  in  academiâ 
Lundensi  habitaram ,  Leipsick,  1745,  in- 
4".  Henri  Benzclius  ,  après  son  retour  en 
Suède  ,  devint  successivement  professeur 
en  théologie,  évèque  de  Lund  et  arche- 
vêque d'Upsal,  où  il  mourut  en  1758.  Il 
avait  remplacé ,  dans  l'archevêché  ,  son 
frère  Jacob  Benzelius,  mort  en  1747. 

BEOLCO  (A\(;e),  surnommé  Ruzzante 
(le  badin,  le  folâtre),  naquit  à  Padoue , 
et  mourut  en  1542.  Il  étudia  de  bonne 
heure  l'air ,  le  geste  ,  et  le  langage  des 
villageois,  et  en  prit  tout  ce  qu'il  y  avait 
de  naif,  de  plaisant  el  de  grotesque.  C'é- 
tait le  Vadé  des  italiens.  Ses  Farces  rus- 
lir/ucs,  quoiqu'écrites  d'un  style  bas  et 
populaire,  plaisent  aux  gens  d'esprit ,  par 
la  vérité  avec  laquelle  les  campagnards  y 
sont  représentés,  el  par  les  bons  mots 
piquans  dont  elles  sont  assaisonnées.  Il 
aima  mieux  être  le  premier  dans  ce  genre, 
que  le  second  dans  un  genre  plus  élevé. 
Ses  principales  pièces  sont  la  l'accaria  , 
YAnconitana,  la  Moschelta,  la  Piovana , 
etc.  Elles  furent  imprimées  avec  d'aulres 


BEIl 


223 


BER 


poésies  du  même  genre  en  15S4,  iti-12, 
•ous  le  litre  :  Tulle  le  Opère  del  fanwsis- 
simo  Ruzzaute. 

•  BÊUAKD  (  Frédéric- )i  professeur 
d'hygiène  à  la  faculté  de  médecine  de 
Montpellier ,  associé  de  l'académie  royale 
de  Paris  ,  né  à  Montpellier  en  1780  ,  mort 
dans  la  même  ville  le  16  avril  1828.  Il  prit 
pour  thèse  inaugurale  :  Plan  d'une  mé- 
decine naturelle ,  ou  la  nature  considérée 
comme  médecin,  et  le  médecin  considéré 
comme  imitateur  de  la  nature.  Il  fut 
associé  à  la  rédaction  du  Dictionnaire  des 
sciences  médicales  *  dans  lequel  il  donna 
les  articles  Cranioscopie ,  où  il  critique 
vigoureusement  le  système  deGall;  |  Elé- 
mens  où  il  donne  le  tableau  de  la  doctrine 
analytique  que  Parthez  et  Dumas  avaient 
fondée  à  Montpellier  ;  |  Extase >  fond  mus- 
culaire, etc.  Il  revint  ensuite  à  Montpel- 
lier et  s'y  voua  à  l'enseignement  particu- 
lier de  la  médecine.  On  a  de  lui  j  un  ou- 
vrage sur  la  Différence  de  la  variole  et 
de  la  petite  vérole*  i  vol.  in-8°.  Bérard, 
de  retour  à  Paris ,  publia  avec  le  doc- 
teur Rouzel  l'ouvrage  de  Dumas  sur  les 
Maladies  chroniques à  et  lit  paraître  en- 
suite ]  la  Doctrine  des  rapports  du  physi- 
que cl  du  moral ,  et  une  lettre  inédile  de 
Cabanis  sur  les  causes  premières.  Peu  de 
temps  avant  sa  mort  Bérard  fut  nommé 
pur  l'université  à  la  faculté  de  médecine 
de  Monipcllier.il  se  montra  constamment 
dans  la  Revue  médicale ,  un  des  adversai- 
res de  B toussais. 

"BÉRARDIER  (Denis),  prêtre,  doc- 
leur  et  syndic  de  la  faculté  de  théologie  de 
Paris,  néàQuimper,  en  1718, était  en  même 
temps  grand-maître  du  collège  de  Louis 
le  Grand.  Quelque  soin  qu'il  prit  pour  y 
maintenir  la  discipline  et  les  bons  princi- 
pes, les  doctrines  philosophiques  du  jour 
avaient  pénétré  dans  cet  asile.  L'abbé  Bé- 
rardicr  fut  élu  membre  des  étals-géné- 
raux. Il  y  vota  avec  le  côté  droit ,  et  il  si- 
gna, dans  l'assemblée  de  l'université,  la 
protestation  du  12  septembre  1791.  11  dut 
être  douloureux  pour  lui  de  voir,  dés  les 
premiers  troubles,  Camille  Desmoulins, 
Sainl-Just  et  Robespierre,  ses  élèves,  y 
prendre  la  pat!  la  plus  active.  Camille 
Desmoulius  avait  célébré  son  ancien 
grand-maître  dans  une  pièce  de  vers  inti- 
tulée Mes  adieux  au  collège.  On  prétend 
qu'ayant  voulu  se  marier,  il  s'adressa  à 
lui  pour  recevoir  de  sa  main  la  bénédic- 
tion nuptiale  (i),  quoique  déjà  le  serment 


(0  M.  liarbier  conteste  ce  fait ,  Examen  crit    t. 


eût  été  exigé  des  ecclésiastiques,  el  que 
Bérardier  l'eût  refusé.  On  doit  dire  à 
la  louange  du  même  Camille  Desmoulins 
qu'il  préserva  Bérardier  des  massacres  de 
septembre  :  assez  d'autres  traits  accusent 
sa  mémoire.  Bérardier  mourut  en  1792  , 
âgé  de  74  ans.  Il  a  publié  |  Principes  de 
la  foi  sur  le  gouvernement  de  l'Eglise  en 
opposition  avec  le  clergé,  ou  Réfutation 
du  développement  de  l'opinion  de  M.  Ca- 
mus, Paris,  1791,  in-8°  de  184  pages; 
|  Les  vrais  principes  de  la  constitution  du 
clergé ,  en  réponse  à  l'ouvrage  de  M.  Ca- 
mus intitulé  Justification  de  mes  princi- 
pes ,  etc.,  1791  ,  in-8°.  Suivant  l'auteur  de 
l  art.  Bérardier  dans  la  Biographie  uni- 
verselle, ce  dernier  ouvrage  serait  le 
même  que  le  premier ,  réimprimé  sous 
un  autre  titre,  après  avoir  eu  quatorze 
éditions.  L'auteur  du  Dictionnaire  des 
anonymes  ,  après  l'avoir  annoncé ,  sous 
le  n°  70a  j  ,  comme  OEuvre  de  Bérardier  , 
ne  le  donne  plus  tome  4  ,  page  97 ,  que 
comme  douteux  ,  et  renvoie  à  la  table  des 
pseudonymes ,  sous  le  titre  de  Un  doc- 
teur de  Sorbonne. 

"  BERARDIER  DE  BATAUD  (Frax- 
çois-Joseimi)  ,  professeur  de  l'université 
de  Paris,  au  collège  Duplessis,  licencié 
en  théologie  et  prieur  coinmendataire  de 
N.-D.  de  Serqueul.  On  a  de  lui  |  Précis 
d'histoire  universelle,  avec  des  réflexions, 
1766,  in-12,  réimprimé  en  1776  avec  des 
augmentations  ,  même  format  ;  livre  es- 
timé, également  propre  à  initier  dans 
l'histoire  ceux  qui  commencent,  et  à  en 
rappeler  les  principaux  traits  à  ceux  qui 
l'ont  étudiée;  |  Essai  sur  le  récit,  ou  la 
manière  de  raconter,  1771 ,  in-12.  Cet  ou- 
vrage est  diffus  ,  peu  correct  et  moins 
estimé  que  le  précédent,  quoique  pourtant 
il  s'y  trouve  de  très  bonnes  choses ,  no- 
tamment d'excellens  préceptes  sur  l'apo- 
logue, le  conte  ,  la  poème  épique;  |  Tra- 
duction de  l'Anti-Lucrèce  en  vers  fran- 
çais ,  1786,  2  vol.  in-12,  ouvrage  très  mé- 
diocre. 11  était  né  à  Paris  en  1720,  et  mou- 
rut dans  la  même  ville  vers  1794. 

BERAUD  (Laurent),  jésuite,  né  à 
Lyon  le  5  mars  1703,  mort  dans  la  même 
ville  le  26  juin  1777,  professeur  de  ma- 
thématiques à  Avignon,  est  auteur  de  di- 
verses dissertations  estimées  ,  |  Disserta- 
tion sur  la  cause  de  l'augmentation  des 
poids  que  certaines  matières  acquièrent 
dans  leur  calcination,  1747  ,  1  vol.  in-4°  ; 
|  —  Sur  le  rapport  qui  se  trouve  entre  la 
cause  des  effets  de  l'aimant  cl  celles  des 
phénomènes  de  l'électricité ,  1748,  l  vol. 


BER 


224 


BKR 


in-4°.  |  Sur  celle  question  :  Les  animaux 
et  les  métaux  ne  deviennent-ils  électri- 
ques que  par  communication?  pièce  qui  a 
remporté  le  prix  à  Angers,  1749.  Le  Père 
Beraud  réunissait  aux  talens  les  plus  va- 
riés, à  la  science  la  plus  i)rofonde,  au 
mérite  rare  de  développer  et  d'exprimer 
avec  clarté  les  idées  les  plus  abstraites, 
la  simplicité  du  cœur  et  la  modestie  de 
l'esprit. 

*  BERAITDIERE  ( Fkaxçois  de  la), 
évêque  de  Périgueux,  né  vers  la  fin  du 
16e  siècle .  à  Poitiers ,  de  l'ancienne  fa- 
mille de  Rouet ,  fut ,  de  1587  à  1605  ,  con- 
seiller au  parlement  de  Paris.  Après  la 
mort  de  sa  femme,  il  embrassa  l'état  ec- 
clésiastique; il  devint,  en  1612,  grand  doyen 
de  Poitiers ,  abbé  de  Novaillé ,  où  il  in- 
troduisit la  réforme  de  S.  Maur,  et  évêque 
de  Périgueux  en  1614.  Il  gouverna  ce 
diocèse  avec  autant  de  zèle  que  d'édifica- 
tion, rétablit  plusieurs  églises  qui  avaient 
été  dégradées  ou  détruites  dans  les  guer- 
res civiles  ,  ramena  un  grand  nombre 
d'hérétiques  à  la  foi,  fil  plusieurs  fonda- 
tions utiles,  entre  autres  celle  d'un  sé- 
minaire, et  mourut  saintement  dans  son 
diocèse,  en  1646.  Quoique  ses  opuscules 
soient  tous  en  français,  il  les  intitula 
Otium  episcopale,  Périgueux,  1635,  in-4°. 
Ce  sont  des  pièces  de  vers  qui  n'annon- 
cent guère  en  lui  le  talent  de  la  poésie  , 
des  discours  où  l'on  trouve  le  mauvais 
goût  du  temps ,  et  des  ouvrages  de  con- 
troverse. Il  fut  bon  magistral,  excellent 
évêque,  et  médiocre  écrivain. 

BERAULD  (Nicolas),  Beraldus ,  na- 
tif d'Orléans,  se  distingua  dans  les  pre- 
mières années  du  16e  siècle,  en  l'univer- 
sité de  Paris,  par  sa  connaissance  des 
belles-lettres  et  des  mathématiques.  Il  fut 
précepteur  de  l'amiral  de  Coligni  et  de 
ses  deux  frères.  Il  ne  vécut  pas  beaucoup 
au-delà  de  1559.  Il  ne  pouvait  donc  être 
en  1571  principal  du  collège  de  Montar- 
gis ,  comme  l'ont  dit  quelques  lexicogra- 
phes :  cette  place  était  alors  occupée  par 
François  Béiauld  son  fils  ,  qui  se  fit  cal- 
\  inisle.  On  a  de  Nicolas  Berauld  une 
édition  des  OEuvres  de  Guillaume ,  évê- 
que de  Paris  .  1516  ,  in-fol.  ;  une  de  Y  his- 
toire naturelle  de  Pline ,  et  d'autres  ou- 
vrages. Sa  vertu  et  ses  talens  lui  conci- 
lièrent l'amitié  et  l'estime  d'Erasme,  et 
do  plusieurs  autres  personnages  illus- 
tres. 

IJER  A17LT  (Josias),  avocat  au  parle- 
ment de  Rouen,  se  distingua  par  son  sa- 
voir, sous  le  règne  de  Hecri  III.  On  a  de 


lui  un  Commentaire  fort  estimé  sur  la 
coutume  de  Normandie.  La  be  édition  en 
1650 ,  et  la  6e  donnée  en  1660  ,  in-fol. , 
sont  les  meilleures.  Les  libraires  de  Rouen 
ont  réuni ,  en  1684,  les  Commentaires  dû 
Berault,  de  Godefroi  et  d'Aviron,  en  2 
vol.  in-fol. 

*  BERAULT-BERCASTEL  (Antoixe- 
Henai)  ,  poète  et  historien  né  dans  l'évè- 
ché  de  Metz  au  commencement  du  18'- 
siècle  ,  fut  d'abord  jésuite  ,  puis  curé  d'O- 
merville,  au  diocèse  de  Rouen,  enfin 
chanoine  de  Noyon.  Il  est  mort  pendant 
la  révolution,  vers  1794,  et  a  publié  une 
Histoire  de  l'Eglise  en  24  vol.  in-12 , 
1778,  el  années  suivantes,  qui  lui  donne 
de  justes  droits  à  l'estime  publique ,  par 
l'art  avec  lequel  il  a  su  réunir  ce  qu'il  y  a 
de  plus  inléressant  et  de  plus  instructif 
dans  les  annales  chrétiennes ,  en  évitant 
la  fatigante  prolixité  de  quelques-uns  de 
ses  prédécesseurs  ,  el  la  sécheresse  de 
quelques  autres.  Cette  histoire ,  qui  va 
jusqu'au  commencement  du  18e  siècle, 
est  écrite  avec  ordre,  méthode  et  préci- 
sion, à  l'exception  des  derniers  volumes 
qui  sont  infiniment  moins  soignés.  On  di- 
rait que  l'auleur  était  pressé  de  terminer 
son  travail  ou  que  ces  volumes  ne  sont 
pas  de  la  même  main.  Cependant  cet 
ouvrage  a  eu  du  succès  à  cause  des  prin- 
cipes et  du  bon  esprit  dans  lequel  il  est 
composé.  Il  a  été  réimprimé  plusieurs 
fois.  L'auteur  en  avait  fait ,  dil-on ,  un 
abrégé  en  5  vol.  in-8°,  qui  n'a  pas  été 
publié.  L'abbé  Bérault  avait  donné  aupa- 
ravant un  poème  en  12  chants  sur  la 
Terre-Promise ,  et  quelques  autres  poé- 
sies très  médiocres  qui  eurent  peu  de 
succès  et  qui  sont  aujourd'hui  entière- 
ment oubliées. 

BERCQEM.  roi/ez  BERGHEM. 

BERCnOIRE  ou  BERCHEUR  ou  BER- 
THEUR  (PiEnuc),  Jierchorius  ou  Ber- 
thorius ,  bénédictin  de  Saint-Pierre-du- 
Chemin,  village  à  5  lieues  de  Poitiers, 
fut  prieur  de  Saint-Eloi  à  Paris ,  et  mou- 
rut en  1562.  C'est  lui  qui  fit ,  par  ordre  du 
roi  Jean  ,  la  traduction  française  de  Tite- 
live,  Paris  ,  1486,  in-fol.  ,  dont  il  y  a  un 
beau  manuscrit  en  Sorbonne.  Il  est  en- 
core auteur  du  Réducloire  moral;  du  Ré- 
pertoire ,  ou  Dictionnaire  moral  de  la  Bi- 
ble ,  De  venter  ,  1477  ,  in-fol.  et  Cologne  , 
1650  :  ouvrages  assez,  mal  exécutés.  Il  a 
composé  le  Répertoire  dans  une  tour  où 
il  avait  été  mis  à  cause  de  ses  sentimens 
peu  orthodoxes.  On  dit  que  cette  rigueur 
le  corrigea. 


BER 


Symphorien-de-Lay  en  I7G5  ,  et  mort  en 
1852  ,  lit  de  bonnes  études  et  devint  juge- 
de-paix  dans  sa  ville  natale.  Il  s'était  déjà 
fait  remarquer  par  quelques  poésies  lé- 
gères ,  lorsqu'il  publia,  en  1801,  son 
poème  de  la  Gastronomie ,  auquel  il  ne 
mit  son  nom  qu'après  la  5e  édition.  Ce 
poème  a  été  traduit  en  anglais.  Quelques 
années  après,  Berchoux  lit  paraître  les 
Dieux  de  l'opéra,  poème  en  six  chants  , 
fort  au-dessous  de  celui  de  la  Gastrono- 
mie. Son  roman  intitulé  le  Philosophe  de 
Charenion ,  qui  parut  en  180/». ,  offre  des 
preuves  trop  nombreuses  du  mauvais 
goût  de  l'auteur.  En  1814,  il  donna  Vol- 
taire,  ou  le  Triomphe  de  la  philosophie 
•moderne,  1  vol.  in-8°,  qui  n'est  guère 
connu.  En  1814  et  en  1815,  Berchoux  four- 
nit quelques  articles  à  la  Gazelle  de 
France  et  à  la  Quotidienne  sous  les  noms 
de  V habitant  de  Mûcon  et  de  M.  Jllusard; 
il  a  laissé  en  outre  :  L'enfant  prodige  ou 
les  Lumières  vivantes ,  1  vol.  in-18 , 
1817  ,  et  l'Art  politique ,  poème  en  4 
chants,  suivi  de  pièces  fugitives  et  œu- 
vres diverses,  1  vol.  in-18,  Paris,  1819. 
BÉRE3GER  I,  fils  d'Ebérard,  duc  de 
Frioul,  et  de  Gisèle,  fdle  de  l'empereur 
Louis ,  dit  le  Débonnaire ,  qui  vivait  dans 
le  9e  siècle,  était  un  prince  ambitieux, 
cruel  et  emporté.  Vers  l'an  895  il  se  fit 
déclarer  roi  d'Italie.  Il  eut  pour  concurrent 
Gui,  duc  de  Spolette,  qui  le  défit  dans  deux 
batailles  rangées.  Bérenger  implora  le 
secours  de  l'empereur  Arnould  qui  passa 
en  Italie,  où  il  soumit  plusieurs  villes 
en  894  et  896.  En  898,  les  Italiens  se 
soulevèrent  contre  Bérenger ,  que  son 
orgueil  et  sa  cruauté  rendaient  insuppor- 
table. Ils  rappelèrent  Louis  Bo/.on,  roi 
d'Arles  et  de  Bourgogne ,  qui  s'étant  en- 
gagé témérairement  dans  le  pays  en- 
nemi ,  se  vit  surpris  par  Bérenger  auquel 
il  demanda  par  grâce  de  lui  permettre  de 
retourner  en  son  pays.  L'année  suivante, 
Boxon  repassa  les  Alpes ,  à  la  tète  d'une 
puissante  armée,  à  laquelle  tout  céda;  il 
s'avança  jusques  à  Borne,  où  il  se  lit  cou- 
ronner empereur ,  et  régna  quatre  ou  cinq 
uns  avec  assez  de  bonheur  :  mais  Béren- 
ger le  surprit  à  Vérone ,  et  lui  lit  crever 
les  yeux  l'an  904  :  après  quoi  Bérenger 
se  lit  couronner  empereur  par  le  pape 
Jean  IX  la  même  année,  et  par  le  pape 
Jean  X  en  915.  L'année  d'après,  il  joignit 
ses  troupes  à  celles  de  ce  pape  et  des  au- 
tres princes ,  et  délit  les  Sarrazins  qui 
faisaient  de  grands  ravages  en  Italie.  Mais 


22S 


BER 


aveuglé  par  ses  succès ,  il  irrita  contre 
lui  les  grands,  qui  appelèrent  Bodolphc  II, 
roi  de  la  Bourgogne  transjurane.  Béren- 
ger ,  quoique  surpris  ,  ne  négligea  pas  le 
soin  de  sa  défense,  et  lit  venir  à  son  se- 
cours les  Hongrois  qui  désolaient  alors  l'Al- 
lemagne ,  et  qui  l'avaient  remplie  de  car- 
nage et  d'incendies  ;  ils  ne  commirent  pas 
moins  d'excès  en  Italie  ,  et  Bérenger  qui 
les  y  avait  attirés  y  devint  plus  odieux 
que  ces  barbares  mêmes.  Tout  le  monde 
s'y  ligua  contre  lui  ;  il  perdit  une  bataille 
le  28  juin  de  l'an  922 ,  près  de  Plaisance , 
contre  Bodolphe.  Il  ne  lui  resta  plus  que 
Vérone  où  il  s'enferma  ,  et  où  il  fut  assas- 
siné l'an  924 ,  par  la  trahison  de  Flam- 
ber. Il  ne  laissa  qu'une  fille  unique  ,  Gi- 
sèle ou  Gisletle,  mère  de  Bérenger  II ,  dit 
le  Jeune. 

BÉREXGER  II,  dit  le  Jeune,  fils  d'Al- 
bert ,  marquis  d'Ivrée ,  et  de  Gisèle  ,  fille 
de  Bérenger  I ,  se  souleva  vers  l'an  959 
contre  Hugues,  roi  d'Italie  et  d'Arles; 
mais  il  fut  obligé  de  se  sauver  en  Alle- 
magne, vers  l'empereur  Othon ,  auquel 
il  alla  demander  du  secours.  Depuis, 
étant  revenu  dans  le  temps  que  les  Ita- 
liens avaient  abandonné  Hugues  en  945  , 
il  se  rendit  maître  d'une  partielle  l'Italie, 
et  prit  le  titre  de  roi  en  950 ,  après  la 
mort  de  Lothaire ,  fils  du  même  Hugues. 
Le  dessein  de  se  maintenir  lui  avait  fait 
envoyer  l'historien  Luitprand  à  Constan- 
tin VIII,  empereur  des  Grecs;  mais  ce 
fut  inutilement.  Il  exerça  une  tyrannie  si 
violente  sur  ses  sujets,  qu'ils  furent  con- 
traints d'appeler  Othon  à  leur  secours. 
Adélaïde,  veuve  de  Lothaire,  que  Bé- 
renger voulait  obliger  d'épouser  son  fils 
Adelbcrg,  fut  encore  un  motif  du  voyage 
de  l'empereur  Othon  en  Italie.  Il  y  prit 
l'an  964  Bérenger,  qu'il  envoya  en  Alle- 
magne; et  ce  prince  y  mourut  deux  ans 
après  à  Bamberg ,  ville  de  Franconie. 

BEltENGER,  archidiacre  d'Angers, 
trésorier  et  écolàtrc  de  Saint-Martin  de 
Tours,  sa  patrie,  renouvela  les  erreurs 
de  Jean  Scot,  surnommé  Erigène,  et  sou- 
tenues ensuite ,  plusieurs  siècles  après  , 
parles  sacramentaircs,  quoiqu'avec  moins 
d'égarement  que  plusieurs  d'entre  eux, 
et  en  s'éloignant  moins  de  la  doctrine  de 
l'Église.  «  Il  enseigna  ,  dit  l'abbé  Pluquet 
(  Dit  t.  des  Hérésies,  art.  Bérenger)  que 
»  le  pain  et  le  vin  ne  se  changeaient 
»  point  au  corps  et  au  sang  de  Jésus- 
»  Christ;  mais  il  n'attaqua  point  la  pré- 
»  sence  réelle.  Il  reconnaissait  que  l'Ecri- 
»  ture  cl  la  Tradition  ne  permettaient  pas 


BER 


22G 


liEU 


»  tle  douler  que  l'Eucharistie  ne  contint 
»  vraiment  et  réellement  le  corps  et  le 
»  sang  de  J.-C.,  et  qu'elle  ne  fût  même  son 
»  vrai  corps.  Mais  il  croyait  que  le  Verbe 
»  s'unissait  au  pain  et  au  vin ,  et  que  c'é- 
»  lait  par  cette  union  qu'ils  devenaient 
*  le  corps  et  le  sang  de  J.-C. ,  sans  chan- 
»  ger  leur  nature  ou  leur  essence  physi- 
»  que,  et  sans  cesser  d'être  du  pain  et  du 
y  vin.»  Celle  hérésie  avait  déjà  bien  des 
fauteurs,  parmi  lesquels  on  comptait 
Brunon  ,  évêque  d'Angers.  Henri  I,  roi 
de  France  ,  se  joignit  au  pape  ,  et  lit  con- 
damner l'hérésiarque  dans  un  concile  , 
tenu  à  Paris  en  1050  ,  où  ce  prince  assista 
lui-même ,  avec  les  plus  considérables 
du  clergé  et  de  la  noblesse.  Le  roi ,  eu 
qualité  d'abbé  de  Sainl-Marlin  dé  Tours , 
donna  ordre  de  ne  point  payer  à  Béren- 
ger  les  revenus  du  canonicat  qu'il  possé- 
dait dans  cette  église.  Bérenger  se  rétracta 
au  concile  de  Tours  en  1054  ;  mais  après 
le  concile,  il  dogmatisa  comme  aupara- 
vant. Nicolas  II  assembla  à  Borne,  en 
1059,  un  concile  de  113  évêques;  Béren- 
ger y  souscrivit  une  nouvelle  abjuration, 
et  une  profession  de  foi  dressée  par  le 
cardinal  Humbert,  clans  laquelle  il  recon- 
naissait que  le  pain  et  le  vin,  après  la 
consécration,  étaient  te  vrai  corps  et 
le  vrai  sang  de  J.-C.  Il  brûla  ses  écrits, 
elle  livre  de  Jean  Scot;  mais  à  peine 
fut-il  hors  du  concile,  qu'il  écrivit  contre 
sa  formule  de  foi ,  et  accabla  d'injures  le 
cardinal  qui  l'avait  rédigée.  Il  ne  laissa 
pas  de  condamner  encore  ses  erreurs  au 
concile  de  Bouen ,  en  1065;  et  plus  tard, 
à  celui  de  Poitiers ,  où  il  manqua  d'être 
tué.  Grégoire  VII  le  cita  à  Borne  en  1078, 
à  un  concile  qu'il  célébrait  alors  :  il  y 
prononça  encore  sa  rétractation.  Deux  ans 
après,  il  renonya  de  nouveau  à  ses  er- 
reurs dans  un  concile  célébré  à  Bordeaux. 
Il  mourut  en  1088  repentant,  suivant  la 
plus  commune  opinion.  Nous  avons  de 
lui  plusieurs  ouvrages  relatifs  à  ces  dis- 
putes. Tels  sont  une  Lettre  à  Ascclin,  une 
autre  à  Bichard ,  trois  professions  de  foi 
et  une  partie  de  son  Traité  contre  la  se- 
conde profession  de  foi  qu'on  l'avait 
obligé  de  faire,  dans  le  Thésaurus  anec- 
dotorum  de  Martenne,  et  dans  les  Œu- 
vres de  Lanfranc.  Bérenger  parlait  avec 
peu  de  respect  des  Pères,  parce  qu'il  les 
trouvait  contraires  à  sa  doctrine  et  qu'ils 
avaient  établi  clairement  et  unanime- 
ment ce  qu'il  lui  prenait  la  fantaisie  de 
nier.  La  manière  dont  Mosheim  (  Histoire 
ecclésiastique  du  dirilme  &icde)  a-' parlé 


de  Bérenger,  montre  à  quel  point  un 
homme,  d'ailleurs  instruit,  peut  porter 
raveuglemenl  systématique.  Il  dit  que 
Bérenger  était  renommé  pour  son  savoir 
et  p<  ur  la  sainteté  exemplaire  de  ses 
mœuis;  il  n'a  pas  cru  pouvoir  se  dispen- 
ser de  donner  quelques  grains  d'encens  à 
un  hérétique.  Mais  le  savoir  de  Bérenger 
est  fort  mal  prouvé  par  ce  qui  reste  de 
ses  écrits,  et  sa  sainteté  encore  plus  mal 
par  trois  parjures  consécutifs. 

BÉUÊNGER  (Pieure),  Poitevin,  dis- 
ciple d'Abailard ,  publia  une  Apologie 
violente  pour  son  maître,  contre  saint 
Bernard  qui  l'avait  fait  condamner.  Elle 
se  trouve  avec  les  Œuvres  d'Abailard; 
l'on  y  remarque  le  zèle  inconsidéré  d'un 
disciple  séduit,  plutôt  que  le  langage  de 
la  vérité  et  de  la  raison. 

*  BÉREIVGER  (Jacques  ),  célèbre  mé- 
decin et  anatomiste  ,  né  à  Carpi ,  dans  le 
duché  de  Modène  ,  ce  qui  lui  a  fait  don- 
ner le  nom  de  Carpi  par  plusieurs  bio- 
graphes, et  mort  à  Eerrarc  en  1550.11 
contribua  beaucoup  aux  progrès  que  l'a- 
natomie  lit  en  ce  siècle.  On  lui  doit  la  dé- 
couverte de  l'appendice  du  cœcum,  des 
cartilages  aryténoïdes  du  larinx  ,  des 
détails  précieux  sur  la  structure  des 
reins,  de  la  moelfe-épinière,  etc.  Il  opérait 
aussi  avec  la  plus  grande  dextérité,  et 
a  publié  ,  sous  ce  rapport ,  De  cranii 
fractura  tra<  talus ,  ih-4°,  et  autres  ou- 
vrages sur  l'analomie ,  qui ,  aujourd'hui 
ne  peuvent  avoir  d'intérêt  que  pour  l'his- 
toire de  l'art. 

*  BÉUE.XGER  (  Jeatv-Pierre  )  ,  né  à 
Genève  en  1740  ,  de  parens  étrangers  à 
cette  ville  ,  qui  l'avaient  destiné  à  une 
profession  mécanique,  qu'il  abandonna 
bientôt  pour  se  livrer  à  l'élude  des  lettres. 
Ayant  pris  part  aux  troubles  de  Genève, 
il  fut  exilé  en  1770,  e»  se  relira  à  Lau- 
sanne ,  où  il  publia  plusieurs  ouvrages: 
|  Histoire  de  Genève,  depuis  son  origine 

jusqu'à  nos  jours  (  1761  ),  6  vol.  in-lï>. 
Il  y  donne  les  plus  grands  détails  sur  le3 
dissensions  politiques  du  18J  siècle,  et 
n'y  ménage  pas  le  gouvernement  de  Ge- 
nève; aussi  son  ouvrage  fut-il  brûlé  pu- 
bliquement dans  cette  ville.  |  Géographie 
de  Busching ,  abrégée  dans  les  objets  les 
moins  intéressons ,  augmentée  dans  ceux 
qui  ont  paru  l'être ,  retouché'  jmrlout 
et  ornée  d'un  précis  de  l'histoire  de  cha- 
que état ,1776,  12  vol.  in-8"  ;  |  Collection 
de  tous  les  voyages  faits  autour  du 
monde,  1788,  9  vol.  in-8°,  réimprimée 
!  en  17U5  ;  |  Histoire  des  trois  voyages  au- 


r>î:u 


227 


BER 


tour  du  monde  par  Cook ,  mise  à  la  portée 
de  tout  le  monde ,  1793  ,  3  vol.  in-8ù. 
|  Une  édition  des  OEuvres  d'Jbauzit  et 
autres  ouvrages  moins  importans.  Il  est 
mort  à  Genève  en  juin  1807. 

*  BÉRENGER  (  Laurent-Pierre),  né  à 
Riez  en  Provence  ,  le  28  novembre  1749  , 
membre  des  académies  de  Lyon,  Marseille 
et  Rouen,  était ,  avant  la  révolution,  pro- 
fesseur de  rhétorique  au  collège  d'Orléans 
et  censeur  royal.  Ayant  fait  paraître  une 
satire  intitulée  :  Les  Boulevards  de  pro- 
vince _,  qui  excita  contre  lui  de  vives  ré- 
clamations, ainsi  qu'une  fable  et  le  conte 
de  la  Poule j  quelques  personnes  en  crédit 
firent  supprimer  la  feuille  périodique  où 
il  avait  inséré  ces  pièces,  et  contraignirent 
l'auteur  de  donner  sa  démission ,  en 
échange  de  laquelle  il  obtint  une  pension 
et  le  titre  de  professeur  émérite  II  se  dé- 
mit de  son  titrede  censeur  royal,  en  1789, 
et  offrit  un  don  patriotique  à  l'assemblée 
nationale.  Sous  l'empire,  il  fut  nommé 
chef  de  l'instruction  publique  et  inspec- 
teur de  l'académie  de  Lyon ,  place  qu'il 
conserva  jusqu'en  1816.  On  a  de  Bérenger 
un  grand  nombre  d'ouvrages  dont  voici 
les  principaux  :  |  Le  nouveau  règne ,  1774, 
in-  8°;  poème  présenté  à  Monsieur; 
|  Le  tribut  de  l'amitié  ,  ou  Epitre  à  feu 
M.  de  la  Sèvre,  1778;  |  L'hiver  ,  épitre  à 
mes  livres,  1781  ;  |  Portefeuille  d'un  trou- 
badour, 1782;  j  Eloge  de  Reyrac  ,  1783, 
m-8°  ;  |  OEuvres ,  1783  ;  |  Les  soirées  pro- 
vençales ,  1786  ;  |  Recueil  amusaid  de 
voyages  en  vers  et  en  prose  ,  1783  à  1787, 
publié  avec  Louis  Couret;  |  Le  peuple 
instruit  par  ses  propres  vertus ,  (  instruc- 
tions et  anecdotes  )  1787,  2  volumes  in-12, 
réimprimés  en  1803  ;  |  Ecole  historique 
et  morale  du  soldat  et  de  l'officier ,17 '88, 
3  vol.  in-12;  |  L,e  Mentor  vertueux ,  mo- 
raliste et  bienfaisant ,  1788,  in-12;  |  ^"5- 
prit  de  Mably ,  1789  ;  |  Esprit  de  Condil- 
lac,  1789;  |  Anacharsis ,  ou  Lettres  d'un 
troubadour  sur  cet  ouvrage  ,  1789  ,  in-8"  ; 
|  IVmtv-cUe s  pièces  intéressantes ,  servant 
de  supplément  à  tout  ce  qu'on  a  publié 
sur  les  états-généraux  et  sur  l'éducation 
des  princes  destinés  à. régner,  1790,  2  vol. 
iu-8"  ;  j  La  Morale  en  action,  in-12  ;  \  La 
Morale  en  exemples  ,  1801 ,  5  vol.  in-12  ; 
|  Fablier  de  la  jeunesse  et  de  l'âge  mûr , 
1801,  2  vol.  in-12;  |  Nouveau  magasin  des 
petits  enfans, 1802,  2  vol.  in-12  ;  |  Fablier 
en  vers,  1802,  in-12  ;  |  Recueil  de  prières 
faisant  suite  au  Psautier  de  La  Harpe  , 
et  contenant  toutes  celles  qui  se  trouvent 
dans  la  Bible,  1803,  in-12;  |  A  labbé  De- 


mie, épitre  en  vers,  pour  l'engager  à 
rentrer  dans  sa  patrie,  1802  ;  |  L'arrivée 
de  Bonaparte  à  Lyon  ,  cantatille  ,  1802  ; 
|  Aux  Anglais ,  vaticination  (stances), 
1811  ;  1  La  terreur  et  les  terroristes,  1814. 
Bérenger  a  aussi  publié  des  poésies  fugi- 
tives dans  divers  almanachs  ,  principa- 
lement dans  celui  des  Muses.  Il  est  mort 
à  Lyon  le  26  septembre  1822  ,  à  l'âge  de 
73  ans. 

*  BÉRENGER C,  fille  de  Baymond  IV  , 
comte  de  Barcelone,  fut  célèbre  par  son 
esprit  et  par  sa  beauté.  Becherchée  par 
plusieurs  souverains,  et  notamment  par 
Alphonse  VIII,  roi  de  Castille,  elle  épousa 
ce  prince  à  Saldana,  en  1128,  avec  beau- 
coup de  pompe,  fit  l'ornement  de  sa  cour, 
et  donna  plusieurs  fois  des  preuves  d'un 
mérite  rare  et  d'une  fermeté  au-dessus 
de  son  sexe.  S'élant  renfermée  dans  To- 
lède ,  en  1139,  pour  défendre  cette  ville 
contre  les  Maures,  elle  parut  sur  les  rem- 
parts, et  traita  de  lâches  des  hommes  qui 
venaient  ainsi  assiéger  une  femme,  tandis 
que  la  gloire  les  appelait  sous  les  murs 
d'Oreja,  dont  le  roi  de  Castille,  en  per- 
sonne ,  faisait  le  siège.  Les  chevaliers 
maures,  par  un  esprit  de  galanterie  qui 
donne  une  idée  des  mœurs  de  ce  temps- 
là,  ordonnèrent  la  retraite,  et  l'armée 
musulmane  défila  devant  la  reine,  en  cé- 
lébrant ses  vertus  et  sa  beauté.  Les  Cas- 
tillans ayant  ensuite  décapité,  par  repré- 
sailles ,  deux  généraux  mahométans ,  et 
placé  leurs  tètes  sur  le  sommet  du  palais 
des  rois  à  Tolède ,  la  reine  ne  put  souffrir 
ces  odieux  trophées;  après  les  avoir  fait 
enlever  et  déposer  sur  deux  chars  funè- 
bres, elle  les  fit  porter  aux  veuves  des 
deux  généraux  maures.  Cette  princesse  , 
aimée  de  ses  sujets ,  estimée  des  ennemis 
même,  mourut  le  3  février  1149,  laissant 
deux  fils  ,  Sanche  et  Ferdinand ,  et  une 
iille  qui  épousa  le  roi  de  Navarre. 

BEIIÉMCE.  royez  CALLIPATIRA, 
femme  célèbre  d'Atbènes. 

BÉltÉMCE,  fille  de  Ptolémée  Phila- 
dclphe ,  et  d'Arsinoé  ,  épousa  son  frère 
VioUnnéa  Evergètes ,  246  ans  avant  Jésus- 
Clirist.  La  même  an-née,  ce  roi  étant  sur 
le  point  de  faire  la  guerre  à  Sélcucus  roi 
de  Syrie,  Bérénice, pour  obtenir  que  son 
mari  retournât  bientôt  victorieux  ,  voua 
sa  chevelure  à  Vénus.  A  son  retour  ,  elle 
coupa  ses  cheveux ,  et  les  offrit  dans  un 
temple  ,  mais  comme  on  ne  l  s  y  trouva 
pas  le  lendemain ,  un  mathématicien , 
nommé  Conon,  assura  qu'ils  avaient  été 
enlevés  au  ciel,  et  mis  entre  les  astres. 


BER  228 

Effectivement,  ils  occupent  encore  au- 
jourd'hui une  place  dans  le  ciel  astrono- 
mique, sous  le  nom  de  Coma  Bérénices. 
Catulle  les  a  célébrés  par  un  poème. 

BÉRÉNICE,  autre  fdle  de  Ptoléméc 
Philadelphe s  fut  mariée  par  son  père  à 
Antiochus  le  Dieu,  roi  de  Syrie,  257  ans 
avant  J.  C.  Ce  dernier  avait  alors  une 
autre  femme  nommée  Laodice ,  et  il  en 
avait  eu  Séleucus ,  dit  Callinicus ,  et  An- 
tiochus qu'on  surnomma  YEpervier.Sept 
ou  huit  ans  après  ,  l'an  246  avant  J.-C, 
Antiochus  rappela  Laodice  ,  laquelle  crai- 
gnant l'esprit  volage  de  ce  prince  l'em- 
poisonna, et  fit  assiéger  Bérénice  qui  s'é- 
tait retirée  avec  son  fils ,  dans  l'asile  de 
Daphné  ,  au  faubourg  d'Antioche.  Plolé- 
mée  Evergètes,  son  frère,  se  mit  en  cam- 
pagne pour  la  secourir  :  mais  avant  son 
arrivée ,  le  fils  de  Bérénice  tomba  entre 
les  mains  de  Cénée,  émissaire  de  Laodice, 
et  fut  massacré.  Sa  mère  monta  sur  un 
chariot,  poursuivit  l'assassin,  le  tua  d'un 
coup  de  pierre ,  et  se  renferma  dans  An- 
tioche,  où  elle  fut  prise  et  étranglée. 

BÉRÉNICE,  fille  de  Ptolémée  Aulètes, 
fit  étrangler  son  mari  Séleucus  ,  pour 
épouser  Archélaiis ,  qui  fut  tué  dans  un 
combat.  Ptolémée  rétabli  sur  son  trône, 
d'où  ses  sujets  l'avaient  chassé ,  la  punit 
de  mort  l'an  55  avant  Jésus-Christ. 

BÉRÉNICE  de  Chio,  l'une  des  femmes 
de  Mithridate  Eupator.  Ce  prince,  vaincu 
par  Lucullus,  craignant  que  le  vainqueur 
ne  prit  un  château  où  ses  femmes  étaient 
retirées,  et  ne  les  violât,  leur  envoya  un 
eunuque  pour  les  faire  mourir.  Bérénice 
donna  à  sa  mère  une  partie  du  poison  que 
l'eunuque  lui  offrait,  et  en  ayant  pris  trop 
peu  pour  mourir  assez  tôt,  ce  barbare  l'é- 
trangla l'an  71  avant  J.  C.  «  Celte  horrible 

►  action  de  Mithridate  ,  dit  un  historien, 

►  passerait  encore  aujourd'hui ,  chez  les 

►  Orientaux,  pour  un  trait  héroïque; 
»  chez  nous,  ce  n'est  qu'une  abomina- 
»  tion ,  le  fruit  horrible  de  trois  passions 
»  réunies,  la  lubricité ,  la  jalousie  et  la 
»  cruauté.  » 

BÉRÉNICE ,  fille  de  Coslobare  et  de 
Salomé,  sœur  d'Iiérode  le  Grand,  épousa 
Aristobule,  fils  de  ce  prince.  Elle  vécut 
mal  avec  lui ,  et  contribua  à  sa  mort  par 
ses  plaintes  et  par  ses  intrigues.  Elle  se 
maria  à  Theudion  oncle  d'Antipater , 
fils  d'Hérode ,  après  la  mort  duquel  elle 
alla  à  Rome.  Antonia,  femme  de  Drusus. 
lui  témoigna  beaucoup  d'amitié.  Bérénice 
mourut  quelque  temps  après.  Son  fils  du 
premier  lit,  Agrippa,  fit  un   voyage  à 


IÎEH 

Rome,  l'an  50  de  J.  C.  ,  où  il  reçut  de 
grands  services d' Antonia. 

BÉRÉNICE,  fille  d' Agrippa  l'Ancien  , 
et  sœur  aînée  d' Agrippa  le  Jeune,  roi  des 
Juifs  ,  fut  mariée  à  Hérodc  son  oncle,  à 
qui  Claude  donna  le  royaume  de  Chal- 
cide  :  c'est  elle  dont  il  est  parlé  au  cha- 
pitre 25  des  Actes  des  Apôtres,  qui  vit 
Paul  dans  les  fers  et  entendit  la  défense 
de  ce  grand  homme.  Elle  demeura  quel- 
que temps  veuve  après  la  mort  d'Hérode; 
mais  pour  étouffer  le  bruit  très  bien  fondé 
qu'elle  avait  un  commerce  incestueux 
avec  son  frère ,  elle  épousa  Polémon  ,  rot 
de  Cilicie,  après  l'avoir  engagé  à  se  faire 
circoncire.  Elle  le  quitta  ensuite  pour  son 
ancien  amant.  C'est  elle  qui  conseilla  aux 
Juifs  de  se  soumettre  aux  Romains;  mais 
n'ayant  pu  rien  gagner  sur  ce  peuple  in- 
docile, elle  se  rangea  du  côté  de  Titus ,  et 
s'en  fit  aimer.  On  assure  que  cet  empereur 
qui ,  malgré  tout  le  bien  qu'on  en  dit, 
avait  les  passions  très  violentes,  voulut 
l'épouser,  et  la  faire  déclarer  impératrice  ; 
mais  que  la  crainte  des  murmures  du 
peuple  Romain  l'obligea  de  la  renvoyer , 
malgré  lui  et  malgré  elle,  dès  les  premiers 
jours  de  son  empire.  Cette  séparation  de 
deux  amans  passionnés  a  été  mise  sur  le 
théâtre  français,  par  Corneille  et  Racine. 

BEREN1CIUS,  homme  inconnu,  qui 
parut  en  Hollande  l'an  1670.  On  crut  que 
c'était  quelque  religieux  apostat.  Il  ga- 
gnait sa  vie  à  ramoner  des  cheminées  et 
à  aiguiser  des  couteaux.  Il  mourut  dans 
un  marais ,  étouffé  par  un  excès  de  vin. 
Ses  talens,  si  l'on  en  croit  quelques  his- 
toriens, étaient  extraordinaires.  Il  ver- 
sifiait avec  une  telle  facilité,  qu'il  récitait 
soudain  en  assez  bons  vers  ce  qu'on  lui 
disait  en  prose.  On  l'a  vu  traduire  du  fla- 
mand, en  vers  grecs  ou  latins,  les  gazettes, 
en  se  tenant  debout  sur  un  pied.  C'était 
une  espèce  d'improvisateur.  Et  d'après 
tout  ce  que  l'on  en  raconte,  on  est  porté 
à  croire  qu'il  y  a  autant  de  charlatanisme 
d'un  côté  que  d'exagération  et  de  crédu- 
lité de  l'autre.  On  lui  attribue  la  satire  ou 
poème  héroïco-burlesque,  intitulé  Geor- 
garchoniomachia. 

RÉRÉTIN  (Pierre),  né  à  Cortonadans 
la  Toscane,  en  1596,  montra  d'abord  peu 
de  talent  pour  la  peinture;  mais  ses  dis- 
positions s'étant  développées  tout  à  coup, 
il  étonna  ceux  de  ses  compagnons  qui  s'é- 
taient moqués  de  lui.  Rome ,  Florence  le 
possédèrent  successivement.  Alexandre 
VII  le  créa  chevalier  de  l'éperon  d'or.  Le 
grand  duc  Ferdinand  lï  lui  donna  aussi 


BER 


229 


BER 


plusieurs  marques  de  son  estime.  Un  jour 
ce  prince  admirant  un  enfant  qu'il  avait 
peint  pleurant,  il  ne  fit  que  donner  un 
coup  de  pinceau,  et  il  parut  rire;  puis 
avec  une  autre  touche,  il  le  remit  dans 
son  premier  état  :  Prince,  lui  dilBérétin, 
vous  voyez  avec  quelle  facilité  les  enfans 
fleurent  et  rient.  Il  mourut  de  la  goutte 
en  1669.  Son  commerce  était  aimable,  ses 
mœurs  pures,  son  naturel  doux,  son  cœur 
sensible  à  l'amitié.  Son  génie  était  vaste, 
et  demandait  de  grands  sujets  à  traiter. 
Il  mettait  une  grâce  singulière  dans  ses 
airs  de  tête,  du  brillant  et  de  la  fraîcheur 
dans  son  coloris ,  de  la  noblesse  dans  ses 
idées  ;  mais  son  dessin  était  peu  correct , 
ses  draperies  peu  régulières,  et  ses  figures 
quelquefois  lourdes.  Bérétin,  connu  aussi 
sous  le  nom  de  Pierre  de  Corlone ,  ne 
réussit  pas  moins  dans  l'architecture. 

*  BERG  (Jean-Pierre),  philologue, 
théologien  et  orientaliste,  professa  la 
théologie  dans  l'université  de  Duisbourg, 
où  il  mourut  en  1800.  Son  principal  ou- 
vrage est  :  Spécimen  animadversionum 
philologicarum  ad  selecla  Vêler is  Testa- 
menti  loca,  Leyde,  1761,  in-8°.  Il  a  eu 
beaucoup  de  part  au  Symbola  litteraria 
Duisburgs,  La  Haye  et  Duisbourg ,  1786. 

*  BEUGALLI  (Chaules),  mineur  con- 
ventuel, mort  en  1679,  professa  la  théolo- 
gie à  Palerme  ,  sa  patrie ,  et  se  distingua 
dans  la  prédication.  On  a  de  lui  des  Mé- 
langes de  poésies  et  des  OEuvrcs  de  phi- 
lo sophie ,  Pérouse,  1649. 

*  BEUGALLI  (Charles),  moine  italien 
de  l'ordre  des  mineurs  conventuels,  était 
né  à  Palermc ,  et  avait  de  la  réputation 
comme  prédicateur  en  1650.  Il  prêcha 
celte  année-là  le  carême  à  Bologne.  Il  fut 
professeur  de  philosophie  et  de  théologie 
dans  les  couvens  de  son  ordre,  provincial 
en  Sicile,  et  gardien  du  grand  couvent  à 
Païenne ,  où  il  mourut  le  17  novembre 
1679.  Il  publia  un  ouvrage  de  philosophie, 
sous  ce  titre  :  De  objecta  j)hilosophiœ  ; 
Pérouse,  1649,  in-4°.  On  assure  qu'il  avait 
écrit  :  |  un  poème  épique  italien  intitulé 
Davidiade  ;>|  des  mélanges  de  poésie  la- 
tine, Poësis  miscellanea  ;  |  un  livre  élé- 
mentaire de  médecine ,  Tyrocinium  me- 
dicœ  facullalis  ;  mais  ces  ouvrages  n'ont 
jamais  été  imprimés. 

*  BEUGALLI  (Louise),  femme  célèbre 
par  ses  talens  dans  la  littérature  et  les 
arts,  née  à  Venise  le  15  avril  1703.  Elle 
étudia  le  dessin  et  la  peinture  sous  le  cé- 
lèbre Rosalba ,  et  se  senla  t  un  goût  dé- 
cidé pour  la  poésie  dramatique ,  elle  prit 


des  leçons  d'Apostolo  Zeno,  poète  alors 
attaché  à  la  cour  de  Vienne.  Ses  princi- 
paux ouvrages  sont  Agide  re  di  Sparta, 
drame  en  musique,  Venise,  1725;  |  YEle- 
nia,  drame  en  musique,  1750;  |  Le  aven- 
ture del  poêla,  comédie;  |  Elettra,  tra- 
gédie, 1743.  |  La  Bradamante,  drame  en 
musique,  1747;  |  La  Theba,  tragédie ,  1 758  ; 
|  Le  covimedie  di  Terenzio  tradolte  in 
versi  sciolti,  in-8°;  |  Des  traductions  en 
prose  italienne  des  tragédies  de  Racine , 
du  Jonathas  et  de  YAbsalon  de  Duché , 
des  Machabées  de  la  Mothe.  On  lui  doit 
encore  un  recueil  intéressant  sous  ce  titre  : 
[  Componimenti  poetice  délie  pià  illustri 
rimatricid'ogni  secolo,  raccolli  da  Luiza 
Bergalli,  etc.  Venise ,  1726  ,  in-12  ,  et 
beaucoup  de  Canzoni ,  et  autres  poésies 
insérées  dans  plusieurs  recueils  de  son 
temps. 

*  BEBGAMASCO  (  Jean- Baptiste  ) , 
peintre,  ainsi  nommé  de  la  ville  de  Ber- 
game  sa  patrie.  Il  passa  en  Espagne  sous 
le  règne  de  Charles-Quint ,  et  fut  un  de 
ceux  qui  contribuèrent  le  plus  à  natura- 
liser dans  cette  contrée  le  goût  lier  et  mâle 
de  Michel-Ange ,  dont  il  avait  reçu  des 
leçons  en  Italie.  Il  peignit  pour  Charles- 
Quint  de  grandes  compositions  à  fresque 
clans  le  palais  royal  de  Madrid  que  l'on 
construisait  alors.  Il  mourut  en  1570  à 
Madrid ,  dans  un  âge  fort  avancé.  Ses  deux 
fils  Granelo  et  Fabrice  excellèrent  dans  le 
genre  grotesque. 

BERGAME.  Voyez  FORESTI. 

*  BERÇASSE  (  Nicolas),  célèbre  avo- 
cat né  à  Lyon,  en  1750,  d'une  famille  ori- 
ginaire de  Tarascon  (  Arriègc  ) ,  et  mort 
à  Paris  le  29  mai  1852  ,  à  82  ans  ,  fit  d'ex- 
cellentes éludes  au  collège  de  l'Oratoire 
de  Lyon,  et  fut  député  en  1789,  aux  états- 
généraux  par  le  tiers-état  de  cette  ville. 
Il  publia  à  cette  époque  une  brochure  in- 
titulée :  Cahier  du  tiers-état  à  l'assemblée 
des  états-généraux.  Bergasse  sortit  de 
cette  assemblée  ,  dès  le  mois  d'octobre  de 
la  même  année  ,  et  exposa  les  motifs  qui 
l'avaient  porté  à  cette  démarche  dans  un 
écrit  où  il  présentait  le  résultat  de  ses  ré- 
flexions sur  la  constitution  de  1791.  Il  écri- 
vit contre  les  assignats,  et  prit  part  à  la 
rédaction  des  Actes  des  apôtres  que  Pel- 
tier  rédigea  de  1789  à  1791.  Arrêté  àTar- 
bes ,  en  Î793  ,  comme  suspect ,  il  fu*  con- 
duit à  Paris,  et  il  aurait  été  mis  en  juge- 
ment sans  la  révolution  du  9  thermidor 
qui  lui  rendit  la  liberté.  Depuis  il  vécut 
toujours  dans  la  retraite.  A  l'époque  de  la 
seconde  invasion  des  armées  alliées  en 

20 


BER 


250 


BER 


France,  il  se  trouvait  à  Paris,  où  l'empe- 
reur Alexandre,  qui  lui  témoignait  une 
considération  particulière,  l'honora  d'une 
visite,  et  voulut  même  se  rattacher. Mais 
Eergasse  se  refusa  aux   offres  les  plus 
brillantes.  On  a  de  lui  :  |  Discours  pronon- 
cé à   l'hôtel-de-ville  de  Lyon  sur  cette 
question  :  Quelles  sont  les  causes  générales 
des  progrès  de  l'industrie  et  du  commer- 
ce,  etc,  177/t,  in-8°  :  |  Théorie  du  monde 
et  des  choses  animées  suivant  les  prin- 
cipes de  Mesmer,  in-fol.,  1784;  tiré  à  cent 
exemplaires  et  réimprimé  la  même  an- 
née à  La  Haye,  sous  le  titre  de  Considé- 
rations sur  le  magnétisme  animal,  in-8°; 
|  Lettres  sur  les  états-généraux ,   in-8°, 
1784  ;  j  Discours  sur  les  crimes  et  les  tri- 
bunaux de  haute   trahison,  1789,  in-8°; 
|  De  la  liberté  du  commerce  ;  \  Protesta- 
tion contre  les  assignats  monnaies,  1789, 
in-8°  ;  |  Lettres  à  ses  commeltans  au  su- 
jet de  sa  protestation ,  1790,  in-8°  ;  |  Ré- 
flexions sur  le  projet  de  constitution  , 
4791,   in-8°;   |   Réponse  au  mémoire  de 
Monte squiou  sur  les  assignats,  1791,  in-8°; 
|  Mémoire  contre   Beaumarchais  dans 
l'affaire  Kornmann ..etc.  En  1821,  M.  Ber- 
çasse publia  |  X Essai  sur  la  propriété,  ou 
considérations  morales  et  politiques  sur  la 
question  de  savoir  s'il  faut  restituer  aux 
émigrés  les  héritages  dont  ils  ont  été  dé- 
pouillés durant  le  cours  de  la  révolution; 
l'auteur  fut  poursuivi  pour  cette  produc- 
tion devant  le  jury  qui  l'acquitta   sur  la 
proposition  même   du  ministère  public. 
Enfin  on  lui  doit  encore  |  Essais  de  philo- 
sophie religieuse.  Dans  ses  dernières  an- 
nées, cet  écrivain  tourna  toutes  ses  pen- 
sées vers  la  religion,  et  ne  pensait  qu'avec 
regret  à  quelques-uns  de  ses  anciens  écrits. 
BEUGASSE   (  Alexandre),  frère  du 
précédent,  naquit  à  Lyon  en  1747,  et  s'a- 
donna d'abord  au  commerce  ,  qu'il  quitta 
bientôt  pour  s'occuper ,  avec  plus  de  li- 
berté, de  l'œuvre  des  convulsions.  Il  était 
intimement  lié  avec  Desfours  de  Gene- 
lière ,  et  il  le  seconda  de  tout  son  zèle 
pour  propager  ses  erreurs.  Il  fut  du  nom- 
bre de  ceux  qui  ne  voulurent  point  re- 
connaître le   concordat    de    1801.   Il  est 
mort  à  Lyon  le  19  février  1820.  Il  a  com- 
posé et  fait  imprimer  un  livre   intitulé 
Réfutation  des  faux  principes  et  des  ca- 
lomnies avancées  par  les  jacobins  pour 
décrier  l'administration  de  nos  rois ,  et 
justifier  les    usurpateurs   de    l'autorité 
royale  et  du  trône  *  par  un  vieux  Fran- 
çais,  Lyon  ,  1816 ,  in-8°.  La  vente  de  cet 
ouvrage,  particulièrement  dirigé  contre 


la  Charte ,  fut  défendue  ;  et  M.  Bergasse 
consentit  à  sa  suppression,  pour  éviter  les 
poursuites  des  tribunaux ,  de  sorte  qu'il 
est  très  difficile  d'en  trouver  des  exem- 
plaires. 

*  BERGEX  (  Thierry  Van  ) ,  célèbre 
peintre  de  paysages ,  né  à  Harlem  ,  morl 
en  1089.  Ses  tableaux  sont  recherchés.  Il 
en  existe  plusieurs  au  Musée.  Ils  sont  bien 
composés,  d'une  assez  bonne  couleur, 
mais  la  touche  en  est  un  peu  molle.  —  Il 
y  a  un  autre  peintre  du  même  nom,  né  à 
Bréda  vers  1G70 ,  qui  donnait  les  plus 
grandes  espérances,  mais  qui  mourut  fort 
jeune.  Oh  cite  de  lui  une  sainte  famille, 
dans  le  genre  de  Rembrandt,  qu'on  ne 
distinguait  des  ouvrages  de  ce  maître,  que 
parce  qu'elle  était  d'un  meilleur  goût  de 
dessin. 

*  BERGER  (Charles-Auguste  de), 
anatomisle  et  botaniste  allemand,  né  le  11 
août  1704,  à  Francfort-sur-1'Oder,  mort 
en  1760,  fut  l'élève  de  Boerhaave  :  il  fut 
reçu  médecin  dans  sa  patrie,  et  y  professa 
ensuite  avec  succès  l'anatomie  et  la  bota- 
nique. On  lui  doit  |  Flora  franco-fur  tana* 
in-8°,  d'après  la  méthode  de  Tournefort, 
qu'il  publia  en  1750,  estimée  particulière- 
ment pour  les  préceptes  élémentaires  qui 
la  précèdent,  et  qui  sont  remarquables 
par  leur  précision  et  leur  vérité  ;  |  Classes 
conchyliorum  ,  1760,  in-4°.  |  Icon  nova 
ventriculorum  cerebri,  1734,  et  plusieurs 
autres  ouvrages  d'analomie  :  Programma 
de  pia  maire  ;  programma  de  nervis;  me- 
thodus  cranii  ossa  dissuendi ,  etc.  On  a 
encore  de  lui  un  grand  nombre  de  dis- 
sertations savantes  ,  insérées  dans  la  col- 
lection des  thèses  anatomiques,  recueillies 
par  Haller  et  dans  les  Mémoires  des  Sa- 
vans. 

*  BERGER  (Théodore)  ,  professeur  de 
droit  et  d'histoire  à  Cobourg,  né  en  1683 
à  Unterlaulern ,  mort  en  1773,  est  connu 
par  son  Histoire  universelle  synchronis- 
tique  des  principaux  étals  de  l'Europe, 
depuis  la  création  du  monde  jusqu'à  nos 
jours,  1729,  in-fol.  (  en  allemand  ).  Cette 
histoire,  qui  est  estimée ,  a  obtenu  cinq 
éditions,  et  a  été  continuée  par  Wolf- 
gany  Jceger,  professeur  à  Altdorf,  Co- 
bourg, 1781,  in-fol. 

BERGER  (Jeax-Godefroi-Ehmanuel), 
théologien  luthérien,  né  en  Lusace  en 
1773,  mort  le  20  mai  1803.  On  a  de  lui  : 
|  Histoire  de  la  philosophie  des  religions, 
ou  tableau  historique  des  opinions  et  de 
la  doctrine  des  philosophes  les  plus  cé- 
lèbres  sur  Dieu  et   la  religion,  1800> 


BER 


231 


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Berlin  ,  in-8°;  |  Introduction  pratique  au 
nouveau  Testament ,  Leipsick,  17'.)8,  2 
vol.  in-S°.  |  Essai  d'une  introduction  mo- 
rale au  nouveau  Testament,  171)7,  in-8". 
Tous  ces  ouvrages  sont  écrits  en  allemand, 
il  parait  (pie  Berger  était  libre  dans  ses 
opinions. 

BERGERAC.  Voyez  CYRANO. 
BERGERE!  (  Jean-Pierre  ) ,  médecin 
et  botaniste  distingué,  né  à  Lasseube, 
pvèsOléron,  le  25  novembre  1751  ,  mort 
à  Paris  le  28  mars  1815  ,  a  publié  Phyto- 
nomotechnie  universelle ,  c'est-à-dire  l'art 
de  donner  aux  plantes  des  noms  tirés  de 
leurs  caractères,  Paris,  Didot ,  1785  et 
années  suivantes  ,  27  livraisons  ,  formant 
5  vol.  in-folio  avec  528  planches.  L'ou- 
vrage n'est  pas  achevé  ,  et  la  21e  liv.  n'a 
jamais  paru.  —  Il  ne  faut  pas  le  confon- 
dre avec  un  autre  médecin  et  professeur 
d'histoire  naturelle  du  même  nom  ,  mort 
en  1814.  Ce  dernier  était  né  à  Morlaas, 
dans  les  Basses-Pyrénées,  dont  il  a  pu- 
blié une  Flore,  Pau,  -1805,  2  vol.  in-8", 
(pii  n'est  pas  terminée. 

BERGIIEIH  (  Nicolas  )  ,  peintre  ,  ex- 
cellent paysagiste,  né  à  Amsterdam  en 
1624 ,  montra  dès  son  enfance  les  plus 
grandes  dispositions  pour  la  peinture.  Le 
château  de  Bentbem,  où  il  demeura  long- 
temps, lui  offrait  des  vues  agréables  et 
variées ,  qu'il  dessina  d'après  natwre.  Ses 
tableaux  sont  remarquables  par  la  richesse 
et  la  variété  de  ses  dessins ,  par  un  co- 
loris plein  de  grâces  et  de  vérité.  Le  roi 
de  France  en  possède  deux.  Ce  peintre 
mourut  en  1685.  La  douceur  et  la  timidité 
formaient  son  caractère,  et  l'avarice  celui 
lie  sa  femme.  C'était  à  la  fois  une  harpie 
et  une  mégère.  Elle  s'emparait  de  son 
argent,  et  le  laissait  à  peine  respirer  : 
elle  était  dans  une  chambre  au-dessous  de 
sou  atelier ,  pour  frapper  au  plancher 
toutes  les  fois  qu'elle  s'imaginait  <pie  son 
mari  allait  s'endormir.  Le  seul  plaisir  de 
Berghem  était  de  peindre.  Il  disait  en  ba- 
dinant que  l'argent  est  inutile  à  qui  sait 
s'occuper. 

BERGIER  (  Nicolas  ) ,  naquit  à  Rheims 
eu  1557.  Il  fut  professeur  dans  l'univer- 
sité de  cette  ville.  Il  s'adonna  ensuite  au 
barreau  ,  et  s'y  lit  un  nom.  Les  habitans 
de  Rheims  l'envoyèrent  souvent  à  Paris  , 
eu  qualité  de  député,  pour  les  affaires  de 
leur  ville.  Le  président  de  Bellièvre  lui 
procura  une  pension  de  200  écus  ,  et  un 
breveld'historiogiaphe.  Il  mourut  en  1625. 
On  a  de  lui  |  les  Antiquités  de  Rheims , 
1655  ,  in-A°;  j  Y  Histoire  des  grands  che- 


mins de  l'empire  Romain,  traduite  en 
plusieurs  langues  ,  et  réimprimée  à  Bru- 
xelles ,  en  2  vol.  in-4° ,  1729.  Elle  réunit 
tout  ce  qu'on  pouvait  dire  de  plus  curieux 
sur  cette  matière.  Les  savans  l'estiment 
beaucoup  et  avec  raison.  On  trouve  cet 
ouvrage  en  latin  dans  le  10e  vol.  des  An- 
tiquités romaines  de  Graevius. 

BERGIER.  Voyez  GLOFFROI  (Etiewe- 
Fraxçois  ). 

BERGIER  (  Nicolas-Silvestre  ),  doc- 
teur en  théologie ,  curé  de  Flanchebou- 
che  ,  diocèse  de  Besançon ,  chanoine  de  la 
métropole  de  Paris,  né  à  Darnay  en  Lor- 
raine ,  le  51  décembre  1718  ,  s'est  fait  con- 
naître par  un  grand  nombre  d'écrits  utiles 
et  savans.  Après  avoir  préludé  dans  la 
carrière  des  lettres  par  quelques  ouvrages 
légers,  et  remporté  deux  fois  le  prix  d'é- 
loquence à  l'académie  de  Besançon ,  il  s'é- 
lança dans  un  champ  plus  vaste,  et  fit  bien- 
tôt servir  sa  plume  â  un  objet  plus  noble  et 
plus  glorieux,  celui  de  défendre  la  religion 
chrétienne  contre  les  attaques  multipliées 
des  incrédules,  qui ,  plus  acharnés  que  ja- 
mais à  sa  destruction,  se  flattaient  déjà  d'as- 
seoir l'impiété  sur  ses  ruines.  |  Le  déisme 
réfuté  par  lui-même,  imprimé  en  1755  , 
2  vol.  in-12  ,  fut  le  premier  ouvrage  que 
Bergier  publia  en  sa  faveur.  Il  y  attaque 
particulièrement  J.  J.  Rousseau;  il  le 
combat  avec  ses  propres  armes  et  ne  lui 
oppose  pour  l'ordinaire  que  ses  propres 
sentimens  établis  dans  quelques  autres  en- 
droits de  ses  ouvrages.  C'est  là  qu'il  ma- 
nie heureusement  la  comparaison  de  l'a- 
veugle-né  ,  pour  expliquer  le  rapport  de 
notre  raison  avec  la  nature  et  les  ouvrages 
de  Dieu;  qu'il  prouve  la  nécessité  et  l'exis- 
tence de  la  révélation,  la  voie  dont  Dieu 
veut  se  servir  pour  nous  la  faire  connaî- 
tre ;  qu'il  combat  la  tolérance  ,  et  justifie 
pleinement  la  religion  des  maux  qu'on 
lui  attribue;  qu'il  démontre  l'inutilité 
et  les  faux  principes  du  nouveau  plan 
d'éducation  tracé  dans  l'Emile ,  allie  le 
christianisme  avec  la  politique,  réfute 
eniin  d'une  manière  victorieuse  l'Apolo- 
gie de  Rousseau  contre  le  Mandement  de 
l'archevêque  de  Paris,  etc.  Cet  ouvrage 
fut  bientôt  suivi  d'un  autre.  |  La  Certitude 
des  preuves  du  Christianisme  parut  en 
1767,  in-12.  L'auteur  l'opposa  à  Y  Exa- 
men critique  des  apologistes  de  la  Reli^ 
gion  chrétienne,  ouvrage  insidieux,  long- 
temps connu  en  manuscrit ,  et  qui  avait 
fourni  les  matériaux  à  un  grand  nombre 
de  livres  impies  ,  avant  que  Fréret  le  mît 
au  jour.  L'abbé  Bergier  dévoile  la  passion 


BER 


252 


JBER 


et  la  mauvaise  foi  de  cet  incrédule ,  que 
le  masque  de  la  modération  pouvait  dé- 
guiser ,  et  sans  s'étonner  de  ce  groupe 
énorme  de  raisonnemens  spécieux ,  il  les 
attaque  en  détail ,  fait  voir  l'illusion  de 
chacun  en  particulier ,  et  renverse  ainsi 
l'édifice  entier.  Il  donna  en  1769  son  |  Apo- 
logie de  la.  Religion  chrétienne ,  ouvrage 
plus  étendu  que  les  deux  précédens  -,  mais 
où  l'on  trouve  la  même  précision,  la 
même  clarté ,  la  même  modération.  L'au- 
teur y  combat  Boulanger,  auteur  du  Des- 
potisme oriental ,  de  X Antiquité  dévoilée, 
et  du  Christianisme  dévoilé.  |  La  Suite  de 
cette  ApoCogie  ou  Réfutation  des  princi- 
paux articles  du  Dictionnaire  philoso- 
phique présente  une  précision ,  une  éner- 
gie, un  laconisme  admirables.  L'abbé  Ber- 
gier  en  revenant  plusieurs  fois  aux  mêmes 
objets  où  ses  adversaires  ,  qui  se  répètent 
sans  cesse,  le  rappellent,  paraît  toujours 
armé  de  nouvelles  raisons  et  de  nou- 
velles autorités;  et  quoiqu'il  satisfasse 
toujours ,  il  ne  s'épuise  jamais ,  et  oppose 
à  la  monotonie  des  philosophes  une  fé- 
condité et  une  variété  qui  forment  un 
contraste  peu  avantageux  à  la  cause  de 
ces  messieurs.  Le  Système  de  la  Nature 
faisait  beaucoup  de  ravages.  Bergier  lui 
opposa  en  1771  son  |  Examen  du  Maté- 
rialisme, 2  vol.  in-12.  C'est  dans  cet  ou- 
vrage que  le  célèbre  apologiste  de  la  re- 
ligion fait  l'anatomie  de  la  monstrueuse 
production  qu'il  réfute  ,  avec  une  exacti- 
tude qui  tient  du  scrupule  ,  mais  qui  le 
met  à  l'abri  du  reproche  que  quelques 
philosophes  avaient  osé  faire  à  d'autres , 
d'avoir  passé  sous  silence  des  objections 
essentielles.  Dans  le  premier  volume  il 
détruit  le  matérialisme ,  et  dans  le  se- 
cond il  justifie  la  religion,  et  traite  de 
la  Divinité ,  des  preuves  de  son  existence, 
de  ses  attributs,  de  la  manière  dont  elle 
influe  sur  le  bonheur  des  hommes ,  etc. 
Dans  sa  |  Réponse  aux  Conseils  raisonna- 
bles qu'il  donna  en  1772 ,  il  réfute  les  so- 
phismes  et  les  sarcasmes  de  Voltaire.  En 
1780  parut  son  |  Traité  historique  et  dog- 
matique de  la  vraie  religion,  avec  la  ré- 
futation des  erreurs  qui  lui  ont  été  oppo- 
sées dans  les  différais  siècles,  Paris, 
1780,  12  vol.  in-12  :  ouvrage  plein  de 
choses ,  riche  en  observations  de  tous  les 
genres  ;  histoire  ,  physique  ,  géographie , 
politique  ,  morale ,  philosophie  ,  érudi- 
tion sacrée ,  tout  se  réunit  sous  la  plume 
du  savant,  éloquent  et  judicieux  auteur  , 
pour  faire  un  tableau  simple  par  son  ob- 
jet principal,  quoique  infiniment  composé 


par  la  diversité  de  ses  rapports  et  la  mul- 
titude des  parties  qui  concourent  à  for- 
mer ce  précieux  ensemble.  En  1788  et 
années  suivantes,  il  publia  son  |  Dic'ion- 
naire  thêologique ,  5  vol.  m-liP ,  faisant 
partie'tle  V Encyclopédie  méthodique.  On 
y  retrouve  en  général  la  vaste  érudition  , 
la  logique  rigoureuse,  le  style  coulant, 
rapide,  aisé  de  ses  autres  productions; 
mais  ça  et  là,  ainsi  que  dans  l'ouvrage 
précédent,  un  peu  trop  d'indulgence  ou 
de  complaisance  envers  les  gens  d'une 
secte  qui  ne  dédaignait  point  ses  talens, 
une  espèce  d'égards  pour  des  erreurs 
accréditées  ,  et  de  composition  avec  quel- 
ques préjugés  dominans.  «  Je  crois  quel- 
»  quefois,  a  dit  un  critique ,  entendre  la 
»  religion  qu'il  a  si  savamment  défendue, 
»  lui  dire  aveenm  ton  de  tendresse  et  de 
»  plainte  :  Tu  quoque.  Brute1.  »  Des  hom- 
mes respectables  ont  témoigné  leurs  re- 
grets sur  son  association  à  une  tourbe 
d'écrivailleurs  ,  que  le  chef  lui-même  ap- 
pelait une  race  détestable  de  travailleurs, 
qui  ne  sachant  rien,  et  se piquant  de  sa- 
voir tout,  cherchèrent  à  se  distinguer  par 
une  universalité  désespérante ,  se  jetèrent 
sur  tout,  brouillèrent  tout,  gâtèrent  tout, 
mettant  leur  énorme  faucille  dans  la  mois- 
sondes  autres  (i).  Il  est  certain  que  celte 


(i)  On  voit  que  Feller  adresse  ici  an  pieux  et  savant 
auteur  du  Dictionnaire  thêologique  deux  reproches 
assez  graves  :  le  premier,  d'y  ménager  dans  quelques 
endroits  des  erreurs  ou  des  préjugés  accrédités  ;  le 
second,  de  s'être  associé  aux  encyclopédistes  et  d'a- 
voir fait  beaucoup  de  mal,  en  accollant  une  doctrine 
pure  et  sainte  à  Unis  doctrines  licencieuses  et  impies. 

Sur  le  premier  reproche  qui  ne  précise  rien  ,  des 
théologiens  très-orthodoxes,  après  avoir  beaucoup  lu 
M.  lîergier,  demandent  quelles  sont  ces  erreurs  qu'il 
a  ménagées,  et  dans  quels  articles  de  son  Dictionnaire 
on  peut  le?  saisir.  Sans  doute  ,  l'on  n'a  à  reprocher  à 
ce  grand  homme  que  d'avoir,  dans  des  matières  lais 
sées  à  la  discussion  des  scholastiques  ,  embrassé  des 
sentiment  qu'on  ne  partage  pas  avec  lui  ;  mais  cela 
n'est  certainement  pas  ménager  l'erreur  et  composer 
avec  elle. 

Quant  à  son  association  aux  encyclopédistes  ,  il  est 
certain  ,  disent  ses  censeurs  ,  que  l'aversion  des  hom- 
mes tes  plus  sages  pour  VEncycloyeUle  a  cessé  et  qu'ils 
l'ont  achetée  sans  aucune  défiance,  dès  qu'ils  l'ont 
vue  décorée  du  nom  de  M.  Bergier.  Ainsi ,  à  les  en- 
tendre, parce  qu'il  avait  fourni  ta  partie  thêologique, 
les  plus  sages  ont  bonnement  cru  que  les  autres  parties 
étaient  excellentes,  quoique  travaillées  par  des  im- 
pies ;  que  le  cynisme  révoltant  de  leurs  pre'cédentes 
productions  ne  se  retrouvait  pas  dans  celle-ci,  et  qu'ils 
y  faisaient  au  contraire  amende  honorable  de  leurs 
blasphèmes  ;  en  un  mot ,  que  le  nom  et  le  concours  de 
M.  lîergier  purifiant  tout,  ils  pouvaient  acheter  ce 
pernicieux  ouvrage.  Ceci  n'est  pas  une  simple  conjec- 
ture :  il  est  certain,  on  l'a  tranchément  prononcé,  que 
les  plus  sages ,  au  nom   seul  de  M.  lîergier,  ont  été 


BEU  25 

association  a  infiniment  contribué  à  ré- 
]);inclreun  ouvrage  pernicieux,  vaste  ma- 
gasin d'erreurs  de  tous  les  genres,  dont 
les  lecteurs  chrétiens  avaient  la  plus  grande 
aversion  ,  et  qui  depuis  qu'il  fut  décoré 
du  nom  d'un  auteur  si  sage  et  si  religieux, 
trouva  place  dans  les  bibliothèques  les 
plus  scrupuleusement  composées.  Mais 
celte  démarche  imprudente  où  son  zèle 
peut  lui  avoir  fait  illusion ,  n'empêchera 
pas  qu'il  ne  soit  considéré  à  juste  titre , 


fascinés  jusqu'à  juger  et  à  agir  ainsi  ,  c'est-à-dire  ,  jus- 
qu'à juger  sans  ombre  de  sagesse  ni  de  jugement.  Si 
l'on  réussit ,  au  moyen  de  semblables  assertion;  et  en 
choquant  toutes  les  vraisemblances,  à  fle'trir  un  nom 
si  glorieux  ,  quelle  réputation  restera  entière  ? 

Au  reste  ,  l'on  doit  être  loin  de  supposer  aucuns  mé- 
clianceté  à  ceux  qui  sont  si  révoltés  d'une  associatio» 
qui  probablement  révolta  M.  Bergier  lui-même,  et 
pour  laquelle  il  eut  à  vaincre  une  forte  répugnance. 
Elle  n'a  pas  eu  la  funeste  influence  qu'on  lui  prête  ,  et 
voici  ce  qui  peut  le  persuader.  D'abord  ,  il  était  indu- 
bitable que  {'Encyclopédie  serait  publiée,  quelque 
parti  qu'il  prît  ;  seulement  la  théologie  ,  s'il  avait  re- 
fusé de  la  traiter,  l'aurait  été  par  d'autres  et  peut-être 
de  la  manière  la  plus  perfide.  Son  association  n'a  donc 


rien  fait  pour  la  publicati 


l'ouvrage  ,  et  il  serait 


injuste  de  la  lui  imputer.  Mais  n'est-il  pas  vrai  au 
moins  qu'elle  lui  a  donné  crédit  et  beaucoup  contri- 
bué à  le  répandre  ?  On  peut  répondre  que  VEncych- 
pe'die  fut,  au  commencement  comme  aujourd'hui, 
achetée  par  des  hommes  sans  principes  et  décidément 
impies  j  tnsuite  par  ceux  qui  ne  font  profession  ni 
d'impiété  ni  de  christianisme.  Les  premiers  voulaient 
cet  ouvrage  précisément  parce  qu'il  était  mauvais,  et 
les  seconds  quoiqu'il  le  fût  ;  tous  par  un  goût  de  curio- 
sité et  de  dépravation  ,  sans  aucun  égard  au  travail  de 
M.  Bergier,  et  ne  se  proposant  pas  de  le  lire.  Mais  ses 
nombreux  collaborateurs  étaient  trop  connus;  la  plu- 
part s'étaient  fait,  par  de  hideux  écrits,  uns  célé- 
brité trop  odieuse  ,  pour  ne  pas  inspirer  la  plus  forte 
défiance  aux  hommes  sages,  et  aucun  d'entre  eux  n'a 
dû  faire  les  frais  de  cette  immense  et  coûteuse  collec- 
tion encyclopédique.  L'association  de  M.  Bergier  n'a 
donc  eu  et  ne  devait  avoir  aucun  mauvais  effet. 

On  peut  ajouter  encore ,  qu'en  surmontant  sa  répu- 
gnance pour  cette  association  ,  il  a  probablement  em- 
pêché que  l'arche  sainte  de  la  nouvelle  alliance  ne  fût 
profanée  ;  que  la  science  de  Dieu  ,  renfermée  dans  les 
écritures  et  les  traditions  saintes  ,  ne  fût  indignement 
exposée  ;  en  un  mot ,  qu'on  ne  fit  servir  au  scandale  et 
à  la  perte  de  plusieurs  la  religion  que  le  ciel  a  donnée 
à  la  terre  pour  l'édification  et  le  salut  de  tous.  S'il  n'a 
pu  empêcher  la  publication  de  ce  répertoire  mon- 
strueux où  l'art  le  plus  infernal  a  partout  adroitement 
mêlé  le  mensonge,  l'impiété  et  le  vice  ,  avec  l'histoire, 
les  sciences  et  les  arts  ,  il  a  du  moins  placé  le  remède 
a  côté  du  poison  j  et  la  doctrine  saine  et  lumineuse  de 
«on  Dictionnaire  en  a  peut-être  guéii  plusieurs  que 
es  mauvaises  doctrines  des  autres  parties  de  l'ency- 
clopédie avaient  déjà  mortellement  blessés.  Ainsi , 
tout  judicieusement  pesé  ,  son  association  aux  ency- 
clopédistes avait  des  motifs  plausibles  ,  et  nous  ne  ré- 
pugnons pas  à  croire  (  ce  qui  nous  a  été  certifié  )  qu'il 
y  avait  été  encouragé  par  les  hommes  les  plus  reli- 
gieux ,  et  en  particulier  par  monseigneur  l'archevêque 
de  Païu. 


3  BEIl 

pour  un  des  plus  zélés  apologistes  mo- 
dernes du  christianisme.  Ce  qui  distingua 
particulièrement  l'abbé  Bergier,  ce  qui 
fait  le  caractère  exclusif  de  ses  ouvrages 
parmi  les  apologies  de  la  religion,  c'est 
une  logique  d'une  précision  et  d'une  vi- 
gueur étonnantes ,  qui  se  montrant  danS 
une  seule  et  même  matière  sous  des  for-* 
mes  absolument  différentes,  attaque  le 
sophisme  en  tant  de  manières  à  la  fois .  le 
frappe  si  rudement  sur  les  endroits  où  sa 
résistance  paraissait  le  mieux  assurée,  que 
la  victoire  se  décide  toujours  par  cette 
lumière  pleine  et  brillante  qui  ne  laisse 
subsister  aucun  nuage  de  l'erreur.  Je  ne 
sais  s'il  est  possible  d'avoir  plus  de  cou- 
naissances  en  tant  de  genres  divers,  mais 
particulièrement  dans  l'histoire  ,  la  théo- 
logie ,  la  critique ,  et  surtout  dans  cette 
immensité  de  brochures  et  de  compila- 
tions de  toutes  les  espèces ,  que  les  En- 
celades  de  ce  siècle  ont  entassées  comme 
des  monts  ,  pour  abattre,  si  ce  triste  ex- 
ploit pouvait  être  l'ouvrage  des  mortels, 
le  trône  de  l'Eternel.  Personne  ne  con- 
naît et  ne  confond  mieux  les  ruses  et  les 
détours  de  ces  esprits  faux  et  tortueux, 
ces  petits  artifices  que  le  mensonge  em- 
ploie avec  un  art  qui  lui  est  honteusement 
propre ,  ces  fruits  odieux  de  la  mauvaise 
foi  ,  ces  tours  de  malice  noire  ,  celte  im- 
piété maligne  ,  comme  parle  l'Ecriture  , 
qui  dirige  les  attaques  de  l'ennemi  contre 
le  lieu  saint  (  Quanta  malignatus  est  ini- 
micus  in  Sancto!  Psal.  73  ).  Tout  cela 
s'évanouit  comme  une  fumée  devant  les 
regards  de  l'éternelle  et  invincible  vérité, 
présentée  avec  ses  traits  naturels  par  cet 
homme  de  zèle  et  de  génie  (  Ad  nihilum 
deductus  est  in  conspectu  ejus  malignus. 
Ps.  14  ).  C'est,  surtout  dans  ce  genre  d'ar- 
gument qu'on  appelle  rétorsion,  que  Ber- 
gier excelle  ;  c'est  par  lui  ordinairement 
qu'il  consomme  son  triomphe.  A  peirte 
a-t-il  repoussé  les  attaques  des  adversaires 
du  christianisme,  qu'il  les  attaque  lui- 
même  avec  leurs  propres  armes,  tournées 
contre  eux  avec  une  célérité  et  une  adresse 
qui  étonne  le  lecteur;  et  quemettant,  pour 
ainsi  dire,  la  religion  hors  de  l'arène,  il 
y  place  le  philosophisine  et  l'accable  de 
mille  traits.  Nous  ne  parlerons  pas  de  son 
|  Traité  sur  l'Origine  des  dieux  du  paga- 
nisme, ouvrage  où  l'on  ne  trouve  ni  sa 
logique,  ni  la  marche  judicieuse  de  sa 
vaste  érudition  :  il  le  répudia  en  quelque- 
sorte  lui-même  par  l'éloge  qu'il  a  fait  plu- 
sieurs fois  de  Y  Histoire  des  Temps  fabtir 
leux  jdonl  le  résultat  lui  était  tout-à-i'uit 
20- 


BER 


23A 


BEB 


contraire.  «Il  était,  dit  l'abbé  Barruel,  du 
»  petit  nombre  de  ceux  qui  pouvaient  le 
»  juger;  mais  je  puis  assurer  que  je  n'ai 
»  point  vu  d'admirateur  plus  sincère  et 
»  plus  éclairé  de  celte  estimable  produc- 
»  tior.  de  M.  du  Rocbcr  ,  que  l'abbé  Ber- 
»  gier  lui-même  :  il  la  louait ,  la  préco- 
»  nisail  partout,  et  disait  hautement  que 
»  le  systeme  de  la  fable  expliquée  par 
»  l'histoire ,  était  mieux  prouvé  que  le 
*sien  et  méritait  la  préférence  à  tout 
»  égard  (i).  »  Bcrgier  mourut  à  Paris  le  9 
avril  1790. 

*  BERGICS  (Pierre-Jonas),  médecin 
et  professeur  d'histoire  naturelle  à  Stock- 
holm, membre  de  l'académie  des  scien- 
ces de  cette  ville  ,  mort  en  1791 ,  est  connu 
par  plusieurs  bons  écrits.  Ayant  reçu  de 
Grubb,  directeur  dn  la  compagnie  des 
Indes  de  Suède,  un  herbier  considérable 
de  plantes  du  cap  de  Bonne-Espérance ,  il 
donna  la  description  de  ces  plantes,  sous 
le  titre  de  :  j  Dëscripliones  plantarum  ex 
Capile  Borue  Spei^  Stockholm  ,  17G7,  in-8°. 
Cet  ouvrage  est  plus  souvent  cité  sous  le 
titre  de  :  Flora  Capensis.  Bergius  fit  con- 
naître beaucoup  de  végétaux  de  cette  co- 
lonie ,  qui  avaient  échappé  jusqu'alors  aux 
recherches  des  botanistes.  Il  publia  un 
grand  nombre  de  mémoires  sur  les  plantes, 
insérés  parmi  ceux  des  différentes  sociétés 
dont  il  était  membre  ,  telles  que  l'acadé- 
mie des  sciences  de  Stockblom,  la  société 
royale  de  Londres ,  etc.  Sans  sortir  de 
Suède,  il  trouva  le  moyen  de  faire  con- 
naître un  assez  grand  nombre  de  plantes 
exotiques,  et  mérita  ainsi  que  Linnée  lui 
consacrât  un  nouveau  genre  de  plantes, 
sous  le  nom  de  Bergia.  Il  est  aussi  l'au- 
teur d'une  matière  médicale  du  règne 
végétal,  contenant  les  simples  officinales , 
et  celles  qui  sont  alimentaires:  |  Malaria 
medica  è  regno  vegetabili ,  sistens  sùnpli- 
cia  officinalia  pariter  alque  culinaria  J 
Stockholm,  1778,  in-8°;  1782,  2  vol.  in-8°; 
|  d'un  traité  en  suédois,  sur  les  arbres 
fruitiers,  Stockholm,  1780;  |  et  d'un  ou- 
vrage plein  de  recherches  sur  l'état  de 


(0  Quel  témoignage  et  quelle  nouvelle  preuve  en 
faveur  de  l'immortelle  et  unique  Histoire  des  temps 
fabuleux!  Cela  n'empêcha  pas  que  M  Court  fie  Ge- 
fctlin  ne  fut  enthousiasme'  de  l'ouvrage  de  lîergier,  et 
ne  regardât  en  toute  pitié  celui  de  M.  Guerin  du 
Rocher,  parce  que  l'empirique  docteur,  mort  au  ban- 
quet de  Mesmer,  était  aveugle'  par  nu  creux  système 
de  ion  invention  ,  qu'il  croyait  pouvoir  étayer  de 
quelques  idées  de  lîergier  ;  tandis  que  lîergier,  ne 
cherchant  que  la  vérité',  était  aussi  charme  de  la 
trouver  chez  un  autre  que  chez  lui-même. 


la  ville  de  Stockholm,  dans  le  15"  et  le  IfF 
siècle.  —  BERGIUS  (Bexc.ts  ou  Benoit), 
son  frère,  qui  demeurait  avec  lui,  prit 
part  à  ses  travaux.  Les  deux  frères  Ber- 
gius avaient,  aux  portes  de  Stockholm , 
un  grand  jardin  où  ils  élevaient  des  plan- 
tes rares,  et  qu'ils  ont  légué  à  l'académie 
de  Stockholm,  avec  un  capital  considéra- 
ble, pour  établir  une  chaire  de  jardinage 
ou  d'agriculture.  Benoît  étail  commissaire 
à  la  banque  de  Stockholm  ,  et  membre  de 
l'académie;  né  en  1723,  il  est  mort  en 
1784.  Ii  est  l'auteur  de  plusieurs  mémoires 
sur  divers  sujets  d'histoire  naturelle  et 
d'économie ,  qui  sont  insérés  parmi  ceux 
de  l'académie. 

*  BEUGKLIXT  (Olaus),  ministre  sué- 
dois du  18e  siècle,  cultivait  l'histoire,  la 
philosophie  et  la  poésie.  On  a  de  lui  quel- 
ques ouvrages  de  morale  et  de  littérature 
à  l'usage  de  la  jeunesse ,  et  des  poésies  en- 
tre lesquelles  il  faut  distinguer  VOde  sur 
le  revers  >  que  la  plupart  des  Suédois  sa- 
vent par  cœur. 

BEUGLER  (Etienne),  savant  du  18e 
siècle,  mena  une  vie  assez,  errante  à  Leip- 
sick,  à  Amsterdam,  à  Hambourg,  et  fut 
presque  toujours  aux  gages  des  libraires. 
Une  traduction  qu'il  fit  du  Traité  des  Offi- 
ces du  célèbre  Maurocordato ,  despote  de 
Moldavie  et  de  Valachie,  lui  concilia  la 
bienveillance,  de  ce  prince.  Il  quitta  Lcip- 
sick  pour  se  rendre  à  sa  cour;  mais  ayant 
trouvé  le  despote  mort ,  il  passa  en  Tur- 
quie, où  il  vécut  et  mourut  misérable- 
ment, après  avoir  abjuré  la  religion  chré- 
tienne. C'était  un  homme  versé  dans  les 
langues  grecque  et  latine;  mais  d'un  ca- 
ractère dur,  peu  sociable  et  inquiet.  Il 
fournit  plusieurs  articles  aux  journaux  de 
Leipsick ,  mais  il  est  principalement  connu 
par  des  Versions  et  par  des  Commentaires, 
dont  les  uns  ont  été  publiés  sous  son  nom, 
et  les  autres  sont  anonymes.  Nous  ne  pos- 
sédons que  ses  Notes  sur  Aristophane , 
i  t  isé  rées  dans  l' Aristophanis  Comœàiœ  un- 
decim ,  grœce  et  latine  J  in-/i.0,  à  Leyde, 
17(J0.  C'est  à  M.  Burmann  qu'on  doit  cette 
édition. 

BERGMAN  (Torrern),  chevalier  dc 
l'ordre  royal  de  Vasa,  professeur  de  chi- 
mie à  Upsal,  membre  de  l'académie  des 
sciences  de  la  même  ville ,  associé  à  celles 
dc  Paris,  de  Londres,  de  Berlin,  de  Stock- 
holm, etc.,  né  en  175o  à  Catharineberg 
en  "Westrogothie ,  se  distingua  d'abord 
comme  physicien  et  naturaliste ,  cl  fut  dis- 
ciple de  Linnée.  La  chaire  de  chimie  et  de 
minéralogie  que  remplissait  Wallérius,  se 


BER  2ô 

Irou  vant  vacante  par  sa  retraite ,  Bergman 
se  mit  au  nombre  des  concurrens  ,  et  sans 
avoir  jusqu'alors  annoncé  aucun  travail 
en  chimie,  il  publia  un  Mémoire  sur  la 
-préparation  de  l'Alun*  qui  fut  vivement 
attaqué  clans  les  journaux ,  et  que  W'allé- 
'rius lui-même  cri  tiqua.  Le  prince  Gustave , 
depuis  roi  de  Suède ,  sou  prolecteur,  par- 
vint à  le  faire  approuver  par  un  comité 
de  l'université  d'Upsal.  Ce  Mémoire  fut 
suivi  d'un  grand  nombre  d'autres,  où 
l'auteur  traite  souvent  de  matières  utiles, 
mais  où  il  s'abandonne  aussi  à  des  hypo- 
thèses et  des  plans  de  créations ,  dans  les- 
quels il  n'est  pas  plus  heureux  que  les 
conûans  spéculateurs  qui  ont  couru  dans 
la  même  carrière.  Le  principal  de  ses  ou- 
vrages est  sa  Sciagraphia  mineraUs  J  qui 
a  été  traduite  en  français ,  in-8°.  Il  mou- 
rut à  Upsal  en  1776.  L'université  a  rendu 
à  sa  mémoire  les  honneurs  les  plus  distin- 
gués ,  et  l'académie  de  Stockholm  lui  a 
consacré  une  médaille. 

*  JtERGOING  (François),  médecin, 
député  de  la  Gironde  à  la  Convention  . 
vola  dans  le  procès  de  Louis  XVI,  pour 
l'appel  au  peuple ,  la  détention  elle  sursis. 
Nommé,  en  mars  1793 ,  membre  de  la 
commission  des  douze,  chargée  de  recher- 
cher les  auteurs  de  complots,  et  d'exami- 
ner les  arrêtés  de  la  commune  de  Paris  , 
Eergoing  et  ses  collègues  déployèrent  une 
fermeté  qui  attira  sur  eux  la  haine  des 
anarchistes.  Eergoing  fut  mis  hors  la  loi 
par  décret  du  3  octobre ,  mais  il  parvint  à 
se  soustraire  à  la  mort,  el  rentra  après  le 
9  thermidor  à  la  Convention,  où  il  con- 
tinua de  lutter  contre  les  montagnards  , 
notamment  dans  la  journée  du  1er  prairial 
an  3  (20  mai  1798).  Il  devint  membre  du 
comité  de  sûreté  générale,  entra  ensuite 
au  conseil  des  Cinq-cents ,  prit  part  à  la 
journée  du  18  fructidor  an  5  (4  septembre 
1797  ) ,  donna  sa  démission  après  le  18 
brumaire  an  8  (9  novembre  1299),  et  ne 
reparut  plus  dans  la  carrière  législative. 
Après  la  nomination  de  Joseph  Bonaparte 
au  trône  de  Naples ,  il  fut  employé  dans 
ses  étals,  et  y  resta  jusqu'en  1815.  Il  est 
mort  en  France  il  y  a  quelques  an- 
nées. Eergoing  avait  été  très  lié  avec  Ear- 
ras. 

*  BERGON  (le  comte),  grand  officier 
de  la  légion-d'honneur,  membre  du  con- 
seil d'étal  impérial,  directeur-général  des 
eaux  et  forêts,  etc.,  fut  élu,  le  10  janvier 
1812  ,  président  du  collège  électoral  de 
l'Aveyron.  Le  17  avril  181/t,  il  adressa 
un  discours  à  Monsieur  *  comte  d'Artois, 


>  «EU 

lieutenant-général  du  royaume,  au  nom 
du  conseil  d'état  impérial  ;  le  roi  le  con- 
serva dans  son  poste  de  directeur  général 
des  eaux  et  forêts,  ainsi  que  sur  la  liste 
des  conseillers.  Destitué  par  Napoléon  , 
en  1813,  il  reprit  ses  fonctions  ,  après  la 
seconde  rentrée  de  Louis  XVIII.  On  lui 
doit  quelques  ouvrages  parmi  lesquels  on 
remarque  les  Eloges  du  maréchal  d'Es- 
trées  .  de  Clair aul  el  de  Restout.  Le  comte 
Iîergon  mourut  d'une allaquc  d'apoplexie, 
aux  Thermes,  près  Paris,  le  6  octobre 
4824  ,  à  l'âge  de  près  de  84  ans. 

BÉUIGARD  (Claude),  né  à  Moulins 
en  1378,  enseigna  la  philosophie  avec  ré- 
putation à  Pise  et  à  Padoue  ,  où  il  mourut 
en  10(33,  à  83  ans.  On  a  de  lui  |  Circulas 
PisanuSj  imprimé  en  1641  à  Florence  , 
in-4°  :  ouvrage  qui  l'a  fait  accuser  de 
pyrrhonisme  et  de  matérialisme  avec  as- 
sez de  fondement,  |  Dubi/aiiones  in  Dia- 
loguai Galilœi  pro  terne  immobililaie  * 
1032  ,  in-4".  Le  vrai  nom  de  ce  philo- 
sophe est  Claude  Guillemet  de  Eeaure- 
gard. 

BERING  (Vires),  professeur  en  poésie 
à  Copenhague ,  et  historiographe  du  roi  de 
Danemarck,  vers  le  milieu  du  17e  siècle, 
a  laissé  an  grand  nombre  de  poésies  lati- 
nes dans  tous  les  genres.  On  a  recueilli 
plusieurs  de  ses  pièces  dans  le  tome  2 
des  Délices  des  poêles  danois,  Loyde, 
1093. 

*  BERIXG  ou  BEEïlîNG  (Virus),  navi- 
gateur danois  du  18e  siècle,  né  dans  le 
Jullaml,  acquit  dans  sa  patrie  la  réputa- 
tion d'excellent  marin,  ce  qui  le  fit  re- 
chercher par  Pierre  le  Grand  qui  venait 
de  créer  alors  une  marine,  il  se  distingua 
dans  toutes  les  expéditions  contre  la  Suède, 
et  mérita  l'honneur  d'être  choisi  pour 
commander  l'expédition  de  découvertes 
que  la  Russie  envoya  dans  les  mers  du 
Kamtschalka.Dans  ce  voyage,  terminé  en 
4628 .  il  reconnut  la  plus  grande  partie 
des  côtes  septentrionales  de  cette  grande 
presqu'île,  et  il  s'assura  de  la  séparation 
des  deux  continens  d'Asie  et  d'Afrique  ;  il 
restait  à  savoir  si  les  terres,  à  l'opposé  de 
la  côte  de  Kamtschalka,  faisaient  partie 
de  l'Amérique,  ou  si  elles  n'étaient  que 
des  îles  intermédiaires  entre  les  ùcux  con- 
tinens. Il  fut  chargé  de  décider  c<"lte 
question,  el  partit  le  4  juin  1741  avec  deux 
vaisseaux.  Il  parvint  heureusement  à  la 
côte  nord-ouest  de  l'Amérique  ;  mais  les 
tempêtes  el  le  scorbut  qui  s'était  mis  dans 
son  équipage,  l'empêchèrent  de  poursui- 
vre ses  découvertes.  Jeté  dans  une  île  dé- 


RER  2 

seite,  il  y  périt  misérablement  le  8  dé- 
cembre 1741.  Cette  île  porte  aujourd'hui 
son  nom,  ainsi  que  le  détroit  qui  sépare 
les  deux  continens ,  et  dont  Cook  a  achevé 
la  reconnaissance.  On  trouve  dans  le  tome 
3  de  la  collection  historien-géographique 
de  Muller,  un  extrait  des  Voyages  de  Be- 
ring. Cet  ouvrage  a  été  traduit  en  français 
sous  le  titre  de  Voyages  et  découvertes 
faites  par  les  Russes ,  Amsterdam ,  1760 , 
2  vol.  in-12. 

*  BEIUÎVGTÔ\  (Josevii).  prêtre  calho- 
lique  anglais,  né  dans  le  Shropshirc,  fut 
envoyé  «à  l'âge  de  1  i  ans  à  Saint-Omer,  pour 
y  faire  ses  études  qu'il  acheva  à  Douai.  Il 
reçut  les  ordres  dans  cette  dernière  ville  , 
et,  après  avoir  rempli  vingt  ans  les  fonc- 
tions sacerdotales  en  France,  il  retourna 
dans  sa  patrie,  et  y  remplit  les  fondions 
de  son  ministère  ecclésiastique.  En  1814, 
il  fut  nommé  curé  à  Buckland  ,  près 
d'Oxford.  Ses  ouvrages,  qui  sont  assez 
nombreux,  renferment  des  opinions  sur 
lesquelles  ses  supérieurs  se  sont  pronon- 
cés, en  déclarant  qu'elles  sont  peu  or- 
thodoxes. En  voici  les  principaux  :  |  De 
l'étal  et  de  la  conduite  des  catholiques 
anglais  depuis  la  réforme  *  1792  ;  l'auteur 
démontre  dans  cet  écrit  que  les  catholiques 
anglais  se  sont  toujours  distingués  par 
leur  soumission  aux  lois  et  leur  amour  de 
la  paix.  On  y  trouve  une  statistique  du 
catholicisme  en  Angleterre.  |  Vie  d'A- 
bailard  et  d'Héloïse^in-k",  1784  ;  l'auteur 
entreprend  dans  cet  ouvrage  de  justifier  la 
conduite  et  la  doctrine  d'Abailard,  quoi- 
qu'elles aient  été  condamnées  par  deux 
conciles,  et  y  mêle  d'odieuses  insinua- 
lions  contre  saint  Bernard  ;  il  blâme  de 
plus  la  croyance  aux  miracles.  |  Réflexions 
adressées  au  révérend  Père  Jean  Hariv- 
feins,  1785,  ouvrage  encore  plus  hardi 
que  le  précédent,  où  sont  blâmés  le  culte 
des  images,  le  célibat  du  clergé,  etc.,  et 
qui  se  termine  par  une  exposition  das 
vrais  principes  catholiques  que  Berington 
prétend  avoir  découverts  dans  l'ancien 
traité  des  controverses.  |  Histoire  du  règne 
de  Henri  II  et  de  ses  fi/s ,  1790,  in-.V  ; 
l'auteur  en  y  parlant  de  l'affaire  de  saint 
Thomas  de  Canlorbéry,  se  met  en  oppo- 
sition avec  toutes  les  traditions  ,  et  dirige 
encore  sa  critique  sur  le  culte  des  images, 
sur  les  églises  et  les  monastères,  qui  ne 
sont  à  ses  yeux  que  le  fruit  de  la  supersti- 
tion. En  1789,  il  y  eut  à  Londres  et  dans 
toute  l'Angleterre  catholique  de  grands 
débals  entre  les  vicaires  apostoliques  et 
un  comité  formé  à  Londres:  Berington  y 


36  RER 

prit  part.  II  fut  censuré  par  les  évêques 
dans  leur  synode  du  24  août  1792.  |  Mé- 
moire de  Grégoire  Pauzani ,  traduit  de 
l'italien,  1793.  Le  père  Ploden  y  répondit 
victorieusement.  |  Examendes  événement 
appelés  miraculeux  tels  qu'ils  sont  rap- 
portés dans  les  lettres  d'Italie ,  1703.  11  y 
conteste  les  miracles  dont  il  reproche  à 
Pie  VI  d'être  l'inventeur,  et  parle  surtout 
avec  dérision  de  ceux  du  B.  Joseph  Labre. 
Milner  lui  répondit.  |  Histoire  littéraire 
du  moyen  âge,  1814,  in-4",  traduite  en 
français  par  M.  Boulard.  L'autorité  ec- 
clésiastique ne  sévit  point  contre  Bering- 
ton ,  qui  mourut  le  1er  décembre  1827, 
dans  sa  cure  de  Buckland.  —  Son  frère 
Charles  Berington  ,  né  en  I 7/j S ,  reçu  doc- 
teur en  1776  ,  à  Paris,  fut  évèque  d'IIiéro- 
Césarée ,  en  1786 ,  puis  coadjuteur  de 
Thomas  Talbot,  vicaire  apostolique  du 
district  du  Milieu.  Il  prit  part  aux  disputes 
de  1789,  et  mourut  le  8  juin  1798. 

BERKELEY  ou  BERKLEY  (  Georges), 
né  à  Londres  en  1735,  et  mort  en  1795, 
était  fils  du  célèbre  évèque  de  Cloync,  et 
devint  chanoine  de  Canlorbéry.  Il  se  fit 
un  nom  comme  prédicateur,  et  l'on  cite 
particulièrement  le  sermon  qu'il  prononça 
pour  l'anniversaire  delà  mort  de  Charles 
Ier  en  1785,  dont  le  sujet  était  Les  dangers 
des  innovations  violentes  dans  l'état  j, 
que f (pic  spécieux  qu'en  soit  le  prétexte , 
démontrés  par  l'exemple  des  règnes  des 
deux  premiers  Sluarts.  Il  fut  imprimé 
pour  la  sixième  fois  en  1794. 

BERKEN  ou  BEHQUEM  (Louis),  natif 
de  Bruges  ,  était  encore  jeune  lorsqu'il 
trouva  l'art  de  tailler  les  diamans  vers 
l'an  1476.  S'étant  aperçu  que  le  diamant 
frotté  contre  un  autre  l'entamait,  il 
trouva  moyen  d'en  réduire  en  poudre  ,  et 
avec  cette  poudre  il  parvint  â  polir  les 
autres  ;  mais  cet  art  est  bien  perfectionné 
depuis. 

BERKEXIIEAD  (.Team),  anglais,  est 
auteur  du  Cabinet  de  la  cour,  qui  com- 
mença en  janvier  1642,  lorsque  la  cour 
était  retirée  à  Oxford  pendant  les  Irou- 
hles.  Ce  journal ,  assaisonné  de  plaisante- 
ries et  de  beaucoup  d'esprit,  occasiona 
des  désagrémens  à  son  auteur;  quand  le 
parti  des  parlemens  l'eul  emporté,  il  fut 
mis  en  prison,  d'où  il  sortit  lorsque  la 
tranquillité  fut  rétahlie,  pour  être  député 
au  parlement.  Il  mourut  le  4  décemhre 
1679. 

♦  BEKKEMIOUT  (Joux),  médecin, 
savant  et  littérateur  anglais  ,  né  en  1750 
à  Lccds ,  dans  le  Yorkshire,  où  il  lit  ses 


BER 


237 


BER 


premières  études  ,  fut  d'abord  destiné  au 
commerce  par  sou  pi  re  qui  était  négo- 
ciant lui-même.  Dans  ce  Lut  il  se  rendit 
en  Allemagne  pour  y  étudier  les  langues 
étrangères  ,  parcourut  ensuite  une  grande 
partie  de  l'Europe ,  et  se  fixa  à  Berlin  , 
auprès  de  son  parent  le  baron  de  Biel- 
fedt,  académicien.  Renonçant  bientôt  au 
commerce  pour  prendre  la  carrière  des 
armes,  il  devint  capitaine  d'infanterie 
prussienne,  et  passa  avec  le  même  titre 
au  service  de  l'Angleterre,  en  1756.  Après 
la  paix  de  1773,  Berkenbout  alla  étudier 
la  médecine  à  Edimbourg.  Il  y  publia 
l'ouvrage  intitulé  Clavis  anglica  linguœ 
botanicœ  Linnei,  qui  est  le  premier  vo- 
cabulaire botanique  qui  ait  paru  en  An- 
gleterre. Il  séjourna  ensuite  plusieurs 
années  à  Leyde ,  où  il  fut  reçu  docteur 
en  17Go.  Revenu  dans  sa  patrie,  il  se 
fixa  à  Islewortz  dans  le  comté  de  Mid- 
dlesex,  et  publia  la  Pharmacopœa  medïd, 
qui  eut  un  grand  succès.  En  1778,  il  fut 
chargé  d'une  mission  diplomatique  au- 
près du  congrès  des  Etats-Unis.  Il  y  fut 
arrêté  sur  le  soupçon  d'intrigues  politi- 
ques, mais  bientôt  il  obtint  sa  liberté  et 
revint  à  Londres  où  il  reçut  une  pension 
du  gouvernement.  Outre  les  ouvrages 
que  nous  avons  indiqués ,  il  composa 
|  Esquisses  de  l'histoire  naturelle  de  la 
Grande  Bretagne  et  de  l'Irlande,  1 709 
ou  1770,  5  vol.  in-12,  plusieurs  fois  réim- 
primées; |  Essais  sur  la  morsure  des 
chiens  enragés,  1773;  |  Symplomato- 
logie  ou  Traité  des  Symptômes  des  ma- 
ladies;} Biographie  Littéraire ,  etc.  Ber- 
kenliout qui  à  tant  de  connaissances  va- 
riées joignait  encore  le  goût  des  beaux 
arts  et  de  la  poésie,  mourut  à  l'âge  de  Gl 
ans  en  1791. 

'BEKK.EY  ou  BERCKHEY  (Js-vx  le 
FRANCQ  van),  savant  naturaliste,  né 
à  Leyde  le  23  janvier  1729.  Il  n'apprit  la 
langue  grecque  et  la  latine  qu'à  24  ans; 
cependant  il  fut  reçu  docteur  en  médecine 
en  1761.  Son  discours  de  réception  qui  a 
pour  titre  Expositio  de  structura  florum 
qui  dicuntur  composili ,  a  été  imprimé  à 
Leyde,  in-4°,  1761.  En  1773  il  fut  nommé 
professeur  d'histoire  naturelle  à  l'univer- 
sité de  Leyde.  Il  mourut  dans  cette  ville, 
le  13  mars  1812  ,  dans  un  tel  dénùment 
que  sa  famille  fut  obligée  de  pourvoir  à 
ses  derniers  besoins.  Son  cabinet  d'ana- 
toinie  comparée  était  le  plus  célèbre  de 
la  Hollande.  Ses  principaux  ouvrages  , 
écrits  en  hollandais ,  ont  été  recueillis  en 
6  vol.  in-8°.  On  a  encore  de  lui  un  grand 


nombre  de  Mémoires,  insérés  dans  le  re- 
cueil de  l'académie  de  Flcssingue  et  de 
Harlem. 

BERKLEI  ou  BEBKLAY  (  Georges), 
né  à  Kiberin,  en  Irlande,  le  12  mars  1084, 
fut  doyen  de  Derry,  et  ensuite  évèque  de 
Cloyne  ou  Méath  en  1733.  Il  commença  à 
être  connu  en  France,  par  le  livre  intitulé 
Alciphron .,  ou  le  petit  Philosophe ,  en  7 
Dialogues  ,  contenant  une  apologie  de  la 
religion  chrétienne  contre  ceux  qu'on 
nomme  esprits-forts.  Cet  écrit  parut  en 
français  l'an  1734,  à  Paris,  2  vol.  in-12. 
On  y  trouve ,  comme  dans  tous  les  autres 
ouvrages  de  l'auteur,  des  opinions  sin- 
gulières. Les  objections  contre  les  véri- 
tés fondamentales'  de  la  religion  y  sont 
poussées  avec  une  force  capable  de  faire 
illusion;  et  l'on  a  besoin  de  méditer  les 
réponses  pour  en  sentir  la  solidité.  La 
Théorie  de  la  vision,  qui  termine  l'ou- 
vrage ,  est  fort  estimée.  |  Ses  Dialogues 
entre  //y las  et  Philonoùs ,  traduits  en 
français  par  l'abbé  de  Gua,  1731.  in-12, 
firent  du  bruit.  Il  y  soutint  qu'il  n'y  a  que 
des  esprits  et  point  de  corps,  et  appuyait 
ce  paradoxe  particulièrement  sur  ce  so- 
phisme. «  Le  même  objet  vu  par  un 
»  verre,  me  paraît  quatre  fois  plus  grand 
»  qu'à  l'œil ,  et  quatre  fois  plus  petit  par 
»  un  autre  verre.  Or ,  un  objet  ne  peut 
»  avoir  16,  4  et  un  pied.  Ma  vue  ne  m'ap- 
»  prend  donc  rien  de  l'étendue  de  cet 
»  objet ,  et  je  puis  croire  qu'il  n'a  pas 
n  d'étendue.  »  Voltaire  a  entrepris  la  ré- 
futation de  ce  sophisme  d'une  manière  à 
faire  triompher  Berklei.  M.  Bergier  a  été 
plus  heureux.  (  Voyez,  la  suite  de  VApol. 
de  la  Bel.  art,  Corps).  On  a  encore  de  lui 
[  un  Traité  sur  Peau  de  goudron,  qu'on  lit 
avec  plaisir,  malgré  la  sécheresse  du 
sujet,  et  qui  vaut  mieux  que  toutes  ses 
spéculations  métaphysiques.  Cantwcl  en 
a  donné  \um  bonne  traduction  en  fran- 
çais, in-12.  Le  style  de  Berklei  est  mé- 
Jbodique,  élégant  et  clair.  Cet  écrivain 
est  mort  le  14  janvier  1733. 

*  SERUCHINGEN  (Gor.rz  ou  Gode- 
FROide),  guerrier  allemand ,  surnommé 
Main-de-Fcr,  se  rendit  redoutable  par  sa 
bravoure  dans  les  guerres  intestines  de 
l'Allemagne,  et  mourut  en  1362.  Il  a  écrit 
sa  Vie,  imprimée  pour  la  deuxième  fois, 
avec  des  notes,  à  Nuremberg,  1773,  in-8°. 
Le  poète  Goethe  en  a  fait  le  sujet  d'un 
drame  qui  a  obtenu  du  succès. 

BERLIN  (  Jeax-Daxiel)  ,  habile  or- 
ganiste, né  à  Memel  en  1710.  mort  en 
1773.  Il  fu»  l'inventeur  du  mouoehordo 


ttER  238 

moderne ,  et  a  publié  |  Elémens  de  musi- 
que à  l'usage  (les  commençans ,  ilkk; 
|  Instruction  pour  la  tonomélrie  avec  des 
détails  sur  le  monochorde  inventé  et 
exécuté  e/tl752,  Leipsick,  d767  ;  |  Sonates 
pour  le  clavecin,  Augsbourg  ,  1751. 

BEIIMUDE  I,  ou  VÉRÉMOND,  sur- 
nommé le  Diacre,  frère  d'Aurélio,  roi 
des  Asturies,  fut  tiré  du  cloître  et  placé 
sur  le  trône  après  la  mort  de  Mauregat 
qui  avait  usurpé  la  royauté  sur  Alphonse, 
iils  de  Froila.  Son  élection  ne  peut  être 
soupçonnée  d'intrigue,  car  à  peine  fut- 
il  monté  sur  le  trône  qu'il  invita  Alphonse 
avenir  auprès  de  lui,  l'introduisit  dans 
Je  conseil,  et  lui  confia  le  commande- 
ment de  l'armée,  lorsqu'il  s'aperçut  que 
le  peuple,  qui  d'abord  avait  paru  le  re- 
douter ,  avait  inoins  d'éloignement  pour 
lui.  L'ambition  des  Maures  les  ayant 
portés  de  nouveau  à  envahir  le  territoire 
des  chrétiens,  Bermude,  accompagné 
d'Alphonse  ,  marcha  contre  les  Infidèles  , 
et  les  battit  complètement  dans  une  action 
qui  eut  lieu  à  Burgos.  Alphonse  y  fit  des 
prodiges  de  valeur,  et  fut  reçu  aux  ac- 
clamations de  tout  le  peuple.  Le  généreux 
Bermude  saisit  ce  moment  d'enthou- 
siasme pour  abdiquer  la  couronne  en  sa 
faveur,  l'an  791.  Alphonse,  autant  par 
affection  que  parreconnaissance  ne  vou- 
lut pas  souffrir  que  Bermude  retournât 
dans  sa  retraite  ;  il  lui  donna  un  appar- 
tement dans  le  palais,  et  lui  témoigna 
jusqu'au  moment  de  sa  mort,  arrivée 
vers  l'an  800 ,  les  mêmes  marques  de 
respect  que  s'il  eût  encore  été  roi. 

BERMUDE  II ,  fils  d'Ordogno  III ,  roi 
de  Léon  et  des  Asturies ,  avait  été  pro- 
clamé par  les  grands ,  vers  982  ,  au  préju- 
dice de  Ramire  III,  qui  avait  succédé  à  don 
Sanche.  Ce  dernier  marcha  contre  lui  pour 
soutenir  ses  droits.  On  combattit  de  part  et 
d'autre  avec  un  acharnement  incroyable  ; 
Ramire  se  retira,  et  mourut  peu  de  temps 
après.  Bermude  alors  reconnu  unanime- 
ment ,  essaya  de  rétablir  l'ordre  dans  ses 
états  épuisés  ;  mais  l'invasion  des  Maures, 
commandés  par  Alman/.or,  le  contrai- 
gnit à  ne  plus  songer  qu'à  la  guerre. 
Ayant  été  défait  il  fut  obligé  de  se  retirer 
dans  les  Asturies ,  où  ,  secouru  par  les 
rois  de  Navarre  et  de  Castille  ,  il  remporta 
une  victoire  complète  sur  Alman/.or ,  l'an 
'.•98 ,  dans  les  plaines  d'Osma.  Sa  consti- 
tution naturellement  faible  ne  lui  permit 
pas  d'achever  la  délivrance  de  son  pays  ;  il 
mourut  de  maladie  environ  un  an  après, 
ayant  régné  dix-sept  ans. 


BER 

111,   fils    d'Alphonse  V 


*  BERMUDE 

roi  de  Léon  et  des  Asturies,  succéda  à  son 
père,  en  1027.  Son  règne  est  remarquable 
par  une  révolution  qui  sa  fit  alors  en  Es- 
pagne, et  qui  dut  son  origine  à  l'ambition 
de  Sanche  III,  surnommé  le  Grand,  roi 
de  Navarre.  Il  avait  déjà  réuni  à  ses  étals 
plusieurs  provinces  considérables  ,  sous 
le  prétexte  de  venger  le  meurtre  de  don 
Garcie,  comte  de  Castille,  qui  avait  été 
indignement  assassiné;  il  entra  dans  celte 
contrée  avec  une  armée  nombreuse  ,  fit 
saisir  et  exécuter  les  assassins  et  s'appro- 
pria les  domaines  de  l'infortuné  don  Gar- 
cie. Bermude ,  qui  voyait  avec  peine  cet 
accroissement  de  puissance,  se  déclara 
ouvertement  contre  les  prétentions  de 
Sanche  à  la  cité  de  Valence  sur  les  fron- 
tières de  l'Asturie.  De  là  une  guerre  entre 
les  monarques  rivaux  :  tous  deux  pleins 
d'ardeur  et  d'ambition  brûlaient  de  dé- 
cider leur  différend  par  la  force  des 
armes.  Bermude  avait  déjà  fait  des  pertes 
considérables,  et  il  était  parvenu  à  réu- 
nir une  nouvelle  armée  pour  s'opposer 
au  vainqueur,  lorsque  les  évéques  de 
Navarre  et  de  Léon ,  afin  d'épargner  le 
sang  des  chrétiens  prêt  à  couler ,  enga- 
gèrent les  deux  princes  à  mettre  fin  à 
leur  querelle  ,  et  y  réussirent.  Bermude 
qui  n'avait  point  d'enfant  consentit  à 
céder  ce  qu'il  avait  déjà  perdu  de  ses 
états  (une  partie  des  Asturies)  à  condi- 
tion que  sa  sœur  épouserait  Ferdinand, 
fils  de  Sanche ,  en  faveur  duquel  on  éri- 
geait la  Castille  en  royaume.  Cette  récon- 
ciliation ,  opérée  par  la  nécessité ,  ne  dura 
que  jusqu'à  la  mort  de  Sanche  ,  qui  par- 
tagea ses  états  entre  ses  enfans.  Le  roi 
de  Léon  jugeant  le  moment  favorable  de 
recouvrer  ce  que  la  nécessité  l'avait  forcé 
décéder  ,  assembla  des  troupes  ;  les  jeunes 
princes  instruits  de  ses  projets  s'avan- 
cèrent avec  une  armée  considérable,  et 
lui  livrèrent  bataille.  Bermude  emporté 
par  une  valeur  téméraire  poussa  son  che- 
val dans  les  rangs  ennemis  pour  y  décou- 
vrir ses  rivaux,  et  fut  tué  d'un  coup  de 
lance  en  1057.  En  lui  finit  la  race  mascu- 
line de  Pelage  et  du  grand  Recarèdc,  roi 
des  Goths.  Celte  dynastie  avait  régné 
Irois  siècles.  Les  couronnes  de  Léon  et 
de  Castille  furent  réunies  sur  la  tète  de 
Ferdinand  qui  posséda  ainsi  toute  l'Es- 
pagne chrétienne. 

BERMUDEZ  (Jean),  patriarche  d'E- 
thiopie, né  en  Portugal ,  passa  en  Abys- 
sinie  avec  la  qualité  de  médecin,  et  trouva 
moyen  de  s'insinuer  dans  la  faveur  d'Em- 


BER 


239 


«EU 


manuel  roi  des  Abyssins  qui  l'envoya  en 
Portugal  et  à  Rome  pour  y  demander  des 
secours  contre  les  Maures.  Pour  y  réussir 
plus  facilement,  il  lut  avait  conféré  les 
titres  d'ambassadeur  et  de  patriarche 
d'Ethiopie.  Bermudez ,  qui  n'était  que 
séculier,  se  fit  ordonner  prêtre,  et  fut 
bien  accueilli  par  le  pape  Paul  III  qui  le 
sacra  patriarebe  en  1538.  Il  fut  également 
ment  bien  reçu  par  Jean  III ,  roi  de  Por- 
tugal, qui  ordonna  au  vice-roi  des  Indes 
d'envoyer  des  secours  au  roid'Aljyssinie. 
De  retour  dans  cette  contrée,  le  roi  étant 
mort,  et  le  parti  des  Maures  ayant  pré- 
valu, il  fut  arrêté,  et  ne  parvint  qu'avec 
peine  à  s'échapper.  De  là  il  revint  à  Lis- 
bonne ,  où  il  mourut  vers  1575.  Il  a 
laissé  sur  l'Abyssinie  une  Relation  écrite 
d'un  style  simple  et  digne  de  foi ,  qu'il 
dédia  à  Sébastien,  roi  de  Portugal. 

*  BERMUDEZ  (Jérôme),  de  l'ordre 
de  Saint-Dominique,  professeur  de  théo- 
logie en  l'université  de  Salamanque ,  né 
vers  l'an  1550,  se  distingua  comme  théo- 
logien et  comme  poète.  On  a  de  lui  : 
|  La  Esperodia  *  poème  dont  le  duc 
d'Albe  est  le  héros ,  qu'il  composa  d'a- 
bord en  vers  latins,  puis  en  vers  blancs 
espagnols,  à  la  suite  duquel  on  trouve 
différentes  pièces  de  poésies ,  dont  on 
estime  l'élégance  et  le  naturel  ;  |  Deux 
Tragédies  „  dont  la  louchante  tragédie 
d'Inès  de  Castro  lui  a  fourni  le  sujet , 
et  qu'il  publia  sous  le  nom  d'Antonia  de 
Silva,  se  faisant  un  scrupule  de  les  pu- 
blier sous  son  nom.  Ces  deux  pièces  qui 
ont  pris  le  titre  de  premières  Tragédies 
espagnoles  ,  ont  élé  recueillies  avec  un 
examen  critique  dans  la  collection  inti- 
tulée Parnasse  espagnol. 

*  BERA ABEU  (  don  Antoixe  ) ,  archi- 
diacre de  Murviédro ,  dignité  dépendante 
de  l'église  métropolitaine  de  Valence, 
avait  été  deux  fois  député  aux  cortès ,  et 
fut  ensuite  enfermé  dans  Un  couvent  de 
capucins,  pour  s'être  montré  trop  favo- 
rable à  l'insurrection  :  il  en  sortit  et  se 
retira  en  Angleterre  ,  et  sort  archevêque , 
don  Simon  Lopez ,  le  déclara  excommu- 
nié dans  une  lettre  qu'il  écrivit  au  doc- 
teur Poynler ,  vicaire  catholique  de  Lon- 
dres. Bernabeu  mourut  dans  cette  ville , 
le  8  novembre  1825  ,  après  avoir  reçu  ses 
derniers  sacremens  avec  une.  vive  piété, 
et  suivant  son  désir  ,  il  fut  enterré  avec 
une  Bible  sur  la  poitrine  ,  dans  le  cime- 
tière catholique  de  Saint-Pancrace.  Ber- 
nabeu a  traduit  et  publié  en  espagnol 
l'ouvrage  de  M.  Lecoz ,  archevêque  de 


Besançon  ,  pour  démontrer  la  divinité  de 
Jésus-Christ;  il  a  composé  et  imprimé  un 
autre  ouvrage  sur  la  régénération  de 
l'Espagne,  pour  lu  destruction  de  l'inqui- 
sition, etc. 

BERNARD,  roi  dllalie.  Voyez  LOUIS 
LE  DEBONNAIRE. 

BERNARD  DE  MENTHON  (saint), 
né  dans  un  château  de  ce  nom  en  Gene- 
vois près  d'Annecy,  au  mois  de  juin 923, 
d'une  des  plus  illustres  maisons  de  Sa- 
voie ,  montra  dès  son  enfance  beaucoup 
de  goût  pour  les  lettres  et  la  vertu.  Il  se 
consacra ,  malgré  ses  parens ,  à  l'état  ec- 
clésiastique. Pour  se  dérober  à  leurs  sol- 
licitations ,  il  se  relira  à  Aoste  en  Pié- 
mont, et  y  reçut  les  ordres  sacrés.  Nom- 
mé archidiacre  de  cette  église  ,  il  fit  des 
missions  dans  les  montages  voisines.  Les 
habitans  de  ces  déserts  sauvages,  atta- 
chés à  d'anciennes  superstitions ,  conser- 
vaient encore  des  monumens  du  paga- 
nisme. Bernard ,  animé  d'un  saint  zèle  , 
les  renversa.  Son  cœur,  non  moins  com- 
patissant que  son  esprit  était  éclairé  ,  fut 
vivement  touché  des  maux  que  les  pèle- 
rins allemands  et  français  avaient  à  souf- 
frir, en  allant  à  Rome  pour  rendre  leur 
pieux  hommage  aux  tombeaux  des  saints 
Apôtres.  Il  fonda  pour  eux  deux  hôpi- 
taux ,  tous  deux  dans  les  Alpes  ;  l'un  sur 
le  Mont-Joïen  ,  nommé  aussi  Mont-Jou 
( Mons-Jovis  )  ;  montagne  ainsi  appelée 
parce  qu'il  y  avait  un  temple  de  Jupiter 
qu'il  fit  abattre  ;  l'autre  sur  la  colonne 
Joïenne  ,  ou  Columna  Jovis  *  ainsi  nom- 
mée à  cause  d'une  colonne  de  Jupiter 
qui  fut  pareillement  renversée.  Ces  deux 
hôpitaux ,  dits  de  son  nom  le  grand  et  le 
petit  saint  Bernard,  furent  desservis 
avec  autant  d'exactitude  que  de  géné- 
rosité par  des  chanoines  réguliers  de  saint 
Augustin.  Bernard  fut  leur  premier  pré- 
vôt ,  c'est  le  nom  qu'ils  donnaient  à  leur 
supérieur.  Le  saint  fondateur  ayant  as- 
suré des  secours  aux  pèlerins  ,  alla  porter 
la  lumière  de  la  foi  aux  peuples  de  Lom- 
bardie  qui  sont  au  levant  du  Mont-Joïen. 
Il  en  convertit  un  grand  nombre ,  et  après 
les  avoir  arrachés  aux  ténèbres  de  l'ido- 
lâtrie ,  il  passa  à  Rome ,  où  il  obtint  la 
confirmation  de  son  institut.  Les  privi- 
lèges que  le  pape  lui  accorda  ont  été  re- 
nouvelés par  Jean  XXII,  Martin  V, 
Jean  XXIII ,  Eugène  IV ,  etc.  Saint  Ber- 
nard de  retour  en  Lombardie,  cultiva  les 
fruits  du  christianisme  qu'il  y  avait  fait 
naître,  et  mourut  à  Novarre  le  28  mai 
1008 ,  âge  de  85  ans.^es  vertus  éminentes 


BER  240 

et  ses  miracles  le  firent  canoniser  l'an- 
née suivante.  Les  sectaires  et  les  philo- 
sophes du  jour  s'accordent  à  faire  reloge 
de  cet  homme  zélé  et  charitable ,  ainsi 
que  de  ses  disciples,  qui  ont  conservé 
l'esprit  primitif  de  leur  institut,  et  exer- 
cent encore  envers  les  voyageurs  une 
charité  aussi  constante  que  désintéres- 
sée. «  Quelques-uns  de  ces  sublimes  so- 
»  litaires ,  dit  un  voyageur  témoin  de  leurs 
»  travaux,  gravissaient  les  pyramides 
»  de  granit  qui  bordent  le  chemin  ,  pour 
»  découvrir  un  convoi  dans  la  détresse, 
»  et  pour  répondre  au  cri  de  secours; 
»  d'autres  frayaient  le  sentier  enseveli 
>  sous  la  neige  fraîchement  tombée ,  au 
»  risque  de  se  perdre  eux-mêmes  dans 
»  les  précipices,  tous  bravant  le  froid, 
»  les  avalanches  ,  le  danger  de  s'égarer  , 
»  presqu'aveuglés  par  les  tourbillons  de 
»  neige  ,  et  prêtant  une  oreille  attentive 
»  au  moindre  bruit  qui  leur  rappelait  la 
»  voix  humaine.  Leur  intrépidité  égale 
»  leur  vigilance.  Aucun  malheureux  ne 
»  les  appelle  inutilement  ;  ils  le  raniment 
»  agonisant  de  froid  et  de  terreur  ;  ils  le 
»  transportent  sur  leurs  bras  ,  tandis  que 
»  leurs  pieds  glissent  sur  la  glace  ou  s'en- 
»  foncent  dans  les  neiges  :  la  nuit  et  le 
»  jour  voilà  leur  ministère  ;  leur  sollici- 
»  tude  veille  sur  l'humanité  dans  ces 
»  lieux  maudits  de  la  nature,  où  ils  pré- 
»  sentent  le  spectacle  habituel  d'un  hé- 
»  roïsme  qui  ne  sera  jamais  chanté  par 
»  nos  flatteurs.  De  grands  chiens  sont 
»  les  compagnons  intelligens  des  courses 
»  de  leurs  maîtres  ;  ces  dogues  bienfai- 
»  sans  vont  à  la  piste  des  malheureux; 
»  ils  devancent  les  guides  ,  et  le  sont  eux- 
»  mêmes  :  à  la  voix  de  ces  auxiliaires ,  le 
»  voyageur  transi  reprend  de  l'espérance; 
»  il  suit  leurs  vestiges  toujours  sûrs  ; 
»  lorsque  les  chutes  de  neige  aussi  promp- 
»  tes  que  l'éclair,  engloutissent  un  pas- 
»sager,les  dogues  de  saint  Bernard  le 
»  découvrent  sous  l'abîme  ;  ils  y  condui- 
»  sent  les  religieux  qui  retirent  le  cada- 
»  vre,  ou  portent,  s'il  en  est  encore,  temps, 
»  des  secours  à  ce  malheureux.  »  Cet  es- 
timable institut  avait  autrefois  plusieurs 
maisons,  et  des  biens  considérables  en 
différentes  provinces,  et  surtout  en  Sa- 
voie. En  conséquence  d'une  difficulté 
survenue  entre  les  Suisses  et  les  ducs  de 
Savoie,  pour  la  nomination  du  prévôt, 
le  pape  Benoit  XII  donna  en  1752  une 
bulle ,  qui  accordait  aux  religieux  la  li- 
berté de  se  choisir  un  prévôt;  mais  ils 
furent  en  même  temps  dépouillés  de  tous 


BER 

les  biens  qu'ils  possédaient  en  Savoie ,  et 
qui  furent  transférés  à  l'ordre  hospitalier 
de  Saint-Maurice  et  de  Saint-Lazare. 

BERNARD  de  Thuringc,  annonça  vers 
la  fin  du  dixième  siècle  que  la  lin  du 
monde  était  prochaine.  Il  portait  un  ha- 
bit d'ermite  ,  et  menait  une  vie  austère. 
Il  jeta  l'alarme  dans  tous  les  esprits;  et 
une  éclipse  du  soleil  étant  arrivée  dans 
ce  temps-là,  beaucoup  de  monde  alla  se 
cacher  dans  des  creux  de  rocher ,  dans 
des  antres  et  des  cavernes.  Le  retour  de 
la  lumière  ne  calma  pas  les  esprits.  Il 
fallut  que  Gerbergc ,  femme  de  Louis 
d'Outremer,  engageât  les  théologiens  à 
éclair cir  cette  matière.  Us  décidèrent  que 
rien  ne  prouvait  la  fin  prochaine  du 
monde ,  et  que ,  selon  toute  apparence,  le 
temps  de  l'antechrist  était  encore  éloigné  ; 
le  inonde  subsista,  et  les  rêveries  de  l'er- 
mite Bernard  se  dissipèrent. 

BERNARD  (saint),  né  en  1091,  dans 
le  village  de  Fontaine  en  Bourgogne, 
d'une  famille  noble ,  se  fil  moine  à  l'âge 
de  22  ans  à  Cileaux ,  avec  50  de  ses  com- 
pagnons. Son  éloquence  énergique  et  tou- 
chante leur  avait  persuadé  de  renoncer 
au  monde.  Clairvaux  ayant  été  fondé  en 
1115,  Bernard,  quoiqu'à  peine  sorti  du 
noviciat,  en  fut  nommé  le  premier  abbé 
Cette  maison  si  opulente  à  présent  par  une 
suite  du  travail  de  ses  premiers  religieux, 
était  si  pauvre  alors  ,  que  les  moines  fai- 
saient souvent  leur  potage  de  feuilles  de 
hêtre,  et  mêlaient  dans  leur  pain  de 
l'orge,  du  millet  et  de  la  vesce.  Le  nom 
de  Bernard  se  répandit  bientôt  partout. 
Il  eut  jusqu'à  700  novices.  Le  pape  Eu- 
gène III,  des  cardinaux,  une  foule  d'é- 
vèques,  furent  tirés  de  son  monastère. 
On  s'adressait  à  lui  de  toute  l'Europe.  En 
1128,  on  le  chargea  de  dresser  une  règle 
pour  les  templiers,  comme  le  seul  homme 
capable  de  la  leur  donner.  En  1150,  un 
concile  assemblé  à  la  réquisition  de  Louis 
le  Gros  ,  s'en  rapporta  à  lui  pour  exami- 
ner lequel  d'Innocent  II  ou  d'Anaclet, 
élus  tous  les  deux  papes ,  était  le  pontife 
légitime,  Bernard  se  déclara  pour  Inno- 
cent, et  toute  l'assemblée  y  souscrivit. 
Quelques  temps  après  il  fut  envoyé  à  Mi- 
lan avec  deux  cardinaux  ,  pour  réconci- 
lier cette  église  qui  s'était  jetée  dans  le 
parti  de  l'antipape  Anaclet.  La  foule  fut  si 
grande  à  sa  porte  tout  le  temps  qu'il  resta 
dans  celte  ville,  que  son  tempérament 
délicat  ne  pouvant  résister  aux  empres- 
semens  du  peuple,  il  fut  obligé  de  ne  se 
montrer  plus  qu'aux  fenêtres,  et  de  don- 


RER 


2/iI 


RER 


lier  de  là  6a  bénédiction  aux  Milanais. 
On  voulut  en  vain  l'engager  à  accepter 
cet  archevêché  ;  il  aima  mieux  retourner 
en  France.  Il  assista  au  concile  de  Sens 
en  1  l/iO,  et  y  fit  condamner  plusieurs  pro- 
positions d'Abailard ,  théologien  bel-es- 
prit ,  qui  se  flattait  d'être  son  rival.  Eu- 
gène III ,  son  disciple,  lui  donna  bfentôt 
une  commission  plus  importante.  Il  écri- 
vit à  son  maître  de  prêcher  la  croisade. 
Cet  homme  zélé  et  éloquent  persuada  d'a- 
bord Louis  le  Jeune,  roi  de  France.  Il 
l'engagea  d'aller  combattre  en  Asie  des 
barbares  qui  menaçaient  l'Europe,  de 
leur  enlever  les  belles  provinces  qu'ils 
avaient  envahies ,  et  de  secourir  des  chré- 
tiens qui  gémissaient  sous  un  joug  aussi 
cruel  qu'injuste.  Ce  projet  dune  sage  po- 
litique ,  fruit  naturel  de  la  religion  et  de 
la  charité ,  fut  combattu  un  moment  par 
l'abbé  Suger,  à  raison  des  circonstances 
qui  semblaient  s'opposer  au  départ  du  roi  ; 
car  ce  ministre ,  qui  a  formé  aussi  le  plan 
d'une  croisade ,  ne  désapprouvait  point 
l'expédition  en  elle-même  {Voyez  SU- 
GER). Le  sentiment  de  saint  Bernard 
prévalut.  Ses  conseils  étaient  des  oracles 
pour  les  princes  et  pour  le  peuple.  On 
dressa  un  échafaud  en  pleine  campagne  , 
à  Vézelai  en  Bourgogne,  sur  lequel  l'hum- 
ble cénobite  parut  avec  le  roi.  Il  prêcha 
avec  tant  de  succès  que  tout,  le  monde 
voulut  être  croisé.  Quoiqu'il  eût  fait  une 
grande  provision  de  croix ,  il  fut  obligé 
de  mettre  son  habit  en  pièces  ,  pour  sup- 
pléer à  l'étoffe  qui  manquait.  L'enthou- 
siasme que  son  éloquence  inspira ,  fut  si 
véhément ,  que. Bernard  écrivit  au  pape 
Eugène  :  Vous  avez  ordonné .,  j'ai  obéi  : 
e,t  votre  autorité  a  rendu  mon  obéissance 
fructueuse.  Les  villes  et  les  châteaux  de- 
viennent déserts,  et  l'on  voit  partout  des 
veuves  dont  les  maris  sont  vivons.  On 
voulut  charger  le  prédicateur  de  la  croi- 
sade d'en  être  le  chef;  mais  soit  humilité, 
6oit  horreur  du  tumulte  des  armes  ,  il  re- 
fusa une  dignité  dangereuse  et  pénible 
que  l'ermite  Pierre  n'avait  pas  craint 
d'accepter.  De  France  il  passa  en  Alle- 
magne, détermina  l'empereur  Conrad  III 
à  prendre  la  croix ,  et  promit ,  de  la  part 
•de  Dieu ,  les  plus  grands  succès.  On  mar- 
che de  tous  les  côtés  de  l'Europe  vers 
l'Asie ,  et  on  envoie  une  quenouille  et  un 
fuseau  à  tous  les  princes  qui  refusaient 
de  s'engager  dans  cette  entreprise.  Saint 
Bernard  resté  en  Occident  ,  tandis  que 
tant  de  guerriers  allaient  chercher  la  vic- 
toire ou  la  mort  en  Orient ,  s'occupa  à  ré- 
2. 


futer  les  cireurs  de  Pierre  de  Bruys,  du 
moine  Raoul  qui  exhortaient  les  peuples, 
au  nom  de  Dieu,  d'aller  massacrer  tous 
les  Juifs  :  à  confondre  Gilbert  de  la  Po- 
rée ,  Eon  de  l'Etoile  ,  et  les  sectateurs 
d'Arnauld  de  Brescia.  Quelque  temps 
avant  sa  mort ,  il  publia  son  Jpologie 
pour  la  Croisade  qu'il  avait  prèchée  ;  car 
il  se  trouva  des  esprits  peu  justes  qui  vou- 
laient le  rendre  responsable  du  mauvais 
succès  qu'elle  avait  eu.  Saint  Bernard  re- 
jeta ce  malheur  sur  les  déréglcmens  des 
soldats  et  des  généraux  qui  la  compo- 
saient. Fleury  observe  que  la  première 
croisade  avait  eu  plus  de  succès ,  quoique 
les  croisés  eussent  été  aussi  peu  réglés  ; 
saint  Bernard  ne  s'apercevait  pas,  ajoute- 
t-il ,  qu'une  preuve  qui  n'est  pas  toujours 
concluante,  ne  l'est  jamais.  Mais  cette  ré- 
flexion est  bien  peu  digne  de  ce  judicieux 
historien.  De  ce  que  Dieu  ne  punit  pa3 
toujours,  s'ensuit-il  qu'il  ne  punit  jamais? 
s'il  punissait  toujours ,  il  aurait  bientôt 
détruit  le  genre  humain;  s'il  ne  punis- 
sait jamais,  la  marche  de  sa  providence 
s'obscurcirait  trop  à  notre  égard.  Fleury 
ne  pouvait  ignorer  que  les  Israélites 
avaient  été  quelquefois  heureux,  dans 
les  temps  où  ils  étaient  plus  coupables 
que  lorsque  Dieu  les  punissait.  Son  argu- 
ment est  d'ailleurs  celui  que  Fabius  Maxi- 
mus  appelait  evenlus  stuUorummagisler. 
Quoi  qu'il  en  soit,  saint  Bernard  appuyait 
son  Apologie  de  l'exemple  de  Moïse  ,  qui 
après  avoir  tiré  d'Egypte  les  Israélites, 
ne  fit  point  entrer  ces  incrédules  et  ces 
rebelles  dans  la  terre  qu'il  leur  avait  pro- 
mise. Il  parle  ensuite  avec  beaucoup  de 
modestie  des  miracles  qui  avaient  auto- 
risé ses  prédications  et  ses  promesses.  On 
voit  par  les  relations  de  ces  voyages  que 
les  armées  des  croisés  étaient  non-seule- 
ment comme  les  autres  armées,  mais  en- 
core pires;  et  que  toutes  sortes  de  vices 
y  régnaient ,  tant  ceux  qu'ils  avaient  ap- 
portés de  leurs  pays  ,  que  ceux  qu'ils 
avaient  pris  dans  les  pays  étrangers. 
Grand  nombre  d'ecclésiastiques  et  de  moi- 
nes se  croisaient  ;  quelques-uns  poussés 
d'un  véritable  zèle  ,  d'autres  par  l'aiïlour 
de  l'indépendance  ;  tous  se  croyaient  au- 
torisés à  porter  les  armes  contre  les  infi- 
dèles. Ces  grandes  entreprises  ne  furent 
ni  bien  concertées,  ni  bien  conduites. 
L'indulgence  plénière  et  les  grands  privi- 
lèges que  l'on  accordait  aux  croisés  atti- 
raient une  infinité  de  personnes.  Us  étaient 
sous  la  protection  de  l'Eglise  à  couvert 
des  poursuites  de  leurs  créanciers  qui  ne 


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242 


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pouvaient  rien  leur  demander  jusqu'à 
leur  retour.  Ils  étaient  déchargés  des  usu- 
res ou  intérêts  des  sommes  qu'ils  de- 
vaient. Il  y  avait  excommunication  de 
plein  droit,  contre  quiconque  les  atta- 
quait en  leurs  personnes  et  en  leurs  biens. 
Mais  comment  faire  observer  une  disci- 
pline exacte  à  tous  ces  croisés,  rassem- 
blés de  différentes  nations,  et  conduits 
par  des  chefs  indépendans  les  uns  des 
autres ,  sans  qu'aucun  eût  le  commande- 
ment général?  Il  est  vrai  que  le  pape  y 
envoyait  un  légat.  Mais  un  ecclésiastique 
était-il  capable  de  contenir  de  telles  trou- 
pes? Ce  fut  cependant  ce  défaut  de  disci- 
pline qui  aliéna  totalement  les  Grecs,  et  les 
rendit  les  plus  dangereux  ennemis  des 
croisés.  On  était  d'ailleurs  si  mal  instruit 
de  l'état  des  pays  qu'on  allait  attaquer , 
que  les  croisés  étaient  obligés  de  prendre 
des  guides  sur  les  lieux  ,  c'est-à-dire  ,  de 
se  mettre  à  la  merci  de  leurs  ennemis, 
qui  souvent  les  égaraient  exprès  eî  les 
faisaient  périr  sans  combat ,  comme  il  ar- 
riva à  la  seconde  croisade.  {Voyez  GO- 
DEFROI  DE  BOUILLON,  PIERRE  l'er- 
mite, et  Y  Histoire  littéraire  de  saint  Ber- 
nard, Paris,  1773,  pages  57  et  suiv.  )  Saint 
Bernard  mourut  en  1153 ,  après  avoir 
fondé  ou  agrégé  à  son  ordre  72  monas- 
tères ,  en  France ,  en  Espagne ,  dans  les 
Pays-Bas ,  en  Angleterre  ,  en  Irlande,  en 
Savoie,  en  Italie,  en  Allemagne ,  en  Suède, 
en  Hongrie ,  en  Danemarck ,  etc.  ;  et  s'il 
faut  y  comprendre  les  fondations  faites 
de  son  temps  par  les  abbayes  dépendan- 
tes de  Clair  vaux  ,  on  doit  en  compter  ICO 
et  plus.  «  Il  avait  été  donné  à  cet  homme 
•  extraordinaire,  dit  un  auteur  célèbre, 
»  de  dominer  les  esprits.  On  le  voyait, 
»  d'un  moment  à  l'autre,  passer  du  fond 
»  de  son  désert  au  milieu  des  cours ,  ja- 
»  mais  déplacé  ,  sans  titre ,  sans  caractère, 
p  jouissant  de  cette  considération  person- 
»  nclle  qui  est  au-dessus  de  l'autorité; 
»  simple  moine  de  Clairvaux,  plus  puis- 
»  sant  que  l'abbé  Suger  premier  ministre 
»  de  France;  et  conservant  sur  le  pape 
»  Eugène  III  qui  avait  été  son  disciple ,  un 
^  ascendant  qui  les  honorait  également 
»  l'un  et  l'autre.  »  Le  grand  reproche  que 
l'on  fait  à  saint  Bernard  est  de  s'être  ex- 
primé trop  durement  au  sujet  d'Abailard , 
dans  les  lettres  qu'il  écrivit  à  Rome  et  aux 
évêques  de  France  à  ce  sujet  ;  mais  ce  ne 
fut  qu'après  le  refus  que  lit  Abailard  de 
s'expliquer  et  de  se  rétracter.  Cette  con- 
duite dut  persuader  au  saint  abbé  que  ce 
novateur  était  un  hérétique  obstiné.  Mos- 


heim  et  Brucker  disent  que  saint  Bernard 
n'entendait  rien  aux  subtilités  de  la  dia- 
lectique de  son  adversaire  :  mais  celui-ci 
s'entendait-il  lui-même?  On  voit  par  les 
ouvrages  du  premier  ,  qu'il  était  meilleur 
théologien  que  son  antagoniste ,  et  qu'A- 
baila^d  aurait  pu  le  prendre  pour  maître 
ou  pour  juge ,  sans  se  dégrader.  Toujours 
est-il  vrai  que  les  soi-disant  philosophes 
qui  reprochent  à  l'abbé  de  Clairvaux  la 
haine,  la  jalousie,  la  violence ,  l'injustice 
contre  l'innocence  persécutée,  se  rendent 
eux-mêmes  coupables  de  tous  ces  vices. 
Lorsque  Pierre  le  Vénérable,  abbé  de 
Cluny ,  eut  donné  à  Abailard  une  retraite, 
et  l'eut  converti ,  saint  Bernard  se  récon- 
cilia de  bonne  foi  avec  lui ,  et  ne  chercha 
point  à  troubler  son  repos  ;  il  n'avait  donc 
point  de  haine  contre  lui.  Mais  aux  yeux 
des  incrédules ,  les  hérétiques  ont  tou- 
jours raison ,  les  Pères  de  l'Eglise  ont 
toujours  eu  tort.  De  toutes  les  éditions 
que  nous  avons  des  ouvrages  de  saint 
Bernard,  la  seule  qui  soit  consultée  par 
les  savans,  est  celle  de  don  Mabillon, 
1690,  en  2  vol.  in-fol.  réimprimée  en 
1719.  Cette  seconde  édition  est  moins  es- 
timée que  la  première.  L'une  et  l'autre 
sont  enrichies  de  préfaces  et  de  notes. 
Le  der  volume  renferme  tous  les  ouvrages 
qui  appartiennent  véritablement  à  saint 
Bernard.  Il  est  divisé  en  4  parties  :  la  ire 
pour  les  Lettres;  la  2e  pour  les  Trai- 
tés; la  5e  pour  les  Sermons  sur  différentes 
matières  ;  la  4e  pour  les  Sermons  sur  le 
Cantique  des  cantiques.  Le  2e  volume  con- 
tient les  ouvrages  attribués  à  saint  Ber- 
nard ,  et  plusieurs  pièces  curieuses  sur 
sa  vie  et  ses  miracles.  Il  y  a  une  autre 
édition  du  Louvre  en  1642,  6  vol.  in  fol. 
Don  Ant.  de  St.  Gabriel,  feuillant,  a  tra- 
duit tout  saint  Bernard  en  français,  Paris, 
1678,  13  vol.  in-8°.  Ses  Lettres*  au  nom- 
bre de  plus  de  400 ,  ont  été  traduites  de- 
puis par  Villefore ,  1734  ,  in-8°,  2  vol.  ;  et 
ses  Sermons  choisis  ,  par  le  même  ,  1737, 
in-8°.  La  vivacité,  la  noblesse,  l'énergie 
et  la  douceur  caractérisent  le  style  de 
saint  Bernard.  Il  est  plein  de  force,  d'onc- 
tion et  d'agrément.  Son  imagination  fé- 
conde lui  fournissait  sans  effort  les  allé- 
gories et  les  antithèses  dont  ses  ouvrages 
sont  semés.  Quoique  né  dans  le  siècle  des 
scolastiques ,  il  n'en  prit  ni  la  méthode 
ni  la  sécheresse.  Erasme,  bon  juge  en 
matière  de  style ,  admirait  l'éloquence  el 
les  agrémens  de  celui  de  saint  Bernard, 
autant  que  sa  vaste  et  modeste  érudition. 
Bernardm  etchrislianè  doctus,et  sanctè 


BER 


245 


BER 


facunduSjel  piè  festivus.  (Erasm.  in  cap. 
i  Rom.  )  Très  postérieur  aux  siècles  des 
Pères ,  il  est  néanmoins  considéré  comme 
tenant  une  place  parmi  eux  (  Voyez  le 
Journal  hist.  et  lilt.  1er  août  1806 ,  page 
478  ).  Les  protestans ,  quoique  opposés  à 
6a  doctrine,  lui  ont  cependant  rendu  plus 
de  justice  que  plusieurs  des  écrivains  ca- 
tholiques de  notre  siècle.  Luther  dit,  par 
une  espèce  d'exagération ,  qu'il  l'emporte 
sur  tous  les  docteurs  de  l'Eglise  ;  Bucer 
le  nomme  un  homme  de  Dieu  ;  Œcolam- 
pade  le  loue  comme  un  théologien  ,  dont 
le  jugement  était  plus  exact  que  celui  de 
tous  les  écrivains  de  son  temps  ;  Calvin 
l'appelle  un  pieux  et  saint  écrivain  ,  par 
la  houche  duquel  la  vérité  elle-même 
semhle  parler,  «  Au  milieu  des  ténèbres, 
»  dit  Morton  ,  Bernard  brille  tout  à  la  fois 
»  par  la  lumière  de  ses  exemples  et  de  sa 
»  science.  »  Plût  à  Dieu,  dit  Cari e ton , 
parmi  beaucoup  d'invectives  contre  le 
saint ,  «  que  nous  en  vissions  aujourd'hui 
»  plusieurs ,  et  même  un ,  tel  qu'il  est 
»  certain  qu'a  été  Bernard.  »  Le  beau  et 
touchant  cantique  Ave,  maris  Stella,  est 
de  sa  composition.  Nous  avons  sa  Vie  par 
le  Maître,  Paris  ,  1649,  in-8°,  et  par  Ville- 
fore,  1704,  in-4°.  Celle-ci  est  la  meilleure. 
Elle  est  précédée  de  son  portrait ,  gravé 
d'après  un  ancien  tableau  qui  le  repré- 
sente ,  et  qui  fut  fait  un  an  avant  sa  mort. 
BERNARD  (Ptolomée,  saint),  institu- 
teur des  olivétains ,  d'une  des  premières 
maisons  de  Sienne,  naquit  en  1272.  Il 
remplit  avec  tout  le  zèle  et  l'intégrité  pos- 
sible les  premières  places  de  sa  patrie  ; 
mais  le  danger  des  honneurs  lui  fit  aban- 
donner les  dignités.  Il  vendit  ses  biens  , 
en  distribua  le  prix  aux  pauvres,  se  re- 
tira dans  un  désert  à  dix  milles  de  Sienne, 
et  y  pratiqua  des  austérités  incroyables. 
Quelques  personnes  s'étant  jointes  à  lui , 
le  pape  lui  conseilla  de  choisir  le  genre 
de  vie  de  quelque  ordre  religieux  approuvé 
dans  l'Eglise.  Il  adopta  la  règle  de  saint 
Benoit  et  l'habit  blanc.  Gui ,  évcque  d'A- 
rczzo,  dans  le  diocèse  duquel  il  était, 
confirma  son  choix  ,  ainsi  que  ses  consti- 
tutions, Pn  £319;  et  son  ordre  connu  sous 
le  titre  de  Congrégation  de  la  Vierge 
Marie  du  Monl-Olivet,  fut  successivement 
approuvé  par  plusieurs  papes.  Le  saint 
fondateur  avait  l'esprit  de  piété  dans  un 
degré  éminent.  Il  mourut  le  20  août  1348. 
La  congrégation  des  olivétains  est  nom- 
breuse en  Italie  ;  leur  principale  maison 
est  celle  de  Sainte-Françoise  à  Rome.  Il  y 
a  aussi  des  religieuses  du  même  ordre. 


*  BERNARD  de  la  BARTHE  ,  archevê- 
que d'Auch  et  troubadour  du  15e  siècle  , 
dont  il  existe  une  Sirvenle  sur  les  bien- 
faits d'une  paix  qu'il  croyait  prochaine. 
Il  fut  déposé  durant  la  guerre  des  albi- 
geois. 

*  BERNARD,  abbé  du  Mont-Cassin 
vers  1340,  est  auteur  de  |  Spéculum 
monachorum;  \  Règle  de  saint  Benoit; 
|  de  Prœceptis  regularibus. 

BERNARD  (le  bienheureux),  margrave 
de  Bade ,  fils  de  Jacques  de  Bade  ,  qu'JE- 
néas  Sylvius ,  depuis  pape  sous  le  nom 
de  Pie  II,  assure  avoir  été  un  des  plus 
sages  princes  de  son  temps ,  naquit  vers 
1438 ,  et  ne  larda  pas  à  donner  l'exemple 
de  toutes  les  vertus  chrétiennes.  Il  avait 
été  fiancé  ,  du  vivant  de  son  père ,  à  Ma- 
delone ,  fille  de  Charles  VII ,  roi  de 
France  ;  mais  son  amour  pour  la  retraite 
et  la  chasteté  lui  fit  refuser  cette  alliance 
honorable;  il  céda  même  à  Charles  son 
frère  en  1455  la  partie  du  margraviat  qui 
lui  était  échue.  Il  parcourut  ensuite  les 
différentes  cours  des  princes  de  l'Europe, 
pour  les  engager  à  entreprendre  une  nou- 
velle croisade  contre  les  Turcs  qui  ve- 
naient de  s'emparer  de  l'empire  d'Orient 
L'empereur  Frédéric  IV  qui  avait  donné 
en  mariage  Catherine  d'Autriche  sa  sœur 
à  Charles  de  Bade ,  frère  de  Bernard ,  mit 
ce  dernier  à  la  tête  de  l'entreprise.  Bernard 
se  rendit  d'abord  à  la  cour  de  Charles  VII, 
roi  de  France ,  puis  à  celle  de  Louis  ,  duc 
de  Savoie.  Il  fut  très  bien  reçu  par  ces 
deux  princes.  Il  partit  de  Turin  au  com- 
mencement de  juillet  de  l'année  1458 , 
pour  aller  à  Rome  trouver  le  pape  Cal- 
lixte  IL  II  tomba  malade  en  route  à  Mon- 
tiscalier ,  ville  située  sur  le  Pô ,  près  de 
Turin.  On  le  transporta  dans  le  couvent 
des  franciscains ,  où  il  mourut  en  odeur 
de  sainteté  le  25  de  juillet ,  et  il  fut  en- 
terré dans  la  collégiale  de  Sainte-Mario 
de  cette  ville.  Le  pape  Sixte  IV  nomma 
le  23  de  décembre  de  la  même  année  des 
commissaires  pour  informer  sur  la  vie  de 
Bernard  et  les  choses  merveilleuses  qu'on 
en  rapportait.  Il  choisit  de  nouveau  ,  le  4 
août  1479 ,  les  évêques  de  Turin  et  de 
Carpentras  pour  continuer  la  procédure. 
Enfin  le  même  pape  publia  en  1481  le  dé- 
cret de  la  béatification  du  serviteur  de 
Dieu,  laquelle  fut  célébrée  du  vivant  de 
la  mère  de  Bernard  et  d'une  partie  de  ses 
frères.  Christophe  ,  margrave  de  Bade , 
fils  de  Charles ,  fit  frapper  dans  les  années 
1501, 1512,  1513  et  1519,  différentes  mé- 
dailles d'or  et  d'argent ,  où  le  bienheu- 


BER  2 

reux  Bernard  est  représenté  en  casque  et 
en  cuirasse,  !a  tête  environnée  d'une  au- 
réole, tenant  d'une  main  l'étendard  de 
Bade,  et  de  l'autre  l'écu  de  sa  maison, 
avec  cette  inscription  :  Beatus  Bernar- 
dus  Marchio.  Clément  XIV  confirma  la 
bulle  de  béatification  de  Sixte  IV,  et  dé- 
clara le  bienheureux  Bernard  patron  du 
margraviat. 

*  BERNARD,  prêtre  d'Ulrecht,  au  12e 
siècle;  on  lui  attribue  un  Commentaire 
sur  le  Theoduli  Ecloga ,  qui  se  trouve 
en  manuscrit  dans  la  bibliothèque  du  roi , 
dans  celle  de  Leyde  ,  etc. 

*  BERNARD  (  Jacques  ),  cordelier,  prit 
une  grande  part  à  la  réforme  de  Genève, 
où  il  fut  pasteur  en  1555. 

*  BERNARD  (Salomon),  connu  sous 
le  nom  de  PETIT  BERNARD  ,  peintre  et 
graveur  sur  bois  du  16e  siècle,  fut  élève 
de  Jean  Cousin;  ses  figures  de  la  Bible 
et  des  Métamorphoses  d'Ovide  sont  assez 
estimées. 

BERNARD  DE  BRUXELLES  est  connu 
par  ses  Chasses  J  où  il  peignit  d'après 
nature  l'empereur  Charles  V ,  son  protec- 
teur, et  les  principaux  seigneurs  de  sa 
cour.  On  a  encore  de  lui,  à  Anvers,  un 
tableau  du  Jugement  dernier,  dont  il 
dora  le  champ  avant  d'y  mettre  les  cou- 
leurs ,  afin  que  l'éclat  de  l'or  rendit  l'em- 
brasement du  ciel  plus  au  naturel.  On  ne 
sait  ni  le  temps  de  sa  naissance ,  ni  celui 
de  sa  mort. 

BERNARD  (don),  de  Montgarllard, 
voyez  MONTGAILLARD. 

BERNARD  (  Etiexxe  ) ,  né  à  Dijon  en 
1555,  avocat  en  1574,  fut  député  de  sa 
province  pour  le  tiers -état  de  Blois  en 
1588,  et  y  brilla  par  son  éloquence.  Il 
fut  fait  conseiller  au  parlement  de  Dijon 
en  1594.  Il  suivit  le  parti  de  la  Ligue,  et 
fut  très  utile  au  due  de  Mayenne;  mais 
il  s'attacba  ensuite  à  Henri  IV,  qui  le 
choisit  pour  négocier  la  réduction  de 
Marseille  à  son  obéissance.  Le  roi,  salis- 
fait  de  sa  négociation ,  le  lit  en  1590  lieu- 
tenant-général  du  bailliage  de  Chàlons- 
Bur-Saône  ,  où  il  mourut  en  1609. 

BERNARD  (  Claude  )  ,  appelé  commu- 
nément le  pauvre  Prêtre  ou  le  Père  Ber- 
nard, naquit  à  Dijon  d'une  famille  noble, 
en  1588.  Pierre  le  Camus ,  évêque  de  Bel- 
lai,  voulut  lui  persuader  d'entrer  dans 
l'état  ecclésiastique.  Bernard  lui  répon- 
dit :  «  Je  suis  un  cadet  qui  n'ai  rien  ;  il 
»  n'y  a  presque  point  de  bénéfices  en 
»  cette  province  qui  soient  à  la  nomi- 
»  nation  du  roi  :  pauvre  pour  pauvre , 


Mi  BER 

»  j'aime  mieux  cire  pauvre  gentilhomme, 
»  que  pauvre  prêtre.  »  Il  ne  laissa  pour- 
tant pas  de  suivre  le  conseil  de  l'évèque 
de  Bellai.  Il  vécut  quelque  temps  en  ec- 
clésiastique mondain  ;  mais  Dieu  l'ayant 
louché ,  il  renonça  au  monde  ,  résigna  le 
seul  bénéfice  qu'il  eût,  et  se  consacra  à 
la  pauvreté  et  au  service  dès  pauvres.  Il 
se  dépouilla  pour  eux  d'un  héritage  de 
près  de  400  mille  livres  qui  lui  échut 
sans  qu'il  s'y  attendit.  Le  cardinal  de  Ri- 
chelieu  l'ayant  nommé  à  une  abbaye  du 
diocèse  de  Soissons,  il  ne  voulut  pas  l'ac- 
cepler.  Quelle  apparence ,  écrivit- il  à  ce 
cardinal,  que  j'àte  le  pain  de  la  bouche 
des  pauvres  de  Soissons ,  pour  le  donner 
à  ceux  de  Paris  ?  Le  cardinal  le  pressant 
de  lui  demander  une  grâce  quelconque  : 
«  Monseigneur,  ditBernard,  je  prie  votre 
»  Eminence  d'ordonner  que  Ton  mette  de 
»  meilleures  planches  au  tombereau  dans 
»  lequel  je  conduis  les  criminels  au  lieu 
»  du  supplice,  afin  que  la  crainte  de 
»  tomber  dans  la  rue  ne  les  empêche  pas 
»  de  se  recommander  à  Dieu  avec  atten- 
»  tion.  »  Il  prêchait  souvent  plusieurs  fois 
la  semaine  ;  et  ses  discours  produisaient 
des  fruits  admirables,  quoiqu'il  parlât 
sans  préparation.  Il  mourut  en  odeur  de 
sainteté,  le  23  mars  1641,  et  fut  enterré 
dans  l'église  de  l'hôpital  de  la  Charité.  La 
cour  et  le  clergé  de  France  ont  souvent 
sollicité  sa  béatification.  C'est  le  Père  Ber- 
nard qui  a  établi  le  séminaire  des  Trente- 
Trois  à  Paris.  Sa  vie  a  été  écrite  par 
M.  Gauffre,  par  le  Père  Giry,  minime, 
et  par  le  Père  Lempereur ,  jésuite. 

*  BERNARD  (  Charles  ),  conseiller  du 
roi,  historiographe  de  France  sous  Louis 
XIII,  né  à  Paris  en  1571,  mort  en  1040. 
Ses  principaux  ouvrages  sont  :  |  Carte 
généalogique  de  la  royale  maison  de 
Bourbon,  Paris,  1634,  in-fol.  |  Histoire 
de  Louis  XIII  jusqu'à  la  guerre  déclarée 
contre  les  Espagnols ,  Paris,  1646  ,  in-fol 
Ceite  histoire  renferme  un  sommaire  de 
colle  des  hérétiques  de  France,  appelés 
calvinistes ,  depuis  François  Ier  jusqu'à 
Louis  XIV.  On  y  trouve  des  détails  cu- 
rieux et  des  recherches  précieuses  ;  mais 
on  reproche  à  fauteur  de  s'écarter  sou- 
vent de  son  sujet,  de  ramasser  avec  trop 
de  soin  des  bagatelles  et  de  donner  beau- 
coup trop  de  louanges.  Voyez  l.a  Mémoi- 
res de  Nicéron ,  tom.  28 ,  où  sj  trouve  la 
liste  de  ses  autres  ouvrages. 

BERNARD  (  Jacques  )  naquit  à  Nions 
en  Dauphiné ,  l'an  1  5>,  d'un  ministre 
protestant.  Il  exerça   tuccessivement  le 


inistère  en  France,  à  Genève,  à  Lau- 
mne,  à  Tcrgow  et  à  Leyde ,  où  il  pro- 
fessa la  philosophie.  Il  prêchait  et  parlait 
avec  force,  mais  sans  pureté  de  style  ,  et 
se  servait  souvent  des  expressions  les  plus 
basses.  Devenu  journaliste  en  1699,  il  con- 
tinuais Nouvelles  de  la  République  des 
Lettres,  par  Bayle,  depuis  1693  jusqu'en 
1710 ,  et  depuis  1716  jusqu'en  1718  ,  année 
de  sa  mort.  On  a  encore  de  lui  |  une  partie 
du  20e  et  la  suite  jusqu'au  2oe  volume  de 
la  Bibliothèque  universelle  de  le  Clerc. 
|  Un  Supplément  au  Morêri,  Amsterdam, 
1716,  2  vol.  in-fol.  C'est  une  augmentation 
du  supplément  imprimé  à  Paris  en  1714. 
Cet  ouvrage  de  Bernard  n'est  qu'un  recueil 
de  bévues  énormes  ;  et  c'est  avec  raison 
qu'on  a  dit  dans  le  tome  15e  de  X Histoire 
critique  de  la  République  des  Lettres, 
que  «  la  littérature ,  l'antiquité  ,  Férudi- 
»  tion ,  la  critique ,  étaient  pour  Bernard 
»  un  pays  inconnu ,  et  qu'il  n'avait  pas 
»  même  de  goût  pour  les  belles-lettres.  » 
M.  de  Saas  a  prouvé  ces  assertions  par 
des  exemples  multipliés ,  tirés  de  la  seule 
lettre  A.  |  1,'ExceUence  de  la  Religion 
chrétienne,  2  vol.  in -8°,  1714,  remplie 
d'injures  contre  les  catholiques ,  de  même 
que  son  Traité  de  la  Tolérance,  Goude, 
1689,  où  il  exhorte  les  souverains  de  per- 
mettre à  tous  les  sectaires ,  déistes ,  ido- 
lâtres, mahométans,  so:iniens,  etc.,  de 
s'établir  dans  leurs  états  ;  et  les  avertit  en 
même  temps  de  ne  point  accorder  la 
même  liberté  à  une  société  d'athées,  ni 
à  une  église  de  papistes.  |  Le.  Traité  de  la 
Repentance  tardive,  1712  ,  in-8°.  |  Un  Re- 
cueil de  Traités  de  Paix,  La  Haye, 
1700,  4  vol.  in-fol. ,  etc.  Tout  ce  qu'a  fait 
Bernard  est  mal  écrit,  son  style  ne  vaut 
pas  mieux  que  sa  logique,  et  son  juge- 
ment est  aussi  faible  que  son  érudition 
est  bornée. 

BERNARD  (  Edouard  ) ,  né  à  Towces- 
ter  en  Norlhampton-Shire ,  le  2  mai  1658, 
professeur  d'astronomie  à  Oxford  en  1673, 
était  un  homme  profond  dans  les  matué- 
matiques,  la  chronologie  et  la  littérature 
ancienne.  Il  publia  quelques  ouvrages  sur 
les  sciences  qu'il  enseignait  et  sur  la  cri- 
tique :  |  De  Mensuris  et  Ponderibus , 
à  Oxford,  1688 ,  in- 8°  ;  |  Lilteratura  à  cha- 
ractere  Samaritano  deducta  ;  |  des  Notes 
sur  Josèphc,  insérées  dans  l'édition  qu'il 
adonnée  en  latin  et  en  grec  à  Oxford. 
1687  et  1700,  in-fol.  |  Quelques  livres 
d'astronomie,  qui  sont  estimés.  Il  mou- 
rut le  12  janvier  1696,  après  6  ans  de  ma- 
riage. Smith  a  écrit  sa  Vie,  à  la  fin   de 


laquelle  on  voîi  le  catalogue  de  ses  ou- 
vrages. 

BERNARD  (Samuel),  mort  à  Paris, 
sa  patrie,,  en  1687,  âgé  de  72  ans,  pro- 
fesseur de  l'académie  royale  de  peinture  , 
à  Paris,  s'est  distingué  principalement 
par  ses  ouvrages  en  miniature ,  et  dans  la 
manière  que  les  Italiens  nomment  a 
guazze.  On  a  de  son  pinceau  grand  nom- 
bre de  tableaux  d'histoire  et  de  paysages 
qu'il  copiait  avec  goût  et  exactitude  d'a- 
près ceux  des  grands  maîtres.  Il  a  gravé 
l'histoire  d'Attila,  peinte  au  Vatican  par 
Raphaël,  et  quelques  autres  pièces  qui  ne 
lui  font  pas  moins  d'honneur  que  ses 
peintures.  Cet  artiste  était  père  de  Sa- 
muel BERNARD,  comte  de  Coubert,  qu'on 
pourrait  appeler  le  Lucullus  de  son  siècle 
pour  ses  richesses  immenses  :  il  brilla 
dans  les  finances  sous  Louis  XIV,  et 
mourut  à  88  ans  en  1759. 

BERNARD  (  Pierre- Joseph  ),  secré- 
taire-général des  dragons,  et  bibliothé- 
caire du  cabinet  du  roi  de  France  au  châ- 
teau de  Choisi,  naquit  l'an  1708  d'un  sculp- 
teur, à  Grenoble  en  Daupliiné.  On  l'envoya 
au  collège  des  jésuites  à  Lyon,  et  il  y  fit  des 
progrès  rapides.  Attiré  à  Paris  par  l'envie 
de  paraître ,  et  de  faire  briller  son  talent 
pour  la  poésie ,  il  fut  obligé  de  tenir  la 
plume  pendant  deux  ans  chez  un  notaire 
en  qualité  de  clerc.  Les  poésies  légères 
qu'il  donna  par  intervalle ,  le  dégoûtèrent 
de  la  pratique.  Il  assista  en  1754  à  la 
campagne  d'Italie.  Bernard  se  trouva  aux 
batailles  de  Parme  et  de  Guastalla,  et 
quoique  poète,  il  s'en  tira  mieux  qu'Ho- 
race. Ce  fut  là  l'époque  de  sa  fortune. 
Présenté  au  maréchal  de  Coigni  qui  y 
commandait ,  il  sut  lui  plaire  par  son  es- 
prit et  son  caractère  agréable.  Ce  guer- 
rier le  prit  pour  son  secrétaire ,  l'admit 
dans  sa  plus  grande  familiarité,  et  lui 
procura,  quelque  temps  après,  la  place  do 
secrétaire-général  des  dragons.  La  recon- 
naissance l'attacha  à  son  Mécène,  jus- 
qu'en 1739,  que  la  mort  le  lui  ravit.  En 
1771,  sa  mémoire,  en  s'aliénant  tout  à 
coup ,  mit  fin  à  son  bonheur.  Il  traîna 
depuis,  dans  la  démence,  une  ombre  de 
vie  pire  que  la  mort ,  et  mourut  dans  cet 
état  en  1776.  Bernard  aima  les  femmes 
avec  excès ,  et  quoique  volage  et  peu  libé- 
ral ,  il  s'en  fit  aimer  par  ce  vernis  volup- 
tueux ,  cet  épicurisme  séduisant  que  res- 
piraient ses  vers  et  ses  chansons,  qui  le 
fit  appeler  le  gentil  Bernard.  Ses  poésies 
ont  été  rassemblées  en  1776,  en  1vol. 
in- 8°.  On  y  reconnaît  un  talent  décidé 
21, 


BER 


246 


BER 


pour  la  poésie  légère  ;  mais  il  est  fâcheux 
que  l'usage  qu'il  en  fit  s'accorde  si  peu 
avec  les  mœurs  et  la  décence. 

BERNARD  (  Catheuine  ) ,  de  l'acadé- 
mie des  Ricovrati  de  Padoue  ,  naquit  à 
Rouen,  et  mourut  à  Paris  en  1712.  L'aca- 
démie française  et  celle  des  jeux  floraux 
la  couronnèrent  plusieurs  fois.  Le  théâtre 
français  représenta  deux  de  ses  tragédies, 
Léodamie,  en  1689,  et  Brutus,  en  1690, 
in-12.  On  croit  qu'elle  composa  ces  pièces 
conjointement  avec  Fontenelle,  son  ami  et 
son  compatriote. On  a  d'elle  quelques  autres 
ouvrages  en  vers,  où  il  y  a  de  la  légèreté , 
et  quelquefois  de  la  délicatesse.  On  dis- 
tingue son  Placel  à  Louis  XIV,  pour  de- 
mander les  200  écus  dont  ce  prince  la 
gratifiait  annuellement;  il  se  trouve  dans 
le  recueil  de  Vers  choisis  du  Père  Bou- 
hours.  Elle  cessa  de  travailler  pour  le  théâ- 
tre ,  à  la  sollicitation  de  madame  la  chan- 
celière  de  Pont-Chartrain ,  qui  lui  faisait 
une  pension.  Elle  supprima  même  plu- 
sieurs petites  pièces  qui  auraient  pu  don- 
ner de  mauvaises  impressions  sur  ses 
mœurs  et  sur  sa  religion.  On  connaît  en- 
core de  Catherine  Bernard  deux  romans  , 
Le  Comte  d'Amboise  ,  in-12.,  et  Inès  de 
Cordoue  ,  in-12.  Quelques  littérateurs  ont 
attribué  à  mademoiselle  Bernard  la  Rela- 
tion de  Vile  de  Bornéo  ;  mais  on  convient 
aujourd'hui  qu'elle  est  de  Fontenelle,  et  il 
parait  que  c'est  sans  raison  que  l'abbé 
Trublet  a  voulu  en  douter.  Cet  écrit  est 
d'ailleurs  dans  le  genre  de  Fontenelle ,  et 
répond  parfaitement  à  d'autres  ouvrages 
de  la  môme  espèce,  dont  on  ne  trouve  ni 
modèle  ni  pendant  dans  ceux  de  made- 
moiselle Bernard.  On  trouve  son  Eloge 
dans  l'Histoire  du  théâtre  français. 

BERNARD ,  d'Arras,  religieux  capucin, 
a  laissé  les  ouvrages  suivans  :  |  Le  grand 
Commandement  de  la  loi  ou  le  Devoir 
principal  de  l'homme  envers  le  prochain; 
1754 ,  in-12  ;  |  L'ordre  de  l'Eglise  ,  ou  la 
primauté  et  la  subordination  ecclésiastique 
selon  S.  Thomas,  1735  ,  in-12  ,  supprimé 
par  arrêt  du  28  juillet  1736  ,  à  cause  des 
disputes  alors  agitées  à  ce  sujet;  |  le  Minis- 
tère de  l'absolution,  Taris,  1740,  in-12; 
j  le  Code  des  paroissesJ  1742,  2  vol.  in-12  ; 
j  les  Ecarts  des  théologiens  d'Auxerre  sur 
la  Pénitence  et  l'Eucharistie ,  1748,  in-4°; 
J  le  Ministère  primitif  de  la  pénitence , 
enseigné  dans  toute  l'Eglise  gallicane , 
1752,  in-12.  Il  paraît  que,  dans  les  der- 
nières années  de  sa  vie,  Fontenelle  voyait 
beaucoup  ce  religieux  et  se  préparait  dans 
son  entretien  à  ses  derniers  momens. 


BERNARD  ( Jean-Frédéric),  savant 
et  laborieux  libraire  d'Amsterdam,  mort 
vers  1752.  Il  est  auteur  ou  éditeur  de 
plusieurs  ouvrages  où  l'on  trouve  plus  de 
profondeur  que  d'élégance,  et  écrits  en 
général  dans  un  mauvais  esprit.  Les  prin- 
cipaux sont  |  Recueil  de  voyages  au  nord, 
contenant  divers  mémoires  très  utiles  au 
commerce  et  à  la  navigation,  Amsterdam, 
1715-38,  10  vol.  in-12.  Bernard  est  auteur 
du  discours  préliminaire ,  de  deux  dis- 
sertations sur  les  moyens  de  voyager  uti- 
lement, et  de  la  relation  de  la  grande 
Tartarie,  |  Mémoires  du  comte  de  Brienne, 
ministre  d'état  sous  Louis  XIV,  avec  des 
notes,  1719,  50  vol.  in-12;  |  Cérémonies 
et  coutumes  religieuses  de  tous  les  peu- 
ples du  monde,  avec  figures  par  B.  Pi- 
cart,  11  vol.  in-folio.  Il  a  rédigé  cet  ou- 
vrage avec  un  autre  Bernard,  ministre, 
et  Bruzen  de  la  Martinière.  {Voyez  Pi- 
cart.  )  |  Dialogues  critiques  et  philoso- 
phiques,  par  don  Charte  Livy,  Amster- 
dam, 1730,  in-12;  |  Réflexions  morales, 
satiriques  et  comiques,  Liège,  1735,  in- 
12.  Quelques  bibliographes  l'ont  Attribué 
à  don  Durand  ,  mais  Desfontaines  assure 
qu'il  est  de  Bernard. 

BERNARD  (lé  P.  J.  B.  ) ,  chanoine  ré- 
gulier de  Sainte-Geneviève ,  né  à  Paris 
en  1710,  mort  le  23  avril  1772.  On  lui 
doit  :  |  Discours  sur  l'obligation  de  prier 
pour  les  rois,  Paris,  1779 ,  in-8°  ;  |  les  Orai- 
sons funèbres  du  duc  d'Orléans,  de 
Henri  de  Bourbon,  prince  de  Condé  ;  |  un 
Panégyrique  de  Saint-Louis,  et  quelques 
pièces  de  poésies. 

*  BEBNARD  (  Jean-Etienne  )  médecin 
et  philologue  distingué  ,  naquit  en  1718 
à  Berlin  et  mourut  en  1795.  Ses  travaux 
consistaient  principalement  dans  des  édi- 
tions avec  des  notes  ou  des  leçons  nou- 
velles d'ouvrages  grecs  souvent  inédits, 
sur  la  médecine.  Ce  sont  :  |  Le  Traité  de 
Démétrius  Pépagoménus  de  Podagrâ  , 
Leyde  ,  1745  ;  j  la  Nomenclature  des  2>ar- 
ties  du  corps  d'IIypatus,  et  Y  Introduction 
anatomique  d'un  anonyme,  1749  ;  |  Palla- 
àiusde  Febribus,  avec  un  Glossaire  chi- 
mique et  des  Extraits  inédits  de  différens 
poètes  chimistes,  1745  ;  |  Psellus  de  La- 
pidum  virtulibus,  1743;  |  Synésius  de 
Febribus,  1749,  traité  jusqu'alors  inédit; 
|  les  Variantes  d'un  manuscrit  des  lexi- 
ques d'Erotien  et  de  Galien,  insérées  dans 
les  Miscellancœ  observaiiones  novœ,  de 
Dorville,  tom.  9;  |  Un  fragment  grec  de 
Hydrophobiâ  ,  Arnheim  ,  1791  ;  |  Theo- 
ihrasti  Nonnii  de  Curatione  Morborum; 


BER 


247 


BEB 


cette  édition,  à  laquelle  il  avait  long-temps 
travaillé,  ne  parut  que  quelques  mois 
après  sa  mort.  Bernard  avait  étudié  la 
médecine  en  Hollande,  et  avait  résidé 
successivement  à  Leyde ,  Amsterdam  ,  et 
Arnheim.  On  a  encore  de  cet  écrivain  des 
lettres  et  des  fragmens  critiques  insérés 
dans  les  Acla  litleraria  de  la  société  des 
sciences  d'Utrccht,  les  Mémoires  de 
Reiske  J  etc. 

'BERNARD  (Jean-Baptiste),  né  à 
Marseille  en  1747,  vint  s'établir  libraire 
à  Paris  et  y  mourut  le  16  octobre  1808.  Il 
est  auteur  de  l'histoire  de  la  Grèce ,  de- 
puis son  origine  jusqu'à  sa  réduction  en 
province  romaine,  avec  tableaux  et  cartes 
géographiques  ,  1799 ,  2  vol.  in-8°.  Quel- 
ques-uns l'attribuent  à  Chazot.  Il  a  été 
l'éditeur  des  œuvres  posthumes  de  Montes- 
quieu ,  Paris ,  1798,  in-12 ,  avec  des  notes. 

*  BERNARD ,  correspondant  de  l'insti- 
tut royal,  section  d'astronomie  j  naquit  à 
Trans ,  en  Provence  ,  vers  1748 ,  et  mou- 
rut en  1816  à  l'âge  de  68  ans.  Doué  d'une 
grande  facilité  pour  l'intelligence  des 
sciences,  il  en  puisa  les  premiers  élémens 
dans  l'Oratoire  où  il  les  professa  ensuite 
avec  succès.  L'étendue  de  ses  connais- 
sances en  astronomie  lui  valut  la  place 
d'adjoint  à  l'observatoire  royal  de  Mar- 
seille; la  survivance  du  directeur  titu- 
laire lui  fut  même  assurée.  Dans  cette 
nouvelle  carrière  ,  Bernard  ne  borna  pas 
ses  travaux  à  observer  le  cours  des  astres. 
L'académie  de  Marseille  ,  dans  la  vue 
d'améliorer  la  culture  des  arbres  aux- 
quels la  Provence  doit  sa  principale  ri- 
chesse, proposa  pour  sujet  d'un  prix 
l'histoire  naturelle  du  figuier.  Bernard  , 
dans  une  dissertation  écrite  avec  netteté  et 
précision,  exposa  la  méthode  la  plus  avan- 
tageuse de  le  cultiver  :  il  indiqua  les  causes 
de  son  dépérissement  et  le  meilleur  moyen 
d'y  remédier  :  ce  mémoire  fut  couronné 
par  l'académie.  Bernard  publia  quelque 
temps  après  un  ouvrage  beaucoup  plus 
important  et  par  l'étendue  et  les  dévelop- 
pemens  qu'il  lui  donna ,  et  par  le  grand 
intérêt  dont  il  était  pour  l'agriculture  de 
la  Provence,  {Mémoire  sur  l'histoire  na- 
turelle de  l'olivier).  On  y  trouve  la  des- 
cription physique  de  l'olivier;  la  no- 
tice des  principales  variétés  qu'on  cul- 
tive dans  la  Provence  ;  sa  culture  ,  et  l'his- 
toire des  insectes  qui  se  nourrissent  de 
son  fruit  et  en  absorbent  les  sucs.  Ber- 
nard entreprit  ensuite  de  réunir  sous  le 
titre  de  Mémoires  pour  servir  à  l'histoire 
naturelle  delà  Provence,  des  dissertations 


sur  les  principales  productions  qui  luî 
sont  propres,  sur  sa  minéralogie,  la  des- 
cription des  volcans  éteints ,  celle  des 
minus  de  charbon;  l'ouvrage  devait  être 
terminé  par  un  essai  sur  les  mœurs ,  le 
caractère  et  les  usages  des  Provençaux  : 
des  collaborateurs  instruits  se  joignirent 
à  lui.  Les  trois  premiers  volumes  ont 
paru  chez  Didot  jeune ,  en  1787  ;  ils  ren- 
ferment, indépendamment  des  deux  écrits 
que  l'on  vient  de  citer,  un  mémoire  sur 
l'éducation  des  abeilles,  et  un  autre  sur 
la  culture  du  câprier,  par  Béraud,  pro- 
fesseur  de  physique  au  collège  de  Mar- 
seille, et  des  recherches  sur  la  folle 
avoine  par  Gérard ,  auteur  de  la  Flore 
provençale  et  correspondant  de  l'institut. 
Mais  cet  ouvrage ,  fut  interrompu  à  l'é- 
poque de  la  révolution.  Bernard  fut  alors 
aggrégé  à  l'académie  royale  des  sciences  en 
qualité  de  correspondant.  Le  système  om- 
brageux des  niveleurs  lui  faisant  sentir  le 
danger  d'être  en  évidence,  il  se  relira  dans 
ses  foyers  ;  mais  ses  loisirs  ne  furent  pas 
perdus;  voulant  surtout  s'aider  de  l'obser- 
vation, il  parcourut  le  département  du 
Var  à  pied,  il  y  étudia  chaque  qualité  de 
sol,  les  minéraux  qu'il  renferme  et 
leur  application  aux  arts;  il  est  à  regret- 
ter qu'il  n'ait  pas  continué  l'ouvrage  des- 
tiné à  faire  connaître  le  résultat  de  ses 
observations  dans  les  diverses  branches 
de  l'histoire  naturelle  ;  il  serait  à  désirer 
qu'une  main  habile  entreprît  d'achever 
le  plan  que  cet  ouvrage  avait  en  vue.  On 
attribue  encore  à  Bernard  :  |  Principes 
(nouv.)  hydrauliques J  appliqués  à  tous  les 
objets  d'utilité  *  et  particulièrement  aux 
rivières  i  précédés  d'un  cours  historique 
et  critique  sur  les  principaux  ouvrages 
qui  ont  été  publiés  sur  le  même  sujets  Pa- 
ris ,  1787 ,  in-4°.  —  Mémoire  sur  les  avan- 
tages de  l'emploi  de  la  houille .,  Paris, 
1797,  in-8°.  —  Le  tome  second  du  jour- 
nal des  mines  renferme  des  détails  sur  les 
houillères  de  Marseille ,  qui  sont  de  lui. 

*  BERNARD  (Thomas),  avocat  anglais, 
né  à  Lincoln  en  1750.  Il  entra  au  barreau 
en  1780,  et  fut  nomme  en  1793,  trésorier 
de  l'hospice  des  enfans  trouvés  ;  il  en 
augmenta  beaucoup  les  revenus  par  une 
administration  sage  et  éclairée,  et  l'année 
suivante  il  fonda  une  société  pour  le  sou- 
lagement des  pauvres.  On  lui  est  redeva- 
ble de  plusieurs  autres  établissemens  de 
même  nature.  En  1809,  il  devint  docteur 
en  droit,  chancelier  de  Burham,  et  mou- 
rut en  1818.  Il  a  publié  |  Observations  sur 
la  conduite  des  véritables  amis  de  la  H- 


berlé  de  la  presse  ;  \  Moyens  d'améliorer 
le  sort  des  pauvres;  \  La  nouvelle  Ecole  ; 
|  Spurina  ou  les  Consolations  de  la  vieil- 
lesse ;  |  Les  méditations  du  solitaire; 
|  Dialogue  entre  M. ,  français ,  et  John , 
anglais. 

*  BERNARD  (  Adrien- Antoine  ) ,  pré- 
sident du  tribunal  de  Saintes,  fut  nommé 
par  le  département  de  la  Charente  in- 
férieure, député  à  l'Assemblée  législative, 
où  il  ne  parla  point  ;  il  fit  aussi  partie  de 
la  Convention  et  vola  la  mort  de  Louis 
XVI  ,  sans  l'appel  au  peuple.  Après 
avoir  rempli  une  mission  dans  les  dépar- 
temens  de  la  Côte-d'or  et  de  la  Charente- 
Inférieure,  il  fut  choisi  pour  secrétaire 
à  la  Convention.  Devenu  président  de 
cette  assemblée ,  il  répondit  aux  jaco- 
bins ,  qui  se  plaignaient  qu'on  incarcérât 
les  patriotes ,  et  qu'on  élargît,  les  aristo- 
crates et  les  suspects  :  «  La  Convention, 
d  qui  a  vaincu  toutes  les  factions ,  ne  sera 
»  point  arrêtée  par  les  clameurs  des  aris- 
»  tocrates  impudens  ;  elle  saura  main- 
»  tenir  le  gouvernement  révolutionnaire  ; 
»  elle  reçoit  avec  plaisir  les  réclamations 
»  des  patriotes  opprimés.  »  Les  événemens 
de  prairial  an  5  ayant  entraîné  la  chute  de 
son  parti,  il  fut  décrété  d'arrestation  avec 
plusieurs  membres  du  comité,  et  n'obtint 
sa  liberté  que  par  l'amnistie  du  k  bru- 
maire an  h.  Sous  l'empire  ,  il  fut  nommé 
juge,  et,  en  1815,  le  département  de  la 
Charente  l'envoya  à  la  chambre  des  re- 
présentai. Forcé  ensuite  de  sortir  de 
France ,  comme  régicide  ,  il  se  retira  en 
Belgique,  où  il  publia  un  journal  intitulé 
le  Surveillant ,  et  un  ouvrage  sur  l'in- 
struction publique.  Bernard  reçut  ordre 
de  quitter  le  royaume ,  et  s'embarqua 
pour  les  Etats-Unis.  Il  y  arriva,  après  avoir 
fait  naufrage  sur  les  côtes  de  Madère  ,  et 
ne  survécut  que  deux  ans  à  son  exil. 

* BERN ARDI  (Jean),  graveur,  né  à  Cas- 
tcl-Bolognèse  ,  mourut  à  Faënza  en  1555. 
Cet  artiste  travailla  beaucoup  à  de  grands 
sujets ,  sur  des  cristaux ,  qu'on  enchâs- 
sait ensuite  dans  des  ouvrages  d'orfèvre- 
rie. On  a  comparé  ses  productions  à  ce 
que  les  anciens  ont  fait  de  mieux.  Plu- 
sieurs princes ,  et  en  particulier  le  car- 
dinal Alexandre  Farnèse,  le  protégèrent. 
Il  excella  aussi  dans  l'architecture. 

BERNARDI  (  Josf.ph-Elzeau-Domini- 
C>ue)  ,  né  à  Montjeu  en  Provence,  le  16 
mars  1751,  était  avant  la  révolution 
lieutenant-général  au  siège  du  comté  de 
Sault ,  et  ne  se  montra  pas  favorable  à  la 
révolution.   Il  refusa  les  places  impor- 


BEft 

tantes  qu'on  voulait  lui  confier  dans  lés 
nouvelles  administrations ,  et  se  borna  a 
une  place  de  juge  dans  un  tribunal  de 
district.  Arrêté  dans  le  mois  de  mars  1795, 
il  aurait  infailliblement  péri  sans  l'insur- 
rection des  fédéralistes  de  Marseille  qui 
le  sauva.  Il  émigra  aussitôt ,  et  ne  rentra 
en  France  qu'un  an  après  le  9  thermidor. 
A  cette  époque,  les  royalistes  ayant  re- 
conquis de  l'influence  en  Provence,  il  fut 
élu  député  du  département  de  Vaucluse 
au  conseil  des  Cinq-cents  Dans  cette  as- 
semblée ,  il  prit  la  défense  des  émigrés  de 
Toulon,  et  obtint  l'abrogation  des  lois 
portées  contre  eux.  Sa  nomination  fut 
annulée  par  suite  de  la  révolution  du  18 
fructidor.  A  l'avènement  de  Napoléon , 
il  obtint  une  place  au  ministère  de  la  jus- 
tice ,  et  il  y  devint  chef  de  division  ;  mais 
il  fut  mis  à  la  retraite  en  1819 ,  et  il  se  re- 
tira dans  un  petit  village  de  Provence.  11 
est  mort  le  25  octobre  1824 ,  après  avoir 
demandé  et  reçu  tous  les  sacremens  de 
l'Eglise.  Il  avait  été  admis  à  l'académie 
des  Inscriptions  en  1816  et  avait  reçu, 
après  la  restauration,  en  1814,  la  croix  de 
la  légion-d'honneur.  Ses  principaux  ou- 
vrages sont  |  Eloge  de  Cujas,  1770  ;  |  Dis- 
cours sur  la  justice  criminelle,  1780,  in-8°, 
couronné  par  l'académie  de  Châlons-sur- 
Marne  avec  celui  de  Brissot  ;  |  Essai  sur 
les  révolutions  du  droit  français,  pour 
servir  d'introduction  à  l'étude  de  ce  droit, 
1782,  in-8°  ;  |  Principes  des  lois  criminel- 
les, 1788,  in-8°  ;  \  De  la  république,  ou  du 
meilleur  gouvernement,  traduit  de  Cicé- 
ron,  1798,  in-8°,  2e  édition,  Paris,  1807, 
2  vol.  in-12.  Dans  le  rapport  fait  par  la 
classe  de  littérature  ancienne  de  l'Insti- 
tut, le  jury  mentionna  honorablement 
cet  ouvrage  ,  et  loua  l'auteur  d'avoir  res- 
titué le  texte  latin  de  Cicéron.  et  rempli 
les  lacunes  de  cet  excellent  traité ,  avec 
autant  de  goût  que  de  savoir  ;  mais  cette 
production  a  beaucoup  perdu  de  son  in- 
térêt depuis  la  découverte  du  texte  véri- 
table de  Cicéron  par  l'abbé  Majo,  biblio- 
thécaire du  Vatican  ,  qui  en  a  publié  une 
édition  avec  un  commentaire  et  une  tra- 
duction française  ,  accompagnée  d'un 
discours  préliminaire  et  de  dissertations 
historiques,  par  M.  Villemain,  Paris  , 
1823,2  vol.  in-8°;  |  Institution  du  droit 
français,  2e  édition,  1800,  in-8°;  |  De 
l'influence  de  la  philosophie  sur  les  for- 
faits de  la  révolution .,  par  un  officier  de 
cavalerie.  Paris,  1800,  in-8°;  |  Nou- 
velle théorie  des  lois  civiles  ,  1802 ,  in -8°  ; 
Cours  complet  de  droit  civil,  1803-1805  } 


BER 


2/1-9 


BER 


&  vol.  in-S°;  |  Essai  sur  la  vie  et  les  écrits 
de  Michel  de  l'Hôpital;  \  De  l'origine  et 
des  progrès  de  la  législation  française  _, 
ou  histoire  du  droit  public  et  privé  de  la 
France  depuis  la  fondation  de  la  monar- 
chie .  jusques  et  'compris  la  révolution , 
Paris,  1816,  in-8°  ;  où  l'on  trouve  des 
passages  1res  répréhensibles  ,  particuliè- 
rement contre  l'autorité  des  papes  ;  mais 
cela  n'est  pas  étonnant ,  l'auteur  avoit  été 
nourri  des  maximes  des  parlemens.  Ber- 
nardi  a  fourni  des  articles  au  Diction- 
naire de  la  Provence  et  du  comtat  Ve- 
naissin,  au  Magasin  encyclopédique,  aux 
Archives  littéraires ,  au  Bulletin  de  l'a- 
cadémie de  législation  et  à  la  Biographie 
universelle.  Enfin  il  a  donné  une  nouvelle 
édition  des  OEuvres  de  Pothier,  mise  en 
rapport  avec  le  code  civil. 

BERNARDIN  (  saint),  naquit  en  1380 
à  Massa- Carrara ,  d'une  famille  distin- 
guée. Après  ses  études  de  philosophie,  il 
entra  dans  une  confrérie  de  l'hôpital  de 
la  Seala ,  à  Sienne.  Son  courage  et  sa  cha- 
rité éclatèrent  pendant  la  contagion  de 
1400.  Deux  ans  après  il  prit  l'habit  de 
Saint-François,  réforma  l'étroite  obser- 
vance, et  fonda  près  de  500  monastères. 
Son  humilité  lui  fit  refuser  les  évêchés 
de  Sienne,  de  Ferrare  et  d'Urbin.  Il  fut 
envoyé  pour  être  gardien  du  couvent  de 
Bethléem.  Les  besoins  de  l'Europe  le 
rappelèrent  bientôt.  Les  dissensions  des 
Guelphes  et  des  Gibelins  ne  trouvèrent 
pas  de  pacificateur  plus  ingénieux  ni  plus 
heureux.  L'empereur  Sigismond  eut  pour 
lui  le  plus  grand  respect ,  et  voulut  qu'il 
assistât  à  son  sacre.  Après  une  vie  rem- 
plie de  travaux  et  de  vertus ,  il  mourut  à 
Aquila,  en  1444.  Nicolas  V  le  mit  au 
nombre  des  saints  en  1450,  c'est-à-dire, 
6  ans  après.  Son  corps ,  renfermé  dans 
une  double  châsse,  dont  l'une  est  d'argent 
et  l'autre  de  cristal ,  se  garde  chez  les 
franciscains  d'Aquila.  Le  Père  Jean  de  la 
Haye  donna  en  1636  une  édition  de  ses 
ouvrages  en  2  vol.  in-fol.  On  y  trouve  des 
Sermons  (  que  quelques  critiques  préten- 
dent n'être  pas  de  lui  ),  des  Traités  de 
spiritualité,  des  Commentaires  sur  l'A- 
pocalypse ,  la  Vie  du  saint  et  les  divers 
éloges  qu'il  a  mérités.  On  en  a  donné  une 
nouvelle  édition  à  Venise  en  1745. 

BERNARDIN  (  le  bienheureux  ),  de 
Feltri,  de  l'ordre  des  frères  mineurs, 
persuada  aux  habitans  de  Padoue  d'éta- 
blir un  mont-de-piété,  pour  s'affranchir 
des  usures  que  les  juifs  exerçaient,  en 
prêtant   à    vingt  pour  cent   par  année. 


Cet  établissement  est  de  l'année  1491. 
Les  règlemens  de  ce  mont-de-piété  furent 
réformés  et  perfectionnés  en  1520.  Le 
fondateur  était  un  homme  également  il- 
lustre par  sa  science  et  par  sa  piété.  Une 
simplicité  aimable  lui  gagnait  les  cœurs. 
Il  prêchait  avec  applaudissement ,  et  diri- 
geait de  même.  On  a  long-temps  disputé 
si  les  monts-de-piété  n'étaient  pas  sujets 
au  reproche  d'usure  ,  à  cause  de  l'espèce 
d'intérêt  qu'on  y  paie  :  mais  il  est  évident 
que  ce  n'est  qu'une  taxe  légère,  néces- 
saire au  maintien  de  l'établissement ,  qui 
bien  administré,  ne  peut  être  que  de  la 
plus  grande  utilité.  Un  des  plus  beaux 
d'Italie  est  celui  de  Ferrare,  fondé  en  1761, 
dont  l'inscription  exprime  parfaitement 
la  destination  et  le  but  charitable  : 

Panperibus  sublevancfij  , 
Scrvandisque  depositis. 

BERNARDIN  de  PEQUIGNY  (Bernai 
dinus  a  Piconio  )  capucin ,  né  à  Péquigny 
en  1653,  mort  à  Paris  en  1709  ,  a  donné 
un  bon  Commentaire  sur  les  Evangiles* 
in-fol.  en  latin,  et  une  Triple  explication 
aussi  en  latin ,  des  Epilres  de  saint  Paul, 
qui  mérita  les  éloges  du  pape  Clément  XI, 
Paris,  1703,  in-folio.  La  traduction  fran- 
çaise, 1714,  4  vol.  in-12,  n'est  pas  re- 
clic  reliée 

BERNARDIN  de  CARPENTRAS  (  le 
Pèue  )  capucin  ,  naquit  dans  cette  ville 
d'une  famille  distinguée,  sous  le  nom 
A' André.  Sa  piété  et  son  érudition  lui 
firent  un  nom  dans  son  ordre.  Il  mourut 
à  Orange  en  1714.  Novis  avons  de  lui  un 
ouvrage  de  philosophie ,  intitulé  Antiqua 
priscorum  hominum  jjhilosophia  *  impri- 
mé à  Lyon  en  1694.  L'auteur  assure  dans 
sa  préface ,  qu'il  a  secoué  le  joug  de  l'é- 
cole ,  pour  ne  jurer  sur  la  parole  d'aucun 
maître.  Sa  physique  est  assez  bonne  pour 
le  temps  et  il  y  est,  à  certains  égards, 
inventeur. 

BERNARDIN  de  SAINT  PIERRE.  Voy. 
SAINT-PIERRE. 

BERNAZZANO,  de  Milan,  excellent 
paysagiste ,  réussissait  à  peindre  les  ani- 
maux ,  mais  comme  il  ne  pouvait  jamais 
venir  à  bout  de  dessiner  la  figure  ,  il  s'as- 
socia un  dessinateur  qui  pût  le  seconder 
dans  son  travail.  Ayant  peint  à  fresque 
des  fraises  sur  une  muraille,  des  paons 
vinrent  si  souvent  les  becqueter,  qu'ils 
en  rompirent  l'enduit.  Il  vivait  dans  le 
16e  siècle. 

*  BERNDER  (  Pierre-Bexhard  ),  lieu- 
tenant de  vaisseau  dans  la  marine  sué- 


BER  21 

dfoise ,  savant  chimiste ,  né  en  1750  dans 
la  province  d'Uplande  ,  en  Suède ,  fit  ses 
études  à  l'université  d'Upsal,  et  s'engagea 
comme  volontaire  du  génie,  où  il  obtint 
des  succès  rapides.  En  1783 ,  il  devint  lieu- 
tenant à  la  marine ,  et  fut  chargé  pendant 
la  guerre  qui  éclata ,  en  1788,  entre  la 
Suède  et  la  Russie,  de  la  direction  des 
munitiqns  et  de  l'épreuve  des  canons  pour 
la  marine  et  l'artillerie  de  terre.  Nommé 
lieutenant  de  vaisseau  en  1790  ,  il  donna 
l'année  suivante  sa  démission ,  à  cause  de 
l'affaiblissement  de  sa  vue;  mais  bientôt 
il  put  reprendre  ses  travaux.  En  1794 ,  il 
fit  un  voyage  en  Angleterre  pour  prendre 
connaissance  des  machines  à  vapeur  dont 
l'invention  était  toute  récente  ,  et  qu'on 
devait  appliquer  à  la  construction  des 
bassins  à  Carlscrona.  Bernder  avait  été 
nommé  en  1792  membre  correspondant  de 
la  société  du  Nord  à  Londres ,  et  il  était  de 
plusieurs  autres  académies,  notamment  de 
l'académie  des  sciences  de  Stockholm.  Il 
mourut  en  1826 ,  âgé  de  76  ans.  On  a  de 
lui  :  |  un  mémoire  sur  la  question  sui- 
vante proposée  par  l'académie  des  sciences 
de  Stockholm  :  Lequel  des  deux  systèmes 
serait  le  plus  favorable  au  militaire  et 
le  plus  économique  pour  le  pays,  ou  d'une 
armée  perpétuelle  payée  par  les  proprié- 
taires J  ou  d'une  armée  renouvelée  en  partie 
annuellement  par  la  conscription  ?  |  Un 
projet  d'épreuves  sur  le  salpêtre J  et  des 
traités  et  mémoires  insérés  dans  les  re- 
cueils de  sociétés  savantes. 

*BER^ERO-\  (François,  chevalier  de), 
entra  comme  officier  dans  l'ancienne  gen- 
darmerie appelée  alors  maréchaussée,  et 
servit  ensuite ,  avec  le  grade  de  capitaine , 
dans  le  régiment  de  l'Ile  de  France ,  qui 
passa  aux  Indes  en  1784.  Il  s'acquitta  ayee 
7.èle  et  intelligence  de  plusieurs  missions 
dont  il  fut  chargé  auprès  de  Tippo-Saeb 
et  du  pacha  des  Marattes.  A  son  retour  en 
France,  en  1770,  Berneron  fut  nommé  ad- 
judant commandant,  et  fit  la  campagne 
de  1791  sous  le  maréchal  Luckner.  En  1792 
et  1793  ,  il  fut  attaché  à  l'état  major  de  Du- 
mouriez ,  qu'il  accompagna  dans  sa  fuite. 
Il  se  réfugia  à  Bruxelles ,  où  quelques  pro- 
pos le  firent  arrêter.  Remis  en  liberté  après 
dix-huit  mois  de  prison ,  il  alla  rejoindre 
Duinouriez  à  Londres,  et  mourut  dans 
cette  ville  quelque  temps  après. 

BERNIIOLD  (Jean-Michel),  médecin  à 
Uffenheim,  né  en  1736,  mort  en  1797, 
avait  la  réputation  d'un  excellent  prati- 
cien, et  s'est  fait  connaître  dans  le  monde 
savant  par  les  éditions  suivantes  :  1  Dio- 


0  BER 

nysii  Catonis  Dislichorum  de  moribus 
ad  filium  lib.  IV ,  recensuit,  varias  lec- 
tiones ,  alla  opuscula,  indicemque  adjecit3 
1784  ,  in-8°  ;  |  Scribonii  Largi  compost'- 
tiones  medicamentorum ,  1786,  in-8°; 
|  une  édition  de  l'ouvrage  d'Apicius  :  De 
arte  coquinariâ  {  Voyez  APICIUS  ); 
|  Theodori Prisciani  archiatriquœextant* 
tome  I ,  Nuremberg ,  1791 ,  in-8°. 

BERM  ou  BERNIA  (  François  ),  cha- 
noine de  Florence  ,  né  à  Lamporecchio 
en  Toscane ,  d'une  famille  noble ,  mais 
pauvre ,  originaire  de  Florence ,  mourut 
dans  cette  ville  en  1543.  Il  a  donné  son 
nom  à  une  espèce  de  burlesque ,  qu'on 
appelle  Berniesque  en  Italie.  Il  excellait 
dans  ce  genre  :  c'était  le  Scarron  des  Ita- 
liens. Il  avoit  encore  le  dangereux  talent 
de  la  satire.  Quelques  auteurs  l'ont  mis  à 
la  tête  des  poètes  burlesques  italiens.  En 
1548,  on  recueillit  ses  poésies  italiennes, 
avec  celles  du  Varchi ,  du  Mauro ,  du 
Dolce ,  etc.  in-8° ,  2  vol.  réimprimés  à 
Londres,  1721  et  1724,  sur  l'édition  de 
Venise.  Ce  recueil  est  recherché.  Son 
Orlando  inamerato  rifalto ,  poème  fort 
estimé  des  Italiens  pour  la  pureté  et  la 
richesse  de  la  langue,  est  l'ouvrage  du 
Boïardo,  refait  ou  travesti  en  vers  bur- 
lesques. La  meilleure  édition  est  celle  de 
Venise,  1545,  in-4°.  On  en  a  une  autre 
1res  jolie,  Paris  ,  1768,  4  vol.  in-12.  On 
a  recueilli  ses  poésies  latines  avec  celles 
du  Segni,  du  Varchi,  etc.  à  Florence, 
1562,  in-8°. 

DERNIER  (  François  ),  natif  d'Angers, 
médecin  du  grand  Mogol  pendant  12  ans, 
revint  en  France  en  1670 ,  passa  en  An- 
gleterre en  1685  ,  et  mourut  à  Paris  en 
1688.  Saint-Evreinont  disait  qu'il  n'avait 
point  connu  de  plus  joli  philosophe.  Joli 
philosophe y  ajoutait-il ,  ne  se  dit  guère} 
mais  sa  figure ,  sa  taille,  sa  conversa- 
tion 3  l'ont  rendu  digne  de  cette  épi- 
thète.  On  à  de  lui  |  Ses  Voyages ,  en  2 
vol.  in-12 ,  Amsterdam  ,  1699 ,  qui  ont  un 
rang  distingué  parmi  les  relations  des 
voyageurs  ,  par  plusieurs  particularités 
curieuses  ;  mais  il  ne  faut  pas  croire  tout 
ce  qu'il  y  raconte  ;  il  aime  trop  à  parler 
de  lui-même  ,  pour  qu'il  puisse  dire  con- 
stamment la  vérité.  |  Un  Abrégé  de  la 
philosophie  de  Gassendi,  son  maître  ,  en 
7  vol.  La  prédilection  qu'il  avait  pour  le 
système  des  atomes ,  ne  l'empêchait  pas 
d'être  bon  métaphysicien  ,  de  raisonner 
juste  sur  l'âme,  et  de  détruire  les  creuses 
spéculations  des  matérialistes.  «  Quelque 
»  effort  que  nous  puissions  faire  sur  notre 


BER  2 

»  esprit,  dit-il,  en  écrivant  à  son  ami 
»  Chapelle  ,  nous  ne  saurions  jamais  con- 
»  cevoir  comme  quoi  des  corpuscules  in- 
»  sensibles  (  dénués  de  sensibilité  ) ,  il  en 
i»  puisse  jamais  rien  résulter  de  sensible 
»  (doué  de  sensibilité  ),  et  qu'avec  tous 
*  leurs  atomes ,  quelque  petits  et  quelque 
»  mobiles  qu'ils  les  fassent ,  en  quelque 
»  mouvement  et  quelque  ordre,  mélange 
»  et  disposition  qu'ils  nous  les  puissent 
»  faire  voir,  et  même  quelque  industrieuse 
»  main  qui  les  conduise  ,  ils  ne  sauraient 
»  jamais  nous  faire  imaginer  comment  il 
»  en  puisse  résulter  un  composé ,  je  ne 
»  dis  pas  qui  soit  raisonnable  comme 
v  l'homme  ,  mais  qui  soit  seulement  sen- 
v  sitif  comme  le  pourrait  être  le  plus  vil 
a  et  le  plus  imparfait  vermisseau  de  terre 
»  qui  se  trouve.  »  |  Traité  du  libre  et  du 
volontaire,  Amsterdam ,  1685 ,  in-12.  Il  a 
eu  aussi  quelque  part  à  Y  Arrêt  de  Boi- 
leau ,  donné  pour  le  maintien  de  la  doc- 
trine d'Aristole. 

BERMER  (  Jean  ),  médecin  à  Blois  , 
sa  patrie,  et  ensuite  à  Paris,  eut  le  titre 
de  médecin  de  Madame.  Nous  avons  de 
lui  |  Histoire  de  Blois,  Paris,  1682 ,  in-4°. 
|  Essais  de  médecine,  1689,  in-12.  |  Anli- 
menagiana,  in-12.  |  Jugement  sur  les 
OEuvres  de  Rabelais,  Paris  ,  1697,  in-12. 
Sa  qualité  de  médecin  de  Madame  ne  le 
tira  pas  de  la  pauvreté.  Sa  mauvaise  for- 
tune lui  inspira  une  humeur  chagrine  qui 
perce  dans  tous  ses  ouvrages.  Son  érudi- 
tion était  fort  superficielle,  et  Ménage 
l'appelle  vir  levis  armaturœ.  Il  mourut 
en  1678  ,  dans  un  âge  très  avancé. 

BERMER  (  Nicolas  ) ,  mailre  de  mu- 
sique de  la  Sainte-Chapelle ,  et  ensuite  de 
la  chapelle  du  roi ,  naquit  à  Mantes  sur 
Seine  en  1664.  Le  duc  d'Orléans,  régent 
du  royaume,  estimait  ses  ouvrages  et 
protégeait  l'auteur.  Bernier  mourut  à 
Paris  en  1734.  Ses  5  livr-es  de  Cantates ,  à 
une  et  deux  voix,  dont  les  paroles  sont 
en  partie  de  Rousseau  et  de  Fuselier  lui 
acquirent  une  grande  réputation.  On  a 
aussi  de  lui  les  Nuits  de  Sceaux  et  beau- 
coup de  motets  qu'on  exécute  encore. 

*  BERMER  (  Pierre-François  ),  né  à 
la  Rochelle ,  en  1779 ,  annonça  de  bonne 
heure  des  dispositions  pour  les  sciences , 
et  vint  en  1800  étudier  l'astronomie  à 
Paris.  La  même  année  il  fut  nommé ,  avec 
Bissy,  astronome  de  l'expédition  que  com- 
mandait le  capitaine  Baudin.  Bernier  re- 
cueillit ,  pendant  tout  le  cours  du  voyage 
d'importantes  remarques  nautiques,  qui 
furent  transmises  à  l'institut.  Il  mourut 


U  BER 

en  1803  ,  à  la  fleur  de  l'âge ,  sur  un  bâti- 
ment de  l'expédition  qui  se  trouvait  alors 
près  de  Timor. 

*  BERNIER  (Etienne- Alexandre-Jean- 
Baptiste-Marie  ) ,  évêque  d'Orléans  ,  né 
àDaon  en  Anjou  le  31  décembre  1764,  était 
curé  de  Saint-Laud  d'Angers  au  commen- 
cement de  la  révolution,  et  refusa  de  prêter 
le  serment  exigé  par  la  constitution  civile 
du  clergé.  Il  parvint  néanmoins  à  éviter 
la  déportation,  et  dès  que  la  guerre  de  la 
Vendée  eut  éclaté  au  mois  de  mars  1793  , 
il  se  rendit  à  l'armée  d'Anjou,  où  il  exerça 
les  fonctions  de  son  ministère  et  fut  un 
des  membres  les  plus  marquans  du  con- 
seil supérieur  des  armées  catholiques  et 
royales.  Apres  les  déroutes  du  Mans  et  de 
Savenay  ,  il  traversa  la  Loire ,  et  après 
avoir  erré  quelque  temps,  passa  dans 
l'armée  d'Anjou  que  commandait  Stoflef 
en  1794.  Il  contribua  beaucoup  à  réorga- 
niser le  parti  royaliste.  Stoflet  ne  fai- 
sait rien ,  dit-on  ,  sans  le  consulter  ;  c'était 
lui  qui  rédigeait  les  proclamations ,  qui 
correspondait  avec  les  émigrés  et  les 
puissances  étrangères  ;  ce  fut  lui  aussi  qui 
négocia  la  paix.  Il  conserva  encore  de 
l'influence  sous  d'Autichamp  ;  mais  en 
1799 ,  lorsque  les  Vendéens  reprirent  les 
armes  ,  il  ne  joua  pas  un  rôle  aussi  mar- 
quant ;  il  contribua  cependant  à  la  paci- 
fication opérée  par  le  général  Hédou  ville, 
et  eut  de  fréquentes  conférences  avec  le 
premier  consul,  auprès  duquel  il  était 
comme  l'ambassadeur  de  la  Vendée.  Il  fut 
encore  du  nombre  des  plénipotentiaires 
chargés  de  traiter  du  Concordat ,  et  après 
sa  signature  il  fut  élevé  au  siège  d'Or- 
léans et  sacré  évêque  par  le  cardinal  Ca- 
prara  ,au  commencement  d'avril  1802.  Il 
mourut  dans  son  diocèse  le  1er  octobre 
1806. 

*  BERMERES-LOU  VIGNY  (Jean  de), 
trésorier  de  franco  à  Caen,  né  dans  cette 
ville  en  1602,  d'une  famille  ancienne  3 
mort  subitement  le  3  mai  1659.  Il  avait 
établi  et  dirigeait  une  espèce  de  commu- 
nauté composée  d'ecclésiastiques  et  de 
laïques  pieux  qui  vivaient  ensemble , 
unis  par  les  liens  de  la  ferveur  et  de  l'o- 
raison ;  c'est  ce  qu'on  appelait  Y  Ermitage. 
Il  contribua  aussi  à  l'établissement  d'hô- 
pitaux ,  de  séminaires  ,  de  couvens  ,  et  à 
la  fondation  de  l'église  du  Canada.  On  lui 
doit  |  L'intérieur  chrétien,  petit  in-12; 
|  le  Chrétien  intérieur  ou  la  conformité 
intérieure  que  doivent  avoir  tous  les  chré- 
tiens avec  Jésus-Christ,  1660,  2  v.  in- 
12  ;  nouvelle  édition ,  Pamiers ,  1781 ,  2 


BER  2a 

vol.  in-12  ;  |  QEuyr.es  spirituelles ,  1670 , 
in-8°,  en  2  parties,  aussi  réimprimées.  Elles 
ont  été  mises  à  l'index  avec  le  Chrétien 
intérieur  pour  quelques  expressions  qui 
semblaient  favoriser  le  quiétisme.  |  Pen- 
sées de  M-  Dernières  Louvigny  t  ou  Sen- 
timens  d'un  chrétien  intérieur  sur  les 
principaux  mystères  de  la  foi  pour  les 
plus  grandes  fêles  de  V année J  Paris ,  1676. 
*  BERNINI  (  Joseph-Mauie  ) ,  capucin 
missionnaire ,  né  à  Carignan ,  ville  du 
Piémont,  voyagea  dans  l'Indostan,  et  sur- 
tout dans  la  province  de  Ne'ïpal,  où  il 
mourut ,  en  1753 ,  sur  la  route  de  Palnà. 
On  a  de  lui  :  |  une  Description  de  la  pro- 
vince de  Néipal,  traduite  en  anglais  ,  et 
insérée  dans  le  lom.  II  des  Asiatick  re- 
searches.  Celte  description  existe  beau- 
coup plus  ample  et  plus  correcte  parmi 
les  manuscrits  de  la  Propagande,  à  Rome 
sous  le  titre  de  :  Nolizie  laconiche  cli  al- 
cuni  usi ,  sacrifizi  ed  idoli  nel  regno  di 
Népal  „raccolle  nel  anno  il  kl;  j  Des  Dia- 
logues, en  langue  indienne,  qui  font  partie 
des  manuscrits  de  la  Propagande.  Enfin , 
le  P.  Bernini ,  selon  quelques  bibliogra- 
phes, a  traduit  plusieurs  ouvrages  con- 
cernant la  religion  des  Brahmes ,  entre 
autres ,  le  livre  intitulé  :  Adhiâtma-Rà- 
mâyama ,  qui  contient  une  ample  histoire 
de  Râmâ,  et  le  Djanâ-Sagâra ,  mer  de 
science ,  où  se  trouvent  les  principes  de 
Cabir ,  fameux  tisserand ,  fondateur  de  la 
nouvelle  secte ,  appelé  Cabir-prand.  Les 
Mémoires  historiques  de  ce  religieux  ont 
été  publiés  à  Vérone  ,  en  1767  ,  in-8°. 

BEhNITXI  ou  BERNIN  (  Jean-Lau- 
rent ),  appelé  vulgairement  le  chevalier 
Bernin,  peintre  ,  sculpteur  et  architecte, 
excella  également  dans  ces  trois  genres. 
Il  naquit  à  Naples  en  1598.  Ses  premiers 
ouvrages  parurent  sous  Paul  V,  qui  pré- 
dit ce  qu'il  serait  un  jour..Grégoire  XV 
l'honora  du  titre  de  chevalier.  Urbain 
VIII ,  Alexandre  VII  et  Clément  IX,  lui 
donnèrent  des  marques  de  leur  estime. 
La  reine  Christine  lui  rendit  quelques 
visites.  Louis  XIV  l'appela  de  Rome  à 
Paris  en  1665 ,  pour  travailler  au  dessin 
du  Louvre.  Ce  prince  magnifique  lui  fit 
fournir  des  équipages  pour  son  voyage , 
et  lui  donna  outre  cinq  louis  par  jour 
pendant  huit  mois  qu'il  y  resta ,  un  pré- 
sent de  50  mille  écus ,  avec  une  pension 
de  2000  écus ,  et  une  de  500  pour  son  fils. 
Ses  dessins  ne  furent  pas  exécutés.On  pré- 
féra ceux  de  Claude  Perrault,  si  injuste- 
ment et  si  vainement  ridiculisé  par  Des- 
préaux. On  assure  que  Bernin  voyant  les 


2  BEtt 

ouvrages  de  cet  habile  architecte ,  eut 
la  modestie  de  dire ,  que  quand  on  avait 
de  tels  hommes  chez  soi,  il  n'en  fallait 
pas  aller  chercher  ailleurs.  L'auteur  des 
Essais  historiques  sur  Paris  ne  convient 
pas  de  celte  anecdote.  Selon  lui,  le  che- 
valier Bernin,  plus  plein  d'amour  propre 
qu'un  autre  ,  loin  d'admirer  les  dessina 
de  Perrault,  marqua  le  plus  grand  em- 
pressement pour  faire  exécuter  le  sien 
par  préférence.  Il  ajoute  qu'on  lui  promit 
5000  louis  par  an ,  sil  voulait  rester; 
ce  qu'il  refusa,  aimant  mieux  aller  mou- 
rir dans  sa  patrie  :  que  la  veille  de  son 
départ  on  lui  apporta  celte  somme ,  avec 
un  brevet  de  12,000  livres  de  pension,  et 
qu'il  reçut  le  tout  assez  froidement.  Quoi 
qu'il  en  soit  de  ces  rapports,  dont  on 
croit  pouvoir  douter  (  comme  de  beau- 
coup d'autres  choses  rapportées  par  cet 
auteur  ),  le  roi  voulut  avoir  son  portrait 
de  la  main  de  ce  célèbre  artiste ,  et  lui  en 
fit  présent  d'un ,  enricln  de  diamans.  Il 
mourut  à  Rome  en  1680.  Ses  mœurs 
étaient  austères,  et  son  caractère  brusque. 
Rome  compte  parmi  ses  chefs-d'œuvre  les 
ouvrages  de  ce  grand  maitre.  Les  princi- 
paux sont  :  la  Fontaine  de  la  place  Na- 
vonne  ;  l'Extase  de  sainte  Thérèse,  ouvi  a- 
ge  supérieur  pour  l'expression  ;  la  Statua 
équestre  de  Constantin  ;  le  Maitre- Autel  * 
le  Tabernacle ,  la  Chaire  de  saint  Pierre , 
et  la  colonnade  qui  environne  la  plaça 
de  cette  église.  On  lui  a  reproché  d'avoir 
affaibli  la  coupole,  en  pratiquant  des  esca- 
liers dans  les  quatre  gros  massifs  qui  la 
soutiennent;  mais  l'abbé  May  l'a  bien  jus- 
tifié ,  et  M.  Patte  encore  mieux  (  Voyez 
MADERNO).  Versailles  admirera  toujours 
le  buste  de  Louis  XIV ,  où  le  caractère  de 
ce  grand  prince  est  aussi  bien  marqué  que 
les  traits  de  son  visage:  et  la  statue  éques- 
tre de  Marcus  Curlius ,  qui  mérite  d'être 
comparée  aux  plus  beaux  ouvrages  de 
l'antiquité,  etc.,  etc.  Cette  statue  était  des- 
tinée à  représenter  Louis  XIV  ;  mais 
comme  elle  était  peu  ressemblante ,  on  lui 
donna  le  nom  de  Marcus  Curtius.  C'était 
un  monument  que  la  reconnaissance  de 
Bernin  destinait  à  ce  prince;  il  y  travailla 
pendant  15  ans. 

*  BERN1S  (  François -Joachim  de 
PIERRES  de),  comte  de  Lyon,  cardinal 
et  archevêque  d'Albi,  de  l'académie  fran- 
çaise, né  le  22  mai  1715  à  Saint-Marcel- 
de-1'Ardèche ,  d'une  famille  noble  et  an- 
cienne ,  mais  peu  douée  des  biens  de  la 
fortune.  Il  fut  destiné  dès  son  enfance  h 
l'état  ecclésiastique,  et  fut  d'abord  nom- 


BEI\  23 

mé  chanoine  de  Brioude  :  ensuite  cha- 
noine comte  de  Lyon.  En  1735  il  se  rendit 
à  Paris.  Une  figure  heureuse  ,  des  ma- 
nières pleines  de  grâce  et  de  politesse,  un 
caractère  aimable  et  enjoué  ,  le  talent  de 
faire  des  vers  faciles  et  agréables,  le  firent 
rechercher  des  meilleures  sociétés.  Ce- 
pendant il  resta  plusieurs  années  sans  rien 
obtenir.  Le  cardinal  de  Fleury,  auquel  sa 
conduite  dissipée  avait  déplu,  lui  déclara 
qu'il  n'obtiendrait  de  son  vivant  aucun 
bénéfice.  On  prétend  qu'il  lui  répondit 
en  faisant  une  profonde  révérence ,  Mon- 
seigneur J  j'attendrai;  d'autres  disent  que 
celte  réponse  fut  faite  à  l'évêque  de  Mi- 
repoix  ,  Boyer ,  qui  avait  alors  la  feuille 
des  bénéfices.  Quoi  qu'il  en  soit ,  il  ne  se 
présenta  à  la  cour  qu'après  la  mort  du 
cardinal ,  et  il  obtint  par  la  protection  de 
Mme  de  Pampadour  l'ambassade  de  Ve- 
nise, où  il  se  fit  aimer  et  estimer.  De  re- 
tour à  Versailles,  il  fut  reçu  à  la  cour 
avec  les  marques  de  la  plus  grande  con- 
sidération. Louis  XV  le  nomma  membre 
du  conseil ,  et  le  chargea  de  l'importante 
négociation  qui  avait  pour  but  de  former 
une  alliance  entre  la  France  et  l'Autriche. 
Quoique  ce  ne  fût  point  son  avis  ,  il  en- 
treprit cette  négociation,  et  il  eut  la  gloire 
de  proposer  et  de  faire  admettre  le  seul 
plan  qui  pouvait  convenir  dans  cette  cir- 
constance. Les  plus  grandes  faveurs  fu- 
rent la  récompense  de  cette  opération  : 
l'abbé  de  Bernis  fut  nommé  au  ministère 
des  affaires  étrangères,  et  le  roi  demanda 
pour  lui  le  chapeau  de  cardinal.  Cepen- 
dant les  suites  funestes  de  l'alliance  avec 
l'Autriche  se  firent  bientôt  sentir,  et  mal- 
gré la  répugnance  qu'il  avait  montrée  à 
conclure  ce  traité,  on  lui  en  imputa  tous 
les  désastres,  et  il  fut  exilé  à  Soissons  en 
1758 ,  parce  que  ,  dit-on ,  il  voulait  con- 
clure la  paix  contre  l'opinion  de  Mme  de 
Pompadour  qui  voulait  la  continuation 
de  la  guerre.  Sa  disgrâce  ,  qui  prouve 
qu'il  était  plus  attaché  à  son  pays  qu'à  la 
faveur,  dura  jusqu'en  17G/t  ;  il  fut  rappelé 
et  nommé  archevêque  d'Albi.  L'habileté 
qu'il  déploya  dans  le  conclave  de  17C9 ,  le 
fit  nommer  ambassadeur  de  France  au- 
près de  la  cour  de  Rome,  pour  travailler, 
contre  son  opinion  particulière  ,  à  l'ex- 
tinction des  jésuites.  Après  le  conclave,  il 
joignit  à  son  titre  d'ambassadeur  celui  de 
protecteur  des  églises  de  France.  En  1791, 
les  tantes  de  Louis  XVI  ayant  quitté  la 
France,  il  les  reçut  chez  lui  avec  tous  les 
honneurs  dûs  à  leur  rang.  Ayant  refusé 
le  serment,  il  fut  dépouillé  de  son  arche- 
2. 


3  JtEU 

véché  et  de  ses  abbayes,  et  perdit  400,000 
francs  de  rente.  Se  trouvant  presque  dans 
le  uénùinent,  le  chevalier  d'Azara  sollicita 
pour  lui  et  obtint  une  pension  de  G0  mille 
livres  de  la  cour  d'Espagne.  Trois  ans 
après,  il  mourut  à  Rome  le  2  novembre 
1794,  à  l'âge  de  79  ans,  généralement  chéri 
et  regretté  des  Romains  et  des  étrangers, 
qui  admiraient  sa  douceur,  sa  générosité, 
et  sa  politesse  noble  et  facile.  l)es  poésies 
légères  qu'il  avait  faites  dans  sa  jeunesse, 
avaient  commencé  sa  réputation  ,  et  lui 
avaient  mérité,  on  ne  sait  trop  pourquoi . 
l'honneur  d'être  admis  à  l'académie  fran- 
çaise; car  elles  sont  assez  médiocres;  lui- 
même  n'aimait  pas  qu'on  lui  en  parlât  ; 
elles  flattaient  peu  son  amour-propre 
comme  poète  ,  et  ne  lui  paraissaient  pas» 
exemptes  de  reproche  ,  comme  évèque 
et  prince  de  l'Eglise.  Ces  poésies  consis- 
tent dans  quelques  Epîtres,  moitié  sé- 
rieuses, moitié  badines  ,  mêlées  d'affecta- 
tion, de  négligences  et  de  quelques  jolis 
vers.  On  vanta  beaucoup  autrefois  \'E~ 
pître  aux  dieux  Pénates  ;  elle  est  cepen- 
dant aussi  incorrecte  qu'inégale  ,  et  rem- 
plie de  mauvais  vers.  La  versification  est 
un  peu  meilleure  dans  les  Quatre  parties 
du  jour,  qu'il  ne  fallait  pas  appeler  un 
poème  ;  ce  sont  quatre  morceaux  qui  n'ont 
entre  eux  aucune  liaison ,  et  qui  offrent 
des  tableaux  plus  ou  moins  agréables  pour 
le  fond ,  mais  plutôt  enluminés  que  colo- 
riés. Son  petit,  poème,  intitulé  les  Quatre 
saisons,  est  encore  une  suite  de  lieux 
communs  de  poésie  descriptive ,  qui  ne 
sont  pas  sans  quelque  mérite  d'expression  ; 
mais  il  y  a  dans  les  images  plus  d'abon- 
dance que  de  choix ,  et  plus  de  luxe  que 
de  richesse.  Il  prodigue  trop  les  fleurs , 
et  ne  les  varie  pas  assez  ;  c'est  pour  cela 
que  Voltaire  l'appelait  Bàbet  la  bouque- 
tière. Après  sa  mort  on  a  publié  un  poème 
plus  analogue  à  son  état ,  intitulé  La  Re- 
ligion vengée ,  très  belle  édition,  Parme  , 
Bodoni ,  1095 ,  in-8°,  in-4°  et  in-folio.  Le 
style  n'est  pas  sans  noblesse;  on  y  remar- 
que quelques  beaux  vers,  et  de  belles 
pensées;  mais  il  est  pauvre  de  poésie, 
monotome ,  négligé,  et  le  raisonnement  y 
est  porté  jusqu'à  l'argumentation  méta- 
physique. Il  ne  peut  qu'édifier  les  amis 
de  la  religion  :  mais  il  n'alarmera  jamais 
ses  ennemis.  Il  est  bien  inférieur  à  celui 
de  Racine  le  fils  sur  le  même  sujet.  Ses 
Œuvres  complètes  ont  été  publiées  par 
Didot  l'aîné,  1797,  in-8°.On  a  imprimé  en 
1790  sa  Correspondance  avec  M.  Paris  du 
Verney ,  et  en  1799  celle  avec  Voltaire  , 
22 


BEIl  2 

depuis  17G1  jusqu'en  1777.  Cette  corres- 
pondance fait  honneur  à  son  esprit;  mais 
on  est  étonné  qu'il  ait  conservé  une  liai- 
son épistolaire  aussi  suivie  avec  un  homme 
dont  l'esprit  était  aussi  opposé  à  son  ca- 
ractère. 

BEBIVON  ,  noble  bourguignon  ,  fut  le 
premier  abhé  de  Cluny,  et  le  réformateur 
de  plusieurs  autres  monastères.  Saint- 
Hugues,  moine  de  Saint-Martin  d'Autun, 
maison  alors  très  régulière,  travailla  avec 
lui  à  rétablir  la  discipline  monastique. 
Bernon  donna  sa  démission  en  926 ,  et 
partagea  les  abbayes  qu'il  gouvernait, 
entre  Vidon  son  parent,  et  Odon  son  dis- 
ciple. Ce  dernier  a  été  proprement  le  pre- 
mier fondateur  de  l'ordre  de  Cluny.  Il 
mourut  en  927,  après  avoir  fait  un  testa- 
ment que  nous  avons  encore. 

*  BERIVOU  (Le  P.  ),  missionnaire  fran- 
çais ,  mort  à  Nîmes  au  commencement 
du  18e  siècle,  est  auteur  de  |  la  Conduite 
à  l'Eternel;  \  Manuel  de  l'écolier  chré- 
tien; |  Jeux  historiques  sur  l'Ancien  Tes- 
tament; |  Cantiques  des  familles  chré- 
tiennes; |  Paraboles  de  l'Evangile  mises 
en  vers  français,  avec  un  Abrégé  de  la 
vie  de  Jésus-Christ. 

BERAOULLI  (Jacques),  né  à  Bàle  en 
1654,  fut  d'abord  destiné  à  être  ministre  ; 
mais  la  nature  l'avait  fait  mathématicien. 
Son  père  s'opposait  fortement  à  son  goût  ; 
mais  ses  progrès  furent  si  rapides ,  quoi- 
que secrets,  qu'il  passa  bientôt  de  la  géo- 
métrie à  l'astronomie.  Pour  célébrer  cette 
espèce  de  triomphe  ,  il  fit  un  médaillon , 
dans  lequel  il  représenta  Phaéton  condui- 
sant le  char  du  soleil,  avec  cette  légende  : 
Je  suis2*armi  les  astres  malgré  mon  père. 
Le  symbole  n'était  pas  judicieusement 
choisi,  puisqu'il  annonçait  une  chute  que 
Bernoulli  eût  été  bien  fâché  de  voir  ar- 
river. Mais  on  sait  que  chez  les  géomètres 
le  jugement  est  souvent  en  raison  inverse 
de  la  science  des  calculs.  (  Voyez  WOLF.) 
Dès  l'âge  de  dix-huit  ans ,  il  résolut  un 
problème  chronologique  qui  aurait  em- 
barrassé un  vieux  savant.  A  22 ,  étant  à 
Genève,  il  apprit  à  écrire  par  un  moyen 
nouveau  ,  à  une  fille  qui  avait  perdu  la 
vue  2  mois  après  sa  naissance.  Il  publia 
en  1G82  j  un  nouveau  Système  des  Co- 
mètes, |  et  une  excellente  Dissertation  sur 
la  pesanteur  de  l'air.  Ce  fut  environ  vers 
le  même  temps,  que  Leibnitz  fit  paraître, 
dans  les  Journaux  de  Leipsick,  quelques 
issais  du  nouveau  calcul  différentiel,  ou 
des  infiniment  petits ,  dont  il  cachait  la 
méthode.  Jacques  Bernoulli  et  Jean  son 


5  4  BER 

frère,  aussi  grand  géomètre  que  lui ,  de- 
vinèrent son  secret.  Cette  méthode  fut 
tellement  perfectionnée  sous  leurs  mains, 
que  l'inventeur,  assez  grand  homme  pour 
être  modeste,  avoua  qu'elle  leur  apparte- 
nait autant  qu'à  lui.  Sa  patrie  voulant 
s'attacher  un  citoyen  qui  l'illustrait,  le 
nomma  professeur  de  mathématiques. 
L'académie  des  sciences  de  Paris  se  l'a- 
grégea en  1699,  et  celle  de  Berlin  en  1701. 
Il  mourut  en  1705,  à  51  ans.  Son  tempéra- 
ment était  bilieux  et  mélancolique  ;  sa 
marche  dans  les  sciences,  lente,  mais  sûre. 
Il  ne  donna  rien  au  public ,  qu'après  l'a- 
voir revu  et  examiné  plusieurs  fois.  Son 
traité  |  De  Arte  conjectandi,  ouvrage  pos- 
thume .  imprimé  dans  le  recueil  de  ceux 
de  son  frère,  et  séparément  en  1713,  in-4°, 
et  |  celui  des  infinis  ,  répandirent  son 
nom  dans  toute  l'Europe.  Bernoulli  vou- 
lut que  l'on  mit  sur  son  tombeau  une 
spirale  logarithmique,  avec  ces  mots  Ea~ 
dem  mutata  resurgo ,  et  exprima  ainsi 
dans  le  langage  de  sa  science  favorite ,  la 
foi  de  la  résurrection.  Bernoulli  joignit 
l'amour  de  la  poésie  à  celui  des  mathé- 
matiques ;  il  s'exerça  à  faire  des  vers  alle- 
mands, latins  et  français,  mais  il  y  réussit 
fort  mal.  Les  mathématiques  ne  sont 
point ,  pour  l'ordinaire ,  le  champ  d'où 
s'élancent  les  grands  poètes  (  Voy.  LEIB- 
NITZ ).  Ses  OEuvres ,  en  y  comprenant 
le  Traité  de  l'art  de  conjecturer,  forment 
3  vol.  in-4°. 

BERNOULLI  (Jean  ) ,  frère  du  précé- 
dent, professeur  de  mathématiques  à  Bàle, 
et  membre  des  académies  des  sciences  de 
Paris,  de  Londres,  de  Berlin  et  de  Péters- 
bourg,  naquit  à  Bàle  l'an  1667,  et  y  mou- 
rut en  1748.  Il  courut  la  même  carrière 
que  son  frère  et  ne  s'y  distingua  pas 
moins.  On  a  publié,  en  1742,  à  Lausanne, 
le  recueil  de  tous  les  ouvrages  de  Ber- 
noulli, en  4  volumes  in-4°.  M.  d'Alembert 
avoue  qu'il  leur  doit  presqu'entièrement 
les  progrès  qu'il  a  faits  dans  la  géométrie. 
A  l'âge  de  18  ans,  il  imagina  le  calcul  dif- 
férentiel, ou  des  infiniment  petits,  d'après 
des  idées  vagues  que  Leibnitz  avait  don- 
nées de  ce  calcul,  et  trouva  les  premiers 
principes  du  calcul  intégral  (  voyez  l'ar- 
ticle précédent  ).  Cette  découverte  le  mit 
en  élat  de  résoudre  les  problèmes  les 
plus  difficiles,  et  de  faire  les  plus  grandes 
choses.  En  1690 ,  cet  habile  homme  vint 
à  Paris,  pour  y  voir  les  sa  vans.  Il  fit  con- 
naissance avec  Mallebranche,  Cassini,  la 
Hire,  Varignon ,  et  le  marquis  de  l'Hôpi- 
tal. Ce  seigneur  fut  si  chai  mé  de  l'entendre 


BER 


2o5 


BER 


muer  sur  la  géométrie ,  qu'il  voulut 
posséder  tout  seul.  Il  l'emmena  dans  sa 
terre,  et  résolut  avec  lui  les  problèmes  les 
plus  difficiles  de  la  géométrie.  C'est  dans 
cette  solitude,  que  Bernoulli  inventa  le 
calcul  exponentiel.  De  retour ,  il  proposa 
différons  problèmes  aux  mathématiciens, 
et  décerna  les  couronnes  à  Newton,  à 
Leibnitz ,  et  au  marquis  de  l'Hôpital , 
c'est-à-dire,  aux  plus  grands  géomètres  du 
siècle.  Son  frère  concourut  à  ces  prix  ,  et 
lui  demanda  à  son  tour  des  solutions. 
C'était  une  espèce  de  défi,  qui  fit  naître 
une  querelle  fort  vive  entre  ces  deux  il- 
lustres savans.  Elle  ne  fut  terminée  que 
par  la  mort  de  Jacques  Bernoulli.  Jean 
soutint  aussi  avec  Hartsoeker ,  physicien 
célèbre,  une  guerre  sur  le  baromètre ,  et 
vengea  Leibnitz  de  l'espèce  d'insulte  que 
quelques  Anglais ,  provoqués  par  Kheil , 
lui  firent  au  sujet  du  calcul  différentiel. 
Bernoulli  écrivit  sur  la  manœuvre  des 
vaisseaux,  et  sur  toutes  les  parties  des  ma- 
thématiques, et  il  les  enrichit  de  grandes 
vues  et  de  nouvelles  découvertes.  Son 
sentiment  sur  les  forces  vives,  adopté 
aujourd'hui  par  une  partie  des  géomètres, 
eut  beaucoup  de  contradictions  à  essuyer. 
Ce  mathématicien  faisait  quelquefois , 
comme  son  frère,  des  vers  latins,  peut- 
être  aussi  mal,  dit  un  homme  d'esprit, 
qu'un  homme  né  à  Pékin  ferait  des  vers 
français.  Il  avait  soutenu  à  l'âge  de  18  ans 
une  thèse  en  vers  grecs  sur  cette  ques- 
tion :  Que  le  prince  est  pour  les  sujets  ; 
matière  plus  in  téressante  pour  les  peuples , 
que  toutes  les  spéculations  de  géométrie. 
Bernoulli  laissa  des  enfans  dignes  d'un 
tel  père.  —Nicolas  BERNOULLI,  appelé 
par  le  czar  Pierre,  pour  remplir  une  chaire 
de  professeur  en  mathématiques  dans  l'a- 
cadémie naissante  de  Pétersbourg  ,  mou- 
rut 8  mois  après  d'une  fièvre  lente ,  en 
1726  ;  la  czariue  Catherine  fit  les  frais  de 
son  enterrement.  D.vmel  et  Jean  ,  deux 
autres  de  ses  fils,  n'ont  pas  moins  honoré 
leur  patrie.  Daniel ,  mort  en  1782 ,  après 
avoir  composé  des  dissertations  savantes 
sur  la  construction  des  clepsydres,  sur 
l'inclinaison  mutuelle,  des  orbites  des  pla- 
nètes ,  sur  la  construction  des  ancres ,  de 
la  boussole ,  sur  le  flux  et  reflux  de  la 
mer,  etc. ,  s'est  encore  fait  connaître  par 
son  Hydrodynamique  ou  Commentaire 
sur  la  force  et  le  mouvement  des  fluides, 
Strasbourg,  1738.  Il  remporta  plusieurs 
prix  à  l'académie  des  sciences  de  Paris. 
Jean ,  mort  en  1790,  concourut  aussi  pour 
les  prix  de  l'académie.  Ses  mémoires  sur 


le  cabestan,  sur  la  propagation  de  la  lui 
mièrê  ont  été  couronnés. 

BERNOULLI  (Jean  ),  fils  de  Jean 
Bernoulli,  né  à  Bàle  en  1744,  mort  à  Ber- 
lin en  1807,  où  il  avait  été  appelé,  en 
1763  ,  comme  astronome.  Quelques  an- 
nées après  il  obtint  la  permission  de 
voyager,  et  visita  successivement  l'Alle- 
magne ,  l'Angleterre  ,  la  France ,  l'Italie , 
la  Suisse  ,  la  Russie  et  la  Pologne.  En  1779 
il  fut  nommé  directeur  de  la  classe  des 
mathématiques  de  l'académie  de  Berlin. 
Ses  principaux  ouvrages  sont  |  Recueil 
pour  les  astronomes,  3  vol.  in-8°.  ]  Lettres 
sur  différens  sujets  écrites  pendant  le 
cours  d'un  voyage  par  l'Allemagne,  la 
Suisse ,  la  France  et  l'Italie  ,  en  1774  et 
1775,  5  volumes  in-8°.  |  Description  d'un 
voyage  en  Prusse ,  en  Russie  et  en  Polo- 
gne, en  1777 et  1778,  6  vol.  en  allemand; 
idem,  trad.  en  français.  |  Recueil  de 
voyages,  16  vol.  en  allemand.  |  Archives 
pour  l'histoire  et  la  géographie ,  8  vol. 
en  allemand.  |  E  lé  mens  d'algèbre  d'Eu- 
1er,  trad.  de  l'allemand,  Lyon,  1785,  2  vol. 
in-8°.  —  Jacques,  son  frère  ,  né  en  1759 , 
après  avoir  beaucoup  voyagé ,  se  fixa  à 
Saint-Pétersbourg  ,  et  y  périt  d'un  coup 
d'apoplexie  en  se  baignant  dans  la  Neva , 
le  3  juillet  1789.  On  trouve  plusieurs  Mé- 
moires de  lui  dans  les  Nova  acta  academ. 
Pelropol.,  ainsi  que  son  éloge,  suivi  de  la 
liste  de  ses  écrits. 

BERÏVSTO.RF  (Jean  Hartyvig -Er- 
nest, comte  de),  ministre  d'état  en  Da- 
nemarck,  né  à  Hanovre  en  1712,  se  mon- 
tra digne  de  cette  place  par  l'étendue  de 
ses  vues  et  de  son  zèle  pour  le  bonheur 
des  Danois.  Après  avoir  fixé  l'attention 
du  gouvernement  danois,  il  fut  employé 
dans  diverses  ambassades  et  fut  mis  par 
Frédéric  V  à  la  tète  des  affaires  étrangè- 
res. Pendant  la  guerre  de  sept  ans,  il  sui- 
vit un  système  de  neutralité  qui  favorisa 
le  commerce  et  la  prospérité  intérieure 
des  états  du  Danemarck.  Il  fit  aussi  plu- 
sieurs traités  ou  échanges  avantageux 
avec  la  Russie,  et  termina  les  longues  dis- 
cussions qui  avaient  eu  lieu  au  sujet  du 
droit  de  suzeraineté  de  la  maison  de  Hol- 
stein  sur  la  ville  de  Hambourg.  Bernstorf 
encourageait  en  même  temps  les  manu- 
factures ,  le  commerce  ,  l'agriculture  ,  les 
sciences  et  les  arts  ;  enfin  il  fit  affranchir 
les  paysans  de  ses  domaines  qui  étaient 
assujettis  à  la  glèbe  comme  la  plupart  de 
ceux  du  Danemarck.  Une  colonne,  élevée 
à  son  honneur  près  de  Copenhague ,  at- 
teste la  reconnaissance  publique.  Il  ter- 


BER 


2S6 


BER 


mina  sa  carrière  en  1772.  André  Pierre 
Bernstorf,  son  neveu,  parvenu  au  minis- 
tère ,  se  distingua  comme  lui  par  les  me- 
sures sages  qu'il  proposa  pour  l'adminis- 
tration du  pays;  ce  fut  lui  qui  fit  accéder 
le  Danemarck,  en  1778,  à  la  neutralité 
armée.  Il  ne  cessa  de  s'occuper  des  inté- 
rêts de  l'état  jusqu'à  ses  derniers  mornens, 
et  mourut  en  1797. 

BÉROALD  ou  BEROALDE  (Matthieu), 
mort  en  1584,  se  fit  connaître  par  un  ou- 
vrage intitulé  :  Chronicon  Sacrée  Scrip- 
turce  auctoritate  constitulum,  Genève, 
1575 ,  in-fol.  Il  embrassa  la  réformation 
avec  Jules  Scaliger  et  d'autres  savans, 
fut  arrêté  à  Coutances,  à  cause  de  ses  opi- 
nions ,  et  condamné  à  être  brûlé.  Il  fut 
assez  heureux  pour  échapper  au  supplice. 
En  1574 ,  il  se  retira  à  Genève,  y  fut  mi- 
nistre ,  et  y  occupa  une  chaire  de  philo- 
sophie. 

BÉROALD  DE  VERVILLE  (François), 
fils  du  précédent,  de  protestant  devenu 
catholique ,  et  chanoine  de  St.-Gratien  de 
Tours,  chercha  la  pierre  philosophale ,  et 
déposa  ses  folies  dans  ses  appréhensions 
spirituelles,  Poèmes  et  autres  OEuvres 
philosophiques ,  avec  les  Recherches  de 
la  pierre  philosophale ,  1584, in-12.  L'au- 
teur y  parait  aussi  mauvais  poète  que 
mauvais  philosophe.  Il  est  plus  connu  par 
son  Moyen  de  parvenir  ,  dans  lequel  il 
s'efforce  de  tourner  en  ridicule  tout  le 
genre  humain.  C'est  un  recueil  d'inutili- 
tés, de  puérilités  et  d'ordures,  mêlées  de 
quelques  traits  naïfs.  Un  savant  oisif  et 
de  mauvais  goût  a  bien  voulu  prendre  la 
peine  de  donner  une  édition  de  cet  ou- 
vrage pitoyable,  en  1732,  2  volumes  in-16, 
réimprimé  en  1754  avec  des  tables  alpha- 
bétiques et  des  notes  marginales.  Ce  livre 
a  été  aussi  imprimé  avec  ce  titre  Le  sal- 
migondis ,  Liège,  1698,  in-12  ;  Le  coupe-cu 
de  la  mélancolie ,  Parme  ,  1698 ,  in-12  : 
c'est  la  même  édition  sous  deux  titres.  Il 
y  en  a  une  autre  in-24  de  459  pages,  sans 
date,  que  le  Père  Nicéron  croit  être  d'El- 
zévir.  Quelques-uns  prétendent  que  cet 
ouvrage  n'est  pas  deBéroald,  et  que  celui- 
ci  ayant  fait  un  livre  de  morale  ,  intitulé 
De  la  sagesse  et  du  moyen  de  parvenir  j 
on  libertin  en  prit  occasion  de  faire  un 
recueil  de  contes  libres  et  obscènes,  sous 
ce  titre  Moyen  de  parvenir,  qu'il  mit 
sur  le  compte  de  Béroald  ;  c'est  le  senti- 
ment de  M.  le  marquis  de  Paulmy  dans 
ses  Mélanges  tirés  d'une  grande  biblio- 
thèque. Béroald  né  à  Paris  en  1558,  mou- 
rut vers  l'an  1612.  C'était  un  vrai  original. 


Il  affectait  d'être  instruit  des  secrets  les 
plus  cachés  de  la  nature ,  comme  de  la 
pierre  philosophale ,  du  mouvement  per- 
pétuel ,  de  la  quadrature  du  cercle,  des 
effets  de  la  sympathie,  etc.,  etc. 

BEROALDE  (  Philippe  ) ,  né  à  Bologne 
d'une  famille  noble  en  1453,  mort  en 
1505,  professa  les  belles- lettres  dans  sa 
patrie ,  et  fut  un  homme  très  érudit  pour 
son  temps,  et  l'un  de  ceux  qui  contri- 
buèrent le  plus  à  purger  la  langue  latine 
de  la  rouille  et  de  la  barbarie  des  siècles 
d'ignorance,  quoique  sa  latinité  cepen- 
dant ne  soit  pas  un  modèle.  Il  composa 
plusieurs  ouvrages  en  prose,  de  divers 
genres  ,  et  quelques-uns  en  vers  ;  mais  il 
s'appliqua  principalement  à  publier  d'an- 
ciens auteurs  grecs  et  latins  avec  des 
commentaires.  On  a  de  lui  |  Des  Com- 
mentaires sur  Apulée 3  Venise,  1501, 
in-fol.  et  sur  d'autres  écrivains.  |  Le  re- 
cueil de  ses  OEuvres,  1507  et  1513 ,  2  vol. 
in-4°.  Sa  Vie  a  été  donnée  en  latin  par 
Jean  Pins,  Bologne,  1504,in-4°.  Bian- 
chini  en  a  donné  une  autre  à  la  tète  du 
Suétone  de  Béroalde,  à  Lyon,  1548,  in- 
fol.  , 

BÉROALDE  (  Philippe  ),  neveu  du 
précédent,  mort  en  1518,  fut  bibliothé- 
caire du  Vatican ,  sous  Léon  X.  Il  publia 
plusieurs  pièces  de  vers  très  estimées 
dans  les  Deliciœ    Poelarum   Italorum. 

*  BEROLDUVGEN  (  François  de  ) , 
minéralogiste  distingué,  né  à  St.-Gall, 
en  Suisse ,  le  11  octobre  1740 ,  mort  le  8 
mars  1798,  chanoine  d'Hildesheim  et 
d'Osnabruck,  fut  membre  de  plusieurs 
sociétés  savantes,  et  parcourut  diverses 
contrées  pour  observer  la  nature  du  sol,  la 
structure  des  montagnes  et  leurs  produits 
minéraux  :  il  acquit  ainsi  une  grande 
masse  de  connaissances,  qui  donnent 
beaucoup  de  prix  à  ses  ouvrages ,  malgré 
la  disposition  aux  hypothèses,  et  les  pré- 
ventions qui  s'y  font  souvent  remarquer. 
Les  principaux  sont  :  |  Observations, 
Doutes  et  Questions  sur  la  minéralogie 
en  général,  et  sur  un  système  naturel  des 
minéraux  en  particulier.  Le  1er  volume 
parut ,  sans  nom  d'auteur ,  à  Hanovre  , 
1778,  in-8°,  et  fort  augmenté,  sous  son 
nom,  à  Hanovre  et  à  Osnabruck,  1792, 
in-8°  ;  2e  vol.,  ibid.,  1793.  Il  voulait  par- 
courir ainsi  tout  le  règne  minéral ,  et  in- 
diquer les  rapports  qui  lient  entre  eux  les 
minéraux.  |  Observations  faites  pendant 
un  voyage  dans  les  mines  de  vif-  argent 
duPalatinat  et  du  duché  de  Deux-Ponts^ 
avec  une  carte  pétrographique ,  Berlin, 


BER 


257 


BER 


1788 ,  in-8°  ;  |  les  Volcans  des  temps  an- 
ciens et  des  temps  modernes  considérés 
physiquement  et  miner alogiquement , 
Manheim,  1791,  in-8°  ;  |  Nouvelle  Théorie 
sur  le  basalte,  dans  les  Supplémens  de 
Oeil  aux  Annales  de  la  chimie ,  t.  IV  ; 
|  Description  de  la  fontaine  de  Dribourg, 
Hildesheim,  1782,  in-  8°,  etc.  Tous  ces 
ouvrages  sont  en  allemand. 

•  BÉRONIE  (  Nicolas  ) ,  jésuite  et  pro- 
fesseur au  collège  de  Tulle ,  né  dans  cette 
ville  en  1742 ,  mort  dans  les  derniers 
Jours  de  1820 ,  a  laissé  un  Dictionnaire 
du  patois  du  Bas-Limousin,  et  plus  par- 
ticulièrement des  environs  de  Tulle ,  qui 
a  été  mis  en  ordre,  augmenté  et  publié 
après  sa  mort  par  M.  Y ialle ,  avocat  ; 
Tulle,  in-4°,  sans  date.  On  trouve  un 
article  sur  ce  dictionnaire  dans  le  Jour- 
nal des  savons,  février  1824. 

BÉROSE,  prêtre  du  temple  de  Bélus 
àBabylone,  auleur  d'une  Histoire  de  Chal- 
dée,  citée  par  les  anciens,  et  dont  on 
trouve  quelques  fragmens  dans  Josèphe. 
Annius  de  Viterbe  a  publié  sous  le  nom 
de  cet  historien,  un  roman  rempli  de 
contes,  auxquels  Bérose  n'a  pas  songé. 
On  ne  sait  si  la  perte  de  l'histoire  de 
Bérose  est  un  grand  malheur.  En  com- 
posant cet  ouvrage,  il  n'avait  pas  oublié 
qu'il  était  babylonien.  (  .'était  alors  la  folie 
de  tous  les  peuples,  comme  ce  l'est  en- 
core aujourd'hui  des  Chinois  et  des  In- 
dous,  de  vouloir  être  regardés  comme 
les  plus  anciens  de  la  terre.  Il  fabriqua 
des  Antiquités  merveilleuses  pour  sa  pa- 
trie, et  étaya  ses  impostures  comme  il 
put.  D'un  autre  côté ,  on  trouve  dans  ce 
qui  nous  reste  de  son  Histoire ,  des  pas- 
sages admirablement  conformes  à  l'Ecri- 
ture sainte.  C'est  ainsi  qu'il  parle  en  ter- 
mes exprès  de  l'arche  qui  s'arrêta  vers 
la  fin  du  déluge ,  sur  une  montagne  de 
l'Arménie.  Bérose  était  astrologue.  Ses 
prédictions  enchantèrent  les  Athéniens, 
au  point  qu'ils  lui  firent  élever,  dans  leur 
gymnase,  une  statue  avec  une  langue 
dorée.  Sa  fille,  prophétesse  comme  lui, 
fut  sibylle  à  Cumes.  Il  était  contempo- 
rain d'Alexandre  le  Grand.  On  a  imprimé 
sous  son  nom  5  livres  d'Antiquités,  à 
Anvers,  1545,  in-8°.  Bareiros,  savant 
Portugais,  en  a  fait  une  critique  qui  se 
trouve  à  la  lin  de  l'édition  qu'on  en  a 
donnée  à  Anvers  en  1599. 

BERQUEM.  Voyez  BERKEN. 

BERQUIN  (Louis),  gentilhomme  arté- 
sien du  16e  siècle ,  fut  accusé  de  donner 
tles  opinions  de  Luther ,  qui  se  ré- 


pandaient alors ,  et  dénoncé  au  parlement 
de  Paris.  Ce  tribunal  ordonna  que  di- 
verses propositions  extraites  de  ses  écrits 
seraient  communiquées  à  la  faculté  de 
théologie  pour  avoir  son  avis.  Celle-ci  les 
censura  en  1523.  On  saisit  sa  bibliothè- 
que :  on  y  trouva  le  livre  De  abroganda 
missa,  divers  écrits  de  Luther  et  de  Mé- 
lanchthon.  Le  parlement  fit  jeter  au  feu 
les  ouvrages  de  Berquin,  et  le  condamna 
à  une  abjuration  publique;  le.  coupable 
ne  voulant  point  obéir,  fut  condamné  à 
garder  la  prison  de  l'officialilé.  François 
Ier,  qui  aimait  beaucoup  Berquin ,  le  fit 
sortir  de  sa  prison  ;  mais  ce  fanatique 
persistant  toujours  dans  son  erreur,  ses 
juges  le  condamnèrent  au  feu.  La  sen- 
tence fut  exécutée  en  place  de  Grève, 
le  12  avril  1529.  Il  avait  traduit  plusieurs 
ouvrages  d'Erasme,  dans  lesquels  il  avait 
glissé  ses  erreurs. 

BERQUIN  (  Arivauld  ) ,  né  à  Bordeaux 
vers  1749,  mort  à  Paris  le  21  décembre 
1791,  s'est  fait  connaître  par  divers  ouvra- 
ges ,  parmi  lesquels  on  distingue  |  Idylles, 
Paris,  1774,2  vol.  in -8°.  Elles  sont  au 
nombre  de  douze ,  dont  six  sont  imitées 
de  Gessner  ;  une  d'un  autre  poète  alle- 
mand; une  d'un  auteur  italien;  quatre 
sont  de  son  invention.  Il  y  en  a  qu'on  lit 
avec  plaisir  :  c'est  le  vrai  ton  des  pasto- 
rales ;  le  simple ,  le  naturel ,  le  tendre , 
le  délicat  caractérisent  la  plume  du  Théo- 
crite  français  ;  s'il  avait  été  partout  égale- 
ment sage ,  et  qu'il  n'eût  pas  mêlé  aux 
plaisirs  innocens  de  la  vie  champêtre  des 
images  alarmantes  pour  les  mœurs ,  on 
aurait  la  satisfaction  de  pouvoir  l'ad- 
mirer sans  réserve.  Il  a  donné  en  1775  un 
second  recueil  d' Idylles,  dont  on  doit 
porter  le  même  jugement.  La  plupart 
sont  prises  de  Wieland ,  Gessner  et  Mé- 
tastase :  l'imitateur  outre  quelquefois  les 
traits  de  ses  modèles,  et  ce  n'est  pas  en 
faveur  de  la  vertu.  |  Choix  de  tableaux  ., 
tirés  de  diverses  galeries  Anglaises, 
Paris,  1775  ,1  vol.  in -8°.  Ces  tableaux 
n'existent  que  dans  le  cerveau  de  Ber- 
quin :  s'il  s'est  persuadé  qu'ils  pouvaient 
paraître  tirés  des  galeries  Anglaises* 
c'est  qu'il  a  cru  l'imagination  des  Anglais 
plus  déréglée  que  celle  des  autres  peu- 
ples. Les  contes  qu'il  lui  a  plu  d'appeler 
Tableaux ,  sont  froids,  puérils,  indécens 
et  vraiment  dignes  de  pitié.  |  VAmi  des 
enfans ,  Paris ,  1782;  ouvrage  écrit  avec 
un  naturel  et  une  naïveté  qui  en  rendent 
la  lecture  agréable  aux  enfans.  L'auteur 
leur  présente  toutes  sortes  de  leçons  sous 


BER  258 

la  forme  de  contes ,  et  cette  manière  d'en- 
seigner fait  toujours  sur  le  premier  âge 
les  impressions  les  plus  sûres.  Cependant 
parmi  ces  contes ,  il  en  est  qui  ne  sont 
pas  également  bien  choisis  :  il  s'en  trouve 
même  quelques-uns  dont  la  morale  n'est 
pas  exacte ,  d'autres  où  les  leçons  sont  un 
peu  verbiageuses  et  noyées  dans  des  dé- 
tails inutiles  ;  d'autres  enfin  qui  sem- 
blent manquer  de  justesse  et  dont  la  con- 
clusion ne  se  présente  pas  d'une  manière 
assez  sensible.  |  Lectures  pou?'  les  enfans, 
ou  choix  de  petits  contes  et  drames  éga- 
lement propres  à  les  amuser  et  leur  in- 
spirer le  goût  de  la  vertu,  1784.  |  L'Ami 
de  l'adolescence ,  suite  de  Y  Ami  des  en- 
fans,  1784.  |  Sandfort  et  Merton,  1786. 
/  Introducton  familière  à  la  connaissance 
de  la  nature,  1787.  |  Le  petit  Grandisson, 
4788.  |  Le  livre  de  famille,  ou  journal  des 
enfans,  1791.  Tous  ces  ouvrages,  qu'il 
composa  pour  l'éducation  de  la  jeunesse  , 
ont  obtenu  un  grand  nombre  d'éditions , 
in-12  et  in-8°,  ornées  de  figures.  Les  meil- 
leures sont  celles  de  Paris ,  4796 ,  28  vol. 
in-18;  1803 ,  20  vol.  in-18,  et  17  vol.  in-12  ; 
4802,  22  vol.  in-18;  4807,  40  vol.  in-12;  le 
choix  de  tableaux  anglais  ne  se  trouve 
dans  aucune  de  ces  éditions. 

*  BERll  de  TURRIQUE  (  Isaac  ) ,  juif 
de  Nancy,  plaida  au  commencement  de  la 
révolution  en  faveur  de  ses  coreligion- 
naires ;  il  parut  à  la  barre  de  l'Assemblée 
constituante,  pour  y  prononcer  un  dis- 
cours à  ce  sujet,  et  publia  plusieurs  écrits 
sur  l'organisation  du  culte  israélite.  Berr 
se  retira  ensuite  dans  sa  propriété  de 
Turrique ,  près  de  Nancy ,  dont  une  or- 
donnance de  Louis  XVIII  lui  permit  d'a- 
jouter le  nom  au  sien;  il  y  mourut  en 
novembre  1828  ,  à  l'âge  de  85  ans. 

BERRÉTIM.  fby<?sBÉRETTN  (Pierre). 
BERRI  (  duc  de  ).  Voyez  CHARLES- 
FERDINAND  ,  duc  de  Berri. 

*  BERRIER  (  Louis) ,  prieur  de  Perray 
en  Bourgogne.  Il  était  fils  d'un  conseiller 
d'état,  et  lui-même  était  déjà  conseiller 
au  parlement  de  Paris,  lorsque,  touché  du 
désir  d'une  plus  grande  perfection,  il 
renonça  aux  places  et  aux  honneurs  po.,r 
se  retirer  dans  son  prieuré,  où  il  fonda 
la  réforme.  Il  avait  auparavant  conféré  de 
son  projet  avec  l'abbé  de  Rancé,  et  il 
prit  l'habit  religieux  en  1698.  Sa  commu- 
nauté devint,  en  peu  de  temps,  très 
nombreuse.  Voyez  le  tome  6  de  l'histoire 
des  ordres  monastiques  d'Hélyot.  On 
ignore  l'époque  de  sa  mort,  mais  il  vivait 
encore  en  4734, 


BER 

BERROYER  (Claude  ) ,  avocat  an  par- 
lement de  Paris,  mort  en  1735,  a  donné 
|  les  Arrêts  de  Bardot ,  Paris ,  2  vol.  in- 
fol.  |  La  Coutume  de  Paris,  de  Duplessis, 
Paris  ,  1709 ,  in-fol.  |  La  Bibliothèque  des 
Coutumes  avec  Laurière,  Paris,  1699,  in-4°. 
Ce  recueil  est  curieux.  On  y  trouve ,  en- 
tr'autres  choses ,  un  catalogue  historique 
des  Coutumiers  généraux,  et  une  liste 
alphabétique  des  textes  et  commentaires 
des  Coutumes.  Le  rédacteur ,  homme  sa- 
vant, fut  fort  employé  à  la  consultation, 
et  obtint  la  confiance  du  public  et  l'estime 
des  magistrats. 

*  BERRUGUETE  (  Aloivzo  ) ,  peintre, 
sculpteur  et  architecte  espagnol  né  à  Pa- 
redes  de  Nava,  près  Valladolid,  mort  à 
Madrid  en  1545  ,  fut  un  des  premiers  qui 
détruisit  en  Espagne  le  goût  barbare  qui 
régnait  dans  les  beaux-arts.  Il  avait  pris 
des  leçons  de  Michel- Ange  à  Florence. 
Charles-Quint  le  nomma  son  peintre.  On 
voit  à  Valladolid  une  statue  qui  passe 
pour  son  chef-d'oeuvre. 

BERRUYER  (  Philippe  ) ,  archevêque 
de  Bourges ,  depuis  l'an  1236  jusqu'à  l'an 
1260  qu'il  mourut  en  odeur  de  sainteté. 
De  Nangis  lui  attribue  plusieurs  mira- 
cles. On  trouve  le  détail  de  ses  éminentes 
vertus  dans  les  auteurs  du  Gallia  Chris- 
tiana  nova,  tom.  2,  p.  67.  Don  Martène 
a  publié  sa  Vie,  écrite  par  un  auleui 
contemporain,  Anecd.  tome  3 ,  page  1927. 

BERRUYER  (  Joseph- Isaac  ) ,  né  en 
4681 ,  d'une  famille  noble  de  Rouen ,  prit 
l'habit  de  jésuite  et  l'honora  par  ses  ta- 
lens.  Après  avoir  professé  long-temps  les 
humanités,  il  se  retira  à  la  maison  pro- 
fesse de  Paris,  et  y  mourut  en  1758.  Il 
était  connu  depuis  1728  par  son  Histoire 
du  peuple  de  Dieu ,  Urée  dis  seuls  livres 
saints,  réimprimée  avec  des  corrections 
en  4735,  en  8  vol.  in-4°,  et  en  10  vol. 
in-12.  Cette  Histoire  fit  beaucoup  de  bruit 
dès  le  moment  de  sa  naissance.  Le  texte 
sacré  y  est  revêtu  de  toutes  les  couleurs 
des  romans  modernes.  Berruyer  se  pro- 
mettait que  ton  Histoire  paraîtrait  un 
ouvrage  neuf.  Elle  le  parut  effective- 
ment, par  les  fleurs  d'une  imagination 
qui  veut  briller  partout,  dans  les  en- 
droits même  où  les  livres  saints  ont  le 
plus  de  simplicité.  Le  rhéteur  fait  parler 
Moïse  aux  Hébreux  dans  les  déserts  de 
l'Arabie ,  comme  parleraient  de  raffinés 
politiques  dans  le  18e  siècle.  La  prolixité 
du  style  fatigue  autant  que  les  vains  or- 
ncmens  dont  il  est  chargé.  Cependant  son 
Histoire,  mêlée  de  traits  singuliers  et 


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259 


BER 


brillons,  écrile  avec  chaleur  cl  avec  élé- 
gance, tissue  avec  art,  semée  de  réflexions 
très  judicieuses,  est  une  preuve  non  équi- 
voque qu'il  était  néavec  beaucoup  d'esprit, 
et  un  esprit  facile.  Rome  le  censura  en 
4734  et  en  1757.  La  seconde  partie  parut 
long-temps  après  la  première,  en  1753,  4  v. 
in-4°,  et  8  v.  in-12.  Elle  lui  ressemble  pour 
le  plan  ;  mais  elle  lui  est  à  quelques  égards 
inférieure  pour  les  grâces ,  l'élégance  et 
la  chaleur  du  style.  Benoit  XIV  la  con- 
damna par  un  bref  du  17  février  1758, 
et  Clément  XIII  par  un  autre  bref  du  2 
décembre  suivant.  Ce  bref  condamne  en 
même  temps  la  Troisième  partie  de  l'His- 
toire du  Peuple  de  Dieu ,  ou  Paraphrase 
littérale  des  Epitres  des  Apôtres,  en  2 
vol.  in-4°,  et  5  vol.  in-12.  Celle  dernière 
partie  est  remplie ,  comme  les  autres , 
d'idées  singulières  et  condamnables.  L'au- 
teur les  avait  puisées  à  l'école  de  son  con- 
frère Hardouin ,  homme  très  érudit ,  mais 
d'un  jugement  faible,  écrivain  parado- 
xal, s'il  en  fut  jamais.  «  La  principale  de 
»  ses  erreurs  ,  dit  un  théologien  profond , 
»  est  d'avoir  séparé  l'humanité  de  J.-C. 
»  de  sa  divinité  ;  en  considérant  cette 
»  humanité  du  Sauveur  directement  et 
»en  elle-même,  in  se  directe,  in  recto; 
»  en  prétendant  qu'en  elle-même  et  di- 
»  rectement  elle  devait  être  adorée  :  ce 
»  qui  est  expressément  contraire  au  con- 
»cile  d'Ephèse,  anath.  8;  contraire  au 
»  fameux  discours  par  où  Théodote ,  ar- 
»  chevêque  d'Ancyre ,  prouva  dans  ce 
»  même  concile  qu'on  ne  peut  pas  divi- 
»  ser ,  même  par  la  pensée  ,  l'humanité 
»  du  Christ  de  la  divinité,  pour  en  faire 
»  un  objet  de  notre  adoration  :  contraire 
»  au  cinquième  concile  général ,  qui  est 

•  le  second  de  Constantinople,  coll.  8, 
»  can.  9;  contraire  enfin  aux  paroles  de 
»  saint  Jean,  qui  déciare  que  la  division 

•  de  J.-C.  est  réservée  à  l'antechrist  :  Et 
»  omnis  spiritus  qui  solvit  Jesum  ex 
»  Deo  non  est ,  et  hic  est  anlichristus. 
»  1  Joan.  4,  3.  «Les  jésuites  désavouèrent 
publiquement  le  livre  de  leur  confrère,  et 
obtinrent  de  lui  un  acte  de  soumission , 
lu  en  Sorbonne  en  1754.  Le  savant  Père 
Tournemine ,  son  confrère ,  est  un  de 
ceux  qui  combattirent  ses  paradoxes  avec 
le  plus  de  zèle  (  Voyez  son  article  ).  Le 
parlement  de  Paris ,  2  ans  après ,  manda 
Berruyer  pour  être  entendu  sur  plusieurs 
propositions  de  son  histoire.  Mais  l'au- 
teur s'élant  trouvé  malade ,  la  cour  en- 
voya un  commissaire,  à  qui  l'historien 
remit  une  déclaration  en  forme  de  ré- 


tractation, qui  fut  déposée  au  greffe.  Ber- 
ruyer fit  imprimer  différentes  Apologies, 
où  sans  cesser  de  respecter  sa  condamna- 
tion, il  justifiait  ses  intentions,  et  dé- 
fendait surtout  son  attachement  à  la  doc- 
trine de  l'Eglise  catholique  ;  elles  ont  ce- 
pendant été  mises  à  Xindex.  L'abbé  Jan- 
son,  connu  par  plusieurs  ouvrages  où  la 
piété  et  l'exacte  orthodoxie  sont  unies  à  l'é- 
rudition, a  proposé  en  1789  une  espèce  de 
triage  des  ouvrages  de  Berruyer.aQuoiqu'à 
»  beaucoup  d'égards  condamnable,  dit-il, 
»  et  très  justement  condamné,  l'ouvrage 
»  n'est  pas  répréhensible  dans  tous  ses 
»  points.  Aussi  ce  que  nous  y  avons  trouve 
»  en  accord  avec  les  sages  règles ,  soit  au 
»  sujet  de  l'ordre  et  de  la  distribution  des 
»  parties  dont  il  est  composé,  soit  au  regard 
»  de  l'explication  du  texte,  soit  par  rap- 
»  port  à  la  diction ,  nous  nous  sommes 
»  fait  un  devoir  de  le  conserver.  Mais 
»  aussi  tout  ce  qui  nous  a  paru  opposé  à 
»  la  tradition ,  à  la  doctrine  des  saints 
»  Pères,  au  sentiment  des  interprètes  les 
»  plus  suivis,  à  l'ordre  des  temps,  à  la 
»  simplicité  et  à  la  décence  des  expres- 
»  sions,  nous  nous  sommes  appliqués ,  au- 
»  tant  qu'il  a  été  en  nous,  à  le  rectifier.  » 
Voyez  le  Journal  histor.  et  littér. ,  15 
juin  1789,  pag.  259.  —  L'ancien  Testa- 
ment a  été  traduit  en  allemand  par  le 
Père  Weimer,  à  Luxembourg,  en  1753, 
avec  une  approbation  du  fameux  Fébro- 
nius ,  où  on  lit  ces  paroles  :  Pater  Ber- 
ruyer, S.  J.  sacerdos ,  acceptissima  al- 
que  hactenus  intentata  methodo  sacra- 
rum  litterarum  textum  non  solum  per- 
pétua hacce  paraphrasi,  gallico  idiomate 
conerpta,  intelleclu  facilem ,  ledit  vero 
pergratum  reddidit  ;  alii  etiam  ejusdem 
societalis  presbyteri  ulilissimum  hoe 
opus  pro  plurium  commodilate  çerma- 
nico  idiomate  donaverunt  ;  hinc  non  pos~ 
sumus  non  egregiam  ulrorumque  ope- 
ram,  ab  aliis  jam  probatam ,  iterum 
laudare ,  et  presbyteris  In»  fus  archidia> 
ce  sis  sedulo  legendam  commendare.  — 
Une  nouvelle  édition  de  XHistoire  du 
peuple  de  Dieu  a  paru  à  Besançon  chez 
Gauthier  frères,  1828  ,  10  vol.  in-8°.  Elle 
est  bien  préférable  aux  précédentes ,  à 
cause  des  heureuses  corrections  qui  y  ont 
été  faites  par  deux  directeurs  du  sémi- 
naire de  Besançon. 

*  BERRUYER  (  Jean-Fraxçois),  gé- 
néral français  né  à  Lyon  le  6  janvier  1737, 
entra  dans  la  carrière  militaire  comme 
simple  soldat,  en  1753,  et  se  trouva  au 
siège  de  Mahon.  Pendant  la  guerre  de 


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260 


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sept  ans,  il  obtint  le  grade  d'officier, 
après  avoir  arrêté  avec  60  hommes  une 
colonne  dans  un  défilé ,  et  reçu  plusieurs 
coups  de  sabre  et  un  coup  de  feu.  Une 
autre  action  d'éclat  lui  valut  peu  après  le 
grade  de  capitaine.  Il  fit  ensuite  les 
campagnes  de  l'île  de  Corse,  et  après 
avoir  passé  successivement  par  tous  les 
grades ,  il  fut  fait  lieutenant-général ,  et 
commanda,  en  1793,  les  troupes  rassem- 
blées auprès  de  Paris  pour  l'armée  de 
l'Ouest.  Envoyé  dans  la  Vendée,  il  y 
éprouva  quelques  échecs ,  et  fut  suspendu 
de  ses  fonctions.  Le  Directoire  le  nomma 
gouverneur  des  Invalides  en  1796.  Il 
mourut  le  27  avril  1804.  Il  avait  fait  dix- 
sept  campagnes  depuis  1756  jusqu'en  1793, 
et  reçu  trois  blessures  graves. 

BERRYAT  (  Jean),  médecin  ordinaire 
du  roi,  intendant  des  eaux  minérales  de 
France ,  correspondant  de  l'académie  des 
sciences ,  et  membre  de  l'académie  d'Au- 
xerre ,  mort  en  1754 ,  a  publié  |  Les  deux 
premiers  volumes  de  la  Collection  Aca- 
démique, Dijon ,  1754 ,  in-4°  :  compilation 
avantageusement  connue;  |  des  Observa- 
tions physiques  et  médicinales  sur  les 
eaux  minérales  d'Epoigny ,  aux  environs 
d'Auxerre ,  4752 ,  in-12. 

BERSABÉE.  Voy.  BETHSABÊE. 

BERSMAN  (  Georges  ) ,  allemand ,  na- 
quit en  1538  à  Annaberg ,  petite  ville  de 
Misnie ,  près  de  la  rivière  de  Schop ,  et 
du  côté  de  la  Bohème.  On  l'éleva  avec 
soin  et  il  fit  de  grands  progrès  dans  les 
sciences.  Il  cultiva  la  médecine ,  la  physi- 
que, les  belles -lettres  et  les  langues  sa- 
vantes. Il  entendait  très  bien  les  langues 
latine  et  grecque.  Il  voyagea  en  France  et 
en  Italie,  pour  y  connaître  ceux  qui  avaient 
le  plus  de  réputation  parmi  les  gens  de 
lettres.  De  retour  dans  son  pays,  il  y 
enseigna  en  divers  endroits  jusqu'à  sa 
mort,  arrivée  le  5  octobre  de  l'an  1611, 
qui  était  la  73e  de  son  âge.  Bersman  mil 
les  psaumes  de  David  en  vers ,  et  il  fit  des 
notes  sur  Virgile ,  Ovide,  Horace ,  Lucain, 
Cicéron ,  et  sur  d'autres  auteurs  anciens. 
Il  eut  14  fils  et  6  filles  de  son  mariage 
avec  une  fille  de  Pierre  Helleborn. 

*  BERT  (Fieriie-Claude-François)  , 
né  dans  le  département  de  la  Nièvre ,  et 
mort  à  Paris ,  le  12  septembre  1824 ,  âgé 
d'environ  56  ans.  On  a  de  lui  :  |  D'une 
alliance  entre  la  France  et  l'Angleterre , 
1790 ,  in-8°  ;  |  Des  prêtres  salariés  par  la 
nation,  considérés  dans  leurs  rapports 
avec  le  gouvernement  républicain  J  1793  J 
in-8°,  brochure  où  l'on  proclame  l'indé- 


pendance de  l'église  et  de  l'état ,  opinion 
que  l'on  a  plusieurs  fois  soutenue  depuis. 

*  BERTAIRE  (saint),  abbé  du  Monl- 
Cassin ,  né  au  commencement  du9e  siècle, 
était  issu  des  rois  de  France.  Sa  naissance 
pouvait  lui  procurer  de  grands  avantages, 
mais  il  préféra  travailler  à  sa  sanctifica- 
tion. Il  choisit  pour  sa  retraite  le  Mont- 
Cassin  et  en  fut  nommé  abbé  l'an  8-56  après 
la  mort  de  Basce.  Il  gouverna  cette  maison 
avec  beaucoup  de  sagesse  jusqu'au  22  oc- 
tobre 884  qu'il  fut  assassiné  par  les  Sar- 
rasins qui  désolaient  alors  l'Italie  par 
leurs  courses;  ils  brûlèrent  le  couvent  et 
tuèrent  saint  Bertaire  sur  les  marches  de 
l'autel  Saint-Martin  où  il  faisait  sa  prière. 
Il  a  laissé  des  Sermons ,  des  Homélies  et 
quelques  autres  ouvrages. 

*  BERTAIRE,  ou  BERC  AIRE,  élevé  dans 
l'école  de  l'église  de  Verdun,  y  fut  ordonné 
prêtre.  Témoin  d'un  incendie  qui  en  con- 
suma les  archives ,  et  réduisit  en  cendres 
les  chartes,  papiers,  registres  et  autres 
monumens  qui  y  étaient  conservés ,  Ber- 
taire qui  les  avait  eus  en  sa  garde ,  et  en 
avait  pris  connaissance ,  résolut  de  répa- 
rer, autant  qu'il  était  en  lui ,  cette  perte. 
Il  rédigea  une  sorte  d'Histoire  abrégée 
des  faits  que  lui  rappelait  sa  mémoire  , 
soit  qu'ils  fussent  le  fruit  de  ses  lectures , 
ou  qu'il  les  eût  appris  par  tradition.  Il  y 
donna  la  suite  de  trente  évêques  de  Ver- 
dun ,  jusqu'à  Dadon  exclusivement ,  pré- 
lat dont  il  était  chapelain ,  et  à  qui  il  dédia 
son  ouvrage.  Il  y  rapporte  les  principaux 
événemens  de  leur  vie.  Don  Senocq,  bé- 
nédictin de  la  congrégation  de  Saint-Maur , 
qui  découvrit  le  manuscrit  de  Bertaire  , 
l'envoya  à  don  Luc  d'Achery,  qui  l'inséra 
dans  son  Spicilége.  Bertaire  mourut  sous 
l'épiscopat  de  Dadon ,  qui  lui-même ,  se- 
lon don  Calmel,  finit  do  vivre  vers  925. 
On  ne  sait  rien  de  plus  précis  sur  la  date 
de  la  mort  de  Bertaire. 

*  BERTALDO  (Jacob),  jurisconsulte 
vénitien ,  fut  notaire  et  chancelier  de  la 
cour  ducale  et  évoque  de  Veglia.  On  lui 
doit  une  Compilation  des  coutumes  de 
Venise. 

BERTAJNO  (Jean-Baptiste),  architecte 
du  duc  de  Mantoue  Guillaume  III ,  dans 
le  16e  siècle,  eut  la  direction  des  édifices 
publics  sous  ce  prince.  On  admire  encore 
la  construction  de  l'église  de  Sainte-Barbe 
et  de  son  haut  clocher,  décoré  de  4  ordres 
d'architecture.  Il  a  publié  :  Gli  oscuri  e 
difficili passi  dell 'opéra  lonica  di  T'itra- 
vio  alla  chiara  inlelligenza  tradolti,  Man- 
toue, 1558,in-fol. 


BERTAUD  (Jean)  premier  aumônier 
de  la  reine  Catherine  de  Médicis ,  secré- 
taire de  cabinet  et  lecteur  de  Henri  III , 
conseiller  d'état,  abbé  d'Aulnai,  et  enfin 
évoque  de  Séez ,  naquit ,  non  à  Condé-sur- 
Noireau,  mais  à  Caen,  suivant  M.  Huet, 
l'an  1522  ,  et  mourut  en  1611.  Il  eut  beau- 
coup de  part  à  la  conversion  de  Henri  IV. 
Berlaud,  ami  et  contemporain  de  Ronsard 
et  de  Desportes ,  cultiva  comme  eux  la 
poésie,  et  sut  éviter  leurs  défauts.  Quel- 
ques-unes de  ses  stances  ont  de  la  facilité 
et  de  l'élégance.  On  a  de  lui  des  Poésies 
chrétiennes  et  profanes,  des  Cantiques, 
des  Chansons ,  des  Sonnets,  des  Psaumes. 
Elles  offrent  quelques  réflexions  heu- 
reuses, mais  que  gâte  par  fois  trop  de  re- 
cherche :  il  avait  pris  le  goût  des  pointes 
dans  Sénèque.  Ses  mœurs  parurent  très 
réglées  ,  dès  qu'il  fui  élevé  à  l'épiscopat; 
et  l'évêque  rougit  des  productions  du 
courtisan.  Ses  OEuvres  poétiques  ont  été 
imprimées  en  1620  ,  in-8°.  Il  a  laissé  aussi 
une  traduction  de  quelques  livres  de  saint 
Ambroise ,  des  traités  imparfaits  de  con- 
troverse ,  des  Sermons  sur  les  principales 
fêtes  de  l'année ,  et  une  Oraison  funèbre 
de  Henri  IV.  C'était  l'oncle  de  madame 
de  Motteville.  Voyez  ce  mot. 

*  BERTAUX  (Duplessis),  graveur,  a 
orné  beaucoup  d'ouvrages  célèbres  des 
productions  de  son  burin.  Elles  se  font 
surtout  remarquer  dans  les  voyages  de 
Grèce  et  d'Italie  par  M.  de  Choiseul ,  et 
dans  celui  d'Egypte.  Il  a  composé  un  grand 
nombre  de  petits  sujets  à  la  manière  de 
Calot.  On  assure  qu'à  l'âge  de  12  ans ,  il 
imita  si  parfaitement  à  la  plume,  la  tenta- 
tion de  S.  Antoine  de  Calot,  que  les  artistes 
mêmes  pouvaient  à  peine  distinguer  l'ori- 
ginal de  la  copie.  Il  est  mort  vers  1815. 

*  BERTAZOLLI  (François),  né  le  1er 
mai  1734 ,  à  Lugo ,  dans  la  Romagne ,  fit 
ses  études  dans  l'université  de  Bologne  , 
et  devint  chanoine  de  la  collégiale  de  Lu- 
go. Il  fut  employé  par  Pie  VII,  alors  évo- 
que d'Ismola ,  dans  le  gouvernement  de 
ce  diocèse.  Ce  pape  le  nomma  depuis  ar- 
chevêque d'Ephèse ,  chanoine  de  Sainte- 
Marie-Majeure  et  son  aumônier  secret. 
Après  l'invasion  de  Rome  en  1806  par  les 
Français ,  ce  prélat  fut  conduit  en  France 
où  il  partagea  la  captivité  du  souverain 
pontife.  Il  reçut  la  pourpre  dans  le  con- 
sistoire du  10  mars  1823.  Léon  XII  le  char- 
gea de  plusieurs  hautes  fonctions.  En 
1828 ,  Bertazolli  fut  fait  évêque  de  Pales- 
trine.  Il  est  mort  subitement  le  mercredi 
saint ,  7  avril  1832. 


*  BERTELE  (Georges-Augustin),  né 

à  Ingolstadt,  le  27  août  1767,  mort  à 
Landshut ,  le  19  juillet  1818.  11  était  pro- 
fesseur de  chimie ,  minéralogie  ,  botani- 
que, matière  médicale  ,  diététique,  toxi- 
cologie ,  pharmacologie,  et  art  de  formuler 
à  l'université  de  Landshut.  On  a  de  lui  : 
|  Oralio  additialis  de  inflexu  chimiœ  in 
physicam  et  mcdicinam ,  Ingolstadt ,  1794, 
in-4°;  |  Uc'ber  salpeterplanlagen ..Munich, 
1794  ,  in-8°  ;  |  Versuch  einer  Lebenserhal- 
twigskunde,  Landshut,  1803,  in-8°;  |  Hand- 
buch  der  minerographie  ,  Landshut ,  1 804, 
in-8°,  etc. 

*  BERTELOT  (Pierre),  premier  pi- 
lote et  cosmographe  de  Portugal  aux  In- 
des Orientales ,  né  à  Honfleur  en  1600 , 
entra  dans  l'ordre  des  Carmes,  où  il  prit 
le  nom  de  père  Denis  de  la  Nativité ,  sans 
discontinuer  son  service  de  cosmographe. 
Ayant  été  envoyé  comme  interprète  de 
l'ambassade  portugaise ,  près  du  roi  d'A- 
chem  dans  l'île  de  Sumatra ,  il  y  perdit  la 
vie  par  la  trahison  de  ce  prince  ,  qui  vou- 
lut forcer  les  Portugais  à  se  faire  maho- 
métans. 

BERTELS  (Jean),  religieux  bénédic- 
tin ,  né  à  Louvain  en  1339 ,  et  mort  en 
1607,  fut  d'abord  abbé  de  Munster,  à 
Luxembourg ,  ensuite  d'Echternach.  Il 
eut  le  malheur  de  voir  piller  son  abbaye 
d'Echternach  par  les  Hollandais  l'an  1396, 
et  lui-même  fut  mené  prisonnier  en  Hol- 
lande ,  d'où  il  ne  retourna  qu'après  avoir 
payé  16,000  écus  de  rançon  pour  lui  et  ses 
religieux.  Il  est  connu  par  sa  petite  His- 
toire du  duché  du  Luxembourg.  Le  Pèrs 
Bertholet  dit  que  cette  Histoire  n'est  qu'un 
tissu  de  fables  _,  jugement  outré  et  peu 
équitable.  Le  style  de  Bertels  est  diffus  et 
incorrect. 

BERTERA  (Barthélémy),  italien  ,  éta- 
bli à  Paris  où  il  avait  le  titre  d'interprète 
du  roi ,  mourut  en  1782 ,  après  avoir  pu- 
blié |  Méthode  pour  apprendre  la  langue 
Italienne,  in-12  ;  |  l'Espagnole* in-12  ;  |  la 
Française  *  1773. 

BERÏHAULT  (Pierre)  ,  né  vers  1600, 
à  Sens ,  prêtre  de  l'Oratoire ,  et  professeur 
de  rhétorique  dans  sa  congrégation ,  au- 
teur du  Florus  Gallicus ,  in-12 ,  et  du 
Florus  Franciscus,  in-12,  qui  ne  valent 
point  le  Florus  Romanus,  mourut  en  1681, 
chanoine  et  archidiacre  de  Chartres.  Son 
traité  de  Ara,  imprimé  à  Nantes  en  1681, 
est  savant  ei  recherché. 

*  BERTIIAULT  (Louis) ,  architecte  du 
roi ,  membre  de  la  légion-d'honneur,  né 
en  1783 ,  se  distingua  comme  architecte  et 


BER 


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BER 


surtout  comme  dessinateur  de  jardins. 
Les  jardins  de  Compiègne ,  de  la  Malmai- 
son ,  de  Ponl-Chartrain,  de  Saint-Leu,  de 
Baville,  deBondy,  etc.,  tous  tracés  sur  des 
plans  différens ,  ont  été  créés  par  lui.  Il  a 
déployé  autant  de  goût  que  de  génie  dans 
les  restaurations  qu'il  a  faites  à  divers 
hôtels  de  la  capitale  ,  et  a  embelli  les  en- 
virons de  Paris  d'un  grand  nombre  d'ha- 
bitations charmantes ,  telles  que  celles  de 
Clichy,  de  la  Jonchère ,  etc.  Il  conçut  l'i- 
dée hardie  de  mettre  en  harmonie  les  con- 
structions antiques  et  modernes  de  Rome , 
et  il  en  a  laissé  le  plan.  Berthault  se  ren- 
dait aux  eaux  de  Cauterets  pour  rétablir 
6a  santé  altérée  par  un  travail  opiniâtre , 
lorsqu'en  passant  à  Tours,  il  y  mourut 
âgé  de  40  ans ,  en  août  1823. 

BERTHE.  Voyez  ETHELBERT. 

•  BERTHE  ou  BERTRADE  ,  fille  de 
Charibert,  comte  de  Laon,  fut  surnom- 
mée Berthe  au  grand  pied*  parce  qu'elle 
était  née  avec  un  pied  plus  grand  que.l'au- 
tre.  Elle  épousa  Pépin  le  Bref,  roi  de 
France  ,  qui ,  contre  l'usage  reçu  jusque 
alors ,  la  fit  asseoir  avec  ses  deux  fils  sur 
le  trône ,  lorsqu'il  fut  couronné  à  Sois- 
sons  ,  en  751 ,  pour  inspirer,  dit-on ,  plus 
de  respect  pour  la  princesse  et  pour  les 
enfans  qu'il  en  avait  eus  avant  d'être  roi. 
Berthe,  douée  d'un  caractère  au-dessus  de 
son  sexe,  accompagna  le  roi  dans  ses 
voyages  et  ses  expéditions,  et  lui  servit 
souvent  de  conseil.  Elle  savait  en  même 
temps  attirer  les  grands  à  la  cour  et  les  at- 
tacher à  ce  gouvernement  qui  était  nou- 
veau. Cependant  on  reproche  à  Pépin  d'a- 
voir voulu  la  répudier,  mais  il  fut  détourné 
de  ce  projet  par  les  remontrances  du  pape 
Etienne  III.  Après  la  mort  de  Pépin,  en 
769,  Berthe  conserva  une  grande  influence 
sur  ses  deux  fils ,  Carloman  qui  avait  reçu 
en  partage  l'Austrasie,  et  Charles  à  qui 
était  échue  la  Neustrie.  Son  adresse  et 
l'attachement  qu'ils  lui  portaient  empê- 
chèrent leur  mésintelligence  d'éclater; 
mais  la  reine  n'employa  pas  toujours  des 
moyens  légitimes.  Elle  engagea  Charles  à 
répudier  sa  femme  Hémiltrude  pour  lui 
faire  épouser  la  fille  de  Didier,  roi  de 
Lombardie  ,  pensant  que  cette  union  ser- 
virait à  entretenir  la  paix  entre  ses  en- 
fans.  Berthe  mourut  à  Choisy  dans  un 
âge  avancé  ,  et  fut  enterrée  à  Saint-Denis 
auprès  de  <wm  époux.  —  Il  y  a  plusieurs 
autres  princesses  du  même  nom,  entre 
autres  une  marquise  de  Toscane  ,  fille 
de  Lothaire ,  roi  de  Lorraine ,  qui  fut 
célèbre  pa:  sa  beauté,  ses  galanteries  et 


son  habileté  dans  les  affaires.  Cependant , 
quoique  sa  cour  fût  très  brillante ,  elle  vi- 
vait dans  son  intérieur,  dans  une  grande 
simplicité ,  travaillant  avec  ses  femmes 
comme  une  mère  de  famille.  C'est  en  fai- 
sant allusion  à  cette  manière  de  vivre 
qu'est  venu  le  proverbe  Al  tempo  che 
Berla  filava  (du  temps  que  Berthe  filait), 
pour  exprimer  la  simplicité ,  la  franchise 
et  les  bonnes  mœurs  de  ces  bons  vieux 
temps.  Cette  princesse  mourut  à  Lucques 
en  925. 

*  BERTHELEMI  (Jean-Simon),  pein- 
tre d'histoire ,  né  à  Laon  en  1743 ,  rem- 
porta le  grand  prix  de  peinture.  Il  se  per- 
fectionna à  Rome  et  réussissait  surtout 
dans  les  plafonds  :  il  en  a  exécuté  plusieurs 
à  Fontainebleau ,  au  muséum  et  au  Luxem 
bourg.  Il  avait  été  reçu  à  l'académie  de 
peinture  en  1780 ,  et  mourut  à  Paris ,  le 
1er  mars  1811,  étant  professeur  de  l'école 
spéciale  de  dessin. 

BERTHELET  (Grégoire),  bénédictin, 
né  à  Berain  dans  le  duché  de  Bar-le-Duc 
en  1680  ,  mort  l'an  1754 ,  était  versé  dans 
les  antiquités  ecclésiastiques.  Il  a  donné 
un  Traité  historique  et  moral  de  l'absti- 
nence, 1731 ,  in-4°,  et  plusieurs  autres  ou- 
vrages sur  les  rits .,  etc.  Voyez  don  Cal- 
met ,  Bibliothèque  de  Lorraine. 

BERTHELIN  (Pierre-Charles),  né  à 
Paris  au  commencement  du  18e  siècle  , 
fut  d'abord  ecclésiastique ,  puis  avocat  au 
parlement,  et  ensuite  professeur  à  l'école 
royale  militaire  et  associé  de  l'académie 
d'Angers.  On  a  de  lui  une  Ode  latine 
sur  le  siège  de  Berg-op-Zoom,  Paris, 
1747,  in-4°;  |  Becueil  d'énigmes,  etc., 
ibid.,  in-12  ;  |  Becueil  de  pensées  ingé- 
nieuses tirées  des  poètes  latins ,  avec  la 
traduction  ou  l'imitation  en  vers  français, 
Paris ,  1752 ,  in-12  ;  |  Supplément  au  dic- 
tionnaire de  Trévoux,  ibid.  in-fol.,  1752; 
|  Abrégé  du  même  dictionnaire ,  1763 ,  3 
vol.  in-4°.  Berthelin  a  aussi  donné  une 
édition  du  dictionnaire  des  rimes  du  père 
Richelet,  1751. 

*  RERTHELOT  (Jean-François),  né 
à  Paris  en  1749,  entra  dans  la  carrière  du 
barreau  ,  et  fut  nommé  professeur  de 
droit  en  1779.  Lorsque  les  écoles  de  droit 
eurent  été  supprimées  par  l'Assemblée 
constituante,  il  se  livra,  pendant  quelque 
temps ,  à  la  plaidoierie ,  en  qualité  de  dé- 
fenseur officieux  près  des  tribunaux  de 
Paris  et  de  cassation.  Après  l'établissement 
des  écoles  centrales ,  Berthelot  fut  choisi , 
pour  remplir  à  Nîmes ,  une  chaire  de  lé- 
gislation, qu'il  a  occupée  jusqu'à  la  réor- 


uni 


265 


EER 


ganisation  de  la  nouvelle  école  de  droit 
de  Paris,  où  il  fut  nommé  professeur  du 
droit  romain.  11  remplit  cette  chaire  jus- 
qu'à sa  mort  arrivée  le  13  février  1814, 
On  a  de  lui  :  |  un  Traité  des  évictions  et 
de  la  garantie  formelle ,  2  vol.  in-12 , 
1781  ;  |  Réponse  à  quelques  propositions 
îuzsardées  par  M.  Garât  contre  le  droit 
romain,  dans  le  Mercure  de  France J 
1785 ,  in-12  ;  |  Réflexions  sur  la  loi  de 
qUjESTionibus  ,  relative  à  la  question  dans 
l'empire  romain ,  à  son  origine  en  France, 
et  à  ses  différens  états  jusqu'à  nos  jours , 
1785,  in-8°;  |  Les  6  derniers  livres  du  Di- 
este*  complétant  la  traduction  de  Hulot , 
1803-1811  ;  |  Elémens  du  droit  civil  romain 
selon  l'ordre  des  initiales  de  Justinien , 
arrangés  suivant  une  méthode  plus  utile 
aux  étudians ,  traduis  en  français ,  4  vol. 
in-12.  Il  avait,  dit-on,  en  portefeuille  un 
grand  ouvrage  sur  le  droit  ;  mais  il  s'est 
perdu. 

BERTIIEREAU  (don  Georges  -Fran- 
çois) ,  né  à  Belesme  le  29  mai  1732 ,  entra 
fort  jeune  (en  1748)  dans  la  congrégation 
de  St.-Maur,  devint  d'abord  professeur 
de  grec  et  d'hébreu  à  l'abbaye  de  St.-Lu- 
cien-de-Beauvais,  puis  à  celle  de  St.-Denis. 
Il  fut  ensuite  associé  aux  travaux  des  re- 
ligieux de  sa  congrégation ,  et  chargé  de 
concourir  au  recueil  des  historiens  de 
France  dans  la  partie  des  croisades.  Pour 
y  travailler  avec  plus  de  succès ,  il  se  livra 
avec  ardeur  à  l'étude  de  l'arabe ,  s'attacha 
à  un  syrien  pour  mieux  connaître  cette 
langue  ,  et  dès  qu'il  en  eut  une  connais- 
sance suffisante ,  il  se  mit  à  feuilleter  les 
manuscrits  de  la  bibliothèque  du  roi  et  de 
celle  de  Saint-Germain-des-Près ,  et  il  en 
fit  de  nombreux  extraits ,  qu'il  traduisit , 
les  uns  en  latin ,  les  autres  en  français. 
La  révolution  l'ayant  empêché  de  termi- 
ner son  travail ,  ses  manuscrits  qui  for- 
maient 2  vol.  in-folio  sont  restés  en  la 
possession  de  sa  famille.  Le  gouvernement 
refusa  do  les  imprimer  sous  prétexte  que 
la  dépense  serait  trop  considérable ,  et 
que  d'ailleurs  il  n'y  avait  pas  de  caractères 
arabes  ;  ce  qui  était  faux.  Obligé  de  renon- 
cer à  la  vie  paisible  du  cloître  et  aux  tra- 
vaux qu'il  affectionnait ,  il  se  trouva  sans 
ressources  et  dans  un  état  voisin  de  l'in- 
digence; enfin  il  succomba  à  ses  peines  le 
26  mai  1794.  M.  Sylvestre  de  Sacy  a  donné , 
dans  le  tome  8  du  Magasin  encyclopédi- 
que* une  notice  curieuse  et  très  étendue 
sur  la  vie  et  les  écrits  de  ce  savant  reli- 
gieux. 

*  BERTIIEREAU   (Thomas),  né  en 


1733,  était  de  la  famille  du  précédent.  Il 
était  procureur  au  Chàtelet  avant  la  révo- 
lution, et  fut  nommé  député  du  tiers-état 
de  la  vicomte  de  Paris  ,  aux  états-géné- 
raux. A  l'époque  du  18  brumaire ,  il  fut 
un  des  juges  du  tribunal  criminel  de  Pa- 
ris ,  et  devint  ensuite  président  du  tribu- 
nal de  première  instance;  il  en  exerça  les 
fonctions  pendant  dix  ans.  En  1810,  Ber- 
thereau  les  quitta  avec  le  titre  de  prési- 
dent honoraire,  et  fut  un  des  commissaires 
chargé  de  rédiger  le  code  judiciaire. 

BERTHET  (Jean),  né  à  Tarascon  en 
Provence ,  l'an  1622,  mort  en  1692,  se  ren 
dit  célèbre  par  la  connaissance  des  lan- 
gues anciennes  et  modernes.  Il  entra  dans 
la  compagnie  de  Jésus  ,  où  il  professa 
quelque  temps  les  humanités.  Ensuite  il 
enseigna  les  sciences  abstraites,  rassem- 
blant ,  à  l'aide  d'une  mémoire  immense , 
et  d'un  génie  souple  et  actif ,  plusieurs 
connaissances.  On  a  de  lui  des  Disserta- 
tion savantes  sur  différens  sujets  ;  des 
Odes ,  des  Sonnets  français  ,  italiens ,  es- 
pagnols ;  des  Chansons  provençales  ;  des 
Vers  libres ,  des  Epigrammes,  Madrigaux  , 
et  autres  petites  pièces  en  plusieurs  lan- 
gues. 

*  BERTHIER  (Jean),  sculpteur  du  16* 
siècle ,  auquel  on  doit  les  plans  en  relief 
des  fortifications  des  principales  places  de 
l'Europe;  on  les  voit  aujourd'hui  aux  In- 
valides. 

BERTHIER  (  Guillaume- François)  , 
né  à  Issoudun  en  Berry,  le  7  avril  1704 , 
entra  dans  la  société  des  jésuites  en  1722, 
et  s'y  distingua  par  ses  vertus  et  sa  science. 
En  1745,  on  lui  confia  la  rédaction  du 
Journal  de  Trévoux  ..qu'il  dirigea  jusqu'à 
la  dissolution  de  sa  Compagnie  en  France, 
à  la  satisfaction  du  public  et  des  véritables 
gens  de  lettres.  «  Jamais ,  dit  l'auteur  des 
»  Trois  Siècles  3  ce  journal  n'a  été  plus 
»  intéressant  et  plus  utile  que  quand  le 
»  Père  Berthier  y  a  travaillé.  Sa  pénétra- 
»  tion  à  démêler  les  pièges  de  l'incrédu- 
»  lité,  son  courage  à  les  mettre  au  grand 
»  jour,  son  habileté  à  en  parer  les  coups  f 
»  lui  ont  attiré  les  sarcasmes  de  ces  es- 
»  prits  forts  contre  tout,  excepté  ce  qui 
»  blesse  leur  amour-propre  ;  mais  il  a  fait 
»  voir  par  ses  lumières ,  autant  que  par  sa 
»  modération ,  combien  il  est  facile  d'être 
»  supérieur  à  leurs  manèges,  à  leurs  atta- 
»  ques  et  à  leurs  insultes.  »  Sur  la  fin  de 
1762  ,  il  fut  nommé  garde  de  la  bibliothè- 
que royale ,  et  adjoint  à  l'éducation  de 
Louis  XVI  et  de  Monsieur  ;  deux  ans  après 
il  se  consacra  à  la  retraite ,  et  ne  s'occupa 


BER 


264 


BER 


plus  que  de  l'élude  et  des  exercices  de  la 
religion.  Il  mourut  à  Bourges  le  15  dé- 
cembre 1782.  Le  chapitre  de  la  métropole 
rendit  un  hommage  public  à  ses  vertus  et 
à  ses  talens ,  en  lui  donnant  une  sépul- 
ture distinguée  dans  son  église.  Le  clergé 
de  France  venait  de  le  gratifier  d'une  pen- 
sion à  son  insu  ;  sans  doute  pour  le  ré- 
compenser  de  sa  Continuation  de  X His- 
toire de  l'église  gallicane ,  commencée 
par  le  Père  Longueval.  On  lui  doit  les  six 
derniers  volumes  de  cet  ouvrage  ,  écrits 
avec  une  critique ,  une  modération  ,  une 
netteté  de  style  et  une  élégance  peu  com- 
munes. Tout  y  est  déduit  et  discuté  avec 
une  noble  aisance  qui ,  en  faisant  dispa- 
raître la  gêne  du  travail ,  annonce  les  con- 
naissances les  plus  étendues  et  la  plume 
la  mieux  exercée.  L'abbé  de  Voisenon  lui 
a  rendu  ce  témoignage ,  lorsque"la  Société 
fut  proscrite  dans  le  ressort  du  parlement 
de  Paris  :  «  L'auteur  était  savant,  modeste, 
»  point  intrigant,  bon  prêtre  et  honnête 
»  homme.  Le  Journal  de  Trévoux  perdit 
»  en  lui  un  bon  littérateur,  et  Paris  un 
»  homme  de  bien.  Il  n'y  a  que  les  ency- 
»  clopédistes  qui  gagnent  à  son  expulsion 
»  un  puissant  adversaire  de  moins.  »  Après 
sa  mort  on  a  publié  les  Psaumes  et  Isaïe 
traduits  en  français  avec  des  Réflexions 
et  des  notes  :  le  premier  en  8  vol.  in-12, 
Paris ,  1785 ,  réimprimé  en  1788  en  5  vol. 
sans  notes  ;  le  second,  Paris,  1788,  5  vol. 
in-12  :  les  Réflexions  regardent  surtout  la 
morale;  elles  sont  pleines  d'onction  et 
pénètrent  un  cœur  droit.  Les  Notes  ex- 
pliquent le  sens  littéral  du  texte  :  l'auteur 
y  étale  une  érudition  peu  commune ,  et  se 
montre  l'égal  des  plus  habiles  commenta- 
teurs.  Comme  il  possédait  parfaitement 
l'hébreu ,  il  entre  dans  de  savantes  discus- 
sions, et  il  aplanit  beaucoup  de  difficul- 
tés ,  de  manière  qu'il  fait  très  bien  enten- 
dre le  sens  du  texte.  Le  Père  Berthier  est 
clair  et  surtout  précis,  ce  qui  est  la  preuve 
d'un  bon  esprit.  Le  seul  reproche  qu'on 
puisse  lui  faire,  c'est  celui  d'imiter  un  peu 
trop  le  père  Houbigant,  et  d'avoir  dans  les 
idées  de  cet  hébraïsant  une  confiance 
qu'elles  ne  méritent  pas  toujours.  Peut- 
être  jugera-t-on  aussi  qu'il  s'arrête  quel- 
quefois trop  à  des  discussions  où  le  doute 
et  l'ignorance  valent  mieux  qu'une  déci- 
sion. On  a  encoie  de  lui  des  Réflexions 
Spirituelles  en  5  vol.  in-12,  1790,  réim- 
primées en  1811  avec  de  nombreuses  cor- 
rections. M.  Montjoie  a  publié  en  1817, 
l'éloge  du  Père  Berthier,  in-8°. 

BERTIJIEU  ;  Axexandre),  maréchal  de 


l'empire ,  prince  de  Neuchâtel  et  de  Wa- 
gram  ,  né  à  Versailles  le  20  novembre 
1753,  fut  destiné  dès  l'enfance  à  l'état  mi- 
litaire par  son  père  qui  était  adjoint  du 
gouverneur  de  l'hôtel  de  la  guerre.  Il  en- 
tra d'abord  en  qualité  d'oflicier  dans  le 
corps  royal  du  génie,  devint  capitaine  de 
dragons  dans  le  régiment  de  Lorraine  , 
passa  en  Amérique  sous  les  ordres  de  M.  de 
Lafayette ,  et  en  revint  avec  le  grade  de 
colonel.  S'étant  montré  partisan  de  la  ré- 
volution ,  il  fut  nommé  major-général  de 
la  garde  de  Versailles.  En  1791  il  se  rendit 
à  Metz  avec  le  titre  d'adjudant-général.  Il 
servit  dans  l'armée  de  Luckner  comme 
chef  d'état-major,  passa  ensuite  dans  la 
Vendée  ,  et  fut  envoyé  en  1796  à  l'année 
d'Italie  ,  où  il  contribua  beaucoup  au  suc- 
cès de  cette  campagne  ,  et  se  lia  de  la  ma- 
nière la  plus  intime  avec  Bonaparte  ,  qui 
le  chargea  d'apporter  en  1797  le  traité  de 
Campo  -  Forinio.  Nommé  pendant  l'ab- 
sence de  ce  dernier  au  commandement  en 
chef  de  l'armée ,  il  marcha  contre  Rome  , 
et  y  entra  le  14  janvier.  Il  y  organisa  un 
gouvernement  consulaire,  et  se  rendit  en 
France  pour  passer  en  Egypte  en  qualité 
de  chef  d'état-major,  emploi  pour  lequel 
il  avait  un  véritable  talent.  Il  se  distingua 
en  Egypte  comme  il  avait  fait  en  Italie ,  et 
revint  avec  Bonaparte  en  France ,  où  il 
eut  une  part  assez,  active  à  la  révolution 
du  18  brumaire.  Il  fut  bientôt  après  nom- 
mé au  ministère  de  la  guerre.  On  lui  con- 
fia ensuite  le  commandement  en  chef  de 
l'armée  de  réserve.  Enfin  il  se  rendit  de 
nouveau  en  Italie  en  1800  ,  et  il  y  organisa 
le  gouvernement  provisoire  du  Piémont. 
Deux  ans  après  il  passa  en  Espagne  pour 
y  préparer  les  voies  à  l'usurpation  qui 
ne  tarda  pas  à  s'effectuer.  A  son  retour  à 
Paris ,  il  reprit  le  portefeuille  de  la 
guerre ,  et  lorsque  Bonaparte  eut  été  pro- 
clamé empereur,  il  fut  élevé  à  la  dignité 
de  maréchal  d'empire ,  et  créé  prince  de 
Neuchâtel.  Il  suivit  depuis  l'empereur 
dans  toutes  ses  campagnes  ,  et  il  lui  fut  de 
la  plus  grande  utilité.  Il  avait  toute  sa 
confiance ,  et  c'est  le  seul  général  qui  soit 
parvenu  à  le  faire  adhérer  quelquefois  à 
ses  conseils.  En  1814  il  souscrivit,  comme 
le  plus  grand  nombre  des  généraux ,  aux 
décrets  du  sénat ,  qui  rappelait  en  France 
la  dynastie  légitime  ,  et  il  se  rendit  à  Com- 
piègne  à  la  tète  des  maréchaux  pour  y 
prêter  le  serment  de  fidélité  à  Louis  XVIII 
et  l'assurer  de  son  dévouement  pour  les 
Bourbons.  Il  fut  créé  pair  le  k  juin ,  et  en- 
suite capitaine  d'une  des  compagnies  des 


BER 


26S 


BER 


gardes  du  corps.  Lorsque  Bonaparte  re- 
vint en  France  en  1815  il  suivit  le  roi  à 
Gand;  mais  il  le  quitta  bientôt  pour  se 
rendre  dans  la  Bavière.  Son  départ  pré- 
cipité donna  lieu  à  plusieurs  conjectures, 
et  l'on  apprit  quelques  mois  après  qu'il 
avait  péri  en  se  jetant  le  premier  juin 
4815,  à  la  suite  ,  dit-on  ,  d'une  fièvre  chau- 
de ,  d'une  fenêtre  du  palais  de  Bambcrg  , 
où  il  s'était  retiré  auprès  de  son  beau- 
père  ,  avec  sa  femme  la  princesse  de  Ba- 
vière et  ses  trois  enfans.  Il  regardait ,  en 
ce  moment  funeste ,  défiler  devant  son 
château  les  troupes  qui  se  disposaient  à 
rentrer  en  France.  On  doit  à  Berthier  la 
Relation  des  campagnes  de  Bonaparte  en 
Egypte  et  en  Syrie ,  in-8°,  1800. 

*  BERTHIER  (César) ,  lieutenant-gé- 
néral, fut  long-temps  employé  près  de  son 
fière  Alexandre.  Il  fut  successivement 
nommé  adjudant-commandant ,  le  16  no- 
vembre 1796  ,  inspecteur  aux  revues ,  en 
4799 ,  général  de  brigade ,  le  4  septembre 
1802 ,  et  plus  tard  employé  comme  chef 
d'état-major  de  la  première  division  mili- 
taire. En  1805 ,  il  eut  le  commandement 
d'une  armée  d'observation  formée  sur  les 
côtes  de  la  Hollande ,  et  fut  promu ,  en 
1811 ,  au  grade  dégénérai  de  division.  Peu 
après ,  il  devint  comte  de  l'empire ,  et  gou- 
verneur de  Tabago ,  puis  de  la  Corse. 
Berthier  reçut  en  1814  la  croix  de  Saint- 
Louis  et  mourut  d'apoplexie  à  Grosbois  le 
17  août  1819. 

*  BERTHIER  (Victor-Léopold),  frère 
des  précédens ,  général  de  division ,  com- 
mandant de  la  légion-d'honneur  et  grand'- 
croix  de  l'ordre  de  Bavière ,  né  à  Versailles 
en  1770  ,  entra  fort  jeune  dans  les  gardes 
de  la  Porte ,  et  passa  en  1785  en  qualité  de 
sous-lieutenant  au  régiment  de  la  Fère. 
En  1794  il  devint  chef  de  bataillon ,  en- 
suite ingénieur  géographe  et  adjudant- 
général  en  1795.  Il  fit  en  1796 ,  97  et  98 , 
toutes  les  campagnes  d'Italie  contre  les 
Autrichiens  et  les  Russes.  Il  servit  comme 
général  de  brigade  et  chef  de  l'état-major 
de  l'armée  de  Naples  en  1799,  et  se  distin- 
gua à  la  bataille  de  la  Trébia.  Employé  en 
1804  à  l'armée  de  Hanovre ,  il  en  fut  le 
chef  d'état-major  avec  le  grade  de  géné- 
ral de  division ,  fit  en  cette  qualité  les  cam- 
pagnes de  1805  et  de  1806 ,  et  se  signala 
par  sa  valeur  à  Austerlitz  ,  à  Hall  et  à  la 
prisedeLuzeck.il  mourut  le  21  mars  1807. 
*  BERTHIER  DE  SAUVIGNY  (N.), 
conseiller  d'état  et  intendant  de  Paris , 
avant  la  révolution ,  perdit  ces  piaces  sous 
le  ministère  de  Necker,  et  y  fut  réintégré , 
2. 


lorsque  Louis  XVI  remplaça  le  ministère 
de  Necker  par  un  autre  ministère  dont 
Foulon ,  beau -père  de  Berthier  faisait  par- 
tie. Durant  la  disette  qui  se  fit  sentir  à 
Paris  en  1789  ,  le  peuple  accusa  Berthier 
d'en  être  l'auteur,  et  celui-ci ,  après  la 
prise  de  la  Bastille  ,  prévoyant  le  sort  qui 
l'attendait ,  prit  la  fuite ,  et  se  dirigea  vers 
la  Flandre.  Des  gardes  nationales  l'ayant 
poursuivi ,  l'atteignirent  à  Compiègne  et 
le  ramenèrent  à  Paris.  Une  multitude  en 
fureur,  déjà  souillée  du  sang  de  Foulon , 
se  porta  sur  son  passage  ;  on  présenta  à 
Berthier  la  tête  de  son  beau-père  qu'il  sa- 
lua avec  respect,  et  il  fut  amené  à  l'Hôtel- 
de-ville  au  milieu  de  cet  effrayant  cortège. 
Ses  défenseurs  crurent  calmer  l'efferves- 
cence populaire  ,  en  ordonnant  de  le  con- 
duire en  prison ,  et  en  promettant  à  la 
multitude  forcenée  justice  et  vengeance; 
mais  Berthier  fut  arraché  des  mains  de 
son  escorte  ;  il  s'empara  du  fusil  d'un  sol- 
dat, et  voulut,  mais  inutilement  se  dé- 
fendre. Il  fut  désarmé ,  saisi  et  entraîné 
sous  un  réverbère ,  auquel  il  fut  bientôt 
suspendu.  On  promena  ensuite  sa  tête 
dans  Paris  ;  un  dragon  lui  arracha  le 
cœur,  et  le  porta  d'un  air  triomphant 
dans  l'assemblée  des  électeurs.  Voilà  les 
excès  qui  se  commettaient  alors  dans  la 
capitale  de  la  civilisation. 

*  BERTHOD  (Claude),  bénédictin, 
membre  des  académies  de  Besançon ,  de 
Bruxelles,  et  de  la  société  littéraire  de 
Dunkerque ,  naquit  à  Rupt ,  village  de 
Franche-Comté ,  le  21  février  1733.  Chargé 
par  le  gouvernement  français  de  faire  le 
dépouillement  des  archives  de  Bruxelles, 
et  d'en  extraire  les  pièces  qui  pouvaient 
servir  à  répandre  plus  de  jour  sur  les 
points  contestés  de  l'histoire  de  France , 
il  s'acquitta  de  cette  commission  avec 
beaucoup  de  zèle  et  de  succès;  mais  il 
n'eut  pas  le  loisir  de  donner  au  public  le 
résultat  de  son  travail.  Après  la  suppres- 
sion de  l'ordre  des  jésuites  dans  les  états 
autrichiens ,  une  réunion  de  savants  fut 
autorisée  par  l'empereur  à  continuer  le 
recueil  des  Acta  sanctorum  .,  commencé 
par  Bollandus.  Don  Berthod  leur  fut  as- 
socié en  1784,  et  il  eut  part  à  la  pu- 
blication du  51e  volume  de  cette  impor- 
tante collection.  Il  mourut  à  Bruxelles ,  le 
19  mars  1788,  âgé  seulement  de  cinquante- 
cinq  ans.  D.  Berthod  avait  remporté  des 
prix  à  l'académie  de  Besançon ,  sur  des 
questions  concernant  l'histoire  de  Fran- 
che-Comté ,  et  il  avait  formé  le  projet  de 
publier  une  Histoire  générale  de  cette 
23 


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266 


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province.  Ces  ouvrages,  restés  manu- 
scrits ,  sont  conservés  dans  les  registres 
de  l'académie  de  Besançon.  On  en  trouve 
les  titres  dans  l'éloge  historique  de  ce  sa- 
vant religieux  ,  par  M.  Grappin ,  son 
confrère ,  imprimé  dans  le  26  vol.  des 
Mémoires  de  la  société  littéraire  de  Ve- 
soul. 

'  BERTHOIS(N.  de),  colonel  du  génie, 
dirigeait  en  1792 ,  les  fortifications  de  Lille. 
On  avait  aigri  le  peuple  contre  lui  par  des 
insinuations  calomnieuses.  La  défaite  des 
français  entre  Lille  et  Tournai  lui  fut  at- 
tribuée ,  et  on  l'accusa  d'avoir  le  premier 
crié  :  Sauve  qui  peut!  Ses  soldats  irrités 
courent  à  sa  maison ,  l'en  arrachent  et  le 
pendentà  un  réverbère  :  l'Assemblée  lé- 
gislative rétablit  sa  mémoire  et  accorda 
une  pension  de  1,500  francs  à  sa  veuve. 

BERTHOLDEleNOIR.  V.  SCHWARTS. 

BERTIIOLDE,  BERNOLDE  ou  BER- 
NALD,  prêtre  de  Constance  dans  le  11e 
siècle ,  continua  la  Chronique  d'Herma- 
nus  Contractes*  moine  de  Reichenau,  de- 
puis l'an  1054  jusqu'en  1064.  Il  y  ajouta 
l'histoire  de  son  temps  jusqu'à  l'année 
4066 ,  qu'on  croit  être  celle  de  sa  mort. 
Cette  chronique  se  trouve  avec  les  addi- 
tions, dans  le  premier  tome  des  Anciennes 
Leçons  de  Canisius.  Il  nous  reste  encore 
de  Berlholde  des  Opuscules  en  faveur  de 
Grégoire  VII ,  dont  il  était  le  grand  par- 
tisan ,  et  la  vie  d'ffermannus  Contractes 
en  manuscrit ,  dans  l'abbaye  de  Mûri  en 
Suisse. 

BERTHOLET-FLEMAEL  (Barthé- 
lémy) ,  né  à  Liège  en  1614 ,  peignit  avec 
succès.  On  lui  donna  une  place  d'acadé- 
micien et  de  professeur  à  Paris  :  les 
grands-augustins  de  cette  ville  ont  de  lui 
une  Adoration  des  Mages  ;  mais  la  plu- 
part de  ses  tableaux  sont  à  Liège  :  on  ad- 
mire surtout  la  Conversion  de  saint  Paul 
qui  est  dans  la  collégiale  de  ce  nom,  dont 
Eertholet  était  chanoine  :  une  Assomption 
de  la  Vierge  dans  l'église  des  dominicains  ; 
une  Résurrection  de  Lazare  à  la  cathé- 
drale, etc.  Il  mourut  à  Liège  en  1675. 
Voyez  DAMERY. 

BERTHOLET  (  Jea\  ) ,  jésuite ,  né  à 
Salm  dans  le  duché  de  Luxembourg, 
mort  à  Liège  en  1755,  est  auteur  d'une 
Histoire  de  l'institution  de  la  Fête-Dieu , 
Liège,  1746,  1  vol.  in-4°,  où  l'on  désire- 
i  oil  un  peu  plus  de  critique  ;  et  d'une 
Histoire  ecclésiastique  et  civile  du  duché 
de  Luxembourg  et  comté  de  Chiny ,  en 
8  vol.  in-4°,  ouvrage  prolixe,  écrit  sans 
beaucoup   de    méthode;    mais  ou  l'on 


trouve  de  l'érudition  et  des  choses  inté- 
ressantes qu'on  chercherait  en  vain  ail- 
leurs. Cette  Histoire  est  aujourd'hui  beau- 
coup plus  recherchée  qu'elle  ne  l'était 
au  temps  de  l'impression ,  1742. 

*  BERTHOLIO  (  Antouve-Reivé-Coîv- 
stance  ,  l'abbé  ) ,  un  des  acteurs  les  plus 
ardens  de  la  révolution.  Il  entretenait 
des  relations  très  multipliées  avec  tous 
ceux  qui  partageaient  ses  principes ,  et 
notamment  avec  les  membies  du  côté 
gauche  de  la  garde  nationale.  En  1789  il 
présenta  aux  etats-généraux  un  rameau 
d'olivier  au  nom  des  électeurs  de  Paris. 
Il  rendit  compte  des  efforts  de  ses  collè- 
gues pour  pacifier  les  premiers  mouve- 
mens  insurrectionnels  qui  se  manifes- 
tèrent avant  le  14  juillet,  à  l'occasion  de 
deux  gardes  françaises  délivrés  par  le 
peuple.  En  1790  il  combattit  les  principes 
religieux  et  politiques  de  l'évêque  de 
Nancy.  Pendant  le  règne  de  la  terreur, 
il  fut  étranger  aux  affaires  publiques, 
mais  à  l'époque  du  congrès  de  Rastadt,  il 
fut  secrétaire  de  la  légation  française.  Il 
alla  à  Rome  en  l'an  7 ,  en  qualité  de  com- 
missaire du  Directoire ,  et  lors  de  la  ré- 
volution du  18  brumaire ,  il  devint  grand 
juge  de  la  Guadeloupe.  Après  avoir  sé- 
journé pendant  quelque  temps  dans  cette 
île ,  il  revint  en  France  occuper  la  place 
de  juge  à  la  cour  d'appel  d'Amiens ,  où 
il   mourut  le  2  juin  1812. 

*  BERTHOLLET  (Claude-Louis,  comte 
de  ) ,  né  à  Talloire ,  près  d'Annecy  en 
Savoie ,  le  19  décembre  1748  ,  docteur  en 
médecine  ,  membre  de  l'académie  royale 
des  sciences  en  1780  ,  fut  nommé,  en  1794, 
professeur  de  chimie  à  l'école  normale  , 
membre  de  l'institut  national  et  de  la 
société  royale  de  Londres,  et  en  1795 , 
membre  de  la  commission  chargée  du 
choix  et  du  transport  d'objets  d'arts  con- 
quis en  Italie  ;  il  fit  partie ,  en  1796 ,  do 
l'expédition  d'Egypte,  d'où  il  revint  en 
1799.  Après  le  18  brumaire ,  il  fut  succes- 
sivement sénateur ,  comte  de  l'empire  et 
grand-officier  de  la  légion-d'honneur, 
titulaire ,  en  1804  ,  de  la  riche  sénatore- 
rie  de  Montpellier,  président,  en  1806, 
du  collège  électoral  des  Pyrénées  orien- 
tales, et  grand-cordon  de  là  réunion  en 
1815.  Il  vota,  en  1814,  la  déchéance  de 
Napoléon,  et  fut  appelé,  le  4  juin  de  la 
même  année,  par  Louis  XVIII,  à  la  cham- 
bre des  pairs.  Il  mourut  au  village  d'Ar- 
cueil,  près  Paris,  le 6  novembre  1822,  à 
74  ans.  Berlhollet,  à  qui  la  chimie  doit 
de  nombreuses  découvertes,  après  avoir 


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achevé  ses  études  à  Turin,  s'était  fuit  na- 
turaliser français  à  Paris.  Dans  les  der- 
nières années  de  sa  longue  et  laborieuse 
carrière ,  ce  savant  vivait  retiré  à  sa 
maison  de  campagne  d'Arcueil ,  où  des 
hommes  célèbres  de  la  France  et  de  l'é- 
tranger allaient  le  visiter.  Là  s'était  formée 
cette  réunion  de  chimistes  et  de  physiciens 
célèbres  qui  prit  le  nom  de  Société  d'Ar- 
cueil et  qui  publia  trois  volumes  de  mé- 
moires fort  estimés  sur  les  recherches  et 
les  découvertes  importantes  faites  sous 
les  yeux  et  dans  le  laboratoire  du  véné- 
rable vieillard.  Bertbollet  a  obtenu  de  ses 
travaux  d'imporlans  résultats ,  dont  nous 
citerons  quelques-uns  ;  il  fit  connaître  le 
muriate  suroxigéné  de  potasse  et  la  dé- 
flagration vive  et  forte  de  ce  sel  sur  les 
charbons  et  par  la  percussion.  Ses  belles 
expériences  sur  le  gaz  hydrogène  sulfuré 
lui  firent  conclure  que  ce  corps  jouissait 
des  propriétés  des  acides.  Le  premier  il 
démontra  qu'on  pouvait  obtenir  des  acides 
sans  oxigène;  ainsi  la  brillante  décou- 
verte des  hydracides  est  encore  due  à 
son  génie.  Ce  fut  lui  qui  eut  l'idée  bien 
précieuse  aux  gens  de  mer ,  de  la  carbo- 
nisation des  parois  des  tonneaux  pour  la 
conservation  de  l'eau  douce.  On  lui  doit 
d'immenses  travaux  sur  la  teinture  ,  et 
l'heureuse  application  de  l'acide  muriati- 
que  oxigéné  (  chlore  )  au  blanchiment  des 
substances  végétales.  Outre  un  très  grand 
nombre  de  mémoires  insérés  dans  les  re- 
cueils scientifiques  ,  les  ouvrages  qu'il  a 
publiés  séparément  sont  :  |  Observations 
sur  l'air,  1776;  \  Précis  d'une  théorie  sur 
la  nature  de  l'acier,  sur  ses  préparations, 
etc. ,  1787  ;  |  Elémens  de  l'art  de  la  tein- 
ture, 1791  ,  1  vol.  in-8°  ,  et  1804,  2  vol.  ; 
|  Description  du  blanchiment  des  toiles , 
1795  ;  |  Recherches  sur  les  lois  d'affinité, 
1801;  |  Essai  de  statique  chimique ,  1805, 
2  vol.  in-8°.  Son  Cours  de  chimie  des  sub- 
stances animales  a  été  imprimé  dans  le 
journal  de  l'école  polytechnique.  La  tra- 
duction de  l'essai  sur  le  phlogistique  de 
Kirvan  parut  accompagnée  de  notes, 
dans  laquelle  il  combattit,  de  concert 
avec  Lavoisier,  Guyton  de  Morveau  et 
autres,  la  plupart  des  principes  du  chi- 
miste anglais.  Enfin  il  enrichit  de  notes 
curieuses  et  d'un  discours  préliminaire  la 
traduction  française  du  système  de  chi- 
mie de  Thompson. 

•  BERTHOLO\  (Nicolas),  né  à  Lyon, 
où  il  mourut  en  1799.  Il  entra  jeune  dans 
la  maison  de  St.-Lazare ,  et  en  sortit  pour 
remplir  à  Montpellier  la  chaire  de  pro- 


fesseur de  physique,  et  ensuite  celle  de 
professeur  d'histoire  à  Lyon.  Ami  de 
Franklin,  il  prolita  de  ses  découvertes 
pour  garantir  les  bàtimens  de  la  foudre , 
et  lit  construire  à  Paris  et  à  Lyon  un 
grand  nombre  de  paratonnerres.  Chaque 
année  il  remportait  deux  ou  trois  prix 
aux  concours  académiques.  Ses  princi- 
paux ouvrages  sont  |  Moyen  de  détermi- 
ner le  moment  ou  le  vin  en  fermentation 
a  acquis  toute  sa  force,  1781,  in-4°; 
|  De  l'électricité  du  corps  humain  dans 
l'étal  de  santé  et  de  maladie,  1781 ,  in-8°; 
|  De  l 'électricité  des  végétaux,  1783, 
in-8°;  |  Preuves  de  l'efficacité  des  para- 
tonnerres, 1783,  in-4°;  |  De  l'électricité 
des  météores ,  1787,  2  vol.  in-8°.  On  es- 
time sa  théorie  des  incendies  et  des 
moyens  de  les  prévenir ,  1787,  in-4°. 

*  BEUTIIOME  (Hyacinthe),  domi- 
nicain, mort  en  1774,  a  laissé  |  Exposé 
de  l'étal,  du  régime,  de  la  législation  et 
des  obligations  des  frères  prêcheurs , 
1707  ,  in-4°  et  in-12  ;  |  OEuvrcs  pour  la 
défense  de  la  religion  chrétienne  contre 
les  incrédules  et  contre  les  Juifs  ,  1777 , 
5  vol.  in-12;  |  des  Sermons. 

'BEUTIIOUD  (Fekdix.wd),  célèbre 
horloger-mécanicien  de  la  marine  pour 
la  construction  et  l'inspection  des  hor- 
loges à  longitude ,  né  en  1727  à  Plance- 
mont,  dans  le  comté  de  Neuchâtel,  mou- 
rut en  sa  maison  de  Groslay ,  près  Paris  , 
en  1807.  Il  fut  membre  de  l'institut,  de 
la  société  royale  de  Londres  et  de  la  lé- 
gion d'honneur.  Ses  ouvrages  sont  |  Y  Art 
de  conduire  et  de  régler  les  pendules  et 
les  montres,  1760  ,  in-12,  souvent  réim- 
primé ;  |  Essai  sur  l'horlogerie ,  1763  et 
1786,  2  vol.  in-4°;  |  Traité  des  horloges 
marines ,  1773 ,  in-4°  ;  \  De  la  mesure  du 
temps ,  ou  supplément  au  traité  des  hor- 
loges marines ,  1787,  in-4°;  |  Les  longi- 
tudes par  la  mesure  du  temps,  1775, 
in-4°  ;  la  mesure  du  temps  appliquée  à  la 
navigation ,  ou  principes  des  horloges  à 
longitude,  1782,  in-4°  ;  |  Histoire  de  la 
mesure  du  temps  par  les  horloges,, 
1802,  2  vol.  in -4°,  et  quelques  autres 
opuscules. 

*  BERTIIOUD  (Louis) ,  neveu  et  digne 
élève  du  célèbre  horloger- mécanicien 
Ferdinand  Berthoud,  a  continué  avec 
succès  les  travaux  de  son  oncle ,  et  rem- 
porté le  prix  propose  pour  le  perfection- 
nement des  horloges  marines.  C'est  lui 
qui  a  inventé  leschâssis.de  compensation, 
au  moyen  desquels  on  obtient  l'heure 
vraie   à  une  ou  deux  secondes  près  par 


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année ,  dans  les  voyages  les  plus  longs  et 
les  plus  orageux.  On  lui  doit  aussi  un 
grand  nombre  de  montres  marines  et 
plusieurs  autres  montres  très  compli- 
quées qu'il  exécuta  dans  sa  retraite  d'Ar- 
gcnteuil,  où  il  mourut,  jeune  encore, 
le  17  septembre  1813. 

BERTI  (  Jean-Laurent  ) ,  né  le  28 
mai  1696  à  Serravezza ,  village  de  la  Tos- 
cane ,  dans  le  capitanat  de  Pietra  Sancta , 
entra  dans  l'ordre  des  augustins.  11  fut 
envoyé  à  Rome  ,  et  devint  assistant  géné- 
ral d'Italie.  Il  y  fit  imprimer  son  Cours 
complet  de  Théologie  en  8  vol.  in-A°,  qu'il 
dédia  au  pape  Renoit  XIV.  Comme  il  y 
soutint  l'impossibilité  de  l'état  de  pure 
nature,  quelques  évêques  de  Fiance, 
entre  lesquels  M.  Languet,  archevêque 
de  Sens ,  condamnèrent  sa  doctrine  ; 
mais  Benoît  XIV  l'absolva  d'hérésie ,,  et 
avec  raison  (  Voyez  BELELLI  ).  Berti  fit 
l'apologie  de  sa  doctrine  en  2  vol.  in-4°. 
L'empereur  François  Ier ,  grand-duc  de 
Toscane ,  lui  donna  une  chaire  de  profes- 
seur dans  l'université  de  Pise ,  avec  une 
pension  considérable.  Ce  fut  dans  cette 
ville  que  le  Père  Rerti  mourut  le  26  mai 
d766  ,  après  avoir  publié  |  Histoire  ecclé- 
siastique ,  7  vol.  in-/i°;  |  un  Abrégé  de  la 
même  Histoire ,  deux  tomes  en  un  vol. 
in-8°.  Pauvre  compilation ,  sans  ordre  , 
sans  choix,  remplie  de  minuties,  de 
faussetés,  de  partialité.  Dans  les  pre- 
mières éditions ,  entre  autres  dans  celle 
de  1748 ,  on  trouve  dans  la  Préface  de 
la  2e  partie,  une  espèce  de  rétractation 
de  ce  qu'il  avait  dit  dans  la  irc,  touchant 
le  jansénisme.  L'auteur  essaie  -de  réparer 
ses  prétendus  torts  par  un  verbiage  indi- 
gne d'un  esprit  solide  et  conséquent.  Il 
exalte  jusqu'au  ciel  les  chefs  et  les  pro- 
moteurs du  parti ,  et  ravale  dans  la  boue 
ceux  qui  l'ont  combattu.  H  a  cru  que  par 
ce  moyen  il  tirerait  son  livre  de  la  foule , 
et  qu'il  serait  préconisé  par  tous  les 
adeptes  de  la  secte ,  en  quoi  il  ne  s'est 
pas  trompé.  Cherchez-vous  de  la  répu- 
tation ?  dit  un  orateur  célèbre  ;  attachez- 
vous  à  quelque  faction ,  et  après  cela  ne 
vous  inquiétez  de  rien  ;  |  des  Disserta- 
tionsj  des  Dialogues,  des  Réponses,  des 
Discours  académiques,  etc.  Tous  ces 
ouvrages  ont  été  recueillis  dans  une  édi- 
tion in-fol.  à  Venise. 

BERT1ER  (Joseph-Etienne),  né  en  1710 
à  Aix  en  Provence,  entra  dans  la  congré- 
gation de  l'Oratoire,  professa  la  philoso- 
phie avec  distinction,  et  se  retira  accablé 
d'infirmités  dans  la  maison  de  son  ordre, 


rue  Saint-Honoré  à  Paris ,  où  il  mourut 
le  15  novembre  1783.  Grand  partisan  du 
système  de  Descartes,  il  se  faisait  une 
règle  de  ne  pas  s'en  écarter.  Ses  ouvrages 
sont  |  Dissertation,  où  l'on  examine  si 
l'air  passe  dans  le  sang  ,  1739  ;  |  Physi- 
que des  Comètes,  1760,  in-12;  |  Physique 
des  Corps  animés,  1755,  in-12. 

BERTIN  (  saint  ),  né  dans  le  territoire 
de  Constance  sur  le  Haut-Rhin  ,  était  ne- 
veu de  saint  Orner,  évêque  de  Térouane. 
Il  aida  son  oncle  à  défricher  les  terres  de 
cet  évêché,  qui  étaient  des  déserts.  Un 
gentilhomme  de  ce  pays,  nommé  Adroal- 
de,  s'étânt  converti,  donna  sa  terre  de 
Sithieu  pour  y  fonder  un  monastère. 
Bientôt  il  fut  peuplé  d'un  nombre  infini 
de  religieux  qui,  sous  la  conduite  de  saint 
Bertin,  menaient  une  vie  angélique.  Il 
fut  leur  abbé  et  leur  modèle.  Quelque 
temps  avant  sa  mort,  arrivée  en  706,  il 
se  retira  dans  un  petit  ermitage ,  où  il 
finit  sa  vie  sainte  dans  de  grands  senti- 
mens  de  piété,  âgé  de  plus  de  cent  ans. 
Si  ceux  qui  envient  aux  monastères  les 
terres  qu'ils  possèdent,  avaient  eu  la 
charge  de  les  défricher  de  leurs  propres 
mains,  comme  les  religieux  de  saint  Ber- 
tin, nos  plus  belles  campagnes  seraient 
encore  des  bruyères.  L'abbaye  et  l'église 
de  nie  de  Sithieu,  qui  sont  un  des  beaux 
ornemens  de  la  ville  de  Saint-Omer,  ont 
porté  pendant  plus  de  400  ans  le  nom  du 
prince  des  apôtres;  mais  il  y  en  a  plus  do 
500  qu'elles  portent  celui  de  saint  Ber- 
tin, à  cause  des  reliques  de  ce  saint,  que 
l'on  vient  visiter  de  toutes  parts.  L'é- 
glise est  un  des  plus  beaux  édifices  dans 
le  goût  gothique  qu'il  y  ait  en  France. 
Le  trésor  qui  est  fort  riche,  est  dû  à  la 
libéralité  de  Charlemagne ,  des  autres 
empereurs ,  et  d'un  grand  nombre  de 
princes  et  de  prélats  célèbres. 

BERTIN  (  Nicolas  ),  peintre  et  disci- 
ple de  Jouvenet  et  de  Boullogne  l'aîné , 
naquit  à  Paris  en  1667.  Son  père  était 
sculpteur.  L'académie  de  peinture  lui  ad- 
jugea le  premier  prix  à  l'âge  de  18  ans,  et 
se  l'associa  ensuite.  Le  séjour  de  Rome 
perfectionna  ses  talens.  De  retour  en 
France,  il  fut  nommé  directeur  de  l'école 
romaine  ;  mais  une  aventure  galante,  qui 
aurait  eu  des  suites  s'il  fût  retourné  à 
Rome,  l'empêcha  d'accepter  cette  place. 
Louis  XIV,  l'électeur  de  Mayence  ,  celui 
de  Bavière  ,  l'employèrent  successive- 
mens  à  divers  ouvrages.  Ce  dernier  vou- 
lut se  l'attacher  par  de  fortes  pensions  ; 
mais  Bertin  ne  put  jamais  consentir  à 


BEIl 


209 


BER 


quitter  sa  patrie.  Il  mourut  à  Paris  en 
1736,  clans  de  grands  sentimens  de  reli- 
gion. Sa  manière  était  pleine  de  force  et 
de  grâce  ;  il  excellait  dans  les  petits  ta- 
bleaux. On  a  de  lui  plusieurs  ouvrages  à 
Paris  dans  l'église  de  Saint-Leu,  à  l'ab- 
baye de  Saint-Germain-des-Prés  ,  et  dans 
les  salles  de  l'académie. 

BERTIN  (  Antoine  )  ,  chevalier  de 
Saint-Louis,  capitaine  de  cavalerie  ,  né 
à  l'Ile-Bourbon  le  10  octobre  1752.  Il  avait 
été  amené  en  France  dès  l'âge  de  9  ans, 
et  il  avait  fait  de  brillantes  éludes.  Lié 
de  l'amitié  la  plus  intime  avec  le  cheva- 
lier de  Parny,  il  s'adonna  comme  lui  à  la 
poésie  erotique ,  talent  bien  funeste  et 
bien  frivole  ,  qui  corrompt  ordinaire- 
ment le  goût ,  et  pervertit  presque  tou- 
jours le  cœur,  en  le  séduisant  par  des 
images  et  des  peintures  dangereuses.  On 
ne.  voit  pas  de  poètes  erotiques  s'élever  à 
un  genre  plus  sérieux  et  plus  noble;  mais 
malheureusement  on  voit  souvent  des 
poètes  distingués  s'abaisser  à  ce  genre  , 
où  presque  tous  ceux  qui  s'y  sont  livrés 
ont  obtenu  des  succès  qui  prouvent  ou 
la  facilité  de  ces  sortes  de  productions, 
ou  la  perversité  du  siècle  où  ils  ont  écrit. 
A  la  fin  de  1789 ,  il  passa  à  l'ile  Saint-Do- 
mingue pour  épouser  une  jeune  créole 
qu'il  avait  connue  à  Paris  ;  mais  le  jour 
même  où  la  cérémonie  nuptiale  fut  cé- 
lébrée, il  fut  saisi  d'une  fièvre  violente 
dont  il  mourut  au  bout  de  17  jours.  Ses 
œuvres  ont  été  recueillies  en  2  vol.  in-18, 
et  plusieurs  fois  réimprimées.  Outre  ses 
poésies,  qui  sont  inférieures  à  celles  de 
Parny,  on  y  trouve  un  voyage  en  Bour- 
gogne en  prose  et  en  vers,  dans  le  genre 
de  celui  de  Chapelle  et  Bachaumont.  La- 
harpe,  quoique  son  ami,  n'a  pas  jugé  con- 
venable de  parler  de  ce  poète,  dans  son 
Cours  de  littérature. 

BERTIN  (  Charles-Jeax  ) ,  né  à  Péri- 
gueux  en  1712,  fut  sacré  évèque  de  Van- 
nes en  1746.  D'accord  avec  la  presque 
totalité  des  évèques  de  France  ,  sur  les 
mesures  à  prendre  pour  faire  respecter 
les  décisions  de  l'Eglise  par  ceux  qui 
étaient  en  opposition  à  la  bulle  Unige- 
nitus,  il  eut  dans  l'affaire  du  refus  des 
sacremens  sa  part  des  persécutions  par- 
lementaires. Il  fut  condamné  en  1754  par 
la  cour  de  Rennes  à  6,000  fr.  d'amende, 
et ,  quelque  temps  après ,  on  saisit  son 
temporel;  mais  rien  ne  put  l'ébranler,  et 
il  continua  de  faire  ce  qu'il  croyait  être 
son  devoir.  Il  assista  en  1749  aux  confé- 
rences sur  l'instruction  pastorale  d  j  l'ar- 


chevêque de  Tours,  et  à  celles  de  1751, 
au  sujet  du  livre  du  Père  Berruyer.  Ce 
prélat  mourut  en  1774. 

*  BERTIN  (  Exupére-Josepii  ) ,  méde- 
cin, né  en  1712,  à  Tremblai,  diocèse  de 
Rennes,  se  distingua  dans  sa  profession  à 
Rennes  et  à  Paris.  Il  fut  appelé  en  Yala- 
chie,  pour  y  être  médecin  de  l'hospodar. 
Ce  despote  l'y  força  d'assister  à  un  sup- 
plice sanglant ,  ce  qui  le  fit  déserter  de 
cette  cour  ;  il  revint  en  France;  mais  il 
en  avait  été  tellement  affecté ,  que  ses 
facultés  intellectuelles  se  dérangèrent.  Il 
guérit,  et  se  retira  à  Rennes  ,  où  il  mou- 
rut en  1781.  Il  a  composé  un  Cours  com- 
plet d'Anatomie,  dont  il  a  publié  YOstéo- 
logie,  1755,  4  vol.  in-12. 

*  BERTIN  (  Théodore-Pierre  ),  con- 
courut comme  sténographe,  pendant  le 
cours  de  la  révolution  ,  à  la  rédaction  de 
plusieurs  journaux  pour  les  séances  du 
Corps  législatif  et  des  tribunaux,  et  pu- 
blia, en  1800,  la  description  d'une  Lampe 
docimastique  dont  il  est  l'inventeur,  et 
qui  paraissait  offrir  plusieurs  avantages. 
Il  a  voulu  aussi  établir  une  reliure  en 
vernis  sur  carton  ,  mais  son  entreprise 
n'a  pas  eu  de  succès.  Il  est  mort  en  1819 , 
dans  un  âge  assez  avancé.  Il  s'était  livré 
presque  exclusivement  à  la  traduction 
d'ouvrages  anglais,  ou  du  moins  préten- 
dus tels,  dans  le  choix  desquels  il  n'a  pas 
toujours  été  heureux  ,  et  qu'il  a  traduits, 
dit  un  biographe,  plus  vite  que  bien.  Les 
principaux  sont:  |  La  vie  de  Bacon,  1788, 
in-12;  |  Des  différentes  formes  de  gouver- 
nements, et  de  leurs  avantages  et  dés- 
avantages respectifs;  de  la  constitution 
anglaise,  et  de  la  liberté  civile ,  trad . 
sur  la  4e  édition ,  1789,  in-8°;  |  Système 
universel  et  complet  de  sténographie  * 
inventé  par  Taijlor  et  adapté  à  la  langue 
française ,  1792 ,  in-8°  ;  4e  édition  ,  1803  ; 
|  Guide  des  mères,  1799,  in-12;  2e  édition, 
1807,  in-12  ;  |  Le  nouvel  ami  des  enfans  t 
ou  le  Berquin  anglais,  1802,  4  vol.  in- 
18;  |  Le  passe-temps  de  la  jeunesse,  1805, 
2  vol.  in  18;  |  Le  Newton  de  la  jeunesse* 
1804,  6  vol.  in-18  ;  2e  édition  augmentée, 
6  vol.  in-18;  |  Les  matinées  de  l'enfance, 
1810 ,  4  vol.  in-18  ;  |  Les  loisirs  de  l'en- 
fance, 1811,  4  vol.  in-18;  |  Les  jeux  de 
l'enfance,  1811  et  1816,  2  vol.  in-18;  |  Les 
soirées  de  l'enfance,  1811 ,  4  vol.  in-18  ; 

|  Le  miroir  de  l'enfance,  1812,  in-18; 
|  Les  leçons  de  la  sagesse,  1812  et  1816, 
in-8°;  |  'L'Ecole  de  l'enfance,  1812,  2  vol* 
in-12;  |  Contes  à  mon  fils,  1813,  2  vol. 
in-12;  |  Ecole  des  arts  et  métiers,  1813, 
25. 


BER 


270 


BEU 


S  vol.  ih-18  ;  j  Les  petits  moralistes,  1815. 
in-18;  |  Conseils  à  mon  fils ,  1813  ,  2  vol. 
in-12;  j  Contes  d'une  marraine ,  1814 ,  2 
voL  in-18;  |  La  lanterne  magique,  1815, 
2  vol.  in-18  ;  |  Le  présent  maternel,  ou 
la  semaine  amusante  et  instructive,  1816, 
2  vol.  in-18;  |  et  plusieurs  Romans  tra- 
duits de  l'anglais.  Il  a  eu  part  à  la  tra- 
duction des  Mémoires  sur  les  établisse- 
mens  d'humanité,  traduits  de  l'anglais  et 
de  l'allemand  et  publiés  par  ordre  du 
ministre  de  l'intérieur,  an  7,  18  parties 
in-8°.  Il  a  aussi  publié  la  4e  édition  de 
la  grammaire  française  et  anglaise  de 
Dulieff ,  qu'il  a  revue  et  corrigée ,  1817, 
2  vol.  in-8°. 

BERTIN  (  Antoine  ) ,  curé  de  Saint- 
Remi  à  Reims ,  né  en  1761 ,  à  Droupt- 
sur-Basle ,  en  Champagne ,  fit  ses  études 
à  Troyes,  et  fut  envoyé  en  qualité  de  vi- 
caire à  Barbonne,  diocèse  de  Meaux. 
Ayant  prêté  serment  à  la  constitution  ci- 
vile du  clergé,  il  fut  nommé  professeur 
de  théologie  dans  le  nouveau  séminaire,, 
ensuite  supérieur  de  la  maison  ,  grand- 
vicaire  de  l'évêque  constitutionnel ,  et 
enfin  curé  de  la  cathédrale  de  Reims.  Un 
de  ses  premiers  soins  fut  de  restaurer 
cette  antique  église  qui  se  trouvait  dans 
l'état  le  plus  déplorable.  Elle  avait  été 
dépavée  :  le  tombeau  de  saint  Rémi  avait 
été  renversé;  il  s'occupa  d'abord  de  le 
rétablir  sur  un  plan  nouveau  ,  et  il  fait 
aujourd'hui  le  principal  ornement  de 
l'église.  Il  parvint  aussi  à  faire  réparer 
en  partie  le  pavé  par  le  moyen  de  sou- 
scriptions volontaires.  Il  fit  encore  pein- 
dre treize  tableaux  pour  le  chemin  de  la 
Croix  ,  et  c'est  à  cette  occasion  qu'ayant 
écrit  à  Rome  vers  1817  pour  obtenir  l'é- 
rection d'une  confrérie ,  il  déclara  qu'il 
était  pleinement  soumis  aux  rescrits  du 
saint  Siège  sur  la  constitution  civile  du 
clergé.  Plus  tard  ,  le  8  octobre  1822 ,  il  fit 
la  rétractation  la  plus  ample ,  la  plus  pré- 
cise et  la  plus  forte.  Son  vicaire  et  un 
autre  prêtre  de  sa  paroissse  l'imitèrent 
dans  cette  démarche ,  à  laquelle  il  sur- 
vécut peu.  Il  mourut  le  30  juillet  de  l'an- 
née suivante.  Ses  paroissiens  lui  ont 
élevé  un  monument  par  souscription.  Il 
a  publié  plusieurs  ouvrages  en  faveur  de 
la  jeunesse  :  |  Le  jeune  Cosmographe, 
ou  description  de  la  terre  et  des  eaux, 
dédié  aux  jeunes  gens  des  deux  sexes , 
1790,  in-12  ;  |  Esquisse  d'un  tableau  du 
genre  humain,  ou  Introduction  à  la  géo- 
graphie, in-12  ;  |  Elémens  d'histoire  na- 
turelle extraits  de  Buffon,  Valmonl  de 


Bomare,  Pluche,  etc.  dédiés  à  la  jeunesse, 
1801  et  1809,  in-12;  |  Elémens  de  géogra- 
phie extraits  de  Lacroix,  Vosgien,  Men- 
telle,  Gutherie,  etc.  1802,  in-12,  2eédition-r 
|  Discours  prononcé  le  Sjuin  1814  au  ser- 
vice solennel  de  Louis  XVI,  Louis  XV IL, 
Marie-Antoinette ,  etc.  \  Instruction  sur 
les  devoirs  des  sujets  envers  leurs  souve- 
rains, préchée  le  8  octobre  1815  ;  |  Ins- 
truction sur  la  nécessité  de  craindre 
Dieu  et  d'honorer  le  roi,  préchée  le  6 
août  1816;  |  Mémoire  sur  le  sacre,  1819. 

*  BERTIIV  D'ANTILLY  (N.  ) ,  littéra- 
teur français  ,  est  auteur  de  plusieurs* 
pièces  de  théâtre  oubliées  aujourd'hui. 
Il  rédigeait,  en  1797,  le  journal  intitulé 
Le  Thé,  lorsqu'un  mandat  d'arrêt  fut 
lancé  contre  lui.  Il  se  retira  ensuite  à  Ham- 
bourg, où  il  publia  une  autre  feuille  inti- 
tulée le  Censeur,  et  un  poème  à  la  louange 
de  l'empereur  de  Russie  Paul  Ier.  Il  se 
rendit  de  là  à  Saint-Pétersbourg,  où  il 
mourut  en  1804. 

BERTIUS  (  Pierre  ),  né  à  Béveren, 
petit  village  de  Flandre,  en  1565  ,  profes- 
seur de  philosophie  à  Leyde  ,  fut  dépouillé 
de  son  emploi ,  pour  avoir  pris  le  parti 
des  arminiens.  Il  se  rendit  à  Paris ,  où  il 
abjura  le  protestantisme  en  1620,  et  fut 
revêtu  de  la  charge  de  cosmographe  du 
roi,  de  la  place  de  professeur  royal  sur- 
numéraire en  mathématiques,  et  du  titre 
d'historiographe  de  France.  Il  mourut  en 
1629,  à  64  ans.  Ses  ouvrages  de  géogra- 
phie sont  plus  estimés  que  tout  ce  qu'il 
a  publié  sur  les  gomaristes  et  les  armi- 
niens. On  a  de  lui  |  Commentariorum  re- 
rum  gcrmanicarum  libri  très ,  in-12 , 
Amsterdam,  1555.  II  y  a  dans  cet  abrégé 
une  assez  bonne  description  de  l'Allema- 
gne ,  et  une  carte  de  l'empire  de  Charle- 
magne.  |  Theatrum  Geographiœ  veterist 
Amsterdam,  1618  —  1619,  2  vol.  in-fol. 
Ce  recueil  qui  renferme  presque  tous  les 
anciens  géographes ,  éclaircis  par  de  sa- 
vantes notes,  est  rare  et  recherché.  Il  en 
a  donné  un  abrégé ,  Paris ,  1630,  in-4°. 
|  Orbis  terrarum  ex  mente  Pomponii 
Melœdelinealus,  Paris,  in-fol.  |  Tabula- 
rum  geographicarum  contractarum,  lib. 
7,  Amsterdam,  1618,  in-4°.  |  Veteris 
geographiœ  tabulœ ,  Paris,  1628,  in-fol. 
|  Notitiu  Episcopatuum  Galliœ ,  Paris  , 
1625  ,  in-fol.  |  De  Aggeribus  et  Ponlibus, 
Paris,  1629,  in-8°  :  traité  fait  à  l'occasion 
de  la  digue  de  la  Rochelle.  |  Introductio 
in  universam  Geographiam,  in-12.  Tous- 
ses ouvrages  sont  consultés  par  ceux  qui 
cultivent  la  géographie,  et  qui  écrivent 


BËR 


271 


BER 


sur  cette  science.  Il  est  auteur  de  la  Pré- 
face qui  se  trouve  à  la  tète  de  quelques 
éditions  du  livre  de  Bocce.  De  consola- 
tione  philosophiœ,  Leyde.,  1633,  in-24. 

*  BERTOLA  (l'abbé  AURELIA  de  Gior- 
gi),  poète  italien,  naquit  à  Rimini  en  1753 
et  mourut  au  mois  de  janvier  1792.  Il 
voyagea  en  France,  en  Suisse  ,  et  à  son 
passage  à  Zurich,  il  se  lia  avec  le  célèbre 
Gessner.  Il  a  prononcé  l'éloge  de  ce  poète 
qui  est  estimé  comme  morceau  d'élo- 
quence. Le  recueil  des  poésies  de  Bertola 
a  obtenu  plusieurs  éditions.  On  remarque 
particulièrement  ses  fables  qui  sont  su- 
périeures à  celles  de  Pignotti  pour  la 
grâce  et  la  naïveté;  mais  celui-ci  l'em- 
porte pour  l'harmonie  des  vers  et  le  co- 
loris. Bertola  possédait  au  plus  haut  degré 
le  talent  de  l'improvisation  poétique.  Ses 
principaux  ouvrages  écrits  en  italien,  sont: 
|  les  Nuits  clémentines, poème,  Areauto,  in* 
8°;  |  Choix  d'idylles  de  Gessner,  traduit 
de  l'allemand,  Naples,  1777,  in-8°;  |  Les 
Œuvres  d'Horace,  trad.,  Sienne,  1778, 
2  vol.  in-8°  ;  |  Essai  sur  la  poésie  alle- 
mande, Naples,  1779,  in-8°;  [  Essai  sur  la 
littérature  allemande  ,  Lucques,  1784,  in- 
8°;  |  Cent  Fables,  Bassano,  1783  ,  in-8°; 
[  OEuvres  diverses  en  prose  et  en  vers , 
Bassano,  1789 ,  3  vol.  in-8°  ;  |  Remarques 
sur  Métastase,  ib.  1789,  in-8°;  |  Eloge  de 
Gessner,  Pavie,  1789,  in-8°;  |  De  la  philo- 
sophie de  l'Histoire,  Pavie,  1789,  in-8°; 
|  Essai  sur  la  Fable,  Pavie,  1788,  in-8°; 
j  Voyage  sur  les  bords  du  Rhin,  Rimini, 
1795,  etc. 

BERTOD  ,  premier  général  carme 
Voyez  ALBERT. 

*  BERTOLI  (  J.  -Dominique),  anti- 
quaire italien  du  18e  siècle ,  chanoine 
d'Aquilée,  consacra  ses  revenus  à  recueil- 
lir les  médailles,  les  inscriptions  et  les 
monumens  des  environs  de  cette  ville  ,  et 
publia  le  Anlichità  di  Aquileja  profane 
e  sacre,  Venise,  1739,  in-fol. 

*  BERTO.\  (  Jeax-Baptiste),  maréchal 
de-camp,  né  en  1774,  à  Franche  val,  près 
Sedan,  d'une  famille  bourgeoise,  entra  à 
l'âge  de  17  ans  à  l'école  militaire  de  Brien- 
ne,  et  fut  nommé  en  1792  sous-lieutenant 
dans  la  légion  des  Ardennes.  Il  fit  avec 
ce  corps  les  campagnes  des  armées  de 
Sambre-et-Meuse ,  et  obtint  le  grade  de 
capitaine.  Il  se  signala  en  plusieurs  oc- 
casions, notamment  à  labataille  de  Fried- 
land  où  il  rendit  d'importans  services.  Il 
passa  ensuite  en  Espagne,  et  après  la  ba- 
taille de  Spinosa ,  le  marécbal  Victor  le 
présenta,  à  la  revue  de  Burgos  ,  à  Bona- 


parte comme  le  premier  chef  d'escadron 
de  l'armée  pour  la  valeur  et  les  talens. 
Peu  après  il  fut  nommé  chef  d'état-ma- 
jor, et  enfin  maréchal-de-camp.  C'est  en 
cette  qualité  qu'il  commanda  une  brigade 
avec  beaucoup  de  distinction  à  la  bataille 
de  Toulouse  le  10  avril  1814.  Après  la 
restauration  le  général  Berton  fut  mis  en 
demi-solde ,  mais  il  reprît  de  l'activité 
pendant  les  cent  jours  ,  et  il  commanda 
une  brigade  à  la  bataille  de  Waterloo.  S'é- 
tant  rendu  à  Paris  après  le  retour  du  roi, 
il  fut  arrêté  et  détenu  cinq  mois  à  l'Ab- 
baye; cependant  il  fut  mis  en  liberté  sans 
avoir  subi  de  jugement.  On  le  vit  alors  se 
ranger  dans  le  parti  de  l'opposition  et  pu- 
blier successivement  plusieurs  écrits  qui 
le  firent  rayer  des  contrôles  de  l'armée. 
Il  ne  tarda  pas  à  s'engager  dans  un  com- 
plot contre  le  gouvernement;  et  le  24  mars 
1822  il  leva  à  Thouars  l'étendard  de  la 
révolte,  proclama  un  gouvernement  pro- 
visoire, et  se  mit  en  route  pour  Sauinur 
avec  une  centaine  d'hommes  à  pied  et 
vingt-cinq  cavaliers  qui  furent  joints  en 
route  par  quelques  personnes  des  villages 
environnans.  L'avis  en  fut  donné  aux  au- 
torités de  Saumur  qui  firent  aussitôt  des 
préparatifs  de  défense.  Berton  n'espérant 
plus  pouvoir  s'emparer  du  chàleau-fort 
qui  la  domine,  se  décida  à  la  retraite,  et 
voulut  se  replier  sur  Thouars ,  mais  déjà 
on  avait  pris  des  mesures  pour  y  empê- 
cher son  retour.  Alors  plusieurs  des  chefs 
prirent  la  fuite,  et  Berton  erra  plusieurs 
jours  dans  les  département  des  Deux-Sè- 
vres et  de  la  Charente-Inférieure.  Enfin 
il  disparut  ;  on  crut  qu'il  était  passé  en 
Espagne,  lorsqu'on  apprit  qu'il  avait  été 
arrêté  à  Laleu ,  commune  de  St-Florent, 
dans  la  maison  de  campagne  de  M.  Dela- 
lande,  notaire  à  Si-Florent,  par  le  sous- 
officier  de  carabiniers  Wolfel  qui  avait 
feint  d'entrer  dans  ses  projets  pour  pou- 
voir mieux  le  surprendre.  Berton  fut 
conduit  à  Saumur,  et  de  là  à  Poitiers  où 
il  fut  condamné  à  mort  par  la  cour  d'as- 
sises avec  cinq  de  ses  coaccusés ,  dont 
deux  contumaces;  trente-deux  furent  con- 
damnés à  l'emprisonnement.  Berton  se 
pourvut  en  cassation,  mais  l'arrêt  fut 
confirmé  et  exécuté  le  5  octobre  1822. 
Outre  les  brochures  qui  ont  amené  sa 
disgrâce,  il  a  travaillé  à  la  Minerve  fran- 
çaise ,  aux  Annales  des  faits  et  sciences 
militaires ,  et  à  l'ouvrage  intitulé  :  Vic- 
toires et  Conquêtes  des  Français. 

BERTOUD   (  Guillaume  ) ,  ancien  jé- 
suite, naquit  àArrasle  14  novembre  1723. 


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272 


BEK 


Il  était  entré  jeune  dans  la  société,  et  y 
avait  enseigné  les  belles-lettres.  Il  y  resta 
jusqu'à  la  suppression  de  son  institut  en 
France.  Il  s'attacha  dès  lors  à  M.  de  Ro- 
quelaure,  évêque  de  Senlis ,  et  premier 
aumônier  du  roi.  Ce  prélat  sut  apprécier 
le  mérite  de  Bertoud  ,  et  lui  donna  toute 
sa  confiance  :  il  le  fit  chanoine  de  sa  cathé- 
drale, puis  son  grand-vicaire  ,  et  le  pour- 
vut du  prieuré  simple  de  Saint-Christo- 
phe, qui  était  à  sa  nomination.  L'abbé 
Bertoud  continua  de  plus  en  plus  à  mé- 
riter l'estime  et  même  l'amitié  de  son  gé- 
néreux bienfaiteur.  La  révolution  étant 
survenue  ,  l'abbé  Bertoud,  qui  avait  des 
relations  à  Arias  ,  sa  patrie,  crut  que 
M.  de  Roquelaure  serait  en  sûreté  dans 
cette  ville  et  il  l'engagea  à' s'y  retirer.  Le 
choix  n'était  pas  heureux  :  le  trop  fameux 
Lebon,  qui  y  fut  envoyé,  abreuva  cet 
évêque  d'outrages ,  et  le  fit  mettre  en  pri- 
son ,  en  attendant,  disait-il,  qu'il  t'en- 
voyât au  supplice.  Il  s'en  tînt  néanmoins 
aux  menaces.  M.  de  Roquelaure  ayant 
recouvré  sa  liberté  se  retira  à  Crespy  en 
Valois ,  ville  de  son  diocèse.  L'abbé  Ber- 
toud l'y  suivit  ainsi  qu'à  Malinès ,  quand 
M.  de  Roquelaure  en  fut  nommé  arche- 
vêque. Enfin  ils  revinrent  ensemble  à  Pa- 
ris. L'abbé  Bertoud  y  étant  tombé  malade, 
crut  que  le  changement  d'air  pouvait  lui 
être  favorable.  Il  avait  été  supérieur  des 
religieuses  établies  à  Clermont  en  Beau- 
voisis.  Elles  l'invitèrent  à  venir  se  réta- 
blir chez  elles.  Il  y  mourut  dans  les  der- 
niers mois  dé  1810  (  Voyez  ROQUE- 
LAURE). L'abbé  Bertoud  ,  qui  avait  con- 
tinué de  cultiver  la  littérature,  a  laissé 
les  ouvrages  suivans  :  |  Histoire  des  poè- 
tes français,  1787  ,  in-12  ;  elle  a  eu  qua- 
tre éditions;  |  Anecdotes  françaises  de- 
puis l 'établissement  de  ta  monarchie  jus- 
qu'au règne  de  Louis  XV ',  Paris  ,  1767, 
in-8°;  elles  sont  curieuses  et  offrent  des 
renseignemens  pleins  d'intérêt'  sur  les 
mœurs,  les  usages  des  différentes  épo- 
ques ,  etc.  ;  |  Anecdotes  espagnoles  et 
portugaises,  Paris,  1772,  2  vol.  in-8°, 
traitées  sur  le  même  plan  que  l'ouvrage 
précédent. 

BERTRADE,  fille  de  Simon,  comte  de 
Montfort ,  épousa  d'abord  Foulques  d'An- 
jou, vieillard  avare,  fantasque  et  cruel. 
Elle  se  fit  enlever  en  1092  par  Philippe  I, 
roi  de  France.  Yves  de  Chartres  se  ré- 
cria fortement  contre  ce  désordre  :  mais 
il  ne  put  arrêter  ni  l'ambition  de  cette 
femme  ,  ni  la  passion  du  roi.  Quelques 
prélats  oublièrent  leur  devoir  jusmj'à  les 


marier,  en  1093.  Le  pape  Urbain  II  en  fut 
si  irrité ,  qu'il  lança  enfin  l'excommuni- 
cation qu'il  avait  suspendue  jusques-là. 
Bertrade  devint  reine  après  la  mort  de 
Berthe ,  et'  finit  par  se  retirer  dans  le 
couvent  de  Haute-Bruyère  qu'elle  fonda 
et  ou  elle  mourut  vers  l'an  1117.  Sa  tombe 
ornée  d'inscriptions  gothiques  à  demi  ef- 
facées existait  encore  avant  la  révolution 
dans  cette  abbaye. 

BKRTRAM(Coriveille-Bonaventure), 
ministre  et  professeur  d'hébreu  à  Genève 
et  à  Lausanne ,  naquit  à  Thouars  en  Poi- 
tou ,  l'an  1531 ,  et  mourut  à  Lausanne  en 
1594.  Il  avait  fait  une  étude  particulière 
des  langues  orientales,  et  y  était  très 
versé.  Nous  avons  de  lui ,  |  Respublica 
Hebrœorum,  à  Genève,  1580,  puis  à 
Leyde ,  1621 ,  in-12 ,  avec  des  Commen- 
taires dé  Constantin  empereur,  et  dans 
les  Critici  sacri  de  Londres,  tom.  8; 
|  une  Révision  de  là  Bible  française  de 
Genève,  faite  sur  le  texte  hébreu,  Ge- 
nève ,  15881  II  corrigea  cette  version  en 
bien  des  endroits  ,  mais  dans  d'autres  il 
a  trop  suivi  l'autorité  des  rabbins  ,  et  pas 
assez  celle  des  anciens  interprètes  ;  |  Une 
nouvelle  édition  du  Trésor  de  la  langue 
sainte  de  Pagnin,  etc. 

BERTRAME.  Voyez  BATRAMNE. 

BERTRAND  (saint) ,  fils  d'Atton  Ray- 
mond, comte  de  l'Ile ,  renonça  aux  espé- 
rances que  le  monde  lui  offrait,  et  se 
consacra  à  Dieu  dans  l'état  ecclésiastique. 
Otger ,  évêque  de  Comminges ,  étant  mort 
en  1075  ,  il  fut  élu  pour  lui  succéder.  Son 
zèle  fit  bientôt  changer  de  face  à  son  dio- 
cèse ;  ses  discours  et  ses  exemples  corri- 
gèrent les  abus  ,  et  ramenèrent  la  vertu 
et  la  piété.  Non  content  d'avoir  rétabli 
son  église ,  il  répara  aussi  la  ville  et  l'a- 
grandit, en  sorte  qu'il  en  fut  regardé 
comme  le  second  fondateur.  Il  fit  faire  un 
cloître  pour  les  clercs,  et  les  assujettit  à 
la  vie  commune.  Il  mourut  le  15  ou  le  16 
octobre,  vers  l'an  1123,  après  avoir  passé 
cinquante  ans  dans  l'épiscopat.  Il  fut  ca- 
nonisé surtout  à  la  sollicitation  de  Guil- 
laume, archevêque  d'Auch,  son  neveu. 
Sa  Vie ,  sur  les  instances  du  cardinal  Hya- 
cinthe ,  et  de  Guillaume  ,  archevêque 
d'Auch,  a  été  écrite  par  Vital,  protono- 
taire d'Alexandre  III ,  qui  était  du  même 
pays,  et  qui  vivait  à  peu  près  dans  le 
même  temps.  On  peut  voir  aussi  Baillet, 
sous  le  15  octobre .  et  le  Gallia  chris- 
tiana,  tom.  1 .  pag.  1094. 

BERTRAAD  (Pierre),  né  en  Viva- 
rais  ,  professeur  de  jurisprudence  à  Avi- 


BER 

gnon  ,  à  Montpellier ,  à  Orléans  et  à  Pa- 
ris ,  ensuite  évèque  de  Ne  vers,  puis  d'Au- 
tun ,  enfin  cardinal  en  1331 ,  plaida  si 
bien  pour  le  clergé  contre  Pierre  de  Cu- 
gnières,  que  le  roi  Philippe  de  Valois  pro- 
nonça en  sa  faveur  en  15^9.  Il  était  ques- 
tion d'établir  jusqu'où  devait  s'étendre 
l'autorité  du  roi  sur  les  choses  spirituel- 
les ,  et  celle  du  clergé  sur  les  choses  tem- 
porelles. Son  ouvrage  fut  imprimé  à  Pa- 
ris en  1495  ,  in-4° ,  et  dans  les  Libertés 
de  l'église  gallicane ,  Lyon ,  1770 ,  5  vol. 
in-4°.  Il  mourut  à  Avignon  le  24  juin 
1549.  On  trouve  dans  la  Bibliothèque  des 
Pères  un  traité  de  ce  cardinal.:  De  ori- 
gine et  usu  Jurisdictionum;  il  a  été  im- 
primé séparément  à  Venise  en  1584,  in- 
fol.  Il  fonda  à  Paris  le  collège  d'Autun. 

BERTRAND  (  Jean  ),  sieur  de  Calourze, 
premier  président  au  parlement  de  Tou- 
louse, s'est  fait  un  nom  par  son  livre 
Bionomicon  sive  de  vitis  jurisperitorum -, 
que  son  fils  François  Bertrand  donna  au 
public  en  1618 ,  in-4°,  avec  la  Vie  du  pré- 
sident son  père.  Il  mourut  le  premier  no- 
vembre 1594.  —  Il  ne  faut  pas  le  confon- 
dre avec  Nicolas  BERTRAND,  de  la  même 
famille  ,  avocat  au  parlement  de  Toulouse, 
mort  en  1527 ,  qui  a  donné  au  public  De 
Tolosanorum  gestis  ab  urbe  conditâ  , 
Toulouse,  1515,  in-folio,  et  ensuite  en 
français  sous  le  litre  de  Gestes  des  Tou- 
lousains, Toulouse  ,  1517,  in-4°.  Il  y 
montre  très  peu  de  critique,  et  on  s'aper- 
çoit facilement  qu'il  a  profité  des  recher- 
ches de  Guillaume  de  Puy-Laurens ,  et  de 
Bernard  de  la  Guionie,  évèque  de  Lo- 
dève. 

*  BERTRAND  (Thomas-Bernard),  né 
à  Paris  le  22  octobre  1682 ,  et  mort  le  19 
avril  1751,  fut  un  médecin  célèbre.  Reçu 
docteur  en  1710  ,  il  fut  successivement 
professeur  de  chirurgie ,  de  pharmacie  et 
de  matière  médicale.  Elu  doyen  en  1740  , 
il  le  demeura  jusqu'à  sa  mort.  On  a  de 
lui  plusieurs  ouvrages  intéressans  pu- 
bliés après  sa  mort ,  entre  autres  :  |  Vies 
d'hommes  illustres  et  Catalogue  raisonné 
de  tous  les  autres  docleur.i  ;  |  Vie  de 
Celse.  en  latin ,  et  un  Index  :  \  Vie  de 
Gui  fatin  ;  \  Remarques  sur  la  patholo^ 
qie  de  Lomnius;  \  une  Pharmacie,  et  une 
Chimie  avec  un  Index  des  maladies  et 
remèdes;  \  Remarques  fugitives  sur  l'a- 
natomie ,  la  chimie,  la  botanique;  \  an- 
nales Facultatis ,  ouvrage  qui  n'a  pas 
été  imprimé,  et  pour  lequel  il  avait 
compulsé  les  22  vol.  in-fol.  que  six  siè- 

Rs  avaient  accumulés,  et  où  reposent 


273  DER 

les  Mémoires  de  la  faculté  ;  |  une  foule 
de  Thèses  intéressai! les  sur  divers  sujets 
de  médecine.  —  BERTRAND  (Bernard- 
Nicolas  ) ,  son  fils ,  né  à  Paris  en  1715 ,  a 
composé  des  Elèmens  de  physiologie  et 
d'oryctologie.  Il  est  mort  le  29  novembre 
1780. 

BERTRAND(Philippe),  sculpteur, né  à 
Paris  en  1664  ,  mourut  dans  cette  même 
ville,  en  1724.  Ses  principaux  ouvrages 
sont:  ]  la  figure  du  Christ  dans  le  bâti- 
ment de  la  Samaritaine  ,  autrefois  sur  le 
Pont-Neuf;  |  celles  de  la  Justice  et  de  la 
Force,  au-dessus  des  arcades  du  chœur  de 
Notre-Dame  ;  |  la  statue  de  Y  Air  à  Tria- 
non  ;  |  celle  de  saint  Satyre ,  aux  Invali- 
des ;  |  les  Bas-reliefs  de  l'arc  de  triom- 
phe de  Montpellier,  érigé  en  l'honneur 
de  Louis  XIV.  Cet  artiste  fut  habile,  mais 
il  ne  mérite  point  une  place  aux  premiers 
rangs.  On  remarque  dans  ses  ouvrages  de 
l'ensemble  et  de  l'expression. 

BERTRAND  (  Jean-Baptiste  ),  méde- 
cin et  de  l'académie  de  Marseille,  né  à 
Marligues  le  12  juillet  1670 ,  ^mourut  le 

10  septembre  1752.  Il  était  bon  praticien, 
et  ne  négligeait  point  la  théorie.  Sa  Rela- 
tion historique  de  la  peste  de  Marseille  , 
in-12,  1721,  n'est  pas  le  seul  ouvrage  de 
ce  savant  médecin.  On  a  encore  de  lui 
des  Lettres  à  M.  Deidier  sur  le  mouve- 
ment des  muscles,  1752,  in-12;  et  des 
Dissertations  sur  l'air  maritime,  1724, 
in-4°,oùl'on  trouve  de  bonnes  observa- 
tions. 

BERTRAND  (  François-Séraphique)  , 
avocat ,  né  à  Nantes  en  1702 ,  mourut 
dans  celte  ville  en  1752.  On  a  de  lui  des 
poésies  diverses,  imprimées  à  Nantes  en 
1749,  sou-  le  titre  de  Leyde.  Il  y  a  d'as- 
sez jolis  vers  dans  ce  recueil,  l'auteur 
imite  a^sez  heureusement  plusieurs  Odes 
d'Horace.  Il  a  rédigé  aussi  le  Ruris  deli- 
ciœ ,  1756,  in-12,  collection  de  vers  latins 
et  français  qui  sont  d'un  mérite  fort  iné- 
gal. 

BERTRAND  (  Elie  ) ,  pasteur  et  théo- 
logien, né  à  Orbe,  en  Suisse,  en  1712, 
mort  en  1785,  se  distingua  par  ses  prédi- 
cations ,  et  cultiva  avec  zèle  et  succès  les 
sciences  naturelles.  Il  fut  conseiller  privé 
du  roi  de  Pologne ,  et  membre  des  aca- 
démies de  Berlin,  Florence ,  Lyon,  etc. 

11  a  publié  un  grand  nombre  d'ouvrages. 
Les  principaux  sont  |  Mémoire  sur  la 
structure  ultérieure  de  la  Terre  ,  1752  , 
in-8°.  |  Essais  sur  les  usages  des  monta- 
gnes ,  avec  une  lettre  sur  le  Nil,\7ok, 
in-4°.  |  Dictionnaire  universel  des   fos- 


BER 


274 


sites  propres  et  des  fossiles  accidentels, 
1763,  2  vol.  in-8°.  |  Morale  de  l'Evangile, 
1775 ,  7  vol.  in-8°.  Voyez  le  Thérinon  ou 
les  journées  de  la  montagne ,  1777 ,  in-12, 
4780,  2  vol.  in-8°. 

*  BERTRAND  (  l'abbé  ) ,  membre  de 
l'académie  de  Dijon,  professeur  de  phy- 
sique et  d'astronomie  dans  cette  ville ,  est 
auteur  de  plusieurs  mémoires  et  disser- 
tations sur  les  sciences  naturelles.  Il  de- 
manda à  faire  partie  de  l'expédition"  en- 
voyée à  la  recherche  de  La  Peyrouse.  Mais 
11  mourut  du  scorbut ,  avant  d'avoir  pu 
rendre  son  voyage  utile  à  la  science.  Il 
avait  été  lié  avec  Buffon,  Daubvnlon  et 
les  plus  célèbres  naturalistes  de  son  temps. 

*  BERTRAND  (  Antoine-Marie  ) ,  né- 
gociant de  Lyon ,  fut  porté  à  la  place  de 
maire  en  1793,  au  moment  des  premiers 
troubles  qui  éclatèrent  en  cette  ville ,  et 
déclara  aux  députés  de  sections  qui  s'é- 
taient déclarés  en  permanence  pour  ré- 
sister au  parti  de  Chàlier  :  «  Qu'il  ferait 
»  sauter  leur  permanence  à  coups  de  ca- 
»  non.  »  ¥n  bataillon  ayant  fefusé  de  mar- 
cher, il  lit  faire  une  décharge  d'arlille- 
rie  ,  qui  blessa  plusieurs  personnes.  Après 
l'exécution  de  Chàlier,  il  se  rendit  à  Paris, 
où  il  devint  un  des  membres  les  plus  ar- 
dens  du  parti  des  Cordeliers.  Il  fut  com- 
promis, dans  l'affaire  de  Babeuf,  et"  figura 
dans  l'attaque  du  camp  de  Grenelle.  Ar- 
rêté après  cet  événement,  il  fut  condamné 
à  mort  par  une  commission  militaire ,  cl 
exécuté  le  9  octobre  1796. 

*  BERTRAND  (  Edme-Victor  )  ,  maré- 
chal-de-camp ,  officier  de  la  légion  d'hon- 
neur ,  né  en  1769,  àGérédot ,  aujourd'hui 
dans  le  département  de  l'Aube,  fut  nommé 
capitaine  au  3e  bataillon  de  ce  département 
et  fit  les  campagnes  de  1792  et  1793  aux 
armées  du  Nord.  Après  son-  retour  de 
Saint-Domingue  où  il  s'était  rendu  avec  le 
grade  de  chef  de  bataillon  ,  il  assista  au 
6iégede  Dantzick,  où  sa  bravoure  lui  va- 
lut la  croix  de  la  légion  d'honneur.  En 
1813 ,  il  fut  nommé  colonel ,  et  il  com- 
mandait le  139e  aux  batailles  de  Lutzen  et 
de  Baulzen.  Il  s'empara  lui-même ,  à  la 
première  affaire  ,  quoique  blessé  de  qua- 
tre coups  de  feu,  d'une  aigle  ennemie,  et 
enleva  trois  fois  à  la  tète  de  son  régiment 
une  position  défendue  par  une  formida- 
ble artillerie.  Le  16  août  1815,  Bertrand  fut 
nommé  officier  de  la  légion-d'honneur, 
puis  élevé  le  50  du  même  mois  au  grade 
de  général  de  brigade.  A  la  bataille  de 
Leipsick,  il  reçut  une  blessure,  des  suites 
de  laquelle  il  mourut  à  Vermandovilliers, 


BER 

1814,   au  milieu  de  sa  fa- 


le  15  janvier 
mille. 

♦  BERTRAND  DE  MOLLEVILLE  (  An- 
toine-François ,  marquis  de  ) ,  né  à  Tou- 
louse ,  en  1744  ,  fut  d'abord  maître  des  re- 
quêtes et  intendant  de  la  Bretagne  ;  chargé , 
en  1778 ,  comme  commissaire  du  roi ,  de 
dissoudre  le  parlement  de  Rennes ,  il  fail- 
lit perdre  la  vie  dans  une  émeute  où  des 
jeunes  gens  s'armèrent  pour  défendre  leurs 
magistrats.  Bertrand  fut  appelé,  le  4  oc- 
tobre 1791 ,  au  ministère  de  la  marine. 
Les  députés  du  Finistère  l'accusèrent  d'a- 
voir trompé  le  corps  législatif  dans  les 
états  de  revue  des  officiers  de  la  marine 
de  Brest,  et  d'avoir  employé  des  ennemis 
de  la  patrie  dans  l'expédition  de  Saint- 
Domingue.  Cette  dénonciation  n'eut  pas 
de  suite  ;  cependant  les  adversaires  de 
Bertrand  revinrent  à  la  charge,  et  le 
mirent  dans  la  nécessité  d'offrir  sa  dé- 
mission à  Louis  XVI,  qui  lui  confia  alors 
la  direction  d'une  police  secrète  destinée 
à  surveiller  les  jacobins.  Peu  après ,  il 
présenta  au  roi  un  plan  ,  à  la  faveur  du- 
quel il  espérait  arrêter  le  cours  de  la  ré- 
volution, mais  qui  n'eut  aucun  succès, 
non  plus  que  les  moyens  qu'il  soumit  au 
monarque  pour  tenter  une  nouvelle  éva- 
sion, le  20  juin  1792.  Décrété  d'arresta- 
tion le  15  août  suivant,  Bertrand  se  sauva 
en  Angleterre,  où  il  resta  jusqu'en  1814  , 
s'occupant  exclusivement  de  travaux  lit- 
téraires. On  lui  doit  :  |  Histoire  de  la 
révolution  de  France,  10  vol.  in-8°,  1801 
et  1803;  |  Costumes  des  étals  héréditaires 
de  la  maison  d' Autriche ,  consistant  en 
50  gravures  coloriées,  anglais -français, 
(traduction  anglaise  de  M. Dallas),  Londres, 
1804;  |  Histoire  d'Angleterre,  depuis  l'in- 
vasion des  Romains  jusqu'à  la  paix  de 
1763 ,  avec  des  tables  généalogiques  et  po- 
litique >,  Paris  ,  1815,  6  vol.  in-8°  ;  |  Mé- 
moires particuliers  pour  servir  à  la  fin  du 
règne  de  Louis  XTI ,  2  vol.  in-8°,  1816. 
Bertrand  de  Molleville  mourut  en  1817. 

*  BERTRA\D-DE-LA-IIOSDL\TERE 
(Ciiaules-Ambroise  ) ,  était  procureur  du 
roi,  avant  la  révolution-,  nommé  àla  Con- 
vention, il  vota  la  mort  de  Louis  XVI ,  pro- 
voqua ensuite  le  décret  qui  ordonnait  le 
partage  des  biens  communaux,  lit  partie 
de  la  commission  des  douze  qui  prépara 
les  événemens  du  51  mai  1793,  et  donna 
sa  démission  avant  cette  journée.  Mem- 
bre du  conseil  des  Cinq- cents,  il  fit  créer 
une  commission  chargée  de  découvrir 
les  émigrés  cachés  sous  de  faux  noms  ,  et 
contribua  à  la  chute  de  Merlin,  Treilhard 


BER 


275 


BER 


cl  Larévcillère-Lépeaux.  Il  voulut  s'oppo- 
ser à  la  révolution  du  18  brumaire  ,  et 
fut  exclu  du  conseil  après  cette  époque. 
Après  la  restauration ,  Bertrand  se  retira 
à  Bruxelles  où  il  mourut  en  1819. 

BERTRAND  DU  GUESCLIN.  Voyez 
GUESCLIN  (du). 

*  BERTRANDI  (  Jean-Ambroise-Ma- 
rie  ) ,  célèbre  anatomiste ,  né  à  Turin ,  le 
18  octobre  1723  ,  d'un  pauvre  barbier  qui 
le  destinait  à  l'état  ecclésiastique;  mais  un 
professeur  de  chirurgie  l'en  détourna  en 
le  nommant  élève  du  collège  dit  des  Pro- 
vinces. Après  trois  années  d'un  travail 
assidu,  on  le  fit  répétiteur  d'anatomie,  et 
en  1747  il  fut  agrégé  au  collège  de  chirur- 
gie.  Le  roi  Charles-Emmanuel  l'envoya  à 
Paris  fréquenter  les  hôpitaux,  et  il  joi- 
gnit bientôt  aux  connaissances  qu'il  avait 
déjà  dans  l'anatomie  ,  la  pratique  la  plus 
complète  dans  l'art  de  la  chirurgie.  De 
retour  à  Turin,  le  roi  créa  pour  lui  une 
chaire  extraordinaire  de  chirurgie,  et  fit 
construire  à  sa  sollicitation  un  amphi- 
théâtre dans  l'hôpital  Saint- Jean.  Peu  de 
temps  après  il  fut  nommé  premier  chirur- 
gien du  roi ,  et  professeur  de  chirurgie 
pratique  à. l'université.  Il  est  mort  à  la 
fleur  de  l'âge,  en  1765.  Son  principal  ou- 
vrage est  Tratlalo  délie  operazione  -  di 
chirurgia,  Nice  ,  1763  ,  2  vol.  in-8°.  Tous 
les  TYaités  qu'il  dicta  à  l'université  de 
Turin  ont  été  recueillis  et  livrés  à  l'im- 
pression ,  apr.ès  sa  mort  ,  sous  le  titre 
d'OEuvres  posthumes,  et  forment  13  vol. 
in-8°.  Quelques-uns  de  ces  traités  étaient 
restés  incomplets  ;  mais  ils  ont  été  com- 
plétés par  des  supplémens ,  et  forment , 
avec  son  Traltato  délie  operazione,  un 
cours  presque  complet  de  cbirurgie. 

*  liERTUCCIO  (François  ),  minime 
sicilien  du  16e  siècle ,  dont  on  a  un  Traité 
sur  les  Etres  surnaturels  et  sur  la  Con- 
ception. 

'"  BERTUCH  (  Frédéric-Justin  ),  géo- 
graphe et  compilateur  saxon ,  né  à  Wei- 
mar le  29  septembre  1746.  Il  étudia  d'a- 
bord la  théologie  ;  mais  ne  se  sentant  pas 
de  goût  pour  l'état  ecclésiastique,  il  entra 
chez  le  duc  de  Saxe-Weimar  en  qualité  de 
secrétaire  de  cabinet ,  et  il  devint  en  1785 
conseiller  de  légation.  Il  se  rétira  des  af- 
faires en  1796  pour  se  livrer  exclusive- 
ment aux  lettres ,  et  il  fut  un  des  fonda- 
teurs d'un  maison  de  librairie  connue  sous 
le  nom  de  comptoir  d'industrie,  d'où  sont 
sortis  un  grand  nombre  d'ouvrages  pé- 
riodiques estimés,  et  de  bonnes  cartes 
géographiques  exécutées  sans  luxe  pour 


un  prix  modique.  Il  est  mort  le  3  août 
1822.  Ses  principaux  ouvrages  sont  |  une 
traduction  en  allemand  du  don  Quichotte 
de  Cervantes,  Leipsick,  1780,  6  vol.  in- 
8°;  |  Une  traduction  du  théâtre  espagnol 
et  portugais.  Leipsick  ,  1780,  3  vol.  in-8°; 
|  La  bibliothèque  bleue ,  recueil  de  contes 
traduits  du  français,  Gotha,  1790-1797,  11 
vol.  in-12  ;  |  Portefeuille  des  enfans ,  mé- 
lange intéressant  d'animaux,  plantes t 
fruits ,  minéraux ,  costumes ,  antiquités  M 
avec  d'S  explications  en  français ,  en  al- 
lemand, en  anglais  et  en  italien,  W ei- 
mar,  1790  à  1815,  160  cahiers,  in-4°,  fig. 
noires  ou  coloriées  :  il  en  existe  une  tra- 
duction latine  sous  ce  titre  :  Novus  orbis 
pictus  juventuti  inslituendœ  et  obleclan- 
dœ,  complectens  animalium ,  planlarum , 
florum.,  é?rc, Vienne,  1810-1815,  12  vol. 
in-4°,  avec  600  planches  coloriées;  |  Es- 
sai sur  les  hiéroglyphes ,  ou  nouvelles 
lettres  à  ce  sujet,  Weimar,  1804  ,  in-4°; 
|  Tables  d'histoire  naturelle ,  Weimar , 
1806 ,  in-4°.  Il  a  publié  avec  M.  S.  Vater, 
Archives  pour  l'etnographie  et  la  linguis- 
tique,  dont  le  premier  numéro  a  paru  en 
1808,  et  continué  avec  A.  C.  Gaspari  les 
Ephémérides géographiques  commencées 
en  1798  par  le  major  de  Zach.  Il  a  encore 
coopéré  à  plusieurs  autres  journaux  litté- 
raires. 

BÉRULLE  (  Pierre  ) ,  né  en  1575,  au 
château  de  Serilly ,  près  de  Troyes  en 
Champagne ,  se  distingua  dans  la  fa- 
meuse conférence  de  Fontainebleau,  où 
du  Perron  combattit  du  Plessis-Mornay, 
qu'on  nommait  le  pape  des  huguenots.  Il 
fut  envoyé  par  Henri  IV  ,  dont  il  était  au- 
mônier ,  en  Espagne ,  pour  amener  quel- 
ques carmélites  à  Paris.  Ce  fut  par  ses 
soins  que  cet  ordre  fleurit  en  France. 
Quelque  temps  après  il  fonda  la  congré- 
gation de  l'Oratoire  de  France,  dont  il 
fut  le  premier  général.  Cet  institut,  quoi- 
que semblable  pour  le  fond  à  celui  de  saint 
Philippe  de  Néri,  en  est  néanmoins  dis- 
tingué par  des  différences  qui  en  font  une 
congrégation  particulière.  Elle  fut  ap- 
prouvée par  une  bulle  de  Paul  V  en  1615, 
et  produisit  un  grand  nombre  d'hommes 
illustres  par  la  science  et  la  vertu.  Durant 
les  disputes  qu'un  parti  puissant  suscita 
dans  le  monde  chrétien ,  plusieurs  de  ses 
membres  ne  surent  pas  assez  se  défendre 
contre  la  nouveauté;  mais  la  généralité  de 
la  congrégation  resta  toujours  attachée  à 
la  doctrine  de  l'Eglise ,  et  aux  décrets  de 
ses  pontifes.  Urbain  VIII  récompensa  le 
mérite  de  Bérulle  d'un  chapeau  de  car- 


BER 


276 


DES 


dinal.  Henri  IV  et  Louis  XIII  avaient  voulu 
inutilement  lui  faire  accepter  des  évê- 
chés  considérables.  L'autorité  qu'il  avait 
dans  l'Eglise  et  l'état  ne  lui  fit  point  aban- 
donner son  premier  plan  de  vie.  La  sim- 
plicité, la  modestie,  la  pauvreté,  la  tem- 
pérance furent  toujours  ses  vertus  favo- 
rites. Il  ne  passait  aucun  jour  sans  offrir 
le  saint  sacrifice.  Il  mourut  d'apoplexie  à 
l'autel ,  justement  avant  la  consécration  , 
le  2  octobre  1629  ,  à  l'âge  de  55  ans.  Saint 
François  de  Sales  ,  César  de  Bus ,  le  car- 
dinal Bentivoglio,  etc.,  avaient  été  ses 
amis  et  les  admirateurs  de  ses  vertus.  On 
a  une  édition  de  ses  Œuvres ,  publiée  en 
1644  ,  in-fol. réimprimée  en  1657  ,  par  les 
Pères  Bourgoing  et  Gibieuf.  On  y  trouve 
le  zèle  et  l'onction ,  l'esprit  de  renonce- 
ment cl  d'humilité,  et  une  tendre  dévo- 
lion.  M.  Habert  de  Cerisi  a  écrit  sa  Vie  , 
Paris ,  1646 ,  in-4°.  M.  Tabaraud  en  a  pu- 
blié une  plus  récente ,  sous  le  titre  &  His- 
toire de  Pierre  de  Bérulle,  1818,  2  vol.  in- 
8°.  On  y  trouve  un  grand  nombre  de  faits 
intéressans  et  des  détails  peu  connus,  mais 
elle  se  ressent  malheureusement  de  l'es- 
prit de  parti  qui  domine  l'auteur.  Elle  ren- 
ferme en  outre  beaucoup  trop  de  minu- 
ties et  de  détails ,  de  querelles  peu  dignes 
de  la  dignité  de  l'histoire,  et  d'ailleurs  dé- 
placés dans  une  vie  aussi  édifiante. 

BERVIC  (Charles-Clément  BALVAY), 
habile  graveur,  né  à  Paris  en  1756.  Il  fut 
nommé  membre  de  l'Institut  lors  de  la 
création  de  la  section  de  la  gravure ,  et , 
quelques  années  après  ,  il  obtint  la  croix 
de  l'ordre  de  la  réunion.  Il  est  mort  le 
23  mars  1822.  La  faiblesse  de  sa  vue  a 
privé  les  amateurs  d'un  plus  grand  nom- 
bre de  ses  productions ,  estimées  pour  la 
pureté  et  la  délicatesse  de  son  burin. 
L'Enlèvement  de  Déjanire  ,  d'après  le 
Guide ,  et  le  groupe  de  Laocoon ,  sont  re- 
gardés comme  ses  chefs-d'œuvre. 

BERVILLE.  Voyez  GUYARD  de  BER- 
TILLE. 

BÉRYLLE ,  évêque  de  Bostres  en  Ara- 
bie vers  240,  après  avoir  gouverné  quel- 
que temps  son  église  avec  beaucoup  de 
réputation ,  tomba  dans  l'erreur.  Il  crut 
que  Jésus-Christ  n'avait  point  existé  avant 
l'incarnation,  et  qu'il  n'avait  été  Dieu, 
que  parce  que  le  Père  demeurait;  en  lui , 
comme  dans  les  prophètes.  Plusieurs  cvê- 
ques  zélés  s'assemblèrent  en  concile ,  afin 
de  prévenir  les  suites  d'un  pareil  scan- 
dale. Ils  disputèrent  contre  Bérylle,  et  ne 
purent  le  réduire.  On  appela  Origène  qui 
ne  réfuta  pas  seulement  les  erreurs  de 


l'évêque  arabe ,  mais  accompagna  ses  rai* 
sonnemens  d'une  douceur  et  d'une  cha- 
rité si  admirable,  qu'il  lui  fit  reconnaître 
la  vérité  ,  et  professer  avec  un  éclat  nou- 
veau la  foi  pure  qu'il  avait  abandonnée. 

*  BERZÉLIUS  (J.  Jacob),  chimiste  sué- 
dois ,  né  vers  1784 ,  et  mort  en  1832,  s'est 
rendu  célèbre  par  un  grand  nombre  de 
travaux ,  qui  tous  prouvent  de  vastes  con- 
naissances en  minéralogie ,  et  une  heu- 
reuse application  du  calcul  à  la  chimie.  Il 
vint  en  1819  à  Paris,  où  il  se  lia  avec  divers 
savans  français.  Outre  un  grand  nombre 
de  mémoires  insérés  dans  les  Annales  de 
chimie  ,  bu  dans  les  journaux  étrangers , 
on  a  de  lui  :  |  Essai  sur  la  théorie  des  pro- 
portions chimiques,  et  sur  l'influence  chi- 
mique de  l'électricité ,  1  vol.  in-8°;  |  Nou- 
veau système  de  minéralogie,  1  vol.  in-8°, 
ouvrage  qui  a  été  traduit  du  suédois,  ainsi 
que  le  précédent ,  sous  les  yeux  de  l'au- 
teur, et  publié  par  lui-même,  Paris,  1819; 
|  De  l'emploi  du  chalumeau  dans  l'ana- 
lyse chimique,  traduit  par  Fresnel ,  1  vol. 
in-8°;  |  Elémens  de  chimie,  8  vol.  in-8°, 
avec  planches,  aussi  traduits  et  publiés  à 
Paris. 

BERZÉVICZI  (  Grégoire  de  ),  écri- 
vain protestant  hongrois,  mort  en  février 
1822.  On  a  de  lui  :  |  de  Indole  et  con- 
ditione  rusticorum  ,  in  Hungariâ,  in-8°, 
sans  date  ;  |  De  commercio  et  industria 
Hungariœ,  Lutschau,  1797,  in-8°  ;  |  une 
notice,  en  allemand,  sur  l'état  des  Evan- 
gélistes  protestans,  Leipsick,  1822;  ou- 
vrage posthume  où  il  se  plaint  des  vexa- 
tions que  le  culte  réformé  éprouve  de  la 
part  de  l'administration  et  des  états  de 
ce  royaume.  On  le  dit  aussi  auteur  de 
deux  ouvrages  écrits  en  allemand  sur  le 
commerce  de  l'Europe. 

*BÉS\RD  (Jean-Baptiste),  né  à  Be- 
sançon ,  vers  1576,  étudia  la  jurisprudence 
et  la  médecine  avec  un  succès  égal.  Obligé 
de  voyager  dans  presque  toutes  les  parties 
de  l'Europe  ,  il  se  vit  forcé  d'abandonner 
l'étude  du  droit.  Ses  amis  lui  en  firent  des 
reproches,  auxquels  il  répondit  dans  la 
préface  de  son  ouvrage  intitulé  :  Anlrum 
philosophicum  ,  in  quo  pleraque  physica 
quœ  ad  vulgariores  humani  corporis  af- 
feclus  atlinent,  sine  mullo  verborum  ap- 
paratu,  etc.,  Augsbourg,  Franeker,  1617, 
in-4°.  Il  prouve ,  dans  sa  préface ,  que  les 
voyages  ne  lui  ont  pas  fait  perdre  son 
temps,  puisqu'il  avait  déjà  publié  un 
traité  de  musique  intitulé  :  Thésaurus 
harmonicus,  et  un  autre  ouvrage,  qu'il 
désigne    aussi    peu   exactement  par  le 


IÎES 


277 


£ES 


litre  de  Epilome  hisloriarum.  Il  est  pro- 
bable que  cet  abrégé  historique  n'est  au- 
tre chose  que  le  Mercurius  Gallo-Belgi- 
cus  J  dont  Bésard  avait  effectivement  pu- 
blié quelques  volumes.  Le  5e  porte  son 
nom  au  frontispice,  et  est  dédié  à  Antoine 
de  la  Baulme ,  abbé  de  Luxeuil  :  ce  vo- 
lume a  été  imprimé  en  1604 ,  in-8°,  à 
Cologne  ,  et  il  est  probable  que  Bésard  ha- 
bitait cette  ville ,  où  il  exerçait  la  méde- 
cine. C'est  à  Cologne  aussi  que  le  Thésau- 
rus harmonicus  a  été  imprimé,  suivant 
quelques  bibliographes  ,  1615  ,  in-fol.  On 
ignore  l'époque  de  sa  mort.  —  Un  autre 
BÉSABD  (  Baimond  ) ,  né  à  Vesoul ,  vers 
la  fin  du  16e  siècle  ,  est  auteur  d'un  ou- 
vrage qui  a  pour  titre  :  Discours  de  la 
peste  ^où  sontmontrês  en  bref  les  remèdes 
tant  préservatifs  que  curatifs  de  celle  ma- 
ladie,  et  la  manière  d'aérer  les  maisons , 
Dole  ,  1630 ,  in-8°. 

BÉSÉLÉEL,  fils  d'Uri  ou  de  Hur,  et  de 
Marie ,  sœur  de  Moïse ,  avait  reçu  de 
Dieu  un  talent  extraordinaire  pour  tra- 
vailler toutes  sortes  de  métaux  :  il  fut 
employé  par  le  législateur  hébreu  aux 
travaux  du  tabernacle  avec  Ooliab. 

*  BESEIVVAL  (  Pierre-Victor  ,  baron 
de  ),  lieutenant-général  au  service  de 
France,  grand'eroix  de  l'ordre  de  Saiftl- 
Louis ,  inspecteur-général  des  Suisses  et 
Grisons,  né  à  Soleure  en  1722,  d'un  lieu- 
tenant-général ,  colonel  du  régiment  des 
gardes  suisses,  entra  dans  ce  corps  à  l'âge 
de  9  ans ,  et  fit  à  13  sa  première  cam- 
pagne. En  1748  il  suivit  le  maréchal  de 
Broglie  en  qualité  d'aide-de-camp  dans  la 
campagne  de  Bohême.  Il  parvint  rapide- 
ment aux  premiers  honneurs  militaires 
que  son  nom ,  sa  valeur ,  une  taille  im- 
posante ,  sa  belle  figure  et  son  esprit ,  lui 
valurent  plus  sûrement  peut-être  que  des 
lalens  supérieurs,  dont  il  ne  donna  jamais 
de  fortes  preuves.  11  fut  fait  maréchal-de- 
camp  en  1757 ,  et  se  trouva  aux  combats 
d'Hasleinbech ,  de  Filinghausen  et  de 
Clbstercamp.  Use  rendit  après  la  paix  de 
1762  à  la  cour,  où  il  joua  avec  succès  le 
rôle  d'un  adroit  courtisan.  Si  comme  on 
l'assure,  il  avait  la  plus  grande  influence 
dans  l'intérieur  de  la  famille  royale  ,  on 
doit  lui  reprocher  de  n'avoir  pas  employé 
ses  talens  et  son  esprit  à  donner  des  avis 
salutaires.  On  le  vit  se  mêler  de  toutes  les 
affaires  ,  diriger  quelquefois  l'opinion  de 
la  cour,  s'occuper  des  opérations  du  cabi- 
net, du  renvoi  des  ministres,  comme  d'in- 
trigues légères ,  fronder  et  censurer  con- 
stamment sans  rien  proposer  de  mieux, 


et  cependant  paraître  si  nécessaire  qu'on 
le  crut  capable  de  prendre  des  mesures 
propres  à  sauver  l'état.  On  lui  confia  le 
commandement  des  troupes  réunies  au- 
tour de  Paris  ;  et  dès  lors,  cet  homme  au- 
paravant si  actif  et  si  accoutumé  à  donner 
des  conseils  vigoureux ,  ne  montra  plus 
qu'une  honteuse  faiblesse  .  ne  prit  que 
des  mesures  timides  et  vagues  ,  et  finit 
par  s'enfuir  avec  des  passeports  ,  lorsque 
peut-être  un  acte  de  vigueur  eût  pu  sau- 
ver la  France.  Arrêté ,  conduit  à  la  tour 
de  Brie-Comte-Bobert ,  et  transféré  en- 
suite devant  le  tribunal  du  Châtelet,  il 
fut  déclaré  innocent ,  remis  en  liberté,  et 
vécut  ignoré  dans  Paris.  Il  parait  qu'il  ne 
prit  aucune  part  aux  événemens  de  la 
révolution ,  puisqu'il  n'en  reçut  aucune 
atteinte;  il  mourut  paisiblement  le  27 
juin  1794.  L'homme  qui,  comblé  des  bien- 
faits et  des  faveurs  de  son  roi,  élevé  par 
lui  à  des  dignités  éminentes ,  et  investi 
de  sa  confiance ,  nelepaya  que  de  pusil- 
lanimité ,  et  finit  par  l'abandonner  lors- 
qu'il fallait  agir ,  ne  dut  sans  doute  pas 
être  bien  sensible  aux  maux  de  son  pays 
qu'il  avait  causés  en  partie ,  ou  qu'il  n'a- 
vait pas  su  arrêter.  Il  n'est  pas  douteux 
que  sa  fuite  contribua  à  enhardir  les  mo- 
teurs des  désordres.  Il  a  paru  sous  le  nom 
du  baron  de  Besenval  des  Mémoires,  180o- 
1807 ,  4  vol.  in-8° ,  publiés  par  le  vicomte 
de  Ségur  son  héritier.  Ces  mémoires,  dés- 
avoués par  la  famille  du  baron  de  Be- 
senval, ne  sont  qu'un  recueil  d'anecdotes 
scandaleuses,  vraies  ou  fausses. 

*  BESIEUS  (  MicnEL  ) ,  chanoine  du  St- 
Sépulcre  à  Caen  ,  des,  académies  de  Caen 
et  de  Cherbourg  ,  né  à  Saint-Malo ,  mort 
à  Caen  en  décembre  1782 ,  a  publié  les 
ouvrages  suivans  :  |  Chronologie  histo- 
rique des  baillis  et  des  gouverneurs  de 
Caen  ,  1769  ,  in-12  ;  |  Histoire  sommaire 
de  la  ville  de  Bayeux  ,  1773,  in-12; 
|  Mémoires  historiques  sur  l'origine  et  le 
fondateur  de  la  collégiale  du  Saint-Sé- 
pulcre à  Caen ,  avec  le  catalogue  de  ses 
doyens;  |  plusieurs  Dissertations  dans  les 
journaux,  dans  le  Dictionnaire  de  la 
France,  d'Expilly ,  dans  celui  de  la  no- 
blesse ,  etc. 

BESLER  (  Basile  ),  apothicaire  de  Nu- 
remberg,  né  en  1561 ,  a  donné  au  publie 
|  IJortus  Eisteltensis,  d615,  in-fol.  avec 
figures  :  la  réimpression  de  1640  est  moins 
belle;  celle  de  1750  encore  pire.  Ii  y  a 
566  planches.  |  Ico)tes  florum  et  herbarum 
1616  ,  in-4°  ;  et  la  continuation  ,  1622 ,  in- 
fol.  Le  Gazophylacium  rerurn  natura- 
24 


BES 


278 


BES 


Hum,  Nuremberg,  164.2,  in-fol.,  est  de 
Michel -Rupert  Besler,  fils  de  Basile, 
mort  docteur  en  médecine  l'an  1661.  Ce 
livre  a  été  réimprimé  en  1716;  mais  celte 
édition  est  moins  estimée  que  la  précé- 
dente. Loclmer  a  donné  la  Description  du 
Cabinet  de  Basile  et  de  M.  R.  Besler, 
-1716,  qui  est  recherchée. 

BESLY  (  Ji:.v\  ),  avocat  du  roi  à  Fon- 
tenay-le-Comte  en  Poitou,  né  à  Coulonges- 
les-Royaux,  mourut  en  16 44,  à  72  ans.  On 
a  de  lui  |  Histoire  du  Poitou,  Paris ,  1647, 
in-fol.  estimée;  [  Les  évêques  de  Poitiers 
d647,  in-4";  |  Ad  Pétri  Theudebodi  his- 
ioriam  Prœfalio.  C'était  un  homme  versé 
dans  les  antiquités  de  France;  écrivain 
incorrect ,  mais  historien  exact  et  pro- 
fond. 

BESOGNE  ou  BESOIGNE  (  JérÔue  ) , 
docteur  de  Sorbonne ,  mort  en  1763  ,  à  77 
ans,  se  distingua  par  son  savoir,  et  essuya 
plusieurs  lettres  de  cachet  pour  son  oppo- 
sition à  la  bulle.  Il  était  un  des  dépositai- 
res des  fonds  assignés  pour  le  soutien  de 
son  parti.  On  a  de  lui  |  Histoire  de  Port- 
Royal  ,  1752,6  vol.  in-12  ,  remplie  de 
détails  très  peu  intéressans  pour  quicon- 
que n'a  d'autre  parti ,  comme  s'exprime 
M.  de  Rancé,  que  celui  de  J.-C.  \  Vies  des 
quatre  évêques  engagés  dans  la  cause  de 
Port-Royal ,  1756  ,  2  vol.  in-12,  faisant 
suite  à  l'histoire  ci-dessus.  |  Principes  de 
la  perfection  chrétienne ,  1748,  in-12,  ou- 
vrage fort  sec  comme  tous  ses  livres  de 
piété.  lia  eu  cependant  plusieurs  éditions. 
]  Principes  de  la  pénitence  et  de  la  con- 
version, ou  Vie  des  pénitens ,  17f>2,  in- 
12.  |  Principes  de  la  justice  chrétienne  , 
pu  Vies  des  Justes,  1762,  in-12.  |  Concorde 
des  Livres  de  laSarjesse,  1737,  in-12; 
bon  livre ,  et  qui  se  ressent  peu  des  pré- 
ventions sur  lesquelles  l'auteur  réglait  sa 
manière  d'écrire.  |  Plusieurs  ouvrages 
sur  les  affaires  du  temps  ,  dans  lesquelles 
il  était  entré  avec  ardeur. 

BESOLD  (  CuniSToruE  ),  né  à  Tuhingen 
en  1577,  y  fut  professeur  de  droit.  Il  ab- 
jura la  religion  protestante  en  1635  ,  et 
mourut  en  1658.  Sa  femme  abjura  aussi 
après  sa  mort.  On  a  de  lui  |  Dissertaliones 
■philologicœ ,  1642,  in-4°.  |  Documenta 
Monasteriorum  ducatâs  ÏVirtembergœ , 
4636  ,  in-4°.  |  Virginum  sacrarum  monu- 
menta*  Wirtemberg,  1636,  in-4°.  |  Synoj)- 
sis  rerum  ab  orbe  condito  geslarum , 
Franeker,  1698 ,  in-8°.  |  Historia  Conslan- 
tinopolitano-Turcica ,  post  avulsum  à 
Carolo  magno  occidentem ,  ad  hoc  usque 
tzvum  deducta ,  Strasbourg ,  1634  ,  2  vol. 


in-8°.  Quoique  ces  ouvrages  soient  sa- 
vans ,  ils  ne  sont  guère  répandus  au-delà 
de  l'Allemagne. 

BESOMBES     DE     SAFVT-GEMÉS  , 

(  PiEiutE-Lo'Jis  de)  conseiller  de  la  cour 
des  aides  de  Mautauban ,  mort  à  Cahors 
en  odeur  de  sainteté  ,  le  20  octobre  1783, 
dans  sa  soixante -cinquième  année,  fut 
pendant  quelque  temps  égaré  par  la  philo- 
sophie anli -chrétienne;  mais  son  cœur 
n'était  pas  fait  pour  en  goûter  la  doctrine 
et  la  morale.  Il  ouvrit  les  yeux  à  la  vérité, 
et  consigna  sa  conversion  dans  un  ou- 
vrage plein  d'onction  et  de  lumières,  in- 
titulé :  Transitus  anima:  revertentis  ad 
jugum  sanclum  Christi  Jesu  ,  traduit  en 
français  par  l'abbé  de  Cassagne  Peyronene, 
sous  le  titre  de  Scntimens  d'une  âme  pé- 
nitente ,  revenue  des  erreurs  de  la  philo- 
sopihie  moderne  au  joug  de  la  religion , 
Paris  ,  1787  ,  in-12.  M.  de  Saint-Geniés  se 
délassait  des  travaux  de  son  état  en  étu- 
diant la  Bible  ;  aussi  chaque  ligne  de  cette 
production  annonce  qu'il  en  était  pénétré. 
Le  traducteur  compare  cet  ouvrage  à  celui 
de  l'Imitation  de  Jésus-Christ ,  et  essaie 
même  de  lui  donner  la  préférence  ;  mais 
certainement  le  pieux  auteur  en  portait 
un  jugement  plus  modeste  et  plus  vrai. 
L'Imitation  peut  être  toujours  le  premier 
livre  de  piété  ,  sans  que  l'ouvrage  de  M. 
de  Saint-Geniés  en  soit  moins  estimable. 
Outre  que  le  second  rang  serait  encore 
beau  à  occuper,  les  rangs  ne  sont  rien  en 
un  pareil  sujet.  Il  ne  faut  pas  confondre 
ce  livre  avec  un  autre  qui  a  pour  titre 
'Sentimcns  d'une  âme  pénitente ,  sur  le 
Psaume  Miserere  meî ,  Deus  ;  et  le  retour 
d'une  âme  à  Dieu ,  sur  le  Psaume  Bene- 
dic  ,  anima  mea.  Ce  dernier  est  l'ouvrage 
d'une  dame  illustre  ,  connue  par  sa  piété 
et  sa  longue  pénitence.  Voyez  VAL- 
LIÈRE. 

*  BESPLAS  (  Joseph  -Marie  -Av\e 
GROS  de),  grand-vicaire  de  Besançon,  né 
le  13  octobre  1734 ,  à  Castelnaudary,  d'une 
famille  honorable  de  cette  ville ,  mort  à 
Paris  le  26  août  1783,  montra  de  très  bonne 
heure  un  grand  zèle  pour  les  devoirs  de 
son  état.  Dès  qu'il  fut  ordonné  prêtre,  il 
s'attacha  à  la  communauté  de  Saint-Sul- 
pice.  Son  ministère  le  mettant  souvent 
dans  le  cas  d'assister  au  lit  de  la  mort  des 
gens  peu  soumis  au  joug  de  la  foi ,  il  com- 
posa un  livre  intitulé  :  |  Rituel  des  esprits 
forts,  pour  prouver  que  les  incrédules 
démentaient  ordinairement  dans  ce  der- 
nier moment  la  hardiesse  des  sentirnens 
irréligieux  qu'ils  avaient  témoignés  du- 


BES  27 

tant  leur  vie.  Ce  premiet  ouvrage  fut 
sui\  i,  en 4765,  |  d'un  Discours  sur  l'utilité 
des  voyages.  |  Son  Traité  des  causes  du 
bonheur  public,  1708,  in-8°,  réimprimé  en 
1774,  2  vol.  in-12  ,  a  beaucoup  de  rapport 
avec  celui  du  bonheur  public  de  Mura- 
tori  ;  mais  il  considère  son  sujet  un  peu 
différemment  dans  les  détails  :  il  y  met 
plus  de  sensibilité,  plus  de  chaleur  ,  plus 
d'éclat  ,  plus  d'énergie ,  plus  d'imagina- 
tion. Il  ne  manque  à  cet  ouvrage  que 
d'être  rédigé  avec  plus  de  méthode  et  écrit 
avec  plus  de  simplicité.  Chargé  d'assister 
les  criminels  au  lieu  de  leur  supplice,  il 
s'était  dévoué  à  cette  pénible  fonction  avec 
toule  la  sensibilité  d'une  âme  belle  et 
remplie  de  charité.  Cette  sensibilité,  vive- 
ment affectée  de  l'horreur  des  cachots 
où  les  condamnés  étaient  détenus  ,  ne 
put  retenir  ses  élans  dans  un  sermon  de 
la  Cène  qu'il  prêcha  devant  Louis  XY  ; 
le  tableau  qu'il  en  lit  émut  toute  la  cour, 
et  il  en  résulta  un  ordre  de  faire  combler 
ces  cachots ,  pour  leur  en  substituer  de 
plus  sains  et  de  moins  incommodes  : 
c'est  de  cette  époque  que  date  l'établisse- 
ment de  la  maison  de  la  Force.  Besplas 
avait  donné  dans  sa  jeunesse  |  un  Essai 
sur  l'éloquence  de  la  chaire;  cette  pro- 
duction ,  qui  annonçait  du  talent  ,  avait 
besoin  d'être  retouchée;  c'est  ce  que  l'au- 
teur lit  dans  la  seconde  édition  qui  parut 
en  1778. 

BESSARIOA  (  Jean  ),  patriarche  titu- 
laire de  Constantinople,  et  archevêque  de 
Nicée ,  naquit  à  Trébisonde  ,  vers  l'an 
1595.  Il  souhaita,  avec  beaucoup  d'ardeur, 
la  réunion  de  l'église  grecque  avec  la  la- 
tine, et  engagea  l'empereur  Jean  Paléo- 
logue  à  travailler  à  la  consommation  de 
cet  ouvrage.  Il  passa  en  Italie  ,  parut  au 
concile  de  Ferrare ,  depuis  transféré  à 
Florence  ,  harangua  les  Pères ,  et  s'en  lit 
admirer  autant  par  ses  talens  que  par  sa 
modestie.  Les  Grecs  schismatiques  con- 
çurent une  si  grande  aversion  pour  lui, 
qu'il  fut  obligé  de  rester  en  Italie,  où 
Eugène  IY  l'honora  de  la  pourpre  en  1439. 
Il  fixa  son  séjour  à  Rome.  Son  mérite 
l'aurait  placé  sur  le  siège  pontifical ,  si 
le  cardinal  Alain,  Breton,  ne  se  fût  op- 
posé à  l'élection  de  l'illustre  Grec ,  comme 
injurieuse  à  l'Eglise  latine.  Il  fut  employé 
dans  différentes  légations  ;  mais  celle  de 
France  lui  fut  désagréable.  On  dit  que  le 
légat  ayant  écrit  sur  l'objet  de  sa  légation 
au  duc  de  Bourgogne ,  avant  que  de  faire 
sa  visite  à  Louis  XI ,  ce  roi  ombrageux  et 
\iok-nl  l'accueillit  très  mal  et  lui  dit,  en 


9  êes 

lui  mettant  la  main  sur  sa  grande  barbe  : 
Barbara  grœca  genus  retinent  quod  lta~ 
bere  solebant.  Cet  affront  causa ,  dit-on  , 
tant  de  chagrin  à  ce  cardinal,  qu'il  en 
mourut  à  son  retour,  en  passant  par  Ra- 
venue  en  1442 ,  à  77  ans.  Ce  récit  est  de. 
Pierre  Matthieu  ;  mais  d'autres  historiens 
Croient  que  Bessarion  avait  déplu  au  roi , 
par  la  demande  qu'il  lui  avait  faite  de  là 
grâce  du  cardinal  Balue.  Il  est  difficile 
de  croire  que  ce  grand  cardinal  eut  la  fai- 
blesse de  mourir  de  chagrin,  pour  avoir 
essuyé  l'humeur  d'un  prince  tel  que  Louis 
XI.  Son  corps  fut  porté  à  Rome  .  et  en- 
terré dans  une  chapelle  de  l'église  de  Saint- 
Pierre,  où  il  avait  préparé  son  tombeau, 
sur  lequel  on  voit  cette  épitaphe: 

lîc-ssarion  episcopus  Tusculanus, 

S.  R.  Eccltisia;  caidinalis, 

Palriaicha  ConsMnlinopolitanus , 

Nobili  Oraecia  oilcs  oriundusque 

Sibi  vivent  jiosuil. 

Bessarion  aimait  les  gens  de  lettres ,  et 
les  protégeait.  Argyrophile  ,  Théodore  de 
Gaza,  le  Pogge  ,  Laurent  Valla ,  Platine, 
etc.  formaient  dans  sa  maison  une  espèce 
d'académie.  Sa  bibliothèque  était  nom- 
breuse et  choisie.  Le  sénat  de  Venise, 
auquel  il  en  fit  présent ,  la  conserve  en- 
core aujourd'hui  avec  soin.  Ce  cardinal 
a  laissé  plusieurs  ouvrages,  qui  tiennent 
un  rang  parmi  ceux  que  produisit  la  re- 
naissance des  lettres.  Les  principaux  sont 
|  Défense  de  (a  doctrine  de  Platon  ,  dont 
l'édition  sans  date,  mais  de  1470,  in- fol . 
est  rare;  |  des  Lettres,,  imprimées  en 
Sorbonne ,  in-4°;  |  Oralione  contra  il 
Turco_,\klï  ,  in-4°,  et  d'autres  ouvrages 
dans  la  bibliothèque  des  Pères. 

*  BESSE  (  Pieiïue  de  ),  docteur  de  Sor- 
bonne, principal  du  collège  de  Pompa- 
dour,  à  Paris,  chanoine-chantre  de  Saint- 
Euslache,  prédicateur  du  roi  Louis  XIII , 
naquit  au  bourg  de  Rosiers,  en  Limousin. 
au  milieu  du  10e  siècle,  et  mourut  à  Pa- 
ris en  1659.  Ses  sermons ,  très  applaudis 
dans  le  temps  ,  ne  trouvent  plus  guère» 
de  lecteurs.  Outre  ses  sermons ,  imprimés 
sous  le  litre  de  Conceptions  théologiques, 
de  Carême ,  (S.' Avenir  etc.  Besse  a  laissa 
divers  autres  ouvrages  :  |  Des  qualités  et 
des  bonnes  moeurs  des  prêtres  ;  \  Triom- 
phe des  saintes  cl  dévotes  confrairies  ; 
|  la  Royale  prêtrise ;\  le  Démocrite  chré- 
tien; |  le  Bon  Pasteur  ;  \  YUéracUle  chré- 
tien; |  Concordanlice  Bibliorum  J  Paris, 
-1611,  in-fol. 

*  BESSEL  (  Godefroi  de  ) ,  savant  abbé, 
du  couvent  des  bénédictins  de  Gottwichi 


BES  280  BES 

ic  le  5  septembre  1672  à  de  Wagram,  et,  dans  cette  affaire,  il  fut 
renversé  de  son  cheval  par  un  boulet.  Les 
braves  qu'il  commandait,  le  croyant  tué, 
versèrent  des  larmes ,  et  l'empereur  lu 
complimenta  à  ce  sujet.  En  1811,  il  re- 
tourna en  Espagne  où  il  avait  déjà  com- 
battu, et  y  devint  gouverneur  de  la  vieille 
Caslille  et  du  royaume  de  Léon.  Bessières 
fit,  en  1813,  la  campagne  de  Saxe  à  la  tête 
de  toute  la  cavalerie  de  l'armée  ;  la  veille 
de  la  bataille  de  Lutzen  (  1er  mai  ) ,  il  di- 
rigeait l'attaque  du  défilé  de  Rippach,  et 
fut  frappé  à  mort,  dans  la  poitrine,  par  un 
boulet ,  au  moment  où  ce  passage  était 
emporté.  Sa  perte  fut  vivement  déplorée 
par  toute  l'armée,  à  qui  l'on  n'apprit  ce 
triste  événement  que  le  lendemain.  Le 
roi  de  Saxe  a  fait  élever  un  monument  à 
l'endroit  même  où  le  maréchal  tomba.  Ce 
guerrier  unissait  à  la  bravoure  un  noble 
désintéressement  et  une  grande  généro- 
sité. Une  ordonnance  de  Louis  XVIII,  du 
17  août  1815,  appela  son  fils  à  la  chambre 
des  pairs. 

*  BESSIÈRES  (Georges),  né  dans  les 
environs  de  Montpellier,  d'une  famille 
obscure,  quitta  la  France  pour  échapper 
à  la  conscription  et  passa  en  Espagne,  où 
il  ne  tarda  pas  à  se  trouver  dans  la  dé- 
tresse. Il  entra ,  en  1808 ,  dans  l'armée 
française,  puis  déserta  à  l'ennemi  et  s'en- 
rôla dans  la  légion  espagnole  de  Bourbon, 
où  il  parvint  au  grade  de  capitaine  avec 
le  rang  de  lieutenant-colonel  ;  il  quitla  le 
service,  à  la  paix  de  1814;  en  1820  il  fut 
arrêté,  comme  ayant  conspiré  à  rétablis- 
sement d'une  république  et  condamné  à 
la  peine  de  mort  que  le  gouvernement 
commua  en  un  bannissement.  Bessières  se 
rendit  à  Perpignan.  Peu  de  temps  après, 
la  régence  d'Urgel  l'admit  au  nombre  de 
ses  défenseurs,  et  le  fit  colonel.  Ferdinand 
le  combla  d'honneurs  et  venait  de  l'élever 
au  premier  commandement  militaire  de 
son  royaume,  lorsque  Bessières  résolut  de 
renverser  ce  monarque  du  trône  ,  et  d'y 
placer  son  frère  l'infant  don  Carlos.  Déjà 
il  s'était  fait  des  partisans  ,  et  il  marchait 
ouvertement  à  l'exécution  de  ses  projets, 
lorsque,  le  25  août  1825,  il  fut  arrêté  avec 
sept  des  siens  à  une  lieue  de  Molina  d'A- 
ragon, et  fusillé  dès  le  lendemain.  Ferdi- 
nand fit  une  pension  à  sa  veuve,  etaccorda 
sa  protection  à  ses  enfans. 

BESSIiAI  (  don  Guillaume)  ,  bénédiclin 
de  la  congrégation  de  Saint-Maur, naquit 
à  Glos-la-Ferté  au  diocèse  d'Evreux  en 
1654,  et  mourut  à  Rouen  en  1720.  On  a  de 
lui  une  édition  des  Conciles  de  JS'ormaa- 


cn  Autriche ,  né  le  5  septembre  1G72  à 
Buchheim  dans  l'électoral  de  Mayence, 
mort  le  20  janvier  1749.  Il  fut  employé 
par  l'électeur  Lothaire-François ,  dans 
plusieurs  ambassades,  puis  admis  dans 
son  conseil  privé.  En  1715  il  était  recteur 
de  l'université  de  Vienne.  On  a  de  lui  quel- 
ques écrits  ,  où  l'on  remarque  une  criti- 
que sage  et  exercée.  |  Un  Traité  adressé 
au  prince  Ulric  de  Brunswick ,  qu'il  en- 
gagea à  rentrer  dans  la  religion  romaine, 
Mayence  ,  1  vol.  in-8°.  |  Deux  Lettres  de 
saint  Augustin  ,  adressées  à  Optât  de  Mi- 
le ve  :  De  pœnis  parvulorum  qui  sine  bap- 
tismale décédant ,  qui  jusqu'alors  étaient 
inconnues  et  que  l'abbé  Bessel  découvrit 
et  publia  avec  une  préface,  Arienne,  1755, 
i  vol.  in-fol.  |  Chronicon  gottwicense , 
vars  prima  et  secanda,  Tegernsée,  1732, 
in-fol.  ouvrage  que  d'autres  attribuent  à 
François  de  flahn ,  qui  fut  évêque  de 
Bamberg. 

BESSET  (Henri  de  ) ,  sieur  de  la  Cha- 
pelle-Milon ,  inspecteur  des  beaux  arts 
sous  le  marquis  de  VUlacerf  et  contrôleur 
des  bàlimens,  lorsque  le  grand  Colbert 
fut  nommé  en  1083  surintendant  des  bà- 
timens.  Il  joignit  à  celte  place  celle  de 
secrétaire  de  l'académie  des  inscriptions 
et  des  médailles.  On  a  de  lui  une  Relation 
des  Campagnes  de  lïocroi  et  de  Friboarg, 
en  1044  et  et  1045 ,  in-12  ,  écrite  avec  une 
simplicité  élégante  :  c'est,  un  modèle  en 
ce  genre.  H  mourut  eu  16(.)3. 

*  BESSIÈRES  (  Jean-Baptiste)  ,  ma- 
réchal d'empire  ,  duc  d'Istrie ,  grand- 
aigle  de  la  légion  d'honneur,  commandeur 
de  la  couronne  de  Fer ,  grand-croix  des 
ordres  du  Christ  de  Portugal ,  de  Saint- 
Henri  de  Saxe ,  de  l'aigle  d'or  de  Wur- 
temberg ,  etc. ,  né  ,  en  1709 ,  à  Preissac , 
dans  le  département  du  Lot,  était,  en  1792, 
capitaine  d'infanterie,  et  fixa  sur  lui  l'at- 
tention de  Bonaparte  qui  lui  confia,  dans 
la  campagne  d'Italie,  le  commandement 
de  ses  guides  ,  et  le  chargea  ensuite  de 
porter  à  Paris  les  drapeaux  conquis  sur 
les  Autrichiens.  Bessières  fit  aussi  la  cam- 
pagne d'Egypte,  y  fut  nommé  général  de 
brigade,  revint  en  France  avec  Bonaparte, 
et  après  le  18  brumaire,  reçut  le  grade  de 
général  de  division.  En  180*,  Napoléon  le 
créa  maréchal  de  l'empire;  il  partit  en 
1803  pour  l'armée  d'AMemagne,  et  se  dis- 
tingua aux  batailles  d'Austerlitz ,  d'Iéna, 
d'Eylau,  deFriedland.  Après  la  campagne 
de  Prusse,  il  fut  fait  duc  d'Istrie,  et  en- 
voyé en  ambassade  à  la  cour  de  Wurtem- 
berg. Il  contribua,  en  1809,  à  la  victoire 


BES 


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BES 


die,  1717,  in-fol.  il  a  eu  part  à  la  nouvelle 
édition  des  Œuvres  de  saint  Grégoire  le 
Grand,  donnée  par  les  Pères  de  Sainte- 
Marthe. 

BESSON  (Jacques)  ,  ingénieur  et  ma- 
thématicien,  natif  du  D&upbiné  dans  le 
16e  siècle,  est  l'inventeur  de  plusieurs 
machines  dont  Bascalis  a  publié  la  des- 
cription sous  le  titre  de  Thcatrum  ma- 
cliinaram,  Lyon,  1582,  in-fol.  Bes6on  avait 
publié  lui-même  j  De  ratione  extrahendi 
oleael  aquas  e  medicamentis  simplicibus, 
Zurich,  1559,  in-8°.  |  Le  Cosmolabe ,  Paris, 
1557,  in-4°.  j  Usage  du  compas  d'Euclide, 
Paris,  1571,  in-4°. 

*  BESSON  (JosEPn),  jésuite  né  à  Car- 
pentras  en  1607,  entra  dans  la  société  en 
1023,  et  y  professa  les  humanités  et  la 
philosophie.  Il  se  livra  ensuite  à  la  prédi- 
cation, et  fut  recteur  du  collège  de  Nîmes. 
Depuis  plusieurs  années  il  sollicitait  la 
permission  d'aller  prêcher  l'Evangile  aux 
infidèles;  il  l'obtint  enlin ,  et  se  rendit 
dans  les  missions  de  Syrie ,  où  il  résida 
plusieurs  années  et  mourut  à  Alep  le  17 
mars  1C91.  Il  est  auteur  de  plusieurs 
écrits,  dont  le  plus  curieux  est  intitulé  la 
Syrie  sainte,  ou  les  Missions  des  pères  de 
la  compagnie  de  Jésus  en  Syrie,  Paris , 
1690, in-8°. 

*  BESTIA(Lucius-Calpurxius),  tribun 
du  peuple,  vers  l'an  122  avant  J.-C. ,  si- 
gnala sa  magistrature  par  un  acte  de  jus- 
tice ,  en  faisant  rappeler  P.  Popilius ,  que 
Caïus  Gracchus  était  parvenu  à  faire  exi- 
ler, parce  qu'il  avait  fait  punir  pendant 
son  consulat  les  complices  de  Tibérius 
Gracchus. Déclaré  consul,  Beslia  fut  chargé 
de  la  guerre  de  Numidie ,  se  laissa  cor- 
rompre par  Jugurtha,  et  conclut  avec  lui 
un  traité  honteux  pour  la  république. 
C.  Memmius  se  déclara  son  accusateur, 
et  le  lit  condamner  à  un  exil  perpétuel. 

*  BESTUCHEFF-R1UMIN  (Alexis, 
comte  de),  chancelier  et  sénateur  de  Rus- 
sie ,  né  à  Moscou  en  1693,  d'un  simple 
ofiieier  écossais,  entra  de  bonne  heure 
dans  la  carrière  diplomatique  et  accom- 
pagna au  congrès  d'Utrecht  les  ambassa- 
deurs de  Pierre  I.  Il  passa  ensuite  en  An- 
gleterre, où  il  fut  employé  par  Georges  I. 
De  retour  dans  sa  patrie  en  1717,  son  ac- 
tivité et  ses  talcns  le  firent  charger  de 
diverses  négociations  dont  il  s'acquitta 
avec  succès.  En  1740  il  fut  nommé  con- 
seiller-privé et  ministre  d'état.  Après  la 
mort  de  l'impératrice  Anne,  il  contribua 
à  faire  donner  la  régence  au  féroce  Biren, 
dont  il  partagea-ensuite  la  disgrâce.  Rap- 


pelé par  Eli/.abeth  ,  qui  ïe  combla  d'hon- 
neurs, il  obtint  l'importante  place  de 
chancelier  de  l'empire.  Son  influence  dans 
le  système  politique  de  son  pays  se  ma- 
nifesta dans  la  guerre  d'Allemagne  et  les 
traités  qui  la  suivirent.  Il  eut  même  l'am- 
bition de  vouloir  changer  l'ordre  de  suc- 
cession, et  pour  parvenir  à  son  but,  il  fit 
rétrograder  l'armée  russe  qui  venait  de 
remporter  debrillans  succès  sur  les  Prus- 
siens. Celte  retraite  qui  étonna  d'abord, 
mais  donl  le  vrai  motif  fut  découvert, 
lui  mérita  une  disgrâce  complète;  il  fut 
exilé  :  mais  Catherine  II  le  rappela  dans 
la  suite,  et  lui  rendit  ses  titres  avec  une 
pension  de  20,000  roubles.  Il  mourut  le 
21  avril  1766.  Bestucheff  avait  reçu  de  la 
nature  une  âme  forte  ,  un  génie  vaste  et 
actif,  mais  trop  peu  de  délicatesse  dans 
le  choix  de  ses  moyens  pour  parvenir  ; 
un  luxe  excessif  soutenu  aux  dépens  de 
l'état ,  et  une  morale  fort  équivoque  le 
tirent  toujours  regarder  comme  un  homme 
dangereux.  Pendant  son  exil  il  avait  fait 
un  recueil  de  passages  de  la  Bible  et  de 
prières  qui  firent  sa  consolation,  et  qu'il 
l'A  imprimer  à  son  retour. 

*  BESTUCHEFF  -RIUMIN  (  Michel  , 
comte  de)  ,  frère  du  précédent ,  se  livra 
comme  lui  à  la  carrière  diplomatique.  II 
était  ambassadeur  en  Suède,  peu  de  temps 
après  la  mort  de  Charles  XII.  Aidé  de  la 
faction  des  bonnets ,  opposée  à  celle  des 
chapeaux,  et  portée  dès  son  origine  pour 
les  intérêts  de  la  Russie,  il  fit,  en  1754  , 
renouveler  l'alliance  peu  favorable  à  la 
Suède,  qui  avait  été  conclue  en  1725,  et 
que  le  parti  des  chapeaux  avait  voulu 
remplacer  par  une  étroite  liaison  avec  la 
France.  Ses  principaux  moyens  pour 
réussir  en  politique  étaient  ceux  de  son 
frère,  c'est-à-dire  la  ruse  et  la  corruption. 
Tant  qu'il  habita  la  Suède,  il  connut  tous 
les  secrets  du  cabinet  de  Stockholm ,  et 
obtint  des  copies  de  tous  ses  mémoires  et 
de  toutes  ses  dépêches,  ayant  gagné  à  prix 
d'oi  un  des  premiers  employés  du  minis- 
tère des  affaires  étrangères.  De  retour  en 
Russie,  enl74l,époqueoù  la  guerre  éclata 
entre  cette  puissance  et  la  Suède  ,  il  fut 
successivement  envoyé  en  Pologne,  eu 
Prusse ,  en  Autriche  et  en  France ,  où  il 
resta  depuis  1756  jusqu'en  1760.  Il  mourut 
dans  le  cours  de  cette  dernière  année,  âgé 
de  soixante-quatorze  ans.  Il  avait  épousé 
la  veuve  d'un  seigneur  russe  très  riche  et 
très  puissant,  pour  qui  l'intrigue  avait 
aussi  des  attraits.  Impliquée  dans  un* 
conspiration  contre  l'impératrice  E'i.'.u- 
24. 


BET 


282 


BET 


beth,  celle  veuve,  après  avoir  reçu  le 
knout,  el  avoir  eu  la  langue  coupée,  alla 
iinir  ses  jours  en  Sibérie. 

BET  FORD.  Voyez  BEDFORT. 

BETIIEIVCOURT  (Jean  de),  gentil- 
homme normand  ,  découvrit  le  premier 
les  îles  Canaries,  l'an  1402;  il  en  conquit 
cinq  avec  le  secours  de  Henri  III,  roi  de 
Castille,  qui  lui  en  confirma  la  souverai- 
neté avec  le  litre  de  roi ,  sous  la  condi- 
tion d'hommage  envers  la  couronne  de 
Castille.  Pierre  de  Belhencourt,  un  de  ses 
descendans ,  mort  l'an  1667  ,  fonda  dans 
les  Indes  occidentales  une  congrégation 
de  religieux  hospitaliers ,  sous  le  nom  de 
Béthléémiles. 

*  BÉTIIISY  (Henri-Benoit-Juees  de), 
évêque  d'Uzès,  né  au  château  de  Mézières, 
diocèse  d'Amiens,  le  28  juillet  1744,  em- 
brassa l'état  ecclésiastique  ;  et  aussitôt 
qu'il  fut  ordonné  prêtre ,  M.  de  Talley- 
rand ,  archevêque  de  Reims ,  l'appela  au 
nombre  de  ses  vicaires-généraux.  Louis 
XVI  le  nomma  à  l'évêché  d'Uzès,  et  il  fut 
sacré  le  16  janvier  1780.  Député  par  le 
clergé  de  sa  province  aux  états-généraux 
en  1789,  il  s'opposa,  avec  beaucoup  de 
force ,  aux  innovations  qu'on  voulait  in- 
troduire dans  l'église  gallicane.  En  1792 
il  se  retira  à  Bruxelles ,  et  de  là  en  Alle- 
magne ,  et  enfin  en  Angleterre ,  où  il  fut 
chargé ,  après  la  mort  de  l'évêque  de 
Saint-Pol-de-Léon  ,  de  la  distribution  des 
secours  aux  ecclésiastiques  français  qui 
s'étaient  réfugiés  dans  ce  royaume.  Il 
n'avait  point  accédé  à  la  demande  des 
démissions  faite  par  le  pape  en  1801 ,  et 
il  signa  les  réclamations  de  1803.  Après 
la  restauration  il  revint  en  France  ,  mais 
il  retourna  peu  après  à  Londres  :  il  s'y 
trouvait  encore  au  commencement  de 
1816,  lorsque  le  roi  lui  fit  écrire,  ainsi 
qu'aux  autres  évêques  qui  se  trouvaient 
en  Angleterre  ,  pour  leur  demander  la 
démission  de  leurs  sièges.  Il  la  donna, 
dit-on ,  avec  quelques  restrictions ,  et  il 
mourut  en  1817. 

*  BÉTIIISY  (le  comte  de),  lieutenant- 
général,  gouverneur  du  château  des  Tui- 
leries ,  né  en  janvier  1759,  et  mort  le  14 
juin  1823.  Allié  à  tout  ce  qu'il  y  a  de  plus 
distingué  en  France  ,  et  aux  maisons  de 
Lorraine,  et  de  Hohenzollern  el  deSavoie- 
Carignan,  il  descendait  lui-même  d'une 
très-ancienne  famille  de  Valois.  Le  chef 
connu  de  cette  maison  était  noble  de  nom 
et  d'armes  en  1060.  Entré  au  service  à  l'âge 
de  onze  ans,  le  comte  de  Béthisy  reçut  sa 
première  blessure  à  Minorque,  en  mon- 


tant à  l'assaut  au  fort  de  la  reine;  il  en 
reçut  depuis  six  autres.  Il  lit  toutes  les 
campagnes  de  la  guerre  de  sept  ans,  se 
distingua  dans  toutes,  et  contribua  puis- 
samment au  gain  de  la  bataille  de  Gehan- 
neberg.  Commandant  à  Toulon  lorsque  la 
révolution  éclata,  il  y  comprima,  par  sa 
fermeté,  l'esprit  de  révolte  qui  commen- 
çait à  gagner  les  troupes ,  et  fit  rentrer 
dans  le  devoir  deux  régimens  qu'on  avait 
fait  insurger.  Mais  bientôt  il  fallut  céder 
au  torrent.  Le  comte  de  Béthisy  se  rendit 
dans  l'armée  de  Condé  ;  il  n'est  aucune 
action  de  celte  armée  où  il  ne  se  soit  si- 
gnalé. On  le  vit  à  Bodenlhal  à  la  tête  de 
500  hommes  seulement,  emporter  à  la 
baïonnette  une  montagne  défendue  par 
5,000  hommes.  Après  la  guerre,  il  se  re- 
tira à  Vienne,  où  l'empereur  d'Autriche 
le  combla  de  bonté.  Bonaparte  lui  fil  faire 
inutilement  les  offres  les  plus  avanta- 
geuses ;  fidèle  à  ses  sermens  ,  il  les  refusa 
toutes,  et  ne  rentra  en  France  qu'avec  le 
roi.  Il  y  avait  laissé  une  grande  fortune , 
et  il  n'y  retrouva  pas  un  arpent  de  terre. 
Le  comte  de  Béthisy  était  le  cinquième 
lieutenant  général  de  père  en  fils ,  et  le 
plus  ancien  grand -croix  de  France. 
Il  avait  soixante-treize  ans  de  service, 
et  soixante -trois  ans  de  croix  de  Saint- 
Louis.  La  religion  ,  pour  laquelle  il  avait 
toujours  professé  le  plus  profond  respect, 
le  consola  dans  ses  derniers  momens. 

BETHLEN  (  Wolfgaxg  ,  comle  de  ) , 
chancelier  de  Transilvanie,  né  en  1648  , 
mort  en  1679,  est  principalement  connu 
par  son  Historiarum  Pannonico-Dacica- 
rmn  libri  X,  in-fol. ,  depuis  1426  jusqu'à 
1601,  écrite  en  latin,  qui  fut  réimprimée 
en  1796 ,  avec  une  continuation  et  des 
noies.  Cette  histoire  est  précieuse  en  ce 
qu'elle  renferme  beaucoup  de  faits  d'après 
des  monumens  authentiques  qui  ne  sont 
cités  que  par  cet  auteur.  Le  comte  de  Be- 
thlen  faisait  imprimer  cet  ouvrage  ,  lors- 
que les  Tartares  vinrent  fondre  sur  son 
château  de  Kreusk  en  Transilvanie,  qu'ils 
détruisirent,  et  le  firent  lui-même  pri- 
sonnier. Mais  il  avait  eu  la  précaution  de 
jeter  son  ouvrage  dans  un  caveau  qu'il 
avait  fait  murer.  Plus  tard,  un  de  ses  des- 
cendans ayant  voulu  faire  rebâtir  le  châ- 
teau, en  retrouva  les  fragmens  épars,  les 
recueillit,  et  en  forma  des  exemplaires 
dont  l'un  fut  déposé  dans  la  bibliothèque 
du  comte  de  Schalïgotsch  ,  à  Hermsdorff, 
et  l'autre  dans  celle  de  Breslau. 

BETflSABÊE,  femme  d'Urie,  fut  une 
occasion  de  péché  pour  David  qui,  après 


BET 


283 


iîET 


)ir  fait  périr  son  mari,  l'épousa,  et  en 
Salomon. 

BETIIUNE.  Voyez  SULLY. 

BETIIUNE  (  Philippe  de  ) ,  comte  de 
Selles,  lieutenant-général  de  Bretagne  et 
gouverneur  de  Rennes,  mort  en  1649  à 
88  ans,  acquit  beaucoup  de  gloire  et  de 
réputation  par  ses  ambassades  dans  les 
cours  d'Ecosse,  de  Rome,  de  Savoie  et 
d'Allemagne.  Il  était  frère  puîné  du  cé- 
lèbre Maximilien  de  Bétbune,  duc  de 
Sully.  Son  Ambassade  en  Allemagne  a 
été  imprimée  à  Paris,  1007,  in-fol.  ,  par 
les  soins  de  son  petit-fils  Henri,  comte  de 
Bétbune. 

BÉTIS,  gouverneur  de  Gaza  pour  Da- 
rius, défendit  cette  place  avec  valeur 
contre  Alexandre  le  Grand.  Ce  prince 
ayant  été  blessé  au  premier  assaut,  fit 
mourir  cruellement  Bélis  après  la  prise 
de  la  ville,  vers  l'an  532  avant  J.-C.  Plus 
de  dix  mille  bommes  furent  passés  au  fil 
de  l'épée  ,  et  l'on  punit  lâchement  un 
courage  digne  des  plus  grands  éloges.  Bé- 
tis  fut  attaché  par  les  talons  au  char  du 
héros  Macédonien,  et  périt  misérable- 
ment. 

BETLEM-GABOR,  c'est-à-dire,  Gabriel 
Bellern ,  prince  de  Transilvanie,  d'une 
maison  aussi  ancienne  que  pauvre,  gagna 
les  bonnes  grâces  de  Gabriel  Battori, 
prince  de  Transilvanie.  Ayant  quitté  cette 
cour  pour  passer  à  celle  de  Constantino- 
ple,  il  profita  du  crédit  qu'il  s'acquit  chez 
les  Turcs,  pour  faire  déclarer  la  guerre  à 
son  ancien  bienfaiteur.  Battori ,  aban- 
donné de  ses  sujets  et  de  l'empereur ,  fut 
vaincu  en  1615.  Bctlem-Gabor  prit  plu- 
sieurs places  en  Hongrie,  se  fit  investir  de 
la  Transilvanie  par  un  pacha,  et  déclarer 
roi  de  Hongrie.  L'empereur  fit  marcher 
des  troupes  contre  lui  en  1620.  Le  comte 
Bucquoi ,  un  de  ses  généraux,  fut  tué. 
Gabor,  vainqueur,  demanda  la  paix,  et 
l'obtint  à  condition  qu'il  renoncerait' au 
titre  de  roi  de  Hongrie  ,  et  qu'il  se  bor- 
nerait à  celui  de  prince  de  l'empire.  Fer- 
dinand assura  cette  paix,  en  le  reconnais- 
sant souverain  de  îa  Transilvanie  ,  et  en 
lui  cédant  sept  comtés  qui  contenaient 
environ  bO  lieues.  Cet  homme  inquiet 
ayant  voulu  faire  revivre  ses  droits  sur 
ia  Hongrie,  Walstein  le  vainquit ,  et  celte 
guerre  finit  par  un  traité  qui  assurait  la 
Transilvanie  et  les  terreins  adjacens  à  la 
maison  d'Autriche ,  après  la  mort  de  Ga- 
bor :  elle  arriva  en  1629.  Il  y  a  encore  en 
Transilvanie  plusieurs  comtes  de  Betlcm, 
qui  se  disent  de  cette  famille. 


BÉTON  (David),  évéquo  de  Mirepoix, 
puis  archevêque  de  Saint-André  en  Ecosse, 
est  nommé  par  les  Ecossais  BEATOUM 
(  Voy.  ce  mot  ). 

*  BETTA  (  François  dal  Toldo  ) ,  célèbre 
jurisconsulte,  né  à  Rovérédo  en  1526,  rem- 
plit les  emplois  les  plus  importans  auprès 
du  cardinal  Christophe  Madi  u/.z,i,  et  d'Oc- 
tave Farnèse ,  duc  de  Panne  ,  puis  obtint 
en  1561  du  pape  Pie  IV,  le  titre  de  comte 
palatin,  et  mourut  en  1599  à  Parme,  où  il 
avait  été  nommé  président  du  sénat  au 
conseil  suprême  de  justice.  Son  pays  lui 
est  redevable  de  nombreuses  réformes; 
on  a  de  lui  quatre  volumes  manuscrits  de 
Consultations. 

*BETTl\ELLI  (Xavier),  célèbre  litté- 
rateur italien,  né  à  Mantoue  le  17  juillet 
1718,  fit  ses  études  chez  les  jésuites  et 
entra  dans  leur  société  en  1736.  Il  vint  h 
Brescia  en  1739 ,  et  professa  les  belles-let- 
tres dans  cette  ville  pendant  5  ans,  et  s'y 
fit  connaître  avantageusement  par  quel- 
ques poésies  composées  pour  les  exercices 
scolastiques.  Ce  fut  à  Bologne  qu'il  établit 
sa  réputation  de  poète.  Envoyé  dans  cette 
ville  pour  y  étudier  la  théologie,  il  cul- 
tiva en  même  temps  son  talent  poétique, 
et  se  lia  avec  plusieurs  savans  distingués 
qui  illustraient  alors  cette  ville.  Il  dirigea 
ensuite  le  collège  des  nobles  à  Parme,  et 
entreprit  pour  les  affaires  de  sa  compa- 
gnie, ou  pour  sa  santé,  plusieurs  voyages 
à  Venise  ,  en  Allemagne  et  en  France. 
C'est  dans  ce  dernier  voyage  qu'il  écrivit 
les  fameuses  Lettres  de  Virgile ,  impri- 
mées à  Venise  avec  ses  Sciolli ,  qui  firent 
beaucoup  de  bruit  et  qu'il  adressa  à  Vol- 
taire. En  passant  à  Genève  il  voulut  vi- 
siter ce  personnage  fameux  pour  lequel 
il  avait  conçu  une  vive  admiration,  mais 
dont  il  était  loin  de  partager  les  principes. 
Après  la  destruction  de  son  ordre ,  il  se 
retira  dans  sa  patrie,  où  il  mourut  en 
philosophe  chrétien  le  12  septembre  1808. 
Parmi  ses  nombreux  ouvrages  on  re- 
marque |  Ragionamenli filosofici,  con  an- 
notazioni,  dont  il  ne  publia  que  deux  vo- 
lumes. Ce  sont  des  discours  sur  divers 
sujets  de  morale.  |  Del  entusiasma  délie 
belle  arti ,  2  vol. ,  ouvrage  froid  quoiqu'il 
traite  de  l'enthousiasme ,  mais  qui  se  fait 
remarquer  par  la  pureté  du  style,  la  finesse 
des  aperçus  et  l'élégance  des  expressions. 
|  Dialoghi  d'amore,  2  volumes.  L'auteur 
cherche  dans  ces  dialogues  l'influence 
que  l'imagination,  la  vanité,  l'amitié, 
l'honneur,  etc. ,  ont  sur  cette  passion,  et 
l'empire  qùil  exerce  sur  les  productions 


BET 

des  arts  et  de  l'esprit.  |  Risorgimento 
negli  studi ,  nelle  arli  e  ne  costumïdopo 
il.  mille ,  5  volumes,  ouvrage  superficiel. 
|  Lettere  dieci  di  Virgilio  agli  Arcadi , 
i  vol.  Ces  lettres  ont  immortalisé  Belti- 
nelli;  mais  les  défauts  qu'il  signala  dans 
les  grands  poètes  d'Italie  lui  suscitèrent 
un  grand  nombre  d'ennemis  parmi  les 
partisans  du  Dante  et  de  Pétrarque.  Elles 
ont  été  trad.  en  franc.  1778,  in-8°.  |  Lettres 
italiennes  d'une  dame  à  son  amie  sur  les 
beaux-arts  *  5  vol.  ;  |  Poésies,  4  volumes, 
précédées  d'un  discours  estimé  sur  la 
poésie  italienne.  |  Tragédies,  2  volumes, 
j  Lettere  a  Lisbia  Cidonia  sopra  gli  épi- 
qrammi,  2  vol.  En  général  on  trouve 
dans  ses  ouvrages  plus  d'esprit  et  de  ta- 
lent, que  de  chaleur  et  de  génie.  Ses  opi- 
nions littéraires  ne  sont  pas  toujours  bien 
fondées;  mais  son  style  est  pur,  élégant 
et  d'une  rare  précision. 

*  BETTIM  (  Mario  ) ,  jésuite  italien,  né 
à  Bologne  en  1582  ,  y  mourut  en  1057.  Il 
se  distingua  dans  son  ordre  par  la  variété 
et  l'étendue  de  ses  connaissances,  et  se  fit 
particulièrement  remarquer  i>ar  ses  poé- 
sies latines.  II  a  laissé  |  Rubenus,  hilaro- 
tragœdia  satira  pastoralis  J  Parme,  1614, 
pièce  singulière  qui  plut  par  sa  nouveau- 
té ,  et  fut  traduite  en  plusieurs  langues. 
|  Clodoveus  ,  sive  Lodovicus,  tragicum 
sylviludium ,  Parme,  1622,  in-16,  et  1624,* 
in-12.  |  Lycœum  morale ,  politicum  et 
poelicum,  Venise,  1626  ,  in-4°,  deux  par- 
ties ,  l'une  en  prose  ,  l'autre  en  vers. 
|  Apiaria  universœ  philosophiœ .,  malhe- 
maticœ ,  in-fol.,  3  vol.  A  la  lin  de  cet  ou- 
vrage, on  trouve  une  explication  d'Eu- 
clide.  |  j£rariu?n  philosojmice  malhema- 
ticœ ,  in-8°. 

* BETTIM  (Ax-rorxK),  évêque  de  Foli- 
gno,  né  à  Sienne,  en  1599,  entra  en  1459 
chez  les  jésuites  de  saint  Jérôme,  et  fut 
nommé  ,  en  1461 ,  à  l'évèché  de  Foligno, 
dont  il  se  démit  lorsqu'il  fut  parvenu  à  un 
âge  avancé ,  pour  se  retirer  dans  le  cou- 
vent de  Sienne  où  il  mourut  en  1487.  La 
bibliothèque  Ghisi  possède  un  manuscrit 
contenant  les  écrits  théologiques  de  ce 
prélat,  dont  plusieurs  ont  été  imprimés, 
entre  autres  l'Exposition  de  l'oraison  do- 
minicale en  italien  ,  Bi escia ,  1586  ,  Gènes , 
1686;  |  II  monte  santo  di  Dio.  Florence, 
1477,  in-4°;  1491,  in-folio.  C'est  le  premier 
livre  qui  ail  été  orné  degravures  en  taille 
douce. 

*BETTINI(Sébastie\-Bastia\i),  pein- 
tre italien,  né  en  1707.  On  cite  de  lui  un 
saint  François  de  Paule ,  un  plafond  du 


28/j.  BEU 

palais  Salviati  à  Florence ,  où  il  a  peint 
l'Aurore  précédant  le  char  du  soleil ,  et 
une  Vie  du  prophète  LlieJ  dans  le  cloître 
des  carmes  de  Florence. 

BET III.  EÈ  (Sixte),  grammairien,  poêle 
et  philosophe  ,  naquit  à  Memmingen  en 
1500.  Son  vrai  nom  était  Birck.  Il  ensei- 
gna les  belles-lettres  et  la  philosophie 
avec  réputation,  et  devint  principal  du 
collège  d'Augsbourg,  où  il  mourut  en  1554. 
On  a  de  lui  divers  ouvrages  en  vers  et  en 
prose.  Ses  pièces  dramatiques  de  Susarnw, 
de  Judith  et  de  Joseph  ont  été  assez  osti- 
mées  autrefois  ,  quoiqu'elles  soient  bien 
éloignées  de  la  perfection.  On  les  trouve 
dans  Dramala  sacra,  à  Bàle,  1547,  2  vol. 
in-8". 

BEUCKELTS  ou  BEUKELINS  (Guil- 
laume )  ,  fameux  pêcheur  hollandais, 
trouva  vers  l'an  1416  ,  la  méthode  de  sa- 
ler les  harengs  et  de  les  encaquer  pour 
les  rendre  transportâmes.  11  est  mort  à 
Biervliet  en  1447.  Les  Hollandais  élevè- 
rent un  monument  sur  son  tombeau,  que 
Charle.s-Quint,  étant  venu  à  Biervliet, 
eut  la  curiosité  d'aller  voir.  Quelques  au- 
teurs néanmoins  prétendent  que  cette 
méthode  était  connue  antérieurement,  et 
que  deux  Dieppois  la  mirent  en  pratique 
des  le  14e  siècle.  Il  est  bien  vrai  que  la 
manière  de  saler  les  harengs  était  connue 
avant  Beuckelts,  mais  sa  méthode  l'em- 
porta sur  toutes  les  autres,  et  fut  géné- 
ralement adoptée.  Voyez,  Y  histoire  du 
commerce  par  Anderson ,  traduite  de 
l'anglais,  lom.  2,  p.  256-532-426-555. 

BEUF.  Voyez  BŒUF. 

♦BEURNONVILIE  ( Pieure-Biel , 
comte  de),  pair  et  maréchal  de  France, 
né  à  Champignole  en  Bourgogne,  le  10 
mai  1752 ,  fut  d'abord  destiné  par  ses  pa- 
rens  à  l'état  ecclésiastique.  Mais  son  goût 
l'entraînant  vers  la  profession  des  armes, 
il  se  lit  inscrire  dans  les  grenadiers  de  la 
reine.  Il  s'engagea  ensuite  avec  le  grade 
de  sergent  dans  l'expédition  destinée  à 
faire  voile  pour  les  Indes  et  dirigée  par 
le  célèbre  Bailli  de  Suffren,  qui,  recon- 
naissant son  mérite,  le  nomma  major  de 
la  milice  de  l'Ile  de  Bourbon.  Beurnon- 
ville  y  épousa  une  riche  créole.  Destitué 
par  le  commandant  de  l'ile ,  il  revint  en 
France,  et  reçut  en  1789,  la  croix  de 
Saint-Louis.  Il  acheta  une  charge  d'offi- 
cier dans  la  garde  suisse  du  comte  de 
Provence,  depuis  Louis  XVII I,  et  fut 
nommé  maréchal-de-camp,  en  1792,  par 
Louis  XVI,  puis  lieutenant-général.  Du- 
mouriez  sous  les  ordres  duquel  il  servit  à 


BEU 


283 


REU 


l'armée  du  Nord,  dans  la  première  guerre 
de  la  révolution,  lui  donna  le  surnom 
d' Jjax  français.  Il  obtint  à  celle  époque 
le  commandement  d'un  corps  d'armée,  et 
eut  avec  les  Autrichiens  plusieurs  enga- 
gemens  dans  lesquels  il  eut  quelquefois  le 
dessous.  Dans  le  rapport  qu'il  lit  du  combat 
de  Grew-Machern  ,  on  remarquait  la 
phrase  suivante  :  «  Après  trois  heures 
»  d'une  action  terrible ,  et  dans  laquelle 
»  les  ennemis  ont  éprouvé  une  perte  de 
»  dix  mille  hommes ,  celle  des  Français 
»  s'est  réduite  au  petit  doigt  d'un  ebas- 
»  seur.  «Les mauvais  plaisans  s'amusèrent 
de  cette  assertion  et  firent  observer  que 
le  petit  doigt  ne  disait  pas  tout.  En  1793, 
Beurnonville  fut  nommé  ministre  de  la 
guerre,  mais  se  croyant  plus  propre  à 
6ervir  la  patrie  de  son  épée  que  de  sa 
plume,  il  donna  bientôt  sa  démission  qui 
fut  acceptée  avec  peine.  Rappelé  au  mi- 
nistère peu  de  temps  après  par  les  Giron- 
dins, qui  comptaient  sur  sa  fermeté  pour 
le  rétablissement  de  l'ordre ,  il  faillit  de- 
venir la  victime  de  quelques  assassins,  qui 
pénétrèrent  dans  ses  appartemens  ,  et  au 
fer  desquels  il  ne  se  déroba  qu'en  escala- 
dant les  murs  de  son  jardin.  Dumouriez 
lui  ayant  fait  part  de  ses  projets  contre  la 
Convention ,  Beurnonville  donna  lecture 
de  la  lettre  qu'il  avait  reçue ,  à  ce  sujet , 
au  comité  de  défense  générale  ,  qui  l'en- 
voyaà  l'armée  avec  les  commissaires  Ban- 
cal ,  Quinette ,  Camus  et  Lamarque -,  pour 
s'emparer  de  ce  général.  Mais  Dumouriez 
les  fit  arrêter  eux-mêmes  et  les  livra  aux 
Autrichiens.  Beurnonville  renfermé  d'a- 
bord dans  la  citadelle  d'Egra,  en  Bohème, 
fut  transféré  de  là  dans  les  prisons  d'Ol- 
mutz  ,  en  Moravie,  et  y  resta  jusqu'au  5 
novembre  1795,  époque  à  laquelle  s'opéra 
l'échange  des  commissaires  contre  la  fille 
de  Louis  XVI.  Après  son  retour  en  France, 
on  lui  confia  le  commandement  de  l'armée 
deSambre-et-Meuse  ;  il  dirigea  avec  succès 
plusieurs  opérations  sur  le  Rbin,  et,  après 
le  18  fructidor  (4  septembre  1797),  il  fut 
chargé  du  commandement  en  chef  de 
l'armée  française  en  Hollande  ,  fondions 
dont  il  se  démit  au  bout  de  deux  mois , 
à  cause  de  quelques  contrariétés  qu'on 
lui  avait  suscitées.  Nommé  inspecteur- 
général  en  1798,  il  passa,  après  le  18  bru- 
maire an  8  ,  à  l'ambassade  de  Berlin  et  à 
celle  de  Madrid.  Il  avait  été  créé  grand- 
officier  de  la  légion-d'honneur  à  la  fon- 
dation de  l'ordre,  et  fut  appelé  au  sénat 
le  cinq  février  1805.  A  cette  époque,  il 
épousa  en  secondes  noces  M,le  de  Durforl. 


Il  reçut,  en  1808,  le  litre  de  comte  de 
l'empire,  fut  nommé  titulaire  de  la  séna- 
torerie  de  Limoges,  obtint,  en  1809,  celle 
de  Florence ,  et  en  1813,  la  grand'eroix  de 
la  réunion.  Envoyé,  en  qualité  de  com- 
missaire de  l'empereur  à  Mézières,  il  pu- 
blia des  proclamations  analogues  aux  cir- 
constances; mais  les  progrès  de  l'armée 
ennemie  le  forcèrent  de  revenir  à  Paris. 
Après  avoir  voté  dans  le  sénat  la  dé- 
chéance de  Bonaparte  ,  Beurnonville  û 
partie  des  cinq  membres  du  gouverne- 
ment provisoire ,  sous  l'influence  de  fil. 
de  Talleyrand,  et  se  déclara  au  5  avril 
1814,  en  faveur  du  rétablissement  de  la 
dynastie  des  Bourbons.  Appelé  au  conseil 
d'état ,  le  26  du  même  mois  ,  par  le  comle 
d'Artois,  lieutenant-général  du  royaume, 
il  fut  fait  ensuite  par  Louis  XVIII ,  mi- 
nistre d'état,  pair  de  France  et  grand- 
cordon  de  la  légion-d'honneur.  Bona- 
parte, revenu  de  l'ile  d'Elbe,  l'excepta 
de  son  amnistie.  Beurnonville  se  rendit  à 
Gand,  et  revint  avec  Louis  XVIII,  qui  le 
nomma  membre  du  conseil  privé  par  or 
donnance  du  19  septembre  1815.  Il  fit 
partie  de  la  commission  chargée  d'exa- 
miner les  titres  des  anciens  officiers  ,  fut 
nommé  président  du  collège  électoral  de 
la  IVloselle,  en  1815,  commandeur  de  l'or- 
dre royal  de  Saint-Louis  en  mai  1816, 
maréchal  de  France  le  3  juillet  de  la 
môme  année,  et  enfin  décoré  du  cordon 
bleu,  à  la  promotion  qui  eut  lieu  en  oc- 
tobre 1820 ,  à  l'ocs  asion  de  la  naissance 
du  duc  de  Bordeaux.  Le  comte  de  Beur- 
nonville mourut  à  Paris  le  23  avril  1821, 
d'une  violente  attaque  de  goutte ,  sans 
laisser  d'enfans.  Une  ordonnance  royale 
transféra  sa  pairie,  classée  parmi  les 
titres  de  marquis,  à  son  neveu  ,  le  mare- 
cbal-de-camp  Beurnonville  ,  colonel  du 
5»»e  régiment  de  lancienne  garde  royale. 
♦BEURRIER  (  VixcKXT-ToussAiXT  )  , 
prêtre  d  la  congrégation  des  eudistes , 
né  à  Vannes  le  1er  novembre  1715,  mort 
à  Blois  le  2  septembre  1782.  C'était  un 
bomme  instruit,  plein  de  zèle  et  de  piété. 
Il  demeura  quelque  temps  à  la  tète  du 
grand  séminaire  de  Rennes,  et  lit  ensuite 
avec  succès  des  missions  dans  la  Breta- 
gne, la  Normandie  et  dans  les  diocèses 
de  Chartres  ,  de  Paris  ,  etc.  On  lui 
doit  |  des  Remarques  théologiques  sur 
l'administration  des  sacremens;  \  des 
Conférences  ecclésiastiques  sur  le  sacer- 
doce, les  fêtes  et  les  mystères,  1779,  in- 
8" ,  qui  furent  bien  accueillies  et  qui  fu- 
1  rent  suivies  de  17  autres  dirigées  contre  les 


BEV 


286 


rï:v 


ennemis  de  la  religion ,  ouvrage  utile  à 
tous  les  curés.  On  a  encore  d'.  lui  |  des 
Sermons  sur  les  dimanches  et  fêles  de 
Vannée  et  sur  plusieurs  points  de  mo- 
rale. 

BEURRIER  (Louis),  né  à  Chartres, 
entra  chez  les  céleslins  de  Taris  en  1G13  , 
et  mourut  le  8  avril  1645 ,  après  avoir 
consacré  ses  loisirs  aux  études  analogues 
à  son  étal.  On  lui  doit  |  une  bonne  His- 
toire du  monastère  des  célestins  de  Pa- 
ris,  1634  ,  in-4°;  |  Fies  des  fondateurs  et 
réformateurs  des  ordres  religieux,  Pa- 
ris ,  1655 ,  in-4° ,  ouvrage  médiocre  ,  qui 
ne  brille  guères  du  côté  de  la  critique  ; 
|  Plusieurs  livres  de  piété. 

BEUVE.  Voyez  SAINTE-BEUVE. 

BEUVELET  (Matthieu),  né  à  Marie, 
dans  le  diocèse  de  Laon,  en  1620,  prêtre  du 
séminaire  de  St.-Nicolas-du-Chardonnet , 
y  fit  fleurir  la  science  et  la  piété.  Il  est 
connu  particulièrement  |  Par  des  médi- 
tations, in-4°,  sur  les  principales  vérités 
chrétiennes  et  ecclésiastiques ,  pour  les 
dimanches,  fêtes,  et  autres  jours  de  l'an- 
née ,  et  réimprimées  en  1819  ,  en  S  vol. 
in-12 ,  avec  des  corrections ,  principale- 
ment pour  en  faire  disparaître  les  expres- 
sions surannées  qui  en  rendaient  la  lec- 
ture difficile  ;  |  par  un  Manuel  pour  les 
ecclésiastiques.  Il  laissa  un  autre  ouvra- 
ge ,  donné  au  public  après  sa  mort  :  c'est 
|  le  Symbole  des  Apôtres  ,  expliqué  et  di- 
visé en  Prônes ,  Paris,  Georges  Josse , 
1668,  in-8°;  il  est  écrit  d'un  style  simple, 
familier ,  mais  bas  et  incorrect. 

*  BÉVER  (  Thomas)  ,  savant  juriscon- 
sulte anglais  ,  né  à  Mortimer ,  dans  le 
comté  de  Berk,  en  1725,  et  mort  en  1791, 
étudia  à  Oxford  et  s'y  fit  recevoir  doc- 
teur. Après  avoir  été  docteur  en  droit  des 
cinq  communes,  il  fut  juge  des  cinq  ports 
puis  chancelier  de  Lincoln  et  de  Banger. 
On  a  de  lui  :  |  Discours  sur  l'élude  de  ta 
jurisprudence  et  des  lois  civiles;  |  His- 
toire de  la  police  judiciaire  de  l'empire 
romain,  et  de  l'origine,  des  progrès  et  de 
la  situation  des  lois  romaines. 

BÉVÊlUDGE  (Guillaume),  lievere- 
çius ,  évèque  de  Saint-Asaph  en  Angle- 
terre, mort  en  1708,  à  71  ans,  mérite 
l'estime  des  savans  de  sa  patrie  et  des 
pays  étrangers.  Bossuet  était  en  commer- 
ce de  lettres  avec  lui.  Ses  principaux  ou- 
vrages sont  |  Pandectœ  Canonum  Jpo- 
stolorum  et  Conciliorum,  1672 ,  2  vol.  in- 
fol.  Ce  livre  qui  n'est  pas  commun ,  est 
enrichi  de  remarques  fort  estimées.  |  Co- 
dex canonum  Ecclcsict  primilwœ   vuidi- 


dicalus,  Londres,  1678,  in-4°.  |  réflexions 
sur  la  Religion ,  Amsterdam,  1751 ,  in-12: 
|  Des  Institutions  chronologiques  ,en  latin, 
Londres,  1669  et  1705,  in-4°.  Ces  ouvra- 
ges sont  pleins  d'érudition;  le  style  en  esl 
noble,  et  l'auteur  y  fait  paraître  beau- 
coup de  modestie.  Il  est  à  regretter  qu'a- 
vec tant  de  lumières  l'auteur  n'ait  pas  eu 
celle  de  la  vraie  foi  qui  les  affermit  tou- 
tes ;  et  que  ce  défaut  Tait  entraîné  dans 
des  inconséquences  et  des  préventions 
contre  les  catholiques. 

*  BEVEBIM  (Barthélemi)  ,  un  de3 
plus  savans  littérateurs  du  I7S  siècle  ,  na- 
quit à  Lucques,  le  5  mai  1629  et  mourut 
le  24  octobre  I68G.  Dès  l'âge  de  15  ans,  il 
avait  fait,  sur  les  principaux  poètes  du 
siècle  d'Auguste  ,  des  commentaires  et  des 
notes  qui  lui  obtinrent  les  suffrages  des 
savans.  A  seize  ans,  il  se  rendit  à  Rome, 
entradans  la  congrégation  des  clercs  régu- 
liers ,  dite  de  la  Mère  de  Dieu  ,  et  y  lit  ses 
vœux  en  1647.  Il  y  professa  pendant  qua- 
tre ans  la  théologie,  puis  la  rhétorique  â 
Lucques,  et  lit  honorablement  subsister 
de  ses  appointemens  son  vieux  père  et  sa 
famille.  Il  était  en  correspondance  avec 
différens  personnages  illustres,  et  Chris- 
tine ,  reine  de  Suède  ,  lui  demandait  sou- 
vent des  vers  de  sa  composition.  On  a 
de  lui  un  grand  nombre  d'ouvrages  , 
tant  en  latin  qu'en  italien,  dont  les  prin- 
cipaux sont  :  |  Sœculum  niveum,  Roma 
virginea  et  Vies  niveus  ,  trois  petits  re- 
cueils latins  sur  le  même  sujet  :  |  De  nivi- 
bus  exquiliniis ,  sive  de  sacris  nivibus  » 
publiés  à  Rome,  1650  ,  1651 ,  et  1052  ,  cou- 
tenant  chacun  deux  discours  ou  haran- 
gues,  une  idylle  latine  et  une  italienne; 
|  Rime  (poésies),  Lucques,  1654,  in-12, 
2'  édition  augmentée  et  dédiée  à  la  reine 
Christine,  1666,  in-12;  |  Discorsi  sacri, 
Lucques,  1658,  in-12,  2e  édition  augmen- 
tée, Venise,  1682  ;  |  Enéide  di  Virgilio * 
trasportala  in  otlavarima ,  Lucques,  1680, 
in-12,  plusieurs  fois  réimprimée.  Cette 
traduction  fut  achevée  en  treize  mois; 
mais  l'auteur  la  reloucha  depuis.  |  Syntag* 
ma  de  ponde ribus  et  mensuris,  etc.,  Luc- 
ques, 1711,  in-8°,  ouvrage  rempli  d'éru- 
dition ,  et  suivi  d'un  Traité  des  comices 
des  Romains;  \  Plusieurs  manuscrits  con- 
servés à  Lucques,  entre  autres  les  anna- 
les de  celte  ville ,  écrites  en  latin  ;  Anna- 
lium  ab  origine  Lucensis  urbis  libriXV, 
dont  plusieurs  auteurs  ont  parle  avec 
éloge. 

RÉVERLWD  (Adiues),  disciple  de 
Vôssius,   et  docteur  en  droit,   naquit  à 


BEX 


287 


REX 


Middclbourg  en  Zélande ,  et  mourut  dans 
un  état  de  démence  l'an  1712.  Il  s'annonça 
dans  l'Europe  littéraire  par  des  infamies. 
II  lit  paraître  en  1080  son  traité  De  stolatœ 
yirginitath  jure  ,  à  Leyde  ,  in-8°.  Il  tra- 
vaillait en  même  temps  à  un  ouvrage 
encore  plus  licencieux,  intitulé  :  De 
prostibulis  vcterum.  Il  aurait  eu  le  front 
de  le  publier,  sans  les  conseils  de  ses 
amis,  qui  l'empêchèrent  de  le  faire.  Vos- 
sius,  son  ami,  en  fit  entrer  une  partie 
dans  ses  noies  sur  Catulle.  Le  traité  de 
Béverland  De  peccalo  originati  philolo- 
gicè  elucubrato,  1678 ,  in-12 ,  1679 ,  in-8°, 
traduit  en  français ,  1714  ,  in-12  ,  dans  le- 
quel il  renouvelait  l'opinion  d' Agrippa, 
lui  mérita  la  prison  (  Voyez  AGRIPPA, 
Corneille  RYSSEN.  )  Ayant  acheté  chère- 
ment sa  liberté,  il  se  déchaîna  contre  les 
magistrats  et  les  professeurs  de  Leyde  , 
dans  un  mauvais  libelle ,  et  passa  ensuite 
en  Angleterre ,  où  il  employait  tout  son 
argent  à  des  peintures  obscènes.  On  dit 
qu'il  revint  de  ses  égaremens  ;  du  moins 
son  livre  De  fornicatione  cavenda  t  à 
Londres ,  1697  ,  in-8° ,  dans  lequel  il  y  a 
pourtant  encore  bien  des  traits  lubri- 
ques, l'a  fait  penser.  Il  mourut  en  enfan- 
ce, après  avoir  vécu  en  fou  et  en  liber- 
lin.  Sa  folie  était  de  croire  qu'il  était 
poursuivi  par  deux  cents  hommes  qui 
avaient  conjuré  sa  perle. 

BÉVEllYVYCIv  (Jean  de),  Bevcrovi- 
cius,  né  à  Dordrecht  le  17  septembre 
1594  d'une  famille  noble.  Elevé  dès  son 
enfance  sous  les  yeux  de  Gérard  Jean  Yos- 
sius,il  parcourut  différentes  universités 
pour  se  perfectionner  dans  l'étude  de  la 
médecine,  et  se  fil  recevoir  docteur  à 
Padoue.  Il  exerça  cette  profession  dans 
sa  patrie,  où  il  remplit  aussi  plusieurs 
emplois  avec  distinction.  Il  mourut  le  19 
janvier  1647  ,  dans  la  55e  année  de  son 
âge.  Ses  principaux  ouvrages  sont  |  Epi- 
stolica  quœstio  de  vitœ  lermino,  fatali  an 
tnobili,  cum  doctoruvi  responsis ,  Dor- 
drecht, 16 34,  in-8°,  et  Leyde,  1656,  1659, 
4651,  in-4°;  |  De  excellcntia  sexûsfeminei, 
Dordrecht,  1636, 1659,  in-12;  |  De  calculo, 
Leyde,  1658-1641 ,  in-8°;  |  Idea  medicinœ 
veterum,  Leyde,  1657  ;  iu-8°;  |  Traité  du 
scorbut,  en  flamand,  Dordrecht,  1642, 
in-12. 

BEXON  (Scipiox  ou  mieux  Gabiuel- 
LÉopoLD-CnAULEs-AnÉ  ) ,  né  à  Remire* 
mont  en  mars  1748,  embrassa  l'état  ecclé- 
siastique, et  se  fit  connaître  par  deux 
ouvrages,  l'un  intitulé  le  Système  delà 
fermentation, Nancy,  1773;  l'autre.  Caté- 


chisme d'agriculture ,  Paris,  1777.  M.  de 
Buffon  qui  le  regardait  assez  gratuite- 
ment pour  un  habile  naturaliste ,  l'associa 
à  ses  travaux.  Il  est  aussi  auteur  d'une 
Histoire  de  Lorraine,  dont  il  n'a  paru 
que  le  premier  volume,  Paris,  1777,  in-8". 
Il  l'avait  dédiée  à  la  reine ,  qui  en  recon- 
naissance lui  procura  la  place  de  grand- 
chantre  à  la  Sainte-Chapelle  à  Paris ,  où 
il  mourut  le  15  février  1784.  Si  l'on  en 
croit  l'auteur  d'une  lettre  insérée  dans  les 
Aff.  et  Ami.  n°  20,  1784,  M.  l'abbé  Bexon 
a  bien  fait  de  ne  pas  achever  cet  Abrégé 
de  l'histoire  de  Lorraine.  «  II  affecle  ,  dit 
»  ce  critique  ,  de  prendre  partout  un  ton 
»  tranchant,  décidé,  ridiculement  Iriom- 
»  pliant  et  pédantesque.  Si  l'on  voulait  le 
»  croire,  avant  lui  il  n'avait  encore  paru 
»  rien  de  bon  sur  l'histoire  de  Lorraine, 
»  et  il  lui  était  réservé  d'en  donner  une 
»  qui  renfermât  tout  ce  qu'on  peut  dési- 
»  rer  sur  cet  objet.  On  aurait  été  enchanté 
»  qu'il  eût  tenu  parole.  Mais  qu'est-il  ar- 
»  rivé?  que  sa  production  est  tombée  dès 
»  le  moment  qu'elle  a  paru ,  et  qu'on  a 
»  proscrit  son  auteur  pour  avoir  abusé 
»  de  la  facilité  de  mal  faire  un  ouvrage 
»  qu'il  est  si  difficile  de  bien  faire.  «Celte 
critique  a  paru  un  peu  sévère;  l'ouvrage 
est  jugé  avec  plus  d'indulgence  dans  le 
Journal  historique  et  littéraire,  15  mai 
1777,  pag.  81.  On  a  encore  du  même, 
Oraiso?i  funèbre  de  la  princesse  Char- 
lotte de  Lorraine,  abbesse  de  Remiremont. 
Le  nom  de  Scipion  est  celui  sous  lequel 
il  a  fait  paraître  son  histoire  de  Lorrai- 
ne, quoique  ce  ne  fût  pas  le  sien. 

*  B£X0\  (  Scipion-Jerome  ) ,  frère  de 
l'abbé  de  ce  nom,  et  un  des  collabora- 
teurs de  Buffon,  naquit  à  Remiremont 
vers  1753  ,  et  se  fit  recevoir  avocat.  En 
1787,  il  devint  conseiller  intime  de  la 
princesse  Louise-Adélaïde  de  Bourbon  , 
abbesse  du  chapitre  royal  de  Remire- 
mont. Au  commencement  de  la  révolu- 
tion, il  fut  successivement  procureur  de 
la  commune  ,  accusateur  militaire ,  accu- 
sateur public,  président  du  comité  de  bien- 
faisance à  Cacn ,  et  enfin  électeur  de  Pa- 
ris. De  1796  à  1799,  il  présida  le  tribunal 
criminel  de  la  Seine ,  et ,  en  1800  ,  il  de- 
vint vice-président  du  tribunal  de  pre- 
mière instance.  Son  esprit  d'indépendance 
et  son  amour  pour  la  liberté,  qui  l'avait 
mis  en  opposition  avec  le  gouvernement 
impérial,  le  firent  révoquer  en  mars 
1808,  par  suite  d'un  décret  qui  ordon- 
nait l'épuration  des  tribunaux  :  alors  il 
reprit  sa  profession  d'avocat ,  et  s'occupa 


KEY 


288 


BEZ 


fen  môme  temps  de  la  composition  d'ou- 
vrages de  jurisprudence  ,  où  l'on  trouve 
une  connaissance  approfondie  de  la  théo- 
rie des  lois ,  et  où  il  règne  beaucoup 
d'ordre  et  de  méthode.  Il  est  mort  à 
Chaillot,  près  Paris,  le  17  novembre  1825. 
il  a  publié  |  Journal  de  justice  civile,  cri- 
minelle, commerciale  et  militaire,  Pa- 
ris, 1796,  in-8°;  |  Mémoire  adressé  au 
gouvernement  français,  sur  la  forme  de 
la  procédure  par  jurés  ,  et  sur  l'utilité 
d'un  tribunal  de  correction  paternelle, 
1 799 ,  in-8°  ;  |  Parallèle  du  code  jiénal 
d'Angleterre  avec  les  lois  pénales  fran- 
çaises, et  Considérations  sur  les  moyens 
de  les  rendre  plus  utiles,  1800,  in-8°; 
[Développement  de  la  théorie  des  lois  cri- 
minelles par  la  comparaison  de  plusieurs 
législations  anciennes  et  modernes  ,  Pa- 
ris, 1802,  2  vol.  in-8°.  Cet  ouvrage,  offert 
par  l'auteur  au  corps  législatif ,  lui  mé- 
rita les  suffrages  les  plus  flatteurs ,  et 
lui  valut  la  médaille  d'or  de  l'académie 
de  Berlin.  |  Application  de  la  théorie  de 
la  législation  pénale  ,  ou  Code  de  la  sû- 
reté publique  et  pai-ticulicre ,  fondée  sur 
les  règles  de  la  morale  universelle  et  sur 
le  droit  des  gens ,  1807 ,  in-folio.  Le  grand 
juge  d'Italie  lui  écrivit,  à  l'occasion  de 
cet  ouvrage,  une  lettre  très  flatteuse, 
comme  la  Bavière  venait  de  le  faire  pour 
réclamer  la  communication  de  ses  idées 
et  de  ses  plans  pour  la  rédaction  d'un 
code  criminel.  |  Du  pouvoir  judiciaire 
en  France  cl  de  son  inamovibilité ,  1814, 
in-8°  ;  |  de  la  liberté  de  la  presse  et  des 
moyens  d'en  prévenir  et  d'en  réprimer 
les  abus ,  181/*.  Il  a  aussi  donné  un  Cours 
de  législation  dans  les  Annales  de  juris- 
prudence. 

BK Y ERLOK  (Laurent  ),  archidiacre 
d'Anvers,  sa  patrie,  et  directeur  du  sé- 
minaire ,  mourut  le  7  juin  1627 ,  à  49  ans. 
11  publia  une  nouvelle  édition  du  Mag- 
num Thealrum  vitœ  humanœ  de  Zwid- 
ghez.,  avec  des  augmentations  considéra- 
bles ,  en  7  vol.  in-fol.  On  a  encore  de  lui 
Biblia  sacra  variarum  translalionum, 
5  vol.  in-fol.,  à  Anvers,  et  d'autres  ou- 
vrages. 

♦  BEYER  (N.  ),  mort  en  janvier  1819, 
n'est  connue  que  par  un  ouvrage  intitulé  : 
Aux  amateurs  de  physique,  sur  l'utilité 
des  paratonnerres,  1806,  in-8"avec  une 
planche. 

BEYER  US.  Voyez  BEIER. 

BEYS  (  Gilles  ) ,  imprimeur  de  Paris 
au  16e  siècle ,  employa  le  premier  les  con- 
sonnes j  et  v ,  que  Ramus  avait  distin- 


guées ,  dans  sa  grammaire ,  de  17  et  de 
Vu  voyelles.  Il  mourut  en  159").  Il  avait 
épousé  une  fille  du  célèbre  imprimeur 
Plantin. 

BEYS  (Chaules  de),  poète  français 
né  à  Paris  vers  1610  ,  était  contemporain 
et  ami  de  Scarron  qui  le  comparait  à 
Malherbe.  Il  y  a  aussi  loin  de  l'un  à  l'au- 
tre que  du  Virgile  travesti  à  l'Enéide. 
On  a  de  lui  plusieurs  pièces  de  théâtre  , 
dont  aucune  n'est  restée  sur  la  scène.  Il 
mourut  en  1659.  Ses  OEuvres  poétiques 
parurent  en  1651 ,  in-4°. 

*  BEZ.VBD  (P.) ,  curé  dans  le  diocèse  de 
Dijon,  mort  vers  1822,  a  traduit  de  l'al- 
lemand l'ouvrage  intitulé  :  Entretien 
d'un  père  avec  ses  enfans ,  sur  la  doc- 
trine du  bonheur,  ou  la  religion  de  la 
raison,  Dijon,  1825,  1  vol.  in-12. 

*  BEZBOBODKO  (Alexandre,  prince  ), 
né  en  1742  ,  dans  la  petite  Russie,  après 
avoir  achevé  ses  études  à  l'université  de 
Kiew ,  fit  ses  premières  armes  dans  la 
guerre  contre  les  Turcs ,  sous  les  ordres 
du  maréchal  Romantzof,  dont  il  devint 
secrétaire.  Après  la  conclusion  de  la 
paix,  en  1775,  l'impératrice  Catherine  II 
le  nomma  colonel,  secrétaire-d'élat ,  et 
plus  lard  conseiller  privé,  maître  de  la 
cour,  membre  du  collège  des  affaires 
étrangères,  et  enfin  ministre  de  l'inté- 
rieur. Durant  son  ad minist ration,  les 
beaux-arts ,  les  sciences  et  les  lettres  fu- 
rent protégés;  en  1791 ,  après  la  mort  du 
prince  de  Potemkin ,  il  dressa  le  nouveau 
traité  de  paix  entre  la  Russie  et  la  Tur- 
quie, et  eut  la  gloire  de  le  faire  signer  à 
Jassy.oùil  s'était  rendu  avec  le  titre  de 
grand-plénipotentiaire  :  la  croix  de  Saint- 
André  lui  fut  conférée  à  son  retour.  Paul 
Ier,  successeur  de  Catherine  II ,  le  nomma 
à  son  couronnement  prince,  avec  le  titre 
d'altesse,  grand-chancelier,  etc.  Bezbo- 
rodko  avait  formé  une  belle  collection 
de  tableaux,  dont  un  grand  nombre  étaient 
l'ouvrage  du  peintre  français  Yernet  dont 
il  faisait  le  plus  grand  cas.  Ses  connais- 
sances étaient  très-étendues,  et  l'on  cite 
encore  comme  modèles ,  ses  dépèches  et 
ses  manifestes,  à  cause  de  l'élégance  et 
de  la  pureté  avec  lesquelles  il  les  écri- 
vait. Sa  facilité  au  travail  était  extrême. 
Appelé  un  jour  devant  Catherine  pour 
lui  lire  un  ukase  qu'elle  l'avait  chargé  de 
rédiger,  et  qu'il  avait  complètement  ou- 
blié, il  tira  sans  se  déconcerter  un  papier 
blanc  de  sa  poche ,  et  lut  à  haute  voix  un 
édil  de  la  rédaction  duquel  l'impératrice 
fut  tellement  satisfaite  qu'elle  voulut  y 


BEZ 


289 


HEZ 


mcllre  sur-le-champ  sa  signature.  Elle 
ne  fut  pas  peu  étonnée  lorsqu'il  lui  avoua 
son  stratagème  qu'elle  lui  pardonna  en 
faveur  d't;n  talent  si  rare.  Ce  fut  même 
peu  de  temps  après  quelle  le  créa  mi- 
nistre. Ce  prince  mourut  célibataire,  à 
Saint-Pétersbourg ,  en  1799,  laissant  toute 
8a  fortune  à  son  frère. 

BÈZE  (Théodore  de),  naquit  à  Vé- 
zelai  en  Bourgogne,  le  24  juin  1519.  II 
fit  ses  premières  études  à  Paris  auprès 
d'un  de  ses  oncles  conseiller  au  parle- 
ment. On  l'envoya  ensuite  à  Orléans, 
puis  à  Bourges  ,  où  Melchior  Wolmarlui 
donna  des  leçons  de  grec  et  de  latin ,  et 
lui  communiqua  son  goût  pour  les  nou- 
velles erreurs.  De  retour  à  Paris ,  il  s'y 
lit  rechercher  par  les  agrémens  de  sa  fi- 
gure et  de  son  esprit ,  et  par  ses  talens 
pour  la  poésie.  Ses  épigrammes  et  ses 
pièces  latines  lui  firent  un  nom  parmi 
les  jeunes  libertins.  Il  chanta  la  volupté 
avec  la  licence  de  Pétrone.  Ses  poésies 
étaient  l'image  de  ses  mœurs.  S'étant  dé- 
fait de  son  prieuré  de  Long-Jumeau, 
qu'il  posséda  quelque  temps  malgré  ses 
liaisons  publiques  avec  une  femme,  il 
se  retira  à  Genève  et  ensuite  à  Lau- 
sanne, pour  y  professer  le  grec.  Neuf 
ans  après,  Calvin  son  maître  le  rappela 
à  Genève,  et  l'employa  dans  le  minis- 
tère. En  1561 ,  il  se  trouva,  à  la  tête  de 
13  ministres  de  la  réforme ,  au  colloque 
de  Poissi.  Ce  fut  lui  qui  porta  la  parole 
dans  celte  assemblée  où  Charles  IX ,  la 
reine-mère  et  les  princes  du  sang  se 
trouvaient  :  mais  ayant  avancé  «  que 
»J.-C.  était  aussi  éloigné  de  l'eucharistie, 
»  que  le  ciel  l'est  de  la  terre ,  »  ces  paroles 
scandalisèrent  l'auditoire  et  irritèrent  la 
cour.  Bèxe  eut  honte  de  son  peu  de  rete- 
nue ,  et  adoucit  ses  expressions  dans  une 
lettre  qu'il  adressa  à  la  reine.  La  guerre 
civile  n'ayant  pas  été  éteinte  par  ce  col- 
loque ,  Bèze  s'arrêta  auprès  du  prince  de 
Coudé,  et  se  trouva  avec  lui  à  la  bataille 
de  Dreux  en  1502.  L'année  d'après  il  se 
retira  à  Genève,  et  fut  le  chef  de  cette 
église  ,  après  la  mort  de  Calvin  ,  dont  il 
avait  été  le  coadjuteur  le  plus  zélé  et  le 
disciple  le  plus  fidèle.  La  qualité  de  chef 
de  parti  enfla  son  orgueil  et  aigrit  son 
caractère.  Il  traita  les  rois,  comme  il  trai- 
tait les  controversistes  :  Antoine  de  Bour- 
bon ,  roi  de  Navarre,  était  un  Julien; 
Marie  Stuart ,  une  Médée ,  etc.  Il  fut  la 
trompette  delà  discorde  durant  les  guer- 
res civiles.  De  Genève ,  il  animait  tous 
ses  disciples  répandus  dans  l'Europe.  On 
2. 


l'accusa  d'avoir  suscité  la  Benaudie,  pour 
former  la  conspiration  d'Amboise ,  en 
1560,  d'avoir  sollicité  Poltrot  à  tuer  le 
duc  de  Guise ,  en  1563  ,  etc.  Il  tâcha  de  se 
défendre  de  ces  accusations ,  mais  ses  rai- 
sons ne  purent  le  justifier.  En  1569 ,  il 
vint  en  France  pour  pervertir  une  de  ses 
sœurs  qui  était  religieuse;  mais  elle  lui 
reprocha  ses  impiétés,  et  refusa  de  l'é- 
couler. Il  avait  travaillé  aussi  inutile- 
ment auprès  de  son  père,  auquel  il  avait 
envoyé  sa  confession  de  foi  en  français. 
Il  fut  appelé  plusieurs  fois ,  pour  assister 
à  des  conférences ,  à  Berne  et  ailleurs. 
En  1571 ,  il  présida  un  synode  tenu  à  la 
Rochelle.  Il  mourut  à  Genève  en  1605  , 
à  l'âge  de  86  ans,  regardé  comme  un  poète 
licencieux  et  un  théologien  emporté.  Il 
épousa  dans  sa  vieillesse  une  jeune  fille  , 
et  se  trouva  dans  une  telle  pauvreté,  qu'il 
ne  subsistait  que  des  libéralités  qu'on  lui 
faisait  en  secret.  Il  a  achevé  la  traduction 
des  Psaumes ,  que  Marot  avait  entreprise  ; 
mais  le  continuateur  est  moins  heureux 
dans  le  tour  et  dans  l'expression.  Ses 
poésies  latines  furent  publiées  sous  le  li- 
tre de  Juvenilia  Besœ ,  1548,  in-4°,  il  ont 
Barbou  a  donné  une  nouvelle  édition, 
in-12  ,  1757,  avec  les  poésies  de  Muret  et 
de  Jean  Second.  Dans  un  âge  plus  avancé, 
il  en  supprima  plusieurs  endroits  licen- 
cieux ,  et  publia  ses  Poésies  sous  le  titre 
de  Poemala  varia,,  dont  la  meilleure, 
édition  est  de  Henri  Etienne  ,  1597,  in-4° 
Ce  trait  peut  faire  penser  que  ses  mœurs 
ne  furent  pas  toujours  dépravées ,  ou  du 
moins  qu'il  cessa  de  vouloir  dépraver 
celles  des  autres.  Ses  principaux  ouvrages 
en  prose  sont  |  Une  traduction  latine  du 
Nouveau  Testament ,  avec  des  notes; 
|  Un  Traité  du  droit  que  les  magistrats 
ont  de  punir  les  hérétiques ,  traduit  en 
français  par  Cclladon ,  Genève,  1560, 
in-8°.  Ce  livre,  fait  au  sujet  du  supplice 
de  Servet ,  est  plus  rare  en  français  qu'en 
latin;  |  Confessio  chrislianœ fidei ,  1560, 
in-8°;  |  La  Mappemonde  papislique  , 
1567  ,  in-4°  ;  |  Histoire  des  églises  ré- 
formées >  1580,  5  vol.  in-8°;  |  Le  Réveil 
matin  des  Français,  1574,  in-8°.  |  Icô- 
nes virorum  illuslrium,  1580,  in-4°; 
|  Vie  de  Calvin,  Genève,  1563,  année 
de  la  mort  de  cet  hérésiarque.  On  a  de 
lui  en  vers  français ,  très  inférieurs  à 
ses  poésies  latines  ,  la  comédie  du  Pape 
malade,  la  tragédie  du  Sacrifice  d'.l 
braham,  Calon  le  Censeur ,  etc. 

BÈZE  (  le  Père  de  ,  )  jésuite  français  , 
employé  dans  les  missions  des  Indes  sur 


iîi:z 


290 


BIA 


ia  fin  du  17e  siècle ,  y  lit  de  curieuses  et 
utiles  observations  de  physique  et  de  ma- 
thématiques qui  furent  envoyées  à  l'aca- 
démie des  sciences,  de  1666  à  1699.  On 
a  aussi  de  lui  Description  de  quelques 
arbres  et  de  quelques  plantes  deMalaque, 
avec  des  annotations  du  Père  Gouge , 
jésuite.  Un  autre  de  BÈZE ,  chanoine  de 
Saint-Opportune ,  a  donné  un  poème  in- 
titulé L'erreur  confondue,  1768  ,  in-12. 
BEZENVAL.  Voyez  BESENVAL. 

*  BEZIERS  (  Michel  ) ,  chanoine  du 
Saint-Sépulcre ,  et  membre  des  académies 
de  Cherbourg  et  de  Caen ,  né  à  Saint- 
Malo ,  mort  à  Caen  en  1782 ,  a  donné  : 
|  Chronologie  historique  des  baillis  et  des 
gouverneurs  de  Caen*  1769,  in-12;  |  His- 
toire sommaire  de  la  ville  de  Bayeux , 
1775,  in-12  ;  |  des  Dissertations  dans  les 
Journaux ,  et  articles  dans  les  Diction- 
naires de  Moréri ,  d'Expilly,  de  la  No- 
blesse, etc. 

r.EZOXS  (  Jacques  BAZIN,  comte  de  ) , 
maréchal  de  France,  fils  d'un  conseiller 
d'état,  commença  à  servir  en  Portugal, 
sous  le  comte  de  Schomberg  ,  en  1667.  Il 
se  signala  ensuite  dans  grand  nombre  de 
sièges  et  de  combats,  jusqu'à  l'an  1709, 
qu'il  obtint  le  bâton  de  maréchal  de 
France.  Il  prit  Landau  en  1713,  et  fut 
conseiller  au  conseil  de  régence,  après 
la  mort  de  Louis  XIV.  Le  maréchal  de 
Bezons  mourut  en  1733 ,  à  88  ans ,  re- 
gardé comme  un  homme  également  pro- 
pre à  paraître  à  la  cour  et  à  la  tète  des 
armées. 

BEZOrVS  (Armand  BAZIN  de),  frère 
du  précédent,  docteur  de  la  maison  et  so- 
ciclé  de  Sorbonne,  s'éleva  par  son  mé- 
rite, et  surtout  par  le  crédit  de  son  frère 
à  différentes  places.  Il  fut  agent-général 
du  clergé  de  France ,  puis  évèque  d'Aire, 
ensuite  archevêque  de  Bordeaux,  de 
Rouen,  membre  du  conseil  de  la  régence, 
et  chargé  de  la  direction  des  économats 
après  la  mort  de  Louis  XIV.  Il  mourut  à 
Gaillon  en  1721 ,  à  66  ans. 

*  BEZOUT  (  Etienne  ),  né  à  Nemours, 
le  31  mars  1730.  Obligé ,  par  son  peu  de 
fortune,  de  donner  des  leçons  particu- 
lières de  mathématiques,  il  en  cultiva 
les  parties  élevées  avec  persévérance  et 
succès.  11  se  fit  connaître  de  bonne  heure 
de  l'académie  des  sciences  par  plusieurs 
mémoires  ;  elle  l'admit  dans  son  sein  en 
1758,  et  il  fut  placé  en  1763,  par  M.  de 
tihoiseul ,  à  la  tête  de  l'instruction  de  la 
marine  royale ,  comme  examinateur  des 
gardes  du  pavillon  et  de  la  marine.  Il 


composa  pour  ces  jeunes  officiers  nn 
cours  complet  de  mathématiques  qui  fit 
époque  dans  ce  genre  d'ouvrage ,  soit 
par  sa  clarté ,  soit  par  le  degré  d'éléva- 
tion où  la  science  s'y  trouvait  portée. 
Dans  un  grand  nombre  de  notes,  distin- 
guées du  corps  de  l'ouvrage  par  un  ca 
ractère  plus  petit,  l'auteur  ahorde  les 
questions  les  plus  difficiles.  On  lui  a  re- 
proché, avec  raison,  d'avoir  commis 
quelques  fautes  contre  l'exactitude ,  et 
et  d'avoir  souvent  négligé  la  rigueur  des 
démonstrations.  En  1768,  Bezout  obtint 
la  place  d'examinateur  de  l'artillerie,  va- 
cante par  la  mort,  de  Camus  ;  et  bientôt 
il  prépara  pour  les  élèves  de  ce  corps  une 
édition  de  son  cours ,  dans  laquelle  il  sub- 
stitua des  applications  tirées  du  service 
de  l'artillerie  à  celles  qui  concernaient  la 
marine.  Bezout  mourut  à  Paris,  le  27 
septembre  1783.  Ses  ouvrages  sont  : 
|  Cours  de  mathématiques  à  l'usage  des 
gardes  du  pavillon  et  de  la  marine,  Paris, 
6  vol.  in-8°,  y  compris  un  Traité  de  na- 
vigation. La  première  édition  est  de  1764- 
69;  la  dernière ,  faite  du  vivant  de  l'au- 
teur, est  de  1781  et  82.  |  Cours  de  mathé- 
matiques à  l'usage  du  corps  royal  de  l'ar- 
tillerie, Paris,  in-80.,  k  vol.  La  première 
édition  fut  faite  à  l'imprimerie  royale 
dans  les  années  1770-1772.  On  a  réimpri- 
mé ces  cours  un  grand  nombre  de  fois. 
Quelques  parties  ont  été  accompagnées 
de  notes  parmi  lesquelles  nous  citerons 
celles  de  M.  Garnier  et  celles  de  M.  Bey- 
naud.  M.  Peyrard  a  réuni,  dans  une 
même  édition,  les  applications  particu- 
lières au  Cours  à  l'usage  de  l'artillerie, 
avec  le  Cours  à  l'usage  de  la  marine. 
|  Théorie  générale  des  équations  algé- 
briques ,  Paris  ,  1779  ,  in-4°,  1  vol. 

*  BIAG1  (J.-Marie  de),  savant  gram- 
mairien et  professeur  d'éloquence  à  Ro- 
veredp,  sa  patrie,  mort  en  1777,  com- 
posa :  |  la  Préface  d'une  édition  de  saint 
Jean  Chrysostôme ,  Boveredo ,  1755  ; 
|  quelques  livres  de  piété;  |  et  un  petit 
traité  de  Situ  Juslrice  subjectarumque 
regionum ,  1772. 

•  BIAGI  (  Clément  ) ,  né  à  Crémone 
dans  l'état  de  Venise.  Son  nom  est  la  tra- 
duction de  celui  de  Blasius ,  dont  nous 
faisons  Biaise,  en  fiançais.  Il  entra  dans 
l'ordre  des  bénédictins,  et  fut  nommé 
professeur  de  théologie  à  l'école  de  la  Pro- 
pagande. L'ouvrage  qui  lui  a  concilié  le 
plus  d'estime  dans  le  monde  savant,  est 
intitulé  :  Tractatus  de  decrelis  Athénien- 
sium,  Rome,  1785,  in-/»0.  Ce  volume ,  d'une 


BIV 


291 


BIA 


très  belle  exécution,  lui  lire  a  deux  cent 
cinquante  exemplaires  seulement.  Craig 
avait  essayé  de  tracer  les  premières  lignes 
sur  ce  sujet  difficile  et  trop  peu  connu  ; 
mais  son  ouvrage  est  d'une  grande  fai- 
blesse Biagi ,  au  contraire ,  a  répandu 
la  plus  vive  clarté  sur  cette  matière.  Il 
a  fait  preuve ,  dans  son  traité ,  d'une  sa- 
gacité peu  commune,  et  d'une  grande  con- 
naissance de  tout  ce  qui  concerne  la  légis- 
lation et  l'administration  dans  les  répu- 
bliques de  la  Grèce,  et  particulièrement 
dans  celle  d'Athènes.  Il  entre  mieux  que 
Petit  dans  l'esprit  de  la  législation  de  Solon, 
él  il  corrige  ou  complète  en  plusieurs  en- 
droits les  Fastes  attiques  de  Corsini.  Quoi- 
qu'érudit  et  archéologue  ,  on  peut  repro- 
cher à  Biagi  une  grande  négligence  dans 
sa  manière  d'écrire  le  latin.  On  a  encore 
du  même  auteur  les  deux  ouvrages  sui- 
vans  :  |  Ragionamento  sopra  un  aniica 
statua  singularissima,  scoperta  ncll'agro 
romano,  Roma,  1772,  in-8°;  |  Monumenta 
grœca  et  lalina  ex  musœo  Jac.  Nanti, 
descripta  à  Cl.  Biagi.  Roma,  1787,  in-4°, 
fig.  Biagi  a  traduit  en  italien  le  diction- 
naire de  théologie  de  l'abbé  Bergier ,  et 
y  a  ajouté  des  notes.  Il  n'a  pas  été  pos- 
sible de  constater  l'époque  de  la  mort 
de  cet  écrivain. 

*  BIADIOM'I  (  Joseph-Louis  ),  pro- 
fesseur d'éloquence,  membre  honoraire 
de  l'institut  impérial  et  royal  de  Milan, 
né  vers  1750  ,  à  Vintimiglia  ,  ville  épisco- 
pale  du  duché  de  Gênes,  entra  de  bonne 
heure  dans  les  ordres  sacrés ,  et  dirigea 
l'éducation  de  quelques  jeunes  gens  de 
famille  noble.  Le  prince  de  Kewen- 
Huller  confia  plus  tard  la  direction  de  sa 
bibliothèque  à  l'abbé Biamonti,  qui  devint 
successivement  professeur  d'éloquence  à 
l'université  de  Bologne ,  et  de  littérature 
italienne  à  celle  de  Turin.  Outre  quelques 
discours  prononcés  dans  diverses  occa- 
sions solennelles,  on  a  de  lui  :  |  Une 
Grammaire  italienne  ;  \  un  Traité  sur 
l'art  oratoire;  \  quelques  pièces  de  vers , 
|  deux  Tragédies  :  Iphigénie  en  Tauride, 
dont  les  hellénistes  font  beaucoup  de  cas, 
et  Sophonisbe  ;  \  Des  traductions  en  prose 
italienne  de  Sophocle,  et  de  quelques 
morceaux  d'Eschyle,  de  l'Iliade,  des 
Olympiques  de  Pindarc  et  de  la  Poétique 
d'Aristote.  L'abbé  Biamonti  qui  connais- 
sait bien  l'hébreu  ainsi  que  ses  dialectes 
syriaque  et  chaldaïque  ,  a  laissé  ina- 
chevée une  traduction  du  livre  de  Job. 
Il  est  mort  à  Milan ,  le  13  octobre  1824 , 
dans  un  âge  avancé. 


*  BIANCANI  (  Joseph),  jésuite,  ma- 
thématicien et  astronome  italien  ,  mort  à 
Parme  en  1624,  était  en  outre  versé  dans 
l'histoire,  la  philosophie  et  les  belles- 
lettres.  Ses  ouvrages  les  plus  importans 
sont  :  |  Arislotelis  loca  mathemalica  ex 
omnibus  ejus  operibus  collecta,  Bologne, 
1615  ;  |  Brevis  introduclio  ad  Geogra- 
phiam;  \  Sphœra  mundi,  seu  Cosmogra- 
phia  demonstrativa ,  ibid. ,  1620. 

BLANCHI  (  Pierre  ),  naquit  à  Rome 
en  1694.  Ce  peintre  réussit  également 
dans  l'histoire ,  les  paysages ,  les  portraits, 
les  marines  et  les  animaux.  Ses  ouvrages 
sont  à  Rome  où  il  mourut  le  12  mars 
1740.  Il  se  distingua  par  la  correction  de 
son  dessin ,  et  par  la  vigueur  dé  son  co- 
loris. Il  perfectionna  beaucoup  lés  figures 
d'anatomie  en  cire  coloriée. 

*  RI  A  M;  II I  (  Jean  Antoine  ) ,  religieux 
observan!in,  né  à  Lucques,  le  2  octobre 
1686 ,  mort  à  Rome  en  1758 ,  professeur 
de  théologie ,  examinateur  du  clergé  ro- 
main et  consulteur  de  l'inquisition.  Son 
principal  ouvrage  est  une  réfutation  de 
l'histoire  de  Naples  des  Giannone,  intitu- 
lée De  la  puissance  et  de  la  discipline  de 
l'Eglise,  en  deux  traités,  5  vol.  in-4°.  Il 
l'écrivit,  dit -on,  par  l'ordre  du  pape 
Clément  XII.  Il  composa  aussi  diverses 
tragédies  et  un  livre  en  faveur  des  théâ- 
tres ,  qui  lui  fit  peu  d'honneur. 

*  BIANCIII  (  Marc- Antoine),  juris- 
consulte italien,  naquit  à  Padoue,  en 
1498.  Il  se  distingua  au  bareau  par  son 
éloquence,  et  dans  les  consultations,  par 
beaucoup  de  savoir ,  de  justesse  d'esprit 
et  de  probité.  Il  fut  nommé,  en  1525. 
dans  l'université  de  Padoue,  troisième 
professeur  de  droit  impérial  ;  en  1552 , 
deuxième  professeur  des  décrétales;  et 
enfin,  en  1544,  professeur  en  chef  du 
droit  criminel,  place  qu'il  remplit  jus- 
qu'à sa  mort,  arrivée  le  8  octobre  1548. 
Bianchi  n'a  laissé  que  des  ouvrages  de  sa 
profession ,  qui  sont  tous  écrits  en  latin  : 
|  Tractatus  de  indiciis  homicidii  ex  pro- 
posito  commissi,  etc.,  Venise,  1545,  in- 
fo!.; 1549,  in-8°  ;  |  Praclica  criminalis 
aurea,  Venise,  1547,  in -8°;  |  Cautela? 
singulares  ad  reorum  defensam,  ordi- 
nairement imprimé  à  la  suite  de  sa  Prac- 
tica  criminalis  ;  \  Tractatus  de  compro- 
missis  faciendis  inter  conjunctos,  et  de 
exceptionibus  impedientibus  litis  ingres- 
sum,  Venise,  1547,  in -8",  réimprimé 
plusieurs  fois. 

*  BIANCHI  (  François  FERRARI ,  dit 
IL  FRARI  ) ,  peintre  et  sculpteur  mode- 


BIA 


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nois ,  fut ,  suivant  quelques  écrivains , 
le  maître  du  Corrège.  On  ne  sait  pas  la 
date  de  sa  naissance.  Vedriani ,  dans  ses 
Vite  de  Pittori,  Scultori,  ed  Archilctti 
modenesi,  Modène,  1662,  in  -k° ,  ne 
donne  pas  de  détails  à  cet  égard ,  en  nous 
apprenant  que  le  Corrège  étudia  sous 
Bianchi.  On  connaît  un  de  ses  tableaux , 
qui  est  à  St.- François  à  Modène.  Bianchi 
mourut  en  1510 ,  sans  avoir  pu  pressentir 
a  quel  haut  rang  se  placerait  son  élève , 
qui  ne  commença  à  se  faire  connaître 
qu'en  1512. 

BIANCHI  (  Jean  -Baptiste  ),  célèbre 
anatomiste  italien  né  à  Turin  le  12  sep- 
tembre 1681.  Docteur  à  l'âge  de  17  ans,  il 
enseigna  son  art  à  Turin  où  le  roi  de 
Sardaigne  fit  bâtir  pour  lui  en  1715  un  am- 
phithéâtre commode.  En  1718  il  professa 
aussi  la  pharmacie,  la  chimie  et  la  pra- 
tique médicale  ;  il  fut  nommé  membre  de 
l'académie  des  curieux  de  l'analomie  de 
la  nature.  Il  mourut  le  20  janvier  1761. 
Ses  principaux  ouvrages  sont  :  |  Duclus 
lacrymales  novi,  eorum  anatome,  usus, 
morbi,  curaliones ,  Turin ,  1715,  in-k°, 
Leyde,  1723.  |  De  lacteorum  vasorum 
])ositionibus  el  fabrica,  Turin,  1743,  in- 
A°  ;  |  Storia  delmortro  di  due  corpi , 
Turin,  1749,  in-8°.  \Letlera  sull'  insensi- 
bilita,  Turin,  1755,  in -8°.  C'est  une  ré- 
futation de  Halley  ;  |  Hisloria  hepalica , 
seu  de  hepatis  structura,  usibus  et  mor- 
dis, Turin ,  1710 ,  in-4° ,  1716  ,  in-4°  ;  Ge- 
nève ,  1725 ,  2  vol.  in-4°.  Bianchi  a  écrit 
des  dissertations  curieuses  dont  quelques- 
unes  sont  insérées  dans  le  Théâtre  analo- 
gique de  Manget. 

*  BIANCHI  (  Antoine  ) ,  vénitien ,  et 
simple  garçon  gondolier  à  Venise  au  mi- 
lieu du  18e  siècle ,  composa  deux  poèmes 
où  il  y  a  de  l'imagination ,  de  la  verve  , 
en  un  mot  de  la  poésie  ;  ce  sont  :  |  Il 
Davide,  re  d'israele,  poertia  -  eroico- 
sagro ,  di  Antonio  Bianchi,  servitor  di 
gondola  Veneziano ,  canti  XII ,  Venise, 
1751 ,  in-fol. ,  reimprimé  la  même  année 
avec  un  oratorio  dramatique  intitulé  : 
Elia  sut  Carmelo ,  ibid. ,  in-8°.  |  Il  Tem- 
pio,  owero  il  Salomone  ,  canti  X,  Venise, 
1753,  in-4°.  Il  publia  aussi  un  ouvrage  de 
critique,  intitulé  :  |  Osservazioni  conlro- 
critiche  di  Antonio  Bianchi,  sovra  uti 
tralato  délia  commedia  ilaliana ,  etc. , 
Venise ,  1752  ,  in-8°.  Joseph-Antoine  Cos- 
tantini ,  auteur  de  ce  traité  sur  la  comédie 
italienne,  répondit  aux  Observations,  et 
dans  sa  réponse,  avança  qu'elles  n'étaient 
pas    du    gondolier    Bianchi,   et   que    le 


poème  de  David  n'en  était  pas  non  plus 
Bianchi  se  fâcha  ,  et  déclara  dans  la  pré- 
face de  son  second  poème,  qu'il  était  prêt 
à  prouver,  de  la  manière  qu'on  l'exige- 
rait ,  que  le  David  et  les  Observations 
étaient  de  lui. 

151  \\GHI.\I  (  Fraxçojs  ) ,  né  à  Vérone 
le  13  décembre  1662,  d'une  famille  dis- 
tinguée, s'illustra  dès  sa  jeunesse  par  l'é- 
tablissement de  l'académie  des  AletofiU , 
c'est-à-dire,  des  amateurs  de  la  vérité. 
Cette  compagnie ,  spécialement  consacrée 
aux  matières  de  mathématiques  et  de 
physique ,  recevait  des  lumières  de  son 
fondateur.  Le  cardinal  Ottoboni,  depuis 
pape  sous  le  nom  d'Alexandre  VIII,  le  fit 
son  bibliothécaire.  Il  eut  ensuite  un  cano- 
nicat  dans  l'église  de  Ste-Marie  de  la  Bo- 
tonde,  et  puis  dans  celle  de  Saint-Lau- 
rent in  Damaso.  Il  fut  secrétaire  des 
conférences  sur  la  réforme  du  calendrier. 
Clément  XI ,  qui  connaissait  tout  son  mé- 
rite, le  nomma  à  cette  place.  Innocent 
XIII  et  Benoit  XIII  lui  donnèrent  des 
marques  publiques  de  leur  estime.  En 
1705 ,  le  sénat  l'agrégea  à  la  noblesse  ro- 
maine ,  honneur  qu'il  étendit  à  tous  ceux 
de  sa  famille ,  et  à  leurs  descendans.  Ce 
savant  mourut  en  1729 ,  membre  de  plu- 
sieurs académies.  Il  y  avait  8  ans  qu'il 
s'occupait  à  faire  des  observations  qui 
pussent  le  conduire  à  tracer  une  méri- 
dienne pour  l'Italie.  Les  citoyens  de  Vé- 
rone lui  firent  ériger  après  sa  mort  un 
buste  dans  la  cathédrale,  distinction 
qu'ils  avaient  déjà  rendue  à  la  mémoire 
du  cardinal  Noris.  On  a  de  Bianchini 
|  Palazzo  di  Cesari,  Vérone,  1738,  in- 
fol.  figures.  |  Incrizioni  Sepolcrali  délia 
casa  di  Augusto,  Borne,  1727,  in-fol. 
Ces  deux  ouvrages  prouvent  qu'il  con- 
naissait bien  les  antiquités.  |  Une  édition 
d'Anastase  le  Bibliothécaire  De  vitis  Ro- 
manorum  Pontificum ,  1718-1723,  en 
k  volumes  in-fol. ,  avec  des  notes ,  des 
dissertations ,  des  préfaces ,  des  prolégo- 
mènes et  des  variantes.  L'érudition  y 
est  répandue  avec  profusion,  mais  le 
livre  est  plein  de  fautes  typographiques. 
|  Des  pièces  de  poésie  et  d'éloquence. 
|  Histoire  universelle,  en  italien,  impri- 
mée à  Borne ,  in-V,  1697 ,  avec  figures. 
Quoiqu'elle  contienne  quelques  sentimens 
particuliers,  elle  est  recherchée,  parce 
que  l'auteur  s'appuie  sur  les  monumens 
de  l'antiquité.  |  De  Calendario  et  cyclo 
Cœsaris  ,  ac  de  Paschali  canone  sanctt 
Hippolyti  martyris ,  disserlationes  duœ , 
Rome,  1703,  in-fol.,  ouvrage  savant  et 


BIA  29 

généralement  estimé.  |  De  tribus  generi- 
fnis  inslrumentorum  musicce  veterum  or- 
ganiat ,  Rome,  1743.  C'était  un  savant 
universel.  —  Il  ne  faut  pas  le  confondre 
avec  Josepii  BIANCHINI ,  aussi  véronois, 
son  neveu,  oratorien  de  Rome ,  qui  a  écrit 
contre  le  Bellum  Papale  de  Thomas  Ja- 
mes (  voyez  ce  mot  et  BUKENTOP  ).  Sa 
réponse  se  trouve  dans  le  recueil  intitulé 
/Induite  canonicarum  Scripturarum 
Vulgdtœ  edit.  Rome,  1740,  in- fol.  lia 
aussi  publié  un  Recueil  de  Discours  qui 
retracent  Ce  que  la  maison  de  Médicis  a 
fait  en  faveur  des  sciences  et  des  arts. 
Venise  ,  1741 ,  in-fol. ,  en  italien,  orné  de 
figures. 

B1AIVCO  ou  RIANCHO  (  André  ) ,  géo- 
graphe de  Venise ,  né  vers  l'an  1450 ,  a 
laissé  un  recueil  de  cartes  hydrographi- 
ques ,  restées  long-temps  en  oubli  dans  la 
bibliothèque  de  Saint-Marc.  Vincent  For- 
maleoni,  à  qui  l'abbé  Morelli  les  fit  con- 
naître, en  copia  trois  qui  furent  insérées 
dans  l'ouvrage  intitulé  Saggio  sulla  nau- 
tica  anlicadc  Veneziani  ,  Venise,  1783. 
Les  cartes  de  Rianco  nous  font  connaître 
l'étendue  de  la  navigation  des  Vénitiens 
avant  la  découverte  du  Nouveau-Monde, 
et"  celle  du  cap  de  Bonne -Espérance,  les 
côtes  de  la  Méditerranée  et  de  la  mer 
Noire  y  sont  représentées  avec  exacti- 
tude. 

♦  BIYTVCOLINI  (Je  an -Baptiste -Jo- 
seph) ,  littérateur,  né  à  Vérone,  mort  en 
1780,  travailla  toute  sa  vie,  malgré  ses 
occupations  commerciales,  à  l'élude  de 
l'histoire  et  à  la  recherche  des  manuscrits 
de  sa  patrie.  On  lui  doit  :  |  une  édition 
augmentée  de  la  Chronique  de  la  ville  de 
Vérone ,  par  Pierre  Zagata ,  très  estimée , 
Vérone,  1745-49,  2  vol.  in-4°;  |  Notice  his- 
torique des  églises,  des  évéques  et  des 
gouverneurs  de  Vérone ,  1757.  Il  travailla 
également  à  la  Collection  des  traductions 
des  historiens  grecs. 

•BIANCOM  (  Jean-Louis  ),  célèbre 
médecin  et  littérateur  italien ,  né  à  Bolo- 
gne le  30  septembre  1717 ,  fut  reçu  doc- 
teur en  1742  ,  et  s'acquit  en  peu  de  temps 
une  réputation  due  à  son  savoir  et  à  la 
régularité  de  ses  mœurs.  Appelé  à  la  cour 
du  landgrave  de  Hesse ,  il  y  demeura  six 
ans  :  en  1750  il  se  rendit  à  Dresde ,  muni 
d'une  lettre  de  recommandation  du  pape 
lienoit  XIV  pour  le  roi  de  Pologne  Au- 
guste III.  Ce  monarque  le  nomma  son 
conseiller  aulique ,  l'admit  dans  son  inti- 
mité et  lui  fit  faire  un  brillant  mariage. 
La  cour  lui  confia  plusieurs  affaires  im- 


5  BIA 

portantes  qu'il  remplit  avec  habileté  et 
bonheur.  Enfin  il  fut  nommé  en  1764  mi- 
nistre résident  en  cour  de  Rome.  Bian- 
coni  mourut  subitement  à  Pérouse  le  1er 
janvier  1781.  Il  fut  universellement  re- 
gretté. On  a  de  lui  |  Une  bonne  traduc- 
tion de  VAnatomie  de  Winslow, Pologne, 
1745 ,  6  vol.  in-8°.  |  Une  Dissertation  sur 
l'électricité ,  écrite  en  français,  adressée 
au  comte  Algarotti,  et  publiée  en  Hol- 
lande en  1748,  in-8°  ;  |  Letteresopra  alcune 
particolarila  délia  Baviera  e  di  altri 
paesi  délia  Germania,  Lucques,  1763; 
|  Lellere  sopra  Cornelio  Celso ,  Rome, 
1779,  pleines  d'érudition  et  de  goût, 
|  Une  Dissertation  sur  le  cirque  de  Ca- 
racalla,  écrite  en  italien  et  en  français, 
superbe  édition,  ornée  de  19  belles  gra- 
vures, Rome,  1790.  Il  fut  un  des  créa- 
teurs des  Ephémèrides  littéraires  de 
Rome,  auxquelles  il  fournit  plusieurs 
morceaux  inléressans,  entre  autres  l'é- 
loge du  docteur  Mengs ,  qui  fut  réimpri- 
mé séparément  en  1780. 

BIARD  (  Pierre  ) ,  célèbre  sculpteur  , 
né  en  1559,  mort  à  Paris,  sa  patrie,  en 
1609 ,  âgé  de  50  ans.  Il  avait  fait  le  voyage 
de  Rome,  pour  s'instruire  dans  son  art 
d'après  les  grands  modèles  qu'offre  cette 
ville  fameuse;  il  revint  à  Paris  avec  de 
riches  connaissances.  Le  chef-d'œuvre  de 
cet  artiste  était  la  statue  équestre  de 
Henri  IV,  qu'on  voyait  en  bas-relief  sur 
la  grande  porte  qui  est  au  milieu  de  la 
façade  de  l'Hôtel- de -ville.  En  1562  des 
séditieux  l'endommagèrent.  La  figure  de 
ce  roi  était  si  bien  placée ,  son  visage  était 
si  ressemblant  et  si  majestueux,  que,  selon 
bien  des  connaisseurs,  c'était  le  meilleur 
portrait  que  l'on  en  eût.  Il  fut  détruit 
pendant  la  révolution. 

1HARD  (  Paul  ) ,  jésuite ,  né  à  Greno- 
ble ,  entra  de  fort  bonne  heure  dans  la 
société  et  fut  un  des  premiers  mission- 
naires envoyés  au  Canada.  Il  eut  beau- 
coup à  souffrir  des  peuples  barbares  aux- 
quels il  portait  la  lumière  de  l'Evangile, 
et  il  commençait  à  les  adoucir,  lorsqu'une 
expédition  anglaise  le  renvoya  en  France, 
après  l'avoir  fort  maltraité  en  haine  du 
catholicisme  et  des  jésuites.  Il  professa  9 
ans  la  théologie  à  Lyon,  et  mourut  à  Avi- 
gnon en  1622.  On  a  de  lui  une  Relation 
de  la  nouvelle  France,  et  du  voyage  que 
les  jésuites  y  oint  fait,  Lyon,  1606,  in-12, 
insérée  dans  les  lettres  édifiantes  ;  et 
quelques  autres  ouvrages  sur  lesquels  on 
peut  consulter  la  bibliothèque  du  Dau- 
phiné.  g5t 


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294 


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BIAS,  iils  de  Teutamus,  natif  de 
Priène ,  ville  de  Carie ,  l'un  des  sept  Sages 
de  la  Grèce  ,  et  suivant  quelques  anciens, 
le  plus  sage ,  ce  qui  cependant  n'est  pas 
beaucoup  dire,  naquit  vers  l'an  570  avant 
J.-C.  et  florissait  vers  l'an  G08.  Il  com- 
mença à  se  faire  connaître  par  le  rachat 
de  quelques  fdles  capthes.  On  lui  attribue 
plusieurs  bons  mots.  Quelqu'un  lui  ayant 
demandé  ce  qu'il  y  avait  de  plus  difficile 
à  faire ,  il  dit  que  c'était  de  supporter  un 
revers  de  fortune...  S'étant  trouvé  au 
milieu  d'une  tempête  furieuse,  il  enten- 
dit des  impies  qui  priaient  les  dieux  : 
Taisez-vous ,  leur  dit- il,  de  peur  qu'ils 
ne  s'aperçoivent  que  vous  êtes  sur  ce 
vaisseau...  Il  avait  coutume  de  dire  qu'un 
homme  qui  ne  pouvait  supporter  l'infor- 
tune, était  véritablement  malheureux..» 
Une  autre  de  ses  sentences  était  celle-ci  : 
Puisque  le  monde  est  plein  de  méchan- 
ceté j  il  faut  aimer  les  hommes  comme  si 
l'on  devait  les  haïr  un  jour...  On  rap- 
porte que  durant  le  siège  de  sa  patrie ,  il 
répondit  à  quelqu'un  qui  lui  demandait 
pourquoi  il  était  le  seul  qui  se  retirait  de 
la  ville  sans  rien  emporter ,  Je  porte  tout 
avec  moi...  Diogène  Laè'rce  assure  qu'il 
composa  plus  de  deux  mille  vers  sur 
l'Ionie ,  et  qu'il  expira  entre  les  bras  d'un 
iils  de  sa  fille ,  en  plaidant  pour  un  de 
ses  amis.  Ses  concitoyens ,  que  ses  leçons 
n'avaient  pas  rendus  sages ,  eurent  l'ex- 
travagance de  lui  consacrer  un  temple. 

*  BIBAUC  ou  BIBAUT  ou  Bibaucius , 
(Guillaume),  général  des  chartreux,  né 
à  Tielt  en  Flandre,  était  professeur  à 
Gand ,  où  son  éloquence  et  son  érudition 
le  faisaient  regarder  comme  un  prodige. 
'  Un  jour  le  tonnerre  tomba  au  milieu  de 
sa  classe  et  blessa  plusieurs  de  ses  audi- 
teurs. Cet  accident  le  frappa  tellement, 
qu'il  fit  le  vœu  de  se  faire  chartreux,  et 
il  l'exécuta  l'an  1500.  Après  avoir  passé 
par  les  principaux  emplois  de  son  ordre , 
il  en  devint  général  enl521  ;  il  gouverna 
avec  sagesse ,  et  mourut  le  24  juillet  1555. 
On  a  de  lui  des  discours  prononcés  dans 
les  chapitres  de  l'ordre,  intitulés  Oratio- 
nes  et  conciones  capitulares ,  publiés  par 
Josse  Hess ,  prieur  de  la  chartreuse  d'Er- 
furt,  et  deux  petits  poèmes  sur  saint  Joa- 
chim,  imprimés  à  la  fin  de  la  vie  de 
J.  C.  de  Ludolphe.  Paris,  1534,  in -fol. 
(  Voyez  LUDOLPHE  de  SAXE  }.  Levin 
Ammon,  chartreux  de  Gand,  a  publié  la 
vie  de  Bibauc. 

BIBIANE  (  sainte),  vierge   romaine., 
illustre  par  sa  foi  et  ses  vertus,  souffrit, 


à  ce  que  l'on  croit,  sous  Julien  l'Apostat 
Ammien-Marcellin  nous  apprend  que  ce! 
empereur  établit  Apronien  gouverneur 
de  Rome,  en  563,  et  qu'Apronien  étant 
en  roule  pour  venir  dans  cette  ville,  eut 
le  malheur  de  perdre  un  œil.  Cet  officier 
aussi  superstitieux  que  son  maître  ,  attri- 
bua cet  accident  au  pouvoir  de  la  magie-, 
et  dans  cette  folle  persuasion,  il  résolut 
d'exterminer  les  magiciens,  nom  sous 
lequel  on  entendait  les  chrétiens  (  nou- 
velle preuve  que  les  païens  ne  méconnais- 
saient pas  les  prodiges  qu'ils  opéraient  ). 
On  compte  sainte  Bibiane  parmi  les  mar- 
tyrs qui  souffrirent  alors.  Les  chrétiens 
exigèrent  une  chapelle  sur  son  tombeau , 
lorsqu'ils  eurent  la  liberté  de  professer 
leur  religion.  En  465 ,  le  pape  Simplice  y 
fit  construire  une  belle  église ,  laquelle 
fut  appelée  Olympina,  du  nom  d'une 
dame  pieuse  qui  avait  payé  les  frais  de  la 
construction.  Honorius  III  la  fit  depuis 
réparer.  Comme  elle  tombait  en  ruines, 
dans  la  suite  des  temps,  on  l'unit  à  Sainte- 
Marie-Majeure.  Urbain  VIII  la  fit  rebâtir 
en  1628 ,  et  y  plaça  les  reliques  des 
saintes  Bibiane,  Démétrie  et  Dafrose. 
Elles  avaient  été  découvertes  dans  le  lieu 
qu'on  a  quelquefois  appelé  Cimetière  de 
sainte  Bibiane. 

BIBIENA  ou  BIBBIENA  (  Bernard  DO- 
VIZI  ou  DO  VISIO  da),  cardinal,  mort  à 
Rome  en  1520,  est  compté  parmi  les 
restaurateurs  du  théâtre  ;  ce  qui  à  tous 
égards  fait  très  peu  d'honneui  à  un  hom- 
me de  son  état.  Sa  comédie ,  intitulée 
Calandra ,  imprimée  à.  Rome  en  1524, 
in-12,  est  la  première  qui  ait  été  faite  en 
prose  italienne.  L'auteur  la  composa  pour 
amuser  dans  le  carnaval  Isabelle  d'Est , 
marquise  de  Mantoue,  dont  la  cour  était 
le  séjour  des  plaisirs,  qu'un  cardinal  eût 
pu  se  dispenser  de  nourrir  ou  de  partager. 

BIBIENA  ou  BIBBIENA  (  Ferdinand 
GALLI)  peintre,  architecte,  naquit  à  Bo- 
logne en  1657.  Il  étudia  les  principes  de 
son  art  sous  Cignani,  artiste  distingué. 
Le  maître  produisit  son  disciple  dans  le 
monde.  Ses  talens  pour  l'architecture, 
pour  les  décorations  de  théâtre  et  pour  la 
perspective,  l'y  firent  bien  recevoir.  Le 
duc  de  Parme  et  l'empereur  lui  don- 
nèrent le  titre  de  leur  premier  peintre,  et 
le  comblèrent  de  bienfaits.  On  éleva ,  sur 
ses  dessins,  plusieurs  édifices  magnifi- 
ques. Ses  morceaux  de  perspective  sont 
pleins  de  goût.  Il  mourut  aveugle  en  1745, 
laissant  des  fils  dignes  de  lui.  Il  est  au- 
teur de  2  livres  d'architecture- 


«in 


295 


me 


BIBIl.N  Y  ou  BIBBIENA  (  François 
GALLI),  frère  du  précédent,  né  à  Bolo- 
gne en  1659 ,  mort  en  1739 ,  fut  comme  lui 
peintre  et  architecte.  Il  dirigea,  conjoin- 
tement avec  le  marquis  Maffei,  la  con- 
struction du  théâtre  de  Vérone,  qui  est 
plus  beau  que  celui  qu'il  construisit  de- 
puis à  Borne.  Il  enseigna  à  Bologne  les 
règles  de  l'architecture. 

BIBLl ANDER  (  Théodore  ) ,  né  à  Bis- 
chops-Zell,  professeur  de  théologie  à 
Zurich ,  y  mourut  de  la  peste  en  1564 , 
âgé  d'environ  65  ans,  après  avoir  publié 
plusieurs  ouvrages.  Les  principaux  sont 
J  Apologia  pro  editione  Alcorani,  édita  à 
J.  Fabricio,  Rostoch,  1638,  in-4°  ;  |  Un 
Recueil  d'anciens  écrits  sur  le  mahomê- 
tisme  3  in -fol.  Ce  recueil  est  curieux,  et 
renferme  beaucoup  de  pièces  sur  la  doc- 
trine de  l'imposteur  de  la  Mecque.  Il  est 
devenu  rare.  |  Une  édition  de  la  Bible  de 
Léon  deJuda,  Zurich ,  1545 ,  in-fol.  |  Des 
Commentaires  sur  plusieurs  livres  de  l'E- 
criture sainte ,  etc.  |  De  ratione  communi 
linguarum  et  litterarum  omnium,  Zu- 
rich, 1548,  in -4°,  où  il  fait  des  efforts 
pour  montrer  qu'il  y  a  de  l'analogie  entre 
toutes  les  langues  et  toutes  les  lettres  en 
usage  dans  le  monde.  Il  était  habile  dans 
les  langues  orientales. 

*  BIBULUS  (  Marcus-Calpcrnius  ),  fut 
créé  consul  sous  le  premier  triumvirat, 
l'an  de  Rome  693.  Il  avait  dans  Jules- 
César  un  redoutable  collègue  ,  et  il  passa 
tout  le  temps  de  sa  magistrature  à  lutter 
contre  lui.  César  proposa  une  loi  agraire, 
dont  l'effet  était  la  distribution  de  terres 
de  la  Campanie  à  vingt  mille  pauvres  ci- 
toyens. Bibulus  et  tout  le  sénat  s'y  oppo- 
sèrent avec  force  comme  à  une  mesure 
dangereuse.  La  querelle ,  à  ce  sujet ,  fut 
si  vive  ,  que  Bibulus  fut  chassé  de  l'as- 
semblée,  ses  faisceaux  furent  brisés,  ses 
licteurs  et  trois  tribuns  blessés.  La  loi 
passa  ensuite  sans  opposition.  Le  lende- 
main de  cette  scène ,  Bibulus  en  rendit 
compte  au  sénat  :  mais  trouvant  tout  ce 
corps  intimidé  ,  et  voyant  que  personne 
ne  prenait  la  parole ,  il  s'enferma  dans  sa 
maison,  et  y  passa  les  huit  mois  qui  res- 
taient encore  à  expirer  de  son  consulat  sans 
agir  autrement  que  par  des  édits.  Cette 
inertie  donnait  de  l'odieux  à  son  collègue, 
mais  lui  laissait  le  champ  libre  :  elle  n'é- 
tait cependant  pas  sans  force.  Bibulus, 
par  des  édits  multipliés  qui  avaient  la 
faveur  du  peuple ,  contraria  César ,  au 
point  que  ce  dernier  ameuta  la  populace 
pour  assiéger  la  maison  de  son  collègue, 


et  l'en  tirer  par  la  violence  ;  ce  fut  sans 
succès.  Bibulus  n'était  pas  grand  homme 
de  guerre.  Pendant  qu'il  était  proconsul 
en  Syrie ,  il  eut  à  se  défendre  contre  les 
Parthes,  qui  vinrent  assiéger  Antioche. 
Au  lieu  de  les  repousser  par  des  sorties , 
et  de  troubler  les  travaux  du  siège ,  il  se 
tint  enfermé  dans  la  place,  avec  toutes 
ses  forces,  sans  agir,  et  sans  demander 
des  secours ,  ni  à  Cicéron ,  qui  était  en 
Cilicie,ni  à  d'autres  commandans  voisins. 
Il  est  vrai  qu'il  se  tira  lui-même  d'embar- 
ras ,  en  engageant  un  seigneur  parthe , 
qui  avait  des  sujets  de  mécontentement 
à  exciter  une  révolte  contre  Orode,son 
roi;  ce  qui  obligea  celui-ci  à  rappeler 
l'armée  qui  faisait  le  siège  d'Antioche. 
Bibulus,  dans  la  guerre  entre  César  et 
Pompée  ,  eut  le  commandement  général 
des  flottes  de  ce  dernier.  Il  mourut ,  sur 
mer  ,  de  maladie  ,  dans  le  cours  de  cette 
guerre,  l'an  de  Rome  704.  Il  avait  épousé 
Porcie,  fille  de  Caton. 

*  BICHAT  (Marie-François-Xavier), 
célèbre  médecin  ,  né  à  Thoirette,  dans 
le  département  du  Jura  ,  le  11  novembre 
1771 ,  fit  ses  humanités  au  collège  de  Nan- 
tua  ,  et  sa  rhétorique  et  sa  philosophie  au 
séminaire  de  Lyon.  Fils  d'un  médecin,  il 
eut  l'avantage  de  cette  éducation  d'exem- 
ples qui  fait  recueillir  sans  effort  des 
connaissances  de  faits  et  de  mots  dont  l'ac- 
quisition indispensable  consume  plus  tard 
un  temps  précieux.  Bichat  commença  ses 
éludes  médicales  à  Lyon  ,  et  se  livra  d'a- 
bord à  l'anatomie  et  à  la  chirurgie  sous 
Marc-Antoine  Petit,  chirurgien  de  l'Hôtel- 
Dieu  de  cette  ville,  qui  l'associa,  quoique 
à  peine  âgé  de  20  ans ,  à  ses  succès  et  à 
ses  travaux.  Après  le  siège  de  Lyon ,  en 
1793 ,  il  vint  à  Paris  et  grossit  la  foule  des 
élèves  de  Dessault.  Ce  professeur  avait 
coutume  ue  commencer  chaque  leçon  par 
une  répétition  analytique  des  documens 
présentés  la  veille  :  un  jour  il  avait  disserté 
sur  la  rupture  de  la  clavicule,  maladie  qui 
rappelle  un  de  ses  plus  beaux  triomphes 
en  chirurgie;  l'élève  qui  devait  faire  la 
récapitulation  se  trouva  absent,  et  Bichat 
se  chargea  de  le  remplacer  ;  par  l'exacti- 
tude de  son  analyse ,  l'ordre  qu'il  y  établit 
et  la  finesse  et  la  solidité  de  certaines  vues 
qui,  présentées  sous  l'apparence  modeste 
de  doutes  et  de  questions  ,  tendaient  à 
améliorer  le  procédé  qui  avait  été  proposé 
et  démontraient  que  le  plan  en  avait  été 
entièrement  saisi,  il  annonça  à  son  maître 
tout  ce  qu'il  pouvait  attendre  d'un  tel 
élève.  Dessault  le  fixa  dès  ce  moment  dana 


BIG 


296 


BIC 


sa  maison ,  et  s'en  fit  aider  dans  toutes 
ses  recherches  jusqu'en  1795,  époque  à 
laquelle  une  douloureuse  maladie  l'enleva 
à  son  protégé.  Bichat  devint  à  son  tour 
l'appui  de  la  veuve  et  du  fils  de  celui  qui 
l'avait  traité  en  père ,  et  termina  le  4e 
volume  du  Journal  de  chirurgie  dans 
lequel  ce  chirurgien  répandait  en  Eu- 
rope les  fruits  de  son  expérience  ;  et  il  y 
ajouta  une  notice  historique,  où  il  payait 
à  sa  mémoire  un  juste  tribut  d'hommage. 
En  1797,  il  réunit  les  divers  principes  de 
chirurgie  épars  dans  ce  journal  ainsi  que 
dans  plusieurs  écrits  périodiques,  et  en 
forma  2  vol.  in-8°,  qui  parurent  sous  ce 
titre  :  Œuvres  chirurgicales  de  Dessault , 
ou  Tableau  de  sa  doctrine  et  de  sa  pra- 
tique dans  le  traitement  des  maladies 
externes,  Paris..  1797.  Dans  l'hiver  de 
cette  même  année,  Bichat  fit  son  premier 
cours  d'anatomie  ;  l'année  suivante  il  en 
fit  un  second.  Après  son  service  à  l'Hôtel- 
Dieu ,  il  guidait  dans  les  dissections  plus 
de  80  élèves  ;  il  faisait  sur  les  animaux 
un  grand  nombre  d'expériences  physiolo- 
giques, et  proposait  des  mémoires  pour 
la  société  médicale  d'émulation  ,  dont  il 
était  un  des  fondateurs.  Il  avait  déjà  fait 
paraître  en  1796 ,  dans  le  Recueil  de  celte 
société  des  mémoires  concernant  une 
correction  heureuse  qu'il  avait  apportée 
à  l'instrument  du  trépan,  un  nouveau 
procédé  pour  la  ligature  des  polypes ,  et 
la  distinction  des  cas  où  la  fracture  de  la 
clavicule  reclame  ou  rejette  comme  inu- 
tiles les  secours  de  l'art.  En  1800  ,  Bichat 
publia  son  Traité  des  membranes ,  qu'il 
refondit  plus  tard  dans  YAnalomie  géné- 
rale* et  dont  il  dut  l'idée  au  professeur 
Pinel ,  qui ,  le  premier  en  médecine,  avait 
compris  qu'une  maladie  ne  peut  être 
qu'une  altération  de  tissus  ou  d'organes. 
La  description  et  la  distinction  que  ce 
dernier  avait  faites  des  membranes  mu- 
queuses et  séreuses ,  et  surtout  sa  classi- 
fication de  leurs  maladies  avait  frappé  Bi- 
chat qui  s'empara  de  cette  idée  première 
et  étendit  ses  recherches  à  toutes  les 
membranes  du  corps.  Les  Recherches 
physiologiques  sur  la  vie  et  la  mort  sui  vi- 
rent de  près  ses  premiers  travaux  sur  l'a- 
natomic.  On  trouve  dans  cet  ouvrage  de 
belles  expériences  ,  des  faits  nouveaux  , 
des  traits  hardis  et  profonds  à  côté  de 
plusieurs  écarts  d'imagination  qu'il  aurait 
corrigés  si  la  mort  n'y  eût  mis  obstacle. 
En  1801,  parut  son  Anatomie  générale  * 
qui  fut  traduite  dans  presque  toutes  les 
langues  de  l'Europe.  C'est  là  le  grand  titre 


de  gloire  de  Bichat ,  ce  qui  en  a  fait  un  des 
plus  grands  physiologistes  de  notre  âge,  et 
où  l'on  pressent  tout  ce  qu'il  aurait  fait 
pour  les  autres  parties  del'art,  si  une  mort 
prématurée  ne  l'eût  pas  enlevé.  L'anato- 
mie  pathologique,  la  matière  médicale ,  la 
médecine  elle-même  lui  auraient  dû  de 
nouvelles  lumières  ,  à  juger  par  les  tra- 
vaux qu'il  avait  entrepris.  Quoiqu'à  peine 
âgé  de28ans,il  avait  été  nommé,  en  1800, 
médecin  de  l'Hôtel-Dieu.  Ce  fut  moins 
dans  les  livres,  comme  il  le  dit  lui-même, 
qu'auprès  des  malades  ,  qu'il  alla  cher- 
cher l'historique  des  maladies  ;  dans  un 
seul  hiver,  il  ouvrit  plus  de  six  cents  ca- 
davres. Bichat  s'occupait  de  réunir  en  un 
corps  de  doctrine  les  fragmens  d'anato- 
mie pathologique  disséminés  dans  tous 
ses  ouvrages,  et  il  aurait  élevé  à  la  science 
un  monument  digne  d'elle;  mais  il  suc- 
comba pendant  l'impression  de  son  Traité 
d'anatomie  descriptive ,  dont  il  publia  en 
1801  et  1802 ,  les  deux  premiers  vokimes, 
et  dont  il  laissa  le  troisième  imparfait  ; 
cet  ouvrage  fut  achevé  par  ses  amis  , 
MM.  Buisson  et  Roux.  Ce  fut  dans  ce  mo- 
ment où  son  zèle  infatigable  embrassait 
en  même  temps  les  cinq  branches  fonda- 
mentales de  l'art  de  guérir,  anatomie , 
physiologie  ,  médecine  ,  anatomie  patho- 
logique et  matière  médicale,  qu'une  chute 
faite  sur  l'escalier  de  l'Hôtel-Dieu  lui 
causa  une  fièvre  putride-maligne,  dont 
il  puisait  d'ailleurs  continuellement  le 
germe  dans  les  amphithéâtres  d'anatomie, 
au  milieu  des  recherches  cadavériques  , 
et  à  laquelle  il  succomba  le  22  juillet  1802, 
entre  les  bras  de  la  veuve  de  son  ancien 
maître  dont  il  ne  s'était  jamais  séparé. 
Sur  la  demande  de  Corvisart ,  le  gouver- 
nement impérial  fit  élever  un  monument 
en  l'honneur  de  Bichat  et  de  Dessault  à 
l'Hôtel-Dieu ,  où  tous  les  deux  avaient 
professé.  Voici  la  liste  des  ouvrages  de 
Bichat  :  |  Notice  sur  Dessault,  Paris, 
1795 ,  dans  le  4e  volume  du  Journal  de 
chirurgie  de  Dessault.  |  Description  d'un 
nouveau  trépan;  j  Mémoire  sur  la  frac- 
ture de  l'extrémité  scapulaire  de  la  cla- 
vicule ;  |  Description  d'un  procédé  nou- 
veau pour  la  ligature  des  polypes  ;  |  Mé- 
moire sur  la  membrane  synoviale  des 
articulations  ;  \  Dissertation  sur  les  mem- 
branes et  sur  leurs  rapports  généraux 
d'organisation;  \  Mémoires  sur  les  rap- 
ports qui  existent  entre  les  organes  à  forme 
symétrique  et  sur  ceux  à  forme  régulière. 
Tous  ces  mémoires  ont  été  insérés  dans 
les  Mémoires  de  la  société  médicale  d'é- 


BID 


297 


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mulation.  |  Traité  des  membranes  en  gé- 
néral *  el  des  diverses  membranes  en 
particulier ,  Taris ,  1800 ,  in-8°  ,  réimpri- 
mé en  1806  et  en  181G.  |  Recherches  phy- 
siologiques sur  la  vie  et  la  mort ,  Paris  , 
1800  ,  in-8°  ,  3e  édition  en  1805;  |  Analo- 
mie  générale  appliquée  à  la  physiologie 
el  à  la  médecine ,  Paris ,  1801 ,  2  vol.  in- 
8°;  1812,  4  vol.  in-8°;  1819 ,  2  vol.  in-8°; 
\  A natomie  descriptive;  ('Voyez  plus  haut); 
j  Dissertation  sur  les  émétiques ,  etc.  Pa- 
ris, 1805  ,  in-8°;  |  Dissertation  sur  lac- 
lion  des  purgatifs  ,  Paris ,  1803  ,  in-8°. 

BICLARE  (  Jean  ).  Voyez  VICTOR  de 
Tunones. 

BIDA.L  D'ASFELD.    Voyez  ASFELD. 

BIDELL  ou  BIDDLE  (  Jean  ) ,  fameux 
antitrinitaire  anglais  ,  né  à  Wotton  en 
1615  ,  dans  le  comté  de  Glocester ,  maître 
d'école  en  cette  ville ,  fut  mis  en  prison  à 
cause  de  ses  écrits  impies.  Cromwell  l'en 
tira  :  mais  Charles  II  voyant  qu'il  conti- 
nuait à  répandre  les  mêmes  erreurs ,  l'y 
lit  remettre ,  et  il  mourut  en  1662.  Il  niait 
la  divinité  de  J.-C.et  soutenait  que  le 
Saint-Esprit  n'était  que  le  premier  des 
anges. 

*  BIDEBMANN  (J.-Godefroi)  ,  curé  du 
diocèse  de  Bamberg  au  18e  siècle  ,  a  don- 
né :  |  Généalogie  des  comtes  de  Fran- 
conie ,  Erlangen  ,  1746  ;  |  de  la  Noblesse 
du  Voigtland  ,  Culmbach  ,  1752  ,  in-fol  ; 
j  Tables  généalogiques  ,  etc. 

*  BIDERM  \.\\  (  Jacques  ) ,  jésuite  , 
auteur  d'un  recueil  de  poésies  assez  es- 
timé ,  intitulé  :  Heroum  epistolœ  et  Syl- 
vulœ  hendecasyllabarum ,  lin.  5 ,  Lyon , 
1636 ,  in-12. 

BIDLOO  (  Godefroy  ) ,  poète  et  méde- 
cin, professeur  d'anatomie  à  La  Haye,  et 
médecin  de  Guillaume  III ,  roi  d'Angle- 
terre, naquit  à  Amsterdam  le  12  mars 
1669,  et  mourut  à  Leyde  en  avril  1713.  Il 
occupait  dans  cette  ville  la  chaire  d'ana- 
tomie et  de  chirurgie.  Ses  Poésies  hol- 
landaises ont  été  publiées  à  Leyde  en  1719. 
Parmi  ses  ouvrages,  le  plus  estimé  est  son 
Analomia  humani  corporis ,  in-fol.  avec 
de  très  belles  figures  de  Lairesse ,  Ams- 
terdam, 1635.  Ce  livre  est  d'une  exécu- 
lion  admirable  ;  mais  il  faut  donner  la 
préférence  à  la  première  édition  :  celles 
de  1759  et  1750  ne  sont  pas  si  belles  ,  quoi- 
que plus  complètes. 

BIDOU  (  Charles-François  ) ,  institu- 
teur ,  a  publié  le  Guide  d'une  mère  pour 
l'éducation  de  ses  enfans ,  in-8°,  1803, 
réimprimé  en  1803.  Il  e  t  mort  à  Chaillot 
le  15  février  1824. 


*  BIE  (  Adrien  de  ),  peintre  flamand  , 
né  en  1594  ,  se  perfectionna  à  Rome ,  et 
exécuta  ,  sur  des  plaques  d'or  et  d'argent 
et  sur  des  pierres  précieuses,  un  grand 
nombre  de  sujets  en  petit.  Il  lit  pour  l'é- 
glise de  Sainl-Gomer  à  Lière,  sa  patrie, 
un  Saint  Eloi ,  qui  passe  pour  le  meilleur 
de  ses  tableaux. 

BIEL  (Gabriel),  un  des  grand  scolasti- 
ques  de  son  siècle,  est  né  ,  selon  les  uns, 
en  Suisse  ,  selon  les  autres  ,  à  Spire  ou  a 
Tûbingen.  Il  enseigna  long-temps  la  phi- 
losophie el  la  théologie  à  Tûbingen,  où  il 
mourut  vers  l'an  1495.  On  a  de  lui  des 
Commentaires  sur  les  Livres  des  Sen- 
tences, une  Exposition  du  Canon  de  la 
Messe  j,  etc.  Haguenau,  1519.  —  Il  ne  faut 
pas  le  confondre  avec  Louis  de  RIEL, 
professeur  de  philosophie  à  Vienne  ,  dont 
on  a  Utilitales  rei  nummariœ.  Vienne , 
1635,  1  vol.  in-8°,  avec  fig. 

BIELFELD  (  Jacques-Frédéric,  baron 
de  ),  né  à  Hambourg,  le  31  mars  1717, 
accompagna  en  qualité  de  secrétaire  de 
légation ,  le  comte  de  Truchsès  ,  ambassa- 
deur du  roi  de  Prusse  à  la  cour  de  Lon- 
dres. En  1745  ,  le  roi  de  Prusse  le  nomma 
précepteur  de  prince  Auguste-Ferdinand 
son  frère,  curateur  des  universités  en 
1747  ,  et  l'année  d'après  baron  et  conseil- 
ler-privé. Il  se  relira  ensuite  dans  une  de 
ses  terres  dans  le  pays  d'Altembourg  ,  où 
il  passa  le  reste  de  ses  jours  ,  partageant 
son  temps  entre  l'étude  et  les  soins  de  sa 
famille.  Durant  sa  dernière  maladie  il  se 
fit  transporter  à  Altembourg,où  il  mourut 
le  5  avril  1770.  Nous  avons  de  lui  plusieurs 
ouvrages.  |  Institutions  politiques, Liège, 
1759-62,  5  vol.  in-4°,  1762,  h  vol.  in-12  , 
1774,  5  vol.in-8°.  etc.  «  S'il  n'en  est  pas  le 
«créateur  (  dit  l'auteur  de  son  éloge),  il 
»  n'en  est  pas  aussi  le  simple  compilateur.» 
On  y  trouve  une  description  géographi- 
que de  l'Europe ,  mêlée  de  réflexions  po- 
litiques :  il  est  facile  de  voir  en  lisant  les 
articles  qui  concernent  l'Espagne  ,  le  Por- 
tugal ,  l'Italie,  etc.  qu'il  écrit  en  bon  pro- 
testant. On  y  lit  des  choses  d'une  fausseté 
évidente,  que  la  passion  seule  lui  a  dic- 
tées. Par  exemple  ,  tom.  5,  p.  i6  ,  il  dit 
que  les  juifs  de  Portugal ,  que  l'on  y  dé- 
couvre, sont  brûlés,  et  que  leurs  biens 
confisqués  passent  à  Rome.  Sa  haine  con- 
tre le  clergé  catholique  va  jusqu'à  exclure 
les  évêques ,  ces  pasteurs  des  peuples,  des 
assemblées  nationales  :  opinion  solide- 
ment réfutée  par  M.  Necker ,  dans  son 
traité  de  l'administration  des  Finances. 
«  Dans  les  nations  européennes ,  dit  ce 


BIE 


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BIE 


«  ministre ,  le  t  lergé  que  les  donations 
i»  des  souverains  et  des  peuples  ont  rendu 
»  propriétaire  de  grands  biens ,  et  qui 
»  par-là  forme  un  corps  de  citoyens  opu- 
»  lens  et  puissans ,  semble  dès  lors  avoir 
*  un  droit  acquis  de  parler  ou  de  se  faire 
»  représenter  dans  les  assemblées  natio- 
»  nales.  D'ailleurs ,  la  confiance  des  peu- 
»  pies  les  met  à  portée  de  voir  de  près 
»  leurs  besoins  et  de  reconnaître  leurs 
»  vœux.  «Bielfeld  convient  cependant  que 
Luther  et  surtout  Calvin  ont  porté  de 
trop  fortes  atteintes  aux  revenus  et  aux 
honneurs  du  clergé.  On  remarque  aussi 
dans  cet  ouvrage  des  maximes  qui  flat- 
tent le  despotisme,  et  qui  ne  peuvent 
que  tendre  à  l'asservissement  des  nations. 
|  Progrès  des  Allemands  dans  les  Belles- 
Lettres ,  1752,  réimprimé  en  1768,  12 
vol.  in-8°  :  mauvaise  compilation  ,  où  le 
fanatisme  protestant  tient  souvent  lieu  de 
critique.  Si  Ton  devait  juger  des  progrès 
des  Allemands  par  la  manière  dont  son 
livre  est  rédigé ,  il  n'y  aurait  point  de  na- 
tion en  Europe  moins  avancée.  |  Amu- 
setnens  dramatiques,  qui  n'amusèrent 
que  lui.  |  Lettres  familières  qui  furent  un 
enfant  de  son  loisir ,  mais  un  enfant  gâté 
et  beaucoup  trop  familier.  |  Erudition 
universelle  ;  ce  ne  sont  que  des  traits , 
l'ensemble  manque.  |  Une  feuille  pério- 
dique en  allemand,  intitulée  Y  Ermite, 
ouvrage  qui  s'est  soutenu  pendant  3  ans. 
C'est  beaucoup  pour  ce  genre  d'ouvrage 
qui  n'a  pas  la  vie  longue  quand  il  est  fai- 
ble. Un  de  ses  intimes  amis  a  lu  son  éloge 
dans  une  assemblée  publique  de  l'acadé- 
mie de  Berlin ,  en  1770  :  on  comprend 
bien  que  l'auteur  et  ses  ouvrages  n'y  sont 
pas  sévèrement  jugés. 

•BIELKE  (Nicolas,  comte  de) ,  séna- 
teur suédois ,  fut  placé  en  1782  à  la  tète 
du  département  des  mines  :  il  introduisit 
dans  celte  branche  de  l'industrie  publi- 
que ,  des  réformes  utiles.  Il  donna  nais- 
sance à  une  société  qui  exploita  dès  lors 
les  riches  et  vastes  carrières  de  porphyre, 
qui  se  trouvent  dans  le  district  d'Elfdal  en 
Dalécarlie.  Il  se  relira  des  affaires  pen- 
dant la  diète  orageuse  de  1789  ;  il  mourut 
à  la  fin  du  siècle  dernier.  On  a  de  lui  un 
Discours  sur  Gustave  I  et  sur  son  règne J 
prononcé  à  l'académie  de  Stockholm,  dont 
il  était  membre. 

*  BIELKE  (le  baron  de) ,  issu  d'une  des 
plus  anciennes  familles  de  la  Suède ,  qui 
a  donné  des  reines  à  ce  pays ,  et  allié  à  la 
maison  royale  de  Wasa ,  s'est  acquis  par 
sa  fin  tragique  une  funeste  célébrité.  Le  j 


17  mars  1792  ,  ayant  appris,  dès  le  matin , 
l'issue  de  l'horrible  attentat  d'Ankarstroem 
(voyez  ce  nom),  il  prit  une  forle  dose 
d'arsenic ,  qui  lui  fit  éprouver  durant 
toute  la  journée  les  douleurs  les  plus  ai- 
guës. Il  expira  à  six  heures  du  soir  ,  en- 
touré des  agens  de  la  police  qui  cher- 
chaient ,  mais  inutilement,  à  lui  arracher 
des  aveux.  Un  prêtre ,  son  ami  de  collège, 
essaya  de  le  réconcilier  avec  le  ciel,  et 
lui  offrit  les  consolations  de  la  religion  ; 
mais  il  les  repoussa  constamment.  Bielke 
était  plus  que  sexagénaire.  Son  cadavre 
fut  traîné  sur  la  claie  jusqu'au  lieu  du 
supplice  des  criminels. 

"BIELSRI  (  Martin  ) ,  historien  polo- 
nais du  16e  siècle,  a  composé  :  Chronicon 
rerum  Polonicarum  ab  origine  genlis  ad 
annum  1587 ,  cum  iconibus  regum.  — 
*  Son  fils  ,  Joachim  BIELSKI  >  a  écrit  les 
Annales  de  Pologne ,  en  polonais ,  et  des 
Epigrammes ,  en  latin. 

BIEi\I\É(Jeaiv),  célèbre  imprimeur  de 
Paris ,  fut  l'émule  des  Morel  et  des  Tur- 
nèbe ,  qu'il  égala  par  la  beauté  de  ses  ca- 
ractères, la  correction  de  ses  livres  et  la 
bonté  des  ouvrages  qui  sont  sortis  de  sa 
presse.  Maittaire  ne  l'a  point  oublié  dans 
ses  Vies  des  plus  célèbres  imprimeurs  de 
Paris;  il  prétend  que  ses  impressions 
grecques  et  latines  ne  le  cèdent  point  à 
celles  d'aucun  des  meilleurs  typographes. 
Voyez  dans  cet  auteur  le  catalogue  des 
impressions  les  plus  renommées  de  Jean 
Bienné.  Cet  imprimeur  mourut  à  Paris 
en  1588. 

♦BIEBKANDER  (Claude),  pasteur  à 
Grefback ,  en  Westrogothie  ,  né  en  1735  , 
mort  en  1793  ,  a  publié  dans  les  Mémoires 
de  l'Académie  de  Stockholm,  dont  il  était 
membre  ,  un  grand  nombre  d'observa- 
tions sur  les  insectes  ,  dont  il  avait  fait 
une  étude  particulière;  il  en  a  donné 
aussi  plusieurs  sur  les  végétaux ,  écrites 
en  suédois  :  |  Sur  la  transpiration  des 
plantes,  année  1773,  transpiration  qu'il 
constata  le  premier  ;  |  Sur  l'ustilago  (  ou 
la  brûlure  des  végétaux),  1775  ;  |  Sur  les 
stations  des  plantes,  1776;  |  De  l'action 
et  de  l'effet  du  froid  sur  les  végétaux > 
1778;  |  Sur  la  germination ,  1782;  |  Sur 
l'horloge  et  sur  l'hygromètre  de  Flore , 
ibid. ,  1782. 

BIET  (Béîvé  ) ,  chanoine  régulier ,  abbé 
de  Saint-Léger  de  Soissons  ,  né  vers  1700, 
mort  le  29  octobre  1767,  a  publié  un  Eloge 
du  maréchal  d'Estrées  in-8"  ,  écrit  faible 
et  sans  couleur  ,  et  une  savante  Disser- 
tation  sur  l'établissement   des    Francs 


BIE 


299 


BÏG 


devis  les  Gaules,  1736,  in-12.  L'auteur 
prétend,  contre  l'opinion  du  Père  Daniel , 
que  les  Francs  s'établirent  dans  les  Gau- 
les long-temps  avant  Clovis,  et  fixe  l'é- 
poque de  cet  établissement  à  l'an  531  de 
J.-C.  Cet  ouvrage  qui  a  remporté  le  prix 
de  l'académie  de  Soissons  est  suivi  de  deux 
autres  dissertations  sur  le  même  sujet. 

•BIÈVRE  (MARÉCHAL,  marquis  de),  né 
en  1747 ,  petit-fils  de  Georges  Maréchal , 
premier  chirurgien  de  Louis  XIV ,  servit 
dans  les  mousquetaires  et  se  fit  un  nom 
par  ses  réparties  et  ses  calembourgs.  En 
4783 ,  il  donna  le  Séducteur ,  comédie  en 
5  actes  et  en  vers,  qui  réussit  et  est  res- 
tée au  répertoire.  Cette  pièce  a  été  aussi 
attribuée  àDorat.  La  tragédie  des  Brames, 
de  La  Harpe,  représentée  quelque  temps 
après  ,  échoua  ,  sur  quoi  Bièvre  disait  : 
a  quand  le  Séducteur  réussit,  les  Brames 
»  (bras  me)  tombent.  »  Le  Séducteur  est 
cependant  fort  loin  d'être  une  bonne 
pièce.  Les  Réputations,  autre  comédie  de 
Bièvre ,  en  cinq  actes  et  en  vers ,  jouée  le 
23  janvier  1788,  n'eurent  qu'une  repré- 
sentation ,  et  n'ont  pas  été  imprimées. 
«  Rien  ,  dit  La  Harpe  ,  n'est  plus  confus , 
»  plus  embrouillé ,  plus  décousu ,  plus 
»  vide  que  cette  prétendue  comédie  , 
»  qu'on  avait  annoncée  avec  beaucoup  de 
»  prétention,  et  qui  a  été  outrageusement 
p  sifflée  d'un  bout  à  l'autre.  »  Bièvre  alla, 
en  4789,  aux  eaux  de  Spa,  pour  y  réta- 
blir sa  santé.  Il  y  mourut  en  conservant, 
à  ce  que  l'on  prétend ,  le  goût  des  calem- 
bourgs jusqu'au  dernier  instant.  «  Mes 
»  amis ,  disait-il ,  je  m'en  vais  de  ce  pas 
»  (de  Spa).  »  On  a  encore  de  Bièvre  : 
|  Lettre  écrite  à  madame  la  comtesse  Ta- 
tion,  par  le  S.  de  Bois  flotté ,  étudiant  en 
droit  fil  (Paris),  1770,  in-8°;  ouvrage 
burlesque,  où  l'on  peut  compter  deux  ou 
trois  calembourgs  par  phrase;  |  Lettre 
sur  cette  question  :  Quel  est  le  moment 
où  Orosmane  est  le  plus  malheureux  ? 
Est-ce  celui  où  il  se  croit  trahi  par  sa 
maîtresse?  Est-ce  celui  où,  après  V avoir 
poignardée,  il  apprend  quelle  est  inno- 
cente? réimprimée  dans  le  Lycée  de  La- 
harpe,  à  la  suite  de  l'analyse  de  Zaïre; 
|  Vercingenlorix ,  tragédie  en  un  acte, 
1770  ,  in-8°.  En  voici  deux  vers  : 

Il  plut  à  çtrse  aux  dieux  de  m'enlever  ces  biens  ; 
Hélas  !  sans  eux  brouilles  que  peuvent  les  humains  ! 

Toute  la  pièce  est  sur  ce  ton.  |  Les  Amours 
de  l'Ange  Lure  et  de  la  Fée  Lure ,  1772, 
in-32 ,  très  rare  ;  |  Almanach  des  Calem- 
bourgs ,  1771 ,  in-18.  Le  marquis  de  Biè- 


vre ayant  sollicité  une  place  vacante  à 
l'académie,  on  lui  dit  que  l'abbé  Maury 
l'avait  prévenu  ;  il  s'en  consola  par  ce  ca- 
lembourg  : 

Omnia  vine.it  araor,  et  nos  cedamua  amori. 

M.  Deville  a  recueilli,  en  1800  ,  tous  ses 
calembourgs,  sous  le  titre  de  Bievriana , 
dans  un  petit  volume  in-18 ,  qui  a  eu  trois 
éditions. 

BIEZ  (OUDARD  de),  marécbal  de 
France ,  d'une  illustre  maison ,  originaire 
d'Artois.  Après  avoir  servi  avec  distinc- 
tion en  Italie  et  ailleurs,  il  obtint  en  1542 
le  bâton  de  maréchal  de  Fiance.  Mais 
ayant  en  4544  rendu  la  ville  de  Boulogne 
aux  Anglais  qui  l'assiégeaient ,  on  lui  lit 
son  procès  ,  et  il  fut  condamné  avec  son 
gendre  Jacques  de  Coucy-Vcrvins  à  per- 
dre la  tête  :  ce  qui  fut  exécuté  à  l'égard 
de  son  gendre;  et  quant  à  lui,  le  roi 
Henri  II  lui  ayant  fait  grâce  de  la  vie  ,  il 
fut  enfermé  dans  le  château  de  Loches. 
Quelques  années  après  il  obtint  sa  liberté 
et  revint  à  Paris  ,  où  il  mourut  accablé 
de  chagrins  en  4351.  Sa  mémoire,  ainsi 
que  celle  de  Jacques  de  Coucy ,  fut  réha- 
bilitée en  1575. 

*  BIFFI  (Jean),  abbé,  né  au  bourg 
de  Mezago  dans  le  Milanais  en  1464 ,  mort 
vers  4515,  cultiva  avec  succès  la  poésie 
latine.  Ses  principaux  ouvrages  sont  |  Mi~ 
raculorum  vulgarium  beatissimœ  Virgi- 
nis  Mariœ,  in  carmen  heroïeum  traduc- 
tio,  Rome,  4484,  in-4°;  |  Carmina  m 
laudem  Annuntiationis  bealœ  Virginis 
Mariœ,  Milan,  4493,  in-4°;  —  Un  autre 
BIFFI,  (  Jean-Ambroise),  né  à  Milan,  flo- 
rissait  à  la  fin  du  46e  siècle  ,  et  a  laissé  : 
7/  dolore  del  peccatore  penilento ,  Milan, 
1605,  in-12;  et  La  risorgente  Roma, 
poème  en  8  chants,  Milan,  1610,  in-12, 
réimprimé  en  1614,  avec  4  nouveaux 
chants.  Ver  si  ibid.  4646,  in-42.  Il  mourut 
à  Louvain  en  1618. 

•BIGEX  (François-Marie)  ,  né  le  24 
septembre  1751  à  Balme  de  Thuy ,  en  Sa- 
voie ,  fit  ses  études  aux  collèges  d'Evian 
et  de  Thonon,  et  passa  ensuite  au  sémi- 
naire d'Annecy,  puis  à  celui  de  Saint- 
Sulpice  à  Paris.  En  1782  ,  il  fut  reçu  doc- 
teur de  la  maison  de  Navarre ,  et  plusieurs 
évêques  français  essayèrent  de  le  rete- 
nir; mais  M.  de  Biord,  évêque  de  Ge- 
nève ,  ne  voulant  pas  priver  son  diocèse 
d'un  sujet  si  distingué ,  le  fit  membre  de 
son  chapitre,  et  à  la  mort  de  ce  prélat  il 
fut  nommé  un  des  vicaires  capitulaires. 
Lorsque  les  Français  pénétrèrent  dans  la 


BIG 


500 


MG 


Savoie  en  1792  ,  il  se  retira  à  Lausanne  , 
et  il  rendit  des  services  importans,  non- 
seulement  à  son  propre  diocèse,  mais  à 
celui  deChambéry  et  aux  catholiques  des 
pays  voisins  ;  enfin  ,  le  roi  le  nomma  ,  en 
1818 ,  à  l'évèché  de  Pignerol  qu'on  avait 
rétabli,  et  où  tout  restait  à  faire  après  les 
événemens  qui  avaient  détruit  ce  siège 
comme  plusieurs  autres.  Il  y  déploya  tout 
son  zèle ,  et  adressa  à  son  troupeau  une 
lettre  pastorale  remplie  d'instructions  so- 
lides pour  les  catholiques ,  et  contenant 
une  invitation  pressante  aux  Vaudois 
pour  rentrer  dans  le  sein  de  l'Eglise.  Elle 
a  été  imprimée  en  France.  M.  Bigex  passa 
à  l'archevêché  de  Chambéry ,  lorsque 
M.  Dessoles  donna  sa  démission,  et  il 
mourut  le  19  février  1827.  On  lui  doit 
plusieurs  ouvrages  écrits  d'un  style  sim- 
ple et  à  la  portée  du  peuple ,  qui  furent 
très  utiles  dans  un  temps  où  la  religion 
était  proscrite  et  les  prêtres  errans  et  fu- 
gitifs. On  estime  surtout  |  ses  Elrennes 
catholiques  qu'il  publia  pendant  12  ans , 
(lui  servirent  à  consoler ,  à  instruire  les 
tidèles,  et  qui  furent  supprimées  en  1810 , 
Bonaparte  ne  voulant  permettre  aucun 
écrit  qui  pût  être  favorable  au  chef  de 
l'Eglise  qui  était  alors  prisonnier.  Son  li- 
vre intitulé  |  le  Missionnaire  catholique , 
ou  Instructions  familières  sur  la  reli- 
gion ,  1796,  in-8°;  3e  édition,  1800,  tra- 
duit en  italien  à  Venise  1801 ,  obtint  aussi 
un  grand  succès ,  et  M.  de  Boulogne  en  fit 
l'éloge  dans  les  Annales  catholiques.  On 
a  encore  de  lui  :  |  Oraisons  funèbres  de 
M.  de  Biord,  évêque  de  Genève  ,  Annecy 
1785 ,  in-8°  ;  J  Instructions  à  l'usage  des 
fidèles  du  diocèse  de  Genève  ,  Lausanne, 
1793,  in -8°;  |  De  la  Sanctification  des 
fêtes  et  dimanches,  1799 ,  in-8°. 

BIGNE  (Gage  de  la)  et  non  dé  la  Vi- 
gne comme  l'appellent  presque  tous  les 
bibliographes ,  né  vers  1328  d'une  famille 
noble  du  diocèse  de  Bayeux ,  fut  chape- 
lain de  la  chapelle  de  Philippe  de  Valois 
et  du  roi  Jean  ,  et  suivit  ce  prince  en 
Angleterre ,  après  la  malheureuse  jour- 
née de  Poitiers.  Etant  à  Bochefort  en  1359, 
il  commença  un  poème  de  la  chasse  inti- 
tulé le  Romant  des  Oyseaulx ,  qu'il  finit 
à  son  retour  en  France.  Le  roi  le  fit  faire 
pour  l'instruction  de  Philippe  son  fils., 
duc  de  Bourgogne.  L'abbé  Goujet  attribue 
ce  poème  à  Phœbus  Gaston  de  Foix  , 
parce  qu'il  est  imprimé  à  la  fin  du  Mi- 
roir de  la  chasse  par  ce  prince  ,  mais 
bien  différent  des  manuscrits.  On  croit 
que  Gace  vécut  au  moins  jusqu'en  1374. 


BIGNE  (Marguerin  de  la),  issu  de  la 
même  famille  que  le  précédent  ,  docteur 
de  Sorbonne,  et  grand-doyen  de  l'église 
du  Mans,  naquit  en  15/iG  à  Bayeux, ou  se- 
lon d'autres  à  Bernières-le-Patri  en  Nor- 
mandie, et  vivait  encore  en  1591.  Il  pu- 
blia ,  de  1575  à  1578  une  Bibliothèque  des 
Pères ,  en  8  vol. ,  in-fol.  qu'il  fit  réimpri- 
mer l'an  1589  en  9  vol.  C'est  le  premier 
qui  ait  entrepris  un  ouvrage  de  ce  genre. 
La  plus  ample  édition  que  nous  en  ayons 
est  en  27  vol.  in-folio,  à  Lyon,  1677.  Il 
y  en  a  une  en  16  vol.  in-fol.  de  1641 ,  qui 
est  estimée,  parce  qu'elle  renferme  les 
petits  Pères  grecs.  On  en  mit  au  jour  une 
autre  à  Cologne  en  1694.  Le  père  Phi- 
lippe de  Saint-Jacques  a  donné  un  abrégé 
de  cette  collection  en  2  vol.  in-folio ,  1719. 
On  joint  ordinairement  à  la  bibliothèque 
des  Pères  Index  locorum  Scripturce  Sa- 
crée,  Gènes,  1707,  in-folio,  et  l'Apparat 
de  Nourry,  Paris,  1703  et  1715,  2  vol. 
in-fol.  Telle  est  l'édition  la  plus  complète. 
La  Bigne  se  distingua  aussi  par  ses  Ha- 
rangues et  par  ses  Sermons.  Il  donna  un 
Recueil  de  statuts  synodaux,  en  1578, 
in-8°,  et  une  édition  d'Isidore  de  Séville 
en  1580 ,  in-folio. 

•  BIGMCOURT  (Simon  de  ) ,  ancien 
conseiller  au  parlement  de  Reims ,  sa  pa- 
trie, né  en  1709,  mort  à  Paris  en  1775. 
On  a  de  lui  |  un  Recueil  de  poésies  lati- 
nes et  françaises ,  1754-1767,  in-12,  au- 
jourd'hui oubliées  ,  quoique  les  journa- 
listes du  temps  aient  comparé  ses  poésies 
latines  à  celles  de  Catulle;  |  Nouvelles 
pensées  détachées,  réimprimées  sous  le 
titre  de  Pensées  et  réflexions  philosophi- 
ques ,  1755,  in-12.  On  y  trouve  des  ré- 
flexions fines  ,  justes,  et  quelquefois  pro- 
fondes. Il  en  a  publié  avant  sa  mort  une 
3e  édition,  considérablement  augmentée, 
intitulée  X Homme  du  monde  et  l'homme 
de  lettres,  Orléans,  1774. 

BIGNOIV  (Jérôme),  naquit  à  Paris  le 
24  août  1589,  d'une  famille  féconde  en 
hommes  illustres.  Son  père  fut  son  maître. 
Ses  progrès  furent  rapides  ;  dès  l'âge  de 
dix  ans  ,  il  était  auprès  du  jeune  prince 
de  Condé  ,  pour  lui  donner  de  l'émula- 
tion ,  et  publia  une  assez  bonne  |  Descrip- 
tion ou  Chorographie  de  la  Terre  Sainte j 
Paris,  1600,  in-12.  Trois  ans  après,  c'est- 
à-dire  ,  à  13  ans ,  il  composa  pour  le  jeune 
duc  de  Vendôme,  auprès  duquel  Henri  IV 
l'avait  placé ,  |  un  Traité  des  antiquités  ro- 
maines, 1604;  et  à  14,  son  livre  |  De  l'é- 
lection des  Papes ,  1605  ,  in-8°  :  matière 
neuve  qu'il  traita  avec  une  érudition  qui 


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501 


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surprit  les  savans  de  son  temps.  Scaliger, 
Casaubon  ,  Grotius ,  Pithou ,  de  Thou ,  du 
Perron ,  Sirmond ,  etc.  témoignèrent  de 
l'estime  pour  ce  jeune  auteur.  Henri  IV, 
qui  avait  goûté  sa  conversation  ,  le  plaça 
en  qualité  d'enfant  d'honneur  auprès  du 
dauphin  depuis  Louis  XIII.  Il  allia  dans 
cette  place  les  manières  aisées  d'un  courti- 
san à  l'étude  des  sciences  nécessaires  à  un 
bon  citoyen.  Un  auteur  espagnol  ayant 
établi  ,  dans  un  gros  in-fol.  ,  la  préséance 
des  rois  d'Espagne  sur  les  autres  souve- 
rains ,  il  le  réfuta  dans  son  traité  |  de 
l'Excellence  des  rois  et  du  royaume  de 
France,  dédié  à  Henri  IV ,  1610 ,  in-8°.  Il 
n'était  alors  que  dans  sa  19e  année.  Après 
la  mort  funeste  de  ce  prince  ,  il  quitta  la 
cour,  et  entreprit  ensuite  le  voyage  d'I- 
talie. Paul  V  lui  donna  les  marques  les 
plus  distinguées  de  son  estime.  Le  fa- 
meux Fra-Paolo  ,  enchanté  de  sa  conver- 
sation et  de  ses  ouvrages  ,  le  retint  quel- 
que temps  à  Venise.  Bignon ,  de  retour 
en  France,  devint  avocat-général  du 
grand  conseil  en  1620,  conseiller  d'état 
et  avocat-général  du  parlement  de  Paris 
en  1626 ,  bibliothécaire  du  roi  en  1642  : 
ses  descendans  ont  occupé  cette  dernière 
place  avec  autant  d'honneur  que  d'intel- 
ligence. Il  avait  cédé  sa  charge  d'avocat- 
général,  peu  de  temps  auparavant,  à 
Etienne  Briquet  son  gendre  ;  mais  celui- 
ci  étant  mort  en  1645,  il  la  reprit,  et 
l'exerça  avec  la  même  intégrité  et  le 
même  zèle.  La  reine  Anne  d'Autriche  l'ap- 
pela pendant  sa  régence  aux  conseils  les 
plus  importans.  Il  mourut  en  1656 ,  dans 
de  grands  sentimens  de  religion.  Outre 
les  ouvrages  .dont  nous  avons  parlé  ,  il  a 
fait  encore  |  De  la  grandeur  et  de  la  sou- 
veraine puissance,  1615 ,  in-8°  ;  il  a  donné 
|  une  édition  des  Formules  de  Marculphe, 
avec  des  notes  pleines  d'érudition,  1615, 
in-8°;  1655  ,  in-4° ,  réimp.  par  les  soins 
de  son  fils  ,  1666  ,  in-4°.  Il  a  aussi  rédigé 
avec  soin  |  les  Voyages  de  François  Py- 
rard  de  Laval  eux  Indes  orientales,  aux 
Moluques,  Paris,  1619,  2  vol.  in-8°.  Nous 
avons  une  Vie  de  ce  grand  magistrat, 
in-12 ,  en  1757 ,  par  l'abbé  Pérau. 

BIGNON  (  Jean -Paul),  petit-fils  du 
précédent,  abbé  de  St.-Quentin,  biblio- 
thécaire du  roi ,  l'un  des  40  de  l'acadé- 
mie française ,  et  honoraire  de  celles  des 
sciences,  des  inscriptions  et  belles-let- 
tres ,  mort  à  l'Ile-Belle  sous  Meulan  en 
4743,  à  81  ans ,  embrassa  tous  les  genres 
de  connaissances ,  et  protégea  tous  les 
gens  de  lettres.  On  a  de  lui  j  Vie  du  Père 


François  Levé  que ,  prêtre  de  l'Oratoire  , 
Paris ,  1684  ,  in-12;  |  tes  Aventures  $Ab- 
dala,fils  d'JIanif,  roman  qu'il  n'acheva 
pas  ,  et  qui  néanmoins  fut  publié  en  un 
volume. 

BIGIVON  (  Aiuiand- Jérôme),  neveu  de 
Jean-Paul  Bignon,  intendant  de  Soissons, 
né  en  1711 ,  et  mort  en  1772,  fut  biblio- 
thécaire du  roi ,  après  la  mort  de  son 
oncle  ;  il  se  démit  de  cette  place  en  faveur 
de  son  fils  Jean-Frédéric,  qui  mourut  en 
1782,  membre  de  l'académie  des  inscrip- 
tions et  belles-lettres. 

BIGOT  (  Guillaume  ) ,  né  à  Laval  en 
1502,  cultiva  avec  le  même  succès  la  poé- 
sie latine  et  la  poésie  française,  et  passait 
pour  un  des  hommes  les  plus  savans  de 
son  siècle.  Il  n'a  publié  qu'un  seul  poème 
français,  imprimé  à  Lyon  en  1540,  avec 
les  poésies  de  Charles  de  Ste. -Marthe.  On 
a  de  lui  deux  poèmes  latins,  |  Catoptron, 
ou  le  Miroir,  qu'il  fit  imprimer  à  Bàle , 
en  1556,  avec  quelques  autres  pièces,  dont 
il  donna  une  seconde  édition  avec  des  cor- 
rections, sous  ce  titre  Guillelmi  Bigottii, 
Lavallensis,  christianœ  philosophiœ  prœ- 
ludium  ;  opus  tum  aliorum,  tum  hominis 
substantiam  luculentis  expromens  ratio- 
nibus,  Tolosœ,  1539,  in-4°.  |  Somnium  in 
quo  imperat.  Caroli  describitur  ab  regno 
Galliœ  expulsio;  explanatrix  somnii  epi- 
slola,  Paris,  1537. 

BIGOT  (Emery  ),  né  à  Bouen  l'an  1626, 
d'une  famille  de  robe,  ne  s'occupa  que  de 
recherches  d'érudition.  Il  mourut  en  1689 
à  64  ans ,  avec  la  réputation  d'un  des  plus 
savans  hommes  de  son  siècle ,  quoiqu'il 
n'ait  publié  que  la  Vie  de  saint  Chryso- 
sfôm^parPallade,  1680,  in-4°,  en  grec  et 
en  latin.  Ses  mœurs  étaient  celles  d'un 
homme  entièrement  consacré  à  l'étude. 
Il  avait  amassé  une  riche  bibliothèque , 
vendue  en  1706,  et  dont  le  Catalogue,  im- 
primé cette  même  année ,  in-12  ,  est  re- 
cherché. L'abbé  de  Louvois  en  acheta  les 
manuscrits  pour  la  bibliothèque  du  roi. 

•BIGOT  de  MOBOGUES  (Sébastieiv- 
François  ,  vicomte  ) ,  lieutenant-général 
des  armées  navales,  correspondant  de 
l'académie  des  sciences,  et  membre  hono- 
raire de  celle  de  la  marine,  académie 
dont  il  fut  le  principal  restaurateur ,  na- 
quit à  Brest  en  1705 ,  et  mourut  à  Ville- 
fayer,  près  Orléans,  en  1781.  On  a  de  lui  : 
|  Essai  de  l'application  des  forces  cen- 
trales aux  effets  de  la  poudre  à  canon  , 
Paris ,  1737 ,  in-4°  ;  |  Tactique  navale  ou 
Traité  des  évolutions  et  des  signaux, 
Paris,  1763,  û>4°,  avec  figures,  ouvrage 
26 


BIG 


502 


«IL 


qui  est  encore  estimé  des  marins,  quoique 
M.  Bourde  de  Villehuet  en  ait  publié  un 
excellent  sur  le  même  sujet.  |  Plusieurs 
Mémoires  insérés  dans  le  Recueil  des  sa- 
vons étrangers  de  l'académie  des  Sciences, 
parmi  lesquels  on  remarque  le  Mémoire 
sur  la  corruption  de  l'air  dans  les  vais- 
seaux ,  qui  se  trouve  dans  le  tome  1er.  On 
doit  encore  à  Bigot  de  Morogues  plusieurs 
manuscrits  relatifs  à  l'arrimage  et  à  l'ar- 
mement des  navires. 

BIGOT  DE  PRÉAMENEU  (  le  comte 
Félix-Julien-Jean),  né  en  Bretagne  vers 
4750,  était  avocat  au  parlement  de  Paris 
avant  la  révolution.  Il  en  embrassa  les 
principes  avec  modération,  et  fut  élu, 
en  1790,  juge  au  4e  arrondissement  de 
cette  ville.  Dans  le  mois  de  septembre  de 
l'année  suivante ,  il  fut  député  à  la  légis- 
lature, et  le  7  janvier  1792,  il  prononça, 
malgré  les  huées  des  tribunes,  un  discours 
pour  prouver  à  l'assemblée  qu'elle  ne 
représentait  pas  seule  le  peuple,  et  que  le 
roi  avait  aussi  des  droits  à  cette  représen- 
tation. Le  22  mars  il  obtint  que  la  loi  qui 
ordonnait  le  séquestre  des  biens  des  émi- 
grés accordât  un  mois  de  délai  à  ceux  qui, 
entraînés  par  la  crainte ,  ou  égarés  par  le 
préjugé,  voudraient  rentrer  dans  leur  pa- 
trie; et,  le  25  avril  suivant,  il  s  x>posa  à 
la  loi  proposée  par  Thuriot  contre  les 
prêtres  insermentés.  Le  10  août  le  fit  dis- 
paraître de  la  scène  politique,  et  il  échap- 
pa ,  on  ne  sait  trop  comment ,  aux  pro- 
scriptions de  1793  et  1794.  Il  ne  reparut 
qu'après  le  18  brumaire ,  el  devint  com- 
missaire dugouv  ernemenl  près  le  tribunal 
de  cassation.  A  la  fin  d'avril  1800  ,  Bigot 
de  Préameneu  passa  au  conseil-d'état ,  et, 
en  cette  qualité  ,  il  fit  plusieurs  rapports 
sur  le  code  civil.  La  même  année ,  il  fut 
nommé  membre  de  l'institut ,  et  en  mai 
1804  il  fut  élu  candidat  au  sénat  conserva- 
teur ;  plus  tard  il  reçut  la  croix  de  grand- 
officier  de  la  Légion-d'Honneur  el  le  titre 
de  comte  ;  enfin ,  il  parvint  au  ministère 
des  cultes  après  la  mort  de  Portalis  en  jan- 
vier 1808,  et  il  en  exerça  les  fonctions  jus- 
qu'àla chute  de  Bonaparte.  Quelques  jours 
avant  l'occupation  de  Paris  parles  troupes 
étrangères  ,  il  s'était  retiré  en  Bretagne , 
et  il  resta  sans  emploi  au  retour  du  roi. 
Pendant  les  cent  jours ,  sa  place  lui  fut 
rendue  sous  le  titre  de  direction  générale 
des  cultes.  Il  fut  aussi  appelé  à  la  chambre 
des  pairs.  Après  la  seconde  rentrée  du 
roi,  il  fut  définitivement  écarté  des  af- 
faires ;  mais  il  fut  maintenu  au  nombre 
des  académiciens  par  l'ordonnance  royale 


qui  réorganisa  l'académie  française  en 
1816.  Bigot  de  Préameneu  est  mort  le  31 
juillet  1823,  laissant  :  Discours  prononcé 
dans  la  séance  publique,  tenue  par  l'aca» 
demie  française  pour  la  réception  de  l'é- 
véque  d'Hermopolis ,  le  8  novembre  1822. 

BILDERBEK  (  Christophe-Laurent)  , 
jurisconsulte  hanovrien ,  et  conseiller  à 
Zell ,  traduisit  en  allemand  l'excellent 
Traité  de  la  vérité  de  la  religion  chré- 
tienne,  par  Abbadie  ,  avec  des  additions 
considérables.  L'ouvrage  d' Abbadie,  juste- 
ment estimé  pour  la  force  du  raisonne- 
ment, a  été  accueilli  en  Allemagne  comme 
dans  le  reste  de  l'Europe.  Bilderbek  mou- 
rut en  1749.  On  a  aussi  de  lui  des  ouvrages 
de  jurisprudence. 

♦BILDERDYK  (Guillaume),  un  des 
poètes  les  plus  féconds  de  l'Allemagne, 
né  à  Amsterdam,  et  mort  en  1832  à  Leyde, 
à  l'âge  de  82  ans  ,  se  fit  recevoir  docteur 
en  droit  dans  cette  dernière  ville,  et  rem- 
porta à  son  début  littéraire ,  en  1776 ,  le 
prix  de  poésie  que  la  société  de  Leyde 
avait  proposé  sous  le  titre  de  Y  Influence 
de  la  poésie  sur  l'art  de  gouverner  un 
état.  En  1777,  son  poème  intitulé  :  Le  véri- 
table amour  de  la  patrie  ,  et  une  Ode  sur 
le  même  sujet  furent  encore  couronnés. 
Bilderdyk  fit  paraître  en  1779,  une  excel- 
lente traduction  de  l'Œdipe  de  Sophocle, 
et  un  recueil  de  pièces  fugitives,  intilulé  : 
Mes  Loisirs.  La  société  de  Leyde  décer- 
na ,  en  1780 ,  le  premier  prix  à  son  Mé- 
moire sur  les  rapports  de  la  poésie  el  de 
l'éloquence  avec  la  philosophie  ,  etc.  On 
doit  à  cet  auteur  un  grand  nombre  de 
productions  qui  ne  sont  pas  toutes  égale- 
ment estimées.  Outre  les  traductions  de 
quelques  tragédies  de  Sophocle  et  le  Re- 
cueil de  poésies  diverses  ,  qu'il  donna  en 
1799 ,  nous  citerons  :  |  une  Traduction  du 
Fingal  d'Ossian,  1803  ;  |  une  Imitation  de 
l'homme  des  champs  de  Delille,  et  quatre 
volumes  de  Poésies  fugitives,  1804  ;  |  Ma- 
ladies des  savans,  1806,  poème  didac- 
tique ;  |  Les  feuilles  d'automne ,  2  vol.  , 
1807  ;  |  trois  volumes  de  Tragédies  ,  1807  ; 
|  un  Poème  sur  le  désastre  de  Leyde; 
|  une  traduction  des  Hymnes  de  Calli- 
maque;  \  L'arrivée  du  roi  au  trône  A  vol. 
in-8°;  |  Les  fleurs  d'hiver  3  poésies  parmi 
lesquelles  on  distingue  ses  adieux ,  2  vol. 
1811  ;  |  Traité  de  géologie;  |  La  délivrance 
de  la  Hollande,  poème  fait  en  société,  en 
1814,  avec  son  épouse  Guillaume-Wilhel- 
mine  qui  rivalisait  de  talent  poétique  avec 
lui.  |  Une  ode  au  sujet  du  retour  de  Na- 
poléon ,  intitulée  :  Appel  aux  armes, 


BIL 

mars  1815,  qui  trouva  de  l'écho  dans  les 
âmes  hollandaises.  |  Un  recueil  de  poésies 
nationales*  1815;  |  Traité  sur  la  botani- 
que *  dont  nous  devons  une  traduction  à 
M.  Mirbel ,  membre  de  l'institut.  Bilder- 
dyk  n«  fut  pas  toujours  à  l'abri  du  mal- 
heur :  lors  des  troubles  politiques  de  la 
Hollande,  en  1795,  son  attachement  pour 
la  maison  d'Orange  l'obligea  de  qtiitter 
sa  patrie  ;  il  se  retira  en  Allemagne,  puis 
en  Angleterre,  où  il  donna  des  leçons  de 
poésie  en  langue  française,  et  revint  dans 
sa  patrie  en  1799.  Il  ne  fut  guère  plus 
heureux  comme  père,  et  la  mort  de  onze 
enfans  qu'il  chérissait  disposa  son  carac- 
tère à  la  mélancolie  et  tourna  ses  pensées 
vers  la  religion. 

BILFINGER  (Georges-Bernard),  théo- 
logien luthérien,  né  à  Canstadt  dans  le 
Wurtemberg ,  en  1693 ,  professa  la  philo- 
sophie à  Pétersbourg  et  la  théologie  à  Tu- 
bingen  ,  où  il  mourut  en  1750.  On  dit  que 
toutes  les  personnes  de  sa  famille  nais- 
saient avec  12  doigts  et  12  orteils.  Ce  n'est 
pas  ce  qui  distingua  le  plus  Billinger.  Ses 
écrits  lui  firent  un  nom  en  Allemagne.  Le 
plus  recherché  est  celui  qui  a  pour  titre  : 
Dilucidationes  philosophicœ  de  Deo*  ani- 
mahumanaJmundo  etgeneralibus  rerum 
affectionibus.  Il  était  partisan  de  Leibnitz 
et  de  Wolf.  Les  académies  de  Pétersbourg 
et  de  Berlin  se  l'associèrent. 

*  BILGUER  (Jean-Ulric  de) ,  chirur- 
gien suisse,  né  à  Coire  le  1er  mai  1720,  et 
mort  le  G  avril  1796,  termina  à  Paris  ses 
études  médicales  qu'il  avait  commencées 
à  Strasbourg,  et  alla  se  fixer  en  Prusse, 
où  il  fut  nommé  chirurgien  en  chef  des 
armées.  Il  mérita  l'estime  de  Frédéric  II 
par  son  zèle,  son  humanité  et  les  nouvelles 
lumières  qu'il  apporta  dans  cet  emploi. 
Joseph  II  l'honora  aussi  de  son  amitié  et 
lui  envoya  des  lettres  de  noblesse ,  dont  à 
la  vérité  il  n'a  pas  fait  usage.  Il  se  fit  une 
grande  réputation  par  un  écrit  intitulé  : 
j  Disserlatio  inauguralis  medico-chirur- 
gica  de  membrorum  amputatione  raris- 
sime administrandâ  aut  quasi  abrogan- 
dâ*  Berlin,  1761,  in-4°,  et  qui  a  été  traduit 
dans  presque  toutes  les  langues  de  l'Eu- 
rope, notamment  en  françai;  par  Tissot 
et  Goulin.  On  a  encore  de  lui  :  |  Instruc- 
tions sur  les  hôpitaux  militaires*  en  alle- 
mand ,  4763 ,  in-8°  ;  |  Avis  au  public  sur 
l'hypocondrie*  et  plusieurs  Mémoires  sur 
les  fièvres  malignes,  sur  les  blessures  à  la 
tête,  etc.,  aussi  en  allemand.  Bilguer  était 
de  plusieurs  sociétés  savantes. 

*  BILLARD  (  Claude  ),  sieur  de  Cour- 


503  BIL 

genay,  né  à  Sauvigny ,  petite  \  ille  de  la 
province  de  Bourbonnais,  vers  1550  ,  fut 
élevé  dans  la  maison  de  la  duchesse  de 
Retz.  Il  prit  d'abord  le  parti  des  armes , 
et,  si  on  l'en  croit,  il  se  distingua  dans 
plusieurs  affaires;  il  obtint  ensuite  la 
place  de  conseiller  et  celle  de  secrétaire 
des  commandemens  de  la  reine  Margue- 
rite de  Valois.  Il  a  composé  plusieurs 
tragédies ,  qui  n'ont  eu  aucun  succès ,  et 
qui  n'en  méritaient  point.  Il  dédiait  ses 
pièces  aux  seigneurs  et  aux  dames  de  la 
cour  les  plus  illustres  ;  mais  il  n'eut  pas 
à  se  louer  de  leur  générosité.  La  retraite 
de  la  reine  Marguerite  lui  fit  perdre  sa 
place ,  et  son  attachement  pour  cette 
princesse  fut  cause  qu'il  resta  sans  em- 
ploi. Il  mourut  vers  1618 ,  âgé  d'environ 
soixante-sept  ans.  On  a  de  cet  auteur  les 
tragédies  suivantes  :  |  Polyxène*  Gaston  de 
Foix  *  Mérovée *  Panthée  *  Saiïl*  Albouin 
et  Genèvre;  elles  ont  été  recueillies  et 
imprimées  à  Paris ,  1610  ,  in-8°.  |  Henri  le 
Grand*  tragédie  avec  des  chœurs*  Paris  , 
1612,  in-8°,  réimprimée  en  1808,  in-8°,  à 
l'occasion  de  la  tragédie  de  M.  Legouvé 
sur  le  même  sujet.  Billard  est  un  des  pre- 
miers poètes  qui  mirent  sur  la  scène  des 
événemens  pris  dans  l'histoire  nationale. 
Il  dédia  cette  dernière  pièce  à  Marie  de 
Médicis;  il  a  composé  aussi  :  j  l'Eglise 
triomphante  *  poème  héroïque  en  treize 
chants,  Lyon,  1618,  in-8".  On  lui  attribue 
encore  :  Car  mina  grœca  et  lalina  in  obi- 
tum  ducis  Joyosiœ  (le  duc  de  Joyeuse) , 
Paris,  1587,  in-8°. 

*  BILLARD  (Pierre  ),  né  à  Ernée  dan3 
le  Maine  en  1653,  mort  en  1726,  à  Cha- 
renton  ,  chez  son  neveu  qui  en  était  sei- 
gneur, est  auteur  de  la.  Bête  à  sept  têtes, 
1673,  in-12 ,  ouvrage  dirigé  contre  les  jé- 
suites, et  pour  lequel  l'auteur  fut  conduit 
à  la  Bastille ,  de  la  à  Saint-Lazare ,  et  en- 
suite à  Saint-Victor.  Il  fut  mis  en  liberté 
en  1699.  Il  avait  aussi  fait  imprimer,  avant 
sa  détention,  le  chrétien  philosophe  *  qui 
ne  parut  qu'en  1701.  Billard  était  entré  en 
1671  dans  la  congrégation  de  l'Oratoire. 

*  BILLARD  (  Jean-Pierre),  né  en  1726, 
et  mort  à  Vesoul ,  en  1790,  membre  de 
l'académie  d'Arras  et  de  la  société  royale 
de  médecine ,  a  publié  en  latin  plusieurs 
ouvrages  fort  estimés  :  |  Histoire*  analyse 
et  propriétés  des  eaux  minérales  de  Ré* 
pes*prèsde  Vesoul;  \  Plusieurs  disser- 
tations* principalement  sur  une  fausse 
grossesse  extraordinaire  et  sur  un  dégât 
aux  ovaires  ;  \_Traité  des  différentes  es- 
pèces de  fièvre;  \  Sur  les  maladies  du  bas- 


BIL 


504 


BIL 


ventre;  \  Sur  les  maladies  de  la  poitrine; 
J  Sur  les  maladies  des  en  fans  et  des  vieil- 
lards j  pratiques  médicales;  \  Disserta- 
tions sur  la  nature,  les  propriétés  et  le 
choix  des  médicamens  antiseptiques; 
J  Commentaire  sur  le  soixante-quatrième 
aphorisme  d'Hippocrate  (  5e  section  ) , 
relatif  aux  propriétés  du  lait  employé 
dans  les  différentes  maladies.  La  publi- 
cation de  la  plupart  de  ses  ouvrages  est 
due  aux  soins  de  son  fils ,  qui  marche 
avec  le  plus  grand  succès  sur  les  traces 
de  son  père. 

*  BILLAUD-VARENNES  (  François), 
né  à  La  Rochelle,  en  1762,  et  fils  d'un  avo- 
cat de  cette  ville ,  avait  été  destiné  à  l'état 
ecclésiastique.  Il  entra  dans  la  congréga- 
tion de  l'Oratoire,  et  professa  quelque 
temps  au  collège  de  Juilly,  mais  son  goût 
pour  le  théâtre  lui  lit  perdre  sa  place.  En 
1785,  il  quitta  l'habit  d'oratorien  et  vint 
à  Paris  où  il  épousa  une  fille  naturelle  de 
M.  de  Verdun ,  fermier-général.  Son  ca- 
ractère ardent ,  son  esprit  ambitieux  lui- 
firent  embrasser  avec  ardeur  en  1789  les 
nouvelles  idées.  Il  débuta  dans  la  carrière 
révolutionnaire  par  quelques  brochures 
qui  annonçaient  déjà  la  férocité  de  son 
caractère,  mais  qui  le  laissèrent  néan- 
moins dans  l'obscurité  jusqu'au  10  août 
1792 ,  où  il  fut  du  nombre  de  ceux  qui 
envahirent  de  force  la  municipalité,  et  se 
déclarèrent  de  leur  propre  autorité  ma- 
gistrats du  peuple.  Il  fut  aussi  un  des 
principaux  moteurs  des  massacres  de  sep- 
tembre, et  on  le  vit ,  revêtu  de  l'écharpe 
municipale,  se  mêler  aux  assassins,  et  leur 
adresser  du  haut  d'un  monceau  de  cada- 
vres des  harangues  dont  l'atrocité  empê- 
che d'apercevoir  le  ridicule.  Nommé  dé- 
puté de  Paris  à  la  Convention  nationale  , 
dès  le  mois  de  décembre  il  provoqua  plu- 
sieurs fois  le  jugement  de  Louis  XVI  ; 
enfin,  trouvant  que  la  discussion  traînait 
trop  en  longueur,  il  fit  une  sortie  viru- 
lente contre  ceux  qu'il  appelait  les  amis 
du  tyran ^  et  proposa  de  briser  la  statue  de 
Brutus  placée  dans  la  salle  des  séances,  en 
disant  :  «  Cet  illustre  Romain  n'a  pas  ba- 
il lancé  à  détruire  un  tyran,  et  la  Conven- 
»  tion  ajourne  la  justice  du  peuple  contre 
»  un  roi  !  »  Il  se  prononça  fortement  contre 
l'appel  au  peuple,  et  vola  la  mort  dans  les 
vingt-quatre  heures.  A  la  nouvelle  de  la 
défection  de  Dumouriez  en  1793  ,  il  sou- 
tint qu'on  ne  devait  rien  cacher  au  peu- 
ple. «  C'est,  dit-il,  à  la  nouvelle  de  la  prise 
»  de  Verdun,  qu'il  s'est  levé  et  qu'il  a 
»  sauvé  la  patrie!  »  On  se   rappelle  en 


effet  que  la  nouvelle  de  la  prise  de  Ver- 
dun était  arrivée  à  Paris  le  2  septembre. 
Billaud  eut  une  grande  part  à  l'insurrec- 
tion du  10  mars  1793  et  à  la  création  du 
tribunal  révolutionnaire.  Envoyé  en  mis- 
sion dans  le  département  d'Ille- et -Vi- 
laine, il  écrivit  à  là  Convention  pour  lui 
rendre  compte  de  la  position  où  se  trou- 
vait cette  contrée,  et  lui  demander  de 
nouvelles  troupes.  Ces  forces  n'ayant  pas 
été  envoyées  aussitôt,  il  accusa  le  conseil 
exécutif  de  pusillanimité  et  de  trahison, 
et  se  hâta  de  retourner  à  la  Convention 
pour  lui  rendre ,  disait-il,  son  énergie  ré- 
publicaine. A  son  arrivée  dans  l'assem- 
blée ,  il  tourna  tous  ses  efforts  contre  les 
Girondins,  et  dénonça  les  généraux  Cus- 
tine ,  Houchard ,  etc.,  ainsi  que  la  plupart 
des  magistrats  communaux  avec  lesquels 
il  avait  été  en  rapport  dans  sa  mission. 
Ces  accusations  n'eurent  point  alors  d'ef- 
fet. Après  la  révolution  du  31  mai,  diri- 
gée contre  les  Girondins ,  la  commission 
des  douze  ,  organisée  pour  veiller  sur  les 
anarchistes,  ayant  fait  arrêter  Hébert,  Bil- 
laud se  joignit  aux  complices  de  ce  scélé- 
rat pour  obtenir  sa  liberté.  Il  se  prononça 
avec  fureur  contre  les  députés  que  la 
commune  de  Paris  voulait  proscrire,  et 
demanda  que  le  décret  d'accusation  fût 
porté  contre  eux  séance  tenante.  La  Con- 
vention fut  décimée ,  et  depuis  celte  épo- 
que ,  Billaud-Varennes  ne  cessa  plus  de 
faire  partie  des  comités,  où  presque  tous" 
ses  rapports  furent  des  actes  d'accusa- 
tion. Le  5  septembre ,  il  appuya  la  de- 
mande faite  parles  sections  de  Paris  d'une 
armée  révolutionnaire,  et  le  même  jour 
il  fit  entendre  ces  paroles ,  contre  les  ex- 
ministres Clavières  et  Lebrun,  a  II  faut 
»  que  le  tribunal  révolutionnaire  s'occupe, 
»  toute  affaire  cessante  ,  de  les  juger,  et 
»  qu'ils  périssent  avant  huit  jours  !  »  Ce 
fut  sur  sa  motion  que  Marie-Antoinette 
fut  envoyée  à  l'échafaud.  Billaud  fut 
chargé  de  faire  adopter  par  la  Convention 
le  projet  d'organisation  du  gouvernement 
révolutionnaire,  et  dès  lors  il  ne  songea 
plus  qu'à  accroître  la  puissance  du  re- 
doutable comité  dont  il  était  un  des  me- 
neurs. Il  s'appliqua  à  détruire  le  pouvoir 
de  la  commune,  en  même  temps  qu'à 
renverser  les  factions  d'Hébert,  de  Cha- 
bot ,  de  Fabre  d'Eglantine  ,  qui  disparu- 
rent tour-à-tour.  Danton  lui-même  fut 
abattu;  le  comité  triomphait,  mais  des 
clcmens  de  discorde  fermentaient  déjà 
dans  son  sein.  Robespierre  s'irritait  d'être 
obligé  de  partager  la  puissance,  et  la  fête 


50 

de  l'Etre  suprême,  votée  sur  sa  de- 
mande ,  la  loi  du  22  prairial ,  présentée 
sans  l'aveu  du  comité,  annoncèrent 
cette  direction  nouvelle  de  l'ambition  des 
tyrans.  Il  se  forma  dès  lors  deux  partis 
dans  le  sein  du  comité  de  salut  public  ; 
l'un,  où  figuraient  Robespierre,  Coutbon 
<t  Saint-Just,  commença  l'attaque;  et 
l'autre  composé  de  Billaud-Varennes  et 
deCollol-d'Herbob,  appuyés  par  presque 
tous  les  membres  du  comité  de  sûreté 
générale,  se  tint  sur  la  défensive.  Bientôt 
arriva  la  journée  du  9  thermidor  (27  juil- 
let) où  Robespierre  fut  vaincu.  Billaud , 
Collot-d'Herbois  et  Barrère  qui  s'était  ral- 
lié à  eux  .  avaient  espéré  conserver  le 
pouvoir.  Il  n'en  fut  point  ainsi;  le  cri 
plus  de  Terreur  retentit  dans  toute  la 
France,  et  les  membres  du  comité  de  salut 
public  ne  furent  point  réélus  dans  les 
fonctions  qu'ils  occupaient  depuis  qua- 
torze mois.  Fouquier-Tinville,  leur  agent, 
porta  sa  tête  sur  l'échafaud ,  et  les  mem- 
bres eux-mêmes  ,  dénoncés  de  toutes 
parts,  furent  enfin  mis  en  jugement  de- 
vant la  Convention,  qui,  sortie  victorieuse 
d'une  nouvelle  attaque  des  anarchistes 
qui  essayèrent  de  les  délivrer,  condamna 
les  prévenus  à  la  déportation.  Billaud- 
Varennes  et  Collot-d'Herbois  furent  en 
conséquence  envoyés  à  Cayenne  ,  où  on 
les  sépara.  Le  premier ,  envoyé  dans  les 
déserts  de  Sinnamari,  y  retrouva,  deux 
ans  plus  tard,  les  victimes  du  18  fructidor 
qui  lui  témoignèrent  une  insurmontable 
horreur.  Après  un  séjour  de  vingt  ans 
dans  les  déserts  de  la  Guyane ,  il  parvint 
à  s'enfuir  en  1816,  et  se  réfugia  à  New- 
Yorck ,  où  il  ne  rencontra  qu'horreur  et 
mépris  de  sa  personne.  Il  se  rendit  au 
bout  ue  quelques  mois  à  Saint-Domin- 
gue .  où  le  président  Péthion  lui  lit  une 
pension  dont  il  ne  jouit  que  pendant  un 
an,  la  mort  l'ayant  frappé  au  Port-au- 
Prince,  vers  la  fin  de  1819.  Outre  les  rap- 
ports et  les  discours  prononcés  à  la  Con- 
vention ,  Billaud-Varennes  a  laissé  quel- 
ques écrits  dont  les  principaux  sont  : 
|  Plus  de  minisires  ou  point  de  grâce, 
avertissement  donné  aux  patriotes  fran- 
çais ,  etc. ,  1790  ,  in-8°  ;  ]  Despotisme  des 
ministres  de  France  ,  1790  ,  5  vol.  in-8°; 
|  V  Acëphalocralie  ,  ou  le  gouvernement 
fédératif  ,  émonlré  le  meilleur  de  tous , 
1791,  in-8°  ;  |  Question  du  droit  des  gens  : 
les  Haïtiens  ])ossèdent-ils  les  conditions 
requises  pour  obtenir  la  ratification  de 
leur  indépendance .in-40,  Port-au-Prince, 
1818.  On  a  publié   ous  son  nom  à  Paris, 


o  Bit 

en  2  vol.  in-8°,  1821,  des  Mémoires  qui  né 
sont  pas  de  lui. 

*  BILLAUDEL  (  Jeax-Baptiste  ),  né  le 
25  janvier  1754,  à  Servon  près  deSainte- 
Menehould,  fut  un  des  prêtres  les  plus  ac- 
tifs et  les  plus  zélés  pour  les  intérêts  de 
la  religion.  11  reçut  les  ordres  en  1779 , 
fut  employé  dans  diverses  places  avant  la 
révolution,  quitta  alors  la  France  et  voya- 
gea dans  les  Pays-Bas  et  la  Westphalie  : 
mais,  animé  d'une  ardeur  qui  ne  lui  per- 
mettait pas  de  songer  aux  périls  dont  il 
allait  être  menacé,  il  revint  en  1795  dans 
son  pays,  et  exerça  en  secret  son  ministère 
dans  les  diocèses  de  Cambrai,  d'Arras,  de 
Noyon  et  de  Laon.  Il  se  livra  ensuite  au 
travail  des  missions  ;  plusieurs  fois  il  fail- 
lit être  arrêté  :  la  Providence  veillait  sur 
des  jours  aussi  précieux.  En  1797,  il  for- 
ma le  séminaire  de  Menneville ,  qui  fut 
dirigé  par  l'abbé  Labrusse  ;  il  créa  à  Laon 
un  pensionnat  qu'il  dirigea  quelque  temps 
lui-même  ;  il  s'occupa  beaucoup  de  l'éta- 
blissement des  écoles  ecclésiastiques.  De- 
venu curé  de  Liesse  ,  il  ne  discontinua 
point  l'œuvre  si  difficile,  mais  si  utile  des 
missions  :  il  établit  encore  des  maisons  de. 
piété  et  d'éducation  chrétienne  ;  sa  vie  fut 
très  active  et  entièrement  consacrée  au 
service  de  la  religion.  Il  mourut  le  22 
novembre  1827.  Ces  détails  sont  extraits 
d'une  notice  qui  a  été  faite  à  Soissons  ,  et 
qui  renferme  l'histoire  de  quelques  au- 
tres pieux  ecclésiastiques. 

BILLAUT  (  Adam  ),  connu  sous  le  nom, 
de  Maître  Adam,  menuisier  de  Ne  vers, 
sous  la  fin  du  règne  de  Louis  XIII ,  et  au 
commencement  de  celui  de  Louis  XIV , 
fut  appelé  par  les  poètes  de  son  temps  le 
Virgile  au  rabot.  Il  versifia  au  milieu  de 
ses  outils  et  de  ses  bouteilles.  Le  cardinal 
de  Richelieu  et  le  duc  d'Orléans  lui  firent 
des  pensions.  Ses  Chevilles „  in-4°,  son  Vil- 
lebrequiiij,  son  Rabot,  in-12,  etc.  eurent 
beaucoup  de  cours.  On  y  trouve  ,  parmi 
un  grand  nombre  de  platitudes  ,  quel- 
ques vers  heureux.  Il  mourut  en  1662  à 
Nevers ,  qu'il  n'avait  pas  voulu  quitter 
pour  le  séjour  de  Versailles  :  il  pensait 
sainement  sur  les  grandeurs. 

*  BILLECOCQ  (  Jeax-Baptiste-Louis- 
Josepu  ),  né  à  Paris  le  31  janvier  1765 ,  et 
mort  en  1829,  était  avocat  au  moment  où 
la  révolution  éclata  en  France,  et  fit 
preuve  plusieurs  fois  d'une  grande  sa- 
gesse et  d'un  talent  distingué  qui  brilla 
surtout  dans  la  défense  du  marquis  do 
Rivière,  accusé,  lors  du  célèbre  procès 
de  Georges  Cadoudal,  d'avoir  voulu  atten- 

20, 


BIL  5 

ter  aux  jours  du  premier  consul.  Sous 
l'empire,  Billecocq  fut  nommé  suppléant 
au  corps  législatif;  mais  il  n'y  siégea  ja- 
mais. Il  composa  un  grand  nombre  d'ou- 
vrages qui  lui  assignent  dans  la  littérature 
un  rang  aussi  distingué  qu'au  barreau. 
Les  principaux  sont  :  |  Voyage  au  Thiisl 
par  le  père  Andrada,  et  par  Boy  le,  Tur- 
ner  et  Poronguir,  traduit  de  l'anglais, 
1796,  in-8°.  |  Voyages  chez  différentes 
fiations  sauvages  de  l'Amérique  septen- 
trionale par  J.  Lelong ,  traduction  avec 
des  notes,  1704,  in-8°;  |  Voyage  de  la 
Chine  à  la  côte  nord-ouest  d'Amérique 
par  le  capitaine  Meares,  traduit  de  l'angl. 
1793,  5  vol.  in-8°  et  atlas  in-4°;  [  Conjura- 
tion de  Catilina,  par  Salluste ,  nouvelle 
traduction ,  1795 ,  in-16  ;  |  Voyage  du 
lieutenant  H.  chez  les  sauvages,  habitans 
du  nord  de  l'Amérique ,  1797 ,  in-18  ; 
J  Voyage  de  Néarque  des  bouches  de  V In- 
dus jusquà  l 'Euphrate ,  traduit  de  l'an- 
glais ;  |  De  la  Religion  chrétienne  *  relati- 
vement à  l'état,  aux  familles  et  aux  indi- 
vidus, in-8°,  3e  édit.  1824;  cet  ouvrage  est 
rédigé  dans  un  très  bon  esprit.  |  Enfin  di- 
verses brochures  sur  des  sujets  de  cir- 
constance ,  telles  que  celle  sur  la  guerre 
d'Espagne  de  1825,  etc. 

*  BILLEREY  (  Claude-Nicolas  ) ,  né 
vers  1667,  à  Besançon,  professeur  en 
médecine  à  l'université  de  cette  ville,  est 
auteur  d'un  Traité  sur  la  maladie  pesti- 
lentielle qui  dépeuplait  la  Franche- 
Comté  en  1707,  Besançon,  1721 ,  in-12  ;  et 
d'un  Traité  du  Régime,  1748,  in-12.  Il 
a  laissé  plusieurs  autres  ouvrages  manu- 
scrits :  on  en  conserve  un  à  la  bibliotbè- 
que  publique  de  Besançon,  intitulé  :  Trac- 
taius  medicamentorum  simplicium  ex 
regno  animali,  vegetabili*  et  minerali, 
depromptorum,  quorum  nomma,  descrip- 
tiones  ,  virlutes ,  prœparationes  et  usus 
in  medicina  descripta  sunt  et  pic  ta,  à  Cl. 
Nie.  Billerey,  2  volumes  in-4°.  L'auteur 
de  Y  Histoire  abrégée  du  comté  de  Bour- 
gogne dit  que  Billerey  était  savant  dans 
les  mathématiques  et  l'astronomie,  qu'il 
possédait  plusieurs  talens  agréables ,  et 
qu'il  parlait  avec  facilité  le  grec,  le  latin, 
l'italien,  l'espagnol,  l'allemand  et  l'anglais. 
11  est  mort  en  1759,  âgé  d'environ  quatre- 
vingt-douze  ans. 

BILLI  (  Jacques  de  ) ,  né  à  Guise  en 
1534,  dont  son  père  était  gouverneur, 
mourut  à  Paris,  chez  Génébrard  son  ami 
en  1581 ,  à  47  ans.  Il  possédait  deux  ab- 
bayes. On  a  de  lui  plusieurs  écrits  en  vers 
et  en  prose,  et  surtout  des  traductions  des 


0G  BIL 

Pères  grecs  en  latin.  Les  plus  estimées 
sont  celles  de  saint  Grégoire  de  Nazianze, 
de  saint  Isidore  de  Péluse  et  de  saint  Jean- 
Damascène.  Peu  de  savans  ont  mieux 
possédé  la  langue  grecque.  Il  se  distingua 
dans  d'autres  genres.  Il  composa  quelques 
poésies  françaises,  1576,  in-8°,  et  donna 
de  savantes  Observaliones  sacrai*  1585, 
in-fol.  Sa  vie  a  été  écrite  en  latin  par 
Chatard,  Paris,  1582,  in-4°.  On  la  trouve 
aussi  à  la  fin  des  Œuvres  de  saint  Gré- 
goire de  Nazianze,  de  l'édition  de  1583. 

BILLI (  Jacques  de),  jésuite,  né  à  Con> 
piègne  eh  1602,  mort  à  Dijon  en  1679,  à 
77  ans ,  a  publié  un  grand  nombre  d'ou- 
vrages de  mathématiques,  dont  YOpus 
astronomicum,  Paris,  1661 ,  in-4°,  est  le 
plus  connu. 

BILLICK.  (  Everard  ),  né  au  village  de 
ce  nom,  dans  l'évêché  de  Munster,  vers 
la  fin  du  15e  siècle ,  entra  dans  l'ordre  des 
carmes ,  fut  professeur  en  théologie  à  Co- 
logne, et  provincial  dans  son  ordre.  Il 
résista  avec  courage  aux  efforts  que  fit 
l'archevêque  Herman  de  Weyden  ,  pour 
introduire  le  luthéranisme  dans  son  dio- 
cèse. Il  réfuta  le  livre  De  la  réformation 
de  Mélanchthon,  etc.  Il  fut  député  à  l'em- 
pereur au  nom  du  clergé  et  de  l'univer- 
sité de  Cologne  pour  représenter  les  dés- 
ordres qui  régnaient  dans  cette  ville  ;  il 
parla  avec  tant  de  force ,  que  l'empereur 
déclara  l'archevêque  apostat  déchu  de  la 
dignité  électorale.  Ce  même  prince  l'em- 
ploya en  différentes  conférences  tenues 
à  Worms  ,  à  Augsbourg  et  à  Ratisbonne. 
Le  nouvel  archevêque  de  Cologne ,  Adol- 
phe de  Schauwenburg ,  allant  au  concile 
de  Trente  en  1551,  le  prit  pour  son  théo- 
logien; il  y  parut  avec  distinction.  De  re- 
tour dans  son  pays,  il  employa  son  crédit 
auprès  de  la  régence  de  Cologne  pour  y 
faire  admettre  les  jésuites ,  qui  y  vinrent 
à  propos  pour  s'opposer  aux  progrès  do 
l'hérésie.  Le  nouvel  archevêque  le  fil  son 
vicaire-général  et  son  suffragant.  Il  mou- 
rut avant  de  prendre  possession  de  cette 
dignité  en  1557.  On  a  de  lui  quelques  ou- 
vrages de  controverse,  et  une  oraison  sur 
la  circoncision  de  Notre-Seigneur,  qu'il 
prononça  au  concile  de  Trente  ,  et  qui  se 
trouve  dans  les  conciles  du  Père  Labbe, 
tome  14e.  Il  avait  fait  une  Histoire  du 
concile  de  Trente,  qui  est  restée  manu- 
scrite chez  les  Pères  carmes  à  Cologne.  Ce 
sont  des  mémoires  de  ce  qui  s'était  passé 
sous  ses  yeux  au  concile  :  ils  méritent  de 
voir  le  jour. 

I51LLO.V  (  François  de  )  vivait  à  Rome 


BIL 


507 


BIjV 


dans  le  17e  siècle,  avec  la  qualité  de  secré- 
taire du  cardinal  Jean  du  Bellay-Lan- 
gey.  On  écrivait  beaucoup  de  son  temps 
pour  et  contre  le  beau  sexe.  Billon  prit 
sa  défense  dans  un  ouvrage  allégorique, 
intitulé  :  La  forteresse  inexpugnable  de 
l honneur  et  vertu  des  Dames,  divisée  en 
quatre  bastions,  Paris,  1555,  in-4°,  réim- 
primé en  1564  sous  un  nouveau  titre.  Il 
s'est  fait  plusieurs  éditions  de  celte  pro- 
duction originale,  l'une  des  plus  extrava- 
gantes q;i*ait  enfantées  l'esprit  humain,  et 
qui ,  par  cela  même  ,  a  valu  à  son  auteur 
une  espèce  de  célébrité  que  personne 
fans  doute  ne  sera  jaloux  de  lui  ravir. 

BILLOT  (  Jean  ),  prêtre  du  diocèse  de 
Besançon,  né  à  Dole  en  Franche-Comté, 
l'an  1709,  est  connu  par  des  Prônes  qu'il 
composa  pour  les  dimanches  et  fêles  prin- 
cipales de  l'année,  souvent  réimprimés, 
et  dont  la  meilleure  édition  est  celle  de 
Lyon,  1785.  5  vol.  in-12  :  ils  ont  été  tra- 
duits en  allemand  ,  Augsbourg ,  1774  ,  4 
vol.  in-8°.  Il  est  mort  à  Macherans ,  dio- 
cèse de  Besançon ,   en  1767. 

BILLUART  (  Chaules-René  ) ,  théolo- 
gien ,  né  le  8  janvier  1685  ,  à  Revin  ,  pe- 
tite ville  sur  la  Meuse ,  à  trois  lieues  de 
Rocroi,  entra  dans  l'ordre  des  dominicains 
où  il  enseigna  avec  réputation  la  théolo- 
gie, et  fut  trois  fois  provincial.  Il  mourut 
à  Revin  le  20  janvier  1757.  On  a  de  lui 
un  Cours  de  Théologie  ,  Liège,  17/»  6- 
1751 ,  19  vol.  in-8°  ;  il  a  été  réimprimé  à 
Venise  et  Wurtzbourg  en  5  vol.  in-fol.  Le 
Père  Billuart  s'attache  plus  à  la  morale 
qu'à  la  théologie  scolastique  et  à  la  théo- 
logie dogmatique  ;  il  y  défend  avec  viva- 
cité les  différens  senlimens  de  son  ordre. 
Sa  théologie  aurait  été  plus  généralement 
utile,  s'il  avait  suivi  le  conseil  d'un  de  ses 
plus  savans  confrères,  de  Melchior  Ca- 
nus  {De  Locis  Theol.  lib.  8.  cap*  5  ). 
Pro  fide*  etiam  cum  vitas  discrimine  J  pu- 
qna  sit  :  pro  his  quœ  fidei  non  sunl,  sit 
pugna  si  ila  placet,  sed  incruenta  sit 
iamen.  Cette  Théologie  est  devenue  ex- 
cessivement volumineuse  par  les  thèses 
sur  l'Ecriture  sainte  et  l'histoire  ecclé- 
siastique, qu'il  y  a  insérées,  et  qu'il  a  em- 
pruntées en  grand  nombre  de  son  cou- 
frère  le  Père  Alexandre.  Ces  thèses  sont 
omises  dans  Y  Abrégé  qu'il  a  donné  de 
son  Cours  de  théologie*  Liège  „  1754,  6 
vol.  in-8°.  Le  Père  Billuart  a  encore  donné 
différentes  dissertations ,  la  plupart  rela- 
tives aux  opinions  scolastiques. 
Ï"  BILLY  (  Nicolas-Antoine  de),  abbé, 
à  Vesoul  en  1755,  mort  à  Besançon ,  en 


1825,  était  grand-vicaire  de  l'évêché  dô 
Langres,  lorsque  la  révolution  le  força 
d'émigrer.  En  1808,  il  fut  nommé  profes- 
seur d'histoire  de  la  faculté  des  lettres  de 
l'académie  de  Besançon.  Il  a  laissé  une 
Histoire  de  l'université  du  comté  de  Bour- 
gogne *  Besançon  ,  1814  ,  2  vol.  in-4°  ;  et 
des  Sermons. 

*  BILO\'  (  Hippolyte  ),  médecin  et  pro- 
fesseur des  hôpitaux  civils  el  militaires,  et 
de  la  faculté  des  sciences  de  Grenoble, 
né  en  1780  dans  cette  ville,  se  fit  recevoir 
docteur  à  Paris  en  1805 ,  et  revint  à  Gre- 
noble où  il  professa  la  physiologie,  et  en- 
suite la  physique  à  la  faculté  des  sciences, 
jusqu'à  sa  mort  arrivée  le  19  octobre  1824. 
On  a  de  lui  |  sa  thèse  inaugurale  sur  la 
douleur  *  |  celle  qu'il  soutint  à  Montpel- 
lier sur  l'ensemble  de  la  médecine,  |  plu- 
sieurs articles  du  Dictionnaire  des  scien- 
ces médicales;  \  un  éloge  historique  de 
Bichat,  et  plusieurs  ouvrages  manuscrits. 

*  BILOTTA  (Octave),  a  publié  une 
|  fie  de  Barthélémy  Camérarius  ;  et  |  une 
Dissertation  historique  sur  la  patrie  de 
saint  Janvier  *  Naples  ,  1636 ,  in-fol. 

*BILOTTA  (Vincent),  secrétaire  et 
camérier  intime  de  Paul  V,  mort  à  Béné- 
vent  au  17e  siècle ,  a  laissé  des  Odes  ou 
Canzoni*  et  une  Tragi-comédie  *  Naples , 
1658. 

BILSOX  (  Tiiomas  ) ,  évêque  de  Wor- 
cester,  l'un  des  écrivains  les  plus  clairs  , 
et  les  plus  élégans  de  son  temps ,  fut  char- 
gé conjointement  avec  Miles  Smith  de  la 
révision  de  la  traduction  de  la  Bible  en 
anglais  faite  sous  le  règne  de  Jacques  Ier. 
Il  fut  un  des  plus  ardens  champions  de 
l'église  anglicane,  et  mourut  en  1616.  Il 
a  laissé  quelques  ouvrages.  Le  plus  célè- 
bre de  tous  est  celui  qu'il  publia  en  1604, 
sur  la  descente  de  J.-C.  aux  enfers*  ou 
Tableau  des  souffrances  de  J.-C.  pour  la 
rédemption  du  genre  humain. 

BliNER  (  Joseph  ),  jésuite  allemand, 
mort  vers  l'an  1778 ,  a  donné  un  ouvrage 
excellent,  intitulé Apparatus  eruditionis 
ad  jurisprudenliam  prœsertim  ecclesias- 
ticam,  parles  XIII.  La  cinquième  édi- 
tion en  a  été  faite  à  Augsbourg,  1766-1767, 
en  7  vol.  in-4°.  Ce  sont  des  annales  plei- 
nes de  recherches ,  et  de  faits  qu'on  ne 
trouve  pas  ailleurs,  au  moins  rassemblés 
comme  dans  cet  ouvrage. 

BINET  (  Etienne  ).  jésuite  ,  né  à  Dijon 
en  1569 ,  mort  à  Paris  en  1659 ,  publia  des 
Vies  des  Saints,  et  d'autres  ouvrages 
écrits  d'un  style  diffus  et  incorrect.  Son 
Essai  sur  les  merveilles  de  la  nature/ 


BI1V 


;o8 


miv 


in-  V,  publié  sous  le  nom  de  René-Fran- 
çois, est  le  plus  estimé. 

BINET  (François),  disciple  de  saint 
François  de  Paule,  mort  à  Rome  en  1520, 
imita  les  vertus  de  son  maître. 

*  BIIVET  (  Claude),  né  à  Beauvais, 
dans  le  16e  siècle  ,  fit  ses  études  à  Paris, 
où  il  fut  reçu  avocat  au  parlement.  Ad- 
mirateur de  Ronsard,  il  devint  son  ami  : 
la  confiance  la  plus  entière  régnait  entre 
eux,  et  ce  fut  Binet  que  Ronsard  choisit 
pour  donner  une  édition  complète  de  ses 
œuvres  ;  il  en  retrancha  les  satires  que 
Ronsard  avait  composées  contre  les  vices 
de  la  cour  de  Charles  IX.  Dès  1573  ,  il 
avait  publié  diverses  poésies  à  la  suite  des 
OE livres  de  Jean  de  la  Pèruse ,  Paris, 
in-16.  On  trouve  aussi  quelques  pièces  de 
sa  façon  dans  le  Recueil  sur  la  Puce  de 
Mlle,  des  Roches,  et  dans  celui  sur  la 
Main  de  Pasquier.  On  trouvera,  dans 
les  Bibliothèques  de  Lacroix-du-Maine  et 
Duverdier,  la  liste  des  autres  petites  piè- 
ces qu'il  avait  composées  en  différentes 
circonstances.  Son  Discours  de  la  Vie 
de  Pierre  Ronsard,  Paris,  1586,  in-4°, 
contient  beaucoup  de  particularités  cu- 
rieuses. Binet  a  traduit  en  vers  français, 
du  latin  de  Jean  Dorât,  les  Oracles  des 
douze  Sibylles  extraits  d'un  livre  anti- 
que, avec  les  figures  des  Sibylles,  por- 
traicts  au  vif  par  Jean  Rabel,  Paris, 
1586,in-fol.  —Jean  BINET,  son  oncle, 
mort  avant  1573 ,  passait  pour  habile  ju- 
risconsulte ,  et  faisait  des  vers  latins  et 
français. — Pierre  BINET,  son  frère ,  cul- 
tivail  aussi  la  poésie.  On  conjecture  qu'il 
mourut  vers  1584,  dans  un  âge  peu  avancé. 
On  a  de  celui-ci  :  |  trois  sonnels  ;  |  un 
poème  de  la  Truite,  adressé  à  Ronsard  ; 
j  le  Vœu  du  Pêcheur  à  Neptune,  et  quel- 
ques autres  pièces  françaises  et  latines , 
dans  l'ouvrage  de  son  frère  ,  intitulé  :  les 
Plaisirs  de  la  vie  rustique,  Paris,  1585. 

*  BI\"ET  (  René  ) ,  ancien  recteur  de 
l'université  de  Paris,  né  le  25  janvier 
1752,  à  Noire-Dame  du  Thill,  diocèse  de 
Beauvais ,  fit  ses  études  avec  succès  au 
collège  de  Sainte-Barbe,  et  fut  nommé 
professeur,  d'abord  à  l'Ecole  militaire, 
ensuite  au  collège  Duplessis,  où  il  en- 
seigna là  rhétorique  jusqu'en  1795,  épo- 
que de  la  suppression  des  collèges.  Il 
perdit  en  même  temps  la  place  de  rec- 
teur de  l'université.  Dévoué  à  l'instruc- 
tion publique  ,  il  accepta  alors  une  mo- 
deste chaire  de  grammaire  à  l'école  cen- 
trale du  Panthéon;  enfin  il  fut  nommé 
proviseur  du  lycée  Bourbon  à  Paris  ,  où 


il  est  mort  le  31  octobre  1812,  On  lui  doit  : 
|  une  bonne  traduction  des  OEuvres  d'Ho- 
race, avec  le  texte  en  regard,  1783,  2  vol. 
in-12;  4e.  édition  revue  par  Jannet,  Paris 
1786,  2  vol.  in-12  ;  Valère  Maxime,  tra- 
duit du  latin  en  français,  1796,  2  vol.  in-8°; 
|  une  traduction  des  OEuvres  de  Virgile, 
avec  le  texte  en  regard,  1805,  4  v.  in-12  : 
c'est  la  meilleure  traduction  que  nou9 
ayons  de  ce  poète;  |  Histoire  de  la  déca- 
dence des  mœurs  chez  les  Romains,  tra- 
duite de  l'allemand  de  Meiners,  1793,  in-12. 

*  BING  (  Jean  ),  amiral  anglais ,  célè- 
bre par  ses  malheurs,  était  fils  de  l'ami- 
ral Bing,  mort  en  1733,  à  70  ans,  dont  on 
a  imprimé  Y  Expédition  en  Sicile ,  dans 
les  années  1718 ,  19  et  20 ,  petit  vol.  in-12. 
Il  se  montra  digne  de  son  père  dans  plu- 
sieurs courses  maritimes.  Parvenu  aux 
premiers  grades  de  la  marine  militaire,  il 
fut  envoyé  en  1756  contre  l'escadre  de 
France,  commandée  par  la  Galissonnière, 
pour  empêcher  la  prise  de  Mahon.  Il  y 
eut  un  combat  le  20  mai.  Le  chef  de  la 
flotte  anglaise  fut  obligé  de  se  retirer,  et 
dès  qu'il  fut  arrivé  à  Londres,  on  de- 
manda sa  tète  au  conseil  de  guerre ,  qui 
le  condamna  unanimement  à  être  arque- 
buse. La  sentence  confirmée  par  le  con- 
seil du  roi,  fut  exécutée  le  14  mars  1757. 
On  lui  reprochait  d'avoir  relâché  en  Por- 
tugal pour  vendre  différentes  marchan- 
dises d'Angleterre,  dont  ses  vaisseaux 
étaient  chargés  ;  de  n'avoir  canonné  que 
de  loin,  et  de  ne  s'être  pas  assez  approché 
du  vaisseau  amiral  de  France. 

*  BING(  Jean-Baptiste  ),  (  i  )  israélite, 
naquit  à  Metz  en  1759.  Après  avoir  fait  de 
bonnes  études  dans  la  langue  hébraïque 
juive ,  il  traduisit  le  Phédon  qu'il  publia 
à  Berlin;  sa  traduction  allemande  fit  une 
sensation  assez  grande.  Les  juifs  de  Metz 
ayant  été  attaqués  par  M.  Aubert-Du- 
bayet ,  Bing  y  répondit  dans  une  Lettre 
de  Jean-Baptiste,  juif  de  Metz,  à  l'auteur 
anonyme  d'un  écrit  intitulé  :  le  Cri  d'un 
citoyen  contre  les  Juifs,  Metz,  1788,  in-8°; 
son  livre  a  été  cité  par  Mirabeau ,  dans  sa 
Monarchie  Prussienne,  et  par  l'abbé  Gré- 
goire, dans  son  discours  sur  celte  ques- 
lion  proposée  par  l'académie  de  Metz  ; 
Déterminer  les  moyens  d'opérer  la  régé- 
nération sociale  et  politique  des  Juifs, 
discours  qui  remporta  le  prix.  Bing  a  aussi 
donné  une  traduction  de  l'hébreu  en  fran- 
çais d'une  Elégie  de  Juda  Levi  sur  les 
ruines  de  Sion.  Il  mourut  en  1805. 


(i)  EjI  le  ratine  que  Beht  lUng. 


BIX 


309 


BIO 


.  BINGHAM  (Joseph  ) ,  savant  anglais, 
dont  nous  avons  un  ouvrage  sous  ce  titre  : 
O'igines  ecclésiastiques,  en  anglais  ,  Lon- 
dres, 1708-22  ,  .S  vol.  in-8°  :  ibid.  1726  ,  2 
vol.  in-fo'.  Il  a  élé  traduit  en  latin ,  Hall , 
1724,  et  années  suivantes  ,  11  tomes  en  6 
vol.  in-4°.  Cet  ouvrage  est  plein  de  re- 
cherches, mais  aussi  plein  d .■.  préjugés 
et  de  mauvaise  cri.ique  contre  les  dog- 
mes, la  liturgie  et  la  discipline  de  l'Eglise 
catholique.  Comme  on  avait  déjà  répondu 
à  la  plupart  de  ses  critiques  ,  et  qu'elles 
sont  d'ailleurs  de  la  plus  mince  considé- 
ration ,  il  est  difficile  de  na  pas  soupçon- 
ner l'auteur  de  quelque  mauvaise  foi.  11 
mourut  le  17  août  1723.  On  a  encore  de  lui 
quelques  autres  ouvrages  en  anglais.  |  apo- 
logie des  Réformes  de  France, in-S°;  \  Pra- 
tique de  l'Eglise  dans  le  Sacrement  de 
Baptême ,  1712  ;  j  Sermons  sur  la  miséri- 
corde de  Dieu  envers  les  pénitens. 

*  BIXGnAH  (  Georges  )  ,  théologien 
anglican,  né  d'une  famille  noble  en  1715, 
à  Melcomb-Bingham,  dans  le  comté  de 
Dorset,  et  mort  en  1800,  à  Pimpern,dout 
il  était  recteur.  Son  fils ,  Peregrine  Bing- 
ham,  a  publié ,  en  1804,  en  2  vol.  in-S": 
Dissertations,,  Essais  et  Sermons  de  G. 
Bingham,  etc.  précédés  d'une  Notice  sur 
sa  Vie.  Les  principaux  écrits  dont  se 
compose  ce  recueil,  sont  :  |  Traité  sur  le 
Millenium  ,  ou  l'Opinion  des  millénai- 
res, 177-2 ,  sans  nom  d'auteur;  |  Défense 
de  la  doctrine  et  de  la  liturgie  d' Angle- 
terre, à  l'occasion  de  l'apologie  de  Théo- 
phile Lindsay ,171 '4;  |  Dissertationes  apo- 
calyplicœ.  Bingham  y  prétend  que  ce 
livre  est  l'ouvrage  de  St.  Jean  l'Evangé- 
liste  ;  que  ce  n'est  point  le  pape,  mais 
Mahomet  qui  eet  l'Ante-Christ;  que  Con- 
slantinople,  et  non  Rome,  est  la  Babylone 
des  prophéties;  que  le  Millenium  n'est 
pas  encore  commencé ,  mais  qu'il  doit 
s'accomplir.  C'était  un  théologien  aussi 
zélé  que  savant ,  et  qui  joignait  à  beau- 
coup de  candeur  quelque  disposition  à 
l'enthousiasme. 

BIIVI  (  Séverin  ),  Binius,  chanoine  de 
Cologne,  mort  le  14  février  1641 ,  donna 
en  9  vol.  une  édition  des  conciles  en.  4 
vol.  in-folio;  puis  en- 1018,  une  autre  en 
9  vol.  et  une  5e  en  1658,  10  vol.  EILj  a  été 
effacée  entièrement  par  celles  qui  ont 
paru  après.  Voyez   LAEBE. 

*  BINOS  (  l'abbé  de  ) ,  né  à  Saint-Ber- 
trand de  Comminges,  était  avant  la  révo- 
lution ,  chanoine  de  Saint-Bertrand.  Il 
mourut  en  1803  âgé  de  74  ans.  On  a  de 
lui  un  Voyage  par  l'Italie  en  Egypte,  au 


mont  Liban,  en  Palestine  ou  Terre- 
Sainte,  1787,  2  vol.  in-12,  traduits  en  al- 
lemand, Breslau,  1788,  in-8°. 

BLXSFELD  (  Pierre  )  ,  chanoine,  évo- 
que titulaire  d'Azot  et  suffragant  de  Trê- 
ves, après  avoir  édifié  l'Eglise  par  la  ré- 
gularité de  ses  mœurs,  par  son  zèle  et  ses 
travaux,  mourut  à  Trêves  en  1606.  Il  a 
composé  |  Enchiridion  Theologiœ  pasto- 
ralis,  Douai,  1667  ;  ouvrage  peu  recher- 
ché aujourd'hui ,  parce  qu'il  en  a  paru 
de  meilleurs  depuis  sur  celle  matière. 
|  Commenlarius  de  Simonia ,  Trêves  , 
1605,  in-12 ,  estimé.  |  Tractatus  de  con- 
fessionibus  maleficorum  et  sagarum,  Co- 
logne ,  1623  :  ouvrage  entrepris  dans  un 
temps  où  l'on  parlait  beaucoup  de  sor- 
ciers; il  n'y  manque  point  de  critique 
pour  un  siècle  où  l'on  était  trop  crédule 
sur  les  maléfices  ;  mais  il  n'en  aurait  pas 
assez  aujourd'hui  que  l'on  est  peut-être 
trop  incrédule  sur  cette  matière.  (  Voyez 
BRUN  (  le),  HAEN,  SPE,  etc.  )  |  Un  Traité 
De  Tenlationibus,  plein  d'avis  sages,  uti- 
les et  consolans  ,  fruit  de  l'expérience  et 
de  l'étude  des  cœurs. 

BIOERASTAHL  (  Jacob-Jonas  ) ,  né 
àRotarbo  en  Sudermanie,  en  1751 ,  lutta 
contre  l'indigence  pour  faire  ses  études , 
s'appliqua  particulièrement  aux  langues 
orientales ,  et  se  fit  connaître  en  1765  par 
la  première  partie  de  son  Dialogus  he- 
bràicus  ex  arabica  dialecto  illustratus. 
Il  entra  ensuite  en  qualité  de  précepteur 
chez  le  baron  de  Rudbeck ,  maréchal  de 
la  cour  de  Suède ,  parcourut  une  partie 
de  l'Europe  avec  ses  élèves ,  et  à  son  re- 
tour fut  nommé  professeur  adjoint  des 
langues  orientales  à  Upsal ,  professeur  de 
philosophie  en  1776,  et  professeur  des 
langues  orientales  et  grecque  en  1779,  à 
Lunden.  Ayant  entrepris  par  ordre  du 
roi  un  voyage  en  Turquie ,  il  mourut  à 
Salonique  le  12  juillet  1779.  On  a  de  lui 
des  Lettres  écrites  durant  le  cours  de  ses 
voyages,  en  suédois ,  traduites  en  alle- 
mand par  M.  Groskurd  ,  Leipsick,  1779, 
3  vol.  in-8°;  et  Suite  de  ces  Lettres,  1781, 
in-8°.  Les  premières  présentent  des  choses 
intéressantes  et  des  jugernens  impartiaux. 
On  y  trouve  des  anecdotes  curieuses  tou- 
chant Voltaire ,  qu'il  avait  vu  à  Ferney  : 
la  Suite,  publiée  après  sa  mort,  mérite 
peu  d'être  lue  :  soit  que  les  éditeurs  aient 
altéré  ces  écrits  Posthumes ,  comme  il 
n'arrive  que  trop  souvent;  soit  que  le 
voyageur  s.e  soit  lassé  d'être  sage  et  équi- 
table :  ses  dernières  relations  sont  rem- 
plies de  jugernens  faux,  satiriques,  ca-r 


BIO  5 

îbmnieux ,  dictés  surtout  par  l'esprit  de 
secte,  et  de  préventions  aussi  ridicules 
qu'injustes  contre  les  catholiques.  Rien 
n'égale  la  légèreté  avec  laquelle  le  rapide 
voyageur  (  car  il  ne  fait  qu'arriver,  re- 
garder tout  et  partir  )  prononce  pour  ou 
contre  un  livre  ,  pour  ou  contre  un  ou- 
vrage de  l'art.  On  peut  en  juger  par  la 
surprise  qu'il  témoigna  de  voir  à  Colo- 
gne ,  dans  l'église  de  Saint-Pierre,  le 
Christ  peint  la  tête  en  bas ,  chef-d'œuvre 
de  Rubens.  Il  faut  être  bien  superficiel 
ou  bien  étourdi  pour  ignorer  que  c'est 
saint  Pierre  qui  est  peint  dans  cette  atti- 
tude, et  que  c'est  ainsi  que  son  martyre 
est  toujours  représenté. 

BION ,  de  Smyrne ,  poète  bucolique 
grec ,  sous  Plolémée  Philadelphe ,  floris- 
sait  l'an  288  avant  J.-C.  Moschus .  son  dis- 
ciple, dit  qu'il  mourut  de  poison.  Ses  Idyl- 
les offrent  des  images  champêtres,  rendues 
avec  beaucoup  de  délicatesse ,  une  poésie 
douce  et  facile,  un  style  pur  et  élégant. 
Elles  ont  été  traduites  en  vers ,  par  Lon- 
gepierre,  en  1686  ,  in-12,  peu  commun. 
La  traduction  est  à  peina  lisible,  mais 
elle  contient  d'excellentes  remarques  : 
l'édition  de  Commelin ,  1604,in-4°,  est 
estimée.  Bion  a  aussi  été  traduit  en  vers 
par  Poinsinet  de  Sivry ,  à  la  suite  de  son 
Anacréon  ,  et  en  prose ,  par  M.  Monlon- 
net  de  Clairfons ,  avec  sa  traduction  d'A- 
nacréon,  et  par  M.  Gail,  1795,  in-18. 

BION  ,  philosophe  grec  de  Borysthène , 
disciple  de  Cratès ,  puis  cynique,  s'adonna 
à  la  poésie  ,  à  la  musique ,  et  prononça 
un  grand  nombre  de  sentences,  les  unes 
ingénieuses,  les  autres  vides  de  sens, 
comme  tous  ces  moralistes  de  fantaisie, 
qui  prêchent  sans  sanction  et  sans  prin- 
cipes bien  affermis.  Quelqu'un  lui  ayant 
demandé  quel  était  de  tous  les  hommes 
le  plus  inquiet ,  —  Celui  qui  veut  être  le 
plus  heureux  et  le  plus  tranquille...  Il 
disait  en  parlant  du  mariage  •  Qu'une 
femme  laide  était  un  supplice  pour  son 
mari,  et  que  si  une  belle  était  un  sujet 
de  plaisir,  c'était  moins  pour  lui  que  pour 
ses  voisins...  Un  envieux  lui  paraissant 
avoir  l'air  triste  et  rêveur,  il  lui  demanda 
si  sa  tristesse  venait  de  ses  propres  mal- 
heurs ou  du  bonheur  des  autres  ?  «  L'im- 
»  piété  était,  selon  lui,  une  mauvaise 
»  compagne  de  la  sécurité ,  parce  qu'elle 
»  la  trahissait  presque  toujours.  »  C'est 
peut-être  la  plus  sensée  de  ses  maximes  ; 
il  la  vérifia,  dit-on,  à  sa  mork  Etant  sur 
mer  avec  des  pirates  qui  disaient  qu'ils 
étaient  perdus    si  on  les  reconnaissait  : 


()  BIR 

—  Et  moi  aussi,  leur  répondit-il ,  si  on 
ne  me  connaît  pas.  Il  n'y  a  presque  pas 
une  seule  sentence  de  ces  anciens  sages 
où  il  n'y  ait  quelque  trait  de  vanité  et 
d'orgueil...  Une  maxime  utile  et  pratique, 
mais  que  la  philosophie  profane  ne  réa- 
lisera jamais,  était  celle  qu'il  donnait  à 
ses  disciples  :  Quand  vous  écouterez  avec 
fa  même  indifférence  les  injures  et  les 
complimens ,  vous  pourrez  croire  que 
vous  avez  fait  des  progrès  dans  la  vertu... 
Il  trouvait  quelque  chose  de  contradic- 
toire dans  les  funérailles  :  On  brûle  les 
gens,  disait-iL  comme  s'ils  étaient  insen- 
sibles, et  on  les  pleure  comme  s'ils  étaient 
sensibles.  Sophisme  ou  calembourg  peu 
digne  d*un  sage...  Il  quitta  le  manteau  et 
la  besace  de  cynique,  pour  suivre  les 
leçons  de  Théodore,  surnommé  Y  Athée , 
et  enfin  de  Théophraste  :  métamorphoses 
qui  n'ont  rien  d'étonnant  pour  qui  con- 
naît la  capricieuse  mobilité  de  ces  pré- 
tendus sages.  On  dit  qu'à  la  mort  il  re- 
connut ses  impiétés ,  et  en  demanda  par- 
don à  Dieu.  Il  recherchait  les  applaudis- 
semens  par  les  plus  puériles  extravagant- 
ces.  On  rapporte  qu'étant  à  Rhodes,  il  fit 
habiller  des  matelots  en  écoliers,  et  se 
donna  en  spectacle  avec  cette  brillante 
suite.  Bion  florissait  l'an  276  avant  J.-C. 

—  Il  ne  faut  pas  le  confondre  avec  un 
autre  BION ,  de  la  secte  de  Démocrite , 
et  mathématicien  d'Abdèrc.  Celui-ci  est 
le  premier  qui  conjectura  qu'il  existait 
certaines  régions  où  les  jours  et  les  nuits 
duraient  six  mois. 

BION  (  Nicolas  ) ,  mécanicien  et  ingé- 
nieur pour  la  construction  des  instru- 
mens  de  mathématiques  et  des  globes , 
mourut  à  Paris  en  1731 ,  à  81  ans.  On  a 
de  lui  |  De  la  construction  et  des  usages 
des  Instrumens  de  Mathématiques ,  Pa- 
ris, 1752  ,  in-/i°.  |  De  l'usage  des  globes 
et  des  sphères ,  Paris  ,  1751 ,  in-8°  ;  |  deux 
bons  traités  publiés  par  son  fils. 

BIONDO.  Voyez  BLONDUS. 

BIRAGUE  (Clément),  graveur  en 
pierres  Unes ,  passe  pour  le  premier  qui 
ait  trouvé  le  moyen  de  graver  sur  le  dia- 
mant. Cet  artiste  était  Milanais.  Il  vécut 
long-temps  à  la  cour  de  Philippe  II ,  roi 
d'Espagne. 

BIRAGUE  (Rexé  de  ) ,  né  à  Milan 
d'une  maison  noble  et  ancienne  ,  se  re- 
lira en  France ,  où  François  Ier  le  fit  con- 
seiller au  parlement  de  Paris ,  puis  surin- 
tendant de  la  justice.  Charles  IX  lui  donna 
la  charge  de  garde-des-sceaux  en  1570, 
et  celle  de  chancelier  de  France  en  1573. 


BIR  5 

Grégoire  XIII  honora  Birague  du  chapeau 
de  cardinal ,  à  la  prière  de  Henri  III,  qui 
le  déchargea  des  sceaux.  Il  avait  été  ma- 
rié avant  sonentrét:  dans  l'état  ecclésias- 
tique. Il  disait  ordinairement  qu'il  était 
cardinal  sans  titre  ,  prêtre  sans  bénéfice, 
et  chancelier  sans  sceaux;  mais  en  cela 
il  n'y  avait  qu'un  jeu  de  mots  ;  car  il  n'é- 
tait point  prêtre  sans  bénéiiee,  puisqu'il 
était  évêque  de  Lavaur  ,  abbé  de  Flavi- 
gni ,  de  St. -Pierre  de  Sens.  Ce  cardinal 
mourut  en  1583. 

BIRCH  (  Thomas  ) ,  né  à  Londres  le 
23  novembre  1705 ,  de  parens  quakers , 
docteur  en  théologie  à  Aberdéen  en  1753 , 
pasteur  deDebden  dans  la  province  d'Es- 
sex  ,  mourut  le  9  janvier  1766.  Il  est  par- 
ticulièrement connu  par  son  Dictionnaire 
historique  et  critique,  en  anglais  ,  10  vol. 
in-fol. ,  1754  à  1741 ,  traduit  en  grande 
partie  de  Bayle.  On  peut  dire  de  celte 
compilation,  comme  de  tous  les  ouvrages 
de  ce  genre  :  sunt  b  ona ,  sunt  quœdam 
mediocria ,  sunt  mala  plura.  On  a  en- 
core de  lui  |  Vie  de  Bayle  ,  1744 ,  in-8°  ; 
J  Portraits  des  personnes  illustres  de  la 
Grande-Bretagne ,  gravés  par  Houbra- 
ken ,  avec  leurs  Vies  ,  1747-1752  ,  2  vol. 
in-fol.;  |  Mémoires  sur  le  règne  de  la 
reine  Elizabelh,  1754  ,  2  vol.  in-4°; 
|  Histoire  de  la  Société  royale  de  Lon- 
dres,  dont  il  avait  été  secrétaire,  1756, 
k  vol.  in-4°. 

BIRCK.  Voyez  BÉTULÉE. 

*  BIREN  (Jean-Ernest  de  ) ,  duc  de 
Courlande  et  de  Semigalle,  naquit  en 
1687,  et  était,  dit-on,  petit-fils  d'un  pal- 
frenier  du  duc  de  Courlande,  Jacques 
III,  et  fils  d'un  paysan  de  ce  duché, 
nommé  Buhren.  Malgré  la  bassesse  de  son 
origine,  il  forma  des  projets  extraordi- 
naires d'élévation  ,  et  s'éleva  en  effet  au 
comble  des  honneurs  et  de  la  puissance. 
Après  quelques  premières  tentatives  de 
fortune  assez  infructueuses ,  il  s'insinua 
à  la  cour  d'Anne  Ivanowna ,  duchesse 
de  Courlande.  Son  esprit  et  son  exté- 
rieur agréable  lui  acquirent  toutes  les 
faveurs  de  cette  princesse  ;  il  ne  put 
néanmoins  se  faire  admettre  parmi  la 
noblesse  qui  le  rejeta  avec  dédain.  Lors- 
qu'Anne  monta  sur  le  trône  de  Russie , 
en  1730,  on  lui  imposa  la  condition  de 
ne  point  appeler  son  favori  auprès  d'elle  ; 
mais  malgré  sa  promesse ,  elle  ne  tarda 
point  à  mander  Biren ,  qui  parut  triom- 
phant à  4a  cour  et  se  promit  bien  de  se 
venger  des  grands ,  auxquels  il  avait  fait 
ombrage.   Cependant  .pour  ne  pas  trop 


il  BIR 

aigrir  les  esprits,  il  feignit  d'abord  de  ne 
se  mêler  de  rien  ;  mais  peu  à  peu  ,  il  s'in- 
sinua dans  les  affaires,  et  au  bout  de 
deux  ans  il  gouverna  l'état  et  sa  souve- 
raine elle-même.  Il  obtint  les  litres  et  les 
places  les  plus  honorables  ,  et  devint  en- 
fin duc  de  Courlande  en  1737  :  il  fut  re- 
connu en  cette  qualité  par  cette  même 
noblesse  qui  l'avait  dédaigné ,  et  gou- 
verna ce  pays  sans  quitter  la  cour  de 
l'impératrice.  Si  Biren  eût  voilé  son  ori- 
gine par  quelques  vertus ,  ou  eût  pu  ne 
pas  murmurer  d'une  si  grande  puissance  : 
il  avoit  mis  en  vigueur  toutes  les  parties 
de  l'administration,  et  prouvé  des  ta- 
lents; mais  sa  cruauté  ternira  toujours  sa 
mémoire.  Le  nombre  des  victimes  sacri- 
fiées à  sa  vengeance  est  innombrable  : 
la  famille  des  Dolgoroucki ,  une  des  plus 
illustres  de  Russie ,  fut  presque  tout 
entière  immolée  à  sa  jalousie  ;  les  princes 
Vasili  et  Ivan  ,  qui  avoient  eu  le  plus  de 
crédit,  furent  roués  vifs;  deux  autres 
furent  écartelés;  trois  eurent  la  tête 
tranchée.  Le  nombre  des  infortunés  qu'il 
fit  exiler  en  Sibérie  s'élève,  dit-on,  à 
plus  de  vingt  mille.  L'impératrice  elle- 
même  ne  pouvoit  calmer  ses  fureurs. 
Elle  s'occupa  cependant  de  sa  fortune 
jusqu'au  lit  de  la  mort ,  et  lui  donna  par 
son  testament  la  tutelle  du  jeune  Ivan, 
désigné  pour  lui  succéder.  Après  la  mort 
de  la  czarine ,  Biren  fut  solennellement 
déclaré  régent  par  tous  les  ordres  de 
l'état.  Son  ambition  s'accrut  avec  sa  puis- 
sance :  il  osa  porter  ses  vues  jusqu'au 
trône  de  Russie  ,  et  formait  le  projet  d'y 
placer  sa  postérité ,  en  faisant  épouser  à_ 
son  iils  aîné  la  princesse  Elisabeth,  fille 
de  Pierre  I,  et  à  sa  fille  le  duc  de  Hols- 
tein ,  depuis  Pierre  III.  Une  seule  nuit 
renversa  tous  ses  plans.  Le  maréchal  de 
Munich ,  autre  intrigant  de  cour ,  mé- 
content du  régent ,  forma  une  conspira- 
lion  pour  faire  passer  la  régence  à  la  du- 
chesse de  Brunswick,  mère  du  jeune 
czar.  Biren  fut  arrêté  dans  son  lit ,  en- 
chaîné et  conduit  àla  forteresse  de  Schlus- 
selbourg.  Une  sentence  le  déclara  crimi- 
nel d'état.  Il  fut  dépouillé  de  tous  ses 
biens ,  et  conduit  avec  sa  famille  à  Pelim 
en  Sibérie,  où  on  l'enferma  dans  une 
prison  dont  Munich  avoit  donné  le  plan. 
Un  an  après,  une  nouvelle  révolution 
plaça  Elisabeth  sur  le  trône,  renversa 
Munich  et  adoucit  le  sort  de  Biren ,  à  qui 
il  fut  permis  d'aller  s'établir  à  Jaroslaw. 
Par  un  de  ces  coups  de  la  Providence  , 
qui  peut  aussi  punir  l'oppresseur  dont 


BIR 

cilc  a  fait  l'instrument  de  sa  justice  ,  Mu- 
nich, exilé  à  son  tour,  alla  occuper  la 
prison  qu'il  avoil  fait  bâtir  pour  son  enne- 
mi. Lorsque  Pierre  III  monta  sur  le  trône, 
près  de  50  ans  après ,  il  rappela  ces  deux 
rivaux ,  et  Biren  reparut  à  la  cour.  Ce 
caractère  irascible  n'était  pas  adouci  par 
l'infortune.  Irrité  de  ce  que  Pierre  ne  lui 
rendait  pas  son  duché  de  Courlande ,  il 
se  joignit  au  parti  qui  renversa  ce  prince 
et  plaça  Catherine  II  sur  le  trône.  Cette 
princesse  lui  rendit  la  Courlande.  Il  gou- 
verna ce  pays  avec  assez  de  modération  , 
et  vécut  loin  des  affaires  jusqu'à  l'épo- 
que de  sa  mort,  arrivée  à Mittau  en  1772. 
Quatre  ans  après,  Catherine  enleva  la 
Courlande  à  Pierre  son  fils  qui  lui  avait 
succédé. 

*BIRÉ  (Pierre)  était  avocat  du  roi 
au  présidial  de  Nantes ,  dans  le  16e  siè- 
cle. Il  n'est  connu  dans  la  littérature  que 
par  deux  ouvrages.  Le  dernier  qu'il  pu- 
blia en  1593,  est  un  catalogue  des  alliances 
généalogiques  de  la  maison  de  Lorraine , 
qu'il  fit  imprimer  à  Nantes ,  en  un  vol. 
in-4°.  Le  premier  qu'il  avait  publié  dès 
4380 ,  en  un  vol.  in-4° ,  aussi  à  Nantes , 
et  qui  eut  une  2e  édition  en  1637  ,  est  cu- 
rieux et  rare  ;  il  porte  pour  titre  :  Epi- 
masieJ  ou  gazette  d'Aletin  le  martyr  J 
contenant  l'origine  ,  l'antiquité ,  noblesse 
et  sainteté  de  la  Bretagne  Armorique , 
et  principalement  de  Nantes  et  de  Rennes. 

*  BIRGER  de  BIELBO ,  comte  du  palais 
et  régent  de  Suède ,  né  vers  l'an  1210 ,  de 
l'illustre  famille  des  Folkungar ,  la  plus 
puissante  du  royaume ,  avait  épousé  en 
4256,  Ingeborg  ,  sœur  du  roi  Eric  le  Bè- 
gue, et  obtint  en  1238  la  charge  de  jarl, 
répondant  à  celle  de  comte  ou  maire  du 
palais.  Une  expédition  heureuse  contre 
les  Danois,  qui  assiégeaient  Lubek,  avait 
fait  connaître  ses  talens  comme  guerrier, 
et  le  fit  choisir  par  son  souverain  pour 
aller  soumettre  les  Tavastiens ,  peuple  de 
la  Finlande ,  encore  plongés  dans  l'ido- 
lâtrie, et  dont  les  pirateries  étaient  un 
fléau  pour  la  Suède.  Birger  fut  victo- 
rieux, et  acheva  la  conquête  et  la  con- 
version au  christianisme  d'un  pays  où  le 
roi  saint  Eric  avait ,  le  premier,  fait  con- 
naître la  foi.  Le  roi  de  Suède  mourut 
pendant  cette  expédition,  et  les  états 
nommèrent  pour  lui  succéder  Valdemar, 
fils  de  Birger ,  âgé  de  15  ans.  Le  comte 
du  palais ,  à  son  retour ,  mécontent  d'ê- 
Ire  privé  du  titre  de  roi ,  fut  obligé  de 
dissimuler  et  de  se  contenter  de  la  ré- 
gence du  royaume.  Son  administration 


212  BIR 

fut  sage  et  contribua  beaucoup  aux  pro- 
grès de  la  civilisation  suédoise.  Il  réforma 
le  code  des  lois ,  fit  de  nouveaux  règle- 
mens  pour  toutes  les  villes ,  mit  un  frein 
aux  vengeances  particulières ,  protégea 
constamment  la  religion ,  et  employa 
toutes  sortes  de  moyens  pour  donner  de 
la  considération  à  la  Suède  ,  pour  assu- 
rer le  bonheur  et  la  paix  de  ses  compa- 
triotes. Stockholm  lui  doit  son  origine  ;  il 
fit  bâtir  les  premiers  édifices  de  cette 
capitale  entre  le  lac  Mêler  et  la  mer  ;  et 
jeta  les  fondemens  de  la  cathédrale  d'Up- 
sal.  Au  milieu  de  ses  glorieux  travaux  ,  la 
tranquillité  de  Birger  et  de  l'état  fut  quel- 
que temps  troublée  par  une  faction  for- 
mée dans  sa  famille  pour  détrôner  Val- 
demar. Il  en  sortit  vainqueur,  mais  on  lui 
reprocha  d'avoir,  dans  cette  occasion, 
fait  périr  plusieurs  des  chefs ,  qui ,  sur  la 
foi  d'un  traité ,  étoient  venus  dans  son 
camp  pour  terminer  la  querelle  à  l'amia- 
ble ;  perfidie  qui  ne  saurait  être  excusée 
et  qui  ternit  la  gloire  de  son  gouverne- 
ment. Sur  la  fin  de  ses  jours ,  il  obtint 
du  roi  son  fils  des  apanages  considéra- 
bles érigés  en  duchés  souverains  pour 
ses  trois  autres  fils.  Ce  démembrement 
fut  par  la  suite  funeste  à  la  Suède,  par 
les  troubles  qu'il  y  excita.  Birger  mourut 
en  1266,  chéri  et  respecté  des  peuples. 
Bottin  a  écrit  sa  vie,  et  Bunberg  son 
éloge ,  en  suédois.  Ces  deux  ouvrages 
sont  estimés. 

*■  BIRGER ,  roi  de  Suède ,  petit-fils  du 
précédent,  et  fils  de  Magnus  Ladulas, 
naquit  en  1280  ,  et  fut  reconnu  par  les 
états  pour  successeur  de  son  père,  en 
1284.  Magnus  mourut  en  1290;  et,  peu 
après ,  Birger ,  âgé  de  dix  ans ,  fut  élevé 
sur  le  trône  ;  on  lui  donna  pour  tuteur 
Thorkel  Canutson ,  maréchal  du  royaume, 
connu  par  sa  bravoure  et  ses  talens  mili- 
taires. Il  entreprit  diverses  réformes  aux- 
quelles ne  présida  pas  toujours  un  esprit 
judicieux ,  et  qui  firent  beaucoup  de  mé- 
contens.  Ceux-ci  profitèrent  de  la  fai- 
blesse de  Birger,  et  de  l'ambition  des 
ducs  Eric  et  Waldemar,  frères  de  ce 
prince,  pour  le  faire  tomber.  Les  ducs 
s'étant  mis  à  leur  tête  s'emparèrent  de 
plusieurs  provinces.  Birger  effrayé  se  ré- 
concilia avec  ses  frères  en  leur  sacrifiant 
Thorkel.  Mais  ayant  refusé  de  souscrire  à 
de  nouvelles  prétentions  qu'ils  élevaient, 
il  fut  arrêté ,  ainsi  que  la  reine  Margue- 
rite de  Danemarck,  et  l'un  eM'autre  fu- 
rent mis  en  prison  dans  le  château  de 
Nykœping.  Un  domestique  fidèle  parvint 


BIR 


313 


BIR 


à  sauver  leur  fils  Magnus,  qu'il  condui- 
sit en  Danemarck.  Le  roi  recouvra  enfin 
la  liberté  en  partageant  ses  états  et  le  pou- 
voir suprême  avec  ses  frères.  Il  respirait 
cependant  la  vengeance ,  et  il  eut  recours 
à  la  ruse  et  à  la  trahison.  Ayant  invité 
ses  frères  à  un  festin,  il  les  fit  arrêter, 
charger  de  chaînes,  et  jeter  dans  une 
prison ,  où  ils  moururent  de  faim.  Cet 
acte  de  barbarie  arma  contre  Birger  un 
parti  nombreux  ,  et  lui  fit  perdre  l'estime 
de  la  nation.  Réduit  à  fuir ,  il  chercha  un 
asile  en  Danemark.  Il  apprit  bientôt 
après  que  la  couronne  avait  été  donnée  à 
Magnus,  fils  du  duc  Eric.  Son  fils  ayant 
reparu  en  Suède  ,  fut  saisi  et  condamné 
à  mort.  Traîné  sur  une  place  publique , 
le  jeune  prince  protesta  de  son  innocence 
et  fit  entendre  des  plaintes  auxquelles  le 
peuple  demeura  sourd.  Sa  tête  tomba 
sous  la  hache  du  bourreau.  La  nouvelle 
de  cette  catastrophe  fit  la  plus  profonde 
impression  sur  Birger,  et  le  chagrin  qu'il 
en  ressentit  hâta  sa  moi  t.  Il  mourut  en 
Danemarck  en  1521,  et  fut  enterré  à 
Rings ledt  dans  l'île  de  Seeland. 

BIRGITTE.  Votjez  BRIGITTE. 

BIROAT  (  Jacques  ) ,  né  à  Bordeaux , 
entra  dans  la  compagnie  de  Jésus  et 
passa  ensuite  dans  l'ordre  de  Cluni. 
Son  talent  pour  la  chaire  lui  fit  une  répu- 
tation étendue.  Il  devint  prieur  de  Beus- 
san ,  conseiller  et  prédicateur  du  roi ,  et 
mourut  vers  l'an  1666.  Nous  avons  de  lui 
des  sermons  et  des  panégyriques  en  plu- 
sieurs volumes  in-8°. 

BIRON  (Armand  de  GONTAULT,  baron 
de),  maréchal  de  France  en  1577,  avait 
mérité  par  sa  valeur  en  divers  sièges  et 
combats  la  charge  de  grand-maître  de 
l'artillerie  en  1569.  Après  la  mort  funeste 
de  Henri  III,  il  fut  un  des  premiers  qui 
reconnut  Henri  IV.  Il  le  servit  utilement 
aux  journées  d'Arqués,  d'Ivri,  etc.,  et 
lui  soumit  une  partie  de  la  Normandie. 
Il  fut  tué  au  siège  d'Epernai  en  Champa- 
gne ,  d'un  coup  de  canon,  en  1592.  Ce 
général  avait  composé  des  commentaires 
dont  M.  de  Thou  regrette  la  perle.  Il  était 
fort  zélé  pour  la  religion  catholique.  Ce 
fut  lui  qui  dissuada  Henri  IV  de  se  reti- 
rer en  Angleterre  ou  à  La  Rochelle  ,  et 
qui  lui  persuada  de  tenir  tête  au  duc  de 
Mayenne.  11  fut  le  parrain  du  cardinal  de 
Richelieu  et  lui  donna  son  nom  $  Ar- 
mand. Il  se  glorifiait  d'avoir  passé  par 
tous  les  grades,  depuis  celui  de  soldat 
jusqu'à  celui  de  général  ;  il  disait  «  que 
»  c'était  ainsi  qu'il  fallait  devenir  maré- 
% 


»  chai  de  France.  »  La  sévérité  est  l'âme 
de  la  discipline.  Le  maréchal  de  Biron  ne 
pardonnait  jamais  les  fautes  militaires, 
quoiqu'il  dissimulât  toutes  les  autres; 
mais  ce  genre  de  sévérité  allait  souvent 
trop  loin.  Durant  les  guerres  de  religion, 
Biron  voulut  faire  brûler  une  maison; 
l'officier  qu'il  en  chargeait  craignant  d'ê- 
tre un  jour  recherché,  demanda  qu'on 
lui  donnât  l'ordre  par  écrit,  a  Ah  cor- 
»  bleu  !  dit  Biron  ,  êtes-vous  de  ces  gens 
»  qui  craignent  tant  la  justice?  Je  vous 
»  casse  ;  jamais  vous  ne  me  servirez  ,  car 
»  tout  homme  de  guerre  qui  craint  une 
»  plume ,  craint  bien  une  épée.  »  Fausse 
et  mauvaise  maxime  :  on  peut  craindre 
les  suites  d'une  injustice  ou  d'une  vio- 
lence ,  sans  craindre  une  épée. 

BIRON  (  Charles  de  GONTAULT,  duc 
de  ) ,  fils  du  précédent,  né  en  1561 ,  pair, 
amiral  et  maréchal  de  France ,  fut  confi- 
dent et  favori  de  Henri  IV.  Ce  monarque 
érigea  en  sa  faveur  la  baronie  de  Biron 
en  duché -pairie.  Il  se  distingua  dans 
toutes  les  occasions,  à  Ivri,  aux  sièges 
de  Paris  et  de  Rouen ,  et  au  tombât  d'Au- 
male  en  159/u  II  fut  blessé  la  même  année 
au  combat  de  Fontaine-Française.  Le  roi 
le  dégagea  lui-même  dans  cette  journée , 
du  milieu  des  arquebusades ,  le  trouvant 
tout  percé  de  coups  d'épée.  Il  se  signala 
encore  contre  l'Espagne,  aux  sièges  d'A- 
miens ,  de  Bourg-en-Bresse.  Il  fut  ambas- 
sadeur en  Angleterre,  à  Bruxelles  et  en 
Suisse.  Le  roi  le  combla  de  bienfaits; 
mais  le  maréchal  eut  la  lâcheté  de  con- 
spirer contre  son  maître.  Il  se  ligua  avec 
la  Savoie  et  l'Espagne.  Son  dessein  fut  dé- 
couvert par  un  gentilhomme  nommé  La- 
fin  ,  qui  le  dénonça.  Dès  que  le  maréchal 
fut  arrêté,  il  désavoua  les  projets  qu'on  lui 
prêtait;  et  s'en  déclara  coupable  ensuite 
avec  une  faiblesse  qui  ne  répondait  guère 
au  courage  qu'il  avait  montré.  Il  fut  con- 
damné à  avoir  la  tête  tranchée ,  et  cet 
arrêt  fut  exécuté  le  51  juillet  1602  à  la 
Bastille.  Sa  passion  pour  le  jeu  était  ex- 
trême. Il  y  perdit ,  dans  une  année ,  plus 
de  500  mille  écus.  Jamais  homme  ne  fut 
plus  vain.  Il  ne  cessait  de  dire  du  bien 
de  lui-même  et  du  mal  des  autres.  Il  n'hé- 
sitait pas  de  se  préférer  aux  plus  grands 
capitaines  de  l'antiquité.  Henri  IV  disait 
des  deux  maréchaux  de  Biron ,  qu'il  avait 
eu  beaucoup  à  souffrir  de  l'ivrognerie  du 
père  J  et  des  incartades  du  fils.  Celui-ci 
parlait  du  roi  sans  aucun  ménagement.  Il 
disait  devant  tous  les  courtisans ,  «  qu'il 
»  était  d'une  avarice  épouvantable  pour 
27 


BIR  5 

d les  choses  nécessaires,  et  d'une  prodi- 
»galité  sans  exemple  pour  ses  amours,  n 
Au  siège  d'Amiens ,  Biron  lui  dit  tout 
haut ,  «  qu'il  avait  grand  tort  d'y  avoir 
»  amené  sa  maîtresse ,  et  que  ce  scandale 
»  faisait  murmurer  les  soldats ,  et  les  ren- 
»  dait  moins  ardens  à  le  servir.  »  Il  est  à 
regretter  qu'un  homme  qui  avait  une  fran- 
chise si  rare  et  si  respectable  dans  un 
homme  de  cour,  n'eût  pas  dans  un  degré 
égal  les  autres  vertus,  dont  l'ensemble 
fait  les  grands  hommes. 

BIROA  (Louis-Antoine  de  GONTAULT, 
duc  de  ) ,  pair  et  premier  maréchal  de 
France ,  chevalier  des  ordres  du  roi ,  co- 
lonel-général du  régiment  des  gardes  fran- 
çaises ,  gouverneur  et  lieutenant-général 
pour  le  roi  de  la  province  de  Languedoc, 
etc.,  né  à  Paris  le  2  février  1701,  s'est  dis- 
tingué par  ses  vertus  militaires,  et  plus 
encore  par  ses  qualités  morales  et  chré- 
tiennes. Quand  il  fut  nommé ,  en  1745 , 
colonel  des  gardes  françaises,  ce  régi- 
ment n'était  composé  que  de  soldats  sans 
discipline  et  sans  mœurs  ;  les  gardes  fran- 
çaises étaient  la  terreur  de  tout  Paris  ;  on 
ne  craignait  rien  tant  que  leur  rencontre 
dans  la  nuit.  M.  de  Biron  entreprit  de 
porter  la  réforme  dans  ce  corps  ;  il  y  réus- 
sit tellement,  qu'il  en  forma  un  des  corps 
les  plus  disciplinés  et  les  plus  sages.  Aussi, 
Frédéric  II ,  roi.  ;ïe  Prusse ,  disait  qu'il  ne 
connaissait  que  deux  corps  bien  rangés  à 
Paris  j,  celui  des  curés  et  celui  des  gardes 
françaises.  Il  mourut  le  29  octobre  1788, 
laissant  de  vifs  regrets  aux  bons  citoyens, 
et  aux  militaires  un  de  ces  derniers  exem- 
ples ,  autrefois  si  fréquens,  aujourd'hui  si 
rares ,  où  le  courage  guerrier  brillait  à 
côté  de  la  religion  et  de  la  piété.  L'auteur 
d'un  excellent  ouvrage  en  a  parlé  en  ces 
termes  :  «  Un  homme  qui ,  étant  par  sa 
»  sagesse  et  par  sa  valeur  le  soutien  du 
»  trône ,  le  conseil  du  prince ,  le  protcc- 
»  teur  d'une  des  plus  considérables  pro- 
»  vinces  du  royaume  qui  se  félicitera  à 
»  jamais  de  son  sage  gouvernement ,  met 
»  sa  gloire  à  honorer  la  religion ,  à  la  jus- 
»  tifier,  à  la  consoler  par  l'éclat  de  ses 
»  vertus  ;  qui  au  milieu  des  grandeurs , 
»  n'en  connaît  de  véritable  que  celle  de 
»  craindre  Dieu;  qui,  ne  voyant  dans  son 
»  élévation  que  la  main  que  l'y  a  placé,  et 
»  les  devoirs  qu'elle  y  attache ,  partage 
»  ses  occupations  entre  ce  qu'il  doit  à  son 
v  roi  et  ce  qu'il  doit  au  souverain  Maître 
y  des  rois ,  n'est-il  pas  le  triomphe  de  la 
»  religion  et  l'encouragement  de  la  piété 
»  dans  ce  siècle  vainement  subtil,  où  les 


14  BIR 

»  fausses  maximes  cherchent  à  prévaloir 
»  où  l'on  voudrait  s'égarer  avec  méthode, 
»  faillir  avec  raison,  et  trouver  un  calme 
»  à  la  conscience  par  le  naufrage  de  la  foi 
»  ou  le  dépérissement  de  la  morale  ?  »  On 
doit  à  Biron  un  Traité  de  la  guerre  ma- 
nuscrit. 

BIROX  (AiuiAiVD-LomsdeGONTAULT, 
duc  de  ) ,  né  le  13  avril  1747 ,  neveu  et 
héritier  de  Louis- Antoine ,  fut  connu,  jus- 
qu'en 1788,  souslenomderfuc  de  Lauzun. 
Entouré  de  tous  les  prestiges  de  la  nais- 
sance et  de  la  fortune ,  il  joignait  à  ces 
avantages  une  figure  noble,  un  esprit 
orné  par  la  lecture,  et  une  ardeur  extraor- 
dinaire pour  le  métier  des  armes.  Il  fut 
marié  jeune  et  contre  son  gré;  l'inquié- 
tude de  son  esprit  et  la  légèreté  de  ses  af- 
fections le  firent  courir  pendant  plusieurs 
années  en  Angleterre,  en  Russie,  en 
Pologne ,  et  ce  genre  de  vie  qui  exigeait 
une  prodigieuse  dépense,  plongea  ce 
jeune  seigneur  dans  un  abîme  de  dettes. 
Ses  billets  couraient  sur  la  place  sans  y 
être  reçus,  et  il  en  était  venu  jusqu'à  of- 
frir des  titres  de  cent  mille  francs  pour 
obtenir  vingt-cinq  louis  qu'il  ne  trouvait 
pas.  En  1777 ,  n'ayant  plus  de  ressources, 
il  céda  tous  ses  biens  au  prince  de  Gué- 
menée ,  à  la  charge  de  payer  ses  dettes  et 
de  lui  faire  quatre-vingt  mille  livres  de 
rentes  viagères.  Telle  était  la  situation  où 
l'inconduite  et  l'irréflexion  avaient  réduit 
le  duc  de  Lauzun ,  lorsqu'il  partit  pour  la 
guerre  d'Amérique.  Le  duc  de  Lauzun  s'y 
fit  remarquer  par  sa  valeur  et  sa  conduite 
chevaleresques;  il  est  sûr  que  sa  tenue  élé- 
gante, et  celle  de  ses  brillans  compagnons 
d'armes ,  contrastaient  avec  la  simplicité 
des  Sullivan  et  des  Gates  ,  qui  allaient  au 
feu  un  bonnet  de  laine  sur  la  tête ,  sous 
leur  chapeau  de  général.  La  bravoure  et 
l'intelligence  du  duc  de  Lauzun  lui  valu- 
rent l'estime  et  l'amour  de  l'armée,  qui  le 
désignait  pour  successeur  de  son  oncle 
dans  le  beau  poste  de  colonel  du  régiment 
des  gardes  ;  mais  les  mauvaises  impres- 
sions que  le  dérangement  de  ses  affaires 
avait  données,  l'emportèrent  sur  l'intérêt 
général  que  le  duc  de  Lauzun  inspirait.  A 
la  mort  du  maréchal  de  Biron ,  il  prit  le 
titre  de  duc  de  Biron  ;  mais  il  resta  colo- 
nel des  hussards  de  Lauzun ,  et  le  régi- 
ment des  Gardes  avait  été  donné  au  duc  dn 
Châtelet,  lorsque  la  révolution  de  1789 
commença.  Par  ressentiment  de  ce  passe- 
droit  ,  que  méritait  peut-être  son  attache- 
ment inconsidéré  pour  le  trop  fameux  duc 
d'Orléans,  le  duc  de  Lauzun  ternit  son 


BIR  51 

premier  nom  en  partageant  les  crimes 
et  la  honte  de  Philippe  Egalité,  et  ne 
rougit  pas  d'être  le  confident  et  l'agent 
secret  de  ce  prince  ,  devenu  chef  de  con- 
jurés. Le  duc  d'Orléans  l'envoya  en  1789 
engager  Rivarol  à  publier  un  libelle  con- 
tre la  cour ,  et  l'ambassade  fut  aussi  hon- 
teuse qu'inutile.  Les  procédures  du  Chà- 
telet  l'accusèrent  d'avoir  paru  à  côté  de 
ce  prince ,  au  milieu  des  assassins ,  dans 
les  nuits  des  S  et  6  octobre  1789.  Il  avait 
été  nommé  député  de  la  noblesse  de  Quer- 
cy  aux  états-généraux,  où  il  fut  peu  remar- 
qué. En  1792 ,  il  publia  un  Mémoire  sur 
la  défense  des  frontières  de  la  Sarre  et 
du  Rhin ,  qui  eut  quelque  succès  -,  et  peu 
de  temps  après,  il  fut  mis  à  la  tête  des 
armées  républicaines.  Il  faillit  être  mas- 
sacré à  Lille ,  en  1792 ,  avec  Théobald 
Dillon ,  après  une  défaite  dont  les  soldats 
révoltés  les  accusaient.  Il  fut  éloigné  de 
cette  frontière,  et,  de  commandement  en 
commandement  ,  il  alla  remplacer  le  gé- 
néral Anselme  à  l'armée  de  Nice.  Tour  à 
tour  commandant  de  l'île  de  Corse,  géné- 
ral en  Savoie  et  dans  la  Vendée ,  il  n'ob- 
tint sur  ces  différens  théâtres  ni  succès  ni 
revers  décisifs.  Au  mois  de  mai  1793 ,  il 
allait  être  rappelé  ,  lorsqu'il  donna  sa  dé- 
mission. Enfermé  à  Sainte-Pélagie,  il  fut 
traduit  au  tribunal  révolutionnaire  et  con- 
damné à  mort  pour  avoir  favorisé  les 
Vendéens ,  c'est-à-dire,  pour  ne  les  avoir 
pas  vaincus.  En  allant  au  supplice ,  le  51 
décembre  1793  -,  il  dit  avec  fermeté  et  re- 
pentir :  a  Je  meurs  puni  d'avoir  été  infi- 
»  dèle  à  mon  Dieu ,  à  mon  roi ,  à  mon  or- 

•  dre.»  On  a  publié  sous  son  nom  en  1822, 
des  Mémoires,  qui  se  terminent  en  1783, 
à  l'époque  de  son  retour  des  Etats-Unis. 

*  BIROTEAU  (  Jean-Baptiste  ) ,  né  à 
Perpignan,  fut  député  du  département  di  s 
Pyrénées  -  Orientales  à  la  Convention. 
Nommé ,  le  30  septembre  1792  ,  membre 
d'une  commission  chargée  d'examiner  les 
papiers  de  la  commune  de  Paris  ,  il  atta- 
qua fortement  celtecommune,etdemanda 
l'organisation  d'une  force  départementale 
destinée  à  défendre  la  Convention.  Dans 
le  mois  de  novembre  suivant,  envoyé 
dans  le  département  d'Eure-et-Loir  ,  il  y 
courut  des  dangers  de  la  part  du  peuple , 
irrité  du  projet  de  loi  qui  tendait  à  sup- 
primer le  traitement  des  prêtres.  Lors  du 
procès  de  Louis  XVI,  après  avoir  déclaré 
«que,  long- temps  avant  le  10  août  ,  il 
»  avait  décidé  dans  son  cœur  la  mort  de 

*  ce  prince ,  »  il  vota  pour  l'appel  au  peu- 
ple, et  pour  que  l'arrêt  de  mort  ne  fût 


3  BIS 

exécuté  qu'après  la  conclusion  de  la  paix. 
Le  19  février,  il  demanda  la  poursuite  des 
crimes  du  2  septembre,  et  dénonça  de 
nouveau  la  commune  de  Paris.  Lorsque 
Carrier  proposa  l'établissement  d'un  tri- 
bunal révolutionnaire ,  Biroteau  voulut , 
mais  en  vain  ,  que  cette  proposition  fût 
discutée.  Il  accusa  plus  tard  Robespierre 
d'hypocrisie  ;  mais  le  51  mai  ayant  fait 
triompher  les  montagnards ,  Biroteau  fut 
arrêté.  Il  parvint  à  échapper  au  gendarme) 
qui  le  gardait,  et  se  rendit  d'abord  à 
Lyon.  Le  28  juillet ,  on  le  déclara  traître 
à  la  patrie ,  comme  chef  d'un  congrès  dé- 
partemental tenu  dans  cette  ville.  Pen- 
dant le  siège  qu'elle  eut  à  soutenir ,  Bi- 
roteau se  retira  dans  les  environs  de  Bor- 
deaux. Le  décret  qui  prononçait  la  peine  de 
mort  contre  ceux  qui  recelaient  les  pros- 
crits le  livra  à  la  commission  révolution- 
naire ,  et  il  monta  sur  l'échafaud  le  2i 
octobre  1793.  La  Convention  accorda  des 
secours  à  sa  veuve. 

*  BIRR  (  Antoine  ),  docteur  en  méde- 
cine ,  et  professeur  de  grec  à  l'université 
de  Bâle,  naquit  dans  cette  ville  en  1695, 
On  lui  doit  divers  Traités  de  littérature 
ancienne,  de  philologie,  d'histoire  de  la 
Suisse, etc.  nasoigcôréôitîon  ûu.  Thésau- 
rus linçuee  latine*  de  Jlobert  Etienne, 
qui  parut  k  Pâle  ,  *n  i7Ll,  4  vol.  in-folio. 
Birr  mourut  en  1762. 

*  EISACCïC:-™  (la  comte  Majomno  ), 
naquit  a  Ferrare  sn  1P89  ,  d'une  famille 
noble  et  ancienne  des  éiais  romains.  Il  se 
livra  d'abord  à  l'élude  du  droit ,  et  fut 
reçu  docteur  à  Bologne  ;  ayant  embrassé 
peu  de  temps  ar.rcs  la  carrière  militaire, 
il  se  distingua  en  d6C3  dans  la  guerre  de 
Hongrie ,  où  il  donna  des  preuves  de  son 
courage,  et  fut  ensuite  forcé  de  quitter  les 
états  de  l'Eglise ,  à  cause  d'un  duel  qu'il 
eut  avec  Alexandre  de  Gonzague  sous 
qui  il  servait.  Obligé  de  changer  d'état ,  il 
devint  homme  de  loi  à  Modène.  Bisaccioni 
fut  nommé  peu  de  temps  après  podestat 
de  Baïso  :  une  accusation  très  grave  qu'on 
éleva  contre  lui  faillit  lui  faire  perdre  sa 
place-,  mais  il  se  justifia  complètement 
et  fut  nommé  presque  aussitôt  à  une 
podestaterie  supérieure.  Le  prince  de 
Corrège  le  nomma  régent  de  ses  états  et 
lui  en  confia  l'administration  civile  et  mi- 
litaire. Il  occupa  successivement  divers 
emplois  et  il  devint  tour  à  tour  gouver- 
neur de  la  ville  de  Trente,  lieutenant- 
général,  ambassadeur  auprès  du  saint 
Siège,  gouverneur  de  l'état  du  prince 
Avellino,  employé  pour  des  affaires  im- 


BIS 


316 


BIS 


portantes  à  la  cour  de  Savoie,  servant  dans 
l'armée  piémontaise  sous  le  nom  de  comte 
de  Saint- Georges;  Bisaccioni  se  retira 
enfin  à  Venise,  pour  y  chercher  une  vie 
moins  agitée ,  et  s'y  livra  tout  entier  à  la 
composition  des  ouvrages  qui  nous  restent 
de  sa  main.  Le  roi  de  France ,  pour  le  ré- 
compenser sans  doute  de  divers  services 
qu'il  en  avait  reçus,  lui  donna  les  titres  de 
gentilhomme  de  la  chambre  et  de  mar- 
quis ,  et  le  décora  du  cordon  de  Saint- 
Michel.  Malgré  tous  ces  honneurs,  et  quoi- 
qu'il fût  membre  de  plusieurs  académies, 
le  comte  Bisaccioni  mourut  pauvre ,  le  8 
juin  1663.  On  a  de  lui  |  Statuti  eprivilegi 
delta  sacra  religione  constantiniana  _, 
Trente,  1624,  in-4°;  |  plusieurs  écrits  histo- 
riques sur  les  guerres  d'Allemagne  ,pu- 
bliés  depuis  1633  jusqu'en  1642  ;  |  Istoria 
délia  guerra  civili  di  quesli  lempiJ  cioè 
d'Inghilterra  .,  Catalogua  ,  Francia ,  etc. 
Venise ,  1655 ,  in-4°  ;  |  L'Art  d'écrire  en 
chiffres ,  Gènes  ,  1635 ,  in-8°  ;  |  Sensi  ci- 
vili sopra  il  perfelto  capitano.,  con  le  con- 
siderazioni  sopra  taîtica  di  Leone  impe- 
ratore *  Venise ,  1642,  in-4°;  Messine, 
i660 ,  in-4°  ;  |  plusieurs  drames  en  mu- 
sique, savoir  :  Ercole  in  Lidia;  Smira- 
mide  M  ïndia,  VQrithia  Vereconda,  VA- 
mazone  d'Aragona,  Venise,  1645  ,  1648, 
4650  et  1651  ;  \  un  ouvrage  accompagné 
de  gravures  ,  sur  les  spectacles  donnés  au 
nouveau  théâtre  de  Venise ,  qui  a  pour 
titre  :  f  Apparati  scenici  per  il  teatro  no- 
vt'ssimo  di  Venezia,  l'anno  1644,  des- 
criiti  da  Majolino  Bisaccioni,  inlagliatida 
LIarco  Boschiri,  Venise ,  1644  ,  in-fol.  ; 
J  plusieurs  romans  et  nouvelles ,  savoir  : 
L'Albergo  ;  favola  tratta  del  vero ,  Ve- 
nise, 1638  et  1640,  2  vol.  in-12  ;  La  Nave, 
owers  novelle  amorose  politiche,  Venise , 
4643,  in-4°;  DemelrioJ  Moscovita,  istoria 
tragicaJ  Borne,  1643,  in-12;  il  Porto, 
novelle  più  vere  che  finte,  Venise ,  1644 , 
in-12.  Ce  sont  douze  nouvelles  que  l'au- 
teur feint  d'être  racontées  par  les  passa- 
gers d'un  vaisseau  près  d'entrer  au  port. 

Des  Traductions  italiennes  de  plusieurs 
romans  français. 

*  BISCHOFSWERDER ,  gentilhomme 
saxon  ,  entré  au  service  de  Prusse  vers  la 
fin  du  règne  de  Frédéric  II ,  puis  ministre 
de  Prusse ,  et  tout-puissant  à  la  cour  de 
Berlin  pendant  plus  de  onze  années.  L'af- 
fection qu'il  avait  témoignée  à  Frédéric- 
Guillaume  lorsque  celui-ci,  encore  simple 
prince  royal,  n'avait  ni  crédit,  ni  pou- 
voir, lui  valut  une  longue  faveur  que  ne 
purent  lui  enlever  ni  les  vicissitudes  du, 


sort,  ni  les  intrigues  des  courtisans.  II  fut 
ministre  plénipotentiaire  de  Prusse  au 
congrès  de  Systhove,  et  reçut  de  l'empe- 
reur d'honorables  marques  de  considéra- 
tion, entre  autres  le  don  d'une  boîte 
ornée  de  son  portrait.  Bischoffswerder 
accompagna  le  roi  de  Prusse  dans  la  cam- 
pagne de  Champagne  en  1792 ,  et  revint 
avec  lui  à  Berlin.  Envoyé  à  Francfort 
comme  ambassadeur  ,  il  quitta  celte  place 
en  1794 ,  et  mourut  dans  sa  terre  de  Mar- 
quais ,  près  de  Berlin  ,  en  1803.  Il  fut  un 
des  chefs  de  la  secte  des  illuminés» 

*  BISC1IOP  (  Guillaume  ),  évêque  de 
Chalcédoine,  in  partibus  infidelium,  et 
vicaire  apostolique  en  Angleterre ,  naquit 
en  1553  à  Brayles,  dans  le  comté  de  War- 
wick,  et  fit  ses  premières  études  à  l'uni- 
versité d'Oxford ,  d'où  il  passa  au  sémi- 
naire anglais  de  Reims  ,  puis  à  celui  de 
Rome.  Revenant  en  Angleterre  pour  y 
travailler  aux  missions  ,  il  fut ,  comme 
prêtre  catholique ,  arrêté  à  Douvres  et  mis 
en  prison.  Ayant  recouvré  sa  liberté,  il 
se  rendit  à  Paris  ,  et  profita  de  l'occasion 
pour  faire  sa  licence  et  passer  docteur  en 
théologie.  Retourné  en  Angleterre  une 
seconde  fois ,  il  put  y  exercer  les  fonc- 
tions du  ministère.  Le  serment  d'allé- 
geance ayant  été  exigé  des  catholiques 
après  la  conspiration  des  poudres,  Bischop 
fut  d'avis  qu'on  pouvait  le  prêter,  et  s'en 
abstint  pourtant  par  respect  pour  le  pape 
qui  l'avait  proscrit.  Ce  ne  fut  qu'en  1623, 
lorsqu'il  avait  atteint  l'âge  de  70  ans , 
qu'il  fut  revêtu  de  la  dignité  de  vicaire 
apostolique.  Le  saint  Siège  y  joignit  lo 
titre  d'évèque  de  Chalcédoine,  et  il  fut 
sacré  à  Paris  le  4  juin  de  la  même  année. 
Il  s'occupa  aussitôt  et  avec  beaucoup 
d'activité  de  l'organisation  de  l'église  ca- 
tholique anglicane.  Il  se  créa  un  chapitre, 
nomma  des  grands-vicaires ,  des  archidia- 
cres ,  des  doyens  ruraux ,  qui  se  répan- 
dirent dans  toutes  les  provinces  de  l'An- 
gleterre. A  peine  eut-il  le  temps  d'achever 
ce  grand  ouvrage.  Attaqué  d'une  maladie 
grave ,  il  mourut  le  16  avril  1624.  On  a  de 
lui  :  |  Défense  de  l'honneur  du  roi,  et  de 
son  litre  au  royaume  d'Angleterre;  \  Pro- 
testation de  loyauté  par  treize  ecclésiasti- 
ques ,  la  dernière  année  du  règne  d'E- 
lizabeth.  Cet  écrit  valut  aux  catholiques 
quelque  liberté  dans  l'exercice  de  leur 
religion.  |  Une  édition  de  l'ouvrage  du 
docteur  Pitts,  De  illuslribus  Angliœ  scrip- 
loribus  ;  |  divers  Ecrits  de  controverse. 
{  Voyez   BLACKWELL.) 

BlSCriOP  f  Nicolas  ),  en  latin  Episco 


BIS 


517 


BIS 


pt'us ,  célèbre  imprimeur  de  Bàle ,  naquit 
à  Weissembourg  en  Alsace ,  vers  la  fin 
du  15e  siècle.  Très  versé  dans  les  langues 
grecque  et  latine ,  il  cultiva  la  typogra- 
phie avec  le  plus  grand  succès.  Le  fameux 
Jean  Froben  lui  donna  sa  fille  en  maria- 
ge; et,  à  la  mort  de  celui-ci ,  arrivée  en 
1527 ,  Bischop  s'associa  avec  Jérôme  Fro- 
ben ,  fils  de  Jean ,  et  par  conséquent  son 
beau-frère.  Ces  deux  imprimeurs  entre- 
prirent la  collection  des  pères  grecs  ; 
Erasme  nous  apprend  qu'ils  la  commen- 
cèrent par  les  ouvrages  de  saint  Basile  le 
Grand.  Les  premières  éditions  où  se  trouve 
le  nom  de  Bischop ,  datent ,  selon  les  An- 
nales de  Panzer,  de  1529.  Tous  les  auteurs 
qui  ont  traité  de  l'histoire  de  la  typogra- 
phie s'accordent  à  louer  la  probité  et  les 
talens  de  Bischop  ;  il  jouissait  d'une  grande 
considération  parmi  les  sa  van  s;  Conrad 
Gesner  lui  dédia  le  dernier  livre  de  ses 
Pandectes. 

*  BISHOP  (  Samuel  ) ,  théologien  an- 
glais, né  à  Londres  en  17.11 ,  devint  maî- 
tre de  l'école  des  marchands  tailleurs  ,  et 
mourut  en  1795.  On  a  de  lui  quelques 
pièces  devers  qui  ont  été  recueillies  après 
sa  mort ,  en  2  vol.  in-4°,  avec  la  vie  de 
l'auteur. 

*  BISSET  (  Robert  ) ,  écrivain  écossais 
né  vers  l'année  1759 ,  et  élevé  à  l'univer- 
sité d'Edimbourg,  consacra  sa  vie  à  l'in- 
struction publique  et  à  la  culture  des  let- 
tres ,  et  fut  assez  long-temps  maître  d'é- 
cole à  Chelsea ,  près  de  Londres.  On  a  de 
lui  les  ouvrages  suivans  :  |  Essai  sur  la 
démocratie  j  179G ,  in-8°.  L'auteur ,  après 
avoir  passé  en  revue  tous  les  états  démo- 
cratiques de  l'antiquité,  finit  par  se  dé- 
clarer contre  cette  forme  de  gouverne- 
ment. |  Vie  d'Emond  Burke  3  contenant 
le  tableau  impartial  de  ses  travaux  litté- 
raires et  politiques ,  et  un  aperçu  delà 
conduite  et  du  caractère  des  plus  éminens 
d'entre  ses  associés ,  ses  partisans  et  ses 
adversaires,  1798,  réimprimée  à  Lon- 
dres en  1800,  en  2  vol.  in-8°  :  cet  ouvrage 
est  estimé.  On  doit  aussi  à  R.  Bissel  quel- 
ques romans  ,  entre  autres  Douglas  ou  le 
IWonlagnard,  4  vol.  in-12,  Londres,  1800. 
et  une  édition  du  Spectateur ,  à  laquelle 
il  a  joint  des  remarques  et  des  notices 
biographiques  sur  les  auteurs  qui  y  ont 
coopéré.  Il  mourut  en  1805 ,  âgé  de  qua- 
rante-six ans. 

BISSON  (  Louis-Charles  ) ,  évoque  de 
Bayeux  ,  né  en  1742  d'un  père  laboureur, 
fut  d'abord  curé  de  Saint-Louet,  arron- 
dissement deSaint-Lo,  et  prêta  le  serment 


exigé  par  l'Assemblée  constituante.  Il  de- 
vint ensuite  grand-vicaire  de  l'évêque 
constitutionnel  de  Coutance  ,  et  fut  en- 
fermé dans  une  maison  d'arrêt  pour  avoir 
refusé  de  remettre  ses  lettres  de  prêtrise. 
En  1799  il  fut  nommé  évêque  de  Bayeux, 
et  assista  au  concile  national  de  1801.  La 
même  année  il  donna  sa  démission  d'après 
la  demande  du  pape ,  et  il  fut  nommé 
chanoine,  honoraire  de  Bayeux.  Il  est 
mort  le  28  février  1820.  On  a  de  lui  : 
|  Almanach  historique  ecclésiastigue  et 
politique  du  diocèse  de  Coutance ,  pour 
les  années  1770  à  1776,  où  l'on  trouve 
des  recherches  curieuses  sur  les  antiqui- 
tés civiles  et  ecclésiastiques  de  ce  diocèse; 
|  Instructions  stir  le  jubilé,  Caen  ,  1802 , 
in-8°  ;  |  Annuaire  du  Calvados  pour  1803 
et  1804 ,  Caen ,  in-18  ;  |  Méditations  sur 
les  vérités  fondamentales  de  la  religion, 
Caen  ,  1807 ,  in-12 ,  sous  le  voile  de  l'ano- 
nyme ;  |  Mémoires  sur  les  changement 
que  la  mer  a  apportés  sur  le  littoral  du 
département  du  Calvados;  ouvrage  qui 
a  remporté  le  prix  de  l'académie  de  Caen, 
et  qui  se  trouve  dans  le  second  volume 
des  Mémoires  de  cette  société,  publiés 
en  1816.  On  a  encore  de  lui  quelques  bro- 
chures en  faveur  des  prêtres  assermen- 
tés. Il  a  laissé  en  outre  plusieurs  manu- 
scrits ,  entre  autres  un  Dictionnaire  bio- 
graphique des  trois  départemens  de  la 
Manche  ,  du  Calvados  et  de  l'Orne  ;  fruit 
des  recherches  de  sa  vie  entière,  et  ren- 
fermant les  articles  de  plus  de  six  cents 
auteurs  normands  ,  la  plupart  inédits. 

*  BISSON,  général  de  division,  comte 
de  l'empire  ,  né  le  25  août  1767  ,  s'acquit 
de  bonne  heure  une  grande  réputation 
aux  armées  d'Allemagne  et  d'Italie;  il 
s'illustra  à  la  défense  du  Calelet  sur  la 
Sainbre,  où  il  tint  tète  avec  60  grenadiers 
et  50  dragons,  à  une  colonne  de  6000 
hommes  et  7  pièces  de  canons.  A  l'affaire 
de  Messenheim,  il  soutint  avec  un  bataillon 
de  417  hommes ,  les  efforts  de  5000  fan- 
tassins et  de  1200  chevaux.  Marengo ,  le 
passage  du  Mincio  et  les  campagnes  de 
Prusse  et  de  Pologne  furent  encore  pour 
lui  des  théâtres  de  gloire. Il  fut  successive- 
ment gouverneur-général  de  Brunswick, 
de  la  Navarre ,  du  Frioul ,  et  du  comté 
de  Goritia.  Il  mourut  à  Mantoue  en  1811. 

*  BISSON  (  Hexri  ) ,  enseigne  de  vais- 
seau, a  rendu  surtout  son  nom  célèbre 
dans  la  guerre  que  les  Français  ont  sou- 
tenue contre  les  Turcs  pour  l'indépen- 
dance de  la  Grèce.  Né  à  Guéménée  (  Mor- 
bihan )  le  5  février  179b,  il  sortit  vers  loio 

27. 


BIT 


518 


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de  l'école  de  marine  à  Brest,  comme  élève 
de  première  classe,  et  fut  promu,  le  1er 
mars  1820  ,  au  grade  d'enseigne  de  vais- 
seau Il  avait  fait  différens  voyages  en 
celte  qualité  dans  les  mers  de  l'Inde,  et 
avait  visité  les  côles  d'Afrique,  d'Asie,  et 
d'Amérique,  lorsqu'il  se  rendit  dans  le 
Levant.  Il  était  abord  de  la  frégate  la  Ma- 
gicienne qui  croisait  dans  l'Archipel,  et 
menait  de  capturer  un  brick  forban,  le 
Vanaïoty.  Quinze  matelots  sous  ses  ordres 
furent  chargés  de  le  monter  en  suivant 
la  frégate  qui  ralliait  le  pavillon  de  l'ami- 
ral Rigny.  Va  coup  de  vent  sépara  les 
deuxbâtimens  et  le  brick  capturé  fut  dans 
la  nécessité  de  chercher  un  abri  dans  le 
mouillage  de  l'île  de  Stampalie.  Quelques- 
uns  des  matelots  prisonniers  étant  par- 
venus à  s'évader,  annoncèrent  aux  pirates 
de  l'ile  que  l'équipage  français  était  trop 
faible  pour  défendre  le  brick  en  cas  d'at- 
taque. Presque  à  l'instant  le  brick  est  en- 
vironné par  une  multitude  de  ces  brigands 
et  Bisson  déclare  qu'il  fera  sauter  le  bâti- 
ment plutôt  que  de  se  rendre.  Deux  grands 
misticks  chargés  de  60  à  70  hommes  fon- 
dent sur  les  15  Français  et  en  tuent  9.  Bis- 
son  est  lui-même  grièvement  blessé.  Il 
descend  dans  la  chambre  des  poudresavec 
une  mèche  à  la  main ,  après  avoir  ordon- 
né à  son  pilote  Trémintin  de  se  jeter  à  la 
mer  avec  ses  compagnons.  Quatre  français 
gagnent  la  terre;  le  bâtiment  saute,  et 
Trémintin  est  jeté  vivant  sur  le  rivage. 
Cette  scène  terrible  se  passait  dans  la  nuit 
du  5  au  G  novembre  1827.  Sur  la  proposi- 
tion de  Chaules  X,  les  chambres  votèrent 
une  pension  pour  la  sœur  de  Bisson.  M. 
Revel  de  Lorient  a  donné  la  vie  de  ce 
marin,  Nantes,  in-8°,    1828. 

BISTAC  (  François  ),  habile  grammai- 
rien, né  à  Langres  le  7  février  1G77.  Il  fut 
l'élève  et  le  successeur  d'Antoine  Garnier, 
et  il  perfectionna  et  augmenta  considéra- 
blement les  Rudimens  de  son  mailre.  Ce 
livre,  adopté  dans  presque  toutes  les 
écoles  avant  la  révolution  pour  les  pre- 
miers élémens  de  la  langue  latine,  a  ob- 
tenu un  très-grand  nombre  d'éditions.  Il 
u  encore  été  réimprimé  en  1810,  et  tra- 
duit en  italien  par  l'abbé  François  Pages, 
Pérouse,  1815,  in-8°.  Bistac  mourut  en 
1752. 

*  BIT  AUBE  (  Paul-Jérémie  ) ,  de  l'a- 
cadémie de  Berlin ,  membre  de  l'institut 
et  de  la  légion  d'honneur ,  né  à  Koenigs- 
berg  ,  d'une  famille  française  que  la  ré- 
vocation de  l'édit  de  Nantes  fit  expatrier, 
6e  lit  d'abord  prédicateur  par  amour  pour 


les  lettres;  mais  bientôt  entraîné  par  son 
goût  pour  la  littérature  grecque,  il  s'y  li- 
vra exclusivement, et  entreprit  de  traduire 
Homère.  Son  premier  essai  fut  une  Tra- 
duction libre  de  l'Iliade,  Berlin  >  1762  , 
in-8°.  Recommandé  à  Frédéric  II  par  d'A- 
lembert ,  dont  il  s'était  concilié  l'estime 
dans  un  premier  voyage  qu'il  fit  en 
France  ,  il  fut  reçu  à  l'académie  de  Ber- 
lin, et  obtint  la  permission  de  faire  un 
second  voyage  pour  perfectionner  sa  tra- 
duction. Il  réussit  assez  bien  pour  éclipser 
tous  ceux  qui  l'avaientdevancé.  Nous  n'a- 
vions de  traduction  supportable  que  celie 
de  la  savante  Mme  Dacicr,  dont  le  style, 
un  peu  sec,  laisse  beaucoup  à  désirer;  la 
sienne  ,  qui  réunit  l'élégance  à  la  fidélité, 
obtint  beaucoup  de  succès.  Il  en  publia  la 
première  édition  en  1764,  2  vol.  in-8°,  la 
seconde  en  1780  ,  et  la  troisième  en  1787. 
Il  publia  l'Odyssée  en  1785  ,  aussi  en  2 
vol.  in-8°.  Cette  dernière  traduction  est 
inférieure  à  la  première.  Dans  l'Iliade  la 
force  et  la  rapidité  d'Homère  soutiennent 
et  entraînent  nécessairement  son  inter- 
prète; mais  l'Odyssée,  qui  ne  présente  que 
des  peintures  de  mœurs  et  des  scènes 
domestiques ,  laisse  froid  son  traducteur, 
surtout  lorsqu'il  veut  tout  rendre  jus- 
qu'aux plus  petits  détails;  et  cet  esclavage 
qu'il  s'impose ,  l'entraîne  dans  des  péri- 
phrases languissantes  et  dans  des  con- 
structions étrangères  au  génie  delà  langue 
française  ;  son  style  manque  de  précision 
et  de  naturel ,  mais  ses  notes  sont  instruc- 
tives ,  et  décèlent  un  écrivain  nourri  de 
la  littérature  ancienne.  Les  autres  ouvra- 
ges de  Bilaubé  sont  :  |  Joseph,  p<ème, 
où  règne  un  fonds  de  sentimens  tendres 
et  religieux  qui  touchent,  parce  qu'ils 
semblent  sortir  du  cœur  de  l'écrivain.  lia 
obtenu  un  grand  nombre  d'éditions;  on  y 
trouve  cependant  des  peintures  dange- 
reuses pour  l'innocence.  Le  style  en  outre 
en  est  très  incorrect;  |  Guillaume  de 
Nassau,  autre  poème  qui  manque  d'in- 
vention,  et  n'a  pas  eu  le  même  succès; 
|  Herman  et  Dorothée  ,  petit  poème  ,  où 
parmi  quelques  détail  pleins  de  charmes 
et  de  vérité,  on  trouve  des  scènes  triviales 
comme  sans  originalité.  Les  œuvres  de 
Bitaubé  ont  été  recueillies  en  1804  en  9 
vol.  in-8°.  Son  Iliade  et  son  Odyssée  ont 
été  réimprimées  depuis  en  k  vol.  in-8°  et 
in-12  ,  et  8  vol.  in-18.  Bilaubé  fut  incar- 
céré avec  son  épouse  en  1795  ,  et  ne  re- 
couvra sa  liberté  qu'après  le  9  thermidor. 
Il  mourut  le  22  novembre  1808. 
BITQ.\ ,  mathématicien ,  qui  vivait  vers 


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3i9 


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S35  avant  J.-C,  a  composé  un  Traité  des 
machines  de  guerre,,  que  l'on  trouve  dans 
les  Mathematici  Veteres >  Paris,  1593, 
in-fol. 

*  BIVAR  (François  de),  religieux  de 
l'ordre  de  Cîteaux ,  né  à  Madrid  au  16e 
siècle ,  enseigna  dans  son  ordre  la  philo- 
sophie et  la  théologie ,  et  fut  envoyé  à 
Rome  en  qualité  de  procureur-général.  11 
a  composé  |  des  Vies  de  saints;  |  un 
Traité  des  hommes  illustres  de  l'ordre  de 
Cîteaux;  |  un  Traité  de  l'incarnation  ; 
\  un  Commentaire  sur  la  philosophie  d'A- 
ristote  ;  |  un  autre  Commentaire  sur  la 
Chronologie  de  Flavius  Lucius  Dexler, 
de  laquelle  l'authenticité  a  été  contestée , 
et  qu'il  essaie  de  défendre  dans  deux 
dissertations.  Bivar  mourut  à  Madrid  en 
1656. 

*  BIZET  (Charles- Jules),  ecclésiasti- 
que ,  né  en  1747 ,  entra  dans  la  congréga- 
tion des  chanoines  réguliers  de  Sainte- 
Geneviève.  A  l'époque  de  la  révolution  , 
il  échappa  aux  dangers  qui  menaçaient  les 
prêtres  insermentés,  et  sortit  de  France 
où  il  ne  revint  qu'après  la  dissolution  du 
Directoire.  Il  s'attacha  en  1801  à  la  pa- 
roisse de  Saint-Etienne-du-Mont ,  et  en  de- 
vint curé  après  la  mort  de  M.  Leclerc  du 
B radin.  Bizet  laissa  en  mourant  un  legs 
de  10,000  francs  aux  pauvres  de  sa  pa- 
roisse. Il  succomba  le  8  juillet  1821  à  l'âge 
de  74  ans.  On  a  de  lui  Discussion  épisto- 
laire  sur  la  religion,  entre  G.  TV.,  pro- 
testant de  l'église  anglicane  et  M.  T.  B.  B. 
catholique  romain ,  traduite  de  l'anglais 
par  M.  T.  B.  B.,  Paris,  1801 ,  in-12.  Les 
lettres  dont  se  compose  cet  ouvrage  sont 
datées  de  1797  ;  l'on  y  examine  tous  les 
points  de  dissidence  entre  les  deux  églises. 

BIZOT  (  Pierre  ) ,  chanoine,  de  Saint- 
Sauveur  d'Hérisson,  dans  le  diocèse  de 
Bourges  ,  né  en  1696  ,  est  auteur  de  V His- 
toire métallique  de  la  république  de  Hol- 
lande ,  imprimée  in-folio,  à  Paris,  en 
1687 ,  et  réimprimée  par  Pierre  Mortier, 
à  Amsterdam ,  1688,  en  3  vol.  in-8°.  Cette 
édition  est  très  belle.  V Histoire  de  Bizot 
la  méritait  ;  elle  est  curieuse  et  intéres- 
sante. Mais  celle  de  Gérard  Van  Loon , 
1732 ,  5  vol.  in-fol.  est  beaucoup  plus 
complète.  Il  mourut  en  1696 ,  âgé  de  66 
ans.  —  Un  autre  BIZOT  (Denis)  traduisit 
en  vers  latins  les  1er  et  5e  chants  du  Lu- 
trin de  Boileau ,  1768  ,  in-8°. 

*  BLACHE  (Antoine),  prêtre  et  doc- 
teur en  théologie ,  né  à  Grenoble ,  en  1635, 
d'une  ancienne  famille,  se  voua  d'abord 
à  la  carrière  des  armes  :  il  l'abandonna 


ensuite  pour  embrasser  l'état  ecclésiasti- 
que ,  et  après  avoir  fait  partie  de  la  com- 
munauté des  prêtres  de  Saint-Sulpice,  il 
devint  curé  de  lluel.  On  a  de  Blache  plu- 
sieurs ouvrages  qui  tirent  beaucoup  de 
bruit  ;  entre  autres  |  une  Réfutation  de 
l'hérésie  de  Calvin  par  la  seule  doctrine 
de  MM.  de  la  Religion  prétendue  réfor- 
mée ,  in-12 ,  Paris  ,  1687  ;  |  Anecdotes  ou 
histoire  secrète  découvrant  les  menées 
sourdes  du  cardinal  de  Retz  et  de  ses  ad- 
hérens  pour  ôter  la  vie  au  roi  et  au  dau- 
phin, 1699;  cette  étrange  production  va- 
lut à  l'auteur  l'entrée  à  la  Bastille ,  en 
1709,  et  il  y  mourut  en  1714.  Blache  était 
complètement  oublié ,  lorsque  le  27  fé- 
vrier 1768,  le  président  Rolland  prononça 
un  discours  dans  lequel  il  avait  inséré  plu- 
sieurs extraits  du  livre  de  Blache.  Les  jan- 
sénistes ont  répété  depuis  cette  époque  les 
absurdités  qu'une  passion  aveugle  avait 
inspirées  à  Blache  contre  l'ordre  des  jé- 
suites. 

*  BLACK  (Joseph),  chimiste  célèbre, 
né  en  1728 ,  à  Bordeaux ,  de  parens  écos- 
sais ,  vint  très  jeune  en  Ecosse ,  et  entra  à 
l'université  de  Glascow  pour  y  étudier  la 
médecine.  Le  docteur  Cullen,  son  profes- 
seur, le  prit  en  affection  et  lui  inspira  le 
goût  des  études  chimiques.  Il  reçut,  en 
1754,  le  degré  de  docteur  en  médecine  à 
l'université  d'Edimbourg ,  et  prononça  à 
cette  occasion  une  dissertation,  Dehumore 
acido  à  cibis  orlo  ,  et  magnesiâ  albâ.  Il 
donna ,  quelque  temps  après ,  de  nou- 
veaux développemens  à  ce  sujet  dans  un 
mémoire  imprimé  dans  le  2e  vol.  des  Es- 
sais philosophiques  et  littéraires  de  la  so- 
ciété d'Edimbourg ,  1756,  sous  le  titre 
d'Expériences  sur  la  magnésie  blanche  , 
la  chaux  vive  et  quelques  autres  substan- 
ces alcalines.  Il  y  démontre ,  de  la  ma- 
nière la  plus  claire  et  la  plus  ingénieuse , 
l'existence  d'un  fluide  aériforme  qu'il  dé- 
signe sous  le  nom  d'air  fixe  ,  dont  la  pré- 
sence adoucit  la  causticité  des  alcalis  et  des 
terres  calcaires  :  on  peut  regarder  cette 
découverte  comme  la  mère  de  toutes 
celles  qui  ont  immortalisé  les  noms  des 
Cavendish  ,  des  Prieslley,  des  Lavoi- 
sier,  etc.,  et  ont  donné  une  face  nouvelle 
à  la  chimie.  En  1757 ,  Black  enrichit  la 
science  de  sa  belle  doctrine  de  la  chaleur 
latente,  qui  a  produit  de  si  importans  ré- 
sultats. Il  avait  été  nommé  ,  en  1756 ,  pro- 
fesseur de  médecine  à  l'université  de 
Glascow ,  à  la  place  du  docteur  Cullen , 
qui  venait  d'être  fait  professeur  de  chimie 
à  l'université    d'Edimbourg.    Lorsqu'on 


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320 


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1765,  le  docteur  Cullen  quitta  cette  chaire, 
Black  fut  encore  choisi  pour  le  remplacer, 
et  se  montra  digne  de  succéder  à  ce  célè- 
bre médecin.  Jamais  professeur  ne  sut 
inspirer  autant  d'enthousiasme  à  ses  au- 
diteurs :  aussi ,  ses  leçons  contribuèrent- 
elles  beaucoup  à  populariser  dans  la 
Grande-Bretagne  le  goût  pour  la  chimie. 
Il  mourut  en  1799 ,  âgé  de  soixante-onze 
ans.  Il  était  membre  des  sociétés  philoso- 
phiques de  Londres  et  d'Edimbourg,  et 
avait  été  nommé,  à  la  sollicitation  de  La- 
voisier,  l'un  des  huit  memhres  étrangers 
de  l'académie  des  sciences  de  Paris.  Ses 
mœurs  étaient  simples,  son  caractère 
froid  et  réservé.  Comme  médecin ,  sa  ré- 
putation eut  peu  d'éclat;  comme  chimiste, 
il  se  fit  quelque  tort  par  l'opposition  qu'il 
mit  long-temps  à  l'introduction  des  nou- 
velles théories  chimiques ,  et  par  son  si- 
lence sur  plusieurs  célèbres  chimistes 
français,  auxquels  il  finit  cependant  par 
rendre  justice.  On  trouve ,  dans  le  65e  vol. 
des  Transactions  philosophiques  de  la  so- 
ciété royale  de  Londres  (1774),  un  mé- 
moire de  Black  sur  l'effet  de  Véhullition 
en  disposant  Veau  à  se  congeler  plus 
promptement  ;  et  dans  les  Transactions 
philosophiques  de  la  société  d' Edimbourg , 
pour  1791 ,  une  Analyse  des  eaux  de 
quelques  sources  chaudes  en  Islande. 
Deux  de  ses  lettres  sur  des  sujets  de  chi- 
mie ont  été  publiées  x>ar  h3  professeur 
Crell  et  par  Lavoisier.  Ses  Leçons  de  chi- 
mie ont  paru  en  1803,  en  2  vol. ,  précé- 
dées d'une  Notice  sur  sa  vie  ,  par  le  doc- 
teur Bobinson  On  doit  à  Black  les  pre- 
mières connaissances  que  nous  ayons 
eues  sur  les  carbonates ,  surtout  sur  ceux 
de  chaux ,  de  potasse ,  de  soude ,  de  ma- 
gnésie. 

BLACKALL  (Offspring)  ,  théologien, 
ne  à  Londres  en  1654,  fut  é\èque  d'Exces- 
ter,  et  se  fit  estimer  par  sa  candeur  et  sa 
probité.  Il  mourut  dans  son  évêché  en 
1716.  Il  passe  pour  un  des  bons  prédica- 
teurs d'Angleterre.  Ses  Sermons  ont  éié 
imprimés  en  2  vol.  in-fol. 

*  BLACKBUBIVE  (François),  théolo- 
gien anglican,  archidiacre  de  Cléveland, 
né  à  Bichemond  dans  le  coinlé  d'Yorck 
en  1703 ,  fut  un  des  plus  chauds  partisans 
do  la  liberté  civile  et  religieuse.  Il  se  fit 
d'abord  connaître  par  |  une  Apologie  d'un 
livre  intitulé  Recherches  libres  et  sincères 
sur  l'Eglise  d'Angleterre.  Il  s'engagea  en 
4756  dans  la  controverse  concernant  l'état 
intermédiaire ,  qui  s'agitait  entre  les  théo- 
logiens ,  et  publia  quelques  écrits  où  il  se 


prononça  contre  cette  question.  L'année 
suivante  il  donna  le  plus  célèbre  de  ses 
ouvrages,  |  le  Confessionnal,  ou  libre  et  en- 
tier examen  du  droit*  de  l'utilité ,  de  l'é- 
dification et  de  l'avantage  de  l'établisse- 
ment de  professions  systématiques  de  foi 
et  de  doctrine  dans  les  églises  protestan- 
tes ,  in-4°.  L'auteur  émettait  des  principes 
tellement  opposés  à  ceux  de  l'église  angli- 
cane ,  qu'une  congrégation  de  dissidens 
lui  offrit  de  devenir  leur  pasteur,  mais  il 
s'y  refusa.  Il  publia  en  1768  |  des  Considé- 
râtes sur  l'état  actuel  de  la  controverse 
entre  les  protestons  et  les  catholiques  de 
la  Grande-Bretagne  et  de  V Irlande  *  par- 
ticulièrement sur  la  question  de  savoir 
jusqu'à  quel  point  ces  derniers  ont  droit 
à  la  tolérance  *  d'après  les  principes  du 
protestantisme.  Sa  haine  pour  le  catholi- 
cisme le  fit  écarter  dans  cet  ouvrage  de 
cette  libéralité  d'idées'  dont  il  avait  fait 
preuve  dans  ses  autres  écrits.  On  lui  doit 
encore  des  pamphlets  et  des  sermons.  Il 
mourut  en  1787 ,  âgé  de  83  ans. 

*  BLACKLOCK  (Tiiomas) ,  poète  écos- 
sais, naquit  en  1721,  au  bourg  d'An- 
nan dans  le  comté  de  Dumfries.  Devenu 
aveugle ,  à  six  mois,  par  suite  de  la  petite- 
vérole,  il  dut  à  cet  accident  une  éducation 
au-dessus  de  sa  naissance.  Son  père ,  qui 
était  maçon ,  lui  lisait  souvent  pour  le  dis- 
traire ,  dans  les  meilleurs  poètes  anglais, 
et  cet  exercice  forma  le  goût  et  l'intelli- 
gence du  jeune  infortuné.  Quelques  jeunes 
gens  qui  fréquentaient  les  écoles  publiques 
venaient  en  outre  lui  répéter  les  leçons 
qu'ils  avaient  reçues.  A  l'âge  de  douze 
ans,  Thomas  s'essaya  dans  la  poésie,  et 
obtint  quelque  succès.  Ayant  perdu  son 
père  à  19  ans,  il  peignit  sa  douleur  dans 
des  vers  pleins  de  charme.  Un  médecin 
distingué  d'Edimbourg,  M.  Stephenson , 
touché  de  son  sort ,  le  plaça  à  l'université 
de  cette  ville,  et  le  mit  en  relation  avec 
plusieurs  personnages  célèbres ,  notam- 
ment avec  David  Hume.  A  l'âge  de  23  ans, 
Thomas  se  faisait  remarquer  par  son  goût 
passionné  pour  la  musique  ,  et  il  soutint 
dans  une  dissertation  Imprimée  ,  que  la 
musique  était  le  langage  primitif  des 
hommes.  Vers  cette  époque  il  fit  paraître 
un  recueil  de  poésies.  Il  se  voua  en  1759 
au  ministère  évangélique  et  fut  un  des 
bons  prédicateurs  de  sa  communion. 
Blacklock  se  maria  en  1762  et  ouvrit  un 
pensionnat  à  Edimbourg ,  où  il  mourut  en 
1791.  Le  choix  de  ses  poésies  a  eu  plusieurs 
éditions.  La  dernière  édition,  qui  a  paru 
en  1796,  a  été  enrichie  d'une  notice  sur  la 


BLA 


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vie  de  l'auteur  par  Spence.  Outre  les  œu- 
vres choisies,  on  lui  doit  :  \ParaclesisJ 
ou  Consolations  tirées  de  la  religion  na- 
turelle et  révélée,  1767 ,  in-8°  ;  |  deux  Dis- 
cours sur  l'esprit  et  les  preuves  du  chris- 
tianisme, traduits  du  français  de  Jacques 
Armand,  1768;  |  Remarques  sur  la  na- 
ture et  Vétendue  de  la  liberté,  etc.,  en  ré- 
ponse au  docteur  Price  ,  1776  ,  in-8°;  |  De 
l'éducation  des  aveugles,  traduit  du  fran- 
çais de  M.  Ilaiiy,  et  imprimé  dans  l'Ency- 
clopédie britannique ,  1783. 

*  BLACKMOHE  (Richard),  médecin 
et  littérateur  anglais.  Le  roi  Guillaume  le 
nomma  son  médecin  ordinaire  et  le  créa 
chevalier.  Il  a  puhlié  plusieurs  ouvrages 
en  vers  et  en  prose  qui  furent  d'abord  as- 
sez bien  accueillis  du  public;  mais  ayant 
attaqué  dans  ses  écrits  des  hommes  qui  lui 
étaient  bien  supérieurs  sous  le  rapport  des 
talens  littéraires ,  il  fut  en  butte  à  tous  les 
traits  satiriques ,  et  regardé  dès  lors 
comme  un  mauvais  poète.  Le  meilleur  de 
ses  ouvrages  est  son  poème  sur  la  Création, 
en  7  chants ,  loué  par  Addison ,  et  par 
Johnson  qui  l'a  fait  insérer  dans  la  collec- 
tion des  poètes  anglais ,  qui  porte  son 
nom. 

BLACKSTONE  (Guillaume),  né  à  Lon- 
dres en  1723 ,  fut  nommé  professeur  en 
droit  à  Oxford,  où  ses  leçons  lui  attirèrent 
tant  d'applaudissemens ,  qu'il  fut  invité  à 
en  faire  la  lecture  au  prince  de  Galles 
(  depuis  Georges  III  )  ;  mais  comme  son  au- 
ditoire était  très  nombreux ,  il  crut  ne  pas 
pouvoir  déférer  à  celle  demande ,  et  se 
contenta  d'envoyer  des  copies  de  plusieurs 
de  ses  leçons  au  prince  qui ,  loin  de  se 
formaliser  d'un  refus  dont  le  motif  élait 
si  louable,  fit  remettre  à  Blackstone  une 
récompense  pour  ses  copies.  Il  mourut  le 
24  février  1750,  laissant  une  veuve  et  une 
nombreuse  famille  qui  se  ressentirent  de 
la  générosité  et  des  bienfaits  du  roi.  La 
célébrité  de  ce  jurisconsulte  est  particu- 
lièrement due  à  un  grand  Commentaire 
sur  les  Lois  anglaises ,  1765 ,  et  années 
suivantes ,  4  vol.  in-8°  ;  traduit  en  fran- 
çais sur  la  4e  édition  anglaise  d'Oxford , 
Bruxelles,  1774,  6  vol.  in-8°.  Cette  tra- 
duction est  défigurée  par  beaucoup  de  con- 
tre-sens, et  mutilée  dans  des  choses  es- 
sentielles ;  la  partie  qui  concerne  la  justice 
criminelle  a  été  traduite  plus  exactement 
par  l'abbé  Coyer,  1773 ,  2  vol.  in-8°,  et  par 
M.  Verninac  de  Saint-Maur,  sous  le  titre 
de  Recherches  sur  les  cours  et  les  procé- 
dures criminelles  d' Angleterre ,  extraites 
des  commentaires  de  Blackstone,  1790, 


in-8°.  Les  Commentaires  ont  été  aussi  tra* 
duits  en  1823  par  M.  Chompré,  6  vol.  ii> 
8°.  Quelques  auteurs  ont  comparé  cet  ou- 
vrage à  Y  Esprit  des  Lois ,  mais  ils  n'a- 
vaient pas  le  talent  de  saisir  l'exactitude 
d'un  parallèle  ;  les  deux  objets  sont  trop 
disparates  pour  se  réunir  sous  quelque 
point  de  vue.  «  Jamais  ouvrage ,  dit  un 
»  avocat  célèbre,  ne  se  sont  moins  ressem- 
»  blés  que  l'Esprit  des  lois  et  le  Com- 
r>  mentaire  sur  les  Lois  anglaises.  Le  pre- 
»  mier  est  un  amas  d'idées  incohérentes , 
»  d'interprétations  fausses,  de  traits  d'i- 
»  magination,  d'erreurs,  de  méprises  dans 
»  les  faits  et  dans  les  raisonnemens  ;  un 
»  recueil  qui  n'apprend  rien ,  sinon  que 
»  l'auteur  avait  beaucoup  d'esprit  et  lisait 
»  fort  légèrement  (jugement  un  peu  sé- 
»  vère).  La  seconde  est  une  compilation 
»  toute  positive,  toute  usuelle ,  qui  com- 
»  prend  en  effet ,  mais  sous  une  forme 
»  très  massive ,  la  véritable  constitution 
»  britannique.  »  On  a  encore  de  Blackstone 
Rapports  des  Cas  jugés  en  différentes 
cours  de  Jf^estminsler  Mail ,  depuis  1746 
jusqu'en  1779,  Londres,  1781,  2  vol.  u>- 
fol. 

*  BLACKWAL  (Antoine),  théologien 
anglais ,  et  savant  critique ,  né  en  1674 
dans  le  comté  de  Derby  et  mort  en  1750 , 
s'adonna  à  l'instruction  publique  pendant 
toute  sa  vie  ,  et  ouvrit  d'abord  une  écoto 
dans  son  lieu  natal  ,  puis  à  Market- 
Bosworth ,  dans  le  comté  de  Leiccster.  Il 
se  fit  une  grande  réputation  par  le  nom- 
bre d'excellens  élèves  qu'il  forma.  Il  a 
traduit  en  latin  les  Sentences  morales  ds 
Théognis,  avec  des  noies  et  des  correc- 
tions ,  1706 ,  in-8°.  On  lui  doit  encore  |  Ir> 
troduclion  à  la  lecture  des  classiques  f 
|  une  Grammaire  latine  ;  \  Les  classiques 
sacrés ,  dé  fendus  et  éclaircis,  ouvrage  qui 
a  eu  deux  éditions,  et  dont  Wallius  a 
publié  une  traduction  latine ,  Leipsick , 
1736. 

BLACKWEL  (  Alexandre  ) ,  savant 
médecin  écossais  d  Aberdéen ,  disciple  de 
Boerhaave ,  exerça  sa  profession  en  Suède. 
Il  y  conçut  le  dessein  de  saigner  des  ma- 
rais; par  une  espèce  d'équivoque  assea 
plaisante,  son  projet  fut  approuvé,  et  on 
lui  en  confia  l'exécution  ;  ce  qu'il  fit  avec 
succès.  Mais  ayant  été  convaincu  d'avoir 
trempé  dans  la  conjuration  du  comte  de 
Tessin ,  il  fut  décapité  le  9  août  1748.  On 
a  de  lui  Curious  Herbal  (Herbier  curieux), 
orné  de  figures  gravées  d'après  nature  par 
Elizabeth  Blackwel ,  son  épouse ,  habile 
dessinatrice ,  1759,  2  vol.  in-foL,  dont  elle 


BLA 


522 


BLA 


a  enluminé  quelques  exemplaires ,  qui 
sont  fort  recherchés.  Le  docteur  Trew  en 
fit  faire  une  traduction  allemande  qu'il 
augmenta  considérablement  et  qui  est  de- 
venue un  nouvel  ouvrage ,  quoiqu'il  porte 
le  titre  de  Herbarium  Blacwelianum. 
Cette  édition  dont  le  texte  est  en  latin  et 
en  allemand  parut  à  Nuremberg  en  6  vol. 
in-fol. 

BLACKWEL  (TnoMAs),  savant  écos- 
sais, principal  de  l'université  d'Aber- 
déen,  né  dans  cette  ville  en  1701 ,  mort 
le  8  mars  1757,  a  donné  |  Les  Mémoires 
de  la  cour  d'Auguste,  1752-55-57  ,  3  vol. 
in-4°,  dont  le  1er  vol.  a  été  traduit  par  Pa- 
lissot;  tout  l'ouvrage  l'a  élé  par  Feutry, 
3  vol.  in-12,  1781.  Cet  ouvrage  contient 
des  réflexions  profondes ,  de  bonnes  maxi- 
mes ,  et  en  même  temps  quelques  vues 
fausses  sur  la  constitution  du  gouverne- 
ment de  l'ancienne  Rome.  |  Recherches 
sur  la  vie  et  les  ouvrages  d'Homère,  1737., 
in-8°,  traduites  en  français  par  M.  Qua- 
tremère  de  Roissy,  1799,  in-8°.  |  Lettres 
sur  la  Mythologie,  1748,  in-8°.  On  y  trouve 
des  vues  nouvelles  et  souvent  hasardées 
sur  les  fables  de  l'antiquité.  Eidous  les  a 
traduites  en  français  en  1771 ,  in-12 ,  et 
1779,2  vol.  in-12. 

*  BLACKAVOOD  (Adam),  né  àDumfer- 
ling ,  en  Ecosse ,  en  1559 ,  d'une  noble  et 
ancienne  famille  d'Ecosse,  étudia  à  Paris 
sous  Turnèbe  et  Dorât.  Après  la  mort  de 
Robert  Reid ,  son  grand-oncle ,  évéque 
des  Orcades ,  chef  du  parlement  d'Ecosse , 
et  qui  avait  été  successivement  ambassa- 
deur à  Rome,  en  Angleterre  et  en  France, 
il  alla  dans  son  pays  recueillir  les  débris 
de  sa  fortune ,  d'où  les  troubles  de  religion 
l'obligèrent  bientôt  de  repasser  en  France. 
Marie,  reine  d'Ecosse,  et  douairière  du 
Poitou,  qu'elle  possédait  par  engagement, 
le  lit  conseiller  au  présidial  de  Poitiers. 
Il  devint,  dans  la  suite,  conseiller  secret 
de  cette  princesse,  et  passa  souvent  la  mer 
pour  lui  rendre  tous  les  services  qui 
étaient  en  son  pouvoir  ;  il  mourut  à  Poi- 
tiers en  1613.  Ses  œuvres  latines  et  fran- 
çaises furent  publiées  par  les  soins  de  Ga- 
briel Naudé,  chez  Cramoisy,  1644,  in-4°. 
On  y  trouve ,  |  Adversùs  Georgii  Bucha- 
nani  dialogum  de  jure  regni  apud  Scotos, 
pro  regibus  apologia ,  ouvrage  bien  écrit , 
savant ,  où  l'on  voit  que  l'auteur  était  éga- 
lement habile  dans  la  jurisprudence ,  la 
théologie,  l'histoire  et  la  politique.  C'est  ce 
qu'il  a  fait  de  mieux.  |  De  vinculo  religio- 
nis  et  imperii.  Il  y  attaque  vivement  le 
fameux  traité  de  Bicher,  De  ecclesiaslicâ 


et  polit  icâ  potestale;  il  soutient  le  pouvoir 
absolu  et  l'indépendance  des  rois.  |  Des 
Poésies  latines,  parmi  lesquelles  on  dis- 
tingue Y  Apothéose  de  Charles  IX ,  qui 
offre  de  l'imagination  et  de  beaux  vers. 
|  La  Relation  du  martyre  de  Marie  Sluart, 
reine  d'Ecosse,  Anvers,  1588,  in-8°,  ou- 
vrage écrit  avec  chaleur,  et  même  avec 
l'amertume  que  lui  devaient  inspirer  les 
traitemens  cruels  et  injustes  qu'on  avait 
fait  souffrir  à  sa  souveraine.  Il  a  encore 
fait  quelques  autres  pièces  de  peu  d'im- 
portance. —  Henri  BLACKWOOD,  son 
neveu,  né  à  Paris,  professeur  en  méde- 
cine et  en  chirurgie  au  collège  royal ,  mort 
à  Rouen  le  17  octobre  1634 ,  était  un 
homme  de  beaucoup  de  talent ,  mais  très 
insconslant,  philosophe,  orateur,  méde- 
cin, soldai,  courtisan,  voyageur,  et  intri- 
gant dans  tous  ces  étals.  On  a  de  lui  quel- 
ques ouvrages,  entre  autres,  les  Pronos- 
tics  d'IIippocrale ,  traduits  en  latin ,  Paris, 
1625 ,  in-24. 

BLAEU  W,  que  quelques-uns  appellent 
aussi  JANSSON  (Guillaume),  disciple  et 
ami  de  Tycho-Brahé,  s'est  fait  un  nom  par 
ses  ouvrages  géographiques  et  ses  impres- 
sions. Il  était  né  à  Amsterdam  en  1571. 
On  a  de  lui  un  Atlas ,  ou  Théâtre  du 
monde,  en  14  vol.  in-fol.,  Amsterdam , 
1658,  y  compris  l'Atlas  céleste,  1  vol.,  et 
l'Atlas  de  mer,  1  vol.  ;  un  Traité  des  Glo- 
bes, elc.  Cet  excellent  imprimeur  mourut 
à  Amsterdam  sa  patrie ,  en  1638 ,  âgé  de 
67  ans.  — Ses  deux  lils  Jean  et  Cobnélis 
ont  donné  une  nouvelle  édition  de  l'Atlas 
de  leur  père  :  l'Atlas  espagnol  est  en  10 
vol.  in-fol.,  le  flamand  en  9  ;  celui  qui  est 
en  latin  est  en  11,  et  le  français  en  12. 
Cette  collection  se  vend  fort  cher,  surtout 
l'Atlas  français ,  lorsqu'il  est  complet.  Un 
incendie  où  Blaeuw  perdit  tout  son  fonds 
de  librairie  le  25  février  1672  ,  a  rendu  ce 
livre  extrêmement  rare.  Le  10e  volume  de 
l'Atlas  espagnol  ne  se  trouve  presque  plus. 
Jean  Blaeuw  est  auteur  des  dessins  du 
Nouveau  Théâtre  d'Italie ,  Amsterdam  , 
1704 ,  4  vol.  in-fol.  avee  ligures.  Quel- 
ques bibliographes  prétendent  que  Jean 
Blaeuw  et  Jean  Jansson  sont  deux  impri- 
meurs différens  et  rivaux.  On  peut  con- 
sulter la  Bibliothèque  curieuse  de  David 
Clément ,  tome  3 ,  p.  208. 

BLA.GRAVE  (Jean),  célèbre  mathé- 
maticien anglais ,  mort  le  9  août  1611 ,  à 
Reading,  est  auteur  de  divers  ouvrages 
qui  prouvent  qu'il  a  excellé  dans  le  genre 
d'étude  auquel  il  s'était  dévoué.  Tels  sont  : 
I  Astrolabium  uranicum  générale,  1596  ; 


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325 


IîL\ 


in-4°  ;  |  Bijou  mathématique  , 1582 ,  in-4°; 
|  Gnomonique,  1609,  2  vol.  in-4°. 

*  BLAIR  (Jean),  savant  chronologiste 
écossais ,  membre  de  la  société  royale  de 
Londres  et  de  celle  des  antiquaires ,  fut 
chapelain  de  la  princesse  douairière  de 
Galles  et  précepteur  du  duc  d'Yorck  pour 
les  mathématiques.  Il  est  mort  h  Londres 
vers  1782.  On  lui  doit  :  |  La  Chronologie 
et  l'Histoire  du  monde,  depuis  la  créa- 
tion jusqu'en  1753 ,  exposées  dans  56  ta- 
bles ,  Londres ,  1754 ,  réimprimées  plu- 
sieurs fois.  La  dernière  édition  est  de 
Londres  1790 ,  in-fol.  Ces  tables  qui  sont 
très  estimées,  ont  été  traduites  en  fran- 
çais par  Chantereau ,  qui  les  a  continuées 
jusqu'en  1795.  |  Leçons  sur  les  canons 
de  l'ancien  Testament,  publiées  après  sa 
mort. 

*  BLAIR  (Hugoes),  célèbre  prédica- 
teur et  littérateur,  né  à  Edimbourg  le  7 
avril  1718.  Destiné  dès  son  enfance  à  l'état 
ecclésiastique ,  il  fut  placé  dans  l'univer- 
sité de  celte  ville  :  il  était  encore  en  logi- 
que lorsqu'il  composa  un  Essai  sur  le 
beau,  qui  obtint  les  suffrages  de  tous  les 
professeurs ,  et  qui  fut  désigné  pour  être 

publiquement  à  la  fin  de  la  session. 
Celte  distinction  fit  une  telle  impression 
sur  son  esprit ,  qu'elle  détermina  son  goût 
pour  la  belle  littérature.  En  1742 ,  il  entra 
dans  les  ordres  sacrés ,  et  fut  aussitôt 
nommé  ministre  à  Collésie ,  dans  le  comté 
de  Fisc,  ensuite  à  Edimbourg;  enfin,  en 
4758,  il  fut  nommé  ministre  de  l'église 
cathédrale  ,  l'une  des  plus  éminenles  di- 
gnités de  l'église  anglicane.  L'année  au- 
paravant ,  l'université  de  Saint- André  lui 
avait  conféré  le  titre  de  docteur,  et  l'em- 
ploi de  professeur,  qu'il  quitta  pour  occu- 
per la  chaire  de  rhétorique  et  de  belles- 
lettres  que  le  roi  venait  de  créer  à  Edim- 
bourg. Ses  leçons  furent  suivies  avec  un 
empressement  toujours  croissant.  Il  rem- 
plissait en  même  temps  tous  les  devoirs 
d'un  ecclésiastique,  et  continua  à  prêcher 
avec  un  prodigieux  concours  ,  jusqu'à  sa 
mort  arrivée  le  27  décembre  1800.  On  lui 
doit  :  |  une  Dissertation  critique  sur  les 
poèmes  d'Ossian ,  qui  parut  en  1763 ,  et 
eut  un  grand  nombre  d'éditions;  |  des  Ser- 
mons ,  dont  le  premier  volume  parut  en 
1777  et  les  autres  successivement.  Ils  eu- 
rent le  plus  grand  succès  et  obtinrent  plu- 
sieurs éditions.  La  dernière  est  de  Lon- 
dres 1801 ,  5  vol.  in-8°.  Ils  ont  été  contre- 
faits en  Irlande  et  en  Amérique.  Il  y  en  a 
deux  traductions  françaises  :  l'une  par 
M.  Froissart,  Lausanne  1791 ,  in-12;  l'au- 


tre par  M.  l'abbé  de  Tressan,  Paris,  1807  T 
5  vol.  in-8°.  On  les  a  traduits  en  hollan- 
dais ,  en  allemand ,  en  esclavon  et  en  ita- 
lien. Ce  qui  les  distingue  particulièrement 
est  une  éloquence  douce  et  persuasive  ; 
son  style,  s'il  n'est  pas  véhément,  est  tou- 
jours animé  et  rempli  d'images  heureuses  ; 
il  paraît  avoir  pris  pour  modèle  Massillon, 
celui  de  nos  orateurs  qu'il  admirait  le  plus  ; 
|  un  Cours  de  rhétorique  et  de  belles-let- 
tres, Londres  1783, 5  vol.  in-8°,  réimprimé 
plusieurs  fois  en  Angleterre  ,  en  Améri- 
que et  en  Irlande ,  et  traduit  dans  plu- 
sieurs langues  de  l'Europe.  Nous  en  avons 
deux  traductions  françaises  :  la  première 
est  de  M.  Cantwel ,  1797 ,  k  vol.  in-8°  ;  la 
seconde ,  de  M.  Prévôt ,  professeur  de 
philosophie  à  Genève ,  1808 ,  h.  vol.  in-8°. 
Cette  dernière  parait  la  meilleure  pour 
l'exactitude  et  le  style.  Il  est  vrai  que  le 
nouveau  traducteur  a  de  grandes  obliga- 
tions à  l'ancien,  dont  il  adopta  souvent 
des  phrases  entières  et  quelquefois  d'assez 
longs  morceaux.  Quant  à  l'ouvrage  an- 
glais ,  il  est  digne  de  la  plus  haute  estime. 
L'auteur  y  traite  successivement  du  goût 
et  de  la  source  de  ses  plaisirs  ;  de  l'origine, 
des  progrès  et  de  la  structure  du  langage  ; 
de  la  théorie  générale  du  style  et  de  ses 
différens  caractères  ;  de  l'éloquence  consi- 
dérée dans  tous  les  genres;  enfin  des  meik 
leures  compositions  en  vers  et  en  prose. 
Des  principes  judicieux  présentés  avec 
méthode  et  éclaircis  par  des  applications 
heureuses  ,  recommandent  cet  ouvrage  , 
écrit  d'ailleurs  avec  beaucoup  d'ordre  et 
de  clarté.  Il  n'est  cependant  pas  exempt 
de  défauts.  On  y  remarque  quelques  tra- 
ces de  partialité  nationale  ,  et  des  juge- 
mens  quelquefois  faux  sur  nos  principaux 
écrivains.  Par  exemple ,  il  proclame  Vol- 
taire le  chef  des  historiens  du  dernier  siè- 
cle ,  et  c'est  le  genre  où  ce  philosophe  a  le 
moins  réussi.  Blair  l'appelle  aussi  le  plus 
religieux  et  le  plus  moral  de  tous  les  poètes 
tragiques. 

BLAISE  (saint) ,  fut ,  à  ce  qu'on  croit , 
évêque  de  Sébaste,  où  il  souffrit  le  mar- 
tyre vers  316.  On  ne  sait  rien  de  certain 
sur  ce  martyr.  Il  est  patron  titulaire  de  la 
république  de  Raguse. 

BLAKE  (Robert),  né  à  Bridgewater, 
dans  la  province  de  Sommerset ,  en  1598 , 
fut  amiral  d'Angleterre  pour  les  parle- 
mentaires en  1649,  après  le  comte  de 
Warwick ,  et  se  signala  plusieurs  fois  con- 
tre les  Hollandais.  Il  battit  ensuite  Tunis 
à  coups  de  canon  en  4656 ,  brûla  9  vais- 
seaux turcs  qui  y  étaient  en  rade ,  et  ayant 


BLA 


324 


BLA 


débarqué  avec  1,200  hommes ,  il  tailla  en 
pièces  3,400  Tunisiens.  Il  s'avança  en- 
suite vers  Alger  et  Tripoli ,  et  fit  donner 
la  liberté  à  tous  les  esclaves  anglais.  Il 
mourut  en  1657,  après  avoir  battu  la 
flotte  espagnole ,  sur  qui  il  prit  les  seuls 
trésors  avec  lesquels  les  Espagnols  espé- 
raient de  soutenir  la  guerre.  Il  était  si  dé- 
sintéressé ,  que  malgré  les  occasions  qu'il 
eut  de  s'enrichir,  il  ne  laissa  pas  en  mou- 
rant 500  livres  sterling  de  plus  qu'il  n'avait 
hérité  de  son  père. 

*  BLAKE  (  JoAcnni  ),  général  espagnol, 
naquit  à  Vélez-Malaga ,  d'une  famille  ori- 
ginaire d'Irlande ,  et  était  capitaine  au  ré- 
giment d'Amérique,  lorsque  la  guerre 
éclata  en  1793  entre  la  France  et  l'Espa- 
pagne.  Après  avoir  passé  par  divers  gra- 
des ,  Blake  parvint  à  celui  de  colonel  au 
régiment  de  la  Couronne ,  et  fut  investi  en 
1808  du  commandement  des  troupes  le- 
vées en  Galice ,  pour  repousser  l'invasion 
française.  Ayant  voulu  porter  du  secours 
au  général  Cuesta ,  il  fut  battu  avec  lui 
par  le  général  Bessières  à  Bio-Seco.  Ce- 
pendant il  s'empara  de  Bilbao ,  et  essaya 
ensuite  d'opérer  sa  jonction  avecCastanos, 
en  se  dirigeant  vers  les  frontières  de  la 
France.  Napoléon  qui  venait  d'entrer  en 
Espagne  l'en  empêcha ,  et  Blake ,  repoussé 
jusqu'à  Espinola,  fit  une  retraite  qui  a  été 
admirée.  Nommé  commandant  des  pro- 
vinces d'Aragon ,  de  Valence  et  de  Cata- 
logne, il  obtint  près  de  Saragosse  de  lé- 
gers succès  qui  furent  suivis  de  quelques 
revers.  En  1810,  il  fit  partie  de  la  régence, 
et  on  dérogea ,  en  sa  faveur,  au  règlement 
des  Cortès ,  qui  défendait  d'appeler  à  faire 
partie  de  la  régence  un  commandant  mi- 
litaire. Blake ,  nommé  capitaine-général , 
s'enferma ,  après  une  nouvelle  défaite 
dans  Valence ,  où  il  fut  bientôt  obligé  de 
capituler.  Il  fut  conduit  en  France  et  il 
y  demeura  prisonnier  jusqu'en  1814.  De 
retour  en  Espagne,  Blake  devint  directeur- 
général  du  corps  des  ingénieurs  mili- 
taires ,  et  à  l'époque  de  la  révolution  de 
4820,  il  entra  au  conseil  d'état.  Après  cette 
révolution  il  cessa  d'être  employé.  Blake 
est  mort  à  Valladolid  en  1827. 

*  BL  AMP  AIN  (  Jean  ) ,  chanoine  régu- 
lier de  la  réforme  des  prémontrés ,  né  au 
bourg  de  Vignot,  près  de  Commerci,  le 
21  octobre  1704,  entra  au  noviciat  de 
l'abbaye  de  Sainte-Mai  de  Pont-à-Mous- 
son  le  25  octobre  1719,  et  fit  profession 
le  6  juillet  1721.  Il  enseigna,  à  l'abbaye 
d'Estival ,  la  rhétorique  ,  la  philosophie  , 
la  théologie ,  et  prit  en  1734,  le  bonnet  de 


docteur  dans  l'université  de  Pont-à-Mous- 
son;  il  fut  ensuite  curé  d'Estival,  et 
officiai  du  même  lieu.  Il  aida  l'abbé  Hugo 
dans  le  travail  des  Annales  de  l'ordre  des 
prémontrés,  et  parcourut  un  grand  nom- 
bre d'abbayes  pour  en  tirer  des  documens 
(Toyez  HUGO).  On  a  du  Père  Blampain 
de  savantes  Notes  sur  la  vie  du  bienheu- 
reux Louis,  comte  d 'Arnstein  ,  religieux 
prémontré,  publiées  d'abord  dans  la  Bi- 
bliothèque de  Prémontré  du  père  le  Paige, 
et  ensuite  dans  les  Sacrœ  antiquitatis 
monumenta  de  l'abbé  Hugo,  tom.  3,  p.  34. 
Il  a  aussi  enrichi  de  Notes  la  Chronique  de 
Baudouin  de  Ninove,  et  celle  de  Vicogne, 
insérées  toutes  deux  dans  le  même  re- 
cueil. Il  est  auteur  d'un  ouvrage  intitulé  : 
Jugement  sur  les  écrits  de  M.  Hugo , 
évêque  de  Ptolémaïde ,  abbé  d'Estival 
en  Lorraine ,  historiographe  de  Prémon- 
tré _,  etc. ,  Nancy ,  Cusson ,  1756 ,  in-8°. 
L'auteur  de  la  table  du  Dict.  des  ano- 
nymes se  trompe  en  lui  attribuant ,  tome 
4 ,  pag.  104 ,  les  Animadversiones  in  sanc- 
tum  Augustinum ,  qui  sont  de  don  Blam- 
pain et  d'autres  religieux  de  la  congré- 
gation de  Saint-Maur.  {Voy.  le  n°  11222 
de  ce  Dict.  ) 

BLAMPIN  (Thomas),  né  l'an  1G40  à 
Noyon  en  Picardie ,  bénédictin  de  Saint- 
Maur  en  1665 ,  visiteur  de  la  province  de 
Bourgogne  en  1708 ,  mourut  à  Saint-Be- 
noit-sur-Loire en  1710.  C'est  à  lui  qu'on 
doit  la  belle  édition  des  OEuvres  de  saint 
Augustin.  Voyez  l'article  de  ce  Père. 

*  BLAMPOIX  (Jean-Baptiste),  na- 
quit à  Màcon,  le  16  octobre  1740.  Après 
avoir  été  ordonné  prêtre ,  il  devint  pro- 
fesseur de  philosophie  dans  sa  ville  na- 
tale. Il  s'acquittait  de  cet  emploi  avec  ta- 
lent ,  lorsqu'il  fut  nommé  à  la  cure  de 
Vandoeuvre,  près  de  Troyes.  Un  fait  par- 
ticulier, qui  prouve  la  vénération  qu'il 
s'était  acquise ,  c'est  que  l'ancien  seigneur 
de  celte  paroisse,  qui  lui  avait  donné, 
bien  long- temps  avant  la  révolution,  une 
chapelle  de  600  francs  de  revenu,  a  con- 
tinué ,  jusqu'au  dernier  moment ,  de  lui 
en  faire  toucher  le  montant ,  quoique , 
depuis  1791 ,  cette  chapelle  et  tous  les  ti- 
tres de  cette  espèce  fussent  supprimés. 
Blampoix  fut  élu,  en  1798,  évêque  de 
Troyes  ,  et  sacré  à  Paris  ,  le  4  novembre 
de  la  même  année.  Il  assista  au  second 
concile  national ,  tenu  à  Paris  en  1801, 
donna  sa  démission ,  et  occupa  pendant 
quelque  temps  la  cure  d'Arnay ,  dans  le 
diocèse  de  Dijon;  il  se  retira  ensuite  à 
Màcon ,  au  sein  de  sa  famille.  Le  pape 


BLA 


323 


1ÏLA 


Pie  VII,  lors  de  son  passage  par  Màcon 
en  1804,  permit  que  Blampoix  lui  fût  pré- 
senté ,  et  lui  lit  un  très  bon  accueil.  Après 
un  assez  long  entretien  ,  le  Saint  Père  lui 
tendit  les  Iras  et  le  pressa  contre  son  sein, 
en  lui  disant  :  Appuyez!  appuyez  !  11  of- 
frit même  à  l'évoque  de  demander  pour 
lui,  au  chef  du  gouvernement,  ce  qu'il 
pourrait  désirer.  M.  Blampoix  est  mort  à 
Màcon,  au  mois  de  juin  1820.  On  a  de  lui 
plusieurs  Lettres  pastorales  ou  Mande- 
mens.  Quelques-unes  de  ces  pièces  ont 
été  imprimées  dans  les  annales  de  la  re- 
ligion, auxquelles  M.  Blampoix  a  donné 
aussi  divers  articles. 

BLANC.  Voyez  BEAULIEU. 

BLANC  (  Jeax)  ouBLANCHA  (Juan), 
bourgeois  noble  de  Perpignan  ,  se  trouva 
premier  consul ,  lorsque  les  Français  fi- 
rent le  siège  de  cette  ville  qui  appartenait 
aux  rois  d'Aragon,  en  1474.  Son  fils  uni- 
que ayant  été  pris  dans  une  sortie,  les 
généraux  ennemis  lui  firent  dire ,  «  que 
»  s'il  ne  rendait  la  place ,  ils  le  feraient 
»  massacrer  à  ses  yeux.  »  Il  leur  fit  ré- 
pondre «  que  sa  fidélité  pour  son  maître 
»  était  supérieure  à  sa  tendresse  pour  son 
»  fils.  »  Jean  Blanc  perdit ,  par  cette  gé- 
nérosité ,  son  iils  unique.  Le  roi  d'Aragon 
Jean  II,  lui  ayant  permis  d'ouvrir  les 
portes  de  la  place,  plutôt  que  de  l'expo- 
ser aux  dernières  extrémités  de  la  guerre, 
il  ne  se  rendit  pourtant  que  8  mois  après. 
On  souffrit  dans  ce  siège  tout  ce  que  la 
faim  a  de  plus  cruel  :  les  chevaux ,  les 
chiens,  les  rats,  les  cuirs,  etc.,  servi- 
rent de  nourriture  aux  assiégés.  Cette  dé- 
fense immortalisa  Jean  Blanc ,  et  mérita 
à  Perpignan  le  titre  de  très  fidèle. 

BLANC  (TnowAS  le) ,  pieux  et  savant 
jésuite  de  Vitri  en  Champagne ,  mort  à 
Reims  en  1G66 ,  après  avoir  été  provin- 
cial. Nous  avons  de  lui  plusieurs  ouvra- 
ges ascétiques  ,  proportionnés  à  l'intelli- 
gence ,  et  assortis  aux  devoirs  de  toutes 
les  classes  de  citoyens,  et  par-là  d'une 
utilité  sûre  et  générale  :  le  Bon  Valet;  la 
Bonne  Servante;  le  Bon  Vigneron;  le 
Bon  Laboureur;  le  Bon  Artisan  ;  le  Bon 
Riche;  le  Bon  Pauvre  ;\c  Bon  Ecolier; 
la  Soldat  généreux ,  etc.  Mais  le  livre  qui 
lui  a  fait  le  plus  de  réputation,  est  un 
grand  commentaire  sur  les  Psaumes,  sous 
ce  titre  Analysis  Psalmorum  Davidico- 
rum,  Lyon,  1065,  6  vol.  in-fol.  Cologne, 
1681.  L'auteur  ne  se  borne  pas  au  sens 
littéral;  il  discute  aussi  amplement  le  sens 
mystique. 
BLANC  (François  le),  gentilhomme 
2. 


du  Dauphiné,  plein  de  feu  et  d'esprit, 
mais  d'un  caractère  très  mélancolique, 
mort  à  Versailles  en  1098,  est  connu  par 
un  Traité  des  monnaies  de  France ,  Pa- 
ris ,  1690  ,  in-4°  ,  lig. ,  qui  est  recherché. 
On  y  joint  ordinairement  la  Dissertation 
sur  les  monnaies  de  Charlemagne  et  de 
ses  successeurs  J  frappées  dans  Rome  ., 
qu'il  avait  fait  paraître  l'année  précé- 
dente. L'un  et  l'autre  ont  été  réimprimés 
à  Amsterdam,  1692,  in-4°.  Cette  édition 
est  moins  estimée  que  celle  de  Paris.  Les 
connaissances  de  Blanc  l'avaient  fait  choi- 
sir pour  enseigner  l'histoire  aux  enfans 
de  France  ;  mais  il  mourut  avant  d'avoir 
rempli  cet  emploi. 

BLANC  (Jean-Bernard  le),  né  à  Di- 
jon en  1707,  historiographe  des  bàtimens 
du  roi  de  France  ,  membre  de  plusieurs 
académies ,  mort  en  1781 ,  est  auteur 
|  des  Lettres  d'un  Français  sur  les  An- 
glais ^1758,  5  vol.  in-12;  |  Dialogues  sur 
les  mœurs  des  Anglais,  1765;  |  Poème 
sur  les  Gens  de  Lettres  de  Bourgogne , 
1726  ,  in-8°  ;  |  Observations  sur  les  ouvra- 
ges  de  Peinture  et  de  Sculpture  de  V 'Aca- 
démie ,  1755  ,  in-12.  Tous  ses  ouvrages  et 
plusieurs  autres,  tels  que  sa  tragédie 
Aben-Saïd,  qui  ne  lui  ont  point  survécu, 
prouvent  par  le  fait  qu'il  n'est  qu'un  au- 
teur médiocre. 

BLANC  (mademoiselle  Le),  est  le  nom 
donné  aune  fille  sauvage,  trouvée  près 
du  village  de  Soigny  ,  à  quatre  lieues  de 
Cbàlons ,  au  mois  de  septembre  1731 , 
âgée  d'environ  dix  ans  ,  puisque  le  curé 
qui  la  baptisa,  en  1752 ,  marqua  sur  le  re- 
gistre avoir  baptisé  une  fille  d'environ  onze 
ans ,  dont  le  père  et  la  mère  nous  sont 
inconnus  comme  à  elle.  Cependant  le 
Mercure  de  France,  décembre  1751,  lui 
donne  17  à  18  ans.  Les  physiologistes  s'é- 
puisèrent en  conjectures  sur  l'origine  de 
celte  fille  ;  mais  il  est  indubitable  que 
c'était  une  enfant  abandonn  ée  par  quelque 
naufrage  ,  sur  les  côtes  de  France  et  qui 
de  forêt  en  forêt  sera  arrivée  à  l'endroit 
où  elle  a  été  prise  ;oubien  une  enfant  du 
pays ,  que  des  parens  désespérés  auront 
exposéedanslesforêts,etqui  aura  trouvé 
moyen  d'y  subsister.  Car  il  est  reconnu 
que  jamais  il  n'y  a  eu  d'hommes  sauva- 
ges (  c'est-à-dire  ,  errans ,  isolés  ,  à  la  ma- 
nière des  brutes  )  ;  la  nature  de  l'homme 
ne  comportant  pas  cet  état  {voyez  le  Ca- 
téchisme philosophique ,  n°153,  édition 
de  1787).  On  a  rapporté  des  choses  éton- 
nantes de  la  force  et  de  l'agilité  qu'elle 
avait  acquises  par  une  vie  dure  et  une 
28 


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lutte  continuelle  contre  les  élémens  et  la 
faim.  «  La  manière,  dit  Racine  le  fils, 
»  dont  elle  courait  après  les  lièvres,  est 
»  surprenante  ;  elle  nous  a  donné  des 
»  exemples  de  sa  façon  de  courir.  Il  ne 
*  paraissait  presque  point  de  mouvement 
»  dans  ses  pieds,  et  aucun  dans  son  corps, 
»  ce  n'était  point  courir  ,  mais  glisser  ;  sa 
»  course  renverse  les  raisonnemens  de 
»  notre  philosophie  à  paradoxes  ,  qui  veut 
»  faire  marcher  les  hommes  à  quatre  pat- 
j>  tes.  »  Ce  qu'il  y  eut  de  plus  remarqua- 
ble ,  ce  fut  la  facilité  qu'on  trouva  à  l'ins- 
truire dans  les  matières  du  christianisme, 
facilité  qui  justifie  la  définition  qu'un  an- 
cien philosophe  a  donnée  de  l'homme,  en 
disant  que  c'était  un  être  religieux.  «  Que 
»  ceux,  dit  Racine,  qui  ont  tant  de  mé- 
»  pris  pour  l'homme ,  expliquent  cette 
»  différence  entre  l'homme  et  les  autres 
«  animaux.  Voici  une  fille  qui ,  élevée 
»  parmi  eux,  et  long-temps  privée  comme 
»  eux  de  la  parole ,  n'a  eu  d'autre  objet 
»  que  de  chercher  la  nourriture  de  son 
3»  corps;  sitôt  qu'elle  entend  des  hommes 
»  se  parler  ,  elle  a  bientôt  appris  la  ma- 
x  nière  d'exprimer  comme  eux  ses  pen- 
»  sées;  sitôt  qu'on  lui  parle  des  choses 
»  spirituelles ,  elle  les  conçoit.  —  C'est 
»  parce  que  nous  sommes  capables  de  les 
»  entendre  ,  divinorum  capaces,  dit  Ju- 
»  vénal,  que  notre  raison  vient  du  Ciel. 
»  Ceux  qui  se  chargèrent  de  l'instruction 
»  de  cette  fille ,  n'eurent  point  affaire  à 
»  un  enfant  qui  ne  fait  usage  que  de  sa 
»  mémoire  pour  répéter  son  catéchisme  , 
y>  mais  à  une  personne  qui  fait  usage  de 
»  sa  raison ,  pour  opposer  les  difficultés 
»  qu'elle,  lui  suggère  ,  à  ce  qu'on  lui  dit 
y  qu'il  faut  croire....  Ce  fut  pendant  qu'elle 
»  était  chez  les  nouvelles  Catholiques, 
»  que  feu  M.  le  duc  d'Orléans  l'alla  voir, 
»  l'interrogea  sur  la  religion,  et  parut 
y  très  content  de  ses  réponses  :  elle  lui 
»  témoigna  avoir  dessein  d'être  religieuse 
»  ce  qui  fut  cause  qu'on  la  fit  passer  dans 
»  un  couvent  à  Chaillot  ;  son  peu  de  santé 

»  l'empêcha  d'exécuter  sa  résolution 

»  Elle-même  se  plait  à  raconter  son  pre- 
j»  mier  état,  et  ne  le  raconte  jamais  sans 
w  rendre  hommage  à  la  miséricorde  de 
»  Dieu,  qui  l'en  a  fait  sortir  ;  et  lorsqu'à 
»  la  mort  de  M.  le  duc  d'Orléans  qui  la  com- 
»  prenait  parmi  ses  pensionnaires,  on  lui 
»»  demandait  si  elle  ne  craignait  pas  de 
»  perdre  sa  pension ,  elle  répondait  avec 
»  une  confiance  admirable  :  Dieu  qui 
»  m'a  tirée  du  milieu  des  bêles  farouches, 
»  pour  me  faire  chrétienne,  m'abandon- 


■b  nera-t-il  quand  je  le  suis ,  et  me  lais- 
»  sera-t-il  mourir  de  faim?  C'est  mon 
»  père ,  il  aura  soin  de  moi.  »  Elle  vivait 
encore  en  1754. 

*  BLANC  DE  GUILLET  (Antoine  Le), 
né  à  Marseille  en  1750 ,  mourut  à  Paris 
en  1799.  Il  travailla  d'abord  pour  le  théâ- 
tre, et  ses  productions  dramatiques  es- 
suyèrent des  critiques  amères ,  et  souvent 
bien  fondées.  Sa  tragédie  de  Manco-Ca- 
pac obtint  quelques  succès  ,  mais  fut  bien- 
tôt oubliée.  Celle  des  Druides  éprouva  le 
même  sort ,  malgré  les  additions ,  les  sup- 
pressions, les  corrections,  les  change- 
mens  de  dénouement  qu'on  y  a  faits  à 
chaque  représentation  pour  la  faire  réus- 
sir :  les  applications  malignes  auxquelles 
elle  peut  donner  lieu,  et  les  maximes 
philosophiques  qu'elle  renferme,  en  fi- 
rent défendre  l'impression.  Dégoûté  du 
théâtre  ,  il  entreprit  de  traduire  Lucrèce, 
et  il  ne  fut  guère  plus  heureux  que  dans 
ses  tragédies  Cet  ouvrage,  d'une  tour- 
nure pénible  ,  d'une  versification  dure  , 
où  des  transpositions  de  mots ,  des  che- 
villes parasites  détournent  l'attention  et 
obscurcissent  les  idées ,  n'a  pas  même  le 
mérite  de  faire  entendre  Lucrèce  ;  et  c'est 
un  avantage  :  les  charmes  de  son  style  ne 
contribueront  pas  à  faire  aimer  le  poison 
de  cette  doctrine  si  souvent  impie  et  scan- 
daleuse. Ses  autres  ouvrages  sont  encoro 
plus  insignifians. 

*BLANCnARD  (  François  ) ,  avocat  de 
Paris ,  versé  dans  l'histoire  et  les  généa- 
logies ,  a  donné  au  public  les  Eloges  des 
premiers  présidais  à  mortier  et  des  con- 
seillers au  parlement  de  Paris  1645  ,  in- 
fol.  Il  publia  aussi  les  Maîtres  des  requê- 
tes ,  en  «545,  in-fol.  Ce  livre  n'a  pas  été 
fini.  L'auteur  mourut  l'an  1650. 

BLANCHARD  (Guillaume),  fils  du 
précédent,  célèbre  avocat  au  parlement  de 
Paris,  connu  par  deux  volumes  in-foL 
intitulés  Compilation  chronologique,  con- 
tenant un  recueil  des  ordonnances,  édils, 
déclarations  et  lettres-patentes  des  rois 
de  France ,  qui  concernent  la  justice  ,  la 
police  et  les  finances  ,  depuis  l'an  897  jus- 
qu'à présent,  Paris,  1745  ,  2  vol.  in-fol.  : 
édition  défectueuse.  Ce  recueil  utile  lui 
coûta  beaucoup  de  recherches.  Il  mourut 
en  1724,  avec  la  réputation  d'un  homme 
savant  et  laborieux. 

BLANCHARD  (Elie)  ,  né  à  Langres  le 
8  juillet  1672.  Les  Mémoires  de  l'académie 
des  Inscriptions,  dont  il  était  membre, 
renferment  plusieurs  de  ses  dissertations, 
qui  font  honneur  à  son  savoir.  En  1711, 


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Dacier  le  prit  pour  son  élève.  Il  devint 
associé  en  1714,  et  en  1727  il  succéda, 
dans  la  place  de  pensionnaire  ,  à  Boivin 
le  cadet.  Il  mourut  en  1755. 

*  BLANCHARD  (Jeax -Baptiste  )  jé- 
suite français  ,  professeur  de  rhétorique 
au  collège  de  Metz, ,  né  ,  en  1731 ,  à  Tour- 
teron  dans  les  Ardennes ,  mort  en  1797. 
On  lui  doit  |  l'Ecole  des  mœurs,  5  vol.  in- 
12  :  ce  sont  des  réflexions  morales  et  des 
traits  historiques  propres  à  développer 
tes  maximes  de  la  sagesse  ,  et  à  faire  ger- 
mer dans  le  cœur  des  jeunes  gens  les 
principes  de  religion  et  de  saine  morale, 
j  Le  Temple  des  muses,  ou  Recueil  des 
plus  belles  fables  des  fabulistes  français; 
|  Préceptes  pour  l'éducation  des  deux 
sexes,  à  l'usage  des  familles  chrétiennes, 
mis  au  jour  par  M.  Bruyset,  1803  ,  2  vo!. 
in-12  ;  |  Education  chrétienne  ,  180  » ,  2 
vol.  in-12. 

*  BLANCHARD  (Nicolas),  célèbre 
aéronaute,  fils  d'un  tourneur  des  Ande- 
lys,  conçut  l'idée  d'agrandir  le  domaine 
de  l'homme,  en  lui  fournissant  les  moyens 
de  voyager  dans  les  airs.  Ses  essais  n'a- 
vaient encore  produit  aucun  résultat , 
lorsque  le  marquis  de  Causans  fit  l'ex- 
périence d'un  appareil  de  son  invention , 
à  l'aide  duquel  il  modéra  la  vitesse  de  sa 
chute  en  s'élançant  du  Pont-royal  dans  la 
Seine.  Blanchard  perfectionna  cette  in- 
vention, qui  ne  remplissait  pas  cepen- 
dant le  but  qu'il  s'était  proposé.  Enfin  le 
moteur  qu'il  cherchait  fut  trouvé  par 
Montgolfier ,  inventeur  du  ballon  aéro- 
statique ,  et  Blanchard  n'eut  qu'à  s'appli- 
quer à  le  diriger.  Il  ajouta  à  l'appareil  de 
Montgolfier,  des  ailes  dont  le  mouve- 
ment ressemblait  à  peu  près  à  celui  des 
rames  d'un  bateau,  et  qu'il  présumait 
devoir  produire  sur  l'air  l'effet  que  celles- 
ci  produisent  sur  l'eau.  Mais  diverses  as 
cousions  lui  démontrèrent  que  cette  ma- 
chine était  encore  insuffisante.  La  pre- 
mière expédition  devait  être  faite  en  pu- 
blic ,  le  2  mars  1784,  et  elle  allait  être 
exécutée,  lorsque  le  jeune  Bonaparte, 
alors  élève  de  l'école  militaire  ,  se  préci- 
pita dans  la  nacelle  et  en  fit  rompre  une 
n  "s  ailes.  C'est  à  Blanchard  qu'on  doit 
l'invention  du  parachute,  perfectionné 
depuis  et  si  hardiment  employé  par  l'in- 
trépide Garncrin.  Blanchard  fit ,  dit-on  , 
plus  de  70  ascensions,  dont  l'une  des 
plus  célèbres  est  celle  qui  le  transporta 
avec  le  docteur  Jefferies  de  Douvres  en 
France  ,  en  1785,  et  qui  lui  valut  le  sur- 
nom de  Don  Quichotte  de  la  Manche.  Il 


est  mort  au  commencement  du  19e  siè- 
cle. —  Mmc  BLANCHARD,  sa  femme, 
aéronaute  non  moins  célèbre  que  lui- 
même,  naquit,  le  25  mars  1778,  dans  la 
petite  commune  des  T  rois-Canons,  près  la 
Rochelle.  Elle  était  d'une  telle  intrépidité 
qu'il  lui  est  arrivé  plusieurs  fois  de  s'en- 
dormir dans  les  airs  pendant  la  nuit ,  et 
d'attendre  ainsi ,  dans  sa  frêle  embarca- 
tion ,  le  retour  du  jour  pour  descendre) 
avec  moins  de  péril.  Elle  avait  fait  heu- 
reusement un  grand  nombre  de  voyages 
aériens,  lorsqu'elle  périt  misérablement, 
le  6  juillet  1819 ,  dans  sa  42e  année  ,  en 
faisant  sa  C7e  ascension  ,  dans  un  ballon  à 
artifice  parti  du  jardin  de  Tivoli.  Un  acci- 
dent mit  le  feu  au  ballon ,  et  cette  infor- 
tunée, à  demi  brûlée,  tomba  fracassée 
sur  une  maison  de  la  rue  de  Provence  à 
Paris. 

BLANCHARD  (Jacques)  ,  peintre ,  né 
à  Paris  en  1600,  mort  dans  cette  ville  en 
1658,  fut  disciple  de  Nicolas  Bolery,  et 
peintre  du  roi.  Il  alla  perfectionner  ses 
talens  à  Rome  et  à  Venise.  L'étude  assi- 
due des  chefs-d'œuvre  du  Titien  ,  du  Tin- 
toret  et  de  Paul  Véronèse  ,  formèrent  son 
génie.  De  retour  à  Paris,  il  l'embellit  de 
plusieurs  de  ses  tableaux.  Les  Bacchana- 
les du  salon  de  M.  Morin,  et  surtout  le 
tableau  de  la  Descente  du  Saint-Esprit , 
qu'on  voit  à  Notre-Dame,  l'ont  mis  à 
coté  des  plus  grands  peintres.  L'ordon- 
nance de  ce  dernier  tableau  est  admira- 
ble. La  lumière  y  est  si  vive  et  si  bien  ré- 
pandue de  tout  côté  ,  qu'on  s'imagine  être 
dans  le  moment  où  l'Esprit  saint  descen- 
dit sur  les  apôtres.  Sa  manière  de  colo- 
rier a  un  brillant  et  une  fraîcheur  qui 
l'ont  fait  nommer  par  quelques-uns  le 
Giorgion  moderne  et  le  Titien  français . 

BLANCHE  DE  CASTILLE ,  née  en 
1 185  ,  d'Alfonse  IX,  roi  de  Castille,  et  d'E- 
léonore  d'Angleterre,  fut  mariée  en  1200, 
à  Louis,  fils  aine  de  Philippe-Auguste, 
roi  de  France;  celui-ci  étant  mort  le  14 
juillet  1225,  l'époux  de  Blanche  monta  sur 
le  trône,  sous  le  nom  de  Louis  VIII,  et 
fut  couronné  avec  elle  à  Reims,  au  mois 
d'août  de  la  même  année.  En  1226  ,  Louis 
VIH  mourut  à  son  tour,  et,  suivant  le 
témoignage  de  quelques  évêques  présens 
à  sa  mort ,  il  donna  à  la  reine  la  tutellp 
de  son  fils  (  depuis  Louis  IX,  ou  .-aint 
Louis)  et  la  régence  du  royaume.  En  con- 
séquence, Blanche  prit  en  main  les  rênes 
de  l'état,  qu'elle  sut  gouverner  avec  au- 
tant de  prudence  que  de  fermeté.  Elle 
déconcerta  et  dissipa  les  ligues  formées 


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contre  l'aulorité  royale ,  par  les  grands 
vassaux  de  la  couronne,  les  maintint  dans 
le  respect,  en  usant  selon  les  circonstances, 
tantôt  des  voies  de  la  politique,  tantôt  de 
celles  des  armes.  Elle  continua  la  guerre 
contre  les  albigeois,  commencée  sous 
Louis  YIII ,  et  fit  en  1228  un  traité  avec 
Raimond,  comte  de  Toulouse,  qui  procura 
la  réunion  des  terres  de  la  maison  de  Tou- 
louse à  la  couronne  de  France.  En  1229, 
elle  fit  assiéger  au  plus  fort  d'un  hiver 
très  dur,  Bellesine  dans  le  Perche,  se 
trouva  au  siège  en  personne  à  côté  de  son 
fils,  pour  animer  les  troupes,  prit  celte 
place  ,  et  contraignit  le  duc  de  Bretagne , 
ainsi  que  les  autres  rebelles,  à  rentrer 
dans  le  devoir.  Tandis  que  cette  grande 
reine  établissait  un  si  bon  ordre  dans  les 
états  de  son  fils,  elle  ne  négligeait  rien 
pour  le  rendre  lui-même  un  grand  roi  ; 
et  pour  imprimer  profondément  dans  son 
âme  les  principes  de  la  religion ,  elle  lui 
disait  souvent  :  Mon  fils ,  j'aimerais  mieux 
vous  voir  mort  que  souillé  d'un  péché 
mortel.  Aussi  ayant  atteint  sa  majorité , 
conserva-t-il  toujours  pour  sa  mère  le 
respect  qui  lui  était  dû,  et  ne  fil  rien 
sans  son  aveu.  En  1248  ,  lorsqu'il  entre- 
prit le  voyage  de  la  Terre-Sainte,  Blanche 
fut  nommée  par  lui  régente  du  royaume, 
et  elle  s'acquitla  des  fonctions  attachées 
à  ce  poste  éminent  avec  le  plus  grand 
succès.  Elle  mourut  l'an  1252 ,  et  fut  en- 
terrée à  Maubuisson,  abbaye  qu'elle  avait 
fondée  en  1242.  L'abbesse  lui  donna,  avant 
sa  mort,  l'habit  monastique.  Les  censeurs 
de  la  reine  Blanche  lui  ont  reproebé  des 
manières  hautaines  avec  les  grands,  de 
l'humeur  avec  sa  belle-fille ,  trop  d'art 
pour  conserver  son  ascendant  sur  son 
fils  ;  mais  ils  lui  ont  accordé ,  avec  ses 
admirateurs ,  beaucoup  de  courage  et  de 
dextérité.  C'est,  sans  contredit,  une  des 
plus  illustres  reines  ;  âme  intrépide  ,  es- 
prit aussi  solide  que  brillant,  beauté  par- 
faite. Quoiqu'elle  eût  plus  de  40  ans,  quand 
Thibaud  ,  comte  de  Champagne  ,  en  de- 
vint amoureux,  il  l'aima  jusqu'à  la  folie. 
La  médisance  attaqua  sa  réputation,  parce 
qu'elle  souffrit ,  par  intérêt  et  pour  des 
raisons  d'état,  les  indiscrétions  de  ce 
prince ,  et  les  assiduités  du  cardinal  Ro- 
main ,  homme  poli  et  bien  fait ,  et  d'un 
si  bon  conseil ,  qu'elle  avait  une  entière 
confiance  en  lui;  mais  les  motifs  de  cette 
conduite  la  justifient  pleinement,  et  l'idée 
de  sa  vertu  ne  fut  point  affaiblie  dans 
l'esprit  des  gens  équitables. 

•  BLANCHE  DE  BOURBON ,  reine  de 


Castille ,  fille  de  Pierre  de  Bourbon ,  na- 
quit en  1338,  et  fut  mariée  à  l'âge  de  15 
ans  au  roi  de  Castille  Pierre  le  Cruel. 
Cette  union,  dictée  par  la  politique ,  n'of- 
frit à  cette  princesse  qu'une  suite  de 
malheurs,  et  entraîna  des  guerres  cruelles 
et  de  terribles  révolutions.  Blanche,  quoi- 
que douée  d'une  grande  beauté  et  do 
toutes  les  grâces  de  la  jeunesse,  se  vit 
abandonnée  par  son  époux  le  lendemain 
de  ses  noces.  Pierre,  enchaîné  par  un 
penchant  coupable  pour  Maria  de  Padilla, 
et  excité  par  des  malveillans  qui  avaient 
cherché  à  lui  donner  des  doutes  sur  la 
vertu  de  la  princesse  ,  n'avait  consenti  à 
la  célébration  de  son  mariage  que  pour 
ménager  la  cour  de  France,  dont  il  crai- 
gnait le  ressentiment.  La  reine,  méprisée 
et  poussée  par  des  conseils  perfides,  entra 
dans  le  parti  des  frères  du  roi,  qui  s'é- 
taient révoltés.  Dès-lors  Pierre  ne  connut 
plus  de  bornes  ;  il  fit  casser  son  mariage 
pour  épouser  Jeanne  de  Castro,  qu'il  ne 
tarda  guère  à  quitter  à  son  tour ,  et  fit 
transférer  Blanche  à  l'Alcazar ,  ou  châ- 
teau de  Tolède.  En  traversant  la  ville , 
elle  parvint  à  échapper  à  ses  gardes  ,  se 
réfugia  dans  la  cathédrale,  déclara  qu'elle 
n'en  voulait  plus  sortir ,  et  toucha  telle- 
ment les  habitans  par  ses  larmes,  qu'ils 
se  soulevèrent  en  sa  faveur.  Pierre  vint 
assiéger  Tolède,  et  s'élant  rendu  maître 
de  cette  ville,  il  fit  enfermer  l'infortunée 
Blanche  à  Médina-Sidonia,  où  cette  prin- 
cesse fut  empoisonnée  par  son  ordre  ; 
d'autres  disent  que  le  chagrin  seul  hâta 
la  fin  de  ses  jours.  Elle  mourut  â^ée  de 
23  ans ,  en  1561.  Les  Français  marchèrent 
en  Espagne  pour  venger  sa  mort.  Pierre 
périt  par  la  main  de  Henri  de  Transta- 
mare,  son  frère  naturel,  en  1368. 

*  BLANCHE,  reine  de  Navarre,  fille  de 
Charles  III ,  auquel  elle  succéda  sur  le 
trône  ,  épousa  en  1402 ,  Martin ,  roi  de 
Sicile ,  et ,  en  secondes  noces  ,  Jean  ,  fils 
de  Ferdinand  1er,  roi  d'Aragon,  qui  lui 
fut  redevable,  en  1423,  de  la  couronne  de 
Navarre.  Le  roi  et  la  reine  prêtèrent  les 
sermens  ordinaires,  et,  suivant  la  cou- 
tume usitée  depuis  le  temps  des  Goths, 
ils  furent  montrés  l'un  et  l'autre  au  peu- 
ple sur  un  pavoi  soutenu  par  les  députés 
des  principales  villes  du  royaume.  Blan- 
che mourut  le  3  avril  1441,  après  un  règne 
de  sciy.e  ans ,  laissant  la  couronne  à  don 
Carlos,  son  fils;  mais  cette  princesse  avait 
fait,  deux  ans  auparavant,  un  testament 
par  lequel  elle  recommandait  à  don  Car- 
los de  ne  point  prendre  possession  de  la 


BLA 


529 


BLA 


royauté,  sans  l'agrément  de  Jean  d'Ara- 
gon ,  son  père  :  ce  qui  occasiona ,  dans  la 
suite,  de  grands  démêlés  entre  le  père  et 
le  iils.  (  Voy.  l'article  suivant,  et  JEAN  II, 
roi  d'Aragon  et  de  Navarre.  ) 

*  BLANCHE  DE  NAVARRE,  fille  aînée 
de  Jean  d'Aragon  et  de  Blanche ,  reine 
de  Navarre,  naquit  en  1421.  Sa  vertueuse 
mère  la  fit  élever  dans  les  meilleurs  prin- 
cipes ,  et  lui  fit  épouser ,  en  1440 ,  don 
Henri ,  prince  des  Asturies ,  qui  fut  roi 
depuis  sous  le  nom  de  Henri  IV  ,  et  dont 
elle  n'eut  point  d'enfans.  Après  douze 
ans  de  mariage ,  une  séparation  fut  ré- 
solue d'un  commun  accord,  entre  les 
deux  époux,  et  l'évèque  de  Ségovie  ,  pro- 
nonça la  sentence  de  divorce.  Blanche 
ainsi  congédiée  arriva  en  1453  à  la  cour 
du  roi  son  père ,  où  l'attendaient  de  nou- 
veaux malheurs.  Jeanne  Henriquez,sa 
belle-mère ,  parvint  à  aigrir  contre  ses 
propres  enfans  Jean  d'Aragon,  qui,  non 
content  de  leur  faire  essuyer  toutes  sortes 
de  vexations ,  conspira  bientôt  lui-même 
contre  eux.  Don  Carlos,  frère  de  Blanche, 
mourut,  en  lui  laissant  en  héritage  le 
royaume  de  Navarre.  Jean  d'Aragon  la 
fit  arrêter  sur-le-champ  et  conduire  sous 
l'escorte  de  Péralta ,  son  confident ,  à  la 
comtesse  de  Foix,  sa  sœur  cadette,  qui, 
malgré  les  liens  du  sang,  était  sa  plus 
cruelle  ennemie.  Transférée  au-delà  des 
Pyrénées,  elle  trouva  moyen,  malgré 
l'exacte  vigilance  de  ses  gardes,  de  faire 
connaître  au  roi  de  Castille,  autrefois  son 
époux ,  l'état  déplorable  de  sa  situation , 
et  lui  envoya  un  écrit  dans  lequel  elle 
l'instituait  héritier  de  son  royaume  de 
Navarre.  Elle  espérait  peut-être  toucher 
le  cœur  de  Henri,  et  l'engager  à  venir  à 
son  secours;  mais  deux  années  entières 
s'écoulèrent  dans  les  larmes  :  enfermée 
dans  le  château  d'Ortès ,  Blanche  attendit 
en  vain  son  libérateur,  et  mourut  empoi- 
sonnée par  les  ordres  de  la  comtesse  de 
Foix.  Quelques  historiens  ont  dit  que  cet 
horrible  forfait  fut  commis  peu  de  temps 
après  sa  détention ,  et  qu'on  avait  ca- 
ché sa  mort  précipitée  pour  ne  pas  aug- 
menter les  soupçons  que  la  conformité  de 
sa  destinée  avec  celle  de  don  Carlos  ,  son 
frère,  avait  déjà  élevés  contre  la  barbarie 
de  sa  famille. 

BLANCHE,  femme  d'un  citoyen  de 
Padoue,  nommé  Porta,  peut  être  mise 
au  rang  des  victimes  de  la  chasteté.  Son 
mari  ayant  été  tué  à  la  prise  de  Bassano 
dont  il  était  gouverneur ,  cette  héroïne , 
après  des  efforts  redoublés  de  courage 


pour  défendre  la  place,  tomba  au  pouvoir 
du  tyran  Acciolin  qui  l'assiégeait.  Les 
grâces  et  l'air  majestueux  de  la  prison- 
nière firent  une  si  vive  impression  sur  le 
brutal  vainqueur ,  qu'il  voulut  la  forcer 
de  satisfaire  ses  désirs.  Elle  ne  s'en  ga- 
rantit qu'en  se  jetant  par  une  fenêtre.  Le 
temps  qu'exigea  la  guérison  de  ses  bles- 
sures causées  par  la  chute,  n'éteignit  point 
les  feux  impurs  du  tyran.  Ayant  épuisé 
toutes  les  ressources  de  la  séduction,  il  la 
fit  lier  sur  un  lit  pour  assouvir  sa  passion 
effrénée.  Celte  femme  outragée  dissimula 
son  désespoir,  et  demanda  la  liberté  de 
revoir  le  corps  de  son  mari.  A  peine  le 
sépulcre  est-il  ouvert  qu'elle  s'y  précipite; 
et  par  un  effort  extraordinaire,  elle  attire 
sur  elle  la  pierre  qui  couvrait  le  tombeau, 
dont  elle  fut  écrasée.  Ce  tragique  événe- 
ment arriva  l'an  1233.  Qu'est-ce  que  la 
faible  et  inconséquente  Lucrèce,  en  com- 
paraison de  cette  trop  fidèle  épouse? 

*  BLANCIIELANDE(  Philibert-Fran- 
çois BOUXEL  de),  naquit  à  Dijon  en  1738. 
Son  père,  lieutenant-colonel  d'un  régi- 
ment d'infanterie ,  étant  mort ,  en  1740  , 
des  suites  de  ses  blessures ,  le  laissa  sans 
fortune  et  sans  appui.  Il  entra  au  service 
à  l'âge  de  douze  ans,  et,  s'étant  fait  remar- 
quer par  son  courage  et  par  sa  bonne  con- 
duite, il  obtint  un  avancement  assez  ra- 
pide. En  1779,  il  fut  envoyé  en  Amérique 
avec  le  régiment  d'Auxerrois,  dont  il  était 
major,  et  il  en  fut  nommé  lieutenant-co- 
lonel, peu  de  temps  après  son  arrivée  à 
la  Martinique.  Il  défendit  l'île  St. -Vin- 
cent ,  avec  sept  cent  cinquante  hommes , 
contre  quatre  mille  Anglais,  qu'il  força  de 
se  rembarquer  :  cette  action  lui  valut  le 
grade  de  brigadier,  hors  de  rang.  En  1781, 
il  fut  nommé  gouverneur  de  l'île  de  Ta- 
bago,  qu'il  avait  contribué  à  enlever  aux 
Anglais  ;  et  ensuite  de  la  Dominique  ,  où 
il  resta  jusqu'à  l'époque  de  la  révolution. 
De  retour  en  France,  Blanchelande  se 
retira  avec  sa  famille  à  Chaussin,  village 
de  Franche-Comté.  Peu  de  temps  après, 
Louis  XVI  le  nomma  gouverneur  de  la 
partie  française  de  St.-Domingue.  Il  fit 
tous  ses  efforts  pour  y  maintenir  la  paix 
et  le  bon  ordre  ;  mais  les  troubles  qui  écla- 
tèrent ,  à  la  suite  de  la  publication  des 
décrets  qui  admettaient  les  hommes  de 
couleur  à  la  jouissance  des  droits  politi- 
ques, le  forcèrent  de  quitter  le  Port-au- 
Prince  ,  résidence  ordinaire  des  gouver- 
neurs, et  de  se  réfugier  au  Cap.  Il  écrivit 
à  l'assemblée  nationale  pour  l'informer 
de  la  situation  de  l'île ,  et  la  prier  de  sus- 
28. 


BLA 


530 


BLA 


pendre  l'exécution  des  décrets,  cause  de 
tous  les  troubles.  Brissot  et  d'autres  dé- 
putés l'accusèrent  alors  d'être  seul  l'au- 
teur des  maux  qui  affligeaient  Saint-Do- 
mingue ,  par  sa  résistance  aux  volontés  de 
l'assemblée ,  et  provoquèrent  sa  mise  en 
jugement.  Cette  mesure  n'eut  pas  lieu; 
mais ,  en  1792 ,  il  fut  destitué ,  renvoyé  en 
France,  et  mis  en  prison,  d'où  il  ne  fut 
retiré  au  bout  de  quatre  mois  que  pour 
être  traduit  devant  le  tribunal  révolution- 
naire qui  le  condamna  à  mort ,  le  dl  avril 
4795.  Son  fils,  jeune  homme  de  la  plus 
heureuse  figure  et  de  la  plus  grande  espé- 
rance, arrêté  comme  complice  de  son 
père ,  dont  il  avait  été  Taidc-de-camp ,  fut 
condamné  à  mort  par  le  même  tribunal , 
le  20  juillet  1794  ;  il  était  âgé  de  vingt  ans. 

*  BLAIVCHEROSE  (Claude),  né  en 
Franche-Comté  dans  le  15e  siècle ,  était 
médecin  de  la  princesse  d'Orange.  Il  est 
auteur  d'un  ouvrage  intitulé  :  Salutifère 
et  utile  conseil  *  avec  un  régime  bien  la- 
conique ou  bref,  pour  pourvoir  aux  très 
dangereuses  maladies ,  ayant  cours  en 
l'an  1551 ,  Lyon ,  in-12.  Il  était  en  corres- 
pondance avec  Corneille  Agrippa  ;  et  l'on 
trouve ,  dans  le  recueil  des  lettres  de  ce 
savant,  deux  lettres  de  Blancherose  ,  da- 
tées d'Anneci ,  1523.  A  la  fin  de  son  ou- 
vrage cité  plus  haut ,  il  parle  d'un  «  grand 
»  astrologue  de  Lons-le-Saunier,  qui ,  par 
»  prudence ,  savoir  et  les  moyens  prédits 
»  (  ceux  qu'il  vient  d'indiquer  ) ,  véquit 
»  sept  vingt-sept  ans,  comme  plusieurs 
•>  savent.  » 

*  BLANCHET  (Pierre)  ,  né  à  Poitiers 
en  1452 ,  suivit  d'abord  le  barreau ,  puis 
embrassa  l'état  ecclésiastique  à  ItO  ans.  Il 
est  auteur  de  la  farce  de  Pathelin  -,  4490  , 
in-4°,  gothique,  traduite  en  latin  par 
Reuchlin,  Paris,  1512,  in-12,  rajeunie  par 
Brueys  en  1715  ,  et  restée  au  théâtre. 

*  BLANCHET  (l'abbé  N...),  censeur 
royal ,  interprète  à  la  bibliothèque  royale, 
et  garde  des  livres  du  cabinet  du  roi,  quitta 
cette  place  ,  pour  aller  vivre  dans  l'obscu- 
rité à  Saint-Germain-cn-Laye.  C'est  là 
qu'il  mourut,  en  1784  ,  âgé  d'environ  80 
ans.  Son  caractère  était  aimable  dans  la 
société ,  où  il  paraissait  peu  ;  mais  il  était 
sombre  et  mélancolique  dans  la  solitude , 
à  laquelle  il  s'était  condamné.  Des  infir- 
mités prématurées  avaient  considérable- 
ment altéré  son  humeur.  Il  était  accablé 
de  vapeurs ,  dont  il  souffrait  seul ,  et  dont 
il  craignait  toujours  de  faire  souffrir  les 
autres.  C'est  ce  qui  lui  faisait  aimer  la  re- 
traite Tel  que  je  suis*  disait-il ,  il  faut  que 


je  me  supporte  ;  mais  les  autres  sont-ili 
obligés  de  me  supporter?  Naturellement 
désintéressé  ,  il  se  refusa  à  toutes  les  grâ- 
ces et  à  tous  les  bienfaits  ,  et  il  fallut  for- 
cer sa  répugnance ,  pour  lui  faire  accepter 
quelque  ebose.  L'avancement  de  ses  amis 
ne  lui  était  pas  aussi  indifférent  que  le 
sien  ;  il  paraissait  enchanté  ,  lorsqu'ils  par- 
venaient à  quelque  place  utile  ou  agréa- 
ble. L'abbé  Blanchet  n'a  guère  été  connu 
du  public  ,  qu'après  sa  mort.  On  a  de  lui 
des  Variétés  morales  et  amusantes,  1784  ; 
et  des  apologues  et  Contes  Orientaux , 
1785  ,  in-8°.  Dans  l'un  et  l'autre  recueil , 
on  voit  un  homme  instruit,  qui  a  le  ta- 
lent d'écrire  avec  beaucoup  d'esprit ,  de 
philosophie  et  de  goût.  On  a  encore  de 
lui  plusieurs  petits  morceaux  de  poésie 
d'un  genre  délicat  et  agréable ,  dont  la 
plupart  furent  attribués  aux  meilleurs 
poètes  du  temps,  qui  ne  se  défendaient 
pas  trop  d'en  être  les  auteurs.  L'abbé 
Blanchet  disait  à  ce  sujet  :  Je  suis  charmé 
que  les  riches  adoptent  mes  enfans. 

BLANCHET  (Thomas),  peintre,  né  à 
Paris  en  1617,  disciple  et  ami  du  Poussin  et 
de  l'Albane ,  fut  nommé  professeur  de 
peinture  par  l'académie  de  Paris,  quoi- 
qu'absent ,  ce  qui  était  contre  l'usage  ; 
mais  Blanchet  méritait  qu'on  s'écartât  des 
règles  établies.  Le  Brun  présenta  son  ta- 
bleau de  réception ,  représentant  Cadmus 
qui  tue  un  dragon.  Il  passa  une  partie  de 
sa  vie  à  Lyon  ,  et  y  mourut  en  4689.  Un 
plafond  de  l'hôtel  de  cette  ville,  dans  le- 
quel Blanchet  avait  déployé  tous  ses  ta- 
lens,  fut  consumé  par  un  incendie.  Ce 
peintre  excella  dans  l'histoire  et  dans  le 
portrait.  Sa  touche  est  hardie ,  agréable  et 
facile  ,  son  dessin  correct ,  son  coloris  ex- 
cellent. On  voit  de  ses  tableaux  à  Paris  et 
à  Lyon. 

BLANCHINl.  Voyez  BIANCHINI. 

BLANDINIÈRE  (J.F.  COTELLEdela), 
naquit  à  Laval  en  1709,  et  mourut  en  1795 
à  Soulaines  (Anjou),  curé  de  cette  pa- 
roisse. Il  fut  continuateur  des  Conférences 
d'Angers,  commencées  par  l'abbé  Babin. 

♦  BLANQUET-DU-CH AYLA  (  Akmaxd- 
Simox-Marie  ),  né  à  Marvejols  dans  le  Ge- 
vaudan ,  en  1769,  entra  ,  en  1775  ,  dans  le 
corps  de  la  marine  royale  ,  et  fit  quinze 
campagnes  de  mer,  pendant  lesquelles  il 
assista  à  treize  combats ,  où  il  reçut  plu- 
sieurs blessures.  Il  remplissait  les  fonc- 
tions de  vice-amiral  à  la  bataille  d'Aboukir, 
et  s'opposa,  avec  chaleur,  dans  le  conseil 
qui  précéda  la  bataille,  à  la  funeste  réso- 
lution prise  par  l'amiral,  de  combattre  en 


BLA  5 

ligne  d'cmbossage.  N'ayant  pu  faire  pré- 
valoir son  avis,  il  revint  a  bord  saisi  de 
douleur,  mais  déterminé  à  se  battre  jus- 
qu'à la  dernière  extrémité.  Il  fut  dange- 
reusement blessé ,  et  se  vit  forcé  de  se 
rendre  aux  Anglais.  Blanquel-du-Cbayla 
est  mort  subitement  à  Versailles  en  1826. 

BLARU  (Pieuiœ  de  ),  Petrus  de  Blar- 
rorivo ,  né  à  Blaru  en  1457,  chanoine  de 
Saint-Dié  ,  savant  canoniste  et  poète  mé- 
diocre, mais  bon  latiniste,  mourut  en  1505. 
Nous  avons  de  lui  un  poème  sur  la  guerre 
de  Nancy  et  la  mort  du  duc  de  Bourgo- 
gne, en  G  livres,  composé  sur  les  Mé- 
moires de  René,  duc  de  Lorraine.  Il  est 
intitulé  Nanceidos  opus ,  in  pago  S.  Ni- 
colai  de  Porta ,  1518,  in-fol.,  fig.  en  bois, 
rare. 

BLASCO-MJNÈS-VELA ,  seigneur  es- 
pagnol qui,  ayant  plusieurs  fois  reconnu 
les  côtes  des  pays  de  Faria  et  d'Arien,  dans 
l'Amérique  méridionale,  découvrit  près  le 
golfe  d'Uraba,  un  isthme  long  de  dix  lieues 
qui  sépare  les  deux  grandes  mers ,  qui 
réunit  les  deux  Amériques  et  qu'on  ap- 
pelle l'Isthme  de  Panama.  Pour  profiter 
de  la  commodité  de  ce  passage,  il  lit  bâtir 
quatre  forteresses ,  après  avoir  gagné  par 
présens  quelques-uns  des  princes  de  ce 
pays,  et  vaincu  les  autres  par  la  force  des 
armes.  Ce  succès  augmenta  son  ambition. 
Il  fut  accusé  et  convaincu  d'avoir  voulu 
usurper  la  souveraineté  dans  les  terres 
qu'il  avait  conquises.  On  lui  fit  son  procès, 
et  il  eut  la  tète  tranchée  par  ordre  du  roi 
d'Espagne.  Sans  celle  perfidie,  il  eût  mé- 
rité une  gloire  immortelle ,  pour  avoir 
frayé  le  chemin  du  Pérou  à  François 
Pizarre  et  à  Diego  d'Almagro  ,  qui  y  en- 
trèrent en  1525. 

BLASTARES  (  Matthieu),  moine  grec 
de  l'ordre  de  Saint-Basile  ,  au  14e  siècle  , 
est  auteur  d'un  Recueil  de  Constitutions 
ecclésiastiques  ,  qui  peut  servir  pour 
connaître  la  discipline  de  son  temps.  Il  a 
été  imprimé  à  Oxford ,  en  grec  et  en  la- 
tin ,  in-fol. 

•  BLAU  (  Féux-Antoixe),  professeur 
de  théologie  à  Mayence,  né  en  1754  ,  est 
auteur  d'un  ouvrage  extrêmement  hardi 
sous  le  titre  d'Histoire  critique  d  •  l'in- 
faillibilité ecclésiastique,  Francfort,  1791, 
in-8°.Un  tel  homme  avait  des  dispositions 
pour  devenir  révolutionnaire.  Il  le  fut , 
et  se  fit  enfermer  pour  ses  opinions  poli- 
tiques. Depuis  ,  il  fut  nommé  juge  au  tri- 
bunal criminel  de  Mayence.  On  a  encore 
de  lui  j  un  essai  sur  le  développement  mo- 
ral de  l'homme,  1795,  in-8u;  i  et  une  cri- 


31  BLA 

tique  des  ordonnances  relatives  à  la  re- 
ligion ,  rendues  en  France  depuis  la  ré- 
volution, fondée  sur  les  principes  du  droit 
politique  et  ecclésiastique,  1797.  Il  est  mort 
le  25  décembre  1798. 

BLAURER  (  Ambhoise  ),  né  à  Constance 
en  1492 ,  embrassa  les  erreurs  de  Luther, 
et  les  prêcha  dans  sa  ville  natale.  Il  tra- 
vailla ensuite ,  avec  Œcolampade  et  Bu- 
cer,  à  introduire  cette  secte  dans  la  ville 
d'Uhn  :  et  enfin  avec  Brentius  et  deux 
autres  proleslaus,  pour  l'introduire  dans 
le  duché  de  Wirtemberg.  Il  mourut  eu 
15C7.  On  a  de  lui  des  ouvrages  de  piété  , 
peu  lus,  même  par  ceux  de  sa  secte. 

BLA  VET  (Michel),  musicien,  né  à 
Besançon  le  15  mars  1700.  Son  père  le  des- 
tinait à  l'état  de  tourneur,  mais  une  flûte 
étant  tombée  sous  sa  main,  il  acquit  bien- 
tôt sans  maître  une  grande  supériorité 
sur  cet  instrument.  Il  se  rendit  à  Paris  en 
1725 ,  et  y  fut  accueilli  par  tous  les  ama- 
teurs. Une  place  de  musicien  qu'il  obtint 
à  l'opéra  lui  donna  les  moyens  de  perfec- 
tionner son  talent,  auquel  rendit  hommage 
le  roi  de  Prusse  lui-même ,  Frédéric  II, 
en  l'engageant  à  rester  dans  ses  états. 
Blavet  résista  à  ses  propositions,  revint  à 
Paris ,  accepta  d'abord  une  pension  et  un 
logement  du  prince  de  Carignan ,  puis 
resta  attaché  au  comte  de  Clermonl  qui 
le  fit  sur-intendant  de  sa  musique.  Il  a 
souvent  travaillé  pour  les  fêtes  que  ce 
dernier  donnait  à  Berni.  Blavet  est  mort 
en  17G8 ,  emportant  avec  lui  les  regrets 
de  tous  ceux  qui  l'ont  connu.  —  Son  fils , 
l'abbé  Jeax-Loms,  ne  à  Besançon  en  1719, 
et  mort  au  commencement  du  19e  siècle  , 
fut  bibliothécaire  dû  prince  de  Conti  et 
censeur  royal.  Il  a  publié  quelques  ou- 
vrages. Le  plus  important  est  sa  traduc- 
tion des  Recherches  sur  la  nature  et  les 
causes  de  la  richesse  des  nations  ,  de 
Smith,  1781 ,  6  vol.  in-12  ,  réimprimée  à 
Paris  en  1800,  4  vol.  in-8°.  La  traduction 
de  M.  Garnier  l'a  fait  oublier.  Les  autres 
ouvrages  qu'il  a  laissés  sont  :  |  Essai  sur 
l'agriculture  moderne,  Paris,  1755,  in-12, 
composé  de  concert  avec  Nolin ,  chanoine 
de  Saint-Marcel  de  Paris.  |  Mémoires  his- 
toriques et  politiques  de  la  Grande-Bre- 
tagne et  de  l'Irlande,  sous  les  règnes  de 
Charles  II,  Jacques  II ,  Guillaume  III 
et  Marie,  pour  servir  de  suite  et  d'éclair- 
cissement aux  Histoires  d'Angleterre  de 
Hume  ,  Smoleth  et  Barroiv ,  traduits  de 
l'anglais  du  chevalier  Jean  Dalrymple, 
Londres  (Genève),  1776,  2  vol.  in-8", 
Genève,  1782,  2  vol.  in-8°,  etc. 


BLE  S 

•  BLAYNEY  (Bbnjjmmm),  IncoToglen  du 
18e  siècle,  né  à  Oxford,  fut  professeur 
d'hébreu  et  plus  tard  recteur  de  Polshot 
(  Wiltshire),  où  il  mourut  en  1801.  Cet  ex- 
cellent critique  a  publié  une  Dissertation 
sur  les  70  semaines  de  Daniel,  urie  édi- 
tion estimée  de  la  Bible  d'Oxford,  des 
Sermons  et  des  Traductions  de  Jérémie 
et  de  Zacharie. 

BLEMUR  (  Marie  -Jacqueline 
BOUETTE  de),  religieuse  bénédictine  du 
Sl.-Sacrement ,  naquit  le  8  janvier  1618, 
de  parens  nobles  et  pieux.  Remise  à  l'âge 
de  cinq  ans  entre  les  mains  d'une  de  ses 
parentes ,  religieuse  dans  l'abbaye  de  la 
Sainte-Trinité  de  Caen  ,  et  ployée  des  cet. 
âge  tendre  aux  pratiques  de  la  vie  reli- 
gieuse, elle  sollicita  à  11  ans  la  grâce  de 
recevoir  l'habit  du  monastère,  et  prononça 
ses  vœux  dès  que  les  lois  ecclésiastiques 
le  lui  permirent.  La  ferveur  qu'elle  mon- 
trait dans  tous  les  exercices  la  fit  choisir 
pour  maîtresse  des  novices.  Elle  fut  par 
la  suite  élue  prieure.  La  duchesse  de 
Mekelbourg  ayant  fondé  un  monastère  de 
bénédictines  à  Châtillon,  demanda  à  l'ab- 
besse  de  la  Trinité  la  mère  Jacqueline  de 
Blémur  pour  organiser  la  nouvelle  com- 
munauté. Elle  y  passa  avec  joie,  quoique 
la  règle  dût  en  être  plus  rigoureuse  :  elle 
y  fut  un  modèle  de  piété  et  de  pénitence. 
«  >n  a  d'elle  |  L'année  bénédictine  3  7  vol. 
in-4°;  |  Les  grandeurs  de  Marie  ;  \  Les 
exercices  de  la  mort;  \  L'éloge  des  per- 
sonnes distinguées  en  vertus,  qui  ont 
vécu  au  dernier  siècle ,  dans  l'ordre  de 
Saint- Benoit ,  2  vol.  in-4°  ;  |  la  Vie  de 
plusieurs  personnages  pieux  ,  telle  que 
celle  de  Pierre  Fourrier  de  Matincourt  j 
celle  de  don  Philippe- François  et  autres. 
Cette  sainte  fille  mourut  le  24  mars  1096. 

*  BLENDE  (  Barthélemi  de  ),  naquit  à 
Bruges ,  le  21  août  1675  ,  de  parens  dis- 
tingués. Après  avoir  achevé  ses  études 
de  théologie  d'une  manière  brillante,  dans 
la  maison  des  jésuites  de  Malines  ,  où  il 
était  entré  fort  jeune ,  il  se  consacra  aux 
missions  de  l'Amérique  ;  et,  destiné  à  prê- 
cher la  foi  dans  le  Paraguay  ,  il  passa  en 
Espagne,  et  s'embarqua  à  Cadix,  avec 
l'archevêque  de  Lima.  Le  vaisseau  qui  le 
portait  ayant  été  pris  par  les  Hollandais , 
alors  en  guerre  avec  l'Espagne  ,  le  prélat 
ne  voulut  pas  se  séparer  du  missionnaire  ; 
il  essaya  même,  lorsque  la  liberté  leur 
eut  été  rendue ,  de  le  fixer  auprès  de  lui 
par  les  offres  les  plus  avanlageuses;  mais 
rien  ne  put  détourner  le  Père  de  Blende 
de  son  ministère.  Il  s'embarqua  pour  la 


32  BLE 

seconde  fois  en  Espagne,  et  se  rendit  enfin 
à  Buénos-Ayres.  Son  premier  soin  fut 
d'apprendre  la  langue  des  Guaraniens  , 
que  ses  supérieurs  le  chargèrent  ensuite 
de  visiter.  Il  se  fit  dans  cette  mission  une 
(elfe  réputation  de  courage  et  de  vertu , 
que  le  provincial  du  Paraguay  jeta  les 
yeux  sur  lui  pour  la  direction  d'une  en- 
treprise que  l'on  avait  déjà  tentée  sans 
succès.  Il  s'agissait  de  remonter  le  Para- 
guay, et  de  découvrir  un  chemin  plus 
court  que  la  route  du  Pérou,  pour  par- 
venir aux  missions  des  Chiquites.  On  as- 
socia au  Père  de  Blende  un  missionnaire 
non  moins  distingué  que  lui  par  son  in- 
trépidité,et  par  son  zèle  :  c'était  le  Père 
de  Arce,  qui  avait  découvert  la  nation  des 
Chiquites.  Les  deux  religieux  s'embar- 
quèrent ,  le  24  janvier  1715,  à  la  ville  de 
l'Assomption.  La  route  qu'ils  devaient 
suivre  était  couverte  de  peuples  barbares, 
parmi  lesquels  on  signalait  surtout  les 
Guaycuréens  et  les  Layaguas  ;  les  pre- 
miers, audacieux  et  féroces  ,  battant  sans 
cesse  les  rives  du  fleuve;  les  seconds, 
Cruels  et  perfides ,  habitant  le  fleuve 
même,  sur  des  troncs  d'arbres  creusés  en 
canots;  les  uns  et  les  autres  ennemis  dé- 
clarés des  Espagnols  et  des  chrétiens.  Les 
deux  missionnaires  avaient  déjà  fait  près 
de  cent  lieues  sur  le  fleuve,  sans  trouver 
un  seid  de  ces  sauvages  ,  lorsqu'ils  aper- 
çurent une  barque  remplie  de  Layaguas, 
qui  venaient  implorer  leur  protection 
contre  d'autres  peuplades.  Les  deux  Pères 
accueillirent  ces  fugitifs  avec  bonté  ;  ils 
les  établirent  dans  une  lie  assez  vaste,  où 
ils  n'avaient  plus  rien  à  craindre  de  leurs 
ennemis,  et  le  Père  de  Blende,  s'étant  mis 
avec  ardeur  à  étudier  leur  langue  ,  se  vit 
bientôt  en  état  de  les  instruire ,  et  les  In- 
diens semblaient  l'écouter  avec  docilité; 
mais  le  Père  de  Arce  ayant  quitté  son 
compagnon  à  la  source  du  fleuve,  pour 
s'ouvrir  un  chemin  au  travers  des  terres, 
les  perfides  Layaguas ,  qui  avaient  suivi 
le  navire  dans  leurs  canots  ,  ne  tardèrent 
pas  à  lever  le  masque;  ils  se  prévalurent 
de  la  supériorité  du  nombre ,  ressaisirent 
le  vaisseau,  et  massacrèrent  tout  l'équi- 
page .  à  la  réserve  du  Père  de  Blende , 
dont  les  manières  avaient  touché  le  chef 
des  barbares.  Cependant ,  sa  mort  ne  fut 
que  différée;  ce  zélé  missionnaire,  vou- 
lant mettre  sa  captivité  à  profit ,  pour 
éclairer  ses  maîtres  féroces  et  les  rame- 
ner à  une  vie  moins  dissolue,  les  Indiens 
résolurent  de  se  débarrasser  d'un  censeur 
importun;  ils  saisirent  le  moment  où  leur 


BLE  5 

chef,  qui  protégeait  le  missionnaire ,  ve- 
nait de  partir  pour  une  expédition  loin- 
taine, et,  se  précipitant  vers  la  cabane  du 
malheureux  captif,  ils  tuèrent  d'abord  le 
néophyte  qui  lui  servait  d'interprète.  Le 
père  de  Blende  passa  toute  la  nuit  en 
prières,  et ,  le  lendemain,  entendant  les 
cris  des  barbares  qui  venaient  vers  sa  re- 
traite ,  il  mit  son  chapelet  autour  de  son 
cou,  fut  au-devant  des  assassins ,  et ,  se 
jetant  à  genoux  sur  leur  passage,  attendit 
le  coup  mortel.  Un  de  ces  furieux  lui  dé- 
chargea sa  massue  sur  la  tête  ;  les  autres 
l'achevèrent  à  coups  de  lance,  et  jetèrent 
Bon  corps  dans  le  fleuve.  Ce  fut  un  Laya- 
gua  converti  qui  raconta  la  mort  du  mis- 
sionnaire et  toutes  ses  circonstances,  dont 
il  avait  lui-même  été  témoin.  Il  apprit  en 
outre  que  le  père  de  Arce ,  étant  revenu 
après  une  absence  de  plus  de  trois  mois , 
avait  subi  le  même  sort,  vers  la  fin  de  17 15. 

BLESSEBOIS.  Voyez  CORNEILLE 
BLESSEBOIS. 

BLETTERIE  (  jEAX-PniuppE-RÉxÉ  de 
la),  né  à  Rennes  le  26  février  1696,  entra 
de  bonne  heure  dans  la  congrégation  de 
l'Oratoire,  et  y  professa  avec  distinction. 
Le  règlement  contre  les  perruques  fut 
l'occasion  qu'il  prit  pour  en  sortir  ;  mais 
il  conserva  l'amitié  et  l'estime  de  ses  an- 
ciens confrères.  Il  vint  à  Paris,  et  ses  la- 
lcns  lui  procurèrent  une  chaire  d'élo- 
quence au  collège  royal  et  une  place  à 
l'académie  des  Belles-lettres.  Il  publia  di- 
vers ouvrages  bien  accueillis  du  public. 
j  Histoire  de  Julien  l'Apostat*  Paris  , 
4755,  in-12,  réimprimée  en  1746,  ouvrage 
curieux,  bien  écrit,  et  où  régnent  à  la 
fois  l'impartialité,  la  précision,  l'élégance 
et  le  jugement...  L'on  ne  doit  tenir  au- 
cun compte  de  la  critique  qu'en  ont  faite 
Voltaire  et  M.  Condorcet,  «  qui ,  dit  un 
»  écrivain  judicieux,  n'ont  pu  sans  doute 
*  lui  pardonner  de  n'avoir  pas  fait  grâce 
»  aux  bizarreries  de  cet  empereur  apostat, 
»  en  rendant  d'ailleurs  justice  aux  bonnes 
»  qualités  qu'il  avait.  Les  auteurs  auraient- 
»  ils  donc  voulu  qu'en  faveur  de  la  phi- 
i»  losophie ,  M.  l'abbé  de  la  Bletterie  eût 
»  érigé  en  héros  accompli ,  un  prince  qui 
»  poussa  la  pédanterie  philosophique  au 
»  dernier  degré  du  ridicule?  Les  philoso- 
»  phes  qui  sont  si  habiles  à  rechercher , 
»  et  si  impitoyables  à  condamner  les 
u  moindres  fautes  des  empereurs  chré- 
»  tiens ,  prétendent-ils  qu'on  ferme  les 
»•  yeux  sur  des  extravagances  choquantes, 
»  parce  qu'il  leur  plait  de  déclarer  qu'un 
u  tel  prince  est  de  leur  secte    et  par  con- 


33  BLI 

»  séquenl  absous  de  tout  ce  que  la  raison 
»  et  le  bon  sens  peuvent  lui  reprocher? 
»  Onl-ils  oublié  ce  qu'ils  ont  dit  tant  de 
»  fois  ,  qu'un  bon  historien  ne  doit  être 
»  d'aucune  secte  ,  d'aucun  parti,  qu'il  faut 
»  qu'il  soit  exempt  de  tout  préjugé,  de 
«  toute  passion,  et  qu'il  n'ait  d'autre  but 
»  que  la  vérité?  »  |  Histoire  de  l'empereur 
Jovien  ,  et  Traduction  de  quelques  ou- 
vrages de  l'empereur  Julien,  1748,  Pa- 
ris, in-12,  livre  non  moins  estimable  que 
le  précédent,  par  l'art  qu'a  eu  l'auteur  de 
choisir,  d'arranger  et  de  fondre  les  faits  ; 
par  la  tournure  libre  et  varice  du  traduc- 
teur, et  par  la  sagesse  et  l'équité  avec  les- 
quelles il  justifie  l'empereur  Jovien  ca- 
lomnié par  les  philosophes  modernes,  à 
cause  de  son  attachement  au  christianis- 
me. |  Traduction  de  quelques  ouvrages 
de  Tacite ,  Paris,  1755,  2  vol.  in-12.  Les 
Mœurs  des  Germains  ,  et  la  Vie  d'Agri- 
cola,  sont  les  deux  morceaux  que  com- 
prend cette  version,  aussi  élégante  que 
fidèle.  Ils  sont  précédés  d'une  Vie  de 
Tacite,  digne  de  cet  écrivain,  par  la  force 
des  pensées  et  la  fermeté  du  style.  |  Ti- 
bère, ou  les  6  premiers  Livres  des  Anna- 
les de  Tacite,  traduits  en  français,  Paris, 
1768,  5  vol.  in-12.  Cet  ouvrage  a  essuyé 
des  critiques  méritées.  Il  est  écrit  d'un 
style  bourgeois  et  maniéré,  et  l'on  n'y  re- 
connaît que  fort  rarement  l'élégant  his- 
torien de  Julien.  Cette  traduction  est  d'ail- 
leurs assez  exacte.  |  Lettres  au  sujet  de 
la  relation  du  quiélisme  de  M.  Phelip- 
peaux,  1735,  in-12.  Cette  brochure,  qui  est 
rare  et  assez  bien  faite,  renferme  une  jus- 
tification des  mœurs  de  madame  Guyon. 
|  Quelques  Dissertations  dans  les  Mémoi- 
res de  l'académie  des  Belles-lettres ,  très- 
estimés... L'abbé  de  la  Bletterie  mourut 
en  1772 ,  à  l'âge  de  76  ans.  C'était  un  sa- 
vant attaché  à  la  religion,  et  dont  les 
mœurs  ne  démentaient  point  les  princi- 
pes. 11  avait  des  connaissances'  solides  et 
varices,  et  c'est  incontestablement  un  des 
meilleurs  historiens  des  derniers  temps  : 
il  excelle  dans  l'art  de  tracer  les  por- 
traits :  celui  de  saint  Athanase  dans  la 
Vie  de  Jovien  est  un  chef-d'œuvre. 

RLE  VILLE  (  Jean-Baptiste),  né  à  Ab- 
beville  en  1692,  mort  le  2  juillet  1783, 
s'est  fait  connaître  par  différens  ouvra- 
ges; tels  sont  |  Traité  du  Toisé,  1758,  in- 
12.  |  Le  Banquier  ou  le  Négociant  univer- 
sel, 1760,  2  vol.  in-4°.  |  Traité  des  Chan- 
ges en  comptes  faits,  1754,  in-8°. 

♦  BLUV  DE  SVLVMORE  (Adrien-Mi- 
ciiel-Hyacixthe)  ,  garde  des  archives  et 


BLO 


334 


BLO 


historiographe ,  membre  des  ordres  de 
Saint-Michel  et  du  Saint-Esprit,  né  à  Pa- 
ris le  15  février  1733 ,  d'une  famille  qui 
avait  été  ruinée  par  le  système  de  Law  , 
lit  ses  études  au  collège  du  cardinal  Le- 
moine,  et  chercha  dans  la  retraite  el 
dans  l'étude  des  consolations  aux  rigueurs 
de  la  fortune.  On  a  de  lui  |  plusieurs 
hèroides,  et  autres  poésies  telles  que  la 
Mort  de  l'amiral  Ring ,  Sapho  à  Phaon , 
liiblis  à  Cawius,  Gàbrielle  d'Eslrées  à 
Henri  IV,  Calas  à  sa  femme  et  à  ses 
enfans  ,  la  duchesse  de  la  Vallière ,  etc. 
Ses  poésies  et  une  êpître  à  Racine,  furent 
réunies  en  1774  en  1  vol.  En  1769 ,  il  donna 
un  recueil  intitulé  |  l'Elite  des  poésies  fu- 
gitives ,  5  vol.  in-12 ,  auxquels  Luneau  de 
Boisgermain  en  ajouta  un  4e  en  1775.  Il 
composa  une  tragédie  intitulée  Orphanis, 
qui  fut  reçue  favorablement,  mais  qui  ne 
put  rester  au  théâtre.  Il  fil  encore  plu- 
sieurs ouvrages  ,  entre  autres  |  une  His- 
toire de  Russie  en  2  vol.  avec  figures, 
in-4°;  et  laissa  plusieurs  manuscrits.  Il  se 
préparait  à  donner  une  édition  complète 
de  ses  ouvrages,  lorsqu'il  mourut  le  26 
septembre  1807.  En  1776  il  avait  été  nommé 
censeur  royal ,  et  en  1800  il  fut  conserva- 
teur de  la  bibliothèque  de  l'Arsenal. 

*  BLOCII  (Marc-Eliézer),  naturaliste 
juif ,  né  à  Anspach ,  en  1725 ,  de  parens 
très  pauvres.  Il  ne  commença  à  étudier 
qu'à  19  ans;  mais  il  travailla  avec  tant 
d'ardeur  qu'il  regagna  bientôt  le  temps 
perdu ,  et  il  obtint  en  peu  d'années  le 
bonnet  de  docteur  à  Francfort-sur-1'O- 
der;  il  alla  pratiquer  la  médecine  à  Berlin 
où  le  célèbre  naturaliste  Martini  le  fit  ad- 
mettre dans  la  société  des  curieux  de  la 
nature.  Il  mourut  le  6  août  1799.  Son  prin- 
cipal ouvrage  est  une  Histoire  naturelle 
despoissons,  particulièrement  de  ceux  des 
états  Prussiens,  Berlin,  1781,  grand  in-4°. 
Il  a  écrit  ensuite  une  Histoire  naturelle 
despoissons  étrangers,  et  quelques  cahiers 
de  Y  Histoire  naturelle  des  poissons  d'Al- 
lemagne. Ces  divers  ouvrages,  ont  été 
refondus  sous  le  titre  d'Ichthyologie  ou 
Histoire  naturelle  générale  et  particulière 
des  poissons,  Berlin,  1782  et  1795,  12  vol. 
grand  in-4°,  ouvrage  magnifiquement 
exécuté  ;  il  a  été  traduit  en  français  par 
Laveaux  en  12  vol.  grand  in-fol.  et  réim- 
primé en  12  vol.  in-8° ,  Berlin,  1796. 

•BLOCK.  (Benjamin),  peintre  flamand 
du  17e  siècle  :  il  excellait  dans  le  portrait. 
Sa  femme  peignait  très  bien  les  fleurs  ; 
ses  ouvrages  sont  aussi  recherchés  que 
ceux  de  son  mari. 


*  BLOCK  (  Jeanne  ) ,  née  à  Amsterdam 
en  1650,  morte  dans  lamème  ville  en  1715, 
acquit  de  la  célébrité  parle  fini  de  ses  dé- 
coupures. Tout  ce  que  le  graveur  exprime 
avec  le  burin ,  elle  l'a  rendu  avec  ses  ci- 
seaux ;  elle  exécutoit  des  paysages ,  des 
marines,  des  animaux  et  des  fleurs;  elle 
faisoit  même  des  portraits  d'une  ressem- 
blance parfaite.  Elle  peignait  aussi  à  la 
gouache  en  unissant  de  la  soie  avec  des 
couleurs  qu'elle  sut  mêler  si  artistement 
qu'on  ne  les  distinguait  que  très  difficile- 
ment; 

BLOEMVERT  (Abraham),  né  à  Gor- 
cum  en  1,564,  réussit  dans  tous  les  genres 
de  peinture,  mais  surtout  dans  le  paysage. 
Son  génie  était  facile ,  sa  touche  libre,  ses 
compositions  riches  ;  on  lui  reproche  seu- 
lement de  s'être  éloigné  quelquefois  de 
la  nature;  Il  mourut  à  Utrechl  en  1647. 
Le  musée  royal  possède  de  lui  les  Noces 
de  Thetis  et' de  Pelée.  —  Il  était  père  de 
Corneille  et  Frédéric  BLOEMAEBÏ , 
l'un  et  l'autre  graveurs  célèbres. 

BLOIS.  Voyez  BLOSIUS  et  PIERRE 
de  BLOIS. 

*  BLO  M  (Charles-Magnus)  ,  docteur 
en  médecine,  savant  naturaliste  suédois, 
fils  de  Zacharie  Blom ,  pasteur  à  Kafsoik 
en  Smalandie,  naquit  le  1er  mars  1757. 
Destiné  d'abord  à  prendre  les  ordres ,  il 
céda  ensuite  à  son  goût  pour  l'histoire  na- 
turelle et  embrassa  la  médecine.  Le  cé- 
lèbre Linnée  contribua  beaucoup  à  cette 
détermination.  Après  un  voyage  qu'il  en- 
treprit ,  en  1760,  dans  les  pays  étrangers, 
pour  augmenter  la  somme  de  ses  connais- 
sance, Blom,  de  retour  à  Upsal,  soutint 
sa  thèse  de  ligno  quassiœ ,  et  obtint  le 
premier  chapeau  de  docteur.  Sa  réputa- 
tion littéraire  s'établit  si  rapidement,  qu'il 
était  déjà  auparavant  membre  de  la  so- 
ciété des  sciences  de  Bàle.  Il  fut,  en  1774, 
médecin  de  la  Dalécarlie ,  et  en  1782,  nom- 
mé assesseur,  emploi  qu'il  conser  va  45  ans. 
Le  docteur  Blom  fut  un  des  premiers 
médecins  qui  introduisit  la  vaccine  en 
Suède.  Cet  acte  philantropique  lui  valut 
une  gratification  et  une  médaille  en  or 
que  l'administration  de  santé  fit  frapper 
à  ce  sujet.  Il  mourut  le  4  avril  1815,  à 
Hedemora  ,  laissant  un  grand  nombre 
d'ouvrages  dont  les  principaux  sont  :  |  Re- 
mède  et  préparations  contre  la  dyssente- 
rie;  \  Remède  contre  la  fièvre  de  rhume  et 
la  fièvre  putride  ;  |  Remède  contre  la  fiè- 
vre bilieuse;  |  Avis  pour  connaître  la  qua- 
lité des  médicamens.  Dans  les  Mémoires 
de  la  société  des  sciences ,  à  Bàle ,  on  a 


IÎLO  53 

inséré  :  |  Descriptiones  quorumdam  in- 
sectorum  nondum  cognitorum,  etc. ,  anno 
1761  deteclorum;  et  l'on  trouve  dans  les 
Annales  de  l'académie  des  sciences  de 
Stockholm  '.Essai  de  médecine,  avecAco- 
nitrem  Napellus  ;  Rapport  sur  les  plaies  et 
taches  gangreneuses  survenues  en  man- 
geant la  jusquiame ,  et  plusieurs  autres 
traités  savans.  Blom  était  membre  de 
l'académie  dés  sciences  de  Stockholm ,  de 
la  société  médicale  de  Paris,  etc. 

BLOND  (Jehan  le) ,  seigneur  de  Bran- 
ville,  natif  d'Evreux  ,  fit  de  la  poésie  son 
amusement.  Il  en  publia  un  recueil  sous 
ce  litre  :  Le  Printemps  de  l'humble  espé- 
rant, Paris,  1556,  in-16.  Les  règles  de  la 
décence  et  de  l'honnêteté  n'y  sont  pas  ri- 
goureusement observées.  La  célébrité  de 
Marot  dont  il  était  contemporain,  excita 
sa  bile.  Il  se  déclara  un  de  ses  adversaires, 
mais  la  postérité  a  su  mettre  une  grande 
différence  entre  ces  deux  poètes. 

BLOND  (Jean-Baptiste -Alexandre 
le),  célèbre  architecte,  né  à  Paris  en  1679, 
travailla  long-temps  en  Bussie  avec  un 
succès  distingué ,  et  mourut  en  1719  de 
chagrin ,  pour  avoir  reçu  un.  soufflet  de 
Pierre  le  Grand,  dans  un  de  ces  accès 
d'humeur  brutale ,  qui  n'étaient  que  trop 
fréquens  chez  ce  prince.  On  a  de  lui  : 
|  Dessins  de  la  théorie  et  pratique  du 
Jardinage,  relativement  à  la  décoration, 
de  d'Angerville ,  in-4°. 

*  BLOND  (  Jacques -CimiSTOPnE  le  )  , 
graveur ,  né  à  Francfort-sur-le-Mein ,  en 
1670  ,  mort  en  1741 ,  passe  pour  avoir  in- 
venté la  gravure  en  plusieurs  couleurs  ; 
il  a  fait  en  ce  genre  plusieurs  portraits , 
et  a  publié  un  Traité  à  la  fin  duquel  il  a 
ajouté  quelques  tètes  imprimées  en  trois 
couleurs. 

BLOND  (Guillaume  le),  né  à  Paris  en 
1704,  s'adonna  à  l'étude  des  mathémati- 
ques, et  parvint  par  sa  science  en  1751 
à  être  maître  de  mathématiques  des  en- 
fans  de  France ,  après  l'avoir  été  des  pa- 
ges de  la  cour.  Il  mourut  le  24  mai  1781. 
On  a  un  grand  nombre  d'ouvragés  de  lui  : 
|  L' Arithmétique  et  la  Géométrie  de  l'Of- 
ficier ,  2  vol-  in-8°;  |  £  lé  mens  de  fortifi- 
cations ,  in-8°;  |  E  lé  mens  de  la  Guerre, 
des  sièges  ,  3  vol.  ;  |  L'Artillerie  raison- 
née  ;  \  L'Attaque  des  places ,  et  plusieurs 
autres  sur  la  géométrie  militaire. 

*  BLONDE  ,  avocat- canonis te ,  fameux 
par  son  association  à  Maullrot,  Camus, 
Mey,  Aubry ,  etc. ,  les  avocats-consultans 
de  la  petite  église ,  llorissait  dans  la  der- 
nière moitié  du  18e  siècle.  Us  s'associèrent 


3  BLO 

pour  faire  des  Mémoires  en  faveur  des 
pasteurs  du  2mc  ordre,  contre  ceux  du  1". 
Laborieux,  crudit,  et  plein  de  bonne  foi, 
Blonde  manquait  d'impartialité  et  d'es- 
prit. On  lui  doit  une  traduction  du  livre 
de  Pestel  sur  le  droit  naturel.  Lorsqu'il  a 
voulu  lutter  contre  le  Déisme  réfuté  par 
lui-même  de  Bergier,  il  n'a  pas  même  en 
le  triste  honneur  d'être  lu  par  J.-J. 
Rousseau  dont  il  s'était  rendu  l'avocat 
d'office. 

,  BLOADE.VU  (Claude)  ,  chanoine  do 
Besançon  ,  dans  le  17e  siècle ,  a  publié 
dans  cette  ville,  en  166'*,  le  Triomphe  de 
la  charité ,  ou  l' Abrégé  des  grandeurs  de 
la  confrérie  de  la  très  sainte  Trinité, 
etc. 

BLONDEYU  (Claude),  avocat  au  par- 
lement de  Paris,  commença  en  1672,  avec 
Gueret  son  confrère ,  le  Journal  du  Pa- 
lais, qui  va  jusqu'en  1700  ,  12  vol.  in-4°; 
et  dont  la  dernière  édition  est  de  1755,  2 
vol.  in-fol.  Il  avait  donné  en  1689  sous  le 
nom  de  Bibliothèque  canonique, ,1a  Somme 
bénéficiale  de  Bouchel,  enrichie  de  beau- 
coup de  notes  et  d'arrêts.  Il  mourut  au 
commencement  du  18e  siècle.  Voyez 
GUEBET. 

BLONDEL  (David),  né  à  Chàlons-sur- 
Marne ,  l'an  1591 ,  ministre  protestant  en 
1614 ,  était  professeur  d'histoire  à  Ams- 
terdam en  1650.  L'air  de  cette  ville  ,  joint 
à  son  application ,  lui  fit  perdre  la  vue. 
Il  mourut  en  1655.  Peu  de  savans  ont  été 
plus  profonds  dans  la  connaissance  des 
langues ,  de  la  théologie ,  de  l'histoire 
civile  et  ecclésiastique.  Sa  mémoire  était 
un  prodige  :  aucun  fait ,  aucune  date  ne 
lui  échappait.  Blondel  était  un  excellent 
critique,  mais  un  écrivain  très  plat  et 
très  lourd.  On  peut  lui  appliquer  ce  que 
Fontenelle  dit  de  van  Dale  :  «  Qu'il  ne  fait 
»  aucune  difficulté  d'interrompre  le  fil  de 
»  son  discours ,  pour  y  faire  entrer  quel- 
»  que  autre  chose  qui  se  présente;  et  dans 
»  cette  parenthèse-là ,  il  y  enchâsse  une 
»  autre  parenthèse,  qui  même  n'est  peut- 
»  être  pas  la  dernière.  »  Les  principaux 
ouvrages  de  Blondel  sont ,  |  Pseudo-Isido- 
rus  et  Turrianus  v  ap  niante  s  ,  Genève, 
in-4°.  Il  y  prouve  la  fausseté ,  ou  plutôt 
l'altération  de  plusieurs  Décrétales  re- 
cueillies par  Isidorus  Mercator;  toutes  les 
réflexions  qu'il  fait  à  ce  sujet  sont  fausses 
et  déplacées  {V.  ISIDORUS  MERCATOR). 
|  Assertio  Genealogiœ  Franciœ,  1655  ,  in- 
fol.,  contre  Chifflet,  qui  faisait  descendre 
nos  rois  de  la  2e  et  5e  race  d'Ambert  qui 
s'était  marié  selon  lui  à  Blitilde ,  fille  de 


! 


BLO  5 

Clotaire  I.  Oti  s'imaginait  trouver  dans 
cette  fable  le  renversement  de  la  Loi  Sa- 
lique,  qui  exclut  les  femmes  de  la  cou- 
ronne. |  Apologia  pro  senlentia  S.  Hiero- 
nymi  de  Presbyteris  et  Episcopis ,  in-4°; 
J  De  la  primauté  de  l'Eglise,  Genève,  164-1 , 
in -fol.  On  doit  bien  sentir  comme  cette 
primauté  de  l'Eglise  (  il  aurait  parlé  plus 
exactement  s'il  avait  dit  du  chef  de  l'E- 
glise) est  traitée  par  un  protestant;  il  par- 
court tous  les  siècles  pour  trouver  des  faits 
contre  l'autorité  du  souverain  ponlifo. 
|  Un  Traité  sur  les  Sibylles,  Charenton , 
1649 ,  in-4°.  |  Un  autre  contre  la  Fable  de 
la  papesse  Jeanne,  Amsterdam,  1647, 
in-8°  ;  ouvrage  d'une  critique  lumineuse 
et  impartiale,  qui  souleva  contre  lui  les 
fanatiques  de  sa  communion.  |  Des  Ecrits 
de  controverse. 

BLOXDEL  (  François  ) ,  professeur 
royal  de  mathématiques  et  d'architecture, 
membre  de  l'académie  des  Sciences ,  di- 
recteur de  celle  d'architecture ,  maréchal- 
de-camp  et  conseiller-d'état,  né  en  1617, 
mourut  à  Paris  en  1686 ,  à  68  ans.  Il  fut 
employé  dans  quelques  négociations.  On 
a  de  lui  plusieurs  ouvrages  sur  l'archi- 
tecture et  les  mathématiques ,  qui  ont  été 
utiles.  Les  principaux  sont  j  Notes  sur 
l'architecture  de  Savot  ;  |  un  Cours  d'ar- 
chitecture,VaTis,i67H,  réimprimé  en  1698, 
2  vol.  in-fol.  |  L' Art  de  jeter  les  Bombes, 
1690 ,  in-12.  |  Résolution  des  4  principaux 
Problèmes  d'Architecture,  au  Louvre, 
1673,  in-fol.  |  Manière  de  fortifier  les 
Places,  1683,  in-4°.  |  Histoire  du  Calen- 
drier Romain ,  Paris ,  1682 ,  in-4° ,  où  l'on 
trouve  les  principes  de  la  chronologie 
assez  bien  expliqués.  Les  portes  ou  arcs 
de  triomphe  de  Saint-Denis  et  de  Saint- 
Antoine  ont  été  élevées  sur  les  dessins 
de  ce  célèbre  architecte.  Blondel  était 
aussi  bon  littérateur  que  bon  mathéma- 
ticien. On  connaît  sa  Comparaison  de 
Pindare  et  d'Horace. 

BLOXDEL  (  Pierre -Jacques  ),  né  à 
Paris,  est  auteur  d'un  livre  qui  a  pour 
titre  les  Vérités  de  la  Religion  chré- 
tienne, enseignées  par  principes ,  et  d'un 
Mémoire  in-fol.  contre  les  imprimeurs  et 
leurs  gains  excessifs.  Il  a  publié  la  Rela- 
tion des  séances  de  l'académie  des  Belles- 
lettres  et  des  Sciences ,  insérée  dans  les 
Mémoires  de  Trévoux.  Il  mourut  en  1750. 

BLOXDEL  (  Laurent)  ,  parent  du  pré- 
cédent ,  naquit  à  Paris ,  et  fut  lié  de  bonne 
heure  avec  les  solitaires  de  Port-Royal. 
Après  avoir  élevé  quelques  jeunes  gens, 
il  se  chargea  de  la  direction  de  l'impri- 


S6  BLO 

mûrie  de  M.  Després ,  chez  lequel  il  com- 
mença à  demeurer  en  1715.  Il  ne  se  con- 
tenta pas  de  revoir  les  manuscrits  de  cet 
imprimeur,  il  travailla  à  une  nouvelle 
Vie  des  Saints,  qui  parut  en  1722  à  Paris, 
chez  Després  et  Desessarts,  in-fol.  Il 
mourut  à  Evreux,  en  1740  ,  après  avoir 
publié  divers  ouvrages  de  piété. 

BLOXDEL  (  Jacques  -  François  ),  na- 
quit à  Rouen  en  1703  ,  d'une  famille  dis- 
tinguée dans  l'architecture.  Il  se  disposa 
à  courir  la  même  carrièie,  par  la  con- 
naissance des  belles- lettres,  des  mathé- 
matiques et  du  dessin.  Instruit  dans  la 
pratique  de  cet  art  par  son  oncle,  il  fut 
en  état  d'en  donner  des  leçons  dès  l'âge 
de  35  ans  ;  et  il  est  le  premier  qui  en  ait 
ouvert  une  école  publique  à  Paris.  As- 
socié l'an  1755  à  l'académie  d'architec- 
ture ,  il  fut  choisi  ensuite  pour  professeur 
à  Paris.  Il  mourut  le  9  janvier  1774,  dans 
la  69e  année  de  son  âge.  On  a  de  lui  |  l'Ar- 
chitecture moderne,  ou  l'Art  de  bien 
bâtir,  Paris,  1728,2  vol.  in-4°,  ligures; 
|  De  la  distribution  des  maisons  de  plai- 
sance,  Paris,  1737,  2  vol.  in-4",  fig.;  |  Ar- 
chitecture française,  ou  Recueil  de  plans, 
élévations,  etc.,  des  maisons  royales  ■ 
palais,  etc. ,  de  Paris,  Paris  ,  1722 , 4  vol. 
in-folio  ;  |  Cours  d'architecture,  on  Traité 
de  la  décoration ,  distribution  et  cons- 
truction des  bâtimens ,  9  vol.  in-8° ,  1771- 
1773  :  c'est  son  meilleur  ouvrage.  Il  ne 
mit  au  jour  que  les  quatre  premiers  vo- 
lumes de  discours,  avec  deux  de  ligures. 
M.  Patte  a  donné  en  1777  les  5e  et  6e  vol. 
de  discours ,  avec  un  vol.  de  figures ,  d'a- 
près les  manuscrits  de  Blondel.  C'est  lui 
qui  a  fourni  tous  les  articles  relatifs  à 
l'architecture,  qu'on  trouve  dans  l'En- 
cyclopédie. 

BLOXDET ,  médecin  à  Pithiviers  et  in- 
tendant des  eaux  minérales  de  Segrai , 
mourut  en  1759 ,  avec  la  réputation  d'un 
homme  habile  dans  son  art.  On  a  de  lui 
deux  dissertations ,  l'une  sur  la  nature  et 
les  qualités  des  (aux  minérales  de  son 
département,  1749,  in-12,  l'autre  sur  ta 
maladie  épidémique  des  bestiaux ,  1748, 
in-12. 

BLOXDEVILLE.  F.  BRIGGS  (Hexri). 

BLOXDIX  (  Pierre  ),  botaniste  picard, 
né  en  16S2,  mourut. en  1713.  Il  avait  été 
reçu  de  l'académie  des  Sciences  un  an 
auparavant.  Tournefort  ,  démonstrateur 
de  botanique  au  jardin  roy«;l ,  connut  les 
talens  de  Blonuin.  Il  se  reposait  sur  lui 
du  soin  de  remplir  sa  place ,  lorsqu'il 
était  malade.  Le  disciple  tiavailla  à  égaler 


BLO 


3o7 


BLO 


son  mallre.  Il  fit  beaucoup  de  décou- 
vertes sur  la  botanique,  et  laissa  à  ses 
héritiers  des  herbiers  fort  exacls  et  des 
mémoires  curieux. 

BLONDUS  (  Flavius  ) ,  ou  BIONDO , 
natif  de  Forli,  secrétaire  d'Eugène  IV,  et 
de  quelques  autres  papes ,  mourut  à 
Rome  en  1463 ,  à  75  ans.  Quoiqu'il  eût  été 
à  portée  de  faire  une  fortune  considé- 
rable ,  il  n'amassa  pas  de  grands  biens ,  et 
vécut  toujours  en  philosophe.  On  a  de  lui 
|  Italia  illuslrala,  Rome,  1474,  in -fol. 
j  Historiarum  ab  incUnaiione  Romani 
imperii  ad  annum  1440 ,  Décades  III,  à 
Venise  1484 ,  in-fol.  Ces  deux  ouvrages 
se  trouvent  aussi  dans  le  recueil  de  ses 
Œuvres,  Bàle ,  1531,  in-fol.  «Il  ne  faut 
»  pas,  dit  le  Père  Nicéron ,  se  fier  trop  à 
»  ce  Blondus.  Il  a  souvent  suivi  des  gui- 
»  des  trompeurs ,  et  il  avait  plus  en  vue 
»  de  ramasser  beaucoup  de  choses ,  que 
»  d'examiner  si  elles  étaient  véritables.  » 
Son  nom  de  famille  était  Biondo. 

*  BLOOMFIELD  (  Robert  ) ,  poète  an- 
glais, était  le  plus  jeune  des  six  enfans 
d'un  tailleur  de  Konington,  village  du 
Suffolkshire ,  où  il  naquit  le  3  décembre 
4766.  Il  perdit  son  père  à  l'âge  de  six 
mois  ;  à  peine  parlait-il,  que  sa  mère 
qui  tenait  une  petite  école  lui  apprit  à 
lire.  Le  clerc  d'un  magistrat  qui  l'avait 
reçu  à  son  service  lui  enseigna  l'écriture, 
et  il  entra  comme  domestique,  à  l'âge  de 
il  ans  ,  chez  un  fermier  qu'il  quitta  bien- 
tôt pour  aller  retrouver  son  frère  aîné , 
et  apprendre  de  lui  l'état  de  cordonnier 
qu'il  exerçait  à  Londres.  La  lecture  qu'il 
faisait  de  quelques  journaux  à  son  frère 
et  à  d'autres  ouvriers  réunis  dans  un 
grenier  lui  inspira  le  goût  des  lettres ,  et 
un  recueil  de  poésies  qui  lui  tomba  dans 
les  mains  décida  de  la  nature  de  son 
génie.  Il  composa  d'abord  une  chanson , 
la  Fête  du  village,  et  son  frère,  tout 
glorieux  du  talent  de  Robert ,  l'envoya  à 
un  journal  qui  l'inséra,  ainsi  qu'une  se- 
conde chanson  intitulée  :  le  R  tour  du 
matelot.  Cependant  le  corps  des  cordon- 
niers ayant  décidé  qu'aucun  ouvrier  ne 
serait  admis  parmi  eux  s'il  n'avait  fait  un 
apprentissage  régulier,  Bloomfield  re- 
tourna dans  sa  province ,  où ,  un  maître 
ayant  consenti  à  le  prendre  chez  lui  com- 
me apprenti ,  il  put  ensuite  exercer  son 
industrie.  Il  se  maria  en  1790,  et  com- 
posa le  Garçon  de  ferme,  nouvelles  géor- 
giques ,  où  les  travaux  les  plus  ordinaires 
de  la  ferme  sont  décrits  d'une  manière 
aussi  poétique  que  fidèle.  Cet  ouvrage, 
2. 


imprimé  aux  fiais  de  M.  Capel  Lofft, 
obtint  un  succès  immense,  qu'on  doit 
sans  doute  attribuer  en  partie  à  l'humble 
condition  de  l'auteur.  Depuis  le  mois  de 
mars  1800  jusqu'à  la  fin  de  1803,  il  s'en 
vendit  plus  de  26,000  exemplaires,  et  des 
traductions  en  furent  faites  en  français, 
en  italien  et  en  latin.  Le  duc  de  Grafton 
donna  au  poète  une  pension  d'un  schel- 
ling  par  jour  avec  un  emploi  dans  la 
chancellerie ,  que  sa  santé  ne  lui  permit 
pas  de  conserver  long-temps.  Bloomfield , 
en  continuant  d'exercer  son  état,  fit  pa- 
raître successivement  |  les  Harpes  éolien- 
nes  ;  \  Contes  de  village,  ballades  et 
chansons,  1802,*  |  Bonnes  nouvelles ,  ou 
Nouvelles  de  la  ferme ,  petits  poèmes  , 
1804;  |  les  Fleurs  sauvages,  poésies; 
j  les  Rives  de  la  Tf^ye ,  1841;  |  le  Premier 
mai  des  Muses,  1822  ;  |  enfin  le  Manoir 
de  Hazelwood,  petit  drame  villageois. 
Bloomfield  est  mort  à  Shefford  (Bedford- 
shire  )  ,  le  19  août  1825 ,  laissant  sa  veuve 
et  quatre  enfans  dans  une  position  mé- 
diocre. On  a  publié ,  depuis  sa  mort ,  ses 
œuvres  en  deux  volumes. 

BLOSIUS  ou  de  BLOIS  (  François- 
Louis),  de  la  maison  de  Blois  et  de  Châtil- 
lon,  né  en  1506,  au  château  de  don 
Etienne,  dans  la  principauté  de  Liège, 
près  de  Beaumont  en  Hainaut ,  passa  ses 
premières  années  à  la  cour  de  Charles- 
Quint,  et  fut  page  de  ce  prince.  Agé  de 
14  ans ,  il  entra  chez  les  bénédictins  de 
l'abbaye  de  Liesses ,  près  d'Avesnes  en 
Hainaut ,  et  se  fit  admirer  par  sa  sagesse. 
Devenu  abbé  en  1530 ,  il  établit  la  réfor- 
me dans  sa  maison,  y  fil  fleurir  les 
sciences  et  toutes  les  vertus,  et  mourut 
saintement  en  1566 ,  à  59  ans ,  après  avoir 
refusé  l'archevêché  de  Cambrai  et  l'ab- 
baye de  Tournay.  Son  disciple  Jacques 
Frojus  publia  ses  ouvrages  de  piété,  en 
1571,  in-fol.,  avec  sa  Vie,  qui  fut  un 
modèle  de  toutes  les  vertus.  Le  principal 
est  son  Spéculum  Religiosorum.  Il  a  été 
traduit  en  français ,  par  le  Père  de  la 
Nauze,  jésuite,  sous  le  titre  de  Directeur 
des  âmes  religieuses ,  Paris ,  1726 ,  in-8°. 
On  a  donné,  en  1741,  une  traduction  de 
ses  Entretiens  spirituels ,  Valenciennes , 
in-12.  Tous  ces  ouvrages  sont  écrits  avec 
autant  de  jugement  que  de  piété  ;  ils  sont 
remplis  de  cette  onction  sainte  qui  agit 
sur  le  cœur  en  même  temps  que  l'esprit 
s'ouvre  à  la  conviction.  Philippe  II  les 
choisit  de  préférence  pour  se  préparer 
durant  sa  longue   maladie  à  une  mort 

chrétienne. 

29 


BLO  o 

BLOTELING  ou  BLOETELING  un  des 
plus  célèbres  artistes  de  Hollande ,  grava 
avec  succès  au  burin  et  en  manière  noire. 

BLOUINT  (  Thomas  ) ,  habile  juriscon- 
sulte ,  mourut  à  Orlelon  en  1679.  à  61 
ans.  On  a  de  lui  plusieurs  ouvrages.  Les 
principaux  sont  :  |  Académie  d'éloquence, 
contenant  une  Rhétorique  anglaise  com- 
plète. |  Glossographia ,  ou  Dictionnaire 
des  mois  difficiles J hébreux,  grecs,  latins, 
italiens ,  etc. ,  à  présent  en  usage  dans  la 
langue  anglaise.  |  Dictionnaire  juridique, 
où  l'on  explique  les  termes  obscurs  et  dif- 
ficiles, qu'on  trouve  dans  nos  lois  ancien- 
nes et  modernes,  dont  la  meilleure  édi- 
tion est  de  1691 ,  in-folio. 

BLOUNT  (  sir  Henri  ) ,  chevalier ,  né  à 
Tittenhanger,  dans  le  comté  d'Hertford 
en  Angleterre,  l'an  1602 ,  se  distingua  par 
sa  vertu  et  par  ses  talens ,  et  eut  diverses 
Commissions  importantes.  Il  hérita  d'un 
bien  considérable  par  la  mort  de  son  frère 
aîné  (  Thomas-Pope  Blount ,  écuyer  ) ,  et 
fut  grand-shérif  du  comté  de  Hertford.  Il 
mourut  le  9  octobre  1682 ,  à  80  ans  moins 
deux  mois.  On  a  de  lui  une  Relation  de 
son  voyage  au  Levant,  en  anglais,  1636, 
in-4° ,  plusieurs  fois  réimprimée ,  et  qui 
fut  traduite  en  français.  Elle  est  peu  esti- 
mée sous  le  rapport  de  l'exactitude.  Il  a 
publié  encore  des  Comédies,  et  autres 
ouvrages.  Deux  de  ses  fils  sont  connus 
dans  la  république  des  lettres.  Nous  en 
parlons  dans  les  articles  suivans. 

BLOUNT  (  sir  Thomas  Pope  ) ,  fils  aîné 
et  héritier  de  Henri  Blount ,  dont  il  est 
parlé  dans  l'article  précédent,  naquit  à 
Upper-Halloway,  dans  la  province  de 
Midlessex  en  1654.  Il  fut  créé  baronnet 
du  vivant  de  son  père ,  et  fut  plusieurs 
fois  député  au  parlement.  Pendant  les 
trois  dernières  années  de  sa  vie,  la  cham- 
bre des  communes  le  nomma  commis- 
saire des  comptes.  Il  mourut  à  Tittenhan- 
ger en  1697,  laissant  une  nombreuse  pos- 
térité. Ses  ouvrages  ne  sont  que  des  re- 
cueils de  passages  mal  liés.  Le  principal 
est  |  Censura  celebriorum  Auctorum,  sive 
Traclatus  ,  in  quo  varia  virorum  docto- 
rum  de  clarissimis  cujusque  sœculi  Scrip- 
toribus  judicia  reddunlur,  Londres ,  1690, 
in-fol.  Dans  les  éditions  de  Venise ,  on  a 
traduit  en  latin  les  passages  des  auteurs 
que  le  chevalier  Blount  avait  donnés  dans 
les  langues  modernes ,  dans  lesquelles  ils 
c talent  écrits.  On  a  encore  de  Thomas- 
Pope  Blount  |  une  Histoire  naturelle, 
Londres ,  1692 ,  in-4°,  J  et  des  Essais  sur 
différent  sujets  in-8°. 


38  BLU 

BLOUIVT  (  Charles  ) ,  frère  du  précé- 
dent, fameux  déiste,  né  à  Upper-Hallo- 
way en  1654 ,  s'annonça  d'une  manière 
peu  favorable  à  sa  réputation  par  la  tra- 
duction des  deux  premiers  livres  de  la 
Vie  d'Apollonius  de  Thyane ,  par  Phi- 
lostrate,  imprimée  en  1680,  in-fol.  Les 
notes  sont  encore  plus  extravagantes  que 
l'ouvrage  traduit.  Elles  ne  tendent  qu'à 
défigurer  la  religion  et  tourner  en  ridi- 
cule les  livres  saints.  Ce  commentaire, 
déjà  infamant  par  lui-même ,  devint  une 
double  source  d'ignominie  quand  on  sut 
que  c'était  un  plagiat  ;  car  ces  notes  que 
Blount  donnait  comme  le  fruit  de  son 
profond  savoir ,  sont  presque  toutes  tirées 
des  manuscrits  du  baron  Herbert,  qui 
avait  la  même  religion  que  lui,  c'est-à- 
dire,  qui  n'en  avait  aucune.  Son  livre, 
traduit  depuis  en  français,  Berlin,  1774, 
4  vol.  in-12,  fut  proscrit  en  Angleterre, 
même  en  1693.  Cette  même  année  Blount 
étant  devenu  amoureux  de  la  veuve  de 
son  frère,  et  n'espérant  pas  de  pouvoir 
obtenir  une  dispense  pour  l'épouser,  se 
tira  d'embarras  en  se  donnant  la  mort  : 
fin  naturelle  d'un  homme  qui  ne  connais- 
sait d'autre  bien  que  la  volupté ,  et  qui  se 
le  voit  enlever  sans  retour.. On  a  encore 
de  Blount  les  ouvrages  suivans ,  où  les 
égaremens  de  la  raison  et  les  basses  res- 
sources du  mensonge  sont  poussés  aussi 
loin  que  dans  ses  notes  sur  Philostrale. 
|  Anima  mundi,  ou  Histoire  des  opinions 
des  anciens,  touchant  l'état  des  âmes 
après  la  mort,  Londres ,  1679 ,  in-8°.  |  La 
grande  Diane  des  £ phè siens ,  ou  l'Ori- 
gine de  l'idolâtrie,  avec  l'institution  poli- 
tique des  sacrifices  du  paganisme ,  1680 . 
in-8°.  j  Janua  scientiarum  ,  ou  Introduc- 
tion abrégée  à  la  géographie  ,  la  chrono- 
logie, la  politique ,  l'histoire  ,  la  philoso- 
phie et  toutes  sortes  de  belle s  -lettre s  , 
Londres,  1684,  in-8°.  |  Il  est  le  princi- 
pal auteur  du  livre  intitulé  Les  oracles 
de  la  raison,  Londres ,  1693 ,  in-8°  ;  réim- 
primé en  1695,  avec  plusieurs  autres 
pièces,  sous  le  titre  d'OEuvres  diverses 
de  Charles  Blount,  écuyer.  Charles  Gil- 
don,  éditeur  de  ces  différentes  pièces, 
réfuta  depuis  les  opinions  pyrrhoniennes 
qu'elles  renferment,  par  un  livre  qu'il 
publia  à  Londres  en  1705 ,  sous  ce  titre  : 
Manuel  des  déistes,  on  Recherches  rai- 
sonnables sur  la  religion  chrétienne. 
|  Religio  Laici,  Londres,  1683,  in-12. 

♦BLUCHER,  prince  de  Wahlstadt, 
feld-maréchal  prussien ,  né ,  en  1742 ,  à 
Rostock,  dans  le  duché  de  Mecklembouxg- 


BLU 


359 


JBLU 


Schwérin  ,  étail  porte-enseigne  d'un  ré- 
giment suédois  pendant  la  guerre  de  sept 
ans;  il  fut  fait  prisonnier  par  les  Prus- 
siens, et  incorporé  par  le  général  Belling 
qui  s'était  pris  d'amitié  pour  lui ,  dans  les 
troupes  de  Frédéric.  Il  élait  devenu  capi- 
taine, lorsqu'à  la  suite  d'une  nouvelle 
promotion  où  il  ne  reçut  point  l'avance- 
ment qu'il  se  promettait ,  il  donna  sa  dé- 
mission ,  et  reçut  de  Frédéric  un  congé 
conçu  en  ces  termes  :  «  Le  capitaine  Bluchcr 
»  est  autorisé  à  quitter  son  poste  et  il  peut 
»  aller  au  diable ,  si  cela  lui  convient.  » 
Frédéric- Guillaume  le  rappela  dans  la 
suite,  et  Blucher  obtint  bientôt  le  grade 
de  général ,  avec  lequel  il  combattit  à  Kir- 
veiller  ,  et  à  Kayserslautern.  La  guerre, 
suspendue  par  le  traité  de  Bile  se  ralluma 
en  1806;  le  roi  de  Prusse  avait  porté  son 
armée  dans  la  direction  de  Hambourg,  et 
occupait  les  déûlés  de  Kœscn.  Tout  à 
coup  le  duc  de  Brunswick,  qui  croyait 
surprendre  les  Français,  rencontra  nos 
avant-postes  et  reconnut  qu'il  était  coupé; 
un  épais  brouillard  lui  dérobait  nos  mou- 
vemens.  Il  proposa  de  se  mettre  en  ba- 
taille et  d'attendre  que  le  temps  s'éclair- 
cit.  Blucher  voulait  engager  l'action  sur- 
le-champ  ,  et  Frédéric  applaudit.  La  ca- 
valerie et  l'infanterie  prussienne  furent 
extrêmement  maltraitées  dans  cette  jour- 
née et  Blucher  fut  entraîné  dans  la  dé- 
route générale.  Le  prince  de  Hohenlohe , 
qui  s'était  rendu  à  Iluppin  et  qui  ne  pou- 
vait gagner  Stettin  sans  cavalerie,  lui  or- 
donna de  le  rejoindre  ;  le  général  refusa, 
et  Hohenlohe  fut  forcé  d'accepter  la  capi- 
tulation do  Preuslau.  Cependant  Blucher, 
chassé  dans  tous  les  sens ,  se  jeta  dans 
Lubeck  ,  et  livra  ainsi  une  ville  impériale 
et  neutre  à  toutes  les  calamités  de  la 
guerre.  Il  se  vit  bientôt  contraint  d'en 
sortir,  et  de  rendre  les  armes.  Echangé 
contre  le  maréchal  Victor ,  il  fut  pourvu 
d'un  nouveau  commandement ,  lorsque 
la  paix  de  Tilsitt  vint  mettre  un  terme  à 
la  guerre.  La  Prusse  étant  rentrée  de 
nouveau  en  1813,  dans  la  coalition  contre 
la  France ,  les  opérations  du  centre  de 
l'armée  alliée  furent  confiées  à  Blucher 
qui ,  battu  à  Lutzen  et  à  Bautzen  ,  fut  ce- 
pendant nommé  général  en  chef  de  l'ar- 
mée Busso- Prussienne  dite  de  Silésie , 
forte  de  cent  vingt-mille  hommes.  Le  26 
août  suivant,  il  obtint  un  avantage  près 
de  la  Katzbach  sur  le  maréchal  Macdo- 
nald.  Il  entra  sur  le  territoire  français, 
en  1814,  avec  les  armées  alliées,  et  Napo- 
léon commença  par  l'attaquer  et  le  battre. 


Trois  jours  après  sa  défaite  de  Brienne , 
Blucher  opéra  sa  jonction  avec  le  prince 
de  Schwarlzemberg  qui  commandait  l'ar- 
mée auslro- russe.  A  la  tête  de  90,000 
hommes,  il  résista,  sans  remporter  tou- 
tefois de  grands  avantages,  au  choc  de 
56,000  hommes  commandés  par  Napoléon. 
Ce  fait  d'armes  eut  lieu  à  la  Bothière 
et  il  se  renouvela  sur  les  hauteurs  de 
Laon.  En  1815,  à  Waterloo,  le  mouve- 
ment opéré  par  la  colonne  prussienne  et 
qui  fut  si  fatal  aux  français,  était  com- 
mandé par  le  généi-al  Bulow;  Blucher" 
n'arriva  qu'à  la  fin  de  la  bataille ,  et  il  v 
fit  des  prises  considérables  en  hommes*, 
en  artillerie,  et  en  équipages.  Parvenu 
aux  environs  de  Paris  ,  il  se  montra  très 
difficile  pour  la  capitulation  de  cette  ville, 
et  à  peine  y  fut-il  entré  qu'il  voulut  faire 
sauter  le  pont  d'Iéna,  sous  prétexte  qu'il 
portait  un  nom  injurieux  à  sa  nation. 
Mais  l'empereur  Alexandre  employa  sa 
médiation  pour  empêcher  l'exécution  de 
ce  dessein.  Le  général  Blucher  est  mort 
en  1819  à  la  suite  d'une  longue  maladie. 
Après  la  paix  de  1814  ,  il  avait  accompa- 
gné les  souverains  de  Bussie  et  de  Prusse 
dans  leur  voyage  en  Angleterre.  Sa  vie  a 
été  écrite  en  2  vol.  in-8°.  On  a  aussi  pu- 
blié à  Londres ,  La  Vie  et  les  campagnes 
du  feld- maréchal,  prince  Blucher  t  ou- 
vrage traduit  en  partie  de  l'allemand  du 
général  comte  de  Gneisenau,  son  chef 
d'état-major. 

*  BLUMAUER.  (  Aloys  ) ,  poète  distin- 
gué ,  né  le  21  décembre  1755  ,  à  Steyer  en 
Autriche ,  entra  dans  l'ordre  des  jésuites 
en  1772 ,  gagna  quelque  temps  sa  vie  en 
donnant  des  leçons  après  la  suppression 
de  cet  ordre ,  fut  ensuite  censeur  des  li- 
vres et  libraire,  et  mourut  en  1798,  âgé 
de  quarante-quatre  ans.  Son  esprit  était 
tourné  vers  la  satire  et  le  comique  bur- 
lesque. Ses  Poésies  parurent  pour  la  pre- 
mière fois  à  Vienne,  1782,  in-8°.  Elles 
ont  eu  plusieurs  éditions;  on  y  trouve 
du  sel ,  de  la  gaîté  ,  une  imagination  ori- 
ginale ;  mais  du  mauvais  goût ,  de  la  tri- 
vialité ,  et  quelquefois  de  l'incorrection. 
Les  pièces  de  ce  recueil  les  plus  estimées 
par  ses  compatriotes  sont  :  Y  Imprimerie  f 
l'Adresse  au  diable,  et  Y  Eloge  de  l'âne. 
Il  a  donné ,  comme  Scarron ,  Y  Enéide  tra- 
vestie ,  Vienne,  1784-88,  in-8°.  On  y  trouve 
beaucoup  de  choses  contre  la  religion  et 
la  cour  romaine.  On  a  faussement  attri* 
bué  à  Blumauer  une  épopée  satirique  in- 
titulée les  Titans ,  Francfort-sur-le-Mein , 
1790,  in-8°,  qui  est  l'ouvrage  de  Max.  F.  X. 


BOG 

Stiehl.  Le  poème  Hercule  travesti,  en  six 
livres,  Francfort  et  Leipsick,  1794,  in-8°, 
porte  également  son  nom ,  mais  est  d'une 
médiocrité  qui  ne  permet  guère  de  croire 
qu'il  en  soit  l'auteur.  Blumauer  a  com- 
posé aussi  une  tragédie,  Erwine  de  Slern- 
heim.  Ses  œuvres  ont  été  réunies  et  pu- 
bliées à  Leipsick  par  K.  L.  M.  Muller  ,  8 
vol.  in-8°,  1801. 

*  BLUMBERG  (  Curétien-Gotthelf  ), 
théologien  luthérien,  né  en  1004,  à  Ophau- 
sen,  dans  la  principauté  du  Queri'urt,  fit 
ses  études  à  Leipsick  et  à  léna,  fut  aumô- 
nier, en  1089,  du  régiment  flamand  de 
l'armée  du  Rhin ,  et  se  trouva  au  siège 
de  Mayence.  A  son  retour,  il  fut  appelé 
à  exercer  des  fonctions  ecclésiastiques 
dans  différentes  villes  de  l'électorat  de 
Saxe,  et  mourut  en  1735  à  Zwickau.  Le 
nombre  de  ses  écrits  est  fort  considérable  : 
nous  remarquerons  seulement  les  sui  vans  : 
j  Exercitium  anti-bossentium  de  mysterio 
in  coronâ  papali;  \  Fundamenta  linguœ 
coplicœ,  1710;  |  Dictionarium  linguœ  cop- 
ticœ  s  resté  manuscrit  ;  |  Grammalica 
turcica;  \  Lingues  arabicœ  instituliones  ; 
j  Dictionarium  hebrdiium  inlegritati  suœ 
reddilum;  \  la  Bible  complote .,  avec  des 
remarques. 

BLUTEAU  (don  Rapuael  ),  théatin, 
né  à  Londres,  de  païens  français,  en 
1038,  passa  en  France  et  se  distingua  à 
Paris  comme  savant  et  comme  prédica- 
teur. Il  se  rendit  ensuite  à  Lisbonne ,  où 
il  mourut  en  1734 ,  à  90  ans.  On  a  de  lui 
un  Dictionnaire  portugais  et  latin,  en  8 
vol.  in-folio.  Coïmbre,  1712  à  1721,  avec- 
un  supplément  à  Lisbonne  1727  et  1728  , 
2  vol.  in-folio.  Deux  docteurs  de  l'acadé- 
mie des  Appliqués  firent  chacun  un  dis- 
cours pour  discuter  ce  problème  :  S'il  était 
plus  glorieux  à  l'Angleterre  d'avoir  donné 
naissance  à  ce  savant,  ou  au  Portugal  de 
l'avoir  possédé? 

*  BO  (  Jean-Baptiste  ) ,  était  médecin 
avant  la  révolution  dont  les  théories  nou- 
velles trou  vèrenl  en  lui  un  partisan  exalté. 
Successivement  membre  de  l'Assemblée 
législative  et  de  la  Convention  ,  il  vota  la 
mort  de  Louis  XVI  sans  appel  et  sans  sur- 
sis. Ayant  été  envoyé  en  mission  dans  le 
midi  par  la  Montagne,  il  fut  retenu  prison- 
nier par  les  Marseillais,  puis  délivré  au 
bout  de  quelques  jours  par  le  général 
Cartaux.  Après  le  9  thermidor,  on  le  dé- 
nonça comme  ultra-révolutionnaire,  mais 
la  Convention  passa  à  l'ordre  du  jour  sur 
cette  accusation.  Il  fut  néanmoins  décrété 
d'arrestation  après  les  journées  de  prai- 


340  BOC 

rial,  et  ne  fut  relâché  qu'en  vertu  àû 
i'amnistie  du  4  brumaire  an  4.  Bo  fut  em- 
ployé dans  les  bureaux  de  la  police ,  jus- 
qu'à la  révolution  du  18  brumaire  ,  épo- 
que à  laquelle  il  rentra  dans  la  vie  privée. 
Il  mourut  en  1812,  dans  un  âge  assea 
avancé,  à  Fontainebleau  où  il  exerçait  la 
médecine.  On  a  de  lui  :  Topographie  mé- 
dicale de  la  ville  de  Fontainebleau ,  1811, 
in-8°.  On  attribue  à  Bo  ce  propos  san- 
guinaire «  qu'en  révolution  on  ne  doit 
»  connaître  ni  parens  ni  amis ,  et  que  la 
»  fils  peut  tuer  son  père ,  si  celui-ci  n'est 
»  pas  à  la  hauteur  des  circonstances.  » 

BOAISTUAU  ou  BOISTUAU  (Pierre), 
natif  de  Nantes ,  mourut  à  Paris  en  1500. 
Il  est  un  des  premiers  écrivains  qui  se 
soient  plaints  de  ce  que  les  mères  n'al- 
laitaient pas  leurs  enfans.  Outre  une  tra- 
duction de  l'italien  des  Contes  de  Blan- 
dello  avec  Belleforêt ,  Lyon ,  1610,  7  vol. 
in-16 ,  il  a  composé  quelques  romans  de 
peu  de  mérite ,  ainsi  que  V Histoire  de 
Chelidonius,  mauvais  ouvrage  sur  la  poli- 
tique. Mais  on  lui  doit  une  autre  produc- 
tion que  la  singularité  des  faits  rend  très 
intéressante,  c'est  le  Théâtre  du  monde , 
où  il  est  fait  ample  discours  des  misères 
humaines  j  Paris  ,  1584  et  1598 ,  6  vol.  in- 
16.  Il  y  rapporte ,  mais  sans  indiquer  les 
procédés  ,  que  le  fameux  peintre  Léonard 
de  Vinci  avait  trouvé  le  secret  de  voler 
dans  les  airs. 

BOATE,  médecin  et  botaniste  d'Ir- 
lande ,  publia ,  en  1050 ,  l'Histoire  natu- 
relle de  ce  royaume ,  traduite  de  l'anglais 
en  français,  par  P.  Briot ,  Paris,  1000,  2 
vol.  in- 12.  Il  y  a  des  recherches  et  des 
observations  vraies ,  quoiqu'il  parle  de 
son  pays  et  des  habitans  en  panégyriste. 

BOCCACE  (  Jean  ) ,  naquit  à  Certaldo 
en  Toscane,  l'an  1313,  d'un  marchand  de 
Florence.  Ce  jeune  homme,  peu  propre 
au  négoce,  passa  à  l'étude  du  droit,  et  de 
celui-ci  à  la  poésie  ,  pour  laquelle  il  avait 
un  goût  particulier.  Pétrarque  fut  sen 
maître,  et  le  disciple  eut  souvent  besoin 
de  recourir  à  sa  générosité.  La  république 
de  Florence  lui  donna  le  droit  de  bour- 
geoisie ,  et  le  députa  vers  Pétrarque  pour 
l'engager  à  venir  à  Florence.  Pétrarque, 
instruit  des  factions  qui  divisaient  cette 
ville,  persuada  à  Boccace  de  la  quitter.  Il 
se  mit  alors  à  parcourir  l'Italie ,  s'arrêta 
à  la  cour  de  Naples  ,  y  fut  bien  accueilli 
du  roi  Robert,  et  devint  amoureux  d'une 
bâtarde  de  ce  prince.  Il  se  rendit  de  là  eu 
Sicile  ,  où  la  reine  Jeanne  le  goûta  beau- 
coup. Boccace .  de  retour  de  ses  courses , 


BOC  3 

alla  s'enfermer  à  Certaldo ,  et  y  mourut 
en  1375  à  62  ans.  Cet  écrivain  fut  un 
des  premiers  qui  donnèrent  à  la  langue 
italienne  les  grâces ,  la  douceur  et  l'élé- 
gance qui  la  distinguent  de  toutes  les  au- 
tres langues  vivantes.  Sa  prose  est  le  mo- 
dèle que  se  proposent  les  auteurs  de  son 
pays.  Ses  vers  valent  beaucoup  moins. 
Boccace  ne  put  jamais  égaler  les  poésies 
de  Pétrarque  ;  et  celui-ci  à  son  tour  ne  put 
égaler  sa  prose  ,  l'italienne  du  moins^  car 
dans  la  prose  latine,  il  l'a  surpassé.  On  a 
beaucoup  d'ouvrages  de  Boccace.  |  La  Gé- 
néalogie des  Dieux  :  mythologie  pleine 
d'érudition ,  et  dans  laquelle  Boccace  cite 
beaucoup  de  livres  que  nous  n'avons  plus. 
L'édition  la  plus  rare  de  ce  livre  est 
celle  de  Venise,  1472  ,  in-fol.  |  Un  Traité 
des  Fleuves ,  des  Montagnes  et  des  Lacs,, 
Venise ,  1473,  in-fol.  Il  y  a  des  choses  cu- 
rieuses, mais  plusieurs  aussi  où  l'auteur 
manque  de  discernement,  et  ne  parle  que 
sur  la  foi  des  contes  populaires.  |  Un 
Abrégé  de  l'Histoire  de  Rome  jusqu'à  l'an 
724  de  sa  fondation ,  in-8°.  |  Le  Philo- 
cope.  |  L' Amorosa  Fiammette.  \  Le  La- 
byrinthe d'amour.  \  Opéra  jucundissima 
cio  è  l'Urbano.  \  La  Théséide.  Les  plus 
anciennes  éditions  de  ces  romans  sont  les 
plus  recherchées  ,  uniquement  pour  leur 
ancienneté  ;  celles  qui  ont  été  données 
dans  le  16e  siècle ,  sont  aussi  amples.  |  La 
Vie  du  Dante ,  en  italien,  Borne,  1544, 
in-8°,  réimprimée  à  Florence  en  1576,  in- 
8°.  |  De  Claris  hominibus,  Ulm ,  1475 ,  in- 
fol.  |  Son  Décaméron.  C'est  un  recueil  de 
cent  nouvelles  galantes,  pleines  d'aven- 
tures romanesques  et  d'images  obscènes 
qui  contrastent  avec  la  beauté  et  la  pureté 
du  langage,  et  qui  rappellent  ce  mot, 
appliqué  à  Pétrone  :  Auctor  purissimœ 
impurilatis.  C'est  dans  ce  bourbier  re- 
vêtu d'élégans  dehors ,  que  la  Fontaine  a 
puisé  plusieurs  de  ses  contes.  On  avait 
commencé  à  Florence  en  1723 ,  une  col- 
lection des  OEuvres  de  Boccace,.  en  6  vol. 
in-4°,  qui  n'a  pas  été  achevée.  On  voit  à 
Certaldo  son  tombeau  de  marbre  et  son 
épitaphe. 

*  BOCCAGE  (  Marie-Anne  le  PAGE, 
épouse  de  Fiquet  du  ),  des  académies 
de  Lyon,  Bouen  et  Cologne,  née  à  Bouen 
le  22  octobre  1710  et  morte  le  8  août  1802, 
fut  élevée  à  Paris,  au  couvent  del'Assom- 
ption,  où  elle  se  fit  remarquer  par  sa  faci- 
lité pour  tous  les  genres  d'études.  Elle 
épousa  un  receveur  des  tailles  de  Dieppe, 
qui  la  laissa  veuve  de  bonne  heure  ;  elle 
se  fixa  ensuite  à  Paris,  se  livrant  à  son 


41  BOC 

penchant  pour  la  poésie,  qu'elle  avait  ré- 
primé pendant  plusieurs  années.  Son  dé- 


but fut 


un  poème  qui  remporta .,  en  1746,, 


le  prix  de  l'académie  de  Bouen ,  sous  le 
titre  de  Prix  alternatif  entre  les  belles- 
lettres  et  les  sciences.  Cette  pièce  offre 
de  beaux  vers,  un  style  noble  et  des  ex- 
pressions heureuses;  Mrae  du  Boccage 
réussit  moins  dans  les  productions  plus 
vastes  et  plus  élevés,  dont  les  sujets  et 
l'étendue  n'étaient  plus  proportionnés  à 
ses  forces.  Elle  n'en  jouit  pas  moins  de 
la  plus  grande  faveur  tant  qu'elle  vécut , 
et  fut  célébrée  par  les  poètes  et  les  savans 
les  plus  distingués  du  dernier  siècle.  Be- 
noît XIV  l'accueillit  à  Borne  d'une  ma- 
nière honorable;  la  cour  de. Londres  et 
les  gens  de  lettres  de  celte  ville  ne  lui 
rendirent  pas  moins  d'hommages.  Son  ca- 
ractère était  doux,  susceptible  d'amitié 
et  de  constance;  sa  société  sûre  et  at- 
trayante. Ses  ouvrages  sont  |  le  Paradis 
perdu,  poème  en  6  chants  ,  imitation  fai- 
ble de  Milton,  même  dans  les  tableaux 
qui  semblaient  le  mieux  convenir  à  son 
talent.  |  Le  Temple  de  la  Renommée,, 
imité  de  Pope.  |  La  mort  d'Abel,  poème 
en  5  chants,  trad.  deGessner.  [  Les  Ama- 
zones, tragédie  ,  jouée  pour  la  première 
fois  en  1749,  mais  qui  ne  put  rester  au 
théâtre.  |  La  Colombiade  ou  la  foi  por- 
tée au  Nouveau-Monde,  poème  héroïque 
en  10  chants,  où  l'on  trouve  quelques 
tirades  assez  bien  versifiées,  mais  où  l'au- 
teur est  resté  bien  au-dessous  du  sujet. 
|  L' 'Opéra,  ode.  |  Voyages  en  Angleterre, 
en  Hollande  et  en  Italie,  en  lettres,  c'est 
la  meilleure  production  de  Mad.  du  Boc- 
cage, mais  elle  est  bien  loin  de  mériter 
les  éloges  que  lui  a  donnés  Voltaire.  Son 
style  ne  manque  ni  de  grâces  ni  de  mé- 
rite ;  mais  ses  lettres  n'apprennent  point 
à  connaître  les  pays  qu'elle  a  parcourus 
et  les  nations  qu'elle  a  visitées.  Les  OEu- 
vres  de  Madame  du  Boccage  ont  été 
recueillies  à  Lyon,  en  5  vol.  in-8°. 

BOCCALINI  (  Trajan  ),Bomain,  singe 
de  l'Arétin  pour  la  satire.  Les  cardinaux 
Borghèse  et  Gaétan  le  protégèrent.  Boc- 
calini,  se  fiant  sur  le  crédit  de  ses  pro- 
tecteurs ,  publia  ses  Ragguagli  di  Par- 
nasso,  Amsterdam,  1659,  2  vol.  in  12,  et 
la  Secrataria  di  Apollo,  Amsterdam, 
1653,  in-12,  ouvrage  dans  lequel  l'auteur 
feint  qu'Apollon ,  tenant  sa  cour  sur  le 
Parnasse,  entend  les  plaintes  de  tout  l'u- 
nivers, et  rend  à  chacun  justice  selon 
l'exigence  des  cas.  Il  fit  imprimer  en- 
suite sa  Pietra  di  Parrangone  ,  1664. 


BOG  342 

contre  l'Espagne.  Le  satirique  craignant 
le  ressentiment  de  cette  cour  ,  se  retira  à 
Venise,  où  il  se  crut  plus  en  sûreté  qu'ail- 
leurs, et  y  mourut  en  1613.  La  plupart 
des  écrivains  qui  ont  parlé  de  lui ,  pré- 
tendent que  ce  ne  fut  pas  de  mort  natu- 
relle, et  que  quatre  hommes  armés  s'é- 
tant  un  jour  introduits  en  sa  maison  dans 
un  moment  où  il  se  trouvait  seul,  le  firent 
périr  à  coup  de  sachets  remplis  de  sable. 
Cependant  le  registre  mortuaire  de  la 
paroisse  de  Sainte-Marie-Formose  de  Ve- 
nise, où  il  habitait,  atteste  qu'il  mourut  le 
16  novembre  1613,  âgé  d'environ  57  ans, 
de  colique  accompagnée  de  fièvre,  da  do- 
lori  colici  e  da  febre.  On  a  encore  de  lui 
La  Bilanciq  politica  di  lutte  le  Opère  di 
Tacito,  Castellana,  1678,  2  vol.  in-4°.  Cet 
ouvrage  est  assez  peu  de  chose  ;  Amelot 
de  la  Houssaye  qui  l'avait  lu  en  manu- 
scrit, en  parle  de  la  sorte  :  «  J'y  trouvai  si 
»  peu  ce  que  je  cherchais ,  que  je  n'ai  pu 
»  me  résoudre  à  le  relire  imprimé ,  de 
»  peur  de  mettre  ma  lecture  à  fonds  per 
»  du.  Je  me  souviens  que  le  jugement 
»  que  j'en  faisais  était  qu'il  commenta 
»  Tacite ,  en  orateur  plutôt  qu'en  polili 
»  que  ;  et  qu'au  lieu  que  Tacite  dit  beau 
»  coup  de  choses  en  peu  de  mots ,  Bocca- 
»  lini  dit  très  peu  de  choses  en  beaucoup 
»  de  paroles.  »  Sur  la  réputation  que  sa 
Pietra  di  Parrangone  lui  avait  faite,  Paul 
V  lui  conféra  la  police  d'une  petite  ville 
Boccalini  la  gouverna  si  mal,  qu'il  fallut 
le  rappeler  au  bout  de  trois  mois  d'ad- 
ministration. 

*  BOCCANERA  (  Simon  ),  premier  doge 
de  Gênes  ,  fut  élevé  à  cette  dignité ,  en 
4339,  par  une  assemblée  populaire  et  sur 
la  proposition  d'un  simple  artisan,  qui 
avait  été  peut-être  gagné  par  Boccanera. 
Le  peuple  qui  cherchait  l'occasion  de  se 
soustraire  àla  domination  des  nobles,  saisit 
celle-ci  avec  ardeur  et  dorma  une  grande 
autorité  au  nouveau  doge.  C'étoit  un 
homme  artificieux,  dur,  hautain,  et  extrê- 
mement jaloux  de  son  autorité,  qu'il  étaya 
par  la  souplesse  et  qu'il  exerça  avec  ar- 
rogance et  sévérité.  Il  chercha  à  ména- 
ger également  la  noblesse  et  le  peuple , 
et  sut  toujours  rendre  ce  dernier  la  dupe 
de  sa  fausse  modération  et  de  son  désin- 
téressement affecté.  Ilfaut  convenir  d'ail- 
leurs que  son  gouvernement  fut  sage  et 
même  glorieux  pour  la  république.  Ce- 
pendant,  après  cinq  ans  d'administra- 
tion, il  fut  obligé  de  se  démettre  de  sa 
dignité ,  ne  se  voyant  pas  assez  fort  pour 
lutter  contre  le  parti  des  nobles  qui  cher- 


BOC 

chaient  à  le  renverser;  il  aima  mieux 
paraître  quitter  sa  place  de  plein  gré  ,  et 
abdiqua  solennellement  en  1344.  Il  se  re- 
tira à  Pise  pour  y  vivre  en  simple  parti- 
culier et  attendre  un  temps  plus  favora- 
ble. En  effet,  plusieurs  années  après  il 
revint  à  Gênes ,  et  profitant  de  la  dissen- 
sion qui  régnait  entre  les  nobles  et  le 
peuple,  il  disposa  dans  cette  dernière 
classe  les  esprits  en  sa  faveur ,  et  fit  tant 
par  ses  intrigues  qu'il  fut  élu  le  14  no- 
vembre 1556,  pour  la  deuxième  fois,  doge 
de  sa  patrie,  qu'il  délivra  en  même  temps 
du  joug  des  Milanais,  auxquels  elle  s'était 
soumise. ,  Il  ne  chercha  plus  alors  à  mé- 
nager les  nobles  et  les  exclut  de  toutes 
les  ebarges,  bannit  les  principaux  d'entre 
eux,  et  abaissa  tellement  la  puissance  des 
autres,  qu'on  ne  put  rien  tenter  contre 
lui.  Il  gouverna  paisiblement  pendant 
quelques  années,  et  arrêta  les  dévasta- 
tions des  Milanais  en  se  joignant  au  mar- 
quis deMontferrat  qui  les  combattit  avan- 
tageusement. Quelques  conspirations  écla- 
tèrent encore  contre  lui  vers  la  fin  de 
ses  jours  ;  mais  elles  furent  sans  effet. 
Ses  ennemis  ne  pouvant  s'en  défaire  au- 
trement, l'empoisonnèrent  dans  un  repas 
qu'il  donnait  à  Pierre  de  Lusignan ,  roi 
de  Chypre,  qui  retournait  en  Orient,  l'an 
1563. 

*  BOCCANERA  (  Mariiî  ),  de  la  même 
famille  que  le  précédent,  vivait  dans  le 
14e  siècle.  C'est  à  lui  que  la  ville  de  Gênes 
est  redevable  du  commencement  du  grand 
môle;  il  en  fit  jeter  les  fondations  for- 
mées de  blocs  énormes  de  pierres  arra- 
chées des  montagnes  voisines.  Il  acheva 
l'arsenal  des  galères  et  fit  cette  partie  du 
bassin  dans  lequel  les  vaisseaux  se  met- 
tent à  couvert.  En  1500  il  augmenta  con- 
sidérablement le  port;  enfin  il  fit  con- 
struire plusieurs  aqueducs  pour  porter 
l'eau  à  la  ville. 

*  BOCCIIERIIVI  (  Loris),  célèbre  com- 
positeur de  musique,  né  à  Lucques  le  14 
janvier  1740,  mort  à  Madrid  en  1806. 
Après  avoir  fait  ses  premiènes  études 
musicales  sous  les  yeux  de  son  père ,  il 
alla  se  perfectionner  à  Rome ,  où ,  jeune 
encore,  il  étonna  par  l'originalité  de  ses 
premières  compositions.  De  retour  dans 
sa  patrie,  il  exécuta,  avec  un  virtuose  qui 
se  trouvait  alors  à  Lucques,  quelques-unes 
de  ses  productions,  et  bientôt  sa  réputa- 
tion s'étendit  dans  toute  l'Italie  ,  et  le  de- 
vança à  Madrid,  où  le  roi  l'accueillit  avec 
beaucoup  de  distinction,  ce  qui  l'engagea 
à  se  fixer  en  Espagne  ;  il  y  fut  attaché  à 


BOC 


43 


BOC 


l'académie  royale ,  avec  la  condition  de. 
composer  annuellement  neuf  morceaux. 
Ce  sont  ces  compositions  et  plusieurs  au- 
tres qui  ont  été  successivement  publiées  et 
gravées  à  Paris  et  ailleurs,  et  forment 
cinquante-huit  œuvres  de  symphonies , 
sextuors,  quintetti,  etc.  On  n'a  gravé  de 
ce  compositeur  qu'un  seul  morceau  d'é- 
glise, un  Stabal  mater;  cependant  ses 
compositions  ont  un  caractère  éminem- 
ment religieux,  ce  qui  a  fait  dire  que ,  si 
Dieu  voulait  entendre  de  la  musique ,  il 
se  ferait  jouer  celle  de  Boccherini.  Si  ce 
compositeur,  qui  a  eu  la  gloire  de  précé- 
der Haydn,  n'a  pu  l'atteindre  dans  les 
symphonies  à  grand  orchestre,  on  peut 
dire  qu'il  l'égale  dans  les  productions 
moins  importantes  :  ses  adagio  sont  sur- 
tout admirables. 

*  BOCCHI  (  François  ),  né  à  Florence, 
en  1518,  fut  un  des  écrivains  les  plus  fé- 
conds de  cette  illustre  cité.  Guidé  dans 
la  carrière  des  lettres  par  son  oncle  pa- 
ternel, vicaire-général  de  l'évéque  de 
Fiesole,  il  annonça,  dès  son  enfance,  les 
plus  heureuses  dispositions,  et  eut  de- 
puis le  bonheur  d'obtenir  l'estime  et  l'ap- 
pui de  Laurent  Salviali,  le  Mécène  de  son 
temps.  Il  mourut  dans  sa  patrie ,  en  1618, 
et  fut  enterré  dans  l'église  de  St-Pierre- 
le-Majeur,  auprès  de  ses  ancêtres.  Ses 
nombreux  écrits  sont  en  latin  et  en  lan- 
gue toscane.  On  distingue  ,  entr'autres  : 
|  Discorso  a  chi  de'  maggiori  guerrieri, 
che  insino  a  questo  tempo  sono  stati ,  si 
dee  la  maggioranza  attribuire,  Florence, 
Giorg  Marescotti ,  1573  ,  1579,  in-4"  ; 
|  Discorso  sopra  la  lite  délie  armi  e 
délie  lettere,  e  a  cui  si  dee  il  primo  luo- 
go  dinobillà  attribuire,  Florence,  157'J, 
1580,  in-8";  |  Discorso  sopra  la  Musica , 
'ion  secondo  Varie  di  quella,  ma  secondo 
la  ragione  alla  polilica  pertinente ,  Flo- 
rence, 1581,  in-8";  |  Eccellenza  délia 
statua  di  Giorg.  Donatello,  collocata  su 
la  facciaia  délia  chiesadiS.  Michèle, etc. 
Florence,  Sermarlelli,  1584,  in-8°  ;  |  Dis- 
corso sopra  ilpregiodell'  umano  valore, 
ib.  1587,  in-8°  ;  |  le  Bellezze  délia  ciltà 
di  Firenze ,  dove  a  pie  no  di  pittura,  di 
scultura*  di  sacri  tempii,  di  palazzi,i 
più  nolabili  artifizii  epiù  preziosi  si  con- 
iengono,  ibid. ,  1592  ,  in-8"  r  2e  édition, 
augmentée  par  Jean  Cinelli ,  ibid.  Gua- 
gliantini.  1077,  in-8°;  5e  édition,  Pis- 
toia,  Doménic.  Fortunati,  1078,  in-8°  ; 
|  Opéra  di  Fr.  Bocchi  sopra  l'imagine 
miracolosa  délia  sanlissima  Niuvziata  di 
Firenze,  etc. ,   Florence,  1592,   in-8°  ; 


|  Délia  cagione  onde  venne  ne  gli  au  tir 
chi  secoli  la  smisurala  potenza  di  Iloma 
e  dell'  Ilalia,  ibid.  Sermartelli,  1598,  in- 
8°  ;  |  Ragionamsnlo  sopra  l'uomo  da 
bene,  Florence,  Sermartelli ,  1000,  in-40  ; 
|  Epislola  de  horribili  sonitu  audilo 
Florenliœ;  de  reslauralione  leslitudinis 
sacrœ  ecclesiœ  Majoris  collapsœ ,  Flo- 
rence, 1004,  in-4°  ;  deux  Lettres  com- 
posées au  sujet  des  dégradations  qu'é- 
prouva celte  église,  qui  fut  frappée  de  la 
foudre  en  1004  ;  |  Les  Eloges  (  en  latin  ) 
de  Raimond Midi,  Florence  1000,  in-4°, 
de  François  de  Mèdicis ,  Florence,  les 
Juntes  ,  1587 ,  in-4°,  de  Pierre  Vettort% 
1585 ,  in-4°  :  ce  dernier,  composé  aus$. 
en  italien,  ainsi  que  celui  de  Laurent 
Salviati;  |deux  livres  d'Eloges  (en  latin) 
des  Hommes  illustres  de  Florence  ,  Flo- 
rence, 1007,  in-4°  ;  |  Oratio  de  laudibus 
Joannœ  Austriœ ,  etc.  Florence,  in-4°, 
1578  ;  traduit  par  lui-même  en  italien  ; 
|  Discours  civils  et  militaires  ;  \  Histoire 
de  Flandre;  |  un  volume  de  Lettres  :  ces 
trois  derniers  ouvrages  en  italien;  |  De 
laudibus  reginœ  Margarilœ  Austriœ, 
etc.  Florence,  1012,  in-4°  ;  |  une  traduc- 
tion italienne  du  Discours  de  P.  Vettori 
sur  la  Mort  de  Cosme  de  Mèdicis  ;  |  quel- 
ques autres  ouvrages  de  peu  d'impor- 
tance. 

BOCOHUS,  roi  de  Mauritanie,  ligué 
avec  Jugurlha,  son  gendre,  contre  les 
Romains,  fut  vaincu  deux  fois  par  Marius. 
Il  rechercha  ensuite  l'amitié  de  ses  vain- 
queurs et  livra  le  malheureux  Jugurlha 
à  Sylla.  Le  traître  eut  une  partie  du 
royaume  de  ce  prince  infortuné,  vers 
l'an  100  avant  J.-C. 

BOCCONI  ou  BOCCONE  (  Paul-Syl- 
vius),  membre  de  l'académie  des  cu- 
rieux de  la  nature,  né  à  Palerme  en  1635, 
d'une  famille  noble.  Son  goût  décidé  pour 
l'histoire  naturelle  le  porta  à  parcourir 
pendant  plusieurs  années  les  principales 
parties  de  l'Europe,  pour  y  observer  par 
lui-même  la  scène  variée  de  la  nature.  Il 
publia  successivement  divers  ouvrages, 
particulièrement  sur  la  botanique,  qui 
lui  acquirent  beaucoup  de  réputation. 
Après  avoir  été  quelque  temps  botaniste 
de  Ferdinand  II,  grand  duc  de  Toscane, 
il  quitta  le  monde  et  prit  à  Florence  en 
1082  l'habit  de  l'ordre  de  Cileaux  ,  où  son 
nom  de  baptême  Paul  fut  changé  en  ce- 
lui de  Silvio,  et  c'est  par  cette  raison 
qu'une  partie  de  ses  ouvrages  se  trouvent 
publiés  sous  le  premier  nom  et  d'autres 
sous  celui  de  Silvio.  Quelques  écrivains 


ROC  3 

Pont  taxé  de  plagiat ,  cl  entre  autres  M. 
de  Jussieu ,  mais  cette  accusation  n'est 
pas  prouvée.  Outre  plusieurs  ouvrages 
imprimés  devenus  rares ,  il  en  a  laissé 
quelques-uns  en  manuscrit ,  du  nombre 
desquels  est  une  Histoire  naturelle  de 
Vile  de  Corse.  Ce  savant  naturaliste  mou- 
rut à  Florence  sa  patrie ,  en  1704.  Ses  li- 
vres imprimés  sont  |  des  Observations 
naturelles,  traduites  en  français,  Amster- 
dam, 1674,  in-12;  |  Museo  di  fisicœ ,  Ve- 
nise, 1697,  in-4°,  fig.  ;  |  Icônes  plania- 
rum,  Oxford,  1664 ,  in-4°,  fig.;  |  Museo 
di  Piante,  Venise,  1697,  in-4°.  On  lui  doit 
encore  des  Recherches  sur  le  corail,  la 
pierre  étoilée,  l'embrasement  du  mont 
Etna. 

BOCCORIS,  roi  d'Egypte.  Trogue  Pom- 
pée et  Tacite  racontent  que  ce  prince 
ayant  consulté  l'oracle  d'Ammon  sur  la 
ladrerie  qui  infectait  l'Egypte ,  il  chassa 
par  l'avis  de  cet  oracle ,  les  Juifs  de  son 
pays,  comme  une  multitude  inutile  et 
odieuse  à  la  Divinité.  Moïse  détruit  cette 
fable.  Il  nous  apprend  d'une  manière 
certaine,  pourquoi  et  comment  les  Juifs 
sortirent  de  l'Egypte.  Ce  que  l'on  peut 
inférer  des  témoignages  des  historiens 
profanes,  c'est  que  Boccoris  est  le  Pha- 
raon dont  il  est  parlé  dans  le  Pentateuque, 
et  que  les  plaies  multipliées  dont  l'Egypte 
fut  frappée  sous  son  règne,  ont  donné 
lieu  au  conte  de  la  ladrerie.  On  sait  d'ail- 
leurs que  l'ancienne  histoire  profane  d'E- 
gypte n'est  qu'une  corruption  de  l'his- 
toire sainte.  Voyez  l'ouvrage  intitulé 
Hérodote,  historien  du  peuple  hébreu  sans 
le  savoir,  Liège,  1790, 1  vol.  in-12. 

BOCH  ou  BOCHIUS  (  Jean  ) ,  naquit 
à  Bruxelles  en  1555,  et  se  distingua  de 
bonne  heure  par  ses  poésies ,  imprimées 
à  Cologne  en  1615.  Il  parcourut  l'Italie,  la 
Pologne  et  la  Russie.  En  allant  à  Moscou, 
il  eut  les  pieds  gelés  de  froid ,  et  on  déli- 
bérait si  on  lui  ferait  l'amputation.  Le 
quartier  des  Livoniens,  où  demeurait 
Boch,  ayant  été  surpris  ,  la  peur  lui  ren- 
dit les  pieds.  Il  mourut  à  Bruxelles  en 
1609.  On  a  de  lui  des  ouvrages  en  prose 
et  en  vers.  Ces  derniers  l'ont  fait  appeler, 
par  Valère  André,  le  Virgile  Belgique.  Il 
faut  avouer  que  Boch  était  un  des  bons 
poètes  de  son  siècle ,  et  que  ses  vers  ap- 
prochent beaucoup  des  beautés  poétiques 
grecques  et  romaines.  Son  fils ,  Jean-As- 
cagne,  s'est  distingué  aussi  dans  la  poé- 
sie. François  Swert  a  rassemblé  les  poé- 
sies des  Boch  père  et  fils ,  et  en  a  donné 
une  édition  à  Cologne,  1615. 


44  ROC 

BOCHART  (  Samuel  ) ,  ministre  pro- 
testant,  naquit  à  Rouen  l'an  1599,  d'une 
famille  distinguée.  Il  fit  paraître  beaucoup 
de  dispositions  pour  les  langues  :  ilapprit 
avec  une  égale  facilité  l'hébreu.,  le  syria- 
que, le  chaldéen,  l'arabe,  l'éthiopien,  etc. 
Christine  ,  reine  de  Suède ,  qui  souhaitait 
de  le  voir,  l'engagea  en  1652  à  faire  le 
voyage  de  Stockholm;  Bochart  y  reçut 
tous  les  témoignages  d'estime  que  méri- 
tait son  érudition.  De  retour  à  Caen,dont 
il  était  ministre,  il  y  mourut  subitement 
en  disputant  contre  Huet  dans  l'académie 
de  cette  ville,  en  1667,  à  l'âge  de  68  ans, 
avec  la  réputation  d'un  savant  consom- 
mé dans  tous  les  genres  d'érudition.  Ses 
principaux  ouvrages  sont  |  son  Phaleg  et 
son  Canaan,  livre  dans  lequel  il  jette  de 
grandes  lumières  sur  la  géographie  sa- 
crée; mais  plein  d'étymologies  chiméri- 
ques et  d'origines  imaginaires.  On  en  a 
une  édition  de  Caen  sous  le  titre  de  Geo- 
graphia  sacra,  1646,  in-fol.;  une  de  Franc- 
fort, in-4°,  1694,  et  dans  la  collection  de 
ses  Œuvres,  Amsterdam,  1792,  3  vol.  in- 
folio ,  où  cette  géographie  est  augmentée 
de  plusieurs  dissertations  curieuses  et 
utiles.  L'édition  de  Leyde,  1712,  est  réel- 
lement la  même  que  celle  d'Amsterdam, 
mais  décorée  d'un  nouveau  frontispice  ; 
|  son  Hierozoïcon,  ou  Histoire  des  ani- 
maux de  l'Ecriture,  est  une  collection  de 
tout  ce  que  les  savans  ont  dit  sur  cette 
matière  ;  |  un  Traité  des  minéraux,  des 
plantes,  des  pierreries  dont  la  Bible  fait 
mention  :  on  y  trouve  le  même  fonds 
d'érudition  que  dans  les  précédens  ;  |  un 
Traité  du  Paradis  terrestre,  etc.  Ces 
deux  derniers  écrits  sont  perdus,  à  quel- 
ques fragmens  près,  dont  on  a  enrichi 
l'édition  de  ses  œuvres.  On  a  encore  de 
ce  savant  une  dissertation  à  la  tète  de  la 
traduction  de  l'Enéide  de  Segrais,  dans 
laquelle  il  soutient  qu'Enée  ne  vint  ja- 
mais en  Italie.  Denis  d'Halicarnasse  cite 
plusieurs  auteurs  qui  assurent  la  même 
chose. 

*  BOCHARTDE  SARO.V  (  Jean-Baptis- 
te-Gaspard  ),  président  au  parlement  de 
Paris  et  membre  de  l'académie  des  Scien- 
ces, né  dans  celte  ville  en  1730,  d'une  fa- 
mille distinguée  dans  la  magistrature ,  se 
livra  dès  sa  jeunesse  à  l'étude  des  mathéma- 
tiques et  de  l'astronomie  où  il  fit  de  très 
grands  progrès.  Ce  fut  lui  qui  eut  la  gloire 
de  reconnaître  le  premier  que  la  marche 
du  nouvel  astre  récemment  découvert 
par  Herschell  était  beaucoup  mieux  re- 
présentée par  une  orbite  circulaire  que 


par  une  orbite  parabolique;  ce  qui  fil 
soupçonner  que  cet  astre  pourrait  bien 
être  une  planète  nouvelle,  plutôt  qu'une 
comète,  comme  on  l'avait  cru  d'abord; 
idée  qui  depuis  s'est  complètement  con- 
firmée. Les  instrumens  dont  il  se  servait 
pour  ses  observations  étaient  si  exacts, 
qu'ils  sont  encore  recbercbés  aujour- 
d'hui. Son  goût  pour  les  sciences  ne  lui 
fit  jamais  oublier  les  fonctions  de  son  mi- 
nistère. On  lui  doit  la  publication  de  la 
Théorie  du  mouvement  elliptique  et  de  la 
figure  de  la  terre,  1784,  ifi-A?,  ouvrage  de 
M.  Laplace,  qu'il  lit  imprimer  à  ses  frais 
pour  les  progrès  des  sciences.  11  fut  ap- 
pelé à  l'assemblée  des  Notables  en  1787, 
et  se  retira  dans  sa  famille  après  la  sup- 
pression des  parlemens.  Saron  y  fut  arrêté 
et  périt  sur  l'échafaud  le  20  avril  1794. 
Montjoie  et  Ca-sini  ont  composé  son 
éloge. 

BOCHEL  ou  BOUCHEL  (  Laurent  ), 
avocat  au  parlement  de  Paris,  mort  dans 
un  âge  avancé  en  1629 ,  était  de  Crépi  en 
Valois.  On  a  de  lui  plusieurs  ouvrages 
pleins  d'érudition  :  |  Les  décrets  de  l'é- 
glise gallicane,  Paris,  1609,  in-fol.  j  Bi- 
bliothèque du  droit  français,  Paris,  1671, 
5  vol.  in-fol.  |  Bibliothèque  canonique, 
Paris,  1689,  2  vol.  in-folio.  Ces  ouvrages 
sont  dirigés  par  les  bons  principes  et  bien 
éloignés  des  fausses  maximes  qui  depuis 
se  sont  introduites  dans  le  droit  civil  et 
canonique.  |  Coutume  de  Sentis,  1703, 
in-4°.  |  Curiosités  ou  sont  contenues  les 
résolutions  de  plusieurs  belles  questions, 
touchant  la  création  du  monde  jusqu'au 
jugement,  in-12. 

*  BOCK  (  Jean-Nicolas-Etiexxe  de  ) , 
lieutenant  des  maréchaux  de  France,  et 
gouverneur  à  Sierck  en  Lorraine ,  mort 
à  Arlon  près  de  Luxembourg  vers  1812 ,  a 
laissé  |  Mémoire  sur  Zoroastre  et  Confu- 
cius,  et  Essai  sur  l'histoire  du  sabéisme, 
1778,  in-8°  ;  |  Mémoire  historique  sur  le 
peuple  nomade  appelé  Bohémiens,  tra- 
duit de  l'allemand,  1788,  in-6";  |  la  vie  de 
Frédéric  baron  de  Trenlc ,  traduite  de 
l'allemand,  Paris,  1788, 2  vol.  in-12,  5e  édi- 
tion, 1789  ;  |  Recherches  philosophiques 
sur  l'origine  de  la  Pitié,  Paris,  1789,  in- 
12;  |  Œuvres  diverses,  2  vol.  in-12;  | 
Histoire  de  la  guerre  de  sept  ans,  traduite 
de  l'allemand,  d'Archenholtz  ,  2  vol.  in- 
12  ;  |  Herman  d'Unna,  traduit  de  l'alle- 
mand, 1791,  5  vol.  in-8°;  nouvelle  édi- 
tion, 1801,  2  volumes  in-12;  |  Histoire  du 
Tribunal  Secret,  d'après  les  lois  de  l'em- 
pire germanique,  in-12;  |  Ermina  dans 


54»  BOG 

les  ruines  de  Rome,  traduit  de  l'alle- 
mand, 1801;  |  les  Chevaliers  des  sept 
montagnes,  ou  Aventures  du  13e  siècle  j 
trad.  de  l'allemand,  1800,5  vol.  in-12, 
figures. 

*  BOCK.  (  Frédéric-Samuel  ),  profes- 
seur de  tbéologie  et  de  grec  à  l'université 
de  Kœnigsberg,  né  dans  celle  ville  le  20 
mai  1716,  mort  en  1786.  Parmi  ses  nom,- 
breux  ouvrages,  relatifs  à  la  théologie, 
à  l'instruction  et  à  l'histoire  naturelle  ,  il 
en  est  de  fort  estimés;  les  principaux 
sont  :  |  Spécimen  theologiœ  naturalis  , 
Zullichau,  1743,  in-4°  ;  |  Historia  Socinia- 
nismi  Prussici,  Kœnigsberg,  1755,  in- 
4°;  {  Essai  d'une  Histoire  naturelle  abré- 
gée de  l'ambre  de  Prusse,  Kœnigsberg, 
1767,  in-8°,  en  allemand;  |  Historia  An- 
ti-Trinitariorum  maxime  Socinianismi 
et  Socinianorum ,  tome  1er,  part  lre, 
Kœnigsberg  et  Leipsick  ,  1774  ;  part.  2,:, 
1776;  tome  2e,  ibid.,  1784,  in-8°;  |  Manuel 
d'éducatio7i,KœrùgsberQ  et  Leipsick,  1780, 
in-8°  ;  |  Essai  d'une  Histoire  naturelle 
de  la  Prusse  orientale  et  occidentale, 
Dessau,  1782  ;  2e  et  5e  vol.  ibid.,  1783  ;  4e 
et  5e  vol.  ibid.  1784,  in-8°,  avec  des  plan- 
ches; |  Ornithologie  prussienne ,  dans  les 
8e,  9e,  12e,  13e  et  17e  numéros  deY Observa- 
teur de  la  nature,  etc.  Les  oiseaux  y  sont 
décrits  par  familles  naturelles;  |  Essais 
sur  l'Histoire  naturelle  et  le  commerce 
des  harengs,  Kœnigsberg,  1769,  in-8°,  en 
allemand,  ainsi  que  les  précédens. 

*  BOCK  ou  le  BOUC  (  dit  Jérôme),  plus 
connu  sous  le  nom  de  Tragus ,  mot  la- 
tin formé  du  grec  zçc/.yoç ,  bouc ,  selon  la 
coutume  des  savans  du  16e  siècle.  Bock 
naquit  en  1498  à  Heidesbach  et  mou- 
rut de  phthisie ,  en  1534 ,  à  Hombachen. 
Il  était  très  versé  dans  la  connaissance  des 
lettres  anciennes,  et  il  fut,  à  l'époque  de 
leur  renaissance,  un  des  principaux  res- 
taurateurs de  labotanique.  D'abord  maître 
d'école  à  Deux-Ponts,  il  devint  médecin, 
puis  ayant  embrassé  la  réforme  de  Lu- 
ther, fut  fait  minisire  de  cette  religion. 
Mais  c'est  comme  botaniste  que  Bock  s'est 
rendu  célèbre  en  ouvrant  à  la  science 
une  route  nouvelle.  Il  parcourut  les 
plaines  et  les  forêts  d'Allemagne  pour  ras- 
sembler toutes  les  plantes  d'usage ,  mè-rne 
les  plus  communes,  afin  de  comparer 
celles  qui  se  ressemblaient,  et  de  pouvoir 
les  distinguer  par  des  notes  caractéris- 
tiques tirées  de  leurs  formes,  de  détermi- 
ner les  noms  qu'elles  ont  dans  les  écrits  des 
anciens,  et  connaître  tous  ceux  qu'elles  ont 
dans  les  langues  modernes  et  en  particu- 


BOC 


U6 


BOC 


lier  dans  chaque  contrée.  Il  recueillit 
aussi  toutes  les  traditions  qui  existaient 
alors  sur  leurs  propriétés  et  leurs  usages; 
il  ji'en  rejeta  aucune^  pas  même  celles 
qui  étaient  absurdes,  quoiqu'il  ne  les  crût 
pas  toutes,  et  que,  par  ses  propres  obser- 
vations, il  ait  tâché  de  se  désabuser  sur  un 
assez  grand  nombre.  C'est  ainsi  qu'il  ra- 
conte que,  la  veille  delaSt.-Jean,  il  passa 
la  nuit  dans  les  bois ,  pour  découvrir  les 
graines  de  la  fougère  :  il  y  parvint ,  mais 
en  reconnaissant  l'erreur  vulgaire  et  su- 
perstitieuse où  l'on  était  sur  l'époque  de 
l'apparition  prétendue  subite  des  graines 
de  cette  plante.  Quoique  le  titre  de  mé- 
decin et  le  caractère  de  ministre  de  la  re- 
ligion lui  donnassent  des  facilités  pour 
l'exécution  de  son  projet,  pour  mieux  y 
réussir,  il  se  déguisait  quelquefois  en 
paysan ,  afin  d'inspirer  plus  de  confiance 
aux  habitans  des  campagnes.  Il  ne  se 
contentait  pas  d'observer  les  végétaux  dans 
leur  lieu  natal;  mais  il  les  transportait 
dans  son  jardin  pour  les  cultiver.  Othon 
Brunfels  le  détermina  à  publier  ses  obser- 
vations dans  l'ouvrage  que  ce  dernier  fil 
paraître  sur  le  même  sujet ,  en  1550  et 
1332,  sous  le  titre  d'fferbarium.  Le  hasard 
lui  ayant  fait  rencontrer  un  jeune  homme 
plein  de  talent  pour  le  dessin  ,  nommé 
David  Kander,  il  lui  fit  dessiner  correc- 
tement toutes  celles  qu'il  avait  rassem- 
blées. Le  premier  ouvrage  qu'il  publia 
lui-même  est  en  allemand ,  et  intitulé  : 
New-Krœuter-Buch ,  ou  Nouvel  Herbier 
des  plantes  qui  croissent  en  Allemagne  J 
in-fol.  1539,  sans  figures.  Immédiatement 
après,  il  en  donna  une  ou  deux  éditions 
avec  des  figures.  Tragus  est  plus  in  ven  teur 
et  auteur  original  queFuchs.  Ces  deux  bo- 
tanistes ont  été  rivaux  :  mais  leur  riva- 
lité n'a  servi  qu'à  l'avantage  de  la  scien- 
ce. Fuchs,qui  parlalepremier  deBock,  le 
fit  en  termes  très  honnêtes  ;  cependant  il 
lui  reprocha  de  trop  se  tourmenter  pour 
rapporter  les  plantes  de  l'Allemagne  à 
celles  de  la  Grèce,  décrites  par  Théo- 
phrasle  et  Dioscoride.  On  a  fait  depuis  à 
Fuchs  le  même  reproche.  De  son  côté, 
Bock  attaqua  indirectement  son  rival, 
sans  le  nommer.  Il  résulta  de  ses  travaux 
un  livre  très  utile  qui  fut  un  des  pre- 
miers en  ce  genre  ,  et  qui  a  eu  un  grand 
nombre  d'éditions  allemandes;  les  pre- 
mières sont  devenues  très  rares  :  celle  de 
1546,  in-fol.,  donnée  à  Slrasbourgesl  aug- 
mentée. Il  y  avait  trois  cent  dix-neuf 
chapitres  dans  la  première  édition,  et 
celle-ci  en  a  quatre  cent  trente  et  477 


figures  ;  on  recherche  celte  édition  parce 
qu'on  y  trouve,  fol.  51  h.,  la  figure  du 
rhapontic  (  Rhaponlic-Enulœ  folio  )  qui 
a  été  omise  dans  les  éditions  suivantos. 
Les  autres  sont  de  1551,  1556,  in-fol.; 
1560-65-72-80-95  et  1630.  Celle  de  1595  est 
la  plus  estimée,  parce  qu'elle  a  été  corri- 
gée et  augmentée  d'une  4e  partie,  trai- 
tant des  élémens  ,  animaux ,  etc.  par 
Melchior  Sebitz  et  Nicolas  Agerius.  Cet 
ouvrage  fut  traduit  en  latin  par  Kyber, 
sous  ce  titre  :  Hieronymi  Tragi,  de  Stir- 
pium,  maxime  earum  quœ  in  Germania 
nostra  nascuntnr ,  etc.  libri  très  J  in  lati- 
nam  linguam  conversi ,  interprète  David 
Kyber  Jérfféntinmsi, Slrash:,  1552,  in-/»°, 
de  douze  cents  pages ,  avec  568  figures. 
On  donna  ensuite  les  figures  seules  et 
sans  texte,  avec  ce  titre  :  Vives  atque  ad 
vivum  expresses  imagines  omnium  fier- 
barum  in  //.  Bock  herbario  depictarum 
icônes  solœ*  in-4°  ;  Strasbourg ,  1353  et 
54  :  cette  édition  est  moins  complète  que 
la  précédente  ;  il  y  manque  la  figure  de 
l'acanthe.  Le  portrait  de  l'auteur  est  dans 
toutes  deux.  Le  célèbre  Conrad  Gcssner, 
qui  était  l'ami  de  Bock,  mit  dans  la  tra- 
duction latine  une  savante  préface  dans 
laquelle  il  fait  l'histoire  complète  de  la 
botanique  jusqu'au  temps  où  il  écrivait. 
Bock  y  en  ajouta  une  autre  qui  lui  servit 
à  exposer  la  méthode  qu'il  a  suivie.  Il 
dit  n'avoir  rejeté  l'ordre  alphabétique, 
alors  généralement  employé ,  que  pour 
en  adopter  un  autre  qui  lui  paraissait  plus 
conforme  à  la  nature  :  il  consistait  à  pren- 
dre en  considération  les  affinités  des 
plantes.  C'est  la  première  tentative  qui 
ait  été  faite  pour  arriver  à  la  méthode 
naturelle.  Par  une  bizarrerie  où  il  entrait 
un  peu  de  malice,  il  commença  par  l'ortie , 
1°  pour  se  moquer  des  apothicaires  , 
qui  méprisaient  les  plantes  communes; 
2°  parce  que  depuis  long-temps  sa  famille 
portait  pour  armes  une  feuille  d'orties.  Il 
décrit  environ  huit  cents  espèces  qu'il 
range  en  trois  classes  :1a  première  renfer- 
me les  herbes  sauvages ,  ou  fleurs  odorifé- 
rantes ;  la  seconde  les  trèfles  et  les  gra- 
mens;  la  troisième  les  arbres  et  les  arbus- 
tes. On  voit  par  là  que  ses  classes  sontloin 
d'être  naturelles.  On  a  profité  depuis  de 
son  travail  en  le  perfectionnant.  Le  nom 
de  Bock  ou  Tragus  doit  être  placé  sur  lo 
même  rang  que  ceux  de  Brunfels  et  de 
Fuchs,  qui,  à  la  gloire  de  l'Allemagne, 
ont  fondé  l'iconologie  botanique.  Plumier 
a  consacré  à  sa  mémoire  un  genre  de  plan- 
tes auquel  il  adonné  le  nom  de  Tragia;  il 


BOC 


5/i7 


BQD 


fait  partie  de  la  famille  des  euphorbes.  Les 
espèces  quile  composent  ressemblent  aux 
ortiis  ,  et  font  ainsi  allusion  aux  armes 
de  Bock. 

BOCQUILLOT  (  Lazare- André  ) ,  né  à 
Avaloa  en  1649  de  parens  obscurs ,  suivit 
en  1670  Nointel ,  ambassadeur  à  Constan- 
tinople.  Revenu  en  France ,  il  se  fit  re- 
cevoir avocat  à  Bourges,  et  se  livra  avec 
une  égale  ardeur  au  plaisir  et  à  l'étude. 
Ayant  pris  goût  pour  l'étal  ecclésiastique, 
il  fut  curé  de  Chatelux,  et  ensuite  cha- 
noine d'Avalon.  11  y  mourut  en  1728, 
âgé  de  80  ans.  Il  avait  vécu  quelque 
temps  à  Port-Boyal ,  où  il  s'était  exercé 
dans  la  littérature  et  l'étude  de  la  reli- 
gion. On  a  de  lui  |  Des  homélies,,  ou  In- 
structions familières  sur  les  Comman- 
demens  de  Dieu  et  de  l'Eglise,  sur  les 
Sacremens,  sur  le  Symbole  des  Apôtres  , 
sur  V Oraison  Dominicale  ,  sur  les  Fêles 
de  quelques  saints  *  etc.,  Paris,  1088  et 
èuiv;  Bocquillot  en  fit  présent  aux  im- 
primeurs, et  il  fixa  lui-même  le  prix  de 
chaque  exemplaire,  afin  que  les  pauvres 
pussent  se  les  procurer  ;  |  un  Traité  sur 
la  liturgie,  in-8°,  imprimé  à  Paris  en 
1701  :  livre  savant,  curieux  et  intéres- 
sant pour  les  amateurs  des  antiquités  ec 
clésiatiques;  {Nouvelle  histoire  du  cheva- 
lier Bai/ard,m-i2,  qu'il  publia  sous  le  nom 
de  Prieur  de  Lonval;  \  des  lettres ',  in-12, 
et  d'autres  dissertations.  "Voyez  sa  Vie 
par  M.  Le  Tors ,  lieutenanl-civil  et  cri- 
minel d'Avalon  ,  1755 ,  in-12. 

*  BOCTHOR  (Ellious),  né  à  Siout  dans 
la  Haute-Egypte  en  1784  ,  fut  un  des  in- 
terprètes de  l'armée  française  en  Egypte, 
revint  avec  elle  en  France  ,  et  s'occupa 
de  la  langue  et  de  la  littérature  fran- 
çaise ;  il  succéda  en  1819  à  don  Raphaël 
dans  la  place  de  professeur  d'arabe  vul- 
gaire à  la  bibliothèque  du  roi ,  où  ses 
cours  qui  étaient  très  suivis  furent  mal- 
heureusement de  courte  durée.  Il  est 
mort  le  20  septembre  1821  :  on  lui  doit 
|  un  alphabet  arabe  ,  accompagné  d 'exem- 
ples, Paris,  1820,  in-4°;  |  Dictionnaire 
français  et  arabe  vulgaire  laissé  en  ma- 
nuscrit. Cet  ouvrage  revu  par  M.  Caus- 
sin  de  Perceval  qui  en  a  été  l'édileur ,  a 
paru  chez  F.  Didot  en  1827 ,  Paris ,  1  vol. 
in-4°.  La  notice  de  ses  livres  et  manu- 
scrits turcs ,  persans ,  arabes  ,  coptes, 
etc.,  a  été  publiée  en  1821  avec  sa  vie. 

*  BODE  (  Christophe-Aoguste  ) ,  sa- 
vant professeur  de  langues  orientales  à 
Helmstadt ,  né  en  1722 ,  mort  le  7  mars 
1796.  On  lui  doit  des  traductions  latines 


et  des  versions  éthiopiennes  ,  persanes  et 
arabes  du  Nouveau  Testament,  et  une 
critique  des  travaux  de  Mill  et  de  Bengel, 
ouvrage  indispensable  à  tous  ceux  qui 
s'occupent  de  la  critique  des  livres  saints. 
*  BODE  (  Jean-Elerx),  astronome  alle- 
mand naquit  en  1747  à  Hambourg  où  son 
père ,  Jean-Jacques  Bode ,  dirigeait  une 
école  commerciale  ;  il  lui  dut  sa  première 
instruction,  et  dès  l'âge  de  17  ans,  il  le 
seconda  dans  l'enseignement  des  sciences 
utiles  au  commerce  ;  mais  son  penchant 
naturel  l'entraîna  bientôt  vers  l'étude 
des  mathématiques  et  vers  les  calculs  as- 
tronomiques, et  l'observation  du  firma- 
ment et  de  ses  innombrables  étoiles  occu- 
pait toute  son  attention.  Dépourvu  de 
livres  et  d'instrumens  convenables,  il 
aurait  fait  cependant  peu  de  progrès 
dans  cette  science  s'il  n'eût  été  encourage 
par  le  célèbre  professeur  Busch  qui  prit 
plaisir  à  l'instruire  el  à  l'assister  de  ses 
conseils  ;  il  lui  permit  même  le  libre 
usage  de  sa  bibliothèque  et  de  ses  instru- 
mens  d'astronomie.  Cette  circonstance 
décida  sa  vocation ,  et  dès  l'année  sui- 
vante ,  en  1766 ,  il  se  fit  connaître  par  un 
court  écrit  sur  l'éclipsé  de  soleil  qui  eut 
lieu  le  5  août  de  la  même  année.  Il  étudia 
ensuite  avec  soin  les  nouvelles  planètes  : 
Uranus,  Junon,  Pallas ,  Cérès,  Vesta, 
etc.,  et  il  eut  l'idée  de  former  une  con- 
stellation en  l'honneur  de  Frédéric  II , 
qu'il  nomma  Friederichschre ,  qui  de- 
puis a  été  généralement  adoptée  dans  les 
cartes  célestes ,  sur  les  globes  planétaires 
et  dans  les  ouvrages  des  astronomes.  Il  a 
aussi  découvert  plusieurs  comètes  et 
étoiles  ,  et  il  s'occupait  de  l'éclipsé  de  so- 
leil qui  devoit  avoir  lieu  le  29  novembre 
1826 ,  lorsque  la  mort  l'enleva  le  23  du 
même  mois.  Il  occupait  la  place  d'astro- 
nome-pratique résidant  à  Berlin  depuis 
juillet  1772.  On  a  de  lui  un  très  grand 
nombre  d'ouvrages.  Les  principaux  sont  : 
|  Introduction  à  la  connaissance  du  ciel 
et  des  astres,  avec  une  préface  rédigée 
par  Busch,  1768,  7e  édition,  1807; 
|  Introduction  à  la  connaissance  de  la 
situation  et  du  mouvement  de  la  lune  et 
des  autres  planètes,  feuilles  mensuelles 
qu'il  publia  depuis  1770  jusqu'en  1777  ; 
|  des  Ephêmérides  ou  Annales  astrono- 
miques du  cours  des  astres,  depuis  1772 
jusqu'à  sa  mort,  54  vol.  ;  |  un  Atlas  de 
cartes  célestes,  1801,  formé  de  31  plan- 
ches ,  in-fol.,qui  seul  suffirait  pour  trans- 
mettre à  la  postérité  le  nom  de  cet  as- 
tronome allemand.  Il  était  d'un   grand 


IîOD  3 

nombre  de  sociétés  savantes,  entre  autres 
de  l'académie  de  Berlin, 
•  *  BODEXSCIIYTZ  (  Jeatv-Ciiristophe- 
Georges  ) ,  orientaliste  distingué  ,  né  à 
Hof  le  23  mars  1717,  mort  le  k  oct.  1797, 
avait  étudié  surtout  les  antiquités  judaï- 
ques ,  et  s'en  est  servi  pour  expliquer  les 
livres  sacrés.  On  a  de  lui ,  en  allemand  : 
j  Constitution  ecclésiastique  des  Juifs 
modernes ,  et  principalement  des  Juifs 
allemands ,  avec  50  planches,  Erlangen 
et  Cobourg,  Lkk8,  17W,  h  parties  in-/*°  ; 
j  Explication  des  livres  saints  du  Nou- 
veau-Testament, d'après  les  antiquités 
judaïques,  Hanovre,  d756,  in-8°.  Il  avait 
construit,  à  l'aide  de  ses  connaissances, 
le  Tabernacle  de  Moïse  et  le  Temple  de 
Salomon;  ces  deux  morceaux  sont  dé- 
posés ,  l'un  à  Bayreuth ,  l'autre  à  Nurem- 
berg. 

BODEASTEIiV  (  André-Rodolphe  ). 
Voyez  CARLOSTADT. 

BODESTEX(Ad,vm),  médecin  né  à  Car- 
lostadt  et  mort  à  Bàle  en  1577 ,  fut  grand 
partisan  de  la  doctrine  deParacelse,  qu'il 
traduisit ,  et  sur  laquelle  il  fit  des  com- 
mentaires. Ils  ont  été  estimés  des  méde- 
cins de  sa  secte;  mais,  comme  cette  secte 
est  très  peu  nombreuse  à  présent,  ils  le 
sont  beaucoup  moins  par  les  médecins 
de  nos  jours. 

BODIN  (  Jean  ),  Angevin,  né  l'an  1550, 
avocat  au  parlement  de  Paris  ,  acquit  les 
bonnes  grâces  du  roi  Henri  III.  Ce  prince 
fit  mettre  en  prison  Michel  de  la  Serre , 
pour  un  libelle  qu'il  avait  fait  contre  Bo- 
din ,  el  lui  fit  défendre  ,  sous  peine  de  la 
vie ,  de  le  publier.  Bodin  ayant  perdu 
son  crédit  auprès  de  Henri ,  suivit  le  duc 
d'Alençon  en  Angleterre  en  1579  et  en  1582. 
On  enseignait  alors  publiquement  dans 
l'université  de  Cambridge  ses  livres  De 
la  République  ,  imprimés  à  Paris  en  1576, 
in-fol.,  et  mis  en  latin  par  lui-même, 
comme  le  porte  le  titre  de  l'édition  de  Co- 
logne de  1603  :  Joan.  Bodini  de  republica 
lib.  6,  ab  ipso  in  latinum  conversi,  in- 
fol.  Bodin  ,  dans  cet  ouvrage ,  appuie  ses 
principes  par  des  exemples  tirés  des  his- 
toires de  tous  les  peuples.  L'érudition  y 
est  amenée  avec  moins  d'art  que  dans 
l'Esprit  des  Lois ,  auquel  on  l'a  comparé , 
et  qui  lui  doit  peut-être  sa  naissance.  On 
y  trouve  beaucoup  de  choses  dangereuses, 
fausses ,  et  injurieuses  au  christianisme. 
Coret ,  Michel  de  la  Serre  ,  Augier ,  Fer- 
rier ,  le  Père  Possevin  et  plusieurs  autres 
Pont  réfuté.  On  a  encore  de  lui  d'autres 
ouvrages  :  |  Methodus  ad  facilem  his- 


48  BOD 

toriarum  cognitionem ,  Paris,  1366,  in-4". 
Cette  méthode  n'est  rien  moins  que  mé- 
thodique, suivant  le  savant  La  Monnoie. 
A  travers  l'érudition  dont  il  l'a  surchar- 
gée ,  érudition  souvent  empruntée  d'ail- 
leurs,   on  trouve   des   ignorances   gros- 
sières. On  y  voit  le  germe  des  principes 
exposés  dans  sa  République.  Le  système 
des  climats,  du  président  de  Montesquieu, 
a  été  pris  dans  ce  livre.  |   Colloquium 
Heptaplomeron  de  abditis  rerum  subli- 
mium   arcanis ,   nommé    autrement    le 
Naturalisme  de  Bodin,  livre  manuscrit, 
dans  lequel    il   fait   plaider  la    religion 
naturelle  et  la  religion  juive  contre  la 
chrétienne.  Son  aversion  pour  cette  der- 
nière ,  qui  lui  faisait  rejeter  les  dogmes 
les  mieux   établis ,   ne   l'empêchait    pas 
d'adopter  une  foule  d'erreurs   supersti- 
tieuses :  son  Naturalisme  en  est  rempli. 
M.   Huet ,  dans  sa  Démonstration  Evan- 
gélique,  a  donné  des  preuves  incontesta- 
bles de  l'ignorance  et  de  la  mauvaise  foi 
qui  régnent  dans  ce  traité  de  Bodin.  J  La 
Démonomanie,  ou  Traité  des  sorciers, 
Paris,  1581,  in-4°.  On  y  voit  que  cethom- 
me,  si  incrédule  à  l'égard  des  vérités  re- 
ligieuses, ne  doutait  cependant  pas  de 
l'existence  des  démons ,  ni  du  commerce 
que  des  hommes  aveuglés  et  corrompus 
pouvaient  avoir  avec  eux;  il  cite  même 
deux  exemples  pour  prouver  que  le  dé- 
mon s'efforce  de  persuader  qu'il  n'y  a  ni 
sortilèges ,   ni  sorciers ,    ni  aucun  effet 
magique,  et  ajoute   que  c'est  un   de  ses 
plus  spécieux  moyens  de  propager  son 
empire.  Foy.BROWN  (Thomas);  |  Thea- 
trum  naturœ,  Lyon  ,  1556,  in-8°  ,  qui  fut 
supprimé  et  qui  n'est  pas  commun.  Il  a 
été  traduit  par  de   Fougerollcs ,   Lyon , 
1597,  in-8°  Bodin  mourut  de  la  peste  en 
1596 ,  à  Laon ,  où   il  était  procureur  du 
roi,  âgé  de  66  ans.  Il  était  vif  ,  hardi,  en- 
treprenant ,  tantôt  zélé  défenseur  de  la 
monarchie ,  et  tantôt  républicain  outré. 
Ses  connaissances  n'étaient  ni  profondes, 
ni  solides.  Il  favorisa  ouvertement  les  hu- 
guenots. Quelques  écrivains  ont  soutenu 
qu'il  était  juif,  parce  que,  dans  un  Dia- 
logue sur  les  religions,  qui   n'a  pas  été 
imprimé ,  il  donne  l'avantage  à  la  reli- 
gion juive ,  et  que  ,  dans  sa  République, 
il  n'a  pas  nommé  une  seule  fois  Jésus* 
Christ  ;  dans  le  fond  ,  il  n'avait  point  de 
religion,  et  ce  n'est  pas  sans  sujet  qu'on 
l'a  accusé  d'athéisme. 

*  BODIN  (  Pierre-Joseph-François  ) , 
député  à  la  Convention  et  au  conseil  des 
Cinq-cents,  était  chirurgien  à  Limeray 


BOE 


;a.9 


BOE 


et  maire  de  Gournay  en  1789.  Lors  du 
procès  de  Louis  XVI ,  il  s'exprima  eu  ces 
termes  ;  «  jamais  un  holocauste  de  sang 
»  humain  ne  peut  ifonder  la  liberté  ;  je 
»  vote  pour  la  réclusion  de  Louis  et  de  safa- 
»  mille,  et  pour  leur  déportation  à  la  paix.  » 
En  1794  ,  il  appuya  la  motion  de  Bourdon 
de  l'Oise  en  faveur  des  suspects  détenus. 
Il  fut  envoyé  en  mission  à  l'armée  de 
l'ouest,  fut  nommé  ,  en  1799,  membre  du 
conseil  des  Cinq-cents,  et  devint,  en  sor- 
tant de  cette  assemblée  capitaine  de  gen- 
darmerie du  département  de  Loir-el-  Cher. 
Bodin  mourut  à  Blois  en  1810;  on  a  de 
lui  un  ouvrage  peu  remarquable ,  inti- 
tulé :  Essai  sur  les  accouchemcns  .,  pu- 
blié en  1797. 

*  BODLEY  (Laurence),  chanoine 
d'Exéter,  né  dans  cette  ville  en  1546 ,  et 
mort  en  1615,  est  auteur  d'une  Elégie 
sur  l'évêque  Gwel. 

BODLEY  (  sir  Thomas  ) ,  gentilhomme 
anglais  né  dans  le  16e  siècle  ,  fut  chargé 
par  la  reine  Elizabeth  de  plusieurs  négo- 
ciations importantes,  auprès  des  princes 
d'Allemagne  et  des  états  de  Hollande.  Il 
se  déroba  ensuite  au  tumulte  des  affaires, 
pour  »'adonner  uniquement  aux  arts  et 
aux  sciences.  Il  mourut  en  1612  ,  après 
avoir  légué  à  l'université  d'Oxford  la 
bibliothèque  que  l'on  nomme  encore 
Bodleycnne.  Hydde  en  a  publié  le  Cata- 
logue en  1674 ,  in-fol. 

*  BODONI  (Jean-Baptiste),  célèbre 
imprimeur  italien ,  né  à  Saluées  le  16 
février  1740,  mort  à  Parme  le  50  novem- 
bre 1815  ,  universellement  regretté  pour 
ses  vertus ,  son  amabilité  et  son  savoir. 
Appelé  à  Parme  pour  y  prendre  la  direc- 
tion de  l'imprimerie  ducale ,  il  a  donné  à 
cette  imprimerie  un  nom  à  jamais  célèbre. 
La  ville  de  Parme  lui  avait  décerné  une 
médaille  en  l'inscrivant  parmi  les  gen- 
tilshommes du  pays:  il  était  aussi  che- 
valier de  l'ordre  de  la  Béunion  et  de  ce- 
lui des  Deux-Siciles.  Toutes  les  éditions 
qui  sont  sorties  de  ses  presses  sont  recher- 
chées ;  il  en  est  plusieurs  qui  sont  regar- 
dées comme  des  chefs-d'œuvre. 

BODOBI.  Vouez  BAUDORI. 

BODREAU  (  Julien  ),  avocat  du  Mans, 
donna ,  en  1645 ,  un  Commentaire  sur 
la  coutume  de  sa  province,  in-folio  ;  en 
1656,  un  Sommaire  des  coutumes  du 
pays  du  Maine  .  in-12  ;  et  en  1658  ,  des 
Illustrations  et  des  Remarques  sur  la 
même  coutume ,  2  vol.  in-12  ;  c'est  son 
meilleur  ouvrage. 

BOECE  C  Jnicius-Manlius-Torquatus- 
2. 


Severinus  Boè'lius)  t  philosophe ,  homme 
d'état  et  écrivain  latin  du  5e  siècle ,  de 
la  famille  des  Anices ,  une  des  plus  illus- 
tres de  Rome  ,  naquit ,  suivant  l'opinion 
la  plus  probable,  en  455. 11  fut  consul  3 
fois  en  487,  510  et  511,  et  ministre  de 
Théodoric ,  roi  des  Ostrogolhs ,  dont  il 
avait  prononcé  le  panégyrique  à  son  en- 
trée dans  Rome.  Son  zélé  pour  la  félicité 
publique  égala  celui  qu'il  avait  pour  la 
religion  ,  et  l'état  fut  heureux  tant  que 
ses  conseils  furent  écoutés.  Trigille  et 
Conigaste ,  favoris  de  Théodoric  ,  irrités 
de  ce  que  Boëce  s'opposait  à  leurs  con- 
cussions, résolurent  sa  ruine.  Sur  un 
frivole  soupçon  que  le  sénat  de  Rome  en- 
tretenait des  intelligences  secrètes  avec 
l'empereur  Justin  ,  le  roi  golh  fit  mettre 
en  prison  Boëce  et  Symmaque  son  beau- 
père  ,  les  plus  distingués  de  ce  corps.  On 
le  conduisit  à  Pavie ,  où  après  avoir  en- 
duré divers  genres  de  supplices ,  il  eut  la 
tète  tranchée  le  25  octobre  l'an  524.  Les 
catholiques  enlevèrent  son  corps  et  l'en- 
terrèrent à  Pavie.  Deux  cents  ans  après, 
il  fut  transpoi  té  dans  l'église  de  Saint- Au- 
gustin de  la  même  ville ,  par  ordre  de 
Luitprand,  roi  des  Lombards  ,  qui  lui  fit 
dresser  un  mausolée  magnifique,  que  l'on 
voit  encore  aujourd'hui.  L'empereur 
Othon  III  lui  en  fit  élever  un  autre  sur 
lequel  on  grava  des  inscriptions  très  ho- 
norables. C'est  dans  sa  prison  qu'il  com- 
posa son  beau  livre  De  la  consolation  de 
la  philosophie.  Il  y  parle  de  la  Provi- 
dence, de  la  prescience  de  Dieu,  d'une 
manière  digne  de  l'Etre  éternel  :  la  phi- 
losophie de  Boëce  était  religieuse,  et  bien 
différente  du  vain  verbiage  des  stoïciens. 
On  a  encore  de  cet  auteur  un  Traité  des 
deux  natures  en  J.-C.  et  un  de  la  Trinité, 
dans  lequel  il  emploie  beaucoup  de  termes 
tirés  de  la  philosophie  d'Aristole.  On  pré- 
tend qu'il  est  le  premier  des  Latins  qui 
ail  appliqué  à  la  théologie  la  doctrine  de 
ce  philosophe  grec.  Ces  traités  au  reste 
sont  très  orthodoxes ,  et  des  monumens 
précieux  de  la  foi  et  du  zèle  de  ce  philo» 
sophe,  grand  homme  et  humble  chrétien» 
Les  vers  de  Boëce  sont  sentencieux  ei 
élégans,  autant  qu'ils  pouvaient  l'être 
dans  un  siècle  où  la  barbarie  commençait 
à  se  répandre  sur  tous  les  arts.  Les  édi- 
tions de  Boëce  les  plus  recherchées,  sont  % 
la  première  à  Nuremberg,  1476,  in-fol; 
celle  de  Bàle ,  1570,  in-fol  -  celle  deLeyde, 
avec  les  notes  variorum  >  1671,  in-8°; 
celle  de  Paris ,  ad  usum  delphini,  i680 , 
in-4°  ;  cette  dernière  est  rare ,  et  elle  ae 
30 


BOE  5 

contient  que  le  Traité  de  la  consolation. 
Il  a  été  traduit  en  français  par  M.  de 
FrancheTille ,  Paris,  1744 „  2  vol.  in-12  ; 
par  Morabin,  1755,  et  par  l'abbé  Colesse 
en  1771 ,  in-12.  La  traduction  de  René 
Cériziers  est  préférable  pour  la  fidélité , 
mais  elle  est  un  peu  surannée  pour  le 
langage.  On  prétend  que  c'est  d'après  lui 
et  non  d'après  le  texte  de  Boëce  ,  que  les 
trois  traducteurs  modernes  ont  travaillé. 
L'abbé  Gervaise ,  prévôt  de  St.-Martin 
de  Tours,  et  mort  évêque  d'Horen, 
donna  à  Paris  en  1715 ,  la  Vie  de  Boëce , 
avec  l'analyse  de  ses  ouvrages  ,  des  notes 
et  des  dissertations  qui  sont  d'une  grande 
utilité  pour  l'intelligence  du  texte  de  cet 
auteur.  Voyez  encore  la  Bibliothèque  la- 
tine de  Fabricius ,  tom.  3  ;  don  Ceillier , 
tom.  15  ;  et  la  Vie  de  Boëce  par  Richard 
Granam  ,  vicomte  Preston,  à  la  tète  de 
la  traduction  anglaise  des  livres  de  la 
Consolation  de  la  philosophie  *  que  ce 
seigneur  a  publiée  avec  de  bonnes  notes. 
— Le  Père  Papebroch  donne  à  Boëce  le  titre 
de  Saint ,  et  joint  sa  Vie  à  celle  du  pape 
Jean.  Il  dit  que  son  nom  a  été  inséré  dans 
le  Calendrier  de  Ferrarius ,  et  dans  ceux 
de  quelques  églises  particulières  dTlalie, 
sous  le  25  d'octobre  ,  jour  auquel  on  fait 
mémoire  de  lui  à  St. -Pierre  de  Pavie. 
Voy.  les  Acta  sanctorum,  6  maii,  p.  707. 

BOECE.  Voyez  BOETIUS  EPO. 

BOECRII  (Chkistiax-Godefroi),  né  le 
8  avril  1752  à  Memmingen  dans  le  royau- 
me de  Bavière ,  et  mort  le  31  janvier 
1792 ,  était  diacre  à  Nordlingen  et  se  voua 
à  l'instruction  publique.  Ses  principaux 
ouvrages  sont  |  des  principales  difficultés 
de  la  discipline  des  écoles ,  Nordlingen  , 
in.-4°j,  17GG;  |  Journal  hebdomadaire  ; 
pour  améliorer  l'éducation  de  la  jeunesse _, 
Slutgard,  1771  et  1772,  4  vol.  in-8°;  |  Ga- 
zette des  enfans,  Nuremberg,  1780-85, 
14  petits  volumes.  Il  a  été  le  principal  ré- 
dacteur de  la  Bibliothèque  universelle 
pour  l'éducation  publique  et  particulière  * 
Nordlingen,  11  vol    in-8°,  1774-86. 

BOECXER  (  Jean-Henri  ) ,  conseiller 
de  l'empereur  et  de  l'électeur  de  Mayence, 
historiographe  de  Suède,  et  professeur 
d'histoire  à  Strasbourg,  naquit  à  Cron- 
heim  dans  la  Franconie  en  1611,  et  mou- 
rut l'an  1692.  Plusieurs  princes  le  pen- 
sionnèrent ,  entre  autres ,  Louis  XIV  ,  et 
la  reine  Christine  qui  l'avait  appelé  en 
Suède.  Ses  principaux  ouvrages  sont, 
!  Commenlationes  Plinianœ.  \  Timur  vul- 
qo  Tamerlanus,  1657,  in-4°;  |  Nolitia 
nancti  Romani Imperii J 1681 ,  in-8°«  C'est 


30  BOE 

plutôt  une  table  des  matières  et  des  au- 
teurs, qu'un  traité  de  droit  public. 
|  Historia  scholœ  principum  ,  pleine  de 
bonnes  réflexions,  mais  trop  abrégée. 
|  Bibliographia  crilica ,  1715,  in-8°. 
j  Des  Dissertations,  en  3  vol.  in-  4°,  Ros- 
toch,  1710.  |  Commenialio  in  Grotii  li- 
brum  de  Jure  bclli  et  pacis,  Strasbourg  , 
1712  ,  in-4°.  Il  prodigue  à  son  auteur  des 
éloges  excessifs  ;  il  y  règne  un  enthou- 
siasme pour  Grotius  qui  va  jusqu'au  ri- 
dicule ,  et  l'ouvrage  ne  donne  pas  meil- 
leure idée  du  jugement  du  commenta- 
teur. 

*  BOEGERT  (  Jean-Baptiste  ) ,  cha- 
noine honoraire  de  la  cathédrale  et  direc- 
teur de  l'école  spéciale  de  Molsheim ,  na- 
quit le  12  mai  1795,  à  Kaisersberg ,  et 
monira  de  bonne  heure  des  inclinations 
vertueuses.il  fit  sa  théologie àStrasbourg, 
et  vint  l'achever  à  Paris ,  où  il  fut  or- 
donné prêtre.  De  retour  dans  son  diocèse, 
on  le  fit  professeur  de  rhétorique  au  pe- 
tit séminaire  de  Strasbourg;  plus  tard, 
l'université  le  chargea  de  professer  la 
philosophie  au  collège  de  celte  ville ,  et 
ensuite  elle  le  nomma  principal  du  col- 
lège de  Colmar.  Enfin  l'évêque  de.  Stras- 
bourg lui  confia  la  direction  de  l'établis- 
sement ecclésiastique  de  Molsheim.  Boe- 
gert  s'acquitta  de  ces  divers  emplois  avec 
zèle  et  capacité.  Peut-être  ses  travaux  ha- 
tèrent-ils  sa  fin.  Il  souffrait  depuis  long- 
temps de  la  poitrine,  lorsqu'ayant  été 
chargé  par  son  évêque  d'examiner  les 
jeunes  prêtres  du  diocèse,  il  tomba  ma- 
lade à  Mulhausen  pendant  sa  tournée .  Il 
est  mort  au  mois  de  septembre  1851. 
Bœgent  est  auteur  des  Réflexions  ami- 
cales sur  une  lettre  adressée  à  M.  de  Mac- 
carlhy,  in-8°;  qui  sont  une  réponse  à 
une  critique  des  sermons  de  M.  de  Maccar- 
Ihy,  par  un  protestant  de  Strasbourg,  du 
Cri  de  la  vérité  et  de  la  justice,  ou  Consi- 
dérations sur  les  rapports  entre  la  reli- 
gion catholique  et  la  charte,  entre  le 
clergé  et  la  société,  Strasbourg ,  in-12  de 
108  pages  ;  et  |  des  Méditations  philoso- 
phiques qui  contiennent  la  matière  des 
exercices  qu'il  avait  établis  le  dimanche 
pour  les  jeunes  gens  les  plus  avancés. 

BOEHM  (  Jacob  ) ,  a  donné  son  nom 
à  la  secte  des  boehmisles,  espèce  d'illu- 
minés d'Allemagne.  Il  naquit  en  1575,  en 
Lusace,  d'un  paysan  qui  le  fit  cordonnier. 
Il  mourut  en  1624  ,  après  avoir  affecté 
d'avoir  de  fréquentes  extases ,  genre 
d'imposture  qui  lui  procurait  des  secta- 
teurs parmi  les  imbéciles.  On  a  de  lui 


BOE 

plusieurs  ouvrages ,  qu'on  peut  placer 
avec  les  rêves  des  autres  enthousiastes, 
entre  autres  le  livre  intitulé  V Aurore 
naissante,  qu'il  composa  en  1613;  elle 
n'est  rien  moins  que  lumineuse. 

BOEHMER  (  Juste-Henniîvg  ) ,  né  à 
Hanovre  en  1674  ,  fut  chancelier  de  l'uni- 
versité de  Halle  et  doyen  de  la  faculté  de 
droit.  On  a  de  lui  |  un  corps  de  Droit  avec 
des  variantes  ,  des  notes  ,  etc.  Halle ,  1747. 
Boehmer,  protestant  modéré,  plus  juste 
envers  les  catholiques  que  la  plupart  des 
auteurs  de  sa  communion ,  dédia  son  ou- 
vrage à  Benoît  XIV  ,  qui  le  reçut  avec 
bonté.  |  Jus  ecclesiasticum  Protestan- 
tium  .  4  vol.  1736 ,  où  il  donne  plus  d'essor 
aux  préjugés  de  sa  secte ,  et  où  l'on  trouve 
ces  petits  artifices  que  l'esprit  de  parti  ne 
manque  jamais  de  mettre  en  usage,  quand 
il  en  trouve  l'occasion  favorable.  |  Jus 
parochiale ,  in-4°.  Le  cardinal  Gerdil  a 
écrit  contre  lui  et  réfuté  quelques-uns  de 
ses  principes.  Boehmer  est  mort  en  1748. 

*  BOEHMER  (  Georges  Louis  ),  fils  du 
précédent,  né  à  Halle  le  18  février  1715  , 
fit  ses  études  dans  cette  ville,  et  se  rendit 
en  1740  à  Gottingue,  où  il  fut  professeur 
ordinaire ,  conseiller  aulique  ,  doyen  de 
la  faculté  de  jurisprudence ,  et  où  il  mou- 
rut le  17  août  1797.  Le  droit  canonique  et 
le  droit  féodal  occupèrent  ses  laborieuses 
veilles  ,  et  ses  écrits  ont  beaucoup  con- 
tribué à  en  faciliter  l'étude  ;  les  principaux 
sont  :  |  Principia  juris  canonici ,  Gottin- 
gue t  1762,  in-8°,  réimprimés  quatre  fois: 
la  dernière  édition  est  de  1785  ;  |  Prin- 
cipia juris  feudalis  /ibià.  1765,  réimpri- 
més cinq  fois  ,  la  dernière  en  1795,  in-8°; 

Observationes  juris  feiulalis ,  ibid.  1764 
in-8°,  1784  ;  |  Observationes  juris  canonici 
ibid.  1767  ,  in-8°  ;  |  Electa  juris  civilis  t 
tom.  1,  ib.  1767,  in-8°;  tom.  2,  1777;  tom. 
5  ,  1778  ;  |  Electa  juris  feudalis  ;  2  vol. 
Lemgo ,  1795  ,  in-4°.  etc. 

*BOEHMER  (Philippe-Adolphe),  con- 
seiller intime  à  la  cour  de  Prusse ,  et 
professeur  de  médecine  à  Halle  ,  né  dans 
cette  ville  en  1717,  frère  du  précédent, 
mort  en  1789.  Celait  un  médecin  et  un 
anatomiste  distingué  ;  il  s'est  beaucoup 
occupé  de  l'accouchement  ;  la  plupart  de 
ses  dissertations  ont  été  insérées  dans  les 
Disputât,  anatom.  selectœ  de  Haller  ;  les 
principales  sont  :  |  Observalionum  ana- 
lomicarum  rariorum  fasciculus ,  notabi- 
lia  circa  uterum  humanum  continens , 
cum  figuris  ad  vivum  expressis.  Halle  , 
i752;  Fasciculus  alter ,  ibid.  1756,  in-fol. 
I  Analome  ovi  humani,  Irirnestri  abortu 


351  BOE 

elisi,  figuris  illustrata ,  Halle  ,  1763  ,  in- 
4°;  |  Deuracho  humano,  ibid.  1763,  in- 
4°;  j  De  notione  malignitatis  mofbis  ad- 
scriptœ,  ibid.  1772  ,  in-4°;  ]  Instituliones 
osteologiœ  cum  iconibus  analomicis , 
ibid.  1751,  in-8°,  réimprimé  deux  fois; 
|  De  cancro  aperto  et  occullo ,  ibid.  1761, 
in-4°,  etc.  Il  a  donné  à  Halle,  1746,  in-4°, 
une  nouvelle  édition  de  l'Abrégé  de 
l'Art  des  accouchemens  par  Mannin- 
gham,  et  y  a  joint  deux  Dissertations  l'une 
De  situ  uteri  gravidi  ac  fœtus  ,  déjà  im- 
primée séparément  à  Halle ,  1756  ,  in-4°  , 
et  l'autre  sur  l'usage  du  forceps  ,  avec  un 
examen  critique  des  différons  instrument 
employés  alors  dans  l'art  des  accouche- 
mens. —  Un  autre  BOEHMER  (  Je,v\- 
Bevj.vuw  ) ,  professeur  d'analomie  et  de 
chirurgie  àLeipsick,  né  à  Liegnilz  en  Si- 
lésie ,  le  14  mars  1719 ,  mort  en  1753  ,  pour 
avoir  usé  sans  modération  de  remèdes 
violens,  a  donné  une  nouvelle  édition  de 
Y  Introduction  à  la  chirurgie  de  Platner, 
2  vol.  Leipsick  ,  1749,  in-8°.  On  a  de  lui  : 
|  Bibliotheca  medico-philosophica,  ibid. 
1755,  in-8°;  j  De  ossium  callo,  ibid.  1748, 
in-4?.  |  De  radicis  Rubiœ  tinctoriœ  effec- 
tibus  in  corpore  animali,  ibid.  1751 ,  in- 
4°;  |  De  cortice  cascarillœ,  Halle,  1638, 
in-4°,  etc.  Quelques-unes  de  ses  disser- 
tations ont  été  insérées  dans  le  Recueil 
de  Haller. 

*  BOEHMER  (  Georges-Rodolphe  )  , 
célèbre  médecin  et  naturaliste  allemand , 
né  à  Liégnitz ,  le  1er  octobre  1723 ,  était 
fils  d'un  pharmacien, et  étudia  la  médecine 
àLeipsick,  ainsi  que  la  philosophie.il 
eut  pour  maître  Platner  et  Ludwig.  Ce 
dernier  lui  inspira  le  goût  de  la  botanique 
dans  laquelle  Boehmer  se  rendit  bientôt 
très  habile.  Reçu  docteur  en  1760  ,  il  fut 
nommé,  deux  ans  plus  tard,  à  la  chaire 
d'anatomie  et  de  botanique  à  l'université 
de  Wittemberg.  Il  entretint  presque  tou- 
jours à  ses  frais  le  jardin  de  botanique 
de  celte  ville,  forma  un  cabinet  d'ana- 
tomie, et  rassembla  une  riche  collec- 
tions d'instrumensde  chirurgie  qu'il  céda 
ensuite  à  la  faculté  pour  une  somme  très 
modique.  En  1766,  il  obtint  le  titre  de 
médecin  du  cercle,  et  en  1792  ,  celui  de 
physicien  de  la  ville  de  Kemberg ,  où  il 
avait  depuis  1785 ,  la  place  de  professeur 
de  thérapeutique.  Il  mourut  le  4  février 
1805  doyen  de  la  faculté  de  médecine 
et  de  l'université  entière.  Jacquin  lui  a 
consacré  sous  le  nom  de  Boehmaria ,  un 
genre  de  plantes  de  la  famille  des  urti- 
cces.  On  a  de  lui  un  très  grand  nombre 


BOE 


5  £2 


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d'ouvrages,  dont  les  principaux  sont  : 
|  Flora  Lipsiœ  indigena  .  Leipsick ,  1750 , 
in-8°  ;  les  plantes  y  sont  disposées  d'après 
la  méthode  de  Ludwig.  Gleditsch  lui  avait 
communiqué  ses  nombreuses  observations 
sur  les  champignons,  les  graminées,  etc. 
|  Spermatologia  vegelalis,  en  sept  parties 
in-4° ,  qui  ont  paru  de  1777  à  1784  Ces 
sept  dissertations  et  deux  autres  program- 
mes sur  la  spermatologte  végétale,  offrent 
un  traité  complet  de  graines  ,  envisagées 
sous  le  rapport  de  la  physique,  de  la  bo- 
tanique et  de  l'économie  rurale;  |  Réper- 
toire systématique  de  tous  les  ouvrages 
sur  l'histoire  naturelle,  l'économie  ru- 
rale et  les  arts  ou  les  sciences  qui  y  ont 
rapport,  en  allemand,  9  volumes in-8°  , 
Leipsick,  1783-89  :  ouvrage  fait  avec 
beaucoup  de  soin  et  très  complet  à  l'épo- 
que où  il  parut  ;  |  Histoire  technique  des 
plantes  qu'on  emploie  dans  les  métiers , 
les  arts  et  les  manufactures,  ou  qui  pour- 
raient y  être  employées,  en  allemand,  Lei 
psick,  1794,  2  vol.  in-8°;  |  Lexicon  rei 
herbariœ  triparlilum,  Leipsick,  in-8°, 
1802;  |  Commentai io  botanico  lilleraria 
de  planiis  in  memoriam  cultorum  2iomi- 
natisjncœpta,  anno  1770,  mine  ad  recen- 
tissima  lempora  conlinuata  ,  Leipsick  , 
1799,  in-8°,  ouvrage  où  l'on  remarque 
une  grande  érudition. 

BOERHAAVE  (  Herman  )  ,  naquit  en 
1668,  à  Voorhout,  près  de  Lcyde.  Son 
père ,  pasteur  de  cette  ville ,  fut  son  pre- 
mier maître.  Il  le  perdit  à  l'âge  de  15  ans. 
Destiné  au  ministère  comme  lui ,  il  ap- 
prit l'hébreu  et  le  chaldéen,  pour  l'intelli- 
gence des  livres  saints  ,  lut  plusieurs  au- 
teurs ecclésiastiques,  et  s'occupa  en  même 
temps  delà  médecine.  Il  fut  reçu  docteur 
dans  cette  science,  en  1693,  à  l'âge  de  23 
ans,  et  eut  bientôt  trois  places  considé- 
rables dans  l'université  de  Leyde  ;  il  fut 
à  la  fois  professeur  en  médecine ,  en  chi- 
mie et  en  botanique.  Les  étrangers  vin- 
nent  en  foule  prendre  ses  leçons  ;  toute 
l'Europe  lui  envoya  des  disciples.  Il  les 
instruisit,  les  encouragea,  les  consola 
dans  leurs  peines  et  les  guérit  de  leurs 
maladies.  L'académie  des  sciences  de  Paris 
et  celle  de  Londres  se  l'associèrent.  Il  fit 
part  à  l'une  et  à  l'autre  de  ses  découver- 
tes sur  la  chimie.  L'Europe  jouissait  déjà 
de  la  plupart  de  ses  ouvrages  de  méde- 
cine. Il  réunit  dans  tous ,  et  surtout  dans 
ses  Aphorismes ,  la  théorie  à  la  prati- 
que. Les  praticiens  de  cet  art  ne  croient 
pas  pouvoir  se  passer  de  ses  livres.  Les 
principaux  sont  |  Inslilutiones  Medicœ, 


Leyde ,  1713 ,  in-8°  ,  traduites  dans  toutes 
les  langues,  en  arabe  même.  |  Aphorismi 
de  cognoscendis  et  curandis  morbis  ,  in- 
12, Leyde,  1715.  La  Mettrie  les  a  traduits 
en  français  avec  des  notes,  en  10  vol. 
in-12.  Wan  Swieten  les  a  commentés  en 
5  vol.  in-4°;  |  Praxis  Medica,  sive  Com- 
mentarius  in  Aphorismos,$  vol.  in-12. 
|  Methodus  discendi  medicinam,  Londres 
1720,  in-8°,  |  Libellas  de  maleria  medica 
et  remediorum  formulis  ,  in-12  et  in-8°, 
très  souvent  réimprimé,  et  traduit  en 
français  par  la  Mellrie.  |  Elementa  Chi- 
miee,  Paris  ,  1733,  2  vol.  in-4°.  |  De  mor- 
bis nervorum ,  Leyde ,  1761 ,  2  vol.  in-8°. 
|  De  morbis  oculorum  ,  Paris ,  1748 ,  in- 
12.  |  De  lue  venerea,  Franekcr,  1751, 
in-12.  |  Historia  plantarum  horti  Lug- 
duni  Balavorum ,  in-12.  Tous  ces  ouvra- 
ges ont  été  imprimés  à  La  Haye,  1788,  et 
à  Venise  ,  1766 ,  in-4°.  Il  mourut  en  1738 
et  laissa  à  une  fille  unique  quatre  millions 
de  notre  monnaie ,  lui  qui  avait  été  long- 
temps obligé  de  donner  des  leçons  de  ma- 
thématiques pour  subsister.  On  a  élevé  à 
Leyde,  dans  l'église  de  Saint-Pierre  ,  un 
monument  à  la  gloire  de  cet  Hippocrate 
moderne.  La  noble  simplicité  qui  distin- 
guait ce  grand  homme,  brille  dans  ce 
monument ,  au  bas  duquel  on  lit  ces  mots 
qui  sentent  un  peu  le  paganisme  ;  Salu- 
tifero  Boerhaavi  genio  sacrum.  Sa  répu- 
tation était  si  étendue,  qu'un  mandarin 
de  la  Chine  lui  écrivit ,  avec  cette  seule 
adresse:  A  l'illustre  Boerhaave,  médecin 
en  Europe;  el  la  lettre  lui  fut  rendue.  Ce- 
pendant, dans  ses  dernières  années  le  mé- 
rite de  Boerhaave  a  essuyé  des  critiques 
imposantes.  Parmi  ses  adversaires,  il  s'est 
trouvé  un  homme  distingué  dans  la  mé- 
decine ,  et  dont  la  manière  de  voir  s'est 
trouvée  juste  à  bien  des  égards;  joignant  à 
une  grande  connaissance  de  son  art ,  un 
style  pur,  noble,  éloquent  et  très  propre 
à  se  concilier  au  moins  l'attention.  «  Boer- 
»  haave,  dit  M.  Roussel  (  Système  physi- 
»  que  et  moral  de  la  femme,  Paris,  1775  ), 
i>  a  jeté  à  la  hâte  les  fondemens  d'une  ré- 
»  putation  qui  devait  ressembler  à  ces 
»  fortunes  prodigieuses  acquises  par  le 
«commerce,  et  qu'un  événement  con- 
»  traire  vient  renverser  un  instant  après. 
»  Les  Hollandais  la  secondaient  et  la  sou- 
»  tenaient,  -;omme  un  fonds  qu'ils  étaient 
»  intéressés  à  faire  valoir  ;  et  si  des  mar- 
»  chands  qui  portaient  le  nom  de  Boer- 
»  haave  jusqu'aux  extrémités  du  monde, 
»  étaient  les  instrumens  les  plus  propres 
»  à  étendre  sa  célébrité ,  on  conviendra 


BOE 


355 


BOF 


»  du  moins  qu'elle  aurait  pu  avoir  des 
»  garans  plus  solides  et  moins  suspects. 

•  Maintenant  il  n'y  a  plus  d'illusion;  les 
»  avantages  d'un  style  précis  et  éloquent 
»  ne  peuvent  plus  racheter  ,  dans  les  ou- 
»  vrages  de  Boerh.iave  ,  les  erreurs  aux- 
»  quelles  ils  ont  pendant  quelque  temps 
»  servi  de  voile.  La  raison ,  délivrée  du 
»  prestige  qui  lui  en  avait  imposé ,  n'y 
»  découvre  aucun  grand  principe  :  tout 
»  y  porte  sur  de  petits  ressorts  désunis  ou 
»  mal  assemblés  ;  c'est  un  édifice  formé 
p  de  cailloutage,  que  la  moindre  secousse 
«ébranle. La  facuitéde médecine  de  Monl- 
»  pellier ,  qui  voit ,  depuis  quelques  an- 

*  nées  ,  combien  ses  fondemens  sont  rui- 
»  neux  ,  tâche  d'en  éloigner  ses  candidats 
»  avec  le  soin  cbaritable  qu'on  aurait  pour 
i»  des  passans  en  danger  d'être  écrasés  par 
»  une  maison  près  de  s'écrouler.  » 

•  BOESCHEïVSTEW  (  Jean  ) ,  savant 
hébreu ,  né  en  Autriche ,  en  1471 ,  un  des 
restaurateurs  de  la  langue  hébraïque  en 
Allemagne,  après  Reuchlin  ,  l'enseigna  à 
Augsbourget  àWittemberg.  Ses  meilleurs 
ouvrages  sont  |  une  Grammaire  hébraï- 
que,  Augsbourg,  1514;  |  ses  corrections 
et  additions  au  Rudiment  hébreu  du  rab- 
bin Mosche  Kimchi,  ibid.  1520;  |  sa  ver- 
sion allemande  et  latine  des  Psaumes  de 
la  pénitence,,  d'après  le  texte  hébreu, 
ibid.  1526,  in-4°. 

BOETIE  (  Etienne  de  la  ),  né  à  Sarlat 
en  Périgord,  le  ier  novembre  1530,  con- 
sedler  au  parlement  de  Bordeaux,  cultiva 
la  poésie  latine  et  française.  Il  fut  auteur 
dès  l'âge  de  16  ans,  et  mourut  à  52  ans,  en 
1563,  à  Germignan ,  à  2  lieues  de  Bor- 
deaux. Montaigne ,  son  ami,  à  qui  il  laissa 
sa  bibliothèque ,  recueillit  ses  Œuvres 
in-8°,  en  1571.  On  y  trouve  des  traduc- 
tions de  divers  ouvrages  de  Xénophon  et 
de  Plutarque  ,  des  Discours  politiques  > 
des  Poésies,  etc.  C'est  très  peu  de  chose. 

BOETIUS  EPO ,  célèbre  jurisconsulte 
des  Pays-Bas,  naquit  à  Roorda  en  Frise  en 
1529  ,  et  mourut  à  Douai  *en  1599,  où  il 
était  professeur  dans  l'université  nouvel- 
lement érigée  par  Philippe  II.  On  a  de  lui 
plusieurs  ouvrages  sur  le  droit  et  sur  d'au- 
tres  matières. 

BOETIUS  (  Hector  ) ,  écossais ,  né  à 
Dundee ,  d'une  famille  noble ,  au  16e  siè- 
cle ,  se  lit  aimer  et  estimer  des  savans  de 
son  temps.  Erasme  en  parle  avec  éloge. 
On  a  de  lui  des  ouvrages  historiques.  Le 
principal  est  Historia  Scotorum ,  Paris , 
1575 ,  in-folio. 

BOEUF  (  Jean  le  ) ,  né  à  Auxerre  en 


1687  ,  fut  associé  à  l'académie  des  inscrip- 
tions et  belles-lettres  de  Paris  en  1750 ,  et 
mourut  en  1760.  On  a  de  lui  plusieurs 
ouvrages.  Les  plus  connus  sont  |  Recueil 
de  divers  écrits  servant  à  V éclaircisse- 
ment de  l'histoire  de  France ,  2  vol.  in- 
12  ,  1738.  |  Dissertations  sur  l'histoire 
ecclésiastique  et  civile  de  Paris,  suivie» 
de  plusieurs éclaircissemens  sur  l'histoire 
de  France  ,  5  vol.  in-12.  |  Traité  histori- 
que et  pratique  sur  le  chant  ecclésiastique, 
1741 ,  in-8°.  Il  le  dédia  à  Vintimille  ,  ar- 
chevêque  de  Paris  ,  qui  l'avait  employé 
à  la  composition  du  chant  du  nouveau 
bréviaire  et  du  nouveau  missel  de  son 
église.  |  Mémoires  sur  l'Histoire  d 'Au- 
xerre j,  2  vol.  in-4°,  1743;  |  Histoire  de 
la  Ville  et  de  tout  le  Diocèse  de  Paris , 
en  15  vol.  in-12.  |  Plusieurs  Disserta- 
lions  répandues  dans  les  journaux ,  et 
dans  les  Mémoires  de  l'académie  dont 
il  était  membre.  On  lui  doit  aussi  beau- 
coup de  pièces  originales  qu'il  a  déterrées, 
et  qu'il  a  communiquées  à  différens  sa- 
vans. L'abbé  le  Bœuf  était  un  prodige 
d'érudition.  Elle  éclate  dans  tous  ses  ou- 
vrages ,  mais  elle  y  est  souvent  mal  di- 
gérée. Il  ne  cessa  jusqu'au  dernier  de  ses 
jours ,  de  faire  les  recherches  les  plus 
laborieuses.  Il  entreprit  plusieurs  voyages 
pour  aller  examiner ,  dans  diverses  pro- 
vinces de  France ,  les  monumens  de  l'an- 
tiquité. 

BOFFRA.ÏVD  (  Germain  ) ,  architecte , 
fils  d'un  sculpteur ,  et  d'une  sœur  du  cé- 
lèbre Quinault ,  né  à  Nantes  en  Bretagne 
l'an  1667,  mourut  à  Paris  en  1755.  Elève 
de  Hardouin  Mansard ,  qui  lui  confiait  la 
conduite  de  ses  plus  grands  ouvrages ,  il 
se  montra  digne  de  son  maître.  Ses  talens 
le  firent  recevoir  à  l'académie  d'architec- 
ture ,  en  1709.  Plusieurs  souverains  d'Al- 
lemagne le  choisirent  pour  leur  archi- 
tecte et  firent  élever  beaucoup  d'édifices 
considérables  sur  ses  plans.  Sa  manière 
de  bâtir  approche  de  celle  de  Palladio.  II 
mettait  beaucoup  de  noblesse  dans  ses 
productions.  Ingénieur  et  inspe<  teur-gé- 
néral  des  ponts  et  chaussées,  il  fit  con- 
struire un  grand  nombre  de  canaux, 
d'écluses,  de  ponts,  et  une  infinité  d'ou- 
vrages mécaniques.  On  a  de  cet  illustre  ar- 
chitecte un  ouvrage  curieux  et  utile,  in- 
titulé Livre  d'Architecture ..  Paris,  1735, 
in-fol.  avec  figures.  L'auteur  expose  les 
principes  de  son  ait,  et  donne  les  plans, 
profils  et  élévations  des  principaux  bàti- 
mens  civils,  hydrauliques,  et  mécaniques 
qu'il  a  fait  exécuter  en  France  et  dans 
50.. 


BOG  3 

(es  pays  étrangers.  On  peut  citer  avec 
éloge  les  palais  de  Nancy,  de  Lunéville, 
de  la  Malgrange  en  Lorraine  ;  les  Hôtels 
de  Craon,  de  Montmorency,  d'Argenson  ; 
les  décprations  intérieures  de  l'Hôtel  de 
Soubise ,  à  Paris  ;  les  Portes  du  petit 
Luxembourg  et  de  l'Hôtel  de  Villars  ;  le 
portail  de  laMercy;  le  puits  de  Bicètre;les 
ponts  de  Sens  et  de  Monlereau  ;  le  grand 
bâtiment  des  Enfans  trouvés  ,  rue  neuve 
Notre-Dame,  etc.  On  trouyc  dans  le  même 
livre  un  Mémoire  estimé,  qui  contient  la 
Description  de  ce  qui  a  été  pratiqué  pour 
fondre  d'un  seul  jet  la  statue  équestre  de 
Louis  XIV.  Cet  écrit  avait  été  imprimé 
séparément  en  1745. 

*  BOGDANOVITCH  (Hippolyte-Tiiéo- 
borovitcu)  ,  poète  russe ,  né  le  23  dé- 
cembre 1743,  à  Pérévolotchno ,  village  de 
la  petite  Russie;  il  se  rendit,  encore  en- 
fant ,  à  Moscou  ,  et  le  célèbre  Khéraskow 
l'ayant  fait  entrer  à  l'université  dont  il 
était  directeur,  Bogdanovitch  acheva  ses 
études  et  développa  son  talent  pour  la  poé- 
sie. En  1765,  il  publia  |  la  Félicité  par  faite , 
poème  en  trois  chants.  Il  fut  nommé ,  l'an- 
née suivante,  secrétaire  de  l'ambassade  de 
Saxe,  et  composa  à  Dresde  |  sa  Douschenka 
qui  est  une  imitation  de  Psyché  de  la  Fon- 
taine. Bogdanovitch  donna  aussi  |  une  tra- 
duction russe  des  Révolutions  romaines  de 
Vertot  ;  on  lui  doit  en  outre  :  |  Tableau  his- 
torique de  la  Russie  ,  (  le  1er  vol.  seul  a  pa- 
ru), Saint-Pétersbourg ,  1777  ;  |  Proverbes 
russes,  ibid. ,  1785,  3  vol.  ;  |  Un  journal 
sous  le  titre  de  Divertissement  inno- 
cent, 1765  ;  |  Un  recueil  périodique  sous 
le  titre  de  Courrier  de  Saint-Pétersbourg, 
1778-79.  Il  quitta  la  diplomatie  en  1796,  cl 
mourut  à  Kourski ,  en  1803. 

BOGORIS,  premier  roi  chrétien  des 
Bulgares,  déclara  la  guerre  à  Théodora 
par  ses  ambassadeurs.  Cette  princesse 
gouvernait  alors  l'empire  grec  ,  pour  Mi- 
chel son  fils.  Elle  leur  fit  une  réponse  di- 
gne d'une  éternelle  mémoire  :  «  Votre  roi, 
»  leur  dit-elle,  se  trompe,  s'il  s'imagine 
»  que  l'enfance  de  l'empereur  et  la  régence 
s  d'une  femme  lui  fournissent  une  occa- 
»  sion  favorable  d'augmenter  ses  états  et 
»  sa  gloire.  Je  me  mettrai  moi-même  à  la 
»  tête  des  troupes  ;  et  s'il  est  vainqueur, 
»  quelle  gloire  retirera-t-il  de  son  triom- 
••>  phe  sur  une  femme?  mais  quelle  honte 
»  ne  sera-ce  pas  pour  lui ,  s'il  est  vaincu  ?  » 
Bogoris  sentit  toute  la  force  de  cette  ré- 
ponse ,  et  renouvela  son  traité  de  paix 
avec  l'impératrice.  Théodora  lui  renvoya 
sa  sœur ,  faite  prisonnière  sur  les  fron- 


BA  BOU 

tières.  Bogoris  embrassa  le  christianisme 
en  841 ,  et  l'année  d'après  envoya  son  fils 
à  Rome,  demander  des  évêques  et  des  prê- 
tres au  souverain  pontife.  Sa  conversion 
est  due,  à  ce  que  l'on  assure ,  à  un  tableau 
du  jugement  dernier,  que  lui  présenta 
un  pieux  solitaire ,  nommé  Méthodius. 

*  BOGUET  (Hexri),  grand-juge  de  la 
terre  de  Saint-Claude ,  né  dans  le  16e  siè- 
cle à  Pierre-Court ,  près  de  Gray  en  Fran- 
che-Comté, est  auteur  des  ouvrages  sui- 
vans  ,  dont  le  premier  était  jadis  très 
recherché  :  |  Discours  des  sorciers ,  tiré 
de  quelques  procès  ,  avec  une  Instruction 
pour  un  juge  en  fait  de  sorcellerie ,  Paris, 
Binet ,  1603  ,  in-8°;  Lyon  ,  Pillehote ,  1602, 
in-8°;  Lyon ,  Rigaud ,  1607  ou  1608  et  1610, 
in-8°  ;  Rouen ,  Osmond ,  1606  ,  in-12.  Tou- 
tes les  éditions  de  cet  ouvrage  sont  rares , 
la  famille  de  Boguet  en  ayant  supprimé 
les  exemplaires  avec  le  plus  grand  soin. 
|  Les  actions  de  la  vie  et  de  la  mort  de 
saint  Claude,  Lyon,  1609,  in- 8°,  et  1627, 
in-12.  |  In  consuetudines  générales  comi- 
lalàs  Burgundiœ  observaliones. ,  Lyon  , 
Pillehote,  1604,  in-4°;  Besançon,  Bogillot , 
1725,  in-4°.  C'est  le  premier  ouvrage  qui 
ait  paru  sur  la  coutume  de  Franche-Com- 
té ,  et  il  est  encore  estimé  des  jurisconsul- 
tes. Boguet  fut  nommé,  en  1618,  conseiller 
au  parlement  de  Dole  ;  mais  son  admission 
dans  celle  compagnie  éprouva  de  grandes 
difficultés,  et  il  fallut  un  ordre  exprès  du 
prince  pour  l'enregistrement  de  ses  lettres 
de  nomination.  On  croit  que  le  chagrin 
qu'il  en  éprouva  avança  sa  mort,  arrivée 
le  23  février  1619. 

*  BOGUPHALUS,  évêquedePosnanie, 
mort  en  1255,  est  auteur  d'une  Chronique 
de  Pologne  qui  s'arrête  en  1252 ,  et  conti- 
nuée jusqu'en  1271  par  Godislas  Basko , 
custode  de  l'église  de  Posnanie ,  Varsovie, 
1752. 

*  BOIIADIN  ou  BOHA  EDDYN ,  histo- 
rien arabe  dont  le  nom  propre  est  Youçouf, 
et  le  surnom  Aboul-Mahacin,  est  plus  con- 
nu parmi  les*écrivains  orientaux  sous  le 
nom  de  d'IBN-CHADD  AD,  c'est-à-dire,  fils 
de  Chaddad.  Il  naquit  à  Massoul  l'an  539 
de  l'hégire  (1145)  et  devint  Câdhylasker  ou 
juge  de  l'armée  sous  Saladin  .  dont  il  fut  le 
favori,  et  dont  il  a  écrit  la  Vie.  C'est  plu- 
tôt un  panégyrique  qu'une  histoire.  L'au- 
teur s'arrête  avec  trop  de  complaisance 
sur  les  détails  qui  font  connaître  la  piété 
et  les  vertus  morales  et  religieuses  de  son 
béros.  Son  histoire  a  servi  de  guide  à 
M.  Marin,  auteur  de  Y  Histoire  de  Saladin, 
sultan  d'Egypte  et  du  Caire. 


Bon 


355 


BOII 


*  BOIIAN  (le  baron  François-Phili- 
bert LOUBAT  de),  lieutenant -général , 
naquit  en  1751  à  Bourg-en-Bresse  (Ain), 
et  devint  successivement  oflicier  dans  le 
régiment  Boyal-Pologne ,  capitaine  dans 
les  dragons  de  la  llochefoucault ,  colonel 
des  dragons  de  Lorraine  ,  et  aide-major- 
général  de  la  Gendarmerie.  Il  mourut  en 
1804  dans  sa  ville  natale.  On  lui  doit  : 
J  Examen  critique  du  militaire  français , 
Genève,  1781,  3  vol.  in-8°;  |  Mémoire 
sur  les  haras,  ouvrage  posthume ,  revu  et 
publié  par  J.  de  Lalande ,  avec  une  no- 
tice sur  l'auteur,  Paris,  1805,  in-8°;  |  plu- 
sieurs Mémoires  lus  à  l'académie  de  Bourg 
dont  il  était  membre. 

*  BOHEMER  (Georges -Rodolphe), 
professeur  de  botanique  et  d'anatomie  à 
l'université  de  Witlemberg ,  naquit  en 
1703.  Une  érudition  profonde  et  bien  or- 
donnée ,  des  vues  sages  et  justes ,  un  es- 
prit observateur  et  judicieux  ,  font  le  ca- 
ractère principal  de  ce  savant  professeur. 
Ses  principaux  ouvrages  sont  :  |  Flora 
Lipsiœ  indigena,  Leipsick ,  1750,  in-8°. 
C'est  la  Flore  des  environs  de  Leipsick  ; 
l'auteur  suit  dans  cet  ouvrage  la  méthode 
de  Ludwid,  et  donne  sur  les  champignons, 
les  graminées  ,  etc.,  des  observations  iné- 
dites de  Gleditch.  |  Bibliotheca  scriptorum 
historiœ  naturalisa  œconomiœ ,  aliarum- 
que  artium  ac  scienliarum  ad  illam  per- 
tinentium,realis,  syslemalica,  Leipsick, 
9  vol.  in -8°;  savoir,  partie  1 ,  Scriptores 
générales,  1er  vol.  1785;  2e  vol.  1786; 
part.  2,  Zoologi ,  2  vol.,  1787;  part.  5, 
Philologi,  2  vol. ,  1787;  part.  4,  Minera- 
logi,  1er  vol.  1788  ;  2e  vol.  1789  ;  part.  5 , 
Hydrologi  ac  Index  universalis  ,  1  vol. 
Cet  ouvrage  est  un  répertoire  bibliogra- 
phique de  tous  les  livres  qui  ont  paru  sur 
l'histoire  naturelle  ,  l'économie  rurale  , 
les  arts  et  les  sciences  qui  y  ont  rapport , 
en  quelque  langue  que  ce  soit.  Il  est  fait 
avec  beaucoup  de  soin.  |  Histoire  techni- 
que des  plantes  qui  sont  employées  dans 
les  métiers,  les  arts  et  les  manufactures , 
ou  qui  pourraient  y  être  employées ,  Leip- 
sick ,  1794  ,  in-8° ,  en  allemand.  Cet  ou- 
vrage devrait  être  traduit  et  généralement 
répandu  à  cause  de  son  utilité.  Bohémer 
a  composé  d'autres  ouvrages ,  entre  autres 
un  grand  nombre  de  Thèses.  Il  est  mort 
en  1803. 

*  BOnÉMOND  (Marc),  né  vers  l'an 
i066.  était  fils  de  Robert  Guiscard,  aven- 
turier normand  ,  qui  sut ,  par  son  adresse 
et  sa  valeur,  s'élever  au  rang  de  duc  de  la 
Pouille  et  de  la  Calabre.  Bohémond  servit 


de  bonne  heure  sous  son  père,  et  sut  rên* 
nir  dans  l'âge  le  plus  impétueux  la  pru- 
dence au  courage.  Il  prit  Corfou  de  con- 
cert avec  son  père ,  se  signala  dans  un 
combat  contre  les  Vénitiens,  et  après  a  voir 
vaincu  les  Grecs  ,  près  d'Arta ,  il  entra 
dans  la  Thessalie ,  et  y  poursuivit  ses  con- 
quêtes. Robert  mourut  en  1085 ,  et  laissa 
à  Roger,  son  fils  cadet ,  le  duché  de  la 
Pouille  et  celui  de  Calabre.  Bohémond , 
irrité  de  celte  préférence  ,  s'arma  contre 
son  frère ,  qui  fut  obligé  de  lui  céder  la 
principauté  de  Tarente.  En  1096  il  se  croi- 
sa, et  partit  pour  la  Terre-Sainte  à  la  tête 
de  10,000  cavaliers ,  de  près  de  50,000  fan- 
tassins et  l'élite  de  la  noblesse  de  Sicile , 
de  Calabre  et  de  la  Pouille ,  ainsi  que  d'un 
grand  nombre  de  seigneurs  normands  , 
parmi  lesquels  on  distinguait  le  fameux 
Tancrède ,  son  cousin-germain.  Le  prince 
de  Tarente  haïssait  Alexis ,  empereur  de 
Constantinople ,  et  celui-ci  ne  pouvait  voir 
d'un  bon  œil  celui  qui  avait  été  son  plus 
redoutable  ennemi.  Néanmoins  il  lui  fit 
un  honorable  accueil  qui  fut  reçu  politi- 
quement. Bohémond  consentit  même  à 
prêter  serment  de  fidélité  à  Alexis ,  qui 
fut  si  satisfait  de  pouvoir  compter  ce  guer- 
rier au  nombre  de  ses  vassaux  qu'il  lui  fit 
offrir  de  plus  riches  présens  qu'aux  au- 
tres princes  de  l'expédition.  Après  des 
marches  difficiles  et  des  combats  sanglans 
où  Bohémond  eut  lieu  de  faire  éclater  sa 
valeur,  les  croisés  vinrent  mettre  le  siège 
devant  Antioche ,  et  Bohémond  s'étant  em- 
paré par  la  ruse  de  cette  ville  ,  parvint  de 
même  à  s'en  faire  donner  la  souveraineté. 
Nommé  quelque  temps  après  général  de 
toute  l'armée ,  il  remporta  une  grande  vic- 
toire contre  les  Sarrasins  ,  et  eut  quelques 
difficultés  avec  Raimond ,  comte  de  Tou- 
louse ,  au  sujet  de  la  reddition  de  la  chan- 
delle d' Antioche  que  tous  deux  récla- 
maient ;  elle  resta  au  prince  de  Tarente. 
Il  ne  suivit  point  les  chrétiens  à  Constan- 
tinople, et  s'occupa  à  affermir  sa  domi- 
nation sur  Antioche.  Pour  rendre  incon- 
testable la  légitimité  de  sa  puissance,  il 
vint  à  Jérusalem ,  recevoir  des  mains 
du  patriarche  Daimbert  l'investiture  de 
cette  principauté.  Quelque  temps  après 
ayant  voulu  secourir  une  ville  de  Mé- 
sopotamie ,  ses  troupes  furent  accablées 
par  le  nombre ,  et  il  fut  fait  prisonnier. 
Il  resta  deux  ans  en  captivité.  Ce  ne  fui 
qu'avec  peine ,  et  moyennant  une  forte 
rançon ,  qu'il  parvint  à  recouvrer  sa  li- 
berté. En  rentrant  dans  ses  états,  il  les 
trouva  augmentés  de  plusieurs  villes  par 


ROII 


3S6 


ROI 


!a  valeur  de  Tancrède.  Sa  détention  n'a- 
vait point  diminué  son  ambition  ni  sa  haine 
contre  les  Grecs.  Il  marcha  contre  eux  , 
mais  la  rapidité  de  ses  progrès  ne  répon- 
dant point  à  son  attente ,  il  résolut  de  pas- 
ser en  Europe  pour  chercher  de  plus 
grands  secours. La  route  n'étant  point  sûre, 
il  imagina  un  stratagème  singulier.  Il  fit 
courir  le  bruit  qu'il  était  mort,  et  se  fit 
enfermer  dans  un  cercueil  qu'on  mit  sur 
un  vaisseau  entouré  de  pleureurs,  et  il 
traversa  ainsi  la  flotte  des  Grecs  au  bruit 
des  réjouissances  que  sa  mort  excitait.  Bo- 
hémond  arriva  ainsi  en  Italie,  et  suscita 
de  tous  côtés  des  ennemis  à.  Alexis.  Il  vint 
en  France  ,  y  fut  reçu  avec  de  grands  té- 
moignages d'estime  par  Philippe  Ier,  qui  lui 
permit  de  lever  des  troupes,  et  lui  donna 
en  mariage  Constance,  sa  fille.  Bohémond , 
ayant  obtenu  des  secours  puissans  de  la 
France ,  de  l'Italie  et  de  l'Espagne ,  rassem- 
bla toutes  ses  forces  au  port  de  Bari ,  lit 
voile  pour  l'Illyrie,  et  alla  mettre  le  siège 
devant  Duras.  Les  Grecs  furent  dé- 
faits dans  plusieurs  actions;  mais  ayant 
été  vaincu  à  son  tour,  et  se  voyant  pressé 
par  les  murmures  de'  ses  troupes  acca- 
blées par  les  maladies  et  par  la  famine  ,  il 
fut  obligé  de  traiter  avec  l'empereur  et  de 
renoncer  à  ses  projets  d'agrandissement. 
Antioche  lui  fut  conservée,  et  devint  la 
capitale  d'une  principauté  qui  subsista 
pendant  190  ans.  Bohémond  mourut  dans 
la  Pouille  l'an  1111 ,  lorsqu'il  se  préparait 
à  de  nouvelles  tentatives  contre  les  Grecs. 
Le  caractère  de  ce  prince  guerrier  tenait 
également  de  la  férocité  des  Normands , 
ses  ancêtres ,  et  de  l'astuce  des  Italiens , 
ses  sujets.  Politique  aussi  adroit  que  guer- 
rier valeureux,  il  ne  parut  jamais  se  décou- 
rager d'un  revers ,  et  tirait  souvent  avan- 
tage de  ce  qui  semblait  lu  i  devoir  nuire.  Son 
ambition  le  suivit  jusqu'au  tombeau.  Tout 
lui  semblait  possible  pour  s'agrandir.  Les 
lois  même  du  serinent  et  de  la  fidélité  à  sa 
parole  n'étaient  plus  respectées  dès  qu'elles 
étaient  contraires  à  ses  intérêts.  Il  était 
d'une  force  prodigieuse ,  et  sa  stature ,  dit 
Anne  Comnène,  fille  de  l'empereur  Alexis, 
surpassait  d'une  coudée  celle  des  hommes 
les  plus  grands.  Il  laissa  un  fils  du  même 
nom  que  lui ,  âgé  de  onze  ans. 

*  BOIIIEB,  et  nonBOYER  (Nicolas), 
en  latin,  Boè'rius,  savant  jurisconsulte, 
et  magistrat  intègre,  naquit  à  Montpel- 
lier, vers  1470.  Il  fut  successivement 
avocat  à  Bourges ,  où  il  enseigna  le  droit, 
conseiller  au  grand  conseil,  président  à 
mortier  au  parlement  de  Bordeaux,  et 


mourut  dans  cette  ville.  Il  légua  tous  ses 
biens  à  l'hôpital  de  Bordeaux ,  où  il  est 
enterré.  Ses  ouvrages,  écrits  en  latin,  se 
ressentent  de  la  barbarie  des  temps ,  ef 
l'on  y  remarque  plus  d'érudition  que  do 
logique ,  mais  on  peut  encore  les  con- 
sulter avec  fruit.  Ce  sont  :  |  Tractatus  de 
officio  etpotestate  Legatià  latere  in  regno 
Fronciez*  Lyon,  1509,  in-8°;  |  Tracla- 
tus de  Seditiosis*  in -12;  |  Commentaria 
in  consuetudines  Bituricenses ,  Bourges , 
1543,  in-4°,  réimprimé  depuis;  |  Boe- 
rii  consilia,  Y enise,  1574,  in-8°  ;  |  Deci- 
siones  in  senatu  Burdegalensium  discus- 
sce  ac  promulgatœ.  C'est  le  plus  estimé 
des  ouvrages  de  Bohier.  La  meilleure 
édition  est  celle  de  Lyon,  Ant.  Vincent, 
1567 ,  in-fol.  On  y  a  joint  ses  Conseils ,  son 
Traité  des  Séditieux ,  un  autre ,  De  custo- 
diâ  clavium  portarum  civilatis*  et  des 
additions  de  Bohier  au  Traité  de  Jean 
Montanus  De  authoritale  magni  Consilii. 
Ces  décisions  ont  été  traduites  en  fiançais 
par  Jacques  Corbin. 

BOiïlV  ou  BOHNIUS  (Jean),  naquit  à 
Leipsick  en  1C40 ,  fut  fait  professeur  de 
médecine  ,  anatomie  et  thérapeutique  , 
dans  cette  ville ,  en  1679 ,  et  y  mourut  en 
1718.  Il  est  auteur  de  plusieurs  ouvrages 
estimés,  entre  autres  d'un  excellent  trai- 
té :  De  Acido  et  Alkali ,  Leipsick .,  1675  , 
in-8°  :  il  est  bien  raisonné,  et  l'auteur 
jette  beaucoup  de  lumière  sur  son  sujet. 

*  BOIIUJV  (Edhond),  écrivain  anglais, 
vivait  du  temps  de  la  reine  Anne.  Il  a 
laissé  un  grand  nombre  d'ouvrages  ,  dont 
les  principaux  sont  :  |  une  Défense  de  la 
déclaration  de  Charles  II;  \  Dictionnaire 
géographique  ;  \  Histoire  delà  Désertion, 
ou  Récit  de  toutes  les  affaires  publiques 
de  l'Angleterre*  1689;  |  Grand  Diction- 
naire historique ,  géographique  et  poé- 
tique ;  |  Caractère  de  la  reine  Eliza- 
belh. 

BOLYRDO  (Matteo-Maria),  comte  do 
Scandiano,  fief  relevant  du  duché  de  Fer- 
rare,  gouverneur  de  la  ville  et  citadelle 
de  Reggio ,  s'appliqua  à  la  poésie  italienne 
et  latine.  Son  ouvrage  le  plus  connu,  et 
qui  lui  a  fait  un  grand  nom  parmi  les  poè- 
tes italiens,  est  le  poème  l'Orlando  inar- 
morato;  le  fonds  est  tiré  de  la  Chronique 
fabuleuse  de  l'archevêque  Turpin  ;  il  le 
composai  l'imitation  de  l'Iliade;  mais  il 
l'imite  de  fort  loin,  et  son  poème  est  une 
fort  mauvaise  copie.  L'Orlando  furioso  de 
l'Arioste ,  n'est  en  quelque  sorte  que  la 
continuation  de  l'Orlando  inamoralo,  que 
son  auteur  laissa  imparfait.  Mêmes  héros 


BOT 


3S7 


BOI 


dans  les  deux  poèmes  ;  leurs  aventures  , 
commencées  par  le  Boiardo,  sont  termi- 
nées par  l'Arioste ,  en  sorte  que  la  lecture 
de  l'un  est  absolument  nécessaire  pour  la 
parfaite  intelligence  de  l'autre.  On  ne  peut 
refuser  à  Boiardo  l'imagination  la  plus  vive 
et  la  plus  brillante  :  et  à  ce  titre,  il  doit 
être  regardé  comme  un  des  plus  grands 
poètes  que  l'Italie  ait  produits.  Si  l'Arioste 
lui  est  supérieur  du  côté  du  style  et  du 
coloris ,  il  ne  le  cède  en  rien  à  l'Arioste 
pour  l'invention  et  la  variété  des  épisodes. 
Dans  l'un  et  dans  l'autre  on  souhaiterait 
plus  de  sagesse  et  de  décence.  Boiardo  est 
encore  auteur  ftEglogues  latines  estimées, 
et  imprimées  à  Beggio,  1500  ,  in-4°,  et  de 
Sonnets  qui  ne  le  sont  pas  moins ,  Venise , 
J50i ,  in-4°;  d'une  comédie  intitulée  Ti- 
mon ,  Yenise  ,  1517,  in-8°  ,  très  rare,  et  la 
première  pièce  de  ce  genre  qui  ait  été", 
dit-on  ,  composée  en  vers  italiens  ;  de 
quelques  autres  poésies  italiennes ,  et  de 
plusieurs  traductions  d'auteurs  grecs  et 
latins,  tels  qu'Hérodote  et  Apulée.  Il  mou- 
rut à  Beggio ,  le  20  février  1494.  La  meil- 
leure édition  du  texte  original  del'Orlan- 
lando  inamoralo  est  celle  de  Venise ,  par 
les  frères  Nicolini  de  Sabio,  en  1544  ,  in- 
4°;  je  dis  le  texte  original,  parce  que  ce 
poème  a  été  ensuite  refait  par  le  Berni. 
Voyez  BEBNI. 
BOIER.  Voyez  BOIIIEB  ou  BOYEB. 

*  BOICHOT  (Jean),  statuaire  distingué, 
né  en  1738  à  Châlons-sur-Saônc  et  mort 
à  Paris  en  1814 ,  alla  se  perfectionner  en 
Italie  par  l'étude  des  modèles  antiques , 
puis  revint  en  France  où  il  fut  nommé 
bientôt  statuaire  du  roi  et  membre  de 
l'académie  de  peinture  et  de  sculpture  et 
devint  plus  tard  correspondant  de  l'Ins- 
titut. Parmi  ses  ouvrages,  on  citelegroupe 
colossal  de  saint  Michel,  la  statue  égale- 
ment colossale  de  V Hercule  assis,  autre- 
fois placée  sous  le  portique  du  Panthéon 
à  Paris  ,  la  statue  de  saitit  RochAe  groupe 
de  saint  Marcel ,  les  bas-reliefs  des  Fleu- 
ves qui  décorent  l'arc  triomphal  des  Tui- 
leries. 

*  BOIGxXE  (le  général ,  comte  de),  dont 
le  véritable  nom  est  Benoît  le  Borgne  ,  né 
à  Chambéry  en  1751 ,  est  connu  par  son 
immense  fortune  et  par  le  noble  usage 
qu'il  en  fit.  Il  était  frère  de  Leborgne , 
député  de  Saint-Domingue  au  conseil 
des  Cinq-cents  en  1797.  11  s'enrôla  au  ser- 
vice de  France  en  17G8 ,  puis  à  celui  de 
Russie  ,  et  enfin  à  celui  de  la  compagnie 
anglaise  des  Indes.  Il  s'attacha  à  la  for- 
tune de  Mahadajey-Sindia,  chef  de  Ma- 


ratles  ,  qui  le  nomma  commandant  de  sa 
troupe.  Les  dons  de  Sindia  furent  immen- 
ses ;  Boigne  voulut  en  jouir  dans  sa  patrie. 
Ilvinten  Angleterre  où  il  épousa  M1  lcd'Os- 
mond  qui  lui  donna  un  fils  ;  il  voyagea  pen- 
dant quelque  temps  en  Europe,  puisse  fixa 
près  de  Chambéry,  où  il  est  mort  le  21 
juin  1830.  La  liste  des  legs  qu'il  a  fails  à 
Chambéry  est  énorme  :  1,200,000  fr.  pour 
un  hospice  de  vieillards;  500,000  fr.  pour 
un  hospice  d'aliénés  ;  500,000  fr.  pour  un 
dépôt  de  mendicité  ;  500,  000  fr.  pour  le 
collège  ;  200,000  fr.  pour  établir  de  nou- 
veaux lits  dans  les  hospices  ;  100,000  fr. 
pour  faire  apprendre  des  métiers  à  de 
jeunes  filles,  etc.  etc.  Ses  dons  pour  celte 
ville  s'élèvent  à  3,678,000  fr.,  sans  comp- 
ter ce  dont  il  a  fait  présent  aux  jésuites 
et  aux  capucins.  Son  testament  est  em- 
preint de  la  même  générosité  :  il  a  légué  à 
ses  domestiques  de  1..500  à  10,000  fr.  de 
capital  ;  à  son  frère  et  à  son  neveu,  des 
propriétés  de  la  valeur  de  500 ,000  fr.  ;  à 
des  parens  éloignés  et  à  des  amis  environ 
100,000  fr.  en  souvenirs  ;  à  ses  petits-en- 
fans,  200,000  fr.  à  chacun,  à  l'époque 
de  leur  majorité  ;  à  sa  femme ,  une  pen- 
sion viagère  de  600  ,000  fr.  Son  fils  a  hé- 
rité en  outre  de  plusieurs  millions. 

BOI  LE.  Voyez  BOYLE. 

BOILEAU  (Gilles)  ,  frère  aîné  de  Des- 
préaux ,  et  fils  de  Gilles  Boileau  ,  greffier 
de  la  grand'chambre  du  parlement  de 
Paris,  s'est  fait  un  nom' par  ses  poésies, 
mais  ses  vers  sont  faibles  et  négligés.  Sa 
traduction  du  4e  livre  de  l'Enéide  en  vers, 
en  offre  quelques-uns  d'assez  bons.  Ses 
meilleurs  ouvrages  sont  en  prose.  Les 
principaux  sont  |  La  Vie  et  la  traduc- 
tion d'Epictète  et  de  Cébès  ,  1657 ,  in-12  ; 
|  celle  de  Diogène-Laè'rce  ,  1668 ,  2  vol . 
in-12  ;  |  Deux  dissertations  contre  Ménage, 
1656,  in-4°;  |  OEuvre s  posthumes,  1670  , 
in-12  ,  etc.  Il  était  de  l'académie  fran- 
çaise. Il  mourut  en  1669  ,  âgé  de  38  ans. 
Boileau  avait  de  la  littérature  et  de  l'es- 
prit; il  écrivait  faciiemenl  en  vers  et  en 
prose ,  mais  il  ne  se  déiiait  pas  assez  de  sa 
facilité.  —  Il  y  a  encore  un  autre  Gilles 
BOILEAU ,  dont  les  poésies ,  avec  celles 
de  Jacques  de  Boulogne  ,  poète  liégeois  , 
furent  imprimées  à  Anvers,  1555  ,  et  qui 
est  auteur  d'un  Traité  des  causes  crimi- 
nelles ..petit  in-12,  imprimé  à  Lyon,  1557. 
Cet  ouvrage  est  dédié  au  mayeur  et  aux 
échevins  de  Liège,  et  cette  dédicace  nous 
apprend  que  ses  ancêtres  étaient  liégeois. 

BOILEAU  (Jacques  ) ,  frère  du  précé- 
dent, docteur  de   Sorbonne,   doyen  et 


BOI  5 

grand-vicaire  de  Sens ,  pendant  plus  de 
20  ans,  ensuite  chanoine  de  la  Sainte- 
Chapelle  en  1694,  naquit  à  Paris  en  163o 
et  y  mourut  en  1716  ,  doyen  de  la  faculté 
de  théologie.  Il  avait ,  comme  son  frère, 
l'esprit  porté  à  la  satire  et  à  la  plaisante- 
rie. Despréaux  disait  de  lui ,  que  «  s'il 
»  n'avait  été  docteur  de  Sorbonne  ,  il  au- 
»  raitété  docteur  de  la  comédie  italienne.  » 
Ses  ouvrages  roulent  sur  des  matières  sin- 
gulières, qu'il  rend  encore  plus  piquan- 
tes par  un  style  dur  et  mordant,  et  par 
mille  traits  curieux.  Il  les  écrivait  tou- 
jours en  latin,  de  crainte ,  disait-il  assez 
mal  à  propos  ,  que  les  évoques  ne  les  cen- 
surassent. Les  principaux  sont  |  De  anli- 
quojure  presbylerorum  in  regimineeccle- 
siaslico,  1678,  in-8°,  sous  le  nom  supposé 
de  Claude  Fontéius.  \  De  antiquis  et  ma- 
joribus  Episcoporum  causis  , 1678 ,  in-4°  ; 
|  Le  traité  de  Ralramne  De  corpore  et 
sanguine  Domini ,  avec  des  notes,  1712, 
in-12.  Il  en  avait  donné  une  version  fran- 
çaise en  1686 ,  in-12  ;  |  De  sanguine  cor- 
poris  Christi  post  resurrectionem ,  1681  , 
in-8°,  contre  le  ministre  Alix;  |  His- 
toria  confessionis  auriculariœ  ,  1683 ,  in- 
8°  ;  |  Marcelli  slncyrani  disquisitiones  de 
residentia  canonicorum ,  avec  un  traité, 
De  tactibus  impudicis  prohibendis,  Paris, 
1665  ,  in-8°.  |  Historia  Flagellantiurn  , 
contre  l'usage  des  disciplines  volontaires. 
Dans  ce  traité  historique ,  imprimé  à  Pa- 
ris ,  in-12  ,  en  1700 ,  traduit  en  français , 
1701 ,  in-12 ,  il  y  a  des  détails  qu'on  eût 
soufferts  à  peine  dans  un  livre  dé  chirur- 
gie. Du  Cerceau  et  Thiers  le  critiquèrent 
avec  raison.  On  en  publia  une  traduction 
encore  plus  indécente  que  l'original  ; 
mais  l'abbé  Granet  l'a  réformée,  en  la 
réimprimant  en  1732.  |  Disquisitio  hislo- 
rica  de  re  vestiaria  hominis  sacri,  vitam 
communem  more  civili  traducentis  ,  1704, 
in-12.  Ce  traité  fut  fait  pour  prouver 
qu'il  n'est  pas  moins  défendu  aux  ecclé- 
siastiques de  porter  des  habits  trop  longs 
que  trop  courts.  On  a  vu  cet  abbé  ,  dans 
ses  derniers  jours,  aller  clans  Paris  avec 
un  habit  qui  tenait  le  milieu  entre  la  sou- 
tane et  l'habit  court.  |  De  re  beneficiaria, 
1710,  in-8°  ;  |  Traité  des  empêche  mens  du 
mariage,  à  Sens,  sous  le  titre  de  Cologne, 
1691,  in-12;  l'auteur,  pour  de  bonnes 
raisons ,  ayant  déguisé  le  lieu  d'impres- 
sion. Il  y  a  bien  des  choses  fausses  ou  ha- 
sardées ,  qui  sont  réfutées  à  l'article  LAU- 
NOY.  j  De  li'ororum  circa  res  theologi- 
cas  approbations  1708,  in-16.  On  a  re- 
cueilli ses  bons  mots  et  ses  singularités. 


58  BOI 

Dans  le  temps  des  disputes  excitées  an 
sujet  des  cérémonies  chinoises ,  il  pro- 
nonça un  discours  en  Sorbonne  ,  dans 
lequel  il  dit ,  que  l'éloge  des  Chinois  avait 
ébranlé  son  cerveau  chrétien.  Il  faut 
convenir  que  ce  cerveau  était  souvent 
ébranlé ,  et  qu'il  ne  fallait  pas  même  des 
causes  bien  fortes  pour  produire  cet  effet. 
Jacques  Boileau  était  partisan  du  riché- 
risme  {voyez  RICHER)  ,  ce  qui  parait 
sur  tout  dans  le  traité  de  anliquojure  Près- 
byterorum.  Dans  Y  Historia  confessionis 
auriculariœ,  il  établit  des  paradoxes  ré  vol- 
tans  .  tels  que  cette  proposition  :  Mainte- 
nant que  l'Eglise  est  sur  son  déclin ,  et 
qu'elle  vieillit ,  il  arrive  rarement  que  les 
mauvaises  pensées  soient  des  péchés  mor- 
tels. Après  de  telles  assertions ,  on  ne  doit 
pas  être  surpris  de  la  moralequi  se  trouve 
dans  son  Histoire  des  Flagellans  et  le 
traité  De  tactibus  impudicis.  Qu'il  sied 
bien  à  de  tels  docteurs  d'afficher  le  rigo- 
risme ! 

BOILEAU  (Nicolas),  sieur  Despréaux , 
naquit,  selon  Louis  Racine ,  à  Paris,  selon 
le  plus  grand  nombre  des  biographes ,  à 
Crosne,  près  de  Paris,  le  1er  novembre 
1656  ,  de  Gilles  Boileau  ,  père  des  précé- 
dens.  Son  enfance,  fut  fort  laborieuse;  un 
coq  d'inde  le  mutila,  si  l'on  en  croit  l'au- 
teur de  l'Année  Littéraire.  A  l'âge  de  8 
ans  il  fallut  le  tailler.  Sa  mère  étant  morte, 
et  son  père  se  trouvant  absorbé  dans  ses 
affaires ,  il  fut  abandonné  à  une  vieille 
servante  qui  le  traitait  avec  dureté.  On  rap- 
porte que  son  père,  quelques  jours  avant 
de  mourir  ,  disait  de  ses  enfans,  en  exa- 
minant leur  caractère  :  «  Gillot  est  un  glo- 
»  rieux ,  Jacquot  un  débauché ,  Colin  un 
«bon  garçon;  il  n'a  point  d'esprit,  il  ne 
»  dira  du  mal  de  personne.  »  L'humeur 
taciturne  du  petit  Nicolas  fit  porter  ce  ju- 
gement. On  ne  tarda  pas  à  le  trouver 
mal  fondé.  Il  n'était  encore  qu'en  qua- 
trième ,  lorsque  son  talent  pour  la  poésie 
se  développa.  Une  lecture  assidue  des 
grands  poètes  de  l'antiquité  que  le  temps 
des  repas  interrompait  à  peine  ,  annon- 
çait qu'il  était  né  pour  quelque  chose  d>; 
plus  que  son  père  n'avait  pensé.  Il  avait 
commencé  ses  études  au  collège  d'Har- 
court  ;  il  les  continua  à  celui  de  Beauvais. 
Dès  qu'il  eut  fini  son  cours  de  philoso- 
phie, il  se  fit  recevoir  avocat.  Du  droit,  il 
passa  à  la  théologie  scoîastique.  Dégoûté 
de  ces  deux  sciences  ,  il  se  livra  à  son  in- 
clination. Ses  premières  satires  parurent 
en  1666.  Elles  furent  recherchées  avec 
empressement  par  les  gens  de  goût  et  par 


ROI  5 

les  malins,  cl  déchirées  avec  fureur  par 
les  auteurs  que  le  jeune  poète  avait  criti- 
ques. Boileau  répondit  à  tous  leurs  re- 
proches ,  dans  sa  9e  Satire  à  son  esprit. 
L'auteur  emploie  le  masque  de  l'ironie, 
et  enfonce  ses  dards  en  feignant  de  badi- 
ner. Cette  pièce  a  été  mise  au-dessus  de 
toutes  celles  qui  l'avaient  précédée.  La 
plaisanterie  y  est  plus  fine  ,  plus  légère 
et  plus  soutenue ,  mais  aussi  souvent 
poussée  trop  loin.  En  attaquant  les  défauts 
des  écrivains ,  Boileau  le  satirique  n'épar- 
gna pas  toujours  leur  personne.  On  est  fâ- 
ché d'y  trouver  que  Colletet,  crotté  jusqu'à 
l 'échine ,  allait  mendier  son  pain  de  cui- 
sine en  cuisine  ;  que  Saint-Amand  n'eut 
pour  tout  héritage  que  l'habit  qu'il  avait 
sur  lui,  etc.  :  personnalités  blâmables  ,  et 
qui  dérogent  au  mérite  de  la  critique  la 
mieux  fondée.  L'on  peut  même  dire  que, 
quant  aux  jugemens  littéraires,  ses  Saii- 
res  n'étaient  pas  exemptes  de  préjugés , 
de  partialité  et  de  malignité.  Son  Art  poé- 
tique suivit  de  près  ses  Satires.  Ce  poème 
renferme  les  principes  fondamentaux  de 
la  poésie  et  de  tous  les  différens  genres  de 
poésie,  resserrés  dans  des  vers  énergi- 
ques et  pleins  de  choses.  La  poétique 
d'Horace  a  moins  d'ordre  et  d'art ,  mais 
elle  faille  fondement  de  l'autre,  et  en  a 
fourni  presque  toutes  les  idées.  Le  Lutrin 
fut  publié  en  1674 ,  à  l'occasion  d'un  dif- 
férend entre  le  trésorier  et  le  chantre  de 
la  Sainte-Chapelle.  Ce  fut  le  premier-pré- 
sident de  Lamoignon  qui  proposa  à  Des- 
préaux de  le  mettre  en  vers.  Un  sujet  si 
petit  en  apparence,  acquit  de  la  fécon- 
dité sous  la  plume  du  poète.  Cependant 
les  personnages  ne  sont  pas  nobles,  l'ac- 
tion n'est  pas  importante,  le  sujet  est  fri- 
vole. Qu'y  apprend-on?  Quel  fruit  pour- 
ront tirer  les  jeunes  gens  qui  liront  ce 
poème?  Ils  apprendront  à  parler  sans 
respect  de  ceux  qu'ils  devraient  s'accou- 
tumer à  respecter.  Un  prélat  devenu  tré- 
sorier de  la  Sainte-Chapelle  est  peint 
comme  un  homme  efféminé ,  assis  molle- 
ment sur  des  coussins ,  ou  couché  sur  un 
lit  de  plumes,  et  plus  occupé  du  soin 
d'aller  à  table  que  d'aller  à  l'église.  Des 
chanoines  vermeils,  pieux  fainéans,  et 
brillans  de  santé ,  s'engraissent  dans  une 
sainte  oisiveté ,  couchés  dans  des  lits  en- 
chanteurs, et  n'ayant  jamais  vu,  depuis 
trente  ans,  le  lever  de  l'aurore.  Les  cor- 
deliers,  les  augustins,  les  mineurs,  ont 
chacun  leur  coup  de  pinceau.  Cîteaux  est 
le  séjour  de  la  volupté ,  de  la  mollesse  et 
des  plaisirs  nonchalans.  Tous  les  religieux 


59  BOI 

en  général  sont  accusés  d'aimer  la  mol- 
lesse, les  chanoines  d'être  indolens,  les 
prélats  de  briguer  d'amples  revenus  pour 
en  abuser.  Ou  dira  que  Boileau  a  soin  d'a- 
vertir dans  la  préfaça  que  les  chanoines 
qu'il  traite  si  mal,  sont  d'un  caractère  op- 
posé à  ce  qu'il  en  dit  dans  ses  vers.  Mais 
pourquoi  en  parler  mal ,  s'ils  méritent 
qu'on  en  parle  bien  ?  Louis  XIV  choisit 
Boileau  pour  écrire  son  histoire  conjoin- 
tement avec  Bacine.  L'académie  française 
lui  ouvrit  ses  portes  en  1684.  Il  fut  aussi 
un  des  membres  de  l'académie  naissante 
des  inscriptions  et  belles-lettres.  Boileau, 
que  son  titre  d'historiographe  appelait  sou- 
vent à  la  cour  ,  y  parut  avec  toute  la  fran- 
chise de  son  caractère  ;  franchise  qui  te- 
nait un  peu  de  la  brusquerie.  Mais  après 
la  mort  de  son  ami  Bacine,  Boileau  n'y 
parut  plus  qu'une  seule  fois  pour  prendre 
les  ordres  du  roi  sur  son  histoire.  Souve- 
nez-vous, lui  dit  ce  prince  en  regardant 
sa  montre ,  que  j'ai  toujours  une  heure 
par  semaine  à  vous  donner,  quand  vous 
voudrez  venir.  Il  passa  le  reste  de  ses 
jours  dans  la  retraite,  tantôt  à  la  ville ; 
tantôt  à  la  campagne.  Dégoûté  du  monde  ; 
il  ne  faisait  plus  de  visites,  et  n'en  rece- 
vait que  de  ses  amis.  Il  n'exigeait  pas 
d'eux  des  flatteries;  il  aimait  mieux, 
disait-il ,  être  lu  qu'être  loué.  Sa  conver- 
sation était  traînante,  mais  agréable  par 
quelques  saillies ,  et  utile  par  des  juge- 
mens ordinairement  exacts  sur  les  écri- 
vains. Lorsqu'il  sentit  approcher  sa  fin,  il 
s'y  prépara  en  chrétien  qui  connaissait 
ses  devoirs.  Il  mourut  en  1711 ,  à  l'âge  de 
75  ans ,  à  la  suite  d'une  hydropisie  de 
poitrine.  La  religion ,  qui  éclaira  ses  der- 
niers momens,  ne  l'avait  jamais  quitté, 
et  les  écarts  de  sa  conduite  ou  de  ses 
écrits ,  n'avaient  point  affaibli  son  atta- 
chement au  christianisme.  Ayant  joui 
pendant  huit  ou  neuf  ans  d'un  prieuré 
simple ,  il  le  remit  au  collateur  pour  y 
nommer  un  autre ,  et  distribua  aux  pau- 
vres tout  ce  qu'il  en  avait  retiré.  Son 
zèle  pour  ses  amis  égalait  sa  religion.  Le 
célèbre  Patru  se  voyant  obligé  de  vendre 
sa  bibliothèque  ,  Despréaux  la  lui  acheta 
un  tiers  de  plus  qu'on  ne  lui  en  offrait,  et 
lui  en  laissa  la  jouissance  jusqu'à  sa  mort .. . 
Parmi  nombre  d'éditions  qu'on  a  pu- 
bliées des  ouvrages  de  Boileau  ,  on  dis- 
tingue celle  de  Genève  ,  en  2  vol.  in-4*, 
1716,  avec  des  éclaircissemens  histori- 
ques par  Brossetle  son  ami,  de  l'académie 
de  Lyon  ;  celle  de  La  Haye ,  en  2  vol.  in- 
fol.  avec  des  notes,  des  figures  de  Picart, 


BOI 


560 


BOI 


4718  et  1722  ,  h  vol.  in-12 ,  avec  des  figu- 
res du  même  graveur  ;  de  la  veuve  Alix  , 
en  2  vol.  in-4°  ,  1740  ,  avec  des  figures  de 
Cochin  ,  qui  jointes  à  la  beauté  des  carac- 
tères ,  lui  font  tenir  un  rang  parmi  les 
raretés  typographiques  ;  celle  de  Durand , 
1747,  5  vol.  in-8°,  avec  figures  et  des 
éclair cissemens  par  M.  de  Saint-Marc  ; 
l'édition  pour  l'éducation  du  Dauphin, 
Paris  ,  Didol  l'ainé  ,  1788  ,  5  vol.  in-18  , 
pap.  vélin,  et  1789,  2  vol.  in-4°,  1819, 
2  vol.  in-fol  :  celle  de  M.  Daunou,  Paris , 
1809  ,  3  vol.  etc.  Dans  ces  diverses  éd.  on 
trouve  |  douze  Satires.  Les  meilleures 
sont  la  2e ,  la  7e ,  la  8e ,  la  9e  et  la  10e ,  et 
la  moins  bonne  est  la  12e,  sur  Y  Equivo- 
que. |  Douze  Epitres,  pleines  de  vers 
bien  frappés,  de  peintures  vraies,  de 
maximes  de  morale  bien  rendues  ;  mais 
on  voudrait  qu'il  n'eût  pas  mêlé  les  pe- 
tites choses  aux  grandes  ,  par  exemple  , 
le  nom  de  Colin  avec  celui  de  Louis  XIV. 
On  lui  reproche  encore  des  idées  super- 
ficielles ,  des  plaisanteries  monotones,  des 
vues  courtes  et  de  petits  desseins.  Cha- 
pelle ,  son  ami ,  à  qui  il  avait  demandé  ce 
qu'il  pensait  de  son  style  ,  lui  répondit  : 
Tu  es  un  bœuf  qui  fait  bien  son  sillon. 
|  L'art  poétique  en  quatre  chants.  |  Le 
Lutrin  en  six  :  |  deux  Odes ,  l'une  contre 
les  Anglais  faite  dans  sa  jeunesse;  l'autre 
sur  la  prise  de  Namur,  ouvrage  d'un 
âge  plus  avancé ,  mais  qui  n'en  vaut  pas 
mieux  ;  deux  Sonnets  ;  des  Stances  à  Mo- 
lière ,  un  peu  faibles  ;  cinquante-six  Epi- 
grammes,  fort  inférieures  à  celles  de 
Rousseau  ;  un  Dialogue  de  la  Poésie  et  de 
la  Musique;  une  Parodie;  trois  petites 
pièces  latines  ;  un  Dialogue  sur  les  Héros 
de  Romans;  |  la  traduction  du  Traité  du 
Sublime  de  Longin,  peu  estimée  :  elle 
manque  d'exactitude ,  de  précision  et  d'é- 
légance ;  des  Réflexions  critiques  sur  cet 
auteur ,  etc.  etc.  Le  plus  grand  mérite  de 
Despréaux  est  de  rendre  ses  idées  d'une 
manière  serrée ,  vive  et  énergique  ,  de 
donner  à  ses  vers  ce  qu'on  appelle  l'har- 
monie imitative ,  de  se  servir  presque 
toujours  du  mot  propre.  Il  est  grand  ver- 
sificateur, quelquefois  poète  et  bon  poète  : 
par  exemple,  dans  son  epitre  sur  le  pas- 
sage du  Rhin,  dans  quelques  descriptions 
de  son  Lutrin ,  et  dans  d'autres  endroits 
de  ses  ouvrages  ;  mais  il  ne  l'a  pas  tou- 
jours été  dans  quelques-unes  de  ses  Sati- 
res et  de  ses  Epitres,  surtout  dans  les 
premières  et  dans  les  dernières.  Il  a  paru 
créateur  en  copiant  ;  mais  on  lui  repro- 
che (et  il  en  convenait  lui-même)  de  n'a- 


voir point  assez  varié  le  tour  de  ses  ou- 
vrages en  vers  et  en  prose.  On  le  blâme 
encore  ,  non  pas  de  s'être  élevé  contre  la 
morale  voluptueuse  de  Quinault ,  mais  de 
n'avoir  pas  rendu  justice  aux  talens  de  ce 
poète,  auxquels  il  ne  manquait  que  d'èlre 
mieux  employés.  On  a  mis  à  la  tète  de 
l'édition  de  ses  Œuvres  de  1740  un  Bo- 
lœana  ,  ou  Entreliens  de  M.  de  Monches- 
nay  avec  l'auteur.  Boileau  y  parait  sou- 
vent dur  et  tranchant.  Fontenelle  a  relevé 
quelques  articles,  dans  lesquels  on  trouve 
des  décisions  un  peu  hardies.  Depuis  que 
les  petits  poètes  modernes  se  croient  bien 
supérieurs  à  tout  ce  qu'a  produit  le  siè- 
cle de  Louis  XIV ,  ils  se  sont  ligués  con- 
tre la  réputation  de  Boileau,  qui  n'en  sera 
pas  moins  le  poète  des  gens  de  goût ,  des 
esprits  mâles  et  solides.  En  1786 ,  l'aca- 
démie de  Nîmes  proposa  cette  question  : 
Quelle  a  été  l'influence  de  Boileau  sur  la 
Littérature  française ,  question  diverse- 
ment résolue  par  les  différens  concur- 
rens ,  mais  dont  le  résultat  est  naturelle- 
ment en  faveur  de  Boileau.  MM.  Daunou 
et  Auger  ont  fait  son  éloge  ;  le  premier  a 
été  couronné  par  l'académie  de  Nimes  en 
1787,  le  second,  par  l'Institut  en  1805.  Sa 
vie  a  été  écrite  par  Desmaizeaux ,  Ams- 
terdam ,  1712 ,  in-12. 

BOILEAU  (  Charles  ) ,  abbé  de  Beau- 
lieu,  de  l'académie  française,  s'adonna 
de  bonne  heure  à  la  chaire.  Il  prêcha  de- 
vant Louis  XIV ,  qui  répandit  sur  lui  ses 
bienfaits.  Cet  orateur  né  à  Beauvais  mou- 
rut en  1704.  Il  est  connu  par  des  Homé- 
lies et  des  Sermons  sur  les  Evangiles  du 
Carême,  qui  ont  été  donnés  au  public 
après  sa  mort  par  Richard ,  en  2  vol.  in- 
12  ,  à  Paris  ,  chez  Louis  Guérin ,  1712.  On 
a  encore  de  lui  des  Panégyriques,  in-4°  et 
in-12 ,  qu'on  entendit  avec  plaisir  dans 
le  temps ,  mais  qu'on  ne  lit  plus  guère. 

BOILEAU  (  Jean-Jacques  ) ,  chanoine 
de  l'église  Saint-Honoré  à  Paris  ,  était  ne 
en  1649  au  diocèse  d'Agen ,  dans  lequel  il 
posséda  une  cure.  La  délicatesse  de  sa 
complexion  l'ayant  obligé  de  la  quitter, 
il  se  rendit  à  Paris  où  il  joua  un  rôle  dans 
les  disputes  et  les  négociations  relatives 
au  jansénisme ,  auquel  il  se  montra  favo- 
rable. Le  cardinal  de  Noailles  lui  donna 
des  témoignages  de  son  estime.  Il  mourut 
en  1755 ,  à  86  ans.  On  a  de  lui  |  des  Let- 
tres sur  différens  sujets  de  morale  et  de 
piété,  2  vol.  in-12.  |  La  Vie  de  madame 
la  duchesse  de  Liancourt,  et  celle  de  ma- 
dame  Combé,  institutrice  de  la  maison 
du  Bon-Pasteur.  Tous  ces  ouvrages ,  écrits 


BOI  3 

d'un  style  trop  oratoire,  annoncent  un 
fonds  d'esprit  et  de  bonne  morale,  mais 
quelquefois  un  peu  de  prévention. 

•BOILEAU  (Jacques),  né  en  1752, 
était  versé  dans  l'étude  des  lois  et  fut 
appelé  aux  fonctions  de  juge-de-paix,  lors 
de  l'organisation  primitive  de  cette  insti- 
tution. Appelé ,  en  1792  ,  par  le  départe- 
ment de  l'Yonne  à  siéger  à  la  Conven- 
tion nationale,  il  vota  la  mort  de  Louis 
XVI  sans  appel  et  sans  sursis.  A  son  re- 
tour d'une  mission  à  l'armée  du  Nord ,  il 
dénonça  la  commune  de  Paris  et  Marat , 
en  exprimant  le  vœu  que  la  tribune 
fût  purifiée  quand  ce  monstre  y  aurait 
paru.  Depuis  il  se  prononça  contre  la 
Montagne ,  qu'il  invoqua  vainement,  lors- 
qu'à la  suite  du  51  mai  1793 ,  il  fut  com- 
pris dans  la  liste  de  proscription  dressée 
contre  les  Girondins.  Boileau ,  traduit 
avec  vingt  de  ses  collègues  devant  le  tri- 
bunal révolutionnaire,  fut  condamné  à 
mort,  et  exécuté  le  51  octobre  suivant,  à 
l'âge  de  41  ans. 

*  BOILEAU  (  Marie-Louis- JosErn  ) ,  né 
à  Abbeville  et  mort  à  Paris  vers  1818,  a 
laissé  différens  écrits  dont  les  principaux 
sont  :  |  Entretiens  critiques  ,  philosophi- 
ques et  historiques  sur  les  procès,  in-12, 
1803,  réimprimés  en  1805  :  on  reproebe 
à  cet  ouvrage  d'être  trop  superficiel; 
|  Histoire  du  droit  français ,  in-12 ,  1806  ; 
|  Code  des  faillites,  in-12, 1806;  |  His- 
toire ancienne  et  moderne  des  départe- 
ments de  la  Belgique,  2  vol.  in-12, 1807; 
|  l'Opinion,  poème,  in-12, 1808;  |  Epitre 
à  Etienne  et  à  Nicolas  Boileau,  in-12, 
1810;  |  Epitre  à  l'amitié,  in-80,  1811; 
J  Contrainte  par  corps ,  abus  à  réformer, 
appel  à  S.  M.  Louis  XVIII  et  au  corps 
législatif,  in-8°,  1814. 

*  BOILEAU  de  MAULAVILLE  (  Edme- 
François- Marie  )  membre  de  la  société 
des  antiquaires  de  France ,  naquit  à  Au- 
xerre ,  le  25  décembre  1759 ,  d'une  famille 
originaire  de  la  Touraine  et  du  Poitou , 
et  se  glorifiait  de  descendre  d'Estienne 
Boilôve ,  prévôt  de  Paris  sous  saint  Louis. 
On  a  de  lui  dans  le  tome  5  des  Mémoires 
de  l'académie  celtique,  une  Notice  sur 
un  j?roverbe  ou  dicton  populaire  de  Pi- 
cardie :  Tout  le  monde,  le  vacher  de 
Chauny  ;  |  Sur  le  sobriquet  des  si?zges  de 
Chauny ,  et  sur  quelques  anciens  usages 
singuliers;  et  dans  le  tome  7  de  la  société 
royale  des  antiquaires,  un  |  Nouveau  mé- 
moire sur  le  monument  antique,  autre- 
fois connu  par  le  nom  de  marbre  de 
Thorignij ,  actuellement  transféré  en  la 


61  BOI 

ville  de  Saint -Lô.  Ce  mémoire  est  un 
rapport  fait  au  nom  d'une  commission 
sur  des  calques  des  inscriptions  de  ce 
marbre  que  M.  Clément ,  maire  de  Saint- 
Lo,  avait  envoyé  à  la  société  royale  des 
antiquaires.  Boileau  de  Maulaville  est  par- 
venu à  déchiffrer  ces  inscriptions,  mal- 
gré l'état  actuel  de  dégradation  de  ce  mo- 
nument des  Viducasses ,  presque  aussi 
complètement  qu'elles  l'avaient  été  dans 
le  siècle  dernier  par  Maffei  et  l'abbé  Le- 
beuf.  A  ce  mémoire  est  jointe  la  meil- 
leure gravure  que  nous  ayons  de  ces  in- 
scriptions. Il  s'occupait  depuis  long  temps 
d'un  grand  travail  sur  le  Livre  des  éta- 
blissements des  Métiers  de  Paris,  par 
Estienne  Boyleaux  ou  Boilève,  d'après 
le  texte  manuscrit  de  la  bibliohèque  du 
roi,  avec  de  nombreux  éclaircissemens 
de  tout  genre,  lorsqu'il  mourut  à  Paris, 
le  25  septembre  1826. 

*  BOILLOT  (Henri  ),  jésuite,  né  en 
Franche-Comté,  le  29  sept.  1698,  professa 
la  rhétorique,  la  philosophie  et  la  théo- 
logie dans  différentes  maisons  de  son  or- 
dre, fut  ensuite  nommé  recteur  du  collège 
de  Grenoble,  puis  de  celui  de  Dôle,  et 
mourut  en  cette  ville,  le  5  juillet  1733. 
On  a  de  lui  :  |  Explication  latine  et  fran- 
çaise du  second  livre  des  satires  d'Ho- 
race, Lyon,  1710,  avec  une  Dissertation 
en  latin  et  en  français  sur  la  satire  ;  |  le 
Noyer,  élégie  d'Ovide  expliquée  en  fran- 
çais, Lyon,  1712,  in-12;  |  Maximes  chré- 
tiennes et  spirituelles ,  extraites  des  œu- 
vres du  Père  Nieremberg ,  Lyon ,  1714, 
2  vol.  in-12  ;  |  Sermons  nouveaux  sur  di- 
vers sujets,  Lyon,  1714,2  vol.  in-12. 
Dans  un  recueil  d'Odes,  imprimé  à  Vienne 
en  Dauphiné,  1711,  in-12,  on  en  trouve 
deux  du  P.  Boiilot ,  l'une  intitulée  :  la  Phi- 
losophie préférée  à  la  poésie;  et  l'autre  :  la 
Philosophie  victorieuse  de  la  poésie.  Il 
avait  commencé  un  ouvrage  efe  la  Recher- 
che de  la  vérité,  que  la  mort  l'a  empêché  de 
terminer.  — BOILLOT  (  Jean  ) ,  minime, 
né  à  Sl.-Mémin  en  Auxois,  en  1658,  mort 
à  Semur ,  le  16  mars  1728 ,  a  laissé  :  |  let- 
tres sur  le  secret  de  la  confession ,  Colo- 
gne (  Dijon  ) ,  1703 ,  in-12  ;  |  la  Vraie  Pé- 
nitence, Dijon,  1707,  in-12.  —  Un  autre 
BOILLOT  (  Philibert  ) ,  prêtre  de  l'Ora- 
toire ,  est  auteur  d'un  poème  latin  inti- 
tulé :  Passeres,  et  d'une  autre  pièce  de 
vers  français ,  insérés  tous  deux  dans  le 
8e  vol.  de  la  continuation  des  Mémoires 
de  littérature.  Il  était  né  à  Beaune,  et 
mourut  à  Dijon,  le  25  décembre  1729,  à 
soixante-neuf  ans.  —  Joseph  BOILLOT  a 
51 


BOI 


562 


IÎOI 


publié  :  Modèles*  artifices  de  feu,  et  di- 
vers instrument  de  guerre,  Cliaumont, 
4598,  in-4°,  et  Strasbourg ,  in-fol.  ;  Por- 
traits et  figures  de  termes  pour  user  en 
l'architecture ,  Langres,    1592,  in-fol. 

ISOIXDIN  (  Nicolas  ) ,  né  à  Paris  en 
1676,  d'un  procureur  du  roi  au  bureau 
des  finances,  entra  dans  les  mousque- 
taires en  1096.  La  faiblesse  de  son  tem- 
pérament ne  pouvant  résister  à  la  fati- 
gue du  service ,  il  quitta  les  armes  pour 
goûter  le  repos  du  cabinet.  Il  fut  reçu  en 
4706  de  l'académie  des  Inscriptions  et 
belles  -  lettres ,  et  l'aurait  été  de  l'acadé- 
mie française ,  si  la  profession  publique 
qu'il  faisait  d'être  athée,  ne  lui  eût  donné 
l'exclusion.  Il  fut  incommodé  sur  la  lin 
de  ses  jours  d'une  fistule ,  qui  l'emporta 
le  50  novembre  1751.  On  lui  refusa  avec 
raison  les  honneurs  de  la  sépulture. 
M.  Parfait  l'aîné,  héritier  des  ouvrages 
de  Boindin,  les  donna  au  public  en  1753, 
en  2  vol.  in-12.  A  la  tête  du  premier,  où 
l'on  trouve  h  comédies  en  prose ,  est  un 
mémoire  sur  sa  vie  et  ses  ouvrages, 
composé  par  lui-même.  Cet  homme ,  qui 
se  piquait  d'être  philosophe ,  s'y  donne, 
sans  hésiter ,  tous  les  éloges  qu'un  fade 
panégyriste  aurait  eu  quelque  peine  à 
lui  accorder  :  moyen  de  célébrité  devenu 
général  parmi  les  philosophes  modernes 
et  tous  nos  sages  à  bruyantes  prétentions. 
On  a  encore  de  lui  un  Mémoire  dans  le- 
quel il  accuse  la  Mothe  ,  Saurin  et  Malaf- 
faire, négociant,  d'avoir  comploté  la  ma- 
nœuvre qui  fit  condamner  le  célèbre  et 
malheureux  Rousseau.  Ce  mémoire  qui 
n'a  été  publié  qu'après  sa  mort ,  et  qui 
n'est  pas  faiblement  écrit ,  n'a  pas  peu 
contribué  à  lui  concilier  les  suffrages  des 
philosophes ,  peu  favorablement  disposés 
en  faveur  de  J.  B.  Rousseau.  A  une  phi- 
losophie mordante  et  irréligieuse ,  Boin- 
din joignait  la  présomption  et  l'opiniâ- 
treté qui  en  est  la  suite,  une  humeur 
bizarre  et  un  caractère  insociable.  Voici 
ce  qu'un  critique  très  connu  a  dit  à  son 
sujet  :  a.  Quoique  tout  ce  qu'il  a  écrit  ne 
»  le  distingue  pas  des  auteurs  médiocres, 
»  il  est  cependant  un  des  quatre  génies 
»  privilégiés  du  siècle  de  Louis  XIV,  qui, 
»  selon  M.  Diderot,  auraient  été  seids 
»  capable?  de  fournir  quelques  articles  à 
»  1'Encvclopédie.  Crédite  Pisones.  » 

BOIS.  Voyez  SYLVIUS  (  Fratwçois). 

BOIS  (Jean  du),  Joannes  à  Bosco , 
né  à  Paris,  fut  d'abord  célestin  ;  mais 
ayant  obtenu  la  permission  de  sortir  du 
cloître,  il  prit  le  parti  des  armes,  et  s'y 


distingua  tellement,  que  Henri  III  ne 
l'appelait  que  l'empereur  des  moines. 
.Après  l'extinction  de  la  Ligue,  il  rentra 
dans  son  ordre,  devint  prédicateur  ordi- 
naire d'Henri  IV,  et  mérita  la  bienveil- 
lance du  cardinal  Olivier,  qui  lui  permit 
de  porter  son  nom  et  ses  armes,  et  lui 
procura  l'abbaye  de  Beaulieu  en  Argonne. 
Après  la  mort  d'Henri  IV ,  il  se  déchaîna 
dans  ses  sermons  contre  les  jésuites ,  qu'il 
accusa  d'en  être  les  auteurs  ;  mais  étant 
allé  à  Rome  en  1612 ,  il  fut  regardé  com- 
me une  tète  dérangée  ou  comme  un  hom- 
me dangereux,  et  renfermé  dans  le  châ- 
teau St.  -Ange  ,  où  il  mourut  en  162G.  Il 
fit  imprimer  Bibliolheca  Floricensis  t 
Lyon,  1605,  in-8°.  Ce  sont  de  petits  traités 
d'anciens  auteurs  ecclésiastiques,  tirés 
des  manuscrits  de  la  bibliothèque  du  mo- 
nastère de  Fleuri-sur-Loire.  La  5e  partie, 
seulement ,  contient  quelques  opuscules 
de  l'auteur.  Le  Portrait  royal  d'Henri  IV 
(  c'est  son  Oraison  funèbre) ,  1610,  in-8°; 
celle  du  cardinal  Olivier,  son  bienfaiteur, 
Rome,  1610,  in-  4°,  et  des  Lettres. 

BOIS  (  Philippe  GOIBAUD  ,  sieur  du  ) , 
né  à  Poitiers,  membre  de  l'académie  fran- 
çaise, maître  à  danser,  ensuite  gouver- 
neur de  Louis-Joseph  de  Lorraine ,  duc 
de  Guise,  a  traduit  beaucoup  d'ouvrages 
de  saint  Augustin  et  de  Cicéron,  deux 
génies  fort  différens ,  auxquels  il  prête  le 
même  style.  Il  mourut  à  Paris  en  1694 , 
âgé  de  68  ans.  Ses  traductions  sont  enri- 
chies de  notes  savantes  et  curieuses. 
Celles  qui  accompagnent  les  Lettres  de 
saint  Augustin ,  lui  furent  fournies  par 
Tillemont.  La  longue  préface  qu'il  mit  à 
la  tête  des  Sermons  du  même  saint  est 
assez  bien  écrite  ,  mais  très  mal  pensée  , 
suivant  l'abbé  Trublet.  Le  docteur  An- 
toine Arnauld  en  fit  une  critique  judi- 
cieuse. 

BOIS  (  Gérard  du  ) ,  prêtre  de  l'Ora- 
toire ,  natif  d'Orléans ,  mort  en  1696 , 
composa ,  à  la  prière  de  Harlai ,  arche- 
vêque de  Paris  ,  Y  Histoire  de  cette  église, 
1690,2  vol.  in-fol.  Le  2e  ne  parut  que  8 
ans  après  sa  mort ,  par  les  soins  du  Père 
de  la  Ripe  et  du  Père  Desmolets  de  l'Ora- 
toire. 

BOIS  DEXNEMETS  (  Daniel  du  ) ,  gen- 
tilhomme normand,  premier  maréchal- 
d  es-logis  de  Gaston  de  Fiance,  fut  tué  en 
duel  à  Venise,  par  Juvigni,  autre  gentil- 
homme français  .  en  1627.  On  a  de  lui  des 
Mémoires  d'un  Favori  du  Duc  d'Orléans* 
iu-IS,  où  l'on  trouve  quelques  particula- 
rités curieuses. 


BOI 


563 


BOI 


ROIS  (  Pnn.ii'PE  du  ),  né  au  diocèse  de 
Bayeux  ,  docteur  de  Sorbonne ,  bibliothé- 
caire de  le  Tellier ,  archevêque  de  Reims, 
mourut  en  1795.  On  a  de  lui  |  un  Catalo- 
gue de  la  bibliothèque  confiée  à  ses  soins, 
4693,  au  Louvre,  in-fol.  |  Une  édition  de 
Tibulle ,  Catulle  et  Properce ,  en  2  vol. 
in-/t.0,  ad  usum  Delphini,  1G85.  |  Une 
édition  des  œuvres  théologiques  de  Mal- 
donat ,  in-fol. ,  Paris ,  1G77.  L'épître  dédi- 
catoire  et  la  préface,  dans  lesquelles  il 
fait  l'éloge  des  mœurs  et  de  la  doctrine 
ie  ce  jésuite,  ne  se  trouvent  pas  dans 
plusieurs  exemplaires. 

ROIS  (Nicolas  du  ) ,  né  à  Marche ,  dans 
le  pays  de  Luxembourg ,  professeur  d'E- 
criture sainte,  et  président  du  collège 
du  roi,  à  Louvain  ,  s'est  distingué  par  di- 
vers ouvrages  contre  le  jansénisme ,  et  a 
mis  autant  d'habileté  à  démasquer  l'hypo- 
crisie de  cette  secte  naissante ,  que  de 
solidité  dans  la  réfutation  de  ses  erreurs, 
Il  mourut  en  1696. 

ROIS  (  Guillaume  du  ) ,  ou  plutôt  DU- 
BOIS ,  cardinal ,  archevêque  de  Cambrai, 
principal  et  premier  minisire  d'état,  na- 
quit à  Brive-la-Gaillarde  dans  le  Bas-Li- 
mousin ,  d'un  apothicaire.  Il  fut  d'abord 
lecteur,  ensuite  précepteur  du  duc  de 
Chartres.  Il  obtint  sa  confiance  en  servant 
ses  plaisirs.  L'abbé  du  Bois  eut  l'abbaye 
de  Saint- Just  en  1693,  pour  récompense 
de  ce  qu'il  avait  persuadé  à  son  élève 
d'épouser  M11'  de  Blois.  L'auteur  des  Mé- 
moires de  J/mc  de  Maintenon  dit  que 
Louis  XIV  l'ayant  proposé  au  Père  de  la 
Chaise,  ce  jésuite  lui  représenta  que  du 
Bois  était  adonné  aux  femmes,  au  vin  et 
au  jeu  :  Cela  peut  être ,  répondit  le  roi  : 
mais  il  ne  s'attache ,  il  ne  s'enivre  et  il 
ne  perd  jamais.  Ces  paroles  peuvent  ca- 
ractériser l'abbé  du  Bois;  mais  on  n'y  re- 
connaît certainement  pas  Louis  XIV  ;  et 
c'est,  sans  doute,  une  de  ces  anecdotes 
factices  dont  l'infidèle  auteur  a  rempli 
ses  Mémoires.  Le  même  auteur  fait  dire 
à  du  Bois  :  Le  jour  où  je  serai  prêtre, 
sera  le  jour  de  ma  première  communion. 
Voici  ce  qui  peut  avoir  donné  lieu  à  ce 
bruit.  Pendant  l'absence  que  l'abbé  du 
Bois  avait  faite  pour  son  ordination  en 
1720 ,  on  demanda  à  un  plaisant  de  la 
cour  où  il  était  allé?  Il  répondit  qu'il 
était  allé  faire  sa  première  communion 
à  Chantcloup t  proche  Triel.  On  a  blâmé 
le  célèbre  Massillon  de  lui  avoir  donné 
un  témoignage  pour  être  prêtre,  et  plus 
encore  de  l'avoir  consacré  évèque  (  con- 
jointement avec  l'évèque  de  Nantes  ).  Du 


Bois  parvint  aux  postes  les  plus  impor- 
tais. Il  fut  conseiller  d'état ,  ambassadeur 
ordinaire  et  plénipotentiaire  du  roi  eu 
Angleterre  l'an  1715  ,  archevêque  de 
Cambrai  en  1720,  cardinal  en  1721,  et 
premier  ministre  d'état  en  1722.  La  même 
année  il  fut  reçu  de  l'académie  française, 
honoraire  de  celle  des  sciences  et  de  celle 
des  belles-lettres.  Il  eut  beaucoup  de  part 
à  toutes  les  révolutions  de  la  régence.  Ce 
fut  lui  qui  porta  le  duc  d'Orléans  à  ne 
point  se  soumettre  à  un  conseil  de  ré- 
gence, à  exiler  le  duc  de  Villeroi,  etc.  Il 
mourut  le  10  avril  1725  ,  des  suites  de  ses 
débauches.  «  La  fortune,  dit  le  duc  do 
»  Saint-Simon  dans  ses  Mémoires ,  s'était 
»  bien  jouée  de  lui,  et  s'était  fait  acheter 
»  longuement  et  chèrement  par  toutes 
»  sortes  de  peines,  de  soins,  de  projets, 
»  de  menées,  d'inquiétudes,  de  travaux, 
»  de  tourmens  d'esprit,  et  elle  se  déploya 
»  enfin  sur  lui  par  des  torrens  précipités 
»  de  grandeur ,  de  puissance ,  de  riches- 
»  ses  démesurées,  pour  ne  l'en  laisser 
»  jouir  que  quatre  ans,  dont  je  mets  l'é- 
»  poque  à  sa  charge  de  secrélaire-d'étal , 
»  et  deux  seulement,  si  on  la  met  à  son 
»  cardinalat  ou  à  son  premier  ministère, 
»  pour  lui  tout  arracher  au  plus  riant  et 
»  au  plus  complet  de.  sa  jouissance,  à  6G 
»  ans.  »  Si  on  en  croit  les  Mémoires  du 
même  auteur,  ce  cardinal -archevêque 
était  marié  avant  de  recevoir  les  ordres, 
et  sa  femme  lui  survécut  :  mais  sans  s'ar- 
rêter à  ce  que  cette  anecdote  a  de  roma- 
nesque ,  l'on  convient  généralement  que 
le  duc  de  Saint-Simon  accueillait  sans 
choix  et  quelquefois  sans  jugement,  tous 
les  contes  populaires.  Du  reste ,  il  ne 
faudrait  plus  que  ce  trait  pour  combler 
les  horreurs  dont  la  vie  de  ce  ministre; 
est  souillée.  On  a  publié  en  1GS9  une  Via 
privée  du  cardinal  du  BoisJ  qui  est  à 
quelques  égards  une  caricature  romanes- 
que, mais  qui  dans  le  fond  n'est  que 
trop  conforme  au  scandale  de  ses  mœurs. 

BOIS  DE  LA  PIERRE  (  Louise-Marie 
du  ),  née  en  1GG3  au  château  de  Courleilles 
en  Normandie  ,  mourut  le  14  septembre 
1730.  Ses  poésies  aujourd'hui  oubliées , 
eurent  quelque  vogue.  Elle  a  ramassé  des 
Mémoires  pour  servir  à  l'histoire  de  Nor- 
mandie,  et  laissé  en  manuscrit  une  Chro- 
nologie historique  du  prieuré  de  La 
Chaise-Dieu. 

BOISARD.  Voyez  BOIZABD. 

*  B01SGELI\  (  Jean  de  Dieu-Ray- 
mono  de  CUCÉ  ) ,  d'une  famille  très  an- 
cienne de  Bretagne ,  naquit  à  Rennes  le 


BOI 


564 


ROI 


27  février  1732.  Il  fut  destiné ,  dès  son  en- 
fance, à  l'état  ecclésiastique,  et  lit  ses 
éludes  avec  distinction.  La  mort  d'un 
frère  aîné ,  guidon  des  mousquetaires , 
qui  fut  tué  au  combat  de  Saint -Cast,  l'ayant 
rendu ,  bien  jeune  encore ,  le  cbef  de  sa 
famille  ,  il  abandonna  son  droit  d'ainesse 
a  un  autre  frère,  et  suivit  la  carrière 
qu'il  avait  commencée.  Nommé  d'abord 
grand-vicaire  de  Pontoise,  il  passa,  en 
4765  ,  à  l'évêcbé  de  Lavaur ,  et,  en  1770 , 
à  l'archevêché  d'Aix.  Il  a  laissé  dans  ce 
diocèse  des  souvenirs  que  la  révolution 
n'a  point  effacés.  La  Provence  lui  dut  la 
construction  d'un  canal  qui  porte  son  nom, 
une  maison  d'éducation  pour  les  demoi- 
selles pauvres,  qui  subsiste  encore  àLam- 
besc ,  et  plusieurs  autres  établissemens 
utiles ,  sans  parler  d'un  pont  qu'il  avait 
fait  bâtir  àLavaur.  «  Ce  fut  par  la  sagesse 
»  unie  à  la  générosité,  dit  M.  de  Bausset 
»  dans  une  notice  historique ,  que  M.  de 
»  Boisgelin  sauva ,  au  commencement  de 
»  la  révolution ,  la  ville  d'Aix  des  plus 
»  grands  malheurs.  Dans  un  moment  de 
»  disette ,  les  greniers  publics  avaient 
»  été  pillés  ;  les  excès  auxquels  le  peuple 
»  s'était  livré  allaient  arrêter  les  appro- 
»  visionne  mens ,  lorsque  l'archevêque  se 
«présenta  pour  calmer  le  désordre,  et 
»  mit  100,000  fr.  à  la  disposition  des  au- 
»  torités  locales  pour  l'achat  des  grains.  » 
Il  publia  en  même  temps  une  instruction 
pastorale ,  adressée  aux  curés  de  son  dio- 
cèse, et  leur  recommanda  d'inviter  le 
peuple  à  rapporter  aux  greniers  publics 
ce  qu'il  y  avait  pillé.  La  voix  de  la  reli- 
gion et  de  la  piété  fit  ce  que  n'avaient  pu 
faire  les  lois  humaines  :  le  peuple  obéit 
à  l'invitation  de  ses  pasteurs  ,  et  s'assem- 
bla en  foule  dans  la  métropole ,  où  il 
exprima  de  la  manière  la  plus  touchante 
sa  reconnaissance  pour  le  prélat  qui  tra- 
vaillait si  efficacement  à  adoucir  ses  maux. 
M.  de  Boisgelin  vint ,  en  1789 ,  comme 
député  du  clergé ,  siéger  aux  états-géné- 
raux ,  où  il  eut  plusieurs  fois  occasion  de 
montrer  la  sagesse  et  la  modération  de 
son  caractère.  A  la  fin  de  l'Assemblée  cons- 
tituante ,  la  persécution  qui  s'éleva  con- 
tre le  clergé,  le  força  de  se  retirer  en  An- 
gleterre ;  il  ne  revint  dans  sa  patrie  qu'à 
l'époque  où  le  saint  Siège  se  réconcilia 
avec  la  France.  Il  fut  nommé  à  l'arche- 
vêché de  Tours ,  en  1802,  et,  peu  de  temps 
après,  il  obtint  le  chapeau  de  cardinal. 
Il  mourut  le  22  août  1804,  âgé  de  soixante 
douze  ans.  Le  cardinal  de  Boisgelin ,  qui 
avait  montré  dans  le  diocèse  d'Aix  le  ta- 


lent d'un  administrateur  ,  était  doué  d'un 
goût  lin  et  délicat,  d'un  esprit  brillant  et 
facile;  il  aima  les  lettres  et  les  cultiva  avec 
succès.  Il  prononça,  en  1765,  l'Oraison 
funèbre  du  dauphin,  lils  de  Louis  XV  (  non 
imprimée  );  en  1766,  celle  de  Stanislas, 
roi  de  Pologne  ,  in-8°:  en  1769,  celle  de 
Mme  la  dauphine,  in-4*.  Lorsque  Louis 
XVI  fut  sacré  à  Beims,  ce  fut  M.  de  Eois- 
gelin  qui  prononça  le  discours  du  sacre  : 
ceux  qui  l'ont  entendu  n'ont  point  ouhlié 
l'effet  qu'il  produisit  ;  sans  égard  pour  le 
lieu  et  la  circonstance,  l'orateur  fut  in- 
terrompu deux  fois  par  de  nombreux 
applaudissements.  On  y  trouva,  connue 
dans  ses  oraisons  funèbres,  une  éloquence 
simple,  gracieuse  et  touchante.  M.  do 
Boisgelin  fut  nommé  membre  de  l'aca- 
démie française,  en  1776,  à  la  place  de 
l'abbé  de  Voisenon  ;  il  a  été  remplacé  à 
la  seconde  classe  de  l'institut  par  Bureau 
de  Lamalle.  Il  reste  de  M.  de  Boisgelin  : 
|  Exposition  des  principes  des  évêques  de 
l'assemblée  sur  la  constitution  civile  du 
clergé  ;  ouvrage  écrit  avec  beaucoup  île 
réserve  et  de  modération;  [  le Psalmisle, 
traduction  des  Psaumes  en  vers  français, 
précédée  d'un  discours  sur  la  poésie  sa- 
crée ,  Londres,  1799  :  l'auteur  composa  et 
publia  cet  ouvrage  au  profit  de  quelques 
familles  d'émigrés.  On  lui  attribue  une 
Traduction  des  Héroïdes  d'Ovide  en  vsrs 
français  *  sans  nom  d'auteur,  Philadel- 
phie (Paris),  in-8°,  1786,  tirée  seulement 
à  douze  exemplaires,  qu'il  fit  peut-être 
dans  sa  jeunesse,  mais  qu'il  n'a  pas  avouée. 
|  Discours  à  la  cérémonie  de  la  presta- 
tion du  serment  des  archevêques  et  évé- 
ques ,  1802 ,  in-4°.  Il  reste  encore  en  ma- 
nuscrit de  M.  Boisgelin  des  observations 
sur  Montesquieu.  L'évêque  de  Versailles 
a  prononcé  l'oraison  funèbre  du  cardinal 
de  Boisgelin  ,  au  service  de  ce  prélat,  cé- 
lébré le  12  septembre  1804  ;  M.  de  Bausset, 
qui  avait  été  son  grand-vicaire  ,  a  donné 
une  Notice  historique  sur  S.  E.  M.  le  car- 
dinal de  Boisgelin. 

*  BOISGELIN  (  le  marquis  Bkuxo  de  ), 
neveu  du  précédent,  capitaine  et  maître 
de  la  garde-robe  avant  la  révolution  ,  émi- 
gra  et  servit  dans  l'armée  des  princes. 
Louis  XVIII  l'envoya,  en  1814  ,  à  Toulon 
en  qualité  de  commissaire  extraordinaire 
dans  la  8e  division  militaire, elle  nomma, 
en  1815 ,  pair  de  France.  Le  marquis  de 
Boisgelin  soutint  constamment  dans  la 
chambre  où  il  siégeait  les  intérêts  de  la 
monarchie  ,  et  mourut  le  cinq  mai  1827, 
dans  sa  soixante-sixième  année. 


ROI  06 

•  ROISfiELL\  (l'abbé  de  ),  agenl-géné- 
raldu  clergé  avant  l'abbé  de  Monresquiou, 
avait  mené  une  vie  dissipée.  Mais  ayant 
été  enfermé  à  l'abbaye  après  les  événe- 
mens  du  10  août  1792,  il  reconnut  ses 
erreurs,  et  les  exhortations  du  père  l'En- 
fant augmentèrent  encore  son  repentir. 
[1  péril  dans  les  massacres  du  2  septembre 
de  la  même  année. 

'BOrSGELIft  (  Louis  de),  chevalier 
de  l'ordre  do  Saint-Jean  de  Jérusalem, 
ancien  commandant  du  régiment  le  Royal 
Louis,  seul  corps  levé  au  nom  de  S.  M. 
Louis  XVII,  naquit  en  I7,'>8.  et  mourut 
le  10  septembre  1810.  On  lui  doit  entre 
autres  ouvrages  :  j  te  Voyage  de  deux  fran- 
çais au  nord  de  l'Europe,  en  5  vol.  in-8°, 
qu'il  a  fait  concurremment  avec  le  comte 
de  Fortia  de  Piles.  On  croit  que  ce  dernier 
a  rédige  seul  ce  voyage.  Boisgelin  n'avait 
d'autre  mérite  que  de  l'avoir  accompagné; 
|  un  Voyage  le  long  de  l'Elbe;  \  Malte  an- 
cienne cl  moderne  en  5  vol.,  ouvrage  très 
estimé  ;  |  la  continuation  de  l'histoire  de 
Portugal.  Il  a  laissé  un  grand  nombre  de 
manuscrits  précieux.  Son  érudition  était 
immense. 

*  KOISGER \RD  (  Mvrur-AwE-FRAX- 
çois  BARBUAT  de  ),  né  le  8  juillet  1707  , 
à  Tonnerre,  où  son  père  ,  ancien  officier 
dans  le  régiment  de  Champagne,  s'était 
retiré  avec  le  grade  de  général.  Il  sortit 
des  écoles  militaires,  en  1791,  avec  le 
grade  de  capitaine  du  génie.  En  1793,  il 
lit  partie  de  la  garnison  qui  défendait 
Mayence  ,  et  la  suivit  dans  la  Vendée.  Il 
fut  ensuite  employé  aux  sièges  de  Char- 
leroi,  de  Landrecies  et  du  Quesnoi,  où  il 
se  distingua  par  son  habileté.  Il  reçut  une 
blessure  à  ce  dernier.  Au  siège  de  Valen- 
ciennes  le  général  Marescot  lui  confia  le 
commandement  de  l'attaque  dirigée  sur 
la  citadelle ,  et  celui  de  l'attaque  du  fort 
Saint-Pierre,  au  siège  de  Maastricht. 
Boisgérard  fit  des  dispositions  pour  pren- 
dre ce  fort,  au  moyen  de  globes  de  com- 
pression places  dans  la  caverne  sur  laquelle 
il  est  situé.  La  première  explosion  ne 
fut  pas  heureuse,  et  la  prompte  reddi- 
tion de  l'ennemi  prévint  la  seconde,  qui, 
comme  on  le  reconnut,  aurait  été  du  plus 
grand  effet.  Ayant  reçu  ordre  de  rétablir 
Kehl  et  la  tète  du  pont  d'IIuningue,  il 
donna  l'idéede  former  des  ponts-radeaux, 
au  moyen  desquels  on  entretint  constam- 
ment des  communicati  ns  entre  tous  les 
ouvrages  des  îles  du  Rhin.  Peu  de  temps 
après,  nommé  général  de  brigade  et  coin- 
mandant  en  chef  du  génie ,  il  fut  employé 


:;  roï 

à  l'armée  l'Angleterre,  et  quitta  bientôt 
celte  armée  pour  se.  rendre  en  Italie,  où 
il  joignit  l'armée  du  général  Champion- 
net  sous  les  murs  de  Capoue  en  1799.  Il 
y  reçut  une  blessure  dont  il  mourut  peu 
de  temps  après  ,  âgé  de  trente-deux  ans, 
au  moment  où  la  paix  venait  d'être  con- 
clue. 

BGISGUILLEBERT.  Voyez  PESANT 
(Le).         , 

*  BOISLEVE  (  Pierre  ) ,  chanoine  de 
Notre-Dame  de  Paris ,  né  à  Saumur ,  le 
12  septembre  1745,  et  mort  à  Paris  le  3 
décembre  1830,  reçut  les  ordres  en  1769, 
dans  sa  ville  natale.  Il  fut  long-temps  vi- 
caire de  Saint-Michel  du  Tertre  à  Angers, 
et  devint  ensuite  chanoine  de  la  collégiale 
de  Saint-Martin  dans  la  même  ville.  Il 
était  docteur  en  droit,  et  les  services  qu'il 
rendit  dans  des  procédures  souvent  ren- 
voyées de  vant  lui  par  le  présidial  d'Angers, 
le  firent  nommer  vice-promoteur  du  dio- 
cèse dans  les  dernières  années  de  son  vi- 
cariat ,  puis  promoteur.  Il  refusa  le  ser- 
ment à  la  constitution  civile  du  clergé, 
vint  à  Paris  en  1791.,  et  durant  tout  le 
règne  de  la  terreur ,  il  demeura  le  plus 
souvent  à  Passy ,  avec  M.  Maillé  de  la 
Tour-Landry,  évèque  de  Saint-Papoul  , 
son  ancien  condisciple.  Buislève  fut 
nommé  chanoine  honoraire  à  Paris,  sous 
le  consulat.  Napoléon  désirant  faire  casser 
son  mariage  avec  Joséphine  sans  re- 
courir au  saint  Père  qu'il  tenail  captif,  la 
cause  fut  portée  devant  l'officialité  de 
Paris,  rétablie  à  cet  effet.  Boislève,  nom- 
mé officiai  prononça  en  celte  qualité  ,  le 
9  janvier  1810,  la  sentence  du  divorce, 
sentence  qui  ne  fut  point  rendue  publique. 
On  croit  qu'il  intervint  encore  comme 
officiai ,  pour  rompre  le  mariage  de  Jé- 
rôme Bonaparte  avec  M':"c  Paterson. 
Boislève  devenu  chanoine  titulaire  ,  puis 
vicaire-général,  était  en  même  temps  su- 
périeur des  religieuses  de  l'IIôlel-Dieu 
et  des  deux  maisons  des  Daines  delà  con- 
grégation. 

*  ROIS-MESLÉ  (  Jeax-Baptiste  TOR- 
CHET  de  ), avocat  au  parlement  de  Paris, 
a  publié  en  1749  ;  Histoire  du  chevalier 
du  soleil ,  Paris  ,  2  vol.  in-12.  Il  est  plus 
connu  par  son  Histoire  générale  de  la 
marine  ,  Amsterdam  (  Paris  ),  173/t-17o8. 
Les  deux  premiers  volumes  sont  de  lui  en 
société  avec  le  père  Théodore  dé  Blois; 
le  troisième  est  de  M.  de  Bichebourg. 

BOiSMO.NT   (  Nicolas  THYREL  de  ), 
abbé  de  Grestain  ,  ancien   prieur  com- 
mendataire  de  Lihons  en  Santerre,  ancien 
51. 


BOI  5 

vicaire-général  du  diocèse  d'Amiens,  cha- 
noine honoraire  de  l'église  métropoli- 
taine de  Rouen ,  prédicateur  ordinaire  du 
roi ,  docteur  en  théologie  de  la  maison  de 
Navarre,  etc.,  est  mort  à  Paris  le  19  dé- 
cembre 1786,  âgé  de  71  ans.  On  a  de  lui 
un  Panégyrique  de  saint  Louis  et  des 
oraisons  funèbres  de  M.  le  dauphin ,  de 
la  reine ,  de  Louis  XV,  de  l'impératrice 
Marie-Thérèse.  Il  a  aussi  laissé  quelques 
sermons.  On  ne  peut  refuser  à  l'abbé  de 
Boismont  un  ton  qui  décèle  un  homme 
d'esprit;  mais  on  sait  aussi  que  ce  n'est 
pas  là  ce  qui  doit  caractériser  un  orateur 
chrétien  ,  ou  plutôt  ce  qui  doit  se  faire  re- 
marquer ,  préférablement  à  une  marche 
grave  et  mâle,  à  une  vigoureuse  logique  , 
à  un  langage  d'onction  et  de  cœur,  qui 
exprimant  la  conviction  de  l'orateur,  la 
fait  passer  dans  l'âme  des  auditeurs.  Il  y 
a  cependant  dans  ses  sermons  d'excellens 
passages  et  parfaitement  assortis  aux  vé- 
rités chrétiennes,  tel  que  celui  qui  re- 
garde l'efficace  de  la  religion  dans  le  sou- 
lagement du  prochain  ,  et  l'impuissance 
de  la  philosophie  profane  ,  qu'on  lit  dans 
son  sermon  sur  les  assemblées  de  cha- 
rité; mais  en  général  il  avait  plus  d'apti- 
tude pour  l'éloquence  académique  que 
pour  celle  de  la  ebaire.  On  s'en  était  aperçu 
dès  son  discours  de  réception  à  l'acadé- 
mie ,  dans  lequel  il  vengea  si  bien  l'ima- 
gination ,  celte  brillante  qualité  de  l'être 
spirituel ,  contre  ces  froids  détracteurs 
qui  voudraient  tout  réduire  à  des  syllo- 
gismes et  à  d'eunuyans  calculs.  «  C'est 
»  l'imagination,  disait-il,  qui  rend  redou- 
»  table  tout  ce  qu'il  faut  craindre  ,  sen- 
»  sible  tout  ce  qu'on  doit  aimer  ,  pathé- 
»  tique  tout  ce  qu'il  faut  sentir.  Elle  seule 
»  met  en  action  les  maximes  et  les  pré- 
»  ceptes  ,  donne  aux  objets  le  ton  des  cir- 
>  constances,  les  peint  des  couleurs  pro- 
»  près  à  l'effet  qu'ils  doivent  produire, 
»  les  décompose,  les  divise,  les  réunit, 
»  et ,  par  le  mélange  heureux  des  impres- 
»  sions  douces  ou  terribles  ,  forme  cepré- 
»  cieux  intérêt  qui  pénètre  et  qui  saisit, 
j>  passe  à  travers  les  sens ,  qu'elle  en- 
»  traîne ,  etc.  »  On  reproche  à  l'abbé  de 
Boismont  d'avoir  trop  flatté  l'orgueil  des 
philosophes  de  son  temps  et  d'en  avoir 
adopté  le  jargon  ;  ce  qui  fut  un  double 
malheur  pour  lui.  En  cédant  au  goût  de 
son  siècle  ,  cet  écrivain  se  priva  de  gran- 
des ressources  :  la  religion  quand  il  la  prit 
pour  guide,  lui  inspira  des  morceaux  bril- 
lans  et  des  pages  éloquentes.  C'est  le  ca- 
ractère de  celle  iillc  du  Ciel  de  donner 


66  BOI 

plus  d'élévation  à  la  pensée  ,  comme  plus 
d'autorité  aux  préceptes;  elle  agrandit 
l'esprit,  comme  elle  dilate  le  cœur.  On  a 
recuelli  les  Oraisons  funèbres  et  Sermons 
de  l'abbé  de  Boismont  en  un  vol.  in-8°, 
1805  ,  précédés  d'une  Notice  historique 
et  littéraire  par  M.  Auger.  «  C'était,  dit-il, 
»  un  écrivain  de  beaucoup  d'esprit  ;  mais 
»  il  n'était  pas  d'un  goût  très  sûr.  On  lui 
»a  reproché,  non  sans  fondement,  de 
»  mettre  plus  de  jeu  dans  les  mots ,  que 
»  de  mouvement  dans  les  tours;  d'avoir 
»  quelquefois  plus  de  recherche  que  de 
«justesse  dans  les  idées,  plus  d'apprêt 
»  que  de  véritable  élégance  dans  le  style; 
»  eniin  ,  de  s'être  fait  une  diction  antilhé- 
»  tique  et  maniérée ,  qui  éblouissait  l'es- 
»  prit  sans  échauffer  le  cœur.  » 

♦BOISMOIlAIVb  (Claude-Joseph  CHE- 
RON  de),  prêtre,  né  à  Quimper  vers  1080 
d'un  avocat ,  fut  long-temps  de  la  société 
des  jésuites  qu'il  abandonna,  plus  tard  , 
etprofessa  la  rhétorique  à-Rennes. Il  avait 
beaucoup  d'esprit,  et  une  imagination  fé- 
conde. On  a  de  lui  plusieurs  Mémoires 
pour  des  affaires  épineuses  et  célèbres.  Il 
y  en  a  trois  ou  quatre  que  l'on  compare  à 
ce  queDémoslhène  a  fait  de  plus  cloquent. 
La  traduction  du  Paradis  perdu  de  Milton, 
allribuée  à  Dupré  de  Saint- Maur,  est, 
dit-on,  de  lui.  Il  composa  quelques  Ro- 
mans, dont  la  publication  lui  causa  ensuite 
de  vifs  remords  ;  il  embrassa  les  austérités 
de  la  pénitence  et  mourut  sous  le  cilice 
en  17/tO. 

*  BOISOÏ  (  Jeax-Baptiste  ) ,  né  à  Be- 
sançon, en  juillet  1638  ,  lit  paraître  dès 
son  enfance  beaucoup  d'amour  et  de  dis- 
position pour  les  sciences.  Il  avait  achevé 
sa  philosophie  à  l'âge  de  treize  ans ,  et  son 
cours  de  droit  à  dix-sept  ans  ;  il  alla  passer 
ensuite  quelque  temps  à  Paris,  où  il  se 
lia  avec  Pélisson  et  d'autres  beaux  esprits 
de  ce  temps-là.  De  Paris,  il  se  rendit  à 
Rome,  où  son  mérite  lui  valut  la  protec- 
tion de  plusieurs  personnages  distingués, 
entre  autres  du  cardinal  Azzoltni  et  de  la 
reine  Christine  de  Suède.  A  la  recomman- 
dation de  celle  princesse,  il  obtint  du 
pape  quelques  bénéfices  en  Franche- 
Comté,  où  il  revint  après  avoir  parcouru 
l'Allemagne  et  les  Pays-Bas, comme  il  avait 
parcouru  l'Italie,  c'est-à-dire,  en  savant 
observateur.  Député  par  le  clergé  aux 
états  de  sa  province,  il  fut  chargé  d'une 
négocialion  très  délicate  près  du  gou- 
verneur de  Milan,  et  s'en  acquitla  avec 
toute  l'habileté  d'un  homme  vieilli  dans 
les  affaires.  Ne  voulant  prendre  aucune 


BOI 


567 


BOI 


part  aux  troubles  qui  agitaient  la  Franche- 
Cotntè,  il  se  retira  en  Espagne  (d'autres 
disent  à  Chambéri  et  à  Turin  ) ,  et  il  y 
demeura  jusqu'en  1G78,  où  celte  province 
fut  cédée  à  la  France  par  le  traité  de  Ni- 
mègue.  II  n'ignorait  cependant  pas  que  sa 
famille  était  en  crédit  auprès  de  Louis 
XIV;  mais  sa  délicatesse  ne  lui  permet- 
tait pas  d'accepter  les  offres  d'un  ennemi 
de  son  souverain.  De  retour  en  Franche- 
Comté,  il  fut  nommé  à  l'abbaye  de  Saint- 
Vincent  de  Besançon ,  et  dès  ce  moment, 
il  se  livra  entièrement  à  son  goût  pour 
les  lettres.  Il  avait  acquis  dans  ses  voyages 
un  grand  nombre  de  tableaux,  de  mé- 
dailles, de  bronzes  et  d'autres  raretés;  il 
les  céda  aux  nligieux  de  son  abbaye, 
avec  la  bibliothèque  du  cardinal  de  Gran- 
velle,  qu'il  avait  achetée  du  comte  de 
Saint-Amour,  et  y  joignit  un  fonds  de  deux 
mille  écus  pour  son  entretien ,  à  condi- 
tion qu'elle  serait  ouverte  au  public  deux 
fois  la  semaine.  Celte  bibliothèque,  qu'il 
avait  beaucoup  augmentée,  était  considé- 
rable, et  riche  surtout  en  manuscrits  pré- 
cieux,, parmi  lesquels  on  distinguait  la 
fameuse  collection  en  80  vol.  in-fol.  con- 
nue sous  le  nom  de  Mémoires  du  cardi- 
nal de  Granvelle  (  Voyez  GRANVELLE). 
L'abbé  Boisot  l'avait  formée  lui-même, 
après  avoir  sauvé  les  papiers  du  cardinal 
des  mains  d'un  épicier  à  qui  ils  venaient 
d'être  vendus.  Il  passa  dix  ans  à  les  dé- 
chiffrer et  à  les  mettre  en  ordre. .11  avait 
le  projet  d'écrire  l'histoire  du  cardinal  de 
Granvelle  d'après  ces  mémoires,  dont  on 
ne  pouvait  contester  l'authenticité.  L'abbé 
Boisot  avait  appris  l'hébreu  et  le  grec , 
pour  étudier  l'histoire  ecclésiastique  dans 
ses  sources.  Il  parlait  presque  toutes  les 
langues  de  l'Europe ,  entre  autres  l'italien 
et  l'espagnol,  et  il  était  en  correspondance 
avec  les  savans  les  plus  distingués  de 
Fiance,  d'Italie  et  d'Allemagne.  On  ne 
doit  donc  pas  être  surpris  qu'il  n'ait  pas 
eu  le  loisir  de  composer  des  ouvrages 
étendus.  Le  Journal  des  Savans  contient 
quelques  pièces  de  l'abbé  Boisot  assez 
curieuses ,  et  qui  ont  été  traduites  enlalin 
et  réimprimées  dans  \esActa  eruditorum. 
La  charité  de  l'abbé  Boisot  surpassait  en- 
core son  savoir.  En  1694,  la  disette  avait 
été  générale  ;  il  fit  faire  aux  pauvres  des 
distributions  avec  si  peu  de  ménagement, 
qu'il  se  vit  contraint  ensuite  d'emprunter 
une  somme  modique  pour  ses  besoins 
particuliers.  Il  mourut  le  4  décembre  de 
la  même  année  ,  âgé  de  cinquante-six  ans. 
Les   magistrats    de  Besançon   lui  firent 


faire  des  obsèques  magnifiques, auxquelles 
ils  assistèrent  en  corps.  L'abbé  Bosquillon 
et  Moreauont  fait  son  éloge. 

BOISROBEKT  (  Fiia\çcis  Le  METEL 
de),  de  l'académie  française,  abbé  de 
Cliàtillon-sur-Seine ,  naquit  à  Caen  l'an 
1592,  et  mourut  en  1062.  Sa  conversation 
était  enjouée.  Chois,  premier  médecin  du 
cardinal  de  Richelieu,  avait  coutume  de 
dire  à  ce  ministre  :  «  Monseigneur,  toutes 
»  nos  drogues  sont  inutiles ,  si  vous  n'y 
»  mêlez  une  dragme  de  Boisrobert.  »  Le 
cardinal  ne  pouvait  se  passer  de  ses  plai- 
santeries :  c'était  son  bel  esprit  et  son 
bouffon.  Boisrobert  ayant  élé  disgracié, 
eut  recours  à  Cilois,  qui  mit  au  bas  du 
mémoire,  comme  par  ordonnance  de  mé- 
decine :  Recipe  Boisrobert  :  celle  turlu- 
pinade  le  fil  rappeler.  Dans  sa  dernière 
maladie,  comme  on  le  pressait  de  faire 
venir  un  confesseur  ;  «  Oui ,  je  le  veux 
»  bien,  dit-il  :  qu'on  m'en  aille  quérir  un  ; 
»  mais  surtout  qu'on  ne  m'en  amène  point 
»  de  janséniste.  »  On  a  de  Boisrobert  : 
|  diverses  poésies;  la  lre  partie,  1647,  in- 
4°,  et  la  2e  1659  ,  in-8°  ;  |  des  lettres  dans 
le  Recueil  de  Faret,  in-8°;  |  des  tragédies, 
des  comédies ,  qui  portent  le  nom  de  son 
frère  Antoine  Le  Métel ,  sieur  d'Ouville; 
|  Histoire  indienne  d' Anaxandre  et 
d'Oracie,  1629,  in-8°  ;  |  Nouvelles  hé- 
roïques, 1627,  in-8°.  Ses  pièces  de  théâtre, 
applaudies  par  le  cardinal  de  Richelieu  et 
par  quelques-uns  de  ses  flatteurs ,  sont 
ensevelies  dans  une  poudreuse  obscurité. 
On  lui  attribue  en  outre  une  paraphrase 
en  vers  des  Psaumes  de  la  pénitence. 

BOISSARD  (Jeax-Jacquils),  antiquaire 
et  poète  latin ,  né  à  Besançon  en  1528 , 
mourut  à  Metz  en  1602.  Il  parcourut  l'I- 
talie, la  Grèce,  l'Allemagne,  pour  re- 
cueillir les  anciens  monumens  épars  dans 
ces  différens  pays.  Ses  principaux  ou- 
vrages sont  |  Theatrum  vitee  humanœ  > 
1572-1598,  4  parties  in-4°  :  il  a  rassemblé 
sous  ce  titre  singulier  les  vies  de  198  per- 
sonnes illustres,  ou  qu'il  croyait  telles, 
avec  leurs  portraits  en  laille-douce  ;  |  De 
divinatione  et  magicis  prœsligiis,  in-fol., 
Oppenheim,  ouvrage  posthume;  |  Emble- 
mata ,  Francfort,  1593,  in-4°,  avec  des 
figures  par  Théodore  de  Bry;  |  Topogra- 
phia  tirbis  Romœ  J  les  5  premières  parties 
en  1597,  la  4e  en  1598,  la  5**  en  1600,  et  la 
6e  en  1602,  in-fol.,  enrichie  d'estampes 
gravées  par  Théodore  de  Bry  et  par  ses 
deux  fils  :  il  y  a  dans  tous  ces  écrits  des 
choses  rares  et  curieuses;  |  des  poésies 
latines ,  in-8°,  et  d'aulrcs  ouvrages. 


IîOl 


5G3 


IÎOT 


BOISSAT  (  Tikure  (le  ) ,  savant  juris- 
consulte et  helléniste  de  Vienne  en  Dau- 
phiné,  appelé  dans  son  pays  lioissàt-V Es- 
prit, prit  successivement  le  collet  ell'épée, 
et  quitla  l'un  et  l'autre.  Des  coups  de  bâ- 
ton, qu'il  reçut  pour  avoir  tenu  des  pro- 
pos libres  à  la  comtesse  de  Sault,  lui 
causèrent  des  chagrins  vifs,  quoiqu'il  en 
eût  obtenu  réparation.  Boissat  chercha 
des  ressources  contre  les  disgrâces  hu- 
maines dans  le  sein  de  la  religion,  et  il  en 
trouva  dans  l'exercice  d'une  piété  solide, 
dont  on  l'accusa  néanmoins  d'avoir  quel- 
quefois poussé  à  l'excès  les  signes  exté- 
rieurs :  il  négligea  ses  cheveux,  laissa 
croître  sa  barbe,  s'habilla  grossièrement , 
catéchisa  dans  les  carrefours  et  fit  des  pè- 
lerinages. S'étant  présenté  dans  cet  accou- 
trement à  la  reine  Christine  de  Suède  , 
lorsqu'elle  passa  à  Vienne  en  1656  ,  et  lui 
ayant  fait  un  sermon  sur  le  jugement  de 
Dieu ,  Christine  dit  :  «  Ce  n'est  point  là  ce 
»  Boissat  que  je  connais  ;  c'est  un  prêcheur 
»  qui  emprunte  son  nom  ;  »  et  elle  ne  vou- 
lut plus  le  voir.  Quelques  auteurs  ont 
voulu  de  là  suspecter  la  sincérité  de  la 
conversion  de  Christine;  mais  il  parait 
qu'on  peut  être  bon  catholique  sans  se 
plaire  aux  singularités  et  au  bizarre  cos- 
tume d'un  harangueur  inattendu.  Boissat 
mourut  en  1662,  âgé  de  68  ans.  Il  était  de 
l'académie  française.  On  aile  lui  l'His- 
toire nègrepontique  J  ou  les  Amours  d'A- 
lexandre Castriot ,  1631,  in-8",  roman 
traduit  de  l'italien  ,  que  quelques  littéra- 
teurs estiment  pour  les  aventures,  les 
situations  et  les  sentimens ,  mais  qu'on  ne 
lit  plus  avec  plaisir  à  raison  du  style  su- 
ranné. On  a  encore  de  lui  des  pièces  en 
prose  et  en  vers ,  imprimées  sur  des 
feuilles  volantes ,  dont  on  a  réuni  quel- 
ques exemplaires  en  1  vol.  in-fol.  Leur 
rareté  fait  leur  seul  mérite.  L'abbé  d'Ar- 
tigni  vante  beaucoup  ses  productions. 
L'auteur  en  avait  fait  tirer  1,200  exem- 
plaires, qu'il  ne  voulut  point  faire  paraî- 
tre. Il  les  légua  par  son  testament  à  l'Hô- 
tel-Dieu  de  Vienne.  Mllc  de  Boissat  sa  fille 
les  fil  mutiler.  En  1720  on  en  vendit  150 
exemplaires,  et  le  reste  fut  livré  aux  épi- 
ciers, pour  lesquels  Boissat  avait  quelque- 
fois travaillé.  Il  a  donné  Yllisloire  de 
Malle  faite  par  son  père ,  dont  la  meil- 
leure édition  est  de  1639,  in-fol.  Quelques 
défauts  qu'elle  ait,  bien  des  gens  la  pré- 
fèrent à  celle  de  l'abbé  Vertot,  et  plus  en- 
core à  la  philosophique  production  quia 
paru  en  1789  sous  le  litre  de  Fastes  de 
l  ordre  de  Malle. 


*  BO  ISS  ET  (Joseph  ),  né  à  Montéli- 
mart,  dans  le  département  de  la  Drôme  , 
fut  député  par  ce  département  à  la  Con- 
vention, et  vota  la  mort  de  Louis  XVI.  Il 
fit  à  la  société  des  Jacobins  de  Paris  la 
proposition  de  chasser  des  sections  à  coups 
de  bâton  les  muscadins  et  les  riches.  En 
1793,  il  pressa  de  la  manière  la  plus  vivo 
la  mise  en  jugement  des  Girondins  et  de 
la  reine  Marie-Antoinette.  Cependant, 
avant  été  envoyé  en  mission  à  Nîmes  eu 
i 79 A. ,  il  destitua  Courbis ,  maire  de  cette 
ville,  qu'on  surnommait  le  Marat  du 
midi;  il  se  justifia  ensuite  aux  yeux  des 
comités  .  en  attribuant  cette  destitution  à 
deux  agens  du  pouvoir  exécutif.  Après  la 
révolution  du  9  thermidor,  il  se  rendit  en 
mission  dans  le  département  de  l'Ain,  où 
tout  en  rendant  la  liberté  à  quelques  no- 
bles, il  donnait  la  chasse  (ce  sont  ses 
termes) aux  piètres  réfractaires.  Au  mois 
de  pluviôse  an  3,  Boisset,  envoyé  à  Lyon, 
encouragea  les  excès  auxquels  la  réaction 
donna  lieu.  Il  entra  au  conseil  des  anciens, 
où  il  fut  nommé  secrétaire  en  l'an  6 ,  et  se 
prononça  contre  le  parti  clichien.  Les 
événemens  du  18  brumaire  le  rendirent 
à  la  vie  privée  ,  et  il  se  r  tira  à  Wontéli- 
ruari  où  il  est  mort  oublié.  Son  frère  dit 
Ségur ,  servait  dans  le  génie  et  défendit 
le  fort  de  Lamalgue  à  Toulon  contre  Bo- 
naparte. Il  mourut  à  Lyon,  en  181&. 

*  ItOISSIEIl  (Henki  ),  de  Genève, 
laissa  une  somme  de  11,800  fr.  pour  être 
répartie  entre  diverses  classes  de  pau- 
vres, par  les  bureaux  de  bienfaisance  du 
canton*  2,300  fr.  au  canton  de  Vaud , 
pour  les  écoles  d'instruction  primaire  et 
pour  les  incurables;  12,000  fr.  à  la  con- 
fédération suisse  pour  les  travaux  d'utilité 
publique:  5,000 fr.  pour  le  quai  du  Rhône, 
et  245,000  fr.  à  un  comité  d'utilité  can- 
tonnale  fondé  par  des  dispositions  jointes 
à  son  testament.  Il  mourut  à  Genève  en 
1827. 

BOISSÏERE  (Joseph  de  la  FONTAINE 
de  la)  prêtre  de  l'Oratoire  ,  né  à  Dieppe, 
et  mort  à  Paris  en  1752.  est  connu  par  des 
Sermons,  où  l'on  trouve  une  éloquence 
agréable,  et  quelquefois  trop  fleurie.  Ils 
parurent  à  Paris,  en  1730  et  1731,  en  6 
vol.  in-12. 

*  BOISSÏERE  (Smiox-ÏIervieu  de  la), 
ecclésiasiique  ,  né  en  1707  à  Bernay,  et 
mort  à  Paris  en  1777,  à  l'âge  de  70  ans  ,  a 
laissé  différens  ouvrages  dont  les  princi- 
paux sont  :  |  Préservatifs  contre  les  faux 
principes  de  Mongcron ,  1750;  |  Traité 
des   vrais  miracles,  2   volume-,   1763; 


BOI  369 

|  fsaîtê  de  l'esprit  prophétique ,  17G7  ; 
j  Défense  du  Traité  des  miracles  ,  1  vol. 
in-12,  1709  ;  |  Contradictions  du  livre  in- 
titulé :  De  la  philosophie  de  la  nature  par 
Delisle  de  Salles,  1776,  in-12;  |  De  la 
vérité  et  des  devoirs  qu'elle  nous  impose, 
1777.  Un  ouvrage  de  la  Boissière  qui  ne 
parut  qu'après  sa  mort,  en  1780,  et  qui  a 
pour  titre  :  Double  hommage  que  la  vé- 
rité exige  par  rapport  aux  contestations 
présentes,  semble  témoigner  qu'il  appar- 
tenait au  parti  appelant. 

BOISSILU  (Denis  de  SALVAING  de), 
premier  président  de  la  chambre  des 
comptes  de  Dauphiné,  orateur  de  Louis 
XIII,  dans  l'ambassade  du  maréchal  de 
Créqui  à  Rome  en  1G35  ,  naquit  en  1G00 
àVienne  en  Dauphiné  et  mourut  en  1G83. 
On  a  de  lui  un  Traité  de  l'usage  des  fiefs, 
et  autres  droits  seigneuriaux  dans  le  Dau- 
phiné, Grenoble,  1731 ,  in-fol.  ;  divers  ou- 
vrages en  vers  et  en  prose ,  recueillis  à 
Lyon,  1GG2,  in-8°,  sous  le  titre  de  Miscel- 
tanea.  Sa  vie  a  été  écrite  en  latin  par  Cho- 
rier,  Grenoble,  1684,  in-12. 

*  BOISSILU  (le  Père  Antoine),  jé- 
suite. Nous  voyons  dans  la  préface  de  ses 
Méditations  qu'il  avait  l'emploi  de  Père 
spirituel  dans  le  grand  collège  de  Lyon, 
et  qu'il  excellait  dans  la  direction  des 
âmes.  Il  paraît  aussi  qu'il  avait  parfaite- 
ment saisi  l'esprit  de  saint  Ignace  pour  les 
retraites  ,  et  qu'il  y  obtenait  de  grands 
succès;  cependant  les  Dictionnaires  his- 
toriques même  les  plus  répandus  ne  font 
aucune  mention  de  lui,  quoiqu'on  lui 
doive  des  Méditations  sur  les  Evangiles, 
très  répandues  et  qui  mériteraient  de 
l'être  encore  davantage;  elles  ont  eu  un 
très  grand  nombre  d'éditions.  La  plus 
ancienne  que  nous  connaissions  est  de 
Lyon.  1084,  h  vol.  in-12.  La  dernière  a  été 
publiée  à  Lyon  chez  Rusand,  sous  ce  titre  : 
le  saint  Evangile  de  Jésus-Christ  expli- 
qué en.  méditations  pour  chaque  jour  de 
l'année ,  selon  l'ordre  de  l'Eglise,  aug- 
menté des  méditations  pour  les  fêles  de 
Notre-Dame  et  pour  la  fête  et  neuvaine 
de  saint  François-Xavier ,  nouvelle  édi- 
tion, revue ,  corrigée  et  mise  en  meilleur 
ordre  que  les  précédentes ,  par  un  Père 
de  la  même  compagnie ,  1821,  4  volumes 
in-12.  Les  nouveaux  éditeurs  disent  que 
les  termes  anciens  et  hors  d'usage ,  les 
phrases  trop  longues  et  peu  intelligibles, 
et  les  fautes  sans  nombre  qui  s'étaient 
glissées  dans  tant  d'éditions  différentes 
ont  été  corrigées.  Ces  méditations  sont 
écrites  d'un  style  simple,  mais  sublime 


ROI 

pour  les  sentimens.  On  doit  encore  au 
P.  Boissieu  Le  Chrétien  prédestiné  par  la 
dévotion  à  Marie,  mère  de  Dieu,  Lyon, 
1686,  in-8°. 

*  BOISSIEU  (Bartiiéi.e.ui-Camille  de). 
né  à  Lyon  en  1734,  mort  dans  la  même 
ville  en  1770.  Il  fut  envoyé  à  Màcon  et 
dans  le  Forez ,  pour  y  arrêter  les  ravages 
d'une  épidémie  meurtrière  ,  et  il  réussit. 
On  a  de  lui  :  |  Dissertation  sur  les  anli~ 
septiques,  1769,  in-8°,  qui  obtint  le  prix 
de  l'académie  de  Dijon.  |  Mémoire  sur  la 
méthode  rafraîchissante  et  la  méthode 
échauffante  en  médecine ,  couronné  par 
la  même  académie.  On  remarque  dans  ces 
deux  discours  une  grande  pénétration 
réunie  à  un  esprit  juste,  et  à  l'art  de  ren- 
dre avec  précision  et  clarté  les  préceptes 
dont  on  a  senti  l'importance. 

*  BOISSIEU  (Jeas- Jacques  de),  frère 
du  précédent,  montra  de  bonne  heure  de 
si  grandes  dispositions  et  un  goût  si  vif 
pour  le  dessin,  que  sa  famille,  qui  le  des- 
tinait à  la  magistrature ,  fut  obligée  de 
céder  à  ses  désirs  en  le  plaçant  sous  la 
direction  de  Frontier,  peintre  d'histoire 
en  réputation  II  lit  de  rapides  progrès,  et 
alla  perfectionner  ses  talens  à  Paris ,  où 
il  se  lia  avec  plusieurs  artistes  célèbres. 
Il  passa  ensuite  en  Italie  avec  le  duc  de 
la  Rochefoucauld,  qui  l'avait  connu  et 
apprécié,  et  il  y  enrichit  ses  portefeuilles 
de  tous  les  chefs-d'œuvre  qui  s'y  rencon- 
trent à  chaque  pas.  De  retour  dans  sa  pa- 
trie, il  peignit  plusieurs  tableaux;  mais 
l'usage  de  l'huile  et  des  couleurs  devenant 
nuisible  à  sa  santé  délicate,  il  renonça  à 
la  peinture  pour  se  livrer  entièrement  à 
la  gravure  à  Peau-forte ,  à  laquelle  il  joi- 
gnit par  la  suite  un  mélange  de  pointe 
sèche  et  de  roulette  qui  lui  réussit  très 
bien.  Plusieurs  de  ses  estampes  dans  le 
genre  de  Rembrandt  sont  d'un  effet  très- 
piquanl.On  estime  surtout  celle  du  Char- 
latan ,  d'après  le  tableau  de  Carie  Dujar- 
din.  Ses  dessins  sont  d'une  composition 
très  riche,  très  pittoresque,  et  d'une 
louche  large  et  savante.  Plusieurs  souve- 
rains et  les  amateurs  les  plus  distingués 
recherchèrent  ses  productions.  Il  mourut 
à  Lyon  le  1er  mai  1810,  regretté  de  ses 
amis  et  de  tous  ceux  qu'il  avait  obligés. 
M.  Dugas  a  publié  le  catalogue  de  ses  œu- 
vres contenant  107  pièces,  à  la  suite  de 
son  éloge  historique. 

BOISSY  (Louis  de),  naquit  à  Vie  en 
Auvergne  l'an  1694.  Après  avoir  porté 
quelque  temps  le  petit  collet,  il  s'adonna 
au  théâtre  français  et  italien.  L'académie 


ROÏ 


570 


BOI 


française  se  l'associa  en  1751;  il  succéda 
à  Destouches,  et  k  ans  après ,  il  eut  le  pri- 
%ilége  du  Mercure  de  France.  Il  mourut 
eu  1758.  Son  théâtre  est  ert  9  vol.  in-S°, 
Paris.  Les  plans  de  ses  pièces  sont  agréa- 
bles ut  variés  ;  le  style  en  est  aisé  et  cor- 
rect ,  niais  elles  manquent  de  cette  force 
comique  et  de  celte  vivacité  dans  le  dia- 
logue,  qui  caractérisent  Molière.  On  a 
encore  de  lui  trois  petits  romans  satiri- 
ques et  obscènes,  qui  ne  méritent  pas  d'être 
tirés  de  l'oubli.  Le  Mercure  de  France  fut 
assez  recherché ,  dans  le  temps  qu'il  en 
eut  la  direction.  Il  le  mit  dans  un  ordre 
nouveau  ;  et  quoique  porté  naturellement 
à  la  satire,  il  loua  tout  sans  distinction  , 
comme  le  font  aujourd'hui  presque  tous 
les  journalistes,  à  moins  que  l'esprit  de 
parti  on  quelque  haine  particulière  ne 
leur  fasse  tenir  un  langage  différent.  Par- 
là  ils  assurent  leur  repos  ,  et  sont  bien 
certains  que  l'ainour-propre  des  auteurs 
ne  les  sommera  point  de  justifier  leurs 
jugeinens. 

'BOISSY  (Jeax-Byptiste  Thiaudikre 
de j,  membre  de  l'académie  des  inscrip- 
tions et  belles-lettres,  naquit  à  Paris  ,  le 
20  octobre  1006.  Il  venait  de  commencer 
ses  études  chez  les  jésuites,  lorsqu'un  de 
ses  oncles,  prieur  dune  abbaye  de  ber- 
nardins en  Artois,  remmena  dans  son  ab- 
baye. Abandonné  à  lui-même,  au  lieu  de 
passer  ses  loisirs,  comme  les  jeunes  gens 
de  son  âge,  dans  les  plaisirs  et  la  dissi- 
pation, il  s'enferma  dans  la  bibliothèque 
du  couvent,  et,  sans  autre  guide  que  son 
désir  d'apprendre,  se  livra  sans  réserve 
à  l'étude  de  la  théologie  et  des  lettres 
sacrées.  De  retour  à  Paris,  au  bout  de 
quelques  années,  il  reprit  le  cours  de  ses 
études  scholastiques  avec  une  distinction 
marquée.  Lorsqu'il  les  eut  terminées  ,  il 
fut  chargé  de  l'éducation  de  deux  princes 
de  la  maison  de  Soubise-Rohan,  et  il  s'ac- 
quitta de  ce  pénible  devoir  avec  un  soin 
qui  fut  couronné  du  succès.  Admis  à  l'a- 
cadémie des  inscriptions,  en  1710,  ses 
occupations  habituelles  ne  lui  permirent 
pas  d'en  fréquenter  assidûment  les  as- 
semblées ;  il  y  lut  cependant  quelques 
mémoires ,  deux  entre  autres,  l'un  sur  les 
expiations  en  usage  chez  les  anciens,  où 
le  sujet  n'est  pas  approfondi,  et  le  second, 
sur  les  sacrifices  de  victimes  humaines 
dans  l'antiquité.  Ces  dissertations  sont 
citées  avec  éloge  dans  l' Histoire  de  l'A- 
cadémie, tom.  1er.  L'abbé  Boissy  empêcha 
la  dispersion  de  la  fameuse  bibliothèque 
de  deThou,  en  déterminant  le  cardinal  de 


Rohan.  son  protecteur,  à  en  faire  l'acquisi- 
tion, et  il  la  disposa  ensuit  e  d'une  manière 
convenable.  Pendant  ses  dernières  an- 
nées ,  il  fut  très  souffrant  des  infirmités, 
suite  de  sa  vie  sédentaire  et  laborieuse. 
Il  mourut  le  27  juin  1720,  dans  sa  0 jc  an- 
née. 

*BOISSY  (Louis-Michel),  fds  de  Louis 
de  Boissy,  de  l'académie  des  inscriptions, 
a  fait  plusieurs  ouvrages  estimés.  On  a  de 
lui  |  Histoire  delà  vie  de  Simonide,el  du 
siècle  où  il  a  vécu,  1755,  in-12,  réimpri- 
mée en  1788;  |  Disse rlalions  historiques 
et  critiques  sur  la  vie  du  grand- prêtre 
Jaron,ilij\,  in-12;  |  Dissertations  criti- 
ques pour  servir  d'éclaircissement  à  l'his- 
toire des  Juifs ,  avant  et  depuis  J.  C. ,  et 
de  supplément  à  l'histoire  de  Bas  nage , 
1784  ,  2  vol.  in-12.  Ces  dissertations  ,  au 
nombre  de  douze ,  devaient  faire  partie 
d'un  ouvrage  considérable;  mais  l'auteur, 
découragé  par  son  peu  de  succès,  ne  le  ht 
point  paraître.  Boissy  est  mort  vers  1788; 
il  s'était  jelé  par  la  fenêtre. 

*  BOISSY -D'AIVG  LAS  (Fra\ço:s-Ax- 
TOINE  ,  comte  de),  pair  de  France,  né  à 
Saint- Jean-Chambre,  près  d'Annonay 
(  Ardèche),  le  8  novembre  175G,  dans  la 
religion  protestante,  se  lit  recevoir  avocat 
au  parlement  de  Paris  long-temps  avant 
la  révolution,  et  acheta  en  môme  temps 
une  charge  de  maître  d'hôtel  dans  la  mai- 
son de  Monsieur,  depuis  Louis  XVIII, 
charge  dont  il  se  démit  vers  la  fin  de  la 
session  de  l'Assemblée  constituante.  11 
s'occupait  exclusivement  de  littérature, 
et  il  était  membre  des  académies  de  Lyon, 
de  Nîmes  ,  de  la  Rochelle,  et  correspon- 
dant de  celle  des  inscriptions  et  belles- 
lettres  de  Taris,  lorsqu'il  fui  député  par 
le  tiers-état  de  la  sénéchaussée  d'Anno- 
nay aux  états-généraux  de  1789.11  soutint 
dès  les  premières  séances,  que  le  tiers-état 
seul  constituait  la  véritable  Assemblée  na- 
tionale; cependant  il  ne  joua  dans  cette 
première  assemblée  qu'un  rôle  secon- 
daire ,  et  se  contenta  de  publier  quelques 
brochures  politiques.  En  1790,  il  demanda 
que  des  mesures  fussent  prises  contre  le 
rassemblement  du  camp  de  Jàlès.  Après 
la  session,  il  fut  nommé  procureur-syn- 
dic du  déparlement  de  l'Ardéche,  et  U 
s'efforça  d'y  maintenir  la  tranquillité. On 
cile  même  un  trait  de  courage  qui  lui  fait 
honneur.  Des  soldats  suivis  d'une  multi- 
tude de  furieux  ayant  voulu  forcer  la 
prison  d'Annonay  pour  égorger  des  prê- 
tres catholiques  qui  s'y  trouvaient  ren- 
fermés, il  se  plaça  sur  le  seuil  de  la  porte 


JiOI  57 

avec  quelques  amis  qu'il  avait  réunis  ,  et 
il  en  défendit  l'entrée  pendant  plusieurs 
heures  au  péril  de  sa  vie.  La  nuit  suivante, 
il  renditla  liberté  aux  ecclésiastiques  dont 
il  avait  sauvé  les  jours.  Elu  député  à  la 
Convention  nationale,  en  septembre  1792, 
il  vota  dans  le  procès  du  roi ,  d'abord 
pour  la  détention  jusqu'à  ce  que  la  dé- 
portation fût  jugée  convenable ,  puis  pour 
l'appel  au  peuple ,  et  enfin ,  lorsque  la 
peine  de  mort  eut  été  prononcée,  le  sursis 
à  l'exécution.  Boissy-d'Anglas  ne  parut 
point  à  la  tribune  pendant  la  lutte  des 
Montagnards  et  des  Girondins,  mais  il  vota 
constamment  avec  ces  derniers.  Après  la 
fatale  journée  du  51  mai  1795,  il  écrivit  à 
6on  département  une  lettre  où  il  peignait 
dans  son  vrai  jour  l'oppression  de  la  repré- 
sentation nationale,  et  où  il  engageait  ses 
concitoyens  à  la  résistance.  Les  ennemis 
de  Boissy  d'Anglas  envoyèrent  à  plusieurs 
reprises  ,  dans  l'intention  de  le  perdre  , 
cette  lettre  imprimée  au  comité  de  sûreté 
générale  ;  mais  elle  fut  toujours  écartée 
par  son  collègue  Youlland ,  son  ami,  quoi- 
qu'il professât  des  opinions  différentes , 
et  qui  faisait  partie  de  ce  comité.  Après  la 
journée  du  9  thermidor  (  27  juillet  179/t  ), 
où  tomba  le  trop  fameux  Robespierre , 
Boissy  d'Anglas  fut  nommé  secrétaire  de 
la  Convention  ;  le  mois  suivant ,  il  devint 
membre  du  comité  de  salut  public  ,  et  fut 
chargé  principalement  de  la  partie  des 
subsistances  et  de  l'approvisionnement 
de  Paris,  commission  d'autant  plus  péril- 
leuse que  le  discrédit  des  assignats  y  ap- 
portait les  plus  grands  obstacles.  Il  se  vit 
donc  l'objet  de  la  haine  populaire  ,  et  on 
le  désigna  dans  plusieurs  pamphlets  sous 
le  nom  de  Boissy-Fainine.  Diverses  in- 
surrections éclatèrent ,  et  plusieurs  fois 
ses  rapports  sur  les  subsistances  furent 
interrompus  par  les  cris  du  peuple  :  «  Du 
»  pain  !  du  pain  et  la  constitution  de  1793  !» 
Le  lrr  prairial  (  20  mai  1795  ),  il  eut  à  bra- 
ver de  plus  grands  dangers.  Le  parti  de 
la  Montagne  voulut  ce  jour-là  tenter  un 
dernier  effort.  Les  faubourgs  s'insurgent, 
les  sections  se  mettent  en  mouvement  et 
la  salle  des  délibérations  est  envahie 
Boissy  occupait  le  fauteuil,  en  l'absence 
de  Vernier  et  d'André  Dumond  ;  on  l'in- 
terpelle, on  l'outrage,  on  le  couche  en 
joue  ;  Ferraud  s'élance  ù  la  tribune  pour 
le  défendre  ;  mais  il  est  atteint  d'un  coup 
de  pistolet  et  traîné  dans  un  couloir  ,  où 
on  le  décapite.  Cependant  Boissy,  conser- 
vant toute  sa  fermeté  ,  refusait  de  mettre 
en  délibération  L'S  propositions  de  la  înul- 


l  «01 

titude,  qui  imagina  alors  un  moyen  atroce 
de  mettre  en  défaut  sou  impassibilité.  On 
plaça  la  tète  de  Ferraud  au  bout  d'une 
pique,  on  l'apporta  au  milieu  des  ténèbres 
qui  voilaient  cette  scène  affreuse,  et  on 
la  présenta  toute  sanglante  à  Boissy- 
d'Anglas  ,  qui  s'inclina  avec  respect  de- 
vant ces  resles  inanimés.  Vainement  a 
voulut  différentes  fois  prendre  la  parole: 
sa  voix  fut  toujours  étouffée.  Cependant, 
vers  neuf  heures  du  soir,  plusieurs  sec- 
tions de  gardes  nationales,  sous  la  con- 
duite de  quelques  députés  ,  parvinrent  à 
faire  évacuer  la  salle,  et  la  délibération  sur 
les  subsistances  qu'on  avait  commencée 
put  alors  continuer.  Le  lendemain  lorsque 
Boissy-d'Anglas  parut  à  la  tribune  ,  la 
Convention  et  les  spectateurs  le  couvri- 
rent d'unanimes  applaudissemens,  et  Lou- 
vet  fut  chargé  de  lui  offrir  l'expression 
de  la  reconnaissance  publique.  Sa  con- 
duite ne  mérita  pas  toujours  les  mêmes 
éloges.  Chargé  de  faire  de  nombreux  rap- 
ports dans  le  comité  de  salut  public,  il 
présenta,  dans  celui  qu'il  écrivit  sur  la 
liberté  des  cultes,  toutes  les  religions 
comme  autant  d'impostures,  et  faisait  des 
vœux  pour  que  la  religion  de  Sorrate,  de 
Marc-Amèle  et  de  Cicéron  devint  la  re- 
ligion universelle.  On  assure  que  ce  rap  - 
port  renfermait  des  passages  pleins  d'a- 
théisme et  de  matérialisme  qu'on  lit  sup- 
primer à  l'auteur.  Il  s'éleva  contre  les 
partisans  de  la  monarchie  ,  en  déclarant 
que  le  système  républicain  était  le  seul 
qui  convint  à  la  France  ;  mais  en  même 
temps  il  retraça  les  malheurs  de  la  patrie 
sous  la  tyrannie  de  Robespierre,  et  il  pro- 
posa d'annuler  les  jugemens  rendus  par 
les  tribunaux  révolutionnaires  ,  et  de  res- 
tituer les  biens  des  condamnés.  A  cette 
époque ,  son  nom  s'étant  trouvé  mêlé  dans 
la  correspondance  interceptée  de  Le- 
mailre  ,  agent  de  la  maison  de  Bourbe n , 
cette  circonstance  diminua  son  crédit  au- 
près des  conventionnels.  Il  passa  au  con- 
seil des  Cinq-cents  qui  le  choisit  pour  un 
de  ses  secrétaires,  et  le  19  juillet  1796 ,  pour 
son  président.  Il  se  déclara  contre  l'am- 
nistie des  délits  révolutionnaires, quoiqu'il 
eût  appuyé  la  demande  que  les  épouses 
de  Collot-d'Herbois  et  de  Billaud-Varennes 
avaient  adressée  à  l'assemblée  pour  obtenir 
la  mise  en  liberté  de  leurs  maris.  Il  com- 
battit la  loi  du  5  brumaire  qui  excluait  des 
fonctions  publiques  les  parens  des  émi- 
grés, défendit  les  émigrés  rentrés ,  de- 
manda l'abolition  de  la  loterie,  et  parla 
en  faveur  des  prêtres   déportes  et  de  la 


BOÏ 


572 


BOI 


liberté  des  cultes.  Ayant  vivement  atta- 
qué les  actes  du  Directoire  dans  un  grand 
nombre  de  discours,  de  rapports  et  de 
motions ,  il  fut  compris ,  quoiqu'il  eût  été 
réélu  au  conseil  des  Cinq-cents,  dans  la 
loi  de  déportation  du  18  fructidor,  an  5 
(4  septembre  1797) ,  aux  effets  de  laquelle 
il  parvint  à  se  soustraire  en  demeurant 
caché.  Bonaparte  devenu  premier  consul 
le  nomma  tribun  ,  puis  président  du  tri- 
lmnat  en  décembre  1802.  L'année  suivante 
il  fit  partie  du  nouveau  consistoire  de 
l'église  réformée  de  Paris ,  et  fut  créé  sé- 
nateur et  commandant  de  la  légion-d'hon- 
neur en  1805.  A  l'époque  de  la  première 
invasion,  en  février  1814 ,  Boissy-d'Anglas 
fut  chargé  d'une  mission  extraordinaire 
dans  la  12e  division  militaire  dont  la  Ro- 
chelle est  le  chef-lieu ,  et  il  s'y  fit  remar- 
quer par  une  conduite  pleine  de  modéra- 
tion et  de  prudence.  Dès  les  premiers 
jours  d'avril,  il  envoya  son  acte  d'ad- 
hésion au  rétablissement  du  gouverne- 
ment des  Bourbons,  et  fut  appelé  le  4  juin 
1814 ,  par  Louis  XVIII ,  à  siéger  parmi  les 
pairs.  Napoléon,  à  son  retour  de  l'île 
d'Elbe,  le  chargea  de  réorganiser,  au  nom 
du  gouvernement  impérial,  les  adminis- 
trations des  départemens  du  midi,  et  le 
comprit  dans  la  promotion  des  pairs  de 
France.  Après  le  désastre  de  Waterloo ,  il 
combattit  la  proposition  du  colonel  Labé- 
doyère  et  de  Lucien  Bonaparte ,  qui  de- 
mandaient qu'on  proclamât  Napoléon  II , 
et  conclut  à  la  formation  d'un  gouverne- 
ment provisoire.  Après  la  seconde  res- 
tauration ,  il  fut  éliminé  de  la  chambre 
des  pairs,  comme  ayant  siégé  sous  Bona- 
parte, puis  rétabli  sur  la  liste  du  17  août, 
et  compris  dans  celle  des  membres  de 
l'académie  des  inscriptions  et  belles-let- 
tres formée  le  21  mars  1816.  Le  comte 
Boissy-d'Anglas  vota  avec  l'opposition  à 
la  chambre  haute.  Il  est  mort  le  21  octo- 
bre 1826 ,  âgé  de  près  de  70  ans.  Outre  son 
Discours  sur  l'état  politique  de  l'Europe, 
prononcé  à  la  Convention  et  traduit  en 
plusieurs  langues ,  on  a  de  lui  :  |  A  mes 
concitoyens,  1790,  in-8°;  |  Boissy-d'Anglas 
à  Raynal ,  1792 ,  in-8"  ;  |  Deux  mots  sur 
une  question  jugée ,  ou  Lettres  à  M.  de 
la  Galissonni'ere  ,  1791 ,  in-8°;  |  Discours 
sur  la  liberté  individuelle  et  la  liberté  de 
la  presse  ,  1820 ,  in-h°  ;  |  Essai  sur  la  vie, 
les  écri  s  et  les  opinions  de  M.  de  Ma- 
lesherbes ,  suivi  de  notes ,  de  lettres  et  de 
pièces  inédites,  1818, 2  vol.  i;i-S(>  ;  5°  partie 
et  supplément,  1X21,  in-8°;|  Essai  sur  les 
fêles  nationales ,  suivi  de  quelques  idées 


sur  les  arts,  1795,  in-8°  ;  |  Mémoire  sur  les 
limites  futures  de  la  république  fran- 
çaise, présenté  au  comité  de  salut  public, 
1795,  in-8";  |  Observations  sur  l'ouvrage  de 
M.  de  Colonne ,  intitulé  :  De  l'état  de  la 
France  présent  et  à  venir,  1791,  in  8°; 
|  Quelques  idées  sur  la  liberté ,  la  révolu- 
lion  et  le  gouvernement  républicain  ,1791, 
in-8°  ;  J  Recueil  de  discours  sur  la  liberté 
de  la  presse ,  prononcés  dans  diverses 
assemblées  législatives,  et  à  diverses  épo- 
ques,  1817,  in-8°;  |  Réclamation  contre 
l'existence  des  maiso?is  de  jeu  de  ha- 
sard ,  adressée  à  la  chambre  des  pairs , 
1822,  in-8°;  |  Un  fragment  d'un  poème 
sur  la  Bienfaisance  ,  1825  ,  in-8°- 

*  BOISÏE  (Pierre-Claude-Victoire), 
ancien  avocat ,  né  à  Paris  en  1765  ,  mort 
à  Ivry-sur-Seine  au  mois  d'avril  1824. 
On  a  de  lui  :  |  Dictionnaire  universel  de 
la  langue  franc aise ,  avec  le  latin  et  les 
étymologies  ;  extrait  comparatif ,  concor- 
dance ,  critique  et  supplément  de  tous  les 
dictionnaires ,  manuel  encyclopédique  et 
de  grammaire ,  d'orthographe,  de  vieux 
langage,  de  néologie ,  etc.,  1800,  in-8° 
oblong;  6e  édition,  revue,  corrigée  et 
considérablement  augmentée,  Paris,  1823, 
2  vol.  in-8° ,  où  1  vol.  in-4°.  Boiste  eut 
pour  collaborateur  de  la  première  édition 
F.  J.  Bastien ,  son  beau-père  ;  |  l'Univers 
délivré ,  narration  épique  ,  en  25  livres  , 
5e  édition,  1805,  2  volumes  in-8°.  L'U- 
nivers de  Boiste,  dit  un  critique,  res- 
semble beaucoup  au  chaos.  Cet  écrivain 
n'avait  ni  les  connaissances  positives  né- 
cessaires pour  parler  convenablement 
d'un  tel  sujet ,  ni  surtout  l'étendue  d'es- 
prit et  la  haute  portée  d'intelligence  in- 
dispensable pour  embrasser  un  horizon 
si  vaste.  Son  style  d'ailleurs  est  commun  , 
et  même  quelquefois  trivial.  }  Diction- 
naire de  géographie  universelle ,  1806, 
in-8c ,  avec  un  atlas ,  in-4°  ;  |  Nouveaux 
principes  de  grammaire ,  suivis  de  no- 
tions grammaticales  élémentaires,  de  so- 
lutions de  questions  et  difficultés  gram- 
maticales ,  etc.  Paris  ,  1820 ,  in-8°  ;  |  Dic- 
tionnaire des  belles-lettres ,  contenant  les 
élémens  de  la  littérature  théorique  et  pra- 
tique ,  Paris,  1811-24,  5  vol.  in-8°.  L'ou- 
vrage n'est  pas  achevé;  il  devait  former 
9  ou  10  volumes.  Son  Dictionnaire  de  la 
langue  française  est  le  lexique  le  plus 
complet  que  nous  ayons.  Boiste  a  eu  soin 
de  placer  à  côté  de  chaque  mot  le  nom 
de  l'écrivain  qui  l'a  créé  ou  qui  lui  a  don- 
né une  nouvelle  acception.  Cette  circon- 
stance a  donné  lieu  à  une  singulière  anec- 


BOI  575 

dote  :  dans  l'édition  de  1803 ,  à  côté  du  de 
mot  Spoliateur  se  trouvait  le  nom  de 
Bonaparte,  qui  l'avait  employé  en  parlant 
d'une  loi-  La  police  de  l'époque  y  vit  une 
épigrainme  ,  et  obligea  l'auteur  de  faire 
un  carton ,  et  de  substituer  le  nom  de 
Frédéric  le  Grand  à  celui  de  Bonaparte. 
Bans  la  dernière  édition  le  nom  de  Bona- 
parte a  été  rétabli. 

BOISTEAU  ou  EOISTUAU.  Voyez 
BOAISTUAU. 

*  BOITEL  (  Pierre  ) ,  sieur  de  Gauber- 
tin ,  vivait  au  commencement  du  17e  siè- 
cle ;  il  a  laissé  un  grand  nombre  d'ou- 
vrages, parmi  lesquels  on  remarque: 
\Lcs  tragiques  accidens  des  hommes 
illustres,  depuis  le  premier  siècle  jusqu'à 
présent,  16 16 ,  in-12.  Son  premier  per- 
sonnage est  Abel ,  et  le  duc  de  Guise  est 
le  dernier;  |  Le  Théâtre  du  malheur, 
1621 ,  in-12  ;  ouvrage  rare  et  dans  le  même 
genre  que  le  précédent  ;  |  Le  Tableau  des 
merveilles  du  monde,  Paris ,  1617 ,  in-8°; 
|  Histoire  des  choses  les  plus  mémora- 
bles qui  se  sont  passées  en  France  depuis 
la  mort  de  Henri  le  Grand  jusqu'à  l'as- 
semblée des  notables,  en  1617  et  1618.  Cet 
ouvrage  ne  va  cependant  que  jusqu'au 
29  décembre  1617  ;  il  a  été  continué  jus- 
qu'en 1642  ,  et  imprimé  à  Rouen ,  1647 , 
3  vol.  in-8°.  On  attribue  à  Boitel  La  cin- 
quième et  la  sixième  partie  de  l'Astrée , 
Paris ,  1620 ,  2  vol.  in-8 ,  publiées  sous  le 
nom  de  Borstet.  Lenglet  du  Fresnoy  dit 
que  cette  continuation  est  médiocre  et 
bien  inférieure  à  celle  donnée  par  Baro. 

BOIVLX  (  François  de  ) ,  baron  du  Vil- 
lars  ,  fut  secrétaire  du  maréchal  de  Bris- 
sac,  et  l'accompagna  dans  le  Piémont 
sous  Henri  II.  Nous  avons  de  lui  Y  His- 
toire des  guerres  de  Piémont,  depuis  1550 
jusqu'en  1561,  Paris,  2  vol.  in-8°.  Cet 
historien  n'est  ni  poli,  ni  exact;  mais  il 
est  bon  à  consulter  sur  les  exploits  dont 
il  a  été  témoin.  Il  mourut  en  1618,  fort 
âgé.  La  continuation  de  son  Histoire  par 
Claude  Malingre  ,  parut  en  1630.  Boivin 
a  encore  donné  une  Instruction  sur  les 
affaires  d'état,  de  la  guerre ,  et  des  par- 
ties morales  ;  Lyon ,  1610,  in-8°. 

BOIVIN  (  Jean  ,  DE  VILLENEUVE  ) , 
professeur  de  grec  au  collège  noyai ,  na- 
quit à  Montreuil-l' Argile  ,  en  1663.  Son 
frère  aîné,  Louis  Boivin,  membre  de 
l'académie  des  belles-lettres,  l'appela  à 
Paris.  Le  cadet  fit  bientôt  de  grands  pro- 
grès dans  la  littérature  ,  dans  les  langues, 
et  surtout  dans  la  connaissance  de  la  lan- 
gue grecque.  Il  mourut  en  1726,  membre 
2. 


BOI 

l'académie  française,  de  celle  des 
belles-lettres  ,  et  garde  de  la  bibliothè- 
que du  roi.  Il  profita  de  ce  trésor  lit- 
téraire ,  et  y  puisa  des  connaissances  fort 
étendues.  Il  avait  toutes  les  qualités  qu'on 
désire  dans  un  savant ,  des  mœurs  douces, 
et  une  simplicité  qu'on  aime  dans  les 
gens  d'esprit ,  encore  plus  que  dans  les 
autres  ,  mais  qu'ils  ne  possèdent  pas  tou- 
jours. On  a  de  lui  |  Y  Apologie  d'Homère, 
et  le  Bouclier  d'Achille,  in-12.  |  La  tra- 
duction de  la  Batrachomyomachie  d'Ho- 
mère ,  ou  le  Combat  des  rats  et  des  gre- 
nouilles, en  vers  français  ,  sous  son  nom 
latinisé  en  Biberimero.  \  L'OEdipe  de  So- 
phocle et  les  Oiseaux  d'Aristophane,  tra- 
duits en  français,  in-12.  |  Des  poésies 
grecques  dont  on  a  admiré  la  délicatesse, 
la  douceur  et  les  grâces.  |  L'édition  des 
Malhematici  Veteres,  1693  ,  in-fol.  |  Une 
traduction  de  Y  Histoire  Byzantine  de  Ni- 
céphore  Grégoras ,  exacte  ,  élégante ,  et 
enrichie  d'une  préface  curieuse  et  de 
notes  pleines  d'érudition. 

BOIZARD  (Jean),  conseiller  en  la 
cour  des  monnaies  de  Paris ,  fut  chargé 
en  1663  et  en  1664  de  juger  les  monnaies. 
Il  composa  un  bon  traité  sur  celte  ma- 
tière ,  en  2  vol.  in-12  ,  dont  la  réimpres- 
sion a  été  défendue ,  parce  qu'il  contient 
un  traité  de  l'alliage,  dont  on  a  voulu 
soustraire  la  connaissance  au  public.  Ce 
livre,  imprimé  à  Paris  en  1711 ,  sous  le 
titre  de  Traité  des  monnaies,  de  leurs 
circonstances  et  dépendances  *  n'est  pas 
commun.  Il  y  a  des  exemplaires  avec  la 
date  de  1714;  mais  c'est  la  même  édition 
L'auteur  mourut  au  commencement  dw 
dix-huïtième  siècle. 

*  BOIZOT  (Louis-Simon  ) ,  sculpteur , 
naquit  en  1743.  Sa  figure  de  Méléagre  lui 
ouvrit  en  1778 ,  les  portes  de  l'académie. 
Ses  principaux  ouvrages  sont  une  figure 
de  Bacine  que  l'on  voit  à  l'Institut ,  plu- 
sieurs groupes  pour  l'ornement  des  tours 
de  Saint-Sulpice ,  qui  ont  été  détruits  pai 
la  révolution,  les  Statues  allégoriques 
dont  la  fontaine  de  la  place  du  Châtelet 
est  ornée ,  qui  sont  son  meilleur  ouvrage. 
On  distingue  surtout  la  Victoire  dorée 
qui  couronne  ce  monument.  11  contribua 
à  l'exécution  du  beau  monument  de  la 
place  Vendôme ,  en  composant  vingt-cinq 
modèles  des  panneaux  en  bronze  qui  la 
décorent.  Boizot  mourut  le  10  mars  1809, 
âgé  de  66  ans.  On  reproche  à  ce  sculpteur 
de  n'avoir  pas  assez  étudié  la  nature  et 
l'antique ,  ce  qui  laisse  trop  d'uniformité 
dans  ses  figures,  32 


BOL  3 

BOL  ou  BOLL  (  Jean  ou  Hans  ) ,  peintre 
flamand,  natif  de  Malines  en  1554,  mort 
en  1585,  à  60  ans  ,  fut  élève  de  Rembrandt 
et  réussit  particulièrement  en  détrempe , 
en  miniature  et  aux  paysages. 

*  BOLDETTI  (  Marc- Antoine  ) ,  né  à 
Rome  le  19  novembre  1665,  d'une  famille 
originaire  de  Lorraine,  étudia  de  bonne 
heure  la  poésie ,  la  philosophie  et  les  ma- 
thématiques ;  plein  de  goût  surtout  pour 
la  philosophie  morale,  il  lisait  sans  cesse 
Plutarque,  ce  qui  le  fit  nommer  le  Plu- 
tarque *  par  ses  condisciples.  Clément  XI 
le  nomma  gardien  des  cimetières  de 
Rome;  il  fut  pendant  plus  de  40  années 
chanoine  de  Sainte  -  Marie  d'au  -  delà 
du  Tibre ,  et  mourut  à  86  ans ,  le  4  dé- 
cembre 1749.  Il  était  très  versé  dans  la 
langue  hébraïque.  Outre  plusieurs  ou- 
vrages non  imprimés,  qui  ont  été  consu- 
més par  un  incendie ,  on  a  de  lui  :  Obser- 
vations sur  les  cimetières  des  saints  mar- 
tyrs et  des  anciens  chrétiens  de  Rome , 
Rome,  1720,  in-fol. 

*  BOLDUC  (  Jacques  ) ,  capucin ,  né  à 
Paris  vers  1580 ,  s'appliqua  à  la  prédica- 
tion ,  et  y  acquit  une  sorte  de  célébrité , 
qui  s'augmenta  encore  par  la  singularité 
de  quelques  ouvrages  sortis  de  sa  plume , 
et  par  les  idées  paradoxales  auxquelles  il 
se  livrait.  Il  est  auteur ,  |  d'une  traduc- 
tion du  livre  de  Job ,  avec  un  Commen- 
taire ou  Paraphrase  *  Paris ,  1629 ,  in-4° , 
et  1657,  2  vol.  in-fol.  Il  y  a  ajouté  la  ver- 
sion latine  du  texte  hébreu ,  et  les  diffé- 
rentes a  Iditions  et  versions  comparées  à 
la  Vulgate.  |  Un  Commentaire  sur  l'E- 
pilre  de  saint  Jude _,  1620 ,  in-4°  ;  |  De  Ec- 
clesia  ante  legem,  1626,  in-8°.  Il  y  traite 
des  géans.  Thomas  Bango ,  luthérien  de 
Finlande,  composa  contre  lui  un  traité 
intitidé  De  Nephilinis  gigantibus  vulgo 
dictis ,  dans  lequel  il  prétend  en  démon- 
trer l'existence  contre  Bolduc.  |  De  Ec- 
clesiapost  legem  ,  liber  unies  anagogicus, 
Paris ,  165  ) .  i  ;-4°  ;  |  De  orgio  christiano, 
libritres,  in  guibus  declarantur  antiquis- 
sima  Eucharistiœ  tgpica  mysteria.  Lyon, 
1640  L'auteur  y  prétend  faire  remonter 
l'institution  de  l'eucharistie  à  Adam  et  à 
Noé  :  au  premier  ,  parce  qu'à  lui  remonte 
la  culture  du  froment  ;  au  second ,  parce 
qu'on  lui  doit  la  plantation  de  la  vigne  et 
l'invention  du  vin,  deux  substances  qui 
forment  la  matière  du  saint  sacrement  de 
l'autel.  Quelques-uns  de  ses  ouvrages  sont 
recherchés ,  moins  à  cause  de  leur  valeur 
réelle  et  de  leur  utilité ,  que  pour  leur  ra- 
reté et  leur  originalité. 


1k  BOL 

BOLESLAS  le  GRAND ,  premier  roi  de 
Pologne,  succéda  en  999  à  son  père  Mi- 
cislas.  L'empereur  Othon  III  lui  donna  le 
titre  de  roi,  et  affranchit  en  1001,  son 
pays  de  la  dépendance  de  l'empire.  Bo« 
leslas  avait  de  grandes  qualités.  Il  n'avait 
en  vue  que  la  religion  et  le  bien  de  ses 
états.  La  Providence  récompensa  ses  ver- 
tus par  des  succès  éclatans.  Il  se  fit  payer 
un  tribut  par  les  Prussiens,  les  Russes  et 
les  Moraves;  châtia  la  révolte  de  ces  der- 
niers et  rétablit  Slopocus ,  duc  de  Russie, 
que  son  frère  Jaroslaiis  avait  détrôné. 
Son  père  lui  avait  fait  épouser  Judith, 
fille  de  Geiza ,  duc  de  Hongrie ,  de  laquelle 
il  eut  Nicolas  II ,  qui  lui  succéda ,  et  qu'il 
maria  à  Rixa,  fille  deRainfroi,  palatin 
du  Rhin.  Il  mourut  en  1025  ,  avec  le  sur- 
nom de  Grand.  Il  y  a  eu  plusieurs  autres 
princes  de  ce  nom.  Voyez  STANISLAS, 
évoque  de  Cracovie,  DRAHOMIRE , 
WENCESLAS  (  saint  ). 

*  BOLGEiM  (  Jean- Vincent  ) ,  jésuite, 
né  à  Bergame  le  22  janvier  1755 ,  enseigna 
pendant  plusieurs  années  la  philosophie  et 
la  théologie  à  Macérata ,  et  fit  imprimer 
plusieurs  écrits  dirigés  contre  les  nova- 
teurs qui  commençaient  à  s'accréditer  en 
Italie.  Pie  VI,  instruit  de  son  mérite, 
l'appela  à  Rome ,  et  le  nomma  théologien 
de  la  Pénitencerie.  Cependant  lors  de  la 
révolution  de  Rome  ,  en  1798  ,  il  fut  d'avis 
qu'on  pouvait  prêter  le  serment  de  haine 
à  la  royauté  ,  et  écrivit  pour  le  justifier. 
Son  écrit  intitulé  :  Sentimens  sur  le  ser- 
ment civique  prescrit ,  Rome ,  1799 ,  in-8°, 
fut  condamné,  et  il  fut  obligé  de  se  rétrac- 
ter. Il  mourut  le  5  mai  1811.  Ses  princi- 
paux ouvrages  sont  :  |  Examen  de  ta  véri- 
table idée  du  saint  Siège  *  Macérata,  1785, 
in-8° ,  en  réponse  au  livre  de  Tamburini, 
intitulé  De  la  véritable  idée  du  saint  Siégea 
dont  le  but  est  d'affaiblir  l'autorité  du  pape; 
|  Observations  théologico- critiques  sur 
deux  livres  imprimés  à  Plaisance  en  1784 
sous  ce  titre  Qu'est-ce  qu'un  appelant? 
Ces  deux  livres  étaient  favorables  à  l'ap- 
pel, et  Bolgeni  entreprit  de  les  réfuter  ; 
|  De  l'état  des  enfans  morts  sans  baptême, 
Macérata,  1787,  in-8°  ;  |  Traité  des  faits 
dogmatiques ,  ou  de  l'infaillibilité  de  l'E 
glise^pour  décider  sur  la  bonne  ou  la 
mauvaise  doctrine  des  livres,  trad.  du 
flamand,  Brescia,  1788,  2  vol.  in-8°;  |  Dis- 
sertation sur  la  charité  ou  V amour  de 
Dieu,  Rome,  1788,  2  vol.;  |  Eclaircisse- 
mens  pour  la  défense  de  la  Dissertation, 
Foligno,  4790,  in -8°;  |  Apologie  de  l'o 
mour  de  Dieu*  (Ut'ile  concupiscence  »  1 792  ; 


BOL 

|  De  l'épiscopal  ou  de  la  puissance  de 
gouverner  l'Eglise,  1789,  in-4°;  |  Disser- 
tation sur  la  juridiction  ecclésiastique , 
Rome,  1789,  in-8°;  |  Traité  de  la  posses- 
sion,  principe  fondamental  pour  décider 
les  cas  moraux,  Brescia,  1796  ,  in-8°;  il 
y  donna  une  suilc  qui  n'a  paru  qu'après 
pa  mort,  sous  le  lilre  de  Seconde  disser- 
tation sur  les  actes  humains  *  Crémone , 
1816 ,  m-8°. 
BOLINGBROKE.  V  BOLYNGBROKE. 
*  BOLIVAR  (  Grégoire  de  ) ,  religieux 
espagnol  de  l'ordre  de  Saint-François  de 
l'Observance ,  vivait  au  milieu  du  17e 
siècle,  et  se  dévoua  avec  zèle  aux  tra- 
vaux des  missions.  Il  alla  évangéliser  les 
peuples  du  Mexique  et  du  Pérou;  son 
courage  et  sa  foi  lui  firent  supporter  pen- 
dant 25  ans  les  fatigues  et  les  dangers 
sans  nombre  de  ce  pénible  apostolat.  Il 
passa  ensuite  dans  les  îles  Moluques,  où 
il  exerça  son  ministère  avec  la  même  ar- 
deur. C'est  tout  ce  qu'on  sait  de  sa  vie  et 
de  ses  travaux.  Il  paraît  qu'il  avait  des 
connaissances  en  médecine  et  que  cet 
art  lui  fut  utile  pour  approeber  sans  dan- 
ger des  peuplades  sauvages  qu'il  entre- 
prit de  convertir.  Avant  ses  voyages,  le 
père  Bolivar  avait  composé  un  ouvrage 
intitulé  :  Mémorial  de  Arbitrios  para  la 
reparacion  de  Espana,  Madrid,  1626, 
in-folio. 

*  BOLIVAR  (  Sivox  ) ,  né  à  Caraccas  , 
d'une  famille  distinguée  le  25  juillet  1785, 
fut  envoyé  de  bonne  heure  à  Madrid  où 
il  fit  ses  études.  Il  parcourut  ensuite  la 
France,  l'Angleterre,  l'Italie,  la  Suisse,  une 
partie  de  l'Allemagne,  et  revint  à  Madrid 
où  il  épousa  la  fille  du  marquis  d'Ustoriz , 
qui  mourut  peu  d'années  avant  la  révolu- 
tion de  Caraccas.  Bolivar  était  de  retour  en 
Amérique  à  l'époque  de  la  première  in- 
surrection de  son  pays  contre  l'Espagne  , 
en  1810.  Il  ne  voulut  prendre  aucune  part 
à  cette  révolution,  jusqu'au  moment  où  il 
vit  que  ses  compatriotes ,  dans  l'impuis- 
sance de  résister  aux  troupes  de  l'Espa- 
gne ,  allaient  rentrer  sous  la  domination 
de  la  métropole.  Après  avoir  été  chargé , 
auprès  de  la  cour  de  Londres  ,  d'une  mis- 
sion importante  qu'il  remplit  à  ses  frais , 
il  tut  investi  par  le  général  Miranda  du 
commandement  de  Puerto -Cabello.  En 
1812,  au  moment  du  funeste  tremblement 
de  terre  qui  désola  Caraccas,  il  laissa  sur- 
prendre la  citadelle  par  les  prisonniers 
espagnols  qui  y  étaient  renfermés ,  et  fut 
obligé  de  se  retirer  à  la  Guayra.  Chargé 
d'un  nouveau  commandement,  il  traversa 


573  BOL 

les  Andes  à  la  tète  d'un  corps  de  six  mille 
hommes ,  battit  les  Espagnols ,  et  se  vit 
bientôt  à  la  tète  d'une  troupe  assez  nom- 
breuse pour  marcher  sur  Caraccas.  Mon- 
teverde  vint  à  sa  rencontre  et  fut  défait. 
Bolivar ,  après  sa  victoire,  fit  son  entrée 
publique  à  Caraccas  ,  le  4  août  1815 ,  traita 
avec  modération  ceux  qui  étaient  attachés 
à  la  métropole ,  et  eut  la  satisfaction  de 
voir  le  territoire  entier  de  Venezuela  sou- 
mis à  la  république.  Il  fit  proposer  àMon- 
teverde ,  qui  s'était  réfugié  à  Puerto-Ca- 
bello  ,  l'échange  des  prisonniers  que  ce 
général  refusa,  quoique  cette  transaction 
eût  fait  rentrer  dans  ses  rangs  beaucoup 
plus  d'hommes  qu'il  n'en  eût  rendu.  Une 
nouvelle  affaire  eut  lieu  à  Agua-Caliente, 
où  Bolivar  fut  encore  vainqueur.  Il  mit 
ensuite  le  siège  devant  Puerto-Cabcllo , 
mais  la  constance  des  Espagnols  rendit 
ses  efforts  inutiles.   Bolivar,   qui  s'était 
créé  dictateur,  reçut  tout  à  coup  du  con- 
grès de  .a  Nouvelle-Grenade  l'ordre  de 
rétablir  le   gouvernement   civil  dans  la 
province  de  Caraccas  :   il  parut  hésiter 
d'abord  ;  mais  des  murmures  ,  qui  se  fai- 
saient  entendre  jusque    sous    sa   tente» 
l'ayant  éclairé  sur  la  véritable  disposition 
des  esprits,  il  convoqua ,  pour  le  2  jan- 
vier 181i ,  une  assemblée  générale  à  la- 
quelle il  rendit  compte  de  ses  actes ,  de 
ses  vues ,  et  il  lui  remit  ses  pouvoirs.  Ses 
explications  dissipèrent  les  défiances ,  et 
on  lui  déféra  la  puissance  dictatoriale,  jus- 
qu'à l'époque  de  la  réunion  de  la  Venezuela 
à  la  Nouvelle-Grenade.  Le  parti  espagnol 
ayant  soulevé  les  nègres  ,   et  en  ayant 
formé  des  bandes  irrégulières  qui  commi- 
rent des  excès ,  la  guerre  devint  terrible 
et  les  prisonniers  furent  impitoyablement 
massacrés.  Bolivar  lui-même,  malgré  son 
esprit  de  modération,  fit  mettre  à  mort , 
par  représailles ,  huit   cents  prisonniers 
espagnols.  Il  battit  plusieurs  chefs  roya- 
listes. Mais,  devenu  trop  confiant,  il  di- 
visa ses  forces  et  éprouva ,  dans  les  plai- 
nes de  Cura,  un  échec  à  la  suite  duquel 
Cumana ,  La  Guayra  ,  et  Caraccas  se  décla- 
rèrent pour  la  métropole.  Défait  de  nou- 
veau à  la  journée   d'Araguita,    Bolivar 
s'embarqua  pour  Carthagène  avec  quel- 
ques officiers.  Rivai  et  Bermudez  essayè- 
rent de  relever  la  cause  de  l'indépendance, 
et  obtinrent  d'abord  quelques  succès.  Mais 
ils  fuient  bientôt  vaincus ,  et  le  premier, 
tombé  entre  les  mains  des  royalistes,  eut  la 
tète  tranchée.  Le  second  se  retira  à  Mar- 
garita  et  s'y  soutint  jusqu'au  moment  où 
une  expédition ,  partie  de  Cadix ,  sous  les 


BOÎ.  576 

ordres  de  Morillo,  vint  mellrc  le  siège 
devant  Carthagène.  Bolivar,  qui  en  élaii 
sorti  et  qui  avait  soumis  Santa-Fé  de  Bo- 
gata,  accourut  au  secours  de  Carthagène, 
et  joignit  ses  troupes  à  celles  qui  la  défen- 
daient. Il  se  rendit  ensuite  à  la  Jamaïque 
pour  y  chercher  des  renforts;  mais  le 
manque  de  fonds  ayant  amené  des  retards, 
les  secours  n'arrivèrent  qu'après  la  red- 
dition de  la  place  qui  s'était  défendue 
pendant  quatre  mois.  Les  Espagnols ,  de- 
venus arrogans  par  ce  succès ,  indisposè- 
rent contre  eux  jusqu'aux  indigènes  qui 
combattaient  dans  leurs  rangs  ,  et  qui  se 
réunirent  aux  indépendans.  Des  bandes 
de  guérillas  couvrirent  toutesles  provinces 
et  harcelèrent  les  Espagnols ,  dont  ils  in- 
terceptaient les  convois  et  les  communica- 
tions. Bolivar  prit  terre  alors  avec  les  trou- 
pes qu'ila  vait  organisées  avec  tant  de  peine 
et  de  constance, rallia  près  de  Cumana  quel- 
ques corps  de  guérillas,  remit  à  la  voile  et 
alla  mouiller  près  de  Choroni  ,  où  il  dé- 
barqua son  avant-garde  que  commandait 
l'écossais  Mac-  Grégor.  Tandis  que  son 
lieutenant  s'emparait  de  la  Maraçay  et  de 
la  Cabrera ,  il  descendit  à  Ocumare  et  y 
publia  une  proclamation  dans  laquelle  il 
reconnaissait  le  principe  de  l'affranchis- 
sement des  nègres.  Les  colons  de  Vene- 
zuela virent  dans  cette  reconnaissance 
leur  ruine,  et  abandonnèrent  Bolivar  qui 
livré  à  ses  propres  forces ,  fut  encore  battu. 
11  rejoignit  ses  lieutenans  Mac-Grégor  et 
Arismendi  qui  s'étaient  réfugiés  à  Barce- 
lone. Après  avoir  failli  périr  aux  Cayes 
sous  le  poignard  d'un  assassin,  il  convoqua 
dans  l'île  de  Margarita  le  congrès  général 
de  la  province,  et  remporta  une  victoire 
sur  Morillo,  qui  vint  l'assiéger.  Les  indé- 
pendans reprirent  bientôt  la  supériorité 
sur  tous  les  points.  Nommé  chef  suprême 
de  Venezuela,  Bolivar  établit  son  quartier- 
général  à  Angos  tura,  et  y  dirigea  les  affaires 
de  la  république.  Le  51  décembre  1817  ,  il 
remonte  l'Orénoque,  se  trouve,  après 
quarante-deux  jours  de  marche ,  au  pied 
des  remparts  de  Calabozo ,  à  trois  cents 
lieues  d'Angostura,  et  force  Morillo  d'a- 
bandonner cette  ville,  et  de  se  retirer  à 
Valencia.  Celui-ci  tenta  de  surprendre 
son  adversaire  ,  au  moment  où  il  venait 
d'envoyer  une  partie  de  ses  troupes  pour 
s'emparer  de  quelques  villes  voisines  et 
le  combat  dura  cinq  jours ,  à  la  Cabrera, 
à  Maraçay,  à  la  Pucrla.  Mais  Morillo 
blessé  se  retira  avec  perte.  Le  17  avril 
1818,  Bolivar  se  vit  sur  le  point  d'être  li- 
vré aux  Espagnols  par  le  colonel  Lopez , 


BOL 

qui  pénétra  avec  12  hommes  dans  sa 
tente,  pendant  qu'il  dormait.  Il  n'eut  que 
le  temps  de  s'échapper  presque  nu.  La 
campagne  finit  par  la  lassitude  des  deux 
partis ,  el  Bolivar  ouvrit  le  congrès  de 
Venezuela  le  15  février  1819.  Il  y  proposa 
une  constitution  républicaine  qui  fut  adop- 
tée ,  et  se  démit  aussitôt  du  pouvoir  su- 
prême. Mais  l'assemblée  le  pria  de  con- 
server encore  une  autorité  qui  pouvait 
être  plus  utile  que  jamais  à  la  patrie.  Il 
accepta  cette  prolongation  de  dictature 
et  recommença  la  campagne  avec  une 
nouvelle  armée.  Les  Espagnols  récem- 
ment défaits  par  le  général  républicain 
Santander,  s'étaient  retirés  au-delà  des 
Cordillères;  Bolivar  traverse  ces  monta- 
gnes et  remporte  sur  les  ennemis  deux 
victoires  qui  lui  ouvrent  les  portes  de 
Tunja,  de  Santa-Fé,  et  lui  livrent  la  Nou- 
velle-Grenade qui  demande  à  se  réunir  à 
la  province  de  Venezuela  en  choisissant  Bo- 
livar pour  son  chef  suprême.  Après  avoir 
laissé  Santander  pour  vice-président,  il 
revient  à  Angostura  à  la  tête  d'une  forte  ar- 
mée, et  le  congrès  général  réunit  les  deux 
provinces  sous  le  nom  de  république  de 
COLOMBIE  en  ordonnant  la  construction 
d'une  nouvelle  capitale  qui  porterait  lo 
nom  de  Bolivia.  Dès  les  premiers  jours 
de  janvier  1820 ,  les  hostilités  recom- 
mencèrent ,  et  Bolivar,  vainqueur  à  Cala- 
bozo ,  poursuivit  ses  avantages  jusqu'au 
jour  où  la  nouvelle  de  la  révolution  espa- 
gnole parvint  en  Amérique.  Des  négocia- 
tions s'ouvrirent  alors  à  Truxillo  ,  entre 
le  dictateur  Colombien  et  le  général  es- 
pagnol Morillo ,  et  ces  deux  chefs  conclu- 
rent un  traité  par  lequel  l'Espagne  devait 
reconnaitre  Bolivar  en  qualité  de  prési- 
dent de  la  république  de  Colombie ,  qui 
était  composée  1°  de  la  province  de  Carac- 
cas;  2°  de  la  Nouvelle-Grenade  ou  vice- 
royauté  de  Sanla-Fé  ;  5°  de  la  province  de 
Qiiito.  Ce  traité  ne  fut  point  ratifié.  Tan- 
dis qu'un  congrès  s'occupait  de  fixer  les 
bases  du  nouvel  état,  Bolivar  assurait  dé- 
finitivement contre  les  généraux  Morales 
et  la  Torre  l'indépendance  de  son  pays. 
Le  Pérou  restait  encore  sous  la  domina- 
tion de  l'Espagne.  Bolivar  se  rendit  dans 
cette  contrée  pour  diriger  le  soulèvement 
qui  y  éclata  contre  la  métropole.  Les  Pé- 
ruviens lui  déférèrent  aussi  la  dictature  ; 
il  la  déposa  après  la  cessation  delaguerre, 
et  se  contenta  des  titres  de  Libérateur  et 
de  Protecteur  que  lui  décernèrent  les 
peuples  en  faveur  desquels  il  avail  com- 
battu. Le  14  mai  1826 ,  il  fut  encore  nommé 


BOL 


377 


BOL 


président  de  la  Colombie  par  583  suffra- 
ges sur  608  votans,  et  Santander  fut  nom- 
mé vice-président  à  une  moins  forte  ma- 
jorité. La  division  ne  tarda  pas  à  se  met- 
tre entre  ces  deux  hommes.  La  conduite 
du  général  Paëz  ,  commandant  militaire 
de  la  province  de  Venezuela,  l'ayant  fait 
destituer  par  le  congrès,  un  soulèvement 
But  lieu,  à  cette  occasion,  à  Valencia,  et 
en  attendant  l'arrivée  de  Bolivar  qui  se 
trouvait  alors  dans  le  Haut-Pérou  ,  Paëz 
fut  investi  de  tous  les  pouvoirs  par  les 
révoltés.  En  peu  de  jours  l'insurrection 
s'étendit  dans  toutes  les  villes  de  la  côte; 
Bolivar  fut  partout  proclamé  dictateur  et 
Paëz  son  lieutenant.  Cependant  le  Libé- 
rateur qui  s'était  prononcé  en  1822  pour 
l'unité  de  la  république  et  non  pour  un 
état  fédératif,  venait  de  fonder  la  répu- 
blique du  Haut-Pérou  qui  devait  prendre 
te  nom  de  Bolivia ,  dont  la  présidence 
lui  fut  décernée.  Les  Espagnols  avaient 
été  chassés  par  son  aide  de  ce  pays  :  mais 
bientôt  les  Péruviens  parurent  craindre 
de  voir  s'appesantir  sur  eux  la  domination 
de  leur  libérateur.  Bolivar ,  offensé  de 
ces  dispositions,  menaça  de  se  retirer 
avec  son  armée.  Le  congrès  péruvien , 
effrayé  de  cette  résolution ,  le  pria  de  con- 
server le  pouvoir  suprême.  Il  modifia  alors 
une  partie  de  la  constitution  qu'il  avait 
donnée  au  Pérou,  proposa  un  noviveau 
système  électoral,  et  établit  les  trois  cham- 
bres législatives  des  tribuns,  des  sénateurs, 
et  des  censeurs.  Il  retourna  ensuite  dans 
la  Colombie ,  et  rentra  en  triomphe ,  après 
cinq  ans  d'absence ,  à  Bogota ,  le  19  no- 
vembre 1826.  Il  s'investit  lui-même  de 
la  dictature,  en  vertu  d'un  article  mal  in- 
terprété de  la  constitution  ,  rétablit  Paëz 
dans  le  gouvernement  de  Venezuela  en 
approuvant  ses  actes,  et  par  sa  conduite 
dans  ces  conjonctures  alarma  un  instant 
les  amis  de  la  liberté.  La  guerre  civile 
qui  menaçait  la  Colombie  fut  étouffée, 
mais  par  des  mesures  que  n'autorisait 
point  la  constitution.  Santander  indigné 
offrit  sa  démission,  et  Bolivar  informé 
qu'on  le  soupçonnait  de  tendre  au  despo- 
tisme, offrit  aussi  la  sienne.  Ces  deux  dé- 
missions furent  refusées.  Alors  on  apprit 
qu'une  nouvelle  insurrection  avait  éclaté 
dans  le  Pérou  et  que  la  constitution  Boli- 
vienne y  avait  été  détruite.  Le  congrès 
colombien  se  réunit  et  Eolivar  demanda 
que  les  affaires  politiques  du  pays  fussent 
terminées  par  une  Convention  ;  Santander 
s'y  opposa  mais  inutilement.  Le  congrès 
adopta  la  proposition  du  Libérateur  qui 


voulait ,  comme  nous  l'avons  déjà  dit ,  ?&> 
nilé  de  la  république,  tandis  que  Santander 
désirait  un  état  fédératif ,  pareil  à  celui 
des  Etals-Unis  du  Nord  de  l'Amérique. 
Des  élections  eurent  lieu,  et  la  Conven- 
tion fut  convoquée  pour  le  2  mars  1828. 
Constituée  le  9  avril  suivant,  elle  ne  lit 
rien  et  Bolivar  en  renvoya  les  membres. 
Les  assemblées  municipales  qui  se  tinrent 
ensuite  en  divers  lieux,  déférèrent  le  pou- 
voir suprême  à  Bolivar,  et  Santander  fut 
obligé  de  se  retirer.  Bolivar  ,  irrité  de  ce 
que  les  Colombiens  étaient  chassés  du  Pé- 
rou, déclara  la  guerre  à  celte  république; 
mais  il  apprit  en  même  temps  qu'une 
armée  Espagnole  se  réunissait  à  la  Ha- 
vane ,  et  paraissait  destinée  contre  la  Co- 
lombie. Dans  ces  circonstances,  il  pu- 
blia, en  qualité  de  président  libérateur, 
un  décret  organique  ,  donné  à  Bogota  le 
27  août  1828  ,  qui  était  une  nouvelle  con- 
stitution provisoire  de  la  république ,  et 
qu'on  devait  exécuter  jusqu'en  1830.  Tout 
à  coup  éclata  contre  lui  une  conspiration, 
parmi  des  hommes  qui  lui  semblaient  dé- 
voués; les  conjurés  entrèrent  dans  la 
chambre  du  président  qui  ne  leur  échappa 
qu'en  sautant  par  une  fenêtre.  Le  peuple 
ne  prit  aucune  part  à  celte  insurrection, 
et  la  bonne  contenance  des  soldats  l'eut 
bientôt  réprimée.  Le  danger  que  Bolivar 
avait  couru ,  lui  fît  prendre  l'autorité  dic- 
tatoriale. Plusieurs  conjurés  furent  fusil- 
lés, et  Santander  fut  condamné  à  la  peine 
de  mort,  commuée  ensuite  en  une  dépor- 
tation perpétuelle.  Le  dictateur  s'occupa 
alors  exclusivement.de  la  guerre  contre  le 
Pérou  qui  cessa  en  1829  ,  et  depuis  cette 
époque  il  consacra  tous  ses  soins  aux  inté- 
rêts de  la  Colombie  ;  il  mourut  à  San-Pé- 
dro,  près  de  Santa-Martha,  à  la  fin  de  1830, 
après  avoir  reçu  avec  piété  les  derniers 
sacremens.  Il  avait  sacrifié  sa  fortune  à 
la  cause  qu'il  défendait,  et  avait  payé  de 
ses  fonds  l'affranchissement  d'un  nombre 
considérable  d'esclaves.  Aussi  cet  homme 
extraordinaire  est-il  mort  dans  un  état 
voisin  de  la  pauvreté. 

*  BOLLA.ADUS  ou  de  BOLLANDT  (Se- 
bastien), récollet,  né  à  Maëstricht  dans 
le  17e  siècle,  mort  à  Anvers  en  1645  fut 
éditeur  des  ouvrages  suivans  :  |  Hislorica, 
theologica  et  moralis  terra;  sanclœ  éluci- 
dât™ j  auctore  Francisco  Quaresmio , 
Anvers ,  1639  ,  2  vol.  in-fol.  ;  |  Sarmones 
aurei  fralris  Pétri  ad  Boves  ,  in  domini- 
cas  et  festa  per  atinum >  Anvers,  1643  , 
in-folio. 

BOLL  YNDUS  (Jean)  jésuite  ,  naquit  k 
32, 


BOL 


578 


BOL 


Tirlemont  dans  le  pays  de  Limbourg ,  en 
1596.  La  compagnie  de  Jésus ,  dans  la- 
quelle il  avait  pris  l'habil ,  le  choisit  pour 
exécuter  le  dessein  que  le  P.  Rosweide 
avait  eu  de  recueillir  les  monumens  qui 
pouvaient  constater  les  vies  des  saints,  sous 
le  titre  à' Jeta  Sanctorum.  Bollandus  avait 
la  sagacité  ,  l'érudition  et  le  zèle  qu'il  fal- 
lait pour  cette  entreprise.  En  1643  ,  on  vit 
paraître  les  saints  du  mois  de  janvier ,  en 

2  vol.  in-folio  ;  en  1658 ,  ceux  de  février  en 

3  vol.  Il  avait  commencé  le  mois  de  mars  , 
lorsqu'il  mourut  le  i2  septembre  1663.  Le 
Père  Henschenius ,  son  associé  ,  fut  son 
continuateur.  On  lui  donna  pour  second 
le  Père  Papebrock ,  un  des  plus  dignes 
successeurs  de  Bollandus.  Cet  ouvrage 
immense  a  été  comparé  à  un  filet  qui 
prend  toutes  sortes  de  poissons  (sagenae 
ex  omni  génère  piscium  congreganli. 
Matth.  13).  On  y  trouve  toutes  les  légen- 
des ,  vraies  ,  douteuses  et  fausses.  Les  sa- 
vans  collecteurs  discutent  la  plupart  des 
faits ,  et  dégagent  l'histoire  des  saints  des 
fables  dont  l'ignorance  ou  une  piété  mal- 
entendue  ,  l'avaient  chargée.  On  y  trouve, 
outre  l'objet  direct  de  leurs  travaux ,  un 
grand  nombre  de  traits  qui  intéressent 
non-seulement  l'histoire  ecclésiastique  , 
mais  encore  l'histoire  civile ,  la  chrono- 
logie ,  la  géographie  ,  les  droits  et  les  pré- 
tentions des  souverains  et  des  peuples; 
tous  les  volumes  sont  accompagnés  de  ta- 
bles exactes  et  très  commodes.  Bollandus, 
le  père  de  cette  compilation  ,  était  moins 
bon  critique  que  ses  continuateurs.  On 
les  appelle  ,  de  son  nom ,  Bollandistes. 
Ce  grand  ouvrage,  interrompu  après  la 
suppression  de  la  société ,  a  été  repris  en 
1779  par  ordre  de  l'impératrice-reine  ,-à 
la  grande  satisfaction  des  sa  vans  chrétiens. 
Depuis  qu'il  est  reconnu  d'après  les  vai- 
nes tentatives  des  philosophes ,  qu'on  ne 
peut  former  des  hommes  de  bien ,  de  bons 
citoyens  ,  des  sujets  fidèles  ,  sans  les  gran- 
des maximes  de  la  religion  ,  l'histoire  des 
saints  ,  si  riche  en  exemples ,  si  propre  à 
donner  des  leçons  pratiques  à  tous  les  or- 
dres de  la  société ,  doit  nous  être  plus 
précieuse  que  jamais.  Le  philosophisme 
faisant  toujours  de  plus  grands  progrès 
sur  l'esprit  des  gouvernemens ,  celui  de 
Bruxelles  supprima  l'ouvrage  et  détrui- 
sit la  société  des  Bollandistes  en  1788,  le 
jour  de  la  Toussaint  (  époque  que  choisit 
par  dérision  la  morgue  philosophique). 
«Cet  érudit  et  édifiant  ouvrage,  a  dit 
»  quelqu'un  à  celte  occasion  ,  leur  a  paru 
»  inutile.  Effectivement,  cet  ouvrage  est 


»  la  vie  des  saints  {Jeta  Sanctorum)  i 
»  or ,  conformément  à  ce  qui  est  dit  au 
»  livre  de  la  Sagesse ,  cliap.  2  :  Dissimilia 
»  est  al iis  vita  illius....  INUTILIS  est  no~ 
f  bis  et  contrarius  operibus  noslris.  »  Lors 
de  la  révolution  de  Brabant ,  en  1789,  cette 
association  célèbre  se  rétablit  par  les  soins 
de  l'abbé  de  Tongerloo,  ordre  de  Pré* 
montré.  L'ouvrage  a  été  de  nouveau  in- 
terrompu en  1794  ,  à  l'entrée  des  troupes 
françaises  dans  la  Belgique.  Cette  pré- 
cieuse collection  forme  aujourd'hui  33  vo- 
lumes in-folio  :  janvier,  2  volumes; 
février,  3;  mars,  3  ;  avril,  5;  mai,  8; 
juin,  7;  juillet,  7;  août,  6;  septembre, 
8;  octobre,  6.  On  joint  ordinairement  à 
cet  ouvrage  Martyrologium  Usuardi ,  1 
vol.  in-folio,  et  ylcta  Sanctorum  Bollan- 
dianaapologelicislibris  vindicata.  Les  Vé- 
nitiens ont  réimprimé  successivement  les 
42  premiers  volumes  de  cet  ouvrage  jus- 
qu'au 15  septembre;  mais  celte  édition 
est  très  inférieure  à  celle  des  Pays-Bas. 

BOLEYN.  Voyez  BOULEN. 

'  BOLLIOUD-MERMET  (  Louis  ) ,  né  à 
Lyon,  le  15  février  1709,  fut  long-temps 
secrétaire  de  l'académie  de  celte  ville  ,  et 
mourut  en  1795.  Sa  famille  était  distin- 
guée dans  la  magistrature.  On  a  de  lui  : 
|  De  la  corruption  du  goût  dans  la  mu- 
sique française  ,  1745,  in-12;  |  De  la  bi- 
bliomanie  s  1761,  in-8°;  |  Discours  sur 
l'Emulation,  1765  ,  in-8°;  |  Essai  sur  la 
Lecture , 1765 ,  in-8°  :  ces  ouvrages  sont 
anonymes  ;  |  Rénovation  des  vœux  litté- 
raires ,  discours  prononcé  pour  la  cin- 
quantaine de  sa  réception  à  l'académie  de 
Lyon.  Il  a  laissé  en  manuscrit  une  his- 
toire de  cette  société  littéraire. 

* BOLOGAA  (Antoine),  né  à  Paler- 
me  ,  et  mort  en  1653 ,  fut  vicaire-général 
de  Sicile  :  on  a  de  lui  un  Traité  des  im- 
munités ecclésiastiques ,  et  un  autre  sur 
la  Division  du  royaume  de  Sicile. 

BOLOGNE  (  Jean  de  ) ,  né  à  Douai  vers 
1524,  disciple  de  Michel-Ange,  orna  la 
place  de  Florence  d'un  beau  groupe,  re- 
présentant l'enlèvement  d'une  Sabine.  On 
avait  de  lui  en  France  le  Cheval  de  Henri 
le  Grand,  qu'on  voyait  sur  le  Pont-Neuf 
à  Paris  j*èt  qui  a  été  détruit  pendant  la  ré- 
volution. Ce  monument  a  été  rétabli  en 
1819  par  Bozio.  Bologne  mourut  à  Flo- 
rence ,  âgé  de  84  ans. 

♦BOLOGNE  (Pierre  de),  secrétaire  du 
roi ,  né  à  la  Martinique  en  1706 ,  mort  à 
Paris  en  1799.  Il  a  laissé  :  j  des  Odes  sa- 
crées, qui  manquent  de  force  et  d'enthou- 
siasme, qualités  cependant  nécessaires  au 


BOL  579 

genre  lyrique,  mais  elles  sont  rempla- 
cées autant  qu'elles  peuvent  l'être  par  la 
pureté  ,  l'élégance,  l'harmonie,  le  natu- 
rel et  l'aisance  delà  versification.  |  Amu- 
semens  d'un  septuagénaire  ,  ou  contes  , 
anecdotes ,  bons  mots ,  naïvetés  mises  en 
vers,  1786,  in-S°. 

BOLOGIVÈSE(Le).  Voyez  GRIMALDI 
et  JEAN  de  CASTEL. 

*  BOLOGNEYI  (Louis),  jurisconsul- 
te ,  né  à  Bologne  en  1447 ,  remplit  plu- 
sieurs charges  importantes  auprès  d'In- 
nocent VIII ,  son  parent ,  et  fut  successi- 
vement conseiller  do  Charles  VIII ,  roi  de 
France  ,  et  de  Louis  Sforce  ,  duc  de  Mi- 
lan ,  juge  et  podestat  à  Florence ,  séna- 
teur de  Rome  et  avocat  cqnsistorial  nommé 
par  Alexandre  VI.  Ce  pape  l'envoya  en 
ambassade  auprès  du  roi  Louis  XII.  Il  fut 
après  Polilien  ,  un  des  premiers  juriscon- 
sultes qui  entreprirent  de  corriger  le  texte 
des  Pandectes.  Ses  principaux  ouvrages 
sont  |  Epistolœ  décrétâtes  Gregorii  IX 
suce  inlegritali  restituiez  3  cu?n  notis  ,  etc., 
Francfort,  1590.  |  Colle  clio  florum  in  jus 
canonicum,  Rologne  ,  1496  ,  in-fol.  |  Con- 
silia,  Bologne,  1499.  |  De  quatuor  sin- 
gularitalibus  in  Gallia  repertis,  mélange 
de  prose  et  de  vers  qu'il  adressa  'à  Sym- 
phorien  Champier,  qui  l'a  inséré  dans 
son  livre  De  triplici  disciplina,  Lyon, 
1508,  in-8°.  Les  quatre  merveilles  que 
Bolognini  avait  admirées  en  France  pen- 
dant son  ambassade ,  sont  la  bibliothèque 
royale  de  Blois,  l'heureux  état  du  royaume, 
la  ville  de  Lyon  et  celle  de  Blois.  Il  mou- 
rut le  19  juillet  1508! 

BOLSEC  (  Jérôme-Hermès)  ,  de  Paris  , 
aumônier  de  la  duchesse  de  Ferrare  et 
médecin  à  Lyon ,  fut  d'abord  carme  ; 
mais  ayant  laissé  entrevoir  un  penchant 
pour  les  nouvelles  erreurs ,  il  essuya 
quelques  reproches,  qui  bien  loin  de  lui 
ouvrir  les  yeux ,  furent  le  prétexte  de  son 
apostasie.  Il  suivit  ensuite  Calvin  à  Ge- 
nève; mais  s'étant  brouillé  avec  lui,  il 
rentra  dans  le'sein  de  l'Eglise.  Nous  avons 
de  lui  Vie  de  Calvin,  Paris  ,  1577  ,  et  de 
Bèze,  Paris,  1582;  l'une  et  l'autre  in-8°. 
Il  y  a  bien  des  choses  intéressantes,  mais 
dont  les  prétendus  réformés  ont  été  fort 
mécontens.  Bolsec  prenait  les  titres  de 
théologien  et  de  médecin  ;  il  n'était  ni 
l'un  ni  l'autre  dans  un  degré  supérieur. 
11  vivait  encore  en  1580. 

BOLSWEKD  (Scheldt  ou  SCHELTE) , 
né  à  Bolswerd  en  Frise ,  a  beaucoup  gravé 
au  burin  ,  d'après  les  ouvrages  de  Ru- 

rs,  Van-Dyck  et  Jordan*,  et  a  parfai- 


ROL 

tement  rendu  la  touche  de  ces  grands 
maîtres.  —  Boccc  BOLSWERD,  son  frère, 
excellent  graveur  ,  n'a  pourtant  pas  égalé 
Scheldt.  —  Leur  père  était  Adam  Bols- 
werd, qu'on  place  mal  à  propos  parmi 
les  graveurs. 

*  BOLTIAE  (Jeyx-Nikititscii)  ,  géné- 
ral-major, membre  de  l'académie  russe, 
né  en  1735  à  Saint-Pétersbourg ,  mort 
dans  la  même  ville  le  G  octobre  1792 , 
a  donné  |  Chorographie  des  eaux  miné- 
rales de  Sarepta  ,  1782  ;  |  Remarques  sur 
la  grande  histoire^  de  Russie  de  Leclerc 
(1787),  Saint-Pétersbourg,  1788,  2  voL 
in-4°,  traduites  en  français.  Il  publia  Re- 
marques sur  le  tableau  historique  de  la 
vie  de  Rurick ,  composées  par  Cathe- 
rine II ,  Pétersbourg,  1792 ,  et  laissa  en 
manuscrit,  |  une  traduction  de  V Ency- 
clopédie jusqu'à  la  lettre  K;  |  la  lettre  A 
d'un  dictionnaire  raisonné  Slavo-Russe; 
et  des  Notes  explicatives  des  anciennes 
chroniques. 

*BOLTO\  (Edmond),  antiquaire  an- 
glais du  17e  siècle,  dont  on  a  :  |  Néron 
César  ou  la  Monarchie  corrompue ,  Lon- 
dres., 1624 ,  ouvrage  curieux  pour  l'his- 
toire du  commerce  à  celle  époque  ;  |  Vie 
de  Henri  II;  \  et  un  ouvrage  sur  les  an- 
tiquités de  Londres,  intitulé  Vindictes 
Brilannicœ ,  resté  manuscrit. 

*  BOLTOX  (Bobert),  théologien  an- 
glais de  la  secte  des  puritains  ,  et  profes- 
seur d'histoire  naturelle  à  Oxford ,  né  en 
1571,  mort  en  1651 ,  se  rendit  célèbre  par 
son  érudition  et  son  talent  pour  parler  en 
public.  Il  a  laissé  plusieurs  ouvrages , 
parmi  lesquels  on  distingue  un  Traité  du 
bonheur ,  souvent  réimprimé  ;  et  un 
Traité  sur  les  quatre  dernières  fins  de 
l'homme,  qui  eut  aussi  plusieurs  éditions. 
—  Il  ne  faut  pas  le  confondre  avec  un  au- 
tre théologien  anglican  du  même  nom  et 
prénom  ,  mort  en  1765  ,  qui  a  publié  un 
bon  Traité  de  l'emploi  du  temps,  1750, 
et  autres  ouvrages. 

*  BOLTS  (Guillaume  ) ,  né  en  Hollande 
vers  1740 ,  passa  en  Angleterre  à  l'âge  do 
quinze  ans,  et  partit  pour  Lisbonne,  où 
il  se  trouva  lors  du  tremblement  de  terre 
de  1755.  Peu  de  temps  après ,  il  se  rendit 
dans  les  établissemens  du  Bengale  de  la 
compagnie  anglaise  des  Indes  orientales, 
et  fut  nommé  ,  en  1765,  membre  du  con- 
seil des  revenus  de  la  province  de  Bena- 
rès,  qui  venait  d'être  cédée  à  la  compa- 
gnie. Son  activité  lui  fit  découvrir  plu- 
sieurs articles  de  commerce  qui  jusqu'a- 
lors avaient  été  négligés.  La  province  fut 


ÏJOL 


380 


BOL 


rendue  au  rajah;  il  quitta  le  service  de  !a 
compagnie ,  et  se  livra  avec  le  plus  grand 
succès  à  ses  propres  affaires.  Etabli  à  Cal- 
cutta ,  il  fut  nommé  un  des  alderman  du 
seul  tribunal  anglais  existant  alors  dans 
le  Bengale.  Ses  succès  lui  firent  des  en- 
nemis; l'autorité,  excitée,  dit-on,  par  des 
marchands ,  l'accusa  d'avoir  l'intention 
de  soustraire  l'Inde  à  la  domination  bri- 
tannique. Conduit  prisonnier  en  Angle- 
terre, il  intenta  aux  membres  du  gouver- 
nement du  Bengale  une  action  pour 
emprisonnement  illégal,  et  publia  pour  sa 
défense  son  livre  intitulé:  Considérations 
on  India  affairs,  2  vol.  in-4°.  Cette  lutte 
inégale ,  qui  dura  sept  ans ,  absorba  sa 
fortune,  évaluée  à  94,000  livres  sterl.  ; 
mais  ce  fut  alors  que  l'impératrice  d'Au- 
triche le  nomma  colonel,  et  lui  donna 
des  pouvoirs  sur  tous  ses  établissements 
projetés  dans  les  Indes  orientales.  Il  en 
forma  en  effet  six  sur  les  côtes  de  Ma- 
labar et  de  Coromandel,  à  Car-Nicobar 
et  Bio  de  la  Goa  ,  sur  la  côte  sud-est  de 
l'Afrique  (  Makintosh  ,  tom.  1 ,  lettre 
37  ).  La  mort  de  Marie-Tbérèse  ren- 
versa encore  ses  espérances  ,  et  il  fut, 
sous  l'empereur  Joseph,  dépouillé  de 
tous  ses  pouvoirs.  Doué  d'un  esprit  pé- 
nétrant et  capable  delà  plus  opiniâtre  ap- 
plication ,  il  avait  fait  une  étude  particu- 
lière des  langues  orientales ,  et  parlait  les 
principales  langues  anciennes  et  moder- 
nes. Deux  fois  possesseur  de  grandes  ri- 
chesses, il  tenta  de  nouveau  la  fortune  en 
créant  un  établissement  près  de  Paris.  La 
guerre  avec  l'Angleterre  vint  encore  dé- 
truire ses  espérances.  Il  mourut  pauvre 
à  Paris,  le  28  avril  1808.  Son  Etat  civil, 
politique  et  commerçant  du  Bengale ,  a 
été  traduit  en  français  par  Demeunier , 
la  Haye  (Paris),  1775,  2  vol.  in-8°,  fig. 
BOLYNGimOKE  (He\ri  Saixt-Jevx, 
lord  vicomte  de),  secrétaire  d'état  sous  la 
reine  Anne ,  eut  beaucoup  de  part  aux 
affaires  et  aux  révolutions  arrivées  dans 
les  dernières  années  du  règne  de  cette 
princesse.  Il  était  né  en  1072  à  Battersea, 
dans  le  comté  de  Surry.  Membre  de  la 
chambre  des  Communes,  il  frappa  tous 
les  esprits  par  son  éloquence  et  par  la 
profondeur  de  ses  vues,  et  devint,  en  1704, 
secrétaire  de  la  guerre  et  de  la  marine. 
Benversé  du  ministère  par  le  parti  des 
JVhigs  en  1708 ,  il  passa  deux  années  dans 
la  retraite  et  l'étude;  en  1710,  il  fut  nom- 
mé secrétaire-d'état,  et  eut  le  départe- 
ment des  affaires  étrangères.  La  paix  d'U- 
irecht  signée  en  1715  est  le  plus  glorieux 


de  ses  travaux.  Il  avait  été  envoyé  à  Pa- 
ris ,  pour  consommer  la  négociation  de  la 
paix  entre  l'Angleterre  et  la  France.  Après 
la  mort  de  la  reine  Anne ,  Bolyngbroke  se 
retira  de  la  cour,  partageant  son  temps 
entre  l'étude  et  les  plaisirs.  Cependant 
comme  il  craignait  de  succomber  aux  pour- 
suites de  ses  ennemis  qui  l'avaient  fait  ex- 
clure du  parlement .,  il  passa  en  France , 
où  il  se  choisit  une  habitation  charmante 
à  une  lieue  d'Orléans.  Dans  l'espoir  de 
mettre  un  frein  aux  écarts  de  sa  jeunesse, 
on  lui  avait  fait  épouser  en  1700 ,  une 
riche  héritière ,  dont  il  ne  larda  pas  à  se 
séparer.  Il  se  remaria  avec  mademoiselle 
de  Villelte,  nièce  de  madame  de  Mainte- 
non  ,  ce  qui  ne  l'empêcha  pas  de  repasser 
en  Angleterre ,  où  il  fut  bien  accueilli.  Son 
caractère  était  emporté  ;  mais  sa  conversa- 
tion était  intéressante  et  assaisonnée  de 
bons  mots.  Sa  conduite  politique  changea 
plus  d'une  fois ,  et  M.  de  Lally-Tolendal  l'a 
peint  sous  des  traits  peu  honorables.  Il 
mourut  sans  enfans  à  Battersea ,  patri- 
moine de  ses  ancêtres ,  le  25  novembre 
1751 ,  âgé  de  79  ans.  On  a  de  lui  un  grand 
nombre  d'ouvrages  de  politique ,  des  Mé- 
moires,  des  Lettres ,  etc.  On  y  découvre 
des  connaissances  historiques ,  une  élo- 
quence mâle  et  républicaine;  mais  on  lui 
reproche  de  l'obscurité,  du  verbiage,  des 
jugemens  faux  et  des  pensées  mal  rendues. 
La  passion  l'entraîne  quelquefois  trop  loin, 
comme  quand  il  dit  dans  ses  lettres  sur 
l'histoire ,  que  le  gouvernement  de  son 
pays  est  composé  ck'un  roi  sans  éclat,  de 
nobles  sans  indépendance ,  et  de  commu- 
nes sans  liberté.  Son  ambition  était  de 
dire  des  choses  extraordinaires  et  para- 
doxales ,  et  de  se  distinguer  par  la  singu- 
larité de  ses  opinions  ,  en  quoi  il  a  non- 
seulement  nui  au  succès  de  ses  écrits, 
mais  ébranlé  encore  les  maximes  qui  de- 
vaient diriger  sa  conduite  personnelle. 
«  De  tels  novateurs  ,  dit  un  sage  critique, 
»  retardent  plus  qu'ils  ne  hâtent  les  pro* 
»  grès  des  sciences.  La  nouveauté  de  leurs 
»  maximes  et  leur  singularité  peuvent 
»  être  plus  agréables  à  certain  ordre  de 
»  lecteurs ,  que  les  maximes  anciennes 
«  qui  pour  être  connues  et  triviales,  n'en 
»  sont  pas  moins  les  seules  qui  soient 
»  vraies.  On  convient  que  les  novateurs 
»  ont  d'abord  un  très  grand  succès;  mais 
»  à  la  longue  on  vient  à  reconnaître  et  a 
i>  mépriser  leurs  erreurs.  Ils  voient  eux- 
»  mêmes ,  mais  trop  tard ,  qu'ils  se  sont 
»  livrés  à  des  recherches  purement  spé- 
»  culalives,  et  souvent  chimériques  ;  ils 


BOM 


5iH 


BOM 


»  scnlcnt,  mais  sans  qu'ils  aient  la  liberté 
»  de  se  corriger ,  que  pendant  qu'ils  se 
»  sont  abandonnés  à  l'ait  perfide  de  dou- 
•  fer,  ils  ont  perdu  tout  principe  assuré 
»  qui  eût  pu  contribuer  à  établir  la  cer- 
»  titude  et  la  solidité  de  leur  conduite  pri- 
»  vée.  »  M.  Mallet  donna  en  1754 ,  une 
édition  des  différons  ouvrages  de  Bolyng- 
Jjroke  en  5  vol.  in-4°,  et  en  9  vol.  in-8°. 
Ses  Lettres  sur  l'histoire,  5  vol.  in-12, 
et  ses  Mémoires ,  5  volumes  in-8° ,  ont 
été  traduits  en  français.  Maurice  ,  prince 
d'Isenbourg  ,  a  traduit  son  traité  sur  l'exil, 
où  il  y  a  de  bonnes  choses  que  l'auteur 
n'a  pas  eu  le  courage  de  réaliser ,  «yanl 
presque  toujours  substitué  aux  leçons 
qu'il  y  donne  l'humeur  que  lui  inspirait 
sa  situation.  On  a  publié  sous  son  nom  un 
Examen  important  de  la  religion  chré- 
tienne, in-8°,  écrit  violent  contre  le  chris- 
tianisme/1 Quoique  milord  Bolyngbroke 
fût  incrédule ,  c'est  à  tort  qu'on  a  voulu 
déshonorer  sa  mémoire  en  lui  attribuant 
un  pareil  livre;  on  sait  aujourd'hui  qu'il 
doit  son  existence  à  Voltaire. 

BOLZAM.  Voyez  PIERIUS  VALERIA- 
NUS. 

BOMARE.  Voyez  YALMONT. 

*  BOMKARDIM  (Amtoisb),  noble  pa- 
douan ,  né  en  1G66 ,  obtint  dès  l'âge  de 
vingt-cinq  ans ,  la  chaire  de  droit  cano- 
nique dans  l'université  de  sa  patrie  ,  puis 
celle  de  droit  criminel.  Il  fut  nommé  à 
celle  de  droit  civil ,  en  i725 ,  et  mourut 
subitement  l'année  suivante.  Il  a  laissé  la 
première  partie  d'un  ovivrage  qui  devait 
en  avoir  deux,  et  qui  a  paru  sous  ce  titre  : 
De  carcere  et  antiquo  ejus  usu  ad  hœc 
usquè  lempora  deduclo  tractatus  in  duas 
partes  distributus  ,  quaram  altéra  hislo- 
riam  carceris ,  altéra  praxim  complecli- 
tur ,  pars  prima ,  Padoue  ,  1713,  in-8°. 

*  BOMBARÏ  (l'abbé  de) ,  mort  à  Paris 
en  1777  a  publié  un  éloge  de  Stanislas, 
roi  de  Pologne  ,  et  un  autre  de  Marca  ,  ar- 
chevêque de  Paris. 

BOMBELLES.   Voyez  BONBELLES. 

*  BOMKELLES  (  M.yrc-Marie  ,  marquis 
de),  maréchal- de-camp ,  puis  évèque 
d 'Amiens  et  premier  aumônier  de  Mmc  la 
duchesse  deBerry,  naquit  à  Bitche  en  Lor- 
raine, le  8  octobre  1744,  d'une  noble  et 
ancienne  famille.  Entré  jeune  au  service, 
il  devint  capitaine  dans  le  régiment  de 
hussards  de  Bercheny ,  et  fut  ensuite  am- 
bassadeur en  Portugal  et  à  Venise.  Il  était 
décoré  des  ordres  de  Saint-Louis  et  de 
Saint-Lazare.  Lors  de  la  révolution  ,  il  re- 
fusa le  serment  exigé  de  tous  les  fonction- 


naires publics,  par  l'Assemblée  nationale 
et  passa  à  l'étranger.  Il  fut  chargé  de  plu- 
sieurs négociations  pour  les  intérêts  du 
roi,  et  fit  avec  distinction  toutes  les  cam- 
pagnes de  l'armée  de  Condé.  Apres  le  li- 
cenciement de  ce  corps,  il  vécut  paisi- 
blement en  Allemagne,  prit  l'habit  ecclé- 
siastique vers  1804 ,  après  la  mort  de  son 
épouse,  Mllede  Mackau,  fille  de  la  baronne 
de  Mackau ,  sous-gouvernante  des  en- 
fans  de  France.  Le  roi  de  Prusse  lui  donna 
un  canonicat  de  Breslau ,  puis  une  prévôté 
qui  lui  donnait  le  litre  de  prélat.  Il  no 
rentra  en  France  qu'en  1814,  fut  nommé 
premier  aumônier  de  Mrae  la  duchesse  de 
Berry  en  1816  ,  et  l'année  suivante  évè- 
que d'Amiens.  Pendant  le  peu  de  temps 
qu'il  a  gouverné  ce  diocèse,  il  a  rempli 
avec  zèle  tous  les  devoirs  de  l'épiscopat.  Il 
est  mort  en  1821,  après  une  longue  maladie- 
Bon  ,  bienveillant ,  affable  ,  il  joignait  les 
qualités  d'un  digne  ministre  de  l'Eglise , 
aux  nobles  sentimens  d'un  serviteur  du 
roi.  Il  publia  en  1799  un  bon  ouvrage 
intitulé  la  France  avant  et  depuis  la  ré- 
volution. 

BOMBERG  (Daniel),  célèbre  impri- 
meur en  caractères  hébreux,  né  à  An- 
vers et  établi  à  Venise  ,  mort  en  1649  ,  se 
fit  un  nom  par  ses  éditions  hébraïques  de 
la  Bible  et  des  rabbins.  Il  ruina  son  fonds, 
qui  était  considérable ,  pour  ces  grands 
ouvrages.  Il  entretenait  près  d'une  cen- 
taine de  Juifs,  pour  les  corriger  ou  les 
traduire.  Quelques-unes  de  ces  Bibles 
sont  également  estimées  par  les  Juifs  et 
par  les  chrétiens.  La  première  parut  en 
1517;  elle  porte  le  nom  de  son  éditeur  , 
Félix  Prœenni  :  c'est  la  moins  exacte.  La 
seconde  fut  publiée  en  1526.  On  y  joignit 
les  points  des  Masorètes  ,  les  Commentai- 
res de  divers  rabbins  et  une  préface  du 
R.  Jacob  Ben  Ciiajim.  En  1548,  le  même 
Bomberg  imprima  la  Bible  in-fol.  de  ce 
dernier  rabbin  ;  c'est  la  meilleure  et  la 
plus  parfaite  de  toutes.  Elle  est  distin- 
guée de  la  première  Bible  du  même  édi- 
teur, en  ce  qu'elle  contient  le  Commen- 
taire de  David  Kimchi  sur  les  Chro  liquea 
ou  Paralipomènes,  qui  n'est  ;  as  dans 
l'autre.  C'est  à  lui  qu'on  doit  l'édition  du 
Talmud,  en  11  vol.  in-fol.  Il  l'imprima 
trois  fois  :  chaque  édition  lui  coûtait 
100,000  écus.  On  assure  qu'il  imprima 
des  livres  pour  quatre  millions  d'or. 

*  BOMBLXO  (Pierre-Paul),  né  vers 
1575  ,  d'abord  jésuite  et  professeur  de  phi- 
losophie au  collège  de  Rome ,  entra  en- 
suite dans  la  congrégation  des  Somasques* 


BOI* 


582 


BOX 


et  mourut  en  1048.  On  a  de  lui  :  |  des 
Oraisons  funèbres  de  Philippe  III  et  de 
Marguerite  d'Autriche  ,  roi  et  reine  d'Es- 
pagne ,  de  Cosme  II ,  grand-duc  de  Tos- 
cane, etc.  ;  |  Vie  de  saint  Ignace  de  Loyo- 
la, Rome,  1622,  en  italien;  |  Vie  de  saint 
Edmond,  Mantoue  ,  1620,  etc. 

BOIHILCAR,  général  des  Carthaginois 
et  premier  magistrat  de  la  république, 
croyant  avoir  trouvé  l'occasion  favorable 
de  s'emparer  de  la  souveraine  autorité, 
entra  dans  la  ville  et  massacra  tous  ceux 
qu'il  trouva  sur  son  passage.  La  jeunesse 
de  Carthage  ayant  marché  contre  les  ré- 
voltés ,  ils  se  rendirent ,  et  leur  chef  fut 
attaché  à  une  croix  ,  vers  l'an  508  avant 
Jésus-Christ. 

*  BOMMEL  (Henri),  né  dans  la  Guel- 
dre ,  entra  dans  l'ordre  de  St.-Jérôme, 
fut  directeur  du  couvent  des  Sachettesou 
Filles  de  Ste.-Madeleine  ,  à  Utrecht ,  et 
mourut  en  1542.  Il  a  laissé  Bellum  Ullra- 
jectinum  inter  Geldriœ  ducem  Carolum, 
et  Henricum  Bavarum  episcopum  Ultra- 
jectinum,  Marbourg,  lo42,  in-8°.  La  Bi- 
bliolheca  tigurina ,  citée  par  Foppens , 
ajoute  qu'il  est  auteur  des  Lamentations 
de  Pierre ,  ou  le  Nouvel  Esdras;  mais 
Foppens  croit  que  ce  dernier  ouvrage  est 
d'un  autre  Boinmel. 

*  BOWPART  (Jean),  a  donné  une  am- 
ple description  de  la  Provence  :  Provin- 
cial regionis  Galliœ  vera  descriplio ,  An- 
vers ,  1694 ,  in-fol.  Cet  ouvrage  eut ,  dans 
le  temps  ,  un  grand  succès. 

*  BOMPIAXO  (  Ignace  ) ,  jésuite  ,  né  à 
Frosinone  en  1612,  enseigna,  dans  le  col- 
lège Romain,  les  belles-lettres  et  l'hé- 
breu ,  et  mourut  en  1675 ,  après  avoir 
composé  un  grand  nombre  d'ouvrages. 
|  Elogia  sacra  et  moralia,  J\.o\nc,  1651,  in- 
12.  |  Historia  Pontificatûs  Grcgorii  XIII , 
Rome,  1655.  |  Scneca  Chrislianus,  Rome 
1658.  |  Prolusiones  rhetoricœ  et  oraliones , 
Rome ,  1662.  |  Modi  varii  et  élégantes 
loquendi  latine  .  Rome ,  1662.  |  Historia 
rerum  chrislianarum  a')  or  tu  Christi , 
Rome ,  1665.  |  Les  Oraisons  funèbres  de 
Philippe  IV,  roi  d'Espagne ,  et  $  Anne 
ï  Autriche,  reine  de  France,  en  latin, 
Rome,  1666.  |  Oraliones  de  principibus , 
Rome,  1669,  in-24. 

BON  DE  SAI\T-HILAIRE  (Fp.ançois- 
Xavieu)  ,  premier  président  honoraire 
de  la  chambre-des-comptes  de  Montpel- 
lier ,  joignit  aux  connaissances  d'un  ma- 
gistrat celles  d'un  homme  de  lettres.  L'a- 
cadémie des  inscriptions  ,  et  les  sociétés 
royales  de  Londres   et   de  Montpellier, 


instruites  de  son  mérite,  lui  ar.cordèrent 
une  place  dans  leur  corps.  Ce  savant ,  ne 
en  1678,  mourut  en  1761 ,  après  avoir  pu- 
blié quelques  ouvrages.  |  Mémoires  sur 
les  Marrons-d'Inde  ,  in-12;  |  Dissertation 
sur  l'utilité  de  la  soie  des  araignées  ,  ou- 
vrage qui  a  été  traduit  en  italien,  en 
latin,  et  en  chinois. 

*  BON  (Flouent),  jésuite  au  collège  de 
Reims,  a  publié,  en  gardant  l'anonyme, 
un  recueil  des  vers  qu'il  avait  composés 
à  l'occasion  de  la  prise  de  la  Rochelle  par 
Louis  XIII ,  intitulé  les  Triomphes  de 
Louis  le  Juste  en  la  réduction  des  Roche- 
lois  H  des  autres  rebelles  de  son  royaiir 
me  ,  Reims  ,  1629,  in-4°.  Suivant  Goujet, 
«  il  y  a  du  feu  et  du  génie  dans  quelques- 
unes  des  pièces  qui  composent  ce  volu- 
me ;  mais  le  poète  ne  se  soutient  pas  tou- 
jours ,  et  il  est  quelquefois  languissant.  » 

*  BON  (L. —  A..)  général  de  division, 
naquit  à  Romans  le  25  octobre  1758,  et 
entra,  en  1775,  dans  le  régiment  de  Bour- 
bon, infanterie,  avec  lequel  il  passa  aux 
colonies.  De  retour  en  France,  après  huit 
ans  de  service,  il  se  retira  dans  ses  foyers. 
Lorsque  la  formation  des  bataillons  de  vo- 
lontaires eut  lieu ,  Bon  fut  choisi  par  un 
d'eux  pour  le  commander  et  le  conduisit 
aux  Pyrénées  orientales  où  il  lit  les  cam- 
pagnes de  1792,  1793  et  1794.  Employé 
comme  adjudant-général  chef  de  brigade, 
dans  le  corps  que  commandait  le  général 
Lemoine,  il  mérita  par  sa  belle  conduite 
au  siège  de  Bellegarde  le  grade  de  géné- 
ral de  brigade  ;  il  passa  à  l'armée  d'Italie, 
combattit  à  Saint-Georges  ,  à  la  Favorite, 
à  laTenca,  et  se  couvrit  de  gloire  au  pont 
d'Arcole  où  il  fut  blessé.  Le  16  mars  sui- 
vant, il  assura  le  passage  du  Tagliamenlo, 
et  contribua ,  le  22,  à  la  défaite  de  l'avanl- 
garde  ennemie.  Il  fut  ensuite  nommé 
commandant  delà  huitième  division  mili- 
taire, puis  général  de  division.  Ron  se  dis- 
tingua encore  dans  la  campagne  d'Egypte, 
obtint  divers  succès  sur  les  Mamelucks  , 
et  entra  dans  la  ville  du  Caire  à  la  tête 
de  sa  division.  Il  contribua  à  la  prise 
d'El-Arich,  enleva  Gaza,  força  Jaffa,  et 
trouva  la  mort  le  10  mai  1799,  devanî 
Saint-Jean-d'Acre.  Quatorze  ans  après, 
l'empereur  visitant  l'école  militaire  de 
Saint-Germain  ,  demanda  le  nom  d'un 
des  élèves  qu'il  passait  en  revue.  C'était 
le  fils  du  général  Bon.  «Où  est  votre  mère? 
»  dit  Napoléon.  —  Elle  est  à  Paris  à  un 
»  quatrième  étage,  où  elle  meurt  de  faim, 
»  répondit  le  jeune  homme.  »  Cet  oubli 
fut  réparé  à  l'instant  même;  la  veuve  du 


BOIV  58 

général  Bon  reçut  une  dotation ,  et  le  fils  fut 
créé  baron  de  l'empire  avec  une  aulre 
dotation. 

BONA  (Jean)  ,  né  à  Mondovi  en  Pié- 
mont l'an  1609,  général  des  feuillans  en 
1651 ,  fut  honoré  do  la  pourpre  ,  en  IG69 , 
par  Clément  IX.  Après  la  mort  de  ce  pon- 
tife ,  bien  des  gens  le  désignèrent  pour 
ion  successeur  ,  ce  qui  donna  lieu  à  cette 
mauvaise  pasquinade  :  Pajja  Bona  sa- 
rebbe  un  solecismo.  Le  Père  Daugièrcs 
répondit  à  Pasquin  par  l'épigramme  sui- 
vante : 

«Jrammalica;  lt:g<-s  plcrumque   Ecclesia  speinit  : 
l'ois  erit  ut  lirea  1  Uicrie  Pap *  li«U». 
Varia  solacismi  ne  le  cuiitm  bi-l  imago, 
Essct  Papa  bonus  ,  si  Loua  Papa  forel. 

Bona,  digne  de  la  tiare,  ne  l'eut  pourtant 
pas.  Il  mourut  à  Rome  en  1674 ,  dans  sa 
65e  année.  Il  joignit  à  une  profonde  éru- 
dition, à  une  connaissance  vaste  de  l'an- 
tiquité sacrée  et  ecclésiastique  ,  une  piété 
tendre  et  éclairée.  On  a  de  lui  plusieurs 
écrits ,  recueillis  à  Turin  en  1747-1753  ,  4 
vol.  in-fol.  Les  principaux  sont,  |  De  ré- 
bus lilurgicis,  plein  de  recherches  cu- 
rieuses et  intéressantes  sur  les  rites,  les 
prières  et  les  cérémonies  de  la  messe. 
|  Manuductio  ad  cœlum ,  traduit  en  fran- 
çais en  1771.  |  Horologium  asceticum; 
|  De  principiis  vilœ  Christiame,  traduit  en 
français  par  le  président  Cousin  et  par 
l'abbé  Goujet.  |  Psallentis  Ecclesiœ  har- 
monia.  \  De  sacra  Psalmodia,  et  plusieurs 
autres  bons  ouvrages  de  piélé ,  qui  vont 
également  à  l'esprit  et  au  cœur.  Ses  Œu- 
vres complètes  {Opéra  om?iia)  ont  été 
publiées  à  Turin ,  avec  des  notes  de  Ro- 
bert Sala.  Le  cardinal  Bona  était  en  com- 
merce de  lettres  avec  la  plupart  des  sa- 
vans  de  l'Europe.  Ses  Lettres,,  et  celles 
qui  lui  ont  été  adressées,  ont  été  imprimées 
à  Lucques,  1759,  in-/i°.  Quelques-unes 
de  ses  liaisons  peuvent  n'avoir  pas  ré- 
pondu à  la  pureté  de  ses  vues  :  quelques 
partisans  des  nouveautés  théologiques  ont 
paru  avoir  dans  quelques  occasions  sur- 
pris sa  confiance.  Le  P.  Bertole  a  écrit  sa 
vie  en  latin,  et  l'abbé  Dufuet  en  a  donné 
une  traduction  française,  1682,  in-12. 

*  BOXA  (  Jean  de  )  ,  médecin  du  18e 
siècle ,  né  à  Vérone ,  fut  docteur  en  phi- 
losophie et  professeur  à  l'université  de 
Padoue  ,  et  se  fit  connaître  par  les  ouvra- 
ges suivants  :  |  Historiœ  aliquot  curalio- 
num  j  mercurio  sublimalo  corrodenteper- 
fectarum ,  V érone  ,  1758,  in-4°  ;  |  Trac- 
talus  de  scorbulo,  Vérone  ,  1761 ,  in-4°  ; 
(  Dell  uso  e  dcW  abuso  del  caffè*  dis- 


3  BON 

serlazione  slorico  phgsico-medica  ,  Ve- 
nise ,  1761;  |  Observationes  medicœ  ad 
praxim  in  noscomio  oslendendam  an?io 
1765,  Pavie  ,  17GG. 

ROXACIAA  (Mvutix),  canonistc  de 
Milan,  mort  en  1631,  est  auteur  d'une 
Théologie  morale,  (dont  Goffart,  docteur 
en  théologie  à  Louvain,  a  donné  un  Com- 
pendium  par  ordre  alphabétique)  ,  d'un 
Traité  de  l'élection  des  papes,  et  d'un 
autre  des  Bénéfices.  Ces  différents  ouvra- 
ges ont  été  imprimés  à  Venise  en  1754, 
5  vol.  in-folio. 

BO.\AERT  (Nicolas),  né  à  Bruxelles 
en  1565  ,  entra  chez  les  jésuites,  enseigna 
la  philosophie  à  Douai,  et  la  théologie  à 
Louvain.  Ayant  passé  en  Espagne,  il  mou- 
rut à  Valla'dolid  le  9  mars  -1610.  C'était 
unhommed'un  grand  génie  et  d'un  grand 
savoir.  11  avait  conçu  le  dessein  de  plu- 
sieurs ouvrages ,  et  en  a  laissé  quelques- 
uns,  parmi  lesquels  on  distingue  un  traité 
contre  le  Mare  liberum  de  Grolius;  il  l'a- 
vait intitulé  Mare  non  liberum ,  sive  de- 
monslratio  juris  Lusitanici  ad  Oceanum 
et  commercium  Indiciun.  Cet  ouvrage  est 
resté  en  manuscrit ,  l'auteur  n'ayant  pas 
eu  le  temps  de  l'achever. 

*  BOA  AIR  (  Henri  STUARD ,  sieur  de), 
historiographe  du  roi  et  un  des  vingt- 
cinq  genWlshommes  de  la  garde  écossaise, 
publia,  dans  le  17e  siècle,  plusieurs  ou- 
vrages historiques.  |  Sommaire  royal  de 
l'histoire  de  France,  Paris  ,  1676,  in-12, 
réimprimé  en  1678  et  1G82  ,  trad.  du 
Florus  franciscus  du  Père  Berlhault.  |  Un 
Panégyrique  par  M.  le  duc  de  Beaufort, 
Paris ,  1649 ,  in-4°.  |  Les  trophées  et  les 
disgrâces  des  jjrinces  de  la  maison  de 
Vendôme ,  manuscrit  dont  il  existe  plu- 
sieurs copies. 

*  BOA'AL  (François  de),  né  en  1734, 
au  château  de  Bonal ,  dans  le  diocèse  d'A- 
gen,  devint  successivement  chanoine  et 
grand-vicaire  à  Chàlons-sur-Saône,  direc- 
teur-général des  carmélites  ,  et  fut  nom- 
mé en  1776  au  siège  épiscopal  de  Cler- 
mont.  Parmi  les  mandemens  célèbres 
émanés  de  lui,  on  distingua  le  dernier  qui 
parut  en  janvier  1789  ,  dans  lequel  ce  di- 
gne prélat  s'élevait  contre  la  licence  de  la 
presse  et  annonçait  les  malheurs  qui 
étaient  sur  le  point  de  fondre  sur  le  pays. 
11  déploya  un  grand  caractère  à  l'assem- 
blée des  états-généraux,  dont  il  était 
membre,  notamment  dans  la  journée  du 
13  avril  1790 ,  où  il  fut  déclaré  qu'on  ne 
reconnaîtrait  plus  de  religion  dominante. 
Le  9  juillet  delà  même  année,  Bonal  fi 


BON  5 

entendre  ces  paroles  à  l'occasion  du  ser- 
ment à  la  constitution  civile  du  clergé  : 

■  Ici ,  Messieurs,  en  me  rappelant  tout  ce 
»  que  je  dois  rendre  à  César  ,  je  ne  puis 
»  me  dissimuler  tout  ce  que  je  dois  ren- 
»  dre  à  Dieu  !  Oui ,  dans  tout  ce  qui  con- 
»  cerne  les  objets  civils,  politiques  et  tem- 
porels ,  je  me  croirai  fondé  à  jurer  de 
»  maintenir  la  constitution.  Mais  une  loi , 
»  supérieure  à  toutes  les  lois  humaines  ine 
»  dit  de  professer  hautement  que  je  ne 
»  puis  comprendre  ,  dans  le  serment  civi- 
»  que ,  les  objets  qui  dépendent  essentiel- 
»  lement  de  la  puissance  spirituelle  ;  que 
»  toute  feinte  à  cet  égard  serait  un  crime , 
»  que  toute  apparence  qui  pourrait  la  faire 
»  présumer  serait  un  scandale  de  ma  part.  » 
On  se  souvient  encore  de  la  réponse  que 
fit  Bonal  à  Target,  envoyé  par  Mirabeau 
dans  la  chambre  du  clergé  pour  en  déter- 
miner les  membres  à  se  réunir  au  tiers- 
état  ,  au  nom  du  Dieu  de  paix.  «  Le  Dieu 

■  de  paix  est  aussi  le  Dieu  de  l'ordre  et  de 
•■la  justice.  «  Louis  XVI  lui  ayant  écrit  de 
sa  prison  du  Temple  une  lettre  qui  a  été 
insérée  au  Moniteur  du  6  décembre  1792 , 
pour  connaître  s'il  lui  était  permis  de  faire 
sa  communion  pascale ,  l'évèque  de  Cler- 
mont,  après  avoir  consulté  plusieurs  pré- 
lats distingués  par  leurs  lumières,  l'en- 
gagea à  la  différer.  Il  souffrit  beaucoup 
pour  la  cause  de  la  religion  ,  et  s'élant  vu 
contraint  de  s'expatrier,  il  se  rendit  en 
Angleterre,  où  il  mourut  vers  1800.  On 
trouve  d'intéressans  détails  sur  la  vie  de 
ce  vertueux  évéque  'dans  les  Mémoires 
pour  servir  à  l'histoire  de  la  persécution 
française,  recueillis  par  l'abbé  d'IIesmivy 
d'Àuribeau,  d'après  les  ordres  de  Pie  VI. 

BONAMICI.  Voyez  BUONAMIO. 

BOIVAMY  (Pierre-Nicolas),  né  à  Lou- 
vre en  Parisis,  sous -bibliothécaire  de 
Saint-Victor,  puis  historiographe  et  bi- 
bliothécaire de  la  ville  de  Paris ,  mourut 
en  cette  capitale  en  1770 ,  à  76  ans.  C'é- 
tait un  homme  plein  de  candeur  et  de 
probité,  sincèrement  attaché  à  la  religion, 
parce  que  son  cœur  ne  lui  fournissait  au- 
cun motif  de  ne  la  pas  aimer.  L'académie 
des  inscriptions  le  comptait  au  nombre  de 
«es  membres.  Il  a  enrichi  les  Mémoires 
de  cette  compagnie  de  plusieurs  Disserta- 
tions ,  parmi  lesquelles  on  distingue  sur- 
tout celles  qui  sont  relatives  à  l'introduc- 
tion de  la  langue  latine  dans  les  Gaules  , 
à  la  langue  tudesque  et  aux  plus  anciens 
monumens  de  la  langue  française.  Une 
érudition  variée  et  choisie,  une  diction 
simple ,  mais  correcte ,  une  critique  solide 


84  BOX 

j  et  judicieuse  ,  caractérisent  les  morceaux 
sortis  de  sa  plume.  Chargé  depuis  1749  de 
la  rédaction  du  journal  de  Verdun ,  de- 
puis 1749  à  1770 ,  il  en  écarta  tout  ce  qui 
pouvait  porter  atteinte  aux  mœurs  et  à  la 
religion  ;  mais  le  désir  de  ménager  l'a- 
mour-propre  des  auteurs  a  souvent  dé- 
rogé à  la  justesse  et  à  la  sage  sévérité  de 
sa  critique. 

*  BOXAMY  (  François),  médecin  distin- 
gué et  botaniste,  né  àNantcs  en  1710,  fut  un 
des  fondateurs  de  la  société  d'agriculture 
de  Bretagne,  la  première  qui  ait  existé 
en  France,  et  mourut  en  1786.  Il  a  publié 
deux  ouvrages  qui  lui  font  le  plus  grand 
honneur  et  qu'on  consulte  encore  aujour- 
d'hui avec  fruit.  Ces  ouvrages  sont  :  Flora» 
Nannetensis  prodromus  ;  Addenda  ad 
Florœ  Nannetensis  prodromum.  L'auteur 
y  donne  un  catalogue  assez  exact  et  mé- 
thodique des  plantes  qui  se  trouvent  dans 
les  environs  de  Nantes,  et  y  décrit  près 
de  soixante  espèces  de  plantes  qui  n'a- 
vaient pas  encore  été  trouvées.  C'est  le 
premier  ouvrage  de  ce  genre  fait  en  Bre- 
tagne. Bonamy  fut  aidé  dans  ses  recher- 
ches par  le  frère  Louis,  capucin  de  Nantes, 
qui  était  très-instruit  en  botanique. 

BONANNI  ou  BUONANI  (  Jacques  ) , 
noble  de  Syracuse  en  Sicile ,  et  duc  de 
Mont-Albano,  mort  en  1636,  publia  en 
1624,  in-4°,  les  Antiquités  de  sa  patrie, 
sous  le  litre  de  Syracusa  illuslrala,  que 
don  François  Bonanni,  duc  de  Mont-Al- 
bano, fit  réimprimer  magnifiquement  à 
Palerme  en  1717,  en  2  vol.  in-fol.  Cet  ou- 
vrage est  recherché  par  les  amateur* 
d'antiquités. 

BONANNI  (Philippe),  savant  jésuite, 
mort  à  Rome  en  1725 ,  à  87  ans ,  après 
avoir  rempli  avec  distinction  différens 
emplois  dans  son  ordre.  Il  a  laissé  plu- 
sieurs ouvrages  de  divers  genres,  dont  la 
plupart  sont  sur  Y  histoire  naturelle, \iQUT 
laquelle  il  avait  un  goût  dominant.  Il  fut 
chargé  en  1698 ,  de  meltre  en  ordre  le  cé- 
lèbre cabinet  du  Père  Kircher,  dépendant 
du  collège  Romain,  et  il  continua  d'y 
donner  ses  soins  jusqu'à  sa  mort,  unique- 
ment occupé  à  l'embellir  et  à  l'augmenter. 
Ses  principaux  ouvrages  sont  |  Recrealio 
mentis  et  oculiin  observations  animalium 
testaceorum,  Rome,  1684,  in-/*0,  avec  près 
de500fig.  Bonanni  avait  d'abord  composé 
ce  livre  enitalien ,  et  il  fut  imprimé  en  cette 
langue  en  1681 ,  in-4°.  L'auteur  le  traduisit 
en  latin  ,  en  faveur  des  étrangers.  |  His- 
toire de  l'église  du  Vatican,  avec  les  plans 
anciens  et  nouveaux  *  Rome,  1696.  in-foL 


BOIV  58 

en  lalin,  |  Recueil  des  Médailles  des  papes 
depuis  Martin  V  jusqu'à  Innocent  XII > 
Rome,  1699,  2  vol.  in-fol.  en  latin,  j  Ca- 
talogue des  Ordres  tant  religieux  que  mi- 
litaires et  de  chevalerie,  avec  des  figures 
qui  représentent  leurs  habillemens ,an.  la- 
*tin  et  en  italien,  Rome,  1706,  1707,  1710 
et  1711  ,  h  vol.  in-4°.  Les  figures  surtout 
rendent  ce  dernier  ouvrage  très  intéres- 
sant ,  et  le  font  rechercher.  |  Obscrvatio- 
nes  circa  viventia ,  Rome ,  1691  ,  in-4°. 
|  Musœum  Collegii  Romani,  Rome,  1709, 
in-fol.  |  Un  Traité  des  Vernis ,  traduit  de 
l'italien  ,  Paris ,  1723 ,  in-12.  |  Gabinelto 
armonico,  1723,  in-4°.  «  C'était,  dit  un 
»  homme  particulièrement  instruit  de  son 
»  mérite,  un  de  ces  savans  modestes  et 
»  laborieux  qui  n'attachent  à  leurs  tra- 
»  vaux  d'autre  prix  que  celui  de  l'utilité 
»  et  delà  vérité.  Le  plaisir  d'avoir  fait  une 
»  découverte ,  d'avoir  débrouillé  quelque 
»  obscurité  historique  ou  physique  le  dé- 
»  dommageait  amplement  de  ses  peines. 
»  Il  avait  des  rapports  marqués  avec  le 
•  célèbre  Kir  cher,  dont  les  ouvrages  lui 
»  avaient  été  fort  utiles  :  venu  plus 
d  tard  que  lui,  il  a  pu  se  garantir  de  quel- 
»  ques  erreurs  qui ,  dans  le  siècle  de  Kir- 
»  cher,  n'ont  pu  être  évitées  par  les  sa- 
»  vans  même  les  plus  distingués.  » 

'  BONAPARTE  ou  BUONAPARTE 
(Napoléon),  empereur  des  Français,  na- 
quit le  1S  août  1769,  à  Ajaccio,  dans  la 
Corse,  de  Charles  Bonaparte  et  de  Leti- 
zia  Ramolino,  issus  l'un  et  l'autre  de  fa- 
mille patricienne.  Son  père ,  dont  les  an- 
cêtres étaient  originaires  de  San-Miniato 
en  Toscane,  était  assesseur  au  tribunal 
d' Ajaccio ,  et  il  fut  choisi  en  1776 ,  pour 
représenter  la  noblesse  de  la  Corse ,  dans 
la  députation  que  cette  ile  envoya  au  roi 
de  France.  Sa  mère  remarquable  par  sa 
beauté ,  donna  le  jour  à  huit  enfans  dont 
Napoléon  était  le  second ,  et  qui  presque 
tous  ont  porté  le  sceptre.  Des  goûts  sérieux, 
une  maturité  précoce  et  une  grande  acti- 
vité distinguèren  t  l'en  fance  du  j  eune  Bona- 
parte ,  et  firent  pressentir  en  lui  de  bonne 
heure  l'homme  appelé  aux  grandes  choses. 
Ses  parens  voyant  que  ses  dispositions  et 
ses  habitudes  le  portaient  vers  les  sciences 
exactes ,  employèrent  le  crédit  du  comte 
de  Marbeuf,  gouverneur  de  la  Corse, 
pour  lui  obtenir  une  place  à  l'école  mili- 
taire de  Brienne ,  où  il  fut  admis  en  1777. 
Là  se  développèrent  ses  goûts  d'étude  et 
de  réflexion  Indifférent  aux  connaissan- 
ces purement  littéraires  et  aux  arts  d'a- 
grément ,  il  porta  toute  l'activité  de  son 
2- 


U  BOX 

intelligence  sur  les  mathématiques,  la  géo- 
graphie et  l'histoire.  La  lecture  de  Plutar- 
que  devint  un  de  ses  délassemens  fa\o- 
ris.  Isolé  de  ses  camarades  dont  il  dédai- 
gnait les  amusemens  ,  et  seul  avec  l'histo- 
rien deChéronée,  il  se  plaisait  à  entretenir 
son  imagination  de  ces  expéditions  gi- 
gantesques de  l'antiquité  que  lui  seul  a  eu 
le  pouvoir  de  reproduire  dans  les  temps 
modernes.  Ses  maîtres  comme  ses  condis- 
ciples remarquaient  ses  goûts  solitaires 
et  ses  rêveuses  préoccupations ,  et  tan- 
dis que  les  uns  y  voyaient  peut-être  la 
preuve  d'un  caractère  bizarre  et  sauvage, 
d'autres  y  reconnaissaient  l'indice  d'un 
puissant  génie  et  d'une  intelligence  supé- 
rieure à  tout  ce  qui  l'entourait.  Léguiîe , 
un  de  ses  professeurs ,  rendant  compte  de 
la  conduite  du  jeune  Napoléon ,  traçait 
sur  une  note  ces  lignes  prophétiques  : 
«  Corse  de  nation  et  de  caractère ,  il  ira 
»  loin,  si  les  circonstances  le  favorisent.  » 
Quelques  mots  qui  lui  échappèrent  à  dif- 
férentes époques  de  sa  jeunesse  révélaient 
en  lui  celte  trempe  énergique  de  l'âme 
qui  produit  les  grandes  actions  et  les 
grands  crimes.  Entendant  un  jour  une 
dame  dire  en  parlant  de  Turenne  :  a  Oui 
»  c'était  un  grand  homme ,  mais  je  l'ai- 
»  -nierais  mieux ,  s'il  n'eût  pas  brûlé  le  Pa- 
»  latinat.  »  Qu'importe  ,  répondit  vive- 
ment Napoléon ,  si  cet  incendie  était  né- 
cessaire à  ses  desseins?  Bonaparte  ayant 
passé  en  1784 ,  de  l'école  militaire  de 
Brienne  à  celle  de  Paris,  y  soutint  des  exa- 
mens brillans  qui  le  firent  nommer  en 
178a,  lieutenant  en  second  au  régiment 
d'artillerie  de  la  Fère  (/trae  régiment) 
Lorsque  la  révolution  éclata  ,  il  évita  d'a- 
bord de  se  prononcer,  et  attendit  que  la 
marche  des  événemens  lui  eût  fait  con- 
naître de  quel  côté  se  trouvaient  les  chan- 
ces les  plus  favorables  à  sa  fortune.  «  Il 
»  faudra  voir,  dit-il  un  jour  au  capitaine 
»  de  sa  compagnie  ;  d'ailleurs  les  révolu- 
»  tions  sont  un  bon  temps  pour  les  mili- 
t>  taires  qui  ont  de  l'esprit  et  du  courage.  » 
Les  rapides  succès  des  réformateurs  eu- 
rent bientôt  fixé  ses  doutes.  Sous-lieute- 
nant et  sans  fortune  ,  son  ambition  le  jeta 
dans  le  parti  qui  devait  triompher,  et  il  se 
déclara  pour  la  révolution.  Un  congé  lui 
ayant  été  accordé  vers  1790,  il  se  rendit 
dans  son  pays  natal  qui  à  cette  époque 
était  déchiré  par  des  factions.  Papli  fut 
chargé  par  le  gouvernement  de  pacifier 
cette  île ,  dont  il  avait  défendu  l'indépen- 
dance» et  reçut  le  commandement  de  la 
%3me  division  militaire ,  avec  le  titre  de 


BON 


386 


BON 


lieutenant-général  au  service  de  France. 
Bonaparte  dont  la  famille  était  liée  àPaoli 
par  d'anciennes  relations  d'amitié ,  fut 
nommé  commandant  provisoire  d'un 
bataillon  de  gardes  nationales  soldées, 
qu'on  avait  levées  en  Corse  pour  le  main- 
tien de  la  tranquillité  publique.  Ayant  été 
obligé  d'employer  la  force  contre  les  ha- 
bitans  d'Ajaccio  ,  soulevés  par  Péraldi , 
chef  du  parti  anti-français ,  sa  conduite 
fut  présentée  sous  un  jour  défavorable  au 
gouvernement ,  et  le  jeune  commandant 
vint  se  justifier  à  Paris  ,  où  il  fut  surpris 
par  la  terrible  journée  du  10  août.  Les 
horreurs  dont  il  fut  témoin ,  et  qu'il  ju- 
gea sans  doute  d'après  le  principe  machia- 
vélique que  nous  avons  rapporté  plus 
haut ,  ne  le  détachèrent  point  du  parti  ré- 
volutionnaire. Bonaparte  ,  de  retour  en 
Corse ,  rompit  d'une  manière  éclatante 
avec  Paoli,  qui  à  la  suite  d'intrigues  nouées 
avec  l'Angleterre,  leva  l'étendard  de  la 
révolte.  La  guerre  s'alluma;  une  expédi- 
tion dirigée  par  les  représentans  du  peu- 
ple Salicelti ,  et  Lacombe  Saint-Michel ,  fut 
repoussée  ;  les  insurgés  d'abord  triom- 
phans  proscrivirent  les  partisans  de  la 
France  ;  la  famille  Bonaparte  forcée  de 
s'expatrier,  vint  se  fixer  dans  les  environs 
de  Toulon ,  et  Napoléon  rejoignit  à  Nice 
son  régiment  avec  le  grade  de  capitaine. 
C'est  en  cette  qualité ,  qu'il  fut  bientôt  em- 
ployé dans  l'armée  de  Kellermann  qui 
faisait  le  siège  de  Lyon ,  d'où  il  fut  envoyé 
à  Toulon ,  qu'assiégeait  une  armée  répu- 
blicaine chargée  par  le  comité  de  salut 
public  d'enlever  aux  Anglais  cette  ville  que 
la  trahison  leur  avait  livrée.  C'est  devant 
cette  place  qu'il  fut  nommé  par  Albitte, 
Salicetti  et  Barras  ,  chef  de  bataillon  com- 
mandant l'artillerie  de  siège ,  en  rempla- 
cement du  général  Dutheil ,  retenu  au  lit , 
par  une  maladie  grave.  Bonaparte  avait 
promis  de  forcer  la  ville  à  se  rendre ,  et 
l'événement  justifia  sa  confiance.  Le  19  dé- 
cembre 1793,  Toulon  redevint  français, 
et  ce  jour  là  même ,  Bonaparte  reçut  en 
récompense  du  service  signalé  qu'il  ve- 
nait de  rendre  à  la  république ,  le  titre  de 
général  de  brigade  commandant  l'artillerie 
de  l'armée  d'Italie.  Dès  lors  ses  talens  en 
se  développant  sur  un  plus  brillant  théâ- 
tre commencèrent  à  fixer  l'attention  pu- 
blique ,  et  par  ses  brillantes  qualités  il 
exerça  sur  toutes  les  personnes  qui  l'en- 
touraient un  irrésistible  ascendant.  Ce- 
pendant chargé  d'une  expédition  contre 
la  Corse ,  il  y  échoua  complètement.  La 
révolution  du  9  thermidor  faillit  arrêter 


l'essor  de  sa  fortune  ;  ses  liaisons  avec  Ro- 
bespierre jeune  le  firent  arrêter  à  Nice , 
comme  terroriste.  Mais  on  s'aperçut  bien- 
tôt du  vide  que  son  absence  laissait  dans 
l'armée  d'Italie  et  Bonaparte  après  quinze 
jours  de  détention  fut  rendu  à  la  liberté. 
La  prise  d'Oneille ,  celle  du  col  de  Tende, 
et  le  combat  del  Caïro,  qui  suivirent  son 
retour  au  milieu  de  ses  compagnons  d'ar- 
mes prouvèrent  que  l'estime  qu'on  accor- 
dait à  ses  talens  n'était  pas  exagérée.  Les 
contrariétés  que  lui  suscita  la  jalousie  du 
député  Aubry  président  du  comité  mili- 
taire ,  l'empêchèrent  de  poursuivre  le 
cours  de  ses  succès.  Pour  faire  échouer  sa 
réputation  naissante,  on  voulut  l'envoyer 
combattre  dans  l'ouest  :  mais  Bonaparte 
refusa  cette  mission;  il  repoussa  égale- 
ment l'offre  qu'on  lui  fit  du  commande- 
ment d'une  brigade  dans  la  ligne ,  et  parut 
préférer  à  un  déplacement  humiliant , 
l'obscurité  de  la  vie  solitaire.  On  dit  même 
qu'il  conçut  le  projet  d'aller  offrir  ses  ser- 
vices au  sultan.  Les  événemens  de  vendé- 
miaire qui  survinrent  réveillèrent  toutes 
ses  espérances  de  fortune.  A  cette  époque 
les  sections  de  Paris  s'étaient  révoltées 
contre  la  Convention,  et  l'insurrection  que 
l'incapacité  du  général  Menou  n'avait  pu 
réprimer  devenait  à  chaque  instant  plus 
menaçante.  Quelques  représentans  propo- 
sèrent d'adjoindre  Bonaparte  à  Barras  dans 
le  commandement  des  troupes  de  la  Con- 
vention. Le  vainqueur  de  Toulon  accepta 
ce  poste ,  et  mit  en  déroute  l'armée  des 
sectionnaires.  Cette  journée  lui  fit  donner 
par  ses  ennemis  le  titre  de  mitrailleur, 
et  lui  valut  quelque  temps  après ,  celui  de 
général  en  chef  de  l'armée  de  l'intérieur. 
A  peu  près  dans  le  même  temps  Bona- 
parte épousa  madame  de  Beauharnais , 
dont  la  grâce  et  les  manières  attrayantes 
l'avaient  séduit.  Le  Directoire  venait  d'ê- 
tre installé  ;  Carnot  qui  en  faisait  partie , 
appela  l'attention  de  ses  collègues  sur  le 
jeune  général,  et  le  proposa  pour  rem- 
placer Schérer,  qui  dans  le  commande- 
ment de  l'armée  d'Italie  était  loin  de  ré- 
pondre aux  espérances  du  gouvernement. 
Bonaparte  accepta  avec  joie  ce  poste  qui 
lui  offrait  un  nouveau  moyen  de  se  si- 
gnaler, et  il  partit  de  Paris  le  21  mars 
1796 ,  avec  la  ferme  confiance  qu'il  ne  tar- 
derait pas  à  ramener  sous  les  drapeaux 
français  la  victoire  qui  paraissait  s'en  être 
éloignée.  Agé  de  26  ans  il  allait  commander 
à  d'anciens  généraux,  etpour  faire  oublier 
sa  jeunesse ,  il  fallait  tout  le  prestige  do 
succès.  En  rejoignant  l'armée  qu'il  trouva 


fiOiV 


387 


BON 


dans  un  état  complet  de  dénûment,  il  pro- 
mit à  ses  soldats  de  leur  livrer  les  riches 
contrées  qu'ils  avaient  sous  leurs  yeux  ; 
et  l'événement  justifia  son  assurance.  L'ar- 
mée combinée  des  Autrichiens  et  des  Sar- 
des, battue  en  cinq  rencontres  différentes, 
depuis  le  1 1  jusqu'au  22  avril  1796 ,  dans 
les  combats  de  Montenotte ,  de  Millesimo , 
de  Dégo ,  de  Vico ,  et  de  Mondovi ,  laissa 
occuper  par  les  Français  les  forteresses  de 
Coni,  de  Tortone,  d'Alexandrie,  et  de  la 
Ceva.  Provera  le  générai  en  chef  fut  pris , 
et  le  roi  de  Sardaigne  fut  obligé  de  signer 
une  capitulation  dans  sa  capitale.  Maître 
du  Piémont ,  Bonaparte  s'avança  vers  la 
haute  Italie,  à  la  poursuite  des  Impériaux. 
L'armée  française  força  le  passage  du  Pô 
à  Plaisance ,  et  par  la  brillante  affaire  de 
Lodi  s'assura  la  conquête  de  la  Lombardie. 
Le  général  victorieux  fit  son  entrée  solen- 
nelle à  Milan  le  15  mai  1796.  Dans  le  cours 
si  rapide  de  ses  succès ,  Bonaparte  ne  s'é- 
tait pas  borné  à  la  direction  des  troupes  sur 
le  champ  de  bataille ,  il  avait  conclu  des  ar- 
mistices, signé  des  traités,  organisé  des 
gouvernemens ,  et  s'était  pour  ainsi  dire 
constitué  l'arbitre  unique  des  destins  de 
l'Italie.  Ses  vues  politiques,  et  peut-être 
aussi  quelques  symptômes  de  ses  projets 
ambitieux  que  l'on  crut  apercevoir  dans 
ses  actes  et  sa  correspondance,  alarmè- 
rent le  Directoire,  qui  résolut  de  lui  asso- 
cier Kcllermann  dans  le  commandement 
de  l'armée  d'Italie.  Mais  les  vives  réclama- 
tions de  Bonaparte,  appuyées  par  Carnot, 
firent  abandonner  ce  projet.  Pour  assurer 
la  conquête  de  la  haute  Italie ,  Napoléon 
songea  à  s'emparer  de  Mantoue.  Au 
moment  où  il  allait  faire  investir  cette 
place,  la  Lombardie  se  souleva  contre  les 
Français.  Irrité  de  voir  ainsi  compromis 
le  résultat  de  ses  premières  victoires ,  il 
n'hésita  pas  à  déployer  contre  les  insur- 
gés la  plus  grande  rigueur,  et  des  exécu- 
tions militaires  frappèrent  de  terreur  tout 
le  Milanais.  Bientôt  il  passe  le  Mincio ,  et 
chasse  de  l'Italie  Beaulieu ,  qui  est  par- 
venu à  jeter  treize  mille  hommes  dans 
Mantoue  dont  le  général  Serrurier  a  com- 
mencé le  siège,  avec  cent  cinquante  pièces 
de  canon  enlevées  à  Milan.  Le  cabinet  de 
Vienne  regardant  avec  raison  celle  place 
comme  la  clef  de  l'Allemagne  ,  envoie 
Wurmser  la  défendre  à  la  tète  de  soixante 
mille  hommes.  Le  général  autrichien  di- 
vise celte  armée ,  dont  il  conduit  une  par- 
tie à  Mantoue*,  tandis  que  vingt-cinq 
mille  hommes  commandés  par  Quosna- 
dovich  se  dirigent  sur  Brescia.  Bonaparte 


profitant  de  celte  faute  de  son  adversaire, 
abandonne  le  siège  de  Mantoue  et  se  porte 
précipitamment  avec  toutes  ses  forces  à 
la  rencontre  de  Quosnadovich ,  qu'il  re- 
jette dans  les  gorges  du  Tyrol,  après  l'a- 
voir complètement  battu  à  Salo  et  à  Lo- 
nalo  ;  puis  tombant  à  l'improviste  sur 
Wurmser  qui  le  croyait  occupé  contre  son 
collègue ,  il  gagne  sur  lui  la  fameuse  ba- 
taille de  Castiglione  où  Augereau  con- 
quiert son  titre  de  noblesse.  Celte  campa- 
pagne  ,  dite  des  cinq  jours ,  coûta  aux 
Autrichiens  plus  de  vingt  mille  hommes 
et  cinquante  pièces  de  canon.  L'armée 
française  poursuivant  Quasnadovich,  ob- 
tient de  nouveaux  succès  à  Serravalle  ,  à 
San-Marco,  àBoveredo,  et  dans  les  gorges 
de  Caliano.  Cependant  Wurmser,  malgré 
la  diligence  de  son  adversaire ,  parvient  à 
faire  pénétrer  du  secours  dans  Mantoue. 
Bonaparte ,  tout  en  pressant  le  siège  de 
cette  ville ,  préside  à  la  fondation  des  ré- 
publiques cispadane  et  transpadane,  et 
fait  chasser  les  Anglais  de  la  Corse.  Bien- 
tôt il  a  à  combattre  une  nouvelle  armée 
impériale,  forte  de  quarante-cinq  mille 
hommes  et  commandée  par  Alvinzi.  Ce 
général ,  comme  son  prédécesseur,  divise 
son  armée  en  deux  corps  :  en  quelques 
jours  ils  sont  écrasés  par  le  général  fran- 
çais qui  obtient ,  à  Aréole ,  après  une  ba- 
taille de  trois  jours ,  un  de  ses  pluo  mé- 
morables triomphes.  Wurmser  poursuivi 
par  les  Français  est  obligé  de  se  réfugier 
dans  Mantoue.  Alvinzi  et  Provera  qui  re- 
paraissent avec  de  nouvelles  forces  sont 
mis  en  déroute ,  le  premier  à  Rivoli ,  le 
second  aux  combats  de  Saint-Georges  et 
de  la  Favorite,  après  lesquels  il  est  obligé 
de  poser  les  armes  ;  et  quelques  jours  après 
Wurmser  lui-même  se  voit  forcé  délivrer 
aux  Français  Mantoue ,  le  boulevard  de  la 
puissance  autrichienne  en  Italie.  —  Mal- 
gré tant  d'échecs  essuyés  en  une  année , 
la  cour  de  Vienne  voulut  tenter  encore 
une  fois  la  fortune  des  armes.  Jusqu'alors 
elle  avait  envoyé  en  Italie  des  forces  nom- 
breuses commandées  par  des  chefs  inha- 
biles ;  cette  fois  elle  y  envoya  une  faible 
armée  dirigée  par  un  général  dont  la  ca- 
pacité égalait  le  courage.  Mais  l'archiduc 
Charles ,  ayant  à  lutter  contre  une  armée 
supérieure  en  nombre  ,  exaltée  par  ses 
triomphes  récents,  et  dirigée  par  Bona- 
parte, semblait  n'arriver  en  Italie  que 
pour  compléter  par  un  dernier  échec  l'hu- 
miliation de  la  maison  d'Autriche.  Bona- 
parte après  avoir  remporté  sur  les  bord» 
du  Tagliamento ,  une  victoire  qui  lui  ou-- 


BO\  5 

vre  le  Tyrol  et  le  rend  mallre  des  états  de 
Venise,  fait  reculer  devant  lui  le  prince 
Charles,  et  s'avançant  jusqu'à  trente  lieues 
de  Vienne,  il  force  le  cabinet  autrichien 
à  accepter  la  paix  qui  fut  assurée  par  le 
traité  de  Campo-Formio  le  17  octobre 
1797.  Après  avoir  ainsi  terminé  la  guerre, 
Bonaparte  songea  à  châtier  Venise  qui 
avait  favorisé  les  Autrichiens  et  où  un 
grand  nombre  de  Français  avaient  été 
massacrés  pendant  les  fêtes  de  Pâques,  au 
son  de  la  cloche  qui  appelait  les  fidèles  à 
la  prière.  Les  nobles  prirent  la  fuite  à  son 
approche,  le  doge  abdiqua,  et  un  gouver- 
nement démocratique  fut  établi  sur  les  rui- 
nes de  l'ancienne  aristocratie  ;  révolution 
importante  qui  fut  imitée  à  Gênes.  Ainsi 
deux  républiques  s'établirent  en  Italie 
sous  les  auspices  du  guerrier,  qui  sans 
doute  méditait  déjà  le  renversement  du 
gouvernement  républicain  dans  son  pro- 
pre pays.  C'était  le  temps  où  les  divers 
partis  s'agitaient  en  France  pour  s'empa- 
rer du  pouvoir  que  le  Directoire  paraissait 
au  moment  de  laisser  échapper  Bona- 
parte, de  l'armée  d'Italie,  avait  encouragé 
au  coup  d'état  de  fructidor,  dans  l'espoir 
de  le  faire  tourner  à  son  profit.  Mais  la 
majorité  directoriale  était  alors  disposée  à 
lui  disputer  l'autorité,  et  Bonaparte  re- 
connaissant qu'il  devait  ajourner  ses  es- 
pérances ,  attendit  patiemment  un  mo- 
ment plus  favorable.  Après  avoir  signé 
à  Bastadt  une  convention  militaire  rela- 
tive à  l'évacuation  des  deux  armées,  Na- 
poléon revint  à  Paris ,  où  sa  présence  ex- 
cita un  enthousiasme  général.  Le  Direc- 
toire lui  fit  une  réception  solennelle  et 
triomphante  ;  mais  jaloux  et  alarmé  de  sa 
popularité ,  il  songea  aussitôt  à  éloigner 
un  homme  qui  paraisssait  avoir  pour  lui 
la  nation  et  l'armée.  On  lui  offrit  le  com- 
mandement d'une  expédition  destinée  à 
agir  contre  l'Angleterre,  et  bientôt  après 
on  résolut  celle  d'Egypte  dont  le  but  était , 
dit-on ,  d'ouvrir  au  commerce  européen 
un  passage  aux  Indes  par  la  mer  Bouge. 
Bonaparte  associant  dans  sa  pensée  ces 
deux  grandes  entreprises ,  disait  dans  la 
proclamation  qu'il  adressa  à  son  armée ,  le 
1 0  mai  1798  :  «  Soldats,  vous  êtes  une  des  ai- 
»  les  de  l'armée  d'Angleterre  ;  vous  avez 
»  fait  la  guerre  des  montagnes,  des  plaines, 
<*  des  sièges;  il  vous  reste  à  faire  la  guerre 
»  maritime.  Le  génie  de  la  liberté  quia  ren- 
»  du,  dès  sa  naissance,  la  république  l'ar- 
j»  bitrede  l'Europe,  veut  qu'elle  le  soit  des 
»  mers  et  des  contrées  les  plus  lointaines.  » 
L'imagi  nation  du  vainqueur  de  II  talie  é  tai  l 


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exaltée  par  cette  expédition  qui  lui  appa- 
raissait avec  une  teinte  de  merveilleux.  Il 
allait  visiter  les  lieux  qui  avaient  vu  les 
grands  conquérans  de  l'antiquité ,  et  il 
espérait  y  acquérir  une  renommée  égale 
à  la  leur.  Bonaparte  partit  de  Toulon  le 
19  mai  1798,  entouré  de  l'élite  des  guer- 
riers et  des  savans  que  possédait  la  France* 
L'armée  se  composait  au  moment  ou  la 
flotte  mit  à  la  voile ,  de  19  mille  soldats , 
que  la  réunion  de  diverses  divisions  fran- 
çaises porta  avant  le  débarquement  à  36 
mille  hommes ,  sans  compter  les  marins. 
Le  9  juin  les  Français  parurent  devant 
Malte  qui  se  rendit  à  eux ,  et  le  1er  juillet , 
ils  aperçurent  les  minarets  d'Alexandrie , 
qui  fut  emportée  d'assaut  le  lendemain. 
Bonaparte  après  avoir  laissé  à  Kléber  le 
commandement  de  cette  ville,  se  mit  en 
marche  vers  le  Caire.  En  quatre  jours  il 
atteignit  les  Mamelucks ,  et  les  battit  à 
Bamanieh ,  et  bientôt  il  remporta ,  à  la 
vue  des  pyramides,  une  victoire  plus  bril- 
lante encore ,  qui  lui  ouvrit  les  portes  du 
Caire  II  chargea  Desaix  de  suivre  Mourad- 
Bey  qui  avait  pris  la  route  dé  la  Haute- 
Egypte,  et  lui-même  il  rejeta  Ibrahim 
dans  les  sables  de  la  Syrie ,  après  l'avoir 
battu  à  Salahieh.  C'est  au  milieu  de  ces 
succès ,  qu'il  apprit  que  la  flotte  française 
venait  d'être  entièrement  détruite  par 
Nelson  ,  dans  la  rade  d'Aboukir.  «  Eh 
»  bien  !  s'écria-t-il ,  il  faut  rester  ici ,  ou  en 
»  sortir  grands  comme  les  anciens.  »  On 
prétend  que  l'idée  de  la  fondation  d'un 
nouvel  empire  en  Orient  se  présenta  alors 
à  son  esprit.  Essayant  de  faire  revivre  la 
civilisation  dans  ces  lieux  qui  lui  servi- 
rent autrefois  de  berceau ,  il  créa  un  insti- 
tut sur  le  modèle  de  celui  de  Paris,  et 
nomma  des  commissions  pour  s'occuper 
d'un  vocabulaire  arabe,  et  d'un  triple  ca- 
lendrier, égyptien,  cophte,  et  européen. 
Dans  le  même  temps  deux  journaux,  l'un 
littéraire  ,  et  l'autre  politique  parurent 
au  Caire  ,  sous  les  titres  de  Décade 
égyptienne ,  et  de  Courrier  de  l'Egypte. 
Bonaparte  fit  célébrer  avec  la  plus  grande 
pompe  la  fête  de  la  liberté,  et  lui-même 
revêtu  d'un  costume  oriental  il  assista  à  la 
fête  annuelle  qui  se  célébrait  en  mémoire 
de  la  naissance  de  Mahomet.  Mais  cette 
condescendance  ne  suffisait  pas  pour  ga- 
gner un  peuple  irrité  des  charges  que  lui 
imposait  l'invasion  étrangère.  Bientôt  une 
insurrection  éclata  au  Caire  en  l'absence 
du  général  en  chef.  En  un  instant  les  mos- 
quées sont  changées  en  forteresses  ;  le  gé- 
néral Dupuis  et  Salkovysky,  aide-de-camp 


BOtf  589 

de  Bonaparte,  sont  massacrés  avec  une 
foule  de  Français.  Napoléon,  qui  était  alors 
au  vieux  Caire  trouve  les  portes  fermées 
à  son  retour ,  il  en  force  l'entrée  et  offre  le 
pardon  aux  rebelles  ;  ses  propositions  sont 
rejelées.  Il  fait  ouvrir  alors  un  feu  terri- 
ble sur  la  grande  mosquée ,  où  les  insur- 
gés s'étaient  réfugiés.  Dans  le  même  temps 
un  orage  vient  obscurcir  le  ciel  toujours 
serein  clans  ces  contrées.  Les  musulmans 
effrayés,  croient  y  voir  un  indice  de  la 
colère  divine ,  et  implorent  le  vainqueur, 
t  L'beure  de  la  clémence  est  passée,  dit 
»  Bonaparte  ;  vous  avez  commencé  ;  c'est 
»  à  moi  de  finir.  »  Il  fait  alors  abattre  à 
coups  de  hache  les  portes  de  la  mosquée , 
et  venge  par  un  massacre  général  l'assas- 
sinat des  soldats  français.  Profitant  du  cal- 
me apparent  que  cette  terrible  exécution 
avait  rétabli  en  Egypte  ,  Bonaparte  alla 
visiter,  accompagné  de  Monge ,  Berthollet 
et  Costaz ,  les  traces  de  l'ancien  canal  qui 
devait  joindre  la  Méditerranée  au  golfe 
arabique  ;  il  se  trouvait  à  Suez ,  lorsqu'il 
apprit  l'occupation  du  fort  d'El-Arisch  par 
Djezzar  pacha.  Dès  lors  il  se  décide  à 
tenter  la  conquête  de  la  Syrie  ;  et  après 
être  retourné  au  Caire  ,  il  s'avance  vers 
ce  pays  à  la  tête  de  dix  mille  hommes. 
Cette  armée  s'empare  du  fort  d'El-Arisch  ; 
Gaza  est  occupé  sans  résistance,  Jaffa  est 
emporté  d'assaut,  et  ses  habitans  avec  sa 
garnison  sont  passés  au  fil  de  l'épée.  Le 
massacre  dure  deux  jours  entiers,  et  quand 
cette  extermination  est  consommée,  Bo- 
naparte va  assiéger  Saint- Jean  d'Acre  , 
que  malgré  la  victoire  du  Mont-Thabor 
il  est  obligé  d'abandonner  pour  rentrer 
en  Egypte ,  avec  une  armée  affaiblie  par 
les  batailles  et  par  la  contagion  née  du 
massacre  de  Jaffa.  A  peine  rentré  au 
Caire ,  Bonaparte  apprend  qu'une  flotte 
turque  était  devant  Aboukir,  et  pouvait 
surprendre  Alexandrie.  Il  se  dirige  aussi- 
tôt vers  ce  lieu ,  où  les  Français  rem- 
portent une  victoire  complète  sur  Mus- 
tapha-Pacha chef  de  l'expédition;  et  la 
seconde  journée  d'Aboukir  devient  aussi 
glorieuse  pour  nos  armes  que  la  pre- 
mière leur  avait  été  funeste.  Malgré  ces 
triomphes  partiels  ,  la  campagne  d'E- 
gypte était  loin  d'avoir  répondu  aux  espé- 
rances de  Bonaparte ,  et  il  soupirait  se- 
crètement après  la  France  où  il  entre- 
voyait une  place  piopre  à  satisfaire  toute 
son  ambition.  Des  journaux  qui  lui  tom- 
bèrent sous  la  main  ,  ou  peut-être  de  se- 
crets avis  donnés  par  son  frère  Lucien , 
tirent  juger  que  le  moment  de  saisir 


lui  11 


BO* 

l'autorité  suprême  était  arrivé,  et  que  la 
France  se  verrait  avec  joie  délivrée  d'un 
gouvernement  usé  qui  pesait  sur  tous 
les  partis  par  ses  violences  et  sa  faiblesse. 
Bonaparte  ayant  résolu  son  retour ,  pré- 
texta un  voyage  dans  le  Delta ,  et  partit 
du  Caire,  accompagné  des  généraux  Ber- 
thier,  Murât,  Lannes  et  Marmont,  et  des 
savans  Monge,  Berthollet  et  Denon.  Après 
avoir  laissé  à  Kléber  le  fardeau  du  com- 
mandement ,  il  s'embarqua  à  Alexandrie 
où  deux  frégates  avaient  été  préparées 
pour  son  voyage;  et  échappant  comme  par 
miracle  aux  vaisseaux  anglais  qui  cou- 
vraient la  3Iéditerranée ,  il  débarqua  et 
Fréjus  le  9  octobre  1799.  Son  impatience 
ne  lui  permit  pas  d'observer  les  lois  sani- 
taires, et  il  partit  sur-le-champ  pour  Paris. 
Ce  voyage  fut  un  triomphe  continuel,  et 
Bonaparte  interpréta  en  faveur  de  son 
ambition,  l'empressement  des  populations 
qui  se  précipitaient  sur  son  passage  pour 
le  saluer.  La  France  était  alors  dans  une 
situation  critique.  Depuis  le  départ  de  l'ex- 
pédition d'Egypte,  la  fortune  semblait 
avoir  abandonné  les  drapeaux  de  la  répu- 
blique ;  la  guerre  civile  s'était  rallumée 
dans  l'ouest  ;  le  gouvernement  avait  attiré 
sur  lui  l'animad  version  publique,  et  tout  le 
monde  sentait  qu'il  ne  suffisait  plus  à  la 
France.  Le  Directoire  lui-même  recon- 
naissait que  le  moment  de  sa  dissolution 
était  arrivé.  Barras  songeait  à  rappeler  les 
Bourbons.  Sieyès  cherchait  un  général  qui  . 
pût  donner  au  gouvernement  l'appui  de 
l'armée.  Bonaparte ,  malgré  l'éloigncment 
que  ce  dernier  lui  inspirait,  consent  à  se 
rapprocher  de  lui ,  désespérant  de  trouver 
ailleurs  plus  d'habileté  pour  faire  réussir  le 
complot  qui  doit  lui  livrer  le  pouvoir,  et 
dont  l'exécution  est  fixée  entre  Sieyès  et 
lui,  au  18 brumaire.  Fouché,  Talleyrand, 
Lucien  président  du  conseil  des  Cinq-cents, 
secondaient  les  projets  du  général.  Un  dé- 
cret du  conseil  des  Anciens  convoque  à 
Saint-Cloud  la  représentation  nationale , 
et  tou  tes  les  troupes  de  la  division  militaire 
sont  mises  sous  les  ordres  de  Bonaparte; 
Sieyès  et  Boger-Ducos  donnent  leur  de- 
mission  ainsi  qu'ils  en  sont  convenus,  et 
Barras  se  retire  à  sa  terre  de  Grosbois. 
Bonaparte  escorté  des  généraux  qui  lui 
sont  dévoués  se  rend  à  Saint-Cloud,  et  se 
présentant  d'abord  au  conseil  des  Anciens* 
il  demande  au  nom  du  salut  de  l'état  le 
changement  d'une  constitution  plusieurs 
fois  violée.  De  là  il  se  rend  au  conseil  des 
Cinq-cents,  où  se  voyant  accueilli  par  des 
cris  d'indignation,  il  appelle  à  son  secours 


JBOIV 


390 


BON 


les  bayonneltcs  de  ses  soldais.  Des  gre- 
nadiers marchant  au  pas  de  charge  dis- 
persent les  représentans.  Le  même  jour  , 
une  trentaine  de  membres  du  conseil 
des  Cinq-cents ,  réunis  à  neuf  heures  du 
soir  sous  la  présidence  de  Lucien ,  pro- 
noncent la  dissolution  du  Directoire  et  la 
créationd'une  commission  consulaire  qui 
fut  d'abord  composée  de  Sieyès,  Roger- 
Ducos  et  Bonaparte  (i).  Celte  révolution 
du  18  brumaire  fut  accueillie  par  une  satis- 
faction universelle.  On  pensa  que  tous  les 
maux  passés  allaient  être  enfin  réparés. 
Bonaparte  adopta  un  système  de  modéra- 
tion propre  à  lui  concilier  les  esprits.  La 
liste  des  émigrés  fut  fermée  ;  la  persécu- 
tion cessa  contre  le  sacerdoce,  les  pro- 
scrits de  fruclidor  furent  rappelés ,  et  la 
Vendée  pacifiée  jouit  enfin  du  calme  dont 
elle  était  privée  depuis  si  long-temps.  Bo- 
naparte avait  dit  le  19  brumaire  au  conseil 
des  Anciens ,  qu'aussitôt  que  les  dangers 
qui  lui  avaient  fait  confier  des  pouvoirs 
extraordinaires  seraient  passés  *  il  ab- 
diquerait ces  pouvoirs  :  mais  celte  dé- 
claration du  général  ne  parut  point  obli- 
gatoire au  consul.  Loin  de  se  démettre 
de  son  autorité,  il  songea  à  l'affermir  en 
publiant  la  constitution  de  l'an  8.  Nommé 
premier  consul  pour  dix  ans,  il  se  fit 
adjoindre  Cambacérès  et  Le  Brun  ,  moins 
incommodes  pour  lui  que  Sieyès,  à  qui  il 
fit  décerner  une  récompense  nationale 
pour  le  consoler  d'avoir  été  pris  pour 
èupe.  Trois  autres  pouvoirs  furent  insti- 
tués par  la  constitution  nouvelle  ;  le  tri- 
bunal qui  discutait  les  lois  présentées  par- 
ies consuls ,  le  corps  législatif  qui  les 
votait  sans  discussion,  et  le  sénat  conser- 
vateur qui  en  gardait  le  dépôt.  Ce  qui 
montre  combien  on  se  moquait  du  peu- 
ple, c'est  qu'avec  un  gouvernement  ainsi 
organisé  on  conservait  encore  le  mot  de 
république.  Après  avoir  rendu  l'ordre  in- 
térieur à  la  France ,  en  s'établissant  au- 
dessus  de  tous  les  partis,  Bonaparte  vou- 
lut aussi  lui  rendre  la  considération  dont 
elle  jouissait  avant  la  paix  de  Campo- 
Formio.  Six  mois  s'étaient  à  peine  écoulés 
depuis  qu'il  était  consul,  qu'il  passe  ino- 
pinément le  mont  Saint-Bernard,  bat  les 
Autrichiens  à  Romano  et  à  Monlebello, 
et  se  rend  de  nouveau  l'arbitre  de  la 
péninsule  italique,  en  remportant  la  célè- 
bre victoire  de  Marengo,  où  Desaix 
trouve  une  mort  glorieuse  en  assurant  le 


(i)    Voyei   le  Précis   de   l'histoire  de  la   révolution 
fronçai ie  ,  au  premier  volume. 


triomphe  de  l'armée  française.  L'Autriche 
contrainte  encore  une  fois  à  la  paix  éva- 
cua le  Piémont  et  céda  la  Lombardie. 
Bonaparte  profita  de  l'armistice  conclu 
avec  cette  puissance,  pour  revenir  àParis 
où  l'avait  précédé  le  bruit  de  ses  nou- 
velles victoires.  Peu  de  temps  après  son 
retour,  le  ministre  de  la  police ,  Fouché, 
prélendit  avoir  découvert  un  complol 
contre  la  vie  du  premier  consul ,  tranni 
par  des  hommes  dont  l'exaltation  répu- 
blicaine était  connue  ,  et  bientôt  l'explo- 
sion de  la  machine  infernale  vint  effrayer 
Paris.  Ces  tentatives  fournirent  à  Bona- 
parte un  prétexte  pour  conccnlrer  de  plus 
en  plus  le  pouvoir  entre  ses  mains,  et 
pour  porter  alternativement  la  terreur 
dans  les  partis  opposés  qui  pouvaient  con- 
trarier ses  desseins.  Parmi  les  républi- 
cains,  Cérachi,  Diana,  Demer ville,  To- 
pino-Le-Brun  et  Arena,  furent  envoyés  à 
la  mort,  comme  ayant  trempé  dans  la 
première  conspiration  ;  et  parmi  les  an- 
ciens chouans,  Carbon  et  Saint-Régent 
expièrent  par  le  dernier  supplice  l'atten- 
tat de  la  machine  infernale.  Un  arrêté 
des  consuls  prononça  en  outre  la  dépor- 
tation contre  cent  trente  personnes,  qu'on 
envoya  mourir  dans  les  sables  brûlans  de 
la  Guyane.  La  bataille  de  Marengo  avait 
été  suivie  des  batailles  d'Hochsledt  et  de 
Hohenlinden,  gagnées  par  le  général  Mo- 
reausur  l'Autriche.  Cette  puissance,  épui- 
sée par  tant  de  revers ,  consentit ,  le  9  fé- 
vrier 1801,  à  signer  le  traité  de  Lunéville, 
qui  confirmait  les  clauses  stipulées  à 
Campo-Formio.  Bonaparte  au  moment  de 
fonder  un  empire  sentit  la  nécessité  de  se 
rapprocher  du  saint  Siège;  le  15  juillet 
1801,  un  concordat  fut  conclu  à  Paris  entre 
le  pape  Pie  VII  et  le  premier  consul.  La 
Bavière ,  le  Portugal ,  la  Russie  ,  la  Porte 
Ottomane  signèrent  successivement  la 
paix.  L'Angleterre  elle-même  se  sentant 
trop  faible  dans  son  isolement  consentit  à 
poser  les  armes,  et  le  traité  d'Amiens  con» 
clu  le  24  mars  1802,  assura  pour  quelque 
temps  la  tranquillité  de  l'Europe.  La  pos- 
session de  l'Egypte  avait  échappé  à  la 
France  ,  et  l'aventureuse  campagne  faite 
aux  lieux  illustrés  par  les  croisades,  n'avait 
eu,  comme  ces  guerres  religieuses,  d'autre 
résultat  que  la  destruction  d'une  brillante 
armée  ,  dont  une  faible  partie  revint  en 
Europe.  Cependant  Bonaparte  conçut  une 
nouvelle  expédition  maritime  dont  l'issue 
ne  fut  pas  moins  funeste.  Une  flotte  im- 
mense destinée  à  reconquérir  Saint-Do- 
mingue partit  de  Brest  et  de  Rochefort 


BON  591 

sous  les  ordres  de  son  beau-frère  Lcclerc. 
Celte  entreprise  échoua.  L'année  pres- 
qu'entière  fut  consumée  par  la  maladie  , 
le  climat  et  la  guerre,  et  le  seul  fruit 
de  cette  tentative  de  conquête  fut  l'enlè- 
vement de  Toussaint-Louverture  ,  que 
Ton  envoya  mourir  en  France  dans  le 
fort  de  Joux,  où  il  fut  enfermé.  Cepen- 
dant Bonaparte  ,  dont  l'ambition  n'était 
pas  entièrement  satisfaite  par  la  première 
place  dans  une  république,  songeait  à 
préparer  les  voies  qui  devaient  le  con- 
duire à  l'empire.  Il  commença  par  élimi- 
ner du  sénat  les  membres  qui  avaient  le 
courage  de  s'opposer  à  ses  volontés  des- 
potiques; Daunou  ,  Chénier,  Benjamin 
Constant  furent  de  ce  nombre;  parla  réor- 
ganisation du  culte  catholique ,  le  rappel 
des  émigrés  ,  et  l'institution  de  la  légion 
d'bonneur,  il  s'efforça  de  gagner  les  par- 
tisans de  la  monarchie.  Tout  à  coup  il  fit 
proposer  par  ses  collègues  la  question  du 
consulat  à  vie  ;  le  résultat  de  cette  ques- 
tion soumise  en  apparence  au  vote  popu- 
laire fut  conforme  à  ses  vues;  et  la  con- 
stitution fut  de  nouveau  modifiée  dans 
l'intérêt  du  pouvoir.  A  peu  près  dans  le 
même  temps  le  premier  consul  fit  de- 
mander la  cession  de  ses  droits  au  frère 
de  Louis  XVI ,  qui  repoussa  énergique- 
ment  cette  proposition.  Bientôt  la  guerre 
se  rallume  avec  l'Angleterre ,  à  qui  l'oc- 
cupation de  Parme  et  l'envahissement 
de  la  Suisse  avaient  fourni  le  prétexte 
d'une  rupture.  Le  Hanovre  fut  occupé  par 
les  Français  ,  qui  surprirent  l'armée  an- 
glaise et  la  firent  prisonnière.  Le  cabinet 
de  Londres  s'efforça  de  susciter  des  en- 
nemis intérieurs  à  Bonaparte.  Les  chefs 
royalistes,  désabusés  des  espérances  qu'ils 
avaient  fondées  sur  lui,  formèrent  le  pro- 
jet de  prévenir  en  le  renversant ,  l'exé- 
cution de  ses  desseins  ambitieux.  Leur 
complot  fut  découvert.  Georges  Cadoudal, 
fut  condamné  à  mort  et  exécuté.  Piche- 
gru  .impliqué  dans  la  même  conspiration, 
fut  trouvé  étranglé  dans  sa  prison.  Mo- 
reau  accusé  de  complicité,  malgré  ses 
principes  républicains ,  subit  la  peine  du 
bannissement.  On  osa  frapper  une  vic- 
time plus  illustre.  Le  duc  d'Enghien, 
enlevé  au  mépris  du  droit  des  gens  sur 
un  territoire  étranger  ,  fut  amené  à  Vin- 
cennes,  jugé  et  fusillé  dans  les  24  heures , 
comme  coupable  d'avoir  connu  le  com- 
plot de  Georges.  Cet  assassinat,  que  Bona- 
parte a  vainement  essayé  de  justifier , 
fut  une  sorte  de  garantie  donnée  à  ces 
hommes  de  sang,  qui  n'attendaient  qu'une 


BON 

occasion  pour  échanger  le  masque  d'in- 
dépendance dont  ils  s'étaient  couverts 
contre  une  servilité  réelle.  Peu  de  temps 
après  celte  exécution,  le  citoyen  Curée , 
membre  du  tribunat,  fit  la  motion  d'é- 
tablir un  gouvernement  impérial  hérédi- 
taire en  faveur  de  Bonaparte  et  de  sa 
famille.  Ce  vœu  adopté  par  les  tribuns 
fut  accueilli  avec  empressement  par  les 
autres  corps  de  l'état,  et  le  18  mai  1804, 
un  sénatus-consulte  réforma  la  constitu- 
tion de  l'an  VIII,  et  revêtit  Napoléon  Bo- 
naparte du  titre  d'empereur.  On  eut  soin 
de  consacrer  encore  cette  transformation 
du  gouvernement  par  une  apparence 
d'assentiment  populaire.  Ainsi  la  monar- 
chie venait  de  ressusciter  en  France ,  el 
avec  elle  reparut  la  pompe  des  titres. 
Dix-huit  généraux  furent  créés  maré- 
chaux de  l'empire.  Bonaparte  voulut  en- 
core dès  son  avènement  exercer  une  des 
plus  belles  prérogatives  de  la  souveraine 
puissance,  le  droit  de  grâce.  Armand  de 
Polignac  et  plusieurs  complices  de  Georges 
qui  avaient  été  condamnés  à  mort  obtin- 
rent leur  pardon.  Le  nouvel  empereur 
fut  reconnu  par  les  principales  puis- 
sances de  l'Europe  ;  le  souverain  pontife 
lui-même ,  espérant  par  cette  démarche 
être  utile  à  la  religion,  vint  sacrer  Bona- 
parte dans  l'églisemétropolitaine  deParis> 
L'Angleterre  seule  paraissait  braver  sa 
puissance.  Napoléon  se  décida  à  y  tenter 
une  descente ,  et  fit  construire  un  grand 
nombre  de  bâtimens  de  transports,  qui 
devaient  être  protégés  par  64  vaisseaux 
de  ligne.  Mais  au  milieu  des  ces  prépara- 
tifs militaires  ,  jaloux  d'imposer  aux  na- 
tions par  la  majesté  des  titres  ,  il  prit  la 
couronne  de  fer  des  anciens  rois  lom- 
bards, et  fut  couronné  roi  d'Italie  à  Milan, 
le  26  mai  1805.  Cependant  le  cabinot  de 
Saint-James  pour  détourner  l'attaque  dont 
il  était  menacé,  souleva  contre  la  France, 
l'Autriche  et  la  Russie.  L'empereur  trans- 
porte soudain  ses  troupes  sur  les  bords  du 
Rhin.  Il  ouvre  la  glorieuse  campagne  de 
1805,  qui  devient  une  suite  de  triomphes. 
Grâce  à  la  rapidité  de  ses  manœuvres  et 
à  la  valeur  de  nos  armées ,  il  prend  en 
peu  de  jours  Augsbourg,  Ulm,  el  Vienne. 
Masséna  le  seconde  en  Italie ,  et  le  2  dé- 
cembre ,  la  célèbre  bataille  d'Austerlitz  , 
où  les  deux  empereurs  Alexandre  el 
François  sont  vaincus  ,  porte  les  derniers 
coups  à  la  coalition  qui  se  trouve  trop 
heureuse  de  signer  la  paix  de  Presbourg. 
Enhardi  par  ses  succès,  Napoléon  conçoit 
l'idée  de  renverser  en  Europe  les  an- 


BON 


592 


BON 


demies  dynasties,  et  de  distribuer  des 
trônes  à  toute  sa  famille.  Immédiatement 
après  le  traité  de  Presbourg ,  Bonaparte 
s'était  rendu  .à-Munich,  où  il  avait  fait  cé- 
lébrer le  mariage  d'Eugène  de  Beauhar- 
nais  ,  son  fils  adoplif ,  avec  la  princesse 
Amélie  de  Bavière.  Bientôt  le  roi  de  Na- 
ples,  accusé  d'avoir  violé  les  traités,  est 
renversé,  et  Joseph  Bonaparte  est  mis  à 
sa  place.  Louis  monte  sur  le  trône  de 
Hollande.  Murât  devient  grand-duc  de 
Berg,  et  Berthier  prince  de  Neucbâlel. 
L'empereur  d'Allemagne  est  dépouillé  de 
cette  dignité,  et  réduit  au  seul  titre  d'em- 
pereur héréditaire  d'Autriche  par  INapo- 
léon,  qui  réunit  sous  le  nom  de  Confédé- 
ration du  Rhin,  dont  il  se  fait  le  protec- 
teur, les  princes  secondaires  de  l'Allema- 
gne. Napoléon  avait  abaissé  l'Autriche; 
mais  la  Prusse  pleine  des  souvenirs  du 
grand  Frédéric  et  excitée  par  l'Angleterre 
avait  formé  le  dessein  d'affranchir  l' Alle- 
magne de  la  domination  française.  Une 
nouvelle  campagne  s'ouvrit  non  moins 
brillante  que  la  précédente.  La  monarchie 
prussienne  fut  écrasée  sur  le  champ  de 
i>ataille  d'Iéna.  L'armée  française  après 
avoir  renversé  l'orgueilleuse  colonne  qui 
perpétuait  le  souvenir  de  la  défaite  de 
Bosbach ,  occupa  Berlin.  Cependant  le 
roi  de  Prusse  avait  imploré  l'appui  de  la 
Russie.  Celle-ci  brûlait  de  réparer  l'échec 
d'Austerlitz  ,  et  Napoléon  fut  contraint  de 
prolonger  la  campagne.  La  sanglante  ba- 
taille d'Eylau,  dont  le  succès  demeura  in- 
décis ,  fut  suivie  de  celle  de  Friedland, 
où  l'armée  russe  fut  entièrement  défaite. 
Cette  nouvelle  victoire  de  Bonaparte 
amena  l'entrevue  de  Tilsitt ,  qui  eut  lieu 
sur  un  radeau  au  milieu  du  Niémen. 
L'empereur  de  Bussie  et  le  roi  de  Prusse 
s'y  présentèrent  devant  le  soldat  couronné 
qui  les  avait  vaincus ,  et  qui  deux  ans  au- 
paravant, avait  reçu  l'empereur  d'Alle- 
magne dans  une  circonstance  pareille ,  à 
son  bivouac  d'Auslerlitz.  Le  traité  de 
Tilsitt  signé  le  7  juillet  i 807,  créa  deux 
nouveaux  rois  ;  un  démembrement  de  la 
Prusse  forma  le  royaume  de  Westphalie  , 
et  donna  une  couronne  à  Jérôme  Bona- 
parte. Le  plus  fidèle  allié  des  Français , 
l'électeur  de  Saxe  ,  devint  roi  de  Saxe,  et 
gouverna  une  partie  de  la  Pologne  sous 
le  titre  de  grand  duc  de  Varsovie.  Enivré 
de  gloire  ,  Napoléon  reparut  dans  sa  capi- 
tale et  fut  surnommé  le  Grand.  Tous  les 
partis  semblaient  évanouis.  Le  prestige 
de  la  puissance  impériale  paraissait  avoir 
effacé  le  souvenir  de  quinze  ans  de  com- 


bats et  de  luttes  politiques  ;  et  l'amour  de 
la  liberté  semblait  remplacé  par  celui  de 
la  gloire.  De  triomphe  en  triomphe  Na* 
poléon  était  arrivé  à  ce  degré  de  confiance 
en  soi-même  qui  rend  inaccessible  à  tous 
les  conseils  ,  et  qui  ne  permet  pas  d'aper- 
cevoir l'écueil  fatal  où  l'on  doit  se  briser. 
Nous  touchons  au  moment  où  son  ambi- 
tion va  le  précipiter  dans  les  guerres  in- 
justes qui  amèneront  sa  chute.  Pour  rui- 
ner l'Angle  terre  qui  avait  achevé  d'écraser 
notre  marine  au  cap  Finistère  et  à  Tra- 
fâlgar  (1805),  Bonaparte  avait  imaginé  le 
blocus  continental,  système  gigantesque 
qui  consistait  à  fermer  aux  marchandises 
anglaises  tous  les  ports  du  continent.  Ce 
projet  qui  portait  atteinte  à  la  prospérité 
d'un  grand  nombre  d'états ,  était  par  là 
même  d'une  exécution  impossible.  Lo 
traité  de  Tilsitt  avait  fermé  les  ports  d'Al- 
lemagne et  de  Russie  à  l'Angleterre,  mais 
celle-ci  continuait  son  commerce  avec  le 
Portugal  qu'elle  regardait  comme  une 
de  ses  colonies.  Napoléon  somme  cette 
puissance  de  suspendre  ses  relations ,  et 
ne  pouvant  l'obtenir,  il  donne  ordre  au 
général  Junot  de  marcher  sur  Lisbonne 
à  la  tête  de  vingt -cinq  mille  hommes. 
Mais  il  pensa  que  le  succès  de  son  entre- 
prise ne  pouvait  être  complètement  assuré 
que  par  la  conquête  de  la  péninsule  ,  et  il 
songea  à  enlever  le  trône  d'Espagne  à  la 
dynastie  des  Bourbons.  Les  circonstances 
étaient  favorables  à  cette  inique  spolia- 
tion. La  famille  royale  était  divisée.  Un 
favori  de  Charles  IV,  le  prince  de  la  Paix, 
avait  aliéné  l'opinion  publique ,  et  ce 
monarque  lui-même ,  à  la  suite  d'une 
émeute  populaire,  s'était  vu  forcé  d'abdi- 
quer en  faveur  de  son  fils ,  le  prince  des 
Asturies ,  depuis  Ferdinand  VII.  Mais 
bientôt  le  vieux  roi ,  rougissant  de  sa  fai- 
blesse ,  prolesta  contre  cette  abdication. 
Bonaparte  s'établit  juge  de  ce  différend, 
et  les  deux  princes  furent  appelés  à 
Bayonne.  L'empereur,  feignant  de  pro- 
téger le  père  contre  le  fils ,  parvint  à  faire 
abdiquer  Charles  IV  en  sa  faveur,  cl  donna 
le  trône  vacant  à  son  frère  aine  Joseph  , 
qui  fut  remplacé  par  Mural  dans  le  royau- 
me des  Deux-Siciles.  Les  princes  de  la 
famille  royale  d'Espagne ,  après  avoir 
paru  consentir  à  cet  accord ,  allèrent  ex- 
pier dans  les  prisons  leurs  scandaleuses 
divisions.  Le  peuple  espagnol  fut  indigné 
en  recevant  un  étranger  pour  monarque* 
La  population  se  souleva  d'un  bout  du 
royaume  à  l'autre.  L'Angleterre  seconda 
l'Espagne  ;  et  la  France  se  vit  engagée  avec 


BON 


593 


BOX 


douleur  dans  une  guerre  désastieuse  qui 
consuma  ses  armées  et  avança  le  terme 
de  ses  jours  de  victoire.  L'Autriche  voyant 
une  grande  partie  des  forces  françaises 
occupées  en  Espagne  ,  crut  le  moment  fa- 
vorable pour  sortir  de  l'état  d'abaissement 
où  l'avait  placée  le  traité  de  Prcsbourg. 
et  rompit  la  paix.  Napoléon  quitta  l'Es- 
pagne où  il  avait  obtenu  de  brillans  succès 
et  revint  à  Paris  le  5  janvier  1809,  pour 
aller  prendre  le  commandement  de  l'ar- 
mée du  Nord.  Bientôt  il  ouvrit  une  nou- 
velle campagne  plus  sanglante,  plus  achar- 
née qu'aucune  des  précédentes.  Trois 
victoires  successives  ,  celle  d'Eckmulh , 
celle  d'Essling ,  et  celle  de  Wagram ,  le 
rendirent  de  nouveau  l'arbitre  de  la  paix 
qui  fut  signée  à  Vienne  le  14  octobre. 
Quelques  mois  auparavant,  les  états  ro- 
mains avaient  été  envahis,  et  le  souverain 
pontife  enlevé  de  son  palais,  s'était  vu 
conduire  en  France  où  on  le  retint  captif 
pendant  que  ses  possessions  étaient  réu- 
nies à  l'empire  français.  Pie  VII  lança  une 
bulle  d'excommunication  contre  les  au- 
teurs et  exécuteurs  des  violences  exercées 
contre  lui ,  et  il  déploya  dans  celte  cir- 
constance une  dignité  calme  et  une  iné- 
branlable fermeté.  La  vénération  publique 
dont  il  fut  partout  entouré  sur  son  passage 
lui  prouva  que  la  nation  française  n'était 
pas  complice  de  l'attentat  par  lequel  on 
punissait  sa  résistance  à  une  injuste  usur- 
pation. L'agrandissement  de  l'empire  ne 
se  borna  pas  à  Rome  et  à  l'Italie ,  Bona- 
parte réunit  encore  à  la  France  la  Hol- 
lande, qui  ruinée  par  le  blocus,  témoignait 
hautement  son  mécontentement.  En  même 
temps  qu'il  reculait  ainsi  les  limites  de  la 
France,  l'empereur  songeait  à  rompre  les 
nœuds  d'un  premier  mariage  qui  ne  lui 
permettait  plus  l'espoir  d'avoir  un  héri- 
tier de  son  rang  et  de  sa  puissance.  L'idée 
de  posséder  une  fille  des  Césars  souriait 
d'ailleurs  à  son  orgueil.  I/impératrice 
Joséphine  qui  s'était  fait  chérir  sur  le  trône 
par  sa  bonté  et  sa  modestie  fut  répudiée , 
et  l'archiduchesse  Marie-Louise,  vint  par- 
tager les  destinées  d'un  homme  qui  ne 
6*était  élevé  que  par  les  coups  qu'il  avait 
portés  à  la  puissance  autrichienne.  Le 
sénat  n'avait  pas  hésité  à  autoriser  le  di- 
vorce de  Bonaparte ,  et  la  dissolution  du 
mariage ,  contre  laquelle  le  pape  protesta 
en  vain ,  fut  prononcée  par  l'oflicialité  de 
Paris.  Le  mariage,  auquel  plusieurs  rois 
assistèrent,  fut  célébré  le  2  avril  1810.  Les 
fêtes  qui  le  suivirent  furent  troublées  par 
on  événement  affreux  qui  donna  les  plus 


tristes  pressentimens  pour  l'avenir.  Ce- 
pendant Napoléon,  encore  gâté  par  la  for- 
lune  ,  eut  un  an  après ,  un  fils  qu'il  dé- 
cora dès  le  berceau  du  titre  de  roi  de 
Rome  ;  dès  lors  il  crut  sa  dynastie  à  jamais 
assurée.  Des  réjouissances  publiques  cé- 
lébrèrent ce  grand  événement  qui  devait 
être  le  terme  des  prospérités  de  l'empire. 
La  Russie  qui  avait  subi  jusqu'en  1812 
les  inconvéniens  du  blocus  continental , 
parut  à  cette  époque  déterminée  à  y  re- 
noncer. Elle  écouta  de  nouveau  l'Angle- 
terre ,  et  l'empereur  moins  patient  que 
jamais  résolut  de  lui  faire  la  guerre.  Au 
commencement  de  mai  1812  ,  le  Moniteur 
annonça  que  l'empereur  allait  faire  l'in- 
spection de  la  grande  armée  réunie  sur 
les  bords  de  la  Vistule  ,  el  que  l'impéra- 
trice l'accompagnerait  jusqu'à  Dresde 
pour  y  voir  son  auguste  famille.  Napoléon 
s'arrêta  quinze  jours  dans  la  capitale  de  la 
Saxe  ,  entouré  d'une  cour  formée  de  sou- 
verains. Le  Niémen  fut  franchi  par  son 
armée  dans  les  journées  des  23 ,  24  et  25 
juin.  L'empereur  s'écria  en  passant  ce 
fleuve  :  La  fatalité  entraîne  les  Russss, 
que  les  destins  s'accomplissent  !  Les 
troupes  qui  marchaient  alors  sous  fes 
ordres  pour  accabler  l'empire  moscovite, 
comprenaient  environ  quatre  cent-cin- 
quante mille  combatlans  de  diverses  na- 
tions. Le  28  juin  Napoléon  entra  à  Wilna 
et  y  établit  un  gouvernement  provisoire, 
pendant  qu'une  diète  réunie  à  Varsovie 
s'occupait  de  reconstituer  la  Pologne  à 
laquelle  Bonaparte  avait  fait  des  promesses 
qui  ne  se  réalisèrent  pas.  L'empereur 
était  impatient  d'atteindre  les  Russes. 
Mais  Alexandre  avait  donné  ordre  à  ses 
généraux  de  se  retirer  à  l'approche  de 
l'ennemi,  et  de  détruire  dans  leur  fuile 
apparente  toutes  les  ressources  des  lieux 
qu'ils  abandonneraient  à  l'armée  con- 
quérante. Il  fit  pourtant  porter  à  Bona- 
parte des  propositions  pacifiques  qui  ne 
furent  pas  trouvées  acceptables.  L'em- 
pereur, après  avoir  occupé  Smolensks 
marcha  sur  Moscou,  dans  l'espoir  d'at- 
teindre les  Russes  et  de  leur  livrer  une 
bataille  décisive.  La  victoire  de  la  Mos- 
kowa  remportée  le  7  septembre  ,  lui 
ouvrit  les  portes  de  celte  ancienne  capi- 
tale, où  l'armée  française  entra  le  14.  La 
population  avait  pris  la  fuite  ,  et  le  gou- 
verneur Rostopchin  n'y  avait  laissé  que 
quelques  misérables  incendiaires  chargés 
de  réduire  en  cendres  cette  antique  cité 
Napoléon  au  lieu  de  suivre  l'avis  de  ses 
généraux  qui  lui  conseillaient  d'abandon- 


BOIV 


394 


BOIV 


lier  un  sol  dévasté  ,  se  laissa  bercer  par 
des  espérances  de  paix,  et  attendit  trente- 
cinq  jours  sur  les  débris  fumans  de  Mos- 
cou des  propositions  qui  n'arrivèrent  pas. 
Enfin  après  avoir  fait  sauter  le  Kremlin , 
il  ordonna  la  retraite  qui  commença  le  22 
octobre  ,  dans  le  temps  même  où  sa  puis- 
sance était  menacée  à  Paris  par  une  con- 
spiration tramée  dans  les  prisons.  Bientôt 
survint  un  froid  excessif  qui  fit  périr  les 
chevaux  et  les  hommes.  Une  traînée  de 
cadavres  signalait  le  passage  de  l'armée 
française ,  qui  harcelée  par  les  Russes  et 
décimée  par  la  rigueur  du  climat ,  com- 
battit le  28  novembre  à  la  Bérezina ,  avec 
sa  valeur  ordinaire.  Napoléon  la  quitta 
peu  de  temps  après ,  et  prit  sur  un  traî- 
neau la  route  de  la  capitale  où  il  arriva 
le  18  décembre.  Son  premier  soin  fut  de 
préparer  une  nouvelle  campagne.  Le  sé- 
nat vota  une  levée  considérable ,  et  l'em- 
pereur partit  de  Paris  le  15  avril  1813, 
pour  aller  porter  la  guerre  sur  l'Elbe  où 
l'attendaient  les  débris  de  sa  vieille  ar- 
mée. Des  victoires  parurent  d'abord  re- 
lever nos  armes.  A  Lutzen,  à  Bautzen , 
nos  conscrits  battirent  des  ennemis  ac- 
coutumés à  combattre.  Néanmoins  Na- 
poléon ne  put  résister  à  la  défection  de 
l'Europe  entière,  des  rois  même  qu'il 
avait  faits.  La  Prusse,  l'Autriche  et  la  Ba- 
vière désertèrent  les  rangs  de  l'armée 
française.  Murât,  roi  de  Naples,  et  Ber- 
nadotte,  prince  royal  de  Suède,  se  lais- 
sèrent entraîner  par  l'exemple.  Plus  lâ- 
ches qu'eux  tous,  les  Wurlembergeois 
et  les  Saxons  abandonnèrent  les  Français 
sur  le  champ  même  de  bataille.  Cepen- 
dant les  négociations  de  paix  avaient  été 
entamées.  Mais  l'orgueil  de  Napoléon 
ne  voulut  rien  céder;  il  perdit  tout  :  la 
bataille  de  Leipsick,  et  la  retraite  dont 
elle  fut  suivie  anéantirent  tous  les  avan- 
tages de  cette  campagne.  Les  débris  de 
l'armée  vinrent  se  rallier  en  France.  Dans 
le  même  temps  l'Espagne  appuyée  par 
l'Angleterre ,  forçait  nos  soldats  d'éva- 
cuer la  Péninsule;  et  l'armée  britannique 
pénétrant  sur  notre  frontière,  liait  ses 
opérations  avec  les  puissances  coalisées.  La 
France  avait  été  envahie  par  la  Belgique, 
la  Lorraine  et  la  Suisse.  Dans  ces  graves 
conjonctures,  Bonaparte  demanda  des 
conseils  au  corps  législatif.  Celte  assem- 
blée ,  muette  aux  jours  de  sa  pospérité , 
recouvra  tout  à  coup  la  parole  et  fit  des 
remontrances  au  pouvoir  qui  tombait.  Elle 
fut  brusquement  dissoute  ;  bientôt  s'ou- 
vrit la  campagne  de  France.  Bonaparte 


luttant  avec  une  faible  armée  contre  des 
forces  immenses ,  y  déploya  toutes  les 
ressources  d'une  vaste  capacité  militaire. 
Victorieux  à  Champaubert,  à  Mont-Mi- 
rail,  à  Vauchamp,  à  Nangis ,  à  Monlc- 
reau  ,  à  Méry-sur-Seine  ,  il  força  le  géné- 
ralissime Swartzenberg  à  demander  une 
armistice.  Mais  ses  succès  ne  purent  ar- 
rêter la  marche  des  alliés  qui  bientôt  pénè- 
trent jusqu'à  Paris.Bonaparte  se  hâte  d'ac- 
courir. Mais  il  n'était  plus  temps;  par  suite 
d'une  capitulation  les  étrangers  étaient  en- 
trés le  51  mars  1814  dans  la  capitale ,  et  le 
sénat  avait  prononcé  la  déchéance  de 
l'empereur.  Abandonné  de  toutes  parts, 
Napoléon  déposa  le  sceptre  à  Fontaine- 
bleau, et  remplacé  par  Louis  XVIII,  sur 
le  trône  de  France ,  il  alla  prendre  pos- 
session de  l'île  d'Elbe,  dont  la  souverai- 
neté lui  avait  été  accordée  avec  deux  mil- 
lions de  revenu.  Accueilli  par  des  hom- 
mages à  Lyon  et  à  Valence,  il  fut  insulté 
et  menacé  dans  les  départemens  méri- 
dionaux. Napoléon  parut  résigné,  et  sem- 
bla d'abord  ne  s'occuper  que  de  ses  nou- 
veaux sujets.  Il  fit  exploiter  des  mines, 
ouvrir  des  routes,  planter  des  arbres  ,  et 
par  ses  soins  l'administration  de  son  île 
devint  aussi  active  que  florissante.  Sa 
mère  et  sa  sœur  vinrent  le  visiter  au 
milieu  de  ces  travaux  et  adoucir  son  exil. 
Cependant  le  regret  de  la  belle  couronne 
qu'il  avait  perdue,  et  l'espoir  de  la  re- 
saisir encore,  l'agitaient  dans  sa  retraite. 
Sollicité  par  les  mécontens ,  il  prépara 
secrètement  son  retour  en  France.  Appre- 
nant qu'on  avait  mis  en  question  sa  trans- 
lation à  Sainte-Hélène  ,  il  se  décida  à  hâ- 
ter son  départ,  et  profita  de  l'absence  du 
cornmodore  Campbell,  retenu  à  Livour- 
ne  par  les  plaisirs  d'une  fêle  ,  pour  met- 
tre à  la  voile  dans  la  nuil  du  26  au  27  fé- 
vrier 1815,  avec  environ  900  hommes. 
Il  entra  dans  le  golfe  de  Juan  le  1er  mars 
et  débarqua  le  même  jour  à  Cannes.  Pour- 
suivant rapidement  sa  route  sur  Paris  ,  il 
entraîna  avec  lui  par  l'ascendant  de  la 
gloire,  Ney  et  Labédoyère  qui  étaient 
chargés  de  le  combattre.  Le  20  mars,  il  en- 
trait dans  la  capitale  que  Louis  XVIII  ve- 
nait d'abandonner  pour  se  retirer  à  Gand. 
En  peu  de  temps  le  gouvernement  impé- 
rial fut  reconnu  presque  sur  tous  les 
points  du  royaume.  Mais  Bonaparte  s'a- 
perçut bientôt  que  l'esprit  public  était 
changé  et  qu'on  attendait  de  lui  des  ga- 
ranties pour  les  libertés  publiques.  Ne 
voyant  qu'un  danger  là  où  sa  puissance 
pouvait  trouver  un  appui ,  il  se  refusa  à 


BON 


395 


BON 


toute  concession  libérale  ,  cl  publia  l'acte 
additionnel  aux  constitutions  de  l'em- 
pire ,  espèce  de  charte  nouvelle  qui  con- 
sacrait le  régime  impérial  de  1812  ,  avec 
tous  ses  abus.  Cet  acte  aliéna  l'opinion  pu- 
blique et  Napoléon  réduit  au  seul  appui 
de  l'armée  partit  avec  elle  le  12  juin  pour 
aller  combattre  la  coalition  sur  les  fron- 
tières du  nord.  Après  quelques  avantages 
remportés  sur  les  alliés ,  il  vit  s'évanouir 
toutes  ses  espérances  par  la  perte  de  la 
bataille  de  Waterloo.  Napoléon  ne  pou- 
vant rallier  son  armée  sur  la  frontière , 
prit  la  route  de  Paris  après  avoir  indiqué 
Laon ,  pour  point  de  réunion  à  ses  lieute- 
nans.  Une  menaçante  opposition  s'était 
déclarée  dans  la  chambre  des  représen- 
tai. Le  mot  de  déchéance  prononcé  par 
des  partis  différens  arrivait  aux  oreilles 
de  l'empereur,  qui  se  décida  une  seconde 
fois  à  abdiquer.  Carnot  lui  conseilla  de  se 
réfugier  en  Amérique ,  et  de  partir  sans 
délai  pour  Rochefortoù  l'attendaient  deux 
frégates.  Quelques  jours  perdus  en  hési- 
tations donnèrent  aux  Anglais  le  temps  de 
venir  établir  leur  croisière  devant  ce  port. 
Napoléon  craignant  de  tomber  entre  les 
mains  des  puissances  continentales ,  se 
décida  à  demander  l'hospitalité  à  la  nation 
britannique.  Il  fut  reçu  à  bord  du  Bellé- 
rophon,  et  le  gouvernement  anglais  le 
constituant  prisonnier,  le  fit  transporter, 
de  concert  avec  les  puissances  alliées,  à 
l'île  Sainte-Hélène,  rocher  situé  au  milieu 
de  l'océan  Indien,  pour  y  être  gardé  à  vue 
le  reste  de  sa  vie.  Bonaparte  en  appre- 
nant cette  décision  exprima  vivement  la 
surprise  et  l'indignation  que  lui  causait  la 
conduite  du  cabinet  de  Saint- James.  Le 
vaisseau  le  Nortumberland.îvA  chargé  de 
le  conduire  à  sa  destination.  Arrivé  en 
face  du  cap  de  la  Hogue,  Napoléon  s'écria 
d'une  voix  émue,  en  tendant  les  bras  vers  la 
France  :  «  Adieu ,  terre  des  braves  !  quel- 
»  ques  traîtres  de  moins ,  et  tu  serais  en- 
»  corc  la  maîtresse  du  monde  !  »  Il  débar- 
qua à  Sainte-Hélène  le  18  octobre.  Les  gé- 
néraux Bertrand  et  Gourgaud,  les  comtes 
dcLascases  et  de  Montholon  l'avaient  suivi 
dans  son  exil ,  où  il  vécut  six  années  sous 
la  garde  des  troupes  anglaises,  s'occupant 
de  ses  mémoires  et  donnant  à  ses  com- 
pagnons d'infortune  des  renseignemens 
précieux  sur  les  diverses  circonstances  de 
sa  vie.  Cependant  le  climat  de  Sainte-Hé- 
lène ruina  sa  santé  depuis  long-temps  al- 
térée ,  et  les  contrariétés  souvent  barbares 
que  son  geôlier  Hudson  Lowe  lui  fit  en- 
durer ,  hâtèrent  les  progrès  du  mal  qui  le 


minait  Le  5  mai  1821,  à  six  heures  du 
soir ,  se  termina  la  vie  de  cet  homme  ex- 
traordinaire qui  avait  enchaîné  la  révo- 
lution, vaincu  l'Europe,  remué  le  monde 
entier;  génie  puissant  et  désastreux,  fait 
pour  gouverner  et  conquérir ,  qui  après 
avoir  rendu  l'ordre  et  le  calme  à  la 
Fiance  ,  avait  attiré  deux  fois  sur  elle  les 
fléaux  de  l'invasion  étrangère.  Bonaparte 
demanda  à  ses  derniers  momens  les  se- 
cours de  la  religion,  et  la  veille  de  sa  mort 
il  reçut  le  viatique  de  la  main  d'un  des 
aumôniers  qu'il  avait  fait  venir  de  Corse. 
Par  son  testament  qui  a  été  rendu  pu- 
blic, il  distribua  à  ses  plus  dévoués  servi- 
teurs ,  les  sommes  qu'il  avait  confiées  à 
un  banquier  de  Paris.  Il  fut  enterré  avec 
les  honneurs  de  général,  seul  titre  que  les 
Anglais  lui  reconnussent,  dans  une  petite 
vallée,  arrosée  par  un  ruisseau,  où  ses 
restes  reposent  encore.  Sa  statue  replacée 
depuis  peu  sur  la  colonne  de  la  place  Ven- 
dôme atteste  assez  que  l'enthousiasme 
que  firent  naître  les  victoires  du  grand 
général,  est  loin  d'être  éteint  chez  une 
nation  légère  qui  oublie  tout  hors  la 
gloire.  «  L'avenir,  dit  M.  de  Chàteau- 
»  briand,  dans  son  ouvrage  De  Buona- 
»  parle  et  des  Bourbons*  doutera  si  cet 
»  homme  a  été  plus  coupable  par  le  mal 
»  qu'il  a  fait  que  par  le  bien  qu'il  eût  pu 
»  faire  et  qu'il  n'a  pas  fait.  Jamais  usur- 
»  pateur  n'eut  un  rôle  plus  facile  et  plus 
»  brillant  à  remplir.  Avec  un  peu  de  mo- 
»  dération ,  il  pouvait  établir  lui  et  sa  race 
»  sur  le  premier  trône  de  l'univers.  Per- 
■»  sonne  ne  lui  disputait  ce  trône.  Les  gé- 
»  nérations  nées  depuis  la  révolution  ne 
»  connaissaient  point  nos  anciens  maîtres, 
»  et  n'avaient  vu  que  des  troubles  et  des 
»  malheurs.  La  France  et  l'Europe  étaient 
»  lassées  ;  on  ne  soupirait  qu'après  le  re- 
»  pos  ;  on  l'eût  acheté  à  tout  prix.  Mais 
»  Dieu  ne  voulut  pas  qu'un  si  dangereux 
»  exemple  fût  donné  au  monde ,  qu'un 
»  aventurier  pût  troubler  l'ordre  des  suc- 
»  cessions  royales ,  se  faire  l'héritier  des 
»  héros ,  et  profiter  dans  un  seul  jour  de 
»  la  dépouille  du  génie,  de  la  gloire  et  du 
»  temps.  Pour  le  perdre ,  il  a  suffi  à  la 
»  Providence  de  l'abandonner  et  de  le  li- 
»  vrer  à  sa  propre  folie.  »  Bonaparte  a 
laissé  quelques  ouvrages  :  j  Lettre  de 
M.  Buonaparte  à  M.  Matteo  Bullafuoco, 
député  de  Corse  à  l'assemblée  nationale, 
1790,  in-8° ,  réimprimée  dans  le  n°  5.  J  Lé 
Souper  de  Beaucaire  *  Avignon,  1793 ,  in- 
8°  (  anonyme  ) ,  réimprimé  dans  le  n°  7 
ci-après.  |  Collection  générale  et  corn- 


BON  596 

plète  de  lettres.,  proclamations J  discours, 
messages ,  etc.,  classés  suivant  l'ordre 
des  temps ,  avec  des  notes ,  \mr  Charles- 
Auguste  Fischer,  Leipsick ,  1808  et  1813  , 
2  -vol.  in-8°;  |  Correspondance  inédile  of- 
ficielle et  confidentielle,  (  publiée  d'après 
les  copies  authentiques  recueillies  et  ras- 
semblées par  Napoléon  lui-même  ),  Pa- 
ris, Panckoucke,  1819  et  1820,  7  vol.  in- 
8°;  ce  recueil  mérite  toute  confiance. 
|  OEuvres  de  Napoléon  Bonaparte,  Paris, 
Panckoucke,  1821  et  1822,  5  vol,  in-8°; 
quelques  volumes  de  la  précédente  col- 
lection font  partie  de  celle-ci.  l 'Mémoires 
pour  servir  à  l'histoire  de  France  en 
1813  ,  avec  le  plan  de  la  bataille  de  Moni- 
St.-Jean ,  Paris,  Barrois  l'ainé,  1820,  in-8°. 
|  Manuscrit  de  l'Ile-d'Elbe.  —  Des  Bour- 
bons en  1815  ,  publié  parle  comte***  (  écrit 
par  le  comte  de  Montholon ,  publié  par 
M.  O'méara  ),  Londres,  1818,  in-8°.  (L'é- 
dition de  Bruxelles  porte,  à  tort  sur  le  fron- 
tispice le  nom  de  M.  le  comte  Bertrand. 
On  sait  aujourd'hui  que  M.  Bertrand,  of- 
ficier et  parent  de  M.  le  comte  Siméon, 
est  auteur  du  Manuscrit  venu  de  Sainte- 
Hélène  d'une  manière  inconnue,  Londres 
et  Bruxelles,  1817,  in-80.  |  Mémoires  pour 
servir  à  l'histoire  de  France  sous  Napo- 
léon ,  écrits  à  Sainte-Hélène  par  les  gé- 
néraux qui  ont  partagé  sa  captivité ,  et 
publiés  sur  les  manuscrits  entièrement 
corrigés  de  la  main  de  Napoléon ,  publiés 
par  le  général  Gourgaud  et  le  comte  de 
Montholon ,  Paris  ,  Bossange  frères ,  1822- 
4823 ,  8  vol.  in-8°.  Les  ouvrages  sur  Bo- 
naparte sont  :  |  Quelques  notices  sur  les 
premières  années  de  Bonaparte ,  recueil- 
lies en  anglais  par  un  de  ses  condisci- 
ples,mises  en  français  par  le  citoyen  B... 
(  Bourgoing  ) ,  Paris ,  4797 ,  in-8°.  |  Mé- 
moires pour  servir  à  l'histoire  de  France 
sous  le  gouvernement  de  Napoléon  Bona- 
parte, etc. ,  par  M.  Salgues  ,  Paris  ,  1814- 
1825 ,  4  vol.  in-8°.  |  Mémoires  pour  ser- 
vir à  l'histoire  de  la  vie  privée,  du  retour 
et  du  règne  de  Napoléon  en  1815,  par 
M.  Fleury  de  Chaboulon  ,  Londres  et  Pa- 
ris ,  1820 ,  2  vol.  in-8°.  |  Recueil  de  pièces 
authentiques  sur  le  captif  de  Sainte-Hé- 
lène, avec  des  notes  de  M.  Regnaull- 
TVarin,  Paris,  Corréard,  1822,  10  vol. 
in-8°.  |  Napoléon  en  exil,  ou  l'écho  de 
Sainte  -  Hélène ,  ouvrage  contenant  les 
opinions  et  les  réflexions  de  Napoléon  sur 
les  événemens  les  plus  importans  de  sa 
vie,  recueillis  par  Barry  L.  O'méara, 
traduit  de  l'anglais,  Paris,  1822,  2  vol. 
in-8*.  Les  éditions  anglaises  sont  plus  com- 


BON 

plètcs.  |  Mémorial  de  Saitde-Hclène ,  par 
le  comte  Las-Cases ,  Paris,  1823  ,  8  vol. 
in-8° ,  et  in-12  ,  réimprimé  en  1825.  |  Mé- 
moires du  docteur  E.  Antomarchi ,  ou 
les  derniers  momens  de  Napoléon ,  Paris, 
Barrois  l'ainé,  1825,  2  vol.  in-8°.  |  Vie 
politique  et  militaire  de  Napoléon  par 
M.  Arnault,  Paris,  Babeuf,  1822,  in-foL 
1825.  |  Histoire  de  Napoléon  Bonaparte t 
offrant  le  tableau  complet  des  premières 
opérations  militaires,  politiques,  etc., 
par  S.  F.  H.  (  Henry  ).  |  Galerie  militaire 
de  Napoléon  Bonaparte  gravée  au  trait 
par  Normand  père  et  fils ,  Paris ,  Panc- 
koucke ,  in- fol.  40  livraisons.  |  Victoires 
et  conquêtes ,  désastres,  revers  et  guerres 
civiles  des  Français  de  1792  à  1815 ,  par 
M.  le  général  Beauvais  et  autres,  Paris  , 
Panckoucke,  1817-1824,28  volumes  in-8°. 
|  Mémoires  sur  la  guerre  de  1809  en  Alle- 
magne, par  le  général  Pelet,  Paris,  Borct , 
1824  in-8°.  |  Histoire  de  Napoléon  et  de  la 
grande  armée  pendant  l'année  1812  ,  par 
le  comte  de  Ségur  ,  2  vol.  in-8°.  |  Napo- 
léon et  la  grande  armée  en  Russie,  ou 
Examen  critique  de  l'ouvrage  de  M.  le 
comte  Ph.  de  Ségur,  par  le  général  Gour- 
gaud, Paris,  Bossange  frères,  1825,  in-8°. 
j  Histoire  métallique  de  Napoléon ,  Lon- 
dres et  Paris  ,  Treuttel ,  1819 ,  in-4°.  |  Les 
quatre  concordats ,  suivis  de  considéra- 
lions  sur  le  gouvernement  de  l'Eglise  en 
général  et  sur  l'église  de  France  en  par- 
ticulier, par  M.  de  Pradt,  Paris,  1818- 
1820 ,  4  vol.  in-8°.  |  Précis  des  contesta- 
tions qui  ont  eu  lieu  entre  le  saint  Siège 
et  Napoléon  Bonaparte,  par  Schoelb,  Pa- 
ris, 1819,  2  vol.  in-8°.  |  Histoire  de  Napo- 
léon par  M.  de  Norwins. 

*  BONAPARTE  (NAPOLÉox-FnAxçois- 
Cuarles-Joseph),  duc  de  Reichstadt ,  fils 
du  précédent,  naquit  à  Paris  le  11  mars 
1811 ,  et  reçut  à  sa  naissance  le  titre  de 
roi  de  Rome  que  son  père  crut  pouvoir 
lui  donner  par  suite  de  la  spoliation  du 
chef  de  l'Eglise.  Le  29  mars  1814,  ce  jeune 
prince  sortit  du  château  des  Tuileries  avec 
sa  mère  nommée  régente ,  pour  aller  cher- 
cher à  Blois  une  rétraite  contre  l'invasion 
étrangère.  La  déchéance  de  l'empereur 
Napoléon  lui  enleva  le  magnifique  héri- 
tage de  la  monarchie  française  qui  lui 
semblait  destinée  par  sa  naissance ,  et  son 
titre  de  roi  de  Rome  fut  changé  par  le 
traité  de  Fontainebleau  en  celui  de  prince 
de  Parme  de  Plaisance  et  de  Guastalla.  Le 
2  mai,  le  jeune  duc  quitta  la  France  pour 
ne  plus  la  revoir,  et  alla  habiter  avec  sa 
mère  le  palais  de  Schœnbriinn  près  de 


BO.\  597 

Vienne.  L'empereur  d'Autriche  l'accueil- 
lit avec  affection  et  l'entoura  des  maîtres 
les  plus  capables  de  former  son  cœur  et 
d'éclairer  son  esprit.  Le  retour  de  Bona- 
parte ,  et  son  abdication  en  faveur  de  son 
tils  ne  changèrent  rien  à  la  position  du 
prince.  Cependant  quelque  temps  après , 
le  congrès  de  Vienne  enleva  au  lils  de 
Napoléon  le  titre  de  duc  de  Parme,  quifut 
remplacé  par  celui  de  duc  de  Reichstadl. 
Son  nom  même  de  Napoléon  fut  supprimé 
dans  les  actes  publics.  Le  jeune  duc  se 
faisait  remarquer  par  des  qualités  aima- 
bles ,  une  figure  intéressante  ,  et  une  vive 
intelligence.  En  peu  de  temps  il  acquit 
des  connaissances  assez  étendues  dans 
l'histoire  et  dans  les  langues.  Mais  sa  con- 
stitution était  faible;  le  développement 
rapide  et  excessif  de  sa  taille  altéra  sa  santé. 
La  révolution  de  1830  émut  fortement  l'i- 
magination du  duc  de  Rcichstadt ,  et  fit 
naître  dans  son  esprit  une  fermentation 
de  pensées  qu'il  lui  était  difficile  de  maî- 
triser. Il  devint  triste  et  préoccupé.  Sui- 
vant l'usage  établi  pour  tous  les  membres 
de  la  famille  royale  qui  se  vouent  à  l'état 
militaire ,  il  avait  passé  par  tous  les  gra- 
des inférieurs ,  et  en  avait  successivement 
rempli  les  fonctions.  Le  15  juin  1851 ,  il 
fut  nommé  lieutenant-colonel ,  et  prit  le 
commandement  d'un  bataillon  du  régi- 
ment d'infanterie  hongroise  de  Giulay,  en 
garnison  à  Vienne.  Les  exercices  militaires 
auxquels  il  se  livra  avec  passion  achevè- 
rentd'épuiser  ses  forces  ;  et  bientôt  on  dés- 
espéra de  sa  vie.  L'archiduchesse  Marie- 
Louise  ,  apprenant  la  triste  situation  de 
son  fils ,  partit  aussitôt  de  Parme  pour 
venir  le  joindre ,  et  arriva  à  Vienne  le 
soir  du  24  juin.  L'entrevue  de  la  princesse 
et  de  son  fils  fut  extrêmement  déchirante. 
Le  duc  de  Reichstadl ,  mourut  à  Schœn- 
briinn ,  le  22  juillet  1852  ,  anniversaire  du 
jour  où  il  avait  appris  la  mort  de  son  père. 
11  était  âgé  de  21  ans  et  4  mois. 

•  BONAPARTE  (Marie-Anne-Elisa  ), 
sœur  de  l'empereur  Napoléon ,  naquit  à 
Ajaccio  en  Corse ,  le  8  janvier  1777.  Elle 
fut  élevée  à  la  maison  royale  de  Saint-Cyr, 
et  vint  ensuite  demeurer  à  Marseille  avec 
sa  mère  et  avec  la  plus  grande  partie  de 
sa  famille ,  qui  fut  obligée  de  quitter  la 
Corse  quand  cette  île  passa  sous  la  domi- 
nation anglaise.  C'est  à  Marseille  qu'elle 
épousa,  le  5  mai  1797,  Félix  Bacciochi , 
officier  d'infanterie ,  comme  elle  issu 
d'une  famille  noble  de  l'île  de  Corse. 
Elisa  vint  à  Paris  vers  le  milieu  de  l'an  6, 
époque  où  son  frère  Lucien  fut  nommé 
2. 


BOX 

membre  du  conseil  des  Cinq-cents.  F.lîe  y 
montra  un  goût  éclairé  pour  la  littéra- 
ture et  les  arts;  sa  maison  devint  le  ren- 
dez-vous de  ce  qu'il  y  avait  de  plus  dis- 
tingué à  Paris  par  l'esprit  et  les  tuions.  La 
révolution  du  iSbrumaire,  dont  les  suites 
élevèrent  si  haut  sa  famille,  augmenta 
encore  celte  espèce  de  cour.  Boufflers  et 
La  Harpe,  MM.  de  Chateaubriand  et  de 
Fontanes  en  furent  les  principaux  orne- 
mcus.  Nommée  grande  duchesse ,  ayant 
le  gouvernement  général  des  départe- 
mens  de  la  Toscane  ,  elle  continua ,  dans 
cette  dignité ,  à  se  montrer  l'amie  et  la 
protectrice  des  arts.  Avec  de  la  supério- 
rité d'esprit  et  de  la  fermeté  de  caractère, 
elle  a  gouverné  la  Toscane  de  manière  à 
y  laisser  d'honorables  souvenirs.  Jalouse 
de  son  autorité ,  elle  n'y  associa  jamais  son 
époux  ;  l'effigie  de  Bacciochi  se  voyait 
aussi  sur  les  monnaies  de  la  principauté 
de  Lucques  et  de  Piombino,  mais  seule- 
ment en  seconde  ligne  et  cachée  à  moitié 
derrière  celle  de  sa  femme.  On  a  fait  à 
Elisa  le  reproche  de  s'être  trop  laissé  sub- 
juguer par  ses  passions,  et  de  n'avoir  pas 
toujours  évité  le  scandale  dans  ses  liai- 
sons. Lorsque  la  révolution  de  1814  vint 
renverser  la  fortune  de  sa  famille ,  Elisa 
songea  un  moment  à  se  fixer  à  Naples  ; 
mais  des  motifs  politiques  ne  permirent 
pas  à  Murât  de  la  recevoir  dans  ses  états. 
Elle  établit  alors  sa  résidence  à  Bologne,  où 
elle  fut  bien  accueillie.  En  1815  ,  après  le 
retour  deBonaparte  en  France,  elle  quitta 
l'Italie  pour  venir  à  Trieste  dans  les  étals 
autrichiens.  Plus  tard  elle  se  réunit  avec 
sa  famille  à  sa  sœur  Caroline ,  veuve  de 
Murât,  au  château  de  Brunn.  En  dernier 
lieu  elle  habitait  la  maison  de  campagne 
de  santo  Andréa  ,  près  de  Trieste ,  sous  le 
nom  de  comtesse  de  Compignano.  Elle  y 
mourut,  des  suites  d'une  fièvre  nerveuse, 
au  commencement  du  mois  d'août  1820. 
On  dit  que,  dans  ce  pays,  sa  bienfaisance 
lui  a  mérité  des  regrets.  Elle  a  laissé ,  de 
son  mariage  avec  Bacciochi,  une  fille  née 
le  5  juin  1806,  et  baptisée  sous  le  nom 
d'Elisa  Napoléon. 

*  BONAPARTE  (  Marie-Paulixe  )  , 
princesse  de  Borghèse,  deuxième  sœur 
de  Napoléon ,  naquit  à  Ajaccio  en  Corse, 
le  20  octobre  1780  ,  et  fut  célèbre  par  sa 
beauté  avant  d'être  connue  comme  sœur 
d'un  souverain.  Elle  ép*6usa  d'abord  le 
général  Leclerc  dont  elle  eut  un  fils ,  et 
s'embarqua  avec  lui  pour  Saint-Domin- 
gue, quand  son  mari  fut  appelé  à  prendre 
le  commandement  de  l'expédition  desti- 
54 


BON 


398 


BON 


née  à  soumettre  cette  île.  Au  milieu  des 
périlleuses  vicissitudes  de  cette  guerre 
lointaine,  Pauline  déploya  un  grand  cou- 
rage ,  et  voulut  partager  les  dangers  de 
son  mari.  Après  la  mort  du  général  Leclerc 
qui  périt  avec  la  plus  grande  partie  de  son 
armée,  enlevé  par  l'insalubrité  du  climat, 
Pauline  désespérée  revint  en  France ,  et 
fut  mariée  par  Napoléon  à  Camille  Bor- 
ghèse ,  un  des  princes  les  plus  riches  de 
l'Italie.  Mais  ce  qui  arrive  souvent  dans 
ces  unions  formées  par  la  politique ,  les 
époux  ne  purent  se  convenir.  Ce  fut  quel- 
que temps  après  ce  mariage  que  Pauline 
eut  la  douleur  de  perdre  son  lils  qui  mou- 
rut à  Home.  Revenue  plus  tard  en  France, 
elle  témoigna  une  sorte  d'antipathie  pour 
l'impératrice  Marie-Louise,  devant  la- 
quelle sa  iieité  refusa  de  se  courber  ,  et 
elle  fut  exilée  de  la  cour,  malgré  la  tendre 
"affection  que  Bonaparte  lui  portait.  Cette 
disgrâce ,  qui  ne  l'affligea  pas  beaucoup  , 
lui  permit  de  se  livrer  avec  plus  de  li- 
berté à  sou  goût  pour  la  dissipation ,  et 
elle  oublia  facilement  au  milieu  des  plai- 
sirs de  son  palais  de  Neuilly  les  grandeurs 
dont  elle  aurait  pu  jouir  à  Paris.  Elle 
était  encore  dans  la  disgrâce  de  l'empe- 
reur, lorsqu'il  fut  contraint  d'abdiquer 
en  1814.  Pauline  accourut  pour  consoler 
son  frère,  et  elle  alla  même  partager 
quelque  temps  son  exil  de  l'île  d'Elbe. 
Après  le  débarquement  de  Napoléon  à 
Cannes ,  elle  lui  envoya  de  Rome  où  elle 
était  retournée,  ses  plus  belles  parures  de 
diamant ,  qui  tombèrent  après  la  bataille 
de  Waterloo  ,  au  pouvoir  des  alliés.  Fixée 
à  Rome  où  le  prince  de  Borghèse  lui 
laissait  la  jouissance  de  tous  ses  palais . 
elle  réunissait  autour  d'elle  une  brillante 
société  dont  elle  faisait  les  délices.  Ce- 
pendant des  chagrins,  et  le  souvenir  d'un 
frère  que ,  malgré  ses  instances  elle  n'a- 
vait pu  revoir,  minèrent  sa  santé  et  elle 
se  vit  forcée  de  quitter  le  séjour  de  Rome 
pour  aller  respirer  à  Pise  un  air  plus  pur. 
Son  mari  la  lit  prier  de  venir  le  joindre 
à  Florence ,  et  elle  accourut  dans  cette 
ville  où  elle  mourut  de  consomption  le  9 
juin  1825. 

BO\ AUDI  (  Jeax-Eaptiste  ),  savant 
docteur  de  Sorbonne,  né  à  Aix  en  Pro- 
vence ,  et  mort  à  Paris  en  1756,  se  distin- 
gua par  son  érudition  bibliographique. 
On  a  de  lui  en  manuscrit:  |  L' Histoire  des 
écrivains  de  la  Faculté  de  Théologie  de 
Paris.  |  La  Bibliothèque  des  Ecrivains  de 
Provence.  |  Un  Dictionnaire  des  Ecri- 
vains anonymes  et  pseudonymes  ..  savant 


et  curieux.  L'auteur  promellaitde publier 
ce  dernier  ouvrage,  qui  aurait  été  bien 
accueilli  des  littérateurs.  L'abbé  Bonardi 
était  lié  avec  beaucoup  de  savans  et  de 
gens  d'esprit,  et  possédait  leur  amitié  et 
leur  estime. 

BO.VAUELLI,  DELL  A  ROVERK  (  Gui- 
Ubaldq,  ou  Guiduuai.de ),  comte  italien, 
naquit  à  Urbin  en  loG5.  Il  perfectionna 
ses  talens  en  Italie  et  eu  France.  Le  duc 
de  Ferrure  le  chargea  de  plusieurs  négo- 
ciations, dans  lesquelles  il  lit  éclater  son 
génie  pour  la  politique.  Se«s  disposition» 
pour  la  poésie  ne  se  déclarèrent  que  tard. 
Mais  son  premier  essai,  sa  Filli  di  Sciro 
(  Philis  de  Scyros  )  favola  pastorale  (  dont 
la  plus  jolie  édition  est  celle  d'EIzévir, 
1(178,  in-24,  ligures  de  le  Clerc  ,  ou  celle 
de  Glascow,  1703,  in-8°),  fut  comparée  au 
Pastor  Fido  et  à  X Aminta.  11  y  a  peu  de 
pastorales  écrites  avec  plus  de  finesse  et 
de  délicatesse  ;  mais  cette  délicatesse  l'é- 
loigné du  naturel,  et  la  finesse  le  fait  tom- 
ber dans  le  raffinement.  Ses  bergers  sont 
des  courtisans,  ses  bergères  quelquefois 
des  précieuses ,  et  leurs  entretiens  de« 
discours  de  ruelle.  Bonarelli  mourut  à 
Fano  en  1G08.  On  a  encore  de  lui  des  Dis- 
cours académiques. 

B03AROTA  ou  BUONAROTI ,  sur- 
nommé Michel-. Inge,  vil  le  jour  en  1474, 
à  Chiusi  en  Toscane ,  d'une  famille  an- 
cienne. Sa  nourrice  fut  la  femme  d'un 
sculpteur.  Il  naquit  peintre.  Ses  parens 
furent  obligés  par  le  grand-duc  Laurent 
de  Médicis,  de  lui  donner  un  maître,  ou 
plutôt  de  lui  laisser  celui  qu'il  s'était 
donné,  et  qui  ne  tarda  pas  à  être  surpassé 
par  son  disciple.  A  l'âge  de  16  ans  ,  il  fai- 
sait des  ouvrages  que  l'on  comparait  à 
ceux  de  l'antiquité.  Jules  II,  Léon  X,  Clé- 
ment VII,  Paul  III,  Jules  III,  Paul  IV, 
François  Ier,  Cbarles  V,  Corne  de  Médicis, 
la  république  de  Venise,  Soliman  même, 
empereur  des  Turcs,  l'employèrent  et  l'ad- 
mirèrent. Il  réforma  le  dessin  de  l'église 
de  Saint-Pierre ,  tracé  par  Bramante,  et 
exécuté  en  partie.  Il  mourut  à  Rome  en 
1564.  Côme  de  Médicis  lit  enlever  son 
corps  la  nuit  pour  le  porter  à  FJorence. 
Les  beaux-esprits,  les  savans  et  les  artis- 
tes do  cette  ville  travaillèrent  à  l'envia 
lui  faire  des  obsèques  magniliques.  Ses 
plus  beaux  ouvrages  sont  le  Jugement 
universel ,  peint  à  fresque  avec  tant  de 
force  et  d'énergie,  qu'on  croit  ressen  |r  Ja 
terreur  qui  animera  ce  jour  terrible  :  mais 
on  lui  reproche  avec  raison  d'y  avoir 
mêlé  les  imaginations  du  paganisme.  |  Un 


IïO\ 


3'J9 


BON 


Cupidon  en  marbre, grand  comme  nalure, 
différent  de  celui  à  qui  il  ca^sa  un  bras 
et  qu'il  enterra  dans  une  vigne  pour  faire 
illusion  aux  amateursde  l'antiquité,  (anec- 
dote qui  a  été  rejetée  par  le  dernier  his- 
torien de  sa  Vie  )  j  Sa  statue  de  Bac- 
chus,  qui  par  son  extrême  beauté  trompa 
Raphaël ,  qui  ia  donna  sans  hésiter  à  Phi- 
dias ou  à  Praxitèle.  |  Une  excellente  Sta- 
tue de  la  Vierge  de  Pitié.  Cette  Vierge 
es:  assise  sur  une  pierre  au  pied  de  la 
cioix,  et  tient  son  fils  mort  entre  ses  bras. 
Elle  est  d'une  beauté  si  louchante,  qu'on 
ne  peut  la  contempler  sans  être  attendri. 
Un  critique  lui  ayant  reproché  d'avoir 
peint  celle  Vierge  trop  jeune,  ilse  justifia 
d'une  manière  bien  sensée  et  de  plus  très 
propre  à  renforcer  le  prix  d'une  vertu 
dont  la  corruption  du  siècle  a  presque 
effacé  les  traces.  Ne  sais-tu  pas  3  lui  dit- 
il,  que  les  femmes  chastes  se  conservent 
bien  plus  fraîches  et  bien  plus  belles  que 
cellesquionl  goûté  leplaisirîSon  pinceau 
était  lier,  terrible  et  sublime.  Il  rend  la  na- 
ture dans  tout  son  éclat.  Quelques  criti- 
ques ont  trouvé  trop  de  fierté  dans  ses 
airs  de  tète ,  trop  de  tristesse  dans  son 
coloris,  et  quelquefois  trop  de  bizarrerie 
dans  ses  compositions;  il  n'y  a  (pie  le  der- 
nier reproche  qui  soit  fondé.  On  ne  ré- 
fute plus  le  conte  qu't"/  avait  attaché  un 
homme  en  croix ,  pour  mieux  représen- 
ter les  traits  du  Christ  mourant;  comme 
si  la  tète  d'un  homme  qui  meurt  déses- 
péré, pouvait  bien  exprimer  un  Dieu 
s'immolant  volontairement  pour  les  hom- 
mes! Michel- Ange  n'avait  pas  besoin  de 
celte  ressource;  elle  est  d'ailleurs  entiè- 
rement opposée  à  ce  qu'on  rapporte  de 
son  caractère  et  de  ses  mœurs.  La  plus 
grande  partie  de  ses  chefs-d'œuvre  de 
sculpture  et  de  peinture  est  à  Rome;  le 
reste  est  répandu  à  Florence  ,  à  Bologne, 
à  Venise  et  ailleurs.  Le  roi  de  France  pos- 
sède quelques-uns  de  ses  tableaux;  on  en 
trouve  aussi  plusieurs  au  Palais-Royal. 
Ascanio  Condivi  son  élève  a  donné  sa  T^ie 
en  italien,  dont  la  dernière  édition  est  de 
Florence,  1740,  in-fol.  ligures  ;  M.  Hau- 
checorne  en  a  donné  une  autre  en  fran- 
çais, Paris,  1783.  1  vol.  in-12  ;  à  quelques 
endroits  près,  elle  est  bien  et  sagement 
écrite.  Ce  qu'on  a  gravé  d'après  Michel- 
Ange  est  fort  recherché.  —  Il  y  a  eu  deux 
autres  BUONAROTI,  de  la  même  famille, 
qui  se  sont  fait  un  nom  :  l'un  (  Miciiel- 
Axoe)  par  ses  poésies,  et  l'autre  (Phi- 
lippe )  par  ses  ouvrages  sur  les  antiqui- 
tés   Comme  ils  sont  fort  estimes  et  rares. 


même  en  Italie,  nous  avons  cru  devoir  en 
donner  les  titres.  |  Osservazioni  istoriche 
sopra  alcuni  Medaglioni,  sans  nom  d'au- 
teur, Rome,  1698,  in-4°.  |  Osservazioni 
sopra  alcuni  frammenti  di  Vasi  antichi 
di  vetro,  etc.  Florence,  1716,  in-4°. 

*  BOWÏI  (  Gui  ),  astronome  ou  plutôt 
astrologue  florentin  du  15e  siècle  ,  fort  en 
réputation  dans  son  temps  ,  et  en  faveur 
auprès  du  duc  de  Montferrat,  se  ietira 
sur  la  fin  de  sa  vie  chez  les  franciscains, 
et  mourut  vers  1300.  Ses  ouvrages  d'as- 
trologie ont  été  publiés  à  Augsbourg, 
1491,  in-4°,  sous  le  titre  de  Liber  astrono- 
micus. 

BOX  AVENTURE  (saint  ),  dont  le  nom 
véritable  est  Jean  FIDENZA,  né  l'an  1221 
à  Bagnareaen  Toscane,  entra  dans  l'ordre 
des  frères  mineurs,  et  en  fut  un  des  plus 
grands  ornemens.  «  Sa  vocation ,  dit  l'ab- 
»  bé  Bérault,  quoique  dans  un  autre  goût 
»  que  celle  de  saint  Thomas,  n'est  pas 
»  moins  remarquable.  Etant  tombé  dan- 
»  gereusement  malade  dès  l'âge  de  4  ans, 
»  sa  mère  le  recommanda  aux  prières  de 
»  saint  François  qui  vivait  encore  ;  et 
»  elle  promit ,  s'il  guérissait,  de  le  mettre 
»  sous  sa  conduite.  Le  saint  pria  pour 
»  l'enfant ,  et  le  voyant  aussitôt  guéri ,  il 
»  s'écria  :  O  bonne  aventure  !  nom  qui 
»  lui  demeura ,  au  lieu  de  celui  de  Jean, 
»  qu'il  avait  reçu  au  baptême.  »  En  1243, 
Bonaventure,  âgé  de  22  ans,  accomplit  le 
vœu  de  sa  mère,  en  prenant  l'habit  de 
son  bienfaiteur.  On  l'envoya  étudier  à 
Paris,  ainsi  que  saint  Thomas  ;  et  comme 
lui,  il  eut  encore  un  maître  célèbre,  dans 
la  personne  d'Alexandre  de  Halès ,  qui , 
touché  de  la  beauté  du  naturel  de  son 
disciple  et  de  l'innocence  de  ses  mœurs  , 
disait  de  lui,  qu'il  semblait  n'avoir  point 
participé  au  péché  de  notre  premier  père. 
Son  ordre  le  lit  successivement  professeur 
de  philosophie,  de  théologie,  et  enfin 
général  en  1256.  L'archevêché  d'Yorck 
étant  vacant,  Clément  IV  l'offrit  à  Bona- 
venture, et  le  saint  le  refusa;  mais  le 
pape  voulant  maintenir  sa  nomination, 
lui  enjoignit,  en  vertu  delà  sainte  obéis- 
sance, d'acquiescer  à  la  volonté  divine  en 
acceptant  cet  archevêché.  Tels  sont  les 
termes  de  la  bulle  qui  fut  donnée  à  ce  su- 
jet le  24  novembre  1265,  et  qui  n'eut  point 
d'exécution.  L'humilité  de  Bonaventure 
fut  si  ingénieuse,  et  il  prit  si  bien  le  saint 
Père ,  que ,  tout  inébranlable  que  parais- 
sait sa  résolution ,  celui-ci  ne  le  contrai- 
gnit pas  d'accepter  cet<e  dignité.  Après  la 
mort  de  ce  pontife  ,  les  cardinaux  s'enga- 


BON 


400 


BON 


gèrent  d'élire  celui  queBonaventure  nom- 
merait ;  ce  fut  Thibaut ,  archidiacre  de 
Liège ,  qui  prit  le  nom  de  Grégoire  X ,  sur 
lequel  il  jeta  les  yeux.  Ce  pape  l'honora 
de  la  pourpre  romaine ,  et  lui  donna  l'é  vè- 
ché  d'Albano.  Le  nouveau  cardinal  suivit 
Grégoire  au  concile  de  Lyon  en  1274,  et  y 
mourut  des  fatigues  qu'il  s'était  données 
pour  préparer  les  matières  qu'on  devait 
y  traiter.  «  Ce  saint,  dit  un  historien,  em- 
»  porta  les  regrets  de  tout  le  monde,  non- 
»  seulement  pour  sa  doctrine ,  sa  tendre 
»  éloquence  et  sa  haute  vertu,  mais  pour 
»  la  douceur  de  son  caractère  et  de  ses 
»  manières,  qui  lui  tenaient,  pour  ainsi 
»  dire,  enchaînés  les  cœurs  de  tous  ceux 
»  qui  l'avaient  connu.  »  La  cour  pontifi- 
cale et  tout  le  concile  assistèrent  à  ses  fu- 
nérailles, les  plus  brillantes  tout  ensem- 
ble et  les  plus  attendrissantes  qu'on  ait 
jamais  faites  ,  même  à  aucun  souverain. 
Pierre  de  Tarentaise  qui ,  d'archevêque 
de  Lyon  venait  d'être  fait  cardinal-évé- 
que  d'Oslie,  et  qui  succéda  au  pape  Gré- 
goire sous  le  nom  d'Innocent  V,fit  l'orai- 
son funèbre,  où  il  exprima  sa  douleur 
d'une  manière  si  touchante,  qu'il  tira  des 
torrens  de  larmes  de  l'assemblée,  toute 
pénétrée  de  la  perte  que  l'église  venait 
de  faire.  On  a  recueilli  les  ouvrages  de 
saint  Bonavenlure  à  Rome  en  1588,  7  loin, 
en  G  vol.  in-fol.  et  réimprimés  à  Yenise, 
17ol  à  1756,  Ht  vol.  in-&°.  Les  2  premiers 
renferment  àç.$  Commenta  h'e  s  sur  l'Ecri- 
ture. Le  5e  ses  Sermons.  Le  4e  et  le  5e  ses 
Commentaires  sur  le  Maître  des  Sen- 
tences. Le  6e  et  le  7e des  Opuscules  moraux. 
Le  8e  les  Opuscules  qui  regardent  les  re- 
ligieux. Ses  Méditations  sur  la  Vied?J.-C. 
sont  pleines  de  circonstances  qu'on  ne 
trouve  point  dans  l'évangile,  et  qui  ne 
sont  pas  toujours  propres  à  nourrir  une 
piété  solide  et  éclairée.  Si  le  Psautier  de  la 
Vierge  ^  qu'on  lui  attribue  peut-être  faus- 
sement, est  réellement  de  lui,  on  ne  peut 
disconvenir  que  le  saint  docteur  n'ait  perdu 
beaucoup  de  temps  à  dégrader  les  beau- 
tés simples  et  majestueuses  des  Psaumes. 
L'idée  d'attribuer  à  une  pure  créature  ce 
qui  a  été  dit  de  Dieu ,  a  été  depuis  for- 
mellement proscrite  dans  le  Catéchisme 
du  concile  de  Trente,  comme  elle  doit 
l'être,  à  raison  de  l'absurdité  manifeste 
de  toute  espèce  de  parallèle  entre  le  Créa- 
teur et  les  êtres  qui  tiennent  de  lui  seul  le 
mouvement  et  la  vie.  Du  reste,  les  ouvra- 
ges ascétiques  de  saint  Bonaventure  por- 
tent l'empreinte  d'une  piété  affectueuse, 
qui  saisit  encore  plus  le  cœur  que  l'esprit, 


et  ont  fait  passer  justement  i'auteui  pour 
un  des  plus  grands  maitres  de  la  vie  spi- 
rituelle. Quant  à  ses  ouvrages  théologi- 
ques, on  y  remarque  outre  la  solidité  et 
la  plus  exacte  orthodoxie,  une  préférence 
marquée  pour  les  sentimens  modérés,  en- 
courageans,  propres  à  produire  la  paix  et 
la  consolation  des  âmes.  On  lui  a  donne 
le  surnom  de  Docteur  séraphique.  On  a 
encore  une  de  ses  Lettres ,  écrite  50  ans 
seulement  après  la  mort  de  saint  Fran- 
çois, où  l'on  trouve  des  plaintes  amères 
contre  le  relâchement  des  frères  mi- 
neurs ;  mais  on  aurait  tort  de  se  préva- 
loir de  ces  plaintes  pour  déroger  à  la  di- 
gnité de  l'étal  religieux.  Des  fautes  qui  pa- 
raissent capitales  dans  les  hommes  dé- 
voués au  service  de  Dieu,  seraient  à  peine 
aperçues  dans  les  hommes  du  monde. 
«  Il  est  certain,  dit  Voltaire ,  que  la  vie 
»  séculière  a  toujours  été  plus  vicieuse,  et 
»  que  les  plus  grands  crimes  n'ont  pas  été 
»  commis  dans  les  monastères  ;  mais  les  dé- 
»  sordres  ont  été  plus  remarqués  par 
»  leur  contraste  avec  la  règle.  »  Saint  Bo- 
naventure est  au  rang  des  docteurs  de 
l'Eglise,  quoiqu'il  ne  soit  pas  au  rang  des 
Pères,  ce  nom  n'étant  donné  qu'aux  doc- 
teurs des  6  premiers  siècles,  et  par  une 
exception  particulière,  à  saint  Bernard 
(  Voyez  ce  mot  ).  Le  Père  Boule  a  écrit 
sa  Vie. 

*  BONAVEYfUREde  SA1NT-AMABLE 
(  le  Père  )  ,  carme  déchaussé  d'Aqui- 
taine, publia,  vers  la  fin  du  17e  siècle, 
trois  volumes  in -folio  sur  l'Histoire  ecclé- 
siastique et  civile  du  Limousin.  Ce  grand 
ouvrage  manque  de  méthode ,  et  n'est  pas 
toujours  exact  ;  mais  c'est  le  plus  grand 
corps  d'histoire  que  nous  ayons  sur  une 
des  provinces  de  l'ancienne  France  ;  il  a 
pour  titre  :  la  Vie  de  S.  Martial  on  Dé- 
fense de  l'apostolat  de  saint  Martial  et  au- 
tres,, contre  les  antiques  de  ce  temps.  Le 
premier  voulume  parut  à  Clermonl  en 
1676  ;  le  second  et  le  troisième  furent  im 
primés  à  Limoges,  en  1683  et  1685.  On 
trouve  dans  le  premier  Y  Histoire  des 
saints  du  Limousin;  et  dans  le  troisième. 
Y  Histoire  du  Limousin  et  les  Annales  Uj 
Limoges,  avec  les  antiquités  de  la  pro- 
vince ,  et  une  Introduction  concernant  Vê- 
lai des  Gaules  et  du  Limousin  depuis  Jules 
César.  —  Un  autre  BONAVENTURE  de 
Sisteron,  prédicateur  capucin,  a  composé 
une  Histoire  de  la  ville  et  principauté 
d  Orange  J  Avignon  ,  1741  ,  in-4°.  Le  pre- 
mier volume,  contenant  cinq  disserta- 
lions  ,  est  le  seul  qui  ait  paru  de  cet  tu- 


BON 


401 


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vrage  ,  qui  devait  comprendre  dix  disser- 
lations  historiques,  chronologiques  et  cri- 
tiques sur  l'état  ancien  et  moderne  de  la 
ville  et  principauté  d'Orange. 

*  BOJ! AVENTURE  de  Padoue  ou  de 
Péragia,  dix-huitième  général  des  augus- 
lirts  et  cardinal,  né  à  Padoue  le  22  juin 
1532,  embrassa  l'institut  des  ermites  de 
Saint- Augustin,  et  lit  profession  à  Padoue. 
Il  reçut  le  bonnet  de  docteur  à  Paris, 
après  y  avoir  fait  ses  cours  de  philoso- 
phie et  de  théologie,  et  fut  élu  général  de 
son  ordre  dans  le  chapitre  tenu  à  Vérone 
le  27  mai  1377.  Urbain  VI  et  Clément  VII 
se  disputaient  alors  la  papauté,  et  Bona- 
vcnlure  prit  parti  pour  Urbain ,  qui  le 
créa  cardinal  en  janvier  1384 ,  selon  les 
uns,  en  septembre  1578,  suivant  les  autres. 
François  Carrario,  qui  s'était  emparé  de 
l'autorité  à  Padoue,  le  fit  assassiner  en  1383 
(  d'autres  veulent  que  ce  soit  plusieurs 
années  plus  tard  ),  lorsqu'il  passait  le  pont 
Saiat-Ange  pour  se  rendre  au  Vatican, 
voulant  ainsi  se  venger  du  cardinal,  avec 
qui  il  avait  eu  quelques  démêlés  au  sujet 
des  immunités  ecclésiastiques.  On  a  de 
Bonaventure  :  |  des  Commentaires  sut:  les 
épîtres  canoniques  de  saint  Jean  et  de 
saint  Jacques,  et  sur  le  maître  des  Sen- 
tences; |  des  Sermons;  \  des  fies  des 
Saints;  \  Spéculum  Mariœ .breviloquium , 
ternarium  de  regimine  conscientiœ;\une 
Oraison  funèbre  de  Pétrarque,  qu'il  pro- 
nonça en  1369.  Il  avait  été  lié  avec  ce 
poète  célèbre. 

*  BO\ AVIDIUS  ou  BONAVITI  (Marc- 
Maxiua  ),  professeur  de  jurisprudence  à 
Padoue,  sa  patrie,  mourut  vers  1389.  On 
a  de  lui  :  |  Illustrium  jurisconsullorum 
imagines ,  Borne ,  1566.  Ces  portraits ,  gra- 
ves en  cuivre,  sont  au  nombre  de  vingt- 
quatre,  j  Colle ctanea  super  jus  Cœsareum, 
Yenise ,'  1584. 

BONBELLES  (  Hexri-Fhwçois,  comte 
de  ),  d'abord  garde  de  marine  .  puis  com- 
missaire des  guerres,  et  colonel  du  régi- 
ment de  Boufflers,  ensuite  lieutenant-gé- 
néral des  aimées  du  roi  de  France,  com- 
mandant sur  la  frontière  de  la  Lorraine 
allemande  .  mon  ail  en  1760,  à  80  ans.  Il 
était  regardé  comme  un  officier  plein  de 
courage  .  et  un  homme  intelligent.  On  a  de 
lui  deux  ouvrages  estimé;  de  son  temps, 
mais  de  peu  d'usage  aujourd'hui  :  |  Mé- 
moires pour  le  service  journalier  de  l'In- 
fanterie,  1719 ,  2  vol.  in- 12  ;  |  et  Traité  des 
évolutions  militaires,  in-8°. 

*  BO\CERF  (  Pierre-Fraxçois  ),  né  en 
Wrj,  à  Chasaulx  en  Franche-Comté,  fut 


reçu  avocat  en  1770,  au  parlement  de  Bc« 
sançon,  et  admis  ensuite  dans  les  bureaux 
du  ministre  Turgot.  Une  brochure  qu'il  lit 
paraître  en  1776.  sous  le  nom  de  Franca- 
leu,  intitulée  Les  incoiwéniens  des  droits 
féodaux,  lit  beaucoup  de  bruit  et  fut  con- 
damnée par  le  parlement  à  être  brûlée. 
Les  éloges  que  Voltaire  donne  à  cette  pro- 
duction attestent  suflisamment  son  mau- 
vais esprit.  Sans  la  clémence  de  Louis 
XVI,  qui  arrêta  cette  affaire  .  elle  eût  eu 
des  suites  fâcheuses  pour  Boncerf.  Il  per- 
dit seulement  sa  place ,  et  se  relira  dans 
la  vallée  d'Auge,  où  il  s'occupa  au  dessè- 
chement des  marais  qui  rendaient  ce  pays 
inhabitable.  De  retour  à  Paris,  il  fut 
membre  de  la  société  d'Agriculture  et  se- 
crétaire du  duc  d'Orléans,  dont  il  avait 
acquis  la piokciion  par  la  conformité  de. 
ses  principes  avec  ceux  de  ce  prince.  Il 
accepta  avec  empressement,  au  commen- 
cement de  la  révolution  .  la  charge  d' of- 
ficier-municipal .  et  ne  vit  dans  les  évé- 
nemens  que  les  objets  de  ses  vœux  et  la 
suite  naturelle  de  ses  doctrines.  Il  fut  ce- 
pendant arrêté  après  la  mort  du  duc 
d'Orléans  par  le  parti  qui  lui  était  opposé, 
et  ne  dut  son  salut  qu'à  la  majorité  d'une 
seule  voix.  La  frayeur  que  lui  avait  cau- 
sée cet  événement  altéra  sa  santé  ;  il  mou- 
rut au  commencement  de  1794.  On  a  de 
lui  plusieurs  brochures  ,  entre  autres  un 
Mémoire  faisant  suite  à  celui  que  nous 
avons  cité,  intitulé  Moyens  pour  éteindre 
et  méthode  pour  liquider  les  droits  féo- 
daux. 

*  BONCIÏAMP  (  Ciiaiu.es  -Melchior 
AR-rnus  comte  de  ),  célèbre  général  ven- 
déen, né  dans  l'Anjou  en  1739  ,  d'une  fa- 
mille noble  et  considérée,  servit  avec  dis 
linclion  dans  la  guerre  d'Amérique.  En 
1791  il  était  capitaine  au  régiment  d'A- 
quitaine; mais  il  quitta  bientôt  le  service 
et  il  vivait  retiré  dans  son  château  de  la 
Baronnière,  pi  es  de  Saint-Florent,  lorsque 
les  royalistes  l'appelèrent  pour  se  mettre 
à  leur  tête.  De  tous  les  chefs  de  la  Ven- 
dée Bonchamp  était  le  plus  propre  au 
commandement  comme  étant  le  plus  expé- 
rimenté. Doué  de  lalens  réels  et  de  qua- 
lités précieuses,  sa  modestie  et  sa  dou- 
ceur rehaussaient  son  mérite  et  le  ren- 
daient l'idole  de  ses  soldats.  Aussi  ses  pre- 
mières actions  furent-elles  brillantes.  II 
commença  avec  succès  cette  guerre  fa- 
meuse ou  l'on  vildes  paysansmal  vêtus  et 
mal  armés,  mais  pleins  d'enthousiasme,  te- 
nir en  échec  des  armées  aguerries  et  triom- 
pher des  mêmes  soldats  qui  triomphaient 
54. 


BON 


402 


BON 


de  l'Europe Il  opéra  la  jonction    de 

ses  troupes  avec  celies  de  La  Roche- Ja- 
quelcin,  et  leurs  forces  réunies  acquirent 
une  supériorité  marquée  sur  les  armées 
républicaines.  Ils  prirent  Bretsuirc  , 
ïhouars  et  Fonlenay.  Bonchamp  contri- 
bua beaucoup  à  ces  divers  avantages;  mais 
ayant  été  blessé  grièvement,  il  ne  put 
reparaître  à  l'armée  qu'après  la  prise  de 
Saumur  et  d'Angers.  Il  eut  encore  le 
coude  fracassé  à  l'attaque  de  Nantes,  où 
les  Vendéens  furent  repoussés.  Quelques 
jours  après,  d'Elbée  trouva  moyen  de  se 
faire  élire  généralissime  malgré  tous  les 
bons  csprils  de  l'armée ,  qui  désiraient 
appeler  Bonchamp  au  commandement. 
Bonchamp  n'en  témoigna  aucun  ressen- 
timent; mais  il  fut  étonné  qu'on  eût 
dioisi  le  moins  habile  de  tous  les  chefs. 
Vers  le  mois  de  septembre  1793 ,  le  gou- 
vernement républicain,  qui  avait  tant  de 
fois  échoué  dans  ses  entreprises  contre 
l'armée  royaliste  qui  faisait  tous  les  jours 
de  nouveaux  progrès,  voulant  faire  de 
plus  grands  efforts,  leur  opposa  des  trou- 
pes nombreuses  et  aguerries.  Charetle 
l'ut  battu,  et  vint  se  réunir  aux  autres 
chefs  qui,  sentant  bien  qu'il  s'agissait  du 
salut  de  leur  cause ,  se  décidèrent  à  une 
action  générale  et  combattirent  avec  plus 
d'ardeur  que  jamais  contre  la  garnison 
de  Mayence,  composée  des  meilleurs  sol- 
dats de  la  république.  Bonchamp,  quoique 
souffrant  encore  de  sa  blessure ,  arriva 
avec  sa  division  et  décida  la  victoire; 
elle  fut  complète.  Ce  succès  fut  suivi  de 
plusieurs  autres ,  et  peut-être  la  Vendée 
eût-elle  décidé  du  sort  de  la  France  ,  si  la 
désunion  ne  se  fût  mise  parmi  les  chefs, 
et  si  Charelte  n'eût  détaché  sa  cause  de 
celle  de  la  grande  armée.  Les  Vendéens  ne 
comptèrent  plus  depuis  que  des  revers. 
Bonchamp  proposa  de  passer  la  Loire 
pour  se  réunir  aux  Bretons  ;  on  se  rendit 
à  son  avis,  et  l'on  plaça  quelques  troupes 
pour  faciliter  ce  passage  ;  mais  il  fallut 
auparavant  en  venir  aux  mains  à  Chollet, 
et  cette  bataille  qui  se  livra  le  17  octobre 
1793 ,  acheva  la  ruine  de  l'armée  royale 
qui  avait  combattu  avec  un  courage  et  un 
acharnement  incroyable.  D'Elbée  étant 
blessé  à  mort  et  Bonchamp  ayant  été  at- 
teint d'une  balle  dans  la  poitrine ,  leurs 
soldats  sans  chef  et  sans  ordre.,  se  virent 
forcés  de  céder  le  champ  de  bataille.  Les 
républicains  avaient  acheté  trop  cher  la 
victoire  pour  pouvoir  s'opposer  au  pas- 
sage des  Vendéens  au-delà  de  la  Loire.  Bon- 
champ  ne  put   voir  cette  triste  retraite; 


il  passa  vingt-quatre  heui  es  sans  connais- 
sance, et  il  expira  comme  on  le  descendait 
de  la  barque  dans  laquelle  on  lui  avait 
fait  traverser  le  fleuve.  Jamais  il  n'avait 
été  aussi  nécessaire  à  l'armée.  On  avait 
compté  sur  lui  pour  la  diriger  dans  un 
pays  qu'il  connaissait  ;  il  n'avait  expliqué 
à  personne  les  projets  qu'il  avait  con- 
çus. On  a  rapporté  que  cinq  mille  pri- 
sonniers républicains  amenés  jusqu'à  la 
Loire,  au  moment  où  l'on  allait  la  traver- 
ser, avaienldù  la  vie  aux  instances  de  Bon  - 
champ ,  qui  empêcha  de  les  massacrer. 
Bonchamp  expirait  à  cet  instant,  et  c'est 
auxsenlimens  d'humanité  de  presque  tous 
les  autres  généraux  vendéens  que  ces 
prisonniers  durent  leur  salut.  Quelques 
mois  après,  plusieurs  d'entre  eux,  pour 
sauver  Mme  de  Bonchamp ,  qui  était  ren- 
fermée dans  les  prisons  de  Nantes,  attes- 
tèrent qu'elle  avait  engagé  son  mari  à 
user  de  son  pouvoir  pour  sauver  les  pri- 
sonniers. Cette  circonstance  a  donné  lieu 
au  récit  où  un  historien  a  attribué  à  Bon- 
champ  celte  action  généreuse,  dont  il 
était,  au  reste,  bien  capable. 

♦BOACIARIO  (  Marc-Antoine  ) ,  lit- 
térateur ,  né  en  1335  fut  élève  du  savant 
Marc-Antoine  Muret,  directeur  et  pro- 
fesseur de  belles-lettres  au  séminaire  de 
Pérouse.  Malgré  ses  infirmités  et  la  cé- 
cité qui  l'atteignit  de  bonne  heure  ,  on 
lui  doit  un  grand  nombre  d'ouvrages 
latins,  estimés  pour  la  composition  et 
pour  le  style.  Les  principaux  sont  : 
|  Grammalica .  Pérouse,  1603,  in-8°; 
j  L'pistolce,  ib.,  1604;  |  Pia poe  mata,  ibid. 
1606  ;  |  Idyllia ,  ibid.  1607  ;  |  Opuscula 
decem,  ibid.  1607,  in-12,  etc. 

*  BOACORE  (Thomas),  docteur  en 
philosophie ,  en  médecine  et  en  droit , 
du  17e  siècle,  aggrégé  à  l'université  de 
Naples ,  est  auteur  d'un  ouvrage  sur  une 
maladie  épidémique  :  De  populari ,  hor- 
ribili  ac  peslilenti  gutluris ,  annexarum- 
que  partium  affectione  ,  nobilissiman; 
urbem  Neapolim  ac  totum  fere  regnun 
vexante ,  consiltum  ,  Naples ,  1622  ,  in-/*° 

*  BOXCORTÈSE ,  plus  connu  sous  ie 
nom  de  BONA  GRATIA,  franciscain  de 
Bergame,  fut  un  des  religieux  de  cet  or- 
dre dont  le  pape  Jean  XXII  condamna 
l'opinion  en  faveur  de  la  non-possession 
des  biens  en  commun  par  J.-C  et  les 
apôtres. 

BOXD  (Jean),  critique  et  commenta- 
teur, naquit  dans  le  comté  de  Sommer- 
set  en  1350,  fut  maître  d'école  pendant 
plusieurs  années,  et  exerça  la  médecine 


BON 


403 


BON 


à  la  fin  de  sa  vie.  Il  mourut  en  1612.  Son 
ouvrage  le  plus  connu  est  un  Commen- 
taire estimé  sur  Horace.  La  plus  belle 
édition  est  celle  d'Elzevir,  1G77  ;  on  en  a 
donné  une  autre  depuis  à  Orléans,  qui  a 
son  mérite.  Il  a  fait  aussi  un  commen- 
taire sur  Perse. 

*  BON  DAM  (  Pierre  ) ,  écrivain  alle- 
mand ,  né  en  1727,  et  mort  en  1800,  fut 
successivement  professeur  dans  les  écoles 
de  Campen,  Zutphen  ,  et  aux  universités 
d'Harderwick  et  d'Utrecht.  On  a  de  lui  : 
|  Spécimen  animadversionum  criticarum, 
ad  loca  quœdam  juris  civilis  depravala  _, 
1746,  Franekcr;  |  Varice  lecliones;  Bon- 
dam  y  corrige  ,  soit  par  conjecture  ,  soit 
par  le  secours  des  manuscrits  ,  un  grand 
nombre  de  passages  dans  les  juriscon- 
sultes et  les  littérateurs  anciens.  |  Les 
Chartres  des  ducs  de  Gueldre ,  écrites  en 
vieux  hollandais.,  rassemblées  en  un  énor- 
me volume  in-folio,  Utrecht,  1783  à 
1793;  |  De  Hnguœ  grœccs  cognilione,  1755; 
et  pro  grœci  juris  interpretibus  J  1765, 
augmenté  de  quatre  harangues  académi- 
ques. 

BONDELMONT  ,  chevalier  florentin , 
promit  d'épouser  une  demoiselle  de  la  fa- 
mille des  Amidées.  Une  dame  de  la  mai- 
son des  Donati,  l'ayant  dissuadé,  lui  donna 
sa  fille  en  mariage.  Les  Amidées  le  poi- 
gnardèrent le  jour  de  Pâques  ,  comme  il 
allait  à  l'église.  Cet  assassinat  divisa  la 
ville  et  la  noblesse  de  Florence  en  deux 
factions,  l'an  1215  :  l'une  attachée  aux 
Bondelmont,  s'appela  les  Guelfes,  et  l'au- 
tre, les  Gibelins; ceux-ci  tenaient  pour  les 
Amidées.  Mais  il  ne  paraît  pas  que  ce  soit 
là  l'origine  de  ces  noms ,  quoiqu'ils  puis- 
sent avoir  été  ceux  des  deux  factions. 
f'oyez  CONRAD  III. 

*  BONDI  (  l'abbé  Clément  ) ,  poète  ita- 
lien, né  à  Mezzano,  dans  le  Parmesan, 
en  1742  ,  entra  dans  la  société  de  Jésus  , 
et  à  l'époque  de  la  suppression  de  cet  or- 
dre, se  rendit  dans  le  Tyrol.  L'archiduc 
Ferdinand,  gouverneur  de  Milan,  le 
nomma ,  après  la  prise  de  cette  ville  par 
les  Français  en  1796  ,  son  bibliothécaire  à 
Brunn  en  Moravie,  où  Bondi  l'avait  suivi, 
et  lui  confia  l'éducation  de  ses  en  fans , 
dont  l'un  est  aujourd'hui  le  duc  régnant 
de  Modènc.  L'impératrice  d'Autriche, 
morte  en  1816,  avait  pris  aussi  des  leçons 
de  littérature  et  d'histoire  de  l'abbé 
Bondi  qui  s'était  fixé  à  Vienne.  11  est 
mort  dans  cette  capitale  en  octobre  1821 , 
à  l'âge  de  79  ans ,  et  a  été  enterré  dans 
la  même  église  que  son  compatriote  Mé- 


tastase. La  réputation  poétique  de  Bondi 
est  fondée  principalement  sur  sa  traduc- 
tion de  Y  Enéide  en  versi  sciolti  (  Parma, 
Bodoni ,  1793  ,  2  vol.  in-8°  ),  que  des  ita- 
liens élèvent,  sous  quelques  rapports, 
au-dessus  de  celle  d'Annibal  Caro .  faite 
dans  la  même  langue  ,  près  de  trois  siè- 
cles auparavant ,  et  que  personne  n'avait 
encore  essayé  de  faire  oublier.  Il  a  donné 
de  plus  j  une  traduction  italienne ,  des 
Géorgiques,  Vienne,  1800,  in-4°;  j  une 
autre  des  Métamorphoses  d'Ovide  ;  |  La 
Conversazione,  1802  •,  le  champ  qu'a  par- 
couru Bondi  dans  ce  dernier  poème  est 
plus  vaste  que  celui  dans  lequel  Delille , 
qui  publia  en  1812  un  poème  sur  le  même 
sujet ,  s'est  renfermé  ;  |  La  Giornata  vil- 
Icrecia  (  la  Journée  champêtre  ) ,  poème 
en  trois  chants  ;  |  la  Félicita  {le  Bonheur;, 
poème  en  deux  chants  ;  |  Ysisiiiata  { l'A- 
nerie  ) ,  poème  burlesque;  |  la  Moda, 
des  Sonnets  ,  des  Canzoni,  et  autres  poé- 
sies de  Bondi  ont  été  recueillis  à  Pise, 
dans  les  11e  et  12e  volumes  de  la  collec- 
tion intitulée  :  Parnasso  degli  Italiani  vi- 
vante Son  talent  se  faisait  particulière- 
ment remarquer  dans  les  sujets  tendres 
et  mélancoliques.  Il  joignait  à  des  connais- 
sances très  variées  le  sentiment  de  l'har- 
monie ,  possédait  le  grec  et  le  latin  et  s'é- 
tait rendu  familières  plusieurs  langues  vi- 
vantes. 

*  BONELLO  (  MicnEL) ,  dominicain  ita- 
lien ,  né  en  1541 ,  et  mort  évèquc  d'Albe , 
en  1598  ,  devint  cardinal  légat  sous  Pie 
IV ,  son  oncle ,  et  parcourut  l'Espagne ,  le 
Portugal ,  la  France ,  pour  engager  les 
princes  chrétiens  à  une  nouvelle  croisade. 

*  BONER ,  fabuliste  allemand  des  13e 
et  14e  siècles ,  dont  on  a  un  Recueil  de 
fables  rimèes,  tirées  des  auteurs  satiri- 
ques, Bamberg,  1461,  et  Strasbourg,  1782. 
C'est  peut-être  ce  qui  nous  reste  de  plus 
précieux  des  minnesinger  (troubadours 
allemands  ). 

*  BONET,  ou  BONT  (  S.),  en  latin  Bonus, 
Bonitus,  naquit  en  France,  d'une  familW 
distinguée,  et  fut  référendaire  ou  chan- 
celier de  S.  Sigeberl  III,  roi  d'Austrasie. 
Il  jouit  de  l'estime  publique  sous  quatre 
rois,  pour  avoir  fait  fleurir  la  religion  et 
la  justice.  Après  la  mort  de  Dagobert  II, 
Thierri  III  réunit  l'Austrasie  à  la  monar- 
chie française  ,  et  nomma  S.  Bon  et  gou- 
verneur de  la  province  de  Marseille ,  en 
680.  S.  Avit,  son  frère  aîné,  évêque  de 
Clermont ,  l'ayant  demandé  pour  succes- 
seur, il  prit,  en  689,  le  gouvernement  de 
cette  église;  mais  après  dix  ans  d'épisco- 


BOiV  404 

pat,  ayant  eu  quelques  scrupules  sur  son 
élection ,  il  consulta  S.  Theau ,  qui  vivait 
alors  en  ermite  à  Solignac.  S.  Bonel  se 
démit  de  son  évèché,  et  se  relira  à  l'ab- 
baye de  Marlieu,  où  il  vécut  quatre  ans 
dans  les  pratiques  d'une  austère  pénitence. 
Il  revenait  de  Rome  ,  où  il  avait  fait  un 
pèlerinage,  lorsqu'il  mourut  de  la  goutte, 
à  Lyon ,  le  13  janvier  710,  à  l'âge  de  qua- 
tre-vingt-six ans.  On  trouve  dans  le  Re- 
cueil des  Bollandistes  ,  sa  vie  écrite  par 
un  moine  de  Sommon  ,  en  Auvergne,  son 
contemporain.  Il  y  avait  à  Paris  ,  près  de 
St.-Merry ,  une  cbapelle  sous  l'invocation 
de  S.  Bout. 

*  BOX  ET  (  Guillaume  ),  41e  évèque  de 
Bayeux ,  né  dans  le  diocèse  du  Mans ,  et 
mort  à  Angers  vers  1312  ,  fut  élevé  dans 
celui  de  Bayeux  ;  il  était  un  des  digni- 
taires de  cette  dernière  église ,  lorsque 
Clément  V  le  lit  évèque  en  1506.  Ce  pape 
le  nomma  parmi  les  commissaires  dans 
l'affaire  des  templiers.  Il  fonda  ,  en  1309, 
le  collège  de  Bayeux  dans  l'université  de 
Paris  ,  pour  des  boursiers  du  diocèse  de 
Bayeux  et  de  celui  du  Mans. 

*  BOX  ET  de  LATES ,  médecin  et  astro- 
logue provençal  du  Seizième  siècle,  est  con- 
nu comme  inventeur  d'un  anneau  astro- 
nomique  pour  mesurer  la  bauleiir  du  so- 
leil et  des  étoiles ,  et  servant  encore  à 
d'autres  usages  qu'il  détaille  dans  un  traité 
dédié  au  pape  Alexandre  VI ,  Paris,  1534. 

*  BOX  ET  (Nicolas),  religieux  fran- 
ciscain du  14e  siècle ,  surnommé  le  Doc- 
teur profitable.  On  ne  s'accorde  pas  sur 
le  lieu  de  sa  naissance.  Quelques-uns 
le  croient  espagnol ,  d'autres  italien  ou 
sicilien,  et  enlin  d'autres  français.  Cet 
auteur  lit  dubruit  pendant  quelque  temps, 
par  une  opinion  extrêmement  singulière; 
il  avança,  dans  un  de  ses  ouvrages,  que 
ces  paroles  de  Jésus-Christ  sur  la  croix  : 
Femme, voilà  voti-e  fils,  avaient  produit 
l'effet  d'une  transsubstantiation  réelle, 
«■ii  sorte  qu'au  moment  même  saint 
Jean  était  devenu  le  fils  de  la  Vierge.  On 
ne  se  persuadera  pas  que  Bonel  ait  pu 
trouver  des  sectateurs;  le  fait  est  pour- 
tant vrai,  et  leur  nombre  devint  même 
considérable.  Mais  on  réussit  à  les  rappe- 
ler à  leur  devoir.  On  a  de  Bonet  :  |  Pos- 
tula in  Genesim;  \  Comment,  super  qua- 
tuor libros  scntenliai'um  ;  \  Tnterprela- 
tiones  in  prœcipuos  libros  yiristotelis  , 
prœserlim  melaphysicam.  Ce  dernier  ou- 
vrage a  été  imprimé,  Venise,  1505, 
in-fol. 

*  BOXET  (Jean-Paitl),  né  dans  le  royau- 


BOX 

me  d'Aragon  ,  adjoint  au  général  d'artil- 
lerie ,  et  attaché  au  service  secret  du  roi 
Charles  II ,  fut  le  premier  qui  enseigna 
par  préceptes  l'art  précieux  de  faire  par- 
ler les  sourds  et  muets  ,  dans  un  ouvrage 
intitulé  :  reduccion  de  las  letras,  y  artes 
para  ensenar  a  hablar  a  los  mudos , 
Madrid  ,  1620 ,  in-4°.  Grégoire  Majans  , 
savant  espagnol,  lui  donne  la  gloire  de 
celle  invention  ;  il  parait  cependant  qu'elle 
est  due  à  Pierre  Ponce,  béix  dirlin  (voyet 
ce  nom),  et  qu'il  n'eut  que  1j  mérite  de 
la  soumettre  à  des  règles. 

BOXET  (Théophile  ),  médecin  de  Ge- 
nève ,  né  en  1620,  el  mort  en  1689.  Il  fit 
part  au  public  des  réflexions  qu'il  avait 
faites  sur  son  art,  pendant  plus  de  40 
années  de  pratique.  Ses  principaux  ou- 
vrages sont  |  PoUjanlhes ,  sive  Thésaurus 
medico-practicus  ex  quibuslibet  rei  me- 
dicœ  scriptoribus  collectas, Genève,  5  vol. 
in-folio,  1690,  1691,  1693;  c'est  une  bi- 
bliothèque complète  de  médecine.  |  Me- 
dicina  septentrionalis,  1684  et  1686,2  vol. 
in-fol.  Collection  de  raisonnemens  et 
d'expériences  faites  dans  les  parties  sep- 
tentrionales de  l'Europe;  |  Mercurius 
compilait  ti  us  ,  Genève,  1682,  in-fol. 
|  Scpulchretum,  ou  Anatomia  practica , 
Genève,  1679,  en  2  vol.  in-fol.  et  Lyon, 
1700  ,  3  vol.  in-folio,  avec  des  additions 
par  Manget.  Quoique  le  titre  de  ces  livres 
soit  bizarre,  et  que  le  format  ne  promette 
pas  beaucoup  de  précision ,  ils  ont  été  re- 
cherchés avant  que  Bocrhaave  eût  trouvé 
l'art  de  réduire  la  médecine  en  aphoris- 
mes.  On  les  consulte  encore. 

BOXFADIO  (  Jacques)  ,  né  à  Gazano  . 
près  de  Salo,  dans  le  diocèse  de  Brescia, 
au  commencement  du  16'  siècle,  secrétaire 
de  quelques  cardinaux  ,  donna  des  leçons 
de  politique  el  de  rhétorique  à  Gènes  avec 
succès.  La  république  le  nomma  pour 
écrire  son  histoire.  L'historien  offensa  plu- 
sieurs familles,  qui  furent  mécontentes 
de  ce  qu'il  disait  vrai  et  indignées  de  ce 
qu'il  le  disait  d'une  manière  satirique. 
On  chercha  à  s'en  venger,  on  l'accusa 
d'un  crime  qui  méritait  la  peine  du  feu. 
Il  allait  être  brûlé  vif,  lorsque  ses  amis 
obtinrent  qu'on  se  contenterait  de  lui 
couper  la  tète ,  ce  qui  fut  exécuté  en  1560. 
On  a  de  Bonfadio  ,  |  son  Histoire  île  Gènes. 
dont  nous  avons  parlé  ,  et  dans  laquelle  il 
raconte  l'état  de  cette  république  fort 
exactement  depuis  1328  jusqu'en  1550,  en 
un  vol.  in -4",  Pavie,  1586;  elle  est  en 
latin .  mais  Barlhélemi  Paschéti  la  tra- 
duisit en  italien  :  cette  version  imprimée 


BON 


405 


BOIV 


à  Genève  en  1586 ,  in-4°,  n'est  pas  com- 
mune ;  |  des  lettres  et  des  poésies  italien- 
nes, publiées,  les  premières  en  1746  à 
Brescia,  avec  sa  vie,  les  autres  en  1747 
in-8°. 

BONFINIUS  ou  BONFINI  (  Antoixe  ) , 
historien  latin  natif  d'Ascoli,  fut  gouver- 
neur et  maître  de  Béatrix  d'Aragon, 
épouse  de  Mathias  Corvin  roi  de  Hongrie. 
Il  écrivit  Y  Histoire  de  ce  royaume ,  et  la 
poussa  jusqu'en  1445,  en  45  livres.  Sam- 
buc,  qui  l'a  continuée,  en  publia  une 
édition  exacte  en  1568.  Il  y  en  a  une  autre 
de  1606 ,  in-fol.  ;  elle  est  très  estimée ,  et 
mérite  de  l'être,  tant  pour  le  style  que 
pour  la  sagesse  et  l'exactitude  de  l'auteur. 
On  a  encore  de  lui  :  j  Hermogenis  libri 
de  arte  rhetoricâ,et  Aphthonii  sophislœ 
progyiw\astica>  Lyon,  1538;  |  In  Hora- 
tium  Flaccum  Comme ntar H  ..Rome ,  in- 
4°  ;  |  Syniphosion-Beatricis ,  swe  Dialogi 
très  de  pudicitiâ  conjugali  et  virginilate, 
Bàle  ,  in-8° ,  etc. 

*  BO\FLERS.  (  N.  )  médecin  distin- 
gué, chevalier  de  la  légion  d'honneur, 
composa,  dès  son  début,  trois  mémoires 
qui  fuient  couronnés  dans  trois  diffé- 
rentes académies.  Plus  tard,  il  publia  un 
Traité  sur  les  fièvres  intermittentes  ci  un 
autre  sur  l'influence  de  l'air  dans  les  ma- 
ladies, ou  vrages  auxquels  on  accorde  beau- 
coup de  mérite.  Bonflers  fui  nommé,  en 
1800 ,  sous-préfet  d'Argentan ,  et ,  en  1808, 
membre  du  corps  législatif,  dont  il  a  fuit 
partie  jusqu'après  la  session  de  1814.  Il 
a  couronné  une  vie  consacrée  à  d'utiles 
travaux,  par  une  mort  chrétienne,  ar- 
rivée au  mois  de  juin  1820. 

*  BONFOS  (  Manauem  ,  )  juif  de  Per- 
pignan, est  connu  par  son  Michal-Jofi, 
ou  Perfection  de  beauté  qui  est  une  espèce 
de  Manuel  lexique;  il  est  cité  quelquefois 
sous  le  litre  de  Liber  definitionum.  Le 
texte  hébreu  a  paru  à  Salonique,  1567, 
in- 4°. 

BONFRERIUS  ou  BONFRERE  (  Jac- 
ques ) ,  jésuite ,  naquit  en  1573  à  Dinant , 
ville  de  la  principauté  de  Liège,  et  se  lit 
jésuite ,  en  1592.  Il  enseigna  la  philosophie 
et  la  théologie  à  Douai,  fut  professeur  de 
l'Ecriture  et  de  langue  hébraïque  dans  la 
même  ville ,  emploi  qu'il  remplit  avec  dis- 
tinction pendant  un  grand  nombre  d'an- 
nées. Il  mourut  à  Tournai  le  9  mai  1G43. 
On  voit  par  ses  écrits  qu'il  élail  très  versé 
dans  la  chronologie  et  dans  la  critique, 
et  consommé  dans  la  géographie  sacrée. 
Swerlius  le  peint  en  ces  termes  :  Non 
vidgari  doctrina  instructus  J  et  raris  vir- 


tutum  ornamentis  insignitus,  industriel 
mirabili,  incredibili  in  rébus  agendis 
prudentia ,  acerrimi  ingenii ,  solidissimi 
judicii.  Valère  André  le  qualifie  de  Mul- 
tiplicis  vir  eruditionis ,  ingenii  sagaci- 
tate ,  judicii  maturitale,  slyli  facililate  ac 
nilore ,  memoriœ  denique  tenacitate  in- 
primis  excellens.  A  ces  témoignages  on 
peut  ajouter  celui  de  M.  Dupin ,  qui  ne 
doit  point  être  suspect  :  «  De  tous  les 
»  commentateurs  jésuites  de  l'Ecriture 
»  sainte  ,  il  n'y  en  a  point  à  mon  avis  qui 
»  ait  suivi  une  meilleure  méthode  et  qui 
»  ait  plus  de  science  et  de  justesse  dans 
»  ses  explications,  que  Jacques  Bonfré- 
»  rius.  Ses  prolégomènes  sur  l'Ecriture 
»  sont  d'une  utilité  et  d'une  netteté  mer- 
»  veilleuses.  Il  en  a  retranché  la  plupart 
»  des  questions  de  controverse  que  Séra- 
»  rius  avait  traitées  dans  ses  prolégomè- 
»  nés ,  pour  se  renfermer  dans  ce  qui 
»  regarde  l'Ecriture  sainte,  et  rapporte 
»  en  abrégé  tout  ce  qu'il  est  nécessaire  de 
»  savoir  sur  cette  matière.  Ses  Commen- 
»  (aires  sont  excellens.  Il  y  explique  les 
»  termes  et  le  sens  de  son  texte  avec  une 
»  étendue  raisonnable,  et  évitant  la  trop 
»  grande  brièveté  de  quelques-uns  et  la 
»  longueur  démesurée  des  autres,  ne  fait 
»  aucune  digression  qui  ne  vienne  à  son 
»  sujet.  »  On  a  de  ce  commentateur , 
|  Prœloquia  in  tolam  ScrijUuram  sa- 
cram,  Anvers,  1625,  in-fol.;  |  Onomas- 
licon  urbhvm  et  locorum  sacrœ  Scripturœ, 
Paris,  1631,  in-fol.  Le  Clerc  en  a  donné 
une  belle  édition  à  Amsterdam  en  1707 , 
in-fol.  :  ces  deux  ouvrages  ont  été  insérés 
dans  Tédilion  de  Ménochius  par  le  Père 
Tournemine  ;  |  Pentateuchus  Mo/sis  com- 
mentario  illustratus ,  Anvers,  1625,  in- 
fol.;  |  Josue,  Judices  et  Ruth  commen- 
tario  illustrati,  Paris ,  1631 ,  in-fol.  Bon- 
frérius  a  encore  fait  des  commentaires 
sur  les  livres  des  Rois  et  les  Paralipo- 
mènes ,  sur  les  livres  d'Esdras ,  de  Tobie, 
de  Judith ,  d'Eslher  et  des  Machabées ,  sur 
les  quatre  Evangiles,  les  Actes  des  apô- 
tres ,  et  sur  les  Epitres  de  saint  Paul.  Il 
avait  entrepris  de  commenter  le  Psautier, 
et  il  en  était  au  psaume  59,  lorsque  la 
mort  l'enleva  ;  mais  ces  commentaires 
n'ont  pas  été  imprimés. 

BOXGAUS  (Jacques  ),  calviniste,  ne 
à  Orléans ,  conseiller  de  Henri  IV ,  s'ac- 
quitta avec  ardeur  des  négociations  que 
ce  prince  lui  confia  dans  les  cours  d'Alle- 
magne. Sixte  Y  ayant  fulminé,  en  1585. 
une  bulle  contre  le  roi  de  Navarre  et  le 
prince  de  Condé ,  Bonyars,  qui  était  alors 


RON 


Zi.06 


BON 


a  Rome ,  y  fil  une  réponse  et  l'afficha  lui- 
même  au  champ  de  Flore.  Il  mourut  à 
Paris  eu  1612,  à  58  ans.  Ses  ouvrages 
sont .  |  une  é dt lion  de  Justin  avec  de  sa- 
vantes unies;  |  un  recueil  de  lettres  la- 
tines .  qui  apprennent  peu  de  choses  : 
MM.  de  Port-Royal  en  publièrent  «ne  tra- 
duction sous  le  nom  de  Brianville ,  en 
1693,  2  vol.  in -12;  |  le  recueil  des  his- 
toriens des  croisades  sous  le  titre  de 
Gesta  Dei  per  Franc  os ,  2  vol.  in -fol. , 
Hanau ,  1611  ;  |  les  variantes  des  Mélanges 
historiques  de  Paul  Diacre;  |  Collectio 
Hungaricarumrerum  Scriptorum,  Franc- 
fort, 1600,  in -fol.  :  c'est  une  collec- 
tion curieuse  des  historiens  originaux  de 
Hongrie. 

*  BOMIOMME-DUPIN  (  Pierre-Jean- 
Baptiste  ) ,  né  à  Toulouse  en  1757,  était 
conseiller  au  parlement  de  cette  ville, 
lorsque  la  révolution  éclata.  Partisan  du 
nouvel  ordre  de  choses,  il  périt  néanmoins 
sur  l'échafaud,  en  1795,  avec  les  autres 
membres  du  parlement  de  Toulouse  ,  ses 
collègues ,  qui  avaient  protesté  en  1790 , 
contre  les  décrets  de  l'Assemblée  consti- 
tuante, quoiqu'il  eût  refusé  de  signer  leur 
protestation. 

*  BO^GO  (Pierre ) ,  chanoine  et  chan- 
tre de  la  cathédrale  de  Bergame,  sa  patrie, 
mort  en  1601 ,  possédait  les  langues  latine, 
grecque,  hébraïque,  les  belles-lettres,  la 
théologie,  les  mathématiques,  l'histoire, 
etc.  Il  est  auteur  d'un  traité  curieux  in- 
titulé :  Numerorum  Mysteria  ex  ab- 
ditis  phirimarum  disciplinat'um  fonlibus 
hausta  .  Paris  ,  1618 ,  in-/»°. 

BONHOMO  (Jean -François),  né  à 
Verceil ,  se  distingua  par  ses  lumières  et 
son  zèle  pour  la  foi  catholique.  Etroite- 
ment lié  par  l'identité  des  principes  et 
des  vues  avec  sain*  Charles  Borromée,  il 
fut  un  de--  plus  intimes  amis  de  ce  saint 
prélat,  qui  l'envoya  à  Rome  en  1569, 
pour  obtenir  du  pape  la  confirmation  des 
canons  du  second  concile  provincial  de 
Milan,  et  le  consacra  évèque  de  Verceil, 
en  1572.  Le  pape  Grégoire  XIII  l'envoya 
en  Suisse  où  il  fut  le  premier  nonce  per- 
manent, et  il  y  produisit  par  ses  travaux  et 
sa  vigilance  pastorale,  des  fruits  précieux 
dans  des  temps  difficiles  et  critiques  où 
les  nouveaux  sectaires  faisaient  dans  la 
vigne  du  Seigneur  d'étranges  ravages. 
Quelque  temps  après  il  fut  envoyé  vers 
l'empereur,  qu'il  engagea  à  faire  publier 
dans  ses  étals  les  décrets  du  concile  de 
Trente.  Nommé  à  la  nonciature  de  Colo- 
gne, il  fut  l'àmc  de  tout  ce  qui  se  fit  dans 


ce  temps  très  critique,  tant  dans  cet  élec- 
toral que  dans  les  provinces  voisines, 
pour  le  maintien  de  l'ancienne  religion  , 
pour  la  réforme  du  clergé ,  pour  la  sup- 
pression des  abus  et  tout  ce  qui  intéresse 
l'Eglise  catholique.  La  nonciature,  dont 
il  fut  en  quelque  sorte  le  fondateur,  a 
depuis  continué  sans  interruption,  avec 
le  meilleur  effet  pour  la  religion  et  le 
clergé  catholique  d'Allemagne.  Son  suc- 
cesseur fut  Barlhélemi  Pacca,  dont  les 
travaux  pour  le  maintien  des  nonciatures 
et  de  l'autorité  pontificale  contre  les  in- 
novations des  métropolitains,  sont  assez 
connus.  Bonhomo  mourut  à  Liège,  dans 
l'abbaye  de  Saint-Jacques  (  alors  l'asile 
de  la  piété  et  de  la  science,  aujourd'hui 
sécularisée  ),  le  25  février  1587.  On  a  de 
lui  |  Reformalionis  ecclesiasticœ  décréta 
generalia  ,  Cologne ,  1585  ,  in-8°.  Le  pape 
Benoit  XIV  cite  souvent  avec  éloge  cet 
ouvrage  dans  son  traité  de  Synodo  diœ- 
cesana.  \  Vita  et  obitus  Caroli  Borromœi, 
Cologne,  1587. 

BO\ICIIO\  (  François  ),  prêtre  de 
l'Oratoire ,  ensuite  cure  de  Saint-Michel 
d'Angers  ,  mort  en  1662  ,  est  auteur  d'un 
ouvrage  intitulé  Pompa  episcopalis *  An- 
gers, 1650,  in-fol.  Ce  livre  fut  composé 
lorsque  Henri  Arnauld  fut  fait  évèque 
d'Angers.  On  a  encore  de  lui  un  gros 
in-i°  intitulé  V Autorité  èpiscopale  défen- 
due contre  les  nouvelles  entreprises  de 
quelques  réguliers- mendians  ^  Angers, 
1658.  Cet  ouvrage  est  estimé. 

BOAIFACE,  comte  de  l'empire,  plus 
connu  par  son  amitié  pour  saint  Augus- 
tin que  par  ses  actions ,  fut  chassé  d'A- 
frique par  les  Vandales ,  et  mourut  en 
452  d'une  blessure  qu'il  reçut  dans  un 
combat  contre  Aétius. 

BOMFVCE  (  saint),  nommé  d'abord 
Winfrid,  apôtre  de  l'Allemagne ,  naquit 
en  Angleterre  vers  Tan  680.  Il  embrassa 
l'état  monastique,  fut  fait  prêtre  en  710, 
et  envoyé  par  Grégoire  II .  en  719,  pour 
travailler  à  la  conversion  des  infidèles  du 
Nord.  Il  remplit  sa  mission  dans  la  Thu- 
ringe,  le  pays  de  Hessc,  la  Frise  et  la 
Saxe,  et  y  convertit  un  grand  nombre 
d'idolâtres.  Le  pape  ayant  appris  ses  suc- 
cès, l'appela  à  Rome,  le.  sacra  évèque  le 
jour  de  saint  André  en  725 ,  et  le  renvoya 
en  Allemagne.  Les  progrès  de  la  foi  fu- 
rent encore  plus  rapides  à  son  retour.  Il 
convertit  les  peuples  de  Bavière,  et  rem- 
plit le  Nord  du  bruit  de  son  nom  et  de 
ses  travaux  apostoliques.  Grégoire  III  lui 
accorda  le  pallium  et  le  titre  d'archevé- 


BON  407 

que,  avec  permission  d'ériger  des  évè- 
chés  dans  les  pays  nouvellement  conquis 
à  la  religion.  Jusqu'alors  Boniface  n'a- 
vait été  lixé  à  aucune  église  particulière; 
vers  l'an  747  le  pape  Zacharie  le  plaça  sur 
le  siège  de  Mayence ,  qui  vaquait  par  la 
déposition  de  Gervode.  Tous  ces  fails 
confondent  d'une  manière  évidente  et 
sensible  les  prétentions  que  les  métropo- 
litains d'Allemagne  ont  formées  contre  le 
siège  de  Rome,  dont  ils  tenaient  tout,  et 
l'on  peut  dire  que  l'existence  même  de 
l'église  d'Allemagne  est  l'effet  non-seule- 
ment du  zèle,  mais  du  pouvoir  et  de 
l'autorité  hiérarchique  de  l'Eglise  ro- 
maine. «  Ignorez- vous,  ingrats  (dit  un 
»  auteur  connu  à  cette  occasion),  que 
»  sans  elle  la  Germanie  ne  serait  encore 
»  que  le  repaire  de  quelques  hordes  bar- 
»  bares;  que  les  ours  et  les  aurocks  habi- 
»  feraient  encore  les  lieux  où  sont  au- 
»  jourd'hui  vos  florissantes  cités  ;  que  le 
»  sang  humain  coulerait  encore  sur  les 
•  autels  dressés  à  des  monstres ,  là  où  le 
»  paisible  agneau  est  immolé  avec  une 
»  pompe  sainte  dans  de  magniliques  tem- 
»  pies?  Et  depuis  cette  heureuse  révolu- 
»  tion,  due  précisément  au  christianisme, 
»  dont  Rome  vous  a  fait  le  don  inesti- 
»  mable,  que  ne  doit  pas  la  Germanie  et 
»  son  clergé  surtout  à  tant  de  pontifes, 
»  dont  les  soins  affectueux  et  paternels 
»  ont  constamment  employé  l'impression 
»  de  l'autorité  sainte ,  pour  en  assurer  la 
»  liberté  contre  l'oppression  et  la  vio- 
»  lence,  pour  maintenir  dans  cette  grande 
»  région  la  pureté  de  la  foi  contre  des  sec- 
»  taires  nombreux  et  puissans  ?  »  Boni- 
face  termina  sa  vie  par  le  martyre  :  un 
jour  qu'il  était  en  chemin  pour  donner  la 
confirmation  à  quelques  chrétiens ,  il  fut 
percé  d'une  épée  par  les  païens  de  la 
Frise ,  dans  la  plaine  de  Dockum ,  près  de 
la  rivière  de  Bordne ,  le  5  juin  755.  Cin- 
quante-deux de  ses  compagnons,  soit 
missionnaires,  soit  chrétiens ,  furent  mas- 
sacrés avec  lui  ;  leur  sang  fut  une  se- 
mence qui  produisit  d'autres  apôtres.  Il 
s'était  démis  de  l'archevêché  de  Mayence 
en  faveur  de  Lulle  son  disciple.  On  a  de 
cet  apôtre  des  Lettres,  recueillies  par 
Serarius,  1629,  in -4°,  et  des  Sermons 
dans  la  collection  de  don  Martenne.  On  y 
voit  son  zèle,  sa  sincérité  et  ses  autres 
vertus,  mais  point  de  pureté  ni  de  déli- 
catesse dans  le  style.  Quant  au  différend 
qu'il  eut  avec  Virgile  de  Sallzbourg,  dont 
les  protestans  et  les  philosophes  ont  fait 
tant  de  faux  rapports,  voyez  VIRGILE. 


BOMFACE  1  (  saint),  successeur  du 
pape  Zozime  en  418,  fut  maintenu  dans 
la  chaire  pontilicale  par  l'empereur  Ho- 
norius ,  contre  l'archidiacre  Eulalius  qui 
s'était  emparé  de  l'église  de  Latran.  C'est 
à  ce  pontife  que  saint  Augustin  dédia  ses 
quatre  livres  contre  les  cri  cuis  des  péla- 
giens.  Il  mourut  en  septembre  422. 

BONIFACE  II,  pape,  succéda  à  Félix  IV 
en  530.  Il  était  romain,  mais  son  père  était 
goth.  Il  avait  forcé  les  évèques  assemblés 
en  concile  dans  la  basilique  de  Saint- 
Pierre,  à  l'autoriser  dans  le  choix  d'un 
successeur.  Il  désigna  le  diacre  Vigile  ; 
mais  ces  prélats  cassèrent  peu  de  temps 
après,  dans  un  autre  concile,  ce  qui  s'é- 
tait fait  dans  le  premier  contre  les  canons 
et  les  usages.  Ou  a  de  lui  une  Lettre  à 
saint  Césaire  d'Arles  dans  les  Epistolœ 
Ilomanorum  Pont/'/icum  île  don  Constant. 

11  mourut  en  552. 
BOMFACE   III,    romain,  monta  sur 

le  saint  Siège  en  606,  après  la  mort 
du  pape  Sabinien.  11  convoqua  un  con- 
cile de  72  évèques,  dans  lequel  on  ana- 
thématisa  ceux  qui  parleraient  de  dési- 
gner des  successeurs  aux  papes  et  aux 
évèques  pendant   leur  vie.  Il  mourut  le 

12  novembre  de  la  même  année.  Il  avait 
obtenu  de  l'empereur  Phocas,  que  le 
patriarche  de  Constantinople  ne  pren- 
drait   plus    le    titre  d'évêque    universel. 

BOMFACE  IV.  fils  d'un  médecin  de 
Valéria  au  pays  des  Marses ,  succéda  au 
précédent  en  G07.  L'empereur  Phocas  lui 
céda  le  Panthéon ,  temple  bâti  par  Marcus 
Agrippa  à  l'honneur  de  Jupiter  Vengeur 
et  des  autres  divinités  du  paganisme.  Le 
pontife  le  changea  en  une  église  dédiée 
au  vrai  Dieu ,  en  l'honneur  de  la  sainte 
Vierge  et  de  tous  les  saints.  C'est  là  l'époque 
de  la  fête  de  la  Toussaint ,  le  1er  jour  de 
novembre.  Cette  église  subsiste  encore  et 
fait  l'admiration  des  voyageurs ,  sous  le 
nom  de  Notre-  Dame  de  la  Rotonde.  Il 
mourut  en  614.  On  lui  attribue  quelques 
ouvrages  qui  ne  sont  pas  de  lui. 

BOMFACE  V,  napolitain,  successeur 
de  Dieu-donné  en  G17,  mourut  en  625.  Il 
défendit  aux  juges  de  poursuivre  ceux 
qui  auraient  recours  aux  asiles  des  églises. 

BOMFACE  VI,  romain,  pape  après 
Formose  en  896,  ne  tint  le  saint  Siège 
que  15  jours.  Comme  il  fut  élu  par  une 
faction  populaire ,  et  qu'il  avait  été  dé- 
posé de  la  prêtrise  avant  d'avoir  la  tiare , 
il  fut  regardé  comme  antipape. 

BOMFACE  VII ,  surnommé  Francon  t 
antipape,  meurtrier  de  Benoit  VI  et  de 


BOV 


408 


BON 


Jean  XIV,  se  fit  reconnaître  pontife  en 
974,  le  20  août ,  et  mourut  subitement  au 
mois  de  décembre  suivant.  Cet  objet  de 
l'exécration  publique  et  de  celle  de  la 
postérité,  fut  ignominieusement  traité. 
On  perça  son  cadavre  à  coups  de  lance , 
on  le  traîna  par  les  pieds ,  et  on  le  laissa 
nu  dans  la  place,  devant  la  statue  de 
Constantin. 

BOMFACE  VIII  (  Bexoit-Caietan  ), 
né  à  Anagni,  d'abord  avocat  consistorial, 
protonotaire  apostolique,  chanoine  de 
Lyon  et  de  Paris,  ensuite  créé  cardinal 
par  Martin  IV  en  d28l ,  fut  élevé  sur  le 
trône  pontifical,  après  l'abdication  de  saint 
Célestin,  en  1294.  On  a  dit  sans  fonde- 
ment, qu'il  le  menaça  de  l'enfer,  s'il 
ne  se  démettait  de  la  papauté ,  pour  en 
laisser  revêtir  un  homme  plus  actif  et 
plus  ferme  que  lui  ;  mais  il  est  certain 
que  Célestin  n'abdiqua  qu'à  raison  de  son 
âge,  de  la  connaissance  de  son  inexpé- 
rience et  de  son  goût  pour  la  solitude  et 
la  retraite.  Bonifacc  craignant  qu'il  ne 
changeât  de  résolution  et  ne  causât  un 
schisme ,  le  fit  garder  dans  une  espèce  de 
prison  honnête  ,  commode  et  respectée , 
jusqu'à  sa  mort.  Les  Colonne ,  une  des 
plus  puissantes  maisons  de  Rome,  trou- 
blèrent les  commencemens  de  son  pon- 
tifical; ils  étaient  du  parti  des  Gibelins, 
attachés  aux  empereurs  et  ennemis  des 
papes,  et  eurent  la  hardiesse  d'afficher  un 
écrit,  dans  lequel  ils  protestaient  contre 
l'élection  de  Boniface  et  en  appelaient  au 
concile  général  des  procédures  qu'on 
pourrait  faire  contre  eux.  Boniface  les 
excommunia,  leva  des  troupes  pour  sou- 
tenir son  excommunication ,  et  prêcha  la 
croisade  contre  eux ,  ce  qui  produisit  un 
accommodement.  Mais  le  zèle  trop  ardent 
de  Boniface  pour  rétablir  la  paix  entre  les 
princes  chrétiens,  le  jeta  dans  de  nou- 
veaux embarras.  Il  réussit  à  la  faire  con- 
clure entre  la  France  et  l'Aragon,  mais 
il  ne  put  l'établir  entre  la  France  et  l'An- 
gleterre :  le  guerrier  et  violent  Philippe 
le  Bel  s'y  refusa  hautement,  et  le  pape  se 
crut  en  droit  de  lui  défendre  la  guerre  : 
ce  qui  joint  à  d'autres  sujets  d'un  mé- 
contentement réciproque,  alluma  entre 
eux  une  querelle  longue  et  opiniâtre. 
Boniface  donna  plusieurs  bulles  où  il 
soumettait  la  puissance  temporelle  à  la 
spirituelle,  prétention  aujourd'hui  uni- 
versellement rejetée,  mais  qui,  comme 
nous  aurons  lieu  de  le  remarquer  plus 
d'une  fois  ,  était  alors  reconnue  par 
les  princes  mêmes,  qui   se  bornaient, 


à  en  restreindre  les  conséquences  ou 
à  en  éviter  l'application.  C'était  la  ju- 
risprudence générale  du  temps.  Boni- 
face  finit  par  mettre  le  royaume  en  in- 
terdit. Philippe  fait  arrêter,  dans  l'as- 
semblée des  trois  états  du  royaume , 
qu'on  en  appellera  au  futur  concile.  No- 
garet  passe  en  Italie,  sous  le  prétexte  de 
signifier  l'appel;  mais  réellement  pour 
enlever  le  pape.  On  le  surprit  dans  Ana- 
gni ,  ville  de  son  domaine ,  où  il  était  né. 
Nogaret  s'était  joint  à  Sciarra  Colonne, 
qui  eut  la  brutalité  de  donner  un  soufflet 
au  pape  avec  son  gantelet.  Nogaret  lui 
donna  des  gardes,  voulant  l'emmener  à 
Lyon  où  devait  se  tenir  le  concile.  Boni- 
face  mourut  un  mois  après  de  chagrin , 
en  13o3,  à  Rome  où  il  était  allé,  après 
que  les  habitans  d' Anagni  l'eurent  délivré 
des  mains  des  Français.  Trois  cents  ans 
après ,  sous  Paul  V ,  le  onze  octobre ,  jour 
même  de  sa  mort,  on  ouvrit  son  tombeau, 
placé  dans  la  chapelle  qu'il  avait  con- 
struite à  l'entrée  de  l'église  de  St.-Pierre  ; 
on  trouva  ses  habits  pontificaux  en  en- 
tier, et  son  corps  sans  corruption,  à  la 
réserve  du  nez  et  des  lèvres.  M.  Sponde 
en  parle  comme  témoin  oculaire ,  s'étant 
trouvé  à  Rome  dans  ce  temps-là.  C'était 
en  1605.  «  On  lit  pourtant  »  (  ajoute  un 
des  judicieux  auteurs  de  l' Histoire  de  l'é- 
glise gallicane,  d'où  nous  transcrivons 
ces  détails  )  »  que  Boniface  mourut  en  fu- 
»  rieux,  se  rongeant  les  mains  et  les  bras, 
»  ce  qui  fait  voir  combien  la  partialité 
»  altère  quelquefois  l'histoire  dans  les 
»  points  les  plus  imporlans.  »  Ce  fut  lui 
qui  canonisa  saint  Louis,  qui  institua,  en 
1500,  le  Jubilé  pour  chaque  centième 
année  :  qui  ceignit  la  tiare  d'une  seconde 
couronne,  et  qui  recueillit  en  1298,  le 
6e  livre  des  Décrélales,  appelé  le  Sexte , 
dont  l'édition  la  plus  rare  est  celle  de 
Mayence,  1465,  in-fol.  On  a  encore  de 
lui  quelques  ouvrages.  Il  était  savant 
pour  son  temps.  Il  ne  faut  pas  juger  de 
son  caractère  par  ce  que  les  auteurs  fran- 
çais en  ont  écrit.  Plusieurs  de  ses  démar- 
ches sont  blâmables  sans  doute  ;  mais 
celles  de  Philippe  le  Bel  ne  le  sont  pas 
moins;  elles  sont  même  beaucoup  plus 
injustes  et  plus  violentes,  et  font  en  quel- 
que sorte  disparaître  les  torts  de  Boni- 
face.  On  regarde  assez  communément  ce 
pape  comme  auteur  de  la  fameuse  bulle 
in  Cœnâ ,  quoiqu'elle  n'ait  guères  été  con- 
nue de  son  temps,  et  qu'on  y  trouve  plu- 
sieurs additions  d'une  date  postérieure. 
Elle  renferme  des  vues  vastes  cl  la  plu- 


BOX 


409 


BON 


part  utiles  au  bonheur  des  états  et  au 
soulagement  des  peuples  ;  mais  comme  le 
pontife  y  prenait  un  ton  de  commande- 
ment et  employait  l'excommunication 
dans  les  matières  temporelles ,  elle  a  paru 
déroger  au  pouvoir  des  rois  et  à  leur  in- 
dépendance dans  l'administration  de  leurs 
états.  C'est  pourquoi  les  papes  Clément 
XIV  et  Pie  VI  en  ont  interrompu  la  pu- 
blication qui  se  faisait  tous  les  ans  le  jour 
du  jeudi-saint,  et  depuis  cette  époque 
elle  est  regardée  comme  non  avenue. 
Cependant  un  philosophe  moderne ,  un 
politique  sage ,  modéré  et  ami  des  hom- 
mes ,  a  paru  la  regretter  :  «  Pourquoi , 
»  dit  il ,  disputer  au  souverain  pontife  un 
»  droit  qui  seul  rendrait  la  religion  utile 
»  et  respectable  aux  sociétés  ;  celui  de 
»  reprendre  les  pécheurs  scandaleux ,  les 
»  infracteurs  publics  du  droit  naturel,  les 
»  scélérats  qui  se  jouent  de  toutes  les  lois? 
»  La  religion  n'est- elle  pas  faite  pour  les 
»  puissans  encore  plus  que  pour  les  fai- 
»  blés  ?  Saint  Ambroise  eut-  il  donc  si 
»  grand  tort  de  chasser  hors  de  l'église 
»  le  meurtrier  de  Thcssalonique  ?  Est-ce 
»  un  si  grand  mal  que  l'Eglise  ose  répri- 
»  mer  des  tyrans  qui  se  font  encenser 
»  comme  des  dieux,  qui  se  croient  les 
»  maîtres  du  genre  humain ,  et  qui  pour 
»  sujets  n'ont  plus  que  des  satellites  gagés 
»  ou  des  esclaves  timides  ?  Un  prince  qui, 
»  pour  nourrir  des  chevaux ,  pour  entre- 
»  tenir  des  Messalines  et  enrichir  des  fa- 
»  voris ,  pour  donner  des  fêtes  et  élever 
»  des  palais ,  pour  nourrir  dix  mille  valets 
»  et  soudoyer  quatre  cent  mille  bouchers, 
»  ne  cesse  d'établir  des  impôts ,  des  droits 
»  de  toute  espèce ,  jusqu'à  ce  qu'il  ait  sou- 
»  tiré  à  son  peuple  la  dernière  goutte  de 
»  sang  ;  un  tel  prince  n'est-il  pas  inlini- 
»  ment  plus  impie,  plus  odieux,  plus 
»  criminel ,  que  tous  ceux  que  l'Eglise  a 
»  coutume  d'excommunier  ?  Pourquoi , 
»  donc  ne  serait-il  pas  soumis  à  l'ana- 
»  thème?  Faut -il  avoir  plus  d'égards, 
»  plus  de  condescendance  pour  lui,  à 
»  proportion  de  ce  que  ses  forfaits  sont 
»  plus  noirs ,  plus  affreux ,  plus  abomi- 
»  nables  ?  Est-ce  un  abus  qu'il  y  ait  une 
»  église  qui  parle  au  nom  du  grand  Dieu, 
»  au  nom  de  ce  Dieu ,  qui  dicit  régi, 
»  apostata  ;  qui  vocat  duces  impios  ;  qui 
»  won  accipit  personas  principum*  nec 
»  cognovit  tyrannum  cum  disceptaret  con- 
»  tra  pauperem  ?  Job  54.  »  Voyez  PIE 
V.  Jean  Rubens  a  écrit  sa  Vie  en  latin , 
Rome ,  16S1 ,  in-4°. 
BONIFACEIX,  napolitain,  d'une  fa- 
2. 


mille  noble ,  mais  réduite  à  la  dernière 
misère ,  fut  fait  cardinal  en  1381 ,  et  pape 
en  1389,  après  la  mort  d'Urbain  VI ,  pen- 
dant le  schisme  d'Occident.  Ses  historiens 
louent  sa  chasteté,  et  lui  reprochent  le 
népotisme.  Il  est  certain  qu'il  avait  des 
vertus,  et  Thierri  de  Nicm  a  chargé  le 
tableau  de  ses  défauts.  Il  mourut  en  1404. 
Ce  pontife  institua  les  Annales  perpé- 
tuelles. 

BOIVIFACE  (  Hyacinthe),  célèbre  avo- 
cat au  parlement  d'Aix ,  né  à  Forcalquier 
en  Provence  l'an  1612 ,  mort  en  1095  ,  est 
connu  par  une  compilation  recherchée 
des  jurisconsultes.  Elle  est  intitulée  Ar- 
rêts notables  du  Parlement  de  Provence , 
Lyon  ,  1708 ,  8  vol.  in-fol. 

*  BO.MFACE.  Voyez  MONTFERRAT 
(  Boxiface,  marquis  de  ). 

*  BOiVIFACIO  (  Jean  ),  littérateur,  his- 
torien et  jurisconsulte  italien  des  16e  et  17e 
siècles ,  naquit  à  Rovigo ,  d'une  famille 
noble  de  cette  ville  ,  le  6  septembre  1547. 
Après  avoir  terminé  ses  humanités  à  Pa- 
doue ,  il  y  étudia  le  droit ,  et  fut  î  eçu  doc- 
teur, sans  cesser  de  cultiver  les  belles-let- 
tres et  surtout  la  poésie.  De  retour  dans  sa 
patrie ,  il  y  suivit  le  barreau  ,  et  fit  admi- 
rer son  éloquence.  Il  se  maria  à  Trévise  , 
avec  une  riche  héritière,  et  s'y  établit  dans 
la  maison  de  son  beau-père ,  Marc-An- 
toine Martignaco  ou  Martignago.  Comme 
les  Trévisans  l'entouraient  d'une  haute 
considération,  il  ne  crut  pouvoir  leur 
mieux  témoigner  sa  reconnaissance  qu'en 
écrivant  l'histoire  de  leur  ville  qui  parut 
sous  ce  titre  :  Storia  Trivigiana  divisa  in, 
libri  XII ' j,  Trévise ,  1591 ,  in-4°,  réimpri- 
mée à  Venise ,  en  1748 ,  avec  des  addition* 
et  corrections  considérables  que  l'auteur 
avait  laissées  en  manuscrit.  Cette  2e  édi-» 
tion  contient  en  outre  la  continuation  de- 
puis 1591  jusqu'en  1623 ,  par  l'auteur,  et  sa 
vie  ,  écrite  par  Stellio  Mastracca  (i).  Bo- 
nifacio  remplit  ensuite  les  fonctions  d'as- 
sesseur dans  les  tribunaux  de  plusieurs 
villes  de  l'état  Vénitien ,  et  se  retira ,  eu 
1624 ,  dans  sa  patrie.  Ayant  été  rappelé  à 


(i)  L'abbé  Feller,  en  attribuant  cette  histoire  f 
Balthasar  Booifacio  ,  paraît  avoir  confondu  l'une!» 
avec  le  neveu  dont  il  ett  parlé  dam  l'article  suivant, 
—  Nous  saisissons  cette  occasion  d'avertir  nos  lec- 
teurs que  de  nombreuses  corrections  ont  été  ainsi 
faites  dans  le  cours  de  l'ouvrage  Au  lieu  de  multi- 
plisr  les  notes,  nous  avons  cru  préférable  de  rectifier 
ou  de  refondre  dans  l'occasion  les  articles  de  Feller, 
En  comparant  cette  édition  du  Dictionnairk  histo- 
rique à  toute  autre  du  même  ouvrage,  on  pourra  se 
convaincre  que  nom  avons  fait  à  la  plupart  de»  addu 
ti^ns  ou  des  rectifications  importante». 

55 


BON 


410 


BOIV 


Padoue ,  pour  y  suivre  un  ancien  procès , 
il  mourut  dans  cette  ville  le  23  juin  1655. 
Outre  l'ouvrage  que  nous  avons  cité,  on  en 
a  de  lui  plusieurs  autres ,  dont  les  princi- 
paux sont  :  |  L'Arte  de'  Cenni,  con  la  quale 
formandosi  favella  visibile  si  traita  délia 
muta  eloquenza  *  etc.,  Vicence ,  1616 ,  in- 
h°  Ce  traité  de  l'art  de  parler  par  signes 
a  été  mis  par  le  marquis  Maffei ,  au  nom- 
bre des  bons  livres  italiens.  |  De  epitaphiis 
componendis ..Rovigo,  1629,  in-4°;  |  Compo- 
nimentipoètici,  Rovigo ,  1625,  in-4°;  |  Plu- 
sieurs ouvrages  de  jurisprudence ,  tels 
qu'un  traité  De  furtis  *  des  commentaires 
et  autres  écrits  sur  les  lois  de  Venise  ;  |  Des 
Discours  académiques  ,  etc.  Jean  Bonifa- 
cio  était  membre  de  plusieurs  académies , 
entre  autres  de  celles  de  Trévise ,  de  Pa- 
doue ,  de  Vérone  et  de  Venise. 

*  BONIFACIO  (Balthazar),  savant 
distingué ,  neveu  du  précédent ,  naquit  à 
Crema  vers  1584.  Il  fit  ses  études  à  Padoue 
et  fut  reçu  docteur  en  droit  à  18  ans.  Il 
alla ,  très  jeune  encore ,  en  Allemagne ,  en 
qualité  de  secrétaire  du  comte  de  Porzia , 
nonce  apostolique.  A  son  retour  en  Italie , 
il  entra  dans  la  carrière  ecclésiastique  ,  et 
obtint  d'abord  l'archiprébende  du  chapitre 
de  Bovigo  ,  puis  l'archidiaconat  de  Tré- 
vise sous  Urbain  VIII  qui  le  destinait  à  un 
évêché  dans  l'île  de  Candie  ,  que  Bonifa- 
cio  refusa,  sa  santé  ne  lui  permettant  point 
un  voyage  sur  mer;  enfin  il  fut  nommé 
évèque  de  Capo-d'Istria.  Il  gouverna  cette 
église  pendant  six  ans  et  mourut  en  1659  , 
âgé  de  75  ans.  Bonifacio  possédait  des  con- 
naissances solides  autant  que  variées.  En 
1620,  il  fut  appelé  à  professer  les  institut  es 
de  droit  civil  au  collège  des  nobles  de  Ve- 
nise que  le  sénat  venait  de  fonder.  Il  fut 
ensuite  chargé  de  la  direction  d'un  nou- 
veau collège  de  nobles  vénitiens  que  le 
même  sénat  fit  ouvrir  en  1637,  à  Padoue, 
et  il  en  fut  le  premier  recteur.  Bonifacio 
en  exerça  les  fonctions  jusqu'en  1653,  épo- 
que à  laquelle  il  fut  appelé  à  l'évêché  de 
Capo-d'Istria.  On  a  de  lui  un  grand  nom- 
bre d'ouvrages  dont  les  principaux  sont  : 
|  Caslore  e  Polluce  J  rime  di  Baldassare 
Bonifacio  e  di  Gio  Maria  Vandi  _,  etc. 
Venise ,  1618 ,  in-12.  Vanti  était  ami  in- 
time de  Bonifacio  ;  |  des  Poésies  latines 
sous  le  titre  de  Slichidicon ,  Venise , 
1619 ,  in-16  ;  un  second  recueil  parut  à 
Venise,  1646,  in-8°;  les  livres  en  les- 
quels sont  divisés  ces  deux  recueils  ,  por- 
tent des  titres  singuliers  tels  que  ceux  de 
Propylon  ,  Erotarion  J  Dularicomes ,  Cal- 
liçacon  _.  etc. ,  Peplus ,  Selemnus  J  etc.  ; 


[  Discorso  delV  immortalità  dell'  anima, 
Venise ,  1621 ,  in-4°  ;  |  Elogia  contarena  t 
Venise ,  1623 ,  in-4°.  Ce  livre  renferme 
les  éloges  de  trente  illustres  personnages 
de  la  famille  Contarini;  |  Historia  ludicra, 
opus  ex  omni  disciplinarum  génère  selec- 
tum  etjucundâ  eruditione  refertum  ,  Ve- 
nise ,  1652 ,  in-4°  ;  Bruxelles,  1656;  |  JVar- 
lectiones  et  civilium  institutionum  epitome, 
Venise,  1632,  in-A°,  avec  son  traité  De. 
archivis  ;  |  Panegyrici  sacri ,  Venise , 
1657,  in-4°.  Bonifacio  a  laissé  de  plus 
beaucoup  de  manuscrits  latins  et  ita- 
liens. 

*  BONINGTON  (  RicnAnn-PARKES  ) ,  né 
le  25  octobre  1801 ,  au  village  d'Arnold, 
près  de  Nottingham,  d'un  peintre  paysa- 
giste habile,  faisait  dès  l'âge  de  7  ans ,  des 
dessins  qui  surprenaient  autant  par  l'exac- 
titude de  l'imitation  que  par  la  délicatesse 
de  l'exécution.  Son  père  l'amena  à  Paris 
en  1816;  Bonington,  admis  au  Louvre, 
étudia  avec  ardeur  les  écoles  italienne  et 
flamande  et  fit  des  progrès  rapides  sous 
M.  Gros.  De  retour  en  Angleterre ,  il  se 
fit  connaître  à  l'exposition  de  1826 ,  dans 
la  galerie  britannique,  par  deux  vues 
prises  sur  les  côtes  de  la  mer ,  qui  an- 
nonçaient une  grande  connaissance  de 
l'art  de  grouper,  du  coloris,  de  la  per- 
spective, et  surtout  des  effets  de  la  lu- 
mière du  soleil.  Bonington  se  rendit  en 
Italie ,  et  exécuta ,  dans  cette  terre  classi- 
que des  arts ,  plusieurs  tableaux  qu'on  a 
vus  exposés  au  Louvre  en  1828,  et  qui  le 
furent  ensuite  à  l'académie  royale  de 
Londres.  On  remarquait  surtout  sa  Vue 
du  grand  canal  de  Venise  avec  l'église 
de  la  Vierge  du  salut.  Sa  réputation  crois- 
sait de  jour  en  jour,  et  les  demandes 
qu'on  lui  adressait  devenaient  de  plus  en 
plus  nombreuses.  Ce  succès  même  devin» 
fatal  à  Bonington,  qui  se  livra  avec  excès 
au  travail ,  et  se  mit  ainsi  dans  un  état 
tel  qu'il  ne  put  jamais  s'en  relever.  Il 
mourut  le  25  septembre  1828. 

*  BONIZONE  fut  successivement  évè- 
que de  Futri  et  de  Plaisance ,  et  périt  as- 
sassiné pour  avoir  défendu  les  intérêts  du 
saint  Siège.  Il  est  auteur  d'un  Extrait 
abrégé  de  Vhistoire  des  papes. 

BONJOUR  (  Guili-acme  ) ,  auguslin  ,  né 
à  Toulouse  en  1670,  fut  appelé  à  Rome 
par  son  confrère  le  cardinal  Noris.  en 
4695.  Clément  XI  l'honora  de  son  estime, 
et  l'employa  dans  plusieurs  occasions.  Ce 
pape  avait  formé  une  congrégation,  pour 
soumettre  à  un  examen  sévère  le  calen- 
drier grégorien.  Le  Père  Bonjour  four- 


BON 


4il 


BON 


nit  d'excellens  Mémoires  à  cette  société. 
Ce  savant  religieux  mourut  en  1714 ,  dans 
la  province  de  l'Yun-Nan  à  la  Chine,  où 
sori  zèle  pour  la  propagation  de  la  foi  l'a- 
vait conduit.  Il  était  profondément  versé 
dans  les  langues  orientales,  et  surtout  dans 
celle  des  Cdphtes.  On  a  de  lui  |  des  Dis- 
sertations sur  l'Ecriture  sainte.  \  sur  les 
Monumens  cophtes  de  la  Bibliothèque  du 
Vatican,  etc.  |  Calendarium  Romanum, 
cum  gemino  Epactarum  dispositu,  ad 
novilunia  civilia  invenienda  J  Rome ,  1701, 
in-fol.  |  Traité  des  cérémonies  chinoises. 
Il  traça  avec  les  Pères  Bouvet ,  Jartoux  et 
Fridéli  les  caries  de  l'empire  de  la  Chine, 
déjà  commencées  depuis  quelque  temps , 
et  que  le  père  Régis ,  qui  remplaça  le  père 
Bonjour,  termina  dans  le  cours  de  l'année 
1715. 

*  BONX  (  André  ),  chirurgien  ,  né  en 
1738  à  Amsterdam ,  étudia  et  fut  reçu 
docteur  à  l'université  de  Lcyde.  Sa  dis- 
sertation très-estimée  De  continualionibus 
membranarum J paraît  avoir  été  utile  àBi- 
chat.  Bonn  séjourna  quelque  temps  à  Pa- 
ris ,  et  fut  nommé ,  à  son  retour  en  Hol- 
lande ,  professeur  de  chirurgie  et  d'ana- 
tomie.  Il  s'était  lié  avec  le  célèbre  Jac- 
ques Hovius,  qui  fit  don  au  collège  de 
chirurgie  de  sa  collection  d'os  malades. 
Bonn  se  chargea  de  publier  à  ses  frais 
l'ouvrage  qui  a  pour  titre  :  Ihesaurus 
ossium  morbosorum  Hovianus,  dont  il 
n'a  paru  malheureusement  que  trois 
cahiers.  Il  est  mort  en  1818. 

*  BO.MV  AC  (  Jeax-Louis  d'USSON  de) , 
évêque  d'Agen,  né  à  Paris  en  1734,  et  mort 
dans  la  même  ville  le  11  mars  1821 ,  em- 
brassa de  bonne  heure  l'état  ecclésiasti- 
que et  fut  d'abord  grand-vicaire  de  Bourges 
puis  évêque  d'Agen  en  1768.  Il  fut  député 
par  la  sénéchaussée  de  cette  dernière  ville 
aux  états-généraux,  et  fil  encore  partie  de 
l'Assemblée  constituante  où  il  s'opposa 
avec  une  fermeté  inébranlable  au  serment 
du  clergé  à  la  constitution.  «  Messieurs,  dit 
»  à  cette  occasion  ce  prélat  qui  fut  appelé 
»  le  premier,  les  sacrifices  de  la  fortune  me 
»  coûtent  peu  :  mais  il  en  est  un  que  je  ne 
»  saurais  faire ,  celui  de  votre  estime  et  de 
»  ma  foi.  Je  serais  trop  sûr  de  les  perdre 
»  l'un  et  l'autre ,  si  je  prêtais  le  serment 
»  qu'on  exige  de  moi.  »  Forcé  d'émigrer, 
il  séjourna  successivement  en  Suisse  et 
en  Bavière.  Il  rentra  en  France  après  la 
première  restauration,  et  Louis  XVIII 
le  nomma  en  1817 ,  son  premier  aumô- 
nier. On  connaît  de  Bonnac  une  Lettre 
pastorale  du  20  mai  1791 ,  destinée  à  ren- 


dre compte  à  ses  diocésains  de  sa  con- 
duite ,  et  une  ordonnance  du  25  du  mémo 
mois  contre  la  nouvelle  hiérarchie  ecclé- 
siastique ,  qui  s'établissait  en  vertu  des 
décrets  de  l'Assemblée  constituante. 

*BOiMVAIRE  (Jean-Gerard),  maré- 
chal-de-camp ,  né  en  1771 ,  à  Provins 
(  Aisne),  entra  dans  la  carrière  militaire 
en  1792 ,  comme  simple  volontaire ,  et 
parvint  de  grade  en  grade  à  celui  de  gé- 
néral de  brigade  qu'il  obtint  en  1813 , 
dans  la  campagne  d'Espagne.  Il  se  trouva 
ensuite  au  siège  de  Bayonne  où  il  reçut 
une  blessure  grave.  La  croix  de  Saint- 
Louis  lui  fut  accordée  à  la  restauration , 
mais  il  ne  fut  point  employé.  Nommé 
commandant  de  Condé  durant  les  cent 
jours,  Bonnaire  refusa  d'en  ouvrir  les 
portes  aux  Anglais ,  après  la  bataille  de 
Waterloo ,  et  le  colonel  Gordon ,  hollan- 
dais d'origine,  s'étant  présenté  pour  le 
sommer  de  se  rendre ,  les  habitans  exas- 
pérés et  excités ,  dit-on ,  par  le  lieutenant 
Miéton  ,  aide-de-camp  du  général ,  firent 
feu  sur  le  parlementaire.  Traduits  tous 
les  deux  devant  un  conseil  de  guerre, 
Miéton  fut  condamné  à  mort  et  fusillé  le 
30  juin  1816.  Le  général  qu'on  accusait 
d'avoir  donné  ordre  de  tirer  sur  Gordon  , 
fut  condamné  à  la  déportation.  Il  fut  dé- 
gradé sur  la  place  Vendôme  à  Paris,  et 
mourut  peu  de  temps  après  à  l'abbaye. 

BOiXINAL  (  François  de  ),  évoque  de 
Clermont.  Voyez  BONAT. 

*  BONNATERRE  (  l'abbé  P.  J.  ) ,  na- 
turaliste distingué ,  né  à  Saint-Genie-s 
(Aveyron)  vers  l'an  1752,  a  publié  dans 
X Encyclopédie  méthodique  de  1788  à  1792, 
le  Tableau  encyclopédique  et  méthodique 
des  trois  règnes  de  la  nature*  en  plu- 
sieurs vol.  intitulés  Ornithologie  f  Célolo- 
gie,  Erpétologie,  Insectologie ,  etc.  travail 
estimé  qui  sert  de  complément  à  celui  du 
célèbre  Daubenton ,  mais  présenté  d'une 
manière  plus  claire  et  plus  méthodique. 
L'abbé  Bonnaterre  l'orna  de  planches  , 
grand  in-4°,  qui  représentent  avec  exac- 
titude les  plantes  qu'il  décrit.  Use  réfugia 
pendant  l'époque  de  la  terreur  à  Saint- 
Gêniez  où  il  mourut  en  1804.  Il  a  encore 
laissé  une  Notice  historique  sur  le  Sau- 
vage de  l' Aveyron ,  publiée  en  l'an  9, 
plusieurs  mémoires  inédits  sur  Y  Agricul- 
ture ,  sur  la  Botanique  et  Y  Histoire  natu- 
relle /enfin  une  Flore  de  l' Aveyron. 

"  BO\^'AUD  (don  Jean-Baptiste  ) ,  né 
à  Marseille  en  1684 ,  entra  dans  la  con- 
grégation de  l'Oratoire ,  et ,  après  y  avoir 
enseigné  la  rhétorique  quelque  temps, 


BON 


M2 


BON 


entra ,  en  1713 ,  dans  la  congrégation  de 
Sainl-Maur.  Après  avoir  été  supérieur  en 
deux  monastères ,  il  se  consacra  dans  la 
retraite  aux  travaux  historiques,  partage 
ordinaire  de  ces  laborieux  cénobites.  Il 
avait  entrepris  une  édition  de  Pallade; 
il  a  laissé  une  Vie  de  saint  Viclrice , 
évêque  de  Rouen ,  et  d'autres  écrits  restés 
en  manuscrit.  Son  dernier  travail  a  été 
de  continuer  YHistoire  du  diocèse  de 
Rouen,  commencée  par  don  Duplessis, 
qui  n'en  avait  publié  que  l'introduction, 
sous  le  titre  de  Description  géographique 
et  historique  de  la  Haute-Normandie,  Pa- 
ris, 1740,  2  vol.  in-4°.  Don  Bonnaud  s'oc- 
cupa de  cette  histoire  jusqu'à  sa  mort , 
arrivée  à  Saint-Germain-des-Prés ,  le  15 
mai  1758.  Son  travail  a  été  remis  à  don  Le- 
noir ,  qui  préparait  une  Histoire  générale 
de  la  Normandie. 

BOMVAUD  (  Jean-Baptiste  )  ,  après 
avoir  fait  de  bonnes  études ,  entra  dans 
la  société  des  jésuites ,  où  il  resta  jusqu'à 
leur  destruction.  Après  la  mort  de  M.  de 
Montazet ,  archevêque  de  Lyon,  il  devint 
grand-vicaire  de  ce  diocèse  sous  M.  de 
Marbœuf,  son  successeur,  dont  il  eut  toute 
la  confiance.  Il  se  distingua  avant  et  du- 
rant la  révolution  par  plusieurs  bons 
ouvrages ,  dont  un  Discours  sur  l'étal 
civil  des  Prolestans,  1788,  in-8°,  qui 
aurait  sauvé  l'état,  s'il  avait  été  suivi. 
C'est  particulièrement  cet  écrit  qui  anima 
contre  lui  ceux  qui  lui  décernèrent  la 
palme  du  martyre  dans  l'église  des  carmes, 
le  2  septembre  1792.  Son  érudition  vaste 
et  variée  égalait  son  éloquence  et  sa  vi- 
goureuse logique.  C'est  lui  qui  mit  au 
grand  jour  la  fourberie  des  Lettres ,  que 
Caraccioli  fabriqua  sous  le  nom  de  Clé- 
ment XIV.,  dans  son  Tartufe  épistolaire , 
où  il  dévoile  les  petites  vues  d'une  philo- 
sophie hypocrite,  que  le  faussaire  y  avait 
déployées,  tâche  que  le  Père  Richard,  dans 
son  Préservatif  contre  les  Lettres ,  etc., 
et  d'autres  écrivains  avaient  déjà  rem- 
plie, mais  avec  moins  de  développement 
et  d'étendue.  On  lui  doit  aussi  Réclama- 
tion pour  l'église  gallicane  contre  l'in- 
vasion des  biens  ecclésiastiques ,  et  l'abo- 
lition de  la  dîme ,  décrétées  par  l'Assem- 
blée prétendue  nationale,  Paris,  1792, 
in-8°,  ouvrage  savant;  et  Hérodote,  his- 
torien du  peuple  Hébreu  sans  le  savoir, 
Liège ,  1790 ,  in-12 ,  espèce  de  supplément 
à  l'ouvrage  de  M.  Guérin  du  Bocher  ,  et 
rédigé  sur  quelques  papiers  de  celui-ci. 
Il  y  a  des  points  de  vue  parfaitement  di- 
gnes de  V  Histoire  des  temps  fabuleux.  | 


Voyez  le  Journ.  hisl.  et  lia.  1er  déc.  1790, 
pag.  538,  et   l'art.  GUERIN. 

*  BOIVNAY  (  Cuarles-François  ,  mar- 
quis de  ) ,  pair  de  France,  d'une  ancienne 
famille  du  Nivernais ,  né  le  22  juin  1750 , 
était  lieutenant  des  gardes  du  corps  du 
roi  en  1789 ,  et  fut  nommé  député  sup- 
pléant de  la  noblesse  aux  états-généraux 
où  il  remplaça  M.  de  Damas,  démission- 
naire. II  en  fut  élu  deux  fois  président  et 
défendit  les  ministres,  particulièrement 
M.  de  Montmorin,  accusés  d'avoir  au- 
torisé le  passage  des  troupes  autri- 
chiennes sur  le  territoire  français.  Le  14 
juillet  1790  ,  il  prêta  le  premier  ,  comme 
président,  le  serment  civique,  à  la  céré- 
monie de  la  fédération  du  Champ-de-Mars. 
Le  marquis  de  Bonnay  défendit  avec  cha- 
leur les  gardes  du  corps  ses  camarades  ac- 
cusés par  de  Chabroud  d'avoir  provoqué 
les  malheurs  des  5  et  6  octobre  1789 ,  et  les 
défendit  de  nouveau  le  23  juin  1791,  après 
le  départ  du  roi  ;  ce  qui  le  fit  accuser  par  le 
comité  des  recherches  d'avoir  eu  connais- 
sance de  cette  fuite.  Il  parvint  à  se  justifier 
et  termina  son  discours  par  ces  paroles 
pleines  de  noblesse.  «  Si  le  roi  m'avait  de- 
»  mandé  mon  a  vis,  je  ne  lui  aurais  pascon- 
»  seillé  ce  départ;  mais  s'il  m'avait  choisi 
»  pour  le  suivre,  je  répète  que  je  serais  mort 
»  à  ses  côtés,  et  que  je  me  glorifierais  d'une 
»  telle  mort.  »  Lorsque  le  pouvoir  exécu- 
tif se  trouva  suspendu  entre  les  mains 
du  roi ,  M.  de  Bonnay  écrivit  que  ses 
principes  lui  faisaient  une  loi  de  s'abstenir 
de  prendre  part  aux  délibérations  de  l'as- 
semblée ,  et  il  n'y  reparut  plus.  Il  alla  re- 
joindre les  princes  frères  du  roi ,  et  fit 
sous  leurs  ordres  la  campagne  de  1792. 
A  celte  époque  le  ministre  Boland  écrivit 
au  comité  de  sûreté  générale  que  les  com- 
missaires chargés  de  se  transporter  chez 
Bonnay ,  émigré,  pour  examiner  ses  pa- 
piers ,  lui  avaient  adressé  des  paquets  sur 
lesquels  étaient  écrits  ces  mots  :  «  Pour 
»  être  brûlés  après  sa  mort ,  sans  qu'il  en 
»  reste  de  vestiges ,  je  le  demande  par  le 
»  respect  dû  aux  morts.  »  Merlin  de  Douai 
sollicita  inutilement  pour  que  l'intention 
de  M.  de  Bonnay  fût  respectée  ;  les  pa- 
piers furent  envoyés  au  comité  ,  et  Ma- 
nuel vint  assurer  qu'il  ne  s'y  trouvait  que 
des  choses  entièrement  opposées  à  la  po- 
litique. Quand  Monsieur  prit  le  titre  de 
roi ,  M.  de  Bonnay  fut  appelé  auprès  de 
lui ,  et  il  l'accompagna  à  Varsovie ,  où  il 
fut  le  ministre  intime  de  sa  majesté.  Au 
moment  de  la  restauration  il  fut  nommé 
plénipotentiaire  de  France  à  Copenhague 


BOTV 


413 


BON 


et  il  fut  élevé  à  la  pairie  le  19  août  1813. 
L'année  suivante  il  fut  accrédité  auprès 
de  la  cour  de  Berlin;  sa  santé  l'obligea 
bientôt  de  revenir  à  Faris  où  il  fut  revêtu 
du  titre  de  ministre  d'état  et  de  membre 
du  conseil  privé  ;  enfin  en  1821  on  lui 
donna  le  gouvernement  du  château  royal 
de  Fontainebleau.  Il  est  mort  le  25  mars 
1825  après  avoir  reçu  les  sacremens  de 
l'Eglise ,  dont  il  avait  toujours  honoré  la 
croyance.  On  a  de  lui  la  Prise  des  An- 
nonciades,  petit  poème  burlesque  qui  eut 
du  succès ,  dans  lequel  il  tournait  en  ridi- 
cule Charles  Lameth  et  Pétion.  Ce  poème, 
rempli  d'une  plaisanterie  spirituelle,  fut 
composé  à  l'occasion  des  recherches  or- 
données dans  le  couvent  des  Annonciades 
pour  s'assurer  que  l'ex-chancelier  Baren- 
tin  n'était  pas  caché  chez  sa  sœur ,  ab- 
besse  de  ce  couvent. 

BONNE,  paysanne  de  la  Valteline ,  pais- 
sait ses  brebis  ,  lorsqu'elle  fut  rencontrée 
par  Pierre  Brunoro,  illustre  guerrier 
parmesan.  Cet  officier  ayant  remarqué  de 
la  vivacité  et  de  la  fierté  dans  cette  jeune 
fille,  la  prit,  l'emmena  avec  lui,  la  fit 
habiller  en  homme,  pour  monter  à  cheval 
et  l'accompagner  à  la  chasse;  et  Bonne 
s'acquitta  admirablement  de  cet  exercice. 
Elle  était  avec  Brunoro,  lorsqu'il  prit  le 
parti  du  comte  François  Sforce,  contre 
Alfonse  ,  roi  de  Naples  ;  et  elle  le  suivit , 
quand  il  rentra  au  service  du  roi  Alfonse, 
son  premier  mailre.  Elle  sut  aussi  lui  mé- 
nager auprès  du  sénat  de  Venise,  la  con- 
duite des  troupes  de  cette  république , 
avec  20,000  ducats  d'appointemens.  Bru- 
noro, touché  tle  tant  de  services  ,  épousa 
sa  bienfaitrice.  Bonne,  après  son  mariage 
fit  de  plus  en  plus  paraitre  la  grandeur 
de  son  courage.  Celte  héroïne  se  signala 
surtout  dans  la  guerre  des  Vénitiens , 
contre  François  Sforce  duc  de  Milan.  Elle 
força  les  ennemis  de  rendre  le  château  de 
Pavano  ,  près  de  Bresse  ,  après  y  avoir 
fait  donner  un  assaut,  dans  lequel  elle 
parut  en  tète,  les  armes  à  la  main.  Le 
sénat  de  Venise ,  plein  de  confiance  pour 
les  qualités  guerrières  des  deux  époux , 
les  envoya  à  la  défense  de  Négrepont 
contre  les  Turcs.  Ils  défendirent  si  vigou- 
reusement cette  ile  ,  que  pendant  tout  le 
temps  qu'ils  y  demeurèrent ,  les  Turcs 
ne  purent  la  subjuguer.  Brunoro  mourut 
à  Négrepont ,  où  il  fut  enterré  fort  hono- 
rablement. Bonne  s'en  revenant  à  Venise 
mourut  en  chemin  l'an  1466 ,  dans  une 
ville  de  la  Morée ,  laissant  deux  enfans  de 
son  mariage. 


*  BONNE  (  Bigobert  ),  mathématicien, 
ingénieur-hydrographe  de  la  marine ,  né 
en  1727 ,  près  de  Sedan ,  mort  à  Paris  le 
2  décembre  1794,  a  publié  un  grand 
nombre  d'atlas  et  de  caries  géographiques. 
Ses  principaux  ouvrages  sont:  |  Atlas 
encyclopédique,  2  vol.  in-4° ,  pour  l'En- 
cyclopédie méthodique  ;  |  Allas  pour  la 
Géographie  de  l'abbé  Grenet;  |  Neptune 
Américo-seplentrional ;  en  18  cartes  ,  son 
meilleur  ouvrage. 

*  BONNE  AU  (  Jean-Yves-Alexandre), 
né  à  Montpellier  en  1739 ,  était  consul-gé- 
néral de  France  en  Pologne,  au  moment 
des  troubles  qui  amenèrent  la  perte  de  ce 
royaume.  L'ambassadeur  français  en 
quittant  Varsovie,  confia  les  papiers  de  la 
légation  à  Bonneau.  Quand  les  Busses  en- 
trèrent dans  cette  capitale,  ils  l'arrêtèrent 
par  ordre  de  Catherine  II ,  qui  l'accusait 
d'avoir  encouragé  la  résistance  des  Polo- 
nais ,  et  qui  le  fit  jeter  dans  une  étroite 
prison  à  Saint-Pétersbourg,  dans  laquelle 
il  languit  pendant  quatre  ans,  jusqu'à  l'a- 
vénement  au  trône  de  Paul  Ier ,  qui  brisa 
ses  fers.  Durant  sa  longue  détention  sa 
femme  et  sa  fille  étaient  mortes  de  cha- 
grin :  il  les  suivit  dans  la  tombe  peu  de 
temps  après  son  retour  à  Paris ,  dans  le 
mois  de  mars  1805 ,  à  l'âge  de  66  ans. 

BONNEAU.  Voyez  MIBAMION. 

BONNECORSE  (  Balthasar  de  )  poète 
français  et  latin ,  de  Marseille ,  consul  de 
la  nation  française  au  Grand-Caire  et  à 
Seïde  en  Phénicie ,  mourut  en  1706.  On 
a  de  lui  des  poésies  ,  Leyde  ,  1716,  in-12. 
Boileau  plaça  un  de  ses  ouvrages,  mêlé 
de  prose  et  de  vers  (  la  Montre  d'Amour  ), 
dans  son  Lutrin ,  parmi  les  livres  mépri- 
sables. Bonnecorse  s'en  vengea  par  un 
poème  en  dix  chants ,  intitulé  Le  Lutri- 
got,  parodie  plate  du  Lutrin. 

*  BONNEFOI  (  Jean-Baptiste  ) ,  chi- 
rurgien de  Lyon ,  né  en  1756  et  mort  en 
1790 ,  composa  une  thèse  sur  l'influence 
des  passions  de  l'âme  dans  les  maladies 
chirurgicales.  L'académie  de  Lyon  cou- 
ronna son  mémoire  intitulé  :  De  l'appli- 
cation de  l'électricité  à  l'art  de  guérir. 
Ces  deux  ouvrages,  furent  suivis  d'une 
Analyse  raisonneé  du  rapport  des  com- 
missaires sur  le  magnétisme  animal, 
1784,  in-8°. 

BONNEFONS  (  Jean  ),  poète  latin  ,  na- 
quit en  1554  à  Clermont,  en  Auvergne, 
et  exerça  la  charge  de  lieutenant-généraj 
de  Bar-sur-Seine.  Sa  Pancharis  et  ses  vers 
phaleuques ,  dans  le  goûf  de  Catulle ,  sont 
peut-être  de  tous  les  ouvrages  modernes 


BON 


Uh 


BON 


«eux  qui  approchent  le  plus  du  pinceau 
'facile  de  cet  ancien.  La  Bergerie  et  Du- 
rant ont  traduit  la  Pancharis  en  vers  fran- 
çais ,  fort  inférieurs  aux  vers  latins.  Les 
Poésies  de  Bonnefons  sont  à  la  suite  de 
celle  de  Bèze,  dans  l'édition  de  cet  auteur 
donnée  à  Paris  par  Barbou,  1757,  in-12. 
On  en  a  aussi  une  édition  de  Londres , 
4720  et  1727,  in-12.  Bonnefons  mourut  en 
4614,  laissant  un  fils  qui  cultiva  aussi 
avec  succès  la  poésie  latine. 

BONNEFONS  (  Amable  ) ,  jésuite ,  natif 
de  Biom,  est  auteur  de  plusieurs  livres 
de  piété,  qui  eurent  cours  dans  leur  temps  ; 
les  principaux  sont  :  |  Vannée  chrétienne, 
2  vol.  in-12.  |  La  vie  des  saints,  2  vol. 
in-8°.  Son  style  est  lâche  et  incorrect.  Il 
mourut  à  Paris  en  1653. 

•BONNEFONS  (  don  Elie-  Bekoit), 
bénédictin  de  la  congrégation  de  Saint- 
Maur ,  né  en  1622 ,  mort  à  Saint-Vandrille 
en  1702 ,  a  laissé  deux  ouvrages  estimés  : 
|  Histoire  civile  et  ecclésiastique  de  la  ville 
de  Corbie,  2  gros  volumes  in-fol. ,  |  Vies 
des  saints  religieux  de  l'abbaye  de  Fon- 
lenelle ,  5  vol.  in-4°. 

*  BONNEFOTJS  (  l'abbé  Pierre  ) ,  an- 
cien supérieur-général  de  la  congrégation 
des  prêtres  de  la  doctrine  chrétienne ,  et 
administrateur  des  établissemens  de  bien- 
faisance de  la  ville  de  Paris.  Il  se  distin- 
gua par  de  rares  talens  pour  l'instruction 
publique  et  par  la  fondation  de  beaucoup 
de  nouveaux  établissemens  de  son  ordre. 
Obligé  de  se  cacher  dans  les  momens  les 
plus  orageux  de  notre  révolution ,  il  fut 
sur  le  point  de  manquer  du  nécessaire; 
mais  l'abbé  Sicard  le  reçut  dans  son  in- 
stitution des  sourds-muets  ,  et  l'associa  à 
ses  travaux.  Il  est  mort  en  1805. 

*  BONNEFOY  (  François-Lambert  de  ), 
ancien  grand-vicaire  et  officiai  d'Angou- 
lème.,  naquit  dans  le  diocèse  de  Vaison  , 
en  1749,  et  se  fit  connaître  d'abord  par 
son  Eloge  historique  du  Dauphin ,  Paris , 
4780.  En  1784  ,  il  publia  un  ouvrage  in- 
titulé :  De  l'Etat  religieux ,  son  esprit, 
son  établissement  et  ses  progrès  ;  services 
qu'il  a  rendus  à  l'Eglise  *  in-12 ,  fait  en 
société  avec  Bernard.  Bonnefoy  refusa 
de  prêter  serment  à  la  constitution  civile 
du  clergé  et  se  retira  en  Allemagne.  A 
son  retour  en  France,  il  n'accepta  aucune 
place ,  et  il  se  disposait  à  publier  un  ou- 
vrage sur  la  révolution ,  lorsque  la  mort 
l'enleva  le  44  janvier  1850. 

*  BONNEFOY  de  BONYON  (  l'abbé  de), 
chanoine  député  aux  états  généraux,  périt 
dans  la  journée  du  10  août  avec  Suleau 


qui  faisait  partie  comme  lui  d'une  pa- 
trouille de  royalistes.  Il  était  âgé  d'environ 
trente  ans ,  et  avait  publié  avant  la  révo- 
lution des  pamphlets  et  des  pièces  de 
théâtre  satiriques ,  aujourd'hui  complète- 
ment oubliés.  S'il  en  faut  croire  quelques 
biographes,  sa  conduite  était  loin  d'être 
en  rapport  avec  son  état. 

*  BONNEGARDE  (  l'abbé  ),  mort  au 
commencement  du  19e  siècle ,  a  laissé  : 
Dictionnaire  historique  et  critique,  ou 
Recherches  sur  la  vie,  les  mœurs  et  les 
opinions  de  plusieurs  hommes  célèbres  , 
tirées  en  partie  de  Bayle  et  de  Chaufepié, 
LyonJ  1771 ,  4  vol.  in-8°.  Les  articles  sont 
souvent  fort  étendus  ,  les  4  volumes  ne 
contiennent  guère  que  550  personnages. 
L'auteur  y  a  fait  entrer  des  anecdotes  el 
quelquefois  des  réflexions  sur  les  actions, 
les  ouvrages  des  auteurs,  mais  il  y  a  mi-s 
peu  de  renseignemens  bibliographiques. 
Il  a  aussi  corrigé  le  style  pour  le  rendre 
plus  pur  ou  plus  orthodoxe  ;  cependant 
l'ouvrage  n'a  pas  été  goûté ,  et  il  a  eu  peu 
de  succès  ,  vraisemblablement  parce  que 
dans  un  dictionnaire  historique  on  aime 
à  trouver  tous  les  personnages  qui  ont 
quelque  réputation  ,  et  celui-ci  n'en  ren- 
ferme qu'un  très-petit  nombre  ;  en  sorte 
qu'il  ne  peut  servir  que  de  supplément 
aux  différens  dictionnaires  historiques, 
comme  l'auteur  l'annonce  lui-même. 

*  BONNET  (  Jacques  ),  payeur  des 
gages  du  parlement ,  né  à  Paris  vers  1644, 
y  mourut  en  1724.  Ha  laissé  :  |  une  Histoire 
de  la  musique  et  de  ses  effets,  2  vol.  in- 
12,  livre  superficiel,  éclipsé  depuis  par 
celui  de  Blainville  et  de  Kalkbrenner. 
|  Une  Histoire  générale  de  la  danse  sa- 
crée et  profane,  surpassée  aussi  parles 
ouvrages  de  Cahusac  et  de  l'abbé  Dubos. 

*  BONNET  (  Charles),  naturaliste  cé- 
lèbre, né  à  Genève,  le  13  mars  1720, 
d'une  famille  française  qui  vint  s'y  établir 
en  1572,  et  distinguée  par  les  places  qu'elle 
avait  remplies  dans  cette  république,  fui 
d'abord  destiné  par  ses  parens  à  la  juris- 
prudence. Mais  la  lecture  du  Spectacle 
de  la  nature  de  Pluche ,  et  celle  des  ou- 
vrages de  Réaumur ,  lui  révélèrent  sa  vé- 
ritable vocation  et  lui  inspirèrent  une 
ardeur  invincible  pour  l'histoire  naturelle. 
A  peine  âgé  de  vingt  ans,  il  avait  fait  avec 
une  patience  et  une  sagacité  admirables , 
de  curieuses  découvertes  sur  les  puce- 
rons. Il  les  communiqua  à  Réaumur ,  et 
des  relations  s'établirent  dès  cette  époque 
entre  l'illustre  académicien  et  le  jeune 
Bonnet.  Abraham  Trembley,  son  compa- 


BON 


Mo 


im\ 


triote,  ayant  fait  à  peu  près  vers  le  même 
temps  (  en  1741,  )  l'étonnante  découverte 
de  la  reproduction  à  l'infini  du  polype  par 
incision  ,  Bonnet  entreprit  à  ce  sujet  une 
série  d'expériences  sur  un  très -grand 
nombre  de  vers  et  d'insectes ,  et  reconnut 
que  plusieurs  de  ces  animaux  partagent 
avec  le  polype  cette  propriété  merveil- 
leuse. Toutes  ces  expériences  furent  con- 
signées dans  son  Traité  d'insectotogie ,  ou 
Observations  sur  les  pucerons  et  sur  quel- 
ques espèces  de  vers  d'eau  douce,  qui, 
coupés  par  morceaux ,  redeviennent  au- 
tant d'animaux  complets ,  2  parties  in-8°, 
Paris,  1715.  Bonnet  ayant  eu  connais- 
sance en  1746  des  ingénieuses  expériences 
Bur  la  végétation  ,  faites  par  Gleditsch  à 
Berlin  ,  passa  plusieurs  années  à  en  faire 
de  nouvelles ,  étudia  avec  soin  l'action  de 
la  lumière ,  de  l'air,  de  l'eau  sur  les  plantes, 
et  démontra  que  dans  une  foule  de  cir- 
constances, celles-ci  paraissaient  agir  pour 
leur  conservation  avec  sensibilité  et  dis- 
cernement. Il  publia  le  résultat  de  ses  ob- 
servations dans  un  ouvrage  ayant  pour 
titre:  Recherches  sur  Vusage des  Feuilles 
dans  les  plantes ,  et  sur  quelques  autres 
objets  relatifs  à  la  végétation ,  Gottingue 
et  Leyde,  1751,  in-/*0.  L'excès  du  travail 
et  l'usage  du  microscope  ayant  affaibli  sa 
vue ,  Bonnet  changea  alors  la  direction 
de  ses  études  et  entra  dans  le  champ  de 
la  philosophie  générale.  Son  ouvrage  in- 
titulé :  Considérations  sur  les  corps  or- 
ganisés, qui  parut  à  Amsterdam  ,  1762  et 
1768,  en  2  volumes  in-8°,  fut  consacré  à 
défendre  le  système  de  la  préexistence 
des  germes ,  qu'appuyaient  fortement  les 
observations  de  Haller  et  de  Spallanzani. 
Il  donna  ensuite  sa  Contemplation  de  la 
Nature ,  Amsterdam  ,  1761  et  1765,  2  vol. 
in-8°,  où  il  développe  ce  principe  de 
Leibnitz  que  la  nature  ne  fait  rien  par  saut, 
non-seulement  en  l'appliquant ,  comme 
l'avait  fait  ce  philosophe  ,  à  l'enchaîne- 
ment des  causes  et  des  effets ,  mais  en 
l'étendant  à  l'universalité  des  êtres  dont 
il  cherche  à  former  une  échelle  immense 
où  l'on  remonterait  de  l'être  le  plus  sim- 
ple jusqu'au  plus  parfait.  Son  Essai  de 
Psychologie  ou  Considérations  sur  les 
opérations  de  l'âme,  et  sur  l'éducation, 
auxquelles  on  a  joint  des  principes  physi- 
ques sur  la  Cause  première  et  sur  son 
effet ,  fut  publié  à  Londres  ,  1754  ,  in-12. 
/  L'auteur  fit  ensuite  paraître  Y  Essai  ana- 
lytique sur  les  facultés  de  l'âme ,  Copen- 
hague, 1760,  in-4°,  et  1769,  in-8°.  On  trouve 
dans  ces  deux  ouvrages  des  opinions  qui 


touchent  au  matérialisme  et  au  fatalisme, 
et  dont  on  pourrait  extraire  des  consé* 
quences  que  Bonnet,  qui  se  montra  tou- 
jours très  religieux,  n'aurait  pas  voulu 
admettre.  Après  avoir  appelé  l'histoire 
naturelle  au  secours  de  la  métaphysique  , 
Bonnet  donna  sa  Palingénésie  philosophi- 
que ,  ou  Idées  sur  l'état  passé  et  sur  l'état 
futur  des  êtres  vivons  ,  Genève ,  1769  et 
1770,  in-8°,  dont  le  but  est  de  prouver 
que  les  maux  de  ce  monde  et  l'irrégularité 
de  leur  distribution  rendent  nécessaire 
un  complément  qu'on  ne  peut  espérer  que 
dans  une  vie  meilleure ,  à  laquelle  il  fait 
participer  tous  les  êtres  sans  exception 
qui  souffrent  dans  celle-ci.  Chacun  d'eux 
montera  dans  l'échelle  de  l'intelligen- 
ce ,  et  pour  l'homme ,  le  bonheur  sera 
de  connaître.  Il  conclut  aussi  à  la  néces- 
sité d'une  révélation ,  comme  motif  der- 
nier et  péremptoire ,  et  il  détermine  en- 
suite sans  peine  dans  laquelle  des  révé- 
lations existantes  se  trouve  la  vérité. 
Cette  production  fut  suivie  des  Recher- 
ches philosophiques  sur  les  preuves  du 
Christianisme,  Genève,  1770  et  1771 ,  in- 
8°.  La  plupart  des  écrits  que  nous  avons 
cités  ont  été  traduits  en  anglais,  en  hollan- 
dais ,  et  dans  d'autres  langues.  Les  idées  de 
Bonnet  étaient  liées  à  un  vaste  système, 
dont  tous  ses  ouvrages  ne  sont  que  les 
différentes  parties.Ce philosophe  savant  et 
religieux  passa  paisiblement  sa  vie  dans 
l'aisance  ;  et  ce  qui  est  assez  remarquable 
chez  un  naturaliste ,  il  ne  sortit  jamais  de 
sa  patrie.  Il  allait  quelquefois  à  Genève 
assister  aux  assemblées  du  grand  conseil 
dont  il  avait  été  élu  membre  en  1752.  Le 
plus  long  voyage  qu'il  eût  entrepris  ,  fut 
d'aller  de  sa  solitude  de  Genthod ,  située 
sur  les  bords  du  lac  de  Genève ,  à  Roche 
dans  le  canton  de  Berne,  pour  rendre  une 
visite  à  Haller,  son  ami.  Il  était  marié, 
mais  il  ne  laissa  point  d'enfans.  Il  mourut 
le  20  mai  1793  ,  à  l'âge  de  73  ans.  Horace 
Bénédict  de  Saussure  prononça  son  éloge 
sur  son  cercueil  ;  de  Pouilly  publia  son 
éloge  historique ,  et  Jean  Trembley  un 
Mémoire  pour  servir  à  l'histoire  de  sa  vie 
et  de  ses  ouvrages ,  Berne ,  1794  ,  in-8°. 
Le  botaniste  Walh  lui  a  consacré  un  genre 
de  plantes  sous  le  nom  de  Bonnetia.  Les 
œuvres  de  Ch.  Bonnet  ont  été  rassemblées 
et  imprimées  à  Neuchâtel  sous  ce  titre  : 
OEuvres  d'Histoire  naturelle  et  de  Philo- 
sophie, 1779,  8  volumes  in-4°,  et  18  vol. 
in-8° ,  avec  figures. 

*  BONNET  (  Augustin  ) ,  né  en  1780  et 
mort  à  Rouen  le  19  avril  1825,  a  laissé  : 


BOIV  4i6 

Manuel  du  capitaliste ,  ou  Tableaux  en 
forme  de  comptes  faits  pour  le  calculdes 
intérêts  de  l'argent  à  tous  les  taux  ,  1815 , 
in-8°  ;  |  Manuel  monétaire  et  d'orfèvre- 
rie, 1817,in-4°. 

BONNET.  Foyez  BONET. 

BONNEVAL  (  Claude  -  Alexandbe  , 
comte  de),  né  en  1675  d'une  ancienne  fa- 
mille de  Limousin ,  porta  les  armes  de 
bonne  heure ,  se  distingua  d'abord  aux 
combats  de  Dieppe,  de  la  Hogue,  de  Ca- 
dix ,  sous  Tourville ,  et  servit  avec  distinc- 
tion en  Italie  sous  Catinat  et  Vendôme.  Il 
serait  parvenu  aux  premiers  grades  mili- 
taires ,  si  quelques  mécontentemens  ne 
l'avaient  engagé  à  quitter  sa  patrie  en 
1706,  pour  se  mettre  au  service  de  l'em- 
pereur. Le  ministre  Chamillard  le  fit  con- 
damner à  avoir  la  tête  tranchée  le  24  jan- 
vier 1707.  L'empereur  ayant  déclaré  en 
1716  la  guerre  au  Grand -Seigneur,  le 
comte  de  Bonneval  partagea  les  succès 
qu'eut  le  prince  Eugène  contre  les  Turcs. 
Il  donna  des  preuves  de  valeur  à  la  ba- 
taille de  Péterwaradin.  Il  était  alors  ma- 
jor-général de  l'armée.  N'ayant  autour  de 
lui  qu'environ  200  hommes  de  son  régi- 
ment ,  il  se  trouva  enveloppé  par  un  corps 
nombreux  de  janissaires ,  contre  lesquels 
il  se  battit  avec  la  plus  étonnante  intrépi- 
dité. Enfin,  renversé  de  son  cheval  et 
blessé  d'un  coup  de  lance,  il  est  foulé 
aux  pieds  des  chevaux.  Ses  soldats  à  l'in- 
stant lui  font  un  rempart  de  leurs  corps , 
écartent  les  plus  audacieux ,  et  font  fuir 
les  autres.  Presque  tous  y  périssent.  Dix 


seulement,  échappés  à  la  mort,  enlèvent 
leur  général  et  le  portent  en  triomphe  à 
l'armée  victorieuse.  Il  fut  fait  lieulenant- 
feld  -  maréchal.  En  1720 ,  ayant  tenu 
des  discours  peu  mesurés  sur  le  prince 
Eugène  et  sur  la  marquise  de  Prie,  épouse 
du  commandant-général  des  Pays-Bas ,  il 
perdit  tous  ses  emplois,  et  fut  condamné 
à  un  an  de  prison.  Dès  qu'il  eut  été  mis 
en  liberté ,  il  passa  en  Turquie  .  dans  l'es- 
pérance de  se  venger  un  jour  de  la  maison 
d'Autriche,  1720.  Il  se  fit  musulman,  et  fut 
créé  bâcha  à  trois  queues  de  Romélie ,  gé- 
néral d'artillerie,  et  enfin  topigi-bachi.  Il 
mourut  en  1747,  à  75  ans,  haï  et  méprisé, 
malgré  ses  dignités,  des  partisans  de  la 
secte  qu'il  avait  embrassée.  Dans  la  guerre 
de  1737,  il  ne  put  jamais  parvenir  à  avoir 
un  commandement  ;  la  défiance  ottomane 
le  tint  toujours  à  des  grades  subalternes  ; 
il  s'en  plaint  amèrement  dans  les  Mémoires 
qu'on  lui  attribue.  Il  laissa  un  fils  d'une  de 
ses  femmes  turques,  appelé  d'abord  le 


BOIV 

comte  de  la  Tour,  et  depuis  Soliman ,  qui 
lui  succéda  dans  la  place  de  topigi-bachi. 
Le  comte  de  Bonneval  avait  du  génie  ,  de 
l'intelligence  et  du  courage;  mais  il  était 
satirique  dans  ses  propos ,  bizarre  dans  sa 
conduite  et  singulier  dans  ses  goûts.  Sa 
vie  fut  un  enchaînement  de  circonstances 
extraordinaires.  Proscrit  en  France,  il  no 
laissa  pas  de  venir  se  marier  publique- 
ment à  Paris.  Quoiqu'il  se  fût  fait  musul- 
man ,  il  ne  tenait  pas  plus  au  mahométisme 
qu'au  christianisme.  Il  disait  qu'il  n'avait 
fait  que  changer  son  bonnet  de  nuit  pour 
un  turban.  Sa  femme ,  de  la  maison  de 
Biron ,  est  morte  en  France  en  1741 ,  sans 
enfans.  On  a  publié  de  prétendus  Mé- 
moires du  comte  de  Bonneval,  Londres 
(Lausanne),  1740-1755,  5  vol.  in-12. 

BONNEVAL  (René  de),  né  au  Mans, 
mort  au  mois  de  janvier  1660 ,  est  dans  la 
liste  des  écrivains  subalternes  et  des  poè- 
tes médiocres.  On  a  de  lui  plusieurs  ou- 
vrages en  vers  et  en  prose  :  |  Momus  au 
cercle  des  dieux;  \  Réponse  aux  para- 
doxes de  l'abbé  des  Fontaines  ;  |  Critique 
du  poème  de  laHenriade;  \  Critique  des 
Lettres  philosophiques  ;  \  Elèmens  d'édu- 
cation; |  Progrès  de  l'éducation,  etc. 

*  BONNEVAL  (Sixte-Louis-Constance 
RUFFO  de),  né  à  Aix  en  Provence, 
en  1742,  d'une  famille  noble,  originaire 
de  Calabre ,  fut  nommé  dès  l'âge  de  dix- 
sept  ans  chanoine  de  Notre-Dame  à  Paris , 
et  devint,  après  avoir  terminé  ses  études, 
grand-vicaire  de  Mâcon.  Il  fut  député  aux 
assemblées  du  clergé  en  1765  et  1775.  M.  de 
Beauvais  ayant  donné,  en  1784,  sa  dé- 
mission de  l'évêché  de  Sénez, ,  on  l'offrit 
à  Bonneval,  qui  le  refusa  à  cause  du  dé- 
labrement de  sa  santé  ou  plutôt  par  mo- 
destie. En  1788,  Bonneval  fut  nommé  à 
l'abbaye  d'Honnecourt ,  dans  le  diocèse  de 
Cambrai,  et,  l'année  suivante,  il  fut  dé- 
puté aux  états  généraux  par  le  clergé  de 
Paris  ;  il  siégea  au  côté  droit  de  l'assem- 
blée. Le  14  décembre  1789 ,  il  demanda 
le  rappel  à  l'ordre  de  Robespierre  qui  ac- 
cusait des  officiers  détenus  à  la  suite  des 
troubles  qui  avaient  eu  lieu  à  Toulon.  Il 
signa  les  différentes  protestations  du  clergé 
ainsi  que  celles  du  côté  droit ,  et  fut  char- 
gé par  le  chapitre  de  Paris,  le  12  avril 
1790 ,  de  présenter  ses  réclamations  par- 
ticulières. Il  publia  quelques  écrits  contre 
les  mesures  prises  par  l'assemblée  :  une 
Opinion ,  du  22  février  1790  ,  pour  le  ré- 
tablissement de  l'ordre  public  ;  une  autre, 
du  14  avril  suivant,  contre  le  décret  sur 
les  dîmes  proposé  par  un  comité ,  etc.  Le 


BON  41 

27  septembre  de  la  même  année  ,  il  fit  im- 
primer une  Protestation  par  laquelle  il 
déclarait  ne  pouvoir  plus  siéger  dans  l'as- 
semblée ,  parce  qu'elle  usurpait  une.  au- 
torité injuste  sur  les  matières  religieuses 
et  politiques  ;  il  rendit  en  même  temps 
compte  de  sa  conduite  dans  trois  lettres  à 
ses  commettans.  Le  1er  mai  1791 ,  il  fit  pa- 
raître un  nouvel  écrit  intitulé  :  |  Remon- 
trances au  roi  par  les  bons  Français  J  à 
l'occasion  de  la  lettre  de  M.  de  Montmorin 
aux  ambassadeurs  français  près  les 
cours  étrangères.  Bonneval  donna  en- 
suite successivement:  |  Doléances  au  roi; 
|  Avis  aux  puissances  de  l'Europe ,  1792; 
|  Réflexions  d'un  ami  des  gouvernemens 
et  de  l'obéissance,  1793  ;  |  Le  cri  de  l'évi- 
dence et  de  la  douleur,  1794  ;  |  Lettre  à 
MalletDupan.  Ces  différentes  productions 
l'exposèrent  aux  persécutions  qui  avaient 
été  déjà  dirigées  contre  sa  famille.  Il  passa 
en  Allemagne ,  où  il  présenta  une  Requête 
à  l'empereur  d'Autriche,  puis  à  Napîes  et 
à  Rome.  Bonneval  se  trouvait  à  Rome  à 
l'époque  de  la  mort  du  cardinal  de  Bernis 
(1794),  et  traça  un  Précis  historique  de 
la  vie  de  ce  prélat ,  qu'il  présenta  au  sou- 
verain pontife.  Il  revint  ensuite  se  fixer  à 
Vienne ,  où  il  fut  nommé ,  en  1808 ,  cha- 
noine de  la  métropole  de  Saint-Etienne. 
Il  est  mort  dans  cette  ville ,  le  1er  mars 

1820  ,  laissant   la   rppntatîon  d'un   hnmmo 

intègre  et  courageux.  Plusieurs  des  écrits 
de  Bonneval  ont  été  insérés  dans  les  Mé- 
moires pour  servir  à  l'histoire  de  la  per- 
sécution s  recueillis  par  l'abbé  d'Auri- 
beau. 

*  BONNIER  D'ARCO  (Ange-Elizabetii- 
Louis- Antoine),  né  à  Montpellier  en 
1750  ,  était  président  à  la  chambre  des 
comptes  de  Montpellier,  lors  de  la  révolu- 
tion, et  fut  nommé  successivement  député, 
du  déparlement  de  l'Hérault ,  à  l'Assem- 
blée législative  et  à  la  Convention.  Em- 
ployé par  le  Directoire,  dans  la  diplomat  ie, 
il  assista ,  en  septembre  1797 ,  aux  confé- 
rences tenues  sans  succès  à  Lille ,  avec 
lord  Malmesbury.  Au  mois  de  novembre 
suivant,  il  passa  au  congrès  de  Basladt , 
d'abord  avec  Roberjot  et  Treilhard  ,  mais 
ce  dernier  ayant  été  élu  directeur  au 
mois  de  mai  suivant ,  M.  Jean  de  Bry  lui 
succéda,  et  Bonnier  se  trouva  à  la  tête  de 
l'ambassade.  Lorsque  le  ministre  autri- 
chien à  Rastadt  reçut  ordre  de  rompre  les 
négociations ,  Bonnier  déclara  qu'il  ne 
quitterait  point  cette  ville  à  moins  qu'on 
ne  l'y  forçât ,  ou  que  son  gouvernement 
ne  le  rappelât.  Cependant ,  lorsqu'il  vit 


7  BON 

que  les  troupes  ennemies  occupaient  Ras- 
tadt et  les  environs ,  il  partit  avec  ses  col- 
lègues pour  Strasbourg.  Sur  la  route ,  des 
hommes  armés  ,  portant  l'uniforme  de 
hussards  autrichiens  de  Szeckler,  atta- 
quèrent les  voitures,  le  9  floréal  an  7  (28 
avril  1799).  Bonnier  et  Roberjot  furent 
tués.  M.  Jean  de  Bry  ne  reçut  que  quel- 
ques blessures,  et  parvint  à  s'échapper. 
Les  papiers  de  la  légation  furent  pillés.  Le 
gouvernement  français  institua  une  fête 
funéraire  pour  la  commémoration  de  ce 
tragique  événement  ;  Garât  prononça  l'o- 
raison funèbre  des  ministres  assassinés , 
et  on  décréta  que ,  pendant  deux  années  , 
la  place  de  Bonnier,  au  conseil  des  an- 
ciens, resterait  vacante,  et  couverte  d'un 
crêpe  noir.  Outre  un  grand  nombre  d'é- 
crits peu  importans,  relatifs  à  la  révolu- 
tion, Bonnier  est  auteur  de  Recherches 
historiques  et  politiques  sur  Malte ,  1798 , 
in-8°.  —  Son  père  (Antoine-Samuel),  pré- 
sident de  la  cour  des  Aides  de  Montpel- 
lier, avait  publié  un  Discours  sur  la  ma- 
nière de  lever  les  tailles  en  Languedoc , 
174G ,  in-8°.. 

*  BONMÈRES  (Alexandre-Jules-Be- 
noît  ) ,  avocat  au  parlement  de  Paris ,  in- 
tendant de  la  maison  de  M.  le  comte  d'Ar- 
tois, né  à  Grancey  en  Berry,  en  1750,  étu- 
dia le  droit  sous  le  célèbre  Pothier,  et  se 

lit  ntnuil    atuuu  a   OllCrtllS.  Il  SG  ClaUll- 

gua  dans  cette  carrière ,  autant  par  son 
désintéressement  que  par  ses  talens.  L'a- 
vocat-général Séguier,  sage  appréciateur 
du  mérite ,  le  chargea  ,  à  titre  d'ami ,  d'in- 
struire son  fils  aîné  dans  le  droit  français. 
Bonnières  devint  successivement  avocat 
consultant  du  comte  d'Artois,  maître  des 
requêtes  en  son  conseil,  intendant  de  sa 
maison,  et  fut  décoré  du  cordon  de  Saint- 
Michel.  Il  faillit  être  victime  des  massa- 
cres de  septembre  1792 ,  et  fut  appelé  au 
conseil  des  Cinq-cents  en  1796.  Sa  fermeté 
et  ses  principes  le  firent  comprendre  dans 
la  proscription  du  18  fructidor.  Il  mourut 
à  Paris  en  décembre  1801. 

BOWIVET.  Voyez  GOUFFIER. 

*  BOXXOR  (Honoré  ),  prieur  de  Salon 
au  14e  siècle,  composa  par  l'ordre  de 
Charles  V,  pour  le  dauphin,  un  ouvrage 
intitulé  :  Y  Arbre  des  batailles,  Lyon,  1481  ; 
Paris,  1493,  in-fol. 

BONNYCASTLE  (John),  mathémati- 
cien, né  à  Witchurck ,  dans  le  comté  de 
BucKingham,  reçut  une  éducation  soignée 
de  ses  parens  quoiqu'ils  fussent  peu  aisés. 
Il  devint  professeur  de  mathématiques  à 
rétablissement  royal  de  Wolwich  où  il 


BON 

enseigna  pendant  quarante  ans  jusqu'à  sa 
mort  arrivée  en  1821.  Il  a  fait  des  ou- 
vrages élémentaires  qui  sont  devenus 
classiques  en  Angleterre.  Les  principaux 
sont  |  le  Guide  de  l'écolier  en  arithméti- 
que, 1780,  in-8°,  la  15K  édition  est  de  181 1  ; 
|  Introduction  à  l'art  du  mesurai;?  et  à 
la  géométrie  pratique,  à  l'algèbre, à  l'as- 
tronomie ,  in-12  ;  |  Elémens  de  géométrie 
d' Euclide, 17 89,  in-8°;  |  Histoire  générale 
des  mathématiques,  traduite  de  Bossut , 
1803,  in-8°;  |  Traité  de  trigonométrie 
plane  et  sphérique ,  1806 ,  in-8°;  |  Intro- 
duction à  l'arithmétique,  1810,  in-8°; 
|  Traité  d'algèbre,  1813,  in-8°. 

BONOMO.  Voyez  BONHOMO. 

BONOSE  ou  BONOSIUS  (Quixtus), 
fils  d'un  rhéteur ,  naquit  en  Espagne. 
Ayant  perdu  son  père,  il  s'enrôla  et  par- 
vint à  la  place  de  lieutenant  de  l'em- 
pereur Probus  dans  les  Gaules.  Il  se 
lit  proclamer  césar  dans  son  départe- 
ment, en  280,  tandis  que  Procule  prenait 
le  même  titre  en  Germanie.  Bonose  fut 
pris  et  pendu  en  281.  Probus,  qui  disait  de 
cet  usurpateur  adonné  au  vin  «  quïl  était 
»  né  pour  boire  plutôt  que  pour  vivre  ,  » 
dit  en  voyant  son  cadavre  :  «Ce n'est  point 
»  un  homme  pendu  ,  mais  c'est  une  bou- 
*  teille.  »  Procule  essuya  la  même  peine. 
Il  était  aussi  passionné  pour  les  femmes 
que  Bonose  pour  le  vin  (i). 

BONOSE  (saint),  capitaine  romain,  fut 
condamné  à  être  décapité  par  ordre  de 
l'empereur  Julien,  sous  prétexte  de  ré- 
bellion, mais  en  effet  pour  n'avoir  pas 
voulu  ôterdu  Labarum  la  croix  que  Con- 
stantin y  avait  fait  peindre.  La  politique 
cruelle  de  ce  prince  dissimulé  lui  faisait 
toujours  substituer  des  raisons  imaginai- 
res dans  les  supplices  ordonnés  contre  les 
cbrélicns. 

BONOSE,  évêque  de  Naisse  en  Mysie, 
attaquait  comme  Jovinien  la  virginité 
perpétuelle  de  la  sainte  Vierge.  Il  pré- 
tendait qu'elle  avait  eu  d'autres  enfans 
après  Jésus-Christ,  dont  il  niait  même  la 
divinité,  comme  Pholin;  en  sorte  que  les 
photinicns  furent  nommés  depuis  bono- 
siaques.  Il  fut  condamné  dans  le  concile 
de  Capoue,  assemblé  en  391  pour  éteindre 
le  schisme  d'Antiocbe. 

BONOSE.  Vog.  BENOIT  I ,  pape. 


(i)  Il  n'existe  pa*  de  médaille»  bien  authentiques 
de  l'empereur  llonc.se.  Goltzius  en  a  cite'  qui  sont 
suspectes.  Celle  du  musée  Theupolo  ,  avec  la  légende 
M.  P.  liONSVOSF,  où  se  trouve  une  transposition 
de  lettres  ,  assez  ordinaire  dans  ces  temps  là  ,  lui  est 
attribuée  a«ec  quelque  vraisemblance. 


418  BOi\ 

BONBECUEIL  (  Joseph  DUR  ANTI  de  ), 
prêtre  de  l'Oratoire ,  iils  d'un  conseiller 
au  parlement  d'Aix ,  sa  patrie ,  mort  à 
Paris  en  1756  ,  à  95  ans,  a  traduit  les  Let- 
tres de  saint  Ambroise,  3  vol.  in-12,  avec 
les  Psaumes  expliqués  par  Théodoret , 
saint  Basile  et  saint  Jean  Chrysostôme , 
en  7  vol.  in-12,  1741.  Ses  versions  sont 
exactes  et  son  style  assez  pur. 

*BONSI  (Lelio  ),  noble  florentin,  était 
littérateur  et  jurisconsulte.  Il  naquit  vers 
1532  et  devint  chancelier  de  l'ordre  de 
Sainl-Eticnne  ,  et  membre  de  l'académie 
Florentine.  On  a  de  Bonsi  cinq  leçons 
académiques,  un  Traité  de  la  comète,  et 
un  Sermon  pour  le  vendredi-saint  ,  re- 
cueillis à  Florence,  1560,  en  un  volume 
in-8°. 

*  BONSI  (  Jean-Baptiste  ) ,  cardinal , 
naquit  à  Florence,  en  1554  .d'une  famille 
noble  et  fut  reçu  docteur  à  Padoue.  Hen- 
ri IV  le  nomma  au  siège  de  Béziers.  Bonsi 
traita  du  mariage  de  ce  prince  avec 
Marie  de  Médicis,  devint  aumônier  du 
roi  et  cardinal  en  1611,  et  mourut  à  Rome 
en  1621. 

*  BONSTETTEN  (Albert,  baron  de  ), 
né  à  Zurich,  doyen  de  l'abbaye  d'Einsid- 
lein  dans  le  quinzième  siècle,  a  laissé  plu- 
sieurs manuscrits  dont  les  titres  sont  : 
|  Relation  de  la  guerre  du  duc  de  Bour- 
goyno  contre  les  Sui*tcs  ;  |  Description 
de  la  Suisse;  |  Vie  de  l'ermite  Nie.  d'Un- 
derwald;\ Histoire  de  l'abbaye  d'Ensid- 
lein. 

"BONSTETTEN  (Chaules-Victor  de), 
savant  distingué ,  né  à  Berne  en  Suisse , 
en  1752,  et  mort  à  Genève  en  1832,  de- 
vint successivement  membre  du  grand- 
conseil  de  Berne  et  bailli  de  Nyons ,  et 
fut  l'ami  de  l'historien  Muller  et  du  na- 
turaliste Bonnet.  On  lui  doit  les  ouvrages 
suivans  |  L'homme  du  midi  et  l'homme 
du  nord;  \  Sur  l'éducation  des  familles 
patriciennes  de  Berne ,  Zurich  ,  1786 ,  2 
parties  in-8°,  en  allemand  ;  |  Lettres  sur 
un  canton  pastoral  d".  la  Suisse,  1787, 
in-8°,  en  allemand;  |  Voyage  sur  la  scène 
des  derniers  livres  de  l'Enéide,  Genève, 
1804,  in-8°;  |  Voyage  dans  le  Lalium , 
in-8°;  |  Recherches  sur  la  nature  et  les 
lois  de  l'imagination  ,  1807  ,  2  vol.  in-8°  ; 
|  La  Scandinavie  et  les  Alpes  ..in-80,  Ge- 
nève, 1826;  |  La  philosophie  de  V expé- 
rience,  1827.  Tous  ces  derniers  ouvrages 
sont  écrits  en  français.  A  l'époque  de  la 
révolution  helvétique,  Bonstetten  s'était 
réfugié  dans  le  Holstein.  Il  retourna  en 
1801  dans  sa  patrie. 


BOIV 


419 


1JOO 


BOSTEKOE  (Corxeille)  ,  Hollandais, 
médecin  de  l'électeur  de  Brandebourg , 
el  professeur  à  F  rancfort-sur-1'Oder,  mort 
en  1685,  à  l'âge  de  35  ans,  laissa  un  Traité 
sur  le  thé.  et  un  autre  sur  l'année  clima- 
têrique.  Devaux  les  a  traduits  en  français 
en  1699,  2  volumes  in-12,  sous  le  titre  de 
Nouveaux  Elémens  de  médecine  *  avec 
la  vie  de  l'auteur.  Ses  œuvres  furent  pu- 
bliées à  Amsterdam  1689,  in-4°. 

BOIVTEMS  (M.  J.  de  CHATILLON, 
épouse  de  Pierre -Henri,  trésorier  des 
troupes),  née  à  Paris  en  1718, morte  dans 
la  même  ville  en  1768 ,  avait  reçu  de  la 
nature  un  esprit  plein  de  grâces;  une 
excellente  éducation  en  développa  le 
germe.  Elle  possédait  les  langues  étran- 
gères, et  connaissait  toutes  les  finesses  de 
la  sienne.  C'est  à  elle  que  nous  devons  la 
traduction  anonyme  du  poème  anglais 
des  Saisons  de  Thompson ,  1759  ,  in-12  : 
cette  version  est  aussi  exacte  qu'élégante. 
On  doit  aussi  à  son  fils  un  choix  des  poé- 
sies de  Milton  et  de  Gay  ,  1803 ,  in-18. 

BONTIUS  (  Gérard  ) ,  professeur  en 
médecine  dans  l'université  de  Leyde,  sur 
la  fin  du  16e  siècle,  était  un  homme  d'une 
profonde  érudition  et  très  versé  dans  la 
langue  grecque.  Il  vit  le  jour  à  Rywick  , 
petit  village  dans  le  pays  de  Gueldre.  Il 
mourut  à  Leyde  le  15  septembre  1599, 
âgé  de  63  ans.  Bontius  est  auteur  d'une 
composition  de  pilules ,  qui  de  son  nom 
sont  appelées  pilulœ  tarlarœ  Bonlii  ou 
pilules  hydragogucs  de  Bontius.  Les  Hol- 
landais nous  en  ont  long-temps  caché  la 
description  ;  ils  s'étaient  même  fait  une 
loi  de  ne  pas  la  rendre  publique ,  si  l'in- 
dustrie de  quelques  médecins  ne  leur  avait 
arraché  ce  qu'un  intérêt  mal  entendu  leur 
avait  fait  receler  jusqu'alors.  — *  Bontius 
a  laissé  trois  fils  qui  se  sont  distingués 
dans  son  art.  Le  plus  illustre  est  Jacques 
BONTIUS,  qui  a  laissé  plusieurs  ouvrages 
manuscrits,  importans  pour  l'histoire  na- 
turelle et  la  médecine  des  pays  situés 
entre  les  tropiques.  On  en  a  publié  une 
partie  sous  ces  titres  :  De  medicina  Indo- 
rum,  Leyde,  1642 ,  in-12  ,  et  Paris,  1646  , 
in-4°  ;  De  Indiœ  utriusque  re  naturali  et 
medica,  Amsterdam,  1658,  Elzevir,  in-fol. 
Son  style  est  correct  et  élégant. 

*  BONTOUX  (Paul-Benoit-François  ), 
né  le  15  novembre  1763  ,  à  Gap  (  Hautes- 
Alpes)  ,  d'une  famille  considérée  dans  le 
pays,  se  montra  partisan  modéré  de  la 
révolution,  et  fut  nommé  juré  de  la  haute 
cour  nationale  en  1791.  Il  devint  adminis- 
trateur du  département  des  Hautes-Alpes 


et  maire  de  Gap.  Poursuivi  pendant  la 
terreur ,  il  contribua  à  chasser  de  cette 
ville  les  agens  de  Robespierre.  Bontoux 
ayant  été  élu  au  conseil  des  Cinq-cents , 
fit  rapporter  plusieurs  lois  révolution- 
naires ,  et  provoqua  le  23  mars  1796  ,  un 
message  au  Directoire  pour  se  plaindre 
de  la  non  exécution  des  lois  rendues 
centre  les  émigrés.  Le  18  prairial  an  8, 
(7  juin  1800),  il  fit  prononcer  le  rap- 
pel des  fugitifs  du  Haut  et  Bas-Rhin  qui 
avaient  quitté  la  France,  pour  se  dérober 
aux  fureurs  de  Saint-Jusl  et  Lebas.  A  l'é- 
poque  de  l'organisation  des  tribunaux, 
Bontoux  fut  nommé  président  du  tribunal 
de  Gap.  En  1812,  le  mauvais  état  de  sa 
santé  l'obligea  de  demander  sa  retraite.  Il 
mourut  en  1814. 

BOODT  (  Anselme  Boèce  de  ),  médecin 
à  Bruges ,  mort  vers  l'an  163ft  ,  s'est  fait 
un  nom  par  un  traité  peu  commun,  in- 
titulé De  gemmis  et  lapidibus ,  Leyde , 
1636  et  1647,  in-8°,  traduit  en  français  sous 
ce  litre  le  parfait  Joaillier,  ou  Histoire 
des  pierreries*  composée  en  latin  par 
Boodt,  avec  des  figures  d'André  Toll,  et 
traduite  en  français  par  Bachou  ,  Lyon, 
1644,  in-8°.  Boodt  est  aussi  l'auteur  d'un 
traité  sur  les  plantes,  intitulé  :  Florum, 
hsrbarum  ac  frucluum  selecliorum  icô- 
nes et  vires, plerœque  hactenus  ignolœ  ex 
bibliotheca  Olivarii  Vredi  J.  C.  Brugen- 
sis,  Francfort,  1609,  et  Bruges,  1640,  in-4°, 
avec  le  lexique  de  L.  Vossius. 

*  BOON  (  Daniel  )  ,  américain  origi- 
naire de  la  Caroline  septentrionale ,  où 
il  cultivait  Une  ferme ,  quitta  cette  pro- 
vince en  1769 ,  et  se  dirigea  avec  cinq  au- 
tres personnes  vers  une  rivière  qui  se 
jette  dans  l'Ohio ,  dans  l'intention  d'y 
fonder  un  établissement.  Il  y  choisit  un 
terrain  en  friche  et  inhabité,  et  il  y  éleva 
une  maison  qu'il  entoura  de  palissades  et 
où  il  construisit  d'ingénieuses  fortifica- 
tions pour  se  mettre  à  l'abri  des  attaques 
des  Indiens.  C'est  ainsi  que  se  forma,  en 
1775,  le  premier  établissement  de  l'état 
de  Kentuchy  qui  renferme  aujourd'hui 
une  population  d'environ  564,000  âmes. 
Aussitôt  que  Boon  fut  établi ,  il  prit  pos- 
session des  terres  environnantes  dont  il 
se  fit  assurer  la  propriété,  et  il  transporta 
de  la  Caroline  sa  femme  et  ses  filles.  Qua- 
tre ou  cinq  familles  et  environ  quarante 
hommes  se  réunirent  à  lui.  Plusieurs  fois 
il  fut  attaqué  par  des  partis  d'indiens, 
même  avant  ce  nouveau  renfort,  et  tou- 
jours il  se  défendit  avec  succès.  Cepen- 
dant il  fut  surpris  et  fait  prisonnier  par 


BOO 


420 


fiOR 


une  centaine  d'Indiens  dans  un  moment 
où  il  était  occupé  avec  vingt-sept  de  ses 
compagnons  à  recueillir  du  .sel.  Il  obtinl 
d'abord,  en  promettant  une  rançon,  qu'on 
ne  massacrerait  personne  ;  mais  pendant 
la  route  il  plut  tellement  à  ses  conduc- 
teurs ,  qu'ils  ne  voulurent  plus  s'en  sépa- 
rer, et  ils  consentirent  à  rendre  la  liberté 
à  ses  compagnons.  Boon  fut  adopté  par 
un  des  cbefs,  et  traité  comme  membre  de 
la  tribu.  Un  jour  qu'il  était  allé  avec  un 
détachement.  d'Indiens  faire  une  grande 
chasse ,  il  rencontra  une  troupe  de  guer- 
riers ,  peints  et  armés ,  se  dirigeant  vers 
le  petit  fort  qu'il  avait  construit ,  appelé 
par  les  émigrés  Boonsboroug.  Tremblant 
pour  le  sort  de  sa  petite  colonie ,  il  se  dé- 
cida aussitôt  à  s'échapper  au  risque  de  la 
vie ,  et  au  bout  de  quatre  jours  il  arriva  à 
son  habitation,  n'ayant  fait  qu'un  seul 
repas.  Aussitôt  il  s'occupe  de  préparatifs 
de  défense ,  et  peu  de  temps  après  il  est 
attaqué  par  une  troupe  de  farouches  In- 
diens qui ,  après  d'inutiles  efforts ,  furent 
obligés  de  se  retirer,  et  le  laissèrent  depuis 
paisible  possesseur  du  lieu  qui  portait  son 
nom.  Boon  s'occupa  alors  de  nouvelles 
améliorations,  et  sa  colonie  s'agrandissait 
chaque  jour,  lorsque  des  aventuriers  ja- 
loux de  sa  prospérité  demandèrent  qu'on 
examinât  à  quels  titres  il  possédait  les 
terres  qu'il  avait  défrichées.  Comme  il  s'y 
trouvait  quelques  défauts  de  forme,  sans 
aucun  égard  pour  les  peines  qu'il  s'était 
données  ,  soit  pour  créer  son  habitation , 
soit  pour  la  défendre,  il  fut  impitoyable- 
ment dépossédé.  Blessé  jusqu'au  fond  de 
l'âme  d'une  pareille  injustice,  il  se  retira 
avec  un  chien  et  son  fusil  dans  les  plaines 
immenses  et  à  peine  connues  ,  où  coule 
le  Missouri,  et  il  se  bâtit  une  hutte  sur 
le  bord  de  ce  fleuve  pour  n'avoir  plus 
aucun  commerce  avec  les  hommes.  Au 
commencement  de  1823  on  le  trouva  mort 
à  genoux,  son  fusil  ajusté  et  posé  sur  un 
tronc  d'arbre.  Il  avait  alors  plus  de  80 
ans.  Ainsi  cet  homme  qui ,  par  son  in- 
dustrie et  des  prodiges  de  valeur,  était 
venu  à  bout  de  fonder  Boonsborough , 
aujourd'hui  ville  florissante ,  mourut  dé- 
laissé au  milieu  des  forêts  sans  un  ami 
pour  le  consoler  et  pour  adoucir  ses  der- 
niers instans. 

BOONAERT.  Voyez  BONAERT. 

BOONAERTS  ou  BONARTIUS  (Oli- 
vier), jésuite,  né  à  Ypres  en  1570,  mort 
dans  la  même  ville  le  23  octobre  1635. 
Nous  avons  de  lui  :  |  De  l'institution  des 
Heures  canoniques  J  Douai,  1025  et  1634 , 


in-8°  :  il  s'y  trouve  une  proposition  con- 
damnée par  Alexandre  VII;  |  accord  de 
la  science  et  de  la  foi,  La  Haye,  1665,  iii- 
4°;  |  Commentaire  sur  l'Ecclésiastique , 
Anvers,  1634,  in-fol. ;  |  Commentaire  sur 
EstherJ  Cologne,  1647,  in-fol.  Ces  livres 
sont  estimés.  Ils  sont  écrits  en  latin,  d'un 
style  assez  pur. 

BOOT  (Abnold),  calviniste  né  en  Hol- 
lande vers  1606  ,  s'appliqua  à  l'étude  des 
langues  savantes  et  à  la  médecine ,  qu'il 
exerça  en  Angleterre  et  en  Irlande.  En 
1644  il  se  retira  à  Paris,  où  il  s'adonna 
entièrement  aux  travaux  littéraires  et 
mourut  en  1653.  Il  lit  plusieurs  ouvrages 
pour  défendre  l'intégrité  du  texte  hébreu 
moderne ,  attaqué  par  le  P.  Morin  et  Jean 
Cappel  ;  mais  ils  lui  firent  peu  de  tort.  Le 
P.  Le  Long  a  relevé  ,  dans  sa  Bibliothèque 
Sacrée  (p.  290) ,  plusieurs  bévues  échap- 
pées à  Boot  dans  ses  Animadversiones  ad 
texlum  hebraïeum  ,  Londres  ,  1644.  Nous 
avons  encore  de  lui  Observaliones  medi- 
cœ,  Helmslaedt,  1664,  in-4°.  lia  eu  part  à 
la  Philosophie  naturelle  réformée,  Du- 
blin, 1641,  in-4°,  publiée  par  son  frère  Gé- 
rard BOOT  ,  mort  à  Dublin  l'an  1650.  C'est 
une  critique  de  la  philosophie  d'Aristote. 

BOOZ,  fils  de  Salmon  et  de  Raab,  épousa 
Ruth  vers  l'an  1175  avant  J.-C.  Il  en  eut 
Obed  ,  aïeul  de  David. 

*  BORASTUS  (  Grégoire-Laurent  ) , 
docteur  en  droit  et  en  théologie,  naquit  à 
Norkœping ,  en  Suède ,  vers  l'année  1584. 
Il  quitta  jeune  sa  patrie,  embrassa  le  ca- 
tholicisme, s'engagea  au  service  de  la  Po- 
logne ,  alors  en  guerre  avec  la  Suède  ,  et 
publia  plusieurs  ouvrages  en  latin,  pour 
appuyer  les  prétentions  des  rois  de  Po- 
logne. On  cite  surtout,  comme  important 
et  rare ,  celui  qui  a  pour  titre  :  Causas  ob 
quas  Carolus  Gustavus  Johannem  Casi- 
mirum  bello  adoriri  coactum  se  profi- 
teatur ,  breviter  limatœ  et  eliminatie  > 
Lublin,  sans  date,  etDantzig,  1656.  Bo- 
rastus  était  très  savant,  et  possédait  sur- 
tout à  fond  la  littérature  latine.  Les  vers 
qu'il  mit  à  la  tète  d'une  édition  du  Vitis 
aquilonaria  de  Vastorius  passent  pour  un 
chef-d'œuvre  de  bonne  latinité.  On  ignore 
les  autres  circonstances  de  sa  vie ,  ainsi 
que  l'année  de  sa  mort.  On  doit  le  distin- 
guer d'un  autre  suédois ,  nommé  Etienne 
BORASTUS  qui  abandonna  également  sa 
religion  et  sa  patrie ,  et  qui ,  selon  une 
tradition  populaire  de  la  province  où  il 
était  né,  joua  un  rôle  remarquable  à 
Rome ,  et  devint ,  sinon  pape ,  au  moins 
cardinal. 


BOIV 


421 


BOft 


•  BOHBETZY  (Nausès),  religieux  ar- 
ménien ,  évoque  de  Bitlis ,  mort  en  1517 , 
a  laissé  :  |  une  Logique  ;  \  l'Explication 
des  livres  de  Moïse;  |  cinquante  Sermons 
ou  Homélies,  en  manuscrit  dans  la  biblio- 
thèque du  roi. 

BORCIIOLTEN  (Jeatv)  ,  né  à  Lune- 
bourg  en  1535 ,  d'une  famille  noble ,  pro- 
fessa le  droit  romain  à  Rostock  ,  à  Helm- 
staedt.  On  estime  encore  son  Commen- 
taire des  Instilules  de  Justinien  ,  Paris, 
1646 ,  in-4°.  Ses  autres  ouvrages  sont  plu- 
sieurs traités  sur  divers  points  de  droit, 
entre  autres  sur  les  matières  féodales.  Il 
mourut  en  15% ,  âgé  de  57  ans. 

*  BORDA  (  Jean-Charles),  membre 
de  l'académie  des  sciences ,  capitaine  de 
vaisseau  et  chef  de  division  au  ministère 
de  la  marine ,  naquit  à  Dax  (Landes),  le  4 
mai  1733 ,  et  suivit  d'abord  la  carrière  du 
barreau  ,  qu'il  abandonna  pour  se  livrer 
à  l'étude  des  mathématiques.  Il  entra 
dans  le  génie  militaire;  ses  progrès  fu- 
rent assez  rapides  pour  lui  faire  redouter 
de  les  interrompre.  Il  renonça  donc  pour 
quelque  temps  à  la  carrière  du  génie  qui 
l'aurait  éloigné  de  Paris ,  et  entra  dans  les 
chevau-légers.  En  1756 ,  il  lut  à  l'acadé- 
mie des  sciences  un  mémoire  sur  le  mou- 
vement des  projectiles ,  qui  le  lit  associer 
à  celte  assemblée  dans  laquelle  il  fut  ad- 
mis en  1764.  Choisi  pour  aide-de-camp 
par  le  maréchal  de  Maillebois,  il  lit  la 
campagne  de  1757  ,  et  se  distingua  à  la 
bataille  d'Haslembeck,  rentra  ensuite  dans 
le  génie,  et  fut  employé  dans  les  ports.  Il 
s'occupa  particulièrement  de  tout  ce  qui 
avait  rapport  à  l'art  nautique ,  et  publia 
plusieurs  Mémoires  sur  la  résistance  des 
fluides  ,  et  un  Mémoire  sur  la  théorie 
des  projectiles ,  en  ayant  égard  à  la  ré- 
sistance de  l'air.  Il  en  donna  encore  un 
d'analyse  pure,  où  il  met  dans  le  plus 
grand  jour  les  principes  du  calcul  des  va- 
riations découvert  par  Lagrange,  et  qui 
se  trouve  ainsi  que  les  précédens  dans 
les  Mémoires  de  l'académie  des  sciences. 
En  1767,  il  fut  appelé  au  service  de  mer, 
et  fit  sa  première  campagne  en  1768.  Il 
s'embarqua  en  1771  avec  Pingre  sur  la 
frégate  la  Flore,  en  qualité  de  commissaire 
de  l'académie  pour  l'examen  des  montres 
marines.  Nommé  lieutenant  de  vaisseau 
en  1775,  il  fut  chargé  de  déterminer ,  avec 
plus  de  précision  qu'on  ne  l'avait  fait  jus- 
qu'alors, la  position  des  iles  Canaries. 
Dans  la  guerre  d'Amérique  ,  il  servit  sous 
le  comte  d'Estaing,  et  obtint,  en  1781 ,  le 
commandement  du  vaisseau  le  Guerrier, 

2. 


et  en  1782  le  commandement  d'un  vais- 
seau de  74  canons.  Il  conduisit  heureu- 
sement un  corps  de  troupes  à  la  Martini- 
que ;  mais  pendant  qu'il  était  en  croisière 
devant  cette  île,  il  fut  attaqué  par  une 
escadre  anglaise.  Contraint  de  se  rendre 
à  des  forces  trop  supérieures  ,  il  fut  traité 
avec  considération  et  renvoyé  en  France 
sur  sa  parole.  Ce  fut  au  milieu  de  ses  cour- 
ses, en  1777  ,  qu'il  fit  exécuter  son  cercle 
à  réflexion,  et  qu'il  fit  un  grand  nombre 
d'expériences  utiles.  Il  inventa  plusieurs 
instrumens  géométriques,  et  donna  l'i- 
dée du  nouveau  système  des  poids  et  me- 
sures qui  a  été  adopté  depuis.  Les  écoles 
navales  lui  doivent  leur  fondation ,  et  il 
en  fut  inspecteur.  Ce  savant  doit  être  re- 
gardé comme  un  des  hommes  qui  ont  le 
plus  contribué  aux  progrès  de  l'art  nau- 
tique ,  tant  par  les  instrumens  exacts  qu'il 
a  donnés  aux  marins ,  que  par  l'adresse 
avec  laquelle  il  a  su  rapprocher  d'eux 
les  méthodes  géométriques,  sans  rien 
ôter  à  celles-ci  de  leur  exactitude.  C'est  à 
lui  que  la  marine  française  doit  l'égalité 
de  marche  de  ses  vaisseaux  et  les  plans 
de  construction  uniformes ,  avantage  im- 
mense d'où  résulte  un  grand  accord  et 
une  grande  force  dans  les  manœuvres , 
et  le  seul  que  l'Angleterre  ait  à  nous  en- 
vier dans  celte  partie.  Borda  mourut  le 
20  février  1799.  Il  conserva  toute  sa  vie 
beaucoup  d'influence  sur  les  sa  vans  qui 
l'environnaient,  et  jamais  il  n'en  abusa. 
Dans  ses  dernières  années ,  il  avait  fait 
un  travail  considérable  sur  les  réfrac- 
tions ,  et  par  une  théorie  savante ,  ap- 
puyée sur  des  expériences  délicates  et 
nombreuses ,  il  avait  composé  une  for- 
mule de  réfraction  qu'il  croyait  exacte  et 
complète.  Borda  avait  écrit  à  ce  sujet  un 
mémoire  considérable  qu'on  n'a  pas  re- 
trouvé après  sa  mort.  Les  ouvrages  de 
Borda  qui  ont  été  imprimés  séparément , 
sont  :  |  Voyage  fait  par  ordre  du  roi ,  en 
1771  et  1772  ,  en  diverses  parties  de  VEiir 
rope  et  de  l'Amérique ,  pour  vérifier  l'u- 
tilité de  plusieurs  méthodes  et  instru- 
mens servant  à  déterminer  la  latitude  cl 
la  longitude  ,  tant  du  vaisseau  que  des 
côtes,  îles  et  écueils  qu'on  reconnaît , 
suivi  de  recherches  pour  rectifier  les  car- 
tes hydrographiques ,  par  MM.  Verdun 
de  la  Crenne,  Borda  et  Pingre,  1778,  2 
vol.  in-4°;  |  Description  et  usage  du 
cercle  de  réflexion  ,  1787  ,  in-4°  ;  |  Ta- 
bles trigonométriques  décimales ,  etc.,  ou 
Tables  des  logarithmes ,  des  sinus,  sé- 
cantes et  tangentes  j  suivant  la  division 


BOR 


422 


BOR 


du  quart  du  cercle  en  cent  degrés ,  re- 
vues ,  augmentées  et  publiées  par  M.  De- 
lambre,  1804 ,  in-4°.  MM.  Lefevre-Gineau 
et  Rœderer  ont  fait  l'éloge  de  Borda. 

*  BORDAGES  (N.),  curé  du  village  de 
Stancarbon  dans  l'ancien  diocèse  de  Com- 
minges,  département  de  la  Haute-Ga- 
ronne ,  naquit  à  Saint-Gaudens.  Porté  par 
l'ennui  à  chercher  une  occupation  qui 
pût  remplir  tous  les  instans  qu'il  ne  don- 
nait pas  aux  devoirs  de  la  religion ,  il  fit 
des  vers  et  envoya  quelques  pièces  à  l'a- 
cadémie des  jeux  floraux.  Il  n'obtint  au- 
cune distinction  dans  les  concours  ;  mais 
plusieurs  gens  de  lettres  lui  accordèrent 
-eur  estime.  En  1762 ,  il  adressa  au  duc 
de  Richelieu  une  églogue  intitulée  :  Les 
bergers  de  Cayire.  Il  dédia  une  idylle  sur 
la  solitude  champêtre  aux  yeux  d'un 
chrétien  philosophe,  à  M.  de  Noé,  évêque 
de  Lescar ,  et  présenta  à  la  comtesse  de 
Brionne ,  un  poème  sur  Bagnères-de-Lu- 
chon.  En  1772 ,  les  états  firent  imprimer 
son  Ode  sur  le  débordement  de  la  Garonne. 
En  1786,  il  publia  ses  œuvres  sous  ce  titre  : 
Mes  ennuis  ,  ou  recueil  de  quelques  piè- 
ces de  poésies  faites  pour  dissiper  les  en- 
nuis d'une  solitude  champêtre,  un  vol. 
in-8° ,  Amsterdam  et  Toulouse.  Bordages 
parvint  à  un  âge  très  avancé.  Il  était  chéri 
de  ses  paroissiens ,  et  ils  le  regrettèrent 
sincèrement  lorsqu'il  fut  enlevé  à  leurs 
vœux.  Ses  ouvrages  sont  accompagnés  de 
notes  très  curieuses ,  et  plusieurs  archéo- 
logues les  ont  cités  avec  éloge. 

*  BORDE  (André  ),  d'abord  chartreux  , 
abandonna  son  ordre  pour  embrasser  la 
médecine,  et  devint  médecin  d'Henri  VIII, 
et  membre  du  collège  de  Londres.  Arrêté 
pour  dettes,  il  mourut  dans  les  prisons 
de  cette  ville  en  1549.  On  a  de  lui  Man- 
nuel  de  santé,  1547 ,  et  plusieurs  autres 
ouvrages  de  médecine  en  anglais. 

BORDE  (Vivien  la) ,  prêtre  de  l'Ora- 
toire ,  né  à  Toulouse  en  1680 ,  supérieur 
de  la  maison  de  St-Magloire  à  Paris,  mou- 
rut dans  cette  ville  en  1748.  Il  avait  été 
envoyé  à  Rome  avec  l'abbé  Chevalier  par 
le  cardinal  de  Noailles ,  pour  les  affaires 
de  la  constitution.  On  a  de  lui  plusieurs 
écrits  fort  estimés  par  les  anti-constitu- 
tionnaires:  |  Témoignage  de  la  vérité  dans 
l'Eglise,  1714,  in-12.  L'auteur  fit,  dit-on, 
en  trois  jours ,  cet  ouvrage,  où  il  y  a  beau- 
coup d'imagination.  Il  le  désavoua  de- 
puis, en  adhérant  à  la  constitution.  |  Prin- 
cipes sur  la  distinction  des  deux  puis- 
sances, 1753,  in-12.  Cet  ouvrage,  con- 
damné par  le  clergé  de  France ,  renferme 


des  principes  pernicieux  et  destructifs  de 
la  juridiction  ecclésiastique  ;  |  Retraite  de 
dix  jours  ,  1755  ,  in-12  ;  |  Conférence  sur 
la  pénitence,  in-12,  petit  format,  ou- 
vrage d'une  morale  rigide  et  sévère; 
|  Mémoires  sur  l'assemblée  prochaine  di 
la  Congrégation  de  l'Oratoire,  1753,  in-4°. 
*  BORDE  (Jean-Benjamin  de  la)  pre- 
mier valet-de-chambre  de  Louis  XV,  né 
à  Paris  en  1734.  A  la  mort  de  ce  prince  il 
obtint  une  place  de  fermier-général,  et 
sut  partager  son  temps  entre  les  devoirs 
de  sa  place  ,  les  sciences  et  les  beaux-arts, 
qu'il  cultiva  avec  succès.  Engagé  plu- 
sieurs fois  dans  des  entreprises  ruineuses, 
la  fécondité  de  son  imagination  et  la  har> 
diesse  de  son  génie  lui  faisaient  trouver, 
comme  il  le  dit  lui-même ,  des  ressour- 
ces dans  les  cas  les  plus  embarrassans. 
Aussi  son  crédit  se  soutint  constamment, 
et  il  jouit  toujours  de  la  faveur  de  son 
maître.  A  l'époque  de  la  révolution,  dont 
il  ne  partagea  pas  les  principes  ,  il  s'était 
retiré  en  Normandie  espérant  y  vivre 
paisible  ;  mais  il  fut  arrêté ,  conduit  à  Pa- 
ris ,  et  périt  sur  l'écbafaud  le  22  juillet 
1794.  Il  a  laissé  plusieurs  ouvrages  : 
|  Choix  de  chansons  mises  en  musique , 
1775 ,  4  vol.  grand  in-8°  ;  |  Essai  sur  la 
musique  ancienne  et  moderne ,  1780 ,  4 
vol.  in-4°,  qu'il  composa  avec  l'abbé  Rous- 
sier ,  son  ami.  La  partie  qui  traite  des  an- 
tiquités, présente  beaucoup  d'assertions 
hasardées  et  de  faits  controuvés  ;  celle 
qui  regarde  la  théorie  musicale  des  Grecs 
est  pleine  de  l'érudition  la  plus  profonde, 
|  Tableaux  topographiques  et  pittores- 
ques de  la  Suisse  ,  Paris ,  1780-88 ,  4  vol. 
grand  in-fol.  fig. ,  ouvrage  très  bien  exé- 
cuté et  qui  commence  à  devenir  rare.  Il 
a  été  réimprimé  en  13  vol.  in-4°.  La  par- 
tie historique  et  politique  est  presque 
toute  du  baron  de  Zurlauben  ;  |  Voyage 
pittoresque  ,  ou  description  de  la  France, 
in-fol.,  Paris,  1781  et  années  suiv.  Ccl 
ouvrage,  qui  a  eu  plusieurs  continua- 
teurs ,  a  aujourd'hui  12  vol.  in-folio.  Il 
est  moins  estimé  que  le  précédent  ;  |  Mé- 
moires historiques  sur  Raoul  de  Coucy  j 
Paris  ,  1781 ,  in-8°  ;  |  Mélanges  de  poésie 
dédiés  à  sa  femme,  in-18,  rare;  |  Lettres 
sur  la  Suisse,  par  un  voyageur  français , 
en  1781,  Paris,  1783,  2  vol.  in-8°.  Elles 
sont  remplies  d'erreurs  et  de  faussetés; 
|  Essai  sur  l'histoire  chronologique  de 
plus  de  80  peuples  de  l'antiquité,  Paris, 
1788,  2  vol.  grand  in-4°;  |  Histoire  abré- 
gée de  la  mer  du  Sud,  Paris ,  1791 ,  5  voh 
grand  in-8°  et  atlas  ;  |  Voyage  dans  les 


Deux- Sicile  s ,  traduit  de  l'anglais,  de 
Swinburnc,  1785,  5  vol.  in-8°-,  |  Recueil 
dépensées  et  maximes,  1791 ,  in-18,  réim- 
primé en  1802  ,  avec  une  notice  sur  la 
vie  et  les  ouvrages  de  l'auteur. 

BORDE  (Charles).  Voyez  BORDES. 
BORDE  (  Jean-Joseph  de  la  ) ,  Espa- 
gnol ,  né  à  Jaca  en  Aragon ,  a  été  sou- 
vent confondu  avec  le  précédent ,  quoi- 
qu'il ne  fût  pas  même  son  parent.  Ayant 
eu  quelques  désagrémens  dans  son  pays,, 
il  vint  en  France  ,  où  il  acquit  une  for- 
tune considérable  et  devint  banquier  de 
la  cour.  Il  protégea  les  arts ,  et  montra 
dans  toutes  les  occasions  un  caractère  gé- 
néreux et  bienfaisant.  Sa  bourse  était  ou- 
verte à  tout  le  monde.  Un  seigneur  de  la 
cour  vint  un  jour  le  trouver ,  et  lui  dit  : 
«  Vous  serez  bien  étonné  que ,  ne  vous 
»  connaissant  pas,  je  vienne  vous  em- 
»  prunier  cent  louis.  Et  vous,  répliqua  la 
»  Borde ,  vous  le  serez  bien  davantage 
»  qu'en  vous  connaissant  je  vous  les  prê- 
»  te.  »  Il  périt  victime  de  la  révolution,  le 
18  avril  17% ,  à  70  ans. 

*  BORDE  (  Jean-Baptiste  ) ,  jésuite  et 
depuis  la  suppression  de  son  ordre ,  curé 
de  la  Collancelle  en  Nivernais ,  où  il  est 
mort  en  1777  ,  a  publié  le  Clavecin  élec- 
trique, avec  une  nouvelle  théorie  du  ma- 
gnétisme et  des  phénomènes  de  V électri- 
cité, 1761 ,  in-12. 

BORDELOIV  (Laurent  ) ,  né  à  Bourges 
en  1655 ,  mourut  à  Paris  en  1750  ,  chez  le 
président  de  Lubert  dont  il  avait  été  pré- 
cepteur. Il  était  docteur  en  théologie  à 
Bourges  ;  il  n'en  travailla  pas  moins  pour 
le  théâtre  de  Paris. «On  a  de  lui  plusieurs 
pièces ,  entièrement  oubliées  :  Misogyne, 
ou  la  comédie  sans  femmes,  scènes  du 
Clam  et  du  Coram.  M.  de  Mort-en- 
Trousse,  etc.,  etc.,  etc.,  etc.  Le  théâtre 
convenant  peu  à  son  état ,  il  se  jeta  dans 
la  morale  ,  et  la  traita  comme  il  avait  fait 
la  comédie  ,  écrivant  d'un  style  plat  et 
bizarre  des  choses  extraordinaires.  De 
tous  ses  ouvrages,  on  ne  connaît  plus  ni 
son  Mitai,  ni  son  Voyage  forcé  de  Béca- 
fort  hypocondriaque ,  ni  son  Gomgam, 
ou  V Homme  prodigieux  transporté  en 
l'air,  sur  la  terre  et  sur  les  eaux;  ni  son 
Titetutefnosy  ;  ni  le  Supplément  de  Tasse- 
Roussi  Friou-Titave ,  etc.  Il  ne  reste  plus 
que  son  Histoire  des  imaginations  de  M. 
Ouf  fie  ,  servant  de  préservatif  contre  la 
lecture  des  livres  qui  traitent  de  la  ma- 
gie, des  démoniaques,  des  sorciers,  etc. 
On  l'a  réimprimée  en  1784.  Cet  Ouf/le 
est  un  homme  à  qui  la  lecture  des  dé- 


>3  BOR 

monographes  a  fait  perdre  la  tête.  Bor- 
delon  ne  raconte  pas  ses  extravagances 
avec  le  même  esprit  que  Cervantes  a  mis 
dans  le  récil  de  celles  de  don  Quichotte  ; 
son  style  est  si  diffus  et  si  assommant , 
que  les  compilateurs  les  plus  lourds  trou- 
veraient de  quoi  s'y  ennuyer.  A  des  ima- 
ginations vraiment  ridicules ,  il  associe 
des  faits  dont  l'existence ,  ou  du  moins  la 
possibilité ,  parait  êlre  bien  constatée. 
Bordelon  disait  qu'«7  écrivait  pour  son 
plaisir;  mais  il  ne  travaillait  guère  pour 
celui  de  ses  lecteurs.  Ayant  dit  un  jour, 
que  ses  ouvrages  étaient  ses  péchés  mor- 
tels, un  plaisant  lui  répliqua  que  le  pu- 
blic en  faisait  pénitence.  Ses  Dialogues 
des  Vivans ,  Paris,  1717,  sont  recherchés 
par  quelques  curieux.'tout  insipides  qu'ila 
sont ,  parce  qu'ils  furent  supprimés  dans 
le  temps  sur  les  plaintes  de  quelques  per- 
sonnes qu'on  y  faisait  parler. 

*  BORDENAVE  (  Toussaint  ) ,  profes- 
seur royal  et  directeur  de  l'académie 
de  chirurgie ,  associé  de  l'académie  des 
sciences ,  naquit  à  Paris  le  10  avril  1728. 
Son  père  ,  maître  en  chirurgie  ,  le  desti- 
na à  sa  profession,  et  l'y  prépara  par 
des  connaissances  accessoires.  Il  fut  reçu 
maitre-ès-arls  en  chirurgie  à  l'âge  de  22 
ans ,  et  nommé  bientôt  après  professeur 
de  physiologie,  à  l'académie  de  chirur- 
gie ,  et  ensuite  directeur  de  cette  compa- 
gnie. Il  fut  aussi  censeur  royal.  Borde- 
nave  est  le  premier  de  sa  profession  qui 
soit  parvenu  à  la  dignité  d'échevin  de 
Paris.  La  circonstance  de  la  naissance  du 
Dauphin  ,  qui  eut  lieu  pendant  son  exer- 
cice ,  lui  valut  l'honneur  d'être  fait  che- 
valier des  ordres  du  roi.  Il  mourut  d'apo- 
plexie le  12  mars  1782.  Ses  principaux  ou- 
vrages sont  |  Essai  sur  la  physiologie , 
4e  édit.  Paris,  1787,  2  vol.  in-12.  |  Elémens 
de  physiologie  de  M.  Albert  de  Haller, 
traduction  nouvelle,  1768,  2  vol.  in-12. 
|  Dissertation  sur  les  antiseptiques,  1769, 
in-8°.  |  Mémoires  sur  le  danger  des  caus- 
tiques pour  la  cure  radicale  des  hernies, 
1774,  in-12. 

•BORDEUIES  (  Etienne- Je  an-Fran- 
çois),  évêque  de  Versailles,  naquit  en 
1764  ,  à  Montauban  (  Tarn-et-Garonne  ). 
Son  père  qui  exerçait  la  profession  de 
pharmacien  ,  lui  fit  donner  une  excel- 
lente éducation  Le  jeune  Borderies  fit 
ses  études  au  collège  de  Sainte-Barbe ,  où 
il  fut  l'ami  de  l'abbé  Nicole.  Il  devint 
professeur  dans  ce  collège ,  et  entra  en- 
suite dans  les  ordres  sacrés.  Pendant  la 
révolution ,  il  se  retira  en  Belgique  ,  où  il 


BOR 


424 


BOR 


fit  une  éducation  particulière ,  passa  de 
là  en  Allemagne,  et  en  revint  en  France 
vers  1795.  Il  desservit  la  Sainte-Chapelle 
a  Paris  ,  avec  l'abbé  Lalande  jusqu'au  18 
fructidor,  époque  à  laquelle  il  se  vit  forcé 
d'interrompre  ses  fonctions.  Après  le  18 
brumaire ,  il  devint  vicaire  à  Saint-Tho- 
mas d'Aquin.  Ses  sermons  attiraient  tou- 
jours un  immense  concours  de  peuple , 
et  il  égala  souvent  nos  grands  orateurs 
chrétiens.  L'abbé  Borderies  fut  nommé , 
en  1819,  grand-vicaire  de  Paris  ,  et  sacré 
évêque  de  Versailles ,  le  24  juillet  1827. 
Il  composa  pour  son  église  un  Caté- 
chisme ,  un  Missel  et  un  Bréviaire  où  l'on 
trouve  des  hymnes  latines  composées  par 
lui.  Après  avoir  donné  à  son  diocèse 
l'exemple  de  toutes  les  vertus  et  surtout 
celui  d'une  charité  inépuisable ,  il  mou- 
rut à  Versailles  le  4  août  1832. 

*  BORDES  (  Charles  ) ,  prêtre  de  l'O- 
ratoire ,  né  à  Orléans.  On  lui  doit  la  pu- 
blication d'un  ouvrage  du  P.  Thomassin , 
qu'il  mit  en  ordre  et  qui  est  intitulé  : 
Traité  historique  et  dogmatique  des  édits 
et  des  autres  moyens  spirituels  et  tempo- 
rels ,  dont  on  s'est  servi  dans  tous  les 
temps  ,  pour  établir  et  maintenir  l'unité 
de  l'église  catholique ,  Paris ,  1703 ,  2  vol. 
in-4°  ;  le  Père  Bordes  y  ajouta  un  volume 
supplémentaire  ,  et  composa  une  Vie  du 
Père  Thomassin  ,  qui  se  trouve  en  tête  du 
Glossarium  Hebraïcurn  de  ce  dernier.  Il 
fut  en  outre  éditeur,  en  1704  ,  du  Recueil 
des  oraisons  funèbres  de  Mascaron.  Il 
mourut  en  1706. 

*  BORDES  (  Charles  ) ,  né  à  Lyon  ,  en 
1731 ,  et  mort  dans  la  même  ville  en  1781, 
membre  de  l'académie  de  Lyon,  s'est  fait 
connaître  par  un  Discours  sur  les  avan- 
tages des  sciences  et  des  arts,  1752,  in-8°  ; 
par  des  tragédies,  des  comédies,  des  odes, 
et  plusieurs  ouvrages  contre  la  religion 
et  les  mœurs ,  tels  que  le  Catéchumène , 
ouvrage  impie  ;  |  La  papesse  Jeanne ',  poè- 
me; Parapilla,  poème  licencieux;  |  Ta- 
bleau philosophique  du  genre  humain, 
etc.  Ses  œuvres  diverses  ont  été  publiées 
à  Paris  ,  1783  ,  4  vol.  in-8°. 

BORDEU  (  Théophile  de  ) ,  naquit  le 
22  février  1722  à  Iseste  en  Béarn  ,  d'An- 
toine de Bordeu,  médecin  du  roiàBarége, 
homme  distingué  dans  son  art.  Le  fils  fut 
digne  du  père.  A  l'âge  de  20  ans,  pour  par- 
venir au  grade  de  bachelier  dans  l'universi- 
té de  Montpellier  où  il  étudiait  alors,  il  sou- 
tint une  thèse  De  sensu  genericè  conside- 
ralo,  qui  renferme  le  germe  de  tous  les  ou- 
vrages qu'il  publia  depuis.  Des  connaissan- 


ces si  précoces  déterminèrent  ses  profes- 
seurs à  le  dispenser  de  plusieurs  actes  par 
lesquels  on  parvient  à  la  licence.  En  1746,  le 
jeune  médecin  se  rendit  à  Paris,  où  il  s'ac- 
quit la  plus  grande  réputation  ,  et  gagna 
particulièrement  la  confiance  des  dames  , 
dont  il  sut  captiver  les  bonnes  grâces. 
Ayant  pris  ses  licences  dans  cette  ville  en 
1755  ,  il  fut  nommé  médecin  de  l'hôpital 
de  la  Charité.  Il  mourut  subitement  la 
nuit  du  23  au  24  novembre  1776.  Une  mé- 
lancolie profonde ,  produite ,  à  ce  que 
l'on  prétend  ,  par  une  goutte  vague,  pré- 
céda ses  derniers  jours  ;  on  le  trouva  mort 
dans  son  lit.  La  facilité  avec  laquelle  il 
exerçait  sa  profession,  son  éloignemenl 
pour  les  remèdes,  et  sa  confiance  dans  la 
nature  ,  lui  ont  quelquefois  attiré  le  re- 
proche de  ne  pas  croire  beaucoup  à  la 
médecine.  Mais  ces  doutes  étaient  d'au- 
tant moins  blâmables ,  qu'il  s'occupa  sans 
cesse  à  rendre  les  ressources  de  son  art 
plus  certaines.  Il  rattachait  tous  les  actes 
de  l'économie  vivante  à  une  force  spé- 
ciale ,  la  sensibilité.  Ses  ouvrages  sont  : 
|  Lettres  sur  les  eaux  minérales  de  Béarn  , 
1746  et  1748,  in-12.|  Recherches  anatomi- 
ques  sur  laposition  des  glandes,  1751,  in- 
12.  |  Dissertation  sur  les  ècrouelles,  1751, 
in-12.  |  Dissertation  sur  les  crises,  1755, 
in-12.  |  Recherches  sur  le  pouls  par  rap- 
port aux  crises ,  1772 ,  4  vol.  in-12  :  cet 
ouvrage  qui  montre  beaucoup  de  saga- 
cité, a  été  traduit  en  anglais.  |  Recherches 
sur  quelques  points  de  l'Histoire  de  la 
médecine,  1768,  2  vol.  in-12.  \  Recherches 
sur  le  tissu  mw/ueux  ou  l'organe  cellu- 
laire, et  sur  quelques  maladies  de  poitrine , 
1766,  in-12.  |  Traité  des  maladies  chro- 
niques, tome  premier  ,  in-8°,  1776.  Voyez 
son  Eloge  ,  par  M.  Gardanne ,  docteur  en 
médecine  de  Paris,  1777  ,  et  par  M.  Rous- 
sel ,  1778. 

BORDIIVGIUS  (  André),  fameux  poète 
danois.  Ses  poésies  ont  été  imprimées  à 
Copenhague  en  1736  ;  et  elles  sont  d'au- 
tant plus  estimées  en  Danemarck ,  que  les 
versificateurs  y  sont  fort  rares  :  ce  qui 
prévient  beaucoup  en  faveur  du  génie 
national. 

BOR  DOIVE  (  Paris  ) ,  peintre,  né  vers 
1500  à  Trévise  en  Italie  ,  d'une  famille 
noble,  disciple  du  Titien  ,  vint  en  France 
en  1538.  Il  y  peignit  François  Ier  et  plu- 
sieurs dames  de  sa  cour.  Les  récompen- 
ses furent  proportionnées  à  ses  talens.  Il 
se  retira  à  Venise ,  et  s'y  procura  une  vie 
heureuse  par  ses  richesses  et  son  goût 
pour  tous  les  beaux-arts.  Il  y  a  au  Palais- 


BOR 


A2S 


BOR 


Royal  de  Paris  une  Sainte- Famille  de 
Bordone.  Son  tableau  le  plus  estimé  est 
celui  de  Y  Aventure  du  Pécheur  (  l'anneau 
de  saint  Marc  ) ,  qu'il  peignit  pour  les 
confrères  de  l'école  de  Saint-Marc.  Il  re- 
vint à  Paris,  où  il  mourut  vers  l'an  1570. 

•  BORDONIO  (  Joseph-Ajvtoine  ) ,  jé- 
suite né  à  Turin,  en  1682  ,  entra  dans  la 
compagnie,  en  1696.  Ses  dispositions 
étaient  si  heureuses,  qu'après  deux  ans 
de  noviciat,  on  le  trouva  capable  d'ensei- 
gner les  belles-lettres.  On  l'envoya  d'a- 
bord à  Pignerol ,  ensuite  à  Gènes  ,  et  de 
là  à  Turin  pour  y  enseigner  la  rhétorique. 
Ayant  prononcé  ses  vœux ,  il  fut  choisi 
par  le  marquis  de  St-Trivié ,  ambassa- 
deur en  Angleterre ,  pour  chapelain  de 
l'ambassade.  A  son  retour  à  Turin  il  pro- 
fessa la  théologie  pendant  plusieurs  an- 
nées ,  et  dirigea  un  exercice  de  la  bonne 
mort,  qui  venait  d'être  institué,  jusqu'à 
la  fin  de  sa  vie  ,  en  1742.  On  a  de  lui  les 
ouvrages  suivans  :  |  Beatus  Aloysius 
Gonzaga ,  de  morte  triumphator,  Pigne- 
rol ,  1700  ,  drame  en  vers  latins  ,  œuvre 
de  la  jeunesse  de  Bordonio  ;  |  la  Liguria 
in  pace  scherzo  pastorale ,  Gènes  ,  1702  , 
in-4°;  |  l'Eduino,  pastorale,  1703,  in-4° , 
pour  un  exercice  du  collège  ;  |  Discorsi 
per  léser cizio délia buona  morte., Venise, 
3  vol.  in-4°,  1749-1751,  2e  édition,  ou- 
vrage distingué  parmi  les  livres  ascétiques 
italiens. 

BORE  (Catherine  de  ) , fille  d'un  sim- 
ple gentilhomme,  était  religieuse  du  cou- 
vent de  Nimptschen  en  Allemagne,  à  2 
lieues  de  Witlemberg  ,  lorsqu'elle  quitta 
le  voile  avec  huit  autres  religieuses  pen- 
dant les  troubles  suscités  dans  l'Eglise  par 
Luther.  On  prétend  que  ce  fut  Léonard 
Cope  ,  sénateur  de  Torgaw,  qui  les  porta 
à  prendre  cette  résolution.  Elles  exécu- 
tèrent ce  projet  un  jour  de  vendredi  saint. 
Luther  prit  la  défense  de  ces  religieuses 
et  de  Léonard  Cope ,  et  publia  une  Apo- 
logie pour  justifier  leur  apostasie.  Cathe- 
rine de  Bore,  retirée  à  Witlemberg,  y  vé- 
cut, dit-on,  assez  librement  avec  des  étu- 
dians  de  cette  université.  Luther  l'épousa 
deux  ans  après,  en  1526 ,  fort  brusque- 
ment, soit  pour  faire  dépit  aux  catholi- 
ques ,  soit  plutôt  pour  satisfaire  sa  pas- 
sion et  pour  étouffer  les  cris  du  public. 
Catherine  n'avait  alors  que  26  ans.  Elle 
joignait  aux  agrémens  de  la  figure  une 
coquetterie  amusante.  Le  réformateur, 
beaucoup  plus  vieux  qu'elle ,  en  fut  aimé, 
comme  s'il  eût  été  dans  son  printemps. 
Son  caractère  était  cependant  peu  propre 


à  faire  des  heureux.  Hautaine,  ambitieuse, 
magnifique  au  dehors,  avare  dans  son 
domestique ,  elle  avait  l'orgueil  de  la  no- 
blesse allemande  ,  et  les  petitesses  de  son 
sexe.  Elle  mourut  en  1552,  âgée  d'environ 
53  ans.  Frédéric  Meyer  a  donné  sa  Vie 
en  1  vol.  in-4° ,  dans  laquelle ,  malgré  les 
efforts  del'auteur  panégyriste,  on  démêle 
sans  peine  les  vices  de  celte  moniale  ,  et 
de  l'hérésiarque  son  prétendu  époux. 

BOREL.  Voyez  BOTŒ.EL. 

BOREL  (  Pieiuie  ),  né  à  Castres  en  1620, 
médecin  ordinaire  du  roi ,  associé  de  l'a- 
cadémie des  Sciences  pour  la  chimie, 
mourut  en  1689 ,  et  selon  d'autres  en 
1678.  On  a  de  lui  |  De  vero  Telescopii 
inventore,  à  La  Haye,  1651 ,  in-4°  ;  |  Les 
Antiquités  de  Castres,  imprimées  dans 
cette  ville  en  1649,  in-8°  ;  ce  livre  est  rare. 
|  Trésor  des  recherches  et  des  antiquités 
gauloises,  Paris  ,  1655  ,  in-4°.  Ce  réper- 
toire des  vieux  mots  et  des  vieilles  phra- 
ses de  la  langue  française  ,  est  estimé  et 
consulté.  On  le  trouve  à  la  fin  de  la  der- 
nière édition  du  Dictionnaire  étymologi- 
que de  Ménage.  [  Hisloriarum  et  obser- 
vationum  Medico-Physicarum  Centuriœ 
quinque,  Paris,  1676,  in-8°;  |  Bibliotheca 
Chimica,  Paris,  1654,  in-12. 

BORELLI  (  Jean-Alfonse  ) ,  napoli- 
tain ,  né  en  1608 ,  professeur  de  philoso- 
phie et  de  mathématiques  à  Florence  et 
à  Pise,  mort  à  Rome  en  1679 ,  auteur  d'un 
traité  estimé  Demotu  animalium,  Rome, 
1680  et  1 681 , 2  vol.in-4°,  plusieurs  fois  réim- 
primé, et  d'un  autre,  De  vi  percussionis , 
Leydel686,  in-4°,  où  l'on  trouve  des  obser- 
vations curieuses  et  des  vues  neuves.  C'est 
dans  cet  ouvrage  qu'il  tenta ,  mais  avec 
très  peu  de  succès  ,  de  réduire  à  une  dé- 
monstration exacte ,  les  théorèmes  de  la 
physiologie,  sur  laquelle  est  fondée  la 
médecine.  Du  reste ,  il  y  a  dans  ces  deux 
ouvrages  d'excellentes  observations,  dont 
les  physiciens  de  ce  siècle  ont  profité  très 
souvent  sans  citer  la  source  :  genre  d'in- 
gratitude qui  accommode  si  bien  la  va- 
nité, et  qui  honore  si  peu  la  science.  Quoi- 
qu'il eût  part  aux  bienfaits  de  la  reine 
Christine  qui  l'avait  appelé  à  Rome,  il 
mourut  assez  pauvre,  et  augmenta  la 
longue  liste  des  savans  auxquels  la  for- 
tune a  manqué ,  ou  qui  n'ont  pas  eu  le 
talent  de  bien  user  de  ses  dons. 

*  BOR  G II  ES  ,  ou  BOURGEOIS  (Jean), 
docteur  en  médecine,  et  professeur  de 
mathématiques  à  Groningue ,  né  à  Wes- 
ter-Witwert ,  village  du  territoire  des 
Ommelandes,  près  de  Groningue,  le  13 
36. 


BOR 


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BOR 


juin  1618  ;  reçu  docteur  en  médecine  à 
Angers  ,  en  1645  ;  mort  à  Groningue  le 
22  novembre  1652,  dans  sa  55e  année.  Il 
s'était  rendu  si  habile  dans  les  mathéma- 
tiques que  ,  devenu  aveugle  en  1642  ,  il 
ne  cessa  pas  pour  cela  de  les  enseigner 
en  public  avec  la  même  facilité  et  la 
même  assiduité.  On  a  de  lui  :  |  Disputa- 
iio  de  catarrho,  Angers,  1645,  in-4°  ; 
|  Oratio  de  Mercurio  ,  Groningue ,  1646 , 
in-4°.  —  Un  autre  BORGHÈS  (  Jean)  ,  ou 
Bourgesius,  né  à  Houplines,  dans  la 
Flandre  française  ,  le  8  novembre  1562 , 
a  donné  :  |  une  traduction  latine,  avec 
des  notes  du  livre  de  Laurent  Joubert , 
De  vulgi  erroribus,  Anvers,  1600 ,  in-8°  ; 
f-une  traduction  du  Traité  de  Démétrius 
Pépagomène,  De  podagrâ,  St.-Omer, 
1619 ,  in-8°  ;  cette  version  latine  fut  faite 
sur  la  version  française  de  Frédéric  Ja- 
mot;  |  Prœcepta  et  sententiœ  insigniores 
de  imperandi  ratione  ex  operibus  Fran- 
cisciGuicciardini  collecta,  Anvers  ,  1587, 
in-12.  —  Un  3e  BORGHÈS  (Jean  ) ,  ou 
Bourgesius,  né  vers  1592,  mort  à  Mau- 
beuge  le  29  mars  1653  ,  a  laissé  quelques 
ouvrages  de  piété,  dont  on  trouve  la  liste 
dans  les  Mémoires  dePaquot;  deux  sont 
remarquables  par  leurs  titres  :  |  Cato  ma- 
jor, christianus ,  sive  d:  seneclute  chris- 
tianâ  libellus,  Douai,  1633  ,  in-12  ;  |  Lœ- 
lius  emendatus  ,  sive  de  amicitiâ  chris- 
tianâ,  Douai,  1637  ,  in-12. 

BOUG II  ES  E  (  Marie-Pauline  BONA- 
PARTE, princessej  Voyez  BONAPARTE. 

BORGHESI  (  Paul  Guidotto  ) ,  pein- 
tre et  poète  italien,  né  à  Lucques,  avait 
14  talens  ou  métiers.  Il  n'en  mourut  pas 
moins  dans  une  extrême  misère,  en  1626, 
à  60  ans.  L'envie  le  tourmentait  autant 
que  l'indigence.  Jaloux  du  Tasse ,  il  crut 
faire  tomber  sa  Jérusalem  délivrée ,  en 
composant  un  autre  poème,  où  il  prenait 
le  genre ,  la  mesure  ,  le  nombre  des  vers, 
enfin  les  rimes  même  de  son  rival.  Il  ne 
lui  manquait  plus  que  le  génie.  Il  intitula 
son  ouvrage ,  qui  est ,  dit-on ,  resté  ma- 
nuscrit :  La  Jérusalem  ruinée.  Il  n'eut 
pas  plus  de  succès  que  le  Lutrigot ,  paro- 
die du  Lutrin  de  Boileau,  parBonnecorse. 
Voyez  BONNECORSE. 

BORGHINI  (Vincent-Marie),  né  à 
Florence  en  1515,  d'une  famille  noble, 
se  fit  bénédictin  en  1532  (i).  Il  fut  un  des 


(i)  Borghini  était  un  des  plat  savans  florentins  de 
son  terapt.  Le  grand -duc  Cosme  le  choisit  pour  ton 
vice-prétident  dans  la  célèbre  académie  de!  Disrgnc, 
et  le  Tasse  le   consultait  sur  irr  ouvrages. 


réviseurs  choisis  pour  la  correction  du 
Décameron  de  Boccace  ,  ordonnée  par  la 
congrégation  de  l'Index,  et  exécutée  dans 
l'édition  de  Florence,  1573,  in-8°.  Mais 
son  ouvrage  le  plus  connu ,  et  qui  lui  a 
fait  le  plus  d'honneur ,  est  celui  qui  a 
pour  titre  :  Discorsi  istorici  di  M.  Vin- 
cenzo  Borghini,  imprimé  à  Florence, 
1584  et  1585 ,  en  2  vol.  in-4° ,  et  réim 
primé  dans  la  même  ville  en  1755  ,  avec 
des  remarques.  Il  y  traite  de  l'origine  de 
Florence ,  et  de  plusieurs  points  intéres- 
sans  de  son  histoire ,  de  ses  familles ,  de 
ses  monnaies ,  etc.  Borghini  mourut  en 
1580,  après  avoir  refusé  par  humilité  l'ar- 
chevêché de  Pise ,  qui  lui  fut  offert  quel- 
que temps  avant  sa  mort.  Il  fut  pendant 
30  ans  directeur  de  l'hôpital  de  Sainte- 
Marie  des  Innocens  qu'il  administra  avec 
beaucoup  de  zèle  et  de  désintéressement. 
— Il  ne  faut  pas  le  confondre  avec  un  autre 
écrivain,  de  même  nom,  et  probablement 
delà  même  famille  {Rafaello BORGHINI), 
auteur  de  plusieurs  Comédies,  et  d'un 
traité  sur  la  peinture  et.  la  sculpture,  assea 
estimé  ,  sous  le  titre  de  Riposo  délia  Pit- 
tura,  e  délia  Scultura,  publié  à  Florence 
en  1584,  in-8°,  et  1750,  in-4°. 

BORGI  A.  (  César  ),  duc  de  Valentinois, 
second  fils  naturel  d'Alexandre  VI  et  de 
Vannozza ,  fut  élevé  par  son  père  à  la 
dignité  d'archevêque  de  Valence,  et  à 
celle  de  cardinal.  Il  se  montra  digne  de 
lui,  par  sa  passion  pour  Lucrèce  sa  sœur, 
et  par  le  meurtre  de  son  aîné  Jean  Bor- 
gia,  devenu  son  rival,  qu'on  trouva  percé 
de  9  coups  d'épée  en  1497.  César  passa, 
après  ces  forfaits ,  de  l'état  ecclésiastique 
au  séculier.  Louis  XII ,  qui  s'était  ligué 
avec  ce  scélérat  pour  la  conquête  du  Mi- 
lanais ,  le  fit  duc  de  Valentinois ,  et  lui 
donna  en  mariage  Charlotte  d'Albret,  qu'il 
épousa  malgré  sa  qualité  de  diacre ,  sur 
la  dispense  que  lui  en  donna  son  père. 
Borgia  soutenu  par  les  troupes  du  roi  de 
France ,  se  rendit  maître  des  meilleures 
places  de  la  Romandiole,  prit  Imola, 
Forli,  Faënza,  Pezaro  et  Rimini,  s'em- 
para du  duché  d'Urbin  et  de  la  princi- 
pauté de  Camérino.  Les  principaux  sei- 
gneurs italiens  s'unirent  contre  cet  usur- 
pateur. César  ne  pouvant  les  réduire  par 
la  force ,  employa  la  perfidie.  Il  feint  de 
faire  la  paix  avec  eux ,  les  attire  à  Sini- 
gaglia ,  les  enferme  dans  cette  place  et  se 
saisit  de  leurs  personnes.  Vitelli  Olive- 
rotto  da  Fermo,  Jean  des  Ursins  et  le  duc 
de  Gravina ,  furent  étranglés.  Le  cardinal 
des  Ursins  ,  partisan  de  ces  infortunés- 


BOR 

esl  conduit  au  château  Sain  1- Ange.  On 
l'y  oblije  de  ;-igner  un  ordre,  pour  faire 
livrer  au  duc  de  Valentinois  toutes  les 
places  de  la  maison  des  Ursins  ;  il  n'en 
mourut  pas  moins  par  le  poison.  Unautre 
cardinal  qu'Alexandre  avait  fait  passer 
par  toutes  les  charges  les  plus  lucratives 
de  la  cour  de  Rome,  fut  trouvé  mort  dans 
son  lit;  et  Borgia  recueillit  sa  succession 
qui  montait  à  plus  de  80  mille  écus  d'or. 
Après  la  mort  de  son  père ,  César  perdit 
la  plupart  des  places  qu'il  avait  conquises 
par  sa  valeur  et  par  sa  perfidie.  Ses  en- 
nemis manquèrent  de  le  massacrer  sous 
Pie  III;  la  protection  du  roi  de  France 
lui  sauva  la  vie.  Le  duc  de  Valentinois 
l'en  remercia  en  quittant  son  parti.  Jules 
II,  successeur  de  Pie,  le  fit  mettre  en  pri- 
son à  Ostie,  jusqu'à  ce  qu'il  eût  rendu 
les  places  qui  lui  restaient  encore.  Il  lui 
permit  ensuite  de  se  rendre  auprès  de 
Gonsalve  de  Cordoue,  qui  l'envoya  en  Es- 
pagne, où  on  l'enferma.  César  s'élant 
évadé  de  sa  prison,  se  réfugia  vers  Jean 
d'Albret,  roi  de  Navarre,  son  beau-frère. 
Il  se  mit  à  la  tête  de  son  armée,  contre  le 
connétable  de  Camille.  Il  alla  mettre  le 
siège  devant  le  château  de  Viane,  et  y 
fut  tué  le  12  mars  1507  (  Voyez  ALEXAN- 
DRE VI  ).  Ce  scélérat  avait  de  la  bravou- 
re, de  la  souplesse  et  de  l'intrigue;  mais 
un  seul  de  ses  attentats  suffirait  pour  flé- 
trir la  mémoire  du  plus  grand  homme.  Il 
avait  pris  pour  devise  :  Aut  Cœsar,  aut 
nihit.  Ce  qui  donna  lieu  à  un  poète  de 
faire  ce  distique  : 


Borgia  Cxsar  erat  factis  et  nomme  Cxsar  ; 
Aut  nihil  oui  Ccesar,  dixit  ;  otrumque  fuit. 

*  BORGIA.  (Jérôme  ),  neveu  du  pré- 
cédent ,  né  à  Naples ,  fut  fait  évêque  de 
Massa  en  1544,  et  mourut  en  1649;  il  cul- 
tiva avec  succès  la  poésie  latine.  Le  Re- 
cueil de  ses  Poésies  a  été  publié  à  Rome 
en  1525. 

BORGIAou  BOR  JA  (  François  ),  prince 
de  Squillace  dans  le  royaume  de  Naples,  fils 
de  Jean  Borgia,  comte  de  Ficalho,  descen- 
dait par  sa  mère  des  rois  d'Aragon.  Il  fut 
gentilhomme  de  la  chambre  de  Philippe 
III,  qui  le  nomma  vice-roi  du  Pérou  ,  en 
1614.  Le  prince  Borgia  contribua ,  par 
ses  talens  et  son  aménité,  à  la  civilisation 
de  cette  belle  province  du  Nouveau  Mon- 
de ;  et  après  la  mort  de  Philippe  III,  il 
revint  en  Espagne  et  se  delà  sa  des  tra- 
vaux d'un  longue  administration  ,  par  la 
culture  des  lettres  et  de  la  poésie.  Il  n'ex- 
cella dans  aucun  genre  ;  mais  il  dut  à  ses 


427  BOR 

liaisons  avec  les  frères  Argensola ,  le  goût 
de  la  bonne  littérature  et  l'éloignement 
de  l'affectation  et  de  la  boursoufflure  qui 
commençaient  à  dominer  chez-  ses  com- 
patriotes. On  trouve  dans  les  ouvrages  du 
prince  Borgia  une  simplicité  gracieuse, 
autant  que  peut  le  comporter  le  génie  es- 
pagnol; et  sans  lui  donner  le  titre  de 
Prince  des  poètes >  que  lui  décernèrent 
les  flatteurs,  on  ne  saurait  lui  refuser  une 
place  honorable  parmi  les  bons  littéra- 
teurs de  son  temps.  On  distingue  ses  Elo- 
ges, ses  Elégies  et  surtout  ses  Romances 
lyriques.  Il  a  laissé  encore ,  |  Napoles  re- 
cuperanda  por  el  rey  don  Alonso ,  poème 
historique,  Saragosse,  1G51,  in-4°.  |  Ora- 
siones  y  meditaliones  de  la  vida  de  Jesu 
Christo,  Bruxelles,  1661,  in-4°.  Le  prince 
Borgia  mourut  dans  un  âge  avancé  et 
dans  de  grands  sentimens  de  piété  le  26 
septembre  1658.  Il  avait  toute  sa  vie 
montré  un  sincère  attachement  pour  la 
religion.  —  Alexandre  BORGIA  ,  arche- 
vêque de  Fermo,  et  de  la  même  famille, 
est  mort  le  14  février  1764 ,  après  avoir 
publié  Vila  di  San  Geraldo,  in-8°.  Islo- 
ria  délia  chiesa  e  citla  di  Velletri,  in-8°J 
et  une  Vie  du  pape  Benoit  XIII  >  en 
latin. 

*  BORGIA  (  Alexandre  ),  de  la  même 
famille  que  le  précédent,  ne  à  Vellctri,  en 
1682,  fut  d'abord  évêque  de  Nocera ,  puis 
archevêque  de  Fermo,  où  il  mourut  le 
14  février  1764.  On  lui  doit  :  |  Vita  disan 
Geraldo,  Velletri,  1698,  in-S°;  \Istoria 
délia  chiesa  e  cilla  di  Velletri ,  in  quat- 
trolibri,  Nocéra,1723,  in-4°;  |  Concilium 
provinciale Firmanum.ann.  1726,  Fermo, 
1727,  in-4°;  |  Vie  du  pape  Benoît  XIII , 
Rome  1741,  en  latin;  |  des  Lettres  re- 
cueillies par  Muratori ,  des  Homélies  ,  el 
autres  ouvrages  dont  on  peut  voir  le  dé- 
tail dans  Catalani,  De  ecclesia  Fermanâ, 
Fermo,  1782. 

*  BORGIA  (  Etienne  ) ,  cardinal ,  neveu 
d'Alexandre  Borgia,  archevêque  de  Fer- 
mo, naquit  à  Velletri  le  5  décembre  1751, 
et  fut  élevé  auprès  de  son  oncle  qui,  dé- 
couvrant en  lui  les  plus  heureuses  dispo- 
sitions s'appliqua  à  les  cultiver.  Le  jeune 
Borgia  manifesta  de  bonne  heure  un  goût 
très  vif  pour  l'étude  des  antiquités  et  y 
fit  de  si  rapides  progrès  ,  qu'il  fut  reçu  à 
19  ans  membre  de  l'académie  Etrusque  de 
Cortone.  Il  acquit  en  peu  de  temps  une 
collection  très  riche  d'objets  précieux  en 
médailles,  manuscrits  et  monumens  anti- 
ques, dont  il  forma  dans  son  palais  de 
Velletri ,  le  musée  le  plus  précieux  peut- 


BOR 


428 


BOR 


être  que  jamais  particulier  ait  possédé. 
S'étant  fixé  à  Rome  ,  il  fut  distingué  par 
Benoit  XIV,  qui  le  nomma  gouverneur  de 
Bénévent.  Il  montra  dans  le  cours  de  son 
administration  une  sagesse  supérieure  ,  et 
sut  préserver  ce  duché  de  la  disette  qui, 
en  1764,  affligea  le  royaume  de  Naples.  En 
1770,  il  fut  nommé  par  le  pape  Clément 
XIV,  secrétaire  de  la  propagande ,  et  il  s'ac- 
quitta de  cette  placeavec  un  zèle  toujours 
actif.  Son  penchant  autant  que  son  devoir 
lui  fit  consacrer  tous  ses  soins  à  éten- 
dre les  missions  et  à  les  faire  fleurir.  La 
nécessité  de  correspondre  avec  les  mis- 
sionnaires répandus  dans  les  climats  les 
plus  éloignés  lui  fournit  l'occasion  d'en- 
richir son  musée  des  manuscrits ,  mé- 
dailles ,  statues ,  idoles  et  monumens  de 
tout  genre  de  ces  divers  pays  ;  chaque 
missionnaire  qui  revenait  à  Rome,  ou  qui 
y  donnait  des  nouvelles  de  l'état  de  sa 
mission ,  ne  manquant  pas  d'apporter 
avec  lui  ou  d'envoyer  tout  ce  qu'il  avait  pu 
recueillir  de  plus  curieux.  Les  vertus  et  le 
mérite  de  Borgiaétaientdignesde  la  pour- 
pre. Elle  lui  fut  accordée  par  Pie  VI,  qui  le 
promut  au  cardinalat  en  1789.  L'inspec- 
tion des  enfans  trouvés  lui  fut  confiée,  et 
ces  établissemens  si  utiles  par  eux-mêmes 
le  devinrent  davantage  par  la  sage  ré- 
forme, et  les  maisons  de  travail  qui  fu- 
rent établies.  En  1797 ,  le  torrent  révolu- 
tionnaire commençait  à  gagner  jusque 
dans  Rome  ;  le  souverain  pontife  ne  crut 
pouvoir  confier  le  gouvernement  de  cette 
ville  en  de  meilleures  mains  qu'en  celles 
du  cardinal  Borgia.  Il  lui  remit  la  dic- 
tature de  sa  capitale  en  lui  adjoignant 
deux  autres  cardinaux.  En  effet  il  parvint 
par  sa  fermeté ,  sa  sagesse  et  sa  pru- 
dence, à  prendre  un  tel  ascendant  sur  les 
esprits,  que  Rome  conserva  sa  tranquil- 
lité et  ne  fut  souillée  d'aucun  crime  jus- 
qu'au 15  février  1798,  époque  où  l'arrivée 
lie  l'armée  française  exalta  le  parti  popu- 
laire qui  se  constitua  en  république.  Le 
cardinal  arrêté  d'abord  ,  ne  fut  remis  en 
liberté  qu'avec  ordre  de  sortir  des  états 
romains.  Il  se  retira  à  Libouine  ,  et  en- 
suite à  Venise  et  à  Padoue,  ou  il  employa 
ses  loisirs  à  réunir  les  gens  de  lettres  ,  et 
s'occupa  avec  zèle  des  missions  dont  il 
espéroit  le  plus  grand  bien.  Il  organisa 
par  l'autorisation  de  Pie  VI  une  nouvelle 
propagande,  et  parvint  à  envoyer  en  peu 
de  mois  13  nouveaux  apôtres  de  la  foi 
aux  extrémités  du  monde.  En  1800,  il 
rentra  à  Rome  à  l'exaltation  de  Pie  VII, 
et  succéda  au   cardinal  Zelada   dans  la 


charge  de  recteur  du  collège  romain. 
Lorsque  le  pape  vint  en  France  on  1804, 
il  le  suivit  malgré  son  grand  âge  et  la 
rigueur  de  la  saison.  Son  projet  était  d'y 
rétablir  des  missions  •>  mais  une  maladie 
grave  l'arrêta  à  Lyon  et  il  y  mourut  le 
23  novembre  1804,  laissant  après  lui  des 
regret»  que  méritaient  son  zèle  pour  la  re- 
ligion, ses  vertus, ses  talens  et  l'affabilité 
de  son  caractère.  Son  museé  était  constam- 
ment ou  vert  à  tous  les  sa  vans,  et  le  cardinal 
s'empressait  d'indiquer  à  celui  qui  y  recou- 
rait les  objets  dont  il  avait  besoin  pour  son 
travail.  Il  se  chargeait  souvent  des  frais 
d'impression  ,  et  toujours  des  frais  de 
gravure  de  planches.  On  l'a  vu  vendre  de 
la  vaisselle  d'argent,  et  jusqu'aux  boucles 
de  ses  souliers  ,  pour  faire  l'acquisition 
de  quelque  morceau  curieux,  ou  pour 
faire  imprimer  une  dissertation.  Nous 
avons  déjà  parlé  de  ses  connaissances 
comme  antiquaire;  il  est  en  outre  auteur 
de  plusieurs  ouvrages  de  critique  et  d'é- 
rudition peu  connus  hors  de  l'Italie.  Les 
titres  sont  :  |  Monumento  di  papa  Giovan- 
ni XVI,  Rome,  1750;  |  Brève  isloria  deW 
anticacittà  di  Todino  nelV  Umbria .,  ed 
esatta  relazione  délie  ricerche  faite 
sulle  sue  rovine ,  Rome,  1751,  in-8°  ; 
|  Brève  istoria  délie  città  di  Benevento  J 
1763 ,  1764 .  1769  ,  3  vol.  in-4°;  |  Vaticana 
confessio  B.  Pétri,,  chronologicis  testimo- 
niis  illuslrata,  ibid.  1776,  in-4°;  |  Brève 
isloria  del  dominio  temporale  délia 
sede  aposlolica  nelle  due  Sicilie ,  ibid. 
1788;  |  Histoire  maritime  des  étals  du 
saint  Siège,  non  achevée.  Le  P.  Paulin 
de  Saint-Barlhélemi  a  écrit  sa  vie  sous  le 
titre  de  Lynopsis  vitœ  Stephani  Borgiœ, 
Rome,  1805  ,  in-4°.  On  en  trouve  un  ex- 
trait dans  le  Magasin  encyclopédique. 

*  BOUGI V  (  saint  François  de  ).  Voyez 
FRANÇOIS. 

*  BORIE-CAMBORD  (  Jeaîw  ),  député 
à  la  Convention  nationale,  était  avocat 
au  commencement  de  la  révolution  :  il 
devint  administrateur  du  département  de 
la  Corrèze,  qui  le  députa,  en  1791,  à 
T Assemblée  législative,  où  il  se  fit  peu 
remarquer.  Il  passa  ensuite  à  la  Conven- 
tion et  y  fut  chargé  de  l'examen  des 
comptes.  En  1792,  il  commença  à  mon- 
trer un  républicanisme  ardent  :  il  appuya 
de  tout  son  pouvoir  les  premières  dénon- 
ciations portées  contre  le  général  Custi- 
ncs.  Dans  le  procès  du  roi  il  vola  pour  la 
mort  sans  sursis  et  sans  appel  au  peuple  : 
il  se  montra  partisan  des  mesures  les  plus 
violentes,  notamment  contre  les  proscrits 


non  h 

du  51  mai  et  les  prêtres  insermentés.  Bo- 
rle  se  rendit  à  l'armée  du  Rhin ,  en  qua- 
lité de  commissaire  de  la  Convention  dans 
le  mois  de  juillet  1793.  Envoyé  en  mission 
dans  les  départemens  du  Gard  et  de  la  Lo- 
zère, il  se  montra  le  digne  émule  des 
Carrier ,  des  Lebon  et  des  Maignet ,  et  fil 
répandre  à  grands  flots  le  sang  des  catho- 
liques et  des  protestans.  11  contraignit 
même  les  parens  de  ceux  qu'il  faisait  as- 
sassiner, de  danser  avec  lui  et  ses  sicaires, 
autour  de  l'instrument  du  supplice.  Pour- 
suivi par  la  clameur  publique ,  il  fut  mis 
en  accusation  comme  fauteur  des  troubles 
du  1er  prairial  an  5  (  20  mai  1795  )  qui 
coûtèrent  la  vie  au  député  Ferraud  ;  mais 
il  fut  compris  dans  l'amnistie  du  4  bru- 
maire an  4  (20  octobre  1796).  Nommé  juge 
au  tribunal  civil  de  Coignac,  il  en  exerça 
les  fonctions  pendant  plusieurs  années.  Il 
est  mort  en  1805 ,  à  Sarlat  (  Dordogne  )  où 
il  s'était  relire. 

BORIS  -GUDEiVOF  ou  GODOUNOT, 
grand-écuyer  de  Moscovie ,  et  beau-frère 
du  grand-duc,  fut  régent  de  l'état  pen- 
dant le  règne  de  Fœdor.  Voulant  s'empa- 
rer de  la  couronne ,  il  fit  tuer  Démétrius, 
frère  de  Fœdor ,  à  Uglitz ,  où  on  réle- 
vait. Pour  cacher  son  meurtre ,  il  lit  per- 
dre la  vie  au  gentilhomme  à  qui  il  avait 
confié  le  soin  de  l'exécuter;  il  envoya  des 
soldats  pour  raser  le  château  d'Uglitz , 
et  chasser  les  habitans ,  comme  s'ils  eus- 
sent favorisé  l'assassinat.  On  croit  qu'en- 
suite il  empoisonna  le  jeune  Fœdor ,  pour 
se  rendre  maître  absolu  de  l'empire.  Il 
feignit  de  refuser  la  dignité  suprême  ; 
mais  il  employa  secrètement  toutes  sortes 
de  moyens  pour  l'obtenir  par  l'élection 
des  grands.  Il  obtint  ce  qu'il  souhaitait  : 
mais  son  bonheur  fut  traversé  par  l'im- 
posture de  Griska ,  qui  parut  sous  le  nom 
de  Démétrius  et  qui  obtint  la  protection 
du  vaivode  de  Sandomir.  Il  persuada  à 
celui-ci  que  l'assassin  envoyé  par  Boris 
avait  tué  un  jeune  garçon  qui  lui  ressem- 
blait,  et  que  ses  amis  l'avaient  fait  éva- 
der. Ce  vaivode  leva  une  armée,  entra 
en  Moscovie,  et  déclara  la  guerre  au 
grand-duc.  Il  prit  d'abord  plusieurs  villes, 
et  attira  à  son  parti  plusieurs  officiers  de 
Boris ,  qui  en  mourut  de  chagrin  en  1605. 
Les  Boyards  couronnèrent  Fœdor-Borito- 
witch ,  fils  de  Boris ,  qui  était  fort  jeune; 
mais  la  prospérité  des  armes  du  faux  Dé- 
métrius les  engagea  ensuite  à  le  recon- 
naître pour  leur  prince.  Le  peuple ,  gagné 
par  eux ,  courut  promptement  au  château, 
et  arrêta  prisonnier  le  jeune  grand- duc 


!9  BOR 

avec  sa  mère.  En  même  temps  on  envoya 
supplier  Démétrius  de  venir  prendre 
possession  de  son  royaume.  Le  nouveau 
roi  fit  tuer  la  mère  et  le  fils  le  10  juin 
1605,  et  c'est  ainsi  que  finit  celte  tra- 
gédie. 

*  BOIIKHAUSCX  (  Mauiuce-Baltha- 
sau  ) ,  naturaliste  allemand,  né  dans  le 
pays  de  Darmstadt  en  1732,  et  mort  vers 
1807.  Il  fut  professeur  d'bistoire  naturelle 
et  on  lui  doit  plusieurs  ouvrages  écrits 
pour  la  plupart  en  allemand;  on  y  trouve 
des  vues  neuves  et  qui  annoncent  un  bon 
observateur.  |  Histoire  naturelle  des  pa- 
pillons d'Europe ,  dans  un  ordre  systé- 
matique ,  en  cinq  parties  avec  deux  plan- 
cbes  coloriées,  Francfort,  1788-94,  in-8°; 
|  Essai  d'une  description  des  différentes 
espèces  d'arbres  fruitiers  qui  croissent 
en  pleine  terre  da?is  le  pays  de  Hesse- 
Darmstadt,  1790 ,  in-8°  ;  |  Explication  des 
termes  qui  sont  en  usage  dans  la  zoolo- 
gie,  1790,  in-8°;  |  Tentamcn  dispositions 
plantarum  Germaniœ  seminiferarum  se- 
cundum  novam  methodum  a  slaminum 
situ  et  proportione ,  cum  characteribus 
generum  essenlialibus ,  Darmstadt,  1792, 
in-8°;  réimprimé  après  sa  mort  sous  ce 
litre,  Tentamen  Florœ,  Germanicœ ,  avec 
un  supplément  de  172  pages,  Francfort, 
1811 ,  in-8°;  |  Précis  de  l  histoire  naturelle 
des  animaux  de  l'Allemagne,  1797,  in-8c  ; 
|  Un  grand  nombre  d' observations  et  de 
mémoires  sur  les  sciences  naturelles ,  in- 
sérés dans  les  ouvrages  périodiques  alle- 
mands. 

BORLACE  (  Edmond  ) ,  docteur  en  mé- 
decine, anglais,  exerça  avec  succès  sa 
profession  à  Chester,  et  s'adonna  à  l'é- 
tude de  l'histoire  dans  ses  momens  de 
loisir.  Il  mourut  en  1682,  après  avoir 
publié  :  |  Histoire  de  la  réunion  de  l'Ir- 
lande à  l'Angleterre  s  Londres,  1675,  in- 
8°  ;  |  Histoire  de  la  rébellion  d'Irlande 
en  1641,  Londres,  1680,  in -fol. ,  en  an- 
glais ;  |  les  Eaux  de  Spa  et  les  cures  les 
plus  remarquables  qu'elles  ont  opérées , 
1670,in-8°. 

BORLASE  (  Guillaume  ) ,  né  à  Pen- 
deen  en  Cornouailles  l'an  1696,  fut  suc- 
cessivement ministre  à  Ludgvan  et  à 
Saint-Just.  Sa  science  le  fit  admettre  dans 
la  société  royale  de  Londres ,  et  il  mourut 
le  31  août  1772,  après  avoir  donné  au 
public  j  Observations  sur  l'état  ancien  et 
présent  des  îles  de  Scilly ,  Oxford ,  1756» 
in-4°;  |  Histoire  naturelle  de  Cornouail- 
les, Oxford,  1758,  in-fol.  ;  |  Antiquités 
de  Cornouailles,  Londres,  1769,  in-fol. 


do  a 


*  BORN  (Bertrand  de),  vicomte d'Hau- 
tefort  >  dans  le  diocèse  de  Périgueux , 
troubadour  et  guerrier  vivait  dans  le  12e 
siècle.  Son  courage  et  son  activité  ne  fu- 
rent égalés  que  par  son  ambition.  Son 
frère  Constantin  partageait  avec  lui  la  sei- 
gneurie d'Hautefort.  Bertrand  voulut  en 
avoir  l'entière  propriété ,  et  après  de  lon- 
gues disputes ,  il  finit  par  cbasser  Constan- 
tin. Celui-ci  eut  recours  à  des  seigneurs 
voisins  qui  forcèrent  Bertrand  à  prendre 
la  fuite.  Des  amis  communs  négocièrent 
un  accommodement  entre  les  deux  frères. 
Mais  de  Born  revint  bientôt  à  ses  pre- 
mières prétentions  ;  ce  qui  attira  une  se- 
conde fois  sur  ses  domaines  le  fléau  de  la 
guerre.  Bertrand  se  distingua  surtout  par 
sa  haine  contre  Richard,  comte  de  Poitou, 
fils  de  Henri  H  roi  d'Angleterre ,  et  frère 
de  Henri ,  duc  de  Guyenne.  Il  parvint  à 
former  contre  lui  une  ligne  redoutable ,  et 
il  excita  par  un  si/vente  les  confédérés  à 
la  vengeance.  Mais  au  moment  où  la  ligue 
à  la  tête  de  laquelle  était  Henri  lui-même 
allait  se  mettre  en  mouvement ,  les  deux 
frères  conclurent  un  traité.  Henri  se  re- 
tira en  Normandie ,  laissant  ses  alliés  à  la 
merci  de  Richard ,  qui  s'en  vengea  en  ra- 
vageant leurs  terres.  Bertrand  osa  pres- 
que seul  braver  Richard  qui  assiégea  son 
château.  Le  troubadour  fut  réduit  à  se 
rendre.  Richard  accepta  ses  soumissions  , 
1  embrassa  et  lui  pardonna.  Bertrand  in- 
spiré par  la  reconnaissance  composa  un 
nouveau  sirvente  en  l'honneur  de  son  gé- 
néreux ennemi ,  qui  lui  rendit  son  château 
d  Hautefort ,  après  avoir  reçu  sa  foi.  Les 
fils  de  Henri  H  s'étant  de  nouveau  révol- 
tes ,  Bertrand ,  pour  qui  l'intrigue  et  la 
discorde  étaient  un  besoin,  renoua  ses 
liaisons  avec  le  prince  Henri,  qui  son- 
geait a  soulever  les  Gascons.  La  mort  pré- 
maturée de  ce  prince  le  pénétra  de  la  plus 
vive  douleur  et  lui  donna  occasion  de  cé- 
lébrer ses  vertus  dans  deux  complaintes 
qui  nous  sont  restées.  Le  roi  d'Angleterre, 
attribuant  au  troubadour  les  démarches' 
séditieuses  de  son  fils,  vint  l'assiéger  dans 
Hautefort,  et  de  Born  fut  pris  avec  toute  sa 
garnison.  Henri  II  respirant  la  vengeance 
lit  venir  devant  lui  Bertrand,  qui  le  désar- 
ma adroitement,  en  lui  parlant  du  fils  qu'il 
avait  perdu.  Au  nom  de  Henri,  le  roi  d'An- 
gleterre fut  attendri  et  versa  des  larmes.  De 
Born  tombant  à  ses  pieds,  lui  jura  un  at- 
tachement éternel.  Mais  il  ne  renonça  pas 
à  ses  habitudes  turbulentes.  Les  guerres 
de  Richard  et  de  Philippe  Auguste  lui  of- 


430 


BOR 


frirent  une  nouvelle  occasion  d'exercer 
son  esprit  satirique  et  ses  inclinations  mar- 
tiales. Affligé  de  la  paix  que  conclurent 
ces  deux  rivaux  après  quelques  hostilités , 
il  décocha  sur  Richard  comme  sur  Phi- 
lippe ,  les  traits  les  plus  acérés  de  la  sa- 
tire. La  guerre  s'étant  rallumée  entre  les 
deux  rois,  le  troubadour  ne  manqua  pas 
d'aiguillonner  le  fougueux  Ricliard  par 
ses  éloges.  Bertrand  fatigué  du  monde  sur 
la  fin  de  sa  vie  se  retira  dans  un  cloitre , 
et  mourut  sous  l'habit  de  moine  de  Ci- 
teaux  ;  ce  qui  n'a  pas  empêché  le  Dante 
de  le  mettre  dans  les  enfers ,  où  le  poète 
suppose  qu'il  est  condamné  à  porter,  en 
guise  de  lanterne ,  sa  propre  tète  séparée 
de  son  corps. 

*  BORN  (  Ignace  ,  baron  de  ) ,  célèbre 
minéralogiste,  membre  des  principales 
académies  de  l'Europe,  né  à  Carlsbourg 
en  Transilvanie ,  en  1742.  Après  avoir 
fait  ses  études  chez  les  jésuites,  il  alla 
étudier  le  droit  à  Prague ,  et  voyagea  en- 
suite en  Allemagne,  en  Hollande,  dans 
les  Pays-Bas  et  en  France.  Il  ne  tarda  pas 
à  étudier  l'histoire  naturelle.  Les  connais- 
sances étendues  qu'il  acquit  dans  cette 
science ,  lui  méritèrent  une  place  de  con- 
seiller aulique  au  département  des  mines 
et  monnaies  de  l'empereur.  Il  fit  un 
voyage  minéralogique  en  haute  et  basse 
Hongrie,  dont  la  relation  fut  publiée 
en  Allemagne  par  son  ami  Ferber  en 
1774 ,  in-8°,  et  traduit  en  français  en  1780, 
par  M.  Monnet.  En  1776,  Marie-Thé- 
rèse le  chargea  de  mettre  en  ordre  et 
de  décrire  le  cabinet  impérial  d'his- 
toire naturelle.  Il  publia  en  1778  la  pre- 
mière partie  de  cette  description  conte- 
nant les  testacées.  On  doit  au  baron  de 
Born  le  perfectionnement  du  procédé  de 
l'amalgamation  des  métaux  en  Allema- 
gne. Cette  importante  découverte  trouva 
en  Autriche  des  contradicteurs,  et  ne  fut 
adoptée  qu'après  bien  des  difficultés  :  elle 
a  été  améliorée  par  d'autres  savans ,  com- 
me Born  l'avait  prévu.  Ce  savant  minéra- 
logiste mourut  à  Vienne  le  28  août  1791. 
Il  avait  occupé  plusieurs  places ,  dont  il 
consacra  le  revenu  à  des  expériences 
utiles  et  à  des  actes  de  bienfaisance.  M. 
Pezzil  a  donné ,  en  allemand ,  une  Vie  du 
baron  de  Born ,  Vienne ,  1792  ,  in-8°.  Ses 
principaux  ouvrages  sont  :  |  Lithophyla- 
cium  Bornianum,  Prague,  1772,2  vol. 
in-8°  ;  |  Effigies  virorumeruditorum  atque 
artificum  Bohemiœ  et  Moravia ,  Prague , 
1773,2  vol.  in-8°.  Ces  notices ,  accompa- 
gnées de  portraits,  sont  imprimées  dans 


BOR  h 

un  encadrement.  |  Mémoires  d'une  so- 
ciété de  savans  établie  à  Prague  pour  les 
progrès  des  mathématiques ,  de  l'histoire 
naturelle  et  de  l'histoire  du  pays,  en 
allemand ,  Prague ,  1775  ,  G  vol.  in-8°,  con- 
tinués par  d'autres  savans  ;  |  un  ouvrage 
sur  Y  amalgamation ,  en  allemand  ,  tra- 
duit  en  français  sous  ce  titre  :  Méthode 
d'extraire  les  métaux  parfaits  des  miné- 
rais  et  autres  substatices  métalliques  par 
le  mercure;  \  Catalogue  méthodique  et 
raisonné  de  la  collection  des  fossiles  de 
mademoiselle  Eléonore  de  Raab,  2  vol. 
in-8°. 

BORNIER  (  Philippe  de  ) ,  lieutenant- 
particulier  au  présidial  de  Montpellier, 
naquit  dans  celte  ville  en  1654,  et  y 
mourut  en  1711.  On  l'employa  dans  diffé- 
rentes affaires  importantes.  On  a  de  lui  : 
|  Conférences  des  nouvelles  ordonnances 
du  roi  Louis  XIV  avec  celles  de  ses  pré- 
décesseurs, 1755,2  vol.  in-4°,  ouvrage 
autrefois  très  consulté  par  les  juriscon- 
sultes français;  |  Commentaires  sur  les 
conclusions  de  Ranchin ,  en  latin ,  Genève 
1711.  Ces  deux  ouvrages  sont  estimés  des 
jurisconsultes. 

*  BORRÉE  (  Martin  ) ,  ou  Cellarius  , 
théologien,  né  en  Suède,  et  mort  de  la 
peste  à  Bâle,  en  1564,  à  l'âge  de  65  ans, 
possédoit  une  grande  érudition.  Il  avait 
d'abord  adopté  les  erreurs  des  anabap- 
tistes ,  mais  il  les  abjura  et  professa  en- 
suite la  théologie  à  Bâle.  Il  a  laissé  :  |  des 
Commentaires  sur  Aristote  et  sur  l'Ecri- 
ture sainte;  |  Liber  de  operibus  Dei; 
|  De  veteris  et  novi  hominis  ortu  et  na- 
turâ  ;  |  De  ortu ,  naturâ  ,  usu ,  atque  dis- 
crimine Jubilœorum,  quos  Deus  insli- 
tuit  ;  |  Cosmographiœ ,  Astronomiœ  et 
Géographie  Elementa  ;  etc. 

BORREL  (  Jean  ) ,  connu  sous  le  nom 
de  Buteoj  chanoine  régulier  de  Saint- 
Antoine  ,  se  distingua  de  son  temps  dans 
les  sciences  abstraites.  Il  naquit  à  Char- 
pey  en  Dauphiné ,  l'an  1492 ,  et  mourut  à 
Cénar,  bourg  voisin  de  Romans,  en  1572. 
Il  donna  en  1554  à  Lyon ,  in-4°,  le  Recueil 
de  ses  ouvrages  géométriques.  On  y  trou- 
ve d'excellentes  Dissertations,  où  l'au- 
teur unit  la  solidité  du  jugement  à  l'exac- 
titude de  la  géométrie ,  entre  autres  une 
Dissertation  sur  l'arche  de  Noé ,  très 
estimée  des  savans.  Il  y  démontre  que  la 
capacité  de  ce  vaisseau  était  parfaitement 
proportionnelle  à  son  objet.  Jean  Pelle- 
tier a  trouvé  quelques  difficultés  dans  son 
plan  d'architecture,  qu'il  a  fait  disparaître 
par  le  moyen  des  changemens  qu'il  pro- 


3J  BOR 

pose.  Kircher,  Lami,  Cumberland,  Budée, 
Wilkins  se  sont  exercés  sur  le  même  sujet. 
Quelques  incrédules  qui  n'ont  pu  opposer 
rien  de  solide  à  leur  géométrie ,  se  sont 
bornés  à  la  tourner  en  ridicule.  C'est  leur 
dernière  ressource.  Mais  quoique  les  di- 
vers systèmes  sur  la  structure  de  l'arche 
ne  soient  que  des  conjectures,  elles  dé- 
montrent cependant  que  les  commenta- j 
teurs  qui  ont  travaillé  à  éclaircir  la  nar-. 
ration  des  Livres  saints,  ont  eu  en  géné- 
ral plus  de  capacité,  de  lumières,  d'éru- 
dition, de  jugement  que  ceux  qui  font 
profession  de  mépriser  les  anciens  mc- 
numens,  sans  pouvoir  en  donner  aucune 
raison. 

*  BORRI  (  Christophe),  jésuite  mi- 
lanais ,  se  consacra  aux  pénibles  travaux 
des  missions  orientales,  et  fut  un  des 
premiers  qui  pénétra  dans  la  Cochin- 
chinc ,  où  il  séjourna  cinq  ans.  La  relation 
qu'il  en  publia  en  italien ,  Rome ,  1651 , 
in-8°,fut  traduite,  la  même  année,  en 
français  par  le  Père  Antoine  de  la  Croix , 
Rennes ,  petit  in-8°  ;  en  latin ,  Vienne  en 
Autriche ,  1633  ;  et  en  anglais ,  par  Robert 
Atsley,  Londres,  1655,  in -4°.  Churchill 
inséra  cette  traduction  dans  le  2e  volume 
de  sa  collection  de  voyages  ;  mais  il  ajouta 
une  deuxième  partie.  La  relation  de  Borri 
n'est  recherchée  que  parce  qu'elle  est  la 
première  que  Ton  ait  de  ce  pays  lointain  : 
l'auteur  y  traite  d'abord  du  climat  et  de 
la  fertilité  du  pays ,  des  animaux  singu- 
liers qui  s'y  trouvent ,  des  éléphans ,  des 
Abadas  (c'est  le  nom  portugais  du  rhino- 
céros ) ,  des  mœurs  et  coutumes  des  ha- 
bitants ,  et  de  leur  état  politique  ;  la 
deuxième  partie  est  entièrement  consa- 
crée à  la  relation  des  succès  de  la  prédi- 
cation de  l'Evangile.  De  retour  en  Europe, 
le  P.  Borri  enseigna  les  mathématiques 
dans  les  collèges  de  Coimbre  et  de  Lis- 
bonne ,  et  crut  avoir  trouvé  un  procédé 
utile  à  la  navigation ,  par  le  moyen  de 
l'aiguille  aimantée  :  il  s'agissait  probable- 
ment de  la  recherche  des  longitudes. 
Ayant  été  mandé  à  la  cour  de  Madrid 
pour  y  exposer  sa  découverte,  ses  supé- 
rieurs le  soupçonnèrent  de  tramer  quel- 
que projet  au  préjudice  de  son  ordre,  et 
le  firent  venir  à  Rome ,  où  il  ne  put  se 
justifier;  il  fut,  en  conséquence,  exclu  de 
la  compagnie ,  et  mourut  le  24  mai  1652. 
BORRI  (  Joseph-  François  ) ,  né  à  Mi- 
lan le  4  mai  1627 ,  enthousiaste ,  chimiste, 
hérésiarque  et  prophète,  s'attacha  d'a- 
bord à  la  cour  de  Rome  ;  mais  ayant  en- 
suite déclamé  contre  elle,  et  rempli  la 


BOR 


432 


BOR 


ville  du- bruit  de  ses  révélations,  il  fut 
obligé  de  la  quitter.  Retiré  à  Milan ,  sa 
patrie,  il  contrefit  l'inspiré ,  dans  la  vue, 
dit-on,  de  s'en  rendre  le  maître  par  les 
mains  de  ceux  auxquels  il  communiquait 
son  enthousiasme.  Il  commençait  par  exi- 
ger d'eux  le  vœu  de  pauvreté ,  et  pour  le 
leur  faire  mieux  exécuter,  il  leur  enle- 
vait leur  argent  ;  il  leur  faisait  jurer  en- 
suite de  contribuer ,  autant  qu'il  serait  en 
eux ,  à  la  propagation  du  règne  de  Dieu , 
qui  devait  bientôt  s'étendre  par  tout  le 
inonde  réduit  à  une  seule  bergerie ,  par 
les  armes  d'une  milice  dont  il  devait  être 
le  général  et  l'apôtre.  Ses  desseins  ayant 
été  découverts,  il  prit  la  fuite;  l'inquisi- 
tion lui  fit  son  procès ,  et  l'abandonna  à  la 
justice  séculière ,  qui  le  condamna ,  com- 
me hérétique ,  à  perdre  la  vie ,  ce  qu'il 
méritait  d'ailleurs  comme  séditieux  et 
perturbateur  du  repos  public  :  son  effigie 
fut  brûlée  avec  ses  écrits  à  Rome  en  1660. 
Borri  se  réfugia  à  Strasbourg,  et  de  là  à 
Amsterdam,  où  il  prit  le  titre  modeste 
de  Médecin  universel.  Une  banqueroute 
l'ayant  chassé  de  la  Hollande ,  il  passa  à 
Hambourg,  où  la  reine  Christine  perdit 
beaucoup  d'argent  à  lui  faire  chercher  la 
pierre  philosophale.  Le  roi  de  Danemarck 
imita  Christine,  et  ne  réussit  pas  mieux. 
Borri  se  sauva  en  Hongrie.  Le  nonce  du 
pape ,  qui  était  alors  à  la  cour  de  Vienne, 
le  réclama.  L'empereur  le  rendit,  mais 
avec  parole  du  pape  de  ne  point  le  faire 
mourir.  Conduit  à  Rome,  il  y  fut  con- 
damné à  faire  amende  honorable  et  à  une 
prison  perpétuelle.  Il  mourut  en  1695  ,  à 
68  ans,  au  château  Saint -Ange,  dans  le- 
quel il  avait  été  transféré  à  la  prière  du 
ducd'Estrées ,  qu'il  avait  guéri  d'une  ma- 
ladie désespérée.  On  a  de  lui  de  mauvais 
ouvrages  sur  l'alchimie.  Son  livre  intitulé 
La  Chiave  del  Gabinelto,  Cologne ,  1681, 
in-12 ,  est  rare  et  se  vend  cher  (i). 

BORRICIIIUS  (  Olaus  ) ,  professeur  de 
médecine  à  Copenhague ,  naquit  en  1626 , 
et  mourut  de  la  pierre  en  1690.  Il  laissa 
une  somme  considérable  pour  l'entretien 
des  pauvres  étudians.  Il  ne  voulut  jamais 
se  marier,  ne  croyant  pas  que  ses  éludes 
et  sa   philosophie   pussent   se   concilier 


:cueil   de  di» 
par   Borri  à 


(i)  Ce  livre  n'est  autre  chose  qu'un 
lettres,  qu'on  suppose  avoir  été  écrit» 
divers  princes  de  l'Europe.  L'épître  injuriei 
les  précède  et  qui  est  adressée  à  l'auteur,  prouve 
qu'elles  furent  publiées  sans  sa  participation.  Set  Jn- 
itruclions  politiques  au  roi  du  Danemarck  se  trouvent 
à  la  fin  du  même  volume.  Elles  avaient  e'te'  d'abord 
imprime'es  séparément. 


avec  les  embarras  du  mariage,  et  per- 
suadé que  le  génie  perd  toujours  quelque 
chose  de  son  élévation  et  de  sa  force  dans 
la  société  de  la  femme.  On  a  de  lui  beau- 
coup d'ouvrages.  |  De  Poetis  Grœcis  et 
Lalinis.  \  Antiquœ  Romœ  imago.  \  De 
somno  et  somniferis ,  4680,in-4°.  |  De 
usu  planlarum  indigenarum ,  1688 ,  in- 
8°,  etc. 

BORROMÉE  (  saint  Charles  )  naquit 
le  2  octobre  1538  dans  le  château  d'Arone 
sur  les  bords  du  lac  Majeur,  dans  le  Mi- 
lanais ,  du  comte  Gibert  Borromée  et  de 
Marguerite  de  Médicis.  Charles  s'adonna 
de  boniie  heure  à  la  retraite  et  aux  lettres. 
Son  oncle  maternel ,  Pie  IV ,  l'appela  au- 
près de  lui ,  le  fit  cardinal  et  archevêque 
de  Milan.  Charles  n'avait  alors  que  22  ans. 
Il  conduisit  les  affaires  de  l'Eglise  comme 
un  homme  qui  l'aurait  gouvernée  pen- 
dant long- temps  ;  il  forma  une  académie 
composée  d'ecclésiastiques  et  de  séculiers, 
que  son  exemple  et  ses  libéralités  ani- 
maient à  l'étude  et  à  la  vertu.  Le  jeune 
cardinal,  au  milieu  d'une  cour  fastueuse, 
se  laissa  entraîner  au  torrent,  se  donna 
des  appartemens,  des  meubles  et  des 
équipages  magnifiques.  Sa  table  était  ser- 
vie somptueusement ,  sa  maison  ne  dés- 
emplissait point  de  gentilshommes  et  de 
gens  de  lettres.  Son  oncle,  charmé  de 
cette  magnificence ,  lui  donna  de  quoi  la 
soutenir.  On  le  vit  dans  peu  de  temps 
grand- pénitencier  de  Rome,  archiprètre 
de  Sainte -Marie- Majeure;  professeur  de 
plusieurs  couronnes ,  et  de  divers  ordres 
religieux  et  militaires  ;  légat  de  Bologne , 
de  la  Romagne  et  de  la  Marche  d'Ancône. 
C'était  dans  ce  temps-là  que  se  tenait  le 
concile  de  Trente.  On  parlait  beaucoup 
de  la  réformation  du  clergé.  Charles , 
après  l'avoir  conseillée  aux  autres ,  l'exé- 
cuta sur  lui-même.  Il  réforma  tout  d'un 
coup  jusqu'à  80  domestiques  de  marque , 
quitta  la  soie  dans  ses  habits,  s'imposa 
chaque  semaine  un  jeûne  au  pain  et  à 
l'eau.  Il  se  prescrivit  bientôt  des  choses 
bien  plus  importantes.  Il  tint  des  con- 
ciles, pour  confirmer  les  décrets  de  celui 
de  Trente,  terminé  en  partie  par  ses 
soins.  11  fit  de  sa  maison  un  séminaire 
d'évêques;  il  établit  des  collèges,  des 
communautés,  renouvela  son  clergé  et  les 
monastères  ;  forma  des  asiles  pour  les 
pauvres  et  les  orphelins,  pour  les  filles 
exposées  à  se  perdre,  ou  qui  voulaient 
revenir  à  Dieu  après  s'être  égarées.  Mais 
de  tous  ces  établissemens,  celui  qui  pro- 
duisit les  fruits  les  plus  précieux  et  les 


BGR 


435 


BOR 


plus  étendus,  ce  furent  les  séminaires 
épiscopaux,  dont  les  règlemens  servirent 
de  modèle  à  tous  ceux  qui  furent  fondés 
dans  la  suite,  et  dont  l'Eglise  tira  de  si 
grands  avantages ,  que ,  lorsque  l'em- 
pereur Joseph  II  entreprit  de  détruire 
dans  ses  états  la  religion  catholique ,  il  ne 
crut  pouvoir  employer  à  ce  dessein  un 
moyen  plus  sûr  que  de  les  abolir ,  en  les 
remplaçant  par  uno  école  profane  et  hé- 
térodoxe, sous  le  nom  de  séminaire -gé- 
néral, que  les  catholiques  appelèrent  nou- 
velle Babylone.  Le  zèle  de  Charles  en- 
chanta les  gens  de  bien,  et  irrita  les 
médians.  L'ordre  des  humiliés ,  qu'il  vou- 
lut réformer ,  excita  contre  lui  un  frère 
Farina,  membre  détestable  de  cette  con- 
grégation. «  Ce  malheureux  (  dit  un  au- 
»  leur  qui  a  écrit  la  Vie  de  saint  Charles 
»  avec  autant  d'exactitude  que  d'intérêt  ) 
»  se  posta  à  l'entrée  de  la  chapelle  du 
»  palais  archiépiscopal,  le  26  octobre  1569, 

*  dans  le  temps  où  le  saint  faisait  la  prière 
■  du  soir  avec  sa  maison.  On  chantait 
»  alors  une  antienne ,  et  on  était  à  ces 
»  mots  :  Non  turbetur  cor  vestrum ,  ne- 
»  que  formidet.  Le  prélat  était  alors  à  ge- 
»  noux  devant  l'autel.  L'assassin ,  éloigné 
»  seulement  de  cinq  à  six  pas ,  tire  sur 
»  lui  un  coup  d'arquebuse  chargé  à  balle. 
»  Au  bruit  de  l'instrument  meurtrier,  le 
»  chant  cesse  ,  et  la  consternation  devient 
»  générale.  Charles ,  sans  changer  de 
»  place ,  fait  signe  à  tous  de  se  remettre  à 
»  genoux ,  et  finit  sa  prière  avec  autant 
»  de  tranquillité  que  s'il  ne  fût  rien  ar- 
»  rivé.  Le  saint  qui  se  croit  blessé  mor- 
b  tellement ,  lève  les  mains  et  les  yetix  au 
b  ciel ,  pour  offrir  à  Dieu  le  sacrifice  de 

•  sa  vie;  mais  s'étant  levé  après  la 
»  prière ,  il  trouva  que  la  balle  qu'on  lui 
»  avait  tirée  dans  le  dos,  était  tombée  à 
»  ses  pieds ,  après  avoir  noirci  son  ro- 
»  chet.  »  Charles  demanda  la  grâce  de  son 
meurtrier ,  qui  fut  puni  de  mort ,  ainsi 
que  trois  autres  religieux  ses  complices, 
6ans  qu'il  eût  pu  les  soustraire  à  un 
supplice  si  justement  mérité.  Le  pape 
prononça  la  dissolution  de  l'ordre  entier 
dont  les  biens  furent  employés  par  le 
saint  archevêque  à  fonder  des  collèges , 
des  hôpitaux,  à  réparer  des  églises,  des 
couvens  et  à  décorer  sa  cathédrale  avec 
une  magnificence  digne  de  son  zèle 
et  de  sa  piété.  Ces  contradictions  n'af- 
faiblirent point  l'ardeur  du  saint  ar- 
chevêque. Il  visita  les  extrémités  aban- 
données de  son  diocèse,  abolit  les  excès 
du  carnaval ,  distribua  le  pain  de  la  pa- 

2. 


rôle  à  son  peuple ,  et  s'en  montra  le  pas- 
teur et  le  père.  Dans  les  ravages  que  fit 
une  peste  cruelle,  il  assista  les  pauvres 
par  ses  ecclésiastiques  et  par  lui-même; 
vendit  ses  meubles  pour  soulager  les  ma- 
lades, et  désarma  la  Divinité  par  des  pro- 
cessions ,  auxquelles  il  assista  pieds  nus 
cl  la  corde  au  cou.  Il  finit  saintement  sa 
carrière  en  1584,  à  47  ans.  On  a  de  lui  un 
très  grand  nombre  d'ouvrages  sur  des 
matières  dogmatiques  et  morales.  On  les 
a  imprimés  en  5  vol.  in-fol.  en  1747,  à 
Milan.  La  bibliothèque  du  sainl-Sépulcre 
de  cette  ville  conserve  précieusement  51 
vol.  manuscrits  de  Lettres  du  saint  prélat 
Le  clergé  de  France  a  fait  réimprimer,  à 
ses  dépens,  les  instructions  qu'il  avait 
dressées  pour  les  confesseurs.  Ses  Acla 
Ecclesiœ  Mediolanensis ,  Milan,  1599, 
in-folio ,  sont  recherchés.  Paul  V  le  ca- 
nonisa en  1610.  Le  Père  Touron  a  écrit  sa 
Vie  en  3  vol.  in-12,  Paris,  1701  :  ouvrage 
écrit  d'un  style  lâche  et  diffus,  mais 
exact  et  édifiant.  Celle  donnée  par  M.  Go- 
deau,  Paris,  1748,  2  vol.  in-12,  est  pré- 
férable. Il  y  en  a  une  plus  ancienne  tra- 
duite de  l'italien,  et  imprimée  à  Lyon  en 
1675  ,  in-4°,  mise  en  latin  et  publiée  avec 
beaucoup  de  notes,  à  Milan  et  à  Augs- 
bourg ,  1758 ,  in-folio.  On  peut  consulter 
encore  De  Vita  et  rébus  geslis  Caroli 
S.  R.  E.  Cardinalis .,  libri  septem.  Milan, 
1592 ,  et  Brescia ,  1602 ,  in-4°,  et  son  Pané- 
gyrique écrit  par  l'abbé  Gérard.  Voyez 
l'article  SAXI. 

BORROMÉE  (Frédéric),  cardinal  et 
archevêque  de  Milan ,  héritier  de  la  science 
et  de  la  piété  de  Charles ,  son  cousin-ger- 
main, naquit  à  Milan  le  18  août  1564,  et 
mourut  le  21  décembre  1651,  âgé  de  68 
ans.  Il  professa  les  humanités  à  Pavie  ,  et 
fut  toujours  depuis  le  prolecteur  des  gens 
de  lettres  ;  c'est  lui  qui  a  fondé  la  célèbre 
bibliothèque  ambrosienne.  Antoine  01- 
giati  auquel  elle  fut  confiée  y  rassembla 
9  à  10  mille  manuscrits,  dont  un  grand 
nombre  d'orientaux  qu'il  était  allé  recher- 
cher lui-même  en  Grèce  et  ailleurs.  La 
cardinal  Borromée  avait  aussi  fondé  à  Mi- 
lan deux  académies  ;  l'une  pour  les  ecclé- 
siastiques, l'autre  pour  les  nobles.  On  a 
de  lui  |  Sac?-a  colloquia  ,  1632  ,  10  vol.  in- 
12  ;  |  Sermoncs  synodales;  \  Medilamenla 
litteraria  ;  |  Ragionamenti  synodali.  Mi- 
lan, 1652,  3  vol  in-4";  |  De  episcopo  con- 
cionanle ,  libri  III ,  Milan ,  1652,  in-fol. 

BORROM1IVI  (  François  ) ,  architecte 
né  à  Bissone  au  diocèse  de  Côme ,  en  1599, 
mort  en  1647 ,  se  fit  une  grande  répula- 
57 


BOR  454 

tion  à  Rome ,  où  il  fut  plus  employé  qu'au- 
cun architecte  de  son  temps.  On  voit  en 
cette  ville  un  grand  nombre  de  ses  ouvra- 
ges, dont  la  plupart  ne  sont  pas  un  modèle 
pour  les  jeunes  artistes.  On  y  troure  beau- 
coup d'écarts  et  de  singularités  ;  mais  en 
même  temps,  on  ne  peut  s'empêcher  d'y 
reconnaître  un  talent  supérieur  et  l'em- 
preinte du  génie.  Cet  architecte  en  avait 
beaucoup.  Ce  fut  en  s'efforçant  de  surpas- 
ser le  Bernin,  dont  il  enviait  la  gloire, 
qu'il  s'éloigna  de  la  simplicité ,  qui  est  la 
vraie  base  du  beau  ,  pour  donner  dans  ce 
goût  d'ornemens  extra vagans ,  qui  ont  fait 
comparer  son  style  en  architecture ,  au 
style  littéraire  de  Sénèque  et  de  Lucain. 
Il  était  l'élève  de  Maderno  auquel  il  suc- 
céda. On  estime  encore  la  façade  de  l'é- 
glise Sainte-Agnès  sur  la  place  Navona  à 
Rome ,  ce  qu'il  a  fait  au  collège  de  la  Pro- 
pagande ,  etc.  Le  pape  Urbain  VIII  le  créa 
chevalier  de  l'ordre  de  l'Eperon  ,  et  le  roi 
d'Espagne  Philippe  III ,  lui  donna  le  col- 
lier de  l'ordre  de  Saint-Jacques.  L'extrême 
application  qu'il  mit  à  former  un  recueil 
des  gravures  propres  à  faire  connaître  la 
fécondité  de  son  génie ,  le  fit  tomber  dans 
des  accès  d'hypocondrie  si  violens  qu'il  se 
perça  d'une  épée  en  1697.  Son  œuvre  a  été 
publié  à  Rome,  sous  ce  titre  :  Francisci 
Borromini  opus  archileclonicum ,  operâ 
Seb.  Giannini ,  Rome ,  1727,  in-fol. 

*  BORRONI  (Paul -Michel -Benoît), 
peintre  célèbre  né  à  Voghera  dans  le  Pié- 
mont ,  en  1749 ,  étudia  les  principes  de 
son  art  dans  les  écoles  de  Milan ,  de  Parme 
et  de  Rome.  Il  y  prit  la  manière  du  Cor- 
rége  et  la  touche  de  Michel-Ange.  Bor- 
roni  retourna  dans  sa  patrie  en  1776.  Pie 
VI  le  créa  chevalier  de  l'Eperon-d'Or , 
et  le  roi  de  Sardaigne  lui  fit  une  pen- 
sion qui  lui  fut  continuée  par  le  gou- 
vernement français.  Plusieurs  de  ses  ta- 
bleaux lui  ont  mérité  des  médailles  d'or. 
On  estime  particulièrement:  |  Le  Mariage 
de  la  Vierge;  |  sa  Fuite  en  Egypte;  |  son 
Assomption;  \  La  mort  de  saint  Joseph; 
|  la  Mort  du  Juste;  |  un  Saint-Germain; 
|  une  Sainte- Famille  ;  |  Annibal  sur  les 
Alpes  ;  |  la  Mort  de  Lucrèce;  |  les  Saisons; 
|  la  Clémence  de  Titus,  |  et  plusieurs  por- 
traits. Ce  peintre  est  mort  à  la  fin  du 
mois  d'août  1819. 

BORTOLI  ou  BARTOLI ,  né  à  Venise 
en  1695  ,  théologien,  canoniste  et  évêque 
de  Nazianze  ,  est  auteur  d'un  Ecrit  sur 
l'abolition  de  l'ordre  des  jésuites ,  Flo- 
rence ,  1799.  Mazzuchelli  en  fait  mention 
dans  ses  Scriltori  italiani. 


BOR 
*  BORY  (  Gabriel  de  ) ,  membre  de 
l'institut ,  né  à  Paris  le  13  mars  1720,  était 
avant  la  révolution  chef  d'escadre  et 
gouverneur  des  Iles-sous-le-vent.  «  Déjà 
»  depuis  vingt  ans,  dit  le  savant  Delambre 
»  dans  son  éloge  de  Bory  ,  Hadley  avait 
»  publié  la  description  de  deux  instri*- 
»  mens  à  réflexion  ,  dont  la  première  idée 
»  était  due  à  Newton,  et  qui  devaient  opé- 
»  rer  une  révolution  dans  l'état  des  obser- 
»  vations  nautiques.  Les  nouveaux  instru- 
»  mens,  peu  répandus  encore  dans  la  ma- 
»  rine  anglaise ,  étaient  absolument  jn- 
»  connus  dans  la  nôtre.  Bory  fut  le  pre- 
»  mier,  parmi  les  Français  à  sentir  tous 
»  les  avantages  de  la  découverte  de  Hadley 
»  Il  s'empressa  de  faire  connaître  un  in- 
»  strument  si  utile ,  et  le  traité  qu'il  en 
»  publia ,  en  1751 ,  par  la  clarté  et  la  sim- 
»  plicité  de  sa  rédaction ,  par  le  soin  que 
»  prit  l'auteur  de  l'approprier  aux  lecteurs 
»  auxquels  il  le  destinait  principalement , 
»  fut  vin  véritable  service  rendu  aux  ma- 
»  rins.  »  Bory,  réuni  à  plusieurs  officiers 
distingués,  avait  entrepris  à  la  même 
époque  un  Dictionnaire  de  marine  >  et  il 
avait  rédigé  les  articles  d'astronomie , 
d'hydrographie  et  de  pilotage.  Les  maté- 
riaux de  cet  ouvrage  furent  confiés  à  l'a- 
cadémie de  marine,  que  des  circonstances 
imprévues  empêchèrent  de  l'achever.  Le 
gouvernement  l'ayant  chargé  de  déter- 
miner astronomiquement  la  position  des 
caps  Finistère  et  d'Ortégal,  qui  ne  se  trou- 
vaient encore  tracés  avec  exactitude  sur 
aucune  carte,  Bory,  malgré  les  nombreux 
obstacles  qu'il  eut  à  surmonter ,  remplit 
sa  mission  avec  succès.  De  retour  à  Brest, 
en  1753,  il  observa  le  passage  de  Mercure 
sur  le  soleil,  et  écrivit  à  ce  sujet  un  Mé- 
moire qui  fut  inséré  parmi  ceux  des  sa- 
vans  étrangers.  Bory  fit  voile  pour  le  Por- 
tugal, à  l'occasion  de  l'éclipsé  solaire  du  26 
octobre  de  la  même  année,  dans  le  dessein 
de  rectifier  les  cartes  des  côtes  occiden- 
tales de  la  péninsule,  d'après  la  nouvelle 
fixation  qu'il  avait  faite  du  cap  Finistère. 
Mais  l'éclipsé  n'ayant  été  que  partielle , 
Bory  ne  put  atteindre  son  but,  et  se  con- 
tenta de  déterminer  la  longitude  d'Aveiro. 
Il  entreprit  aussi  un  voyage  à  Madère 
qui  fut  signalé  par  des  opérations  qu'on 
trouve  consignées  dans  les  Mémoires  de 
l'académie  des  sciences,  années  1768  et 
1770.  En  1761 ,  il  devint  gouverneur  de 
Saint-Domingue,  mais  il  en  fut  bientôt 
rappelé.  Bory  fut  nommé,  le  3  août  1765, 
associé  libre  de  l'académie  des  sciences. 
La  révolution,  enlui  enlevant  ou  en  rédui- 


nos 


433 


BOS 


sant  la  pension  dont  il  jouissait,  le  mit 
avec  sa  famille  dans  un  état  si  voisin  de 
l'indigence  ,  qu'il  se  vit  obligé  de  vendre 
sa  bibliothèque.  Il  ne  fit  point  partie  de 
l'institut  lors  de  sa  formation  ;  mais  en 
1796 ,  il  y  remplaça  le  célèbre  Pingre. 
Bory  est  mort  le  8  octobre  1801.  On  a  de 
lui  :  |  Mémoire  sur  un  moyen  de  purifier 
l'air  des  vaisseaux,  1780  ;  |  Mémoire  sur  la 
possibilité  d'agrandir  Paris,  sans  en  re- 
culer les  limites,  Paris,  1787,  in-8°; 
|  Mémoire  sur  les  établissemens  d'un  con- 
seil de  marine;  \  Essai  sur  la  population 
des  colonies  à  sucre ,  1776  et  1780  ;  |  Mé- 
moire sur  le  système  à  suivre  dans  une 
guerre  purement  maritime  avec  l'Angle- 
terre ,  1780.  Ces  trois  derniers  ouvrages 
ont  été  réunis  sous  le  titre  de  Mémoires 
sur  l'administration  de  la  marine  et  des 
colonies,  par  un  officier-général  de  la 
marine  ,  Paris  ,  1789 ,  2  vol.  in-8°  ;  |  une 
nouvelle  édition  augmentée  de  la  Descrip- 
tion et  de  l'usage  d'un  nouvel  instrument 
pour  observer  la  latitude  sur  mer,  etc. 
par  Après  de  Mannevillette. 

BORZOÎVI  (  Lucia.no  ) ,  peintre ,  naquit 
à  Gènes  en  1590.  Il  réussit  dans  le  portrait 
et  dans  l'histoire.  Son  génie  était  vif  et 
fécond,  son  dessin  précis,  son  pinceau 
moelleux.  Il  mourut  à  Milan  en  1645. Ses 
trois  fils  Jean-Baptiste ,  Carlo ,  et  Fran- 
çois-Marie, se  distinguèrent  dans  l'art 
que  leur  père  avait  cultivé.  Les  deux  pre- 
miers moururent  fort  jeunes,  vers  1657. 
Le  dernier  excella  dans  les  paysages  ,  les 
marines  et  les  tempêtes.  On  dit  qu'il  s'ex- 
posait aux  injures  du  temps  et  à  la  fureur 
des  flots ,  pour  représenter  avec  plus  de 
vérité  les  accidens  de  la  nature.  Ib  mou- 
rut en  1679  à  Gènes  sa  patrie. 

*  BOS  (Jérôme  )  ,  peintre,  né  à  Bois- 
Ic-Duc ,  vivait  dans  le  lo':  siècle.  Il  a  été 
un  des  premiers  peintres  à  l'huile ,  et  l'on 
remarque  que  sa  manière  est  moins  dure 
et  ses  draperies  de  meilleur  goût  que 
celles  de  ses  contemporains.  Le  génie  de 
Cet  artiste  était  bizarre.  Il  se  plaisait  à 
peindre  de  fantaisie",  et  se  livrait  à  tou- 
tes les  singularités  de  son  imagination. 
Aussi  la  plupart  de  ses  sujets  sont  gâtés 
par  quelques  idées  extravagantes.  Telle 
est  la  Tentation  de  saint  Antoine,  où  l'on 
voit  des  monstres  ,  des  animaux ,  des  chi- 
mères ,  des  dragons  et  des  oiseaux  de  ca- 
price ,  qui  épouvantent  et  causent  tout  à 
la  fois  de  l'horreur  et  de  l'admiration.  Il 
aimait  surtout  à  peindre  l'enfer.  Les  ta- 
bleaux de  cet  artiste  se  vendaient  très 
cher  :  on  en  conserve  plusieurs  à  l'Esru- 


rial  en  Espagne.  —  Il  y  a  eu  un  célèbre 
peintre  de  fleurs  du  même  nom  (  Louis 
Jaussen  ) ,  mort  en  1507. 

BOS  (Lambert),  professeur  en  grec 
dans  l'université  de  Franeker,  né  àWor- 
kum  dans  les  Pays-Bas  en  1670,  est  connu 
par  une  édition  de  la  version  grecque  des 
Septante ,  à  Franeker ,  1709 ,  en  2  vol.  in- 
4°,  avec  des  variantes  et  des  prolégomènes. 
Il  mourut  en  1717.  Il  a  composé  d'autres 
ouvrages  parmi  lesquels  on  distingue  An- 
tiquitalum  grœcarum,  prœcipue  attica- 
rum  descriptio  brevis ,  Leipsick,  1749, 
in-8° ,  traduites  en  français  par  Lagrange, 
Paris,  1769,  in-12.  Observationes  inno- 
vum  Testamenlum,  1707 ,  in-8°,  in  quos- 
dam  Auctores  Grœcos,  1715,  in-8°  ,  et  sa 
nouvelle  édition  de  la  Grammaire  grec- 
que de  Vellerus,  avec  des  additions. 

BOS.  Voyez  DUBOS. 

*  BOSC  (  Jean  du  ) ,  président  de  la 
cour  des  aides  de  Rouen,  décapité  en  1562, 
comme  un  des  principaux  auteurs  de  la 
révolte  des  protestans ,  a  publié  :  Traité 
de  la  vertu  et  des  propriétés  du  nombre 
septénaire. 

BOSC  (  Jacques  du  ),  normand,  auteur 
de  Y  Honnête  femme,  1632,  in-8°,  et  de 
la  Femme  héroïque,  était  cordelier.  D'A- 
blancourt,  ami  de  du  Bosc,  honora  Y  Hon- 
nête Femme  d'une  préface.  Le  second  ou- 
vrage qui  parut  en  1645  ,  in-4° ,  n'eut  pas 
la  même  vogue.  Du  Bosc ,  après  avoir 
exercé  sa  plume  sur  les  femmes ,  se  mêla 
de  controverse.  Il  écrivit  contre  les  soli- 
taires de  Port-Royal  ;  mais  après  quel- 
ques escarmouches  ,  il  se  retira  du  com- 
bat. On  ne  sait  quand  il  mourut. 

BOSC  (  Pierre-Tiiomines  du),  né  à 
Bayeux  en  1623 ,  devint  ministre  de  l'é- 
glise de  Caen,  puis  de  celle  de  Roterdam, 
après  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes. 
On  a  de  lui  7  vol.  de  sermons,  qui  tiraient 
leur  principal  mérite  de  son  action  et  do 
sa  bonne  mine.  Il  eut  de  la  réputation 
dans  son  parti.  (  Voyez  sa  Vie  par  Le  Gen- 
dre, 1716,  in-8°.) 

BOSC  (Claude),  né  vers  1648  ,  et  mort 
en  1715,  procureur-général  de  la  cour 
des  aides,  prévôt  des  marchands  et  con- 
seiller d'état,  traduisit  du  latin  en  français 
plusieurs  ouvrages  d'Erasme  :  |  Manuel  du 
soldai  chrétien,  171 1 ,  in-12  ;  |  yispirations. 
à  Dieu,  1712  ,  in-12  ;  |  Traité  de  l'infinie 
miséricorde  de  Dieu  ,  1712 ,  in-12  ;  |  Du 
mépris  du  monde ,  1713,  in-12;  |  Le  ma- 
riage chrétien  ,  1715,  in-12.  La  lecture  de. 
cet  écrivain  doit  se  faire  avec  précaution. 

*BOSC  D'Arme  (Paul),  médecin, 


BOS 


436 


BOS 


né  en  Languedoc  en  1726,  d'une  ancienne 
famille,  mourut  en  juin  1784.  Il  abandon- 
na la  médecine  pour  se  livrer  entièrement 
aux  arls  chimiques.  Il  devint  physicien 
avec  l'abbé  Nollet ,  naturaliste  avec  Réau- 
mur,  et  s'en  fit  des  prolecteurs  et  des 
amis.  Il  perfectionna  la  manufacture  des 
glaces  de  Sl.-Gobin ,  et  la  fixasurdes  prin- 
cipes invariables.  On  lui  doit  plusieurs 
mémoires  sur  la  verrerie,  qui  ont  con- 
tribué à  la  porter  au  degré  de  perfection 
où  elle  est  parvenue  depuis.  Ses  œuvres, 
contenant  plusieurs  mémoires  sur  Tait  de 
la  verrerie ,  sur  la  faïencerie ,  la  poterie , 
L'art  des  forges  ,  la  minéralogie,  l'électri- 
cité et  la  médecine ,  ont  été  publiées  de 
son  vivant  en  2  vol.  in-12. 

*    BOSC  (  LOUIS-AUGUSTIIV-GUILLAUME  ), 

naturaliste  célèbre ,  né  à  Paris  en  janvier 
1759,  mort  le  11  juillet  1828,  puisa  dès  son 
enfance,  dans  la  maison  de  son  père  qui 
était  médecin  du  roi ,  le  goût  de  l'histoire 
naturelle  et  se  livra  de  bonne  heure  à  l'é- 
tude de  la  botanique.  A  l'âge  de  vingt- 
cinq  ans ,  il  devint  secrétaire  de  l'inten- 
dance des  postes ,  et  publia ,  vers  la  même 
époque ,  dans  le  Journal  de  Physique.,  ses 
premiers  écrits  sur  l'histoire  naturelle. 
Lorsque  Roland  dont  il  avait  gagné  l'ami- 
tié, parvint  au  ministère  de  l'intérieur, 
Rose  fut  nommé  administrateur-général 
des  postes.  Après  la  révolution  du  51  mai 
i793 ,  qui  renversa  les  Girondins ,  Bosc 
donna  à  madame  Roland* des  preuves  d'un 
a  ttachemeut  au-dessus  de  tous  les  périls,  en 
l'accompagnant  jusqu'à  l'écliafaud.  Cette 
femme  célèbre  lui  remit  une  copie  de  ses 
Mémoires ,  qui  parurent  plus  tard.  Bosc 
se  relira  ensuite  dans  la  forêt  de  Montmo- 
rency, où  il  resla  long-temps  caché.  11  re- 
cueillit dans  son  asile  Lare  veillère-Lepaux, 
alors  proscrit  comme  lui.  Ce  dernier, 
étant  devenu  membre  du  Directoire  en 
4796 ,  fit  envoyer  Bosc  en  qualité  de  con- 
sul aux  Etats-Unis.  Le  congrès  n'ayant 
point  reconnu  ses  pouvoirs  ,  il  fit  tourner 
ses  loisirs  dans  le  Nouveau-Monde  au  profit 
de  la  botanique  ,  de  la  zoologie  et  de  l'a- 
griculture. De  retour  en  France ,  il  fut 
nommé  administrateur  des  hospices  civils 
de  Paris,  emploi  qu'il  conserva  jusqu'à  la 
t  évolution  du  18  brumaire.  On  lui  donna 
ensuite  les  fonctions  d'inspecteur  de  la  pé- 
pinière de  Versailles,  puis  d'Inspecteur 
des  pépinières  du  gouvernement.  Mem- 
bre de  la  société  d'agriculture  de  Paris  ,  et 
d'encouragement  de  l'institut ,  il  fit  dans 
ces  sociétés  un  grand  nombre  de  rapports. 
De  1789  à  1798,    Bosc    publia  beaucoup 


d'articles  dans  le  Journal  d'histoire  natu- 
relle,  dans  le  Journal  des  Mines,  dans 
les  Mé  noires  de  la  société  d'Agriculture 
de  Paris  ,  et  dans  ceux  de  la  société  Lin- 
néenne.  Il  a  été  un  des  principaux  rédac- 
teurs du  Nouveau  Dictionnaire  d'Histoire 
naturelle  en  24  vol.  in-8°  ,  réimprimé  en 
50  vol.  in-8°  ;  et  du  Dictionnaire  d  Agri- 
culture ,  15  vol.  in-8°  ,  1803-1809 ,  publiés 
chez  Déterville  ;  il  a  donné  YHisloire  na- 
turelle des  coquilles,  des  vers  et  des  crusta- 
cés ,  1802,  10  vol.  in-8°.  Bosc  a  aussi  fourni 
de  nombreux  articles  aux  vingt  derniers 
volumes  des  Annales  d'Agriculture ,  ainsi 
qu'aux  trois  derniers  volumes  du  Dic- 
tionnaire d'Economie  rurale ,  dans  l'En- 
cyclopédie méthodique,  1812-1813,  in-4°. 

*  BOSC.YWEIX  (Guillaume),  écrivain 
et  jurisconsulte  anglais,  neveu  d'un  ami- 
ral du  môme  nom  ,  naquit  en  1752  ,  et  fit 
son  droit  au  collège  de  Midle-Tcmple.  Il 
obtint  la  place  de  commissaire  pour  les 
banqueroutes  et  ravitaillement  des  vais- 
seaux de  l'état.  Il  est  mort  en  1811.  On  a 
de  lui  :  |  Traité  des  Convictions  relative- 
ment aux  lois  pénales  ,  in-8°  ;  |  une  Tra- 
duction d'Horace,  en  anglais,  2  vol.  in-8°; 

|  des  Progrès  de  la  Satire  ,  essai  contenant 
des  observations  sur  les  révolutions  sur- 
venues dans  la  littérature  ,  in-8*. 

*  BOSCII  (  Jérôme  de  ) ,  naquit  à  Ams- 
terdam, le  23  mars  1740,  d'un  pharma- 
cien ,  qui  voulait  lui  faire  embrasser  son 
état.  Envoyé  aux  écoles  latines,  il  se  dis- 
tingua par  son  application  et  son  esprit. 
Il  publia ,  en  1770  ,  les  poésies  de  Gérard 
Hooft ,  son  ami ,  et ,  comme  lui ,  disciple 
de  Burmann.  Le  père  de  Gérard  Hooft 
était  bourgmestre  d'Amsterdam,  et,  par 
reconnaissance ,  il  fit  avoir  à  Bosch  l'em- 
ploi de  premier  commis  au  greffe  de 
la  maison  de  ville.  Les  devoirs  de  celte 
place  n'empêchèrent  pas  le  jeune  Bosch 
de  cultiver  les  lettres  savantes;  il  leur 
consacra  tous  ses  loisirs  et  donna  succes- 
sivement :  |  Genelhliacon  D.J.  van  Len- 
nep ,  1774  ;  |  In  funere  Egberti  de  Vry 
Temmink,  Amstelodamensium  consulis> 
1785 ,  in-4°  ;  |  De  œqualitate  hominum . 
Amsterdam ,  1793,  in-4°  ;  |  Laudes  Buona- 
parlii,  et  Elegia  {ad  Gallium)  cum  Pri> 
mi  Consulis  vila  ferro  atque  insidiis  ap~ 
peleretur  (  ces  deux  petits  poèmes  ont  été 
réimprimés  en  hollandais  ,  en  français 
et  en  allemand,  à  Utrecht,  1801,  in-8°); 
J  Ejncedion  in  funere  acerbo  sororis  Ju- 
dithec  de  Bosch ,  1793  ,  in-8°  ;  |  Ad  mânes 
dileclœ  sororis  ,  1794 ,  in-8°  ;  |  Conso- 
latio  ad  Jan.   Bondt  cum  suavissimam 


BOS 


437 


BOS 


■et  optimum  uxore?n  amisisset  >  1807  , 
ia-8° ,  etc. ,  etc.  Bosch  a  publié  le  recueil 
de  ses  poésies ,  Poemata ,  Utrecht ,  1803 , 
in-4°  ,  et  il  a  donné  depuis  Jppendix 
poé'matum  J 1808  ,  in-4°  :  quelques  exem- 
plaires sont  in-folio.  La  passion  qu'il  eut 
toujours  pour  les  langues  anciennes  ne 
lui  avait  point  fait  oublier  qu'il  était  hol- 
landais; et  entre  autres  pièces  qu'il  com- 
posa dans  sa  langue  maternelle ,  on  doit 
citer  les  Eloges  de  H.  G.  Oosterdyk  el 
J.  R.  Deiman.  Nommé  en  1800 ,  curateur 
de  l'université  de  Leyde ,  il  prit  à  tâche  de 
redresser  plusieurs  injustices  qui  avaient 
eu  lieu  à  la  suite  de  la  révolution  de  1795. 
Il  a  publié  X  Anthologia  grœca  J  cum  ver- 
sione  latinâ  H.  Grotii,  Utrecht,  1793-1810, 
4  vol.  in  -4°;  il  en  a  fait  tirer  quelques 
exemplaires  in-fol.  Bosch  y  avait  joint  des 
observations  qui  lui  donnent  un  rang  dis- 
tingué parmi  les  hellénistes.  Il  avait  dis- 
posé pour  l'impression  les  matériaux  du 
cinquième  volume  lorsque  la  mort  l'en- 
leva le  1er  juin  1811.  Il  possédait  une  ma- 
gnifique bibliothèque,  riche  surtout  en 
éditions  princeps ,  et  remarquable  par  le 
choix  des  livres  et  leur  belle  condition , 
et  en  avait  donné  le  catalogue  abrégé  sous 
ce  titre  :  Brevis  descriptio  bibliothecœ 
Hier,  de  Bosch,  qua tenus  in  eâ  greeci  el 
latini  scriplores  asservanlur,  Utrecht , 
1809,  in-8°.  Non-seulement  il  voulait  que 
les  livres  fussent  d'une  conservation  par- 
faite ,  il  recherchait  encore  le  luxe  des 
grands  papiers  et  des  marges  entières  ,  et 
celui  des  reliures  ,  dont  il  confiait  l'exé- 
cution aux  meilleurs  ouvriers  connus , 
Baurngarlen,  chez,  les  Anglais,  Weber, 
Beck ,  Hcsselmann  ,  etc.  chez,  les  Hollan- 
dais. 

BOSCH  (Matthieu  van  HEYNINGEN), 
né  à  Groningue  en  1772  ,  mort  dans  cette 
ville  au  commencement  de  1823,  a  com- 
posé pour  la  jeunesse  un  grand  nombre 
d'ouvrages  élémentaires  de  morale  et  de 
religion,  souvent  réimprimés.  11  a  aussi 
donné  quelques  ouvrages  de  poésie.  L'an- 
née qui  précéda  sa  mort ,  il  a  publié  un 
Aperçu  sur  renseignement  des  sourds- 
muets  *  accompagné  de  leur  alphabet  ma- 
nuel ,  et  de  L'état  de  situation  de  l"inslitut 
national  des  sourds-muets  créé  à  Gronin- 
gue, et  dirigé  par  Guyot,  élève  de  M.  l'ab- 
bé del'Epée. 

BOSCAGER  (Jean),  jurisconsulte  de 
Bez.iers  ,  mort  en  1087,  à  87  ans  ,  enseigna 
le  droit  à  Paris ,  avec  succès.  Il  laissa  une 
Institution  au  droit  français  et  au  droit 
roînain  avec  des  notes  de  Delaunay,  1686, 


in-4°.  Dans  un  voyage  qu'il  fit  à  Padouc, 
l'université  de  cette  ville  applaudit  à  son 
mérite.  La  devise  qu'il  fit  sur  le  nom 
qu'elle  portait  iVAcademia  del  Bove  ,  en 
faisant  allusion  à  Isis ,  Ex  bove  facla  dea 
est,  fut  trouvée  si  belle  ,  qu'on  la  fit  gra- 
ver sur  la  porte  en  lettres  d'or.  Il  y  pro- 
nonça sur  ce  sujet  un  discours,  partie 
moral ,  partie  mythologique  ,  où  après 
avoir  prouvé  la  nécessité  du  travail,  dont 
le  bœuf  est  le  symbole ,  il  montre  que  lu 
travail  élevait  l'homme  au-dessus  de  sa 
condition  et  le  rendait  égal  aux  Immor- 
tels ,  ce  qui  étoit  figuré  par  le  change- 
ment d'Isis  en  déesse.  La  mort  de  Bos- 
cager  fut  bien  triste  ;  un  soir  qu'il  se  pro- 
menait seul,  dans  une  campagne  à  6  lieues- 
de  Paris,  il  tomba  dans  un  fossé,  et  n'en 
fut  retiré  que  le  lendemain,  presque  sans 
sentiment  et  sans  vie. 

BOSCAN  ALMOGAVER  (  Jean  ou 
Juan),  de  Barcelone  ,  fut  amené  à  Venise 
par  André  Navagéro ,  ambassadeur  de  la 
république  auprès  de  Charles  V.  C'est 
dans  cette  ville  qu'il  apprit  à  transporter 
la  rime  de  la  poésie  italienne  à  la  poésie 
espagnole.  Il  introduisit  dans  cette  derniè- 
re le  vers  endécasyllabique.  Garcilaso  et 
lui  sont  regardés  comme  les  premiers 
qui  aient  tiré  du  chaos  cette  poésie.  Son 
style  est  majestueux,  ses  expressions  élé- 
gantes ,  ses  pensées  nobles  ,  ses  vers  faci- 
les ,  ses  sujets  variés.  Les  principales  piè- 
ces sont  MedinaAo'ih,  in-4°;  |  Salamanca, 
1347,  in-8°.  Boscan  réussissait  mieux  dans 
les  sonnets  que  dans  les  autres  genres.  Il 
mourut  vers  1345.  Il  était  né  en  1500. 

*  BOSCH  (André)  né  à  Perpignan,  se 
fit  recevoir  docteur  en  droit  dans  l'uni- 
versité de  cette  ville,  le  9  mai  1G09,  et 
écrivit ,  en  catalan,  un  ouvrage  intitulé  : 
Sommaire  des  titres  d'honneur  de  Cata- 
logne j  Roussillon  *  el  Cerdagne*  Barce- 
lone ,  1628 ,  in-folio.  Cet  ouvrage,  appuyé 
sur  les  Charles  et  les  anciens  monuinens, 
est  le  plus  complet  que  nous  ayons  sur 
l'histoire  du  Roussillon. 

BOSCH  (Balthasar  van  den),  peintre 
flamand,  né  à  Anvers  en  1675 ,  mort  en 
1615.  Ses  portraits  sont  très  estimés.  On 
fait  cas  surtout  de  celui  du  duc  de  Mari- 
borough  à  cheval ,  et  du  tableau  qu'il  lit 
pour  la  confrérie  des  jeunes  arbalétriers 
d'Anvers.  —  Un  autre  peintre  du  môme 
nom  (  Jacod  ) ,  né  à  Amsterdam  en  1656 , 
excellait  à  peindre  des  fruits. 

*  BOSCH  (Berx ykd)  ,  ministre  protes- 
tant el  poète  ,  né  le  4  septembre  1746 ,  et 
mort  près  de  La  Haye  ,  le  1er  décembre 

57. 


nos 


A-58 


DOS 


1803,  exerçait  son  ministère  à  Diemen 
près  d'Amsterdam ,  lorsqu'il  fit  paraître 
sans  nom  d'auteur  un  poème  allégorique 
intitulé  :  UEgoïsme.  Les  principes  poli- 
tiques contenus  dans  cet  ouvrage  fixèrent 
l'attention  d'une  société  patriotique  qui 
promit  à  l'auteur  une  médaille  d'or  de 
vingt-cinq  ducats,  s'il  voulait  se  nommer. 
Bosch  se  fit  connaître  ,  mais  refusa  la  ré- 
compense. Son  opposition  au  parti  duStat- 
houder  lui  attira  plusieurs  désagrémens, 
et  lorsque  les  troupes  prussiennes  entrè- 
rent en  Hollande,  pour  soutenir  la  cause 
du  prince  d'Orange  ,  Bosch  fut  forcé  d'en 
sortir  et  de  renoncer  à  ses  fonctions.  Lors- 
que la  révolution  de  1796  eût  éclaté,  il  fut 
nommé  représentant  du  peuple,  et  il  con- 
tribua à  faire  éliminer  de  l'assemblée  les 
partisans  de  l'ancien  ordre  de  choses. 
Une  réaction  s'opéra  la  même  année ,  et 
Bosch  fut  détenu  pendant  quelques  mois 
dans  la  Maison-du-Bois.  Après  qu'il  eut 
été  rendu  à  la  liberté,  il  prit  part  à  la  ré- 
daction des  journaux  le  James  et  l'E- 
clair politique.  Il  mourut  sans  laisser  mê- 
me de  quoi  faire  les  frais  de  ses  funérail- 
les ,  que  la  loge  maçonique  des  vrais  Ba- 
taves  se  chargea  de  payer.  Bosch  avait 
publié,  l'année  même  de  sa  mort,  ses 
Poésies  ,  3  vol.  in-8". 

*  BOSCHA  (Piehre-Paul),  savant  ec- 
clésiastique ,  né  à  Milan  en  1632 ,  conser- 
vateur de  la  bibliothèque  ambrosienne, 
et  protonotaire  apostolique ,  a  laissé  plu- 
sieurs ouvrages, entre  autres;  De  origine 
et  statu  bibliothecœ  Ambrosianœ ,  Milan, 
1672 ,  in-4°.  Boscha  mourut  en  1699. 

BOSCH  AERTS,  plutôt  BOSSCHAERT, 
Voyez  ce  dernier  mot. 

BOSCHICS  (Jean  )  ,  savant  médecin 
du  16e  siècle,  né  dans  le  pays  de  Liège, 
fut  appelé  en  1558  à  l'université  d'Ingol- 
stadt ,  où  il  fit  un  beau  discours  sur  les 
qualités  d'un  bon  médecin  et  sur  différens 
auteurs  qui  ont  écrit  en  ce  genre ,  inséré 
dans  le  1er  tome  des  Discours  de  cette  uni- 
versité. On  a  de  cet  auteur  différens  au- 
tres ouvrages  en  latin  :  |  une  traduction 
de  l' Achille  d'Ocollus  Lucanus,  avec  des 
notes,  Louvain ,  1554;  |  Tractatus  de 
jiesle  *  Ingolstadt ,  1562  :  |  Concordia  me- 
dicorum  et  philosophorum  de  humano 
conceptu,  fœtus  corporatura  animatione: 
|  De  centaaris ,  satyris ,  etc.,  ibid.  1575 
et  1583  ,  in-4°.  Desingius  ,  Stengélius  , 
Cornélius  Gemma  ont  traité  la  même  ma- 
tière avec  plus  ou  moins  d'étendue  d'une 
manière  également  sage.  —  Il  ne  faut  pas 
le  confondre  avec  Pierre  BOSCHIUS,  jé- 


suite et  hagiographe,  connu  par  son  éru- 
dition et  ses  travaux  dans  la  grande  col- 
lection des  Acta  Sanctorum ,  né  à  Bru- 
xelles, et  mort  à  Anvers  le  14  novembre 
173(1 ,  à  l'âge  de  50  ans. 

BOSCO,  Joannes  de  Bosco.  Voyez 
ROIS  (Jean  du).  Voyez  aussi  SACRO- 
BOSCO. 

BOSCOWICn  (RooER-JosEPn),  direc- 
teur de  l'observatoire  de  Milan ,  membre 
de  la  société  royale  de  Londres ,  etc.,  né  à 
Raguse  le  18  mai  1711 ,  d'une  famille  dis- 
tinguée, entra  chez  les  jésuites  à  Rome,  le 
1er  octobre  1725.  Etant  en  rhétorique,  à 
l'âge  de  14  ans,  il  se  fit  remarquer  par  un 
génie  vif,  pénétrant ,  capable  de  médita- 
tions arides  et  profondes.  Lisant  un  jour 
les  élégantes  poésies  du  Père  Noccti,  il 
s'arrêta  à  ces  vers  : 

Quare  agite,  ô  juvenes ,  magnarum  semina  rerum 
la  vobis  fartasse  latent.... 

Il  se  persuada  avec  raison  que  ce  germe 
existait  chez  lui ,  et  s'appliqua  avec  une 
ardeur  toute  particulière  à  la  philosophie  et 
aux  mathématiques.  Devenu  professeur  de 
philosophie  et  de  mathématiques  au  collège 
Romain,  il  embrassa  avec  feu  les  systèmes 
de  Newton ,  approfondit  ses  calculs  et  ses 
combinaisons  ,  modifia  et  réforma  ses 
idées  pour  les  affranchir  des  objections  et 
des  embarras  qui  en  rendaient  la  défense 
difficile;  et  c'est  dans  cet  état  de  réforme 
que  la  philosophie  de  cet  Anglais  parut  à 
Vienne  sous  le  titre  de  Traité  de  l'attrac- 
tion j  considérée  comme  loi  universelle  , 
en  1768 ,  et  à  Venise  en  1763.  Cet  ouvrage 
a  servi  de  modèle  et  de  règle  à  la  plupart 
des  newtoniens  modernes.  Charles  Renve- 
nutià  Rome,  Paul  Mako  et  Charles  Scherf- 
fer  à  Vienne  ,  Léopold  Riwald  à  Gratz , 
J.  Baptiste  Horwath  à  Tirnau,  en  ont  fait 
la  base  de  leurs  Institutions  imprimées 
dans  ces  différentes  villes.  En  1763,  il  fut 
demandé  par  l'université  de  Pavie  que  l'on 
venait  de  rétablir,  et  à  laquelle  on  vou- 
lait donner  de  l'éclat.  Il  y  professa  pen- 
dant six  ans.  On  le  plaça  ensuite  à  Milan, 
où  il  fut  pendant  trois  ans  professeur 
d'astronomie  et  d'optique  aux  écoles  pala- 
tines. Il  fut  employé  par  différens  papes 
pour  fournir  des  moyens  de  soutenir  le 
dôme  de  St-Pierre,  qui  menaçait  de  crou- 
ler, et  fit  partie  de  la  commission  chargée 
d'examiner  le  moyen  de  dessécher  les  ma- 
rais Pontins.  En  1775  ,  lors  de  la  suppres- 
sion des  jésuites  en  Italie ,  M.  de  La  Borde, 
Mme  de  Sivrac ,  M.  de  Durfort ,  M.  de 
Boynes  ,  M.  de  Vergennes ,  qui  avaient  eu 
occasion  de  le  connaître  ,  l'engagèrent  à 


nos 


439 


BOS 


venir  à  Paris  et  lui  procurèrent  le  titre 
de  directeur  de  l'optique  de  la  marine , 
avec  une  pension  de  8000  liv.  Des  désa- 
grémens  qu'il  essuya  dans  ce  poste  l'en- 
gagèrent à  se  retirer  à  Milan  ,  où  il  mou- 
rut le  12  février  1787  ,  âgé  de  7G  ans. 
Outre  sa  Philosophie  neivtoniennc  ,  le 
Père  Bosco wich  a  donné  un  grand  nom- 
bre d'ouvrages  sur  la  géométrie  ,  la  phy- 
sique ,  l'optique,  etc.  |  Elementa  uni- 
versœ  malheseos ,  Rome  ,  1754 ,  3  vol. 
in-8°,  avec  fig.  |  Philosophice  naluralis 
iheoria  ,  reducta  ad  unicam  legem  vi- 
rium  in  natura  eJcistenlium 3  Vienne, 
1759 ,  in-4°,  lig.  |  Traité  sur  les  télescopes 
dioptriques  perfectionnés  ,  Vienne  ,  1765  , 
in-8°,  en  allemand.  |  Disse?'(alio  physica 
de  lumine, Vienne  ,  1766  ,  in-8°,  avec  iig. 
|  De  lunce  almosphœra ,  Vienne,  1766, 
in-4° ,  fig.  |  Disserlaliones  ad  dioptricam , 
Vienne,  1767,  in-4°.  //««,  des  notes  sur 
le  Poème  philosophique  de  Benoît  Stay. 
j  Voyage  astronomique  dans  l'Etat  de 
l'Eglise  traduit  en  français  par  le  Père 
Hugon  jésuite,  Paris,  1770,  in-4°  :  c'est  le 
résultat  de  la  mesure  de  deux  degrés  du 
méridien  en  Italie  ,  qu'il  lit  par  ordre  du 
cardinal  Valentini  en  1750.  |  Un  Journal 
d'un  voyage  de  Constantinople  en  Polo- 
gne, etc.  Mais  ce  qui  lui  assure  un  nom 
distingué  parmi  les  gens  de  lettres  autant 
que  parmi  les  savans,  c'est  son  beau 
poème  |  De  solis  ac  lunœ  defectibus  3  Ve- 
nise ,  1761 ,  traduit  en  français  par  l'abbé 
de  Barruel ,  Paris ,  1779  et  1784 ,  in-4°,  ou- 
vrage où  les  orne  mens  de  la  poésie  mar- 
chent à  côté  des  sciences  exactes ,  et  qui 
peut  encore  servir  d'exception  à  la  stéri- 
lité que  l'opiniâtre  étude  des  mathémati- 
ques répand  pour  l'ordinaire  sur  l'imagi- 
nation. Parmi  des  poésies  moins  considé- 
rables ,  mais  pleines  de  grâces  tendres  et 
ingénues ,  on  distingue  son  Desiderium 
palriœ  ,  composé  à  Rome  ,  et  dont  voici 
le  début  : 

Illyrici  collei ,  altique  antiqua  Ragus» 
Mcetii.i,  vagitus  conscia  terra  mei! 
Quando  erit  ut  veitras  redearo,  vêtus  exul ,  ad  oras? 

Il  n'avait  pas  l'air  abstrait ,  aimait  la  so- 
ciété ,  conversait  volontiers  et  agréable- 
ment; Use  citait  souvent,  et  dans  l'en- 
thousiasme poétique  qui  le  saisissait  quel- 
quefois ,  il  récitait  de  longues  tirades  de 
ses  vers;  mais  cela  ne  formalisait  per- 
sonne, parce  qu'on  savait  que  cette  es- 
pèce d'originalité  ne  tenait  rien  de  la 
vanité  et  de  l'esprit  de  prétention.  Il 
jouissait  delà  considération,  non-seule- 


ment de  tous  les  savans  de  l'Europe- ,  rnalâ 
encore  de  celle  de  plusieurs  souverains  ; 
il  a  fait  une  multitude  de  voyages  relatifs  à 
des  observations  utiles  ou  brillantes  ,  et  a 
laissé  des  titres  multipliés  à  une  réputa- 
tion que  peu  d'hommes  de  ce  siècle  sont 
à  même  d'égaler. 

*  BOSE.  Il  y  a  eu  plusieurs  hommes 
distingués  de  ce  nom.  —  Gaspard  ,  séna- 
teur de  Leipsick  et  professeur  de  bota- 
nique, a  publié  Dissertalio  de  motuplan- 
tarum  sensus œmulo ,  1724,  in-4°. —  Jean 
André,  professeur  d'histoire  à  Iéna, 
né  à  Leipsick,  en  1626,  mort  en  1674,  a 
laissé  Petronii  Satiricon  puritate  dona- 
tum  e  manuscript.  Joan.  And.  Bosii* 
1701 ,  in-8°.  —  Georges  ,  professeur  de 
physique  à  Wiltemberg ,  mort  en  1761, 
composa  plusieurs  ouvrages  sur  l'électri- 
cité ,  parmi  lesquels  un  poème ,  qu'il  tra- 
duisit en  vers  français  ,  sous  un  nom  sup- 
posé et  sous  ce  titre  :  De  V  électricité , 
de  son  origine  et  de  ses  progrès,  traduit 

de  l'allemand  par  l'abbé  J.  A.  de  C 

Leipsick ,  1754 ,  in-12.  On  a  aussi  du 
même  auteur  et  en  français  Rechercha 
sur  la  cause  et  sur  la  véritable  théorie  de 
l'électricité,  Wittemberg ,  1745. 

BOSELLIM  (Charles  )  ,  avocat,  né 
à  Modène  en  1755  ,  a  publié  en  italien 
Nouvel  examen  des  sources  de  la  ri- 
chesse publique  et  privée,  ouvrage  dans 
lequel  il  examine  et  compare  les  prin- 
cipes de  Smith ,  de  Lauderdale ,  et  de 
quelques  autres  économistes  :  il  fait  con- 
sister la  richesse  publique  et  privée  non- 
seulement  dans  l'agriculture ,  les  arts  el 
le  commerce ,  mais  encore  dans  le  tra- 
vail, l'industrie  et  l'épargne,  qu'il  regarde 
comme  les  élémens  primitifs  de  toutes 
sortes  de  richesses.  Il  a  publié  en  outre 
Système  de  succession  adopté  en  An- 
gleterre; Observations  sur  quelques  opi- 
nions du  comte  Babacov ,  relativement  à 
la  pluralité  des  voix ,  la  réforme  des  co- 
des civils,  etc.,  et  plusieurs  articles  re- 
marquables sur  l'économie  politique  in- 
sérés dans  le  Journal  académique  de 
Rome, et  dans  l'Anthologie  de  Florence. 
Cet  économiste  distingué  est  mort  le  F* 
juillet  1827. 

BOSIO  (  Jacques  )  Bosius ,  natif  de 
Milan,  et  frère  servant  de  l'ordre  de 
xMalte.  Ce  religieux  étant  retenu  à  Rome 
auprès  du  cardinal  Pélrochini ,  son  pa- 
tron ,  pour  les  affaires  de  son  ordre ,  dont 
il  était  agent,  profita  de  ce  séjour  pour 
y  composer  l'histoire  qui  porte  son  nom , 
sous  le  titre  |  Dell'  fsloria  délia  sacra  Re- 


DOS 


JUO 


BOS 


Ugione,  delV  illuslrissima  miliziadisanto 
Giovanni  Gierosolimitano.  Cet  ouvrage  , 
qui  contient  40  livres ,  est  partagé  en  3 
vol.  in-fol.  imprimés  à  Rome  en  1621 , 
1629  et  1684.  Quelques  bibliographes  ont 
écrit  que  Bosio  avait  remis  ses  Mémoires 
à  deux  cordeliers  de  la  Grand'Manche 
appelés  en  Italie  les  Grands- Frère  s,  et 
que  ces  deux  religieux  ont  mis  son  livre 
dans  la  forme  qu'il  a  aujourd'hui.  Cet  ou- 
vrage est  moins  recherché  pour  le  style , 
que  pour  la  multitude  et  la  rareté  des 
faits  dont  il  est  rempli.  Cette  histoire  va 
jusqu'à  l'an  1571  :  elle  a  été  continuée  par 
Barthélemi  Pozzo  en  italien  ,  jusqu'à  l'an 
4688,  Venise,  1740,  2  vol.  in-4°.  On  a 
encore  de  Bosio  |  la  Corona  del  cavalier 
Gierosolimitano  >  Rome  ,  1588  ,  in-4°  ;  et 
|  le  Imagini  de  Beati  è  Santi  délia  sacra 
religione  di  santo  Giovanni  Gierosolimi- 
tano >  Palerme  ,  1633 ,  in-4° ,  et  Naples , 
1633 ,  in-8°.  La  plupart  des  historiens  na- 
tionaux, qui  depuis  Bosio  ont  voulu  don- 
ner l'Histoire  de  Malte  en  leur  langue  , 
n'ont  été  que  ses  copistes  ou  ses  abrévia- 
teurs. 

BOSIO  (  Antoine),  de  Milan,  agent 
de  l'ordre  de  Malte  ,  était  neveu  du  pré- 
cédent et  mourut  en  1629.  Son  recueil  in- 
titulé Roma  Sotterranea,  Rome,  1632, 
in-fol.  renferme  la  description  des  tom- 
beaux et  épitaphesdes  premiers  chrétiens 
qu'on  trouve  dans  les  catacombes  de  cette 
capitale  de  la  catholicité.  Il  passait  dans 
les  souterrains  quelquefois  cinq  ou  six 
jours  de  suite.  Un  prêtre  de  l'Oratoire  de 
Rome  (  le  Père  Paul  Aringhi  )  traduisit 
son  livre  d'italien  en  latin  ,  en  2  vol.  in- 
fol  1631.  Les  amateurs  des  antiquités 
ecclésiastiques  font  grand  cas  de  cette 
version,  plus  ample  que  l'ouvrage. 
L'un  et  l'autre  manquent  quelquefois  de 
critique  ;  mais  ils  sont  très  propres  à  faire 
connaître  les  cérémonies  des  premiers 
chrétiens  de  Rome ,  et  l'histoire  de  cette 
capitale.  L'ouvrage  de  Bosio  a  été  depuis 
augmenté  par  Bottari  et  publié  en  3  vol. 
in-fol.  1757-1755,  ce  qui  fait  que  l'ou- 
vrage primitif  est  peu  recherché  au- 
jourd'hui. 

*  BOSIO  (Jean),  peintre  d'histoire, 
frère  aine  du  fameux  sculpteur  de  ce 
nom  ,  fut  élève  de  David ,  et  devint  pro- 
fesseur de  dessin  à  l'école  polytechnique. 
Il  est  mort  en  juillet  1827.  Il  avait  publié  un 
Traité  élémentaire  des  règles  du  dessin, 
ouvrage  estimé ,  Paris ,  1801 ,  in-12,  réim- 
primé en  1802. 

BOSON.  Voyez  ENGELBERGE. 


BOSQUET  (  François  de  ) ,  évêque  de 
Lodève ,  puis  de  Montpellier  ,  naquit  a 
Narbonne  en  1605 ,  et  mourut  en  1676, 
avec  la  réputation  d'un  des  plus  savans 
hommes  de  son  siècle.  Il  avait  été  d'a- 
bord juge-royal  de  sa  patrie ,  ensuite  de 
Guienne  ,  et  puis  du  Languedoc.  On  a  de 
lui  |  Les  Epitres  d'Innocent  III ,  avec 
des  remarques  curieuses,  |  Les  Vies  des 
papes  d'Avignon  .,  in-8°  ,  1632 ,  dont  Ba- 
luze  a  donné  une  nouvelle  édition ,  1693, 
2  vol.  in-4°;  |  Historia  Ecclesiœ  Galli- 
canes,  à  J.C.  Evangelio  in  Galliis  us  que 
ad  dalam  à  Conslantino  Imp.  Ecclesiœ 
pacern,  in-4°,  1656.  Elle  est  recherchée. 
On  lit  dans  son  épitaphe  :  Gregem  verbo 
et  exemplo  sedulo  pavit ,  largus  erga  pau- 
pereSj  sibi  2)arcissimus  j  omnibus  benig- 
nusJ  etc. 

BOSQUIER  (  Philippe  ) ,  religieux  ré- 
collet ,  né  à  Mons  en  1561  ,  s'appliqua 
beaucoup  à  la  prédication.  Il  traduisit 
aussi  quelques  ouvrages  en  latin ,  et  les 
enrichit  de  notes.  La  plupart  de  ses  ou- 
vrages, d'abord  imprimés  séparément,  ont 
été  réunis  en  3  volumes  in-fol.  à  Cologne, 
1621.  On  trouve  dans  ses  Sermons  , 
comme  dans  presque  tous  ceux  de  son 
temps  ,  des  passages  de  l'Ecriture  sainte, 
des  Pères ,  des  rabbins ,  des  controversis- 
tes,  des  poètes ,  et  de  presque  tous  les  au- 
teurs grecs  et  latins.  Il  mourut  l'an  1636. 

*  BOSQUILLON  (Edouard-Fkançois- 
Marie),  médecin  et  helléniste  célèbre, 
né  en  1744  à  Montdidier ,  apprit  de  son 
père  les  élémens  des  langues  anciennes , 
et  à  l'âge  de  onze  ans  ,  fut  envoyé  à  Paris 
chez  les  jésuites  pour  y  continuer  ses  étu- 
des. Il  se  livra  ensuite  à  l'étude  de  la  mé- 
decine et  fut  reçu  docteur-régent  de  la 
faculté.  En  1774 ,  il  fut  nommé  professeur 
de  langue  et  de  philosophie  grecques  au 
collège  de  France  ,  et  devint  successive- 
ment censeur  royal ,  médecin  de  l'Hotcl- 
Dieu  de  Paris  ,  et  membre  de  diverses  so- 
ciétés savantes.  Bosquillon  soutenait  que 
la  peur  seule  rendait  mortelles  les  mor- 
sures des  animaux  attaqués  de  la  rage 
On  dit  même  que  pour  appuyer  ses  pa- 
roles de  l'autorité  du  fait ,  il  se  faisait 
mordre  par  des  cbiens  enragés.  On  lui  a 
reproché  son  goût  systématique  pour  la 
saignée.  Atteint  d'une  maladie  lente,  il 
prévit  de  loin  sa  mort  qui  arriva  en  no- 
vembre 1816.  Il  avait  fait  préparer  sa 
tombe  au  cimetière  du  père  Lacbaisc  ,  et 
avait  eu  soin  de  l'essayer.  Médecin  bien- 
faisant ,  Bosquillon  ouvrait  sa  bourse  aux 
malades  indigens,  en  même  temps  qu'il 


BOS 


kkl 


BOS 


leur  écrivait  des  ordonnances.  On  a  de 
lui  |  Traduction  des  Aphorismcs  et  des 
Prognostics  d 'Hippocrate ,  2  vol.  in -8°, 
Paris ,  1785  ;  |  Traduction  des  élément 
de  médecine  pratique  de  Cullen,  Paris, 
4785,  in-8°;  |  Traduction  du  Traité  théo- 
rique et  pratique  des  ideères  ,  de  Benja- 
min Bell ,  Paris,  1788-1S03,  in-8°;  |  Tra- 
duction du  Cours  complet  de  chirurgie  * 
du  même  auleur,  17%,  6  vol.  in-8°. 

*  BOSSCHAERT  (  Willebrord),  abbé 
de  Tongerloo,  a  publié  :  Deprimis  ve- 
teris  Frisiœ  aposlolis ,  Malines  ,  1650  , 
in-8°. 

BOSSCHAERT  (Thomas  Willebrord), 
peintre  flamand,  naquit  à  Berg  en  1615, 
et  mourut  à  Anvers  en  1656.  Le  crayon 
et  le  pinceau  furent  les  amusemens  de 
son  enfance.  A  12  ans  ,  il  fit  son  portrait. 
Le  prince  d'Orange,  admirateur  de  ses  ta- 
bleaux, les  enleva  tous,  et  appela  l'ar- 
tiste à  La  Haye  ,  où  il  l'occupa  à  embellir 
son  palais.  Ce  peintre  se  distinguait  dans 
l'allégorie  et  par  le  coloris. 

BOSSE  (Abraham),  graveur  ,  natif  de 
Tours,  donna  ses  premières  leçons  de 
perspective  dans  l'académie  de  peinture 
de  Paris.  Il  connaissait  très  bien  cetle 
partie,  ainsi  que  l'architecture.  Le  genre 
de  graver  au  vernis  dur  qu'il  avait  adopté, 
le  mit  à  portée  de  faire  des  planches  assez 
finies  et  d'un  bon  ton  de  couleur,  sans  le 
secours  du  burin.  On  a  de  lui  :  |  trois  bons 
Traités  sur  la  manière  de  dessiner  les 
errdres  d'architecture  *  in-folio  ;  sur  la 
Gravure ,  16/t5  ,  in-8°  ;  sur  la  Perspec- 
tive ,  1653 ,  in-8°  ;  |  Représentation  de  di- 
verses figures  humaines  ,  avec  leurs  me- 
sures , prises  sur  divers  antiques.,  Paris  , 
1656 ,  petit  format.  Ses  estampes  ,  gra- 
vées à  l'eau-forte,  mais  d'une  manière 
particulière,  sont  agréables.  L'ouvrage 
de  Bosse  sur  la  gravure  qui  est  estimé,  a 
été  publié  .de  nouveau  à  Paris  en  1758 , 
avec  les  remarques  et  les  augmentations 
de  M.  Cochin  fils.  Bosse  mourut  dans  sa 
patrie  en  1678. 

*  BOSSI  (  Charles-Aurèle  ,  baron  de  ), 
poète  italien  et  homme  d'état,  né  à  Tu- 
rin le  15  novembre  1751.  Il  s'appliqua  à 
l'étude  du  droit  sous  le  célèbre  professeur 
Denina,  et  devint  son  ami.  En  même 
temps  il  s'occupait  de  littérature ,  et  dès 
l'âge  de  18  ans  il  publia  deux  tragédies  , 
ks  Circassiens  et  Rhea-Sylvia ,  qui  fu- 
rent bien  accueillies.  Il  donna  ensuite  des 
Odes  sur  les  réformes  de  Joseph  II ,  sur 
la  mort  du  jeune  prince  de  Brunswick, 
sur  l'indépendance  américaine  ,  la  paci 


fication  de  la  Hollande  ,  qui  accrurent  sa 
réputation  comme  poète  ;  mais  les  senti- 
mens  philosophiques  qui  y  sont  contenus 
déplurent  à  la  cour  de  Turin  ,  et  nuisi- 
rent d'abord  à  son  avancement.  Cepen- 
dant il  fut  nommé  secrétaire  de  légation 
à  Gènes ,  puis  sous-secrétaire  d'état  aux 
affaires  étrangères,  et  ensuite  chargé  d'af- 
faires auprès  de  la  cour  de  Russie ,  où  il 
demeura  jusqu'au  traité  de  paix  entre  la 
Sardaigne  et  la  France,  époque  à  laquelle 
Paul  Ie'  lui  intima  l'ordre  de  quitter  l'em- 
pire russe.  Les  Français  ayant  envahi  l'I- 
talie en  1796  ,  il  se  montra  disposé  à  les 
servir,  et  le  général  Joubert  le  nomma, 
en  1799 ,  membre  du  gouvernement  pro- 
visoire de  Piémont.  Après  la  bataille  de 
Marengo  il  passa  en  Hollande  pour  y  rem- 
plir les  fonctions  de  résident.  Lorsqu'il 
apprit  la  cession  qui  venait  d'être  faite  à 
la  république  française  des  états  du  Pié- 
mont ,  il  se  rendit  à  Turin ,  et  déter- 
mina les  chefs  du  parli  italien  en  faveur 
de  la  réunion.  Les  Austro-Russes  ayant 
pénétré  en  Italie  ,  il  se  retira  dans  le  pays 
de  Vaud ,  où  il  reçut  l'hospitalité  la  plus 
généreuse.  Ce  fut  pour  reconnaître  ce! 
accueil  que  Bossi  signala  sa  rentrée  dans 
le  gouvernement  par  un  acte  qui  rendit 
aux  Yaudois  l'entière  liberté  de  leur  culte* 
Il  contribua  aussi  beaucoup  à  la  réunion 
définitive  du  Piémont  à  la  France,  et  le 
premier  consul  lui  en  témoigna  sa  satis- 
faction par  une  lettre  flatteuse;  néan- 
moins il  se  borna  à  le  nommer  son  rési- 
dent en  Valachie  et  en  Moldavie.  Bossi 
qui  s'attendait  à  être  employé  dans  l'ad- 
ministration ,  refusa  et  fut  oublié  pendant 
18  mois.  Au  bout  de  ce  temps  il  fut  ap- 
pelé à  la  préfecture  du  déparlement  de 
l'Ain,  ensuite  à  celle  de  la  Manche.  En 
1811 ,  Napoléon  le  créa  baron  de  l'cmpire- 
Louis  XVIII  le  maintint  dans  ses  fonc- 
tions ,  et  lui  accorda  des  lettres  de  natu- 
ralisation; mais  s'étant  empressé  de  faire 
reconnaître  Bonaparte  au  retour  de  l'île 
d'Elbe ,  il  fut  destitué  ;  et  après  avoir 
voyagé  quelque  temps  dans  le  nord  de 
l'Europe ,  il  se  fixa  à  Paris  où  il  est  mort 
vers  la  fin  de  janvier  1825.  Ses  poésies 
ont  été  recueillies  et  imprimées  à  Turin, 
en  1801 ,  en  3  petits  volumes ,  et  réimpri- 
mées à  Londres  en  1814  à  50  exemplai- 
res seulement ,  avec  un  poème  qu'il  com- 
posa pendant  son  administration  de  la 
préfecture  de  l'Ain,  intitulé  Oromasia, 
et  dont  le  sujet  est  la  révolution  fran- 
çaise; malgré  les  idées  d'indépendance 
de  l'auteur,  il  est  tout  en  faveur  de  Bo- 


«os 


4/1.2 


BOS 


oaparte  qui  voulut  les  détruire.  On  y 
trouve  quelquefois  de  la  force  dans  les 
idées,  mais  la  versification  en  est  peu 
brillante ,  et  l'effet  général  monotone.  Ces 
deux  éditions  ont  été  publiées  sous  les 
noms  anagrammatiques  d'Albo  Crisso. 

*  BOSSO  (Donat),  avocat  et  historien 
milanais  du  quinzième  siècle ,  a  laissé 
une  Chronique  des  évêques  et  archevê- 
ques de  Milan  ,  Milan ,  1492  ,  in-folio. 

*  BOSSO  (Jérôme)  né  à  Paris  en  1588, 
jurisconsulte ,  historien ,  et  poète ,  fut 
professeur  de  belles  lettres  dans  sa  ville 
natale.  Il  étudia  surtout  les  antiquités  ro- 
maines, et  devint  membre  de  diverses 
académies  savantes  d'Italie.  On  a  de  lui  : 
[  de  Togâ  romanâ  commenlarius  >  Pavie , 
1612,  in-4°;  |  Epistolœ,  en  trois  recueils, 
publiés  à  Pavie  et  à  Milan  ,  1615-1623  ,  et 
autres  Dissertations  sur  les  antiquités  ro- 
maines. 

BOSSU  (Béné  le),  religieux  génové- 
fain,  naquit  à  Paris  en  1651 ,  d'un  avocat 
général  à  la  cour  des  aides.  Il  mourut 
sous-prieur  de  l'abbaye  de  Saint- Jean  de 
Chartres,  en  1680.  Il  contribua  beaucoup 
à  former  la  bibliothèque  de  Sainte-Gene- 
viève de  Paris.  On  a  de  lui  |  Un  Parallèle 
de  la  philosophie  de  Descartes  et  d'Aris- 
tote,  Paris  ,  1674,  in-12 ,  qu'il  voulait  con- 
cilier. //  ne  savait  pas  _,  dit  un  bel-esprit , 
qu'il  fallait  les  abandonner  l'un  et  Vautre. 
Bossu  était  plus  capable  de  îaisonner  sur 
les  chimères  anciennes  et  modernes  que 
de  les  détruire.  |  Un  Traité  du  poème  épi- 
que, La  Haye,  1714,  in-12,  dans  lequel 
on  trouve  des  règles  utiles  et  que  Boileau 
regarde  comme  un  des  meilleurs  livres 
de  poétique  qui  aient  été  faits  dans  notre 
langue.  Les  règles  que  l'auteur  y  donne 
sont  sages ,  bien  développées ,  et  toujours 
prises  dans  la  nature.  Le  Père  le  Bossu  se 
distinguait  autant  par  les  qualités  du 
cœur  ,  que  par  celles  de  l'esprit. 

*  BOSSU  (Pierre-Locis)  chanoine  de 
Paris  ,  fut  d'abord  vicaire  ,  puis  curé  de 
Saint-Paul,  et  prêcha  la  Cène  à  la  cour 
en  1785.  Après  avoir  refusé  le  serment  à 
la  constitution  civile  du  clergé  ,  il  se  ren- 
dit à  Blankenbourg,puis  à  Mittau,  et  ser- 
vit d'aumônier  à  Louis  XVIII  dans  cette 
dernière  ville.  Bossu  fut  nommé  curé  de 
Saint-Eustache  à  Paris  à  l'époque  du  con- 
cordat. Devenu  chanoine  il  se  retira  à 
Chaillot  et  y  mourut  en  1850 ,  à  l'âge  de 
85  ans.  On  a  de  lui  :  un  Discours  pro- 
noncé le  15  mars  1805,  à  Saint-Boch, 
dans  un  service  célébré  pour  tous  les  cu- 
rés de  Paris  morts  depuis  la  révolution  ; 


|  L'indigence  brillante  par  la  charité, 
Paris,  1814,  un  vol.  in-12,  où  l'auteur 
traite  de  tout  ce  que  la  religion  opère 
par  la  charité. 

*  BOSSU  (  J.  A.  )  capitaine  de  marine, 
né  à  Baigneux-les-Juifs  vers  l'an  1720,  fut 
envoyé  dans  la  Louisiane  en  1750  et  en 
1757.  Plusieurs  voyages  qu'il  fit  dans  l'in- 
térieur du  pays ,  le  mirent  à  même  de 
connaître  les  mœurs  et  les  habitudes  des 
Illinois,  des  Akansas,  des  Allimabous,  etc., 
et  il  en  donne  des  détails  très  circonstan- 
ciés dans  une  suite  de  Lettres  qui  ont  été 
adressées  au  marquis  de  l'Estrade  ,  et  re- 
cueillies et  publiées  sous  le  litre  de  Nou- 
veaux voyages  aux  Indes  occidentales, 
etc. ,  Paris  ,  1768 ,  2  parties  formant  un 
vol.  in-12.  La  Louisiane  ayant  été  cédée  à 
l'Espagne ,  Bossu  y  fit  un  troisième  voyage 
pour  retirer  ses  effets,  et  à  son  retour,  il 
publia  la  relation  de  ce  troisième  voyage 
sous  le  litre  de  Nouveaux  voyages  dans 
V Amérique  septentrionale  contenant  une 
collection  de  lettres  écrites  par  l'auteur  à 
son  ami  Douin,  etc.  Amsterdam  (Paris) , 
1777,  in-8°-  Ces  derniers  voyages  sont  les 
plus  rares ,  parce  qu'ils  n'ont  pas  été  réim- 
primés comme  les  premiers.  Bossu  est  un 
de  ceux  qui  ont  le  mieux  fait  connaître 
la  Louisiane  et  les  peuples  sauvages  qui 
l'habitent. 

BOSSUET  (Jacques-Bénigne  ),  vit  le 
jour  à  Dijon  en  1627,  d'une  famille  de 
robe,  noble  et  ancienne.  Il  laissa  voir  dès 
son  enfance  tout  ce  qui  devait  lui  attirer 
dans  la  suite  l'admiration  publique.  Il  fut, 
dit-on  ,  d'abord  destiné  au  barreau  et  au 
mariage.  Ceux  qui  tirent  vanité  de  savoir 
les  secrets  des  familles  assurent  qu'il  y 
eut  un  contrat  entre  lui  et  Mlle.  Des- 
vieux ,  fille  d'esprit  et  de  mérite ,  et  son 
amie  dans  tous  les  temps  ;  mais  ce  con- 
trat n'a  jamais  existé.  Bossuet  après  ses 
premières  études  vint  à  Paris  en  1642 ,  à 
l'âge  de  15  ans  ,  et  reçut  le  bonnet  de  doc- 
teur de  Sorbonne  en  1652.  De  retour  à 
Metz  où  il  était  chanoine,  il  s'attacha  à 
former  son  esprit  et  son  cœur.  Il  s'appli- 
qua  à  l'instruction  des  protestans,  et  en 
ramena  plusieurs  à  la  religion  catholique. 
Ses  succès  eurent  de  l'éclat.  On  l'appela  à 
Paris,  pour  remplir  les  chaires  les  plus 
brillantes.  La  reine-mère  ,  Anne  d'Autri- 
che, son  admiratrice,  lui  fit  donner,  à 
l'âge  de  54  ans,  l'A  vent  delà  cour  en 
1661  ,  et  le  Carême  en  1662.  Le  roi  fut  si 
enchanté  du  jeune  prédicateur,  qu'il  fit 
écrire  en  son  nom  à  son  père  ,  intendant 
de  Soissons ,  pour  le  féliciter  d'avoir  un 


BOS 


445 


BOS 


fils  qui  l'immortaliserait.  Son  Carême  de 
166G ,  son  Avent  de  1CG8 ,  prêches  pour 
confirmer  les  nouveaux  convertis  ,  et  par- 
ticulièrement le  maréchal  de  Turenne, 
lui  valurent  Tcvèché  de  Condom.  Ses  ser- 
mons ne  sont  cependant  pas  ce  qui  l'a  le 
plus  illustré.  Le  roi  lui  confia  bientôt  l'é- 
ducation de  Mgr.  le  Dauphin;  il  prêta  le 
serment  accoutumé  le  23  septembre  1670. 
Un  an  après  il  se  démit  de  l'évèché  de 
Condom  ,  ne  croyant  point  pouvoir  gar- 
der une  épouse  avec  laquelle  il  ne  vivait 
pas.  Ce  fut  vers  ce  temps  qu'il  prononça 
l'Oraison  funèbre  de  madame  Henriette 
d'Angleterre,  morte  subitement,  au  milieu 
d'une  cour  brillante ,  dont  elle  était  les 
délices.  C'est  dans  ce  genre  d'éloquence 
que  l'illustre  orateur,  profitant  de  l'au- 
torité de  son  ministère ,  a  fait  servir  les 
tristes  trophées  de  la  mort  à  l'utile  ins- 
truction desvivans.  Son  éloquence  étonne 
l'esprit,  ravit  d'admiration  ,  arrache  les 
larmes  du  sentiment  ;  on  le  voit ,  on  l'en- 
tend déployer  toute  la  force ,  toute  la 
hauteur  de  son  âme  et  de  son  génie  ;  sa 
parole  captive,  maîtrise  tous  les  esprits; 
elle  confond  par  des  accens  terribles  la 
vanité  des  grandeurs  humaines.  Quel 
tableau  de  la  mort  dans  l'éloge  delà  prin- 
cesse dont  nous  venons  de  parler  !  Après 
avoir  rapporté  le  passage  de  l'Ecriture, 
Omnes  morimur  et  quasi  aquœ  clilabi- 
mur  in  terram  (  2  Reg.  14  ) ,  il  continue  : 
«  En  effet,  nous  ressemblons  tous  à  des 
»  eaux  courantes.  De  quelque  superbe 
»  distinction  que  se  flattent  les  hommes  , 
»  ils  ont  tous  une  même  origine  ,  et  cette 
«  origine  est  petite.  Leurs  années  se  pous- 
»  sent  successivement  comme  des  flots  : 
»  ils  ne  cessent  de  s'écouler,  tant  qu'enfin 
•>  après  avoir  fait  un  peu  plus  de  bruit  et 
»  traversé  un  peu  plus  de  pays  les  uns 
.»  que  les  autres  ,  ils  vont  tous  ensemble 
k  se  confondre  dans  un  abîme  où  l'on  ne 
f  reconnaît  plus  ni  princes  ,  ni  rois ,  ni 
■»  toutes  ces  autres  qualités  superbes  qui 
D distinguent  les  hommes;  de  même  que 
«  ces  fleuves  tant  vantés  demeurent  sans 
»  nom  et  sans  gloire  ,  mêlés  dans  l'Océan 
»  avec  les  rivières  les  plus  inconnues.  » 
Il  ajoute  ensuite  :  «  La  voilà ,  malgré  ce 
•>  grand  cœur ,  cette  princesse  si  admirée 
»  et  si  chérie  ;  la  voilà  telle  que  la  mort 
»  nous  l'a  faite  !  encore  ce  reste  tel  quel 
»  va-t-il  disparaître,  cette  ombre  de  gloire 
»  va  s'évanouir,  et  nous  Talions  voir  dé- 
»  pouillée  même  de  cette  triste  décoration; 
»  elle  va  descendre  à  ces  sombres  lieux, 
>»  à  ces  demeures  souterraines ,  pour  y 


»  dormir  dans  la  poussière  avec  les  plus 
»  grands  de  la  terre ,  comme  parle  Job  , 
»  avec  ces  rois  et  ces  princes  anéantis , 
»  parmi  lesquels  à  peine  peut-on  la  pla- 
»  cer,  tant  les  rangs  y  sont  pressés  ,  tant 
»  la  mort  est  prompte  à  remplir  ces  pla- 
»  ces  !  mais  ici ,  notre  imagination  nous 
»  abuse  encore  :  la  mort  ne  nous  laisse 
i>  pas  assez  de  corps  pour  occuper  quel» 
»  que  place  ,  et  on  ne  voit  là  que  des  tom- 
»  beaux  qui  fassent  quelque  figure.  Notre 
»  chair  change  bientôt  de  nature  ;  notre 
»  corps  prend  un  autre  nom  ;  même  celui 
»  de  cadavre  ,  dit  Terlullien ,  parce  qu'il 
»  nous  montre  encore  quelque  forme  hu- 
»  maine  ,  ne  lui  demeure  pas  long-temps; 
»  il  devient  un  je  ne  sais  quoi,  qui  n'a  plus 
»  de  nom  dans  aucune  langue ,  tant  il  est 
»  vrai  que  tout  meurt  en  lui ,  jusqu'à  ces 
»  termes  funèbres  par  lesquels  on  expri- 
»  mait  ses  malheureux  restes.  C'est  ainsi 
»  que  la  puissance  divine,  justement  irritée 
»  contre  notre  orgueil ,  le  pousse  jusqu'au 
»  néant  ,  et  que ,  pour  égaler  à  jamais  les 
»  conditions ,  elle  ne  fait  de  nous  tous 
»  qu'une  même  cendre.  Peut-on  bâtir  sur 
«  ces  ruines?  peut-on  appuyer  quelque 
»  grand  dessein  sur  ces  débris  inévitables 
»  des  choses  humaines  ?  »  Dans  la  der- 
nière qu'il  prononça ,  qui  fut  celle  du 
grand  Condé ,  comme  il  intéresse  per- 
sonnellement en  parlant  de  son  âge  et  de 
ses  devoirs  sans  petitesse  et  sans  egoïs- 
tue!  «  La  véritable  victoire,  celle  qui  met 
»  sous  ses  pieds  le  monde  entier ,  c'est 
»  notre  foi  (  Flœc  est  Victoria  quœ  vincit 
»  mundumjfides nostrà).  Jouissez, prince, 
»  de  cette  victoire  ,  jouissez-en  éternelle- 
»  ment  par  l'immortelle  vertu  de  ce  sa- 
»  crifice.  Agréez  ces  derniers  efforts  d'une 
»  voix  qui  vous  fut  connue  :  vous  met- 
»  trez  fin  à  tous  ces  discours.  Au  lieu  de 
»  déplorer  la  mort  des  autres ,  grand 
»  prince ,  dorénavant  je  veux  apprendre 
»  de  vous  à  rendre  la  mienne  sainte. 
»  Heureux ,  si  averti  par  ces  cheveux 
»  blancs  du  compte  que  je  dois  rendre  de 
»  mon  administration,  je  réserve  au  trou- 
»  peau  que  je  dois  nourrir  de  la  parole  de 
»  vie ,  les  restes  d'une  voix  qui  tombe  et 
»  d'une  ardeur  qui  s'éteint.  »  Cette  mâle 
vigueur  de  ses  Oraisons  funèbres  qui 
l'ont  placé  à  la  tête  des  orateurs  français, 
il  la  transporta  dans  son  Discours  sur 
l'Histoire  universelle ,  composé  pour  son 
élève.  On  ne  peut  se  lasser  d'admirer  la 
rapidité  avec  laquelle  il  décrit  l'élévation 
et  la  chute  des  empires ,  les  causes  de 
leurs  progrès  et  celles  de  leur  décadence, 


nos 


kMi 


BOS 


les  desseins  secrets  de  la  Providence  sur 
les  hommes ,  les  ressorts  cachés  qu'elle 
fait  jouer  dans  le  cours  des  choses  hu- 
maines. C'est  un  spectacle  des  plus 
grands  ,  des  plus  magnifiques  et  des  plus 
variés,  que  l'éloquence  ait  donnés  à  la 
religion  et  à  la  philosophie.  Cet  ouvrage 
est  composé  de  trois  parties  :  la  pre- 
mière ,  qui  est  chronologique  ,  renferme 
le  système  d'Ussérius;  la  seconde  con- 
tient des  réflexions  sur  l'état  et  la  vérité 
de  la  religion  ;  la  troisième ,  qui  est  his- 
torique ,  comprend  des  remarques  très 
solides  sur  les  vicissimdesdes  monarchies 
anciennes  et  modernes.  L'édition  in-4°,  de 
1681 ,  à  Paris,  est  la  plus  belle.  On  y  a 
joint  une  continuation  par  M.  de  la  Barre, 
qui  n'a  rien  de  ce  qui  a  fait  estimer  l'ou- 
vrage de  Bossuet.  Emmanuel  de  Parthe- 
nay,  aumônier  de  la  duchesse  de  Berry, 
en  adonnéune  Traduction  latine  en  17i8, 
in-12 ,  sous  ce  titre  :  Commentant  uni- 
ver  sam  complectenles  ffistoriam  ab  orbe 
condilo  ad  Carolum  magnum;  quibus 
accedunt  séries  Religionis  et  imperiorum 
vices.  On  trouve  la  même  profondeur  de 
vues  dans  la  Politique  tirée  des  paroles 
de  l'Ecriture  sainte.  Le  but  de  l'auteur 
est  de  renfermer  dans  cet  ouvrage  les 
principes  d'une  politique  qui  eût  toute  la 
majesté  et  toute  la  grandeur  que  doit 
avoir  la  morale  de  ceux  qui  gouvernent 
le  monde ,  sans  avoir  rien  de  sa  corrup- 
tion ordinaire.  Il  cherche  sans  sortir  de 
l'Evangile  de  quoi  former  un  grand  prin- 
ce ;  et  on  peut ,  selon  les  principes  de  ce 
prélat,  être  un  excellent  politique  et  un 
véritable  chrétien.  Les  soins  que  Bossuet 
s'était  donnés  pour  l'éducation  du  Dau- 
phin furent  récompensés  par  la  charge 
de  premier  aumônier  de  madame  la  Dau- 
phine  en  1680 ,  et  par  l'évêché  de  Meaux 
en  1681 ,  ilfut  honoré,  en  1697,  d'une  charge 
de  conseiller  d'état  ;  et  l'année  d'après, 
de  celle  de  premier  aumônier  de  madame 
la  duchesse  de  Bourgogne.  Une  affaire 
d'éclat,  à  laquelle  il  eut  beaucoup  départ, 
fixait  alors  les  yeux  du  public  sur  lui.  Fé- 
nélon ,  archevêque  de  Cambrai ,  venait 
de  publier  son  livre  de  Y  Explication  des 
maximes  des  saints  sur  la  vie  intérieure. 
Bossuet ,  qui  crut  voir  dans  cet  ouvrage 
des  restes  du  molinosisme  ,  s'éleva  contre 
lui  dans  des  écrits  réitérés.  Ses  ennemis 
attribuèrent  ces  productions  à  la  jalousie 
que  lui  inspirait  Fénelon;  et  ses  amis,  à 
son  zèle  contre  les  nouveautés.  Quelques 
motifs  qu'il  eût ,  il  fut  vainqueur;  mais  si 
S^  victoire  sur  l'archevêque  de  Cambrai 


lui  fut  glorieuse ,  celle  que  Fénélon  rem- 
porta sur  lui-même  le  fut  davantage.  On 
peut  juger  de  la  vivacité  avec  laquelle  Bos- 
suet se  montra  dans  cette  querelle,  par  ce 
trait  :  Qu'auriez-vousfait,  si  j'avais  pro- 
tégé M.  de  Cambrai?  lui  demanda  un  jour 
Louis  XIV  ?  —  Sire  ,  répondit  Bossuet , 
j'aurais  crié  vingt  fois  plus  haut  :  quand 
on  défend  la  vérité ,  on  est  assuré  de 
triompher  tôt  ou  tard...  Il  répondit  au 
même  prince  ,  qui  lui  demandait  son  sen- 
timent sur  les  spectacles .  Il  y  a  de  grands 
exemples  pour,  et  des  raisonnemens  in- 
vincibles contre...  Il  fut  aussi  zélé  pour 
l'exactitude  de  la  morale  que  pour  la  pu- 
reté de  la  foi.  Le  docteur  Arnauld  ayant 
fait  l'apologie  de  la  Satire  sur  les  femmes 
de  Despréaux,  son  ami  et  son  panégyriste, 
l'évèque  de  Meaux  décida ,  sans  hésiter, 
que  le  docteur  n'avait  pas  poussé  la  sé- 
vérité assez  loin.  Il  condamna  la  satire  en 
général ,  comme  incompatible  avec  la  re- 
ligion chrétienne,  et  celle  des  femmes 
en  particulier.  Il  déclara  nettement  que 
celle-ci  était  contraire  aux  bonnes  mœurs, 
et  tendait  à  détourner  du  mariage ,  par 
les  peintures  qu'on  y  fait  de  la  corruption 
de  cet  état...  Ses  mœurs  étaient  aussi  sé- 
vères que  sa  morale.  Tout  son  temps  était 
absorbé  par  l'étude ,  ou  par  les  travaux 
de  son  ministère  ,  prêchant,  catéchisant, 
confessant.  Il  ne  se  permettait  que  des 
délassemens  fort  courts.  Il  ne  se  prome- 
nait que  rarement ,  même  dans  son  jar- 
din. Son  jardinier  lui  dit  un  jour  :  Si  je 
plantais  des  saint  Augustin  et  des  saint 
Chrysostôme ,  vous  les  viendriez  voir; 
mais  pour  vos  arbres  .,  vous  ne  vous  en 
souciez  guère...  On  l'a  accusé  de  n'avoir 
point  eu  assez  d'art  dans  les  controverses, 
pour  cacher  sa  supériorité  aux  autres.  Il 
était  impétueux  dans  la  dispute,  mais  il 
n'était  point  blessé  qu'on  y  mit  la  même 
chaleur  que  lui.  Ce  grand  homme  fut  en- 
levé à  son  diocèse,  à  la  France  et  à  l'E- 
glise, en  1704,  à  l'âge  de  77  ans  ..  On 
commença  à  donner  en  1745  une  Collec- 
tion des  ouvrages  de  Bossuet ,  en  12  voL 
in-4°.  Les  bénédictins  de  Saint-Maur  en 
ont  donné  une  autre,  dont  13  volumes 
avaient  déjà  paru  en  1780,  infectés  de  cet 
esprit  de  secte  et  de  parti  qui  dénature 
tout  ce  qu'il  touche.  Le  clergé  de  France, 
dans  son  assemblée  de  la  même  année, 
blâma  et  rejeta  cette  édition.  (  Voyez  les 
Actes  de  l'assemblée,  séances  107  et  109; 
ou  le  Journ.  hist.  et  titt.  l"juin  1785, 
pag.  196.  )  Voici  ce  qu'on  trouve  dans 
l'édition  de  4743.  Les  2  premiers  volumes 


BOS  hh 

sont  consacrés  à  ce  que  Bossuet  a  écrit  sur 
l'Ecriture  sainte;  on  y  trouve  aussi  le  Caté- 
chisme de  son  diocèse ,  des  Prières ,  etc. 
Le  5e  renferme  Y Exposition  de  la  Doc- 
trine Catholique ,  avec  l'avertissement  et 
les  approbations  données  à  ce  livre  ,  très 
souvent  réimprimé  et  qui  opéra  la  con- 
version de  MxM.  de  Turenne  et  de  Dan- 
geau;  V  Histoire  des  Variations  des  égli- 
ses protestantes ,  un  des  écrits  de  contro- 
verse ,  auquel  les  luthériens  et  les  calvi- 
nistes ont  eu  le  plus  de  peine  à  répondre, 
et  auquel  il  était  impossible  de  rien  op- 
poser de  satisfaisant.  Le  4e  contient  la  Dé- 
fense de  l'Histoire  des  Variations ,  et  six 
Avertissemens  aux  Protestons,  la  Confé- 
rence avec  le  ministre  Claude,  etc.  Le  5e 
offre  le  Traité  de  la  Communion  sous  les 
deux  espèces,  la  Réfutaliondu  Catéchisme 
de  Paul  Ferri,  les  Statuts  et  Ordonnances 
synodales,  les  Instructions  pastorales, 
etc.  Le  Ge  et  le  7csontpresqu'entièrement 
remplis  par  les  Ecrits  sur  le  Quiélisme. 
Le  8e  par  le  Discours  sur  l'Histoire  uni- 
verselle et  les  Oraisons  funèbres.  Le  9e 
et  le  10e  présentent  différens  ouvrages  de 
piété.  On  trouve  dans  le  die  des  écrits 
dans  le  même  genre,  et  le  commence- 
ment de  son  Abrégé  de  l'Histoire  de 
France ,  dont  la  suite  est  renfermée  dans 
le  tome  12.  On  a  donné  une  suite  à  cette 
édition ,  en  S  vol.  in-A0 ,  renfermant  la 
Défense  de  la  déclaration  du  clergé  de 
France,  sur  lapuissance  ecclésiastique  , 
en  latin  avec  une  traduction  en  français, 
par  l'abbé  le  Roy,  ci-devant  de  l'Oratoire. 
Soardi  (  voyez  ce  mot  )  prouve  assez  bien 
que  cette  Défense,  telle  que  nous  l'avons, 
n'est  pas  de  Eossuet ,  quoiqu'il,  soit  vrai 
qu'il  a  fait  un  ouvrage  sur  ce  sujet,  revu 
et  beaucoup  changé  quelque  temps  avant 
sa  mort.  Il  y  avait ,  comme  l'assure  M. 
d'Aguesseau,  une  péroraison  où  le  livre 
était  dédié  à  Louis  XIV,  et  qui  ne  se 
trouve  pas  dans  ce  que  le  neveu  du  célè- 
bre prélat  nous  a  donné  comme  l'ouvrage 
de  son  oncle  (  voyez  le  QUEUX,  SOAR- 
DI ).  En  général,  on  ne  peut  regarder 
comme  étant  réellement  et  totalement  de 
Bossuet  que  les  ouvrages  imprimés  de 
son  vivant,  parce  que  les  papiers  de  ce 
grand  homme  ont  passé  par  les  mains 
des  bénédictins  jansénistes  des  Blancs- 
Manteaux,  qui  les  tenaient  de  l'évêque 
de  Troyes,  dévoué  à  la  secte.  L'abbé  le 
Roy,  ex-oratorien ,  a  publié,  en  17S3, 
3  vol.  d'ŒUVRES  posthumes.  Le  1er 
renferme  le  Projet  de  réunion  des  églises 
luthériennes  de  la  confession  d'Jugs- 
o 


a  BOS 

bourg 3  avec  l'Eglise  catholique  ;  projet 
traversé  par  le  philosophe  Leibnitz  ,  qui 
se  mêla  de  cette  controverse.  Bossuet, 
inébranlable  sur  le  dogme,  promettait 
de  la  part  de  l'Eglise  ,  que  sur  les  articles 
de  discipline ,  elle  userait  envers  les  pro- 
ies lans  réunis  de  toutes  les  condescen- 
dances que  des  enfans  infirmes,  mais  sou- 
mis, peuvent  espérer  d'une  mère  tendre. 
On  trouve  dans  le  2e  les  Traités  contre 
Simon,  du  Pin  et  autres;  et  dans  le  5e, 
divers  écrits  de  controverse  ,  de  morale  et 
de  théologie  mystique.  Plusieurs  savans 
doutent  que  ces  ouvrages  soient  sortis  de 
la  plume  de  Bossuet,  absolument  tels 
qu'on  les  présente  dans  ce  recueil.  On  a 
rassemblé  différens  Opuscules  de  Bos- 
suet en  o  vol.  in-12,  1561.  On  aaussi  pu- 
blié à  Nimes  en  1781) ,  une  édition  de  ses 
Œuvres  choisies  en  8  vol.  in-8°  ;  mais 
on  fait  peu  de  cas  de  cette  édition.  On  a 
réuni  en  6  vol.  in-12 ,  sous  le  titre  de 
Chefs-d'œuvre  oratoires  de  Bossuet,  ses 
Sermons,  Panégyriques  et  Oraisons  fu- 
nèbres j  et  l'on  a  publié  à  Versailles  une 
belle  édition  de  ses  Œuvres  ,  en  ko  vol. 
in-8°,avec  une  table  générale  des  ma- 
tières, faite  avec  beaucoup  de  soin  ,  qui 
comprend  les  noms  et  les  choses  dont  il 
est  parlé  dans  la  collection  entière,  1815 
et  années  suiv.  Cette  table  ,  qui  est  un 
modèle  de  précision  et  d'exactitude ,  est 
d'un  grand  secours  à  ceux  qui  ont  be- 
soin de  parcourir  cette  édition  et  d'y 
faire  quelques  recherches.  On  a  ajouté  à 
ce  volume  quelques  pièces  intéressantes, 
le  Discours  de  Bossuet  à  l'académie  fran- 
çaise pour  sa  réception,  l'Eloge  que  fit 
de  lui  l'abbé  de  Polignac  ,  son  successeur 
dans  le  même  corps  ,  celui  que  fit  égale- 
ment l'abbé  de  Clérambault,  directeur 
de  l'académie ,  dans  sa  réponse  à  l'abbé 
de  Polignac,  et  enfin  Y  Oraison  funèbre 
prononcée  par  le  Père  Larue,  jésuite, 
dans  '.e  service  qui  eut  lieu  à  Meaux  le  23 
juillet  1706.  Le  style  de  Bossuet,  sans 
être  toujours  châtié  et  poli ,  est  plein  de 
force  et  d'énergie.  Il  ne  marche  point  sur 
des  fleurs ,  mais  il  va  rapidement  au  su- 
blime dans  les  sujets  qui  l'exigent.  Les 
ouvrages  latins  de  cet  auteur  sont  écrits 
d'un  style  assez  dur  :  mais  les  français 
ne  le  cèdent  à  aucun  de  nos  meilleurs 
écrivains.  L'académie  française  le  compte 
parmi  ses  membres  qui  l'ont  le  plus  illus- 
trée. M.  de  Burigny,  de  l'académie  des 
Belles-lettres ,  a  publié  en  1761  la  Vie  de 
Bossuet,  in-12;  mais  on  ne  peut  guère 
la  regarder  que  comme  un  croquis;  elle 
38 


BOS  k 

r.e  fait  point  assez  connaître  la  vie  de 
révoque  de  Mcaux.  M.  le  cardinal  de 
Bausset,  déjà  connu  par  son  élégante 
histoire  de  Fénélon,  nous  a  donné  celle 
de  son  illustre  émule ,  h  vol.  in-8° ,  ou- 
vrage rédigé  avec  autant  de  goût  que  de 
sagacité  ,  rempli  de  détails  ignorés  et  de 
faits  du  plus  haut  intérêt ,  qui  rendent 
son  livre  extrêmement  précieux.  Massil- 
lon ,  dans  X Eloge  de  Mgr.  le  Dauphin, 
a  fait  de  Bossuet  le  portrait  suivant  : 
«  L'homme  d'un  génie  vaste  et  heureux, 
»  d'une  candeur  qui  caractérise  toujours 
»  les  grandes  âmes  et  les  esprits  du  pre- 
»  mier  ordre  ,  l'ornement  de  l'épiscopat , 
»  et  dont  le  clergé  de  France  se  fera  hon- 
»  neur  dans  tous  les  siècles  ;  un  évêque 
»  au  milieu  de  la  cour;  l'homme  de  tous 
»  les  talens  et  de  toutes  les  sciences  ;  le 
»  docteur  de  toutes  les  églises  ;  la  terreur 

*  de  toutes  les  sectes  ;  le  Père  du  dix- 
»  septième  siècle  ,  et  à  qui  il  n'a  manqué 
»  que  d'être  né  dans  les  premiers  temps, 
»  pour  avoir  été  la  lumière  des  conciles, 
»  l'âme  des  Pères  assemblés ,  dicté  des 
»  canons ,  et  présidé  à  Nicée  et  à  Ephèse.  » 
L'auteur  de  la  Vie  de  M™*  de  Mainlenon 
en  parle  en  ces  termes  :  «  Conduit  jusque 
»  dans  le  sanctuaire  par  sa  science  et  par 
»  sa  vertu ,  il  en  fut  l'ornement  et  l'ora- 
»  cle.  On  le  vit  tout  à  la  fois  controver- 
»  siste ,  orateur  ,  historien ,  précepteur 
»  du  grand  dauphin,  déployer  toute  la 
»  profondeur  et  l'élévation  du  génie 
»  dont  l'homme  le  plus  sublime  est  capa- 
»  ble.  Tantôt  parcourant  la  terre  entière  , 
»  il  en  rassemble  l'or  et  les  fleurs  dont  il 
»  pare  ses  écrits;  tantôt  se  répandant  jus- 
3»  que  dans  l'immensité  des  cieux ,  il  pa- 
»  raît  s'associer  aux  suprêmes  intelligen- 

*  ces  ;  trop  grand  pour  avoir  de  l'ambi- 
»tion,  il  ne  recherche  que  la  vérité,  et 
»  le  bonheur  de  servir  les  gens  à  talens  : 
«trop  riche  de  sa  propre  gloire,  il  n'a 
»  besoin ,  pour  s'illustrer,  ni  des  hon- 
»  neurs  du  ministère  ni  de  la  pourpre 
»  romaine.  Il  anéantit  les  hétérodoxes 
»  qu'il  combat,  il  rend  la  vie  aux  morts 
b  qu'il  célèbre  ;  et  donnant  encore  plus 
»  d'extension  à  son  génie  lorsqu'il  le 
»  resserre  que  lorsqu'il  l'étend ,  il  ren- 
»  ferme  l'histoire  de  l'univers  dans  un 
»  discours  de  quelques  pages ,  où  la  ma- 
»  jesté  du  style  répond  à  toute  la  gran- 
j>  deur  du  sujet.  »  On  sent  bien  que  la  ca- 
lomnie n'a  pas  plus  épargné  cet  illustre 
prélat  que  tant  d'autres  hommes  distin- 
gués par  leur  religion,  leurs  vertus,  et 
ôurlout  par  leur  zèle  contre  les  vices  et 


46  ÎÏOS 

les  erreurs.  Voyez  SAINT-HYACINTHE , 

et  les  grands  hommes  vengés. 

*  BOSSUET  (  Jacques-Bénigne  ) ,  évê- 
que de  Troyes,  né  en  1664,  neveu  do 
l'illustre  évêque  de  Meaux  ,  entra  dans 
l'état  ecclésiastique,  et  se  trouvait  à  Rome 
avec  l'abbé  Phelipeaux  qui  l'avait  dirigé 
dans  ses  études  ,  lorsque  le  grand  Eossuet 
les  chargea  de  poursuivre  la  condamna- 
lion  du  livre  des  Maximes  de  Fénélon. 
L'abbé  Bossuet  montra  peu  de  délicatesse 
dans  cette  affaire,  et  mit  plus  que  du  zèle 
à  la  faire  réussir.  Il  oublia  que  s'il  est  glo- 
rieux de  faire  triompher  la  justice ,  il  est 
plus  beau  encore  de  n'employer,  pour  y 
parvenir,  que  de  la  modération  et  des 
moyens  dignes  de  la  cause  pour  laquelle 
on  agit.  Sa  volumineuse  correspondance 
sur  cet  objet,  publiée  par  Deforis,  fit  peu 
d'honneur  à  sa  sagesse  et  à  son  caractère. 
A.  son  retour,  en  1099 ,  il  fut  ordonné 
prêtre,  et  pourvu  de  l'abbaye  de  Saint- 
Lucien  de  Beauvais.  Il  devint  grand-vi- 
caire de  son  oncle,  qui  désira  l'avoir  pour 
coadjuteur  ,  et  en  fil  la  demande  à  Louis 
XIY ,  en  parlant  de  lui  avec  éloge ,  ce 
qui  prouverait  sans  doute  que  l'abbé  Bos- 
suet avait  su  se  contraindre  devant  un 
juge  si  éclairé.  Le  roi  n'accéda  point  à 
cettedemande,  et  le  tint  toujours  éloigné 
de  l'épiscopat.  Ce  ne  fut  que  sous  la  ré- 
gence ,  et  par  le  crédit  du  cardinal  de 
Noailles,  qu'il  eut  l'évèché  de  Troyes  en 
1716.  Signalé  parmi  ceux  dont  la  doctrine 
était  suspecte ,  il  n'obtint  ses  bulles  que 
deux  ans  après,  sur  une  attestation  d'or- 
thodoxie que  le  cardinal  de  la  Trémouille 
donna  en  sa  faveur.  Le  nouvel  évêque 
adhéra  à  l'accommodement  de  1720.  En 
1725,  il  se  déclara  pour  l'évèque  de  Mont- 
pellier, et  maintint  son  opposition  à  la 
bulle.  L'année  suivante,  il  donna  un  man- 
dement contre  l'office  de  Grégoire  XIII, 
et  défendit ,  contre  un  abbé  Fichant,  l'au- 
thenticité de  quelques-uns  des  ouvrages 
posthumes  de  son  oncle  qu'il  avait  publiés, 
tels  que  les  Elévations  sur  les  Mystères , 
les  Méditations  sur  l'Evangile,  le  Traité 
de  l'amour  de  Dieu,  celui  du  Libre  ar- 
bitre et  de  la  concupiscence  et  celui  de  la 
Connaissance  de  Dieu  et  de  soi-même.  Le 
parlement  de  Paris  décida  en  sa  faveur. 
11  eut  ensuite,  avec  M.  Langue!  ,  arche- 
vècpie  de  Sens,  son  métropolitain,  de 
longues  disputes,  d'abord  sur  quelques- 
unes  de  ses  instructions  pastorales,  ensuite 
sur  un  nouveau  missel  qu'il  donna,  et 
dans  lequel  on  trouva  des  innovulions.  Il 
se  défendit  avec  peu  de  modération,  et 


JBOS 


447 


BOS 


finit  cependant  par  retrancher  quelques- 
unes  des  dispositions  blâmées.  Le  30  mars 
1742,  il  se  démit  de  son  évêché  ,  et  mou- 
rut le  12  juillet  de  l'année  suivante. 

BOSSUS  ou  BOSSIO  (  Martix  ) ,  cha- 
noine régulier  de  Saint-Jean-de  Latran  , 
et  abbé  de  Fiésoli  en  Toscane ,  né  à  Vé- 
rone, s'acquit  une  grande  réputation  par 
sa  science  et  par  sa  vertu.  Le  pape  Sixte 
IV ,  et  Laurent  de  Médicis  le  chargèrent 
de  plusieurs  commissions  dont  il  s'acquitta 
avec  honneur.  Il  mourut  à  Padoue  en 
1502  ,  à  75  ans.  Il  publia  plusieurs  ouvra- 
ges qui  roulent  tous  sur  des  points  de 
morale.  |  Recuperationes  Fesulanœ  J  Bo- 
logne, 1495,  in-fol.  |  Epislolce ,  Mantoue  , 
1498,  in-fol.  |  Epistolce  *  différentes  des 
précédentes,  avec  six  discours,  Venise, 
1502,  in-4°.  |  OEuvres  diverses ,  Stras- 
bourg, 1509,  in-4°,  Bologne,  1627,  in- 
fol.   etc. 

*  BOSSXJT  (  l'abbé  Charles  ) ,  profes- 
seur de  mathématiques  à  Mézières  ,  exa- 
minateur des  élèves  de  l'artillerie  et  du 
génie,  et  de  l'académie  des  Sciences,  né 
à  Tartara*,  département  de  la  Loire,  le 
11  août  1750,  mort  à  Paris  le  14  janvier 
1815.  11  perdit  son  père  au  berceau,  et 
fut  élevé  par  un  oncle  paternel  qui  com- 
mença son  éducation  et  le  fit  entrer  à  14 
ans  au  collège  des  jésuites  à  Lyon.  La 
révolution  l'ayant  privé  de  ses  places,  il 
s'enfonça  dans  la  retraite  dont  son  âge  et 
l'état  de  sa  fortune  lui  faisaient  une  loi  : 
mais  quelques  consolations  vinrent  enfin 
l'y  chercher:  l'Institut  l'admit  au  nombre 
de  ses  membres  ,  et  il  fut  nommé  l'un  des 
examinateurs  de  l'école  polytechnique.  Il 
exerça  cette  place  jusqu'à  ce  que  la  vieil- 
lesse et  les  infirmités  le  forcèrent  de  de- 
mander sa  retraite.  Il  a  laissé  un  grand 
nombre  d'ouvrages  estimés.  Les  princi- 
paux sont  ,  |  Traité  élémentaire  de  mé- 
canique et  de  dynamique ,  1765 ,  in-8°; 
|  Recherches  sur  la  construction  la  plus 
avantageuse  des  digues  ;  ouvrage  cou- 
ronné en  1762 ,  par  l'académie  de  Toulouse 
avec  celui  de  Violet;  Paris,  1764,  in-4°; 
|  Recherches  sur  les  altérations  que  la  ré- 
sistance de  l'élher  peut  produire  dans  le 
mouvement  moyen  des  planètes ,  1766 ,  in- 
4°;  |  Traité  élémentaire  de  mécanique 
statique,  1771,  in-8°,  |  Traité  élémentaire 
d'hydrodynamique ,  1771,  2  vol.  in-8°, 
plusieurs  fois  réimprimé.  |  Cours  de  ma- 
thématiques 3  3  vol.  in-8°.  |  La  Mécanique 
en  général,  1782,  in-8°;  \  Essais  sur  l'his- 
toire générale  des  mathématique  s  jusqu'en 
1782, 1802  i  2  vol.  in-8°  ;  |  Calcul  différen- 


tiel et  intégral  ,1798,  2  vol.  in-8°  ;  |  His- 
toire des  mathématiques ,  1802  ,  2  vol. 
in-8°  ;  |  enfin  divers  Mémoires  dans  les 
collections  des  académies  dont  il  faisait 
partie. 

*BOSTIUS  (  Arxauld),  religieux  de 
l'ordre  des  carmes,  né  à  Gand ,  vivait 
dans  le  15e siècle,  cultivait  les  lettres  et 
était  lié  avec  les  hommes  célèbres  de  son 
temps  qui  suivaient  la  même  carrière.  Il 
était  en  même  temps  philosophe,  ora- 
teur, historien,  poète.  Il  avait  pour  amis 
Trithème ,  Hermolaiïs-Barbarus  ,  et  Ga- 
guin.  Parmi  les  leitres  de  ce  dernier ,  on 
en  trouve  plusieurs  qui  sont  adressées  à 
Bostius ,  notamment  la  61e  ,  la  67e ,  la  69e, 
la  74e,  la  82e,  etc.  Hermolaiis  lui  avait 
aussi  dédié  quelques-uns  de  ses  écrits.  Il 
a  laissé  plusieurs  ouvrages,  dont  les  prin- 
cipaux sont  |  De  illustribus  vins  Carthu- 
siensium;  |  De  illustribus  viris  carmeli- 
tarum;  \  De  patronatu  beatœ  Mariœ; 
|  De  immaculala  conceptione  Virginis 
Deiparœ.  On  trouve  aussi  parmi  ses  ou- 
vrages quelques  poésies.  Ce  savant  reli- 
gieux ,  mourut  à  Gand  le  51  mars  1499,  ou 
selon  d'autres,  en  1501. 

*  BOSWEL  (  Jacques  )  ,  fils  aîné  d'A- 
lexandre Boswel,  lord  Auchinleck,  un 
des  juges  des  cours  suprêmes  de  session , 
et  justicier  d'Ecosse ,  naquit  en  1740  à 
Edimbourg,  et  étudia  dans  les  universités 
d'Edimbourg  et  de  Glascow.  Il  se  rendit 
en  1760  à  Londres,  d'où  il  revint  en  Ecosse 
pour  étudier  le  droit.  Il  retourna  en  1762 
à  Londres ,  alla  ensuite  perfectionner  ses 
études  à  Utrecht ,  et  y  fit,  en  1763 ,  la  con- 
naissance du  célèbre  docteur  Johnson. 
Après  un  séjour  de  quelques  mois  à 
Utrecht,  il  parcourut  l'Allemagne,  la 
Suisse,  l'Italie  et  l'île  de  Corse,  où  il  se  lia 
d'amitié  avec  le  fameux  Pascal  Paoli.  Il  re- 
vint en  Ecosse  en  1766,  en  passant  par 
Paris ,  et  commença  à  se  faire  connaître 
au  barreau  dans  l'affaire  de  Douglas ,  à 
l'occasion  de  laquelle ,  il  écrivit  un  pam- 
phlet intitulé  :  |  Essence  de  la  cause  de 
Douglas.  En  1768,  parut  |  satRelation  de  la 
Corse  avec  les  mémoires  du  général  Paoli. 
Ce  dernier  ouvrage  a  été  traduit  en  fran- 
çais par  J.  P.  S.  Dubois,  la  Haye,  1769, 
in-8°  :  il  l'a  été  également  en  plusieurs  au- 
tres langues.  Boswel  fit  paraître ,  en  1785 , 
|  son  Journal  d'un  voyage  aux  iles  Hé- 
brides voyage  qu'il  fit  conjointement  avec 
le  docteur  Johnson.  Cette  même  année , 
il  quitta  le  barreau  d'Ecosse,  et  vint  s'é- 
tablir avocat  à  Londres.  Mais  la  mort  de 
son  ami  Johnson,  dont  il  forma  le  projet 


BOT 


&48 


BOT 


d'écrire  la  vie,  vint  interrompre  les  tra- 
vaux de  sa  profession.  Cette  |  Vie  de  Sa- 
muel Johnson,  parut  en  effet  en  1791, 
2  vol.  in-4° ,  et  obtint  un  grand  succès. 
Boswel  composa  encore  quelques  écrits 
moins  impor tans,  entre  autres  des  articles 
insérés  dans  le  London  Magazine,  et  signés 
l' Hypocondriaque.  Il  mourut  à  Londres, 
en  1795 ,  âgé  de  53  ans. 

BOT  AL  (Léonard  ) ,  né  à  Asli ,  fut  mé- 
decin de  Henri  III.  Il  introduisit  à  Paris 
la  méthode  de  la  fréquente  saignée  ,  pra- 
tique qui  fut  condamnée  par  la  faculté 
de  médecine.  On  a  une  assez  bonne  édi- 
tion de  ses  Œuvres ,  Leyde  ,  1660 ,  in-8°. 

BOTEREIUS.  Voyez  BOUTRAIS. 

BOTERO  (  Jean  ),  surnommé  Benisius 
parce  qu'il  était  né  à  Bène  en  Piémont , 
fut  secrétaire  de  saint  Charles  Borromée, 
et  précepteur  des  enfans  de  Charles-Em- 
manuel, duc  de  Savoie.  Il  mourut  l'an 
4617.  Il  a  publié  un  recueil  de  Lettres 
qu'il  avait  écrites  au  nom  de  saint  Char- 
les ,  Paris ,  1586 ,  in-12.  On  a  encore  de 
lui  quelques  écrits  de  politique.  |  Délia 
ragione di  Stato  ..in-80  ;  |  Principi,  in-8°; 
j  Relationi  universali,  Vicence,  1595, 
in-4°  ;  Venise  ,  1640,  in-4°.  Ce  livre  traite 
de  la  géographie ,  des  forces  que  chaque 
état  avait  de  son  temps. 

BOTII  (  Jean  et  André  ),  peintres  fla- 
mands, tous  deux  morts  en  1650  ,  eurent 
pour  maître  Bloê'maert.  L'union  de  ces 
deux  frères  fut  si  étroite,  qu'ils  firent  non- 
seulement  leurs  études  et  leurs  voyages 
ensemble,  mais  même  leurs  tableaux. 
Jean  saisit  la  manière  du  Lorrain ,  et 
André  celle  du  Bamboche.  Le  premier 
faisait  le  paysage,  et  le  second ,  les  figures 
et  les  animaux;  mais  leurs  ouvrages, 
quoique  faits  par  des  mains  différentes, 
paraissaient  sortis  de  la  même.  Ils  étaient 
fort  recherchés ,  et  on  les  payait  chère- 
ment. Ces  artistes  se  distinguaient  prin- 
cipalement par  une  touche  facile,  un  pin- 
ceau moelleux,  et  un  coloris  plein  de 
fraîcheur. 

*  BOTIIEREL  (  R.  J. ,  comte  de  ),  pro- 
cureur-syndic des  états  de  Bretagne ,  pro- 
testa en  1788  contre  les  mesures  de  la  cour 
plénière.  Il  parut  d'abord  adopter  les  nou- 
velles idées;  mais  il  protesta  en  1791  con- 
tre les  décisions  législatives  de  l'Assemblée 
constituante  qui  lui  paraissait  outrepasser 
son  mandat.  En  1792,  Use  rendit  à  Jersey 
et,  réuni  à  MM.  de  Calonne  et  de  la  Rouai- 
Tie ,  il  contribua  à  l'insurrection  de  la 
Eretagne.  Le  mauvais  succès  entraîna  la 
division  de  ces  trois  chefs.  Botherel  re- 


vint en  France  après  le  18  brumaire.  Peu 
de  temps  après,  il  se  rendit  en  Angleterre 
où  il  mourut.  L'aîné  de  ses  fils ,  connu 
sous  le  nom  de  Félicité,  commandait  une 
division  de  l'armée  de  Fougères. 

*  BOTHWIDI  (Jean  ),  évêquede  Lin- 
koeping  en  Suède.  Il  naquit ,  en  1575 ,  à 
Norkœping,  et  parcourut  la  plupart  des 
pays  de  l'Europe,  pour  étendre  les  con- 
naissances qu'il  avait  acquises  dans  les 
écoles  savantes  de  sa  patrie.  A  son  retour 
il  fut  nommé  aumônier  de  Gustave- Adol- 
phe, et  il  accompagna  ce  prince  dans 
toutes  ses  expéditions.  Il  fut  nommé  ,  en 
1630,  évêque  de  Linkœping,  et  mourut 
en  1635,  laissant  plusieurs  ouvrages, 
parmi  lesquels  nous  remarquerons  VO- 
raison  funèbre  de  Gustave  Adolphe ,  en 
suédois ,  Stockholm .,  1634 ,  et  la  Disser- 
tation latine  qu'il  publia  pendant  la  guerre 
avec  les  Russes ,  et  qui  a  pour  titre  : 
Ulrum  Moscovilœ  sint  Chrisliani ,  Stock- 
holm,   1620. 

BOTHWEL.  Voyez  HESBURN. 

BOTICELLI  (  Alexandre  ) ,  peintre  et 
graveur,  né  à  Florence  en  1457,  fut  em- 
ployé et  récompensé  libéralement  par  le 
pape  Sixte  IV  :  ce  qui  ne  l'empêcha  pas 
de  mourir  de  misère  en  1515.  Il  a  gravé 
une  partie  des  figures  de  l'Enfer  du 
Dante,  qui  se  trouvent  dans  l'édition  de 
Florence,  1481,  in-folio.  Elles  sont  es- 
timées. 

*  BOTIN  (  André  de  ) ,  historien  sué- 
dois ,  né  en  1724  ,  mort  en  1790.  Il  publia 
de  1754  à  1764 ,  une  Histoire  de  la  nation 
suédoise ,  depuis  l'origine  de  la  monar- 
chie jusqu'au  règne  de  Gustave  1er.  Cet 
ouvrage  fit  époque  en  Suède.  Son  style 
est  cependant  trop  recherché  ,  et  on  peut 
surtout  lui  reprocher  l'abus  de  l'antithèse. 
On  y  trouve  aussi  cette  teinte  de  philoso- 
phie qui  était  dans  le  18e  siècle  une  con- 
dition de  succès.  Une  nouvelle  édition  , 
publiée  de  1789  à  1792 ,  mais  qui  ne  s'é- 
tend que  jusqu'au  15e  siècle,  contient 
plusieurs  augmentations.  Botin  a  fait  de 
plus  une  Description  historique  des  do- 
maines territoriaux  de  Suède,  la  Vie  de 
Birger  et  des  Observations  sur  la  langue 
suédoise.  Il  était  membre  de  l'académie 
des  sciences  de  Stockholm ,  conseiller  du 
roi ,  chevalier  de  l'étoile  polaire ,  etc. 

BOTT  (  Jean  de),  architecte,  né  en 
France  l'an  1670 ,  de  parens  réformés , 
quitta  sa  patrie  de  bonne  heure ,  et  passa 
au  service  de  Guillaume  d'Orange ,  de- 
puis roi  d'Angleterre.  Après  la  mort  de  ce 
prince ,  il  s'attacha  à  l'électeur  de  Bran- 


BOT  4/*.9 

debourg,  qui  lui  donna  une  place  de  ca- 
pitaine dans  ses  gardes.  Il  ne  cessa  pas 
pourtant  de  faire  les  fond  ions  d'architecle. 
Son  premier  édifice  fut  l'arsenal  de  Ber- 
lin. Il  se  signala  ensuite  par  divers  mo- 
numensdesonart.  Frédéric  Ier  étant  mort, 
Boit  se  concilia  la  bienveillance  de  Fré- 
déric-Guillaume,  qui  l'éleva  au  rang  de 
major-général.  Les  fortifications  de  Wésel 
dont  il  était  commandant  sont  un  de  ses 
ouvrages.  En  1728  ,  il  passa  au  service  du 
roi  de  Pologne ,  électeur  de  Saxe  ,  en  qua- 
lité de  lieutenant-général  et  de  chef  des 
ingénieurs.  Il  y  a  divers  édifices  de  lui  à 
Dresde  ,  où  il  mourut  en  1745 ,  avec  une 
grande  réputation  de  probité,  d'intelli- 
gence et  de  valeur. 

*  BOTTALLA  (  Jean-Marie  )  ,  pein- 
tre ,  néàSavone,  en  1613,  entra  dans 
l'école  de  Pierre  de  Cortone ,  dont  il  imita 
la  manière  ainsi  que  celle  des  Carraches 
et  de  Raphaël,  mais  plus  particulièrement 
de  ce  dernier,  ce  qui  lui  fit  donner  le  sur- 
nom de  il  Rafaellino.  Ses  compositions  se 
distinguent  par  la  vérité  du  dessin  et 
par  un  charme  de  couleur  qui  fait  re- 
gretter que  ce  peintre  ait  été  sitôt  enlevé 
aux  arts.  Il  mourut  en  1044,  d'une  fièvre 
lente.  Ses  principaux  tableaux  sont  une 
Réconciliation  de  Jacob  avec  Esaù ,  pla- 
cée au  Capitole  ;  un  saint  Sébastien  con- 
servé dans  la  ville  de  Gènes  ;  et  la  Fable 
de  Deucalionel  Pyrrha. 

*  BOTTAHI  (  Jean-Gaétan  ) ,  savant 
prélatromain,  consultent-  de  l'Index.,  garde 
de  la  bibliothèque  du  Vatican,  né  à  Flo- 
rence en  1689,  jouit  de  la  considération 
de  plusieurs  papes  et  fut  particulière- 
ment estimé  de  Benoit  XIV,  qui  voulut 
l'avoir  dans  son  palais.  Bottari  né  sans 
ambition,  ne  profita  point  de  cette  fa- 
veur pour  s'élever.  Son  habileté  dans  les 
sciences  le  lit  admet  lie  dans  presque  tou- 
tes les  sociétés  savantes  de  l'Italie.  L'aca- 
tlémie  de  la  Crusca  le  ciïoisil  pour  diriger 
la  nouvelle  édition  de  son  grand  vocabu- 
laire qui  parut  en  6  vol.  in-folio,  1758, 
et  suiv.  Il  s'associa  pour  celte  entreprise 
difficile  Andréa  Alamanni  et  Bosso  Mar- 
tini. Le  grand  duc  de  Toscane  mil  ensuite 
Bottani  à  la  tète  de  l'imprimerie  grand'- 
ducale,  et  l'on  en  vit  bientôt  sortir  plu- 
sieurs ouvrages  dont  il  dirigeait  les  édi- 
tions avec  le  plus  grand  soin.  Il  entra 
au  conclave  avec  le  cardinal  Corsini ,  à 
la  mort  de  Clément  XII ,  et  termina 
dans  cet  état  de  réclusion,  seul  et  sans 
livres  ,  l'édition  du  beau  Virgile  du  Va- 
tican ,  par  la  composition  de  la  nréface  et, , 


BOT 

dos  notes  pour  les  variantes,  ce  qui  peut 
donner  une  Idée  de  sa  mémoire  et  de  son 
érudition.  Bottari  parvint  à  une  extrême 
vieillesse  ,  et  mourut  à  Rome  le  5  juin 
1775.  La  pureté  de  ses  mœurs  et  son  sa- 
voir lui  avaient  acquis  beaucoup  de  con- 
sidération :  mais  on  est  fâché  de  voir  ces 
qualités  ternies  par  sa  haine  contre  les 
jésuites ,   et  l'animosilé  avec  laquell 


aquelle  il 
écrivit  contre  eux.  Ses  principaux  ouvra- 
ges sont  :  |  Délie  ragioni  e  de  rimedj  delV 
inondazioni  del  Tevere,  Rome,  1746,  pu- 
bliée sous  le  nom  de  Manfredi;  |  Lezioni 
tre  sopra  il  Terremoto ,  Rome  ,  1753 ,  in- 
8°  ;  |  del  Museo  capitolino ,  loin.  1,  conte- 
nait imagini  deglinomini  illuslri,  Rome, 
chalcographie  de  la  chambre  apostolique , 
1741 ,  in-fol.  Le  2e  tome  parut  en  latin , 
Rome  ,  1750 ,  même  format  ;  |  Sculture  e 
pilture  sacre  estratte  da'cimiterjdiRoma, 
tome  1er,  Rome,  1757,  grand  in-fol  ;  tom. 
2,  1747  ;  tom.  5 ,  1755  ;  |  Lezioni  sopra  il 
Boccaccio.  Ily  justifie  Boccacede  l'impu- 
tation d'être  un  écrivain  irréligieux; 
|  Lezioni  due  sopra  Tito  Livio,  imprimées 
dans  les  Memorie  di  varia  erudizione 
délia  societa  colombaria  florentina ,  Flo- 
rence ,  1747  ,  in-4° ,  sans  nom  d'auteur  ; 
il  y  écarte  le  reproche  fait  à  Tite-Live 
d'admettre  trop  facilement  des  prodiges; 
|  Dissertazione  sopra  la  Commedia  del 
Dante  ;  |  Dialoghi  sopra  le  tre  arti  Di- 
segno ,  Lucqucs,  1754,  in-8°. 

*  BOTTEX,  curé  de  Neuville-sur-Ain , 
élu  en  1789  député  aux  états  par  le  clergé 
du  bailliage  de  Bourg-en-Bresse,  prêta  le 
serinent  en  1790  à  la  constitution  ci\  île  du 
clergé;  mais  en  1791,  il  protesta  avec  la 
minorité  contre  les  décrets  de  l'Assem- 
blée. Mis  en  arrestation  et  emprisonné  à 
la  Force,  par  suite  des  événemens  du  10 
août  1792  ,  il  périt  victime  des  assassins  de 
septembre. 

*  BOTTINI  (Prospeu)  ,  était  patrice  de 
Lucques,  et  chanoine  de  la  basilique  du 
Vatican  ,  au  17e  siècle.  Clément  X  le  fit  son 
auditeur,  avocat  du  fisc  et  promoteur  de 
la  foi.  Il  remplit  encore  d'autres  charges 
dans  l'état  ecclésiastique  sous  les  pontifi- 
cats d'Innocent  XI  et  de  Clément  XI,  et 
mourut  en  1712. 

»  BOTTOIV  DE  CASTELLAMOXTE  (le 
comte),  jurisconsulte,  était  fils  d'un 
ancien  ministre  des  finances  du  roi  de 
Sarduigne  ,  et  naquit  à  Castellamonte  , 
près  dlvrée.  Il  se  livra  de  bonne  heure  à 
l'étude  de  la  jurisprudence  et  à  celle  de 
l'administration,  et  publia,  dès  l'âge  de 
vingt  ans,  un  Traite  d'économie  politique 
58. 


BOT  h 

qui  eut  du  succès.  Nommé  membre  du  sé- 
nat de  Chambéry,  en  1785,  il  fut  chargé  , 
peu  de  temps  après ,  de  l'intendance  gé- 
nérale de  laSardaigne.  Il  exerçait  le  même 
emploi ,  en  1792 ,  dans  la  Savoie ,  lorsque 
ce  pays  fut  incorporé  à  la  France.  Botton 
retourna  à  Turin,  où  il  fut  nommé  Con- 
tador,  et  plus  tard  il  fit  partie  du  gouver- 
nement provisoire  du  Piémont.  Après  la 
réunion  de  ce  royaume  à  la  France ,  il  se 
fit  naturaliser  français ,  et  fut  successive- 
ment nommé  premier  président  de  la  cour 
d'appel  de  Paris  ,  conseiller  à  la  cour  de 
cassation ,  comte  de  l'empire  et  comman- 
dant de  la  légion-d'honneur.  Botton  est 
mort  à  Paris  en  1828. 

*  BOTZARIS  (  Marcos  ),  guerrier  grec , 
descendait  d'une  des  plus  illustres  famil- 
les de  Souli.  Son  père  Kitsos  Botzaris , 
après  avoir  plusieurs  fois  porté  la  terreur 
dans  le  palais  d'Ali ,  pacha  de  Janina,  fut 
contraint  par  des  forces  supérieures  d'a- 
bandonner l'Epire  ,  prit  alors  du  service 
avec  son  fils  dans  l'armée  française,  et 
bientôt  après  tomba  au  pouvoir  du  pacha 
qui  le  fit  égorger.  Marcos  Botzaris,  dans 
l'espoir  de  le  venger,  offrit  ses  services 
au  commandant  de  l'armée  du  grand-sei- 
gneur qui  marchait  sur  Janina,  deman- 
dant pour  toute  récompense  l'autorisation 
de  reconquérir  en  son  nom  les  rochers  de 
Souli ,  ce  que  le  chef  musulman  promit. 
Mais  il  refusa  ensuite  d'exécuter  le  traité , 
et  Botzaris  se  décida  à  l'abandonner.  La 
Grèce  s'insurgea  la  même  année  (1819), 
et  Botzaris  se  voua  tout  entier  à  l'affran- 
chissement de  sa  patrie;  oubliant  son  res- 
sentiment contre  le  meurtrier  de  son 
père ,  il  consentit  à  entrer  en  accommo- 
dement avec  Ali ,  et  obtint  divers  suc- 
cès contre  les  Turcs.  Cependant  Ale- 
xandre Ypsilanty  avait  arboré  l'étendard 
de  la  croix  sur  les  bords  du  Pruth  ;  le  Pé- 
lqponèse ,  la  Béotie ,  la  Livadie ,  l'Elide , 
les  îles  de  l'Archipel  se  soulèvent ,  Botza- 
ris prend  Begniasa  ,  fait  poser  peu  de 
temps  après ,  les  armes  à  treize  cents 
Turcs ,  se  transporte  au-delà  des  monts 
Olichiniens ,  et  bat  avec  six  cents  bommes 
une  armée  de  près  de  quatre  mille  Turcs. 
Atteint  dans  une  nouvelle  affaire  d'une 
balle  à  la  jambe  ,  Botzaris  se  vit  forcé  de 
suspendre  le  cours  de  ses  victoires.  Son 
ennemi  Khourschild  envoya  six  mille 
hommes  pour  le  détruire  ;  mais  ils  furent 
défaits.  Le  général  ottoman  après  avoir 
vaincu  Ali ,  tourna ,  sans  être  plus  heu- 
reux, toutes  ses  forces  contre  Botzaris.  Ce 
dernier  parvint  à  tirer  d'entre  les  mains 


0  BOU 

des  Turcs  son  épouse  et  ses  enfans  qui 
étaient  tombés  en  leur  pouvoir.  Mais  il  ne 
put  prévenir  la  capitulation  des  Souliotes 
au  secours  desquels  il  avait  été  appelé ,  et 
qui  évacuèrent  leurs  montagnes.  Après  la 
désastreuse  bataille  de  Peta ,  Botzaris  qui 
n'avait  pu  arriver  à  temps  pour  l'affaire , 
fut  chargé  de  protéger  la  retraite  ,  et  re- 
çut ensuite  avec  le  titre  de  Stratarque  de 
la  Grèce  occidentale ,  la  mission  de  dé- 
fendre Missolonghi  qu'il  fit  fortifier  en 
janvier  1822.  Les  Turcs  portèrent  à  vingt 
mille  hommes  l'armée  destinée  à  faire  le 
siège  de  cette  ville  dont  ils  connaissaient 
l'importance.  Botzaris ,  pour  sauver  la 
place  ,  eut  recours  à  une  entreprise  auda- 
cieuse. A  la  nuit  tombante ,  il  s'avance 
suivi  d'environ  trois  cents  de  ses  plus  bra- 
ves soldats ,  vers  le  camp  des  Musulmans 
endormis.  Les  Grecs  en  massacrent  cinq 
cents,  avant  qu'ils  aient  eu  le  temps  de  se 
reconnaître.  Les  infidèles ,  s'accusant  mu- 
tuellement de  trahison,  tournent  leurs  ar- 
mes contre  eux-mêmes  et  s'entr'égorgent 
au  lieu  de  songera  sedéfendre.  Deux  mille 
d'entre  eux  succombent,  et  parmi  eux  un 
selikar  et  sept  beys.  Botzaris  poignarde  le 
lieutenant-général  du  séraskier  dans  la 
tente  duquel  il  a  pénétré.  Blessé  légère- 
ment dans  la  mêlée  ,  il  se  retira  à  l'écart 
pour  panser  sa  blessure ,  au  moment  où  il 
donne  le  signal  d'une  nouvelle  charge  ,  il 
tombe  atteint  d'une  balle  à  la  tête.  La  lutte 
devint  terrible  aux  premières  lueurs  du 
jour.  Mais  les  Grecs  parvinrent  à  l'enlever 
du  champ  de  bataille  ***  le  transportèrent 
à  Missolonghi  ;  où  il  expira  le  jour  même 
25  août  1823,  à  k">  am. 

BOUCHARD  (David),  vicomte  d'Au- 
beterre ,  d'une  illustre  famille  de  France  , 
naquit  à  Genève  ,  où  son  père  et  sa  mère 
s'étaient  retirés  après  avoir  embrassé  la 
religion  réformée.  Leurs  fonds  de  terre 
furent  confisqués ,  et  on  en  fit  présent  au 
maréchal  Saint-André.  Mais  la  mère  de 
David  d'Aubeterre  en  obtint  la  restitution. 
Son  fils  étant  revenu  en  France  fit  profes- 
sion de  la  religion  catholique  ,  et  obtint  du 
roi  Henri  IV  le  gouvernement  du  Péri- 
gord.  En  1598,  il  fut  inquiété  dans  son 
gouvernement  par  Montpesat ,  un  des  gé- 
néraux de  la  Ligue  qui  avait  quelques 
troupes  dans  le  Quercy  et  dans  l'Agénois. 
D'Aubeterre  l'attaqua  dans  un  bourg  nom- 
mé Cournil,  le  défit  entièrement,  et  ne  fit 
pas  moins  éclater  sa  générosité  envers  les 
prisonniers  qu'il  avait  fait  paraître  sa  va- 
leur dans  le  combat.  Peu  de  temps  après 
(au  mois  de  juillet  de  la  même  année) ,  il 


BOU  k 

fut  blessé  d'un  coup  de  mousquet ,  en  as- 
siégeant une  petite  place  du  Périgord, 
nommée  Lisle.  11  en  mourut  le  9e  jour, 
avec  la  réputation  d'un  habile  capi- 
taine. 

BOUCHARD  (Alain  ) ,  avocat  au  parle- 
ment de  Paris ,  dans  le  16e  siècle ,  renonça 
à  sa  profession  pour  rédiger  les  Chroni- 
ques annales  des  pays  d'Angleterre  et  de 
Bretagne  >  depuis  Brutus  jusqu'à  l'an 
1531 ,  Paris ,  1551 ,  in-folio  ;  ouvrage  farci 
de  fables  tirées  de  Geoffroy  de  Mont- 
mouth ,  et  de  l'Histoire  du  roi  Artus.  Mais 
c'était  la  première  fois  qu'on  voyait  pa- 
raître une  histoire  complète  de  la  Breta- 
gne. 

*  BOUCHARD  (Alexis-Daniel)  ,  prê- 
tre ,  docteur  en  théologie  et  en  droit ,  et 
pronotaire  apostolique  ,  né  à  Besançon , 
vers  1680  ,  mort  en  cette  ville  en  1758 ,  a 
composé  un  très  grand  nombre  d'ouvra- 
ges ,  dont  la  plupart  n'ont  point  été  impri- 
més. On  voit  par  leurs  litres  qu'il  avait 
des  connaissances  très  variées  •  |  Juris  Cœ- 
sarei,  seu  civilis  ,  instilutiones  brèves  J 
admodùm  faciles  et  accuralœ  ;  ad  jus 
antiquum  ac  novissimum  J  ipsasque  po- 
lissimùm~Justinianeas  instilutiones  acco- 
modatee,  Paris ,  1715 ,  2  vol.  in-12  ;  |  Sum- 
mula  conciliorum  generalium  S.  romanœ 
cath.  Ecclesiœ,  Paris,  1717,  in-12.  On 
trouve ,  à  la  suite  du  premier  ouvrage ,  le 
catalogue  de  ceux  que  promettait  l'auteur 
parmi  lesquels  on  remarque  une  Gram- 
maire hébraïque  ;  mais  il  est  probable  que 
ses  manuscrits  se  sont  perdus.  —  Fran- 
çois BOUCHARD,  son  père,  professeur 
en  médecine  à  l'université  de  Besançon , 
et  membre  de  l'académie  des  Curieux  de 
la  nature,  est  auteur  d'une  dissertât  ion  sur 
les  eaux  minérales  découvertes  à  Besan- 
çon ,  en  1677 ,  imprimée  sous  le  titre  sui- 
vant :  Judicium  de  metallicis  aquis  F~e- 
sunlione  tnventis  per  mediam  œstatem 
anni  1677 ,  Besançon  ,  1677 ,  in-4°. 

•  BOUCHARD  (  Henri  ) ,  né  en  1760 ,  à 
Vitteaux  (  Côte-d'or  ) ,  et  mort  à  Poitiers 
sous  la  restauration,  se  fit  recevoir 
avocat  à  Dijon ,  où  il  fut  successivement 
membre  du  conseil  municipal ,  procureur 
de  la  commune  ,  et  conseiller  de  préfec- 
ture. Il  devint  ensuite  procureur  impé- 
rial près  la  cour  de  Poitiers,  puis  au  corps 
législatif ,  et  adhéra  en  1814  à  la  déchéance 
de  Napoléon. 

BOUCHARDO\  (Edme)  ,  sculpteur  du 
roi  de  France ,  naquit  en  1698  à  Chaumont 
en  Bassigni ,  d'un  père  qui  professait  la 
sculpture  et  l'architecture  dans  sa  patrie. 


ol  BOU 

Il  fut  entraîné  par  un  penchant  invinci- 
ble vers  ces  deux  arts  ;  mais  il  se  borna 
dans  la  suite  au  premier.  Après  avoir 
passé  quelque  temps  à  Paris  sous  Coustou 
le  cadet,  et  remporté  un  prix  à  l'académie 
en  1722 ,  il  fut  envoyé  à  Rome  comme 
élève  payé  par  le  roi.  A  son  retour  d'Ita- 
lie ,  où  ses  talens  avaient  acquis  un  nou- 
veau degré  de  perfection ,  il  orna  Paris  de 
ses  ouvrages.  Une  place  à  l'académie  en 
1744 ,  et  une  autre  de  professeur  en  1746 , 
furent  le  prix  de  ses  travaux.  La  mort  les 
termina  en  1792 ,  et  ce  fut  une  véritable 
perte  pour  les  arts  et  pour  l'humanité. 
Modeste  dans  ses  habits  et  dans  son  do- 
mestique ,  Bouchardon  conserva  toujours 
des  mœurs  simples ,  et  l'esprit ,  non  de  ce 
siècle  frivole  ,  mais  celui  des  siècles  pas- 
sés. Il  ne  connut  jamais  l'intrigue.  Les 
grands  ouvrages  vinrent ,  pour  ainsi  dire, 
le  chercher.  Son  jugement  était  excellent, 
et  il  avait  le  sens  juste ,  ainsi  que  le  coup- 
d'œil.  Il  s'énonçait  avec  clarté ,  et  s'ex- 
primait avec  chaleur.  La  musique  était  sa 
récréation  ;  elle  aurait  été  son  talent ,  s'il 
n'avait  eu  des  dons  supérieurs  à  celui-là. 
On  peut  voir  la  liste  de  ses  nombreuses 
productions  dans  Y  Abrégé  de  sa  Vie  >  pu- 
blié à  Paris  en  1762 ,  in-12  ,  par  M.  le 
comte  de  Caylus.  Une  partie  des*  figures 
qui  décorent  la  fontaine  de  Neptune  à 
Versailles ,  les  statues  qui  ornent  le  chœur 
de  l'église  de  Saint-Sulpice ,  la  fontaine  du 
faubourg  Saint-Germain ,  rue  de  Grenelle, 
sont  de  lui.  Chargé  de  faire  la  statue 
équestre  de  Louis  XV,  il  mourut  en  1702 
avant  d'avoir  pu  l'achever. 

*  BOUCHAUD  (  Matthieu- An rorNE  ) , 
né  à  Paris  le  16  avril  1719,  d'une  famille 
noble  ,  originaire  de  Provence  et  alliée  à 
celle  du  célèbre  Gassendi  ,-perdit ,  à  l'âge 
de  seize  ans ,  son  père  avocat  au  conseil, 
et  fut  déterminé  par  deux  oncles  mater- 
nels à  se  livrer  à  l'étude  de  la  jurispru- 
dence. Il  fut  reçu  aggrégé  de  la  faculté 
de  droit  en  1747.  D'Alembert ,  son  ami  de 
collège  ,  l'associa  à  l'entreprise  de  l'Ency- 
clopédie, et  Bouchaud  y  donna  les  articles 
Concile  3  Décret  de  Gratien,  Décrétâtes  e  t 
Fausses  décrétâtes ,  dans  lesquels  il  émit 
des  principes  qui  lui  tirent  tort  dans  l'es- 
prit des  hommes  religieux ,  et  en  particu- 
lier de  ses  confrères.  Aussi  s'efforça-t- il 
inutilement  d'obtenir  une  chaire  de  pro- 
fesseur en  droit.  Vers  cette  époque  écla- 
tèrent les  querelles  violentes  excitées  à 
Paris  par  l'apparition  de  la  musique  ita- 
lienne ,  en  faveur  de  laquelle  Boucliaud 
se  déclara  ;  au  lieu  de  prendre  part  à  la 


BOU  A52 

guerre  des  épigrammeset  des  pamphlets, 
il  épousa,  en  1752,  une  cantatrice  du 
théâtre  italien.  Etant  devenu  veuf,  il  fit, 
vingt  ans  après  ,  un  mariage  plus  conve- 
nable en  épousant  M1,e  du  Fer,  qui  sut 
adoucir  pour  lui  les  ennuis  et  les  infir- 
mités de  la  vieillesse  Bouchaud  se  con- 
sola par  la  culture  des  lettres  ,  des  obsta- 
cles qui  s'opposaient  à  son  avancement , 
et  en  1738  ,  il  traduisit  plusieurs  drames 
de  l'italien  d'Apostolo  Zéno,  qu'il  publia 
en  2  vol.  in-12.  Il  donna  ensuite  un  |  Essai 
sur  la  poésie  rhythmique  ,  1763 ,  in-8°, 
réimprimé  avec  d'autres  pièces,  sous  le 
titre  &  Antiquités  poétiques  ,  et  |  un  Essai 
historique  sur  l'impôt  du  vingtième  sur 
les  successions ,  et  de  l'impôt  sur  les  mar- 
chandises chez  les  Romains ,  17G6  ,  in-8°. 
Il  dédia  ces  deux  ouvrages  à  l'académie 
des  inscriptions  qui  l'admit  dans  son  sein, 
en  1766 ,  après  la  mort  de  M.  Hardion. 
Il  obtint  ensuite,  après  quinze  ans  d'at- 
tente, une  chaire  de  droit,  et  fut  nommé 
par  le  roi ,  en  1774 ,  à  la  chaire  du  droit  de 
la  nature  et  des  gens  qui  fut  créée  à  cette 
époque  au  collège  royal  de  France.  Mal- 
gré les  occupations  que  lui  donnaient  ses 
deux  chaires ,  il  était  un  des  membres  les 
plus  laborieux  de  l'académie  des  inscrip- 
tions. Outre  les  ouvrages  que  nous  avons 
cités  ,  on  a  encore  de  lui  :  |  Mémoires  sur 
les  sociétés  que  formèrent  les  publicains 
pour  la  levée  des  impôts  chez  les  Ro- 
mains ,  1766  ,  in-12  ;  1772 ,  in-8°;  |  Essais 
historiques  sur  les  lois  ,  traduits  de  l'an- 
glais ,  Paris  ,  1766  ,  in-12  ;  |  Théorie  des 
traités  de  commerce  entre  les  nations, 
\TJô ,  in-12 ,  le  seul  de  ses  ouvrages  qui 
ait  quelque  rapport  au  droit  des  gens  qu'il 
avait  été  ebargé  d'enseigner  ;  |  Recher- 
ches historiques  sur  la  police  des  Ro- 
mains ,  concernant  les  grands  chemins , 
les  rues  et  les  marchés  ,  1784 ,  réimpri- 
mées en  l'an  8  (  1800) ,  in-8°  ;  |  Commen- 
taire sur  la  loi  des  douze  tables ,  1787 , 
ia-4°,  réimprimé  en  1803,  avec  additions 
considérables ,  aux  frais  du  gouverne- 
ment, 2  vol.  in-4°.  C'est  celui  des  ou- 
vrages de  l'auteur  qui  lui  a  fait  le  plus 
d'honneur.  Bouchaud  reçut  du  roi,  en 
1783 ,  un  brevet  de  conseiller  d'état  ;  il 
mourut  le  1er  février  1804 ,  à  l'âge  de  85 
ans. 

BOUCHE  (Iïoxor.É),  docteur  en  théo- 
logie, prévôt  de  Saint-Jacques-lès-Barè- 
me.  puis  prieur  de  Charvadon  au  diocèse 
de  Sériez,  naquit  à  Aix  en  lo'JS,  et  mourut 
eu  1671.  On  a  de  lui  La  Chorographie  ou 
Description  de  la  Provence ,  et  Y  Histoire 


BOU 

chronologique  du  même  pays ,  2  vol.  in- 
fol.  1664.  Cette  histoire  finit  à  l'an  1661. 
Bouche  était  un  homme  de  bon  sens,  et  il 
était  fort  assidu  au  travail.  Il  avait  pres- 
que achevé  son  Histoire  en  latin,  lors- 
qu'on lui  conseilla  de  la  donner  en  fran- 
çais. Cet  ouvrage  a  été  imprimé  aux 
dépens  de  la  Provence.  La  Chorographie 
est  la  partie  la  mieux  soignée.  Il  n'avait 
épargné  ni  travail,  ni  dépense,  pour  voir 
sur  les  lieux  tous  les  restes  d'antiquités 
dont  il  donne  la  description.  L'Histoire 
est  une  compilation  mal  digérée  de  l'his- 
toire romaine  et  de  celle  des  rois  de 
France,  surchargée  d'érudition.  En  fait 
de  chronologie ,  il  lui  est  échappé  des 
fautes ,  qu'il  n'a  pas  eu  la  patience  de  cor- 
riger sur  les  avis  que  lui  en  avait  donnés 
le  Père  Pagi.  Cependant  l'Histoire  com- 
posée par  Bouche  est  pleine  de  bonnes 
choses,  et  peut  encore  être  utile  même 
après  celle  que  nous  a  donnée  l'abbé  Pa- 
pon;  elle  vaut  infiniment  mieux  que  ce 
qu'un  autre  BOUCHE,  philosophiste  mo- 
derne ,  a  publié  sur  la  Provence.  {Voy. 
l'article  qui  suit.)  On  a  encore  de  lui  La 
défense  de  la  foi  et  de  la  piété  de  Pro- 
vence, pour  les  SS.  Lazare  et  Maximin , 
Marthe  et  Madeleine,  contre  Launoy, 
Aix,  1663,  in-4°.  C'est  la  traduction  un 
peu  amplifiée  du  livre  latin  du  même  au- 
teur intitulé  Vindiciœ  fidei  etpietatis,  etc.j 
adv.  Launoy ,  Aix,  1644  ,  in-4°. 

*  BOUCHE  (Charles-François),  avo- 
cat au  parlement  d'Aix  ,  s'étant  fait  con- 
naître par  quelques  écrits,  fut  ,  en  1789, 
député  aux  états-généraux  ;  il  s'y  distingua 
par  ses  motions  contre  le  clergé.  Après 
avoir  jeté  en  avant ,  dès  le  27  juin  1790  , 
des  idées  sur  la  liberté  des  nègres  ,  il  fut 
chargé  des  affaires  relatives  à  Avignon, 
et  demanda  souvent  la  réunion  de  ce  pays 
à  la  France.  Lors  des  discussions  rela- 
tives aux  crimes  commis  dans  ces  con- 
trées ,  Jourdan  ,  surnommé  Coupe-tête  ., 
déclara  n'avoir  agi  que  par  les  ordres  de 
Bouche  et  de  quelques  autres  députés  , 
dont  il  montra  les  lettres.  En  1791,  Bouche 
passa,  de  l'assemblée  des  jacobins,  dont 
il  était  alors  président ,  à  l'assemblée  des 
feuillans.  Après  la  session,  il  fut  nommé 
membre  du  tribunal  de  cassation.  Il  mou- 
rut vers  1794.  On  a  de  lui  :  j  Essai  sur 
l'histoire  de  Provence ,  suivi  d'une  Notice 
des  Provençaux  célèbres ,  Marseille,  1785 , 
2  vol.  in-4"  :  la  notice  a  aussi  été  tirée 
séparé. i.ent;  |  Droit  public  de  ta  Provence 
sur  ta  contribution  aux  impositions , 
réimprimé  en  1788,  in-8°.  11  a  fourni 


BOU  h 

quelques  articles  pour  les  tomes  III  et  IV 
du  Dictionnaire  de  la  Provence  et  du 
Comté  Venaissin,  in-4° ,  et  a  laissé  en  ma- 
nuscrit une  Histoire  de  Marseille. 
BOUCHEL.  Voyez  BOCHEL. 
BOUCIIEB  (Jean),  parisien,  naquit 
vers  l'an  1550.  Successivement  recteur  de 
l'université  de  Paris,  prieur  de  Sorbonne, 
docteur  et  curé  de  Saint-Benoit,  il  fut  un 
des  plus  ardens  promoteurs  de  la  ligue. 
Ce  fut  dans  sa  chambre  que  se  tint  la  pre- 
mière assemblée  de  cette  association  en 
1585.  Son  traité  De  justa  Henrici  III 
abdicalione *  1589  ,  in-8°  ,  est  plein  d'im- 
putations atroces.  Il  va  jusqu'à  dire  «  que 
»  la  haine  de  Henri  III  pour  le  cardinal 
»  Guise  venait  des  refus  qu'il  en  avait 
»  essuyés  dans  sa  jeunesse.  »  Il  ne  pou- 
vait se  persuader  que  la  conversion  de 
Henri  IV  fût  sincère.  Ses  sermons  prê- 
ches contre  ce  prince  dans  l'église  de 
Sainl-Méri  sont  intitulés  :  Sermons  de  la 
simulée  conversion  et  nullité  de  la  pré- 
tendue absolution  de  Henri  de  Bourbon  , 
prince  de  Bêarn ,  1594  ,  ia-8°  ;  ils  furent 
brûlés ,  quand  Henri  IV  se  fut  rendu 
maître  de  Paris.  Boucher  s'évada  le  même 
jour  ,  se  retira  en  Flandre ,  et  mourut  en 
1644 ,  chanoine  et  doyen  de  Tournay,  où 
il  regretta,  dit-on,  sa  patrie,  et  se  repentit 
des  excès  qui  l'avaient  obligé  de  la  quit- 
ter. Il  devait  d'ailleurs  avoir  reconnu 
alors  qu'il  s'était  trompé  à  l'égard  de 
Henri  IV ,  et  que  ce  prince  était  bien  sin- 
cèrement catholique.  On  a  encore  de  lui, 
sous  le  nom  de  François  de  Vérone ,  YA- 
pologiedeJean  Châlel ,  in-8°  ,  en  1595  et 
4620,  et  quelques  autres  ouvrages  con- 
damnables. Une  réflexion  cependant  que 
la  justice  suggère  à  tout  lecteur  raison- 
nable ,  c'est  qu'il  ne  faut  pas  sévèrement 
juger  les  personnes  qui  ont  vécu  dans  les 
temps  de  fermentation ,  de  querelles  et 
de  désordres,  où  l'on  croyait  en  danger 
des  intérêts  chers  et  respectables,  pour 
lesquels  on  se  passionne  aisément.  Dans 
des  temps  calmes  où  les  idées  et  les  sen- 
timens  n'éprouvent  aucune  commotion 
insolite,  on  conçoit  quelquefois  une  indi- 
gnation excessive  contre  des  personnes 
placées  dans  des  circonstances  différentes, 
où  peut-être  l'on  ne  se  serait  pas  con- 
duit avec  plus  de  sagesse.  Il  ne  faut  pas 
mettre  au  nombre  de  ses  ouvrages  ré- 
préhensibles,  la  sage  critique  qu'il  a  faite 
de  l'ouvrage  De  potestate  ecclesiaslica 
de  Bicher. 

BOUCHER  (François)  ,  premier  pein- 
tre du  roi  et  directeur  de  1  académie  de 


S3  BOU 

peinture,  naquit  à  Paris  en  1704.  Elève 
de  l'iUustre  Lemoine,  il  remporta,  à  l'âge 
de  19  ans,  le  premier  prix  de  l'académie. 
Après  avoir  étudié  à  Rome  les  grands 
modèles,  il  vint  à  Paris ,  et  fut  appelé  par 
le  public  le  Peintre  des  Grâces.  Il  fut 
l'Albane  de  la  France.  Il  eut  comme  lui  la 
facilité  du  travail ,  la  correction ,  la  légè- 
reté d'une  touche  spiritueUe  et  fine  ,  une 
composition  brillante  et  riche  ,  des  airs 
de  tête  d'un  goût  et  d'une  expression  su- 
périeurs. Dans  les  derniers  temps  de  sa 
vie,  ses  couleurs  tiraient  trop  vers  le 
pourpre,  et  ses  carnations  paraissaient 
comme  si  elles  eussent  éprouvé  le  reflet 
d'un  rideau  rouge.  Après  la  mort  du  cé- 
lèbre Carie  Vanloo,  Boucher  obtint  la 
place  de  premier  peintre  du  roi;  mais 
faible  depuis  long-temps ,  tourmenté  d'un 
asthme  dangereux  ,  il  mourut  en  1770 , 
âgé  de  64  ans.  Ses  tableaux  sont  si  nom- 
breux qu'il  serait  trop  long  d'en  donner 
la  liste.  Il  encourageait  les  jeunes  artistes  ; 
il  abandonnait  à  ses  amis  ceux  de  ses  ou- 
vrages qu'ils  paraissaient  désirer.  Lors- 
qu'il s'agissait  d'éclairer  un  élève  ,  il  ai- 
mait mieux  l'instruire  par  l'exemple  que 
par  l'étalage  des  règles.  «  Je  ne  sais  con- 
»  seiller,  disait-il,  que  le  pinceau  à  la 
»  main ,  »  et  alors  prenant  le  tableau  sou- 
mis à  sa  critique,  il  le  corrigeait  en  quatre 
coups ,  et  y  ajoutait  ces  agrémens  qui 
n'appartiennent  qu'à  lui. 

BOUCHER  D'ARGIS  (Antoine-Gas- 
pard ) ,  né  à  Paris  en  1708  ,  fut  reçu  avo- 
cat en  1727  ,  et  conseiller  au  conseil-sou- 
verain de  Dombes  en  1753.  Il  a  fait  des 
notes  sur  tous  les  ouvrages  de  jurispru- 
dence dont  il  a  été  l'éditeur.  Il  a  donné 
|  un  Traité  des  gains  nuptiaux ,  Lyon , 
1738,  in-4°  ;  |  Traité  de  la  criée  des  meu- 
bles, 1741,  in-12;  |  Règles  pour  former  un 
avocat,  1753,  in-12  ;  et  composa  plusieurs 
articles  de  jurisprudence  pour  celte  com- 
pilation indigeste  qu'on  appelle  Encyclo- 
pédie. Voyez  BACON  (François). 

*  BOUCHER  D'ARGIS  (A.  J.),  fils  du 
précédent ,  né  à  Paris  en  1750  ,  embrassa 
la  profession  de  son  père  ,  et  devint  en 
1772  conseiller  au  Châtelet.  Il  montra  dans 
ce  tribunal  un  courage  sublime  ,  dans  un 
temps  où  le  devoir  semblait  un  acte  d'hé- 
roïsme ;  et  malgré  la  difficulté  des  cir- 
constances ,  il  ne  perdit  rien  de  son  inté- 
grité et  de  son  zèle  à  faire  entendre  la 
vérité.  Il  refusa  cependant  la  place  de 
lieutenant-civil,  à  laquelle  le  roi  l'avait 
nommé  après  la  démission  de  Talon ,  à 
cause  des  dangers  qui  l'accompagnaient. 


BOTJ  h 

Il  fut  chargé  de  faire  à  l'Assemblée  Con- 
stituante le  rapport  des  procédures  rela- 
tives aux  troubles  des  5  et  6  octobre,  et 
ne  balança  point  à  déclarer  que  le  duc 
d'Orléans  et  Mirabeau  étaient  fortement 
impliqués  dans  cette  affaire.  Il  dénonça 
aussi  les  feuilles  incendiaires  de  Marat. 
Cette  conduite  eut  la  récompense  qu'on 
pouvait  attendre  dans  ces  temps  désas- 
treux :  il  fut  déclaré  suspect  et  condamné 
à  mort  par  le  tribunal  révolutionnaire.  Il 
la  subit  avec  le  calme  d'une  conscience 
pure,  le  25  juillet  1794.  On  a  de  lui  |  Let- 
tres d'un  magistrat  de  Paris  à  unmagis- 
trat  de  province  sur  le  droit  romain  et  la 
manière  dont  on  l'enseigne  en  France , 
Taris,  1782,  in-J2  ;  |  Observations  sur  les 
lois  criminelles  de  France ,  1781 ,  in-8°; 
j  De  ï éducation  des  souverains  ou  des 
princes  destinés  à  l'être,  1783,in-8°  ;  |  La 
bienfaisance  de  l'ordre  judiciaire  ,  1788, 
in-8°;  |  un  Recueil  d'ordonnances ,  en  18 
vol.  in-52. 

*  BOUCHER  (  Nicolas  ) ,  évêque  de 
Verdun  ,  né  le  14  novembre  1528 ,  à  Cer- 
nai, en  Dormois,  diocèse  de  Reims,  était 
iils  d'un  laboureur  ,  qui  le  soutint  de  ses 
épargnes  à  l'université  de  Paris.  Il  y  prit 
le  grade  de  maitre-ès-arts,  et  fut  ensuite 
appelé  à  Reims  par  le  cardinal  de  Lor- 
raine, pour  enseigner  la  philosophie  dans 
la  nouvelle  université,  emploi  dont  il 
s'acquitta  à  la  satisfaction  de  tous.  Il  de- 
vint recteur  de  l'Université,  supérieur  du 
séminaire,  chanoine  de  la  cathédrale.  Le 
cardinal,  son  protecteur,  le  chargea  de 
l'éducation  de  ses  neveux,  et  lui  procura, 
en  1585,  l'évèché  de  Verdun.  Le  chapitre 
de  celte  ville  avait  élu  d'après  la  forme 
du  concordat  germanique,  l'abbé  Jean  de 
Rcmbervilliers,  un  de  ses  membres.  Bou- 
clier soutint  son  droit  dans  une  savante 
apologie  intitulée  :  Virduncnsis  episcopa- 
lus  JV.  Bocherii3  Verdun,  1592,  in-4°, 
dans  laquelle  il  prouva  que  l'église  de 
Verdun  n'était  point  comprise  dans  le 
concordat  germanique.  Clément  VIII  ju- 
gea en  sa  faveur.  Ce  prélat,  en  donnant 
l'exemple  des  plus  hautes  vertus ,  com- 
battit les  nouvelles  erreurs  par  ses  écrits 
et  par  ses  sermons ,  et  mourut  le  19  avril 
1595.  On  connaît  de  lui  :  |  Une  Apologie 
de  la  morale  d'Aristote*  contre  Orner 
Talon,  Reims,  1562;  |  Y  Oraison  funèbre 
du  cardinal  Charles  de  Lorraine  ,  Paris, 
1577,  in-8°,  qu'il  amplifia  la  même  année 
sous  ce  litre  :  Caroli  Lotharingii  cardi- 
?ialis  et  Francisci  ducis  Guisii  liltei'œ  et 
arma  ,  in-4";  Jacques  Tigcon  la  traduisit 


fcs.  «ou 

en  fiançais,  sous  le  titre  de  :  Conjonction 
des  lettres  et  armes  des  deux  frères» 
primes  Lorrains,  etc.  Reims.  1579, 
in-4°.  Le  P.  Abram ,  jésuite,  dans  son 
Histoire  de  l'université  de  Pont-à-Mous- 
son,  attribue  encore  à  l'évêquc  de  Verdun 
l' Histoire  de  la  guerre  du  duc  Antoine  de 
Lorraine  3  contre  les  luthériens. 

*  BOUCHER  (Jean  ),  cordelier  de  l'ob- 
servance, né  à  Besançon  au  10e  siècle , 
n'est  connu  que  par  un  voyage  qu'il  fit 
en  Palestine.  Il  le  publia ,  à  son  retour , 
sous  le  titre  de  Bouquet  sacré ,  composé 
des  roses  du  Calvaire,  des  lis  de  Be- 
thléem- et  des  jacintes  d'Olivct.  Cet  ou- 
vrage parut  pour  la  première  fois  à  Paris, 
en  1616  ,  in-8°.  Il  en  fut  fait  d'autres  édi- 
tions à  Caen  ,  1626 ,  à  Bouen  ,  1679  ,  1698 , 
1758,  in-12.  Cette  relation  est  divisée  en 
quatre  parties.  La  première  contient  la 
description  de  la  Grèce,  de  l'Egypte  et  de 
l'Arabie,  la  deuxième  décrit  les  lieux 
saints.  La  troisième  est  consacrée  aux  dif- 
férens  lieux  de  la  Judée,  fameux  dans 
l'histoire  du  nouveau  Testament,  comme 
Emmaiis ,  Bethléem ,  les  montagnes  de 
Juda ,  le  désert ,  le  Jourdain  ,  le  lac  de 
Génézarcth ,  etc.  Celte  partie  contient,  en 
outre ,  le  retour  du  Père  Boucher  en  Eu- 
rope par  la  Galilée  ,  la  Phénicie,  la  Syrie 
et  le  mont  Liban.  Dans  la  quatrième,  enfin, 
il  parle  des  mœurs ,  des  usages,  de  la  re- 
ligion des  peuples  qu'il  a  visités.  Le  nom- 
bre des  éditions  de  cet  ouvrage  semblait 
lui  supposer  un  certain  mérite  ;  cepen- 
dant, si  l'on  en  croit  la  Boullayc-le-Goux, 
autre  voyageur,  il  fourmille  de  fautes 
grossières  ,  qui  ne  donnent  pas  une  haute 
idée  des  connaissances  cl  de  la  critique  do 
l'auteur. 

*  BOUCHER  (Gilles),  jésuite,  né  en 
Artois  ,  en  1576,  entra  dans  la  société  en 
1598,  et  s'y  rendit  célèbre  par  ses  con- 
naissances en  théologie,  et  ses  succès  dans 
la  prédication.  Après  avoir  prononcé  ses 
vœux  en  1616,  on  l'employa  dans  l'admi- 
nistration de  l'ordre.  Il  fut  recteur  du  col- 
lège de  Bélbune  et  de  celui  de  Liège.  Il 
avait  lu  presque  tous  les  grands  ouvrages 
d'histoire  et  de  chronologie,  et  possédait 
à  un  haut  degré  la  science  des  dates.  Il 
n'était  pas  moins  distingué  par  sa  piété 
et  son  exactitude  à  remplir  tous  les  de- 
voirs de  la  vie  religieuse.  Dans  l'âge  le 
plus  avancé,  rien  ne  pouvait  le  détermi- 
ner à  se  permettre  aucun  adoucissement  : 
il  mourut  à  Tournai  le  8  mars  1665  ,  âgé 
de  89  ans.  On  a  de  lui  :  |  Disputalio  histo- 
rica  de  primis  Tungorum  scu  Lcodien- 


BOU  h 

sium  episcopis  ,  cum  chronotogia  posle- 
riorum, Liège,  -1612,  in-4°.  Il  |  rélend  qu'il 
n'y  a  jamais  eu  d'évèque  à  Maastricht. 
|  Annotatio  chronologica  regum  Franco- 
rwm Meroivœdeorum.  Cet  ouvrage  et  le 
précédent  se  trouvent  dans  le  Recueil  des 
évêqucs  de  Liège  ,  par  Chapeauville. 
|  Chronog raphia  historiée  leodiensis  j>os- 
terior  m  episcoporum  ,  additis  rornano- 
rumpontificum  et  regum  Franciœ  tabulis, 
Liège,  avec  les  écrivains  liégeois,  publiés 
par  Chapeauville  ;  |  Gregorius  turonensis, 
amplissimis  notis  illustralus  ;  j  Commen- 
tarium  in  Victorii  aquitani  canonem  pas- 
chalem  ,  quo  cycli  paschales  veterum 
exponuntur ,  verus  Christi passionis  dies 
eruitur,  et  doctfrvna  temporum  traditur , 
Anvers,  presses  de  Planlin ,  1633;  |  Bel- 
gium  ecclesiasticum  roman orum  et  civile, 
in  quo  historia  occidentalis  universa  con- 
tinelur,  à  fine  comme  ntariorum  Cœsaris, 
ttdannum  Christi  vulgarem  ,511,  c'esl-à- 
direjusqu  au  temps  de  Clo vis.  Liège,  1665, 
in-fol.  Il  devait  être  suivi  du  Belgium 
gallicum  ,  qui  se  serait  étendu  jusqu'à 
Charles  le  Chauve.  Celte  partie  est  restée 
manuscrite  dans  la  bibliothèque  des  jé- 
suites de  Tournai. 

*  BOITCUEU  (  Philippe),  né  à  Paris  en 
1  91 ,  mort  en  1768  ,  lit  ses  études  au  col- 
lège de  Beauvais ,  et  se  destina  à  l'état 
ecclésiastique  ;  mais  il  ne  fut  jamais  que 
diacre.  Il  est  connu  comme  un  des  au- 
teurs des  Nouvelles  ecclésiastiques ,  ou 
Mémoires  sur  la  constitution  Unigenitus, 
\  727.  II  est  aussi  connu  par  ses  Lettres  en 
laveur  du  diacre  Paris,  1731,  par  une 
Analyse  de  Y E pitre  aux  Hébreux ,  17  ï2  , 
et  par  plusieurs  ouvrages  manuscrits  sur 
l'Ecriture  sainte. 

*  BOUCHER  (l'abbé  Jeav-Baptiste- 
Ajvtoine  ) ,  né  à  Paris  le  7  octobre  1747  , 
embrassa  l'état  ecclésiastique,  et  fut  d'a- 
bord nommé  vicaire  de  la  paroisse  des 
Innocens,  et  ensuite  directeur  des  dames 
carmélites.  Pendant  la  terreur,  il  échappa 
à  toutes  les  poursuites,  et  ne  cessa  de 
se  rendre  utile  dans  l'exercice  de  son  mi- 
nistère. Il  resta  ensuite  long-temps  sans 
occuper  aucune  place  ;  enfin,  ses  ouvrages 
et  sa  réputation  de  piété  ayant  attiré  sur 
lui  ratterrtion,ilfut  nommé  curé  des  mis- 
sions étrangères,  et  le  5  janvier  1813  à  la 
cure  de  St.-Mery,  où  sa  mauvaise  santé 
ne  lui  permit  pas  d'exercer  tout  son  zèle. 
On  lui  doit  :  |  lie  traite  d'après  les  exer- 
cices spirituels  de  S.  Ignace,  Paris,  1807, 
in-P2  :  |  Vie  de  Marie  de  l'Incarnation  , 
avec  des  notes  et  des  pièces  justificatives , 


55  BOU 

Paris,  1800,  in-8°;  |  Vie  de  sainte  Thérèse, 
avec  des  notes  historiques  ,  critiques  et 
morales, Paris  1810,  2  volumes  in-8°.  Il  a 
laissé  en  manuscrit  des  Proues,  des  Pané- 
gyriques et  des  Sermon»,  et  il  a  été  l'édï 
teur  des  Sermons  de  l'abbé  Marottes , 
1786,  2  vol.  in-8".  Il  préparait  une  édition 
des  Lettres  de  sainte  Thérèse,  mises  dans 
un  meilleur  ordre,  et  augmentées  de 
Lettres  non  encore  publiées  en  français, 
lorsque  la  mort  l'enleva  le  17  octobre  18i>7. 

*  BOUCHER-BEAUVAïS  (  Jean  ) ,  a 
publié  un  Abrégé  historique  et  chronolo- 
gique de  la  ville  de  la  Rochelle ,  1673. 
in-8°. 

BOUCHER  AT  (Louis),  chancelier  de- 
France  et  garde-des-sceaux  en  1685  ,  suc- 
céda dans  ces  deux  places  au  chancelier 
le  Tellier.  Il  mourut  comblé  d'honneurs 
en  1699,  à  83  ans.  Il  était  fils  de  Jean 
Boucherat,  maître  des  comptes,  d'une 
famille  originaire  de  Troyes.  Ils  se  dis- 
tinguèrent l'un  et  l'autre  dans  leurs  em- 
plois. Il  avait  été  du  nombre  des  maîtres 
des  requêtes  que  le  roi  avait  appelés  au 
conseil  établi  pour  la  réformation  do  la 
justice  :  conseil  d'où  sont  sorties  des  or- 
donnances pleines  de  discernement  et  de 
sagesse. 

BOUCHET  (  Guillaume)  ,  sieur  de  Bré- 
court, fut  créé  juge-consul  à  Poitiers  en 
1584,  ce  qui  lui  donna  occasion  de  dédier 
aux  marchands  de  cette  ville  son  1er  tome 
des  Sérées,  discours  remplis  de  plaisan- 
teries et  de  quolibets,  qu'il  suppose  *enus 
par  des  personnes  qui  passaient  le  soir 
ensemble.  Quand  le  3e  tome  de  ses  Sérées 
parut  en  1607,  il  était  mort.  Elles  ont  été 
réimprimées  à  Paris,  en  1608,  3  vol.  in-12. 
Il  mourut  vers  1606. 

BOUCHET  (  Jean),  procureur  de  Poi- 
tiers, sa  patrie,  né  en  1476,  mort  en  1550, 
s'est  fait  connaître  par  les  Annales  d'A- 
quitaine ,  qui  finissent  à  l'an  1535,  Paris  , 
1537  ,  in-fol. ,  continuées  par  Abraham 
Mounin,  Poitiers  ,  1644,  in-fol.  Celte  his- 
toire doit  être  plutôt  considérée  comme 
une  histoire  de  France  que  comme  une 
histoire  particulière  d'Aquitaine  ;  elle 
renferme  quelques  pièces  rares.  Il  est 
connu  aussi  par  quelques  pièces  de  poé- 
sies morales  ;  la  plus  singulière  est  inti- 
tulée Le  chapelet  des  Princes,  dans  ses 
Opuscules  ,  1525  ,  in-4°.  Il  est  formé  de  5 
dixaines  de  rondeaux  et  d'une  ballade  à 
la  fin  de  chaque  dixaine.  L'auteur  y  mar- 
que les  vertus  dont  les  princes  doivent 
être  ornés,  et  les  défauts  qu'ils  ont  à  évi- 
ter. Ce  Chapelet  est  dédié  à  Charles  de  la 


BOU 


A56 


BOU 


Trimouillc.  Les  19  premiers  vers  com- 
mencent par  une  des  lettres  du  nom  de  ce 
seigneur.  On  a  encore  de  lui  :  |  Les  Re- 
gnards  traversant  les  voies  périlleuses  , 
Paris ,  in-fol.  sans  date.  |  Histoire  chro- 
nique de  Clotaire  I  et  de  sainte  Rade- 
gonde ,  son  épouse  ,  Poitiers ,  1527 ,  in-4°. 
|  Epîlres  familières  du  Traverseur ,  sous 
Louis  XII  et  François  I,  Poitiers ,  1545 , 
in-fol.  Ces  lettres  en  vers  sont  peu  com- 
munes, et  sont  cependant  curieuses. 
|  Histoire  de  Louis  de  la  Trimouille ,  dit 
le  Chevalier  Sans  Peur,  Paris,  1537, 
in-4°.  |  Les  anciennes  et  modernes  généa- 
logies des  rois  de  France,  leurs  êpitaphes 
et  effigies ,  avec  les  sommaires  de  leurs 
çestes,VaTis,  1541,  in-fol.  |  Les  triomphes 
de  la  noble  et  amoureuse  Dame ,  1537 , 
in-8°,  etc. 

BOUCIIET  (Jean  du),  chevalier,  con- 
seiller, maitre-d'hôtel  du  roi  de  France , 
historien  et  généalogiste ,  mort  en  1684 , 
âgé  de  85  ans,  a  laissé  quelques  ouvrages 
pleins  de  recherches.  Tels  sont  :  |  La  vé- 
ritable origine  de  la  seconde  et  troisième 
lignées  de  la  maison  de  France,  Paris , 
1646,  in-fol.  Cet  ouvrage  est  divisé  en 
deux  parties.  La  lre  traite  de  la  postérité 
de  Ferréolus  et  du  mariage  d'Ansbcrt  et 
de  Blitilde.  Elle  a  été  combattue  par  Louis 
Chantereau  Le  Fèvre.  La  2e  traite  de  la 
postérité  de  Childebrand  ,  duc  et  comte  , 
fils  de  Pépin  I ,  duc  d'Auslrasie ,  frère  de 
Charles-Martel ,  jusqu'au  roi  Louis  XIV. 
|  Histoire  généalogique  de  la  maison  de 
Courlenay  ,  Paris,  1660,  in-fol.  |  Table 
généalogique  dus  comtes  d'Auvergne, 
Paris ,  1665 ,  in-fol.  |  Table  généalogique 
des  comtes  de  la  Marche ,  Paris ,  1682 , 
in-fol.  Il  publia  YHistoire  de  Louis  de 
Bourbon  l"duc  de  Montpensier,  par  Cous- 
tureau,  et  y  joignit  des  additions  plus 
amples  que  la  vie  même. 

BOUCIIEUL  (Jean-Joseph),  avocat  au 
Dorât  dans  la  Basse-Marche,  mort  vers 
1706 ,  est  auteur  d'un  bon  Commentaire 
sur  la  coutume  de  Poitou ,  4727 ,  2  vol. 
in-fol.  ;  et  d'un  Traité  des  successions  con- 
tractuelles, Poitiers,  1727 ,  in-4°. 

*  BOUCIIIER  (Thomas),  archevêque 
de  Cantorbéry,  mort  en  1486,  introduisit 
l'imprimerie  en  Angleterre  en  1464.  Il 
envoya  pour  cet  effet  deux  hommes  à 
Harlem,  et  fit  venir  à  ses  dépens  un  com- 
positeur. Il  sacra  les  rois  Edouard  IV  , 
Richard  IV  et  Henri  VII. 

*  BOUCHOT  ,  né  à  Nanci,  chanoine  de 
Pont-à-Mousson,  est  connu  comme  auteur 
j  de  l'A  B  C  royal;  |  du  Rudiment  fran- 


çais ;  |  du  Traité  des  deux  imperfections 
de  la  langue  française;  |  de  la  Différence 
entre  la  grammaire  et  la  grammaire  gé- 
nérale raisonnée;  |  d'un  Mémoire  et  ré- 
flexions sur  la  nécessité  de  changer  l'in- 
stitution actuelle  des  collèges  ,  etc. 

*  BOUCHOTTE  était,  avant  la  révolu- 
tion ,  procureur  du  roi  à  Bar-sur-Seine , 
et  fut  élu  député  aux  états  généraux  par 
ce  bailliage  en  1789.  Mais  son  existence 
politique  n'acquit  jamais  une  grande  im- 
portance. Il  s'opposa  à  la  création  d'un 
papier-monnaie,  en  émettant  le  vœu  qu'il 
y  fût  suppléé  en  frappant  des  pièces  de 
trois  à  six  sous  pour  trente  millions,  avec 
le  métal  qui  proviendrait  de  la  fonte  des 
cloches.  En  1790,  il  s'éleva  contre  la  recon- 
naissance de  la  religion  catholique  comme 
religion  de  l'état.  En  mai  1791 ,  il  prit  la 
défense  des  nègres,  proposa  en  juin  de 
réclamer  du  roi  une  déclaration  sur  son 
voyage  de  Varennes,  et  le  9  juillet  de  la 
même  année ,  il  appuya  un  projet  de  loi 
contre  les  émigrés.  Bouchotte  fit  aussi  pa- 
raître, en  1791,  ses  Observations  sur  l'ac- 
cord de  la  raison  et  de  la  religion  pour 
le  rétablissement  du  divorce ,  l'anéan- 
tissement des  séparations  entre  époux  . 
et  la  réformation  des  lois  relatives  à  l'a- 
dultère, in-8°,  ouvrage  qui  renferme  des 
doctrines  tant  de  fois  victorieusement 
réfutées  par  des  écrivains  du  plus  grand 
talent.  Bouchotte  est  mort  dans  l'obscu- 
rité. 

*  BOUCHOTTE  (Jean-Baptiste-Noel), 
ministre  de  la  guerre  sous  le  gouverne- 
ment républicain ,  naquit  à  Metz  le  25 
décembre  1754  et  y  est  mort  depuis  peu 
de  temps.  Il  embrassa  la  carrière  des 
armes ,  et  il  était  en  1792  capitaine ,  grade 
avec  lequel  il  fit  la  campagne  de  cette 
année,  qui  lui  valut  celui  de  lieutenant- 
colonel  et  le  commandement  de  Cambrai. 
En  1793,  il  fut  fait  colonel ,  et  la  Conven- 
tion nationale  le  nomma  à  l'unanimité 
ministre  de  la  guerre,  en  remplace- 
ment du  général  Beurnonville.  Les  ar- 
mées étrangères  avaient  envahi  les  fron- 
tières du  Nord  et  du  Bhin,  la  Vendée 
était  soulevée,  nos  troupes  peu  nombreu- 
ses et  disséminées  étaient  sans  magasins , 
sans  artillerie.  Partout  aux  murmures  se 
joignaient  les  dénonciations.  Le  premier 
soin  de  Bouchotte  fut  de  faire  opérer  la 
levée  de  trois  cent  mille  hommes  ,  d'en- 
voyer des  canons  et  des  armes  à  nos  sol- 
dats cl  d'organiser  des  magasins  d'babil- 
lemens  et  de  vivres  ;  enfin  de  refaire  à 
la  fois  le  personnel  el  le  matériel,  non 


BOU  AS 

sans  rencontrer  de  grands  obstacles.  Aux 
armées  les  représentans  voulant  agir  con- 
curremment avec  les  généraux,  entra- 
vaient et  souvent  faisaient  manquer  par 
leurs  fausses  mesures  les  opérations.  De 
plus  les  ennemis  faisaient  des  progrès,  et 
plusieurs  places  du  Nord  étaient  tombées 
en  leur  pouvoir.  Boucholte  se  vit  l'objet 
de  dénonciations  nombreuses;  il  n'en 
poursuivit  pas  moins  ses  travaux,  et 
avant  la  fin  de  1793,  onze  armées  étaient 
créées,  ayant  pour  cbefs  Masséna,  Kléber, 
Moreau ,  Dugommier  ,  Augereau ,  Lefè- 
vre,  etc.  etc.,  et  pourvues  d'un  immense 
matériel.  Mais  fatigué  d'être  en  butte  à  la 
calomnie ,  il  insista  plusieurs  fois  pour 
que  sa  démission  fût  acceptée.  La  Conven- 
tion ayant  supprimé  les  six  ministères 
qui  composaient  le  conseil  exécutif,  pour 
concentrer  le  gouvernement  dans  les  Co- 
mités ,  elle  les  remplaça  par  des  commis- 
sions executives  dont  les  comités  avaient 
la  direction  ,  et  le  général  Pille  fut  mis  à 
la  tête  de  la  commission  chargée  du  mou- 
vement des  armées  de  terre.  Boucholte, 
rendu  à  la  vie  privée  par  cette  organisa- 
tion nouvelle,  fut  arrêté  par  mesure  de 
sûreté  générale  peu  de  temps  avant  le  9 
thermidor.  Dénoncé  dans  la  séance  du  20 
frimaire  an  5  pour  avoir  fait  périr  ou 
incarcérer  tant  de  patriotes ,  les  comités 
furent  chargés  de  prendre  des  mesures  à 
son  égard,  c'est-à-dire  de  presser  sa  mise 
er  jugement.  Cet  arrêté  ,  n'étant  pas  plus 
motivé  que  tous  les  arrêtés  précédemment 
rendus  contre  lui ,  resta  sans  exécution. 
Les  ennemis  de  l'ex-minislre  ne  se  lassaient 
pas.  Pémarlin  le  signala,  dans  la  séance 
du  29  mars  1795,  comme  un  des  auteurs 
du  51  mai,  et  demanda  sa  punition.  Bour- 
don de  l'Oise  ,  qui  l'avait  accusé  déjà  en 
1793 ,  le  dénonça  encore  dans  la  même 
séance,  et  fut  appuyé  par  plusieurs  de  ses 
collègues.  Enfin  le  24  mai  suivant ,  la 
Convention  rendit  un  décret  qui  tradui- 
sait Boucholte  devant  le  tribunal  d'Eure- 
el-Loire,  renouvelé  à  cet  effet,  et  jugeant 
d'après  les  lois  révolutionnaires,  avec  un 
juri  spécial  et  sans  recours  en  cassation. 
Mais  l'accusateur  public  écrivit  à  la  Con- 
vention une  lettre  qui  fut  lue  dans  la 
séance  du  4  vendémiaire  an  4 ,  et  dans 
laquelle  il  déclarait  qu'il  ne  lui  était  par- 
venu aucune  pièce  à  charge,  et  qu'il  ne 
pouvait  mettre  en  jugement  un  citoyen 
contre  lequel  il  était  impossible  de  baser 
un  acte  d'accusation.  Boucholte,  remis  en 
liberté,  après  plus  d'une  année  de  prison  , 
se  fixa  à  Met?  et  resta  depuis  ce  temp- 


7  BOU 

entièrement  étranger  aux  affaires  publi- 
ques. 

BOTJCIC/VUT  (Jean  le  MEINGBE  de  ) , 
surnommé  le  Brave,  maréchal  de  France , 
comte  de  Beaufort  et  vicomte  de  Tu- 
renne,  par  son  mariage  avec  Antoinette  , 
fille  unique  et  héritière  de  Baimond  do 
Beaufort ,  vicomte  de  Turenne  ,  naquit  à 
Tours  en  1564,  prit  le  parti  des  armes  à 
l'âge  de  10  ans  et  fit  sa  première  campa- 
gne sous  le  connétable  Duguesclin  et  les 
ducs  de  Bourbon  et  de  Bourgogne.  Il 
combattit  à  côté  de  Charles  VI ,  dont  il 
était  enfant  d'honneur ,  à  la  bataille  de 
Bosbec,  en  1582.  Ce  prince  le  fit  cheva- 
lier la  veille  de  celte  journée.  Les  Génois 
ayant  voulu  se  soustraire  au  joug  de 
Jean  Galéas  Visconti,  seigneur  de  Milan, 
le  roi  Charles  VI ,  dont  ils  implorèrent  le 
secours  ,  leur  envoya  Boucicaut ,  qui  ne 
les  traita  pas  mieux.  Ce  général  outra  la 
sévérité  envers  les  partisans  de  Visconti, 
et  fit  bâtir  deux  citadelles  pour  contenir 
une  ville  qu'il  regardait  comme  une  con- 
quête. Gènes  se  souleva  contre  ses  pré- 
tendus libérateurs,  et  le  marquis  de  Mont- 
ferrat  ayant  été  mis  à  la  tête  de  la  répu- 
blique, Boucicaut  fut  obligé  de  repasser 
en  France.  Il  se  signala  ensuite  contre 
les  Turcs,  les  Vénitiens  et  les  Anglais.  Il 
fut  fait  prisonnier  à  la  bataille  d'Azincourt 
l'an  1415;  mené  en  Angleterre,  il  y  mou- 
rut en  1421.  Il  aima  les  poètes,  et  cultiva 
la  poésie. 

*  BOUCQ  (Gui  le),  professeur  de  rhé- 
torique à  Cbarlres,  sa  patrie,  né  en  1732, 
mort  vers  1800 ,  a  composé  pour  ses  élè- 
ves plusieurs  ouvrages  qui  peuvent  être 
lus  avec  plaisir  et  avec  fruit,  par  les 
hommes  de  tout  âge.  |  Exercice  en  forme 
de  plaidoyer  sur  cette  question  :  De  ces 
quatre  biens,  les  talens ,  les  ?-ichesses, 
la  santé,  un  ami,  quel  est  le  plus  désira- 
ble, Paris,  1767  et  1769,  in-8°;  |  Discours 
sur  cette  question  :  Lequel  de  ces  quatre 
sujets,  le  commerçant ,  le  cultivateur ,  le 
militaire  et  le  savant ,  sert  plus  essai' 
tiellemenl  l'état!  Cbarlres,  1770,  in-12; 

|  Panégyrique  de  sainte  Jeanne  de  Chaiv- 
lai,  fondatrice  de  la  Visitation,  Cbarlres» 
1773,  in-8°  ;  |  Nouveaux  plaidoyers  à  Vu- 
sage  des  collèges,  Chartres ,  1775 ,  in-12  ; 
|  Oraison  funèbre  de  M.  de  Fleury ,  èvê~ 
que  de  Chartres,  1781 ,  in-8°;  |  Plaidoyers 
littéraires ,  panégyriques  et  oraisons  fu- 
nèbres, 1788,  2  vol.  in-12. 

*  BOUCQUET  (Pierbe),  avocat,  mort 
en  1781.  Il  a  publié  plusieurs  ouvrages 
remplis  d'érudition.  Le  plus  important 

59 


BOXI  % 

est  le  Droit  public  de  la  France  èclairci 
par  les  monumens  de  l'antiquité. 

BOUDART  (Jacques),  né  en  1623  ,  à 
Binche  en  Hainaut ,  chanoine-théologal 
de  St.-Pierre  à  Lille .  a  donné  une  Théo- 
logie imprimée  à  Louvain  ,  1706,  (i  vol. 
in-8°,  et  à  Lille,  1710,  2  vol.  in-4°,  au- 
jourd'hui peu  estimée.  Il  y  a  quelques 
propositions  qui  semblent  approcher  des 
erreurs  condamnées.  Il  mourut  a  Lille  le 
h  novembre  1702. 

*  BOUDET  (  Claude  ),  chanoine  de  St.- 
Antoine  à  Lyon  ,  mort  en  177A  ,  a  publié  : 
|  Mémoire  oh  l'on  établit  le  droit  des 
abbés  de  St. -  Antoine ,  de  présider  aux 
états  du  Dauphitié ,  in-4°  ,  sans  date. 
|  Une  traduction  de  la  Sagesse,  du  jésuite 
Ségneri,  1744,  in-18.  |  Vie  de  M.  de  Ros- 
sillion  de  Bernex,  évéque  de  Genève  *  1751 , 
2  vol.  in-12.  Son  frère ,  imprimeur-li- 
braire à  Paris,  né  à  Lyon  et  mort  en  1799, 
fut  un  des  collaborateurs  du  Journal  éco- 
nomique,  et  a  publié  un  Recueil  des 
sceaux  du  moyen  âge ,  avec  des  éclair- 
cissemenSj  1779  ,  in-4°. 

*  BOUDET  (Jean),  comte  de  l'empire, 
général  de  divison ,  etc.  né  à  Bordeaux 
le  19  février  1769,  servit  d'abord  comme 
sous-lieutenant  dans  la  légion  hollandaise 
de  Maillebois,  passa  de  ce  corps  dans  celui 
de  Penthièvre-drugons  et  prit  son  congé 
en  1788.  A  l'époque  de  la  formation  des 
volontaires  nationaux ,  il  fut  nommé  lieu- 
tenant ,  puis  capitaine,  et ,  après  une  af- 
faire contre  les  Espagnols  où  il  s'était 
distingué,  chef  de  bataillon.  Envoyé  à  la 
Guadeloupe ,  Boudet  se  signala  d'une 
manière  brillante  dans  divers  combats 
contre  les  Anglais,  auxquels  il  fit  éprou- 
ver des  perles  considérables  et  reçut  le 
grade  de  général  de  brigade  pour  récom- 
pense de  ses  exploits.  Rappelé  en  Europe 
en  1798,  avec  le  grade  de  général  de  divi- 
sion ,  il  joignit  presque  aussitôt  l'armée 
qui  combattait  en  Hollande.  Après  le  18 
brumaire,  Boudet  fit  partie  de  l'armée  de 
réserve;  à  la  journée  de  Marengo,  il 
était  de  la  division  Desaix  qui  fixa  le 
sort  de  cette  journée  ;  il  remplaça  ce 
dernier  ,  lorsqu'il  eut  été  frappé  mortel- 
lement ,  et  fit  payer  cher  aux  ennemis 
la  perte  que  les  Français  venaient  de  faire 
dans  ce  général.  Il  reçut  lui-même  une 
blessure  ;  mais  il  n'en  poursuivit  pas 
moins  les  Autrichiens,  qu'il  battit  encore 
en  plusieurs  rencontres.  L'expédition  de 
Saint-Domingue  ayant  été  résolue,  Boudet 
fat  désigné  pour  accompagner  le  général 
Lerh-rc.  Arrivé  le  5  février  1802  devant 


'Ô8  IJOU 

le  Port-au-Prince,  il  se  mit  en  relation 
avec  les  officiers  des  noirs.  Mais  bientôt 
des  tourbillons  de  flamme  et  de  fumée 
annoncèrent  que  la  colonie  était  livrée  à 
la  dévastation.  Boudet  s'empara  de  la 
ville  de  Port-au-Prince,  tandis  que  Le- 
clerc  marchait  sur  les  Gonaïves.  Il  fut 
ensuite  chargé  d'aller  pacifier  la  Guade- 
loupe. Mais  l'insurrection  était  à  son 
comble,  et  les  revers  que  nous  éprou- 
vions à  Saint-Domingue  n'était  guères 
propres  à  l'apaiser.  Obligé  de  repasser 
en  Europe,  le  général  Eoudet  fut  employé 
à  l'armée  de  Hollande ,  d'où  il  passa  à 
celle  d'Allemagne,  et  continua  de  faire 
paraître,  dans  les  différentes  guerres  aux- 
quelles il  prit  part ,  sa  bravoure  accou- 
tumée. La  goutte  et  les  fatigues  mirent 
fin  à  sa  carrière.  Il  mourut  à  Budwitz  le 
14  septembre  1809. 

*  BOUDET  (don  Joseph-Marie)  ,  sa- 
vant bénédictin  de  la  congrégation  de 
Sa.int-Maur,  né  à  Rochefort  en  Aunis 
au  commencement  du  18e  siècle,  prit 
jeune  encore  la  résolution  d'embrasser 
la  vie  monastique,  et  choisit  pour  l'exé- 
cution do  ce  dessein  l'abbaye  de  Vendôme  ; 
il  y  prononça  ses  vœux  le  19  février  1726. 
Envoyé  après  ses  études,  dans  l'abbaye 
de  Notre-Dame  de  Saintes ,  il  forma  le 
projet  d'écrire  l'histoire  du  Poitou.  Les 
archives  de  cette  abbaye  lui  offraient 
pour  cela  de  nombreux  matériaux  ;  il  se 
mit  à  ce  travail,  rassembla  les  pièces,  les 
mit  en  ordre,  et  les  traduisit  en  français. 
La  rnort,  qui  le  surprit  à  la  fleur  de  l'âge, 
ne  lui  permit  pas  de  finir  cette  entre- 
prise. Il  expira  le  1"  janvier  1745  ,  dans 
l'abbaye  de  Saint- Cyprien  de  Poitiers  , 
où  il  s'était  rendu  pour  continuer  ses  re- 
cherches. 

*  BOUDEWÏNS  (Michel),  docteur  en 
médecine  ,  natif  d'Anvers ,  s'acquit  beau- 
coup de  réputation  dans  sa  patrie.  Il  fut 
médecin  pensionnaire  de  la  ville  et  de 
l'hôpital  de  Sle.-Elizabeth,  et  président  du 
collège  des  médecins.  Il  est  auteur  du 
Ventilabrum  medico-theologicum  J  An- 
vers, 1666,  in-4°.  Il  est  divisé  en  deus 
parties.  La  première  regarde  les  devoirs 
des  médecins;  la  seconde  concerne  les 
malades.  Les  matières  y  sonl  traitées 
suivant  les  principes  de  la  théologie  et 
de  la  médecine.  Entre  autres  questions 
assez  singulières  ,  on  y  examine  sérieu- 
sement si  les  médecins  peuvent  deman- 
der à  Dieu  qu'il  y  ait  beaucoup  de  mala- 
des? Cet  ouvrage  est  chargé  de  beaucoup 
d'érudition,  mais  souvent  étrangère  à  la 


BOU  h 

matière  dont  il  est  question.  Boudewins 
a  eu  part  à  la  Pharmacia  Anluerpiensis, 
1G60,  in-i°.  Il  a  laissé  en  outre  :  |  Oblecta- 
mentum  fugalorium  iemporis  pro  infir- 
mis;  |  un  discours  de  sancto  Laça  Indi- 
corum  patrono.  Il  mourut  à  Anvers  le  29 
octobre  1(581. 

BÔVDIÏWYNS  (  Antoixe-Fbaxçois)  , 
peintre  de  paysages  né  à  Bruxelles,  vers 
la  fin  du  17<:  siècle.  Descainps  parle  avan- 
tageusement de  ses  ouvrages  ,  dont  il 
loue  la  couleur  et  le  beau  fini,  Ses  ta- 
bleaux sont  recherchés;  le  musée  royal 
de  Paris  n'en  possède  qu'un  seul,  repré- 
sentant un  Marché  aux  poissons,  clans 
une  ville  de  Flandres  ,  près  d'un  canal. 

BOTJDIEK  (Réxê,  de  la  JOUSSELI- 
JNIÈUE) ,  naquit  à  Treilly  près  de  Coulan- 
ces  ,  où  est  située  la  terre  de  la  Jousscli- 
nière.  Il  y  vécut  en  libertin  et  ne  voulut 
jamais  se  marier ,  par  une  suite  de  son 
penchant  pour  le  désordre.  Il  mourut  à 
Mantes-sur-Seine  ,  en  novembre  1725.  Ce 
fut  un  de  ces  génies  prématurés,  qui  d'a- 
bord paraissent  tout  savoir,  et  qui  ne  sa- 
vent jamais  rien  à  fond.  A  l'âge  de  15  ans, 
il  savait  du  latin,  du  grec,  de  l'espagnol, 
et  faisait  des  vers  français.  Il  acquit  peu  à 
peu  toutes  sortes  de  connaissances  ,  mais 
elle  n'étaient  qu'ébauchées.  Il  touchait  du 
luth,  dessinait ,  peignait,  cultivait  l'his- 
toire, la  grammaire,  la  géographie,  et 
écrivait  sur  les  médailles.  On  a  de  lui  )  une 
Histoire  romaine  ;  |  un  Traité  sur  les 
médailles;  |  un  Abrégé  de  l'histoire  de 
France;  |  une  Traduction  de  l'Ecclé- 
siasteJ  et  des  Satires  d'Horace  et  de  Ju- 
vénal ,  etc.  Il  n'y  a  que  son  Histoire  Ro- 
maine qui  soit  imprimée.  On  peut  juger 
de  ses  vers  par  son  épitaphe,  faite  par 
lui-même  la  dernière  année  de  sa  vie  ,  et 
dont  la  fin  exprime  parfaitement  le  maté- 
rialisme grossier  dans  lequel  il  avait 
vécu  : 

J'e'lais   gentilhomme  normand, 
D'une  antique  el  pauvre  noblesse, 
Vivant  de  peu  tranquillement, 
Dans  une  honorable  paresse. 
Sans  cesse  le  livre  à  la  main  , 
J'e'lais  plus  sérieux  que  triste, 
Moins  Fiançais  que  Grec  et  Romain  ; 
Antiquaire  ,  archimédaillistc  ; 

J'étais  poile  ,  historien 

Et  maintenant  je  ne  suis  rien. 

BOUDIER   (don   Pierre -François), 

bénédictin  de  la  congrégation  de  Saint- 
Maur  ,  en  fut  l'un  des  derniers  supérieurs 
généraux.  Il  élait  né  à  Coutances,  et  issu 
«l'une  famille  noble.  Ami  zélé  de  la  règle, 
il  jouissait   d'une  grande   considération 


o9  BOU 

dans  sa  congrégation  .  el  y  avait  passé  par 
toutes  les  charges.  11  élail  alibé  régulier 
de  Saint-Martin  de  Séez,  l'un  des  monas- 
tères qui,  jusqu'à  lui.  n'avaient  pas  en- 
core subi  la  commande.  Quoique  don 
Boudier  n'ait  rien  fait  imprimer  ,  il  doit 
être  compté  parmi  les  écrivains  de  la 
congrégation.  Il  est  auteur  d'une  Histoire 
de  l'abbaye  de  Sauit-Vigor  de  Bayeux  , 
et  de  quelques  autres  ouvrages  restés  ma- 
nuscrits. Il  avait  fait  profession  à  l'abbaye 
de  Jumiéges  en  1732  ,  et  avait  été  élu  su- 
périeur-général en  1770.  On  ne  dit  pas  en 
quelle  année  il  est  mort. 

*  ROUDIEB  DE  VILLEMERT  (PiERRE- 
JosEPn  )  avocat  au  parlement ,  et  neveu 
du  précédent  ,  né  à  Paris  en  171G,  mort 
vers  l'an  1807 ,  a  publié  un  grand  nom- 
bre d'ouvrages.  Les  principaux  sont 
|  Apologie  de  la  frivolité  ,  17/tO  ,  in-12  , 
écrit  avec  assez  de  correction  et  de  faci- 
lité ;  j  Réflexions  sur  quelques  vérités 
importantes  attaquées  dans  plusieurs 
écrits  de  ce  temps,  1752  ,  in-12;  |  Exa- 
men de  la  question  proposée  sur  l'utilité 
des  arts  et  des  sciences,  1753,  in-12; 
|  Y  Ami  des  femmes ,  ou  la  Morale  du 
sexe,  1758,  in-12,  plusieurs  fois  réim- 
primé, et  son  meilleur  ouvrage.  II  a  élé 
traduit  en  espagnol,  en  allemand  et  en 
italien;  j  l'Irréligion  dévoilée ,  ou  la  Phi- 
losophie de  V honnête  homme,,  Ttlk  à 
1779  ,  in-12  ,  ouvrage  qui  annonce  un  écri- 
vain zélé  pour  les  vrais  principes,  mais 
dont  les  raisonnemens  ne  sont  pas  tou- 
jours aussi  forts  qu'on  pourrait  le  dési- 
rer ;  |  Le  nouvel  ami  des  femmes  ,  in-8°. 

BQUDO.M  (Henri-Marie)  ,  grand-ar- 
chidiacre d'Evreux,  docteur  de  Bourges  , 
naquit  en  162âàlaFère,  et  mourut  en  1702. 
Il  se  lit  un  nom  par  plusieurs  ouvrages  de 
piété.  Les  principaux  sont;  |  Dieu  pré- 
sent partout ,  in-24;  |  De  la  profanation 
et  du  respect  qu'on  doit  avoir  aux  églises, 
in-24;  |  La  sainteté  de  l'état  ecclésiasti- 
que ,  in-12;  |  Im  dévotion  à  la  très  sainte 
Trinité ,  in-24  ;  |  La  gloire  de  Dieu  dans 
les  Ames  du  Purgatoire  ,  in-2/t;  |  Dieu 
seul,  ou  le  saint  esclavage  de  la  Mère  de 
Dieu,  in-12;  |  L,e  Chrétien  inconnu,  ou 
Ldée  de  la  grandeur  du  Chrétien  ,  in-12  ; 
|  Z<7  vie  cachée  avec  Jésus  en  Dieu ,  In- 
12  ;  |  Dieu  seul,  ou  l'Association  pour 
l'intérêt  de  Dieu  seul .  in-24;  |  La  con- 
duite de  la  divine  Providence,  ,  elc.  |  Les 
grands  secours  de  la  divine  Providence; 
|  Vie  de  Marie-Elizabelh  de  la  Croix 
fondatrice  des  religieuses  de  Notre-Da- 
me du  Refuge  ;  j  Vie  de  Marie  Angéli- 


BOU 

que  de  la  Providence  ;  |  Vie  de  saint 
Taurin  ,  évêque  d' livreur.  M.  Collet  a  pu- 
blié sa  Fie  en  17.%,  et  en  1702,  in-12. 
Cet  auteur  lui  fait  faire  des  miracles  ;  mais 
gans  examiner  l'authenticité  de  ceux  qu'il 
rapporte,  on  peut  dire  que  Boudon  eut 
une  vertu  qui  ne  se  démentit  jamais  ;  et 
c'est  assurément  une  espèce  de  miracle. 
On  lui  reproche  quelques  propositions 
qui  sentent  le  quiétisme.  Il  avait  écrit 
avant  la  condamnation  de  Molinos  ;  et 
l'on  sait  d'ailleurs  que  dans  les  ouvrages 
mystiques,  il  est  en  général  difficile  de 
saisir  toujours  le  vrai  sens  d'un  auteur  , 
parce  que  son  objet  étant  purement  spiri- 
tuel ,  échappe  aisément  à  ceux  qui  n'ont 
pas  exactement  les  mêmes  principes  ou 
la  même  expérience.  Voyez  TAULÈRE , 
RUSBROCK ,  etc. 

BOUDOT  (Jean),  libraire  célèbre, 
imprimeur  du  roi  de  France  ,  de  l'acadé- 
mie des  Sciences  ,  mort  en  1706  ,  s'est  fait 
tm  nom  dans  la  république  des  lettres  par 
son  petit  Dictionnaire  latin- français , 
dont  la  première  édition  parut  en  1701. 
C'était ,  avant  celui  de  Noël ,  le  plus  usité 
dans  les  collèges.  Il  est  tiré  d'un  grand 
dictionnaire  en  14  vol.  in-4°,  dont  il  est 
aussi  l'auteur  ,  et  qui  est  resté  manuscrit. 
-—Son  fils  ,  Jean  BOUDOT  ,  également  li- 
braire célèbre  et  imprimeur  éclairé  ,  né  à 
Paris  en  1685 ,  mourut  dans  la  même 
ville  en  1754.  Ses  connaissances  biblio- 
graphiques le  firent  rechercher  par  les 
savans,  qui  s'appliquaient  à  cette  utile 
partie  de  la  littérature.  Il  adressé  des  ca- 
talogues raisonnes  de  livres ,  qui  lui  font 
honneur,  surtout  celui  de  M.  de  Bozc, 
Paris,  1745  ,  in-fol.  —  Pierre  Jean  BOU- 
DOT ,  son  second  fils ,  mort  en  1771,  em- 
brassa l'état  ecclésiastique,  fut  censeur 
royal ,  secrétaire  interprète  du  régiment 
dinfanterie  irlandaise  deLally.  et  attaché 
à  la  bibliothèque  du  roi  dont  il  rédigea  les 
catalogues,  ainsi  que  ceux  de  la  biblio- 
thèque du  grand  conseil ,  de  concert  avçe 
l'abbé  Sallier.  Il  a  laissé  Essai  sur  l'his- 
toire d'Aquitaine  ,  in-12,  et  Examen  de 
quelques  objections  faites  à  l'auteur  du 
■nouvel  abrégé  de  l'histoire  de  France  par 
le  président  Jlénaull ,  1764,  in-12;  il  fit 
une  traduction  complète  des  œuvres  d'Ho- 
race et  des  lettres  sur  Bayle  qui  sont  res- 
tées inédites.  Il  fut  aussi  le  rédacteur  des 
Mélanges  d'une  grande  bibliothèque ,  pu- 
bliés par  le  marquis  de  Palmy  en  70  vol. 

BOUDOT  (Paul),  évêque  d'Arras,  né 
à  Morteau,  en  Franche- Comté,  vers  1571, 
fut  rcçxi  docteur  en  Sorbonnc  en  1604;  il 


A00  «ou 

prêcha  à  Paris  avec  beaucoup  de  succès 
pendant  quelques  années,  et  fui  choisi 
par  l'archiduc  Albert,  gouverneur  des 
Pays-Bas  et  de  la  Franche-Comté  ,  pour 
son  prédicateur.  Celui-ci  le  nomma  en- 
suite évêque  de  Saint-Omer  ,  et  enfin 
d'Arras.  Il  était  savant  dans  les  langues  , 
et  il  a  laissé  |  Summa  theologica  divi 
Thomœ  Aquinatis  recensita ,  Arras ,  un 
vol.  in-fol.  ;  |  Pylhagorica  Marci-Anto~ 
nii  de  Dominis  nova  metempsychosis  M 
Anvers,  in-4°;  |  Traité  du  sacrement  de 
pénitence,  Paris,  1601,  un  vol.  in-8°  ; 
|  Formula  visitationis  per  totam  suant 
diœcesirà  faciendœ ,  Douai,  1627  ,  in-8°  ; 
|  CalcchismuSjSive  Forma doctrince chris- 
tianœ pro  diœcesi  Alrcbatensi ;  le  même 
Catéchisme,  en  français ,  Douai ,  1628  ; 
Arras  ,  1635.  Ce  prélat  mourut  à  Arras  le 
II  novembre  1655. 

BOUETTEDEBLÉMUR  (Jacqueline),, 
né  en  1618  d'une  famille  noble  ,  prit  l'ha- 
bit de  bénédictine  à  l'âge  de  11  ans,  dans 
l'abbaye  de  la  Sainte-Trinité  de  Caen.  La 
duchesse  de  Mecklembourg,  ayant  pro- 
jeté de  faire  à  Chàtillon  un  établissement 
de  bénédictines  du  Saint-Sacrement  ,  de- 
manda la  mère  Bouette.  Cette  sainte  re- 
ligieuse ,  de  prieure  qu'elle  était  à  la  Tri- 
nité, se  réduisit  à  être  novice  à  Chàtil- 
lon. Elle  était  alors  âgée  de  60  ans.  Les 
abbayes  qu'on  lui  offrit  ne  purent  lui  faire 
quitter  sa  nouvelle  demeure.  Elle  y  mou- 
rut saintement  en  1696.  On  a  d'elle  :  |  l'An- 
née bénédictine  ,  ou  les  vies  des  saints  de 
l'ordre  de  Saint-Benoit  pour  tous  les 
jours  de  l'année,  1666-73,  7  vol.  in-4°; 
|  Eloges  de  plusieurs  personnes  illustres 
en  piété  des  derniers  siècles,  2  vol.  in- 


|  Exercice  de  la  mort ,  in-12  ;  |  Les 
grandeurs  de  la  mère  de  Dieu  ,  2  vol. 
in-8°  ;  |  Vie  de  la  mère  de  Saint- Jean  de 
Montmartre ,  in-12.  Il  y  a  quelques  exa- 
gérations ,  pardonnables  à  une  femme  et 
à  une  religieuse  ;  mais  ses  ouvrages  sont 
écrits  d'ailleurs  avec  plus  de  pureté  eî 
d'élégance  qu'on  n'aurait  dû  en  attendre 
d'une  fille  qui  avait  passé  toute  sa  vie 
dans  des  exercices  de  piété. 

*  BOUELLES  ,  BOUILLE  ,  ou  BOU- 
VELLES  ,  en  latin  ,  Bovillus  ,  (  Charles 
de)  ,  né  à  Sancourt,  village  de  Picardie, 
vers  1470 ,  s'appliqua  d'abord  à  l'étude 
des  mathématiques  ,  et  en  particulier  de 
la  géométrie ,  sous  la  direction  de  Jac- 
ques Lefèvre  d'Estaples.  Le  désir  d'ac- 
quérir des  connaissances ,  et  de  se  lier 
avec  les  savans  les  plus  célèbres,  lui  fit 
entreprendre  le  voyage  d'Allemagne.  Il 


1ÏOU 


4Gi 


non 


parfouml  ensuite  lit;  lie.  lTrpagne,  vi- 
sita les  principales  villes  de  Franco,  et, 
de  retour  dans  sa  famille,  embrassa  l'étal 
ecclésiastique,  lui  pourvu  d'un  canoni- 
cat  à  St. -Quentin,  et  d'un  second  à  Noyon  ; 
professa  la  théologie  dans  celte  dernière 
ville,  mérita  l'estime  de  Charles  de  IJan 
gest ,  alors  évèque  ,  et  dut  à  sa  bienveil- 
lance un  loisir  qu'il  employa  à  la  rédac- 
tion de  plusieurs  ouvrages.  Bouellcs  mou- 
rut vers  1553.  Ses  principaux  écrits  sont  : 
{ Liber  de  intelleclu  ;  De  sensu  ;  De  nihilo; 
Ars  oppositorum;  De  gêner atione  ;  De  sa- 
pienle  ;  De  duodecim  îiumeris  ;  Epistolœ 
complurcs  super  malhematicum  opus  qua- 
driparlitum  ;  De  numeris  perfeclis;  De 
malhemalicis  rosis  ;  De  geometricis  cor- 
poribus  ;  De  geometricis  supplemenlis  , 
Paris,  Henri  Etienne,  1510,  in-fo!.,  recueil 
très  rare  et  très  curieux.  Dan-;  son  traité 
De  sensu j  l'auteur  établit  que  le  monde 
est  un  animal,  opinion  ancienne,  et  re- 
nouvelée depuis;  ce  qui  prouve  qu'il  est 
peu  d'idées  extravagantes  qui  aient  même 
le  mérite  d'être  neuves;  |  Commeniarius 
in  primordiale  Evangelium  Joannis  ;  \  Vi- 
ta  Remundi  eremitœ  (Raymond  Lulle); 
!  Philosophicœ  et  Iiistoricœ  aliquot  episto- 
lœ ,  Paris  ,  Badius ,  1511  ;  2e  édition,  1344, 
in-&°.  |  Proverbiorum  vulgarium ,  libri 
1res  *  Paris,  1531 ,  in-8°.  Dans  cette  édi- 
tion ,  les  proverbes  sont  en  français ,  et  le 
commentaire  en  lalin;  mais  il  en  existe 
une  traduction,  sous  ce  titre  :  Proverbes 
et  dits  sentcnlieiix ,  avec  l'interprétation 
d'iceux  ,  Paris,  1557  ,  in-8° ,  rare  ;  |  Liber 
de  differentiâ  vulgarium  linguarum  et 
gallici  sennonis  varietale  t  Paris,  Rob. 
Etienne,  1553,  in-4°,  ouvrage  curieux; 
|  Dialogi  très  de  animée  immortalilale  _, 
de  resurreclione ,  de  mundi  excidio  et  il- 
lius  instauralione ,  Lyon  ,  Seb.  Gryphe  , 
1552  ,  in-8°  ,  rare. 

BOUFLEUS  (Louis-Fraxçois,  duc  de  j. 
pair  et  maréchal  de  France,  d'une  fa- 
mille illustre  de  Picardie,  naquit  en  1044. 
Ses  dispositions  pour  l'art  de  la  guerre 
s'élanl  développées  de  bonne  heure,  il  fut 
choisi  en  16G9  pour  être  colonel  d'un  ré- 
giment de  dragons.  Use  distingua  à  iatète 
de  ce  corps,  sous  le  maréchal  de  Créqui 
et  sous  Turenne.  Il  reçut  une  blessure 
dangereuse  au  combat  de  Voèrden  ,  il  en 
reçut  une  seconde  à  la  bataille  d'Ens- 
heim  ,  au  gain  de  laquelle  il  contribua 
beaucoup,  de  l'aveu  de  Turenne.  Après 
plusieurs  belles  actions,  il  s'immortalisa 
par  la  défense  de  Lille  en  1708.  Le  siège 
dura  pendant  plus  de  trois  mois.  Le  roi 


le  récompensa ,  comme  s'il  eût  gagné  une 
bataille.  Il  fut  fait  pair  de  France;  il  eut 
les  grandes  entrées  de  premier  gentil- 
homme ,  et  la  survivance  du  gouverne- 
ment de  Flandre  pour  son  (ils  aine.  A  la 
bataille  de  Malplaquet,  en  170'.),  il  fit  la 
retraite  en  si  bon  ordre  ,  qu'il  ne  laissa  ni 
canon  ni  prisonnier.  Le  maréchal  de  Bou- 
liers joignait  à  l'activité  d'un  général  l'unie 
d'un  bon  citoyen;  servant  son  maître 
comme  les  anciens  Romains  servaient 
leur  république ,  ne  complanl  sa  vie  pour 
rien  ,  dès  qu'il  était  question  du  salut  de 
sa  patrie.  Le  roi  lui  ayant  ordonné  d'al- 
ler secourir  Lille  ,  et  l'ayant  laissé  maître 
du  choix  de  ses  lieutenans,  il  partit  à 
l'instant,  sans  régler  ses  affaires,  sans 
dire  adieu  à  sa  famille,  et  choisit  pour 
ses  officiers  un  disgracié  et  un  prisonnier 
de  la  Bastille.  Sa  magnificence  égalait  son 
amour  pour  son  pays  et  pour  son  prince. 
Lorsque  Louis  XIV  forma  le  camp  de 
Compiègne,  pour  servir  de  leçon  à  son 
petit-fils  le  duc  de  Bourgogne,  et  de  spec- 
tacle à  toute  la  cour,  Bouliers  y  vécut  si 
splendidement,  que  le  roi  dit  à  Livri ,  son 
maitre-d'hôtel  :  «  Il  ne  faut  pas  que  le  duc 
»  de  Bourgogne  tienne  de  table ,  nous  no 
»  saurions  mieux  faire  que  le  maréchal  ; 
»  le  duc  de  Bourgogne  ira  dîner  avec  lui, 
»  quand  il  ira  au  camp.  »  Ce  général  mou- 
rut à  Fontainebleau  en  1711  ,  âgé  de  (J8 
ans.  «  En  lui  (  écrivait  madame  de  Mairi- 
»  tenon)  le  cœur  esl  mort  le  dernier.  » 
On  lit  dans  la  continuation  de  l'Histoire 
d'Angleterre  par  Rapin  de  Thoiras,  un 
trait  trop  honorable  à  la  mémoire  de  ce 
grand  homme ,  pour  l'oublier.  Le  roi 
Guillaume  ,  ayant  pris  Namur  en  1095, 
arrêta  Bouliers  prisonnier,  contrôla  foi 
des  conventions  qu'on  venait  de  faire. 
Surpris  de  ce  procédé,  le  maréchal  en  de- 
manda la  cause.  On  lui  répondit  qu'on  en 
agissait  ainsi  par  représailles  pour  les  gar- 
nisons de  Dixmudc  et  de  Deynsc,  que  lea 
Français  avaient  retenues  malgré  les  ca- 
pitulations ,  ce  qui  était  vrai.  «  Si  cela  est, 
»  dit  Bouliers,  on  doit  arrêter  ma  garni- 
»  son,, et  non  moi. — Monsieur,  lui  rè- 
»  pondit-on,  l'on  vous  estime  plus  que 
»  dix  mille  hommes.  »  —  Son  lils,  Jo- 
sëpii-Maiue ,  duc  de  BOUFLKilS,  héritier 
dosa  valeur  et  de  ses  vertus,  mourut  à 
Gènes  ,  maréchal  de  France  ,  en  1747  ,  le 
2  juillet  Jour  où  les  Autrichiens  lovèrent 
le  siège  de  cette  ville.  Il  y  avait  été  en- 
voyé pour  la  proléger  contre  les  Impé- 
riaux et  le  roi  de  Sardaigne.  L'activité 
qu'il  avait  mise  à  défendre  cette  place  al- 
39. 


TÎOU  4&2 

luma  son  sang,  et  il  fut  emporté  par  la 
pelile  vérole  eu  cinq  jours.  Les  Génois  et 
les  Français  le  regrettèrent  également. 
La  république,  pour  lui  témoigner  sa  re- 
connaissance, inscrivit  son  nom  et  celui 
de  sa  famille  parmi  les  nobles  de  l'état,  et 
lui  fit  ériger  un  mausolée  de  marbre  dans 
l'église  où  il  a  été  inhumé. 

'BOUFLERS  (Stanislas,  marquis  de), 
membre  de  l'académie  française ,  né  en 
1737  à  Lunéville,  où  la  marquise  de  ce 
nom,  sa  mère,  embellit  long-temps  la 
cour  du  vertueux  Stanislas  ,  roi  de  Lor- 
raine, est  plus  généralement  connu  sous 
le  titre  de  Chevalier  de  Boufleis.  On  lui 
donna  pour  instituteur  l'abbé  Porquet.  Sa 
famille  qui  comptait  parmi  ses  membres 
le  célèbre  marécbal  de  Bouflers  devait  le 
porter  aux  places  les  plus  distinguées.  Le 
jeune  marquis  fut  d'abord  chevalier  de 
Malte,  et  ce  litre  lui  valut  un  bénéfice, 
quoiqu'il  n'eût  point  voulu  entrer  dans 
les  ordres ,  à  cause  du  peu  de  vocation 
qu'il  se  sentait  pour  cet  état  auquel  il 
avait  été  d'abord  destiné.  Il  devint  en- 
suite grand-bailly  de  Nanci  et  membre  de 
l'académie  française  ,  et  se  fit  connaître 
dans  le  monde  littéraire  par  quelques  poé- 
sies légères,  où  l'on  remarquait  de  la 
grâce  et  de  la  facilité.  Quelques  amis 
complaisans  le  comparèrent  même  à  Ana- 
créon  ,  dont  il  a  imité  le  ton  libre  et  sou- 
vent licencieux  qui  n'ajoute  rien  au  mé- 
ii!e  de  ses  vers.  Bouflers,  ayant  choisi  la 
carrière  des  armes,  fit,  à  la  tête  d'une 
compagnie  de  hussards  la  campagne  de 
Hanovre ,  dans  la  guerre  de  sept  ans 
et  dut  au  maréchal  de  Castries  d'être 
nommé ,  peu  de  temps  après,  gouverneur 
du  Sénégal  et  de  Gorée.  Son  administra- 
tion qui  fut  signalée  par  des  institutions 
utiles  lui  mérita  des  éloges.  De  retour  en 
France,  il  se  livra  de  nouveau  à  son  goût 
pour  la  poésie,  et  publia  plusieurs  pièces 
lyriques,  Paris,  1782,  in-8°,  et  Londres, 
1782  ,  in-18.  Il  entretenait  une  correspon- 
dance avec  Voltaire;  cette  liaison  n'est 
guère  propre  à  le  justifier  aux  yeux  de 
ceux  qui  le  regardent  comme  ayant  adopté 
les  principes  philosophiques  du  dix-hui- 
tième siècle,  ce  que  cette  correspondance 
elle-même  datée  de  Genève  et  de  Ferney, 
semble  prouver,  et  encore  plus  ses  mœurs, 
Bouliers  passant  sa  jeunesse  au  milieu  des 
femmes  et  des  plaisirs.  Député  aux  états 
généraux  en  1789,  s'il,  ne  se  fit  point  re- 
marquer par  ses  talens  oratoires,  du 
moins  se  montra-t-il  constamment  mo- 
déré. Dès  le  commencement  de  la  révo- 


ROU 

lulion,  il  sauva  la  vie  à  deux  hussards 
poursuivis  par  le  peuple,  parce  qu'ils 
étaient  royalistes.  Il  parla,  en  1790,  sur 
le  traitement  des  évoques  ,  et  fonda  con- 
jointement avec  Malouet,  de  Yirieu  et  La- 
rochefoucault ,  le  club  dit  des  Impar- 
tiaux. En  1791 ,  il  fit  décréter  la  propriété 
des  découvertes  et  inventions  en  faveur 
de  leurs  auteurs  et  proposa  d'encourager 
les  sciences  et  les  arts.  Il  sortit  de  France 
après  la  journée  du  10  août  1792 ,  et  se 
rendit  à  Berlin  auprès  du  prince  Henri  de 
Prusse  qui  l'avait  déjà  fait  entrer  dans 
l'académie  de  cette  ville.  Ce  prince  lui 
ayant  témoigné  ensuite  de  la  froideur, 
Bouflers  quitta  la  Prusse,  et  trouva  un 
nouveau  prolecteur  dans  le  roi  Frédéric- 
Guillaume  ,  qui  lui  fil  des  concessions  im- 
portantes en  Pologne  ,  pour  y  établir  une 
colonie  en  faveur  des  émigrés.  Mais  les 
événemens ,  qui  se  succédaient  à  cetto 
époque  avec  tant  de  rapidité  ,  empêchè- 
rent de  donner  suite  à  ce  projet.  Bouflers 
revint  dans  sa  patrie  en  1800,  après  avoir 
épousé  madame  de  Sabran,  femme  dis- 
tinguée par  son  esprit.  Il  ne  tarda  pas  à 
faire  paraître  son  ouvrage  sur  le  Libre 
arbitre ,  où  sont  exprimées  des  doctrines 
conformes  à  l'esprit  de  l'école  philosophi- 
que du  siècle  qui  finissait ,  et  où  l'on 
trouve  toutefois  quelques  bonnes  ré- 
flexions et  quelques  pages  éloquentes. 
Mais  un  pareil  sujet  ne  pouvait  convenir 
à  l'imagination  légère  et  sans  profondeur 
de  l'auteur.  En  1804  ,  l'Institut  de  France 
l'admit  dans  son  sein ,  comme  faisant  par- 
tie de  l'ancienne  académie  ,  et  Bouflers  y 
prononça  ,  en  1805,  V Eloge  du  maréchal 
de  Beauveau  qui  fut  bien  accueilli.  Celui 
qu'il  prononça  pour  l'abbé  Barthélemi  en 
180G ,  n'eut  pas  le  même  succès.  Ces  deux 
Eloges  furent  imprimés  a  Paris ,  in-8°.  Il 
vivait  en  courtisan  auprès  de  la  famille 
de  Bonaparte ,  et  s'occupait  paisiblement 
à  grossir  son  recueil  poétique ,  lorsque 
son  beau-fils,  M.  le  comte  de  Sabran,  fut 
enfermé  à  Vincennes  par  ordre  de  l'em- 
pereur. Ce  coup  inattendu  le  frappa  tel- 
lement qu'il  dépérit  depuis  de  jour  en 
jour.  Il  mourut  au  mois  de  janvier  1815, 
à  Tàge  de  78  ans.  Le  marquis  de  Bouflers 
avait  un  caractère  aimable  et  insouciant, 
et  s'était  fait  de  nombreux  amis.  Son  corps 
fut  inhumé  à  coté  des  restes  de  Delille.  On 
a  dit  de  Bouflers  qu'il  avait  été  abbé  li- 
bertin, militaire  philosophe,  diplomate 
chansonnier,  émigré  patriote,  républi- 
cain courtisan. 
'  BOUG  (  de  ) ,  était  premier  président 


BOU 


163 


BOU 


du  conseil  souverain  d'Alsace ,  et  mourut 
à  Colmar  en  1775.  On  a  de  lui  un  Recueil 
desédits,  déclarations,  lettres- patentes, 
etc.,  du  conseil  d'état  et  du  conseil  sou- 
verain de  l'Alsace  ,  ainsi  que  des  ordon- 
nances et  règlement  concernant  cette  pro- 
vince ,  en  2  vol.  in-folio ,  1777. 

BOUGAIXVILLE  (  Jean-Pierre  de  ) , 
né  à  Paris,  en  1722,  était  fils  d'un  notaire, 
et  fut  élevé  avec  beaucoup  de  soin.  Ses 
talcns  perfectionnés  par  l'éducation ,  lui 
firent  de  bonne  heure  un  nom  célèbre,  et 
lui  procurèrent  les  places  qui  flattent  le 
plus  les  gens  de  lettres  de  Paris.  Il  devint 
pensionnaire  et  secrétaire  de  l'académie 
royale  des  inscriptions,  membre  de  l'a- 
cadémie française  ,  et  de  quelques  autres 
compagnies  étrangères,   censeur    royal. 
garde  de  la  salle  des  antiques  du  Louvre, 
et  l'un  des  secrétaires  ordinaires  du  duc 
d'Orléans.  Le  travail  altéra  sa  santé,  et  il 
fut  vieux  avant  le  temps.  11  mourut  au 
château  de  Loches  en  1763  ,  dans  la  /«.1e 
année  de  son  âge.  Les  qualités  de  son  âme' 
lui  avaient  fait  des  protecteurs  ardens  et 
i\es  amis  tendres.  Dans  ses  écrits,  comme 
dans  ses  mœurs,  tout  fut  louable,  et  rien 
n'annonçait  le  vain  désir  d'être  loué.  Avec 
les  talens  qui  rendent  célèbre,  il  n'aspira 
qu'à  l'honneur  d'être  utile.  L'art  détesta- 
ble de  la  satire,  de  l'intrigue,  de  la  tra- 
casserie (  aujourd'hui  si  commun  parmi 
les  gens  de  lettres)  lui  était  inconnu.  On 
a  de  lui  |  une  traduction  de  Y yJnli- Lu- 
crèce du  cardinal  de  Polignac ,  en  2  vol. 
in-8°,  et  en  un  vol.  in-12,  précédé  d'un 
discours  préliminaire,  plein   d'esprit  et 
de  raison.  Sa  version  respire  partout  l'é- 
légance et  la  force ,  quoiqu'elle  paraisse 
manquer  quelquefois  de  ce  ton  poétique 
qui  doit  caractériser  les  traductions  de 
poèmes  ;  |  Parallèle  de   l'expédition   de 
Thamas-Koulikan  dans  les  Indes ,  avec 
celle  d'Alexandre,  1752,  in-8°,   rempli 
de  savoir ,  d'idées  ,  d'imagination  et  d'é- 
[oquence,  mais  quelquefois  boursoufilé, 
|  Droit  des  Métropoles  grecques  sur  les 
Colonies,  et  les  devoirs  des  colonies  en- 
vers leurs  métropoles ,  Paris ,  1745  ,  in- 
16.  Bougainville  a  publié  les  Mémoires  de 
l'académie    des    inscriptions,    depuis   le 
tome  17e  jusqu'au  tome  24e.  Ils  contien- 
nent un  grand  nombre  de  dissertations 
savantes  dont  il  est  auteur. 

*  BOUGAINVILLE  (  Louis-A\toixe  de), 
frère  du  précédent ,  sénateur  et  comte  de 
l'empire  ,  naquit  à  Paris ,  le  11  novembre 
1729.  Il  fit  ses  études  avec  succès ,  et  en 
sortant  du  collège  à  l'âge  de  22  ans ,  il  se 


faisait  également  remarquer  par  ses  con- 
naissances dans  les  langues  anciennes  ,  et 
par  ses  progrès  dans  les  sciences  exactes. 
Sa  famille  l'ayant  destiné  au  barreau ,  il 
entreprit  l'étude  des  lois  et  fut  reçu  avo- 
cat au  parlement  de  Paris.  Tout  en  se  li- 
vrant à  ce  genre  d'étude,  et  sans  inter- 
rompre ses  travaux  sur  les  mathémati- 
ques ,   pour    lesquelles  il  avoit   marqué 
des  dispositions  peu  communes ,  il  vou- 
lut entrer  dans  la  carrière  militaire  et  se 
lit    inscrire     aux    mousquetaires    noirs. 
Quinze   jours   après   sa  réception    dans 
ce  corps ,   il  publia  la  première   partie 
de  son    Traité  du  calcul  intégral  pour 
servir  de  suite  à  l'Analyse  des  infini- 
ment  petits,  du  marquis  de  l'Hôpital.  En 
1753,  il  entra    comme  aide-major,   dans 
le  bataillon  provincial  de  Picardie.  L'an- 
née suivante  ,  il  devint  aide-de-camp  de 
Chevert ,  qui  commandait  ,  en  175/t ,  le 
camp  de  Sarrelouis.  Il  se  rendit  à  Lon- 
dres dans  l'hiver  de  la  même  année ,  avec 
le  titre  de  secrétaire  d'ambassade  ,  et  fut 
reçu  membre  de  la  Société  royale  de  cette 
ville.   En  septembre  1755 ,  Bougainville 
rejoignit  Chevert  au  camp  de  Richemont. 
Nommé  en  1756 ,  aide-de-camp  du  mar- 
quis de  Montcalm ,  chargé  de  la  défense 
du  Canada ,  il  partit  de  Brest  le  27  mars 
de  !a  même  année ,  avec  le  brevet  de  ca- 
pitaine de  dragons ,  et  reçut  bientôt  le 
commandement  d'un  détachement  d'élite. 
Pendant  la  saison  la  plus  rigoureuse ,  et 
par  une  marche  forcée  de  près  de  soixante 
lieues,  tantôt  à  travers  des  bois  impéné- 
trables et  sur  un  terrain  couvert  de  neige, 
tantôt  sur  les  glaces  de  la  rivière  de  Ri- 
chelieu ,  il  s'avança  jusqu'au  fond  du  lac 
du  Saint-Sacrement ,  où  il  brûla  une  flo- 
tille  anglaise  sous  le  fort  qui  la  protégeait. 
La  charge  de  maréchal-des-logis  du  plus 
grand  corps  d'armée  fut  la  récompense  de 
ce  service  important.  Le  6  juin  1756 ,  un 
corps  de  cinq  mille  Français  se  trouvant 
harcelé  par  une  armée  anglaise  de  vingt- 
quatre  mille  hommes  ,  Bougainville  ou- 
vrit l'avis  courageux  de  les  attendre  de 
pied  ferme.  On  n'eut  que  vingt -quatre 
heures  pour  fortifier  un  camp  retranché. 
La  troupe  française  s'y  arrêta  ,  et  repoussa 
l'ennemi  qui ,  au  bout  de  six  heures  ,  se 
retira  avec  une  perte  de  six  mille  hommes. 
Bougainville  y  fut  blessé  à  la  tète.  En  no- 
vembre suivant,  le  gouverneur  du  Canada, 
qui  ne  se  croyait  pas  en  état  de  défendre 
la  colonie,  l'envoya  demander  des  renforts 
à  la  cour  de  France.  Il  revint  au  Canada  , 
en  janvier  1750,  après  avoir  reçu  du  roi 


BOU  46 

le  grade  de  colonel  à  la  suite  du  régiment 
de  Rouergue ,  et  le  titre  de  chevalier  de 
Saint-Louis.  Le  marquis  de  Monlcahn  le 
nomma  commandant  des  grenadiers  et 
des  volontaires  y  et  lui  ordonna  de  cou- 
vrir ,  avec  ces  deux  corps ,  la  retraite  de 
l'armée  française  lorsqu'elle  se  replia  sur 
Québec.  La  bataille  du  *0  septembre 
1759 ,  où  Montcalm  fut  tue ,  ayant  fuit 
tomber  la  colonie  au  pouvoir  des  Anglais, 
Bougainvillc  revint  en  France,  et  fut  em- 
ployé, en  1761 ,  à  l'armée  d'Allemagne, 
comme  aide-de-camp  de  M.  de  Choiscul- 
Stainville.  Il  s'y  distingua  tellement  que 
le  roi  voulut  le  récompenser  d'une  ma- 
nière particulière  et  lui  lit  don  de  deux 
canons  de  quatre  livres  de  balle  qu'il 
plaça  dans  sa  terre  de  Normandie.  La  paix 
sur  terre  et  sur  mer  qui  survint  en  17G2  , 
décida  Bougainvillc  à  changer  de  carrière  ; 
nous  allons  le  voir  s'illustrer  comme  na- 
vigateur. On  sait  que  les  commerçans  de 
Saint-Malo  ont  eu  de  tout  temps  des  bâti- 
inens  armés  en  course  pour  protéger  leurs  ' 
spéculations.  Bougainville ,  qui  avait  eu 
des  relations  avec  eux  dans  ses  voyages 
au  Canada ,  n'eut  pas  de  peine ,  après  la 
perte  de  cette  colonie ,  à  les  convaincre 
des  avantages  qu'ils  pourraient  retirer 
d'un  établissement  aux  îles  Malouines , 
situées  à  l'autre  extrémité  du  continent 
de  l'Amérique.  Ils  consentirent  à  équiper 
des  navires ,  et  le  roi  lui  accorda  le  rang 
de  capitaine  de  vaisseau ,  avec  la  permis- 
sion de  fonder  à  ses  dépens  un  établisse- 
ment dans  ces  iles.  Il  partit  de  Saint-Malo, 
en  1763 ,  avec  sa  petite  flotte.  Mais  les 
Espagnols ,  jaloux  de  cette  colonie  nais- 
sante qui  se  formait  près  de  leurs  grands 
établissemens ,  iirent  valoir ,  auprès  du 
gouvernement  français  leurs  droits  sur 
les  iles  Malouines ,  et  en  réclamèrent  la 
possession.  Bougainville  fut  charge  de  les 
leur  remettre ,  à  condition  que  la  cour 
d'Espagne  l'indemniserait  de  ses  frais. 
Louis  XV  lui  donna,  pour  remplir  celle 
nouvelle  mission,  le  commandement  de 
la  frégate  la  Boudeuse ,  et  il  partit  de 
Saint-3Ialo  ,  le  15  novembre  1766  ,  accom- 
pagné de  la  flûte  Y  Etoile  J  chargée  de 
vivres.  Dès  qu'il  eut  rendu  les  îles  Ma- 
louines aux  Espagnols  ,  il  entreprit  un 
voyage  autour  du  monde  dont  le  récit  pu- 
blié par  lui-même  est  devenu  son  plus 
beau  titre  de  gloire.  Il  alla  relâcher  à 
Montevideo  ,  dans  la  rivière  de  la  Plata  , 
et  s'y  trouvait  à  l'époque  où  l'on  expulsa 
les  jésuites  des  missions  du  Paraguay. 
On  trouve  dans  sa  relation  des  détails  sur 


I  BOU 

cet  événement ,  qui  n'en  sont  pas  la  partie 
la  moins  intéressante.  Il  lit  ensuite  route 
au  sud ,  et  pénétra  dans  le  grand  Océan 
ou  mer  du  sud ,  par  le  détroit  de  Magel- 
lan. Ce  ne  fut  qu'à  force  d'intrépidité  et 
d'habileté  qu'il  parvint  à  surmonter  les 
dangers  de  toute  espèce  qui  le  menacèrent 
dans  ce  passage  périlleux.  Il  rencontra 
sur  sa  route ,  à  près  de  mille  lieues  des 
cotes  occidentales  d'Amérique,  un  groupe 
d'iles  ,  qu'il  nomma  Archipel  dangereux , 
situé  entre  le  17e  degré  et  le  19<:  et  demi 
de  latitude  sud  ,  et  dont  l'étendue  en  lon- 
gitude est  d'environ  sept  degrés.  Il  recon- 
nut ensuite  les  iles  de  la  Société,  et  re- 
lâcha à  Ô-Taili ,  la  plus  importante  de  ces 
îles,  et  que  les  Espagnols  avoient  nom- 
mée Sagitlaria.  Djlà  il  lit  route  à  l'ouest, 
découvrit  l'archipel  des  Navigateurs  ,  puis 
traversa  la  partie  septentrionale  d'un 
autre  archipel ,  qu'il  appela  les  Grandes- 
Cyclades,  dans  la  persuasion  où  il  était 
qu'il  l'avait  découvert  le  premier.  Mais 
dès  1606 ,  Quiros  avait  navigué  dans  ces 
parages,  et  donné  aux  îles  qui  s'y  trouvent 
le  nom  de  Terres  du  Saint-Esprit.  Ce  sont 
les  mêmes  îles  que  Cook  visita  en  entier 
en  1774 ,  et  qu'il  nomma  Nouvelles-Hé- 
brides. La  Nouvelle-Hollande  n'était  pas 
encore  bien  connue ,  et  Bougainville  se 
flatloit  de  pouvoir  sortir  du  grand  Océan, 
en  suivant  le  parallèle  de  lo  ou  16  degrés 
de  latitude  sud.  Il  rencontra  sur  cette 
route  un  écueil  à  fleur  d'eau  à  environ 
cent  vingt  lieues  de  la  côte  orientale  de 
cette  grande  île;  parvint  à  l'éviter,  con- 
tinua sa  route  à  l'ouest  et  eut  connaissance, 
à  quarante-cinq  lieues  plus  loin,  d'un  autre 
récif  très  étendu.  Le  manque  de  vivres 
l'empêcha  heureusement  de  s'engager 
dans  un  parage  qui  pouvait  être  funeste  ; 
il  se  dirigea  vers  le  nord ,  contourna  la 
partie  septentrionale  de  la  nouvelle  Gui- 
née ,  et  fut  arrêté  dans  cette  nouvelle 
route  par  une  terre  inconnue  qu'il  nom- 
ma la  Louisiade.  Il  évita  néanmoins  de 
faire  roule  à  l'ouest ,  où  il  aurait  trouvé 
la  chaîne  continue  de  récifs  qui  barrent: 
le  détroit  situé  entre  la  Nouvelle-Guinée 
et  la  Nouvelle-Hollande  ,  et  qui  cernent 
cette  dernière  île  presque  en  entier.  Plu- 
sieurs frégates  anglaises  s'y  sont  perdues 
depuis ,  et  Cook  s'y  est  vu  en  danger  de 
périr.  Bougainville  fut  obligé  de  lutler 
contre  les  vents  de  sud-est ,  qui  sont  con- 
stans  clans  celte  partie  du  globe,  et  de  lou- 
voyer pour  passer  à  l'est  des  terres  de  la 
Louisiade.  Enfin  il  arriva  ,  après  une  na- 
vigation de  quinze  jours ,  au  cap  le  plus 


BOXJ  M 

Oriental ,  qu'il  appela  le  Cap  de  la  Déli- 
vrance. 11  passa  ensuite  le  détroit  de  Bou- 
gainville ,  qui  sépare  les  îles  Salornon  de 
la  grande  île  qui  porte  aussi  son  nom  , 
vint  relâcher  au  port  Pralin ,  près  de 
l'extrémité  de  la  Nouvelle-Irlande,  décou- 
vrit un  grand  nombre  d'iles  en  poursui- 
vant sa  route  ,  relâcha  encore  au  port  de 
Cajeli  dans  l'île  Bouron  ,  prèsd'Amboinc, 
et  de  là  se  rendit  à  Batavia  ,  d'où  il  fit  voile 
pour  la  France.  Il  arriva  à  Saint-Malo  le 
16  mars  17G9.  Bougainville  avoit  déjà  don- 
né,  |  un  Traité  du  calcul  intégral ,  Paris  , 
17.%  — 1756 ,  2  vol.  in-i°.  |  La  relation  de 
son  Voxjage  autour  du  monde  par  la  fré- 
aate  du  roi  la  Boudeuse ,  etc.,  fut  publiée 
a  Paris  ,  en  1771 ,  in-4°  ;  1772,  2  vol.  in-8°, 
avec  figures  ;  elle  obtint  un  succès  prodi- 
gieux et  fut  traduite  en  anglais  par  J.  R. 
Forster ,  Londres  1772,  in-&°.  L'abrégé  en 
a  été  traduit  en  allemand ,  Leipsick,  1772, 
petit  in-8°.  Cette  relation  ne  fait  pas  moins 
d'honneur  à  l'humanité  qu'à  l'habileté  de 
Bougainville ,  qui  se  plaça  par  celte  cam- 
pagne au  rang  des  plus  illustres  naviga- 
teurs. Il  est  le  premier  français  qui  ait  fait 
le  tour  du  monde.  Les  soins  qu'il  prit  de  ses 
équipages  prévinrent  les  maladies  conta- 
gieuses ,  et  à  son  retour  en  France  ,  il  n'a- 
vait perdu  que  sept  hommes  sur  les  deux 
bâtiinens  qui  étaient  sous  ses  ordres.  Il 
sut  aussi  par  sa  douceur  se  concilier  l'a- 
mitié des  sauvages.  Trente  ans  après  son 
départ  de  l'île  Bourou  ,  les  Français  de 
l'expédition  du  contre-amiral  d'Entrecas- 
teaux  y  virent  deux  vieillards  qui  l'avaient 
connu  ,  et  qui  versèrent  des  larmes  d'at- 
tendrissement,  en  entendant  prononcer 
son  nom.  Bougainville  commanda  avec 
la  plus  grande  distinction  des  vaisseaux 
de  ligne  ,  pendant  la  guerre  d'Amérique. 
H  fut  promu,  en  1779,  au  grade  de  chef 
d'escadre  ,  et ,  l'année  suivante  ,  à  celui 
de  maréchal-de-camp  dans  les  armées  de 
teire.  Il  avait  projeté  un  voyage  au  pôle, 
que  l'arrivée  du  comte  de  Brienne  au  mi- 
nistère l'empêcha;  d'exécuter.  En  1790,  il 
fut  envoyé  pour  calmer  les  troubles  qui 
s'étaient  manifestés  dans  l'armée  navale 
de  Brest ,  commandée  par  M.  d'Albert 
de  Rions  ,  qu*il  remplaça  dans  son  grade. 
Mais  dans  ces  temps  de  délire  ,  tout  effort 
pour  rétablir  l'ordre  était  inutile  ,  et  Bou- 
gainville se  retira  ,  après  plus  de  quarante 
ans  d'éclatans  services.  Il  fut  élu  à  l'insti- 
tut dans  la  section  de  géographie  ,  en  1796, 
puis  nommé  membre  du  bureau  des  lon- 
gitudes ,  et  accepta  le  titre  de  sénateur , 
lois  de  la  création  du  sénat.  Il  est  mort  le 


à*  BOXJ 

."îl  août  1811,  ilans  sa  82e  année ,  laissant 
trois  eufans.  Commerson,  qui  l'avait  ac- 
compagné ,  comme  botaniste ,  dans  son 
voyage  autour  du  inonde  ,  lui  a  dédié  un 
des  nombreux  genres  qu'il  eut  occasion 
de  créer  ;  il  appartient  à  la  famille  des 
nyetagynées  ou  bell:;s-de-nuil ,  et  a  reçu 
de  ce  botaniste  le  nom  de  Buginvillœa. 
On  a  faussement  attribué  à  Bougainville 
un  Essai  sur  l'ile  d'O-Tàiti  ,  1779  ,  in  -8°. 
Cet  ouvrage  est  de  Tailbout. 

BOUGEANT  (Guillaume-Hyacinthe ), 
né  à  Quimper  en  1690 ,  jésuite  en  1706  , 
mourut  à  Paris  en  1745.  Après  avoir  pro- 
fessé les  humanités  à  Caen  et  à  Nevers, 
il  vint  au  collège  de  Louis  le  Grand  à  Pa- 
ris, et  n'en  sortit  que  dans  son  court  exil 
à  la  Flèche,  occasioné  par  son  Amusement 
philosophique  sur  le  tangage  des  bêtes. 
Ce  livre  adressé  à  une  dame,  est  plein  de 
grâces  et  de  saillies.  Ce  que  le  jésuite  n'a 
présenté  que  comme  un  badinage  (  que 
les  démons  animent  les  brutes),  a  été 
adopté  comme  un  système  vrai  par  Ram- 
say  dans  ses  Phylosophical  primipes, 
imprimés  à  Glascow  en  1749;  un  savant 
professeur  allemand  lui  donne  la  préfé- 
rence sur  celui  de  Descartes  (  Philos, 
eccl.  a  rel.  monast.  divi  Ettonis,  procu- 
rante P.  Gallo  Cartier,  Aug.  Vindel. 
1756  ).  Le  Père  Bougeant  connaissait  aussi 
le  langage  du  pays  de  Romande,  dont  il 
publia  le  voyage  sous  le  nom  de  Fanfé- 
rédin.  Il  connaissait  mieux  encore  celui 
de  la  société  et  de  l'amitié ,  et  il  fut  autant 
recherché  pour  l'enjouement  de  son  ca- 
ractère que  pour  ses  lumières.  Les  tra- 
vaux et  les  chagrins  qu'il  essuya  hâtèrent 
sa  mort.  On  a  de  lui  plusieurs  ouvrages 
qui  ont  rendu  sa  mémoire  illustre  :  |  His- 
toire des  guerres  et  des  négociations  qui 
précédèrent  le  traité  de  JVestphalie,  sous 
les  ministères  de  Richelieu  et  de  Maza- 
rin,  2  vol.  in-12.  Cet  ouvrage  rempli  de 
faits  curieux  ,  est  écrit  avec  élégance  et 
avecnoblesse.il  paraît  que  l'auteur  était  né 
avec  des  t'alens  pour  la  politique  ,  du  dis- 
cernement, de  la  pénétiation  et  du  goût; 
|  Histoire  du  traité  de  TVestphalie ,  2 
vol.  inr-4°,  ou  k  vol.  in-12  ,  MUU.  :  la  sa- 
gesse des  réflexions ,  les  recherches  cu- 
rieuse-* et  intéressantes,  le  développe- 
ment des  caractères  et  des  ruses  des  né- 
gociateurs ,  l'élégante  précision  du  style, 
pur  sans  affectation  et  agréable  sans  an- 
tithèses, lui  ont  fait  donner  un  rang  dis- 
tingué parmi  les  meilleures  histoires.  Le 
prince  Eugène  ne  pouvait  comprendra 
qu'un  religieux ,  qui   n'avait  jamais  été 


nou 


&G6 


BOU 


employé  dans  aucune  affaire  publique,  et 
qui  devait  ignorer  ce  que  c'était  que  la 
guerre  ,  eût  pu  parler  si  bien  de  cet  art  et 
de  la  politique.  Cet  ouvrage  et  le  précé- 
dent ont  été  réunis  et  réimprimés  en  6 
vol.  in-12,  1751.  |  Exposition  de  la  doc- 
trine chrétienne  par  demandes  et  par 
réponses  s  divisée  eno  catéchismes,  l  his- 
torique, le  dogmatique  et  le  pratique , 
in-4°,  et  en  4  vol.  in-12  :  un  des  meilleurs 
catéchismes  raisonnes  que  nous  ayons  en 
français  ,  et  peut-être  le  meilleur  en  ce 
genre ,  si  on  excepte  celui  de  Bourges  et 
celui  de  Montpellier.  11  y  a  cependant  des 
endroits  négligés,  l'auteur  n'ayant  pu  y 
mettre  la  dernière  main.  Les  Allemands  en 
ont  donné  une  bonne  traduction  en  1780. 
|  Amusement  philosophique  sur  le  lan- 
gage des  bêles,  1  vol.  in-12,  dont  nous 
avons  parlé  ci-dessus.  C'est  une  débauche 
d'imagination ,  qui  lui  causa  bien  des  cha- 
grins. L'auteur  se  rétracta  dans  une  lettre 
à  l'abbé  Savalette,  conseiller  au  grand 
conseil;  elle  se  trouve  dans  l'édition  de 
Paris  ,  1785  ,  avec  une  critique  des  Amu- 
semens,  où  il  y  a  de  bonnes  réflexions  et 
un  peu  trop  de  satire  personnelle.  |  Re- 
cueil d'observations  physiques  ,  tirées  des 
meilleurs  écrivains,  5  vol.  in-12  ;  le  2,:  et 
le  5e  sont  du  Père  Grozellier  prêtre  de 
l'Oratoire  ;  le  4e ,  d'une  autre  main ,  n'a 
paru  qu'en  1771.  |  Trois  comédies  en 
prose  :  la  Femme  docteur,  ou  la  Théolo- 
gie en  quenouille;  le  Saint  déniché;  les 
Quakers  français,  ou  les  nouveaux  Trem- 
bleurs:  il  y  a  du  sel  dans  plusieurs  scènes., 
niais  on  éprouve  quelque  ennui  dans  d'au- 
tres. |  Traité  sur  la  forme  de  l'Eucharis- 
tie, 2  vol.  in-12  \  Anacréon  et  Sapho, 
dialogue  en  vers  grecs,.  Caen,  1712,  in- 
8° ,  etc. 

BOUGE11EL  (  Joseph  ),  prêtre  de  l'O- 
ratoire d'Aix  ,  mort  à  Paris  en  1755,  s'est 
fait  connaître  par  |  sa  Vie  de  Gassendi  , 
Paris,  1757,  in-12;  curieuse ,  mais  trop 
prolixe.  On  a  encore  de  lui  |  des  Mémoi- 
res pour  servira  l'histoire  des  Hommes 
illustres  de  Provence,  où  l'on  trouve  une 
érudition  recherchée ,  et  un  style  plat  et 
lourd.  Il  n'a  publié  qu'un  vol.  in-12  (  Pa- 
ris 1752  )  de  cet  ouvrage ,  qui  devait  for- 
mer 4  vol.  in-4°.  |  Idée  géographique  <de 
la  France  4747,  2  vol.  iu-12;  ouvrage 
peu  recherche. 

*  BOUGES  (  le  père  Thomas  ) ,  religieux 
augustin  de  la  province  de  Toulouse  ,  né 
en  1GG7,  enseigna  long-temps  la  théologie, 
s'adonna  ensuite  à  l'histoire,  et  mourut 
à  Paris  le  17  décembre  1741. On  a  de  lui: 


|  Dissertation  sur  les  soixante-dix  semai- 
nes de  Daniel,  Toulouse,  1702,  in-12; 
|  Histoire  du  saint  suaire  de  N.  S.  Jésus- 
Christ  ,  gardé  dans  l'église  des  augustins 
de  Carcassonne,  1752,  in-12,  où  l'on 
trouve  quelques  faits  curieux;  |  une  édi- 
tion du  Journal  de  Henri  77^  par  l'Es- 
toile,  1741,  4  vol.  in-8° ,  qu'il  a  enrichie 
de  notes  curieuses  et  de  plusieurs  pièces 
historiques  du  temps,  faussement  attri- 
buée à  Lenglel-Dufresnoy;  |  Histoire  ec- 
clésiastique et  civile  de  la  ville  et  diocèse 
de  Carcassonne ,  Paris,  1741,  in-4°,  esti- 
mée pour  son  exactitude. 

*  BOUGIS(don  Sinon),  savant  et  pieux 
bénédictin ,  né  à  Séez  en  1(350  ,  d'une  fa- 
mille distinguée,  entra  dans  l'abbaye  de 
Vendôme  en  1651 ,  devint  sous-prieur  de 
Marmoûtier  en  16(>0,  secrétaire  du  gé- 
néral de  l'ordre  don  Vincent  Marsolle , 
en  1662,  puis  prieur  de  Saint-Denis.  En 
1669,  voyant  qu'on  voulait  le  nom  nier  gé- 
néral, il  s'enfuit;  mais  ii  ne  lit  que  re- 
larder de  quelques  années  l'époque  de 
son  élection,  qui  eut  lieu  l'an  1675.  Il 
gouverna  la  congrégation  avec  sagesse, 
jusqu'à  l'âge  de  82  ans  et  se  lit  alors  dé- 
charger de  ses  fonctions  ;  il  mourut  deux 
ans  après ,  le  1er  juillet  1714 ,  et  fut  inhumé 
auprès  du  Père  Mabillon.On  lui  doit  |  Mé- 
ditations pour  les  novices,  1714 ,  in-4°  ; 
|  Méditations  pour  tous  le  s  jour  s  de  Vannée 
2  vol.  in-4°;  |  Méditations  sur  les  princi- 
paux devoirs  de  la  vie  religieuse.  2  vol. 
in-4°. 

BOUGON  (  N.  ),  remplissait  en  1793  les 
fonctions  de  procureur-général  du  dépar- 
tement du  Calvados;  ayant  embrassé  le 
parti  des  Girondins  ,  il  travailla  à  l'insur- 
rection de  ce  département.  Mais  l'armée 
qui  s'avançait  sur  Paris,  ayant  été  mise 
en  déroule  ,  et  la  Convention  l'ayant  mis 
hors  la  loi,  Bougon  rejoignit  Puisaye  dans 
la  Bretagne ,  et  le  suivit  derrière  la  Loire. 
Fait  prisonnier  avec  le  prince  de  Talmont 
à  la  bataille  du  Mans,  il  fut  conduit  à 
Laval ,  et  fusillé  par  ordre  du  représen- 
tant du  peuple  Esnu-La vallée. 

BOUGOUINC  (  Simon  ),  poète  français, 
valet-de-chambre  de  Louis  XII,  est  auteur 
de  la  moralité  de  l'Homme  juste  et  de 
l'Homme  mondain,  avec  le  Jugement  de 
l'âme  dévole  (  rare  ) ,  Paris ,  1508  ,  in-4°, 
et  de  l' Epine tte  du  jeune  prince ,  Paris, 
1508  et  1514,  in-fol.  Il  traduisit  aussi  les 
Vies  de  Caton  d'Ulique,  de  Scipion* 
d'Annibal,  de  Romulus  et  de  Pompée. 
Ces  traductions  qu'il  fit  sur  des  versions 
latines  sont  restées  manuscrites. 


BOU 


/i.G7 


BOU 


BOUGUER  (  Piéride  ),  naquit  au  Croi- 
sic  en  i698,  d'un  professeur  royal  d'hy- 
drographie, qui  perfectionna  ses  disposi- 
tions naissantes  pour  les  hautes  sciences. 
L'académie  des  sciences  de  Paris  cou- 
ronna en  1727  son  Mémoire  sur  la  mâ- 
ture des  vaisseaux,  et  se  l'associa  en  1751. 
Il  eut  part  aux  observations  faites  par 
ordre  de  l'académie ,  conjointement  avec 
Pingre,  Camus  et  Cassini ,  pour  la  me- 
sure d'un  degré  du  méridien.  Il  fut  choisi 
en  1736,  avec  MM.  Godin  et  de  la  Con- 
damine  ,  pour  aller  au  Pérou  ,  mesurer  à 
l'équateur  un  degré  de  latitude,  opération 
qui  servit  à  déterminer  la  figure  de  la 
terre;  ce  voyage  ne  répondit  point  aux 
espérances  que  l'on  en  avait  conçues.  Il 
travailla  pendant  trois  ans  au  Journal 
des  Savans.  On  a  de  lui  un  grand  nombre 
d'ouvrages  recherchés  par  les  géomètres. 
La  Relation  de  son  voyage  au  Pérou  se 
trouve  dans  les  Mémoires  de  l'académie 
des  Sciences ,  de  l'année  1744.  Elle  est 
écrite  avec  moins  d'élégance  que  celle  de 
M.  de  la  Condamine  ,  mais  elle  peut  pa- 
raître à  quelques  égards  plus  exacte.  Bou- 
guer travaillait  beaucoup  et  avec  peine  : 
aussi  ses  ouvrages  lui  étaient  si  chers , 
que  leur  réputation  formait  presque  son 
existence.  Cette  sensibilité  extrême  de 
son  amour-propre  lui  causa  une  foule  de 
maux ,  auxquels  il  succomba ,  à  l'âge  de 
63  ans ,  en  1738.  Cet  académicien  ayant 
passé  une  partie  de  sa  vie  en  province , 
avait  contracté  dans  la  solitude  une  in- 
flexibilité ,  une  rudesse  de  caractère  que 
la  société  ne  put  adoucir.  Le  peu  de  con- 
naissance qu'il  avait  des  hommes,  le  ren- 
dait inquiet  et  déliant.  Il  était  porté  à  re- 
garder ceux  qui  s'occupaient  des  mêmes 
objets  que  lui ,  comme  des  ennemis  qui 
voulaient  lui  enlever  une  partie  de  sa 
gloire.  Il  eut  avec  M.  delà  Condamine  des 
disputes  qui  répandirent  de  l'amertume 
sur  sa  vie  ;  parce  que  cet  académicien, 
plus  insinuant  que  lui ,  sut  mettre  un  cer- 
tain public  de  son  côté.  Bouguer  est  L'in- 
venteur de  l'héiiomètre  ou  lunette  à  deux 
objectifs ,  pour  mesurer  les  diamètres  ap- 
pareils du  soleil ,  et  des  planètes  :  il  a  fait 
on  grand  nombre  d'expériences  sur  la 
longueur  du  pendule  simple  à  différentes 
latitudes  ;  elles  sont  rapportées  dans  son 
livre  de  la  Figure  de  la  terre.  Il  a  fait  des 
recherches  sur  la  dilatation  des  métaux. 
les  densités  de  l'air,  les  réfactions  at- 
mosphériques; enfin  sur  une  infinité 
d'objets  de  physique,  de  géométrie  et 
d'astronomie.  Egaré  dans  les  sentiers  d'une 


fausse  philosophie  ,  Bouguer  eut  le  bon- 
heur d'en  être  ramené  par  un  savant  et 
zélé  religieux  ,  et  d'avoir  une  fin  très 
chrétienne.  (  Voyez  la  Relation  de  la  con- 
version et  de  la  mort  de  M.  Bouguer,  par 
le  Père  Laberthonie  ,  dominicain  ,  Paris, 
1784,  in-12.  )  Nous  avons  de  Bouguer 
plusieurs  ouvrages  ;  les  principaux  sont 
|  La  Construction  du  navire J  1746 ,  in-4°  ; 
|  ta  Figure  de  la  terre,  1749,  in-4°; 
|  Traité  d'optique,  1760,  in-4°;|  la  Ma- 
nœuvre  des  vaisseaux,  1757,  in-4°  ;  |  Trai- 
té de  la  navigation  ,  1755  ,  in-4",  donné , 
depuis  par  M.  de  la  Caille  ,  17G1 ,  in-8", 
etc. 

*BOUïIÉRE\U  (  Elie  ),  ministre  pro- 
testant, et  savant  médecin,  demeurait  à 
la  Rochelle  en  1679.  C'est  à  lui  que  Lcfèvre 
de  Saumur  a  écrit  tant  de  lettres.  Il  est 
probable  qu'il  sortit  de  France  à  l'époque 
de  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes.  Il  fut 
ensuite  attaché,  en  qualité  de  secrétaire, 
à  milord  Galloway ,  auquel  il  dédia  sa 
traduction  française  du  Traité  d'Origène 
contre  Celse,  Amsterdam,  1700,  iu-4°. 
Cette  traduction  avait  été  revue  et  cor- 
rigée par  Conrard  ,  de  l'académie  fran- 
çaise ,  ami  de  Bouhéreau,  qui  lui  envoyait 
successivement  les  cahiers.  Elle  est  sui- 
vie de  notes  et  de  corrections  faites  sur 
le  texte  grec  d'Origène  de  l'édition  de 
Cambridge  ,  1677  ,  in-4°,  et  de  remarques 
grammaticales  et  critiques  sur  cette  même 
traduction. 

BOUHIER  (  Je  vx  ) ,  président. à  mor- 
tier au  parlement  de  Dijon  ,  naquit  dans 
cette  ville  le  17  mars  1675.  Ses  talens  poul- 
ies lettres,  les  langues  et  la  jurisprudence 
se  développèrent  de  bonne  heure.  L'aca- 
démie française  lui  ouvrit  ses  portes  en 
1727.  Il  mourut  à  Dijon  en  1746,  entre 
les  bras.du  Père  Oudin  Jésuite,  son  ami , 
dans  les  sentimens  de  religion  qu'il  avait 
eus  toute  sa  vie.  Le  président  Bouhier 
s'adonna  à  la  poésie  dès  sa  jeunesse.  Ce 
fut  d'abord  pour  égayer  les  occupations 
de  son  état ,  ensuite  pour  avoir  un  soula- 
gementcontrelcsdouleursde  la  goutte.  On 
a  de  lui  |  La  traduction  en  vers  du  poème 
de  Pétrone  sur  la  guerre  civile  ,  et  de 
quelques  mor:  eaux  d'Ovide  et  de  Virgile. 
Ses  vers  ne  manquent  pas  d'une  certaine 
élégance ,  mais  ils  sont  quelquefois  né- 
gligés. Les  remarques  dont  il  a  accom- 
pagné ses  versions,  sont  du  savant  le 
plus  profond.  |  La  traduction  des  Tuscu- 
lanes  de  Cicéron ,  avec  l'abbé  d'Olivct. 
Les  morceaux  du  président  Bouhier  sont 
fidèles  ;  mais  on  y  désirerait  quelquefois 


BOL" 


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BOU 


pi  us  de  précision.  |  Des  Lettres  sur  les 
Thérapeutes  ,  1712  ,  in-12.  |  Des  Disserta- 
tions sur  Hérodote,  avec  des  mémoires 
sur  la  vie  de  l'auteur,  et  un  catalogue  de 
ses  ouvrages  imprimés  par  le  Père  Oudin, 
jésuite  ,  Dijon,  1746  ,  in-4°.  D'habiles  cri- 
tiques trouvent  que  ces  recherches ,  fruit 
des  premières  études  de  l'auteur,  ne  sont 
qu'un  recueil  des  remarques  que  l'on  avait 
faites  avant  lui.']  Dissertation  sur  le  grand 
Pontificat  des  empereurs  romains,  Pa- 
ris ,  1742  ,  in-12  ;  |  Explications  de  quel- 
ques marbres  antiques,  Paris ,  1753 ,  in- 
t°  ;  |  Des  ouvrages  de  jurisprudence ,  etc. 
etc.  Sa  Coutume  de  Bourgogne,  Dijon, 
1747 ,  2  vol.  in-fol.  est  le  plus  recherché. 
On  fait  cas  aussi  de  sa  Dissolution  du 
mariage,  pour  cause  d'impuissance ,  in- 
8°.  Tous  ces  écrits  respirent  l'érudition. 
M.  JolydeBévy  adonné  une  édition  com- 
plète de  ses  OEuvres  de  jurisprudence , 
Paris  ,  1787  ,  in-fol.  Le  Père  Oudin  a  fait 
son  Eloge  en  latin ,  sous  le  titre  de  Com- 
mentarius  de  vitâ  et  scriptis  Joannis 
Bueri. 

BOUHOURS  (  Dominique  )  ,  né  à  Paris 
en  1628,  jésuite  à  l'âge  de  16  ans,  fut 
chargé ,  après  avoir  professé  les  humani- 
tés ,  de  veiller  à  l'éducation  des  deux 
jeunes  princes  de  Longueville,  et  ensuite 
à  celle  du  marquis  de  Seignelay ,  fils  du 
grand  Colbert.  Il  mourut  en  1702  ,  après 
avoir  été  toute  sa  vie  sujet  à  de  violens 
maux  de  tête.  C'était  un  homme  poli ,  dit 
l'abbé  de  Longuerue,  ne  condamnant  per- 
sonne ,  et  cherchant  à  excuser  tout  le 
monde.  On  a  de  lui  :  |  Les  Entretiens  d'A- 
yiste  et  d'Eugène,  in-12,  1671.  Cet  ou- 
vrage eut  beaucoup  de  cours  dans  sa  nais- 
sance, malgré  le  slyle  affecté  qui  s'y 
montre  à  chaque  page.  On  y  voit  un  bel 
esprit,  mais  qui  veut  trop  le  paraître.  La 
nation  allemande  fut  fort  choquée  de  ce 
qu'il  avait  osé  mettre  en  question  dans  ce 
livre  Si  un  allemand  peut  être  un  bel 
sspril?  Il  est  sûr  que  cette  question  dut 
paraître  au  premier  coup-d'œil  une  in- 
jure. Mais  si  l'on  fait  attention  que  les 
Allemands  ne  s'occupaient  guère  alors 
que  d'ouvrages  laborieux  et  pénibles ,  qui 
ne  permettaient  pas  qu'on  y  semât  les 
fleurs  du  bel  esprit ,  on  ne  doit  pas  trou- 
ver mauvais  que  l'écrivain  jésuite  ail  fait 
entendre  ,  d'après  le  cardinal  du  Perron, 
que  les  Allemands  ne  prétendaient  pas  à 
l'esprit.  Barbier  d'Aucour  en  publia  dans 
le  temps  une  critique ,  dans  laquelle  il  ré- 
pandit également  les  plaisanteries  et  les 
réflexions,  j  La  vérité  de  la  religion  chré- 


tienne ,  irad.  de  l'italien  du  marquis  de 
Pianèse,  in-12.  |  Remarques  et  doutes  sur 
la  langue  française,  3  vol.  in-12.  Il  yen 
a  quelques-unes  de  justes ,  et  d'autres 
puériles.  On  a  placé  l'auteur,  dans  le 
Temple  du  goût,  derrière  les  grandi 
hommes,  marquant  sur  des  tablettes  tou- 
tes les  négligences  qui  échappent  au  génie. 
|  La  manière  de  bien  penser  dans  les  ou- 
vrages d'esprit ,  in-12.  On  publia  contre 
ce  livre,  les  Sentimens  de  Clé  arque  ,  fort 
inférieurs  à  ceux  de  Cléanthe ,  par  Bar- 
bier d'Aucour.  Cette  critique  n'empêcha 
point  que  l'ouvrage  ne  fût  estimé,  comme 
un  des  meilleurs  guides  pour  conduire 
les  jeunes  gens  dans  la  littérature.  Il  pèse 
ordinairement  avec  équité  les  écrivains 
anciens  et  modernes.  Les  Concetti  du 
Tasse ,  et  quelques  auteurs  italiens  ,  sont 
jugés  sévèrement  à  ce  tribunal.  Le 
style  en  est  aussi  élégant  que  celui  des 
Entretiens  d'Arisle ,  mais  moins  recher- 
ché et  plus  pur.  |  Pensées  ingénieuses  des 
anciens  et  des  modernes  ,  in-12.  Ce  sont 
les  débris  des  matériaux  qu'il  avait  amas- 
sés pour  l'ouvrage  précédent.  |  Pensées 
ingénieuses  des  Pères  de  l'Eglise ,  in-12. 
L'auteur  l'entreprit  pour  faire  tomber  ce 
que  disaient  ses  adversaires.  Ils  l'accu- 
saient de  ne  lire  que  Voiture,  Sarasin, 
Molière  ,  etc.  et  de  rechercher  les  dames, 
pour  recueillir  les  pointes  qui  leur  échap- 
paient, et  en  orner  ses  livres.  Le  peu  de 
succès  qu'eurent  les  Pensées  des  Pères 
de  l'Eglise,  contribua  à  confirmer  ces 
idées ,  au  lieu  de  les  détruire.  On  pensa 
que  l'auteur  ne  devait  pas  les  avoir  beau- 
coup lus  ,  puisqu'il  avait  trouvé  chez  eux 
si  peu  de  pensées  ingénieuses.  |  L'His- 
toire du  grand-maître  d1  Aubusson ,  in- 
4°,  1776,  écrite  purement;  |  Les  Vies  île 
saint  Ignace,  in-12,  et  de  saint  François* 
Xavier ,  in-4° ,  et  2  vol.  in-12  ,  écrites 
d'une  manière  intéressante,  propre  à 
nourrir  les  sentimens  de  piété  et  le  zèle 
pour  la  religion.  |  Relation  de  la  mort  de 
Henri  II ,  duc  de  Longueville ,  Paris, 
1663  ,  in-4°  ;  ce  fut  son  premier  ouvrage. 
|  Une  traduction  française  du  Nouveau 
Testament,  qui  a  le  mérite  de  la  fidélité 
et  d'un  langage  pur,  2vol.  in-12,  1697- 
1703.  Le  Père  Lallemant  a  adopté  cette 
version  dans  ses  Réflexions  sur  le  Nou- 
veau Testament. 

lîOUILLYRT  (don  Jacques),  béné- 
dictin de  la  congrégation  de  Saint-Maur , 
né  en  1669  à  Meulan  au  diocèse  de  Char- 
tres, mort  à  Saint-Germain-des-Prés  en 
1726 ,  était  aussi  connu  par  la  solidité  de 


BOU 


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BOTJ 


son  esprit,  crue  par  la  pureté  de  ses 
mœurs.  On  a  de  cet  auteur  une  savante 
édition  du  Martyrologe  d'Usuard,  copiée 
sur  l'original  même  de  l'auteur,  Paris, 
1718 ,  in-/!.".  On  a  encore  de  lui  Y  Histoire 
de  l'abbaye  de  St.-Germain-des-Prés , 
Paris,  1724 ,  in-fol.,  ouvrage  plein  de  re- 
cherches. Bouillart  s'occupait  d'une  his- 
toire de  la  congrégation  de  Saint-Maur  t 
lorsque  la  mort  l'interrompit  dans  son 
travail. 

BOUILLAUD  ou  BOULLIAU  (Ismael), 
naquit  à  Loudun  en  1605 ,  de  parens  pro- 
testans.  Il  quitta  cette  religion  à  l'âge  de 
25  ans,  et  entra  aussitôt  dans  l'état  ecclé- 
siastique. Les  belles-lettres ,  l'histoire,  les 
mathématiques,  le  droit  et  la  théologie 
l'occupèrent  tour  à  tour.  Il  se  retira  dans 
ses  derniers  jours  à  l'abbaye  de  St.-Victor 
à  Paris ,  et  y  mourut  en  1694 ,  à  l'âge  de 
89  ans ,  emportant  les  regrets  de  tous  les 
savans.  Il  était  en  commerce  de  lettres 
avec  ceux  d'Italie ,  d'Allemagne ,  de  Po- 
logne et  du  Levant,  qu'il  avait  connus 
dans  les  voyages  qu'il  avait  faits  en  ces 
différens  pays.  On  a  de  lui  :  |  Opus  no- 
vum  ad  arithmeticam  infinilorum ,  en 
6  livres,  1682,  un  vol.  in-fol.;  |  Aslro- 
nomia  philoldica,  où  le  mouvement  des 
planètes  est  bien  expliqué;  |  Discours 
sur  la  ré  formation  des  quatre  ordres  re- 
ligieux niendians,  et  la  réduction  de  leurs 
couvens  à  un  nombre  déterminé J  ouvrage 
compose  par  ordre  de  M.  de  Lionne  ; 
|  une  édition  de  Y  Histoire  de  Ducas ,  en 
grec,  avec  une  version  latine  et  des 
notes,  etc. 

BOUILLE  (Pierre),  jésuite,  profes- 
seur de  grec  et  d'humanités ,  recteur  des 
collèges  de  Liège  et  de  Dinant,  né  à  Di- 
nant-sur-Meuse ,  vers  1572,  mourut  à 
Valenciennes  en  1641.  On  a  de  lui  :  |  une 
Ode  en  vers  grecs,  insérée  dans  le  traité 
de  Lessius.  |  Dejusliliâ  et  jure ,  Louvain , 
1605,  in-fol.  ;  |  Histoire  de  l'origine  de  la 
dévotion  de  N.-D.  de  Foy ,  Douai,  1620 , 
in-12  ;  |  Histoire  de  N.-D.  de  Bonne-Es- 
pérance, près  de  Valenciennes,  1630, 
in-12;  |  Histoire  de  N.-D.  de  Miséricorde \ 
lionorée  chez  les  carmélites  de  Marchien- 
nes-au-Pont,  1641,  in-12. 

BOUILLE  (  Tiiéodose  ),  carme-chaussé, 
bachelier  de  la  faculté  de  Sorbonne ,  mort 
à  Liège  en  1743 ,  est  connu  par  une  His- 
toire de  la  ville  et  pays  de  Liège,  5  vol. 
in-fol.,  Liège,  1725-1732.  Cette  Histoire, 
écrite  d'un  style  fort  négligé ,  manque  de 
critique  ;  il  y  a  de  grandes  lacunes ,  et  les 
dits  sont  peu  développés.  Ce  sont  plutôt 


des  Mémoires  pour  servir  à  Y  Histoire  de 
Liège.  On  les  lit  cependant  avec  plaisir, 
à  raison  de  la  candeur  et  de  la  bonhomie 
qui  y  régnent ,  et  qui  concilient  tout  au- 
trement l'attention  et  la  confiance ,  que 
les  pantalonades ,  le  style  amphigourique 
et  les  petits  artifices  des  historiens  mo- 
dernes. 

*  BOUILLE  (François-Claude-Amocr, 
marquis  de),  lieutenant-général,  né  le 
19  novembre  1739,  d'une  des  plus  nobles 
et  des  plus  anciennes  familles  d'Auvergne, 
entra  de  fort  bonne  heure  dans  la  car- 
rière des  armes  et  servit  d'abord  dans  un 
régiment  de  dragons.  Il  devint  ensuite 
colonel  du  régiment  du  Vexin,  et  fut 
nommé  ,  dans  la  guerre  d'Amérique, 
gouverneur  général  des  îles  du  Vent. 
Bouille  se  signala  dans  ce  poste  important 
par  de  brillantes  conquêtes.  Après  avoir 
enlevé  aux  Anglais,  par  un  coup  de  main 
des  plus  audacieux,  l'île  de  la  Domini- 
que ,  il  leur  prit  successivement  St-Eus-  ? 
tache ,  Tabago ,  St-Christophe  réputé  im-  L 
prenable  ,  Nièves  et  Montserrat.  La 
France  lui  dut  encore  la  conservation  de 
ses  possessions  dans  les  Antilles ,  toujours 
menacées  par  les  Anglais ,  et  qu'il  défen- 
dit contre  des  forces  bien  supérieures 
avec  un  succès  éclatant.  La  paix  de  1783 
l'ayant  rappelé  dans  sa  patrie ,  il  fut  ré- 
compensé de  ses  glorieux  travaux  par  le 
grade  de  lieutenant-général  et  reçut  le 
collier  des  ordres  du  roi.  Aussi  désinté- 
ressé que  vaillant ,  il  refusa  l'offre  que  lui 
fit  le  monarque  d'acquitter  les  dettes  qu'il 
avoit  contractées  pendant  la  guerre.  En 
1787  et  1788 ,  il  fut  membre  des  assem- 
blées des  notables  du  royaume,  et  y 
soutint  avec  force  les  intérêts  et  les  lois 
fondamentales  de  la  monarchie.  Au  com- 
mencement de  la  révolution,  il  avait  le 
commandement  des  Trois-Evêchés ,  au- 
quel on  joignait  celui  des  provinces  d'Al- 
sace, de  Lorraine  et  de  Franche-Comté, 
il  y  maintint  l'ordre  et  la  discipline,  au- 
tant que  les  circonstances  le  permettaient. 
La  garnison  de  Metz  entra  en  insurrec- 
tion ,  il  la  calma  par  sa  fermeté ,  et  sauva 
la  vie  à  l'intendant  de  la  province.  Il  mar- 
cha sur  celle  de  Nancy  qui  s'était  soulevée 
contre  ses  chefs ,  et  la  fit  rentrer  dans  le 
devoir,  préservant  ainsi  l'armée  d'une 
désorganisation  complète.  Le  roi  lui  offrit 
le  bâton  de  maréchal  de  France ,  qu'il  re- 
fusa, ne  voulant  point  être  récompensé 
pour  un  avantage  remporté  sur  les  Fran- 
çais. Louis  XVI  le  choisit  en  1791  pour 
protéger  son  évasion  de  Paris:  mais  un 


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funeste  malentendu  l'empêcha  d'arriver 
à  temps  à  Yarennes  pour  dégager  le  roi , 
et  il  se  vit  forcé  de  s'enfuir  lui-même  à 
l'étranger.  Il  écrivit  de  Luxembourg  à 
l'assemblée  une  lettre  énergique  et  me- 
naçante qui  produisit  un  effet  tout  con- 
traire à  celui  qu'il  en  attendait.  Il  se  ren- 
dit alors  à  Coblentz ,  auprès  des  princes  , 
auxquels  il  remit  une  somme  que  le  roi 
lui  avait  fait  passer  pour  son  voyage  de 
Montmédi.  Ils  l'admirent  dans  leur  con- 
seil et  le  chargèrent  de  plusieurs  missions 
importantes.  Bouille  sollicita  plusieurs 
fois  les  puissances  étrangères  de  marcher 
au  secours  de  Louis  XVI.  Le  roi  de  Suède 
et  l'impératrice  de  Russie  entrèrent  dans 
ses  vues  ;  mais  la  mort  tragique  du  pre- 
mier fit  évanouir  ses  espérances.  Il  se 
rendit  alors  auprès  de  M.  de  Condé  qui 
l'honorait  d'une  estime  particulière;  et 
après  la  campagne  de  4792 ,  il  se  retira  en 
Angleterre,  où  il  est  mort  le  14  novem- 
bre 1800,  âgé  de  61  ans.  On  a  de  lui 
des  mémoires  curieux  sur  la  révolu- 
lion  française ,  imprimés  en  anglais , 
Londres  1797,  in-8°,  traduits  en  allemand, 
Luxembourg  1798,  et  enfin  publiés  en 
français  sous  ce  tilre  :  Mémoires  sur  la 
révolution  française  ,  depuis  son  origine 
jusqu'à  la  retraite  du  duc  de  Brunswick, 
imprimés  sur  le  manuscrit  original ,  revus 
et  corrigés  peu  de  temps  avant  sa  mort , 
et  augmentés  de  notes  et  de  pièces  essen- 
tielles qui  ne  se  trouvent  pas  dans  l'édi- 
tion anglaise ,  Paris,  1801,  2  vol.  in-12. 

ROU1LLKT  (Jeam),  savant  médecin, 
né  à  Servian  en  1G90 ,  exerça  sa  profession 
à  Béziers,  où  il  mourut  en  1777,  après 
avoir  publié  différentes  dissertations,  qui 
font  honneur  à  ses  lumières  et  à  son  ap- 
plication, |  sur  la  cause  de  la  pesanteur 
et  de  la  multiplication  desferremens,  \  sui- 
te traitement  de  lapetile  vérole,  \  sur  l'huile 
de  pétrole;  |  des  Elêmens  de  médecine 
■pratique,  1744  et  1746 ,  2  vol.  in-4°;  |  Ob- 
servations relatives  à  l'anasarque,  1763, 
in-8°. 

BOUILLON.  Voyez  MARCK,  GODE- 
FROI.et  TOUR  (Frédéuic-Mauuice  de 
la). 

BOUILLON  (Emmaxuei.-Theodose),  de 
la.  TOUR,  cardinal  de) ,  naquit  en  1644, 
de  Frédéric-Maurice  de  la  Tour.  Ier  du 
nom ,  duc  de  Bouillon  et  prince  de  Sedan. 
Sa  naissance  et  ses  talens  lui  frayèrent  la 
roule  des  dignités.  Le  maréchal  de  Tu- 
renne,  son  oncle,  demanda  pour  lui  au 
roi  le  chapeau  de  cardinal ,  et  il  lui  fut  ac- 
cordé. Il  s'appelait  alors  l'abbé,  duc  d'Al- 


bret,  et  avait  à  peine  25  ans,  ce  qui  lui 
fit  donner  le  surnom  d'enfant  rouge.  Il 
obtint  ensuite  les  abbayes  de  Cheni,  do 
St.-Ouen  de  Rouen,  deSt.-Vaast  d'Arras, 
et  la  place  de  grand-aumônier  de  France. 
Il  avait  mérité  ces  bienfaits  du  roi  par 
des  services.  Il  était  ambassadeur  de 
France  à  Rome  en  1698  ;  et  ce  poste  fut 
la  première  cause  d'une  longue  disgrâce. 
Louis  XIV  crut  qu'il  n'avait  pas  agi  avec 
assez  de  chaleur  dans  l'affaire  de  la  con- 
damnation du  livre  des  Maximes  des 
Saints,  et  dans  la  sollicitation  d'un  bref 
d'éligibilité  à  l'évêché  de  Strasbourg  pour 
l'abbé  de  Soubise.  A  son  retour  en  Fiance, 
en  1700,  il  fut  exilé  à  son  abbaye  de 
Tournus.  Ayant  sollicité  vainement  son 
rappel ,  il  se  retira  en  1706  dans  les  Pays- 
Bas  ,  et  de  là  à  Borne  où  il  vécut  content, 
quoique  privé,  par  arrêt  du  parlement, 
de  tous  les  revenus  qu'il  avait  en  France. 
Il  mourut  dans  cette  capitale  du  monde 
chrétien ,  le  2  mars  1715 ,  à  72  ans. 

*  BOUIS  (Jeax-BaptisteJ,  prêtre  d'Ar- 
les au  17e  siècle ,  composa  la  Royale  cou- 
ronne d'Arles  ou  Histoire  de  l'ancien 
royaume  d'Arles,  etc.,  Avignon,  1644, 
in-4°. 

*  BOUJU  (  Jacques),  né  à  Châteauneuf, 
en  Anjou ,  en  1515,  mort  à  Angers  en  1578. 
Il  fut  président  du  parlement  de  Bretagne. 
Ses  connaissances  dans  les  langues  le  firent 
estimer  de  François  Ier,  et  de  Marguerite 
de  Navarre  qui  lui  donna  un  emploi  dans 
sa  maison.  Le  plus  intéressant  de  ses  ou- 
vrages a  pour  titre  Royal  discours  des 
choses  mémorables  faites  par  les  rois  de 
France  jusqu'à  Henri  III,  dont  il  est  fait 
mention  dans  la  bibliothèque  historique 
de  France.  Il  fit  aussi  le  poème  latin  de 
Turnella  (La  Tournelle ,  chambre  du 
parlement  qui  jugeait  les  affaires  crimi- 
nelles,), Angers,  1578,  in  4°. 

*  BOUJU  de  BEAULIEU  (TnÉo- 
php.asteJ  ,  fils  du  précédent,  était  aumô- 
nier du  roi ,  et  a  laissé  quelques  ouvrages 
sur  des  matières  ecclésiastiques. 

*  ROULAGE  ( Thomas-Pascal;,  avo- 
cat distingué,  et  professeur  à  l'école  de 
droit,  naquit  à  Orléans  vers  1760.  Après 
avoir  exercé  sa  profession  dans  cette  ville, 
il  vint  à  Paris  au  moment  de  la  révolu- 
tion, pendant  laquelle  il  se  montra  tou- 
jours attaché  à  la  monarchie  et  à  la  reli- 
gion. Lors  de  la  caplivilé  de  Louis  XVI, 
en  1792,  Boulage  fui  un  des  premiers  qui 
s'offrirent  en  otage  pour  rendre  à  la  li- 
berté ce  roi  malheureux.  En  1810  on  le 
nomma  professeur  à  la  faculté  de  droit 


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de  Paris ,  où  il  mourut  le  6  mal  1820 ,  âgé 
de  près  de  62  aus.  Il  a  laissé  |  Conclu- 
sion sur  les  lois  des  XII  tables,  Troyes, 
1804,  in-8°.Il  entreprit  cet  ouvrage,  dans 
lequel  il  combat  l'opinion  de  Terrasson, 
par  ordre  de  l'académie  de  Troyes,  dont 
il  était  secrétaire  perpétuel.  |  Epures  en 
vers  ('dans  les  OEuvres  inédites  de  Gros- 
leyj ,  1813  ;  |  Liste  complète  des  otages 
de  Louis  XVI  et  de  sa  famille ,  1816,  in-8°  ; 
|  Principes  de  jurisprudence  française 
■pour  servir  à  l'intelligence  du  Code  civil, 
1819-1820,  2  vol.  in-8°,  ouvrage  très  es- 
timé; |  Des  Mystères  d'Isis  ( posthume ), 
1820 , 1  vol.  in-8°.  Boulage  a  été ,  en  outre , 
éditeur  de  l'ouvrage  intitulé  De  la  Reli- 
gion révélée ,  par  Heruson,  Paris,  1813. 
Il  a  encore  laissé  :  La  Rose  de  la  Vallée , 
ou  la  maçonnerie  rendue  à  son  but  pri- 
mitif, etc.  Paris,  1808 ,  in-18.  On  trouve 
dans  la  Thémis ,  ou  Bibliothèque  du  ju- 
risconsulte, et  dans  la  Revue  encyclopé- 
dique, une  notice  sur  Boulage. 

BOULAINVILLIEUS  (Henri  de), 
comte  de  Saint-Saire ,  etc. ,  naquit  à  Saint- 
Saire  en  1658,  d'une  famille  très  ancienne. 
Après  avoir  fait  ses  études  dans  l'acadé- 
mie de  Juilli,  conliéc  aux  Pères  de  l'O- 
ratoire ,  où  son  goût  pour  l'histoire  com- 
mença à  se  développer,  il  prit  le  parti 
des  armes.  Il  le  quitta  ensuite  pour  ré- 
gler les  affaires  de  sa  famille ,  fort  déran- 
gées. Il  se  livra  alors  entièrement  à  l'his- 
toire de  France  ;  mais  il  n'en  voyait  les 
événemens  qu'à  travers  le  prisme  de  son 
imagination.  Il  ne  l' étudiait, disait-il, que 
pour  l'apprendre  à  ses  enfans  :  en  ce 
cas,  il  devait  encore  plus  se  défier  de  ses 
idées.  Quelques-uns  de  ses  écrits  sur  des 
matières  plus  délicates  montrèrent  qu'il 
poussait  trop  loin  la  liberté  de  penser.  En 
même  temps  qu'il  faisait  l'esprit  fort  sui- 
des matières  graves,  il  avait  le  faible  de 
l'astrologie  judiciaire.  Le  cardinal  de  Fleu- 
ry  disait  de  lui,  qu'il  ne  connaissait  ni  l'a- 
venir, ni  le  passé ,  ni  le  présent.  Il  est  sûr 
que  ses  systèmes  l'égaraient  quelquefois 
dans  la  connaissance  du  passé ,  et  son  ima- 
gination dans  celle  du  présent.  Il  mourut 
en  1722 ,  entre  les  bras  du  Père  la  Borde , 
de  l'Oratoire,  qui  rendit  un  compte  édi- 
fiant de  ses  dernières  dispositions.  On  a 
de  lui  |  une  Histoire  de  France,  jusqu'à 
Charles  VIII ,  5  vol.  in-12  ;  J  Mémoires  his- 
toriques sur  l'ancien  Gouvernement  de 
France,  jusqu'à  Hugues  Capet,  5vol.  in-12. 
Il  y  appelle  le  gouvernement  féodal  le 
chef-d'œuvre  de  l'esprit  humain  :  l'expres- 
sion est  forte ,  et  n'est  pas  juste  ;  mais  il 


n'en  est  pas  moins  vrai  que  le  gouverne- 
ment féodal  ne  mérite  pas  tous  les  re- 
proches qu'on  lui  a  faits  dans  ce  siècle  acé- 
phale et  anarchique ,  mécontent  de  toute 
espèce  de  gouvernement.  Il  est  certain 
que  la  féodalité  était  bien  plus  loyale  et 
plus  favorable  au  peuple  que  le  despo- 
tisme qui  en  a  pris  la  place;  et  dès  que 
l'on  commença  à  se  plaindre  des  abus  du 
pouvoir  monarchique ,  on  regretta  les  lois 
de  la  féodalité  (voyez  le  Journ.  hist.  e 
littéraire  15  juin  1790,  p.  287).  |  Histoire 
de  la  Pairie  de  France  ,  in-12  ;  |  Disser- 
tations sur  la  Noblesse  de  France,  in-12  ; 
|  Etat  de  la  France,  6  vol.  in-12.  Il  y  a 
de  bonnes  choses,  et  quelques  inexacti- 
tudes. |  Histoire  des  Arabes  et  de  Maho- 
met, Amsterdam ,  1731 ,  in-12  :  ouvrage 
que  la  mort  l'empêcha  de  finir.  Cette  his- 
toire est  écrite  dans  le  style  oriental ,  et 
avec  très  peu  d'exactitude.  L'auteur  n'est 
qu'un  copiste  servile  des  écrivains  arabes 
dont  il  n'entendait  pas  la  langue ,  et  dont 
il  n'a  pas  aperçu  les  bévues.  Il  essaie  en 
vain  de  faire  passer  Mahomet  pour  un 
grand  homme ,  suscité  par  la  Providence 
pour  punir  les  chrétiens,  et  pour  changer 
la  face  du  monde.  Un  critique  plus  zélé 
que  poli  lui  a  donné  les  titres  de  Maho-> 
rnètan  français,  et  de  Déserteur  du 
christianisme.  M.  Bergier  s'étonne  que 
par  zèle  pour  le  déisme,  Une  soit  pas  allé 
se  faire  circoncire  ,  et  prendre  le  turban. 
|  Mémoire  sur  l'administration  des  Fi" 
fiances,  2  vol.  in-12  :  bonnes  vues,  la  plu- 
part impraticables.  On  a  attribué  à  cet  his- 
torien systématique  beaucoup  d'autres 
ouvrages ,  et  particulièrement  des  satires 
contre  la  religion ,  qui  ne  sont  pas  de  lui. 
Après  s'être  égaré  sur  les  principes  de 
l'histoire ,  il  a  bien  pu  avoir  des  idées 
fausses  sur  le  christianisme;  mais  il  est 
avéré  qu'il  n'a  jamais  poussé  le  délire  jus- 
qu'au point  d'enfanter  des  horreurs,  telles 
que  celles  qu'on  lit  dans  le  Dîner  qui 
porte  son  nom.  Tous  les  écrits  du  comte 
de  Boulainvilliers  sur  l'histoire  de  France 
ont  été  recueillis  en  5  vol.  in-fol. 

BOULANGER  ou  BOULENGER,  plus 
connu  sous  le  nom  de  Petit-Père  André , 
auguslin  réformé ,  né  à  Paris  et  mort  dans 
cette  ville  en  1G57 ,  à  80  ans,  se  lit  un  nom 
par  sa  manière  de  prêcher.  Il  mêlait  or- 
dinairement la  plaisanterie  à  la  morale, 
et  les  comparaisons  les  plus  basses  aux  plus 
grandes  vérités  du  christianisme.  Il  com- 
para ,  dit-on  ,  dans  un  de  ses  sermons,  les 
quatre  docteurs  de  l'Eglise  latine ,  aux 
quatre  rois  du  jeu  de  cartes.  «  Saint  Au- 


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»  guslin  étoit ,  selon  lui ,  le  roi  de  cœur , 
»  par  sa  grande  charité  ;  saint  Ambroise , 
»  le  roi  de  trèfle,  par  les  fleurs  de  son 
»  éloquence;    saint   Jérôme,   le  roi  de 

♦  pique ,  par  son  style  mordant  ;  et  saint 

*  Grégoire,  le  roi  de  carreau,  par  son 
»  peu  d'élévation.  »  Mais  il  ne  faut  pas 
adopter  légèrement  tous  les  contes  popu- 
laires qu'on  a  débités  sur  cet  orateur. 
C'est  une  espèce  de  caricature  plus  propre 
à  nourrir  la  conversation  des  oisifs,  qu'à 
donner  une  idée  juste  des  discours  du 
Petit-Père  André. 

BOULANGER  (Jean),  né  à  Amiens  en 
4607,  a  gravé  beaucoup  d'estampes  d'a- 
près plusieurs  grands  maîtres,  tels  que 
Léonard  de  Vinci ,  le  Guide ,  Noël  Coypel , 
etc.  Il  passe  pour  être ,  avec  Morin ,  un  des 
inventeurs  du  pointillé ,  genre  bâtard 
adopté  depuis  par  les  Anglais  et  qui  pro- 
duit dans  ses  estampes  un  asseï  mauvais 
effet ,  parce  qu'il  ne  l'employait  que  pour 
les  objets  nus,  ce  qui  ôte  toute  espèce  d'ac- 
cord entre  le  style  des  chairs  et  celui  des 
draperies,  répand  une  sécheresse  dés- 
agréable et  détruit  l'harmonie.  Quoique 
ce  genre  ait  été  perfectionné  depuis,  il 
n'en  est  pas  meilleur  et  n'a  été  adopté 
par  plusieurs  graveurs  que  par  paresse 
ou  par  incapacité. 

BOULANGER  ou  BOULLANGER  (  Ni- 
colas- Antoine  ) ,  né  à  Paris  d'un  mar- 
chand en  1722 ,  mort  dans  la  même  Tille 
en  1759,  sortit  du  collège  de  Beau  vais,  à 
peu  près  aussi  ignorant  qu'il  y  était  en- 
tré. Cependant ,  ayant  lutté  opiniâtrement 
contre  son  peu  d'aptitude,  il  le  vainquit. 
A  17  ans,  il  commença  à  étudier  les  ma- 
thématiques et  l'architecture.  Trois  ou 
quatre  ans  d'étude  dans  ces  deux  sciences 
lui  suffirent  pour  devenir  utile  au  baron 
de  Thiers,  qu'il  accompagna  à  l'armée  en 
qualité  de  son  ingénieur.  Ll  entra  ensuite 
dans  les  ponts  et  chaussées,  et  exécuta 
dans  la  Champagne,  la  Bourgogne,  la 
Lorraine ,  différens  ouvrages  publics.  Ce 
fut,  pour  ainsi  dire,  sur  les  grands  che- 
mins confiés  à  ses  soins  crue  se  développa 
le  germe  d'un  funeste  talent  qu'il  ne  se 
soupçonnait  pas,  et  qu'il  portait  en  lui. 
Il  y  apprit  par  malheur  à  penser  philoso- 
phiquement. En  coupant  des  montagnes, 
en  conduisant  des  rivières,  creusant  et 
retournant  des  terrains,  il  vit  mie  multi- 
tude de  substances  diverses  que  la  terre 
recèle ,  qu'il  regarda  comme  une  preuve 
de  son  extrême  ancienneté,  et  des  révo- 
lutions multipliées  qu'elle  avait  essuyées 
dans  des  siècles  imaginaires.  Tandis  que 


d'autres  philosophes  ont  de  la  peine  à  re- 
connaître un  déluge,  Boulanger  en  re- 
connaît une  multitude  innombrable  ,  qui 
sont  autant  de  crises  que  la  nature  em- 
ploie pour  renouveler  le  genre  humain* 
et  pour  se  renouveler  elle-même.  Des  bou- 
leversemens  du  globe ,  il  passa  aux  chan- 
gemens  arrivés  dans  les  mœurs,  les  so- 
ciétés ,  les  gouvernemens  et  la  religion. 
Il  forma  à  cet  égard  différentes  conjec- 
tures. Pour  s'assurer  de  leur  solidité ,  il 
voulut  savoir  ce  qu'on  avait  dit  là-dessus. 
Il  apprit  le  latin  et  ensuite  le  grec,  quel- 
que chose  aussi  des  langues  hébraïque, 
syriaque  et  arabe  ;  et  se  crut  par-là  bien 
fourni  d'argumens  pour  établir  ses  extra- 
vagantes hypothèses.  L'aspect  d'une  mort 
prochaine  lui  dessilla  les  yeux  ;  il  détesta 
ses  égaremens,  et  déclara  qu'ils  étaient  le 
fruit  de  la  vanité  bien  plus  que  du  rai- 
sonnement ;  que  les  pompeux  éloges  don- 
nés à  ses  productions  manuscrites  dans 
les  sociétés  philosophiques  ,  l'avaient  plus 
enivré,  plus  séduit  que  tout  le  reste.  La 
conséquence  la  plus  légitime  d'un  pareil 
aveu  était  que  tous  ces  manuscrits,  sources 
de  ses  remords ,  de  ses  rétractations ,  de- 
vaient être  livrés  aux  flammes  ;  mais  les 
sociétés  sophistiques  s'en  étaient  empa- 
rées. Ils  étaient  bien  impies,  ils  démen- 
taient bien  hautement  nos  livres  saints,  ils 
tendaient  bien  directement  à  l'athéisme  ; 
c'en  était  assez  pour  les  rendre  précieux 
aux  yeux  de  nos  faux  sages.  Ils  furent  im- 
primés, et  toutes  les  passions  se  réser- 
vèrent le  soin  de  les  faire  accueillir  avec 
avidité.  Tout  chamarrés  qu'ils  sont  do 
grec,  de  latin  et  d'étymologies,  nos  femmes 
philosophes,  qui  ne  pourraient  souffrir 
un  mot  de  vieux  langage  dans  un  ouvrage 
écrit  pour  la  religion,  et  surtout  pour 
les  mœurs,  dévorèrent  ceux-ci,  les  trou- 
vèrent bien  forts  de  choses,  bien  raison- 
nés,  bien  convaincans  et  sans  réplique. 
Les  suffrages  de  d'Alembert,  de  Diderot, 
d'Helvétius,  avaient  fortifié  cette  opi- 
nion. On  vit  donc  paraître  :  |  Traité  du 
Despotisme  oriental ,  in-12 ,  ouvrage  ro- 
manesque et  pernicieux ,  mais  moins  mau- 
vais encore  que  celui  qui  suit ,  dont  il 
n'a  fait  que  le  dernier  chapitre  :  |  L'An~ 
liquilê  dévoilée ,  ouvrage  posthume,  Am- 
sterdam, 1766,  in-4°  et  5  vol.  in-12;  |  le 
Christianisme  dévoilé ,  2  vol.  in-12,  aussi 
posthume  :  diatribe  remplie  d'impréca- 
tions et  de  raisonnemens  aussi  absurdes 
que  rebutans  contre  la  religion  de  J.-C. 
On  y  prêche  la  tolérance,  d'un  ton  d'in- 
tolérance que  le  fanatisme  n'ajamais  porté 


BOU  /t75 

si  loin  Ci).  M.  Bergicr,  dans  son  Apologie 
de  la  Religion  Chrétienne ,1'a  victorieuse- 
ment réfuté.  |  Dissertation  sur  Elie  et 
Enoch  j  in-12.  |  Quelques  articles  mau- 
vais et  informes ,  fournis  à  la  compilation 
encyclopédique.  |  Une  Histoire  d'Alexan- 
dre le  Grand ,  qui  n'a  ni  mérite  ni  in- 
térêt. Il  a  laissé  un  Dictionnaire  en  ma- 
nuscrit ,  qu'on  peut  regarder  comme  une 
concordance  mal  combinée  des  langues 
anciennes  et  modernes.  On  a  encore  de 
lui  Les  Anecdotes  de  la  Nature ,  en  ma- 
nuscrit. M.  Buffon  en  a  tiré  beaucoup  de 
choses  pour  les  Epoques  de  la  Nature; 
le  célèbre  naturaliste  s'est  presque  entiè- 
rement approprié  les  spéculations  de 
l'Ingénieur  des  chaussées,  comme  on 
l'apprend  dans  X Examen  impartial  des 
Epoques,  p.  178  :  ouvrage  qui  présente 
une  réfutation  détaillée  de  ces  délires 
géographiques  et  physiques.  On  remarque 
dans  les  écrits  de  Boulanger  une  imagi- 
nation sombre  et  malheureuse.  Il  en  a 
paru  une  Analyse ,  par  un  Solitaire,  Pa- 
ris, 1788  ,  1  vol.  in-8.  Cette  Analyse ,  très 
bien  faite,  réfute  solidement  les  absurdi- 
tés du  jeune  philosophiste,  en  les  pré- 
sentant isolées  et  sans  cet  entourage  qui 
en  impose  aux  lecteurs  ignorans  ou  cré- 
dules. 

BOULANGER  ou  plutôt  BOULLANGER 
(  Claude-Fravçois-Félix  ) ,  seigneur  de 
Rivery ,  membre  de  l'académie  d'Amiens , 
sa  patrie ,  et  lieutenant-civil  au  bailliage 
de  cette  ville,  naquit  en  1724.  Il  exerça 
pendant  quelque  temps  la  profession  d'a- 
vocat à  Paris  ;  mais  sa  passion  dominante 
était  l'étude  des  belles-lettres  et  de  la  phi- 
losophie. Il  ne  put  les  cultiver  long-temps  : 
la  mort  l'enleva  en  17o8 ,  à  54  ans.  Son 
âme  était  noble ,  son  cœur  sensible ,  son 
caractère  enjoué,  sa  conduite  décente 
Réservé  vis-à-vis  les  personnes  qu'il  con- 
naissait peu,  il  s'ouvrait  volontiers  à  ses 
amis.  Il  avait  la  figure  agréable,  l'usage 
du  monde ,  l'esprit  vif  et  pénétrant ,  une 
mémoire  prodigieuse ,  et  une  ambition 
ardente  d'acquérir  toutes  les  connaissances 
humaines,  comme  d'occuper  les  premières 
places.  Ses  principaux  ouvrages  sont  : 
|  Traité  de  la  cause  et  des  phénomènes  de 
l'électricité ,  en  2  parties  in-8°  ;  |  Re- 
cherches historiques  et  critiques  sur  quel- 


(0  Le  Christianisme  dévoile  n'est  point  de  Bou- 
langer. Ce  livre  odieux  est  l'œuvre  du  baron  d'Hol- 
bach. On  a  encore  attribué  à  Boulanger  une  Disser- 
tation sur  saint  Paul  qui  n'est  qu'un  tissu  de  grossiers 
blasphème».  Mais  clic  n'est  pas  non  plus  de  lui. 


BOU 

ques  anciens  spectacles ,  et  particulière- 
ment sur  les  mimes  et  pantomimes  ,  bro- 
chure in-12 ,  curieuse  ;  |  Fables  et  Contes 
en  vers  français ,  in-12.  Quelques-uns  de 
ces  contes  et  de  ces  fables  sont  de  son 
invention ,  et  les  autres  sont  empruntés 
de  Phèdre  ,  de  Gay  et  de  Gellert,  produc- 
tion faible,  où  les  lettres  et  les  mœurs 
n'ont  rien  à  gagner. 

*  BOULAUD  (  Cytherixe-Fraivçois  ). 
servait  en  qualité  d'ingénieur ,  dans  la 
ville  de  Lyon ,  lors  du  siège  qu'elle  soutint 
en  1793.  Après  la  prise  de  cette  ville ,  il 
fut  condamné  à  mort  en  février  1794.  On 
a  de  lui  :  |  Mémoire  sur  la  forme  et  la  na- 
ture des  jantes  pour  les  roues  de  voilures, 
1781 ,  in-12  ;  |  Mémoire  sur  cette  question: 
Quels  sont,  en  général,  les  moyens  de 
garantir  les  canaux  et  les  écluses  de  tout 
altérissement,  etc.,  ouvrage  couronné, 
en  1778,  par  l'académie  de  Lyon,  et  im- 
primé dans  le  Journal  de  Physique  ;  |  Mé- 
moire sur  cette  question  :  Quelle  serait  la 
voiture  de  transport  la  plus  forte  ,  laplus 
légère,  laplus  roulante  et  la  moins  ca- 
pable de  dégrader  les  chemins  ?  Ce  mé- 
moire fut  couronné  par  l'académie  de  la 
Rochelle.  Boulard  a  laissé  en  outre  des 
plans  très  détaillés  sur  les  aqueducs  des 
Romains ,  qui  menaient  des  eaux  à  Lyon* 

*  BOULARD  (  Axtoixe-Marie-Hevri), 
littérateur  et  bibliophile ,  né  à  Paris  le  5 
septembre  17S4 ,  mort  le  6  mai  1825 ,  fut 
long-temps  notaire  à  Paris ,  et  trouva ,  en 
exerçant  cet  emploi  laborieux  ,  du  temps 
pour  cultiver  les  lettres.  Il  céda,  en  1809, 
sa  charge  à  son  fils  et  fut  appelé  à  remplir 
les  fonctions  de  maire  du  dixième  arron- 
dissement de  Paris,  puis  à  siéger  au  corps 
législatif.  La  société  d'agriculture  et  d'en- 
couragement l'associa  depuis  à  ses  tra- 
vaux ,  et  il  devint  un  des  administrateurs 
de  l'école  royale  de  dessin.  Lié  avec  un 
grand  nombre  de  gens  de  lettres  ,  Boulard 
fut  choisi  par  Laharpn  pour  son  exécuteur 
testamentaire.  C'est  par  ses  soins  que  les 
pierres  tumulaires  de  Boileau,  de  Des- 
cartes ,  de  Montfaucon  et  de  Mabillon , 
furent  retirées  de  l'oubli  et  placées  dans 
l'église  de  Saint-Germain-des-Prés.  Bou- 
lard se  fit  aussi  remarquer  par  sa  biblio- 
manie.  Il  achetait  souvent  sans  choix,  une 
foule  de  vieux  livres,  et  sa  maison  suffisait 
à  peine  pour  les  contenir.  On  assure  que 
le  nombre  de  ceux  qu'il  a  laissés  se  monte 
à  deux-cent-quatre-vingt  mille.  Il  s'appli- 
qua principalement  à  l'étude  des  langues 
anglaise  et  allemande  et  donna  un  grand 
nombre  de  traductions  de  ces  deux  langues» 

40. 


BOU 


hlh 


BOU 


JLes  ouvrages  qu'on  a  de  lui ,  sont  :  [Mor- 
ceaux choisis  du  Rambler,  de  Johnson, 
in-8° ,  1785  ;  |  la  traduction  des  Entreliens 
socratiques  sur  la  véracité,  par  Perce  val, 
in-12, 1786  ;  |  Tableau  des  arts  et  des  scien- 
ces, depuis  les  temps  les  plus  reculés  jus- 
qu'au siècle  d'Alexandre  le  Grand,  traduit 
de  l'anglais  de  JeanBanister,  in-12, 1786  ; 
j  l'Histoire  littéraire  du  moyen  âge ,  par 
M.  Harris ,  in-8°  ,  1786  ;  |  la  traduction  des 
trois  premiers  volumes  de  Y  Histoire  d'An- 
gleterre ,  par  le  docteur  Henri ,  1788  et 
6uiv.  |  Tableau  des  progrès  de  la  civilisa- 
tion en  Europe ,  traduit  de  l'anglais  ,  de 
G.  Stuart,  2  vol.  in -8°,  1789;  Y  Angle- 
terre ancienne ,  ou  Tableau  des  mœurs  , 
usages ,  armes ,  habillemens  des  anciens 
habitans  de  l'Angleterre,  traduit  de 
Strult,  2  vol.  in-8°,  1789;  |  Précis  histo- 
rique et  chronologique  sur  le  droit  ro- 
main, traduit  de  Schomberg ,  1793,  in-12, 
2e  édition;  |  Dissertation  historique  sur 
l'ancienne  constitution  des  Germains, 
Saxons,  et  habitans  de  la  Grande-Bre- 
tagne, traduit  de  Stuart,  1794,  in -8°; 
|  Vie  de  John  Howard,  par  Aikin ,  1796 , 
in-12  ;  |  Considérations  sur  la  première 
formation  des  langues,  et  les  diffère ns 
génies  des  langues  orientales  et  compo- 
sées ,  traduction  de  l'anglais  d'Adam 
Smith,  1796,  in -8°;  \  Vie  de  Mil ton  , 
4797,  qu'il  a  fait  suivre  en  1805  de  celle 
d'Addison ,  2  volumes  ;  |  Distiques  de  Ca- 
ton,  en  vers  français  et  allemands,  avec 
une  traduction  interlinéaire  de  ces  der- 
niers, 1798,  in-8°;  |  Vie  de  Pickler ,  tra- 
duite de  Rossi,  de  concert  avec  Millin, 
1798,  in-8°;  |  Nouveau  cows  de  langue  al- 
lemande,  1798,  in-8°  ;  |  la  traduction  des 
Fables  de  Lessing ,  1800 ,  in-8°  ;  |  la  tra- 
duction des  Idylles  de  Gessner ,  1800 ,  2 
vol.  in-8°  ;  |  Avis  d'une  mère  à  sa  fille , 
de  Mme  de  Lambert ,  en  allemand  et  en 
français  ,  1800  ,  in-8°  ;  |  Distiques  de  Ca- 
ton ,  en  vers  grecs  ,  latins  et  français , 
suivis  des  Quatrains  de  Pibrac ,  1802, 
in-8°;  |  Eloge  de  Tiraboschi ,  traduit  de 
Lombardi ,  1802  ,  in-8°  ;  |  Les  bienfaits  de 
la  Religion  chrétienne,  traduit  de  Ryon, 
irc  édition,  "1807 ,  2  vol.  in-8°  ;  2e  édition , 
4810 , 1  seul  vol.  in-8°  ;  |  Esquisse  histo- 
rique et  biographique  des  progrès  de  la 
Botanique  en  Angleterre ,  traduction  de 
rullcney ,  1809,  2  vol.  in-8°;  |  Horœ  Bi- 
blicœ  ou  recherches  littéraires  sur  la 
Bible,  in -8°,  trad.  de  Butler  ;  | \  Y  His- 
toire littéraire  des  huit  premiers  siècles 
de  l'ère  chrétienne ,  trad.  de  l'anglais  de 
licrington,  1814,  in-8°  ;  |  Tableau  des  au- 


teurs qui  ont  écrit  sur  les  testacés,  1816, 
in-8°  ;  |  Vie  de  Butler ,  trad.  de  l'anglais 
de  Johnson,  1816,  in-8°  ;  |  La  traduction 
d'une  brochure  intitulée  :  Dissertation 
sur  les  découvertes  des  anciens  dans 
V Asie,  in-8°,  etc. 

BOULAT  (  Edmond  du)  dit  CLERMONT 
héraut-d'armes  des  ducs  de  Lorraine ,  vi- 
vait au  milieu  du  16e  siècle.  C'était  un 
écrivain  fécond;  on  ne  sait  en  quelle  année 
il  mourut.  Nous  avons  de  lui  |  une  mora- 
lité en  vers,  sous  ce  titre  Le  combat  de 
la  chair  et  de  l'esprit ,  Paris ,  1549 ,  in-8°. 
|  Les  Généalogies  des  Ducs  de  Lorraine* 
Metz,  1547;  il  les  fait  descendre  des 
Troyens  ;  |  La  Vie  et  le  Trépas  des  ducs 
de  Lorraine ,  Antoine  et  François ,  Metz, 
1547,  in-4°.  |  Le  Voyage  du  duc  Antoine 
vers  l'empereur  Charles  Ven  1543,  pour 
traiter  de  la  paix  avec  François  Ier,  in-8°: 
ce  dernier  livre  est  en  vers  ;  |  Dialogue 
des  trois  étals  de  Lorraine  sur  la  nativité 
du  prince  \  Charles ,  fils  aîné  du  duc 
François ,  en  vers ,  etc. 

BOULAT  ( César-Egasse  du  ),  natif  du 
Maine,  fut  successivement  professeur 
d'humanités  au  collège  de  Navarre ,  gref- 
fier, recteur  et  historiographe  de  l'uni- 
versité de  Paris  :  il  mourut  en  1678.  On  a 
de  lui  :  |  De  Patronis  quatuor  Nationum 
universitatis  ,  in-8°  ;  ouvrage  qui  contient 
des  faits  curieux.  |  L' Histoire  de  l'univer- 
sité de  Paris,  en  latin,  6  vol.  in-fol.  L'é- 
normité  de  l'ouvrage  n'empêcha  point  la 
faculté  de  théologie  de  le  censurer;  cette 
censure  peut  avoir  eu  des  motifs  peu 
louables,  mais  l'ouvrage  n'en  vaut  pas 
mieux,  «  Cet  historien ,  dit  un  auteur  ma- 
»  derne ,  aurait  dû  avant  toutes  choses, 
»  acquérir  plus  de  jugement ,  de  critique 
»  et  de  véracité.  Avec  celle  précaution,  il 
»  ne  se  serait  point  exposé  à  perdre  en 
»  quelque  sorte  le  mérite  des  recherche» 
»  utiles  qu'on  lui  doit ,  par  l'énorme  quan- 
»  tité  de  fables  et  de  mensonges  qu'il  dé- 
»  bile.  »  |  Remarques  sur  la  censure  de 
cette  histoire ,  en  latin,  Paris,  1767,  in- 
4°.  |  Fondation  de  l'Université  de  Paris, 
Paris,  1675,  in -4°.  |  Privilèges  de  l'Uni- 
versité de  Paris,  1674,  in-4°.  |  De  Deçà- 
natu  Nationis  Gallicanœ  in  Academia 
Parisiensi,  1662 ,  in-8°.  |  Trésor  des  An- 
tiquités Romaines,  où  sont  co7ilenues  et 
décrites  par  ordre  toutes  les  cérémonies 
des  Romains,  Paris,  in-fol.,  1651,  avec 
fig.  Ce  livre  que  quelques  savans  ont  dé- 
prisé, est  assez  bon.  C'est  une  espèce  de 
traduction  des  Antiquités  romaines  de 
Rosin  :  mais  l'auteur  n'a  pas  tout  traduit* 


BOU 

et  son  livre  est  moins  complet.  Du  Boulay 
faisait  aussi  des  vers  latins.  On  a  de  lui 
une  Elégie  contre  un  de  ses  envieux,  où 
il  y  a  de  la  chaleur  et  de  la  latinité. 

*  BOULAY  (  Jacques  )  ,  chanoine  de 
St.-Pierre-Empont  à  Orléans  ,  et  bachelier 
en  droit ,  mort  vers  1750 ,  a  publié  :  Ma- 
nière de  bien  cultiver  la  vigne,  de  faire 
la  vendange  et  le  vin  dans  le  vignoble 
d'Orléans,  utile  à  tous  les  autres  vi~ 
çnobles  du  royaume ,  où  l'on  donne  les 
moyens  de  prévenir  et  de  découvrir  les 
friponneries  des  mauvais  vignerons.  La 
seconde  édition  est  de  1712,  et  la  troi- 
sième, qui  est  très  augmentée,  est  de 
1723.  L'auteur  détaille ,  avec  beaucoup  de 
clarté  et  de  précision,  toutes  les  opéra- 
tions que  demande  la  culture  des  vignes. 
Le  style  ,  quoique  souvent  trivial ,  est  vif 
et  piquant,  surtout  quand  l'auteur  parle 
des  friponneries  des  vignerons.  Le  vo- 
lume est  terminé  par  un  vocabulaire  des 
termes  qui  sont  en  usage  pour  la  culture 
de  la  vigne  dans  le  vignoble  d'Orléans. 
On  n'a  aucun  détail  sur  la  vie  de  cet  ec- 
clésiastique. 

*  BOULAY  (  N.  du  ) ,  savant  cano- 
niste,  dont  on  a  une  Histoire  du  droit 
public  ecclésiastique  français  ,  Londres 
(  Paris  ),  1740,  1751,  in-4°;  ibidem,  2 
vol.  in-12. 

*  BOULAY  (Charles-Nicolas  MAIL- 
LET du  ) ,  né  en  1729 ,  conseiller  de  la 
cour  des  comptes  de  Normandie ,  secré- 
taire perpétuel  de  l'académie  de  Rouen, 
et  membre  de  plusieurs  sociétés  savantes, 
mourut  en  1769.  On  a  de  lui  :  |  dix-huit 
Eloges  académiques  ;  |  des  Mémoires  sur 
la  littérature  et  la  grammaire  ;  |  une  His- 
toire de  Guillaume  le  Conquérant,  etc. 

*  BOULE  (  Jean-Charles  )  né  à  Cannes 
en  Provence  ,  occupa  une  chaire  de  rhéto- 
rique à  Villefranche ,  en  Beaujolais,  el 
fut  admis  dans  le  sein  de  l'académie  de 
cette  ville.  On  a  de  lui  une  Histoire 
abrégée  de  la  vie  de  saint  Bonaventure. 

*  BOULE  (  André-  Charles  ) ,  ébéniste 
célèbre,  peintre,  sculpteur  et  graveur, 
né  à  Paris  en  1642,  avait  reçu  de  la  na- 
ture de  grandes  dispositions  pour  les  arts. 
Il  eût  choisi  celui  de  la  peinture ,  si  son 
père ,  ouvrier  ébéniste ,  ne  l'eût  forcé 
d'embrasser  le  même  état  que  le  sien.  Il 
sut  l'ennoblir  par  le  goût  et  la  perfection 
qu'il  mit  dans  ses  ouvrages,  qui  furent 
très  recherchés  et  lui  méritèrent  un  ap- 
partement au  Louvre.  Avec  le  choix  varié 
des  bois  de  l'Inde  et  du  Brésil,  il  imita 
dans  ses  ouvrages,  toutes  les  espèces  de 


475  BOU 

fleurs ,  de  fruits  et  d'animaux.  Il  en  com- 
posa même  des  tableaux  dans  lesquels 
étaient  représentés  des  sujets  d'histoire , 
de  batailles ,  de  chasse  et  de  paysage.  Cet 
habile  artiste  mourut  à  Paris  en  1732. 

*  BOULÉE  (Etienne-Louis  ),  architecte 
du  roi,  né  à  Paris,  le  12  février  1728, 
mort  le  6  février  1799,  fut  un  des  pre- 
miers en  France  qui  dégagèrent  l'archi- 
tecture de  ces  formes  bizarres  et  contour- 
nées, enfantées  par  le  mauvais  goût,  et 
lui  rendirent  les  beautés  nobles  de  l'an- 
tique. Il  consacra  sa  vie  entière  à  l'étude 
et  à  la  pratique  de  son  art,  comme  le 
prouvent  ses  nombreux  et  magnifiques 
projets.  On  y  trouve  tous  les  monumens 
qui  peuvent  illustrer  un  grand  empire , 
des  villes,  des  temples,  des  palais,  des 
théâtres ,  des  cirques ,  des  arcs  de  triom- 
phe ,  des  portes  de  ville ,  etc.  Il  a  laissé 
des  manuscrits  précieux.,  entre  autres  un 
Essai  sur  l'architecture.  Celui  de  ses  édi- 
fices qui  a  le  plus  contribué  à  sa  réputa- 
tion est  l'hôtel  de  Brunoy  aux  Champs- 
Elysées.  Il  a  construit  plusieurs  autres 
châteaux ,  hôtels  et  maisons  particulières, 
dont  il  a  décoré  et  embelli  avec  beau- 
coup de  goût  les  intérieurs.  Il  avait  for- 
mé plusieurs  projets,  pour  achever  la 
Madeleine ,  pour  la  restauration  du  châ- 
teau de  Versailles  et  de  celui  de  Saint- 
Germain,  pour  la  Bibliothèque  royale, 
pour  un  tombeau  à  élever  à  Newton, 
placé  au  centre  d'une  sphère,  etc.  Ce 
dernier  projet  a  tellement  mérité  le  suf- 
frage des  architectes ,  qu'il  a  été  proposé 
au  programme,  par  l'académie,  pouf 
prix  d'émulation ,  en  novembre  1800  ;  le* 
prix  ont  été  remportés  par  MM.  Gay  el 
Labadie. 

BOULEIV,  BOLEYN  ou  BULLEN  (  Annh 
de  ) ,  fille  d'un  gentilhomme  d'Angleterre, 
Thomas  de  Boulen ,  comte  d'Ormond,  na- 
quit en  1499.  Elle  passa  en  France  en  1514 
avec  Marie  d'Angleterre ,  femme  de  Louis 
XII.  Elle  fut  ensuite  fille  d'honneur  de  la 
reine  Claude ,  qui  la  donna  à  la  duchesse 
d'Alençon,  depuis  reine  de  Navarre.  De 
retour  en  Angleterre,  elle  y  porta  un 
goût  vif  pour  les  plaisirs  et  pour  la  co- 
quetterie, une  conversation  légère  sou- 
tenue par  beaucoup  d'enjouement ,  et  des 
manières  libres  ,  qui  cachaient  une  dissi- 
mulation el  une  ambition  profoudes.  Ce 
n'était  rien  moins  qu'une  beauté  ;  mais 
la  passion  embellit  tout ,  et  l'insatiable 
luxure  dont  la  soif  augmente  comme 
l'avarice,  à  mesure  quelle  possède,  finit 
par  ne  mettre  plus  de  choix  dans  sea 


BOU 


476 


BOU 


jouissances.  On  rapporte  qu'elle  avait  six 
doigts  à  la  main  droite ,  une  tumeur  à  la 
gorge,  et  une  surdent.  Henri  VIII  la  vit, 
et  ne  s'en  aperçut  pas.  Il  lui  déclara  ses 
senlimens.  Anne  en  parut  d'abord  plus 
offensée  que  flattée.  Cette  réserve ,  à  la- 
quelle le  prince  ne  s'attendait  pas ,  irrita 
sa  passion.  Il  pensa  dès  lors  à  répudier 
sa  femme  Catherine  d'Aragon ,  pour  épou- 
ser sa  maîtresse.  Clément  VII  ayant  re- 
fusé, comme  il  devait,  une  sentence  de 
divorce ,  le  prétendu  mariage  se  fit  secrè- 
tement le  14  novembre  1532.  Rouland 
Lée ,  récemment  élevé  à  l'évêché  de  Con- 
ventry  (  à  qui  Henri  insinua  que  le  pape 
lui  avait  permis  d'abandonner  Catherine 
d'Aragon,  et  de  prendre  une  autre  femme 
pourvu  que  ce  fût  sans  scandale),  leur 
donna  la  bénédiction  nuptiale,  en  pré- 
sence de  quelques  témoins  affidés.  Anne, 
devenue  enceinte,  fut  déclarée  femme 
cl  reine  en  1553.  Son  entrée  à  Londres 
fut  magnifique.  La  galanterie  qu'elle  avait 
puisée  dans  la  cour  de  France  ne  l'aban- 
donna point  sur  le  trône  d'Angleterre. 
On  l'accusa  d'avoir  des  commerces  cri- 
minels avec  plusieurs  de  ses  domestiques, 
avec  le  lord  Ilochefort  son  frère  ,  et  même 
avec  un  de  ses  musiciens.  Henri  VIII,  qui 
aimait  alors  Jeanne  de  Seymour,  n'eut 
pas  de  peine  à  la  croire  coupable.  On 
l'interrogea  :  toutes  ses  réponses  se  bor- 
nèrent à  dire  qu'elle  s'était  échappée  en 
paroles  libres  et  en  airs  familiers ,  mais 
que  sa  conduite  avait  toujours  été  in- 
nocente. Ceux  qu'on  lui  donnait  pour 
amans,  firent  les  mêmes  réponses,  à 
l'exception  du  musicien  Sméton,  qui, 
frappé  par  la  crainte ,  ou  entraîné  par  la 
force  de  la  vérité,  avoua  qu'il  avait  souillé 
le  lit  de  son  souverain.  Ils  furent  tous 
condamnés  à  la  mort.  Rochefort  fut  déca- 
pité, et  le  musicien  pendu.  Henri,  vou- 
lant ôter  à  son  épouse  la  consolation  de 
mourir  reine  ,  fit  prononcer  une  sentence 
de  divorce ,  sous  le  vain  prétexte  qu'elle 
avait  épousé  mylord  Percy,  avant  que 
de  lui  avoir  donné  la  main.  Cette  mal- 
heureuse en  convint,  dans  l'espérance 
que  cet  aveu  la  sauverait  du  supplice  du 
feu  auquel  on  la  destinait ,  et  qu'elle  n'au- 
rait que  la  tête  tranchée.  Le  jour  de  cette 
tragédie ,  elle  se  consola  sur  ce  qu'on  lui 
dit  que  le  bourreau  était  fort  habile ,  et 
par  la  pensée  qu'ayant  le  cou  petit ,  elle 
souffrirait  moins.  Avant  de  monter  sur 
l'échafaud,  elle  écrivit  une  lettre  extra- 
vagante à  Henri  VIII.  (Quelques-uns  re- 
gardent cette  lettre  comme  apocryphe). 


Vous  m'avez  toujours  élevée  par  degrés , 
lui  disait-elle  ;  de  simple  demoiselle ,  vous 
me  fîtes  marquise  (dePembrock)  :  de  mar- 
quise ,  reine  ;  et  de  reine  >  vous  voulez  au~ 
jourd'hui  me  faire  sainte.  Ceci  se  passa 
en  155C.  L'amour  l'avait  mise  sur  le  trône  ; 
l'amour  l'en  chassa.  Ces  catastrophes  sont 
les  suites  inévitables  des  passions  vio- 
lentes et  insensées.  La  plupart  des  his- 
toriens l'ont  couverte  d'opprobre.  Sandc- 
rus  prétend  que  Henri  VIII  était  son  père. 
On  ajoute  que  quand  ce  prince  la  prit 
pour  maîtresse  ,  François  Ier  avait  déjà  eu 
ses  faveurs,  ainsi  que  plusieurs  de  se» 
courtisans;  et  qu'on  l'appelait  en  France 
la  mule  du  roi  et  la  haquenéc  d'Angle- 
terre. Voyez  HENRI  VIII. 

ItOULEXGER.  Voy.  EOULANGER. 

*  BOULEAGER  (Pierre)  ,  habile  gram- 
mairien du  16e  siècle,  né  à  Troyes  en 
Champagne ,  fut  professeur  de  théologie 
dans  l'université  de  Pise  ,  et  mourut  dans 
cette  ville  en  1598.  On  a  de  lui  |  une  His- 
toire de  France,  restée  manuscrite;  |  do 
petits  Traités  de  piété,  et  |  un  Discours 
imprimé  en  1566. 

BOULI2XGER  (  Jules-César  ) ,  Bulcn- 
gerus,  fils  du  précédent,  né  à  Loudun , 
se  fit  jésuite  et  quitta  la  société  pour 
prendre  soin  de  ses  neveux.  Il  y  rentra 
ensuite,  et  mourut  à  Cahors  en  1628, 
après  avoir  donné  en  latin  une  Histoire 
de  son  temps,  Lyon,  1619,  in- fol.  ;  elle 
commence  à  l'an  1559,  et  finit  en  1680  ; 
et  un  grand  nombre  de  sa  vans  ouvrages, 
entre  autres  ,  |  De  Imperatore  et  Imperio 
Romano ,  Lyon,  1618,  in-fol.  |  Onze  vo- 
lumes d'opuscules  contenant  des  Disser- 
tations :  De  Oraculis  et  valibus  ;  de  tem- 
plis  Ethnicorum ,  de  festis  Grœcorum  ; 
de  triumphis ,  spoliis  bellicis  _,  trophœis  ; 
arcubus  triumphalibus  et  pompa  trium- 
phi;  de  sortibus ,  de  auguras  et  auspiciis. 
de  ominibus ,  de  prodigua  ,  de  terra 
motu  et  fulminibus;  de  Iributis  et  vecli- 
galibus  populi  Romani ;  de  circo  romano, 
ludisque  circensibus  ;  de  theatro,  ludis- 
que  scenicis  ;  de  conviviis  ;  de  ludis  pri- 
vatis  ac  domesticis  velcrum.  Tous  ces 
ouvrages  se  trouvent  aussi,  les  uns  dan3 
les  Antiquités  Grecques,  les  autres  dans 
les  Antiquités  Romaines.  |  On  a  encoro 
de  lui  des  traités  De  Pîctura ,  plaslice 
slatuaria,  lib.  2  ,  Lyon  ,  1627 ,  in-8u. }  Une 
Dissertation  contre  Cjsaubon  en  faveur 
du  cardinal  Baro.:ius,  sous  ce  litre  Dia- 
tribœ  in  Casauboni  Exrrch'ationes  de  re  • 
bus  Sacris ,  Lyon,  1617  ,  in-fol.  |  Eclogœ 
ad  Arnobium,  Toulouse,   1612,   in-8°- 


BOU  A77  BOU 

f  De  insignibus  gentilitiis  ducum  Lotha-  \  10  thermidor ,  Boullanger  fut  lut-mémo 


ringorum .,  Pise,  1617,  in-41 

*  BOULIER  (Philibert)  ,  chanoine  de 
la  Sainte-Chapelle  de  Dijon,  bachelier 
en  théologie,  vivait  dans  le  dix-septième 
siècle.  On  a  de  lui  plusieurs  ouvrages  : 
|  Sauvegarde  du  ciel  pour  la  ville  de  Di- 
jon, 1643.  C'est  l'histoire  de  la  sainte  hos- 
tie si  vénérée  dans  ce  pays,  et  pour  la- 
quelle Bossuet  et  le  président  Bouhier 
avaient  une  dévotion  particulière  ;  |  Exa- 
men de  celte  proposition  qu'on  était  au- 
trefois plus  gens  de  bien  qu'on  ne  l'est 
aujourd'hui,  et.  que  néanmoins  on  ne  se 
confessait  ni  communiait  si  souvent  que 
maintenant.  L'auteur  réfutait  indirecte- 
ment dans  cet  ouvrage  le  livre  d'Arnauld 
contre  la  fréquente  communion;  |  Re- 
cueil de  pièces  pour  servir  à  l'histoire 
sacrée  de  Dijon,  1649,  1653,  in-8°,  etc. 

*BOULLAJVD  (  Jean-Baptiste -Vin- 
cent) ,  ancien  architecte  de  la  cathédrale 
de  Paris,  né  à  Troyes  en  1739,  mort  à 
Paris  en  1813,  fut  élève  du  célèbre  Blon- 
del.  En  1771,  il  fut  chargé  par  Antoine, 
architecte  du  roi ,  de  diriger  les  travaux 
de  l'hôtel  des  monnaies.  On  lui  doit  aussi 
les"  embellissemens  de  la  basilique.  La 
place  d'architecte-inspectcur  du  Palais- 
Royal  devint,  en  1781,  la  récompense  de 
son  mérite  et  de  ses  travaux. 

*  BOULLANGER  (  Baudouin  ) ,  né  à 
Liège ,  abandonna ,  à  l'époque  de  la  révo- 
lution, la  profession  de  joaillier  qu'il 
exerçait  à  Paris  pour  se  mettre  à  la  suite 
du  mouvement  révolutionnaire.  Son  dé- 
vouement à  Robespierre  ,  et  l'enthou- 
siasme qu'il  mit  à  servir  le  comité  de 
salut  public ,  lui  méritèrent  la  protection 
des  chefs  de  la  démagogie.  Après  la  jour- 
née du  31  mai  1793 ,  où  les  sections  de 
Paris,  en  se  portant  sur  la  Convention, 
firent  triompher  la  Montagne,  Boullan- 
ger  qui  avait  combattu  à  la  tête  de  la  sec- 
tion de  la  Halle  aux  blés,  fut  nommé 
commandant  général  de  la  garde  natio- 
nale. Mais  les  sections  refusèrent  de  le 
reconnaître.  Pour  le  dédommager  de  cet 
échec,  la  Convention  le  fit  entrer,  quel- 
ques mois  après,  en  qualité  de  général, 
dans  le  corps  d'armée  de  Ronsin ,  et  il  ne 
eraignit  pas  de  faire  suivre  l'armée  d'une 
guillotine.  Ces  excès  n'empêchèrent  pas 
qu'il  ne  fût  accusé  de  n'avoir  qu'un  pa- 
triotisme douteux.  Robespierre  le  défen- 
dit, et  lui  donna  ensuite  les  moyens  de 
se  venger  de  ses  ennemis.  Dénoncé  une 
seconde  fois ,  Robespierre  le  défendit  en- 
core. Mais  lorsque  ce  tyran  succomba  au 


mis    hors  la   loi,  et    monta    trois  jours 
après  sur  l'échafaud. 

♦BOULLEMIER  (Charles),  né  le  12  no 
vembre  1723 ,  à  Dijon  ,  fut  bibliothécaire 
de  cette  ville.  Il  s'enrôla,  au  sortir  du 
collège ,  dans  un  corps  de  troupes  qui  se 
rendait  en  Bohème ,  et  fit  la  campagne 
de  1742.  Ayant  obtenu  son  congé  à  la 
paix,  il  reprit  le  cours  de  ses  études,  et, 
après  les  avoir  terminées,  il  embrassa  l'é- 
tat ecclésiastique.  Exempt  d'ambition  ,  il 
se  contenta  d'un  bénéfice  dont  le  revenu 
modique  suffisait  à  ses  besoins  ,  et  se  li- 
vra entièrement  à  son  goût  pour  les  re- 
cherches historiques.  Il  a  composé  un 
grand  nombre  de  dissertations  sur  des 
points  curieux  de  l'histoire  de  Bourgogne 
et  en  particulier  de  la  ville  de  Dijon; 
quelques-unes  sont  imprimées  dans  les 
recueils  de  l'académie  ,  dont  il  a  été  l'un 
des  membres  les  plus  laborieux.  Ses  au- 
tres ouvrages  sont  :  |  un  Mémoire  sur  la 
vie  et  les  ouvrages  d'Etienne  Tabourot 
des  Accords;  |  un  autre  sur  Jean-des- 
Degrés  ,  écrivain  dijonnais  du  16e  siècle  ; 
|  des  Notices  sur  Hugues  Aubriot ,  le 
chancelier  de  Bourgogne ,  Rollin ,  et  Oli- 
vier de  la  Marche.  Le  Magasin  encyclo- 
pédique (  1809 ,  tome  III  )  contient  des  Re- 
marques critiques  de  l'abbé  Boullemier 
sur  un  passage  de  César  concernant  la 
religion  des  Gaulois.  C'est  à  lui  qu'on 
doit  le  projet  de  la  nouvelle  édition  de  la 
Bibliothèque  historique  de  France,  du 
P.  le  Long.  Il  est  auteur  des  articles  sur 
Joinville  et  d'Aubigné,  et  de  quelques 
autres  insérés  dans  le  3e  volume  de  cette 
édition ,  ainsi  que  d'une  grande  partie 
des  additions  répandues  dans  les  diffé- 
rens  volumes.  Ce  respectable  ecclésiasti- 
que est  mort  à  Dijon,  le  11  avril  1803.  M. 
Baudot  l'aîné  a  fait  imprimer  son  Eloge 
historique,  Dijon,  1803. 

*  BOIÏLLEUGER ( Pierre).  T  oy.BOU- 
LENGER. 

*  BOULLEAOIS  ,  diacre,  né  à  Paris  en 
1681 ,  et  mort  en  1757  ,  a  laissé  :  |  La  cin- 
quième Colonne  des  Hexaples;  |  deu» 
Mémoires  en  faveur  de  l'église  et  du 
clergé  d'Utrecht  ;  |  Manifeste  de  StenlK*- 
ven  ,  traduit  en  français. 

BOULLENOIS  (Louis)  ,  avocat  au  par- 
lement de  Paris  ,  sa  patrie ,  mort  en  1762, 
à  84  ans,  est  connu  |  par  des  Questions, 
sur  les  démissions  des  biens,  il  kl ,  in-8°; 
|  par  des  Dissertations  sur  des  questions, 
qui  naissent  de  la  contrariété  des  lois, 
1734,  h>4°  ;  \  par  un  Traité  de  la  person-* 


BOU 


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BOU 


nalilé  et  de  la  rivalité  des  lois ,  coutumes 
et  statuts  ,  Paris ,  1766,  2  vol.  in-4°.  Ce  li- 
vre intéressant  fait  bien  sentir  l'utilité  et 
la  nécessité  d'un  code  de  lois  claires  et 
uniformes.  La  Vie  de  l'auteur  est  à  la  tête. 

BOULLIAU.  Voyez  BOUILLAUD. 

BOULLIER  (  David-Renaud  ) ,  minis- 
tre à  Amsterdam,  ensuite  à  Londres, 
originaire  d'Auvergne ,  né  à  Utrecht  le 
24  mars  1699,  mort  le  24  décembre  1759, 
signala  son  zèle  et  ses  lalens  pour  la  cause 
de  la  religion,  trop  souvent  attaquée  par 
les  nouveaux  philosophes.  II  la  défendit 
avec  autant  d'ardeur  que  de  force  et  de 
logique.  C'est  dommage  que  son  style, 
presque  toujours  exact,  souvent  éloquent, 
se  ressente  quelquefois  du  pays  qu'il  ha- 
bitait. Ce  défaut  n'empêche  pas  que  ses 
ouvrages  ne  soient  un  recueil  d'excellens 
préservatifs  contre  le  poison  de  l'impiété. 
Les  principaux  sont  :  |  Dissertatio  de 
existentia  Dei,  1716;  |  Essai  jihilosophi- 
que  sur  l'âme  des  bêtes ,  1728,  in-12,  et 
1757,  2  vol.  in-8°,  |  Exposition  de  la  Doc- 
trine orthodoxe  de  la  Trinité ,  ilzk ,  in- 
12.  |  Lettres  sur  les  vrais  principes  de  la 
Religion,  où  l'on  examine  le  livre  de  la 
Religion  essentielle  à  l'homme ,  1741 ,  2 
vol.  in-12.  |  Recherches  sur  les  vertus 
de  l'eau  de  goudron,  traduites  de  Ber- 
klei,  1745,  in-12.  |  Sermons ,  1748 ,  in-8°. 
|  Dissertationum  sacrarum  Sylloge,  1750, 
in-8°.  |  Court  examen  de  la  Thèse  de  l'abbé 
de  Prades,  et  Observations  sur  son  apolo- 
gie, 1753.  |  Lettres  critiques  sur  les  Lettres 
Philosophiques  de  Voltaire  ,  1654  ,  in-12. 
|  Le  Pyrrhonisme  de  l'Eglise  Romaine , 
ou  Lettres  du  Père  I/ayer  ,  avec  les  Ré- 
ponses ,  1757,  in-8°.  |  Observationes  mis- 
cellaneœin  UbrumJobi,  1758,  in-8°.  |  Piè- 
ces et  Pensées  philosophiques  et  litté- 
raires, 1759,  2  vol.  in-12.  Boullier  était 
protestant,  et  dans  ses  écrits  contre  l'E- 
glise romaine ,  il  a  tous  les  préjugés  de 
«a  secte. 

BOULLONGNE  (  Bon  ) ,  fils  et  élève  de 
Louis  Boullongne ,  peintre  du  roi ,  na- 
quit à  Paris  en  1649.  Un  tableau  que  son 
père  présenta  à  Colbert ,  le  fit  mettre  sur 
la  liste  des  pensionnaires  du  roi  à  Rome. 
Il  y  fut  cinq  ans  en  cette  qualité ,  et  s'y 
forma  par  l'étude  des  grands  maitres.  On 
dit  qu'il  saisissait  si  habilement  leur  ma- 
nière ,  que  Monsieur ,  frère  de  Louis  XIV, 
acheta  un  de  ses  tableaux  dans  le  goût  du 
Guide,  comme  un  ouvrage  de  cet  artiste. 
Mignard ,  son  premier  peintre ,  y  fut 
trompé  ;  et  lorsquton  eut  découvert  l'au- 
teur,  il   dit  :   Qu'il  fasse   toujours  des 


Guides,  et  non  des  Boullongnes.  Ce  jeune 
homme ,  de  retour  en  France ,  fut  pro- 
fesseur de  l'académie  de  peinture ,  eut 
une  pension  de  Louis  XIV,  et  fut  employé 
par  ce  prince  dans  l'église  des  Invalides , 
au  palais  et  à  la  chapelle  de  Versailles  ,  à 
Trianon  ,  etc.  Il  mourut  en  1717.  Il  ex- 
cellait dans  le  dessin  et  dans  le  coloris. 
Il  réussissait  également  dans  l'histoire  et 
dans  le  portrait.  Il  était  fort  laborieux;  un 
esprit  vif,  enjoué,  plein  de  saillies,  le  sou- 
tenait dans  le  travail.  —  Ses  deux  sœurs, 
Geneviève  et  Madeleine  ,  mortes  en  1710, 
dignes  de  leur  frère ,  furent  de  l'acadé- 
mie dé  peinture. 

BOULLONGNE  (Louis),  frère  cadet 
du  précédent ,  naquit  à  Paris  en  1654 ,  et 
fut  comme  lui  élevé  par  son  père.  Un  prix 
remporté  à  l'âge  de  18  ans  lui  valut  la 
pension  du  roi.  Il  se  forma  à  Rome  sur 
les  tableaux  des  grands  maîtres ,  et  sur- 
tout sur  ceux  de  Raphaël.  A  son  retour 
en  France,  il  entra  à  l'académie  de  pein- 
ture ,  et  en  devint  le  directeur.  Louis  XIV 
le  nomma  son  premier  peintre,  lui  donna 
des  lettres  de  noblesse ,  le  fit  chevalier 
de  St. -Michel ,  et  ajouta  à  ces  honneurs 
plusieurs  pensions.  Il  mourut  en  1733, 
aussi  regretté  pour  ses  talens ,  que  pour 
sa  douceur  et  sa  politesse.  Son  pinceau 
est  gracieux  et  noble.  Ses  tableaux  se  ven- 
dent moins  cher  que  ceux  de  son  frère  , 
dont  il  était  l'ami  et  l'émule ,  mais  émule 
quelquefois  inférieur.  Il  laissa  4  enfans  , 
2  filles  et  2  fils,  dont  l'aîné  a  été  contrô- 
leur-général. On  cite  comme  ses  meilleurs 
tableaux  Y  Annonciation ,  Y  Assomption  et 
la  Présentation  de  Jésus-Christ  au  temple. 
Ce  dernier  se  trouve  dans  l'église  Notre- 
Dame  ,  à  Paris,  et  les  deux  autres  dans 
la  chapelle  de  Versailles. 

BOULMIERS.  Voyez  DESBOULMIERS. 

*  BOULOGNE  (  Etiexxe-Axtoixe  de  ), 
évêque  de  Troyes  et  pair  de  France ,  na- 
quit à  Avignon  ,  le  26 décembre  1747 ,  d'une 
famille  honnête ,  mais  peu  riche.  Sa  pre- 
mière enfance  fut  négligée.  On  ne  l'en- 
voya qu'assez  tard  aux  écoles  des  frères 
dits  des  écoles  chrétiennes.  Ceux-ci  frap- 
pés de  ses  heureuses  dispositions  et  de  son 
penchant  pour  létat  ecclésiastique  ,  favo- 
risèrent sa  vocation.  Il  entra  à  15  ans  dans 
une  pension  pour  apprendre  le  latin  ,  et 
son  ardeur  fut  telle  qu'il  acheva  ses  études 
de  latinité  dans  l'espace  d'un  an.  Il  lit  sa 
rhétorique  seul  et  avec  le  secours  de  quel- 
ques livres  ;  ensuite  il  entra  au  séminaire 
de  Saint -Charles  ,  dirigé  par  MM.  de 
Saint-Sulpice  ;  son  goût  le  portait  dès  lors 


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BOU 


vers  la  prédication  ,  et  il  s'amusait  à  com- 
poser des  discours  qu'il  débitait  devant 
ses  camarades.  Après  avoir  terminé  sa 
philosophie  et  sa  théologie  il  reçut  le  sous- 
diaconat  ,  puis  le  diaconat ,  et  fut  ordon- 
né prêtre  par  dispense  en  1771,  dix  mois 
avant  l'âge  requis.  Le  1er  avril  suivant , 
il  prononça  devant  la  congrégation  des 
hommes  d'Avignon  un  sermon  sur  la  re- 
ligion chrétienne.  Une  circonstance  vint 
encore  favoriser  son  penchant  pour  l'art 
oratoire.  L'académie  de  Montauban  pro- 
posa ,  en  1772 ,  un  prix  sur  cette  question  : 
«  Il  n'y  a  point  de  meilleur  garant  de  la 
»  probité  que  la  religion ,  »  conformément 
à  ces  paroles  de  l'Ecclésiastique  :  Qui  ti- 
viet  De  uni  facicl  ùona.  L'abbé  de  Bou- 
logne composa  un  discours  sur  ce  sujet , 
et  remporta  le  prix.  11  prêcha  ensuite  à 
Avignon,  â  Tarascon,  à  Villeneuve,  et  se 
rendit,  en  1774,  à  Paris  pour  y  entendre 
les  prédicateurs  qui  étaient  les  plus  suivis; 
mais  son  peu  de  fortune  ne  lui.  permettant 
pas  de  consacrer  tous  ses  momens  à  l'é- 
tude ,  il  s'attacha  d'abord  au  clergé  de 
Ste.-Marguerite ,  puis  à  celui  de  St.-Ger- 
main-1'Auxerrois.  En  1777,  il  prêcha  dans 
l'église  des  Récollets  de  Versailles  devant 
Mesdames,  tantes  du  roi.  L'année  sui- 
vante, M.  deBeaumont,  archevêque  de 
Paris,  qui  vraisemblablement  avait  été 
trompé  sur  son  compte ,  lança  contre  lui 
un  interdit ,  et  cette  disgrâce  fut  très  sen- 
sible à  l'abbé  de  Boulogne.  Il  profita  néan- 
moins de  cette  circonstance  pour  étudier 
l'Ecriture  et  les  Pères,  et  se  perfection- 
ner dans  l'éloquence  sacrée.  A  la  même 
époque  une  société  d'amis  de  la  religion 
et  des  lettres  proposa  un  prix  pour  l'é- 
loge dudaupbin  mort  en  1765,  et  l'abbé 
de  Boulogne  mérita  d'être  couronné  ; 
mais  l'archevêque  que  la  société  avait 
nommé  son  président  ne  voulait  pas 
qu'on  décernât  le  prix  à  un  prêtre  qui 
avait  encouru  sa  disgrâce.  Toutefois  il 
se  laissa  fléchir  aux  instances  réitérées 
qui  lui  furent  faites  ,  et  leva  l'interdit  ,  à 
condition  que  le  jeune  orateur  irait  faire 
une  retraite  dans  une  communauté  de 
St.-Lazare  ,  ce  à  quoi  celui-ci  se  soumit. 
Son  Eloge  du  dauphin  fut  imprimé,  et  fit 
honneur  à  ses  talens.  En  1782,  il  prononça 
devant  les  deux  académies  des  sciences  et 
belles-lettres  le  Panégyrique  de  Sl.-Louis, 
et  ce  discours  ,  qui  fut  aussi  imprimé , 
accrut  sa  réputation.  La  même  année, 
M.  de  Clermont-Tonnerre ,  qui  avait  été 
élevé  à  l'évêché  de  Châlons-sur-Marne .  le 
choisit  pour  son  grand-vicaire  :  mais  M  de 


Boulogne  qui  voulait  suivre  la  carrière 
qu'il  avait  commencée,  resta  peu  de 
temps  auprès  de  lui ,  et  revint  dans  la  ca- 
pitale. Il  prêcha  pour  la  première  fois  à 
la  cour  en  1783;  et  reçut  une  pension  de 
2000  f.  sur  l'archevêché  d'Auch.  En  1784, 
l'évèque'de  Chàlons  le  nomma  archidiacre 
et  chanoine  de  sa  cathédrale.  En  1786,  il 
remplit  la  station  du  carême  aux  Quinze- 
Vingts;  enfin,  en  1787,  il  prêcha  le  ca- 
rême à  Versailles.  Dans  son  sermon  pouï 
le  dimanche  des  Rameaux  ,  il  s'attacha  à 
montrer  combien  la  religion  est  nécessaire 
aux  états ,  et  combien  l'irréligion  leur  est 
fatale.  Il  signala  avec  força  les  malheurs 
dont  la  société  était  menacée  par  les  pro- 
grès de  l'esprit  philosophique.  L'orateur 
fut  taxé  d'exagération ,  et  l'on  continua  de 
marcher  à  grands  pas  vers  une  révolution 
que  tout  favorisait.  Il  prononça,  en  1788 , 
le  discours  d'ouverture  de  l'assemblée  pro- 
vinciale de  la  Champagne ,  et  M.  de  ïab- 
leyrand  qui  présidait  l'assemblée  le  féli- 
cita de  son  zèle ,  et  écrivit  en  sa  faveur  à 
l'évêque  d'Autun  qui  le  nomma  à  l'ab- 
baye de  Tonnay-Charente.  En  1789,  il  fut 
élu  député  ecclésiastique  de  la  paroisse 
de  St.-Sulpice  à  l'assemblée  bailliagère  de 
Paris,  et  commissaire  pour  travailler  à 
la  rédaction  des  cahiers.  Lors  de  la  con- 
stitution civile  du  clergé  ,  il  refusa  le  ser- 
ment, et  se  vit  dépouillé  de  ses  titres 
et  de  ses  bénéfices.  Il  ne  quitta  point  la 
France  pendant  la  terreur,  et  chercha 
vainement  à  se  faire  oublier  en  menant 
une  vie  fort  retirée.  On  l'arrêta  trois 
fois  ;  la  première  fois ,  on  le  mit  au  sémi- 
naire de  Saint-Sulpice  ,  transformé  en 
maison  d'arrêt  ;  mais  il  parvint  à  se 
soustraire  à  ses  gardiens.  Arrêté  de  nou- 
veau et  conduit  à  la  section  ,  il  suint  un 
interrogatoire ,  et  obtint  sa  liberté  au  bout 
de  trois  jours.  Repris  le  26  juillet  17%  , 
dans  une  visite  domiciliaire  de  nuit ,  il 
fut  enfermé  dans  la  prison  des  Carmes , 
si  fameuse  par  d'horribles  massacres ,  et 
y  resta  jusqu'au  7  novembre  suivant. 
Lorsque  la  Convention  parut  revenir  à 
des  idées  de  modération  et  de  tolérance  , 
il  attaqua ,  avec  les  armes  de  la  logique 
et  du  ridicule  ,  les  constitutionnels  qui 
cherchaient  à  relever  leur  église  Le  suc- 
cès qu'il  obtint  en  ce  nouveau  genre  le 
fit  juger  propre  à  la  rédaction  d'un  jour- 
nal ecclésiastique ,  que  les  abbés  Sicard 
et  Jauffret  venaient  d'entreprendre  sous 
le  titre  d'Annales  religieuses;  et  à  partir 
du  n°  19,  il  devint  seul  rédacteur  du  jour- 
nal qu'il   intitula  Annales  catholiques  t 


BOU 


ASO 


BOU 


pour  le  distinguer  des  Annales  de  la 
religion  *  qui  étaient  rédigées  par  les 
constitutionnels.  Ce  recueil  obtint  un 
grand  succès  ;  mais  il  fut  plusieurs  fois 
interrompu  ;  ayar.t  osé  combattre  La  Ré- 
veillère-Lépeaux  ,  qui ,  dans  un  discours 
prononcé  devant  l'Institut ,  avait  attaqué 
le  christianisme ,  ce  théophilantrope  fit 
supprimer  les  Annales ,  et  l'auteur  fut 
condamné ,  au  18  fructidor,  à  la  déporta- 
tion, à  laquelle  il  n'échappa  qu'en  se  tenant 
caché.  M.  de  Boulogne  reprit  son  journal 
au  commencement  de  janvier  1800  ,  et  le 
continua  jusqu'à  la  fin  de  1801 ,  sous  la 
dénomination  à? Annales  philosophiques 
et  littéraires  J  et  quelquefois  sous  le  titre 
de  Fragmens  de  littérature  et  de  mo- 
rale. Il  le  recommença  en  1803 ,  et  l'in- 
titula Annales  littéraires  et  morales* 
puis ,  Annales  critiques  de  littérature  et 
de  morale  s  et  enfin  Mélanges  de  philo- 
sophie >  d'histoire  .,  de  morale  et  de  lit- 
térature ;  mais  il  travailla  peu  à  cette 
dernière  partie ,  et  en  abandonna  entière- 
ment la  rédaction  dès  l'année  1807.  Ces  dif- 
férens  recueils  qui  forment  plu3  de  10 
gros  vol.  in-8°  ,  sans  y  comprendre  les 
Mélanges  de  philosophie  .,  se  font  remar- 
quer par  un  attachement  constant  aux 
saines  doctrines  en  religion  et  en  litté- 
rature ,  de  bons  articles  sur  les  livres 
qui  paraissaient ,  des  réfutations  très 
piquantes  des  écrits  des  constitutionnels , 
et  des  morceaux  pleins  de  chaleur  en 
faveur  de  la  religion  et  contre  l'incré- 
dulité. Dans  les  intervalles  où  les  Annales 
(étaient  suspendues  ,  M.  de  Boulogne  four- 
lissait  volontiers  des  articles  à  la  Quo- 
tidienne .,  à  la  Gazette  de  France ,  à  la 
France  littéraire  .,  et  surtout  au  Journal 
des  débats  qui  alors  soutenait  les  bonnes 
doctrines.  Les  articles  qu'il  a  fournis  à  ce 
dernier  journal  ont  été  recueillis  dans 
le  Spectateur  français  au  19e  siècle  ,  pu- 
blié par  Fabry ,  de  1805  à  1812 ,  en  12 
vol.  in-8°.  M.  de  Boulogne  profita  du  ré- 
lablissement  du  culte  pour  remonter  dans 
la  chaire.  La  maturité  de  son  talent  im- 
prima encore  plus  de  force  et  d' énergie  à 
tout  ce  qui  sortit  alors  de  sa  plume.  On 
distingue  particulièrement  ses  sermons 
sur  la  charité  chrétienne  ,  celui  sur  l'ex- 
cellence de  la  morale  chrétienne  plusieurs 
fois  répété  dans  la  capitale ,  le  panégy- 
rique de  saint  Vincent  de  Paul  composé 
depuis  1789 ,  le  sermon  sur  la  Provi- 
dence ,  celui  sur  la  Vérité ,  et  quelques 
autres.  Il  était  resté  sans  emploi  lors  du 
concordat  ;    l'évêque    de   Versailles  lui 


donna  un  canonicat  dans  sa  cathédrale ,  et 
le  nomma  ensuite  grand-vicaire.  L'em- 
pereur ,  qui  cherchait  à  s'entourer  d'hom- 
mes à  grande  réputation ,  le  choisit  pour 
un  de  ses  chapelains.  L'abbé  de  Bou- 
logne, à  qui  il  en  coûtait  de  s'attacher 
à  ce  monarque  dont  il  avait  jugé  la  poli- 
tique ,  voulait  refuser  ce  titre  ;  mais  un 
ami  dont  il  respectait  la  sagesse  et  les  lu- 
mières l'entraîna  par  ses  conseils.  Au 
mois  de  mars  1807,  un  décret  daté  du 
camp  d'Osterode  le  nomma  évêque  d'Ac- 
qui  et  aumônier;  11  refusa  le  premier 
titre  en  observant  que  son  ignorance 
de  la  langue  italienne  le  mettrait  dans 
l'impossibilité  de  se  faire  entendre,  et 
priverait  son  tnmpeau  de  ses  instruc- 
tions. Bonaparte  agréa  ses  raisons.  La 
même  année  M.  de  la  Tour-du-Pin, 
évêque  de  Troyes  ,  étant  mort ,  il  fut  ap- 
pelé à  lui  succéder  et  préconisé  à  Rome 
dans  le  consistoire  du  11  juillet  de  l'année 
suivante.  Il  est  à  remarquer  que  déjà 
Rome  était  envahie  ,  que  le  pape  était  en 
butte  à  une  persécution  ouverte ,  et  que 
ce  fut  le  dernier  évêque  français  dont 
l'institution  ne  souffrit  pas  de  difficulté. 
Boulogne  fut  sacré  dans  la  chapelle  des 
Tuileries,  le  2  février  1809,  par  le  cardinal 
Fesch  ,  assisté  des  deux  évêques  de  Ver- 
sailles et  de  Gand.  Un  des  premiers  actes 
du  nouveau  prélat  fut  une  lettre  pasto- 
rale ,  en  date  du  20  mars ,  qui  a  été  im- 
primée ,  et  où  l'on  remarque  un  morceau 
très  éloquent  sur  l'indifférence  religieuse 
de  notre  siècle ,  sur  l'amour  de  l'indé- 
pendance ,  cette  manie  des  systèmes , 
tristes  fruits  des  enseignemens  de  la  phi- 
losophie et  des  habitudes  de  la  révolution. 
Peu  de  temps  après  il  entreprit  la  visite 
de  son  diocèse  ;  il  donna  la  confirmation 
dans  plusieurs  villes ,  et  partout  il  adres- 
sait quelques  mots  d'édification  aux  fidèles. 
On  lui  a  reproché  les  éloges  qu'il  a  donnés 
à  Bonaparte  à  l'occasion  de  victoires  et 
autres  événemens  politiques.  On  les  a 
même  insérés  dans  un  recueil ,  mais  on  a 
évité  d'y  citer  des  morceaux  pleins  de  vé- 
rité auxquels  les  éloges  servaient  en  quel- 
que sorte  de  passeport.  On  trouve  dans  ses 
mandemens  des  réflexions  courageuses. 
Ainsi  dans  celui  du  1er  juin  1809 ,  le  pré- 
lat s'adressant  à  Dieu  s'exprime  en  ces 
termes  sur  Napoléon  :  o  Dites-lui  tout  ce  que 
»  les  hommes  ne  peuvent  pas  lui  dire  ;  don- 
»  nez-lui  de  surmonter  toutes  les  passions 
»  comme  il  surmonte  tous  les  dangers  ; 
»  faites-lui  comprendre  que  la  sagesse  vaut 
»  mieux  que  la  force,  et  que  celui  qui  se 


KOU 


481 


BOU 


»  dompte  lui-même  vaut  mieux  que  cc- 
»  lui  qui  prend  des  villes.  »  M.  l'évêque  de 
Troyes  ne  se  montra  pas  plus  timide  dans 
le  discours  qu'il  prononça  lors  de  l'ouver- 
ture du  concile  de  1811,  où  il  parla  de  Yin- 
fluence  de  la  religion  catholique  sur  l'or- 
dre social  et  sur  le  bonheur  des  empires. 
Ce  discours  le  perdit  dans  l'esprit  de  l'em- 
pereur ;  mais  les  évèqucs  lui  donnèrent  un 
témoignage  de  confiance  en  le  nommant 
un  des  quatre  secrétaires  du  concile  ,  et 
en  le  choisissant  quelques  jours  après 
pour  faire  partie  de  la  commission  char- 
gée de  répondre  au  message  de  Bona- 
parte. Celle-ci  déclara  que  le  concile  était 
incompétent  pour  prononcer  sur  l'institu- 
tion des  évèques  sans  l'intervention  du 
pape.  Bonaparte  irrité  cassa  le  concile  , 
et  fit  arrêter  dans  la  nuit  du  10  au  11 
juillet  les  évêques  de  Troyes  ,  de  Gand 
et  de  Tournay  ,  qu'il  fit  conduire  à  Vin- 
cennes ,  et  mettre  au  secret  le  plus  ri- 
goureux {Voyez  BROGLIE).  A  la  fin  de 
novembre  on  leur  demanda  séparément 
leur  démission  et  une  promesse  par  éerit 
de  ne  se  point  mêler  des  affaires  de 
leurs  diocèses.  A  ces  conditions  ils  sor- 
tirent du  donjon  de  Vincennes ,  et  furent 
envoyés  en  différens  lieux  d'exil.  M.  de 
Boulogne  fut  relégué  à  Falaise  où  il  de- 
vait rester  en  surveillance.  Cette  démis- 
sion signée  dans  une  prison  devint  une 
source  de  trouble  dans  son  diocèse.  Deux 
ecclésiastiques  furent  envoyés  successi- 
vement à  Fontainebleau  pour  consulter 
le  pape  et  les  cardinaux  ,  et  la  réponse  fut 
que  les  droits  de  M.  de  Boulogne  étaient 
entiers,  et  que  le  chapitre  n'avait  aucune 
juridiction.  Un  troisième  ecclésiastique 
fut  envoyé  à  Falaise  pour  consulter  le  pré- 
lat ,  qui  déclara  que  dans  la  situation  ri- 
goureuse oit  il  se  trouvait .,  il  ne  pouvait 
rien  répondre.  Alors  l'abbé  Arvisenet , 
chanoine  et  grand-vicaire  de  Troyes  ,  pu- 
blia sa  rétractation ,  et  déclara  qu'il  ne 
reconnaissait  point  les  pouvoirs  du  cha- 
pitre. Cette  démarche  d'un  homme  si 
pieux  et  si  révéré  fit  une  grande  sen- 
sation ,  et  plusieurs  chanoines  se  dé- 
clarèrent pour  M.  de  Boulogne.  Le  gou- 
vernement ,  pour  faire  cesser  cette  oppo- 
sition ,  demanda  au  prélat  une  nouvelle 
démission  ,  et  sur  son  refus  il  fut  recon- 
duit à  Vincennes  le  27  novembre  1815 , 
deux  ans  après  en  être  sorti.  Bonaparte 
avait  nommé  à  sa  place  M.  de  Cussy  , 
et  une  partie  du  chapitre  l'avait  reconnu; 
mais  les  événemens  de  1811  rendirent  son 
évêché  à  l'abbé  de  Boulogne.  Louis  XVIII 
2. 


le  choisit  pour  prêcher  devant  lui  le 
jour  de  la  Pentecôte ,  et  le  29  avril  ie 
pape  le  cliargca  d'une  mission  spéciale  au- 
près du  roi  pour  des  points  qui  intéres- 
saient la  religion.  Peu  après  une  com- 
mission d'évèques  et  d'ecclésiastiques  fut 
nommée  pour  s'occuper  des  affaires  de 
l'Eglise,  et  il  fut  choisi  pour  en  faire  partie. 
C'est  à  ses  représentations  que  l'on  doit , 
entre  autres  ,  l'ordonnance  du  5  octobre 
qui  affranchissait  les  petits  séminaires  du 
joug  de  l'université.  De  retour  dans  son 
diocèse  il  y  fut  reçu  avec  de  vifs  témoi- 
gnages de  joie;  cependant  les  traces  des 
premières  divisions  ne  s'effacèrent  que 
quelques  années  après.  Il  avait  rédigé 
une  ordonnance  relati  vement  à  ses  droits  , 
et  dans  laquelle  il  prononçait  la  nullité 
des  actes  du  chapitre  ;  mais  il  s'abstint 
par  prudence  et  par  modération  de  la 
mettre  au  jour.  Le  12  janvier  1815,  il 
reçut  une  invitation  pour  prêcher  à  St.- 
Denis ,  le  21  janvier  ,  l'oraison  funèbre  de 
Louis  XVI  ;  et  malgré  l'extrême  brièveté 
du  temps  qu'il  eut  pour  se  préparer ,  il  se 
trouva  en  état  de  lire  son  discours  à 
Louis  XVIII ,  qui  ne  pouvait  se  rendre 
à  la  cérémonie ,  deux  jours  avant  celui  où 
il  devait  le  prononcer.  Le  prince  lui  en 
témoigna  à  plusieurs  reprises  sa  satisfac- 
tion. L'abbé  de  Boulogne  fut  encore  obligé 
ie  quitter  son  troupeau  lorsque  Napoléon 
revint  de  l'île  d'Elbe  ,  en  France.  Il  se  re- 
tira à  Vaugirard  ,  près  Paris  ,  où  il  vécut 
retiré  et  ignoré  jusqu'à  la  seconde  restau- 
ration. Alors  il  donna  un  mandement  pour 
ordonner  des  prières  publiques  à  l'occa- 
sion de  l'ouverture  des  chambres ,  man- 
dement qui  fut  inséré  en  entier ,  par 
ordre  du  roi ,  dans  le  Moniteur.  Le  jour 
de  l'Epiphanie  il  prêcha  dans  sa  cathé- 
drale un  discours  devenu  célèbre  ,  sous 
ce  titre  :  La  France  veut  son  Dieu  _,  la 
France  veut  son  roi.  Ce  discours  qui  est 
regardé  comme  un  des  meilleurs  qu'il 
ait  prononcés  ,  fut  répété  à  Paris  dans 
l'église  de  St.-Thomas-d'Aquin  et  à  l'As- 
somption. En  avril  1816  ,  il  publia  une 
Instruction  pastorale  "sur  l'amour  et  la 
fidélité  que  nous  devons  au  roi ,  et  sur 
le  rétablissement  de  la  religion  catho- 
lique en  France.  Depuis  le  concordat  le 
séminaire  de  Troyes  était  placé  dans  un 
local  étroit  et  insuffisant,  tandis  que 
l'ancien  séminaire  servait  de  caserne.  1\ 
écrivit  à  ce  sujet  une  lettre  respectueuse, 
mais  forte  et  pressante  ,  à  Louis  XVIII , 
qui  ordonna  de  restituer  les  bâtimens  oc- 
cupés par  les  militaires.  Lors  du  concordat 
41 


BOU 


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BOU 


de  1817,  il  fut  nommé  à  l'archevêché  de 
Vienne  ;  mais  les  circonstances  rendirent 
cette  translation  sans  effet.  Ce  concordat 
éprouva  beaucoup  de  difficultés  dans  son 
exécution  ;  M.  de  Boulogne  ,  adhéra  à  la 
suspension  du  rétablissement  de  ce  siège  , 
et  depuis  il  y  renonça  formellement.  Le 
roi  le  nomma  pair  de  France  par  ordon- 
nance du  51  octobre  1822.  Il  assistait  ré- 
gulièrement aux  séances  de  la  chambre  , 
et  prononça  un  discours  dans  la  discussion 
sur  les  délits  dans  les  églises,  qui  excita 
les  plaintes  de  quelques  pairs  ;  mais 
Louis  XVIII  en  accepta  l'hommage  des 
mains  de  son  auteur.  Il  voulait  parler 
aussi  dans  la  discussion  sur  les  commu- 
nautés religieuses  ;  la  discussion  ayant  été 
fermée  plus  tôt  qu'il  ne  le  croyait ,  il  ne 
put  prendre  la  parole.  Léon  XII  l'autorisa 
en  1825  ,  par  un  bref ,  à  porter  le  titre 
d'archevêque  et  à  se  revêtir  du pallium, 
marque  distinctive  des  métropolitains, 
qu'il  avait  reçue  en  1817 ,  après  sa  promo- 
tion au  siège  de  Vienne.  Il  prêcha  la  Cène 
à  la  cour  en  1819  et  en  1823  ;  il  fit  à  St.- 
Danis  le  discours  sur  la  translation  des  re- 
liques des  saints  martyrs ,  prononça  dans 
sa  cathédrale  l'oraison  funèbre  du  duc  de 
Berry,  et  prêcha  pour  l'anniversaire  de 
l'ouverture  de  l'église  de  Ste.-Geneviève 
en  1823.  Enfin ,  en  mars  1825 ,  il  porta  la 
parole  dans  une  réunion  annuelle  en  com- 
mémoration des  victimes  de  la  révolution. 
Il  a  donné ,  dans  ses  dernières  années  , 
plusieurs  instructions  pastorales  ,  non 
moins  remarquables  par  le  zèle  que  par 
le  talent.  Il  en  avait  composé  une  sur  le 
sacre ,  et  il  allait  la  livrer  à  l'impres- 
sion ,  lorsqu'il  fut  frappé  d'une  attaque 
d'apoplexie  cérébrale  dans  la  nuit  du  10 
au  11  mai  1825.  Le  matin  on  le  trouva 
sans  connaissance.  Malgré  les  efforts  des 
médecins ,  il  ne  put  recouvrer  les  sens 
ni  la  parole.  Le  curé  de  Saint  -  Sulpice 
lui  administra  l'extrême-onction  ,  et  il 
rendit  le  dernier  soupir  le  vendredi, 
43  mai ,  à  une  heure  du  matin.  Ses  restes 
furent  déposés  au  mont  Valérien  ,  à  côté 
de  ceux  de  M.  de  Beauvais.  L'auteur  de 
i\4nnuaire  nécrologique  a  porté  sur  le 
compte  de  M.  de  Boulogne  un  jugement 
bien  sévère.  Il  ne  faut  pas  s'en  étonner  : 
son  attachement  à  la  religion ,  son  cou- 
rage à  la  défendre,  ses  vigoureuses  sorties 
contre  l'esprit  du  siècle  ,  ont  dû  lui  faire 
beaucoup  d'ennemis  ;  mais  ses  talens  ora- 
toires ,  la  douceur  de  son  caractère  ,  sa 
bienfaisance  pour  les  malheureux  ,  sa  vie 
exemplaire   le  feront  toujours  regarder 


par  les  amis  de  la  religion  et  des  mœurs 
comme  un  des  plus  grands  évêques  de 
notre  époque.  On  a  recueilli  ses  ouvrages 
en  8  volumes  in-8°  ,  1826  et  années  sui- 
vantes. Les  quatre  premiers  volumes  qui 
sont  précédés  d'une  notice  historique  sur 
ce  prélat ,  contiennent  les  Sermons  et 
Discours  inédits  ;  les  Mandemens  et  In- 
structions pastorales ,  suivis  de  divers 
morceaux  oratoires ,  forment  un  volume , 
et  les  Mélanges  de  religion ,  de  critique  et 
de  littérature  ,  avec  un  précis  historique 
sur  l'église  constitutionnelle  ,  trois  vol. 

* BOULOUVARD  (Pierre  )  ,  né ,  en 
1752  ,  à  Arles  ,  en  Provence  ,  était ,  a\  mt 
la  révolution  de  1789  ,  à  la  tète  d'une  mai- 
son de  commerce.  Son  goût  pour  la  litté- 
rature et  sa  passion  pour  les  livres  nuisi- 
rent souvent  à  ses  affaires.  Partisan  mo- 
déré du  nouvel  ordre  de  choses,  il  vint 
à  Paris  en  1793  ,  et  y  fut  bientôt  nommé 
chef  de  la  division  des  consulats  au  mi- 
nistère des  relations  extérieures  ,  dont  il 
refusa  le  portefeuille,  àT époque  de  la  mise 
en  activité  de  la  constitution  de  l'an  3.  Ce 
fut  lui  qui  donna  le  plan  de  l'expédition 
d'Egypte  ,  d'après  les  renseignemens 
que  lui  fournit  le  consul  Magallon.  Il  per- 
dit sa  place  en  1799  ,  à  la  suite  de  quel- 
ques discussions  avec  le  nouveau  mi- 
nistre ,  Mr.  de  Talleyrand ,  et  fut  nommé 
consul-général  de  Gènes.  Il  se  disposait  à 
partir  pour  cette  résidence ,  mais  peu 
de  jours  après  le  18  brumaire  ,  sa  nomi- 
nation fut  révoquée.  Lorsque  le  conseil 
des  prises  eut  été  établi ,  Boulouvard  fut 
un  des  défenseurs  des  causes  maritimes 
devant  ce  tribunal,  jusqu'à  sa  suppres- 
sion ,  et  s'acquit  la  réputation  d'un  bon 
jurisconsulte.  Aucun  événement  nota- 
ble n'a  marqué  le  reste  de  sa  vie.  Il  est 
mort  le  22  avril  1825.  Quoiqu'il  possédât 
des  connaissances  très  variées  dans  tous 
les  genres  de  littérature ,  il  n'a  laissé 
qu'une  brochure  qu'il  publia  à  l'époque 
où  le  gouvernement  présenta  aux  deux 
chambres  un  projet  de  loi  sur  le  paie- 
ment d'une  somme  considérable  récla- 
mée par  la  régence  d'Alger.  Cet  écrit  est 
intitulé  :  Sur  le  projet  de  payer  sept  mil- 
lions à  la  régence  d'Alger  J  Paris,  1820  , 
in-8°  de  52  pages ,  et  la  question  y  est  ré- 
solue négativement. 

*  BOULTF.R  (Hugues)  ,  prélat  anglais, 
mort  à  Londres ,  en  1742 ,  fut  chapelain 
de  Georges  Ier ,  et  enseigna  la  langue  an- 
glaise au  prince  Frédéric.  Il  devint  évê- 
que  de  Bristol  et  archevêque  d'Armagh 
dans  l'Ulster.  Il  s'est  fait  connaître  par 


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483 


BOL 


des  actes  nombreux,  de  bienfaisance  et  de 
charité.  En  1729 ,  ce  fut  lui  qui  prévint 
la  famine  et  la  peste  qui  menaçaient  l'Ir- 
lande ,  en  envoyant  dans  les  provinces  de 
grandes  quantités  de  grains ,  et  en  nour- 
rissant à  ses  dépens  ,  jusqu'après  la  mois- 
son ,  la  foule  des  pauvres  qui  assiégeaient 
Dublin.  Dans  une  circonstance  semblable, 
entre  1740  et  1744  ,  deux  nulle  cinq  cents 
personnes  reçurent  deux  fois  par  jour, 
pendant  plusieurs  mois  ,  des  alirnens 
qu'il  leur  faisait  distribuer ,  en  grande 
partie  à  ses  frais.  Il  fonda  çt  dota  des 
hospices  à  Drogheda  et  à  Armagh.  Boul- 
ter  n'a  point  laissé  de  litres  à  la  réputa- 
tion littéraire  :  on  n'a  de  lui  que  quelques 
sermons,  et  des  lettres  pastorales  à  sou 
clergé. 

*  BOULTOX  (Matthieu),  célèbre  mé- 
canicien anglais ,  membre  de  la  société 
royale  de  Londres  ,  né  à  Birmingham  en 
1728  ,  de  paréos  qui  possédaient  une  ma- 
nufacture do  quincaillerie ,  se  fit  con- 
naiLre  par  des  moyens  nouveaux  et  in- 
génieux d'employer  l'acier.  Il  lit  con- 
struire la  fameuse  manufacture  de  quin- 
caillerie de  Sobo,  près  de  Birmingham, 
et  lit  élever  dans  cet  établissement  une 
machine  à  vapeur  qu'on  peut  regarder 
comme  un  chef-d'œuvre  de  génie,  depuis 
qu'elle  a  été  perfectionnée  par  M.  Yatt , 
associé  de  1  oulton.  Ils  appliquèrent 
cette  machine  à  un  moulin  propre  à  la 
fabrication  de  la  monnaie  et  dos  médail- 
les ,  et  ce  procédé  adopté  en  Angleterre 
pour  la  monnaie  de  cuivre  paraît  présen- 
ter des  avanlages.  Ils  construisirent  de 
concert  plusieurs  autres  machines  à  va- 
peur, et  établirent  à  Sinethwick  une  fon- 
derie où  sont  coulés  les  ferremens  de  ces 
machines.  Boulton  envoya  à  Pétersbourg 
tons  les  objets  nécessaires  pour  élever 
deux  ateliers  de  monnaie.  Il  mourut  au 
mois  d'août  1809. 

*  BOUNIEU  (  Michel-Honoré  )  pein- 
tre d'histoire,  né  à  Marseille  en  1740,  fut 
d'abord  contrarié  dans  sa  vocation  par  ses 
parens ,  qui  le  destinaient  à  la  carrière 
du  commerce.  Il  se  livra  en  secret  et  sans 
guide  à  son  goût  pour  le  dessi  i ,  j  squ'à 
l'âge  de  15  ans  ,  où  il  fut  envoyé  à  Paris, 
afin  d'y  prendre  les  leçons  d'un  art  pour 
lequel  il  montrait  tant  de  dispositions.  Il 
devint  l'élève  favori  de  Pierre,  premier 
peintre  du  roi.  Les  sujets  des  premiers 
ouvrages  de  Bounieu  sont  pris  dans  la 
vie  familière  :  il  traita  aussi  l'histoire  : 
on  cite  parmi  ses  tableaux  :  Madeleine 
pénitente,  le  Déluge*  Adam  et  Eve  chas- 


sés du  Paradis  .,  etc.  La  plupart  furent 
exposés  en  public  :  Bounieu  était  aussi 
graveur;  il  a  gravé  quelques-unes  de  ses 
œuvres  à  la  manière  noire.  Il  fut  reçu  en 
1770  à  l'académie  royale  de  peinture, 
professa  quelque  temps  le  dessin  à  l'école 
royale  des  ponts-et-chaussées ,  et  devint 
en  1792  conservateur  du  cabinet  des  es- 
tampes à  la  Bibliothèque.  Il  y  établit  un 
ordre  jusqu'alors  inconnu.  En  1812  il  pu- 
blia un  opuscule  sur  la  cause  du  flux  et 
du  reflux  de  la  mer.  Il  est  mort  en  1814. 

*  BOUQUES  (  Charles  de  ) ,  avocat  du 
10e  siècle,  travailla  avec  Despeisses  au 
Traité  des  Successions  testamentaires  et 
ab  intestat. 

*  BOUQUES  (  Chaules  de  ) ,  seigneur 
de  Vons,  près  Montpellier,  né  au  16e 
siècle ,  est  connu  par  la  première  partie 
des  Merveilles  de  J.-C.  imprimée  à  Paris 
en  1642 ,  in-8°. 

BOUQUET  (don  Martin  ),  bénédictin 
de  saint  Maur,  né  en  168a  à  Amiens,  mou- 
rut à  Paris  en  1754.  L'académie  de  sa  pa- 
trie l'avait  mis  au  nombre  de  ses  mem- 
bres. Il  eut  part  aux  recueils  de  don  Mont- 
faucon.  On  a  de  lui  la  Collection  des  his- 
toriens de  France,  jusqu'au  8e  volume, 
Paris ,  1773 ,  et  suiv.  in-folio.  Il  en  a  paru 
10  depuis  sa  mort.  Il  exécuta  celte  entre- 
prise ,  que  le  ministre  lui  avait  confiée  et 
pour  laquelle  il  avait  une  pension  sur  le 
trésor  royal,  avec  l'exactitude  d'un  homme 
laborieux.  Iiavait  plus  d'amour  pour  le  tra- 
vail que  d'esprit  et  de  discernement.  C'était 
d'ailleurs  un  religieux  animé  de  l'esprit 
son  état ,  et  plein  de  charité  pour  les 
pauvres.  —  BOUQUET ,  Pierre  ,  son  ne- 
veu ,  avocat ,  mort  en  1781 ,  a  publié  le 
|  Droit  public  de  France,  éclair  ci  par  les 
monumens  de  l'antiquité ',tome  1er,  1756, 
in-4°  :  la  su  te  n'a  pas  paru;  |  Notice  des 
titres  et  des  textes  justificatifs  de  la  pos- 
session de  nos  rois  de  nommer  aux  éve- 
chés  et  abbayes  de  leurs  étals,  in-4°; 
|  Lettres  provinciales ,  ou  examen  impar- 
tial de  l'origine  *  de  la  constitution  et  des 
révolutions  de  la  monarchie  française ,2 
vol.  in-8°,  etc.  |  Tableau  historique  et  gé- 
néral des  Irois  cours  souveraines  de 
France,  1772,  in-S°.  !  Mémoire  historique 
sur  la  topographie  de  Paris  ,  1772 ,  in-4°. 

*  BOUQU1ER  (  Gabriel  ),  président  de 
la  société  des  jacobin*,  député  de  la  Dor- 
dogne  à  1 1  t  onvention ,  vota  la  mort  de 
Louis  XVI.  Sa  fureur  révolutionnaire  se 
porta  jusque  •  ur  les  tableaux  du  Muséum, 
dont  il  voulait  exclure  ceux  qui  étaient  re- 
latifs à  la  monarchie.  Il  fit  avec  Moline 


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484 


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nn  opéra  intitulé  :  la  Réunion  du  10  août, 
sans-culottide  en  5  actes ,  représentée  en 
1793  et  1794.  Il  mourut  en  1811  à  Terrasson. 

'BOUQUIN  (  Charles),  religieux  domi- 
nicain ,  né  à  Tarascon  en  1622 ,  se  distin- 
gua pendant  40  ans  comme  prédicateur 
et  comme  théologien,  et  mourut  en  1G98. 
On  a  de  lui  :  |  Solis  Aquinatis  splendores 
ctrca  sanctum  eucharistiœ  mysterium  _, 
Lyon,  1677,  in-fol.  ;  |  Sermones  apologe- 
tici  quibus  sanctœ  catholicœ  ac  romanœ 
ecclesiœ  fides  contra  novalores  defendi- 
turAbid.  1689,  in-fol.  Ses  Sermons  latins 
restèrent  manuscrits  dans  les  archives  du 
couvent  de  Buix. 

BOURBON  (Robert  de  FRANCE  ,  sei- 
gneur de  ) ,  6e  fils  de  Saint-Louis  et  de 
Marguerite  de  Provence,  né  en  1256, 
épousa  Béatrix  de  Bourgogne ,  fille  d'A- 
gnès ,  héritière  de  Bourbon.  Il  mourut  en 
1517.  Il  est  la  tige  de  la  famille  régnante 
en  France ,  en  Espagne ,  à  Naples  et  à 
Parme.  La  baronie  de  Bourbon  fut  éri- 
gée en  duché-pairie  en  faveur  de  Louis 
son  aîné ,  l'an  1327.  On  trouve  dans  les 
lettres  d'érection  des  termes  dignes  de 
remarque ,  et  qui  ont  l'air ,  dit  le  prési- 
dent Hénault ,  d'une  prédiction.  J'espère, 
dit  le  roi  Charles  le  Bel ,  que  les  descen- 
dons du  nouveau,  duc  contribueront  par 
leur  valeur  à  maintenir  la  dignité  de  la 
couronne. 

BOURBON.  Voyez  CHARLES,  CONDÉ, 
CONTI ,  ENGHIEN  ,  PENTHIÈVRE. 

*  BOURBON  -  CONDÉ  (  Locis-Henri- 
Joseph,  duc  de),  huitième  des  princes  de 
ce  nom  qui  remontent  au  prince  de  Condé 
tué  à  la  bataille  de  Jarnac  en  1569,  était 
né  le  13  avril  1756.  Dès  son  enfance  on 
l'accoutuma  aux  exercices  militaires  ;  et 
Louis  XV  forma  le  camp  de  Saint-Omer 
pour  l'instruction  du  jeune  prince.  A 
quinze  ans  ,  il  épousa  Louise-Marie-Thé- 
rèse-Bathilde  d'Orléans ,  plus  âgée  que  lui 
de  quelques  années.  Le  seul  fruit  de  cette 
union,  qui  ne  tarda  pas  à  être  troublée 
comme  toutes  celles  qui  sont  formées  par 
une  violente  passion,  fut  le  duc  d'Enghien, 
qui  périt  en  1804 ,  dans  les  fossés  de  Vin- 
cennes.  Les  deux  époux  s'aperçurent 
qu'ils  manquaient  de  cet  accord  de  carac- 
tère et  de  goûts,  si  nécessaire  au  bon- 
heur domestique,  et  ils  se  séparèrent 
pour  ne  jamais  se  réunir.  La  jeunesse  du 
prince  fut  marquée  par  quelques  aven- 
tures qui  firent  du  bruit  à  la  cour.  Le 
comte  d'Artois  s'étant  permis  dans  un  bal 
d'arracher  le  masque  de  la  duchesse  de 
Bourbon,  l'époux  qui  se  crut  outragé  ap- 


pela le  prince  en  duel.  Les  deux  cham- 
pions furent  séparés  par  un  ordre  du  roi , 
et  le  résultat  de  cette  affaire  fut  l'exil  du 
duc  de  Bourbon  à  Chantilly.  Réconcilié 
avec  le  comte  d'Artois ,  il  se  rendit  en 
1782,  sous  le  nomdeDammartin,au  camp 
de  Saint- Roch ,  devant  Gibraltar ,  où  il 
donna  des  preuves  éclatantes  de  cette 
valeur  héréditaire  qui  distinguait  sa  fa- 
mille. Après  son  retour  en  France ,  il  fut 
fait  chevalier  de  Saint-Louis,  et  maré- 
chal-de-camp des  armées  du  roi.  Dès 
1773,  il  avait  été  nommé  chevalier  de 
l'ordre  du  Saint-Esprit.  Effrayé  de  cette 
fermentation  d'idées  qui  annonçait  l'ex- 
plosion prochaine  de  la  révolution ,  le  duc 
de  Bourbon  signa  la  fameuse  déclaration 
que  les  princes  adressèrent  au  roi ,  pour 
l'engager  à  prendre  des  mesures  répres- 
sives contre  les  novateurs;  il  quitta  la 
France  en  1789  ,  pour  se  retirer  à  Turin  , 
et  adhéra  ainsi  que  le  duc  d'Enghien  à 
la  lettre  dans  laquelle  son  père  le  prince 
de  Condé  signalait  au  roi  les  attentats 
dont  il  serait  un  jour  victime.  En  1791,  le 
duc  de  Bourbon  se  réunit  aux  émigrés 
français  sur  les  bords  du  Rhin ,  et  après 
s'être  rendu  en  Espagne  pour  y  demander 
des  secours  ,  il  rejoignit  en  1792  ses  com- 
pagnons d'exil,  et  pénétra  en  France  par 
le  pays  du  Luxembourg.  Repoussé  jus- 
qu'au de-là  du  Rhin ,  il  combattit  en 
1793 ,  dans  les  rangs  de  l'armée  de  Condé 
où  son  père  et  son  fils  partageaient  ses 
dangers.  Il  se  distingua  dans  plusieurs 
affaires ,  et  à  Bertheim,  en  chargeant  à  la 
tête  de  quelques  escadrons  de  cavalerie  , 
il  fut  blessé  au  bras  et  faillit  tomber  entre 
les  mains  des  républicains.  En  1795 ,  vou- 
lant aller  défendre  la  cause  royale  dans 
la  Vendée ,  d'accord  avec  le  comte  d'Ar- 
tois ,  il  se  rendit  à  l'Ile-Dieu  ;  mais  un 
ordre  du  gouvernement  britannique  le 
força  de  renoncer  à  ce  projet.  Le  duc  de 
Bourbon  partit  alors  pour  la  Russie  avec 
les  débris  de  l'armée  de  son  père,  et 
après  être  venu,  une  dernière  fois  ten- 
ter ,  sur  le  Rhin ,  la  fortune  des  armes , 
il  se  relira  en  Angleterre.  C'est  dans  ce 
pays  qu'il  reçut  la  funeste  nouvelle  de  la 
mort  de  son  fils ,  qui  le  plongea  dans  une 
affliction  profonde ,  et  le  condamna  à  des 
regrets  qui  devaient  durer  autant  que  sa 
vie.  Le  malheureux  prince  rentra  en 
France  en  1814  avec  la  famille  royale  ; 
mais  les  honneurs  dont  il  fut  entouré  ne 
purent  remplir  le  vide  affreux  qu'il  re- 
marquait dans  sa  famille ,  et  que  son  re- 
tour sous  le  toit  de  ses  pères,  lui  faisait 


BOU 


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1ÎOU 


sentir  plus  amèrement.  Lorsque  l'évasion 
du  captif  de  l'Ile  d'Elbe  vint  jeter  le 
trouble  dans  le  royaume ,  le  duc  de  Bour- 
bon se  rendit  dans  les  départements  de 
l'ouest,  dont  Louis  XVIII  lui  avait  donné 
le,  gouvernement,  et  s'efforça  d'y  orga- 
niser une  résistance  active  à  l'usurpation. 
La  Vendée  ne  répondant  pas  à  son  appel 
aussi  promptement  qu'il  l'aurait  désiré , 
le  duc  de  Bourbon  se  rendit  en  Espagne 
d'où  il  ne  revint  que  dans  le  mois  d'août 
suivant.  Dès  ce  moment  le  prince  se  con- 
damna à  une  solitude  absolue.  De  nou- 
velles douleurs  vinrent  bientôt  s'ajouter 
à  son  ancienne  affliction.  En  1818 ,  il  per- 
dit son  père ,  le  prince  de  Condé  ;  et  en 
1824,  sa  sœur,  l'ancienne  abbesse  de 
Remiremont,  qui  avait  établi  un  couvent 
au  Temple ,  lui  fut  enlevée.  Après  la  mort 
de  cette  princesse  qui  lui  avait  été  souvent 
utile  par  ses  conseils,  le  prince  parut 
chercher  à  s'étourdir  ;  et  forma  ou  renoua 
une  liaison  illégitime  que  son  grand  âge 
semblait  devoir  lui  interdire.  Cette  intri- 
gue, qui  devint  bientôt  pour  le  duc  de 
Bourbon  un  joug  que  sa  faiblesse  ne  lui 
permit  pas  de  briser, eut  le  plus  épouvan- 
table dénoûment.  Un  mois  après  la  révo- 
lution de  1830  (  le  27  août) ,  ce  prince  in- 
fortuné qui  n'avait  pu  rester  indifférent  à 
la  chute  du  trône  et  qui  se  disposait ,  dit- 
on,  à  quitter  la  France,  fut  trouvé  sans 
vie  dans  son  château  de  Saint-Leu.  Son 
corps  était  suspendu  avec  une  cravatte 
à  l'espagnolette  d'une  croisée  de  sa  cham- 
bre à  coucher  :  le  bruit  se.  répandit  aus- 
sitôt quil  s'était  donné  la  mort.  Cepen- 
dant un  grand  nombre  de  personnes  attri- 
buèrent sa  fin  à  un  crime.  Par  son  testa- 
ment le  prince  avait  institué  héritier  le 
duc  d'Aumale,  fils  de  Louis-Philippe,  et 
Mmr  de  Feuchères  ,  qui  depuis  long-temps 
exerçait  sur  son  esprit  un  irrésistible  as- 
cendant. Ce  testament  attaqué  par  la  fa- 
mille de  Rohan  a  été  confirmé  par  la  cour 
royale  de  Paris.  Avec  le  duc  de  Bourbon 
s'est  éteinte  cette  illustre  branche  des 
Condé  qui  a  donné  plusieurs  héros  à  la 
France. 

*  BOURBON  (LÔuise-Marie-Thérèse- 
BATniLDE-d'ORLÉANS  duchesse  de  ) ,  née 
à  Saint-Cloud,  le  9  juillet  1750,  était 
fille  de  Louis  -  Philippe ,  duc  d'Orléans  , 
petit-fils  du  Régent,  et  de  Louise-Hen- 
riette de  Bourbon- Conti.  En  1778,  elle 
épousa  le  duc  de  Bourbon,  beaucoup  plus 
jeune  qu'elle,  dont  elle  eut  un  fils,  (le 
duc  d'Enghicn,  )  qui  tomba  en  1804,  à  Vin- 
cennes  ,  victime  de  la  cruelle  ambition  de 


Bonaparte.  Les  deux   époux  qu'une  pas- 
sion mutuelle  avait  unis ,  se  refroidirent 
bientôt,    et   se    séparèrent   en   1780.  La 
duchesse  qui  par  caractère  était  disposée 
à  croire  au  merveilleux,  se  livra  dans  la 
retraite  à  la  mysticité.  Elle  s'engoua  du 
magnétisme  et  eut  des  relations  suivies 
avec  Saint-Martin ,  dit  le  philosophe  in- 
connu. Elle  nous  apprend  elle-même  que 
la  lecture  des  écrits  de  Mme  Guyon  faisait 
son  bonheur.  Au  commencement  de  la 
révolution ,  la  princesse  parut  en  embras- 
ser les  principes.  Enfermée  au  fort  Saint- 
Jean,  à  Marseille,  avec  le  reste  de  sa  fa- 
mille, eUe  fit  écrire  à  la  Convention,  qu'elle 
faisait  don  de  ses  biens,  aux  veuves  et 
aux  orphelins  des  défenseurs  de  la  patrie , 
ne  demandant  pour  prix  de  ce  sacrifice 
que  la  liberté.  On  l'expulsa  de  France  en 
1793 ,  en  lui  promettant  une  pension  an- 
nuelle de  50  mille  francs ,  qui  fut  très  mal 
payée.  La  duchesse  de  Bourbon  se  retira 
en  Espagne ,  et  se  fixa  à  Sarria ,  village 
près  de  Barcelone,  où  elle  resta  jusqu'en 
1814.  Son  occupation  était  de  soulager  les 
pauvres ,  et  de  soigner  les  malades.  Quoi- 
qu'elle fût  dans  un  état  voisin  de  l'indi- 
gence,  et  que  souvent  elle  manquât  de 
tout ,  elle  ne  cessa  de  faire  du  bien.  Au 
milieu  de  ses  travaux  de  charité ,  la  prin- 
cesse composait  des  utopies  politiques  et 
religieuses,  où  souvent  son  imagination 
ardente  l'entraînait  hors  des  sentiers  de 
la  foi.  Elle  rentra  en  France  à  la  chute  du 
trône  impérial,  et  ses  biens   lui  furent 
rendus.  Elle  profita  de  son  opulence  pour 
soulager  les  malheureux  et  encourager  un 
grand  nombre   de    bonnes-œuvres.  Un 
hospice  auquel  elle  donna  le  nom  de  son 
fils,  fut  établi  dans  son  hôtel,  et  la  direc- 
tion en  fût  confiée  à  des  sœurs  de  la  cha- 
rité. Cet  hospice  a  depuis  été  transféré  à 
Picpus.  Le  10  janvier  1822 ,  la  duchesse 
étant  allée  à  Sainte-Geneviève  pour  prier 
pendant  l'octave,  fût  frappée  d'apoplexie 
en  entrant  dans  l'église  :  on  la  transporta 
à  l'école  de  droit  où  elle  expira  quelque 
temps  après.  Ses  restes  furent  inhumés  à 
Dreux ,  dans  le  caveau  destiné  à  la  mai- 
son d'Orléans.  Cette  princesse  avait ,  sur 
plusieurs  points  essentiels  de  la  religion , 
des  opinions  peu  conformes  aux  croyances 
de  l'Eglise ,  et  s'était  fait,  pour  ainsi  dire, 
une  religion  à  part.  Mais  en  même  temps 
qu'elle  interprétait  à  sa  manière  les  Ecri- 
tures ,  elle  se  prêtait  aux  plus  étranges  il- 
lusions. Une  illuminée,  nommée  Cathe- 
rine Théo ,  qui  se  faisait  appeler  la  mère 
de  Dieu,  et  un  ancien  chartreux,   don 
41. 


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486 


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Gerle,  qui  se  disait  son  prophète,  sur- 
prirent sa  bonne  foi.  En  1790  elle  accueillit 
dans  son  palais  la  prétendue  prophélesse 
Lab rousse,  dont  elle  fit  même ,  a  ce  qu'on 
•assure,  imprimer  à  ses  frais  les  prédic- 
tions. Elle  a  publié  quelques  écrits  em- 
preints de  cette  exaltation  mystique  qui 
la  distinguait  :  Correspondance  entre 
M™  de  B'"  et  M.  R'**  (Ruffin)  sur  leurs 
opinions  religieuses  J 1812 ,  2  vol.  in-8°. 
A  la  suite  de  cette  correspondance,  se 
trouve  dans  le  second  volume  :  Opuscules 
ou  pensées  d'une  âme  en  foi,  sur  la  re- 
ligion chrétienne  pratiquée  en  esprit  et 
en  vérité.  Cet  ouvrage  a  été  prohibé  en 
4819,  par  l'inquisition  d'Espagne. 

*  BOURBON  (  don  Antonio  -  Pascal- 
François-Jean  de  ) ,  infant  d'Espagne , 
né  à  Naplesle  31  décembre  1755,  était  fils 
puîné  de  Charles  III  et  frère  de  Charles 
IV.  Il  épousa,  en  1790,  sa  nièce  Marie- 
Amélie,  infante  d'Espagne ,  dont  il  devint 
veuf  au  bout  de  huit  ans.  Ce  prince  ne 
parut  sur  la  scène  politique  que  lors  de 
l'insurrection  d'Aranjuez,  en  1808.  In- 
vesti de  la  présidence  de  la  junte  suprême 
du  gouvernement,  à  l'époque  du  voyage 
de  Ferdinand  VII  à  Bayonne ,  il  opposa 
aux  prétentions  et  aux  menaces  de  Mu- 
rat,  commandant  des  troupes  françaises 
à  Madrid,  des  procédés  pleins  de  modéra- 
tion. Murât  ayant  fait  annoncer  que  Na- 
poléon ne  reconnaîtrait  d'autre  roi  que 
Charles  IV,  son  ami  et  son  allié,  l'infant 
don  Antonio  se  déclara  pour  Ferdinand 
qu'il  continua  de  regarder  comme  le  vé- 
ritable roi.  Le  général  français  se  plai- 
gnait des  dispositions  du  peuple  espagnol, 
et  demandait  qu'on  l'autorisât  à  réprimer 
les  émeutes.  L'infant  lui  écrivit  une  lettre 
dans  laquelle  il  lui  démontrait  que  le 
peuple  espagnol  était  calme  et  ne  pouvait 
s'insurger  que  par  suite  des  mauvais 
traitemens  que  lui  feraient  essuyer  les 
troupes  françaises  ,  et  par  \e  mécontente- 
ment qu'il  éprouverait ,  si  un  étranger 
persistait  à  vouloir  rétablir  sur  le  trône 
Charles  IV  qui  avait  sincèrement  abdi- 
qué. Cette  lettre  produisit  peu  d'effet.  Les 
Français,  irrités  de  trouver  un  peuple  qui 
leur  résistait,  n'attendaient  que  l'occasion 
de  châtier  l'orgueil  espagnol.  Le  2  mai , 
4808 ,  le  peuple  de  Madrid ,  croyant  que 
l'on  veut  enlever  l'infant  don  François 
de  Paule,  se  rassemble  en  tumulte  ;  bien- 
tôt la  fusillade  commence.  Les  Espagnols, 
malgré  la  mitraille  qui  les  décime ,  re- 
viennent plusieurs  fois  à  la  charge  avec 
fureur.  Le  combat  se  prolonge  avec  un 


égal  acharnement  des  deux  côtés  ;  un  ar- 
mistice arrête  l'effusion  du  sang.  Le  soir 
le  comte  de  Laforêt  et  M.  de  Fré ville  eu- 
rent une  conférence  secrète  avec  l'infant 
don  Antonio  qui ,  par  suite  de  cet  entre- 
tien ,  partit  de  Madrid  le  matin  du  jour 
suivant,  après  avoir  écrit  à  la  junte  qu'il 
présidait ,  pour  l'engager  à  se  maintenir 
sur  le  même  pied  que  s'il  restait  au  mi- 
lieu d'elle.  Arrivé  à  Bayonne  pour  être 
témoin  de  l'humiliation  de  sa  famille  ,  il 
suivit  comme  prisonnier  son  neveu  Fer- 
dinand à  Valençay,  où  il  partagea  son 
temps  entre  la  chasse  et  les  arts  mécani- 
ques qu'il  avait  appris  dans  sa  jeunesse. 
En  1814  ,  ce  prince  revint  à  Madrid  avt^c 
Ferdinand;  il  est  mort  en  1817. 

*  BOURBON  (LoijiS'Marie  de),  cardi- 
nal-archevêque de  Tolède ,  naquit  à  Ca- 
dahalso  le  22  mai  1777.  Il  était  fils  de 
l'infant  Louis,  frère  de  Charles  III,  qui 
fut  créé  cardinal  par  Clément  XII ,  et  se 
maria  secrètement ,  après  avoir  remis  le 
chapeau,  contre  les  intentions  du  roi  son 
frère,  qui  désapprouva  cette  union,  et  ne 
voulut  pas  d'abord  reconnaître  sesenfans. 
Cependant  ils  furent  appelés  plus  tard  à 
la  cour,  et  reconnus  comme  infans  d'Es- 
pagne ef  cousins  du  roi.  Don  Louis  qui 
avait  alors  23  ans ,  fut  destiné  à  l'état  ec- 
clésiastique et  déclaré  cardinal-prêtre  le 
22  octobre  1800,  puis  archevêque  de  Sé- 
ville,  et  enfin  archevêque  de  Tolède  qui 
passe  pour  le  plus  riche  siège  de  toute  la 
chrétienté.  Lors  de  l'invasion  des  Fran- 
çais en  Espagne  et  la  captivité  de  Ferdi- 
nand VII,  le  cardinal  de  Bourbon  fut  élu 
président  de  la  régence  de  Cadix ,  et  il 
sanctionna  les  décrets  de  l'assemblée  des 
cortès,  parmi  lesquels  se  trouve  celui  de 
l'abolition  de  l'inquisition.  Pierre  Gravina 
nonce  du  pape  voulut  faire  des  observa- 
tions contre  cette  mesure ,  mais  un  nou- 
veau décret  de  la  régence  le  força  de 
quitter  l'Espagne.  Au  retour  de  Ferdi- 
nand ,  le  cardinal  fut  exilé  dans  son  dio- 
cèse, et  on  lui  ôta  l'administration  de 
celui  de  Séville.  Après  la  révolution  du 
mois  de  mars  1820,  il  fut  nommé  prési- 
dent de  la  junte  provisoire  du  gouverne- 
ment, et  il  exhorta,  dans  une  lettre  pas- 
torale, tous  les  prêtres  à  se  conformer  à 
la  constitution.  Il  est  mort  le  19  mars  1823. 

*  BOURBON  -CONTI  (  Amélie- Ga- 
brielle-Stéphanie-Louise  de),  naquit 
à  Paris  le  26  décembre  1762,  et  reçut  le 
titre  de  comtesse  de  Mont-Cair-Zain , 
anagramme  de  Conli-Mazarin.  Elle  écri- 
vit elle-même  l'histoire  de  sa  vie  sous 


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487 


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ce  titre  :  Mémoires  historiques  de  Sté- 
phanie-Louise de  Bourbon-Conti  j,  écrits 
par  elle-même  s  Paris,  1797,  2  volumes 
in-8°.  Ces  mémoires  ressemblent  beau- 
coup à  un  roman.  Elle  se  dit  fille  natu- 
relle du  prince  de  Conti  et  de  la  duchesse 
de"*.  Son  père  voulait  la  faire  légitimer, 
et  Louis  XV,  dit-on,  en  avait  signé  l'acte, 
qui  cependant  n'est  pas  produit  textuelle- 
ment dans  les  mémoires,  lorsque  sa  mère 
la  fit  enlever  pour  éviter  un  éclat  qui 
aurait  trahi  sa  faiblesse ,  et  la  fit  passer 
pour  morte.  Elle  fut  élevée  comme  fille 
de  Mmc  Delorme  dans  un  couvent  de 
Châlons-sur-Saône ,  puis  mariée  à  un  pa- 
rent de  cette  Mme  Delorme.  Son  époux  ne 
put  jamais  vaincre  l'horreur  qu'elle  avait 
conçue  pour  lui ,  et  après  treize  ans  de 
misère  et  de  tourmens,  il  consentit  qu'elle 
fût  conduite  au  couvent  de  la  Visitation 
àGray,  où  elle  resta  deux  ans  prison- 
nière. De  là  elle  se  retira  à  l'abbaye  royale 
de  Notre-Dame  de  Meaux.  Nous  ne  la 
suivrons  pas  dans  le  long  récit  de  ses 
aventures  et  des  démarches  qu'elle  fit 
pour  se  faire  reconnaître  et  obtenir  une 
portion  de  l'héritage  du  prince  de  Conti. 
Elle  mourut  à  Paris  en  mars  1825 ,  dans 
un  état  voisin  de  l'indigence. 

BOURBON  (Nicolas),  l'Ancien, poète 
latin,  né  en  1503 ,  à  Vandœuvre ,  près  de 
Langres,  d'un  riche  maître  de  forges ,  vi- 
vait encore  en  1550.  Marguerite  de  Va- 
lois ,  sœur  de  François  Ier,  le  chargea  de 
veiller  à  l'éducation  de  Jeanne  d'Albret 
sa  fille ,  mère  de  Henri  IV.  Il  se  retira  de 
la  cour  quelques  années  après  ,  et  alla 
goûter  dans  la  ville  de  Candé ,  petite  ville 
sur  les  confins  de  l'Anjou  et  de  la  Tou- 
raine  où  il  avait  un  petit  bénéfice,  les 
douceurs  de  la  retraite.  On  a  de  lui  8  li- 
vres d'épigrammes  ;  il  les  appelait  Nugœ , 
des  bagatelles.  On  trouve  dans  ce  recueil 
son  poème  de  la  forge  (  Ferraria  ) ,  com- 
posé à  l'âge  de  15  ans  ,  et  qu'Erasme  a 
paru  estimer ,  en  considérant  la  grande 
jeunesse  de  l'auteur;  mais  Scaliger  ne 
jugeant  que  l'ouvrage  en  lui-même,  dit 
que  Bourbon  est  un  poète  de  nul  nom , 
de  nulle  considération.  Ce  poème  offre 
cependant  quelques  détails  sur  les  tra- 
vaux de  ce  métier  et  sur  les  ouvriers  qui 
l'exercent.  Les  Nugœ  de  ce  poète  furent 
imprimées  à  Lyon ,  in-8°,  en  1553.  Dans 
le  grand  nombre  de  ses  épîgrammes  ,  il 
n'y  en  a  pas  six  de  bonnes.  Joachim  du 
Bellay  en  fit  une  sur  ce  recueil  : 

I Poule,  tuum  «cribis  Nugarum  nomine  librurn  : 
In  toto  libre  nil  radius  titulo 


On  a  encore  de  lui  des  distiques  moraux 
De  puerorum  moribus  ,  in-4°,  1536. 

BOURBON  (Nicolas),  dit  le  Jeune. 
petit-neveu  du  précédent ,  de  l'académie 
française,  professeur  d'éloquence  grec- 
que au  collège  royal,  et  chanoine  de  Lan- 
gres, né  à  Vandœuvre  en  1574 ,  mourut  à 
Paris  en  16i4 ,  à  70  ans ,  dans  la  maison 
des  Pères  de  l'Oratoire  de  Sainl-Honoré, 
où  il  s'était  retiré.  La  France  le  compte 
parmi  les  plus  grands  poètes  latins  qui 
l'ont  illustrée  depuis  la  renaissance  des 
lettres.  Ses  pensées  sont  pleines  d'éléva- 
tion et  de  noblesse,  ses  expressions  de 
force  et  d'énergie;  sa  poésie  de  ce  feu 
qui  anime  ceux  qui  sont  nés  poètes.  On 
peut  citer,  pour  un  échantillon  de  ses 
pièces,  ces  deux  vers  en  l'honneur  de 
Henri  IV ,  placés  sur  la  porte  de  l'arsenal 
de  Paris  : 

/Etna  haec  Henrico  Vulcania  tela  ministrat , 
Tela  gigautœos  debellatura  furores  (i) 

Ses  poésies  furent  imprimées  à  Paris  en 
1651,  in-12.  Son  Imprécation  contre  le 
parricide  de  Henri  IV  passe ,  avec  rai- 
son, pour  son  chef-d'œuvre.  Il  écrivait 
aussi-bien  en  prose  qu'en  vers.  Bourbon 
était  un  homme  grand,  sec ,  vif  et  ardent. 
Il  aimait  beaucoup  le  bon  vin,  et  il  disait 
ordinairement,  que  lorsqu'il  lisait  des 
vers  français  ,  il  lui  semblait  qu'il  buvait 
de  l'eau.  Grand  approbateur  des  ouvrages 
d'autrui  en  présence  de  leurs  auteurs ,  il 
les  déchirait  quelquefois  en  secret.  On  lui 
trouva  après  sa  mort  une  quinzaine  de 
mille  livres  dans  un  coffre  fort;  il  crai- 
gnait  cependant  de  mourir  dans  l'indi- 
gence. Sa  mémoire  était  très  heureuse,  et 
il  possédait  l'histoire  civile  et  littéraire  de 
son  temps. 

*  BOURBOTTE  (N.  ) ,  né  à  Vaux  ,  près 
d'Avallon ,  fut  député ,  en  1792  ,  à  la  Con- 
vention nationale  par  le  département  de 
l'Yonne ,  et  demanda  la  mise  en  jugement 
de  la  reine  ,  après  avoir  voté  la  mort  de 
Louis  XVI  sans  appel  ni  sursis.  Il  se  joignit 
à  Albitte  et  Chabot ,  qui  s'opposaient  à 
ce  qu'on  recherchât  les  complices  des  mas- 
sacres de  septembre ,  et  fut  ensuite  en- 
voyé à  Orléans  pour  examiner  la  con- 


(i)  Ces  vers  ne  se  trouvent  dans  aucune  éditio» 
desŒuvies  de  Bourbon  qui  n'avait  que  dix  ans  lors- 
que Philibert  de  la  Guiclie  ,  grand -maître  de  l'artil- 
lerie, fit  mettre  ce  distique  à  la  porte  de  l'arsenal. 
Il  paraît  que  cette  inscription  est  de  Millotet,  avocat. 
général  au  parlement  de  Dijon  ,  qui  avait  composé 
beaucoup  d'autres  vers  latins  très  estimés,  entre  as- 
tres une  pièce  de  vingt-trois  vers  pour  être  rois*  »e 
bas  de  la  statue  de  Henri  IY. 


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dalte  des  chefs  de  la  légion  germanique  , 
accusés  d'incivisme  ,  puis  dans  la  Vendée, 
d'où  il  ne  tarda  pas  à  être  rappelé  pour  se 
justilier  devant  le  comité  de  salut  public 
de  la  rigueur  de  ses  mesures.  Carrier  le  dé- 
fendit ;  lorsque  cet  homme  atroce  fut  aussi 
mis  en  jugement  ,  Bourbotte  voidut  à 
son  tour  ,  mais  vainement ,  s'opposer  à 
sa  condamnation.  Envoyé  à  l'armée  du 
Rhin  et  de  la  Moselle  ,  il  y  commit  encore 
des  excès  propres  à  faire  oublier  qu'il 
donna  en  même  temps  des  preuves  d'une 
grande  intrépidité.  Au  9  thermidor,  il 
commanda  ouvertement  l'insurrection. 
Plus  tard  il  demanda  l'arrestation  des  vic- 
times sorties  de  prison  après  cette  jour- 
née, mais  il  fut  arrêté  lui-même  avec 
Goujon ,  Romme ,  Duroy ,  Duquesnoy  et 
Soubrany ,  et  on  les  transféra  au  cbâteau 
du  Taureau  dans  le  Finistère.  Ramenés 
à  Paris ,  environ  trois  semaines  après  , 
ils  y  furent  condamnés  à  mort ,  le  13  juin 
1795.  Les  condamnés  essayèrent  de  se 
suicider ,  à  l'aide  d'un  couteau  qu'ils 
se  passaient  l'un  à  l'autre ,  donnant  ainsi 
un  exemple  horrible  des  excès  où  peut 
porter  le  fanatisme  révolutionnaire.  Qua- 
tre d'entre  eux  respiraient  encore  en  ar- 
rivant à  l'échafaud  ;  Bourbotte  ,  qui  était 
de  ce  nombre,  fut  réservé,  comme  le 
plus  coupable ,  pour  être  exécuté  le  der- 
nier. 

*BOURCET  (Pierre-Joseph de),  né  en 
1700  à  Usseaux  dans  la  vallée  de  Prage- 
las  ,  servit  avec  distinction  dans  l'artille- 
rie ,  puis  dans  le  génie ,  et  parvint  au 
grade  de  lieutenant -général  des  armées 
du  roi.  En  1753  et  1741  il  fit  les  campa- 
gnes d'Italie ,  et  en  1756  il  commanda  en 
Allemagne  l'artillerie  et  le  génie.  C'est  à 
lui  qu'on  attribua  les  principales  opéra- 
tions des  campagnes  d'Italie,  qui  firent 
la  réputation  du  comte  de  Maillebois.  Il  fut 
nommé  en  1762  commandeur  de  St-Louis, 
et  depuis  commandant  en  second  du  Dau- 
phiné.  Il  mourut  en  1780.  On  lui  doit  |  des 
Mémoires  historiques  sur  la  guerre  que 
les  Français  ont  soutenue  en  Allemagne 
depuis  il '61  jusqu'en  1762,  3  vol.  in-8°, 
ouvrage  écrit  sans  prétention ,  mais  avec 
clarté  et  un  ton  de  vérité  qui  inspire  la 
confiance  et  qui  persuade.  Il  est  particu- 
lièrement connu  par  sa  carte  topographi- 
que du  haut  Dauphiné ,  imprimée  en 
1758,  en  9  grandes  feuilles,  renommée 
pour  son  exactitude,  et  où  l'on  trouve  les 
moindres  accidens  du  terrain.  Le  dépôt 
de  la  guerre  a  publié  une  réduction  en  2 
feuilles  de  cette  carte  qui  n'est  pas  com- 


mune. On  a  encore  de  Bourcet  |  des  Mé- 
moires militaires  sur  les  frontières  de  la 
France  ,  du  Piémont ,  de  la  Savoy e ,  de- 
puis l'embouchure  du  Var  jusqu'au  lac 
de  Genève  ,  Berlin  ,  1801 ,  in-8c . 

BOURCHEMJ  de  VALBONAIS  (Jean- 
Pierre  MORET  de),  né  à  Grenoble  en 
1651,  d'un  conseiller  au  parlement ,  voya- 
gea en  Italie ,  en  Hollande  et  en  Angle- 
terre. S'étant  trouvé  sur  la  flotte  anglaise, 
à  la  bataille  de  Solbaye ,  il  fut  tellement 
frappé  de  ce  spectacle  ,  qu'il  résolut  de 
finir  ses  courses ,  pour  embrasser  la  ma- 
gistrature. De  conseiller  au  parlement,  il 
devint  premier  président  de  la  chambre 
des  comptes  de  Grenoble,  et  conseiller 
d'état  honoraire  en  1696.  Il  mourut  en 
1750,  regretté  de  tous  les  savans  et  des 
gens  de  bien.  Il  était  aveugle  depuis  long- 
temps. Cet  accident  ne  l'empêcha  point 
de  donner  Y  Histoire  du  Dauphiné,.  Ge- 
nève ,  en  2  vol.  in-fol.,  1722  ,  et  plusieurs 
dissertations  et  mémoires  répandus  dans 
différens  journaux.  Ils  prouvent  une 
grande  connaissance  de  l'histoire  et  des 
antiquités. Il  avait  fait  de  profondes  recher- 
ches sur  son  pays.  On  a  encore  de  lui  en 
manuscrit ,  un  Nobiliaire  du  Dauphiné. 

BOURCIIlEit  (Thomas),  cardinal,  ar- 
chevêque de  Cantorbéry ,  frère  de  Henri, 
comte  d'Essex,  couronna  Edouard  IV ,  Ri- 
chard III  et  Henri  VII ,  rois  d'Angleterre  , 
tint  plusieurs  conciles,  condamna  les  \vi- 
cléfites,  et  mourut  à  Cantorbéry  en  i486. 
Ce  prélat  avait  beaucoup  de  zèle  et  de  lu- 
mières. —  Il  ne  faut  pas  le  confondre 
avec  un  autre  Thomas  BOURCHIER ,  qui 
a  écrit  Y  Histoire  du  martyre  des  Pères 
Récollets  ,  qui  ont  été  mis  à  mort  pour  la 
foi  en  Angleterre  ,  dans  la  Belgique  et 
l'Irlande ,  depuis  l'an  1536  jusqu'à  l'an 
1582,  Paris,  1582,  in-8°,  en  latin. 

BOURCIER  de  MONTUREUX  (Jean- 
Louis),  né  à  Luxembourg  le  12  mai 
1697  ,  s'appliqua  avec  succès  au  droit ,  et 
parvint  par  sa  science  et  sa  probité  à  la 
charge  de  procureur-général  au  conseil 
de  Nancy.  Son  zèle  et  ses  lumières  le  fi- 
rent employer  par  François  Ier  dans  les 
circonstances  les  plus  difficiles  et  les  plus 
délicates,  notamment  lors  du  traité  de 
Vienne.  Il  mourut  le  14  mars  1751,  après 
avoir  donné  au  public  :  j  Recueil  des  or- 
donnances du  duc  Léopold ,  17  53,  4  vol. 
in-4°;  |  Instruction  pour  mon  fils  qui 
prend  le  parti  des  armes  J  1740  ,  in-4°. 

*  BOURDAILLE  (Michel),  docteur 
de  Sorbonne ,  chanoine  théologal  à  la  Ro- 
chelle et  grand-vicaire   de  ce  diocèse  , 


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mort  le  26  mars  10% ,  est  auteur  de  quel- 
ques ouvrages  :  |  Défense  de  la  foi  de 
l'Eglise,  touchant  l'Eucharistie,  1676., 
in-12  ;  1677;  |  Défense  de  la  doctrine  de 
l'Eglise,  touchant  le  culte  des  Saints, 
in-12;  |  Explication  du  Cantique  des 
cantiques  ,  1689 ,  in-12  ;  |  Théologie  mo- 
rale de  l'Evangile,  1691,  in-12;  |  De  la 
part  que  Dieu  a  dans  la  conduite  des 
hommes,  inséré  dans  le  tome  2  du  Traité 
de  la  grâce  générale ,  de  Nicole  ;  |  Théo- 
logie de  morale  de  saint  Augustin,  1687 , 
in-12  :  ce  dernier  ouvrage  fit  du  bruit ,  à 
cause  d'une  proposition  sur  la  grâce,  qui 
fut  dénoncée  à  l'assemblée  du  clergé  de 
France,  dans  un  écrit  intitulé  Morale 
relâchée  des  prétendus  disciples  de  Port- 
Royal ,  etc.  Antoine  Arnauld  désavoua 
les  principes  de  celte  proposition  dans 
deux  lettres  à  M.  Le  Féron. 

BOURDALOUE  (Louis) ,  né  à  Bour- 
ges en  1632,  prit  l'habit  de  jésuite  en 
1648.  Ses  heureuses  dispositions  pour  l'é- 
loquence engagèrent  ses  supérieurs  à  le 
faire  passer  de  la  province  à  la  capitale. 
Les  chaires  de  Paris  retentirent  de  ses  ser- 
mons. Son  nom  pénétra  bientôt  à  la  cour. 
Louis  XIV  ayant  voulu  l'entendre ,  il  dé- 
buta par  Pavent  de  1670.  Il  prêcha  avec 
tant  de  succès  qu'on  le  redemanda  pour 
le  carême  de  1672 ,  1674 ,  1675 ,  1680  et 
1682  ,  et  pour  les  avens  de  1684,  86  ,  89, 
91  et  93.  On  l'appelait  le  Roi  des  prédi- 
cateurs et  le  Prédicateur  des  rois. 
Louis  XIV  voulut  l'entendre  tous  les  deux 
ans ,  «  aimant  mieux  ses  redites ,  que 
»  les  choses  nouvelles  d'un  autre.  »  Ses 
succès  furent  les  mêmes  en  province  qu'à 
Paris  et  à  la  cour  :  à  Montpellier ,  où 
le  roi  l'envoya  après  la  révocation  de  l'é- 
dit  de  Nantes  en  1686  ,  pour  faire  goûter 
la  religion  catholique  par  ses  sermons  et 
ses  exemples ,  il  eut  les  suffrages  des  ca- 
tholiques et  des  nouveaux  convertis.  Sur 
la  fin  de  ses  jours  il  abandonna  la  chaire 
et  se  voua  aux  assemblées  de  charité  ,  aux 
prisons  ;  se  faisant  petit  avec  le  peuple , 
autant  qu'il  était  sublime  avec  les  grands. 
Il  avait  un  talent  particulier  pour  assister 
et  consoler  les  malades.  On  le  vit  souvent 
passer  de  la  chaire  au  lit  d'un  moribond. 
Il  mourut  le  13  mai  1704  ,  admiré  de  son 
siècle  et  respecté  même  des  ennemis  des 
jésuites.  Sa  conduite ,  dit  un  auteur  esti- 
mé ,  était  la  meilleure  réfutation  des  Let- 
tres Provinciales.  Le  Père  Bretonneau, 
son  confrère ,  donna  deux  éditions  de  ses 
ouvrages,  commencées  en  1708  par  Ri- 

Kd ,  directeur  de  l'imprimerie  royale. 


La  première  ,  en  16  vol.  in-8° ,  est  la  meil- 
leure et  la  plus  recherchée  des  amateurs 
de  la  belle  typographie  ;  la  seconde  est  en 
18  vol.  in-12.  C'est  sur  cetle  dernière 
qu'ont  été  faites  les  éditions  de  Lyon ,  de 
Rouen  ,  Toulouse  et  Amsterdam.  On  en  a 
donné  une  nouvelle  ,  in-8°  ,  imprimée  à 
Versailles,  précédée  d'une  Notice  sur  Bour- 
daloue.  On  a  encore ,  sur  sa  vie  et  ses 
vertus,  une  Notice  par  Mmc  de  Pringy, 
Paris  ,  1705  ,  in-4°  ;  une  Lettre  du  prési- 
dent Lamoignon ,  qui  l'avait  beaucoup 
connu,  et  une  autre  du  Père  Martineau, 
son  confrère.  Voici  la  distribution  des  édi- 
tions in-12  :  A  vent ,  1  vol.;  Carême,  3 
vol.  ;  Dominicales  ,  4  ;  Exhortations ,  2; 
Mystères ,  2  ;  Panégyriques ,  2  :  Retraite, 
1;  Pensées,  5.  Dans  la  lre  édition  in-8°, 
les  Exhortations  et  la  Retraite  ne  font 
que  2  vol.,  et  les  Pensées,  2.  Il  n'y  a 
peut-être  pas  d'ouvrage  plus  fort  de  cho- 
ses que  ces  Pensées  :  on  y  trouve  un  fonds 
inépuisable  de  morale ,  de  théologie ,  el 
de  véritable  philosophie ,  présenté  avec 
une  simplicité  et  une  dignité  de  langage 
qui  n'a  point  trouvé  d'imitateurs.  Son  por- 
trait qu'on  voit  dans  les  premières  édi- 
tions de  ses  Sermons ,  n'a  été  tiré  qu'a- 
près sa  mort.  On  y  lit  ce  passage  du 
psaume  118  :  Loquebar  de  teslimoniis 
tuis  in  conspeclu  regum ,  el  non  confun- 
debar ,  qui  exprime  son  ministère,  ainsi 
que  la  manière  dont  il  s'en  acquitta.  Il  en 
soutint  toujours  la  liberté  ,  et  n'en  avilit 
jamais  la  dignité.  Nulle  considération  ne 
fut  capable  d'altérer  sa  franchise  et  sa 
sincérité.  Ses  manières  étaient  simples, 
modestes  et  prévenantes  :  mais  son  âme 
était  pleine  de  force  et  de  vigueur.  «  Tan- 
»  tôt  élevé,  tantôt  simple,  (dit  l'auteur  de 
»  la  Décadence  des  lettres  et  des  mœurs), 
»  toujours  noble  et  jamais  familier ,  il  se 
»  met  à  la  portée  de  l'esprit  de  tous  les 
»  hommes  :  ses  idées  se  développent ,  se 
»  succèdent  rapidement  et  avec  netteté  : 
»  d'une  vérité  qu'il  établit,  naissent  mille 
»  autres  vérités  nouvelles  qui  se  soutien- 
»  nent,  et  se  fortifient  mutuellement  :  il 
»  s'abandonne  à  ces  grands  mouvemens 
»  qui  surprennent,  agitent,  remuent  l'au- 
»  diteur  :  concis ,  serré  sans  sécheresse , 
»  profond  sans  obscurité  ,  il  raisonne ,  il 
»  discute ,  il  prouve  :  comme  c'est  l'esprit 
»  qu'il  veut  subjuger,  il  l'attaque,  le  com- 
»  bat ,  le  suit  dans  tous  les  détours ,  saisit 
»  ses  subtilités ,  détruit  ses  sophismes  et 
»  ses  erreurs ,  le  presse ,  le  force  enfin  à 
»  se  rendre  à  l'évidence.  Nourri  de  la  lec- 
»  ture  des  Pères  de  l'Eglise ,  on  voit  que 


BOU 


490 


BOU 


«  son  goût  naturel ,  plus  que  la  nécessité, 
»  l'a  porté  à  s'enrichir  de  leurs  trésors  : 
»  son  éloquence  est  celle  des  Chrysostôme, 
»  des  Augustin  ;  il  en  a  l'âme ,  le  génie  , 
»  l'abondance;  son  style  sévère  n'a  rien 
»  de  recherché ,  ni  d'affecté  ;  il  est  ncr- 
»  veux  et  plein  de  force  ;  les  ornemens , 
»  les  fleurs,  les  grâces  du  langage  s'y  trou- 
»  vent  placés  naturellement.  Bourdaloue, 
»  en  un  mot ,  est  de  tous  les  orateurs  sa- 
»  crés  le  plus  accompli ,  et  le  créateur  de 
»  l'éloquence  de  la  chaire.  »  On  l'a  souvent 
mis  en  parallèle  avec  Massillon.  L'un  et 
l'autre  sont  très  éloquens ,  mais  ils  le  sont 
d'une  manière  différente.  Chacun  peut 
suivant  son  goût  donner  la  préférence  à 
l'un  ou  à  l'autre.  Tous  deux  peuvent  être 
regardés  comme  les  plus  parfaits  modèles 
des  prédicateurs.  Bourdaloue  est  plus  con- 
cis, plus  serré;  il  s'attache  plus  à  con- 
vaincre. Il  est  plus  logicien  et  plus  théo- 
logien ,  mais  il  a  quelque  chose  de  grave 
et  d'austère.  Massillon,  sans  atténuer  la 
sévérité  de  la  morale  évangélique ,  l'insi- 
nue avec  plus  d'art ,  sans  négliger  les  rai- 
sonnemens,  et  cherche  surtout  à  parler 
au  cœur.  Il  descend  dans  la  conscience 
de  ses  auditeurs,  leur  dévoile  les  ressorts 
les  plus  secrets  de  leurs  actions,  et  les 
confond  par  des  peintures  où  chacun  est 
étonné  et  honteux  de  se  reconnaître.  Beau- 
coup de  gens,  ceux  surtout  qui  s'attachent 
à  la  force  et  à  l'empire  de  la  raison  avant 
de  se  livrer  à  l'enthousiasme  du  senti- 
ment ,  aiment  mieux  l'éloquence  du  Père 
Bourdaloue.  Tout  étant  balancé  de  part  et 
d'autre,  la  première  place,  dit  l'abbé  Tru- 
blet ,  demeure  au  Père  Bourdaloue.  «  Ce 
»  qui  plaît,  ce  que  j'admire  principalement 
»  dans  Bourdaloue  (  dit  l'abbé  Maury  , 
»  dans  les  Réflexions  sur  l'éloquence 
»  qu'on  voit  à  la  tête  de  ses  Discours), 
»  c'est  qu'il  se  fait  oublier  lui-même,  c'est 
»  que  dans  un  genre  trop  souvent  livré  à 
»  la  déclamation ,  il  n'exagère  jamais  les 

•  devoirs  du  christianisme,  ne  change 
»  point  en  préceptes  les  plus  simples  con- 
»  seils,  que  sa  morale  peut  toujours  être 
»  réduite  en  pratique  ;  c'est  la  fécondité 
»  inépuisable  de  ses  plans,  qui  ne  se  res- 
»  semblent  jamais ,  et  l'heureux  talent  de 
»  disposer  ses  raisonnemens  avec  cet  ordre 
»  dont  parle  Quintilien,  lorsqu'il  compare 
»  le  mérite  d'un  orateur  à  l'habileté  d'un 
»  général  qui  commande  une  armée,  ne- 
»  lut  imperaloria  virtus  ;  c'est  celte  logi- 
»  que  exacte  et  pressante  qui  exclut  les 
»  sophismes,  les  contradictions ,  les  para- 

•  doxes  i  c'est  l'art  avec  lequel  il  fonde 


»  nos  devoirs  sur  nos  intérêts,  et  ce  secret 
»  précieux  que  je  ne  vois  guère  que  dans 
»  ses  Sermons,  de  convertir  les  détails  des 
»  mœurs  en  preuves  de  son  sujet  ;  c'est 
»  cette  abondance  de  génie  qui  ne  laisse 
»  rien  à  imaginer  au-delà  de  chacun 
»  de  ses  Discours ,  quoiqu'il  en  ait  com- 
»  posé  au  moins  deux ,  souvent  trois , 
»  quelquefois  même  quatre  sur  la  même 
»  matière,  et  qu'on  ne  sache  après  les 
»  avoir  lus  auquel  de  ces  sermons  donner 
»  la  préférence  ;  c'est  la  simplicité  d'un 
»  style  nerveux  et  touchant ,  naturel  et 
»  noble  ;  la  connaissance  la  plus  pro- 
»  fonde  de  la  religion ,  l'usage  admirable 
»  qu'il  fait  de  l'Ecriture  et  des  Pères  ;  en- 
»  fin  je  ne  pense  jamais  à  ce  grand  hom- 
»  me ,  sans  me  dire  à  moi-même  :  Voilà 
»  donc  jusqu'où  le  génie  peut  s'élever 
»  quand  il  est  soutenu  par  le  travail.  *. 
Thomas  (  Essai  sur  les  Eloges  )  ne  donne 
à  Bourdaloue  que  la  seconde  place  dans 
l'art  des  panégyriques ,  il  le  place  après 
Fléchier  et  Bossuet.  Mais  il  faut  que  Bos- 
suet  n'ait  pas  connu  si  bie.n  que  Tho- 
mas ,  le  vrai  goût  des  Eloges ,  puisqu'a- 
près  avoir  entendu  l'oraison  funèbre  du 
grand  Condé,  il  s'écria,  en  parlant  de  l'o- 
rateur :  Cet  homme  sera  éternellement 
notre  maître  en  tout.  M.  Thomas  repro- 
che à  Bourdaloue  de  n'avoir  pas  assez 
imité  la  manière  de  Bossuet.  Le  génie 
crée  et  n'imite  pas ,  il  marche  seul  et  ne 
se  traîne  pas  sur  des  traces.  Laharpe  en- 
fin donne  la  première  place  à  Massillon  , 
et  reproche  à  l'abbé  Maury  de  ne  pas  ren- 
dre assez  de  justice  à  ce  dernier,  l'un 
des  écrivains  chez  qui  notre  langue  a  le 
plus  de  richesse ,  de  douceur  et  de  char- 
mes. «  Je  regarde  Massillon,  dit-il,  dans 
»  le  genre  de  la  prédication  comme  lepre- 
»  mier  des  orateurs ,  car  c'est  lui  qui  a  le 
»  mieux  atteint  le  but  de  ce  genre  d'élo- 
»  quence ,  celui  d'émouvoir  les  cœurs  et 
»  de  faire  aimer  la  morale  évangélique. 
»  Comme  prédicateur  il  parle  à  l'âme,  et 
»  comme  écrivain  ,  il  nous  charme.  » 
«  J'ai  pu ,  »  ajoute-t-il  ailleurs ,  en  reve- 
nant sur  le  compte  de  Bourdaloue ,  dont 
il  avait  parlé  trop  légèrement  en  traitant 
de  l'éloquence  de  son  siècle ,  «  ne  mettre 
»  aucune  comparaison  entre  eux  sous  des 
»  rapports  purement  littéraires  ;  et  en  ef- 
»  fet,  je  ne  pense  pas  que  sous  ce  point 
»  de  vue  Bourdaloue  puisse  la  soutenir; 
»  mais  je  dois  ici  les  examiner  comme 
p  chrétien ,  puisque  c'est  pour  des  chré- 
»  tiens  qu'ils  ont  écrit  et  parlé.  Il  est  deux 
»  points  où  j'ai  trouvé  Bourdaloue  supé- 


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IÎOU 


»  rieur  à  tout,  depuis  que  je  l'ai  lu  comme 
»  j'aurais  dû  toujours  le  lire.  Ces  deux 
»  mérites  ,  qui  lui  sont  particuliers ,  sont 
*  l'instruction  et  la  conviction,  portées 
»  chez  lui  seul  à  un  tel  degré,  qu'il  ne  me 
»  semble  pas  moins  rare  et  moins  diflicile 
»  de  penser  et  de  prouver  comme  Bour- 
»  daloue,  que  de  plaire  et  de  toucher 
»  comme  Massillon.  Bourdaloue  est  donc 
»  aussi  une  de  ces  couronnes  du  grand 
»  siècle,  qui  n'appartiennent  qu'à  lui;  un  de 
»  ces  hommes  privilégiés  que  la  nature 
»  avait,  chacun  dans  son  genre,  doués  d'un 
»  génie  qu'on  n'a  pas  égalé  depuis.  Son 
»  Avent,  son  Carême,  et  particulièrement 
»  ses  Sermons  sur  les  Mystères ,  sont  d'une 
•>  supériorité  de  vues  dont  rien  n'appro- 
»  che ,  sont  des  chefs-d'œuvre  de  lumière 
»  et  d'instruction  auxquels  on  ne  peut 
»  rien  comparer.  Comme  il  est  profond 
»  dans  la  science  de  Dieu  !  Qui  jamais  est 
»  entré  aussi  avant  dans  les  mystères  du 
salut?  Quel  autre  en  a  fait  connaître 
«comme  lui,  la  hauteur,  la  richesse  et 
»  l'étendue?  Nulle  part  le  christianisme 
p  n'est  plus  grand  aux  yeux  de  la  raison 
)-  que  dans  Bourdaloue.  On  pourrait  dire 
»  de  lui ,  en  risquant  d'allier  deux  termes 
»  qui  semblent  s'exclure,  qu'il  est  supé- 
o  rieur  en  profondeur  comme  Bossuet  en 
»  élévation.  Certes ,  ce  n'est  pas  un  mé- 
»  rite  vulgaire  qu'un  recueil  de  Sermons 
»  qu'on  peut  appeler  un  cours  complet  de 
»  religion  ,  tel  que ,  bien  lu  et  bien  mé- 
»  dite ,  il  peut  suffire  pour  en  donner  une 
»  connaissance  parfaite.  C'est  donc  pour 
»  des  chrétiens  une  des  meilleures  lectu- 
»  res  possibles  :  rien  n'est  plus  attachant 
»  pour  le  fond  des  choses  ;  et  la  diction , 
»  sans  les  orner  beaucoup  ,  du  moins  ne 
»  les  dépare  nullement.  Elle  est  toujours 
»  naturelle,  claire  et  correcte;  elle  est  peu 
»  animée  ,  mais  sans  vide  ,  sans  lan- 
t>  gueur ,  et  relevée  quelquefois  par  des 
a  traits  de  force  :  quelquefois  aussi ,  mais 
»  rarement ,  elle  approche  trop  du  fami- 
»  lier.  Quant  à  la  solidité  des  preuves , 
»  rien  n'est  plus  irrésistible  ;  il  promet 
»  sans  cesse  de  démontrer  ,  mais  c'est 
»>  qu'il  est  sûr  de  son  fait,  car  il  tient  tou- 
»  jours  parole.  Je  ne  serais  pas  surpris 
ù  que,  dans  un  pays  comme  l'Agleterre  ou 
»  la  prédication  est  toute  en  preuves, 
»  Bourdaloue  parût  le  premier  des  prédi- 
»  cateurs  ;  et  il  le  serait  partout ,  s'il  avait 
»  les  mouvemens  de  Démosthène,  comme 
»  il  en  a  les  moyens  de  raisonnement.  En 
»  total ,  je  croirais  que  Massillon  vaut 
les  flens  du  monde,  et  Bour- 


»  mieux  pour  les  aens  du  m< 


»  daloue  pour  les  chrétiens.  L'un  al  tirera 
»  le  mondain  à  la  religion  par  tout  ce 
»  qu'elle  a  de  douceurs  et  de  charmes  , 
»  l'autre  éclairera  et  affermira  le  chré- 
»  tien  dans  sa  foi  par  ce  qu'elle  a  de  plus 
»  haut  en  conceptions  et  de  plus  fort  en 
»  appuis.  » 

*  BOURDEILLE  (  HÉLiEde  ),  cardinal, 
archevêque  de  Tours ,  cinquième  fils 
d'Arnaud ,  baron  de  Bourdeille  en  Péri- 
gord ,  et  sénéchal  de  cette  province  ,  et  de 
Jeanne  de  Chamberlhac,  naquit  au  châ- 
teau de  Bourdeille  vers  l'an  1410.  Il  em- 
brassa l'état  ecclésiastique,  entra  de  bonne 
heure  dans  l'ordre  de  saint  François  ,  où 
il  professa  la  théologie ,  et  se  livra  à  la 
prédication.  L'évèché  de  Périgueux  étant 
venu  à  vaquer  dans  le  mois  de  septembre 
1437 ,  par  la  mort  de  Bérenger  d'Arpa- 
jon ,  il  fut  élu  par  le  chapitre  ,  et  obtint 
ses  bulles  du  pape  Eugène  IV,  dès  le 
mois  de  novembre  de  la  même  année. 
Hélie  de  Bourdeille  fit ,  durant  le  cours 
de  son  épiscopat,  de  grandes  libéralités 
à  son  église ,  et  de  larges  aumônes  à  ses 
diocésains  ;  mais  ,  malgré  son  exemple 
et  ses  soins,  la  corruption  de  ce  siècle  lui 
parut  exiger  de  mettre  la  ville  de  Péri- 
gueux  en  interdit.  Un  ordre  de  Charles 
VII ,  donné  à  Chinon  le  7  mai  1446 ,  le  fit 
lever.  Député  aux  états  de  Tours  ,  le  mé- 
rite et  le  nom  de  Bourdeille  rélevèrent  au 
siège  archiépiscopal  de  cette  ville  ;  il  prêta 
serment  entre  les  mains  de  Louis  XI ,  le 
23  décembre  14C8.  Ce  monarque  le  nom- 
ma, en  1473,  le  premier  des  commis- 
saires chargés  du  procès  de  l'abbé  de 
Saint-Jean-d'Angely ,  à  l'occasion  de  la 
mort  du  duc  de  Guyenne.  Dans  la  suite  ;  il 
intercéda  auprès  de  Louis  XI  mourant  en 
faveur  du  cardinal  Balue  et  de  quelques 
autres  prisonniers.  Il  entreprit,  vers  1482, 
le  voyage  de  Rome.  Il  y  reçut  un  accueil 
distingué,  et  il  en  rend  compte  lui-même  à 
son  neveu ,  le  seigneur  de  Bourdeille , 
dans  une  lettre  écrite  en  patois  péri- 
gourdin  ,  et  signée  F.  H.  archevêque  de 
l^ors  indine.  Enfin,  créé  cardinal -prêtre 
sous  le  titre  de  Saiute-Luce ,  le  15  novem- 
bre 1483,  il  survécut  peu  à  cette  dignité, 
étant  mort  dans  son  diocèse  le  15  juillet 
de  l'année  suivante.  La  sainteté  de  sa  vie 
donna  lieu  à  une  enquête  ordonnée  par  le 
pape  ;  mais  la  canonisation  n'eut  pas  lieu. 
Le  cardinal  de  Bourdeille  a  laissé  plusieurs 
écrits  ,  dont  les  principaux  sont  :  |  Opus 
pro  pragmaticœ  sanclionis  abrogatione, 
Rome,  1486,  in-4°,  réimprimé  à  Tou- 
louse en  1518.   Il  est  question  dans  cet 


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ouvrage  du  concordat  qui  fut  fait,  en 
1472  ,  entre  Louis  XI  et  Sixte  IV  :  il  est 
peu  connu,  et  fut  mal  observé.  |  Defen- 
sorium  concordatorum,  Paris  ,  1520 ,  in- 
4° ,  plusieurs  fois  réimprimé  avec  les 
Concordats  de  Léon  X  et  de  François  Ier; 
J  un  Traité  latin  sur  la  Pucelle  d'Or- 
léans* qui  se  trouve  manuscrit  à  la  fin 
au  procès  de  justification  de  cette  hé- 
roïne, etc. 

BOURDEILLES  (Pierre  de),  connu 
sous  le  nom  de  Brantôme  *  dont  il  était 
abbé,  joignit  à  ce  titre  ceux  de  seigneur 
et  baron  de  Richemont ,  de  chevalier  de 
l'ordre,  de  gentilhomme  de  la  chambre 
des  rois  Gharles  IX  et  Henri  III,  et  de 
chambellan  du  duc  d'Alençon.  Il  avait  eu 
dessein  de  se  faire  chevalier  de  Malte, 
dans  un  voyage  qu'il  fit  en  cette  île  au 
temps  du  siège ,  l'an  1565.  Il  revint  en 
France ,  où  on  l'amusa  par  de  vaines  es- 
pérances ;  mais  il  ne  reçut  d'autre  for- 
tune, dit-il,  que  d'être  bien-venu  des 
rois  ses  maîtres,  des  grands  seigneurs,  des 
princes,  d'autres  rois,  des  reines,  des 
princesses.  Il  mourut  en  1614 ,  à  87  ans. 
Ses  Mémoires  ont  été  imprimés  en  10  et 
en  15  vol.  in-12  :  4  des  capitaines  français, 
2  des  capitaines  étrangers,  2,  des  femmes 
galantes ,  1  des  femmes  illustres ,  1  des 
duels.  Ils  sont  nécessaires  à  ceux  qui 
veulent  savoir  l'histoire  secrète  de  Charles 
IX ,  de  Henri  III  et  de  Henri  IV.  L'homme 
y  est  encore  plus  représenté  que  le  prince. 
Le  plaisir  de  voir  ces  rois  dans  leur  parti- 
culier et  hors  du  théâtre,  joint  à  la  naïveté 
du  style  de  Brantôme  ,  rend  la  lecture  de 
ses  Mémoires  fort  agréable ,  quoique  plu- 
sieurs de  ses  anecdotes  paraissent  hasar- 
dées, que  les  faits  publics  qu'il  raconte 
soient  souvent  défigurés  par  des  contes 
populaires,  et  que  le  portrait  de  la  même 
personne  présente  quelquefois  des  contra- 
dictions. Il  rapporte  des  discours  et  des 
faits  absolument  opposés  au  caractère  et 
à  l'histoire  de  ceux  auxquels  il  les  attri- 
bue. Les  écrivains  protestans  du  dernier 
siècle  ne  lui  rendent  pas  justice,  lorsqu'ils 
le  traitent  de  controversiste  passionné, 
que  la  prévention  aveugle.  Ils  savent  bien 
se  prévaloir  de  son  témoignage  lorsqu'il 
leur  est  favorable.  D'ailleurs  Brantôme  ne 
paraît  pas  prendre  un  intérêt  assez  vif  aux 
avantages  de  la  religion  qu'il  professait , 
ni  à  la  gloire  des  princes  lorrains ,  pour 
être  soupçonné  d'avoir  altéré  des  faits 
dont  il  a  été  témoin.  Il  est  vrai  qu'il  a  gémi, 
comme  tous  les  bons  citoyens,  sur  les 
malheurs  de  la  France  durant  les  guerres 


suscitées  par  les  sectaires,  et  qu'il  les  a 
quelquefois  bien  peints  ;  mais  il  n'en  a  rien 
dit  qui  ne  soit  conforme  à  ce  qu'en  rap- 
portent tous  les  historiens  du  temps.  Ses 
Mémoires  avec  la  Vie  de  l'auteur  et  quel- 
ques Opuscules ,  ont  été  réimprimés  en 
1787,  sous  le  titre  d'OEuvres  de  Bran- 
lante *  Paris,  8  vol.  in-8°. 

BOURDEILLES  (Claude  de),  petit- 
neveu  du  précédent ,  comte  de  Montrésor, 
attaché  à  Gaston  d'Orléans  dans  sa  faveur 
et  dans  ses  disgrâces ,  perdit  plusieurs  fois 
sa  liberté  pour  servir  ce  prince.  Ennuyé 
du  tumulte  et  des  tracasserios  de  la  cour, 
il  prit  le  parti  de  goûter  les  douceurs 
d'une  vie  privée.  Il  mourut  à  Paris  en 
1663.  Il  a  laissé  des  Mémoires*  connus 
sous  le  nom  de  Montrésor  *  2  vol.  in-12 , 
qui  sont  curieux.  Il  y  a  plusieurs  pièces 
sur  l'histoire  de  son  temps.  Montrésor  ne 
craint  point  de  raconter  les  projets  for- 
més par  lui  contre  la  vie  du  cardinal  de 
Richelieu. 

♦BOURDELIN  (l'abbé),  né  en  1725, 
fut  instituteur  à  Lyon.  On  a  de  lui  :  Nou- 
veaux élémens  de  la  langue  latine  *  ou 
Cours  de  thèmes  français-lalins.  Il  mou- 
rut, en  1783. 

BOURDELOT  (Jean),  maître  des  re- 
quêtes de  la  reine  Marie  de  Médicis ,  sa- 
vant dans  les  langues  et  la  jurisprudence, 
auteur  des  Notes  sur  Lucien ,  sur  Hélio- 
dore  et  sur  Pétrone,  mourut  en  1638.  Ses 
Commentaires  sont  estimés  des  sa  vans , 
mais  assez  peu  consultés. 

BOURDELOT  (  l'abbé ,  dont  le  vrai  nom 
était  Pierre  MICHON  ) ,  neveu  du  précé- 
dent, et  fils  d'un  chirurgien  de  Sens  retiré 
à  Genève,  naquit  dans  cette  ville  en  1610. 
Il  s'appliqua  à  la  médecine,  et  fut  médecin 
du  grand  Condé.  Christine,  reine  de  Suède 
l'appela  en  1651  auprès  d'elle,  et  obtint 
ensuite  pour  lui  l'abbaye  de  Massay.  Il 
mourut  à  Paris  en  1685.  Un  valet  inconsi- 
déré mit  un  morceau  d'opium  dans  un 
purgatif  qu'on  devait  lui  donner  :  ce  poi- 
son le  jeta  dans  un  assoupissement.  On 
voulut  l'éveiller,  on  le  brûla ,  la  gangrène 
se  mit  à  sa  plaie ,  et  il  en  mourut.  On  a 
de  lui  plusieurs  traités  :  De  la  vipère, 
1651 ,  in-12  :  Du  mont  Etna*  etc.  Le  pape 
lui  avait  permis  d'exercer  la  médecine 
gratuitement.  Il  laissa  en  manuscrit  un 
Catalogue  de  livres  de  médecine  avec  des 
notices  sur  les  vies  des  auteurs  et  la  cri- 
tique de  leurs  ouvrages. 

BOURDIGNÉ  (  Charles  de  ) ,  prêtre  , 
natif  d'Angers ,  y  vivait  en  1531.  Il  est  au- 
teur de  la  Légende  de  Pierre  Faifeu  *  en 


BOU  49 

vers,  Angers,  1532,  in-4°;  Taris,  1723, 
in-12.  C'est  un  récit  de  toutes  les  espiè- 
gleries que  Faifeu,  écolier  d'Angers,  jeune 
débauché,  met  en  usage  pour  parvenir  à 
ses  fins.  Cet  ouvrage,  divisé  en  49  cha- 
pitres, est  fait  avec  esprit.  —  Charles 
avait  un  frère  (Jean  de  BOURDIGNÉ) 
chanoine  d'Angers,  mort  en  1535,  dont  on 
a  Y  Histoire  d'Anjou  et  du  Maine ,  Angers 
4529 ,  in-fol. ,  dans  laquelle  il  y  a  bien  des 
fables. 

BOURDIN  (Maurice),  antipape  en 
I-  i  18-,  sous  le  nom  de  Grégoire  VIII ,  était 
auparavant  archevêque  de  Brague.  Ex- 
communié au  concile  de  Reims  l'an  1119  , 
il  se  retira  à  Sutri.  Calixte  II  envoya  une 
armée  commandée  par  un  cardinal ,  pour 
former  le  siège  de  cette  ville.  Les  habi- 
tans  de  Sutri,  voyant  battre  leurs  mu- 
railles pour  un  misérable  antipape,  le  li- 
vrèrent aux  soldais,  qui  l'amenèrent  à 
Rome  sur  un  chameau ,  à  rebours ,  tenant 
en  main  la  queue  au  lieu  de  bride ,  et  cou- 
vert d'une  peau  de  mouton  toute  sanglante 
en  guise  de  chappe  d'écarlate.  Bourdin 
mourut  en  prison,  à  Sulmone,  la  même 
année  1122.  Ses  ordinations  furent  décla- 
rées nulles  au  premier  concile  général  de 
Latran  l'an  1123  :  ce  qu'il  ne  faut  cepen- 
dant entendre  que  relativement  à  l'exer- 
cice et  aux  fonctions  légitimes  du  sacer- 
doce et  de  l'épiscopat ,  et  enfin  au  rang  et 
aux  honneurs  attachés  à  ces  dignités. 

*  BOURDIN  (  Charles  )  ,  archidiacre 
et  grand-vicaire  de  Noyon ,  publia  Y  His- 
toire de  Notre-Dame  de  Fieulaines ,  St- 
Quentin,  1662. 

*  BOURDIN  (Matthieu  ).,  religieux  mi- 
nime ,  mort  en  1692 ,  publia  la  Vie  de 
Madeleine  Vigneron,  du  tiers-ordre  de 
St-François-de-Paule ,  Rouen,  1689,  in- 
12. 

*  BOURDIN  (Jacques),  seigneur  de 
Vilaines,  secrétaire  d'état  sous  Henri  II, 
François  II  et  Charles  IX,  dressa  les  in- 
structions sur  les  libertés  de  l'église  gal- 
licane ,  pour  les  députes  français  envoyés 
au  concile  de  Trente.  On  les  trouve  dans 
le  recueil  des  Actes  de  ce  concile  ,  Paris , 
1634.  Il  fut  ensuite  employé  aux  négocia- 
tions de  Troyes  pour  la.  conclusion  de  la 
paix  avec  l'Angleterre,  et  mourut  en 
1567. 

*  BOURDIP,"  (Nicolas),  petit-fils  du 
précédent ,  était  gouverneur  de  Vitry-le- 
Français.  Il  mourut  en  1676 ,  laissant  quel- 
ques écrits  sur  les  mathématiques  et  l'as- 
trologie ,  Paris ,  1644  ,  1654 ,  in-4°. 

BOURDOISE  (Adrien),  prêtre,  natif 


o  BOU 

du  Perche,  inslituteur  du  séminaire  de 
Saint-Nicolas  du  Cliardomict  à  Paris ,  né 
en  1584,  fut  l'ami  de  Saint -Vincent  de 
Paule,et  mourut  en  odeur  de  sainteté  en 
1655,  à  71  ans.  Catéchismes,  missions, 
conférences,  il  se  porlait  à  tout  avec  une 
égale  vivacité.  Les  gens  du  monde  lui-ont 
quelquefois  trouvé  du  ridicule  ;  mais  les 
règles  de  l'usage  et  des  bienséances  reçues 
ne  sont  pas  toujours  celles  de  la  charité 
et  du  xèle.  Un  écrivain  prolestant  n'a  pu 
s'empêcher  de  convenir  que  dans  sa  vie 
«  on  découvre  un  homme  d'une  simplicité 
»  originale ,  d'une  droiture  chrétienne , 
»  d'une  piété  édifiante ,  et  en  qui  des 
»  mœurs  antiques  et  un  fonds  de  probité 
»  tenaient  lieu  d'études  et  de  lumières.  * 
La  première  édition  de  sa  Vie  t  qui  parut 
en  1714,  in-4°  péchait  par  une  trop  grande 
exactitude  de  détails  quelquefois  minu- 
tieux ,  qu'on  a  retranchés  dans  celle  qui  a 
paru  en  1784 ,  in-12 ,  où  l'on  a  cependant 
très  bien  fait  de  conserver  certains  traits, 
peu  imporlans  en  eux-mêmes ,  mais  très 
propres  à  donner  une  idée  juste  de  ce  zélé 
et  respectable  ecclésiastique.  Telle  est  l'a- 
necdote suivante.  «  Un  jour  madame  la 
»  duchesse  d'Aiguillon ,  nièce  du  cardinal 
»  de  Richelieu,  vint  entendre  la  messe  à 
»  Saint-Nicolas ,  ses  officiers  placèrent  son 
»  carreau  dans  le  sanctuaire  :  M.  Bour- 
»  doise  le  prit  aussitôt  et  le  porta  hors  du 
»  choeur,  en  représentant  d'une  manière 
»  respectueuse  à  cette  duchesse ,  que  la 
»  nef  était  la  place  des  laïques.  M.  le  car- 
»  dinal  de  Richelieu  qui  le  sut ,  fut  choqué 
»  de  ce  qu'on  avait  ainsi  traité  sa  nièce , 
»  et  fit  appeler  le  saint  prêtre.  M.  Bour- 
»  doise  refusa  d'abord  d'y  aller ,  en  disant 
»  qu'il  n'avait  point  l'honneur  d'être  connu 
»  de  son  éminence ,  et  qu'assurément  on 
»  le  prenait  pour  un  autre.  On  l'avertit 
»  une  seconde  fois,  et  on  lui  envoya  même 
»  le  carrosse  dont  il  ne  voulut  pas  se  ser- 
»  vir  ;  il  partit  sur-le-champ  à  pied ,  et  on 
n  le  fit  entrer  dans  le  moment  même  qu'il 
»  parut.  Comme  il  saluait  profondément 
»  son  Eminence  :  Est-ce  donc  vous ,  lui 
»  dit-elle ,  qui  avez  chassé  ma  nièce  du 
»  chœur  de  votre  église  ?  —  Non,  monsei- 
vgneur.  — Ne  vous  appelez -vous  pat 
»  Bourdoise  ?  —  Oui,  monseigneur.  — 
»  Eh  !  c'est  vous-même  qui  lui  avez  faii 
->  cet  affront.  —  Pardonnez  -  moi  ,  mon- 
»  seigneur.  —  Et  qui  est-ce  donc  ?  —  C'est 
»  votre  Eminence,  ce  sont  tous  les  prélat% 
»  assemblés  en  concile ,  qui  ont  défendu 
»  aux  laïques ,  et  surtout  aux  femmes  » 
»  d'entrer  dans  le  chaur,  afin  que  les  eo 
42 


liOU 


A9A 


«OU 


u  clésiasiiques  y  postent  faire  librement 
p  leurs  fonctions.  Ce  grand  minisire  fut 
»  surpris  de  celle  réponse  ,  quoiqu'il  n'en 
»  parût  pas  fort  content  ;  mais  madame  la 
>  duchesse  d'Aiguillon  profita  de  l'avis  du 
»  serviteur  de  Dieu ,  et  elle  lui  en  sut  si 
»  bon  gré ,  qu'elle  vint  plus  souvent  à 
»  Saint-Nicolas  :  pendant  sa  vie  elle  ne 
»  cessa  de  répandre  ses  bienfaits  sur  le  sé- 
»  minaire ,  et  elle  ne  l'oublia  pas  dans  son 
»  testament.  » 

BOURDON  (Sébastien),  peinlre  et 
graveur,  naquit  à  Montpellier  en  1G16. 
Son  père ,  peintre  sur  verre ,  fut  son 
premier  maître.  Après  avoir  servi  quel- 
que temps,  il  voyagea  en  Italie,  et  y  saisit 
la  manière  de  Claude  le  Lorrain,  deCara- 
vage  et  du  Bamboche,  prenant  toutes  les 
formes  avec  une  facilité  égale.  De  retour 
en  France,  à  l'âge  de  27  ans ,  il  se  fit  un 
nom  célèbre  par  son  tableau  du  Martyre 
de  saint  Pierre,  qu'on  voit  à  Noire-Dame 
de  Paris.  Il  entreprit  ensuite  le  voyage 
de  Suède.  Il  y  fut  bien  accueilli  par  Chris- 
tine ;  mais  bientôt  après ,  entraîné  par 
son  inquiétude  et  son  inconstance ,  il  re- 
vint dans  son  pays  ;  il  y  fit  plusieurs  ta- 
bleaux ,  dans  lesquels  on  remarque  une 
imagination  fougueuse  et  bouillante,  une 
louche  légère ,  un  coloris ,  un  goût  ex- 
traordinaire et  quelquefois  bizarre.  Son 
pinceau  était  peu  correct ,  mais  facile.  Il 
paria  qu'il  peindrait _.  dans  un  jour,  douze 
têtes  d'après  nature ,  de  grandeur  natu- 
relle ,  et  il  gagna  son  pari  :  ces  tètes  ne 
sont  pas  les  moindres  de  ses  ouvrages.  Il 
finissait  peu,  mais  le  feu  et  la  liberté  qu'il 
mettait  dans  tous  ses  tableaux  font  plus 
rechercher  ses  productions  les  moins 
finies,  que  les  chefs-d'œuvre  d'un  peintre 
d'un  génie  médiocre.  Il  réussissait  dans 
tous  les  genres ,  surtout  dans  le  paysage. 
Ses  tableaux  ornent  plusieurs  églises  de 
Paris,  et  différentes  maisons  particulières. 
Ce  maître  travaillait  pour  Louis  XIV,  dans 
l'appartement  des  Tuileries  ,  lorsque  la 
mort  l'enleva  en  1662.  Il  était  directeur 
de  l'académie  de  peinture,  où  sa  mémoire 
a  été  long-temps  chère  ,  autant  par  ses 
talens  que  par  ses  mœurs.  On  remarque 
parmi  ses  tableaux  le  Martyre  de  saint 
Pierre ,  le  supplice  de  saint  Gervais  et 
saint  Protais  t  son  Portrait ,  le  Repos  rie 
la  sainte  Famille,  Jésus  bénissant  ses 
disciples,  une  Descente  de  croix ,  etc. 

BOURDON  (  Amiî  ) ,  fils  d'un  ingénieur 
du  roi  d'Espagne ,  naquit  à  Cambrai  en 
1658  et  mourut  dans  cette  ville  en  170G. 
A  l'âge  de  56  ans,  et  père  de  12  enfans 


vivans  ,  il  se  détermina  à  prendre  ses  de- 
grés en  médecine  dans  l'université  de 
Douai  en  1G73.  Il  fit  paraître  en  1678, 
pour  l'instruction  d'un  fils  qu'il  destinai! 
â  cette  profession,  ses  Tables  anatomiques 
in-fol.  avec  sa  Description  anatomique 
du  corps  humain *  in-12  ,  qui  a  été  sou- 
vent réimprimée  ,  parce  que  c'était  alors 
un  des  ouvrages  les  plus  parfaits  dans  ce 
genre. 

*  BOURDON  de  SIGRAIS  (  Claude- 
Guillaume),  chevalier  de  Saint-Louis, 
membre  de  l'académie  des  Inscriptions  et 
belles-lctlres ,  né  en  Franche-Comié  en 
1715,  mort  à  Paris  en  1791.  Il  suivit  d'a- 
bord la  carrière  des  armes ,  qu'il  quitta 
pour  se  livrer  uniquement  aux  lettres. 
On  a  de  lui  :  |  Histoire  des  ?'ats ,  pour 
servir  à  l'histoire  universelle,  Ratopolis, 
1738  ,  in-8°,  avec  fig.,  réimprimée  en  1787 
dans  le  tome  XI  de  la  collection  des  Oeu- 
vres badines  du  comte  de  Caylus  :  c'est 
une  production  delà  jeunesse  de  l'auteur. 
L' Histoire  des  chats,  de  Moncrif,  lui  avait 
fourni  l'idée  de  cette  plaisanterie  ingé- 
nieuse. |  Institutions  militaires  de  Végè ce , 
trad.  en  finançais,  Paris,  Prault ,  1749, 
in-12;  Amsterd.,  1744 ,  in-12;  Paris,  1759, 
in-12,  fig.  :  celte  traduction  est  estimée. 

!  Considérations  sur  l'esprit  militaire  des 
Gaulois.,  pour  servir  d'éclaircissement 
préliminaire  aux  mêmes  recherches  sur 
les  Français ,  et  d'introduction  à  l'His- 
toire de  France,  1774,  in-12.  |  Considéra- 
tions sur  l'esprit  militaire  des  Germains, 
depuis  l'an  de  Rome  640  jusqu'en  176  de 
l'ère  vulgaire ,  Paris,  1781,  in-12.  |  Con- 
sidérations sur  l'esprit  militaire  des 
Francs  et  des  Français,  depuis  le  com- 
mencement du  règne  de  Clovis  en  482  , 
jusqu'à  la  fin  de  celui  de  Henri  IV,  en 
1610,  Paris,  178G,  in-12.  Ces  trois  volumes 
forment  le  recueil  des  dissertations  lues 
par  l'auteur  à  l'académie  des  inscriptions 
et  belles -lettres  :  elles  sont  curieuses  et 
intéressantes.  |  Dialogue  sur  les  orateurs* 
traduit  en  français,  Paris,  1782,  in-12. 
Bourdon  pense  que  cet  ouvrage  doit  être 
attribué  à  Tacite.  Il  a  su  profiter  des  tra- 
ductions de  ses  prédécesseurs  pour  en 
donner  une  plus  fidèle  et  plus  élégante, 
mais  à  laquelle  on  préfère  aujourd'hui 
celle  qu'en  a  donnée  Dnreau-Delamalle , 
dans  sa  traduction  de  Tacite. 

*  BOURDON  (  Fraxçois-Louis  ) ,  sur- 
nommé de  l'Oise  ,  du  nom  de  son  dépar- 
tement, fils  d'un  cultivateur  des  environs 
de  Compiègne ,  suivit  le  barreau  à  Paris 
et  devint  procureur  au  parlement.  Lis 


BOU 


/fcOîi 


uou 


principes  de  la  révolution  exaltèrent  son 
imagination  ardente,  et  il  en  suivit  le  parti 
avec  nn  véritable  emportement.  Au  10  août 
1792,  il  fut  un  des  chefs  de  la  terrible  in- 
surrection qui  ensanglanta  les  Tuileries, 
député  à  la  Convention ,  il  y  déploya  les 
opinions  les  plus  violentes  qu'il  soutenait 
en  provoquant  ses  collègues  en  duel,  et  fut 
toujours  à  la  tète  de  ceux  qui  proposaient 
les  mesures  les  plus  incendiaires.  Il  vota 
la  mort  du  roi ,  et  contribua  beaucoup  aux 
révolutions  du  51  mai  1795  et  du  27  juillet 

4794.  Ayant  été  chargé  de  surveiller  les 
opérations  de  l'armée  de  l'ouest ,  il  desti- 
tua le  général  Rossignol  et  eut  à  ce  sujet 
quelques  contestations  avec  Robespierre, 
qu'il  poursuivit  avec  ardeur  et  à  la  perle 
duquel  il  contribua  puissamment.  Depuis 
ce  moment ,  il  se  montra  aussi  forcené 
réacteur  qu'il  avait  été  ardent  révolu- 
tionnaire; mais  toujours  guidé  par  ses 
passions,  sa  conduite  devint  incertaine  et 
ses  actions  sans  cesse  contradictoires  les 
unes  avec  les  autres.  On  le  vit  solliciter 
tout  à  la  fois  le  rapport  de  la  loi  qui 
éloignait  les  nobles  de  Paris,  et  accuser 
de  perfidie  la  proposition  de  suppri- 
mer les  comités  révolutionnaires.  Il  ne 
cessa  jusqu'à  la  fin  de  l'assemblée  de  pro- 
voquer une  foule  delcis  de  circonstances, 
qui  toutes  portaient  le  cachet  de  l'irrégu- 
larité de  ses  idées.  Après  la  révolution  de 

4795,  il  poursuivit  plusieurs  députés  mon- 
tagnards ,  autrefois  ses  complices  ,  et  coo- 
péra à  leur  perte;  mais  il  fut  à  son  tour 
la  victime  du  parti  directorial  :  à  la  suite 
de  la  journée  du  18  fructidor,  il  fut  dé- 
porté à  Cayenne ,  et  mourut  à  Sinnamary 
quelques  jours  après  son  arrivée,  lais- 
sant entrevoir  les  remords  qui  doivent 
remplir  l'àme  d'un  régicide.  «  Messieurs, 
»  disait-il  à  ses  compagnons  d'infortune, 
»  en  quelque  lieu  de  la  terre  que  vous 
»  vous  trouviez, ,  on  vous  plaindra ,  vous 
»  aurez  des  consolateurs  ;  mais  Bourdon 
»de  l'Oise....!  » 

*  BOURDOX  de  la  CROSNIÈRE  (  LÉo- 
na rd- Je an- Joseph  ) ,  né  à  Orléans,  fils 
d'un  premier  commis  des  finances  ,  était 
établi  à  Paris  où  il  avait  avant ,  la  révolu- 
tion ,  fondé  une  maison  d'éducation  et 
figura  dès  le  14  juillet  1789  ,  dans  les  trou- 
bles révolutionnaires.  Il  obtint  de  l'assem- 
blée constituante  l'autorisation  de  loger 
chez  lui  un  centenaire  du  Mont- Jura , 
qu'il  faisait  servir  par  ses  élèves,  pour 
les  accoutumer,  disait -il,  à  honorer  la 
vieillesse.  En  1792  ,  il  fut  député  à  la  Con- 
vention nationale.  Avant  l'ouverture  de 


la  session ,  il  avait  été  envoyé  à  Orléans 
par  la  commune  de  Paris ,  pour  assurer 
la  translation  à  la  capitale  des  prison- 
niers de  la  haute  cour,  qui  furent  im- 
pitoyablement massacrés  à  Versailles. 
On  a  pensé  ,  sans  en  avoir  la  certitude  , 
que  Bourdon  s'était  rendu  complice  da 
cet  assassinat.  Durant  la  détention  de 
Louis  XVI  au  Temple ,  il  proposa,  le  pre- 
mier ,  d'interdire  à  ce  prince  toute  com- 
munication avec  sa  famille ,  et  vota  en- 
suite la  mort  sans  appel ,  en  hâtant  de  ses 
vœux  barbares  l'exécution  du  jugement. 
En  passant  par  Orléans  le  16  mars  1795 , 
il  fit  condamner  à  mort  tous  les  citoyens 
qui  montaient  la  garde  le  soir  de  cette 
journée  ,  sous  prétexte  qu'un  factionnaire 
avec  lequel,  à  la  suite  d'une  orgie,  il 
s'était  pris  de  querelle,  avait  voulu  le 
percer  de  sa  bayonnette.  Le  8  août  sui- 
vant, Bourdon  fut  élu  secrétaire  de  la 
Convention,  où:  il  sollicita  la  formation 
d'une  armée  révolutionnaire  dans  chaque 
département,  et,  peu  de  temps  après, 
président  des  jacobins.  En  janvier  1794  , 
il  rompit  avec  Robespierre,  parce  que  ce- 
lui-ci s'était  opposé  à  une  proposition  faite 
par  lui.  Adjoint  à  Barras  pour  commander 
la  garde  nationale  dans  la  journée  du  9 
thermidor  où  son  adversaire  fut  renver- 
sé ,  il  pénétra  avec  la  force  armée  dans 
la  maison  commune  ,  et  s'empara  de  Ro- 
bespierre qui  s'y  était  réfugié  avec  les 
chefs  de  son  parti.  Bientôt  après  il  fit  dé- 
créter la  translation  du  corps  de  Marat  au 
Panthéon  ,  et  dirigea  lui-même  cette 
odieuse  cérémonie.  Arrêté  comme  com- 
plice de  la  conspiration  qui  éclata  le  12 
germinal  an  5  (  1er  avril  1795  ) ,  il  fut  con- 
duit au  château  de  Ham.  L'amnistie  du 
25  octobre  1795  lui  rendit  la  liberté  et  la 
vie.  Bourdon  fit  ensuite  partie  du  conseil 
des  Cinq-cents,  où  Boissy  d'Anglas  le 
traita  d'assassin  révolutionnaire ,  et  de- 
vint agent  du  Directoire  à  Hambourg  , 
d'où  il  lit  sortir  les  émigrés.  Il  avait  fon- 
dé ,  en  1795 ,  l'école  des  Elèves  de  la  Pa- 
trie ,  et  il  dirigeait  encore  à  Paris ,  en 
1805,  quelque  temps  avant  sa  mort, 
une  école  primaire.  On  a  de  lui  :  |  Mè- 
moire  sur  l'instruction  et  l'éducation  na- 
tionale ,  1789,  in-8°  ;  |  Recueil  des  ac- 
tions civiques  des  républicains  français  _, 
4  numéros,  1794,  in-8°  ;  |  en  société 
avec  Moiine  et  Valcourt  :  Le  tombeau  des 
imposteurs  >  ou  l'inauguration  du  temple 
de  la  Vérité  ,  sans-culottide  dramatique, 
1794 ,  in-8°. 

BOURDONNAIS   (  Bernard-François 


BOU  A96 

MAHÉ  de  la),  né  à  Sainl-Malo  en  1699,  fut 
à  la  fois  négociant  et  guerrier  (1).  Chargé 
de  bonne  heure  des  affaires  de  la  compa- 
gnie des  Indes  ,  il  lui  fut  utile  dans  plus 
d'un  voyage  qu'il  entreprit  pour  favoriser 
les  intérêts  de  celte  compagnie,  et  pour 
augmenter  sa  propre  fortune.  Le  roi  le 
nomma  gouverneur-général  des  îles  de 
France  et  de  Bourbon,  et  elles  devinrent 
florissantes  sous  son  administration.  C'é- 
tait dans  le  temps  de  la  guerre  malheu- 
reuse de  1741.  Les  Anglais  dominaient 
dans  l'Inde.  Une  escadre  anglaise  croisait 
dans  les  mers,  gênait  le  commerce  des 
Français  et  faisait  beaucoup  de  prises.  La 
Bourdonnais  prend  la  résolution  d'armer 
une  petite  flotte.  Il  sort  de  l'île  de  Bourbon 
avec  9  vaisseaux  de  guerre ,  attaque  l'es- 
cadre ennemie ,  la  disperse,  et  va  mettre 
le  siège  devant  Madras.  Cette  ville  capi- 
tula en  septembre  1746  ,  et  les  vaincus  se 
rachetèrent  pour  environ  neuf  millions. 
Les  richesses  que  la  Bourdonnais  avait 
acquises  ayant  excité  l'envie  ,  on  peignit 
le  vainqueur  de  Madras  comme  un  pré- 
varicateur qui  avait  exigé  une  rançon  trop 
faible,  et  qui  s'était  laissé  corrompre  par 
des  présens.  Les  directeurs  de  la  compa- 
gnie des  Indes,  et  plusieurs  actionnaires, 
portèrent  leurs  plaintes  au  ministère  ;  et 
la  Bourdonnais,  en  arrivant  en  France  , 
fut  enfermé  à  la  Bastille.  Son  procès  dura 
5  ans  et  demi.  Enfin  les  commissaires  du 
conseil  qu'on  lui  donna  pour  juges,  le  dé- 
clarèrent innocent.  Il  fut  remis  en  liberté, 
et  rétabli  dans  tous  ses  honneurs.  Il  mou- 
rut bientôt  après,  en  1755  ,  d'une  maladie 
cruelle ,  que  le  chagrin  et  sa  longue  dé- 
tention lui  avaient  causée.  C'était  un 
homme  comparable  à  Duguai-Trouin ,  et 
aussi  intelligent  dans  le  commerce  qu'ha- 
bile dans  la  marine.  Il  avait  d'ailleurs 
beaucoup  d'esprit.  Un  des  directeurs  de  la 
compagnie  des  Indes  lui  demandant  un 
jour,  comment  il  s'y  était  pris  pour  faire 
bien  mieux  ses  affaires  que  celles  de  la 
compagnie.  «  C'est,  répondit-il,  parce  que 
»  j'ai  suivi  vos  instructions  dans  tout  ce 
»  qui  vous  regardait,  et  que  je  n'ai  con- 
•  suite  que  moi-même  dans  ce  qui  con- 
cernait mes  intérêts.  » 
BOURDOTde  RICIIEBOUBG  (Chaules- 


(i)  Malié  de  la  Bourdonnait  était  capitaine  de  fre'- 
gate  et  chevalier  des  ordres  miLitaires  de  Saint-Louis 
et  du  Christ.  Celle  dernière  décoration  lui  fut  don- 
née par  le  roi  de  Portugal,  pour  avoir  sauve'  d'une 
perte  certaine  deux  vaisseaux  de  guerre  port-jgais.  Il 
servit  même  quelque  temps  ce  prince  qui  lui  avait 
confère  le  grade  de  capitaine  de  vaisseau. 


BOU 

Antoine)  ,  avocat  à  Paris  en  1689,  mou- 
rut dans  cette  ville  le  11  décembre  1755. 
Il  a  donné  un  Coutumier  général 3  avec 
des  notes,  Paris,  1724,8  vol.  in-fol.  (i)  C'é- 
tait un  homme  qui,  à  beaucoup  de  littéra- 
ture ,  joignait  un  grand  fonds  de  religion. 

BOU11G  (  Anne  du  ) ,  de  Riom,  conseil- 
ler-clerc au  parlement  de  Paris ,  se  fit  con- 
naître par  un  attachement  fanatique  à  la 
religion  de  Calvin.  Ayant  parlé  avec  une 
espèce  de  fureur  pour  les  partisans  de 
celle  doctrine  dans  une  assemblée  du  par- 
lement, Henri  II  le  lit  arrêter.  On  lui  fit 
son  procès;  il  fut  déclaré  hérétique,  dé- 
gradé de  l'ordre  de  prêtrise,  pendu  et 
brûlé  en  Grève  en  1559  ,  à  58  ans.  On  le 
soupçonna  d'avoir  eu  part  à  l'assassinat 
du  président  Minart,  un  de  ses  juges  :  ce 
meurtre  hâta  son  supplice  et  celui  do 
plusieurs  calvinistes.  Ces  sectaires  s'en 
vengèrent  par  la  conspiration  d'Amboiso 
el  les  guerres  qui  la  suivirent.  Du  Bourg 
était  un  des  plus  dangereux  émissaires  du 
calvinisme ,  dont  il  aurait  propagé  les 
erreurs  ,  s'il  l'avait  pu,  sur  les  ruines  de 
la  religion  etde  l'état.  On  voit  par-là  com- 
bien les  protcslans  se  sont  donné  de  ridi- 
cule ,  en  mettant  au  nombre  des  martyrs 
un  fanatique  opiniâtre  et  séditieux. 

BOUHG  (  Eléoxor-Marie  du  MAINE, 
comte  du  ) ,  né  en  1655 ,  servit  avec  dis- 
tinction sous  Louis  XIV ,  commanda  en 
chef  l'armée  du  Rhin  en  1709,  gagna  la 
bataille  de  Rinnetsheim  sur  les  troupes 
impériales,  fut  fait  maréchal  de  France 
en  1724 ,  et  mourut  en  1759. 

*  BOURGEAT  (Louis- Alexandre  Mar- 
guerite ),  né  à  Grenoble  en  1787,  s'y  fit 
recevoir  avocat  en  1809.  Mais  la  faiblesse 
de  sa  sanlé  et  son  goût  pour  les  lettres  le 
déterminèrent  à  quitter  le  barreau.  Il  vint 
à  Paris  en  1812,  et  y  travailla  à  divers 
ouvrages  et  recueils  périodiques,  enlro 
autres  à  la  Biographie  universelle,  au 
Mercure  de  France  et  au  Magasin  ency- 
clopédique. Il  remporta  ,  à  la  fin  de  1813, 
le  prix  proposé  par  la  Société  des  sciences 
et  arts  de  Grenoble,  pour  la  meilleure 
Histoire  des  Allobroges  et  des  Voconces, 
prouvée  par  les  mimumens  et  les  auteurs. 
Bourgeat  avait  entrepris  de  traduire  Y  Es- 
sai historique  sur  les  Scaldes ,  ou  anciens 
poètes  Scandinaves,  ouvrage  italien  par 
Grabert  Hemsô ,  et  avait  en  outre  com- 
mencé une  Histoire  de  la  guerre  contre 
les  albigeois  J  lorsqu'il  fut  surpris  par  la 
mort  en  1814,  à  l'âge  de  27  ans. 


U)  Ces  S  louict  sont  ordinairement 


:o4.  v»L 


BOU 


497 


BOTJ 


BOURGELA.T  (  Claude  ) ,  directeur  et 
inspecteur-général  des  écoles  vétérinaires 
en  France,  qui  lui  doivent  leur  institu- 
tion, mourut  le  3  janvier  1779,  dans  un 
âge  avancé  ,  après  avoir  dirigé  ces  écoles 
par  lui-même  et  par  ses  ouvrages,  tels 
que  :  |  Elémens  dliippiatrique ,  1750,  5 
vol.  in-8°.  |  Le  nouveau  Newcaslle  ,  ou 
Traité  de  cavalerie,,  1747,  in-12.  |  Ma- 
tière médicale  raisonnée ,  à  l'usage  des 
écoles  vétérinaires  ,  1771 ,  in- 8°  ;  |  Traité 
de  la  conformation  extérieure  du  che- 
val,  de  sa  beauté  et  de  ses  défauts  ,  du 
choix  des  chevaux  et  des  haras  ,  Paris  , 
17G9 ,  in-8°.  |  Essai  sur  la  ferrure ,  in-8°. 

*  BOURGEOIS  (  Jacques  ) ,  trinitaire , 
a  donné  :  Amortissement  de  toutes  per- 
turbations, et  Réveildes  mourans,  Douai, 
1576. 

BOURGEOIS  (  Louis  ).  Voyez  BUR- 
GENSÏS. 

BOURGEOIS  (  Louis  le  ),  abbé  de 
Chante-Merle,  né  à  Heauville  au  diocèse 
de  Coutances,  mort  doyen  de  l'église  à'A- 
vranches  en  1680 ,  consacra  sa  verve  poé- 
tique à  des  sujets  chrétiens.  On  a  de  lui 
|  Le  Catéchisme  en  forme  de  cantiques, 
à  l'usage  du  Dauphin,  1669  et  1684.  J  V His- 
toire des  Mystères  de  J.-C.  et  de  la  Vierge; 
|  Les  Psaumes  pénitentiaux.  La  poésie  de 
ces  trois  ouvrages  est  facile,  mais  faible 
et  sans  images. 

*  BOURGEOIS  (  Louise  ) ,  dite  BOUR- 
SIER ,  accoucheuse  distinguée  dans  le  17e 
siècle,  assista,  dans  toutes  ses  couches, 
Marie  de  Médicis ,  femme  de  Henri  IV. 
On  a  d'elle  im  ouvrage  ,  où  se  trouvent 
des  croyances  ridicules,  et  quelques  pré- 
tendus secrets  ,  avec  de  bonnes  observa- 
tions et  des  faits  pratiques.  Il  est  intitulé  : 
Observations  sur  la  stérilité, perte  de  fruit, 
fécondité,  accouchemens  et  maladies  des 
femmes  etenfans  nouveau-nés,Va.ris ,  1609, 
1626,  in-12  ;  1642;  liv.  1er  et  2e  ;  1644,  li  v.  5e, 
in-8°;  traduit  en  latin,  Oppenheim,  1619, 
in-4°;  en  allemand,  Francfort,  1628,  in- 
4°;  en  hollandais,  Delft,  1658,  in-8°. 
|  Récit  véritable  de  lanaissance  des  rnes- 
seigneurs  et  dames  les  en  fans  de  France, 
Paris,  1625,  in-12.  On  a  encore,  sous  le 
nom  de  Louise  Bourgeois ,  Apologie  con- 
tre les  rapports  des  médecins,  Paris,  1627, 
in-8°.  Secrets,  1635,  in-8°. 

*  BOURGEOIS  (  Antoixe  ) ,  né  dans 
le  diocèse  d'Amiens,  devint  curé  de  Saint- 
Germain  et  principal  du  collège,  de  Cres- 
py,  en  Valois.  Il  fut  un  des  premiers  à 
mettre  en  pratique  le  système  des  ver- 
sions interlinéaires  .  recommandé  par  Du-  , 


marsais.  On  a  de  lui  :  P.  Virgilii  Maronh 
opéra ,  ordine  perpetuo ,  interprétations- 
bus  gallicis ,  annotationibus  et  dictiona- 
riis  illuslrata,  Senlis  et  Paris,  1755,  2 
vol.  in-8°. 

*  BOURGEOIS  de  Chastenet,  avocat  au 
parlement,  exerça  pendant  quelque  temps 
les  fonctions  de  censeur  royal ,  et  publia 
au  commencement  du  18e  siècle  les  ou- 
vrages suivans  :  |  Les  intérêts  des  princes 
d'Allemagne ,  traduits  du  latin  de  Joa- 
chim  de  ïransée  (  B.  P.  de  Chemnitz  ) 
Freistadt ,  1712  ,  2  vol.  in-12  ;  |  Histoire 
du  concile  de  Constance ,  où  l'on  fait  voir 
combien  la  France  a  contribué  à  l'ex- 
tinction du  schisme,  Paris,  1718,in-4°; 
|  une  édition  de  Y  Histoire  du  monde  de 
Chevreau,  en  8  vol.  in-12,  1717,  avec  des 
additions  considérables,  faussement  at- 
tribuée à  l'abbé  de  Vertot,  par  les  li- 
braires de  Hollande  qui  ont  imprimé  cet 
ouvrage;  |  une  édition  de  V Histoire  de 
l'empire ,  par  Heiss ,  à  laquelle  il  a  ajouté 
une  continuation. 

*  BOURGEOIS  (François),  jésuite,  né 
en  Lorraine ,  fut  d'abord  professeur  de 
théologie  à  Pont-à-Mousson ,  et  passa  en- 
suite comme  missionnaire  à  la  Chine  où 
il  arriva  le  13  août  1671 ,  et  où  il  devint  su- 
périeur de  la  résidence  des  jésuites  fran- 
çais à  Pékin.  Il  s'occupa  avec  zèle  de  la 
direction  des  chrétiens  de  cette  capitale 
et  des  provinces  circonvoisines.  On  a  de 
lui  un  grand  nombre  de  lettres  répandues 
dans  les  recueils  des  Lettres  édifiantes ,  cl 
dans  les  Mémoires  sur  l'Histoire,  les  arts 
et  les  mœurs  des  Chinois.  On  ignore  l'é- 
poque de  sa  mort. 

*  BOURGEOIS,  né  à  La  Rochelle,  exerça 
quelque  temps  les  fonctions  d'avocat  à  Poi- 
tiers. Vers  1755  il  partit  pour  St.-Domin- 
gue ,  et  devint  secrétaire  de  la  chambre 
d'agriculture  du  Cap-Français.  Il  est  mort 
vers  1780  doyen  de  l'académie  de  La  Ro- 
chelle. On  a  de  lui  :  |  Christophe  Colomb, 
ou  l'Amérique  découverte ,  2  vol.  in- 8°, 
poème  en  24  chanta,  Paris,  1773,  2  vol. 
in-8°.  Il  est  aussi  curieux  qu'instructif; 
l'on  y  trouve  des  notes  qui  renferment 
des  détails  utiles  et  d'autant  plus  sûrs  qu'il 
a  vu  la  plupart  des  choses  qu'il  décrit; 
|  Recherches  historiques  sur  l'empereur 
Othon  IV,  oh  l'on  examine  si  ce  prince 
a  joui  du  duché  d Aquitaine  et  du  comté 
de  Poitiers  en  qualité  de  propriétaire  ou 
de  simple  administrateur ,  1775,  in-8°; 
|  Voyages  intéressans  dans  différente* 
colonies  françaises  et  espagnoles ,  etc. , 
Paris  1788;   ouvrage    posthume  extrait 

42». 


BOU 


498 


BOU 


d'un  grand  nombre  de  manuscrits  qu'il  a 
laisses  à  son  neveu.  On  l'a  joint  à  la  Col- 
lection abrégée  des  voyages  faits  autour  du 
monde ,  rédigée  par  Bérengcr,  et  il  en 
forme  le  tome  X.  Bourgeois  s'occupait 
beaucoup  de  recherches  sur  les  antiqui- 
tés. On  les  trouve  consignées  dans  le 
journal  de  Verdun ,  en  1739  et  1743  ,  dans 
les  mémoires  de  Trévoux  et  dans  ceux  de 
l'académie  de  La  Rochelle. 

*  BOURG  ET  (  don  Jeaiv  ) ,  supérieur 
de  l'abbaye  du  Bec  en  Normandie ,  né  en 
1724  ,  mort  en  1776 ,  était  membre  de  la 
société  des  antiquaires  de  Londres.  On 
a  de  lui  ;  Histoire  des  antiquités  des  ab- 
bayes de  Normandie ,  inédite. 

BOURG-FONTAINE.  Voyez  FILLEAU. 

BOURGOGNE  (le  duc  de  }.  Voyez 
LOUIS. 

BOURGOING  (Edmond),  prieur  des 
jacobins  de  Paris  pendant  la  ligue ,  pris 
à  l'assaut  d'un  des  faubourgs  de  cette 
ville ,  armé  en  soldat,  fut  conduit  à  Tours 
en  1589.  Convaincu  d'avoir  été  ,  dans  ses 
sermons ,  le  panégyriste  de  son  confrère 
Jacques  Clément ,  il  fut  tiré  à  quatre  che- 
vaux en  1590. 

*  BOURGOING  (Jean),  avocat-géné- 
ral du  bailliage  de  Nevers,  est  auteur 
d'une  Histoire  de  Louis  de  Gonzague, 
duc  de  Nevers. 

BOURGOING  (  François  ) ,  5e  général 
de  l'Oratoire,  successeur  du  Père  Con- 
dren ,  naquit  à  Paris  en  1685 ,  et  mourut 
en  1662.  Il  publia  les  ouvrages  du  cardi- 
nal de  Bérulle,  Paris,  1642  ,  in-8°,  dont 
il  avait  été  un  des  coopéraleurs ,  avec  un 
ahrégé  de  la  Vie  de  ce  grand  homme,  et 
quelques  autres  écrits  ascétiques  de  sa 
composition.  Bossuet  prononça  son  orai- 
son funèbre.  —  Il  ne  faut  pas  le  confon- 
dre avec  un  autre  François  BOURGOING 
dit  d' Jgnon,  d'abord  chanoine,  ensuite 
protestant ,  qui  a  donné  une  Histoire 
ecclésiastique ,  recueillie  principalement 
des  Docteurs  de  Magdebourg ,  Genève, 
1653-1655  ,  2  vol.  in-fol.  Quand  on  connaît 
les  Cenlurialeurs  de  Magdebourg  qui  lui 
ont  servi  de  modèle  ,  l'on  juge  facilement 
du  mérite  de  l'ouvrage  ;  aussi  n'a-t-il  pas 
fait  fortune. 

*  BOURGOING  (  Jean-François  ,  ba- 
ron de  ) ,  né  à  Nevers  en  1748 ,  lit  ses  pre- 
mières études  à  l'école  militaire  de  Paris, 
et  s'y  livra  avec  ardeur  à  l'élude  des  lan- 
gues et  notamment  de  la  langue  alle- 
mande. Envoyé  à  Strasbourg  par  le  gou- 
vernement, il  y  étudia  le  droit  puhlic 
sous  le  célèbre  professeur  Kugler.  Trois 


ans  après  il  entra,  en  qualité  d'officier, 
dans  le  régiment  d'Auvergne  ;  et  on  lo 
nomma  successivement  secrétaire  de  lé- 
galion  et  chargé  d'affaires  à  Ralisbonne; 
en  1777  il  remplit  les  mêmes  emplois  au- 
près de  la  cour  de  Madrid.  Nommé  en  1787 
ministre  plénipotentiaire  à  Hambourg,  il 
en  fut  rappelé  pour  retourner  en  Espa- 
gne ,  où  il  demeura  jusqu'au  mois  de  mars 
1793.  De  retour  dans  sa  patrie ,  il  se  retira 
auprès  de  sa  famille,  à  Nevers,  où  il  rem- 
plit la  place  de  maire.  Après  le  18  bru- 
maire, le  gouvernement  le  nomma  minis- 
tre plénipotentiaire  à  Copenhague ,  puis 
à  Stockholm  et  ensuite  à  Dresde.  Il  mou- 
rut aux  eaux  de  Carlsbad  le  20  juillet 
1811.  On  a  de  lui:  |  Nouveau  voyage  en 
Espagne,  ou  tableau  actuel  de  cette  mo- 
narchie,  1789  et  1797,  3  vol.  in-8°,  réim- 
primé en  1803  et  en  1807 ,  sous  le  titre  de 
Tableau  de  l'Espagne  moderne .  3  vol. 
in-8°  et  atlas.  C'est  son  meilleur  ouvrage 
quoiqu'on  lui  reproche  beaucoup  d'er- 
reurs et  d'inexactitudes.  |  Mémoires  his- 
toriques et  philosophiques  sur  Pie  VI  et 
sur  son  pontificat  ,  jusqu'à  sa  retraite  eu 
Espaqne ,  1798.  Ces  mémoires  justifient 
bien  leur  titre  de  philosophiques  :  le 
pape  et  la  cour  de  Rome  y  sont  jugés 
avec  beaucoup  de  légèreté  et  de  partia- 
lité- |  Histoire  des  Flibustiers ,  traduite 
de  l'allemand ,  Paris ,  1804 ,  in-8°.  |  His- 
toire de  l'empereur  Charlemagne ,  1805  , 
in-8°.  |  Correspondance  d'un  jeune  min- 
utaire, 2  vol.  in-12.  |  Les  amours  d'un 
jeune  militaire,  etc.  Il  a  été  éditeur  de  la 
Correspondance  de  Voltaire  avec  M.  de 
Bernis. 

BOURGUET  (  Louis  ) ,  né  à  Nimes  en 
1678 ,  se  fit  un  nom  par  ses  connaissances 
dans  l'histoire  naturelle.  La  révocation 
de  l'édit  de  Nantes  engagea  sa  famille,  at- 
tachée aux  erreurs  de  Calvin,  d'aller 
chercher  une  retraite  à  Zurich  en  Suisse. 
Le  jeune  Bourguet  y  fit  ses  éludes,  il  se 
maria  à  Berne,  et  alla  s'établir  à  Neuchâ- 
tel ,  où  il  devint  professeur  de  philosophie 
et  de  mathématiques.  Il  mourut  le  51  dé- 
cemhre  1742.  On  a  de  lui  :  |  Lettre  sur  la 
formation  des  sels  et  des  cristaux ,  Ams- 
terdam, 1729,  in-12.  |  La  Bibliothèque 
italique,  16  vol  in-8°.  Ce  Journal ,  com- 
mencé à  Genève  en  1728  ,  renferme  des 
choses  utiles,  mais  dites  sans  intérêt  et 
sans  élégance  ;  aussi  ne  songea-t-on  p  as  à 
le  continuer. 

BOURGUEVILLE  (  Cuarles  de  ),  con- 
nu sous  le  nom  de  sieur  de  Bras .  lieute- 
nant-général de  Caen,  mort  en  1593,  est 


BOU 


4-99 


BOU 


auteur  des  Recherches  et  antiquités  de  la 
Neustrie  et  de  sa  ville,  Caeiv,  1588,  in- 
lt°  et  in-8°.  «  Ce  livre  ,  tout  défectueux 
»  qu'il  est ,  dit  l'abbé  Lenglet ,  est  un  tré- 
»  sor  qui  nous  a  conservé  une  infinité  de 

•  choses  curieuses  de  ce  pays,  qui  se- 
rraient demeurées  dans  l'oubli.  Il  aurait 
»  eu  besoin  d'un  peu  plus  de  sel ,  pour 
»  corriger  quelques  naïvetés  dans  lcs- 
»  quelles  l'auteur  est  tombé ,  par  le  dé- 
»  faut  de   son  grand  âge;  car  il  courait 

*  sa  85e  année.  »  Voyez  Méthode  pour 
étudier  l'Histoire,  tome  13  ,  page  71. 

*  BOURGUIGXOX-DUMOLARD 
(Claude-Sébastien)  ,  né  en  17*30  à  Vif, 
près  de  Grenoble  ,  et  mort  en  1829  ,  exer- 
çait dans  cette  dernière  ville  avant  la  ré- 
volution des  fonctions  administratives  et 
judiciaires.  Il  fut  arrêté  après  les  événe- 
mens  du  31  mai  1793 ,  comme  chef  des  fé- 
déralistes du  midi.  Après  son  élargisse- 
ment ,  il  vint  à  Paris  et  quitta  son  nom  de 
Dumolard,  sous  lequel  il  était  plus  connu, 
espérant  ainsi  se  soustraire  à  la  loi  des 
suspects.  Il  apposa  les  scellés  sur  les  pa- 
piers des  deux  Robespierre ,  à  l'époque 
du  9  thermidor ,  et  profita  de  l'influence 
que  lui  donnait  le  titre  de  secrétaire-gé- 
néral du  comité  de  sûreté  générale  pour 
rendre  la  liberté  à  un  grand  nombre  de 
détenus.  Il  devint  successivement  chef  de 
division  au  ministère  de  l'intérieur,  secré- 
taire-général du  ministère  de  la  justice, 
commissaire  du  Directoire  près  le  tribu- 
nal civil  de  Paris ,  puis  près  la  cour  de 
cassation,  enfin  ministre  de  la  police  ,  lors 
de  l'entrée  de  Gohier  au  Directoire.  Fou- 
ché  de  Nantes  l'ayant  remplacé ,  quelque 
temps  avant  le  18  brumaire,  Bourguignon 
fut  nommé  régisseur  de  l'enregistrement 
et  des  domaines.  Il  entra  ensuite  dans  la 
magistrature  et  devint  conseiller  à  la  cour 
royale  de  Paris.  Après  la  seconde  restau- 
ration, il  fut  mis  à  la  retraite  avec  le  titre 
de  conseiller  honoraire.  On  a  de  lui  : 
|  Trois  Mémoires  sur  l'institution  dujuri, 
dont  le  premier  fut  couronné  par  l'insti- 
tut, en  l'an  10.  |  Manuel  d'Instruction 
criminelle ,  1810,  in-4°  ;  1820,  2  vol.  iu- 
8°  ;  |  Dictionnaire  raisonné  des  lois  pé- 
nales en  France  ,  1811,  3  vol.  in-8"  ; 
j  Conférence  des  cinq  codes  entre  eux  et 
avec  les  lois  et  règlemens ,  etc.,  1818,  1 
vol.  in-12  ;  |  Jurisprudence  des  Codes 
criminels  ,  1825  ,  3  vol.  in-8°.  —  Son  fils 
Henri-Frédéric  ,  né  à  Grenoble  en  1785, 
et  mort  conseiller  à  la  cour  royale  en  1825 , 
est  auteur  de  plusieurs  vaudevilles,  de 
chansons  de  table  et  de  romances. 


BOURGUIGXOX.  Vouez  COURTOÏ3. 
BOURIGXON  (  Axtoixette),  naquit  à 
Lille  en  Flandre  l'an  1610.  Parvenue  à 
l'âge  de  se  marier,  elle  s'enfuit  dans  le 
désert,  habillée  en  ermite.  L'archevêque 
de  Cambrai  lui  accorda  une  solitude  ,  où 
elle  forma  une  petite  communauté,  sans 
autre  vœu  et  sans  autre  règle  que  l'amour 
de  Dieu  et  l'Evangile  :  cette  singularité 
la  fit  renvoyer.  Elle  alla  se  renfermer 
alors  dans  une  chambre  à  Lille,  où  elle 
vécut  seule  pendant  quatre  ans.  Elle  cou- 
rut ensuite  dans  diverses  villes,  à  Gand, 
à  Malincs ,  à  Amsterdam ,  à  Franeker,  où 
elle  mourut  l'an  1680.  Cette  fille  s'imagina 
être  destinée  à  répandre  de  nouvelles  lu- 
mières sur  la  pratique  de  la  perfection 
chrétienne.  Ou  a  d'elle  21  vol.  in-8° ,  im- 
primés à  Amsterdam  en  1686.  Poiret ,  son 
disciple ,  a  augmenté  ce  recueil  de  la  vie 
de  cette  mystique.  On  la  considère  ordi- 
nairement comme  une  personne  aliénée, 
ou  comme  atteinte  du  fanatisme  des  quié- 
tistes. Peut-être  ses  erreurs  sont-elles  plus 
dans  les  mots  que  dans  les  choses;  pén- 
ètre aussi  sa  principale  erreur  est-elle 
d'avoir  voulu  faire  une  théorie  suivie  et 
raisonnée  des  voies  secrètes ,  par  les- 
quelles Dieu  conduit  quelques  âmes  pri- 
vilégiées ;  voies  dont  le  plan  n'a  point  été 
révélé  aux  hommes  ,  dont  la  publication 
ne  peut  avoir  d'effets  utiles  ,  et  qui ,  si  on 
entreprenait  de  les  généraliser,  porte- 
raient le  désordre  dans  la  morale  (  Voyez 
ARMELLE  ,  saint  JEAN  DE  LA  CROIX, 
RUSBROCK,  TAULÈRE  ).  Il  faut  conve- 
nir que  l'histoire  de  sa  vie,  ses  liaisons  et 
différentes  anecdotes  donnent  au  moins 
des  doutes  fondés  sur  l'état  de  sa  tète. 
Voyez  POIRET. 

*  BOURIGXOX  (  François-Marie  ),né 
à  Saintes  vers  1755  ,  de  parens  obscurs, 
reçut  une  bonne  éducation ,  et  s'appli- 
qua, dans  sa  jeunesse,  à  l'étude  des  an- 
tiquités, il  y  fit  des  progrès  étonnans; 
mais  cette  occupation  ne  pouvant  le  con- 
duire à  la  fortune,  il  vint  à  Paris  étudier 
la  chirurgie.  Le  goût  de  la  poésie  s'étant 
emparé  de  lui,  il  composa,  avec  MM. 
Piis  et  Barré,  quelques  vaudevilles  qui 
eurent  le  succès  éphémère  qu'obtiennent 
facilement  ces  sortes  de  pièces ,  peu  hono- 
rables d'ailleurs ,  et  souvent  l'écueil  de 
la  décence  et  des  mœurs.  De  retour  dans 
sa  patrie,  Bourignon  fit  sur  les  monu- 
mens  antiques  de  nouvelles  recherches 
et  méditait  sur  ce  sujet  un  ouvrage  qu'il 
ne  put.  exécuter,  sa  publication  entrai» 
.nant  de  froj)  grands  frais.  Il  établit  une 


BOU 


K00 


IîOU 


feuille  hebdomadaire,  dans  laquelle  il 
sut  répandre  de  l'intérêt  ;  mais  à  l'époque 
delà  révolution,  dont  il  embrassa  les 
principes,  elle  devint  l'écho  des  plus  vio- 
lentes déclamations  républicaines.  Ayant 
voulu  propager  de  vive  voix  ses  idées 
dans  un  village  qui  n'aimait  pas  les  inno- 
vations ,  il  fut  si  vigoureusement  assailli 
de  coups,  qu'il  mourut  peu  après  des 
suites  de  cette  aventure.  Il  a  publié  : 
|  Amuscmens  littéraires ,  in -8°.  |  Obser- 
vations sur  quelques  antiquités  romaines 
déterrées  au  Palais-Royal,  1789  ,  in-8°  ; 
|  Recherches  topographiques  sur  les  an- 
tiquités gauloises  et  romaines  de  la  Sain- 
longe  et  de  l'Angoûmois,  1789,  in-8°. 

*  BOURRE  (  Edmond  ),  d'une  famille 
originaire  d'Irlande ,  conseiller  intime  du 
roi  de  Danemarck  ,  né  en  1761 ,  à  Sainle- 
fcroix,  fut  successivement  ambassadeur 
de  Danemarck  en  Pologne  ,  en  Suède  ,  à 
Naples,  en  Espagne,  à  Londres,  et  à  Paris. 
II  eut  une  grande  part  au  traité  de  Kiel 
de  1814 ,  qui  réunit  la  Norwége  à  la  Suè- 
de ,  ainsi  qu'à  plusieurs  autres  qui  furent 
conclus  la  même  année.  Il  est  mort  aux 
bains  de  Vichy,  au  mois  d'août  1821.  On 
a  publié  après  sa  mort  l'ouvrage  suivant; 
Notice  sur  les  ruines  les  plus  remarqua- 
bles de  Naples  et  de  ses  environs,  rédi- 
gée ,  en  \Tdo,par  le  comte  Edmond  de 
Bourke ,  publiée  par  sa  veuve  et  dédiée 
aux  amis  de  son  mari ,  Paris,  1823,  in- 
8°,  figures. 

*  BOURKHARD-VICHMANîY  ,  né  à 
Riga  en  1786,  et  mort  à  Saint-Pétersbourg, 
le  1er  août  1822 ,  fit  ses  études  dans  les 
universités  de  Gœttingue ,  d'Iéna  et  de 
Heidelberg ,  et  embrassa  l'état  de  méde- 
cin qu'il  abandonna  bientôt  pour  s'occu- 
per exclusivement  d'histoire  et  de  géo- 
graphie. Il  se  rendit  à  Saint-Pétersbourg 
en  1808  ,  et  y  devint  successivement  pro- 
fesseur d'histoire  et  de  statistique  au 
Corps  des  cadets  ,  précepteur  des  enfans 
de  la  duchesse  de  Wurtemberg ,  enfin  se- 
crétaire du  comte  Roumantzof,  et  con- 
servateur de  sa  bibliothèque.  Envoyé  en 
Courlande  pour  y  diriger  les  écoles,  il 
revint  habiter  Riga  en  1817  et  1818  ,  et 
vendit  à  cette  époque  au  prince  Labanof- 
Rostowsky,  pour  15,000  roubles  ,  une 
collection  de  trois  mille  volumes  ,  en  di- 
verses langues,  tous  relatifs  à  la  Russie. 
De  retour  à  Saint-Pétersbourg  ,  en  1820 , 
il  avoit  formé  le  dessein  d'y  fonder  un 
musée  national  ;  mais  son  projet  échoua 
et  Bourkhard  vendit  pour  10,000  roubles 
à  la  bibliothèque  de  l'état-major  de  l'em- 


pereur Alexandre ,  une  nouvelle  collec- 
tion de  manuscrits  et  d'ouvrages,  rassem- 
blés dans  ce  but.  On  a  de  lui  :  |  Tableau 
de  la  monarchie  russe,  Leipsick ,  1803  ; 
|  Sur  l'élection  au  trône  de  Michel  Roma^ 
nof,  Leipsick,  1820;  |  Collection  d'ouvrages 
inédits ,  relatifs  à  l'histoire  ancienne  de 
la  Russie ,  tome  1er,  Berlin ,  1820  ;  |  Musée 
national,  russe ,  Riga  ,  1820  ;  c'est  le  plan 
de  Rétablissement  qu'il  avait  formé  le  pro- 
jet d'ériger.  |  Aperçu  chronologique  de 
l'Histoire  moderne  russe*  2  vol.,  Leip- 
sick, 1821.  Ces  différens  ouvrages  sont 
écrits  en  langue  russe  ou  allemande. 
Bourkbard-Vichmann  a  écrit  en  outre 
dans  plusieurs  journaux  allemands  et 
russes 

*  BOURLÉ  (  Jacques)  ,  né  dans  le  10e 
siècle,  à  Longménil,  diocèse  de  Beauvais, 
docteur  de  Sorbonne ,  et  curé  de  la  pa- 
roisse St.-Germain-le-Vieil ,  de  Paris,  a 
composé  un  grand  nombre  d'ouvrages, 
entre  autres  :  |  des  Regrets  sur  la  mort 
haslive  de  Charles  IX ,  roi  de  France , 
Paris  ,  1574  ,  in-8°  ;  et  |  un  Discours  sur 
la  prise  de  Mende  par  les  hérétiques  (  en 
1363  ) ,  Paris  ,  1380,  in-8°.  Ce  prêtre  avait 
beaucoup  de  zèle  ,  et  les  continuateurs  de 
Moréri  lui  ont  même  reproché  de  n'avoir 
pas  toujours  eu  assez  de  modération. 
Quelques-uns  ont  supposé  qu'il  y  a  eu  un 
Jean-Bourlé  auquel  ils  ont  attribué  le 
Discours  sur  la  prise  de  Mende.  Cette  er- 
reur provient  de  ce  que  le  prénom  de 
Bourlé  n'était  pas  toujours  écrit  en  entier 
à  la  tête  de  ses  ouvrages.  Lacroix  du  Maine 
lui  attribue  une  traduction  de  six  comé- 
dies de  Térence  tournées  vers  par  vers  ; 
mais  comme  il  dit  qu'elle  n'était  point 
encore  imprimée  au  moment  où  il  écri- 
vait ,  c'est-à-dire  ,  en  1584  ,  on  ne  sait  si 
cette  traduction  serait  celle  qui  parut  à 
Paris ,  en  1585  ,  in-16 ,  et  dont  l'auteur 
est  resté  inconnu.  Jacques  Bourlé  vivait 
encore  en  1584. 

BOURLIE  (Antoine  de  GUISCHARD, 
plus  connu  sous  le  nom  d'abbé  de  la  )  na- 
quit en  1658 ,  d'une  ancienne  famille  de 
Périgord.  Ayant  vainement  tenté  de  sou- 
lever les  calvinistes  du  Rouergue  dans 
le  temps  que  ceux  des  Cévennes  s'étaient 
révoltes,  il  passa  en  Hollande,  et  en- 
suite en  Angleterre ,  où  il  obtint  de  la 
reine  Anne  une  pension  de  500  livres 
sterling.  Ce  bienfait  ne  l'empêcha  pas 
de  trahir  la  reine  Anne ,  sa  bienfaitrice , 
comme  il  avait  trahi  sa  patrie.  On  l'ar- 
rêta en  1711,  on  le  conduisit  devant  le 
.secrétaire  d'état   Saint-Jean,  depuis  vi- 


comte  de  Bolyngbrocke ,  en  présence  de 
quelques  membres  du  conseil-privé.  On 
l'examina  sur  une  correspondance  cri- 
minelle, qu'on  l'accusait  d'entretenir  avec 
la  France.  Il  nia  tout  :  mais  le  grand- 
trésorier  Harlei  lui  ayant  montré  ses 
lettres  ,  la  Bourlie  prit  un  canif  qui  était 
sur  la  table,  et  lui  en  donna  deux  coups  : 
il  voulait  en  donner  un  troisième  au  duc 
de  Buckingham,  que  ce  seigneur  para. 
On  se  saisit  de  sa  personne  et  on  l'en- 
voya dans  les  prisons  de  Neuwgate.  Il 
échappa  au  supplice ,  en  se  donnant  lui- 
même  la  mort  le  28  mars  1711. 

♦BOURLIER  (Jean -Baptiste),  évê- 
que  d'Evreux  et  pair  de  Fiance  ,  né  le  1er 
février  1731 ,  à  Dijon,  entra  aux  Jlober- 
tins  ,  petit  séminaire  de  Paris  qui  dépen- 
dait de  celui  de  Saint-Sulpice ,  fut  en 
théologie  le  premier  de  sa  licence,  et 
occupa  la  chaire  de  théologie  à  Rouen. 
M.  le  cardinal  de  Périgord  le  nomma 
grand-vicaire  dans  le  diocèse  de  Reims. 
M.  Bourlier  obtint  en  outre ,  en  1775 , 
l'abbaye  de  Varennes  au  diocèse  de  Bour- 
ges. On  a  avancé  qu'il  prêta  serment  à  la 
constitution  civile  du  clergé;  mais  ce  fait 
est  dénué  de  fondement;  il  fut  en  butte 
aux  persécutions  des  jacobins,  et,  à  l'é- 
poque du  règne  de  la  terreur ,  il  fut  em- 
prisonné pendant  plusieurs  mois.  En  1801, 
M.  de  Tallcyrand  le  lit  nommer  à  l'évèché 
d'Evreux  et  il  fut  sacré  le  3  avril.  Il  devint 
membre  du  conseil  des  hospices  de  la  ville 
épiscopale  ,  fut  décoré  de  la  croix  d'hon- 
neur, et  reçut  le  titre  de  baron,  puis  de 
comte.  En  1806 ,  après  avoir  présidé  le 
collège  électoral  d'Evreux  ,  il  fut  nommé 
membre  du  corps  législatif.  Bonaparte 
l'employa  dans  ses  discussions  avec  le 
pape  Pie  VII.  Bourlier  lit  partie  des  com- 
missions d'évêques  établies  pour  cet  objet 
en  1809  et  1811 ,  ainsi  que  de  la  députa- 
tion  envoyée  par  Bonaparte  au  souverain 
pontife ,  qui  résidait  alors  à  Savone.  L'é- 
vêque  d'Evreux  fut  aussi  employé  dans 
les  négociations  qui  amenèrent  l'éphémère 
concordat  de  Fontainebleau  en  1813,  et 
la  même  année  nommé  membre  du  sénat. 
En  181/i ,  Louis  XVIII  le  lit  pair  de  France. 
N'ayant  pas  siégé  dans  la  chambre  après 
le  retour  de  Bonaparte  de  l'île  d'Elbe ,  il 
fut  continué  dans  la  pairie  par  le  mo- 
narque en  août  1815.  Il  est  mort  à  Evreux 
le  50  octobre  1821.  Le  diocèse  d'Evreux 
lui  doit  l'établissement  d'un  séminaire, 
auquel  il  a  légué  tout  ce  qu'il  possédait , 
à  L'exception  d'une  maison  qu'il  a  consa- 
crée à  un  établissement  des  frères  de  la 


SOI  BOU 

doctrine  chrétienne.  M.  le  prince  de  Tal- 
leyrand  a  prononcé  son  éloge  à  la  tribune 
de  la  chambre  des  pairs ,  dans  la  séance 
du  13  novembre  1821. 

*  BOURN  (  Samuel  ) ,  théologien  an- 
glais, qui  a  laissé  plusieurs  sermons  esti- 
més ,  naquit  vers  le  milieu  du  18e  siècle  à 
Birmingham,  et  embrassa  la  cause  des 
dissidens  anglais.  Il  mourut  à  Norwich , 
en  1796.  Josué  Toulmin  ,  autre  ecclésias- 
tique de  la  même  croyance  ,  a  publié  les 
Mémoires  de  Bourn  ,  en  1808. 

BOURîX  (Vincent ) ,  poète  anglais ,  es- 
timé par  l'aménité  de  ses  poésies  latines. 
Les  lexicographes  le  peignent  comme  un 
homme  d'une  conscience  timorée.  Il 
mourut  le  2  décembre  1747.  La  meilleure 
édition  de  ses  poésies  est  celle  de  1772  , 
in-4°. 

*  BOURÎVON  (  Jacques-Louis  ,  comte 
de),  né  à  Metz  ,  servit  d'abord  dans  l'ar- 
tillerie ,  et  parvint  ensuite  au  grade  de 
lieutenant  des  maréchaux  de  France.  Il 
émigra ,  et  après  avoir  fait  la  campagne 
de  1792 ,  il  passa  en  Angleterre  ,  où  il  se 
livra  aux  sciences  naturelles  ,  et  particu- 
lièrement à  la  minéralogie.  II  fut  nommé 
membre  de  la  société  royale  de  Londres  , 
et  contribua  beaucoup  à  former  dans  ce 
pays  la  société  géologique  composée  au- 
jourd'hui des  savans  les  plus  estimables 
de  l'Angleterre.  Il  ne  rentra  en  France 
qu'en  1814,  et  repartit  pour  l'Angleterre 
lorsque  Bonaparte  se  fut  échappé  de  l'ile 
d'Elbe.  Il  revint  dans  sa  patrie  après  la 
seconde  restauration ,  et  Louis  XVIII  le 
nomma  directeur-généi'al  de  son  cabinet 
de  minéralogie.  Il  est  mort  à  Versailles  le 
24  août  1825.  On  a  de  lui  :  |  Essai  sur  la 
lithologie  des  environs  ds  Saint-Etienne 
en  Forez*  et  sur  l'origine  de  ses  char- 
bons de  pierre  *  Paris  ,  1785  ,  in-12  ,  qui 
fut  réimprimé  dans  le  5e  vol.  du  Jour- 
nal des  mines;  \  Traité  complet  de  la 
chaux  carbonatée*  Londres ,  1808 ,  3  vol. 
in-4° ,  dont  un  de  planches ,  qu'il  dédia  à 
l'empereur  de  Russie.  Il  en  préparait  une 
nouvelle  édition  lorsque  la  mort  l'enleva 
à  ses  amis.  |  Catalogue  de  la  collection 
minéralogique  particulière  du  roi*  Paria 
1817 ,  in-8"  ;  |  Observations  sur  quelques* 
uns  des  minéraux*  soit  de  l'ile  de  Ceglar, 
soit  de  la  côte  de  Coromandel  *  rapportés 
par  M.  Leschenaultdc  Latour*  Paris,  1823» 
in-4°;  |  Quelques  observations  et  réflexions 
sur  le  calorique  de  l'eau  et  le  fluide  de  la 
lumière,  1824,  in-8°.Cet  ouvrage  n'est  pas 
toujours  au  niveau  de  l'état  actuel  de  la 
scieuce ,  et  n'a  pas  été  mis  dans  le  ooitaj* 


i 


BOU 


502 


BOU 


merce  ;  |  Description  du  goniomètre  per- 
fectionné de  M.  Adehnann ,  gardien- 
aide  minéralogiste  de  la  collection  tniné- 
ralogique  particulière  du  roi  J 1824,  in-8°. 
j  On  a  encore  de  lui  un  grand  nombre 
d Observations  et  de  Mémoires  insérés 
dans  le  Journal  des  Mines  de  1796  à 
1815. 

BOUROTTE  (don  François-Nicolas ) , 
Dé  à  Paris  en  1710 ,  entra  chez  les  béné- 
dictins de  la  congrégation  de  Saint-Maur 
en  1727,  et  mourut  le  12  juin  1784.  Il  était 
chargé  de  continuer  Y  Histoire  de  Langue- 
docte  don  Vaissette  ;  il  n'en  a  préparé 
que  le  6e  volume  ,  mais  cela  lui  a  donné 
l'occasion  de  publier  :  |  Mémoire  sur  la 
description  du  Languedoc ,  1759 ,  in-4°  ; 
|  Droit  public  de  Languedoc  ,  en  matière 
de  nobililé  et  de  roture  ,  et  décisions  sut- 
la  propriété  du  Rhône  ,  1765,  in-4°.  La 
Provence  et  le  Languedoc  se  disputaient 
alors  la  propriété  de  ce  fleuve. 

BOURRÉE  (  Edme-Bernard),  prêtre  de 
la  congrégation  de  l'Oratoire  ,  né  en  1652, 
se  consacra  à  la  prédication  et  à  la  théolo- 
gie ,  qu'il  professa  à  Langres  et  à  Châlons- 
sur-Saône.  Il  mourut  à  Dijon  sa  patrie ,  en 
1722 ,  à  70  ans.  Nous  avons  de  lui  |  Con- 
férences ecclésiastiques  du  diocèse  de 
Langres,  2  vol.  in-12,  Lyon ,  1684  ;  |  Y  Ex- 
plication des  Epitres  et  Evangiles  de  tous 
les  dimanches  de  l'année  ,  à  l'usage  du 
diocèse  de  Châlons ,  5  vol.  in-8° ,  Lyon , 
4697;  |  des  Sermons  en  16  vol.  in-12,  solide- 
ment écrits,  mais  peu  éloquens. 

•BOURRELIER  (Nicolas),  prêtre, 
né  à  Besançon  vers  1650 ,  servait  dans  l'ar- 
mée espagnole  comme  soldat ,  et  s'était 
trouvé  au  fameux  siège  de  Barcelone.  On 
sait  que  cette  ville  fut  défendue  par  les 
Français  pendant  quinze  mois ,  et  qu'elle 
ne  se  rendit  que  le  13  octobre  1652  ,  par 
suite  de  l'infidélité  de  Marsin  ,  qui  aban- 
donna la  place  pour  venir  joindre  le  prince 
de  Condé  ,  alors  du  parti  de  l'Espagne.  Do 
retour  en  Franche -Comté,  Bourrelier 
composa,  sur  les  événemens  dont  il  avait 
été  témoin ,  un  poème  intitulé  :  Bar- 
celone assiégée  par  mer  et  par  terre , 
gémissante  prosopopée  ,  Besançon ,  Cou- 
ché ,  1657,  in-8°,  —  Il  ne  faut  point  con- 
fondre cet  auteur  avec  Nicolas  BOUR- 
RELIER DE  MALPAS ,  né  à  Dôlc  le  24 
décembre  1606.  Celui-ci  étudia  au  col- 
lège de  Louvain ,  sous  le  célèbre  Dupuy. 
plus  connu  sous  le  nom  d'Erycius  Putea- 
nus.  Il  dédia  au  pape  Urbain  VIII  un  ou- 
vrage intitulé  :  Thiara  pontificalis ,  qui 
lui  valut  sa  protection.  En  1632 ,  il  pro- 


nonça Y  Oraison  funèbre  de  Cleriadus  de 
Vergy,  gouverneur  de  Franche-Comté , 
fut  nommé  conseiller  au  parlement  de 
cette  province  en  1674 ,  et  mourut  à  Dôle 
en  1681. 

BOURRET  (Jean),  prêtre  de  l'Ora- 
toire ,  de  Riez  en  Provence  ,  mourut  à 
Montpellier  en  1726. 11  s'est  fait  connaître 
par  quelques  écrits  contre  la  bulle  Unige- 
ni  tus. 

*  BOURRIT  (Marc -Théodore),  un 
des  savans  qui  ont  le  plus  étudié  les  Al- 
pes ,  né  à  Genève  en  1739 ,  mort  en  cette 
ville  en  1819,  fut  pendant  long -temps 
chantre  de  la  cathédrale.  Poussé  par  son 
goût  pour  l'histoire  naturelle ,  il  entreprit 
tantôt  seul ,  tantôt  avec  Saussure,  plusieurs 
voyages  dans  les  Alpes  et  surtout  au  Mont- 
Blanc.  Il  a  laissé  plusieurs  écrits  dont  les 
titres  sont  :  |  Voyage  aux  glaciers  de  Sa- 
voie ,  1772  ,  in-8°  ;  |  Description  des  gla- 
cières ,  glaciers  et  amas  de  glaces  de  Sa- 
voie, Genève,  1775,  in-8°  ;  J  Description 
des  aspects  du  Mont-Blanc  du  côté  du 
val  d'Aost  ,  des  glaciers  qui  en  descen- 
dent et  de  la  découverte  de  la  Mortine  , 
Y71&  ,  in-8°  ;  |  Description  des  Alpes  Pé- 
nines  et  Rhétiennes  ,  Genève ,  1781 ,  in-8°, 
nouvelle  édition,  augmentée  d'une  nou- 
velle Description  des  glacières  et  glaciers 
de  la  Savoie  ,  particulièrement  de  la  val- 
lée de  Chamouny  et  du  Mont-Blanc,  1787, 
5  vol.  in-8°  ;  |  Description  des  terres  ma- 
gellaniques  et  des  pays  adjacens ,  traduite 
de  l'anglais  de  Falkner  ;  |  Itinéraire  de 
Genève  ,  des  glaciers  de  Chamouny,  du 
Valais  et  du  canton  de  Vaud ,  1808,  in- 
12  ;  une  première  édition  moins  complète 
avait  paru  en  1791  ;  |  Description  des  cols 
et  passages  des  Alpes,  1803  ,  2  vol.  in-8°. 
Ces  relations  sont  rccommandables  par 
l'exactitude  des  descriptions.  Il  a  aussi 
exécuté  plusieurs  dessins  pour  les  rela- 
tions publiées  par  Saussure ,  qui  faisait 
grand  cas  de  ses  connaissances  et  de  ses 
talcns. 

*  BOURRU  (Locis-Bexigive),  curé  de 
Grury  en  Bourgogne,  prêtre  de  l'Oratoire, 
mort  à  Paris  en  1738 ,  a  laissé  un  Recueil 
de  panégyriques  et  des  Discours  de  piété 
intéressans. 

*  BOURRU  (Edme-Clvuue)  ,  dernier 
doyen  de  l'ancienne  faculté  de  médecine 
de  Paris,  mort  le  19  septembre  1823,  à 
l'âge  de  96  ans,  était  avant  la  révolution 
bibliothécaire  et  professeur  de  chirurgie 
en  langue  française  à  Paris.  Parmi  ses  ou- 
vrages ,  nous  citerons  :  |  Observations  et 
recherches  médicales  par  une  société  de 


BOU 


;03 


BOU 


médecins  de  Londres,  traduit  de  l'anglais, 
2  vol.  in-i2  ;  |  Utilité  des  voyages  sur  mer 
pour  la  cure  de  différentes  maladies  ,  et 
surtout  pour  la  maladie  de  consomption , 
traduit  de  l'anglais  ,  1770  ,  in-12  ;  |  Eloge 
historique  de  M.  Camus ,  médecin  ,  1772 , 
in-8°  ;  |  Des  moyens  les  plus  propres  à 
éteindre  les  maladies  vénériennes  ,  1771 , 
in-8°  ;  |  L'Art  de  se  traiter  soi-même  dans 
ces  maladies  avait  paru  en  1770 ,  in-8°  ; 
|  Eloge  funèbre  du  docteur  Guillotin,  1814, 
in-4°. 

BOURSAULT  ( Edme ) ,  naquit  à Mussk 
l'Evêque  en  Bourgogne ,  l'an  1638.  Il  ne 
fit  point  d'études,  et.ne  sut  jamais  le  la- 
tin. Il  ne  parlait  que  le  patois  bourgui- 
gnon, lorsqu'il  vint  à  Paris  en  16oi.  La 
lecture  des  bons  livres,  et  des  disposi- 
tions heureuses ,  le  mirent  bientôt  en  état 
de  parler  et  d'écrire  élégamment  en  fran- 
çais. Ayant  fait ,  par  ordre  de  Louis  XIV, 
un  livre  assez  médiocre,  intitulé  De  la 
véritable  étude  des  Souverains ,  1671 , 
in-12,  le  roi  en  fut  si  content,  qu'il  l'au- 
rait nommé  sous-précepteur  de  Monsei- 
gneur, si  Boursault  eût  possédé  la  langue 
latine.  La  duchesse  d'Angoulème,  veuve 
d'un  fils  naturel  du  roi  Charles  IX ,  l'ayant 
pris  pour  son  secrétaire ,  on  l'engagea  à 
faire  en  vers,  tous  les  huit  jours,  une 
gazette ,  qui  lui  mérita  une  pension  de 
2,000  livres.  Louis  XIV  et  sa  cour  s'en 
amusaient  beaucoup;  mais  ayant  voulu 
fort  mal  à  propos  faire  le  bel-esprit  en  ri- 
diculisant l'ordre  de  Saint-François,  on 
lui  imposa  silence.  Le  confesseur  de  la 
reine  ,  cordelier  espagnol ,  fit  supprimer 
la  gazette  et  la  pension,  et  l'aurait  fait 
mettre  à  la  Bastille  sans  le  crédit  de  ses 
protecteurs.  Boursault  mourut  à  Montlu- 
çon  en  1701.  On  a  de  lui  plusieurs  pièces 
de  théâtre.  Les  principales  sont  |  Esope 
à  la  cour;  Esope  à  la  ville;  conservées 
au  théâtre ,  et  applaudies  encore  ;  |  Le 
Mercure  galant  J  ou  la  comédie  sans  titre, 
dans  laquelle  il  ridiculise  ingénieusement 
la  manie  de  demander  une  place  dans  le 
Mercure  galant.  |  La  Satire  des  Satires, 
en  un  acte.  Un  trait  que  Despréaux  lâcha 
contre  Boursault,  pour  venger  Molière  , 
avec  lequel  il  avait  eu  un  démêlé ,  donna 
occasion  à  cette  pièce ,  que  le  crédit  de 
Boileau ,  dont  ce  timide  satirique  abusait 
souvent,  empêcha  d'être  jouée.  Boileau, 
étant  allé  quelques  années  après  aux  eaux 
de  Bourbon,  Boursault,  alors  receveur 
des  gabelles  à  Montluçon ,  s'y  rendit  pour 
lui  offrir  sa  bourse  et  ses  services.  Cette 
générosité  toucha  Boileau,  et  ils  se  pro- 


mirent une  amitié  mutuelle.  On  a  encore 
de  lui  quelques  romans  :  |  le  Marquis  de 
Chavigny  ,  le  Prince  de  Condé ,  qui  ne 
manquent  pas  de  chaleur  ;  |  Artèmise  et 
Polyanthe  ;  Ne  pas  croire  ce  qu'on  voit. 
|  Des  Lettres  de  respect ,  d'obligation  et 
d'amour,  connues  sous  le  nom  de  Lettres 
à  Babel,  lues  encore  par  quelques  pro- 
vinciaux ,  et  méprisées  par  tous  les  gens 
de  goût.  |  De  nouvelles  Lettres  ,  accom- 
pagnées de  fables ,  de  contes ,  d'épigram- 
mes ,  de  remarques ,  de  bons  mots  ,  en  5 
vol.  in-12 ,  réimprimées  plusieurs  fois ,  et 
dont  quelques-unes  sont  assez  agréables. 
On  a  une  édition  du  Théâtre  de  Bour- 
sault,  en  5  vol.  in-12,  1746. 

BOURSIER  (  Laurent  -  François  )  , 
prêtre ,  docteur  de  la  maison  et  société  de 
Sorbonne  ,  naquit  à  Ecouen ,  dans  le  dio- 
cèse de  Paris,  en  1679.11  fut  obligé  de 
sortir  de  Sorbonne,  par  son  opposition 
aux  décrets  de  l'Eglise,  en  1721.  Il  se  re- 
tira dans  sa  patrie ,  et  y  était  en  1735 , 
lorsqu'il  fut  obligé  de  s'enfuir,  pour  évi- 
ter les  poursuites  du  ministère  attentif  à 
des  démarches  qui  pouvaient  devenir  in- 
quiétantes pour  la  religion  et  l'état.  Il  se 
cacha  depuis,  et  ne  se  montra  qu'à  quel- 
ques amis  sûrs.  Il  mourut  à  Paris,  le  17 
février  en  1748.  On  a  de  lui  :  |  Y  Action 
de  Dieu  sur  les  créatures,  Paris,  1713, 
2  vol.  in-4° ,  ou  6  vol.  in-12 ,  supprimé 
par  arrêt  du  conseil  le  27  août  1714.  Il 
parut  en  1716  une  réfutation  intitulée  Le 
Philosophe  extravagant  dans  le  traité  de 
l'action  de  Dieu  sur  les  créatures.  «  Les 
»  questions  agitées  dans  ces  sortes  d'ou- 
»  vrages ,  dit  l'auteur  des  Trois  siècles , 
»  ne  sauraient  l'être  qu'avec  de  grands 
»  inconvéniens.  On  instruira  beaucoup 
»  plus  utilement  les  hommes,  et  on  rem» 
»  plira  plus  certainement  les  vues  de  la 
«  religion ,  en  leur  apprenant  à  réprimer 
»  l'esprit  de  dispute ,  à  respecter  les  dog- 
»mes,  à  pratiquer  la  morale  évangéli- 
»  que ,  qu'en  employant  toutes  les  res- 
»  sources  de  la  logique  à  établir  des 
»  systèmes  qui  peuvent  bien  rendre  les 
»  hommes  pointilleux ,  mais  rarement 
»  meilleurs.  »  |  Mémoire  présenté  à  Pierre 
le  Grand,  par  les  docteurs  de  Sorbonne, 
pour  la  réunion  de  l'église  de  Russie  à 
l'église  latine.  Lorsque  le  czar  vint  en 
Sorbonne,  Boursier  lui  parla  de  ce  qui 
fait  l'objet  de  ce  Mémoire.  Le  prince  lui 
dit  d'abord  qu'il  n'était  qu'un  soldat. 
Boursier  lui  répondit  qu'il  était  un  héros, 
et  qu'en  cette  qualité  de  prince .,  U  était 
protecteur  de  la  religion.  —  Celte  réunion 


BOXI 

n'est  pas  une  chose  si  aisée ,  reprit  le 
czar  ;  il  y  a  trois  points  qui  nous  divisent  : 
le  pape  *  la  procession  du  Saint-Esprit... 
Comme  il  oubliait  le  troisième  point,  qui 
est  les  azymes  et  la  coupe ,  Boursier  le 
lui  rappela  :  Pour  cet  article ,  dit  l'empe- 
reur, nous  n'aurons  pas  de  peine  à  être 
d'accord  ensemble.  Cette  conversation 
finit ,  de  la  part  du  monarque  russe ,  par 
demander  un  Mémoire.  On  le  lui  donna  , 
et  il  ne  servit  de  rien.  ]  Une  foule  de  bro- 
chures contre  les  décrets  des  papes  dans 
les  matières  de  la  grâce.  —  Il  ne  faut  pas 
le  confondre  avec  PniurpE  BOURSIER, 
né  à  Paris  en  1693 ,  diacre  également  dé- 
voué à  la  secte  qui  a  causé  tant  de  maux 
à  l'Eglise,  et  mort  le  5 janvier  1768.  Celui- 
ci  est  un  des  premiers  auteurs  des  Nou- 
velles ecclésiastiques ,  où  tous  ceux  qui 
tiennent  à  la  catholicité  sont  calomniés 
de  la  manière  la  plus  infâme  ;  il  a  aussi 
rédigé  les  Discours  qui  précèdent  chaque 
année  ce  salmigondis  des  Convulsion- 
naires.  Voyez  ROCHES  (Jacques). 

*  BOURVALAIS  (Paul  POISSON  de)  , 
fils  d'un  paysan  des  environs  de  Rennes  , 
vint  à  Paris,  où  il  commença  par  être  la- 
quais chez  Thevenin ,  fermier-général  ;  il 
en  sortit  pour  entrer  chez  un  marchand 
de  bois  en  qualité  de  facteur.  Ayant  mal 
fait  ses  affaires ,  il  retourna  dans  son  vil- 
lage ,  et  se  fit  huissier.  M.  de  Pontchar 
train,  depuis  chancelier  de  France,  lui 
ayant  trouvé  quelques  moyens,  lui  fit 
avoir  le  poste  de  piqueur  à  la  construc- 
tion du  pont  Royal ,  et  lorsqu'on  1687 ,  il 
eut  été  nommé  intendant  des  finances ,  il 
le  fit  entrer  dans  sa  maison ,  et  l'employa 
dans  les  affaires.  Dès  1688 ,  Paul  Poisson , 
qui  avait  pris  le  nom  de  Bourvalais  \  était 
déjà  financier,  et  avait  acquis  une  fortune 
considérable.  Elle  fut  toujours  en  crois- 
sant. En  1706 ,  il  possédait  dix  charges , 
sans  compter  celle  de  secrétaire  du  con- 
seil, dont  le  produit  s'élevait  à  500,000 
livres ,  celle  de  secrétaire  du  roi  et  deux 
offices  de  conirôleur-général  des  finances 
dans  le  duché  de  Bourgogne.  Une  partie 
de  la  Brie  lui  appartenait  ;  il  fit  bâtir  le 
beau  château  de  Champs-sur-Marne ,  à  k 
lieues  de  Paris.  Bourvalais  soutenait  sa 
prospérité  avec  une  sorte  de  dignité  et 
une  grande  magnificence  ;  mais  les  pam- 
phlets et  les  épigrammes  lancés  contre  lui 
attirèrent  l'attention  du  gouvernement. 
Accusé  de  concussion,  il  fût  arrêté  en 
1716,  et  mis  à  la  Conciergerie.  Il  en  sortit 
moyennant  une  taxe  de  4,400,000  fr. ; 
en   1718,  il  fut  réintégré  dans  tous   ses 


SÔ4  BOU 

biens.  Il  jouit  peu  de  ce  retour  de  prospé- 
rité, et  mourut  en  1719  ,  sans  laisser 
d'enfans . 

BOUHZÉIS  (Avable  de)  ,  abbé  do 
Saint-Martin-de^Cores ,  et  l'un  des  40  de 
l'académie  française ,  né  à  Volvic,  près  de 
Riom,  en  1616,  se  fit  un  nom  sous  le  car- 
dinal de  Richelieu  par  son  savoir.  R  pos- 
sédait les  langues,  la  politique,  la  con- 
troverse. Le  ministère  employa  sa  plume 
dans  les  affaires  des  droits  de  la  reine  Ma- 
rie-Thérèse d'Autriche,  sur  divers  états 
de  la  monarchie  d'Espagne,  principale- 
ment sur  les  Pays-Bas  ;  ses  recherches 
grossirent  le  Traité  que  publia  sur  ce  su- 
jet Antoine  Bilain,  avocat  mort  en  1672  ; 
mais  il  n'en  résulta  rien  de  solide ,  puis- 
que la  reine  avait  renoncé  à  tous  ses  droits 
et  que  cette  renonciation  faisait  l'âme  du 
contrat  de  mariage.  En  1666,  il  fit  le 
voyage  de  Portugal ,  sous  prétexte  de  tra- 
vailler à  la  conversion  du  comte  de  Schoin- 
berg ,  depuis  maréchal  de  France  :  mais 
en  effet,  pour  traiter  des  affaires  d'état. 
Bourzéis  mourut  à  Paris  en  1672.  Il  entra 
d'abord  avec  beaucoup  de  chaleur  dans 
les  disputes  du  jansénisme  ;  mais  en  1661 , 
revenu  de  cet  enthousiasme ,  il  signa  le 
Formulaire.  On  a  de  lui  des  Sermons  sur 
divers  sujets ,  1672 ,  2  vol.  in-8° ,  et  beau- 
coup d'ouvrages  de  controverse.  Le  grand 
ministre  -Colhcrt  l'avait  fait  chef  d'une 
assemblée  de  théologiens  célèbres,  qui  se 
tenait  dans  la  bibliothèque  du  roi ,  pour 
réfuter  les  incrédules.  Il  présidait  aussi  à 
une  assemblée  de  gens  de  lettres,  dans 
l'hôtel  de  ce  surintendant  qu'on  appelait 
la  Petite  académie.  Voltaire  lui  attribue 
le  Testament  du  cardinal  de  Richelieu, 
mais  sans  fondement  :  il  est  aujourd'hui 
reconnu  que  ce  testament  est  l'ouvrage 
de  celui  dont  il  porte  le  nom.  Voyez 
RICHELIEU  (  Armand  ). 

*  BOUSCAL  (Guyon-Gcêrin  de),  poète 
dramatique ..  né  en  Languedoc  dans  le  17* 
siècle,  était  conseiller  du  roi  et  avocat 
au  conseil.  On  a  de  lui  :  |  la  Mort  de 
Brutus  et  de  PorcieJ  ou  la  Vengeance  de 
la  mort  de  César,  tragédie,  1637,  in- 
4°  ;  |  la  Mort  d'Jgis,  1648  ;  |  le  Gouverne 
ment  de  Sancho  Pança;  et  quelques  au- 
tres pièces  qui  n'ont  pas  survécu  à  leur 
auteur.  |  Paraphrase  du  psaume  17 ,  en 
vers  français,  avec  le  latin  à  la  marge, 
1645 , in-4°. 

*  BOUSMARD ,  ingénieur  français,  né 
en  1747  dans  le  département  de  la  Meuse, 
était  capitaine  de  génie  à  l'époque  de  la 
révolution,  et  fut  nommé,  en  i789,  dé- 


«ou 

puté  de  la  noblesse  du  bailliage  de  Bar- 
le-Duc  aux  états-généraux.  Il  y  embrassa 
le  parti  des  novateurs  ,  mais  avec  modé- 
ration ;  et  après  la  session  ,  il  rentra  dans 
la  carrière  militaire.  En  1792  ,  il  passa  au 
service  de  la  Prusse  ,  lors  de  l'évacuation 
de  Verdun ,  et  devint ,  en  peu  de  temps , 
major-général.  Il  fut  tué  le  21  mai  1807 
d'un  éclat  de  bombe  au  siège  de  Dant- 
fcick.  Il  a  laissé  un  ouvrage  estimé  sur 
l'art  militaire  et  intitulé  Essai  général  de 
fortification  pour  V attaque  et  la  défense 
des  places ,  qu'il  dédia  au  roi  de  Prusse , 
4  vol.  in-4°  et  un  vol.  in-fol.  de  planches, 
Berlin  ,  1797 ,  à  1799.  Le  4e  vol.  parut  à 
Paris  en  1803.  On  a  encore  de  lui  un  Mé- 
moire sur  cette  question  :  Quels  seraient 
les  moyens  de  multiplier  les  plantations 
des  bois  sans  trop  nuire  à  la  production 
des  subsistances?  1788,  in-8°. 

*  BOUSSAN ELLE  (Louis  de) ,  membre 
de  l'académie  de  Béziers  ,  capitaine  de  ca- 
valerie ,  mort  vers  1796.  Il  a  travaUlé 
pendant  plus  de  50  ans  au  Mercure  de 
France  ,cta  laissé  les  ouvrages  suivans  : 
|  Commentaire  sur  la  Cavalerie ,  Paris , 
1758;  |  Observations  militaires,  1761- 
1774  ,  in-4°  ;  |  Réflexions  militaires,  1764, 
in-12;  |  Essai  sur  les  femmes  ,  1765-1770, 
in-12;  |  le  Bon  Militaire,  1770,  in-8°; 
|  Aux  soldats,  1786-1789,  in-8°. 

BOLSSARD  (  Géofroi  ou  Geoffroi)  , 
docteur  en  théologie  ,  doyen  de  la  faculté 
de  Paris  ,  el  chancelier  de  l'université,  lit 
briller  son  éloquence  et  la  solidité  de  ses 
raisonnemens  dans  plusieurs  occasions 
d'éclat.  Vers  1518,  il  permuta  sa  chancelle- 
rie pour  un  bénéfice  dans  le  Maine  :  il  se 
retira  alors  au  Mans,  où  il  était  né  en 
1459,  et  où  il  mourut  vers  1520.  On  a  de 
lui  un  traité  assez  rare  :  De  continentia 
Sacerdotum,  Paris,  1505,  et  Rouen,  1515, 
in-4°  ,  et  quelques  ouvrages  de  théologie 
et  de  morale. 

*  BOUSSARD  (  J.-A.  ) ,  pilote  lama- 
neur  à  Dieppe  ,  mort  en  1795 ,  à  61  ans  , 
se  signala  par  son  courage  en  1777 ,  et 
sauva ,  au  péril  de  sa  vie ,  un  grand  nom- 
bre de  personnes  dans  un  danger  immi- 
nent. Louis  XVI  l'en  récompensa  digne- 
ment ,  et  le  fit  manger  à  sa  table. 

*  BOUSSARD  (  André- JosEpn,  baron), 
général  de  division,  naquit  à  Binch,  dans 
le  Hainaut,  en  1758,  et  servit  d'abord 
dans  les  troupes  autrichiennes.  Il  retour- 
na dans  sa  patrie,  à  l'occasion  des  trou- 
bles qui  y  éclatèrent ,  passa  ensuite  dans 
l'armée  française,  et  était  parvenu  en 
mars  1795  au  grade  de  lieutenant-colonel. 


505  liOU 

11  fit  la  campagne ,  se  signala  au  combat 
de  la  Roche ,  se  rendit  ensuite  à  l'armée 
d'Italie  ,  et  se  fit  remarquer  en  diverses 
rencontres.  Nommé  chef  de  brigade,  il 
suivit  Bonaparte  en  Egypte,  se  distingua 
encore  àChebreiss,  aux  Pyramides,  el  fut 
fait  général  de  brigade  au  mois  de  sep- 
tembre 1801.  Après  son  retour  en  France, 
il  fit  ia  campagne  de  Prusse,  et  contribua 
à  la  prise  deLubeck;  déjà  blessé  en  pour- 
suivant les  débris  de  l'armée  ennemie 
après  ce  dernier  succès,  il  le  fut  une  se- 
conde fois  au  combat- de  Pulstuck  ,  et  ne 
prit  qu'une  part  peu  active  au  reste  do 
la  campagne.  Envoyé  en  Espagne ,  il  y 
continua  de  se  couvrir  de  gloire,  notam- 
ment auprès  de  Lérida ,  en  battant  le  gé- 
néral O'JDonnel  qui  cherchait  à  dégager 
celte  ville  qu'assiégeaient  nos  troupes.  Vi- 
naros,  Sagonte  et  Torrente  furent  encore 
les  théâtres  de  sa  valeur.  Il  fut  fait  géné- 
ral de  division  eu  récompense  de  ses 
brillantes  actions;  mais  épuisé  par  ses 
blessures  ,  il  retourna  en  France  ,  el  alla 
aux  eaux  de  Bagnères  de  Bigorre,  où  il 
mourut  le  11  août  1815. 

ROUSSEAU  (Jacques),  né  en  Poitou 
en  1681,  professeur  de  l'académie  de  pein- 
ture et  sculpture.  Son  caractère  le  lit  es- 
timer autant  que  ses  talens.  On  admire 
surtout  son  Tombeau  de  M.  d'Argensonà 
la  Madeleine  de  Frênes  ,  et  un  bas-relief 
représentant  J.-C.  donnant  les  clefs  à 
saint  Pierre  dans  la  chapelle  de  la  mai- 
son de  Noailles  à  Notre-Dame,  à  Paris; 
à  Versailles  une  statue  de  la  Religion , 
à  Rouen ,  le  grand  autel  de  la  cathédrale, 
représentant ,  par  des  figures  allégori- 
ques ,  l'ancienne  loi  accomplie  par  l'éta- 
blissement de  la  nouvelle,  etc.  Le  roi 
d'Espagne  Philippe  V  ,  l'ayant  choisi  pour 
son  sculpteur  en  chef ,  Bousseau  se  ren- 
dit dans  ce  royaume ,  et  travailla  beau- 
coup à  Madrid,  où  il  mourut  en  1740  à 
cinquante-neuf  ans. 

BOUSSET  (Jean-Baptiste  du),  natif 
de  Dijon,  mort  en  1725  ,  âgé  de  65  ans, 
maître  de  musique  de  la  chapelle  du 
Louvre ,  donna  pendant  l'espace  de  54 
ans  chaque  année  un  livre  d'Airs  sérieux 
elà  boire,  à  une,  deux  et  trois  voix.  II 
règne,  dans  la  plupart,  de  la  variété,  des 
grâces  et  du  naturel;  ils  ont  cet  avantage 
estimable,  qu'ils  nourrissent  la  gaieté  sans 
offenser  les  mœurs. 

BOUSSET  (René  DROUARD  du),  or- 
ganiste de  St.-André-des-Arcs,  né  à  Paris 
en  1705,  mort  dans  la  même  ville  en 
1760 ,  marchait  immédiatement  après  les 
43 


BOU  U06 

célèbres  d'Aquin  el  Calvière.  Cel  habile 
compositeur  donnait  tous  les  ans  des 
preuves  de  son  génie  par  un  motet  qu'il 
faisait  exécuter  à  l'Oratoire  pour  mes- 
sieurs de  l'académie  des  Sciences. 

BOUSSONNET,  peintre.  Foi/.  STELLA 
'Antoine). 

BOUTARD  (François)  poète  latin,  né 
à  Troyes ,  en  1664 ,  de  l'académie  des 
belles-lettres  de  Châteaurenard  et  abbé 
du  Bois-Groland ,  se  fit  connaître  au 
grand  Bossuet,  par  une  ode  dont  il  accom- 
pagna un  pâté  que  mademoiselle  de  Mau- 
léon  ,  amie  de  ce  prélat,  lui  envoyait  le 
jour  de  sa  fête.  Bossuet  lui  obtint  de 
Louis  XIV  une  pension  de  mille  liv.  Bou- 
tard  s'appela  depuis  le  Poète  de  la  fa- 
mille royale.  Il  chargea  de  ses  vers  toutes 
les  statues  et  les  monumens  érigés  en 
l'honneur  de  Louis  XIV.  11  mourut  en 
1729,  âgé  de  75  ans.  On  a  de  lui  une 
grande  quantité  de  poésies  françaises  et 
latines ,  dont  celles-ci  sont  les  plus  sup- 
portables. Son  ode,  intitulée  Description 
de  Trianon,  est  une  de  ses  meilleures 
pièces  :  elle  a  été  traduite  assez  heureu- 
sement en  vers  français  par  MIle.  Chéron. 

BOUTARIC  (François  de) ,  professeur 
du  droit  français  dans  l'université  de  Tou- 
louse ,  naquit  à  Figeac  au  Quercy  en  1672. 
Il  mourut  en  1733  à  Toulouse  ,  où  il  avait 
été  capitoul  el  chef  du  consistoire.  On  a 
de  lui  pkisieurs  ouvrages  que  leur  net- 
teté, leur  précision  et  leur  justesse  ont 
fait  beaucoup  rechercber  :  |  Les  Jnslitu- 
tes  de  Juslinien  ,  i  onférées  avec  le  droit 
français  ,  1758 ,  1  vol.  in-4° ,  avec  une  ex- 
cellente préface  ;  |  Traité  des  droits  sei- 
gneuriaux et  des  matières  féodales  _,  iïu 
8°,  et  réimprimé  in-4°,  en  1751,  avec 
des  augmentations  et  des  corrections; 
j  Explications  de  l'Ordonnance  de  Blois, 
du  Concordat,  et  Institutions  du  droit  ca- 
nonique, Toulouse  ,  1745  ,  in-4°  ;  |  Expli- 
cations des  Ordonnances  sur  les  matières 
civiles  ;  criminelles  el  de  commerce,  2 
vol.  in-4°. 

BOUTAULD  (  Michel  ),  jésuite ,  né  à 
Paris  en  1607 ,  exerça  pendant  15  ou  16 
ans  le  ministère  de  la  prédication,  et 
mourut  à  Pontoise  en  1688.  On  a  de  lui 
plusieurs  ouvrages  estimés.  Les  princi- 
paux sont  |  Les  Conseils  de  la  Sagesse, 
plusieurs  fois  réimprimés.  La  dernière 
édition  est  de  Paris ,  1749 ,  2  vol.  in-12 
avec  une  suite.  Cet  ouvrage  a  été  traduit 
rn  espagnol  et  en  italien;  |  Le  Théolo- 
gien dans  les  conversations  avec  les  Sages 
et  les  Grands  du  monde .  à  Paris  et  à 


BOU 

Lyon  ,  in-4°  et  in-12  :  ouvrage  très  solide 
et  généralement  estimé.  C'est  un  recueil 
de  diverses  réponses  que  le  père  Pierre 
Cotton  a  faites  aux  incrédules ,  dont  les 
doutes  et  les  erreurs  sont  à  peu  près  les 
mêmes  dans  tous  les  siècles.  Henri  IV  était 
si  satisfait  de  ces  réponses ,  qu'il  engagea 
le  Père  Cotton  à  les  mettre  par  écrit ,  et 
c'est  sur  cette  espèce  de  mémoire  que  le 
Père  Boutauld  a  travaillé  ;  |  Méthode  pour 
converser  avec  Dieu,  Paris  ,  1684  ,  in-16, 
Ce  petit  ouvragées!  plein  d'onction. 

*  BOUTEILLER  (Charles-François) , 
né  à  Saulx  en  1746  ,  embrassa  la  profes- 
sion d'avocat  et  devint  conseiller  à  la  cour 
souveraine  de  Nancy.  Il  lit  paraître  en 
1788  un  écrit  intitulé  Examen  du  sys- 
tème de  législation,  établi  par  les  édits  du 
mois  de  mai  1788,  en  faveur  des  parlc- 
mcns.  Pendant  la  révolution ,  il  resta  éloi- 
gné des  affaires  publiques ,  mais  sous 
l'empire ,  il  accepta  des  fonctions  admi- 
nistratives et  municipales  et  devint  mem- 
bre du  corps  législatif  en  1815.  Il  fut  élu 
député  par  le  département  de  la  Meur- 
the,  en  1816.  La  même  année  il  fut  nommé 
premier  président  de  la  cour  royale  de 
Nancy ,  où  il  est  mort  le  27  mars  1820. 
SI.  Justin  Lamoureux  prononça  son  éloge 
dans  la  séance  publique  de  l'académie  de 
Nancy,  du  mois  de  mai  1821. 

BOUTEROUE  (Claude),  savant  anti- 
quaire ,  né  à  Paris.  Il  a  donné  au  public 
un  livre  rempli  d'érudition ,  et  fort  es- 
timé sous  ce  titre  -.Recherches  curieuses 
des  monnaies  de  France ,  depuis  le  corn- 
mencement  de  la  monarchie ,  Paris,  in- 
fol. ,  tom.  1er  et  unique  ,  1666.  Il  est  plein 
de  savantes  recherches  sur  l'histoire  des 
monnaies  de  la  première  race  des  rois  de 
France,  qui  semblent  avoir  négligé  de 
faire  écrire  l'histoire  de  leur  règne ,  et 
s'être  contentés  d'en  faire  graver  les  évé- 
nemens  les  plus  remarquables  sur  leurt 
monnaies.  Personne  n'avait  encore  donné 
au  public  un  recueil  de  ces  monnaies, 
qui  sont  en  quelque  manière  des  témoins 
de  l'histoire.  L'auteur  avait  promis  trois 
autres  volumes  qui  auraient  contenu  les 
monnaies  de  la  seconde  et  troisième  race. 
Il  mourut  en  1690,  avant  de  les  avoir  pu- 
bliés. 

*BOUTEVILLE.  Voy.  LUXEMBOURG. 

«BOUTHIER  (Jean-François),  né  à 
Vienne,  et  mort  en  1811  dans  cette  ville, 
fut  long-temps  avocat'  au  parlement  de 
Grenoble.  On  a  de  lui  les  ouvrages  sui- 
vans  :  |  Bonheur  de  la  vie ,  ou  Lettres  sur 
le  suicide ,  et  sur  les  considérations  les 


BOU 


507 


BOU 


plus  propres  à  en  détourner  les  hommes, 
1776 ,  in-12  ;  |  Réflexions  sur  les  collèges,, 
4778 ,  in-8°  ;  |  le  Citoyen  à  la  campagne  , 
ou  Réponse  à  la  question  Quelles  sont  les 
connaissances  nécessaires  à  un  proprié- 
taire qui  fait  valoir  son  bien,  Genève  , 
1780  ,  in-8".  Ce  mémoire  a  partagé  le  prix 
décerné  par  l'académie  de  Soissons. 
BOUTHILLIËU.  Voyez  Rancé. 
*BOUTIIILI,IE:R(le  marquis  Charles- 
Léon  de) ,  lieutenant-général  des  armées 
duroi,  naquit  en  1745  d'une  famille  noble  et 
considérée  ;  il  fut  élu ,  en  1789 ,  député  de 
la  noblesse  de  Berry  aux  états-généraux , 
et  choisi  pour  l'un  des  commissaires  qui 
devaient  assister  aux  conférences  de  con- 
ciliation des  trois  ordres.  En  1790  il  pro- 
nonça un  discours  sur  l'organisation  de 
l'armée  et  de  la  garde  nationale ,  et  dans 
le  mois  d'avril  suivant  il  combattit  avec 
force  l'expropriation  des  biens  du  clergé. 
Il  s'éleva  ensuite  contre  le  serment  exigé 
des  officiers  de  l'armée ,  et  présenta  un 
rapport  sur  la  discipline.  Lorsque  l'arres- 
tation de  Louis  XVI  à  Vareunes  fut  cou- 
nue  ,  dans  l'espoir  de  conserver  à  ce  mo- 
narque quelque  reste  de  son  ancienne 
puissance,  il  prêta  serment  de  fidélité  aux 
décrets  de  l'assemblée  ,  mais  à  condition 
qu'ils  seraient  sanctionnés  par  le  roi. 
Désespérant  de  voir  la  monarchie  se  re- 
lever, il  é  migra  en  1792,  et  servit  dans 
l'armée  de  Condé  en  qualité  de  major- 
général.  On  le  regardait  comme  habile 
dans  l'administration  militaire  ,  et  avant 
d'être  nommé  officier -général,  il  avait 
été  envoyé  successivement  dans  différens 
corps  pour  rétablir  les  finances  qui  étaient 
dérangées.  M.  de  Bouthillier  rentra  en 
France  après  le  18  brumaire ,  et  vécut 
dans  la  retraite  jusqu'au  retour  du  roi 
en  1814.  Alors  il  fut  nommé  lieutenant- 
général  et  commandant  de  l'ordre  royal 
de  St-Louis.  Il  est  mort  au  mois  de  dé- 
cembre 1818. 

*  BOUTON  (  François  ) ,  jésuite ,  né  en 
1378  à  Chamblay,  près  de  Dole  en  Franche- 
Comté  ,  fut  d'abord  envoyé  dans  les  mis- 
sions du  Levant.  A  son  retour ,  le  vais- 
seau sur  lequel  il  était  monté  ayant  fait 
naufrage  sur  les  côtes  de  la  Calabre,  il 
parvint  à  se  sauver  à  la  nage.  Il  pro- 
fessa pendant  plusieurs  années  la  phi- 
losophie et  la  rhétorique  au  collège  de 
la  Trinité,  à  Lyon,  et  y  mourut  victime 
de  son  xèle  à  secourir  les  pestiférés,  le 
17  octobre  1628.  âgé  de  cinquante  ans. 
Le  P.  Bouton  avait  composé  un  grand 
mbre  d'ouvrages,  que  l'on  conservait 


manuscrits  dans  la  bibliothèque  des  jé- 
suites de  Lyon.  Parmi  ces  écrits ,  on  dis- 
tinguait :  |  une  Théologie  spirituelle, 
en  six  livres  ;  |  une  Traduction ,  du  grec 
en  latin,  des  œuvres  de  saint  Dorothée; 
|  Commenlarii  in  Deuteronomum ,  de  Pe- 
regrinalione  lsraëlitarum ,  tùm  litterali, 
lum  mysticâ,  ad  promissionis  terram  * 
ex  scripturis ,  et  presser tim  ex  libro  nu- 
merorum;  \  Dictionnaire  latin-hébreu,  au- 
quel il  travailla  pendant  douze  ans,  et 
qu'il  eut  la  patience  de  transcrire  lui- 
même  jusqu'à  six  fois.  Il  a  pour  titre  : 
Clavis  Scripturœ  sacrœ ,  seu  Dictiona- 
rium  hebraïeum ,  in  quo  lalinis  vocibus 
subjiciunlur  voces  hebrœœ  respondentes  y 
collection  ex  sacris  lilteris  et  ex  colla- 
tione  vulgatœ  latinœ,  edit.  cum  hebraïca, 
1  vol.  in-4°,  qui  se  trouve  actuellement 
dans  la  Bibliothèque  publique  de  Lyon  ; 
tous  les  autres  ouvrages  de  ce  savant  ont 
péri  dans  le  siège  de  cette  ville.  Il  avait 
aussi  entrepris  un  Dictionnaire  latin-sy- 
riaque, et  il  l'avait  même  laissé  fort 
avancé. 

BOUTON  (Jacques),  jésuite,  mort  en 
1638,  s'est  fait  connaître  par  une  bonne 
Relation  de  l'établissement  des  Français 
dans  Vile  de  la  Martinique ,  depuis  l'an 
1635,  Paris,   1640,  in-8°  (i). 

BOUTR  AIS  ou  BOUT  TER  AIS  (  Raoue)  , 
en  latin  Bothereius ,  né  à  Châteaudun 
en  1552,  fut  avocat  au  grand-conseil, 
et  mourut  à  Paris  en  1630.  Ses  ouvrages 
sont  :  |  Recueil  d  Arrêts  du  Grand-Conseil, 
en  latin ,  Paris ,  1606 ,  in-8°  ;  |  De  rébus 
in  Gallia  et  tolo  pêne  orbe  gestis  ab  anno 
1594  ad  1610 ,  2  vol.  in-8°  ;  Paris,  1610 , 
|  Henrici  Magni  Vita,  en  vers,  in-8°, 
Paris,  1611  et  1612.  |  Urbis gentisque  Car- 
nutum  Hisloria,  Paris,  1624,  n-8°,  |  Pané* 
gyrique  de  laville d  Orléans,  1615,  in-8°. . . . 
de  Châteaudun,  1627 ,  in-8°,  aussi  en  vers 
latins.  |  Musa  Pontificia,  1618,in-4°,  etc. 

*  BOUVARD  (Michee-Piiieippe  j,  doc- 
teu  r  régent  de  la  faculté  de  Paris  ,  de  l'a- 
cadémie des  sciences,  naquit  à  Chartres  en 
1717.  Son  père ,  médecin  lui-même ,  lui 
fit  faire  d'excellentes  études  et  l'envoya  à 
Paris  pour  y  suivre  les  écoles.  Bouvard 
se  décida  pour  la  médecine ,  et  ses  pro- 
grès y  furent  si  prompts  qu'il  fut  reçu 
docteur  à  Reims  en  1730.  Après  s'être- 
exercé  à  la  pratique  de  son  art  dans  sa 


" 


(i)  On  consulte  encore  » 
les  renseignemens  qu'il  c 
Caraïbes,  nation  presque 
jourd'hui- 


>-ec  fruit  cet  ouvrage  pour 
onne  sur  Ici  mœurs  drs 
entièrement  détruite  au- 


BOL 


nos 


BOU 


patrie  il  s'établit  à  Paris  en  1736  ;  il  y  fut 
reçu  à  la  faculté  de  médecine  ,  licencié  en 
1738 ,  et  docteur  la  même  année.  L'acadé- 
nie  des  sciences  se  l'agrégea  et  il  dut  à  son 
titre  de  savant  la  chaire  de  médecine  du 
collège  royal,  qu'il  conserva  11  ans.  Peu 
de  médecins  ont  eu  une  réputation  si  bril- 
lante et  une  pratique  aussi  étendue  chez 
les  pauvres  comme  chez  les  riches.  Elle 
absorbait  tous  ses  momens  et  ne  lui  a  pas 
laissé  le  temps  de  publier  aucun  ouvrage 
sur  son  art ,  à  l'exception  d'un  Mémoire 
sur  l'emploi  du  polygala  de  Virginie  dans 
ies  hydropisies  de  poitrine  et  les  pleuré- 
sies, lia  aussi  écrit  quelques  ouvrages  po- 
lémiques ,  où  l'on  remarque  avec  regret 
une  causticité  poussée  jusqu'à  l'aigreur. 
On  voit  encore  avec  étonnement ,  qu'un 
homme  doué  d'un  esprit  si  juste  ait  tou- 
jours été  opposé  à  la  pratique  de  l'inocu- 
lation. Malgré  sa  rudesse  connue  dans  ses 
relations  avec  ses  confrères  et  ses  malades, 
il  était  bon ,  et  chacun  connaît  sa  conduite 
à  l'égard  d'un  négociant ,  qui ,  malade  par 
suite  d'un  embarras  dans  ses  affaires ,  re- 
çut pour  toute  ordonnance  de  son  sévère 
docteur  la  somme  dont  il  avait  besoin. 
Bouvard  ayant  inutilement  cherché  pen- 
dant plusieurs  jours  la  cause  de  sa  mala- 
die ,  s'aperçut  enfin  qu'elle  venait  d'une 
affection  morale  :  «  Cette  fois ,  dit-il  à  son 
»  malade,  je  suis  sûr  d'avoir  trouvé  le  re- 
«  mède ,  »  et  il  lui  laissa  sous  enveloppe  un 
billet  de  30,000  francs.  Il  servit  les  pau- 
vres comme  les  riebes  ,  et  mourut  à  Paris 
dans  un  âge  assez  avancé ,  le  19  janvier 
1787 ,  refusant  les  secours  de  l'art  qu'il 
avait  si  heureusement  pratiqué.  Il  répon- 
dit à  ceux  de  ses  amis  qui  les  lui  propo- 
saient ;  «  Je  n'ai  aimé  la  vie  qu'autant  que 
»  j'ai  pu  la  rendre  utile  ;  je  n'ai  plus  rien 
»  à  désirer  que  le  courage  de  souffrir.  Le 
»  passé  n'existe  plus  pour  moi  ;  le  présent 
»  n'est  qu'un  point;  l'avenir  seul  doit 
»  m'occuper.  » 

*  BOUVET  (Joachim),  jésuite,  né  au 
Mans  vers  1658,  fut  un  des  missionnaires 
envoyés  à  la  Chine  par  Louis  XIV ,  dans 
le  dessein  d'aquérir  des  lumières  nou- 
velles sur  les  sciences  et  sur  les  arts  et  de 
fournir  des  procédés  utiles  aux  manu- 
factures françaises.  Le  Père  Bouvet  et  cinq 
de  ses  confrères  partirent  de  Brest  le  3 
mars  1685.  Ils  prirent  la  route  de  Siam 
où  ils  furent  arrêtés  quelques  mois.  Ils 
arrivèrent  enfin  après  une  traversée  pé- 
nible à  Ning-po,  port  de  la  côte  orientale 
de  la  Chine,  au  mois  de  juillet  1687.  Le 
célèbre  Kang-Hi ,  qui  régnait  alors,  fit  un 


accueil  favorable  aux  missionnaires,  leur 
permit  de  se  répandre  dans  les  pro- 
vinces, et  retint  auprès  de  lui  les  Pères 
Bouvet  et  Gerbillon,  pour  lui  enseigner 
les  mathématiques.  Il  leur  permit  de  se 
bâtir  dans  l'enceinte  même  de  son  pa- 
lais une  église  et  une  résidence  qui  furent 
achevées  en  1702.  L'empereur  fut  telle- 
ment satisfait  des  services  des  jésuites 
qu'il  envoya  en  France  le  Père  Bouvel 
pour  amener  un  plus  grand  nombre  de 
missionnaires.  Ce  Père  y  arriva  en  1697. 
Il  était  porteur  de  49  vol.  chinois  que 
l'empereur  envoyait  en  présent  à  Louis 
XIV,  et  qui  ont  été  pour  ainsi  dire  le 
commencement  de  la  collection  que  la 
bibliothèque  royale  possède  aujourd'hui. 
Le  Père  Bouvet  repartit  bientôt  pour  la 
Chine ,  avec  dix  nouveaux  missionnaires , 
parmi  lesquels  on  remarque  le  célèbre 
Père  Parenin.  Il  jouit  long-temps  de  la  fa- 
veur de  Kang-Hi  qui  le  nomma  interprète 
auprès  du  prince  son  fils.  Il  paraît  cepen- 
dant qu'il  fut  pendant  quelque  temps  privé 
de  ses  charges  ;  mais  il  reprit  ses  travaux 
de  missions ,  et  après  une  longue  carrière 
apostolique, il  mourut  à  l'âge  de  Ih  ans  à 
Pékin,  l'an  1752.  Ce  missionnaire  avait  été 
long-temps  occupé  à  lever  la  carte  de  l'em- 
pire chinois,  et  à  d'autres  travaux  dont 
le  but  tendait  toujours  à  l'œuvre  de 
Dieu,  en  rendant  le  prince  favorable 
aux  missions  évangéliques.  11  a  laissé  : 
|  Quatre  Relations  de  divers  voyages  qu'il 
fit  dans  le  cours  de  ses  missions.  |  Etat 
présent  de  la  Chine  ,  en  figures  gravées 
par  le  Père  Giffart  sur  les  dessins  ap- 
portés au  roi  par  le  Père  J.  Bouvet, 
Paris ,  1697 ,  in-fol.  |  Une  Lettre  dans  le 
recueil  des  Lettres  édifiantes,  quelques 
morceaux  dans  les  Mémoires  de  Tré- 
voux ,  dans  la  Description  de  la  Chine, 
un  Portrait  historique  de.  l'empereur 
Kang-Hi,  Paris,  1697,  in-12,  etc. 

♦  BOUVET  de  LOZIER  (  A.  H.  ) ,  fils 
d'un  ancien  intendant  de  l'île  Bourbon , 
naquit  à  Paris  en  1769 ,  et  était  officier 
d'infanterie  à  l'époque  de  la  révolution. 
Il  fit  partie  de  l'armée  de  Condé ,  et  lors- 
que cet  armée  fut  dissoute,  il  se  rendit 
en  Angleterre.  Il  avait  été  adjudant-gé- 
néral dans  l'armée  royale  de  l'ouest , 
lorsqu'il  fut  arrêté  à  Paris ,  en  1804 , 
comme  comp'ice  de  Cadoudal  et  de  Pi- 
chegru.  On  le  condamna  à  mort  ;  mais 
sa  sœur ,  présentée  au  premier  consul , 
par  la  princesse  Murât ,  obtint  que  cette 
peine  fût  commuée.  Bouvel  deLozier  fut 
seulement  détenu  pendant  quatre  ans  au 


BOU 


509 


BOV 


château  de  Bouillon,  et  ensuite  déporté. 
En  1814  ,  le  roi  le  nomma  maréchal-de- 
camp  officier  de  la  légion  d'honneur, 
chevalier  de  Saint-Louis  .  puis  comman- 
dant de  l'île  de  Bourbon.  Durant  les  cent 
jours  il  refusa  de  reconnaître  Napoléon  , 
et  fit  arrêter  le  messager  qui  venait  ap- 
porter dans  cette  ile  Ja  nouvel'e  du  dé- 
barquement de  l'empereur.  On  le  rappela 
en  1818,  et  il  obtint  le  commandement 
militaire  du  département  du  Loiret.  Après 
son  retour  en  France  ,  Bouvet  de  Lozier 
publia  un  Mémoire  sur  son  administra- 
tion, Paris,  1819,  in- A  II  fut  tué  dans  un 
duel,  à  Fontainebleau,  le  31  janvier  1825. 

BOUVIER  (Gilles  le)  dit  Berry ,  fut 
peut-être  ainsi  appelé  du  pays  où  il  na- 
quit en  138G.  Il  fut  héraut -d'armes  de 
Charles  VI  et  de  Charles  VII,  dont  il 
nous  a  laissé  la  Chronique,  qui  com- 
mence en  1402 ,  et  finit  en  1455 ,  et  qui 
a  été  continuée  par  un  anonyme  jus- 
qu'en 1461.  Godefroi  l'a  publiée  dans  les 
Histoires  de  Charles  VI et  de  Charles  VII, 
en  1655,  et  en  1661,  in-fol.  Duchesne 
avait  d'abord  attribué  cette  Chronique 
à  Alain  Charlier;  mais  il  a  reconnu  de- 
puis sur  la  foi  des  manuscrits  origi- 
naux qu'elle  était  de  le  Bouvier.  Selon 
M.  le  Gendre,  il  est  encore  auteur  d'un 
Traité  des  hérauts-d  armes,  d'une  Chro- 
nique de  Normandie ,  depuis  Rollon  le 
premier  duc,  jusqu'en  1220,  de  l'His- 
toire du  recouvrement  de  ce  pays,  et 
du  reste  de  la  Guyenne ,  en  1448 ,  par 
Charles  VII.  Le  Père  Labbe  a  donné 
dans  le  premier  volume  de  ses  Mélanges 
quelques  extraits  de  son  livre  d'ar- 
moiries, et  une  Description  de  la  France, 
du  même  auteur,  dans  le  1er  tome  de 
son  Abrégé  de  l'alliance  chronologique 
de  l'histoire  sacrée  et  profane. 

BOUVOT  (  Jean),  avocat  de  Châlons- 
sur-Saône,  sa  patrie,  né  vers  l'an  1558, 
et  mort  en  1656,  était  protestant.  On  a  de 
lui  un  recueil  d' 'Arrêts  notables  du  Par- 
lement de  Bourgogne ,  in-4°  ,  2  vol.  Genè- 
ve, 1625  et  1628,  peu  commun;  et  des 
Commentaires  sur  ki  Coutume  de  Bour- 
gogne, Genève,  1662 ,  in-4°. 

BOUX  (  Guillaume  le  ),  né  dans  la  pa- 
roisse de  Souzé  en  Anjou ,  le  50  juin  1621 , 
fut  successivement  capucin  ,  oratorien  , 
curé,  professeur  de  rhétorique.  Usedistin- 
gua  par  son  talent  pour  la  chaire  ,  prêcha 
avec  distinction  un  carême  en  présence  de 
Louis  XIV,  qui  le  nomma  à  l'évêché 
d'Acqs  en  1658,  et  puis  à  celui  de  Péri- 
gueux  en  1668.  II  mourut  en  1G95.  On  a 


de  lui  :  |  Les  Conférences  de  Périgueux, 
5  vol.  in-12.  |  Des  Sermons,  Rouen  ,  1766, 
2  volumes  in-12. 

*  BOUZOMÉ  (  Jean  ) ,  jésuite,  né  à 
Bordeaux  vers  l'an  1646 ,  montra  des  sa 
jeunesse  un  talent  marqué  pour  la  poé- 
sie latine,  et  publia  de  fort  bonne  heure 
quelques  pièces  intitulées  Primitiœ  mu- 
sarum  serenissimo  delphino  oblatœ,  Bor- 
deaux, 1670,  qui  furent  bien  accueillies. 
Il  entra  à  l'âge  de  17  ans  dans  la  compa- 
gnie de  Jésus  ,  et  après  plusieurs  années 
employées  à  l'enseignement ,  il  se  consa- 
cra au  ministère  de  la  prédication  et  y 
obtint  de  grands  succès.  Un  accident  qui 
le  priva  de  la  vue  l'obligea  de  renoncer 
à  la  chaire.  Il  mourut  à  Poitiers  en  1726. 
On  a  de  lui  outre  les  poésies  citées  : 
|  Hijmni  très  sancli  Thomœ  de  Villa 
Nova,  1670.  |  Carmina  extemporanea  de 
variisargumentis,  Bordeaux,  1672,  in-4°  ; 
|  Portrait  de  Louis  le  Grand,  roi  de 
France, Bordeaux,  1686,  in-4°.  |  Sciencede 
la  mort  des  Saints,  Poitiers,  1692.  |  His- 
toire de  Vordre  des  religieuses  filles  de 
Notre-Dame,  Poitiers,  2  vol.  in-4°  ,  1697. 
|  Oraison  funèbre  de  Marie  Thérèse 
d'Autriche ,  reine  de  France ,  Poitiers, 
1686. 

BOVADILLA  (  don  François  de  ),  com- 
mandeur de  l'ordre  de  Calatrava,  fut 
nommé  en  1500  gouverneur-général  dans 
les  Indes  par  Ferdinand ,  roi  d'Espagne- 
Il  avait  la  commission  d'examiner  la  con- 
duite de  Christophe  Colomb  ,  qu'on  avait 
desservi  auprès  de  ce  prince  et  de  la  reine 
Isabelle.  Ces  souverains  eurent  à  se  re- 
pentir de  leur  choix.  Bovadilla  élevé  tout  à 
coup  du  sein  de  la  misère  au  faîte  des 
honneurs,  oublia  bientôt  son  premier 
état.  A  peine  fut-il  arrivé  à  Saint-Do- 
mingue, qu'il  traita  tout  le  monde  avec 
une  hauteur  révoltante.  Il  somma  don 
Diego  Colomb  ,  frère  de  Christophe  ,  de 
lui  céder  la  citadelle  de  Saint-Domingue 
dont  il  avait  la  garde.  Celui  -  ci  l'ayant 
refusé,  il  s'en  empara  à  force  ouverte. 
Christophe  Colomb  accourut,  à  cette 
nouvelle ,  au  secours  de  son  frère  ;  Bova- 
dilla ,  sans  avoir  égard  à  sa  qualité  et  à 
ses  services ,  lui  fit  mettre  les  fers  aux 
pieds,  de  même  qu'à  don  Diego  et  à  don 
Barthélémy  Colomb,  frères  de  Christo- 
phe. Il  les  renvoya  en  Espagne  avec  les 
pièces  de  leur  procès.  Ferdinand  et  Isa- 
belle ,  indignés  de  ce  procédé  ,  donnèrent 
des  ordres  sûrs  pour  mettre  ces  illustres 
prisonniers  en  liberté.  Us  leur  firent 
tenir  mille  écus  pour  se  rendre  à  Gre- 
43. 


BOV 


510 


BOW 


nade,  où  la  course  trouvait  alors;  ils 
les  y  accueillirent  avec  des  marques  de 
distinction  extraordinaires  ;  ils  annulè- 
rent tout  ce  qui  avait  été  fait  contre  eux, 
et  promirent  de  les  dédommager  et  do 
•tes  venger.  Bovadilla  fut  rappelé ,  et  la 
ilotte  sur  laquelle  il  était  monté  ayant 
fait  naufrage ,  il  y  périt  avec  plusieurs 
autres,  en  1502. 

BOVERICK,  célèbre  horloger  d'An- 
gleterre dans  le  17e  siècle,  se  distingua 
par  des  chefs-d'œuvre  de  mécanique.  Il 
lit  une  chaise  d'ivoire  à  quatre  roues , 
avec  toutes  ses  appartenances  ,  dans  la- 
quelle un  homme  était  assis  :  elle  était  si 
petite  et  si  légère,  qu'une  mouche  la 
traînait  -aisément.  La  chaise  et  la  mou- 
che ne  pesaient  qu'un  grain.  Le  même 
ouvrier  construisit  une  table  à  quadrille 
avec  son  tiroir,  une  table  à  manger,  un 
buffet ,  un  miroir,  douze  chaises  à  dos- 
sier, six  plats ,  une  douzaine  de  couteaux, 
autant  de  fourchettes  et  de  cuillers ,  deux 
salières ,  avec  un  cavalier,  une  dame  et 
un  laquais:  et  tout  cela  était  si  petit, 
qu'il  entrait  dans  un  noyau  de  cerise.  On 
peut  consulter  le  Microscope  à  la  portée 
de  tout  le  monde  ,  par  Baker,  savant  res- 
pectable, qui  rapporte  ces  faits  d'après 
le  témoignage  de  ses  yeux.  Ce  genre  d'ou- 
vrages n'était  pas  inconnu  aux  anciens. 
Pline  parle  d'un  Théodore  de  Samos ,  qui 
avait  fait  en  bronze  sa  propre  statue ,  par- 
faitement ressemblante ,  qui  tenait  de  la 
main  droite  un  livre ,  et  de  la  gauche  un 
char  à  quatre  chevaux  ,  le  tout  couvert 
d'une  mouche  de  bronze,  faite  par  le 
même  sculpteur.  Voyez  ALUNNO. 

BOVER1US  (  Zacharie  ),  capucin,  né 
à  Saluées  ,  et  mort  à  Gènes  en  1658 ,  à  70 
ans  ,  est  auteur  de  quelques  ouvrages  de 
controverse ,  et  de  Y  Histoire  des  Cajm- 
ci?is,en  latin,  1632  et  1639,  2  vol.  in- 
i'ol.  traduite  en  français  par  le  Père  An- 
toine Caluze ,  1675  ,  in-fol.  Il  y  en  a  un 
5e  vol.  par  le  Père  Marcellin  de  Pise , 
4676,  in-fol.  L'auteur  y  montre  un  peu 
trop  de  crédulité;  et  il  a  mieux  aimé 
écrire  des  choses  édifiantes,  que  d'exa- 
miner toujours  si  elles  étaient  vraies. 
Quelque  reproche  qu'on  puisse  lui  faire, 
son  intention  est  louable,  et  le  défaut  de 
critique  dont  il  n'est  pas  difficile  de  le 
convaincre  ,  ne  produira  certainement 
aucun  mal  dans  le  monde  moral.  On  a 
encore  de  lui  :  [  Démonstrations  s  unde- 
cim  de  vera  habitus  forma,  a  seraphico 
paire  Francisco  instilula,  Cologne,  1655. 
Il  y  prétend  prouver  que  l'habit  des  ca- 


pucins est  celui  de  Saint-François.  |  De- 
monslraliones  symbolorum  verœ  et  falsœ 
religionis,  adversus  prœcipuos  ac  vigen- 
tes  calholicœ  religionis  hosles ,  etc.  Lyon, 
1617,  1  vol.  in-fol.  |  Parœnesis  calholica 
ad  Marcum  Ant.  de  Dominis ,  m-k° , 
Lyon.  1618;  c'est  une  réfutation  des  asser- 
tions insérées  dans  la  Republica  Xana  et 
Ecclesiastica  de  l'apostat  de  Dominis. 
Boverius  a  encore  réfuté  d'autres  pro- 
ductions du  même  auteur.  |  Orthodoxe 
consullalio  de  ratione  verœ  fidei  et  reli- 
gionis ampleclendœ.  L'auteur  composa 
cet  ouvrage  en  1623,  à  Madrid,  dans  la 
vue  d'engager  Charles  Stuart,  prince 
de  Galles  ,  qui  s'y  trouvait  alors  ,  d'ern- 
brasser  la  religion  catholique. 

*  BOVfO  (Jean-Charles)  ,  archevêque 
de  Brindes,  vivait  dans  le  16e  siècle,  et 
traduisit  du  grec  en  latin  les  OEuvres  de 
saint  Grégoire  de  Nazianze.  On  a  de  lui 
un  manuscrit  intitulé  :  De  statulacia 
urbis  prœscriptione  ,  in-8",  imprimé  en 
1765. 

*  BOWDICH  (  T.  Edouard  ) ,  voya- 
geur anglais,  naquit  à  Bristol  en  1775. 
Nommé  secrétaire  au  service  de  la  com- 
pagnie des  Indes  orientales,  il  demanda, 
peu  de  temps  après  la  permission  d'aller 
explorer  l'intérieur  du  royaume  d'Ashan- 
tie.  Il  accomplit  avec  succès  ce  voyage 
périlleux ,  cl  revint  en  Angleterre  appor- 
tant les  détails  les  plus  curieux  sur  un  pays 
jusqu'alors  inconnu.  L'esprit  d'indépen- 
dance avec  lequel  il  exposa  cerlains  abus 
indisposèrent  contre  lui  la  société  qu'il  ser- 
vait,  et  qui,  oubliant  ses  services  passés, 
refusa  dès  lors  de  l'employer.  Il  vint  à  Pa- 
ris, où  il  reçut  l'accueil  le  plus  flatteur,  étu- 
dia l'histoire  naturelle  ,  fit  d'utiles  éco- 
nomies, et  partit  en  1824  pour  l'Afrique, 
où  il  mourut  la  même  année.  On  a  de  lui: 
|  Voyage  dans  le  pays  d'Ashantie  ,  ou 
Relation  de  l'ambassade  envoyée  dans 
ce  royaume  par  les  Anglais,  avec  des  dé- 
tails sur  les  mœurs,  les  usages,  les  lois  et 
le  gouvernement  de  ce  pays,  etc.  traduit 
de  l'anglais,  Paris,  1819,  in-80.  On  y 
trouve  la  traduction  d'un  manuscrit  ara- 
be, où  est  décrite  la  mort  de  Mungo- 
Park;  |  Elemens  ofconchology  including 
the  fossil  gênera  andthe  animais  ,  Paris, 
1820-22,  2  parties  in-8°,  avec  un  grand 
nombre  de  gravures;  |  Excursions  dans 
les  îles  d<:  Madère  et  de  Porto-Santo,  faites 
dans  l'automne  de  1823,  pendant  son 
troisième  voyage  en  Afrique,  suivies  du 
récit  de  son  arrivée  et  des  circonstances 
de  sa  mort,  etc.  ouvrage  traduit  de  l'an- 


B(W 


Sil 


BOY 


glais  ,  et  accompagné  de  notes  des  barons 
Cuvier  et  de  Humboldt,  Paris,  1826, 
avec  un  atlas  in-4°,  de  19  planches  ,  etc. 

*  BOWER  (Archibald  ),  jésuite  apostat, 
né  en  1086  ,  à  Dundee  en  Ecosse.  Il  se  fil 
jésuite  à  Rome  en  1706  ,  et  fut  employé  à 
l'enseignement  des  belles-lettres  dans 
différentes  villes  d'Italie.  En  1726,  il  quitta 
son  ordre ,  quoiqu'il  fût  lié  par  des  vœux 
solennels,  et  se  rendit  en  Angleterre,  où 
il  abjura  la  religion  catholique  pour  sui- 
vre le  rit  anglican.  Cette  apostasie  donna 
lieu  à  plusieurs  conjectures.  On  en  a  trouvé 
la  cause  naturelle  dans  l'irrégularité  de 
ses  mœurs ,  preuve  terrible  que  la  cor- 
ruption du  cœur  entraîne  à  sa  suite  l'obs- 
curcissement de  l'esprit.  Bower,  égale- 
ment méprisé  de  tous  les  partis  ,  mourut 
en  1766 ,  âgé  de  80  ans.  Il  a  laissé  les  ou- 
vrages suivans  dont  le  style  est  plus  que 
médiocre  |  Historia  litleraria*  espèce  de 
revue  littéraire  publiée  au  commencement 
de  chaque  mois  ;  |  une  Histoire  des  Pa- 
pes, 7  vol.  in-4°,  qui  mériterait  plutôt 
le  nom  de  diatribe  que  le  titre  d'histoire; 
il  a  -aussi  travaillé  pendant  neuf  ans  à  la 
grande  histoire  universelle ,  dont  il  com- 
posa l'histoire  romaine. 

*  BOWDLER  (  Thomas  ) ,  écrivain  an- 
glais ,  né  en  1754  ,  membre  de  la  Société 
royale  et  de  celle  des  antiquaires ,  a  pu- 
blié le  Shakespeare  des  familles ,  dans 
lequel  il  a  retranché  les  nombreux  pas- 
sages susceptibles  de  produire  de  fâcheuses 
impressions  sur  l'esprit  de  la  jeunesse.  Il 
a  fait  le  même  travail  sur  l'ouvrage  de 
Gibbon  ,  intitulé  :  De  la  décadence  et  de 
la  chute  de  l'empire  romain.  On  lui  doit 
en  outre  un  volume  de  Voyages,  les 
Mémoires  du  lieutenant-général  Vittette  _, 
et  quelques  autres  ouvrages.  Bowdler  est 
mort  à  Rhyddings,  près  Swansea,  en  1824, 
à  l'âge  de  70  ans. 

*  BOWLES  (  Guillaume  ) ,  naturaliste 
irlandais,  mort  en  Espagne  en  1780.  On 
lui  doit  :  j  Introduccion  a  la  historia  na- 
lural  y  a  la  geografia  fisica  de  EspanaJ 
Madrid,  1775,  in-4°,  traduite  en  français 
par  le  vicomte  de  Flavigny,  in-8°;  en 
italien  par  Milizia  ,  2  vol.  in-4°,  avec  des 
additions  considérables.  L'auteur  y  traite 
des  végétaux  ;  mais  plutôt  sous  le  rapport 
du  jardinage  que  sous  celui  de  la  botani- 
que. J  Une  Histoire  naturelle  des  saute- 
relles d'Espagne ,  Madrid  ,  1781. 

BOWYER~(  Guillaume  ),  savant  et  cé- 
lèbre imprimeur  anglais,  né  à  Londres  le 
17  décembre  1699  ,  s'acquit  un  nom  ,  tant 
par  ses  belles  éditions  que  par  sa  science 


dans  les  belles-lettres.  Il  mourut  le  18 
novembre  1777.  Il  était  membre  de  la 
société  des  antiquaires ,  imprimeur  de  la 
société  royale  et  de  la  chambre,  des  pairs. 
Il  a  enrichi  de  Préfaces  plusieurs  des 
livres  qu'il  a  imprimés  ,  et  a  donné  une 
Histoire  de  l'origine  de  l'imprimerie ,  en 
anglais ,  1774.  On  estime  son  édition  des 
OEuvres  de  Selden_,  5  vol.in-fol.  1722-1726 
et  du  Nouveau  Testament  grec,  1763 ,  2 
vol.  in-12. 

BOXIIOltrV  ou  BOXHORNIUS  (  Marc- 
Zueiuus),  professeur  d'éloquence  àLeyde 
et  ensuite  de  politique  et  d'histoire,  na- 
quit à  Berg-op-Zoom  en  1612  ,  et  mourut 
en  1655.  On  a  de  lui  :  |  Historia  unwer- 
salis ,  Leipsick ,  1675 ,  in-4°.  |  Obsidio 
Bredana,  1640 ,  in-fol.  |  Virorum  illus- 
trium  Monumenla  et  Elogia,  Amsterdam, 
1658,  in-fol.  ouvrage  curieux  par  les  gra- 
vures qui  l'accompagnent.  |  Chronologia 
sacra,  Bautzen,  1677,  in-fol.  |  PoematUj 
1629,  in-12.  |  Theatrum  urbium  Hollanr- 
diWj  1652  ,  in-fol.  Ce  n'est  guère  qu'une 
compilation  de  Guichardin  et  de  Valère 
André.  |  Historiœ  romanœ  et  auguslw 
Scriplores  minores  Latini ,  cum  animad- 
versionibus  ,  Leyde  ,  1632,4  vol.  in-12. 
C'est  une  édition  de  Florus ,  d'Aurélius- 
Victor ,  de  Velléius  Paterculus ,  de  Sué- 
tone ,  d'Ammien  Marcellin ,  etc.  |  Poetas 
salirici  minores,  cum  commentis3 1632  , 
in-8° ,  recueil  peu  estimé.  |  Des  notes  sur 
Jus  in ,  sur  Tacite ,  sur  Jules  -  César. 
[  De  republica  Leodiensi,  Amsterdam, 
in-24.  Cet  ouvrage  qui  est  assez  bon  ,  fait 
partie  de  la  collection  des  Petites  Répu- 
bliques. |  Originum  Gallicarum  liber, 
Amsterdam,  1754,  in-4°;  ouvrage  estimé 
et  peu  commun.  |  Metamorphosis  Anglo- 
rum,  1655;  in-12.  C'est  un  abrégé  des 
révolutions  d'Angleterre.  |  Qaœstiones 
Romanœ,  Leyde,  1637,  in-4".  Ce  sont 
des  dissertations  pleines  d'érudition  sur 
les  us  sacrés  et  profanes  des  Romains.  On 
a  encore  de  Boxhorn  d'autres  ouvrages, 
dont  l'énumération  serait  trop  longue  à 
faire. 

*  BOY  (  Adrien-Simon  ),  chirurgien  en 
chef  de  l'armée  du  Rhin,  mourut  en  1795, 
à  Alzey.  On  lui  doit  :  Traitement  des 
plaies  d'armes  à  feu,  et  l'hymne  fameux  : 

Veillons  au  saint  de  l'empire,  etc. 

"  DOYCE  (Guillaume)  ,  célèbre  com- 
positeur anglais ,  naquit  à  Londres  en 
1710  ,  et  montra  pour  la  musique  des  dis- 
positions si  extraordinaires,  que,  mal- 
gré une  dureté  d'oreille  qui  vint  l'affli- 


BOY 


512 


ROY 


ger  avant  qu'il  eût  fini  ses  études  musi- 
cales ,  et  qui  dégénéra  en  surdité  absolue, 
il  s'éleva  au  premier  rang  dans  cet  art. 
Le  docteur  Green,  son  maître  ,  organiste 
de  Saint-Paul ,  lui  laissa  toute  sa  musique 
de  choeur  avec  le  soin  de  la  publier  après 
sa  mort.  Celte  publication  de  l'œuvre  de 
Green,  faite  avec  autant  de  goût  que  bien 
exécutée ,  commença  la  réputation  de 
Boyce ,  qui  fut  nommé  en  1736  organiste 
de  l'église  de  Saint-Michel,  et  reçu  docteur 
en  musique  à  Cambridge  en  1749.  Il  de- 
vint ensuite  premier  organiste  de  la  cha- 
pelle du  roi  en  1757 ,  et  mourut  en  1799. 
Son  œuvre  dont  on  n'a  publié  qu'une 
partie,  a  un  caractère  de  force,  de  clarté 
et  une  facilité  qui  en  augmente  la  beauté. 
On  distingue  surtout  son  admirable  séré- 
nade de  Salomon ,  qui  parut  en  1743. 

BOYD  (  M  arc- Alex  andre  ) ,  Ecossais  , 
né  à  Galloway  en  1562 ,  s'appliqua  à  l'é- 
tude du  barreau ,  mais  trouvant  peu  de 
goût  dans  des  matières  abstraites  et  con- 
tentieuses ,  il  l'abandonna  pour  cultiver 
la  poésie  latine  ,  et  mourut  en  1601.  On 
trouve  de  ses  poésies  dans  les  Deliciœ poe- 
tarum  Scotorum*  Amsterdam,  1637. 

*  BOYD  (Hugues),  écrivain  politique, 
né  en  1746 ,  à  Bally-Castle ,  dans  le  comté 
d'Antrim,  en  Irlande,  montra  dès  son  en- 
fance une  grande  vivacité  d'esprit  et  une 
conception  facile  qui ,  négligemment  ap- 
pliquée à  différens  objets  d'études,  ne  lui 
procura  néanmoins  que  des  connaissances 
superficielles.  Il  embrassa  d'abord  l'état 
militaire  ;  mais  son  père  étant  mort  sans 
laisser  de  testament,  Hugues  qui  était  le 
cadet  de  sa  famille,  n'ayant  pas  les  moyens 
de  se  soutenir  au  service ,  l'abandonna 
pour  entrer  dans  le  barreau.  La  vie  dis- 
sipée qu'il  mena  à  Londres  augmenta  ses 
embarras  auxquels  un  mariage  avanta- 
geux mit  enfin  un  terme.  Il  se  livra  tout 
entier  aux  discussions  politiques ,  et  sou- 
tint avec  chaleur  le  parti  populaire  par 
différens  écrits  publiés  dans  les  journaux, 
en  forme  de  correspondance,  sous  des 
noms  supposés ,  tels  que  le  Whig  et  le 
Freeholder  (  le  Franc  Tenancier  ).  La  ré- 
putation de  Boyd  est  due  surtout  aux  Let- 
tres de  Junius,  publiées  en  1769 ,  1770  et 
1771,  et  qu'onlui  a  attribuées  sans  preuves 
suffisantes ,  ainsi  qu'à  Edmond  Burke  et  à 
d'autres  écrivains  (  voyez  ALMON  ).  Ces 
lettres  annoncent  d'ailleurs  un  talent  bien 
supérieur  à  celui  de  Boyd.  Son  opposition 
ouverte  contre  le  gouvernement  lui  avait 
fermé  toute  carrière  administrative;  ce- 
pendant l'état  de  ses  affaires  devenait  tel 


qu'il  était  indispensable  d'y  remédier.  On 
engagea  lord  Macartney ,  gouverneur  de 
Madras  ,  à  le  prendre  pour  second  secré- 
taire, et  il  partit  en  cette  qualité  en  1781. 
Député,  l'année  suivante,  au  roi  deCandy, 
pour  l'engager  à  un  traité  d'alliance  of- 
fensive et  défensive  avec  les  Anglais ,  il 
échoua  dans  cette  mission.  En  s'en  retour- 
nant, il  fut  fait  prisonnier  par  les  Français, 
et  conduit  à  l'île  Bourbon,  où  il  fut  relâché 
sur  parole.  Il  devint  ensuite  capitaine  de 
port  à  Madras,  et  y  rédigea  un  journal  sous 
le  titre  de  The  Madras-Courrier.  Il  revint 
en  1794  en  Europe,  et  y  mourut  la  même 
année.  On  a  de  lui  des  Mélanges  et  une 
Relation  de  son  voyage  à  Candy  ;  il  publia 
en  1779  des  extraits  de  plusieurs  discours 
de  lord  Chatam,  faits  de  souvenir.  Sa  mé- 
moire était  si  heureuse  qu'un  jour  il  mit 
par  écrit ,  en  rentrant  chez  lui ,  un  dis- 
cours qu'il  venait  d'entendre  débiter ,  et 
qui  se  trouva  ensuite  exactement  con- 
forme à  l'original.  Campbell,  ami  de  Boyd, 
a  écrit  sa  vie. 

*  BOYDELL  (  Jean  ) ,  né  à  Stanton , 
dans  le  Shropshire,  en  1719,  fils  d'un  ar- 
penteur, s'acquit  une  immense  fortune 
par  son  commerce  de  gravures  et  de  ta- 
bleaux. Ses  vastes  entreprises  eurent  une 
puissante  influence  sur  les  progrès  des 
arts  en  Angleterre.  La  plus  importante 
est  sa  collection  de  figures  pour  Shakes- 
peare qui  lui  coûta  plusieurs  millions. 
Epuisé  par  les  avances  énormes  qu'il  avait 
faites  ,  il  se  vit  obligé  de  mettre  en  loterie 
sa  Galerie  de  Shakespeare.  On  distingue 
encore  un  ouvrage  curieux  ,  connu  sens 
le  nom  de  Liber  veritalis ,  qui  est  le  fac 
simile  du  volume  dans  lequel  Claude 
Lorrain  plaçait  comme  souvenir  un  dessin 
de  tous  les  tableaux  qu'il  peignait.  Boy- 
dell  jouit  dans  son  pays  d'une  grande 
considération,  puisqu'il  fut  échevin  et 
lord-maire  de  Londres.  Il  mourut,  en  1804, 
dans  sa  85e  année. 

*  BOYÉ  (Charles- Joseph  ),  général  de 
division,  commandant  de  la  légion-d'hou- 
neur  ,  né  en  1762  dans  l'électoral  de  Trê- 
ves, vint  s'établir  avec  sa  famille,  en 
1773 ,  à  Saint-Michel ,  aujourd'hui  dans  le 
département  de  la  Meuse.  II  s'engagea  er. 
1778,  et  avant  la  fin  de  1791 ,  il  était  ca- 
pitaine. Il  parut  avec  éclat  aux  combats  de 
Verton  ,  de  la  Croix-au-bois ,  au  siège  de 
Narnur ,  à  la  bataille  de  Nerwinde,  et  lut 
fait  chef  d'escadron  ,  en  1793 ,  chef  de 
brigade,  le  6  floréal  an  2,  enfin  général 
le  22  du  mois  suivant.  Il  était  à  Fleurus . 
et  commanda  sous  Kléber  le  centre  de 


BOY  Bi 

l'armée  de  Sambr«î-et-Meuse.  Il  prit  les 
villes  de  Saint-Tron  et  de  Tongres  dont 
il  chassa  les  Autrichiens  ,  et  défendit  plus 
tard  avec  succès  contre  le  prince  de 
Reuss ,  le  pont  du  Lech,  près  d'Augsbourg 
et  les  lignes  de  Fribourg.  En  1805 ,  Na- 
poléon le  nomma  commandant  de  la  légion 
d'honneur .  et  lui  donna  le  commande- 
ment de  la  seizième  division  militaire. 
Boyé  est  mort  en  1808. 

BOYER.  Voyez  BOHTER. 

*  BOYER  de  Ste.-MARTHE  (  Louis- 
Anselme  de  ),  dominicain',  est  auteur  de 
Y  Histoire  de  l'église  cathédrale  de  Sainl- 
Paul-Trois-Châleaux  .,  Avignon  ,  1710 , 
in-4°  ;  et  de  Y  Histoire  de  l'église  cathé- 
drale de  Vaisoi ,  Avignon  ,  1731 ,  in-/».0. 

BOYER  (Claude),  abbé,  de  l'académie 
française  ,  naquit  à  Alby  en  1618 ,  et  mou- 
rut à  Paris  en  1698.  On  a  de  lui  22  pièces 
dramatiques  ,  pleines  d'enflure  et  pro- 
duites sans  aucune  connaissance  du  théâ- 
tre. Sa  Judith  eut  d'abord  un  succès  écla- 
tant. Cette  pièce ,  applaudie  pendant  un 
carême  entier,  fut  sifflée  à  la  rentrée 
d'après  Pâques.  La  Champmeslé  ayant  de- 
mandé la  raison  de  l'inconstance  du  par- 
terre ,  un  plaisant  lui  repondit  :  «  Les  sif- 
»  flets  étaient  à  Versailles  aux  sermons  de 
»  l'abbé  Boileau.  »  Boyer ,  fatigué  de  ses 
mauvais  succès ,  fit  jouer  en  1680  sa  tra- 
gédie d'Agamemnon ,  sous  le  nom  d'un 
de  ses  amis.  Racine,  son  plus  grand  fléau, 
applaudit  à  cette  pièce.  Boyer  ne  put  s'em- 
pêcher de  s'écrier  en  plein  parterre  : 
«  Elle  est  pourtant  de  Boyer  ,  malgré  M. 
»  Racine.  »  Ce  mot  lui  coûta  cher  :  sa  tra- 
gédie fut  sifflée  le  surlendemain.  Peut-on 
après  cela  s'occuper  sérieusement  du  suc- 
cès ou  de  la  chute  des  productions  drama- 
tiques ,  dont  le  destin  se  règle  sur  les  pas- 
sions ou  l'humeur  des  spectateurs ,  bien 
plus  que  sur  le  mérite  même  de  la  pièce  ? 

BOYER  (  Abel  ) ,  né  à  Castres  en  1664, 
quitta  la  France  après  la  révocation  de 
Tédit  de  Nantes ,  et  se  retira  d'abord  à 
Genève,  à  Franeker,  et  ensuite  en  An- 
gleterre ,  l'an  1G89.  Il  mourut  à  Chelsey 
on  1729 ,  dans  sa  65e  année.  Il  aimait  éga- 
lement le  plaisir  et  l'étude.  On  a  de  lui 
plusieurs  ouvrages  :  |  un  Dictionnaire  an- 
glais-français et  français-anglais ,  2  vol. 
in-4° ,  Londres ,  1774  ,  estimé  ;  l'abrégé  , 
en  2  vol.  in-8°  ,  a  eu  plus  de  20  éditions  ; 
|  une  Grammaire  française  et  anglaise  _, 
in-12,  qui  ne  l'est  pas  moins.  «  Cependant, 
•  dit  un  critique  français ,  si  ces  deux  ou- 
»  vrages  n'avaient  servi  qu'à  faire  passer 
»  dans  notre  langues  les  sages  maximes  et 


5  BOY 

»  les  beautés  des  écrivains  anglais ,  l'au- 
»  teur  aurait  de  plus  grands  droits  aux 
»  éloges  du  public  reconnaissant  ;  mais  la 
»  connaissance  de  la  langue  anglaise  nou3 
»  a  attiré  le  débordement  de  tant  d'extra- 
»  vagances  ,  que  les  esprits  sages  sont  peu 
»  tentés  d'applaudir  à  ses  travaux.  En  ef- 
»  fet ,  la  lecture  des  productions  anglaises 
»  n'a  guère  servi  qu'à  introduire  parmi 
»  nous  des  bizarreries  et-des  maximes  qui, 
»  n'étant  analogues  ni  au  caractère  ni  au 
»  gouvernement  de  la  nation ,  n'ont  pro— 
»  duit  que  de  très  pitoyables  effets,  comme 
»  l'expérience  le  prouve  tous  les  jours. 
i>  L'anglomanie  a  passé  de  nos  livres  dans 
»  nos  mœurs  ,  et  y  a  causé  les  mêmes  ra- 
»  vages  ;  en  sorte  qu'on  peut  dire  que  ceux 
«  qui  ont  cru  nous  enrichir  par  des  pro- 
»  ductions  étrangères ,  ne  nous  ont  pro- 
»  curé  que  des  maux  étrangers.  »  |  VElal 
politique  _,  ouvrage  périodique  qui  em- 
brasse tous  les  états  de  l'Europe ,  publié 
depuis  1710  jusqu'en  1729  :  il  fut  très  bien 
reçu  dans  sa  naissance,  et  on  le  recherche 
encore  à  présent  pour  plusieurs  pièces 
curieuses  qui  y  sont  insérées  ;  |  Histoire 
de  Guillaume  III  *  Londres  ,  1702  ,  5  vol. 
in-8° ,  en  anglais  ;  |  Histoire  de  la  reine 
Anne  ,  Londres ,  1722  ,  in-fol.,  en  anglais. 
BOYER  (  Jean-François  )  ,  ancien 
évoque  de  Mirepoix ,  avait  été  d'abord 
théatin.  Le  succès  de  ses  sermons  le  fit 
choisir  pour  précepteur  de  Mgr.  le  dau- 
phin. L'académie  des  Inscriptions  ayant 
perdu  le  cardinal  de  Polignac,  le  remplaça 
en  1741  par  la  nomination  de  l'évèque  de 
Mirepoix.  Il  avait  été  reçu  à  l'académie 
française  dès  1756  ,  et  deux  ans  après  il  le 
fut  à  l'académie  des  Sciences.  Il  mourut 
en  1755.  Ses  vertus ,  son  amour  pour  la 
retraite  ,  son  aversion  pour  les  louanges  , 
la  simplicité  de  ses  mœurs  ,  méritèrent 
qu'on  lui  confiât  l'unique  espérance  du 
royaume  ,  et  ensuite  le  détail  des  affaires 
qui  concernent  la  nomination  aux  béné- 
fices. 11  se  montra  sévère  sur  le  choix  des 
sujets.  Rigide  observateur  des  lois  de 
l'Eglise,  M.  Boyer  avait  remis  son  évêché 
dès  qu'il  fut  attaché  à  l'éducation  du  dau- 
phin. Le  roi  lui  donna  alors  l'abbaye  de 
Saint-Mansuy  et  ne  put  lui  faire  accepter 
celle  de  Corbie.  Les  philosophes  et  les 
jansénistes  l'ont  peint  comme  au-dessous 
de  sa  place ,  parce  qu'il  leur  était  égale- 
ment contraire  ;  mais  il  faut  bien  se  gar- 
der de  juger  ce  prélat  par  ce  qu'en  ont  dit 
et  ce  qu'en  disent  encore  les  partisans  des 
erreurs  de  Jansénius.  On  sait  que  les  sec- 
taires ne  jugent  du  mérite  des  hommes 


BOY  a 

que  par  l'esprit  qui  les  anime  eux-mêmes. 
Le  plus  grand  crime  et  le  seul  à  leurs 
yeux  ,  est  de  n  être  pas  de  leur  avis. 

BOYER  (Pieiuie)  ,  prêtre  de  l'Oratoire, 
né  à  Ariane  le  12  octobre  1677  ,  mort  le  18 
janvier  1755,  s'est  distingué  par  son  fana- 
tisme pour  les  saltimbanques  de  Saint- 
Médard ,  qui  lui  procura  d'abord  un  in- 
terdit en  1729,  puis  le  fit  reléguer  au 
mont  Saint-Michel ,  et  enfin  renfermer  à 
Vincennes  pendant  14  ans.  Les  fruits  de 
son  fanatisme  sont  consignés  dans  |  le 
Quatrième  gémissement  sur  la  destruc- 
tion de  Port-Royal,  1714,  in-12  ;  |  le  Pa- 
rallèle de  la  doctrine  des  païens  et  de 
celle  des  jésuites  ,  in-8°  ;  |  la  Vie  de  M. 
Paris,  in- 12., et  d'autres  ouvrages  de  parti. 

BOYER  (Jean-Baptiste-Nicolas),  che- 
valier de  l'ordre  de  Saint-Michel  ot  mé- 
decin ordinaire  du  roi ,  naquit  en  1693  ; 
Marseille  fut  sa  patrie.  La  peste  qui  désola 
cette  ville  en  1720  ,  lui  fournit  une  occa- 
sion de  signaler  son  zèle  et  ses  talens  et 
lui  valut  une  pension  sur  le  trésor  royal. 
Appelé  à  Paris  pour  ses  succès ,  il  en  sor- 
tit plusieurs  fois  pour  aller  en  Espagne , 
en  Allemagne  et  dans  différentes  pro- 
vinces de  France ,  traiter  des  maladies 
contagieuses  ou  désespérées.  Il  fut  très 
heureux  dans  ses  cures.  La  faculté  de  mé- 
decine l'élut  en  1756  pour  son  doyen  ;  et 
ce  fut  pendant  le  temps  de  son  décanat 
qu'il  donna  une  nouvelle  édition  du  Codex 
medicamenlarius ,  seu  Pharmacopœapcu- 
risiensis  ,  in-4°  ,  ouvrage  aussi  utile  que 
bien  fait.  Cet  estimable  médecin  mourut 
en  1768,  avec  la  réputation  de  bon  ci- 
toyen, de  parent  tendre  et  d'ami  officieux. 

BOYER  D'AGUILLE  (Jean-Baptiste, 
marquis  de  ) ,  s'était  composé  un  cabinet 
précieux  de  tableaux,  que  son  fils,  Pierre- 
Jean,  procureur-général  au  parlement  de 
Provence ,  fit  graver  par  Jacques  Coel- 
mans ,  d'An^jrs.  Cet  ouvrage  fut  fini  en 
1709 ,  et  contient  118  planches  ;  mais  il  n'a 
paru  qu'en  1744 ,  in-fol.  Ces  deux  sei- 
gneurs unissaient  aux  connaissances  pro- 
pres à  leur  état  les  lumières  que  donnent 
l'étude  des  belles-lettres  et  l'enthousiasme 
pour  les  beaux-arts.  Le  marquis  d'Argens 
était  fils  du  dernier  {voyez  ARGENS).  Le 
nom  de  son  frère,  président  au  parlement 
d'Aix  ,  est  d'Aiguille  ou  d'Epuille;  mais 
ses  aieux  prenaient  le  nom  d'Aguille  ;  la 
table  généalogique  qui  est  à  la  tète  dos 
Tableaux  dont  nous  venons  de  parler  , 
porte  constamment  d'Agttille.  C'est  Pierre- 
Jean  qui  changea,  le  premier,  le  nom 
d'Jguille  en  Egaille  ,  et  qui  cessa  de  por- 


ifc  BOY 

ter  le  nom  de  Malherbe ,  le  poète  ,  dont 
son  trisaieul,  Vincent  de  Boycr,  avait 
hérité,  à  condition  d'en  porter  le  nom  et 
les  armes.  —  Alexandre- Jean-Baptiste  de 
BOYER ,  connu  sous  le  nom  de  président 
d'Eguille,  dont  nous  venons  de  parler, 
célèbre  par  les  différends  qu'il  eut  avec 
sa  compagnie,  et  les  disgrâces  qui  ont  agité 
sa  vie  ,  est  mort  le  8  octobre  1783 ,  pleuré 
de  ses  vassaux  ,  regretté  de  ses  amis ,  et 
emportant  les  éloges  de  ceux  même  que 
sa  fermeté  et  son  inviolable  attachement 
à  la  justice  avaient  rendus  pour  quelque 
temps  ses  adversaires. 

*  BQYER  (  l'abbé  )  ,  grand-vicaire  du 
diocèce  de  Lombez  ,  mourut  le  18  octobre 
1785  ,  dans  un  âge  assez  avancé.  Un  dis- 
cours qu'il  prononça  devant  les  états  de 
Languedoc ,  sur  Y  Influence  de  la  religion 
sur  la  société  civile  et  politique,  a  été  pu- 
blié à  Toulouse ,  in-8°.  On  lui  doit  aussi 
|  un  Discours  sur  les  reliques  des  saints, 
et  |  un  Panégyrique  de  saint  François  de 
Paule. 

BOYER-FOXFRÈDE  (Jean-Baptiste), 
conventionnel ,  né  à  Bordeaux  en  1766 , 
d'une  famille  de  négocians,  fut  d'abord  mis- 
sionnaire. Il  abandonna  l'état  ecclésiasti- 
que pour  entrer  dans  le  commerce,  se  maria 
et  se  retira  en  Hollande.  De  retour  à  Bor- 
deaux ,  à  l'époque  de  la  révolution ,  dont 
il  se  montra  chaud  partisan  ,  il  fut  député 
par  le  commerce  de  cette  ville  à  l'assem- 
blée législative ,  et  le  fut  encore  à  la  Con- 
vention par  le  département  de  la  Gironde. 
Le  25  décembre  1792 ,  il  accusa  Marat  d'a- 
voir insinué  qu'il  était  nécessaire  d'élire 
un  dictateur.  Au  mois  de  janvier  suivant, 
il  vota  la  mort  de  Louis  XVI  ;  il  défendit 
la  liberté  de  la  presse  attaquée  le  8  mars 
4793  par  les  montagnards  qui  demandaient 
l'organisation  du  tribunal  révolutionnaire, 
et  demanda  qu'on  admit  le  juri  dans  la 
composition  de  ce  tribunal.  Le  14  du 
même  mois  ,  il  dénonça  le  comité  insur- 
rectionnel qui  avait  résolu  d'assassiner 
les  membres  influens  du  côté  droit ,  dans 
la  séance  du  10  mars  au  soir ,  mais  sans 
pouvoir  obtenir  sa  punition.  Lorsque 
Pache,  au  nom  des  sections  de  Paris,  vint 
présenter  à  la  Convention  une  liste  de 
proscription  contre  vingt-deux  députés 
du  côté  droit,  Boyer-Fonfrède  protesta 
qu'il  aurait  tenu  à  honneur  d'être  inscrit 
sur  cette  liste.  Elu  président  de  la  Con- 
vention, le  2  mai  1793,  il  repondit ,  avec 
énergie ,  aux  orateurs  des  diverses  sec- 
lions  qui  apportaient  d'insolentes  pétitions 
à  la  barre  de  l'assemblée.  Cette  conduire 


BOY 


vin 


BOY 


le  fit  nommer  membre  de  la  commission 
des  douze ,  formée  le  21  mai,  pour  exa- 
miner les  arrêtés  de  la  municipalité  de 
Paris.  Lors  des  événemens  du  51  mai , 
son  arrestation  fut  demandée  par  Bourdon 
de  l'Oise.  Mais  Marat  l'excepta  de  la  pro- 
scription, parce  qu'il  n'avait  pas  signé 
l'arrestation  d'Hébert  et  de  Dumas.  Ayant 
ensuite  demandé  le  rapport  sur  les  mem- 
bres arrêtés ,  Fonfrède  fut  décrété  d'ac- 
cusation ,  sur  le  rapport  d'Amar.  Il  allait 
présenter  sa  défense  ,  lorsque  Albitte , 
Billaud-Varennes  et  Bentabole  lui  criè- 
rent :  a  Tu  parleras  au  tribunal  révolu- 
»  tionnaire.  »  Il  périt  le  30  octobre  1793,  à 
l'âge  de  27  ans ,  avec  vingt  autres  giron- 
dins. En  marchant  à  l'échafaud  ,  il  faisait 
entendre  ce  refrain  :  Plutôt  la  mort  que 
l'esclavage  .,  etc. 

BOYLE  (Bobert),  célèbre  philosophe 
anglais ,  naquit  en  1626  à  Lismore  en  Ir- 
lande. Il  était  le  7e  fils  de  Bichard  comte 
de  Cork  et  d'Orreri.  Après  avoir  appris  le 
français  et  le  latin  dans  sa  patrie ,  il  voya- 
gea à  Genève ,  en  France  et  en  Italie,  pOur 
se  perfectionner  dans  la  physique  et  les 
mathématiques.  De  retour  en  Angleterre  , 
aidé  par  Hook  son  associé  dans  les  opé- 
rations chimiques ,  il  perfectionna  la  ma- 
chine pneumatique ,  inventée  par  Othon 
de  Guerike ,  bourgmestre  de  Magdebourg 
(  Voyez  ce  mot).  Le  roi  Charles  II  et  ses 
successeurs  Jacques  II  et  Guillaume  III 
l'honorèrent  successivement  de  leur  com- 
merce et  de  leur  estime.  C'est  à  lui  prin- 
cipalement qu'on  doit  l'établissement  de 
la  société  royale  de  Londres  en  1663.  On 
l'en  nomma  président  en  1680  ;  mais  il 
voulut  toujours  se  borner  au  titre  de 
conseiller.  Son  zèle  pour  la  religion  chré- 
tienne se  signala  dans  toutes  les  occasions. 
Il  donna  durant  sa  vie  300  liv.  sterlings 
par  an  pour  la  propagation  de  la  foi  en 
Amérique ,  et  100  pour  les  Indes.  Il  laissa 
en  mourant  un  fonds  considérable  pour 
un  certain  nombre  de  sermons  qu'on  doit 
prêcher  toutes  lès  années  sur  les  vérités 
de  la  religion  chrétienne  en  général,  sans 
entrer  dans  les  disputes  particulières  qui 
divisent  les  chrétiens  :  il  sentait  que  la 
secte  qu'il  professait  ne  gagnerait  rien  à 
cette  discussion.  On  a  de  lui  plusieurs 
écrits  sur  la  théologie  ,  la  physique  et  les 
mathématiques ,  recueillis  en  1744 ,  à 
Londres,  en  5  vol.  in-fol, ,  avec  la  vie  de 
l'auteur,  et  en  1772  en  6  v.  in-4°.  Les  prin- 
cipaux sont  :  |  les  Nouvelles  expériences 
physico-mécaniques  sur  le  ressort  de  l'air  : 
il  y  décrit  la  machine  du  vide  et  pousse  la 


modestie  jusqu'à  reconnaître  qu'il  en  doit 
l'idée  à  Othon  de  Guerike  ;  |  Considéra- 
tions sur  l'utilité  de  la  physique  expéri- 
mentale; |  Histoire  générale  de  l'air; 
|  Expériences  et  observations  sur  le  froid , 
les  couleurs  ,  les  cristaux  ,  la  respiration, 
la  salure  de  la  mer  >  les  exhalaisons  ,  la 
flamme ,  le  vif-argent ,  dans  différena 
traités  séparés;  |  le  Chimiste  sceptique; 
|  Essai  sur  l'Ecriture  sainte  :  \  le  Chrétien 
naturaliste J  ouvrage  dans  lequel  il  prouve 
que  la  physique  expérimentale  mène 
au  christianisme ,  loin  d'en  détourner  : 
j  Considérations  pour  concilier  la  rai- 
son et  la  religion  ;  |  Discours  sur  la  pro- 
fonde vénération  que  l'esprit  humain  doit 
à  Dieu  *  très  estimés  ;  |  Recueil  d'écrits 
sur  l'excellence  de  la  théologie  comparée 
avec  la  philosophie  naturelle  :  l'auteur  ne 
prise  celle-ci  qu'autant  qu'elle  a  du  rap- 
port à  la  religion.  Presque  tous  ses  ou- 
vrages de  physique  et  de  chimie  ont  été 
traduits  en  latin,  Genève,  4714,  5  vol. 
in-4°.  Il  mourut  à  Londres  en  1691 ,  à  64 
ans.  Tout  était  simple  chez  lui ,  et  con- 
forme au  caractère  d'un  vrai  philosophe. 
Il  était  plein  de  franchise  ,  de  politesse  et 
de  douceur.  Quoique  détaché  de  toutes 
les  subtilités  dont  les  hommes  ont  fait  des 
choses  importantes  ,  il  observait  les  bien- 
séances. Une  savait  ni  mentir  ni  déguiser; 
mais  il  savait  se  taire.  Il  jugeait  très  sai- 
nement des  hommes  et  des  affaires  :  aussi 
quitta-t-il  la  cour  de  bonne  heure.  Ses 
idées  sur  les  moyens  de  rendre  le  genre 
humain  meilleur  et  plus  heureux  étaient 
très  étendues  ;  mais  l'exécution  des  idées 
les  plus  saines  est  toujours  très  difficile. 

BOYLE  (  Bogep.  ) ,  comte  d'Orréry , 
frère  du  précédent,  5e  fils  de  Bichard 
comte  de  Cork,  naquit  à  Lismore  en  1621. 
Ayant  pris  le  parti  des  armes,  il  servit 
sous  Cromwel  contre  Charles  Ier  ;  et  après 
la  mort  de  l'usurpateur,  il  soutint  ia 
cause  de  Charles  II.  Dès  que  ce  roi  fut  sur 
le  trône ,  il  lui  donna  une  place  de  con- 
seiller dans  son  conseil  privé  d'Angleterre 
et  d'Irlande.  Il  mourut  en  1679 ,  âgé  de 
59  ans  ,  regardé  comme  un  homme  d'un 
esprit  plus  délié  que  son  frère ,  mais 
moins  solide  et  moins  ami  de  la  vertu , 
de  la  droiture  et  de  la  religion.  On  a  de 
lui  plusieurs  ouvrages  en  vers  et  en  prose, 
bien  écrits  :  en  anglais  •  |  la  Parlhenice , 
roman,  5  vol.  in-4"  et  in-fol.,  qu'on  a 
comparé  à  ceux  de  Scudéry  et  de  Calpre- 
nède;  |  Histoire  d'Henri  V ;  \  le  Prince 
I\'oir,  Mustapha  M  TriphonJ  tragédies  ap- 
plaudies dans  le  temps;  |  l'Art  de  la  guerre 


BOY 


516 


BOY 


etc.  ;  |  Recueil  de  lettres  d'état,  de  Boylc, 
publiées  avec  sa  Vie  par  Thomas  Morice , 
Londres ,  1743 ,  irt-fol. ,  en  anglais. 

BOYLE  (Charles),  petit-fds  du  pré- 
cédent et  comte  d'Orréry  comme  lui ,  m'- 
en 1676 ,  élève  du  docteur  Atterbury ,  fut 
mis  à  la  tour  de  Londres  en  1722  :  on 
l'accusait  d'être  entré  dans  des  complots 
contre  l'état.  On  ne  put  jamais  le  lui  prou- 
ver. Il  mourut  en  1731 ,  d'une  maladie  de 
langueur  contractée  dans  sa  prison.  L'ins- 
trument astronomique  appelé  Yorréry  est 
de  son  invention  :  c'est  un  planétaire  très 
composé ,  où  l'on  voit  tous  les  mouve- 
mens  célestes  à  la  fois  ;  il  est  d'une  grande 
cherté.  M.  Brisson,  dans  son  Dictionnaire 
de  Physique,  dit  que  le  planétaire  de 
M.  Nollet  est  préférable  par  sa  plus  grande 
simplicité.  On  a  encore  de  lui  une  traduc- 
tion latine  des  Epitres  de  Phalaris  avec  des 
notes,  in -8°,  1693;  une  comédie,  des 
pièces  de  vers  et  des  harangues. 

BOYLE  (Jean),  comte  de  Corck  et 
d'Orréry,  fils  du  précédent,  de  la  société 
royale,  né  le  2  janvier  1707,  lit  ses  dé- 
lices, à  l'exemple  de  ses  ancêtres  ,  de  l'é- 
tude des  belles-lettres,  voyagea  en  Italie, 
où  il  demeura  long- temps  ,  et  mourut  le 
46  novembre  1762 ,  après  avoir  été  marié 
deux  fois.  Nous  avons  de  lui  une  traduc- 
tion en  anglais  des  Lettres  de  Pline ,  avec 
sa  Vie  et  des  remarques ,  1731 ,  2  vol. 
in-4°  ;  |  Lettres  sur  l'Italie;  \  Lettres  his- 
toriques et  philologiques  sur  la  Vie  de 
Swift,  1753,  in-12,  ouvrage  traduit  en 
français  par  Lacombe ,  d'Avignon.  Il  a 
aussi  travaillé  à  plusieurs  ouvrages  pé- 
riodiques. 

BOYLESVE  (Etienne),  chevalier,  pré- 
vôt de  Paris  sous  le  règne  de  Saint-Louis, 
mit  un  ordre  dans  la  police  de  cette  ville. 
Les  impôts  sur  les  denrées  étaient  exor- 
bitans  ;  les  prévôts  fermiers  avaient  tout 
vendu ,  sans  excepter  la  liberté  de  com- 
mercer :  il  remédia  à  ces  deux  abus.  Il 
divisa  ensuite  les  marchands  et  les  artisans 
en  différens  corps  de  communautés,  leur 
donna  des  statuts  et  des  règlemens,  faits 
avec  tant  d'équité  et  de  sagesse,  qu'on 
«'en  est  servi  depuis  pour  régler  les  an- 
ciennes communautés,  ou  pour  en  former 
de  nouvelles.  Il  ne  fut  pas  moins  attentif  à 
veiller  à  la  sûreté  publique ,  et  à  punir 
ceux  qui  pouvaient  la  troubler.  Ce  bon 
magistral  mourut  vers  1269. 

*  BOYM  (Michel),  jésuite  polonais, 
fut  envoyé  en  qualité  de  missionnaire 
aux  Indes  et  à  la  Chine  en  1643,  et  revint  à 
Lisbonne  en  1632.  Il  repartit  en  1656  pour 


la  Chine,  où  il  mourut  en  1659.  Il  a  laissé  : 
|  Flora  Sinensis ,  Vienne ,  1656 ,  in-fol. , 
traduit  en  français  ;  |  une  Tradiu  lion  des 
4  liv.  de  Wang-Choho ,  faite  d'après  les 
auteurs  chinois ,  et  contenant  289  articles 
sur  les  médicamens ,  les  signes  des  mala- 
dies ,  etc. ,  Francfort,  1682,  in-4°,  publiée 
sous  le  nom  d'André  Cleyer  de  Cassel, 
premier  médecin  de  la  compagnie  des 
Indes,  éditeur  plagiaire  qui  y  joignit  quel- 
ques autres  morceaux  traduits  du  chinois. 

*  BOYM  (Benoit),  autre  jésuite  polo- 
nais ,  né  à  Lemberg  en  1629,  mort  à  Wilna 
en  1670 ,  a  traduit  du  français  une  Théolo- 
gie chrétienne  et  quelques  livres  ascéti- 
ques. 

BOYSE  (  Samuel  ) ,  anglais  né  en  1708 , 
avec  un  génie  poétique  qui  lui  procura  des 
amis  :  mais  ces  amis,  bien  loin  d'être  ses 
Mécènes,  lui  mangèrent  son  bien  et  le  ré- 
duisirent à  une  grande  pauvreté ,  dans 
laquelle  il  mourut  en  1749.  La  collection 
de  ses  Poésies  devait  avoir  six  volumes  ; 
il  n'en  a  paru  que  deux.  Son  poème  de  la 
Divinité  a  été  plusieurs  fois  réimprimé. 
Une  des  bonnes  éditions  est  celle  de  1752 , 
in-8°.  On  estime  l'Ode  qu'il  fit  paraître 
en  1743  sur  la  bataille  de  Dettingen,  inti- 
tulée Le  Triomphe  d'Albin.  On  a  encore 
de  lui  :  L'Histoire  des  transactions  de 
l'Europe,  depuis  le  commencement  de 
la  guerre  d' Espagne  en  1739 ,  jusqu  à 
l'insurrection  de  l'Ecosse  en  1745,  2  vol. 
in-8°,  1747.  — Son  père,  Joseph  BOYSE, 
ministre  anglais ,  non  conformiste ,  né  à 
Léeds  en  Yorckshire  en  1660,  mort  en 
1728 ,  s'est  acquis  de  la  réputation  par  ses 
Sermons  qui  ont  été  publiés  en  2  vol. 
in-folio. 

•  BOYSE  AU  (Pierre  de),  marquis  de  Châ- 
teaufort,  général  espagnol,  naquit  à  Saint- 
Gérard,  près  de  Namur,  en  1659,  et  débuta 
comme  cadet  volontaire  dans  un  régiment 
de  dragons  au  service  d'Espagne  en  1685, 
Il  se  fit  remarquer  aux  journées  de  Fleurus 
et  de  Steinkerque  en  1690  et  1692 ,  et  fut 
blessé  à  celle  de  Nerwinde,  en  1693.  Une 
mission  hardie  qu'il  remplit  avec  succès 
au  siège  de  Charte  roy ,  lui  valut  une  com- 
pagnie de  cavalerie.  Lors  de  la  guerre  de 
la  succession,  il  se  rangea  sous  les  drapeaux 
de  Philippe  V,  et  obtint,  par  ses  belles 
actions,  un  rapide  avancement.  En  1713, 
il  eut  le  commandement  général  des  dra- 
gons ,  à  la  tête  desquels  il  fit  des  prodiges 
de  valeur  au  siège  de  Barcelone ,  et  con- 
tribua plus  que  personne  à  la  capitulation 
de  cette  ville.  La  campagne  de  Sicile ,  en 
1717,  lui  fournit  l'occasion  de  prouver  un 


BOY  5 

désintéressement  égal  à  son  courage  :  les 
soldats  manquaient  de  tout ,  il  vendit  ses 
équipages  pour  subvenir  à  leurs  besoins. 
II  fut  chargé  ensuite  de  l'expédition  d'A- 
frique sous  les  ordres  du  marquis  de  Lède  ; 
à  son  retour,  le  roi  le  nomma  gouverneur 
de  Jaca ,  et  lui  conféra ,  en  1728  ,  le  titre 
de  marquis  de  Chàteaufort  ;  en  1752,  on 
lui  dut  la  prise  d'Oran  en  Afrique,  et  en 
1754  le  gain  de  la  bataille  de  Bitonto,  dans 
le  royaume  de  Naples.  Ces  succès  le 
firent  nommer  capitaine  -  général  de  la 
Vieille-Castille.  Ce  guerrier  mourut  à  Za- 
mora  dans  le  royaume  de  Léon,  le  26 
juillet  1741 ,  Peu  d'hommes  de  guerre  s'é- 
taient trouvés  à  un  plus  grand  nombre 
de  batailles ,  de  sièges  et  de  combats ,  et  y 
avaient  été  plus  maltraités  :  il  était  couvert 
de  blessures ,  et  avait  eu  onze  chevaux 
tués  sous  lui. 

*  BOYSEN  (Pierre-Adolphe),  savant 
théologien  luthérien ,  né  le  15  novembre 
1090  à  Ascherleben ,  dans  la  principauté 
d'Anhalt,  fit  son  droit  et  sa  théologie  dans 
les  universités  de  Wittemberg  et  de  Halle, 
se  fixa  à  Halberstadt,  où  il  occupa  diffé- 
rens  emplois  ecclésiastiques.  Il  était  habile 
théologien ,  et  versé  dans  l'histoire  et  la 
philologie  sacrée.  On  a  de  lui  :  |  D  isputalio 
de  Asiarchis  ad  act.  cap.  19,  v.  31  ;  |  Pro- 
grammera duo  de  Herode  scripturœ  inter- 
prète; |  Dissertalio  de  legione  fulminalrice; 
|  Dissertatio  de  codice  grœco ,  et  concilio 
quo  usus  est  Martinus  Luther  us  in  inter- 
prétation germanica  novi  Testamenti  ; 
|  Phœdri  fabularum  JEsopicarum  libri 
quatuor,  nolis  illustrâtes  ;  \  Hisloria  Mi- 
chaelis  Serveli;  \  De  veris  eruditis  qui 
sero  ad  lilleras  admissi  magnos  in  studiis 
fecerunt  p  ogressus.  Il  mourut  à  Halber- 
stadt le  12  janvier  1745. 

*  BOYSEN  (  Frédéric-Eberhard  ) ,  fils 
du  précédent ,  auteur  de  plusieurs  disser- 
tations savantes  sur  l'Ecriture ,  né  à  Hal- 
berstadt en  1720,  mort  en  1800  dans  la 
même  ville  où  il  était  professeur ,  a  laissé 
une  bonne  version  allemande  du  Koran 
avec  des  ?wtes  ;  \  Monumenta  médita 
rerum  Germanicarum  ,  in  -  4°  ;  |  Let- 
tres théologiques  en  allemand ,  2  vol.  in- 
8°;  |  Magasin  universel, 6  parties  in-8°;  |  Un 
bon  abrégé  de  la  grande  Histoire  uni- 
verselle ,  10  vol.  in- 8°,  partie  ancienne. 
j  Lettres  à  Gleim,  in-8°,  etc. 

*  BOYVIN  (  Jean  ) ,  avocat-  général , 
conseiller,  puis  président  au  parlement  de 
Dôle,  naquit  en  cette  ville  vers  1580.  Les 
Français,  sous  le  commandement  du 
prince  de  Condé,  étant  entrés  en  mai  1656, 


17  BOZ 

dans  la  Franche -Comté,  el  ayant  mis  le 
siège  devant  Dôle,  J.  Boy  vin  eut  lapins 
grande  part  à  la  défense  de  la  ville.  On  sait 
qu'après  un  siège  de  trois  mois,  ils  furent 
obligés  de  se  retirer  avec  une  perte  de 
cinq  mille  soldats  et  de  six  cents  officiers. 
Boy  vin,  à  la  prière  de  quelques  amis, 
écrivit  l'histoire  de  ce  siège  mémorable. 
Son  ouvrage  est  intitulé  :  le  Siège  de  la 
ville  de  Dôle,  capitale  de  la  Franche- 
Comté  de  Bourgogne ,  et  son  heureuse  dé. 
livrance ,  Dôle  ,  1637,  in-  4°;  seconde  édi- 
tion, Anvers,  1638,  in-4°.  Boyvin  a  laissé 
plusieurs  ouvrages  de  géométrie  qui  n'ont 
point  été  imprimés  ;  des  Notes  sur  la  cou- 
tume de  Franche-Comté  ;  la  Description 
des  arcs  de  triomphe,  des  emblèmes  et 
diverses  réjouissances  que  firent  les  Dô- 
lois  à  l'arrivée  de  la  sainte  hostie  de  Fa- 
verney  à  Dôle,  in -fol.,  manuscrit.  Il 
mourut  à  Dôle  en  1650.  Claude-Etienxr 
BOYVIN  son  tils ,  général  des  monnaies  du 
comté  de  Bourgogne,  passe  pour  auteur 
d'une  brochure  ayant  pour  titre  :  le  Bon 
Bourguignon ,  en  réponse  à  un  livre  inju- 
rieux à  l'auguste  maison  d'Autriche  et  à 
la  Franche-Comté ,  intitulé  :  Bellum  Se- 
quanicum  secundum,  composé  par  le 
sieur  Jean  Morelet  de  Dijon,  Werguls- 
tadt,  1672,  in- 12.  L'ouvrage  de  Morelet 
était  relatif  à  la  conquête  de  la  Franche- 
Comté  par  Louis  XIV. 

BOZE  (  Claude  GROS  de  ) ,  naquit  a 
Lyon  en  1680,  de  pareils  qui  perfection 
nèrent  ses  talens  par  une  excellente  édu- 
cation. Il  se  livra  d'abord  à  la  jurispru- 
dence ;  mais  les  antiquités  et  les  médailles 
l'occupèrent  bientôt  tout  entier.  Le  chan- 
celier de  Pontchartrain ,  l'abbé  Bignon  , 
Vaillant,  Hardouin,  le  chérirent  comme 
un  savant  profond  et  aimable.  Quelques 
Dissertations  ingénieuses  sur  des  mé- 
dailles et  d'autres  monumens  lui  ouvri- 
rent la  porte  de  l'académie  des  inscrip- 
tions et  belles-lettres,  en  1705.  Il  fut  reçu 
sous  le  titre  d'élève,  el  l'année  suivante 
il  en  devint  le  secrétaire  perpétuel.  L'a- 
cadémie française  se  l'associa  aussi  en 
1715.  La  garde  du  cabinet  des  médailles 
du  roi  lui  fut  confiée  en  1719.  Il  partit 
l'année  d'après  pour  la  Hollande ,  dans  le 
dessein  d'augmenter  les  trésors  qu'on 
avait  mis  entre  ses  mains.  De  retour  à 
Paris,  il  consacra  tout  son  temps  à  l'aca- 
démie des  belles-lettres  et  au  cabinet  des 
médailles.  Il  eut  l'inspection  de  la  librai- 
rie en  1745,  pendant  la  maladie  de  M. 
Maboul.  Il  s'était  démis ,  5  ans  auparavant, 
de  la  place  de  secrétaire  de  l'académie 
44 


JJKA  5' 18 

des  bcllés-letlres.  Cette  compagnie  le  per- 
dit entièrement  le  10  septembre  1753, 
année  de  sa  mort.  11  était  aussi  estimable 
par  la  douceur  de  ses  mœurs  que  par  son 
savoir.  Il  n'avait  rien  de  cette  rudesse  do 
caractère  ,  qu'on  trouve  quelquefois  dans 
les  savans.  On  a  de  lui  plusieurs  ouvra- 
ges :  |  L'édition  des  lu  premiers  volumes 
des  Mémoires  de  l'Académie  des  Inscrip- 
tions et  Belles- Lettres.  Les  Eloges  histo- 
riques qui  ornent  ces  Mémoires  ont  été 
imprimés  séparément  en  2  vol.  in-12.  Ils 
sont  écrits  avec  autant  d'esprit  que  d'a- 
grément. Il  est  panégyriste  sans  fadeur , 
et  historien  sans  verbiage.  On  y  trouve 
moins  de  ces  traits  fins ,  dont  les  Eloges 
de  Fontenelle  sont  parsemés  ;  mais  peut- 
être  plus  d'élégance  et  de  goût.  Les  pre- 
miers éloges  sont  bien  inférieurs  aux 
derniers;  et  c'est  à  ceux-ci  principale- 
ment qu'il  faut  appliquer  le  jugement 
que  nous  en  portons.  |  La  seconde  édi- 
tion de  Y  Histoire  métallique  de  Louis 
XIV*  continuée  jusqu'à  la  mort  de  ce 
prince ,  1723 ,  in-fol.  Il  donna  les  dessins 
et  les  devises  de  plusieurs  de  ces  médail- 
les. |  V Histoire  de  l'empereur  Telricus  J 
éclaircie  par  les  médailles.  |  Plusieurs 
dissertations  sur  les  médailles  antiques, 
répandues  pour  la  plupart  dans  les  Mé- 
moires de  l'Académie  des  Belles-Lettres. 
Jl  a  publié  le  Catalogue  de  sa  bibliothè- 
que ,  1743,  in-folio  ;  elle  était  bien  choisie, 
et  pleine  de  livres  rares  et  curieux.  Ce 
catalogue  est  recherché  par  les  biblio- 
graphes ,  et  se  vend  fort  cher.  On  en  a 
donné  un  autre  après  sa  mort,  Paris, 
1733,  in-8°. 

BOZIUS  ou  BOZIO  (TnoMAS  ),  né  à  Eu- 
gubio  ou  Gubio ,  dans  le  duché  d'Urbin  , 
prêtre  de  l'Oratoire  à  Rome,  florissait 
au  commencement  du  17e  siècle ,  et  s'at- 
tacha particulièrement  à  l'histoire.  On  a 
de  lui  :  |  De  signis  Ecclcsiœ ,  qu'il  fit  im- 
primer en  1591.  |  De  ruinis  gentium  et 
regnorum.  \  De  antiquo  et  novo  Italiœ 
statu  J  contre  Machiavel.  |  De  imperio 
virtutum.  \  De  robore  bellico*  etc.  Il  pré- 
parait 10  volumes  sous  le  titre  à' Annales 
antiquitalum  ;  mais  il  n'en  avait  publié 
que  deux,  lorsque  la  mort  l'enleva  à 
Rome  en  1610,  dans  un  âge  peu  avancé. 
—  François  BOZIUS ,  son  frère ,  égale- 
ment prêtre  de  l'Oratoire ,  mort  en  1635 , 
a  laissé  plusieurs  ouvrages  tels  que  ceux- 
ci  :  De  temporali  Ecclcsiœ  monarchia  ; 
Annales  mundi;  vila  beali  Pétri  *  etc. 

*  BRADANT  (  Hexri  I ,  duc  de  ) ,  dit  le 
Guerroyeur ,  fut  le  premier  souverain  de 


«Il  A 

celte  province  des  Pays-Bas,  qui  prit  le 
titre  de  duc.  Le  Brabant,  soumis  d'abord 
par  Clovis ,  avait  fait  partie  successive- 
ment des  royaumes  d'Austrasie,  de  Lor- 
raine et  de  l'ancien  empire  de  Charlema- 
gne.  Il  devint,  en  100/».,  le  partage  de 
Gerberge,  fille  de  Cliarles  de  France, 
mariée  à  Lambert  Ier,  comte  de  Mons,  qui 
doit  être  regardé  comme  la  tige  des  sou- 
verains du  Brabant.  Henri  Ier  surnommé 
le  Guerroyeur,  était  fils  de  Geoffroi  ou 
Godefroi  le  Courageux,  qui  l'associa  au 
gouvernement  en  1172,  et  lui  donna  le 
titre  de,  comte  de  Louvain.  Henri  accom- 
pagna le  roi  de  France  Louis  le  Jeune  au 
tombeau  de  Saint-Thomas  de  Cantorbéry. 
En  1183  ,  il  se  croisa  pour  la  Terre-Sainte, 
et  joignit  ses  troupes  à  celles  de  Lusignan 
et  de  Raymond  de  Tripoli.  Il  ne  nous 
reste  aucun  détail  sur  son  voyage  et 
l'on  ignore  même  l'époque  précise  de  son 
retour  ;  mais  ce  fut  du  vivant  de  son 
père ,  à  qui  il  succéda  en  1190.  Il  fit  alors 
valoir  en  vain  ses  droits  sur  le  duché  de 
Flandre;  Baudouin,  son  compétiteur, 
l'emporta  sur  lui.  Le  duc  de  Brabant  fit 
encore,  en  1197,  avec  Henri  le  Jeune, 
duc  de  Saxe,  un  voyage  en  Palestine,  et 
y  donna  des  preuves  de  valeur  à  la  ba- 
taille de  Joppé.  A  son  retour  de  la  Terre- 
Sainte  ,  il  se  déclara  pour  Othon  de  Bruns- 
wick, à  qui  l'empire  était  disputé  par  le 
duc  de  Souabe.  Il  porta  ensuite  la  guerre 
chez  les  comtes  de  Gueldre  et  de  Hol- 
lande, les  vainquit  et  les  força  à  faire 
une  capitulation  avantageuse  à  ses  in- 
térêts. Il  combattit  ensuite  contre  l'évè- 
que  de  Liège ,  dont  il  pilla  la  capitale. 
L'évêque  lui  livra  bataille  et  remporta 
sur  lui  une  victoire  complète.  Le  duc  de 
Brabant  fit  alors  sa  paix.  En  1214,  il  donna 
sa  fille  en  mariage  à  l'empereur  Othon ,  et 
se  ligua,  avec  ce  prince,  contre  Philippe- 
Auguste.  A  la  défaite  de  l'armée  impériale 
à  Bouvines  arrivée  le  23  juillet  1214,  il 
prit  la  fuite  et  abandonna  quelque  temps 
après  la  cause  d'Othon ,  pour  se  jeter  dans 
le  parti  de  Frédéric  II.  Le  duc  Henri 
mourut  à  Cologne  le  5  septembre  1235 , 
après  avoir  gouverné  ses  états  près  de  50 
ans  avec  plus  de  vigueur  que  de  pru- 
dence. Ce  prince  avait  accordé  à  la  ville 
de  Bruxelles  en  1229 ,  divers  privilèges 
consignés  dans  une  charte  qui  est  le  plus ; 
ancien  monument  de  la  langue  flamande. 
»  BKABANT  (  Henri  II,  duc  de),  dit 
le  Magnanime  3  fils  et  successeur  du  pré- 
cédent, se  fit  respecter  de  tous  les  princes 
voisins  par  son  courage    Son  influence, 


BBA 


519 


BRA 


contribua  beaucoup  à  faire  élire  empe- 
reur Henri ,  landgrave  de  Thuringe , 
son  gendre ,  qu'il  lit  couronner  à  Aix-la- 
Chapelle.  Il  s'appliqua  à  réformer  les  abus 
dans  l'ordre  judiciaire,  et  supprima  dans 
tous  ses  domaines  le  droit  de  main- 
morte. Il  accorda  même  à  ses  sujets  ,  par 
forme  de  dédommagement  et  de  restitu- 
tion, une  distribution  annuelle  et  perpé- 
tuelle de "500  livres,  somme  très  forte 
pour  ces  temps-là.  Ce  prince  bienfaisant 
et  vraiment  magnanime  mourut  regretté 
de  ses  8ujets ,  dont  il  fut  le  père,  le  1er. 
lévrier  de  l*an  1248,  à  59  ans;  il  en  avait 
régné  12. 

*BR  ABANT  (  Henrï  III ,  duc  de  ) ,  sur- 
nommé le  Débonnaire  j  iils  et  successeur 
du  précédent,  fut  aussi  l'héritier  de  ses 
vertus  et  de  ses  belles  qualités ,  et  gou- 
verna avec  modération.  Il  lit  élire  empe- 
reur Guillaume,  comte  de  Hollande,  son 
parent.  Quelques  démêlés  qu'il  eut  avec 
l'évèque  de  Liège  le  firent  excommunier 
pour  un  temps  par  ce  prélat.  Ce  prince 
cultivait  la  poésie  française.  Il  mourut  à 
Louvain,  le  28  février  1261,  lorsqu'il  se 
disposait  à  passer  dans  la  Terre-Sainte. 

*  BRABANT  (  Jean  I ,  duc  de  ) ,  dit  le 
Victorieux ,  second  fils  de  Henri  III,  lui 
succéda  par  l'effet  de  la  prédilection  d'A- 
lix de  Bourgogne,  sa  mère,  qui  ne  trou- 
vant pas  Henri ,  son  lils  aîné ,  capable  de 
gouverner,  le  détermina  à  céder  ses  droits 
à  son  frère.  Henri  se  fit  moine  à  l'abbaye 
de  Sl.-Elienne  de  Dijon.  L'élection  de  Jean 
fut  approuvée  par  les  états ,  et  ce  prince 
prit  les  rênes  du  gouvernement  à  l'âge  de 
17  ans  en  12G8.  Il  épousa,  l'année  sui- 
vante, Marguerite  de  France ,  fille  de  saint 
Louis,  et  s'unit  à  son  beau-frère  Philippe 
le  Hardi,  pour  secourir  Jeanne  de  Na- 
varre ,  que  les  rois  de  Castille  et  d'Aragon 
voulaient  dépouiller.  Il  fut  armé  cheva- 
lier par  le  roi  de  France,  et  retourna 
dans  ses  états.  Informé  que  Marie  sa 
sœur ,  reine  de  France ,  est  accusée  d'a- 
voir empoisonné  le  prince  Louis,  son 
beau-fils,  pour  faire  régner  ses  propres 
enfans ,  il  part ,  se  déguise  en  cordelier , 
se  rend  auprès  d'elle  et  l'interroge  pour 
s'assurer  de  la  fausseté  de  l'accusation.  Il 
ne  retourne  dans  ses  états  que  pour  re- 
paraître bientôt  à  Paris ,  et  défier  au  com- 
bat quiconque  oserait  accuser  la  reine.  Il 
fit  déclarer  son  innocence  ,  et  poursuivit 
avec  acharnement  Pierre  de  Brosse  son 
accusateur ,  qui  fut  pendu  au  gibet  de 
Montfaucon.  Il  entreprit  ensuite  une 
guerre  contre  Henri,  comte  de  Luxem- 


bourg, qui  lui  disputait  le  duché  de  Lim- 
bourg.  La  bataille  décisive  de  Waringcn, 
qui  eut  lieu  le  5  juin  1268,  et  où  il  tua  dans 
un  combat  corps  à  corps  son  compétiteur, 
lui  en  assura  la  possession.  Celte  victoire 
lui  causa  tant  de  joie,  qu'il  changea  le  cri  de 
guerre  de  ses  ancêtres  :  Louvain  au  riche 
duc  j  en  celui-ci  :  Limbourg  à  celui  qui 
l'a  conquis.  Ce  prince  mourut  victime  de 
sa  passion  pour  les  tournois  :  on  compte 
qu'il  s'était  trouvé  à  70 ,  tant  en  France 
qu'en  Allemagne  et  en  Angleterre.  Etant 
aux  noces  du  duc  de  Bar  avec  Léonore 
d'Angleterre,  il  joûla  contre  Pierre  de 
Baufremont ,  qui  lui  fit  au  bras  une  bles- 
sure dont  il  mourut.le  14  mai  1294,  à  43 
ans.  C'était  un  prince  brave ,  éloquent  et 
magnifique. 

*' BRADANT  (Jean  II,  duc  de),  dit  le 
Pacifique ,  fils  du  précédent ,  n'avait  que 
13  ans  lorsqu'il  succéda  à  son  père,  et  fit 
plutôt  consister  sa  gloire  à  gouverner  ses 
sujets  avec  sagesse  et  à  les  rendre  heu- 
reux qu'à  imiter  ses  prédécesseurs  dans 
leurs  entreprises  guerrières.  Il  eut  cepen- 
dant quelques  démêlés  avec  les  comtes  de 
Hollande;  mais  son  caractère  modéré  et 
pacifique  les  termina  promptement.  Il 
rendit  l'ordonnance  dite  du  bien  public* 
qui  maintint  aux  villes  du  Brabant  leurs 
lois  et  privilèges,  et  établit  le  conseil  sou- 
verain dans  ses  états  par  un  diplôme  , 
connu  sous  le  nom  de  Charte  de  Corlem- 
berg.  Il  accorda  aux  ecclésiastiques  toute 
sa  protection,  et  leur  donna  plusieurs 
privilèges.  Ce  prince  estimable  mourut 
le  27  octobre  1312. 

*  BRABANT  (Jean  HI ,  duc  de  ) ,  dit  le 
Triomphant*  succéda  à  son  père  Jean 
II,  dès  l'âge  de  treize  ans.  Sa  minorité 
fut  orageuse;  elle  éveilla  l'ambition  des 
prince*  ses  voisins,  et  augmenta  les  pré- 
tentions de  ses  propres  sujets.  Louvain 
cl  Bruxelles  parvinrent  à  étendre  leurs 
privilèges.  La  générosité  que  le  duc  de 
Brabant  fit  éclater  en  donnant  asile  dans 
son  duché  à  Robert  d'Artois  ,  lui  attira  la 
haine  du  roi  de  France  Philippe  de  Valois, 
qui  exigea  avec  hauteur,  mais  en  vain, 
que  ce  prince  lui  fût  livré.  Non  con- 
tent de  déclarer  la  guerre  à  Jean  III,  Phi- 
lippe de  Valois  suscita  contre  lui  Jean  de 
Luxembourg  ,  roi  de  Bohème  et  plusieurs 
petits  souverains  de  l'Allemagne.  Peu  dé- 
concerté par  tout  cet  appareil  d'hosti- 
lités, le  duc  de  Brabant  s'avance  à  la  ren- 
contre de  ses  ennemis,  établit  son  camp 
près  de  Tirlemont ,  et  envoie  son  héraut 
d'armes  pour  leur  offrir  bataille  le  5  mai. 


BRA 


520 


BRA 


Tant  de  résolution  étonna  les  princes  li- 
gués :  la  valeur  reconnue  de  Jean  III  fit 
redouter  d'en  venir  à  une  bataille  déci- 
sive, qui  pouvait,  après  tout,  tourner  à  sa 
perte,  mais  jamais  à  son  déshonneur.  Le 
roi  de  France  attira  le  duc  de  Brabant  à 
Compiègne,  où  était  sa  sœur  et  cimenta 
son  alliance  avec  lui ,  en  donnant  à  son 
lils  aîné  la  fille  du  roi  de  Navarre,  ce  qui 
n'empêcha  pas  que  Jean  III  ne  se  laissât 
séduire  ,  en  1338  ,  par  Edouard  III ,  roi 
d'Angleterre ,  qu'il  ne  servit  cependant 
que  très  faiblement  contre  la  France.  Il 
se  réconcilia  bientôt  après  avec  Philippe 
de  Valois ,  attira  les  Flamands  dans  son 
alliance,  et  s'occupa  du  gouvernement  in- 
térieur de  son  royaume ,  qu'il  avait  un 
peu  négligé  pendant  ses  dissensions  avec 
les  différons  souverains.  En  1550  ,  il  con- 
firma les  privilèges  des  Brabançons,  et 
fit  réclamer  auprès  de  l'empereur  Char- 
les IV  la  fameuse  Bulle  d'or,  en  vertu  de 
laquelle  aucun  de  ses  sujets  ne  pouvait 
être  cité  devant  les  cours  de  justice  d'Al- 
lemagne pour  aucun  genre  de  délit.  Ses 
mœurs  ne  furent  pas  toujours  bien  pures  : 
il  laissa  à  sa  mort,  arrivée  le  5  décembre 
4555 ,  dix-sept  enfans  naturels,  dont  il 
avait  eu  plusieurs  d'Isabeau  de  Vauverne, 
dite  Cunégonde  de  Valverde.  Ses  trois  fils 
légitimes  moururent  de  son  vivant,  et  le 
duché,  àdéfaut  d'enfant  mâle,  tomba  entre 
les  mains  de  Jeanne ,  sa  fille ,  mariée  à 
Venceslasde  Luxembourg,  frère  de  l'em- 
pereur Charles  IV.  Leur  gouvernement 
fut  orageux  ;  le  comte  de  Flandre  voulut 
disputer  à  une  femme  l'honneur  de  suc- 
céder à  un  duc  de  Brabant,  et  lui  déclara 
la  guerre.  La  cession  d'Anvers  mit  fin 
aux  hostilités.  Mais  bitnlôt  les  querelles 
recommencèrent  avec  le  duc  de  Juliers. 
On  livra  bataille  ;  Venceslas  fut  t'ait  pri- 
sonnier ,  et  mourut  à  Luxembourg  sans 
avoir  laissé  d'enfans.  Jeanne  le  suivit  de 
près  au  tombeau,  l'an  1406,  laissant  le 
duché  de  Brabant  en  héritage  à  sa  nièce 
Marguerite,  comtesse  de  Flandres,  et 
duchesse  de  Bourgogne. 

"  BRABANT  (Antoine,  duc  de),  deu- 
xième fds  de  Philippe  le  Hardi  et  de  Mar- 
guerite ,  qui  avait  hérité  de  Jeanne  de 
Brabant  du  duché  de  Brabant,  fut  connu 
d'abord  sous  le  nom  de  comte  de  Réthel  ; 
mais ,  en  1404  ,  il  prit  possession  du  du- 
ché de  Brabant.  Son  père,  avant  de  quit- 
ter Bruxelles,  le  fit  connaître  par  tous 
les  grands  et  la  noblesse  du  pays.  La  fac- 
tion d'Orléans  ayant  essayé  de  dépossé- 
der Jean,  lils  aussi  de  Philippe  le  Hardi, 


du  duché  de  Bourgogne,  Antoine  vint  à 
son  secours,  et  le  servit  beaucoup  dans 
cette  circonstance.  La  mort  de  Vences- 
las, père  de  Jeanne  sa  femme  ,  le  rendit 
héritier  du  duché  de  Luxembourg.  Aimé 
de  ses  sujets ,  qu'il  gouvernait  avec  beau- 
coup de  sagesse  et  de  modération,  An- 
toine fut  tué  le  25  octobre  1415  à  la  ba- 
taille d'Azincourt ,  où  il  avait  conduit  ses 
troupes  au  secours  de  la  France. 

*  BRABANT  (Jean  IV,  duc  de),  fils  du 
précédent ,  lui  succéda  dans  son  duché. 
Il  avait  épousé  en  1418  la  fameuse  Jac- 
queline de  Bavière ,  comtesse  de  Flandre 
et  de  Hainaut ,  qui  avait  refusé  la  main  de 
Jean  de  Bavière,  son  oncle  ,  surnommé 
Sans-Pitiê.  Celui-ci,  outré  d'un  pareil 
refus  ,  déclara  la  guerre  à  Jean  IV ,  qui 
n'ayant  pas  voulu  prendre  parti  pour  sa 
nouvelle  épouse,  en  fut  abandonné.  Re- 
tirée en  Angleterre,  Jacqueline  épousa  le 
duc  de  Glocester ,  et  retourna  dans  le 
Brabant  à  la  tête  d'une  armée.  Aban- 
donnée encore  une  fois  du  duc  de  Glo- 
cester, elle  défendit  seule  ses  prétentions. 
Jean  IV  perdit  ses  états,  et  n'y  fut  rétabli 
que  par  son  cousin  le  duc  de  Bourgogne. 
Sa  conduite  timide  et  pusillanime  le  fit 
mépriser  des  princes  ses  voisins  et  de  ses 
sujets.  Dans  un  voyage  qu'il  lit  en  Hol- 
lande ,  il  se  fit  inaugurer  comte.  En  1420, 
il  fonda,  par  une  bulle  du  pape  Martin  V, 
l'université  de  Louvain  ,  devenue  si  fa- 
meuse dans  la  suite.  Ce  fut  là  le  plus  bel 
acte  de  son  administration.  Il  mourut  le 
17  avril  de  l'année  suivante,  à  l'âge  de  24 
ans,  sans  postérité.  Il  eut  pour  succes- 
seur dans  son  duché  son  frère ,  le  comte 
de  Saint-Paul  et  de  Ligni,  qui  mourut 
aussi  à  la  fleur  de  l'âge ,  en  1450.  Le  Bra- 
bant se  donna  ensuite  à  Philippe  le  Bon, 
duc  de  Bourgogne  ;  mais  Marie  ,  fille  de 
Charles  le  Téméraire,  ayant  épousé  l'em- 
pereur Maximilien  I,  le  Brabant,  dont 
elle  avait  la  souveraineté,  est  entré  sous 
la  puissance  autrichienne,  quil'aconservé 
jusque  dans  les  derniers  temps. 

♦  BRACCESCO  dagli  ORZINOVI 
(Jean),  natif  de  Brescia,  prieur  des  cha- 
noines réguliers  de  St-Segond,  vivait  dans 
le  16e  siècle,  et  s'adonna  à  la  philosophie 
hermétique.  Il  commenta  Geber,  et  sa 
glose  n'est  guère  plus  intelligible  qut 
l'œuvre  du  chimiste  arabe.  On  a  de  lui  : 
|  la  Espositione  di  Geber ,  filosofo ,  nella 
quale  si  dichiarano  violti  nobilissimi  se- 
creti  délia  natura ,  Venise,  1544,  1551  , 
1562,  in-8°  ;  |  Legno  delta  vita,  nel  quale 
si  dichiara  quai  fosse  la  medicina  per  la 


BRA  5 

quale  li  primi  padri  vivevano  nove  cento 
anni,  Rome,  1542,  in-8°;  ces  deux  ou- 
vrages traduits  en  latin  se  trouvent  dans 
le  recueil  de  Gratarole  ,  intitulé  :  Fera 
alchemiœ  doctrina  >  Bàle ,  1361 ,  in-fol.  ; 
1372 ,  in-8° ,  2  vol.  ;  et  dans  le  tome  pre- 
mier de  la  Bibliothèque  chimique  de 
Manget.  On  les  a  aussi  publiés  à  part  sous 
ce  titre  :  De  alchemiâ ,  dialogi  duo  * 
Lyon ,  1548 ,  in-//',  Hambourg,  1G73,  in-8°. 
|  Demogorgon  ..dialogus,  dans  la  collec- 
tion de  Gratarole.  |  Sermoni  divotisshni 
del  bealo  Efrem*  Venise  ,  1544  et  1545, 
in-8°,  trad.  du  grec. 

*  BRACCI  (l'abbé  Dominique-Augus- 
tin) membre  de  la  société  royale  des  an- 
tiquaires de  Londres,  né  à  Florence  en 
1717,  se  livra  de  bonne  heure  et  avec  suc- 
cès à  l'étude  des  antiquités.  Il  mourut  en 
1792.  On  lui  doit  un  ouvrage  estimé  par 
l'érudition  qu'il  renferme,  intitulé  :  Com- 
menlaria  de  antiquis  sculploribus  qui 
sua  nomiaa  inciderunt  i/igemmis  et  ca- 
meis ,  cum  pluribus  monumenlù  anli- 
quitatis  ineditis ,  Florence,  1784  à  1786, 
2  vol.  in-folio. 

*  BRACCIO  DE  MOATONE  (Axdré), 
célèbre  général  italien ,  né  à  Pérouse  en 
13G8 ,  était  de  l'illustre  famille  des  Forte- 
bracci  qui ,  depuis  long-temps  se  mainte- 
nait à  la  tète  de  la  noblesse  de  la  républi- 
que de  Pérouse  ,  et  servit  à  18  ans ,  avec 
quinze  chevaliers  sous  les  ordres  du  comte 
de  Montefeltro.  Les  nobles  ayant  été  chas- 
sés de  Pérouse  ,  Braccio  passa  au  service 
de  divers  souverains,  et  développait  dans 
des  grades  subalternes  les  talens  qui  de- 
vaient le  rendre  un  jour  un  des  premiers 
généraux  de  son  siècle.  Lorsque  Ladislas, 
roi  de  Naples ,  commença  la  guerre  contre 
le  pape  et  les  Florentins,  Braccio  le  servit 
avec  autant  de  fidélité  que  de  succès.  Mais 
ce  prince  ayant  accepté  les  propositions 
de  la  ville  de  Pérouse  qui  lui  offrait  d'ou- 
vrir ses  portes,  à  condition  que  Braccio 
n'y  entrerait  point,  ce  général  irrité  passa 
du  côté  des  Florentins ,  et  arrêta,  en  1409, 
les  progrès  de  Ladislas  dans  la  Toscane.  Le 
pape  Jean  XXIII,  en  se  rendant  au  comité 
de  Constance  ,  où  il  fut  déposé  ,  chargea 
Braccio  de  défendre  pour  lui  Bologne.  La- 
dislas étant  mort ,  et  l'Eglise  se  trouvant 
sans  chef,  il  crut  le  moment  favorable 
pour  recouvrer  dans  sa  patrie  l'influence 
que  ses  ancêtres  y  avaient  exercée.  En 
1416,  il  attaqua  à  l'improvistc  le  territoire 
de  Pérouse,  délit  à  Saint-Gilles  1  armée 
de  Malatesti,  força  ensuite  l'île  à  capituler 
et  en  fut  déclaré  seigneur.  Il  ne  se  mon- 


21  BRA 

Ira  pas  moins  habile  souverain  que  bon 
général;  il  releva  le  courage  des  habitans, 
réforma  leurs  mœurs,  orna  la  ville  de 
beaux  édifices,  et  augmenta  la  fertilité  des 
campagnes  par  des  canaux  d'irrigation. 
S'étant  rendu  maître  de  Rome  en  juin 
1417,  il  en  fut  chassé  par  Sforza  de  Coli- 
gnole,  général  de  la  reine  Jeanne,  désireux 
de  se  venger  de  Braccio  qui  avait  profité 
du  temps  de  sa  caplivité  pour  lui  enlever 
une  partie  de  ses  liefs.  Le  pape  Martin  V, 
élu  par  le  concile  de  Constance  ,  envoya 
contre  lui  le  même  Sforza ,  et  cette  guerre 
dura  deux  campagnes  au  bout  desquelles 
ce  dernier  ayant  été  vaincu  près  de  Yiterbe, 
le  pape  conclut  la  paix  au  mois  de  février 
1420.  Braccio  garda  sous  la  suzeraineté 
de  l'Eglise  la  possession  de  sept  villes  avec 
leur  territoire.  Il  passa  ensuite  au  ser- 
vice du  gouvernement  napolitain ,  et  fut 
créé ,  en  1421 ,  prince  de  Capoue  ,  comte 
de  Foggia  et  grand  connétable  du  royaume 
de  Naples.  Jeanne  II  qui  avait  adopté  Al- 
fonse  d'Aragon  l'opposa  à.  Louis  d'Anjou 
que  soutenait  Sforza;  Braccio  remporta 
sur  ce  dernier  de  si  grands  avantages  que 
Louis  d" Anjou  fut  obligé  de  renoncer  à 
toutes  ses  prétentions  sur  le  royaume  de 
Naples.  Sforza  vint  même  dans  le  camp 
de  son  illustre  adversaire  lui  demander 
son  amitié  ;  Braccio  le  reçut  très  bien ,  le 
réconcilia  avec  Jeanne ,  et  le  laissa  chargé 
du  commandement  des  troupes  du  royau- 
me. Jeanne  s'étant  brouillée  avec  Alfonse, 
Sforza  embrassa  le  parti  de  cette  princesse 
et  Braccio  celui  du  roi.  Sforza ,  après  avoir 
remporté  quelques  avantages  sur  les  Ara- 
gonais,  marcha  au  secours  d'Aquila,  que 
Braccio  assiégeait ,  parce  que  cette  ville  , 
dont  Jeanne  lui  avait  donné  le  comman- 
dement avant  le  commencement  de  cette 
nouvelle  guerre ,  avait  refusé  de  lui  ou- 
vrir ses  portes.  Mais  avant  d'y  arriver 
Sforza  se  noya  au  passage  du  fleuve  Pes- 
cara,  et  Braccio  pleura  son  rival  comme 
le  seul  grand  homme  qui  fût  digne  de  se 
mesurer  avec  lui.  Cependant  Aquila  con- 
tinuait de  se  défendre  ;  le  pape  et  la  reine 
envoyèrent  Caldora  pour  en  faire  lever  le 
siège.  Braccio ,  obligé  de  lutter  contre  des 
forces  quatre  fois  plus  considérables  que 
les  siennes,  balança  long-temps  la  victoire, 
qu'une  sortie  des  assiégés  lui  arracha  en- 
fin. Blessé  dans  sa  déroute  le  2  juin  1424, 
il  ne  voulut  pas  survivre  à  sa  défaite  ,  et 
sourd  aux  sollicitations  de  ses  compagnons 
d'armes  ,  il  se  laissa  mourir,  rejetant  tout 
pansement  et  toute  nourriture.  Sa  uerb» 
44. 


BRA 


522 


BRA 


causa  un  deuil  général  dans  les  armées 
d'Italie.  Les  élèves  qu'il  avait  formés  dans 
l'art  militaire ,  se  distinguèrent  de  ceux 
de  Sforza,  sous  les  dénominations  de 
Bracceschi 3  et  de  Sforceschi.  Tous  les 
pays  qu'il  avait  soumis  secouèrent  le 
joug  aussitôt  qu'ils  apprirent  la  nouvelle 
de  sa  mort.  La  vie  de  Braccio  a  été  écrite 
en  latin  par  Antoine  Campani ,  et  tra- 
duite en  italien  par  Ticcini  ;  mais  elle  ne 
peut  être  que  d'un  faible  secours  pour  l'his- 
toire d'Italie ,  ne  donnant  jamais  la  date 
des  événeinens.  On  taxe  aussi  l'auteur  de 
partialité  pour  son  héros ,  auquel  on  ne 
peut  cependant  refuser  la  gloire  d'avoir 
été  un  des  plus  grands  capitaines  qu'ait  pro- 
duits l'Italie  ;  mais  on  reproche  à  Braccio 
de  la  hauteur  et  même  des  traits  de  cruau- 
té ,  surtout  dans  la  dernière  année  de  sa 
vie.  Il  semble  que  sa  bonne  fortune  l'avait 
suivre  et  avait  altéré  son  caractère.  Aupa- 
ravant, doux,  humain,  affable  pour  le  sol- 
dat dont  il  avait  l'art  de  gagner  le  cœur,  il 
était  devenu  farouche  et  inexorable. 

BRACCIOLINI  dell*  API  (François), 
poète  italien  ,  né  à  Pisloye,  d'une  famille 
noble  en  156G,  avait  près  de  40  ans  lors- 
qu'il embrassa  l'état  ecclésiastique  pour 
posséder  un  canonicat  dans  sa  patrie.  Le 
cardinal  Maffeo  Barbérini ,  dont  il  avait 
été  secrétaire  pendant  sa  nonciature  en 
France,  étant  parvenu  à  la  tiare  sous  le 
nom  d'Urbain  VIII ,  Bracciolini  se  rendit 
à  Rome  auprès  du  nouveau  pontife  ,  qui 
aimait  les  gens  de  lettres  ,  et  qui  l'affec- 
tionnait particulièrement.  Il  le  plaça,  en 
qualité  de  secrétaire,  auprès  de  son  frère 
le  cardinal  Antoine  Barbérini.  Après  la 
mort  d'Urbain  VIII ,  il  se  relira  dans  sa 
patrie,  et  y  mourut  en  1645.  Ce  fut  à  l'oc- 
casion d'un  poème  en  23  chants  qu'il  avait 
composé  sur  l'élection  de  ce  pape,  que 
celui-ci,  pour  lui  marquer  sa  satisfaction, 
voulut  qu'il  ajoutât  à  son  nom ,  le  sur- 
nom dell'  Api,  et  à  ses  armes  trois  abeil- 
les ,  qui  forment  celles  des  Barbérini.  Ce 
littérateur  a  composé  beaucoup  de  poésies 
de  divers  genres.  |  La  croce  riacquistata, 
Paris,  1605,  in-12  :  poème  héroïque  en  15 
chants,  que  les  Italiens  ne  font  point  de  dif- 
ficulté do  placer  immédiatement  après  la 
Jérusalem  du  Tasse.  |  Lo  Scherno  degli 
Dei,  poème  héroï-comique,  Rome,  1626, 
in-12,  où  il  ridiculise  fort  ingénieusement 
Jes  divinités  du  paganisme.  Ce  poème, 
vraiment  original ,  va  de  pair  avec  la  Sec- 
chia  rapita  de  Tassoni.  |  Des  tragédies, 
des  Comédies  ,  des  Pastorales.  Bracciolini 
s'exerça  aussi  dans   la  poésie  lyrique  et 


dans  le  genre  burlesque,  auquel  le  Berni 
a  donné  son  nom;  mais  ces  derniers  ou- 
vrages sont  très  médiocres.  L'auteur , 
qui  aimait  l'argent ,  travaillait  fort  à  la 
hâte. 

BRACCIOLIM.  Voxjez  POGGIO. 

BRACHET  de  la  MILLETIÈRE.  Voyez 
MULETIÈRE. 

*  BR  ACI1T  (  Tieluan  van  ) ,  pasteur  de 
la  communion  mennonite  à  Dordrecht, 
né  dans  cette  ville  en  1*25 ,  mourut  en 
1664.  Son  principal  ouvrage  est  intitulé  : 
Théâtre  sanglant  des  Mennonite  s  et  des 
Chrétiens  sans  défense,  in-folio,  1660. 
C'est  un  martyrologe  de  sa  secte. 

BRACTOA  (Henri  de  ) ,  jurisconsulte 
anglais ,  fut  mis  par  Henri  II,  en  1244,  au 
nombre  des  juges  ambulans.  Il  a  laisse  un 
traité  De  cousue tudinibus  Angliœ *  1509, 
in-fol.,  et  1640,  in-4°,  très  utile  pour  l'his- 
toire de  son  temps. 

*  BR ADDOCK  (  Edouard  ) ,  major-gé- 
néral et  commandant  en  chef  des  troupes 
anglaises  en  Amérique  ,  arrivé  dans  la 
Virginie  avec  deux  régimens  d'Irlandais 
en  février  1755,  entreprit  de  conduire  en 
personne  l'expédition  contre  le  fort  Du- 
quesne.  Il  atteignit  Monongahéla  le  8  juil- 
let avec  douze  cents  hommes;  le  lende- 
main il  se  proposait  d'investir  le  fort.  En 
conséquence  il  fit  dès  le  matin  toutes  ses 
dispositions.  Trois  cents  hommes  de 
troupes  anglaises  régulières  composaient 
son  avant-garde.  Elle  fut  soudain  atta- 
quée ,  à  la  distance  d'environ  sept  milles 
du  fort  ,  par  un" ennemi  invisible  caché 
par  la  hauteur  des  herbes.  L'armée  en- 
tière fut  jetée  dans  la  confusion  ;  le  brave 
général  fit  les  plus  grands  efforts  pour 
rallier  ses  troupes  rompues  et  dispersées 
par  un  feu  terrible  ,  mais  ils  furent  sans 
succès.  Tous  ses  officiers  à  cheval ,  ex- 
cepté son  aide -de -camp  ,  le  général 
Washington ,  furent  tués  ;  et  lui-même  , 
après  avoir  perdu  trois  chevaux  sous  lui, 
reçut  une  blessure  mortelle.  L'armée  s'en- 
fuit vers  le  camp  de  Dunbar,  éloigné  d'en- 
viron quarante  milles,  où  Braddock,  qui 
avait  été  relevé  du  champ  de  bataille,  fut 
transporté  dans  un  tombereau.  Il  mourut 
de   ses  blessures. 

*BRADFORD  (Jean),  théologien  pro- 
testant ,  né  au  commencement  du  règne 
de  Henri  VIII,  reçut  une  bonne  éduca- 
tion et  fut  placé  en  qualité  de  commis, 
chez  sir  John  Harring,  payeur  général 
des  armées  anglaises.  S 'étant  rendu  cou- 
pable d'infidélité  dans  ses  comptes  pour 
la  valeur  de  520  livres  sterling,  iJ  fut  dès 


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525 


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ce  moment ,  tellement  tourmenté  du  sou- 
venir de  cette  action ,  qu'après  avoir  en- 
tendu un  sermon  du  docteur  Latimer  sur 
la  restitution,  il  résolut  de  vendre  ce  qu'il 
possédait ,  pour  restituer  la  somme  qu'il 
avait  soustraite  ;  et  après  beaucoup  d'hé- 
sitations causées  par  le  sentiment  de  son 
indignité,  il  se  détermina  à  embrasser 
l'état  ecclésiastique.  Bradford  étudia  la 
théologie  sous  le  docteur  Latimer ,  ensuite 
à  l'université  de  Cambridge ,  où  il  entra 
en  15A8,  et  où  il  obtint  la  même  année  , 
]e  degré  de  maître-ès-arts.  Ayant  pris  les 
ordres  en  1550 ,  il  fut  nommé  chapelain 
de  l'évêque  de  Londres ,  et  chanoine  de 
St-Paul.  Dès  ce  moment ,  il  se  livra  à  son 
ministère  avec  ardeur,  et  devint  tui  des 
prédicateurs  les  plus  en  vogue.  En  1552, 
il  fut  nommé  chapelain  d'Edouard  VI  ; 
mais  ce  prince  mourut  l'année  suivante, 
et  Bradford  continua ,  sous  le  règne  de  la 
reine  Marie  ,  qui  était  zélée  catholique ,  à 
prêcher  la  religion  réformée.  Peu  de  jours 
après  l'avéncment  de  celte  princesse ,  un 
sermon  prononcé  contre  le  catholicisme 
par  un  docteur  Bourne ,  excita  contre  ce 
prédicateur  une  violente  sédition,  où  il 
aurait  probablement  perdu  la  vie,  si 
Bradford  ne  l'eût  protégé  contre  la  fureur 
du  peuple.  Celui-ci  impliqué  dans  le  pro- 
cès qu'on  instruisit  à  cette  occasion ,  fut 
mis  à  la  tour ,  et  condamné  à  mort  l'année 
suivante.  Cependant  la  sentence  ne  fut 
exécutée  que  cinq  mois  après.  Cet  inter- 
valle fut  employé  à  des  conférences  dont 
le  but  était  d'attacher  Bradford  au  parti 
catholique.  Mais  le  condamné  se  montra 
inébranlable,  et  refusa  même  le  pardon 
qu'on  lui  offrait  à  la  condition  de  ne  plus 
enseigner  la  religion  protestante.  Après 
avoir  consacré  ses  derniers  momens  à 
prêcher  dans  sa  prison  à  ceux  qui  ve- 
naient l'écouter ,  il  fut  exécuté  le  1er  juil- 
let 15;-5,  à  Smithfield  au  milieu  d'une 
foule  immense  de  spectateurs.  Deux  de 
ses  sermons ,  seulement ,  paraissent  avoir 
été  publiés;  l'un  sur  le  repentir,  l'autre 
sur  la  Cène  de  Noire-Seigneur ,  imprimés 
ensemble  par  Samson  in-8",  1574.  On  a 
aussi  de  lui  un  recueil  de  lettres  et  de 
discours  réunis  dans  la  collection  de  l'é- 
vêque Coverdale;  un  grand  nombre  de 
méditations  et  de  prières,  un  traité  du 
repentir,  in-8°,  1552  ;  quelques  autres  sur 
des  matières  de  théologie  et  de  contro- 
verse. On  a  attribué  à  Bradford  plusieurs 
ouvrages  qui  paraissent  n'être  pas  de  lui. 
'  BRADFORD  (Samuel),  évéque  de 
Rochestei ,  né  à  Londres ,  fit  ses  études  à 


l'université  de  Cambridge.  Quelques  scru- 
pules sur  le  serment  à  prêter  retardèrent 
son  entrée  dans  l'état  ecclésiastique.  Il 
quitta  même  l'Angleterre  dans  l'inten- 
tion d'étudier  la  médecine.  A  son  retour, 
ses  scrupules  étant  levés,  il  prit  ses  or- 
dres, et  fut  successivement  pourvu  de 
différens  bénéfices.  En  1705 ,  l'université 
de  Cambridge  le  reçut  docteur.  Il  fut 
nommé  évéque  de  Carlisle  en  1725,  et 
quelques  années  après  transféré  à  Ro- 
chester.  On  a  publié  de  lui  des  Sermons. 
Il  est  plus  connu  pour  avoir  été  l'éditeur 
des  Œuvres  du  fameux  archevêque  Til- 
lottson. 

*  BRADICK  (Gauthier  ),  marchand 
anglais,  échappé  au  tremblement  de  terre 
de  Lisbonne  ,  où  il  avait  tout  perdu ,  fut 
reçu  à  la  Chartreuse  comme  pensionnaire 
et  composa  un  poème  intitulé  :  le  Prédi- 
cateur royal.  Il  mourut  en  1794. 

BRADLEY  (Jacques),  astronome  du 
roi  d'Angleterre,  nasmit  à  Schireborn, 
dans  le  comté  de  Glocester,  en  1G92.  Des- 
tiné à  l'état  ecclésiastique,  il  obtint  plu- 
sieurs bénéfices  qu'il  résigna  ensuite,  pour 
se  livrer  uniquement  à  l'étude  des  mathé- 
matiques. En  1721,  il  remplaça  le  célèbre 
Keill ,  dans  la  chaire  d'astronomie  de 
Savill ,  à  Oxford.  L'an  1727  ,  il  publia  sa 
Théorie  de  l'aberration  des  étoiles,  et 
crut  avoir  trouvé  dans  cette  aberration 
une  mesure  précise  de  la  vitesse  de  la  lu- 
mière. Cette  observation  ne  fut  pas  d'a- 
bord généralement  goûtée  :  les  calculs 
de  Roemer  et  Cassini  ne  lui  étaient  pas 
favorables;  aujourd'hui  elle  est  reçue 
comme  une  vérité  astronomique ,  mais  il 
reste  toujours  vrai  qu'elle  est  établie  sur 
des  calculs  et  des  suppositions  dont  l'exac- 
titude n'est  peut-être  pas  assez  constatée. 
La  réflexion  que  le  célèbre  Gravesande 
faisait  sur  ces  sortes  de  découvertes  ,  ne 
saurait  être  trop  méditée.  Ejus  condilio- 
nis  res  est,  ut  non  delegatur  nisi  conse- 
rendo  computationem  cum  observationi- 
bus;  sed  computalio  tabulas  cum  infinem 
constructas  pro  fundamenlo  habet ,  et 
has  satis  accuratas  esse  ad  quœstionem 
solvendam  quis  affirmabit?  Elem.  phys. 
2632.  Bradley  ayant  succédé  a  M.  Halley 
dans  la  place  d'astronome  royal  à  l'obser- 
vatoire de  Greenwich,  il  obtint  du  roi  une 
pension  de  250  livres  sterlings,  et  un  don 
de  mille  livres  steri.  pour  de  nouveaux 
instrumens.  Muni  de  ces  secours,  il  com- 
mença une  nouvelle  suite  d'observations 
sur  toutes  les  parties  de  l'astronomie  : 
observations  qui  n'ont  pas  peu  servi  à 


mettre  les  tables  de  la  lune  au  degré  de 
perfection  où  elles  sont.  Les  mémoires  et 
les  observations  imprimés  de  Bradley  ne 
sont  pas  les  seules  cboses  dont  il  ait  en- 
richi l'astronomie  ;  il  était  très  commuui- 
catif.  Sa  méthode  pour  calculer  les  élé- 
mens  d'une  comète  par  trois  observa- 
tions, sa  nouvelle  règle  pour  le  calcul  des 
réfractions,  se  sont  répandues  parmi  les 
astronomes,  sans  qu'il  les  eût  publiées.  Il 
faisait  très  peu  imprimer.  Sa  modestie  ou 
ça  nonchalance  nous  a  privés  de  beau- 
coup de  mémoires  intéressans  qu'il  aurait 
pu  donner.  Il  mourut  le  12  juillet  1762,  à 
70  ans,  à  Chalford,  dans  le  comté  de  Glo- 
cester.  Son  humeur  était  égale ,  son  ca- 
ractère doux ,  son  cœur  compatissant  et 
généreux.  Quoiqu'il  parlât  bien,  il  était 
naturellement  ami  du  silence. 

*  BRADLEY  (Richard),  professeur  de 
botanique  au  collège  de  Cambridge  et 
médecin  anglais ,  mort  en  1732 ,  était 
membre  de  la  société  royale  de  Londres , 
et  associé  de  l'académie  des  sciences  de 
Paris.  On  lui  doit  un  grand  nombre  d'ou- 
vrages sur  la  physiologie  végétale,  sur 
la  médecine,  sur  Y  agriculture ,  etc.  Ses 
principaux  sont;  |  Plantée  succulentœ , 
ou  description  des  plantes  grasses,  in-4°lig. 
j  Nouvelles  recherches  sur  l 'art  de  planter 
et  sur  le  jardinage,  in-8°,  en  anglais,  plu- 
sieurs fois  réimprimé.  |  A  philosophical 
accountofthe  JV'orks  of  nature,  in-fol., 
in-4°  et  in-8°,  fig.  |  Traité  d'agriculture 
et  de  jardinage ,  5  vol.  in-8°,  espèce  de 
journal  où  l'auteur  indique  les  travaux 
qu'il  faut  faire  chaque  mois.  On  y  trouve 
des  observations  curieuses  et  intéressai!  Les 
sur  l'organisation  végétale.  Cet  ouvrage 
a  été  abrégé  et  traduit  en  français  par 
Puisieux  ,  sous  le  titre  de  Calendrier  des 
l'ardiniers ,  1743  ,  in-12  ;  mais  l'original 
est  préférable.  |  Survey  of  the  ancient 
husbandry ,  ou  Description  de  l'agricul- 
ture et  du  jardinage  des  anciens,  Londres, 
1725 ,  in-8°,  rare  et  recherché.  |  Corps 
complet  d'agriculture  ,  Londres  ,  1727  , 
in-8°.  j  Recherches  sur  le  perfectionne- 
ment de  l'agriculture  et  du  commerce  de 
l'Angleterre  ,  1727,  4  vol.  in-8°.  \Botani- 
cal  diclionnary ,  Londres,  1728,  2  vol. 
in-8°.  |  Traité  physique  et  pratique  sur 
la  culture  des  jardins ,  Londres,  1750, 
in-8°,  livre  estimé  en  Angleterre,  et  tra- 
duit en  français  par  Puisieux  sous  le  litre 
de  Nouvelles  observations  physiques  et 
pratiques  sur  le  jardinage,  Paris,  1750  , 
5  vol.  in-l£. 

*  BRADSHAW  (  Henri  ) ,  bénédictin 


BKA 

anglais,  du  monastère  de  Ste-Werburge, 
dans  le  Cheshire,  vers  les  confins  du  pays 
de  Galles,  mourut  sous  Henri  VIII,  en 
1513.  On  a  de  lui  plusieurs  ouvrages  ,  en 
vers  et  en  prose  ,  les  uns  en  latin  ,  les  au- 
tres en  anglais  :  |  la  Vie  de  Ste.-lVer- 
burge ,  vierge ;\  De  l 'antiquité  et  magni- 
ficence de  la  ville  de  Chesler ;  |  une  Chro- 
nique, et  d'autres  ouvrages  qui  n'ont  pas 
été  imprimés. 

*  BRADSHAW  (Jean  ) ,  ne  en  1586  , 
d'une  ancienne  famille  originaire  du  Dei- 
hyshire,  était  président  de  la  haute-cour 
de  justice  qui  fit  le  procès  à  Charles  Ier. 
Nommé  président  du  parlement ,  on  lui 
accorda  une  garde  pour  la  sûreté  de  sa 
personne,  un  logement  à  Westminster , 
une  somme  dg  5000  livres  sterlings  ,  avec 
des  domaines  considérables.  Il  ne  jouit 
pas  long-temps  de  ces  récompenses ,  se 
retira  du  parlement,  et  mourut  dans  l'ob- 
scurité, le  31  octobre  1659,  une  année 
après  la  mort  du  protecteur ,  si  l'on  en 
croit  des  pamphlets  du  temps  ,  conservés 
au  Musée  britannique.  Lors  du  rétablis- 
sement de  Charles  II ,  les  corps  de  Brads- 
haw,  de  Cromwell  et  d'Ireton  furent  dé- 
terrés, pendus  à  Tyburn,  et  brûlés;  mais 
plusieurs  compilateurs  d'anecdotes  ont 
cru  que  Bradshaw  avait  fait  courir  le 
bruit  de  sa  mort,  et  avait  passé  sous  un 
autre  nom  dans  les  colonies  ;  les  uns  sup- 
posent qu'il  se  retira  aux  Barbades  ;  d'au- 
tres ,  plus  vraisemblablement ,  le  font  al- 
ler à  la  Jamaïque ,  conquête  de  Crom- 
well, et  assurent  qu'on  y  a  trouvé  son 
épitaphe ,  écrite  du  style  du  démagogue 
le  plus  ardent. 

BRADWARDII>I  (  Thomas  ) ,  anglais , 
surnommé  le  Docteur  profond ,  né  en 
1290  à  Hartfield  dans  le  Cheshire,  confes- 
seur du  roi  Edouard  III,  archevêque  de 
Cantorbéry,  mourut  l'an  1349,  40  jours 
après  sa  consécration.  Il  a  laissé  plusieurs 
ouvrages  de  théologie  et  de  physique  ; 
mais  celui  qui  a  fait  le  plus  de  bruit  est 
intitulé  De  causa  Dei  contra  pelagianos, 
Londres,  1618,  in-folio,  où  il  semble  appro- 
cher quelquefois  des  senlimens  qu'ont  eus 
depuis  les  calvinistes. 

BRADY  (  Nicolas  ),  docteur  en  théo- 
logie, et  ministre  en  Angleterre,  né  à 
Bandon,  dans  le  comté  de  Corck,  en  1659, 
se  distingua  beaucoup  clans  la  révolution 
qui  détrôna  Jacques  II,  et  mourut  le  20 
mai  1729  ,  après  avoir  exercé  l'emploi  de 
ministre  dans  différons  endrois,  et  publié 
une  Traduction  de  X  Enéide  de  Virgile,  et 
des  Sermons  en  5  vol.  in-S°.  —  Une  faut 


BRA 


52S 


JtUA 


pas  le  confondre  avec  Robert  BRÀDY , 
quia  donné  une  Histoire  d' Angleterre  > 
Londres,  1685,  in-fol.  en  anglais.  Il  y 
prouve  que  le  royaume  a  toujours  été 
héréditaire.  11  la  termine  au  règne  de 
Henri  III. 

BRAGADIN  ou  BRAGADINO  (  Marc- 
Antoine  ) ,  noble  vénitien  ,  gouverneur 
de  Famagouste  en  1570 ,  ne  rendit  cette 
ville  à  Mustapha ,  général  des  Turcs  qui 
l'assiégeait,  qu'après  s'être  vu  réduit  à 
la  dernière  extrémité.  La  capitulation  fut 
honorable ,  mais  le  Musulman  en  viola 
les  conditions.  Après  avoir  fait  massa- 
crer devant  lui  plusieurs  officiers  et  plu- 
sieurs chrétiens  qui  avaient  défendu  la 
place,  il  lui  fit  couper  le  nez  et  les 
oreilles ,  le  fit  traîner  dans  la  place  pu- 
blique ,  lié  par  les  pieds  et  par  les  mains , 
et  écorcher  tout  vif,  en  1571.  Le  barbare 
fit  remplir  sa  peau  de  foin ,  après  l'avoir 
fait  saler ,  et  l'attacha  au  haut  de  sa  capi- 
tane ,  pour  en  faire  parade  le  long  des 
côtes  d'Egypte  et  de  Syrie.  L'Art  de  véri- 
fier les  dates  place  la  mort  de  Bragadin 
en  1570;  mais  son  épitaphe  qu'on  voit 
dans  les  Délices  de  l'Italie ,  tome  1  ,  p. 
125,  porte  le  18  août  1571.  De  Thou  dit 
que  Mustapha  ne  fit  mourir  Bragadin  et 
les  autres  capitaines  chrétiens ,  que  parce 
qu'ils  ne  purent  représenter  les  prison- 
niers turcs  ,  qu'ils  avaient  fait  égorger , 
quand  ils  virent  qu'ils  seraient  obligés  de 
se  rendre.  C'est  ce  qui  ne  parait  guère 
vraisemblable,  et  ce  qui  est  d'ailleurs  en 
opposition  avec  le  récit  des  meilleurs  au- 
teurs contemporains. 

*  BRAGANCE  (  don  Constantin  de  ), 
prince  du  sang  royal  de  Portugal ,  fut  re- 
vêtu de  bonne  heure  de  la  vice-royauté 
des  Indes ,  sous  le  règne  de  Sébastien.  Il 
partit  de  Lisbonne  en  1557,  arriva  à  Goa 
avec  deux  mille  hommes  de  débarque- 
ment ,  affermit  l'autorité  portugaise  et  fit 
plusieurs  conquêtes  avantageuses.  Don 
Conslantin  rendit  l'île  de  Ceylan  tribu- 
taire du  Portugal,  s'empara  de  Manar  et 
y  fit  construire  une  citadelle.  Ce  prince , 
après  une  administration  sage  et  glo- 
rieuse ,   revint  à  Lisbonne  en    1561 ,   et 

'  mourut  sans  postérité. 

•  BRAGANCE  (don  Jean  de) ,  duc  de 
la  Foens ,  né  à  Lisbonne  en  1719  ,  était  fils 
de  don  Michel ,  frère  de  Jean  V ,  roi  de 
Portugal ,  et  de  l'héritière  de  la  grande 
maison  d'Arranches  ,  que  ce  prince  avait 
épousée.  Don  Jean ,  qui  était  le  cadet ,  fut 
destiné  par  le  roi  son  oncle  à  l'état  ecclé- 
siastique et  en  prit  l'habit  au  sortir  de 


l'enfance.   Après  avoir    terminé  sa  pre- 
mière éducation  qui  fut  toute  relative  à 
cet  état ,  le  jeune  prince  alla  étudier  le 
droit  canon  et  prendre  ses  degrés  à  l'uni- 
versité de  Coïmbre.  Mais  parvenu  à  l'âge 
d'entrer  dans  les  ordres,    don  Jean  de 
Bragance  manifesta  sa  répugnance  pour 
la  carrière  ecclésiastique  ,  et  perdit  par  là 
les  bonnes  grâces  du  roi ,  qui  cependant 
ne  crut  pas  devoir  forcer  sa  vocation.  Le 
prince ,  pendant  son  séjour  à  Coïmbre , 
avait  pris  un  goût  décidé  pour  les  langues 
étrangères,  pourlesbelles  lettres  et  surtoui 
pour  la  poésie  nationale  dans  laquelle  il  se 
distingua  par  des  compositions  légères, 
dont  quelques-unes  étaient  improvisées. 
Naturellement  doux ,  et  d'une    humeur 
gaie ,  il  déplut  cependant  à  la   cour  par 
quelques  épigrammes.   La  froideur  que 
lui  témoigna  Joseph  Ier  son  cousin  ger- 
main qui  avait  succédé  à  Jean  V  ,  le  dé- 
termina à  quitter  sa  patrie.  Don  Jean  se 
rendit  en  Angleterre  où  il  fréquenta  les 
sa  vans,  et  fut  nommé  membre  de  la  so- 
ciété royale  ,  honneur  qu'il  estima  beau- 
coup ,  parcequ'il  le  devait  à  son  seul  mé- 
rite. De  là  il  passa  en  Allemagne ,  et  après 
avoir  fait  dans  l'armée  autrichienne  ,  en 
qualité  de  volontaire  ,  la  guerre  de  7  ans , 
pendant  laquelle  il  se  distingua  à  la  ba- 
taille de  Maxen  ,  il  alla  se  fixer  à  "Vienne, 
où  il  jouit  de  l'estime  de  Marie-Thérèse, 
et  de  l'amitié  de  Joseph  II ,  qui  entretint 
avec  lui  une  correspondance  jusqu'à  sa 
mort.  Son  frère  aîné  étant  mort ,  le  du- 
ché de  la  Foens  lui  revenait  de  droit.  Mais 
le  roi  Joseph  Ier  ayant  refusé  de  le  mettre 
en  possession  de  cet  apanage  de  sa  mai- 
son,  don  Jean  resta  hors   du    Portugal 
pendant  tout  son  règne.  Durant  cet  espa 
de  18  ans ,  il  visita  la  France  ,  l'Italie ,  la 
Suisse,  parcourut  la  Grèce,  la  Turquie, 
l'Asie  mineure  et   l'Egypte,  et  voyagea 
en  Pologne ,  en  Russie  ,  en  Laponie ,  en 
Suède  et  en  Danemarck.  Il  obtint  un  ac- 
cueil distingué  de  Catherine  II ,  ainsi  que 
des  rois  de  Suède  et  de  Prusse.  Enfin  Ma- 
rie Ire  monta  sur  le  trône  de  Portugal,  et 
se  hâta  de  lui  rendre  son  apanage  ;  ce  qui 
le  ramena  dans  sa  patrie.  Après  son  re- 
tour en  Portugal ,  demeuré  fidèle  à  ses 
goûts    studieux,    il  s'entoura  d'hommes 
éclairés,  et  fonda  l'académie  royale  des 
sciences  de  Lisbonne   dont    il  devint  le 
président.  Pendant  cinq  ans  il  fit  tous  les 
frais  de  celte  société,  et  durant  le  reste 
de  sa  vie  ,  il  trouva  plus  d'attraits  dans  la 
place  qu'il  s'y  était  créée ,  que  dans  les 
postes  éminens  où  l'élcva   sa  naissance. 


BKA 


526 


BRA 


Ce  prince ,  épousa  après  son  retour , 
Henriette  de  Menezes,  de  la  maison  de 
Marialva,  dont  il  eut  deux  fdles.  En  1801, 
il  s'éloigna  de  toutes  les  affaires,  et  vécut 
dans  la  retraite ,  avec  le  titre  de  président 
de  l'académie  ,  qu'il  conserva  jusqu'à  sa 
mort ,  arrivée  le  10  novembre  1806.  (  Voy. 
pour  les  autres  princes  de  la  maison  de 
Bragance,  JEAN  IV,  ALPHONSE  VI, 
PIERRE  II,  etc.)- 

*  BRAGELONGNE  (  Christophe  -Ber- 
nard de  ) ,  géomètre  de  l'académie  des 
Sciences ,  doyen  et  comte  du  chapitre  no- 
ble de  Brioude  ,  né  à  Paris  en  1G88,  d'une 
famille  distinguée  dans  la  robe  et  dans 
l'épée ,  étudia  chez  les  jésuites  et  acquit 
des  connaissances  profondes  dans  le  grec, 
les  belles-lettres,  la  philosophie  et  les 
mathématiques.  Le  Père  Malebranche 
conçut  pour  lui  une  véritable  estime ,  et 
le  jeune  Bragelongne  préférait  à  17  ans  ses 
graves  entretiens  aux  délassemens  des 
jours  de  congé.  Il  avait  à  peine  23  ans, 
lorsque  l'académie  des  sciences  le  reçut 
en  qualité  d'élève.  Il  en  devint  ensuite 
associé  libre.  Après  avoir  embrassé  l'état 
ecclésiastique,  il  obtint  une  prébende 
au  chapitre  noble  de  Brioude,  dont  il 
devint  ensuite  doyen.  Il  se  crut  dès  lors 
obligé  de  résider  habituellement  dans 
cette  ville  pour  remplir  les  devoirs  de  sa 
place,  et  mourut  d'apoplexie  le  20  fé- 
vrir  1744 ,  à  l'âge  de  56  ans.  Son  princi- 
pal ouvrage  est  un  Examen  des  lignes  du 
quatrième  ordre  ,  5  parties  ,  1730  et  1731. 
On  regrette  qu'il  ne  l'ait  pas  terminé.  Il 
avait  entrepris  d'écrire  l'histoire  des  em- 
pereurs romains ,  et  il  en  était  au  règne 
de  Décius  lorsqu'il  mourut.  On  lui  doit 
un  mémoire  sur  la  quadrature  des  cour- 
bes .  présenté  à  l'académie  en  1711. 

BRAHÉ.  Voyez  TYCHO-BRAHÉ. 

BRAILLIER  (  Pierre  ) ,  apothicaire  de 
Lyon  ,  du  16e  siècle ,  dédia  à  Claude  de 
Gouffier ,  comte  de  Maulevrier ,  grand- 
écuyer  de  France  ,  en  1557  ,  un  livre  cu- 
rieux :  Des  abus  et  ignorances  des  méde- 
cins, contre  l'auteur  pseudonyme  d'un 
traité  des  abus  et  tromperies  des  apothi- 
caires ,  déguisé  sous  le  nom  de  Licet  Be- 
nancio  ,  imprimé  à  Lyon. 

*  BRAKEL  (  Jean  de  ) ,  marin  hollan- 
dais ,  célèbre  par  son  intrépidité  et  sa  pré- 
sence d'esprit,  né  en  1618,  entra  au  ser- 
vice à  22  ans,  commanda  en  1665,  une 
frégate  dans  la  flotte  de  l'amiral  lluyter, 
et  se  distingua  ensuite  dans  un  grand  nom- 
bre de  combats  contre  les  Anglais.  Il  se 
couvrit  de  gloire,  surtout  à  la  bataille  na- 


vale contre  les  Anglais  et  les  Français 
réunis  en  1672,  où  il  parvint  après  un 
combat  opiniâtre  et  par  un  courage  pres- 
que audacieux ,  à  brûler  le  vaisseau  de 
l'amiral  Monlaigu,  beaucoup  plus  con- 
sidérable que  le  sien.  Ce  brave  marin  fut 
tué  en  1690,  dans  un  combat  très  vif  contre 
les  Français,  à  la  hauteur  de  Bevesier. 

*  BRAL10.\  (  Nicolas  de  ) ,  prêtre  de 
l'Oratoire ,  né  à  Cbars  dans  le  Vexin  fran- 
çais, fut  envoyé,  en  1625  ,  à  St.-Louis  de 
Rome  ,  où  il  résida  pendant  15  ans.  Il  vint 
ensuiie  se  iixer  â  Paris  dans  la  maison  de 
St.-Honoré  ,  et  y  mourut  le  11  mai  1672, 
étant  doyen  des  prêtres  de  sa  congréga- 
tion. On  a  de  lui  :  |  Observations  du  car- 
dinal de  Bérulle  sur  sainte  Madeleine , 
1640,  in-12;  |  Vite  dei  santi,  raccolte 
dal  padre  Pietro  Ribadeneira  e  da  al~ 
cuni  altri  autori ,  1658,  in-8°.  Ces  deux 
ouvrages  furent  composés  et  publiés  â 
Rome.  |  Vie  de  saint  Nicolas ,  évêque  de 
Myre,  Paris,  1646,  après  le  retour  du 
père  Bralion  ;  |  Pallium  archiépiscopale  ; 
accedunt  et  primurn  prodeunt  ritus  et 
forma  benedictionis  ipsius ,  ex  antiquo 
manuscripto  bibliolhecœ  vaticanœ ,  Pa- 
ris, 1648,  in-8°  ,  dédié  au  cardinal  Fran- 
çais Barberin,  neveu  d'Urbain  VIII.  Dans 
la  préface ,  il  est  traité  de  sacris  indumen- 
tis.  Don  Ruinart  a  écrit  sur  le  même  su- 
jet une  dissertation  intitulée  :  Disquisitio 
historica  de  paUio ,  pour  laquelle  l'ou- 
vrage du  P.  Bralion  ne  lui  a  pas  été  inu- 
tile. J  Les  Curiosités  de  l'une  et  l'autre 
Rome,  chrétienne  et  païenne,  Paris,  1655, 
2  vol.  in-8°,  1659  ,  5  vol.;  |  Ceremoniale 
canonicorum,  etc.,  où  il  est  question  des 
rites  et  cérémonies  usités  à  Rome  pour 
l'office  canonial;  |  La  Chapelle  de  Lo- 
rette ,  ou  V Histoire  du  sacré  sanctuaire  ; 

|  Histoire  chrétienne ,  1656 ,  in-4° ,  el 
plusieurs  autres  ouvrages. 

*  BRAMAI!  (Josepu),  célèbre  méca- 
nicien anglais  ,  né  dans  le  Yorkshire ,  en 
1749,  fut  d'abord  employé  aux  travaux  do 
l'agriculture ,  et  placé  ensuite  chez  un 
charpentier,  un  mal  incurable  qu'il  avait 
à  la  jambe  ne  lui  permettant  pas  de  con- 
tinuer son  premier  état.  Son  génie  pour 
la  mécanique  s'y  développa.  Après  être 
resté  quelque  temps  chez  un  ébéniste  de 
Londres ,  il  travailla  pour  son  propre 
compte  et  entreprit  diverses  construc- 
tions. Ce  qui  fit  surtout  sa  célébrité ,  ce 
furent  ses  belles  serrures  pour  lesquelles 
il  obtint  un  brevet  d'invention.  Il  s'oc- 
cupa aussi  de  machines  hydrauliques  et 
parvint  à  leur  imprimer  un  mouvement 


BRA  ti27 

de  rolation  au  moyen  de  certaines  modi- 
fications qu'il  fit  subir  au  piston  et  au 
cylindre.  Il  exécuta  encore  divers  autres 
ouvrages  ,  entre  autres  une  presse  pour 
inscrire  avec  la  plus  grande  célérité  les 
sommes  et  les  dates  portées  sur  les  billets, 
à  l'usage  de  la  banque  d'Angleterre  où 
elle  sert  encore  aujourd'hui.  Bramah  est 
mort  en  1815.  On  a  de  lui  :  |  Dissertation 
sur  la  confection  des  serrures,  in-8°  ; 
j  Lettres  au  sujet  du  procès  de  Boulton 
et  If  ait  contre  Jlornblower  et  Maberley, 
pour  infraction  d'un  brevet  d'invention, 
in-12. 

BRAMANTE  D'URBIN  (François-Laz- 
zaei  )  célèbre  architecte,  naquit  à  Cas- 
lel-Duranle,  au  territoire  d'Urbin,  en 
1444.  Il  s'appliqua  d'abord  à  la  peinture; 
mais  ses  talens  et  son  goût  étant  plus 
marqués  pour  l'architecture,  il  s'y  adonna 
avec  un  succès  étonnant.  Le  couvent  délia 
Pace  qu'il  fit  bâtir  à  Naples  ,  lui  ayant  ac- 
quis de  la  réputation  ,  Alexandre  VI  le 
nomma  son  architecte.  Jules  II  le  fit  en- 
suite intendant  de  ses  bâtimens.  Ce  fut 
par  l'ordre  de  ce  pontife  qu'il  exécuta  le 
magnifique  projet  de  joindre  le  Belvé- 
dère au  palais  du  Vatican  :  ouvrage  digne 
d'admiration ,  s'il  n'avait  pas  été  gâté  par 
divers-  changemens  qu'on  y  a  faits  de- 
puis. Bramante  détermina  Jules  à  son 
tour  à  démolir. l'église  de  Saint- Pierre, 
pour  en  bâtir  une  plus  magnifique,  et  qui 
(  s'il  se  pouvait  )  n'eût  point  son  égale 
dans  le  monde.  Son  plan  ayant  été  adopté, 
l'on  commença  l'an  1506  à  jeter  les  fon- 
demens  de  cette  nouvelle  basilique  ,  qui 
fut  élevée  jusqu'à  l'entablement  avec  une 
diligence  incroyable  ;  mais  il  n'eût  pas  la 
satisfaction  de  voir  son  ouvrage  entière- 
ment exécuté,  étant  mort  en  1514  ,  à  70 
ans.  Cet  édifice  fut  continué  par  diffé- 
rens  architectes ,  principalement  par  Mi- 
chel-Ange ,  qui  réforma  son  plan ,  et  y 
lit  des  changemens  qui  ne  contribuèrent 
pas  peu  à  la  perfection  de  ce  temple 
(  Voyez  SANGALLO  ).  On  peut  consulter 
sur  ce  sujet  Les  Temples  anciens  et  mo- 
dernes de  l'abbé  May ,  p.  221 ,  et  la  Vie 
de  Michel -Ange*  par  l'abbé  Hauche- 
corne.  Bramante ,  aussi  estimable  par 
les  qualités  du  cœur  et  de  l'esprit  que  par 
ses  talens ,  joignait  au  génie  de  l'archi- 
tecture le  goût  pour  la  musique  et  la  poé- 
sie. Ses  Œuvres ,  dans  ce  dernier  genre  , 
ont  été  imprimées  à  Milan  en  1756. 

*  BRAMER  (Léonard),  peintre  d'histoi- 
re, né  à  Délit  en  15%,.se  fitune  grande  ré- 
putation en  Italie, principalement  par  deux 


BRA 


tableaux ,  dont  l'un  est  la  Résurrection  du 
Lazare,  et  l'autre  représente  un  saint 
Pierre  qui  renie  Noire-Seigneur.  Ils  sont 
remarquables  surtout  par  l'expression  et 
le  coloris.  Il  excellait  à  peindre  des  vases 
d'or ,  d'argent ,  de  bronze  ou  de  marbre. 
Les  connaisseurs  estiment  ses  tableaux  en 
petit  sur  cuivre,  qui  sont  ingénieusement 
composés  ,  et  qui  représentent  pour  l'or- 
dinaire des  nuits,  des  incendies,  des  ca- 
vernes et  des  souterrains  éclairés  au  flam- 
beau. On  trouve  sa  couleur  naturelle  et 
vigoureuse.  —  Il  ne  faut  pas  le  confondre 
avec  un  peintre  hollandais  du  même  nom 
qui  peignait  des  conversations  et  qui  vi- 
vait dans  le  17e  siècle. 

*  BRAMER  (Benjamin)  architecte  et 
mathématicien  hessois  du  17e  siècle ,  con- 
tribua beaucoup  par  ses  écrits  à  répandre 
et  perfectionner  les  connaissances  géo- 
métriques en  Allemagne.  La  plupart  de 
ses  ouvrages  sont  en  latin ,  les  autres  en 
allemand  ;  les  principaux  sont  :  |  Apollo- 
nius Catfus ,  oder  geomelrischer  ÏVeg- 
weiser  (  le  Guide  géométrique  ).  On  y 
trouve  entre  autres  choses  ,  un  bon 
traité  des  sections  coniques.  |  Geome- 
trisches  triangular  instrument  (Descrip- 
tion d'un  instrument  fort  commode  pour 
la  perspective  et  pour  lever  les  plans  )  , 
Cassel,  1650,  in-4°.  C'est  dans  cet  ouvrage 
qu'il  attribue  mais  sans  fondement  l'in- 
vention des  logarithmes  à  Juste  Byrge , 
son  beau-frère.  {Voyez.  BYRGE).  |  Ex- 
plicalio  et  usus  linealis  proporlionalis. 

BRAMHAL  (Jean),  archevêque  d'Ar- 
magh ,  primat  d'Irlande,  naquit  en  1595  à 
Pontrefract,  dans  le  comté  d'Yorck,  d'une 
famille  ancienne,  et  mourut  sous  le  règne 
de  Charles  II ,  en  1663.  Ses  ennemis  lui 
suscitèrent  des  traverses;  mais  il  confondit 
leurs  impostures,  et  déconcerta  leurs  pro- 
jets. Ce  prélat  était  éloquent,  plein  de  force 
dans  le  raisonnement,  habile  dans  la  con- 
troverse et  dans  la  politique,  et  avait  un 
courage  proportionne  à  son  caractère  et 
à  ses  principes.  II  se  rendit  célèbre  par  sa 
distinction  entre  les  articles  de  paix  et  les 
articles  de  foi;  distinction  vaine  et  sans 
autorité  dans  une  communion  où  l'on  ne 
reconnaît  point  d'autorité  infaillible ,  où 
personne  n'a  droit  de  décider  ce  qui  est 
de  foi  et  ce  qui  ne  l'est  pas.  Ses  ouvrages 
ont  été  imprimés  in-fol.  avec  sa  Vie  à  la 
tête  ;  les  Anglais  en  font  cas.  On  distingue 
celui  qui  a  pour  titre  Pro  rege  et  populo 
Anglicano  apologia ,  Anvers,  1651,  in- 
12.  Il  avait  été  nommé  à  l'archevêché 
d'Armagh,  le  18  janvier  1661. 


BRA  52 

BRANCACIO  ou  BRANCACCI  (Fkax- 
çois-Marie  de  ) ,  d'une  illustre  maison 
originaire  de  Naples,  successivement  évo- 
que de  Viterbe ,  de  Porto,  de  Capaccio, 
ensuite  cardinal  sous  Urbain  VIII  en  1674, 
mourut  en  1675  ,  à  84  ans.  Le  meurtre  du 
gouverneur  de  Capaccio  l'ayant  brouillé 
avec  les  Espagnols  ,  il  eut  une  exclusion 
de  la  part  de  cette  nation ,  lorsqu'on  le 
proposa  pour  être  placé  sur  la  chaire  pon- 
tificale ,  après  la  mort  de  Clément  IX.  On 
a  de  lui  un  Traité  sur  le  chocolat,  Rome, 
1666,  in-4°,  dans  lequel  il  soutient  que 
cette  boisson  ne  rompt  pas  le  jeûne.  Bran- 
cacio  ajouta  au  mérite  de  cultiver  les  let- 
tres, celui  de  les  protéger.  Il  composa 
d'autres  ouvrages,  et  le  recueil  en  parut 
à  Rome  en  1672  ,  in-4°  et  in-fol. 

•  BRAXCADORI-PERIM  (Jean-Bap- 
tiste), né  à  Sienne  en  1674,  d'une  famille 
noble ,  cultiva  avec  succès  les  sciences  et 
les  belles-lettres  ;  il  se  rendit  à  Rome  en 
1693,  et  se  lia  d'amitié  avec  les  hommes  les 
plus  distingués  par  leurs  connaissances  et 
leurs  talens.  Le  cardinal  Otloboni  qui 
avait  pour  lui  beaucoup  d'estime  le  fit 
chanoine  de  St-Laurenl  in  damaso.  Il 
mourut  subitement  le  19  novembre  1711. 
On  lui  doit  :  Chronologia  de'gram  maes- 
tri  detlo  spedale  del  sanlo  Sepolcro  délia 
sagra  rcligione  militare  di  S.  Giovanni 
gerosolimilano ,  oggi  delti  di  Malta  * 
Rome,  1709, grand  in-fol. ouvrage  recher- 
ché particulièrement  pour  les  soixante-six 
portraits  des  grands  maîtres  ,  qui  ont  été 
très-bien  gravés  par  Jérôme  de  Rossi  d'a- 
près les  dessins  envoyés  de  Malte.  On 
trouve  des  poésies  de  Brancadori  dans  le 
Recueil  de  l'académie  arcadienne  dont  il 
était  membre.  Le  premier  volume  des 
Notizie  degli  Ârcadi  morti  renferme  son 
éloge ,  par  l'abbé  Cosme  Finetti. 

BRAîVCAS  DE  VILLARS.  Voyez  VIL- 
LARS-BRANCAS. 

BRAIVCAS  (Louis  de) ,  marquis  de  Ce- 
reste  ,  issu  de  l'illustre  famille  italienne 
de  Brancacio ,  servit  avec  distinction  sur 
mer  et  sur  terre  sous  Louis  XIV  et  Louis 
XV,  et  fut  employé  dans  plusieurs  am- 
bassades. Ce  dernier  prince,  pour  prix 
de  ses  services,  l'honora  du  bâton  de  ma- 
réchal en  1740.  Il  mourut  en  1750,  âgé  de 
79  ans. 

BRANCAS  -  VILLEXEIJVE  (  André 
François),  abbé  d'Aulnay,  né  dans  le 
comtat  Venaissin ,  mort  le  11  avril  1758, 
est  connu  par  plusieurs  ouvrages  sur  la 
physique  et  l'astronomie.  L'abondance  des 
paroles,  les    répétitions   fréquentes,    le 


8  BU  A 

grand  nombre  d'idées  inutiles,  en  ont 
presque  entièrement  dégoûté  le  public.  La 
forme  a  fait  tort  au  fonds,  qui  offre 
quelquefois  de  bonnes  choses.  Les  princi- 
paux sont  :  |  Lettres  sur  la  Cosmographie, 
in-4°  ;  |  Système  moderne  de  Cosmogra- 
phie et  de  Physique  générale,  1747,  in-4°. 
|  Explication  du  flux  et  reflux  de  la  mer, 
1739,  in-4°.  |  Ephêmérides  cosmographi- 
ques J  1750  ,  in-12.  |  Histoire  du  royaume 
de  Gala,  traduite  de  l'anglais,  1734,  in-12. 

BRANCATI.  Voyez  LAURIA. 

*  BRANCIFORTE  (  don  Michel  de 
GRUA  Y  VALGUARNERA,  marquis  de), 
né  en  Sicile,  vers  1745,  suivit  en  1759,  Char- 
les III ,  lorsque  ce  prince  quitta  le  trône 
de  Naples  pour  aller  régner  en  Espagne. 
Il  embrassa  la  carrière  militaire  ,  et  était 
gouverneur- général  des  îles  Canaries, 
lorsque  La  Peyrouse  aborda  à  Ténériffe  , 
au  mois  d'août  1735.  Il  reçut  ce  célèbre 
navigateur  avec  beaucoup  de  bienveil- 
lance. De  retour  en  Espagne ,  il  fut  fait 
capitaine  de  la  compagnie  italienne  des 
gardes-du-corps ,  et  grand  d'Espagne  ,  le 
18  juillet  1791.  A  cette  époque  Branciforte 
ayant  épousé  une  sœur  de  Godoï,  duc  de 
la  Olondia  ,  fut  créé  chevalier  de  la  Toi- 
son-d'Or,  grand'-croix  de  l'ordre  de  Char- 
les III,  et  sa  femme  fut  comprise  dans  la 
première  promotion  des  chevalières  de 
Tordre  de  Marie-Louise,  en  mars  1792. 
Deux  ans  après ,  il  fut  nommé  vice-roi 
du  Mexique,  qu'il  gouverna  jusqu'en  1798. 
Il  fit  ériger  à  ses  frais  en  l'honneur  de 
Charles  IV  une  statue  équestre  en  bronze 
sur  la  place  de  Mexico  ;  mais  elle  ne  fut 
achevée  et  inaugurée  qu'en  1802 ,  sous 
son  successeur  don  Joseph-Miguel  Azan- 
za.  Branciforte  fut  ensuite  élevé  au  rang 
de  capitaine-général  des  armées  royales. 
Après  l'abdication  de  Charles  IV  et  de 
Ferdinand  VII,  il  se  rangea  dans  le  parti 
du  roi  Joseph  Bonaparte  ,  et  fut  nomme 
conseiller  d'état  le  8  mars  1809,  puis  en 
septembre ,  grand-cordon  de  l'ordre  royal 
d'Espagne.  Le  marquis  de  Branciforte  qui 
jouissait  d'une  fortune  immense,  avait 
consenti,  à  titre  de  prêt  au  nouveau  gou- 
vernement ,  des  obligations  pour  une 
somme  très  considérable.  Son  intendant, 
à  qui  il  les  avait  confies,  prit  la  fuite  et 
les  remit  aux  membres  de  la  junte  de 
Se  ville.  Branciforte  se  détermina  à  quitter 
l'Espagne,  et  se  rendit  auprès  de  Charles 
IV  qui  était  alors  à  Marseille  ;  il  mourut 
dans  celte  ville  en  1811  ,  peu  de  temps 
après  le  départ  du  monarque  pour  Borne. 
*  BKA.MJ  (Christian ) ,  célèbre  paysa- 


BRA 


529 


BRA 


giste  autrichien ,  né  à  Vienne  en  1722 , 
et  mort  dans  la  même  vilie  le  12  juin  1793, 
était  fils  de  Chrétien  Hetfgott  Brand , 
peintre  de  paysages ,  de  Francforl-sur- 
ï'Oder ,  alors  en  réputation  dans  la  capi- 
tale de  l'Autriche.  Christian  reçut  des  le- 
çons de  son  père  et  le  surpassa  bientôt. 
L'empereur  François  Ier  fut  si  satisfait  de 
5es  lalens  qulil  le  chargea  de  peindre  l'in- 
térieur du  château  de  Luxembourg  ,  et  le 
nomma  successivement  peintre  de  la 
chambre  et  directeur  de  l'académie  de 
paysages.  Les  tableaux  de  Christian  sont 
remarquables  surtout  par  la  vérité  du  co- 
loris et  l'art  avec  lequel  il  groupait  ses  li- 
gures. Les  principaux  sont  :  la  bataille  de 
ffochkirchen  ;  les  quatre  élémens  ;  le 
Château  d'Austerlitz  ;  et  le  marché  de 
Vienne. 

BRANDANO  (Antoine),  moine  portu- 
gais de  l'ordre  de  Cîteaux  ,  abbé  du  mo- 
nastère d'Alcobaça ,  fut  chargé  de  conti- 
nuer le  grand  ouvrage  intitulé  :  Monar- 
quia  Lusitana ,  qui  avait  été  interrompu 
parla  mort  de  Bernard  de  Brilo,  moine  cis- 
tercien, arrivée  en  1617  (Voy.  BRITO). 
Ce  fut  lui  qui  publia  la  5e  et  la  4e  partie 
de  cette  grande  Histoire  à  Lisbonne  en 
1632,  2  vol.  in-fol.  Il  mourut  à  Alcobaça 
en  1737  ,  âgé  de  59  ans.  —  *  BRANDANO 
(François)  ,  neveu  du  précédent,  comme 
lui  de  l'ordre  de  Cîteaux,  fut  le  deuxième 
continuateur  de  la  Monarquia  lusitana, 
dont  il  publia  la  cinquième  et  la  sixième 
partie  à  Lisbonne  en  1650  et  1672,  2  vol. 
in-fol.  Il  mourut  dans  cette  ville  en  1683, 
âgé  de  82  ans. 

BRANDEBOURG,  Voyez  les  articles 
FRÉDÉRIC ,  et  JOACHIM  II. 

*BRAIVDER  (Georges-Frédéric),  ha- 
bile mécanicien,  né  en  1713,  à  Ratisbonne, 
construisit ,  en  1737 ,  les  premiers  téles- 
copes en  Allemagne.  L'invention  des  mi- 
croscopes sur  verre  lui  appartient.  Il 
mourut  en  1783  ,  après  avoir  publié  la 
description  de  instruments  qu'il  a  inven- 
tés ou  perfectionnés. 

*  BRAN  DÈS  (Ernest)  ,  homme  de  let- 
tres et  homme  d'état,  né  à  Hanovre  ,  en 
1758,  étudia,  de  1775  à  1778,  à  l'université 
de  Gottingue  ,  dont  le  gouvernement  ha- 
novrien  lui  confia  par  la  suite  la  direction 
suprême  ,  après  qu'il  fut  devenu  secré- 
taire de  cabinet.  Son  père  avait  été  comme 
lui  directeur  de  cette  école ,  à  laquelle 
Ernest  donna  tous  ses  soins  d'autant  plus 
volontiers  que  deux  de  ses  plus  habiles 
maîtres,  Ilcyne  et  Blumenbach  étaient  ses 
beaux-frères.  Il  avait  voyagé  en  France , 
2- 


en  Allemagne  et  en  Angleterre,  et  il  se  lia 
dans  ce  dernier  pays  avec  le  célèbre 
Burke.  Il  eût  élé  appelé  à  jouer  un  rôle 
important  en  Angleterre,  si  le  parti  de 
Burke  et  Fox  fût  parvenu  à  la  tète  des 
affaires.  Mais  celui  qu'il  joua  dans  son 
pays,  quoique  moins  brillant,  n'en  fut 
pas  moins  honorable  et  moins  utile.  Il 
resta  en  place  ,  comme  conseiller  intime 
du  cabinet,  jusqu'en  1803,  époque  à  la- 
quelle les  troupes  françaises  occupèrent 
l'ancien  électoral  de  Hanovre ,  et  fut  du 
nombre  des  députés  qui  allèrent  conclura 
la  capitulation  avec  le  cbef  de  l'année 
française.  Brand  es  resta  membre  du  gou- 
vernement jusqu'au  moment  où  les  états 
dupays  furentabolis  et  remplacés  par  une 
Commission  du  gouvernement.  Il  mourut 
à  Hanovre,  le  13  mai  18i0,  vivement  re- 
gretté des  habi tans  de  cette  ville.  Ses  prin- 
cipaux ouvrages  sont  :  |  Remarques  sur 
les  femmes,  1787;  l'auteur  se  montre 
dans  cet  ouvrage  censeur  sévère  de  l'es- 
prit du  siècle.  |  Considérations  politiques 
sur  la  révolution  française,  1790  ;  |  Sur 
l'influence  déjà  exercée  parla  révolution 
française  en  Allemagne;  \  Sur  l'esprit 
du  temps  en  Allemagne  vers  la  fin  du  18e 
siècle,  1808;  |  Sur  la  coutume  des  pères 
et  mères  de  se  faire  tutoyer  par  leurs 
en  fans  *  1809;  |  De  l'influence  que  l'es- 
prit du  temps  a  exercée  sur  les  classes 
élevées  de  la  nation  allemande ,  1810. 
L'auteur  ne  survécut  pas  à  l'impression 
de  cet  ouvrage  ,  qui  n'est  pas  au-dessous 
des  précédens.  Outre  ces  livres,  qui  sont 
tous  en  allemand,  Brandèsa  fourni  beau- 
coup d'articles  aux  journaux  les  plus 
estimés  ,  entre  autres  à  la  Gazelle  litté- 
raire de  Gottingue  ;  et  au  célèbre  Journal 
politique  de  Schlœtïier.  Dans  le  premier 
de  ces  écrits  périodiques ,  on  doit  distin- 
guer surtout  son  Analyse  des  ouvrages 
de  Burke  sur  la  révolution  française 
(1791).  Heyne  a  lu,  dans  une  séance  de 
la  société  royale  de  Gottingue,  dont  Bran- 
dès  était  membre,  son  éloge  historique, 
imprimé  sous  le  titre  de  Memor  ia  ErnesU 
Brandes  ,  1810,  brochure  in-4°. 

BRANDI  (Hyacinthe)  ,  peintre,  na- 
quit à  Poli,  aux  environs  de  Rome,  en 
1633.  Il  se  perfectionna  dans  l'école  de 
Lanfranc.  La  plupart  des  églises  et  des 
palais  de  Rome  furent  embellis  par  son 
pinceau.  Une  imagination  pleine  de  feu, 
une  grande  facilité,  un  coloris  faime  ,  un 
dessin  incorrect ,  caractérisent  ses  ou- 
vrages. 11  travaillait  avec  beaucoup  de 
rapidité,  préférant  les  plaisirs  et  l'argent  à 


BRA 


550 


BRA 


la  gloire.  Il  mourut  à  Rome  en  1G91,  prince 
île  l'académie  de  saint  Luc,  et  chevalier 
de  l'ordre  dix  Christ. 

BRANDMULLER  (  Jean  ),  partisan 
d'Œcolampadc ,  îriinislre  et  professeur 
c'hebreu  à  Bàle  ,  naquit  à  Biberac ,  et 
i  lourut  en  1596,  à  63  ans.  On  a  de  lui  400 
t  raisons  funèbres,  tirées  de  l'Ancien  Tes- 
amenl,  et  80  puisées  dans  le  Nouveau; 
tes  Sermons  pour  des  mariages,  cl  des 
Dialogues  en  allemand. 

BRAaDMIÏLLER  (  Jacques  ),  fils  du 
précédent,  mort  en  1G29,  se  lit  connaître 
par  5  vol.  iu-k",  intitulés  Anal  y  sis  Typica 
librorum  Vcleris  el  Novi  Teslamenli, 
Bàle,  1020  et  1(321. 

BRANDMULLER  (  Jacques  ),  petit-fils 
de  Jean,  professeur  de  jurisprudence  à 
Bàle,  mort  en  1G77  à  l'âge  de  60  ans  ,  est 
auteur  de  plusieurs  ouvrages  de  droit 
assez  estimés,  et  de  quelques  pièces  de 
poésies ,  faciles  ,  mais  médiocres. 

BRANDT  (  Sébastien),  néàStrasbourg 
en  1454 ,  enseigna  publiquement  la  juris- 
prudence à  Bàle  et  à  Strasbourg,  devint 
conseiller  et  chancelier  de  cette  dernière 
■ville,  et  mourut  le  2  mai  1520.  Il  est  au- 
teur d'un  poème  intitulé  Navis  stullifera 
mortalium ,  impressa  j)er  Jacobum  Za- 
choni  de  Romano,  1488,  in-4°.  On  prétend 
que  c'est  une  fausse  date  ,  et  que  cette  édi- 
tion est  de  1497.  On  en  a  fait  une  plus  belle 
à  Paris  ,  en  1498  ,  in-4°.  L'original  de  cet 
ouvrage  est  en  allemand,  et  a  été  publié 
en  1494,  in-4°  :  c'est  Jean  Locher  qui 
l'a  traduit  en  latin.  Il  y  en  a  une  traduc- 
tion en  vers  français  par  Pierre  Rivière, 
Paris ,  1497  ,  in-fol.  et  une  autre  par  Jean 
Droyn  ,  Lyon,  1498,  qui  probablement 
ont  été  faites  sur  l'original  allemand , 
Il  ne  faut  pas  confondre  cet  ouvrage  avec 
la  Nef  des  Folles  de  Josse  Badius ,  ni 
même  avec  sa  Nef  des  Foux  ,  comme  ont 
fait  Bayle  et  d'autres  lexicographes.  On 
peut  consulter  la  Bibliothèque  française 
de  du  Yerdier  et  de  la  Croix  du  Maine, 
édition  de  M.  de  Juvigny,  tom.  5,  page 
tG7. 

BRANDT  (  Géuaud  ) ,  théologien  pro- 
testant ,  né  à  Amsterdam  en  162G ,  fut  suc- 
cessivement ministre  à  Neukoop  ,  à  Hoorn 
et  à  Amsterdam.  Il  mourut  à  Rotterdam 
le  11  octobre  1685.  Ses  principaux  ouvra- 
ges sont  :|  Histoire  de  la  réformalion  des 
Pays-Bas ,  en  4  vol.  in-4°,  en  flamand  ; 
le  premier  volume  parut  à  Amsterdam 
en  1G71  ;  le  second  en  1G74  ;  les  deux 
autres  ne  virent  le  jour  qu'après  la  mort 
de   Tauleur.    Rotterdam,  1704.   Richard 


Cumbcrland,  évoque  de  Péterborough , 

la  traduisit  en  anglais ,  Londres ,  1720- 
1725,  3  vol.  in-fol.  Elle  est  abrégée  en 
français  en  5  vol.  in-12,  1750.  Cette  His- 
toire fut  vivement  attaquée  par  Henri 
Ruleus  ,  ministre  d'Amsterdam.  Le  grai  d 
pensionnaire  Fagcl  dit  un  jour  à  l'évêque 
Burnet.,  que  celte  Histoire  méritait  qu'on 
apprît  le  flamand  ;  mais  peu  de  personnes 
voudront  profiter  de  ce  conseil.  On  y 
trouve  des  déclamations  violentes,  écrites 
contre  les  Espagnols ,  l'apologie  de  la  ré- 
volte, et  tous  les  fruits  de  l'esprit  de  secte; 
|  La  Vie  de  l'amiral  Buy ter ,  traduite  en 
français  par  Aubin,  Amsterdam,  1698, 
in-fol.  ;  |  Histoire  de  Barneçeld ,  Rotter- 
dam ,  1723 ,  in-4° ,  en  hollandais  ;  |  un 
Journal,  où  il  a  marqué  les  dates  de  la 
naissance  et  de  la  mort  des  héros,  des  sa- 
vans  et  des  artistes,  Amsterdam,  1689, 
in -4°;  |  Des  Poèmes  publiés  par  Borre- 
mans,  Rotterdam,  1649,  in-8°.  On  a  encore 
quelques  écrits  de  Brandt  en  faveur  des 
Remontrans.  Il  laissa  deux  fils  ,  Gaspard 
et  Gérard,  qui,  comme  leur  père,  culli- 
vèrent  les  lettres,  el  publièrent  plusieurs 
ouvrages. 

BRANDT  (  Jean  ) ,  secrétaire  et  en- 
suite sénateur  de  la  ville  d'Anvers  ,  ou  il 
était  né  en  1559 ,  mort  le  28  août  1G59  , 
laissa  :  |  un  ouvrage  intitulé  Elogia  cice- 
roniana  Romanorum  domi  mililiœque 
illustrium,  Anvers,  1612  ,  in-4°.  11  y  a  ra- 
massé tous  les  traits  historiques ,  répan- 
dus dans  les  différens  ouvrages  de  Cicé- 
ron,  sur  la  vie  des  hommes  illustres  dans 
le  gouvernement  et  dans  la  guerre;  |  C. 
Julii  Cœsaris  commentarii J  enrichis  de 
notes  politiques  et  critiques,  Francfort, 
1606,  in-4°,  édition  très  estimée;  |  Spi- 
cilegium  criticumin  omnia  Apuleii  opéra 
dans  l'édition  d'Apulée ,  par  G.  Elmen- 
horst,  Francfort,  1621;  |  De  perfecli  et 
veri  senaloris  of/ïcio.,  Anvers  ,  1653  ,  in- 
4°;  et  quelques  autres  ouvrages  qui  n'ont 
pas  été  imprimés.  Brandt  était  savant, 
modeste,  passionné  pour  les  belles-lettres, 
et  toujours  disposé  à  servir  ceux  qui  lea 
cultivaient. 

BRANDT  (  Sébastien  )  ,  chimiste  alle- 
mand ,  fort  entêté  du  grand-œuvre.  S'é- 
tant  imaginé  de  pouvoir  trouver  la  pierre 
philosopbale  dans  la  préparation  de  l'u- 
rine, il  travailla  une  grande  partie  de  sa 
vie  sur  cette  liqueur,  sans  rien  découvrir. 
Enfin  en  1669,  après  une  forte  distilla- 
tion d'urine,  il  trouva  dans  son  récipient 
une  matière  luisante,  qu'on  a  appelée 
depuis  Phosphore.  Brandi  fit  voir  celle 


BRA  K3i 

malièrc  à  Kunckcl ,  chimiste  de  l'électeur 
de  Saxe  ,  el  à  plusieurs  autres  personnes, 
mais  il  en  cacha  la  préparation.  Après  sa 
mort ,  Kunckel  devina  quel  était  le  sujet 
du  phosphore. 

BRANDT  (  Exkvold,  comte  de),  favori 
du  roi  de  Danemarck,  fut  décapité  avec 
jîe  comte  Frédéric  Struenséc,  comme  cou- 
pable de  lèse-majesté,  le  28  avril  1772.  Le 
temps  où  nous  écrivons  cet  article  est 
trop  voisin  de  cet  événement ,  pour  que 
nous  puissions  en  donner  des  détails  cir- 
constanciés :  nous  dirons  seulement  que 
Brandi  parait  aujourd'hui  moins  coupable 
qu'à  la  date  de  son  exécution ,  et  que  bien 
des  anecdotes  connues  postérieurement 
semblent  ne  pas  justifier  la  rigueur  de 
cette  sentence.  Voyez  STRUENSÉE. 

BRANKER  (  Thomas  ),  mathématicien 
anglais,  né  en  if>3G  ,  dans  le  Dévonshire, 
fut  ministre,  puis  régent  à  Maclesiield  , 
où  il  mourut  l'an  1676.  On  a  de  lui  :  |  Doc- 
trince  spkœsicce  adumbratin,  et  usus  glo- 
boruni  arlificialium J  Oxford,  1632,  in- 
fol.  ;  |  tine  traduction  de  l'allemand  en 
anglais,  de  Y  Algèbre  àe'Khom\x$,  Londres, 
1608,  in-4°. 

BRANTOME.  Voyez  BOURDEÏLLES. 
BRANTS  (  Jean  ).  Voyez  BRANDT. 
BRAS  (  de).  Voyez  BOURGUEVILLE. 
BRAS  A  VOL  A  ou  BRASSAYOLA  (Ax- 
toine-Musa),  célèbre  médecin,  né  à  Fer- 
rare  en  1500 ,  d'une  famille  noble  de  celte 
ville.  Son  savoir  ne  se  bornait  pas  à  la 
médecine.  Ce  fut  après  avoir  soutenu  à 
Paris  pendant  trois  jours  consécutifs  des 
thèses  de  omnt  scibili,  genre  d'épreuve 
qui  tient  toujours  de  la  charlalanerie ,  que 
le  surnom  de  MasaJ  lui  fui  donné  par  la 
bouche  même  de  François  Ier.  Il  fut  mé- 
decin consultant  de  ce  prince  qui  le  fit  che- 
valier de  l'ordre  de  Saint-Michel;  de  l'em- 
pereur Charles  V  qui  lui  conféra  le  litre 
de  comte  palatin,  et  de  Henri  VIII,  roi 
d'Angleterre.  Il  ne  fut  pas  en  moindre 
considération  dans  sa  patrie  :  successi- 
vement premier  médecin  des  papes  Clé- 
ment VII ,  Paul  III  et  Jules  III  ;  chéri  et 
favorisé  de  tous  les  autres  princes  d'Ita- 
lie ,  et  particulièrement  des  ducs  de  Fer- 
rare.  Il  mourut  à  Ferrare  en  15o3  ,  après 
avoir  professé  long-temps  la  médecine 
avec  un  applaudissement  universel.  Il 
laissa  un  grand  nombre  d'où  v  rages ,  princi- 
palement sur  cette  science,  el  entre  autres, 
|  des  Commentaires  sur  les  Aphorismes 
d'Hippocrate  et  de  Galien,  imprimés  à 
Baie  en  1;>42,  in- fol.  ;  j  Index  referlissi- 
mus  in  Galeni  libros *  Venise,  1625,  in- 


bra 

fol.  que  Castro  (  Bibiiot.  med.  )  appelle 
Opus  inde  fessée  elucubralionis  et  utilitatis 
inexplicabilis  ;  |  Examen  medicamenlo  ■ 
rumt  b  vol.  1538-iSoo. 

BR  ASCII  L   Voyez  PIE  V I. 

*  BRASCIII  (  Jean-Baptiste),  né  à  Cé- 
sène  en  1664,  d'une  très  ancienne  famille, 
embrassa  l'état  ecclésiastique  ,  et  devint 
évêque  deSarsina  et  archevêque  titulaire 
de  Nisibe.  Les  fonctions  attachées  à  cetlo 
dignité  ne  l'empêchèrent  pas  de  s'occuper 
utilement  des  antiquités  de  son  pays. 
On  a  de  lui:  |  Relalio  status  Ecclesiœ  Sar- 
sinatis,  Rome,  1704,  in-4°;  |  De  tribus  sta- 
tuisin  romano  Capitol/ o  erutis  anno  1710, 
eephrasis  iconograpkica,  Rome,  1724, 
in-4°  ;  |  De  familia  Cesennia  antiquissi- 
?iue  inscripliones,  Rome,  1731,  in-4°;  |  De 
vero  Rubicone  liber,  seu  Rubico  Cœsenas, 
Rome,  1733,  in-4°  ;  |  Memoriœ  cœsenales 
sacrée  et  profanœ ,  Rome,  1738,  in-4°. 
Braschi  est  mort  en  1727. 

BRASIDAS,  général  lacédémonien , 
vers  l'an  424  avant  J.-C,  vainquit  les 
Athéniens  sur  mer  et  sur  terre  ,  leur  prit 
plusieurs  villes  et  en  fit  entrer  plusieurs 
autres  dans  l'alliance  de  Sparte.  S'étant 
enfermé  dans  Amphipolis  à  l'approche 
de  Cléon ,  général  athénien  vain  et  impé- 
tueux, il  prit  un  moment  favorable  pour 
faire  une  sortie ,  l'attaqua  et  remporta 
une  victoire  complète  l'an  426.  Brasidas 
mourut  quelque  temps  après ,  d'une  bles- 
sure qu'il  avait  reçue  à  un  bras.  Comme 
on  louait  devant  sa  mère  ses  grandes  ac- 
tions ,  et  qu'on  le  mettait  au-dessus  de 
tous  ses  compatriotes  :  «  Vous  vous  trom- 
»  pez,  r>  dit  cette  femme  vraiment  Spar- 
tiate; «  mon  fils  avait  de  la  bravoure, 
»  mais  Sparle  a  plusieurs  citoyens  qui  en 
»  ont  encore  plus  que  lui.  «Cette  grandeur 
d'aine  dune  femme  qui  préférait  la  gloire 
de  l'état  à  celle  de  son  fils  reconnu  pour 
un  héros  ,  ne  fut  point  sans  récompense  : 
les  Lacédémoniensrendirent  des  honneurs 
publics  à  la  mère  et  au  fils  ,  et  firent  éle- 
ver ,  en  l'honneur  de  leur  libérateur  ,  un 
mausolée  au  milieu  de  la  place  publique. 

*  BRASSAC  (  Laurent -Barthéleh  y 
de) ,  aumônier  du  roi ,  est  auteur  de  YO- 
raison  funèbre  de  François,  duc  de  Les- 
diguières,  Grenoble,  1677,  in-12. 

*  BRASSOM,  ou  plutôt  BRESSDM 
(  François-Joseph  ),  jésuite,  né  à  Rome 
en  1612 ,  fut  un  des  plus  célèbres  mission- 
naires du  Canada,  où  il  travailla  avec 
zèle  et  succès  à  la  conversion  des  Hurons  ; 
mais  ayant  été  pris  par  les  Iroquois  qui 
leur  faisaient  la  guerre,  ces  barbares  lui 


BRA  55 

firent  souffrir  les  traitemens  les  plus 
cruels  :  ils  lui  coupèrent  plusieurs  doigts , 
le  couvrirent  de  plaies  et  le  vendirent  en 
cet  état  à  des  Hollandais  de  la  Nouvelle- 
Amsterdam,  qui  l'achetèrent  par  com- 
passion, lui  donnèrent  des  soins,  et  le 
ramenèrent  en  104/t  à  La  Rochelle.  Le  P. 
Brassoni  leur  fit  donner  le  prix  de  sa 
rançon  ;  et  toujours  zélé  pour  le  salut  des 
âmes ,  il  retourna ,  aussitôt  que  ses  forces 
le  lui  permirent,  parmi  les  Huions,  qui 
le  reçurent  comme  un  père.  Il  passa  en- 
core plusieurs  années  avec  eux ,  et  ne  re- 
vint en  Italie  que  lorsque  la  faihlesse  de 
sa  santé  ne  lui  permit  plus  de  se  livrer  à 
un  travail  aussi  pénible.  Il  exerça  alors 
le  ministère  de  la  prédication  avec  d'au- 
lant  plus  d'autorité  qu'il  portait  dans  ses 
mains  mutilées  les  marques  honorables 
de  son  apostolat.  Il  mourut  à  Florence  en 
4672.  Il  a  laissé  Brève  relazione  d'alcune 
missio?ù  de  pedri  délia  compagnia  di 
Gif  su  nella  Francia  Nuova,  1653,  in-&°. 
Celte  relation  qui  est  bien  écrite,  ne  con- 
tient guère  que  ce  qui  est  relatif  à  la 
mission  des  Hurons. 

BRAULION  ou  BRAULE  (  saint  ) ,  évê- 
que  de  Saragosse,  aida  beaucoup  saint 
Isidore  de  Se  ville  à  établir  une  exacte 
discipline  dans  l'église  d'Espagne.  Cette 
église  a  toujours  reconnu  que  le  zèle ,  la 
science  et  les  travaux  de  ce  saint  pasteur 
lui  avaient  été  infiniment  utiles.  Il  mou- 
rut en  8/1.6 ,  dans  la  20e  année  de  son  épi- 
scopat.  On  a  de  lui  deux  lettres  de  saint 
Isidore  ;  un  éloge  de  ce  même  saint ,  avec 
le  catalogue  de  ses  ouvrages  ;  une  hymne 
en  vers  ïambes,  en  l'honneur  de  saint 
Emilien,  avec  la  vie  de  ce  serviteur  de 
Dieu ,  publiée  à  Madrid ,  1552 ,  in-4°.  An- 
dré Schotl  a  publié ,  avec  dos  notes ,  B. 
Jsidori  de  claris  Hispaniœ  scriptoribus  , 
cum  appendicibus  Braulionis ,  Tolède  , 
1592,  in-fol.,  Saragosse,  161»,  in- 4°.  On 
lui  attribue  une  continuation  d'une  chro- 
nique de  Dexter,  imprimée  à  Madrid, 
d651 ,  in-fol.;  mais  cette  chronique,  de 
même  que  la  continuation ,  sont  des  ou- 
vrages supposés. 

BIl  AlIN  (Geokges),  archidiacre  de 
Dortinund  et  doyen  de  Notre-Dame  in 
grailibus  à  Cologne ,  florissait  dans  le  16e 
siècle,  et  mourut  le  10  mars  1622.  Il  est 
principalement  connu  par  son  Theatrum 
urbium  prœcipuarum  mundi,  en  plu- 
sieurs vol.  in-folio.  On  a  encore  de  lui  un 
Traité  de  controverse  contre  les  luthé- 
riens ,  Cologne ,  1605  ,  in-fol. ,  dans  lequel 
il  développe  les  ruses  dont  ils  se  sont 


2  BRA 

servis  pour  répandre  leur  religion.  Il  les 
compare  à  «  un  coin,  dont  la  partie  la 
»  plus  déliée,  une  fois  entrée  dans  le 
»  bois ,  sert  à  introduire  les  parties  plus 
»  épaisses.  » 

*  BRAUN  (  Jeax-Frédéric  ) ,  né  à  Iéna 
en  1722,  servit  d'abord  en  Autriche,  en- 
suite en  Hollande ,  et  malgré  ses  vastes 
connaissances ,  après  s'être  retiré  du  ser- 
vice ,  il  vécut  d'aumônes  jusqu'à  sa  mort 
survenue  en  1799.  On  lui  doit  une  His- 
toire des  maisons  électorales  et  souve- 
raines de  SaxeJ  5  vol.  in-4s,  Langen- 
salza,  1778-81,  recommandable  par  l'exac- 
titude et  par  l'érudition  qu'elle  ren- 
ferme. 

*  BllAUN  (  Henri  ) ,  né  le  17  mars 
1752,  à  Trossberg,  s'est  distingué  par  de 
longs  et  utiles  travaux  pour  la  réforma- 
tion des  écoles  de  Bavière.  Il  entra,  en 
1750 ,  dans  l'ordre  des  bénédictins ,  et  fut 
nommé,  en  1757,  professeur  d'allemand, 
de  poésie  et  d'éloquence  à  Munich,  et 
membre  de  l'académie  des  sciences.  Il 
publia  alors  un  grand  nombre  d'écrits  et 
de  recueils  relatifs  à  l'éducation.  Chargé , 
en  1777,  de  la  direction  générale  des 
lycées,  des  gymnases  et  des  écoles,  tant 
de  la  Bavière  que  du  haut  Palatinat,  il 
entreprit  d'y  introduire  des  changement 
utiles  :  mais  n'ayant  pu  y  réussir,  il  se  con- 
tenta de  continuer  à  écrire,  et  entreprit , 
d'après  la  Vulgate,  une  traduction  de  la 
Bible ,  qui  fut  interrompue  par  sa  mort 
arrivée  le  8  novembre  1792.  On  assure 
que  ce  bénédictin  ,  par  une  bizarrerie  in- 
explicable, n'aimait  point  à  voir  l'éduca- 
tion confiée  à  des  religieux.  Il  a  contribué 
à  l'amélioration  des  méthodes  d'enseigne- 
ment en  Allemagne.  Ses  principaux  ou- 
vrages sont  :  |  le  Patriote  bavarois ,  ou- 
vrage périodique,  2  vol.,  Munich,  1769, 
in-8°  ;  |  Planpour  la  nouvelle  organisation 
des  écoles  en  Bavière,  ibid. ,  1770 .,  in-8°; 
|  Elèmens  d'Arithmétique  à  l'usage  des 
écoles ,  ibid.,  1770 ,  in-8°;  |  Elèmens  de 
latin ,  ibid ,  1778  ,  in-  8°  ;  |  Histoire  de  la 
ré  formation  des  écoles  bavaroises,  Franc- 
fort sur-le-Mein,  1783,  in-8°;  |  l'Art  épis- 
lotaire  pour  les  Allemands ,  1787 ,  in-8°; 
{ l'Année  ecclésiastique  catholique ,  Augs- 
bourg,  1785,  2  vol.  in -8°;  |  Synonymes 
latins,  Augsbourg,  1790,  in-8°,  etc.  Tous 
ces  ouvrages  sont  en  allemand.  Il  a  donné 
aussi  des  éditions  d'auteurs  classiques 
pour  les  collèges,  comme  Eutrope,  César, 
Sali  us  te,  etc. 

*  BRAIL\  (  Placide  )  ,  savant  béné- 
dictin ,  né  à  Peittingen ,  en  Bavière ,  le  11 


IÎRA 


533 


BRA 


février  175G ,  embrassa  très -jeune  l'état 
monastique,  et  devint  bibliothécaire  et 
archiviste  du  chapitre  de  Saint-Uhic  et 
de  Sainte-Afra ,  à  Augsbourg.  On  a  de 
lui  deux  ouvrages  qui  font  connaître 
les  plus  anciens  livres  et  manuscrits  du 
riche  dépôt  confié  à  ses  soins  :  |  Notitia 
hislorico-littcraria  delibris  ab  artis  typo- 
graphies inventione  usque  adannum  1479 
impressis,  in  bibliothecà  monasterii  ad 
SS.  Ulricum  ctJfram  Augustœ  exstanti- 
bus;  accédant  VIII  tabulée  œneœ  sexa- 
ginta  primorum  typographorum  alpha- 
beta  continentes.  Le  second  est  intitulé  : 
Notitia  historico-  litteraria  de  codicibus 
tnamiscriptis  in  bibliothecà  liberi  ac  im- 
perialis  monasterii  ordinis  S.  Iienedicti 
ad  SS.  Ulricum  et  Afram  Augustœ  exs- 
tantibus  ;  in  fine  habetur  Appendix  con- 
tinens  anecdota  historico-diplomatica  ex 
iisdem  codicibus  excerpta.  L'importance 
de  la  bibliothèque  confiée  aux  soins  de 
Braun ,  recommande  suffisamment  ces 
deux  ouvrages  aux  bibliographes  et  aux 
savani.  On  lui  doit  encore  les  Vies  de 
saint  Lambert  et  de  saint  Ulric,  évèques 
d' Augsbourg,  et  celle  de  sainte  Afra, 
martyre. 

BBAUNBOM  (  Frédéric  ) ,  protestant 
d'Allemagne ,  s'avisa  de  publier  en  1613 
tin  livre  in-4°  ,  intitulé  Florum  fiaminio- 
rum  romanensium  papalium  decas.  Il  y 
fixe  chaque  période  du  règne  de  l'anle- 
christ ,  sa  naissance ,  son  adolescence  ,  sa 
jeunesse  ,  etc.  Il  trouve  fort  finement  l'an- 
lechrist  dans  le  pape,  et  prouve  admira- 
blement bien  que  le  monde  devait  finir  en 
1711.  L'accomplissement  de  sa  prophétie 
est  une  preuve  du  cas  qu'il  faut  faire  de 
l'esprit  qui  l'inspirait. 

BRAUAKJS  (  Je.vx  ),  ministre  protes- 
tant, né  à  Kaiserslautern  dans  le  Bas-Pa- 
latinat,  en  1628  ,  fut  ministre  à  Nimègue, 
professeur  de  théologie  et  de  langue  hé- 
braïque à  Groningue  où  il  mourut  en 
1708.  Le  livre  qui  lui  a  fait  une  grande 
réputation ,  est  Vestitus  sacerdotum  Ile- 
brœorum  ,  etc. ,  Amsterdam ,  1701 ,  2  vol. 
in-4° ,  qui  n'est  qu'une  partie  d'un  plus 
grand  traité  qu'il  avait  dessein  de  publier 
sous  le  titre  De  sacerdolio  Hebrœorum. 
Il  ne  traite  pas  seulement  des  habits  sa- 
cerdotaux, mais  aussi  des  antiquités  hé- 
braïques. M.  Huet,  dans  une  lettre  qu'il 
lui  écrivit,  dit,  en  parlant  de  cet  ou- 
vrage :  Sic  habeto  tamdiu  fore  id  in  pre- 
iio,  quoad  litteris  sacris  suus  honorJ 
sua  dignitas  constatant.  Tantum  enim 
us  intulisti  lucis  hac  scriptione,  quartr 


lum  a  nullo  illalum  est  >  qui  hanc  parte  m 
illustrare  sil  aggressus.  On  a  encore  de 
lui  :  |  Doclrina  fœderum ,  Amsterdam , 
1688,  in- 4°.  Il  y  traite  des  alliances  de 
Dieu  avec  l'homme.  C'est  un  système 
complet  de  théologie  coccéienne.  J  La  vé- 
ritable religion  des  Hollandais  ,  contre 
Stoup,  Amsterdam,  1675,  in-12.  j  Selecta 
sacra,  Amsterdam,  1700,  iu-4°.  |  Com- 
mentarius  inepistolam  ad  Hebrœos,  1705, 
in-4°,  et  plusieurs  autres  écrits  apologé- 
tiques de  ses  senlimens  théologiques,  atta- 
qués par  son  confrère  Jean  de  Marck. 
Braunius  était  très  habile  dans  la  philo- 
logie sacrée  ,  dans  le,  rabbinisme ,  dans  les 
antiquités  judaïques,  et  dans  celles  de 
Rome  et  de  la  Grèce.  Il  vanle  trop  l'uti- 
lité du  Tahnud  pour  l'intelligence  de  l'E- 
criture. Presque  tous  ses  ouvrages  se  res- 
sentent des  imaginations  des  coccéiens. 
Voyez  COCCEIUS. 

*  BRAVO  (  Jkan  ),  né  à  Ciudad-Réal,  fut 
précepteur  des  en  fans  de  l'impératrice 
et  reine  Elisabeth.  Il  traduisit  en  prose 
castillane  le  poème  latin  d'Alvare  Gomez,, 
sur  la  Toison  d'or  :  El  vellocino  dorado, 
y  la  Ilisloria  del  Orden  del  Tuson  s  et  y 
joignit  un  livre  intitulé  :  El  summario  de 
los  Reies  catolicos  D.  Fernando  y  Doua 
Isabel,  cou  la  toniada  de  Grenada  y  otro> 
pueblos ,  que  valerosamente  conquista- 
ron,  Tolède  ,  1546,  in-4°. 

*  BRAVO  (  Jea.v  ) ,  natif  de  Piedrahita, 
dans  la  Castille ,  professeur  de  médecine 
à  Sa'.amanque,  vers  la  fin  du  16e  siècle , 
est  auteur  des  ouvrages  suivants  :  |  De 
hydrophobiœ  naturâ ,  causis  atque  me- 
delà,  Salamauque,  1571,  in-8°;  1576-1588, 
in-4°  ;  |  lu  libros  prognosticorum  Hippo- 
c?-atis  commentaria ,  ibidem,  1578-1585, 
in-8.  ;  |  De  saporum  et  odorant  differen~ 
tiis  ,  causis  et  affeclionibus ,  ibid. ,  1585, 
in-8° ,  |  lu  Galeni  librum  de  differen- 
tiis  febrium  commentarius ,  Salamanque , 
1585,  1596,  in-4°;  |  de  simplicium  me~ 
dicamentorum  délecta,  libri  duo ,  ibid. , 
1592,  in-8°.  Cet  ouvrage  parut  d'abord  en 
1585  sous  le  titre  de  Pharmacopœa. 

*  BRAVO  (  Barthé-i-ehi  ),  jésuite  es- 
pagnol, né  à  Mariin-munos,  dans  le  dio- 
cèse d'Avila,  fut  à  la  fois  poète,  rhéteur 
et  grammairien.  Il  publia  vers  la  fin  du 
16e  siècle,  et  au  commencement  du  17e, 
des  ouvrages  utiles,  dont  les  principaux 
sont  :  j  De  conscribendis  epislolis,  Burgos, 
1601,  in- 8°.  j  |  Commentaria  linguœ  la- 
tinœ_,  Grenade,  1605;  le  même  ouvrage  , 
sous  le  titre  suivant  :  De  oclo  partium 
oralionis  constructione ,  1040-  I  Dicliona- 

45. 


BRE  5 

rium  plutimarum  vocum  3  quœ  in  Cice- 
ronis  scriptis  desiderantur ,  Pincia,  1627. 
in-4°.  Ce  dictiounaire  avait  déjà  été  im- 
primé à  Saragosse,  en  1597,  et  à  Madrid, 
en  1611,  in-8°. ,  sous  le  titre  de  Thésau- 
rus verborum  ac  phrasium  ,  etc. ,  et  sous 
le  titre  de  Vocabularius,  à  Valence ,  1606, 
in-4°.|  De  arte  rhetoricâ;  \  De  prosodiâ 
prog'ymnasmata , et  varia  poè'mata.  —  Un 
autre  BRAVO  (Nicolas),  moine  espagnol, 
a  laissé  une  Vie  de  S.  Benoît,  poème, 
avec  une  notice  sur  tous  les  ordres  reli- 
gieux. 

BRA.WER,  BRAUR,  BRAUWER  ou 
BROWER(  Adrien),  peintre  flamand  na- 
quit à  Harlem  en  1608.  Il  commença,  dans 
son  enfance ,  à  représenter  sur  de  la  toile 
des  fleurs  et  des  oiseaux,  que  sa  mère 
vendait  aux  femmes  de  la  campagne ,  et 
finit  par  des  ouvrages  grotesques  et  des 
ligures  en  petit,  que  Ton  achetait  au 
poids  de  l'or.  Son  atelier  était  ordinaire- 
ment dans  quelque  taverne.  Il  entrait 
dans  toutes  les  querelles  des  ivrognes, 
après  s'être  soûlé  avec  eux.  Arrêté  à  An- 
vers comme  espion ,  il  demanda  qu'on  le 
laissât  travailler.  Il  se  mit  à  peindre  des 
soldats  espagnols  occupés  â  jouer ,  et  les 
représenta  avec  tant  de  feu  et  de  vérité , 
que  Rubens  offrit  6000  florins  de  ce  ta- 
bleau ,  et  obtint  sa  liberté  en  se  rendant 
sa  caution.  La  crapule  altéra  sa  santé.  Il 
mourut  à  Anvers  en  1640 ,  âgé  de  52  ans 
seulement,  si  pauvre  qu'il  fallut  quêter 
pour  le  faire  enterrer.  L'enjouement  ne 
le  quitta  jamais  au  milieu  de  la  misère. 
Tous  ses  tableaux  représentent  des  scènes 
réjouissantes.  On  y  voit  des  querelles  de 
«abaret,  des  filoux  jouant  aux  cartes  ,  des 
fumeurs ,  des  ivrognes ,  des  soldats ,  des 
noces  de  village.  La  nature  y  est  rendue 
avec  beaucoup  de  vérité.  Sa  touche  est 
fort  légère,  ses  couleurs  très  bien  enten- 
dues ,  et  ses  figures  ont  beaucoup  d'ex- 
pression. Ses  ouvrages  se  vendent  fort 
cher  et  sont  très  rares. 

*  BRÉARD  DE  NEUVILLE ,  né  à  Di- 
jon, en  1748,  conseiller  au  parlement 
île  cette  ville ,  et  mort  à  Paris  vers  la  fin 
de  1817,  a  laissé  plusieurs  ouvrages  de 
droit,  entre  autres  :  |  Dictionnaire  latin  et 
français  de  la  langue  des  lois^  tiré  du 
50e  livre  des  Pandectes  de  Juslinien,  mis 
dans  un  meilleur  ordre  par  Pothier,  et 
traduit  par  Bréard  de  Neuville ,  Paris  , 
1807,  2  vol.  in-8°.  |  De  la  nécessité  de 
se  soumettre  à  la  convention  entre  Pie 
VII,  et  le  gouvernement  français ,  Paris  , 
4802,  in -8°;  |  Les  Pandectes  de  Jusli- 


h  BRE 

nien  ,  mis  dans  un  nouvel  ordre  par  Po- 
thier, et  traduits  du  latin  par  Bréard 
de  Neuville ,  ouvrage  revu  et  corrigé  par 
Moreau  de  Montalin,  avocat ,  1818-23  ,  24 
vol.  in-8°.  Une  première  édition  de  ce 
livre,  en  gros  caractères,  avait  été  com- 
mencée en  1807  ;  elle  devait  avoir  60  vol.  ; 
mais  la  publication  en  a  été  abandonnée 
après  le  28e.  Celte  édition  renferme  aa 
reste  un  grand  nombre  d'erreurs. 

BRÉBEUF  (Jean  de),  jésuite,  na- 
quit à  Bayeux  en  1593,  d'une  famille  no- 
ble. Après  avoir  professé  avec  distinction 
dans  plusieurs  collèges  de  son  ordre  ,  il 
fut  envoyé  l'an  1625  aux  missions  du  Ca- 
nada, où  il  convertit  à  la  foi  plus  de 
7,000  habitans.  Comme  il  était  chez  les 
Hurons ,  ennemis  des  Iroquois ,  ceux-ci , 
qui  étaient  en  guerre  avec  eux,  le  pri- 
rent ,  avec  le  père  Lallemant ,  leur  jetè- 
rent de  l'eau  bouillante  sur  la  tète  en  dé- 
rision du  baptême,  les  brûlèrent  tous 
deux  ensuite  à  petit  feu ,  l'an  1649.  Leur 
patience  dans  ce  cruel  supplice  toucha 
plusieurs  de  ces  barbares  qui  se  conver- 
tirent (i). 

BRÉBEUF  (  Georges  de  ) ,  neveu  du 
précédent ,  né  à  Thorigni  en  basse  Nor- 
mandie, l'an  1618,  cultiva  de  bonne  heure 
la  poésie.  Il  débuta  par  une  traduction  du 
7e  livre  de  M  Enéide  en  vers  burlesques  ;  et 
quelque  temps  après  il  publia  une  autre 
version  burlesque  du  premier  livre  de  la 
Pharsale  de  Lucain.  On  trouve  dans  celle- 
ci  une  satire  ingénieuse  et  enjouée  contre 
la  vanité  de  ces  grands  seigneurs ,  qui  ne 
peuvent  un  moment  oublier  leur  gran- 
deur et  leurs  titres,  et  contre  la  bassesse 
de  ces  âmes  faibles  et  viles  qui  les  flattent 
comme  des  dieux ,  dans  l'espérance  do 
parvenir  à  la  fortune.  On  dit  que  Bré- 
beuf  dans  sa  jeunesse  n'avait  de  goût 
que  pour  Horace,  et  qu'un  de  ses  amis, 
qui  n'aimait  que  Lucain,  le  lui  fit  goûter 
et  l'engagea  à  le  traduire.  Sa  Pharsale  pa- 
rut en  1658,  in-12  ;  cette  traduction  four- 
nit d'abord  matière  à  la  louange  et  à  la 
critique.  Elle  eut  également  des  apologis- 
tes trop  outrés ,  et  des  censeurs  trop  sé- 
vères. Boileau  fut  un  de  ces  derniers.  On 
ne  peut  cependant  se  dissimuler  que  , 
malgré  les  hyperboles  excessives,  le  style 
enflé  ,  les  antilbèses  multipliées  ,  les  faux 
brillans  ,  les  pensées  gigantesques ,    les 


(i)  Le  Père  Bre'Lcuf  avait  composé  un  Cate'chisnxe 
dans  la  langue  des  Hurons,  que  Champlain  fit  impri- 
mer à  la  suite  de  ses  Voyages  de  la  Nd'/v,  //.•- Prince 
occidentale ,  dite  Canada,    iG3ai  in   4'. 


BRE  li 

descriptions  pompeuses  ,-  mais  peu  natu- 
relles ,  cette  traduction  ne  soit  supérieure 
à  beaucoup  d'autres  de  ce  genre  ,  par  le 
coloris  brillant,  la  bonne  poésie,  et  le 
génie  qui  se  fait  sentir  dans  plusieurs 
morceaux.  Lucain  d'ailleurs  est  très  dif- 
ficile à  traduire  d'une  manière  intéres- 
sante, parce  qu'il  n'a  pas  pris  soin  de  se 
rendre  intéressant  lui-même.  Son  poème 
est  plutôt  une  bistoire  décharnée  ,  parse- 
mée de  quelques  traits  de  morale  et  de 
philosophie,  qu'un  véritable  poème.  Voilà 
pourquoi  les  traductions  qu'on  en  a  fai- 
tes même  en  prose  n'ont  pas  réussi.  «  On 
»  doit  donc  savoir  gré  à  M.  Brebeuf ,  dit 
»  un  auteur  moderne ,  d'avoir  semé  dans 
»  la  sienne  des  vers  heureux,  des  pen- 
»  secs  sublimes,  des  morceaux  d'une  élé- 
»  gance  et  d'une  précision  que  nos  meil- 
»  leurs  poètes  ne  désavoueraient  pas  ,  et 
»  qu'As  ont  même  imités.  S'il  est  défec- 
»  tueux  en  beaucoup  d'endroits ,  ce  n'est 
»  que  pour  s'être  trop  asservi  au  devoir 
»  rigoureux  du  traducteur;  on  ne  connais- 
»  sait  pas  de  son  temps  les  traductions 
»  libres  ,  mises  depuis  si  utilement  en 
»  usage.  »  Après  la  mort  de  Mazarin  qui 
lui  avait  fait  de  grandes  promesses ,  Bre- 
beuf se  retira  à  Venoix  ,  près  de  Caen,  et 
y  mourut  en  1GGI ,  à  45  ans.  Les  derniè- 
res années  de  sa  vie  furent  remplies  par 
des  exercices  de  piété.  Son  caractère  était 
doux  et  modeste.  La  conversation  de  ses 
amis  était  le  seul  soulagement  des  lon- 
gues maladies  dont  il  fut  affligé.  Une 
lièvre  opiniâtre  le  tourmenta  plus  de 
vingt  années  ,  et  c'est  dans  ses  accès  qu'il 
composa  sa  Pharsale.  On  a  encore  de  lui 
|  Les  entreliens  solitaires ,  in-12  :  poé- 
sies chrétiennes ,  fort  inférieures  à  ses 
productions  profanes,  mais  qui  ne  sont 
pas  à  dédaigner.  La  piété ,  la  morale  ,  les 
pensées  énergiques  qui  s'y  trouvent , 
font  éprouver  au  lecteur  des  sentimens 
aussi  favorables  à  l'esprit  du  poète ,  qu'à 
ses  bonnes  mœurs  et  à  sa  religion  ;  j  un 
Recueil  d'œavres  diverses,  2  vol.  in-12, 
où  l'on  rencontre  quelquefois  de  jolis 
vers;  |  des  Eloges  poétiques  ,  etc.  in-12; 
|  Défense  de  l'Eglise  romaine,  in-12, 
1671. 

'BRÈCHE  (Jean),  né  à  Tours  dans 
le  16e  siècle,  exerçait  la  profession  d'a- 
vocat au  présidial  de  cette  ville.  Jean 
Boucher,  de  Poitiers,  lui  a  donné  de 
grands  éloges.  On  a  de  lui  ;  |  Le  Manuel 
royal,  ou  Opuscules  de  la  doctrine  et 
condition  du  prince,  partie  en  prose, par- 
tie en  rime  ;  avec  le  commentaire  de  Plu- 


\'ô  BRE 

turque  de  la  doctrine  du  prince  :  ensem- 
ble les  quatre-vingts  précejHes  d'Isocrale, 
du  régime  et  gouvernement  du  prince  , 
Tours  ,  1541  ,  in-/*0  ;  |  le  Premier  livre  de 
l'honnête  exercice  du  prince,  en  vers, 
Paris,  1544,  in-4°.  Il  en  annonçait  un  se- 
cond et  un  troisième  livre  qui  n'ont  point 
paru  ;  |  Le  Livre  de  Lactance  Firmian 
de  l'ouvrage  de  Dieu ,  ou  de  la  forma- 
tion de  l'homme,  traduit  en  français, 
Tours,  1544,  in-16;|  Epilome,  ou  Abrégé 
des  trois  premiers  livres  de  Galien  ,  de 
la  composition  des  médicamens ,  Tours, 
1545  ;  |  les  Aphorisme  s  d'I/ippocrate  tra- 
duits du  grée  en  français,  avec  les  com- 
mentaires de  Galien  sur  le  premier  livre* 
Paris,  1552;  idem,  Lyon,  4557,in-16; 
|  le  Promptuaire  des  lois  municipales  du 
royaume  de  France,  concordées  aux  cou- 
tumes de  Touraine ,  extrait  de  ses  com- 
mentaires sur  lesdiles  coutumes ,  Tours, 
1553 ,  in-8°. 

*  BRECHTUS  (Loevinus),  frère  mi- 
neur ,  né  à  Anvers ,  mort  en  1558  à  Ma- 
tines ,  où  il  était  gardien  du  couvent  de 
son  ordre ,  composa  une  tragédie  en  vers 
latins,  intitulée  :  Euripe ,  ou  De  l'incon- 
stance de  la  vie  humaine  ,  Louvain,  1549 
et  1550  ,  in-12.  Elle  fut  réimprimée  plu- 
sieurs fois  depuis  à  Cologne ,  in-12.  Des 
écoliers  la  représentèrent  en  1548,  avec 
un  grand  succès  de  collège.  Brechlus  a 
encore  laissé  :  Sylva  piorum  carminum, 
Louvain,  1555,  in-8°  ;  |  Memoralis  his- 
toria  complectens  agones  illuslrium  ali- 
quot  martxjrum  ,  Louvain ,  1551 ,  in-8°. 

BRECOURT  (Guillaume  MARCOU- 
REAU ,  sieur  de  ) ,  poète  français ,  auteur 
et  acteur ,  représentait  avec  plus  de  suc- 
cès qu'il  ne  composait.  Ses  pièces  drama- 
tiques furent  la  plupart  sifflées.  l'Ombre 
de  Molière ,  en  un  acte  et  en  prose  ,  est 
de  lui ,  ainsi  que  la  feinte  Mort  de  Jode- 
let ,  la  Noce  de  village ,  le  Jaloux  invisi- 
ble ,  pièces  où  l'on  trouve  des  plaisante- 
ries grossières  et  peu  de  génie.  11  se  rom- 
pit une  veine  en  jouant  sa  comédie  de 
Timon ,  et  mourut  de  cet  accident  en 
1685. 

*  BREDA.RT  (Georges)  ,  directeur  des 
missions  du  diocèse  d'Amiens  et  chanoine 
d'Arras  ,  né  à  Roubaix  en  Flandre  ,  fit  ses 
études  avec  succès  ,  et  fut  ordonné  piè- 
tre quelques  années  avant  la  révolution. 
Il  était  vicaire  à  Roncq  lorsqu'elle  éclata. 
Il  se  tint  caché  pendant  la  terreur,  sans 
cesser  d'exercer  les  fonctions  de  son  mi- 
nistère ,  en  faveur  de  ceux  qui  le  récla- 
maient. Après  le  concordat,  il  fut  cm- 


BRE  ffi 

ployé  dans  le  diocèse  de  Gand  ,  et  il  mon- 
tra autant  d'attachement  aux  principes 
que  de  zèle  pour  son  ministère.  A  l'épo- 
que de  la  restauration  il  s'empressa  de 
rentrer  en  France ,  et  M.  de  Bombellcs  , 
évèque  d'Amiens ,  le  pria  de  se  charger 
de  la  direction  des  missions  de  son  dio- 
cèse. Il  produisit  des  fruits  extraordinai- 
res dans  toutes  les  paroisses  qu'il  visita. 
En  1823  il  prêcha  le  carême  dans  l'église 
cathédrale  d'Arras  avec  un  tel  succès,  que 
l'évèque,  pour  lui  en  témoigner  sa  satis- 
faction ,  l'admit  dans  son  chapitre.  Il  prê- 
cha le  carême  de  l'année  suivante  à  St- 
Omer,  et  n'écoutant  que  son  zèle  il  don- 
nait chaque  jour  un  sermon  dans  une  des 
paroisses  de  la  ville.  Enfin ,  le  9  avril , 
quoique  indisposé,  il  voulut  monter  en 
chaire,  mais  il  tomba  sans  connaissance. 
On  le  descendit  aussitôt,  et  on  n'eut  que 
le  temps  de  lui  administrer  l*extrème- 
onction.il  expira  quelques momens  après. 
Le  jour  même  il  s'était  confessé  et  il  avait 
annoncé  à  ses  amis  qu'il  ferait  bientôt  un 
grand  voyage.  Son  zèle  était  infatigable, 
et  il  employait  souvent  une  partie  de  la 
nuit  à  confesser.  On  a  de  lui  :  |  Dialo- 
ijaes  sur  la  sanctification  des  dimanches, 
sur  le  blasphème  et  sur  l'usure ,  Amiens, 
1824,  in-18;  |  Instructions  sur  le  blas- 
phème en  forme  de  dialogue  ,  Lille,  1825, 
in- 12  ;  |  Instructions  familières  en  forme 
de  notes,  qui  devaient  avoir  plusieurs 
volumes,  dont  le  premier  seulement  a 
paru  à  Lille  en  1823,  in-12. 

BREDE.\BACII  (Matiiias),  néàKersp, 
village  du  duché  de  Bergues,  en  1489, 
fut  principal  du  collège  d'Emmerick,  où 
il  fit  fleurir  les  belles-lettres.  Il  mourut 
le  5  juin  1559,  laissant  trois  fils  qui  cul- 
tivèrent les  lettres.  Bredenbach  le  père 
était  versé  dans  la  littérature  ,  bon  théo- 
logien, et  savant  controversiste.  On  a  de 
lui  :  |  Introduclio  in  grœcas  lilteras  3  Co- 
logne ,  1534  ;  |  De  dissidiis  in  religione 
componendis ,  etc.,  1553;  |  une  apologie 
de  ce  livre  qui  fut  attaqué  par  des  luthé- 
riens ,  intitulée  Hyperaspistes ,  1560 , 
|  In  66  Psalmos  priores  et  in  Evangelium 
secundum  Matth.  Commentaria ,  1560; 
in-4°.  Ces  commentaires  sont  écrits  d'une 
manière  noble  et  polie. 

BREDENBACH  (Tilmax  ) ,  fils  du  pré- 
cédent, chanoine  de  Cologne ,  né  à  Emme- 
rich  en  1544  ,  mort  l'an  1587 ,  a  laissé 
quelques  ouvrages  de  coniroversc ,  et 
Historia  belli  Livonici,  insérée  dans  la 
collection  intitulée  Rerum  Moscovitica- 
rum  auctores,  Francfort,  1600*. 


6  IÎRE 

*  BREDEXn\CH  (Ji:,v\de),  écrivain 
allemand  du  16e  siècle,  né  à  Dusseldorf, 
est  auteur  d'un  poème  intitulé  :  Militia 
Christiana  quâ  docetur  qui  contra  vitia 
et  carnempugnandum >  Dusseldorf,  1560; 
et  d'un  livre  De  armeniorum  rilibus,  mo~ 
ribus  et  erroribus ,  Bâle  ,  1577,  in-8°. 

BBEDEBODE  (  Henri,  comte  de),  jeune 
seigneur  descendant  des  anciens  comtes 
de  Hollande  ,  et  un  des  chefs  de  la  conju- 
ration qui  se  forma  aux  Pays-Bas  en  1565. 
Il  était  tel  qu'il  le  fallait  pour  un  rôle 
semblable  ;  un  courage  impétueux  et 
ennemi  de  la  subordination  le  rendait 
agréable  aux  séditieux.  C'est  lui  qui ,  à  la 
tète  et  au  nom  des  conjurés,  présenta 
une  requête  pleine  de  menaces  à  Margue- 
rite de  Parme ,  gouvernante  des  Pays- 
Bas.  Le  comte  de  Berlaimond ,  pour  ras- 
surer Marguerite,  lui  ayant  dit  à  l'oreille 
qu'il  n'y  avait  rien  à  craindre,  que  ce 
n'était  qu'une  bande  de  gueux  ,  Brede- 
rode ,  qui  avait  entendu  ce  propos ,  donna 
à  la  faction  le  nom  de  gueux  qu'elle  con- 
serva. Les  conjurés  lui  donnèrent  com- 
mission de  lever  des  troupes,  avec  les- 
quelles il  se  retira  en  Hollande  ,  dont  il 
ambitionnait  la  souveraineté.  La  gouver- 
nante ayant  exigé  un  nouveau  serment 
des  magistrats  et  des  principaux  seigneurs 
du  pays  ,  Brederode  le  refusa  et  se  démit 
de  ses  charges.  Les  chefs  de  la  conjura- 
tion s'étant  désunis,  et  quelques-uns  même 
expatriés,  Brederode  resta  ferme  dans 
l'espérance  de  conquérir  la  Hollande  ; 
mais  il  se  trouva  bientôt  obligé  d'en  sor- 
tir pour  se  retirer  en  Allemagne  ,  où  il 
tâchait  de  lever  quelques  troupes ,  lors- 
qu'il tomba  malade ,  et  mourut  dans  des 
transports  qui  lui  ôtèrenl  la  raison  avant 
de  lui  ôter  la  vie  en  1568.  —  Renaud  de 
BBEDEBODE,  père  de  Henri  dont  il  est 
question  dans  cet  article  ,  mort  en  1556  , 
a  eu  un  autre  fils  nommé  Renaud ,  comme 
lui  chef  de  la  branche  catholique,  dont 
est  issu  Henri- Louis-Pierre,  comte -de 
Brederode,  seigneur  distingué  par  sa  re- 
ligion et  ses  vertus,  qui  vivait  encore  à 
Bruxelles  en  1790.  La  branche  protes- 
tante ,  postérité  de  Henri,  est  éteinte. 

BBÉENBEBG  (  Bartiiolomé  ) ,  né  à 
Ulrechl  en  1614,  peintre  et  graveur  fa- 
meux ,  excellait  surtout  dans  les  paysages 
et  les  animaux.  Il  gravait  à  l'eau  forte  ses 
dessins.  On  voit  dans  la  collection  du  roi, 
et  dans  la  galerie  du  Palais-Boyal ,  quel- 
ques tableaux  de  ce  maitre.  Il  mourut 
en  1660; 

*  BREGLET  (  Abuahasi-Locis)  ,  hoi'o- 


BRE 


537 


BRE 


ger-mécanicien ,  naquit  le  10  janvier  1747 
à  Neuehâlcl  en  Suisse  ,  d'une  famille  d'o- 
rigine française  et  professant  la  religion 
réformée.  Encore  enfant,  il  perdit  son 
père.  Sa  mère  ayant  contracté  un  second 
mariage  avec  un  horloger,  le  jeune  Bré- 
guet  reçut  de  son  beau-père  les  premiers 
principes  de  l'art  qu'il  exerçait.  Amené  à 
Paris  en  1762 ,  il  montra  bientôt  les  plus 
heureuses  dispositions  pour  la  partie  dans 
laquelle  il  a  excellé  plus  tard.  En  môme 
temps  qu'il  s'appliquait  à  l'horlogerie  ,  il 
trouvait  le  temps  d'étudier  les  mathéma- 
tiques sous  l'abbé  Marie,  qui  conçut  pour 
lui  une  vive  amitié.  Ayant  formé  un  éta- 
blissement à  Paris,  il  ne  tarda  pas  à  obte- 
nir une  brillante  réputation.  Il  se  fit  con- 
naître d'abord  en  perfectionnant  les  mon- 
tres perpétuelles  qui  se  remontent  elles- 
mêmes  ,  par  le  mouvement  qu'on  leur 
imprime  en  les  portant.  Bréguet  les  ren- 
dit d'une  régularité  parfaite,  et  dès  1780, 
il  en  fit  pour  la  reine  de  France  et  pour 
plusieurs  autres  personnages  distingués. 
C'est  encore  à  lui  qu'on  doit  l'invention 
du  pare-chûte  ,  pièce  qui  sert  à  garantir 
le  régulateur  de  ces  montres  de  toute 
fracture,  lorsqu'elles  éprouvent  des  chocs 
violens.  Ces  succès  n'étaient  que  le  pré- 
lude de  ceux  qui  devaient  l'illustrer  dans 
le  cours  de  sa  carrière.  Bréguet  imagina 
des  cadratures  de  répétition ,  d'une  dis- 
position plus  sûre ,  des  ressorts-timbres , 
qui  sonnent  d'autant  mieux  que  la  boîte 
est  plus  exactement  fermée ,  et  qui  ont 
donné  l'idée  de  tous  ces  bijoux  à  musi- 
que, si  connus  aujourd'hui  en  Europe. 
Mais  cet  habile  mécanicien  ne  se  borna 
pas  à  des  ouvrages  uniquement  destinés 
à  l'usage  civil.  Il  enrichit  encore  d'un 
grand  nombre  d'instrumens  précieux  la 
science  de  la  mesure  du  temps  appliquée 
à  la  navigation ,  à  l'astronomie  et  à  la 
physique.  C'est  à  lui  qu'on  doit  l'échap- 
pement à  force  constante  et  à  remontoir 
indépendant  _,  l'échappement  à  hélice J 
l'échappement  dit  naturel,  etc.  Bréguet 
a  construit  aussi  un  grand  nombre  de 
pendules  astronomiques  ,  de  montres  ou 
horloges  marines,  et  de  chronomètres  de 
poche ,  qui  surpassent  en  précision  et  en 
solidité  tout  ce  qui  avait  paru  de  plus  par- 
fait en  ce  genre.  Plusieurs  instrumens 
nouveaux  de  Bréguet  figurèrent  à  l'expo- 
sition qui  eut  lieu  au  Louvre  en  1819.  On 
y  remarquait  un  chronomètre  double  de 
poche,  à  deux  garde-temps  d'une  grande 
perfection,  une  horloge  astronomique 
double  ,  dont  les  deux  mouvemens  et  les 


deux  pendules,  absolument  séparés,  s'in- 
fluencent de  manière  à  se  régler  mutuel- 
lement ,  et  surtout  une  horloge  marine, 
servant  de  pendule  de  cheminée,  à  tour- 
billon, portant  un  autre  chronomètre  do 
poche.  Par  cette  pièce  qui  est  un  véritable 
chef-d'œuvre,  Bréguet  paraissait  avoir 
porté  l'art  de  l'horlogerie  à  son  plus  haut 
degré  de  perfection  possible.  De  pareils 
succès  dans  un  art  utile  étaient  pour  la 
France  un  juste  sujet  d'orgueil  et  un  titre 
réel  de  gloire.  Bonaparte  qui  savait  dis- 
tinguer et  encourager  tous  les  genres  de 
talens,  voulant  faire  au  grand-seigneur 
un  présent  qui  lui  donnât  une  idée  de 
l'industrie  française,  lui  envoya  une 
pendule  sympathique  de  Bréguet.  Tel  en 
est  le  mécanisme,  qu'il  suffit  de  placer 
sur  cette  pendule  ,  avant  midi ,  ou  avant 
minuit,  une  répétition  de  poche,  soit 
qu'elle  retarde  soit  qu'elle  avance ,  pour 
qu'à  ces  deux  heures,  les  aiguilles  de  la 
montre  soient  instantanément  remises 
sur  l'heure  et  la  minute  de  la  pendule. 
Parmi  les  ouvrages  précieux  qui  sont 
sortis  des  ateliers  de  Bréguet,  il  faut 
compter  encore  son  compteur  astronomi- 
que _,  ses  montres  à  répétition  au  tact , 
son  compteur  militaire  ,  instrument  son- 
nant pour  régler  le  pas  de  la  troupe,  etc. 
Ajoutons  qu'il  a  imaginé  pour  les  télé- 
graphes un  mécanisme  à  la  fois  solide  et 
léger.  Bréguet,  que  la  révolution  avait 
forcé  de  quitter  la  France,  reprit  après 
la  fin  de  nos  troubles  politiques,  sa  vie 
laborieuse  et  tranquille.  Il  fut  successi- 
vement nommé  horloger  de  la  marine, 
membre  du  bureau  des  longitudes ,  de  la 
légion  d'honneur,  de  l'institut.  Il  s'occu- 
pait d'un  grand  ouvrage  sur  l'horlogerie , 
où  il  se  proposait  de  décrire  la  marche 
qui  l'avait  conduit  à  ses  découvertes , 
lorsque  la  mort  le  surprit  le  17  septem- 
bre 1823.  Bréguet  était  désintéressé  ,  mo- 
deste et  plein  d'ingénuité.  Il  laisse  un  fils 
qui,  héritier  de  son  goût  et  de  son  talent, 
s'est  chargé  de  continuer  ses  travaux 

BREGY  (  Charlotte  SAUMAISE  de 
CHAZAN,  comtesse  de  ),  nièce  du  savant 
Saumaise  ,  fut  une  des  dames  d'honneur 
de  la  reine  Anne  d'Autriche.  Elle  se  dis- 
tingua dans  cette  cour  par  son  esprit  et 
par  sa  beauté.  On  a  d'elle  un  Recueil  de 
lettres  et  de  vers,  1666,  in-12,  qui  fut  es- 
timé de  son  temps ,  et  dans  lequel  on 
trouve  quelques  pensées  ingénieuses.  Elle 
mourut  en  1693,  à  Ih  ans. 

*  BREGY  de  FLECELLES ,  religieuse 
de  Port-Royal,  dite  la  sœur  Sainte-Eusto- 


ÏÎRE  5 

due,  a  écrit  une  Vie  de  la  mère  Marie- 
des-Anges  ,  abbcsse  de  Maubuisson ,  en- 
suite de  Port-Royal,  Amsterdam,  1754, 
2  part,  in-12.  On  a  encore  une  relation 
de  sa  captivité,  dans  le  recueil  intitulé  : 
Divers  actes  ,  lettres  et  relations  des  re- 
ligieuses de  Port-Royal  .  1724,  in-4°. 

'  BREISLACK.  (Scipiom),  né  à  Rome 
vers  1758,  d'un  père  originaire  de  la 
Souabe,  se  consacra  de  bonne  heure  à 
l'étude  des  sciences  exactes  et  naturelles. 
Nommé  professeur  de  physique  et  de  ma- 
thématiques à  Raguse,  il  y  connut  l'abbé 
Fortis,  qui  lui  inspira  le  goût  de  l'histoire 
naturelle.  Il  devint  ensuite  professeur  des 
mêmes  sciences  dans  le  collège  Nazareno, 
à  Rome.  Sentant  la  nécessité  d'étudier  la 
nature  dans  la  nature  elle-même ,  il  fit 
plusieurs  voyages  dans  les  montagnes, 
pour  y  faire  des  recherches  géologiques. 
De  Rome  il  se  rendit  à  Naples ,  pour  y 
continuer  ses  observations  scientifiques 
dans  ce  pays  si  curieux  pour  les  natura- 
listes. Breislack  fit  alors  les  expériences 
les  plus  dangereuses  dans  la  Solfataria  de 
Pouzzoles, où  il  établit  un  grand  appareil 
chimique ,  pour  tirer  de  ces  mines  le  plus 
grand  avantage.  Sa  santé  ne  lui  ayant  pas 
permis  de  continuer  ce  travail,  il  donna 
ses  soins  à  l'instruction  des  élèves  de  l'ar- 
tillerie royale  de  Naples,  dirigée  alors  par 
le  général  Pommereul.  Les  révolutions 
de  l'Italie  l'entraînèrent  à  Rome  ,  puis  à 
Paris ,  où  il  fut  en  relation  avec  tous  les 
savans  de  cette  capitale.  En  1802,  il  re- 
tourna dans  sa  patrie  ,  où  il  fut  nommé 
inspecteur  des  fabriques  de  nitre  et  de 
poudr  ,  puis  membre  de  l'institut  de  Mi- 
lan. Il  fit  partie  ensuite  des  sociétés  de 
Londres  ,  d'Edimbourg  ,  de  Berlin  ,  de 
Saint-Pétersbourg ,  de  Munich  ,  de  Tu- 
rin, etc.  Il  est  mort  le  15  février  1826.  On 
a  de  lui  Essais  minèralogiques  sur  la  sol- 
fatare de  Pouzzoles,  trad.  du  manuscrit 
italien  de  Fr.-R.-J.  de  Pommereul  J  Na- 
ples ,  1792,  in-8°;  |  Voyage  physique  et 
lithologique  dans  la  Camp anie .suivi  d'un 
Mémoire  sur  la  constitution  physique  de 
Rome,  etc.,  traduit  du  manu, cr il  italien 
de  Fr.-R.-J.  de  Pommereul ,  avec  des 
notes,  Paris  ,  4801,  2  vol.  in-80,"avec  six 
planches.  |  Introduction  à  la  géologie  ou 
à  l'histoire  naturelle  de  la  terre,  trad. 
de  l'italien  de  J.-J.-B.  Bernard,  Milan  , 
4811,  2  vol.  in-S°;  Paris,  1812,  in-8°;  )  In- 
stitutions géologiques  J  trad.  (  sous  les 
yeux  de  l'auteur  )  du  manuscrit  italien  de 
P.-J.-L.  Campmas,  Milan,  1819,  3  vol. 
in-8°,  avec  un  atlas  de  56  planches.  Les 


38  BRE 

recueils  de  l'académie  de  Milan  contien- 
nent un  grand  nombre  de  ses  Mémoires. 
BREITIJVGER  (Jeajkïaoques),  né  à 

Zurich  le  15  mars  1701,  chanoine  du 
Grand-Moûtier  ou  Gross-Munsler ,  s'ap- 
pliqua à  l'étude  des  langues  savantes,  des 
belles-lettres  et  de  l'antiquité.  Il  fut  pro- 
fesseur en  hébreu ,  et  mourut  à  Zurich  , 
le  15  décembre  1770.  Ses  principaux  ou- 
vrages en  allemand  sont  des  traités  sur 
la  poésie  ,  sur  la  peinture ,  et  sur  les  an- 
tiquités de  Zurich.  Sa  Poétique  brille  par 
la  finesse  du  goût  et  par  la  sagesse  des 
règles.  Il  a  donné  aussi  une  bonne  édition 
des  Poésies  de  Martin  Opitius,  et  de  l'an- 
cien Testament  delà  version  des  Septante, 
1730-1732,  4  vol.  in-4°. 

*  BKEITKOPF  (  Jeaiv-Gottlob-Emma- 
nuel),  célèbre  imprimeur  de  Leipsick, 
né  dans  cette  ville  le  25  novembre  1719, 
d'un  père  imprimeur-libraire,  eut  d'a- 
bord beaucoup  d'éloignement  pour  cet 
état  auquel  on  le  forçait  de  s'appliquer , 
ce  qui  contrariait  son  goût  pour  les 
sciences,  la  littérature  et  les  langues  dans 
lesquelles  il  était  très  versé.  La  lecture  des 
Œuvres  d'Albert  Durer,  consacrées  à 
donner  une  belle  forme  aux  caractères 
d'imprimerie,  en  les  construisant  d'après 
les  règles  mathématiques ,  triompha  de 
l'aversion  de  Breitkopf  pour  cet  art,  et 
il  s'occupa  dès  lors  avec  le  plus  grand 
succès  du  perfectionnement  de  l'impri- 
merie. Il  donna  aux  caractères  allemands 
une  élégance  inconnue  avant  lui  et  en- 
core bien  rare  aujourd'hui ,  combina  les 
matières  de  fonte  pour  rendre  les  types 
plus  durables,  et  fit  d'utiles  recherches 
sur  les  meilleurs  moyens  d'imprimer  la 
musique  ,  les  figures  mathématiques  ,  les 
cartes  géographiques  et  même  les  por- 
traits, avec  des  caractères  mobiles.  Il  réus- 
sit à  imprimer  avec  son  procédé  les  livres 
chinois  qu'on  gravait  auparavant  sur  des 
tables  de  bois.  Son  imprimerie  passait  à 
juste  titre  pour  la  plus  riche  de  l'Europe 
en  caractères  de  toute  espèce,  et  ses  fon- 
deries fournissaient  les  contrées  les  plus 
éloignées  :  on  y  voyait  les  matrices  de  400 
alphabets  différons.  Safonderie,  composée 
de  12  fourneaux,  occupait  seule  59  ou- 
vriers. Breitkopf  mourut  à  Leipsick  l'an 
1794.  lia  laissé  une  riche  bibliothèque  et 
plusieurs  ouvrages  relatifs  à  son  art 
Les  principaux  sont  un  Essai  sur  l'histoire 
de  l'invention  de  l'imprimerie  3  Leipsick  , 
in-4°,  1774  :  un  Essai  sur  l'origine  des 
caries  à  jouer ,  l'introduction  du  papier 
de  linge  et  les  commencemens  de  la  gra- 


BRE  lî 

vure  en  bois  en  Europe,  2  volumes  in-A-0, 
1784-1801  ,  en  allemand. 

*  BREMBYTI  (Isotta),  femme  poète, 
issue  d'une  noble  famille  du  Bergamas- 

que ,  et  mariée  à  Jérôme  Grumello,  flo- 
rissait  vers  le  milieu  du  15e  siècle.  Elle 
fut  très  versée  clans  les  langues  latine, 
italienne  ,  française  et  espagnole.  La  lan- 
gue latine  ne  lui  était  pas  moins  familière; 
elle  en  fit  usage  en  plusieurs  occasions , 
devant  le  sénat  de  Milan,  où  elle  eut  à 
traiter  plusieurs  affaires  relatives  à  ses 
propres  intérêts.  Elle  avait  pris  pour 
devise  le  jardin  des  Hespérides  avec  ses 
pommes  d'or,  et  le  dragon  mort  devant  la 
porte,  avec  cette  inscription  espagnole  : 
Yo  mejor  los  guarderè  (je  les  garderai 
mieux).  Elle  mourut  subitement  le  24  fé- 
vrier 1586,  cl  fut  célébrée  de  son  vivant 
et  après  sa  mort  par  tous  les  beaux  es- 
prits du  temps.  Ses  ouvrages  n'ont  point 
été  réunis;  on  les  trouve  dans  divers  re- 
cueils dont  un  lui  fut  consacré  après  sa 
mort,  sous  ce  titre  :  Rime  funerali  di  di- 
versi  illuslri  ingegni, composte  in  volgare 
e  latina  favclla,  in  morte  dalla  molio 
illustra  signora  Isotta  Iirembala  Gru- 
me lia,  Bergame,  1587,  in-4°. 

*  BREMQAD  (Gabeieixe),  vivait  dans 
le  17e  siècle,  où  les  pèlerinages  à  Jérusa- 
lem excitaient  fortement  le  zèle  des  fi- 
dèles ;  plusieurs  femmes  osèrent  entre- 
prendre ces  saintes  pérégrinations  ;  dans 
ce  nombre ,  il  n'en  est  aucune  qui  ait 
poussé  plus  loin  ses  excursions  que  Ga- 
brielle  Bremond  ,  de  Marseille ,  dont  le 
Voyage  fut  traduit  du  français  et  publié 
en  italien  à  Rome,  en  1073,  in-4°;  ibidem, 
1679,  in-8°.  Elle  visita  la  baute  et  basse 
Egypte,  la  Palestine,  le  mont  Sinaï,le 
mont  Liban  et  presque  toutes  les  pro- 
vinces de  la  Syrie. 

BREMOAD  (  Antonin  )  ,  dominicain  , 
né  à  Cassis  en  Provence,  en  1692,  savant 
laborieux  ,  parvint  par  son  mérite  au  gé- 
néralat  de  son  ordre,  et  mourut  à  Rome 
Je  11  juin  1755 ,  à  64  ans,  après  avoir  pu- 
blié :  |  Rullarium  ordinis  dominicarum , 
1729,  8  vol.  in-fol.  |  De  Slirpe  sancli  Do- 
minicij  1740,  in-4°. 

BREMO.\D  (  François  de  )  naquit  à 
Paris,  en  1713 ,  d'un  avocat ,  et  y  mourut 
en  1742  ,  dans  sa  29e  année.  L'académie 
des  Sciences  se  l'associa  ,  et  la  société 
royale  de  Londres  lui  accorda  le  litre  de 
secrétaire.  Sa  traduction  des  Transactions 
philosophiques  de  ce  corps  lui  valut  cet 
honneur.  Il  en  publia  4  vol.  in-4°,  qui 
comprennent  les  années  1751  jusqu'à  1736 


59  BRE 

inclusivement.  Bremond  accompagna  son 
ouvrage  de  notes;  les  unes  historiques, 
qui  remontent  à  l'histoire  des  différentes 
opinions  :  les  autres  critiques,  qui  corri- 
gent ce  que  ses  originaux  peuvent  avoii 
de  défectueux.  Il  y  ajouta  une  table  des 
Transactions  ,  depuis  1605  jusqu'à  1730, 
1  vol.  in-4°.  On  a  encore  de  lui  :  J  un  Re- 
cueil de  tous  les  éc?its  publiés  en  Angle- 
terre sur  le  remède  contre  la  pierre  ,  de 
MUe  Stéphens.  |  Une  Traduction  des  ex- 
périences physiques  de  Haies,  sur  la  ma- 
nière de  dessaler  l'eau  de  la  mer  et  de  la 
rendre  potable,  in-12.  |  Une  Traduction 
posthume  des  expériences  physico-méca- 
niques d'Haucksbée  ,  2  vol.  in-12  ,  ornée 
d'une  histoire  complète  de  l'électricité. 

•BREMOAT  { Etienne),  docteur  de 
Sorbonne,  chanoine  et  grand-vicaire  de 
Paris,  né  à  Chàtcaudun  en  1714  ,  fut  suc- 
cessivement curé  à  Chartres,  chanoine  de 
la  cathédrale  et  grand-pénitencier  de  ce 
diocèse.  En  1759  ,  il  fut  nommé  chanoine 
de  Notre-Dame  à  Paris.  Ayant  été  chargé 
par  l'archevêque,  M.  de  Beaumont ,  de 
faire  une  visite  chez  les  ursulines  de 
Saint-Cloud,  accusées  de  favoriser  les 
intrigues  des  convulsionnaires,  il  fut  dé- 
noncé au  parlement ,  qui ,  pour  soulenir 
les  prétendus  miracles  du  diacre  Fàris, 
persécutait  beaucoup  de  prêtres.  Décrété 
de  prise  de  corps ,  l'abbé  Bremont  fut 
obligé  de  se  cacher  et  de  passer  à  l'étran- 
ger. Il  ne  recouvra  sa  liberté  et  ses  biens 
qu'en  1773,  et  mourut  l'an  1793,  à  la  suite 
d'un  érysipèle  goutteux ,  accablé  par  les 
chagrins  cuisans  que  lui  occasionaientles 
maux  de  sa  patrie,  et  surtout  la  captivité 
de  Louis  XVI.  On  lui  doit  :  |  Dissertation 
sur  la  notoriété  publique  des  pécheurs 
scandaleux,  1756.  |  Recueil  de  pièces  in- 
téressantes sur  la  loi  du  silence.  \  Repré- 
sentation à  M.  Necker  sur  son  livre  de 
l  Importance  des  opinions  religieuses  3 
1788.  |  De  la  raison  dans  l'homme  ,  1785 
à  1787,  6  vol.  in-12,  son  meilleur  ouvrage, 
mais  où  l'on  trouve  trop  de  longueurs  et 
de  citations.  Il  est  dirigé  contre  l'incrédu- 
lité, et  lui  valut  un  bref  honorable  de 
Pie  VI,  qui  porte  la  date  du  16  septembre 
1788. 

*  BREMO.\TIER  (  Nicolas-Thomas  ) , 
naturaliste  et  physicien,  inspecteur-gé- 
néral des  ponts  et  chaussées,  né  en  1758, 
mort  à  Paris  au  mois  d'août  1809.  On  lui 
doit  la  lixation  des  sables,  et  la  plantation 
des  dunes  du  golfe  de  Gascogne,  travaux 
ingénieux  qui  font  l'admiralion  des  gens 
de  l'art.  Des  montagnes   de  sable  cou- 


BRE 


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BRA 


vivaient ,  depuis  plusieurs  siècles ,  une 
vaste  étendue  de  territoire  et  avaient  en- 
seveli des  habitations  et  des  villages  en- 
tiers sur  les  côtes  de  l'Océan;  tous  les 
jours  ces  montagnes  faisaient  de  nouveaux 
progrès,  et  menaçaient  de  proche  en 
proche  tous  les  champs  cultivés,  lorsqu'il 
en  prit  connaissance.  Son  génie  inventif 
lui  fit  présumer  qu'il  pourrait  y  remédier, 
et  il  y  parvint  effectivement,  en  sorte 
qu'on  voit  aujourd'hui  avec  admiration 
de  superbes  forêts  de  pins  maritimes  s'é- 
lever, sur  l'espace  de  plusieurs  lieues  des 
côtes  de  l'Océan ,  où  l'on  ne  voyait  aupa- 
ravant que  des  sables  arides.  D'autres 
arbres,  et  même  la  vigne  y  végètent  avec 
force.  Il  a  rendu  compte  des  moyens  qu'il 
employa,  dans  plusieurs  mémoires  adres- 
sés à  la  société  d'agriculture,  dont  il  était 
membre.  Il  a  coopéré  avec  MM.  Mésaize, 
Varin  et  Noël  à  un  Rapport  sur  l'exis- 
tence des  mines  de  fer,  dans  le  déparle- 
ment de  la  Seine- Inférieure ,  inséré  dans 
le  Magasin  encyclopédique,  troisième  an- 
née, tome  6. 

*  BRENDAN  (  saint  ) ,  né  en  Irlande 
vers  la  fin  du  5e  siècle  ,  mort  le  16  mai 
578,  fonda  le  monastère  d'Ailech  en  An- 
gleterre, bâtit  une  église  dans  les  îles 
Shetland,  établit  plusieurs  couvens  et  plu- 
sieurs écoles  dans  sa  patrie,  et  contribua 
par  ce  moyen  à  la  civilisation  de  l'Irlande. 

BREVET  (Henri-Catherine),  docteur 
en  médecine,  membre  de  l'ordre  royal  de 
la  légion-d'honneur  ,  né  le  25  novembre 
1784,  àMoissey,  village  près  de  Dole,  en 
Franche-Comté ,  vint  à  Paris  étudier  la 
médecine,  dans  laquelle  il  obtint  des  suc- 
cès, et  s'établit  ensuite  à  Dijon.  La  révo- 
lution commençait  à  cette  époque.  Brenet 
qui  s'en  déclaia  l'adversaire  ,  fut  arrêté 
en  1793,  et  transféré  au  château  de  Dijon 
d'où  il  parvint  à  s'évader.  Une  maladie 
épidémique  s'étant  manifestée  dans  la 
capitale  de  la  Bourgogne  ,  le  comité  ré- 
volutionnaire de  celle  ville  demanda 
Brenet,  qui  revint  donner  ses  soins  à 
un  grand  nombre  de  malbeureux  qui 
encombraient  les  hôpitaux  civils  et  mili- 
taires. En  1815,  il  fut  envoyé  à  la  chambre 
des  députés, où  il  siégea  au  côlé  droit, et 
se  montra  opposé  au  ministère  Le  dé- 
partement de  la  Côte-d'Or  le  réélut  en 
1820.  Il  est  mort  le  3  mai  1824 ,  dans  sa 
soixantième  année.  Brenet  ne  se  fil.  point 
remarquer  comme  député.  Comme  mé- 
decin ,  il  a  donné  des  preuves  de  t  lent , 
et  plusieurs  sociétés  savantes  lui  ouvri- 
rent leur»  portes. 


BRENIUS  (Daniel  ) ,  socinien  et  armi- 
nien, disciple  d'Episcopius  ,  né  à  Harlem 
en  1584 ,  et  mort  en  1664 ,  a  laissé  des 
Commentaires  sur  l'Ecriture,  et  quelques 
autres  ouvrages  infectés  de  ses  erreurs. 
La  plupart  ont  paru  sous  ce  titre  Dan. 
Brenii  opéra  theologica ,  Amsterdam  , 
1664,  in-fol.  Ces  ouvrages  composent  aussi 
un  volume  de  la  Bibliothèque  des  Frères 
Polonais. 

*  BREiWER  (Elie),  savant  antiquaire 
suédois  ,  né  en  1646  ,  acquit  de  grandes 
connaissances  dans  les  antiquités  et  la 
numismatique.  S'étant  appliqué  avec  suc- 
cès au  dessin ,  Charles  XI  l'emmena  avec 
lui  dans  un  voyage  qu'il  fit  dans  ses  états, 
et  le  chargea  de  dessiner  les  anciens  mo- 
numens  de  ce  pays.  Ses  talens  pour  la 
peinture  le  firent  nommer  peintre  en  mi- 
niature de  la  cour  ;  mais  cet  le  place  ne 
suspendit  point  ses  travaux.  Il  rassembla 
une  riche  collection  de  médailles  et  de 
monnaies  de  son  pays ,  et  publia ,  avec  le 
graveur  Sertorius,  Thésaurus  nummo- 
rum  sueco-golhicorum ,  Stockholm,  1691, 
in-4°.  On  a  encore  de  lui  Nomenclalura 
trilinguis  genuina  specimina  colorum 
simplicium  exhibens,quibus  artifices  mi- 
nialurœ  picturœ  utuntur.  Charles  XII, 
qui  l'estimait  beaucoup ,  lui  donna  des 
lettres  de  noblesse.  Il  mourut  le  17  jan- 
vier 1717.  —  Sa  seconde  femme  Sophie- 
Elisaret  WEBER ,  dont  il  eut  15  enfans  , 
se  distingua  par  son  talent  pour  la  poésie. 
On  a  recueilli  ses  OEuvres  en  2  volumes 
in-12, 1715-1732. 

BREftNUS ,  général  des  Gaulois  séno- 
nais,  s'étant  ouvert  un  passage  par  les 
Alpes  ,  fondit  sur  la  Lombardie,  assiégea 
Clusium  en  Toscane,  vainquit  les  Romains 
près  de  la  rivière  d'Allia ,  marcha  vers 
Rome,  s'en  rendit  maître,  et  livra  la  ville 
au  pillage  et  aux  flammes.  Le  tribun  Sul- 
pitius  ,  au  lieu  de  le  chasser  avec  le  fer , 
promit  de  payer  mille  livres  d'or,  s'il 
voulait  lever  le  blocus  du  Capitule  et  sor- 
tir des  terres  de  la  république.  Les  Gau- 
lois acceptèrent  l'offre;  mais  dès  qu'on 
eut  apporté  l'or  pour  le  peser  ,  Brennus 
mit  en  usage  mille  supercheries  pour 
que  la  somme  fût  plus  considérable.  Il 
jela  son  épée  et  son  baudrier  dans  le 
bassin  de  la  balance,  opposé  à  celui  où 
était  l'or  ,  ne  répondant  aux  plaintes  que 
par  ces  mots  dignes  d'un  barbare  :  Mal- 
heur aux  vaincus! . . . .  Camille  survenu 
dans  l'instant  annula  ce  traité  honteux , 
livra  bataille  aux  ennemis  sur  les  ruines 
de  sa  patrie,  et  les  contraignit  de  s'en- 


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KM 


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fuir,  vers  l'an  388  ou  590  avant  Jésus- 
Christ  (i). 

BREIVMJS  ou  BRENN,  général  gaulois, 
passa,  à  la  tète  de  152  mille  hommes  de 
pied  et  20  mille  chevaux  ,  dans  l'Orient , 
pénétra  dans  la  Macédoine ,  tua  Sosthène, 
général  de  cette  nation,  saccagea  la  Thes- 
salie  et  la  Grèce  ,  et  s'avançait  vers  le 
temple  de  Delphes  ,  pour  en  enlever  les 
trésors ,  lorsqu'il  fut  repoussé.  Brennus  , 
au  désespoir  de  voir  son  armée  en  dé- 
route ,  se  donna  la  mort ,  après  s'y  être 
préparé  par  un  excès  de  vin ,  vers  Tan 
278  avant  J.  C.  Les  poètes  grecs  ne  man- 
quèrent pas  d'attribuer  à  leurs  dieux  sa 
défaite.  Apollon,  suivant  eux  ,  défendit 
lui-même  son  temple  contre  les  barbares, 
fit  trembler  la  terre  sous  leurs  pieds,  et 
rouler  des  rochers  sur  leurs  tètes.  Enfin 
le  dieu  Pan  frappa  les  Gaulois  d'une  ter- 
reur si  subite ,  qu'ils  se  tuaient  les  uns 
les  autres  :  c'est  de  là  qu'est  venu  le  nom 
de  terreur  panique.  Du  reste ,  il  est  ti  es 
vrai  que  Dieu  a  souvent  puni  les  sacri- 
lèges et  l'irréligion  ,  même  sous  le  règne 
du  paganisme.  Dans  celui  qui  ne  connait 
pas  le  vrai  Dieu,  le  mépris  d'une  divinité 
quelconque  est  une  impiété  détestable , 
une  disposition  d'esprit  et  de  cœur  qui 
renferme  toute  la  scélératesse  de  l'a- 
théisme. 

*  BRENTEL  (Frédéric),  célèbre  pein- 
tre en  miniature ,  né  à  Strasbourg  vers 
1586 ,  mort  en  Allemagne ,  dans  un  âge 
fort  avancé ,  fut  élève  de  Guillaume  Bawr. 
Son  dessin  est  pur,  son  coloris  agréable  , 
et  ses  couleurs  sont  vives.  La  bibliothèque 
du  roi  possède  un  Livre  d'heures ,  avec 
40  miniatures ,  dans  lequel  ce  maître  a 
réduit  en  petit ,  avec  une  entente  admira- 
ble ,  les  plus  beaux  tableaux  des  écoles 
hollandaise  et  flamande. 

BRENTIUS  ou  BRENTZEN  (Jean),  né 
en  1499  à  Weil  en  Souabe ,  chanoine  de 
Wirtemberg ,  embrassa  le  luthéranisme  a 
la  persuasion  du  chef  de  cette  secte.  De 
son  disciple  il  devint  bientôt  son  apôtre , 
sans  pourtant  adopter  en  tout  sa  doctrine. 
Il  soutenait  «  que  le  corps  de  J.-C.  était 
»  dans  l?eucharistie ,  non-seulement  avec 


(i)  Les  récits  de  Plutarque  et  de  Polybe  contre- 
disent cette  version.  Ge  dernier  affirme  positivement 
que  les  Gaulois  ne  se  retirèrent,  en  faisant  un  traité 
arec  les  vaincus  ,  que  pour  voler  au  secours  de  leur 
propre  pays  attaque'  par  les  Ve'nètes  ,  et  cette  opinion 
acquiert  un  grand  poids,  lorsque  l'on  considère 
quelle  terreur  U  seule  idée  d'une  guerre  contre  les 
Gaulois  faisait  naître  depuis  chez  les  Romains.  Paul 
Orose  dit  dans  son  Histoire  universelle  que  les  Gau- 
lais prirtnt  Rome  ,  F  incendièrent  et  la  vendirent. 

2. 


»  le  pain  ,  mais  partout ,  comme  sa  divi- 
»  nité,  depuis  l'Ascension.  »  Ceux  qui  le 
suivirent,  furent  nommés  ubiquilaires. 
Après  la  mort  de  son  maître ,  Brentius  lui 
succéda  dans  le  gouvernement  du  parti 
luthérien ,  et  clans  la  faveur  du  duc  de 
Wirtemberg ,  qui  l'admit  en  son  conseil  le 
plus  intime,  et  le  combla  de  bienfaits.  11 
fut  un  des  principaux  acteurs  dans  les  af- 
faires de  la  religion  qui  troublèrent  toute 
l'Europe  ,  et  mourut  en  1570  à  Tubingen, 
où  il  professait  la  théologie.  Il  était  tour- 
menté depuis  sa  jeunesse  d'une  insomnie 
qu'il  devait  à  sa  trop  grande  application. 
On  a  de  lui  8  vol.  in-fol.  de  disputes  en  fa- 
veur du  luthéranisme,  remède  assuré  con- 
tre la  maladie  de  l'auteur. 

*  BRE!\\VELD  (Henri),  prévôt  du  cha- 
pitre d'Embrach ,  et  protonotaire  aposto-. 
lique ,  né  à  Zurich  ,  en  1478 ,  mort  dans  la 
même  ville  en  1551 ,  a  laissé  en  manuscrit 
une  Histoire  de  la  Suisse  en  2  vol. 

*  BRlvMZlUS  (Samuel-Frédéric), juif 
allemand ,  embrassa  la  religion  chrétienne 
en  1601  ;  et,  voulant  faire  connaître  les 
motifs  de  sa  conversion ,  publia  un  ou- 
vrage dans  lequel  il  reproche  aux  Juifs 
les  crimes  les  plus  odieux.  Un  autre  juif 
nommé  Salomon  Zebi,  lui  répondit,  et 
écrivit  dans  sa  Thériaque  judaïque  les  ca- 
lomnies les  plus  absurdes  contre  les  chré- 
tiens. Ces  deux  ouvrages  écrits  en  alle- 
mand furent,  traduits  en  latin  par  Jean 
Wulfer,  qui  fit  imprimer  sa  traduction  à 
Nuremberg  en  1080 ,  in-4°.  Il  en  parut  une 
seconde  édition  dans  la  même  ville  en 
1715 ,  in-12.  L'une  et  l'autre  sont  très 
rares. 

*  BREQTTIGNY  (Louis -Georges -Oit- 
dard  FEUDRIX  de),  membre  de  l'aca- 
démie française  et  de  celle  des  inscrip- 
tions, né  à  Granville  en  171G,  mort  à  Pa- 
ris en  1795  ,  fit  de  l'étude  de  l'histoire  et 
de  l'antiquité  l'objet  constant  de  ses  tra- 
vaux. Un  mémoire  sur  l'établissement  de 
l'empire  et  de  la  religion  de  Mahomet  lui 
valut ,  en  1759 ,  l'entrée  à  l'académie  des 
inscriptions  et  belles -lettres.  Il  publia 
quelque  temps  après  un  Essai  sur  l'his- 
toire de  l'Yémen  et  une  Table  chronologi- 
que des  rois  et  des  chefs  arabes.  A  la  paix 
de  1763,  le  gouvernement  envoya  Brequi- 
gny  en  Angleterre ,  pour  faire  le  dépouil- 
lement des  titres  relatifs  à  la  France ,  dont 
Thomas  Carthe  avait  donné  le  catalogue  , 
et  qui  étaient  conservés  à  la  Tour  de  Lon- 
dres. Il  y  recueillit  un  grand  nombre  de 
pièces  authentiques  relatives  à  nos  droits 
de  suzeraineté  sur  les  provinces  qui  furent 

46 


BRE 


542 


BUE 


Autrefois  détachées  de  l'empire  français , 
soit  à  titre  d'aliénation  ,  soit  à  titre  d'apa- 
nage. Après  trois  ans  de  travail,  il  revint 
en  France  ,  et  en  1791 ,  il  publia  avec  La- 
porte  duTheïl:  Diplomata,  chartœ,epi- 
ttolœel  aliamonumenta  ad  re  s  francise  as 
speclanliaJ  5  vol.  in-fol.  Brequigny  fut 
encore  chargé  en  1754  de  continuer  avec 
M.  de  Villevaut  la  Collection  des  lois  et  or- 
donnances des  rois  de  la  troisième  race  * 
commencée  par  Laurière  et  ensuite  par 
Secousse ,  qui  ayait  poussé  ce  travail  jus- 
qu'au 9e  volume.  Brequigny  en  donna  cinq 
nouveaux  volumes ,  et  M.  Pastoret ,  de  la 
3e  classe  de  l'institut,  en  a  publié  le  15e  en 
1811.  Cette  collection  doit  former  un  char- 
trier  général  de  l'ancien  droit  public  et 
particulier  de  la  France ,  de  ses  anciens 
établissement  civils,  ecclésiastiques  et  mi- 
litaires Brequigny  lit  ensuite  paraître ,  en 
société  avec  Mouchet ,  les  trois  premiers 
volumes  de  la  Table  chronologique  _,  1769- 
1785  ,  in-folio  ,  recueil  des  titres  ,  chartes 
et  diplômes  déjà  imprimés.  M.  Bertin, 
ministre  d'état, le  chargea  encore  de  con- 
tinuer la  collection  commencée  par  Bat- 
teux ,  sous  le  titre  de  Mémoires  sur  les 
Chinois,  des  pères  Amiot ,  Bourgeois,  etc., 
4776-1789,  14  vol.  in-/».0.  Ces  mémoires, 
composés  sur  les  lieux  par  des  hommes 
qui  entendaient  la  langue  du  pays ,  pré- 
sentent le  plus  grand  intérêt.  Il  continua 
avec  Mouchet  le  glossaire  des  vieux  mots 
français  que  Saintc-Palaye ,  mort  en  1781 , 
avait  laissé  inaclievé  ,  quoiqu'il  y  eût  tra- 
vaillé pendant  40  ans  ;  mais  cet  ouvrage 
est  resté  manuscrit.  On  a  en  outre  de  Bre- 
quigny :  |  Histoire  des  révolutions  de 
Gènes ,  1750 ,  5  vol.  in-12  ,  très  peu  esti- 
mée ;  |  Vies  des  anciens  orateurs  grecs , 
avec  des  réflexions  sur  leur  éloquence, 
1752  ,  2  vol.  in-12  ,  consacrés  à  Isocrate  et 
à  Dion,  les  volumes  suivans  n'ont  point  pa- 
ru ;  |  Calalogus  manuscriptorum  codicum 
collegii  Claromontani ,  1764  ,  in-8°,  avec 
François  Clément;  |  Strabonisrerumgeo- 
graphicarum  librï  XVII  ad  /idem  ma- 
7tuscriptorum  emendali  cum  latinâ  Xy- 
landri  inlerpretalione  recognitâ  :  adnota- 
tionibus  et  indicibus  adjunctœ  sunt  tabulœ 
çeographicœ  ad  mentem  Strabonis  deli- 
neatœ *  tornus  primus  ,  Paris,  1765,  1  vol. 
in-4°.  Ce  livre  est  loin  de  mériter  l'atten- 
tion des  sa  vans,  et  ne  leur  a  pas  fait  re- 
gretter le  reste  de  l'édition. 

BREREWOOD  (Edouard),  savant  ma- 
thématicien et  antiquaire  anglais ,  né  à 
Chester  en  1565 ,  est  auteur  d'un  ou- 
vrage curieux  et  savant,  traduit  de  l'an- 


glais en  français  ,  sous  ce  titre ,  Recher- 
ches sur  la  diversité  des  langues  et  des 
religions  dans  les  principales  parties  du 
monde ,  par  Jean  de  la  Montagne ,  Paris , 
1665 ,  in-8°.  On  a  encore  de  lui  :  |  De  pon- 
deribus  et  preliis  veierum  nummorum , 
1614,  in-4°;  |  Logica,  Oxford,  1614,  in-8°; 
|  Ethica  Arislotelis ,  1640 ,  in-4°  ;  |  Traité 
du  Sabbat,  1652,  in-4°  (i).  Il  mourut  à 
Londres  en  1615.  On  le  consultait  de  toutes 
parts,  comme  un  oracle  en  mathémati- 
ques ,  et  il  ne  laissait  aucune  lettre  sans 
réponse. 

*  BRESCE  (  J. -Marie),  religieux  carme, 
peintre  et  graveur  du  15e siècle,  a  gravé 
des  sujets  de  dévotion. 

BRESILLAC  ou  plutôt  BREZILLAC 
(Jean-François  de),  bénédictin  de  Sainl- 
Maur,  né  à  Fanjaux ,  dans  le  haut  Lan- 
guedoc, le  12  avril  1710,  mort  à  Paris  le 
11  juin  1780 ,  a  travaillé  avec  son  oncle 
don  Jacques-Martin  à  Y  Histoire  des  Gau- 
lois J  dont  il  a  mis  au  jour  2  vol.  in-4°, 
Paris ,  1754.  On  lui  doit  aussi ,  conjoin- 
tement avec  don  Pernety,  la  traduction 
du  Cours  de  mathématiques  de  Wolff, 
Paris,  1747,  3  vol.  in-8°  :  l'ouvrage  de 
Wolff  y  est  abrégé,  et  en  même  temps 
augmenté  de  plusieurs  observations  inté- 
ressantes (2). 

BRESSAM,  missionnaire.  {V.  BRAS- 
SONl.) 

*  BRESSANI  (  Grégoire  ) ,  philosophe 
et  philologue  italien ,  né  à  Trévise  en 
1705 ,  fut  reçu  docteur  à  l'université  de 
Padoue  en  1726 ,  et  se  livra  d'abord  tout 
entier  à  la  métaphysique.  Il  goûta  princi- 
palement les  ouvrages  de  Platon  et  d'Aris- 
tote ,  et  voulut  redonner  à  leur  philoso- 
phie l'empire  qu'elle  avait  perdu.  Il  s'éleva 
contre  Descartes ,  Galilée  et  Newton,  et 
crut  qu'ils  avaient  trouvé  les  germes  de 
leur  savoir  dans  les  philosophes  grecs, 
tout  en  en  tirant  des  conséquences  diffé- 
rentes. Comme  philosophe ,  il  ne  fut  point 
heureux  en  luttant  contre  la  révolution 
que  Galilée  avait  faite  ,  et  ce  fut  en  vain 


(1)  Brerevvood  devint  professeur  en  astronomie  au 
collège  de  Gresliara  à  Londres  ,  en  i5g6.  Son  go(l! 
pour  la  «olilude  était  si  grand  ,  que  rien  n'était  ca- 
pable de  l'en  détourner,  ni  de  le  détacher  de  ses  mé- 
ditations mathématiques  ,  ni  de  ses  recherches  dans 
les  antiquités.  On  attribue  à  sa  modestie  le  refis* 
Constant  qu'il  donna  de  faire  imprimer  un  seul  de  se» 
ouvrages.  La  publication  en  est  due  à  Robert  Bre- 
revvood, ion  neveu,  qui  les  mit  au  jour  après  la 
mort  de  l'auteur. 

(a)  On  a  encore  de  Bresillae  un  Dictionnaire  cet  M- 
s  [astique  et  canonique  portait/ ,  Paris,  1765,  9  vo'i 
ln-8°,  plusieurs  fois  réimprime. 


BRE 


543 


BUE 


qu'il  s'efforça  de  rendre  à  la  manière 
de  philosopher  d'Aristote  et  de  Platon  la 
vogue  qu'elle  avait  perdue.  Bressani  eut 
plus  de  succès  en  défendant  la  langue  ita- 
lienne des  innovations  qui  l'altéraient ,  et 
en  donnant  l'exemple  d'un  zèle  très  vif  à 
conserver,  dans  son  style ,  la  pureté  des 
meilleurs  auteurs  qui  lui  étaient  tous  fa- 
miliers. L'Italie  lui  doit  la  conservation 
de  la  pureté  native  de  sa  langue  qui  com- 
mençait à  s'altérer.  Il  mourut  à  Padoue  en 
1771 ,  aimé  et  estimé  de  tous  les  savans  , 
et  particulièrement  du  célèbre  Algarotti , 
qui  avait  en  lui  une  confiance  qui  allait 
jusqu'à  soumettre  tous  ses  ouvrages  à  son 
jugement.  On  a  de  lui  :  |  Il  modo  ciel  filo- 
sofare  introdolto  clal  Galilei  ragguagliato 
al  saggio  di  Plalone  e  di  Arislotile  t  Pa- 
doue, 1755,  in-8°  ;  |  Discorsi  sopra  le  ob- 
biezioni  faite  dal  Galileo  alla  doltrina  di 
Arhtotile,  ibid.,  1760,  in-8°;  |  Essai  de 
philosophie  morale  sur  l'éducation  des 
enfanSj,  1764,  qui  eut  beaucoup  de  suc- 
cès ;  |  Discours  sur  la  langue  toscane. 

BRET  (Cardin  le),  seigneur  de  Fia- 
court,  avocat-général  du  parlement  de 
Paris ,  mort  doyen  des  conseillers  d'état 
en  1655 ,  à  97  ans ,  fut  chargé  de  plusieurs 
commissions  importantes.  11  régla  les  li- 
mites entre  la  France  et  la  Lorraine  ,  et 
établit  le  parlement  de  Metz ,  dont  il  fut 
premier  président.  On  a  un  recueil  de  ses 
œuvres ,  in-folio  ,  dans  lequel  on  distin- 
gue son  Traité  de  In  souveraineté  du 
roi ,  imprimé  séparément ,  Paris  ,  1652 , 
in-4°. 

*  BRET  (Henri  le) ,  prévôt  de  la  cathé- 
drale de  Montauban,  naquit  dans  cette  ville 
et  mourut  vers  1700.  Il  se  distingua  par 
son  savoir,  ses  vertus  et  sa  charité.  Son 
principal  ouvrage  est  une  Histoire  de  Mon- 
tauban *  Montauban  ,  in-4°,  divisée  en 
deux  livres;  le  premier  contient  plusieurs 
choses  curieuses  sur  la  situation  et  l'ori- 
gine de  l'église  de  cette  ville  ;  le  second 
renferme  un  sommaire  des  guerres  de 
religion  dans  lesquelles  Montauban  a  li- 
gure. 

*  BRET  (Antoine)  ,  avocat,  né  à  Dijon 
en  1717 ,  mort  à  Paris  le  25  février  1792. 
il  a  laissé  des  comédies  écrites  avec  pu- 
reté ,  et  qui  annoncent  une  grande  con- 
naissance du  théâtre  ;  mais  elles  manquent 
de  verve  et  de  force  comique ,  et  les  plans 
en  sont  faiblement  conçus.  Il  a  composé 
plusieurs  poésies  fugitives  qui  ont  obtenu 
peu  de  succès.  L'ouvrage  qui  lui  a  fait  le 
plus  d'honneur  est  son  Commentaire  sur 
les  OEuvres  de  Molière ,  qui  est  estimé , 


quoiqu'il  laisse  encore  beaucoup  à  dési- 
rer. 

*  BRETAGNE  (don  Claude ), bénédic- 
tin de  la  congrégation  de  Saint-Maur,  né 
à  Semur  en  Auxois  en  1625  ,  remplit  avec 
distinction  les  emplois  les  plus  importans 
de  sa  congrégation ,  et  mérita ,  par  la  so- 
lidité de  sa  piété  et  les  agréments  de  son 
style,  l'estime  de  tous  les  gens  de  bien.  Il 
mourut  à  Rouen  le  15  juillet  1694.  On  lui 
doit  :  |  Vie  de  M.  Bachelier  de  Gentes  , 
Reims ,  1680 ,  in-8°  ;  |  Méditations  sur  les 
principaux  devoirs  de  la  vie  religieuse  J 
marqués  dans  les  paroles  de  la  profession 
des  religieux  _,  Paris ,  1689 ,  plusieurs  fois 
réimprimées;  |  Constitution  des  filles  de 
Saint-Joseph  J  dites  de  la  Providence*  et 
autres  ouvrages. 

BRETAGNE  (  les  ducs  de  ).  Voyez  les 
noms  particuliers  de  chacun  d'eux  :  AR- 
TUS,  ANNE,  JEAN,  etc. 

BRETEU1L.  Voyez  CHASTELET  (  Ga- 
brielle-Emilie  ,  marquise  du  ). 

"  BRETEUIL,(Lolis-Auguste  le  TON- 
NELIER baron  de  ),  né  à  Preuilly  en  Tou- 
raine  en  1755 ,  débuta  dans  le  monde  avec 
fort  peu  de  fortune,  et  ne  semblait  point 
appelé  aux  fonctions  importantes  qui  lui 
furent  confiées.  Son  oncle,  l'abbé  de  Bre- 
teuil ,  ancien  agent  du  clergé ,  et  chan- 
celier du  duc  d'Orléans ,  le  fit  entrer  au 
service ,  et  l'introduisit  dans  des  sociétés 
distinguées,  où  son  esprit,  son  caractère 
prononcé  ,  et  un  jugement  droit  et  solide 
le  firent  remarquer.  Louis  XV  le  nomma 
en  1758 ,  son  ministre  plénipotentiaire 
près  de  l'électeur  de  Pologne;  et  en  1700, 
il  fut  envoyé  en  Russie  avec  le  même  titre. 
Catherine  II  le  traita  fort  bien;  après 
cette  mission ,  il  en  remplit  plusieurs  du 
même  genre  :  d'abord  à  Stockholm ,  où  il 
jeta  les  fondemens  de  la  fameuse  diète  de 
1769  ;  ensuite  en  Hollande  et  à  Naples , 
et  enfin  à  Vienne  en  1775.  Il  figura  en  177S 
au  congrès  de  Teschen ,  où  il  étouffa ,  par 
sa  médiation ,  l'embrasement  prêt  à  écla- 
ter en  Europe, par  la  diversité  des  intérêts 
des  puissances  voisines  de  la  Bavière ,  au 
moment  de  la  mort  de  l'empereur  Maxi- 
milien  Ier.  Rappelé  en  France  en  1785,  il 
fut  élevé  au  rang  de  ministre  d'état  au  dé- 
partement de  la  maison  du  roi.  Ses  pre- 
miers pas  dans  la  carrière  firent  honneur 
à  son  administration  ;  il  seconda  les  vues 
paternelles  de  Louis  XVI  dans  l'améliora- 
tion du  régime  des  prisons ,  fit  rendre  la 
liberté  à  plusieurs  prisonniers  d'état,  et 
changea  le  donjon  de  Vincennes  en  un 
grenier  d'approvisionnement.Cet  heureux 


BRÉ 

début  dans  l'exercice  de  ses  fonctions  ,  ne 
fit  cependant  pas  chérir  le  ministre  :  la 
rudesse  de  ses  manières  et  la  violence  de 
ses  procédés  en  différentes  occasions,  fut 
un  grand  sujet  de  blâme  contre  lui.  L'ar- 
restation du  cardinal  de  Rohan  en  habits 
pontificaux  ,  lors  de  l'affaire  du  collier  , 
lui  a  été  vivement  imputée.  Il  chercha  ce- 
pendant à  s'en  disculper  ;  mais  son  éloi- 
gnement  bien  connu  pour  ce  prélat  exci- 
tait une  forte  prévention  contre  lui.  Il  fut 
pendant  quelque  temps  assez  bien  avec 
M.  de  Calonne;  mais  quelques  rivalités 


les  brouillèrent.  Constamment  attaché  aux 
principes  conservateurs  des  monarchies  , 
il  tenta  de  s'opposer  aux  innovations  que 
voulait  introduire  l'archevêque  de  Sens  ; 
voyant  qu'il  luttait  en  pure  perte  contre 
un   parti   nombreux    et    attaché    à   dé- 
crier toutes  ses  opérations ,  il  se  retira 
en  1787.  Le  roi  lui  conserva  son  estime , 
et  à  l'époque  du  renvoi  de  Necker ,  il  fut 
placé  à  la  tête  du  nouveau  ministère. 
Après  la  prise  de  la  Bastille ,  il  conseilla 
au  roi  de  se  retirer  sur  Compiègne  avec 
ses  troupes  cantonnées  à  Versailles  ;  mais 
il  ne  fut  point  écouté.  Il  se  décida  alors 
à  quitter  la  cour  et  bientôt  après  la  France. 
En  1790 ,  il  reçut  à  Soleure  un  pouvoir  , 
écrit  de  la   main  du  roi,  pour  «  traiter 
»  avec  les  cours  étrangères ,  et  proposer , 
»  en  son  nom ,  les  mesures  qui  pourraient 
»  tendre  au  rétablissement  de   l'autorité 
»  royale  et  à  la  tranquillité  du  royaume.  » 
II  paraît  qu'ensuite  ce  pouvoir  fut  révo- 
qué. On  lui  a  reproché  de  s'en  être  néan- 
moins servi  ;  quoi  qu'il  en  soit ,  depuis 
4792 ,  il  fut  oublié  de  tous  les  partis,  et  ne 
rentra  dans  sa  patrie  qu'en  1802.  Il  se 
trouvait  dans  un  état  voisin  de  l'indigence 
lorsqu'il  recueillit  l'héritage  de  Mme.  de 
Créqui,   sa  parente.  II  mourut  à  Paris  le 
2  novembre  1807.  Le  baron  de  Breteuil 
usa  noblement  de  son  influence ,  dans  le 
temps  de  son  ministère,  pour  protéger 
les  sciences  et  les  arts.  On  lui  doit  le  mar- 
jché  des  Innocens  à  Paris,  la  conservation 
des  bas-reliefs  de  Jean  Goujon  qui  en  dé- 
corent la  belle  fontaine ,  etc. 
I     *  BRETEUIL  (  Anne-  François- Victor 
LE  TONNELIER  de  ),  évêque  de  Montau- 
ban,  naquit  à  Paris  en  1726,  d'une  fa- 
mille noble  mais  peu  riche.  Il  embrassa 
la  carrière  de  l'Eglise  ,  et  devint  successi- 
vement vicaire-général  de  Soissons  et  de 
Narbonne,  et  enfin,  en  1763,  évêque  de 
Montauban.  Député  aux  états-généraux  , 
en  1789 ,  par  le  clergé  du  pays  de  Rivière- 
Verdun  ,  il  refusa  le  serment  à  la  consti- , 


544  BRE 

tution  civile ,  le  4  janvier  1791 ,  et  sigrta 
la  célèbre  Exposition  des  principes.  Lors- 
que l'Assemblée  constituante  fut  dissoute, 
Breteuil  se  retira  en  Normandie,  mais 
il  ne  put  se  soustraire  aux  dispositions  du 
décret  de  déportation.  11  fut  arrêté ,  au 
mois  de  juillet  1794,  avec  les  personnes 
qui  lui  avaient  donné  un  asile  et  jeté  dans 
les  prisons  de  Rouen  ,  où  il  mourut  le  14 
août  suivant,  par  suite  de  l'état  de  mi- 
sère où  il  se  trouva  réduit ,  en  donnant 
l'exemple  de  la  plus  religieuse  résigna- 
tion. 

*  BRETIN  (  Claude  ),  mort  le  15  juin 
1807^  à  l'âge  de  quatre-vingt-un  ans  ,  fut 
aumônier  de  Monsieur,  frère  de  Louis 
XVI.  Il  est  auteur  de  Contes  en  verset 
autres  poésies,  Paris,  1797,  in-8°,  et  de 
quelques  poésies  éparses  dans  divers  re- 
cueils. 

BRETON  (  François  le  ) ,  avocat,  né  à 
Poitiers ,  est  auteur  d'une  satire  contre 
Henri  III,  intitulée  le  Salutaire,  1586, 
in-8°.  Il  y  accusait  le  roi  d'hypocrisie  ,  se 
plaignait  du  peu  de  justice  qui  se  rendait 
sous  son  règne ,  et  lui  reprochait  son  peu 
d'autorité.  Le  mou  ,  mais  vindicatif  mo- 
narque, le  fit  pendre  le  22  novembre  1586. 
Le  livre,  qui  n'était  pas  encore  entière- 
ment imprimé,  fut  brûlé  parles  mains 
du  bourreau. 

*  BRETON  (  Raymond  ) ,  religieux  de 
l'ordre  de  Saint -Dominique,  naquit  à 
Beaune  le  3  septembre  1609.  Ses  supé- 
rieurs le  destinèrent  à  leurs  missions  d'A- 
mérique :  il  y  passa  ,  et  exerça  le  minis- 
tère à  Saint-Domingue  pendant  12  ans. 
Pendant  8  autres  années ,  il  visita  les  An- 
tilles, et  en  évangélisa  les  insulaires, 
dans  la  langue  desquels  il  s'était  rendu 
habile.  Rappelé  en  France  en  1654  ,  il  s'y 
livra  à  la  prédication  et  à  la  direction  des 
consciences.  Le  temps  que  lui  laissait  cette 
double  occupation ,  il  l'employait  à  des 
ouvrages  utiles  aux  missions  et  à  ceux  qui 
y  étoient  destinés.  Parmi  ces  ouvrages 
on  distingue  :  |  Petit  catéchisme,  ou  Sont' 
maire  des  trois  premières  pairies  de  la 
doctrine  chrétienne  ,  traduit  du  français 
en  langue  des  Caraïbes  insulaires,  Au- 
xerre  ,  1664 ,  in-8°  ;  |  Dictionnaire  fran- 
çais ,  mêlé  de  quantité  de  remarques  his- 
toriques pour  l'éclaircissement  de  la  lan- 
gue ,  1665  à  1667  ,  in-8°  ;  |  Relalio  gesto- 
rum  a  primis  prœdicatorum  missionariis 
in  insulis  americanis  dilionis  gallicœ, 
prœsertim  apud  Indos  indigenas ,  quos 
Caraibes  vulgo  dicunt ,  ab  anno  1634  ad 
annum  1643.  Ce  dernier  ouvrage  fut  corn- 


BUE  5 

posé  par  l'ordre  du  général  de  l'ordre  de 
Saint-Dominique  :  quoique  resté  inédit , 
!c  Père  Mathias  Dupuis  du  même  ordre , 
et  Jean-Baplisle  Dutertre,  jésuite  ,  en  ont 
eu  connaissance ,  et  en  ont  profilé  pour 
la  composition  de  quelques  ouvrages  sur 
le  même  sujet.  Le  Père  Breton  mourut  le 
8  janvier  1G79. 

*  BRETON  (  Luc-Fbançois  ) ,  né  à  Be- 
sançon en  1731 ,  de  parens  sans  fortune, 
apprit ,  dès  son  enfance ,  l'état  de  menui- 
sier. Son  maître  ayant  remarqué  en  lui 
un  goût  naissant  pour  la  sculpture,  cul- 
tiva son  talent  ,  et  lui  facilita  les  moyens 
de  se  perfectionner.  Après  avoir  travaillé 
quelque  temps  chez  un  sculpteur  en  bois, 
il  se  rendit  à  Rome  et  parvint  à  se  faire 
connaître  avantageusement  par  un  bas- 
relief  représentant  Y  Enlèvement  du  Pal- 
ladium ,  qui  remporta  le  prix  à  l'école  de 
Saint-Luc.  Admis  en  qualité  de  pension- 
naire à  l'école  française ,  il  se  distingua 
par  de  nouveaux  succès.  C'est  à  lui  que 
l'on  doit  le  bas-relief  en  marbre  repré- 
sentant la  Mort  du  général  Wolf,  et  la 
statue  colossale  de  saint  André,  placée  au 
devant  de  l'église  Saint-Claude-des-Bour- 
guignons.  De  retour  dans  sa  patrie ,  il 
composa  divers  ouvrages,  entre  autres 
le  magnifique  Tombeau  de  la  Baume  que 
Ton  voyait  à  Nîmes  avant  la  révolution. 
On  a  encore  de  lui  :  |  deux  Anges  adora- 
teurs,  en  marbre,  à  l'église  Saint-Jean  de 
Besançon  ;  |  une  Descente  de  croix  en 
pierre  de  Tonnerre,  à  l'église  Saint-Pierre; 
j  deux  Statues  en  pierre,  à  l'hôtel  de  ville  ; 
|  un  saint  Jérôme,  qu'il  présenta  pour  sa 
réception  à  l'académie  de  Paris  ,  où  il  ne 
fut  cependant  point  admis.  Ce  sculpteur, 
plus  remarquable  par  son  goût  et  par  sa 
composition  que  par  son  génie  ,  est  mort 
à  Paris  en  1800.  Il  fut  nommé  avant  sa 
mort  membre  associé  de  l'institut. 

BRETON.  Voyez  GUILLAUME  LE 
BRETON. 

*  BRETONNEAU  (  Guy  ) ,  chanoine  de 
Saint-Laurent  de  Plancy  au  commence- 
ment du  17e  siècle,  ensuite  archidiacre  de 
Brie,  et  principal  du  collège  dePontojse, 
mort  vers  1G56  ,  publia  en  1620  une  His- 
toire généalogique  de  la  maison  de  Bri- 
çonnet,  in-4°.  Il  est  aussi  auteur  d'une 
Méthode  curieuse  pour  acheminer  à  la 
langue  latine  par  l'observation  de  la 
langue  française,  Rouen,  1653 ,  Paris  , 
1GG8,  in-i2. 'Cette  Méthode  fut  bien  ac- 
cueillie. 

BRETONNEAU  (François),  né  à  Tours 
en  16G0  ,  jésuite  en  1675 ,  mourut  à  Paris 


AS  BUE 

l'an  1741 ,  après  avoir  passé  par  tous  le* 
emplois  de  sa  compagnie.  Il  fut  reviseur 
et  éditeur  des  Sermons  de  ses  confrères 
Bourdaloue ,  Cheminais  et  Giroust.  Le 
Père  La  Rue  lui  appliquait ,  à  cette  occa- 
sion, ces  paroles  de  l'éloge  que  l'Eglise 
fait  de  saint  Martin  ,  et  l'appelait  Trium 
mortuorum  suscilator  magnificus.  Il  ré- 
digea et  fit  imprimer  les  Pensées  du  Père 
Bourdaloue  sur  divers  sujets  de  religion 
et  de  morale,  Paris,  1735,  3  vol.  in-12. 
11  a  revu  aussi  les  Œuvres  spirituelles 
du  Père  Valois,  et  une  partie  des  Sermons 
du  Père  La  Rue.  On  doit  rendre  justice  à 
chacune  des  préfaces  qu'il  a  mises  à  la 
tète  de  ces  éditions.  Les  analyses  qu'il  a 
faites  des  Discours  dont  il  est  l'éditeur, 
sont  exactes  ,  claires ,  précises  ,  et  très- 
propres  à  donner  aux  jeunes  orateurs 
ebrétiens  l'idée  d'un  plan  bien  concerté  et 
bien  rempli  par  l'enchaînement  des  preu- 
ves. Bretonneau  était  prédicateur  lui- 
même.  Ses  Sermons,  en  7  vol.  in-12 ,  pu- 
bliés en  1743  par  le  Père  Berruyer ,  res- 
pirent une  éloquence  chrétienne.  Les  grâ- 
ces de  l'action  lui  manquaient ,  mais  il 
avait  toutes  les  autres  parties  de  l'orateur 
sacré.  Ses  vertus  furent  l'appui  de  ses 
Sermons.  On  a  encore  de  Bretonneau  des 
|  Réflexions  chrétiennes  pour  les  jeunes 
gens  qui  entrent  dans  le  monde ,  in-12  ,  et 
|  l'Abrégé  de  la  vie  de  Jacques  II,  in-12, 
tirée  d'un  écrit  de  son  confesseur. 

BRETONNIER(  Barthéijgmi -Joseph  ), 
avocat  au  parlement  de  Paris  ,  plaida  et 
écrivit  avec  succès.  11  naquit  à  Montro- 
tier,  près  de  Lyon ,  en  1656 ,  d'un  mé- 
decin, et  mourut  à  Paris  en  1722.  On  a  de 
lui  :  |  une  édition  des  OEuvres  de  Claude 
Henry  s ,  2  vol.  in-folio  ,  avec  des  obser- 
vations qui  ont  beaucoup  perfectionné 
cet  ouvrage.  |  Recueil  par  ordre  alpha- 
bétique des  principales  questions  de  droit 
qui  se  jugent  diversement  dans  différais 
tribunaux  du  royaume,  1  vol.  in-12 , 
réimprimé  avec  des  additions  en  175G, 
en  2  vol.  Boucher  d'Argisen  a  donné  une 
édition  avec  des  remarques ,  Paris ,  1785  , 
in-4°.  Le  chancelier  d'Aguesseau,  qui  avait 
toujours  pensé  à  rendre  la  jurisprudence 
uniforme,  l'avait  engagé  à  ce  travail  : 
Bretonnier  l'exécuta  d'une  manière  digne 
des  vues  de  ce  grand  magistrat.  Tous  les 
principes  du  droit  écrit  et  des  coutumes 
y  sont  renfermés  avec  autant  de  netteté 
que  de  précision.  La  préface  seule  vaut 
un  gros  ouvrage.  Ce  jurisconsulte  a  laissé 
encore  des  Mémoires  sur  des  affaires  im- 
portantes dont  il  avait  été  chargé.  Ils  sont 
M. 


BRE 


546 


BRE 


moins  estimes  que  ses  autres  produc- 
tions. 

BRETTEVILLE  (  Etienne  DUBOIS, 
connu  sous  le  nom  d'abbé  de  ),  né  en  1650 
à  Bretleville-sur-Bordel ,  près  de  Caen  , 
en  Normandie,  se  lit  jésuite  en  1667  ,  et 
abandonna  cet  état  en  1678.  Il  s'appliqua 
depuis  avec  succès  à  l'instruction  des 
jeunes  ecclésiastiques  ,  qui  se  destinaient 
au  ministère  de  la  prédication  ;  mais  ses 
travaux  ne  furent  pas  longs ,  étant  mort 
en  1688.  Il  avait  donné  ,  trois  ans  aupara- 
vant ,  des  Essais  de  sermons  en  4  vol. 
in-8° ,  où  il  y  a  six  différens  desseins  pour 
chaque  jour,  avec  des  sentences  choisies 
de  l'Ecriture  sainte.  Son  style  n'est  ni  pur 
ni  élégant;  mais  le  choix  des  sermons  est 
assez  bien  fait.  L'abbé  du  Jarry  y  a  donné 
une  suite  eh  S  vol.  in-8°,  qui  ne  peut  être 
comparée  à  l'ouvrage  du  premier  au- 
teur. On  a  encore  de  l'abbé  de  Brette- 
ville  des  Essais  de  panégyriques ,  in-8°; 
et  Y  Eloquence  de  la  chaire  et  du  bar- 
reau, Paris,  1689,  in-12,  plus  estimée 
pour  les  exemples  qu'il  donne ,  que  pour 
les  règles  qu'il  prescrit. 

BUEUGIIEL  (  Pierre  ),  surnommé 
Breughel  le  Vieux  ou  le  Drôle  ,  naquit 
à  Breughel  en  Hollande  ,  l'an  1510.  Ce 
peintre  excella  dans  les  représentations 
des  fêtes  champêtres.  Les  caractères  ,  les 
manières ,  les  gestes  des  paysans  y  sont 
rendus  avec  beaucoup  de  vérité.  On  a 
encore  de  lui  des  marches  d'armée ,  des 
attaques  de  coche ,  etc.  On  estime  sur- 
tout les  paysages  dont  il  a  orné  ses  dif- 
férens tableaux.  Quelques-uns  se  voient 
à  Paris,  au  Palais-Royal.  Il  mourut  en 
1570. 

BREUGHEL  (  Jean  ),  fils  aîné  du  pré- 
cédent ,  surnommé  Breughel  de  Velours, 
parce  qu'il  s'habillait  ordinairement  de 
cette  étoffe ,  peignit  d'abord  des  fleurs  et 
des  fruits,  et  ensuite  des  vues  de  mer, 
ornées  de  petites  figures  et  de  paysages 
extrêmement  gracieux.  Rubens  l'em- 
ploya dans  quelques-uns  de  ses  tableaux 
pour  peindre  cette  partie.  Sa  louche  était 
légère  et  ses  figures  correctes.  Il  mourut 
en  1642  ,  à  67  ans. 

BREUGHEL  (  Pierre  ),  connu  sous  le 
nom  de  Breughel  le  Jeune  ,  autre  fils  de 
Breughel  le  Vieux ,  né  en  1567 ,  mort  en 
1625  ,  excella  à  représenter  des  incen- 
dies ,  des  feux ,  des  sièges ,  des  tours  de 
magiciens  et  de  diables ,  ce  qui  le  fit  ap- 
peler Breughel  d'Enfer. 

BREUIL  (  Jean  du  ),  jésuite ,  né  à  Pa- 
ris ,  et  mort  à  Dijon  le  27  avril  1670 ,  est 


auteur  d'une  Perspective  pratique,  n«f- 
cessaire  aux  peintres  ,  graveurs  ,  scul- 
pteurs ,  architectes ,  Paris ,  1642-1649,  5 
vol.  in-4°.  Elle  est  recherchée  des  cu- 
rieux. 

BREUL  (  Jacques  du  ),  né  à  Paris  en 
1528,  bénédictin  de  Saint-Germain-des- 
Près  en  1549,  mourut  en  1614.  On  a  de 
lui  :  |  Le  Théâtre  des  antiquités  de  Paris, 
in-4°,  1612.  C'est  le  répertoire  de  la  plu- 
part des  fondations  de  la  ville  de  Paris  : 
on  y  remarque  des  particularités  intéres» 
santés  parmi  un  amas  assez  indigeste  d'é- 
poques et  de  recherches.  L'auteur  des 
Essais  sur  Paris  a  su  depuis  "écarter  les 
épines  de  l'érudition  du  Père  du  Breul  ; 
mais  il  les  a  remplacées  par  beaucoup  de 
faussetés  et  de  petits  artifices  de  philoso- 
phie. |  Supplementum  antiquitatum  Pa- 
risiensium,  in-4°  ,  Paris,  1614,  ouvrage 
peu  commun ,  qui  renferme  plusieurs 
auteurs  anciens  qui  ont  parlé  de  Paris , 
et  qui  a  les  mêmes  avantages  et  les  mêmes 
défauts  que  le  précédent.  |  Les  Fastes  de 
Paris  par  Pierre  Bonfons  .,  augmentés, 
in-8° ,  curieux.  |  La  Vie  du  cardinal 
Charles  de  Bourbon{  oncle  de  Henri  IV), 
1512,  in- 4°.  |  La  Chronique  des  abbés  de 
Saint-Germain ,  avec  Y  Histoire  d'Ai- 
moin,  qu'il  fit  imprimer  en  1603. 

*  BREUIVING  (  Chrétien-Henri  ) ,  né 
à  Leipsick  le  24  décembre  1719,  professa 
le  droit  avec  distinction  dans  sa  ville  na- 
tale. Il  composa  sur  le  droit  naturel  et 
politique  plusieurs  ouvrages  qui  ne  man- 
quent point  d'intérêt  et  qui  peuvent  être 
lus  utilement.  On  a  de  lui:  |  Depatriœpo- 
teslate  ejusque  effectibus  ex  principiis 
juris  naturas ,  tract.  1  et  2,  Leipsick, 
1751-55,  in-4°;  |  De  prœscriplione  jure 
gentium  incognita,  ibid.  1752;  |  Primai 
lineœ juris  ecclesiastici  universalisa  vanc- 
fort ,  1759,  in-8°;  |  Prima  linea  juris  na- 
turœ,Y767  ;  |  De  matrimonio  cum  se- 
cunda  conjuge  conlracto,  priore  non  re- 
pudiala,  Leipsick,  1776 ,  etc.  Breuning 
est  mort  en  1780. 

BREUNIXG  (  Jean-Jacques  )  ,  né  à 
Buchembach  dans  le  duché  de  Wurtem- 
berg en  1552,  parcourut  pendant  trois 
ans  l'Angleterre  ,  la  Fiance  et  l'Italie  ,  et 
s'embarqua,  en  1579,  à  Venise,  pour  la 
Terre-Sainte.  Il  se  rendit  à  Constantino- 
ple,  de  là  en  Egypte,  visita  en  observa- 
teur les  lieux  les  plus  inléressans  de 
cette  belle  contrée  ,  et  arriva  enfin  à  Jé- 
rusalem, où  ses  vœux  l'appelaient  de- 
puis long-temps.  Tout  protestant  qu'il 
était .  il  ne  put  s'empêcher  d'être  saisi 


BRE 


t>/i-7 


BRE 


d'un  frémissement  religieux  en  entrant 
dans  le  saint-sépulcre.  Il  traversa  le  mont 
Liban,  où  il  trouva  encore  vingt-six  cè- 
dres. Il  recueillit  des  détails  sur  les  D ru- 
ses elles  Maronites.  Arrivé  dans  sa  pa- 
trie ,  il  fut  choisi  en  1595  pour  élre  gou- 
verneur de  Jean-Frédéric ,  duc  de  Wur- 
temberg ,  qu'il  accompagna  à  1'univer- 
silé  de  Tubingen,  pour  y  diriger  ses  étu- 
des. C'est  à  l'instigation  de  ce  prince  qu'il 
fil  imprimer  la  relation  de  son  voyage  , 
qui  parut  à  Strasbourg  ,  en  1612  ,  sous  le 
titre  de  Voyage  en  Orient,  par  noble  et 
discrète  personne  Jean-Jacques  Breu- 
ning,  seigneur  de  Buchembach,  1  vol.  in^ 
fol.  en  allemand.  Cet  ouvrage  est  fort 
rare;  Eeschingle  cite  quelquefois. 

BREVAL  (Johx DURAND),  originaire 
français ,  fit  ses  études  à  Cambridge ,  s'at- 
tacha au  service  du  duc  de  Marlborough, 
qui  lui  donna  le  rang  de  capitaine ,  et 
l'employa  en  diverses  négociations  en 
Allemagne.  Il  mourut  le  9  janvier  1738. 
On  a  de  lui  :  |Des  Voyages  *  qui  ont  paru 
en  1726  et  1758  ,  sous  ce  titre ,  Remarques 
sur  différentes  parties  de  l'Europe,  2  vol. 
in-fol.  fig.  en  anglais.  |  Des  Poésies,  et 
quelques  pièces  de  théâtre. 

'  BRÈVES  (François  SAYARYde),né 
en  1560  ,  d'une  très  ancienne  famille  ,  fut 
un  des  plus  habiles  négociateurs  des  siè- 
cles de  Henri  IV  et  de  Louis  XIV.  Il 
accompagna ,  à  l'âge  de  22  ans  ,  Jacques 
de  Sa  var  y  à  l'ambassade  de  la  Porte,  et 
lui  succéda  après  sa  mort ,  l'an  1591.  De 
Brèves  sut  captiver  la  confiance  du  sul- 
tan,  et  conclut  avec  ce  prince,  après 
plusieurs  années  de  travaux ,  le  fameux 
traité  de  1604  entre  Henri  le  Grand  et 
Achmet,  fort  avantageux  à  la  France. 
Quelques  années  auparavant ,  et  lorsque 
la  ligue  alors  très  puissante  dominait  en- 
core à  Marseille,  le  sultan  Amurat  III  avait 
écrit,  à  la  prière  de  Brèves,  une  lettre 
aux  Marseillais,  assez  curieuse  et  par  la- 
quelle il  leur  ordonnait  de  se  soumettre  au 
roi  Henri  IV,  et  les  menaçait,  s'ils  persis- 
taient dans  leur  obstination,  de  confis- 
quer tous  leurs  vaisseaux.  Ayant  terminé 
sa  mission,  l'ambassadeur  partit  de  Con- 
stanlinopleau  mois  de  mai  1605.  Il  eut  à 
faire  exécuter  à  Tunis  et  à  Alger  les  or- 
dres qu'il  avait  obtenus  du  grand-seigneur 
pour  la  délivrance  des  chrétiens  et  la  res- 
titution des  vaisseaux  pris  par  les  cor- 
saires de  Barbarie.  Il  y  parvint  avec  assez 
de  peine  à  Tunis  ;  mais  il  ne  put  réussir 
à  Alger.  Il  y  courut  même  beaucoup  de 
dangers.   Il    visila  ensuite  l'Egypte ,   la 


Terre-Sainte  et  une  partie  des  côtes  d'« 
sic  et  d'Afrique.  Enfin,  après  un  séjour 
de  22  ans  dans  l'Orient ,  de  Brèves  débar- 
qua à  Marseille  le  19  novembre  1G06.  Il 
fut  nommé  conseiller  d'état  et  gentil- 
homme de  la  chambre.  Il  eut  ensuite 
l'ambassade  de  Rome ,  et  la  remplit  avec 
habileté.  A  son  retour  et  après  la  mort 
de  Henri  IV ,  il  fut  nommé  gouver- 
neur de  Gaston  de  France,  fièrc  unu- 
que  du  roi ,  et  surintendant  de  sa  mai- 
son. Lorsque  le  connétable  de  Luynes 
s'empara  du  pouvoir  ,  il  perdit  l'emploi 
de  gouverneur,  mais  après  la  chute  de 
cet  orgueilleux  favori ,  il  fut  nommé  pre- 
mier écuyer  de  la  reine  ,  et  sa  terre  fut 
érigée  en  comté  en  1625.  On  le  créa  la 
même  année  chevalier  de  l'ordre  du  Saint- 
Esprit.  Il  eut  entrée  au  conseil  des  dépè- 
ches en  1627 ,  et  mourut  à  Paris  en  1628. 
De  Brèves  élail  fort  instruit  dans  la  litté- 
rature orientale  et  la  langue  turque,  et  ce 
fut  une  des  causes  de  ses  succès  dans  son 
ambassade.  Il  rapporta  du  Levant  plus  de 
100  volumes,  et  fit  graver  à  Rome,  par 
les  plus  habiles  artistes ,  des  caractères 
orientaux  avec  lesquels  on  imprima  à 
Paris  plusieurs  ouvrages  en  celte  langue, 
dont  il  surveilla  l'exéculion  ,  entre  autres 
le  traité  de  1604  dont  il  a  été  parlé.  Outre 
la  relation  de  ses  voyages,  publiée  à 
Paris  en  1628 ,  in-4° ,  d'après  ses  mémoi- 
res, par  Jacques  du  Castel,  l'un  de  ses 
secrétaires ,  il  a  laissé  deux  petitsouvrages 
dont  le  but  est  entièrement  opposé.  L'un 
a  pour  titre  :  Discours  abrégé  des  asseic- 
rez  moyens  d'anéantir  et  ruiner  la  mo- 
narchie des  princes  ottomans;  l'autre 
est  intitulé  Discours  sur  l'alliance  qu'a 
le  roi  avec  le  grand-seigneur. 

*  BREV1AT  (  Daniel  ),  né  à  Jersey  en 
1616  ,  passa  en  France  le  temps  de  la  ré- 
volution ,  et  retourna  dans  sa  pairie  à  la 
restauration.  Il  mourut  en  1696  à  Lin- 
coln ,  où  il  était  chanoine.  On  a  de  lui  un 
Traité  de  l'Eucharistie. 

*  BREVIO  (  Jean  ),  prélat  vénitien  du 
16e  siècle,  a  publié  :  |  Orazione  d'Tso- 
crate  a  Nicocle ,  traduit  du  grec  ,  1541; 

|  un  volume  de  Poésies  el  de  Prose  sliome, 
1445 ,  in-8"  ,  et  quelques  Nouvelles  qui  se 
trouvent  avec  celles  de  Sansovino. 

*  BREYDEXBYCH  (  Bernard  de  ), 
doyen  de  l'église  de  Mayence ,  dans  le 
15e  siècle ,  fit  un  voyage  à  Jérusalem  et 
au  mont  Sinaï ,  dont  il  fit  imprimer  la 
relation  en  latin  :  Opusculum  sanctarum 
peregrinationum  in  montent  Syon,  ad  ve- 
nerandum  Christi  sepulchrum  in  Jert*~ 


îmE 


S  48 


Mur 


mîein,  atque  in  montem  Synai  ad  divam 
virginem  et  martirem  Katherinam , 
Mayence  ,  i486  ,  in-fol.  Cet  ouvrage,  fut 
réimprimé  à  Spire  en  1490  cl  1502.  Cette 
dernière  édition  a  pour  titre  :  Peregrina- 
tio  Hierosohjmitana  ad  sepulchrum  Do- 
mini  ci  Kathariniana  ad  montem  Sinaï, 
per  varias  parles  Orienlis,  cum  iconibus. 
Jehan  de  Hersin  ,  religieux  augustin ,  pu- 
blia une  traduction  française  de  ce  voya- 
ge ,  sous  ce  titre  :  Voyage  et  pèlerinage 
d'oultre  mer  au  saint  Sépulcre  de  Hié- 
rusalem,  et  de  madame  saine  te  Catherine 
aumonl  Synaï,Lyon,  1489  ,  in-fol.  Il  a  été 
aussi  traduit  en  flamand ,  Mayence  ,  1488, 
in-fol. 

BREYER  (  Rémi  ),  docteur  de  Sorbon- 
ne ,  et  chanoine  de  l'église  de  Troyes  en 
Champagne ,  naquit  dans  cette  ville  en 
1669,  et  y  mourut  en  1749.  On  a  de  lui 
une  Dissertation  sur  les  paroles  de  la 
consécration,  in-8° ,  où  il  tâche  de  prou- 
ver contre  le  Père  le  Brun,  que  les  Grecs 
et  les  Latins  avaient  renfermé  la  consécra- 
tion dans  ces  paroles  :  Hoc  est,  etc.  Il  a 
eu  beaucoup  de  part  au  Missel  de  Troyes, 
et  a  publié  les  Vies  de  saint  Aldérald, 
de  saint  Prudence  et  de  sainte  Maure, 
avec  des  éclaircissemens  curieux.  Ce  sa- 
vant répandait  de  l'érudition  dans  ses 
ouvrages  ,  mais  très  peu  d'agrément. 

BREYNIUS  (  Jacques  ) ,  de  Dantzick, 
originaire  des  Pays-Bas ,  mort  en  1697 , 
âgé  de  60  ans,  a  donné  :  Plantarum  exoti- 
carum  centuria  I,  Dantzick,  1678,  in- 
fol.  fig.  Fasciculus  I  et  II  plantarum , 
1688  et  1689  ,  in-4°  :  ouvrages  peu  com- 
muns. 

*  BREZ  (  Jacques  ) ,  ministre  protes- 
tant, né  à  Mkidelbourg  en  1771,  et  mort 
dans  cette  ville  en  1798,  a  publié  :  |  Flore 
des  insectophiles ,  précédée  d'un  discours 
sur  l'utilité  de  l'étude  de  l'insectologie  _, 
Utrecht ,  1791 ,  in-8°  ;  |  Histoire  des  Vau- 
dois  habitant  la  vallée  occidentale  du 
Piémont,  1769,  2  vol.  in-8°;  il  a  joint  à 
cet  ouvrage  une  traduction  du  catéchis- 
me des  Vaudois  et  des  fragment  d'un 
poème  en  langue  vaudoise  daté  de  1100  : 
Barbier  attribue  cette  histoire  à  un  autre 
Brez  qui  est  mort  en  1810  dans  la  Zélan- 
de  ;  |  Voyages  inléressans  pour  l'in- 
struction et  l'amusement  de  la  jeunesse, 
dans  le  goût  du  recueil  de  Campe, 
Utrecht ,  1792  ,  in-8°.  Tous  ses  ouvrages 
sont  écrits  en  français. 

BREPE.  Voyez  MAILLÉ. 

BREZILLAC  (  Jeax-Frawçois)  .  Voyez 
BRESILLAC. 


*  BREZOLLES  (  Ignace  Mou  de  ), 
docteur  de  Sorbonne  ,  a  publié  un  Traité 
sur  la  juridiction  ecclésiastique  conten- 
tieuse  ou  théorie  et  pratique  des.  officia- 
ntes ,  etc.  Paris ,  1779  ,  2  vol.  in-4° ,  réim- 
primé en  1781 ,  sous  le  titre  de  pratique 
des  officialités.  On  lui  doit  aussi  une 
seconde  édition  du  traité  des  bénéfices 
ecclésiastiques  de  Gohard ,  Paris ,  1763, 
7  vol.  in-4°.  Ce  savant  théologien  mourut 
en  1778. 

*  BRIAL  (  Michel-Jean- Joseph  ),  né 
à  Perpignan  le  26  mai  1743,  entra  fort 
jeune  encore  dans  la  congrégation  des 
bénédictins ,  et  prononça  ses  vœux  au 
monastère  de  la  Daurade  ,  à  Toulouse , 
le  15  mai  1764.  Il  vint  à  Paris ,  en  1771 , 
et  fut  placé  aux  Blancs-Manteaux  pour  y 
travailler  avec  don  Clément  à  la  col- 
lection des  Historiens  de  France ,  dont 
ils  rédigèrent  de  concert  les  tomes  12 
et  13.  Ce  dernier  volume  fut  publié  en 
1786.  La  révolution  ayant  amené  l'aboli- 
tion des  ordres  religieux  ,  cette  impor- 
tante collection  fut  interrompue.  A  peine 
l'institut  national  avait-il  été  organisé 
que  le  gouvernement  sentit  l'avanlage 
qu'il  y  aurait  à  charger  ce  corps  savant 
de  la  continuation  des  travaux  historiques 
des  bénédictins.  Brial  reçut  alors  la  mis- 
sion de  poursuivre  seul  la  lâche  labo- 
rieuse et  difficile/  qu'il  avait  entreprise 
dans  sa  jeunesse  avec  ses  collègues.  En 
1803  ,  il  fut  reçu  membre  de  l'institut, 
classe  d'histoire  et  de  littérature  ancienne; 
l'année  suivante,  il  publia  le  14e  volume 
des  historiens  de  France.  Il  en  fit  paraître 
successivement  différens  volumes  jus- 
qu'au 18e  qui  fut  publié  en  1818  ,  et  il 
a  laissé  des  matériaux  considérables  pour 
le  19e  volume.  Ainsi  Brial  est ,  après  don 
Bouquet  (  voyez  ce  nom  ) ,  fondateur  de 
ce  précieux  recueil.  Brial  est  un  des  au- 
teurs des  tomes  13  ,  14  ,  13  et  16K  de  YIHs- 
toire  littéraire  de  la  France.  Il  a  participé 
à  la  rédaction  de  la  Notice  des  manuscrits 
de  la  bibliothèque  du  roi,  et  l'on  trouve 
de  lui  de  judicieuses  Dissertations  dans  la 
nouvelle  série  des  Mémoires  de  l'aca- 
démie des  inscriptions.  Enfin  il  est  au- 
teur de  Y  F  loge  historique  de  don  Labat , 
bénédictin ,  1803 ,  in-8°,  et  il  a  publié  les 
OEuvres  posthumes  du  père  Labcrthonie, 
avec  un  supplément  ,  1810  ,  1811,  2  vol. 
in-12.  Brial  est  mort  à  Paris,  le  24  mai 
1828.  Peu  de  temps  avant  sa  mort  ,  il 
avait  fondé  des  écoles  gratuites  en  faveur 
des  garçons  et  des  filles  pauvres  des  com- 
munes de  Bai*as   et   de  Fia  ,   arrondis- 


BRI 


549 


BRI 


sèment  de  Perpignan  ,  lieu  de  naissance 
de  ses  père  et  mère  ;  il  dota  chacune  de 
ces  communes  d'une  rente  perpétuelle 
de  six  cents  francs,  pour  l'entretien  de 
ces  écoles. 

*  BRIANT  (don  Denys),  bénédictin  de 
la  congrégation  de  Saint-Maur,  né  à  Pleu- 
dissen,  bourg  du  diocèse  de  Saint-Brieuc, 
embrassa  la  vie  monastique ,  et  prononça 
ses  vœux  à  Rennes,  dans  l'abbaye  de 
Saint-Melaine  ,  le  14  juillet  1684  ,  à  l'âge 
de  29  ans.  Il  travailla  avec  don  Lobineau 
à  Y  Histoire  de  Bretagne.  Ce  fut  lui  qui 
seehargeade  l'examen  des  faits,  qui  en 
débrouilla  les  obscurités,  et  leur  appli- 
qua le  flambeau  de  la  critique.  On  a  de 
lui:  |  Mémoire  sur  V  abbaye  de  Saint-Vin- 
cent du  Mans;  \  Cenomania.  C'est  une 
histoire  de  la  province  du  Maine  et  de  ses 
comtes ,  restée  manuscrite ,  mais  il  en 
existe  plusieurs  copies  dans  les  bibliothè- 
ques, beaucoup  de  personnes  s'étant  em- 
pressées d'en  avoir.  Don  Briant  a  aussi 
fourni  beaucoup  de  Mémoires  aux  auteurs 
du  Gallia  christiana.  II  est  mort  le  6  fé- 
vrier 1716,  dans  l'abbaye  de  Riom,  en 
Basse-Eretagne  ,  âgé  de  61  ans. 

BRIANVILLE  (Cl.-Oronce-Fixé  de), 
abbé  de  Saint-Benoît  de  Quincy ,  mort  en 
1675 ,  a  donné  :  |  Abrégé  chronologique 
de  l  histoire  de  France,  1664 ,  in-12 ,  dont 
les  têtes  des  rois  sont  joliment  gravées  ; 
|  une  Histoire  sacrée,  3  vol.  in-12  ,  avec 
des  figures  de  Le  Clerc;  le  tome  1er  est  de 
1670  ,  le  2e  de  1671 ,  et  le  5e  de  1675  ;  la 
réimpression  de  1693  est  moins  estimée. 
Ces  deux  ouvrages  ne  sont  guère  recher- 
chés que  pour  les  estampes;  car  l'abbé  de 
Erian ville  était  un  écrivain  fort  médio- 
cre. On  a  encore  de  lui  une  traduction  en 
français  des  Lettres  de  Bongars  ,  Paris, 
1668 ,  2  vol.  in-fol. 

BRIARD  (  Jean  )  ,  vice-chancelier  de 
l'université  de  Louvain  ,  était  du  village 
de  Bailleul  près  d'Ath  ,  dans  le  Hainaut. 
Il  fut  fort  lié  avec  Erasme  ,  et  mourut  en 
1520.  On  a  de  lui  plusieurs  traités  en  la- 
tin ;  un  sur  la  loterie,  un  autre  sur  la 
cause  des  indulgences,  etc.  Leipsick, 
1510.  —  Il  ne  faut  pas  le  confondre  avec 
Lamdert  BRIABD,  président  de  Malines 
et  auteur  de  quelques  ouvrages  de  droit, 
mort  le  10  octobre  1557. 

*  BRIARD  (  Gabriel  ) ,  peintre  d'his- 
toire ,  né  à  Paris ,  obtint  le  grand  prix  en 
1749 ,  et  fut  reçu  membre  de  l'académie 
de  peinture  en  1768,  sur  son  tableau 
d'Herminie  au  milieu  des  bergers.   Ses 

icipaux  ouvrages  sont  le  plafond  de 


nncipaux  ouvi 


la  salle  du  banquet  royal  de  Versailles, 
représentant  l'Olympe  assemblé ,  qui  est 
d'une  grande  et  belle  ordonnance ,  et  un 
tableau  qu'il  fit  pour  la  chapelle  de  Sainte- 
Marguerite  ,  représentant  les  anges  tirant 
les  âmes  du  Purgatoire  ,  composition  bien 
conçue  et  d'un  assez  bon  effet.  Cet  artiste 
travaillait  avec  trop  de  rapidité.  Il  dessi- 
nait assez  correctement ,  mais  il  n'était 
point  coloriste.  Il  mourut  en  1777. 

*  BRICCIO  (  Jean  ) ,  un  des  écrivains 
les  plus  féconds  de  l'Italie,  naquit  à  Rome 
en  1581,  et  mourut  dans  la  même  ville  en 
1646.  Il  était  fils  d'un  matelassier  qui  le 
destinait  à  la  même  profession  ;  mais  le 
jeune  Briccio,  employant  à  s'instruire 
tous  les  instans  qu'il  pouvait  dérober  au 
travail,  parvint  à  apprendre  seul  toutes 
les  sciences.  La  peinture  ne  lui  fut  point 
étrangère,  le  célèbre  Frédéric  Zucchari 
lui  enseigna  cet  art.  On  cite  de  lui  plus 
de  80  ouvrages  parmi  lesquels  on  distin- 
gue des  Vies  de  saints ,  des  Ecrits  ascé- 
tiques, des  Histoires ,  des  Poésies  diver- 
ses.—BRICCIO  (Plautille  ),  fille  du  pré- 
cédent, avait  de  grandes  connaissances 
en  architecture.  On  lui  doit  le  plan  du 
petit  palais  français  bâti  hors  et  près  de 
la  porte  de  Saint-Pancrace.  C'est  elle 
aussi  qui  donna  le  dessin  de  la  chapelle 
de  Saint-Benoit ,  dans  l'église  de  Saint- 
Louis-des-Franç  ais . 

*  BRICCIO  (  Paul  ),  religieux  récollet, 
d'une  ancienne  famille  de  Brà  en  Pié- 
mont, eut  le  titre  de  théologien  de  la  du- 
chesse de  Savoie ,  fut  élu  évêque  d'Albe 
en  1642,  et  mourut  en  1663.  On  a  de  lui 
quelques  ouvrages  sur  l'histoire  ecclésias- 
tique de  l'Italie. 

BRICE  (  saint  ),  en  latin  Brixius ,  évê- 
que de  Tours  ,  successeur  de  saint  Mar- 
tin, accusé  par  ses  ennemis  d'avoir  eu  un 
enfant  d'une  religieuse ,  fut  chassé  de  son 
siège.  S'étant  lavé  de  cette  calomnie,  il 
retourna  dans  son  diocèse ,  et  y  mourut 
le  13  novembre  444.  Son  culte  était  autre- 
fois très  célèbre  en  France;  les  protes- 
tans  eux-mêmes  ont  laissé  son  nom  dans 
leur  calendrier. 

BRICE  (Germain  ),  né  à  Paris  en  1652, 
mort  en  1727 ,  est  principalement  connu 
par  sa  Description  de  la  ville  dû  Paris 
et  de  tout  ce  qu'elle  contient  de  remar- 
quable. La  meilleure  édition  de  cet  ou- 
vrage ,  mal  écrit ,  inexact ,  mais  curieux  , 
est  celle  de  1752 ,  en  4  vol.  in-12.  L'au- 
teur a  farci  son  livre  d'épitaphes ,  mais 
il  n'a  pas  mis  les  meilleures.  C'est  l'abbé 
Pérau  qui  dirigea  cette  édition.  —  Il   ne 


BUT 

faut  pas  confondre  Germain  Brice  avec 
un  autre  du  même  nom,  qui  écrivit  dans 
le  siècle  précédent.  (  Voyez  BRIE.  ) 

BRICE  (don  Etienne-Gabriel  ),  né  à 
Paris  en  1697,  était  neveu  du  précédent.  Il 
mourut  en  1755  ,  dans  l'abbaye  de  Saint- 
Germain-des-Trés,  où  il  était  chargé , 
depuis  l'an  1731 ,  de  diriger  la  continua- 
tion du  nouveau  Gallia  chrhliana,  13 
vol.  in-fol.  La  congrégation  de  Saint- 
Maur  a  eu  peu  d'hommes  aussi  savans. 

*  BRICIIE  (Louis-André,  vicomte  de), 
né  en  1772  ,  entra  ,  en  1789  ,  dans  la  car- 
rière militaire  ,  et  fit  les  premières  cam- 
pagnes de  la  révolution.  Après  s'être  plu- 
sieurs fois  distingué  en  Italie  ,  notam- 
ment à  la  bataille  de  la  Trébia ,  à  celle 
de  Marengo  ,  au  passage  du  Mincio ,  il 
fit  les  campagnes  d'Allemagne  et  fut 
nommé  ,  en  1806  ,  colonel  du  10e  de  hus- 
sards. En  1808  ,  il  conduisit  son  régi- 
ment en  Espagne  ,  fit  encore  briller  ses 
talens  militaires  à  la  bataille  d'Ocana, 
au  passage  de  Fuente  de  Cantos ,  au  com- 
bat de  la  Gébora ,  et  fut  élevé  ,  le  27  dé- 
cembre 1809  ,  au  grade  de  général  de 
brigade.  En  1813,  le  vicomte  de  Briche 
fut  nommé  général  de  division.  Dans  la 
campagne  de  1814  ,  il  battit  les  cosaques 
près  d'Epinal ,  et  à  l'attaque  du  pont  de 
Clerci ,  près  de  Troyes.  Louis  XVIII  le 
créa  chevalier  de  Saint-Louis,  au  mois  de 
juillet  de  la  même  année  ,  et  lui  confia 
le  commandement  du  département  du 
Gard.  Ayant  tenté  à  l'époque  des  cent 
jours  de  s'opposer  au  mouvement  insur- 
rectionnel que  la  nouvelle  du  débarque- 
ment de  Bonaparte  avait  excité  jusque 
parmi  ses  soldats  ,  il  fut  fait  prisonnier. 
Il  aurait  été  mis  en  jugement ,  si  sa  femme 
n'avait  obtenu  de  l'empereur  qu'on  se 
contenterait  de  le  rayer  de  la  liste  des 
officiers-généraux  II  présida  ,  en  juillet 
1816 ,  la  commission  militaire  qui  con- 
damna le  général  Moulon-Duvernet  à  être 
fusillé.  De  Briche  est  mort  à  Marseille 
le   22  mai  1825. 

BRIÇONNET  (  Guillaume  ) ,  dit  Cardi- 
nal de  Saint-Malo,  successivement  évê- 
que de  Nîmes ,  de  Saint-Malo  ,  archevêque 
de  Reims  et  de  Narbonne,  fut  honoré  de 
la  pourpre  romaine  par  Alexandre  VI  en 
1A95 ,  en  présence  de  Charles  VIII ,  qui 
se  trouva  alors  au  consistoire.  Ce  prince 
l'aimait  beaucoup ,  et  ce  fut ,  dit-on ,  à  sa 
persuasion  qu'il  entreprit  la  conquête  du 
royaume  de  Naples.  L'ardeur  avec  la- 
quelle ce  cardinal  parla  contre  Jules  II 
dans  le  et  nciliabule  de  Pise ,  le  fit  priver 


S50  BRI 

de  sa  dignité;  mais  Léon  X  la  lui  ren- 
dit ensuite.  Il  mourut  en  1514  ,  laissant 
deux  fils  ,  héritiers  de  ses  vertus ,  qui 
lui  servirent  un  jour,  à  une  messe  cé- 
lébrée pontiiicalement ,  l'un  de  diacre  et 
l'autre  de  sous-diacre.  Il  avait  été  marié 
avant  de  s'engager  dans  les  ordres.  Les  his- 
toriens le  louent  comme  un  prélat  qui  avait 
l'esprit  des  affaires ,  joint  à  beaucoup  de 
zèle  pour  la  gloire  de  la  patrie ,  et  à 
beaucoup  d'amour  pour  les  lettres  et  pour 
ceux  qui  les  cultivaient.  —  Son  fils  ,  Guil- 
laume, évêque  de  Meaux  en  1516,  et  mort 
en  1533  ,  se  laissa  surprendre  par  les 
calvinistes  ;  mais  il  reconnut  sa  faute  et 
la  pleura. 

*  BRIÇONXET  (  Robert  ) ,  archevêque 
de  Reims ,  frère  du  cardinal ,  mourut  à 
Moulins  en  1497 ,  après  avoir  exercé  la 
charge  de  chancelier  pendant  vingt-deux 
mois.  —  *  BRIÇONNET  (  Denis  ) ,  autre 
frère  du  cardinal ,  fut  évêque  de  Toulon 
et  de  Saint-Malo.  Il  servait  tous  les  jours 
treize  pauvres  à  sa  table.  Vers  la  fin 
de  sa  vie ,  il  se  démit  de  son  évêché  , 
ne  conservant  que  ses  abbayes.  Il  mourut 
en  1556. 

*  BRIDAINE  (  Jacques  ) ,  célèbre  mis- 
sionnaire ,  naquit  au  village  de  Chusclam, 
dans  le  diocèse  d'Uzès,  le  21  mars  1701 , 
d'une  famille  honnête  et  recommandable 
surtout  par  son  invariable  attachement  à 
la  foi  catholique ,  et  fit  avec  distinction 
ses  études  chez  les  jésuites  d'Avignon.  Sa 
piété ,  son  heureux  caractère ,  son  amour 
pour  les  pauvres,  et  les  talens  rares  qu'il 
annonçait ,  lui  acquirent  toute  l'affection 
de  ses  maîtres.  Après  avoir  terminé  ses 
humanités  ,  il  entra  au  séminaire  de 
Saint-Charles  de  la  Croix  dans  la  même 
ville.  Ses  supérieurs  le  chargèrent  pen- 
dant son  noviciat  de  faire  le  catéchisme 
dans  diverses  églises ,  et  il  annonça  dès 
lors  celle  facilité  d'élocution,  ce  talent 
d'émouvoir  et  d'entraîner  ,  qu'il  dévelop- 
pa dans  la  suite  de  sa  carrière  évangélique 
avec  tant  de  succès.  Bridaine  n'étoit  que 
diacre  ,  lorsqu'il  fut  désigné  pour  remplir 
la  station  du  carême  à  Aiguës- Mortes, 
dans  le  diocèse  de  Nîmes.  Sans  prépara- 
tion et  muni  seulement  de  trois  sermons, 
il  arriva  dans  cette  ville  à  pied  et  dans  le 
plus  modeste  équipage.  Sa  jeunesse  et  sa 
simplicité  indisposèrent  les  habitans  qui 
ne  lui  témoignèrent  que  du  mépris.  Le 
mercredi  des  cendres,  ayant  vainement 
attendu  des  auditeurs  à  l'église  ,  il  sort 
revêtu  de  son  surplis,  une  clochette  à  la 
main,  et  parcourt  en  la  faisant  sonner  les 


BRI 


551 


BRI 


rues  les  plus  fréquentées  de  la  ville.  La 
nouveauté  de  ce  spectacle  étonne.  La  foule 
le  suit  par  curiosité ,  et  se  précipite  sur 
ses  pas  dans  le  temple  ;  il  monte  en  chaire, 
entonne  un  cantique  sur  la  mort,  et,  pour 
toute  réponse  aux  éclats  de  rire  qui  ont 
acrueilli  son  chant,  paraphrase  ce  sujet 
terrible  avec  une  véhémence  qui  lit  bien- 
tôt succéder  le  silence  et  la  consternation 
à  la  dérision  et  au  tumulte.  Il  remplit  en- 
suite toute  la  station  avec  le  plus  grand 
succès  ,  malgré  le  peu  de  matériaux  qu'il 
avait  apportés ,  en  s'abandonnant  aux  in- 
spirations du  moment ,  et  il  se  trouva  si 
bien  de  cette  méthode ,  que  dès  lors  il  en 
suivit  rarement  une  autre.  Bridaine  or- 
donné prêtre  le  20  mai  1725,  se  consacra 
aussitôt  aux  missions ,  et  fut  d'abord  em- 
ployé dans  les  Cévennes.  Il  évangélisa 
ensuite  le  Languedoc,  la  Provence,  le 
comlat  d'Avignon,  le  Dauphiné,  et  un 
grand  nombre  d'autres  provinces.  Il  don- 
na jusqu'à  2oG  missions,  et  dans  toutes  il 
produisit  les  fruits  les  plus  abondans.  Il 
avait  une  voix  d'un  éclat  prodigieux,  mais 
si  sonore  et  si  nette ,  que  dans  les  églises 
les  plus  vastes  ,  lorsqu'elles  étaient  rem- 
plies, il  était  également  entendu  de  tout 
son  auditoire  (i)  ;  il  savait  prendre  tous  les 
tons,  il  les  appropriait  aux  circonstances 
avec  une  rare  adresse.  Tantôt  simple,  tan- 
tôt sublime,  heureux  jusque  dans  ses  né- 
gligences, il  dédaignait  l'art  et  les  règles 
pour  n'obéir  qu'aux  impulsions  de  son 
génie  et  suivre  les  mouvemens  de  son 
âme.  La  pureté  de  sa  vie  qui  retraçait  celle 
des  premiers  apôtres,  justifiait  bien  la  vé- 
nération générale  dont  il  était  l'objet.  Aussi 
les  conversions  éclatantes  ,  les  réconcilia- 
tions inespérées,  les  restitutions,  les  ré- 
parations publiques,  signalaient  son  pas- 
sage dans  les  villes.  Les  plus  illustres  pré- 
lats demandaient  à  l'en vi  le  concours  d'un 
homme  aussi  puissant ,  et  toujours  il  se 
rendait  à  leur  invitation  ,  sans  calculer  si 
ses  forces  pouvaient  suffire  à  tant  de  fati- 
gues. Plus  d'une  fois  il  en  fut  gravement 
incommodé  ;  mais  à  peine  remis ,  il  re- 


(t)  L'org»ne  tonnant  de  Bridaine ,  dit  le  cardinal 
IYI  mry,  dans  son  Essai  sur  l'éloquence  de  la  chaire, 
ajoutait  une  nouvelle  énergie  à  son  éloquence,  et 
l'auditoire,  accablé  par  l'impétuosité  de  son  action 
et  la  puissance  de  ses  figures  ,  était  alors  consterné 
devant  lui.  Le-  silence  profond  qui  régnait  dans  ras- 
semblée ,  surtout  quand  il  prêchait,  selon  sa  cou- 
tume, à  l'entrée  de  la  nuit,  était  interrompu  de 
temps  en  temps  par  des  soupirs  longs  et  lugubres, 
qui  partaient  à  la  fois  de  toutes  les  extrémités  du 
temple  dont  les  voûtes  retentissaient  enfin  de  cris 
Inarticulé»  et  de  profonds  gémissemen» 


prenait  le  cours  de  ses  travaux.  Deux  fols 
il  fut  appelé  à  Paris ,  et  ce  fut  dans  cette 
ville  qu'il  improvisa  à  Saint-Sulpice ,  de- 
vant l'auditoire  le  plus  brillant ,  cet  ex- 
orde  sublime ,  que  l'abbé  Maury  nous  a 
conservé  :  «  A  la  vue  d'un  auditoire  si 
»  nouveau  pour  moi ,  il  semble ,  mes  Frè- 
»  res  ,  que  je  ne  devrais  ouvrir  la  bouche 
»  que  pour  vous  demander  grâce  en  fa-  ♦ 
»  veur  d'un  pauvre  missionnaire,  dépour- 
»  vu  de  tous  les  talens  que  vous  exigez 
»  quand  on  vient  vous  parler  de  votre  sa- 
»  lut.  J'éprouve  cependant  aujourd'hui 
»  un  sentiment  bien  différent  ;  et  si  je  suis 
»  humilié,  gardez, -  vous  de  croire  que  je 
»  m'abaisse  aux  misérables  inquiétudes 
»  de  la  vanité,  comme  si  j'étais  accoutumé 
»  à  rne  prêcher  moi  -  même  !  A  Dieu  ne 
»  plaise  ,  qu'un  ministre  du  Ciel  pense  ja- 
»  mais  avoir  besoin  d'excuse  auprès  de 
»  vous;  car.  qui  que  vous  soyez,  vous  n'êtes 
»  tous ,  comme  moi ,  que  des  pécheurs. 
»  C'est  donc  unique  ment  devant  votre  Dieu 
»  et  le  mien,  que  je  me  sens  pressé  dans 
»  ce  moment  de  frapper  ma  poitrine.  Jus- 
»  qu'à  présent  j'ai  publié  les  justices  du 
»  Très-Haut  dans  des  temples  couverts  de 
»  chaume  ;  j'ai  prêché  les  rigueurs  de  la 
»  pénitence  à  des  infortunés  qui  man- 
»  quaient  de  pain  !  j'ai  annoncé  aux  bons 
»  habitans  des  campagnes ,  les  vérités  les 
»  plus  effrayantes  de  ma  religion...  Qu'ai- 
»je  fait,  malheureux  !  j'ai  contristé  les* 
»  pauvres  ,  les  meilleurs  amis  de  mon 
i>  Dieu  ;  j'ai  porté  l'épouvante  et  la  dou- 
»  leur  dans  ces  âmes  simples  et  fidèles , 
»  que  j'aurais  dû  plaindre  et  consoler  ! 
»  C'est  ici ,  où  mes  regards  ne  tombent 
»  que  sur  des  grands ,  sur  des  riches  ,  sur 
»  des  oppresseurs  de  l'humanité  souf- 
»  frante  ,  ou  sur  des  pécheurs  audacieux 
»  et  endurcis,  ah!  c'est  ici  seulement  qu'il 
»  fallait  faire  retentir  la  parole  sainte  dans 
»  toute  la  force  de  son  tonnerre,  et  placer 
»  avec  moi  dans  cette  chaire,  d'un  côté, 
»  la  mort  qui  vous  menace ,  de  l'autre , 
»  mon  grand  Dieu  qui  vient  vous  juger. 
»  Je  tiens  déjà  dans  ce  moment  votre  sen- 
»  tence  à  la  main  :  tremblez  donc  devant 
»  moi ,  hommes  superbes  et  dédaigneux , 
»  qui  m'écoutez  !  La  nécessité  du  salut ,  la 
»  certitude  de  la  mort ,  l'incertitude  de 
»  cette  heure  si  effroyable  pour  vous , 
»  l'impénitence  finale,  le  jugement  der* 
»  nier,  le  petit  nombre  des  élus ,  l'enfer,  et 

»  par-dessus  tout  l'éternité  ! l'éternitét 

•o  voilà  les  sujets  dont  je  viens  vous  en- 
tretenir et  que  j'aurais  dû  sans  doute 
«réserver  pour  vous  seuls.  Eh!  qu'ai-je 


BRI 


552 


BRI 


»  besoin  de  vos  suffrages ,  qui  me  damne- 
»  raient  peut-èlre  sans  vous  sauver  ?  Dieu 
»  va  vous  émouvoir ,  tandis  que  son  in- 
»  digne  ministre  vous  parlera  ;.  car  j'ai  ac- 
»  quis  une  longue  expérience  de  ses  mi- 
»  séricordes.  C'est  lui-même,   c'est  lui 
»  seul  qui ,  dans  quelques  instans ,  va  re- 
»  muer  le  fond  de  vos  consciences.  Frap- 
%  pés  aussitôt  d'effroi,  pénétrés  d'horreur 
»  pour  vos  iniquités  passées,  vous  viendrez 
»  vous  jeter  entre  les  bras  de  ma  charité , 
»  en  versant  des  larmes  de  componction  et 
»  de  repentir,  et  à  force  de  remords,  vous 
»  me  trouverez  assez  éloquent.  »  Le  reste 
du  sermon  avait  été  préparé  d'avance  ,  et 
prouve  que  ,  dans  ses  discours  travaillés , 
Bridaine  écrivait  avec  autant  de  chaleur 
que  de  goût.  Massillon  lui-même  en  l'en- 
tendant fut  rempli  d'admiration.  Plusieurs 
autres  illustres  prélats ,  entre  autres  M. 
Languet,  archevêque  de    Sens,  MM.  de 
Pompignan,  de  Charency,  de  Séez ,  lui 
témoignèrent  la  même  estime.  Le  cardi- 
nal de  Fleuri  avait  voulu  le  voir,  et  avait 
des  vues  sur  lui  pour  l'établissement  d'une 
société  de  missionnaires  en  France.  Le 
souverain  pontife  Benoit  XIV  donna  au 
Père  Bridaine ,  dans  un  voyage  que  celui- 
ci  fit  à  Borne  en  1750 ,  les  marques  d'une 
considération  particulière ,  et  lui  accorda 
le  pouvoir  de  faire  la  mission  dans  toute 
l'étendue  de  la  chrétienté.  Bien  ne  put  ja- 
mais ralentir  son  zélé,  ébranler  son  cou- 
rage;  ni  les  persécutions  secrètes  qu'il 
eut  souvent  à  éprouver ,  ni  les  attaques 
des  novateurs,  ni  les  peines,  ni  l'affaiblis- 
sement de  ses  forces,  ne   purent   l'em- 
pêcher de  poursuivre  jusqu'à  ses  der- 
niers momens  sa  noble  carrière.  Il  mou- 
rut  à   Boquemaure ,   âgé    de   soixante- 
six  ans,  en  revenant  de  Villencuve-lès- 
Avignon ,  où  il  avait  donné  une  mission , 
malgré  une  maladie  qui ,  depuis  long- 
temps, le  faisait  souffrir  cruellement;  il 
y  succomba  le  22  décembre  1767.  La  vie 
du  Père  Bridaine  a  été  publiée  par  l'abbé 
Carron,  qui  l'a  justement  appelé  le  modèle 
des  préires.  Ses  cantiques,  d'abord  inti- 
tulés Cantiques  spirituels  à  l'usage  des 
missions  royales    du    diocèse  d'Alais, 
parce  qu'il  consacra  long-temps  ses  tra- 
vaux  à  cette  contrée  ,  et  ensuite  simple- 
ment Cantiques  spirituels,  ont  eu  jusqu'à 
kl  éditions. 

*  BRIDAN  (  CHARLES-A\TOINE  )  ,  SCUlp 

teur ,  né  à  Buvière  en  Bourgogne ,  l'an 
4730 ,  étudia  à  Paris  la  sculpture  avec 
succès,  et  obtint  le  grand  prix  à  l'âge 


il  séjourna  trois  ans.  De  retour  à  ParU 
en  1764 ,  il  présenta  à  l'académie  de  pein- 
ture son  groupe  du  martyre  de  saint  Bar» 
thélemi ,  qui  le  lit  agréger  à  cette  société, 
et  en  1772  il  y  fut  admis  comme  aca- 
démicien. Parmi  les  ouvrages  de  cet  ar- 
tiste on  distingue  son  groupe  de  V Assomp- 
tion ,  qui  est  dans  la  cathédrale  de  Char- 
tres ;  les  statues  de  Bayard  et  de  Vau- 
ban ,  dans  la  galerie  des  Tuileries  ;  un 
Vulcain  ,  au  jardin  de  Luxembourg ,  et 
le  buste  de  Cochin  ,  son  dernier  ouvrage. 
Il  avait  occupé  la  place  de  professeur 
à  l'académie  de  peinture  pendant  32  ans, 
et  mourut  à  Paris  le  28  avril  1305. 

BRIDA.ULT  (  Jean-Pierre  )  ,  maître 
de  pension  à  Paris ,  mort  le  2A  octobre 
1761 ,  avait  du  goût  et  de  la  littérature. 
On  a  de  lui  deux  ouvrages  utiles  :  |  Phrases 
et  sentences  tirées  des  comédies  de  Té- 
rence,  Paris,  1715,  in-12.  |  Mœurs  et 
coutumes  des  Romains  _,  1755,  2  vol.  in-12  : 
cet  ouvrage  offre  un  tableau  général  des 
usages  les  plus  curieux  et  les  plus  sin- 
guliers de  l'ancienne  Borne.  Ce  n'est  ni 
un  abrégé  ni  une  répétition  des  grandes 
histoires  romaines  ,  c'est  précisément  un 
recueil  de  tout  ce  qu'on  n'y  trouve  pas. 

*  BRIDEL  (  Jean-Louis  )  ,  second  fil$ 
de  Jean-Bod  Bridel ,  pasteur  de  Crassier, 
né  en  décembre  1759  ,  mort  à  Lausanne 
le  5  février  1821 ,  fut  successivement  pré-, 
cepteur  dans  les  Grisons  et  en  Hollande  , 
pasteur  de  l'église  française  de  Bâle  da 
1803  à  1808  ,  second  pasteur  de  Cosso- 
nay  dans  le  canton  de  Vaud ,  et  pro- 
fesseur d'interprétation  des  livres  saints 
et  des  langues  orientales  de  l'académie 
de  Lausanne  depuis  1809  jusqu'à  sa  mort. 
Il  parcourut  une  grande  partie  de  l'Eu- 
rope, et  fut  pendant  dix  ans  membre  du 
grand-conseil  du  canton  de  Vaud.  Les 
principaux  ouvrages  de  Bridel  sont  :  |  Les 
infortunes  du  jeune  chevalier  de  la  Lande., 
Paris  (Lausanne  )  ,  1781 , 1  vol.  in-8°  ;  |  In- 
troduction a  la  lecture  des  odes  de  Pin- 
dare  *  Lausanne ,  1785 , 1  vol.  in-12  ;  j  Mé- 
moire sur  l'abolition  des  redevances  féo- 
dales ,  etc. ,  1798  ,  brochure  in-8°  ;  |  Dis- 
cours prononcé  à  Vevey  (  à  l'occasion 
d'un  anniversaire  patriotique  ) ,  1799 ,  in- 
8°  ;  |  Réflexions  sur  la  révolution  de  la 
Suisse  j,  sur  le  principe  de  V unité  *  etc. , 
1800  ,  in-8°  ;  |  Le  pour  et  le  contre ,  ou 
avis  à  ceux  qui  se  proposent  de  passer 
dans  les  Etals-Unis  d'Amérique  *  Paris 
et  Bâle ,  1803 ,  1  vol.  in-8°  ;  |  Le  Lycée 
de  Flore ,  Bâle ,  1804  ,  opuscule  poétique  ; 


de  23  ans.  Il  passa  ensuite  à  Borne  où  |  j  Lettre  à  Carionde  Nizas  sur  la  manière 


BRI 


555 


Bill 


âe  traduire  le  Dante ,  suivie  d'une  tra- 
duction en  vers  français  du  5e  chant  de 
l'enfer ,Bàle  ,  180a,  1  vol.  in-4°  ;  |  Oraison 
funèbre  prononcée  à  Bâle ,  Bàle,  1806, 
in-8°  ;  |  Discours  chrétiens  à  l'occasion 
des  désastres  du  canton  de  Schtvitz  , 
Bàle  ,  1807  ;  |  Dissertations  sur  l'étal  et 
les  fonctions  des  prophètes  ,  Lausanne  , 
1808 ,  in-4°  ;  |  Discours  sur  l'efficacité 
morale  de  la  lecture  des  livres  sacrés  , 
et  sur  le  style  de  leurs  auteurs,  Lau- 
sanne ,  1809 ,  in-8°  ;  |  Traité  de  l'année 
juive  antique  et  moderne  ,  Bàle  ,  1810  , 
1  vol.  in-8°  ;  |  Le  Livre  de  Job ,  nouvel- 
lement traduit  d'après  le  texte  original 
non  ponctué  ,  et  les  anciennes  versions , 
notamment  l'arabe  et  la  syriaque  ,  avec 
un  discours  préliminaire ,  Paris ,  1818  , 

I  vol.  in-8°.  Bridel  donna  en  outre  dans 
le  Conservateur  suisse  ,  un  grand  nombre 
de  morceaux  intéressans ,  la  plupart  signés 
des  initiales  L.  B. 

*  BRIDEL  (  Samuel -Elisée  ) ,  botaniste 
et  poète,  frère  du  précédent,  naquit  à 
Crassier,  dans  le  canton  de  Vaud,  le  28  no- 
vembre 1761 ,  et  acheva  ses  études  à  l'aca- 
démie de  Lausanne.  Dès  l'âge  de  19  ans  et 
demi ,  il  fut  appelé  à  Gotha  pour  y  faire 
l'éducation  des  deux  princes  Auguste  et 
Frédéric  de  Saxe -Gotha,  et  fut  ensuite 
nommé  secrétaire  privé  et  bibliothécaire 
du  prince  héréditaire.  Le  célèbre  médecin 
Grimmlui  ayant  conseillé  l'étude  de  la  bo- 
tanique pour  réparer  sa  santé ,  il  ne  s'oc- 
cupa plus  que  de  cette  science ,  et  donna 
une  attention  spéciale  aux  mousses.  En 
i807,  Bridel  fut  attaché,  comme  secrétaire, 
à  la  légation  chargée  des  négociations 
du  duc  de  Gotha  avec  Napoléon ,  et  il  sut 
encore  trouver  du  temps  pour  son  étude 
favorite.  La  mission  la  plus  importante 
qu'il  ait  eu  à  remplir  et  qu'il  accomplit 
avec  succès  est  celle  qui  eut  pour  objet  le 
retour  du  prince  Frédéric ,  qui  s'était  éta- 
bli à  Rome  et  avait  abjuré  le  protestantisme . 
Après  la  mort  des  deux  ducs  ses  élèves , 
Bridel  se  retira  dans  une  maison  de  cam- 
pagne où  il  est  mort  le  7  janvier  1828. 

II  était  membre  de  la  société  royale  des 
sciences  de  Naples,  de  la  société  bota- 
nique de  Ratisbonne  ,  et  de  celle  de  Got- 
lingue,  de  la  société  minéraiogique  d'Iéna, 
de  celle  des  amis  de  l'histoire  naturelle 
de  Berlin ,  de  l'académie  celtique  et  de 
la  société  linnéenne  de  Paris,  etc.  Les 
lettres  de  noblesse  qui  lui  furent  accor- 
dées et  d'autres  distinctions  honorifiques 
furent  la  récompense  de  son  mérite  per- 
sonnel Bridel  alaïssé  les  ouvrages  suivans  ; 


HISTOIRE  NATURELLE  :  |  Dissertation 
sur  la  végétation  hivernale ,  Journal  de 
Genève ,  1791  ;  |  Muscologia  recentiorum, 
Gotha  et  Paris,  1797-1803,  5  vol.  in-4°;? 
|  Muscologiœ  recentiorum  supplementum') 
Gothse,  1806-1817,  5  vol.  in-4°  ;  Methodui 
nova  muscorum  ad  naturœ  novenam,  etc« 
Gothœ,  1819,  1  vol.  in-4°  ;  |  Bryologia  uni* 
versa  ,  seu  systematica  ad  novam  metho* 
dum  dispositio ,  historia  et  descriptio  om* 
nium  muscorum  frondosorum  hue  usqui 
cognitorum  cum  synonymia  ex  auctoribut 
probatissimis,  Leipsick,  1827 ,  2  vol.  in*8°i 
|  Ebauche  d'une  Flore  du  pays  de  Saxe* 
Gotha,  en  latin ,  insérée  dans  la  Statis 
tique  de  la  Thuringe;  \  Diverses  pièce 
insérées  dans  les  Etrennes  helvétiques,  et 
le  Conservateur  Suisse ,  traduit  de  l'alle- 
mand en  français  ;  |  Description  des  osfos* 
silesde  l'ours  des  cavernes,  par  Roscnmul- 
ler,  Weimar,  1804,  in-fol.  fig.;  |  les  six  pre- 
mières livraisons  de  l'histoire  naturelle 
des  oiseaux  de  Franconie ,  Nuremberg , 
in-fol.  avec  de  superbes  gravures;  plusieurs 
numéros  du  grand  ouvrage  d'histoire  na- 
turelle, avec  fig.  pour  l'instruction  des 
enfans ,  Bertuch's  Bilderbuch  ;  |  Exposi- 
tion de  la  nouvelle  théorie  ,  de  la  physio* 
logie  du  docteur  Gall,  Leipsick,  in-8°  : 
de  l'allemand  en  latin  ;  |  la  Flore  an- 
tédiluvienne du  Baron  de  Schlotheim  3 
Gotha ,  1804 ,  in-fol.  POÉSIE  ET  LITTÉ- 
RATURE :  |  Délasse  mens  poétiques ,  Lau- 
sanne, 1788,1vol.  in-8°,  Paris,  1791, 
sous  le  titre  de  Calthoneï  Clessamor,  suivi 
d'Alala,elc;  \  le  Temple  de  la  mode, 
poème  allégorique  en  prose,  Lausanne, 
1789,  in-8°;  |  les  loisirs  de  Polymnie  et 
d'Euterpe,  Paris,  1808,  in-8°;  |  Epitha- 
lame  pour  le  mariage  du  prince  hérèdi* 
taire  Auguste  de  Saxe  Gotha,  avec  la prin* 
cesse  Louise  de  Meklenbourg-  Schewring 
Gotha,  1801  ;  |  Elégie  sur  l'extinction  dj 
la  dynastie  de  Saxe-  Gotha;  |  un  granî* 
nombre  de  poésies  fugitives,  insérée 
dans  divers  recueils.  BEAUX  ARTS  ï 
traduit  de  l'allemand  en  français  |  Augus 
teum ,  ou  Description  des  monumens  an 
tiques  de  Dresde ,  par  Becker,  Leipsick, 
1804-1811,  5  vol.  in-fol.  avec  154  planches. 
|  Description  des  pierres  gravées  du  ca 
binet  du  baron  de  Siosch.par  Schlichte 
groll avec  40  gravures ,  Nuremberg,  1795 
4  vol.  in-4°;  |  Esthétique  de  la  toilette, 
Leipsick,  in-8°.  CRITIQUE  :  |  Réflexions 
sur  l'état  actuel  de  la  littérature  en  Alle- 
magne, in-12  ;  |  tous  les  articles  concer- 
nant la  littérature  française  dans  la  Go- 
thaisçhe  Gelehrie  mi,\ngé  de  1797  à  1800. 


BRI  5o 

Ce  Sont  les  seuls  morceaux  qu'il  ait  écrits 
en  allemand ,  quoiqu'il  possédât  parfaite- 
ment cette  langue.  Il  a  encore  fourni  à 
M.  Richard  pour  son  guide  des  Voyageurs, 
un  grand  nombre  d'articles  sur  la  Suisse  , 
et  a  laissé  en  outre  différens  manuscrits. 

•  BRIDGEWATER  (  Jean  ) ,  en  latin 
Aquapontanus  ,  ecclésiastique  anglais ,  né 
dans  le  Yorkshire  au  commencement  du 
16e  siècle,  fit  ses  études  à  l'université 
d'Oxford,  et  occupa  différentes  places 
dans  la  nouvelle  église  anglicane  ;  mais  il 
était  demeuré  catholique  au  fond  de  son 
cœur.  Les  remords  de  sa  conscience  lui 
reprochant  cette  adhésion  extérieure  à 
une  doctrine  dont  il  reconnaissait  l'er- 
reur, il  abandonna  tous  ses  bénéfices  et 
se  retira  au  collège  anglais  de  Douai, 
avec  plusieurs  jeunes  gens  qu'il  avait 
élevés  dans  la  religion  catholique;  il 
passa  ensuite  à  Rome,  et  de  là  en  Alle- 
magne, où  il  était  encore  en  1594.  On 
ignore  le  lieu  et  l'année  de  sa  mort.  On 
lui  doit  :  |  Concerlatio  virulenlœ  disputa- 
tionis  theologicce  in  qua  Georgius  Sohn, 
professor  académies  Ileidelbergensis  , 
conatus  est  docere  pontificem  romanum 
esse  antichristum ,  Trêves,  1589,  in-4°; 
J  Exposition  des  six  articles  qu'on  pro- 
pose ordinairement  aux  missionnaires 
qui  sont  arrêtés  en  Angleterre  ;  \  Concer- 
tait ecclesiœ  catholicœ  in  Anglia  contra 
Calvino-papistas  clpuritanos,  sub  Elisa- 
betharegina,  Trêves,  1594,  in-8°.  Cet 
ouvrage  contient  les  relations  des  souf- 
frances et  de  la  mort  de  plusieurs  ca- 
tholiques en  Angleterre  sous  la  reine  Eli- 
zabeth. 

•  BRIDGEWATER  (  François  EGER- 
TON,  duc  de  ).  Voyez  EGERTON. 

BRIDOUL  (  Toussaint  ) ,  jésuite  fla- 
mand, était  né  à  Lille,  et  entra  dans  la 
compagnie  de  Jésus  en  1618 ,  âgé  de  23 
ans.  Il  s'y  distingua  par  ses  vertus ,  sa 
piété ,  sa  charité  et  le  bon  emploi  qu'il  fit 
de  son  temps.  La  prédication ,  la  direc- 
tion des  consciences ,  la  composition  d'ou- 
vrages édifians  l'occupaient  tour  à  tour. 
Il  movirut  à  Lille ,  dans  sa  78e  année ,  en 
4672.  Il  avait  une  tendre  dévotion  en- 
vers la  sainte  Vierge ,  et  il  consacra  à  sa 
louange  quelques-uns  de  ses  écrits.On  a  de 
lui  :  |  Vie  de  François  Gaétan  ,  traduite 
en  français  de  l'italien  d'Alphonse  Gaétan, 
Lille,  1641 ,  in-8°  (  V .  GAETAN  ).  |  Glo- 
ria mirabilium  Deiparœ,  singulos  anni 
dies  recurrentium ,  Lille,  1640,  in -8°; 
J  Le  paradis  ouvert  par  la  dévotion  en- 
vers la  sainte  Vierge  ,  Lille .  1671 ,  in-12  ; 


h.  BRI 

|  Schola  cucharistica  stabilila ,  super  vô- 
neratione  a  brutis  animanlibus  exhibita 
sanctissimo  sacramento ,  ibidem,  1672, 
in-8°;  |  Itinéraire  de  la  vie  future,  tra- 
duit de  l'italien  du  Père  Vincent  Caraffa, 
jésuite  ;  |  l'Enfer  fermé  par  la  considé- 
ration des  peines  des  damnés,  etc.  Lille, 
1671,  in-12. 

BRIE  (  Germain  de  ) ,  ou  Germain 
BRICE ,  «  lirixius  » ,  natif  d'Auxerre ,  sa- 
vant dans  les  langues ,  et  surtout  dans  la 
grecque,  mourut  près  de  Chartres  en 
1538.  Il  fut  successivement  chanoine 
d'Albi ,  d'Auxerre  et  de  Paris.  On  a  de  lui 
|  Recueil  de  lettres  et  de  poésies,  in-4°t 
1551 ,  et  une  Traduction  du  Traité  du  sa- 
cerdoce de  saint  Jean  Chrysostôme ,  etc. 

*  BRIE  (  Jehan  de  ),  né  à  Coulom- 
miers  en  Brie,  connu  sous  le  nom  du 
Bon- Berger,  vint  à  Paris,  et  servit  en 
qualité  de  domestique  chez  un  chanoine 
de  la  Sainte- Chapelle.  Ce  fut  alors  qu'il 
écrivit  son  livre  :  le  Vrai  régime  des 
bergers  et  bergères,  par  le  rustique  Je- 
han de  Brie.  Cet  ouvrage,  composé  en 
1379,  ne  fut  imprimé  qu'en  1530.  Les 
premiers  exemplaires  ne  portaient  au- 
cune date  ;  on  en  voit  un  à  la  bibliothè- 
que de  l'Arsenal. 

BRIEN,  surnommé  Bohroihmh,  c'est- 
à-dire  le  Vainqueur  qui  impose  des  tri' 
buts ,  un  des  plus  illustres  monarques  de 
l'ancienne  Irlande ,  naquit  en  926.  Brien , 
qui  adonné  son  nom  à  sa  postérité;  fut  suc- 
cessivement pendant  le  cours  de  56  années 
roi  de  Thomond  ou  de  la  Momonie  septen- 
trionale ,  puis  des  deux  Momonies,  puis  de 
la  moitié  de  l'Irlande,  et  enfin  de  l'Ir- 
lande entière.  Il  travailla  constamment  à 
délivrer  sa  patrie  du  joug  des  Danois  et 
remporta  sur  ces  pirates  jusqu'à  49  vic- 
toires. En  999 ,  il  en  avait  purgé  toute  l'Ir- 
lande méridionale ,  et  il  rasa  ensuite  ce 
qu'on  appelait  la  Ville  danoise.  Deux  mo- 
narques d'Irlande  qu'il  avait  obligés  ayant 
conspiré  contre  lui,  il  réunit  leurs  états  aux 
siens.  Il  réduisit  aussi  TUltonie,  et  en 
1002 ,  il  fut  reconnu  roi  suprême  de  toute 
l'Irlande.  Il  lui  resta  cependant  quelques 
ennemis  à  vaincre;  mais  depuis  1004  jus- 
qu'en 1014,  il  jouit  d'une  paix  profonde, 
presque  sans  interruption.  Il  s'occupa 
pendant  ce  temps  à  régénérer  sa  nation 
et  à  la  relever  de  Tétat  d'abrutissement 
où  l'avaient  jetée  les  guerres  et  les  rava- 
ges des  barbares.  Les  églises ,  les  écoles , 
les  universités  se  rétablirent  de  toutes 
parts;  les  lois  reprirent  leur  empire;  la 
justice  enfin  parut  dans  tous  les  actes  de 


BRI  SI 

Brien ,  qui  pourvut  à  la  sûreté  publique , 
établit .  des  routes  ,  des  ponts ,  des  hos- 
pices pour  les  voyageurs,  et  entoura  les 
villes  de  murailles.  Mais  tandis  qu'il  em- 
ployait ses  jours  à  consolider  le  bonheur 
de  ses  sujets  cl  à  perfectionner  ses  insti- 
tutions ,  une  irruption  de  Danois ,  sou- 
tenus du  roi  de  Midie ,  son  tributaire , 
vint  fondre  sur  Dublin.  Il  marcha  contre 
eux  et  les  rencontra  dans  les  plaines  de 
Clontarf.  Le  combat  fut  sanglant  et  long, 
et  la  victoire  parut  d'abord  incertaine. 
Cependant  tout  céda  à  la  valeur  de  Brien  : 
Il  s'élança  au  milieu  des  ennemis  et  les 
défit  totalement.  Les  Danois  laissèrent  \h 
mille  morts  sur  le  champ  de  bataille ,  et 
y  perdirent  la  plupart  de  leurs  chefs. 
Mais  cette  victoire,  en  affranchissant  à 
jamais  l'Irlande  de  la  domination  danoise, 
lui  enleva  son  plus  fidèle  appui.  Brien , 
après  le  combat,  s'était  retiré  dans  sa 
tente  pour  y  rendre  gràee  au  Tout-puis- 
sant :  un  Danois,  soumis  en  apparence, 
lui  jeta  sa  hache  à  la  tête  et  retendit  mort 
sur  le  coup  :  il  était  âgé  de  88  ans.  Ainsi 
finit  ce  grand  prince,  auquel  on  ne  peut 
reprocher  que  sa  passion  pour  les  con- 
quêtes. Son  amour  pour  la  justice,  et  la 
protection  constante  qu'il  accorda  à  la 
religion  et  à  ses  ministres ,  ont  rendu  jus- 
tement son  nom  célèbre.  Sa  postérité  a 
régné  pendant  527  ans,  souvent  sur  la 
Momonie,  toujours  sur  le  Thomond  et 
quelquefois  sur  l'Irlande  entière.  —  Teige 
et  Donough,  fils  de  Brien,  qui  régnaient 
conjointement  sur  la  Momonie,  prétendi- 
rent en  même  temps  à  la  monarchie  su- 
prême. Des  évêques,  ministres  de  paix, 
parvinrent  pendant  quelque  temps  à 
maintenir  la  bonne  harmonie  entre  les 
deux  frères  ;  mais  enfin  Donough ,  cédant 
à  son  ambition  féroce,  suscita  une  émeute 
dans  laquelle  Teige  périt  misérablement , 
et  son  frère  cruel  gouverna  seul  l'Irlande 
méridionale  (i). 

*  BRIEN  (Turlogh-Mac-Teige-O-)  ,  fils 
de  Teige,  vengea  la  mort  de  son  père,  et 
après  dix  ans  de  guerre ,  détrôna  son 
oncle  Donough  en  1063.  Celui-ci  se  ren- 
dit à  Rome  ,  déposa  la  couronne  aux 
pieds  du  souverain  pontife,  et  entra  en- 
suite pour  faire  pénitence  dans  un  cou- 
vent de  la  même  ville.  Les  deux  Momo- 
nics  et  presque  toutes  les  provinces  re- 
connurent Turlogh  pour  leur  suzerain  ; 
il  prit  alors  le  titre  de  monarque  d'Ir- 


(i)  Celte  partie  de  l'Irlande  e'tait  appelée  Lêa'h- 
JliTogha  ,  ou  moitié'  du  .Ifogha  ,  de  mrrae  qu'on  appe- 
lait l'IiUnde  »eptcntcionatc  Le'alh-Cunning. 


"y  BEI 

lande.  Il  sut  maintenir  la  paix  dans  ses 
états,  posséda  toutes  les  vertus  de  son 
aïeul ,  et  mourut  en  1085 ,  âgé  de  77  ans» 
Le  savant  Usher  cite  une  lettre  adressée 
à  ce  monarque  par  Lanfranc ,  archevêque 
de  Cantorbéry.  «  Jamais  Dieu ,  écrivait 
»  ce  prélat,  ne  répand  sur  la  terre  ses 
»  miséricordes  avec  plus  d'abondance, 
»  que  lorsqu'il  confie  le  gouvernement 
»  des  corps  et  des  âmes  à  des  princes 
»  amis  de  la  justice  et  de  la  paix;  et  voilà 
»  ce  qui  a  été  accordé  aux  peuples  d'Hi- 
»  bernie  (  la  voix  des  sages  le  publie  de 
»  toutes  parts  ) ,  le  jour  où  ce  Dieu  tout- 
»  puissant  a  commis  votre  excellence 
»  pour  exercer  le  pouvoir  royal  dans  ces 
»  heureuses  contrées.  »     . 

*  BRIEX  (MorierThagh  ouMoutiiogii- 
Mac-Tcrlogh-O-)  ,  surnommé  le  Grand, 
second  fils  du  précédent,  ayant  perdu 
son  frère  aine  presqu'en  même  temps 
que  son  père,  fut  proclamé  roi  de  Mo- 
monie. Il  aspira  à  la  monarchie  su- 
prême. Pour  y  parvenir,  il  déclara  la 
guerre  à  tous  les  souverains  particu- 
liers de  l'Irlande ,  fit  prisonnier,  en  1088  , 
le  roi  de  Lagénie ,  et  tua  deux  rois  de 
Midie  dans  les  combats  qu'il  leur  livra 
en  1094  et  110G.  Après  la  première  de 
ces  Tijtoires ,  le  Shambn  et  le  lac  Rée 
furent  couverts  de  ses  vaisseaux ,  et  ses 
soldats  inondèrent  la  Conacie.  Il  vainquit 
et  tua  l'héritier  présomptif  de  celte  cou- 
ronne dont  il  s'empara.  Mortliogh  avait 
encore  à  résister  à  de  puissans  enne- 
mis. Son  frère  Dermod  avait  excité  la 
guerre  civile  dans  le  sein  de  la  Momo- 
nie, sur  laquelle  le  roi  d'Ultonie,  son 
compétiteur,  ne  lui  céda  jamais  la  su- 
zeraineté. L'Irlande  allait  être  déchirée 
par  ces  partis  diff érens  ;  mais  un  clergé 
pacificateur  sut  prévenir  les  maux  qui 
menaçaient  leur  patrie.  Après  avoir  sou- 
mis quatre  provinces  sur  cinq ,  Morthogh 
crut  son  ambition  satisfaite ,  et  se  fit 
couronner  à  Téamor.  Depuis  ce  mo- 
ment il  se  montra  roi  sage ,  juste ,  mo- 
déré et  ami  de  la  religion.  En  1101  il 
fit  don  de  la  cité  de  Casliel  et  de  son 
territoire  à  Dieu,  à  saint  Patrice  et  au 
siège  archiépiscopal  de  cette  ville.  Il  fut 
en  correspondance  confidentielle  avec 
Henri  Ier,  roi  d'Angleterre,  et  le  pape 
Pascal  II  eut  pour  la  première,  fois  un 
légat  auprès  du  roi  d'Hibernie.  C'est 
sous  la  présidence  de  ce  légat  que  Mor- 
thogh assembla,  en  1111 .  un  concile  com- 
posé de  58  évêques,  117  prêtres,  ICO 
diacres,  et  de  beaucoup  d'ecclésiastiques 


BRI  556 

inférieurs.  Ce  concile  produisit  des  sy- 
nodes particuliers ,  et  on  y  régla  la  dis- 
cipline, le  nombre  des  évêques  et  les 
limites  de  chaque  évèché.  Les  derniers 
jours  de  Morthogh  furent  malheureux. 
Il  fut  atteint  en  1114  d'une  maladie  de 
langueur.  Son  frère  Dermod,  auquel  il 
avait  tant  de  fois  pardonné,  usurpa  la 
couronne  de  Momonie  ;  pendant  une  an- 
née la  guerre  intestine  désola  ce  royaume. 
Enfin  Dermod  fut  livré  par  son  propre 
parti  entre  les  mains  de  son  frère,  qui. 
lui  pardonna  encore.  Il  fit  plus,  il  ab- 
diqua en  sa  faveur  en  1116,  et  se  retira 
dans  un  couvent  à  Lismore ,  où  il  passa 
les  trois  années  qui  lui.  restèrent  de  vie 
en  des  exercices  de  piété,  et  au  sein 
de  la  pénitence.  Il  mourut  en  1119.  L'an- 
née suivante  Dermod,  suivit  son  frère 
bu  tombeau.  Son  fils  aine  Connor-na- 
Catharacht  lui  succéda. 

*  BRIE.\  (CotfJIOR-NA-C.VrHARACUT-O-), 

fils  de  Dermod ,  succéda  à  son  père  en 
1120.  Aussitôt  qu'il  fut  monté  sur  le  trône, 
de  nouvelles  factions  s'élevèrent,  et  il 
eut  à  reconquérir  le  domaine  de  ses  an- 
cêtres. Il  parvint  enfin  à  être  monar- 
que de  l'Irlande  méridionale,  et  même 
à  obtenir  le  titre  de  roi  de  l'Irlande  en- 
tière. Il  ne  songea  alors  qu'au  bonheur 
de  ses  états.  Il  bâtit  en  Momonie  des 
cités,  des  châteaux,  des  églises,  des  hos- 
pices, fonda  à  Ratisbonnc  l'abbaye  de 
Saint-Pierre,  et  se  fit  remarquer  en  tout 
temps  par  sa  pieuse  munificence.  Un  trait 
de  générosité  vint  encore  honorer  la  vie  de 
ce  prince.  Les  Mac-Carthys  étaient  une 
famille  rivale  de  la  sienne;  des  factieux 
en  avaient  emprisonné  le  chef.  Connor 
ne  se  borna  pas  à  le  délivrer  *  mais  il 
h  rétablit  dans  son  royaume  patrimo- 
îial  de  Desmond.  Saint  Bernard,  dans 
la  vie  de  saint  Malachie,  rappelle  cette 
action  de  Connor  avec  beaucoup  d'é- 
foges.  Il  envoya  de  magnifiques  pré- 
sens  au  roi  des  Romains ,  «  au  nom  des 
»  grands  et  puissans  seigneurs  d'Irlande 
»  croisés  pour  la  Terre-Sainte.  »  Il  mou- 
lut en  1142  :  «  et  avec  ce  prince,  dit 
»  le  général  Vallencey,  non  moins  ha- 
»  bile  dans  le  cabinet  que  redoutable 
»  sur  le  champ  de  bataille,  expira  la 
*  gloire  et  la  dignité  du  nom  de  Brien.  » 
Les  mœurs  de  Connor  étaient  des  plus 
simples.  On  le  voyait  souvent  au  mi- 
lieu de  ses  ouvriers,  diriger  leurs  tra- 
vaux dans  la  construction  des  temples, 
et  en  sortir  avec  sa  robe  royale  cou- 
verte d'éclaboussures ,  ce  qui  lui  fit  don- 


BRI 

ner  le  nom  de  Na-Catharacht ,  le  bâtisseur^ 
tantôt  de  Salparsalaeht ,  l'éclaboussé.— 
Ses  descendans,  au  nombre  de  22  sou- 
verains, depuis  Turlogh-Mac-O-Dermod , 
jusqu'à  Donogh,  occupèrent  successive- 
ment le  trône.  Les  factions ,  les  guerres 
intestines  les  dépouillèrent  cependant 
d'une  grande  partie  de  leurs  états,  et 
les  derniers'  rois  de  cette  famille  ne  pos- 
sédèrent que  le  Thomond.  Les  Anglais, 
habiles  à  profiter  de  leurs  dissensions, 
tantôt  se  déclarant  leurs  alliés,  tantôt 
se  liguant  avec  leurs  ennemis,  parvinrent 
à  les  rendre  leurs  tributaires.  Donogh, 
surnommé  le  GrasJ  fut  dépouillé  de  son 
royaume  de  Thomond  en  1545  par  Henri 
VIII,  roi  d'Angleterre,  qui  l'obligea  à 
renoncer  au  nom  d  O-Brien,  et  le  fit 
comte  de  Thomond  pour  sa  vie,  lui 
accordant  le  titre  héréditaire  de  baron 
d'Inchine,une  des  neuf  baronies  entre 
lesquelles  fut  partagé  le  royaume  de- 
venu comté  de  Thomond  ou  de  Gare. 
Edouard  VI  autorisa  ses  descendans  à 
porter  le  titre  d'O-Brien.  Les  différentes 
branches  issues  de  Donogh  le  Gras  fi- 
gurèrent ensuite  dans  les  troubles  da 
l'Angleterre,  et  se  rangèrent  les  uns  du 
parti  de  Charles  Ier,  les  autres  de  celui  du 
parlement,  en  embrassant,  par  opposi- 
tion entre  eux,  la  cause  des  Stuart  et 
de  Brunswick.  Le  dernier  rejeton  de  la 
branche  aînée  de  Donogh  était  en  1741  le 
lord  Jacobite  Charles  O-Brien,  vicomte 
de  Gare ,  comte  de  Thomond ,  comman- 
dant propriétaire  d'un  régiment  de  son 
nom ,  maréchal  de  France ,  commandant 
en  chef  du  Languedoc  et  de  toutes  les  cô- 
tes de  la  Méditerranée.  Sa  branche  fr'est 
éteinte  naguère  dans  la  personne  de  sa 
fille  A.  -C.  -M.  Septimanie  O-Brien ,  épouse 
du  duc  de  Choiseul  Praslin. 

*BRIE.\E\  (Abraham),  théologien  ca- 
tholique hollandais ,  né  à  Utrecht  en  1606, 
mort  en  1682 ,  fit  plusieurs  voyages  à  Rome 
pour  les  affaires  de  l'évêché  d'Utrecht, 
dont  il  était  premier  vicaire.  On  a  de  lui, 
sous  le  nom  supposé  de  van  der  Mat ,  plu- 
sieurs Dissertations  théologiques  ,  réim- 
primées à  Leyde  en  1709. 

BRIENXE  (  Gautiiier  de  ) ,  d'une  il- 
lustre famille  qui  tirait  son  nom  de  la  ville 
de  Brienne-sur-Aube  en  Champagne ,  si- 
gnala son  courage  à  la  défense  de  la  ville 
d'Acre  contre  les  Sarrasins  en  1188.  Il  fut 
ensuite  roi  de  Sicile  et  duc  de  la  Pouille 
par  son  mariage  avec  Marie -Albe rie,  et 
mourut  d'une  blessure  qu'il  avait  reçue 
en  défendant  les  droits  de  sa  femme,  l'an 


Bill 


537 


BRI 


1203.  Gauthier  le  Grand ,  son  fils,  fut  comte 
de  Brienne  et  de  Jaffa.  Il  passa  dans  la 
Terre-Sainte ,  où  il  se  distingua  contre  les 
Sarrasins;  mais  ceux-ci  l'ayant  fait  pri- 
sonnier, ils  le  firent  mourir  cruellement 
en  1251. 

BRIENNE  (Jean  de ), fils  d'Erard II ,  fut 
fait  roi  de  Jérusalem  en  1210.  Ce  titre  il- 
lustrait les  familles  sans  les  enrichir.  L'em- 
pereur Frédéric  II  épousa  la  fille  du  nou- 
veau roi  avec  le  royaume  de  Jérusalem 
pour  dot,  c'est-à-dire  avec  très  peu  de 
chose  de  réel,  et  de  grandes  prétentions. 
Le  beau-père  fut  obligé  de  céder  tous  ses 
droits  à  son  gendre ,  qui  dédaigna  de  les 
exercer.  Jean  de  Brienne  eut  bientôt  un 
autre  empire,  celui  de  Constant inople , 
auquel  il  fut  élevé  par  les  barons  français 
en  1229.  Il  défendit  sa  capitale  contre  les 
Grecs  et  les  Bulgares,  ruina  leur  flotte, 
les  défit  une  seconde  fois,  et  les  épouvanta 
tellement ,  qu'ils  n'osèrent  plus  reparaître. 
Il  mourut  en  1237.  Son  avarice  hâta  la  ruine 
de  l'empire,  et  ternit  ses  autres  qualités, 
sa  bravoure  et  sa  prudence.  Son  Histoire 
a  été  publiée  à  Paris  en  1727. 

BRIENNE  (Gauthier  de)  ,  arrière-pe- 
tit-fils de  Gauthier  le  Grand ,  était  fil3  de 
Gauthier  et  de  Jeanne  de  Châtillon.  Il  fut 
élevé  avec  soin  à  la  cour  de  Robert  le  Bon, 
roi  de  Naples.  Le  prince  Charles ,  fils  de 
Robert,  l'envoya  à  Florence  en  1526,  en 
qualité  de  son  lieutenant-général.  Brienne 
tenta  ensuite  de  reprendre  le  duché  d'A- 
thènes, niais  cette  entreprise  n'ayant  pas 
été  heureuse ,  il  vint  en  France ,  et  fut  très 
utile  au  roi  Philippe  de  Valois  dans  la 
guerre  contre  les  Anglais  en  1340.  Ses  ser- 
vices lui  méritèrent  la  charge  de  conné- 
table ,  que  le  roi  Jean  lui  donna  en  mai 
1556.  Il  fut  tué  le  19  septembre  suivant ,  à 
la  bataille  de  Poitiers ,  sans  laisser  de  pos- 
térité: La  maison  de  Brienne  a  produit  deux 
autres  connétables,  et  plusieurs  grands  of- 
ficiers de  la  couronne. 

BRIENNE.  Voyez  BRYENNE. 

BRIE\NE  (  le  comte  de  ).  Voyez  LO- 
MÉNIE. 

♦BRIE-SERRANT  (le  marquis  de), 
seigneur  de  Machecoul ,  de  Pornic ,  etc. 
issu  de  l'ancienne  maison  de  Laval,  na- 
quit vers  1745.  Vers  1780 ,  il  proposa  au 
gouvernement  de  faire  creuser,  agrandir 
et  fortifier  le  port  et  canal  de  Pornic,  dans 
le  pays  de  Retz.  Ce  plan ,  examiné  par 
des  commissaires  envoyés  sur  les  lieux ,  en 
1786,  fut  favorablement  accueilli.  Pornic 
devait  être  un  port  militaire,  et  le  canal 
aurait  fait  éviter  aux  navires  marchands 


se  rendant  à  Nantes  les  dangers  que  l'em- 
bouchure de  la  Loire,  encombrée  de  sables 
mouvans,  offre  à  la  navigation.  Le  mar- 
quis de  Brie-Serrant  publia  à  ce  sujet  des 
Observations  concernant  le  commerce 
français  en  général ,  le  projet  d'une  ville 
commerçante  du  premier  ordre  >  etc. _,  Pa- 
ris, 1789,  in-4°;  et  un  Mémoire  contenant  de 
nouveaux  développcmens  sur  le  projet 
important  relatif  au  port  de  Pornic  ,  etc., 
et  à  un  canal  de  navigation  de  Nantes  à 
la  mer  par  Pornic  J  ibid.  1789,  in-4°.  Ces 
deux  mémoires,  accompagnés  de  cartes 
et  de  pièces  contenant  l'adhésion  de  plu- 
sieurs villes  intéressées  au  projet,  furent 
adressés  au  roi  et  aux  états  généraux.  Mais 
la.  révolution,  en  agitant  des  intérêts  d'un 
ordre  plus  grave,  les  fit  oublier.  Depuis, 
le  marquis  de  Brie  -  Serrant  présenta  son 
idée  à  différens  gouvernemens,  mais  il  ne 
put  la  faire  adopter.  On  a  encore- de  lui  : 
|  Ecrit  adressé  à  l'académie  de  Châlons- 
sur-Marne ,  sur  cette  question  proposée 
par  voie  de  concours  :  Quels  sont  les 
moyens  de  prévenir  l'extinction  du  patrio- 
tisme dans  l'âme  du  citoyen,  1788,  in-12  ; 
|  Pétition  ampliative  en  faveur  des  blancs 
et  des  noirs  J  et  Projet  d'un  traité  impor- 
tant pour  les  colonies  et  pour  l'état,  1792 .. 
in-4°;  |  Etudes  contenant  un  appel  au  pu- 
blic lui-même,  du  jugement  public  sur 
J.-J.  Rousseau,  Paris  ,  1805,  in-8°.  Cette 
brochure  renferme  la  réfutation  de  la  pre- 
mière partie  du  Discours  sur  l'inégalité 
des  conditions.  Lorsque  les  propriétaires 
du  lac  de  Grand-Lieu  ,  dans  la  Loire  infé- 
rieure, signèrent  vers  1805  un  traité  avec 
une  compagnie  pour  en  opérer  le  dessè- 
chement, le  marquis  de  Brie-Serrant 
s'opposa,  dit-on,  à  ce  projet;  il  prétendit 
être  propriétaire  du  fond,  sans  toutefois 
contester  la  propriété  de  l'eau ,  ni  le  droit 
de  la  faire  enlever ,  et  refusa  tout  accom- 
modement ,  quoique  sa  fortune  fût  alors 
délabrée.  Il  est  mort  vers  1810. 

BR1ET  (Philippe),  né  à  Abbeville  en 
1601 ,  jésuite  en  1619,  mourut  en  1668,  bi- 
bliothécaire du  collège  de  Paris.  On  a  de 
lui  :  |  Parallela  Geographice  veteris  et 
novœ,  5  vol.  in-4°,  1648  et  1649.  Cette  géo- 
graphie est  très  méthodique,  très  exacte 
et  ornée  de  cartes  bien  dessinées.  Ces  trois 
volumes  ne  renferment  que  l'Europe ,  ses 
maladies  l'ayant  empêché  de  mettre  la 
dernière  main  aux  autres  parties,  j  An- 
nales mundi  ,  sive  Chronicon  ab  orbe  con- 
dito  ad  annum  Chrisli  1663  ,  Paris,  1665, 
7  vol.  in-12  ;  Mayence ,  1682 , 1  vol.  in-foî  , 
et  Venise,  1693, 1  vol.  in— 12;  c'est  l'éuv 
47.- 


bri  s 

f  ton  la  plus  complète.  L'ouvrage  est  estimé. 
L'auteur  marche  sur  les  traces  de  Pétau, 
pour  la  chronologie.  |  Philippi  BriettiCon- 
cordia  chronologica ,  Paris,  1670,  5  vol. 
in-fol.  Le  Père  Briet  est  auteur  du  5e  vo- 
lume. |  Theatrum  geographicitm  Europœ 
veteris ,  1653 ,  in-fol.  Briet  a  mieux  réussi 
dans  la  géographie  que  dans  la  partie  chro- 
nologique. 

BRIEUC  (saint) ,  Briochus ,  natif  d'Ir- 
lande ,  et  disciple  de  saint  Germain 
d'Auxerre,  évêquedans  ce  royaume  ,  bà- 
tit  un  monastère  en  Bretagne  où  il  s'était 
retiré.  Cette  maison  devint  si  célèbre, 
qu'on  y  vit  bientôt  une  ville  qui  porta  son 
nom,  érigée  depuis  en  évêché.  Il  en  est 
regardé  comme  le  premier  évêque  ,  quoi- 
qu'il n'y  eût  peut-être  exercé  aucune  fonc- 
tion épiscopalc.  Mais  il  y  avait  alors  des 
évêques  région naires  qui ,  sans  avoir  au- 
cune église  particulière,  travaillaient  par- 
tout où  l'on  avait  besoin  de  leur  minis- 
tère. Saint  Brieuc  mourut  âgé  de  plus  de 
90  ans,  vers  l'an  502.  Voyez  les  V tes  des 
Saints  de  Bretagne,  par  D.  Lobineau, 
qui  a  retrouvé  une  grande  partie  des 
actes  de  ce  saint. 

BRIEUX  (Jacques  MOISANT  de),  na- 
tif de  Gaen ,  conseiller  au  parlement  de 
Metz ,  mourut  en  1674 ,  à  60  ans.  Caen 
lui  est  redevable  du  premier  établisse- 
ment de  son  académie.  On.  a  de  lui  des 
Poésies  latines  ,  2  vol.  in-12 ,  1641  et  1669, 
qui ,  à  l'exception  de  son  Poème  sur  le 
coq  et  de  quelques  épigrammes  ,  ne  sont 
guère  au-dessus  du  médiocre.  On  a  en- 
core de  lui  un  petit  ouvrage  intitulé  Mes 
Divertissemens ,  in-12.  C'est  un  recueil  de 
lettres  et  de  vers  français  et  latins ,  en  2 
vol.  Il  y  a  quelques  réflexions  judicieuses 
et  quelques  vers  heureux ,  mais  en  petit 
nombre. 

•  BRIEZ  (N.),  fut  député  à  la  Conven- 
tion nationale ,  en  septembre  1792 ,  par  le 
département  du  Nord.  Il  vota  la  mort  de 
Louis  XVI,  et  prononça  à  cette  occasion 
ces  paroles  :  a  Dans  le  cas  où  la  majorité 
•  serait  pour  la  réclusion,  je  fais  la  motion 
»  expresse  que  si,  d'ici  au  15  avril  les 
»  puissances  n'ont  pas  renoncé  au  des- 
»  sein  de  détruire  notre  liberté ,  on  leur 
»  envoie  sa  tète.  »  Envoyé  en  mission  à 
l'armée  du  Nord ,  il  fut  accusé  d'avoir  des 
intelligences  avec  le  prince  de  Cobourg. 
Il  vint  se  justifier  à  Paris ,  et  continua 
ensuite  ses  fonctions.  Le  4  juin  1794 ,  il 
fut  nommé  secrétaire  de  la  Convention , 
dont  Robespierre  était  nommé  président. 
Après   le  9  thermidor,  on  l'envoya  en 


i8  BRI 

mission  dans  la  Belgique.  Il  mourut  peu 
de  temps  après. 

*BRIGA  (Melchior  délia),  jésuite,  né 
à  Césène  en  1686,  se  distingua  surtout 
comme  mathématicien  ,  et  mourut  le  25 
juillet  1749.  Ses  ouvrages  sont  :  (  Fascia 
isiaca  staluœ  Capilolinœ ,  Rome,  1716; 
|  Sphœrce  geographicœ  paradoxa  ,  Flo- 
rence, 1721  ;  |  Philosophiœ  veteris  etno- 
vœ  concordia,  Florence,  1725;  |  Scientia 
eclipsium  ex  imperio  et  commercio  St- 
narum  illustrata,  Rome  et  Lucquea, 
1744  à  1747  ,  3  vol.  in-4°. 

*  BRIG  AISiT  (  Jacques  le  ) ,  glossographe, 
avocat  au  parlement  de  Bretagne  ,  né  le 
18  juillet  1720  à  Pontrieux  où  son  père 
était  négociant,  se  fit  recevoir  avocat 
au  parlement  de  Bretagne;  mais  il  s'a- 
donna particulièrement  à  l'étude  des  lan- 
gues ,  et  chercha  à  prouver  qu'elles  dé- 
rivent toutes  du  celtique  ,  qu'il  regarde 
comme  la  langue  primitive.  Pour  appuyer 
son  opinion ,  il  cite  plusieurs  exemples  ; 
mais  la  plupart  de  ses  étymologies  sont 
forcées  et  son  système  devient  absurde  par 
l'extension  qu'il  lui  donne.  Il  s'occupa 
aussi  de  minéralogie  et  découvrit  en  Bre- 
tagne des  carrières  de  marbre  qui  n'ont 
point  été  exploitées.  Il  avait  eu  22  enfant 
de  deux  mariages;  mais  ses  fils  étaient 
morts  ou  aux  armées,  lorsque  Latour- 
dAuvergne-Corret ,  son  compatriote  et 
son  ami,  lui  proposa  de  prendre  la  place 
du  plus  jeune  (  Voyez  LATOUR  D'AU- 
VERGNE),  et  le  remplaça  en  effet  à  l'ar- 
mée de  Sambre-et-Meuse.  Le  Brigant 
mourut  à  Tréguier  (Côtes-du-Nord),  le  3 
février  1804.  Ses  ouvrages  imprimés 
sont  :  |  Une  Dissertation  adressée  aux 
académies  savantes  de  l  Europe  ,  sur  un 
peuple  celle  ,  nommé  Brigantes ,  ou  Bri- 
gants,  1762  ,  in-8°  ;  |  Petit  Glossaire,  ou 
Manuel  instructif  pour  faciliter  l'intelli- 
gence de  quelques  termes  de  la  coutume 
de  Bretagne  ,  contenant  leur  définition  et 
leur  étymologie,  Brest,  1774,  in-12; 
|  Elémens  de  la  langue  des  Celles  Go- 
mérites  ou  Bretons  ;  introduction  à  cette 
langue ,  et  jmr  elle  à  celles  de  tous  les 
peuples  connus,  Strasbourg ,  1779  ,  in-8°. 
La  rédaction  de  cette  petite  grammaiie 
appartient  presqu'en  entier  à  M.  Obcrlin. 
Le  Brigant  en  donna  une  nouvelle  édition, 
Brest,  an  7  (1799).  Cette  grammaire,  en- 
tièrement systématique ,  est  bien  infé- 
rieure à  celle  du  P.  de  Rostrenen,  sur- 
passée depuis  par  celle  de  M.  Lcgonidec. 
|  Observations  fondamentales  sur  les 
langues  anciennes  et  modernes*  Parte, 


BRI 


5'  S  9 


BRI 


1787,  in-4°.  On  croit  que  Louis-Paul  Abeille 
a  eu  beaucoup  de  part  à  la  rédaction  de 
cet  ouvrage  ;  |  Détachemens  de  la  lan- 
gue primitive ,  celle  des  Parisiens  avant 
l'invasion  des  Germains,  la  venue  de  Cé- 
sar, et  le  ravage  des  Gaules,  Paris ,  1787, 
in-8°;  |  Mémoire  sur  la  langue  da  Fran- 
çais, la  même  que  la  langue  des  Gau- 
lois ,  leurs  ancêtres,  Paris,  1787;  |  Ob- 
servations sur  un  ouvrage  de  M.  Jam- 
grane  ,  jurisconsulte  anglais,  ayant  pour 
titre  :  De  l'origine  des  sociétés  et  du  lan- 
yage,  Paris  ,  1788;  |  Réflexions  sur  les 
éludes,  Paris  ,  1788;  [  Notions  générales 
ou  encyclopédiques  ,  Avrancbes  ,  1791 , 
in-8°  ;  |  Nouvel  Avis  concernant  la  lan- 
gue primitive  retrouvée ,  1770  ,  in-8°  ; 
j  deux  brochures  politiques,  imprimées  en 
1789  ,  l'une  relative  à  une  lettre  adressée 
de  Londres  au  roi ,  par  Galonné  ,  et  la 
seconde ,  aux  opérations  des  états  géné- 
raux. Le  Brigant  a  laissé  plusieurs  ma- 
nuscrits, des  extraits  curieux,  et  une  cor- 
respondance considérable ,  qui  ont  été 
vendus  à  M.  le  comte  de  Kergariou,  de 
Lannion  ,  à  la  réserve  de  quelques  manu- 
scrits conservés  par  son  fils  aine. 

*  BRIGENTI  (Ambroise),  capucin  de 
Mantoue ,  est  auteur  de  :  Glossographia 
onomatographica  ,  idest,  declaralio  no- 
minum  et  vocabulorum  exoticorum ,  quœ 
habent  aut  ancipitem  ,  aut  obscuram ,  aut 
valdè  difficilem ,  aut  ex  hellenismo  sig- 
nificationem  et  explicationem  ,  Man- 
toue ,  1702  ,  in-fol.  L'ouvrage  devait  avoir 
5  vol.  ;  mais  on.  n'a  imprimé  que  le  pre- 
mier. 

BRIGGS  (Henri)  ,  célèbre  professeur 
de  mathématiques  à  Londres,  dans  le 
collège  de  Gresham ,  et  ensuite  de  géo- 
métrie à  Oxford ,  né  dans  la  paroisse  de 
Halifax  vers  1556,  mourut  septuagénaire 
e»  cette  ville,  l'an  1631.  C'était  un 
homme  de  bien,  d'un  accès  facile  à  tout 
le  monde  ,  sans  envie  ,  sans  orgueil  et  sans 
ambition;  toujours  gai,  méprisant  les 
richesses  ,  content  de  son  sort ,  préférant 
l'étude  et  la  retraite  aux  postes  les  plus 
brillans  et  les  plus  honorables.  On  a  de 
lui  :  |  Un  Traité  du  passage  dans  la  Mer- 
Pacifique  par  le  Nord-Ouest  du  conti- 
nent d:  la  Virginie,  dans  le  5e  vol.  des 
Voyages  de  Parchas  ;  |  une  édition  des  6 
premiers  livres  d'Euclide  ;  |  Arithmethica 
I  logarithmica ,  in-fol. ,  1624.  Neper  de 
!  Marcheston ,  inventeur  de  la  méthode  des 
logarithmes,  perfectionnée  par  Briggs, 
était  ami  de  ce  mathématicien.  Ils  étaient 
dignes  l'un  de  l'autre  ;  [  une  Table  qu'il 


publia  en  1602  ,  à  la  fin  du  livre  de  Tho* 
mas  Blondeville  ,  qui  traite  de  la  con- 
struction, de  la  description  et  de  l'usage 
de  deux  instrumens  inventés  par  M.  Gil- 
bert, pour  trouver  la  latitude  do  quelque 
lieu  que  ce  soit,  dans  la  nuit  la  plus  obscure, 
parla  seule  déclinaison  de  l'aiguille  de  la 
boussole  ;  méthode  dont  le  succès  ne  ré- 
pondit pas  à  ses  espérances.  La  Table  de 
Briggs  est  fondée  uniquement  sur  la  doc- 
trine des  triangles  ,  pour  déterminer  la 
hauteur  du  pôle  par  le  moyen  de  la  même 
déclinaisons 

BRIGGS  (Guillaume  ou  William  ) , 
membre  de  la  société  royale  de  Londres  , 
médecin  ordinaire  de  Guillaume  III ,  né  à 
Norwich  en  1650  ,  mort  en  1704  ,  à  63  ans, 
se  fit  un  nom  par  sa  connaissance  des  ma- 
ladies de  l'œil.  Il  laissa  deux  Traités  sur 
cette  matière ,  très  estimés.  Le  premier  , 
intitulé  Ophthalmog raphia ,  in-4°,  1685; 
et  le  second ,  Nova  Theoria  visionis  ,  im- 
primé à  la  suite  du  premier.  Newton  les 
estimait  beaucoup.  Briggs  est  un  des  pre- 
miers qui  ait  bien  développé  ce  qui  re- 
garde le  nerf  optique  ,  la  rétine ,  les  con- 
duits lymphatiques. 

BRIGIDE  (sainte),  né  à  Fochard  , 
comté  d'Armagh  en  Ullonie  ,  au  commen- 
cement du  6e  siècle,  reçut  fort  jeune  en- 
core le  voile  des  mains  de  saint  Mel,  ne- 
veu et  disciple  de  saint  Patrice.  S'élant 
construit  sous  un  gros  chêne  une  cellule 
qui  fut  depuis  appelée  fcill  dara ,  ou  cel- 
lule du  chêne,  plusieurs  personnes  de  son 
sexe  vinrent  se  ranger  sous  sa  conduite  ; 
elle  les  réunit  ensuite  en  corps  de  com- 
munauté. Cette  maison  devintbientôt  une 
pépinière  sainte,  qui  donna  naissance  à 
plusieurs  monastères  d'Irlande ,  lesquels 
reconnurent  tous  sainte  Brigide  pour 
mère  et  pour  fondatrice.  Il  n'y  a  guère 
que  les  miracles  de  cette  sainte  qui  nous 
soient  connus  :  les  cinq  auteurs  qui  ont 
écrit  sa  Vis  n'ayant  donné  presqu'aucun 
détail  sur  ses  vertus.  Son  nom  se  trouve 
dans  le  Martyrologe  de  Bède ,  et  dans 
tous  ceux  qui  ont  été  composés  depuis.  Il 
est  aussi  dans  les  plus  anciens  manu- 
scrits du  Martyrologe  de  saint  Jérôme  ,  et 
sa  fête  est  marquée  dans  les  anciens  Bré- 
viaires d'Allemagne,  des  îles  Britanni- 
ques ,  et  dans  la  plupart  de  ceux  de 
France.  Elle  a  été  célébrée  à  Paris  jus- 
qu'en 1607.  San.  corps  trouvé  en  1185, 
avec  ceux  de  saint  Patrice  et  de  saint  Co- 
lomb ,  dans  une  triple  voûte  de  la  ville  de 
Down-Patrick ,  fut  porté  dans  la  cathé- 
drale de  la  même  ville.  Sous  le  règne  de 


BRI  5 

Henri  VIII,  le  tombeau  où  il  était  ren- 
fermé fut  détruit.  Le  chef  de  sainte  Bi  i- 
gide  est  aujourd'hui  à  Lisbonne ,  dans  une 
des  églises  qui  appartenaient  aux  jésuites. 
BRIGITTE  ou  BIRGITTE ,  née  en 
4502,  était- princesse  de  Suède,  fille  de 
Birgcr  prince  de  Suède  ,  et  épousa  un 
seigneur  nommé  Ulf-Gudmarson ,  prince 
de  Néricie.  Après  avoir  eu  huit  enfans , 
les  deux  époux  firent  vœu  de  continence. 
Ulf  se  fit  cistercien ,  et  Brigitte  établit 
l'ordre  de  St.-Sauveur  ,  composé  de  reli- 
gieux et  de  religieuses ,  comme  celui  de 
Fontevrault.  Leur  église  était  commune. 
Les  religieuses  faisaient  l'office  en  haut,  el 
les  religieux  en  bas.  L'abbesse  avait  l'au- 
torité suprême.  Cette  règle  fut  confirmée 
par  Urbain  V  en  1370.  Son  ordre  subsiste 
encore  en  Allemagne,  en  Italie  et  en  Por- 
tugal ,  et  ce  qui  est  très  remarquable,  en 
Suède  ,  où  le  monastère  de  Vastène  dans 
la  Gothie  orientale  a  été  conservé  après 
l'introduction  du  luthéranisme.  Brigitte 
partit  ensuite  pour  Jérusalem,  sur  une 
vision  qu'elle  eut  à  l'âge  de  69  ans.  Elle 
visita  les  lieux  saints.  De  retour  en  Occi- 
dent ,  elle  écrivit  à  Grégoire  XI  pour  l'en- 
gager à  revenir  à  Rome.  Elle  mourut  peu 
de  temps  après  dans  cette  ville  ,  en  1575. 
On  a  d'elle  un  vol.  de  Révélations.  Nu- 
remberg,  in-fol.,  1521,  ou  plutôt  1500, 
par  Antoine  Koburger  ;  en  voici  la  suscrip- 
tion  :  Anno  m.  ccccc,  xxi.  mensis  septem- 
bris;  les  uns,  en  joignant  xxi  aux  pre- 
miers chiffres,  en  ont  fait  1521 ,  et  ils  se 
sont  trompés  ;  car  il  est  évident  que  21  se 
rapporte  à  me?isis  septembris ,  qui  est  au 
génitif  ;  d'ailleurs  Antoine  Koburger  est 
mort  en  1515.  Il  y  a  une  autre  édition  de 
ces  révélations  ,  par  Jean  Koburger ,  en 
4517 ,  une  à  Rome ,  1557.  Ces  révélations 
furent  déférées  au  concile  de  Bâle.  Ger- 
son  et  d'autres  théologiens  voulaient  qu'on 
les  censurât;  mais  Jean  de  Turrecremala 
en  donna  des  explications  favorables,  et 
les  approuva  comme  utiles  pour  l'instruc- 
tion des  fidèles.  Le  concile  regarda  cette 
approbation  comme  suffisante.  Il  n'en 
résultait  cependant  autre  chose  ,  sinon 
que  le  livre  dont  il  s*agit  ne  renferme 
rien  de  contraire  à  la  foi ,  et  que  les  ré- 
vélations étant  appuyées  sur  une  proba- 
bilité historique ,  on  peut  les  croire  pieu- 
sement. Benoit  XIV  s'exprime  de  la  ma- 
nière suivante  sur  le  même  sujet  :  «  L'ap- 
»  probation  de  semblables  révélations 
»  n'emporte  autre  chose  sinon  qu'après  un 
»  mùr  examen  ,  il  est  permis  de  les  publier 
»  pour  l'utilité  des  fidèles..    Quoiqu'elles 


GO  BRI 

»  né  méritent  pas  la  même  croyance  que 
»  les  vérités  de  la  religion,  on  peut  ceperi- 
»  dant  les  croire  d'une  foi  humaine  ,  con- 
»  formément  aux  règles  de  la  prudence , 
»  selon  lesquelles  elles  sont  probables,  et 
»  appuyées  sur  des  motifs  suffisans  pour 
»  qu'on  les  croie  pieusement.  »  Voyez 
CATHERINE  de  Sienne  (sainte) ,  et  la  ré- 
flexion qui  se  trouve  à  la  fin  de  l'article 
ARM  EL  LE. 

*  BRIG\OLE-S AXE  (  Aïvtoixe- Jules  ), 
sénateur  Génois ,  marquis  de  Groppoli  en 
Toscane,  né  en  1G05 ,  était  fils  d'un  doge 
de  cet  te  république ,  où  il  occupa  lui-même 
plusieurs  emplois  honorables;  il  fut  am- 
bassadeur auprès  du  roi  d'Espagne.  Ayant 
perdu,  à  l'âge  do  47  ans,  sa  femme  qui 
lui  laissa  plusieurs  enfans ,  il  embrassa 
l'état  ecclésiastique,  et  entra  dans  la  com- 
pagnie de  Jésusle  11  mars  1652.  Il  se  livra 
particulièrement  à  la  prédication,  et  mou- 
rut à  Gènes  le  24  mars  1GG5 ,  après  avoir 
mené  une  vie  exemplaire.  Dans  sa  jeu- 
nesse ,  il  publia  plusieurs  comédies  et  des 
poésies  qui  le  firent  recevoir  dans  plu- 
sieurs sociétés  littéraires.  Ses  principaux 
ouvrages  sont  :\Le  instabilité dell'ingegno 
divise  in  oito  giornate ,  en  prose  et  en 
vers ,  Bologne ,  1655 ,  41  et  52.  |  Tacilo 
abburatlato ,  discorsi  politici  e  morali], 
Venise,  1656,  in-12.  |  Maria  Maddalena 
peccatrice  e  convertila ,  en  vers ,  Gènes , 
1656  ,  réimprimé  plusieurs  fois  à  Venise, 
et  traduit  en  français  par  le  Père  Pierre 
de  Saint-André,  carme  déchaussé,  Aix, 
1647,  in-8°.  |  Dell'  istoria  Spagnuola, 
libri  4,  Gènes  ,  1640  et  1646  ,  in-4°.  |  Pa- 
negirici  sacri  recitati  nella  chiesadi  san 
Ciro  in  Genova  J  etc.  Gènes,  1652  et  1656, 
in-12.  La  vie  du  Père  Brignole-Sale  a  été 
écrite  en  italien  par  le  jésuite  J.  M.  Vis- 
conti,  sous  le  titre  de  Mémoires,  etc., 
Milan  ,  1666  ,  in-12.  Le  P.  François  L'her- 
mite  traduisit  ces  mémoires  en  latin, 
Anvers  ,  1671 ,  in-S°. 

BIlIGiNOiX  (  Jeaîv  ) ,  jésuite ,  est  auteur 
d'une  traduction  du  Combat  spirituel, 
ouvrage  justement  estimé  et  singulière-* 
ment  propre  à  conduire  les  chrétiens  à  la- 
perfection  où  leur  foi  les  appelle.  On  n'en 
connaît  point  l'auteur.  Quelques  écrivains 
l'attribuent  au  père  Laurent  Scupoli, 
théatin  (  Voyez  ce  mot'),  d'autres  à  Jean 
Castinisa,  bénédictin  espagnol  ;  Théophile 
Raynauld  le  donne  au  jésuite  Achille  Ga- 
gliardo.  La  traduction  du  père  Brignon  a 
fait  oublier  celle  du  Père  Olympe  Mazorti, 
Paris ,  1672.  On  a  encore  du  père  Brignon 
les  Pensées  consolantes; une  traduction  de 


BRI  5 

F Imitation  de  J.  -C,  du  Pédagogue  chré- 
\ien  du  Père  Philippe  d'Oultreman,  et  des 
Méditations  du  Père  Dupont.  Il  a  traduit 
du  même  La  guide  spirituelle  et  les  Opus- 
cules du  cardinal  Bellarmin  ,  ainsi  que 
son  traité  des  sept  paroles  de  J.-C.  sur  la 
croix.  Il  est  mort  vers  1723  dans  un  âge 
avancé. 

*  BRIGUET  (  Sébastien  ),  chanoine  de 
Sibn  dans  le  Valais,  a  fait  beaucoup  de  re- 
cherches sur  les  antiquités  de  ce  pays. 
On  a  de  lui  :  |  Concilium  Epaonense, 
assertione  dura  ac  veridica  loco  suo  ac 
proprio  fixum  Epaonensi  parochia  V'al- 
lensium,  vulgo  Epenassex,  Sion,1741, 
4  vol.  in-8° ,  rare  :  l'auteur  y  démontre 
que  ce  concile  s'est  tenu  dans  l'église  de 
Saint-Maurice,  à  Epenassex,  la  véri- 
table Epaona.  \  Vallesia  christiana,  seu 
diœcesis  Sedunensis  historia  sacra,  etc. 
Sion ,  1774 ,  in-8°  ;  c'est  l'Histoire  ecclé- 
siastique du  Valais],  sous  82  évêques  de- 
puis l'an  587  jusqu'en  4743.  Il  est  mort 
vers  1780. 

BRILL  (  Matthieu  ),  peintre,  naquit  à 
Anvers ,  et  mourut  à  Rome  en  1384.  Il 
excella  dans  le  paysage.  Grégoire  XIII 
l'employa  au  Vatican,  et  lui  donna  une 
pension  qui  passa  à  son  frère  Paul  Brill, 
héritier  de  ses  talens.  Le  cadet  continua 
les  ouvrages  de  son  aîné.  Il  se  distingua, 
comme  lui ,  par  la  vérité  et  l'agrément  de 
ses  paysages.  Il  mourut  à  Rome  en  1G26  , 
à  72  ans.  On  voit  de  ses  Tableaux  au  Pa- 
lais-Royal à  Paris,  et  au  cabinet  du  roi  de 
France. 

*  BRILLAT-SAVARIN  (  le  chevalier), 
né  en  1733,  était  avocat  à  Belley ,  sa  patrie, 
lorsqu'  il  fut  élu  député  du  tiers-état  du 
bailliage  de  Bugey  aux  états  généraux.  Il 
s'éleva  dans  cette  assemblée  contre  la 
peine  de  mort,  et  s'opposa  à  l'institution 
des  jurés.  En  1794 ,  il  fut  accusé  et  traduit 
devant  le  tribunal  ré volutionnairc, comme 
fédéraliste;  mais  il  échappa  à  la  pios- 
cription  et  se  rendit  dans  l'Amérique  sep- 
tentrionale. Rentré  en  France  après  la 
chute  de  Robespierre ,  il  fut  nommé  en 
1797  commissaire  du  Directoire  près  le 
tribunal  criminel  de  Versailles ,  puis  juge 
à  la  cour  de  cassation.  Il  adhéra  à  la  dé- 
chéance de  Bonaparte,  et  signa, le  23  mais 
4813,  la  délibération  de  la  cour  de  cassa- 
tion, ainsi  que  l'adresse  qui  fut  envoyée 
au  roi  lorsqu'il  rentra  en  France  dans  le 
mois  de  juillet  1813.  On  a  de  lui  :  |  Vues 
«t  Projets  politiques.,  1802,  in-8°;  |  Frag- 
ment d'un  ouvrage  manuscrit  intitulé 
Théorie  judiciaire ,  Paris  ,  1808 ,   in-  8°  ; 


Cl  BRÏ 

|  Essais  historiques  et  critiques  sur  le 
duel,  d'après  notre  législation  et  nos 
mœurs,  1819,  in-8°;  |  Physiologie  du 
goût,  ou  Méditations  de  gastronomie 
transceyidante ,  par  un  professeur ,  mem- 
bre de  plusieurs  sociétés  littéraires  et  sa- 
vantes ,  Paris,  1823 ,  2  vol.  in-8°.  Brillât- 
Savarin  est  mort  le  2  février  1826. 

BRILLON  (Pierre-Jacques  ),  conseil- 
ler au  conseil-souverain  de  Dombes  ,  sub- 
stitut du  procureur-général  du  grand- 
conseil  ,  etéchevin  de  Paris  ,  naquit  dans 
celte  ville  en  1671 ,  et  y  mourut  en  1736. 
Ce  jurisconsulte  cultiva  d'abord  la  litté- 
rature. On  vit  éclore  de  sa  plume  les  Por- 
traits sérieux, g alans  et  critiques  ;le  Théo- 
phraste  moderne  :  mauvaises  imitations 
d'un  bon  livre  ,  et  qui  ne  furent  bien  re- 
çues que  parce  qu'on  aimait  alors  les 
ouvrages  écrits  dans  le  goût  de  la  Bruyère. 
«  Mais  il  ne  suffit  pas  ,  dit  un  critique , 
»  de  traiter  les  mêmes  sujets  ,  pour  méri- 
»  ter  les  mêmes  honneurs.  Celui-ci  est  à 
»  son  modèle  ce  qu'un  peintre  d'enseignes 
»  est  à  Bubens.  »  Son  Dictionnaire  des 
arrêts,  ou  la  Jurisprudence  universelle 
des  parlcmens  de  France ,  en  G  vol.  in- 
fol.  1727 ,  est  beaucoup  plus  estimable. 
Celte  compilation  n'a  pu  être  faite  que 
par  un  homme  laborieux  et  savant.  Bril- 
Jon  ne  se  lit  pas  moins  d'honneur  dans  le 
barreau  du  grand-conseil,  où  il  plaida 
avec  succès. 

*  BR1NDLEY  (  Jacques  ),  habile  mé- 
canicien et  ingénieur  anglais  ,  né  en  1716 
à  Wormhill  dans  le  comté  de  Derby ,  de 
parens  pauvres  ,  mourut  le  2G  septembre 
1772. Son  éducation  fut,  dit-on,  négligée  au 
point  qu'il  ne  sut  lire  et  écrire  qu'autant 
qu'il  le  fallait  pour  écrire  son  nom.  Il  lit 
son  apprentissage  chez,  un  charpentier, 
constructeur  de  moulins,  et  se  montra 
bientôt  fort  supérieur  à  son  maître  II 
porta  ce  genre  de  machines  à  un  degré  de 
perfection  inconnu  jusqu'alors.  Il  inventa 
depuis  une  foule  de  machines  ingénieuses 
qu'il  appliquait  à  de  grandes  entreprises. 
On  lui  doit  plusieurs  procédés  utiles , 
entre  autres  la  méthode  de  bâtir  sans  mor- 
tier des  digues  contre  la  mer;  mais  le 
principal  monument  de  sa  réputation  est 
le  canal  de  Bridge-Water  à  Manchester , 
qu'il  prolongea  jusqu'à  Wersley,  le  plus 
étonnant  ouvrage  de  ce  genre  que  l'on 
connaisse.  Il  lui  iallut  vaincre  des  obsta- 
cles physiques  qui  paraissaient  insurmon- 
tables, auxquels  se  joignait  l'opposition 
des  passions,  des  préjugés  et  des  intérêts 
particuliers.  Ce  canal  lui  lit  une  telle  ré— 


BRI 


5G2 


BUI 


pulalion,  que,  de  son  temp* ,  il  ne  s'est 
construit  en  Angleterre  que  très  peu  de 
canaux  sans  qu'il  y  ait  donné  son  appro- 
bation ou  ses  conseils. 

BRIIVVILLIE11S  (  Maiue-Margcekite 
d'AUBRAI,  épouse  de  N.  Gobelin,  marquis 
de),  était  fille  de  d'Aubrai,  lieutenant-civil 
de  Paris.  Mariée  jeune  en  1G51,  et  très 
répandue  dans  le  monde ,  elle  ne  parut 
d'abord  aimer  que  son  époux.  Mais  le 
marquis  de  Brinvilliers  ,  qui  était  mestre- 
de-camp  du  régiment  de  Normandie, 
ayant  introduit  dans  sa  maison  un  officier 
gascon  d'origine,  nommé  Godin de  Sainte- 
Croix  ,  la  marquise  conçut  pour  lui  la  plus 
violente  passion.  Son  père ,  le  lieutenant- 
civil  ,  fit  enfermer  cet  aventurier  à  la  Bas- 
tille ,  où  il  demeura  près  d'un  an.  Il  sortit 
de  prison ,  et  continua  de  voir  secrète- 
ment sa  maîtresse.  Celle-ci  changea  de 
manière  de  vivre  au  dehors  ,  sans  réfor- 
mer ses  dispositions  intérieures.  Elle  fré- 
quentait les  hôpitaux  ,  et  donnait  publi- 
quement dans  plusieurs  autres  pratiques 
extérieures  de  piété  ,  qui  lui  acquirent  la 
réputation  de  dévote.  Tandis  qu'elle 
croyait  tromper  ainsi  Dieu  et  les  hommes, 
elle  méditait  avec  son  amant  des  projets  de 
vengeance.  Pendant  le  séjour  que  Sainle- 
Croix  avait  fait  à  la  Bastille ,  il  avait  appris 
d'un  italien  ,  nommé  Exili  ,  l'art  funeste 
de  composer  des  poisons.  Le  père  de  la 
marquise  et  ses  frères  furent  empoisonnés 
en  1670.  On  ignora  l'auteur  de  ces  crimes; 
la  mort  de  Sainte-Croix  les  découvrit.  En 
travaillant  un  jour  à  un  poison  violent  et 
prompt ,  il  laissa  tomber  un  masque  de 
verre  dont  il  se  servait  pour  se  garantir  du 
venin ,  et  mourut  sur-le-champ.  Tous  ses 
effets  ayant  d'abord  été  mis  sous  le  scellé 
(  car  il  n'avait  point  de  parens  à  Paris ,  ni 
personne  qui  prétendit  à  sa  succession  ), 
la  marquise  de  Brinvilliers  eut  l'impru- 
dence de  réclamer  une  cassette  et  témoigna 
beaucoup  d'empressement  à  la  ravoir.  La 
justice  en  ordonna  l'ouverture ,  et  l'on 
trouva  qu'elle  était  pleine  de  petits  pa- 
quets de  poisons  étiquetés,  avec  l'effet 
qu'ils  devaient  produire.  Dès  que  ma- 
dame de  Brinvilliers  eut  avis  de  ce  qui 
se  passait ,  elle  se  sauva  en  Angleterre , 
et  de  là  à  Liège.  Elle  y  fut  arrêtée  et  con- 
duite à  Paris ,  où  elle  fut  brûlée  le  17  juil- 
let 1G7G,  après  avoir  eu  la  tète  tranchée, 
convaincue  d'avoir  empoisonné  son  père, 
ses  deux  frères  et  sa  sœur.  «  Comme  elle 
»  voulait  épouser  Sainte-Croix ,  dit  ma- 
»  dame  de  Sévigné,  elle  empoisonnait  fort 
•  souvent  sou  mari;   mais    Sainte-Croix 


»  qui  ne  voulait  point  d'une  femme  aussi 
»  méchante  qu'elle ,  donnait  du  contre- 
»  poison  à  ce  pauvre  mari ,  de  sorte 
»  qu'ayant  été  ballotté  cinq  ou  six  fois  de 
«cette  sorte,  tantôt  empoisonné  tantôt 
»  désempoisonné ,  il  est  demeuré  en  vie.» 
Lorsqu'on  l'arrêta  dans  Liège ,  on  trouva 
une  confession  générale  écrite  de  sa  main 
qui  servit  non  pas  de  preuve  contre  elle, 
mais  de  présomption.  Il  s'élevait  conti- 
nuellement dans  son  âme  un  conflit  de 
principes  de  vertu  et  de  religion,  dans 
lesquels  elle  avait  été  élevée  ,  et  dont  elle 
n'avait  pu  effacer  l'impression  ,  avec  la 
luxure ,  l'avarice  et  autres  vices  qui  ger- 
ment facilement  dans  les  cœurs  disposés 
à  la  corruption.  Il  n'est  pas  assez  prouvé 
qu'elle  eût  essayé  ses  poisons  dans  les 
hôpitaux,  comme  le  disent  Reboulet,  Pita- 
val  et  d'autres;  mais  il  est  vrai  qu'elle 
eut  des  liaisons  secrètes  avec  des  per- 
sonnes accusées  depuis  de  ce  crime.  Ce 
fut  à  cette  occasion  que  la  chambre  ar- 
dente fut  établie  à  l'Arsenal ,  près  de  la 
Bastille,  en  1680.  «Le  célèbre  le  Brun, 
»  dit  l'auteur  des  causes  célèbres ,  se 
»  plaça  sur  son  passage,  dans  un  endroit 
»>  où  il  put  la  considérer  attentivement, 
«quand  on  la  mena  en  Grève,  afin  de 
»  pouvoir  saisir  l'expression  d'une  crhni- 
»  ncllc  pénétrée  de  l'horreur  du  dernier 
»  supplice  qu'elle  va  souffrir. Elle  rencon- 
»  tra  plusieurs  dames  de  distinction  ,  que 
»  la  curiosité  de  la  voir  avait  rassemblées; 
»  elles  les  regarda  avec  beaucoup  de  fer- 
»  meté ,  en  leur  disant  :  Voilà  un  beau 
»  spectacle  à  voir,  n 

*  BRIO.\  (  l'abbé  de  ),  partageait  les 
opinions  de  Mme  Guyon  et  publia  les  ou- 
vrages suivans  :  |  Considérations  sur  les 
plus  importantes  vérités  du  christianisme 
avec  un  traité  de  la  perfection  chrétienne 
2e  édition,  Paris,  1724,  in-12;  |  une  Re- 
traite, 1717  et  1724,  in-12;  |  Paraphrases 
sur  divers  psaumes  mystérieux  ,  1718  ,  3 
vol.  in-12 ,  avec  une  suite  en  2  vol.  ; 
|  Paraphrases  sur  le  psaume ,  Beati  im- 
maculati ,  1718 ,  in-12;  Paraphrase  sur  les 
trente  premiers  psaumes,  1722,  2  vol.  in- 
12  ;  |  Fie  de  la  très  sublime  contemplative 
sœur  Marie  de  sainte  Thérèse  ,  carmélite 
de  Bordeaux  .avec  ses  lettres ,  Paris,  1720. 
Les  lettres  forment  2  vol.  |  Traité  de  la 
vraie  et  de  la  fausse  spiritualité,  avec  un 
examen  de  quelques  livres  attribués  à  M. 
de  Fénélêii,l728,  2  vol.  in-12. On  lui  attri- 
bue la  Vie  de  Mme  Guyon,  1770,  5  vol. 
in-12. 

*  BRIO*  de  la  TOUR  (  Lotis  ) ,  ingér 


BRI 


563 


BRI 


nîcur-géographc  du  roi ,  obtint  en  1795 
«ne  pension  de  l'assemblée  nationale,  il 
est  mort  au  commencement  du  19e  siècle, 
laissant  les  ouvrages  suivans  :  |  Tableau 
périodique  du  monde  ,  ou  la  Géographie 
raisonnêe  et  critique  M  avec  l'histoire  et 
l'état  de  celle  science  dans  tous  les  temps,, 
4765;  |  la  France  considérée  sous  tous  ses 
principaux  points  de  vue  en  29  cartes , 
\lffl  ;  |  Voyage  dans  les  dêpartemens  de 
la  France J  enrichi  de  tableaux  géogra- 
phiques et  d'estampes,  1792  et  années  sui  v. 
in -4°;  |  Description  générale  de  l'Europe 
de  l'Asie  et  de  l'Amérique  ,  avec  Maclot , 
479j.gr.  in-4°-,  \  Description  géographi- 
que de  l'empire  d' Allemagne  *  son  état 
dans  le  moyen  âge  et  l'âge  moderne, 
avec  12  cartes,  1796,  in-8°;  |  Allas  géo- 
graphique et  statistique  de  la  France  di- 
visée en  108  dêpartemens  ,  dont  les  cartes 
respectives ,  placées  en  regard  d'un  texte 
très  détaillé ,  ont  été  exécutées  sous  la 
direction  de  M.  Brion  père  ,  géographe , 
Paris  ,  Brion  fils ,  1803  ,  in-4°,  oblong.  Il 
a  eu  part  comme  dessinateur  au  Théâtre 
de  la  guerre  présente  en  Allemagne ,  ainsi 
qu'aux  Voyages  dans  la  ci-devant  Bel- 
gique et  dans  le  Piémont ,  et  le  Voyage 
pittoresque  dans  les  dêpartemens  de  la 
France. 

BRION.  Voyez  CHABOT  (  Philippe). 

*  BRIOSCO  (  André  ),  dit  il  Riccio , 
architecte  et  sculpteur,  né  à  Padoue 
en  1460  et  mort  en  1532,  acheva  à  Padoue 
l'église  de  Sainte-Justine,  qui  passe ,  avec 
raison ,  pour  une  des  plus  belles  églises 
d'Italie.  Il  fut  surnommé  il  Riccio,  à 
cause  de  sa  chevelure  bouclée.  Il  devint 
aussi  bon  statuaire  et  célèbre  fondeur  en 
bronze.  On  a  de  lui  un  très  beau  candéla- 
bre qui  orne  l'autel  de  Saint-Antoine  à 
Padoue.  En  mémoire  de  cet  ouvrage ,  on 
frappa  une  médaille,  qu'on  distribua  dans 
Ja  ville;  cette  médaille  porte  l'exergue 
suivant  :  Andréas  Crispus  Palavinus 
cereum  D.  Ant.  Candelabrum ,  F. 

*  BRIOT  (Simon),  bénédictin,  mort  en 
1701,  est  auteur  d'une  Histoire  de  l'abbaye 
de  Molesme,  diocèse  de  Langres.  Elle  se 
conservait  en  manuscrit  dans  la  biblio- 
thèque de  cette  abbaye. 

BRIOT  (  Nicolas  ),  tailleur-général  des 
monnaies  sous  Louis  XII ,  à  qui  on  est 
redevable  du  balancier.  Cette  invention 
fut  approuvée  en  Angleterre  comme  elle 
le  méritait  ;  mais  en  France  ,  il  fallut  que 
Séguier  employât  toute  son  autorité  pour 
la  faire  recevoir. 

*  BRIOT  (Pierre), auteur  du  17e  siècle, 


connu  par  des  traductions  estimées,  a 
publié  :|  Histoire  naturelle  d  Irlande .  tra- 
duite de  l'anglais  de  Gérard  Boate ,  Paris, 
1666,  in-12  ;  |  Histoire  des  singularités  na- 
turelles de  V Angleterre ,  d'Ecosse  et  du 
pays  de  Galles,  traduite  de  l'anglais  de 
Cbildrey,  Paris,  1667,  in-12;  \  Histoire 
de  la  religion  de  Banians,  traduite  de 
l'anglais  de  Henri  Lord,  Paris,  1667,  in- 
12;!  Histoire  de  l'état  présent  de  l'empire 
ottoman,  contenant  les  maximes  politi- 
ques des  Turcs,  les  principaux  points  de 
la  religion  mahométane ,  etc.  traduite  de 
l'anglais  du  chevalier  Ricault,  Paris,  1670, 
in-4°  et  in-12,  avec  des  fig.  de  Sébastien 
Leclerc.  Bespier  a  traduit  le  même  ou- 
vrage en  2  vol.  in-12  ,  Bouen ,  1677  ;  mais 
sa  version  est  inférieure  à  celle  de  Briot, 
on  la  recherche  cependant  à  cause  des 
notes;  {Histoire  des  trois  derniers  empe- 
reurs turcs ,  depuis  1623  jusqu'en  1677, 
traduite  du  même  Ricault ,  Paris ,  1683 , 
4  vol.  in-12.  Ces  deux  derniers  ouvrages 
ont  été  réimprimés  à  la  Haye,  en  1709, 
6  vol.  in-12. 

*  BRIOT  (  Pierre  Joseph),  né  en  1771 , 
à  Orchamps-Vennes ,  en  Franche-Comté  , 
fut  admis  au  barreau  en  1789,  et  devint 
professeur  de  rhétorique  en  1790.  Il  fit 
avec  ses  élèves  la  première  campagne  de 
la  révolution.  Ramené  au  sein  de  sa  fa- 
mille par  l'altération  de  sa  santé  ,  il  écri- 
vit  contre  Marat  et  Robespierre,  et  com- 
battit vivement  dans  les  clubs  le  système 
de  ces  démagogues  sanguinaires.  En  1793, 
il  fut  nommé  député  extraordinaire  des 
babilans  de  Besançon  auprès  du  gouver- 
nement ,  et  il  prononça  à  la  barre  de  la 
Convention  un  discours  qui  le  fit  accuser 
de  fédéralisme.  Obligé  de  chercher  un 
refuge  dans  les  armées ,  il  devint  aide-de- 
camp  du  général  Réede  ,  sous  lequel  il 
fil  une  campagne.  Choisi  plus  tard  par 
les  repieésentans  du  peuple ,  pour  négo~ 
cier  l'introduction  de  la  première  ma- 
nufacture d'horlogerie  que  la  France  ait 
possédée  ,  il  parvint  à  décider  deux  mille 
horlogers  suisses  ou  genevois  à  se  fixer  à 
Besançon.  Le  gouvernement  le  chargea 
d'organiser  lui-même  la  manufacture,  et 
l'institua  son  agent  principal  près  de  cet 
établissement.  A  la  suite  d'une  violente 
contestation  qu'il  eut  avec  Robespierre 
jeune,  il  se  vit  arraché  de  ce  poste,  et 
bientôt  il  fut  emprisonné.  Le  9  thermidor 
le  rendit  à  la  liberté  ;  mais  Briot  se  mon- 
trant aussi  opposé  à  l'esprit  de  réaction 
qui  se  manifestait  alors  ,  qu'il  l'avait  été 
au  terrorisme,  fut  de  nouveau  jeté  dans 


imi 


!>6/i. 


BRI 


les  prisons.  Un  ordre  de  la  Convention 
l'en  fit  sortir  et  il  fut  nommé  en  l'an  4  , 
officier  municipal  de  Besançon.  Appelé 
bientôt  à  un  emploi  supérieur  au  minis- 
tère de  la  police ,  sous  Merlin  de  Douai, 
il  donna  peu  après  sa  démission.  Des  pour- 
suites reactionnaires  le  menaçant  encore, 
il  chercha  de  nouveau  un  refuge  dans 
l'armée  de  Morcau,  et  assista  à  la  fa- 
meuse retraite  de  ce  général,  pendant  la- 
quelle ,  fait  deux  fois  prisonnier ,  il  par- 
vint toujours  à  s'échapper.  Briot  étant 
rentré  dans  la  vie  civile  ,  fut  nommé  par 
le  Directoire  accusateur  public  près  le 
tribunal  criminel  du  Doubs.  Elu  en  l'an  6 
membre  du  conseil  des  Cinq  cents,  il  s'y 
prononça  fortement  pour  le  parti  répu- 
blicain. L'assemblée  l'appela  peu  de  temps 
après  aux  fonctions  de  secrétaire  et  adopta 
sur  sa  proposition  plusieurs  mesures  de 
rigueur.  Le  discours  qu'il  prononça  dans 
la  séance  du  12  fructidor  an  7  fut  re- 
marquable par  son  énergie,  a  La  patrie  , 
»  s'écria-t-il ,  cherche  ses  enfans ,  et  elle 
»  trouve  des  chouans ,  des  jacobins  ,  des 
»  modérés ,  des  constitutionnels  de  91 , 
»  de  93,  des  clubistes  ,  des  amnistiés,  des 
»  fanatiques  ,  des  scissionnaires  ,  des  an- 
»  tiscissionnaires  ;  elle  appelle  en  vain  des 
»  républicains.  »  Dans  le  même  discours , 
l'orateur  attribua  les  dangers  intérieurs 
et  extérieurs  de  la  république  aux  mi- 
nistres Fouché  et  Talleyrand,  qui  tous 
deux  pricent  bientôt  une  part  active  à  la 
conspiration  du  18  brumaire.  Briot  figura 
dans  celte  journée  parmi  les  membres  les 
plus  ardens  de  l'opposition  républicaine. 
Au  moment  où  Lucien  Bonaparte  descen- 
dait de  la  tribune,  après  avoir  renouvelé 
le  serment  à  la  constitution  do  l'an  3  , 
ce  fut  lui  qui  s'écria.  Moniteur,  écrivez  ! 
Quand  Bonaparte  eut  reçu  le  titre  de  con- 
sul ,  Briot  figura  au  nombre  des  députés 
qui  furent  exclus  de  la  représentation  na- 
tionale par  le  nouveau  gouvernement. 
Bientôt  son  nom  fut  inscrit  sur  une  liste 
de  déportation  à  la  Guyane.  Mais  un  nou- 
vel arrêté  des  consuls  le  plaça  simplement 
sous  la  surveillance  du  ministre  de  la 
police  générale.  En  ayant  été  affranchi  le 
!)  nivôse  an  8,  il  fut  nommé  secrétaire- 
général  de  la  préfecture  du  Doubs ,  et  en- 
suite commissaire  du  gouvernement  à 
l'Ile  d'Elbe.  Après  l'avènement  de  Napo- 
léon à  l'empire,  Briot  demanda  un  passe- 
port pour  l'étranger  et  se  rendit  à  Naples, 
où  le  roi  Joseph  le  choisit  pour  intendant 
des  Abruzzes.  Chargé  du  même  poste 
dans  la  Calabre ,  il  s'y  distingua  en  1809, 


par  la  vigoureuse  résistance  qu'il  opposa 
au  débarquement  des  Anglais.  Joachirn 
Murât,  qui  vint  remplacer  son  beau-frère 
sur  le  Irône  de  Naples,  fit  entrer  Briot  au 
conseil  d'état.  Lorsque  entraîné  par  la 
coalition  européenne ,  Mural  se  fut  décla- 
ré contre  la  France,  Briot  refusa  de  con- 
tinuer ses  services  auprès  de  lui ,  et  re- 
vint bientôt  dans  son  pays,  où  il  s'occupa 
d'agriculture  et  d'opérations  industrielles. 
En  1816 ,  il  fonda  à  Paris  la  compagnie 
d'assurance  contre  l'incendie,  dite  du 
Phénix  .-vers  1820,  il  devint  administra- 
teur de  la  caisse  hypothécaire.  Il  est  mort 
à  Auteuil  près  de  Paris  le  16  mai  1827. 
Briot  a  publié  :  Défense  du  droit  de  pro- 
priété dans  les  rapports  avec  les  fortifica- 
tions des  villes  de  guerre,  et  les  travaux 
publics,  contre  les  entreprises  inconstitu- 
tionnelles du  ministère  de  la  guerre; 
in-8°,  Paris,  1817.  Première  lettre  à  M.  B" 
sur  la  caisse  hijpothécaire  3  in-8°,  1818. 
Deuxième  lettre  à  M.  B**  sur  la  caisse 
hypothécaire ,  in-8° ,  1818. 

*  BRIOT  (  Piebre-Fbançois  ) ,  docteur 
en  chirurgie ,  professeur  de  pathologie  et 
de  clinique  chirurgicale  à  l'école  secon- 
daire de  médecine  de  Besançon,  né  en 
1773 ,  à  Orchamps-Vennes ,  termina  son 
cours  de  médecine  à  Besançon  et  servit 
dans  les  armées  de  Suisse  et  d'Italie , 
comme  officier  de  santé.  Il  fut  employé 
pendant  quelque  temps  à  l'hôpital  de  Plai- 
sance. Il  quitta  ensuite  le  service  militaire, 
et  se  fixa  à  Besançon ,  où  il  contribua  à 
l'établissement  d'une  société  de  médecine 
dont  il  devint  un  des  membres  les  plus 
utiles.  En  1806  il  fut  attaché  à  l'écolc-pra- 
tique  de  l'hôpital  Saint-Jacques  comme 
professeur  ;  et  malgré  les  nombreux  tra- 
vaux qu'exigeait  sa  profession ,  il  trouva 
le  temps  de  publier  plusieurs  ouvrages 
qui  font  honneur  à  ses  connaissances; 
mais  ce  fut  aux  dépens  de  sa  santé.  Après 
avoir  résisté  long-temps  à  une  maladie 
grave  qui  se  reproduisait  souvent  avec 
les  mêmes  symptômes ,  il  y  succomba  le 
29  décembre  1827.0n  lui  doit  :  |  Essai  sur 
les  tumeurs  formées  par  le  sang  artériel, 
1802 ,  in-8°  ;  |  Traduction  de  l'allemand 
de  l'art  d'accoucher  de  G.  Stein,  1804, 
2  vol.  inr8°  ;  |  Histoire  de  l'art  et  des  pro- 
grès de  la  chirurgie  militaire  en  France 
pendant  les  guerres  de  la  révolution,  1817, 
in-8°,  ouvrage  couronné  en  1815  ,  par  la 
société  médicale  de  Paris.  Briot  a  rem- 
porté deux  prix  à  l'académie  de  Montpel- 
lier, le  premier,  en  1819,  le  second  en 
1824,  sur  les  questions  suivantes  :  V Eloge 


BRI 


î)6ù* 


BRI 


de  la  Peyronie,  et  de  l'Influence  de  la 
Peyronie  sur  le  lustre  et  les  progrès  de 
la  chirurgie  française  J  Besançon,  1820, 
in-8°;  et  V Eloge' de  Guy,  de  Ckauliac J 
le  restaurateur  de  la  chirurgie  en  France 
au  15e  siècle.  Peu  de  temps  avant  sa  mort, 
Briot  avait  envoyé  à  l'académie  royale  de 
médecine  un  mémoire  sur  le  Traitement 
le  plus  convenable  des  plaies  pénétrantes 
de  la  poitrine.  Ce  mémoire  obtint  à  titre 
de  mention  honorable  ,  une  médaille  d'or 
de  600  fr.  au  mois  de  février  1828.  Mais 
Briot  n'existait  plus.  Il  a  laissé  en  ma- 
nuscrit un  Traité  sur  les  plaies  d'armes 
à  feu.  Enfin  il  publia  en  1803,  les  Elé- 
tnens  de  matière  médicale ,  ouvrage  pos- 
thume de  Tourtelîe,  qu'il  fit  précéder 
d'un  discours  préliminaire.  Briot  était 
membre  de  la  société  de  médecine  de  Pa- 
ris et  d'un  grand  nombre  de  sociétés  sa- 
vantes. On  trouve  dans  le  Recueil  de  l'a- 
cadémie de  Besançon  ,  année  1828,  p.  60, 
son  éloge  écrit  par  M.  Pécot. 

*  BRIOU  (le  comte  de) ,  lieutenant-gé- 
néral des  armées  du  roi,  grand'croix  de 
Tordre  royal  et  militaire  de  St.-Louis, 
embrassa  la  carrière  des  armes,  et  fit 
avec  la  plus  grande  distinction  la  guerre 
de  sept  ans ,  dans  le  régiment  d'Orléans , 
cavalerie  ;  il  devint  sous-lieutenant  dans 
la  compagnie  écossaise  des  gardcs-du- 
corps  en  1770,  et  lieutenant  en  1784. 
Après  la  campagne  de  1792 ,  à  laquelle  il 
prit  une  part  active  sous  les  ordres  du 
prince  de  Condé,  le  comte  de  Briou  prit 
du  service  dans  les  armées  de  la  Russie, 
et  y  obtint  le  grade  de  général-major. 
Louis  XVIII  le  choisit  ensuite  pour  son 
chargé  d'affaire  à  St.  Pétersbourg.  Il  re- 
vint ,  à  la  fin  de  1814  ,  et  fut  nommé  com- 
mandant d'escadron  de  la  compagnie  des 
gardes- du -corps,  commandée  par  le 
prince  de  Wagram.  En  1815  ,  il  accompa- 
gna le  roi  en  Belgique ,  et  revint  en 
France  après  la  seconde  restauration.  Il 
est  mort  en  novembre  1822. 

BRIQUE  VILLE  (François  de),  baron 
de  Coulombières ,  né  à  Coulombières  en 
basse  Normandie,  d'une  noble  et  ancienne 
maison,  servit  avec  distinction  sous  Fran- 
çois I,  Henri  II,  François  II  et  Charles  IX. 
Il  embrassa  les  opinions  et  le  parti  des 
calvinistes ,  par  complaisance  pour  la 
princesse  de  Condé ,  dont  il  était  parent. 
Il  était  à  la  tête  des  Normands  avec  le 
comte  de  Montgommeri ,  au  rendez-vous 
général  des  huguenots  de  France  à  la  Ro- 
chelle. Il  mourut  sur  la  brèche  de  Saint- 
Lô,  en  1574,  ayant  ses  deux  fils  à  ses  côtés, 


pour  sacrifier  J  disait-il,  tout  son  sang  à 
la  vérité  évangélique.  Son  nom  et  celui 
de  Montgommeri  seront  long-temps  fa- 
meux dans  l'histoire  de  Normandie  ,  par 
les  meurtres  et  les  brigandages  que  leurs 
troupes  y  commirent  impunément  sous 
leurs  yeux. 

*BRIS  (François de),  savant  capucin, 
était  très  versé  dans  la  langue  arabe,  qu'il 
avait  apprise  dans  le  cours  de  ses  missions 
au  Levant.  Ses  connaissances  le  firent  ap- 
peler à  Rome  par  la  congrégation  de  la 
Propagande  qui  le  chargea  de  la  traduc- 
tion de  plusieurs  grands  ouvrages  qu'elle 
voulait  faire  passer  en  cette  langue.  Les 
résultats  de  ses  travaux  furent  :  |  la  Tra- 
duction en  arabe  des  Annales  de  Baro- 
nius  et  de  Sponde  son  continuateur,  jus- 
qu'à l'an  1646,  5  vol.  in-4°,  Rome  ,  1653  , 
1655 ,  1071  ;  |  une  Version  arabe  de  la 
Bible  ,  3  vol.  in-fol. ,  avec  la  Vulgate  en 
regard,  publiée  par  Nazari,  Rome,  1771  : 
ouvrages  devenus  très  rares,  parce  que  la 
plupart  des  exemplaires  ont  passé  dans 
le  Levant. —  BRIS  (Nicolas  de),  docteur 
de  Sorbonne,  d'une  grande  érudition, 
assista  au  concile  de  Trente  et  fit  plusieurs 
ouvrages.  Le  Myre  ,  dans  son  traité  De 
scnptoribus  ecclesiasticis  .,  et  du  Boulay 
dans  son  Histoire  de  l'université ,  parlent 
de  lui. 

*  BRIS  ACIER  (Jean  de) ,  né  à  Blois 
en  1603,  jésuite  en  1619,  enseigna  les  hu- 
manités et  la  philosophie  dans  plusieurs 
collèges  „  se  livra  ensuite  à  la  prédica- 
tion, et  fut  employé  aux  missions  dans  le 
diocèse  de  Castres.  Son  zèle  contre  Port- 
Royal  lui  donna  un  grand  crédit  dans  sa 
société  ;  il  fut  successivement  recteur  do 
plusieurs  maisons,  provincial  en  Portugal, 
recteur  du  collège  de  Clermont  à  Paris, 
et  mourut  le  10  septembre  1668,  à  Blois» 
Il  avait  été  envoyé  à  Rome  pour  solliciter 
la  condamnation  du  livre  de  la  Fréquente 
communion ,  mais  il  ne  put  "y  réussir, 
et  revint  en  France ,  où  il  publia  divers 
écrits  dans  lesquels  il  consigna  de  graves 
accusations  contre  les  religieuses  de  Port- 
Royal.  Un  de  ces  écrits  ,  intitulé  le  Jan- 
sénisme confondu >  Paris  ,  1651,  in-4°, 
fut  censuré  par  M.  de  Gondy,  archevê- 
que de  Paris ,  et  vivement  réfuté  par  le 
docteur  Arnauld.  Brisacier  devint  aussi 
recteur  du  collège  de  Rouen  ,  et  ensuite 
de  la  maison  professe  de  Paris.  —  BRI- 
SACIER  (  Jacques-Charles  de)  ,  de  la 
même  famille ,  supérieur  du  séminaire 
des  missions  étrangères  pendant  soixante- 
dix  ans  ,  mort ,  en  1756 ,  à  quatre-vingt- 
^48 


BRI  «66 

quatorze  ans,  jouissait  d'une  grande  con- 
sidération à  la  cour ,  et  refusa  plusieurs 
évêchés.  Il  eut  beaucoup  de  part  aux 
écrits  et  mémoires  des  missions  étran- 
gères contre  les  jésuites  ,  dans  l'affaire 
des  cérémonies  chinoises.  Il  est  auteur  de 
Y  Oraison  funèbre  de  la  duchesse  d'Aguil- 
lon ,  Paris ,  1675  ,  in-4°,  et  de  celle  de  Mlle 
de  Bouillon,  Rouen,  1683,  in-4°.  —  BRISA- 
CIER(  Nicolas  de) ,  docteur  de  Sorbonne, 
neveu  du  précédent,  publia ,  en  1737,  une 
lettre  adressée  à  l'abbé  général  des  pré- 
rnontrés  pour  venger  la  mémoire  de  son 
oncle,  contre  les  attaques  que  M.  Hugo 
lui  porta  dans  les  Annales  de  l'ordre  de 
Prémontré.  On  a  encore  de  lui  l'Oraison 
funèbre  de  Louise-Charlotte  de  Châtillon, 
abbesse  de  St-Loup,  Paris,  1711,  in-4°. 

BItlSEUX  (Charles-Etienne),  archi- 
tecte, mort  en  1754  ,  est  auteur  de  deux 
bons  livres  sur  son  art  :  |  V Architecture 
moderne  ,  1728 ,  2  vol.  in-4'  ;  j  VArt  de 
hâtir  les  maisons  de  campagne,  il  ko,  4 
vol.  in-4°,  fig.  ;  |  Traité  du  beau  essen- 
tiel dans  les  arts,  appliqué  parliculière- 
ment  à  l'architecture ,  1752,  2  tomes  en 
1  vol.  in-folio. 

*  BRISSAC  (Louis-Hercule-Timoléoiv 
de  COSSÉ  ,  duc  de),  pair  et  grand  pane- 
tier  de  France ,  gouverneur  de  Paris,  ca- 
pitaine-colonel des  cent-suisses ,  et  cheva- 
lier des  ordres  du  roi ,  né  en  1754 ,  fut 
nommé,  en  1791,  commandant-général  de 
la  garde  constitutionnelle  du  roi.  Lorsque 
ce  corps  eut  été  licencié  en  1792 ,  il  fut  en- 
voyé à  Orléans ,  puis  à  Versailles  ,  où  il 
partagea  le  sort  des  prisonniers  qui  furent 
massacrés  dans  les  premiers  jours  de  sep- 
tembre. Le  duc  de  Brissac  se  défendit 
long-temps ,  et  céda  enfin  au  nombre , 
après  avoir  reçu  plusieurs  blessures.  De- 
lille  lui  a  consacré  quelques  vers  dans  son 
poème  de  la  pitié. 

BRISSAC.  royez  COSSÉ. 

*  BRISSET  (Roland),  sieur  du  Sau- 
vage, né  à  Tours  et  mort  vers  la  fin  du 
seizième  siècle,  fit  son  cours  de  droit 
à  Paris ,  et  y  fut  reçu  avocat  au  parle- 
ment. L'élude  qu'il  avait  faite  dans  sa 
jeunesse,  des  anciens  tragiques  grecs  et 
latins,  lui  inspira  le  désir  de  les  traduire. 
Ce  ne  fut  qu'à  la  sollicitation  de  ses  amis 
qu'Use  détermina  à  faire  imprimer  ses  es- 
sais sous  ce  titre  :  Premier  livre  des  œu- 
vres poétiques  de  R.  B.  G.  T. ,  Tours , 
1589  et  1590,  in-4°.  Ce  volume  contient 
cinq  tragédies,  Hercule  furieux,  Thyeste, 
Agamemnon  et  Octavie  ,  traduites  libre- 
ment de    Sénèque,  sans   distinction  de 


BRI 

scènes;  et  Baptiste,  ou  la  Calomnie,  tra- 
duite du  latin  de  Buchanan.  L'année  sui- 
vante, il  fit  imprimer,  dans  la  même 
ville,  une  pastorale  intitulée  :  la  Diéro~ 
mène,  ou  le  Repentir  d'amour ,  traduite 
de  l'italien  de  Louis  Groto  en  cinq  actes 
et  en  prose,  ibid.,1591;  Paris,  1595,  in-12  ; 
quelque  temps  après  parut  AJcée,  pêche- 
rie ou  comédie  marine  ,  traduite  de  l'ita- 
lien d'Antonio  Ongaro,  Paris,  1595,  in-12. 
On  lui  attribue  encore  quelques  autres 
ouvrages. 

BUISSON  (Barnabe)  ,  élevé  par  Henri 
III  aux  charges  d'avocat-général  en  1575, 
de  conseiller  d'état,  puis  de  président 
à  mortier  en  1583,  fut  envoyé  ambassa- 
deur en  Angleterre.  A  son  retour,  ce 
prince  le  chargea  de  recueillir  ses  ordon- 
nances et  celles  de  son  prédécesseur. 
Henri  disait  ordinairement  :  «  qu'il  n'y 
»  avait  aucun  prince  dans  le  monde  qui 
«  pût  se  flatter  d'avoir  un  homme  d'une 
»  érudition  aussi  étendue  que  Brisson.  » 
Après  la  mort  de  ce  monarque ,  Brisson 
s'étant  déclaré  pour  Henri  IV,  la  faction 
des  Seize  le  fit  conduire  au  petit  Châte- 
let,  où  il  fut  pendu  à  une  poutre  de  la 
chambre  du  conseil ,  en  1591.  Les  chefs 
des  ligueurs  désapprouvèrent  cette  exé- 
cution, et  par  leur  ordre  quatre  des  prin- 
cipaux auteurs  de  la  mort  de  Brisson 
perdirent  la  vie  par  les  mains  du  bour- 
reau. On  a  de  lui  plusieurs  ouvrages  :  |  De 
jure  Connubiorum  liber  singularis,  Paris, 
1564,  in-8°.  Il  dédia  cet  ouvrage  au  fa- 
meux l'Hôpital ,  chancelier  de  France. 
|  De  verborumquœ  ad  jus  pertinent  signi- 
ficatione,  Leipsick,  1721,  in-fol.  |  Defor- 
mulis  et  solemnibus  populi  Romani  ver- 
bis,  en  8  livres,  plein  d'érudition,  in-fol., 
1583  ;  |  De  regio  Persarum  principatu, 
réimprimé  à  Strasbourg  en  1710,  in-8°, 
avec  les  notes  de  Sylburge  et  de  Leder- 
lin.  Les  usages  des  anciens  Perses  dans  la 
religion,  dans  la  vie  civile ,  dans  l'art  mi- 
litaire ,  y  sont  décrits  fort  savamment , 
mais  avec  peu  d'ordre.  |  Opéra  varia, 
1606,  in-4°;  |  Recueil  des  Ordonnances  de 
Henri  III ,  in-fol.  On  a  parlé  très  diffé- 
remment du  caractère  de  Brisson.  Les 
uns  le  peignent  comme  un  bon  citoyen; 
les  autres  disent  qu'il  n'avait  que  des 
vues  ambitieuses  dont  il  fut  la  victime: 
car  ayant  voulu  demeurer  à  Paris  en  1589, 
tandis  que  le  parlement  en  sortait  ,  dans 
l'espérance  ,  dit-on,  de  devenir  premier 
président  à  la  place  d'Achille  de  Harlay, 
alors  prisonnier  à  la  Bastille,  il  obtint  ef- 
fectivement celte  place,  qui  fut  cause  en 


BRI  5G7 

partie  de  sa  fin  tragique.  —  Son  frère , 
Pierre  BRISSON ,  a  donné  Y  Histoire  au 
vrai  des  guerres  civiles  es  pays  de  Poitou, 
Aunis  ,  etc. ,  depuis  Van  1574  jusqu'en 
1576,  Paris ,  1578,  in-8°. 

*BRISSOîV  (Matuurin-Jacqces),  habile 
naturaliste  français ,  né  à  Fontenay-le- 
Comte ,  le  30  avril  1723 ,  fut  maître  de 
physique  et  d'histoire  naturelle  des  en- 
fans  de  France  ,  censeur  royal ,  membre 
de  l'académie  des  sciences ,  et  ensuite  de 
l'institut.  11  avait  été  attaché  à  Réaumur 
dans  sa  jeunesse  ;  il  l'aidait  dans  ses  tra- 
vaux ,  et  dirigeait  son  cabinet.  Il  succéda 
à  l'abbé  Nollet  pour  la  chaire  de  physique 
au  collège  de  Navarre,  et  fut  chargé  par 
le  gouvernement  d'établir  des  para?ca~ 
nerres  sur  plusieurs  édifices  publics.  Bris- 
son  est  mort  à  Boissi,  près  de  Versailles, 
le  23  juin  1806.  Quelques  mois  auparavant, 
une  attaque  d'apoplexie  effaça  toutes  ses 
idées,  lui  fit  oublier  jusqu'à  la  langue 
française,  de  sorte  qu'il  ne  prononçait  plus 
que  quelques  mots  de  l'idiome  poitevin. 
On  a  de  lui  :  |  Système  du  règne  animal, 
et  ordre  des  oursins  de  mer,  traduit  de 
Thomas  Klein ,  Paris ,  1754 ,  3  vol.  in-8°  ; 
J  Tableau  de  zoologie ,  sous  ce  titre  :  le 
Règne  animal,  divisé  en  neuf  classes ,  Pa- 
ris ,  1756 ,  in-4°,  figures  ;  il  ne  comprend 
que  les  quadrupèdes  et  les  cétacés.  Cet  ou- 
vrage a  été  traduit  en  latin  par  Allamand, 
Leyde,  1762,  in-8°.  |  Ornithologie,  ou 
Méthode  contenant  la  division  des  oiseaux 
en  ordres  ,  sections ,  genres ,  espèces  ,  et 
variétés,  à  laquelle  on  a  joint  la  descrip- 
tion exacte  de  chaque  espèce ,  avec  les  ci- 
tations des  auteurs  qui  en  ont  traité ,  et 
les  noms  qu'ils  leur  ont  donnés,  etc.,  Pa- 
ris ,  1760 ,  6  vol.  in-4°.  Le  texte  est  en  la- 
tin et  en  français,  sur  deux  colonnes. 
Brisson  y  décrit  quinze  cents  espèces.  Cette 
ornithologie,  dont  le  style  est  peu  remar- 
quable ,  était  l'ouvrage  le  plus  complet , 
par  rapport  au  nombre  des  espèces ,  avant 
V Histoire  des  oiseaux  de  Buffon  ;  |  His- 
toire de  l'électricité ,  traduite  de  Priestley, 
Paris ,  1771 ,  5  vol;  in-12.  Dans  les  notes 
qu'il  y  inséra ,  il  tâcha  de  soutenir  la 
théorie  de  Nollet  sur  l'électricité ,  attaqua 
Franklin ,  principal  auteur  de  celle  qui  y 
était  opposée,  et  voulut  rabaisser  Priest- 
ley; |  Dictionnaire  raisonné  de  physique, 
Paris ,  1781 ,  2  vol.  in-4°,  avec  atlas  ;  1800, 
4  vol.  in-4°.  Ce  dictionnaire  n'est  presque 
plus  consulté  ;  |  Observations  sur  les  nou- 
velles découvertes  aérostatiques,  et  sur  la 
probabilité  de  pouvoir  diriger  les  ballons, 
i784 ,  ia-8°  et  in-4°  ;  |  Pesanteur  spécifi- 


BÏU 

que  des  corps ,  1787  ,  in-4°.  Cet  ouvrage 
que  l'on  peut  regarder  comme  le  plus  im- 
portant de  Brisson ,  est  encore  le  plus  com- 
plet que  nous  ayons  en  ce  genre  ;  |  Prin- 
cipes élémentaires  de  l'histoire  naturelle 
et  chimique ,  des  substan  es  minérales , 
1797,  in-8°;  |  Elêmens  ou  Principes  physi- 
co-chimiques ,  Paris ,  an  8  (  1800  ) ,  4  vol. 
in-8° ,  à  l'usage  des  écoles  centrales  ;  la 
première  édition  avait  déjà  paru  en  1789, 
en  3  vol.  in-8°  ;  |  Instruction  sur  les  nou- 
veaux jJoids  et  mesures,  Paris,  an  7  (1799), 
in-8°  ;  |  Instruction  sur  les  poids  nouveaux 
comparés  aux  mesures  et  poids  anciens  , 
Paris,  an  8  (1800) ,  in-18.  Brisson  a  aussi 
donné  quelques  Mémoires ,  insérés  dans  le 
recueil  de  la  compagnie  des  sciences. 

*  BRISSON  (  Barnabe  ) ,  inspecteur  di- 
visionnaire des  ponts  et  chaussées ,  né  à 
Lyon  le  12  octobre  1777 ,  fit  ses  études  au 
collège  de  Juilly,  et  entra  à  l'école  poly- 
technique lors  de  sa  formation ,  à  l'âge  de 
seize  ans.  Il  entra  ensuite  dans  le  corps 
des  ponts  et  chaussées  et  fut  employé , 
en  1802,  au  canal  du  Rhône-au-Rhin , 
sous  la  direction  de  M.  Liard ,  puis  au 
canal  de  Saint-Quentin  sous  celle  de 
M.  Payant.  Il  s'occupa  sur  l'un  et  sur 
l'autre  de  ces  canaux  des  travaux  du  bief 
de  partage ,  et  déploya  les  ressources  d'un 
génie  actif  et.  fécond.  Nommé  ingénieur 
en  chef  avant  l'âge  de  trente  ans,  il  prit, 
en  cetie  qualité,  en  1809,  la  direction  de 
l'Escaut  qui  faisait  à  cette  époque  partie 
de  la  France.  Brisson  revint  en  1814  dans 
sa  patrie ,  et  on  lui  confia  le  service  du 
département  de  la  Marne.  La  ville  de 
Chàlons  lui  doit  surtout  la  construction 
du  grand  pont  sur  la  Marne.  Il  devint 
ensuite  successivement  professeur  de 
construction  à  l'école  des  ponts  et  chaus- 
sées ,  inspecteur  de  cette  école ,  et  secré- 
taire du  conseil  d'administration,  et  enfin, 
en  1824 ,  inspecteur  divisionnaire.  Il  est 
mort  le  23  septembre  1828  ,  à  Nevers.  On 
a  publié  en  1829  :  Essai  d'un  système  gé- 
néral de  navigation  intérieure  de  la 
France,  par  B.  Brisson  ,  précédé  d'un 
Essai  sur  l'art  de  projeter  les  canaux  à 
point  de  partage,  par  Dupuis  de  Forcy 
et  B.  Brisson,  1  vol.  in-4°.  Ces  deux  mé- 
moires avaient  été  approuvés  par  l'In- 
stitut ,  le  premier,  en  1827 ,  le  second  , 
en  1802.  On  a  encore  de  Brisson  diffé- 
rens  Mémoires ,  des  Observations  sur  des 
travaux  de  construction,  insérés  dans 
les  Collections  lithographiques  des  ponts 
et  chaussées  ,  et  un  Traité  des  Om- 
bres* imprimé  à  la  suite  de  la  Géomé- 


imi 


568 


BRI 


trie  descriptive  de  Monge ,  dont  il  était 
l'ami. 

BRISSOT  (  Pierre  ) ,  médecin,  fils  d'un 
avocat,  naquit  à  Fontenai-le-Comtc  en 
Poitou ,  en  l/*78.  Il  fut  reçu  docteur  de  la 
faculté  de  médecine  de  Paris  en  itilU.  Il 
mourut  en  1522 ,  dans  la  ville  d'Evora  en 
Portugal,  où  le  désir  d'aller  herboriser, 
même  jusqu'au  Nouveau-Monde,  l'avait 
conduit.  Il  prit  le  parti  d'Hippocrate ,  de 
Galien  et  des  autres  anciens  contres  les 
médecins  arabes  er  les  charlatans  mo- 
dernes. La  pratique  des  docteurs  de  son 
temps  dans  la  pleurésie,  était  de  saigner 
du  côté  opposé  au  mal.  Il  écrivit  contre 
cet  abus  dans  son  Traité  de  la  saignée 
dans  la  pleurésie ,  Paris ,  1G22 ,  in-8° ,  où 
il  justifie  la  méthode  salutaire  qu'il  avait 
mise  en  usage. 

*BRISSOT  (Jean-Pierre),  célèbre 
révolutionnaire ,  chef  du  parti  dit  des 
Brissotins  >  naquit  le  ïh  janvier  1754,  à 
Ouarville ,  village  près  de  Chartres  ,  dont 
il  prit  l'habitude  d'ajouter  le  nom  au  sien 
en  lui  donnant  la  forme  anglaise  de  War- 
ville,  espérant  parvenir  ainsi  plus  facile- 
ment à  la  célébrité.  Son  père,  pâtissier  de 
profession ,  lui  fit  donner  une  éducation 
soignée.  Après  avoir  été  clerc  de  procu- 
reur à  Paris  ,  Brissot  se  fit  littérateur,  et 
débuta  par  un  ouvrage  peu  propre  à  don- 
ner une  idée  favorable  de  ses  doctrines  ; 
cet  écrit  qui  est  intitulé  :  Recherches 
philosophiques  sur  le  droit  de  propriété  et 
sur  le  vol  considérés  dans  la  nature  et 
dans  lu  société  J  le  fit  juger  digne  de  coo- 
pérer avec  Condorcet ,  Clavière  et  Ker- 
saint  au  journal  la  Chronique  du  mois.  Il 
publia  ensuite  divers  écrits  sur  Y  Inégalité 
des  rangs,  qui  le  firent  mettre  à  la  Bas- 
tille. Le  duc  d'Orléans  l'en  fit  bientôt  sor- 
tir à  la  recommandation  de  madame  de 
Genlis ,  et  Brissot  épousa,  sous  les  auspices 
«le  cette  femme  auteur,  une  jeune  demoi- 
selle attachée  au  service  de  la  duchesse 
d'Orléans;  il  partit  presque  aussitôt  pour 
''Angleterre  avec  une  mission  secrète  que 
lui  avait  confiée  le  lieutenant  de  police  de 
•Paris.  Après  l'avoir  accomplie  ,  il  voulut 
Se  fixer  à  Londres ,  et  y  fonda  le  Journal 
des  Lycées.  Cependant  il  retourna  bien- 
tôt en  France ,  et  fit ,  en  1788 ,  un  voyage 
'■aux  Etats-Unis.  La  révolution  française  le 
j  ramena  en  Europe.  Il  écrivit  en  1789  dans 
'  le  journal  le  Patriote  français ,  et  fit  pa- 
raître des  pamphlets  ,  contribuant  ainsi , 
autant  qu'il  était  en  lui ,  à  répandre  les 
principes  démagogiques  dont  les  résultats 
devaient  être  si  désastreux.  Aussi  fut-il 


choisi  pour  être  président  du  comité  des 
recherches  à  Paris ,  qui  fut  le  type  des  co- 
mités de  surveillance ,  de  sûreté  générale, 
de  salut  public,  et  autres  qui  se  formèrent 
depuis.  Brissot  se  fit  dans  cette  fonction 
de  grands  ennemis.  Un  écrivain  français , 
nommé  Morande,  qui  l'avait  connu  en 
Angleterre  et  qui  publiait,  en  1791 ,  à  Pa- 
ris, un  pamphlet  périodique  intitulé  Y  Ar- 
gus J  le  peignit  sous  les  plus  noires  cou- 
leurs,-l'accusant  même  de  vol ,  et  substi- 
tua dans  son  journal  le  mot  brissoter  à  ce* 
lui  de  voler.  Lors  du  départ  du  roi  pour 
Varennes ,  en  1791 ,  Brissot  rédigea  de  con- 
cert avec  Laclos,  la  pétition  appelée  du 
Champ-de-Mars ,  dans  laquelle  on  deman- 
dait la  déchéance  du  roi  ;  cette  pétition 
occasiona  une  insurrection  violente  que 
la  garde  nationale  ne  comprima  qu'avec 
peine  {V.  BAILLY).  Brissot  et  Lafayette, 
jusquelàfort  unis,  se  brouillèrent.  A  cette 
époque ,  les  républicains  commençaient  à 
marcher  tête  levée  ;  malgré  les  efforts  em- 
ployés pour  dépopulariser  Brissot,  l'as- 
semblée électorale  de  Paris  le  nomma  à  la 
législature ,  et  il  devint  un  des  plus  impla- 
cables ennemis  de  Louis  XVI.  L'assem- 
blée, présumant  que  ses  voyages  lui 
avaient  donné  quelque  habileté  politique , 
le  nomma  membre  du  comité  diplomati- 
que qu'elle  établit  dans  son  sein.  Il  en  fut 
le  plus  habituel  rapporteur  et  ne  cessa 
d'invoquer  la  guerre  contre  toutes  les 
puissances  de  l'Europe  ,  guerre  qu'il  re- 
gardait comme  un  des  moyens  les  plus 
certains  de  détrôner  le  monarque.  Il  atta- 
qua les  ministres  qui  voulaient  le  main- 
tien de  la  paix ,  en  s'attachant  particuliè- 
rement au  ministre  des  affaires  étrangères, 
M.  Delessart ,  qu'il  vint  à  bout  de  faire 
décréter  d'accusation ,  et  qu'il  fit  rempla- 
cer par  le  général  Dumouriez ,  sous  lequel 
la  guerre  fut  en  effet  déclarée  à  l'empe- 
reur d'Autriche  ,  le  20  avril  1792.  Mais  ce 
fut  là  le  terme  de  la  grande  influence  de 
Brissot.  sur  les  affaires  politiques.  Robes- 
pierre ,  alors  accusateur  public  près  le  tri- 
bunal de  la  Seine ,  et  avec  lequel  il  était 
lié ,  se  déclara  tout  à  coup  son  adversaire 
et  le  dénonça  au  club  des  jacobins ,  comme 
traître  à  la  patrie  et  ennemi  du  peuple , 
pour  l'avoir  précipité  dans  une  guerre 
dont  il  éprouverait  tous  les  malheurs  et 
qui  devait  peut-être  entraîner  sa  ruine. 
Camille-Desmoulins  ameuta  contre  lui  la 
populace  ;  Brissot .  dans  l'espoir  de  con- 
jurer l'orage  qui  le  menaçait,  voulut  se 
rapprocher  du  roi  et  des  constitutionnels; 
mais  ses  tentatives  n'ayant  point  réussi. 


BRI 


569 


BRI 


3  revînt  à  ses'prcmières  opinions,  et  pour- 
suivit avec  la  même  brutalité  tous  ceux 
qu'il  soupçonnait  d'être  attachés  à  Louis 
XVI.  Il  ne  prit  point  cependant  une  part 
directe  aux  evcnemens  du  10  août ,  qui 
furent  dirigés  par  Danton,  et  par  le  parti 
qu'on  croyait  être  celui  du  duc  d'Orléans. 
Envoyé  à  la  Convention  nationale  par  le 
département  de  l'Eure,  il  n'y  joua  qu'un 
rôle  très  secondaire,  et  n'y  fut  guère 
remarqué  que  par  l'acharnement  de  Ro- 
bespierre, qui,  en  le  perdant ,  croyait  rui- 
ner la  faction  des  Brissotins.  Dans  le 
procès  de  Louis  XVI,  il  parut,  ainsi  que 
les  girondins  Vergniaud  ,  Guadet ,  Gen- 
sonné,etc,  vouloir  sauver  le  monarque. 
L'accusation  de  fédéralisme  et  de  conspi- 
ration contre  l'unité  et  l'indivisibilité  de  la 
république  lit  surtout  parmi  ses  partisans 
un  grand  nombre  de  victimes  ,  et  acheva 
de  les  rendre  impopulaires.  Ce  fut  néan- 
moins encore  Brissot  qui,  en  qualité  de,rap- 
porteur  du  comité  diplomatique  ,  fit  dé- 
clarer la  guerre  à  la  Hollande  et  à  l'An- 
gleterre ,  le  1er  février  1793  ;  depuis,  il  fut 
continuellement  occupé  à  se  défendre  con- 
tre ses  ennemis.  Enveloppé  dans  la  pro- 
scription qui  suivit  la  journée  du  51  mai 
1795,  il  fut  arrêté  à  Moulins,  lorsqu'il  es- 
sayait de  gagner  la  Suisse  ,  transféré  à  Pa- 
ris, et  décapité  le  51  octobre  de  la  même 
année ,  à  l'âge  de  trente-neuf  ans.  Il  était 
d'une  constitution  faible  ,  d'une  taille  au- 
dessous  de  la  moyenne ,  un  peu  contrefait  ; 
sa  figure  était  pâle  et  son  air  triste  ;  la  sim- 
plicité de  son  habillement  était  extrême, 
et  il  fut  un  des  premiers  à  adopter  la  coif- 
fure sans  poudre.  Comme  écrivain,  Bris- 
sot  avait  un  talent  fort  médiocre ,  et  fit 
beaucoup  de  mal  avec  peu  de  moyens.  Les 
meilleurs  articles  de  son  journal  n'étaient 
pas  de  lui ,  mais  de  son  secrétaire  Girey 
Dupré ,  qui  fut  décapité  quelque  temps 
après  son  patron.  On  peut  considérer 
Brissot  comme  un  des  hommes  publics 
dont  l'indiscrète  philantropie  contribua  le 
plus  à  l'insurrection  des  nègres  et  par 
conséquent  à  la  ruine  de  Saint-Domingue. 
Les  principaux  ouvrages  de  ce  révolution- 
naire sont  :  |  Moyens  d'adoucir  la  rigueur 
des  lois  pénales  en  France  sans  nuire  à  la 
sûreté  pub'ique ,  ou  -discours  couronnés 
par  l'académie  de  Châlons-sur-Marne  en 
1780,  Châlons,  1781,  in-8°  ;  l'un  de  ces 
discours  est  de  F.-P.  Brissot ,  et  l'autre  de 
M.  Bernardi.  Le  premier  fut  réimprimé 
sous  ce  titre  :  Le  sang  innocent  vengé,  ou 
discows  sur  la  réparation  due  aux  accu- 
sés irmocens ,  etc.  ;  |  Un  indépendant  de 


l'ordre  des  avocats  sur  la  décadence  du 
barreau  en  France ,  1781,  in-8°;  |  De  la 
vérité ,  ou  méditation  sur  les  moyens  de 
parvenir  à  la  vérité  de  toutes  les  connais  ■ 
sa?ices  humaines.  L'auteur  dans  cet  o\i- 
vrage  donne  une  fausse  définition  de  la 
vérité ,  en  l'établissant ,  ce  qui  est  confor- 
me au  témoignage  des  sens  ;  |  Le  Phila- 
dclphien  à  Genève  1 1783 ,  in-8°;  |  Théorie 
des  lois  criminelles,  1781,  2  vol.  in-8°; 
|  Bibliothèque  philosophique  du  législa- 
leur,  du  politique ,  du  jurisconsulte ,  1782- 
1786 ,  10  vol.  in-8°  ;  |  Tableau  de  la  situa- 
tion actuelle  des  Anglais  dans  les  Indes 
occidentales  ,  et  tableau  de  l'Inde  en  gé- 
néral, 1784-1785,  m-8°;  |  Tableau  du 
lycée  de  Londres,  ou  tableau  de  l'état 
présent  des  sciences  en  Angleterre  ,  in-8°  ; 
|  Examen  critique  des  voyages  dans  l'A- 
mérique septentrionale ,  par  le  marquis 
de  Cbastelux ,  1786 ,  in-8°  ;  |  Voyages  en 
Europe ,  en  Asie  et  en  Afrique ,  traduits 
de  l'anglais  de  Makintosh,  avec  des  notes, 
1786  et  1791 ,  2  vol.  in-8°  ;  j  Lettres  philo- 
sophiques et  politiques  sur  l'histoire  de 
l'Angleterre,  1786  et  1790,  2  vol.  in-8°. 
Ce  sont  les  lettres  attribuées  à  lord  Lyttle- 
ton  traduites  par  Madame  Brissot ,  avec 
des  notes  de  son  mari  ;  |  De  la  France  et 
des  Etats-Unis ,  ou  de  l'importance  de  la 
révolution  de  V Amérique  pour  le  bonheur 
de  la  France ,  1787,  in-8°;  traduit  en  an- 
glais en  1788;  Clavière  a  pris  part  à  cet 
ouvrage  ;  |  Des  administrations  provin- 
ciales. Ce  mémoire,  qui  fut  présenté  au  roi 
par  Turgot,  est  suivi  des  Observations  d'un 
républicain ,  1788,  in-8°;  les  observations 
sont  de  Brissot  ;  plusieurs  exemplaires  de 
ce  livre  sont  intitulés  Œuvres  posthumes 
de  Turgot;  |  Nouveau  voyage  dans  les 
Etals-Unis  de  l'Amérique  septentrionale  , 
1791 ,  5  vol.  in-8°.  Cet  ouvrage  a  été  tra- 
duit en  anglais,  en  hollandais  et  en  aile* 
mand.  La  Vie  de  Brissot  se  trouve  à  la  tête 
du  1er  volume  ;  cette  vie ,  traduite  séparé- 
ment en  anglais,  a  été  publiée  en  1794, 
in-8°;  la  plus  considérable  de  ses  brochu- 
res est  celle  qui  parut  en  1789 ,  sous  ce  ti- 
tre  :  Plan  de  conduite  pour,  les  députés 
du  peuple  aux  états-généraux  ;  \  Rome 
jugée,  ou  V autorité  législative  du  pape 
anéantie,  1784 ,  in-12  ,  1791 ,  in-8°. 

*  BRISTOW  (  Riciiaud  ) ,  écrivain  ca- 
tholique, né  Worcester  en  1558,  vint  à 
Douai,  et  y  fut  reçu  docteur  en  théo- 
logie. Le  cardinal  Alan  le  prit  sous  sa  pro- 
tection ,  et ,  en  son  absence  ,  le  mit  à  la 
tête  du  collège.  Il  ruina  sa  santé  à  force 
de  travail;  on  lui  conseilla  l'air  natale  et 
ko  ► 


BRI  57 

fl  mourut  dans  sa  patrie  en  1G81.  On  a  de 
tui  :  |  Motifs  de  ma  conversion;  \  Répli- 
que du  docteur  Fulke  sur  le  purgatoire  ; 
|  Cinquante-une  demandes  proposées  aux 
hérétiques  par  les  catholiques  ;  \  Méri- 
tâtes aureœ  S.  IL  ecclep.  ;  |  Tabula  in 
Summam  theol.  Thom.  Aquinatis. 

BRITANMCUS,  fils  de  l'empereur 
Claude  et  de  Messaliue,  fut  exclu  de  l'em- 
pire par  les  artifices  d'Agrippine ,  se- 
conde femme  de  Claude  et  mère  de  Néron, 
sur  lequel  elle  voulait  le  faire  tomber.  Ce 
prince  fit  empoisonner  Britannicus  dans 
un  repas.  Il  fut  enterré  la  nuit  d'après  , 
en  simple  particulier,  l'an  55  de  J.-C. 
Une  grosse  pluie  ,  survenue  lorsqu'on  le 
portait  au  tombeau ,  effaça  le  blanc  dont 
Néron  avait  fait  masquer  son  visage,  pour 
cacher  l'effet  du  poison  qui  l'avait  ex- 
trêmement noirci. 

BRITAIVIMCUS  (  Jeax),  professeur  de 
belles-lettres  à  Palazzolo ,  sa  patrie ,  dans 
le  Bressan ,  laissa  des  notes  estimées  sur 
Juvénal,  sur  Perse,  Stace,  Ovide.  Il  a 
écrit  aussi  le  panégyrique  du  cardinal 
Cajétan.  Il  mourut  en  1520. 

BRITO  (  Bernard  de  ),  cistercien, 
historiographe  du  royaume  de  Portugal, 
naquit  dans  la  ville  d'Almeida ,  en  1509  , 
et  mourut  en  1617.  On  a  de  lui  :  j  Monar- 
chia  Lusitana,  8  vol.  in-fol.,  Lisbonne, 
1597-1683.  C'est  une  histoire  de  Portugal 
qui  remonte  fort  haut.  Elle  est  écrite  avec 
élégance,  quoique  par  différentes  mains. 
Les  Pères  Antoine  et  François  Brandano , 
ses  confrères ,  l'ont  poussée  jusqu'à  l'an 
1525;  enfin  elle  a  été  continuée  jusqu'à 
Van  1556 ,  par  le  Père  Raphaël  de  Jésus. 
Brito  n'est  auteur  que  des  2  premiers  volu- 
mes. |  Eloges  des  rois  de  Portugal,  avec 
leurs  portraits  ,  1603,  in-4°.  |  Géographie 
ancienne  du  Portugal.  \  La  C/ironique  de 
l'ordre  de  Citeaux  ,  Lisbonne ,  1602  ,  in- 
fol.  |  Guerra  Brasilica,  Lisbonne  ,  1675  , 
in-fol.  —  Il  ne  faut  pas  le  confondre  avec 
Diego  de  BRITO ,  né  aussi  à  Almeida , 
dont  nous  avons  un  livre  intitulé  Com- 
mentaria  in  rub.  et  litul.  de  Locato  et 
Co?iducloJ  de  Emphiteusi  traclatus*  Lis- 
bonne, 1619,  in-fol. 

*  BRITO  (  le  Père  de  ) ,  jésuite  portu- 
gais et  missionnaire  aux  Indes,  fut  en- 
voyé dans  le  Maduré  par  ses  supérieurs. 
Il  était  à  la  tète  de  la  mission  dans  le 
Maravas,  lorsqu'une  violente  persécution 
suscitée  contre  lui  l'obligea  de  se  retirer, 
avec  l'intention  néanmoins  de  revenir 
bientôt  prendre  le  soin  d'une  nombreuse 
chrétienté  qu'il  avait  établie  avec  des 


0  BRI 

soins  et  des  fatigues  incroyables.  H  était 
sur  le  point  de  retourner  au  milieu  de 
ces  peuples  et  de  s'exposer  à  tout  plutôt 
que  de  les  abandonner ,  lorsqu'il  fut  en- 
voyé en  Europe  en  qualité  de  procureur- 
général  de  la  mission  de  Maduré.  Il  arriva 
à  Lisbonne  en  1687.  Le  roi  de  Portugal, 
dont  il  était  avantageusement  connu,  vou- 
lut l'altacber  à  sa  cour  par  des  emplois 
importans  ;  mais  le  saint  homme ,  qui 
ne  respirait  que  la  conversion  des  in- 
fidèles ,  s'en  excusa  fortement ,  et  ayant 
terminé  les  affaires  dont  il  était  chargé,  il 
reprit  avec  empressement  la  route  de  Goa.' 
Ayant  été  de  nouveau  envoyé  au  Maduré 
avec  la  charge  de  visiteur,  il  se  hâta  d'en 
remplir  les  devoirs ,  sans  même  se  dé- 
lasser des  fatigues  d'un  long  voyage  et 
d'une  maladie  grave  qu'il  avait  éprouvée 
en  route.  Use  rendit  ensuite  auprès  de  ses 
chers  Maravas  ,  et  parcourut  toutes  leurs 
églises  avec  un  zèle  infatigable.  Il  fut 
souvent  en  danger  de  perdre  la  vie  par 
l'effet  de  la  haine  des  prêtres  idolâtres , 
et  eut  à  supporter  de  grandes  incommo- 
dités ;  mais  les  bénédictions  que  Dieu  ré- 
pandait sur  ses  travaux  apostoliques  sou- 
tenaient son  courage.  Depuis  son  retour 
d'Europe  jusqu'à  sa  mort,  il  baptisa  huit 
mille  catéchumènes,  et  convertit  le  princo 
Teriadcven,  un  des  principaux  seigneurs 
du  pays.  Celte  conversion  ,  qui  fut  écla- 
tante, causa  la  perte  du  Père  de  Brito. 
D'après  les  principes  du  christianisme, 
le  nouveau  chrétien  avait  déclaré  à  toutes 
ses  femmes  qu'il  ne  lui  était  plus  permis 
de  les  garder  et  qu'il  n'en  aurait  plus 
qu'une  seule,  mais  qu'il  prendrait  soin 
de  celles  qu'il  était  forcé  d'abandonner. 
Une  de  ces  femmes ,  plus  irritée  que  les 
autres  ,  porta  ses  plaintes  au  souverain 
du  pays ,  dont  elle  était  nièce ,  et  ac- 
cusa de  son  malheur  le  Père  de  Brito, 
qu'elle  traita  de  magicien.  Les  brames 
saisirent  celte  occasion  pour  exercer  leur 
vengeance  contre  le  missionnaire.  On  se 
saisit  de  sa  personne;  il  fut  conduit  de- 
vant le  prince,  et  après  avoir  subi  les 
traitemens  les  plus  cruels ,  il  fut  immolé 
en  haine  de  la  foi.  Il  vit  arriver  l'instant 
de  son  supplice  avec  la  joie  d'un  voya- 
geur qui  arrive  au  terme  d'une  longue 
route,  embrassa  ses  bourreaux  et  reçut 
le  coup  mortel  avec  un  visage  si  pénétré 
de  dévotion,  que  les  païens  eux-mêmes 
en  furent  touchés.  Ce  fut  le  h.  février 
1693.  Le  Père  de  Beauvais  a  donné  sa  Vie, 
Paris ,  1746  ,  in-12. 

*  BRIVES  (  le  père  Martial  de  ) ,  ca- 


BRI 


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BRO 


pucin,  né  à  Brives ,  mourut  en  1656.  Son 
nom  de  famille  était  DUMAS.  On  a  de  lui 
des  Poésies,  imprimées  sous  te  titre  de 
Parnasse  séraphique ,  ou  tes  derniers 
soupirs  de  la  muse  du  R.  P.  Martial  de 
Brives,  capucin,  etc. ,  Lyon  ,  1760  ,  in-8°. 

*  BRITZ- MARTIN  EZ  (  don  Juan  ) , 
abbé  d'un  monastère  de  Saint-Jean-de-la- 
Pena  dans  les  Pyrénées ,  né  à  Saragosse  , 
a  écrit  Y  Histoire  de  la  fondation  et  des 
antiquités  de  son  couvent ,  Saragosse  , 
1620  ,  in-fol.  ;  |  et  la  Relation  des  obsè- 
ques de  Philippe  PT  d'Aragon,  1599,  en 
espagnol. 

*  BRIZARD  (Gabriel)  ,  avocat  et  pre- 
mier commis  à  la  chancellerie  du  Saint- 
Esprit  ,  se  distingua  par  des  succès  dans 
les  lettres  ;  obligé  de  vivre  d'économie , 
il  avait  adopté  l'habit  violet,  comme 
inoins  dispendieux,  ce  qui  le  fit  nommer 
l'abbé ,  titre  qu'il  ne  refusait  pas  et  qu'il 
a  pris  même  quelquefois  dans  ses  ouvra- 
ges. On  a  de  lui  un  assez  grand  nombre 
d'ouvrages  :  |  Eloge  de  Charles  V,  roi  de 
France,  in-8  ;  ce  discours  concourut  à 
l'académie  avec  celui  de  La  Harpe  qui 
fut  couronné  ;  |  Histoire  généalogique  de 
la  maison  de  Deaumont  en  Dauphiné, 
avec  les  pièces  justificatives.  Cet  ou  v rage 
fut  imprimé  à  l'imprimerie  du  cabinet  du 
roi ,  en  2  volumes  in-folio ,  aux  frais  de 
M.  Christophe  de  Bcaumont,  archevêque 
de  Paris ,  et  envoyé  par  lui  aux  maisons 
souveraines  de  l'Europe  ;  d'Hozier  de  Sé- 
rigni  en  fait  un  grand  éloge  ;  |  Fragment 
de  Xénophon ,  nouvellement  trouvé  dans 
les  ruines  de  Palmyre  par  un  anglais,  tra- 
duit du  grec  en  français,  Paris,  1783,  in- 
24.  C'est  une  fiction  assez  ingénieuse  sur 
la  révolution  d'Amérique.  |  De  l'amour  de 
Henri  I  y  pour  les  lettres,  Paris  ,  1785  et 
4786,  in-18;  |  Eloges  historiques  de  l'abbé 
de  Mabhj ,  Paris,  1787,  in-8°,  discours 
couronné  à  l'académie  des  belles-lettres;  on 
le  trouve  à  la  tèle  des  œuvres  de  Mably. 
|  Du  massacre  de  la  Saint-Rarlhélemy , 
et  de  l'influence  des  étrangers  en  France 
durant  la  ligue;  Discours  historique  avec 
les  preuves,  Paris,  1790,  2  part.  in-8°. 
L'auteur  a  pour  but  dans  cet  ouvrage  de 
prouver  que  les  reproches  que  l'on  a  faits 
à  la  France  à  propos  de  ce  massacre ,  ne 
retombent  pas  entièrement  sur  elle ,  mais 
doivent  être  attribués  en  grande  partie 
aux  étrangers ,  dont  l'influence  en  France 
était  grande  alors.  |  Discours  historique 
sur  le  caractère  et  la  politique  de  Louis 
XI.  Brizard  a  composé  plusieurs  autres 
ouvrages,   entr'autres  une  Histoire  des 


Français,  mais  qui  est  demeurée  impar- 
faite et  manuscrite.  Il  était  très  lié  avec 
Blin  de  Sainmore,  qu'il  fit  son  exécuteur 
testamentaire.  Après  avoir ,  dans  les  com- 
mencemens,  adopté  les  principes  de  la  ré- 
volution ,  il  vit  avec  une  douleur  si  vive 
tous  les  excès  et  les  crimes  où  l'on  se 
porta  pour  la  consommer,  qu'il  en  mourut 
de  douleur  le  23  janvier  1793 ,  deux  jours 
après  la  mort  de  l'infortuné  LoHis  XVI. 

BROCARD  ou  BURCARD  (Bonaven- 
ture)  ,  jacobin  du  13e  siècle ,  s'est  fait  un 
nom  par  une  savante  Description  de  la 
Terre-Sainte ,  en  latin  ,  Cologne  ,  1624 , 
in-8°.  Le  Clerc  l'a  réimprimée  à  la  fin  de 
son  édition  de  l'Onomasticon  de  Bonfré- 
rius,  Amsterdam,  1707,  in-fol.  (i) 

BROCARD  (  Jacques  ) ,  né  à  Venise  au 
16e  siècle  r  embrassa  le  calvinisme ,  tâcha 
de  prouver  que  les  principaux  événemens 
de  son  temps  se  trouvaient  prédits  dans 
les  saintes  Ecritures  ,  et  en  fit  des  appli- 
cations à  la  reine  Elizabelh.  à  Philippe  II, 
au  prince  d'Orange  ,  qui  sont  consignées 
dans  l'ouvrage  qui  a  pour  titre  Mtjstica 
et  prophelica  interpretatio  Geneseos , 
Leyde,1584,  in-4°.  Idem  ,  Levitici,  in-8°. 
Mais  cette  liberté  fut  condamnée  par  ceux 
même  de  sa  communion  ,  en  1581.  Il  fut 


(i)  L'abbé  Feller  a  confondu  Bonaventnre  Bro- 
card, dont  le  vrai  nom  est  Brochard,  avec  Brocard  , 
jacobin  allemand  ,  qui  lui  est  ante'rieur  de  deux  siè- 
cles et  demi.  Celui-ci,  né  à  Strasbourg,  selon  quel- 
ques-uns, et  suivant  Reineccius  en  Westphalie, 
entra  dans  l'ordre  des  dominicains,  et  fut  envoyé 
vers  l'an  ta3a,  dans  ta  Terre-Sainte,  où  il  passa  dix 
ans  au  monastère  de  Sion  ;  ce  qui  te  fit  surnommer 
Brocardas  de  monte  Sion.  Il  parcourut  la  Palestine  , 
vit  des  villes  et  des  villages  qui  n'existent  plus  au- 
jourd'hui, et  décrivit  avec  tant  d'exactitude  des  végé- 
taux étrangers  à  nos  climats  ,  qu'on  les  reconnaît  sans 
peine,  quoiqu'il  n'ait  pas  donné  leurs  noms.  La  re- 
lation de  ce  voyage  fut  imprimée  pour  la  première 
fois  dans  le  livre  intitulé  :  Calena  Itmporum,  te-u 
Rtidt'mcntum  novillorum  ,  espèce  d'histoire  univer- 
selle, publiée  à  Lubeck  ,  en  i4?5,  en  a  volumes  in- 
folio, et  qui  a  été  traduite  en  français  gothique, 
sous  le  titre  de  Mer  des  Histoires,  Paris,  1488,  a  vol. 
in-fol.  Cette  édition  est  préférable  à  celles  qui  furent 
faites  postérieurement,  et  qu'on  a  grossies  par  des 
additions  de  tout  genre.  On  trouve  dans  celle-ci  uni 
carte  Je  la  Terre-Samte ,  gravée  en  bois,  la  plua 
ancienne  peut-être  de  cette  sorte  qui  existe.  La  rela- 
tion de  Brocard  a  été  imprimée  séparément  à  An- 
vers en  1 536  ,  sous  le  titre  de  :  Loeorum  Terrai  Sanclm 
exactissima  descriplio ,  etc.,  à  Paris,  en  1 544  *  et  * 
Cologne,  en  iSa4.  —  Bonavenlure  Brochard  ,  cor» 
délier,  fit  un  voyage  en  Terre-Sainie  dans  le  seizième 
siècle,  et  en  a  aussi  écrit  une  relation  différente  de 
celle  qui  fut  donnée  à  Cologne  en  1634  par  Philippe 


r,   sous  les    nom  et   prénom   de 


gteui 


tandis  qu'elle    n'est  autre  que   celle   «lu  jacobin   alle- 
mand Biôcard  ,  ou  BurchardL 


mio  s: 

ensuite  obligé  de  quitter  successivement 
sa  patrie  et  la  France ,  où  il  fut  accusé 
d'exciter  des  troubles,  et  se  relira  à  Nu- 
remberg, où  il  mourut.  Bongars  parle  de 
lui  dans  ses  lettres. 

*  BROCARIO  (  Arnaud-Guillaume  de), 
habile  imprimeur  espagnol ,  de  l'univer- 
sité d'Alcala ,  fut  chargé  d'imprimer  la 
fameuse  Bible  polyglotte  du  cardinal 
Ximénès  de  Complute  ou  d'Alcala.  Cette 
Bible  appelée  Biblia  complulensis ,  et  qui 
est  l'ouvrage  le  plus  considérable  qui  eût 
été  publié  jusqu'alors ,  consiste  en  6  gros 
vol.  in-fol.  C'est  la  première  et  la  plus 
rare  de  toutes,  et  c'est  ce  qui  la  fait  re- 
chercher, car  elle  est  bien  moins  com- 
plète que  celles  qui  ont  p»*ru  depuis.  Cha- 
que page  est  partagée  en  trois  colonnes  ; 
la  lre  offre  le  texte  hébrsu  ;  la  2e  la  vul- 
gate,  en  caractères  gothiques  ;  la  5e  le  grec 
des  Septante  ;  le  texte  chaldéen  se  trouve 
à  la  marge  extérieure,  et  la  version  latine 
vis-à-vis.  Les  4  derniers  volumes  furent 
achevés  en  1517;  ils  contiennent  l'ancien 
Testament  en  grec  ,  hébreu,  cbaldécn  et 
latin  ;  le  5e  renferme  le  nouveau  Testa- 
ment imprimé  pour  la  première  fois  en 
grec  et  en  latin  ;  le  6e  un  vocabulaire  hé- 
braïque et  chalda'ique.  Léon  X  fixa  le  prix 
de  la  polyglotte  par  feuilles  à  6  ducats  et 
demi  d'or  (40  fr.  de  notre  monnaie  de  ce 
temps-là  ).  Cette  polyglotte  est  rare ,  et  le 
prix  en  est  plus  élevé  que  celui  des  poly- 
glottes de  Le  Jay  et  de  Walton.  Un  exem- 
plaire imprimé  sur  vélin  a  été  acheté 
12,000  fr.  par  M.  Maccarthy  à  la  vente  de 
Pinelli ,  et  a  été  revendu  16,000  fr. 

* BROCCHI  (  Joseph-Marie ) ,  ecclé- 
siastique italien  ,  né  à  Florence  en  1687  , 
et  mort  le  8  juin  1751 ,  obtint  en  1716  le 
prieuré  de  Sainte-Marie-aux-Ormes.  L'ar- 
chevêque de  Florence  qui  connaissait  son 
mérite ,  lui  confia  la  direction  du  sémi- 
naire des  jeunes  ecclésiastiques.  Il  était 
protonotaire  apostolique,  et  membre  de  la 
société  connue  sous  le  nom  de  la  Colom- 
baria.  On  lui  doit  plusieurs  ouvrages  : 
|  des  Principes  de  théologie  morale ,  en 
latin;  |  Traité  sur  l'occasion  prochaine 
du  péché  s  sur  les  récidives,  en  italien; 
|  les  Constitutions  du  séminaire  ds  Flo- 
rence ,  et  plusieurs  Vies  des  saints. 

*  BROCIIARD  (  l'abbé  Micuel),  pro- 
fesseur au  collège  Mazarin,  mort  en  1728 
ou  1729,  était  un  de  ces  amateurs  qui  pas- 
sent leur  vie  à  se  former  une  collection 
délivres  rares.  Il  a  contribué  beaucoup  , 
avec  Gabriel  Martin  ,  à  perfectionner  la 
bibliographie,  ou  l'art  de  dresser  des  ca- 


2  BÎIO 

talogues  de  bibliothèque ,  par  ordre  de 
matières.  C'est  lui  qui  dressa  la  Riblio- 
theca  Fayana ,  que  G.  Martin  imprima  à 
Paris ,  1725 ,  in-8°,  en  y  joignant  uno 
bonne  table  des  auteurs.  Il  avait  fait  aussi 
le  Catalogue  de  sa  propre  bibliothèque, 
qui  fut  publié  de  même  par  Martin,  avec 
une  table  d'auteurs ,  sous  le  titre  de  Mu- 
sœum  selectum,  Paris  ,  1725,  in-8°. 

•  BRODE  AU  (Victor),  valet  de  cham- 
bre et  secrétaire  de  François  Ier,  naquit  à 
Tours ,  et  mourut  en  1540.  Il  composa 
quelques  Pièces  de  vers,  et  un  poème  en 
vers  de  dix  syllabes  intitulé  •■  Louanges  de 
J.-C.  notre  Sauveur,  Lyon  ,  1540 ,  in-8°, 
plusieurs  fois  réimprimé. 

BRODE  AU  (Jean),  chanoine  de  Tours, 
sa  patrie,  y  mourut  en  1565.  Sadolet , 
Bembo,  Manuce,  Danès,  et  plusieurs  au- 
tres savans,  lui  donnèrent  leur  amitié  et 
leur  estime.  Son  principal  ouvrage  est  un 
recueil  d'observations  et  de  corrections  de 
beaucoup  d'endroits  de  différens  auteurs 
anciens.  Ce  recueil,  publié  sous  le  titre  de 
Miscellanea,  1609,  in-8°,  2  part. ,  se  trouve 
dans  le  Trésor  de  Grutter.  Brodeau  joi- 
gnait l'étude  des  mathématiques  à  celle 
des  belles-lettres. 

BRODEAU  (Julien)  ,  avocat  au  parle- 
ment de  Paris,  était  originaire  de  Tours. 
On  a  de  lui  |  des  Notes  sur  les  arrêts  de 
Louet,  1712 ,  2  volumes  in-fol.  ;  |  la  Vie  de 
Charles  Dumoulin,  1654,  in-4°,  et  |  des 
Commentaires  sur  la  coutume  de  Paris , 
1669  ,  2  vol.  in-fol.  Il  mourut  à  Paris  ,  en 
1655. 

BRODÉRICUS  (  Etienne  ) ,  esclavon 
d'origine  ,  évèque  de  Watzen  ,  se  rendit 
fort  utile  àLouis  II,  roi  de  Hongrie,  qui, 
trop  jeune  et  trop  faible  pour  s'opposer 
aux  Turcs  qui  menaçaient  de  fondre  sur 
son  royaume,  était  en  danger  de  voir 
tout  son  pays  au  pouvoir  de  ces  barbares. 
Brodéricus  fut  envoyé  à  Rome  pour  y 
demander  du  secours ,  et  fut  chargé  en 
même  temps  de  se  rendre  auprès  de  Fran- 
çois Ier, détenu  alors  prisonnier,  pour  lui 
porter  de  la  part  de  Louis  II,  des  motifs 
de  consolation  ,  et  lui  offrir  tous  les  ser- 
vices dont  il  était  capable.  De  retour  dans 
sa  patrie,  il  fut  nommé  chancelier,  et  se 
trouva  ensuite  à  la  bataille,  de  Mohatz  avec 
le  roi,  qu'il  ne  quitta  pas  et  qui  y  périt. 
Après  la  mort  de  Louis  II,  Brodéricus  sui- 
vit le  parti  de  Jean  Zapol  (  voyez  ce  mot), 
et  prêta  son  ministère  à  son  inaugura- 
tion. Il  mourut  en  1540.  C'était  un  prélat 
aussi  recommandable  par  son  génie  cl  ses 
connaissances,  que  par  le  talent  supérieur 


BRO  b 

qu'il  avait  à  concilier  les  intérêts  des 
princes  et  les  ramener  à  la  concorde.  On 
a  de  lui  une  histoire  de  la  bataille  de 
Mohalz ,  sous  ce  titre  De  clade  Ludovi- 
cill,  régis  Uungariœ ,  dans  laquelle  périt 
la  principale  noblesse  de  Hongrie.  Sembuc 
l'a  donnée  en  entier  au  public  à  la  suite 
de  l'Histoire  de  Bonfinius,  Francfort,  1581, 
Hanovre  ,  1606.  Elle  se  trouve  aussi  dans 
le  second  tome  de  la  Collection  des  écri- 
vains de  l'histoire  d'Allemagne,  de  Scha- 
dius,  Bàle,  1574.  Les  savans  de  ce  temps- 
là  ont  parlé  de  Brodéricus  avec  éloge,  et 
Nicolas  Olaus  a  orné  son  tombeau  de  l'é- 
légie suivante  : 

Hic  jaret  inclusus  gelida  Brodéricus   în  um.i, 

Cui  decus ,  et  oomen  pulchra  corona  dédit. 
Pliœbus  in  sthereo  donec  clarescet  Olympo, 

Dum  tenebras  densas  Cynthia  clara  fugat, 
Semper  erit  Stepliani  virtus  ,  doctrina  perennis  , 

Saocta  fides,  probitas  et  pietalis  amor. 
l'ontificis  vixit  sacro  decoratus  hoDOie  , 

Cujus  in  officio  sedulus  usque  fuit. 
O  felix  claros  patriae  qui  vidit  honores, 

Illius  at  cladera  cernere  non  voluit  ! 
Dum  nullam   potuit  nostris  adbibere  medelam, 

Hisce  malis  subito  migrât  ad  astra  poli. 

BROGLIE  (  Victor-Maurice  ,  comte 
de  ),  d'une  famille  originaire  de  Piémont, 
servit  avec  gloire  dans  toutes  les  guerres 
de  Louis  XIV,  et  obtint  le  bâton  de  maré- 
chal de  France  en  1724.  Il  mourut  le  4 
août  1727 ,  à  80  ans. 

BROGLIE  (François-Marie  ) ,  fils  du 
précédent,  aussi  maréchal  de  France,  mé- 
rita cet  honneur  par  l'intelligence  et  la 
bravoure  qu'il  montra  en  Italie  dans  les 
campagnes  de  1753  et  de  1754.  Ce  fut  cette 
dernière  année  qu'il  reçut  le  bâton.  Le 
roi  érigea  en  sa  faveur  la  baronnie  de 
Ferrières  en  Normandie  en  duché ,  sous 
Je  nom  de  Broglic.  Il  commandait  l'ar- 
mée française  destinée  à  protéger  la  Bo- 
hème ,  et  sa  retraite  fut  la  cause  de  sa 
ïisgrâce.  Il  mourut  dans  l'exil  le  20  mai 
1745. 

*  BROGLIE  (Victor-François  duc  de), 
maréchal  de  France,  chevalier  des  ordres 
du  roi,  etc. ,  né  le  19  octobre  1718  ,  était 
le  fils  aîné  du  duc  François-Marie.  Il  ser- 
vit dans  les  armées  d'Italie,  et  notamment 
en  Allemagne,  dans  la  guerre  de  sept  ans, 
ge  couvrit  de  gloire  à  Guastalla,  à  Prague, 
à  Maastricht.  Avec  vingt-huit  mille  hom- 
mes, il  battit,  en  1758,  à  Berghen,  40,000 
Prussiens  et  Hessois,  et  les  força  d'éva- 
cuer la  Franconie.  Il  fut  créé  prince  de 
l'empire  pour  lui  et  ses  descendans  par 
l'empereur  François  Ier,  en  1759.  Dans  la 
même  année,  et  sous  le  commandement 


73  BRO 

du  maréchal  de  Contades ,  il  chassa  les 
ennemis  de  Cassel  et  Munden  ,  s'empara 
de  Minden ,  y  fit  prisonnier  le  général 
Zastrow,  et  par  la  prise  de  cette  ville  ,  il 
pénétra  dan.»  l'électorat  de  Hanovre. 
Nommé  commandant  en  chef  de  l'armée 
d'Allemagne  le  23  octobre  1759,  et  créé 
maréchal  de  France  le  16  décembre  sui- 
vant ,  à  l'âge  de  42  ans ,  il  fit  les  campa- 
gnes de  17G0  et  1761,  et  le  10  juillet  de  la 
première  année,  il  remporta  une  victoire 
complète  à  Corbach.  Son  armée  se  réunit 
à  celle  de  Soubise,  mais  le  peu  de  concert 
entre  ces  deux  généraux  donna  plusieurs 
avantages  aux  ennemis.  La  perte  de  la 
bataille  de  Willinghausen  augmenta  leur 
mésintelligence.  L'affaire  fut  portée  à  la 
décision  du  conseil  d'état,  et  le  maré- 
chal fut  exilé  en  1762.  Deux  ans  après3 
Louis  XV  le  nomma  gouverneur  général 
du  Messin.  Louis  XVI  l'appela  auprès  de 
lui  en  1789,  le  créa  ministre  de  la  guerre, 
et  lui  confia  le  commandement  de  sa  garde 
particulière.  Le  maréchal ,  prévoyant  les 
malheurs  qui  menaçaient  le  roi  et  la  mo- 
narchie, ne  cessa  de  donner  à  Louis  XVI 
les  conseils  les  plus  énergiques  et  les  plus 
propres  à  arrêter  les  entreprises  des  mal- 
veillans;  mais  ce  monarque,  ou  par  une 
trop  aveugle  confiance,  ou  par  une  bonté 
extrême,  ne  voulut  jamais  les  suivre.  Le 
maréchal  quitta  la  France,  et  se  retira  à 
Luxembourg,  où  il  fut  reçu  avec  les  plus 
grandes  distinctions  par  le  maréchal  autri- 
chien de  Bender.  Joseph  II  approuva  cette 
réception,  honorable ,  en  rendant  à  M.  de 
Broglie  de  nouveaux  témoignages  d'estime 
et  de  considéralion.  Lors  de  l'expédition  de 
la  Champagne,  en  1792,  il  se  mit  à  la  tête 
d'un  corps  d'émigrés.  Son  âge  et  ses  infir- 
mités l'obligèrent  dans  la  suite  à  quitter 
les  armées.  Il  mourut  à  Munster  en  1804, 
à  l'âge  de  86  ans.  On  trouve  une  relation 
de  ses  campagnes  d'Allemagne ,  extraite 
de  ses  propres  papiers,  dans  les  Mémoires 
historiques  sur  la  guerre  de  sept  ans. 
rédigée  par  M.  de  Bourcet ,  et  publiée  à 
Paris,  1792,  3  vol.  in-8°. 

*  BROGLIE  (  Charles-François,  comte 
de),  frère  du  précédent,  né  le  20  aoxil 
1719 ,  servit  quelque  temps  dans  les  ar- 
mées avec  distinction,  et  ses  talens 
diplomatiques  le  firent  nommer  par 
Louis  XV ,  en  1752 ,  son  ambassadeur 
auprès  de  l'électeur  de  Saxe ,  roi  de  Po- 
logne. La  maison  de  Saxe  ,  alors  menacée 
par  les  Russes ,  plaça  toute  sa  confianco 
dans  l'ambassadeur  français ,  qui  était 
revêtu  des  plus    amples    pouvoirs  par 


MIO 


574 


BRO 


Louis  XV  ,  avec  lequel  il  entretenait  une 
correspondance  particulière.  Il  était  aussi 
profond  politique  que  son  frère  était  grand 
général.  Durant  les  trois  ans  qu'il  demeura 
à  Varsovie,  les  affaires  de  la  Pologne  pri- 
rent un  aspect  favorable  et  mirent  ce 
royaume  à  l'abri ,  cl  des  révolutions  in- 
térieures ,  et  des  entreprises  de  l'ennemi 
au  dehors.  Tous  les  grands  et  les  person- 
nes les  plus  remarquables  se  rangèrent 
autour  de  l'ambassadeur  de  France  ,  dé- 
terminés à  seconder  ses  projets.  La  Polo- 
gne était  à  la  veille  d'avoir  un  gouverne- 
ment plus  fort  ,  des  lois  plus  sages ,  et 
une  existence  assez  solide  pour  en  impo- 
ser à  ses  ennemis  ;  mais  des  intrigues  de 
cour  renversèrent  tous  les  projets  de 
l'ambassadeur.  Il  fut  rappelé  et  emnloyé 
aux  armées  d'Allemagne  ,  où  il  servit 
sous  les  ordres  du  général  son  frère.  Il 
s'empara  de  Hall ,  se  lit  remarquer  à  la  ba- 
taille de  Mundcn ,  et  devenu  lieutenant- 
général  en  1700  ,  il  se  couvrit  d'honneur 
lors  de  lu  défense  de  Cassel  que  les  ennemis 
attaquèrent  vigoureusement.  A  la  paix, 
Louis  XV  le  nomma  directeur  du  ministère 
secret,  qui  correspondait  directement  avec 
le  roi ,  et  dont  l'objet  était  de  lui  proposer 
des  plans ,  et  de  l'instruire  sur  la  diffé- 
rente politique  que  suivaient  alors  les  ca- 
binets de  l'Europe.  Louis  XV  voulait  le 
bien  ;  mais  comme  les  conseils  du  comte 
de  Broglie  étaient  souvent  opposés  aux 
vues  de  ses  ministres,  dont  il  avait  ce- 
pendant besoin  pour  examiner  et  résou- 
dre les  questions  difficiles  que  le  comte 
lui  proposait ,  cette  correspondance  de- 
venait ou  sans  utilité  pour  le  monarque  , 
ou  dangereuse  pour  le  comte.  La  ja- 
lousie des  ministres  l'emporta,  et  de 
Broglie  fut  exilé  par  ordre  du  roi;  mais 
comme  il  était  véritablement  aimé  et 
estimé,  de  ce  prince  ,  il  en  reçut  aussitôt 
le  nouvel  ordre  de  continuer  sa  cor- 
respondance. Rappelé  à  la  cour ,  il  se 
déclara  contre  la  politique  du  cabinet 
français,  et  contribua  à  faire  exiler  le  duc 
de  Choiseul ,  qui  avait  le  portefeuille  des 
affaires  étrangères.  La  confiance  que 
Louis  XV  témoignait  au  comte  de  Bro- 
glie suscitait  à  ce  dernier  un  grand  nom- 
bre d'ennemis  :  aussi  il  fut  encore  exilé 
quelques  années  avant  la  mort  de  ce  mo- 
narque, et  mourut  en  1781,  presqu'en- 
tièrement  oublié,  après  avoir  eu  la  di- 
rection du  ministère  secret  pendant  17 
ans.  On  a  recuclli  une  partie  des  papiers 
de  cette  correspondance  ;  ils  peuvent  je- 
ter du  jour  sur  plusieurs  faits  imporlans 


du  règne  de  Louis  XV.  Rhulière  a  tracé 
le  portrait  suivant  du  comte  de  Broglie  : 
«  Pendant  son  séjour  à  Varsovie,  dit-il, 
»  il  se  montra  ce  qu'il  fut  dans  la  suite, 
»  ami  et  protecteur  ardent  et  fidèle ,  en» 
»  nemi  implacable ,  opiniâtre  ;  livré  sans 
»  relâche  et  sans  trêve  à  la  fureur  de  set 
»  animosités ,  passionné  pour  la  gloire  du 
»  nom  français,  ne  connaissant  ni  le  luxe, 
»  ni  la  mollesse  ,  ni  les  délassemens  do 
»  l'esprit  ;  capable  du  plus  profond  secret 
»  dans  ses  longues  et  impénétrables  intri- 
»  gués ,  mais  sans  dissimulation  dans  la 
»  société  ;  enfin ,  dans  ce  rôle  singulier 
»  où  il  fut  conduit  par  les  conjonctures, 
»  affectant  et  devant  affecter  la  rectitude 
»  d'un  censeur  ;  portant  la  sévérité  de  ses 
»  principes  jusqu'à  l'exigence  la  plus  ri- 
»  goureuse  dans  les  moindres  devoirs , 
»  jusqu'à  la  pédanterie  dans  les  affaires  ; 
»  portant  la  justice  même  à  cet  excès  où 
«elle  cesse  d'être  juste;  ne  pardonnant 
»  rien  à  ceux  qui  ne  lui  étaient  pas  dé- 
»  voués,  plus  indulgent  et  plus  facile  pour 
»  ceux  qui  lui  consacraient  leurs  talens; 
»  ne  s'étant  jamais  trompé  dans  le  choix 
»  des  hommes  qui  secondèrent  ses  des- 
»  seins,  quoique  les  événemens  l'aient 
»  presque  toujours  trompé  dans  ses  vues.  » 
*  BROGLIE  (Claude-Victor,  prince 
de  ) ,  fils  de  Victor-François ,  maréchal  de 
France,  naquit  en  1757,  et  entra  très 
jeune  au  service.  La  noblesse  de  Colmar 
et  de  Schelestadt  le  députa  aux  étals 
généraux  de  1789.  Il  se  réunit  au  tiers 
état ,  et  suivit  presque  toujours  l'impul- 
sion des  différens  partis  qui,  tour  à  tour, 
dominaient  dans  l'assemblée.  Lorsqu'on 
porta  la  loi  contre  les  émigrés,  il  demanda 
un  sursis  à  son  exécution  en  faveur  de 
son  père  ,  sur  lequel  il  avança,  en  fon- 
dant en  larmes ,  plusieurs  faits  que  le  ma- 
réchal crut  devoir  désavouer  par  une  lettre 
qu'il  rendit  publique.  Il  fut  ensuite  em- 
ployé comme  maréchal-de-camp  à  l'armée 
du  Rhin  ;  mais  ayant  refusé  de  reconnaître 
les  décrets  qui  suspendaient  le  roi ,  il  fut 
destitué  sur-le-champ.  Il  se  retira  à  Bour- 
bonneles-Bains,  d'où  il  écrivit  à  la  Con- 
vention pour  protester  de  son  patriotisme. 
De  retour  à  Paris ,  il  se  présenta  à  la 
barre ,  à  la  tète  de  la  députation  d'une 
section  des  Invalides.  Mais  il  fut  pres- 
qu'aussitôt  traduit  au  tribunal  révolution- 
naire, et  condamné  à  mort  le  27  juin 
1794 ,  à  l'âge  de  57  ans.  —  Son  frère  le 
prince  de  Revel ,  suivit  le  maréchal  son 
père  dans  l'émigration ,  et  mourut  à  Muns- 
ter en  1793 ,  âgé  de  30  ans. 


BRO 


878 


BRO 


•  BROGLIE  (Maurice- Jean- Made- 
leine de),  évoque  de  Gand  et  prince  du 
saint-empire  romain ,  né  le  5  septembre 
i766,  au  château  de  Broglie,  était  fils  du 
maréchal  duc  de  Broglie ,  que  l'empereur 
François  Ier  créa  prince  de  l'empire  par 
un  diplôme  de  1739.  Il  faisait  ses  études 
ecclésiastiques  au  séminaire  de  Saint- 
Sulpice,  lorsque  la  révolution  l'obligea 
d'émigrer  avec  son  père  qui  se  rendit  à 
Berlin.  Le  roi  Frédéric-Guillaume  fit 
au  maréchal  un  accueil  distingué,  et  ac- 
corda au  prince  Maurice  une  prévôté  au 
chapitre  de  Posen ,  dans  l'ancienne  Polo- 
gne. L'abbé  de  Broglie  rentra  en  France 
en  1803;  des  démarches  qullfit  dans  le 
but  de  recouvrer  des  propriétés  qui  n'a- 
vaient pas  été  vendues  firent  connaître  sa 
présence  dans  la  capitale  à  l'empereur  qui 
s'empressa  de  l'appeler  à  sa  cour  et  de  le 
nommer  son  aumônier.  En  180a,  il  fut 
nommé  à  l'évêché  d'Acqui  et,  en  1807 ,  à 
celui  de  Gand.  Il  avait  prodigué  des 
éloges  à  Bonaparte  dans  un  mandement 
à  l'occasion  de  la  victoire  d'Austerlilz. 
Mais  ce  sentiment  d'admiration  pour  l'u- 
surpateur ne  fut  pas  de  longue  durée,  et 
le  ministre  des  cultes  écrivait  dans  une 
lettre  du  10  avril  1809,  que  Napoléon 
était  mécontent  du  peu  d'attachement  que 
M.  de  Broglie  montrait  pour  sa  personne. 
Ce  prélat  se  vit  même  enlever  son  grand- 
vicaire  ,  malgré  tous  les  efforts  qu'il  fit 
pour  le  conserver.  En  1810,  la  croix 
d'honneur  fut  envoyée  à  M.  de  Broglie 
qui  la  refusa,  pensant  qu'il  ne  pouvait 
prêter  un  serment  quil'obligeait  à  soutenir 
l'intégrité  de  l'empire,  au  moment  même 
où  les  états  du  saint  Siège  venaient  d'y 
être  réunis,  et  il  motiva  son  refus  dans 
un  Mémoire  plein  de  modération  qu'il 
adressa  au  ministre  des  cultes.  Sa  fer- 
meté ne  se  démentit  point  au  concile  na- 
tional du  9  juillet  1811 ,  qui  avait«été  con- 
voqué pour  aviser  au  moyen  d'instituer 
les  évèques  sans  avoir  recours  au  Saint- 
Père.  Il  s'opposa  constamment  aux  mesu- 
res proposées ,  pendant  les  deux  jours  que 
dura  le  concile  qui  fut  dissout  le  11  du 
même  mois.  Le  12,  le  prélat  fut  arrêté  et 
enfermé ,  ainsi  que  les  évèques  de  Troyes 
et  de  Tournai,  au  donjon  de  Vincennes. 
Après  quatre  mois  et  demi  de  captivité,  il 
consentit  à  donner  sa  démission  qu'on  lui 
demandait  et  fut  exilé  à  Beaune.  Accusé 
d'entretenir  des  intelligences  avec  son 
clergé ,  on  le  transféra  dans  l'île  de  Sainte- 
Marguerite  sur  les  côtes  de  la  Provence , 
et  en  1813,  on  lui  donna  un  successeur 


au  siège  de  Gand.  Le  prince  de  Broglie , 
pressé  de  nouveau,  renouvela  sa  renon- 
ciation à  ce  diocèse,  par  un  acte  signé  à 
Dijon  le  8  juillet,  mais  sans  révoquer  les 
pouvoirs  conférés  à  ses  grands-vicaires» 
Cette  restriction  produisit  contre  le  clergd 
de  Gand  des  vexations  auxquelles  la 
chute  de  Napoléon,  en  18 14,  mit  enfin 
un  terme.  La  démission  du  prélat  fut 
considérée  comme  nulle ,  et  il  retourna 
dans  son  diocèse  au  milieu  des  témoi- 
gnages de  la  joie  la  plus  vive.  Mais  fie 
nouveaux  chagrins  l'attendaient  encore. 
La  Belgique  avait  été  réunie  à  la  Hol- 
lande; le  prince  Guillaume  d'Orange 
ayant  manifesté  des  projets  défavorables 
à  la  cause  catholique  ,  Broglie  la  défendit 
dans  trois  écrits  qui  parurent  successive- 
ment, savoir  une  Adresse  au  roi,  signée 
le  28  juillet  1813,  par  les  évèques  de 
Tournai ,  de  Namur  et  de  Gand ,  et  par 
les  grands-vicaires  de  Malines  et  de  Liège  ; 
|  une  Instruction  pastorale ,  en  français  et 
en  flamand,  du  2  août  suivant;  |  et  un 
Jugement  doctrinal  des  évèques  des 
Pays-Bas  sur  le  serment  prescrit.  Le  pape 
Pie  VII,  à  qui  le  prélat  eut  recours  en  der- 
nier lieu,  fit  parvenir,  le  10  mai  1816,  au. 
ministre  des  Pays-Bas ,  résidant  à  Rome , 
une  note  officielle  où  S.  S.  lui  mandait 
que,  la  nouvelle  loi  fondamentale  conte- 
nant des  erreurs  contraires  à  la  religion 
catholique ,  la  résistance  des  évèques  ne 
pouvait  être  blâmée  avec  justice  _,  et  qu'on 
ne  pouvait  exiger  des  sermens  contraires 
à  la  conscience  Les  réclamations  de  M.  de 
Broglie  étaient  fondées  sur  ce  qu'il  ma- 
nifeste lui-même  dans  l'Adresse  au  roi. 
«  Jurer ,  disait-il ,  d'observer  et  de  main- 
»  tenir  une  loi  qui  attribue  au  souverain , 
»  et  à  un  souverain  qui  ne  professe  pas 
»  notre  sainte  religion ,  le  droit  de  l'in- 
»  struction  publique ,  les  écoles  supérieu- 
»  res ,  moyennes  et  inférieures ,  c'est  lui 
»  livrer  à  discrétion  l'enseignement  pu- 
»  blic  dans  toutes  ses  branches,  c'est  trahir 
»  hautement  les  plus  chers  intérêts  de 
»  l'Eglise  catholique....  Jurer  de  mainte- 
»  nir  la  liberté  des  opinions  religieuses  et 
»  la  protection  égale  accordée  à  tous  les 
»  cultes,  n'est  autre  chose  que  jurer  de 
»  maintenir  ,  de  propager  l'erreur  contre 
»  la  vérité...  »  De  nouvelles  discussions 
s'élevèrent  au  sujet  du  refus  de  l'évêque 
de  faire  des  prières  publiques  pour  le 
roi  ;  mais  un  bref  du  saint  Père  l'autorisa 
à  les  ordonner.  Le  prince  de  Broglie ,  lors 
de  l'érection  de  nouvelles  universités 
dans  la  Belgique,  ayant  adressé  au  roi 


BRO 

une  Représentation  dans  laquelle  il  si- 
gnalait l'introduction  de  certains  ouvrages 
funestes  dans  l'enseignement,  et  expri- 
mait ses  craintes  sur  le  sort  des  séminaires 
épiscopaux,  devint  l'objet  des  plu»  vives 
poursuites,  et  fut  bientôt  placé  sous  le 
coup  d'un  mandat  d'amener.  Il  se  réfu- 
gia en  France ,  et  vécut  tantôt  à  Beaune , 
tantôt  à  Paris.  Il  protesta  vainement 
contre  la  procédure  ;  le  tribunal  de 
Bruxelles,  par  arrêt  du  8  novembre 
1817,  le  condamna  à  la  déportation,  et 
l'arrêt  fut  attaché,  par  la  main  du  bour- 
reau ,  entre  ceux  de  deux  voleurs  exposés 
pour  leurs  crimes.  «  Toujours  en  proie 
»  à  des  infirmités  (  dit  l'Ami  de  la  Reli- 

•  gion  cl  du  Roi*  tom.  28  ,  pag.  367),  que 
»  les  traitemens  exercés  contre  lui  ou  en- 
»  vers  son  clergé  n'étaient  pas  propres  à 

•  adoucir,  il  recevait  chaque  jour  de  si- 
»  nislres  nouvelles  de  l'état  de  son  dio- 

•  cèse.  Un  de  ses  grands  vicaires  exilé, 
»  deux  autres  mis  en  jugement,  des  cha- 

•  noines  expulsés  du  chapitre,  des  curés 

•  privés  de  traitement,  une  inquisition 

•  sévère  exercée  contre  les  prêtres,  de 
»  pauvres  religieuses  inquiétées  jusque 
»  dans  l'asile  où  elles  croyaient  s'être 
»  soustraites  au  monde ,  la  religion  catho- 
»  lique  entravée  dans  ses  droits  comme 
»  dans  ses  pratiques ,  les  efforts  faits  pour 
»  ôter  au  prélat  l'exercice  de  sa  juridic- 
tion, toutes  ces  circonstances  étaient 
»  autant  de  coups  portés  à  la  sensibilité 
»  de  M.  de  Broglie ,  et  n'ont  pas  peu  con- 
»  tribué  à  ruiner  une  santé  faible  et  fati- 
»  guée  par  tant  d'épreuves.  »  L'évèque  de 
Gand  fit  imprimer  en  1819  sa  Réclamation 
respectueuse  adressée  à  LL.  MM.  les 
empereurs  d'Autriche  et  de  Russie  et  le 
roi  de  Prusse,  relativement  à  l'état  des 
affaires  religieuses  en  Belgique,  datée  de 
Beaune,  h  octobre  1818  II  s'était  retiré 
à  Paris,  lorsqu'une  maladie  grave  vint 
achever  d'épuiser  ses  forces.  Il  est  mort 
dans  cette  capitale  le  20  juin  1821 ,  dans 
sa  cinquante-cinquième  année,  rénéré  de 
tous  pour  son  savoir  et  la  grande  austé- 
rité de  ses  mœurs. 

BROGNY  (Jean  ALLARMETde),  connu 
Sous  le  nom  de  cardinal  de  Viviers  et 
d'Ostic  ,  né  en  Savoie ,  dans  le  village  de 
Brogny,  près  d'Annecy,  en  1342,  d'un  gar- 
dien de  pourceaux,  fut  d'abord  chartreux. 
Il  s'éleva  par  son  mérite,  devint  cardinal 
et  chancelier  de  l'église  romaine ,  parut 
avec  distinction  aux  conciles  de  Pisc  et  de 
Constance,  et  mourut  à  Rome  en  1426, 
après  avoir  été  successivement  évèque  de 


S76  BRO 

Viviers,  d'Ostie,  archevêque  d'Arles  et 
évêque  de  Genève ,  laissant  plusieurs  fon- 
dations pieuses  et  utiles.  Les  talens  et  les 
vertus  de  Brogny  voilèrent  la  bassesse  de 
son  extraction  aux  yeux  du  monde.  Il  fut 
le  seul  qui  ne  l'oublia  pas ,  et  qui  voulut 
la  rappeler  aux  autres.  Il  fit  graver  sur  les 
sièges  de  la  chapelle  des  Machabées ,  qu'il 
fonda  dans  Genève ,  de  même  que  dans  la 
maison  qu'il  habita,  un  monument  de  sa 
naissance ,  qui  devint  celui  de  sa  modestie 
et  de  sa  grandeur  ;  on  y  voit  un  homme 
conduisant  un  cochon.  Ce  monument  sub- 
siste encore  dans  la  bibliothèque  de  Ge- 
nève ,  où  il  éternise  la  vertu  du  cardinal; 
son  nom  était  Jean  Allarmet.  L'abbé  Gi- 
raud  Soulavie  aécrit  son  éloge  sous  le  titre 
d'Histoire  de  Jean  Allarmet  de  Brogny 
cardinal  de  Viviers  ,  Paris,  1774,  tiré  à 
12  exemplaires. 

*  BROHON  (  Jacquelixe-Aimée  ) ,  née 
à  Paris  en  1758 ,  travailla  d'abord  à  des 
romans  ,  ensuite  à  des  livres  ascétiques  , 
puis  se  mêla  de  prophétiser.  Elle  mourut 
le  18  octobre  1778.  Sas  ouvrages  sont  :  |  Les 
Amans  philosophes  ,  ou  le  triomphe  de  la 
raison ,  1745 ,  in-12.  |  Les  Tablettes  en- 
chantées. |  Instructions  édifiantes  sur  le 
jeûne  de  Jésus-Christ  au  désert,  1791,  in- 
12.  |  Réflexions  édifiantes.  \  Manuel  des 
victimes  de  Jésus,  ou  Extrait  des  instruc- 
tions que  le  Seigneur  a  données  à  sa  pre- 
mière victime  ,  1799 ,  in-8° ,  espèce  de  ro- 
man par  les  rêveries  qu'y  débite  l'auteur. 
Une  consultation  de  six  docteurs  de  Sor- 
bonne  a  signalé  des  inepties  et  des  blas- 
phèmes dans  les  instructions  et  les  ré- 
flexions. 

BROKESBY  (FnAXÇ.ois),  né  à  Slocke 
dans  le  comté  de  Leicester,  fut  pasteur  à 
Rowley ,  et  mourut  vers  l'an  1718  ,  après 
avoir  publié  |  Vie  de  Jesus-Chrisl .  \  His- 
toire du  gouvernement  de   la  jjrimitive 


Eglise,  pendant  les  trois  premiers  siècles, 
Londres,  1712,  in-8°.  |  De  l'Education 
avec  une  Grammaire  à  l'usage  des  uni- 
versités, 1710,  in-8°.  |  Vie  de  Henri  Do- 
dwel,  1715,  2  vol.  in-12.  Ces  ouvrages  sont 
estimés  en  Angleterre. 

*  BROHPTOX  (Jean),  bénédictin  an- 
glais, abbé  de  Jorevall,  au  comté  d'Yorck, 
est  connu  par  une  Chronique  à  laquelle  il 
a  donné  son  nom.  Elle  comprend  un  espace 
de  600  ans ,  depuis  l'an  588  jusqu'en  1198. 
II  vivait  encore  après  le  règne  d'Edouard 
III. 

BRGXCKIIORST  (  Everaud  ) ,  né  à  De- 
venter  en  1554 ,  professeur  de  jurispru- 
dence à  Wittemberg,  à  Erfurt  et  à  Leyde 


nno  5.7 

mourut  dans  cette  dernière  ville  en  1627  , 
à  75  ans.  C'était  un  homme  savant  et 
poli.  On  a  de  lui  des  ouvrages  de  droit.  Le 
plus  connu  est  intitulé  Controverse  arum 
turis  centuries ,  Leyde,  1G21 ,  in-4°.  L'au- 
leur  se  propose  de  concilier  plusieurs  opi- 
nions contraires  sur  les  matières  de  droit. 

*  BROXCKHORST  (Pierre  van,  )  pein- 
tre d'histoire,  né  à  Delft  en  1588,  mourut 
en  1661.  On  cite  comme  ses  principaux  ou- 
vrages deux  tableaux  représentant,  l'un 
le  Temple  où  Salomon  proiionce  son  pre- 
mier jugement  ;  l'autre  le  Temple  d'où 
résus- Christ  chasse  les  marchands.  — 
BRONCKHORST  (  Jean  van  ) ,  peintre, 
naquit  à-Utrecht  en  1603.  On  voit  de  lui, 
dans  le  chœur  de  l'église  d'Amsterdam , 
trois  tableaux  d'histoire,  peints  sur  verre, 
et  trois  autres  à  l'huile.  —  BRONCK- 
HORST (  Jean  ) ,  peintre ,  né  à  Leyde  en 
1648,  perdit  son  père  à  l'âge  de  13  ans, 
fut  placé  chez  un  pâtissier ,  et  se  maria , 
en  1670,  dans  la  ville  de  Horn.  Bronck- 
horst  disait  que ,  s'il  faisait  de  la  pâtisse- 
rie pour  vivre  ,  il  peignait  pour  son  amu- 
sement. Il  copia  d'après  nature  tous  les 
oiseaux  et  tous  les  animaux  avec  une  vé- 
rité singulière.  La  finesse  de  son  travail 
représente  le  luisant  et  la  légèreté  des 
plumes. 

BROXCKIIORST.  Voy.  NOVIOMAGUS. 

*  BROXGNIART  (  Auguste -Louis  )  , 
apothicaire  du  roi  Louis  XVI,  se  fit  con- 
naître par  des  cours  particuliers  de  phy- 
sique et  de  chimie ,  à  une  époque  où  Paris 
comptait  peu  de  professeurs  dans  ces  deux 
sciences.  Il  remplit  la  chaire  de  chimie 
appliquée  aux  arts  et  fut  collègue  de  Four- 
croy.  Pendant  la  révolution,  il  exerça 
les  fonctions  de  pharmacien  militaire,  et 
devint  professeur  au  muséum  d'histoire 
naturelle.  Il  est  mort  en  1804  ,  laissant  un 
Tableau  analytique  des  combinaisons  et 
des  décompositions  de  différentes  sub- 
stances ou  Procédés  de  chimie  pour  servir 
à  l'intelligence  de  cette  science.  Il  tra- 
vailla à  divers  recueils  scientifiques,  entre 
autres  avec  M.  Hassenfratz ,  au  Journal 
des  sciences ,  arts  et  métiers  ,  et  au  Bulle- 
tin des  sciences  de  la  société  philoma- 
tique.  — Alexandre -Théodore  BRON- 
GNIART,  né  en  1739  et  mort  en  1813,  se 
voua  à  l'architecture ,  et  obtint  dans  son 
art  un  rang  très  distingué.  Il  fut  élève  de 
Boulée  {voyez  BOULÉE).  En  1777,  l'aca- 
démie d'architecture  l'admit  dans  son  sein. 
Plus  tard  il  devint  architecte  de  l'hôtel  des 
Invalides,  du  ministère  des  affaires  étran- 
gères ,  dus  bâtimens  de  la  police  et  de  l'é- 


7  IlRO 

colc  militaire.  Il  bâtit  une  foule  d'hôtels  et 
de  maisons  de  campagne,  parmi  lesquels 
on  cite  Frascati,  le  Petit-Palais  du  duc 
d'Orléans,  l'hôtel  Montcsson,  etc.  On  lui 
doit  le  beau  palais  de  la  Bourse ,  dont  il 
posa  la  première  pierre  le  24  mars  1808, 
et  auquel  il  travaillait  depuis  cinq  ans 
lorsque  la  morî  vint  le  surprendre.  Il  a 
fait  le  plan  du  cimetière  du  P.  Lachaisc , 
où  ses  restes  ont  été  déposés  ;  les  grandes 
avenues,  qui  avoisinent  les  Invalides  et 
l'Ecole  militaire ,  sont  aussi  son  ouvrage. 

BRONZINO  (  Agnolo  ) ,  qu'on  nomme 
communément  le  Bronzin ,  né  dans  les 
états  de  Toscane  en  1508,  réussit  dans  le 
portrait.  On  voit  la  plupart  de  ses  ouvra- 
ges à  Pise  et  à  Florence.  Il  mourut  dans 
cette  dernière  ville,  vers  1570,  âgé  de 
62  ans. 

¥  BBOOKE  (Françoise  ),  fille  d'un  ec- 
clésiastique nommé  Moore,  et  épouse  d'un 
recteur  de  Colney ,  a  laissé  quelques  ou- 
vrages: |  la  Vieille  fille,  ouvrage  pério- 
dique commencé  le  15  novembre  1755, 
et  continué  jusqu'à  la  fin  de  juillet  1756, 
dont  les  numéros  ont  été  recueillis  en  un 
vol.  in-12  ;  |  l'Histoire  de  Julie  Mande- 
ville,  1763,  roman;  |  une  traduction  des 
Lettres  de  Julie  Catesby ,  roman  de  Ric- 
coboni;  |  Histoire  d'Emilie  Montague, 
1769  ,  k  vol.  in-12 ,  roman  plusieurs  fois 
réimprimé  ,  où  elle  décrit  les  scènes  pit- 
toresques qu'elle  avait  admirées  au  Ca- 
nada ,  et  qui  a  été  traduit  par  Robinet , 
Paris,  1770,  k  vol.  in-12  ;  |  Virginie, 
tragédie,  1756,  in-8°;  |  Mémoires  du 
marquis  de  Saint- Forlaix  ,  1770,4  vol. 
in-12;  |  une  traduction  des  Elémens  de 
l'Histoire  d'Angleterre,  de  Millot,  1771, 
4  vol.  in-12  ;  |  l'Excursion  ou  l'Escapade, 
1777  ,  2  vol.  |  Rosine,  drame  en  musique 
représenté  en  1782. 

*  BROOKE  (  Henri  ) ,  poète  anglais , 
né  en  4706  ,  fut  élevé  dans  le  collège  de 
Dublin  ,  et  destiné  à  la  profession  d'a- 
vocat ,  qu'il  négligea  pour  se  livrer  à  la 
poésie  et  à  la  littérature.  Le  prince  de 
Galles  lui  accorda  sa  protection;  mais 
comme  il  n'était  pas  en  état  d'en  attendre 
les  effets ,  il  se  retira  à  la  campagne ,  le 
seul  lieu  où  il  pût  vivre  avec  l'économie 
convenable  à  sa  situation,  et  à  l'indo- 
lence de  son  caractère.  Ayant  perdu  sa 
femme  et  celui  de  ses  enfans  qu'il  affec- 
tionnait le  plus ,  il  languit  quelque  temps 
dans  une  espèce  d'imbécillité  et  mourui 
en  1785.  Ses  principaux  ouvrages  sont. 
|  La  beauté  universelle,  poème  philoso- 
phique qui  obtint  l'approbation  de  Pope. 


ÏUU)  3 

j  Gustave  TVasa,  tragédii  dont  on  défen- 
dit la  représentation ,  à  cause  des  senti- 
mens  de  liberté  dont  elle  est  remplie  et 
dont  la  publication  rapporta  à  l'auteur 
plus  que  n'aurait  pu  faire  la  représenta- 
tion, 4757.  |  Le  comte  Westmoreland  et 
le  comte  d'Essex  ,  tragédies  jouées  à  Du- 
blin en  1745  et  1749.  |  The  female  sedu- 
cers,  fable  insérée  dans  le  recueil  de 
Moore.  |  Le  Fou  de  qualité,  roman  ingé- 
nieux ,  d'un  ton  original  et  un  peu  bizarre, 
4766  ;  Griffet  Labaume  l'a  traduit  en  fran- 
çais ,  1789 ,  2  vol.  in-2.  |  Juliette  Gren- 
ville  ,  roman  imprimé  en  1774,  qui  indi- 
que le  déclin  de  ses  facultés.  Ses  ouvra- 
ges ,  excepté  ses  romans  ,  ont  été  réunis 
en  h  vol.  in-8° ,  Dublin ,  1780. 

BROSIUS  (  Jean-Thomas  ),  vice-chan- 
celier de  l'électeur-palatin  et  syndic  de 
l'ordre  teulonique,  est  auteur  des  An- 
nales des  duchés  du  Juliers  et  de  Berg, 
en  latin;  ouvrage  estimé  et  plein  de 
bonne  critique  ,  publié  après  la  mort  de 
l'auteur,  à  Cologne ,  1731 ,  in-fol.  par  les 
soins  d'Ad.  Michel  Mappius ,  son  gendre. 
Il  mourut  vers  le  milieu  du  17e  siècle. 

BROSSA.RD  (Sébastien de),  chanoine 
de  l'église  de  Meaux,  mort  en  1730,  âgé 
d'environ  70  ans ,  excella  dans  la  théorie 
de  la  musique.  Les  écrits  qu'il  nous  a 
laissés  sur  cet  art ,  ont  été  accueillis  dans 
le  temps.  Les  principaux  sont  :  j  Un  Dic- 
tionnaire de  musique ,  in-8° ,  nomencla- 
ture très-inférieure  à  celle  que  nous  de- 
vons à  Jean- Jacques  Rousseau,  mais  qui 
a  été  d'une  grande  utilité  à  ce  dernier, 
puisqu'il  y  a  trouvé  les  matières  rassem- 
blées, et  assez  bien  développées.  C'est 
aussi  à  Brossard  que  Rameau  doit  pres- 
que toutes  ses  idées  sur  l'harmonie.  |  Une 
Dissertation  sur  la  nouvelle  manière 
d'écrire  le  plain-chant  et  la  musique. 
j  Deux  livres  de  motets.  |  Neuf  leçons  de 
ténèbres.  |  Un  Recueil  d'airs  à  chanter. 
Il  ne  possédait  pas  seulement  les  règles, 
mais  il  les  mettait  en  pratique.  Il  avait 
une  nombreuse  bibliothèque  de  musique 
qu'il  donna  au  roi.  Il  eut  une  pension  de 
1200  liv.  sur  un  bénéfice. 

BROSSE  (  Jean  de  ) ,  chambellan  et 
maréchal  de  France ,  rendit  de  grands 
services  au  roi  Charles  VII.  Il  se  distingua 
au  siège  d'Orléans  et  à  la  bataille  de  Patay 
en  1429 ,  et  mourut  en  1433.  Il  était  sei- 
gneur de  Boussac,  et  descendait  d'une 
noble  et  ancienne  famille. 

BROSSE  (  Jacques  de  )s  architecte  de 
Marie  de  Médias-',  bâtit  le  Luxembourg  à 
Paris,  par  les  ordres  de  cette  reine,  en 


78  BRO 

1615.  L'aqueduc  d'Arcueil  et  le  portail 
de  Sainl-Gervais  sont  encore  de  lui. 

*  BROSSE  (  don  Louis-Gabriel  ) ,  bé- 
nédictin ,  né  à  Auxerre ,  en  1619 ,  et  mort, 
en  1685 ,  à  l'abbaye  de  Saint-Denis,  com- 
posa divers  ouvrages  de  piété  en  vers 
français ,  entre  autres  le  Paradis  des 
muses  saintes ,  et  des  Hymnes  sur  plu- 
sieurs sujets,  imprimés  à  Paris  de  1650 
à  1672. 

*  BROSSE  (Louis-Philippe  de  la  ), 
chanoine  de  Notre-Dame-de-Foi  de  Giro- 
viller,  à  donné  un  Traité  du  Baromètre , 
Nancy,  1717,  in-12. 

BROSSE  (  Gui  de  la  ),  médecin  ordi- 
naire de  Louis  XIII ,  obtint  de  ce  roi ,  en 
1626 ,  des  lettres-patentes  pour  l'établis- 
sement du  jardin  royal  des  plantes  médi- 
cinales ,  dont  il  fut  le  premier  intendant. 
Il  s'appliqua  d'abord  à  préparer  le  ter- 
rain ;  il  le  peupla  ensuite  de  plus  de  deux 
mille  plantes.  On  peut  en  voir  le  catalo- 
gue dans  sa  Description  du  Jardin  royal, 
in-4°,  1636.  Richelieu,  Séguier  et  Bul- 
lion  surintendant  des  finances ,  contri- 
buèrent à  enrichir,  par  leurs  libéralités, 
le  dépôt  confié  à  la  Brosse.  On  a  de  lui  un 
Traité  des  vertus  des  Plantes,  1628,  in- 
8°.  Il  mourut  en  1641. 

BROSSE  (Joseph  de  la  ).  Voy.  ANGE 
de  Saint-Joseph. 

BROSSES  (CuAnLESde) ,  premier  pré- 
sident du  parlement  de  Bourgogne , 
membre  de  l'académie  de  Dijon ,  sa  pa- 
trie ,  associé  libre  de  l'académie  des  scien- 
ces et  belles-lettres ,  naquit  en  1709,  et 
mourut  à  Paris  le  7  mai  1777.  Il  joignit 
les  travaux  littéraires  aux  fatigues  de  la 
magistrature ,  et  ses  études  étendirent 
ses  connaissances  ,  fortifièrent  sa  raison, 
et  lui  donnèrent  de  la  réputation.  S'il 
faut  en  croire  M.  de  Buffon  ,  «  c'était  un 
n  de  ces  hommes  qui  peuvent ,  suivant 
»  les  circonstances ,  devenir  les  premiers 
»  des  hommes  en  tout  genre  ,  et  qui,  éga- 
»  lement  capables  de  comparer  les  idées, 
»  de  les  généraliser,  d'en  former  de  nou- 
»  velles  combinaisons  ,  manifestent  leur 
«génie  par  des  productions  nouvelles, 
»  toujours  différentes  de  celles  des  autres 
»  et  souvent  plus  parfaites.  »  On  a  de  lui  : 
|  Lettres  sur  la  découverte  de  la  ville 
d Herculanum ,  1750  r  in-8°.  curieuses. 
|  Histoire  des  navigations  aux  terres  aus- 
trales, 1757,  2  vol.  in-4°.  |  Du  culte  des 
dieux  fétiches  ou  Parallèle  de  l'ancienne 
idolâtrie  avec  celle  des  peuples  de  Ni- 
gritie,  1760,  in-12  :  écrit  léger  et  peu 
digne  de  l'auteur-,  il  y  a  des  assertionsqui 


BRO 


579 


BRO 


l'ont  fait  attribuer  à  Voltaire.  Si  l'on  s'est 
trompé ,  il  est  à  souhaiter  qu'on  se  trompe 
également  en  l'attribuant  à  cet  illustre 
président.  |  Traité  de  la  formation  mé- 
canique des  Langues,  1765,  2  vol.  in- 
12  ;  ouvrage  plein  de  sagacité  et  d'obser- 
vations plus  ou  moins  prouvées  sur  l'ori- 
gine et  les  principes  du  langage.  L'auteur 
fait  voir  que  tous  les  hommes  ont  parlé 
et  parlent  encore  la  même  langue ,  et 
qu'il  est  possible  de  la  reconnaître  dans 
tous  les  langages,  quelque  différens  qu'ils 
soient.  |  Histoire  de  la  République  ro- 
maine dans  le  cours  du  7e  siècle  ,  par 
Salluste,  en  partie  traduite  du  latin ,  sur 
l'original ,  en  partie  rétablie  et  composée 
sur  les  fragmens  qui  sont  restés  de  ses 
livres  perdus.  On  trouve  dans  cet  ou- 
vrage imprimé  en  1777 ,  en  4  vol.  in-4°, 
une  profonde  connaissance  de  l'histoire, 
des  écrivains  et  des  mœurs  de  Rome. 
Mais  dans  la  version  de  Salluste ,  et  dans 
le  supplément,  il  y  a  trop  de  termes  bas 
et  populaires,  qui  déparent  la  noblesse  du 
style  historique.  |  Divers  Mémoires ,  dans 
ceux  de  l'académie  des  belles-lettres. 

BROSSETTE  (  Claude  ) ,  né  à  Lyon 
en  1671 ,  de  l'académie  de  cette  ville ,  et 
bibliothécaire  de  la  bibliothèque  publi- 
que, d'abord  jésuite,  ensuite  avocat, 
mourut  dans  sa  patrie ,  l'an  1746.  On  a  de 
lui  :  |  L'Histoire  abrégée  de  la  ville  de 
Lyon,  écrite  avec  une  élégante  précision. 
j  Nouvel  éloge  historique  de  la  ville  de 
Lyon,  in-4°,  1711  :  ouvrage  imprimé, 
comme  le  précédent ,  par  ordre  du  corps 
consulaire,  et  digne  des  mêmes  éloges. 
|  E clair cissemens  historiques  sur  les  Sa- 
tires et  autres  OEuvres  de  Boileau  Des- 
préaux ,  2  vol.  in-4°,  1716,  et  réimprimés 
ensuite  en  différens  formats.  Il  a  épuré 
le  texte  des  fautes  qui  s'y  étaient  glissées 
dans  les  éditions  précédentes.  Il  a  indiqué 
les  passages  que  l'Horace  moderne  avait 
imités  des  anciens.  Il  a  assaisonné  ses 
notes  de  plusieurs  anecdotes  utiles  et  cu- 
rieuses. On  lui  reproche  seulement  d'en 
avoir  mis  quelques-unes  peu  nécessaires 
pour  l'intelligence  du  texte ,  quelques  au- 
tres puériles  ;  il  n'a  point  usé  assez  sobre- 
ment des  recueils  qu'il  avait  faits.  |  Con- 
mentaires  sur  les  Satires  et  autres  OEu- 
vres de  Régnier,  in- 8°,  1729,  qui  a  les 
mêmes  qualités  et  les  mêmes  défauts  que 
ses  Eclaircissemens  sur  Boileau.  Brossette 
était  ami  de  beaucoup  de  gens  de  lettres, 
et  en  commerce  épislolaire  avec  plu- 
sieurs. 

BROSSIER  (  Marthe  ),  fille  d'un  tis- 


serand de  Romoranlin ,  attaquée   d'une 
maladie  étrange  à  l'âge  de  20  ans ,  se  fi; 
exorciser  comme  possédée.  Son  père  cou- 
rut le  monde  avec  elle,  pour  partajer 
l'argent  que  le  peuple  lui  donnait.  Le  pa- 
iement la  fit  ramener  à  Romorantin  avç 
défense  d'en  sortir,  sous  peine  de  puni 
tion  corporelle.  Cependant  quelques  mé- 
decins attestèrent  qu'elle  était  possédée. 
Un  abbé  de  Saint-Martin,  du  nom  de  la 
Rochefoucault ,  la  conduisit  de  Romoran- 
lin à  Rome;  mais  le  pape  les  renvoya  l'un 
et  l'autre  en  1599,  sans  vouloir  discuter 
la  réalité  de  cette  possession. 

BROTHERÏON.  Voyez  BETTERTON. 

BROTIER  (  Gabriel  ) ,  prêtre  du  dio- 
cèse de  Nevers,  de  l'académie  des  inscrip- 
tions et  belles-lettres ,  né  à  Tanay ,  petite 
ville  du  Nivernois,  le  5  septembre  1725, 
mort  à  Paris  le  12  février  1789 ,  dans  sa  66' 
année  ,  montra  dès  sa  jeunesse  la  plus  forte 
inclination  pour  l'étude.  Il  entra  chez  les 
jésuites ,  et  acquit  par  un  travail  assidu, 
autant  que  par  la  facilité  de  son  génie , 
une  immense  et  prodigieuse  variété  de 
connaissances.  A  l'exception  des  mathé- 
matiques ,  auxquelles  il  s'était  peu  appli- 
qué ,  il  savait  de  tout ,  l'histoire  naturelle, 
la  chimie ,  la  médecine  même.  Tous  les 
ans  il  lisait  dans  l'original  Hippocrate  cl 
les  Uvres  de  Salomon.  «  C'était ,  disait-il , 
»  les  meilleurs  ouvrages  qu'il  y  eût  pour 
»  guérir  les  maladies  de  l'esprit  et  du 
»  corps.  »  Mais  ce  qu'il  possédait  le  mieux, 
c'était  l'érudition.  Il  savait  toutes  les  lan- 
gues mortes,  le  latin  surtout  parfaite- 
ment, ainsi  que  les  principales  langues 
de  l'Europe.  Ces  connaissances,  quelque 
étendues  qu'elles  fussent,  n'étaient  en 
quelque  sorte  que  des  accessoires  pour 
l'histoire  ancienne  et  moderne ,  sacrée  et 
profane,  la  chronologie,  les  monnaies, 
les  médailles,  les  inscriptions,  les  usa- 
ges de  l'antiquité,  qui  avaient  toujours 
fait  l'objet  de  ses  études ,  et  dans  lesquels 
il  était  si  versé.  Après  la  destruction  de 
la  société ,  il  ne  perdit  [rien  de  l'esprit  de 
retraite  et  d'application  qui  avait  eu  pour 
lui  tant  d'attraits ,  et  c'est  dans  la  solitude 
qu'il  se  choisit  qu'il  a  publié  ces  grands  et 
magnifiques  ouvrages  qui  immortalise- 
ront son  nom.  L'édition  de  Tacite,  ornée 
non -seulement  de  notes  et  de  disserta- 
tions savantes,  mais  encore  de  supplé- 
mens,  fait  douter  quelquefois  si  l'écri- 
vain moderne  n'est  pas  l'heureux  rival  de 
l'ancien  (  Voy.  TACITE  ).  «  Cette  édition 
»  de  Tacite  » ,  dit  l'auteur  des  Trois  Siè- 
cles de  la  Littérature  française ,  «  est  la 


imo 


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BRO 


>  meilleure  réfutation  du  sentiment  de 

>  ceux  qui  prétendent  qu'on  ne  saurait 
»  Vv'en  écrire  dans  une  langue  morte  ;  elle 
,  jffre  non-seulement  la  connaissance  la 
fplus  profonde  de  la  langue  latine,  mais 

encore  l'imitation  la  plus  heureuse  du 
j»  meilleur  historien  qu'aient  eu  les  Ro- 
»  mains.  L'accueil  unanime  qu'elle  a  reçu 
»  de  tous  les  savans  de  l'Europe  sera  tout 
»  à  la  fois  un  anathème  prononcé  contre 
»  les  auteurs  du  paradoxe ,  et  le  triomphe 
»  de  l'érudition  parmi  nous.  »  L'édition 
de  Pline  le  naturaliste  n'est  qu'un  très 
court  abrégé  de  celle  qu'il  avait  pré- 
parée pour  corriger  et  augmenter  l'édition 
d'Hardouin,  et  pour  donner  la  suite  et 
l'histoire  de  toutes  les  nouvelles  décou- 
vertes faites  depuis  environ  les  commen- 
cemens  de  ce  siècle,  travail  immense 
et  qui  suppose  les  connaissances  les  plus 
vastes.  Par  quelle  fatalité  est-il  arrivé  que 
le  public  n'en  ait  pas  encore  joui  ?  Mais  si 
les  grandes  entreprises  en  librairie  peu- 
vent encore  avoir  lieu  en  France ,  ne 
désespérons  pas  d'avoir  un  jour  cet  ou- 
vrage. A  ces  deux  éditions,  qui  ont  fait 
époque  dans  la  littérature  et  qui  ont  mé- 
rité à  l'abbé  Brotier  les  éloges  de  l'Europe 
savante ,  il  en  a  joint  quelques  autres  qui 
sont  moins  considérables  ;  une  édition 
charmante  de  Phèdre _,  et  une  édition  des 
Jardins  de  Rapin ,  à  la  suite  desquels  il  a 
mis  une  histoire  des  jardins,  écrite  en 
latin  avec  une  élégance  admirable,  et 
remplie  de  tableaux  délicieux.,  On  a  en- 
core de  lui  Vita  clarissimi  viri  de  la 
Caille.  Il  a  travaillé  aussi  à  la  nouvelle 
édition  des  Lettres  édifiantes.  L'abbé  Bro- 
tier rappelait  le  souvenir  de  ces  écrivains 
laborieux ,  de  ces  savans  distingués ,  les 
Pétau,  les  Sirmond,  les  Labbe,  les  Cos- 
sart ,  les  Hardouin ,  les  Souciet ,  etc. ,  qui 
avaient  si  fort  illustré  le  collège  de  Louis 
le  Grand ,  dans  lequel  il  avait  été  élevé 
lui-même ,  et  où  il  avait  vécu  plusieurs 
années  avec  le  titre  de  bibliothécaire. 
Faut- il  faire  un  aveu  bien  amer,  mais 
qui  n'est  peut-être  que  trop  vrai  ?  Hélas  ! 
il  ferme  la  chaîne  de  tous  ces  hommes  célè- 
bres qui  s'étaient  succédés  sans  interrup- 
tion pendant  près  de  deux  siècles.  Après 
sa  mort ,  il  a  paru  une  brochure  sous  le 
titre  de  Réforme  du  Clergé  à  proposer 
aux  états  généraux  ,  par  l'abbé  Brotier. 
L'attribution  de  ce  libelle  à  ce  respecta- 
ble savant,  est  le  plus  sanglant  outrage 
que  l'imposture  ait  pu  faire  à  sa  mémoire. 
On  s'est  emparé  de  son  nom  pour  accré- 
diter une  brochure  infâme.  «  L'impiété , 


»  dit  M.  Séguier,  ne  craint  pas  de  violer 
»  la  cendre  des  morts,  de  calomnier  leur 
»  esprit,  et  croit  peut-être  encore  hono- 
»  rer  leur  mémoire.  Elle  les  ressuscite 
»  pour  tirer  des  noms  connus  qu'elle 
»  usurpe  l'ascendant  dont  elle  a  besoin; 
»  elle  annonce  sa  doctrine  comme  l'ou- 
»  vrage  d'un  auteur  décédé  depuis  quel- 
»  ques  années.  Par  là,  elle  met  le  tom- 
»  beau  pour  barrière  entre  elle  et  les 
»  poursuites  qu'elle  redoute ,  et  se  joue 
»  ainsi  à  la  fois ,  du  ciel  qu'elle  outrage  et 
»  de  la  patrie  qu'elle  corrompt.  »  —  L'abbé 
Brotier  a  laissé  un  neveu ,  ecclésiastique  , 
André  Charles  BROTIER,  qui  a  marebé 
sur  ses  traces  dans  le  genre  de  l'érudi- 
tion ,  et  qui  en  a  donné  des  preuves  dans 
une  édition  des  OEuvres  de  Plutarque 
d'Amiot ,  22  vol.  in-8° ,  commencée  par 
son  oncle ,  et  qu'il  a  achevée  avec  Vau- 
villiers.  Il  a  aussi  dirigé  la  nouvelle  édi- 
tion du  Théâtre  des  Grecs ,  Paris ,  1785 , 
15  vol.  in-8°  ,  à  laquelle  il  a  fourni  la  tra- 
duction d'Aristop liane.  Il  fut  déporté  en 
1797 ,  et  mourut  à  Sinnamari  le  15  sep- 
tembre 1798. 

*  BROUE  (  Claude  de  la  ) ,  jésuite,  est 
auteur  d'une  Histoire  de  J.-F.  Régis ,  au 
Puy ,  1G50. 

BROUE  (  Pierre  de  la  ) ,  évêque  do 
Mirepoix  ,  né  à  Toulouse ,  en  1645 , 
membre  de  l'académie  de  cette  ville ,  se 
joignit  aux  évêques  de  Montpellier,  de 
Sénez  et  de  Boulogne,  pour  former  l'acte 
d'appel  qu'ils  interjetèrent  de  la  bulle 
Unigenitus  en  1717.  Il  mourut  à  Bellestat, 
village  de  son  diocèse ,  en  1720 ,  à  77  ans. 
On  a  de  lui  |  la  Défense  de  la  grâce  effi- 
cace par  elle-même  *  in-12,  contre  le 
Père  Daniel,  jésuite,  et  Fénélon,  arche- 
vêque de  Cambrai.  Il  nous  reste  encore 
de  lui  |  trois  Lettres  pastorales  aux  nou- 
veaux réunis  de  son  diocèse  3  sur  l'Eu- 
charistie. C'est  un  des  meilleurs  écrits 
qui  aient  paru  sur  cette  matière.  Le  grand 
Bossuet  avait  été  fort  lié  avec  l'évêque  de 
Mirepoix. 

*  BROUERIUS  van  NYEDEK  ou  de 
NIEDEK,  né  en  1667,  d'une  famille  noble 
de  Suède,  étudia  la  jurisprudence  et  cul- 
tiva en  même  temps  les  lettres  savantes 
et  les  antiquités.  On  lui  doit  une  disserta- 
tion remplie  d'éruduion,  intitulée  De 
populorum  veterum  ac  recentiorum  ado- 
rationibus,  Amsterdam,  1713,  in-12,  lig. 
Il  a  publié  en  société  avec  Lelong,  Kabinel 
van  Nederlandsche ,  6  parties  in -4°,  et 
continué  le  théâtre  des  Provinces -Unies 
de  Halma.  Il  mourut  en  1755. 


BRO 


581 


BRO 


BROUGHTON  (Hugues),  écrivain  an- 
glais, né  en  1549,  dans  le  comté  de  Shrop, 
mourut  en  1612  ,  après  avoir  publié  un 
grand  nombre  d'ouvrages  en  sa  langue  , 
Londres,  1662,  4  vol.  in-fol.  Il  était  enne- 
nemi  déclaré  des  presbytériens  et  de 
Théodore  de  Bèze. 

*  BROUGIITON  (  RicnARD  ),  mission- 
naire ,  né  dans  le  comté  de  Huntington  , 
fut  envoyé  très  jeune  au  collège  anglais 
de  Reims  ,  d'où  après  avoir  reçu  les  or- 
dres, il  revint  en  Angleterre  comme  mis- 
sionnaire, et  se  consacra  tout  entier  à 
son  ministère  et  à  la  recherche  des  anti- 
quités. Il  devint  successivement  vicaire- 
général  de  Smith,  évoque  de  Chalcédoine, 
vicaire  apostolique  en  Angleterre.  Il  a 
laissé  quelques  ouvrages  plus  recomman- 
dables  par  l'érudition  que  par  le  style  : 
|  Histoire  ecclésiastique  de  la  Grande- 
Bretagne  s  depuis  la  naissance  de  J.  C. 
jusqu'à  la  conversion  des  Saxons,  en  an- 
glais ,  Douai ,  1633 ,  in-fol. ,  et  Londres , 
1651  ;  |  Monasticum  Britannicum ,  en 
anglais,  Londres,  1655,  in-8°;  |  Jugement 
des  temps  apostoliques  sur  les  39  articles 
de  la  confession  de  foi  anglicane,  Douai, 
1652,  in-8°;  |  Epiïre  apologétique ,  en  ré- 
ponse au  livre  où  l'on  prétend  prouver 
que  les  catholiques  ne  sont  pas  des  sujets 
fidèles.  |  Continuation  de  V apologie  des 
catholiques  ,  tirée  des  auteurs  protestans 
{Voyez  ANDERTON). 

BROUGHTON  (Thomas),  né  à  Lon- 
dres ,  d'un  ministre ,  le  5  juillet  1704 , 
exerça  le  même  emploi  que  son  père  ,  et 
s'appliqua  avec  beaucoup  de  succès  au 
genre  d'étude  analogue  à  sa  charge.  Il 
mourut  le  21  décembre  1774  ,  après  avoir 
donné  au  public  :  |  Bibliotheca  historica 
sacra  ,  1756  ,  2  vol.  in-fol.  C'est  une  es- 
pèce de  dictionnaire  historique  de  la  reli- 
gion. |  Des  Sermons.  \  Biographia  Bri- 
tannica. 

*  BROUGHTON  (  Guillaume-Robert), 
navigateur  anglais  né  dans  le  comté  de 
Glocester,  commandant  en  chef  tempo- 
raire de  la  marine  britannique  dans  les 
Indes  orientales  ,  et  colonel  des  Royales- 
Marines  ,  mourut  à  Florence  en  1821.  Il 
commanda  successivement  le  Chatam,  le 
Batavia  .,1e  Pénélope,  etc.  et  rendit  d'im- 
portans  services  à  sa  patrie  dans  l'expé- 
dition contre  l'île  de  Java  et  de  Batavia. 
Ses  découvertes  et  remarques,  utiles  pour 
la  navigation ,  furent  consignées  dans  la 
relation  de  ses  voyages,  intitulée:  Voyage 
of  discovery  tote  North  Pacific  océan , 
Londres,  1804,  in-4°.  Cet  ouvrage  a  été 


traduit  en  français  par  Eyriès.  Paris,  1801, 
2  vol.  in-8°,  avec  cartes. 

BROURHUSIUS  (  Janus)  ,  né  à  Ams- 
terdam en  1649 ,  poète  latin  et  capitaine 
de  vaisseau,  mourut  en  1707.  On  a  donné 
une  magnifique  édition  de  ses  poésies  ,  à 
Amsterdam  en  1711,  in-4°.  On  a  encore  de 
lui  les  éditions  de  Properce  et  de  Tibulle, 
l'une  et  l'autre  avec  des  notes  ,  in-4°  ;  la 
lre  en  1702,  la  2e  en  1708. 

*  BROUSSE  (  Pascal-François  de  la)  , 
conseiller  au  parlement  de  Bordeaux  ,  est 
auteur  d'un  ouvrage  intitulé  :  pro  Clé- 
mente V,  pontifice  maximo ,  Vindiciœ , 
seu  de  primatu  Aquiianiœ  dissertation 
Paris ,  1657 ,  1  vol.  in-4°.  On  y  trouve  de 
savantes  recherches  sur  les  antiquités  de 
la  Guienne. 

BROUSSON  (Claude),  naquit  à  Nîmes 
en  1647.  Il  fut  reçu  avocat ,  et  se  distin- 
gua à  Castres  et  à  Toulouse  par  se»  plai- 
doyers. Ce  fut  chez  lui  que  se  tint,  en  1685, 
l'assemblée  des  députés  des  églises  réfor- 
mées ,  dans  laquelle  on  résolut  de  conti- 
nuer à  s'assembler ,  quoiqu'on  vînt  à  dé- 
molir les  temples.  L'exécution  de  ce  pro- 
jet occasiona  des  séditions ,  des  combats , 
des  exécutions  violentes,  qui  finirent  par 
une  amnistie  de  la  part  de  Louis  XIV. 
Brousson  retiré  alors  à  Nîmes,  et  crai- 
gnant avec  raison  d'être  arrêté  avec  les 
principaux  auteurs  du  projet  (  qu'on  ne 
comprit  pas  apparemment  dans  l'amnis- 
tie) ,  se  réfugia  à  Genève ,  et  de  là  à  Lau- 
sanne. Il  courut  ensuite  de  ville  en  ville, 
de  royaume  en  royaume,  tâchant  d'armer 
contre  sa  patrie  des  princes  protestans. 
De  retour  en  France ,  il  parcourut  plu- 
sieurs provinces,  la  Champagne,  la  Picar- 
die, l'Ile  de  France,  l'Orléanais,  la  Bour- 
gogne, exerça  quelque  temps  le  ministère 
dans  les  Cévennes,  parut  à  Orange,  passa 
dans  le  Béarn  pour  échapper  à  ceux  qui 
le  cherchaient ,  et  fut  arrêté  à  Oléron  en 
1698.  On  le  transféra  à  Montpellier  ,  où  il 
fut  convaincu  d'avoir  eu  des  intelli- 
gences avec  les  ennemis  de  l'état,  d'avoir 
excité  des  révoltes,  et  d'avoir  sollicité  les 
puissances  étrangères  à  porter  le  fer  et 
le  feu  dans  sa  patrie.  On  lui  montra  un 
projet  écrit  de  sa  main,  et  adressé  au  duc 
de  Schomberg ,  pour  introduire  des  trou- 
pes anglaises  et  savoyardes  dans  le  Lan- 
guedoc. Il  fut  condamné  à  être  rompu 
vif.  On  a  de  Brousson  un  grand  nombre 
d'écrits  furieux  en  faveur  de  sa  secte  : 
|  l'Etat  des  Réformés  de  France  .  La 
Haye  ,  1685.  |  Des  Lettres  au  clergé  de 
France  j  publiées  la  même  année.  I  Des 
49. 


BRO  582 

Lettres  des  protestans  de  France  à  tous 
les  autres  protestans,  imprimées  aux 
dépens  de  l'électeur  de  Brandebourg ,  en 
1686.  On  les  fît  répandre  dans  les  cours 
protestantes  de  l'Europe.  |  Remarques  sur 
la  traduction  du  nouveau  Testament 
d'Amelot,  1  gros  vol.  in-12  ,  4697,  où  il 
traite  par  occasion  des  matières  contro- 
versées. «  Les  philosophes  de  ce  siècle  , 
»  dit  un  auteur  moderne,  ont  voulu  faire 
»  de  Brousson  un  pendant  aux  martyrs 
»  de  la  foi;  mais  jamais  la  religion  n'a 
»  compté  au  nombre  de  ses  témoins  et  de 
»  ses  défenseurs  les  séditieux  et  les  traî- 
»  très  ;  les  protestans  mêmes  n'ont  vu  dans 
»  Brousson  qu'un  enthousiaste  brouillon 
»  et  vénal.  »  Les  Hollandais ,  qui  atten- 
daient l'occasion  de  profiter  des  troubles 
que  Brousson*  s'efforçait  d'exciter  en 
France,  accordèrent  à  sa  veuve  une  pen- 
sion de  600  florins  ,  outre  celle  de  400 


qu'ils  faisaient  déjà  à  ce  fanatique. 

*  BROUS50N1XET  (  Pierre-Marie-Au- 
guste), savant  naturaliste  et  professeur 
de  botanique ,  né  à  Montpellier  le  28  fé- 
vrier 1761.  En  1789,  il  fut  nommé  au  corps 
électoral  de  Paris,  et  en  1791  élu  député 
à  l'assemblée  nationale ,  où  il  se.  fit  peu 
remarquer.  Après  la  session  il  se  retira  à 
Montpellier,  où  il  fut  arrêté  comme  fédé- 
raliste; mais  il  parvint  à  s'évader,  passa 
en  Espagne ,  et  de  là  dans  les  Etats-Unis, 
où  il  reprit  ses  premières  études  botani- 
ques ,  et  avec  elles  retrouva  le  bonheur. 
Rentré  en  France  après  la  terreur  ,  il  fut 
nommé  consul  à  Mogador,  et  ensuite  aux 
Canaries,  où  il  séjourna  quelque  temps. 
Il  allait  se  rendre  au  cap  de  Bonne-Espé- 
rance avec  la  même  qualité,  quand  le  mi- 
nistre de  l'intérieur,  M.  Chaptal,  son  pa- 
rent ,  le  nomma  professeur  de  botanique 
à  l'école  de  Montpellier.  Broussonnet  se 
fit  remarquer ,  dans  cet  emploi ,  par  la 
clarté  et  le  charme  de  ses  leçons ,  et  par 
la  distribution  méthodique  qu'il  établit 
dans  les  plantes  du  jardin  botanique.  En 
1805,  il  fut  nommé  membre  du  corps 
législatif ,  et  mourut  le  27  juillet  1807 
d'une  apoplexie.  C'est  à  lui  que  l'on  doit 
les  premiers  troupeaux  de  mérinos  qu'il 
fit  venir  d'Espagne.  Il  a  travaillé  long- 
temps à  la  feuille  du  Cultivateur ,  et  a 
publié  :  \Ichthyologia  sistens piscium  des- 
criptiones  et  icônes ,  Londres,  1782,  in-4°. 
|  L'année  rurale  ou  Calendrier  à  l'usage 
des  cultivateurs,  Paris,  1787  et  1788,  2 
vol.  in-12.  |  Une  traduction  de  X Histoire 
des  découvertes  et  des  voyages  faits  dans 
le  Nord  par  Froster  t  Paris  ,  1789,  2  vol. 


BRO 

in-8°.  |  Plusieurs  Discours  qu'il  prononça 
à  la  société  d'agriculture ,  et  un  grand 
nombre  de  Mémoires  sur  l'histoire  natu- 
relle et  la  botanique.  Il  a  laissé  en  outre 
plusieurs  ouvrages  manuscrits. 

BROUWER  (  Christophe)  ,  né  à  Arn- 
heim,  vers  l'an  1560,  jésuite,  mort  à  Trê- 
ves le  2  juin  1617,  laissa  :  |  Fuldensium 
antiquitatum  libri  IV,  Anvers,  1612, 
in-4°.  Ces  Annales  civiles  et  ecclésiasti- 
ques de  Fulde  sont  écrites  fort  méthodi- 
quement, et  vont  jusqu'en  1616.  |  Anti- 
quitates  annalium  Trevirensium ,  et  epi- 
scoporum  Metensium ,  Tullensium  et 
Verdunensium^,  Cologne,  1626 ,  in-fol.  Le 
manuscrit  de  cet  ouvrage  fut  examiné  par 
des  conseillers  de  l'électeur,'  qui  plus  zélés 
pour  les  intérêts  de  leur  maître  que  pour 
ceux  de  la  vérité,  firent  des  changemens 
considérables  ,  et  c'est  dans  cet  état  que 
parut  l'édition  de  1626 ,  qui,  malgré  cela  , 
fut  supprimée  quelque  temps  après.  Cette 
édition  est  rare.  Le  Père  Masénius  en 
donna  une  seconde  édition,  et  ajouta  trois 
livres  aux  vingt-deux  du  Père  Brouwer  ; 
mais  elle  passa  encore  par  les  mains  des 
conseillers  qui  y  firent  de  nouveaux  chan- 
gemens. Cette  édition  parut  à  Liège ,  en 
2  vol.  in-fol. ,  1670.  On  estime  surtout  les 
préliminaires  du  Père  Brouwer  ;  ils  con- 
tiennent une  infinité  de  recherches  sa- 
vantes sur  tout  ce  qui  a  rapport  aux  anti- 
quités et  aux  usages  des  peuples  qui  ont 
habité  le  pays  dont  il  écrit  l'histoire.  Le 
savant  Jean  Eccard  ,  après  s'être  plaint 
sur  le  peu  de  bonnes  histoires  que  l'on  a 
des  évêchés  d'Allemagne ,  ajoute  :  Unus 
Browerus  vir  pius.probus  et  doctissimus, 
supra  vulgus  caput  extulit ,  et  Annales 
Trevirenses  adornavit ,  qui  licèt  ab  invi- 
dis ,  et  verilatis  atque eruditionis  solidio- 
ris  osoribus  diu  pressi  et  ferme  oppressi 
fuerint ,  tandem  tamen  à  Masenio  conti- 
nuatore  ,  aliquantulum  licèt  immutati  et 
castrali  in  publicum  emissi  sunt ,  et  me- 
tropolis  Trevirensis  historiam  eâ  in  luce 
posuerunt ,  ut  auctori  suo  œlernas  illa 
gralias  debeat.  M.  de  Hontheim ,  suffra- 
gant  de  Trêves ,  a  donné  une  nouvelle 
histoire  de  cet  archevêché,  en  latin,  3 
vol.  in-fol. ,  Augsbourg,  1750.  |  Venantii 
H.  C.  Fortunati  opéra,  avec  des  supplé- 
mens  et  des  notes  ,  Mayence,  1630,  in- 4°. 
|  Vies  de  quelques  saints  d'Allemagne, 
tirées  d'anciens  manuscrits,  Mayence, 
1616,  in-4°.  Le  Père  Brouwer  était  très 
savant  :  Baronius  en  parle  avec  éloge  dans 
ses  Annales,  tome  10. 

*  BROWER  C  Jacques  de  ) ,  religieux 


BRO 


583 


BRO 


dominicain ,  né  dans  le  Brabant ,  mourut 
en  4637  à  Anvers,  prieur  du  couvent  de 
son  ordre.  Il  avait  donné  en  1613 ,  à  Douai, 
une  édition  corrigée  des  Commentaires 
de  Dominique  Soto  sur  la  physique  d'A- 
ristote ,  ouvrage  oublié. 

BROWER.    Voyez  BRAWER. 

BROWN  (  Robert  ),  né  vers  la  fin  du 
46e  siècle,  d'une  assez  bonne  famille  du 
Rutlandshire ,  et  allié  au  lord-trésorier 
Burleigh ,  chef  de  la  secte  qui  porte  son 
nom,  fit  ses  études  à  Cambridge,  et  com- 
mença à  publier  ses  opinions  et  à  décla- 
mer contre  le  gouvernement  ecclésiasti- 
que à  Norwich,  en  1580.  Il  attaqua  éga- 
lement les  épiscopaux  et  les  presbyté- 
riens ,  et  voulut  établir  un  gouvernement 
ecclésiastique  purement  démocratique.  Il 
s'attira  bientôt  l'animadversion  des  évo- 
ques. Il  se  glorifiait  lui-même  d'avoir  été 
pour  cette  cause  mis  en  trente-deux  pri- 
sons différentes.  Par  la  suite ,  il  sortit  du 
royaume  avec  ses  sectateurs  ,  et  se  relira 
à  Middelbourg  en  Zélande  ,  où  lui  et  les 
siens  obtinrent  des  états  la  permission  de 
bâtir  une  église ,  et  d'y  servir  Dieu  à  leur 
manière.  Peu  de  temps  après ,  la  divi- 
sion se  mit  parmi  eux  :  plusieurs  se  sé- 
parèrent, ce  qui  dégoûta  tellement  Brown, 
qu'il  se  démit  de  son  office ,  retourna  en 
Angleterre  en  1S89,  y  abjura  quelques 
erreurs ,  sans  cesser  d'être  fanatique ,  et 
fut  nommé  à  la  place  do  recteur  dans  une 
église  du  Northampthonshirc  ,  où  il  mou- 
rut en  1630.  On  a  de  lui  un  livre  anglais  , 
intitulé  Différence  des  mœurs  des  Chré- 
tiens ,  d'avec  celles  des  Turcs,  des  pa- 
pistes et  des  païens  ,  Middelbourg,  1  vol. 
in-4°. 

BROWN  (  Thomas  ) ,  médecin  et  anti- 
quaire de  Londres ,  né  le  10  octobre  1605, 
voyagea  en  France  et  en  Italie ,  prit  le 
degr4de  docteur  en  médecine  à  Leyde  et 
à  Oxford,  fut  créé  chevalier  par  Charles 
II  en  1671.  Il  mourut  le  19  octobre  à  Nor- 
wich ,  en  1682.  On  a  recueilli  ses  ouvra- 
ges à  Londres  en  1686 ,  en  1  vol.  in-fol. 
divisé  en  4  parties.  La  ire  renferme  un 
traité,  traduit  en  français  par  l'abbé 
Souchai ,  sous  ce  titre  :  Essai  sur  les  er- 
reurs populaires,  ou  Examen  de  plusieurs 
opinions  reçues  comme  vraies,  qui  sont 
fausses  ou  douteuses,  2  vol.  in-12,  Paris , 
1733  et  1742,  plein  de  recherches  et  d-e 
bonne  critique.  On  trouve  dans  la  2e  partie 
le  fameux  ouvrage ,  traduit  en  tant  de 
langues ,  intitulé  Religio  Medici,  imprimé 
séparément  à  Leyde ,  en  1644 ,  in-12. 
Quoique  ce   traité  ait   fait    soupçonner 


Brown  d'avoir  un  symbole  réduit  à  très 
peu  d'articles,  on  assure  pourtant  qu'il 
était  zélé  pour  la  religion  anglicane.  Il 
est  certain  qu'il  ne  peut  être  agrégé  aux 
philosophes  de  ce  siècle;  on  peut  en  juger 
par  ces  passages  remarquables  des  Erreurs 
j>opulaires  :  «  Pour  entraîner  plus  sùre- 
»  ment  dans  l'erreur,  le  démon  a  persuadé 
»  aux  hommes  qu'il  était  un  être  imagi- 
»  naire ,  et  par-là  il  endort  l'homme  dans 
»  une  fausse  sécurité  et  lui  fait  concevoir 
»  des  doutes  sur  les  peines  et  sur  les  ré- 
»  compenses  futures.  Il  ébranle  l'opinion 
»  même  de  l'immortalité  de  l'âme;  car 
»  ceux  qui  prétendent  qu'il  n'y  a  pas  do 
«substances  purement  spirituelles,  croi- 
»  ront  encore  moins  que  leurs  âmes  doi- 
»  vent  exister  après  qu'elles  seront  sépa- 
»  rées  de  leurs  corps.  »  (Voyez  DELRIO , 
MEAD, OPHIONÉE,  SPÉ ,  etc.) Les  traités 
qui  occupent  les  deux  autres  parties  ,  rou- 
lent sur  les  plantes  dont  il  est  parlé  dans 
l'Ecriture  ;  sur  les  poissons  que  J.-C  man- 
geaaprès  sa  résurrection,  avec  les  apôtres  ; 
sur  les  guirlandes  des  anciens  ;  sur  des 
urnes  sépulcrales  trouvées  en  Angleterre, 
etc.  —  Son  fils  Edouard  BROWN ,  s'ap- 
pliqua à  la  même  profession  que  son  père, 
voyagea  en  Allemagne,  en  Hongrie  et  en 
Turquie.  De  retour  dans  sa  patrie ,  il  fut 
fait  médecin  de  Charles  II,  d  l'hôpital 
de  Saint-Barthélemi ,  et  mourut  en  1708. 
On  a  de  lui  :  |  Voyage  en  Hongrie ,  Bul- 
garie, Autriche,  etc.  avec  des  observations 
physiques, politiques,  Londres,  1673,  in- 
4° ,  en  anglais ,  traduit  en  français  ,  Paris, 
1674 ,  in-4°.  |  Traduction  anglaise  des 
Vies  de  Plutarque. 

BROWN  (EDouARD),lhéologien  anglais 
parent  du  précédent,  vivait  dans  le  17e 
siècle.  Nous  lui  devons  un  ouvrage  peu 
commun ,  imprimé  en  1690  ,  à  Londres, 
en  2  vol.  in-fol.  sous  ce  titre  :  Fasciculus 
rerum  cxpelendarum  et  fugiendarum. 
Cet  ouvrage  est  un  recueil  de  pièces  con- 
cernant le  concile  de  Baie ,  de  lettres  et 
d'opuscules  relatifs  au  même  objet  ;  le 
tout  recueilli  par  Ortuin  Gratius.  Brown, 
en  donnant  la  nouvelle  édition  que  nous 
citons,  l'a  enrichie  de  notes,  et  d'un  ap- 
pendice d'anciens  auteurs  qui  ont  écrit 
sur  la  même  matière.  Il  a  encore  donné 
quelques  autres  ouvrages ,  trop  peu  con- 
nus pour  en  faire  mention. 

BROWN  (  Pierre  ),  natif  d'Irlande, 
d'abord  prévôt  du  collège  de  la  Ti  inité,  en- 
suite évêque  de  Corck  ,  mourut  dans  son 
palais  épiscopal  en  1735,  aprèsavoir  publié 
plusieurs   ouvrages  en  anglais.  Les  prin- 


BRO  S 

cipaux  sont  :  |  Une  Réfutation  du  Chris- 
tianisme non  mystérieux  de  Toland^  Du- 
blin, 1687,  in-8°.  Ce  traité  fut  l'origine 
de  sa  fortune;  ce  qui  faisait  dire  à  l'impie 
que  c'était  lui  qui  l'avait  fait  évéque  de 
Corck.  |  Plusieurs  écrits  contre  la  cou- 
tume de  boire  en  mémoire  des  morts, 
1713  ,  in-12.  |  Le  progrès ,  l'étendue  et  les 
limites  de  l'entendement  humain,  qui  est 
comme  un  supplément  à  son  écrit  contre 
Toland ,  1728 ,  in-8°.  |  Plusieurs  Sermons. 
Ce  prélat  avait  beaucoup  contribué  à  épu- 
rer le  goût  des  docteurs  de  son  pays  ,  qui 
se  jetaient  la  plupart  dans  les  pointes , 
l'enflure  et  les  faux  brillans. 

BROWN  (  Ulysse-Maximilien  de  ), 
célèbre  général  du  18e  siècle ,  était  fils 
d'Ulysse ,  baron  de  Brown  ,  colonel  d'un 
régiment  de  cuirassiers  au  service  de 
l'empereur  ,  d'une  des  plus  nobles  et  des 
plus  anciennes  maisons  d'Irlande.  Il  na- 
quit à  Bâle  le  24  octobre  1705  :  et  après 
avoir  fait  ses  premières  études  à  Lime- 
rick  en  Irlande  ,  il  fut  appelé  en  Hongrie 
à  l'âge  de  10  ans ,  par  le  comte  Georges 
de  Brown  son  oncle ,  colonel  d'un  régi- 
ment d'infanterie.  Il  fut  présent  au  fa- 
meux siège  de  Belgrade  en  1717.  Sur  la 
fin  de  1723 ,  il  devint  capitaine  dans  le 
régiment  de  son  oncle ,  puis  lieutenant- 
colonel  en  1725.  Il  passa  dans  l'île  de 
Corse  en  1750,  avec  un  bataillon  de  son 
régiment,  et  contribua  beaucoup  à  la 
prise  de  Calansara ,  où  il  recul  à  la  cuisse 
une  blessure  considérable.  Il  fut  nommé 
chambellan  de  l'empereur  en  1732  et  co- 
lonel en  1734.11  se  distingua  dans  la  guerre 
d'Italie ,  surtout  aux  batailles  de  Parme 
et  de  Guastalla ,  et  brûla ,  en  présence  de 
l'armée  française ,  le  pont  que  le  maré- 
chal de  Noailles  avait  fait  jeter  sur  l'Adige. 
Nommé  général  de  bataille  en  1736,  il  fa- 
vorisa l'année  suivante  la  retraite  par  une 
savante  manœuvre ,  et  sauva  tous  les  ba- 
gages à  la  malheureuse  journée  de  Banja- 
luca  en  Bosnie,  du  5  août  1727.  Cette  belle 
action  lui  valut  un  second  régiment  d'in- 
fanterie ,  vacant  par  la  mort  du  comte 
François  de  Wallis.  De  retour  à  Vienne  en 
1759 ,  l'empereur  Charles  VI  l'éleva  à  la 
dignité  de  général  feld-maréchal-lieute- 
nant,  et  le  lit  conseiller  dans  le  conseil 
aulique  de  guerre.  Après  la  mort  de  ce 
prince,  le  roi  de  Prusse  étant  entré  en 
Silésie  ,  le  comte  de  Brown,  avec  un  petit 
corps  de  troupes ,  fut  lui  disputer  le  ter- 
rain pied  à  pied.  Il  commandait  en  1741 
l'infanterie  de  l'aile  droite  de  l'armée 
autrichienne  à  la  bataille  de  Malwitz ,  et 


84  JîHO 

quoique  blessé ,  il  fit  une  belle  retraite.  Il 
passa  ensuite  en  Bavière,  où  il  commanda 
l'avant-garde  de  la  même  armée,  s'empara 
de  Deckendorf  et  de  beaucoup  de  bagages 
et  obligea  les  Français  d'abandonner  les 
bords  du  Danube,  que  l'armée  autri- 
chienne passa  ensuite  en  toute  sûreté.  La 
reine  de  Hongrie  l'envoya  la  même  année 
à  Worms ,  en  qualité  de  son  plénipoten- 
tiaire, auprès  du  roi  d'Angleterre  :  il  y 
mit  la  dernière  main  au  traité  d'alliance 
entre  les  cours  de  Vienne ,  de  Londres  et 
de  Turin.  En  1745  ,  la  même  princesse  le 
déclara  son  conseiller  intime  actuel,  à  son 
couronnement  de  Bohème.  Le  comte  do 
Brown  suivit  en  1744  le  prince  Lobkowitz 
en  Italie,  prit  la  ville  de  Velletri  le  4  août 
malgré  la  supériorité  du  nombre  des  en- 
nemis ,  pénétra  dans  leur  camp ,  y  ren- 
versa plusieurs  régimens ,  et  y  fit  beau- 
coup de  prisonniers.  Bappelé  en  Bavière 
il  s'y  signala,  et  retourna  en  Italie  l'an 
1746.  Il  chassa  les  Espagnols  du  Milanais, 
et  s'étant  joint  à  l'armée  du  prince  de 
Lichtenstein,  il  commanda  l'aile  gauche  de 
l'armée  autrichienne  à  la  bataille  de  Plai- 
sance ,  le  16  juin  1746,  et  défit  l'aile  droite 
de  l'armée  ennemie ,  commandée  par  le 
maréchal  de  Maillebois.  Après  cette  célè- 
bre bataille ,  dont  le  gain  lui  fut  dû ,  il 
commanda  en  chef  l'armée  destinée  contre 
les  Génois  ,  s'empara  du  passage  de  la  Bo- 
chetta,  quoique  défendu  par  40,000  hom- 
mes ,  et  se  rendit  maître  de  la  ville  de 
Gènes.  Le  comte  de  Brown  se  joignit  en- 
suite aux  troupes  du  roi  de  Sardaigne ,  et 
prit  conjointement  avec  lui  le  mont  Alban 
et  le  comté  de  Nice.  Il  passa  le  Var  le  50 
novembre,  malgré  les  troupes  françaises, 
entra  en  Provence,  y  prit  les  îles  de  Sainte- 
Marguerite  et  de  Saint-Honorat.  Il  pen- 
sait à  se  rendre  maître  d'une  plus  grande 
partie  de  la  Provence  ,  lorsque  la  révolu- 
tion de  Gènes ,  et  l'armée  du  maréchal  de 
Belle-Isle ,  l'obligèrent  de  faire  cette  belle 
retraite  qui  lui  attira  l'estime  de  tous  les 
connaisseurs.  Il  employa  le  reste  de  l'an- 
née 1747  à  défendre  les  états  de  la  maison 
d'Autriche  en  Italie.  L'impératrice-reine 
de  Hongrie  ,  pour  récompenser  ses  belles 
campagnes  d'Italie ,  le  fit  gouverneur  de 
Transilvanie  en  1749.  Il  eut  en  1752  le  gou- 
vernement, de  la  ville  de  Prague,  avec  le 
commandement  général  des  troupes  dan9 
ce  royaume,  et  le  roi  de  Pologne,  électeur 
de  Saxe,  l'honora  en  1755  de  l'ordre  de 
l'Aigle-Blanc.  Le  roi  de  Prusse  ayant  en- 
vahi la  Saxe  en  1756,  et  attaqué  la  Bohème, 
le  comte  de  Brown  marcha  contre  lui  ;  il 


BRO 


585 


BRO 


repoussa  ce  prince  à  la  bataille  de  Lobositz, 
le  1er  octobre  ,  quoiqu'il  n'eût  que  26,000 
hommes  et  que  le  roi  de  Prusse  en  eût  au 
moins  40,000.  Sept  jours  après  ce  conflit,  il 
entreprit  cette  fameuse  marche  en  Saxe , 
pour  y  délivrer  les  troupes  saxonnes  en- 
fermées entre  Pirna  et  Konigstein  :  action 
digne  des  plus  grands  capitaines  anciens 
et  modernes.  Il  obligea  ensuite  les  Prus- 
siens à  se  retirer  de  la  Bohème  ;  ce  qui 
lui  valut  le  collier  de  la  Toison-d'or ,  dont 
l'empereur  l'honora  le  6  mars  1757.  Peu 
de  temps  après,  le  comte  de  Brown  passa 
en  Bohème ,  où  il  ramassa  des  troupes  à 
ta  hâte ,  pour  résister  au  roi  de  Prusse , 
qui  y  avait  pénétré  de  nouveau  à  la  tête 
de  toutes  ses  forces.  Le  6  mai ,  se  donna 
la  fameuse  bataille  de  Potschernitz  ou  de 
Prague,  dans  laquelle  le  comte  de  Brown 
fut  dangereusement  blessé.  Obligé  de  se 
retirer  à  Prague ,  il  y  mourut  de  ses  bles- 
sures ,  le  26  juin  1757  ,  à  52  ans.  Le  comte 
de  Brown  n'était  pas  seulement  grand 
général,  il  était  aussi  habile  négociateur, 
et  très  versé  dans  la  politique.  La  Vie  de 
cet  illustre  général  a  été  écrite  dans  deux 
brochures,  l'une  en  allemand  et  l'autre  en 
français ,  imprimées  à  Prague  en  -1757. 

BROWN  (  Guillaume  ),  poète  anglais, 
né  à  Tavitosck  en  Devonshire  vers  1590 , 
mort  vers  l'an  1045 ,  se  lit  un  nom  par 
sea  Pastorales.  Elles  ont  été  recueillies  en 
2  vol.  in-8°,  à  Londres ,  en  1625.  On  a 
encore  de  lui  sept  églogues,  publiées  sous 
ce  titre  :  La  Flûte  du  Berger,  Londres , 
i614,  in-8°.  On  a  donné  une  nouvelle  édi- 
tion de  ses  poésies  en  1772 ,  5  petits  vol. 
in-12.  —  Il  ne  faut  pas  le  confondre  avec 
un  autre  Guillaume  BROWN ,  médecin , 
mort  en  1754  ,  à  82  ans,  qui  a  aussi  donné 
des  Poésies  ,  et  en  outre  Opuscula  varia 
medicorum,  1765,  in-4°  ,  avec  un  ^//^n- 
dice,  qui  a  paru  en  1768. 

*  BROWN  (  Moïse  ) ,  vicaire  d'Olney, 
dans  le  comté  de  Buckingham,  et  chape- 
lain du  collège  de  Morden,  né  en  1705, 
commença  par  être  tailleur  de  plumes. 
Hervey,  l'auteur  des  Méditations  *  le  fit 
étudier ,  et  entrer  dans  les  ordres.  On  a 
de  lui  plusieurs  Serinons,  et  quelques  ou- 
vrages en  vers ,  entre  autres  :  |  un  vol. 
de  Poésies,  1759,  in-8°;  |  Pensées  du  di- 
manche, poème,  1749,  in-12;  |  Percij 
Lodge  ,  poème  descriptif,  1756.  Brown 
iraduisit  les  ouvrages  deZimmerman,  et 
donna  une  édition  du  Parfait  pêcheur  à 
ta  ligne ,  et  des  Eglogues  sur  la  pèche 
de  Walton. 

BROWN  (  Isaac-Haweins  ) ,  anglais  , 


né  à  Burlon  le  21  janvier  1706,  moitié 
14  février  1760,  s'est  fait  un  nom  dans  9a 
patrie  par  ses  Poésies,  imprimées  en  1763, 
in-8° ,  et  surtout  par  son  traité  De  Animes 
immortalitate ,  en  2  liv.,  1754. 

BROWN  (Jean  ),  écrivain  anglais,  nô 
à  Rothbury  dans  le  Northumberland  le  5 
novembre  1715,  chanoine  de  Carlisle, 
docteur  en  théologie ,  servit  en  qualité  de 
volontaire  pendant  les  troubles  de  sa  pa- 
trie ,  en  1745 ,  et  mourut  le  23  septembre 
1766.  On  a  de  lui  :  |  Essai  sur  les  Mœurs, 
ou  Caractère  de  Shaflesbury ,  ouvrage 
qui  fut  fort  goûté,  et  qu'on  réimprima 
pour  la  5e  fois  en  1764 ,  in-8°.  |  Essai  sur 
la  Musique,  1751.  |  Histoire  de  l'origine 
et  des  progrès  de  la  Poésie  dans  ses  diffé- 
rons genres ,  1764 ,  in-8°,  traduit  de  l'an- 
glais par  Eidous  ,  Paris ,  1768 ,  excellent 
ouvrage  où  la  sagacité,  le  sens  et  la  rai- 
son vont  de  pair  avec  l'érudition,  j  Des 
sermons;  des  pièces  de  théâtre.  Il  n'est 
pas  surprenant  de  voir  en  Angleterre  al- 
lier le  mimisme  avec  la  chaire  :  n'ayant 
point  de  principes  fixes  de  morale,  les  mi- 
nistres anglais  croient  que  ce  sont  deux 
manières  d'instruire. 

*  BROWN  (Jean)  ,  médecin  écossais , 
né  en  1756  dans  un  petit  village  du  com- 
té de  Berwick,  d'un  pauvre  journalier, 
se  fit  remarquer  dès  son  enfance ,  autant 
par  sa  force  et  son  adresse  dans  les  exer- 
cices du  corps  que  par  son  aptitude  à  sai- 
sir tout  ce  qu'on  lui  apprenait.  Ses  pro- 
grès furent  tels ,  que  dès  l'âge  de  15  ans  , 
on  lui  confia  l'éducation  de  l'enfant  d'un 
homme  considérable  ;  mais  la  fierté  de  son 
caractère  lui  rendait  trop  pénible  la  dé- 
pendance qu'exigeaient  ses  fonctions.  Il 
se  rendit  à  Edimbourg  pour  s'y  livrer  à 
l'étude  de  la  théologie.  Un  de  ses  amis 
l'ayant  engagé  de  mettre  en  latin  une 
thèse  de  médecine  écrite  en  anglais ,  il  le 
fit  avec  une  telle  supériorité  et  ce  travail 
lui  attira  tant  d'éloges,  qu'il  se  décida  à 
être  médecin.  Il  fit  dans  cette  science  des 
progrès  très  rapides ,  et  pour  suppléer  à 
son  peu  de  fortune ,  il  faisait  des  répéti- 
tions aux  jeunes  étudians.  Il  fut  bientôt 
admis  dans  la  société  médicale  d'Edim- 
bourg ,  et  en  devint  président  en  1776  et 
en  1780.  C'est  alors  qu'il  conçut  le  système 
médical ,  qui  l'a  rendu  si  célèbre,  et  qu'il 
développa  dans  son  ouvrage  intitulé  Ele- 
menta  medicinœ,  qui  eut  un  grand  succès 
et  établit  sa  réputation.  Il  aurait  pu  faire 
une  fortune  considérable  s'il  eût  su  pro- 
fiter des  circonstances  ;  mais  son  goût  pour 
les  plaisirslui  fitdissiper  en  peu  de  temps 


Bill)  5 

la  fortune  qu'il  avait  acquise.  Son  carac- 
tère hautain  et  peu  sociable  avec  ses  con- 
frères lui  fit  en  même  temps  beaucoup 
d'ennemis.  Quelques  désagrémens  qu'il 
éprouva  le  décidèrent  de  se  rendre  à 
Londres  où  il  espérait  rétablir  sa  fortune  ; 
mais  peu  habitué  de  se  tenir  à  son  état,  il 
acheva  d'épuiser  ses  ressources,  et  fut 
frappé  d'une  attaque  d'apoplexie  occa- 
sionée  par  ses  désordres ,  le  7  octobre 
1788.  Outre  ses  élémens  de  médecine  dont 
nous  avons  deux  traductions  françaises , 
il  a  laissé  des  Observations  sur  la  méde- 
cine. 

*  BROWN  (  Charles-Brockden  ) ,  ro- 
mancier américain,  surnommé  le  God- 
win  des  Etats-Unis  .,  né  à  Philadelphie , 
en  1778.  Il  vécut  long-temps  ignoré,  mou- 
rut à  l'âge  de  35  ans ,  en  1813  ,  laissant 
plusieurs  romans  qui  furent  réimprimés 
en  Angleterre. 

*  BROWN  (  Thomas  ) ,  professeur  de 
philosophie  morale  à  l'université  d'Edim- 
bourg, mort  en  1822,  s'est  acquis  de  la 
réputation  comme  métaphysicien  et 
comme  poète.  On  a  de  lui  :  |  Observations 
on  Darwin  s  Zoonomia*  1798,  in-8°;  | 
Poemss  2  vol,  1804. 

BROWNCKER  (Guillaume)  ,  savant 
irlandais,  né  en  1620,  fut  un  des  premiers 
membres  de  la  société  royale  de  Londres, 
qu'il  présida  pendant  15  ans.  Il  mourut 
le  5  avril  1684,  après  avoir  publié  sa  cor- 
respondance avec  Jean  "Wallis  sur  les  ma- 
thématiques, sous  le  titre  de  Commer- 
cium  epislolieum ,  Oxford,  1658 ,  in-4°.  Il 
y  a  beaucoup  de  Mémoires  de  lui  dans  les 
Transactions  philosophiques. 

*  BROWNE  (Georges),  le  premier 
évêque  qui  ait  embrassé  et  introduit  la 
réformation  en  Irlande  ,  était  moine  dans 
un  couvent  d'augustins  à  Londres,  et  de- 
vint provincial  de  son  ordre  en  Angle- 
terre. Son  goût  pour  la  doctrine  de  Luther, 
qui  commençait  à  se  répandre,  le  recom- 
manda au  roi  Henri  VIII ,  qui  le  nomma, 
en  1554,  archevêque  de  Dublin.  Il  tra- 
vailla de  tout  son  pouvoir  à  faire  renon- 
cer ses  diocésains  à  la  soumission  au 
pape ,  et  fut  nommé ,  en  1551 ,  primat 
d'Irlande  ,  à  la  place  de  l'archevêque 
d'Armargh,  Dondal,  vivement  opposé  aux 
mesures  de  la  cour  ;  mais  il  fut  privé  de 
ce  titre  et  de  sa  dignité  d'archevêque  ,  en 
1554  ,  par  la  reine  Marie ,  et  mourut  en 
1556.  On  a  de  lui  un  Sermon  contre  le 
culte  des  images  et  l'usage  de  pries  en  la- 
tin ,  imprimé  à  la  suite  de  sa  vie ,  Lon- 
dres, 1681, in~4°. 


86  BRU 

*  BROWNE  (Patrice),  médecin  et  bo- 
taniste né  à  Crosboyne  en  Irlande,  en 
1720.  Après  avoir  parcouru  une  partie  de 
l'Espagne  et  fait  plusieurs  voyages  aux 
Indes ,  il  se  fixa  à  la  Jamaïque ,  et  fit  une 
étude  approfondie  de  toutes  les  produc- 
tions naturelles  de  cette  île.  Il  a  publié  le 
résultat  de  son  travail  dans  un  excellent 
ouvrage  intitulé  Histoire  naturelle  et  ci- 
vile de  la  Jamaïque  *  Londres,  1756,  in- 
fol. ,  en  anglais,  avec  de  superbes  figures 
dessinées  par  le  célèbre  Ehret.  Il  revint 
dans  sa  patrie  et  mourut  à  Rusbrook  en 
1790.  Il  a  laissé  plusieurs  manuscrits  sur 
les  plantes  de  la  Jamaïque  et  de  l'Ir- 
lande. 

*  BRU  (Moyse-Vincent)  ,  peintre  es- 
pagnol ,  né  à  Valence  en  1682 ,  y  peignit 
trois  bons  tableaux  :  |  le  Passage  du 
Jourdain,  \  un  saint  François  de  Paule, 
|  et  celui  de  Tous  les  Saints.  Il  mourut 
en  1703 ,  à  l'âge  de  21  ans. 

*  BRU  AND  ou  BRUAN ,  curé  de  Mous- 
son, né  à  Nanci,  au  16e  siècle,  a  donné 
un  Bref  discours  (en  vers)  de  la  très 
noble  s  très  illustre  et  très  ancienne  mai- 
son de  Lorraine  ,  Lyon,  1591 ,  in-8°. 

*  BRU  AND  (Pierre-François)  ,  mé- 
decin ,  né  à  Besançon  en  1716 ,  mort  en 
cette  ville,  en  1786.  Le  roi  de  Pruscc  Fré- 
déric l'engagea  à  passer  dans  ses  états  ; 
mais  il  préféra  aux  emplois  brillans 
qu'on  lui  offrait ,  une  vie  obscure  et  tran- 
quille ,  qu'il  consacra  entièrement  à  ses 
concitoyens  et  au  soulagement  des  pau- 
vres. On  a  de  ce  médecin  :  |  Moyens  de 
rappeler  les  noyés  à  la  vie ,  Besançon , 
1763,  in-8°  ;  |  Mémoires  sur  les  maladies 
contagieuses  et  épidêmiques  des  bêles  à 
cornes  .,  Besançon,  1766 ,  2  vol.  in-12.  Cet 
ouvrage  avait  remporté  le  prix  de  l'aca- 
démie de  cette  ville  en  1763  ,  et  il  a  été 
réimprimé ,  avec  des  additions  ,  sous  le 
titre  de  Traité  des  maladies  épizootiques 
et  contagieuses  des  bestiaux  et  des  ani- 
maux les  plus  utiles  à  l'homme,  Besan- 
çon, 1782,  2  vol.  in-12.  On  trouve  plu- 
sieurs observations  importantes  de  lui 
dans  les  mémoires  des  sociétés  de  méde- 
cine de  Paris  et  de  Montpellier  dont  il 
était  membre. 

*  BRUAND  (Anne-Joseph),  membre 
de  l'académie  de  Besançon,  où  il  naquit 
en  1787 ,  fut  d'abord  soldat  ,  puis  défen- 
seur d'office  au  conseil  de  guerre  spécial 
de  sa  ville  natale ,  enfin  sous-préfet  dans 
plusieurs  départemens.  Il  mourut  en  1820 
à  Belley,  où  il  en  exerçait  les  fonctions.  Il 
était  aussi  membre  de  la  société  royale 


BRU  S 

des  antiquaires  de  France ,  de  l'académie 
des  sciences  et  belles-lettres  de  Toulouse. 
On  a  de  Bruand  :  |  Dissertations  sur  une 
mosaïque  découverte  près  de  la  ville  de 
Poligny  (Jura),'  Tours,  1815,  in-8°, 
avec  planches  ;  Paris ,  1816  ,  in-8°.  |  an- 
nuaire de  la  préfecture  du  Jura,  pour 
les  années  1813  et  1814;  |  Mélanges  litté- 
raires, Toulouse,  1815 ,  in-8°;  cet  ou- 
vrage ,  dédié  à  M.  Weiss,  bibliothécaire 
à  Besançon  ,  n'a  été  tiré  qu'à  vingt-cinq 
exemplaires ,  et  est  devenu  extrêmement 
rare.  |  Essai  sur  les  effets  de  la  musique 
chez  les  anciens  et  chez  les  modernes  , 
Tours ,  1815  ,  in-8°  ;  |  Exposé  des  motifs 
qui  ont  engagé  en  1808  S.  M.  C.  Ferdi- 
nand VII à  se  rendre  à  Bayonne *  Paris, 
1816  ,  in-8°  ,  traduit  librement  de  l'espa- 
gnol, etc.  Bruand  a  fourni  plusieurs  arti- 
cles à  la  Biographie  des  hommes  vivans. 
Il  a  laissé  en  outre  plusieurs  Mémoires 
sur  divers  sujets  d'archéologie  ,  qui  sont 
restés  inédits. 

*  BRUCE  (Jacques)  célèbre  voyageur, 
né  à  Kinnaird ,  dans  le  comté  de  Stirling 
en  Ecosse,  d'une  famille  noble  et  an- 
cienne. Devenu  veuf  d'une  femme  qu'il 
aimait ,  il  chercha  des  consolations  dans 
les  voyages  et  dans  l'élude  des  langues , 
et  il  s'adonna  particulièrement  à  celles  de 
l'arabe  et  de  l'éthiopien.  Il  venait  de  par- 
courir le  Portugal  et  l'Espagne ,  lorsque 
lord  Halifax  lui  proposa  d'aller  à  la  re- 
cherche des  sources  du  Nil.  Bruce  accepta 
la  proposition ,  et  fut  en  même  temps 
nommé  consul  à  Alger.  Il  resta  quelque 
temps  dans  cette  résidence,  et  en  juin 
1768,  il  se  mit  en  route  pour  l'Abyssinie  , 
et  visita  d'abord  Tunis,  Tripoli,  Rhodes, 
Chypre ,  la  Syrie  et  quelques  autres  con- 
trées de  l' Asie-Mineure.  Il  passa  de  là  en 
Afrique,  et  pénétra,  à  travers  mille  périls, 
jusqu'à  la  ville  de  Gondar ,  séjour  du  roi, 
et  partit  de  là  pour  les  sources  du  Nil , 
qu'il  trouva  dans  une  petite  ile  ver- 
doyante ,  dessinée  en  forme  d'autel , 
sous  la  garde  d'un  grand-prêtre  qui  avait 
la  police  religieuse  de  ces  sources  sa- 
crées. Après  un  séjour  de  quatre  ans 
dans  l'Abyssinie,  il  reprit  le  chemin  de 
l'Egypte  par  la  Nubie  ,  traversa  le  désert 
de  sable ,  et  arriva  enfin  dans  la  haute 
Egypte.  De  retour  en  Angleterre,  il  trouva 
son  bien  entre  les  mains  de  ses  parens, 
qui,  le  croyant  mort ,  se  l'étaient  partagé 
avec  une  précipitation  qui  déplut  au  sa- 
vant voyageur.  Pour  se  venger  de  leur 
avidité ,  il  se  remaria ,  et  perdit  encore 
celte  seconde  femme ,  après  en  avoir  eu 


87  B1VU 

un  fils.  Dégoûté  du  monde,  il  se  retira 
dans  sa  terre,  où  il  se  livra  entièrement 
à  la  rédaction  de  son  voyage.  Il  mourut 
sur  la  fin  d'avril  1794 ,  des  suites  d'une 
chute  qu'il  avait  faite  dans  son  escalier. 
La  relation  de  Bruce  a  été  imprimée  eu 
Angleterre  sous  ce  titre  :  Travels  îo  dis- 
coverthe  sources  oftheNile  in  the  Years_, 
1768  à  1772 ,  et  à  Edimbourg  en  1790 ,  5 
vol.  in-4°.  Elle  a  été  traduite  en  allemand 
par  Wolkmann,  et  en  français  par  Cas- 
tera,  Paris,  1790,  5  vol.  in-4°,  et  10  vol. 
in-8°.  Les  récils  de  Bruce  renferment  des 
faits  si  extraordinaires,  qu'ils  ressemblent 
un  peu  à  un  roman.  Cependant  plusieurs 
faits  qui  avaient  d'abord  été  contestés , 
ont  été  reconnus  depuis.  Il  a  paru  à  Lon- 
dres une  seconde  édition  de  ce  voyage  en 
7  vol.  in-8°  et  atlas.  L'auteur  s'est  regardé 
comme  le  premier  Européen  qui  ait  pé- 
nétré aux  sources  du  Nil ,  et  il  a  eu  dou- 
blement tort  d'avancer  ce  fait.  D'abord , 
il  n'a  point  vu  les  vraies  sources  du  Nil  : 
elles  sont  situées  au  pied  des  Alpes  de 
Kumri  ou  Montagnes  de  la  Lune,  et  n'ont 
encore  été  visitées  par  aucun  européen. 
Il  n'a  pris  connaissance  que  de  celles  que 
les  Abyssins  donnent  à  ce  fleuve,  et  en- 
core il  n'est  pas  le  premier  qui  les  ait  dé- 
crites. Le  P.  Paez,  missionnaire  portugais, 
les  avait  visitées  et  décrites  avant  lui.  On 
peut  voir  dans  YOEdipus  Egyptiacus .,  la 
description  qu'il  en  a  faite. 

BRUCIOLI  (Antoine),  laborieux  écri- 
vain ,  naquit  à  Florence  vers  la  fin  du 
15e  siècle.  Ayant  trempé  en  1522  dans  la 
conjuration  de  quelques  citoyens  floren- 
tins contre  le  cardinal  Jules  de  Médicis  , 
depuis  pape  sous  le  nom  de  Clément  VII, 
il  fut  obligé  de  s'expatrier  et  passa  en 
France.  Les  Médicis  ayant  été  chassés  de 
Florence  en  1527  ,  cette  révolution  le  ra- 
mena dans  sa  patrie.  Mais  la  liberté  avec 
laquelle  il  se  mit  à  parler  contre  les  re- 
ligieux et  les  prêtres ,  le  fit  soupçonner 
d'être  attaché  aux  nouvelles  opinions.  Il 
fut  emprisonné;  convaincu  d'hérésie  et 
de  projets  contraires  au  repos  de  l'état , 
il  n'aurait  point  échappé  à  la  corde  si  les 
bons  offices  de  ses  amis  n'eussent  fait 
réduire  son  châtiment  à  un  bannissement 
de  deux  ans.  Il  se  relira  alors  à  Venise 
avec  ses  frères  qui  étaient  imprimeurs  et 
libraires,  et  se  servit  de  leurs  presses 
pour  publier  la  plupart  de  ses  ouvrages, 
dont  le  plus  connu  et  le  plus  recherché 
est  la  Bible  entière  traduite  en  langue 
italienne ,  avec  des  commentaires.  Dans 
cette  Bible,  Brucioli  dévoile  son  attache- 


BMJ 


588 


BRU 


mcnl  aux  erreurs  de  Luther  et  de  Calvin  : 
les  réformateurs  s'en  accommodèrent  et 
en  publièrent  plusieurs  éditions.  Mais 
la  plus  ample  et  la  plus  rare  est  celle  de 
Venise ,  1546  et  1548  ,  7  tomes  en  5  vol. 
in-fol.  Brucioli  prétend  avoir  fait  sa  tra- 
duction sur  le  texte  hébreu  ;  mais  la  vérité 
est  que ,  très  médiocrement  versé  dans 
celte  langue,  il  s'est  servi  de  la  version 
latine  de  Sanctès  Pagnini ,  que  même  i) 
n'a  pas  toujours  entendue  :  son  style  d'ail- 
leurs est  aussi  barbare  que  le  latin  qui 
lui  a  servi  d'original.  Ses  autres  ouvrages 
sont  :  |  Des  traductions  italiennes  de 
l'Histoire  naturelle  de  Pline,  et  de  plu- 
sieurs traités  d'Aristote  et  de  Cicéron. 
Des  éditions1  de  Pétrarque  et  de  Boccace 
avec  des  notes.  |  Des  Dialogues  >  Venise , 
1526 ,  in-fol.  On  ne  sait  point  l'année  de 
sa  mort ,  mais  on  sait  qu'il  vivait  encore 
en  1554. 

*  BRUCKER  (  J.  Jacques  ),  savant  dis- 
tingué ,  né  à  Augsbourg  en  1696  ,  occupa 
quelque  temps  une  place  de  pasteur  à 
Kaufbenorn  ;  mais  sa  réputation  le  fit  ap- 
peler à  Augsbourg,  où  il  exerça  avec  suc- 
cès le  ministère  de  la  prédication.  Ses  tra- 
vaux s'étaient  constamment  dirigés  vers 
l'histoire  de  la  philosophie.  Il  a  donné  à 
ce  sujet  un  grand  ouvrage  intitulé  Histo- 
ria  critica  philosophions  a  mundi  incuna- 
bulis  ad  nostram  usque  œtatem  deducta, 
Leipsick,  1741  et  1767,  S  vol.  in-4°,  réim- 
primé en  1767,  avec  un  6e  vol.  in-4°.  On 
trouve  dans  cette  compilation,  fruit  d'une 
érudition  fort  exacte  et  très  étendue  ,  la 
vie  des  philosophes  exposée  avec  détail  et 
fidélité.  11  en  a  donné  lui-même  un  abrégé 
sous  ce  titre  Institutiones  historiœ  philo- 
sophiœ,  Leipsick,  1747,  in-8°,  dont  la 
2e  édition  parut  à  Leipsick  en  1766  in-8°. 
Il  a  publié  en  outre  :  |  L~  dncien  et  le 
Nouveau  Testament,avecune  explication 
tirée  des  théologiens  anglais  >  Leipsick , 
i758, 6  parties  in-fol.  |  Disputatio  de  com- 
paralione  philosoph  iœ  gentilis  cum  Scrip- 
iura,  in-4°.  |  Questions  sur  l'histoire  de 
la  philosophie  *  depuis  le  commencement 
du  monde  jusqu'à  la  naissance  de  Jésus- 
Ch?~ist,en  allemand ,  7  vol.  in-12.  |  Plu- 
sieurs Dissertatioris  intéressantes  sur  des 
points  d'érudition  et  d'histoire  littéraire. 
Il  mourut  à  Augsbourg  en  1770. 

•  BRUCOURT  (  Chari.es-Fra;vçois-Oli- 
vier-Rosette  de),  chevalier  de  St.-Louis, 
né  à  Grosville  près  Valogne ,  mort  le  16 
novembre  1755,  a  laissé  un  Essai  sur 
Vêducaliov  de  la  noblesse,  ÏJkl,  2  vol. 
in-12. 


♦BRUEIS  ouBRUEYS  (François-Paul, 
comte  de  ) ,  amiral  français ,  né  en  1760  à 
Uzès,  d'une  famille  noble  et  dist  inguée,  en- 
tra de  bonne  heure  dans  la  marine  royale, 
et  se  trouvait  lieutenant  de  vaisseau  el 
chevalier  de  Saint-Louis  au  commence- 
ment de  la  révolution.  Lorsque  les  pre- 
miers symptômes  d'insurrection  se  mani- 
festèrent à  bord  des  équipages,  il  se  retira 
dans  ses  terres,  en  attendant  des  momens 
plus  calmes  pour  reprendre  du  service  ; 
il  en  accepta  sous  le  Directoire ,  et  par- 
vint en  peu  de  temps  au  grade  de  contre- 
amiral.  Choisi  en  1797  pour  conduire  l'ar- 
mée française  en  Egypte,  il  déploya  dans 
cette  expédition  beaucoup  d'habileté  dans 
les  manœuvres,  et  arriva  heureusement 
dans  la  rade  d'Aboukir  ;  persuadé  que  les 
Anglais  n'oseraient  l'approcher,  il  resta 
plus  long-temps  qu'il  ne  fallait  sur  les  côtes, 
et  son  escadre  fut  presque  entièrement 
défaite  et  prise  par  l'amiral  Nelson.  Après 
avoir  donné  des  preuves  de  la  plus  grande 
intrépidité  pendant  deux  jours  que  dura 
la  bataille  il  fut  tué  d'un  boulet  de  canon 
le  1er  août  1798. 

*  BRIIEL  (  Joachiu)  ,  Joachimus  Bru* 
liusJ  religieux  augustin,  né  à  Vorst,  vil- 
lage du  Brabant  ,~au  commencement  du  17' 
siècle ,  professa  dans  son  ordre  la  philoso- 
phie et  la  théologie,  et  prit  le  bonnet  de 
docteur  à  Bruges.  Il  fut  ensuite  prieur  du 
couvent  de  Cologne ,  et  élu  deux  fois  pro- 
vincial, savoir,  en  1640  et  1649.  On  a  de 
lui  ;  |  Brèves  resoluliones  casuum ,  apud 
regulares,  reservatorum ,  Cologne,  1640. 
|  Une  traduction  de  l'espagnol  en  français , 
des  Confessions  du  bienheureux  Alphonse 
d'Arasco,  Cologne,  1640,  in-16.  |  Vita  beati 
Joannis  Chisii,  Anvers  ,  in-16.  |  Historiœ 
Peruanœ  ordinis  eremitarum  sanclipatris 
Augustini  libri  XVIII ,  Anvers,  1651, 
in-fol.  |  De  séquestrations  religiosorum , 
vers  1653.  |  Rerum  morumque  in  régna 
Chinensij,  maxime  nolabilium  hisloria  ex 
ipsis  Chinenshan  libris  et  religiosorum 
qui  in  Mo  primi  fuerunt ,  litleris  ac  rela- 
tione  concinnata,  item  patrum  Augusli- 
nianorum  et  Franc  iscan  or  uni  in  illud  in- 
gressus;  auctore  J.  G.  de  Mendoza,  An- 
vers, 1655,  in-8°.  C'est  une  traduction  de 
l'espagnol  d'un  ouvrage  de  Jean  Gonzale 
de  Mendoza ,  aussi  religieux  augustin ,  et 
depuis  évêque  de  Lipari ,  qui  avait  été  en- 
voyé à  la  Chine  par  le  roi  d'Espagne ,  Phi- 
lippe H.  (  Voyez  MENDOZA).  Le  P.  Bruel 
mourut  le  29  juin  1655. 

*  BRUEMAG  (Georges-Florewt-Hen- 
ri),   fils    d'un    médecin    de  Neuwied, 


miu 


589 


miu 


étudia,  eu  1754,  la  médecine  à  Leyde,  et 
prit  le  doctorat  àUtrecht,  en  1758,  un  an 
après  avoir  obtenu  le  titre  de  maitre-ès- 
arts.  Il  enseigna  l'anatomie  et  la  chirurgie 
dans  sa  patrie,  puis  alla  exercer  les  fonc- 
tions de  médecin  pensionné  à  Kettwich , 
on  il  resta  pendant  deux  ans,  au  bout  des- 
quels il  obtint  la  même  place  dans  sa  ville 
natale,  avec  les  titres  de  comte  palatin,  et 
de  médecin  conseiller  du  prince  de  Hohen- 
lohc  Waldanberg  et  Schillings.  La  date 
précise  de  sa  mort  nous  est  inconnue.  Ses 
ouvrages  sont  :  ]  Dissertatio  sistens  sin- 
gullum  morbum .,  symplbma  .,  signum  t 
Utrecht,  1758,  in-4°;  |  Conslitutio  epide- 
xnica  essendiensis  anni  1769-1770 ,  sistens 
historiam  febris  scarlatino  mil  taris  an- 
ginosœ ,  eique  adhibitam  medelam  acces- 
sit observationum  medicarum  hue  perti- 
nentium  decas*  Essen  et  Leipsick,  1771, 
in-8°  ;  |  De  iclero  spasmodico  infantium 
assendice  anno  1772  epidemico ,  Essen  et 
Leipsick,  1775,  in-8°  ;  |  Abhandlung  ueber 
die  schœdlichheit  des  Mohnsafls  in  der 
Ruhr,  Neuwied,  1794,  in-8°. 

BRUÈUE  (  (Parles-Antoine  le  CLERC 
de  la),  né  à  Paris  en  1715,  secrétaire 
d'ambassade  à  Rome  pour  M.  le  duc  de 
Nivernois,  eut  le  privilège  du  Mercure 
depuis  1744  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  en 
1754  à  l'âge  de  59  ans.  Il  avait  du  génie 
pour  le  genre  lyrique.  Il  est  auteur  de 
plusieurs  opéras  :  Les  voyages  de  l'A- 
mour; Dardanus  ;  le  Prince  de  Noisi; 
d'ime  comédie  intitulée  Les  Mécontens  > 
et  d'une  Histoire  de  Charlemagne ,  2  vol. 
in-12,  écrite  avec  élégance  et  avec  plus 
de  vérité  et  de  sagesse  que  celle  que  M. 
Gaillard  en  a  donnée  en  1782. 

BRUEYS  (David-Augustin  de) ,  naquit 
à  Aix  en  1640.  Il  fut  élevé  dans  le  calvi- 
nisme et  dans  la  controverse.  Ayant  écrit 
contre  V Exposition  de  la  foi  par  Bossuet* 
ce  prélat  ne  répondit  à  cet  ouvrage  qu'en 
convertissant  l'auteur.  Brueys,  devenu 
catholique ,  combattit  contre  les  ministres 
protestans,  entre  autres  contre  Jurieu, 
Lenfant  et  la  Roque;  mais  son  génie  en- 
joué lui  fit  quitter  la  théologie  pour  le 
théâtre.  Il  composa  plusieurs  comédies, 
conjointement  avec  Palaprat  son  intime 
ami,  qui  y  eut  pourtant  la  moindre  part. 
Les  tragédies  de  Brueys  ont  aussi  illustré 
la  scène  française.  Toutes  les  pièces  dra- 
matiques de  cet  auteur  ont  été  recueillies 
en  1755,  en  5  vol.  in-8°.  11  y  a  répandu  le 
même  caractère  qu'il  avait  dans  la  société  : 
il  avait  l'imagination  vive,  les  mœurs 
eimples,  et  beaucoup  de  naïveté.  On  a  en- 


core de  lui  une  paraphrase  en  prose  de 
Y  Art  poétique  d'Horace ,  qui  n'est  propre- 
ment qu'un  commentaire  suivi  ;  une  His- 
toire du  Fanatisme  ou  des  Cévennes,  1715, 
5  vol.  in-12;  et  divers  écrits  contre  les 
calvinistes,  publiés  avant  qu'il  eût  tra- 
vaillé pour  le  théâtre ,  et  après  qu'il  eut  re- 
noncé à  ce  genre.  Il  mourut  à  Montpellier 
en  1725,  à  85  ans. 

BRUEYS.  Voyez  BRUEIS. 

BRUGES  (  Jean  EYCK  de), ainsi  nommé 
parce  qu'il  a  vécu  long-temps  dans  cette 
ville ,  né  à  Maseick ,  dans  la  principauté 
de  Liège ,  frère  et  disciple  de  Hubert  Eick 
{voyez  EICK),  est  l'inventeur  de  la  ma- 
nière de  peindre  à  l'huile.  Cet  artiste  cul- 
tivait la  chimie  en  même  temps  que  la 
peinture.  Un  jour  qu'il  cherchait  un  ver- 
nis, pour  donner  du  brillant,  il  trouva 
que  l'huile  de  lin  ou  de  noix ,  mêlée  avec 
les  couleurs,  faisait  un  corps  solide  et  écla- 
tant, qui  n'avait  pas  besoin  de  vernis.  Il 
se  servit  de  ce  secret ,  qui  passa  en  Italie, 
et  de  là  dans  toute  l'Europe,  Le  premier 
tableau  peint  de  cette  manière  fut  pré- 
senté à  Alfonse  I ,  roi  de  Naples,  qui  ad- 
mira ce  nouveau  secret.  Un  autre  est  celui 
de  Y  Agneau  de  V  Apocalypse ,  peint  pour 
Philippe  le  Bon ,  duc  de  Bourgogne.  Jean 
de  Bruges  florissait  au  commencement 
du  15e  siècle.  Les  savans  et  les  artistes 
affirment  de  concert  que  la  peinture  à 
l'huile  est  une  invention  moderne ,  et  ne 
sont  pas  moins  d'accord  à  prétendre  que 
Jean  de  Bruges  en  fut  l'inventeur.  On  ne 
peut  récuscT  les  témoignages  de  Vasari 
et  de  Yan-Mander,  celui-là  même  qui 
porta  en  Italie  le  secret  de  Van-Eyck.  Il 
n'est  assurément  pas  à  présumer  que  Va- 
sari ait  tiré  de  sa  tète  tout  ce  qu'il  raconte 
de  cette  découverte  ;  que  Yan-Mander , 
homme  très  instruit  sur  tout  ce  qui  re- 
gardait l'état  de  la  peinture,  ait  répété 
un  conte  réfuté ,  selon  Lessing ,  par  des 
faits  plus  anciens  de  trois  ou  quatre  siècles  ; 
qu'on  ait  placé  enfin  la  découverte  de 
l'art  de  peindre  à  l'huile  comme  très  mo- 
derne dans  l'épitaphe  d'Antonello,  sans 
qu'aucun  peintre ,  aucun  savant  ait  ré- 
clamé contre  une  attribution  si  évidem- 
ment fausse.  Quel  intérêt  Vasari  pouvait- 
il  avoir  à  attribuer  cette  découverte  plutôt 
à  Jean  Van-Eyck  qu'à  un  autre,  eu  à 
Antonello  lui-même?  pourquoi  n'en  a-t-il 
pas  fait  honneur  à  un  de  ses  compatriotes? 
C'est  donc  l'hommage  dû  à  la  vérité  et  à 
l'authenticité  des  mémoires  qu'il  a  suivis, 
qui  ont  conduit  sa  plume.  Aussi  les  Ita- 
liens, qui  dans  l'Occident  sont  les  pre- 
50 


BRU 


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BUU 


miers  qui  aient  cultivé  la  peinture,  ont 
ignoré  cette  manière  de  peindre.  Cima- 
bué  restaurateur  de  cet  art  en  Italie, 
qui  vivait  au  13e  siècle,  n'était  pas  si 
éloigné  du  siècle  de  Théophile ,  auquel 
Lessing  veut  attribuer  cette  découverte, 
qu'il  n'eût  pu  avoir  connaissance  de  cet 
auteur;  cependant  deux  siècles  se  sont 
écoulés  jusqu'à  Antonello,  qui  le  premier 
employa  en  Italie  l'huiledanslcs  tableaux. 
Ceux  donc  qui ,  d'après  Lessing ,  ont  fait 
remonter  la  peinture  à  l'huile  au-delà  du 
41e  siècle,  n'ont  point  lu  avec  attention  le 
passage  de  Théophile ,  sur  lequel  ils  se 
fondent.  Tout  ce  que  l'on  peut  en  con- 
clure ,  c'est  que  les  peintres  y  auraient  pu 
apprendre  à  faire  usage  de  l'huile  de  lin 
pour  broyer  les  couleurs;  mais  ils  ne 
l'ont  pas  fait  ;  ils  ont  persisté  à  suivre 
leur  ancienne  pratique ,  malgré  tous  ses 
défauts,  jusqu'au  temps  de  Van-Eyck. 
Théophile,  du  reste ,  n'était  pas  persuadé 
que  les  couleurs  broyées  à  l'huile  pus- 
sent être  d'un  grand  secours  pour  peindre 
des  tableaux ,  au  contraire  :  Omnia  gênera 
colorum,  dit-il,  eodem génère  oleiteriel 
poni  possunt  in  opère  ligneo ,  in  his  tan- 
tum  rébus  quœ  sole  siccari  possunt  ;  quia 
quoties  unum  colorent  imposueris  alle- 
rutn  ei  superponere  non  potes,  nisi  prior 
exsicectur,  quod  in  imaginibus  diutur- 
num  et  nimis  tœdiosum  est.  Loin  de  con- 
seiller cette  méthode  pour  la  représenta- 
tion des  objets ,  il  explique  au  contraire 
tout  de  suite  la  manière  de  peindre ,  usitée 
dans  le  moyen  âge,  en  broyant  les  cou- 
leurs à  l'eau  de  gomme  et  à  l'eau  d'oeuf. 
Ainsi,  il  est  évident  qu'il  ne  voulait  em- 
ployer ses  couleurs  à  l'huile ,  qu'à  bar- 
bouiller des  portes,  des  volets  de  fenêtres, 
etc.  enfin  tout  ce  qui  est  exposé  aux  in- 
jures du  temps,  à  quoi  les  couleurs  à  l'eau 
ne  peuvent  servir,  suivant  le  litre  même 
du  chap.  18 ,  qui  porte  De  rubicandis  os- 
tiis,  et  de  oleo  Uni.  Jean  de  Bruges  res- 
tera donc  en  possession  de  l'invention 
de  la  peinture  à  l'huile ,  et  le  manuscrit 
de  Théophile ,  et  ceux  qui  ont  applaudi 
aux  raisonnemens  de  Lessing,  ne  pour- 
ront lui  ravir  la  gloire  d'avoir  fait  une 
découverte  si  essentielle  à  son  art.  On 
cite  encore  quelques  peintures  à  l'huile 
qu'on  prétend  être  antérieures  à  Van- 
Eyck  entre  autres  une  de  Thomas  Mutina 
en  1297  ;  mais  la  date  des  inscriptions  mises 
sur  ces  peintures  est  très  incertaine ,  et 
probablement  fort  postérieure  à  l'ouvrage 
même. 
*  BRUGES  (Alphonse,  vicomte  de), 


né  à  Valréas,  dans  le  département  de  Vau- 
clusc ,  entra  dans  la  marine  en  1780  ,  fil 
les  campagnes  de  1782,  et  était  parvenu 
au  grade  de  lieutenant  de  marine  au  com- 
mencement de  la  révolution.  Il  émigra 
avec  son  père  et  deux  de  ses  frères,  fit  dans 
l'armée  des  princes  la  campagne  de  1792, 
et  prit  ensuite  du  service  dans  les  trou- 
pes anglaises  à  Saint-Domingue.  Rentré 
en  France  en  1814,  il  rendit  de  grands 
services  pendant  les  cent-jours,  fut  nommé 
lieutenant-général  et  commandant  de  la 
8fi  division  militaire.  Après  s'être  acquitté 
avec  distinction  de  plusieurs  missions  im- 
portantes ,  le  vicomte  de  Bruges  fut  mis 
à  la  retraite,  et  mourut  à  Bàle  en  1820. 

BRUGIANTINO  (  Vincent  )  ,  gentil- 
homme ferrarais  et  poète  italien  du  1C 
siècle,  dont  les  ouvrages  sont  plus  recher- 
chés pour  leur  rareté  que  pour  leur  bonté. 
Les  principaux  sont  :  |  Angelica  inamo- 
rala,  Venise,  1553,  in-4°,  poème  soi-di- 
sant épique ,  où  l'auteur  s'efforce  d'imi- 
miter  l'Arioste  ;  |  le  Décaineron  de  Boc- 
cace,  mis  en  vers  italiens,  Venise,  1354, 
in-4°  ,  moins  bien  écrit,  et  naturellement 
tout  aussi  licencieux  que  l'ouvrage  sur 
lequel  il  a  travaillé. 

*  BRUGIÈRES  (Pierre)  ,  prêtre  schis- 
matiqué ,  né  le  5  octobre  1750 ,  à  Thiers  en 
Auvergne ,  devint  chanoine  de  la  collé- 
giale de  cette  ville.  Après  avoir  prêché  à 
Qermont ,  à  Riom ,  à  Brioude  et  à  Paris , 
où  il  se  fit  entendre  en  1768 ,  il  entra  dans 
la  communauté  de  Saint-Roch  où  il  resta 
douze  ans.  Il  publia,  en  1777,  une  In- 
struction catholique  sur  la  dévotion  au 
sacré  cœur,  in-8°,  livre  anonyme  ,  dans 
lequel  il  émit  des  principes  religieux  qui 
étaient  ceux  de  Port-Royal.  .M.  de  Beau- 
mont  ,  en  ayant  connu  l'auteur,  lui  retira 
ses  pouvoirs  en  1780;  mais  à  la  sollicitation 
du  curé  de  Saint-Roch ,  il  l'envoya  comme 
vicaire  à  Marli.  Brugières  n'en  devint  pas 
plus  orthodoxe.  En  1789 ,  il  était  chapelain 
de  Saint-Mamert  dans  l'église  des  Inno- 
cens.  A  cette  époque  parurent  ses  Do- 
léances des  églises,  soutaniers  ou  prêtre* 
des  paroisses  de  Paris,  in-8°,  ouvrage 
dans  lequel  l'auteur  professa  le  jansénisme 
le  plus  outré ,  et  qui  lui  valut  d'être  nom- 
mé, en  1791,  curé  constitutionnel  de  la 
paroisse  de  Saint-Paul.  M.  de  Juigné,  ar- 
chevêque de  Paris ,  ayant  protesté ,  en 
donnant  sa  démission  la  même  année, 
contre  la  nouvelle  organisation  du  cierge , 
Brugières  lui  répondit  par  un  Discours 
patriotique  au  sujet  des  brefs  du  pape . 
qui  fut  bientôt  suivi  d'un  pamphlet  dirigé 


BRU 


591 


BKU 


contre  M  de  Bonal,  son  propre  évêque, 
sous  le  titre  de  :  la  lanterne  sourde  ou  la 
conscience  de  M"**  ci-devant  évëque  de....,, 
éclairée  par  les  lois  de  l'Eglise  et  de  l'état, 
sur  la  constitution  civile  du  clergé,  1791 , 
in-12.  Cependantlorsque  Goheleut  donné 
l'institution  canonique  à  Aubert ,  prêtre 
marie ,  il  signa  une  protestation  avec  trois 
autres  curés  constitutionnels ,  et  fut  en- 
fermé pour  cette  cause  aux  Madelonnettes. 
Au  mois  d'août  suivant ,  il  fut  remis  en 
liberté ,  et  subit  encore  deux  emprison- 
nemens  ;  sa  cure  ne  lui  fut  point  rendue , 
et  il  continua  son  ministère  dans  des'eglises 
que  quelques  personnes  avaient  louées.  Il 
avait  supprimé  dans  ses  exercices  les 
prières  à  la  sainte  Vierge ,  et  se  servait 
d'un  Sacramentaire  français.  Le  presby- 
tère de  Paris  ayant  réclamé  contre  cette 
innovation,  Brugières  y  répondit  par  son 
Jppel  aux  prêtres  chrétiens.  Il  assista 
comme  député  du  presbytère  de  Lyon 
au  concile  de  1797,  et  à  celui  de  1801, 
comme  député  du  clergé  de  Troyes.  En 
1798  (6  février  et  2  mai  )  ,  il  prononça  les 
Eloges  funèbres  des  jansénistes  Sanson 
et  Minard.  Brugières  est  mort  à  75  ans , 
le  7  novembre  1803,  après  avoir  défendu 
avec  chaleur  le  jansénisme  dans  tous  ses 
ouvrages.  Outre  ceux  déjà  cités,  il  a  laissé  : 
]  Instruction  sur  le  mariage ,  sur  la  sou- 
mission aux  puissances ,  etc.,  1797,  in-8  ; 
j  Avis  aux  fidèles  sur  la  rétractation  du 
serment  civique,  faite  par  le  clergé  et  le 
curé  de....  (Saint-Germain  l'Auxerroisj , 
et  leur  rentrée  dans  le  sein  de  l'église, 
1800  ;  |  Instructions  sur  les  indulgences 
et  le  jubilé ,  dans  les  Ann.  des  constitu- 
tionnels, lom.  9,  page  594;  |  Observations 
des  fidèles  à  MM.  les  évêques  de  France, 
à  l'occasion  dhine  indulgence  plénière  en 
forme  de  jubilé ,  adressée  à  tous  les  fidè- 
les par  le  cardinal  Caprara,  brochure 
in-8°,  sans  date ,  qui  parut  en  1803^  |  des 
Instructions  choisies,  2  vol.  in -8°,  pu- 
bliées après  la  mort  de  l'auteur  par  De- 
gola  ;  |  enfin  divers  écrits  moins  impor- 
tons. 

*  BRUGMAiXS  (Sèbald-Justin),  mé- 
decin et  naturaliste  hollandais ,  né  en  1763 
à  Franeker ,  dans  la  Frise ,  commença  ses 
études  à  l'université  de  Groningue ,  où 
son  père  professait  la  physique  cl  les  ma- 
thématiques et  les  termina  à  Leyde.  Il 
n'avait  que  18  ans  lorsqu'il  fut  reçu  doc- 
teur en  philosophie  à  Groningue,  et  il  reçut 
plus  tard  dans  la  même  ville  le  bonnet  de 
docteur  en  médecine.  A  celte  occasion ,  il 
publia  une  dissertation  intitulée  Litholo- 


gia  groningana  juxtà  ordînem  Wallerii 
digesla.  L'année  suivante,  il  remporta,  à 
l'académie  de  Dijon,  un  prix  sur  cette 
question  :  Indiquer  quelles  sont  les  plan- 
tes vénéneuses  qui  infectent  souvent  les 
prairies ,  avec  les  moyens  de  leur  eit  sub~ 
slituer  d'utiles,  de  manière  que  le  bétail  y 
trouve  une  nourriture  saine  et  abondante* 
Deux  autres  discours  furent  encore  cou- 
ronnés aux  académies  de  Bordeaux  et  de 
Berlin.  Brugmans  publia,  en  1785,  une 
excellente  dissertation  de  Puogeniâ,  ou- 
vrage remarquable  quia  beaucoup  éclairé 
la  pathologie.  En  1786,  il  fut  nommé  pro- 
fesseur de  botanique  à  Leyde,  et  on  lui 
confia  peu  de  temps  après  la  chaire  d'his- 
toire naturelle,  et  celle  de  chimie,  de  phy- 
sique et  de  philosophie.  L'anatomie  était 
aussi  l'objet  de  ses  études,  et  son  cabinet 
d'anatomie  comparée  a  été  cité  par  Cuvier. 
Bonaparte  le  nomma  recteur  de  l'académie 
de  Leyde,  et  le  gouvernement  hollandais  le 
nomma  plus  tard  inspecteur -général  du 
service  de  santé  militaire  pour  l'armée  de 
terre,  la  marine  et  les  colonies.  Ce  médecin 
habile  se  fit  remarquer  àWaterloo,  parle 
zèle  et  la  générosité  avec  laquelle  il  don- 
nait ses  soins  aux  blessés ,  et  mourut  à 
Leyde  en  1819-  Il  est  un  des  principaux  au- 
tours de  la  Pharmacopœa  Balava,  pu- 
bliée en  1805.  Les  Mémoires  de  l'institut  de 
Hollande  renferment  de  lui  des  Observa- 
tions sur  la  natation  des  poissons ,  dans 
lesquels  il  fait  connaître  une  forée  d'im- 
pulsion indépendante  de  celle  que  pro- 
duisent les  nageoires  et  la  queue.  Il  a 
beaucoup  contribué  aux  progrès  de  la 
médecine  vétérinaire,  et  était  président 
de  la  société  instituée  pour  l'amélioration 
de  cette  branche  de  l'art  de  guérir. 

*  BRUGNONE  (  Jean  ) ,  médecin-vété- 
rinaire ,  né  à  Turin  vers  1758.  Il  suivit 
pendant  quatre  ans  les  leçons  de  l'école 
vétérinaire  de  Lyon  ,  et  celles  de  l'école 
d'Alfort  pendant  une  année.  Le  roi  de 
Sardaigne  le  nomma,  à  son  retour ,  direc- 
teur d'une  école  vétérinaire  qu'il  venait 
de  fonder  à  Chivasso.  Il  devint  ensuite 
professeur  d'anatomie  humaine  et  d'ana- 
tomie comparée  à  l'université  de  Turin  , 
membre  de  l'académie  des  sciences  et 
de  la  société  d'agriculture  de  cette  ville  , 
et  correspondant  de  l'institut  de  France. 
Il  est  mort  en  1810 ,  et  il  a  laissé  plu- 
sieurs ouvrages  en  italien  sur  la  méde- 
cine vétérinaire ,  ïllk  ,  et  sur  les  ha- 
ras, 1781.  Ce  dernier  ouvrage,  devenu 
classique  ,  a  été  traduit  en  allemand  et 
en  français.  Il  a  aussi  publié  plusieurs 


BRU  592 

Mémoires  et  Observations  dans  le  recueil 
de  l'académie  de  Turin 

•BRUGNOT  (Jean-Baptiste-Charles), 
jeune  poète  bourguignon  ,  né  le  17  oc- 
tobre 1708  ,  à  Painblanc  près  de  Beaune  , 
passa  ses  premières  années  à  la  campagne 
clans  un  modeste  pensionnat  tenu  par  son 
père,  et  entra  en  1811  en  seconde  au  collège 
de  Beaune ,  où  il  composa  ses  premiers 
vers  à  l'âge  de  treize  ans.  Une  parti- 
cularité assez  remarquable  ,  c'est  que , 
malgré  les  succès  qu'il  obtint  dans  ses 
études,  il  ne  put  jamais  réussir  à  manier 
le  vers  latin.  En  sortant  du  collège,  Bru- 
gnot,  pour  éviter  la  conscription  qui  à 
celle  époque  enlevait  presque  toute  la 
jeunesse  française  ,  se  fil ,  comme  élève 
en  chirurgie  ,  attacher  à  un  hôpital  mili- 
taire. La  seconde  invasion  lui  ferma  la 
carrière  qu'il  avait  choisie  ;  il  revint  alors 
avec  empressement  à  ses  livres  chéris  ,  et 
se  partagea  entre  les  travaux  du  jardin 
.  paternel  et  les  soins  assidus  d'un  humble 
pensionnat  de  village.  En  1818,  il  passa 
un  mois  à  Paris  ,  y  suivit  trois  jours  en- 
tiers t  ce  sont  ces  termes,  les  cours  de 
l'école  de  médecine  ,  et  fut  révolté  du 
matérialisme  de  cet  enseignement.  Il  en- 
tendit M.  de  Boulogne  à  Saint-Sulpice , 
assista  sous  les  voûtes  de  Notre-Dame 
à  la  cérémonie  du  21  janvier ,  et  fut  rap- 
pelé dans  son  village  par  la  mort  de  son 
père  qui  le  laissait ,  à  19  ans ,  chef  de 
famille.  Il  se  dévoua  sans  réserve  aux 
devoirs  que  ce  malheur  lui  imposait , 
et  c'est  alors  surtout  qu'il  se  montra  tendre 
fils  ,  excellent  frère  ,  chrétien  courageux 
et  résigne.  Son  début  dans  le  monde  litté- 
raire fut  une  Ode  sur  Louis  XIV  ,  qui 
obtint ,  en  1820 ,  une  mention  honora- 
ble au  concours  académique  de  Màcon. 
Au  mois  de  décembre  de  la  même  année , 
il  fut  nommé  professeur  de  quatrième  au 
collège  de  Cluny.  En  1823  ,  il  passa  en 
qualité  de  professeur  de  rhétorique  à 
Compiègne ,  où  il  ne  fit  que  se  montrer  , 
ayant  préféré  une  chaire  de  seconde  à 
Troyes.  En  1828 ,  le  mal  qui  devait  em- 
porter Brugnot,  la  phthisie  pulmonaire, 
l'avait  forcé  de  renoncer  à  l'enseigne- 
ment quotidien.  Il  devint  directeur  du 
journal  Le  Provincial  qui  venait  d'être 
créé  à  Dijon.  Lorsque  ce  journal  eut  cessé 
de  paraître  ,  il  acheta  une  imprimerie 
et  fonda  le  Spectateur.  Ces  deux  publi- 
cations furent  pour  l'âme  tendre  et  sen- 
sible de  Brugnot  la  source  de  nombreux 
chagrins.  Fatigué  des  luttes  politiques , 
il  revint  tout  entier  dans   les  derniers 


BRU 

mois  de  sa  vie  au  christianisme  dont  la 
politique  l'avait  éloigné  pour  un  temps  ; 


il  est  mort  en  1831  ,  dans  sa  trente-troi- 
sième année.  On  a  de  lui  un  volume  de 
Poésies ,  Dijon,  de  l'imprimerie  de  ma- 
dame veuve  Brugnot ,  1  vol.  in-8°  ,  1833, 
avec  le  portrait  de  l'auteur ,  accompa- 
gné de  ces  vers  touchans  : 

Pauvre  ,  obscur  ,  sans  destin  ,  danj  la  foule  perdu, 
Ainsi  que  tout  mortel  qui  parmi  nous  cliemine  , 
J'ai  cueilli,  j'ai  porte' ma  couronne  d'épine, 

Voilà  tout  ! Et  celui  qui  mesure  le  temps  , 

A  dit  un  jour  :  Asseï  !  —  asseï  vécu  !  trente  ans. 

BRUGUIERES  (  Jean  -Guillaume  ), 
naturaliste,  né  à  Montpellier  en  1750, 
étudia  d'abord  la  médecine;  mais  entraîné 
par  son  goût  pour  l'histoire  naturelle  ,  il 
partit  sur  l'un  des  vaisseaux  que  Louis 
XV  envoya  aux  Indes  pour  faire  des  dé- 
couvertes dans  la  mer  du  Sud.  De  retour 
à  Montpellier,  il  travailla  à  découvrir  une 
mine  de  charbon  de  terre,  dont  on  avait 
des  indices.  Quelques  fossiles  qu'il  trouva 
dans  ses  fouilles  l'engagèrent  à  faire  une 
élude  approfondie  des  coquillages.  Pour 
tirer  parti  de  son  travail ,  il  se  rendit  à 
Paris  ,  et  rédigea  pour  X Encyclopédie  mé- 
thodique le  1er  volume  de  Y  Histoire  natu- 
relle des  vers.  Il  travailla  ensuite  à  un 
journal  d'histoire  naturelle ,  qui  a  paru 
en  1792,  en  2  vol.  in-8" ,  et  donna  quel- 
ques mémoires  dans  les  Actes  de  la  so- 
ciété d'histoire  naturelle  de  Paris.  Ses 
travaux  furent  interrompus  par  un  voyage 
au  Levant,  que  le  ministre  Boland  lui  fit 
entreprendre  avec  M.  Olivier  ,  à  la  fin  de 
1792.  Bruguières  ,  dont  la  santé  était  déjà 
altérée  avant  son  départ,  mourut  en  dé- 
barquant à  Ancône ,  le  1er  octobre  1799. 
M.  Olivier  a  publié  la  Relation  de  ce 
Voyage  en  2  vol.  in-4°  et  k  vol.  in-8°  et 
atlas,  Paris,  1801. 

•  BRUGUIÈRES  (  Antoine- André, 
baron  de  Sorsum) ,  né  à  Marseille  en  1773, 
et  mort  à  Paris  le  7  octobre  1825  ,  se  des- 
tina d'abord  au  commerce  et  voyagea  pour 
ses  affaires  dans  les  Antilles  et  à  Cayenne. 
A  son  retour,  il  entra  au  service  et  sui- 
vit le  général  Dessoles  à  l'armée  d'Italie 
et  à  celle  du  Rhin.  Après  la  paix  il  se  li- 
vra à  l'élude  de  la  littérature,  devint  se- 
crétaire-général du  ministre  de  la  guerue 
du  royaume  de  Westphalie  ,  ensuite  se- 
crétaire d'ambassade  en  Angleterre,  et 
termina  sa  vie  dans  une  retraite  studieuse. 
On  a  de  Bruguières  plusieurs  ouvrages, 
entr'autres  |  le  Voyageur,,  discours  en  vers 
qui  a  remporté  le  2e  accessit  dans  le  con- 
cours des  poésies  de  1807  ;  plusieurs  Tra- 


BRU 


593 


imu 


ductions ,  notamment  :  |  Sacontala ,  ou 
l'Anneau  fatal ', drame  traduit  du  sanskrit 
en  anglais  par  Jones,  et  de  l'anglais  en 
français ,  1803,  in-8"  ;  |  Laa-Seng-Cul, 
comédie  chinoise  ,  traduction  du  chinois 
en  anglais  par  Davis,  et  de  l'anglais  en 
français,  1819  ,  in-8"  ;  |  Roderick ,  le  der- 
nier des  Goths  ,  traduction  de  l'anglais  de 
Robert  Southey,  Taris,  1821,  2  vol.  in- 
12  ;  ou  1820 ,  5  vol.  in-12 ,  sous  le  litre 
d'QEuvres  poétiques  de  Robert  Southey  ; 
|  Chefs-d'œuvre  de  Shakespeare ,  traduits 
en  vers  blancs ,  et  en  vers  rimes  et  en 
prose,  suivis  de  jwésies  diverses,  ouvrage 
incomplet  et  posthume  ,  revu  par  Chè- 
nedollé ,  Paris ,  1826  ,  2  vol.  in-8°  ;  |  Des 
Imitations  on  Traductions  delordByron 
et  de  Southey  insérées  dans  le  Lycée 
français,  Paris  ,  1819  et  1820.  Il  a  laissé 
aussi  en  manuscrit  un  Poème  sur  Mar- 
seille ,  et  la  traduction  de  celui  de  Fingal. 

BRUHILR  D'ABLA.mCOURT( Jean- 
Jacques  ) ,  de  Beauvais ,  docteur  en  mé- 
decine de  l'académie  d'Angers  ,  mort  en 
1756 ,  a  été  un  des  plus  féconds  écrivains 
du  18e  siècle.  On  a  de  lui  :  |  Ja  traduction 
de  la  médecine  raisonnée  d'Hoffman,  1739, 
9  vol.  in-12;  |  Mémoire  présenté  au  roi  sur 
la  nécessité  d'un  règlement  général  au 
sujet  des  enlerremens  et  enfournemens  ; 
|  Caprices  d'imagination ,  ou  Lettres  sur 
divers  sujets,  in-12;  l'auteur  y  est  phy- 
sicien, métaphysicien,  moraliste  et  cri- 
tique ;  il  n'y  a  rien  de  bien  neuf ,  mais  on 
y  trouve  des  réflexions  solides  et  une  va- 
riété agréable  ;  |  Mémoire  pour  servir  à 
la  Vie  de  M.  Silva  ;  \  Traité  des  fièvres , 
traduit  d'Hoffman ,  1746 ,  2  vol.  in-12.  Il  a 
publié  |  les  excellentes  Obsejvations  sur 
la  cure  de  la  goutte  et  du  rhumatisme , 
par  MM.  Hoffman,  V...  et  James;  \  Dis- 
sertations sur  l'incertitude  de  la  mort, 
1746,  2  vol.  in-12,  ouvrage  intéressant 
pour  l'humanité  ;  |  la  Politique  du  méde- 
cin ,  traduite  d'Hoffman,  1751,  in-12; 
|  Observations  sur  le  Manuel  des  accou- 
chemcns ,  traduites  de  Deventer.  Il  tra- 
vailla pendant  plusieurs  années  au  Jour- 
nal des  Savans,  qu'il  remplit  d' extraits 
judicieux  et  bien  faits. 

BRU  1ÈRE  Voyez  BRUYERE. 

BRUIS.  Voyez  BRUYS. 

*  BRULART  ,  chanoine  de  Paris ,  vi- 
vait à  la  fin  du  16e  siècle  et  écrivit  un  Jour- 
val  de  la  Ligue.  Ce  Journal  se  trouve 
dans  le  premier  volume  des  Mémoires  de 
Condé ,  recueillis  par  Secousse  et  Lenglet 
du  Frcsnoy. 

BRULART  (  Nicolas  ) ,  d'une  famille 


illustre  dans  l'épée  et  dans  la  robe ,  sei- 
gneur de  Silleri  et  de  Puisieux  en  Cham- 
pagne, fut  conseiller  au  parlement  en 
1573,  maître  des  requêtes  quelques  an- 
nées après,  ambassadeur  en  Suisse  en 
1589,1595  et  1602,  président  à  mortier 
au  parlement  de  Paris  en  1595,  plénipo- 
tentiaire à  Vervins  en  1598,  enlin  ambas- 
sadeur en  Italie  l'an  1599  ,  pour  faire  cas- 
ser le  mariage  de  Henri  IV  avec  la  reine 
Marguerite,  et  pour  en  conclure  un  au- 
tre avec  Marie  de  Médicis.  Le  roi  eut 
tant  d'impatience  de  récompenser  les  ser- 
vices de  ce  ministre ,  que  pour  lui  don- 
ner les  sceaux ,  en  1605 ,  il  les  ôta  à  Pom- 
pone  de  Bellièvre.  Après  la  mort  de  celui- 
ci  ,  Silleri  fut  chancelier  en  1607.  Son 
crédit,  toujours  puissant  et  soutenu  sous 
Henri  IV ,  diminua  considérablement  sous 
Marie  de  Médicis ,  et  tomba  depuis  tout- 
à-fait.  On  lui  ôta  les  sceaux  au  mois  de 
mai  1616;  on  les  lui  rendit  sur  la  fin  de 
janvier  1623.  Averti  par  des  amis  sûrs 
qu'on  allait  les  lui  redemander,  il  les  re- 
mit en  janvier  1624.  On  lui  fit  dire  peu  de 
temps  après  de  se  retirer  dans  sa  terre  de 
Silleri,  où  il  mourut  le  1er  octobre  1624  , 
âgé  de  80  ans.  Homme  fin  et  délié,  tou- 
jours sur  ses  gardes;  on  disait  à  la  cour 
qu'il  ne  réglait  ses  liaisons  que  sur  ses 
intérêts  ;  du  reste  ,  ami  de  la  justice  ,  at- 
taché à  la  religion ,  honorant  sa  dignité 
par  ses  mœurs. 

BRULART  (  Pierre),  marquis  de  Pui- 
sieux ,  fils  du  précédent ,  secrétaire  d'é- 
tat, ambassadeur  extraordinaire  en  Espa- 
gne pour  la  conclusion  du  mariage  de 
Louis  XIII,  fut  éloigné  de  la  cour  en 
1616,  et  rappelé  l'année  d'après.  La  ré- 
duction de  la  ville  de  Montpellier  en 
1621  lui  mérita  une  promesse  d'être  fait 
duc  et  pair;  mais  sa  modération  l'em- 
pêcha d'accepter  cette  dignité.  Il  mourut 
en  1640,  âgé  de  57  ans.  C'était  un  homme 
intègre  et  d'une  fermeté  inébranlable. 

BRULART  DE  SILLERI  (  Fabio  ) ,  né 
dans  la  Touraine  en  1655 ,  évêque  d'A- 
vranches  et  ensuite  de  Soissons,  trouva 
dans  cette  dernière  ville  une  académie 
naissante  à  laquelle  il  donna  des  leçons  et 
des  modèles.  L'académie  française  et  celle 
des  inscriptions  lui  ouvrirent  leurs  por- 
tes. Il  mourut  en  1714.  On  a  de  lui  :  |  plu- 
sieurs Dissertations  dans  les  mémoires 
de  l'académie  des  Belles-lettres  ;  |  des  Ré- 
flexions sur  l'éloquence ,  en  forme  de 
lettres  au  Père  Lami ,  imprimées  dans  le 
recueil  des  Traités  sur  l'éloquence  de  la 
Martinière  ;  I  des  Poésies  latines  et  fran- 
50, 


BRU 


594 


BRU 


çaises  manuscrites  :  |  des  Traités  de  mo- 
rale et  des  Commentaires ,  aussi  manu- 
scrits. 

BItULEFER  (  Etienne  ) ,  frère-mineur 
de  St.-Malo ,  professeur  de  théologie  à 
Mayence  et  à  Metz ,  auteur  de  plusieurs 
ouvrages  de  scolastique  ,  parmi  lesquels 
on  dislingueune  Dissertation  contre  ceux 
f/uifont  des  peintures  immodestes  des 
personnes  de  la  Sainte-Trinité.  Il  vivait 
dans  le  15e  siècle. 

BRUMMER  (  Frédéric  )  ,né  à  Leipsick 
(  en  1642,  acquit  en  peu  de  temps  une  con- 
naissance solide  des  langues  latine  et  grec- 
que, et  fut  reçu  à  l'université  dès  l'âge  de 
17  ans.  Quoique  voué  d'abord  à  l'étude 
du  droit ,  il  ne  s'attacha  pas  moins  à  la 
littérature  et  aux  antiquités.  Le  commen- 
taire adL.  Cinciam,  qu'il  dédia  à  Colbert, 
pour  lors  ministre  d'état ,  et  publié  en 
4668 ,  établit  sa  réputation  :  mais  il  n'en 
jouit  pas  long-temps  :  comme  il  traversait 
la  rivière  d'Arberine,  entre  Paris  et  Lyon, 
pour  abréger  sa  route,  il  y  périt  malheu- 
reusement dans  son  carrosse  le  3  décem- 
bre de  la  même  année.  On  a  de  ce  savant, 
outre  le  Gommentaire  dont  nous  venons 
de  parler  :  |  Exercitatio  historico-philo- 
logica  de  scabinis  antiquis  3  mediiœviet 
recentioribus.  \  Exercitatio  de  Locatione 
et  Conductione.  \  Declamatio  contra 
Otium,  et  quelques  Onomastiques  à  la 
louange  de  Th.  Reinesius  son  ami ,  dont 
!a  riche  bibliothèque  lui  avait  été  d'un 
grand  secours.  Georges  Beyer ,  profes- 
seur en  droit  à  Wittemberg ,  publia  tous 
les  ouvrages  de  Brummer ,  Leipsick, 
4712  ,  1  vol.  in-8°. 

BRUMOY  (  Pierre  ) ,  naquit  à  Rouen 
l'an  4688.  Il  entra  dans  la  société  des  jé- 
suites en  1704.  Après  avoir  professé  les 
humanités  en  province ,  il  fut  appelé  à 
Paris.  On  le  chargea  de  l'éducation  du 
prince  de  Talmont,  et  de  quelques  arti- 
cles pour  le  Journal  de  Trévoux.  1S His- 
toire de  Tamerlan,  par  son  confrère 
Margat,  dont  il  avait  été  l'éditeur,  l'obli- 
gea de  quitter  la  capitale  y  mais  cette  es- 
pèce d'exil  ne  fut  pas  long.  A  son  retour 
on  le  chargea  de  continuer  Y  Histoire  de 
V église  gallicane,  que  les  Pères  de  Lon- 
gueval  et  Fontenai  avaient  conduite  jus- 
qu'au 11e  volume.  Brumoy  mettait  la  der- 
nière main  au  12e ,  lorsqu'il  mourut  en 
4742.  Le  Père  Berthier  l'a  continuée.  On 
a  encore  de  lui  |  le  Théâtre  des  Grecs, 
contenant  des  traductions  analysées  des 
discours  et  des  remarques  sur  le  théâtre 
grec ,  en  3  vol.  in-4°,  et  en  6'  in-12   Ce 


livre  a  été  réimprimé  avec  des  corrections 
et  des  augmentations  par  MM.  de.  Roche- 
fort,  de  la  Porte  du  Theil,  Prévost  et 
Brottier  ,  Paris ,  1785-1789  ,  45  vol.  in-8°  , 
fig.  et  plus  récemment  encore  par 
M.  Raoul-Roche tte  46  vol.  in-8°,  4825, 
plus  parfaite  que  les  précédentes  éditions. 
C'est  l'ouvrage  le  plus  profond  ,  le  mieux 
raisonné .  qu'on  ait  sur  cette  matière.  Les 
traductions  sont  aussi  élégantes  que  fidè- 
les :  tout  respire  le  goût.  L'auteur  dans 
ses  parallèles  ne  parait  pas  rendre  assea 
de  justice  aux  modernes;  mais  si  cesju- 
gemens  paraissent  trop  sévères  à  l'égard 
de  quelques  hommes  célèbres ,  ils  ne  le 
sont  pas  dans  leur  généralité  ;  il  est  certain 
que  cette  foule  de  mauvais  tragiques  que 
notre  siècle  a  produits  ,  vient  de  ce  que 
la  lecture  des  anciens  a  été  négligée 
«C'est,  dit  un  sage  critique,  parce 
»  qu'on  s'éloigne  trop  de  cette  noble  sim- 
»  plicité  qui  fut  toujours  l'objet  de  leur 
»  émulation ,  qu'on  donne  à  présent  dans 
»  l'extraordinaire,  dans  le  bizarre  ou  dans 
»  le  faible.  Peut-être  aussi  le  manque  de 
»  talent  est-il  la  vraie  source  de  cette  di- 
»  sette  de  bonnes  tragédies.  Il  n'appartient 
»  qu'au  génie  d'égaler  le  génie  ;  et  la  mé- 
»  diocrité  ou  le  monstrueux  sont  ordinai- 
»  rement  le  partage  de  ceux  qui ,  sans 
»  mission ,  veulent  figurer  sur  la  scène , 
»  qui  n'admet  que  les  grands  maîtres.  » 
|  Recueil  de  diverses  pièces  en  prose  et 
en  vers  ,  en  k  vol.in-8°.  L'auteur  dans  sa 
poésie  approche  plus  de  Lucrèce  que  de 
Virgile.  On  le  sent  surtout  dans  son 
Poème  sur  les  Passions  ;  ouvrage  esti- 
mable par  la  noblesse  des  pensées,  la  mul- 
tiplicité des  images ,  la  variété  et  la  cha- 
leur des  descriptions ,  la  pureté  et  l'élé- 
gance du  style.  Il  y  a  dans  le  même  Re- 
cueil un  autre  Poème  sur  l'art  de  la  ver-, 
rerie ,  qui  offre  de  très  beaux  vers.  On 
trouve  à  la  suite  de  ces  deux  poèmes,! 
traduits  en  prose  libre  par  l'auteur,  des; 
Discours,  des  Epîtres,  des  Tragédies,  des 
Comédies,  où  régnent  le  goût  et  la  sa- 
gesse ,  etc.  Le  Père  Brumoy  a  achevé  les 
Révolutions  d'Espagne  du  Père  d'Orléans, 
et  revu  l'Histoire  de  Rienzi  du  Père  du 
Cerceau.  Cet  homme  laborieux  s'est  fait 
estimer  autant  par  son  caractère  et  ses 
mœurs  que  par  ses  ouvrages. 

BRUN  (  Antoine  ) ,  naquit  à  Dôle  l'an 
1600  ,  d'une  famille  ancienne.  Il  exerça 
d'abord  la  charge  de  procureur-général 
au  parlement  de  cette  ville ,  et  fut  ensuite 
ambassadeur  extraordinaire  de  Philippe 
IV  ,  roi  d'Espagne ,  et  plénipotentiaire  au 


BRU 


59!» 


BRU 


congrès  de  Munster  en  1654.  Il  y  conclut 
la  paix  entre  l'Espagne  et  la  Hollande. 
Son  maître  le  nomma  bientôt  après  am- 
bassadeur auprès  de  cette  république. 
Il  mourut  à  La  Haye  en  1654,  avec  la 
réputation  d'un  habile  négociateur.  Le 
Père  Bougeant  l'a  peint  très  avantageu- 
sement dans  son  Histoire  des  traités  de 
Westphalie.  Brun  cultiva  en  même  temps 
la  littérature  et  la  politique.  On  a  de  lui  : 
|  des  tragédies  grecques ,  |  quelques  pièces 
de  vers  dans  les  Délices  de  la  Poésie  fran- 
çaise,, 1620,  in-8°.  |  Amico-criticamonitio 
ad  Galliœ  Legalos  Monasterium  JVest- 


phalorum  pacis  iraclandœ  missos .1644,    gueur  et  de  variété  dans  le  coloris,  l'au 


in-4° ,  sous  le  nom  emprunté  &' Adolphe 
Sprenger.\  Spongia  Franco- Gallicar,  li- 
turœ  *  Inspruck ,  1646  ,  sous  le  nom  dé- 
guisé de  Rodolphe  Gemberlak  ;  il  donna 
un  troisième  écrit  sous  le  nom  de  Papen- 
hausen.  Matthieu  de  Mourgue  y  a  fait  une 
violente  réponse.  Balzac ,  qui  n'avait  ja- 
mais d'expressions  tempérées ,  l'appelait 
le  Démosthène  de  Dôle. 

BRUN  (  Chaules  le  ) ,  premier  pein- 
tre du  roi  de  France  ,  directeur  des  ma- 
nufactures des  meubles  de  la  couronne 
aux  Gobelins ,  directeur  de  l'académie  de 
peinture ,  et  prince  de  celle  de  St.-Luc  à 
Borne .,  naquit  à  Paris  en  1618,  d'un  sculp- 
teur. Dès  l'âge  de  3  ans  il  s'exerçait  à  des- 
siner avec  des  charbons.  A  12 ,  il  fit  le 
portrait  de  son  aïeul ,  qui  n'est  pas  un  de 
ses  moindres  tableaux.  Le  chancelier  Sé- 
guier  le  plaça  chez  Vouet ,  le  plus  célèbre 
maître  de  ce  temps-là.  Mignard ,  Bour- 
don ,  Tetelin  étaient  dans  celte  école  ; 
mais  le  Brun  surpassa  bientôt  les  élèves , 
et  égala  le  maître.  Son  protecteur  l'en- 
voya à  Rome  pour  se  perfectionner.  Il  y 
puisa  ce  goût  pour  le  noble  et  le  majes- 
tueux ,  qui  caractérisent  les  ouvrages  de 
l'antiquité ,  et  qui  ne  tardèrent  pas  de 
passer  dans  les  siens.  De  retour  à  Paris , 
Louis  XIV  et  ses  ministres  l'occupèrent 
et  le  récompensèrent  à  l'envi.  Le  roi  l'a- 
noblit ,  le  fit  chevalier  de  l'ordre  de  St.- 
Michel,  lui  accorda  des  armoiries  avec 
son  portrait  enrichi  de  diamans ,  le  com- 
bla de  bienfaits  et  l'accueillit  toujours 
comme  un  grand  homme.  Pendant  qu'il 
peignit  son  tableau  de  la  famille  de  Darius 
à  Fontainebleau ,  ce  prince  lui  donnait 
près  de  deux  heures  tous  les  jours.  Le 
Brun  mourut  en  1690.  La  noblesse  et  la 
grandeur  de  ses  ouvrages  avaient  passé 
dans  ses  manières.  On  l'a  placé  avec  rai- 
son à  la  tète  des  peintres  français.  Ses 
chefs-d'œuvre  ont  fait  dire  de  lui   qu'il 


avait  autant  d'invention  que  Raphaël,  et 
plus  de  vivacité  que  le  Poussin.  Il  s'élève 
au  sublime  ,  sans  cesser  d'être  correct. 
Ses  attitudes  sont  naturelles,  pathétiques, 
variées;  ses  airs  de  tète  gracieux;  il  est 
animé  sans  emportement.  Le  livre  de  la 
nature  était  toujours  ouvert  devant  ses 
yeux.  Peu  de  peintres  ont  mieux  connu 
l'homme,  et  les  différens  mouvemens  qui 
l'agitent  dans  les  passions.  Son  Traité  sur 
la  physionomie,  et  celui  sur  le  caractère 
desjmssions,  l'un  et  l'autre  in-12  ,  prou- 
vent combien  il  avait  réfléchi  sur  cette 
matière.  Moins  d'uniformité,  plus  de  vi- 


raient  mis  au-dessus  de  tous  les  peintres 
anciens  et  modernes.  Les  chefs-d'œuvre 
de  le  Brun  sont  à  Paris ,  à  Versailles ,  au 
Palais-Boyal ,  à  Fontainebleau.  Ceux  qui 
fixent  les  regards  des  connaisseurs,  sont 
les  Batailles  d'Alexandre  ;  la  Madeleine 
pénitente  ;  le  Portement  de  Croix  ;  le  Cru- 
cifiement; saint  Jean  dans  l'île  de  Pat- 
mos,  etc.  Les  estampes  de  ses  tableaux 
des  Batailles  d'Alexandre ,  ont  donné  une 
idée  de  son  génie  dans  les  pays  les  plus 
éloignés.  Le  tableau  de  la  famille  de 
Darius  par  le  Brun  ,  qui  est  à  Versailles , 
n'est  point  effacé  par  le  coloris  du  ta- 
bleau de  Paul  Véronèse  qu'on  voit  vis- 
à-vis,  et  le  surpasse  beaucoup  par  le 
dessin,  la  composition ,  la  dignité, l'ex- 
pression ,  la  fidélité  du  costume. 

BRUN  (Pierre  le),  prêtre  de  l'Ora- 
toire ,  né  à  Brignoles  en  1661 ,  mort  à  Pa- 
ris le  6  janvier  1729  ,  célèbre  par  son  sa- 
voir dans  les  matières  ecclésiastiques  et 
profanes  ,  est  auteur  de  plusieurs  ouvra- 
ges. Les  plus  estimés  sont  :  |  L'Histoire 
critique  des  pratiques  superstitieuses  qui 
ont  séduit  les  peuples  J  et  embarrassé  les 
savans  ,  avec  la  méthode  et  les  princi- 
pes pour  discerner  les  effets  naturels  de 
ceux  qui  ne  le  sont  pas ,  1737  ,  3  vol.  in- 
12.  L'abbé  Granet,  son  compatriote,  a 
donné  en  1737  un  4e  vol.  de  cet  ouvrage. 
Il  avait  d'abord  été  imprimé  sous  le  litre 
de  Lettres  pour  prouver  l'illusion  des  phi- 
losophes sur  la  baguette  divinatoire, 
1693  ,  in-12.  Le  Père  le  Brun  nie  que  les 
effets  de  cette  baguette  puissent  recevoir 
une  explication  physique  ;  et  s'il  y  en  a 
quelques-uns  de  réels ,  il  prétend  qu'il 
faut  les  attribuer  au  démon  (  Voyez 
AYMAR).  Tout  l'ouvrage  n'est  qu'une 
compilation  assez  mal  digérée  ,  et  dont  il 
serait  aussi  difficile  de  former  un  résultat 
décidé ,  que  de  Y  Histoire  des  apparitions 
de  Lenglet  du  Fresnoy ,  ou  de  celle  des 


BRU 


S96 


IIRÎJ 


Vampires  de  don  Calmet.  Il  n'y  a  guère 
que  le  procès  des  bergers  de  Pacy ,  inséré 
dans  le  4e  volume ,  qui  présente  un  corps 
de  preuves  bien  suivies  :  aussi  les  philo- 
sophes du  temps  n'ont-ils  jamais  entre- 
pris de  les  contester.  «  Le  but  de  l'au- 
»  teur ,  dit  un  critique ,  paraît  avoir  été 
»  1°  de  conserver  la  mémoire  de  quelques 
»  faits  extraordinaires;  2°  de  désabuser  plu- 
»  sieurs  personnes  qui  croyaient  trop  ou 
»  trop  peu  ;  5°  de  montrer  que  les  physi- 
»  ciens  ,  accoutumés  à  faire  des  systèmes 
»  sur  toutes  sortes  de  choses ,  se  mettent 
»  dans  le  cas  d'autoriser  de  véritables  su- 
»  perstitions  ;  4°  d'obliger  les  esprits-forts  à 
»  reconnaître  qu'il  y  a  des  faits  qu'on  ne 
»  peut  attribuer  aux  corps,  et  qui  démon- 
»  trent  qu'il  y  a  des  esprits.  »  (  V.  ASMO- 
DÉE  BROWN  ,  DELRIO ,  H  AEN ,  OPHIO- 
NÉE,  ME  AD,  SPE).  Le  père  le  Brun  re- 
jette comme  une  fable  la  palingénésie,  qui 
cependant  était  dès  lors  une  chose  bien 
constatée.  |  Explication  de  la  Messe, 
contenant  des  Dissertations  historiques 
et  dogmatiques  sur  les  liturgies  de  toutes 
les  églises  du  monde  chrétien  ,  etc.,  en  4 
vol.  in-8°,  en  y  comprenant  son  Explica- 
tion littérale  des  Cérémonies  de  la  Messe, 
publiée  en  1716,  in-8°  (  Voy.  BREYER). 
Cet  ouvrage  plein  de  recherches  profon- 
des et  curieuses,  et  dans  lequel  l'érudi- 
tion est  utile ,  fut  attaqué  par  le  Père  Bou- 
geant ,  qui  ne  pensait  point  comme  l'ora- 
torien  sur  la  forme  de  la  consécration  ; 
celui-ci  associant  aux  paroles  de  J.-C.  l'o- 
raison qui  les  précède  dans  le  rit  latin  et 
les  suit  dans  le  rit  grec,  tandis  que  le  jé- 
suite ,  ft vec  la  plupart  des  théologiens  ,  ne 
regardait  pas  cette  prière  comme  essen- 
tielle ;  |  Traité  historique  et  dogmatique 
des  jeux  de  théâtre ,  in-12,  contre  Caf- 
faro  ,  théalin ,  qui  avait  soutenu  dans  une 
Lettre  imprimée  à  la  tête  du  Théâtre  de 
Boursault,  qu'il  était  permis  à  un  chré- 
tien d'aller  à  la  comédie.  Ce  livre  offre 
des  particularités  curieuses  sur  le  théâtre, 
depuis  Auguste  jusqu'à  Richelieu ,  etc.  Le 
Père  le  Brun  rétracta  à  la  fin  de  ses  jours 
l'appel  qu'il  avait  interjeté  de  la  bulle 
Unigenitus  au  futur  concile ,  ajoutant 
ainsi  au  mérite  de  la  science  celui  de  la 
simplicité  chrétienne,  et  d'une  soumis- 
sion aussi  édifiante  que  véritablement 
éclairée  aux  décisions  du  premier  pontife, 
acceptées  de  l'Eglise  universelle. 

BRUN  (Denis  le  ) ,  avocat  au  parlement 
de  Paris  ,  reçu  en  1659,  a  laissé  |  un  Traité 
de  la  communauté ,  in-fol.,  Paris  ,  1754  ; 
(  Traité  des  Successions ,  1675 ,  in-fol. 


BRUN  (  Jean-Baptiste  le  ),  connu  sous 
le  nom  de  Desmarelles ,  fds  d'un  li- 
braire de  Bouen ,  élève  de  Port-Boyal  des 
Champs  ,  enferme  cinq  ans  à  la  Bastille, 
mourut  à  Orléans  en  1731 ,  dans  un  âge 
avancé.  Il  était  simple  acolyte  et  ne 
voulut  jamais  passer  aux  ordres  supé- 
rieurs. On  lui  doit  :  |  les  Bréviaires  d'Or- 
léans et  de  Nevers;  \  une  édition  de 
saint  Paulin  ,  in-4°  ,  avec  des  yiotes,  des 
variantes  et  des  dissertations  ;  |  des  Voya- 
ges liturgiques  de  France ,  ou  recherches 
faites  en  diverses  villes  du  royaume  sur 
celte  matière,  sous  le  nom  du  sieur  de 
Mauléon  ,  in-8°  :  l'auteur  avait  parcouru 
une  partie  des  églises  de  France ,  et  y  avait 
recueilli  des  détails  singuliers  sur  les  dif- 
férentes pratiques.  Voltaire  en  a  tire  parti 
dans  ses  Questions  sur  l'Encyclopédie  où 
il  a  raisonné  sur  toutes  les  matières  à  sa 
façon,  c'est-à-dire,  plus  pour  satisfaire  sa 
démangeaison  d'écrire  que  pour  dire  des 
choses  vraies,  bonnes  et  neuves;  |  Con- 
corde des  livres  des  Rois  et  des  Parali- 
pomènes,  en  latin ,  Paris ,  1691 ,  in-4°  : 
ouvrage  qu'il  composa  avec  le  Tourneux  : 
il  y  a  de  la  sagacité  et  du  savoir;  |  une 
édition  de  Lactance,  revue  avec  soin  sur 
tous  les  manuscrits ,  enrichie  de  notes,  et 
publiée  après  sa  mort  par  l'abbé  Lenglel 
du  Fresnoy ,  en  2  vol.  in-4°,  1748. 

BRUN  (Antoine-Louis le),  poète  fran- 
çais ,  né  à  Paris  en  1680 ,  mourut  dans 
cette  ville  en  1743.  On  a  de  lui  |  des  opéras 
qui  n'ont  point  été  mis  en  musique,  1712, 
in-12  ;  |  des  odes  galantes  et  bachiques , 
1719;  |  des  fables,  1722;  |  des  épigrammes, 
1714  ,  in-8° ,  et  quelques  romans  qu'on  ne 
lit  plus  :  (les  Aventures  de  Calliope , 1710, 
in-12  ;  |  celles  d' Apollonius  de  Tyr ,  1710. 
Quant  aux  vers,  on  les  place  avec  les 
productions  des  poètes  de  la  troisième 
classe. 

BRUN  (  Lauiient  le  ) ,  jésuite ,  né  à  Nan- 
tes en  1607 ,  cultiva  avec  succès  la  poésie 
latine  et  la  lit  servir  à  une  fin  louable  et 
morale.  Il  donna  :  |  le  Virgile  chrétien , 
qui  consiste,  comme  le  Virgile  de  Man- 
toue ,  en  églogues ,  en  géorgiques  et  en 
un  poème  épique  qui  comprend  12  li- 
vres ;  |  un  Ovide  chrétien,  dans  le  même  ' 
goût  :  les  Tristes  sont  changées  en  Lamen- 
tations de  Jérémie;  les  Héroïdes ,  en  Let- 
tres pieuses  ;  les  Fastes  sont  les  six  Jours 
de  la  Création  ;  un  poème  sur  l'amour  de 
Dieu  remplace  celui  de  l'Art  d'aimer  ;  les 
Métamorphoses  sont  des  Conversions  écla- 
tantes. «  On  ne  peut  disconvenir  ,  dit  un 
»  critique ,  qu'un  pareil  projet ,  soutenu 


BRU 


597 


BÏIU 


»  par  de  grands  talens  ,  ne  fût  très  loua- 
»  ble  et  ne  pût  avoir  d'heureux  succès 
»  pour  l'éducation  de  la  jeunesse.  »  Mais 
l'auteur  n'avait  pas  des  talens  propor- 
tionnés à  la  sagesse  de  son  dessein.  Il 
manque  d'élévation  et  de  ce  feu  de  génie 
qui  anime  rarement  les  âmes  paisibles  et 
douces  ;  |  Eloquence  poétique,  Paris,  1655, 
in-4° ,  en  latin  :  ouvrage  qui  renferme  les 
préceptes  de  l'art  poétique  ,  appuyés  sur 
des  exemples  tirés  avec  discernement  des 
meilleurs  auteurs;  il  est  suivi  d'un  traité 
des  Lieux  communs  poétiques,  utile  aux 
jeunes  poètes.  Il  mourut  à  Paris  en  1665. 

BRUN  (Guillaume  le),  né  en  1674, 
entra  chez  les  jésuites ,  où  il  professa  les 
belles-lettres  avec  distinction.  Après  avoir 
rempli  différens  emplois,  il  travailla  à 
un  Dictionnaire  universel  français  et  la- 
tin ,  qu'il  publia  in-4° ,  et  qui  fut  géné- 
ralement loué.  La  dernière  édition  ,  don- 
née par  MM.  Lallemant ,  est  de  1770  ,  in- 
4°.  Le  Brun  mourut  en  1758. 

*  BRUN  (  Marie-Marguerite  de  MAI- 
SON-FORTE, plus  connue  sous  le  nom 
de  Madame  ) ,  née  à  Coligny  le  25  juin 
1715,  se  distingua  par  son  esprit  et  ses 
connaissances.  Elle  mourut  dans  le  mois 
de  juillet  1794.  Elle  a  publié  :  |  Essai  d'un 
dictionnaire  comtois-français  ,  Besançon, 
1755  ,  in-8°  ,  2e  édition  augmentée  ,1755, 
ouvrage  utile  ,  mais  superiieiel ,  auquel 
M.  Petit-Benoist  a  eu  part  ;  |  Y  Amour 
maternel ,  poème  qui  a  obtenu  une  men- 
tion au  concours  pour  le  prix  de  l'aca- 
démie française  en  1775  ,  Besançon ,  1775 , 
in-4°;  |  X Amour  des  Français  pour  leur 
roi,  poème ,  Besançon  ,  1774  ,  et  un  grand 
nombre  de  poésies  fugitives. 

BRUN  DE  GRANVILLE  (  Jeaîv- 
Etienîwe  le  )  ,  naquit  à  Paris  ,  et  mourut 
en  1765  ,  à  l'âge  de  27  ans.  Ses  pro- 
ductions ne  sont  plus  connues  que  par 
leurs  titres  et  ne  consistaient  ,  à  quel- 
ques-unes près  ,  qu'en  libelles  et  en  sa- 
tires contre  plusieurs  auteurs  estimables. 
C'était  un  des  aboyeurs  secondaires  de 
la  philosophie  ,  fécond  en  ce  genre  d'allu- 
sions ,  devenues  aujourd'hui  des  cris  de 
guerre  dans  le  monde  philosophique. 
Quelques  extraits  de  sa  Renommée  litté- 
raire semblent  cependant  prouver  qu'il 
ne  tenait  qu'à  lui  de  mériter  une  place 
peut-être  distinguée  dans  la  république 
des  lettres.  On  trouve  dans  cette  espèce 
de  journal  quelques  analyses  faites  avec 
goût  et  assez  de  précision.  Telle  est  celle 
où  il  rend  compte  de  la  Poétique  de  Mar- 
montel ,   dont  il  relève  ingénieusement 


les  inepties.  Mais  sou  génie  ne  savait 
guère  se  contenir  dans  les  bornes  d'une 
sage  critique  :  il  se  livra  à  des  sarcasmes 
qu'une  affectation  trop  marquée  rend 
insipides  et  fatigans  pour  des  lecteurs 
sensés.  «  La  plaisanterie  ,  dit  un  auteur  , 
»  doit  naître  de  la  critique  ;  mais  la  cri- 
»  tique  ne  doit  jamais  paraître  faite  dans 
»  l'intention  d'amener  la  plaisanterie.  » 
BRUN  (le).  Voyez  LEBRUN. 

*  BRUNACCI  (  Viivcenzo  ) ,  mathéma- 
ticien de  Pise ,  élève  du  P.  Canovai  et 
du  fameux  Paoli ,  né  en  1762 ,  et  mort 
en  1818  ,  fut  professeur  de  nautique  à 
Livourne  ,  puis  à  l'université  de  Pavie. 
Il  fut  nommé  inspecteur  des  ponts-et- 
chaussées  ,  mais  montra  peu  d'habileté 
dans  le  tracé  du  nouveau  canal  qu'on  pro- 
jetait de  creuser  de  Milan  à  Paris»  Paoli 
l'avait  cependant  appelé  le  Géomètre  il- 
lustre. On  a  de  Brunacci  :  |  Di  naviga- 
tione  ;  |  le  Calcolo  dell' equazioni ;  \  Ana~ 
lisi  derivala;  \  Corso  di  mathematica 
sublimi ,  4  vol.  ;  |  Gli  elemenli  di  algèbre 
e  di  geometria;  Il  compendio  del  calcolo 
sublime,  et  plusieurs  Mémoires  impor- 
tans ,  qui  ont  été  insérés  dans  les  Recueils 
de  diverses  académies. 

*  BRUNASSI  (Loreivzo  ) ,  duc  de  Saint- 
Philippe  ,  né  à  Naples  en  1709 ,  a  com- 
posé :  |  la  Passione  di  N.  S.  J.  C.,  trag.  ; 
|  Santa  Perpétua  martire  ,  tragédie  ;  |  une 
Traduction  en  italien  des  Entretiens  sur 
la  religion ,  du  P.  du  Tertre  ,   etc. 

*  BRUNCR  (  Richard-François-Phi- 
lippe  ) ,  helléniste  distingué  ,  né  à  Stras- 
bourg le  50  décembre  1729,  étudia  à 
Paris  chez  les  jésuites,  et  fut  successi- 
vement commissaire  des  guerres  et  re- 
ceveur des  finances.  L'académie  des  in- 
scriptions et  l'institut  national  l'admirent 
dans  leur  sein.  Brunck,  a  laissé  plusieurs 
éditions  estimées  des  poètes  grecs  et  latins, 
comme  V Anthologie  grecque ,  qu'il  pu- 
blia sous  le  titre  :  |  d'Analecta  veterum 
poetarum  grœcorum ,  Strasbourg  ,  1776 , 
5  vol.  in-8°.  Ce  recueil  renferme  (outre  les 
épigrammes  déjà  connues ,  et  la  partie 
inédite  jusqu'alors  de  Y  Anthologie) ,  Ana- 
créon  ,  Gallimaque  ,  Théocrite  ,  Bion  , 
Moschus  et  d'autres  poètes  moins  connus  ; 
Y  Electre  et  YOEdipe-roi  de  Sophocle, 
YAndromaque  et  YOreste  d'Euripide, 
1779 ,  2  vol.  in-18  ;  |  le  Prométhée ,  les 
Perses,  les  Sept  devant  Thèbes, d'Eschyle  ; 
la  Médée  d'Euripide,  1779,  réunis  dans 
un  volume  auquel  se  joint  un  autre  vo- 
lume publié  en  1780,  et  qui  contient  Y  fié- 
cube  ^  les  Phéniciennes,  Hippohjle ,  les 


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598 


BRU 


liacchantea  1780  ;  |  Apollonius  de  Rho- 
des, 1780,  dans  lequel  on  regretta  que 
Brunck  n'eût  pas  fait  imprimer  le  Scho- 
liaste  ;  \  Aristophane  ,  Strasbourg  ,  1783 , 
in-8° ,  avec  une  traduction  latine  ;  |  HOtx-ô 
IIo[-/itfiç,  sive  Gnomici poetœ  qrœci ,  178k, 
in-8°,  qui  contiennent  les  fragmens  de 
Theognis,deSolon,de  Simonide.et  autres 
morceaux  de  poésies  didactique  et  mo- 
rale ;  |  Virgile ,  1788 ,  1789 ,  in-4°  ;  |  So- 
phocle ,  1786 ,  2  vol.  in-4°  ;  1788 ,  3  vol. 
in-8°;  1786-89,  k  volumes  in-8°.  Le  So- 
phocle  ,  qui  est  le  chef-d'œuvre  de  Brunck, 
lui  mérita  de  Louis  XVI  une  pension  de 
2000  francs  qu'il  perdit  à  l'époque  de  nos 
troubles  civils;  |  Térence ,  1797,  in-4°. — 
Brunck  avait  la  manie  de  faire  des  correc- 
tions arbitraires  au  texte  grec  qu'il  croyait 
avoir  été  altéré  par  des  copistes,  dans  beau- 
coup d'endroits.  Du  reste ,  il  est  consi- 
déré comme  un  des  plus  profonds  cri- 
tiques parmi  les  hellénistes.  Il  embrassa 
les  idées  révolutionnaires  ;  il  ne  commit 
cependant  aucun  excès  ;  aussi  sous  le 
règne  de  la  terreur  ,  il  fut  détenu  en 
prison  jusqu'à  la  mort  de  Bobespierre. 
L'état  de  dépérissement  où  se  trouvait 
sa  fortune  l'obligea  à  vendre,  à  deux 
reprises ,  une  partie  de  sa  bibliothèque , 
composée  de  livres  choisis.  On  lui  rendit 
dans  la  suite  sa  pension  de  2000  francs. 
n  mourut  le  12  juin  1805,  au  moment  où 
il  se  préparait  à  donner  une  édition  de 
Plaide. 

*  BRUNE  (  Guillaume-Marie-Atvive  )  , 
maréchal  de  France,  né  à  Brives  (  Corrèze  ) 
le  13  mars  1763 ,  était  fils  d'un  avocat  ; 
il  vint  à  Paris  et  y  fut  tour  à  tour  étu- 
diant en  droit ,  homme  de  lettres  et  im- 
primeur. A  l'époque  de  la  révolution ,  il 
se  fit  inscrire  un  des  premiers  sur  les 
registres  de  la  garde  nationale.  Membre 
du  club  des  cordeliers  ,  il  prit  une  part 
active  aux  événemens  du  Champ-de- 
Mars  ,  en  juillet  1791  ,  et  fut  envoyé 
comme  commissaire  civil  du  gouver- 
nement français  dans  la  Belgique.  Il  prit 
à  son  retour  le  parti  des  armes,  fut  fait 
adjudant-général,  et  envoyé  à  l'armée 
du  nord.  Il  entra  ensuite  dans  l'armée 
de  l'intérieur  ,  et  dans  la  journée  du 
13  vendémiaire  an  k ,  il  dissipa  les  sec- 
tionnaires  établis  dans  la  salle  du  théâtre 
français.  On  lui  donna  le  commandement 
d'une  brigade  dans  l'armée  d'Italie ,  sous 
les  ordres  de  Masséna.  Il  se  trouva,  en 
1797,  à  la  bataille  de  Rivoli,  où  il  se 
distingua ,  fut  fait  général  de  division  le 
47  août  de  la  même  année ,  et  remplaça 


quelque  temps  après  le  général  Augereau 
dans  son  commandement.  Après  le  traité 
de  Campé -Formfo,  Brune  rentra  en 
France  ,  et  fut  nommé  par  le  Directoire 
ambassadeur  à  Naples  ;  mais  il  p  référa  com- 
mander en  chef  l'expédition  qui  se  prépa- 
rait alors  contre  la  Suisse,  et  cette  contrée 
fut  encore  le  théâtre  de  ses  succès.  Chargé 
du  commandement  en  chef  de  l'année 
d'Italie ,  il  se  rendit  à  Milan ,  et  battit  les 
insurgés ,  puis  alla  en  Hollande  se  mettre 
à  la  tète  de  l'armée  gallo-batave ,  et  força 
le  duc  d'Yorck  d'évacuer  ce  pays ,  en  lui 
imposant  un  traité  humiliant  pour  l'or- 
gueil anglais.  En  1800 ,  Brune  passa  dans 
la  Vendée  ,  dont  il  acheva  la  pacifica- 
tion. Il  alla,  au  printemps,  remplacer 
à  l'armée  d'Italie  le  général  Masséna , 
et  prépara  par  les  succès  importans  qu'il 
obtint ,  la  paix  de  Lunéville  ,  conclue 
le  9  février  suivant.  En  1803 ,  il  fut  nom- 
mé ambassadeur  à  Constantinople  et  fut 
fait  maréchal  de  France,  grand-officier 
et  grand-cordon  de  la  légion-d'honneur. 
Après  son  retour ,  en  1803 ,  Brune  fut 
envoyé  au  camp  de  Boulogne  ;  appelé 
en  1807,  à  commander  un  des  corps 
d'armée  dirigés  contre  la  Prusse  ,  il  s'em- 
para de  Stralsund  ,  reçut  peu  de  jours 
après  la  capitulation  du  baron  de  Toll , 
gouverneur  de  l'île  de  Rugen ,  et  com- 
pléta, par  la  soumission  de  la  Poméra- 
nie  suédoise  ,  les  conquêtes  de  la  grande- 
armée  pendant  la  campagne  de  1807.  Mais 
la  disgrâce  ne  tarda  pas  à  l'atteindre. 
Il  perdit  le  gouvernement  des  villes  an- 
séatiques  qu'il  avait  reçu  au  commen- 
cement de  la  guerre ,  et  vécut  dès-lors 
retiré  des  affaires.  En  1814  le  maréchal 
Brune  adbéra  aux  actes  du  gouvernement 
provisoire  il  fut  créé  chevalier  de  Saint- 
Louis.  Cependant,  en  1815,  il  offrit  ses 
services  à  Napoléon.  Revêtu  par  l'em- 
pereur d'un  commandement  dans  la  Pro- 
vence ,  il  mit  Marseille  en  état  de  siège , 
et  désarma  la  garde  nationale  de  cette 
ville.  A  la  seconde  restauration,  il  se 
relira  à  Toulon ,  et  fit  sa  soumission  au 
roi.  Il  cherchait  à  regagner  lintérieur 
de  la  France,  lorsque  passant  par  Avi- 
gnon ,  il  y  fut  assassiné.  Brune  a  laissé 
en  manuscrit  des  Mémoires  sur  la  révo- 
lution ,  sur  les  guerres  d'Italie ,  et  sur  son 
ambassade  à  Constantinople. 

*  BRUNEAU  (François),  est  auteur 
d'une  Vie  de  saint  Phalier,  patron  de 
Cliabry  en  Berri,  Paris,  1645  ,  in-8°. 

♦  BRUNEAU  (  Antoine  ),  avocat  au 
parlement  de  Paris ,  dans  le  dix-septième 


BRU  599 

siècle .  a  donné  un  Traité  des  Criées ,  1678 
et  1704,  in- 4°;  et  des  Observations  et 
maximes  sur  les  matières  criminelles, 
1770 ,  in-4°. 

BRUNEHAUT  ,  fille  d'Athanagilde ,  roi 
des  Visigolhs  ,  épousa  en  568  Sigebert  Ier , 
roi  d'Austrasie,  et  d'arienne  devint  ca- 
tholique. Après  la  mort  de  son  mari ,  elle 
épousa  son  neveu  Mérovée,  contre  les 
règles  de  l'Eglise,  et  ce  mariage  fut  dé- 
claré nul  (  l'oyez  MÉROVÉE  et  PRÉ- 
TEXTÂT ).  Son  fils  Childebert,  qu'elle 
avait,  dit- on,  fait  empoisonner,  ayant 
laissé  ses  deux  fils  sous  sa  conduite ,  elle 
.  corrompit  le  cadet  pour  gouverner  en  son 
nom.  Après  la  mort  de  ce  prince,  Clo- 
taire  II  qui  régna  seul,  accusa  devant  les 
états  cette  femme  ambitieuse  d'avoir  fait 
mourir  dix  princes  de  la  famille  royale, 
mais  par  une  manière  de  compter  assez 
extraordinaire ,  il  y  comprenait  ceux  qu'il 
avait  fait  mourir  lui-même.  Elle  fui 
traînée  par  ses  ordres  à  la  queue  d'une 
cavale  indomptée,  et  elle  périt  misérable- 
ment par  ce  nouveau  genre  de  supplice, 
en  613.  Elle  avait  autant  de  charmes  que 
d'esprit.  Grégoire  de  Tours  n'en  dit  pas 
de  mal;  mais  son  histoire  finit  avant  la 
régence  de  cette  reine.  Plusieurs  histo- 
riens en  parlent  comme  d'un  monstre; 
mais  comme  la  plupart  écrivaient  sous  le 
règne  de  Clotaire  et  de  ses  enfans,  ne 
peut-on  pas  soupçonner  qu'ils  ont  voulu 
justifier  par -là  la  trop  grande  sévérité 
dont  ce  prince  avait  usé  envers  elle  ?  Cor- 
demoy  a  tenté  de  la  justifier ,  et  M.  Gail- 
lard de  réfuter  cette  apologie.  On  peut 
croire  qu'ils  se  sont  trompés  tous  les 
deux.  «  Nous  n'avons  garde,  dit  un  écri- 
»  vain  plus  circonspect ,  de  traiter  de  ca- 
»  lomnie  tout  ce  qu'on  a  dit  contre  sa  mé- 
»  moire  ;  mais  nous  croyons  qu'il  y  a  eu 
»  de  l'exagération  dans  les  crimes  dont 
»  on  l'a  chargée ,  et  qu'on  Ta  faite  beau- 
»  coup  plus  méchante  qu'elle  n'était  dans 
»  la  réalité.  *  —  «  On  a  dit  beaucoup  de 
•  mal  de  cette  princesse,  dit  le  même 
»  dans  un  autre  endroit  ;  mais  les  plus 
»  habiles  écrivains  conviennent  aujour- 
»  d'hui  que  la  calomnie  la  plus  atroce  fa- 
»  briqua  les  crimes  dont  elle  fut  accusée. 
»  Des  auteurs  contemporains ,  qui  étaient 
»  bien  instruits,  fournissent  des  preuves 
»  et  de  sa  piété  et  de  son  innocence.  »  Les 
chaussées  qui  portent  le  nom  de  Brune- 
haut  n'ont  rien  de  commun  avec  cette 
reine,  ni  avec  un  roi  Brunehaut,  être 
imaginaire ,  qui ,  disent  les  chroniques 
fabuleuses,  a  fait  construire  tous  ses  che- 


imu 

mins  par  le  diable.  Quant  à  la  reine  Bru- 
nehaut, elle  n'a  point  fait  construire  des 
chemins,  mais  seulement  des  églises. 
Voyez  l'Histoire  des  grands  Chemins,  par 
Bergier ,  pag.  95  ,  et  Juste  Lipse  :  De  ma- 
gnit.  Rom.  ,  cap.  x.  Ah  !  ignaros  ,  s'écrie- 
t-il ,  et  incredulos  Romanorum  operum , 
quihœc  talia  militari  manu  et  provincia- 
lium  item  subsidio,  supra  omnemfidem 
palrabant  ! 

*  BRUNEL  (  J.  )  d'Arles ,  maître  de 
pension  à  Lyon,  né  en  1763  et  mort  en 
1818  ,  publia  :  |  Cours  de  mythologie  orné 
de  morceaux  de  poésies  ingénieux,,  agréa- 
bles et  décens,  analogues  à  chaque  ar- 
ticle, Lyon,  1800  ,  in-12,  3e  édit.  Avignon, 
1825.  |  Le  Phèdre  français  ou  Choix  de 
fables  françaises  à  l'usage  de  l'enfance 
et  de  la  jeunesse,  Lyon,  1804,  in- 18, 
Paris,  1812.  |  Le  Parnasse  latin,  on  Choix 
des  meilleurs  morceaux  des  poètes  la- 
tins, depuis  la  renaissance  des  lettres 
jusqu'à  ?ios  jours ,  avec  leurs  notices  et  la 
traduction,  Lyon,  1808,  2  vol.  in-12; 
l'édition  est  épuisée. 

BRUNELLESCHI  (  Philippe  ) ,  né  à 
Florence  en  1377,  d'un  notaire,  fut  des- 
tiné dans  sa  jeunesse  à  la  profession  d'or- 
fèvre ,  dont  il  fit  quelque  temps  l'appren- 
tissage. Un  goût  naturel  le  porta  ensuite 
à  étudier  l'architecture.  Il  était  question 
d'élever  un  dôme  sur  l'église  cathédrale 
de  Florence ,  entreprise  qui  fut.  regardée 
alors  comme  très  difficile;  il  conçut 
l'idée  et  le  plan  de  cette  construction, 
pour  laquelle  les  Florentins  avaient  ap- 
pelé de  toutes  parts  les  plus  habiles  ar- 
chitectes. Après  bien  des  débats ,  ses  des- 
sins furent  préférés,  et  on  vit  s'élever 
cette  magnifique  coupole ,  que  Michel- 
Ange  lui-même  ne  regardait  qu'avec  ad- 
miration. C'est  un  octogone  de  134  brasses 
florentines  (  202  pieds  )  de  hauteur  ;  non 
compris  la  lanterne  qui ,  avec  la  boule  et 
la  croix  qui  terminent  ce  chef-d'œuvre  , 
en  a  encore  48  (  88  pieds  ).  Le  palais  Pitl  i 
à  Florence,  devenu  depuis  celui  des  sou- 
verains de  Toscane,  fut  commencé  sur 
les  dessins  de  Brunelleschi ,  qui  est  re- 
gardé comme  le  restaurateur  de  la  bonne 
architecture.  Il  mourut  dans  sa  patrie  en 
1444,  honoré  et  chéri  de  tous  ses  conci- 
toyens. On  voit  son  tombeau  dans  la  ca- 
thédrale de  Florence. 

*  BRUNELLI  Jérôme  ) ,  jésuite ,  né  à 
Sienne  en  1550,  et  mort  en  1613,  à  donné 
une  édition  grecque  des  Hymnes  de 
Synesius,  Rome,   1609. 

*  BRUNET  (Jeak- Louis),  né  à  Arles 


BRU  000 

en  1688,  et  mort  à  Paris  en  1747,  fut  reçu 
avocat  au  parlement  de  Paris  en  1717 , 
et  donna  plusieurs  ouvrages  sur  les 
matières  canoniques  :  |  le  parfait  No- 
taire apostolique  et  procureur  des  offi- 
cialités,  2  vol.  in-4°,  Paris,  1730  :  livre 
qui  n'était  pas  commun,  mais  on  l'a  ré- 
imprimé à  Lyon  en  1775  ;  |  les  Maximes 
du  droit  canonique  de  France ,  par  Louis 
Dubois ,  qu'il  a  revues ,  corrigées  et  beau- 
coup augmentées  ;  |  une  Histoire  du  droit 
canonique  et  du  gouvernement  de  l'Eglise, 
Paris,  1720,1  vol.  in- 12;  |  des  notes  sur 
le  Traité  de  l'Abus ,  de  Févret  :  tous  ces 
ouvrages  marquent  beaucoup  d'érudi- 
tion ;  mais  les  opinions  de  l'auteur  ne  sont 
pas  toujours  d'accord  avec  celles  des  ca- 
nonistes  les  plus  estimés  ;  |  une  nou- 
velle édition  des  Droits  et  libertés  de 
l'église  gallicane,  augmentée  de  diffé- 
rentes pièces  et  de  notes,  Paris,  1731, 
k  vol.  in-fol. 

*  BRUNET  (Gaspard-Jean-Baptiste), 
né  à  Valensoles ,  en  Provence ,   était ,  en 

1791,  maréchal -de -camp.  Employé,   en 

1792,  en  cette  qualité  à  l'armée  du  Var,  il 
remplaça  le  général  Anselme,  dans  le  com- 
mandement en  chef  au  mois  de  décembre. 
La  bravoure  qu'il  déploya  dans  diverses 
rencontres,  lui   valut  d'être  promu,  en 

1793,  au  commandement  en  chef  sous  les 
ordres  de  Kellermann,  général  en  chef  des 
armées  combinées  des  Alpes  et  d'Italie. 
Sous  le  règne  de  la  terreur  ,  il  fut  accusé 
d'intelligence  avec  les  auteurs  de  la  reddi- 
lion  de  Toulon  aux  Anglais,  et  mis  en 
arrestation.  On  le  transféra  à  Paris  et, 
condamné  à  mort,  il  fut  exécuté  le  6  no- 
vembre 1793. 

*  BRUNET  (Je  an -Baptiste),  lieute- 
nant-général, fds  du  précédent,  né  à 
Reims  le  7  juillet  1763 ,  parvint  de  grade 
en  grade  à  celui  de  colonel,  et  fit  en  cette 
qualité  à  l'armée  de  Sambre-et-Meuse ,  la 
campagne  de  1794.  Il  se  distingua  dans 
plusieurs  affaires ,  fut  nommé  le  11  juin 
de  la  même  armée,  général  de  brigade,  et 
fit  partie  de  l'expédition  de  Saint-Domin- 
gue en  1801.  Il  fut  chargé  du  commande- 
ment de  l'avant -garde  de  la  division  Ro- 
chambeau ,  remporta  plusieurs  avantages 
sur  les  insurgés,  et  fut  ensuite  nommé 
commandant  du  Mole.  Il  défendit  cette 
place  avec  beaucoup  de  valeur  le  18  no- 
vembre 1802 ,  et  força  les  noirs  de  se  re- 
tirer, après  leur  avoir  fait  perdre  beau- 
coup de  monde.  Brunet  commanda  succes- 
sivement la  partie  de  l'Ouest  et  du  Sud  de 
l'île,  la  place  de  Cayes-Saint-Louis ,  et  fut 


BRU 

nommé,  le  1er  juin  1803,  général  de  divi- 
sion. S'étant  embarqué  pour  la  France ,  il 
fut  pris  dans  la  traversée  et  emmené  en 
Angleterre ,  où  il  fut  retenu  prisonnier 
plusieurs  années;  il  reprit  du  service, 
lorsqu'il  recouvra  la  liberté.  A  l'époque  de 
la  restauration,  il  fut  mis  à  la  retraite  et 
mourut  peu  de  temps  après. 

*  BRUIVET  (  François -Florentin  ), 
prêtre  de  la  congrégation  de  Saint-Lazare, 
né  à  Vitel  en  Lorraine ,  se  retira ,  lors  de 
la  révolution,  à  Rome  avec  Cayla  de  la 
Garde ,  dernier  supérieur  de  la  mission. 
Il  revint  à  Paris  ,  en  1804 ,  avec  le  titre  de 
vicaire -général  de  sa  congrégation.  Il  y 
est  mort  le  15  septembre  1806.  On  a  de  lui 
|  un  Parallèle  des  religions  ,  1792  ,  5  vol. 
in-4°  ;  compilation  un  peu  longue,  mais 
pleine  de  recherches,  et  où  l'auteur  a  mis 
à  contribution  les  travaux  des  plus  habiles 
écrivains  modernes.  On  a  encore  de  l'abbé 
Brunet  ;  |  des  Elémens  de  théologie ',  en  la- 
tin, Rome,  1804 ,  5  vol.  |  Traité  des  devoirs 
des  pénilens  et  des  confesseurs  ;  \  Du  zèle 
de  la  foi  dans  les  femmes,  et  des  heureux 
effets  qu'il  peut  produire  dans  l'église  ; 
|  une  Lettre  sur  la  manière  d'étudier  la 
théologie. 

BRUIVETTO-LATIIM ,  poète,  historien 
et  philosophe  florentin  ,  petit -fils  de  La- 
tino,  fut  le  maître  de  Guido  Cavalcanti 
et  du  Dante.  Il  n'illustra  pas  moins  sa 
patrie  par  ses  ambassades  que  par  ses 
ouvrages.  Il  mourut  en  1295  à  Florence. 
On  a  de  sa  plume  |  :  il  Tesoro ,  Trévise, 
1474,  in-folio  :  cet  ouvrage,  qu'il  com- 
posa pendant  qu'il  était  en  France  esl 
rare;  |  Vinegia,  1533,  in- 8°,  moins  re- 
cherché :  c'est  un  livre  moral. 

BRUM.  Voyez  BRUNUS  (  Jordanus) 
et  ARÉTIN. 

BRUNI  (Antoine),  de  plusieurs  aca- 
démies d'Italie  ,  natif  de  Casal-Nuovo,  au 
royaume  de  Naples,  mort  en  1635,  poète 
plein  d'imagination  et  d'enthousiasme  ,  a 
laissé  des  épitres  héroïques,  des  pièces 
mêlées ,  des  vers  lyriques,  des  tragédies, 
des  pastorales.  On  reconnaît  dans  tous 
ces  ouvrages  un  génie  facile  ,  mais  beau- 
coup d'incorrections,  et  surtout  trop  d'i- 
mages et  d'expressions  licencieuses.  Ses 
Epitres  héroïques  ont  paru  à  Venise  en 
1636,  in-12,  avec  des  planches  gravées 
sur  les  dessins  du  Dominiquin  et  d'autres 
habiles  artistes. 

*BRUIVL\GS  (Chrétien),  théologien 
protestant,  né  à  Brème,  le  16  janvier  1702, 
et  mort  à  Heidelherg  le  6  mars  1763  ,  a 
laissé  plusieurs  ouvrages  estimés,  entr'au- 


BRU 


G01 


BRU 


très  :  |  Compendium  antiquilalum  grceca- 
rume  profanis  sacrarum.  Francfort-sur- 
le-Mein,  1734,  in-8°,  réimprimé  en  1745 
et  en  1759.  |  Compendium  antiquitatum 
hebraicarum ,  1763.  |  Observationes  prac- 
ticœ  générales  ad  orationem  dominic.  etc. 
Heidelberg,  1752. 

*  BRUNINGS    (GODEFROV-CnRÉTIESV), 

fils  du  précédent ,  prédicateur  distingué, 
né  à  Creutznach,  en  1727,  et  mort  en  1793, 
a  donné  en  allemand  des  sermons  esti- 
més ,  1770 ,  in-8° ,  et  des  Principes  d'ho- 
milétiqueJ  Manheim,  1776,  in-8°. 

*  BRUNINGS  (Chrétien),  ingénieur 
né  dans  le  Palatinat  en  1736 ,  et  mort  le  16 
juin  1805 ,  étudia  l'hydraulique ,  et  y  fit 
tant  de  progrès ,  qu'en  1769 ,  les  états  de 
Hollande  le  nommèrent  inspecteur-géné- 
ral des  rivières,  place  qu'il  a  remplie  jus- 
qu'à sa  mort.  On  lui  doit  plusieurs  Mé- 
moires qu'il  a  réunis  et  publiés  en  1778 , 
sous  le  titre  de  Recueil  de  rapports  , 
procès-verbaux ,  sur  les  rivières  supé- 
rieures, 2  vol.  in -fol.,  avec  atlas.  Le 
Directoire  de  la  république  batave  lui  a 
élevé  aux  frais  de  l'état  un  monument  en 
marbre  dans  la  cathédrale  de  Harlem ,  et 
a  proposé,  en  1807,  un  prix  pour  le 
meilleur  éloge  de  Brunings.  {Voyez  l'ar- 
ticle suivant.) 

"BRUNINGS  (Conrad-Louis)  ,  élève  et 
successeur  du  précédent ,  né  à  Heidelberg 
en  1775 ,  et  mort  à  Nimègue  ,  en  1816 ,  fut 
nommé  en  1800 ,  inspecteur  des  ponts  et 
chaussées ,  puis  inspecteur  dans  une  divi- 
sion des  rivières  de  la  Hollande ,  enfin  in- 
génieur en  chef.  Il  remporta  en  1807 ,  le 
prix  pour  l'éloge  de  Brunings.  On  a  de 
lui  plusieurs  mémoires  en  hollandais  : 
|  Examen  sur  une  question  relative  à  l'é- 
quilibre ;  |  Traité  sur  la  théorie  superfi- 
cielle des  rivières  en  général;  \  Traité 
sur  la  dispersion  de  la  marée  qui  remonte 
les  différentes  rivières  et  leurs  branches. 
j  Traité  sur  la  formation  de  la  glace  et  de 
son  dégel,  d'après  la  température  indi- 
quée par  le  thermomètre  ;  \  Observations 
sur  les  diffèrens  degrés  de  solidité  des 
amas  de  glace  qui  bornent  les  rivières,  en 
raison  de  la  différente  élévation  des  eaux 
de  ces  rivières  ,  etc. 

BRUNO  ou  BRUNON ,  dit  le  Grand, 
archevêque  de  Cologne  et  duc  de  Lorraine, 
était  le  5e  fils  de  l'empereur  Henri  l'Oise- 
leur, et  frère  d'Othon  qui  l'appela  à  la 
cour.  Il  y  cultiva  la  vertu  et  les  lettres  , 
se  nourrissant  des  auteurs  anciens  et  con- 
versant avec  les  savans  de  son  temps. 
Après  la  mort  de  "Wicfied,  archevêque  de 


Cologne  ,  le  clergé  et  le  peuple  n'eurent 
qu'une  voix  pour  proclamer  Bruno  son 
successeur.  Othon,  ayant  été  obligé  de 
porter  la  guerrre  en  Italie,  laissa  à  son 
frère  le  soin  de  l'Allemagne.  Il  avait  mon- 
tré les  vertus  d'un  évêque  à  Cologne;  il 
fit  éclater  celle  d'un  prince  à  la  cour  im- 
périale, et  réfuta  par  une  éclatante  preuve 
de  fait,  l'impolilique  système  qui  prétend 
exclure  le  sacerdoce  du  gouvernement 
des  peuples.  Où  se  trouvera  la  justice,  la 
prudence ,  la  fermeté ,  ces  grandes  bases 
de  l'administration  publique ,  plutôt  que 
dans  un  ministre,  des  autels,  zélé,  instruit, 
désintéressé?  Il  mourut  en  965. 

BRUNO  (saint) ,  évêque  et  apôtre  de  la 
Prusse,  où  il  fut  martyrisé  le  14  février 
1008. 

BRUNO ,  dit  Herbipolensis.  Voyez 
BRUNON. 

BRUNO  (saint)  naquit  à  Cologne  vers 
1060 ,  et  selon  quelques-uns  vers  1035  , 
deparens  nobles  et  vertueux.  Après  avoir 
fait  avec  succès  ses  premières  études  à 
Paris ,  et  avoir  brillé  dans  son  cours  de 
philosophie  et  de  théologie ,  il  fut  cha- 
noine à  Cologne ,  et  ensuite  à  Reims.  II 
fut  nommé  chancelier  et  maître  des  gran- 
des études  de  cette  église  ,  mais  il  se  vit 
obligé  d'en  sortir,  sous  l'archevêque  Ma- 
nassès  qui  la  gouvernait  en  tyran.  Il  prit 
dès-lors  la  résolution  de  quitter  le  monde, 
pour  se  retirer  dans  la  solitude.  Ce  qu'on 
a  raconté  de  la  résurrection  d'un  chanoine 
de  Paris,  qui  annonça  sa  réprobation, 
passe  aujourd'hui  pour  un  fait  au  moins 
très  douteux.  Urbain  "VIII  l'a  fait  retran- 
cher du  bréviaire  romain  (Voy.  DIOCRE). 
La  première  solitude  que  le  chanoine  do 
Reims  habita ,  fut  Saisse-Fontaine ,  dans 
le  diocèse  de  Langres.  Il  passa  de  là  à 
Grenoble,  l'an  1084,  et  alla  habiter  le  dé- 
sert de  la  Chartreuse.  Hugues,  évêque  de 
Grenoble,  défendit  peu  de  temps  après 
aux  femmes,  aux  chasseurs  et  aux  bergers 
d'en  approcher.  Des  rochers  presque  inac- 
cessibles, et  entourés  de  précipices  affreux 
furent  le  berceau  de  l'ordre  des  char- 
treux. «  Il  n'y  a  rien ,  dit  un  poète  philo- 
»  sophe ,  qui  soit  plus  propre  que  l'as- 
»  pect  de  ce  désert  à  exalter  l'âme  et  à 
»  l'occuper  fortement.  Le  spectacle  ter- 
»  rible  et  d'une  beauté  sombre  qui  se  pré- 
»  sente  partout,  convaincrait  l'athée  de 
»  l'existence  d'un  Etre  suprême  ;  il  suffi- 
»  rait  de  le  conduire  en  ce  lieu  et  de  lui 
»  dire  :  Regarde.  Saint  Bruno  qui  a  choisi 
»  ce  lieu  pour  sa  demeure ,  devait  être  un 
»  homme  d'un  génie  peu  ordinaire;  et 
51 


BRU  602 

i>  peut-être  n'aurais-je  pu  me  défendre 
D  de  me  ranger  au  nombre  de  ses  disci- 
»  pies ,  si  j'étais  né  dans  son  temps.  »  Voici 
le  tableau  que  Pierre  le  Vénérable  traçait 
de  leur  genre  de  vie,  cinquante  ans  après 
Jeur  établissement  :  «  Ils  sont  les  plus 
»  pauvres  de  tous  les  moines  ;  la  vue  seule 
»  de  leur  extérieur  effraye.  Ils  portent  un 
»  rude  cilice  ,  affligent  leur  chair  par  des 
»  jeûnes  presque  continuels  ,  et  ne  man- 
»  gent  que  du  pain  de  son ,  en  maladie 
»  comme  en  santé.  Ils  ne  connaissent  point 
»  l'usage  delà  viande,  et  ne  mangent  de 
»  poisson '.que  quand  on  leur  en  donne. 
»  Les  dimanches  et  les  jeudis,  ils  vivent 
»  d'œufs  et  de  fromage  :  des  herbes  bouil- 
»  lies  font  leur  nourriture  les  mardis  et 
»  les  samedis;  les  autres  jours  de  la  se- 
»  maine ,  ils  vivent  de  pain  et  d'eau.  Ils 
»  ne  font  par  jour  qu'un  seul  repas ,  ex- 
»  cepté  dans  les  octaves  de  Noël,  de  l'Epi- 
»  phanie,  de  Pâques,  de  la  Pentecôte  et  de 
»  quelques  autres  fêtes.  La  prière  ,  la  lec- 
»  ture  et  le  travail  des  mains  qui  consiste 
»  principalement  à  copier  des  livres,  sont 
»  leur  occupation  ordinaire.  Ils  récitent 
»  les  petites  heures  de  l'office  divin  dans 
»  leurs  cellules,  lorsqu'ils  entendent  sonner 
»  la  cloche  ;  mais  ils  s'assemblent  à  l'église 
»  pour  chanter  vêpres  et  matines;  ils  disent 
»  la  messe  les  dimanches  et  les  fêtes.  » 
L'instituteur  ne  fit  point  de  règle  parti- 
culière pour  ses  disciples  :  ils  suivirent 
celle  de  saint  Benoit,  et  l'accommodèrent 
à  leur  genre  de  vie.  Urbain  II ,  disciple  de 
Bruno  à  l'école  de  Reims ,  le  contraignit , 
six  ans  après ,  de  se  rendre  à  Rome,  pour 
l'aider  de  ses  conseils  et  de  ses  lumières. 
Le  saint  solitaire  déplacé  dans  cette  cour  , 
et  étourdi  par  le  tumulte  des  courtisans , 
se  retira  dans  un  désert  de  la  Calabre.  Il 
y  finit  saintement  ses  jours  en  1101,  dans 
le  monastère  qu'il  avait  fondé.  Il  fut  ca- 
nonisé l'an  1514.  Le  Père  deTracy.théatin, 
a  donné  sa  Vie  en  français  ,  Paris,  1786  , 
in-12.  On  a  de  lui  deux  Lettres  écrites  de 
Calabre,  l'une  à  Raoul  le  Verd,  et  l'autre 
à  ses  religieux  de  la  grande  Chartreuse  ; 
elles  ont  été  imprimées  avec  les  Commen- 
taires et  les  Traites  qu'on  lui  attribue,  à 
Cologne ,  1640  ,  3  tomes  en  1  vol.  in-fol. 
Il  n'y  a  point  de  doute  qu'outre  les  deux 
lettres,  il  ne  soit  encore  l'auteur  des  Com- 
mentaires sur  le  Psautier,  et  sur  les  Epî- 
tres  de  saint  Paul ,  qu'on  a  voulu  mal  à 
propos  lui  contester.  Il  y  parait  tel  que 
l'ont  dépeint  ceux  qui  le  connaissaient  le 
mieux,  l'homme  le  plus  savant  de  son 
siècle ,  et  de  la  plupart  des  siècles  qui  le 


BRU 

suivirent.  On  voit  qu'il  entendait  le  grec 
et  l'hébreu  ,  qu'il  était  fort  versé  dans  la 
lecture  des  Pères,  et  surtout  de  saint  Am- 
broise  et  de  .saint  Augustin.  «  Quiconque 
»  se  donnera  la  peine  de  lire  ce  Comme  n- 
»  taire  avec  une  médiocre  attention,  dit 
»  l'auteur  de  l'Hist.  litt.  de  la  France, 
«  conviendra  qu'il  serait  difficile  de  trou- 
»  ver  un  écrit  de  ce  genre  qui  soit  tout 
»  à  la  fois  plus  solide ,  plus  lumineux , 
»  plus  concis  et  plus  clair.  S'il  eût  été 
»  plus  connu ,  on  en  aurait  fait  plus  d'u- 
»  sage  :  on  l'aurait  regardé  comme  un  ou- 
»  vrage  très  propre  à  donner  une  juste 
»  intelligence  des  Psaumes.  On  y  recon- 
»  naît  un  auteur  instruit  de  toutes  les 
»  sciences ,  et  rempli  de  l'esprit  de  Dieu. 
»  Il  serait  à  souhaiter  que  ce  Commen- 
»  taire  fût  entre  les  mains  de  tous  les  iidè- 
»  les,  et  particulièrement  des  personnes 
»  consacrées  à  la  prière  publique.  »  Nous 
avons  encore  de  saint  Bruno  une  Elégie 
en  quatorze  vers  sur  le  mépris  du  monde. 
On  l'a  fait  imprimer  dans  divers  recueils 
et  on  l'a  fait  graver  au  bas  d'un  tableau  de 
ce  saint,  qui  est  dans  le  chœur  des  char- 
treux de  Dijon.  Les  autres  ouvrages  qui 
lui  sont  attribués  sont  de  saint  Brunon, 
évêque  de  Segni ,  ou  de  saint  Brunon , 
évêque  de  Wurtzbourg,  lesquels  floris- 
saient  dans  le  même  siècle.  Le  plus  beau 
de  ses  ouvrages  est  la  fondation  de  son  or- 
dre. On  le  voit,  après  sept  siècles,  tel, 
aux  richesses  près ,  que  du  temps  de  son 
fondateur,  persévérant  dans  l'amour  de 
la  prière ,  du  travail  et  de  la  solitude. 
«  Voilà  donc  un  ordre  religieux ,  dit  un 
»  critique,  qui  depuis  sept  cents  ans  per- 
»  sévère  dans  la  ferveur  de  sa  première 
»  institution,  preuve  assez  convaincante 
»  de  la  sagesse  et  de  la  sainteté  de  la  règle 
»  qu'il  observe.  C'est  donc  à  tort  que  les 
»  censeurs  de  la  vie  monastique  ont  ré- 
»  pété  cent  fois  que  la  perfection  à  laquelle 
»  aspirent  les  religieux  est  incompatible 
»  avec  la  faiblesse  humaine  ;  que  leurs 
»  fondateurs  ont  été  des  enthousiastes  im» 
»  prudens,  et  que  la  vie  du  cloître  est  un 
»  suicide  lent  et  volontaire.  »  Lorsque 
l'empereur  Joseph  II  entreprit  de  détruire 
la  religion  catholique  dans  ses  états  ,  il 
crut  nécessaire  de  commencer  par  l'abo- 
lition des  chartreux ,  persuadé  que  le 
spectacle  de  leur  austère  régularité  con- 
trasterait d'une  manière  trop  frappante 
avec  l'effet  de  ses  prétendues  réformes.  Il 
savait  aussi  que  les  chartreux  s'étaient 
distingués  par  leur  courage  durant  les  ra- 
vages des  sectaires  des  16e  et  17e  siècles; 


BRU 


603 


BRU 


qu'ils  avaient  résisté  surtout  à  la  cruelle 
Elizabeth,  et  préféré  la  mort  à  l'apo- 
stasie. 

BRUNO  ou  BRUNON  DE  SIGNY  ou  SE- 
GNI  ou  D'ASTI  (saint),  appelé  Bruno 
Âstensis ,  parce  qu'il  était  de  Soléria  au 
diocèse  d'Asti  ;  il  se  distingua  au  concile 
de  Rome  en  1079,  contre  Bérenger.  Gré- 
goire VII  le  fit  ensuite  évoque  de  Segni  : 
ce  qui  lui  fit  donner  le  surnom  de  Brunon 
Sig?iensis;  mais  quelque  temps  après,  il 
quitta  son  peuple  pour  se  retirer  au  mo- 
nastère du  Mont-Cassin ,  dont  il  fut  abbé. 
Ses  ouailles  l'ayant  vivement  redemandé, 
il  revint  pour  être  de  nouveau  leur  pas- 
teur par  l'ordre  du  pape.  Il  mourut  en 
1125.  Ses  ouvrages  ont  été  publiés  à  Ve- 
nise en  1651, 2  vol.  in-fol.  par  don  Maur 
Marchesius,  moine  et  doyen  du  Mont- 
Cassin.  On  trouve  dans  ce  Recueil  des 
sermons  qui  ont  été  quelquefois  attribués 
au  saint  fondateur  des  Chartreux.  Mura- 
tori  prouve  que  le  Commentaire  sur  le 
livre  des  Cantiques ,  commençant  par  ces 
mots  :  Salomon  inspiratus  ,  etc. ,  qui  est 
parmi  les  Œuvres  de  saint  Thomas  d'A- 
quin ,  a  pour  auteur  saint  Brunon  de  Se- 
gni. Plusieurs  de  ses  ouvrages  ont  paru 
sous  le  nom  du  fondateur  des  Chartreux. 

*  BRUNO ,  bénédictin  allemand ,  vivait 
vers  la  fin  du  11e  siècle.  Il  écrivit  une  his- 
toire intéressante  de  Bello  Saxonico  .,  de 
1073  à  1082 ,  qui  se  trouve  dans  les  Scrip. 
rer.  Germanicarum  de  Freher. 

*  BRUNO  d'AFFRINGUES ,  chartreux , 
né  à  Saint-Omcr  en  1550,  mort  en  1632, 
avait  de  grandes  connaissances  dans  l'his- 
toire ecclésiastique  et  dans  les  langues.  Il 
fut  d'abord  chanoine  de  l'église  de  Car- 
pentras;  mais  en  1591  il  prit  l'habit  de 
chartreux,  fut  nommé  deux  ans  après 
prieur  de  la  chartreuse  d'Avignon ,  et  de- 
vint général  de  son  ordre  en  1600.  Il  reçut 
la  visite  de  Henri  IV  dans  sa  retraite.  Il  a 
laissé  un  Panégyrique  de  Grégoire  XIII. 

BRUNO  (  Giordatvo  ).  Voyez  BRUNUS. 

*BRUNON ,  évêque  de  Wurtzbourg,  dit 
Herbipolensis ,  oncle  paternel  de  l'empe- 
reur Conrad  II ,  était  fils  de  Conrad ,  duc 
de  Carinthie.  Il  naquit  en  Saxe,  et  fut 
élevé,  en  1033,  à  l'épiscopat.  Ce  prélat, 
recommandable  par  sa  science  et  par  sa 
vertu ,  fut  écrasé ,  le  17  mai  1045 ,  sous  les 
ruines  de  sa  salle  à  manger.  On  a  de  lui, 
dans  la  Bibliothèque  des  Pères ,  des  Com- 
mentaires sur  le  Pentateuque ,  où  il  fait 
usage  des  obèles  et  des  astérisques,  à  la 
manière  d'Origène,  pour  marquer  les 
différences'  du  texto  hébreu  et  des  Sep- 


tante d'avec  l'ancienne  Vulgate  ;  d'autres 
Commentaires  sur  le  Psautier  et  sur  les 
cantiques  de  l'ancien  et  du  nouveau  Tes- 
tament; des  Traités  de  piété,  mis  quel- 
quefois sous  le  nom  de  S.  Bruno ,  des  ex- 
plications du  Symbole  des  Apôtres  et  de 
celui  de  saint  Athanase  ,  Cologne ,  1494. 

BRUNORO.  Voyez  BONNE. 

BRUNSFELS  (Othon),  fils  d'un  ton- 
nelier, quitta  l'ordre  des  chartreux ,  pour 
embrasser  les  erreurs  de  Luther.  Il  exerça 
la  médecine  à  Strasbourg ,  où  il  publia  en 
1530  ses  Herbarum  vivœ  Icônes ,  in-fol. , 
2  tomes  en  1  vol.  On  donna  en  1540  (six 
ans  après  la  mort  de  l'auteur  )  une  autre 
édition  de  son  ouvrage ,  beaucoup  plus 
ample  que  la  première  (i). 

BRUNSWICK..  Voyez  AUGUSTE  et 
GEORGES. 

*  BRUNSWICK  (Ferdinand,  duc  de), 
oncle  du  dernier  duc  de  Brunswick ,  né 
le  11  janvier  1721 ,  était,  du  côté  de  sa 
mère  ,  neveu  de  l'empereur  Charles  VI , 
et  fut  un  des  plus  célèbres  généraux  dan3 
la  guerre  de  sept  ans.  Après  avoir  par- 
couru différentes  cours  de  l'Europe ,  il  en- 
tra, en  1740,  au  service  de  Frédéric  le 
Grand ,  roi  de  Prusse.  Il  se  distingua  dans 
la  campagne  de  Silésie ,  à  la  prise  de  Pra- 
gue et  à  la  bataille  de  Soor,  où  il  fut 
blessé.  Frédéric  le  récompensa  en  lui  don- 
nant des  biens  considérables  dans  les  pro- 
vinces qu'il  avait  conquises.  Dès  le  com- 
mencement de  la  guerre  de  sept  ans ,  il 
fut  nommé ,  à  la  demande  de  Georges  II , 
général  des  troupes  anglaises  et  hano- 
vriennes.  Il  força  les  Français  à  repasse* 
le  Rhin,  les  défit  à  Crevelt,  mais  reçut 
ensuite  un  échec  à  Berghen.  L'année  sui- 
vante il  s'empara  de  Minden,  et  remporta 
auprès  de  cette  ville  une  victoire  signa- 
lée. En  1762,  Ferdinand  parvint  à  chasser 
entièrement  les  Français  de  la  Hesse.  La 
paix  ayant  été  conclue  l'année  suivante , 
il  quitta  le  service ,  et  se  retira  à  Bruns- 
wick ,  n'emportant  pour  prix  de  ses  glo- 
rieux travaux ,  qu'une  modique  pension 
du  roi  d'Angleterre  ,  et  la  place  de  doyen 
du  chapitre  de  Magdebourg ,  que  le  roi  de 
Prusse  qu'il  avait  si  bien  servi,  voulait 
même  lui  disputer.  Au  milieu  d'une  foule 
de  philosophes  que  ce  monarque  avait 
appelés  à  sa  cour ,  et  malgré  l'athéisme 
qu'on  y  professait  publiquement ,  le  duc 


(i)  Brunsfeld  a  encore  laissé  :  |  Adnolationes  in 
Evangelia  et  in  Acla  apostolorum  ;  |  Fandectce  vele- 
ris  et  novi  Testament!;  |  Catalogui  illustrium  medi- 
corvm,  etc. 


BRU 


604 


BRU 


de  Brunswick  se  montra  toujours  con- 
stamment attaché  à  la  religion ,  et  la  con- 
tagion de  l'exemple  ne  parvint  jamais  à 
corrompre  ses  mœurs.  Cependant  quel- 
ques années  après  sa  retraite  à  Bruns- 
wick ,  il  s'occupa  principalement  de  franc- 
maçonnerie  et  fut  grand-maître  de  toutes 
les  loges  de  franc -maçons,  dans  une 
grande  partie  d'Allemagne-  On  assure  que 
les  hommes  qui  captivèrent  la  confiance 
de  ce  prince  mêlaient  aux  secrets  de  leur 
ordre  des  prophéties,  des  évocations,  etc. 
Ferdinand  mourut,  dans  sa  soixante- 
douxième  année,  à  Brunswick,  le  3 
juiUet  1792. 

|  *  BRUNSWICK-LUNEBOURG  (  Char- 
'Ies-Guilla.ume-Ferdiivand,  duc  de  ),  né 
à  Brunswick ,  le  9  octobre  1755  ,  était  fils 
aîné  du  duc  Charles,  chef  de  cette  maison, 
et  neveu  du  précédent.  Hirchmann  , 
Gaertner  ,  et  l'abbé  Jérusalem  furent  ses 
précepteurs.  Il  fit  ses  premières  armes 
sous  Frédéric  le  Grand  et  Ferdinand  ses 
oncles,  et  se  conduisit  avec  la  plus  grande 
valeur  à  la  journée  d'Hastembeck,  où  son 
intrépidité,  qui  le  rendit  maître  d'une 
batterie  française  ,  sauva  l'armée  du  duc 
de  Cumberland.  Il  avait  alors  vingt-deux 
ans.  En  1758,  il  ouvrit  la  campagne  du 
Bas-Rhin  en  passant  le  "Weser  avec  un 
faible  détachement  devant  l'armée  fran- 
çaise ,  et  durant  toute  cette  campagne,  où 
il  commanda ,  ainsi  que  dans  celles  qui 
suivirent,  il  ne  laissa  échapper  aucune 
occasion  d'ajouter  un  nouvel  éclat  à  sa  ré- 
putation si  bien  commencée.  Il  succéda, 
en  1780,  à  son  père  dans  le  gouvernement 
de  son  duché ,  qui  lui  est  redevable  de 
plusieurs  établissemens  utiles,  et  qui  trou- 
va en  lui  un  protecteur  éclairé  des  lettres. 
L'Autriche  et  la  Prusse  l'investirent,  en 
4792  ,  du  commandement  des  armées  des- 
tinées à  marcher  contre  la  France.  Les 
alliés  pénétrèrent  en  Champagne.  Mais 
une  armée  de  soixante  mille  Français  , 
commandée  par  Dumouriez  ,  attendait 
l'ennemi  au  camp  de  Sainte-Menehould. 
Le  duc  de  Brunswick  n'osa  pas  tenter 
les  hasards  d'une  bataille  décisive.  Il  pu- 
blia un  manifeste  rempli  de  menaces,  qui 
produisit  un  effet  contraire  à  celui  qu'il 
en  espérait,  et  se  rendit  maître  des  seules 
villes  de  Longwy  et  de  Verdun.  Mais  ne 
sachant  profiter  ni  de  ses  avantages ,  ni 
des  fautes  de  ses  adversaires,  il  laissa 
échapper  deux  fois  l'armée  française ,  et 
fut  obligé  de  négocier  avec  Dumouriez  et 
de  capituler  pour  la  retraite  de  son  armée 
vers  le  Rhin.  Le  roi  de  Prusse  ayant  re- 


fusé de  ratifier  toutes  les  clames  de  la 
convention,  Brunswick  s'arrêta  sur  la 
rive  droite  de  ce  fleuve ,  défit  Custines 
qui  s'était  emparé  de  Francfort,  et  prit  en- 
suite Mayence ,  après  un  siège  de  trois 
mois.  Il  obtint  encore  dans  les  lignes  do 
Weissembourg  et  Kaiserslautern  quelques 
avantages  qui  furent  suivis  de  prompts 
revers  ,  et  se  vit  obligé  de  lever  le  siégo 
de  Landau.  Contrarié  dans  ses  opérations 
par  le  général  YVurmser ,  il  donna  sa  dé- 
mission et  se  retira  dans  ses  états,  où  plu- 
sieurs émigrés  reçurent  de  lui  une  géné- 
reuse hospitalité.  En  1806,  les  Français 
ayant  occupé  les  pays  limitrophes,  il  se 
rendit  en  Russie ,  pour  s'assurer  des  dis- 
positions de  cette  puissance ,  et  à  son  re- 
tour il  détermina  la  Prusse  à  prendre  une 
attitude  hostile.  Le  duc  de  Brunswick  de- 
vint encore  général  en  chef  dans  une  cam- 
pagne qui  lui  devait  être  funeste.  Il  s'enga- 
gea, le  ik  octobre,  dans  les  défilés  de  Kœ- 
sen,  à  la  tête  des  grenadiers,  avec  lesquels 
U  voulait  repousser  l'attaque  principale 
près  d'Auerstadt.  Dès  le  commencement  de 
l'action,  il  fut  atteint  d'une  balle  dans  les 
yeux.  On  le  transporta  à  Brunswick,  puis 
à  Altona ,  où  il  expira  le  1 0  novembre  4806. 
On  a  publié  à  Tubingen  en  1809,  une 
brochure  intitulée  :  Portrait  biographique 
du  duc  de  Brunswick,  in-8°.  Il  existe  aussi 
une  Relation  de  sa  Campagne  de  1792 
contre  les  Français. 

BRUNSWICK.  (  Maximilien  -  Jules- 
Léopold .,  duc  de  ) ,  né  le  20  octobre  1752, 
entra  au  service  dans  les  troupes  du  roi 
de  Prusse ,  son  oncle.  En  1776 ,  il  obtint 
le  grade  de  colonel ,  et  celui  de  général- 
major  en  4782.  Son  régiment  qui  était  en 
garnison  à  Francfort-sur- l'Oder,  lui  fit 
établir  son  principal  séjour  dans  cette 
ville  ,  où  il  périt  en  voulant  porter  du  se- 
cours à  de  malheureux  paysans ,  sur- 
pris dans  leurs  cabanes  par  une  inonda- 
tion subite,  le  24  avril  1785.  Sa  mort  a 
été  célébrée  par  différens  poètes,  et  lui  a 
donné  plus  de  célébrité  que  n'auraient 
fait  de  longs  exploits  militaires. 

»  BRUNSWICK -WOLFENBUTEL- 
OELS  (  Frédéric- Auguste  de  ),  frère  du 
précédent ,  se  distingua  dans  les  dernières 
campagnes  de  la  guerre  de  sept  ans ,  et 
cultiva  avec  ardeur  et  succès  la  littérature. 
On  a  de  lui  plusieurs  ouvrages  relatifs  à  la 
tactique,  à  la  défense  des  places ,  etc.;  et 
plusieurs  traductions  parmi  lesquelles  on 
distingue  sa  traduction  italienne  de  Mon- 
tesquieu, Considerazioni  sopra  le  cause 
délia  grandezza  dei  Romani,  Berlin, 


BIVU 


605 


imu 


1 70'* .  in-8°,  et  Ri flessioni  crîtiche  sopra  il 
carattere  e  le  g  esta  d'Alessandro  Magno, 
in-8°,  Milan,  1764,  traduit  en  français 
par  Erman.  Ce  prince  est  mort  à  "Weimar 
le  8  octobre  1805.  —  Son  frère  Guillaume- 
Adolphe,  né  en  1745  et  mort  en  1771,  pu- 
blia une  traduction  de  Salluste  et  un  dis- 
cours sur  la  guerre.  Il  a  laissé  un  poème 
sur  la  conquête  du  Mexique,  en  vers 
français,  manuscrit. 

*  BRUNSWICK  (  Elizabeth- Chris- 
tine de  ) ,  femme  de  Frédéric  II  roi  de 
Prusse ,  née  le  8  novembre  1715 ,  s'est  fait 
connaître  par  plusieurs  traductions  de 
l'allemand  en  français,  entr'autres  par 
celle  du  Chrétien  dans  la  Solitude  ,  de 
Grugot  ;  des  Considérations  sur  les  œu- 
vres de  Dieu  s  de  Sturm;  de  la  Destina- 
tion de  l'homme  ,  de  Spalding;  du  Ma- 
nuel de  la  Religion,  de  Hermis;  des 
Hymnes  et  des  Leçons  de  Morale,  de  Gel- 
lert.  On  lui  attribue  aussi  les  Réflexions 
sur  l'état  des  affaires  politiques  en  1778, 
adressées  aux  personnes  craintives.  Elle 
mourut  le  13  novembre  1793. 

*  BRUI\SWICIv-OELS  (Frédéric-Guil- 
laume ) ,  fils  du  duc  Charles-Guillaume- 
Ferdinand,  enveloppé  dans  la  ruine  de  son 
père,  voua  à  la  France  une  haine  qui  ne 
s'éteignit  qu'avec  sa  vie.  Après  avoir  long- 
temps erré  dans  les  possessions  delà  mai- 
son d'Autriche,  il  vint  en  Bohème  en  1809, 
et  leva  un  corps  de  volontaires  avec  le- 
quel il  fit  une  irruption  en  Westphalie, 
après  la  bataille  d'Essling ,  pour  engager 
la  population  à  se  soulever.  Mais  il  réussit 
à  peine  à  insurger  quelques  vallées.  Aban- 
donné de  l'Autriche  elle-même,  il  marche 
vers  la  mer  avec  ses  soldats,  atteint  Bruns- 
wick, défait  Bewbel,  franchit  le  Weser 
et  arrive  à  Brème ,  d'où  il  se  rend  sur  la 
flotte  anglaise.  Il  joint  ensuite  Wellington, 
qu'il  suit  en  Espagne ,  puis  en  Belgique , 
où  il  périt,  dans  les  plaines  de  Fleurus, 
atteint  d'une  balle  dans  la  poitrine. 

BRUNUS  ou  BRUNN  (  Covrad  ) ,  cha- 
noine d'Augsbourg ,  était  du  bourg  de 
Kirchen ,  dans  le  duché  de  Wirtemberg. 
Il  s'acquit  beaucoup  de  réputation  par  la 
connaissance  qu'il  avait  du  droit ,  et  pa- 
rut avec  éclat  aux  diètes  d'Augsbourg,  de 
Worms,  de  Spire  et  de  Ratisbonne.  Il 
mourut  en  1563.  On  a  de  lui  :  |  De  Ilœreti- 
cis  in  génère,  etc.,  1349,  in-fol.  j  De  Le- 
yationibus;  de  Cœremoniis ,  de  Imagini- 
bus,  1548,  in-fol.  |  Une  réfutation  de  l'His- 
toire ecclésiastique ,  publiée  par  Mathias 
lllyricus,  et  les  autres  ccnturia'eurs  de 
Magdebourg. 


BRTJNUS  (Jordanus),  appelé  dans  son 
pays  Giordano  Bruni,  naquit  à  Noie  dans 
le  royaume  de  Naples ,  vers  le  milieu  du 
16e  siècle ,  fut  d'abord  dominicain ,  mais 
il  jeta  bientôt  l'habit  religieux ,  et  se  dé- 
clara contre  toutes  les  vérités  de  la  foi  : 
son  audace  lui  suscita  des  chagrins  bien 
mérités.  Voulant  jouir  de  la  liberté  de 
penser  et  de  parler  ,  il  se  retira  à  Genève 
et  y  apostasia.  Il  se  brouilla  bientôt  avec 
Calvin  et  avec  Bèze ,  et  fut  obligé  de  quit- 
ter ce  séjour  ;  il  se  rendit  de  là  à  Lyon , 
puis  à  Toulouse ,  et  ensuite  à  Paris  ,  vers 
1582.  Pour  se  procurer  les  moyens  d'y 
subsister,  il  se  mil  à  donner  des  leçons 
de  philosophie  en  qualité  de  professeur 
extraordinaire ,  et  publia  des  thèses  où  il 
attaquait  d'anciennes  opinions,  et  en 
même  temps  des  vérités  importantes. 
Brunus  souleva  contre  lui  tous  les  pro- 
fesseurs de  l'université ,  dont  les  plaintes 
l'obligèrent  de  s'enfuir  à  Londres.  Ce  fut 
là  que ,  sous  la  protection  de  Michel  de 
Castelnau ,  ambassadeur  de  France  au- 
près de  la  reine  Elixabeth,  et  de  Phi- 
lippe Sidney ,  gentilhomme  anglais ,  il 
publia  son  livre  fameux ,  intitulé  Spac- 
cio  délia  Bestia  triotn  faute,  Parigi  ,1584, 
in-8°.  La  déroute  ou  l'expulsion  de  la 
Bête  triomphante.  Toutes  les  religions 
sont  fausses,  suivant  cet  impie.  Les  vé- 
rités de  celle  des  juifs  et  des  chrétiens 
sont  sur  le  même  rang  que  les  fables  des 
païens  et  des  idolâtres.  C'est  à  la  loi  na- 
turelle à  régler  les  notions  du  vice  et  de 
la  vertu ,  comme  si  les  philosophes ,  les 
enthousiastes  fanatiques  et  dogmatisans 
de  tous  les  siècles  et  de  toutes  les  nations 
n'avaient  pas  fait  de  cetle  Loi  Naturelle 
tout  ce  qu'ils  ont  voulu.  «  Ne  me  parlez 
»  pas  ,  dit  un  écrivain  moderne  ,  de  la  loi 
»  naturelle  comme  d'une  chose  à  substi- 
»  tuer  à  la  loi  de  Dieu.  Qui  ne  sait  qu'on 
»  fait  de  la  nature  et  de  la  raison  tout  ce 
»  que  l'on  veut,  lorsque  ces  éternelles pu- 
»  pilles  ne  sont  pas  sous  la  tutelle  de  la  re- 
»  ligion  ?  »  Son  symbole  est  en  48  articles , 
dont  chacun  a  rapport  à  quelque  constel- 
lation céleste.  L'extravagance  de  son  ima- 
gination égalait  celle  de  sa  logique.  A  la 
suite  de  la  Déroute  de  la  Bête  triom- 
phante ,  on  trouve  un  petit  traité  intitulé 
La  Cena  délie  Ceneri ,  Le  souper  du  jour 
des  Cendres.  Il  prétend  qu'il  y  a  une 
multitude  de  mondes  semblables  à  celui 
que  nous  habitons.  Ces  mondes  sont  des 
animaux  intellectuels,  avec  des  individus 
végétatifs  et  raisonnables.  Pour  avoir  une 
suite  complète  des  traités  du  même  au- 
51. 


BRU 


606 


BttU 


teur,  il  faut  y  joindre  :  |  Délia  causa,  prin- 
cipioeuno,  Venezia,  1584,  in-8°.  |  Delmft- 
nitouniverso ,Venezia,  1584,  in-8°.  |  Degli 
eroici  Furori.  \  Cabala  del  Cavallo  Pega- 
seo,  con  l'Asino  Cillenico  ,  1545  ,  in-8°  , 
petit  format  de  48  feuillets.  Ce  traité  est 
si  rare ,  que  ceux  qui  ont  parlé  le  plus 
savamment  des  ouvrages  de  Brunus  ,  se 
sont  bornés  à  en  rapporter  le  titre,  parce 
qu'ils  ne  l'avaient  pas  vu.  Il  est  composé 
d'une  Epître  dédicatoire  ,  d'une  déclama- 
tion remplie  d'indécence  sur  l'âne  et  sur 
l'ânesse ,  de  Trois  Dialogues ,  et  de  XA- 
sino  Cillenico.  Brunus  y  développe  les 
idées  répandues  dans  ses  autres  ouvra- 
ges. La  plupart  paraîtraient  bien  insipi- 
des ,  s'ils  étaient  plus  communs.  La  rareté 
donne  quelquefois  du  pris  à  de  grandes 
bêtises.  Après  quelques  années  de  séjour 
à  Londres,  Brunus  passa  à  Wittemberg 
en  Allemagne.  Il  embrassa  le  luthéra- 
nisme, et  obtint  la  permission  d'y  en- 
seigner publiquement.  Il  s'en  servit  pour 
publier  ses  paradoxes  philosophiques  avec 
la  même  liberté  qu'il  avait  fait  en  France, 
et  s'y  lit  les  mêmes  ennemis ,  surtout  par 
l'orgueil,  l'emportement  et  le  mépris  avec 
lequel  il  traitait  les  sectateurs  de  l'an- 
cienne doctrine.  Obligé  de  quitter  Wit- 
temberg au  bout  de  deux  ans  ,  le  cheva- 
lier errant  de  la  philosophie  ,  jouet  de  la 
fortune ,  et  dépourvu  de  tout,  parcourut 
encore  diverses  contrées  d'Allemagne, 
jusqu'à  ce  qu'ayant  succombé  à  la  tenta- 
tion d'aller  dogmatiser  dans  sa  patrie, 
il  y  tomba  entre  les  mains  de  l'inquisi- 
tion ,  qui  délivra  le  pays  des  commotions 
qu'il  aurait  pu  y  exciter ,  en  le  livrant  au 
bras  séculier ,  qui  le  fit  mourir  à  Rome 
en  1600.  Presque  tous  les  ouvrages  de 
Giordano  Bruni ,  dont  nous  nous  sommes 
contentés  de  citer  les  principaux  et  les 
plus  connus ,  sont ,  à  quelques  traits  de 
lumière  près ,  pleins  d'obscurités  et  d'al- 
légories énigmatiques.  C'était  un  vrai  en- 
thousiaste qui ,  sous  des  images  exaltées 
r.l  gigantesques ,  disait  les  choses  les  plus 
inintelligibles,  et  souvent  les  plus  ineptes. 
Il  est  encore  auteur  d'une  comédie  in- 
titulée Il  Candelaio,  Parigi,  1582,  in-8°. 
En  1633  ,  un  anonyme  fit  imprimer  à  Pa- 
ris ,  in-8° ,  Boniface  et  le  Pédant  M  comé- 
die imitée  de  la  précédente.  Le  P.  Nicé- 
ron  a  donné  la  liste  de  ses  ouvrages. 

BRUS.  Voyez  ROBERT  de  BRUS ,  et 
DOUGLAS  (  Guillaume  ). 

BRUSCIIIUS  ou  BRUSCH  (  Gaspard), 
naquit  à  Egra  en  1518.  Ferdinand  d'Au- 
triche, roi  des  Romains,  l'honora  en  1552 


de  la  couronne  poétique  et  de  la  dignité 
de  comte  palatin.  S'étant  fixé  à  Passau  , 
pour  mettre  la  dernière  main  à  sa  Chro- 
nique d'Allemagne ,  il  y  fut  tué  d'un  coup 
de  fusil,  à  l'entrée  d'un  bois,  en  1559, 
par  des  gentilshommes  ses  ennemis.  On 
a  de  lui  :  |  V Histoire  des  Evêchés  et  des 
Evéques  de  toute  l'Allemagne,  Nurem- 
berg ,  1549 ,  in-8° ,  en  latin.  |  Celle  des 
principaux  Monastères  du  même  pays, 
Ingolstadt,  1551,  in-fol.  en  latin;  Sula- 
bach ,  1682  ,  in-4°.  |  Un  recueil  de  Poésies 
latines.  |  De  Laureaco ,  Bàle  ,  1553  ,  in- 
8°;  c'est  l'histoire  de  la  ville  de  Lorch, 
autrefois  archi-épiscopale ,  aujourd'hui 
presque  ruinée. 

BRUSONI  (Domitius  Brusonius),  écri- 
vain italien  du  16e  siècle ,  auteur  de  Facé- 
ties, qui  parurent  pour  la  première  fois  à 
Rome  en  1518,  in-fol.  On  les  a  réimprimées 
sous  le  titre  de  Spéculum  mundi;  mais 
elles  sont  tronquées  dans  toutes  les  éditions 
qui  ont  suivi  la  première,  la  seule  estimée. 

*  BRUSONI  (Jérôme),  d'une  famille 
noble  de  Legnago  dans  le  Véronois ,  né 
en  1610,  prit  l'habit  de  chartreux  qu'il 
quitta ,  reprit  et  quitta  encore.  A  cette  se- 
conde émancipation  que  l'on  traita  d'a- 
postasie, il  fut  arrêté  à  Venise,  et  rais  pour 
quelque  temps  en  prison.  Remis  en  liber- 
té, il  vécut  tranquillement  dans  cette  ville, 
et  y  mourut  vers  1680.  Il  a  publié  plusieurs 
ouvrages  dont  le  meilleur  est  X Histoire 
d'Italie,  Venise,  1635  à  1680,  4  vol.  in- 
4°.    Ses    principales  productions    sont  : 

|  la  Vitadi  Ferrante  Pallavicino,Yeniset 
1651  et  1655,  in-12;  |  délie  Historié  uni- 
versali  d'Europa  compendiate,  Venise, 
1657,  2  vol.  in-4°  ;  |  Ilperfetto  elucidario 
poetico  ,  Venise,  1657  ,  1664  et  1669  ,  in- 
12;  |  Historia  delV  ullima  guerra  tra 
Veneziani  e  i  Turc/ri,  Venise,  4673 ,  in- 
4°  ;  et  Bologne  1674.  Deux  de  ses  ouvrages 
ont  été  portés  sur  X index  des  livres  défen- 
dus ;  l'un  en  1663 ,  portant  le  titre  de  la 
Gondola  a  tre  remi ,  passa  tempo  carna- 
valesco  ;  l'autre  en  1669,  intitulé  :  Il  Car- 
rozino  alla  moda,  trattenimento  estivo. 

*  BRUSQULT  provençal,  successeur 
de  Triboulet  dans  l'emploi  de  fou  du  roi , 
sous  les  règnes  de  François  I ,  Henri  II, 
François  II  et  Charles  IV,  se  donna  d'abord 
pour  chirurgien  et  exerça  ce  métier  au 
camp  d'Avignon  en  1536.  Les  hommes 
qu'il  traitait,  dit  le  naïf  Brantôme,  al- 
laient ad  patres  dru  comme  mouches. 
Le  connétable  de  Montmorenci  voulut  le 
faire  pendre;  le  dauphin,  depuis  Henri  II, 
lui  sauva  la  vie,  le  trouva  plaisant  et  le 


BRU 


607 


imu 


prit  à  son  service.  Sa  gaieté,  son  esprit, 
son  originalité,  le  firent  devenir  prompte- 
ment  valet-de-chambre  du  roi,  ensuite 
maître  de  la  poste  aux  chevaux  de  Paris. 
«  Le  pauvre  diable  ,  dit  encore  Brantôme, 
«►jouissait  d'une  fortune  assez  considérable, 
»  et  était  bien  à  la  cour  lorsqu'on  s'avisa 
»  de  le  soupçonner  de  huguenotisme.  »  Sa 
maison  fut  pillée  aux  premiers  troubles 
en  1562.  II  sortit  de  Paris  ,  se  sauva  chez 
madame  de  Valentinois ,  et  mourut  vers 
1563 ,  au  château  d'Anet. 

*  BRUSSEL  (  Pierre  van  ),  jésuite, 
né  en  1612  à  Bois-le-Duc ,  mort  à  Hildes- 
heim  en  1664 ,  fut  professeur  de  philoso- 
phie et  de  rhétorique ,.  et  missionnaire 
dans  le  duché  de  Berg.  On  a  de  lui  la  Ré- 
surrection spirituelle  t  ou  Défense  d'un 
médecin  nouvellement  converti ,  etc.  Co- 
logne ,  1661 ,  in-8°. 

BRUTE  (  Jean),  naquit  à  Paris  en  1699. 
Après  avoir  pris  le  bonnet  de  docteur  en 
Sorbonne,  il  obtint  la  cure  de  Saint-Benoît 
à  Paris ,  et  se  fit  aimer  et  respecter  dans 
cette  place.  Ses  ouailles  perdirent  ce  pas- 
teur zélé ,  vigilant  et  charitable,  le  1er  juin 
4762 ,  à  l'âge  de  63  ans.  On  a  de  lui  |  un 
Discours  sur  les  Mariages ,  4761 ,  in-4°  ; 
|  Chronologie  historique  des  cures  de 
St  -Benoît >  1752,  in-12  ;  |  une  Paraphrase 
des  psaumes  et  des  cantiques  qui  se  chan- 
tent à  la  même  paroisse.,  4752  ,  in-12. 

BRUTE  de  LOIRELLE  (  l'abbé  ),  cen- 
seur royal ,  mort  le  21  mars  4783  ,  est  l'au- 
teur d'un  poème  en  4  chants,  intitulé 
l'Héroïsme  de  l'amitié,  David  et  Jona- 
thaSj  4776,  in-42,  qui  fait  l'éloge  de  son 
cœur  autant  que  de  son  esprit.  Ce  poème 
est  suivi  de  quelques  pièces  en  vers  et  en 
prose  ;  entre  les  premières  il  y  a  des  odes 
sur  les  sept  sacremens ,  qui  méritent  une 
attention  particulière  de  la  part  de  ceux 
qui  savent  estimer  l'alliance  de  la  piété 
et  de  l'esprit;  les  grâces  de  la  poésie  em- 
ployées à  célébrer  ces  sources  de  riches- 
ses communes  à  tous  les  fidèles,  et  à  mon- 
trer combien  Dieu  dans  la  fondation  de  la 
religion  s'est  occupé  du  salut  général  du 
peuple  ,  ont  quelque  chose  de  piquant  qui 
contraste  heureusement  avec  la  simplicité 
du  langage  que  présente  la  doctrine  des 
sacremens.  Son  L pitre  à  un  esprit  fort 
sur  les  écrits  contre  la  religion ,  acheva 
de  donner  une  juste  idée  de  l'emploi  que 
l'abbé  Brute  faisait  de  ses  talens  ;  on  ne 
pouvait  les  dévouer  à  une  fin  plus  noble, 
plus  digne  de  l'Auteur  et  distributeur  de 
tous  les  talens.  Dans  ces  différens  ouvra- 
ges ,  l'auteur  a  un  grand  fonds  de  raison 


et  de  sagesse  ,  de  la  clnrté  ,  de  l'ordre  ,  dtl 
goût ,  du  génie  ;  il  paraît  manquer  quel- 
quefois de  feu  et  d'imagination  ,  mais  il 
y  supplée  par  le  langage  du  sentiment  et 
le  prix  inestimable  de  ia  vérité. 

BRUTUS  (  Lucius-Junitjs  ),  fils  de  Mar- 
cus  Junius  et  de  Tarquinie,  fille  de  Tar- 
quin  l'Ancien  ,  cacha  sous  un  air  stupide 
et  insensé  la  vengeance  qu'il  voulait  tirer 
de  la  mort  de  son  père  et  de  son  frère, 
dont  Tarquin  le  Superbe  s'était  défait. 
Cet  imbécile  se  montra  bientôt  un  grand 
homme.  Lucrèce  s'étant  donné  elle-même 
la  mort ,  pour  ne  pas  survivre  à  l'affront 
que  le  dernier  Tarquin  lui  avait  fait, 
Brutus  arracha  le  poignard  de  son  sein, 
et  jura  sur  cette  arme  sanglante  une  haine 
éternelle  au  ravisseur ,  avec  serment  de 
le  chasser  de  Rome  lui  et  toute  sa  famille  ; 
les  assistans  suivirent  son  exemple.  On 
convoqua  le  peuple  ,  et  on  obtint  la  con- 
firmation d'un  arrêt  du  sénat ,  qui  pros- 
crivait à  jamais  les  Tarquins.  L'autorité 
fut  remise  entre  les  mains  de  deux  ma- 
gistrats annuels  ,  appelés  consuls  ,  choisis 
par  le  peuple  dans  les  familles  des  patri- 
ciens. Brutus  et  Collatinus ,  mari  de  Lu- 
crèce ,  l'un  le  libérateur  de  la  patrie  ,  et 
l'autre  l'ennemi  personnel  de  Tarquin , 
furent  les  premiers  consuls  ,  vers  l'an 
508  avant  J.-C.  ou  244  de  Rome.  Ils  si- 
gnalèrent leur  entrée  dans  la  magistrature, 
par  l'émission  d'un  serment  solennel, 
prononcé  par  le  peuple  ,  de  ne  jamais  re- 
cevoir les  Tarquins ,  ni  d'autres  rois. 
Brutus  ne  savait  pas  que  ceux  qui  viole- 
raient les  premiers  ce  serment ,  étaient 
dans  sa  famille.  Des  ambassadeurs  venus 
d'Etrurie ,  conspirèrent  avec  ses  deux 
fils ,  pour  ouvrir  les  portes  de  Rome  au 
monarque  proscrit.  Cette  conjuration 
ayant  été  découverte  par  un  esclave, 
Brutus,  républicain  ardent,  encore  plus 
que  père  tendre  ,  fit  couper  la  tête  à  ses 
enfans  ,  et  assista  à  leur  supplice  ,  action 
qu'on  ne  peut  excuser  qu'en  réfléchissant 
à  quel  point  étaient  montés  alors  l'amour  de 
la  patrie  et  la  haine  de  la  servitude.  Dans  la 
belle  description  que  fait  Virgile  de  cette 
scène  tragique  ,  il  a  cru  devoir  plaindre 
plutôt  ce  père  malheureux  que  de  le  louer, 
et  renvoyer  le  jugement  de  sa  conduite 
à  la  postérité  ,  qui ,  dit-il ,  trouvera  un 
motif  de  l'absoudre  dans  l'enthousiasme 
de  la  gloire  et  de  la  liberté  : 

Tfatosque  paler  nova  bella  movenles 
Ad  pcen.im  pulchra  pro  libertate  vocabit. 
Infelix  !  Utcumque  ferent  ea  facta  oepotes  , 
Vincet  amor  patris  laudumque  immeosa  cnpid». 


BRU 


608 


BRU 


Il  y  eut  la  même  année  un  combat  sin- 
gulier entre  Brutus  et  Aruns,  fils  de  Tar- 
quin  à  la  tête  des  deux  armées.  Le  consul 
romain  s'attacha  avec  tant  d'acharnement 
à  son  adversaire  ,  qu'ils  se  percèrent  tous 
deux  en  même  temps.  Son  corps  fut  porté 
à  Rome  par  les  chevaliers  les  plus  dis- 
tingués. Le  sénat  vint  le  recevoir  avec 
l'appareil  d'un  triomphe.  Son  oraison  fu- 
nèbre fut  prononcée  dans  la  tribune  aux 
harangues.  Les  dames  romaines  portè- 
rent le  deuil  pendant  un  au,  le  regardant 
comme  le  vengeur  de  leur  sexe  indigne- 
ment outragé  dans  la  personne  de  Lucrèce. 
Mais  le  caractère  de  Brutus  prouve  assez 
que  celte  vengeance  ne  fut  que  le  pré- 
texte qu'il  employa  pour  opérer  une  ré- 
volution où  son  orgueil  et  sa  violente 
humeur  trouvaient  également  à  se  satis- 
faire. Voyez  COLLATINUS. 

BRUTUS  (MARCUS-Juivrcs),  fds  de.Tu- 
nius  Brutus,  et  de  Servilie,  sœur  de  Caton. 
Il  croyait  descendre,  par  son  père,  de  Bru- 
tus, fondateur  de  la  république ,  et  par  sa 
mère,  de  Servilius  Ahala,  meurtrier  de 
Spurius  Mœtius  qui  avait  aspiré  à  la  ty- 
rannie. 11  cultiva  les  lettres,  et  puisa  dans 
les  orateurs  grecs  et  romains  ses  idées 
de  liberté,  qui  le  menèrent  à  la  conspira- 
tion  contre  César.  Il  conjura  avecCassius, 
préleur  comme  lui,  contre  la  vie  du  dic- 
tateur. On  l'assassina  en  plein  sénat,  le  15 
mars-,  43  ans  avant  J.  C.  César  mourant 
vit  Brutus  le  poignard  à  la  main ,  au  mi- 
lieu des  conjurés  qui  s'étaient  jetés  sur 
lui  :  Et  loi  aussi ,  mon  cher  Brutus!  s'é- 
cria-t-il.  Il  était  bien  naturel  que  ce  tendre 
reproche  échappât  à  un  homme  qui  était, 
dit-on  ,  son  père ,  et  qui  l'avait  toujours 
trailé  comme  un  fils  chéri.  C'est  à  César 
que  Brutus  devait  sa  fortune  et  sa  vie  ; 
car  à  la  bataille  de  Pharsale,  son  premier 
empressement  fut  de  recommander  qu'on 
épargnât  ses  jours.  Mais  cet  enthousiaste 
de  la  liberté  était  incapable  d'écouter  la 
reconnaissance ,  quand  il  était  question 
de  la  patrie.  Cicéron,  qui  avait  un  amour 
plus  éclairé  pour  elle,  marqua  à  Atticus  : 
«  Que  les  conjurés  avaient  exécuté  un 
»  projet  d'enfant  avec  un  courage  hé- 
»  roïque,  en  ce  qu'ils  n'avaient  pas  porté 
i>  la  cognée  jusqu'aux  racines  de  l'arbre.  » 
Brutus  fit  périr  son  bienfaiteur  ;  mais  en 
laissant  subsister  ses  favoris  et  ceux  qui 
aspiraient  à  lui  succéder,  il  commit  un 
crime  dont  la  république  ne  tira  aucun 
fruit.  On  avait  délibéré  en  sa  présence  , 
s'il  n'était  pas  à  propos  de  délivrer  aussi 
la  république  d'Antoine ,  l'intime  ami  de 


César  :  Brutus  s'y  opposa ,  voulant ,  dit 
Plutarque,  qu'une  action  qu'ils  avaient  le 
courage  d' entreprendre  pour  le  maintien 
des  lois  et  de  la  liberté ,  fût  pure  et  nette  I 
de  toute  injustice.  Délicatesse  précieuse  , 
mais  qui  n'est  pas  à  l'abri  du  reproche 
d'inconséquence.  Si  César  méritait  la 
mort,  ce  n'était  pas  à  de  simples  parti-» 
culiers,  et  encore  moins  à  Brutus  à  la  lui' 
donner  :  il  ne  devait  périr  que  par  le  ferJ 
des  lois.  La  guerre  civile  ressuscita  de  ses 
cendres.  Le  peuple  ayant  vu  une  comète 
à  longue  chevelure  pendant  qu'on  célé- 
brait ses  obsèques ,  crut  que  son  âme 
avait  été  reçue  dans  le  ciel.  Marc- Antoine 
et  Octave,  qui  profitaient  de  tout,  rendi- 
rent les  meurtriers  odieux ,  les  firent 
chasser  de  Borne ,  et  les  poursuivirent 
jusque  dans  la  Macédoine.  Brutus  fut  dé- 
fait à  la  bataille  de  Philippes ,  malgré  les 
prodiges  de  valeur  qu'il  y  fit.  La  nuit  qui 
suivit  le  combat ,  il  se  donna  la  mort. 
Quelques  lettres  qui  nous  restent  de  Bru- 
tus prouvent  qu'il  avait  une  éloquence 
digne  de  son  caractère,  une  éloquence 
mâle  et  sublime  dans  sa  simplicité.  Il 
semble  être  supérieur  à  Cicéron  lui-même 
iorsqu'il  lui  écrit  en  ces  termes  :  a  Vous 
»  demandez  la  vie  à  Octave  :  quelle  mort 
»  serait  aussi  funeste?  vous  montrez  par 
»  celle  demande  que  la  tyrannie  n'est  pas 
«détruite,  et  qu'on  n'a  fait  que  changer 
»  de  tyran.  Vous  dites  que  vous  ne  lui 
»  demandez  qu'une  seule  grâce  :  savoir, 
»  qu'il  veuille  bien  sauver  la  vie  à  des 
»  citoyens  qui  ont  l'estime  des  honnêtes 
»  gens  et  de  tout  le  peuple  romain.  Quoi 
»  donc!  à  moins  qu'il  ne  le  veuille,  nous 
»  ne  serons  plus  !  mais  il  vaut  mieux 
»  n'être  plus  que  d'être  par  lui.  Non  ,  je 
»  ne  crois  point  que  tous  les  dieux  soient 
»  déclarés  contre  le  salut  de  Rome  jus- 
«  qu'au  point  de  vouloir  qu'on  demande 
»  à  Octave  la  vie  d'aucun  citoyen,  encore 
»  moins  celle  des  libérateurs  do  l'univers. 
»  O  Cicéron,  vous  avouez  qu'Octave  a  un 
»  tel  pouvoir,  et  vous  êtes  de  ses  amis! 
»  mais  si  vous  m'aimez,  pouvez-vous  dé- 
»  sirer  de  me  voir  à  Rome .  puisqu'il  fau- 
»  drait  me  recommander  à  cet  enfant,  afin 
»  que  j'eusse  la  permission  d'y  aller  ?  Quel 
»  est  donc  celui  que  vous  remerciez  de  ctl 
»  qu'il  souffre  que  je  vive  encore,  etc.?  » 
BRUTUS  ou  BRUTIouBRUTO  (Jeash 
Michel  ),  né  à  Venise  vers  1515  ,  et  mort 
enTransilvanie  vers  1593,  est  mis  au  rang 
des  bons  humanistes,  quoiqu'il  n'eût 
point  la  manie  cicéronienne ,  qui  régnail 
alors.  Son  caractère  turbulent  el  inquiet 


BRU 


609 


BRU 


le  promena  dans  presque  tous  les  royau- 
mes de  l'Europe,  en  France,  en  Espagne , 
en  Allemagne ,  en  Hongrie ,  en  Pologne. 
Dans  le  cours  de  ses  voyages ,  sa  réputa- 
tion le  fit  rechercher  par  Etienne  Bathoi  i, 
roi  de  Pologne,  qui  le  nomma  son  histo- 
riographe, et  le  chargea  de  continuer 
l'histoire  de  Hongrie ,  commencée  par 
Bonfinius,  ce  qu'il  exécuta;  mais  cette 
continuation  n'a  point  vu  le  jour.  Après 
la  mort  de  ce  prince ,  il  eut  la  même 
qualité  auprès  de  l'empereur  Rodolphe  II, 
et  Maximilien  son  successeur.  Bruti  est 
principalement  connu  par  une  Histoire 
latine  de  Florence ,  en  8  livres  ,  qui  va 
jusqu'à  la  mort  de  Laurent  de  Médicis  en 
1492,  imprimée  à  Lyon  en  1562  ,  ïn-4°. 
Dans  cette  histoire  qui  est  estimée,  et 
dont  la  préface  surtout  passe  pour  un 
chef-d'œuvre  d'élégance ,  de  jugement  et 
de  force ,  il  prend  à  tâche  de  contredire 
Paul  Jove ,  partisan  déclaré  des  Médicis  ; 
mais  lui-même  donne  dans  l'excès  con- 
traire à  celui  qu'il  reproche  à  l'historien 
danégyriste  ,  en  parlant  de  cette  maison 
avec  une  animosité  qui  se  décèle  partout. 
Aussi  les  grands  ducs  de  Toscane  ont-ils 
fait  supprimer  son  ouvrage  avec  tant  de 
soin,  que  cette  édition  est  devenue  assez 
rare.  On  a  encore  de  cet  auteur,  |un  petit 
traité  De  origine  Venetiarum,  imprimé 
à  Lyon  en  1369,  in-8°,  bien  écrit  et  esti- 
mé ;  |  des  Lettres  latines  en  5  livres 
pleines  de  choses  curieuses  sur  la  Polo- 
gne, recueillies  avec  quelques  autres  ou- 
vrages, comme  de  Hisloriœ  laudibus,sive 
de  certa  via,  et  ratione  qua  sunt  scrip- 
tores  legendi,  Berlin  ,  1698,  in-8°  ;  |  De 
rébus  a  Carolo  V  imper atore  gestis ,  An- 
vers, 1555,  in-8°  ;  |  des  Commentaires  sur 
Horace ,  César  et  Cicéron. 

BRUYÈRE  (Jean  de  la),  naquit  en  1644 
dans  un  village  proche  de  Dourdan,  dans 
l'Ile  de  France.  Il  fut  d'abord  trésorier  de 
France  à  Caen  ,  et  ensuite  placé,  en  qua- 
lité d'homme  de  lettres,  par  le  grand  Bos- 
suet,  auprès  de  M.  le  Duc,  pour  lui  en- 
seigner l'histoire,  avec  mille  écus  de 
pension.  L'académie  française  lui  ouvrit 
ses  portes  en  1693.  Trois  ans  après  en 
J696 ,  une  apoplexie  d'un  quart  d'heure 
l'emporta  à  l'âge  de  52  ans.  C'était  un 
philosophe  ingénieux,  ennemi  de  l'ambi- 
tion, content  de  cultiver  en  paix  ses  amis 
et  ses  livres,  faisant  un  bon  choix  des  uns 
et  des  autres  ;  ne  cherchant  ni  ne  fuyant 
le  plaisir  ;  toujours  disposé  à  une  joie 
modeste,  habile  à  la  faire  naître  ,  poli  dans 
ses  manières,  sage  dans  ses  discours ,  évi- 


tant toute  sorte  d'affectation,  même  celle 
de  montrer  de  l'esprit  (i).  Ses  Caractères 
de  Théophraste *  traduits  du  grec,  avec 
les  mœurs  de  ce  siècle,  ont  porté  son  nom 
dans  toute  l'Europe.  «  Les  efforts  qu'on  a 
»  faits  pour  imiter  ces  Caractères ,  dit  un 
»  judicieux  critique  ,  n'ont  servi  qu'à 
»  prouver  combien  ils  sont  inimitables. 
»  Avant  de  s'attacher  au  genre,  il  fallait 
»  être  doué  comme  lui ,  de  ce  coup-d'ceil 
»  perçant  qui  pénétrait  dans  les  plus  pro- 
»  fonds  replis  du  cœur,  de  cette  vigou- 
»  reuse  subtilité  qui  en  saisissait  les  mou- 
»  vemens  dans  leur  source,  de  cette  éner- 
»  gie  supérieure  qui  les  a  si  profondément 
»  tracés,  de  ce  génie  enfin  qui  ne  saurait 
»  être  que  le  résultat  de  la  force  des  idées, 

»  et  de  la  chaleur  du  sentiment Que 

»  prouve  cette  difficulté  d'imiter  les  bons 
»  modèles,  sinon  que  les  talens  dégénèrent 
»  parmi  nous ,  ou  qu'on  ne  les  cultive  et 
»  ne  les  nourrit  pas  assez ,  avant  de  les 
»  appliquer  à  des  sujets  qui  les  surpas- 
»  sent?  »  Don  Argonne,  chartreux  estima- 
ble par  ses  connaissances  et  ses  vertus , 
en  fit  une  critique  sévère  ;  il  crut  y  voir 
des  satires  personnelles  condamnées  par 
les  règles  de  la  charité  chrétienne.  Mais 
les  lecteurs  moins  austères  ne  virent  dans 
les  peintures  de  la  Bruyère  que  les  origi- 
naux de  tous  les  pays.  «  Quand  même,  dit 
»  un  auteur  estimé ,  il  y  aurait  quelques 
»  reproches  à  faire  au  nouveau  Théo- 
»  phraste,  ils  seront  toujours  de  la  nature 
»  de  ceux  qu'on  oublie  en  faveur  de  la 
»  justesse  et  de  la  solidité  des  réflexions , 
»  de  la  noblesse  et  de  l'énergie  du  style , 
»  de  la  vérité  des  maximes  qui  s'y  pré- 
»  sentent  à  chaque  page.  Que  la  littérature 
»  n'offre-t-elle  jamais  que  de  pareils  sujets 
»  d'indulgence  !»  On  a  encore  de  lui  des 
Dialogues  sur  le  Quiétisme  _,  qu'il  n'avait 
fait  qu'ébaucher,  et  auxquels  l'abbé  Dupin 
mit  la  dernière  main  :  ils  furent  publiés 
en  1699  à  Paris,  in-12.  Les  meilleures  édi- 
tions des  Caractères  sont   celles  d'Ams- 


(i)  En    donnant   le   portrait 
philosophe  ,    c'est    ton    propr 
Bruyère  semble  avoir  tracé  :  < 
»   ce  philosophe 
•    Platon  qu 


suivant  du  véritable 
caractère  qee  La 
Entrez  ,  dit-il ,  chez 
ous  le  trouverez  sur  les  livres  de 
traitent  de  la  spiritualité  de  l'Âme,  ou 
la  plume  à  la  main  pour  calculer  les  distances  de 
Saturne  et  de  Jupiter.  Vous  lui  apportez  quelque 
chose  de  plus  précieux  que  l'argent  et  l'or,  si  c'est 
une  occasion  de  vous  obliger.  Le  manieur  d'argent , 
l'homme  d'affaires  est  un  ours  qu'on  ne  saurait  ap- 
privoiser ;  on  ne  le  voit  dans  sa  loge  qu'avec  peine  ! 
l'homme  de  lettres,  au  contraire,  est  vu  de  tou« 
et  à  toutes  lès  heures;  il  ne  peut  ttre  important, 
et  H  ne  le  »eut  point  être.  • 


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terdam,  4741,  en  2  vol.  in-42;  et  de  Paris 
1750,  2  vol.  in-12,  avec  les  notes  de  Coste 
et  1765,  in-4°,  depuis  plusieurs  fois  réim- 
primés in-18,  in-12  et  in-8°.  M.  Suard  a 
donné  :  Maximes  et  réflexions  morales 
extraites  de  la  Bruyère ,  1781 ,  in-12,  et 
M.  Philippon  de  la  Madeleine  a  fait  im- 
primer des  Morceaux  choisis  de  la 
Bruyère,  1808  ,  in-12.  Mme  de  Genlis  a  pu- 
blié une  nouvelle  édition  des  Carac- 
tères ,  avec  de  nouvelles  notes  critiques, 
1812, in-12. 

BRUYN  ou  BRUIN  (Nicolas  van  ),  né 
à  Anvers  en  1562 ,  graveur  au  burin  ,  dont 
il  reste  plusieurs  morceaux  finis,  mais 
froids.  Il  vivait  encore  au  commencement 
du  16e  siècle. 

BBUYN  (Corneille  le  ),  peintre  et  fa- 
meux voyageur,  né  à  La  Haye  en  1652, 
commença  ses  voyages  en  Moscovie ,  en 
Perse  ,  aux  Indes-Orientales  en  4674 ,  et 
ne  les  acheva  qu'en  1708.  Il  les  publia  sous 
le  titre  de  |  Voyage  du  Levant,  Amster- 
dam ,  1614 ,  in-fol.  L'édition  originale ,  qui 
est  en  flamand,  a  été  imprimée  à  Delft , 
4698,  in-fol.;  |  de  Moscovie,  de  Perse  , 
etc. ,  en  4718 ,  2  vol.  in-fol.  Cette  édition 
est  estimée  à  cause  des  figures;  on  y 
trouve  divers  morceaux  d'antiquités,  et 
des  vues  de  villes  très  curieuses,  bien  des- 
sinées et  bien  gravées  ;  mais  l'édition  de 
1725,  faite  à  Rouen  en  5  vol.  in-4ô,  est 
plus  utile ,  parce  que  l'abbé  Banier  a 
retouché  le  style',  a  orné  l'ouvrage  d'ex- 
cellentes notes,  et  y  a  ajouté  le  Voyage  de 
Desmousseaux,  etc.  C'est  dommage  qu'on 
y  ait  retranché  la  plus  grande  partie  des  fi- 
gures, qui  ne  faisaient  pas  un  des  moindres 
mérites  de  l'ouvrage.  Bruyn  est  un  voya- 
geur curieux  et  instructif;  mais  il  n'est 
pas  toujours  exact ,  et  son  style  est  loin  de 
l'élégance. 

BRUYS  (Pierre  de),  hérésiarque  du 
12e  siècle,  prêcha  d'abord  ses  erreurs 
dans  le  Dauphiné  sa  patrie,  et  se  ré- 
pandit ensuite  dans  la  Provence  et  clans 
le  Languedoc.  Il  rebaptisait  les  peuples , 
fouettait  les  prêtres ,  emprisonnait  les 
snoines,  profanait  les  églises,  renversait 
îes  autels,  brûlait  les  croix.  Il  ne  voulait 
admettre  aucun  de  ces  monumens  de  notre 
religion.  Les  catholiques  de  Saint-Gilles, 
outrés  de  ses  excès,  autant  que  scanda- 
lisés de  ses  erreurs,  le  brûlèrent  dans  leur 
ville  en  1447.  Il  soutenait  que  le  baptême 
était  inutile  avant  l'âge  de  puberté  ;  que 
le  sacrifice  de  ta.  messe  n'était  rien  ;  que 
les  prières  pour  les  morts  valaient  encore 
moins,  etc.  Ses  disciples  furent  ar  piles. 


de  son  nom  ,  Pélrobrusiens.  Pierre  le  Vé- 
nérable a  réfuté  ses  erreurs. 

BRUYS.  Voyez  Henhi  de  BRUIS. 
BRUYS  (François),  né  à  Serrières 
dans  le  Maçonnais,  en  1708,  quitta  son 
pays  pour  aller  cultiver  les  lettres  à  Ge- 
nève, et  passa  de  là  à  La  Haye,  où  il  se 
fit  calviniste.  Obligé  de  sortir  de  Hollande 
il  se  retira  en  Allemagne,  d'où  il  revint 
en  France.  Il  y  fit  son  abjuration,  et  mou- 
rut quelque  temps  après  en  1738,  à  Dijon, 
où  il  suivit  le  barreau.  On  a  de  lui:  |  Cri- 
tique desintéressée  des  Journaux  litté- 
raires, 3  vol.  in-12.  Cette  critique  désin- 
téressée est  très  partiale.  Le  stylu  est  celui 
d'un  réfugié,  qui  n'a  pas  eu  le  temps  de 
se  former  en  France.  |  Histoire  des  papes 
depuis  saint  Pierre  jusqu'à  Benoit  XI  11 
inclusivement,  La  Haye,  5  vol.  in-4°, 
1752  :  ouvrage  dicté  par  la  faim ,  plein  de 
satires  si  grossières,  que  les  protestans 
eux-mêmes  n'ont  pu  le  souffrir.  «  Il  est 
»  de  la  nature  de  l'esprit  humain,  dit  un 
»  auteur  moderne,  de  ne  garder  aucune 
»  mesure,  quand  il  a  commencé  à  s'écar- 
»  ter  du  vrai.  La  pente  qui  conduit  à  l'er- 
»  reur  est  rapide  ;  on  ne  s'arrête  guère 
»  qu'après  s'être  porté  aux  derniers  ex- 
»  ces.  »  |  Mémoires  historiques,  critiques 
et  littéraires,  2  vol.  in-42,  où  l'on  trouve 
beaucoup  d'anecdotes  sur  le  caractère  et 
les  ouvrages  des  savans  qu'il  avait  connus 
dans  ses  différentes  courses;  elles  sont 
mêlées  dans  le  récit  de  ses  aventures. 
|  Les  six  derniers  vol.  du  Tacite  d'Amelot 
de  la  Houssaie  ;  ils  ne  valent  pas  les 
quatre  premiers  :  mais  cette  traduction  et 
les  notes  ont  servi  à  perfectionner  celles 
qu'on  a  données  depuis  de  l'annaliste 
romain. 

*  BRUYSET  (  Jean-Marie  ) ,  et  son 
frère  (  Pierre-Marie  ),  nés  tous  les  deux 
à  Lyon;  le  premier  imprimeur  et  libraire, 
fut  emprisonné  avec  son  frère ,  en  1795 , 
pour  avoir  défendu  cette  ville  qu'assié- 
geait l'armée  envoyée  par  la  Convention. 
Jean-Marie  était  incriminé  en  outre  pour 
avoir  voulu  suppléer  à  la  disette  des  assi- 
gnats et  de  l'argent  par  des  billets  obsi- 
dionaux  qu'il  avait  signés.  Etant  tombé 
malade  en  prison  ,  on  le  transporta  dans 
un  hôpital ,  et  Pierre-Marie  parut  ainsi 
seul  devant  le  tribunal  révolutionnaire. 
Il  avoua  comme  sienne  la  signature  des 
billets ,  et  fut  en  conséquence  condamné 
à  mort.  Il  était  cependant  époux  et  père; 
Jean-Marie  adopta  les  orphelins  qu'il 
traita  comme  ses  propres  enfans.  Il  quitta 
la  librairie  en  1808,  et  fut  nommé,  en 


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1812,  inspecteur  de  la  librairie  et  de  l'im- 
primerie, emploi  qu'il  ne  conserva  qu'une 
année.  Les  lettres  occupèrent  depuis  tous 
6es  loisirs  jusqu'à  sa  mort ,  arrivée  le  16 
avril  1817,  par  suite  d'une  attaque  de 
goutte;  il  était  dans  sa  soixante-quatorzième 
année.  Bruyset,  membre  de  l'ancienne 
académie  de  Lyon ,  y  rentra  lors  de  sa 
réorganisation  en  1816,  et  appartenait  en- 
'  core  à  plusieurs  autres  sociétés  s  vantes. 
Entre  diverses  éditions  sorties  de  ses 
presses,  on  remarque  le  Dictionnaire 
d'histoire  naturelle  de  Valmont  de  Bo- 
mare,  à  qui  il  faisait  une  pension  de  1,200 
francs.  Ses  principaux  ouvrages  sont  : 
|  Essai  sur  la  régénération  du  commerce 
dans  la  ville  de  Lyon,  1802,  in -8°; 
|  adresse  au  ministre  de  l'intérieur  sur 
V établissement  d'un  entrepôt  en  fran- 
chise de  droits  dans  la  ville  de  Lyon , 
1803,  in-8°  ;  |  Caractère  de  la  propriété 
littéraire ,  1808,  in-4°  ;  |  Traduction  de 
Cornélius  Népos ,  1812 ,  in-12;  |  des 
Traductions  (  inédites  )  de  Virgile  ,  de 
Justin  et  de  Tile-Live.  Il  a  aussi  travaillé 
à  la  Gazette  Littéraire,  au  Journal  étran- 
ger de  l'abbé  Arnaud,  et  au  Dictionnaire 
historique  de  Cbaudon  et  Delandine. 

♦BHUZEAU  (  Paul  ),  prêtre  de  la  con 
munauté  de  Saint-Gervais ,  à  Paris,  a  pu- 
blié ,  à  la  fin  du  dix-septième  siècle,  plu- 
sieurs livres  de  controverse  ,  parmi  les- 
quels on  distingue:  |  Défense  de  la  foi 
de  l'Eglise  sur  les  principaux  points  de 
controverse,  1G82 ,  où  l'auteur  répondait 
à  la  Lettre  que  le  médecin  Spon,  zélé  pro- 
testant avait  écrite  au  P.  Lacbaise.  |  La 
foi  de  l'Eglise  catholique  touchant  l'Eu- 
charistie, 1684,  in-12.  Bruzeau  a  encore 
donné  la  Conférence  du  diable  avec  Luther 
contre  le  sacrifice  de  la  messe ,  i  vol. , 
1673.  On  trouve  de  l'érudition  dans  ces 
écrits. 

BRUZEA  delaMARTINIÈRE  (Antoine- 
Augustin  ) ,  parent  du  célèbre  Richard 
Simon,  naquit  à  Dieppe  selon  quelques- 
uns,  et  selon  d'autres  à  Piencourt,  village 
de  l'élection  de  Lisieux,  vers  l'an  1683,  et 
fut  élevé  à  Paris  sous  le-»  yeux  de  son  pa- 
rent. En  1709,  il  se  rendit  à  la  cour  du  duc 
de  Mecklenbourg,  qui  l'avait  appelé  auprès 
de  lui,  pour  faire  des  recherches  sur  l'his- 
toire de  ce  duché.  Ce  prin  e  étant  mort, 
il  s'attacha  au  duc  de  Parme  ,  et  ensuite 
au  roi  des  Deux-Siciles  qui  le  nomma  son 
secrétaire,  et  lui  donna  des  appoinlemens 
annuels  de  1,200  écus.  Il  avait  conçu  de- 
puis long-temps  le  projet  d'un  nouveau 
Dictionnaire  géographique  ;  il  l'exécuta  à 


La  Haye,  où  il  s'était  retiré.  Le  marquis 
de  Berretti  Landi,  ministre  plénipoten- 
tiaire d'Espagne  auprès  des  états  géné- 
raux, engagea  l'auteur  à  dédier  ce  grand 
ouvrage  à  son  maître.  Le  roi  d'Espagne, 
flatté  de  cet  hommage ,  accorda  à  l'auteur 
le  titre  de  son  premier  géographe.  La  Mar- 
tinière  mourut  à  La  Haye  en  1749.  Il  avait 
beaucoup  de  lecture,  une  mémoire  heu- 
reuse, un  jugement  solide  et  une  grande 
pénétration.  Son  style,  sans  être  toujours 
pur,  est  ordinairement  élégant  et  facile, 
du  moins  dans  les  ouvrages  où  il  ne  se 
borne  pas  à  être  compilateur.  L'histoire, 
la  géographie  et  la  littérature  furent  ses 
études  favorites.  On  a  de  lui  plusieurs  ou- 
vrages sur  ces  différentes  matières.  |  Le 
grand  Dictionnaire  géographique ,  histo- 
rique et  critique,  imprimé  à  La  Haye  de- 
puis 1726  jusqu'en  1739,  en  9  vol.  in-fol. , 
réimprimé  à  Paris  en  6  v. ,  1768 ,  avec 
des  corrections,  des  changemens  et  des 
additions.  Ce  n'est  pas  assurément  un  ou- 
vrage sans  défaut ,  mais  il  en  est  peu  de 
moins  mauvais  en  ce  genre.  Dans  la  nou- 
velle édition  ,  on  a  élagué  les  articles  trop 
diffus,  corrigé  les  inexactitudes,  et  sup- 
pléé aux  omissions.  Il  a  paru  à  Paris,  en 
1759,  un  Abrégé  portatif  de  cet  ouvrage 
immense,  en  2  vol.  in-8°,  qui  se  relient 
en  un  seul.  |  Introduction  à  l'histoire  de 
l'Europe,  par  le  baron  de  Puffendorff , 
entièrement  remaniée ,  augmentée  de 
l'Histoire  de  l'Asie,  de  l'Afrique  et  de 
l'Amérique,  et  purgée  de  plu3  de  2,000 
fautes.  Une  des  dernières  éditions  de  cet 
ouvrage  réimprimé  plusieurs  fois  est  celle 
de  la  Haye  en  1743,  11  vol.  in-12.  La  Mar- 
tinière,  catholique  éclairé,  retrancha  dans 
son  édition  un  long  chapitre,  aussi  ab- 
surde que  calomnieux  sur  la  monarchie 
ou  autorité  temporelle  du  pape.  Il  y  sub- 
stitua un  Abrégé  chronologique  de  la 
souveraineté  des  papes  en  Italie.  L'éditeur 
ne  corrigea  pas  toutes  les  fautes  de  Puf- 
fendorff ;  M.  de  Grâce  en  a  réformé  en- 
core plusieurs  dans  une  nouvelle  édition 
en  8  vol.  in  4°,  Paris,  1754  à  1759.  |  Traités 
géographiques  et  historiques,  pour  faci- 
liter l'intelligence  de  l'Ecriture  sainte,  par 
divers  auteurs  célèbres ,  Huet ,  le  Grand , 
Calmet,  Hardouin,  1730,  2  vol.  in-12.  Ce 
recueil  utile  est  précédé  d'une  préface 
fort  instructive.  |  Entretiens  des  ombres 
aux  Champs-Elysées, en  2  vol.  in-12,  ti- 
rés d'une  énorme  compilation  allemande, 
et  accommodés  au  génie  de  la  langue  fran- 
çaise. Ils  renferment  une  morale  utile, 
mais  commune.  I  Essai  d'une  traduction 


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d'Horace  en  vers  fi-ançais,  dans  lequel  il 
y  a  plusieurs  pièces  de  lui,  qui  ne  sont 
pas  les  meilleures.  Cet  essai  n'a  pas  réussi. 
Nouveau  recueil  des  Epiqrammatistes 
français,  anciens  et  modernes ,  2  vol.  in-12, 
Amsterdam ,  1720.  L'auteur  a  orné  cette 
collection,  faite  avec  assez  de  choix, 
d'une  préface ,  et  de  quelques  épigrammes 
de  sa  façon.  |  Introduction  générale  à  l'é- 
tude des  sciences  et  des  belles-lettres  *  en 
faveur  des  personnes  qui  ne  savent  que 
le  français*  in-12,  la  Haye  1731.  La  pre- 
mière partie  sur  les  sciences  est  fort  vague  ; 
la  seconde  est  plus  utile  ;  les  matières  ne 
sont  pas  toujours  traitées  avec  assez  de 
méthode  et  de  précision.  Les  jugemens 
qu'il  porte  des  auteurs  respirent  le  goût , 
mais  ne  sont  pas  assez  détaillés.  Cet  ou- 
vrage a  été  réimprimé  à  Paris  en  17S6,  à 
la  suite  des  Conseils  pour  former  une  bi- 


bliothèque peu  nombreuse ,  mais  choisie. 
|  Continuation  de  l'histoire  de  France , 
sous  le  règne  de  Louis  XIV,  Roterdam, 
1718  et  1722  ,  3  vol.  in-4°,  commencée  par 
Larrey.  Cette  histoire  est  au-dessous  du 
médiocre  ;  la  continuation  ne  vaut  guère 
mieux.  |  Lettres  choisies  de  M.  Simon, 
avec  une  Vie  de  l'auteur  très  détaillée , 
et  des  notes  curieuses ,  Amsterdam,  1730, 
en  k  vol.  in  12.  |  Nouveau  portefeuille 
historique  et  littéraire,  ouvrage  posthume 
de  la  Martinière.  Ce  recueil,  publié  ap- 
paremment par  quelqu'un  de  ces  éditeurs, 
qui  vivent ,  suivant  les  expressions  d'un 
auteur  ingénieux,  des  sottises  des  morts, 
a  eu  peu  de  cours.  On  a  attribué  à  cet  écri- 
vain fécond  et  estimé ,  des  ouvrages  qui 
ne  sont  point  de  lui ,  entre  autres  une  com- 
pilation diffuse  de  l'Histoire  de  Louis 
XIV,  la  Haye,  1740 ,  5  vol.  in-4°. 


FIN  DU  DEUXIEME  VOLUME. 


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